Skip to main content

Full text of "Raphael d'Urbin et son père, Giovanni Santi"

See other formats


Google 


This  is  a  digital  copy  of  a  book  thaï  was  prcscrvod  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 

to  make  the  world's  bocks  discoverablc  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 

to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 

are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  maiginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book's  long  journcy  from  the 

publisher  to  a  library  and  finally  to  you. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prcvcnt  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  lechnical  restrictions  on  automated  querying. 
We  also  ask  that  you: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  fivm  automated  querying  Do  nol  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  laige  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attributionTht  GoogX'S  "watermark"  you  see  on  each  file  is essential  for  informingpcoplcabout  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  lesponsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countiies.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can'l  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringement  liabili^  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.   Google  Book  Search  helps  rcaders 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  icxi  of  ihis  book  on  the  web 

at|http: //books.  google  .com/l 


Google 


A  propos  de  ce  livre 

Ceci  est  une  copie  numérique  d'un  ouvrage  conservé  depuis  des  générations  dans  les  rayonnages  d'une  bibliothèque  avant  d'être  numérisé  avec 

précaution  par  Google  dans  le  cadre  d'un  projet  visant  à  permettre  aux  internautes  de  découvrir  l'ensemble  du  patrimoine  littéraire  mondial  en 

ligne. 

Ce  livre  étant  relativement  ancien,  il  n'est  plus  protégé  par  la  loi  sur  les  droits  d'auteur  et  appartient  à  présent  au  domaine  public.  L'expression 

"appartenir  au  domaine  public"  signifie  que  le  livre  en  question  n'a  jamais  été  soumis  aux  droits  d'auteur  ou  que  ses  droits  légaux  sont  arrivés  à 

expiration.  Les  conditions  requises  pour  qu'un  livre  tombe  dans  le  domaine  public  peuvent  varier  d'un  pays  à  l'autre.  Les  livres  libres  de  droit  sont 

autant  de  liens  avec  le  passé.  Ils  sont  les  témoins  de  la  richesse  de  notre  histoire,  de  notre  patrimoine  culturel  et  de  la  connaissance  humaine  et  sont 

trop  souvent  difficilement  accessibles  au  public. 

Les  notes  de  bas  de  page  et  autres  annotations  en  maige  du  texte  présentes  dans  le  volume  original  sont  reprises  dans  ce  fichier,  comme  un  souvenir 

du  long  chemin  parcouru  par  l'ouvrage  depuis  la  maison  d'édition  en  passant  par  la  bibliothèque  pour  finalement  se  retrouver  entre  vos  mains. 

Consignes  d'utilisation 

Google  est  fier  de  travailler  en  partenariat  avec  des  bibliothèques  à  la  numérisation  des  ouvrages  apparienani  au  domaine  public  et  de  les  rendre 
ainsi  accessibles  à  tous.  Ces  livres  sont  en  effet  la  propriété  de  tous  et  de  toutes  et  nous  sommes  tout  simplement  les  gardiens  de  ce  patrimoine. 
Il  s'agit  toutefois  d'un  projet  coûteux.  Par  conséquent  et  en  vue  de  poursuivre  la  diffusion  de  ces  ressources  inépuisables,  nous  avons  pris  les 
dispositions  nécessaires  afin  de  prévenir  les  éventuels  abus  auxquels  pourraient  se  livrer  des  sites  marchands  tiers,  notamment  en  instaurant  des 
contraintes  techniques  relatives  aux  requêtes  automatisées. 
Nous  vous  demandons  également  de: 

+  Ne  pas  utiliser  les  fichiers  à  des  fins  commerciales  Nous  avons  conçu  le  programme  Google  Recherche  de  Livres  à  l'usage  des  particuliers. 
Nous  vous  demandons  donc  d'utiliser  uniquement  ces  fichiers  à  des  fins  personnelles.  Ils  ne  sauraient  en  effet  être  employés  dans  un 
quelconque  but  commercial. 

+  Ne  pas  procéder  à  des  requêtes  automatisées  N'envoyez  aucune  requête  automatisée  quelle  qu'elle  soit  au  système  Google.  Si  vous  effectuez 
des  recherches  concernant  les  logiciels  de  traduction,  la  reconnaissance  optique  de  caractères  ou  tout  autre  domaine  nécessitant  de  disposer 
d'importantes  quantités  de  texte,  n'hésitez  pas  à  nous  contacter  Nous  encourageons  pour  la  réalisation  de  ce  type  de  travaux  l'utilisation  des 
ouvrages  et  documents  appartenant  au  domaine  public  et  serions  heureux  de  vous  être  utile. 

+  Ne  pas  supprimer  l'attribution  Le  filigrane  Google  contenu  dans  chaque  fichier  est  indispensable  pour  informer  les  internautes  de  notre  projet 
et  leur  permettre  d'accéder  à  davantage  de  documents  par  l'intermédiaire  du  Programme  Google  Recherche  de  Livres.  Ne  le  supprimez  en 
aucun  cas. 

+  Rester  dans  la  légalité  Quelle  que  soit  l'utilisation  que  vous  comptez  faire  des  fichiers,  n'oubliez  pas  qu'il  est  de  votre  responsabilité  de 
veiller  à  respecter  la  loi.  Si  un  ouvrage  appartient  au  domaine  public  américain,  n'en  déduisez  pas  pour  autant  qu'il  en  va  de  même  dans 
les  autres  pays.  La  durée  légale  des  droits  d'auteur  d'un  livre  varie  d'un  pays  à  l'autre.  Nous  ne  sommes  donc  pas  en  mesure  de  répertorier 
les  ouvrages  dont  l'utilisation  est  autorisée  et  ceux  dont  elle  ne  l'est  pas.  Ne  croyez  pas  que  le  simple  fait  d'afficher  un  livre  sur  Google 
Recherche  de  Livres  signifie  que  celui-ci  peut  être  utilisé  de  quelque  façon  que  ce  soit  dans  le  monde  entier.  La  condamnation  à  laquelle  vous 
vous  exposeriez  en  cas  de  violation  des  droits  d'auteur  peut  être  sévère. 

A  propos  du  service  Google  Recherche  de  Livres 

En  favorisant  la  recherche  et  l'accès  à  un  nombre  croissant  de  livres  disponibles  dans  de  nombreuses  langues,  dont  le  français,  Google  souhaite 
contribuer  à  promouvoir  la  diversité  culturelle  grâce  à  Google  Recherche  de  Livres.  En  effet,  le  Programme  Google  Recherche  de  Livres  permet 
aux  internautes  de  découvrir  le  patrimoine  littéraire  mondial,  tout  en  aidant  les  auteurs  et  les  éditeurs  à  élargir  leur  public.  Vous  pouvez  effectuer 
des  recherches  en  ligne  dans  le  texte  intégral  de  cet  ouvrage  à  l'adressefhttp:  //book  s  .google .  coïrïl 


CX3 


^ 


I  S^^E 


^A^ 


.<->^^=i^ 


^  ^  ^ 


-c 


S^ME 


^ 


./^Mt^g^^ 


TY   OF    CALIFORNU 


IIBRURY    OF   THE    ONIVERSITÏ   OF    CALIFORNU  IIBRARY    OF    THE 


(JVvf^ 


co 


s\ 


a: 


) 


TY   OF   CALIFORNIA 


'\^::L^y 


>'\: 


,\  /TA      {  .    ■"  •rs'^/* 


LIBRARY    OF   THE    UNIVERSITY   OF    CALIFORNIA  LIBRARY   OF   THE 


/ 


) 


60 


KKfOT:^Tc^ 


^ 


/ 


?vj 


r^-'^v 


••.V   V'  rr-'h^  -^ 


6    3 


) 


"<; 


6 


TY   OF    CALIFORNU 

■     "•^  I  -      »    j  I  '  i  ^  l  I  • 


\  V -^  '>-'^- ^'--f <^/{/       u- 


LIBRARY    OF   THE    UNIVERSITY   OF    CALIFORNIA  LIBRARY    OF  THE  l' NI 


•^.-ae..^^    Qi/^%)     ^--^4^-^;:i^ 


</ 


•»•••••••• 


oc 


CT^ww'^ 


-«•  ... 


v> 


/«  t  w3  '--•''-'* 


;^ 


k 


'•— ..^.— «•• 


9 


'.V       ■■l» 


■r  >/• . 


.-^ 


UPHAEL  D'ÙRBI 

KT  SON    I>ÈIIK 

GIOVANNI  SANÏI 


.-D./PASSÂ 


ÉDITION  KRAMIAISK 

KKVAITt,     COnHlofeE     ET    CONSlOÈRAliLEHENT    ALIMENTÉE    PAR    I 


PAR   ■.   PAUL   LACROIX 


PARIS 

V-"    JULES  RENOUARI),  KUITEIIK 

fi,    BCE    Dt    TOUBNON,  !• 


RAPHAËL  D'URBIN 


ET  SON  PÈRE 


GIOVANNI  SANTI 


Paris.  —  Imprimerie  P.-A.  BOURDIER  et  C^*.  rue  Mazariiie.  30. 


h" 


.I.S! 


RAPHAËL  DTRBIN 


ET  SON   PÈRE 


GIOVANNI  SANTI 

PAR 

J.-D.  PASSAVANT 

DIRECTEUR  DU  MUSlÉB  DE  FRANCFORT 

ÉDITION   FRANÇAISE 

REFAITE,    COBRIGÉE.ET   CONSIDÉRABLEMENT   AUGMENTKE    PAR    I/aITHI'H 
SUR     LA    TRADUCTION    DE    H.     JULES    LUNTBSCHUTZ 

RKruK    kT    AKKOTKK 

PAR   H.    PAUL   LACROIX 

41on»rr«aieur  île  la  Bibliothèque  de  TA r «en al. 


11 


PARIS 

V"  JULES  RENOUARD,  ÉDITEUR 

0,    RUE    DE    TOURNON,    (i 

M  DCCC  LX 

Tous  droits  reserrés. 


I 


ILfmi 


iuf  ji/ipi7VtPrc^ 


'w  Mpi'f'tore- 


V.      -.' 


1 


AVERTISSEMENT 


La  première  partie  de  ce  catalogue  général  des  œuvres  de 
Raphaël  contient  la  description  raisonnée  de  ses  peintures, 
classées,  autant  que  cela  nous  a  été  possible,  dans  un  ordre 
chronologique.  Nous  avons  réuni,  en  forme  d'appendice,  les 
ouvrages  d'une  authenticité  plus  ou  moins  contestable  qui 
lui  ont  été  attribués  par  divers  écrivains.  Partout  où  nous 
avons  cru  la  chose  nécessaire  à  la  description,  nous  avons 
ajouté  de  courtes  notices  sur  l'état  actuel  de  conservation  des 
peintures  et  sur  leur  histoire.  On  trouvera,  dans  notre  tra- 
vail ,  des  renseignements  sur  les  études  de  Raphaël  qui  exis- 
tent encore  et  qui  ont  servi  à  la  composition  de  ces  pein- 
tures, ainsi  que  sur  les  gravures  faites  d'après  les  dessins  ou 
les  tableaux,  afin  que  l'on  puisse  avoir  de  chaque  œuvre  du 
maître  un  aperçu  complet. 

Souvent  aussi ,  nous  avons  signalé  les  plus  importantes 
des  copies  anciennes  ;  car,  dans  le  cas  où  l'original  viendrait 
à  disparaître,  ces  copies,  du  moins,  témoigneraient  qu'il  a 
existé,  et  prouveraient,  en  outre,  que  l'original  désigné  n'é- 
tait pas  lui-môme  une  copie. 

Les  chiffres  placés  à  la  suite  des  gravures  que  nous  avons 
citées  se'  rapportent  tantôt  aux  numéros  du  «  Peintre- gr a- 

n.  ..  1 


;vî*j 


2  AVERTISSEMENT. 

veur  »  d'Adam  Bartsch,  et  tantôt  de  louvrage  de  Landon 
intitulé  :  «  Vie  et  œuvres  de  Raphaël.  » 

'iNous  ferons  encore  remarquer  que  Nicola  Consoni  a  pu- 
blié, à  Rome,  une  suite  de  gravures  au  trait  d'après  toutes 
les  peintures  de  Raphaël,  mais  nous  n'avons  pas  jugé  utile 
de  renvoyer  aux  numéros  de  cette  collection. 

Les  désignations  de  droite  et  de  gauche  se  rapportent  tou- 
jours à  la  place  que  le  spectateur  est  censé  occuper  vis-à-vis 
du  tableau,  du  dessin  ou  de  la  gravure. 

Nous  avons  dû  conserver,  dans  l'indication  des  mesures 
(quand  nous  les  donnons)  de  hauteur,  de  largeur  et  de  cir- 
conférence, l'ancien  pied  de  roi,  avec  ses  divisions  en  pouces 
et  en  lignes,  selon  un  usage  qui  pour  être  aujourd'hui  aban- 
donné en  France,  reste  encore  général  en  Europe. 


CATALOGUE  CHRONOLOGIQUE 


DES 


PEINTURES  DE  RAPHAËL 


PEINTURES 

ElécUTÉKS 

SOUS  LA  DIREGTIOiN  DE  PIERRE  PÉRUGIN 


1  •  V Enfant  Jésus  caressé  par  le  petit  saint  Jean^ 

Sar  une  marche  d'or,  qui  se  détache  sur  un  fond  d*or,  l'enfant  Jésus  est 
assis,  les  jambes  croisées.  A  droite,  le  petit  saint  Jean,  portant  sa  croix  de 
jooc,  enlace  dans  ses  bras  le  divin  compagnon  de  son  enfance.  Figures  un 
peu  moins  grandes  que  nature  et  presque  entièrement  nues.  C'est  une 
copie  à  la  détrempe,  d'après  un  groupe  tiré  d'un  plus  grand  tableau  que 
le  Pérugin  peignit  pour  l'église  S.  Maria  dei  Fossi,  et  qui  se  trouve  actuel- 
lement au  musée  de  Marseille.  Quant  au  petit  tableau  de  Raphaël,  il  est 
conservé,  en  excellent  état,  dans  la  sacristie  de  l'église  S.  Pietro  Maggiore, 
à  Pérouse. 

2.  La  Résurrection  du  Christ, 

Sar  bol»;  h.,  V  16*';  I.,  5'  2". 

Le  Christ  sort  de  son  tombeau,  en  bénissant  le  monde,  et  porté  sur  un 
nuage.  Devant  le  tombeau  sont  deux  gardes  endormis;  sous  les  traits  des- 
quels on  a. cru  reconnaître,  et  non  sans  vraisemblance,  le  Pérugin  et  Ra- 
phaël lui-même.  Dans  le  fond^  deux  autres  gardes  s'enfuient. 


4  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

yue  cet  ouvrage,  souvent  attribué  au  Pérugin,  soit  exécuté  par  Raphaël 
d'après  une  composition  de  son  maît«e,  ce  n'est  pas  là  seulement  une  opi- 
nion ancienne,  mais  encore  une  opinion  qui  se  prouve,  au  besoin,  par  le 
soin  extrême  avec  lequel  le  jeune  artiste  a  imité  la  manière  du  Péruîîin, 
tandis  que  le  dessin  se  ressent  de  la  faiblesse  d'un  élève.  Cette  opinion 
est  d'ailleurs  confirmée  par  l'existence  de  deux  feuilles  d'étude,  d'après 
le  modèle  vivant,  pour  les  quatre  gardiens,  études  dessinées  de  la  main  de. 
Raphaël,  qui  passèrent  de  la  succession  de  Sir  Thomas  Lawrence  dans  la 
collection  de  l'université  d'Oxford. 

Ce  tableau  d'autel,  qui  avait  été  exécuté  pour  l'église  des  Franciscains, 
de  Pérouse,  fut  transporté  à  Paris  en  1797,  resta  dix-huit  ans  au  musée 
Napoléon,  et  alla,  après  le  traité  de  paix  de  1815,  prendre  place  dans  la 
collection  des  tableaux  du  Vatican.  Quoiqu'il  ait  un  peu  souffert  du  net- 
toyage pendant  son  séjour  en  France,  il  est  crependant  dans  un  bon  état 
de  conservation. 

Il  a  été  gravé  au  trait  par  Graffonara,  pour  son  ouvrage  :  Quadri  délia 
sala  Borgia  (Roma,  1820,  petit  f*»),  —  et  par  F.  Rehberg,  pour  son  ou- 
vrage :  Raphaël  Sanzio  d'Urbin  (Munich,  1824.  In-i"",  en  allemand). 

3.  Les  Archanges  Michel  et  Raphaël. 

Deux  tableaux.  Figures  demi-nature. 

L'archange  Michel,  debout,  tient  son  bouclier  devant  lui.  C'est  une  figure 
aux  formes  juvéniles,  qui  rappelle  le  saint  Georges  de  Donatello,  placé 
dans  une  des  niches  de  Or  San  Michèle»  à  Florence. 

L'archange  Raphaël  conduit  le  jeune  Tobie,qui  porte  gracieusement  une 
petite  boite  dans  la  main  gauche,  en  regardant  avec  amour  son  guide  céleste. 

Ces  deux  tableaux,  qui  ornaient  autrefois  le  magnifique  autel  des  Char- 
treux, à  Pavie,  étaient  placés  de  chaque  côté  d'une  Naissance  du  Christ, 
tableau  signé  de  F*ietro  Perugino.  Il  est  regrettable  que  ce  maître  n'y  ait 
pas  mis  de  date.  Les  registres  des  Chartreux,  si  riches  d'ailleurs  en  ren- 
seignements sur  les  choses  d'art  de  leur  église,  registres  que  nous  avons 
consultés,  se  taisent  précisément  sur  ce  tableau  d'autel.  Quoi  qu'il  en  soit, 
plusieurs  connaisseui^s,  entre  autres  M.  von  ^\xmo\\v[UaUen%scheForschun- 
gen,  vol.  111. ,  p.  28),  pensent  que  les  deux  tableaux  qui  accompagnaient  celui 
de  Pérugin,  sont  incontestablement  de  la  main  de  Raphaël.  Nous  parta- 
geons cette  opinion,  qui  s'appuie  encore  sur  l'existence.d'une  étude  d'après 
nature,  exécutée  pour  l'ange  qui  mène  le  jeune  Tobie.  Ce  dessin,  qui  passa 
de  la  succession  de  Lawrence  dans  la  collection  d'Oxford,  peut  être  consi- 
déré, à  juste  titre,  comme  un  ouvrage  de  la  jeunesse  de  Raphaël. 

Lorsque  Pavie  fut  occupée  par  les  Français  en  1797,  le  couvent  des 
Chartreux  ayant  été  supprimé,  les  tableaux  de  l'autel  devinrent  la  posses- 
sion du  duc  Meizi,  à  Milan,  dans  la  succession  duquel  nous  les  avons  vu  . 
A  présent,  ils  sont  dans  la  Galerie  nationale  de  Londres. 


sous  LA  DIRECTION  DE  PIERRE  PÉRUGIN.  5 

Outre  les  originaux,  il  existe  encore  de  vieilles  copies  mutilées,  qui  fu- 
rent apportées  dans  les  provinces  du  Rhin,  par  le  marchand  de  tableaux 
Ricciardi.  Ainsi,  la  figure  de  l'archange  Michel,  qui  avait  été  coupée  à  mi- 
corps,  se  trouve  au  musée  de  Darmsladt;  l'archange  Raphaël  avec  le  jeune 
Tobie,  réduit  également  aux  mêmes  proportions,  fait  partie  du  cabinet 
Favier,  à  Strasbourg  (don  de  Cari  de  Dalberg,  ancien  grand-duc  de  Franc- 
fort), et  nous  avons  trouvé,  à  Mayence,  les  trois  anges  qui  figurent  dans  le 
tableau  principal  de  la  Naissance  du  Christ. 

Les  têtes  des  deux  archanges  et  celle  de  Tobie  ont  été  gravées  à  l'eau- 
forte,  en  1808,  de  la  grandeur  de  Toriginal.  par  J.  G.  Reinheimer.  —  L'ar- 
change Raphaël  et  le  jeune  Tobie  sont  gravés  par  C.  Guérin,  avec  cette 
souscription  :  L'ANGE  CONDUISANT  LE  JEl  NE  TOBIE.  Gr.  in-4».  —  Le 
même,  gravé  par  M.  E.  Klug.  In-8«. 

Beaucoup  d'autres  tableaux  exécutés  dans  la  manière  du  Pérugin  ont  été 
présentés  comme  des  ouvrages  de  la  jeunesse  de  Raphaël  ;  mais  nous  ne 
saurions  les  accepter  pour  tels,  lors  même  que  ce  dernier  y  aurait  coopéré 
sous  la  direction  de  son  maître.  Nous  en  citerons  seulement  quelques-uns. 
Orsini,  dans  sa  yita  di  Pietro  Perugina,  émet  Topinion  que  Raphaël  dut 
aider  son  maHre  dans  Texécution  du  tableau  d'autel  qui  était  dans  la 
chapelle  de  l'hôtel  de  ville  de  Pérouse,  et  qui  fait  actuellement  partie  de 
la  collection  du  Vatican.  Ce  tableau  représente  la  Vierge  sur  un  trône  av(fc 
quatre  saints.  Mais  il  est  constaté,  par  des  documents,  que  le  Pérugin 
peignit  ce  tableau  en  i^Q.'S,  avant  que  Raphaël  eût  atteint  sa  douzième 
année! 

Le  même  auteur  dit  aussi  (p.  1i4)  que  quelques  portions  d'un  tableau 
d'autel  qui  était  autrefois  dans  le  monastère  Monte  Morcino,  et  qui  est 
aujourd'hui  à  l'Académie  de  Pérouse,  ont  été  peintes  par  Raphaël,  sous 
les  yeux  de  Pérugin,  notamment  les  quatre  saints  suivants  :  S  Sebasiian, 
S.  Franciscus,  S.  Herculanus,  et  S.  Constanlius.  Mais  ce  ne  sont  là  que 
de  faibles  essais  qui  appartiennent  sans  doute  à  l'école  du  maître,  mais 
qui  n'ont  rien  du  faire  de  son  illustre  élève. 

Dans  la  sacristie  de  S.  Pietro  Maggiore,  à  Pérouse,  on  voit  des  copies 

à  l'aquarelle,  d'après  deux  Prophètes  assis,  dont  les  originaux  ont  disparu. 

Le  musée  de  la  ville  de  Rouen  possède  trois  petits  tableaux  sur  bois, 

représentant  l'Adoration  de&  mages,  le  Baptême  et  la  Résurrection  du 

Christ. 

Ces^d^érentes  peintures  ont  également  fait  partie  du  magnifique  maître- 
autel,  que  le  Pérugin  peignit,  en  4493,  pour  l'église  de  Saint-Pierre  le 
Majeur  de  Pérouse.  Elles  sont  néanmoins  indiquées  comme  des  ouvrages 
de  Raphaël  dans  l'intéressant  Catalogo  de'capi  d*  opvra  di  pitlura,  scul- 
tura^  anticliUà,  librij  storia  naturale,  ed  altrc  curiosità  trasporlati  dalV- 
Halia  in  Prancia.  Venezia,  1799,  pag.  43  et  44.  Le  tableau  principal  est  ù 
présent  au  musée  de  Lyon.  * 


6     PEINTURES  EXÉCUTÉES  SOUS  LA  DIRECTION  DE  P.  PÉRUCIN. 

D'après  les  Italienische  Forschvngen  ôe  M.  C.  F.  von  tlumobr^  la  main 
de  Raphaël  se  reconnaîtrait  égaleroent  :  1»  (vol.  II,  p.  34G,  et  vol.  III,  p.  2% 
dans  un  tableau  d'autel  que  le  Pérugin  fit  en  1500,  représentant  la  Vierge 
dans  une  gloire  et  quatre  saints  debout  dans  le  bas.  Ce  tableau  passa  du 
monastère  de  Vallombrosa  à  l'Académie  de  Florence  ;  2°  (vol.  IT,  p.  330,  tt 
vol.  ni,  p.  26)  dans  les  belles  figures  de  Sibylles,  peintes,  en  cette  nîême 
année  4500,  pour  le  Cambio,  ou  Tribunal  des  Changeurs,  h  Pérouse;  et 
3»  (vol.  m.  p.  37)  dans  l'Adoration  des  mages,  que  le  Pérugin  peignit  à. 
fresque  dans  l'oratoire  de  Confratemità  de'  Bianchi,  en  1504  (voye»  l'ap- 
pendice de  notre  tome  I,  Essai  sur  les  peintres  de  VOmbrte),  afin  de  laisser 
un  souvenir  de  son  pinceau  à  Città  délia  Pieve,  sa  ville  natale. 

H  est  vrai,  toutes  ces  peintures  offrent  une  certaine  analogie  avec  les 
airs  de  tôte  et  les  gracieuses  expressions  de  physionomie  que  Raphnël 
emprunta  d'abord  à  son  maître.  Mais  nous  sommes  obligés  de  croire,  pour 
l'honneur  du  Pérugin,  que  ce  grand  peintre  ne  pouvait  abandonner  ainsi 
les  parties  les  plus  importantes  de  ses  ouvrages  à  une  main  étrangère, 
quelque  habile  qu'elle  fût;-d'ailleurs,  rien  ne  révèle,  d'une  manière  écla* 
tante,  dans  ces  peintures,  la  touche  de  Raphaël.  Au  surplus,  pour  de  plus 
amples  détails,  nous  renvoyons  à  ce  que  nous  avons  déjà  dit  sur  ce  sujet 
(tome  I,  Appendice,  n*»  V). 


PEINTURES  DE  RAPHAËL 

DANR   LA   MANIÈRE  DU   PÉRUGIN. 

i»00à1K04. 


4.  Bannière  (f  église  à  Città  di  Castello. 

Deux  toiles  peintes  à  la  détrempe. 

i*  La  sainte  Trinité.  Dieu  le  Père,  assis  sur  des  nuages  dans  une 
gloire,  tient  des  deux  mains  le  crucitix,  au-dessus  duquel  rayonne  le 
Saint-Bsprit.Dans  le  bas,  à  gauche,  saint  Sébastien  ;  à  droite,  saint  Roch, 
tous  deux  à  genoux,  en  prière  et  levant  leurs  regards  vers  le  Père  Éternel. 
Figures  de  demi-grandeur  naturelle. 

2*  La  Création  d'Eve.  (Cest  le  revers  de  la  bannière.)  .Vdam  est  endormi, 
à  gauche.  Du  côté  droit,  le  Créateur,  sous  la  forme  d'un  vieillard^  s'a- 
Tance  vers  lui.  De  chaque  côté,  dans  le  haut,  il  y  a  un  ange  en  adoration, 
un  pied  posé  sur  un  nuage  ;  ces  deux  anges  sont  semblables  à  ceux  du 
tableau  du  Pérugin  qui  se  trouve  au  musée  de  Lyon. 

Ces  peintures,  exécutées  à  la  colle,  sur  des  toiles  légèrement  prépa- 
rées, sont  entourées  d'une  bordure  bleue  avec  des  entrelacs  d'or  et  des 
ornements  à  palmettes.  Sur  le  bord  du  vêtement  du  Père  est  la  lettre  R, 
pour  signature.  L'exécution  tout  à  l'iiit  dans  le  style  du  Pérugin  accuse 
cependant,  et  surtout  dans  le  paysage,  une  manière  de  peindre  plus  Jarge 
et  plus  gracieuse.  Chacune  de  ces  toiles  a  5  pieds  environ  en  hauteur  sur 
3  de  lai^e. 

Le  plus  ancien  document  relatif  à  celte  bannière,  peinte  vers  Tannée 
1500  pour  l'église  S.  Trinità  de  Città  di  Castello,  se  trouve  dans  les 
Fiori  vagki^  imprimées  en  1627,  où  il  est  dit  (p.  179)  :  «  Chiesa  délia 
Trinità  :  Il  Gonfalone  con  la  Sanlissima  Trinità  da  una  parte,  e  dall'  altra 
quando  di  Adamo  fu  formata  Eva,  dipinto  da  Raffaello  d'Urbino.  »  Fran- 
cesco  Lazzari,  dans  sa  Série  de'  Vescovi  di  Città  di  Castello  (Folijino,  1693), 
p.  283,  .cite  aussi  ces  tableaux  comme  deux  anciennes  bannières  pla- 
cées sur  deux  autels  de  l'église  S.  Trinità.  Aujourd'hui,  ils  sont  encore 
suspendus  aux  murs  de  l'église.  Mais  ils  furent,  on  ne  sait  à  quelle  époque, 
dans  l'intérêt  de  leur  conservation  sans  doute,  recouverts  d'un  vernis, 
qui  a  poussé  au  noir  et  qui  maintenant  laisse  à  peine  distinguer  ce  qu'il 
représentent. 


8  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

S.  Le  Couronnement  de  saint  Nicolas  de  Tolentino. 

Selon  Vasari,  Lanzi  et  Pungileoni^  ce  tableau,  qui  se  trouvait  dans 
réglise  S.  Agostino  à  Città  di  Casteilo,  serait  un  des  premiers  ouvrages 
de  Raphaël,  u  J'appris  à  Gitlà  di  Castello,  dit  Lanzi,  dans  sqn  ou- 
vrage :  Storia  pittorica  delV  Italia,  que  Raphaël  avait  peint,  à  l'âge. de 
dix-sept  ans,  le  Saint  Nicolas  chez  les  ermites.  Le  style  était  du  Péni- 
gin^  mais  le  tableau  n'avait  pas  la  composition  ordinaire  d'alors,  avec  la 
Vierge  assise  sur  un  trône,  entourée  de  saints  personnages,  lei  il  représente 
l'Élu  auquel  la  Vierge  et  saint  Augustin,  en  partie  cachés  dans  un  nuage, 
posent  une  couronne  sur  la  tête.  De  chaque  côté  des  saints  se  trouvent 
deux  anges,  de  mouvements  divers,  qui  déroulent  des  bandes  de  parche- 
min sur  lesquelles  sont  écrites  des  louanges  en  Thonneur  du  saint  ermite  ; 
dans  le  haut,  on  voit  encore  Dieu  le  Père,  demi-figure,  dans  une  auréole 
formée  de  têtes  de  chérubins.  Toutes  les  figures  sont  placées  dans  une 
espèce  de  temple  dont  les  pilastres  sont  couverts  de  petits  ornements 
dans  le  genre  du  Mantegna.  Les  plis  des  draperies  sont  encore,  dans 
quelques  parties,  d'un  goût  suranné,  mais,  dans  d'autres  cependant,  d'un 
goût  meilleur.  De  même,  le  démon,  couché  sous  les  pieds  du  saint,  n'a 
pas  cette  laideur  capricieuse  que  les  anciens  lui  donnaient  ;  ici  il  ressemble 
à  un  nègre.  » 

Pungileoni  fait  aussi  de  ce  tableau  une  description  à  peu  près  sem- 
blable, dans  son  Eloyio  storico  di  Raffaello  Santi  (p.  34);  mais  il  fait 
entrer  à  tort  dans  l'ordonnance  de  la  composition  un  saint  Nicolas  de 
Bari.  En  effet,  l'esquisse  qui  est  au  musée  Wicar  à  Lille  se  rapporte 
parfaitement  à  la  description  de  Lanzi ,  avec  cette  seule  différence  que ,' 
dans  le  dessin,  chacune  des  trois  figures  du  haut  tient  une  couronne  au- 
dessus  de  la  tête  du  saint. 

Ce  tableau  d'autel  fut  très-endommagé  dans  un  tremblement  de  terre 
qui  renversa  en  partie  l'église  où  il  se  trouvait.  Pour  réparer  l'église,  les 
moines  vendirent  le  tableau,  en  1789,  au  pape  Pie  Vi.  Celui-ci  le  fit  couper 
de  manière  à  former  plusieurs  tableaux  qui  devaient  être  restaurés.  On 
a  pu  les  voir  en  cet  état  au  Vatican  jusqu'à  la  prise  de  Rome  par  les 
Français.  Ils  ont  disparu  depuis.  Le  fragment  le  mieux  conservé  était 
celui  qui  contenait  la  figure  de  Dieu  le  Père. 

Dans  le  musée  que  le  peintre  Wicar  a  légué  à  la  ville  de  Lille,  on  pos- 
sède une  étude  faite  pour  ce  tableau  : 

Saint  Nicolas  de  Tolentino.  Étude  d'après  une  figure  nue,  debout 
sur  un  démon.  A  gauche,  un  ange  en  adoration.  En  haut,  dans  une  gloire, 
une  demi-figure  de  vieillard,  étude  pour  Dieu  le  Père.  Aux  (ieux  côtés, 
deux  demi-figures,  études  pour  la  Vierge  et  saint  Augustin,  portés  sur  des 
nuages,  tenant  des  couronnes.  Dessin  cintré  dans  le  haut. 


DANS  LA  MANIÈRE  DU  PÉRUGIN.  9 

6.  Le  Christ  en  croix  et  quatre  saints. 

Sur  bob;  b.,  6'  10"  ;  l.,  5*  3",  cintré. 

Le  Christ  est  cloué  sur  une  croix  très-élevée.  De  chaque  côté  de  la 
croix,  en  l'air,  un  petit  ange  recueille  dans  des  vases  le  sang  qui  s'échappe 
des  plaies  du  Sauveur.  Au  pied  de  la  croix,  la  sainte  Vierge,  dehout,  est 
en  proie  à  la  douleur,  et,  devant  elle,  saint  Jérôme,  à  genoux,  se  frappe 
la  poitrine  avec  une  pierre.  De  l'autre  côté  de  la  croix,  saint  Jean  et,  de- 
vant lui,  Marie  Madeleine  agenouillée,  élevant  ses  regards  vers  le  ciel.  Le 
paysage  du  fond,  qui  représente  des  collines  verdoyantes,  rappelle  la  ma- 
nière du  Pérugin,  et  dans  le  ciel  se  montrent  à  la  fois  le  soleil  et  la  lune. 
Au  bas  de  la  croix,  on  lit  en  lettres  d'or  :  RAPHAËL.  VRBINAS.  P. 

Raphaël  peignit  ce  tableau  pour  la  chapelle  de  la  famille  Gavri,  ou 
Gavari,  dans  l'église  des  Dominicains  à  Città  di  Castello,  et,  selon  toute . 
apparence,  vers  l'année  iriOO.  Cette  peinture  resta  pendant  près  de  trois 
siècles  à  la  même  place,  jusqu'à  ce  qu'un  Français  l'eût  achetée,  moyen- 
nant la  somme  de  4,000  scudi,  et  en  échange  d'une  mauvaise  copie,  qui 
occupe  aujourd'hui  la  place  de  l'original. 

Le  prince  de  Canino  acquit  l'original  pour  10,000  scudi  romains  à  la 
vente  du  cardinal  Fesch,  et  le  revendit,  en  1847,  avec  d'autres  tableaux, 
àlordWard^. 

Ce  tableau,  en  général  bien  conservé,  a  été  fait  d'après  ceux  du  Pérugin; 
il  est  tellement  dans  la  manière  de  ce  maître,  qu'on  y  rennarque  seulement 
quelques  parties  qui,  par  la  faiblesse  du  dessin  et  du  modelé,  trahissent  un 
peintre  encore  jeune  et  inexpérimenté;  mais  le  génie  de  Raphaël  se  révèle 
déjà  dans  la  beauté  des  têtes  et  surtout  dans  ct^lie  de  la  Madeleine.  En 
somme,  c'est  un  ouvrage  très-inférieur  au  Couronnement  de  la  Vierge  et 
au  Sposalizio.  Nous  sommes  donc  convaincu  que  M.  von  Rumohr,  dans  ses 
Recherches  en  Italie^  n'avait  qu'un  vague  souvenir  de  ce  tableau,  quand  il 
en  fait  remonter  la  composition  à  l'année  150i;  il  porterait  un  tout  autre 
jugement  en  présence  du  tableau  lui-même. 

Cette  peinture  n'avait  jamais  été  gravée,  avant  que  nous  en  eussions 
donné  dans  l'édition  allemande  de  notre  livre  une  gravure  faite  par 
L.  Gruner.  —  Voy.  aussi  Rosini,  Sioria  délia  pittura  itai,  PI.  CCXII. 

ÉTUDES  POUR  CE   TABLEAU. 

Une  esquisse  à  la  plume,  pour  le  torse  du  Christ  et  pour  la  ligure 
de  la  Vierge,  se  trouve  dans  la  coll.  Albertine  à  Vienne.  Reproduite  par 
A.  Bartsch. 

Francesco  Oliva,  peintre  d'Urbin,  qui  vivait  sous  Clément  XI,  a  fait  de 
ce  tableau  une  mauvaise  copie  à  fresque,  dans  la  petite  église  de  Battaglia, 

• 

1.  C.e  Chrîsl  a  été  exposé  à  Uauchrater,  ii*  159.  Voyez  Trèsori  d'arl,  elc  par  W.  Burger, 
p.  52-5îi.  —  [Aote  de  Vèdilfur.. 


iO  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

près  Urbania.  Voyez  à  ce  sujet  Notizie  storicke  del  Crqcefisso  di  Battaglia 
pressa  Urbania  (Ancona,  1700).  Le  titre  gravé  de  celte  notice  représente 
la  fresque  de  Francesco  Oliva. 

GiacomoMancini  de  Cittâ  di  Castello  assure,  dans  un  article  du  Giomale 
Areadico ,  que,  suivant  un  manuscrit  des  archives  de  la  famille  Gavari,  le 
tableau  dont  nous  parions  était  à  volets  peints.  Il  ajoute  que  lui-même 
croyait  posséder  une  Annonciation  qui  avait  dû  faire  partie  de  ce  triptyque. 
Cependant  cette  prétention  n'est  pas  soutenable,  car  le  petit  tableau 
signalé  par  Giacomo  Mancini  est  certainement  du  milieu  du  seizième 
siècle,  et  il  ne  rappelle  pas  même  la  manière  de  Raphaël. 

7.  Madone  de  la  collection  Solly, 

Sur  bois;  h.,  1' 8";  I.,  !' 3". 

La  Vierge,  demi-figure,  lit  dans  un  livre  qu'elle  tient  de  la  main  droite. 
L'enfant  Jésus,  dont  elle  supporte  un  pied  dans  sa  main  gauche,  joue 
avec  un  chardonneret  et  lève  ses  yeui  vers  le  livre.  Le  fond  représente  un 
paysage. 

Le  style  du  Pérugin  se  reconnaît  encore  parfaitement  dans  cette  conr- 
position.  La  bouche  un  peu  ronde  de  la  Vierge,  la  faiblesse  du  dessin  et 
du  modelé  dans  les  parties  nues,  les  draperieis  fortement  glacées,  ainsi 
que  le  lumineux  du  lointain  et  le  ton  vigoureux  des  seconds  plans,  sont 
autant  de  points  de  ressemblance,  dans  l'exécution  de  ce  tableau,  avec  le 
Christ  en  croix  qui  se  trouvait  chez  le  cardinal  Fesch.  C'est  pourquoi 
nous  les  croyons  l'un  et  l'autre  de  la  même  époque,  c'est-à-dire  de  1500 
environ. 

Ce  tableau  bien  conservé  était  sorti,  dit-on,  d'une  famille  modenaise, 
pour  venir  à  Milan  dans  la  collection  Solly.  Il  est  maintenant  avec  cette 
collection  au  musée  de  Berlin  ^ 

Petite,  gravure  en  bois  dans  Kugler^s  Handbook  of  Painting,  uar  Sir 
Charles  Eastlake  (London,  185i).  Vol.  II,  n»  1. 

8.  Majne^Madeleine  et  sainte  Catherine. 

Les  deux  panneaux  sur  lesquels  les  deux  saintes  sont  représentèss  debout 
servaient  autrefois  de  volets  à  une  petite  madone  du  Pérugin. 

Elles  sont  exécutées  dans  la  manière  de  ce  maître.  Malgré  leur  état 
actuel  de  détérioration  ou  plutôt  de  restauration,  la  tête  de  la  Madeleine 
laisse  encore  apercevoir  quelque  chose  des  qualités  qui  distinguent 
Raphaël.  Un  charmant  paysage  occupe  le  fond  de  ces  deux  petits  tableaux. 
Nous  les  avons  encore  vus,  en  1845,  réunis  sous  un  même  cadre,  dans  la 
précieuse  collection  du  célèbre  peintre  Vincenzo  Camuccini,  à  Rome. 

I.  X*  141.  ■  Du  temps  où  Raphaël  était  dans  Técole  <1u  Pérugin,  >  dit  le  rédacteur  du 
catalogue  (1â57),  M.  Waagen.  —  (Soie  de  Vidileur.) 


DANS  LA  MANIÈRE  DU  PÉRLT.IN.     ,  1 1 

9.  Madone  de  la  comtesse  Anna  Alfani,  dPérome. 

SurboU;h.  18"  6"';  l.,  il"  3'". 

La  Vierge^  demi-figure,  assise  sur  un  banc,  tient  de  ses  deux  mains  l'en- 
Tant  Jésus»  debout  sur  ses  genoux.  Celui-ci  se  soutient  de  la  main  droite  au 
léger  voile  qui  couvre  le  sein  de  sa  mère,  et,  tournant  la  tête  à  gauche,  il 
regarde  le  spectateur  avec  tendresse,  tandis  que  la  Vierge,  dont  le  visage 
est  tourné  de  Tautre  côté,  baisse  modestement  les  yeux.  En  haut,  sur 
le  bleu  foDcé  du  ciel,  on  voit  de  chaque  côté  une  tête  de  chérubin  ;  l'un 
a  les  regards  levés  et  l'autre  les  tient  baissés.  Les  lettres  R.  d.  U,  se 
remarquent  dans  les  ornements  de  la  bordure  du  Têtement,  sur  la  poitrine 
de  la  Vierge. 

Quoique  l'exécution  de  ce  tableau  soit  d'un  fini  et  d'une  suavité  que 
Raphaël  seul,  dans  l'école  du  Pérugin,  savait  donner  à  ses  œuvres,  la 
composition  générale,  cependant,  est  empruntée  à  son  maître. 

La  plus  ancienne  madone  du  Pérugin  qui  offre  une  composition  ana- 
logue se  trouve  sur  le  grand  tableau  d'autel  (la  Vierge  avec  quatre  saints) 
dans  l'église  S.  Maria  Nuova,  à  Fano.  Elle  est  de  Tannée  1497.  A  Florence 
aussi,  dans  l'église  S.  Annunziata,  nous  retrouvons  la  même  composition 
dans  le  tableau  de  l'autel.  11  en  existe  beaucoup  de  répétitions  sorties  de 
l'école  du  maître.  Ainsi,  par  exemple,  on  en  voit  une  au  palais  Borghèse, 
mais  sans  les  chérubins;  la  même,  avec  un  paysage,  est  dans  la  maison 
Bourbon  Sorbello,  à  Pérouse;  une  troisième,  avec  un  paysage  et  sans 
chérubins,  dans  la  maison  Pietro  Fumaroli,  à  Florence.  Cette  dernière 
provient  du  palais  Colonna,  à  Marino,  près  Rome.  M.  Missirini  n'a  pas 
craint  d'attribuer  cette  copie  insignifiante  à  Raphaël  lui-même.  Voyez  :  Di 
iina  B.  Vergine  col  Bambino  di  Raffaello  Sanzio,  etc.  (Fi^^enze,  4834.) 
Gozzini  en  a  exécuté  une  mauvaise  lithographie,  d'après  le  tableau  de 
Pietro  Fumaroli. 

Revenons  au  petit  tableau  qui  porte  seul  le  cachet  de  Raphaël,  et  qui 
est  encadré  sous  verre  chez  la  comtesse  Alfani.  Il  est  d'une  conservation 
parfaite,  à  cela  près  que  quelques  écailles  de  couleur  sont  enlevées  à  la 
joue  et  à  la  main  de  la  Vierge,  au  bras  de  l'enfant  et  dans  la  draperie 
bleue. 

10.  La  Vierge,  avec  saint  Jérôme  et  saint  Frariçois. 

Sur  boii;h.i3"3"';l.,  11". 

La  Vierge,  demi-figure,  un  peu  penchée  à  gauche,  tient  des  deux  mains 
l'enfant  Jésus  assis  sur  un  coussin  qu'elle  a  sur  les  genoux,  et  le  contemple 
avec  amour,  tandis  que  celui-ci  saisit  de  la  main  gauche  celle  de  sa  mère, 
et  lève  la  droite  pour  donner  la  bénédiction,  en  regardant  le  spectateur. 
Saint  Jérôme,  le  chapeau  de  cardinal  sur  la  tête,  est  en  adoration  à  gauche, 
et  saint  François,  en  extase,  à  droite.  Dans  le  lointain,  on  voit  une  ville, 
au  pied  de  hautes  montagnes. 


12  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

Ce  tableau  bien  conservé  est  d'une  exécution  délicate.  La  forme  de  tête 
de  la  madone,  ainsi  que  son  expression,  rappellent  le  Couronnement  de 
la  Vierge ,  qui  est  au  Vatican.  Les  draperies  sont  en  général  fortement 
glacées,  et  particulièrement  la  robe  rouge  de  la  Vierge  ;  le  manteau  bleu 
et  sa  doublure  verte  sont  d'un  ton  Irès-vigoureux.  Le  paysage  du  fond, 
d'un  Ion  un  peu  gris,  est  assez  légèrement  traité. 

Ce  petit  tableau  semble  avoir  été  peiut*vers  Pannée  iri03.  Il  se  trouvait 
autrefois  au  palais  Borghese  ;  il  a  passé  depuis,  si  nous  ne  nous  trompons  pas, 
dans  la  galerie  Aldobrandini.  Le  musée  de  Berlin  ^  en  fit  l'acquisition, 
en  1829,  du  comte  von  der  Ropp.  Ce  dernier  en  avait  fait  faire  une  gra- 
vure au  trail,  petit  in-4«. 

De  même  que  la  madone  de  la  comtesse  Alfani,  celle-ci  offre  aussi 
dans  ses  parties  principales  une  imitation  du  Pérugin,  car  il  se  trouve 
dans  la  collection  Albertîne,  à  Vienne,  une  composition  en  tout  semblable 
à  celle  du  tableau,  avec  celte  légère  différence  que  l'enfant  Jésus  agite  une 
banderole  a  la  main,  et  que  la  Vierge  tient  le  pied  de  son  tils.  Cette  com- 
position a  été  publiée  dans  les  fac-similé  de  dessins  de  maîtres  anciens, 
lithographies  par  Mannsfeld.  C-A.  Favart  en  fit  une  eau-forte  au  sens 
invei'se.  en  1818.  Il  se  pourrait  que  ce  dessin  fut  celui-même  que  possédait 
Richardson  le  vieux,  et  qu'il  attribuait  à  Raphaël; car  Richardson  le  jeune 
raconte  dans  son  ouvrage  (vol.  111,  p.  304),  qu'il  a  vu  au  palais  Borghese  un 
tableau  du  Pérugin  avec  des  figures  de  grandeur  naturelle,  tout  à  fait 
semblable  au  dessin  qu'avait  son  père. 

L'étude  pour  le  saint  Jérôme,  à  la  pierre  noire,  se  trouve  au  musée 
Wicar,  à  Lille. 

Mentionnons  encore  une  copie  moderne  du  tableau  de  Berlin,  copie 
qu'on  s'étonne  de  voir  dans  un  vieux  cadre  magnifique  au  palais  Filippo 
Donini^  à  Pérouse.  Il  est  probable  que  ce  cadre  contenait  autrefois  l'ori- 
ginal. 

H.  Le  Couronnement  de  la  Vierge, 

Tableau  à  gradin,  peint  sur  bois,  pour  l'église  S.  Fraucesco,  et  depuis  transporte  de  bois 

sur  toile;  h.,  9'  2";  L,  5'  2". 

Ce  tableau  se  divise  en  deux  parties  :  dans  le  haut,  on  voit  la  Vierge  qui, 
les  deux  mains  jointes  et  les  yeux  baissés,  s'apprête  à  recevoir  la  couronne 
que  son  divin  fils  va  lui  poser  sur  la  tète.  Quatre  petits  anges,  autour  de 
ce  groupe,  jouent  de  la  harpe,  du  violon  et  du  tambourin.  Au-dessuç, 
dans  le  firmament,  huit  têtes  ailées  de  chérubins  et  deux  anges  dans  les 
nuages  contemplent  cette  scène. 

La  partie  inférieure  du  tableau  nous  montre  le  tombeau  vide  de  la 
Vierge,  dans  lequel  naissent  des  lis  et  des  fleurs  sous  les  yeux  d(»s  a|)ôtres. 

1 .  Le  tableau  porte  le  n^  145,  et  M.  Waagea  le  donne  comme  étant  de  Tépoque  où  Raphaël- 
se  trourait  dans  Técole  du  Pérugin,  mais  un  peu  plus  tard  que  le  n*  8.  —  [MoU  de  i'iditeur-) 


DANS  LA  MANIÈRE  DU  PÉRUGIN.  13 

Au  milieu^  entre  les  deux  princes  des  apôtres  saint  Pierre  et  saint  Paul, 
saint  Thomas  regarde  la  ceinture  que  la  Vierge  lui  a  laissée  en  s'élevant 
an  ciel.  La  ligure  juvénile  de  Tapôtre,  à  gauche,  qui  tient  un  livre^  semble 
représenter  saint  Jean.  Les  autres  personnages  ne  sont  pas  caractérisés. 
Au  fond,  une  belle  contrée  avec  des  collines,  d'un  ton  lumineux. 

Ce  tableau  est  encore  traité  dans  la  manière  du  Pérugin,  mais  le  génie 
de  Raphaël  éclate  déjà  partout  :  ses  figures  sont  plus  animées  que  celles  de 
son  maître;  on  le  reconnaît  aussi  au  caractère  gracieux  de  ses  anges. 

Nous  avons  déjà  dit  (tom.  i,  p.  56),  que  ce  tableau  d'autel  fut  peint 
pour  Maddalena  degli  Oddi  et  sans  doute  en  i503,  avant  le  bannissement 
de  cette  famille  de  Pérouse.  La  date  de  i503  nous  est  fournie  d'ailleurs  par 
le  témoignage  de  Cesare  Grispolti  qui,  dans  son  ouvrage  Perugia  augusla 
descritta  (Perugia,  1648,  petit  in-4®),  dit  positivement,  d'après  une  tradition 
iocale,  que  Raphaël  s'est  peint  lui-même,  à  l'âge  de  19  ans,  dans  la  figure 
placée  la  dernière  au  côté  gauche  du  tableau.  Or  Raphaël,  en  effet,  avait 
eu  49  ans  à  la  fin  de  l'année  1502.  Mais  la  tradition  qui  concerne  le,  por- 
trait est  assez  douteuse,  car  rien  n'indique  une  ressemblance  caractérisée 
dans  cette  tête,  et  d'ailleurs  les  anciens  peintres  n'étaient  pas  dans  Tusage 
de  reproduire  des  portraits  contemporains  en  peignant  des  figures  d'a- 
pôtres. 

Jusqu'en  1797,  ce  tableau  fut  un  des  ornements  de  l'église  des  Francis- 
cains, à  Pérouse;  à  cette  époque  »  il  fut  envoyé  à  Paris  pour  le  musée 
de  la  République  françaii^e.  Ln,  il  fallut  transporter  sur  une  seule  toile  la 
peinture  qui  menaçait  de  se  perdre  en  restant  sur  ses  deux  panneaux 
vermoulus.  Le  tableau,  par  suite  de  cette  opération  et  du  nettoyage,  a 
beaucoup  souffert  dans  ses  glacis;  c'est  là  un  fait  incontestable,  et  les 
taches  noires  dont  il  est  couvert  en  quelques  endroits  proviennent  des 
retouches  qui  ont  poussé  au  noir.  Cependant,  du  moins  pour  ses  parties 
principales,  il  est  encore  dans  un  état  satisfaisant  de  conservation. 

Par  le  traité  de  paix  de  1815,  ce  tableau  qui  était  au  musée  du  Louvre, 
retourna  en  Italie,  mais  non  pas  à  Pérouse.  Il  est  placé  aujourd'hui  dans 
la  collection  du  Vatican. 
• 

ÉTUDES  POUR   LE   COURONNEMENT   DE  LA    VIERGE. 


a)  Première  composition  pour  la  partie  supérieure  :  la  Vierge,  debout 
dans  une  gloire,  avec  deux  anges  faisant  de  la  musique  à  ses  côtés,  et  cinq 
têtes  de  chérubins  (coll.  Eszterhazy,  à  Vienne). 

b)  Partie  inférieure  :  les  douze  apôtres  autour  du  tombeau  ;  dessin  fine- 
ment et  spirituellement  traité  à  la  plume  (musée  du  Lou\Te).  - 

c)  Le  Christ  tenant  la  couronne  (coll.  de  Th.  Lawrence). 

d)  Deux  anges  debout.  Etude  d'après  deux  jeunes  gens  dans  le  costume 
de  i'Ombrie.  Dessin  à  la  pointe  d'argent.  2  feuilles  (coll.  d'Oxford). 


U  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

e)  Un  ange  debout,  tourné  à  gauche  et  jouant  du  violon  (coll.  \Vicar> 
à  Lille). 

f)  Étude  pour  la  tête  et  les  deux  mains  de  saint  Thomas.  Dessin  à  la 
pointe  de  métal.  Au  verso,  étude  pour  le  Christ  et  la  Vierge  qu'il  cou- 
ronne, d'après  deux  jeunes  gens  légèrement  vêtus  (coll.  Wicar,  à  Lille). 

g)  Tête  de  l'apôtre  saint  Jacques  le  majeur,  qui,  dans  le  tableau,  se 
trouve  sur  le  devant,  à  droite  (coll.  Leembrugge,  à  Amsterdam). 

h)  Tête  de  l'apôtre  saint  Jean.  Esquisse  à  la  plume  (coll.  de  TAcadé- 
mie  de  Venise). 

t)  Tête  de  l'ange  debout,  à  droite,  avec  la  main  qui  tient  l'archet.  Dessin 
à  la  pointe  d'argent  (British  Muséum). 

Gravures:  au  burin,  par  E.  Stôlzel,  gr.  in-foL;  ^  au  trait,  par  Graffooara, 
pour  les  Quadri  délia  tala  Borgia,  petit  in>fol.  —  De  même,  plus  petite  et  plus 
faible,  par  Couché  (ils,  pour  le  Manuel  du  Mutée  français,  N*  7. 

On  voit  une  ancienne  copie  de  ce  tableau,  avec  quelques  changements, 
dans  l'église  de  Civitella  Bernazzone,  petit  bourg  situé  entre  Gubbio  et 
Pérouse.  Elle  offre  l'inscription  suivante  :  MDXVllI  f  de  men.  jylu.  Les 
apôtres  portent  chacun  leur  nom  écrit  sur  la  couture  de  leur  vêtement, 
ainsi  qu'il  suit,  de  gauche  à  droite  :  i.  S.  Simone,  —  2.  S.  Johannes,  — 
3.  S.  Mattia.  —  4.  S.  Andréa.  —  5.  S.  Malteo,  —  6.  S.  Pietro.  — 
7.  S.  Tomaso,  —  8.  S.  Paolo,  —  9.  S,  Taddeo,  —  10.  S.  Bartolomeo, 
\\,  S,  Jacomo  maj,  —  12.  S.  Jacomo  min, 

Predella  du  tableau, 

SurboU;  h.,  1'  2";  1.,  5'  2". 

Elle  a  trois  compartiments  en  longueur,  qui  contiennent  :  l'Annoncia- 
tion, l'Adoration  des  mages  et  la  Présentation  au  temple,  trois  sujets  diffé- 
rents, séparés  entre  eux  par  un  fond  de  peinture  noire  à  grotesques  rouges. 
Ils  furent  gravés  au  trait,  par  Couché  fils,  pour  le  Manuel  du  Musée  fran- 
çais. Ces  petits  tableaux,  d'ailleurs  bien  conservés,  ont  cependant  été  trop 
nettoyés  pendant  leur  séjour  à  Paris  :  ils  sont  aujourd'hui  placés  près 
du  tableau  principal,  au  musée  du  Vatican. 

A)  L'Annonciation.  L'ange  s'approche  de  la  Vierge  assise  sous  une- 
colonnade.  Au  fond  un  paysage,  dans  lequel  on  voit  Dieu  le  Père  et  le 
Saint-Esprit.  —  Landon,  n«»  473. 

Le  dessin  original  pour  cette  peinture  a  fait  partie  de  la  succession 
de  Lawrence,  à  Londres.  Les  contours,  dessinés  à  la  plume,  sont  piqués 
pour  le  calque.  Ce  dessin,  qui  était  passé  dans  la  collection  du  feu  roi  de 
Hollande,  fut  acheté  à  sa  vente  pour  le  musée  du  Louvre. 

Une  copie  de  ce  tableau,  plus  grande  que  l'original,  peinte  par  Sasso- 
ferrato,  est  restée  dans  l'église  S.  Pietro  Maggiore,  à  Pérouse. 

B)  L'Adoration  des  mages.  La  Vierge,  Tenfant  Jésus  et  saint  Joseph, 
sont  assis  près  d'une  maison  en  ruines.  Il  y  a  trois  bergers  à  droite,  et 


DANS  LA  MANIÈRE  DU  PÊRUGIN.  ll^ 

Ifê  trois  roi$  sout  au  milieu  du  tableau;  le  plus  jeune  est  debout  derrière 
le  vieux  qui  est  à  genoux.  Parmi  leur  suite,  à  gauche,  on  distingue  deux 
maliers  et  trois  chevaux. 

a)  Une  belle  esquisse  à  la  plume,  qui  a  probablement  servi  pour  le  calque, 
se  trouve  au  palais  Filippo  Dunini,  à  Pérouse  (haut.  12"  3'^,  1.  8"  3'"). 

6)  Une  autre  esquisse,  pour  la  partie  droite  de  la  composition,  passa  du 
cabinet  Crozat  dans  la  collection  royale  de  Stockholm. 

c)  La  tête  de  Tun  des  bergers  de  droite  :  esquisse  à  la  plume.  A  TAca- 
démie  de  Venise.  Dans  Calotti,  pi.  II. 

Gravé  de  la  grandeur  du  tableau  original,  par  Ant.  Banzo,  «  in  Borna, 
presse  la  Calcografia  camerale.  »  Gr.  fol.  en  larg.  —  Landon,  n<»  474, 

C)  La  Présentation  au  temple.  La  Vierge,  accompagnée  de  saint  Joseph, 
présente  l'enfant  Jésus  au  grand  prêtre.  Trois  femmes  se  tiennent  sous  le 
portique,  à  gauche,  et  quatre  hommes,  à  droite. 

Le  carton  original,  dessiné  à  la  plume,  piqué  pour  le  calque,  était  dans 
la  possession  de  feu  M.  Chambers  Hall,  à  Londres. 

Gravé  de  la  grandeur  du  petit  original,  par  Persichini,  gr.  fol,  en  larg. 
—  Landon,  n"  475. 

Angelo  Maria  Ricci,  à  Hieti,  possède  d'anciennes  copies  sur  toile  de  ces 
trois  petits  tableaux,  mais  elles  offrent  de  nombreuses  variantes  dans 
les  détails.  Un  inventaire,  daté  de  1636,  prouve  que  ces  copies  étaient 
déjà  dans  la  famille  Ricci  à  cette  époque  :  on  les  attribuait  alors  au  Péru- 
gin.  Selon  une  notice,  insérée  dans  le  Giornale  Pisano,  n*"  5,  année  iHâ, 
ces  copies  seraient  de  Sassoferrato,  ce  que  semble  dem  jntir  le  document 
que  nous  venons  de  citer. 

12.  Madone  du  comte  Staff  a. 

Sur  bois;  carré  de  d"  3"'. 

La  Vierge,  debout,  plus  qu'à  mi-<;orps,  tournée  à  fauche,  porte  l'enfant 
Jésus  assis  sur  son  bras;  elle  a  dans  la  main  un  livre  que  l'Bnfant  tient 
aussi.  Au  fond,  un  paysage  avec  quelques  arbres  dépouillés  et  des  prai- 
ries dans  lesquelles  serpente  une  rivière;  dans  le  lointain,  des  montagnes 
couvertes  de  neige.  / 

Ce  tableau  est  de  forme  ronde,  mais  les  quatre  angles  noirs  du  panneau 
carré  sont  ornés  de  iigures  rouges  en  arabesques,  fantatisquement  enla- 
cées, du  même  genre  que  celtes  qui  couvrent  le  panneau  entre  les  pein- 
tures de  la  predella  ou  du  gradin,  que  nous  avons  décrites  dans  l'article 
précédent. 

Raphaël  s'est  bientôt  aperçu  que  de  pareils  ornements  s'accordent  peu 
avec  uo  sujet  de  sainteté;  car  on  ne  les  retrouve  plus  dans  ses  ouvrages, 
après  ces  deux  tableaux  qui  datent  de  la  même  époque. 

Ce  tableau,  qui  est  encore  dans  sa  pureté  primitive,  s'est  légèrement 


i6  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

fendu  dans  ces  derniers  temps.  Il  occupe  toujours  son  premier  cadre  a 
corniche,  richement  ornementé  de  palmettes. 

Il  était  originairement  dans  la  maison  StafTa;  il  vint  par  héritage  dans 
la  possession  du  comte  connestabile  délia  Staffa,  qui  le  conserve  à  présent. 
On  a  prétendu  que  le  comte  StalTa  possédait  une  lettre  de  Raphaël  concer<- 
nant  ce  tableau,  et  qu'il  avait  même  dernièrement  été  proposer  à  un  Anglais 
de  la  lui  vendre;  mais  toutes  les  recherches  que  nous  avons  faites  à  ce 
sujet  sont  restées  sans  résultat. 

Gravé  par  Samuel  Amsler,  en  1821,  grandeur  de  l'original;  de  même* 
par  Pietro  Mocchi. 

Une  belle  esquisse  à  la  plume  pour  cette  Madone  se  trouve  dans  la  col- 
lection de  don  José  de  Madrazo,  directeur  du  musée  royal,  à  Madrid. 

II  existe  beaucoup  de  copies  anciennes  de  ce  tableau  ;  à  Pérouse,  il  y  en 
a  deux  belles  :  Tune  dans  la  maison  Baglioni,  et  l'autre  chez  le  gonfalonier 
délia  Penna.  Une  troisième  copie  fut  achetée  par  le  défunt  ministre 
Wilhem  von  Humboldt.  Celle  de  la  maison  Oggioni,  à  Milan,  fut  gravée 
par  P.  Caronni,  en  1817,  petit  in-fol.  Une  autre  copie,  qui  est  au  musée 
du  Louvre ,  a  été  reproduite  par  Th.  Richomme ,  dans  un  ornement 
octogone,  in-4°,  avec  cette  inscription  :  LA  VIERGE  AU  LIVRE. 

Une  imitation  libre  de  cette  Vierge,  mais  plus  grande  que  l'original  et 
de  forme  carrée,  est  conservée  à  l'hôpital  de  S.  Maria  délia  Misericordia, 
h  Pérouse.  Dans  cette  imitation,  l'enfant  Jésus  met  la  main  gauche  sur  le 
livre  que  tient  la  mère,  tandis  que,  dans  l'original,  il  a  cette  main  sur  la 
poitrine  et  saisit  le  livre  avec  la  main  droite.  En  outre,  le  fond,  à  la  place 
d'un  paysage,  ne  présente- qu'un  mur  peu  élevé  avec  quelques  montagnes 
dans  le  lointain.  —  C'est  incontestablement  là  Touvrage  d'un  très-habile 
élève  du  Pérugin,  car,  quoiqu'il  soit  sec  de  pinceau,  le  dessin  en  est  cepen- 
dant d'une  certaine  ampleur  et  les  formes  en  sont  belles  et  bien  étudiées. 

Il  est  regrettable  que  ce  tableau  ait  souffert,  et  que  la  couleur  s'écaille 
en  beaucoup  d'endroits. 

Sa  hauteur  est  d'environ  22",  sur  18"  de  largeur. 

Gravé  par  Ant.  Krûger,  in-4. 

13.  Z/^  Visio7i  (F un  chevalier. 

Sur  bois;  carré  de  6"  9'". 

Un  jeune  chevalier,  couvert  de  son  armure,  est  couché  sur  son  bouclier, 
au  pied  d'un  petit  laurier  qui  est  au  milieu  du  tableau  et  sur  le  premier 
plan.  Ce  chevalier  est  endormi  et  parait  livré  à  un  songe.  Une  femme,  en 
costume  violet  et  pourpre,  apparaît  k  sa  droite,  et,  lui  présentent  un  livro^ 
et  une  épée,  semble  vouloir  le  préparer  en  même  temps  à  Tétude  et  :iu 
combat.  Derrière  elle,  dans  le  paysage,  s'élève  un  château-fort,  sur  le  haut 
d'un  rocher. 

1.  Voir  t.  l",  p.  58. 


DANS  LA  MANIÈRE  DU  PÉRUGIN.  17 

A  la  gauche  du  jeune  homme,  une  autre  femme^  au  vêtement  rouge  et 
chatoyant,  couverte  de  chaînes  de  corail,  lui  offre  des  fleurs  comme  un 
emblème  des  plaisirs  de  la  vie.  Le  paysage,  du  côté  de  cette  figure,  repré- 
sente une  belle  ville  auprès  d'une  rivière,  et  des  montagnes  dans  le  loin- 
tain. Ce  petit  tableau,  signé  :  RAPH.  YRBI.  INV.,  est  d'une  conservation 
parfaite.  C'est  encore  un  ouvrage  exécuté  dans  le  style  du  Pérugin,  mais 
il  est  plus  amplement  et  plus  finement  dessiné  que  les  tableaux  de  ce 
maître.  La  draperie,  un  peu  bouffante  de  la  jeune  femme  à  gauche,  rap- 
pelle le  manteau  du  Christ  dans  \e  Couronnement  de  la  Vierge,  mais  l'exé- 
cution délicate  et  harmonieuse  de  ce  tableau  le  place  à  une  époque  un 
peu  postérieure. 

W.  YouDg  Ottley  acheta  ce  tableau,  qui  avait  fait  partie  de  la  galerie 
Borghese,  à  Rome,  et  le  revendit,  en  1801,  pour  470  liv.  sterl.  De  la  suc- 
cession de  Sir  Thomas  Lawrence,  il  passa  dans  la  collection  de  lady  Sykes, 
et  il  fut  acquis  de  l'héritier  de  cette  dernière,  le  révérend  T.  Egerton,  pour 
la  National  Galiery  de  Londres,  en  1847,  au  prix  de  1,050  liv.  sterl. 

On  voit  à  côté  de  ce  tableau,  dans  la  National  Galiery,  la  composition 
originale  de  Raphaël,  dessinée  à  la  plume;  c'est  un  trait  avec  quelques 
hachures  ;  il  a  été  piqué  pour  servir  au  calque. 

Ludvig  Gruner  a  gravé  deui  fois  le  tableau,  de  la  grandeur  de  l'original  ; 
la  première  fois^  pour  notre  édition  allemande  ;  la  seconde  fois,  en  1847, 
pour  son  propre  compte,  avec  cette  inscription  :  VISION  OF  A  KNIGHT  ». 

14.  Portrait  cFuii  jeune  homme, 

Dans  U  collection  de  Kensinglon,  à  Londres.  —  Sur  bois;  d'environ  16*'  ;  carré. 

Ce  portrait  en  buste  représente  un  jeune  homme  de  quinze  ans,  vu 
de  trois  quarts,  tourné  à  droite  et  regardant  le  spectateur.  Ses  cheveux 
sortent  en  touffes  de  dessous  sa  barette  et  tombent  sur  ses  épaules;  sa 
poitrine  est  couverte  par  un  vêtement  noir  collant,  qui  laisse  apercevoir  la 
chemise,  et  est  fermé  au  col  par  deux  boucles  rondes  en  or,  sur  les- 
quelles on  lit  :  RAFFAELLO  —  VRBINAS.  FEC.  On  voit  au  fond  un  paysage 
montQeux  avec  quelques  fabriques  et  un  bois  d'où  sort  un  cerf. 

Ge  portrait  et  surtout  son  paysage  rappellent  encore  la  manière  du  Pé- 
nigin.  Malheureusement  il  est  très  détérioré,  usé  et  repeint  Nous  avons 
pu  l'examiner  de  près,  ayant  eu  la  permission  d'en  faire  un  dessin  dans  la 
galerie  de  Kensington,  où  on  le  conserve  aujourd'hui.  Ce  tableau  doit  être 
le  même  que  celui  qui  se  trouve  cité  dans  le  catalogue  des  tableaux  du 
roi  Jacques  fl,  sous  le.  n^  123,  comme  étant  le  portrait  de  Raphaël  lui- 
même. 


1*  VoÎTi  pour  plus  de  détails  sur  ce  tableau,  t    1,  p.  5S-59. 


18  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

15.  Le  Mariage  de  la  Vierge  (1S04). 

Tableau  cintré.  Sur  bob.  Figures  un  peu  plus  petites  que  demi-nature. 

Dans  ce  célèbre  tableau,  généralement  connu  sous  le  nom  de  Sposalizio^ 
la  Vierge  est  à  gauche  et  saint  Joseph  à  droite,  lui  présentant  l'anneau 
nuptial,  tandis  que  le  grand  prêtre,  qui  est  au  qiilieu,  leur  tient  les  deux 
mains.  La  sainte  Vierge  est  accompagnée  de  cinq  femmes,  et  saint  Joseph 
de  cinq  jeunes  hommes  :  ce  sont  les  prétendants  qui  se  disputaient  la  main 
de  Marie.  L'un  d'eux,  le  plus  beau  des  c[nq,  brise  sur  ses  genoux  le  roseau 
qui  ne  voulait  point  fleurir;  le  second  brise  aussi  le  sien  avec  mauvaise 
humeur,  et  les  autres  élèvent  en  l'air  les  roseaux  qu'ils  ont  à  la  main.  Au 
fond,  une  place  publique  avec  un  temple  à  seize  faces,  entouré  d'une* co- 
lonnade. Sur  la  moulure  de  l'arcade  du  centre  on  lit  :  RAPHAËL  VRBINAS. 
MDllIL  C'est  la  première  date  connue  que  Raphaël  ait  ajoutée  à  sa  signa- 
ture sur  ses  tableaux.  De  chaque  côté  du  temple,  l'horizon  est  borné  par 
des  montagnes. 

n  est  certain  que  Raphaël  peignit  ce  tableau  pour  l'église  S.  Francesco» 
à  Ciltà  di  Castello,  et  que  ce  tableau  lui  avait  été  commandé  par  les  moi- 
nes de  ce  couvent,  ainsi  que  le  fait  est  énoncé  dans  l'acte  du  notaire  Andréa 
Brozzi.  Cet  acte,  qui  fut  communiqué  à  Pungileoni  par  l'avocat  Giacomo 
Mancini,  est  ainsi  conçu  :  a  Guardianus  et  Fratres  Ord.  S.  Francisci  Min. 

conv altare  sub  tilulo  S.Joseph,  in  quo  apparet  pictum  Sposalitium 

ipsius  S.  Joseph  cum  B.  V.  Maria  manu,  celeberrimi  viri  Raphaelis  de  Ur- 

bino volentes concedere  lUmo  et  admodum  excellenti  0.  Albezzino^ 

et  D.  Pietro  q.  d.  Juiii  de  Albezzinis  de  Civi  Castelli et  iconam  ipsius 

altaris,  ut  supra  dictum  est,  pictam  cum  omnibus  etsingulisejusdem  alta- 
ris  et  iconœ  juribus  et  pertinentiis,  etc.— Actum  die  25  mens.  Aug.  1633.  » 

D'après  l'opinion  de  Pungileoni  (dans  le  Giornale  Arcadico,  ùp  XXXll, 
p.  359j,  et  d'après  notre  propre  observation,  Raphaël  n'a  fait  que  suivi'e 
pour  celte  composition  celle  du  célèbre  tableau  de  son  maître,  le  Pérugin, 
qui  était  autrefois  dans  la  cathédrale  de  Pérouse,  et  qui,  depuis  1804,  est 
placé  à  l'hôtel  de  ville  de  Caen,  en  Normandie  ^  La  seule  différence  de 
composition  qu'il  y  ait  entre  l'œuvre  du  maître  et  celle  de  l'élève,  c'est 
que  ce  dernier  transposa  les  deux  groupes  d'hommes  et  de  femmes,  donna 
plus  de  mouvement  aux  figures  et  ordonna  mieux  l'architecture  du  temple. 
Le  jeune  homme  qu'on  voit  sur  le  premier  plan,  brisant  son  roseau,  est 
imité  de  celui  qui,  dans  le  tableau  du  Pérugin,  se  trouve  à  l'arrière-plao, 
et  qui  est  «  plus  beau  de  mouvement  »  que  la  figure  placée  au  premier 
plan.  Dans  beaucoup  de  détails  de  l'œuvre  de  Raphaël,  on  retrouve  encore 

1.  Selon  H.  Tboré,  dans  le  Conttituiionnelf  le  Mariage  de  la  Tierge,  par  le  Pérugin,  fut 
envoyé  au  musée  de  Caen  en  1804,  arec  d'autres  originaux  rapportés  dMtalie,  en  vertu  d*un 
arrêté  des  Consuls  de  Tan  X,  qui  répartissait  entre  quinze  villes  de  France  Iw  tableaux  que  ne 
pouvaient  contenir  les  musées  de  Paris  et  de  Versailles.  {Noie  de  l'éditeur.) 


DANS  LA  MANIÈRE  DU  PÉRUG1N.  10 

la  manière  du  Pérugio,  quoique  les  expressioDS  des  têtes  et  lès  mouye- 
ments  des  personnages  soient  plus  vivants  et  plus  fins^  que  les  tons  des 
chairs  soient  plus  suaves  dans  les  transitions,  et  qu'en  général  les  qualités 
propres  de  Raphaël  commencent  à  se  montrer  partout.  Parmi  les  teintes 
des  draperies,  il  y  en  a  qui  ressemblent  à  celles  que  le  Pérugin  affection- 
iiaiU  Par  malheur,  Télève^  encore  inexpérimenté,  a  employé  pour  faire 
ces  draperies  des  couleurs  qui,  comme  le  vert  du  vêtement  de  la  fefknme 
placée  au  premier  plan  à  gauche,  ont  fortement  poussé  au  noir.  L'exécu- 
tion de  ce  tableau  n'est  pas  celle  des  autres  petits  ouvrages  de  Raphaël,  qui 
se  distinguent  par  un  fini  extrême,  mais  elle  est  bien  davantage  calculée 
pour  l'effet  général,  ainsi  qu'il  en  doit  être  dans  un  ouvrage  de  grande 
dimension.  Les  lignes  de  la  perspective  du  temple  ont  été  tracées  à  Teucre 
noire^  et  sont  d'autant  plus  visibles,  que  la  couleur  qui  les  recouvre  est 
d'une  pâte  légère. 

Pendant  près  de  trois  siècles,  ce  tableau  lit  l'ornement  de  l'église 
S.  Francesco,  àCittà  di  Castello,  jusqu'au  jour  où  le  général  comte  Giu- 
seppe  Lechi,  de  Brescia,  commandant  une  brigade  française,  s'en  fit  faire 
présent,  l'épée  à  la  main,  par  le  magistrat  de  la  ville,  le  29  janvier  i798. 
11  passa  des  mains  du  général  Lechi  dans  celles  du  comte  Salazar  qui  le 
légua  à  rOspedale  maggiore  à  Milan,  et,  sur  la  proposition  de  l'excellent 
directeur  du  Cabinet  numismatique,  feu  M.  Gaetano  Cattaneo,  il  fut  acquis. 
par  la  direction  de  la  pinacothèque  de  la  Brera,  avec  quelques  autres 
tableaux  sans  importance,  moyennant  la  somme  de  53,000  francs. 

L'état  de  conservation  de  ce  tableau  est  satisfaisant;  il  a  même  gagné, 
depuis  la  bonne  restauration  exécutée  par  le  cav.  Giuseppe  Molteni. 

On  ne  connaît  qu'une  étude  pour  cet  ouvrage,  c'est  la  tête  de  la  Viergo, 
dessinée  à  la  pierre  noire,  qui  se  trouve  dans  la  collection  Wicar  à  Lille. 

Ghatcres  :  Ce  tableaa  a  été  gravé  dans  l'ouvrage  intilalé  Pinacoieca  del  Palazzo 
delU  $eiense  e  deiie  arti  diUHano,  1812,  pi.  1  ;  —  par  Giuseppe  Longhi,  à  Milan, 
1812,  ÎD-foi.  —  Copié  d'après  Longhi,  par  Pietro  Folo,  1831.  —  Au  poiotillé  et  au 
buriii,  par  Tbouvenio,  in-fol.  —  Lithographie  d'après  le  dessin  de  Longhi,  par 
Oeri,  1824;  très-grand- in-fol.  —  Lithographie  par  S.  Maier,  d'après  le  même 
dessin,  dans  la  Kurnihalle  de  Carlsrahe.  ^  Id.,  la  partie  inférieure  seulement, 
avec  une  tapisserie  pour  fond,  par  Gaetano  Riholdi,  pitt.;  in-fol.  en  largeur.  — 
Gravé  sur  acier,  par  Pannier,  in-fol. 

iNciEifiiEs  COPIÉS.  —  Giov.  Andréa  Urbani  fît,  en  1606,  une  copie  de  ce 
tableau  pour  l'oratoire  S.  Giuseppe,  à  Urbin,  copie  qui  lui  fut  payée, 
d'après  son  reçu,  40  scudi.  (Voy.  Pungileoni,  EL  stor,  di  Raffaeilo  Sanli, 
p.  110,  note.)  Cette  peinture  se  trouve  encore  à  la  même  place. 

Nous  avons  vu  une  autre  copie  de  ce  tableau,  mais  inférieure  à  la  précé- 
dente, dans  l'église  des  Augustins,  à  Città  di  Castello,  et  une  troisième, 
très^ndommagée,  dans  la  collection  Solly,  actuellement  aii  musée  de 
Berlin. 


90  PEINTURES  I>E  RAPHAËL 

Nous  deN'oDS  encore  signaler  une  composition  du  Mariage  de  la  Vierge, 
par  le  Pérugin,  exécutée  en  Tannée  1497,  pour  le  gradin  du  tableau  d'au- 
tel, destiné  à  S.  Maria  Nuova  di  Fano  ;  elle  a  souvent  été  copiée  dans 
Técole  du  maître  et  ces  copies  ont  passé  dans  le  commerce  pour  des 
esquisses  de  Raphaël.  Ce  Mariage  de  la  Vierge^  composé  par  Pérugin,  a 
bien  quelque  ressemblance  avec  le  tableau  de  Raphaël^  mais  il  est  dans- 
.  le  sens  contraire.  L'étude  originale  du  Pérugin  pour  ce  tableau  se  trouve 
dans  la  collection  Albertine  à  Vienne;  elle  a  été  publiée  dans  la  onzième 
livraison  des  fac-similé  de  Mannsfeld. 

16.  Saint  Sébastien. 

Sur  bois;  h.,  16";!.,  12". 

Le  saint  est  représenté  en  buste^  vu  de  face  et  vêtu.  Il  tient  à  la 
main  la  flèche  de  son  martyre.  Le  paysage  du  fond  est  d'un  fini  admi- 
rable. L'exécution  de  ce  tableau  se  rapproche  beaucoup  de  celle  du 
Sposalizio,  ce  qui  le  place  à  la  même  époque.  Raphaël  a  cependant  traité 
avec  plus  de  finesse  certains  détails  de  ce  petit  tableau.  Cela  seul  suffit 
pour  contredire  l'opinion  exprimée  par  M.  von  Rumohr,  au  tome  111^  p.  xi, 
de  ses  Recherches  en  Italie,  savoir  :  que  cet  ouvrage  serait  le  fragment  d'un 
plus  grand  tableau.  S'il  en  était  ainsi^  le  paysage  surtout  ne  serait  point 
si  soigneusement  terminé. 

Ce  tableau  est  bien  conservé,  sauf  quelques  retouches  dans  le  ciel  et 
I  même  dans  la  tête  du  saint. 

Le  graveur  Giuseppe  Longhi  de  Milan  l'acheta,  dans  la  maison  Zurla,  à 
Cremn,  pour  la  modique  somme  de  3^000  lires  de  Milan.  Le  comte  Gu- 
glielmo  Lochis,  à  Bergame,  en  est  le  possesseur  actuel. 

On  en  a  donné  une  reproduction,  gravée  au  trait,  dans  la  traduction  de 
l'ouvrage  de  M.  Quatremère  de  Quincy,  par  Longhena. 

17.  Le  Christ  su?'  le  mont  des  Oliviers. 

Peint  pour  le  duc  Guidubaldo  d'Urbino.  —  Sur  bois;  h.,  tV  6'"  ;  1.,  26'*. 

Au  premier  plan,  les  trois  apôtres  sont  plongés  dans  le  sommeil.  Saint 
Jean  est  couché  à  gauche  ;  saint  Pierre  est  assis  au  milieu,  appuyant  sa 
tête  sur  son  bras;  à  droite,  saint  Jacques,  dont  la  tête,  vue  de  profil^ 
offre  quelque  ressemblance  avec  la  tête  du  Christ.  Ils  s'adossent  tous  trois 
contre  un  tertre,  sur  lequel  le  Seigneur,  à  genoux,  tourné  à  gauche,  les 
mains  jointes,  lève  douloureusement  les  regards  vers  le  ciel.  Un  petit 
ange,  ayant  une  jambe  posée  sur  un  nuage,  descend  dans  les  airs,  à  gauche, 
apportant  le  calice  d'amertume.  A  certaine  distance,  vers  la  droite,  Judas 
Iscariote  s'avance  avec  six  hommes  armés.  On  voit  encore  deux  autres 
figures  à  gauche.  Au  fond,  des  collines  plantées  d'arbres,  et  une  ville  dans  le 
lointain.  Sur  les  ornements  d'or,  presque  eiïacés,  du  vêtement  de  saint 
Pierre,  ou  distingue  les  lettres  R.  V. 


DANS  LA  MANIÈRE  DU  PÉRUGIN.  21 

'i  Dous  apprend  que  Raphaël  fit,  pour  le  duc  Guidubaido,  un  tableau 
achevé  comme  une  miniature^  représentant  le  Christ  sur  le  mont  des 
OlÎTÎers^  et  que  ce  tableau  fut  donné  plus  tard,  par  la  duchesse  Leonora^ 
épouse  du  duc  Francesco  Maria,  à  deux  camaldules^  Don  Paolo  Gius- 
tîniani  et  Don  Pietro  Guirini^  qui  avaient  baptisé  son  fils. 

Sw  effet,  ce  tableau  se  trouvait  encore  au  couvent  des  Camaldules  de 
b  ^fÉtfe  d'Urbin  à  la  fin  du  seizième  siècle,  si  l'on  peut  ajouter  foi  à  un 
ouTrage  publié  en  1587,  sous  ce  titre  :  Roumaldina. 

Depuis  deux  siècles  cependant^  depuis  le  temps  où  le  beato  frate  de 
Gabrielli  était  prieur  du  couvent  des  Camaldules,  à  Urbin,  le  tableau  a 
passé  dans  la  famille  Gabrielli  de  Gubbio ,  qui  depuis  longtemps  habite 
Rome.  En  18Î9,  ce  précieux  tableau  était  comme  perdu  pour  le  prince 
romain  Gabrielli,  car  un  domestique  le  lui  avait  volé  et  l'avait  vendu  pour 
40  seudi  a  un  marchand  d'objets  d'art,  nommé  Gigli.  Le  prince  ne  se  fût 
pas  même  aperçu  de  ce  vol,  si,  un  jour  qu'il  traversait  la  chambre  où  ce 
tableau  avait  sa  place  d'honneur  derrière  un  rideau  de  soie,  le  vent  n'eût 
soulevé  le  rideau  et  montré  le  cadre  vide.  Cependant  le  tableau  volé 
avait  excité  l'attention  des  artistes  allemands,  sans  trouver  d'acquéreur  ;. 
ce  fut  inutilement  qu'on  en  offrit  la  vente  à  différentes  cours  d'Alle- 
magne, et  peu  s'en  fallut  qu'il  ne  devînt  la  possession  d'un  amateur  russe. 
Le  prince,  averti  à  temps,  put  enfin,  avec  le  secours  de  la  justice,  rentrer 
en  possession  de  son  tableau,  en  désintéressant  le  marchand  et  en  lui 
abandonnant  10  scudi  de  bénéfice. 

Depuis,  ce  même  tableau  fut  acquis  par  le  marchand  d'objets  d'art, 
Woodbum,  à  Londres,  en  1844,  pour  quatre  mille  écus  romains.  En  1845, 
il  appartenait  à  M.  W"  Coningham  et  il  fut  vendu  à  l'encan,  en  1849, 
pour  la  somme  de  787  liv.  sterl.  10  schellings.  Aujourd'hui,  il  se  trouve 
dans  le  cabinet  de  M.  Fuller  Maitland,  à  Stanstead  (Sussex)  '. 

Ce  bel  ouvrage,  encore  exécuté  dans  la  manière  du  Pérugin,  'est,  d'ail- 
leurs, comme  Ta  ditVasari,  d'un  fini  extraordinaire.  Sa  conservation 
paraît  très-satisfaisante,  quoiqu'il  ait  été  trop  nettoyé  par  le  marchand  et 
qu'un  restaurateur  maladroit  ait  assez  mal  couvert  quelques  parties  où  la 
couleur  était  écaillée.  Le  tableau  n'est  pas  usé  et  pourrait  facilement  être 
remb  m  paifait  état. 

Il  se  trouvait,  dans  la  succession  de  Sir  Thomas  Lawrence  à  Londres, 
une  ^ade  pour  deux  des  apôtres  endormis,  dessin  à  la  pointe  d'argent,  sur 
papier  jaunâtre.  D'après  la  roideur  et  la  sécheresse  du  faire,  nous  osons 
croire  que  c'est  une  copie  faite  par  Timoteo  Viti.  Elle  est  actuellement 
Wcimar. 

Ludwig  Gruner  a  gravé  pour  notre  édition  allemande,  pi.  X,  ce  tableau 
qui  n'avait  jamais  été  reproduit  jusqu'alors  par  la  gravure. 

1.  Voir  t.  I,  p.  «3. 


n  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

Une  ûDcienne  reproduction  de  ce  tableau  fut  exposée  en  1834  à  Rome. 
On  prenait  cette  copie  pour  un  original  et  on  en  demandait  16,000  scudi* 
Dans  les  deux  petites  figures  du  fond  à  gauche  on  a  voulu  reconnaître  les 
portraits  du  duc  Guidubaldo  d'Urbin  et  de  Raphaël  lui-même. 

18.  Saint  George  avec  l'épée. 

Sur  bois;  h.,  10"8'";1.,9"  6"'. 

Le  saint  chevalier,  couvert  d'une  armure  d'acier  et  monté  sur  un  cheval 
blanc,  s'élance  de  droite  à  gauche.  Il  a  déjà  brisé  sa  lance  contre  le  dra- 
gon et  il  va  lui  donner  le  coup  mortel  avec  son  épée.  Dans  le  paysage 
aride  et  tout  hérissé  de  rochers,  on  voit  une  femme  qui  s'enfuit. 

Ce  tableau  rappelle  encore  la  manière  du  Pérugin  ;  mais  il  est  déjà 
beaucoup  plus  fin  de  dessin  et  de  caractère  ;  la  couleur  en  est  claire  et 
lumineuse. 

Selon  Lomazzo  (Traitato  délia  pittura,  p.  48),  Raphaël  fit  pour  le  duc 
d'Urbin  un  Saint  George^  dont  il  y  avait  une  copie  dans  l'église  S.  Vitto- 
ria,  à  Milan.  Cette  copie  est  encore  mentionnée  dans  ïltinerario  dltalia^ 
par  Andréa  Scatto  (Venezia,  162S,  p.  60).  Lomazzo  cite  un  autre  Saint 
George  comme  existant  au  château  de  Fontainebleau;  c'est  certainement 
celui  dont  nous  parlons  ici  ;  seulement  Lomazzo  se  trompe,  quand  il  le 
dit  peint  sur  le  boiâ  d*un  damier,  ce  qui  a  eu  lieu,  en  effet,  pour  le  Saint 
Michel,  mais  non  pour  le  Saint  George. 

Toutefois,  il  paraît  que  Raphaël  avait  fait  également  le  Saint  Michel 
pour  le  duc  d'Urbin,  comme  destiné  à  servir  de  pendant  au  Saint  George; 
Selon  la  notice  de  M.  Villot^  dans  le  catalogue  des  tableaux  du  Louvre, 
ces  deux  tableaux  de  Raphaël  passèrent  de  la  collection  du  cardinal  Ma- 
zarin  dans  celle  de  Lours  XIV  ^  La  copie  qu'on  voyait  autrefois  dans  l'église 
S.  Vittoria,  à  Milain,  pourrait  bien  être  celle  qui  figurait  avec  le  petit  Saint 
Michel  dans  la  galerie  Leuchtenberg  à  Munich,  et  qui  est  maintenant  à 
Saint-Pétersbourg.  H.  12";  L  r  r. 

Gravures  :  par  Nicolas  de  Larmessin,  pour  le  Cabinet  Crozat^  n"  16;  et  par   . 
J.-L.  Petit,  pour  le  Mutée  Napoléon;  toutes  deux  de  la  grandeur  de  l'original.  -» 
Gravé  àTeau-forte,  par  Duplessis-Bertaux,  et  terminé  par  Nicquet,  in-4'',  pour 
la  Gaierie  FithoL  —  Landon,  n«  333. 

Une  légère  esquisse  à  la  plume,  spirituellement  faite  pour  le  Saint 
George ,  est  conservée  dans  la  collection  de  Florence.  Gravée  par  S.  Mu- 
linari,  en  1774. 

19.  Saint  Michel. 

Sur  bois;  h.,  H"6'";l.,  9"  6'". 

L'archange  Michel,  plein  de  jeunesse  et  de  force,  recouvert  d'une 
armure  d'or,  debout  sur  le  plus  grand  des  monstres  qui  l'entourent,  est 

1.   Voir  t.  I,  p.  64-65. 


.* 


DANS  LA  MANIÈRE  DU  PÉRUGIN.  2S 

au  moment  de  le  frapper  a  mort  avec  son  épée.  Son  bouclier  blanc  porte 
une  croix  rouge  transversale.  Dans  le  fond,  à  gauche,  les  pécheurs  repen- 
tants^ chargés  de  chapes  de  plomb^  passent  lentement  devant  la  ville  de 
la  Colère,  livrée  aui  flammes  ;  à  droite,  près  d'un  rocher,  se  trouvent  ceux 
(fù'u  dans  l'enfer  da  Dante,  sont  tourmentés  par  des  serpents  ;  car  Ra- 
phaël semble  s'être  inspiré  ici  des  chants  23  et  24  de  l'En/^r ,  dans  les- 
quels Tauteur  de  la  Divine  Comédie  dépeint  les  hypocrites  et  les  voleurs. 

Ce  petit  tableau,  traité  avec  force  et  délicatesse  à  la  fois,  est  vigoureux 
et  lumineux  de  ton.  11  a  été  peint  sur  le  revers  d'un  damier. 

Déjà  Lépicié,  dans  son  Catalogue  raisonné  des  tableaux  du  Roy  (Paris 
4752/ vol.  II,  p.  9],  avait  émis  l'opinion  que  Raphaël  peignit  ce  Saint 
Michel  pouip  le  duc  d'LYbin,  comme  pendant  du  Saint  George.  Le  tableau, 
provenant  de  la  collection  du  cardinal  Mazarin,  se  trouve,  en  un  bon  état 
de  conservation,  au  musée  du  Louvre  K 

Gravé  par  Claude  Duflos,  pour  le  Cabinet  Crozat  {n^  15),  de  la  gran- 
deur de  l'original.  ---  Landon,.n°  335. 

Un  dessin  achevé  pour  le  tableau  se  trouvait  dans  la  collection  Crozat. 
Cat.  Mariette,  noi02. 

L'ancienne  copie,  déjà  citée,  qui  était  dans  la  galerie  Leuchtenberg, 
affe^yie  même  que  le  Saint  George,  un  ton  un  peu  brun,  et,  quoiqu'elle 
soilnHionne,  il  lui  manque  cependant,  outre  le  dessin  de  Raphaël, 
quelque  chose  de  la  délicate  exécution  de  son  pinceau. 

20.  Trois  petits  tableaux  ronds. 

Au  musée  de  Berlin.  «-^  Sur  bois  ;  d'eaviron  6"  de  diamèlrê  chaque. 

Ces  trois  petits  tableaux  représentent,  sur  fond  noir,  une  Pietà,  où  le 
Chrfst,  les  bras  étendus,  est  assis  sur  un  sarcophage  ;  avec  les  ligures  à  mi- 
corps  des  deux  saints  patrons  de  Pérouse,  S.  Lodovicus  et  S.  Herculanus. 

11  est  de  toute  évidence  que  ces  petites  peintures,  un  peu  rapidement 
traitées,  faisaient  partie  d'un  gradin,  mais  on  ne  sait  à  quel  tableau 
d'autel.  M.  von  Rumohr,  qui  eut  le  bonheur,  si  nous  ne  nous  trompons,  de 
les  acquérir  à  Pérouse,  en  flt  présent  au  roi  de  Prusse,  qui  était  encore 
à  cette  époque  prince  royal,  et  c'est  à  son  amour  éclairé  des  arts  que 
nous  sommes  redevables  du  plaisir  de  les  contempler  au  musée  de  Berlin*. 
Dans  les  Recherches  en  Italie  (vol.  111,  p.  41),  on  trouve  imprimée  l'opi- 
nion que  ce  sont  là  les  restes  d'un  gradin  pour  le  tableau  du  Couronne- 
ment de  la  Vierge,  et  l'on  rapporte  que  le  peintre  Wicar  a  possédé  un 
quatrième  petit  tableau  représentant  une  Sainte  Catherine,  lequel  avait 
fait  partie  du  même  gradin. 

I.  Voir  t.  I,  p.  65-66. 

S.  N^  144  du  catalogue,  où  ils  ne  sont  pas  désignés  comine  provenant  de  M.  von  Rumobr, 
mais  comme  ayant  été  achetés  par  le  musée.  (Ifole  de  Viditeur,) 


24  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

Faute  d'autres  renseignements  à  ce  sujet,  nous  devons  nous  en  tenir 
à  cette  donnée.  Mais  il  est  impossible,  en  tout  cas ,  d'admettre  Topinion 
du  même  écrivain,  qui,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  Trois  Voyages  en  Italie, 
p.  S63,  prétend  que  ces  petits  tableaux  ne  sont  que  des  frfigments  du 
tableau  d'autel  de  Saint-Antoine  de  Padoue  ;  car  oe  tableau  d'autel  û 
passé  en  entier,  de  la  galerie  d'Orléans,  en  Angleterre. 


PEINTURES    DE    RAPHAËL] 

DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE. 
DE  1504  A  1510. 

21.  Madone  du  grand-duc  de  Toscaiie. 

La  Vierge  (demi-fîgure),  debout,  porte  sur  son  avant-bras  gauche  l'en- 
fant Jésus  assis  et  le  contemple,  les  yeux  baissés.  L'enfant,  vu  de  côté,  tourne 
la  tête,  jette  les  regards  hor^  du  tableau  et  pose  sa  main  droite  sur  le 
sein  de  sa  mère.  La  figure  de  la  madone,  couverte  d'un  ample  manteau 
bleu,  ressort  puissamment  sur  le  fond,  qui  est  très-vigoureux  de  ton. 

Quoique  ce  ravissant  tableau  se  ressente  déjà  de  la  grandeur  florentine, 
toutefois,  c'est  encore  la  manière  du  Pérugin.  A  la  lin  du  siècle  dernier, 
ce  tableau,  avec  d'autres  peintures  de  Carlo  Dolci,  se  trouvait  dans  la  pos- 
session d'une  pauvre  veuve,  laquelle,  ne  connaissant  pas  son  trésor,  le  ven- 
dit à  un  libraire  pour  i2  scudi.  Par  l'entremise  de  Puccini,  alors  directeur 
de  la  galerie  de  Florence,  cette  madone  devint  la  propriété  du  grand-duc 
de  Toscane,  Ferdinand  lil,  qui  la  portait  constamment  avec  lui  dans  ses 
voyages,  et  c'est  de  cette  circonstance  que  lui  vint  le  nom  sous  lequel  on 
la  désigne  généralement.  Nous  avons  vu  cette  précieuse  peinture  dans  les 
appartements  de  la  grande-duchesse,  au  palais  Pitti.  Dans  les  derniers 
temps,  ce  tableau  a  été  placé  dans  une  des  salies  de  la  galerie.  La  conser- 
vation de  cet  ouvrage  était  parfaite,  mais  il  a  souffert  depuis,  par  suite  d'un 
nettoyage  à  fond'. 

Gravures  :  par  Raphaël  Morghen,  en  1823;  petit  in-fol.  Cat.  250 —  Par  délia 
Bella;  petit  in-fol.  —  Par  Franz  Stôber,  à  Vienne;  petit  in-fol.  —  Vierge  au  pa- 
lais Pitti,  d'après  un  dessin  de  Desnoyers,  gravé  par  Lorichon,  1835,  in-fol.  — 
Par  Jean  Serz,  in-fol.  —  De  môme,  par  Ach.  Martinet,  avec  de  légères  ombres, 
mais  bien  dans  lé  caractère  de  l'original.  —  Lithographie  par  P.  Stohr,  in-fol.  — 
Id.,  par  J.  Fertig,  petit  in-fol.  ^  De  môme,  par  Deveriso,  en  1839. 

Une  belle  copie  de  cette  Vierge,  mais  avec  un  fond  de  paysage,  vraisem- 
blablement l'oeuvre  d'un  élève  de  Raphaël  à  Florence,  fut  achetée  en  Tos- 

I.  Voir  t.  I,  p.  70. 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  25 

caoe  par  un  amateur  russe  qui,  en  1 838,  la  mit  en  vente  à  Francfort-sur-Mein. 
Dans  la  coHection  de  Florence  se  trouve  une  étude  originale  à  la  plume 
pour  la  tête  de  la  madone. 

22.  Madone  du  duc  Terranuova, 

Sur  bois;  rond  ;  de  2'  d  3/4"  de  diamètre.  (ActueUement  au  musée  de  Berlin' .) 

La  sainte  Vierge  assise  tient  l'enfant  Jésus  couché  sur  ses  genoux.  Elle 
Tadmire,  la  tête  penchée  vers  lui  et  élevant  un  peu  sa  main  gauche  :  ce 
mouvement  rappelle  le  style  de  Léonard  de  Vinci.  Lé  petit  saint  Jean, 
debout  à  gauche,  la  tête  fortement  tournée,  présente  avec  amour  à  l'enfant 
Jésus  une  banderole,  sur  laquelle  on  lit  :  Ecce  agnus  Dei,  A  droite,  un 
autre  enfant  s'appuie  contre  la  Vierge;  cet  enfant  a  une  auréole  et  parait 
représenter  un  des  futurs  apôtres.  Un  petit  mur,  derrière  ces  figures, 
avec  un  paysage  au  loin,  forme  le  fond  du  tableau.  Dans  la  bordure  de  la 
robe  que  porte  la  Vierge,  en  pleine  poitrine  on  distingue  la  lettre  M,  ce 
qui  pourrait  faire  naître  des  doutes  sur  l'authenticité  de  cet  ouvrage*. 
Mais  la  composition,  aussi  bien  que  l'exécution,  est  tellement  dans  la  ma- 
nière de  Raphaël  à  son  premier  séjour  à  Florence,  que,  quant  à  nous,  il  n'y 
a  pas  d'incertitude  sur  l'auteur  de  ce  chef-d'œuvre. 

Le  ton  général  de  cette  peinture  est  énergique, quoique  doux.  Le  carac- 
tère des  têtes  rappelle  celui  de  la  Vierge  du  grand-duc  de  Toscane,  que 
nous  avons  ci-dessus  décrite  :  ces  deux  peintures  sont  évidemment  de  la 
même  époque.  Le  tableau,  en  somme,  est  bien  conservé,  mais  il  a  été  en 
quelques  endroits  un  peu  trop  fortement  nettoyé. 

D'après  tous  les  renseignements  que  nous  avons  recueillis,  ce  tableau 
paraît  avoir  toujours  appartenu  à  la  famille  des  ducs  de  Terranuova,  de 
Gênes,  résidant  actuellement  à  Naples.  En  1854,  il  fut  acheté  pour  le 
compte  du  roi  de  Prusse,  moyennant  la  somme  de  30,000  écus.  Cette 
acquisition  fut,  dit-on,  motivée  surtout  par  un  sentiment  de  piété  filiale. 
Le  défunt  roi  avait  beaucoup  admiré  ce  tableau  lors  de  son  séjour  à 
Naples;  mais,  ne  pouvant  l'obtenir  alors,  il  avait  vivement  recommandé  à 
son  fils,  le  roi  actuel,  de  ne  point  le  laisser  échapper  si  jamais  la  famille 
Terranhova  consentait  à  s'en  dessaisir. 

Gravé  par  Jérôme  Scotto,  1823,  grand  in-fol.  -—  M.  Ed.  Schaeffer,  à 
Francfort-sur-Mein,  en  a  fait  un  dessîn  qu'il  grave  en  ce  moment. 

Une  étude  qui  semble  avoir  servi  pour  l'enfant  Jésus  se  trouve  dans  la 
collection  de  Florence. 

i  N**  2-i7^  du  catalogue,  où  M.  VSTaagen  indique  1505  comme  date  probable  du  tableau. 
i^oledeimieur.) 

2.  Cette  lettre  nous  parait  être  l'initiale  du  nom  de  Marie.  Rien  n'était  plus  usité,  a  cette 
<ixH}Qe,  que  les  initiales  d'un  nom  propre  brodées  sur  des  habits  d'homme  ou  de  femme.— 
M.  Waagen,  qui,  dans  son  catalogue  du  musée  de  Berlin,  donne  soigneusement  les  signatures  et 
marques  des  tableaux;  ne  signale  point  cette  lettre  M.  {Noie  de  Védileur.) 


é 


26  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

23.  Petite  Madone  de  lord  Cov^per . 

Sur  bois;  h.,  24";!.,  17". 

La  yierge  (demi-figure),  assise  près  d'un  mur,  penche  sa  tête,  vue  de 
face,  un  peu  à  droite,  et  tient  de  la  main  gauche  l'enfant  Jésus,  qui  l'enlace 
de  ses  bras  en  se  soulevant  vers  elle.  Il  pose  un  pied  dans  la  main  de  sa 
'  mère,  que  celle-ci  tient  ouverte  sur  ses  genoui,  et  il  tourne  la  tête  du  côté 
gauche  en  regardant  vers  le  bas.  Une  draperie  violette,  recouverte  d'un 
voile  transparent,  enveloppe  la  tête  de  Marie.  Pour  fond,  un  paysage,  dans 
lequel  on  voit  à  droite  une  église  à  coupole  sur  une  colline. 

La  composition  de  cet  ouvrage  est  évidemment  de  l'époque  où  Raphaël, 
en  quittant  la  manière  du  Pérugin,  se  rapprochait  de  celle  de  Florence, 
c'est-à-dire  vers  150S.  L'exécution  en  est  très-facile,  rapide,  légère;  les 
mains,  et  surtout  celles  [de  la  Vierge,  sont  d'un  dessin  élégant,  presque 
coquet,  ce  qui  ne  se  rencontre  pas  souvent  dans  les  œuvres  de  Raphaël. 
Les  draperies  sont  fortement  glacées;  le  premier  plan  du  paysage  offre  un 
ton  brun-verdàtre>  ef  le  fond  est  d'un  bleu  clair. 

Il  nous  paraît  douteux  que  ce  tableau  soit  entièrement  de  la  main  de 
Raphaël.  Sa  conservation,  d'ailleurs,  est  parfaite* 

11  se  trouvait  autrefois  à  UrbinS  si  nous  sommes  bien  informé,  et  il  fut 
acheté  par  lord  Cowper,  ambassadeur  d'Angleterre  à  Florence,  pour  la  belle 
galerie  qu'il  a  formée  à  Pansanger  près  Hertford,  résidence  de  sa  iamille*. 

Un  tableau  tout  à  fait  semblable,  qui  cependant  ne  nous  est  connu  que 
par  un  dessin,  a  dû  passer  de  la  succession  du  ducd'Urbin  chez  un  intendant 
grand-ducal,  nommé  Peruzzi,  demeurant  à  Florence.  On  dit  cette  peinture 
très-achevée,  mais  elle  aurait  souffert  du  nettoyage.  En  1847,  un  peintre 
de  Florence  avait  été  chargé  de  la  restaurer. 

Une  étude  pour  la  tête  de  l'enfant  Jésus,  à  la  pointe  d'argent  sur  papier 
prépaie  gris ,  est  conservée  dans  la  collection  de  l'Institut  de  Steedel,  à 
Francfort-sur-Mein . 

24.  Portrait  d un  jeune  homme  de  la  maison  Riccio. 

Sur  bois;  h.,  <9"6"';  I.,  15*'. 

Ce  portrait  en  buste  représente  un  jeune  homme  d'environ  20  ans, 
tourné  à  gauche,  vu  de  trois  quarts  et  regardant  hors  du  cadre.  Ses  che- 
veux plats  et  tombants  sont  coupés  droit;  sa  tête  est  couverte  d'une  petite 


1 .  Michèle  Dolce,  dans  ses  notes  manuscrites,  réunies  Ters  1775,  et  intitulées  :  Raggwiglio 
delUpittwre  ehêii  trovano  in  VrbinOj  parie  (p.  60)  de  deux  Madones  peintes  par  RapbaSl, 
qui  se  trouvaient  dans  les  familles  Bonaventura  et  Palma;  ces  tableaux  ont  actuellement  disparu. 
Peut-être  l'un  d*eux  est-il  celui  que  lord  Cowper  acheta  à  Florence.  Ka  toui  cas,  Dolce  n'était 
point  un  connaisseur  qu'il  faille  eroirê  sur  parole.  (Voy.  Pungileoni,  p.  8.) 

2.  11  a  été  exposé  à  Manchester,  a*  138.  Voir  Trétori  d'ori^  etc.,  par  W.  Burger,  p.  56. 
(Note  de  Védileur.). 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  37 

barette  noire;  de  la  nain  droite  il  tient  son  pourpoint.  Sur  les  deux  agrafes 
du  vêtement  qu'il  porte  en  dessous  et  qui  laisse  sortir  sa  chemise,  on  lit: 
BAPHAELLo  YRBiNAS  FEC.  Deux  colonnes  de  marbre  coloré  ornent  le  fond, 
de  chaque  côté,  entre  lesquelles  on  aperçoit  au  loin  une  prairie  entourée 
d'un  bois  où  un  cerf,  guetté  par  un  loup-cervier,  Tient  paître  sous  des 
arbres. 

Ce  tableau,  très-bien  conservé,  est  encore  quelque  peu  dans  la  manière 
du  Pérugin.  Il  provient  de  la  maison  Riccio  de  Florence,  où  il  était  encore 
quand  Ignatius  Hugford  déclara  par  écrit  que  cette  peinture  avait  à  ses 
yeux  une  oiigînalilé  incontestable.  Raphaël  Mengs  confirma  depuis  l'opi- 
Dion  de  Hugford  en  ces  termes:  «  lo  sottoscrito  ho  veduto  e  considerato  il 
«  sopra  aocennato  quadro,  il  quale  giudico  opéra  di  mano  di  Raflaele  da 
«  Urbino ,  come  sopra.  Fatto  a  Firenze  oggi  17  Gennajo  1774.  RaffaelA 
<  Mengs.  »  L'attestation  d'Ignatius  Hugford,  dans  laquelle  il  dit  par  erreur 
que  le  portrait  représente  Raphaël  lui-même  à  l'âge  de  21  ans,  a  été  collée 
derrière  le  panneau.  Ce  tableau. passa  ensuite  dans  la  coll.  du  comte  Fir- 
man,  au  château  de  Leopoldskron  près  Salzbourg»  et  plus  tard  dans  celle 
du  banquier  Trautmann  ,  qui  le  vendit  au  roi  Louis  de  Bavière  pour  la 
pinacothèque  de  Munich  < . 

Gravé  par  P.  Ant.  Parai,  pet.  in-fol.  —  Lithogr.  par  Lorenz  Quaglio,  de  la 
grandeur  de  l'original,  pour  le  cinquième  cahier  des  Imitations  de  Zelter, 
d'après  les  meilleures  peintures  originales(Munich,  1822).— Ce  portrait, 
dans  ces  deux  reproductions,  est  donné  comme  celui  de  Raphaël. 

25.  Tableau  cC  autel  pour  le  monastère  de  Saint-Antoine 

de  Padoue,  à  Pérouse. 

Raphaël  peignit  un  tableau  avec  un  tympan  (lunetta)  et  un  gradin 
d'autel  (predella)  à  cinq  sujets,  pour  les  religieuses  de  ce  couvent.  Il  avait 
entrepris  déjà  ces  ouvrages  en  1S04,  avant  son  voyage  d'Urbin,  mais  il  ne 
les  termina  qu'à  son  retour  à  Pérouse,  comme  nous  le  démontrerons  plus 
loin  •. 

Tableau  principal. 

Sar  bois  ;  presque  carré.  Figures  deux  tiers  de  nature. 

La  Vierge,  assise  sur  un  trône  richement  orné  et  élevé  de  quelques 
marches,  tient  l'enfant  Jésus  sur  son  genou  droit;  celui-ci  porte  un  vête- 
ment blanc,  à  ornements  verts  et  rouges,  avec  un  manteau  violet.  De  la  main 
droite  il  bénit  le  petit  saint  Jean  qui  s'approche  en  adoration.  Près  du 
trône  se  tiennent  debout  sainte  Catherine  à  gauche,  vue  de  profil,  et  sainte 
Dorothée  à  droite,  toutes  deux  ayant  en  main  des  palmes,  symbole  de 

I.  N*  587,  II*  partie,  (hi  catalogue  du  musée  de  Monieh,  qui  suppose  que  ce  portrait  pour- 
rait «tre  cahii  du  due  d'Urbin.  {Noie  de  l'éditeitr.) 
3.  Voir  aussi  t.  1,  p.  71  el  suivantes. 


28  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

leur  martyre.  Sur  le  devant  se  trouvent,  d'un  côté  saint  Pierre,  et  saint 
Paul  de  l'autre.  On  entrevoit  un  paysage  qui  forme  le  fond,  de  chaque 
côté  du  trône.  Le  ton  de  cette  peinture  est  puissant,  et  souvent  brun  dans 
les  ombres;  la  carnation  des  femmes  et  des  enfants  est  cependant  très- 
claire.  La  tête  du  saint  Pierre  rappelle  celle  du  même  apôtre  dans  le 
tableau  du  Couronnement  de  la  Vierge;  celle  de  saint  Paul  est  très-colo- 
rée, et  brune  dans  les  ombres.  Le  manteau  bleu  foncé  de  la  Vierge  est 
parsemé  de  points  d'or  dans  le  goût  antique.  En  général,  les  bordures  des 
vêtements  sont  très-richement  ornementées  à  l'instar  du  Pinturicchio.  La 
Vierge  et  TEnfant,  tous  deux  ravissants  de  douceur  dans  Texpression, 
tiennent  encore  à  la  première  manière  de  Raphaël,  tandis  que  les  deux 
saintes  trahissent  déjà  l'influence  norentinje,  autant  par  la  forme  des  têtes 
que  par  le  mouvement  des  mains.  Le  ciel  et  le  paysage  sont  d'un  ton  un 
peu  noir,  mais  tempéré. 

Le  tympan. 

Il  représente  le  Père  Éternel  vu  à^mi-corps,  ayant  le  globe  terrestre  dans 
la  main  gauche,  avec  deux  anges  à  ses  côtés,  et  au-dessus,  dans  le  firma- 
ment, deux  têtes  de  chérubins.  Ce  tableau,  qui  rentre  bien  plus  dans  la 
manière  du  Pérugin,  est  moins  brun  de  ton  que  le  tableau  principal,  avant 
lequel  il  a  du  être  terminé. 

En  1678,  les  religieuses  vendirent  ces  deux  peintures  au  comte  Gio. 
Antonio  Bigazzini,  à  Rome,  moyennant  deux  mille  scudi,  et  reçurent  en 
outre  une  copie  de  l'un  et  l'autre  tableau  pour  leur  maitre-autel.  (Voy. 
Annibale  Mario tti  iLettere  pittoriche  Perugineiy  elc,  Perugia,  1778,  in-8. 
p.  126.  Il  a  tiré  ces  renseignements  des  archives  de  Pérouse.)  Plus  tard, 
ces  tableaux  entrèrent  dans  la  galerie  Colonna,  et,  à  la  lin  du  siècle  dernier, 
ils  devinrent  la  propriété  du  roi  de  Naples.  Ils  sont  bien  conservés,  à  cela 
près  cependant  que  le  tableau  principal  est  fendu  dans  toute  sa  largeur, 
et  qu'une  des  deux  fentes  traverse  les  trois  têtes  de  femmes. 

Une  gravure  au  trait  de  ces  deux  tableaux  se  trouve  dans  V Histoire  de 
Vart  par  les  monuments,  de  Seroux  d'Agincourt,  t.  11.  —  Lithogr.  par 
Deluise,  in-fol.,  et  par  Ludwig  Ritter,  in-fol. 

L'étude  pour  Dieu  le  Père,  dessinée  à  la  plume,  H'après  le  modèle  vivant, 
se  trouve  dans  la  collection  W^icar,  à  Lille. 

Peintures  du  gretdin. 

Il  y  avait  cinq  sujets,  que  les  religieuses  vendirent,  antérieurement,  à  la 
reine  Christine  de  Suède,  en  1663,  au  prix  de  601  écus  romains.  (Voyez 
Mariotti,  Lettere  pitt,  peiug.,  p.  125.)  Ils  passèrent  de  la  galerie  Bracciano 
dans  celle  du  duc  d'Orléans,  et,  quand  cette  dernière  fut  en  majeure  partie 
vendue  à  Londres,  en  1798,  ces  tableaux  se  trouvèrent  divisés  entre  plu- 
sieurs amateurs  anglais. 


1 


0- 


I      » 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  29 

A)  Le  Christ  sur  le  mont  des  Oliviers.  Près  d'un  tertre,  le  Christ,  vu  de 
pro!il,  prie  à  genoux.  Un  ange  descend  vers  lui  et  lui  présente  le  calice  de 
douleur.  Tout  près  de  lui,  à  ses  côtés,  sur  le  premier  plan,  dorment 
saint  Jean  et  saint  Jacques,  et  derrière  le  tertre,  saint  Pierre,  qu'on  ne  voit 
qu'à  mi-corps.  Ce  tableau,  qui  est  le  plus  faible  des  trois  peintures  du 
gradin,  nous  semble  avoir  été  exécuté,  d'après  un  dessin  de  Raphaël,  par 
on  de  ses  camarades  d'atelier.  11  est,  du  reste,  très-firotté  et  repeint.  Vendu 
dans  la  galerie  Bryan,  pour  42  liv.  sterl.,  en  1800.  Samuel  Rogers  l'avait 
acheté  de  la  succession  de  lord  Eldin,  à  Edimbourg*.  (H.  9^',  1.,  10'^) 

Gravé,  de  la  grandeur  de  l'original,  par  Jean-Charles  Flipart,pour  le  Ca- 
binet Crozat;  —  par  Couché  fils  et  Lienard,  pour  la  Galerie  d'Orléans;  — 
par  Ludwîg  Graner,  del.  et  sculps.  London,  1849,  in-fol.  eu  larg.— Lunc/on, 
n*»226. 

B]  Le  Portement  de  Croix.  Deux  cavaliers  ouvrent  le  cortège.  Derrière 
eux,  le  Christ,  chargé  de  sa  croix,  que  le  bourreau  tire  avec  une  corde,  et 
accompagné  de  deux  soldats.  Joseph  de  Cyrène  cherche  à  soulager  le  Sau- 
veur du  poids  de  la  croix.  Â  droite,  la  Vierge,  qui  s'évanouit,  est  secourue 
par  trois  saintes  femmes  et  par  saint  Jean,  qui  la  contemple  avec  douleur. 
Cest  le  plus  beau  des  tableaux  du  gradin ,  et  il  est  bien  conservé. 
(H.,9^,  1.,  â3'\)  Ce  tableau  fut  vendu  dans  la  galerie  Bryan,  à  Londres,  en 
1798, pQur  ISO  liv.  sterl.,  à  M.  Hibbert.  Le  possesseur  actuel  est  M.  Ph.  John 
Uiles,  à  Leigh  Court,  près  Bristol. 

Gravé  par  Nicolas  de  Larmessin,  de  la  grandeur  de  l'original  (n^  26), 
pour  le  Cabinet  Crozat  —  ;  par  Couché  fils  et  Lienard,  pour  la  Galerie 
à' Orléans.  —  Landon,  n*»  216. 

Il  existe  dans  la  galerie  Bridgewater,  à  Londres,  un  petit  tableau  qui  re- 
présente la  même  figure  du  Christ  portant  sa  croix,  en  vêtement  violet,  au 
milieu  de  deux  pilastres  ornés  d'arabesques.  Il  est  également  attribué  à 
Raphaël K 

C)  Le  Christ  mort.  Il  est  couché  sur  les  genoux  de  la  Vierge;  saint  Jean 
le  soutient  par-dessous  les  bras,  et  Marie-Madeleine  lui  baise  les  pieds. 
Aux  deux  côtés  se  tiennent  debout  Joseph  d'Arimathie  et  saint  Nicodème. 
Pour  fond,  un  paysage  avec  trois  arbres.  C'est  un  beau  tableau,  clair,  d'une 
grande  finesse  de  dessin  et  d'un  profond  sentiment.  L'arrangement  général 
paraît  emprunté  au  Pérugin.  Vendu  dans  la  galerie  Bryan,  à  Londres,  pour 
60  liv.  sterl.  Il  passa  ensuite  du  cabinet  de  Bonnemaison  dans  celui  du 
comte  Karl  von  Rechberg,  à  Munich,  et  de  chez  ce  dernier  dans  la  collec- 
tion de  Sir  Thomas  Lawrence,  puis  dans  celle  de  M.  M.-A.  Whyte,  à 

(.  U  appartient  aujourd'hui  à  miss  Burdett  Coutts,  qui  Ta  acheté  à  la  tente  Rogers.  (Voir 
Tritors  d'arly  etc.,  par  W.  Burger,  p.  53-54.)  {Noie  de  l'idileur.) 

2.  U  n'est  pas  porté  dans  le  catalogue  de  Bridgewater  Gallery  (Loudon,  1856).  {Note  dt 
l'éditeur.) 


SO  PEINTURES  DE  HAPHAEL 

Barrow  Hill,  près  Ashborne,  Derbyshire.  Il  est  aujourd'hui  dans  la  pos- 
session de  M.  H.  Dawsen.  Ce  tableau  est  bien  conseryé.  (H.,  ^\  1.^  W.) 

Gravé  par  Claude  Duflos^  pour  le  Cabinet  Crozat  (n**  27),  de  la  grandeur 
de  l'original.  —  Par  Couché  fils  et  Lienard,  pour  la  Galerie  d'Orléans»  — 
Lithogr.  par  Ekemann  Allesson,  in>fol.,  en  largeur. 

L'esquisse  originale  pour  ce  tableau  se  trouvait  dans  la  collection  Crozat. 
Catal.  de  Mariette,  n^"  104. 

D  et  E)  Saint  François  et  saint  Antoine  de  Padouf.  Le  premier,  tourné 
à  droite,  tient  un  livre  rouge  et  une  croix;  le  second,  tourné  à  gauche, 
tient  un  livre  vert  et  une  branche  de  lis.  Le  fond  est  bleu.  (H.,  %",  I.,  ty\) 

Ces  deux  petits  tableaux  ne  sont  pas  sans  doute  de  la  main  de  Raphaël, 
mais  ils  ont  dû  être  exécutés  sous  sa  direction  par  un  de  ses  condisciples, 
ils  se  trouvent  aujourd'hui,  sous  les  n""^  306  et  307,  à  Dulwich  Collège^  dans 
la  galerie  de  tableaux  que  Sir  Francis  Bourgeois  légua  à  cet  établissement. 

Nous  croyons  devoir  citer  ici  deux  anciens  tableaux  pour  lesquels  on 
s'est  servi  de  la  composition  du  tableau  principal  de  l'autel  des  religieuses 
du  couvent  de  Saint-Antoine,  et  qui,  pour  cette  raison,  ont  été  attribués  à 
Raphaël  lui-même.  Un  de  ces  tableaux  se  trouve  dans  féglise  Saint-Augus- 
tin, à  Pérouse,  et  représente  la  Vierge  assise  sur  un  trône  avec  l'enfant 
Jésus;  saint  Pierre  et  sainte  Catherine,  à  gauche;  saint  Paul  et  sainte  Lu- 
cie, à  droite.  On  a  seulement  ajouté  deux  anges  en  prière  dans  les  angles 
du  haut.  Sur  la  marche  du  trône  on  lit  cette  inscription  :  A.  D.  MCCCCCYIIIL 

Wk»  A*  id.  1. 

C.  F.  von  Rumohr,  dans  son  ouvrage  (Italienische  Forschungen,  vol.  111^ 
p.  74),  explique  ainsi  ces  abréviaUons  :  KAL.  AVGVSTI.  SANZIVS INVENIT,, 
et  il  pense  que  ce  tableau,  ébauché  par  Raphaël  qui  l'aurait  laissé  ina- 
chevé, a  pu  être  terminé  par  un  autre  peintre.  —  C'est  là  une  opinion  que 
cet  écrivain  n'aurait  jamais  émise,  s'il  se  fût  rappelé  que  le  tableau 
de  réglise  Saint-Augustin  est,  dans  ses  parties  principales,  absolument 
conforme  à  celui  qui  est  à  Naples.  Ce  tableau  ne  saurait  donc  être  qu'une 
copie,  avec  quelques  changements. 

Une  autre  peinture,  dans  laquelle  la  Vierge  et  l'enfant  Jésus,  de  la  com- 
position de  Raphaël,  ont  servi  à  représenter  le  Mariage  de  sainte  Cathe- 
rine, représente,  au  lieu  des  saints  qui  se  trouvent  dans  cette  composition, 
saint  Nicolas  de  Tolentino  d'un  côté,  et  deux  évéques  de  l'autre.  Il  y  a 
une  Annonciation  dans  le  cadre  qui  le  surmonte.  Ce  tableau,  qui  est  dans 
l'église  Tutti  Santi,  à  Città  di  Castello,  ne  peut  être,  comme  le  précédent, 
que  l'ouvrage  d'un  faible  imitateur  de  Raphaël  dans  sa  m^Miière  pérugi- 
nesque. 


1 .  Ils  sont  portés  tous  àetxx  dans  le  catalogue  de  Duiwieh  Collège,  son  plus  au  nom  de  Ra- 
phaël, mais  au  nom  de  Perugino.  {Note  de  l'idilew,) 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  3t 

26.  Madone  de  la  famille  Ansidei  (ISOo). 

Sur  bois;  figures  entières,  du  peu  moins  grvuies  que  nature. 

La  Vierge  est  assise  sur  un  trône  élevé,  avec  des  degrés  en  forme  de 
caissons.  Elle  tient  l'enfant  Jésus  sur  son  genou  droit,  tandis  que  sur  le 
genou  gauche  elle  ouvre  un  petit  livre  dans  lequel  ils  lisent  ensemble  l'un 
Qt  l'autre.  A  gauche,  saint  Jean-Baptiste  debout,  les  regards  levés,  montre 
le  Sauyeur  de  la  main  droite^  et  de  l'autre  il  porte  une  croix  de  crïstal  eu 
guise  de  bâton.  Le  saint  évêque  Nicolas  de  Bari  est  placé  de  l'autre  côté, 
tenant  sa  crosse  et  un  livre,  dans  lequel  il  lit.  La  frise,  sous  le  dais,  oiïre 
cette  inscription  :  SALVE.  MATER.  CHRISTI.  Sur  la  bordure,  au  bas  du 
vêtement  de  la  Vierge,  est  la  date  MDV.  A  travers  l'arcade  ouverte,  der- 
rière le  trône  delà  Vierge,  on  voit  un  paysage  et  une  ville. 

Raphaël  peignit  ce  tableau  d'autel  pour  la  chapelle  de  saint  Nicolas  de 
Bari,  dans  l'églife  S.  Fiorenzo,  à  Pérouse;  chapelle  qui  appartient  à  la  fa- 
mille Ansidei,  et  pour  la  décoration  de  laquelle  Filippo  di  Simone  Ansidei, 
mort  en  1490,  laissa  un  legs  considérable.  Par  l'entremise  de  GalvinoHa- 
miUon,  ce  beau  tableau  fut  acheté,  en  1764,  par  lord  Robert  Spencer,  pour 
une  somme  considérable,  et  en  échange  d'une  copie  faite  par  Nicolas 
Monti,.  laquelle  est  encore  dans  l'église.  Le  noble  lord  donna  plus  tard  ce 
tableau  à  son  frère  le  duc  de  Marlborough;  il  est  encore  aujourd'hui  con- 
servé à  Blenheim  Palace. 

Le  faif  de  cette  peinture  accuse  encore  l'école  du  Pérugin,  mais  le 
dessin  des  parties  nues  est  plus  ample  et  plus  naïutty  les  têtes  ont  un  ca- 
ractère plus  profond  et  plus  sérieux,  surtout  celle  de  l'évêque.  La  tête  de 
l'Enfant  est  d'une  grâce  et  d'un  charme  tout  particuliers.  La  couleur  de 
tout  ce  tableau  est  claire  et  lumineuse.  Les  draperies  aussi  sont  plus  libre- 
ment traitées  que  dans  l'école  du  Pérugin,  seulement  celle  de  la  Vierge  est 
mesquine  de  plis  et  quelque  peu  soufflée,  comme  celle  du  Christ  dans  le 
Couronnement  de  la  Vierge,  de  S.  Francesco.  Mais  ce  tableau  ne  porte 
pas,  comme  celui  du  couvent  de  Saint-Antoine,  les  différents  caractères 
d'un  talent  qui  cherche  et  qui  se  développe  :  au  contraire,  il  est  fait  d'un 
seul  jet  et  d'une  seule  inspiration.  Son  état  de  conservation  est  parfait. 
On  avait  commencé  à  le  nettoyer  dans  le  bas,  sous  la  figure  de  saint  Jean, 
mais  fort  heureusement  on  en  est  resté  là. 

Ludwig  Gruner,  auquel  nous  devons  la  reproduction  de  cette  peinture, 
pi.  XI  de  notre  édition  allemande,  en  a  gravé  en  1856  une  estampe  plus 
grande  et  terminée. 

Le  tableau  avait  autrefois  un  gradin  avec  trois  petits  sujets,  tirés  de  la 
vie  de  saint  Jean-Baptiste,  mais  ils  ont  été  fortement  détériorés;  deux 
de  ces  peintures  restèrent  en  Italie,  et  la  moins  endommagée  des  trois  fut 
seule  transportée  en  Angleterre  ;  elle  représente  la  Prédication  de  saint 
Jean,  l^e  saint,  debout  sur  un  tertre,  est  entouré  de  trois  groupes  d'audi- 


3Î  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

leurs.  Dans  le  groupe  le  plus  rapproché  de  lui  on  remarque  deui  jeunes 
gens,  d'une  grande  beauté  raphaëlesque,  qui  semblent  très-émus  des  pa- 
roles du  Précurseur,  tandis  qu'à  leurs  pieds  deux  enfants  continuent 
innocemment  leurs  jeux.  Au  milieu  du  paysage,  on  voit  venir  deux 
cavaliers. 

Les  draperies  de  ce  petit  tableau  sont  encore  plus  largement  traitées 
que  celles  du  tableau  principal  et  elles  rappellent  souveut  la  manière  de 
Alasaccio.  Seule  la  draperie  rouge  de  saint  Jean  eal  encore  mesquinement 
brisée,  et,  de  plus,  elle  est  fortement  glacée.  Du  reste,  la  couleur  générale 
a  un  ton  vigoureux  et  lumineux  à  la  fois,  et  tout  le  tableau  est  très-dé- 
litatcment  traité. 

C'est  chez  Je  marquis  de  Lansdowne,  à  sa  résidence  de  Bouood,  près 
DeVizes,  que  nous  avons  vu  ce  petit  tableau. 

Gravé  par  Ant.  Capellan,  de  la  grandeur  de  l'origiDal,  in-rol.  en  lart'., 
avec  l'inscription  suivante  :  NobiUssimoviro  Roberlo  Spencer  insigni  liujus 
labulœ  possessoTt,  C.  Morisnn.  L.  D. 

27.  PdX  vobis. 

Dcnii-rigure  sur  bois  1  h-,  IS"  euïiron. 

Le  Christ,  ressuscité,  n'est  rouvert  d'une  draperie  rouge  que  sur  l'épaule 

droite  et  aubur  des  reins.  La  couronne  d'épines  est  encore  sur  sa  léte 

qu'il  incline.  De  la  main  droite  il  bénit,  et  de  la  main  gauche  il  indique 

la  plaie  qu'il  a  dans  le  cOté.  Le  ciel  et  le  peu  de  paysage  qui  forme  le  fond 

sont  d'un  ton  très-vigoureux.  L'étude  consciencieuse  de  la  nature  dans  la 

du  Christ  et  l'exécution  générale  rappellent,  d'une  manière  évidente, 

eau  du  palais  de  Blenheim;  seulement,  celui-ci,  étant  plus  petit, 

isi  plus  délicatement  terminé.  La  couleur  des  chairs  est  fraîche  et 

bres  ont  un  ton  brun-clair.  La  draperie  rouge  est  encore  Fortement . 

,  mais  elle  a  unesorte  de  grandiose  dans  l'arrangement.  Tout  nous 

ie  à  croire  que  ce  tableau  a  été  peint  en  IS03.  Sa  conservation  ne 

rien  à  désirer.  Il  passa  de  la  famille  Mosca  de  Pesaro  au  comte  Paolo 

Tosi,  à  Brescia. 

Gravé  par  Ludwig  Gruner,  tS3S,  pet.  ia-8.  Au  trait,  par  le  mêine,  les 
ombres  légèrement  indiquées,  pour  la  traduction  italienne  de  l'ouvrage  de 
M.  Quatremèrc  de  Quincy,  par  Longhena. 

28.  Tête  juvénile  peinte  «  fresfpie  sur  une  brique. 
Cette  tète  (on  ne  saurait  dire  si  c'est  celle  d'un  jeune  homme  ou  d'une 
jeune  tille)  est  presque  vue  de  face,  un  peu  penchée  vers  la  gauche.  Les 
cheveux  bouclés  sont  partagés  sur  le  sommet  de  la  tête  et  tombent  par 
masses  sur  les  épaules,  recouvertes  d'une  draperie  à  peine  indiquée.  Les 
Irails  du  visage  ont  ce  caractère  singulier,  voisin  de  raiïétcric,  (jui  se  ren- 
contre quelquefois  dans  les  uuvragesdelajeunesse  de  Raphaël.  Il  paraîtrait 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  33 

que  cette  tète  fut  un  essai  préparatoire,  avant  l'entreprise  de  la  grande 
fresque  de  S.  Severo  ;  en  tout  cas,  elle  est  bien  de  cette  époque.  Cette 
intéressaote  relique  se  trouvait  chez  un  fripier  de  Pérouse,  qui,  n'en  con- 
naissant pas  la  valeur,  la  vendit  pour  5  paoli  (à  peu  près  2  fr.  20  cent, 
de  France).  Le  roi  Louis  de  Bavière  l'acheta  pour  1,000  scudi  chez  le 
comte  Giulio  Cesarei,  à  Pérouse,  et  la  déposa  à  la  Pinacothèque  de  Mu- 
nicb  K 

De;ix  anciennes  copies  à  l'huile,  exécutées  incontestablement  d'après 
cette  tête,  que  nous  avons  trouvées  chez  des  marchands  à  Rome  et  à  Pe- 
sait), prouvent  qu'elle  était  connue  et  estimée  autrefois. 

La  reproduction  qu'on  a  faite  de  cette  peinture  dans  la  traduction 
italienne  de  l'ouvrage  de  M.  Quatremère  de  Quincy  est  beaucoup  trop 
maniérée. 

29.  Fresque  à  San  Severo  (1505). 

Raphaël  exécuta  cette  peinture  murale  dans  une  ancienne  chapelle 
latérale  de  l'église  des  Camaldules,  à  Pérouse,  au  retour  de  son  premier 
voyage  à  Florence.  Il  ne  termina  que  la  partie  supérieure,  fermée  par  une 
ogive  et  remit  à  un  autre  temps  l'exécution  de  la  partie  inférieure.  Dans 
cet  intervalle,  ayant  été  appelé  à  Rome,  il  fut  dans  l'impossibilité  de  tenir 
sa  promesse.  Les  moines  cependant  ne  renoncèrent  à  l'espérance  de  voir 
Raphaël  achever  lui-même  son  ouvrage,  qu'en  recevant  la  nouvelle  de  sa 
mort,  et  alors  seulement,  en  1521,  ils  chargèrent  le  Pérugin  de  finir  la 
fresque  commencée  par  son  élève. 

Le  sujet  représenté  par  Raphaël  est  une  réunion  céleste  de  saints 
Camaldules,  autour  de  la  Sainte  Trinité.  Dieu  le  Père,  tenant  un  livre  où 
sont  les  deux  lettres  mystérieuses  A  et  fi,  s'élève,  avec  le  Saint  Esprit, 
au-dessus  de  son  divin  Fils  ;  ce  groupe  est  semblable  de  disposition  à  la 
partie  supérieure  de  la  fresque  surnommée  la  Disputa,  qu'on  voit  au 
Vatican.  Deux  petits  anges  accompagnent  Dieu  le  Père,  et  deux  autres 
anges  vêtus,  un  peu  maniérés,  se  tiennent  debout  en  adoration  auprès  du 
Sauveur.  Celui-ci  élève  les  bras  pour  bénir.  A  gauche,  un  peu  plus  bas, 
on  Toit,  assis  sur  des  nuages,  trois  saints  Camaldules,  à  savoir  :  S.  Mau- 
rus,  S.  Placidus,  martyr,  et  S.  Benedictus.  A  droite,  sur  la  même  ligne  : 
S.  Romualdus,  S.  Benedictus,  martyr,  et  S.  Johannes,  martyr. 

Cette  peinture  a  malheureusement  beaucoup  souffert  :  la  figure  presque 
entière  du  Père  Étemel  n'existe  plus  ;  la  tête  et  l'aile  de  l'ange  placé  du 
côté  droit,  ainsi  que  la  tête  de  saint  Jean,  ont  aussi  à  peu  près  disparu. 
De  notre  temps,  on  a  cherché  à  prévenir  la  ruine  imminente  de  cette  pein- 
ture^ et  le  professeur  Giuseppe  Caratloli  a  mis  la  plus  grande  sollicitude 

^.  Xe  Catalogue  du  musée  de  Munich,  n"  541,  11'  partie,  iutitule  ce  tableau:  c  Buste  de 
saint  Jean  rÉvangéliste.  »  {Noie  de  l'éditeur.) 

11.  3 


34  PEINTURES  DE  HAPHAEL 

à  restaurer  et  à  sauver  cette  fresque^  sans  toutefois  s'arroger  le  droit  de 
refaire  les  parties  détruites.  Le  monde  artistique  lui  doit  une  vive  recon- 
naissance, ainsi  qu'aux  moines,  qui  ont  fait  ériger  un  échafaudage,  afin 
de  faciliter  la  vue  de  cette  admirable  peinture,  qui  est  aujourd'hui  étroi- 
tement enclavée  dans  des  constructions  nouvelles. 

Nous  avons  déjà  fait  remarquer  (voy.  tome  I,  p.  73)  que  Tordonnance 
de  cette  fresque  est  imitée  des  anciennes  peintures  représentant  le  Juge- 
ment dernier,  par  Orcagna,  fra  Angelico  da  Fiesole  et  fra  Barloloraeo, 
mais  que  cette  imitation  a  été  faite  librement  et  d'une  façon  originale. 
Dans  la  composition  de  la  Dispute  du  saint  Sacrement,  Raphaël  sut  se 
servir  plus  richement  encore  de  ces  mêmes  motifs,  en  les  appropriant  à 
un  sujet  tout  à  fait  dilTérent.  Quant  à  l'exécution,  nous  avons  fait  remar- 
quer aussi  que,  guidé  par  les  éludes  qu'il  avait  faites  des  ouvrages  de 
M.  saccio  et  servi  par  la  nature  même  de  la  peinture  à  fies<iue,  il  dé- 
ploya plus  de  grandeur  dans  les  draperies,  plus  de  largeur  dans  le  faire 
en  général,  et  révéla  dans  les  caractères  des  têtes  une  beauté  et  une 
profondeur  qu'il  ne  devait  qu'à  son  propre  génie. 

Il  est  probable  que  ce  n'a  été  qu'après  l'achèvement  de  la  partie  infé- 
rieure de  cette  fresque,  c'est-à-dire  après  1521,  que  l'inscription  suivante 
fut  ajoutée  à  la  peinture  :  Raphaël  de  Urbino  Domino  Octaviano  Stephano 
Volaterrano  Priore  Sancfam  Trinitatem  Angelos  aslantes  Sanctosque 
pinxit.  A.  D.  MDF, 

Les  six  saints  debout,  peints  par  le  Pérugin  (S*  Scolastica ,  6.  Hierony- 
mus,  S.  Giovanni,  evangelista,  S.  Grégoire,  S.  Bonifazio  et  S*  Maria  V.  M.), 
ont  reçu  l'inscription  qui  suit  :  Petrus  de  Castro  Plebis  Perusinus  tempore 
Domini  SUvestri  Stephani  Folaterrani  a  dexttris  et  sinistris  Divae  Cristi- 
ferae  Sanctos  Sanotasque  pinxit.  A,  D.  MDXXL 

Un  dessin  au  trait,  d'après  la  fresque  entière,  gravé  par  Achille  Calzi, 
a  été  publié  dans  l'i^pe/ta/mna,  cmquième  année  du  recueil. —  La  partie 
supérieure  de  la  composition  a  été  gravée  seule  par  J.  Keller,  in-fol.  en 
largeur-  On  a  restitué,  d'après  la  Dispute  du  saint  Sacrement,  la  figure  de 
Dieu  le  Père  et  la  tète  du  saint  Jean.  —  Lilh.  par  Milde,  in-fol.,  en  largeur, 
sans  les  figures  qui  sont  endommagées  dans  la  fresque.  —  Les  figures 
séparées  du  Christ  et  de  saint  Maurus  ont  été  gravées  par  Ant.  Kriiger^ 
1836,  in-8. 

On  a  cru  reconnaître  une  esquisse  pour  la  tête  de   saint  Benedictus, 
sur  une  feuille  dessinée  à  la  mine  d'argent,  qui  se  trouve  dans  la  collec- 
tion d'Oxford,  et  qui  offre  aussi  une  esquisse  du  Combat  des  Cavaliers 
d'après  le  carton  de  Léonard  de  Vinci.  (Voy.  le  Catal.  des  Dessins,  n®  143.) 

30.  La  Vierge  au  Chardonnei^et. 

Sur  bois;  h.,  3'  1"  ;  1.,  V  5".  Figures  entière»,  demi-grandeur  naturelle. 

La  Vierge,  assise  dans  une  campagne,  tient  un  livre  à  la  main  et  con* 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  35 

temple  avec  amour  le  petit  saiut  Jean,  debout,  à  gauche,  offrant  un 
chardonneret  à  l'enfant  Jésus.  Celui-ci,  également  debout,  s'appuie  contre 
les  genoux  de  sa  mère  et  Teut  caresser  l'oiseau.  On  voit,  dans  le  paysage 
du  fond,  trois  petits  arbres  et  un  pont  à  une  seule  arche.  Le  terrain  du 
premier  plan  est  orné  de  plantes  diverses,  dans  le  goût  de  Léonard  de 
Vinci.  La  t^te  de  la  Vierge  a  une  grande  analogie  avec  celle  de  la  Madone 
de  S.  Fiorenzo.  Vasari  nous  apprend  que  Raphaël  peignit  cette  bello 
Vierge  pour  le  Florentin  LorenzaNasi.  et  que  le  tableau  ayant  été  brisé 
daasj'écroulement  de  la  maison  où  il  était  en  i5l7,  les  morceaux  en 
furent  trè&-habilement  rejoints.  Depuis  que  ce  même  tableau  est  entré  à 
la  Tribune  de  la  galerie  de  Florence,  il  a  tlé  de  nouveau  restauré  à  plu- 
sieurs reprises,  ce  qui  nécessairement  lui  a  fait  perdre  beaucoup  de  sa 
valeur  primitive;  mais,  malgré  ces  restaurations  successives,  le  divin 
génie  de  Raphaël,  y  brille  encore  de  tout  son  éclat. 

Gravxrcs  :  par  Raphaël  Morgben,  1814,  in-fol.  ;  —  par  Ant.  Kriiger,  in-fol.  ;  — 
par  IgDazio  Pavon,  in-fol.  —  A  l'eau-forte,  par  Riepenhausen.  —  La  tète  seule, 
dans  Qo  ovale,  par  Manuel  Esquive!,  1815,  iD-8.  —  La  Vierge  à  l'Oiseau,  dessiné 
et  gravé  par  Achille  Martinet,  1838,  in-fol.  —  Lith.  par  Lemercier,  1844,  in-fol. 
—  C.  Frombecb  se.,  1849,  in-fol. 

Une  composition  pour  ce  tableau,  dessinée  à  la  pointe  d'argent,  se  trouve 
dans  la  coll.  Wicar,  à  Lille. 

Une  ancienne  copie  d'après  ce  tableau,  laquelle  était  autrefois  au  mo- 
nastère de  Vallorobrosa,  est  conservée  actuellement  à  l'Académie  de 
Florence. 

31.  La  Vierge  dans  la  Prairie. 

Sur  bote;  h.,  3' 7";  1.,  r  9"- 

La  Vierge ,  assise  dans  une  campagne ,  se  penche  vers  l'enfant  Jésus 
qu'elle  tient  devant  elle,  et  tournant  bn  peu  la  tête  à  gauche,  regarde  le 
petit  saint  Jean.  Ce  dernier,  à  genoux,  présente  une  petite  croix  a  son 
divin  compagnon  qui  la  saisit  de  la  main  droite,  en  le  considérant  avec 
une  expression  à  la  fois  douce  et  sérieuse.  Le  fond  offre  un  joli  paysage, 
où  Ton  voit  une  ville  au  bord  d'un  fleuve.  Le  gazon  le  plus  rapproché  /les 
figures  est  émaillé  de  fleurs  et  de  plantes,  dans  le  genre  de  Léonard  de 
Vinci,  ce  qui  fait  que  Christian  de  Meehel  a  caractérisé  cette  Madone  en  lui 
donnant  le  nom  de  Vierge  dans  ia  Prairie,  «  die  Jung fr au  im  Griinen,  »  De 
tous  les  tableaux  de  Raphaël,  c'est  celui  qui  se  rapproche  le  plus  de  la  ma- 
nière de  Léonard  de  Vinci,  autant  par  l'expression  des  têtes  et  la  pose 
des  deux  enfants,  que  par  le  jet  des  plis  de  vêtements  et  le  ton  brun  du 
paysage.  Quant  à  la  couleur  toutefois,  elle  est  complètement  analogue  à 
celle  de  Giovanni  Santi  et  du  Pérugin.  Ce  genre  de  coloris,  que  Raphaël 
conserva  saut' quelques  modifications  jusqu'à  la  fln  de  sa  vie,  aflecte  des  tons 
gris  brun  dans  les  ombres,  rougeâlres  pour  les  transitions,  et  blanchâtres 
dans  les  lumières.  La  robe  rouge  de  la  Vierge  est  fortement'glacée,  mais 


36  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

le  bleu  de  son  manteau  s'étant  un  peu  aiïaibli,  il  en  résulte  que  celte  par- 
tie et  ses  ombres  surtout  manquent  de  vigueur.  Sur  la  bordure  du  vête- 
ment de  la  Vierge,  on  distingue  au  milieu  des  ornements  le  millésime 
MDY£/I,  qui  peut  indiquer  aussi  bien  l'année  1505  que  Tannée  1506. 
Raphaël  voulut  vraisemblablement  constater  par  là  qu'il  avait  commencé 
son  travail  en  1505  et  qu'il  l'avait  terminé  Tannée  suivante.  Eu  tous  cas, 
cette  supposition  est  parfaitement  d'accord  avec  la  manière  de  cette  pein- 
ture. La  conservation  de  ce  tableau  est  bonne,  à  l'exception  de  quelques 
endroits  qui  ont  été  un  peu  trop  nettoyés  et  tachés. 

Nous  savons,  par  Baldinucci  (Notizie  de  Professori  del  disegno^  elCy 
Firenze,  4G8i-88),  que  de  son  temps  ce  tfibleau  se  trouvait  encore  à  Flo- 
rence chez  les  héritiers  de  Taddeo  Taddeî,  pour  lequel,  comme  Vasari  nous 
Tapprend,  le  jeune  peintre  d'Lrbin  peignit  par  reconnaissance  deux  Ma- 
dones, qui  toutes  deux,  quoique  témoignant  des  progrès  que  Raphaël  avait 
faits  dans  cette  ville,  rappelaient  encore  les  Vierges  du  Pérugin.  Baldinucci 
remarque  encore,  plus  loin,  que  les  héritiers  du  sénateur  Giovanni  Taddei 
vendirent  ce  tableau  moyennant  une  somme  considérable  à  Tarchiduc  Fer- 
dinand Charles  du  Tyrol.  Ce  fut  probablement  en  1661,  lorsque  ce  prince, 
accompagné  de  l'archiduchesse  Anne,  sa  femme,  (ille  du  grand-duc 
Cosme  II,  séjournait  à  Florence,  où  il  resta  jusqu'au  2  février  1662.  Après 
la  mort  de  Tarchiduc,  laquelle  arriva  bientôt  après  (le  31  décembre  1662), 
le  tableau  entra  dans  la  remarquable  collection  d'armures  et  d'objets  d'art 
fondée  par  son  grand-oncle  au  vieux  château  d'Ambras,  car  il  est  parfai- 
tement décrit  sous  le  n°  135  de  cette  collection.  En  1773,  il  fut  transporté 
avec  d'autres  ouvrages  d'art  dans  la  galerie  impériale  de  peinture  à  Vienne, 
laquelle  à  cette  époque  était  encore  dans  le  Stallburg.  Mais,  depuis  4777,  il 
est  au  château  de  plaisance*,  nommé  le  Belvédère». 

Gravures  :  par  Piélro  Anderloni  da  Brescia,  1810,  in-foL  ;  —  par  Carlo  Agri-  - 
cola,  1812 Jn>fol.  ;— par  G.  KoUerba,  pour  les  Galeries  de  Haas,  vol.  IV;  —  par 
Weiss,  avec  un  autre  paysage,  in-8;  faible;  —  par  M.  Voglcr,  petit  in-4,  —  par 
SteinmiJller,  d'après  un  dessin  de  Theer,  à  Vienne,  grand  in-fol.  ; — par  J.  Hahn, 
pour  l'ouvrage  de  J.-R.  de  Perger  :  Die  KuntUchœtze,  Wien,  1854,  in-fol. 

Il  y  a  des  esquisses  pour  ce  tableau,  dessinées  à  la  plume,  dans  la  collec- 
tion Albertine,  à  Vienne;  elles  ont  été  gravées  par  Paccini  en  1770.  Un 
dessin  à  la  sanguine  passa  des  collections  Ten  Kate  et  Rutgers  dans  celle 
de  M.  C.  Ploos  van  Amstel,  à  Amsterdam,  et  fut  vendu  en  1800  pour  9  flo- 
rins. Ce  doit  être  le  dessin  qui  a  fait  partie  de  la  collection  de  Samuel 
Rogers  à  Londres.  Il  est  maintenant  dans  la  possession  de  M.  T.  Birchall. 
Gravé  à  l'envers  par  B.  Picart  pour  les  Impostures  innocentes^  w*  5.  — 

I 

1.  Voyei,  quant  à  ces  dernières  indications,  la  Ref>ue  autriehiennef  pour  les  renseigne- 
ments historiques,  et  les  Archive»  d'Êlat  du  2  mai  1835. 

i.  Cette  collection  du  château  de  Behédère  est  le  f  musée  de  Vienne.  •  La  Vierge  dans  la 
Prairie  y  est  cataloguée  sous  le  n*  55  de  la  troisième  salle.  [Noie  de  l'idiieur.) 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  •  37 

Lîth.  par  Schoaitmann  à  Vienne^  iD-4^.  —  Gravé  par  Balzer,  in-4»;  —  par 
Gûntberdans  iio  ovale  ^  pet.  io-8^  —  LacdoD,  n"»  144.'  —  Dans  la  coll. 
d^Oiiford  il  s'en  trouve  un  autre  dessin  à  la  pointe  d'argent»  mais  fortement 
reniis  à  Teffety  au  bistre^  par  une  main  étrangère. 

Les  aocieunes  copies  d'après  ce  tableau  sont  rares.  Il  en  est  cependant 
une  sur  toile^  fort  bonne,  dans  la  sacristie  de  l'église  S.  Tommaso  Gantau- 
rîeose  à  Vérone.  On  attribue  ce  tableau  à  F.  Carotto  ou  à  B.  Garofolo. 

32.  Madone  de  la  Maison  Tempi, 

Sur  bois;  h.,  28";  l.,  19". 

Marie,  debout,  tournée  à  droite,  un  peu  plus  que  mi-figure,  presse  de  la 
main  droite  contre  elle-même  et  soutient  de  la  main  gauche  l'enfant  Jésus, 
qu'elle  veut  embrasser.  Un  paysage  avec  une  ville  dans  le  fond.  Ce  pré- 
cieux tableau,  rempli  d'un  ravissant  sentiment,  nous  apparaît  comme 
l'expression  pure  de  l'âme  de  Raphaël.  Les  mains  de  la  madone  sont  pour- 
tant dessinées  avec  négligence,  trop  fortes  peut-être,  et  celle  de  gauche 
est  même  manquée  dans  son  raccourci.  L'exécution  de  Teusemble  est  si 
libre,  si  spirituelle,  que  ces  défauts  échappent  facilement  à  la  vue.  Le 
paysage,  largement  traité,  est  bleuâtre  de  ton. 

Ce  tableau  bien  conservé  était,  dit  on,  couvert  de  poussière  et  comme 
ignoré  dans  une  chambre  de  la  maison  Tempi  à  Florence,  où  il  se  trouvait 
déjà  en  1677,  selon  Gio.  Cinelli  {Bellezze  di  Firenzp,  p:282),  lorsqu'il  fut 
découvert  en  quelque  sorte  par  le  médecin  de  cette  maison.  Celui-ci  le  ^ 
considéra  plus  attentivement,  reconnut  le  trésor  et»  rempli  de  joie,  fit 
part  de  sa  découverte  au  marquis  Tempi.  On  se  rappela  en  effet  que  le 
tableau  avait  été  autrefois  exposé,  à  l'occasion  dune  cérémonie  religieuse, 
dans  cette  même  chambre  abandonnée  depuis.  Un  an  après,  il  fut  acquis 
par  le  roi  Louis  de  Bavière  pour  la  somme  de  46,000  scudi,  et  il  devint  un 
nouvel  ornement  de  la  riche  Pinacothèque  de  Munich  ^ 

Le  carton  original  se  trouve  au  musée  Fabre,  à  Montpellier.  Voy.  le 
Catalogue  des  Dessins. 

Une  ancienne  et* bonne  copie,  mais  avec  un  fond  gris  au  lieu  de 
paysage,  se  trouvait,  en  1839,  chez  le  peintre  M.  van  Hauselaer  à  Gand. 

Gravorbs  :  par  Antonio  Morghen,  petit  in-fol.;  —  par  A.-B.  Desnoyers,  1821  ; 
petit  in-fol  ,  pour  l'ouvrage  :  Recueil  d'eslampa  gravées  d'aprèi  les  peintures  à  fresque 
iUiliennes,  etc.,  par  Boucher  Desnoyers,  d'après  ses  dessins  faits  en  Italie,  dans 
les  années  1818  et  1819;  —  par  Samuel  Jesi,  dis.  et  incid.,  in-fol.  ;  —  par  Samuel 
Amsler,  petit  in-fol.  1837;  -  par  Wagner,  163-2,  petit  in-fol.  ;  —  par  Théophile 
Kisling.  —  Lith.  par  F.  Piloly,  in-fol.  —  De  même,  par  F.  Wolf,  petit  in-fol.  — 

Landon,  n*  426. 

• 

f  «  N<>  614  du  catalogue.  II*  partie,  Cabiuet  XXI.  (Note  de  l'éditeur, ) 


58  •  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

33.  Sainte  Famille  au  Palmier. 

Tableau  peint  sur  bois  et  transporté  sur  toile.  Rond  ;  de  8*  4'*  de  diamètre. 

r 

La  Vierge,  assise  à  droite  sur  un  banc,  près  d'un  palmier^  tient  sur  ses 
genoux  Tenfant  Jésus^  qu'elle  a  entouré  d'un  bout  de  son  voile.  A  gauche^ 
saint  Joseph  à  genoux  présente  des  fleurs  à  l'enfant,  et  celui-ci  les  reçoit 
en  regardant  son  père  d'adoption  avec  un  charme  d'expression  ineffable. 
Le  premier  plan  est  parsemé  de  plantes  et  de  fleurs,  dans  le  goût  de  Léo- 
nard de  Vinci.  Le  lointain,  d'un  ton  modéré^  représente  une  vallée  plantée 
d'arbres.  Le  profil  de  la  Vierge  est  de  la  plus  grande  linesse;  la  t(^te  de 
saint  Joseph,  très-chaude  de  couleur^  fait  contraste  avec  celle  de  l'enfant. 
Quoique  cette  Vierge  ait  encore  des  similitudes  avec  celles  du  Pérugin, 
elle  est  cependant,  sans  aucun  doute,  postérieure  à  la  Vierge  dans  la 
Prairie;  elle  révèle  déjà  décidément  l'originalité  de  Raphaël  à  son  époque 
florentine.  Nous  supposons  que  ce  précieux  tableau  est  le  second  de  deux 
qu'il  lit  pour  Taddeo  Taddei.  Il  passa  de  la  collection  Tamboneau  dans  celle 
du  duc  d'Orléans,  et  fut  acquis  à  la  vente  de  Londres  pour  1,300  livras  st. 
par  le  duc  de  Bridgewater. 

Actuellement^  il  est  dans  la  possession  de  lord  Ellesmere,  à  Londres^  Il 
a  été  transporté  de  son  vieux  panneau  sur  une  toile  grossière,  dont  les  fils 
en  diagonale  donnent  un  assez  vilain  aspect  au  tableau,  d'ailleurs  bien 
^  conservé.  Lorsque  le  roi  Louis  Philippe  revit  ce  tableau  à  Londres,  il  ra- 
conta au  possesseur  d'alors,  le  marquis  de  Stafford,  que  ce  tableau  était 
autrefois  tombé  en  héritage  à  deux  vieilles  filles,  lesquelles,  ne  pouvant 
s'entendre  sur  le  fait  de  sa  possession,  le  firent  couper  en  deux,  afin  que 
chacune  en  eût  sa  part.  Plus  tard  les  deux  moitiés,  étant  revenues  à  une 
seule  personne,  furent  rejointes  avec  soin.  On  ne  voit  aujourd'hui  aucune 
trace  de  cette  mutilation,  et  toute  l'histoire  du  tableau  coupé  en  deux  mor* 
ceaux  pourrait  bien  n'être  qu'un  conte. 

Gravures  :  par  Egidius  Rousselet,  1656,  avec  cette  inscriptiot)  :  h'iorct  aparte- 
runt  in  lerrû  nôtlrâ,  grand  in-d;  —  par  Jean  Raymond,  en4;ontre-partie,  n°  23  du 
CeUnnet  Crozal,  ou  ftcruet/  d'ettampes  d'après  les  pfus  beaux  tableaux  de  France; 
Paris,  1729;  —  par  R.-U.  Massard,  pour  la  Galerie  d'Orlèant,  petit  in-4  ;  — 
par  I).  Huber,  au  pointillé,  petit  in-4;  —  par  Fr.  John,  au  pointillé,  d'après 
uti  tableau  appartenant  au  comte  J.  de  Czernichew,  et  attribué  à  fra  Bartolomeo  ; 
petit  ih-4,  —  par  Félix  Massard,  dans  un  carré,  petit  in-foi.  ;  —  par  Ach.  Mar- 
Unet  ieL  elsculp.,  1844,  grand  in-fol.  —  Landon,  n*>  327. 

L'esquisse  pour  la  Vierge  avec  l'Enfant  et  la  tête  de  saint  Joseph,  dessi- 
née à  la  pointe  d'argent,  passa  de  la  succession  Lawrence  dans  la  collec- 
tion du  roi  Guillaume  11^  à  La  Haye,  et  fut  achetée  à  la  vente  de  cette  col- 

2.  N**  3S  du  catafognede  firidgewater  Gallery  (London,  1856),  où  il  est  dit  que  ce  tableau, 
avant  d'a\oir  passé  dans  la  galerie  d'Orleaas,  avait  apparteuu  au  marquis  d'Auniout,  qui  l'avait 
veudu  à  M.  Delauoue.  ^  La  Vierge  au  Palmier  se  trouer e  aussi  gravée  daus  la  Stufforél 
Gallery.  [Note  de  l'èdHeur.) 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  39 

JectioQ  pour  le  musée  du  Louvre,  au  prix  de  C90  florins.  —  Latidon, 
II*  529. 
Philippe  de  Champaigne  fut  chargé  d'en  faire  une  copie  pour  Tabbaye 
.  de  Port-Royal,  et  Mué  en  avobs  vu  une  pareille  en  4847  chez  M.  Letestu, 
*  l^s. 


34.  Portraits  d'Angelo  Dotii  et  de  Maddalena  Strozzi, 

sa  femme. 

Âogelo  Doni,  âgé  d'environ  trente  ans,  est  assis  près  d'une  balustrade 
sur  laquelle  il  appuie  son  bras  gauche^  tandis  que  sa  main  droite  repose 
sur  ses  genoux.  Il  est  vu  de  trois  quarts  et  tourné  a  droite.  Un  surtout  noir 
a  agrafes  d'or  couvre  son  habit  rouge  à  larges  manches  )  sa  tête  est  recou- 
verte d'une  barette  noire.  La  figure  se  détache  sur  le  fond  lumineux  du 
GJel  et  sur  un  paysage  à  collines,  parsemé  de  quelques  petits  arbres  vigou- 
reux dé  loti.  La  couleur  des  chairs,  en  général,  est  d'une  teinte  rougeâtre 
avec  des  ombres  brunes  grises  et  de  vives  lumières.  Le  dessin  n'en  est  pas 
partout  correct,  il  lui  manque  encore  la  pureté  que  nous  trouverons  dans 
les  œuvres  suivantes  du  maître.  L'expression  roide  et  guindée  de  ce  por- 
trait est  celle  qu*ont  ordinairement  les  pei^sotmes  qui  posent  devant  un 
peintre. 

Maddalena  Doni,  née  Stro7zi,  femme  d'Angelo,  est  vue  presque  de  face^ 
un  peu  tournée  à  gauche,  assise  dans  un  fauteuil,  une  main  posée  sur' 
l'autre  main.  Son  corsage  rouge  à  larges  manches  en  damas  bleu  est  bordé 
d'une  bande  de  velours  bleu  foncé.  Ses  longs  cheveux,  qui  tombent  der- 
rière ses  épaules,  sont  enveloppés  d'un  (ilet.  Elle  a  pour  collier  un  simple 
61  d'or,  auquel  est  suspendu  un  joyau  de  trois  pierres  avec  une  grosse 
perle  en  forme  de  poire.  Des  collines  et  un  seul  petit  arbre  occupent  le 
fond.  La  couleur  de  ce  portrait  est  molle,  claire,  et  du  même  faire  que  le 
portrait  d'Angelo;  les  cheveux  isolés  qui  s  écartent  de  la  masse  sur  le  fond 
de  ciel  sont  de  même  peints  un  à  un.  Quoique  le  dessin  soit  mieux  soigné 
et  plus  finement  senti  dans  ce  portrait-ci  que  dans  l'autre,  on  n'y  reconnaît 
cependant  pas  encore  un  artiste  exercé  en  ce  genre  de  peinture,  et  tout  y 
accuse  la  timidité  de  son  pinceau.  Néanmoins,  cette  [teinture  a  un  charme 
extraordinaire,  et  elle  est  faite  avec  beaucoup  d'amour.  Les  deux  portraits 
sont  peints  sur  des  panneaux  qui  avaient  déjà  servi  à  un  peintre,  car  sur 
leur  revers  on  voit  des  figures  mythologiques  tracées  en  noir  sur  un  fond 
clair. 

Giuseppe  Montani  n'a  pa^  fait  connaître  les  documents  qui  l'ont  autorisé 
à  dire  que  Raphaël  avait  reçu  700  scudi  pour  ces  deux  portraits.  Le  fait  nous 
paraît  d'autant  moins  vraisemblable  que,  selon  le  témoignage  de  Vasari, 
Angelo  Doni  n'avait  pas  la  réputation  de  payer  les  artistes  très-généreuse- 
pient.  Et  puis  Raphaël,  qui  alors  était  à  peine  â^é  de  %%  ans,  ne  pouvait 


40  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

prétendre  à  un  prix  si  considérable  que,  même  à  l'époque  de  sa  plus  grande 
renommée,  il  n'aurait  pas  osé  Texiger  d'une  personne  appartenant  à  la 
classe  bourgeoise. 

Jusqu'en  4758^  ces  portraits  restèrent  dans  la  maison  Doni,à  Florence; 
mais,  après  la  mort  de  Pietro  Buono  di  Francesco  Doni,  ils  allèrent  comme 
héritage  aux  descendants  de  son  frère  Gio,  Battista,  et  ensuite  à  la  mar- 
quise de  Villeneuve  à  Avignon.  En  1823,  le  fils  aîné  de  cette  dame  les  re- 
porta à  Florence,  et  là,  il  essaya  inutilement  de  les  vendre,  pendant  trois 
années;  car  ni  la  commission  académique  de  Florence,  ni  le  professeur 
Wagner,  désigné  par  le  roi  de  Bavière,  ne  voulurent  reconnaître  leur  au- 
thenticité. Mais  le  restaurateur  de  tableaux,  Johann  Metzger,  qui  s'était 
donné  beaucoup  de  mouvement  dans  cette  affaire,  ne  se  tint  pas  pour  battu. 
Il  publia  sous  sa  propre  responsabilité  un  mémoire  dans  lequel  il  garantis- 
sait Toriginalité  des  tableaux,  leur  provenance  et  leur  bonne  conservation; 
ce  mémoire  devait  être  envoyé  aux  cours  étrangères.  Lorsque  le  grand-duc 
Léopold  II,  actuellement  régnant,  eut  connaissance  dudit  mémoire,  ce 
prince  fit  faire  une  nouvelle  expertise  par  le  peintre  français  Fabre,  et, 
d'après  les  conclusions  de  ce  peintre,  il  acquit  les  tableaux,  en  1826,  au 
prix  de  5,000  scudi.  11  est  vrai  de  dire  que  ces  tSLbleaux  avaient  beaucoup 
perdu  de  leur  éclat  primitif,  par  suite  des  nombreuses  craquelures  du  vieux 
vernis.  Ils  avaient  donc  besoin  d'un  nettoyage,  lequel  fut  confié  au  restau- 
rateur de  tableaux  Domenico  del  Potestà.  Celui-ci,  les  ayant  humectés 
trop  vivement  avec  de  Vacqua  di  rasa,  vit  bientôt  avec  effroi  que  la  peinture 
commençait  à  se  dissoudre  en  même  temps  que  le  vernis.  Il  n'y  avait  plus  à 
songer  à  un  nettoyage;  mais  que  faire?  Il  courut  chez  Metzger  et  lui  conta 
son  embarras.  Celui-ci  lui  donna  le  simple  conseil  (nous  l'enregistrons  ici 
pour  l'instruction  de  ceux  qui  pourraient  se  trouver  en  pareil  cas)  de  faire 
sécher  la  dissolution  en  plein  air,  et  d'opérer  ensuite  avec  plus  de  prudence. 
De  la  sorte  furent  heureusement  sauvés  ces  deux  portraits ,  qui  ne  sont  pas 
la  peinture  la  moins  intéressante  de  l'incomparable  galerie  du  palais  Pitti. 

Les  deux  portraits  ont  été  gravés  au  trait  par  Giuseppe  Rossi,  en  1828, 
pour  la  traduction  italienne  de  l'ouvrage  de  M.  Quatremère  deQuincy,  par 
Longhena,  et  pour  la  Storia  délia  Pittura  italiana  de  Rosini,  vol.  IV,'  p.  53. 

Angelo  Doni,  lith.  en  contre-partie,  par  Franco  Pieraccini,  in-tol. 

Maddalena  Doni,  lith.  en  contre-partie,  par  Francesco  Pierucci,  in-fol. 
—  Gravé  par  Zignani,  in-fol. 

35.  Portrait  de  femme. 

A  la  Tribune  de  Florence.  —  Sur  bois;  h.,  2*  4"* ,  l.,  1'  5"  2". 

Cette  jeune  Florentine  est  un  peu  tournée  vers  la  droite.  Un  réseau  en 
filet  brun  bordé  de  rubans  verts  entoure  ses  cheveux,  séparés  sur  le  front 
et  tombant  sur  le  cou.  Elle  a  un  collier  d'or,  admirablement  peint,  auquel 
estsuspondie  une  petite  croix.  A  son  corsage  vert,  garni  d'un  ruban  rouge 


<f 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTIiNE.  41 

bran,  sont  attachées  de  larges  manches  de  la  même  couleur.  Son  devan- 
tier  est  bianc  avec  un  raban  rouge.  La  main  droite  prnée  de  deux  bagues, 
afec  l'index  étendu,  s'appuie  sur  une  balustrade,  et  la  main  gauche  est 
posée  sur  l'avant-bras  droit.  Le  fond  est  vigoureux.  Ce  tableau  est  malheu- 
reusement très-usé,  et  si  son  ensemble  raphaëlesque  frappe  les  regards, 
c'est  seulement  dans  quelques  parties  que  la  touche  du  maître  se  reconnaît 
encore.  Les  mains  surtout,  très-belles  de  couleur  et  de  modelé,  sont 
peintes  dans  cette  manière  hachurée  que  Raphaël  avait  adoptée  alors. 
L'étoOe  blanche  qui  sort  des  manches  est  traitée  largement,  comme  celle 
du  portrait  de  Maddalena  Doni  et  comme  celle  d'un  autre  portrait  de 
femme,  d'une  époque  postérieure,  qui  est  au  palais  Pilti,  à  Florence.  Les 
ombres  des  chairs  sont  accusées  en  brun,  d'un  ton  chaud  et  doré. 

On  ignore  quelle  est  la  personne  représentée  dans  ce  portrait;  on  ne 
sait  pas  davantage  l'origine  du  tableau,  car  c'est  sans  aucun  fondement 
qu'on  a  prétendu,  à  Florence,  que  ce  devait  être  le  portrait  de  Maddalena 
Doni,  ou  bien  celui  d'une  autre  dame  de  sa  famille. 

Gravures  :  pai  D.  Picchianti,  en  contre-partie,  pour  la  RaeeoUa  de'  quadri  dei 
Grau  Duehi  di  Toicana.  —  Au  trait,  pour  la  Reale  Galleria  di  Firense  (pres'^o  Mo- 
lÎDi  et  C.,  Firenze),  1817,  Xlll  vol.  in-8;  et  dans  la  SUtria  délia  Pitlura  italiana 
de  Bosini,  tom.  IV,  p.  35. 

36.  L'Adoration  des  Bergers. 

Raphaël,  dans  sa  lettre  adressée  à  Francesco  Francia,  à  Bologne,  du 
5  septembre  iS08,  lui  écrivit  :  «  Je  vous  envoie  un  autre  dessin  de  la  Crèche 
{presepp),  et  très-différent,  comme  vous  le  verrez,  du  premier,  auquel  vous 
vous  êtes  pju  à  prodiguer  tant  de  louanges.  » 

Malvasia,  dans  sa  Felsina  PUtrice  (Vie  du  Francia,  p.  •44],  rappelle  une 
célèbre  Adoration  des  Bergers,  par  Raphaël,  laquelle,  selon  Baldi,  se  trou- 
vait à  Bologne,  chez  Giovanni  Bentivoglio,  avant  son  bannissement,  en  i  506. 

On  n'a  aucun  renseignement  sur  le  sort  de  ce  tableau*;  mais  nous  sup- 
posons que  ce  pourrait  bien  être  le  petit  tableau  que  madame  de  Humboldt 
a  vu  dans  l'appartement  de  l'infante  Marie,  à  S.  Ildefonso,  en  Espagne  •,  et 
qu'elle  a  décrit  de  la  sorte  :  «  La  Madone  est  assise  sur  une  marche  peu  éle- 
vée, ayant  devant  elle  l'enfant  Jésus,  que  saint  Jean  embrasse.  Sainte  Elisa- 
beth, un  fuseau  à  la  main,  se  tient  derrière  la  Vierge.  Un  jeune  berger 

1.  UaWasia  (Feltina  Pitlrice,  vol  H,  p.  18)  cite  un  petit  tableau  de  la  Crèche  par  Raphaël, 
qui  était  chez  Carlo  Fantuzzi,  à  Bologne,  mais  sans  rien  ajouter  de  plus;  ce  qui  fait  qu'on  ne 
sait  pas  si  c'est  le  même  qui  se  trouvait  précédemment  chez  Bentivoglio,  ou  bien  s'il  s'agit 
senlement  d'un  dessin. 

2.  Durant  notre  voyage  en  Espagne,  nous  avons  fait  des  recherches,  mais  sans  résultat  satis^ 
faisant,  pour  découvrir  ce  que  ce  tableau  était  devenu.  Le  directeur  même  des  collections  royales 
n'en  avait  aucune  connaissance.  Il  est  dooc  à  présumer  que  ce  tableau  a  été  enlevé  lors  de  l'in- 
vwtion  des  Français  sous  le  règne  de  Napoléon  P**. 


42  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

accourt,  apportant  deUl  pigeons  dabs  un  petit  panier.  Sdint  Joseph  ost 
un  peu  en  arrière,  entre  la  Vierge  et  le  bergef;  on  voit  au  fond  ua 
homme  qui  entre  dans  Tétabie  avec  un  taureau  et  un  âne.  Là  Vierge  est 
vêtue  de  bleu  et  de  rouge;  saint  Joseph,  de  vert,  et  sainte  Elisabeth,  de 
bleu  foncé.  La  draperie  du  berger  est  d'une  couleur  qui  varie  entre  le  bleu 
et  le  vert;  Thomme  qui  entre  dans  Télable  a  un  vêtement  jaune  onibré 
dé  rouge.  Après  avoir  décroché  le  tableau  et  après  Tavoir  examiné  très- 
attentivement,  il  me  parut  hors  de  doute  que  c'était  un  ouvrage  de  tla' 
phaël,  fait  dans  sa  première  manière,  lorsqu'il  accusait  ses  contours  avec 
une  sorte  de  dureté,  et  que  son  pinceau  avait  encore  de  la  sécheresse. 
D'ailleurs,  quel  autre  que  lui  aurait  pu  créer  ces  admirables  types,  ces 
draperies  si  simples  et  cette  touchante  composition.  Ce  tableau  me  sembla 
être  un  vrai  trésor.  »  (Voy.  Programm  zur  Jenaer  Literaturzeitung ,  1809, 
p.  8,  9.) 

Dans  son  ouvrage  sur  l'Italie,  M.  C.-F.  von  Rumohr  a  exprimé  l'opinion 
que  le  charmant  tableau  de  TAdoration  des  Mages,  qui  figure  à  la  galerie 
de  Dresde,  sous  le  n°  5,  serait  Une  libre  imitation  du  Franck,  d'aprt's  le 
Presepe  de  Haphacl.  C'est  là  une  supposition  gratuite  que  nous  ne  discu- 
terons point,  mais  nous  rappellerons  seulement  que  le  pendant  du  tableato 
en  question  est  un  Baptême  du  Christ,  d'une  égale  beauté  de  composition 
et  d'exécution,  que  nous  avons  eu  l'occasion  de  voir,  eu  1831,  chez  les 
frères  Woodburn,  marchands  d'objets  d'art,  à  Londres. 

Nous  ajouterons  encore  le  renseignement  suivant,  relatif  à  une  Adora- 
ration  des  Bergers,  qui  a  été  vue  à  Urbin,  par  un  marchand  de  tableaux 
expérimenté  et  qu'il  croit  incontestablement  de  Raphaël.  Ce  tableau,  eà 
largeur,  a  environ  3  pieds  de  long.  Les  bergers  arrivent  du  côté  gauche; 
.  Marie,  l'enfant  Jésus  et  saint  Joseph  sont  à  droite;  et,  derrière  eux,  on 
aperçoit  deux  anges  qui  semblent  avoir  conduit  les  bergers.  Ce  tableau 
passa  plus  tard  en  d'autres  mains  et  disparut  sans  qu'on  ait  pu  retrouver 
sa  trace. 

37.  Sai7it  George  armé  de  la  lance  (1506). 

Sur  bois;  h.,  H";l.,  8"  3"\ 

Le  saint  chevalier  s'élance,  du  côté  droit,  vers  la  gauche,  monté  sur  un 
cheval  blanc,  et  enfonce  sa  lance  dans  la  poitrine  d'un  dragon  mon- 
strueux, qui  exhale,  en  mourant,  son  haleine  empoisonnée.  Derrière  le 
monstre,  a  gauche,  on  aperçoit  la  caverne,  et  à  droite,  dans  le  paysage, 
la  princesse  à  genoux,  qui,  les  mains  jointes,  implore  le  secours  du  ciel. 
Entre  les  collines  boisées  du  fond,  on  voit  au  loin  les  tours  d'une  ville. 
Sur  le  harnais  qui  entoure  le  poitrail  du  cheval,  on  ht  :  KâPHAËLLO.  V., 
et,  sur  la  jarretière  que  saint  George  porte  par-dessus  son  armure,  est 
écrit  ce  mot  :  «  Hom.  »  Ce  qui  s'explique  par  ce  fait  bien  constaté,  que 
Raphaël  peignit  ce  tableau  pour  le  dut;  d'Urbinj  qui  le  destinait  à  ëtf^ 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  43 

offert  eo  présent  au  roi  d'Angleterre  Henri  Vll^  qui  l'avait  nommé  membre 
de  l'ordre  de  la  Jarretière,  ou  de  Saint-George. 

Le^oite  Castlglione  partit  d'Urbin  pour  Londres,  le  10  juillet  i506» 
CD  qualité  d'envoyé  extraordinaire^  afln  de  recevoir  au  nom  de  son  maître 
les  insignes  de  Tordre  et  l'accolade  du  roi.  Ce  tableau  ne  peut  donc  avoir 
été  peint  que  vers  le  milieu  de  rannée  1306,  et  cette  date  n'est  pas  seu- 
lement attestée  par  la  manière  dont  le  tableau  est  peinte  mais  elle  se 
rapporte  aussi  au  séjour  que  Raphaël  (It  à  Urbin  à  cette  même  époque^ 
ce  qui  est  incontestablement  prouvé.  (Voy.  la  première  partie  de  notre 
ouvrage  pour  de  plus  amples  renseignements.) 

Le  comte  de  Pembroke  possédait  ce  petit  tableau  en  1627,  comme 
on  le  trouve  indiqué  sur  la  gravure  de  Vorstetman.  Plus  tard,  nous  voyons 
le  tableau  catalogué  dans  la  collection  des  objets  d'art  de  Charles  l^'^  sous 
Je  n«  14,  et  nous  savons  aussi  qu'il  fut  vendu  ensuite  150  livres  st. 

Florent  Le  Comte,  dans  son  Cabinet  des  singularités ^  Paris,  1702> 
t.  Il,  p.  77),  Dous  apprend  que  ce  petit  tableau  était  alors  dans  la  collée 
tion  de  M.  de  la  Noue.  Voici  le  pussage  : 

«  Il  y  avoit  un  autre  (que  celui  du  Cabinet  du  roi)  Saint  George  chei 
M.  de  la  Noue  ;  il  est  de  la  seconde  manière  ;  il  avoit  coûté  500  pistoles  et 
il  en  fit  faire  une  copie  par  M.  Champagne  pour  mettre  dans  l'église  du 
Port-Royal,  n  Ce  tableau  passa  depuis,  de  la  collection  du  marquis  de 
Sourdis  dans  le  cabinet  de  Crozat,  et  il  fut  acquis  avec  les  autres  tableaux 
de  ce  cabinet  célèbre  par  l'impératrice  Catherine  II  de  Russie.  H  est  placé 
aujourd'hui  en  ex-voto,  avec  une  lampe  qui  brûle  perpétuellement,  auprès 
du  graod  portrait  de  l'empereur  Alexandre,  dans  la  longue  salle  des  por- 
traits peints  par  Dawe  au  palais  de  l'Ermitage,  à  Saint-Pétersbourg  K 

Gravurbs  :  par  Luc  Vorsterman,  1627;  en  contre-partie;  on  rencontre  sou- 
vent des  coDtre-épreu\es  de  celle  estampe,  in-4  ;  —  par  F.  Ragot,  d'après  Vorsler- 
man,  mais  du  côté  opposé,  in-4;  —  des  Granges  delin.,  1628,  in-4;  —  par  un 
anonyme,  Coroel.  Galle  excud  ,  in-fol.; —  par  un  anonyme  néerlandais,  sans 
la  princesse  agenouillée,  petit  in-fol.  en  largeur;  —  par  un  anonyme,  faible  gra- 
vure avec  des  changements  dans  le  paysage,  ln-4;  —  par  iMc  de  Larmessin, 
pour  le  Cabinet  Crozat,  n»  31,  in-fol.;  —  par  L.  Gaultier,  in-4;  -  Paul  Fursl 
excud.,  petit  in-fol.  Deux  gravures,  l'une  comme  le  lableaU  et  l'autre  du  coté 
opposé.  —  Anonyme  allemand;  copie  d'après  la  gravure  de  Luc  Vorsterman , 
iri-i,  avec  ces  vers  allemands  : 

Dcr  Rîitet  Sanct  Georg  erloeste  Ton  dem  Dracheo 
Oas  zarte  Koenigtblut,  etc. 

—  LandoD,  n«  334. 

1.  M.  le  comte  d*Espagnac,  qui  possède  dada  sa  galerie,  à  Paris,  une  très-belle  répétition 
de  ce  tableau,  {^rélead  avoir  l'original.  ?7ous  transcrirons  ici  la  note  de  son  catalogue,  en  lui 
iaistant  la  responsabilité  de  cette  attribution  : 

•  U  Saiat  George,,  peint  par  RapbaSt,  avec  l'ordre  do  la  Jarretière^  efit  celui  cjue  le  comt9 


44  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

Une  belle  esquisse  à  la  plume  pour  ce  tableau,  piquée  et  ayant  du  senir 
au  calque,  se  trouve  dans  la  collection  de  Florence.  Gravée  par  Mulinari. 

Une  copie  du  tableau  a  été  laite  à  l'aquarelle  par  Peter  Oliver,  en  4628. 
Voy.  le  Cat.  des  ouvrages  d'art  de  Charles  I«%  p.  33. 

Lord  Cliffoni,  à  Irnliam,  Lincolnshire,  possède  une  tapisserie  faite  d'a- 
près le  Saint  George ,  probablement  sous  Charles  l***,  dans  la  fabrique  à 
Mortlake.  Voy.  Gunn,  Cartonensia,  p.  200. 

38.  Sainte  Famille,  avec  saint  Joseph  sans  barbe. 

Sur  bois  ;  h.,  25"  6"'  ;  l.,  ÎO",  «*".  —  Figures  à  niiî^orps.     . 

La  Vierge,  tournée  à  gauche,  est  assise  dans  une  chambre  et  tient  l'en- 
fant Jésus  sur  son  genou  droit.  Celui-ci  lève  sa  main  droite  vers  le  sein  de 
sa  mère  et  tourne  la  tête  du  côté  gauche  vers  saint  Joseph,  qui  s'appuie  des 
deux  mains  sur  un  bâton.  La  tête  de  ce  dernier,  qui  est  sans  barbe,  semble 
un  portrait,  d'une  expression  assez  maussade.  On  voit  un  paysage  à  tra- 
vers une  fenêtre  cintrée,  à  droite.  A  en  juger  par  le  style  du  dessin,  ce 
tableau  doit  avoir  été  peint  en  1306,  et  il  pourrait  bien  être  un  des  deux 
tableaux  de  Madone  que  Raphaël,  selon  Vasari,  exécuta  dans  sa  manière 
florentine  pour  le  duc  d'Urbin.  Cette  supposition  se  transforme  presque  en 
certitude  par  la  mention  que  nous  lisons  dans  l'Inventaire  du  garde- meuble 
ducal  de  1623,  lequel  indique  sous  le  n"  39  un  tableau  de  Raphaël,  sur 
bois,  représentant  une  Madone  avec  l'enfant  Jésus  et  saint  Joseph.  Le  ma- 
nuscrit de  cet  inventaire  se  trouve  à  Pesaro,  chez  les  Olivetains,  sous  le 
n»  386  de  leur  bibliothèque.  Voy,  Dennistoun,  Memoirs  of  the  Dukes  of 
Urbino,yo\.  JII,  p.  441. 

Ce  tableau  s'est  trouvé  plus  tard  en  France,  dans  la  maison  d'Angoulême, 
et,  comme  il  avait  été  fortement  repeint,  il  fut  vendu  moyennant  une  faible 
som/ne  à  un  certain  M.  Barroi.  Le  peintre  Vandine  sut  le  nettoyer  et  le 

Balthazar  CAstiglione  offrit  au  roi  (TAnglcterre  Henri  YH,  de  11  part  du  duc  d'Urbin  Gilidu- 
baldo,  au  mois  de  novembre  1506. 

«  Lorsque  Cromwell  fît  vendre  la  galerie  de  Charles  ï"j  ce  tableau  passa  dans  la  galerie  du 
comte  de  Pembroke,  et  fut  gravé  par  Vorsterman ,  célèbre  graveur  de  cette  époque.  Postérieu- 
rement, il  figura  dans  les  galeries  du  marquis  de  Sourdis  et  du  fameux  financier  Crozat,  et  fut  en- 
core gravé  par  Larmessin.  Voici  comment  s'exprime,  à  son  égard,  André  Félibien^  conservateur 
des  antiquités  du  Cabinet  du  roi  Louis  XIV  :  i  Pour  les  autres  ouvrages  de  Raphaël,  qui  sont  en 
divers  cabinets  de  cette  ville,  vous  avez  vu  sans  doute  celui  de  M.  le  marquis  de  Sourdis  ;  c'est 
un  Saint  George  de  la  mèfae  grandeur  et  manière  que  celui  du  Roi  ;  le  nom  de  Raphaël  est  écrit 
en  lettres  d'or  au  poitrail  du  cheval;  il  vient  du  roi  d'Angleterre.  » 

«  L'Épicié,  dans  son  Catalogue  raisonné  des  tableaux  du  roi  Louis  XIV,  s'exprime  ainsi  : 
•  11  est  vrai  que  Raphaël  a  peint  pour  Henri  VU  un  Saint  George  de  la  même  grandeur  que 
celui  du  Roi,  mais  il  l'a  traité  différemment.  »  C'est  par  l'effet  d'une  erreur,  qui  ne  se  propage 
que  trop  souvent  dans  certains  catalogues,  qu'on  a  imprimé  que  ce  Saint  George  de  Raphaël 
était  possédé  par  la  collection  de  l'Ermitage  à  Saint-Pétersbourg.  Le  Saint  George  qui  a  prêté 
à  celle  méprise  n'esl  point  de  Raphaël,  et  ne  saurait  être  confronte  avec  les  gravures  de 
Vorslerraau  et  de  Larme&sin.  »  —  (Sole  de  l'éditeur.) 


DE  SON  ÉPOQUE    FLORENTINE.  45 

remettre  en  état.  11  passa,  ainsi  réparé,  dans  le  cabinet  Crozat,  et  de  là  au 
palais  de  TErmitage,  à  Saint-Pétersbourg. 

Gravores  :  par  Jacques  Chereao,  pour  le  Cabinet  Crozat,  infol.,  en  contre- 
partie, n"  HO;  —  par  W.  Ketterienius,  petit  in-fol.  pour  la  Galerie  de  l'Ermitage, 
n*  1.  —  Lilh.  par  Bobiliard,  in-fol.  pour  un  autre  ouvrage  sur  TErroitage,  publié 
à  Sainl-Pélersbourg  en  1846.  —  Gravé  par  A.  Pischtschalkin,  1839,  in-fol. 

39.  La  petite  Madone  de  la  galerie  d'Orléans. 

Sur  bois;  h.,  H"  ;  1.,  8".  —  Mi-figure*. 

La  Vierge,  tournée  à  droite,  presque  de  profil,  est  assise  sur  un  banc 

et  fient  l'enfant  Jésus  de  la  main  gauche,  en  le  contemplant  avec  amour. 

Celui-ci,  qui  veut  s'élever  vers  elle,  s'attache  avec  les  mains,  pour 

s'aider,  au  vêtement  de  sa  mère.  Il  regarde  hors  du  tableau,  et  son 

expression  est  sérieuse.  Le  fond  représente  le  mur  d'une  chambre  avec 

un  rideau  gris  roui:e,  à  gauche,  et  un  petit  escabeau  sur  lequel  sont  posés 

de  petils  vases.  Ces  derniers  accessoires  et  le  rideau  gri^  rouge  ont  été 

certainement  ajoutés  plus  tard  ;  ils  sont  peints  dans  la  manière  de  David 

Teniers,  à  ce  point  que  tout  porte  à  croire  qu'il  est  réellement  l'auteur 

de  ces  additions  malheureuses.  Le  coloris  du  tableau  est  vif  et  clair.  Sa 

conservation  paraît  assez  satisfaisante,  car  c'est  seuif  ment  sur  le  bleu  du 

manteau^et  sur  une  des  jambes  de  l'enfant,  que  le  nettoyage  se  fait  un 

peu  trop  sentir. 

Cf.lle  peinture  est  de  la  seconde  manière  de  Raphaël,  nommée  manière 
florentine,  et  ce  doit  être  la  seconde  Madone  faite  pour  le  duc  d'Urbin. 
Elle  passa  dans  la  galerie  d'Orléans ,  après  avoir  auparavant  appartenu 
au  frère  de  Louis  XIV.  Dans  la  vente  de  cette  galerie,  qui  eut  lieu  à 
Londres  en  1798,  ce  tableau  fut  acheté  par  M.  Hibbert,  nu  prix  de 
500  Ihres  sterling.  —  En  1831,  cette  Madone  était  en  vente  •chez  le 
marchand  de  tableaux,  Nieuwenhuis  (ils,  de  Bruxelles;  c'est  chez  lui 
que  nous  la  vîmes.  En  1835,  elle  élait  encore  à  vendre,  à  Paris,  pour 
50,000  francs.  Plus  tard,  elle  entra  dans  la  galerie  Aguado,  et,  à  la  vente 
de  cette  galerie,  elle  fut  adjugée  à  M.  Benjamin  Delessert  pour  24,000  fr. 

Gbavdres  :  par  Du  Flos,  petit  in-fol.  ;  cette  gravure  fut  retouchée  par  N.  do 
Larmessin  pour  le  Cabinet  Crozat,  n«  24  ;  —  par  J  -J.  Hûber,  1790,  petit  in-fol. 
pour  la  Galerie  d'Orléan$;  —  par  J.-P.  Seiter,  in-8.  —  Seulement  la  Vierge  et 
l'enfant,  parB.  Hôfel.  —  B.  Uesnoyers  dei.,  E.  Forster  sculp.,  1838,  petit  in-fol. 
—  Landon,  n*  146. 

40.  Par  trait  de  Gtndtibaldo^  duc  dUrbhi. 

Ce  portrait  est  ainsi  décrit  dans  la  lettre  de  Pietro  Bembo,  adressée  de 
Rome,  le  19  avril  1516,  à  Bemardino  da  Bibiena,  cardinal  de  S.  Maria  in 
Purtico  :  «  Il  ritratto  di  messer  Baldassare  Castiglione  e  quello  délia 
buona  e  sempre  da  me  venerata  memoria  del  sig.  Duca  nostro^  a  cui  Dio 


46  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

dia  beatitudine ,  parrebbero  di  mano  di  un  dei  garzoni  di  Raphaello  io 
quanto  appartiene  alla  rassorniglianza  in  comparazione  di  quelio  di 
Tebaldeo.  » 

Raphaël  peignit,  sans  aucun  doute,  le  portrait  du  duc  pendant  son 
séjour  à  Urbin,  en  1506,  puisque  ce  prince  mourut  deux  ans  plus  lard  eC 
que  Raphaël  ne  le  revit  pas  dans  le  cours  de  ces  deux  années.  A  coup  sûr, 
on  ne  saurait  supposer  qu'il  l'eût  déjà  peint  lors  de  son  premier  séjour 
à  Urbin,  en  ISOi,  puisque,  à  cette  époque,  il  ne  jouissait  encore  îl'aucune 
réputation.  Mais,  en  tout  cas,  on  ne  possède  aucun  renseignement  sur  le 
sort  de  cette  peinture,  quoique  Baidi,  qui  écrivait  en  4605  {Délia  Vita  « 
de*  Fatti  di  Guûfobaldo),  Tait  encore  vue  à  Urbin  ;  cai*  il  décrit  ainsi  le  cata- 
falque de  brocard  d'or,  sur  lequel  fut  exposé  après  sa  mort  le  ducGuidu- 
baldo  :  «  Le  corps  du  susdit  était  habillé  de  hauts-de-chausses  roses  et  d'un 
habit  de  damas  noir,  avec  une  barrette  sur  la  tète,  comme  on  s'habillait 
alors  et  tel  qu'il  avait  été  représenté  dans  son  portrait  peint  de  main  de 
maître.  » 

Yolkmann  affirme  que  le  portrait  du  duc  d'ilrbin  par  Raphaël  se  trouvait 
dans  la  maison  Bovi,  à  Bologne;  mais  il  ne  dit  point  si  ce  portrait  repré- 
sentait le  duc  Guidubaldo  ou  son  successeur^  et  il  ne  donne  pas  d'autre 
détail  sur  cette  peinture. 

Un  portrait  qui  fait  partie  de  la  galerie  Lichtenstein,  à  Vienne^  est 
indiqué  dans  le  catalogue  comme  étant  celui  du  duc  Guidubaldo  peint 
par  Raphaël  ;  mais  ce  portrait  n'et^t  pas  de  Raphaël,  c(  ne  représente  pas  le 
duc  Guidubaldo.  Il  n'existe  de  portrait  authentique  du  duc  que  le  buste  en 
marbre  placé  sur  son  tombeau,  et  ce  buste  semble  avoir  servi  de  modèle  à 
la  gravure  qu'on  a  jointe  à  l'ouvrage  de  Baldi,  dans  l'édition  de  l^lilan. 

Il  nous  parait  convenable  de  parler  encore  ici  de  différents  autres 
portraits  que  Raphaël  aurait  peints,  dit-on,  dans  la  maison  des  ducs 
d'Urbin. 

V  Federico  da  Monlefeltro,  premier  duc  d'Urbin.  L'inventaire  de  la 
succession  des  ducs  d'Urbin,  dressé  par  Bastiano  Yenturini,  en  1654, 
mentionne  un  portrait  du  duc  Federico,  vu  de  profil,  armé  en  partie,  et 
peint  sur  toile  par  Raphaël.  Ce  portrait,  de  grandeur  naturelle,  demi- 
figure,  se  trouve  actuellement  au  palais  Pitti  à  Florence  ^  mais  c'est  l'œuvre 
d'un  peintre  postérieur  à  Raphaël.  Une  copie  de  ce  portrait  est  conservée 
dans  le  palais  Albani,  à  Urbin  —  Pungileoni,  dans  son  Elogio  storico  di 
Giovanni  Santi  (p.  18),  et  Longhena,  dans  sa  traduction  de  l'ouvrage  de 
M.  Quatremcre  de  Quincy  (p.  242),  indiquent  un  petit  portrait  peint  à 
l'huile,  lequel,  pour  la  composition,  est  tout  à  fait  semblable  à  celui  du 
palais  Pitti,  comme  étant  une  copie  faite  par  Raphaël  lui-même,  d'après 

i.  Voyei  Denuistoun,  Memoin  of  Ihe  Duket  ofUrbino  (Londoii,   iSl>l,  roi.  lU,  p.  44| 

et  447}. 


DE  SON  ÉPOQUE  FLOHENTINE.  47 

on  origioal  de  son  père.  Le  duc  est  représenté  la  tête  découverte,  et  por- 
tant sur  30D  armure  un  manteau  rouge,  fourré  d'hermine.  Il  tient  des  deux 
mains  un  lirre  posé  devant  lui  sur  une  table  où  sont  étalés  les  insignes 
de  Tordre  de  la  Jarretière.  Un  rideau  vert  occupe  le  tond  à  droite,  et  à 
gauche  une  fenêtre  ouverte  laisse  apercevoir  le  château  d'Urbin.  L'arran- 
gement et  Texécution  de  ce  petit  tableau,  quoique  portant  le  cachet  des 
peintures  du  seizième  siècle,  sont  cependant  bien  didérents  de  la  manière 
de  Raphaël.  Le  chevalier  Crivelli,  de  Milan,  l'avait  acheté  de  la  succes- 
sion de  feu  le  peintre  Agostino  Comerio.  Ce  portrait  a  éU^  gravé  pour 
rouvrage  de  Girolarao  Mutio  Giustinopolitano  :  Hisforia  de*  fatti  di  Fede- 
rico di  Monte feltro,  dwa  d*Urbino  (Venetia,  160S,  in-4'*),  mais  sans  indi- 
cation de  nom  de  peintre. 

S°  ElûabettQ  Feltria  Gonzaga,  femme  du  duc  Guidubaldo.  Il  parait 
re^ortird'uu  passage  de  YElogj  de'  Castiglione,i^viï'  Antonio  BeiTaNegrini, 
dans  le  recueil  des  Oeuvres  du  comte  Baldassare  Castiglione  (Padova,  IT.'îd, 
p.  329],  que  Raphaël  fit  le  portrait  de  la  duchesse.  Ce  passage  est  ainsi 
OODçu  :  a  Un  ritratto  di  bellissima  e  principalissima  signora  di  mano  di 
Raffael  Saniio  da  Urbino  con  due  sonetti  di  Baldassare  scritti  di  suo  pugno 
oel  I5J7  trovati  dietro  un  grande  speccbio  délia  contessa  Catterina  Mon- 
dejla  di  lui  suora.  » 

Le  sort  de  ce  tableau  nous  est  inconnu. 

Ricci  rapporte  (èfemorie  storiche  délia  Marca  di  Ancona ,  1 834^  t.  Il^ 
p.  37)  qu'il  existe,  dans  la  bibliothèque  S,  Salvatore,  à  Bologne,  un  poëme 
manuscrit  qui  fut  composé  à  l'occasion  de  la  fondation  d'un  mont  de 
*  piété  à  Fabiano,  en  1509,  et  dans  lequel  l'auteur  se  nomme  le  Pupille  {il 
Pupillo),  Ce  poëme,  qui  est  dédié  au  cardinal  Antonio  del  Monte  et  à  la 
duchesse  Elisabetta  Gonzaga,  est  orné  des  portraits  en  miniature  de  ces 
deux  personnages;  la  duchesse  est  représentée  en  costume  de  cour.  Ne 
serait-ce  point  là  une  imitation  du  portrait  original  de  Raphaël? 

Ce  poëme  commence  ainsi 


Et  plus  bas 


0  Gonzaga  madonna  humile,  et  pia 
0  Dnce  clementissima  d'L'rbino 
L'intento  solo  a  te  il  Pupiiio  invia. 


Dato  ha  principio  gia  la  Duce  mia 

Elisabeth  d'Urbin  nobil  Gonzaga 

C'ogni  saa  terra  il  Monte  forma  et  sia,  etc. 


3*»  Francesco  Maria  délia  Rovere,  héritier  présomptif  du  duché  d'Urbin, 
né  en  1491,  mort  en  1539. —  DilTérents  portraits  sont  présentés  comme 
étant  ceux  de  ce  personnage,  sans  que  la  moindre  preuve  soit  fournie  à 
l'appuinie  c^tte  assertion.  Le  prince  Eszterhazy  deGalantba  en  possède  un, 
dans  sa  galerie,  à  Vienne.  Ce  portrait  représente  un  jeune  bomme^  vu  de 


48  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

trois  quarts  et  tourné  à  gauclie.  11  a  une  barrette  rouge  sur  la  t(He>  avec  un 
justaucorps  de  même  couleur.  Son  pourpoint  est  brun.  Il  pose  les  mains 
sur  une  balustrade,  et,  de  la  droite,  il  tient  un  papier  plié.  Au  fond^  un 
paysage.  Le  nez  est  très-fin  de  forme,  ainsi  que  la  bouche,  et  l'expression 
de  la  physionomie  est  aimable.  Ce  portrait  a  quelque  ressemblance  avec 
le  personnage  qui  représente  ce  prince  dans  VEcoIb  d'Athènes,  seulement 
il  paraît  un  peu  plus  jeune.  Ce  tableau  a  souffert,  dans  les  .mains  surtout, 
qui  ont  été  repeintes;  mais  il  en  reste  encore  assez  de  parties  intactes 
pour  qu'on  puisse  considérer  cette  peinture  comme  un  ouvrage  de  la 
jeunesse  de  Raphaël.  En  1847,  nous  avons  vu  un  second  portrait,  que 
Ton  dit  être  celui  de  Francesco  Maria  delld  Rovere,  à  l'âge  d'environ 
quatorze  ans,  dans  la  maison  Gaetano  Susanni,  à  Mantoue.  C'est  un  jeune 
homme  vu  à  mi-corps  et  vêtu  de  gris.  Un  manteau  de  damas  noi^  est  jeté 
sur  son  épaule  gauche.  Il  porte  une  barrette  noire  sur  ses  longs  cheveux 
blonds.  De  la  main  droite,  il  tient  le  pommeau  de  son  épée.  Les  yeux  sont 
d'un  brun  clair.  Le  fond  du  tableau  est  vert. 

La  manière  de  faire  de  cet  ouvrage  a  bien  quelque  chose,  en  effet,  de 
celle  de  Raphaël  dans  sa  première  jeunesse.  Mais  elle  n'est  cependant  pas 
assez  intelligente  pour  être  de  lui,  et  même  les  mains  sont  très-roides  de 
dessin.  Si  nous  sommes  bien  informé,  ce  tableau  a  été  vendu  depuis  en 
Angleterre. 

Enliu,  nous  ne  devons  pas  oublier  que  la  Biblioteca  italiana  (mai 
1829,  p.  281)  a  fait  connaître  encore,  par  une  description  et.une  gravure, 
un  beau  portrait,  qui  était  alors  dans  la  possession  du  comte  Suardi  à 
Berf^ame.  On  croit  reconnaître  dans  ce  portrait  le  prince  héritier* 
d'Urbin,  peint  de  la  main  de  Raphaël.  C'est  un  noble  jeune  homme,  qui, 
tourné  à  gauche  et  presque  vu  de  dos,  regarde  le  spectateur,  en  inclinant 
la  tête  du  côté  de  l'épaule  gauche.  H  tient  de  la  main  gauche  le  pommeau 
de  son  épée,  et  un  manteau  noir,  garni  de  tresses  d'argent,  couvre  en  partie 
sa  large  manche  rouge.  Ce  portrait  a  un  fond  de  ciel.  C'est  une  précieuse 
peinture,  qui  passait  autrefois,  dans  la  maison  Suardi,  pour  une  œuvre 
du  Giorgione,  mais  nous  la  croyons  de  Palma  il  vecchio.  Le  portrait  est 
probablement  celui  d'un  des  ancêtres  du  comte  Suardi,  car  il  n'a  pas  la 
moindre  ressemblance  avec  Francesco  Maria  délia  Rovere,  ainsi  que  le 
prouve  le  portrait  de  ce  prince  dans  V Ecole  d'Athènes.  Dans  ses  portraits 
postérieurs  à  celui-ci,  Francesco  Maria  délia  Rovere  a  le  nez  fort  et  un 
peu  courbé;  tandis  que  le  pei'sonnage,  peint  dans  ce  tableau,  a  le  nez 
petit  et  quelque  peu  retroussé. 

Il  est  à  déplorer  que  ce  superbe  tableau  ait  été  fortement  nettoyé. 

41 .  Portrait  de  Raphaël,  peint  par  lui-même. 

A  rage  de  S3  ans.  Buste  sans  mains.  —  Sur  bois  ;  h. ,  1 8"  ;  1.,  1 2"  6"*.' 

Il  est  tourné  à  droite  et  vu  de  trois  quarts.  La  tête,  un  peu  renversée 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  40 

en  arrière^  est  couverte  d'une  barrette  noire;  le  cou^  entièrement  nu,  est 
d'une  belle  et  élégante  forme.  Ses  amples  cbeveux  châtains  tombent 
légèrement  bouclés  sur  la  nuque.  I^e  bord  de  la  chemise  sort  du  vête- 
ment noir  presque  collant.  Le  peintre  regarde  le  spectateur  avec  la  douce 
mélancolie  d'une  noble  et  jeune  âme  ;  sa  bouche  est  d'une  expression 
ravissante.  La  couleur  de  la  tête  a  de  la  pâleur;  les  yeux  sont  bruns;  le 
nex  est  fin,  légèrement  courbé,  le  menton  rond  et  un  peu  allongé.  Le  fond 
du  tableau  est  d'un  toq  gris  vert. 

Il  est  à  croire  que  Raphaël  fit  ce  portrait,  en  1506»  pour  le  laisser 
comme  souvenir  à  ses  parents  dans  sa  ville  natale.  Au  moins  est-il  resté 
à  Urbin,  jusqu'à  Tépoque  où  il  fut  transféré  dans  l'Académie  de  Saint-Luc 
à  Rome,  fondée  en  1588,  par  Federico  Zuccheri..  sous  Sixte-Quint  *.  L'Aca- 
démie vendit  ce  portrait  avec  d'autres  tableaux  au  cardinal  Léopold  de 
Médicis,  moyennant  une  somme  assez  importante,  qui  servit  à  faire  bâtir 
la  façade  de  l'église  S.  Martina  et  S.  Luca,  sur  les  plans  de  Pietro  di 
Cortona.  Depuis  cette  époque,  il  figure  dans  la  collection  des  portraits 
des  peintres^  tous  peints  par  eux-mêmes,  à  la  galerie  de  Florence. 

Ce  portrait,  peint  d'une  pâte  très-légère,  ayant  été  trop  nettoyé  depuis, 
est  devenu  si  transparent  qu'en  beaucoup  d'endroits  on  peut  suivre  les 
contours  du  dessin  sur  le  panneau.  Il  y  a  aussi  malheureusement  des 
repeints. 

Malgré  tout  cependant ,  on  ne  saurait  dire,  comme  Ta  fait  M.  von 
Rumohr  dans  son  ouvrage  sur  l'Italie,  que  ce  tableau  a  été  remis  à  neuf; 
que  les  cheveux  autrefois  blonds  sont  devenus  bruns  aujourd'hui  ;  que  les 
yeux,  qui  sont  noirs  maintenant,  aient  été  bleus.  M.  von  Rumohr,  en  disant 
cela,  s'est  fait  l'écho  de  l'opinion  erronée  qui  veut  que  le  portrait,  con- 
servé anciennement  dans  la  maison  Altoviti,  soit  celui  de  Raphaël  lui- 
même.  Du  reste,  il  existe  plusieurs  copies  anciennes  du  portrait  de  la 
galerie  de  Florence,  et  ces  copies  ne  permettent  pas  de  doutes  sur  la  cou- 
leur primitive,  et  des  yeux  et  des  cheveux.  Une  de  ces  copies,  attribuée  à 
Timoteo  Viti,  est  à  Rome,  dans  la  galerie  Borgbèse  ;  une  autre,  au  palais 
Albani  à  Urbin. 

Gravdrbs  :  par  G. -M.  Preisler,  1741,  petit  in-foL  pour  le  Muieo  Fioreniino, 
t.  I,  pi.  49  ;  —  par  Jac.  Frey,  petit  in-fol.  ;  —  par  Antonio  Morghen,  petit  in-fol.  ; 
—  par  S.  Coiny,  in-8;  —  par  F.  Muiler,  d'après  un  dessin  de  Steinla,  in-8;  — 
par  y>  Biondi,  1816,  in-8:  »  par  P  Fçrsler,  1836,  d'après  un  dessin  de 
Desnoyers,  in~fol.  ;  —  Pais,  dans  ÏAlmanach  de  Rome  pow  leê  ariiHei,  par 
Sickler  et  Reinhard,  1810,  in-8.  —  Pour  feuille  de  titre,  dans  l'oavrage  de 
M.  Qnatremére  de  Quincy,  par  Coiny,  1824.  —  Calamatta  del.;  lith.  par  Gsell, 
1840,  in-fol.  ~  Lith.   par  A.  Angelini,   1845,   in- fol.  — Par  P.  Coiny,  dans 

I.  Voyez  H.  Kiwirini,  Mttnorie  deU'Accademia  di  S.  Luca,  (Roma,  I8i3,  p.  8.)«  In 
aotioo  fc^lio  Cftifteote  negli  archivi  dcU'Acc.  tengono  iitdicati  i  ritralU  eiisteati  neil'Aoc.  di 
RafTaello,  di  Bramante,  etc.  •  -  •  j  >'.'_.  ._!. 

11.  4 


50  PEINTURES  DE  BAPHAEL 

l'Appendice  à  Quatremére  de  Quincy,  par  Desnoyers,  2*  édit.  Paris,  1853.  — 
Ludw.  Gniner,  pour  l'édition  allemande  de  noire  ouvrage,  pi.  V. 

Nous  donDeroDS  encore  ici^  à  titre  de  reoseigneraeut^  TiudicatioD  d'un 
portrait  que  Raphaël  aurait  peint  d'après  lui-même  sur  un  mur,  portrait 
qui/au  dire  de  Luigi  Crespi,  devrait  se  trouver  au  palais  Albaui  à  Urbin. 
Cet  artiste  écrivait  de  Bologne  à  Gio.  Bottari,  sous  la  date  du  28  juin  1760  : 

«  J'ai  vu  dans  la  maison  Albani  le  portrait  de  Raphaël  peint  par  lui- 
même  ;  en  réalité,  c'est  une  œuvre  eitraordinaire^  et  c'est  le  seul  portrait 
du  Sanzio  qui  ^^U encore  à  Urbin.  » 

Puis,  Gio.  Bottari  ayant  demandé  de  plus  amples  détails  à  ce  sujet; 
Grespi  lui  répondit,  le  16  juillet  de  la  même  année  : 

a  Le  portrait  de  Raphaël,  dans  la  maison  Albani,  peint  sur  le  mur,  est 
recouvert  d'une  glace  et  fermé  avec  un  cadre  que  l'on  peut  ouvrir.  » 
(Voy.  Letlere  pittoriche,  n»  CLXXXIII,  p.  429  et  n**  CLXXXIV.) 

Aucun  des  amateurs  qui  depuis  sont  allés  à  Urbin,  n'ont  rien  pu 
apprendre  à  l'égard  de  ce  portrait  signalé  par  Grespi.  Pungileoni  (p.  251) 
paraît  douter  de  la  véracité  de  l'indicateur.  Toutefois ,  il  ajoute  laco- 
niquement que  ce  portrait  a  été  la  proie  des  étrangers  et  qu'on  ne  sait 
pas  ce  qu'il  est  devenu.  Le  irieux  gardien  du  palais,  que  nous  avons 
interrogé  nous-même,  en  1835,  ne  se  souTenait  pas  qu'il  y  eût  jamais  eu 
au  palais  Albani  un  autre  portrait  de  Raphaël  que  la  copie  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut. , 

Il  semble  ressortir  de  ces  faits  contradictoires,  que  Grespi  se  sera 
trompé,  en  prenant  le  portrait  à  l'huile  qui  est  sous  verre  dans  le  palais 
Albani  pour  une  peinture  faite  sur  la  muraille.  Ge  portrait  est  probable- 
ment le  même  aussi  qui  est  cité  dans  le  Distinto  Ragguaglio  délie  pitture  - 
che  si  trovano  in  Urbino,  de  Michel  Dolci. 

•42.  Les  Trois  Grâces. 

Sur   bois  ;  de  7"   en  carré. 

Elles  sont  groupées  à  la  manière  antique.  Gelle  du  milieu,  vue  de  dos, 
pose  sa  main  gauche  sur  l'épaule  de  celle  qui  est  à  gauche,  et  tourne  la 
tête  vers  une  pomme  d'or  qu'elle  tient  de  la  main  droite.  Les  deux  autres 
Grâces,  vues  de  faces,  tiennent  également  une  pomme  d'or  &  la  main^ 
tandis  qu'elles  posent  l'autre  main  sur  chaque  épaule  de  leur  compagne, 
placée  entre  elles.  Des  chaînes  de  corail  ornent  les  cheveux  des  deux 
ligures  de  droite  et  de  gauche;  celle  du  milieu  a  de  plus  un  collier  de 
corail.  Pour  fond,  un  paysage  avec  des  collines. 

Les  parties  nues  de  ces  figures  sont  d'un  ample  et  beau  dessin  ;  l'exé- 
cution est  en  rapport  avec  la  manière  du  maître  en  1506.  Gette  date,  fixée 
par  analogie,  nous  conduit  à  croire  que  Raphaël  fit  ce  tableau  des  Trois 
Grâces  pour  un  de  ses  amis,  à  Urbin,  sur  un  dessin  qu'il  avait  fait  d'après 
le  groupe  antique  qui  est  dans  la  Ubreria  de  la  c&tbédrale  de  Sienne^ 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  51 

iÎD  qui  se  trouve  aujourd'hui  dans  la  collection  de  l'Académie  de 

Venise.  Ce  petit  tableau^  après  avoir  fait  partie  de  la  galerie  Borghèse,  fut 
iFcndu  à  un  certain  M.  Reboui.  Par  l'entremise  des  frères  Woodburn,  il 
fut  acheté  par  Sir  Thomas  Lawrence,  et  de  la  succession  de  ce  dernier  il 
passa  dans  la  galerie  de  feu  lord  Dudley.  Actuellement,  il  est  chez  lord 
Ward  à  Londres. 

Gravé  au  pointiUé  par  J.-K.  Sherwin,  de  la  grandeur  de  l'original,  in- 4.  —  De 
même,  par  F.  Forster,  à  Paris,  184],  in-4. 

43.  Portrait  de  deux  moines. 

Bustes  sans  mains,  un  peu  moins  grands  que  nature  ;  peints  à  la  détrempe  sur  bois. 

ils  sont  tous  deux  représentés  de  profil^  les  yeux  Gxés  vers  le  haut. 

Nous  avons  déjà  dit  dans  la  Vie  de  Raphaël  qu'on  a  tout  lieu  de  croire 
qu'il  peignit  ces  deux  moines  au  monastère  de  Valiombrosa,  lors  de  son 
voyage  d'Urbin  à  Florence^  et  qu'il  les  aura  sans  doute  peints  à  la  dé- 
trempe, faute  d'avoir  trouvé  au  couvent  l'huile  convenable  pour  apprêter 
ses  couleurs. 

La  position  des  têtes  fait  présumer  que  ces  portraits  ont  été  faits  pour 
être  suspendus  de  chaque  côté  d'un  tableau  de  dévotion,  alin  que  les  re- 
gards des  deux  personnages  se  dirigeassent  sur  l'image  du  Christ. 

Le  chef  de  l'ordre^  don  Blasio,  est  un  moine  d'une  santé  florissante^ 
déjà  avancé  en  fige^  et  dont  la  physionomie  annonce  un  bon,  mais  insigni- 
fiant caractère.  De  rares  cheveux  couvrent  son  crâne.  La  couleur  du 
tableau,  qui  a  quelque  chose  de  tendre,  est  dans  le  système  ordinaire  de 
Raphaël,  c'est-à-dire  brune  grise  dans  les  ombres,  rougeâtre  dans  les 
demi-teintes  et  blanchâtre  dans  les  parties  lumineuses.  Le  vêtement  qui 
encadre  le  cou  est  gris  avec  une  teinte  violette.  Le  fond  est  d'un  ton 
vigoureux,  et  sur  le  bord  du  portrait  on  lit  cette  inscription  :  BLASIO. 
GEN.  SERVO.  TYO.  SVCCVRRE. 

Don  Baltasar,  tourné  à  gauche,  est  un  homme  dans  la  vigueur  de 
l'âge,  un  peu  maigre,  et  brun  de  peau.  L'expression  vive  et  spirituelle  de 
sa  physionomie  accuse  un  homme  aux  pensées  profondes.  L'inscription 
peinte  en  longueur  dans  le  fond^  comme  celle  de  l'autre  portrait,  est 
brisée  à  l'angle  et  ainsi  conçue  ;  D.  BALTASAR.  MONACO.  S.  TYO 
SVCCVRRE. 

Ces  deux  portraits  sont  d'une  vérité  extrême  et  d'un  caractère  saisissant  ; 
le  dessin  en  est  sévère,  le  modelé  d'une  grande  (inesse,  et  Texécution  à 
hachures  de  la  plus  grande  intelligence.  Déjà  l'on  reconnaît  dans  ces  por- 
trait&le  maître  de  la  Dispute  du  saint  Sacrement,  car  ils  ont  une  analogie 
frappante  avec  la  manière  de  faire  de  cette  fresque  célèbre. 

Ces  deux  portraits  passèrent  du  monastère  Vallombrosa  dans  la  collec- 
tion de  l'Académie  de  Florence,  où,  selon  Bottari,  ils  furent  attribués  au 
Pérugin.  Mais  le  dessin  et  le  modelé  y  trahissent  un  sentiment  de  la  na- 


5i  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

ture,  que  D'eut  jamais  le  Pérugin,  et  les  oreilles  surtout,  entre  autres 
détails,  sont  d'une  beauté  de  formes,  qu'il  ne  sut  jamais  rendre.  C'est 
pourquoi  nous  nous  rangeons  complètement  à  l'opinion  de  MM«Wicaret 
Yon  Rumohr,  qui  furent  les  premiers  à  reconnaître  la  main  de  Raphaël 
dans  ces  peintures. 

44.  Portrait  dune  jeune  femnte. 

Sur  bois.  Au  palais  Pitti  (n"  219.)  Deini-figure  assise. 

C'est  une  femme  encore  jeune,  d'un  certain  embonpoint,  vue  de  trois 
quarts  et  tournée  vers  la  droite.  Sans  être  belle,  elle  a  cependant  quelque 
chose  d'attrayant  par  l'expression  de  sa  physionomie  et  de  son  regard 
rempli  de  bonté.  Sa  main  gauche  est  posée  sur  sa  taille,  dans  l'attitude 
que  prennent  volontiers  les  femmes  enceintes.  Elle  appuie  son  bras  droit 
sur  une  table  et  tient  une  paire  de  gants  dans  la  main.  Un  réseau  en  iilet 
gris,  tissé  d'or,  entoure  ses  cheveux  longs  et  tombants,  d'un  blond  foncé. 
Son  cou  est  orné  d'une  petite  chaîne  d'or.  Son  corset  de,  couleur  jaune  a 
une  bordure  noire  et  les  manches  qui  y  sont  attachées  sont  d'une  couleur 
brun-rouge.  Le  devantier  est  blanc  et  le  fond  de  couleur  foncée.  Tout, 
dans  ce  charmant  portrait,  est  exécuté  avec  la  plus  grande  délicatesse.  La 
tête  et  les  mains  sont  d*un  modelé  parfait,  la  couleur  des  chairs  est 
fraîche  et  lumineuse,  les  ombres  sont  transparentes;  le  dessin  très- 
correct  est  déjà  beaucoup  plus  libre  que  dans  les  portraits  des  Doni. 

Ce  tableau,  peint  vers  1507,  est  d'une  bonne  conservation,  et  c'est  seu- 
lement depuis  quelques  années  qu'il  a  été  retiré  du  garde-meuble  du 
grand-duc,  pour  être  placé  dans  la  galerie  du  palais  Pitti. 

Gravé  par  G.  Yitta,  ia-8. 

45.  Sainte  Famille  de  la  maison  Canigiani. 

Sur  bois  ;  h.,  4';  L,  3' 3"  6"'. 

La  Vierge  est  assise  dans  un  pré;  de  la  main  droite,* elle  tient  l'enfant 
Jésus  assis  sur  ses  genoux  et  de  la  main  gauche  un  petit  livre.  L'enfant 
divin  reçoit  du  petit  saint  Jean  que  sainte  Elisabeth,  agenouillée  en  face, 
tient  devant  elle,  une  banderole  avec  l'inscription  :  a  Ecce  Agnus  Dei.  » 
Sainte  Elisabeth  lève  ses  regards  vers  saint  Joseph,  qui,  debout  et  s'ap- 
puyant  sur  un  bâton,  donne  à  cette  belle  composition  une  forme  com- 
plètement pyramidale.  Pour  fond,  un  agréable  paysage  où  l'on  voit 
une  ville.  Dans  les  nuages  du  haut,  il  y  avait  autrefois,  de  chaque  côté^ 
trois  demi-figures  de  petits  anges,  qui  tempéraient  ainsi  la  sévérité  du 
groupe  principal. 

L'exécution  de  ce  tableau  se  rapproche  déjà  de  celle  de  la  Mise  au 
tombeau  qui  est  au  palais  Borghèse;  la  tête  de  la  Vierge  est  même  par- 
faitement analogue  de  forme  avec  les  têtes  des  femmes  de  la  Mise  au  tom- 
beau. Le  style  des  draperies^  ainsi  que  le  dessin  des  pieds  et  des  niains. 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  53 

indique  l'époque  de  Teiécution  de  cette  Sainte  Famille,  c'est-à-dire 
Tannée  i306»  et  cette  date  était  autrefois  marquée,  dit-on,  dans  la  bor- 
dure du  vêtement  de  la  Vierge  sur  sa  poitrine. 

Ce  n'est  pas  à  dire  cependant  que  cette  Sainte  Famille  atteigne  la  per- 
fection du  dessin  de  la  Mise  au  tombeau  ;  au  contraire,  les  deux  enfants 
de  la  Sainte  Famille  laissent  à  désirer  sous  le  rapport  du  dessin,  mais  il 
est  possible  aussi  qu'on  doive  attribuer  à  la  restauration  subie  par  le 
tableau  une  partie  de  ces  critiques. 

Nous  savons  par  Yasari  que  Raphaël  peignit  cette  Sainte  Famille  à 
Florence  pour  Domenico  Canigiani ,  et  nous  voyons  par  VInventario  délie 
robe  délia  Tribuna  dal  1589  al  1634,  que  les  princes  de  la  famille  de 
Médicis  le  possédèrent  ensuite.  Voici  comment  ce  tableau  y  est  décrit  :  — 
«  i  589,  fol.  30.  Un  quadro  in  tavole  d'una  nostra  Donna  con  figlio  in  collo, 
S.  Auna,  un  S.  Giov.  e  S.  Giuseppe,  alto  Br.  â  i/S,  larg.  2  1/8,  di  mano  di 
RalP"  da  Lrbino.  » 

Il  est  catalogué  deux  fois  dans  des  inventaires  postérieurs;  dans  celui 
de  1 635  et  dans  celui  de  1638,  en  ces  termes  :  a  1635.  Fol.  48.  N»  477.  Una 
Madonna  a  sedere  con  nostro  Sig.  a  sedere  in  collo  nudo  et  mostra  ragio- 
nare  con  S.  Giovanni  tenuto  in  collo  da  S.  Ëiisabetta  et  un  san  Giuseppe 
ritto  appoggiato  a  un  bastone  con  più  angiolini  in  aria,  di  mano  de  Raf^ 
da  LYbioo.  Alto  Br.  â  1/2  largo  Br.  â  1/8  il  tutto  in  circa.  » 

Le  mariage  d'Anna  Maria»  tille  de  Cosme  III,  avec  Johann  Wilbelm,  élec- 
teur du  Palalinat,  fit  entrer  ce  tableau,  comme  présent  de  fiançailles,  dans 
la  galerie  de  Dusseldorf  et  de  là  à  la  Pinacothèque  de  Munich. 

Il  fut  malheureusement  très-usé  par  le  nettoyage  que  lui  fit  subir  un 
Français,  restaurateur  de  tableaux,  nommé  Colin,  qui  avait  entrepris  ce 
travail  sous  la  direction  de  l'inspecteur  Grégoire,  depuis  valet  de  chambre 
de  l'électeur  Karl  Theodor.  Les  anges  notamment  furent  tellement  gâtés, 
que  plus  tard  le  directeur  de  la  galerie,  Krahe,  se  crut  obligé  de  les  faire 
disparaitre  entièrement,  en  les  couvrant  du  ton  du  ciel. 

Gbatures  :  par  Ginlio  Bonasone,  avec  cinq  aoges  dans  les  nuages  (Bartsch, 
t.  lY,  p.  128,  n*>  65}  ;  ^j[)ar  René  Boivin,  du  côlé  opposé,  avec  des  changements 
dans  le  paysage  et  six  anges  dans  le  haut  (le  monogramme  du  graveur  se 
trouve  dans  le  bas  à  droite),  petit  in-fol.  ;  —  par  Gius.  Calendi,  avec  les  anges, 
in-fol.  ;  —  par  J.-Th.  Prestel,  au  pointillé,  petit  in-lol.—  De  même,  sans  les  an- 
ges, par  Cessé;  —  par  K.  Russ,  du  côté  opposé,  a/ec  des  changements  dans  le 
paysage  et  cinq  anges;  aquatinta,  in-fol.;  ^-  par  Garl  Hess,  1804.  sans  les 
anges,  petit  in-fol.;  —  par  Samuel  Amsier,  1836,  sans  les  anges,  grand  in-fol.  — 
Une  gravure,  laquelle  toutefois  nous  est  inconnue,  a  été  décrite  dans  le  Catalogue 
de  Tauriscus  Euboeus  (comte  Lepel),  avec  cinq  anges  à  gauche  C?),  et  portant  cette 
inscription  :  Sacra  Ckritii  Familial  in  Roma,  preuo  Àgapilo  FranzetU  a  Tonaguigna» 
—  Trés-faible,  par  un  anonyme,  dans  VAlmanach  du  Bat-Rhin  (allemand),  de  1802, 
in-12.  —  Les  tètes  lithographjées  séparément,  par  F.  Piloti;  cinq  feuilles  in-foi. 


ta  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

Dessins  pour  ce  tableau. 

a).  Une  composition  dessinée  à  la  plume  pour  les  deui  femmes  et  les 
enfants  se  trouve  dans  la  collection  Albertine  à  Vienne. 

Gravé  :  par  Bartsch.  —  Lith.par  Fendi. 

6).  Une  autre  composition  à  la  plume^  pour  tout  le  groupe,  se  trouve 
dans  la  collection  Reiset  à  Paris.  —  Le  saint  Joseph  tourné  à  droite,  dans 
ce  dessin,  est  un  peu  trop  grand  en  comparaison  des  autres  figures. 

Un  troisième  dessin ,  sur  papier  bleu,  de  la  collection  Gelosi,  actuelle- 
ment à  Oxford,  n'est  pas  authentique.  II  en  est  de  même  d'un  quatrième 
dessin,  qui  se  trouvait  dans  la  maison  Cavaceppi  à  Pérouse.  Ce  dernier 
dessin  est  très-soigneusement  terminé  à  Taquarelle  et  rehaussé  de  blaiic.  Il 
est  cité  dans  VAntologta  pittorica  (p.  69^  et  dans  le  Guida  al  forestière  per  la 
ciHà  di  Perugia^  1784  (p.  258).  Pungileoni  dit  que  ce  dessin  est  un  calque; 
que  l'auditeur  Filippo  Cavaceppi  le  donna  plus  tard  à  l'archevêque  Beridli 
à  Urbin,  et  que  celui-ci  le  donna,  en  1818,  à  la  princesse  Charlotte  de  Galles. 

Anciennes  copies. 

Il  existe  plusieurs  anciennes  copies  de  ce  tableau.  La  plus  remarquable 
est  celle  du  marchese  Carlo  Rinuccini  à  Florence.  Ce  fut  par  l'entremise 
du  peintre  Ignatius  Hugford,  que  le  marquis  Rinuccini  acquit  cette  copte 
en  1767,  de  la  famille  Ântinori  de  San  Gaetano,  pour  la  somme  de 
16,000  scudi,  dit-on.  C.-F.  von  Rumohr  dit  que  le  tableau  du  marquis 
Rinuccini  est  une  copie  dans  la  manière  néerlandaise  et  que  cette  copie 
est  bien  au-dessous  de  l'original  conservé  à  Munich.  De  plus,  selon  M.  von 
Rumohr,  ce  tableau  aurait  beaucoup  souffert  et  serait  tout  barbouillé  de 
retouches.  H  ne  croit  pas,  bien  entendu,  à  l'authenticité  de  l'inscription  : 
A.  D.  DXVl.  DIE  XXVII.  MEN.  MAR.,  qui  s'y  trouve,  et  qui  a  été  certai- 
nement  ajoutée  par  un  faussaire  dans  un  but  de  tromperie. 

Une  autre  ancienne  copie  se  trouve  encore  dans  la  sacristie  de  l'église 
San  Frediano  à  Florence. 

Une  troisième  copie,  peinte  par  Sassoferrato,  était  dans  la  galerie 
Lucien  Bonaparte.  (Voy.  Choix  de  gravures  à  Veau-forte  d'après  les 
peintures,  eto.  de  la  galerie  de  Lucien  Bonaparte^  n°  23). 

Nous  avons  rencontré  chez  le  sculpteur  Bystroem,  à  Stockholm,  une  qua- 
trième copie,  avec  des  changements  dans  le  paysage. 

Une  petite  copie  ancienne,  à  l'aquarelle  sur  papier,  que  nous  avons  vue 
au  garde-meuble  du  grand-duc  à  Florence,  fut  probablement  faite  ^ 
moment  où  Toriginal  allait  être  envoyé  en  cadeau  de  noces  à  l'électeur 
Jean  Guillaume. 

Enlin  nous  citerons  encore  un  semblable  dessin,  colorié  à  Teau,  qui 
était,  dit-on,  autrefois  dans  la  collection  de  l'empereur  Rodolphe  II  à 
Prague  et  qui  s'est  trouvé  dans  la  suècession  du  comte  Franz  von  Sternberg 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  S5 

llanderscheid.  H.  il";  1.  8''  7'".  Voy.  le  Stuttgarter  hunsihlaU,  du  22 
mars  183â. 

46.  Sainte  Famille  avec  F  enfant  Jésus  assis  sur  un  agneau. 

Sur  bois  ;  h.  14'*  ;  1.  9"^  mesure  etpagnole  ;  iu  rauséo  de  Madrid. 

La  Vierge^  à  demi  agenouillée^  tient  devant  elle  Tenfant  Jésus  assis  sur 
on  agneau;  à  gauche,  saint  Joseph,  appuyé  sur  son  bâton,  contemple  cette 
gracieuse  scène.  Dans  le  beau  paysage  du  fond  est  représentée,  en  très- 
petites  fîguf  es,  la  fuite  en  Egypte.  Sur  la  bordure  du  vêtement  de  la  Vierge, , 
près  de  la  poitrine,  on  lit  celte  inscription  en  petites  lettres  d'or  :  RAPHL. 
VRBINAS.  MDV..  Un  des  points  qui  suivent  le  millésime  MDV  était  cer- 
tainement un  chiiïre,  aujourd'hui  efTacé,  ce  qui  fait  qu'on  peut  y  voir  la 
date  i506,  ou  iS07.  L'exécution  se  rapporte  aussi  à  ces  deux  dates, 
et  notamment  le  paysage  est  tout  à  fait  semblable  à  celui  de  la  Mise  au 
tombeau  de  iîi07. 

Du  reste,  ce  précieux  tableau  est  aussi  remarquable  par  la  finesse  du 
dessin  que  par  la  suavité  du  coloris.  L'enfant  Jésus  rappelle  les  plus  belles 
créations  de  Léonard  de  Vinci. 

Autrefois,  ce  tableau  était  comme  enfoui  dans  l'oratoire  de  TEscurial; 
on  le  regardait  comme  une  peinture  sans  valeur;  mais,  un  jour,  l'infant 
don  Sébastien,  grand  ami  des  arts,  en  le  voyant  pour  la  première  fois,  fut 
frappé  de  sa  beauté  et  voulut  l'examiner  de  près;  ce  ne  fut  pas  sans  élon> 
nement  qu'il  découvrit  l'inscription  portant  le  nom  de  Raphaël.  C'est  de- 
puis lors  qu'on  plaça  ce  tableau  au  musée  de  Madrid  K 

Une  légère  esquisse,  a  la  plume,  de  cette  Sainte  Famille  se  trouvait  dans 
la  collection  Crozat;  elle  passa  ensuite  dans  celle  de  Mariette.  On  ne  sait 
pas  ce  qu'elle  est  devenue. 

Copies  anciennes  d'après  le  tableau. 

a).  Une  belle  copie  fut  achetée  de  la  maison  Gerini  à  Florence  par  le 
chanteur  Niccolô  Tacchlnardi.  H.  i  palm.  6",  1.  1  p.  2*'. 

Gravé  :  par  Carlo  Gregorii,  n°  8,  petit  fol.,  pour  \&RaccoUa  di  80  stampê  detla 
gtUleria  Gerini  fFirenze,  1786)  ;  —  par  A.  Morghen  sculp.  et  ex.  R.  Morghen  dir., 
pet.in-fol.; — par  ADg.Emilio  tapi,  pet.  in-fol.;  —  par  J.Lenfantsculp.etex.^in-^. 

h).  Chez  le  comte  Castelbarco  à  Milan.  Cette  copie,  d'un  fini  précieux, 
a  été  achetée  d'une  famille  romaine  en  1840,  pour  12,000  scudi. 
c).  Dans  la  galerie  du  marchese  Malaspina  da  Saunazaro,  à  Pavie. 

Gbayé  par  Giovita  Caravaglia/Milano,  1817,  grand  ia-fol. 

d).  Dans  le  palais  Corsini,  à  Rome. 
e).  Chez  M.  Migneron,  à  Paris. 

i.  M*  79S  do  catalogue  (1850)  :  i  .t.  Feint  en  1507.  Les  figures  sont  très-tenninéei.  • 
{NoU  de  Védîteur,) 


r»6  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

/).  Dans  la  galerie  de  Cassel  K  Dans  cette  copie  se  trouve  ajouté  un  petit 
saint  Jean  couché  près  d'un  lapin.  H.  1i";  i.  8".  Un  tableau  offrant  la  oiême 
composition^  tableau  qui  pourrait  bien  être  celui  de  la  galerie  de  Câssel^ 
était  autrefois  chez  le  duc  Albert  de  Bavière. 

Gravé  :  par  Raph.  Sadeler  jeune.  Honach.,  1613 ,  en  contre-partie,  le  petit  SAÎnt 
Jean  à  droite,  petit  in-4;  —  par  un  anonyme,  le  petit  saint  Jean  à  gauche.  Gliez 
Langlois,  à  Paris.  En  contre-partie.  Avec  l'inscription  :  Q^id  iibi  vult Poilar^  etc., 
et  :  /VindfMi  ac  Du.Alberli  Boionun  Ducti,  petit  in-4. 

Il  existe  aussi  une  gravure  seulement  d'après  la  Vierge  avec  l'enfant 
Jésus 9  sans  le  saint  Joseph,  par  RoUa,  nello  studio  di  C,  Dellarocca, 
pet.  in-fol. 

47.  Sainte  Catherine  d^ Alexandrie. 

Sar  bois;  h.  27**;  1.  Si*'.  Presque  de  grandeur  aaturelle. 

La  sainte  est  vue  jusqu'aux  genoux  et  tournée  à  gauche.  Elle  pose  la 
main  droite  sur  sa  poitrine  et  le  bras  gauche  sur  la  roue,  instrument  de 
son  martyre.  Elle  lève  la  tête,  avec  l'expression  du  plus  saint  enthousiasme, 
vers  un  rayon  lumineux  venant  du  ciel,  à  gauche;  la  physionomie  de  la 
sainte,  quoique  très-animée,  respire  la  paix  divine.  Dans  le  fond,  on  voit 
un  fleuve  bordé  d'arbres  et  de  maisons.  L'exécution  du  tableau  est  spiri- 
tuelle, légère,  fine,  et  si  peu  empâtée  qu'on  peut  voir  sous  la  couleur 
les  contours  et  les  hachures  dessinés  à  la  plume  sur  le  panneau  pn'paré 
à  la  craie. 

C'est,  il  est  vrai,  à  cette  exécution  légère  et  spirituelle  que  l'on  peut 
reprocher  la  faiblesse  de  certaines  parties  de  la  peinture  moins  étudiées  et 
moins  terminées  que  ne  le  sont  d'ordinaire  les  ouvrages  de  Raphaël. 

Ce  ravissant  tableau  est,  en  général,  parfaitement  conservé.  On  n'y 
remarque  quelques  retouches  que  dans  les  ombres  du  front  et  à  la 
naissance. des  cheveux. 

M.  Day  de  Londres  fît  l'acquisition  de  ce  tableau,  qu'on  admirait  dans 
la  galerie  Aldobrandini  à  Rome,  et  il  le  revendit  pour  2,000  livres  st.  à 
lord  Northwick.  —  La  National  Gallery  l'acheta  depuis,  de  M.  William 
Beckford  de  Bath. 

Gravures  :  par  A.  Boucher  Desnoyers,  1824,  in-fol.;  — par  Leroux  sculp., 
1845,  in-8. 

Différentes  esquisses  a  la  plume,  entières  ou  partielles,  faites  pour  ce 
tableau,  se  trouvent  également  en  Angleterre.  La  partie  faciale  de  la  tète 
seulement,  dans  la  collection  de  l'université  d-Oxford.  Fac-similé  dans  la 
Lawrence  Gallery,  n.  15. 

Toute  la  figure,  dans  la  collection  du  duc  de  Devonshire  à  Chatsworth. 

1.  n  est  donné  comme  original  daot  le  catalogue  du  musée  de  Cassel,  n*  t9.  {Nçte  d9 
l'éditeur.) 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  57 

I^  carton  original,  de  la  grandeur  du  tableau,  est  consenré  dans  la  ga- 
lerie des  dessins  du  Louvre. 

Le  prince  Trubetzkoy,  à  Saint-Pétersbourg,  possède  une  ancienne  copie 
de  ce  tableau. 

48.  I^  Christ  mis  au  tombeau^  1507. 

Sur  bois  ;  enTÎron  6  pi^s  carréfl. 

Deux  jeunes  gens  portent  dans  un  drap  le  corps  du  Christ  au  tombeau. 

Le  plus  âgé  des  deux,  qui  a  une  courte  barbe,  est  placé  du  côté  gauche, 

et  se  dispose  à  monter  à  reculons  les  degrés  qui  conduisent  à  la  grotte 

sépulcrale.  L'autre,  plus  jeune,  vu  de  profil,  soutient  les  jambes  du  Christ. 

Marie  Madeleine,  qui  s'est  approchée  pour  voir  une  dernière  fois  les  traits 

chéris  du  Dieu  fait  homme,  saisit  sa  mam  gauche.  Joseph  d'Arimathie  est 

derrière  elle,  et  saint  Jean,  rempli  de  douleur,  se  penche  sur  lui.  —  A 

droite,  un  peu  au  fond,  on  voit  la  Vierge  évanouie  dans  les  bras  de  trois 

femmes  ;  une  d'elles,  la  première  en  avant,  est  accroupie  à  terre.  On 

aperçoit  dans  le  paysage  montagneux  le  calvaire,  avec  les  trois  croix,  à 

droite.  Les  figures  sont  un  peu  moins  grandes  que  nature,  et  sur  la  marche 

à  gauche,  on  lit  :  RAPHAËL  VRBINAS.  PINXIT.  MDVil. 

Raphaël  peignit  ce  tableau,  sur  la  commande  d'Atalante  Baglioni,  pour 
réglise  des  Franciscains  à  Pérouse.  Ce  fut  à  Florence  qu'il  en  (it  le  carton, 
ainsi  que  nous  l'apprend  Vasari,  et  il  le  fit  avec  tout  le  soin  possible, 
après  des  études  consciencieuses.  Ensuite,  après  avoir  vu  le  célèbre  car- 
ton des  Baigneurs  de  la  Bataille  des  Pisans,  de  Michel-Ange,  et  s'étant  lié 
d'amitié  avec  fra  Bartolomeo,  il  retourna  à  Pérouse,  où  il  exécuta  le  ta- 
bleau avec  une  telle  supériorité,  que  ce  tableau  sera  un  objet  d'étude  et 
d'admiration  pour  les  artistes  de  tous  les  temps. 

Vasari  dit,  en  parlant  du  Christ  mis  au  tombeau  :  a  En  vérité,  celui  qui 
contemple  le  soin,  l'amour,  l'art  et  la  grâce  de  ce  divin  ouvrage  a  tout  lieu 
de  s'étonner,  tant  à  cause  de  l'expression  des  figures  et  de  la  beauté  des 
draperies,  qu'en  raison  de  l'excellence  de  toutes  les  parties  d'une  œuvre  qui 
excite  l'admiration  au  plus  haut  degré.  » 

Winckelmann,  dans  ses  Notes  sur  ce  qu'il  y  a  de  plus  important  à  voir 
à  Rome,  notes  qu'il  communiqua  à  MM.  Usteri  et  de  Mecheln,  en  1766, 
s'exprime  ainsi  à  l'égard  de  c6  tableau  :  «Galerie  Borghèsb.  Un  des  meil- 
leurs tableaux,  à  Rome,  est  le  Christ  mis  au  tombeau,  par  Raphaël,  et  je 
le  considère  comme  un  de  ses  plus  parfaits  ouvrages.  y> 

On  pourrait  encore  citer  les  jugements  de  beaucoup  d'autres  connais- 
seurs éminents,  mais  nous  nous  contenterons  de  signaler  brièvement  ce 
qui  distingue  cette  peinture  des  précédentes  de  Raphaël.  C'est  par  des 
éludes  sévères  et  plus  approfondies,  c'est  par  la  force  de  l'expression  et 
par  la  beauté  des  formes,  que  Raphaël,  pour  la  première  fois,  dans  ce  ta- 


88  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

bleau  se  montre  supérieur  aux  artistes  ses  contemporains^  et  comme  ne 
devant  plus  être  égalé  par  ses  successeurs. 

Les  contours  cependant  ont  encore  quelque  chose  de  sec  et  de  dur^  parce 
qu'il  n'avait  pas  encore  assez  attentivement  examiné  l'efiet  des  lignes 
fuyantes  et  des  reflets  de  la  lumière.  Parfois^  dans  la  couleur  des  dra- 
peries, il  a  peul-étré  abusé  des  glacis,  et  les  ornements  d'or  des  vêtements 
rappellent  trop  la  manière  du  Pérugin.  Mais  ces  légères  imperfections  .dis- 
paraissent devant  la  force  et  la  vérité  des  mouvements  et  de  l'expression, 
qui  concourent  à  l'ensemble  dramatique  de  la  composition. 

Toutefois,  les  critiques  n'ont  pas  fait  dél'aut  pour  chercher  à  diminuer 
le  mérite  de  Raphaël  dans  cette  œuvre  capitale.  Heinecken  >  et  W.  Young 
Ottley  *  prétendent  que  la  composition  est  prise  d'une  gravure  du  Mante- 
gna.  Nous  avons  nous-même  reconnu  que  Raphaël  avait  pu  s'inspirer  de 
cette  estampe,  mais  nous  avons  démontré  aussi  qu'il  avait  non-seulement 
ennobli  les  figures^  mais  encore  enrichi  la  composition,  et  rendu  les  lignes 
plus  belles.  Comparons  seulement,  à  ce  point  de  vue,  le  magnifique  groupe 
^e  la  Vierge  évanouie,  avec  le  groupe  des  femmes,  dans  la  gravure.  On 
verra,  d'une  manière  décisive,  combien  le  génie  de  Raphaël  a  transformé 
la  création  de  Mantègne  et  combien  il  y  a  répandu  de  goût  et  de  beauté 
dans  les  formes,  de  noblesse  et  de  charme  dans  les  expressions  des  figures. 

D'autres  critiques  veulent  trouver  dans  le  Christ  du  tableau  une  imita- 
tion du  Christ  de  Michel- Ange,  dans  son  groupe  en  marbre  de  la  Pie  ta,  à 
Saint-Pierre  de  Rome.  On  ne  saurait  nier,  en  effet,  qu'il  n'y  ait  quelques 
analogies  dans  les  formes  de  ces  deux  figures,  mais  il  faut  attribuer  cette 
ressemblance  à  une  imitation  commune  des  anciens  types  consacrée  pour 
représenter  le  Sauveur.  Et,  de  plus,  ne  faut-il  pas  remarquer  que  Michel- 
Ange  avait  fait  son  groupe  à  Rome  et  que  Raphaël  ne  pouvait  pas  encore 
l'avoir  vu  ? 

11  nous  reste  à  combattre  une  très-étrange  supposition  de  M.  von  Ru- 
mohr  ',  qui  a  osé  dire  que  la  plus  grande  partie  de  ce  tableau  peut  être 
attribuée  a  Ridolfo  del  Ghirlandajo.  Voici  son  principal  argument  à  l'appui 
de  cette  assertion  :  «Malgré  toute  l'attention  avec  laquelle  j'ai  regardé  ce 
tableau,  dit-il,  et  malgré  toute  mon  admiration  pour  l'ensemble  de  l'ou- 
vrage, il  m'a  pourtant  laissé  froid  :  je  ne  reconnais  pas  Raphaël  dans  le 
coloris  qui  a  je  ne  sais  quoi  de  lisse,  ni  dans  les  contours  qui  accusent 
un  timide  tâtonnement;  cette  façon  de  peindre  rappellerait  plutôt  celle 
de  son  ami  Ridolfo,  qui  y  a  persisté  jusqu'à  l'âge  le  plus  avancé  de 
sa  vie.  » 

On  peut  répondre  aux  objections  de  M.  von  Rumohr  que,  si  dans  ce 

"S 

1.  Naehriehlfn  vùn  ITiinif/fm  und  Kumlêoehen,  Leiptig,  1769,  ?ûI  H,  p.  AOi, 

2.  Sehool  of  design.  London,  p.  48. 

3.  Italienisehe  Fonchun^ên,  t.  m,  p.  69-71. 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  89 

tableaa  le  pinceau  de  Raphaël  n'est  pas  aussi  facile  que  dans  d'autres 
ouvrages  plus  rapideuoent  exécutés^  cette  différence  d'exécution  s'explique 
par  le  soin  extrême  qu'il  mit  à  suivre  scrupuleusement  les  indications 
d'un  carton  très-étudié  et  très-travaillé.  Il  ne  faut  pas^  non  plus,  confon- 
dre ce  carton  avec  une  esquisse  à  la  plume^  couverte  de  carreaux^  qui  est 
dans  la  collection  de  Florence,  esquisse  que  M.  von  Rumohr,  sans  doute 
par  une  infidélité  de  mémoire,  nomme  «  un  timide  et  exact  modèle.  » 
Mais  comment  peut-on  vouloir  reconnaître  dans  ce  tableau  la  manière  de 
faire  de  Ridoifo,  qui  n'est  jamais  arrivé  à  cette  finesse  de  dessin,  à  cette 
exactitude  de  modelé,  à  cette  transparence  de  couleur?  En  un  mot,  com- 
ment peut-on  voir  un  imitateur  dans  un  ouvrage  où  le  maître  sublime  a 
empreint  le  cachet  de  son  génie?  Enfin,  est-il  permis  de  croire  que  Ra- 
phaël, après  avoir  consacré  tant  d'efforts  et  de  soins  à  son  œuvre,  après 
avoir  fait  pour  cette  composition  tant  d'études  qui  subsistent  encore  et 
qui  montrent  assez  qu'il  y  mit  tout  ce  dont  il  était  capable,  afin  d'at- 
teindre à  la  perfection  de  l'art,  à  l'égale  gloire  de  Michel- Ange  ou  de 
Léonard  de  Vinci,  est-il  croyable  qu'il  eût  tout  à  coup  abandonné  la 
partie  principale,  c'est-à-dire  l'exécution,  à  un  artiste  qui  lui  était  si 
inférieur? 

La  singulière  assertion  de  M.  von  Rumohr  nous  semble  suffisamment 
combattue  par  ces  seules  considérations  tirées  du  mérite  même  de  l'œu- 
vre, mais  elle  se  trouve  encore,  d'une  manière  plus  éclatante,  mise  à 
néant  par  cette  circonstance  que  Raphaël  (Vasari  donne  à  cet  égard  les 
renseignements  les  plus  positifs)  exécuta  ce  tableau  en  entier  à  Pérouse; 
de  plus,  il  est  constant  que  Ridolfo,  comme  le  rapporte  aussi  le  même 
écrivain,  ne  voulut  jamais  quitter  Florence,  malgré  toutes  les  invitations 
de  Raphaël. 

Puis,  si  nous  recherchons  l'origine  de  la  bizarre  opinion  du  spirituel 
écrivain,  nous  la  trouvons  dans  sa  prédilection  pour  l'habileté  de  la  main- 
d'œuvre  et  le  brillant  de  la  touche.  C'est  par  cette  raison  qu'il  n'a  pas 
hésité  à  reconnaître  la  main  de  Raphaël  dans  les  figures  allégoriques  du 
gradin  de  ce  même  tableau,  qui  fut  rapidement  fait,  et,  il  en  faut  convenir, 
de  main  de  maître,  bien  que  d'ordinaire  ces  parties  secondaires  de  la 
décoration  d'un  autel  fussent  abandonnées  à  des  élèves.  Mais  ici  Raphaël 
a  tout  dessiné,  tout  achevé  lui-même. 

Ce  tableau  d'autel  resta  pendant  un  siècle  à  la  place  dont  il  faisait 
l'ornement,  mais,  en  1607,  les  moines  le  vendirent  au  pape  Paul  V,  et 
c'est  ce  pape  qui  le  fit  transporter  à  Rome,  au  palais  Borghèse. 

Il  fut  remplacé  sur  l'autel  de  l'église  des  Franciscains  par  une  excel- 
lente copie  du  cavalière  d'Arpino.  Les  habitants  de  Pérouse  néanmoins 
furent  très-irrités  à  Tégard  des  moines,  qui  avaient  outre-passé  leur  droit 
en  vendant  un  tableau  donné  à  leur  église,  et  ils  firent  à  ce  sujet  des  re- 
présentations au  pape,  mais  qui  restèrent  sans  résultat. 


V 


60  PEINTURES  DE  RAPflAEL 

Quoique  ce  tableau  ait  souffert  en  quelques  endroits,  il  est  cependunt 

en  bon  état  et  il  conserve  même  une  admirable  limpidité  de  ton. 

« 

Esquisses  pour  le  tableau. 

\^  Esquisse,  à  la  plume^  du  groupe  des  femmes. 

Le  feu  roi  de  Hollande  avait  acquis  ce  dessin,  de  la  succession  de 
Lawrence;  à  la  vente  delà  galerie  du  roi^  il  fut  acheté  par  M.  Leerobrugge 
à  Amsterdam. 

Gravé  par  Bonasone  ou  par  un  autre  élève  de  Marc -Antoine.  Bartsch  XY, 
p.  123,  n*  50. 

^  Le  même  groupe  de  femmes,  en  squelettes.  Mêmes  collections. 

3**  Le  Christ  mort,  avec  un  homme  qui  le  tient  par-dessous  les  jambes. 
Légère  esquisse  à  la  plume.  Dans  la  succession  du  sculpteur  Banks. 

4*>  Esquisse  à  la  plume  de  tout  le  tableau,  mais  différant  en  quelques 
parties.  Dans  la  collection  de  Florence.  —  Gravée  par  S.  Mulinari,  1766. 

^  Le  groupe  des  femmes,  mi-figures.  Première  esquisse,  avec  des  va- 
riantes, pour  le  groupe  du  tableau.  Dessin  à  la  plume,  de  la  collection  du 
grand-duc  de  Weimar. 

6°  Une  étude  pour  le  tableau,  avec  une  esquisse  pour  la  Jardinière^ 
dessinée  sur  le  revers  de  la  feuille,  se  trouvait  dans  le  cabinet  Crozat. 

Les  dessins  suivants,  offrant  des  compositions  toutes  différentes  pour  le 
même  tableau,  sont,  évidemment  les  premières  esquisses. 

a).  Composition  un  peu  différente,  de  neuf  ligures.  Madeleine  baise  les 
mains  du  Sauveur.  Esquisse  à  la  plume,  de  la  collection  de  La  Haye, 
achetée  par  M.  Chambers  Hall,  à  Londres. 

6).  Trois  figures  pour  la  même  composition,  à  la  collection  d'Oxford. 

c).  Une  légère  esquisse  de  cinq  figures  pour  la  même  composition  sa 
trouvait  dans  la  collection  de  J.  Barnard.  Publiée  dans  l'ouvrage  de 
C.  Rogers. 

d).  Autre  esquisse,  avec  la  Vierge  à  genoux,  autrefois  dans  le  cabinet 
de  Samuel  Rogers,  à  présent  dans  celui  de  M.  T.  Birchall,  à  Londres.  — 
Gravée  par  Caylus. 

e).  Composition  avec  cinq  figures.  Connue  aussi  sous  le  nom  de  la 
Mort  d'Adonis,  A  la  collection  d'Oxford.  — Gravée  par  Caylus. 

Gravures  d'apré.<(  le  tableau  :  —  par  Peter  Scalberg,  1637,  grand  in-fol.,  en 
contre-partie;  —  par  J.  Collin  scalp.  Romse.  Eau-forte,  in-fol.,  en  largeur;  — 
par  Carolus  Joseph  Ratti  del.,  Joseph  Piroli  inc.  On  trouve  des  épreuves  avec 
ces  mois  :  Carlo  Gitueppe  l'erini  incite.  En  contre-partie.  H.  21";  I.  19"  5'";  — 
parTofanelli  del.,  Joan.  Volpato  sculp.  H.  17"  4"';  l.  14"  11'";  -  par  Samuel 
Arosler,  1832,  avec  le  gradin  représentant  les  trois  Vertus  théologales,  grand  in- 
fol.;  —  gravé  sur  acier,  par  A.  Scbeich,  petit  in-4;  —  par  Masquelier,  sculp.  1848, 
in-4.  —  Les  dix  têtes  du  tableau,  lithographie  de  la  grandeur  de  l'original,  par 
T.  Madiona,  1829-30.  —  Les  contours  des  têtes,  par  Piloty.  Munich. 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  61 

Copies  anciennes  du  tableau, 

1*  Uoe  très-belle  copie  ancienne  a  été  acquise  par  {eu  le  ministre  Guil- 
laume de  Humboldt.  Elle  était  attribuée  à  Giovanni  Francesco  Penni  ; 

^  Une  autre  copie  ancienne  passa  de  la  succession  du  peintre  Antonio 
Comerio,  de  Milan/au  cavalière  Grivelii;  elle  porte  cette  inscription  en 
toUres  d'or  :  I.  F.  PENNI.  MDXVIil.  L'ancien  possesseur  l'avait  achetée 
des  frères  Serego,  qui  afiirmaient  que  ce  tableau  sortait  de  la  maison 
comtale  des  Canossa  de  Vérone  ; 

3*  Dans  l'église  S.  Pietro  Maggiore  à  Pérouse^  une  bonne  copie^  par 
Sassoferrato,  un  peu  plus  petite  que  Toriginal  ; 

4*  11  y  a  dans  la  sacristie  de  l'église  S.  Agostino  à  Pérouse  une  an- 
dénué  copie,  surmontée  d'un  tableau  carré,  représentant  Dieu  le  Père; 

5*>  Au  musée  de  Gaen,  en  Normandie,  on  voit  une  copie  peinte  dans  le 
style  du  dix-septième  siècle.  Elle  a  un  peu  poussé  au  noir. 

Tympan  du  tableau.  • 

Selon  un  usage  dont  on  rencontre  de  fréquents  exemples  dans  les 
peintures  d'autels  de  l'Ombrie  et  de  la  Marche  d'Ancône,  on  ajoutait 
au-dessus  du  tableau  principal  un  petit  tableau  carré,  que  l'on  nom- 
mait timpano  (tympan).  Raphaël  se  conforma  donc  à  cet  usage,  car  il 
peignit  sur  un  petit  panneau  carré  le  Père  Éternel,  à  mi-corps,  ligure 
rapidement,  mais  très-spirituellement  traitée.  Nous  ne  saurions  admettre 
l'opinion  de  Resta,  qui  croit  que  cette  peinture  a  été  exécutée  par 
Gaudenzio  Ferrari,  d'après  une  esquisse  du  maître. 

Aujourd'hui,  le  tableau  carré,  placé  dans  un  cadre  demi-circulaire,  est 
entouré  de  onze  petits  anges,  qui  passent  pour  avoir  été  ajoutés  par 
Stefano  Amadei,  qui  florissait  à  Pérouse  vers  1630.  Cette  peinture  se 
trouve  placée  aujourd'hui  sur  un  tableau  d'autel,  représentant  une  Nati- 
vité, peint  par  Orazio  Alfani,  dans  la  même  église  S.  Francesco. 

Le  gradin  du  tableau, 

H.  i  palm.  6";  1.8  p.  6". 

Le  gradin  est  composé  de  trois  compartiments  offrant  chacun  la  demi- 
figure  d'une  Vertu  théologale  dans  un  médaillon;  à  côté  de  chaque 
médaillon  se  trouve  toujours  placé,  dans  une  niche,  un  ange  en  guise  de 
génie,  se  rapportant  au  sujet  principal.  Ces  figures  sont  peintes  en  gri- 
saille, sur  fond  vert. 

Le  gradin,  enlevé  par  les  Français  en  1798,  alla  figurer  au  musée 
Napoléon.  Après  les  traités  de  1815,  il  revint  en  Italie  et  fut  placé  dans  la 
galerie  du  Vatican. 

A  la  place  que  cette  peinture  occupait  autrefois  sur  Tautel  de  l'église 
des  Franciscains,  à  Pérouse,  on  voit  actuellement  une  copie. 


6â  J'EINtURES  DE  RAPHAËL 

Gravures  du  gradio.— Henry,  Paris,  1806,  au  pointillé. — A.-B.  Desnoyers,  1811, 
trois  pi.  in-fol.,  en  largeur.  —  A  l'eau-forte,  par  Châtaignier,  terminé  par  Niquet, 
Coiny  et  Dambron,  pour  le  Musée  Napoléon.  —  Lilh.  par  Strixner,  Scliôning(*r  et 
Freymann.  — landon,  n*>67.  —  Les  trois  Vertus,  sur  une  seule  feuille,  lith.  par 
Koch,  1852,  in-fol.  en  large. 

lia  Fol.  Cette  ftgure  tient  le  calice  avec  Tbostie,  de  la  main  droite.  A 
chacun  de  ses  côtés  est  posé  un  ange,  vêtu^  tenant  une  tablette. 

tsu  Charité.  Figure  assise,  avec  trois  enfants  sur  les  genoux  et  deux 
autres  qui  se  serrent  contre  elle.  Les  flgures  des  côtés  représentent  des 
enfants  presque  nus^  dont  l'un  tient  une  cassolette  allumée  et  l'autre  ré- 
pand des  pièces  de  monnaie ,  symbole  de  l'ardeur  et  de  l'abondance  de 
la  charité  chrétienne. 

Le  médaillon  de  la  Charité  a  été  gravé  à  part^  par  G.  Morace.  Rome, 
petit  in-fol.  —  Puis  dans  l'ouvrage  de  W.  Young  Ottley  (The  italian 
School  of  design,  London,  1823),  et  au  pointillé  par  J.-C.  Allmer,  petit  in-4. 

La  première  esquisse,  pour  la  figure  seule  de  cette  Charité  avec  trois 
enfants,  se  trouve  dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

li'Eiipéraiice.  Mi-()gure ,  tournée  à  droite,  les  regards  levés  vers  le 
ciel  et  les  mains  jointes.  Les  deux  anges,  qui  sont  à  ses  côtés,  ont  les 
mains  croisées. 

La  figure  allégorique  seule  a  été  gravée  par  Raffaele  Persichini,  dans 
un  médaillon,  12"  de  diamètre. 

49.  Madone  à  t Œillet. 

Petit  tableau.  Figure  jusqu'aux  genoux. 

La  Vierge  présente  un  oeillet  à  l'enfant  Jésus  qu'elle  tient  sur  ses 
genoux,  et  qui  d'un  mouvement  vif  s'empare  de  la  fleur  avec  joie.  Pour 
fond,  une  chambre,  dont  la  fenêtre  ouverte  laisse  apercevoir  un  paysage 
lointain. 

m 

Il  existe  plusieurs  anciennes  copies  de  ce  charmant  tableau,  mais 
jusqu'à  ce  jour  nous  n'avons  pu  en  découvrir  l'original.  D'après  une  com- 
munication qui  nous  a  été  faite  verbalement,  il  serait  dans  la  possession 
du  comte  Francesco  Spada,  à  Lucques.  On  dit  que,  derrière  le  panneau, 
se  trouve  cette  inscription  : 

Per  la  N.  Donna  SS.  riceoulo  80  soudi, 

BAPUAELLO. 

Cette  indication  nous  parait  très-douteuse.  Les  copies  que  nous  con- 
naissons sont  toutes  de  petite  dimension  et  s'accordent  eu  ceci ,  que  le 
caractère  de  la  tête  de  la  Vierge,  aussi  bien  que  le  jet  des  plis^  se  rapporte 
à  la  dernière  manière  florentine  de  Raphaël,  c'est-à-dire  aux  années  1506, 
1507  et  1508.  Nous  mentionnerons  seulement  les  meilleures  que  nous 
ayons  vues. 

a).  Dans  la  collection  du  cavalière  V.  Camuccini,  à  Rome.  La  Vierge  est 
assise  à  gauche  et  tournée  vers  la  droite.  L'exécution  de  cette  copie  est 


DE  SON  ÉPOQUE  FLOHENTINE.  65 

délicate^  mais  la  couleur  froide.  Cesi  certainement  un  ouvrage  de  l'école 
du  Qiaître.  Des  retouches  à  l'huile,  faites  dans  cette  peinture^  lui  ont 
donné  un  aspect  très-désagréable,  en  y  laissant  des  taches. 

Ce  tableau  a  été  gravé  par  Gio.  Farrugia  Maltee,  1829,  in-fol. 

b).  Dans  la  galerie  du  baron  de  Speck-Sternburg,  à  Lutzschena,  près 
Leipzig  Cette  copie  s'accorde  parfaitement  avec  la  première,  autant  par 
la  couleur  que  par  la  dimension.  Elle  provient  de  la  collection  Setta,  à 
Pise,  et  de  la  collection  Fries^  à  Vienne. 

c\  Dans  là  galerie  du  comte  Paolo  Tosi,  à  Brescia.  Cet  ouvrage  est 
délicatement  achevé,  mais  froid  de  ton.  Même  grandeur. 

cQ.  Dans  la  galerie  Torlonia,  à  Rome. , 

e).  Au  palais  Albani,  h  Rome. 

/).  Dans  la  maison  Bourbon  Serbello,  à  Pérouse. 

si).  Dans  la  sacristie  du  Tesoro  di  Santa  Casa  di  Loreto.  Celte  copie  est 
tr^-dure  de  contours. 

h).  Dans  la  maison  Giovannini,  à  Urbin. 

f].  Dans  la  collection  du  professeur  Froehlich ,  à  Wurzbourg.  C'est  un 
tableau  délicatement  traité  et  d'une  bonne  harmonie. 

k).  Nous  avons  vu^  en  1844,  dans  la  collection  Duval,  à  Genève,  une 
bonne  copie,  plus  chaude  de  ton  que  les  autres,  mais  qui  n'est  pas  très- 
finie  de  dessin. 

i).  Dans  la  collection  du  sculpteur  Bystroem,  à  Stockholm. 

m).  Une  autre  copie,  avec  des  ligures  de  grandeur  presque  naturelle,  se 
trouve  dans  la  possession  de  M.  Haeglin,  à  Bâle.  C'est  une  belle  imitation 
par  Sassoferrato,  sur  toile. 

GiuYuiuEs  :  —  Job.  Boulanger  (ou  N.  Houlanger,  car  c'est  ainsi  qu'il  a,  ce  nous 
semble,  toujours  signé).  Cette  gravure ,  où  la  Vierge  est  tournée  à  gauche,  a  été 
probablement  exécutée  d'après  le  tableau  qui  était  autrefois  àLucerne.  Elle  porte 
cette  inscription  :  Flores  mei  fructut;  H.  16"  6'*';  1.'  11"  3'".  —  Copie  de  celle-ci; 
par  J.  Wolff  d' Augsbourg.  —  E.  Heinzelmann  exe.  Aug.  Vind.  La  Vierge  est  tour- 
née à  droite;  on  a  représenté,  dans  le  fond,  une  église  abbatiale  allemande,  avec 
l'inscription  que  nous  avons  rapportée  ci-dessus.  —  De  Poilly.  La  Vierge  tour- 
née à  droite,  avec  la  même  inscription,  grand  in-fol.  —  J.  Couvay,  pour  Ma- 
riette,, dans  un  médaillon,  grand-in'4.  —  Alvise  Povelato,  Venise,  1780,  pelil 
in-fol.  —  En  couleurs,  par  Ride,  d'après  un  tableau  chez  M.  Duflos  de  Maison- 
celle.  —  Duthé  sculp.,  in-fol.  —  Lehman  et  Chevron  sculp.,  1852,  in-fol.  —  Le 
buste  de  la  Vierge  seulement,  tourné  à  gauche;  gravé  à  l'aquatinte  p^r  un  ano- 
nyme, in-8. 

n).  11  existe  encore  une  composition  analogue,  où  la  Vierge,  tournée  à 
droite,  tient  quelques  fleurs  dans  la  main  gauche.  Mais  Tenfant  Jésus, 
qui  est  également  assis  sur  les  genoux  de  sa  mère,  a  les  jambes  croisl&es 
et,  au  lieu  de  vouloir  prendre  l'œillet,  comme  dans  les  tableaux  men- 
tionnés ci-dessus,  il  présente  une  rose  à  sa  mère.  Pour  fond,  une  chambre, 
sans  la  vue  du  paysage. 

Gravé  :  par  Joh.  Morin,  in-fol.  — >  Landon,  n"  426. 


64  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

o).  Un  petit  tableau  de  la  galerie  Pembroke,  à  Wilton-Huuse,  nous  oifre 
la  même  composition  que  la  Madone  à  la  Rose,  avec  cette  variante  que 
la  Vierge  tient  un  œillet  au  lieu  de  quelques  fleurs.  La  bordure  du  vê- 
tement de  la  Vierge^  sur  la  poitrine^  a  cette  inscription  :  RAPHÂELL.O 
VRBINAS.  MDVIIL 

Ce  tableau,  qui  est  tout  repeint^  ne  trahit  aucunement  la  main  de 
Raphaël.  Le  peintre  s'est  seulement  servi  du  motif  de  la  Vierge  à  l'ÛEiliei. 

SO.  La  Vierge  avec  V enfant  Jésus  endormi. 

Figures  entières,  aux  deux  tiers  de  grandeur  naturelle. 

La  Vierge,  accroupie»  tournée  à  gauche,  soulève  un  voile  qui  couvre 
Jésus  endormi,  et  contemple  l'enfant  avec  amour.  Le  petit  saint  Jean, 
agenouillé  auprès  d'elle,  regarde  le  spectateur  avec  une  joie  enfantine  et 
lui  montre  du  geste  son  divin  compagnon.  Pour  fond,  un  passage  avec 
un  monastère  à  droite,  une  ville  à  gauche,  et  quelques  figurines  dans  la 
campagne*. 

Voilà  le  motif  de  toute  une  série  de  tableaux,  tous  faits  d'après  uu 
même  original  de  Raphaël^  sans  que  l'on  puisse  dire  où  cet  original  se 
trouve  aujourd'hui. 

Le  carton  du  maître,  toutefois,  est  conservé  à  l'Académie  de  Florence. 

Ce  carton  même  prouve  que  les  copies  dont  nous  parlons  ne  sont  pas 
faites  d'après  lui,  car  toutes  ont  pour  fond  un  paysage  exactement  pareil^ 
dans  le  goût  de  Raphaël,  tandis  que  le  carton  n'en  a  pas. 

Le  caractère  des  têtes  et  des  draperies,  dans  ces  différentes  copies, 
inflique  la  dernière  époque  florentine  de  Raphaël. 

Les  copies  qui  nous  sont  connues  et  que  nous  allons  décrire  sont, 
ainsi  que  dans  le  carton,  toutes  aux  deux  tiers  de  grandeur  naturelle. 

a).  Dans  la  galerie  du  prince  Eszterhazy,  tableau  rond.  C'est  uu  bon 
tableau  de  l'école  de  Raphaël,  mais  qui  a  fortement  poussé  au  noir. 

Gravé  par  M.  R.  Frey,  iQ-4. 

6).  Dans  la  collection  de  l'ex-ambassadeur  de  Russie,  à  Vienne,  le 
comte  Bailli  de  Tatitscheff.  Copie  excellente,  de  l'école  de  Raphaël.  Elle  a 
un  peu  souffert  et  elle  est  entièrement  recouverte  d'une  couche  brune. 
Chaque  côté  du  tableau  a  été  un  peu  rogné,  ce  qui  fait  qu'il  n'est  pas 
tout  à  fait  carré.  11  est  venu  d'Espagne,  dit-on. 

c).  Chez  M.  Brocca,  à  Milan.  C'est  une  bonne  copie,  que  M.  von  Rumohr 
(Drei  Reisen  nach  llalien)  croit  exécutée  par  un  [»eintre  lombard.  En 
effet,  ce  tableau,  gras  de  pâte,  un  peu  doucereux  d'expression,  présente 
un  dessin  peu  arrêté  et  un  ton  presque  rouge  brun  dans  les  ombres,  ce 

I .  Raphaël  peignit  plus  tard  un  petit  tableau  d*une  semblable  composition^  dans  lequel  le 
petit  saint  Jean  est  en  prière,  les  mains  jointes.  Ce  tableau,  oonnu  sous  le  nom  de  la  Vierge  au 
Diadème,  est  au  musée  du  LouTre.  Voir  1. 1*',  p.  100. 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  65 

qui  caractérise  surtout  les  imitateurs  du  Corrége.  Ce  tableau,  qui  était 
rond  autrefois^  forme  maioteuaDt  un  carré  de  l*  6".  —  Le  propriétaire 
actuel  l'acquit^  à  Barcelonne^  en  1822. 

GiATÊ  :  dans  an  rond ,  sans  les  auréoles  des  tètes ,  par  Ânt.  Banzo,  avec  cette 
légende  :  Ego  dormio  itd  eor  meum  vigilet,  in-4;  —  par  P.  Bettelini,  dans  un 
rond,  grand  in-4.  —  Une  autre  gravure,  commencée  par  Gius.  Longhi,  a  été  ter- 
mîDée  par  Toschi  en  carré,  grand  in-4.—  Dans  la  traduction  italienne  de  l'ouvrage 
de  Quatremère  de  Quincy,  par  Longhena,  p.  623. 

d.)  Une  copie^  qui  était  autrefois  dans  la  galerie  Lucien  Bonaparte,  sous 
Je  n"*  133,  se  trouvait  depuis  1847  dans.la  galène  du  feu  roi  de  Hollande, 
et  ne  fut  point  vendue  en  1850.  Sur  bois,  dans  un  rond  de  trois  pieds  de 
diamètre. 

Gbaté  :  par  Gio.  Folo,  avec  cette  légende  :  il  ionno  ai  Geêù,  in-4;  —  par  Achille 
Martinet,  1853,  sous  ce  titre  :  Le  Sommeil  de  Jétui,  grand  in-fol. 

e,)  A  la  galerie  de  lord  Grosvenor,  à  Londres.  C'est  une  belle  copie, 
très-frafche  de  ton. 

/.)  Dans  la  galerie  du  duc  de  Marlborough,  à  Blenheim.  Les  couleurs  de 
cette  copie  ont  fortement  poussé  au  noir. 

g.)A  la  galerie  de  Munich.  Dans  un  rond  de  4*  3"  de  diamètre.  Faible 
tableau.  N<»  14  du  catalogue  de  1825. 

Lithographie  par  Nep.  Strixner,  1819,  grand  in-4. 

h.)  Dans  le  cabinet  du  peintre  sur  porcelaine,  Constantin,  de  Genève,  à 
Sèvres,  près  Paris.  Tableau  ébauché,  de  forme  carrée.  Les  draperies  en 
sont  plus  terminées  que  les  chairs.  11  vient  de  Florence,  et  le  possesseqr 
croit  avoir  découvert  l'originàL  Nous  ne  l'avons  point  vu.  Le  baron  Des- 
noyers a  fait  un  dessin  d'après  cette  copie. 

t.)  Dans  KAcademia  de  Nobles  Artes,  à  Séville.  C'est  une  bonne  copie, 
claire,  de  son  tableau  rond.  Figures  de  même  grandeur  que  le  carton. 

Gravé  :  par  E.  Wagner,  in-fol.,  d'après  un  tableau  qu'on  dit  être  à  Anvers.  —  La 
tête  de  Uenfant  Jésus  a  été  lithographiée  par  Gigoux,  à  Paris,  avec  cet  intitulé  : 
Étude  deehirubiny  d'aprie  un  desiin  inédit  de  Raphaël.  Mi-grandeur  naturelle.  In-fol. 

SI.  Madone  de  lord  Coioper^  1508. 

ProTenaDt  de  la  maison  Niccolîni,  à  Florence.  Figure  jusqu'aux  genoux  et  de  grandeur 

naturelle. 

La  Vierge  est  assise,  tournée  à  gauche,  presque  vue  de  profil,  tenant 
de  la  main  droite  l'enfant  Jésus  assis  sur  un  coussin  blanc  qu'elle  a  sur 
les  genoux.  Elle  le  contemple  avec  ce  charme  candide  particulier  à 
Raphaël,  et  pose  sa  main  gauche  sur  sa  poitrine.  L'enfant,  dont  le  corps 
est  tourné  du  côté  de  sa  mère,  saisit  le  bord  de  la  robe  de  celle-ci  auprès 
du  cou  et  regarde  le  spectateur  en  souriant.  L'expression  de  la  figure  de 
fenfant  Jésus  ne  manque  pas  d'afféterie  et  rappelle  d'autres  compositions 
analogues  de  la  même  époque,  que  nous  avons  déjà  citées.  Pour  fond,  un 

n.  5 


66  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

del  bleu.  Au  bord  du  bêtement  de  la  Vierge^  sur  Tépaule^  on  Jit  cette 
signature  en  lettres  d'or  :  MDVIII.  R.  V. 

Ce  tableau^  traité  avec  le  génie  du  maître^  est  surtout  d'un  modelé 
parfait;  sa  conservation  ne  laisse  rien  à  désirer^  à  Texception  de  la  main 
gauche  qui  a  été  un  peu  trop  nettoyée. 

Le  comte  Gowper,  ambassadeur  d'Angleterre  à  la  cour  de  Toscaae^ 
l'acheta  de  la  maison  Niccolini,  à  Florence  ^  et  le  plaça  dans  la  galerie  de 
sa  résidence  de  Panshanger^  près  Hertford  *. 

ORAvnBBs  :  Ant.  Perfelti,  1831,  avec  une  dédicace  à  la  sigoora  Cateiina  Naldini 
Canigiani ,  petit  in-foi.  »  Dans  notre  Voyag9  en  Angleterre  et  en  Belgiqm  (en  alle- 
mand), par  Nie.  Hoff.,  in-8.  —  Georg.  T.  Doo,  scalp.,  1835,  avec  cet  intitulé  : 
«  Mettiah  »,  petit  in  fol. —  J.  Bein  scalp.,  1835,  in-fol.  —  Ladwig  Gruner  en  a  fait 
un  beau  dessin  qu'il  se  propose  de  graver. 

Une  copie  de  ce  tableau  se  trouve  dans  la  possession  de  l'honorable 
M.  Little,  fils  de  lord  Ramsworth. 

Une  autre  copie  fut  peinte  par  M""  Cosway,  à  l'époque  où  le  lord  acquit 
l'original  à  Florence*  Nous  l'avons  vue  chez  elle^  à  Lodi^  en  1835. 

S2.  Madone  de  la  Maison  Colonna. 

Sur  bois  ;  h.  29"  6'"  ;  I.  21"  6"*.  Figure  jusqu'aux  genoux. 

La  Vierge^  les  regards  fixés  sur  l'enfant  Jésus^  le  soutient  avec  la  main 
droite.  Gelui-Ksi^  pour  s'élever  vers  elle^  s'appuie  de  la  main  gauche  sur  le 
bras  droit  de  sa  mère  et  lui  saisit  de  l'autre  main  le  bord  de  sa  robe^  sur 
la  poitrine.  La  Vierge  tient  un  petit  livre  de  la  main  gauche.  Un  coin 
de  paysage  dans  le  fond. 

C'est  un  tableau  inachevé;  les  cheveux  et  le  voile  sont  à  peine  indi- 
qués en  couleur.  Les  ombres  manquent  aux  étoffes  blanches  et  les  glacis 
aux  chairs;  quelques  parties  du  panneau  dans  le  fond,  près  de  la  main  de  la 
Vierge>  ne  sont  pas  même  couvertes.  Les  ombres  de  la  robe  rouge  auraient 
besoin  d'être  reprises  et  renforcées.  On  peut  donc  supposer  que  les  orne- 
ments d'or  des  vêtements^  qui  sont  ordinairement  les  derniers  travaux  que 
le  peintre  fait  dans  un  tableau  ^  ont  été  ajoutés  depuis  par  une  «utre 
main^  aGn  de  donner  l'apparence  d'une  peinture  terminée  à  un  ouvrage 
à  peine  ébauché..  Néanmoins  cette  ébauche  produit  un  effet  magique;  elle 
nous  montre  comment  le  grand  maître  imprimait  tout  d'abord  la  vie  et 
l'esprit  à  son  œuvre  ;  on  voit  qu'aux  premières  touches  de  son  pinceau 
sa  conception  apparaissait  avec  tout  son  éclat. 

Si  nous  avons  dû  blâmer  l'espèce  d'afféterie  qui  caractérise  l'expression 
de  la  tète  de  l'enfant  Jésuét  dans  le  tableau  de  lord  Gowper^  nous  sommes 

1 .  Il  est  déjà  mentioimé,  dus  les  l^llexMê  di  Ftrcnsa,  par  Cinelli  (Florence,  1 677 ,  p.  409), 
comme  se  trouvant  dans  la  maison  Niocc^iu. 

2.  Voir  t*  I,  p:  9a,  \ 

\ 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  67 

forcés  de  critiquer^  pour  le  même  motif,  la  tête  de  Ja  Vierge  dans  ce 
tableau. 

Déjà^  dans  notre  Histoire  de  Raphaël,  nous  avons  eu  l'occasion  de 
releyer  Terreur  de  M.  de  Rumohr,  qui  regarde  la  Madone  de  la  maison 
ColoDoa  conmie  étant 'le  tableau  dans  lequel  Ridolfo  Ghirlandajo  acheva 
le  manteau  de  la  Vierge,  après  que  Raphaël  fut  parti  de  Florence.  Ici 
Doos  combattrons  incidemment  une  autre  opinion  erronée  de  M.  de 
Ramohr,  qui  dit,  dans  la  préface  du  tome  III  de  son  ouvrage ^  que  Vasari 
dësâgne  seulement  sous  le  nom  de  Madone  tout  tableau  représentant  la 
Vierge  et  Tenfant  Jésus  «  sans  aucune  autre  figure.  »  Le  savant  écrivain 
semble  avoir  oublié  beaucoup  de  tableaux  auxquels  Vasari  donne  le  nom 
de  Madones  et  qui  ont  quelquefois  plusieurs  figures^  outre  la  Vierge  et 
l'enfant  Jésus.  L'auteur  des  Vies  des  peintres  n'appelle-t-ii  pas,  par 
exemple,  Madonna  deUa  Gatta,  une  Sainte  Famille  de  quatre  figures^  exé- 
cutée par  Jules  Romain,  d'après  une  composition  de  Raphaël  ? 

Mais  retenons  à  la  Madone  de  la  Maison  Colonna.  Il  faut  noter  encore 
qu'elle  passa,  par  héritage ,  de  la  famille  Salviati,  de  Florence,  dans  la 
famille  Colonna,  de  Rome.  En  dernier  lieu,  elle  était  en  la  possession  de 
Maria  Colonna,  épouse  du  duc  Giulio  Lante  délia  Rovere.  Le  chevalier 
ly  Bunsen,  étant  ministre  résidant  de  Prusse  à  Rome,  Tacheta  de  cette 
famille  Colonna,  pour  le  musée  de  Berlin  K 

Gravurbs  :  C.-L.  Masquelier,  1820,  du  côté  opposé,  petit  in-fol.  —  LuigiBa- 
rocci,  1827,  in-fol.  ~  Caspar,  petit  in-fol.,  pour  la  Société  des  Amis  des  Arts  de 
Berlin.  —  Réveil,  pour  le  Mutto  di  PiUwa  •  di  Seultura.  —  P.  Ligbfoot  sculp., 
1849,  foL  —  Edouard  Handel  del.  ei  tculp.,  1855,  in-fol. 

Il  existe  plusieurs  anciennes  copies  de  ce  tableau.  Une  belle  copie  du 
temps  se  trouve  dans  la  maison  du  marchese  Guadagni,  à  Florence.  Deux 
autres  furent  apportées  d'Italie  en  Angleterre  :  Tune  par  le  consul  anglais 
R.  Udney,  et  la  seconde  par  M.  Day,  à  Londres.  Cette  dernière,  provenant 
de  la  maison  Aldobrandini,  appartenait,  en  1831,  à  Tavocat  Swainston, 
et  Tautre,  qui  est  meilleure^  à  M.  Emmerson,  marchand  d'objets  d'art,  à 
Londres. 

83.  La  Belle  Jardinière. 

Sur  bois;  h.  3*  7"  6"';  1.  î'  H".  Figures  entières. 

Le  tableau  est  désigné  sous  ce  nom  assez  singulier,  parce  que  la  Vierge 
est  assise  sur  une  pierre  dans  une  prairie  richement  couverte  de  plantes  et 
de  fleurs.  Elle  regarde  avec  une  grâce  inexprimable  Tenfant  Jésus,  qui^ 
debout  devant  elle,  pose  un  bras  sur  les  genoux  de  sa  mère  et  lève  vers 
elle  ses  regards  remplis  d'amour.  Le  petit  saint  Jean,  agenouillé  à  droite 
ets'appuyant  sur  sa  croix,  contemple  son  divin  compagnon,  avec  une 

i.  V  248  da  Cat.  i857. 


6H  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

tendre  admiration.  Le  fond  est  un  paysage  dans  lequel  serpente  une 
rivière  9  avec  des  montagnes  et  une  ville  à  droite  dans  le  lointain.  Ce 
tableau  est  cintré  dans  le  haut. 

Ce  magnifique  ouvrage,  traité  avec  l'esprit  le  plus  élevé,  et  dont  les  têtes 
surtout  sont  remplies  d'âme  et  d'expression,  présente  pourtant  quelques 
parties  paraissant  non  terminées,  comme  les  mains  et  les  pieds  qui  ne  sont 
qu'indiqués.  11  s'y  trouve  aussi  quelques  négligences  de  dessin  ;  néan- 
moins cette  Madone  est  une  des  plus  belles  que  le  génie  de  Raphaël  ait 
ci;éées. 

Selon  Lépicié  et  Mariette ,  ce  tableau  serait  celui  que  Raphaël  peignit 
pour  un  gentilhomme  de  Sienne,  et  qu'il  laissa  inachevé,  quand  il  fut 
appelé  à  Rome  ;  en  sorte  que  son  ami  Ridolfo  Ghirlandajo  fut  chargé  par 
lui-même  de  terminer  le  manteau  bleu  de  la  Vierge. 

Lépicié  cite  aussi,  dans  son  Catalogue  raisonné  des  tableaux  du  Roi,  un 
dessin  qui  était  chez  Mariette,  dessin  offrant  d'un  côté  une  esquisse  pour 
cette  Madone  et  de  l'autre  côté  une  esquisse  pour  la  Mise  au  tombeau, 
qui  est  au  palais  Borghèse.  Par  le  rapprochement  de  ces  deux  esquisses^ 
on  peut  constater  exactement  la  date  de  l'invention  de  la  Belle  Jardi- 
nière. Ce  tableau  fut  acheté  plus  tard  par  François  l*'*,  du  gentilhomme 
siennois,  qui  l'avait  commandé  au  peintre,  et  qui,  selon  l'a  dernière  édi- 
tion florentine  de  Vasari,  était  messer  Filippo  Sergardi,  clerc  di  Caméra 
de  Léon  X. 

Si  nous  examinons  maintenant  le  manteau  bleu  de  la  Vierge  auquel  on 
prétend  que  le  Ghirlandajo  a  travaillé,  nous  reconnaissons  tout  d'abord 
qu'il  n'est  pas  traité  dans  la  manière  de  Raphaël,  et  qu'il  rappelle,  en 
effet,  le  manteau  bleu  dans  le  Couronnement  de  la  Vierge,  de  Ridolfo 
Ghirlandajo,  qui  est  aussi  au  musée  du  Louvre.  Le  tableau  est  signé 
dans  la  bordure  du  bas  de  la  robe  :  RAPHAELLO.  VRB.  La  date  se  trouve 
plus  haut  dans  un  autre  endroit  de  la  même  bordure.  Ce  doit  être  MDVdl, 
et  non  MDVII,  comme  on  l'a  avancé;  car,  à  la  suite  du  millésime  MDVH, 
il  y  a  encore  un  chiffre  presque  effacé  et  assez  difficile  à  distinguer;  c'est 
seulement  après  ce  dernier  trait  qu'a  été  placé  le  point,  qui  est  très-visible. 
Ainsi  donc,  l'assertion  de  Mariette  se  trouve  pleinement  confirmée  ^ 

Ce  tableau  est  encore  d'une  bonne  conservation,  mais  il  a  plusieurs 
retouches  qui  font  tache,  surtout  dans  le  corps  de  l'enfant  Jésus. 

Gravures  :  E.  Rousselet,  da  côlé  opposé,  in-fol.  ;  —  copie  de  la  gravure  de 
Ronsselet,  parN.  Poilly,  in-fol.»  Jacques  Chereau,  du  côté  opposé,  pour  le  Cabinet 
Crozat,  n*>  6,  ia-fol.  —  Raphaël  d'Urbin  pinx.,  Sandrart  excudit,  du  côté  opposé  ; 
faible  gravure,  petit  in-fol.;  —par  un  anonyme,  à  Paris,  chez  Mariette,  avec  la 
légende  :  Maria  Mrfjo  et  5.  Joannff,  petit  in-fol.  ;  —  Bernard  Strauss  aurifaber 
sculp.;  très-dure;  in-fol.;  —  A.-B.  Desnoyers,  in-fol.;—  P.  Audouin,  1803,  pour 

4     Voirl.  I,  p.  99. 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  09 

le  Mnêée  Napoléon;  —  RobilUrd,  in-fol.;  —  R.-U.  Massard,  pour  la  Galerie  Filhol 
in -8.  —  G.  A.  Sasso,  Milano,  1816,  au  pointillé,  in-fol.;  —  Nie.  Aurelio,  1822, 
grand  in-fol.;—  Couché,  eau-forte,  in-8.;  —  Lith.  par  Marin  Lavigne,  1841,  in- 
fol.;  —  Gravé  par  Girard,  1845,  petit  in-fol.;  ->  par  J.-N.  Laugier,  grand  in-fol.; 
—  Oust  Levy,  in-foi.;  —  gravé  par  Joseph  Bal,  1857,  gr.  in-fol.;  —  Weuss  fecit 
Monacy,  m-8  (Tattrûeiw,  p.  170).  —  Landon,  n«  106.  —  La  même  composition, 
avec  saint  Joseph  assis  en  prière  à  droite,  chez  Vallet.  Faible  estampe,  in-4.  — 
La  tête  de  la  Vierge,  seule  dans  un  rond,  presque  de  grandeur  naturelle,  par 
Laloaette. 

Le  carton  original^  dessiné  à  la  pierre  noire  et  rehaussé  de  blanc,  se 
trouve  à  Holkbam,  résidence  du  comte  Leicester,  en  Angleterre.  Il  a  mal- 
heureusement souffert  et  est  imprégné  d'huile.  H.  3'  i";  1.  2'  2". 

Une  esquisse,  un  peu  différente  pour  la  composition,  passa  de  la  succes- 
sion de  Sir  Th.  Lawrence  dans  le  cabinet  du  feu  roi  de  Hollande  et  de  là 
dans  le  cabinet  de  M.  de  Vos,  à  Amsterdam. 

Cette  esquisse  a  été  gravée  par  C.  Metz,  1798,  et  par  Ad.  Bartsch,  du 
côté  opposé.  —  De  même,  par  J.  Keller. 

Une  esquisse  pour  l'enfant  Jésus,  provenant  du  cabinet  de  M.  Bœhm,  à 
Vienne,  fut  achetée  par  M-.  Chambers  Hall,  à  Londres,  et  léguée  par  lui  à 
la  collection  d'Oxford. 

Anciennes  copies  du  tableau. 

a.)  Une  copie,  que  l'on  dit  venir  de  la  collection  du  cardinal  Mazarin, 
voyage  alternativement,  depuis  des  années,  en  France  et  en  Angleterre.  On 
la  donne  toujours  comme  une  œuvre  originale.  Hacquin  la  transporta  du 
panneau  sur  toile,  en  1767.  En  1797,  John  Trumbull  vendit  ce  tableau 
pour  890  livres  sterling  à  M.  West  (Buchanan).  En  1829,  ce  même  tableau 
fut  de  nouveau  transporté  sur  une  toile  neuve,  par  M.  Landry,  à  Paris. 
Nous  l'avons  revu  en  1831,  à  Londres,  dans  les  mains  d'un  Américain, 
nommé  William. 

Le  paysage  et  les  plantes  du  premier  plan  de  ce  tableau  diffèrent  beau- 
coup de  l'original  et  trahissent  le  pinceau  néerlandais  de  la  première 
moitié  du  seizième  siècle.  Les  ombres  des  chairs  sont  d'un  gris  de  plomb. 
Cest  sans  doute  une  estimable  copie,  mais  qui  est  bien  loin  de  l'œuvre  du 
maître,  quel  que  soit  l'éloge  que  l'on  en  ait  fait  dans  la  Gazette  de  France 
du  6  mars  1828. 

6.)  Dans  la  galène  de  Dresde,  il  y  a  une  copie  par  Cari  van  Mander. 

e.)  Dans  la  galerie  de  l'Ambrosina,  à  Milan. 

d,)  Dans  l'ancienne  galerie  du  cardinal  Fesch,  il  y  avait  une  autre  copie 
qui  peut  être  qualifiée  d*excellente. 

e.)  Dans  la  galerie  du  'duc  de  Marlborough,  à  Blenheim,  copie  qui  est 
également  très-belle,  quoique  les  ombres  des  chairs  soient  un  peu  grises. 

/.)  Dans  la  galerie  du  prince  de  Lichtenstein  à  Vienne.  Copie  sur  toile. 

g.)  Au  palais  Gaetano  Cambiaso,  à  Gênes.  Cest  une  ancienne  et  belle 


70  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

copie,  que  cite  Ratti  (htruzzioni,  p.  270)  comme  étant  un  original,  Bans 
toutefois  indiquer  d'une  manière  précise  quelle  en  est  la  composition. 

h,)  Au  musée  d'Avignon. 

t.)  Dans  les  appartements  royaux  de  rSscurial.  r/est  une  bonne  copie 
pur  toile. 

54.  Im  Vierge  au  Baldaquin. 

Sur  bois;  h.  iO*;  1.  6. 

La  Vierge,  assise  sur  un  trône  élevé,  tient  avec  sa  main  droite  sur  sa 
poitrine  le  bras  de  l'enfant  Jésus  et  l'enlace  de  son  bras  gauche.  Celui-ci, 
assis  sur  les  genoux  de  sa  mère,  tourne  la  tête  à  droite.  A  gauche,  saint 
Augustin  et  l'apôtre  saint  Jacques  ;  à  droite ,  saint  Pierre  et  un  saint 
Gamaldule  (saint  Bruno  ?).  Devant  les  degrés  du  trône,  deux  petits  anges 
chantent,  tenant  dans  leurs  mains  une  banderole  de  parchemin  ;  dans  le 
haut,  deux  anges  soulèvent  le  rideau  du  baldaquin ,  qui  est  suspendu  dans 
une  niche  portée  par  des  colonnes,  au-dessus  du  trône. 

Raphaël  peignit  ce  tableau  d'autel  pour  la  chapelle  de  la  famille  floren- 
tin! Dei,  dans  l'église  Santo  Spirito,  à  Florence,  mais  il  n'en  fit  guère  que 
l'ébauche,  car  pendant  l'exécution  de  cette  peinture  il  fut  mandé  par  le 
pape  à  Rome,  et  il  ne  trouva  plus  le  temps  de  terminer  son  œuvre,  qui 
resta  sans  doute  dans  son  atelier. 

Après  la  mort  du  maître,  le  président  de  la  Chancellerie,  Baldassare 
Turini,  acheta  ce  tableau  pour  l'église  de  Pescia,  sa  ville  natale.  En  1697, 
le  prince  Ferdinand,  fils  aîné  du  grand-duc  Cosme  III,  l'acquit,  moyennant 
un  très-haut  prix,  de  la  famille  Bonvicini,  de  Pescia,  à  laquelle  il  apparte- 
nait par  droit  de  patronage,  et  le  nouvel  acquéreur  lit  mettre,en  outre,  à  la 
place  de  l'original,  dans  l'église  de  Pescia,  une  copie  du  tableau  exécutée 
par  Carlo  Sacconi.  Le  tableau,  enlevé  de  l'autel  pendant  la  nuit,  avait  été 
expédié  à  Florence  sous  la  surveillance  du  peintre  de  la  cour,  Gabbiani, 
car  on  craignait  que  les  habitants  de  Pescia  ne  s'ameutassent  pour  s'op- 
poser à  l'enlèvement  de  leur  trésor  * . 

Ce  tableau,  restauré  avec  beaucoup  de  soin  par  le  peintre  Gio.  Agostino 
Cassana  ou  Niccolô  Cassana*,  fut  agrandi  d'un  pouce  de  chaque  côté.  Il 
n'avait  pas  été  repeint  et  achevé  par  une  autre  main  que  celle  de  Raphaël, 
ainsi  que  le  dit  dans  une  note  l'éditeur  du  Riposo  de  Borghini  (Firenze, 
1730,  p.  31 6),  car  il  est  bien  encore  dans  son  état  primitif  d'ébauche,  mais 
il  a  été  fortement  restauré. 

Apporté  en  France,  sous  le  règne  de  Napoléon  I*»",  il  fut  envoyé  au  mu- 

1.  Voyez  p  à  ce  sujet,  les  conarounications  de  H.  Reumont  dans  le  KuMlblaU^  1847, 
p.  ISl,  et  les  Memarie  di  Belle  Àrti,  publicati  dal  Gualandî,  p. '126. 

%.  Voyez  la  note  ajoutée  à  Vasari,  édition  de  Sienne,  -vol.  Y,  p.  3i6,  et  la  traduction  de 
l'ouTrage  de  M.  Qnatreroère  de  Quincy,  par  Ix»nghena,  p.  44lt 


DE  SON  ÉPOQUE  FLORENTINE.  71 

sée  de  Bruiellcs;  mais  il  retourna  au  palais  Pitti  après  le  traité  de  paix 
de  1815. 

Raphaël^  comme  nous  l'ayons  dit  ailleurs^  avait  tellement  adopté^  dans 
cette  peinture,  la  manière  de  fra  Bartolomeo ,  qu'en  la  voyant  au  palais 
Pitti  à  côté  des  meilleurs  ouvrages  de  ce  dernier,  on  peut  être  trompé, 
'  au  premier  coup  d'oeil^  par  la  ressemblance  de  ce  tableau  avec  ceux  de 
fra  Bartolomeo.  Cette  ressemblance^  toutefois,  consiste  plutôt  dans  la 
large  manière  du  faire  et  la  belle  ordonnance  des  draperies,  que  dans 
l'expression  des  têtes,  où  le  sentiment  de  Raphaël  n'est  pas  méconnais- 
sable. 

Gbavures  :  F.'Ant.  Lorenzini,  grand  in-fol.,  pour  la  Haceolia  de*  quadri  dH  Gran- 
duehi  di  Toêcana.  —  B.-A.  Nicolet,  1802,  en  sens  contraire,  petit  in-foi.,  pour  la 
Galerfe  de  Florence,  de  Wicar.  —  G.  Morghen  sculp.,  avec  la  légende  :  Per  te 
Regina  eleTnens,  in-fol.  —  Morghen  sculp.  Flor.,  petit  in-fol.  Faible  planche.  — 
Landon,  n"  110.  —  La  Madone  et  l'enfant  seuls,  dans  un  rond,  jusqu'aux  genoux; 
parVineenzo  Biondi,  en  sens  contraire,  avec  ce  titre  :  Aima  redemptorii  Mater,  petit 
in-fol.  —  Landon,  n"  326. 

Études. 

a.)  Esquisse  pour  la  tête  d'un  des  saints.  Ck>llection  Wicar,  à  Lille. 
6.)  Étude  pour  deux  saints,  figures  nues^  et  une  jambe.  Ancien  cabinet 
Crozat,  Gravée  par  Caylus. 

TABLEAUX  D'ANCIENS  MAÎTRES 
dans  leequeU  on  t*est  eervi  du  motif  de  la  Vierge  au  Baldaquin, 

a.)  La  Vierge ,  l'enfant  Jésus  et  saint  Josepb.  Jusqu'aux  genoux.  Galerie 
de  Munich.  Ce  tableau  est  attribué,  dans  le  catalogue  de  1825,  à  fra  Bar- 
tolomeo, sous  le  n*  716.  —  Lithographie  par  Slrixner.  In  folio. 

6.)  La  Vierge  et  l'enfant  Jésus.  Chez  le  comte  Topor  Morawitzky,  à  Mu- 
nich. —  Gravé  à  la  manière  noire,'  par  Sintzenich,  4804.  Petit  format. 

c.)  De  même,  un  tableau  dans  la  collection  Lamberg,  à  l'Académie  de 
Vienne. 

d,)  De  même,  un  tableau  qui  se  trouvait  autrefois  chez  Nocchi  à  Flo- 
rence. Dans  l'ouvrage  de  M.  de  Rumohr,  t.  III,  p.  61,  il  est  attribué  à 
Raphaël  lui-même. 

35.  La  Vierge  avec  les  detix  Enfants, 

Petit  tableau  ébauché  seulemeot.  Sur  bois;  b.  10'';  1.8'*. 

La  Vierge,  agenouillée,  tient  des  deux  mains  Tenfant  Jésus  assis  sur  un 
tertre  et  penché  fortement  vers  le  petit  saint  Jean  ;  celui-ci,  agenouillé  à 
gauche,  tient  une  petite  croix  d'une  main  et  de  l'autre  main  une  bande- 
role de  parchemin  sur  laquelle  il  semble  lire  avec  beaucoup  d'attention. 
Pour  fond,  un  paysage  dans  lequel  on  voit  quelques  ruines  entourées 
d'arbres  et  une  montagne  coniG|ue  ^  droite, 


7i  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

Il  existe  beaucoup  de  répétitions  de  celte  peinture,  mais  toutes  à  l'état 
d'ébauche.  L'original  pourrait  bien  être  resté  inachevé,  comme  la  Vierge 
au  Baldaquin ,  lorsque  Raphaël  partit  de  Florence  pour  Rome.  Ce  petit 
tableau,  qui  se  trouve  dans  la  galerie  du  prince  Eszterhazy  de  Galantha,  à 
Vienne,  est  un  don  du  pape  Clément  XI,  de  la  maison  Albanie  à  l'impéra- 
trice Elisabeth,  qui,  de  sa  propre  main,  a  écrit  (en  allemand)  la  notice  sui- 
vante sur  un  papier  collé  derrière  le  panneau  :  a  Ce  tableau  de  Vierge  de 
Raffael  d'Urbino,  conjointement  avec  la  boîte  garnie  de  pierres  précieuses, 
m'a  été  donné  en  présent  par  le  pape  Albany. 

a  Elisabeth  K.  » 

L'impératrice  le  donna  plus  tard  au  ministre  de  Kaunitz,  e(,  vers  la 
moitié  du  siècle  dernier,  il  passa  dans  la  famille  princière  d'Eszterhazy. 

Gravé  par  Gust.  Leybold,  Vienne,  1839,  in-fol. 

Une  excellente  copie  ancienne  de  ce  tableau  se  trouve  dans  la  succession 
de  feu  M.Wendelstadt,  à  Francfort-sur-Mein.  Sur  bois.  H.  10"  10'"  ;  l.  7"  6'"- 
Elle  vint  d'Italie  en  Allemagne,  il  y  a  déjà  plusieurs  années.  On  voulut  la 
confier  au  professeur  Henri  Hess,  à  Munich,  pour  qu'il  la  restaurât;  mais 
ce  peintre,  qui  la  regardait  comme  un  original  de  Raphaël,  n'osa  pas  y 
mettre  la  main. 

Lith.  par  F.-N.  Heigel.  In-4*.  —  De  même,  par  Lucas,  in-4*.  —  Dans  les  gra- 
vures an  irait,  de  la  coU.  Wendelstodt,  n"  13. 

Une  esquisse  à  la  plume  se  trouve  dans  la  collection  de  Florence. 

Gravée  par  S.  Mulinari,  1784. 

Copie  lith.,  chez  Vogel.  à  Francfort-sur-Mein. 

Un  tableau,  également  inachevé,  dans  lequel  on  s'est  servi  de  cette  com- 
position, mais  représentant  seulement  la  Vierge  et  TEnfant,  se  trouve  à 
la  galerie  des  Ufnzi,  à  Florence.  Il  est  faussement  attribué  à  fra  Barto- 
lomeo. 


PEINTURES  EXÉCUTÉES  PAR  RAPHAËL  A  ROME 

sous   LE  PAPE   JULES   II 

1508  à  1513. 

56.  La  chambre  délia  Segnatura,  au  Vatican. 

De  1508  à  1511. 

Pour  ce  qui  concerne  les  renseignements  généraux  et  la  description  de 
cette  chambre,  nous  renvoyons  le  lecteur  à  ce  que  nous  en  avons  dit 


PELNTURES  EXÉCUTÉES  PAR  RAPHAËL  A  ROME.  73 

dans  la  Vie  de  Raphaël.  On  ne  trouvera  ici  que  l'indication  sommaire  des 
sujets  représentés,  quelques  réflexions  critiques,  des  notices  sur  les 
éludes  faites  par  Raphaël  pour  les  peintures,  et  sur  les  gravures  exécu- 
tées depuis,  d'après  les  Tresques  et  les  dessins. 

Raphaël  reçut,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  douze  cents  ducats  d'or 
pour  la  décoration  de  chacune  de  ces  chambres  ^ 

l/oavrage  de  P.  P.  Montagnani,  intitulé  :  iUustrazione  storica  pitto- 
ricûy  con  incisioni  a  contomi  délie  pitture  nelle  Stanze  Vaticane  di  Raf- 
faeUo  Sanzio  da  Urbino,  etc.  {Roma,  1830),  donne,  comme  son  titre  l'indi- 
que, la  reproduction  complète  des  peintures  de  Raphaël  au  Vatican. 

S7.  La  fresque  de  la  Théologie. 

H.  15";  1.  25\ 

Ce  tableau,  que  l^n  nomme  aussi  la  Dispute  du  Saint  Sacrement  est 
cintré  dans  le  haut.  La  partie  supérieure  représente  la  Sainte  Trinité, 
dans  une  gloire  formée  d'anges.  Aux  côtés  du  Sauveur,  sont  assis  la  sainte 
Vierge  et  le  Précurseur,  avec  six  saints  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testa- 
ment de  chaque  côté. 

Au  milieu  de  la  partie  inférieure  de  la  composition,  s'élève  un  autel 
avec  le  Saint  Sacrement  exposé,  autour  duquel  se  groupent  quarante-trois 
figures,  papes,  évêques,  théologiens  et  autres  personnages  pris  du  peuple, 
dont  Yingt  a  droite  et  vingt-trois  à  gauche. 

Pour  la  désignation  des  personnages  représentés  dans  le  tableau,  nous 
avons  reproduit  principalement,  dans  notre  Histoire  de  Raphaël,  les  noms 
inscrits  dans  les  nimbes  des  têtes,  comme  ceux  d'Anaclet,  de  Bonaventura, 
de  Thomas  d'Aquin  et  autres.  Quelques-uns  de  ces  personnages  sont  des 
portraits,  notamment  Dante,  Savonarola  et  fra  Angelico  da  Fiesole  ;  il  y 
en  a  quelques-uns  qui  sont  tout  à  fait  inconnus ,  par  exemple  les  deux 
évêques  placés  derrière  saint  Jérôme. 

Vasari,  qui  parle  de  ces  fresques,  mais  d'une  façon  fort  embrouillée, 
cite  au  nombre  des  personnages  qu'on  y  remarque  :  saint  François,  Domi- 
nique et  Liranus;  aucun  indice  ne  saurait  toutefois  les  faire  reconnaître. 

Nous  n'avons  rien  affirmé,  là  où  les  noms  nous  ont  paru  incertains,  et 
nous  nous  sommes  souvent  abstenu,  pour  ne  pas  tomber  avec  Bellori  et 
Montagnani  dans  des  assertions  hasardées. 

La  Dispute  du  Saint  Sacrement,  le  premier  tableau  que  Raphaël  ait 
exécuté  au  Vatican ,  rappelle  les  ouvrages  des  anciens  maîtres  florentins. 
l^s  figures  du  haut  de  la  fresque  sont  disposées  comme  dans  les  peintures 
d'Orcagna  au  Campo  Santo,  de  fra  Angelico  da  Fiesole  et  de  fra  Bartolomeo. 
Dans  la  partie  inférieure  du  tableau,  où  les  figures  historiques  ne  sont  pas 

1 .  Voyez  à  ce  sujet  la  lettre  que  Raphaël  adressa  à  son  oncle  en  1 5 ii  ;  puis  le  Memorie  ut/ 
CoreggiOj  d'Ant.  Raph.  Mengs. 


74  PEI^TURES  EXÉCUTÉES 

précisées  des  types  S  Raphaël  leur  a  donné  un  caractère  de  portraii. 

Comme  manière  de  faire,  cette  fresque,  ainsi  que  celles  de  Pérugin^ 
offre  encore  les  hachures  dans  Teiécution  et  les  ornements  rehaussés 
d'or.  Mais  l'expression  de  toutes  les  têtes  est  pleine  de  vie  et  il  y  a  une 
parfaite  analogie  entre  cette  expression  et  le  caractère  des  personnages 
représentés.  Le  goût  avec  lequel  sont  disposés  les  ornements  d'or  dans  le 
ciel  ne  fait  qu'augnienter  sa  splendeur  symbolique. 

Pour  ce  qui  est  de  l'eiécution  matérielle  de  cette. fresque,  Raphaël 
acquérait  déjà  plus  de  facilité  pendant  son  travail  même,  comme  cela  est 
surtout  sensible  au  côté  droit  du  tableau,  et  il  n'eut  plus  besoin  d'avoir 
recours  aux  retouches  hachurées  faites  à  la  colle  sur  la  fresque  sèche. 

Mais  à  quel  degré  de  grandeur  Raphaël  ne  s'élève-t-il  pas  dans  cette 
compiTsition  qui,  par  sa  profondeur  et  sa  variété,  son  ordonnance  har- 
monieuse et  son  admirable  unité,  surpasse  de  beaucoup  tout  ce  qui  aTait 
été  fait  en  ce  genre  jusqu'alors  ! 

Aussi,  celte  grande  page,  malgré  quelques  inégalités  dans  l'exécution, 
doit-elle  être  rangée  parmi  les  meilleures  du  maître,  qui  n'a  jamais 
mieux  combiné  l'aspect  majestueux  de  l'ensemble  approprié  au  sujet,  la 
noblesse  de  chaque  figure  prise  isolément  et  la  beauté  des  groupes. 

Cette  peinture,  dont  n'approche,  disons-le,  aucun  ouvrage  moderne,  a 
de  plus,  sur  les  chefs-d'œuvre  de  Tart  antique,  cet  avantage  que  lui  donne 
une  vive  et  profonde  inspiration  de  l'art  chrétien. 

Cette  fresque  se  distingue  aussi  sous  le  rapport  de  la  couleur,  car  elle 
n'est  pas  seulement  chaude  et  puissante  de  ton  dans  quelques  parties,  elle 
a  encore  une  harmonie  générale,  qualité  d'autant  plus  rare  dans  la  pein- 
ture à  fresque,  qu'il  s'agit  de  couvrir  de  grandes  surfaces. 

Pour  bien  comprendre  ce  que  Raphaël  a  fait  d'efforts  pour  atteindre  à 
cette  perfection,  il  faut  connaître  toutes  les  études  qui  nous  restent  pour 
ce  tableau.  Nous  verrons  combien  il  a  modifié  successivement  ses  pre- 
mières esquisses  qui,  quoique  très-belles,  ne  répondaient  pas  suffisam- 
ment, selon  lui,  à  la  clarté  et  à  la  puissance  avec  lesquelles  il  voulait 
exprimer  son  idée. 

Quant  à  la  fresque  elle-même,  il  faut  malheureusement  constater 
qu'elle  a  beaucoup  souffert.  Non-seulement  quelques  couleurs  sont  tom- 
bées, mais  elle  est  fendue  en  trois  endroits.  La  première  fente  parcourt 
l'ouvrage  perpendiculairement  et  coupe  en  deux  la  figure  du  Christ;  la 
seconde,  également  perpendiculaire,  descend  jusqu'au  bas  du  tableau  et 
traverse  la  figure  de  saint  Jean-Baptiste  dans  le  haut,  ainsi  que  celles  de 
saint  Thomas  d'Aquin  et  de  l'écrivain  dans  le  bas;  la  troisième  fente 

1 .  Nous  aroni  conserr^  l'expression  que  If.  PtasaT&nt  a  forrauléc  lui-œ^ine  pour  rendre  ton 
idée.  {Note  de  l'idileur.) 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  75 

endommage  la  figure  de  Dante.  Oo  a  récemment  pris  des  mesures  pour 
préTenir  de  nouvelles  détériorations  dans  le  crépi  de  la  fresque. 

Esquisses  et  études  pour  la  fresque. 

a.)  Première  esquisse  pour  la  partie  supérieure  de  la  composition. 
Demi-cercle.  Dessin  lavé  et  rehaussé  de  blanc.  —  Dans  l'œuvre  de  la  col- 
lection S.  Morys. 

Gravée  par  Lelu,  sur  une  teinte. 

6.)  Autre  première  esquisse  pour  la  partie  supérieure  et  inférieure  de 
gauche.  —  Collection  royale  d'Angleterre. 

e.}  Deux  premières  esquisses  sur  une  même  feuille,  pour  les  groupes 
do  bas  à  droite  et  à  gauche.  —  Provenant  de  la  collection  Crozat;  actuel- 
lement chez  M.  Reiset,  à  Paris. 

Gravée  par  le  comte  de  Caylus. 

d,)  Esquisse  pour  la  partie  inférieure,  à  gauche.  Dessin  à  la  plume  et 

lavé  à  lasépia.  —  Dans  la  collection  du  prince  Paul  Eszterhazy,  à  Vienne. 

e.)  Étude  d'une  moitié  de  la  partie  inférieure  de  gauche.  Figures  nues. 

—  De  la  collection  Lavrrence;  actuellement  dans  la  collection  de  l'Institut 
de  Staëdel,  à  Francfort-sur-Mein. 

Gravé  par  le  comte  de  Caylus,  en  contre-partie. 

f.)  Étude  pour  la  partie  inférieure  de  droite.  Figures  nues.  — Ce  dessin 
était  autrefois  dans  la  collection  Crozat, 
g.)  Étude  pour  le  saint  Jérôme  et  deux  autres  figures,  nues  toutes  trois. 

—  Ce  dessin  se  trouvait  dans  la  collection  S.  Morys. 

h.)  Une  tête  étude,  de  grandeur  naturelle,  se  trouvait  dans  la  collection 
Crozat.  —  Ce  doit  être  celle  de  Dieu  le  Père,  laquelle,  de  la  collection 
S.  Morys,  passa  à  celle  du  Louvre,  et  qui  semble  être  un  fragment  du 
carton  original.  Cette  tête  est  citée  aussi  par  Richardson  (t.  III,  p.  31), 
comme  étant  alors  dans  la  collection  Ten  Kate,  à  Amsterdam. 

t.]  Esquisses  pour  la  partie  supérieure  du  tableau.  Dessin  de  treize 
figures.  —  Dans  la  collection  d'Oiford. 

j.)  Étude  pour  l'apôtre  saint  Paul.  —  Dans  la  collection  d'Oxford. 

k.)  Trois  anges  et  deux  autres  figures.  —  Dans  la  collection  d'Oxford. 

l.)  Deux  feuilles,  avec  des  têtes  d'évêques  et  deux  sonnets,  —  Dans  la 
collection  d'Oxford. 

m.)  Légère  esquisse,  avec  un  sonnet  autographe.  Au  Musée  britannique 
à  Londres.  Nous  avons  publié  un  fac-similé  de  cette  esquisse  dans  Tédition 
allemande  de  notre  ouvrage. 

n.)  Esquisse  pour  la  partie  inférieure  à  gauche.  Figures  vêtues.  —  Dans 
la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

Gravé  par  le  comte  de  Caylus.  —  Litb.  par  Pilizotti. 


76  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

0.)  S.  Ambrosius  et  Petrus  Lx)mbardu89  avec  un  projet  de  sonnet.  — 
Dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

p.)  S.  Ambroise.  —  Dans  la  collection  de  Munich. 

q.)  Etude  de  draperie  pour  la  Vierge.  —  Dans  la  Bibliothèque  ambroi- 
sienne,  àMiian. 

r.;  Esquisse  pour  la  partie  supérieure  de  la  fresque.  —  Dans  la  Biblio- 
thèque ambroisienne^  à  Milan. 

s.)  Quelques  petits  anges,  avec  une  étude  pour  une  poitrine  et  le  bras 
d'un  homme.  —  Dans  la  collection  de  Florence. 

t,)  Étude  pour  la  ligure  du  sectaire,  avec  un  projet  de  sonnet.  —  Au 
musée  Fabre,  à  Montpellier. 

u.)  Étude  pour  la  draperie  du  Christ.  —  Dans  la  collection  Wicar,  au 
musée  de  Lille. 

v.)  Une  étude  de  draperie  pour  le  S.  Grégoire.  —  Se  trouvait  dans  la 
collection  de  Sir  Thomas  Lawrence,  à  Londres. 

X.)  Étude  pour  la  partie  supérieure  des  trois  anges,  à  droite. 

Gravée  en  fac-similé  en  contre-partie,  par  S.  Pacini  (1770).  In-B"  en  largeur. 

y.)  Isidoro  Grossi  cite,  dans  son  manuscrit  :  Notizie  spettanii  alla  città 
di  Parma,  un  grand  dessin  de  la  fresque  entière,  lequel  se  trouvait  au 
palais  San  Vitali.  Voy.  Pungileoni,  p.  219. 

Gravures  d'après  la  fresque. 

Giorgio  Mantuano,  1552,  en  deux  feuilles  H.  19";  l.  31".  Bartsch,  xv,  p.  394, 
n"  23.  —  Gasparo  Osello  ou  ab  Avibus,  signée  G.  a  P.  F.,  1565.  Deux  feuilles 
grand  in-folio  en  largeur.  — J.-B.  de  Cavalerijs,  retouchée  par  Philippe  Tho- 
massin,  1617,  avec  l'adresse  de  Nie.  van  Aelsl.  Épreuves  postérieures  avec  l'a- 
dresse J.-J.  de  Rossi,  1648.  Deux  feuilles  grand  in-folio  en  largeur.  H.  18"  5"'; 
1.  30"  11"'.  —  Franc.  Aquila,  1722,  imprimé  in-folio  en  largeur  pour  le  recueil 
intitulé  :  Pielurœ  Raphaeliê  Sanelij  Urbinatù  ex  aula  et  eonclavibut  palatij  vatieani 
el  9ub  autpicijt  Innoeentij  Xili  P.  O.  M.  preao  Lau.  Phil.  de  Rotri.  Ce  sont  en 
tout  dix -neuf  feuilles  :  seize  peintures  murales,  deux  plafonds  et  le  fron- 
tispice. —  Seb.  Gantrel,  in-folio  en  largeur.  —  Joh.  Volpato,  1779,  grand  in-folio 
en  largeur.  —  Giuseppe  MocheUi,  1816,  petit  in-folio  en  largeur.  —  Nous  atten- 
dons de  J.  Keller,  à  Dusseldorf,  une  gravure  d'une  grande  dimension,  d'après 
son  dessin.  — Landon,  u.  185. 

Gravures  partielles  de  la  composition. 

a.)  Saint  Jean-Baptiste.  —  Bergler  del.,  Jos.  Guaiser  fec.  Prague.  Légèrement 
à  l'eau- forte.  Petit  in-fol. 

b.)  Les  têtes  des  quatre  théologiens,  parmi  lesquels  un  évéque  à  l'arriére-plan 
de  gauche.  —  BeUe  eau-forte  de  Matt.  Oslerreich,  1747.  Contre-partie.  H.  5"  9'"; 
1.  9". 

c.)  Plusieurs  groupes.  —  Joannos  Paulus  Melchiori  delin.,  CaieUinus  Blanci 
sculp. 

d.)  De  même,  par  Andréa  Procaccini. 

e.)  Les  têtes  du  Dante  et  de  Savonarola,  par  Paolo  Fidanza,  pour  ses  Teite  di 
pertonnagi  Uluttri,  etc.  (Roma,  1785.) 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  77 

f.)  Groupes  séparés,  par  Blomert  et  Barbazza,  1749. 
g.)  Le  groupe  inférieur  à  droile.  —  Lith.  par  Groben  frères,  gr.  in-fol, 
k.)  Les  létes  de  S.  Ambroise,  V.  Scolus  et  Savonarola —  Gravé  par  Buschweyh, 
sur  une  feuille  ' . 

38.  Le  Parnasse. 

H.  15';  I.  20\       . 

ApolloD,  jouant  du  violon,  est  assis  sous  de  petits  lauriers  à  la  source 
de  THippocrène,  entouré  des  neuf  Muses.  Du  côté  droit,  sur  le  même 
plan,  se  tiennent  debout  quatre  poêles  épiques,  parmi  lesquels  on  recon- 
naît Homère,  Virgile  et  Dante.  Le.  quatrième  serait,  au  dire  de  Bellori, 
le  portrait  de  Raphaël  lui-même,  ce  qui  est  aussi  faux  qu'invraisembla- 
ble. Au  bas,  à  gauche,  dans  le  groupe  du  premier  plan,  composé  de  cinq 
poètes,  hommes  et  femmes,  il  ne  se  trouve  qu'un  seul  portrait  :  celui  de 
Pétrarque.  Les  autres  sont  désignés  comme  étant  Alcée,  Anacréon,  Sapho 
et  Corinne.  Vis-à-vis,  deTautre  côté  du  tableau,  sont  huit  poètes,  en  avant 
desquels  on  reconnaît  Pindare  et  Horace.  Quatre  de  ces  figures  sont  évi- 
demment des  poètes  italiens,  mais  leur  désignation  est  douteuse.  Vasari 
cite  encore,  au  nombre  des  poètes  représentés  par  Raphaèl  :  Ovide,  Ennius, 
Tibulle,  Catulle,  Properce,  Boccace,  et  finalement  Antonio  Tebaldeo. 
Nous  serions  tentés  de  reconnaître  ce  dernier  dans  celui  qui  est  le  plus 
près  de  la  Muse.  Le  poète  que  Raphaèl  a  placé  au-dessus  d'Horace  repré- 
sente Giacopo  Sanazzaro,  mais  pourtant  cette  fîgure  ne  ressemble  pas 
complètement  au  buste  bien  connu  de  Sanazzaro,  qui  est  placé  sur  son 
tombeau  à  Naples.  A  côté  de  lui,  on  reconnaît  le  portrait  de  l'Arioste, 
vu  de  profil. 

Nous  avons  déjà  indiqué,  dans  la  Vie  de  Raphaèl,  que,  selon  toute  ap- 
parence, la  figure  de  l'Apollon  qui  joue  du  violon  doit  être  le  portrait  du 
célèbre  improvisateur  contemporain  Giacomo  Sansecondo.  Nous  ajoute- 
rons seulement  ici  que  l'expression  et  la  pose  de  la  figure  ne  se  concilient 

I  •  Nous  sommes  surpris  de  ne  pas  trouver  ici  une  notice  sur  les  principales  copies  géné- 
rales ou  partielles  qui  ont  été  faites  à  difTéreules  époques  d'après  la 'fresque  de  Raphaël.  Ainsi, 
M.  Passavant  ne  parle  même  pas  de  la  belle  copie  qui  Rgure  au  musée  du  Louvre  sous  le 
n*  390  des  Écoles  italiennes,  et  qui  fut  exécutée  par  ordre  de  Colbert  pour  servir  de  modèle 
à  une  tapisserie.  Dans  ces  derniers  temps,  une  copie  infiniment  plus  exacte  et  de  la  grandeur 
de  la  fresque  a  été  peinte  par  les  frères  Balze,  sous  les  yeux  de  M.  Ingres,  directeur  de  Pltcole 
de  Rome.  Cette  admirable  copie,  destinée  à  Técole  des  Beaux-Arts  de  Paris,  assure,  en  quelque 
sorte ,  la  conservation  de  la  peinture  de  Raphaël ,  qu'elle  reproduit  avec  la  plus  étonnante 
fidélité. 

Entre  les  innombrables  copies  qui  existent  de  cette  peinture^  nous  citerons,  comme  une  des 
plus  curieuses  et  des  plus  importantes,  une  belle  étude  de  Nicolas  Poussin,  qui  a  copié  ou  plutôt 
imité  une  partie  du  sujet  inférieur  de  la  fresque.  Dans  ce  tableau,  qui  appartient  à  madame 
PanI  Lacroix,  Poussin  a  donné  son  style  vigoureux  à  la  composition  de  Raphaël,  en  changeant  à 
va  manière  toute  la  gamme  des  couleurs.  C/est  donc  une  magnifique  œuvre  collective,  pour  ainsi 
dire,  de  Kapbaêl  et  de  Poussin.  Sur  toile.  H.  1",32;  i.  (>".9S.  {Note  de  Nditeur.) 


7d  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

pas  trop  bien  avec  le  sujet.  Car  cet  Apollon  lève  langoureusement  les  re- 
gards vers  le  ciel^  tandis  que,  suivant  l'esprit  de  la  mythologie  antique^  le 
dieu  des  poètes  devrait  trouver  sa  complète  satisfaction  en  lui-même.  Le 
mouvement  de  cette  Ggure  a  d'ailleurs  quelque  chose  de  maniéré  et  les 
lignes  n'en  sont  pas  belles.  Ce  qui  est  d'autant  plus  surprenant^  qu'on  con- 
naît une  composition  antérieure  de  Raphaël  pour  le  Parnasse^  composition 
dans  laquelle  ne  se  trouvent  pas  les  principaux  défauts  de  l'Apollon  de  la 
fresque. 

Cette  fresque,  quant  à  son  exécution^  se  rapproche  beaucoup  de  la 
Dispute  du  Saint  Sacrement^  quoiqu'elle  n'ait  pas  été  terminée  avec  le 
même  soin  que  le  tableau  précédent.  Mais^  en  revanche^  la  lumière  y  est 
mieux  distribuée,  les  draperies  y  sont  traitées  plus  largement  aussi. 

C'est  au  sujet  lui-même  qu'il  faut  s'en  prendre  si  cette  composition  n'a 
pas  la  même  richesse  d'invention^  ni  la  même  profondeur  dans  les  carac- 
tères que  la  Dispute  du  Saint  Sacrement.  Mais^  par  contre,  nous  voyons 
là^  dans  le  Parnasse,  une  image  fidèle  de  la  sérénité  de  la  vie  des  poètes 
en  Italie  à  cette  époque^  car  toutes  les  figures  expriment  cette  sérénité. 

Sur  l'architrave  de  la  fenêtre  qui  est  au-dessous  du  tableau  on  lit  : 
JVLIVS  IL  PONT.  MAX.  ANN.  CHRL  MDXl.  PONTIFICATVS.  SVL  VIU. 

Cette  fresque  semble  avoir  été  exécutée  en  grande  partie  par  Raphaël 
lui-même  ;  elle  a  un  peu  souffert. 

Esquisses  et  études  pour  le  Paimasse, 

a.)  Une  esquisse  de  toute  la  composition^  à  la  plume^  passa  de  la  collec- 
tion de  Sir  Thomas  Lawrence  dans  celle  d'Oxford. 

Gravé  :  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n**  247.  —  Copie  de  cette  planche^ 
par  Ferd.  Rusch^reyb,  1830.  — Landon,  n*  412.  —  La  partie  supérieure  seule- 
ment, avec  deux  Amours  dans  l'air  ;  ancienne  copie  de  l'école  et  d'après  Marc- 
Antoine;  en  contre-partie;  signé  ;  RAPHAËL  YRBlPf.  H.  7";  1.  13". 

b.)  Melpomène^  tenant  un  masque.  C'est  la  dernière  Muse  qui  est  au 
côté  droit  d'Apollon.  Collection  d'Oxford. 

Gravée,  dans  le  recueil  :  The  ilalian  Sehool  of  design^  par  W.  Y.  Ottlcy.  —  Par 
S.  Mulinari,  d'après  une  copie  qui  est  à  Florence. 

e.)  La  tête  d'une  des  Muses,  avec  une  coillure  qui  ressemble  à  un  tur- 
ban^ à  la  gauche  d'Apollon.  Achetée  dans  la  succession  du  feu  roi  de  Hol- 
lande^  par  M.  Colnaghi,  marchand  de  dessins  et  de  gravures  à  Londres. 

Gravé  par  B.  Picart,  1725. 

d,)  Les  têtes  d'Homère^  de  Virgile  et  du  Dante.  —  Dans  la  collection 
royale  d'Angleterre. 

e.)  Le  groupe  avec  Sapho  sur  le  premier  plan^  à  gauche.  —  Au  Musée 
britannique. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  79 

f.)  Étude  de  la  draperie  pour  la  figure  d'Horace.  —  Au  Musée  britan- 
nique. 

g.)  La  muse  assise,  Calliope^  tenant  une  trompette.  ^  Collection  Alber- 
tine  à  Vienne. 

Lith.  par  F.  PilizoUL  —  Sur  la  même  feuille  se  trouve  Tesquisse  de  la  Muse 
Tue  de  dos. 

h.)  La  muse  assise  à  gauche  d'Apollon  et  tenant  une  lyre.  —  Collection 
Albertine^  à  Vienne. 

GraTée  par  F.  Ruschweyh. 

t.)  Dante ^  demi-figure.  —  Collection  Albertiue>  à  Vienne. 

Gravée  par  A.  Baitsch. 

k.)  Apollon  jouant  du  violon.  Étude  d'après  nature.  —  Collection  Wicar, 
àLUle. 

l,)  Les  pieds  d'Ovide  et  d'Horace,  avec  la  draperie  du  dernier.  —  Col- 
lection Wicar^  à  Lille* 

Fac-similé  des  dessins  de  Raphaël,  publiés  par  H.  le  duc  deliUynes. 

Gravures  diaprés  le  Parnasse. 

Par  Seb.  VouiUemont,  en  contre-partie,  in-fol.  en  larg.-^Jac.  Matham,  in-fol. 
en  largeur.  Bartscb,  vol.  III,  p.  181,  n*  199.  —  Franc.  AquUa,  in-fol.  en  larg.  — 
P.  Fidanza,  in-fol.  en  larg.-^Job.  Yolpato,  in-fol.  en  larg.  —  Giuseppe  Mocbetti, 
petit  in-fol.  en  larg.  —  Franc.  Putinati.  Très-petite  gravure  sur  acier.  —  Landon, 
n*304. 

Gravures  partielles  de  la  composition, 

a.)  Par  D.  B«ye].  Deux  muses»  Glio  et  Ërato,  à  gauche  »  derrière  Apollon.  — 
Aquatinta  dans  un  rond.  In-4<>. 
b.)  La  tète  de  la  muse  Calliope.  —  Au  pointillé,  par  un  Anglais;  dans  un  rond. 
c.)  La  tète  de  l'Uranie,  par  F.  Forster,  1839.  In-fol. 

Dans  la  maison  Litta^  à  Milan^  se  trouve  un  tableau,  en  largeur,  d'un 
Jugement  de  Marsyas,  qui  est  attribué  au  Corrége.  Ce  tableau  a  été  gravé 
en  trois  feuilles^  par  Giulio  Sanuti,  en  1552,  et  le  graveur  y  a  introduit  les 
Muses  du  Parnasse  de  Raphaël ,  qui  ng  se  trouvent  pas  sur  le  tableau 
appartenant  au  duc  Litta. 

Plusieurs  têtes  tirées  de  cette  fresque  se  trouvent  dans  l'ouvrage  intitulé: 
Raccolta  délie  teste  dei  filosofi ,  dei  Poeti^  colle  nove  Muse  ed  Apollo,  etc. , 
nel  Pamasso  al  Vaticano,  Dis.  da  K.  Agricola,  inc.  da  diversi.  Num.  51 .  à 
30  big.  runa(Roma,  presso  Agapito  Franzetti). 

59»  V École  d^ Athènes* 

H.  15';  1.25*. 

Dans  le  bas,  à  gauche,  on  voit  Pythagore  autour  duquel  se  groupent  Ar- 
chytas  et  plusieurs  autres  de  ses  élèves;  Anaiagoras,  debout;  Heraclite 


80  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

isolée  et  Démucrite,  entouré  déjeunes  gens,  s'adossaiit  contre  Je  soubas- 
sement d'une  colonne  ;  en  tout»  treize  figures,  parmi  lesquelles  le  peintre  a 
placé  les  portraits  de  Francesco  Maria  délia  Rovere,  duc  d'Urbin,  et  du 
jeune  prince  de  Mantoue,  Federico  IL 

Sur  les  marches,  dans  le  coin  à  gauche,  il  y  a  trois  sophistes  auprès  du 
groupe  de  Socrate  et  de  ses  auditeurs,  parmi  lesquels  Alcibiade;  en  tout, 
onze  figures. 

Platon  et  Aristote  occupent  le  centre  de  la  composition,  avec  leurs  dis- 
ciples, et  parmi  ceux  d'Aristote  nous  remarquons  Zenon,  chef  des  stoï- 
ciens. En  tout,  seize  figures. 

Diogène  est  isolément  couché  sur  les  marches.  Aristippe  passe  auprès 
de  lui,  en  parlant  avec  Épicure. 

Parmi  les  six  figures  du  côté  droit,  se  trouvent  deux  philosophes  scep- 
tiques, Pyrrhon  et  Arkésilas,  et  dans  le  groupe  du  bas,  composé  de  neuf 
figures,  nous  voyons  Euclide,  ou  Archimède,  sous  les  traits  de  Bramante, 
enseignant  à  quatre  jeunes  gens  les  sciences  mathématiques. 

Ptolémée  et  Zoroastre,  représentant  la  géographie  et  l'astronomie,  s'en- 
tretiennent ensemble  auprès  de  Raphaël  et  du  Pérugin.  Voyez  la  descrip- 
tion détaillée  de  cette  fresque  dans  notre  Vie  de  Raphaële 

Gomme  nous  nous  écartons  beaucoup,  dans  la  description  de  ce  tableau, 

■ 

des  données  admises  ordinairement,  nous  ajouterons  quelques  mots  à 
Tappui  de  notre  opinion. 

il  est  certain  que  Raphaël  reçut  d'un  savant  les  indications  nécessaires 
sur  le  choix  des  philosophes  qu'il  devait  placer  dans  son  École  d'Athènes. 
On  lui  dit  certainement  aussi  de  quelle  manière  il  devait  les  représenter 
et  les  grouper.  Que  ce  savant  ait  été  le  comte  Castiglione,  ou  Jacopo  Sado- 
leto  ou  tout  autre,  on  doit  supposer  qu'il  devait  connaître  le  livre,  alors 
très-répandu,  de  Diogène  de  Laerte,  qui  nous  donne  le  plus  de  renseigne- 
ments sur  la  vie  des  philosophes  anciens.  C'est  donc  aussi  ce  livre  que  nous 
avons  consulté  séparément,  en  faisant  les  recherches  que  demandait  la  des- 
cription de  cette  fresque,  et  nous  avons  souvent  été  frappé  du  rapport  qui 
existait  entre  le  livre  et  la  peinture. 

Ensuite,  quant  à  l'histoire  du  développement  de  la  philosophie  chez  les 
Grecs,  nous  nous  sommes  réglé  d'après  Tordre  chronologique  qui  paraît 
avoir  été  suivi  également,  presque  sans  exception,  par  Raphaël. 

C'est  un  fait  incontestable  que,  bientôt  après  la  mort  de  Raphaël,  on 
cessa  de  comprendre  le  véritable  sens  de  son  tableau  de  TËcole  d'Athènes; 
ce  fait  se  trouve  prouvé  surabondamment  par  toutes  les  expjications  qui 
en  ont  été  faites  par  les  anciens  écrivains  et  les  anciens  graveurs.  Yasari 
voit,  dans  cette  composition,  la  réunion  de  la  théologie  et  de  la  philosophie 
au  moyen  de  l'astronomie,  et  il  désigne  la  figure  de  Pythagore  comme 

1.  Pages  126  et  suiv. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  81 

étant  celle  de  révangéliste  saint  Matthieu.  Sur  la  gravure  qu'il  publia  en 
i5S0^  Giorgio  Mantuano  intitule  ce  tableau  :  la  Dispute  de  saint  Paul  avec 
les  stoïciens  et  les  épicurieus.  Tomassiu  ajouta  mi§me,  dans  la  planche 
qu'il  grava  d'après  cette  fresque,  des  auréoles  aui  têtes  de  Platon  et 
d'Aristole.  Borghini  {Riposo^  p.  3^6)  et  Lomazzo  {Traltato  délia  pittura, 
p.  28S].  dans  leurs  ouvrages  qui  parurent  la  même  année  (1584),  parta- 
gent l'opinion  de  Vasari,  et  Scanelii  {Microcosmo  delta  pittura,  tome  1I> 
p.  159)  croit  reconnaître  dans  les  figures  de  Platon  et  d'Aristote  les  apô- 
tres saint  Pierre  et  saint  Paul  préchant  le  christianisme  aux  philosophes 
grecs. 

Cest  donc  un  honneur  qui  revient  à  Beliori  que  d'avoir,  le  premier, 
dans  sa  :  Descrizione  délie  immagini  dipinie  da  Rafaello  nelle  camere  del 
F'aticano  (Roma,  1695),  donné  une  complète  et  juste  explication  de  cette 
peinture.  Cependant,  en  quelques  endroits  de  sa  notice  qui  dénotent  un 
manque  absolu  de  connaissances  classiques,  il  a  recueilli  des  renseigne- 
ments erronés  et  des  traditions  absurdes,  lesquels  néanmoins  ont  servi 
depuis  à  défrayer  les  écrivains  sans  savoir  et  sans  critique. 

C'est  à  l'ouyrage  du  professeur  Adolphe  Trendelenburg  (VÉcole  d'A- 
thènes  de  Raphaely  discours  prononcé  à  la  Société  des  Sciences  de  Berlin, 
en  1843)  que  nous  devons  l'explication  la  plus  rationnelle  de  ce  tableau. 
Soutenu  par  des  études  solides  et  approfondies  de  la  philosophie,  l'au- 
teur de  ce  discours  académique  a  commenté  le  témoignage  de  Beliori,  en 
y  rattachant  une  foule  d'observations  tirées  de  l'histoire  des  anciens  phi- 
losophes grecs,  sans  avoir  cependant  suivi  strictement  la  série  chronolo- 
gique des  personnages  représentés  par  Raphaël  dans  son  tableau. 

Quant  à  nous,  au  contraire,  nous  avons  considéré  l'ordre  chronologique 
de  ces  personnages  cotnme  un  fil  conducteur  et  comme  le  moyen  le  plus 
sûr  de  découvrir  ceux  d'entre  eux  qui  étaient  restés  inconnus.  Car,  dans 
le  cas  même  où  Raphaël  ne  se  serait  point  astreint  rigoureusement  à  la 
chronologie  en  peignant  quelques  figures  isolées,  comme  par  exemple 
celle  du  philosophe  arabe  Averroès,  il  nous  est  pourtant  démontré  avec  certi- 
tude par  la  présence  de  Pythagore,  de  Socrate,  de  Platon  et  d'Aristote 
dans  sa  composition,  conmie  par  l'ordonnance  des  figures  et  la  manière 
dont  elles  sont  groupées,  que  le  peintre  a  eu  positivement  intention  de 
représenter  aux  yeux  du  spectateur  le  développement  et  la  marche  histo- 
rique de  la  philosophie  grecque. 

Partant  de  cette  conviction,  nous  avons  essayé,  le  livre  de  Diogène  de 
Laerteàlamain,  en  nous  éclairant  par  le  sentiment  de  l'art,  de  reconnadtre 
dans  cette  fresque  les  personnages  les  plus  remarquables,  tels  qu'ils 
doivent  être  placés  chronologiquement  et  historiquement. 

Raphaël  a  toujours  conçu  et  créé  des  ouvrages  de  raison,  et  c'est  là  ce 
qui  Ta  fait  surnommer  le  peintre  philosophe.  Ici  donc^  ayant  accepté  la 

11.  6 


82  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

tâche  si  difficile  de  représenter  la  philosophie  chez  les  Grecs,  il  n'a  fait 
que  suivre  ses  errements  ordinaires^  et  son  sublime  génie  se  révèle  à  nous 
par  la  haute  intelligence  de  l'art  avec  laquelle  il  a  su  aborder  son  sujet 
par  le  seul  côté  qui  pûl  se  traduire  en  peinture,  tout  en  exécutant  un 
chef-d'œuvre  majestueux  et  splendide. 

Quant  à  ce  qui  concerne  l'authenticité  des  portraits  placés  dans  l'École 
d'Athènes,  il  est  bon  de  rappeler  qu'au  temps  de  Raphaël  très-peu  de 
statues  et  de  bustes  antiques  des  philosophes  grecs  avaient  été  décou- 
verts -dans  les  fouilles  :  il  ne  semble  même  avoir  connu  que  celui  de 
Socrate. 

Les  autres  portraits  que  Vasari  a  indiqués  sont  ceux  du  duc  d'Urbin, 
du  duc  de  Mantoue^  du  Bramante,  du  Pérugin  et  celui  du  peintre  lui- 
même. 

Des  écrivains  postérieurs  ont  voulu  voir,  dans  la  figure  énergique  un 
stoïcien  à  longue  barbe  et  à  tête  chauve  debout  auprès  des  disciples  d'Aris- 
tote,  le  portrait  du  cardinal  Pietro  Bembo  ;  c'est-là  une  erreur,  car  celui-ci 
n'était  âgé  que  de  quarante  ans  lorsque  Raphaël  peignit  cette  fresque,  et 
il  ne  laissa  croître  sa  barbe  que  beaucoup  plus  tard,  ainsi  qu'il  le  dit  lui- 
même  dans  sa  correspondance  avec  le  Titien. 

Montagnani,  de  son  côté,  suppose  que  ce  stoïcien  représente  le  cardinal 
Bessarion,  qui  a  traduit  la  Métaphysique  d'Aristote  en  latin.  Le  portrait 
de  Bessarion  se  trouvait  autrefois  dans  la  chambre  d'Héliodore,  peinte 
par  Bramantino,  et  ce  portrait  ne  nous  est  pus  connu,  mais,  comme  la 
coutume  de  laisser  croître  la  barbe  n'existait  pas  encore  chez  les  prêtres 
au  quinzième  siècle  en  Italie,  et  que  le  cardinal  Bessarion  mourut  en  1472, 
la  supposition  de  Montagnani  nous  semble  au  moins  douteuse. 

Torrigo  a  commis  une  erreur  plus  évidente  encore  (Sacr.  Grotte  Vati- 
cane,  p.  278),  quand  il  a  cru  reconnaître,  dans  la  figure  de  l'astronome,  le 
portrait  du  comte  Castiglione,  car  cette  figure  n'a  pas  la  moindre  res- 
semblance avec  le  beau  portrait  que  Raphaël  a  fait  de  l'auteur  du  Cor- 
tegiano. 

Ceux  qui  ont  voulu  voir  dans  cette  figure  le  portrait  de  Giovanni  délia 
Casa  se  sont  bien  grossièrement  trompés,  car  celui-ci,  à  l'époque  de  la 
mort  de  Raphaël,  n'était  encore  qu'un  enfant. 

Nous  nous  restreindrons  à  ces  quelques  réfutations,  qui  nous  semblent 
suffire,  mais  auxquelles  nous  pourrions  en  ajouter  beaucoup  d'autres. 

1.  Le  dttc  de  Hautoue,  Federico  II,  né  le  17  mai  1500,  était  alors  Agé  de  dix  ans  à 
peine,  tandis  que  la  Ggure  dans  laquelle  Vasari  a  youIu  reconnaître  ce  prince  représente  un 
jeune  homme  de  dix-huit  ans.  Il  y  a  donc  confusion.  Nous  croyons,  nous,  que  le  jeune  homme 
placé  derrière  FArabe  Averroès,  et  dont  la  physionomie  annonce  un  portrait,  doit  représenter 
le  jeune  prince  de  Mantoue,  que  recommandaient  déjà  en  1514  ses  heureuses  dispositions  et  ses 
talents  précoces,  suivant  le  témoignage  du  comte  Balthazar  Castiglione. 


PAH  RAPHAËL  A  ROME.  83 

Nous  avoDs  déjà  signalé^  dans  la  Vie  de  Raphaël^  les  brillantes  et  ori- 
ginales qualités  de  cette  peinture;  c'est  pourquoi  nous  nous  bornerons  à 
citer  ici  un  passage  du  Propylée  des  Amis  des  arts  de  Weimar  : 

a  Dans  TÉcole  d'Atbènes^  Rapbaël  se  montre  déjà  plus  grand  peintre  et 
plus  grand  coloriste  que  dans  la  Dispute  du  Saint  Sacrement  et  même  que 
dans  le  Parnasse.  Il  y  est  d'une  beauté  de  ton  plus  variée^  sans  nuire  pour 
cela  à  rharmonie  de  la  composition.  Les  diflicultés  techniques  et  maté- 
rielles de  l'œuvre  n'entravent  pas  la  tendance  et  Faction  de  son  génie. 
Tout,  dans  TÉcole  d'Athènes^  est  plus  hardiment  conçu,  tout  est  ordonné 
avec  plus  de  liberté  et  de  goût  que  dans  les  premières  peintures.  Les  dra- 
peries sont  plus  larges,  les  motifs  de  plis  sont  choisis  avec  plus  de  grâce  et 
de  soin.  Les  masses  d'ombres  et  de  lumières^  étant  mieux  distribuées^ 
produisent  plus  d'effet  dans  l'ensemble  général.  » 

Cette  peinture  a  malheureusement  plus  souffert  que  toutes  celles  qui 
décorent  cette  salle,  ce  qu'on  ne  saurait  pas  seulement  attribuer  à  l'état 
d'abandon  dans  lequel  restèrent  les  Stanze  jusqu'en  ilOfi,  époque  où 
Carlo  Maratti,  avec  le  secours  de  ses  élèves  Bartolomeo  Urbani^  Pietro 
de'Pietri  et  Andréa  Procaccini  ^,  les  restaura  religieusement;  mais  on  doit 
aussi  attribuer  celte  détérioration  aux  nombreux  calques  qui  furent  faits 
sur  ces  fresques  et  qui^  à  la  longue^  en  altérant  la  surface  unie  de  la  pein- 
ture, leur  fit  perdre  forcément  la  précision  et  la  pureté  des  contours. 

Actuellement,  toute  espèce  de  calque  étant  interdit^  on  a  remédié  à  cet 
abus,  mais,  comme  il  arrive  d'ordinaire,  un  peu  tardivement.  En  outre, 
cette  fresque  offre  deui  fentes,  qui  traversent  les  figures  de  Diogène  et 
d'Épicure.  Le  temps  l'a  aussi  quelque  peu  décolorée  et  cette  décoloration 
est  surtout  sensible  dans  la  statue  de  Minerve  et  dans  le  bas-relief  placé 
au-dessous  de  cette  ligure. 

Etudes  pour  V Ecole  (t Athènes. 

a.)  Le  carton  original,  dessiné  à  la  pierre  noire,  se  trouve  dans  la  col* 
lectioD  de  la  bibliothèque  Ambroisienne,  à  Milan.  En  1799,  il  fut  trans- 
porté en  plusieurs  morceaux  à  Paris,  où  le  peintre  d'histoire,  M.  Bouillon, 
les  rejoignit  avec  grand  soin.  Les  traités  de  paix,  en  1815,  ramenèrent  le 
carton  à  Milan  *. 

6.)  Étude  pour  deux  figures  qui  sont  placées  sur  les  marches  à  côté  de 
Diogène  et  pour  la  tête  de  Méduse.  —  Dans  la  collection  de  l'université 
d'Oxford. 

Gravée  dans  Vltalian  Sehoolofdetign^  de  W^  Y.  Ottley. 

I.  Voyez  le  Rapport  de  B.  Urbani,  dans  la  Vie  de  Carlo  Maratti,  de  Bellori,  p.  i)3. 
i.  Vo\cz  A.  Boucher  Desnoyers,  Appendice  à  la  Vie  de  Raphaël  par  M.  Quatremcre  dt 
Quiiicy,  p.  38. 


V 


84  .        PEINTURES  EXÉCUTÉES 

c.)  Étude  pour  le  Diogène.  —  Collection  de  rinslitut  de  Staedel^  à 
Francfort-sur-Mein . 

Gravée  dans  17(a/ûifi  Srhool  of  design,  de  W.  Y.  OUley. 

d,)  Étude  pour  le  groupe  du  Bramante.  —  Collection  d'Oxford. 

Gravée  dans  Vitalian  School  ofdetign,  de  W.  Y.  OtUey. 

e.)  Esquisse  pour  Tarchitecture  du  fond  à  gauche,  avec  la  statue  d'A- 
pollon dans. la  niclie.  —  Collection  d'Oxford. 

f.)  La  statue  de  Minerve.  —  Collection  d'Oxford. 

g,)  Étude  pour  le  bas-relief,  au-dessous  de  la  statue  d'Apollon,  représen- 
tant quatre  hommes  qui  combattent.  —  CollectioD  d'Oxford. 

Gravée  dans  Vitalian  Schoolof  design^  de  W.  Y.  OtUey. 

h,)  Dessin  de  l'homme  qui  apporte  des  livres.  — 11  se  trouvait  dans  la 
collection  de  Sir  Thomas  Lawrence  à  Londres. 

t.)  La  Philosophie.  Esquisse  pour  le  bas-relief  sous  la  statue  de  Minerve. 
—  Dans  la  collection  de  Florence. 

Gravée  par  Harc-Anloine.  Bartsch  ÎIY,  n*  381  i.  —  Copie  par  Agostino  Yene- 
ziano.  En  conUe-partie.  —  Par  Lambertus  Suavias,  avec  ou  sans  nom.  En  con- 
tre-partie. —  Par  Eneas  Yico.  En  contre-partie.  —  Par  un  ancien  anonyme. 
En  contre-partie.  A  droite,  un  ange  qui  vole  ;  et  dans  le  bas,  un  paysage  monta- 
gneux avec  une  villa  et  un  pont  sur  un  fleuve.  On  lit  sur  cette  planche  :  Ca^uarum 
Cognitio.  Signé  C.  H.,  au  bas,  à  gauche.  H.  6"  5'";  1.  9"  1".  —  A  Teau-forte,  par 
E.  Bonnionne.  —  Landon,  n*  337. 

k.)  Élude  pour  le  groupe  de  Pythagore.  — Collection  Albertine,  à  Vienne. 

Gravée  par  Robert  et  Lesueur,  sur  une  teinte.  En  contre-partie.  In-fol.  en 
largeur.  —  J.-Th.  Prestel,  1785.  En  contre-partie.  In-fol.  en  larg.  —  Ferdinand 
Ruschweyh,  1807,  sans  l'étude  de  la  draperie.  In-4*.  —  Lithographiée  parPili- 
zotti. 

/.)  Esquisse  pour  l'École  d'Athènes. 

Gravée  par  Maria  Cath.  Prestel,  1776,  d'après  un  dessin  du  cabinet  de  Piaun, 
à  Nuremberg.  In-fol.  eu  larg.  —  Probablement,  le  même  dessin,  gravé  par  F.  Ro- 
saspina.  In-fol.  en  larg.  avec  cette  indication  :  Délia  collezione  del  tig.  canonieo 
Pilippo  Nicoli,  Nous  doutons  fort  de  l'authenticité  de  ce  dessin. 

Gravures  d'après  la  fresque. 

Giorgio  Mantuano,  1550,  2  feuilles,  avec  cette  inscripUon  :  Paulut  Àlhenii  per 
Epieuraeoiet  Sloieot  qtMsdamphiloiophoiadduettUt  etc.  Bartsch,  t.  XY,  p.  395,  n*  ^. 

1 .  La  beauté  et  la  finesse  du  dessin  de  cette  gravure  sont  surprenantes ,  surtout  dans  les 
parties  du  nû  ;  te  charme  de  Texpression  de  la  tète  de  la  figure  principale  est  même  tellement 
supérieur  à  tout  ce  que  Harc-Antoine  a  fait  de  plus  parfait  dans  ce  genre,  qu'il  faut  nécessaire- 
ment attribuer  celte  gramre  à  un  autre  grand  artiste  anonyme.  On  a  cru  y  reconnaître  la  main 
de  Raphaël  :  ce  que  nous  ne  pouvons  cependant  pas  admettre,  parce  que  les  draperies,  en  op- 
position au  nu,  sont  assez  roidemenl  traitées.  Il  y  a  encore  deux  autres  estampes  qui  présen- 
tent les  mêmes  qualités  et  qui  paraissent  accuser  le  burin  du  même  graveur.  C'est  la  Tierge  pleu- 
rant le  Christ,  dite  la  Vierge  au  bras  nu  (Bartsch,  n**  34],  et  une  Vierge  assise  sur  des  nues 
(B.,  n*  47);  cette  dernière  gravure,  non  décrite  (dans  la  coUection  de  Dusseldorf),  a  surtout 
donné  lieu  à  la  coi^ecture  en  question,  sur  laquelle  nous  reviendrons  plus  tard. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  85 

B.  19";  1.  Sr.  —  Nicolai  Nelli  fonnis,  1573.  Mauvaise  planche  en  deux  feuilles. 
H.  18"  2";  1.  30"  9'".  —  J.-B.  de  Cavalerijs  ex.,  deux  feuilles.  Retouché  par 
Philippe  Thomassin,  avec  l'adresse  de  Nie.  van  Aelst,  J617.  Platon  et  Aristote 
avec  des  auréoles,  deux  feuilles  cintrées  dans  le  haut.  Épreuves  postérieures, 
avec  Jac.  de  Rossi  for.  1648.  H.  18"  5'";  1.  30".  —  Gasparo  Osello,  ou  ad  Avibut, 
cité  par  Heinecke  ;  Zani  ne  connaît  point  cette  gravure,  et  nous  ne  l'avons  jamais 
▼ue.  —  L.  Cossin,  sans  cintre,  de  la  grandeur  de  la  planche  de  Giorgio  Man- 
tuano.  II  y  manque  les  figures  d^  Raphaël  et  du  Pérugin.  ^  Cholet,  faible  gra- 
vure, petit  in-fol.  en  larg.  ~  Franc.  Aquila,  1722,  grand  in-fol.  en  larg.,  pour  les 
FkkÊTŒf  etc.  —  Joh.  Yolpato,  in-fol.  en  larg.  —  Domenico  Gunego  fecit,  Romœ, 
1792.  Épreuves  postérieures  de  1799,  à  la  manière  noire.  Grand  in-fol.  H.  25"  2"'; 
1.  33"  4'".  —  Anonyme,  Steph.  Gantrel  exe,  grand  in-fol.  —  Anonyme,  petit 
in-fol  —  Gluseppe  Mochetti,  petit  in-fol.  en  larg.  —  Petite  gravure  sur  acier,  en 
médaillon,  par  Franc.  Putinati  da  Verona.  H.  91  mill.,  br.  151.  —  Landon,  n«  184. 

Gravures  partielles  de  la  composition. 

a.)  Le  groupe  de  Pythagore.  —  Six  figures,  gravées  par  Agostino  Yeneziano, 
1523.  Barlsch,  t.  XIV,  n«  492. 

b,)  La  figure  d'Apollon  dans  la  niche.  —  Gravée  par  Marc-Antoine.  Bartsch, 
t.  XIV,  n-  334  et  335. 

e.)  Alcibiade,  représenté  debout  contre  un  autel.  —  Gravé  par  Agostino  Yene- 
ziano. Bartsch,  t.  XIV,  n"*  483.  —  Un  dessin  de  cette  figure,  à  la  plume,  lavé  et 
rehaussé  de  blanc,  se  trouvait,  en  1765,  dans  la  collection  d'Isaac  Walraven,  à 
Amsterdam. 

d.)  Les  portraits  de  Raphaël  et  de  Pérugin.  —  Gravés  par  H.  F.  Dien.  In-4*.  — 
Par  P.  Fidanza,  de  la  grandeur  de  l'original.  —  Les  mêmes,  du  côté  opposé.  — 
Lithographies  par  Piloti ,  avec  une  teinte.  —  Le  portrait  de  Raphaël  seul ,  par 
P.  Fidanza.  In-fol.  —  Riepenhausen.  In-fol.  —  Mich.  Bisi,  dans  un  petit  ovale. 
—  Dom.  Cunego.  Petit  in-fol. 

e.)  Les  deux  groupes  les  plus  rapprochés  de  Platon  et  d'Aristote.  En  contre- 
partie. Deux  feuilles  in-fol.  —  Joh   Paul  Melchiori  delin.,  gravé  par  Caet  Bianci. 

f.)  Cinquante-deux  létes,  de  la  grandeur  de  l'original,  d'après  la  peinture,  en 
40  feuilles,  et  une  feuille  pour  la  dédicace  à  Don  G.  M.  Azara,  sous  le  titre  :  Le 
Lit  Taie  delta  eelebre  Scuola  d^Àtene  dip.  da  Raffaello  Sanxio  d'Urbino  nelpalazzo  Vaa- 
eano  ditegnatsin  XL  carte,  dal  cav.  A.  R.  Mengs,  incise  da  D.  Cunego  (Roma,  1785). 

g.)  Raeeolia  délie  teite  dei  PUotofiy  dei  Poeliy  colle  nove  Mute  ed  Àpollo  e  di  allri 
Uomini  ill.  difrinti  da  Rafaelle  nella  Scuola  d'Àtene  e  nel  Pamauo  al  Vaticano,  dis.  da 
L.  Agricola,  inc.  da  diversi.  Num.  51  a  30  baj.  l'una.  (Roma,  presso  Agapilo 
Franzelli.) 

h.)  Parmi  les  cent  quarante-quatre  têtes  gravées  à  l'eau-forte,  de  la  grandeur 
de  l'original,  par  Fidanza,  il  s'en  trouve  dix  d'après  le  Guide;  les  autres  sont  do 
Raphaël,  et  pour  la  plupart  d'après  les  fresques  du  Vatican.  Cette  collection  forme 
ifuatre  volumes,  dont  les  deux  premiers  parurent  en  1757  et  les  deux  autres  en 
1763.  Les  trois  derniers  sont  bien  inférieurs  au  premier.  Ils  portent  pour  litre  : 
Teste  dipenonaggi  illuttri,  etc.,  dipinle  in  Vaticano  da  Rafaelle ^  etc.,  divUe  in  due  lomi, 
da  Paolo  Fidanza  pittore.  (Roma,  1757-1763.)  —  Ce  recueil  a  été  publié  de  nou- 
veau avec  un  titre  français,  en  1785. 

t.)  Le  duc  d'Urbin,  gravé  par  Laugier,  1841.  In-fol. 

C'est  par  erreur  que  dans  :  Vie  et  Œuvres  de  Raphaîil,  deC.-P.  Landon> 
OD  attribue  à  ce  maître  trois  premières  esquisses  pour  TÉcolc  d'Athènes  ; 
néanmoins,  nous  les  indiquerons  sommairement. 


86      '  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

a,)  Une  assemblée  de  savants  et  de  femmes^  d*après  Francesco  Salviati, 
.gravure  attribuée  à  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIV,  n»479.  Le  mo- 
nogramme RS.,  dont  cette  estampe  est  signée,  appartient  à  un  maître 
anonyme.  Voy.  Brulliot,  p.  363. 

6.)  L'école  d'un  ancien  philosophe,  nommé  aussi  Denis  TAréopagite, 
dans  la  chaire.  Au  milieu,  près  d'un  pupitre,  est  assis  un  philosophe 
enseignant,  entouré  de  ses  disciples.  Sur  une  tablette,  dans  le  haut,  on 
lit  ces  deux  mots  :  Deo  Jgnoto,  Gravé,  à  ce  qu'il  parait,  d'après  le  dessin 
d'un  élève  de  Raphaël,  par  Jacopo  Caraglio.  Bartsch,  t.  XY,  p.  91 ,  n<*  57. 
—  Zani  dit  avoir  vu  à  Parme  un  petit  tableau  représentant  un  Christ  au 
milieu  des  Docteurs,  avec  le  monogramme  I  A.  quW)n  trouve  sur  cette  gra- 
vure et  la  date  1543.  De  cette  composition,  il  existe  aussi  une  ancienne 
gravure  sur  bois,  par  Jos.  Porta  Garfaguinus.  —  Landon,  n°  355. 

c.)  Une  assemblée  de  savants  dans  une  salle  à  colonnes  ioniques.  Au 
centre,  une  statue  dans  une  niche.  Cette  composition  semble  être  de 
J.-B.  Franco.  —  Landon,  n»  354. 

60.  Les\  trois  Figures  allégoriques. 

En  cintre,  au'^essus  de  la  fenêtre.  H.  7*;  1.  20*. 

La  Prudence,  à  tête  de  Janus,  est  assise  au  milieu.  Un  génie  enfant  lui 
présente  un  miroir,  et  en  face  d'elle  un  autre  enfant  tient  un  flambeau. 
A  gauche,  est  assise  la  Force,  près  d'un  jeune  chêne,  entourée  de  deux 
petits  génies.  A  droite,  la  Modération  tient  une  bride,  que  désigne  du  geste 
un  petit  génie  assis  auprès  d'elle. 

Cette  peinture,  parfaitement  conservée,  nous  montre  le  talent  du  peintre 
plus  complet  encore,  s'il  est  possible,  que  dans  l'Ecole  d'Athènes,  quoique 
l'ordonnance  de  la  composition,  tout  en  témoignant  de  l'instinct  du  maître 
pour  la  symétrie,  appartienne  plutôt  au  genre  plastique.  Dans  le  bas,  sur 
l'architrave  de  la  fenêtre»  on  lit  cette  inscription,  aux  deux  côtés  des  armes 
papales  :  JVLÏVS.  IL  UGVR.  PONT.  MAX.  —  AN.  CHRIS.  MDXl.  PONTI- 
FICAT. SVI.  VlII. 

Gravures  d'après  cette  fresque. 

Par  Francesco  Aqnila,  avec  les  peintures  qui  se  trouvent  au-dessous,  de  cha- 
que côté  de  la  fenêtre.  Grande  planche  pour  les  Pt'etura,  etc.  —  Raphaël  llorghen, 
grand  in-fol.  en  larg.  —  Landon,  n<*  60. 

Gravures  partielles  de  la  composition. 

a.)  La  Prudence,  gravée  par  Agoslino  Veneziano,  1516.  Bartsch,  t.  XIV,  n«  857. 

b.)  La  Modération,  gravée  par  Agostino  Veneziano,  1517.  Dartsch,  t.  XIV,  n*  358. 

c.)  La  Prudence,  avec  deux  génies  à  gauche,  vraisemblablement  d'après  un 
dessin  qu'on  ne  connaît  pas.  Fr.  Bonnionne  fec.  In-4*.  A  l'eau-forle. 

d.)  La  tète  de  la  Prudence.  Demarteau,  1787.  A  la  manière  du  crayon.  Grand 
In-fol. 

e.)  La  Force.  Gravée  par  H.  Ferroni.  In-fol. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  87 

61.  L Empereur  Jtistinien  donnant  les  Pandectes. 

Tableau  étroit,  à  gauche,  près  de  la  fenêtre. 

L'empereur,  couTert  d'un  manteau  de  pourpre,  est  assis  sur  un  siège 
antique  et  présente  les  livres  des  Lois  à  Tribonianus,  agenouillé  devant  lui. 
Sii  jurisconsultes  sont  debout  derrière  lui,  et  deux  d'entre  eux,  Theophilus 
et  Dorotheus,  tiennent  chacun  un  livre  qui  indique  les  nouvelles  Constitua 
tiens  et  Institutions  données  par  le  même  empereur.  Une  niche  d'architec- 
ture forme  le  fond  de  cette  composition. 

Par  suite  d'un  malheur  arrivé  dans  le  crépissement  du  mur,  les  couleurs 
de  la  fresque  sont  devenues  très-pâles. 

L'esquisse  de  cette  composition  passa  de  la  succession  de  Sir  Thomas 
Lawrence  dans  la  collection  de  La  Haye,  et  se  trouve  aujourd'hui  à  l'Institut 
de  Staedel,  à  Francfort-sur-Mein. 

Gravures  diaprés  cette  fresque. 

Par  Fr.  Aquila,  avec  les  antres  tableaux  de  ce  mur,  pour  ses  Pxetwrm^  etc.  — 
Gravé  au  trait,  par  Francesco  GiaDgiacomo,  1809,  in*foI.  —  Landon,  n*>85d. 

62.  Grégoire  IX  donnant  les  Décré taies. 

Tableau  étroit,  à  droite,  près  de  la  fenêtre. 

Le  pape  Grégoire,  sous  les  traits  de  Jules  II,  est  assis  dans  une  niche 
et  présente,  en  les  bénissant,  les  Décrétales  à  un  avocat  du  Consistoire,  qui 
les  reçoit  à  genoux.  A  gauche  sont  debout  trois  prélats  :  Giovanni  de' 
Medici,  qui  fut  plus  tard  Léon  X,  tenant  le  manteau  du  pape,  et,  derrière 
lui,  Alexandre  Farnèse,  qui  fut  plus  tard  Paul  III,  et  Antonio  del  Monte  ; 
mais,  comme  l'indique  Bellori ,  il  est  plus  vraisemblable  que  le  portrait 
d'Antonio  del  Monte  soit  précisément  celui  qui  tient  le  manteau  du  pape. 
Outre  l'avocat  agenouillé,  il  y  a  encore  trois  figures  d'hommes,  au  côté 
droit. 

Cette  peinture,  quoique  moins  altérée  que  la  précédente,  a  aussi  beau- 
coup perdu  de  sa  couleur. 

L'esquisse  de  cette  composition,  provenant  de  la  collection  du  baron 
Verstolk  van  Soelen,  à  La  Haye,  a  passé  à  celle  de  l'Institut  de  Staedeli 
à  Francfort-sur-Mein. 

Gravures  d après  cjette  peinture. 

Par  Franc.  Aquila,  avec  les  autres  peintures  de  ce  côté  de  la  chambre,  pour  ses 
Vklwra,  etc.  —  Au  trait,  par  Francesco  Giangiacomo,  1809,  in-fol.  —  Landon, 
n»  352. 

Quel(fues  têtes  séparées,  par  P.  Fidanza,  pour  ses  :  Tette  diperton,  ill.,  etc. 

Toat  le  plafond  de  la  salle,  avec  les  huit  tableaux  et  les  ornements,  a  été  gravé 
par  Francesco  Aquila,  pour  les  PieturtBf  etc.  —  De  môme,  au  trait,  dans  l'ouvrage 
de  Montagnani.  —  De  môme,  en  couleurs,  dans  le  bel  ouvrage  de  Ludwig  Gruner  : 
Sfteeimen  of  omemmial  art,  London,  1850,  pi.  80. 


88  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

63.  Figure  allégorique  de  la  Théologie. 

Tableau  du  plafond,  dans  un  rond,  sur  fond  d'or,  genre  mosaïque. 

Cette  figure  est  assise  sur  des  nuages  et  tient  de  la  main  gauche  un  livre 
qui  représente  les  dogmes  de  TÉglise,  pendant  que  de  la  main  droite  elle 
montre  le  groupe  supérieur  du  tableau  principal.  Deux  petits  génies  tien- 
nent chacun  une  tablette  y  avec  les  deux  inscriptions  :  Divinar.  Rer.  — 
Seientia. 

Si  belle  de  mouvement  que  soit  cette  gracieuse  figure^  elle  ne  paraît 
cependant  pas  avoir  été  exécutée  par  Raphaël  lui-même.  Il  lui  manque  la 
manière  sévère  et  libre  à  la  fois  du  maître. 

Gravures  (ï après  cette  figure. 

Par  B.  Âudran,  grand  in-4.  ~  Nie.  Boquet.  Sans  nom.  Grand  in-4.  —  Raphaël 
Morghen.  1781,  grand  in-4.  En  1786,  plusieurs  épreuves  de  cette  estampe  furent 
coloriées  d'après  la  fresque.  —  Giuseppe  Bortignoni.  Très-faible.  Petit  in-fol.  — 
Pietro  Ghigi;  petit  in-fol.  — J.-H.  de  Sainte-Ëve.  Paris,  1848,  grand  in-4.  —  Lith. 
par  Schreiner,  1849.  —  Landon,  n"  68. 

64.  Figure  allégorique  de  la  Poésie. 

Tableau  du  plafond,  dans  un  rond,  sur  fond  d*or,  genre  mosaïque. 

Les  ailes  déployées  et  les  jambes  croisées,  cette  ligure  est  assise  sur  on 
siège  de  marbre^  orné  de  masques  de  théâtre,  comme  symbole  de  la 
poésie  dramatique.  De  la  main  droite  elle  tient  un  livre,  et  une  lyre  dans 
la  main  gauche.  Dans  les  nuages  sont  assis  deux  petits  génies  tenant  des 
tablettes,  sur  lesquelles  sont  écrits  :  -Numine  —  afflatur. 

Cette  figure,  d'une  beauté  surnaturelle,  est  entièrement  de  la  main  de 
Raphaël,  et  de  son  faire  le  plus  exquis. 

Une  belle  esquisse  à  la  pierre  noire  pour  la  figure  principale  est  con- 
servée dans  la  collection  royale  d'Angleterre. 

Gravée  par  F.-C.  Lewis,  1809,  pour  l'ouvrage  de  Ghamberlaine. 

Gravures  ^ après  cette  figure. 

Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n»  382.  — Le  maître  AF.  Bartsch,  t.  XY,  p.  536, 
n*  1*  —  Ancien  maître,  avec  cette  inscription  :  Aumi0.  afialu.  R.  au  bas,  à  gauche, 
1542.—  Giulio  fionasone,  pour  les  EmbUmata  de  Bochius,  in>12.  Bartsch,  t.  XV, 
n»  307.  —  Benedict  Audran,  grand  in-4.  —  N.  Bocquet,  sans  nom,  grand  in-4.  — 
Raphaël  Morghen,  grand  in-4 —  Giuseppe  Bortignoni.  Mauvaise  planche  in-fol. 
—  Pietro  Chigi,  planche  in  fol.  —  Perd.  Ruschweyh,  1829,  dans  un  carré,  plan- 
che in-fol.  —  J.-M.  de  Sainte-Ève,  à  Paris,  1848,  grand  in-4.  ^  Lith.  par  Schrei- 
ner, 1859.  —  Photogr.  dans  l'ouvrage  que  S.  A.  R.  le  prince  Albert  a  fait  exécuter 
en  1857  :  Raffaellis  drawingi  in  the  royal  collection  al  Windior  catlle;  pholographed 
by  C.  Thwilou>  Totnpton,  —  Landon,  n'^ll. 

65.  Figure  allégorique  de  la  Philosophie. 

Tableau  du  plafond ,  dans  un  rond ,  sur  fond  d*or,  genre  mosaïque. 

Cette  figure  est  assise,  un  peu  tournée  à  gauche,  sur  un  siège  de  marbre» 
orné  des  figurines  de  la  Diane  d'Ëphèse.  Dans  l'étoiTe  de  son  vêtement  sont 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  89 

figuréraent  tissés  les  quatre  éléments^  et  sur  ses  genoux  sont  posés  les 
Jivres  portant  pour  titres  :  Xaturalis  et  Moralis.  Deux  génies  debout  tien- 
Dent  des  tablettes  avec  l'inscription  :  Causarum  —  cognitio. 

Quoique  ce  bel  ouvrage  ait  quelque  peu  souffert  des  restaurations,  la 
main  de  Raphaël  y  est  pourtant  toujours  très-reconnaissable. 

.   Gravures- diaprés  cette  figure. 

Par  B.  Audran,  grand  io-4.  —  N.  Bocquet ,  sans  nom,  grand  in-4.  —  Raphaël 
Morghen,  grand  in-4.  >-  Cecchini,  sans  nom,  grand  in-fol.  —  E.  Bonnionne,  à 
l'eau-forle,  in-4.  —  Giaseppe  Bortignoni,  petit  infol.  —  Pietro  Ghigi,  petit  in- 
fol.  —  J.-M.  de  Sainte-£ve,  à  Paris,  1853,  grand  in-4.  —  Lith.  par  Schreiner, 
1849.  —  Landon,  n«  70. 

66.  Figure  allégorique  de  la  Jurisprudence. 

Tableau  du  plafond,  dans  un  rond,  sur  fond  d'or,  geure  mosaïque. 

Le  front  orné  d'un  diadème,  cette  figure  tient  une  épée  de  la  main 
droite  et  des  balances  de  la  main  gauche.  Deux  génies  à  ses  côtés  tiennent 
deux  tablettes  avec  cette  inscription  :  Jus  suum  unicuique  iribuens. 

Cette  figure  allégorique  est  la  plus  faible  de  toutes;  elle  a  certainement 
été  peinte  par  un  élève  de  Raphaël. 

Gravures  d'après  cette  figure. 

Bened.  Andran,  grand  in-4.  —  B.  Simoneau  l'aîné,  in-4.  —  Chez  Tardieu,  1716, 
avec  un  monstre  sous  les  pieds  de  la  figure,  in-4.  —  Raphaël  Morghen,  grand 
in-4.  —  Giuseppe  Borlignoni,  petit  in-fol.  — Pielro  Ghigi,  petit  in-fol.  —  J.-M.  de 
Sainte-Ève,  Paris,  1853,  grand  in-4.  —  Lith.  par  Schreiner,  1849.  —  Landon, 
n»69. 

&1.  Le  Péché  originel. 

Petite  peinture  du  plafond,  sur  fond  d'or. 

Adam  est  assis  à  gauche  sous  un  figuier,  tourné  vers  Eve,  qui  lui  pi^ 
sente  le  fruit  défendu.  Celle-ci  est  debout,  au  côté  droit,  et  tient  de  la  main 
gauche  une  branche  de  l'arbre  sur  lequel  se  trouve  le  serpent  à  tête  de 
femme. 

Cette  belle  composition  est  exécutée  de  la  manière  la  plus  spirituelle. 

Gravures  :  Virgil.  Solis,  du  côté  opposé,  et  avec  un  autre  paysage.  Barisch, 
t.  IX,  p.  $46.  N"  4.  —  Remigius  Yuibert  Gallus  sculp.,  anno  1635.  A  l'eau-forte. 
Petit  in-folio.  —  Nic.-F.  Bocquet,  1691,  in-folio.  —  Fr.  MuUer,  1813,  in-folio.— 
Jos.-Th.  Richomme,  1814,  in-folio.  —  Au  trait,  par  Vranc.  Giangiacomo.  — 
Laodon,  n"»  313. 

68.  Le  Jugement  d'Apollon  contre  Marsyas, 

Petite  peinture  du  plafond,  sur  fond  d'or. 

Apollon  assis,  tenant  sa  lyre  de  la  main  gauche,  ordonne  à  un  berger 
d'écorcher  Marsyas,  attaché  au  tronc  d'un  arbre.  Un  deuxième  berger,  que 
l'on  voit  de  dos,  élève  une  couronne  de  laurier  sur  la  tête  du  dieu. 


»0  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

L'exécution  de  cette  fresque  appartient  à  un  des  plus  faibles  élèves  de 
Raphaël. 

Gravures  :  Remy  Vuibcrt,  1635,  à  Teau-forte,  petit  in-folio.—  Nic.-F.  Rocquet, 
1690,  in-folio.  —  An  trait,  par  Fr.  Giangiacomo.  —  Landon,  n*  367. 

69.  La  Contemplation  des  astres,  ou  F  Astronomie. 

Petite  peinture  du  plafond,  sur  fond  d*or. 

Une  figure  de  femme^  s'appuyant  sur  un' globe  céleste  transparent,  con- 
temple avec  admiration  les  planètes  au  milieu  desquelles  se  trouve  le 
glube  terrestre.  Deux  petits  génieSi  debout  sur  des  nuages  el  tenant  des 
livres,  sont  à  ses  côtés. 

Gravures  :  Remy  Yuiberl,  1655,  du  côté  opposé,  petit  in-folio.  ~  Nic.-F.  Roc- 
quot,  1694.  k  l'eau-forte.  In-folio.  —  Au  trait,  par  Giangiacomo.  —  Landon, 
n»  445. 

Une  étude  pour  cette  figure  allégorique  se  trouve  dans  la  collection 
Albertine,  à  Vienne. 

10.  Le  Jugement  de  Salomon. 

Petite  peinture  du  plafond,  iur  fond  d^or. 

A  droite,  Salomon,  assis  sur  son  trône,  vient  de  prononcer  le  jugement. 
Un  jeune  homme,  vu  de  dos,  tient,  de  la  main  gauche,  l'enfant  qu'il  va 
couper  en  deux.  Sur  le  devant,  la  fausse  mère  est  à  genoux,  tandis  que  la 
vraie  mère  accourt  pour  empêcher  l'exécution  de  la  sentence. 

Gravures  :  Remy  Yuibert,  1635 ,  petit  in-folio.  —  P.  Scalberg,  1637.  A  l'eau- 
forte.  Petit  in-folio.  —  Nic.-F.  Rocquet,  1690,  in-folio.  —  Pietro  Anderloni 
sculp.,  1845,  grand  in-folio.  —  Au  trait,  par  Franc.  Giangiacomo. 

Études  pour  le  tableau. 

a.)  Une  esquisse  à  la  pointe  d'argent  se  trouve  dans  la  collection 
d'Oxford. 

h.)  Une  esquisse  de  la  femme  à  genoux  au  premier  plan  est  dans  la  collec- 
tion Albertine,  à  Vienne. 

c.)Une  petite  copie  de  ce  tableau,  par  Nicolas  Poussin,  se  trouve  dans  la 
collection  Lamberg,  à  l'Académie  de  Vienne. 

71.  Alexandre  le  Grand  faisant  déposer  les  œuvres  d! Homère 

dans  le  tombeau  d'Achille. 

L'un  des  deux  tableaux  eu  grisaille,  sous  le  Parnasse,  â  gauche. 

Le  jeune  conquérant,  debout  à  droite,  ordonne  à  un  homme  barbu  de 
mettre  un  volume  dans  un  sarcophage,  dont  le  couvercle  est  soulevé  par 
un  jeune  homme  presque  nu.  Six  guerriers  se  tiennent  debout  derrière 
Alexandre  ;  et  à  gauche,  on  voit  six  hommes,  dont  trois  regardent  avec 
curiosité  dans  le  tombeau. 


PAR  BAPHAEL  A  ROME.  91 

Depuis  Bel lori  jusqu'à  Montagnani^  on  a  cru  que  cette  belle  composition 
représentait  la  découverte  des  livres  sibyllins  dans  le  tombeau  de  Numa 
Pompilius.  Bartsch  décrit  ainsi  la  gravure  de  Marc-Antoine^  d'après  ce  ta- 
bleau :  et  Alexandre  fait  déposer  les  œuvres  d'Homère  dans  le  sarcophage 
de  Darius,  d  Mais  nous  adoptons  l'explication  qu'Ernest  Platner  a  donnée 
le  premier  dans  sa  Description  de  Rome,  explication  satisfaisante  sous  tous 
les  rapports. 

Gravures  :  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIY,  n*  207.  —  Cop.  A.  Dans  le  bas  : 
Rafa.  Vrb.  Inue.  —  Cop.  B,  du  côté  opposé.  —  Cop.  C ,  du  côté  opposé,  à  l'eau- 
forte,  sans  aucune  signature.  —  Etienne  de  Laulne  ;  petite  feuille.  H.  3",  3'"; 
1.  5".  —  Landon,  n"  158. 

Un  dessin  à  la  sanguine,  d'une  très-belle  exécution,  d'après  la  gravure  de 
Marc-Antoine,  fut  vendu  400  florins  à  la  vente  du  feu  roi  de  Hollande,  et 
passa  en  Angleterre. 

72.  L'empereur  Auguste  défendant  de  brûler  l'Enéide  de 

Virgile. 

Peint  à  grisailles,  sous  le  Parnasse,  à  droite. 

L'empereur  couronné  de  lauriers  s'avance  vers  Plautius  Tucca  et  Varius, 
•amis  de  Virgile,  et  les  empêche  de  jeter  dans  les  flammes,  selon  les  der- 
nières volontés  du  poète,  son  poëme  inachevé  de  VÉnéide.  On  voit  huit 
autres  ûgures  à  droite.  ^ 

Taja  crut  reconnaître,  dans  cette  composition,  la  destruction  des  livres 
des  Sibylles;  Bellori  accepta,  sans  eiamen,  l'explication  donnée  par  Taja; 
mais  des  écrivains  postérieurs  mirent  en  avant  une  nouvelle  explication 
que  nous  avons  adoptée. 

La  plupart  des  auteurs  italiens  de  nos  jours,  qui  ont  écrit  sur  les  arts, 
se  sont  ligués,  en  quelque  sorte,  pour  attribuer  à  Polidore  de  Caravage 
toutes  les  grisailles  de  Raphaël  et  de  son  école  ;  c'est  une  opinion  que  Mon- 
tagnani  avait  avancée  au  sujet  de  la  grisaille  que  nous  venons  de  décrire. 
Cette  opinion  n'a  pourtant  pas  le  moindre  fondement,  puisque,  selon  Va- 
sari,  Polidore  de  Caravage  ne  vint  à  Rome  que  sous  Léon  X,  alors  que  son 
maître,  Raphaël,  était  occupé  à  peindre  les  Loges,  et  quand  déjà  depuis 
longtemps  la  décoration  de  la  Stanza  délia  Segnatura  était  achevée. 

Nous  ne  connaissons  qu'une  gravure  d'après  cette  composition  ;  elle  se 

trouve  dans  Touvrage  de  Moutagnani  sur  les  Stances. 

« 

73.  Les  petits  tableaux  dans  les  e?nbrasures  des  fenêtres. 

Ces  peintures  d*omement,  en  grisailles  rehaussées  d'or,  exécutées  d'a- 
près les  dessins  de  Raphaël ,  représentent  des  candélabres  ou  des  grotesques, 
avec  un  petit  tableau  dans  le  milieu  et  un  plus  grand  dans  le  haut.  Ces 
peintures  ont  beaucoup  souffert,  elles  ont  été  fortement  restaurées  et  quel* 


92  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

ques-unes  sont  totalement  eflacées.  Donc  il  est  aujourd'hui  difficile 
juger  si  les  graveurs  anciens  nous  en  ont  donné  de  (idèies  reproductions, 
et  surtout  les  eslan^pes  d'Etienne  Baudet^  qui  a  représenté  les  six  côtés 
des  embrasures^  peuvent  inspirer  des  doutes  à  Tégard  de  leur  exacti- 
tude. 

Ces  dernières  gravures  portent  le  titre  suivant  :  Divers  ornements  d^ 
Raphaël  peints  aux  embrasures  des  fenêtres  du  Vatican  y  à  Paris  ^  cliez 
Drevet. 

Les  sujets  représentés  dans  ces  estampes  avec  les  grotesques  sont  les 
suivants  : 

a.)  Le  Jugement  de  Paris.  Cette  composition  paraît  bien  plus  française 
que  raphaélesque. 

6.)  L'Annonciation.  La  Vierge,  agenouillée  devant  un  prie-Dieu,  et  à  gau- 
che l'ange  également  agenouillé.  La  composition  primitive  de  Raphaël  est 
vraisemblablement  celle  qu'Enea  Vico  a  gr^ée  (Bartsch,  t.  XV,  p.  282, 
n**  %),  et  qui  se  trouve  dans  la  chambre  d'Attila,  au  Vatican. 

c.)  Saint  Pierre  chez  le  centenier  Cornélius. 

d.)  Le  Christ  apparaissant  à  saint  Pierre  devant  les  murs  de  Rome.  On 
a  utilisé,  dans  cette  estampe,  la  composition  de  Raphaël  qui  est  exécutée 
dans  la  chambre  di  Torre  Borgia. 

e.)  Un  Tribunal  dans  une  basilique. 

f.)  Une  Femme  prisonnière  conduite  par  deux  hommes  devant  un  tribu- 
nal. Peut-être  est-ce  le  Jugement  de  Daniel  entre  Suzanne  et  tes  deux 
vieillards. 


Les  deux  seuls  sujets  encore  reconnaissables  aujourd'hui  dans  les  fres- 
ques de  la  chambre  se  trouvent  près  de  la  fenêtre,  du  côté  de  la  Juris- 
prudence. L'un,  à  côté  de  Justinien  promulguant  le^Pan(/ect6«,  représente 
le  Jugement  de  Séleucus  condamnant  son  (ils;  et  en  face,  les  Apôtres  di- 
sant au  Christ  :  a  Voici  deux  épées  »  (Saint  Luc,  chap.  xxi). 

Pietro  Sanlo  Bartoli  a  fait  des  eaux-fortes  d'après  ces  deux  tableaux 
dans  son  recueil  de  14  planches,  outre  le  titre  et  la  dédicace  à  Nie.  Simo- 
nelli.  —  Landon,  n°*  250  et  252. 

Dans  les  gravures  de  Franc.  Aquila,  d'après  toutes  les  peintures  du  mur, 
l'Incrédulité  de  saint  Thomas  serait  peut-être  le  sujet  des  petits  tableaux. 
L'esquisse  originale  devait  se  trouver  dans  la  collection  Crozat.  —  Gravée 
par  Caylus  et  N.  Lesueur,  en  octogone.  —  Landon,  n°  232.  —  Le  même 
sujet,  mais  avec  trois  ligures  seulement,  s'est  trouvé  à  la  vente  Ten  Kate 
et  A.  Rutgers,  à  Amsterdam,  en  i778.  —  Gravée  par  B.  Picart,  dans  les 
Impostures  innocentes,  n»*  1.  —  Du  côté  opposé,  par  G. -F.  Schmoll, 
grand  in-i°. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  93 

74.  Les  tableaux  du  soubassement  de  la  Chambre  délia 

Segnatura, 

On  sait  que  Raphaël  avait  fait  poser,  en  forme  de  soubassement  ou  de 
socle,  autour  de  cette  chambre,  des  panneaux  de  bois  sculptés^  œuvre  de 
fra  Giovanni  de  Vérone,  panneaux  qui  furent  enlevés  sous  Paul  111  et  renr»- 
placés  par  des  peintures  de  Perino  del  Vaga  ^  Ces  peintures,  ayant  beaucoup 
soofifert,  furent  pour  ainsi  dire  refaites  par  Carlo  Maratti  et  ses  élèves,  en 
170â.  Néanmoins,  elles  portent  encore  des  vestiges  du  pinceau  de  Perino 
del  Vaga^  et  comme  ces  petits  tableaux,  en  couleur  de  bronze,  ont  un  rap- 
port direct  avec  les  sujets  principaux,  nous  les  indiquerons  brièvement. 
11»  sont  séparés  entre  eux  par  huit  cariatides  et  deux  Termes  en  grisaille. 
Ils  ont  été  gravés  au  trait  dans  l'ouvrage  de  Montagnani. 

Sons  la  frc«4«e  de  1b  Vliéoloirlc* 

a.)  La  Science  de^  choses  divines.  Figure  allégorique  de  femme. 

6.)  La  Sibylle  de  Tibur  montrant  à  l'empereur  Auguste  l'apparition  de 
la  Sainte  Vierge. 

c.)  Saint  Augustin  regardant,  au  bord  de  la  mer,  un  enfant  qui  veut  la 
vider  avec  une  cuillère. 

dJ)  Un  SacriGœ  païen. 

Soas  l'IÊeole  d'Athènes. 

e.)  La  Philosophie  spéculative.  Figure  allégorique  de  femme. 
^0  Savants  orientaux  et  magiciens  discutant  sur  le  globe  terrestre. 
g.)  Siège  de  Syracuse. 
h)  La  Mort  d'Archimède. 

SovB  la  flarlspradeBce. 

> 

s.)  Moïse  présentant  les  Tables  de  la  loi  au  peuple  d'Israël. 
k.)  Discours  de  Solon  au  peuple  grec. 

Son»  le  ParnaMe. 

Ici  se  trouvent  six  petits  tableaux,  en  toutes  couleurs,  représentant  des 
vues  de  paysages  à  travers  des  portes  architecturales.  On  reconnaît,  dans 
une  d'elles,  le  temple  de  Minerva  medica,  à  Rome. 

4 

7S.  Portrait  du  pape  Jules  IL 

Sur  bois;  b.  3*  1";  l.,  2'  10".  Figure  jusqu'aux  genoux. 

Le  pape,  tourné  à  gauche,  est  assis  dans  un  fauteuil,  sur  lequel  il  appuie 
ses  bras,  et  de  la  main  gauche,  ornée  de  trois  bagues,  il  tient  un  mouchoir. 

1.  Voyex  Vasari ,  dans  la  Vie  de  Perino  dei  Vaga.  Les  écrÎTains  modenies,  jusqu*à  Monta- 
gnani, attribuent  ces  peintures  à  Polidore  de  Caravage.  quoique  le  style  en  soit  très-différent  de 
ceini  de  ce  maître^  qui  d'ailleurs  avait  déjà  quitté  Rome  en  1 527,  et  qui  no  revint  plus  en  cette 
Tille.  De  plus,  P«ul  III  ne  fut  éleyé  au  saint-siège  qu'en  1534* 


94  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

Son  regard  méditatif  paraît  fixé  vers  le  bas.  Il  a  la  tête  couverte  d'une 
toque  de  velours  rouge.  Sa  barbe  blanche  descend  sur  la  poitrine.  Le 
fond  est  vert. 

Raphaël  peignit  ce  portrait^  selon  toute  apparence,  pour  le  pape  lui- 
même,  qui  en  fit  don  à  réalise  Santa  Maria  de!  Popolo,  à  Rome.  Au  moins 
se  trouvait-il  encore  dans  cette  église  du  temps  de  Vasari,  et  môme  du 
temps  de  Sandrart.  Les  jours  de  grande  fête,  il  était  exposé  au  public  avec 
la  Madone  de  Loreto ,  peinte  également  par  Raphaël.  On  ignore  comment 
il  devint  depuis  la  propriété  de  la  famille  des  Médicis. 

Les  connaisseurs  ont  souvent  discuté  entre  eux  pour  savoir  quel  était 
l'original  entre  les  nombreuses  répétitions  qui  existent  de  ce  portrait  En 
réalité,  il  y  a  beaucoup  de  ces  répétitions  qui  ont  certainement  été  exécutées 
sous  les  ordres  de  Raphaël  dans  son  atelier,  et  qui,  par  conséquent,  sont 
excellentes.  Il  n'est  pas  douteux  que,  déjà  du  temps  de  Raphaël,  toutes  ces 
répétitions  devaient  passer  pour  originales,  comme  le  même  fait  s'est  re- 
produit, de  notre  temps,  pour  les  portraits  de  Napoléon,  d'après  Gérard^ 
et  pour  ceux  du  roi  d'Angleterre ,  d'après  Lawrence. 

En  ce  qui  concerne  le  véritable  original ,  il  est  certain,  du  moins  pour 
tous  les  connaisseurs,  que  c'est  le  portrait  du  palais  Pilli,  dont  le  dessin  et 
le  modelé  sont  bien  supérieurs  à  tous  les  autres. 

Ce  portrait  a  été  un  peu  usé  par  le  nettoyage  qu'on  lui  fit  subir  en 
France,  où  il  a  figuré,  comme  tant  d'autres  chefs-d'œuvre,  au  musée  Na- 
poléon. ^Mais,  malgré  ce  nettoyage,  c'est  toujours  une  œuvre  magnifique. 

Gravures  :  Morace,  pour  la  Galerie  de  Florence ^  de  Wicar,  in-i".  —  Châtai- 
gnier, in-8**,  pour  la  Galerie  Filhol.  —  A.  Daverio  del.  e  inc;  petit  in-folio;  seule- 
ment ébauché.  —  J.  Delfiui  sculp.,  P.  Toschi  dir.  In-folio.  —  Landon,  n^*  217. 

Le  carton  original,  dessiné  à  la  pierre  noire,  a  été  piqué  dans  les  con- 
tours pour  le  calque.  11  passa  de  Rome  dans  la  galerie  Corsini  à  Florence. 

Copies  de  cette  peinture. 

a,)  Copie  très-remarquable,  à  Florence,  dans  la  Tribune  de  la  galerie. 
Ce  tableau,  provenant  de  la  succession  des  ducs  d'Urbin,  échut  par  héri- 
tage à  la  grande- duchesse  Villoria,  nièce  du  dernier  fluc  et  épouse  de 
Ferdinand  II  de  Médicis  {/{eal,  GalL  di  Firenze,  1817,  t.  I,  p.  8).  Il  est 
d'une  exécution  hardie,  ferme,  juste  de  modelé,  et  d'une  couleur  bien 
empâtée,  mais  il  lui  manque  la  finesse,  et  surtout  l'air  de  vie,  qui  est  si 
admirable  dans  roriginal.  Les  mains,  aux  doigts  allongés,  sont  très-négli- 
gemment dessinées,  et  les  ombres  des  chairs  sont  d'un  ton  brun  rouge 
foncé.  Le  collet  rouge  est  trop  glacé,  ce  qui  fait  qu'il  manque  de  lumière. 
Les  accessoires  sont  un  peu  roides  et  la  barbe  est  trop  lourde  de  faire. 

Bien  plus  faible  est  une  seconde  copie  qu'on  voit  au  palais  Pitti. 

6.)  Au  palais  Borghèse,à  Rome.  Cette  copie,  attribuée  à  Jules  Romain, 
est  d'une  exécution  ferme,  mais  un  peu  dure. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  95 

c.)  Au  palais  Gorsini,  à  Rome.  Copie  peu  distinguée. 
d^y  I>ai]s  la  galerie  Torlonia,  à  Rome.  Copie  un  peu  meilleure  que  la 
précédente. 

e.)  Dans  la  galerie  royale  du  palais,  à  Turin. 

f.)  Au  musée  de  Berlin.  H.  2',  U",  6"'  ;  1.  2',  6",  6'".  Elle  provient  de 
la  galerie  Giustiniani.  M.  de  Rumohr,  dans  son  ouvrage  sur  l'Italie,  croit 
pouToir  l'attribuer  à  Sébastien  del  Piombo  K 

g.)  Dans  la  National  Gallery,  à  Londres.  H.  3',  6";  1.  2',  8".  Cette  copie  * 
provient  des  collections  Falconieri  et  Angerstein. 

h,)  Dans  la  galerie  Miles,  à  Leight  Court,  près  Bristol.  Sur  bois.  Cette 
copie  est  tout  à  fait  remarquable. 

t.)  Il  doit  se  trouver  en  Angleterre  encore  un  autre  portrait  de  Jules  II, 
provenant  de  la  galerie  d'Orléans,  et  vendu  en  1800,  pour  36  livres  ster- 
ling- Sur  toile.  Dans  le  haut,  on  lit  :  JVLIVS.  H.  3';  L  2',  3".  Gravé  par 
M orel,  in-4'»,  pour  la  Galerie  d'Orléans. 

J.)  On  a  vendu  une  copie  à  Paris,  en  i826,  laquelle  était  passée  de  la 
succession  des  ducs  de  Moncada  au  marchese  Altamira.  H.  40";  1.  28". 
Voy.  StuHgarter  Kunstblatt,  du  26  juin  1826. 

Quant  à  la  tête  seule  de  ce  portrait,  nous  en  connaissons  trois  répéti- 
tions, et  toutes  trois  présentées  comme  esquisses  pour-le  tableau  !  Celle 
qu'on  voit  à  Alton  Tower,  près  Ashbourn,  résideuce  du  comte  de 
Shrewsbury,  est  vraiment  très-belle;  Tautre  se  trouve  à  Urbania,  dans 
la  collection  Marco  Rossi;  et  la  troisième  était  au  palais  de  Lucques  et  fut 
Tendue  en  Angleterre  avec  tous  les  tableaux  de  cette  collection. 

76.  Portrait  du  marchese  Federico  de  Mantoue^. 

Sur  bois;  h.,  15"  6'";  1.,  8"  6'". 

Dans  le  Catalogue  des  ouvrages  d'art  du  roi  Charles  !*'  d'Angleterre, 
fait  par  van  der  Doort  [A  Catalogue  and  description  of  king  Charles  I 
capital  Collection  ofpictures,  etc.,  from  an  original  MS,  in  the  Ashmo- 
lean  JHuseum  at  Oxford.  London,  1757,  in-4<»,  p.  3),  ce  portrait  du  duc 
futur  de  Mantoue  est  décrit  de  la  sorte  :  «  Bought  by  the  king.  A  young 
man's  head  without  a  beard,  in  a  red  cap,  whereon  a  medal  and  some 
part  of  his  white  shirt,  without  a  ruff,  in  bis  long  hair;  being  the  mar- 
quis of  Mantua,  who  was  by  the  emperor  Charles  Y  made  the  first  duke 
of  Mantua.  The  picture  being  only  a  head,  so  big  as  the  life.  Upon  a 
board  in  a  black  frame,  painted  upon  the  right  light.  H.  5  1/2",—  8 1/2".  )> 

1.  TàlienUehe  Fonchungen^  t.  III,  p.  108. 

2.  Elle  est  donnée  comme  ripiiiiion  originale,  dans  le  Catalogue  de  la  National  Gallery  (1 857), 
et  elle  a  été  gravée,  toujours  comme  original,  dans  Touvrage  de  Joues  sur  la'coUection  natio- 
nale  (NoU  de  l'éditeur.) 

3.  Kéle  17  mars  1500. 


96  PKINTURES  EXÉCUTÉES 

Nous  avons  déjà  dit  que  Raphaêravait  fait  le  portrait  du  jeune  prince 
à  l'âge  de  dix  ans,  dans  l'Ecole  d'Athènes,  et  que  ce  prince  devait  néces- 
sairement être  à  Rome  entre  les  années  1509  et  1511.  De  plus,  une 
lettre  (Voy.  Pungileorti,  p.  288)  du  marchese  Francesco  Gonzaga  à  son 
fils  Francesco,  en  date  du  6  février  1513,  nous  apprend  que,  cette 
année,  le  prince  de  Mantoue  était  encore  à  Rome  ;  son  portrait  a  donc  pu 
être  l'ait  d'après  nature  par  Raptiaël.  On  voit,  par  un  passage  du  Corlts- 
gianoy  du  comte  Castiglione,  déjà  écrit  en  1514,  tout  ce  que  promettait 
alors  le  jeune  duc  de  Mantoue.  Voici  ce  passage  :  «  Celui  qui  donne  entre 
tous  les  plus  belles  espérances  me  paraît  être  le  seigneur  Federico  Gon- 
zaga, l'aîné  des  enfants  du  marchese  de  Mantoue,  qui  est  neveu  de  notre 
duchesse  (d'Urbin).  Car,  outre  la  candeur  de  ses  manières  et  la  modestie 
qu'il  montre  dans  un  âge  si  tendre,  ceux  qui  sont  chargés  de  son  éduca- 
tion disent  de  lui  des  choses  extraordinaires,. et,  entre  autres,  qu'il  est 
très-intelligent;  que  la  gloire  est  sa  seule  ambition;  qu'il  est  bienveillant, 
magnanime,  généreux  et  ami  de  la  justice.  Donc,  un  pareil  commence- 
ment permet  d'attendre  une  belle  lin.  » 

Federico  Gonzaga,  ayant  admiré  à  Rome  les  chefs-d'œuvre  que  créa 
Raphaël,  devint  si  enthousiaste  pour  les  arts,  qu'aussitôt  après  son  avène- 
ment au  pouvoir  ducal,  il  appela  Jules  Romain  (en  15^4)  à  Mantoue,  et 
se  plut  à  encourager  de  grands  travaux  artistiques. 

D'après  des  renseignements  que  nous  ne  saurions  toutefois  garantir,  le 
portrait  du  duc  de  Mantoue  a  fait  partie  de  la  collection  du  cardinal  de 
Richelieu;  mais  W.Buchanan,  dans  ses  il/emotrso/'pam/in^s,  etc.  (London, 
1829, 1. 1,  p.  295),  dit  avoir  rapporté  en  Angleterre  ce  même  portrait,  qu'il 
désigne  erronément  comme  étant  celui  du  jeune  duc  de  Milan,  lequel  se 
trouvait  dans  la  collection  du  roi  Charles  l^^.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  tableau, 
qui  était  en  1831  dans  la  possession  de  M.  Edward  Gray,  à  Londres,  se 
trouve  à  présent  chez  M.  Lucy,  Chaslecote  Park,  près  Warwick.  Des  con- 
naisseurs, qui  l'ont  vu,  assurent  qu'il  représente  un  jeune  homme  d'une 
grande  beauté,  habillé  de  noir,  avec  une  chemise  blanche  qui  ressort  du 
vêtement,  et  la  tête  couverte  d'un  chapeau  rouge,  auquel  est  attachée  une 
médaille,  selon  la  mode  du  temps. 

Cette  peinture  aurait,  dit- on»  beaucoup  souffert. 

77.  Portrait  de  Raphaël  lui-même. 

Jusqu'aux  genoux. 

Tourné  à  gauche,  vu  de  trois  quarts^  Raphaël  est  assis  devant  une  table 
recouverte  d'un  tapis,  sur  laquelle  il  appuie  son  bras  droit,  en  laissant 
pendre  sa  main,  tandis  que,  de  la  main  gauche,  il  tient  son  pourpoint 
garni  de  fourrures.  Ses  amples  cheveux  bruns,  séparés  sur  le  front,  tom- 
bent en  partie  sur  la  poitrine  et  en  partie  sur  le  cou.  11  est  coiffé  d'une 
barrette,  posée  en  biais  et  un  peu  en  arrière  sur  la  tête.  Pour  fond,  le  mur 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  97 

d'une  chambre  a?ec  une  fenêtre  qui  s'ouvre  sur  un  paysage  où  sont  plu- 
sieurs édifices^  dont  l'un  ressemble  au  tombeau  de  Cecilia  Met^lla^  près 
de  Rome. 

Raphaël  paraît  être^  dans  ce  portrait,  âgé  d'environ  vingt-cinq  ans;  il  a 
le  n€z  long  et  fin,  la  bouche  caractérisée  et  le  menton  assez  développé. 
Son  front  large  et  découvert  est  accompagné  de  sourcils  doucement 
arqués.  Son  regard,  doux  et  pénétrant  à  la  fois,  est  dirigé  vers  le  specta- 
teur. Le  beau  contour  de  sa  joue  gauche  accuse  pourtant  cette  maigreur 
particulière  qu'une  âme  ardente  entretient  souvent  dans  une  nature 
pleine  de  force  et  de  jeunesse. 

r>'ous  avons  déjà  exprimé  la  conjecture  que  ce  portrait  pourrait  bien 
être  celui  que  Raphaël  promettait  à  Francesco  Francia,  dans  la  lettre  qu'il 
lui  adressa  le  5  septembre  1508.  Les  auteurs  anciens  ne  donnent  aucun 
renseignement  positif  à  ce  sujet;  mais  Scanelli  {Microcosmo  délia  pit- 
ttira^  etc.  Cesena,  1657/ p.  169)  mentionne  un  très-beau  portrait  de 
Raphaël,  peint  par  lui-même,  qui  était  alors  dans  la  galerie  de  Modène, 
portrait  de  grandeur  naturelle,  vu  presque  de  face  et  regardant  le  spec- 
tateur. Ce  portrait,  d'une  authenticité  incontestable,  qui  pourrait  bien 
être  celui  que  nous  décrivons,  est  encore  indiqué  dans  le  manuscrit  de  la 
bibliothèque  ducale,  intitulé  :  Descrilione  delU  pitture  esistenti  nella 
ducal  Galleria  ai  Moâena  Vanno  1744.  Cette  indication  est  ainsi  conçue  : 
«  Ritralto  di  Raffaello  di  Urbino,  dipinto  da  se  medesimo.  »  Mais 
une  autre  main  a  mis  en  note  :  «  Si  è  perduto.  »  (Voy.  Pungileoni^ 
p.  283.) 

D'aprçs  une  tradition  dont  il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  découvrir  la 
source,  Antoine  van  Dyck  aurait  possédé  un  portrait  de  Raphaël  con- 
forme à  la  description  précédente  et  que  Paul  Pontius  a  gravé  du  côté 
opposé. 

Deux  répétitions  de  ce  portrait  sont  aujourd'hui  connues,  mais  nous 
n'en  avons  vu  aucune.  D'après  un  renseignement  que  nous  trouvons 
dans  la  Real  Galleria  di  Ftrenze^  t.  I,  p.  5,  et  dans  Longhena,  p.  653, 
un  de  ces  tableaux  serait  en  la  possession  du  prince  Adam  Czartorysky, 
qui  Tacheta  en  180T  À  Venise.  11  existe  une  gravure  au  trait  d'après  ce 
tableau,  par  Felice  Zeliani,  avec  une  inscription  indiquant  que  la  peinture 
se  trouvait  chez  le  sig.  Niccola  Antonioli,  à  Venise.  M.  Waagen,  qui  avait 
TU  ce  portrait  chez  le  prince,  à  Paris,  affirme  que  c'est  l'original,  et  que 
cet  original  est  de  la  plus  grande  beauté. 

L'autre  portrait,  qui  a  été  vu,  il  y  a  quelques  années,  en  Angleterre  et 
dans  les  Pays-Bas,  appartient  à  M.  Regbellini  de  Schio  ;  il  fut  gravé  par 
Devlamynck,  avec  une  légende  indiquant  qu'il  était  autrefois  dans  la  col- 
lection ducale  de  Mantoue,  où  il  avait  été  porté  par  Jules  Romain. 

Les  connaisseurs  doutent  de  Poriginalité  de  ce  dernier  portrait,  mais 

11.  7 


98  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

ils  l'attribuent  à  un  élève  de  Raphaël.  Cette  peinture  doit  avoir  beaucoup 
souffert.  Probablement  c'est  la  même  qui  provenait  de  la  succession  de 
M.  Jac.  Philippe  Rottier,  à  Gand,  et  qui  fut  mise  en  vente  au  prix  de 
60,000  fr.,  sans  trouver  d'acquéreur.  M.  van  Hansselaer  en  a,  dit-on^ 
offert  10,000  fr. 

L'académie  Carrara,  à  Bergame,  possède  une  copie  du  portrait  de* 
Raphaël,  copie  qui  n'est  pas  môme  du  temps.  Nous  en  avons  vu  une  autre 
qui  faisait  partie  de  la  collection  Barbini  à  Venise,  actuellement  à  Stutt- 
gard  ;  dans  cette  copie,  le  revers  du  vêtement  est  de  brocard  d'or^  et  la  pe- 
lisse, de  couleur  claire,  est  tachetée. 

Gravures  :  Paul  us  Pontius  fecit  et  excudit.  Avec  ce  titre  : 

RAPHAËL  DE   UBBIN. 

Urbinum  urbs  aluit  pinxit  sua  dextera,  nempe 

Qui  roelius  quiret  pingere,  nullus  erat. 
Sic  ipsum  prunier  bene  quis  pinxisset  Apellem  l 

Eximia  eximios  pingier  arte  dicet. 

Tourné  à  droite.  Petit  in-folio.  —  Ant.  Gramignani,  dans  un  ovale,  in-I2.  — 
A  Paris,  chez  Odieuvre,  tourné  à  gauche,  in-8".  —  Chez  B.  Honcornet,  tourné  à 
gauche,  in-8«.  —  G.  W.  Knorr,  le  buste  seulement,  tourné  à  gauche,  in- 12.  — 
P.  Pejrolerî,  seulement  le  buste  du  peintre  tenant  une  tablette,  in-^. —  Souvent 
pour  feuille  de  titre,  en  buste,  comme  pour  les  sept  Cartons  de  Th.  Bowles  et 
S.  Gribelin;  —  pour  :  Vie  et  OEuvres  de  Haphaël,  de  Landon.  —  Au  trait,  gravé  par 
Felire  Zeliani  (Venezia,  presso  il  sig.  Niccola  Antonioli).  —  D'après  le  tableau 
des  Pays-Bas,  par  P.  Devlamynck,  tourné  à  gauche,  avec  cette  note  :  «  Ce  ta- 
c  hlcau  provient  de  la  fameuse  collection  du  duc  de  Mantoue,  qui  le  tenait  de  Jules 
«  Romain.  11  appartient  maintenant  à  M.  Keghellini  de  Schio.  Dédié  à  M.  le  che- 
«  valicr  Odevaerc,  etc.  »  Grand  in-folio. 

18.  La    Maîtresse  de  Raphaël, 

Figure  jusqu'aux  genoux,  tournée  à  gauche. 

Éclatante  de  jeunesse,  cette  belle  personne  est  assise,  à  demi  nue,  au 
.milieu  d'une  riche  végétation.  Une  draperie  jaune  rayée  entoure  sa  tête, 
et  ses  cheveux  sont  retenus  par  un  cercle  d'or,  avec  des  feuilles  et  des 
fleurs  garnies  de  pierres  précieuses.  D'une  main  elle  se  couvre  jusqu'aux 
seins  avec  une  légère  étolTe,  et  sa  main  gauche  est  posée  sur  ses  genoux, 
enveloppés  d'une  draperie  rouge.  Sur  le  bracelet  qu'elle  porte  au  bras 
gauche  se  trouve  cette  inscription  :  RAPHAËL.  VRBINAS.  Le  regard  et 
l'expression  de  cette  femme  ont  quelque  chose  d'ingénu  et  de  sensuel 
tout  à  la  fois  ;  mais  les  traits  n'ont  rien  de  très-animé,  ni  de  très-Gn  ;  le 
nez  même  est  un  peu  lourd. 

A  en  juger  d'après  la  manière  de  faite  de  cet  ouvrage  et  aussi  eu  égard 
aux  sonnets  amoureux  que  Raphaël  fit  vers  1509,  nous  datons  ce  portrait 
de  cette  époque,  et  nous  pensons  qu'il  peut  avoir  été  fait,  pur  conséquent^ 
eu  même  temps  que  le  portrait  du  peintre  lui-même. 

Une  note  manuscrite  du  seizième  siècle,  qui  se  trouve  sur  un  eiem- 


Par  RAPHAËL  A  ROME.  99 

plaire' de  l'ouvrage  de  Yasari^  édition  de  4568,  donne  à  la  maîtresse  de 
Raphaël  le  nom  de  Margarita.  Cet  exemplaire  appartient  à  l'avocat 
Giuseppe  Vannutelli  à  Rome,  et  Visconti,  dans  son  Istoria  det  ritrovor 
mento  délie  spoglie  mortali  di  Raffaello  Sanzio  (Roma,  1833,  p.  85),  est  le 
premier  qui  ait  fait  connaître  le  nom  de  la  maîtresse  de  Raphaël. 

0  existe  beaucoup  de  répétitions  de  ce  portrait,  mais  celui  que  possède 
la  galerie  Barberini  à  Rome  est  incontestablement  l'original.  Il  est  déjà 
cité  comme  tel  dans  le  livre  :  ^des  Barberinœ,  etc.,  publié  à  Rome  en 
1642,  p.  153  :  «  Raphaelis  tabula  dimidiatSB  fœminae,  neque  tamen  divi- 
num  Raphaelis  ingenium  ex  hujus  imaginis  inspectione  omnis  dignoscere 
possumus.  B 

Ce  portrait  est  d'un  dessin  et  d'un  modelé  très-Gn,  notamment  la  poi- 
trine et  la  main  droite.  Autrefois,  il  était  presque  méconnaissable  à  cause 
de  la  poussière  et  de  la  crasse  qui  le  couvraient.  Mais  Palmaroli,  qui  Ta 
nettoyé  en  iSSO  avec  le  plus  grand  soin,  a  fait  reparaître  son  beau 
coloris  et  la  touche  spirituelle  de  l'artiste. 

La  couleur  des  chairs  est  d'une  fraîcheur  extrême  et  d'un  ton  très-doux, 
les  ombres  seules  ont  quelque  chose  de  trop  brun  ;  il  en  est  de  même  du 
fond.  Mais  ces  légers  défauts  peuvent  aussi  être  attribués  à  la  restauration 
faîte  avec  du  bitume. 

Gbaturbs  :  Domenico  Cunego,  1773,  avec  cette  suscription  :  Raphaelis  Amasia, 
vuigo  La  Fornarina.  Petit  in-folio,  pour  la  Sehùla  iiëlitma  de  Hamillon.  — 
Fraociscus  Rastaini,  1778,  copie.  Petit  in-folio.  —  Pietro  Fontana,  in-folio. 
—  Dans  un  rond,  1797,  ln-8*.  —  Suntach  direxit,  petit  in-folio.  —  Landon, 
n*  159. 

Copies  â! après  cette  peinture. 

a.)  Au  palais  Borghèse,  à  Rome.  Elle  est  un  peu  brune  de  coloris.  Le 
catalogue  de  la  galerie  l'attribue  à  Jules  Romain. 

6.)  Au  palais  Sciarra  Colonna,  à  Rome.  Cette  copie  provient  de  la 
maison  Barberini.  Elle  est,  comme  la  précédente,  traitée  froidement  et 
avec  roideur. 

c.)  Au  palais  Albani,  à  Rome.  Copie  sortie  de  l'école  de  Raphaël. 

d.)  Dans  la  villa  Lante,  au  milieu  d'un  médaillon  peint  à  fresque. 

Gravé  par  Paolo  Fidanza,  n"»  9,  pour  ses  7é<e«  cftoiitei,  etc.  De  grandeur  natU'- 
relie.  Ovale.  —  Godefroy  et  Aubert ,  dans  le  Aecveti  (iV«(afR|)et  firtméet  d'aprèt  dei 
peinhurei  antiquei  tiaiteimef,  par  A.>B.  Desnoyers,  dessinées  en  1818  et  1819. 
Paris,  1821. 

M.  Desnoyers  a  donné  aussi  dans  ce  même  recueil  une  gravure  d'après 
un  autre  portrait  de  femme,  en  médaillon.  11  prétend,  dans  son  Appendice, 
p.  43,  que  ce  portrait  est  celui  d'une  maîtresse  que  Raphaël  eut  à  Flo- 
rence, 1504  à  1507.  Mais  il  ne  fournit  pas  de  preuve  à  l'appui  de  cette  as^ 
sertion^  qui  n'est  soutenue  d'ailleurs  par  aucune  tradition. 


JOO  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

79.  Portrait  d un  jeune  homme. 

Au  musée  du  Louvre.  Eu  buste.  H.,  Si*'  ;  1.,  16*'.  De  raucienne  collection  de  Louis  XIY. 

'Ce  portrait  représente  un  charmant  jeune  homme,  d'environ  quinze 
ans,  aux  cheveux  blonds  recouverts  d'une  barrette  noire,  qui,  le  coude 
appuyé  sur  une  table  et  la  tête  appuyée  sur  sa  main,  regarde  le  spectateur. 
Son  vêtement,  d'une  étoffe  vert  sombre,  se  détache  vigoureusement  sur 
un  fond  de  la  même  couleur,  mais  plus  clair. 

Ce  portrait  est  traité  avec  beaucoup  de  facilité,  mais  il  n'est  peut-être 
pas  partout  d'un  dessin  trè&-correct. 

L'inventaire  de  Bailly,  dressé  en  i709-i0,  porte  :  «  Tableau  estimé  de 
Raphaël,  représentant  son  portrait  :  il  a  été  rehaussé  de  six  pouces  et 
demi,  et  élargi  de  trois  pouces  et  demi,  d 

Mariette  dit  dans  sa  Description  du  cabinet  Crozat  :  «  Parmi  quelques- 
uns,  il  passe  pour  être  le  portrait  de  ce  peintre  (Raphaël).  Mais  on  a  peine 
à  se  persuader  que,  dans  un  âge  si  peu  avancé  que  l'est  le  jeune  homme 
représenté  dans  le  tableau,  Raphaël  fût  déjà  aussi  éloigné  de  sa  pre- 
mière manière,  qu'il  le  paraît  dans  l'ouvrage  dont  nous  parlons  ^  » 

Gravures  :  Nicolas  Edelinck,  n«  10,  côté  opposé,  in-8*,  pour  le  CaMii«<  OmiMi, 
—  M.  Gandolfi,  pour  le  M%»U  Napoléon ^  in-folio.  —  Boutrois,  pour  la  Galerie 
Pilholf  in-8«.  —  E.  Demarteau ,  de  la  grandeur  de  l'original,  noir  et  coloré, 
comme  étant  le  portrait  de  Raphaël  lui-même.  —  Lith.  par  G.  Staal.  —  Bfaphacl 
Sanzio,  à  l'âge  de  quinze  ans.  Dessiné  et  gravé  à  Paris,  par  F.  Forster,  en  1843, 
in-folio.  —  Pannier  sculp.,  1844,  in-S*. 

80.  Madonna  di  Loreto. 

Figure  juiqu^auz  genoux. 

La  sainte  Vierge,  debout,  tournée  à  gauche,  derrière  la  couche  de  Ten- 
fant  Jésus,  lève  le  voile  qui  le  couvre  en  étendant  le.  bras  droit  eu  l'air. 
L'enfant,  couché  sur  un  coussin,  étendant  ses  mains  vers  sa  mère,  est  d'un 
mouvement  vif  et  spirituel  ;  saint  Joseph,  appuyé  sur  un  bâton ,  se  tient 
derrière  la  Vierge.  Un  rideau  pour  fond.  Figures  de  grandeur  naturelle. 

Ce  tableau  se  trouvait  autrefois  dans  l'église  S.  Maria  del  Popolo,  à 

1 .  H.  Villot  dit)  dans  son  Catatoffue  des  tableaux  du  mutée  impérial  du  Louvre  (p.  tS3 
des  Écoles  italiennes,  6*  édition),  que  «cette  peinture,  évidemment  de  la  troisième  manière  du 
peintre,  a  dû  être  exécutée  de  i515  à  1520,  et  ne  peut  par  conséquent  représenter  ses  traits.  ■ 
Émeric  David,  dans  la  notice  qu'il  a  consacrée  à  ce  tableau  (Btutèe  /rançaitj  de  RobiUard- 
Péronville),  ne  parait  pas  éloigné  de  croire,  malgré  l'autorité  de  Mariette,  que  Raphaël  s'est  peint 
lui-même  à  l'âge  de  seize  ou  dix-sept  ans  dans  ce  tableau,  qui  serait  ainsi  un  ouvrage  de  sa  première 
manière  :  iLe  fait  est  san»  doute  très-délicat,  dit-il;  les  couleurs  sont  liées  et  fondues  avec 
beaucoup  de  soin  ;  mais  on  sait  que  cette  manière  d* imiter  la  nature  était  familière  à  TélèTe 
du  Pénigin  dès  ses  plus  jeunes  années,  et  il  dut  particulièrement  s'y  attacher  dans  cette  ooca- 
iion,  où  il  voulait  représenter  le  coloris  d'un  adolescent.  Ce  portrait  présente  d'ailleurs  quelques 
imperfections  qui  semblent  annoncer  l'ouvrage  d'un  jeune  homme;  l'œil  gauche,  la  main,  le 
poignet  ne  sont  pas  dessinés  correctement  ;  les  cheveux  manquent  de  légèreté.  De  semblables 
erreurs  n'auraient  point  échappé  à  Raphaël  dans  un  âge  plus  avancé.  ■   [Noie  de  l'édUewr.) 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  iOI 

Roroe^  avec  le  portrait  du  pape  Jules  II;  il  y  était  encore  eo  1675,  puisque 
Saodrart  l'y  a  vu  à  cette  époque.  (Voy.  Academia  nobilissimœ  artis  jne- 
tofiœ,  p.  121.)  Les  renseignements  positifs  manquent  sur  les  destinées 
de  ce  tableau  *  ;  mais  il  est  généralement  accrédité  qu'un  Romain,  du  nom 
deGirolamo  Lottorio,  en  fit  don  au  trésor  de  Loreto,  en  Tannée  1717; 
c'est  de  là  que  lui  est  venue  sa  dénomination  actuelle.  Sur  le  volet  du 
tableau,  volet  qui  a  maintenant  disparu,  on  lisait  l'inscription  suivante  : 

PictoniiQ  principU 

Raphaelis  Sanctii  YrbiDatis 

opu8 

f  quod  Hieronymas  Lottorias  Romanus 

SacraB  domui  Lauretan»  hsredi  ex  asse 

reliquil 
ad  perennem  pii  testatoris  memoriam 

Clémente  XI  P.O. M.  annvenle 

in  Lauretano  thesauro  coUocatum  est 

Anno  D.  MBCGXYU. 

Voyez  l'ouvrage  de  Vincenzo  Murri  :  Sopra  la  SarUa  Casa  di  Loreto, 
1741,  p.  205. 

1.  Les  journaux  do  mois  de  juillet  (1857)  ont  annoncé  à  grand  fracas  la  découverte  de  1* ori- 
ginal. Voici  la  note  qui  a  été  envoyée  dMtaiie  à  ce  sujet,  et  qui  ne  pent  être  qu*une  manœuvre 
habile  de  la  part  d'un  marchand  de  tableaux  : 

On  écrit  de  Florence,  le  S  Juillet,  au  Moming  Pott  :  *  La  découverte  d'un  véritable  ta- 
bleau de  Raphaël  est  un  événement  qui  intéresse  non-seulement  les  artistes,  mais  les  personnes 
de  goût  de  tous  les  pays.  Vos  lecteurs  seront  donc  charmés  d^apprendre  que  les  plus  hautes 
autorités  existant  en  Italie  viennent  de  déclarer  que  Foriginal  de  la  Madonna  di  Loreto 
était  en  la  possession  d*un  H.  Walter  Kennedy  Laurie,  gentleman  anglais,  résidant  à  Florence. 

«  Cette  déclaration  émane  des  membres  de  l'Académie  des  Beaux-Arts  de  Rome  et  est  ainsi 
conçue: 

c  Rome,  le  3  julh  1857. 

•  Le  aignor  coromandatore,  le  président  et  les  professeurs  de  la  classe  de  peinture,  se  sont 
c  réunis  pour  examiner  le  tableau  soumis  à  leur  appréciation  par  le  chevalier  Walter  Kennedy 

■  Laurie,  représentant  la  sainte  Vierge  (demi-figure),  ayant  devant  elle,  reposant  sur  un  linge, 

•  r Enfant  divin  qui  cherche  avec  amour  à  embrasser  sa  mère,  tandis  que  de  ses  deux  mains 

•  elle  soulève  le  voile  qui  le  recouvre;  saint  Joseph,  qui  est  derrière,  à  gauche,  regardant  avec 
«  admiration,  etc.  Les  professeurs  expriment  à  Tunanimité  Topinion  que  ce  tableau  est  de 
«  Raphaël  d'Urbino,  et  de  sa  meilleure  époque,  et  qu'il  est  dans  un  état  parfait  de  conservation, 
«  à  l'exception  de  quelques  parties  évidemment  restaurées  par  une  personne  sans  aucune  capa- 

■  cité.  Cette  œuvre  est  tellement  remarquable,  que  les  professeurs  expriment  le  désir  qu'elle 
*.  puisse  être  ajoutée  aux  richesses  artistiques  dont  Rome  est  déjà  en  possession. 

•  Pietro Tuerani,  président;  Filippo  Agricole,  Tomaso  Hinardi,  Ferdiuando  Cavalleri,  Fran- 
«  cesco  Caglietti,  Francesco  Podesti,  Natale  Carta,  Alessandro  Capatti,  Niccola  Consoni,  Paolo 

•  Mercuri,  Salvatore  Betti,  professeur  et  secrétaire  perpétuel.  • 

•  Par  suite  de  cette  déclaration,  des  instances  ont  été  faites  par  le  cardinal  Antonelli  auprès 
de  M.  Laurie,  pour  l'engager  à  céder  le  tableau  au  gouvernement  romain;  mais  M.  Laurie  a 
préféré  le  conserver  ^ans  sa  famille  et  l'a  rapporté  à  Florence.  > 

Malgré  le  magnifique  certificat  accordé  à  ce  tableau  par  l'Académie  des  Beaux-Arts  de  Rome, 
nous  attendrons  que  le  tableau  ait  été  vu  et  jugé  par  les  vrais  connaisseurs,  pour  lui  donner  rang 
parmi  les  œuvres  authentiques  du  peintre  d'Urbin.   {JSoU  de  l'éditeur. ) 


« 


ft 


i02  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

Selon  Rehberg,  dans  son  Raphaël  d'Urbin,  p.  64,  les  Français  avaient 
enlevé  ce  tableau,  lors  de  l'occupation  de  Lorette,  pour  le  transporter  à 
l'Académie  de  France  à  Rome,  où  il  (Rehberg)  l'avait  vu  ;  mais,  au  lieu 
de  l'original,  on  n'aurait  envoyé  à  Paris  qu'une  copie.  Le  baron  A.  Bou- 
cher Desnoyers,  dans  son  appendice  à  Quatremère  de  Quincy,  p.  35,  pen- 
sait que  l'original  a  été  donné  à  un  musée  départemental  de  la  France  '. 

D'après  d'autres  renseignements,  que  nous  ne  garantissons  pas,  cet 
original  aurait  déjà  été  dérobé  à  Loreto  avant  l'arrivée  des  troupes  fran- 
çaises, et  il  se  trouverait  encore  caché  dans  une  petite  ville  d'Italie. 

Le  marquis  Spinola  crut  reconnaître  l'original  dans  une  copie  qui  était 
depuis  longtemps  en  son  hôtel,  à  Gênes,  et  il  vendit  ce  prétendu  original, 
en  4847,  au  roi  de  Sardaigne. 

Ce  fait  est  rapporté  dans  le  Galignani  Messenger,  de  1847. 

Une  autre  copie  appartenant  à  la  veuve  de  feu  le  chevalier  Laurie,  à 
Florence,  est,  selon  le  jugement  de  Sir  Charles  Eastlake,  d'une  grande 
beauté  et  exécutée  d'une  manière  tout  à  fait  analogue  à  celle  de  Raphaël. 
Ce  tableau  étant  depuis  bien  des  années  dans  la  possession  de  la  famille 
de  cette  dame,  ne  saurait  être  par  conséquent  celui  qu'on  voyait  autrefois 
à  Lorette. 

Nous  citerons  encore  une  autre  copie  qu'on  dit  également  être  l'ori- 
ginal ,  et  qui  se  trouve  dans  la  possession  de  la  duchesse  Marie  de  Saxe- 
Meiningen.  Ce  tableau,  rapporté  d'Italie  à  Paris  par  le  général  français 
Alix,  comte  de  Freudenthal,  a  été  fortement  restauré.*En  4808,  le  général 
le  prit  avec  lui  à  Cassel  et  le  déposa,  en  1813,  chez  M.  Louis  Hummel, 
peintre,  qui  devint  directeur  de  la  galerie  de  cette  ville.  Plus  tard,  en  1825, 
le  prince-héritier,  puis  électeur,  Guillaume  II  de  Hesse-Cassel,  l'acheta 
pour  en  faire  présent  à  son  épouse,  grand'mère  du  prince  George  de  Saxe- 
Meiningen,  et  celle-ci  l'a  légué  à  sa  fille  Marie,  duchesse  de  Meiningen. 
H.  3*  5"  8"'j  1.  2'  6"  2"'. 

En  tout  cas,  nous  n'avons  reconnu  l'original  dans  aucune  des  répéti- 
tions de  ce  tableau  que  nous  avons  vues.  Mais,  par  contre,  il  en  existe 
beaucoup  d'anciennes  copies.  Vasari  en  cite  déjà  deux  peintes  par  Bas- 
tiano  di  San  Gallo,  nommé  Aristotile,  lesquelles  se  trouvaient  de  son 
temps  à  Florence;  l'une  chez  les  héritiers  d'Ottaviano  de'Medici,  et 
l'autre  chez  Filippo  dell' Antella. 

Voici  les  copies  qui  nous  sont  connues  : 

a.)  Au  musée  du  Louvre*,  on  a  exposé  depuis  1821  une  bonne  ancienne 

< .  Ceti  à  la  eommane  de  Horangis  que  fut  donné  ce  tableau,  par  ordonnance  royale  du 
S 7  juin  1820,  quand  on  eut  constaté  que  le  prétendu  original  était  une  copie  médiocre,  que  rem- 
plaçait avantageusement,  au  musée  du  Louvre,  le  tableau  acheté  par  Louis  XVIU.  La  remise 
du  tableau  fut  effectuée  par  les  soins  de  Landon.  {Noie  de  l'iâUe%w.) 

1.  Ce  tableau,  «cbfté  comme  original,  en  1819,  par  le  roi  Louis  XVI II,  qui  toulait  autant 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  f05 

copie,  mais  qui  a  été  fortement  restaurée.  Quoi  qu'il  en  soit,  elle  a  été 
acquise,  pour  cette  galerie,  avec  quelques  autres  tableaux  de  peu  d'im* 
portance,  au  prix  de  100,000  Tr.  !  Voy.  Stuttgarter  Kunsthlalt  du  20  dé- 
cembre 1821. 

Gravé  par  Villerey,  pour  la  Galerie  FUhol,  in-8*. 

h,)  M.  Willet,  si  dous  ne  nous  trompons,  acheta  de  la  galerie  d'Orléans 
une  copie  de  cette  composition  pour  300  liv.  sterl.  C'est  sans  doute  celte 
copie  qui  fut  yendue  aux  enchères,  en  1835,  à  Londres,  à  M.  Stanley. 
H.  3,6";  1.  r,  8". 

Gravé  par  A.-L.  Romanet,  pour  la  Galerie  d'Orléans ;pei\X  in- folio.—  G.  Bouil- 
lard;  petit  in-folio. 

e.)  J.-Th.  Richomme  exécuta,  après  son  retour  d'Italie  en  1813,  une 
gravure  grand  in-4'',  d'après  un  dessin  qu'il  avait  fait  à  Rome,  d'après  une 
copie  attribuée  à  Jules  Romain.  (Voy.  Stuttgarter  Kunsthlalt  du  20  dé- 
cembre 1821.) 

</.)  Dans  la  galerie  du  duc  de  Marlborough,  à  Rienheim.  Cette  copie  est 
médiocre. 

e.)  Dans  la  galerie  Miles,  à  Leight  Court,  près  Rristol.  C'est  une  beUe 
copie,  mais  sans  le  saint  Joseph.  Sur  bois. 

f,)  Dans  la  galerie  de  la  Rrera,  à  Milan.  Cest  une  bonne  copie  ancienne, 
qui  se  trouvait  auparavant  dans  l'église  du  monastère  de  Sassoferrato  et 
qui,  par  cette  raison,  est  aussi  nommée  Madonna  di  Sassoferrato.  (Voy. 
Memorie  sloriche  de  Ricci,  t.  II,  p.  262.) 

g.)  Autrefois  dans  la  galerie  du  cardinal  Fesch,  à  Rome.  Ronne  copie 
de  l'école  de  Raphaël.  La  carnation  est  un  peu  rouge  brique. 

h.)  Dans  la  Chambre  des  conservateurs,  au  Capitole,  à  Rome.  C'est  une 
mauvaise  copie. 

t.)  Dans  l'église  S.  Agostino,  à  Rome.  Au  second  autel,  il  y  a  un  tableau 
dont  le  peintre  s'est  servi  du  motif  de  la  Madone  de  Loreto,  en  y  ajoutant 
des  anges  qui  volent  dans  le  haut  et  des  roses  sur  la  draperie  blanche, 
ce  qui  fait  qu'on  la  désigne  par  le  nom  de  Madonna  délie  Rose. 

k.)  Dans  la  collection  du  cavalière  Carminé  Lancelotti ,  à  Naples.  Copie 
de  l'école  de  Raphaël,  mais  dure  de  contours.  Derrière  ce  tableau,  on 
lit  :  a  Legato  del  Signor  Principe  Rorghese  alla  Signora  Costanza  Eleo- 
nora.  » 

U)  Au  musée  de  Naples.  Cette  copie  était  autrefois  dans  la  galerie  de 

que  possible  remplir  les  TÎdes  laissés  dans  les  collections  du  Musée  par  la  reprise  des  tableaux 
et  objets  d*art  réclamés  par  les  Alliés  de  1815,  provenait  du  cabinet  de  H.  deScitivaux.  Il  a  été 
catalogué,  jusqu*en  1848,  parmi  les  ouvrages  de  Raphaël,  sous  le  n**  1 186.  M.  Waagen  Ta- 
vait  très-vivement  contesté  dans  ses  Kuntiwerkf^  etc.,  in  Parité  1841.  Depuis,  M.  Villot, 
coQservateur  de  la  peinture,  l'a  classé  dans  son  Catalogue,  sous  le  n**  389  des  Écoles  italiennes, 
parmi  les  copies  d* après  Raphaël.  Haut.,  I  met.  21  cent.  ;  larg.,  91  cent.  [Kote  de  l'éditeur.) 


lOi  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

l'abbaye  de  Monte  Gassino,  où  elle  était  attribuée  à  Andréa  del  Sarto  ; 
actuellement,  on  la  croit  de  Perino  del  Vaga.  Ce  qui  est  une  attribution 
très-arbitraire,  en  ce  que  le  dessin  en  est  très-médiocre  et  la  couleur  des 
chairs  très-rouge. 

m.)  Dans  la  collection  de  M.  de  Canicof,  ambassadeur  de  Russie  à 
Dresde,  on  voyait  une  bonne  copie,  qui  était  attribuée  à  B.  Garofalo. 

n.)  A  Berlin,  nous  avons  vu  chez  M.  Charles  Laird  Wigram,  de  Londres, 
une  belle  copie  tout  à  fait  traitée  dans  la  manière  du  Siciolante  da  Ser- 
moneta.  Dans  cette  copie,  les  doigts  de  Tenfant  Jésus  sont  longs  et  torts  ; 
la  draperie  bleue  a  des  ombres  brunes,  d'une  pâte  légère*;  le  pinceau  dans 
les  chairs  est  un  peu  mou  et  embarrassé,  surtout  dans  le  saint  Joseph.  Le 
coloris  vert  de  la  drapeiie  rappelle  la  couleur  des  peintres  de  Ferrare. 
On  assurait  que  le  tableau,  présenté  comme  l'original,  provenait  de  Lo- 
rette. 

0.)  Feu  le  sculpteur  Bystrœm,  à  Stockholm,  possédait  une  copie  an- 
cienne, mais  peu  remarquable. 

p.)  Une  copie,  aussi  médiocre,  se  trouve  également  à  Haarlem,  dans  la 
chambre  des  Juges,  à  Thôtel  de  ville. 

ç.)  Dans  une  chapelle  de  la  cathédrale  d'Avila,  en  Espagne  (Vieille-Cas- 
tille).  Copie  très-bien  peinte  :  un  ange  dans  le  haut  a  été  toutefois  ajouté 
à  la  composition  du  maître. 

r.)  Dans  la  collection  de  M.  Campana,  directeur  du  Mont-de-Piété  à 
Rome. 

s.)  Eu  la  possession  du  duc  d'Aumale,  à  Chiswick,  près  Londres.  Belle 
copie,  d'un  coloris  très-clair. 

t.)  Dans  la  Galerie  à  Bruxelles.  Copie  médiocre. 

u.)  Dans  la  pharmacie  du  CoUegio  Romano,  il  y  avait  une  petite  copie 
(H.,  8"  9'";  l.,  7"  1'"  V2)  que  Leroux  d'Agincourt  a  fait  graver  dans  son 
ouvrage,  pi.  185. 

Esquisses  et  études  pour  la  Madone  de  Lorette, 

Dans  la  collection  Wicar,  à  Lille,  se  trouve  une  feuille  avec  plusieurs 
esquisses  à  la  pointe  d'argent,  d'après  un  enfant.  Parmi  ces  esquisses  on 
reconnaît  celle  de  l'enfant  Jésus  pour  ce  tableau. 

Une  esquisse,  a  pour  la  Madonna  di  Sassoferrato  (Lorelo)  »,  à  la  pointe 
d'argent,  est  citée  par  Longhena  (p.  707) ,  coname  se  trouvant  en  la  pos- 
session de  la  comtesse  Constanza  Monti,  veuve  Perticari,  à  Pesaro.  Sur  le 
revers  de  ce  dessin  on  lit  la  nomenclature  des  prophètes,  écrite  de  la  main 
de  Raphaël. 

Une  autre  esquisse,  à  la  sanguine,  qui  était  dans  la  collection  du  général 
Morrison.  est  citée  dans  les  Notices  illustrative,  etc.,  de  H.  Reveley,  pu- 
bliées en  1787. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  105 

Citons  encore  les  gravures  d'après  cette  composition,  sinon  d'après  le 
tableau  original,  par  Michèle  Lucchese,  1553,  in-fol.  Du  côté  opposé. — 
Giorgio  Mantuano^  i57u.  Épreuves  postérieures  de  1602.  Bartsch,  t.  XV, 
p.  385,  n®  5.  —  Gravure  ancienne,  anonynie;  du  côté  opposé.  H.  10"; 
1.  8"  i'".  —  Paulus  Caronni,  Longhi  dir.  Faible  planche,  gr.  in-4®.  — 
Landon^  n""  148. 

8i.  Madone  de  la  maison  d Alhe, 

Sur  bob  ;  dans  un  rond  de  3'  3"  de  diamètre. 

La  Vierge,  assise  à  terre,  au  nnilieu  d'un  paysage,  tient  l'enfant  Jésus 
de  la  main  gauche ,  tdndis  que  de  la  main  droite  elle  a  un  livre  ouvert. 
1/eui'ant  enlace,  avec  son  bras  gauche,  le  cou  de  sa  mère,  et  de  sa  main 
droite  saisit  la  petite  croix  que  lui  présente  le  petit  saint  Jean  en  adora» 
tion.  Le  paysage  du  fond  rappelle  les  bords  du  Tibre. 

Ce  précieux  tableau  est  bien  conservé  dans  ses  parties  principales.  Une 
fente,  qui  traverse  le  panneau  en  passant  par-dessus  la  tête  de  la  Vierge, 
a  été  soigneusement  restaurée.  Quelques  glacis  seulement  semblent  avoir 
été  enlevés  sur  le  front  du  petit  saint  Jean.  Le  paysage  avait  été  totale- 
ment refait,  pour  un  motif  quelconque  demeuré  inconnu,  et  la  couleur  de 
ces  repeints  maladroits  était  tellement  épaisse,  qu'on  a  pu  Tenlever  sans 
endommager  le  tableau. 

Si  l'on  en  juge  par  la  manière  dont  cet  ouvrage  est  traité,  on  peut  dire 
qu'il  a  été  fait  aussitôt  après  l'arrivée  de  Raphaël  à  Rome.  Les  plis  du 
manteau  bleu  de  la  Vierge  sont  maigres  et  cassés  comme  ceux  de  la  dra- 
perie de  la  Vierge  dans  la  Sainte  Famille  de  Michel-Ange,  qui  fut  autre- 
fois possédée  par  Angelo  DoDi,  et  qui  est  actuellement  à  la  Tribune  de  Flo- 
rence. Il  est  possible  que  le  souvenir  de  ce  tableau  ait  influé  sur  la  peinture 
de  Raphaël. 

Anciennement,  ce  tableau  était  dans  Tégiise  des  Olivetains,  à  Nocera  de' 
Pagani,  dans  les  États  napolitains  ^  ;  il  fut  acheté  par  le  marchese  del  Car- 
pio,  vice-roi  de  Naples,  moyennant  la  somme  de  1,000  scudi. 

Nous  le  retrouvons  plus  tard  dans  la  galerie  du  duc  d'Albe,  à  Madrid, 
où  il  était  à  la  lin  du  dernier  siècle,  lorsque  dom  Ant.  Conca  le  décrivait 
dans  sa  Descrizione  Odeporica  délia  Spagna,  Parma,  1793, 1. 1,  p.  236. 

La  galerie  d'Àlbe  possédait  aussi  une  ancienne  copie  de  ce  tableau.  Se- 
lon une  tradition,  la  duchesse  d'Albe  aurait  légué  à  son  médecin  l'original 
et  la  copie,  en  récompense  de  ce  qu'il  l'avait  guérie  d'une  dangereuse  ma- 
ladie. Cetteduchesse  mourut  bientôt  après  (en  1801),  ce  qui  lit  soupçonner 
un  empoisonnement  ;  le  médecin,  ayant  été  poursuivi  à  cette  occasion,  ne 

t.  C'est  probablement  Paolo  Giovio  qui  le  fit  placer  dans  cette  église,  lorsqu'il  fut  nommé 
évêque  de  Nocera  par  le  pape  Cléoieut  Yll.  Voyez  plus  loin  une  notice  du  P.  Resta,  sur  ce 
tableau. 


406  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

fut  remis  en  liberté  que  sur  les  instances  du  prince  de  la  Paix.  C'est  alors 
que,  par  reconnaissance  (si  l'on  en  croit  cette  tradition),  le  médecin  au- 
rait fait  don  d'un  des  deux  tableaux  à  son  bienfaiteur.  Quant  à  l'autre 
tableau, qui  était  l'original,  il  le  vendit  au  comte  de  Burcke,  ambassadeur 
de  Danemark  à  Madrid,  qui  l'emporta  depuis  à  Londres.  Lorsque  le  comte 
de  Burcke  quitta  l'Angleterre,  M.  W.-G.  Coesvelt,  à  Londres,  l'acheta,  pour 
sa  galerie  particulière,  au  prix  de  4,000  liv.  sterl.  Mais,  en  1836,  M.  La- 
bensky,  un  des  conservateurs  du  musée  de  l'Ermitage,  acquit  ce  tableau, 
avec  une  partie  de  la  galerie  de  M.  W.-G.  Coesvelt,  pour  le  compte  de  l'em- 
pereur de  Russie,  au  prix  de  14,000  liv.  sterl.  C'est  donc  à  Saint-Péters- 
bourg qu'il  faut  aller  chercher  maintenant  cette  Madone,  qui,  heureuse  - 
ment,  n'a  pas  péri  dans  le  dernier  incendie  du  palais. 

Gravures  :  A.-B.  Desnoyers.  1823,  in-folio.  —  Franz  von  Stadier:  grand  in-4*. 

—  Vitali,  Romœ;  in-4*.  —  Lith.  par  F.  Diffani;  in-4«.  —  Lilh.  par  Schertie,  in-4». 

—  Litb.  par  Y.  Dollet,  pour  l'ouvrage,  intitulé  ;  Galerie  impériaU  de  l'Ernùiage 
(Saint-Pétersboarg,  1846). 

Le  carton  original  de  cette  Madone,  dessiné  au  crayon  noir,  se  trouve 
dans  la  sacristie  de  S.  Giovanni  in  Laterano,  à  Rome.  Il  a  été  malheureu- 
sement trop  retravaillé. 

Un  autre  carton,  dessiné  au  bistre  et  rehaussé  de  blanc,  qui  se  trouve 
dans  la  collection  du  comte  d'Outremont,  à  Liège,  est  d'une  si  grande 
beauté,  qu'il  a  pu  être  considéré  comme  Toriginal.  Toutefois,  ce  carton, 
certainement  exécuté  d'après  le  tableau,  a  été  comme  celui-ci  fortement 
mis  à  effet. 

Une  première  esquisse,  avec  des  variantes  pour  ce  tableau,  se  trouve 
dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

Une  étude  pour  la  Vierge,  à  la  sanguine,  est  conservée  dans  la  collection 
Wicar,  à  Lille. 

Anciennes  copies  de  ce  tableau. 

a.)  Dans  Tancienne  collection  de  feu  le  prince  de  la  Paix^  à  Rome, 
copie  déjà  citée.  Elle  est  très-belle. 

6.)  Dans  la  galerie  Borghèse,  à  Rome.  Faible. 

c.)  En  la  possession  du  comte  de  Wyllich  et  Lottum,  à  Berlin.  Copie 
sur  un  panneau  carré.  Ce  tableau, provenantdu  baron  Bacile,  à  Naples,  avait 
été  trouvé,  disait-on,  à  Gaëte.  Nous  empruntons  au  Père  Resta  la  notice 
suivante,  qu'il  joignit  à  un  prétendu  dessin  de  Raphaël  représentant  cette 
Madone,  qui  se  trouve  dans  un  recueil  de  dessins  d'anciens  maîtres,  qu'il 
désigne  sous  le  litre  de  Galleria  portatile,  et  qui  est  conservé  à  la  biblio- 
thèque Ambroisienne,  de  Milan  :  «  Primo  studio  di  Raiïaelio  d'Urbino  del 
Tondo  che  stava  per  altare  nella  chiesa  de'  Padn  Olivetani  di  Nocera  de' 
Pagani,  era  celebrissimo  et  il  sig.  roarch.  del  Carpio  vice  re  di  Napoli 
con  licen^a  délia  congregas;ioqe  del  S.  Consiglio  lo  comprô  dei  Padri  m 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  ^iOl 

mille  scudi,  fatta  fare  al  medesimp  altare  una  copia  da  Luca  Giordano,  e 
ne  fece  fide  commisso  passante  alla  famiglia  délia  prima  figlia  che  fusse 
maritata,  non  havendo  mascbi.  E  una  bellissima  copia  antiea  sta  in  Gaeta 
nella  ehiesa  d.  Cand.  di  Malta  dipinta  da  Andréa  Sabbat ini  da  Salerno^  che 
puèdaraggione  dirsi  il  Raffaelle  di  Napoli.  p  L'attribution  de  cette  copie 
à  Andréa  da  Salemo  nous  semble  erronée,  car,  dans  les  registres  de  la 
coofrérie  à  Gaëte,  elle  est,  dit-on,  attribuée  à  Fraocesco  Penni,  surnommé 
U  Fattore,  Pendant  le  siège  de  Gaête  une  bombe  brisa  le  tableau  en  trois 
morceaux,  mais  sans  trop  l'endommager,  et  l'on  a  pu  parfaitement  le  res- 
Uurer. 

Lith.  par  JoUus  Knhr. 

d.)  Dans  la  collection  de  lord  Dudley,  à  Londres. 
i.)  Dans  la  collection  du  comte  de  Lamberg,  à  l'Académie  de  Vienne. 
Petite  copie  de  12"  de  diamètre  seulement. 
/.)DaDs  la  collection  de  H.  Bernardi  à  Milan. 

82.  Madone  de  la  maison  Aldobrandini, 

Sur  bois.  H.,  13"  6"*;  1.,  ii'\  Figures  jusqu^aux  genoux. 

La  Vierge,  assise  sur  un  banc,  étend  son  manteau  derrière  l'enfant  Jésus 
anis  sur  ses  genoui;  celui-ci,  s'appuyant  sur  le  sein  de  sa  mère,  présente 
on  œillet  au  petit  saint  Jean,  qui,  debout  à  droite,  avance  son  brasgaucbe 
pour  le  prendre,  et  pose  sur  le  banc  sa  main  droite  dans  laquelle  il  tient 
uœ  petite  croii.  La  Vierge ,  dont  la  tête  est  entourée  d'une  étoffe  bleu 
vert,  rayée  d'or,  regarde  avec  tendresse  le  petit  saint  Jean  qu'elle  en- 
toure de  son  bras  gauche.  Sa  robe  est  d'un  ton  bleu  rompu  qui  n'est  pas 
ordinaire  à  Rapfaaël.  Pour  fond,  un  pilier  au  milieu  avec  deux  ouvertures 
voûtées  aux  côtés  qui  laissent  voir  un  paysage  avec  des  fabriques.  La  cou- 
leur des  chairs,  qui  est  très-claire  et  très-lumineuse,  contraste  avec  le  ton 
mat  des  étoffes  et  du  paysage  oij  l'on  sent  Tinfluence  de  la  fresque.  Quel- 
ques rares  ornements,  rehaussés  d'or,  dans  les  étoffes,  indiquent  la  pre- 
mière époque  du  séjour  de  Raphaël  à  Rome. 

Ce  tableau,  de  la  galerie  Aldobrandini,  fut  acheté  par  M.  Day,  qui  le  mit 
a  vente  à  Londres  et  qui  chercha  longtemps  un  acquéreur,  jusqu'au  mo- 
ment où  lord  Gravagh  se  présenta  pour  le  placer  dans  sa  galerie  (selon 
Bocbanan,  au  prix  de  i, 500  liv.  sterl.). 

Gravures  :  Alessandro  Mochetti,  in-folio  Faible.  —  Le  trait  seulement,  avec 
BDe  légère  indication  des  ombres,  de  la  grandeur  de  l'original,  dans  i'Hittoire  de 
fàrifùT  les  Monumentê,  etc.,  par  Seroux  d'Âgincourt,  t.  III,  p.  172,  pi.  CLXÎXIV. 
-Bans un  ovale,  d'après  un  tableau  qui  nous  est  inconnu.  Côté  opposé,  par 
'.  Andriot,  chez  Vallet,  au  Buste  de  Louis  XIV.  Grand  in-4'*. 

Copies  anciennes  d* après  ce  tableau. 

a).  A  l'académie  Carrara,  à  Bergame. 
h,)  Dans  la  maison  Stacoli,  à  Urbin, 


108  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

c.)  Dans  la  maison  Silva^  à  Milan. 

d.)  Dans  la  possession  du  général  Menu,  à  Berlin.  Copie  arec  quelques 
changements  :  le  petit  saint  Jean  est  assis  à  droite  sur  un  coussin  et  pré- 
sente une  fleur  à  l'enfant  Jésus.  Un  rideau  forme  le  fond. 

Gravure  :  G.  M.  V,  del.  et  sculp.Romœ,  1642. 

e.)  Dans  l'ancienne  galerie  du  cardinal  Fesch,  à  Rome.  Copie  avec  des 
variantes.  Ce  sont  des  figures  entières,  presque  de  grandeur  naturelle.  Le 
petit  saint  Jean  est  agenouillé  à  terre . 

/*.)  Dans  la  galerie  de  lord  Grosvenor  à  Londres.  C'est  une  autre  imita- 
tion libre,  où  l'enfant  Jésus  tient  sa  croix  de  jonc  sur  l'épaule  gauche.  Le 
petit  saint  Jean  diffère  aussi  de  la  figure  du  tableau  original,  et  le  paysage 
du  .fond  est  recouvert  à  droite  par  un  rideau. 

g.)  Une  très -bel  le  copie,  conforme  à  l'original,  se  trouvait  autrefois  en 
Espagne  ;  mais  elle  en  est  sortie  par  suite  de  la  guerre,  pour  passer  eu 
Allemagne. 

83.  La  Vierge  au  Diadème. 

Sur  bois.  H.,  25";  l.,  18". 

La  Vierge,  la  tête  ornée  d'un  diadème  bleu,  est  accroupie  devant  l'en- 
fant Jésus  couché  et  endormi  sur  une  draperie  à  terre  ;  elle  lève  le  voile 
qui  le  recouvre  pour  le  montrer  au  petit  saint  Jean  agenouillé  auprès 
d'elle.  Celui-ci  tient  sa  petite  croix  de  roseau  entre  ses  bras.  On  voit  une 
ville  dans  le  lointain  et  l'on  reconnaît,  au  plan  du  milieu,  dans  une  ruine 
animée  par  quelques  petites  figures,  celle  qui  subsiste  encore  à  Home  dans 
la  vigne  Sacchetti,  près  de  la  basilique  de  Saint-Pierre. 

Ce  ravissant  tableau  est  souvent  désigné  sous  le  nom  de  la  Vierge  au 
Linge  ou  au  Voile,  et  encore  sous  les  noms  de  Sommeil  de  Jésus  et  de 
Silence  de  la  sainte  Vierge. 

Comme  chaque  tableau  de  Raphaël  a  son  histoire  plus  ou  moins  remar- 
quable, on  raconte  de  celui-ci  que,  partagé  en  deux  morceaux,  il  servait 
de  couvercle  de  tonneaux  dans  une  cave  de  Pescia ,  lorsqu'il  fut  acheté 
par  un  amateur.  Cet  amateur,  dit-on,  aurait  fait  rejoindre  les  deux  mor- 
ceaux par  un  artiste  tellement  habile,  qu'à  l'heure  qu'il  est  on  serait  en 
peine  de  découvrir  la  moindre  trace  des  anciennes  restaurations  de  ce  chef- 
d'œuvre. 

Nous  sommes  plus  certains  que  ce  tableau  était  autrefois  dans  le  cabinet 
si  célèbre  de  M.  de  Chateauneuf,  à  Paris,  et  qu'il  passa,  par  héritage,  en  la 
possession  du  marquis  de  la  Vrillière ,  secrétaire  d'État.  Il  passa  ensuite 
dans  la  collection  du  prince  de  Carignan,  après  la  mort  duquel  on  dit  qu'il 
fut  acheté,  vers  1743,  pour  le  roi  Louis  XV».  Cependant  il  n'est  pas  cité 

i.  Nous  devons  rectiGer  tout  ce  qu'il  y  a  de  vague  et  d'incomplet  dans  ce  paragraphe,  en 
citant  textuellement  la  notice  de  M.  Yillot  dans  son  Catalogue  du  musée,  qui  est  toigours  un 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  109 

dans  le  Voyage  pittoresque  de  Paris,  etc.  Par  M.  D.  (Dezallier-d'Argen- 
▼ille.)  Paris,  i757,  in-i2.  C'est  actuellement  un  des  joyaux  du  Louvre, 
où  nous  nous  rappelons  Ty  avoir  vu  dans  le  plus  parfait  état.  Mais,  de- 
puis, il  a  été  un  peu  trop  nettoyé,  et  à  ce  point  que  les  ombres  des 
diaîrs  ont  pris  un  aspect  gris.  Nous  regrettons  que  quelques  retouches 
aient  complété  cette  fâcheuse  restauration. 

Graturbs  :  François  de  Poilly,  in-folio.  Premières  épreuves,  d'artistes,  les 
pieds  de  la  Yierge  non  terminés,  et  sans  les  armes;  puis,  avec  les  armes.de  la 
famille  de  la  Yrilliére  et  une  couronne.  Deuxièmes  épreuves,  avec  des  armes 
â  trois  fleurs  de  lis,  sans  couronne.  Troisièmes  épreuves,  sans  armes.  Retouché 
par  Charles  Siolonneau,  pour  le  Cabinet  Croxat.  —  Jac.  Frey,  1705.  in-folio, 
avec  l'indication  que  le  tableau  se  trouve  chez  le  marquis  de  la  Yrilliére.  — 
Du  Flos,  in-12,  avec  le  titre  :  Le  ioini  Sommeil  de  Jésui-Christ.  —  A  Paris,  chez 
Diacre,  in  12,  cintré.  —  A  Paris,  chez  Chiquet,  avec  deux  vers  :  SoU  que  nout 
xeiUont,  etc.  —  Franc.  Borsi  fecit,  1774,  du  côté  opposé.  —  J.  Bruynel  exe. 
Aniverpiae,  du  côté  opposé.  Faible  copie,  d'après  de  Poilly,  in-folio.  —  A.  Bou- 
cher Desnoyers  sculp.,  avec  ce  titre  :  La  Vierge  au  Linge ^  grand  in-folio.  — 
J.-B.  Hassard  sculp.,  grand  in-folio.  —  J.-J.  Avril,  1813,  in-folio.  — Ant.  Banzo, 
ÎD-folio.  —  L.-C.  Ruolte,  petit  in-folio.  —  Ingouf  jeune,  sous  ce  titre  :  Le  Silence 
de  ia  Vierge^  grand  in-folio,  pour  le  Mmie  Napoléon.  —  Bovinet,  pour  la  Gale- 
rie Filhol,  —  Gérard,  1845,  petit  in-folio.  —  Pierre  Metzmacher,  1855,  in-fol. 
—  Landon,  n"  108. 

Dans  un  ovale,  avec  des  variantes  (l'enfant  couché  différemment  et  un  autre 
paysage).  Côté  opposé.  Jo.  Poiret  del.  Claudius  Randon  fec.  In-fol. 

Dans  un  rond,  avec  une  figure  de  saint  Joseph  ajoutée  à  gauche.  Chez  de 
Poilly. 

La  tête  seule  de  l'enfant  Jésus.  Lith.  par  Jean  Gigoux,  à  Paris. 

Copies  anciennes  de  cette  peinture. 
a.)  Dans  la  galerie  Bridgewater  S  à  Londres.  Sur  bois.  H.  26"  9"'; 

guide  sûr  et  intelligent  :  t  On  sait  peu  de  chose  sur  Thistoire  de  ce  tableau,  qui  n'est  pas  cité 
par  Tasari.  Voici  ce  qn'en  dît  Germain  Brice  [Deteriplion  de  la  ville  de  Paris.  1752,  t.  Il, 
p.  435),  en  pariant  de  Phôtel  bâti  en  1620  par  Raymond  Phélypeaux  de  la  Yrilliére,  secrétaire 
iTEtat,  acquis  en  174  3  par  Louis-A lexandre  de  Bourbon,  comte  de  Toulouse,  prince  légitimé  : 
■  L*oa  y  a  TU  longtemps  une  suite  d^excellents  tableaux  des  plus  grands  maîtres,  que  ce  grand 

•  ministre  y  avait  rassemblés  et  qui  dunoaient  une  grande  idée  de  la  puissance  de  son  goût.  Un 
t  des  principaux  était  un  beau  tableau  de  Raphaël,  représentant  la  sainte  Vierge  qui  considère 

•  Tenfant  Jésus  endormi,  lequel  a  passé,  en  1728,  dans  le  cabinet  du  prince  de  Carignan,  et 
dont  on  a  une  belle  estampe  gravée  par  François  Poilly.  >  Ce  tableau  fut,  dit-on,  acheté  par 
Louis  XV  à  la  vente  du  prince  de  Carignan  ;  cependant  il  ne  figure  pas  sur  le  catalogue  imprimé 
en  1742  ni  sur  celui  de  1743.  (La  vente,  annoncée  par  le  premier  catalogue  pour  le  30  juillet 
1742  n*ayant  pas  eu  lieu,  fut  remise  au  18  juin  1743,  et  Ton  publia  un  nouveau  catalogue, 
fidèle  réimpression  du  premier.)  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  ce  tableau  et  le  Tintoret  (n**  354 
de  rEeoIe  italienne  au  I^ouvre)  furent  choisis  sur  Pinveutaire  manuscrit  et  retirés  avant  la 
vente.  (Note  de  Ciditewr.) 

1.  Dans  le  catalogue  de  Bridgewater  Gallery  (1856),  cette  copie  est  enregistrée  (n*  36) 
comme  original  de  Raphaël,  et  comme   ■  provenant  de  la  collection  de  Sir  Joshua  Reynolds,  i 
U.  Waagen  l'accepte  aussi  comme  une  a  ancienne  et  très-bonne  répétition.  •  {Note  de  l'èdi' 
kw.) 


110  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

1. 19'*  6"*.  Acquis  à  la  vente  de  la  galerie  d'Orléans,  pour  300  iiv.  sterl.  (?) 
—  Gravée  par  P.-W.  Tomkins.  Petit  in-fol.,  pour  la  Stafford  Gallery,  pu- 
bliée par  W.  Young  Ottley. 

6.)  Une  autrecopie  passade  la  collection  du  duc  de  Ghoiseul  dans  celle 
de  M.  Agars,  à  Londres.  Voyez  l'ouvrage  de  G.  Aug.  Goede  sur  l'Angle- 
terre, etc.,  t.  IV,  p.  74. 

c.)  Une  belle  copie,  qui  provenait  de  la  succession  d'un  ecclésiastique 
français  et  qui  était  signée  :  Rapbael.  1512  (H.  23";  1. 18"),  fut  eiposée 
à  Trêves  et  passa  plus  tard  en  Angleterre  où  elle  doit  être  encore.  Voyez 
ArtisUsches  NotizenblaH,  Dresden,  du  3  février  1834. 

d.)  Dans  la  sacristie  de  la  cathédrale  de  Tolède  de  trouve  une  très-belle 
et  très-fine  copie  dans  laquelle  la  robe  de  la  Vierge  est  rouge  au  lieu 
d'être  bleue  comme  dans  l'original. 

e.)  Nous  avons  parlé,  dans  la  Vie  de  Raphaël,  d'une  copie,  ou  plutôt 
d'une  imitation  de  ce  tableau  avec  quatre  saints  debout,  de  grandeur  na- 
turelle, qui  se  voyait  à  la  cathédrale  d'Urbin,  et  qui  était  attribuée  à  un 
certain  Antonio  Sanzio. 

84.  Madone  de  Fuligno. 

Sur  boit,  el  depaii  Irinsporté  lur  toile.  H.,  8'  10";  1.,  5'  10". 

La  Vierge,  assise  sur  des  nuages,  dans  une  gloire  de  forme  ronde  et  de 
couleur  d'or,  est  entourée  d'un  grand  nombre  d'anges  vus  à  mi-corps  et 
légèrement  indiqués  dans  l'azur  du  ciel.  La  Vierge  soutient  de  la  main 
gauche  l'enfant  Jésus  debout  à  sa  droite,  et  le  couvre  de  la  main  droite 
avec  une  petite  draperie.  Tous  les  deux  abaissent  leurs  regards  sur  le 
donataire,  Sigismondi  Gonti,  lequel,  agenouillé  en  adoration  à  droite,  est 
présenté  à  la  mère  de  Dieu  par  saint  Jérôme  debout  derrière  lui.  Saint 
Jean-Baptiste,  debout  à  gauche,  désigne  du  geste  le  Sauveur,  et  devant 
lui  est  agenouillé  saint  François  en  extase.  Un  petit  ange  nu,  debout  au 
milieu  de  ces  deux  groupes»  montre  une  tablette  sur  laquelle  a  pu  être 
inscrite  autrefois  la  donation  de  ce  tableau.  Une  ville  dans  un  site  monta- 
gneux forme  le  fond.  On  voit  tomber  du  ciel  une  boule  enflammée  au-des- 
sus de  laquelle  se  trace  un  arc-en-ciel  ^ 

Déjà,  dans  la  Vie  de  Raphaël,  nous  avons  fait  remarquer  la  perfection 
de  cet  ouvrage,  dont  la  couleur  surtout  est  d'une  grande  puissance.  Mais 
cependant  nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de  faire  la  part  aux  critiques  : 
ainsi ,  la  Vierge  représente  moins  une  mère  de  Dieu  qu'une  (emme  gra- 
cieuse; l'enfant  Jésus  est  d'un  mouvement  un  peu  trop  cherché.  La  figure 
de  saint  Jean-Baptiste  manque  d'élévation,  et  le  bras  de  cette  figure  est 

1.  D'après  ime^traditioa,  ce  sérail  une  bombe,  qui  rappellerait  le  danger  cpie  courut  Sigis- 
mondi au  siège  de  Fuliguo,  sa  ville  natale.  Quant  à  rarc-ea-ciel|  il  peut  être  considéré  comme 
sjmbole  de  la  réconciliation  du  donataire  avec  Dieu. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  ili 

assez  défectueux,  pour  qu'on  puisse  supposer  que  le  dessio  a  été  gâté  par 
la  restauration. 

Ce  tableau  doit  avoir  été  peint  vers  1511  pour  Sigismoudi  Conti^  secré- 
taire intime  du  pape,  et  vraisemblablement  destiné  à  un  ex'voio,  puisque 
le  donataire  mourut  dans  le  mois  de  février  de  l'année  suivante. 

Selon  Vasari^  ce  tableau  aurait  primitivement  orné  le  maitre-autel  de 
l'église  Ara  Cœli  sur  le  Capilole,  à  Rome.  Mais^  depuis  lo6o^  il  se  trouvait 
à  Fuiigno,  dans  Téglise  Saint-Anne  du  couvent  délie  Contesse.  On  ne  sait 
rien  au  sujet  de  cette  translation,  si  ce  n'est  que  Tévêque  MafiTei,  dans  une 
visite  qu'il  lit  à  ce  couvent^  lut  l'inscription  suivante  en  lettres  d'or  sur 
le  cadre  :  s  Questa  tavola  la  fece  dipingere  messere  Gismondo  Conti^  se- 
gretario  primo  di  Giulio  secondo ,  et  è  dipinta  per  mano  di  Rapbael  de 
Urblno,  et  soraAnna  Conti  nepote  del  dicto  messere  Gismondo  Tha  facta 
portare  da  Roma,  et  facta  mettere  a  questo  altare  nel  1565  a  di  23  dl 
maggio.  »  Vo^ez  la  note  de  ComoUi  pour  la  Vila  inedita  di  RaffaellOy  etc. 
(Roma,1790,  p.  44). 

Ëolevé  par  les  Français^  lors  des  guerres  d'Italie^  il  arriva  en  assex 
mauvais  état  à  Paris,  où  il  fut  transporté  sur  toile  par  M.  Haquin,  et  res- 
tauré par  M.  Roser  de  Heidelberg.  Un  rapport  détaillé  sur  la  manière  dont 
cette  transposition  eut  lieu  se  trouve  dans  le  Précis  historique  des  pro- 
ductioM  des  Aris,  eVb.,  par  Landon  (Paris,  an  X^  1801).  Le  baron  Boucher 
Desooyers  donne  à  ce  sujet  des  détails  intéressants  dans  son  Appendice  à 
l'ouvrage  de  Quatremère  de  Quincy  (p.  44).  Ainsi^  lorsqu'on  eut  enlevé  le 
bois  du  panneau^  on  pouvait  voir  distinctement  le  dessin  entier  de  la  com- 
position tracé  au  pinceau  avec  une  couleur  brune.  On  remarquait  aussi 
que  la  main  droite  du  saint  Jérôme  était  dessinée  de  deux  manières  diffé- 
rentes et  qu'une  seulement  avait  été  exécutée  par  le  peintre. 

Après  le  traité  de  paix  de  1815,  ce  tableau  retourna  du  Musée  Napoléon 
en  Italie,  mais  non  pas  dans  l'église  de  Fuligno  :  il  est  aujourd'hui  placé 
dans  la  galerie  du  Vatican. 

Gravures  :  Vincentius  Victoria  Hispan.  Canon  fecit.  Mauvaise  feuille  à  l'eau- 
forte,  petit  in-folio;  du  côté  opposé.  —  P. -A.  Pazzi,  in-folio.  Faible  gravure.  — 
Le  baron  Boucher  Desnoyers  sculp.,  1810,  grand  in-folio.  —  Deviiliers,  in-folio. 

—  Nie.  Schenker,  de  Genève,  sculp.  Paris,  grand  in-folio.  —  Filippo  Tosetti, 
in  folio.  —  Ignazio  Pavon,  RomîB,  in-folio.  —  J.-M.  Saint-Ève,  1848,  in-folio.  — 
fieisson,  in-folio,  pour  le  Mutée  royal.  —  Pigeot,  1813,  pour  la  Galerie  Filhol.  — 
Litb.  par  G.  Bodnner.  —  PieU-o  Marchetti,  1850,  gr.  in-fol.  —  Landon,  n"*  443. 

Gravures  partielles  de  la  Vierge  avec  l'Enfant  :  —  par  Marc-Antoine,  deux 
fois.  Bartscb,  t.  XIV,  n*"  52  et  53.  On  y  trouve  aussi  l'indication  de  trois  copies 
et  celle  de  la  planche  retouchée  par  Augustin  Carrache,  à  laquelle  il  ajouta  deux 
têtes  d'anges.  —  Girolamo  Scotto,  1818,  in-8%  avec  des  variantes,  d'après  un 
tableau  de  la  même  grandeur.  —  Gravé  à  l'eau-forte,  par  F.  BruUiot,  grand  in-fol. 

—  La  môme  Vierge  avec  l'enfant  un  peu  différemment  posé;  l'on  voit  saint 
Joseph  à  droite  dans  un  paysage;  gravé  par  Antoinette  Bouzonnet  Stella,  petit 
iu-folio. 


H 2  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

Une  copie  de  ce  tableau ,  attribuée  à  Sassoferrato  y  est  en  la  possession 
du  comte  Giacomo  Melerio,  à  Milan. 

Un  dessin ,  la  Vierge  et  Tenfant  Jésus  seulement,  à  la  pierre  noire  sur 
papier  bleu,  fut  vendu  au  prix  de  470  florins  à  la  vente  du  roi  de  Hollande, 
en  1850,  et  passa  en  Angleterre.  Ce  dessin,  qui  a  souiTert,  semble  avoir 
été  l'ait  d'après  la  gravure  de  Marc-Antoine. 

85.  Le  prophète  haïe. 

À  fresque.  H.,  8';  I.,  5'. 

Le  Prophète  est  assis;  il  tourne  la  tête  du  côté  gauche  et  présente  au 
spectateur,  qu'il  semble  voir  de  ce  côté,  une  bande  de  parchemin  sur  la- 
quelle est  écrit  en  hébreu  le  deuxième  verset  du  vingt-sixième  chapitre  de 
ce  prophète  :  «  Ouvrez  les  portes,  afin  que  le  peuple  qui  conserve  la  foi 
entre.  »  Deux  enfants,  avec  une  guirlande  de  teuillages  et  de  fruits,  sont 
posés  un  peu  plus  haut  sur  l'architrave  derrière  Isaïe  et  tiennent  un  car- 
touche où  se  lit  cette  dédicace  écrite  en  grec  :  «  A  sainte  Anne,  mère  de 
la  Vierge;  à  la  sainte  Vierge,  mère  de  Dieu;  à  Jésus  le  Sauveur;  Jean 
Gorizius.» 

Raphaël  peignit  cette  fresque  à  la  demande  et  aux  frais  de  ce  Jean 
Corizius  qui  est  quelquefois  nommé  Janui$  Corycius  Lucumburgensis.  Ce 
gentilhomme  allemand,  juge  civil  sous  Léon  X,  fut  un  zélé  protecteur  des 
savants  et  des  artistes  *.  En  1512,  il  fit  placer  un  groupe  en  marbre  de  la 
Vierge,  de  l'enfant  Jésus,  de  sainte  Anne,  en  l'honneur  de  cette  dernière, 
sa  patronne,  exécuté  par  Andréa  Sansovino,  dans  Téglise  S.  Agostino,  à 
Rome ,  ainsi  que  le  prouve  l'inscription  suivante  gravée  sur  le  socle  du 
groupe  : 

JESV.   DEO.   DEIQ.  FILIO.  MATRI 
VIRGINI.    ANNiB.    KSIM,    MATBRNiB 

JO.  GORICIVS.  RX.  GERMANIS 
LVGVMBVRG.  PROT.    APOST.    DDD. 

PERPETYO.  8ACR1FIGI0.  DOTEM 
VASA.     VESTES.     TRIBVIT.    MDXIU 

Ce  fut  sur  le  pilier  même  auquel  est  adossé  ce  groupe  que  Raphaël 
exécuta  la  fresque  du  prophète  Isaïe,  au  plus  tard  en  1512,  car  un  de  ses 
élèves  copia  les  deux  enfants  de  cette  fresque,  en  peignant  ceux  qui 
portent  l'écusson  des  armes  de  Jules  11,  dans  uue  des  chambres  du  Vatican. 
Or,  le  pape  Jules  II,  comme  on  sait,  mourut  au  mois  de  février  1513. 

Vasari  rapporte  que  Raphaël  venait  d'exécuter  cette  fresque  quand  le 
Bramante  lui  fit  voir  les  peintures  de  Michel-Ange,  à  la  voûte  de  la  chapelle 
Sixtine.  Ces  peintures,  au  dire  de  Vasari,  auraient  luit  une  telle  impression 
sur  Raphaël,  que,  mécontent  de  la  figure  du  Prophète  qu'il  venait  d'ache- 
ver, il  la  fit  détruire  et  en  peignit  une  nouvelle  qui  eut  plus  de  grandiose  et 

I    Voyex  W.  Roscoe,  Vie  de  Léon  JT,  p.  145. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  115 

de  majesté.  Que  la  vue  des  Prophètes  peints  par  Michel-Ange  ait  influencé 
Raphaël  dans  l'exécution  du  sien^  c'est  très-Tisible,  mais  il  faut  avouer 
que  cette  influence  ne  lui  fut  pas  trop  avantageuse^  puisqu'elle  le  fit  sortir 
de  son  individualité.  L'imitation  du  grandiose  particulier  à  Michel-Ange 
n'a  donné  qu'une  lourdeur  désagréable  des  formes,  et  ce  qu'on  a  regardé 
comme  de  la  majesté  dans  cette  figure  n'est  qu'une  absence  complète 
d'expression.  Nous  ne  saurions  donc  nous  ranger  au  jugement  de  Vasari, 
jugement  qui  accuse  sa  prédilection  aveugle  pour  Michel-Ange >  et  nous 
sommes  heureux^  pour  l'art^  que  Raphaël  soit  revenu  bientôt  à  sa  propre 
origiualité. 

Cette  fresque  du  prophète  Isaie  est  actuellement  dans  un  état  très-dépio- 
rable,  car  un  sacristain,  qui  avait  voulu  le  laver,  le  détériora  tellement  en 
quelques  parties,  que^  sous  le  pontificat  de  Paul  IV  (1555)^  Daniel  de  Vol- 
terre  fut  chai^  de  le  restaurer.  Cette  restauration  a  pu  rendre  la  peinture 
encore  plus  faible  qu'elle  ne  l'était  originairement.  Pourtant^  certains  dé- 
tails sont  encore  d'une  bonne  conservation ,  entre  autres  la  jambe  droite 
du  Prbphète. 

Voici  encoi^  une  anecdote  assez  peu  vraisemblable  au  sujet  de  cette  fres- 
que :  },  Ricbardson,  dans  son  Traité  sur  la  peinture,  t.  III^  p.  454,  raconte 
que  le  personnage  qui  avait  commandé  ce  tableau- à  Raphaël  ayant  trouvé 
le  prix  trop  élevé  quand  l'ouvrage  fut  terminé ,  alla  demander  conseil  à 
Michel-Ange.  Celui-ci  voulut  voir  la  fresque  et  dit  :  «  Le  genou  seul  vaut 
le  prix  demandé.  » 

Gbavurbs  :  Par  un  ancien  maître  italien  anonyme,  dans  le  genre  de  Giulio  Bo- 
nasoDe.  H.  U"  ;  1.  6",  9"'.  Sans  aucune  inscription.  —  Heinrich  Goltzius,  1592, 
petit  in-folio,  d'après  un  dessin  de  Gasparo  Celio.  Bartscb,  t.  III,  p.  82,  n<*  269.  ~ 
Une  copie,  du  côté  opposé,  avec  le  nom  de  Gollzius,  1592,  et  l'adresse  Clcni.  de 
Jongbe,  petit  in-folio.  —  Copie  par  N.  Yisscher.  —  R.  \an  Bolten,  Cbr.  \.  Sichem 
exe,  in-folio.  —  Cesare  Fantetto,  1607,  avec  inscription,  petit  in-folio.  ~ 
Nie.  Chaperon,  1649.  in-folio,  avec  quelques  changements  ;  comme  lilTP,  pour  la 
Bible  d'après  Raphaël.  ^  Josepbus  Cereda,  Mediolanensis,  1779,  in-folio,  avec 
deui  inscriptions.  —  J.  Bonajuta,  in-folio —  Seb.  Langer,  à  l'eau-forte,  in-8". 
—  Anonyme,  à  l'eau-forte,  in-8*,  très-maniéré. 

Copies  (Tapf'ès  cette  peinture. 

a.)  Dans  la  galerie  du  Belvédère,  à  Vienne^  se  trouve  une  bonne  copie 
à  l'builesur  toile^  qui  est  attribuée  à  Annibal  Carrache.  H.  7';  1. 4'  6".  Elle 
était  autrefois  dans  le  couvent  de  la  Sainte-Croix^  à  Vienne^  et  elle  fut 
oflerte,  en  1798^  par  le  Père  Marian  Reutter^  abbé  du  couvent^  à  Tempe- 
reur  François  11^  pour  la  galerie  des  tableaux*. 

Gravée  par  Seb.  Langei,  pour  l'ouvrage  sur  les  galeries,  de  Haas,  1. 1. 

6.)  Dans  la  collection  de  la  bibliothèque  Ambroisienne^  à  Milan,  copie 

II.  8 


i 


lU  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

qui  semble  également  être  sortie  de  Técole  desCarrache.  Elle  a  fortement 
poussé  au  noir. 

e.)  La  galerie  de  Dresde  possède  une  excellente  copie  de  Mengs.  H.  8'  9"; 
1.  5'  Q". 

86.  Deux  Enfants  avec  les  armes  de  Jules  II, 

Au-dessus  de  la  cheminée  d'une  chambre,  dite  d'Innocent  VHl,  au  Vati- 
can, se  trouvaient  peintes  les  armes  de  Jules  11,  portées  par  deux  enfants 
qui  ont  été  attribués  à  Raphaël.  Voyez  Taja,  Descrizione  del  palazzo  apost. 
Vaticano,  1750,  p.  410;  Richardson,  Traité  de  la  peinturCy  p.  282;  Lon- 
ghena,  p.  410;  Pungiieoni,  p.  133.  Il  est  surprenant  que  ce  dernier  écrivaia 
soit  le  seul  qui  ait  remarqué  que  ces  enfants  étaient  absolument  imités  de 
ceux  qui  sont  peints  dans  la  fresque  du  prophète  Isaïe. 

Lorsque  le  musée  du  Vatican  fut  agrandi,  il  y  a  environ  vingt  ans,  ou 
scia  le  mur  sur  lequel  étaient  peintes  les  armes  de  Iules  II  et  on  échangea 
ces  débris  contre  des  gravures  de  Marc-Antoine.  Un  des  deux  enfants  de 
la  fresque  est  allé,  dit-on,  en  Angleterre,  et  l'autre  fut  acquis  parteu  lo 
peintre  Wkar»  qui  l'a  légué  à  l'Acà'  .mie  de  Saint-Luc,  à  Rome, 

Le  fragment  que  possède  maintenant  l'Académie  de  Saint-Luc  repré* 
sente  l'enfant  du  cdté  gauche,  vu  de  face,  qui  a  une  guirlande  de  feuil- 
lages autour  du  bras  droit,  comme  dans  la  fresque  dlsaîe. 

Ce  tableau  a  beaucoup  souffert;  il  est  tellement  repeint  et  couvert  de 
vernis,  que  l'on  ne  peut  plus  guère  juger  de  son  exécution.  £n  tout  cai»» 
on  doit  supposer  que  les  armoiries  n'ont  été  peintes  que  par  un  élève  de 
Raphaël. 

87.  Portrait  de  femme. 

A  la  Tribune  de  Florence.  Ser  bois.  H.,  6  déc.  70  ;  1.,  5  dée.  54. 

Ce  portrait  en  buste  représente  une  jeune  et  belle  dame^  vue  presque  de 
face,  un  peu  tournée  vers  la  gauche.  Un  cercle  d'or,  émaillé  de  feuilles 
vertes,  entoure  sa  têie.  Elle  tient  d'une  main  le  manteau  garni  de  four- 
rures, qui  recouvre  son  corsage  de  velours  bleu  foncé.  Sur  le  fond,  d'un 
vert  sombre,  se  trouve  la  date  1512.  Dans  ce  portrait,  les  ornements  du 
corsage  et  de  la  couronne,  le  filigrane  qui  brille  autour  du  cou,  la  bague 
qui  orne  un  des  doigts  de  la  main,  et  même  les  lumières  des  cheveux,  sont 
rehaussés  d'or,  conmie  dans  les  portraits  de  Mantegna  et  de  Holbein,  ce 
qui  ajoute  encore  à  la  richesse  et  à  la  magie  de  cette  peinture.  La  couleur 
en  est  si  chaude  et  si  puissante,  qu'elle  rappelle  d'une  façon  remarqua))le 
les  œuvres  du  Giorgione,  auquel  a  été  plusieui^  fols  attribué  ce  portrait, 
malgré  sa  date  de  1512,  quoiqu'il  soit  avéré  que  le  Giorgione  était  mort  / 
en  1511. 

C'est  avec  aussi  peu  de  raison  que  ce  magnifique  portrait  a  été  encore 
attrilué  à  Sébastien  del  Piombo,  qui  avait  une  tout  autre  manière  de 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  «15 

foire  et  un  tout  autre  pinceau.  C'est  bien  là  incontestablement  un  ouvrage 
de  Raphaël,  et  cet  ouvrage  se  distingue  par  une  grâce,  une  suavité,  une 
perfection,  qui  n'ont  jamais  été  atteintes  par  aucun  maître,  si  ce  n'est  par 
Raphaël. 

Ce  tableau  était  déjà  décrit,  avec  le  nom  de  Raphaël,  dans  l'Inventaire 
des  tableaux  de  la  Tribune,  fait  en  1589  :  a  Un  quadro  simile  (ritratlo) 
d'una  donna  in  tavola  un  bragio  ingniudo  e  schollata  un  suo  comice  si* 
mile  alta  br.  1  4/3  larga  br.  i  i/%  di  mano  di  Raflaello  daUrbino.  » 

Malheureusement  cette  notice  ne  nous  dit  pas  quelle  est  la  dame  repré- 
sentée dans  ce  tableau.  Mais  il  est  incontestable  qu'il  ne  saurait  être  le 
portrait  de  la  maltresse  de  Raphaël,  portrait  qui,  d'après  Vosari,  était  en 
la  possession  de  Matteo  Botti,  à  Florence,  et  qui  se  trouvait  encore  cent 
ans  plus  tard  dans  la  maison  de  Matteo  et  Giovanni  Botti,  lorsque  Gio. 
Cinelli  publia,  en  4677,  une  édition  dés  Bellezze  délia  città  di  Firenze^  de 
Praneesco  Boechi,  où  ce  portrait  est  décrit  de  la  sorte  :  «  Ci  è  ancora  un 
ritratto  di  una  giovane  di  bel  semblante,  e  leggiadro,  dipinto  da  RafTael  da 
Urbîno  :  il  quale  è.tenuto  dagli-artefeci  in  grande  stima  :  e  si  corne  fu 
questo  pittore  ammirabile,  cosî". i4'  opéra  nobile,  e  fieimosa  appresso 
tutii.  9 

Ce  sont  là  des  faits  et  des  dates  authentiques  qui  réduisent  à  néant  les 
assertions  de  Tomaso  Puccini,  relativement  à  ce  portrait.  Tomaso  Puccini, 
dans  la  Real  Galleria  di  Firenze  (1794,  vol.  I,  p.  6),  a  prétendu,  d'après 
le  témoignage  du  légat  Botti ,  que  Galuzzi  a  découvert  dans  les  archives 
des  Médicis,  qu'un  fils  de  Matteo  Botti  légua  la  moitié  de  ses  biens  au  duc 
Cosme  l*s  mort  en  1574,  et  que  le  portrait  de  la  maîtresse  de  Raphaël 
faisait  partie  du  legs.  Il  faudrait  donc  rapporter  le  legs  en  question  à  une 
date  beaucoup  plus  récente,  puisque  le  portrait  de  la  maîtresse  de  Ra- 
phaël était  encore  dans  la  maison  Botti  en  1677.  C'est  un  fait  sur  lequel 
nous  reviendrons  en  parlant  d'un  autre  portrait  de  femme,  peint  par 
Raphaël,  qui  est  au  palais  Pitti. 

Mais  quelle  est  la  ravissante  personne  représentée  dans  le  portrait  qu'on 
admire  à  la  Tribune  de  Florence? 

Missirini,  selon  sa  manière  habituelle  de  défendre  et  de  propager  des 
opinions  erronées,  croit  reconnaître  le  portrait  de  Vittoria  Colonna,  que 
Sébastien  del  Piombo  peignit  d'après  un  carton  de  Michel-Ange  S  et  cet 
écrivain  cite,  à  l'appui  de  son  système,  une  estampe  d^qea  Vico,  gravée 
d'après  le  tableau  original  de  Sébastien  del  Piombo,  estampe  que  Lon- 
ghena  a  fait  reproduire  dans  sa  traduction  de  l'ouvrage  de  Quatremère 
deQuincy  (p.  609).  —  11  existe  aussi  une  gravure,  eiécutée  par  W.  Hollar, 

1.  Ce  magnifique  portrait,  décrit  par  Yasari,  passa  seulement  en  1810  du  palais  Colonna,  à 
Rome,  à  M.  i)ay,  à  Londres.  Cfest  un  portrait  vu  de  profil,  d'un  caractère  extraordiuairement 
sévère  et  d'un  aspect  grandiose.  U  est  à  déplorer  que  cette  peinture  ait  étu  trop  ucttuvée. 


no  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

en  1650,  d'après  le  même  tableau.  Ex  coll.  Joh.  et  Jac.  van  Verle^  avec 
cette  suscription  :  Ritratlo  di  Vittoria  Colonna,JaUo  da  Sebastiano  del 
Piombo,  etc.  Mais  toutes  ces  estampes  prouvent  que  le  portrait  de  Vittoria 
Colonna  n'a  pas  la  moindre  ressemblance,  si  ce  n'est  dans  le  mouvement 
du  bras,  avec  le  portrait  de  la  Tribune;  la  forme  de  la  tête  et  celle  des 
vêtements  sont  complètement  diflérentes.  C*est  pourquoi  il  ne  nous  paraît 
pas  nécessaire  de  nous  arrêter  davantage  à  discuter  l'opinion  de  Missirini. 

D'autres  écrivains  ont  supposé  que  ce  portrait  représentait  la  duchesse 
Elisabeth  d'Urbin,  ou  Emilia  Pia;  mais  ces  suppositions  ne  reposent  sur 
aucune  preuve. 

On  pourrait  avancer  avec  plus  de  raison  que  ce  portrait  est  celui  de 
Béatrice  Ferrarese,  qui  a  été  mentionné  par  Vasari.  Mais  Vasari  n'en 
donne  aucune  description,  et  nous  ne  savons  même  pas  quelle  était  cette 
Béatrice.  Des  écrivains  postérieurs  la  nomment  Béatrice  d'Esté,  quoique 
du  temps  de  Raphaël  il  n^eiistât  pas  de  princesse  du  nom  de  Béatrice  dans 
la  maison  d'Esté  S  car  on  ne  peut  admettre  que  ce  soit  la  Béatrice,  femme 
de  Lodovico  Sforza,  morte  en  1497.  Nous  ne  saurions  donc  reconnaître  sous 
cette  dénomination  :  Béatrice  Ferrarese^  aucune  princesse  de  la  maison 
d*Este.  C'était  peut-être  une  grande  dame  de  Ferrare,  connue  alors  par 
son  talent  poétique  et  improvisateur,  mais  à  l'égard  de  laquelle  il  ne  nous 
est  resté  aucun  renseignement  plus  précis.  Cette  idée  nous  est  venue  en  pré- 
sence du  portrait  de  femme  de  la  Tribune.  Sa  pose,  quelque  peu  cherchée, 
son  regard  fite  et  inspiré,  enfîn,  sa  couronne  d'or  à  feuillages,  signe  ca- 
ractéristique des  poètes  et  des  improvisateurs,  nous  ont  semblé  prêter 
quelque  vraisemblance  à  une  supposition  qui  mérite  d'être  examinée  plus 
attentivement. 

11  est  aussi  question  d'une  Béatrice,  de  la  maison  Pio,  dans  une  lettre 
écrite  de  Ferrare,  le  27  octobre  1523,  et  adressée  au  cardinal  Bembo,  lettre 
que  Gratiosa  Pia  termine  ainsi  :  a  Le  raccomando  la  mia  Béatrice  e  oie 
insieme.  »  Voyez  :  DelU  Lettere  da  diverse  principe^se  et  altre  sig.  amons. 
P.  Bembo.  Venezia,  1560  (lib.  H,  p.  296). 

Puissent  ces  diverses  indications  donner  lieu  à  de  nouvelles  recherches 
et  nous  faire  découvrir  enfin  quelle  est  la  personne  représentée  dans  cet 
admirable  portrait. 

Gravures  :  Raph.  Morghen,  1809.  Baphaelù  amieitia  eeUberrima  la  Fomarina, 
In-folio.  —  Ph.  Cenci ,  petit  in-folio.  —  Bonaini,  1832,  in-8.  —  Achille  Martinet 
del.,  Leisner  sculp.,1845,  in-folio. 

I .  Toyez  Litta,  Famiglie  eelebri  Itaiiane,  —  Le  Père  Pungileoni,  dans  VBlogio  ttoHeo  di 
Gtoeannif  se  trompe,  quand  il  penae  (p.  110)  que  la  lettre  de  Veronica  Gainbara,  en  date  da 
3  septembre  1528,  est  adressée  non  à  la  marchese  de  Mantoue,  mais  à  Béatrice  d'Kste.  Cette 
mar()uise  de  Mantoue  se  nommait  Elisalietta  et  était  une  fille  d'Hercule  d'Esté,  né  en  1490  et 
mort  en  Ib39. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  fil 

Dans  la  galerie  Corsîni,  à  Rome,  il  y  a  un  ancien  tableau  qui  esi  évidem- 
ment imité  de  ce  portrait;  mais  le  copiste  a  dénaturé  le  caractère  de  la 
figure,  en  plaçant  auprès  d'elle  une  table  sur  laquelle  est  une  urne^  comme 
8*îl  avait  voulu  par  là  désigner  une  Madeleine. 

88,  Portrait  de  Bindo  Altoviti. 

Sttr  bois.  H.,  22'*;  1.,  16"  6"'. 

Cest  un  beau  jeune  homme,  aui  yeux  bleus,  qui  tourne  la  lète  et  re- 
garde par-dessus  son  épaule  droite.  Une  barrette  noire  couvre  ses  longs 
cheveui  blonds,  qui  tombent  en  belles  masses  sur  son  cou.  Sa  main  droite 
est  posée  avec  beaucoup  de  grâce  sur  sa  poitrine. 

Ce  portrait  est  resté  jusqu'en  1808  dans  l'ancienne  maison  Altoviti^  à 
Florence.  Acheté,  à  cette  époque,  moyennant  3,500  zecchini,  par  le  prince 
Louis,  héritier  présomptif  de  la  couronne  de  Bavière,  il  fut  caché  plusieurs 
années  par  Jean  Metzger,  qui  était  chargé  des  acquisitions  de  ce  prince 
en  Italie,  et  qui  faillit  être  inquiété  au  sujet  de  ce  tableau  que  le 
gouvernement  ffançais  voulait  avoir.  Il  fait  aujourd'hui  l'ornement  de  la 
Pinacothèque  de  Munich  > ,  où  nous  l'avons  vu  dans  un  excellent  état  de 
conservation. 

Cette  peinture,  d*un  ton  plus  chaud  pt  plus  puissant  encore  que  le  por- 
trait précédent,  rappelle  d'autant  plus  la  façon  du  Giorgione. 

Ce  beau  tableau,  qui  fut  conservé  par  la  famille  Altoviti  pendant  deux 
eent  cinquante  ans,  comme  étant  le  portrait  de  Bindo  Altoviti,  devint  tout 
à  coup,  au  dire  de  Bottari,  vers  la  tin  du  siècle  dernier,  le  portrait  de  Ra- 
phaël peint  par  lui-même.  Le  savaut  Bottari,  qui  avait  la  manie  de  cher- 
cher partout  des  portraits  de  Raphaël  peints  par  lui-même,  se  crut  autorisé 
à  découvrir  un  nouveau  portrait  de  Raphaël  dans  cette  phrase  amphibo- 
logique de  Vasari^  qui  en  français  peut  se  rendre  ainsi  littéralement  :  «  Pour 
BiDdo  Altoviti,  il  fit  son  portrait,  lorsqu'il  était  encore  jeune.  »  11  faut 
avouer  que  le  texte  de  Vasari  nous  laisse  dans  le  doute  et  ne  nous  dit  pas 
clairement  s'il  s'agit  du  portrait  de  Raphaël  ou  de  celui  d'Altoviti. 

Armenini  ne  s'exprime  pas  avec  plus  de  clarté  en  parlant  de  ce  même 
portrait,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  Deiveri  firecetti  deïla  piUura  (Ravenna, 
4587,  p.  191)  :  «  Se  ne  trovano  pur  molti  (ritratti)  per  mano  di  Raffaello  in 
Firenze,  già  da  lui  fatti  in  Roma  al  tempo  di  Leone  edi  Clémente,  ritratti 
da  lui  miracolosamente  con  Bindo  Altoviti.  » 

En  attendant,  il  suftit  d'un  coup  d'œil,  si  Ton  compare  ce  portrait  à 
ceux  que  Raphaël  a  faits  d'après  lui-même,  pour  juger  et  décider  que  ce 
ne  peut  être  le  sien.  Non-seulement  la  tête  du  jeune  homme  représenté 


i.  Où  îl  est  toujours  catalogué  comme  étant  le  portrait  de  Haphaël  lui-même  (o''  581, 
'partie,  catalogue  de  1853].  —  {Note  de  l'éditeur.) 


118  PEINTURES  EHÉOUTÉES 

dans  ce  pôrtrait-ci  ne  ressemble  pas  à  celle  de  Raphaël  ;  noD-seulemeot  la 
fornle  du  nez,  de  la  bouche  et  du  menton  est  tout  à  l'ait  difféi'ente,  mais 
encore  le  modèle  du  tableau  atait  les  yeux  bleus  et  les  cheveux  blonds, 
tandis  que  les  yeu\  et  les  cheTeun  de  Raphaël  étalent  bruns.  11  n'y  a  pas 
plus  d'analogie  entre  Tun  et  l'autre  dans  l'expression  de  la  physionomie, 
qui  est  un  peu  sensuelle  dans  ce  portrait  et  qui  ne  s'accorde  pas  du  tout 
avec  le  caractère  doux  et  pensif  des  portraits  authentiques  de  Raphaël. 
L'opinion  de  Bottari  à  cet  égard  n'eut  dom*,  pas  le  moindre  crédit  au- 
près des  vrais  connaisseurs  de  sou  temps,  comme  le  prouve  un  passage 
d'une  lettre  de  Winckelmann  au  baron  de  Riedesel,  datée  du  mois 
d'avril  1763. 

Tomaso  Puccini  et  Lansi  se  sont  élevés  également  contre  les  assertions 
de  Bottari*  Ainsi  M.  G.-F.  de  Rumohr  a  commis  une  étrange  erreur,  en 
avançant,  dans  ses  Italienisehê  Forsohungen  (t.  IH,  p.  8),  que  Wicar,  à 
l'instigation  de  Missirini  ',  avait  essayé  le  premier  de  faire  passer  le  por- 
trait en  question  pour  celui  de  Bindo  Altoviti,  tandis  que  ce  portrait  fut 
toujours  connu  et  décrit  sous  ce  nqm-là,  jusqu'à  ce  que  Bottari  eût  la 
fantaisie  d'y  voir  le  portrait  de  Raphaël  lui-même,  système  insoutenable, 
qui  reçut  pourtant  une  sorte  de  consécration  dans  une  phrase  de  l'ou- 
vrage apocryphe  intitulé  :  Vita  inedita  di  Raffaello  da  Urbino. 

Mais  un  argument  sans  réplique,  fourni  par  l'étude  comparative  des 
œuvres  de  Raphaël,  indique  assez  comment  il  faut  entendre  le  passage 
ambigu  de  Vasari  au  sujet  de  ce  portrait*  11  est  évident,  pour  quiconque 
est  initié  à  la  connaissance  de  la  peinture,  que  l'exécution  de  ce  tableau 
ne  saurait  être  placée  avant  Tannée  i5ii.  Or,  à  celte  époque,  Raphaël 
avait  vingt-neuf  ans,  et  le  tableau  représente  un  jeune  homme  à  peine 
âgé  de  vingt-deux  ans. 

Au  contraire,  la  date  du  portrait  et  l'âge  du  jeune  homme  représenté 
concordent  parfaitement,  si  l'on  ne  veut  pas  y  chercher  d*autre  per- 
sonnage que  Bindo  Altoviti,  qui,  étant  né  le  86  septembre  4490, 
entrait  dans  sa  vingt-deuxième  année  en  ib\è,  lorsque  le  tableau  a 
été  peint. 

Gravures  d'après  ce  portrait,  considéré  comme  étant  celui  de  Raphaël  lui- 
même  :  Jac.  Frey,  petit  in-folio»  pour  la  Galerie  de  Florenee^  mais  cette  gravure 
ne  fut  point  admise  dans  l'ouvrage  auquel  elle  était  destinée,  parce  qu'on  recon- 
nut plus  tard  que  ce  portrait  n'était  pas  celui  de  Raphaël.  —  Gio.  Batt.  Cecchi, 
petit  in-folio ,  pour  la  Série  degli  uomini  %  pUt  illustri  in  piUufa,  etc.  •—  Robert 
Strange  del.  1764,  sculp.  1787,  petit  in-folio.  —  Raph.  Morghen;  petit  in-folio 
—  Cari  Bartb ,  1816,  petit  in-folio.  —  Ritter,  d'après  Uorghen.  —  Ph.  Cenci,  de 
même.  —  Joannes  Farrugià  Melitensis,  1822,  dans  un  ovale.  —  Fusinati,  1829, 
n-S*.  —  Joh.  Heinr.  Lips.,  in-8%  pour  la  Vie  de  Raphaël,  par  H.  Fuessli. 

|.  Voyez  Melchiore  Missirini,  Del  verorilraUo  di  Raff^llo  Santio,  Roma,  iSSt. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  HO 

—  Fr.  John;  in>12,  pour  la  Aglaja.  —  Liih.  par  Pilotj«  grand  in-fulio.  — 
Nie.  SCriiner,  grand  in-folio.  ^  Très-bien  dessiné  par  W.  Flachenecker,  litbogr. 
par  Jos.  Selb. 

Nous  avons  tu  deui  uidennes  copies  de  ce  portrait,  Tune  au  palais 
Sarazani  à  Sienne,  et  l'autre  dans  la  collection  du  cavalière  Carminé  Lan- 
ceiotti,  à  Naples. 

89.  Madone  de  la  galerie  Bridgewater. 

Tableau  peint  sar  bois,  et  depuis  transporté  lor toile.  H.,  81*'  9'**;  1.^  if*  3***. 

Figures  jusqu'aux  genoux. 

La  Vierge,  tournée  à  gauche»  tient  l'enfant  Jésus  couché  en  travers  sur 
ses  genoux  et  sur  son  bras  droit;  elle  pose  sa  main  gauche  «ur  sa  poi- 
trine. L'enfant  Jésus,  vif  de  mouvement,  saisit  de  la  main  droite  le  voile 
de  sa  mère,  en  levant  ses  regards  vers  celle-ci  qui  le  contemple  avec 
amour. 

Le  dessin  et  le  modelé  sont  excellents,  surtout  dans  l'enfant  Jésus,  et 
l'on  ne  saurait  s'imaginer  une  ligne  plus  belle  que  celle  de  la  figure  de 
cet  enfant,  à  partir  de  l'épaule  jusqu'au  bout  du  pied.  Les  chairs  sont 
rendues  en  beaucoup  d'endroits  avec  une  extrême  légèreté  de  pâte.  C'est 
peut-être  aussi  le  résultat  du  nettoyage,  de  telle  sorte  que  l'on  aperçoit 
çà  et  là  sous  la  couleur  le  trait  du  dessin  primitif.  Quelques  parties  du 
tableau  offrent  aussi  des  repeints. 

Ce  tableau  ravissant  passa  de  la  collection  de  Seignelay  dans  la  galerie 
d'Orléans;  il  fut  alors  transporté  sur  toile  par  Hacquin.  Le  duc  de  Brid- 
gewater  l'acheta  à  Londres,  pour  3,000  liv.  sterl.,  et  le  plaça  dans  sa  ga- 
lerie, qui  est  souvent  désignée  sous  le  nom  de  son  héritier,  le  marquis 
de  Stafford.  Actuellement,  le  tableau  appartient  à  lord  Ellesmere  *. 

GaAVORXS  :  A.-L.  Bomanet,  petit  in-folio,  pour  la  Galerie  d'Orliam.  —  Nie.  de 
Larmessin,  in-folio,  pour  le  Cabinet  Crosal  —  N.  Boulanger  ou  J.  Boulanger, 
grand  in-folio,  avec  un  fond  de  paysage.  —  Chez  De  Poilly,  grand  in-folio,  avec 
i'JnscripliOD  :  Dilectut  meuê  mihi  et  ego  itti.  —  F.  PolHy  sculp.  et  exe,  avec  la 
suieription  :  Virgitti  maiti.  Ovale.  —  G.  Heinzmann,  dans  un  ovale  couronné  dé 
fleurs,  et  au-dessous  une  vue  du  monastère  de  Suben,  petit  in-folio.  —  Nie.  Gui- 
detti.  Roma,  '1827,  suscrip'tion  :  Mater  amabUit.  —  G.  L.  Scbuller,  18*27.  —  Lo- 
ricbon,  183^  :  Madonna  du  palaii  Bridgewater,  in-folio.  —  Carlo  Cattaneo.  Au 
pointillé,  petit  in-folio.  —  J  -Y.  Dulmer,  petit  in-folio.  Faible.  —  Litbogr.  par 
P.  M.  Ocbse,  in-folio.  -«  D'après  la  copie  de  Naples,  GaravagUo  dis.,  Faustioo 
Anderloni  incis.  1824,  petit  in-folio.  — -  Landon,  n*  145. 

Une  première  et  légère  esquisse  pour  cette  Vierge  se  trouve  dans  la 
collection  de  Florence. 

1 .  If*  38  du  Catalogue  (1 856)  de  la  collection,  qui  continue  toujours  à  s* appeler  Bridgewater 
GaUefyt  quoiqu'elle  ait  passé  depuis  la  mort  du  duc  de  Bridgewater  à  lord  Francis  Egerton,  second 
fils  de  lord  Stafford,  et  depuis  la  mort  de  lord  F.  Egerton  à  lord  Ellesmere.  —  M.  Waagen 
attriSme  à  l'opération  du  rentoilage  «  le  mauvais  état  dans  lequel  est  le  tableau.  •  -^  [Noté 
de  VidUewr.) 


i30  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

Un  autre  dessin  avec  deux  Vierges  d'une  semblable  composition 
trouve  dans  la  collection  du  Louvre. 

Copies  anciennes  de  ce  tableau* 

a.)  Au  musée  de  Naples.  Sur  bois.  H.  3  palmes  4";  1.  2  palmes  5". 
D'un  beau  dessin,  mais  froid  de  couleur. 

Gravé  par  Anderloni. 

6.)  Au  palais  Pallavicini,  a  Gènes. 

c.)  Au  musée  de  Berlin,  n»  267.  H.  30"  ;  1.  23.  Sur  bois. 

(i.)  Dans  la  collection  du  château  de  Gotha,  par  Battoni. 

e,)  A  l'Institut  de  Staedel,  à  Francfort-sur-Mein,  avec  un  fond  de 
paysage,  qui  laisse  supposer  que  la  copie  fut  faite  en  France  au  seizième 
siècle. 

f,)  Dans  la  collection  du  comte  Hippolyte  Villain  XIV,  à  Bruxelles. 

11  se  trouve  encore  en  Allemagne  beaucoup  d'autres  copies  anciennes 
de  cette  Madone,  mais  il  serait  trop  long  de  les  énumérer  toutes  ici. 

90.  Madone  avec  F  Enfant  debout. 

Tableau  peint  sur  bois,  puis  transporté  sur  toile.  H.,  30  ;  1.,  14.  Figure  jusqu^aux  genoux. 

La  Vierge,  assise  sur  un  banc,  où  se  tient  aussi  l'enfant  Jésus  debout , 
serre  avec  amour  son  fils  contre  sa  poitrine,  en  lui  tenant  le  pied  avec  la 
main  gauche.  L'enfant  enlace  le  cou  de  sa  mère  et  regarde  en  souriant 
hors  du  tableau,  tandis  que  la  Vierge  baisse  les  yeux,  dans  une  joyeuse 
contemplation.  Au  fond,  un  coin  de  paysage. 

Ce  tableau  a  malheureusement  beaucoup  souffert;  il  est  tellement  usé 
en  quelques  endroits,  qu'il  ne  reste  que  Tébauche. — L'état  déplorable  de 
cette  peinture  a  pourtant  cet  avantage,  qu'il  permet  de  voir  la  manière  de 
peindre  du  maître.  Ici,  on  voit  qu*il  préparait  d'abord  les  chairs  très- 
transparentes  dans  les  .ombres,  rougeâtres  dans  les  demi- teintes,  et  d'un 
blanc  presque  pur  dans  les  clairs  ;  ensuite,  il  repassait  avec  une  pâte 
aussi  légère  que  des  glacis  et  il  obtenait  ainsi  la  vigueur  du  ton,  tout  en 
conservant  l'aspect  lumineux  de  son  coloris. 

M.  Willet  acquit  ce  tableau  à  la  vente  de  la  galerie  d'Orléans ,  pour 
130  liy.  sterl.  M.  Henry  Hope  et  le  poète  Samuel  Rogers  le  possédèrent 
plus  tard,  et  aujourd'hui  il  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  R.  J.  Mack- 
intosh  S  à  Londres. 

Grayurks  :  C.  Da  Flos,  petit  in-folio.  —  Jean-Charles  Flipart,  petit  in-folio, 
pour  le  Cahinel  Crozat.  —  J.  Bouillard,  pour  la  Galerie  d'Orléam.  •—  L.  Petit, 

1.  A  la  yente  de  Samuel  Rogers  tl856),  ce  tableau  aurait  été  acquis  par  M.  R.  J.  Mack- 
intosh,  suivant  le  Catalogue  de  Texhibition  de  Manchester  (u°  140).  Suivant  le  Timei^  dans 
son  compte  rendu  de  l'exhibition,  cette  Madone  appartient  à  miss  Burdett  Coutts  (toir  Triton 
d'artj  etc.,  par  W.  Burger,  p.  58).  —  {Note  de  l'éditeur.) 


PAR  RAPHAËL  A  ROME  191 

in-8*.  ~  Nie.  Guidctli.  Romœ,  18^27,  grand  in-folio. —  Marco  Zignani  inc,  1837, 
peut  in-folio,  avec  une  dédicace  à  Raphaël  Morghen.  —  M"*  Gérard.  Au  poin- 
tillé. —  P.  W.  Tomkins.  Au  pointillé,  d'après  le  tableau  chez  Henry  Hope.  Esq., 
petit  in-folio.  —  F.  W.  Duliner.  Au  pointillé ,  dans  un  ovale,  in-8*.  —  Jos.  Ber- 
kowitz,  d'après  la  copie  du  tableau,  appartenant  au  prince  Esterhazy,  et  attri- 
buée à  Timoleo  Yiti,  in-folio.  —  De  môme,  à  l'eau-forte,  par  Legran,  du  côté 
opposé,  petit  in-folio.  —  La  Madotma  àeUe  Torre,  W.  H.  Wan  del.  et  sculp.,  1847^ 
in-folio.  —  Landon,  n"  325. 

Dans  la  maison  J.-B.  Ceccomant ,  à  Pérouse,  se  trouvait  autrefois  le 
carton  original  de  ce  tableau.  (Voy.  Guida  al  Forestière  per  la  Citlà  di 
Perugia,  1784,  p.  iil.)  Ce  carton  est  actuellement  en  Angleterre.  Vendu 
dans  une  enchère  à  Londres,  pour  une  liv.  sterl.,  à  un  doreur,  il  passa  en- 
suite dans  les  mains  du  peintre  de  pastel  hongrois,  Brocky,  qui  le  res- 
taura et  le  céda  en  1843  à  M.  Colnaghi.  Il  figura  depuis  dans  le  cabinet  de 
M.  Cunningham  et  fut  vendu  à  l'enchère,  en  1849,  pour  283  liv.  sterl. 
iO  schell.  11  se  trouve  à  présent  dans  la  collection  du  capitaine  Stirling,  à 
Londres.  Ce  carton ,  exécuté  au  fusin  et  à  la  pierre  noire ,  est  tellement 
dans  la  manière  de  fra  Barloloroeo,  que  Ton  pourrait  croire  qu'il  a  été 
desâné  par  Raphaël  à  la  un  de  son  séjour  à  Florence,  en  1508,  époque  à 
laquelle  il  imita  ce  grand  maître. 

Lithogr.  en  fac-similé  par  Th.  Fairland,  1843.  Grand  in-folio. 

Le  même  carton  a  vraisemblablement  servi  à  Paris  Alfani,  Tami  de 
Raphaël,  lorsqu'il  exécuta  son  beau  tableau  d'autel  pour  l'église  de  la 
Sapienza  Yecchia,  à  Pérouse,  car  la  partie  supérieure  de  ce  tableau,  qui 
représente  la  Vierge  assise  sur  un  trône  entourée  de  deux  anges,  est  évi- 
demment empruntée  à  la  composition  de  Raphaël.  Dans  la  bordure  de  la 
robe,  on  lit  cette  inscription  :  AO.  D.  MDXVIIL  DOMENICVS.  FECIT. 

Anciennes  copies  de  ce  tableau. 

a.)  Au  palais  Borghèse,  à  Rome,  attribuée  à  Jules  Romain. 
h.)  Au  même  palais,  par  Sassoferrato. 
c.)  Au  palais  Albani,  à  Rome. 

d.)  Dans  la  collection  de  l'académie  Carrara,  à  Bergame. 
e.)  Dans  la  galerie  du  prince  Esterhazy  de  Galantha,  à  Vienne,  attribuée 
à  Timoteo  Viti. 
Gravée  par  Jos.  Berkowitz.  —  A  l'eau-forte,  du  côté  opposé,  par  Legran. 

91.  La  Sainte  Famille,  de  Naples. 

Sur  boii.  H.,  5  palmes  3";  1.,  4  palmes  3". 

La  Vierge,  assise  à  terre,  et  vue  presque  de  profil,  regarde,  en  joignant 
les  mains,  l'entant  Jésus  assis  sur  ses  genoux.  Sainte  Elisabeth,  assise  à 
droite,  prend  une  main  de  l'Enfant  divin,  comme  pour  l'engager  a  bénir 
le  petit  saint  Jean  agenouillé  devant  lui.  Ce  dernier  tient  sa  petite 


iU  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

croix  de  jonc  dans  une  main  et  pose  Tautre  main  Bur  sa  poitrine,  eo 
digne  d'adoration:  On  voit  saint  ioeeph  qui  passe  dans  les  constructions 
du  fond. 

Ce  tableau,  parfaitement  conservé,  est  tout  entier,  ou  du  moins  dans 
ses  parties  principales,  de  la  main  même  de  Raphaël.  La  Vierge  et  l'En- 
fant sont  supérieurement  bien  dessinés  et  modelés,  f /expression  de  sainte 
Elisabeth  est  remplie  de  bonté  et  de  dignité.  Le  ton  général  de  la  pein- 
ture est  tempéré  et  transparent,  mais  très-vigoureux  dans  les  ombres.  Les 
chairs  de  l'Enfant  et  de  la  Vierge  ont  un  éclat  blanchâtre  dans  les  clairs, 
elles  tournent  au  rougeâtre  dans  les  deroi4eintes,  et  les  ombres  ont  un 
ton  transparent,  jouant  entre  le  gris  et  le  brun.  Le  petit  saint  Jean  est 
d'un  coloris  plus  puissant  et  plus  rougeâtre  encore  ;  l;e  coloris ,  dans  la 
figure  de  sainte  Elisabeth ,  passe  au  brun  jaune. 

Raphaël  peignit  ce  pré>cieux  tableau  pour  Leonello  da  Carpi  Signore  da 
Meldola.  Lucio  Marco  le  décrit  dans  son  ouvrage,  intitulé  :  Le  Antichità  di 
Rama,  Ulisse  Aldrovanti  qui  en  parle  aussi  dans  son  traité ,  dellê  Statue 
antiche ,  etc.  (Venezia,  1558,  p.  208),  dit  qu'il  était  encore  «  in  casa  del 
Reverendissimo  di  Carpi  s  (cardinal  Ridolil  Pio  di  Carpi). 

Plus  tard,  il  passa  dans  la  galerie  Farnèse,  à  Parme,  et  en  dernier  lieu 
il.  échut  en  héritage  au  roi  des  Deux-Siciles,  Ferdinand  ]«^  En  1805^ 
lorsque  Naples  allait  être  envahije  par  les  armées  françaises,  la  reine  em- 
porta ce  tableau,  avec  d'autres  objets  précieux,  à  Palerme,  et  de  là  à 
Vienne,  en  passant  par  Constantinople.  Le  tableau  de  Raphaël  ne  revint  à 
Naples  qu'après  la  mort  de  cette  princesse. 

Dans  le  même  musée  à  Naples,  on  conserve  aussi  le  carton  original,  le- 
quel provient  également  de  la  galerie  Farnèse.  Il  est  dessiné  au  crayon  noir 
et  blanc.  Comme  il  avait  beaucoup  souffert,  non-seulement  il  a  été  forte- 
ment retravaillé,  mais  encore  on  a  dû  rétablir  un  morceau  qui  manquait 
au  côté  gauche  de  la  composition. 

Gravures  :  Du  côté  opposé,  Pétri  Pauli  Palumbi  Novarlcnsis  formis,  Romœ. 
1571,  in-folio.  Retouchée  par  Gasp.  Albertt.  —  Guillelmus  Vallet.  Raph.  pin\. 
Ronoie ,  in  palalio  Farpesio.  Avec  et  sans  armos.  £n  contre-partie.  In-foIio.  — 
GuiglielmoMorghen,  Napolitano,  grand  in-folio.  —  La  Bénédietianf  Deinoyers  deU, 
C.  Lorichon  sculp.,  1R44,  grand  in-folio. 

La  même  composition,  esquisse  primitive  de  Raphaël^  sans  le  saint  Jo- 
seph, avec  un  fond  de  paysage,  où  Ton  voit  un  palmier. 

Gravée  par  Marc-Antoine.  Bart.<«ch,  t.  XIV,  n*  62.  nommée  :  La  Vierge  au  Pa/- 
•nÙT.—  Copie  A.,, dans  le  genre  de  Marco  da  Ravenna.  —  Copie  B,  du  côté  opposé 
—  Lan  don,  n"  294. 

Un  dessin  de  cette  même  composition  a  passé  de  la  collection  W.  Roscoe 
dans  celle  de  M.  Esdaile,  à  Clapham,  près  Londres. 

Copies  anciennes  de  cette  peinture, 
a.)  Dans  la  collection  de  lord  Spencer,  à  sa  résidence  d'AlthorPi  il  y 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  If3 

poe  belle  copie  très-fraîche  de  coloria.  C6  tableau  provient  d'une  noble 
maison  de  Bologne,  où  il  était  depuia  longtemps  et  où  il  passait  pour 
roriginal  de  Raphaël.  Cette  circonstance  et  le  faire  de  cette  peinture  per- 
mettent de  croire  que  c'est  la  même  copie  que,  selon  Vasari»  Innocenzio 
da  Imola  avait  exécutée  à  Bologne. 

6.)  Dans  la  collection  de  M.  Miles»  à  Leight  Court,  près  de  Bristol.  Avec 
des  différences.  Pour  fond  un  paysage,  où  Ton  voit  saint  Joseph.  Il  existe 
une  gravure  de  ce  tableau  :  Raphaël  d'Urbin  pint.  Romœ,  chez  Vallet. 
ln-4^ 

c.)  An  palais  de  Madrid.  H.  4'»  3*';  1.  3*,  5".  Selon  la  lettre  de 
R.  Mengs  à  Ant.  Ponz ,  cette  copie  pourrait  être  de  Jules  Romain.  Cest 
probablement  celle  que  nous  avons  vue  dans  la  sacristie  de  Téglise  S.  Lau- 
renzo,  à  rEscurial.  Elle  a  un  fond  qui  diffère  de  celui  de  l'original  et  elle 
est  peinte  sur  toile. 

d.)  Au  palais  de  l'Ermitage,  à  Saint-Pétersbourg.  Selon  VArt  et 
f  Antiquité  à  Saint-Pétenbourg ,  de  Hand,  t.  I,  p.  99,  cette  copie  pro- 
viendrait de  la  galerie  de  Casse}.  D'autres  croient  avec  plus  de  raison 
qu'elle  était  autrefois  dans  le  palais  du  Quirinal  et  qu'elle  a  passé  depuis 
dans  la  galerie  de  la  Malmaison.  Voyez  le  catalogue  de  J.  H.  Schnitzlerj 
pag.116. 

e.]  Dans  l'ancienne  galerie  du  cardinal  Fescb,  à  Rome,  se  trouvait  une 
copie^  de  la  grandeur  de  l'original,  et  une  autre  beaucoup  plus  petite, 
d'une  beauté  extraordinaire.  Ne  serait-ce  pas  la  copie  que  Rehberg  avait 
vue  au  palais  Belgiojoso,  à  Milan,  où  elle  était  qualifiée  :  11  Cameo  di 
Raffaello  ? 

/.)  Dans  la  villa  Pamûli^  près  de  Rome.  Cette  copie  n'est  pas  très- 
bonne. 

g.)  Dans  la  collection  du  cavalière  Camuccini  \  à  Roiqc.  Cette  copie  est 
d'une  telle  beauté,  qu*on  l'attribue  à  Jules  Romain.  H  est  possible  que  ce 
soit  ce  tableau  d'après  lequel  J.  G.  Jacobini  exécuta  sa  gravure  à  Rome, 
en  1727. 

h,)  Dans  la  succession  du  graveur  Giuseppe  Longhi,  à  Milan.  Cette  copie 
est  très-belle,  et  on  l'attribue  à  G.  Franc.  Penni. 

Gravée  par  Gius.  Longhi,  1827.  Grand  in-fol. 

I.)  Dans  la  collection  du  marquis  de  Cambis,  à  Avignon.  C'est  une  bonne 
et  ancienne  copie  que  l'on  présente  comme  l'original. 

;.)  Au  musée  de  Berlin.  Elle  semble  avoir  été  peinte  par  un  vieux  maître 
n^rlandais. 

1.  Nous  croyons  que  cette  collection  a  été  dispersée  après  la  mort  du  peintre  Camuccini,  qyi 
Tarait  formée  pour  être  à  même  de  rendre  des  tableaux  de  prix  aux  riches  étrangers  que  sa 
répBUtioti  amenait  dans  son  atelier  et  dans  sa  galerie.  Ces  tableaux  étaient  la  plupart  fetra^ 
viiUés  ?t  <|iiel4|itêfojt  entièreioent  «outeiis  de  repeints.  -«  (  Note  d$  l'idii^^.) 


124  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

k.)  Dans  la  collection  du  château  de  Gotha. 

l.)  11  existe  encore  en  Allemagne  plusieurs  autres  copies  de  cette  com- 
position, venant  de  France  la  plupart,  d'après  lesquelles  ont  été  exécutées 
différentes  gravures  anciennes  et  modernes,  dont  nous  citerons  seulement 
les  suivantes  :  Nie.  Pitau.  Paris,  1662.  In-fol.  Du  côté  opposé.  —  Dessiné 
par  C.  Cesio,  grav.  par  Guil.  Vallet.  —  M.-T.  Rousselet  sculp.  1n-fol.  — 
G.  Gavedoni.  Petit  in-fol.  Faible.  -—  Claudine  Ant.  Bouzounet  Stella,  avec  uo 
palmier  à  dattes,  sur  la  droite.  H.  3"  3"';  I.  2"  2'".  —  August  Neureu- 
ther  exe.  In-fol.  —  Lith.  par  F.  Rehberg.  —  La  tête  de  la  Vierge  seule, 
presque  de  grandeur  naturelle,  gravée  par  F.  Poilly,  dans  un  ovale.  Virgin. 
Matri.  Grand  in-fol. 

Dans  la  Pinacothèque  de  Bologne  se  trouve  une  libre  imitation  de  cette 
Madone,  par  Innocenzio  da  Imola. 

Gravée  par  F.  Rosaspina,  pour  la  cinquième  livraison  de  la  PinaeoUcadi  Uoiogna. 

92.  La  Vierge  au  Poisson, 

Peint  sur  bois,  puis  transporté  sur  toile.  H..  6'  7";  1.,  4'  il*'  6*". 

La  Vierge,  assise  sur  un  trône,  a  sur  ses  genoux  l'enfant  Jésus,  qui  se 
penche  affectueusement  vers  le  jeune  Tobie.  Celui-ci,  qui  tient  dans  ses 
mains  un  poisson,  est  présenté  au  Fils  de  Dieu  par  l'ange  Raphaël.  A  droite, 
on  voit  debout,  près  du  trône,  saint  Jérôme,  son  lion  à  ses  pieds,  lisant 
dans  un  grand  livre,  sur  les  feuillets  duquel  l'enfant  Jésus  a  posé  sa  maio. 
Un  grand  rideau  forme  le  fond;  on  aperçoit  seulement  un  peu  de  ciel  à 
droite. 

Ou  pourrait  croire,  d'après  Vasari,  que  Raphaël  a  peint  ce  tableau  à 
Naples  :  a  Fece  a  Napoli  una  tavola,  la  quale  fu  posta  in  S.  Domenico 
nella  cappella  dov'  è  il  Crocifîsso  che  parlé  a  san  Tommaso  d'Aquino.  » 
Mais  ce  même  écrivain  dit  ailleurs,  dans  sa  propre  biographie,  que  rien  de 
remarquable  en  peinture  ne  s'était  fait  à  Naples  depuis  le  Giotto,  quoique 
l'on  y  eût  envoyé  différents  tableaux  d'autel  du  Pérugin  et  de  Raphaël. 
Cette  déclaration,  si  explicite  de  Vasari,  nous  semble  mettre  fin  à  toutes 
les  controverses  qui  pourraient  naître  de  sa  première  assertion. 

Don  Francesco  Capecelatro,  dans  ses  Ânnali  délia  citlà  d%  Napoli  (Na- 
poli, i849,  p.  139),  rapporte  les  faits  suivants  sous  l'année  1638  :  a  Le  vice- 
roi,  duc  de  Médina,  lequel,  à  l'instar  de  son  prédécesseur  Monterey,  dési- 
rait déployer  un  grand  luxe  dans  la  décoration  de  son  palais»  eut  l'idée 
de  réunir  différents  tableaux  de  maîtres  pour  en  former  une  galerie.  Afin 
d'atteindre  ce  but,  avec  le  concours  du  Père  Ridolfî,  général  de^  domini- 
cains, il  fit  sortir  de  l'église  du  couvent  de  ces  religieux  deux  tableaux 
très-hautement  estimés  :  l'un,  le  célèbre  Tobié,  par  Raphaël,  ornait  la 
chapelle  de  la  famille  del  Doce;  l'autre  était  une  des  plus  belles  œuvres 
de  Lucas  de  Leyde.  Dans  l'église  Santa  Maria  délia  Sanità,  il  prit,  en  outre, 
un  second  tableau  de  Raphaël,  avec  le  seul  consentement  du  prince  de 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  125 

Behédère^  un  des  intendants  des  Incurabili,  sans  avoir  égard  à  l'opposi- 
tion des  autres  administrateurs  de  Thospice;  il  enleva  de  leur  église, 
pendant  la  nuit,  un  magnifique  tableau  de  Jules  Romain,  que  don  Pedro 
de  Tolède  avait  donné  à  cette  église,  sur  la  demande  de  Philippe  II.  v  — - 
Sous  la  date  du  7  octobre  i64â,  l'agent  de  Toscane,  Vincenzo  Muzzi,  écri- 
vait à  son  gouvernement  :  «  Jeudi  dernier,  le  vice-roi  (duc  de  Médina)  or* 
donna  au  prieur  du  couvent  de  Saint-Dominique  de  quitter  en  peu  d'heures 
le  royaume  de  Naples,  et  le  fit  conduire  par  cinquante  cavaliers  jusqu'à  la 
frontière,  parce  que  ce  prieur  avait  adressé  à  Rome  différentes  plaintes 
contre  Ridolfi,  général  des  dominicains.  Parmi  ces  plaintes,  on  cite  celle 
qui  accuse  le  padre  général  d'avoir,  pendant  sou  séjour  à  Naples,  donné 
au  vice-roi  un  précieui  tableau  appartenant  à  l'église  de  S.  Domenico.  » 
Voyez  F.  Palermo,  dans  ses  NarraziorU  e  Documenli  stUla  storia  del  regno 
diNapoli  (Firenze,  4846,  p.  325). 

La  chapelle  consacrée  à  sainte  Rose,  dans  laquelle  se  trouvait  le  tableau, 
passa  de  la  famille  Acerra  à  celle  de  Maramaldi,  et  ensuite  à  celle  de  del 
Doçe.  Voyez  la  description  de  S.  Domenico  Maggiore,  dans  l'ouvrage  de 
Volpicella  :  Descrizione  storica  di  alcuni  jprincipali  de*  principàli  edificii 
diUa  ciUà  di  Napoli  (Napoli,  1850,  p.  246-250,  413-414).  —  Le  tableau  de 
la  Vierge  au  Poisson,  que  le  vice-roi,  duc  de  Médina,  avait  emporté  de 
Naples  en  Espagne,  vers  1644,  devint,  en  1656,  la  propriété  du  roi  Phi- 
lippe IV,  qui  le  fit  placer  à  l'Escurial.  C'est  aussi  là  qu'il  reçut  le  nom  de 
la  Firgen  del  Pez;  puis/ comme  le  tableau  était  formé  de  cinq  panneaux 
collés  ensemble,  on  Je  surnomma  aussi  :  El  quadro  de  las  cinco  tabloê. 

Les  Français,  qui  occupaient  l'Espagne,  étant  forcés  d'évacuer  la  pénin- 
sule en  1813,  emportèrent  avec  eux  le  tableau  de  la  Vierge  au  Poisson  et 
\t  tirent  parvenir  à  Paris  en  assez  mauvais  état.  La,  il  dut  être  soigneuse- 
BKDt  transporté  de  son  panneau  vermoulu  sur  la  toile,  par  les  soins  de 
BoDneroaison,  peintre  et  restaurateur  de  tableaux.  Lors  du  traité  de  Paris 
de  1815,  la  restauration  du  tableau  n'était  pas  encore  terminée;  elle  fut 
continuée  par  le  même  artiste,  à  la  prière  du  duc  de  Wellington.  Cest 
seulement  en  1822  que  ce  tableau  fut  déposé,  avec  les  quatre  autres  ta- 
bleaux de  Raphaël,  également  tirés  d'Espagne,  dans  l'hôtel  du  marquis 
d'Almenara,  à  Paris,  d'où  il  retourna  en  Espagne. 

11  était  encore  à  Paris,  dans  l'atelier  de  M.  Bonnemaison,  lorsque  nous 
eo  avons  admiré  la  sublime  beauté,  car  il  est,  dans  ses  parties  principales, 
peint  entièrement  de  la  main  de  Raphaël.  Nous  l'avons  revu  à  Madrid  en 
1852,  et  le  souvenir  de  la  grande  impression  qu'il  avait  produite  sur  nous 
trente  ans  auparavant  s'est  ravivé  et  fortifié. 

Ce  tableau,  d'un  ton  presque  aussi  clair  que  la  Madonna  di  San  Sisto,  à 
Dresde,  surpasse  peut-être  encore  ce  chef-d'œuvre  par  l'expression  des 
ûgures.  11  eût  été  impossible  de  mieux  rendre,  en  effet,  la  majesté  de  la 


1S6  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

Vierge >  la  bontés  le  sérieux^  la  sérénité  de  l'enfant  Jésus,  la  prière  tulé- 
laire  de  Tange,  la  timide  aspiration  du  jeune  Tobie,  la  mâle  dignité  du 
saint  Jérôme.  Quant  à  la  disposition  des  couleurs,  elle  est  d*un  grandiose 
et  d'une  harmonie  incomparables.  Dans  le  milieu  de  la  composition,  l'œil 
se  repose  sur  le  ton  bleu  modéré,  mais  vigoureux,  de  l'ample  draperie  de 
la  Vierge,  et  rehaussé  par  le  blanc  lumineux  de  son  ?oile.  A  gauche,  le 
jaune  d'or  éclatant  des  vêtements  du  jeune  Tobie  contraste  avec  le  rouge 
vif  des  vêtements  du  saint  Jérôme.  Le  ton  vert  rompu  du  rideau  du  fond  et 
i'asur  du  ciel  laissent  ressortir  avec  énergie  les  autres  couleurs  du  premier 
plan,  avec  lesquelles  le  ton  jaunâtre  des  marches  du  trône  et  du  parquet 
amènent  une  liaison  admirable.  Puis,  les  teintes  intermédiaires  vieDoeot 
compléter  le  charme  harmonieux  de  l'ensemble.  Raphaël  n'a  pas  de  rival 
dans  cette  science  de  l'harmonie  des  couleurs.  Les  grands  maîtres  vénitiens 
sont  sans  doute  plus  riches  et  plus  puissants  de  coloris,  mais  ils  n'ont 
presque  jamais  dans  le  tou  général  de  la  peinture  le  calme  et  la  dignité 
que  possède  le  peintre  d'Urbin. 

Le  tableau  a  souffert  en  quelques  endroits,  lorsqu'il  fut  transporté  de 
son  panneau  sur  toile  à  Paris,  par  Bonnemaison  K  Beaucoup  de  retouches, 
surtout  dans  la  draperie  de  la  Vierge,  forment  des  taches.  Les  cheveux  de 
range  et  du  jeune  Tobie,  qui  se  détachaient  sur  le  fond,  ont  été  trop  net- 
toyés, de  sorte  que  ces  deux  têtes  ont  beaucoup  perdu  de  leur  caractère 
primitif.  On  pourrait  encore  remarquer  d'autres  légères  détériorations 
dans  les  détails.  Mais,  au  demeurant,  le  tableau  est  pourtant  encore 
d'une  conservation  satisfaisante ,  et  il  fait  le  plus  bel  ornement  de  la 
galerie  italienne  du  musée  de  Madrid  *. 

Nous  avons  dit,  dans  notre  histoire  de  Raphaël,  tout  ce  qui  était  néces- 
saire pour  expliquer  la  composition  de  ce  tableau.  Quant  à  la  bizarrerie 
du  sujet,  nous  citerons  encore  l'opinion  assez  spécieuse  de  M.  Jos.  Henry 
qui  a  publié  un  opuscule  sur  la  Vierge  au  Poisson.  Selon  lui,  les  figures 
de  saint  Jérôme  et  du  jeune  Tobie  sont  placées  ailégoriquement  dans  ce 
tableau  pour  indiquer  que  le  Livre  de  Tobie  doit  être  admis  parmi  les 
livres  sacrés,  car  ce  fut  saint  Jérôme  qui,  en  traduisant  ce  livre  dans  ta 
Vulgate,  a  principalement  contribué  à  l'incorporer  dans  la  Bible.  M.  Jos. 
Henry  a  cru  voir  dans  le  mouvement  bienveillant  de  l'enfant  Jésus,  qui 
étend  sa  main  sur  la  version  latine  de  saint  Jérôme,  le  témoignage  d'une 
divine  approbation  en  faveur  du  Livre  de  Tobie.  La  Vierge  néanmoins. 


( .  Le  tableau  avait  été  restauré  antérieurement  ;  car  le  bras  de  saint  Ijérôme  a  reçu  une 
roancbette  de  denieUes  à  l'espagnole,  que  Raphaël  ne  lui  avait  |»as  dounée  originaimtent,  mais 
qvi  a  pu  paraître  obUgatoire  à  la  dignité  d*«iB  cardinal,  d'après  les  loi»  4«  rétiquetle  an  Es- 
pagne sous  Philippe  lY.  « 

2.   Voir  tome  I^  page  190. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  127 

qui  représente  TÉgliie,  hésite  à  faire  entrer  ce  livre  dans  ilËcrtture  sainte^ 
puisqu'elle  semble  se  détourner  de  saint  JéHSme. 

Od  doit  reconnaître  que  saint  lérôme^  par  sa  traduction  du  Livre  de 
Tobie,  a,  en  quelque  sorte^  certaine  affiliation  naturelle  avec  ce  person- 
vmt  biblique;  mais  l'explication  de  M.  Jos.  Henry  n'en  est  pas  pour  cela 
moins  singulière ,  et  cette  nouvelle  n\aûière  de  faire  penser  et  composer 
Raphaël  accuse  une  recherche  de  symbolisme  théotogique ,  qui  ne  se 
(rouve  pas  dans  ses  esuvres. 

On  a  publié  en  Fraiice,  au  sujet  de  ce  tableau  célèbre,  un  autre  opus- 
oile  explicatif,  sous  œ  titre  :  la  Vierge  au  Poisson  de  Raphaël,  explica* 
tioD  nouvelle  de  ce  tableau  avec  plusieurs  dessins,  par  P.-C.  Belloc  (Paris 
et  Lyon,  4833).  Cest  une  médiocre  dissertation,  dans  laquelle  Tauteur 
cherche  à  prouver  principalement  que  les  dgures  de  l'ange  Raphaét  et  du 
jeune  Tobîe  symbolisent  l'ange  gardien. 

GiULViniBS  :  Fernando  Selma,  1783.  in-folio.  —  Prancesco  Bartolozzi  sculp., 
m-4*, —  Le  baron  Boucher  Detaoyen,  1022,  in-folio.  —  Fred.  Lignon  fac.,  18fô, 
iii-foUo.  —  D'après  un  dassio  de  Cbatillon  ei  sous  sa  direeikHi,  ffwé  à  la  rou- 
lette, in-folio.  —  Pierre  Pelée,  1852,  petit  in-folio.  ^  J.  M.  Eiuing-Muller,  gran4 
in-fol.  —  H.  Steinla,  1856,  grand  in-fol  —  Le  trait  du  tableau  et  quelques  délai U 
téparés,  à  la  manière  du  erayon,  dans  la  Suite  d'Êtydes  ealquiêi  et  deuinies  d'apris 
tmq  tnàieamx  dw  BaphitH^  «le,  par  M.  Emérie  David,  etc.  Paria,  lfô3,  ehei  M.  Bon- 
oemaiâoa.  ~  Landoo,  n*  295. 

La  Vierge  seule  avec  l'Enfant ,  par  Caronni,  avec  la  suscription  :  Âialer  amabiiis, 
ln-4.  —  De  même,  l'Enfant  sur  un  coussin ,  par  Corn.  Bus.  ln-8.  —  De  même, 
assis  sous  une  tente.  Gravé  sur  bois,  par  H.  S.  Beham.  Bartsch,  n*  121. 

D'après  un  dessin  de  Aapbaël,  dans  la  mamère  de  Marco  da  Eavenaa,  et  copie, 
Bartscb,  t.  XIV,  n»  54. 

Dans  la  collection  de  Florence ,  il  y  a  une  esquisse  à  la  sanguine 
d'après  des  modèles^  sans  l'Enfant^  mais  dont  l'originalité  est  très-dou- 
tease. 

Ce  n'est  pan  non  plus  un  original  que  le  de^iu  entiëreotent  retouché  au 
bistre  de  la  Vierge  au  Poissou,  qui  se  trouvait  dans  la  collection  JUiva*eoce, 
et  qui,  dans  la  Tente  du  roi  de  iiolluule,  s'est  vendu  5d0  florins.  Ce  de&iu 
est  retourné  en  Angleterre. 

Une  copie  du  tableau,  laite  autrefois  en  Espagne,  figure  dans  la  colleo- 
lioa  de  Tacadémie  à  Valladolid. 

93,  La  Chambre  d'Héliodore,  au  Vatican. 

1512  à  1514. 

On  sait  que  cette  chambre  avait  d'abord  été  ornée  de  peintures  de 
l^etro  délia  Fraoeesea  et  de  Bramantino,  peintures  qui  furent  abattues 
par  les  ordres  du  pape,  afin  de  faire  plaee  à  celles  de  Raphaël.  Les  sujets 
que  le  Bramantino  et  Pietro  délia  Francesca  y  avaient  peints  sont  ineon- 
Qus;  nous  savons  seulement,  par  Vasari,  que  ces  tableaux  offraient  beau- 
coup de  portraits  de  perscmnages  célèbres,  entre  autres  les  condottieri 


i2g  PIÎINTURES  EXÉCUTÉES 

Francesco  Garpagnuola  et  Nîccolô  Fortebraccio,  le  savant  cardinal 
rion,  le  cardinal  Giovanni  Yitellesco,  fameux  par  la  cruelle  destruction  de 
Palestrina.etc.  —  Raphaël,  avant  qu'on  détruisît  ces  fresques,  en  fît  faire 
des  copies^  qui  passèrent,  de  Tatelier  de  son  élève  Jules  Romain,  dans  la 
collection  de  Paolo  Giovio,  à  Côme.  D'aprèâ  des  renseignements  que  nous 
avons  lieu  de  croire  certains,  ces  copies  se  trouvaient  en  i83i  dans  la  suc* 
cession  de  l'auteur  de  la  f^ie  de  Léon  X^  feu  M.  W.  Roscoe,  à  Liverpool. 

Il  faut  remarquer  cependant  que  Raphaël  laissa  subsister,  dans  la  salle 
qu'il  devait  décorer  à  nouveau,  les  petits  sujets  antiques  en  grisaiUe^ 
rehaussés  d'or,  servant  d'encadrement  aux  peintures  du  plafond.  H  ne 
peignit  que  les  quatre  champs  de  la  voûte,  et,  pour  donner  à  ses  pein* 
tures  un  aspect  plus  léger,  il  simula  des  toiles  tendues  sur  lesquelles  se 
déploient  quatre  grandes  compositions.  Il  reçut  1,200  ducats  d'or,  pour 
prix  de  son  travail.  Mengs  avait  dit  avant  noils,  dans  son  ouvrage  :  Memorie 
sul  Correggio:  «  Raffaello  da  Urbino  ebbe  per  le  insigni  opère  délie  camere 
Vaticane  1,200  scudi  d*oro  per  ciascuna  Stanza.  n 

Ce  fut  leiy  août  15i4/que  Raphaël  reçut  100  ducats  qui  lui  restaient 
dus  sur  cette  somme.  Ce  fait  ressort  du  livre  de  comptes,  tenu  par  B.  da 
Bibiena,  cardinal  de  S.  Maria  in  Portico  (Entrata  e  uscita  di  tutti  li  danarî 

per  la  rev.  fabbrica  di  S.  Pietro,  etc.),  duquel  livre  de  comptes 

Alexandre  VII  se  fit  faire  une  copie  par  C.  A.  Dondini,  secrétaire  des 
Bâtiments,  qui  se  trouve  dans  la  bibliothèque  Chigi,  sous  cette  cote 
H.  11.  22.  (Voy.  Elogio  storico  di  Raf.  Santi^  de  Pungileoni,  p.  163.) 

Tout  le  plafond  de  la  salle  a  été  gravé  par  Franc.  Aqnila,  pour  ses  Pietune,  elc 
Gr.  planche.—  Par  Montagnani,  1830.  —  Par  Ludwig  Gniner,  1841.  Grand  in-fol. 

94.  Dieu  apparaît  à  Noe. 

Peinture  au  plafond. 

Le  Père  Éternel  descend  du  ciel,  accompagné  de  deux  petits  anges,  pour 
donner  un  ordre  à  Noé,  qui  est  agenouillé  à  ferre  devant  lui,  dans  une 
profonde  adoration/  Il  s'agit  vraisemblablement  du  déluge  et  de  la  con- 
struction de  l'arche.  Noé  a  son  jeune  fils  auprès  de  lui  ;  ses  deux  autres 
fils  simt  avec  leur  mère,  qui  regarde,  de  la  porte  de  sa  maison,  en  tenant 
le  plus  jeune  dans  ses  bras.  Ce  tableau  avait  été  expliqué  tout  autrement  :  * 
Vasari  y  voit  Dieu  annonçant  à  Abraham  qu'il  sera  père  d'une  nombreuse 
progéniture.  Montagnani  y  voit  Noé  adorant  l'Ëternel,  à  la  sortie  de 
l'arche. 

Mais  aucune  de  ces  deux  dernières  explications  n'est  satisfaisante.  Ra- 
phaël a  mis  dans  sa  composition  trois  enfants,  dont  un  en  bas  âge  :  or, 
Abraham  n'avait  que  deux  fils,  Isaac  et  Ismaël,  et  à  la  sortie  de  l'arche 
les  trois  fils  de  Noé  étaient  déjà  mariés.  —  Nous  ne  saurions  donc  trouver 
aucun  passage  de  l'Écriture  sainte  qui  se  rapporte  à  ce  tableau,  si  ce  n'est 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  429 

celui-ci  :  «  Mais  Noé  trouva  grâce  devant  le  Seigneur,  et  eut  trois  fils^ 
Sem^  Cbara  et  Japhet.  » 

Cette  fresque  est  devenue  trè»-pâle,  à  cause  de  la  mauvaise  prépa- 
ration de  l'enduit  sur  lequel  elle  a  été  exécutée.  On  remarque  la  même 
altération  dans  les  autres  fresques  du  plafond. 

GaAVDRss  :  Franc.  Aquila,  pour  ses  Pieturœ,  etc.  —  Michel  CorDeille,  in-folio 
en  largeur.  —  S.  Bouillemont,  Abraham  bini  dan»  ia  poslériUf  in-fol.  en  largeur. 
»  Jobannes  Alexander,  1717,  à  l'ean-forte ,  in-folio  en  largeur.  —  An  trait,  par 
Franc.  Giangiacomo.  —  Landon,  n"  344. 

Gravé  d'après  un  dessin  de  Raphaël  en  hauteur,  par  Marc-Antoine.  Bartsch , 
t  XIY,  n*  3,  où  sont  indiquées  aussi  trois  copies  de  cetle  estampe,  deux  en  contre- 
partie. —  D'après  un  defisin  absolument  semblable  à  la  gravure  de  Marc-Antoine, 
dans  le  cabinet  de  H.  Praun,  à  Nuremberg,  gravé  par  J.  Th.  Preslel,  in-fol.  — 
A  l'eau-forte,  par  Y.  Denon,  n*  4,  in-folio. 

95.  Le  Sacrifice  â! Abraham. 

Fresque  du  plafond. 

Abraham  tient  son  fils  Isaac  agenouillé  sur  un  autel  de  pierre  et  il  s'ap- 
prête à  accomplir  le  sacrifice^  mais  un  ange  lui  arrête  le  bras.  Un  autre 
ange  descend  perpendiculairement  du  ciel,  la  tête  en  bas^  en  apportant  le 
bélier  qui  doit  remplacer  la  victime.  Raphaël  a  représenté  trois  ou  quatre 
fois  un  ange  qui  vole  la  tête  en  bas  et  qui  présente  de  la  sorte  des  rac- 
courcis assez  disgracieux^  notamment  dans  la  Vierge  au  Baldaquin,  dans 
les  Sibylles  à  S.  Maria  délia  Face,  etc.  Cette  particularité  est  d'autant  plus 
surprenante  que  Raphaël  se  distingue  ordinairement  par  le  caractère  de 
simplicité  et  de  beauté  qu'il  donne  à  ses  anges. 

Graydubs  :  Hier.  Cock  exe.  1552,  en  hauteur,  petit  in-folio.  —  P.  Scalberge, 
1637.  Du  côté  opposé.  En  hauteur,  petit  in-folio.  —  Joh.  Alexander,  à  l'eau-forte, 
1718,  in-folio  en  largeur.  —  Franc.  Aquila,  pour  ses  Pielurœ,  etc.  —  H.  Ferroni, 
à  l'eau-forte.  H.  6",  10'";  1.  7".  —  Au  trait,  par  F.  Giangiacomo.  —  Landon, 

D'après  un  dessin  d'Agostino  Yeneziano.  Bartsch,  t.  XIY,  n"  5. 

Une  esquisse  à  la  plume  pour  Tange»  se  trouve  dans  la  collection 
d'Oxford. 

96.  Le  Songe  de  Jacob. 

Fresque  au  {dafond. 

Le  patriarche  est  endormi  à  terre  sur  des  pierres  plates  qui  lui  servent 
de  lit.  On  voit  dans  les  nuages  une  échelle  sur  laquelle  cinq  anges  mon- 
tent et  descendent,  et  plus  haut,  dans  une  gloire  peinte  en  or,  Jéhovah,  les 
bras  étendus.  Cette  composition  est  la  plus  faible  des  quatre  fresques  au 
plafond.  Raphaël  a  traité  le  même  sujet  d'une  manière  bien  supérieure 
dans  les  Loges. 

Gravubbs:  J.  Bos  del.  1560,  Jacob  b.  b.  incid.  —  Joh.  Alessandri,  1718,  à 
l'eau-forte,  in-folio  en  largeur.  —  Franc.  Aquila,  pour  ses  Piclurœ,  etc.  —  Au  trait, 
par  Franc.  Giangiacomo.  —  Landon,  n^  343. 

11.  0 


130  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

97.  Dieu  apparaît  à  Moïse  dans  le  buisson  ardeni. 

Fresqae  du  plafond. 

Moïse,  encore  berger,  est  agenouillé,  couvrant  de  ses  mains  son  visage, 
devant  le  buisson  ardent,  des  flammes  duquel  sort  le  Seigneur  entouré 
d'anges  et  de  séraphins. 

Cette  superbe  composition,  qui  a  tout  le  grandiose  des  œuvres  de 

Michel-Ânge,  est  ordonnée  avec  le  sentiment  du  beau  qui  appartient  à 

Raphaël.  La  peinture  de  cette  fresque  est  rehaussée  d'or,  principalement 

dans  les  flammes  du  buisson.  11  est  très-regrettable  que  les  couleurs  aient 

pâli,  comme  dans  les  autres  fresques  du  plafond. 

Gravures  :  Gio.  Alessandri,  1718,  à  Teau-forte,  in-folio  en  largeur.  —  Frano. 
Aquila,  pour  ses  Piciwrœ,  etc.  —  Au  trait,  par  F.  Giangiacomo.  — Ludwig  Gruner, 
in-folio  en  largeur. —  G.  Audran,  avec  quelques  changements.  C'est  une  œuvre- 
de  sa  vieillesse.  H.  20",  1'";  1.  84",  T".  —  Landon,  n«  883. 

■ 

Une  magnifique  esquisse  à  la  plume  pour  la  figure  du  Seigneur  était 
dans  la  succesion  de  Lawrence;  elle  se  trouve  actuellement  dans  la  col- 
lection d'Oxford.  Fac-similé  dans  the  italian  School  of  design^  de  W.  Y. 
Otlley. 

Le  Moïse  agenouillé,  fragment  du  carton  original  dessiné  à  la  pierre 
noire  et  rehaussé  de  blanc,  se  trouve  au  musée  de  Naples. 

Gravé  par  F.  Mori  dans  les  Rieordi  di  NapoH  e  del  Regno. 

98.  Héliodore  chassé  du  temple. 

Peinture  nnirale. 

Héliodore,  qui  youlait  s'emparer  du  trésor  gardé  dans  le  temple  de  Jé- 
rusalem, est  chassé  par  les  esprits  envoyés  de  Dieu.  Yoy.  les  Machahées, 
liv.  H,  chap.  ii,  vers.  23-28. 

On  voit  dans  Tintérieur  du  temple  le  grand-prêtre  Onias  et  le  peuple 
en  prière  devant  le  tabernacle  et  devant  le  chandelier  à  sept  branches, 
tandis  qu'Héliodore  est  déjà  renversé  à  terre,  et  que  ses  soldats  s'en- 
fuient poursuivis  par  un  cavalier  céleste ,  *  accompagné  de  deux  anges 
armés  de  fouets. 

Le  côté  gauche  est  occupé  par  le  peuple  rassemblé,  au  milieu  duquel  on 
remarque  plusieurs  femmes  qui  témoignent  le  plus  vif  enthousiasme,  à  la 
vue  du  secours  divin.  Au  premier  plan,  le  pape  Jules  11,  plein  de  majesté, 
assis  sur  son  siège  porté  par  quatre  hommes,  contemple  cette  scène.  On 
reconnaît  dans  le  premier  des  quatre  porteurs  le  célèbre  graveur  Marc- 
Antoine  Raimondi,  de  Bologne.  Il  n'est  pas  aussi  certain  que  le  second 
porteur,  vu  un  peu  plus  en  arrière,  soit  Jules  Romain.  Un  jeune  homme^ 
placé  à  côté  de  Marc- Antoine,  tient  de  la  même  main  sa  barrette  et  une 
feuille  de  parchemin  avec  cette  inscription  :  Jo,  Petro  de  Foliarïis  Cremo- 
nens.  —  Ce  Giovanni  Pietro  de  Foliari  était  secrétaire  délie  Memoriali^  à  la. 


PAR  BAPUAEL  A  ROME.  131 

cour  de  Jules  IL  Nous  avons  déjà  dit  dans  notre  Histoire  de  Raphaël  *  que 
ce  groupe^  étranger  au  sujet  principal,  avait  été  ajouté  postérieurement 
par  le  peintre  lui-même,  pour  faire  allusion  à  la  vigoureuse  entreprise  de 
Jules  n,  qui  expulsa  par  la  force  des  armes  les  usurpateurs  des  seigneuries 
des  villes  appartenant  aux  États  de  TÉglise.  Nous  renvoyons  le  lecteur  à 
ce  que  nous  avons  dit  au  sujet  d'une  première  composition  du  tableau, 
dans  laquelle  ne  se  trouve  pas  le  groupe  du  pape,  et  nous  ne  répéterons 
pas  ici  les  observations  que  nous  avons  faites  sur  le  ton  vigoureux  de  cette 
peinture  qui  se  rapporte  à  la  tendance  passagère  qu'eut  alors  Raphaël 
d'imiter  le  coloris  et  la  manière  du  Giorgione.  Nous  ferons  seulement 
remarquer  que  Raphaël  a  exécuté  cette  fresque,  plus  particulièrement 
qu'aucune  autre,  dans  cette  nouvelle  manière  dont  parle  Vasari,  manière 
que  l'on  a  nommée  de  nos  jours  1^  pittoresque  dans  la  peinture,  parce 
que  Tartiste^  sous  prétexte  de  peindre  plus  largement,  sacrifie  la  sévérité 
dn  dessin  à  l'effet  général  produit  par  de  grandes  masses  de  lumières  et 
d'ombres. 

Ce  faàt  seul  prouverait  que  Raphaël  fit  ce  tableau  entièrement  de 
sa  main,  quoiqu'on  n'y  reconnaisse  pas  d'ailleurs  son  exécution  à  la  fois 

achevée  et  magistrale. 
11  est  à  déplorer  que  l'enduit  sur  lequel  la  fresque  a  été  peinte  menace 

de  se  détacher  en  différents  endroits;  il  faudrait  surtout  qu'on  s'empressât 

de  consolider  la  partie  ou  se  trouvent  un  des  anges  et  le  cavalier,  pour  les 

sauver  d'une  destruction  complète. 

Gravures  :  Sans  le  groupe  du  pape  et  de  sa  suite,  dessiné  par  P.  van  Lint, 

|Tav6  par   P.  de  Bailliu,  2  feuilles,  cintrées  dans  le  haut.  Grand  format.  — 

Comme  ci-dessus ,  par  un  anonyme ,  in-S*.  —  Différant  un  peu  du  tableau , 

vraisemblablement  d'après  un  dessin  du  Parmigianino,  gravé  à  l'eau-forte ,  par 

And.  MeldoUa.  A  gauche,  son  nom  et  RA.  VB.  (Bartscb,  t.  XYI,  p.  65,  n«  67.)  — 

De  même  que  le  tableau,  à  Teaa-forte,  par  Carlo  Haratti.  l***  épreuve  avant  la 

lettre.  2*  :  Si  \endono  da  Arnoldo  Y.  Westerhout.  3*  :  Si  vendono  da  Vincenzo 

BiUy  in  Borna,  2  feuilles  grand  format.  Bartscb,  t.  XXI,  p.  91,  n*  13.  ^  Franc. 

Aquila,  pour  ses  Piclurœj  etc.,  gr.  in-fol.  —  Jac  Fricquet  exe,  avec  une  dédicace 

à  G.  Perrault,  in-folio  en  largeur.  —  Job.  Y olpato ,  grand  in-folio  en  largeur.  — 

G.  Mocbetti,  petit  in-folio  en  largeur.  —  Pietro  Anderloni,  1832,  grand  in-folio  en 

largeur.  —  Au  trait,  par  F.  Giangiacomi ,  in-folio  en  largeur.  —  Landon,  n**  62. 

Etudes  d'après  quelques  têtes,  de  grandeur  naturelle,  sur  deux  feuilles,  par 

Bemarteau,  à  la  manière  du  crayon.  —  La  tête  de  Marc-Antoine,  gravée  par 

Y.  Bichomme,  in-folio. 

Etudes  pour  la  fresque.  ^  Selon  Bellori,  dans  la  Vie  de  Carlo  Marutti, 

celui-ci  aurait  possédé  un  dessin  de  Raphaël  pour  l'Héliodore  ;  ce  dessin 

.   est  sans  doute  celui  qui  se  trouve  aujourd'hui  chez  le  conseiller  d'État, 

M.  de  Savigny,  à  Berlin.  Cest  une  première  esquisse  très-diiïérente  du 

tableau. 

1.  Voir  t.  1,  p.  160-161. 


133  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

Études  pour  deux  des  femmes  du  peuple^  à  la  pierre  noire,  autrefois 
dans  la  collection  Lawrence  ;  actuellement  dans  celle  d'Oxford.  —  Fac- 
siroile,  dans  the  italian  School  of  design^  de>y.  Y.  Ottley. 

Vasari  cite  quelques  fragments  du  carton  original,  qui  existaient  de  son 
temps  dans  la  maison  Francesco  Massini  à  Gesena;  ce  sont  vraisemblable- 
ment les  deux  têtes  d'anges^  qui  passèrent  des  collections  Crozat  et  Ma- 
riette dans  celle  du  Louvre.  Quant  à  la  télé  du  cheval,  provenant  aussi  du 
carton  de  Raphaël ,  autrefois  au  palais  Albani  à  Rome ,  elle  est  actuelle- 
ment dans  la  collection  d'Oxford. 

99.  La  Messe  de  Jîolsène. 

Peinture  murale. 

Ce  tableau  couvre  le  mur  dont  la  fenêtre  donne  sur  la  cour  du  Vatican. 
Au-dessous  de  cette  fenêtre,  Raphaël  a  représenté  une  messe  dite  par  un 
prêtre  sur  un  autel  assez  élevé,  en  présence  du  pape  Urbain  IV,  qui 
figure  ici  sous  les  traits  de  Jules  II  ;  c'est  pendant  cette  messe  que  s'opère 
le  miracle  qui  a,  dit-on^  donné  naissance  à  la  Fête-Dieu. 

A  gauche,  le  peuple  étonné;  à  droite,  les  porteurs  du  siège  du  pape. 
On  peut  voir,  dans  notre  Histoire  de  Raphaël  ^,  la  description  complète  de 
ce  tableau  et  les  réflexions  que  nous  a  suggérées  l'exécution  magistrale  de 
cette  peinture. 

Nous  ajouterons  seulement  encore,  que  la  supériorité  du  maître  et  ses 
études  approfondies  dans  l'art  de  peindre  la  fresque  se  révèlent  ici  prin- 
cipalement dans  le  côlé  droit  de  cet  ouvrage,  où  sont  agenouillés  cinq 
porteurs  du  siège  papal  ;  il  n'y  a  pas  un  trait,  pas  une  touche,  qui  n'ait 
sa  signification  et  son  importance.  Les  têtes-portraits  sont  merveilleuse- 
ment modelées,  et  tous  les  détails  du  costume,  comme  les  velours,  les 
tresses,  les  étoffes  blanches  des  habits  ecclésiastiques,  etc.^  n'ont  servi  qu'à 
faire  ressortir  davantage  cette  spirituelle  et  savante  manière  d'exécution, 
qui  restera  toujours  le  meilleur  modèle  à  étudier  pour  ceux  qui  traiteront 
ce  genre  de  peinture. 

Le  côté  gauche  du  tableau  est  d'un  faire  inégal;  peut-être  faut-il  en  ac- 
cuser la  coopération  d'un  élève  de  Raphaël. 

Dans  le  bas,  sur  l'architrave  de  la  fenêtre,  on  lit  cette  inscription  : 

JVLIVS.  11.  LIGVR.  PONT.  MAX.  ANN.  CHRIST.  MDXIl.  PONTIFICAT.  SVI.  YIIII. 

Gravctres:  Fr.  Aquila,  pour  ses  Piclwœ,  etc.,  grande  feuille.  —  Paolo  Fidanza, 
in-folio  en  largeur.  —  Raph.  Morghen,  grand  in-folio  en  largeur.  Les  plus  an- 
ciennes et  les  plus  belles  épreuves  sont  celles  où  l'on  remarque  une  brisure  dans 
la  planche  au-dessus  des  tètes  des  Suisses  sur  les  marches  de  l'autel.  —  Nie.  Gui* 
detti,  petit  in-folio  en  largeur.  ~~  Au  trait,  par  F.  Giangiacomi.  Roma,  1809.  — 
Landon,  n«  64. 

La  tête  du  cardinal  Rafaello  Riario  fut  publiée  par  Paolo  Fidanza,  dans 

1.  Voir  t.  1,  p.  161-162. 


PAR  ftAPHAEL  A  ROME.  133 

ses  Tétês  choisies  y  etc.^  comme  étant  le  portrait  de  Fazio  Santori  da 
Vîterbo;  ce  dernier^  évéque  de  CescDa,  élevé  en  4505  à  lu  dignité  de  car- 
dinal^ était  déjà  mort  en  1510,  quatre  années  avant  l'exécution  de  la 
fresque. 

Èttàdes,  -—  Une  légère  première  esquisse  polir  la  partie  supérieure  de 
cette  composition  est  conservée  dans  la  collection  Albertine  à  Vienne. 

Lîtbogr.  par  J.  Pilizoti. 

Uoe  autre  esquisse,  dans  laquelle  les  cinq  porteurs  manquent,  se  trouve 
dans  la  collection  d'Oxford. 

Un  autre  dessin  analogue,  que  nous  avons  vu  dans  l'ancienne  collection 
de  Sir  Tb.  Lawrence,  n'était  point  authentique.  C.  Metz  l'a  publié  dans 
son  ouvrage  :  hmitMons^  etc. 

100.  La  Rencontre  des  hordes  d Attila, 

Peinture  murale. 

Attila,  roi  des  Huns,  marchait  vers  Rome  à  la  tête  de  ses  bordes  sau- 
vages 1,  quand  tout  à  coup  lui  apparurent  saint  Pierre  et  saint  Paul, 
patrons  de  la  ville  sainte,  en  le  menaçant  de  leurs  épées  flamboyantes. 
Celte  vision  remplit  d'effroi  le  roi  des  Huns  et  le  força  d'accepter  les 
propositions  de  Léon  I*''  qui  l'invitait  à  quitter  l'Italie. 

Attila  est  représenté,  au  milieu  du  tableau,  sur  un  cheval  noir  tacbelé 
de  blanc;  devant  lui,  deux  soldats  à  pied  lui  montrent  le  pape  qui  viout 
à  sa  rencontre.  A  droite,  on  voit  deux  chefs  barbares  montés  sur  des  che- 
vaux fougueux;  un  de  ces  cavaliers  est  couvert  d'une  armure  d'écaiiles 
d'acier,  pareille  à  celles  des  Sarmates  représentées  sur  la  colonne  de 
Trajan  à  Rome.  Au  fond,  une  foule  de  soldats  sortent  d'un  défilé  de  la 
montagne  et  semblent  attirés  par  les  sons  des  cors  et  par  des  cris  sau- 
vages. A  gauche,  assis  sur  une  haquenée  qu'un  écuyer  conduit  par  la 
bride,  s'avance  avec  calme  et  dignité  le  pape  Léon  \^^  (sous  les  traits  de 
Léon  X).  Il  est  accompagné  de  deux  cardinaux,  en  costume  d'apparat,  et 
de  deux  officiers  de  sa  maison:  l'un  porte  une  croix,  l'autre  une  massue. 
Toutes  les  figures  du  cortège  pontifical  semblent  être  des  portraits.  On 
a  même  cru  reconnaître  dans  le  porteur  de  massue  le  Pérugin,  mais  nous 
ne  saurions  admettre  cette  donnée. 

L'exécution  de  cette  fresque  est,  en  général,  de  la  main  même  du 
maître.  Cependant  le  groupe  du  pape  et  de  sa  suite  est  d'un  dessin  bien 
plus  fin  et  mieux  senti,  d'une  couleur  plus  vigoureuse  et  plus  transparente, 
que  la  partie  du  tableau  consacrée  au  groupe  d'Attila  et  de  ses  Huns. 

i.  SoiTant  rouTrage  de  Gabriele  Bertazzoli  \^Sopra  il  nuofjo  ioêiagno  di  Goternolo)t  le 
pape  Léon  I*',  étant  allé  en  personne  au-detant  d'Attila  juscju^au  fleuve  Oglio,  près  du  fort 
Gorernolo  ou  Governo ,  comme  il  est  dénommé  par  ban  te  ^  chant  20  )  ^  aurait  déterminé  la 
retraite  des  Huns. 


f3*  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

Néanmoins,  toute  cette  peinture  est  harmonieuse  dans  son  ensemble 
comme  dans  ses  détails. 

On  a  prétendu  qu'Attila  avait  été  représenté  sous  les  traits  du  roi  de 
France  Louis  XII.  Toutefois  c'est  là  une  supposition  purement  gratuite. 
On  ne  saurait  douter  que  ce  sujet  ait  été  choisi  pour  faire  allusion  à  la 
sortie  des  Français  hors  de  l'Italie,  sous  le  règne  de  Léon  X,  ce  qui  est 
d'autant  plus  probable  que  le  poème  latin  de  Gyraldus,  publié  par 
M.Roscoe,fut  composé  alors  en  l'honneur  de  la  retraite  des  Français,  sous 
l'allégorie  de  l'expulsion  des  Huns,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  fait  remar- 
quer dans  notre  Histoire  de  Raphaël  *. 

Gravures  :  Franc.  Aquila,  pour  ses  PicUurœ,  etc.  «—  Sam.  Bernard.  Du  côté  op- 
posé, petit  in-folio  en  largeur. — L.  CoUignon, petit  in-folio  en  largeur. — À.  Banzo, 
in-folio  en  largeur.  —  Volpato,  grand  in-folio  en  largeur.  —  6.  Koohetti,  petit 
in-folio  en  largeur.— Pietro  Anderloni,  grand  in-folio  en  largeur.—  Franc.  Gian- 
giacomo,  1809,  au  trait.  —  Landon,  n"  63.  —  Le  groupe  des  deux  soldats  au  pre- 
mier plan,  gravé  par  A.  Proccacini,  in-8». 

Une  toute  première  esquisse,  pour  cette  fresque,  se  trouve  dans  la  col- 
lection d'Oxford. 

Un  beau  dessin,  sans  le  groupe  du  pape  et  de  sa  suite,  fut  possédé,  en 
1^)30,  par  Gabriel  Yendramini  à  Venise,  et  ensuite  par  Carlo  Maratti  ;  il  se 
trouve  aujourd'hui  dans  la  collection  du  Louvre  à  Paris. 

Gravé  par  un  anonyme,  avec  une  dédicace  à  la  reine  Christine  de  Suède;  signé 
Angejica  Renieri.  Côlé  opposé.  H.  13";  I.  23".  —  Au  trait,  par  le  comte  de  Caylus. 

Une  copie  de  ce  dessin  fut  vendue,  en  1850»  à  La  Haye>  et  passa  en 
Angleterre. 

101.  La  Délivrance  ^e  saint  Pierre. 

Cette  fresque,  qui  couvre  le  mur  dans  lequel  s'ouvre  une  fenêtre  du 
côté  du  Belvédère,  est  divisée  en  trois  compartiments  :  dans  le  milieu,  on 
voit,  à  travers  les  barreaux  de  la  prison,  l'apôtre  saint  Pierre  endormi, 
gardé  par  deux  soldats,  qui  dorment  eux-mêmes,  appuyés  sur  leur  lance, 
pendant  qu'un  ange,  éblouissant  de  lumière,  s'avance  pour  délivrer  Tapôtre. 
Le  compartiment  à  droite  nous  montre  saint  Pierre,  conduit  par  l'ange  et 
passant  entre  deux  soldats  endormis  qui  sont  couchés  sur  des  degrés,  en 
dehors  de  la  prison.  Au  troisième  compartiment  à  gauche,  aux  portes  de 
la  prison,  quatre  gardiens  s'éveillent  et  semblent  tout  étourdis  de  la  fuite 
de  leur  prisonnier.  Raphaël  a  éclairé  les  deux  premiers  sujets  par  la  seule 
lumière  qui  émane  de  l'ange  même,  et  le  dernier  par  la  lueur  d'une 
torche  que  tient  un  des  soldats  et  par  le  reflet  de  la  lune  dans  un  ciel 
nuageux.  Ces  peintures,  dont  l'effet  est  saisissant,  nous  prouvent  une  fois 

i.  Voir  t.  l,p.  164. 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  n» 

de  plus  que  le  grand  artiste  étudiait  la  nature  dans  les  moindres  détails^ 
et  qu'il  appliquait  aux  choses  de  l'art  le  résultat  de  ses  observations, 
a?ec  un  sentiment  exquis  du  vrai,  du  beau  et  du  pittoresque. 

L'e&éeution  de  cette  fresque  est  également  large,  légère  et  spirituelle 
à  la  fois.  Quelques  imperfections,  entre  autres  la  lourdeur  des  mains  de 
l'ange^  ne  peuvent  être  attribuées  qu'à  une  restauration  postérieure.— Sur 
la  fenêtre  on  lit  cette  inscription  :  leo.  x  pont.  max.  ann.  christ,  mdxiiii. 

FO!fTIPICAT.  STI.  II. 

Gbavubbs  :  Franc.  Aquila,  dans  ses  Pielurœ,  etc.  —  Joh.  Yolpato,  in-folio  en 
largeur.  •»-  Pietro  Ghigi,  1816,  petit  In-folio  en  largeur.  —  Landon,  n*  65. 

Dans  le  genre  de  Gaapar  Reverdinus,  seulement  la  partie  du  milieu,  avec  cette 
inscription  :  P0trw  Apoiiolu$  ab  Herode  m  eareerem^  etc.  Yoy.  Heinecke,  n*71.  — 
Par  le  maître  G.  D.  W.,  gravé  du  côté  opposé  et  différant  un  peu  de  la  fresque. 
Dans  la  prison,  il  n'y  a  point  de  soldats;  en  dehors,  il  n'y  en  a  que  deux  endor- 
mis ,  qui  ne  sont  pas  semblables  à  ceux  de  l'original,  H.  4";  1.  5",  10"'. 

Une  esquisse  pour  cette  fresque  se  trouve  dans  la  collection  de  Florence. 
Une  étude  pour  Tun  des  gardiens»  mais  du  côté  opposé,  est  dans  la  col- 
lection royale  d'Angleterre. 

402.  Peintures  des  socles  et  figures  allégoriques 
dans  la  chambre  dHéliodore. 

La  partie  inférieure  des  peintures  murales  est  occupée  par  onze  figures 
allégoriques  et  quatre  Termes^  en  forme  de  cariatides.  Entre  ces  Termes 
sont  des  tables  de  marbre»  au-dessous  desquelles  se  trouvent  de  petits 
tableaux^  dont  les  sujets  se  rapportent^  ainsi  que  les  figures  allégoriques, 
à  l'industrie  des  États  de  l'Église  et  à  sa  prospérité. 

Les  cariatides  peintes  en  grisaille,  aussi  bien  que  les  petits  tableaux  en 
camaïeu  brun  doré,  ont  beaucoup  souffert;  ils  furent  en  partie  refaits  par 
Carlo  Maratti  et  ses  élèves,  dans  les  années  1702  et  1703.  On  y  retrouve 
encore  néanmoins  la  composition  de  Rapbaël. 

Les  douze  figures  allégoriques  sont  les  suivantes  :  la  Religion»  la  Loi, 
la  Paix,  la  Protection,  laiNoblesse,  le  Commerce,  la  Marine,  la  Navigation, 
l'Abondance,  la  Culture  du  bétail,  l'Agriculture  et  la  Vendange.  Ce  sont 
toutes  des  figures  de  femmes,  debout,  portant  sur  leurs  têtes  de  petits 
cbapiteaux,  sur  lesquels  semble  reposer  la  corniche  qui  règne  au-dessous 
des  grandes  peintures. 

Gravures  :  Remy  Yuibert,  13  feuilles  grand  in-4*. —  Gérard  Audran,  13  feuilles 
in-folio,  dont  11  avec  des  cariatides  et  %  avec  quatre  Termes  ;  le  titre  de  :  Di- 
vm9*  iigwre»  kUroglyphiques,  etc.,  se  trouve  sur  la  première  feuille  de  la  suite.— 
Elis.  Cheron,  12  feuilles  grand  in-S'',  avec  la  reprodaction  de  la  Flore  du  palais 
Famése.  —  Par  les  héritiers  de  Jer.  Wolff,  à  Augsbourg,  13  feuilles  in-folio.  — 
L.  Gruner,  14  feuilles ,  et  une  15*  seulement  au  trait ,  avec  texte  anglais ,  par  le 
d' H.  W.  Schulz.  London,  1852,  in-fol.  —  Landon.  n~  162,  163, 164  et  165. 

Il  existe  aussi,  de  la  figure  allégorique  du  Gommerce,  une  gravure  ancienne 


136  PEINTURES  EXÉCUTÉES 

anonyme,  iD-8o.  Puis,  par  un  élève  de  Marc-Antoine,  cinq  autres  figures,  mais 
un  peu  différentes  de  l'original,  qui  font  partie  d'une  suite  de  24  feuilles,  par 
le  maître  au  monogramme  K.S.  —  H.  7";  1.  3".  (\!U>y>  F.  BruUiot  DiclUmwê^mér^ 
des  Monogrammes,  etc.,  t.  I,  p.  368.)  —  Dans  l'ouvrage  des  gravures  sur  bois  de 
Johannes  Skippe,  contenant  30  feuilles,  d'après  des  maîtres  anciens,  on  a  repro- 
duit, sur  une  même  feuille,  un  des  Termes  et  une  cariatide  en  clair-obsour  , 
in-««. 

Dans  la  collection  du  Louvre  se  trouve  le  dessin  à  la  sanguine  pour  la 
figure  allégorique  du  Commerce. 
Gravé  par  Caylus,  in-8«.  Fac-similé  par  Butarand,  1849,  in-folio. 

Les  petits  tableau  i  en  camaïeu  brun  doré  sont  presque  entièrement 
repeints  par  Carlo  Maratti^  mais,  comme  nous  l'avons  dit  plus  baut^  la 
composition  parait,  du  moins  en  partie,  être  celle  de  Rapbaêl.  Ils  se  lient 
intimement  aux  figures  allégoriques.  Ce  sont  les  sujets  suivants  :  1<*  la. 
Moisson;  ^  Rome  protège  les  arts  et  les  sciences ,  pendant  que  Minerve 
éloigne  la  discorde;  3<*  l'Agriculture;  4''  la  Vendange;  S*'  le  Nettoyage  du 
blé;  6**  l'Abondance^  par  le  commerce  et  la  loi;  7»  la  Culture  du  bétail; 
S""  le  fleuve  du  Tibre  et  Rome;  9**  la  Marine;  10«  deux  Guerriers;  il^"  uae 
Matrone  avec  une  jeune  fille  agenouillée  devant  elle. 

Gravé  par  Jo.  Hieronymus  Frezza,  1704,  in-folio  en  largeur. 

103.  Les  embrasures  des  fenêtres  dans  la  chambre 

de  rHéliodore. 

Les  grotesques  en  grisaille^  rehaussés  d'or,  et  les  petits  tableaux  qui 
les  accompagnent  dans  les  embrasures  des  fenêtres  de  cette  chambre 
sont  très-détériorés^  en  partie  méconnaissables^  ou  tout  à  fait  repeints, 
si  bien  qu'un  des  derniers  nous  montre  l'homme  aux  pieds  de  bronze  de 
l'Apocalypse^  d'après  la  gravure  en  bois  d'Albert  Durer.  A  en  juger  par 
quelques  vestiges  de  ces  peintures^  ils  représentaient  les  sujets  suivants, 
que  Petrus  Sanctus  Bartolus  a  publiés,  en  15  feuilles,  à  Teau-forte,  avec 
une  dédicace  à  D.  Nicolo  Simonelli. 

a.)  Joseph  devant  Pharaon.  Le  roi  est  assis  au  milieu,  sur  son  trône;  à 
droite,  Joseph  est  agenouillé  ;  cinq  hommes  se  tiennent  auprès  de  lui  et 
cinq  autres  en  face. 

Une  esquisse  pour  cette  composition,  se  trouve  dans  la  collection  royale 

de  Stockholm. 

6.)  La  Mer  Rouge.  A  gauche,  Moïse  frappant  la  mer  de  sa  verge.  Au 
milieu.  Pharaon  à  cheval,  avec  d'autres  cavaliers  et  guerriers. 

c.)  Moïse  reçoit  les  Tables  de  la  Loi.  A  droite,  il  les  montre  au  peuple 

d'Israël. 

d.)  L'Annonciation.  La  Vierge  est  assise  à  droite,  près  de  son  lit,  un 
livre  sur  ses  genoux  ;  à  gauche,  se  tient  debout  l'ange  Gabriel,  une  branche 
dé  lis  à  la  main.  La  composition  primitive  nous  est  vraisemblablement 


PAR  RAPHAËL  A  ROME.  137 

doDDi'e^  a?ec  des  diiïérences,  dans  la  gravure  d'Eoea  Vico,  décrite  par 
RarUcii,  t.  XVI,  p.  282,  D»  2. 

e.)  Un  Pape  célébrant  le  sacrifice  de  la  messe,  entouré  par  quatre 
prêtres. 

f>)  L'Empereur  Constantin  donnant  la  ville  de  Rome  au  pape  Syl- 
vestre. 

Les  quatre  premiers  sujets  sont  d'une  forme  oblongue  en  largeur,  les 
deux  derniers  se  rapprochent  de  la  forme  carrée. 


PEINTURES    DE    RAPHAËL 

EXÉCUTÉES   A   ROME  SOCS   LÉON  X. 

1513    A    1520. 

104.  Por Irait  de  Phœdra  Inghirami. 

Sur  bois.  H.  33'*  V";  1.  23";  deroi-6gure. 

Le  personnage  est  tourné  à  gauche ,  les  regards  dirigés  vers  le  haut 
(l'œil  droit  louche  fortement).  Il  tient  une  plume  de  la  main  droite  pour 
dresser  un  procès-verbal  sur  une  table  couverte  d'un  tapis,  où  l'on  voit 
le  papier  et  l'encrier  placés  devant  lui;  car  il  est  ici  représenté  dans 
Texercice  de  ses  fonctions  de  secrétaire  du  conclave  où  Léon  X  fut  élu 
pape.  Cest  en  qualité  de  secrétaire  du  conclave,  qu'il  porte  un  vêtement 
rouge  et  un  bonnet  de  même  couleur.  A  côté  de  lui,  à  gauche,  est  ouvert 
UQ  livre  sur  un  petit  pupitre.  Pour  fond,  une  draperie  verte.  C'est  un  gros 
homme,  dans  la  force  de  l'âge  *  :  sa  physionomie  annonce  un  savant  ;  ses 
mains  délicates  et  grasses  témoignent  qu'il  ne  savait  pas  tenir  d'autre  arme 
que  la  plume.  Ce  portrait,  éclairé  en  pleine  lumière,  et  dont  le  beau  mo- 
delé apparaît  sous  les  plus  délicates  demi-teintes,  rappelle  au  premier 
coup  d'oeil  la  manière  de  Jean  Holbein.  Quant  aux  accessoires ,  un  peu 

1.  Le  poète  Colocci  [Opéra  hUina^  p.  56)  a  fait  allusion  à  cet  embonpoint  dans  les  vers  sui- 
vants, qu'il  adressa  au  pape  Léon  X,  lorsque  Fhcdra  trouva  la  mort,  en  1516,  en  tombant  de 
son  mulet,  qui  avait  été  effrayé  par  une  voiture  attelée  de  buffles  : 

Hesterno,  Léo,  luce  cum  perisset 
Orator  gravis,  et  gravis  poëta, 
Hœredem  sibi  fecit  ex  deunce 
Erasmum,  Beroaldum  ex  triente, 
Ex  semisse  Juvencium  ;  Camillo 
Nepoti  reliquum  reliquit  assis. 
Is  vero  tumuium  replevit  unus, 
Posteros  monumenta  ne  sequantur. 

Filjppo  Beroaldo  fut  le  successeur  de  Phsdra  Ingbirami  comme  garde  de  la  bibliothèque  du 
Vatican. 


438  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

plats  et  fortement  glacés,  ils  semblent  être  de  la  main  d'un  des  élèves  du 
*     maître. 

Cet  intéressant  portrait  «  après  avoir,  pendant  le  premier  Empira  fran- 
çais, fait  partie  du  musée  Napoléon^  est  retourné,  depuis  18i5,  au  palais 
Pitti. 

Gravurks  :  Th.  délia  Croce,  in-folio.  CMé  opposé.  —  T.  ver  Grays,  in-folio. 
pour  U  RaeeoUa,  etc.  En  contre-partie.  —  Cdstre  Ferreri  inc,  in-folio,  avec  de 
légères  ombres.  ~  Par  Bardi ,  pour  la  Galerie  PUU.  —  Dans  le  Manuel  du  Mûêèt 
Françait,  c'est  le  n*  19  et  non  le  n«  28,  lequel  représente  le  cardinal  Bibiena. 

lOS.  Les  Prophètes  et  les  Sibylles. 

Fresques  à  S.  Maria  dêila  Pace  à  Rome. 

Agostino  Chigi,  riche  négociant  à  Sienne,  fit  décorer  â  ses  frais  la*  pre* 
mière  chapelle  à  droite  de  cette  église,  et  chargea  Raphaël  de  peindre  sur 
le  mur,  au-dessus  de  Tarcade  qui  conduit  â  Tautel ,  quatre  Prophètes  et 
autant  de  Sibylles.  Dans  la  partie  supérieure  de  la  composition,  on  voit  de 
chaque  côté  deux  Prophètes,  dont  Tun  est  debout,  l'autre  assis;  derrière 
eux,  un  ange,  et  encore  un  petit  ange  volant  dans  le  haut  D'un  côté,  à 
gauche,  est  assis  le  jeune  prophète  Daniel,  tenant  une  tablette  et  regardant 
d'un  air  extatique  celle  que  tient  le  roi  David,  yêtu  comme  On  prêtre.  Sur 
cette  tablette  on  lit  :  RESYRREXI.  ET.  ADHVC.  SVM.  TECVM.  Derrière 
eux  est  un  ange  debout,  dont  le  mouvement  exprime  l'admiration,  et  dans 
le  haut  vole  un  autre  petit  ange.  De  Tautre  côté,  à  droite,  est  debout  le 
prophète  Jonas,  les  regards  levés  vers  le  ciel,  et  près  de  lui  est  assis  Osée^ 
indiquant  du  geste  l'inscription  qu'on  lit  sur  la  tablette  :  SVSCITABIT, 
EVM.  DEYS.  POST.  BIDVM.  DIB.  TERTIA.  Derrière  eux  est  un  ange  mon- 
trant le  ciel,  et  au-dessus  de  lui,  un  petit  ange  qui  vole.  —  Chasteau, 
dans  la  gravure  qu'il  a  faite  d'après  cette  peinture,  a  nommé  ce  dernier 
prophète  :  Habacuc;  mais  le  texte  de  l'inscription,  emprunté  de  l'Ëpitre  de 
saint  Paul  aux  Corinthiens,  chap.  XV,  v.  A,  se  rapporte  au  passage  du 
chap.  VI,  V.  3  du  prophète  Osée.  S'il  n>st  pas  fait  mention  du  troisième 
jour  de  la  résurrection  dans  TÉpStre  de  saint  Paul,  il  est  probable  que 
l'apôtre  avait  entendu,  de  la  bouche  même  de  Gamaliel,  une  autre  inter- 
prétation, qui  est  encore  conservée  dans  le  Livre  Midract  du  rabbi  Mopes 
Addra^cian  et  dans  le  Livre  M^mlta .«  ces  livres  hébreux  disent  que  le  troi- 
sième jour  de  Jonas  se  rapporte  au  troisième  jour  du  Messie.  C'est  Pungileoni 
qui  tenait  cette  explication  du  savant  hébralsant  le  cavalière  Drack,  et  qui 
l'a  publiée  dans  son  Elogio  stor.  di  Timoteo  VUi,  p.  27.  —  Quant  â  la 
peinture  de  ces  quatre  Prophètes,  elle  est  bien  plus  faible  que  celle  des 
Sibylles  qui  sont  immédiatement  au-dessous;  car,  s'il  n'y  a  aucun  doute 
que  la  composition  et  même  l'exécution  des  cartons  originaux  appartient 
à  Raphaël  lui-même;  le  faire  de  la  fresque  est  cependant  si  faible,  l'effet 
général  est  si  discordant,  les  couleurs  sont  si  tourmentées,  que  l'on  80 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  450 

rappelle  aussitôt  que,  suivant  le  dire  de  Vasari,  Timoteo  Viti  aida  son 
illustre  compatriote  dans  Teiécution  des  fresques  de  l'église  Santa  Maria 
délia  Pace.  Il  est  "vrai  que  Vasari  ne  parle  de  ce  fait  que  confusément  et 
contradictoirement,  d'après  des  renseignements  vagues  et  iucertains,  car, 
dans  la  Vie  de  Rapliaêl,  il  n'attribue  pas  seulement  ces  peintures  â  Raphaël 
seul,  mais  encore  il  ajoute  que  ce  sont  les  meilleurs  ouvrages  du  mattre 
parmi  les  plus  beaui  qu'il  ait  produits  dans  sa  vie.  Ensuite  il  relate  tout  le 
contraire  dans  la  Vie  de  Timoteo  Viti,  où  il  dit  que  ce  dernier,  après  avoir 
passé  quelque  temps  dans  l'atelier  de  Raphaël,  à  Rome,  avait  fait  de  tels 
progrès,  qu'il  put  travailler  avec  lui  aux  fresques  de  l'église  Santa  Maria 
délia  Pace,  et  que  les  Sibylles,  si  généralement  estimées  par  les  artistes, 
sont  de  sa  main  et  même  de  son  invention.  Vasari  ajoute  que  ces  faits 
étaient  confirmés  par  des  personnes  qui  se  souvenaient  d'avoir  vu  Timoteo 
travailler  â  Santa-Maria  délia  Pace,  et  aussi  par  les  cartons  originaux  qui 
se  trouvaient  encore  chez  ses  héritiers.  Sans  doute  ces  deux  circonstances 
que  Vasari  invoque  à  l'appui  de  son  récit  sont  véritables ,  mais  il  en  tire 
une  conclusion  tout  à  fait  erronée  ;  car  Timoteo  Viti  travailla  effectivement 
aux  fresques  de  Santa  Maria  délia  Pace ,  c'est-à-dire  aux  Prophètes,  mais 
non  pas  aux  Sibylles,  qui  sont  incontestablement  l'œuvre  de  Raphaël. 
Quant  aux  cartons  rest^  en  sa  possei^sion ,  il  a  pu  les  avoir  reçus  en 
don,  comme  un  gage  d'amitié,  de  la  part  de  son  bienveillant  ami  Raphaël. 
Plus  tard,  ils  passèrent  dans  la  possession  du  duc  d'Urbin.  Cela  est  rapporté 
par  Gasparo  Celio  dans  son  ouvrage  intitulé  :  JUemoria  fatia  délit  nomi 
degli  artefiei  délie  Pitlure  çhe  sono  in  alcune  chissê^  facciate^  e  paiazzi  di 
Homa  f  Napoli,  1638),  où  il  dit  :  «  Les  Prophètes  et  les  Sibylles  sont  de  N. 
d'Urbino,  dont  les  cartons,  exécutés  de  sa  propre  main ,  se  trouvent  dans 
la  garde-robe,  à  Urbino.  y>  Quant  à  l'époque  où  furent  exécutées  ces  fres- 
ques, nous  avons  des  indications  suffisantes,  puisque  nous  savons  exacte- 
ment combien  de  temps  Timoteo  Viti  resta  éloigné  d'Urbin  :  Pungileoni, 
dans  la  Vie  de  ce  peintre  (p.  i05),  mentionne  diiïérenis  payements  que  Ti- 
moteo Viti  faisait  chaque  mois,  soit  personnellement,  soit  par  l'entremise 
de  sa  femme,  à  une  confrérie  de  sa  ville  natale,  depuis  1510  jusqu'en  1520, 
et  les  lacunes  qu'on  remarque  dans  ces  payements  nous  apprennent  que 
^  peintre  fut  absent,  de  novembre  1510  jusqu'en  juillet  1511,  puis  de 
mars  1512  jusqu'au  mois  de  septembre  1513  et  enfin  pendant  toute 
Tannée  1514  jusqu'au  1'^  mai  1515.  Mais,  à  partir  de  cette  dernière  date, 
nous  le  voyons  résider  sans  interruption  à  Urbin  jusqu'en  1520. 

Donc,  comme  les  fresques  de  la  chapelle  Chigi  ne  peuvent  pas  avoir  été 
exécutées  avant  l'année  151 1,  il  ressort  des  dates  indiquées  plus  haut,  que 
le  séjour  de  Timoteo  Viti  à  Rome  et  les  travaux  qu'il  y  exécuta  pour  Ra- 
phaël n'ont  pu  avoir  lieu  que  dans  le  cours  de  l'année  1514.  Raphaël 
avait  terminé^  le  1*'  août  de  cette  même  tannée,  les  peintures  de  h 


i40  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

chambre  de  THéliodore,  comme  cela  est  prouvé  par  le  dernier  payement 
de  100  ducals  qui  lui  fut  fait  pour  les  travaux  exécutés  dans  cette  salle 
par  lui  et  ses  élèves;  il  eut  donc  encore,  cette  année-là,  tout  le  temps 
nécessaire ,  après  que  Timoteo  Viti  eut  peint  d'après  ses  cartons  la  partie 
supérieure  des  fresques  de  Santa  Maria  délia  Pace,  représentant  les  Pro- 
phètes, pour  exécuter  lui-même  la  partie  inférieure  représentant    les 
Sibylles.  11  est  certain  que  l'achèvement  de  la  chapelle  Chigi  ne  saurait  avoir 
eu  lieu  à  une  époque  postérieure,  ce  que  prouve  le  testament  d'Agostino 
Chigi,  en  date  du  18  août  1519,  où  se  trouve  cette  clause  :  a  Item  voluit, 
quod  capella  sita  in  ecclesiâ  Sanctœ  Mariae  de  Pace,  per  dictum  testatorem 
similiter  incœpta,  sumptibus  ipsius  testatoris  perficiatur,  et  illi  dentur 
quadraginta  ducati  de  redditu  singulis  annis.  »  Les  fresque^  de  la  chapelle 
furent  cependant  achevées  par  Raphaël  lui-même,  dans  Tannée  où  Agos- 
tino  Gbigi  ordonnait  par  testament  de  finir  cette  chapelle  restaurée  à  ses 
frais,  puisqu'il  ne  mourut  que  le  10  avril  1520;  cela  est  établi  par  l'inscrip- 
tion qui  subsiste  encore,  d'après  laquelle  la  chapelle  fut  inaugurée  en 
1519. 
Cette  inscription  est  ainsi  conçue  :  avoystiitys.  chisiys.  sacelltm. 

RAPH.  YRBIX  PRiSCIPYO.  SIBYLLAR.  OPERE.  EXORKATYM.  D.  D.  M.  AC.  YIRGINI. 
MATRI.  DICAYIT.  A.  MDUX.  EIDEM.  ANNYA.  SCYTA.  L.  LEGAYIT 

La  peinture  à  fresque  exécutée  au-dessous  de  celle  des  Prophètes  sur 
l'arcade  qui  forme  l'entrée  de  la  chapelle  contient  quatre  Sibylles  et  sept 
anges.  A  gauche,  est  assise  la  sibylle  de  Cumes  le  bras  droit  levé  tenant 
un  rouleau  de  parchemin  qu'enti*'ouvre  un  ange  volant  au-dessus  d'elle  ; 
ce  parchemin  porte  en  langue  grecque  cette  inscription  :  c  La  Résurrec- 
tion des  Morts,  ù  A  côté  de  la  sibylle  de  Cumes,  est  assise,  appuyée  sur  le 
cintre  de  la  voûte,  la  sibylle  Persique  écrivant,  sur  une  tablette  que  lui 
tient  un  ange,  cette  parole  :  «  //  aura  la  destinée  de  la  Mort,  »  Un  petit 
ange,  tenant  un  flambeau,  est  agenouillé  sur  la  clef  de  la  voûte.  Adroite 
et  près  de  l'ange  agenouillé,  est  assis  un  autre  ange,  qui  montre  du  doigt 
une  tablette  qu'il  tient,  portant  cette  inscription  :  «  Le  Ctel  entoure  le 
vase  de  la  terre.  » 

Les  deux  autres  Sibylles  à  droite  regardent  en  bas;  l'une,  la  jeune  Sibylle 
phrygienne  s'appuie  debout  contre  le  cintre  de  l'arcade,  et  l'autre,  la  vieille 
Sibylle  tiburtine,  est  assise  à  l'extrémité  du  tableau.  Un  petit  ange,  placé 
entre  ces  deux  dernières  figures,  tient  une  tablette  portant  cette  inscrip- 
tion :  a  J'ouvrirai  et  je  ressusciterai.  »  Au-dessus  de  la  dernière  Ggure 
Yole  un  autre  ange  avec  une  banderolle  de  parchemin  déroulée,  sur 
laquelle  sont  écrits  ces  mots  tirés  de  la  quatrième  églogue  de  Virgile 
(7'  vers}  :  a  Déjà  une  nouvelle  génération.  »  Le  fond,  comme  dans  la  fresque 
des  Prophètes,  représente  une  architecture  sombre  de  ton^  sur  laquelle  les 
figures  se  détachent  lumineusement. 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  !il 

Les  superbes  figures  des  Sib^files  sont  si  magistralement  exécutées,  qu'il 
n'est  pas  permis  de  douter  qu'elles  ne  soient  entièrement  de  la  main  de 
Raphaël.  Sous  quelques  rapports^  elles  se  rapprochent  des  trois  Vertus 
cardinales  peintes  dans  la  chambre  délia  Segnatura^  mais  elles  sont 
traitées  plus  librement,  quoique  avec  le  même  soin,  mais  avec  plus  d'en- 
semble et  de  puissance  dans  l'eflet,  plus  de  vigueur  et  de  chaleur  dans  le 
ton.  Vasari  prétend  que  Raphaël  a  peint  ces  Sibylles  après  avoir  admiré 
les  peintures  de  Michel-Ange  dans  la  chapelle  Si\tine^  et  que  la  vue  de 
ces  magnifiques  peintures  lui  fit  tout  à  coup  changer  sa  manière,  en  lui 
conseillant  de  donner  à  ses  œuvres  un  cachet  plus  grandiose  ;  ce  sont  là 
deux  faits  distincts;  le  premier  seul  est  incontestable.  Quant  au  second,  il 
n'a  rien  de  sérieux^  attendu  que  le  style  grandiose  de  Michel-Ange  n'a 
influé  que  d'une  manière  générale  sur  le  développement  du  génie  de 
Raphaël,  et  cela  sans  lui  faire  perdre  son  individualité  et  même  sans  lui 
Taire  adopter  aucun  style  étranger  à  cette  individualité  si  franchement 
caractérisée.  Bien  plus,  ces  fresques  des  Prophètes  et  des  Sibylles  prouvent 
précisément  de  la  façon  la  plus  péremptoire  la  vérité  de  ce  que  nous 
venons  de  dire,  en  ce  qu'elles  révèlent  partout  le  génie  de  Raphaël  et  que 
Von  n'y  saurait  découvrir  la  moindre  imitation  de  Michel-Ange.  Une  autre 
erreur,  non  moins  accréditée,  quoique  plus  grossière  encore,  et  qui  a  été  en 
dernier  lieu  répétée  par  Carlo  Fea  {Notizie  intomo  Raffaele  Sanzio,  etc. 
Roma,  1822,  p.  2),  c'est  que  Raphaël  aurait  imité  ses  Sibylles  d'après 
celles  qui  se  trouvent  dans  l'église  S.  Francesco  à  Assise  et  que  Ton  attri-  . 
bue  à  i'Ingegno  ;  or,  le  contrat  et  les  comptes  relatifs  à  ces  pointures 
d'Assise  eiistent  encore  et  prouvent  qu'elles  sont  de  Adone  Doiii,  contem- 
porain de  Vasari,  qui  travaillait  encore  en  1580  dans  le  goût  des  imita- 
teurs de  Michel-Ange. 

Les  fresques  de  Raphaël  avaient  déjà  souffert  peu  d'années  après  sa 
mort,  et^  sur  un  ordre  de  la  main  même  du  pape  Alexandre  VII,  elles  furent 
restaurées  de  1656  à  1661,  sous  la  direction  du  cav.  Fontana.  ~  Elles 
reçurent  une  seconde  et  consciencieuse  restauration,  de  nos  jours,  par  les 
soins  de  Palmaroli.  Voyez  Carlo  Fea ,  dans  son  ouvrage  :  Prodromo  délie 
Hoperte  delU  atitichità  di  Roma,  1816,  p.  i3. 

Gbavurbs  d'après  les  Prophètes  :  G.  Cortois  delin.  G.  Castellus  Gallns  fec. 
Bomae,  1660.  G.  Chasteau  excudil.,  etc.  Bue  S.  Jacques.  Deuxièmes  épreuves 
carrées  daus  le  haut,  Jonas  Coypel  ex.  Deux  feuilles  in-folio,  sans  les  anges  qui 
volent. —  Sal.  Cardelli  Alexandri  I  pensionarius  sculp.  Gr.  feuille  en  largeur, 
avec  la  fenêtre  dans  le  milieu,  dont  on  s'est  servi  comme  champ  pour  une 
ÎQscriptioD.  —  Landon,  n"  131. 

Gravurks  d'après  les  Sibylles  :  Par  un  élève  de  Marc -Antoine;  seulement 
les  quatre  Sibylles  assises  sur  des  nuages.  2  feuilles  in-4*.  Bartsch,  t.  XV,  p.  48. 
K**  5  et  6.  Ces  figures  sont  nommées  la  Dialectique  et  la  Logique,  la  Théologie 
et  la  Métaphysique .  —  Joh.  Yolpato  sculp.  Bomœ,  1773,  pour  la  ScuolaUaliam 
de  Hamilton,in-fol.en  larg.— Ferd.  Ruschweyb, pet.  in-fol.  en  larg.— M.  F.Dien, 


Uâ  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

1838,  in-fol.  en  larg.  Sur  la  clef  de  la  voûte  est  placé  le  buste  de  Raphaël,   avec 
deux  petits  génies  à  ses  côtés.  —  Landon,  n*  187. 

Le  petit  génie  agenouillé  sur  la  clef  de  la  voûte  avec  son  flambeau,  trois  dés  à 
jouer  à  ses  pieds.  Par  un  anonyme.  Au  bord,  on  lit:  El  venU  iUw:,  etc.»  et  â 
gauche,  dans  le  coin  :  Raphaël  Sanelku  Urbinas pirucU.  Cette  estampe  fait  partie 
d'une  suite  de  six  feuilles,  chacune  avec  un  petit  ange,  mais  celui-ci  est  le  seul 
qui  soit  gravé  d'après  Raphaël. 

La  Sibylle  de  Cumes.  £n  contre -partie.  Ancienne  grav.  italienne,  signée  A.  F^ 
Mauvaise  pi.  in-8°.  Voyez  le  Dtc/ùmnaire  àxi  Wonogrammet ,  de  Bruiliot ,  t.  I^ 
p.  47,  n»  350.  —  La  Sibylle  tiburline.  En  contre -partie.  Gravé  par  Job.  Épisco- 
pius  :  attribuée  erronément  à  Michel-Ange. 

Dessins  pour  les  Prophètes  et  les  Sibylles. 

a).  Esquisse  à  la  sanguine  pour  le  prophète  Daniel  et  deui  petits  anges. 
Dans  la  collection  de  Florence. 

6).  Jonas  et  Osée,  avec  l'ange  placé  derrière  eux,  ce  dernier  non  vêtu. 
Esquisse  à  la  plume,  lavée  à  la  sépia  et  rehaussée  de  blanc  ;  petit  in-folio. 
Nous  ne  connaissons  de  ce  dessin  qu'un  bon  fac-similé  de  G.  Metz.  De  la 
collection  C.  Jennings  et  R.  P.  Knight. 

c].  La  Sibylle  tiburtiue.  Esquisse  à  la  sanguine.  Dans  la  collecUoa 
Albertine  à  Vienne. 

Grav.  par  Ferd.  Ruschweyh.  1806. 

d).  La  Sibylle  de  Cumes,  avec  l'ange  qui  vole.  Esquisse  à  la  sanguine. 
Dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 
e),  La  Sibylle  phrygienne.  Esquisse  à  la  sanguine.  Collection  d'Oxford. 

Fac-simile  dans  la  Lawrence  Galleryj  n"  15.  * 

f).  Étude  pour  Tun  des  anges  qui  volent;  à  la  sanguine.  Collection 
Reiset,  à  Paris,  Un  dessin  semblable  se  trouve  dans  la  collection  Alber- 
tine,  à  Vienne,  et  doit  être  une  copie. 

Le  Père  Resta  dit,  dans  une  lettre  à  F.  N.  Gabburi,  qu'il  a  acquis  la 
moitié  de  la  composition  des  Sibylles,  à  Nuremberg,  et  l'autre  moitié,  à 
Messine.  Il  croit  que  ces  dessins  sont  originaux.  Mais,  comme  nous  savons 
par  expérience  que  le  Père  Resta  s'est  bien  des  fois  égaré  dans  ses  juge- 
ments, nous  lui  laissons  la  responsabilité  de  son  opinion.  Voy.  Leltere 
pittoriche,  t.  II,  p.  112. 

Dans  son  Traité  de  la  peinture,  Richardson  dit  qu'il  possédait  aussi  un 
dessin  original  des  Sibylles.  Ce  doit  être  celui  qui  est  actuellement  con- 
servé dans  Christ  Cburch  Collège,  à  Oxford.  Ce  dessin  est  exécuté  au  bistre, 
rehaussé  de  blanc,  et  tellement  retravaillé  que  Ton  ne  peut  plus  rien 
reconnaître  du  dessin  primitif.  Au  reste,  nous  ne  le  croyons  pas  ori- 
ginal. 

Un  autre  dessin,  lavé  à  la  sépia,  qui  diffère  en  quelques  parties  de  la 
fresque,  se  trouve  dans  la  collection  royale  de  Stockholm.  La  vieille 
Sibylle  surtout  est  très-différente.  Ce  peut  être  une  copie  deTirooteo  Viti, 
d'après  une  première  esqui{>se  de  Raphaël. 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  US 

106.  Galatée. 

Peinture  à  fresque  dans  la  Famesina. 

Galatée ,  TOguant  sur  la  mer^  est  debout  sur  une  grande  coquille  atp 
telée  de  deui  dauphins,  dont  elle  tient  les  rênes  et  qu'un  Amour  guide. 
Nageant  au  côté  gauche,  un  triton  veut  embrasser  une  nymphe  qu'il  porte 
attise  sur  aon  dos,  et  derrière  lui  on  toit  un  cheval  marin  monté  par  un 
jeune  homme,  qui  sonne  dans  une  conque  marine.  A  droite,  sur  Tarrière- 
plan,  une  seconde  nymphe  est  assise  sur  le  dos  d'un  autre  triton,  qui  fend 
lea  ondes  du  côté  opposé  à  la  Galatée,  et  un  troisième  triton  la  précède 
eu  sonnant  de  la  trompe.  Trois  Amours,  dans  les  airs,  lancent  des  flè- 
ches, et  un  quatrième,  à  moitié  caché  dans  les  nuages,  prépare  aussi  ses 
dards. 

Gette  fresque,  encore  bien  conservée,  fut  peinte  par  Raphaël  dans  une 
salle  de  la  maison  d'Agostino  Chigi,  nommée  aujourd'hui  la  Farnesina, 
parce  qu'elle  devint  la  propriété  du  cardinal  Aleiandre  Famèse,  à  la  suite 
d'une  vente  publique,  décrétée  par  Grégoire  XIII,  le  24  avril  1380,  pour 
ramortissement  d'une  dette  ^  Par  suite  d'héritage,  ce  palais  appartient 
actuellement  au  roi  de  Naples* 

Cette  magnifique  peinture  fut  presque  entièrement  exécutée  par  Ha- 
phaël  lui-même;  ce  qui  pourrait  en  faire  douter,  c'est  seulement  le 
triton  avec  la  nymphe  du  premier  plan  à  gauche,  car  dans  ces  deux 
figures  le  dessin  et  le  modelé  sont  plus  faibles,  le  coloris  plus  rude  et  les 
ombres  moins  vigoureuses  que  dans  les  peintures  de  la  main  du  maître. 
En  outre,  la  tête  de  la  nymphe  n'est  pas  à  sa  place  sur  le  cou;  le  bras  et 
la  main  gauche  sont  également  mauvais  de  dessin.  La  carnation  du  cen- 
taure marin  est  trop  rouge  et  trop  faible  dans  les  ombres,  tandis  que 
les  autres  figures  et  même  les  Amours  qui  volent  dans  les  airs  sont  très- 
énergiques  de  ton.  A  part  ces  défauts,  cette  peinture  est  aussi  remarqua- 
ble par  le  mouvement  de  la  composition  que  par  la  beauté  du  dessin  et 
le  grandiose  du  caractère.  Les  figures,  il  est  vrai,  ont,  comme  les  Sibylles, 
des  formes  plutôt  puissantes  que  gracieuses;  mais  le  coloris  en  est  lumi- 
neux et  gai,  comme  il  convient  à  ce  sujet.  Gette  peinture  nous  représente 
allégoriquement  le  triomphe  de  la  beauté  éthérée  sur  les  plaisirs  matériels, 
ou,  pour  mieux  dire,  c'est  en  quelque  sorte  la  vie  de  l'âme  qui  l'emporte 
sur  la  vie  des  sens.  Nous  avons  dit,  dans  notre  histoire  de  Raphaël,  que  ce 

i.  Bayle,  dans  ton  Dictionnaire,  art.  Cbigi,  Ricbardgon  dan&  aon  Traité  de  la  fieiniure, 
Tol.  Il,  p.  46,  et  Bossi  dans  ses  notes  pour  l'ouTrage  de  Roscoe,  rapportent  que  Paul  III,  qui 
était  de  la  famille  Farnèse,  avait  saisi  TÎolemment  la  maison  aux  héritiers  de  Chigi,  pour  la  réu- 
nir à  son  palais.  Mais  Carlo  Fea  [Noiixie  intomo  Raffaele,  etc.,  p.  5)  démontre  l'inexactitude 
de  cette  assertion.  Il  est  Trai  que  les  héritiers  de  la  famille  Chigi  ne  voulaient  point  ratifier  la 
vente  qui  avait  été  faite  malgré  eux,  et  il  se  passa  dix  ans  avant  qu'Alexandre  Chigi  voulût  y 
consentir,  ce  qui  eut  cependant  lieu  eu  1 590. 


144  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

peintre  a  pu  être  amené  à  traiter  ce  sujet  par  le  récit  du  Gyclope  dans 
Philostrate.  Nous  a?ons  cité  aussi  la  lettre  de  Raphaël  au  comte  Casli- 
glione,  où  il  dit  que^  ne  trouvant  pas  un  modèle  de  femme  assez  beau  pour 
sa  Galatée ,  il  s'est  plu  à  la  peindre  d'après  un  certain  type  de  beauté 
idéale.  Nous  y  avons  vu  encore  que  l'exécution  de  cette  peinture  n'est  pas 
postérieure  à  l'année  lt>14;  car  Raphaël,  dans  cette  même  lettre,  annonce 
à  son  ami  sa  nomination  à  la  place  d'architecte  de  Saint-Pierre,  laquelle 
eut  lieu  cette  année-là.  De  plus,  nous  croyons,  à  en  juger  par  le  caractère 
du  dessin  de  la  composition,  qu'elle  n'a  pas  pu  être  exécutée  avant  Tannée 
1514,  et  les  preuves  que  Pungileoni  met  en  avant  pour  appuyer  son  opi- 
nion et  démontrer  que  cette  fresque  était  déjà  exécutée  en  15il  sont 
bien  plutôt  des  preuves  du  contraire.  Ainsi,  il  donne  des  extraits  de  deux 
poèmes,  l'un  composé  par  ^gidius  Gallus  en  15il,  et  le  second  par 
Blosio  Palladio  en  1519,  poèmes  dans  lesquels  ces  poètes,  amis  de  la 
maison  Chigi,  chantent  les  peintures  qui  décorent  le  palais  Chigi  à  Rome. 
Mais,  comme  dans  ces  poésies  ils  ne  citent  que  Junon,  Vénus  et  d'autres 
divinités,  sans  faire  mention  de  la  Galatée,  on  peut  conclure  que  cette 
description  poétique  se  rapporte  seulement  au  plafond  de  la  salle  peint 
par  Baldassare  Peruzzi,  représentant  la  fable  de  la  Méduse. 

On  a  prétendu  que  cette  peinture  devait  représenter  le  Triomphe  d'Am- 
phitrite,  d'après  le  récit  d'Apulée;  c'est  une  opinion  que  M.  Jac.  Joseph 
Hans  de  Wurzbourg  ^  a  essayé  de  soutenir  dans  une  dissertation  écrite 
en  italien.  Mais  cette  opinion  est  sufGsamment  contredite  par  Raphaël  lui- 
même,  qui,  dans  sa  lettre  au  comte  Castiglione,  parle  de  Galatée  et  non 
d'Amphitrite.  M.  Joseph  Hans  se  trompe  également  lorsqu'il  avance  que 
cette  peinture  fut  exécutée  après  l'achèvement  des  plafonds,  représentant 
les  fables  de  Psyché  et  de  l'Amour,  que  Raphaël  a  peints  plus  tard  dans  le 
même  palais.  Quant  à  une  autre  opinion  du  même  écrivain  qui  suppose 
que,  ces  plafonds  représentant  l'histoire  mythologique  du  Ciel,  Raphaël 
aurait  voulu ,  dans  le  tableau  de  la  Galatée ,  représenter  l'histoire  mytho- 
logique de  la  Terre ,  cette  opinion  qui  ne  repose  sur  rien  tombe  d'elle- 
même.  Néanmoins,  il  est  permis  de  croire  que,  la  Galatée  ayant  été 
inspirée  par  le  récit  du  Cyclope  dans  Philostrate ,  Raphaël  se  soit  pro- 
posé de  peindre  dans  la  même  salle  une  suite  de  sujets  tirés  de  la  même 
source;  et,  en  effet,  après  la  mort  de  Raphaël,  la  fable  de  Polyphème  fut 
exécutée  à  fresque  sur  le  mur  qu'il  n'avait  pas  eu  le  temps  de  couvrir  de 
peintures.  On  voit,  dans  une  lettre  de  Paolo  Giovio  à  Girolamo  Scanna- 
peco,  que  ce  contemporain  regardait  cette  fresque  de  Polyphème  comme 
une  œuvre  de  Raphaël;  il  rapporte  même  à  cette  occasion  une  anecdote 


i.  Alcune  rifleuioni  d'un  Ollramontano  tu  la  ereduia  Galatea  di  Raffael  d'L'rbino. 
Palermo,  1816. 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  i45 

un  peu  scabreuse,  qui  témoigne  de  la  liberté  des  mœurs  d'alors  et  surtout 
de  celles  de  Paolo  Giovio  lui-même. 

Gbaturbs  :  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIY,  n«  350,  où  il  indique  aussi  deux 
copies  de  cetie  planche.  —  La  gravure  de  Marc-Antoine  corrigée,  retouchée  et 
lenninée  à  Ja  plume,  que  possède  la  hihliothéque  de  Vienne,  ne  saurait  être 
considérée  comme  une  épreuve  corrigée  par  Raphaël  lui-même,  car  la  manière 
dont  les  retouches  sont  faites,  surtout  dans  les  contours,  ne  ressemble  pas  à 
la  manière  de  Raphaël,  et,  de  plus,  il  est  certain  que  le  graveur  n'a  jamais  obéi 
a  ces  prétendues  corrections  du  mattre.  —  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIV, 
n*  351.  —  Pauli  Gratiani  formis,  Roma,  1592,  in-folio.  —  Heinr.  Golzius,  1592, 
grand  in-folio.  —  Nie.  Bocquet,  grand  in-folio.  —  Nie.  Dorigny,  1693,  grand 
în-lolio.  —  Dom.  Cunego,  1771,  in-folio.  Pour  la  Seuola  iUUiana  de  Hamilton. 

—  J^T.  Richomme,  1830,  in-folio.  —  Ant.  Ricciani,  Napoli,  1827,  in-folio. 

—  Lithogr.  par  Trôdlin,  d'après  l'estampe  de  Richomme,  in-folio.  —  Landon, 
n*»  321. 

L'Amour  qui  guide  le  dauphin,  par  Conrad  Ulmer,  1806,  in-4*.  —  Le  même, 
par  E.  Schaeffer,  in-4*.  Ces  deux  planches  sont  copiées  d'après  la  gravure  de 
Golzins. 

La  télé  de  Galatée,  par  Preisler. 

Le  dessin,  tiré  du  cabinet  Vilenbrock,  représentant  la  composition  entière, 
gravé  par  B.  Picart,  et  le  dessin  cité  par  Longhena  (p.  713  de  la  traduction  ita- 
lienne de  l'ouvrage  de  Quatremère  de  Quincy),  comme  étant  dans  l'Académie  à 
Venise,  et  leprésentant  un  triton  et  une  néréide,  sont  apocryphes  tous  deux. 

107.  Portrait  de  Giuliano  de'  Medici  '. 

Julien  de  Médicis  était  le  plus  jeune  frère  de  Léon  X.  11  resta  longtemps 
à  la  cour  du  duc  Guidubaldo  àUrbin,  et,  dans  le  Courtisan  [il  Coriegiano) 
du  comte  Castiglione ,  il  est  dépeint  comme  un  prince  aussi  distingué 
par  son  amour  pour  les  sciences  que  par  ses  qualités  d'âme  et  par  la  pu- 
reté de  ses  mœurs.  Lorsque,  en  iSlâ,  les  Médicis  retournèrent  à  Florence^ 
son  frère  aîné,  le  cardinal  Giovanni,  le  chargea  du  gouvernement  de 
l'État.  Cependant,  Julien  de  Médicis  reconnut  bientôt  que  son  caractère 
amoureux  de  la  paix  n'était  pas  propre  à  tenir  en  bride  et  à  vaincre  Tani- 
mosité  des  partis  ;  il  remit  donc  le  gouvernement  à  son  neveu  Lorenzo, 
fils  de  Pierre  de  Médicis,  et  il  alla  s'établir  à  Rome,  où  il  commauda  les 
troupes  du  pape,  avec  le  titre  de  capitaine  général  de  l'Église.  11  fit  quel- 
ques expéditions  heureuses  en  Lombardie;  puis,il  se  maria  avec  Filiberta^ 
sœur  du  duc  de  Savoie,  et  reçut  du  roi  François  l«^  le  titre  de  duc  de 
Nemours.  Sa  faible  santé  le  détermina  enfin  à  se  retirer  dans  un  couvent 
à  Fiesole,  où  il  mourut  en  1516.  On  sait  que  son  tombeau,  dans  la  sacristie 
de  l'église  de  S.  Lorenzo  à  Florence,  est  un  des  plus  magnifiques  ouvrages 
de  Michel- Ange. 

C'est  Vasari  qui  nous  apprend  que  Raphaël  a  peint  les  portraits  de  Giu- 
liano et  celui  de  Lorenzo.  H  loue  l'excellence  du  coloris  de  ces  portraits, 
qui,  de  son  temps,  se  trouvaient  chez  les  héritiers  d'Ottaviano  de'  Medici. 

1.  Né  en  1479,  mort  en  1516. 

1).  10 


146  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

On  ignore  absolument  ce  qu'ils  sont  devenus;  nous  avons  seulement  appris 
qu'un  portrait  tout  semblable  à  la  copie  que  nous  allons  décrire  fut  vendu, 
il  y  a  quelques  années,  par  la  maison  Gaetano  Capponi,  et  sortit  de 
ritalie.  Cette  copie,  faite  d'après  le  portrait  de  Julien,  de  Raphaël,  qui  se 
trouve  dans  la  galerie  de  Florence,  était  attribuée  à  Vasari  dans  l'inven- 
taire de  1635,  mais  elle  a  été  rendue  aujourd'hui,  et  avec  plus  de  raison, 
à  Alexandre  Allori.  C'est  un  portrait  demi-figure,  vu  presque  de  face,  un 
peu  tourné  à  gauche .  Les  traits  caractéristiques  de  la  famille  des  Médicis  n'y 
sont  pas  méconnaissables.  Giuliano  porte  une  barbe  courte;  ses  cheveux, 
noués  dans  un  réseau  jaune,  sont  couverts  d'une  barrette  noire  avec  trois 
boucles  d'or,  auxquelles  un  billet  est  attaché.  Le  cou  est  nu  ;  le  vêtement 
qui  couvre  la  poitrine  est  rouge  cramoisi;  le  pourpoint,  noir,  par-dessus 
lequel  est  une  sorte  de  houppelande  en  damas  gris,  garnie  d'une  fourrure 
brune.  De  la  main  droite,  posée  sur  la  main  gauche,  il  tient  un  papier  plié. 
Le  fond  est  vert.  Nous  avons  publié,  dans  notre  édition  allemande,  une 
estampe  de  ce  portrait,  gravée  par  Louis  Gruner  (pi.  VII),  en  faisant  des 
vœux  pour  que  cette  estampe  puisse  aider  à  la  découverte  de  l'original. 

Raphaël  a  eu  l'occasion  de  peindre  le  portrait  de  Giuliano  à  deux  épo- 
ques difCérentes.  La  première  fois  en  1513,  lorsque  ce  prince  vint  à  Home 
pour  voir  Léon  Xson  frère,  et  séjourna  quelque  temps  dans  cette  ville,  où 
furent  célébrées  de  grandes  fêtes  en  l'honneur  de  sa  nomination  comme 
citoyen  romain  ;  puis,  en  1 51 4,  lorsqu'il  se  trouva  dans  la  même  ville  avec 
son  neveu  Lorenzo. 

Nous  avons  de  Léonard  de  Vinci  la  note  suivante,  qui  se  trouve  sur  la 
première  feuille  de  son  Codex  X  :  «  Le  magnifique  (il  magni/ico,  comme 
on  avait  l'habitude  de  le  nommer)  Giuliano  de'  Medici  partit  de  Rome 
le  9  janvier  1515,  au  point  du  jour,  pour  aller  épouser  sa  femme  en  Sa- 
voie. Le  même  jour  mourut  le  roi  de  France.  »  (Louis  XII  mourut  le 
1*"*^  janvier  ;  mais  Léonard  n'aura  appris  la  nouvelle  de  celte  mort  que  le  9.) 

Une  copie  de  ce  portrait  (la  tête  seule)  se  trouvait  dans  la  collection  du 
cavalière  Vincenzo  Camucciiii,  à  Rpme,  mais  il  y  était  faussement  désigné 
comme  représentant  le  portrait  de  Marc-Antoine  Raimondi.  Nous  ne  sa- 
vons d'où  provenait  cette  copie,  qui  doit  avoir  été  vendue  après  la  mort 
de  son  possesseur. 

108.  Portrait  de  Bemardo  Dovizio  da  Bibiena  *, 

CARDINAL  DE  S.    MARIA   IN   PORTICO. 
Sur  bois.  H.  2'  9"  8*";  l.  V  î",  mesure  espagnole. 

Giorgio  Vasari,  dans  ses  /?a^to7iamen<i  (Firenze,  1588,  p.  128),  donne  la 
description  suivante  des  portraits  du  cardinal  da  Bibiena  par  Raphaël  : 

Jé  Ne  en  1470,  mort  en  lb2û> 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X*  U7 

«  Le  portrait  du  cardinal  Bibiena  est  très-resseiAblant,  car  il  est  copié 
d'après  un  portrait  peint  par  Raphaël  d'Urbin ,  lequel  se  trouve  actuelle- 
ment dans  la  maison  des  Dovizi  da  Bibiena.  Raphaël  fit  un  second  portrait 
du  cardinal  dans  le  port  d'Ostie.  »  C'est  ce  dernier  portrait  qu'on  voit 
dans  la  fresque  de  la  Défaite  des  Sarrasins  ^  qui  décore  la  troisième 
chambre  du  Vatican.  Le  passage  des  Ragionamenti ,  que  nous  venons  de 
eiter^  nous  apprend  qu'il  y  eut  deux  portraits  semblables  du  cardinal  da 
Bibiena,  peints  à  Thuile,  dont  l'un  fut  exécuté  par  Raphaël.  Il  est  probable 
que  ces  portraits  sont  les  deux  suivants,  qui  nous  sont  connus. 

L'original  se  trouve  au  musée  de  Madrid ,  où  il  a  passé  longtemps  pour 
être  celui  du  cardinal  Granvelle,  quoique  ce  grand  homme  d'Etat  ne  lut 
âgé  que  de  dix-sept  ans  à  la  mort  de  Raphaël.  Ce  portrait  représente  un 
personnage  d'un  âge  mûr,  peint  en  buste,  vu  presque  de  face,  un  peu 
tourné  à  gauche.  La  tête  quelque  peu  maigre,  au  nez  fin  et  courbé,  aux 
yeux  vifs  avec  de  larges  paupières,  trahit  en  tous  ses  traits  le  type  ita- 
lien. Elle  est  coiffée  d'un  bonnet  rouge  ;  le  collet  du  vêtement,  également 
rouge^  est  sur  la  poitrine  en  quatre  endroits  fermé  avec  un  double  bou- 
ton; le  bras  gauche,  couvert  d'une  manche  blanche,  est  posé  sur  une  ba- 
lustrade de  pierre  et  ne  laisse  voir  que  la  moitié  de  la  main  ;  le  bras 
droit  est  abaissé.  Le  fond  est  sombre. 

Bemardo  da  Bibiena  ayant  été  créé  cardinal  par  Léon  X  le  23  septembre 

15i3,  le  portrait  qui  le  représente  avec  le  costume  de  cette  dignité  ne  peut 

donc  pas  avoir  été  peint  avant  cette  époque  ;  mais  il  est  vraisemblable  que 

Raphaël  fit  le  portrait  de  son  ami  peu  de  temps  après  que  celui-ci  eut  reçu 

le  chapeau  rouge.  Ce  portrait  a  la  plus  grande  ressemblance  avec  celui  qui 

est  au  palais  Pitti ,  si  ce  n'est  que  le  cardinal  paraît  un  peu  plus  jeune 

dans  le  premier;  en  outre,  les  accessoires  présentent  quelques  différences. 

Nous  trouvons  dans  les  Memorie  per  la  Vita  del  cardinale  Dovizj,  par  An- 

gelo  Maria  Bandini  (Livorno,  1758,  p.  5),  une  phrase  qui  nous  explique 

pourquoi  ce  portrait  est  à  Madrid  :  «  Le  cardinal  légua  à  Castiglione  un 

tableau  de  Raphaël.  »  Nous  ne  connaissons  aucun  tableau  de  Raphaël 

que  le  cardinal  ait  pu  léguer,  si  ce  n'est  son  portrait.  On  sait  que  le  comte 

Castiglione ,  qui  fut  ambassadeur  en  Espagne  sous  Clément  VII ,  avait 

emporté  avec  lui  son  propre  portrait  peint  par  Raphaël,  portrait  qui 

passa  ensuite  en  Hollande  et  qui  arriva  infin  au  musée  du  Louvre.  Ce  fait 

bien  établi  donne  à  penser  qu'il  avait  emporté  également  en  Espagne  le 

portrait  du  cardinal  da  Bibiena,  et  que  ce  portrait,  après  la  mort  du 

comte,  survenue  à  Madrid,  a  dû  passer  dans  la  collection  royale. 

Ce  portrait  est  de  la  plus  grande  finesse  de  dessin  et  de  modelé.  La 
main,  dont  ou  ne  voit  qu'une  partie,  est  très-spirituellement  traitée,  ainsi 
que  le  vêtement.  Le  ton  général  du  tableau  a  beaucoup  de  transparence; 
en  somme,  c'esit  un  des  plus  beaux  portraits  peints  par  Raphaël. 


148  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

Ludwig  Grunrr  a  terminé,  en  1834.  une  belle  gravure  in-folio  d'après 
portrait  ;  mais  il  Ta  publiée  avec  le  nom  de  Jules  de  Médicis,  qui  fut  depuis 
le  pape  Clémeut  Vil. 

Le  portrait  du  cardinal  da  Bibiena ,  qui  est  au  palais  Pitti,  offre  une 
grande  ressemblance,  comme  nous  l'avons  dit,  avec  celui  de  Madrid  , 
tant  par  les  traits  du  visage  que  par  la  pose  et  les  accessoires;  seu- 
lement le  cardinal  y  paraît  un  peu  plus  âgé  que  dans  le  précédent  por- 
trait. G.  F.  de  Rumohr  (Italieneschen  Forschungen,  t.  III,  p.  138)  affirme 
avec  raison  que  Raphaël  n'a  pas  eu  la  moindre  part  à  cet  ouvrage,  dans 
lequel  on  croit  reconnaître  la  manière  de  faire  de  Girolamo  da  Cotignola. 

Le  Manuel  du  mutée  françaii  contient,  sous  le  n*  38,  une  gravure  de  ce  portrait , 
qui  y  est  indiqué  par  erreur  comme  étant  celui  d'Inghirami.  Ce  dernier  portrait 
se  trouve  gravé  sous  le  n*  19  dans  le  même  ouvrage.  Bedetti  inc.  Petit  in-folio. 

109.  Sainte  Cécile. 

Peint  sur  bois,  et  depuis  transporté  sur  toile.  H.  7'  3**;  1.  4'  6*'. 

La  sainte,  au  milieu  du  tableau,  écoute,  les  yeux  élevés  vers  le  ciel,  le 
cbant  céleste  de  six  anges.  Ses  mains  laissent  presque  échapper  le  petit 
orguequ'elles  tenaient,  et  l'on  voit  à  ses  pieds  les  instruments  de  la  mu- 
sique terrestre  à  moitié  brisés.  A  droite  de  la  sainte,  l'apôtre  saint  Paul , 
appuyé  sur  son  épée ,  et  derrière  lui  saint  Jean  l'Ëvangélisle.  Du  côté 
opposé,  sainte  Marie-Madeleine,  son  vase  de  parfums  dans  la  main  gauche, 
et  derrière  elle  saint  Augustin  *,  Père  de  l'Ëglise. 

Ce  tableau,  un  des  plus  magnifiques  qu'ait  produits  le  génie  de  Raphaël, 
est  aussi,  sous  le  rapport  du  coloris,  un  chef-d'œuvre  inimitable,  quoiqu'il 
ait  perdu  de  son  éclat  par  suite  de  restaurations  successives.  Ce  coloris, 
remarquable  surtout  par  son  harmonie,  due  à  l'emploi  combiné  des  trois 
couleurs  principales  aussi  bien  qu'à  l'admirable  palette  du  peintre,  qui  n'a 
jamais  déployé  plus  de  magnificence,  plus  de  richesse  et  plus  de  magie, 
semble  refléter  merveilleusement  les  divines  splendeurs  du  sujet.  La  sainte 
est  vêtue  d'une  riche  tunique  rayonnant  d'or  et  de  lumière,  avec  laquelle 
la  robe  rouge  de  saint  Paul  et  les  nuances  bleues  et  violettes  du  vêtement 
de  la  Madeleine  forment  des  contrastes  brillants  et  décidés;  mais  ces 
couleurs  sont  habilement  rompues  par  les  demi-teintes  les  plus  délicates, 
par  les  tons  de  transition  les  plus  heureux.  Ainsi,  par  exemple,  le  jaime 
du  vêtement  de  sainte  Cécile  est  tempéré  par  les  ornements  verts  de  ce 
vêtement;  les  étoffes  d'or  de  l'habit  sacerdotal  de  saint  Augustin,  les 
cheveux  blonds  de  saint  Jean,  les  tons  bruns  et  jaunes  du  terrain  et 
des  instruments  forment  une  délicieuse  gamme  de  couleurs.  Les  tons 

1.  On  a  cru  voir  dans  cette  figure  S.  Petrouius,  évoque  et  patron  de  la  iriUe  de  Bologne. 
Mais,  comme  ce  saint  est  toujours  représenté  portant  une  petite  église  dans  U  main,  rabsence  de 
cet  attribut  caractéristique  empêche  de  le  reconnaître  ici. 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  149 

bleus  argeotÎDS  de  l'orgue  préparent  l'œil^  pour  ainsi  dire,  au\  masses 
bleues  et  Tîolettes  du  vêtement  de  la  Madeleine,  et  s'accordent  avec 
les  tous  bleus  du  cîel  et  de  Tépée  de  saint  Paul.  La  chevelure  noire 
de  ce  dernier  trouve  même  un  point  de  rappel  dans  le  plumage  noir  de 
l'aigle  de  saint  Jean.  On  pourrait  ainsi,  jusque  dans  les  moindres  détails, 
montrer  la  liaison  intime  qui  existe  entre  les  couleurs  de  ce  superbe 
tableau.  Quant  aux  carnations,  elles  correspondent  toujours  aux  carac- 
tères des  personnages^  et,  par  conséquent,  elles  sont  plutôt  idéales  que 
réelles;  car  Raphaël,  en  général,  ne  peignait  d'après  nature  que  les 
portraits;  encore  cherchait-il  toujours  à  les  idéaliser.  11  a  peint  largement 
sa  sainte  Cécile,  quoique  cette  peinture  ait  été  d'ailleurs  exécutée  avec  le 
p\us  grand  soin.  On  remarque  le  même  soin  d'exécution  dans  la  manière 
dont  sont  rendus  les  instruments  de  musique,  qui,  comme  l'atteste  Vasari, 
turent  peints  par  Giovanni  da  Udiue.  11  est  certain  que  Giovanni  ne  vint 
chez  Raphaël,  à  Rome,  qu'après  la  mort  du  Giorgion,  dont  il  était  rélève, 
c'est-à-dire  en  1511.  Ce  seul  fait  donne  un  démenti  formel  aux  assertions 
de  ceux  qui  veulent  que  la  Sainte  Cécile  ait  été  exécutée  en  1510  *;  bien 
pluâ,  nous  avons  des  raisons  de  croire  que  ce  tableau  ne  fut  terminé  que 
quelques  années  après  la  commande  qui  en  avait  été  faite  (1513)  par 
Lorenzo  Pucci,  cardinal  de  S.  S.  Quattro.  Ainsi  se  trouverait  confirmé  le 
témoignage  de  Vasari,  qui  rapporte  que  le  Francia  mourut  peu  de  jours 
après  avoir  reçu  le  tableau  de  Raphaël  et  l'avoir  fait  placer  (1517)  dans 
la  chapelle  de  Sainte-Cécile,  fondée  par  la  bienheureuse  Cécile  Duglioii 
deir  Oglio,  dans  l'église  S.  Giovanni  in  Monte,  près  Bologne. 

Ce  tableau  fut  enlevé  par  les  Français,  en  1798,  et  envoyé  à  Paris,  au 
musée  Napoléon.  En  1803,  Hacquin  le  transporta  sur  toile.  Le  traité  de 
paix  de  1845  le  fit  retourner  à  Bologne,  où  il  fut  placé  dans  la  pinaco- 
thèque de  cette  ville.  On  le  nettoya  de  nouveau  et  on  enleva  les  retouches 
maladroites  qu'il  avait  subies  en  France. 

Gravures  de  la  Sainte  Cécile  :  Giulio  Bonasone,  1531.  Bartsch,  t.  XV,  p.  130, 
11*74.  — RomaB,  Phls.  Thomassinus  se.,  1617,  p*  mail.  Côté  opposé,  in-folio. 
Secondes  épreuves  avec  l'adresse  :  Gio.  Jac.  de  Kossi.  —  Math.  Geuter,  Nie.  van 
AeUt.  form.,  avec  le  nom^  des  saints,  petit  in-folio.  —  Carlantonio  Pisarri  incis. 
Mauvaise.  Petit  in-folio.— Joh.  Bapt.  fioncavainc,  in-folio.  Ancienne  eau-forte. 

—  Anonyme,  épreuves  postérieures  avec  :  Arnold  van  Westerbout  formis.  Petit 
in-folio.  Mauvaise.  —  Gio.  Batt.  Galli,  1761,  in-folio.  A  l'eau-forle.  Côté  opposé. 

—  Francesco  fiosaspina.  Petite  feuille.  —  Robert  Strange  del.  1763,  aère  incid. 
1771,  Lond.  in-folio.  Côté  opposé.  Le  caractère  de  la  peinture  y  est  défiguré.  — 
Jos.  Ch.  de  Meulemeester,  1802,  in-4". .-  David,  in-folio.  —  R.  U.  Massard,  gr. 
in-folio.  — F.-E.  Beisson  ,  pour  le  Muiée  Napoléon ^  in-folio.. —  Bovinet,  pour  la 

I .  Cette  opinion  erronée  repose  sur  une  inscription  latine,  qui  se  Ut  dans  la  chapelle  de  Sainte- 
Cécile,  à  S.  Giovanni  in  Monte  près  Bologne,  inscription  qui  donne  la  date  de  1510  comme 
celle  de  la  fondation  de  cette  chapelle.  Mais  rinscription  est  seulement  de  1695,  et  ne  meu- 
tionae  pas  le  tableau  eu  parlant  de  la  chapelle. 


iSO  nEINTURES  DE  RAPHAËL 

Galerie  Filhol ,  grand  in-8».  --  Mauro  Gandolfi,  1835,  grand  in-folio.  —  Pierre 
Pelée,  1852,  petit  in-folio.  —  Lefebvre,  1857,  in-fol.—  Landoh,  n»  113. 

Gravures  d'après  l'esquisse  :  Marc-Antoine.  Barlsch,  t.  XIV,  n»  116,  où  sont 
indiquées  aussi  trois  copies  de  cette  planche,  du  côté  opposé.  — Nie.  de  Bruyn 
fec.  Londerseel  exe.  Petit  in-folto,  avec  les  noms  des  saints.  Reproduction  un 
peu  trop  néerlandaise. —  D'après  un  dessin  non  authentique  sur  papier  gris  la^é 
au  bistre,  qui  a  passé  successivement  dans  les  collections  G.  B.  Bellucci  à  Bologne, 
De  Piles  1706,  Paignon-Dijonval,  Morel  de  Vindé,  Th.  Dimsdale,  Lawrence,  Roi 
de  Hollande,  et  Sam.  Woodbum  à  Londres. 

GRAvé  par  Élise  Cheron,  1706,  sans  les  anges  dans  la  gloire,  et  du  cdtë  op— 
posé.  Petit  in-folio. 

Les  deux  figures  de  la  sainte  Cécile  et  de  Marie-Madeleine,  sur  une  seule 
feuille,  semblables  aux  figures  de  ces  deux  saintes  dans  le  tableau,  par  un  gra- 
veur du  dix-septième  siècle.  Petit  in-folio. 

Anciennes  copies  de  ce  tableau. 

a.)  Le  sculpteur  Gio.  Zucchi  fit  faire  une  copie  de  la  Sainte  Cécile,  en 
i547,  par  Jacomo  da  Pontormo.  Voy.  Lettere  pittoriche,  t.  1,  p.  63.  C'est 
peut-être  celle  qui  est  actuellement  dan»  la  galerie  de  Dresde,  et  qu'on 
attribue  à  Jules  Romain. 

b.)  Une  belle  copie  de  Guido  Reni  est  dans  Téglise  Saint-Louis-des- 
Français,  à  Rome. 

c.)  Chez  l'orfèvre  Bozzotti,  à  Milan,  il  y  a  une  copie  attribuée  au 
Dominiquin.  Elle  est,  en  tout  cas,  d'un  des  bons  élèves  des  Carraches. 

d,)  Une  petite  copie  était  dans  le  cabinet  Praun,  à  Nuremberg.  Ce  doit 
être  la  même  que  nous  avons  vue  dans  la  collection  de  tableaux  de 
M.  Coesvelt,  à  Londres,  et  qui  était  présentée  comme  une  esquisse  du 
maître,  parce  qu'il  y  a  quelques  différences  entre  elle  et  le  tableau  ori- 
ginal, mais  évidemment  ces  différences  ont  été  faites  dans  un  but  de 
tromperie. 

Une  esquisse  de  la  composition  entière,  telle  que  Marc-Antoine  Ta 
gravée ,  se  trouvait  dans  la  collection  Lavi^rence,  mais  tellement  retouchée 
au  bistre,  qu'on  n'y  reconnaissait  plus  rien  du  dessin  original. 

Esquisse  à  la  sanguine,  pour  le  saint  Paul,  dans  le  musée  Teyler,  à 
Haarlem. 

i  10.  La  Vision  (TEzéchiel, 

Sur  bois.  H.  18"  7"';  l.  13"  6"'. 

Dieu  est/âssis  dans  une  gloire,  entouré  des  quatre  signes  des  Ëvangé- 
listes;  deux  petits. anges  soutiennent  ses  bras  étendus.  La  gloire,  sur 
laquelle  la  figure  de  Dieu  se  détache,  est  remplie  d'une  multitude  de  létes 
de  chérubins  à  peine  visibles  dans  le  rayonnement  de  la  lumière  divine. 
Cette  gloire  est  elle-même  entourée  de  nuages  gris,  qui  semblent  s'écarter 
pour  laisser  voir  la  vision  céleste.  Un  paysage  dans  le  bas,  avec  quelques 
petites  figures  qui  sont  frappées  de  l'apparition. 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  «51 

Ce  petit  tableau  n'est  qu'une  esquisse  avec  certaines  négligences  de 
dessin  :  comme^  par  exemple,  l'avant-bras  de  Dieu^  qui  est  hors  de  pro- 
portion y  l'attache  de  la  main  gauche^  etc.  Mais  néanmoins  c'est  une  œuvre 
admirable,  et^  si  restreintes  que  soient  ses  dimensions,  l'aspect  général 
toutefois  est  d'un  grandiose  immense.  Les  animaux  symboliques  qui  repré- 
sentent les  quatre  Ëvangélistes,  sont  comme  transfigurés  et  portent  un 
cachet  de  grandeur  qui  annonce  la  puissance  de  Dieu.  Le  caractère  de 
la  figure  de  Jébovah  diffère  du  type  traditionnel  et  offre  plutôt  une  sorte 
de  parenté  avec  le  caractère  d'un  Jupiter.  Il  est  nu  dans  la  partie  supé- 
rieure de  son  corps,  et  seulement  couvert  d*une  draperie  pourpre  sur 
répaule  gauche,  les  hanches  et  les  jambes. 

Raphaël  peignit  ce  petit  tableau  pour  le  comte  Yincenzo  Ercolani,  de^ 
Bolog;ne,  et  Maivasia  rapporte  {Felsina  pittrice,  1. 1,  p.  44)  qu'il  fit  payer 
à  Raphaël,  en  i510,  par  la  banque  des  Lianori,  la  somme  de  huit  ducats 
d'or.  Ce  serait  une  erreur  que  de  vouloir  conclure  de  ce  payement  que 
Raphaël  avait  déjà  peint  la  Vision  d'Ëzéchiel  à  cette  époque ,  la  concep- 
tion de  l'œuvre  et  le  caractère  du  dessin  plaçant  ce  tableau  à  une  époque 
postérieure,  pendant  laquelle,  surexcité  par  l'exemple  de  Michel-Ange,  il 
cherchait  le  grandiose  dans  la  composition,  l'énergie  dans  les  mouve- 
ments et  l'ampleur  dans  les  formes.  C'est  pourquoi  Vasari  remarque  tcès- 
judicieusement  que  la  Vision  d'Ëzéchiel  a  été  peinte  après  la  Sainte  Cécile. 
Si  Raphaël  a  réellement  reçu  huit  ducats  d'or,  en  1510,  de  Viucenzo 
Ercolani,  qui  lui  avait  commandé  ce  petit  tableau,  ce  ne  peut  être  là 
qu'un  faible  à-compte,  au  moyen  duquel  Ercolani  voulait  se  garantir  la 
possession  d'une  œuvre  de  Raphaël  ;  c'étaient  seulement  des  arrhes,  que 
l'on  nomme  encore,  en  Italie,  une  caparra. 

Ce  tableau,  encore  bien  conservé,  est  revenu  au  palais  Pitti,  après  avoir 
fait  partie  du  musée  Napoléon,  suus  le  règne  de  Napoléon  ^'.  Il  était 
déjà  inscrit  dans  l'Inventaire  de  la  Tribune,  dressé  en  1589. 

Gravores  :  Gosimo  Mogalli,  in-fol.,  pour  la  RaecoUa^  etc.  —  Jos.  Longhi,  pour 
le  Musée  Napoléon ,  gr.  in-fol.  —  Anderloni  se,  Longhi  dir.  et  term.,  gr.  in-fol.  — 
Pigeot,  pour  la  Galerie  Filhol,  pet,  in-fol,  —  P.  Caronni,  1825,  gr.  imp.  in-fol. — 
Yicentinus  Cavini,  in-fol.  — Au  trait,  avec  la  simple  indication  des  ombres,  par 
Giuseppe  Tomba,  in-fol. —  E.  Eichens,  1841,  gr.  in-fol. — A.  Morghen  sculp.,  Flor., 
in-fol.  —  Pierre  Pelée  sculp.,  1852,  pet.  in-fol.  —Louis  Calamatta,  1855,  in-fol. 

Anciennes  copies  de  ce  tableau. 

Pietro  Lamo,  dans  son  manuscrit  intitulé  :  Craticola  di  Bologna,  déclare 
positivement  (p.  8)  que  le  tableau  de  la  Vision  d'Ëzéchiel  se  trouvait,  de 
son  temps  encore,  dans  la  maison  du  comte  Agostino  Ercolano  ;  mais  le 
marquis  Antaldo  Aotaldi,  à  Pesaro,  d'après  l'indication  fournie  par  Mai- 
vasia, lit  de  vaines  recherches  dans  la  maison  Ercolani  pour  découvrir 
ce  tableau.  Le  manuscrit  de  Pietro  Lamo,  qui  mentionne  le  payement  fait 


1<*Sâ  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

à  Uaphaêly  dit  que  si  le  marquis  Pilippo  Ercolani,  à  Bologne,  a  possédé^ 
en  eflet ,  deux  tableaux  représentant  la  Vision  d'Ëzéchiei ,  c'est  lui-même 
qui  actuellement  possède  un  de  ces  tableaux.  Mais  quoique  le  tableau  ea 
question  soit  pourvu  des  sceaux  de  TAcadémie  de  Bologne  qui  Ta  déclaré 
original  9  il  dément  malheureusement  son  certificat  d'origine.  Voy.  Pun- 
gileoni,  p.  lOi  et  102. 

Une  autre  copie,  qui  fut  achetée  à  Bologne,  par  Nicolas  Poussin,  pour 
M.  de  Chantelou,  avait  autrefois,  à  meilleur  titre ,  la  réputation  d'être 
l'œuvre  de  Raphaël.  De  la  collection  de  Launay,  elle  passa  dans  la  galerie 
d'Orléans,  et,  à  la  vente  de  cette  galerie,  elle  fut  acquise  par  lord  Berwick 
pour  800  livres  sterl.  Nous  avons  vu  ce  tableau  chez  Sir  Thomas  Baring, 
qui  en  est  le  possesseur  actuel,  dans  sa  précieuse  galerie  à  Stratton. 

Gravé  par  Nie.  Larmossin,  pour  le  Cabinet  Croxal.  In-fol.  —  F.  Poilly,  sans 
figures  dans  le  paysage.  Grand  in-fol.  Premières  épreuves,  avec  A.  Herant  exe; 
épreuves  postérieures,  avec  P.  Mariette  exe. 

Une  ancienne  copie  se  trouve  aussi  dans  la  collection  de  l'Académie  de 
Vienne. 

Une  très-belle  copie  de  ce  tableau  se  trouvait  dans  la  possession  de  feu 
le  major  Biela,  à  Venise.  D'après  ce  qu'on  nous  en  a  dit,  elle  doit  être 
d'une  exécution  tellement  magistrale,  que  des  connaisseurs- en  ont  l'ait 
honneur  à  Raphaël. 

Louis  XIV  lit  faire  un  carton,  d'après  ce  tableau,  avec  des  figures  de 
grandeur  naturelle,  afin  de  faire  exécuter  une  tapisserie  à  la  manufacture 
des  Gobelins.  C'est  probablement  celui  qui  se  trouve  à  Broughton,  en 
Angleterre,  dans  la  propriété  des  Montague,  appartenant  aujourd'hui  au 
duc  de  Buccleugh.  11  est  dessiné  à  la  pierre  noire  et  coloré.  La  compo- 
sition principale  a  été  entourée  d'un  chœur  d'anges,  qui,  si  disparates 
qu'ils  soient  avec  la  manjère  de  Raphaël,  ne  contrastent  pourtant  pas  trop 
avec  le  mauvais  dessin  de  tout  le  reste. 

m.  La  Naissance  du  Christ. 

Vasari  décrit  de  la  sorte  ce  tableau  qui  a  disparu  :  «  Raphaël  envoya 
aux  comtes  de  Canossa,  à  Vérone,  un  grand  tableau  de  la  même  beauté 
(que  la  Vision  d'Ëzéchiel),  représentant  une  belle  Nativité;  on  fait  surtout 
l'éloge  de  l'efTet  du  lever  du  soleil  (aurora),  ainsi  que  de  la  figure  de 
sainte  Aune.  En  somme,  on  ne  saurait  mieux  louer  tout  l'ouvrage  qu'en 
disant  qu'il  est  de  la  main  de  Raphaël  d  Urbin.  Aussi  les  comtes  de 
Ganossa  ont-ils  ce  tableau  en  singulière  estime,  et  ils  ne  veulent  point 
s'en  dessaisir,  malgré  les  prix  énormes  qu'on  leur  a  offerts  de  la  part  de 
plusieurs  princes.  »  Le  même  écrivain  rapporte  encore  ce  qui  suit,  dans 
la  Vie  de  Taddeo  Zucchero  :  «  Lorsque  le  duc  d'Urbin ,  qui  était,  à  cette 
époque,  général  des  Vénitiens,  alla  inspecter  les  fortifications  de  Vé- 
rone, il  amena  avec  lui  Taddeo,  qui  lui  lit  une  copie  de  la  peinture  de 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  153 

Raphaël  conservée  dans  la  maison  des  comtes  de  Canossa.  »  Puis, 
C.  RidoHi  a  consigné  le  même  fait  dans  sou  ouvrage  intitulé  :  Le  Vite  de 
gV  illusiri  piitori  veneti  (t.  I,  p.  286,  Vie  de  Paul  Véronèse)  :  «  Ritorno 
da  Mantova  a  Verona  trattenendovisi  per  brève  tempo  in  far  copia  del 
quadro  di  Raffaelle  de'  conti  Canossa,  che  nelle  case  medesime  si 
conserva. 

Mais  ces  copies  sont  aujourd'hui  perdues,  ainsi  que  l'original,  et  il 
n'y  a  pas  même  une  gravure  qui  nous  ait  conservé  le  souvenir  de  ce 
tableau.  Longhena  dit,  il  est  vrai  (p.  158,  de  sa  traduction  du  livre  de 
M.  Quatremère  de  Quîncy),  que,  du  temps  de  Lanzi,  la  copie  de  Taddeo  se 
trouvait  dans  la  famille  Leopardi,  à  Osimo  ;  mais  Lanzi,  dans  la  Vie  de 
Taddeo  Zucchero,  parle  d'une  Nativité  de  ce  maître,  que  possédait  autre- 
fois le  duc  d'Urbin ,  sans  même  supposer  que  ce  tableau  pût  être  une 
copie  d'après  Raphaël. 

Ce  tableau  disparu  a  été  l'objet  de  bien  des  recherches,  toujours  infruc- 
tueuses. Ainsi,  Giacomo  delli  Ascaui  publia  la  description  d'une  Adoration 
des  Bergers,  en  langue  française,  avec  dédicace  au  roi  Louis  XV,  et  cette 
description,  traduite  en  italien  par  S.  M.  Rangoni,  fut  publiée,  à  Bologne, 
en  1720.  L*auteur  de  ce  Mémoire  soutient  que  le  tableau  qu'il  décrit  n'est 
autre  que  celui  de  Raphaël,  qui  appartenait  aux  comtes  de  Canossa. 

Corn.  Blomert  exécuta  également,  en  1720,  une  assez  bonne  gravure, 
in-folio  en  largeur,  d'après  ce  prétendu  tableau  de  Raphaël  ;  une  autre 
gravure  par  Pietro  del  Pô  parut  ensuite.  Mais  Mariette,  qui  était  un  fin 
connaisseur,  déclara  que  le  tableau  devait  être  attribué  à  André  Schia- 
vone,  et,  si  nous  en  jugeons  par  la  gravure,  l'avis  de  Mariette  est  juste  en 
tout  point.  En  1828,  ce  tableau  était  en  possession  de  l'ingénieur  Seran- 
lODJ,  à  Gênes*. 

Dans  la  description  de  Quelques  Tableaux  italiens  et  espagnols  de  la 
collection  de  M.  le  comte  François  de  Thum  et  Valsassi,  etc.  (Vienne, 
18?4),  il  est  question  d'une  Naissance  du  Christ  qui  est  également  repré- 
sentée comme  étant  de  Raphaël  et  provenant  de  la  maison  Canossa.  Ce 
tableau  est  actuellement  la  propriété  du  comte  Harras,  à  Vienne;  mais  il 
ne  rappelle  nullement  les  œuvres  de  Raphaël  et  il  parait  être  d'un  peintre 
néerlandais  du  seizième  siècle,  qui  peignait  dans  la  manière  italienne. 
Dans  cette  composition,  la  Vierge  et  saint  Joseph  sont  pieusement  age- 
nouillés devant  l'enfant  Jésus  couché  à  terre.  A  gauche,  est  debout  saint 


i.  Celm-ci  aTait,  à  cette  même  époque,  deux  autres  tableaux  qu'il  attribuait  aussi  â  Raphaël, 
l'un  représentant  la  Vierge  qui  donne  le  sein  à  l'enfant  Jésus,  avec  un  aloès  dans  le  paysage 
'b.  1"  7";  1.  r*  7"*)  ;  l'autre,  le  Martyre  de  saint  André,  peint  dans  la  manière  de  Jules  Ro- 
main (h.  I'  5*';  1.  3*  %"}.  Ces  attributions  ne  méritent  aucune  confiance,  quoiqu'elles  aient 
été  défendues  dans  un  opuscule  intitulé  :  Memoria  di  Ire  quadri  origifMli  di  Haffaele  ehe 
fanno  collezione  aile  tue  Ire  manière. 


t54  PKINTURES  DR  RAPHAËL 

Jean-Baptiste  ayant  l'âgn  d'homme,  et  à  droite  Tapôtre  saint  Paul.  Il  y  a 
dans  le  fond  trois  bergers  auxquels  un  ange  annonce  la  naissance  du  Sei-> 
gneur.  On  voit  poindre  l'aurore  à  l'horizon.  ^ 

H2.  Portrait  du  comte  Baldassare  Castiglione  \ 

Sur  toile  ;  b.,  20"  ;  1.,  24",  demi-figure. 

Le  comte  Castiglione  est  vu  presque  de  face ,  un  peu  tourné  vers  la 
gauche.  Sous  ses  épais  sourcils^  ses  yeux  bleus  bien  ouverts  regardent  avec 
un  air  de  bienveillance  le  spectateur;  on  reconnaît  dans  son  beau  front 
le  siège  d'un  esprit  développé  par  l'étude  ;  le  caractère  mâle  et  sérieux 
que  donne  à  sa  physionomie  une  barbe  touffue  est  tempéré  par  l'expres- 
sion de  douceur  et  de  finesse  qui  distingue  sa  bouche  aux  lèvres  fortes  et 
rubicondes.  Ses  deux  mains  sont  posées  l'une  sur  Tautre.  Une  barrette 
noire ^  avec  un  rebord  très-large^  couvre  sa  téte^  et  une  chemise  blanche 
lui  monte  jusqu'au  cou.  Il  porte  par-dessous  son  vêtement^  qui  est  noir, 
une  sorte  de  pourpoint  serré,  d'étoffe  brune^  avec  de  larges  manches^  d'un 
tissu  rude  et  filandreux. 

Ce  portrait  de  l'auteur  du  Courtisan  (Cortegiano),  qui  était  non-seule- 
ment un  homme  de  guerre,  un  diplomate  et  un  savant  distingué,  mais 
encore  un  ami  fidèle  et  dévoué,  est  plein  de  vie  et  de  vérité  ;  son  exécu* 
tion  est  tout  à  fait  magistrale. 

Une  lettre  de  Pietro  Bembo^au  cardinal  Dovizio  daBibiena,  du  49  avril 
15i6,  est  le  document  le  plus  ancien  qui  fasse  mention  de  ce  portrait  : 
nous  avons  déjà  cité  cette  lettre  dans  notre  Histoire  de  Raphaël.  Hais 
Castiglione,  vers  la  même  époque,  a  célébré  ce  tableau  dans  une  élégie 
latine  où  il  fait  parler  sa  jeune  femme,  Hippolyta  Torelli ,  qu'il  venait 
d'épouser  et  qu'il  était  obligé  de  laisser  à  Mautoue  en  allant  à  Rome  pour 
affaires  diplomatiques. 

Cette  pièce  de  vers  a  été  imprimée  pour  la  première  fois  dans  les  CEu* 
vresde  Fulvla  Morata  (Venetia,  1534),  sous  le  titre  de  :  Bath.  CasUUonit 
Elegia,  qud  fingit  Hippolytam  suam  ad  se  scribentem,  La  voici  : 

Sola  tuos  vultas  referens  Raphaelis  imago 

Picta  mano,  caras  allevatusque  meas. 
Huic  ego  deJicias  facio  arrideoque  jocorqoe  , 

AUoquor  et  lanquam  reddere  verba  queat. 
Assensu  nutuque  mihi  saepe  illa  videlur 

Dicere  velle  aliquid,  et  lua  verba  loqui. 
Agnoscit,  balboque  patrem  paer  ore  salatat, 

Hoc  solor,  longos  decipioque  dies. 

Nous  avons  dit  ailleurs  que  le  comte  Castiglione  ayant  été  ambassadeur 
en  Espagne,  depuis  l'année  1523  jusqu'au  2  février  1529,  jour  de  sa  mort, 

I.  Né  en  1473,  mort  en  1529. 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  ISS 

il  est  probable  qu'il  avait  emporté  son  portrait  avec  lui.  Au  reste,  du 
temps  de  Ruhens  et  de  Rembrandt,  ce  portrait  se  trouvait  dans  les  Pays- 
Bas;  c'est  là  un  fait  acquis»  car  une  copie  de  ce  portrait  qui  avait  été  faite  par 
RubeDSj  s'est  trouvée  dans  la  succession  de  ce  grand  peintre.  De  plus  il 
existe  une  copie  dessinée  et  lavée  au  bistre  par  Rembrandt,  accompagnée 
de  la  note  suivante  :  «  De  conte  batasser  de  Katjlyone  van  Rafaël,  ver- 
kogt  voor  3,500  gulden.  »  Cet  intéressant  dessin  (baut  de  k"  6"',  et  large 
de  3"  3'")  est  aujourd'hui  dans  la  ricbe  collection  Albertine,  à  Vienne. 
Jac.  de  Sandrart  avait  offert  3,400  florins  du  portrait  original  dans  la 
vente  des  ouvrages  d'art  de  M.  van  Usselen,  le  9  avril  1639,  mais  il  fut 
adjugé  à  don  Alfonso  de  Lopez,  conseiller  de  Sa  Majesté  Très-Chrétienne 
à  Amsterdam,  pour  la  somme  de  3,S00  florins  (voyez  Accademia  tedesca 
délia  architetlura ,  seuUura  e  pitturOy  par  Sandrart,  Nûmberg,  1675-79, 
t  vol.  in-fol.  fig.)*  A.  Persinius  l'a  gravé  pour  Joachim  Sandrart  avec 
cette  indication  :  In  œdibus  Alph.  Lopez.  Il  devint  ensuite  la  propriété  du 
cardinal  Mazarin  et  fut  estimé,  dans  son  inventaire,  300  livres.  Louis  XIV 
Tacheta  des  héritiers  du  cardinal.  Transporté  de  son  panneau  sur  toile, 
il  est  actuellement  au  musée  du  Louvre. 

Gbavubis  :  Reg.  Persinius  (Renier  Perzyn),  Joachimns  Sandrart  del.  et  exe. 
Amsterd.  in  œdibns  Alpb.  Lopez,  avec  cette  soscription  ;  Qui  vedi  il  Ballhataro 
Catiiggléone,  ehe  l'arte  di  corle  rete  ti  /Ino,  etc.  Petit  in-folio.  Du  côté  opposé.  — 
Nie.  Edelinck,  petit  in-folio.  Du  côté  opposé.  Pour  le  Cabinet  Crozat.  —  Nie.  de 
Larmessin ,  pour  V Académie  det  Sciewet  ei  dee  ArU ,  àe  Bullart.  —  J.  Godefroi 
pour  le  Muiée  Napoléon.  —  Bou trois  pour  la  Galerie  Filhol.  -—  Lithogr.  par 
Z.  Belliard,  in-4*.  —  Manière  crayon  noir,  sans  les  mains,  par  Le  Page.  —  Lan- 
doo,  n*  319. 

Diverses  copies  anciennes  d'un  portrait  difl'érent  du  comte  Castiglione 
nous  apprennent  que  Raphaël ,  sinon  un  de  ses  élèves,  avait  peint  encore 
une  fois  son  ami,  sans  barrette,  également  tourné  vers  la  gauche,  avec  un 
vêtement  assez  simple.  Antonio  Beffa  Negrini,  dans  ses  Elogj  de  personaggi 
délia  famiglia  Castigliona  (Mantova,  1606  ,  parle  de  ce  second  portirait  : 
<  Rafaël  Sanzio  d'Urbino  amicissimo  del  conte  e  per  la  creanza  di  civi- 
lissimi  costumi,  e  per  l'eccellenza^singolare  délia  pittura  e  deir  arti  sue 
compagne,  gli  fece  la  detta  medaglia,  come  anche  lo  ritrasse  nella  sala 
di  Costantino,  dove  non  sono  se  non  Principi  ecclesiastici  e  secolari,  e  ctue 
dire  che  si  conservano  in  casa  Castigliona.  » 

Cest  sans  doute  un  de  ces  portraits  que  possédait ,  vers  la  moitié  du 
siècle  dernier,  le  cardinal  Lodovico  Valenti  Ce  portrait  est  encore  à  Rome 
au  palais  Torlonia,  chez  le  duc  de  Braciano.  Ce  n'est  que  la  tête,  ainsi  qu'elle 
est  décrite  ci-dessus,  très-hardiment»  mais  peu  spirituellement  peinte  sur 
bois  (h.  2  palm.  4"  6'",  1. 1  p.  10".)  Le  panneau  porte,  dans  le  bas,  les 
armes  de  la  famille  Castiglione  et  une  inscription  latine,  dans  laquelle 
est  indiquée  la  date  de  la  mort  du  comte,  ce  qui  prouve  asses  que  ce  ne 


156  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

peut  être  un  tableau  original.  Voici  cette  inscription  où  l'on  est  étonné  de 

ne  pas  voir  le  nom  de  Raphaël.  Baldesar  de  Castiliono  Christtof.  nulites 

primus  /f .  Henrici  Angliae  régis  aeques,  Amor  capit  nttbilariae  agri  pisau- 

rensis  co.  et  post  mortem  uxoris,  CUmerUis  P.  P.  Vil  in  Hispanijs  nuncîus 

et  a  Carlo  Vimperat,  abbulae  esp,  ellectus.  Ntttus  est  in  vico  casalici  agri 

Mant  y  obeyt  veto  Toleti  in  Hispanijs ann.  MDXXIX. 

Gravé  par  L.  Ceroni  pour  l'ouvrage  de  Dennistoan  :  Memoinofthe  duks  of  Urin^o 
(LondoD,  1851). 

Une  autre  copie  de  la  même  téte^  laquelle,  à  en  juger  par  la  manière 
dont  elle  est  traitée,  doit  être  de  la  main  d'un  Vénitien,  se  trouvait  dans 
la  collection  du  comte  Cabrai,  à  Rome,  où  nous  l'avons  vue  en  1835.  Peut- 
être  est-ce  la  même  que  possédait,  en  1820,  le  docteur  Pasquale  Coddé  à 
Mantoue,  et,  si  nous  ne  nous  trompons  pas,  elle  est  entrée,  depuis  1845, 
au  musée  de  Berlin. 

Gravures  d'après  le  tableaa  qai  appartenait  au  cardinal  Valenli.  Jo.  Goitofr. 
Seuter,  1747,  pet.  in-fol.  —  Paolu  Fidanza,  n*  14,  de  grandeur  naturelle,  pour  ses 
Têtetehoiswt  de personnaget  iUuilres  (Rome,  1785).—  Gius.  Longhi  dis.,  Ant.  Gajani 
se,  dans  un  petit  ovale. 

Un  portrait  du  cardinal  (?)  Castiglione,  qui  osait  faire  la  lecture  pendant 
que  Raphaël  peignait,  eî^t  en  la  possesi^ion  du  conseiller  Bach,  à  Breslau. 
Von  der  Hagen  le  cite  en  ces  termes  dans  ses  Briefen  in  die  Heimath  (t.  I, 
p.  56,  et  t.  II,  p.  246). 

113.  La  Chambre  de  l' Incendie  du  Bourg,  ou  di  Torre  Borgia» 

1514  A  1517. 

I 

Nous  avons  déjà  dit,  dans  notre  Histoire  de  Raphaël,  que  le  peintre 
d'Urbin,  par  attachement  et  par  reconnaissance  pour  son  maître,  ne  vou- 
lut point  laisser  abattre  le  plafond  de  cette  chambre  peint  par  le  Pérugin 
et  que  ces  peintures  subsistent  encore  aujourd'hui.  Comme  ce  plafond  n'a 
aucun  rapport  avec  les  autres  fresques  murales  de  cette  chambre,  nous 
nous  croyons  dispensé  d'en  donner  ici  une  description  et  nous  renvoyons 
seulement  le  lecteur  à  la  première  partie  de  notre  ouvrage.  Des  quatre 
fresques  de  Raphaël  qui  décorent  cette  salle,  celle  de  l'Incendie  du  Bourg 
n'est  pas  seulement  la  plus  remarquable;  c'est  aussi  la  mieux  conservée; 
les  autres  paraissent  avoir  été.  en  grande  partie,  exécutées  par  ses  élèves. 
Les  figures  des  princes  protecteurs  de  l'Église,  en  couleur  de  métal  jaune 
sur  des  socles,  furent  primitivement  peintes  par  Jules  Romain  :  elles  ont 
été  tellement  modifiées  depuis  par  Carie  Maratte,  qui  était  chargé  de  les 
restaurer,  qu'on  peut  les  considérer  maintenant  comme  des  ouvrages  de 
ce  dernier  peintre. 

114.  L^  Serment  de  Léon  III. 

Peinture  murale  au-dessus  de  la  fenêtre. 

Le  pape  Léon  111,  sous  les  traits  de  Léon  X,  est  debout  devant  l'autel  et 


EXËCUTËE8  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  157 

ses  mains  sur  le  livre  de  l'EvaDgile,  pour  se  justifier  en  présence  de 
Charlcmagne  contre  les  accusations  du  neveu  du  défunt  pape  Adrien  I*'. 
L.es  diacres^  à  ses  côtés,  tiennent  son  manteau  ouvert,  et  un  jeune  prêtre, 
derrière  lui,  porte  la  triple  couronne.  A  gauche,  devant  quelques  évêques, 
se  tient  debout  le  roi  des  Francs,  en  costume  de  sénateur  romain,  la  main 
élevée  et  demandant  au  synode  qu'il  a  convoqué  de  se  prononcer  sur  la 
conduite  du  pape.  Une  voii  dans  l'assemblée  lui  répondit  qu'il  n'apparte- 
nait à  personne  de  juger  le  premier  siège  (prima  sedes  a  nemine  judicatur), 
comme  le  rapporte  Anastase  le  Bibliothécaire.  Derrière  les  évéques  qui 
sool  debout  portant  leurs  mitres,  se  presse  une  nombreuse  foule,  et  sur 
le  premier  plan  des  marches  de  l'autel  sont  quelques  gardes  et  quelques 
porteurs  de  massues  avec  le  costume  italien  du  seizième  siècle.  Cette 
fresque,  qui  oiïre  plutôt  un  sujet  d'apparat  qu'un  sujet  d'action ,  est  d'un 
aspect  peu  attrayant,  quoiqu'elle  soit,  dans  son  ordonnance,  complète- 
ment digne  du  maître.  L'exécution  semble  avoir  été  confiée  à  un  de  ses 
élèves;  mais  celle  peinture  a  beaucoup  souffert;  elle  a  été  souvent  retou- 
chée et  en  outre  elle  est  mal  éclairée.  11  est  donc  très-difficile  de  la  juger. 
Dans  les  embrasures  des  fenêtres,  on  lit,  à  côté  des  armes  des  Médicis, 
cette  inscription  :  LEO.  X.  PONT.  MAX.  ANNO.  CHRISTI.  MCCCCCXVH. 
—  PONTIFICAT.  SVI.  ANNO.  IIII. 

Gbavurbs  :  Franc.  Aqaila,  grande  feuille  pour  ses  Pielurœ,  etc.  —  Aloisius  Fa^ 
brî,  gr.  in-foi.  en  largeur.  —  Landon,  n«  307. 

115.  Z^  Couronnement  de  Charleinagne. 

Un  peu  au  delà  du  premier  plan  est  assis  le  pape  Léon  III  (  sous  les 
traits  de  Léon  X),  qui  va  poser  la  couronne  sur  la  tête  de  Charlemagne 
agenouillé  devant  lui.  Charlemagne  est  ici  représenté  sous  les  traits  du 
roi  François  1^,  pour  faire  allusion  au  traité  conclu  à  Bologne  entre  lui  et 
Léon  X  à  la  fin  de  1515.  Un  jeune  homme,  en  costume  de  page,  tient  la 
couronne  du  roi  très-chrétien;  c'est  le  portrait  du  jeuneHippolyte  de  Mé- 
dicis, fils  naturel  de  Giuliano.  Aux  deux  côtés  de  cette  scène  solennelle 
sont  assis  beaucoup  de  cardinaux  avec  leurs  caudataires  [candatarji).  Dans 
le  milieu,  au  fond,  on  voit  encore  un  jeune  guerrier,  au  casque  ceint  d'une 
couronne,  que  Montagnani,  avec  beaucoup  de  vraisemblance,  désigne 
comme  devant  être  Pépin,  qui  fut  oint  et  sacré  en  même  temps  que  son 
père  par  le  pape  Léon  III.  A  côté  de  l'autel,  en  face  du  trône,  se  trouve 
une  tribune  élevée  pour  le  chœur  des  musiciens,  et,  devant  cette  tribune, 
passent  quelques  officiers  portant  des  vases  précieux,  présents  du  nouvel 
empereur  romain. 

Par  ces  détails  épisodiques,  Raphaël  cherchait  à  animer  cette  scène  d'ap- 
parat et  à  corriger  la  monotonie  du  sujet.  C'est  sans  doute  aussi  pour  les 
mêmes  motifs  qu'il  prit  son  point  de  vue  en  diagonale,  ce  qui  produit 
quelque  chose  de  contrarié  dans  la  composition,  en  détruisant  cette  symé- 


158  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

trie  architectonique  si  nécessaire  aux  peintures  murales  et  employée 
ailleurs  avec  tant  de  succès  par  le  maître.  Au  fond,  une  belle  architecture 
d'ordre  dorique  nous  montre  quel  était  le  projet  de  Raphaël  ps>ur  la 
construction  de  l'église  Saint-Pierre. 

Quoique  cette  peinture,  par  les  diiïérentes  restaurations  qu'elle  a  subies, 
ait  perdu  sa  limpidité  de  ton  avec  Tharmonie  de  son  ensemble,  beaucoup 
de  têtes,  notamment  parmi  les  évêques,  sont  peintes  d'une  manière  si 
magistrale,  que  la  main  de  Raphaël  y  est  encore  reconiiaissable.  Pietro 
Bembo,  dans  une  lettre,  du  i9  juillet  1517,  au  cardinal  Bernardo  da  Bi- 
biena,  s'exprime  ainsi  en  parlant  de  cette  fresque  :  «  Et  les  stanze  de 
Notre  Seigneur  (le  pape),  que  RaphaëFa  peintes,  sont  de  toute  besLùté, 
non-seulement  à  cause  de  ses  excellentes  et  superbes  peintures,  mais  en- 
core en  raison  du  grand  nombre  de  prélats  qu'il  y  fait  figurer  presque 
toujours.  »  Parmi  ces  derniers,  Yasari  nomme  Gianozzo  Pandoltino,  évêque 
de  Troja,  pour  qui  Raphaël  avait  dessiné  le  plan  d'un  palais  dans  la  rue 
S.  Gallo,  à  Florence.  Malgré  l'incertitude  où  l'on  doit  être  aujourd'hui 
pour  distinguer  ce  dernier  évêque  parmi  tant  d'autres,  il  paraît  pourtant 
que  c'est  celui  qui  se  trouve  au  premier  plan. 

Gravures  d'après  celte  fresque  :  FraDC.  Aquiia,  grande  feuille  pour  ses  Pieturœ. 
—  Aloysio  Fabri  se.  Rom.,  gr.  in-fol.  en  largeur.  —  Laodon,  n*  351. 

Esquisses  pour  cette  peinture. 

a.)  Étude  de  draperies  de  huit  évêques  assis ,  et ,  sur  le  revers  de  la 
même  feuille,  d'un  évêque  assis  et  de  deux  diacres  debout.  Très-bien  des- 
sinée à  la  sanguine.  Collection  de  l'Académie  de  Dusseldorf. 

6.)  Esquisse  de  trois  chanteurs  dans  la  tribune.  Collection  Albertine,  à 
Vienne. 

Gravée  par  A.  Bartscb. 

116.  Lhicendiedu  Bourg. 

Le  faubourg  de  Saint-Pierre,  nommé  Borgo  Nuovo,  est  la  proie  des  flam- 
mes; l'incendie  a  fait  de  tels  progrès  que  tous  les  efforts  humains  pour 
arrêter  le  terrible  fléau  sont  inutiles;  le  feu  menace  même  Téglise.  Dans  ce 
péril  extrême,  apparaît  sur  une  galerie  ouverte  (loggia)  du  Vatican  (démolie 
actuellement),  le  pape  Léon  IV,  qui  fait  le  signe  de  la  croix  en  adre^ant 
au  ciel  une  ardente  prière;  une  foule  de  peuple  rassemblée  s'agenouille  et 
reçoit  la  bénédiction  du  Saint-Père  avec  confiance.  Cette  scène  imposante, 
avec  une  vue  de  l'ancienne  façade  de  l'église  Saint-Pierre,  forme  le  fond 
de  la  peinture.  Au  premier  pian,  à  gauche,  une  petite  maison,  bâtie  dans 
des  ruines  antiques,  est  livrée  aux  flammes,  et,  du  haut  de  la  muraille,  se 
penche  dans  le  vide  une  jeune  femme  oubliant  elle-même  le  danger  pour 
ne  penser  qu'au  salut  de  son  enfant  qu'elle  tend  à  un  homme  qui  s'ef- 


\ 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  159 

de Tatteindre.  Auprès  de  ee  groupe,  on  voit  un  jeune  bomnie  qui 
est  sorti  du  lit  sans  aucun  Yétenient  et  qui  se  laisse  glisser  le  long  du 
mur,  en  mesurant  du  regard  la  hauteur  de  la  chute.  Sur  le  devant  est  le 
groupe  célèbre  représentant  un  homme  robuste ,  entièrement  nu^  qui 
emporte,  à  travers  les  décombres,  son  vieux  père  également  nu  et  accom- 
pagné de  son  jeune  fils.  La  partie  centrale  du  premier  plan  est  occupée 
par  des  femmes  et  des  enfants.  Rien  de  plus  magnifique  que  la  figure  de 
kl  jeune  femme,  vue  de  dos,  qui  élève  en  l'air  les  deux  bras  dans  l'action 
de  la  prière  ;  rien  de  plus  touchant  que  la  mère  qui  montre  à  son  enfant 
à  joindre  ses  deux  petites  mains  pour  prier  avec  elle,  comme  si  elle  avait 
plus  de  confiance  dans  la  prière  de  son  enfant  que  dans  la  sienne  propre. 

Od  voit  que  Raphaël,  par  ces  scènes  simples  et  naïves,  a  voulu  combi- 
ner Taction  de  l'arrière-plan  avec  celle  du  premier,  dont  les  groupes  sont 
merveilleusement  liés  entre  eux.  Effrayée,  épouvantée  par  le  spectacle 
terrible  de  l'incendie,  à  gauche^  une  mère  agenouillée  serre  son  enfant 
eontre  elle-même^  tandis  qu'une  autre,  troublée  et  craintive,  fait  marcher 
ses  deux  enfants  devant  elle  dans  la  direction  des  gens  qui  s'enfuient. 
Rsiphaêl  a  Jndiqué  d\ine  manière  admirable,  dans  ces  deux  enfants,  la 
différence  des  sexes;  le  plus  âgé,  qui  est  une  fille,  pose  ses  mains,  par  un 
sentiment  de  pudeur^  sur  sa  poitrine  en  écoutant  les  paroles  de  sa  mère, 
tandis  que  l'autre,  qui  est  un  garçon,  se  tient  la  tête  en  criant.  A  droite, 
ce  sont  des  hommes  et  des  femmes  qui  essayent  de  combattre  l'incendie; 
il  faut  remarquer  surtout  la  femme  qui  présente  à  un  jeune  homme  deux 
Tases  remplis  d'eau  :  son  vêtement  bleu,  vivement  agité  par  le  vent,  fait 
admirablement  ressortir  les  contours  de  son  beau  corps.  La  plus  célèbre 
de  toutes  ces  figures  est  celle  qui  porte  un  vase  plein  d'eau  sur  la  tête  en 
descendant  les  degrés  d'un  escalier.  Tout  le  monde  connaît  la  beauté  de 
aes  formes  majestueuses,  si  accusées  par  le  mouvement  des  draperies. 

Raphaël  a  montré,  dans  cette  fresque,  qu'il  était  un  maître  accompli. 
L'intérêt  dramatique  du  sujet,  la  beauté  de  la  composition,  l'exécution 
magistrale  de  la  peinture,  surtout  dans  la  partie  droite  du  tableau,  placent 
rincendié  du  Bourg  au  premier  rang  de  ses  ouvrages.  Mais,  dans  le  dessin 
du  DU,  il  s'est  davantage  laissé  entraîner  par  la  tendance  que  manifestait 
alors  Michel-Ange, de  représenter  un  certain  idéal,  qui  consiste  dans 
l'exagération  des  formes  humaines  plutôt  que  dans  une  étude  sévère  des 
modèles  divers  de  la  nature.  Or,  comme  il  ne  possédait  pas,  il  faut  l'avouer, 
les  profondes  connaissances  anatomiques  ni  le  style  grandiose  de  son 
puissant  rival,  qualités  qui,  aux  yeux  de  ce  dei'nier,  étaient  les  vrais 
caractères  de  l'art,  nous  devons,  à  certains  égards,  nous  associer  à  l'opi* 
nton  de  Vasari,  quand  il  dit  :  «  Si  Raphaël  avait  voulu  rester  dans  la  voie 
où  il  était  entré  avec  ses  Sibylles  de  S.  Maria  délia  Pace,  s'il  n'eût  pas 
cherché  depuis  à  changer  sa  manière  et  à  la  rendre  plus  grandiose^  afin 


9 


h 


^ 


* 


160  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

de  montrer  qu'il  avait  la  science  du  nu  à  l'égal  de  Michel-Ange,  il  n'au- 
rait rien  perdu  de  l'immense  gloire  qu'il  s'était  acquise;  car,  quoique  les 
figures  nues  qu'il  peignit  dans  ilncendie  du  Bourg  soient  bonnes,  on  ne 
saurait  cependant  les  trouver  excellentes  sous  tous  les  rapports.  »  Si  dur 
que  puisse  paraître  ce  jugement,  puisque  les  figures  de  l'Incendie  du 
Bourg  doivent  être  considérées  comme  des  chefs-d'œuvre ,  il  faut  recon- 
naître cependant  que  Raphaël,  qui  avait  au  plus  haut  degré  la  faculté  de 
saisir  et  de  rendre  ce  qu'il  y  a  de  caractéristique  et  de  particulier  dans 
les  formes  avec  plus  de  finesse  et  de  sévérité  à  la  fois  qu'aucun  au  Ire 
artiste  de  son  temps,  aurait  encore  mieux  réussi  à  peindre  le  nu  dans 
l'Incendie  du  Bourg,  s'il  était  resté  fidèle  à  son  génie  propre,  au  lieu  de 
se  laisser  aveuglément  entraîner  vers  les  principes  de  l'art  de  Michel- 
Ange.  Cette  réflexion  prend  encore  plus  de  valeur  et  d'autorité,  si  nous 
examinons  les  études  que  Raphaël  avait  faites  pour  l'homme  qui  porte 
son  vieux  père  et  pour  celui  qui  se  laisse  glisser  le  long  du  mur,  études 
qui  sont  d'une  beauté  et  d*une  vérité  pleines  de  caractère,  qui  trahissent 
un  sentiment  si  exquis  de  l'art  du  dessin ,  et  qui  n'ont  peut-être  d'ana- 
logie qu'avec  les  meilleurs  ouvrages  de  la  sculpture  antique.  Si  donc 
Raphaël  avait  conservé  dans  ses  peintures  des  Stanzes  ce  que  nous  appe- 
lons son  art,  et  ce  qui  était  une  intime  et  fidèle  imitation  de  la  nature 
dans  sa  prodigieuse  variété,  il  ne  serait  comparable  à  aucun  artiste,  de 
même  que  Michel-Ange  restera  incomparable  dans  le  grandiose  qui  lui 
est  propre,  et,  comme  il  dit  lui-même,  dans  son  art.  Nous  croyons  avoir 
ainsi  rendu  justice  à  chacun  de  ces  deux  beaux  génies,  et  nous  voudrions 
pouvoir  terminer,  par  ce  jugement,  un  débat  qui  existe  dans  la  critique 
de  l'art  depuis  les  temps  de  Vasari  et  qui  est  encore  aussi  actif  de 
nos  jours. 

Gravures  d'après  la  fresque,  par  un  ancien  anonyme  italien,  du  côté  opposé, 
grande  feuille.  Bartsch,  t.  XV,  p.  23,  n*  6.  Secondes  épreuves  de  1545,  retouchées 
par  Ph.  Thomassin,  1610.  —  Franc.  Aquila  pour  ses  Pxciwrœ^  etc.  —  Paolo  Fidanza, 
grande  feuille  à  l'eau-forte.  —  Joh.  Yolpato,  gr.  in-fol.  en  largeur.  —  Glus.  Mo- 
chetti,  pet.  in-fol.  en  largeur.  —  Landon,  n°  310. 

Gravures  d'après  quelques  parties  de  cette  peinture. 

a.)  Le  groupe  de  l'homme  portant  son  vieux  père  et  accompagné  de  son  fils, 
sous  le  titre  d'Énée  portant  son  père  Anchise  avec  le  petit  Ascanius,  par  J.  Cara- 
glio.  Bartsch,  t.  XY,  p.  94,  n"  60. 

b.)  Le  même  groupe,  par  Michèle  Lucchese. 

c.)  Le  même  groupe,  par  un  ancien  maître  allemand  qui  était  en  Italie.  H.  8"  ; 
1. 6"  3'". 

d.)  Le  même  groupe,  du  côté  opposé  ;  l'enfant  seulement  au  trait.  Picart.  Rus. 
exe,  in-8. 

e.)  Le  même  groupe,  avec  la  vieille  femme,  le  jeune  homme  qui  descend  du 
mur  et  la  mère  qui  cherche  à  sauver  son  enfant,  d'après  un  petit  tableau  que 
possédait  Sandrart,  et  qu'il  a  décrit  dans  son  Aceademia  ledeaea,  Joh.  Jac  de  San- 
Urart  del.  et  scnlp.  Norimb.,  1683,  in-ful. 


EXKCUTÉES  A  HOME  SOUS  LÉON  X.  i61 

f.)  L'homme  qui  s'efforce  d'atteindre  à  l'enfant  que  lui  présente  la  mère.  Du 
fôlé  opposé,  tourné  à  droite.  Gravure  sur  bois  au  clair  obscur.  H.  5"  6";  I.  3"  3'". 

§.]  Deux  petites  feuilles  in-8,  par  Joh.  Bischof,  nommé  Episcopus,  avec  la 
femme  qui  porte  un  vase  plein  d'eau. 

*.)  L'homme  qui  porte  son  père,  à  l'eau-forte,  par  And.  Procaccini.  Du  côté 
opposé.  De  même  la  femme  qui  porte  un  vase.  Petit  in-fol. 

».)  L'homme  qui  porte  son  père.  Gravé  par  C.  Bloemart.  Petit  in-fol. 

/.}  Groupe  des  trois  femmes,  avec  l'enfant  à  genoux  au  milieu  du  premier  plan. 
Par  un  anonyme  du  dix-septième  siècle.  Du  côté  opposé,  c'est-à-dire  la  femme 
igenouillée  à  droite.  H.  10"  ;  1.  8"  10"'. 

Études  pour  cette  peinture. 

a.)  Deux  des  femmes  avec  renfant  à  genoux.  Esquisse  à  la  sanguine^ 
dans  la  collection  Albertine ,  à  Vienne. 

Gravée  par  A.  Bartsch.  —  Lithogr.  par  Fendi. 

6.)  Le  jeune  homme  qui  glisse  le  long  d'un  mur.  Étude  à  la  sanguine^ 
dans  la  même  collection. 

e.)  L'homme  qui  porte  son  père.  Étude  à  la  sanguine,  dans  la  même 
collection. 

Lithogr.  par  J.  Pilizotti. 

d.)  La  femme  qui  porte  un  vase,  vêtue.  Esquisse  à  la  sanguine,  dans  la 
collection  de  Florence. 

e.)  La  même  figure,  mais  nue.  Étude  à  la  sanguine,  contre-épreuve  à 
l'Académie  de  Dusseldorf.  Lithogr.  par  Mosler.  Le  dessin  de  la  même 
figure  au  bistre,  sorti  des  collections  D*^  Mead,  A.  Pont  et  Dimsdale,  lequel 
est  actuellement  à  Oxford,  ne  paraît  pas  authentique. 

iil.  La  Victoi?*e  remportée  sur  les  Sarrasins. 

Non  loin  de  l'embouchure  du  Tibre,  près  d'Ostie,  le  pape  Léon  IV  (sous 
les  traits  de  Léon  X)  est  assis  sur  des  débris  d'architecture  antique.  Il 
lève  les  regards  et  les  mains  vers  le  ciel,  pour  le  remercier  de  son  inter- 
vention, tandis  qtje  des  prisonniers  sarrasins,  au  milieu  du  désordre  de  la 
mêlée,  sont  amenés  par  des  soldats  qui  les  forcent  à  se  prosterner  devant 
le  chef  de  TÊglise.  Adroite,  deux  Sarrasins  sortent  d'une  barque,  et  des 
soldats  les  saisissent  par  la  barbe  et  par  les  cheveux;  d'autres  captifs  sont 
garrottés  et  couchés  à  terre.  Un  cortège  de  chrétiens,  précédé  d'un  porte- 
croix,  arrivent  de  la  ville  pour  présenter  leurs  félicitations  au  pape, 
derrière  lequel  on  reconnaît  le  cardinal  Giulio  de  Médicis  et  le  cardinal 
de  S.  Maria  in  Portico  ou  da  Bibieiia.  Dans  le  lointain,  le  combat  continue 
sur  les  vaisseaux  et  dans  le  port. 

Cette  peinture,  à  cause  du  voisinage  d'une  cheminée  placée  au-dessous 
d'elle,  a  plus  souffert  que  les  autres  ;  elle  a  été  d'ailleurs  fortement  re- 
peinte, ce  qui  fait  que  l'on  serait  en  peine  de  foi*muler  un  jugement  tant 
sur  son  exécution  que  sur  son  aspect  primitif.  Selon  Titli  {PiUurey  seul- 

II.  li 


163  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

iure,  etc.,  di  Roma,  468G^  p.  422)^  cette  fresque  aurait  été  exécutée  par 
Gaudenzio  Ferrari ,  nommé  il  Milane&e,  supposition  qui  ne  repose  sur 
aucun  document  contemporain. 

Gravures  :  Par  un  élève  de  Marc-Antoine.  Côté  opp.  in-fol.  en  larg..  Bartsch, 
t.  XV,  p.  34,  n*7.  —  A  l'eau-forte,  par  N.  Morant  et  L.  Dorigny,  1673,  grande 
feuille  in-fol.  en  largeur.  —  Ph.  Thomassin  (Tauriscus,  p.  303).  —  G.  AudraQ , 
sans  nom.  F.  exe.  avec  privilège  du  Roi;  pet.  in  fol.  en  largeur.  —  Franc.  Aquila, 
pour  ses  Pictwrœ,  etc.  —  Friquet,  à  l'eau-forte,  sans  cintre,  pet.  in-fol.  en  largeur. 
—  Aloisius  Fabri,  gr.  in-fol.  en  largeur.  —  Landon,  n*  410,  du  côté  opposé. 

Études  et  esquisses  pour  cette  peinture, 

a.)  Étude  à  la  sanguine ,  d'après  un  modèle  nu,  pour  le  chef  militaire 
qui  a  le  bras  étendu  auprès  du  pape.  Raphaël  envoya  ce  dessin  à  Albrecbt 
Durer;  actuellement^  il  se  trouve  dans  la  collection  Albertine»  à  Vienne. 

Gravé  par  Beckenkamm.  —  Lithogr.  par  Kriuhuber. 

b.)  Élude  d'après  nature  pour  deux  prisonniers^  à  la  pierre  noire.  Coll. 
d'Oxford. 

c.)  Deux  esquisses  à  la  plume  sur  une  même  feuille,  pour  des  soldats 
et  des  prisonniers.  Autrefois  dans  la  collection  Lawrence;  actuellement 
dans  la  collection  d'Oxford. 

Gravées  par  le  comte  de  Caylus. 

d,)  Un  dessin  très-soigné,  presque  entièrement  conforme  à  la  fresque» 
mais  qui  semble  être  la  copie  d'un  dessin  original  aujourd'hui  inconnu,  a 
été  acheté  par  Sam.  Woodburn,  de  Londres,  dans  la  vente  du  roi  de 
Hollande,  à  La  Haye,  en  1890. 

118.   Tauleaux  des  socles  dans  la  chambre  de  la  Torre  Borgia. 

Ils  consistent  en  six  figures  assises  représentant  des  personnages  célèbres^ 
qui  furent  dans  les  temps  les  protecteurs  de  TÉglise  romaine.  Ils  sont 
placés  entre  des  Hermès  tenant  des  inscriptions  en  l'honneur  de  chacun 
d'eux.  Primitivement,  ces  figures  avaient  été  exécutées  par  Jules  Romain^ 
en  couleur  de  bronze  jaune,  vraisemblablement  d'après  ses  propres 
compositions  (Voy.  la  Vie  de  cet  artiste,  dans  Vasari);  mais,  comme  nous 
l'avons  dit,  ils  avaient  tellement  souffert,  que,  selon  le  rapport  publié 
par  Bellori,  lorsque  cette  chambre  fut  restaurée  par  Carlo  Maratti  et  ses 
élèves,  dans  les  années  1702  et  1703,  ces  figures  accessoires  ne  furent  pas 
seulement  repeintes,  mais  encore  on  fit  à  nouveau  deux  d'entre  elles, 
dont  il  ne  restait  plus  trace,  si  bien  qu'en  général  on  doit  les  considérer 
comme  des  ouvrages  de  Carlo  Maratti,  et  non  de  Raphaël  et  de  ses  élèves. 
Sous  le  Serment  de  Léon  III,  à  côté  de  la  fenêtre,  est  Constantin  le  Grand, 
avec  cette  inscription  :  Dei  non  hominis  est  episcopos  judicare.  Au-dessous 
du  Couronnement  de  Charlemague  se  trouve  la  figure  de  ce  prince,  avec 
cette  inscription  :  Carolus  magnus  Ro.  EccUsiœ  ensis  clypeusque.  Sous 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  \.  1Ô5 

flnceiHlie  du  Bourg  est  Godefroy^  duc  de  Bouillon^  avec  cette  inscription  : 
Kefas  est  ubi  rex  regum  Christus  spineam  coronam  tulit^  christianum 
hominem  auream  gestare.  Puis,  à  côté  de  lui,  Âstulf,  roi  de  la  Grande- 
Bretagne ,  avec  cette  inscription:  Aistulphus  rex  sub  Leone  111  Pont. 
Britanniam  becUo  Petro  vecligalem  facit.  Enfin,  au-dessous  de  la  Victoire 
reoiportée  sur  les  Sarrasins,  est  assis  Ferdinand  le  Catholique,  avec  celte 
ÎDScription  :  Ferdinandus  rex  catholicus  ckristiani  imperii  propagator. 
Vis-à-vis  est  Tempereur  Lothaire,  avec  cette  inscription^  :  Lotharus  imp. 
pontificiœ  libertatis  assertor.  Entre  ces  deux  dernières  figures  se  trouve 
actuellement  une  cheminée  ;  mais  autrefois  il  y  avait  la  figure  de  Pépin, 
ainsi  que  le  prouve  Tinscription  qui  existe  encore. 

Vasari ,  dans  la  Vie  de  Jules  Romain,  rapporte  que  ces  figures  furent 
exécutées  par  cet  élève  de  Raphaël  ;  «  Une  partie  de  cette  histoire,  dit-il, 
a  été  publiée  en  gravures,  il  n'y  a  pas  longtemps,  d'après  un  dessin  de  la 
maÎD  de  Giulio.  d  On  pourrait  conclure  de  là  qu'une  partie  d^  ces  figures 
furent  alors  gravées  ;  mais  aucune  estampe  qui  les  représente  ne  nous  est 
parvenue,  et  ce  passage  pourrait  bien  se  rapporter  à  une  ancienne  gravure 
de  l'Incendie  du  Bourg.  Montagnani  a  fait  reproduire  au  trait,  dans  son 
ouvrage^  toutes  les  figures  telles  qu'elles  sont  actuellement. 

Etudes  pour  ces  peintures. 

L'esquisse  pour  la  figure  de  Lothaire  est  dans  le  musée  Wicar  à  Lille. 
Fac-similé  par  Wacquez,  pour  l'ouvrage  du  duc  de  Luynes. 

L'esquisse  pour  un  des  Hermès,  avec  un  bras  soulevé,  à  la  sanguine, 
in-foL,  se  trouve  dans  le  musée  Teyler,  à  Haarlem. 

119.  Petits  taMeaux  dans  les  embrasures  des  fenêtres. 

Dans  la  cbambre  de  la  Torre  Borgia.  ' 

a.)  Le  Christ  après  sa  résurrection  apparaît  à  ses  apôtres  au  bord  de  la 
mer  et  leur  ordonne  de  jeter  le  filet  au  côté  droit  de  la  barque,  etc.  (Évan- 
gile de  saint  Jean,  ch.  xxi).  On  voit  quatre  apôtres  et  saint  Pierre  qui  sont 
dans  la  barque;  le  Christ  est  debout  à  gauche.  Ce  petit  tableau  en  largeur 
est,  comme  les  autres,  peint  en  camaïeu  jaune  sur  brun  et  traité  très-ha- 
bilement et  très-largement. 

"   Ghavcres  :  Pietro  Santi  Bartoli,  parmi  les  14  feuilles  dédiées  à  Nie.  Simonelli. 
Do  côté  opposé.  —  De  môme,  dans  Landon,  n**  244. 

Dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne,  se  trouve  un  dessin  au  bistre 
d'après  cette  composition,  mais  qui  semble  être  une  copie  d'après  l'esquisse 
originale. 

Lithogr.  par  PilizoUi. 

b.)  «  Conduis  mon  troupeau.  »  Le  Christ,  à  gauche,  montre  de  la  main 
droite  les  brebis;  saint  Pierre  est  agenouillé  auprès  de  lui^  les  mains 


i6i  PEINTURES  DE  RAPHAËL 

jointes  et  tenant  les  clefs.  Parmi  les  onze  apôtres  qui  sont  du  côté  droit . 
le  troisième  enveloppé  d'un  large  manteau  est  vu  de  dos. 

Gravures  :  Le  Mattre  au  Dé.  Bartsch,  l.  XY,  p.  191,  n*>  11.  —  Copie,  du  côté  op- 
posé, avec  celle  inscription  :  Simon  iona;  dUigis  me plu4  kit.  etc.  —  A  l'eau-forle, 
par  Pietro  Santi  Bartoli,  parmi  les  14  feuilles  dédiées  à  Nie.  Simonelli.  —  Landon, 
n'243. 

c.)  Simon  le  Magicien  et  saint  Pierre  devant  Néron  (Baronius,  Annales^ 
t.  1).  Néron  est  assis  à  gauche,  ayant  un  jeune  homme  et  un  soldat  à  ses 
côtés;  saint  Pierre  est  debout  devant  lui.  Au  milieu,  saint  Pierre  se  trouve 
encore  une  fois,  tenant  les  clefs,  vu  de  lace.  A  droite,  Simon  le  Magicien 
vole  sur  un  nuage  lumineux,  et  deux  guerriers  éblouis  le  contemplent. 

Gravures  :  Du  côté  opposé,  parmi  les  14  feuilles  de  Petrus  Sanctus  Bariolas, 
dédiées  à  N.  Simonelli.  —  Landon,  n**  248. 

d.)  Domine,  quo  vadis.  —  Lorsque  saint  Pierre  persécuté  voulut  fuir  de 
Rome,  le  Christ  lui  apparut  chargé  de  la  croix,  allant  du  côté  de  la  ville; 
Tapôtre  lui  demanda  :  «  Seigneur,  où  vas-tu?  —  A  Rome,  pour  roc  faire 
crucifier  encore  une  fois.  »  Sur  quoi  saint  Pierre  rebroussa  chemin  et  alfa 
subir  le  martyre  (S.  Ambrosius,  dans  Baronius,  i^nn.  69).  Le  Christ  maixrhe 
vers  la  droite,  où  se  trouve  une  porte  de  la  ville,  de  laquelle  sortent  des 
soldats. 

Gravorbs  :  Giulio  Bonasone,  in-fol.  en  largeur.  Barlsch,  t.  XV,  p.  119,  n"*  41. 
—  Martino  Rota,  15G8,  in-fol.  en  largeur.  Barlsch,  t.  XVI,  p.  250,  u«  6.  — 
Joh.  Bapl.  de  Cavaleriis,  1569,  in-foi.  en  largeur.  Yoy.  le  monogramme  dans 
BruIliol,n*8B5.  — A  l'eau-forlc,  du  côté  opposé,  par  Pietro  Santi  Bartoli,  parmi 
les  14  feuilles  dédiées  à  Nie.  Simonelli.  —  Landon,  n**  245. 

120.  Le  Chist  et  les  Apôtres. 

Peintures  murales,  dans  la  Sala  veochia  de*  Palafreiiieri. 

Nous  avons  déjà  dit  dans  notre  histoire  de  Raphaël  qu'il  ne  restait  plus 
rien  de  la  composition  primitive  de  ces  figures  peintes  à  la  terre  verte;  car, 
lors  de  la  restauration  que  leur  fit  subir  Taddeo  Zucchero,  elles  ne  furent 
pas  seulement  repeintes,  mais  encore  elles  le  furent  fout  à  fait  dans  le 
goût  de  ce  dernier.  Les  animaux  qui  avaient  été  exécutés  par  Giovanni  da 
Udine  dans  la  frise  ont  aussi  complètement  disparu;  néanmoins,  au- 
dessus  de  la  porte  d'entrée,  on  voit  encore  un  Saint  Jean-Baptiste  enfant, 
peint  en  grisaille ,  aux  côtés  duquel  sont  perchés  deux  perroquets  qui 
pourraient  bien  être  un  reste  de  la  peinture  de  Télève  de  Raphaël.  Yoy. 
dans  Vnsari  la  Vie  de  Giovanni  da  Udine,  ainsi  que  la  Descrizione  del 
palazzo  Vaticano,  de  Taja  (p.  1 18),  et  les  Dialoghi  sopra  le  Belle  Arti,  de 
Bottari  (p.  309). 

'11  en  est  de  même  des  figures  d'Apôtres  peintes  à  fiesque  sur  les  piliers 
de  réglise  SS.  Yincenzo  et  Anastasio  aile  Ire  FontanCy  près  de  la  basilique 
de  Saint-Paul  hors  des  murs.  Ces  ligures  sont  tellement  gâtées  par  des 


EXÉCUTÉES  A  ROME  SOUS  LÉON  X.  i05 

barbouilleurs,  que  Ton  peut  à  peine  reconnaître  qu'elles  ont  (Jfi  être  faites 
d'après  les  gravures  de  Marc-Antoine  ;  car  il  ne  paraît  pas  supposable, 
malgré  une  opinion  très-accréditée,  que  Raphaël  ou  un  de  ses  élèves  ait 
exécuté  ces  peintures.  En  tous  cas,  le  Baptême  du  Christ  et  le  Christ 
apparaissant  à  sainte  Madeleine,  sujets  représentés  sur  les  deux  derniers 
piliers,  sont  d'une  époque  évidemment  postérieure,  et  en  tout  point  mé- 
diocres. Quant  à  l'Apôtre  saint  Paul,  il  est  pris  de  la  composition  de  Ra- 
phaël dite  des  Cinq  Saints,  gravée  par  Marc-Antoine.  Au  sujet  de  la  suite 
des  treize  gravures  de  Marc-Antoine,  représentant  le  Christ  et  les  douze 
apolres,  le  Mercure  allemand  de  1791  contient  des  réflexions  qui  méritent 
d'être  citées  à  cause  du  nom  de  leur  auteur  illustre,  Goethe  :  «  Raphaël 
conçut  ridée  de  représenter  dignement  le  divin  Maître  avec  ses  douze 
premiers  disciples,  qui,  exclusivement  attachés  à  sa  personne  et  à  sa 
parole,  couronnèrent,  la  plupart,  leur  apostolat  par  le  martyre.  Cette 
idée,  il  l'a  mise  à  exécution  avec  une  telle  simplicité,  une  telle  variété, 
avec  tant  d'âme,  avec  tant  de  sentiment  de  l'art,  que  nous  pouvons  consi- 
dérer les  estampes  qui  nous  ont  conservé  ses  compositions  comme  un  des 
plus  beaux  monuments  de  son  heureux  passage  sur  la  terre.  Raphaël  a  mis 
en  œuvre,  de  la  manière  la  plus  délicate,  ce  que  les  Évangiles  et  la  tradi- 
tion nous  ont  appris  des  apôtres,  de  leur  caractère,  de  leur  état,  de  leurs 
habitudes,  de  leur  existence  et  de  leur  mort,  et  il  a  ci*éé  ainsi  une  suite 
de  figures  admirables  qui,  sans  se  ressembler,  ont  ceiiendant  entre  elles 
une  étroite  liaison,  d 

Dessins, 

Selon  le  Catalogue  de  la  collection  du  cardinal  Maria  Grimani ,  qui  le 
rédigea  lui-même  à  Venise  eu  1526 ,  il  aurait  possédé  les  dessins  du  Christ 
et  des  douze  apôtres  par  Raphaël.  Ces  dessins  étaient  apparemment  à  la 
sanguine ,  car  la  plupart  des  copies  que  nous  avons  vues  d'après  cette 
suite  originale  sont  exécutées  de  la  sorte,  entre  autres  celles  qu*on  con- 
serve à  Cbatsworth  et  à  Florence. 

Gravures  :  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*"  64-76.—  Copies  sans  numéros. 
B.,  p.  79.  —  Copie  du  Christ;  côté  opposé.  B.  n<>  77.~  Copie  du  Saint  Pierre.  B., 
n*l8.  Par  Marco  da  Ravenna.  Du  côté  opposé.  Bartscb,  t.  XIV,  n"  79-91.  —  Lucas 
Ciamberlano,  apud  Pctrnm  JtepbanoniuiD,  1614, 14feuill.,pet.  in-fol.  — Gravures 
sur  buis  en  clair-obscur,  par  un  ancien  Italien.  —  Les  mêmes,  imprimés  en  noir, 
avec  les  noms  des  apôtres.  Feuille  du  Christ:  Haut..,  11"  3"';  larg.,7"  0'".  Feuilles 
«les  apôtres  :  Haut.,  10"  9'";  larg.,  6"  3'".  —  Pb.  Thomassin,  presso  JacomoRossi, 
1616.  Raphaël  Urbinag  inventât^  quat  ob  longitudinem  temporit  talit  eonsumplai. 
14  feuilles  pet.  in-fol.  —  14  feuiUes  in-24.  Visher  exe.  Les  mêmes,  avec  F.  de 
WiUe  exe.  —  13  feuilles  de  Secundus  Biancbi;  les  figures  sont  posées  sur  des 
piédestaux,  in-fol.— J.  P.  Langer,  1801,  à  l'eau-forte,  d'après  Marc-Antoine,  in-8. 
-Perd.  Ruschweyb,  d'après  Marc-Antoine,  pet.  in-fol.—  Pflugfelder  se,  13  fcuill. 
in-i—  Marchand,  à  Paris,  au  trait.  —  Landon,  n"  286-289. 


iQC  PEINTUitES  DE  RAPHAËL. 

LES  LOGES  DU  VATICAN. 

Cette  galerie  supérieure,  ouverte  d'un  côté,  espèce  de  corridor  condui- 
sant de  Tescalier  du  second  étage  h  la  salle  de  Constantin  et  aux  Stanze,  se 
compose  de  treize  compartiments  ou  loges  {loggie)  h  petites  coupoles  ; 
celui  du  milieu  contient,  à  sa  clef  de  voùle,  les  armes  de  Léon  X;  les  au- 
tres une  Victoire  ou  un  Génie  tenant  un  joug  sur  les  épaules.  Ce  joug,  qui 
est  l'emblème  que  Léon  X  adopta  en  1512,  lorsqu'il  fut  réintégré  dans  le 
gouvernement  de  Florence,  fait  allusion  à  ces  paroles  du  Christ  :  a  Mon 
joug  est  doux  et  mon  fardeau  est  léger.  »  Les  quatre  côtés  de  chaque 
coupole  sont  peints  à  fresque  et  présentent  quatre  tableaux  carrés.  Qua- 
rante-huit de  ces  tableaux  sont  des  sujets  tirés  du  Vieux  Testament;  les 
quatre  derniers  sont  empruntés  au  Nouveau.  On  les  nomme  habituelle- 
ment la  Bible  de  Raphaël.  De  riches  ornements  en  couleurs  et  en  stuc 
encadrent  les  tableaux  ainsi  que  les  pilastres  sur  toutes  leurs  faces;  l'en- 
tourage des  fenêtres,  qui  donnent  sur  le  corridor,  est  orné  de  fleurs  et 
de  guirlandes  de  fruits  également  en  fresque;  au-dessous  de  ces  fenêtres, 
il  y  a  encore  d'autres  sujets  de  Ja  Bible,  imitant  des  bas-reliefs  de  bronze 
doré  et  se  rapportant  aux  sujets  peints  dans  les  coupoles.  Tous  ces  ta- 
bleaux et  tous  ces  ornements,  dont  ces  derniers  sont  en  partie  dans  le 
goût  grotesque  antique,  ont  été  peints  sous  la  direction  de  Raphaël  qui 
en  fit  les  esquisses  lui-même.  C'est  là  un  fait  non>seulément  attesté  par 
Vasari,  mais  encore  il  se  trouVfe  prouvé  par  beaucoup  de  dessins  du 
maître,  encore  existants,  qui  se  rapportent  aux  tableaux  et  aux  ornements 
des  Loges.  Ces  ornements  occupent  même  une  place  tout  à  fait  supérieure 
dans  l'œuvre  de  Raphaël ,  par  la  grâce  et  la  richesse  de  fantaisie  qui  les 
caractérisent,  et  les  élèves  les  plus  distingués  de  Raphaël  n'ont  jamais  été 
capables  de  l'égaler  en  ce  genre  de  composition  :  ce  qui  est  assez  visible 
quand  on  compare  ces  esquisses  avec  les  ornements  de  la  salle  Borgia  et 
du  vestibule  de  la  villa  Madama,  que  Jules  Romain,  Perino  del  Vaga  et 
Giovanni  da  Udine  ont  décorés  de  leur  mieux  en  s'eflbrçant  d'imiter  leur 
maître. 

On  a  souvent  prétendu  que  Raphaël  avait  copié  les  ornements  des  Loges 
du  Vatican  d'après  des  modèles  antiques  ;  mais  on  ne  saurait  adopter  en 
partie  cette  opinion  qu'avec  une  extrême  réserve,  car,  lors  même  qu'il 
aurait  emprunté  à  des  monuments  de  l'ancienne  Rome  le  caractère  général 
de  l'ornementation  et  quelquefois  des  parties  de  détails ,  et  notamment 
certains  ouvrages  de  stuc,  il  faut  cependant  convenir  que  la  plupart  des 
autres  ornements,  dont  il  a  fait  usage  avec  tant  de  caprice  et  d'abondance, 
sont  très-différents  du  type  antique,  avec  lequel  il  a  pu  se  rencontrer  quel- 
quefois par  hasard,  le  goût  du  beau  étant  le  principal  guide  de  son  ima- 
gination inépuisable. 


LES  LOGES  DU  VATICAN.  407 

Quant  à  raccusation  qui  reproché  à  Raphaël  d'avoir  été  le  plagiaire 
et  le  destructeur  des  peintures  antiques ,  elle  ne  mérite  pas  qu'on  la 
réfute^  car  elle  ne  repose  que  sur  un  passage  mal  compris  du  livre  de 
Serlio.  Platner  en  a  déjà  fait  justice  dans  sa  Description  de  la  ville  de  Rome 
(t.JI,  p.  303-305  ^),  et  cet  écrivain  a  prouvé,  en  même  temps,  que  les  gro- 
tesques insigniKants  décrits  par  Vitruve  n'ont  pas  le  moindre  rapport  avec 
ceux  de  Raphaël,  qui  employait  ces  ornements  toujours  pour  accompa- 
gner des  sujets  principaux  avec  lesquels  ils  ont  presque  constamment  une 
espèce  de  corrélation,  ainsi  que  nous  nous  sommes  efforcé  de  le  démon- 
trer dans  notre  histoire  du  peintre  d'Urbin. 

Pour  les  tableaux  des  Loges,  Raphaël  ne  fit  que  de  petites  esquisses  lé- 
gèrement lavées  à  la  sépia,  et  il  abandonna  l'exécution  des  peintures 
à  ses  élèves  sous  la  direction  de  Jules  Romain.  Ce  fut  ce  dernier  qui  dessina 
tous  les  cartons  pour  les  tableaux,  et  il  peignit  également  la  première  cou- 
pole pour  servir  de  modèle  aux  autres.  On  reconnaît  encore  aujourd'hui 
dans  les  quatre  premiers  tableaux  sa  manière  de  faire,  mais  nous  n*avons 
que  des  renseignements  contradictoires  sur  les  artistes  qui  ont  peint  les 
autres  tableaux.'Vasari  nomme  Francesco  Penni,  Pellegrino  da  Modena, 
Bartolomeo  da  Bagnacavallo,  Vincenzo  da  San  Geminiano,  Polidoro  da 
Caravaggio  et  Perino  dei  Vaga ,  auxquels  Titti ,  dans  sa  Pitture ,  etc., 
di  Borna  (1674,  p.  427),  ajoute  encore  Gaudenzio  Ferrari,  —  et  Taja,  dans 
sa  Descrizione,  etc.  (1750),  Rafaello  del  Colle.;  mais  nous  sommes  jusqu'à 
présent  sans  aucun  document  historique  qui  nous  éclaire  sur  la  part  qui 
revient  à  chacun  de  ces  artistes  dans  la  décoration  des  Loges,  et,  comme 
Vasari  lui-même  parait  fort  embarrassé  pour  se  prononcer  dans  la  ques- 
tion, comme,  d'ailleurs,  il  s'est  maintes  fois  trompé,  il  nous  est  impossible 
de  tirera  clair  cette  question  enveloppée  de  ténèbres.  L'incertitude,  à  cet 
égard,  est  même  d'autant  plus  grande  que,  malgré  l'inégalité  de  ces  pein- 
tures entre  elles,  le  génie  de  Raphaël  brille  partout  dans  les  [ftirties  prin- 
cipales, et  ses  élèves,  à  l'exception  de  Jules  Romain,  n'ont  imprimé  nulle 
part  le  cachet  de  leur  individuaUlé,  soit  dans  la  conception,  soit  dans  l'exé- 
cution. La  plupart  de  ces  scènes  bibliques  sont  vraiment  admirables,  car 
elles  représentent  les  événements,  en  traits  larges  et  simples  à  la  fois,  d'une 
manière  idéale.  On  est  ravi  de  l'ampleur  des  ligures  et  des  groupes,  de  la 
belle  disposition  des  draperies  et  de  l'aspect  charmant  des  étoffes,  lesquelles 
semblent  lutter  de  richesse  avec  les  ornements  dont  elles  sont  entourées 
et  produisent  l'effet  le  plus  harmonieux  et  le  plus  magique.  Et  si  l'exécu- 
tion partielle  de  ces  tableaux  n'est  pas  toujours  à  la  même  hauteur  de 

\ .  Comparez  :  Le  antiche  camere  délie  Terme  di  Tito  e  le  loro  pilture  reetUuite  al 
jmbblieo,  dei.,  inc.  e  dip.,  descritte  da  Gius.  Carletti.  Roma,  1776,  in-fol.  Il  faut  remarquer 
que  le  dessin  des  figures  dans  cet  ouvrage  est  plus  soigné  que  dans  les  peintures  originaleS| 
qui  sont  traitées  décoraticement. 


168  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

perfection  9  ils  forment  cependant  un  ensemble  admirable  qui  témoigne 
avec  éclat  de  l'élévation  de  Tart  et  de  la  délicatesse  du  goût  à  l'époque 
de  Léon  X. 

Raphaël  confia  l'exécution  des  ornements  eu  couleurs  et  en  stuc  à  Gio- 
vanni daUdine  qui  avait  un  talent  particulier  et  une  expérience  consommée 
pour  ce  genre  de  travail.  Giovanni  n'était  pas  seulement  fort  amoureux  de 
la  fantaisie  qui  préside  à  la  composition  et  à  la  peinture  des  grotesques, 
mais  il  avait  encore  réussi^  après  un  grand  nomBre  d'essais,  à  composer, 
avec  un  mélange  de  marbre  et  de  chaux  piles,  un  nouveau  stuc  qui  éga- 
lait en  (inesse,  en  dureté  et  en  blancheur,  les  plus  beaux  spécimens  du 
stucage  de  l'Antiquité.  On  peut  supposer  que  Raphaël  lui  laissa  souvent  le 
soin  de  traduire  et  de  compléter  les  esquisses  qu'il  avait  préparées  lui- 
même  pour  la  décoration  générale  des  Loges  :  car,  dans  les  ornements 
peints  qui  devaient  décorer  les  pilastres,  Giovanni  da  Udine  se  servit  sou- 
vent des  études  approfondies  qu'il  avait  faites  d'après  nature  dans  les  deux 
règnes  animal  et  végétal. 

A  cet  artiste  fut  adjoint  Perino  del  Vaga,  auquel  Vasari  attribue  spécia- 
.  lement  les  douze  tableaux  des  socles  en  couleur  de  bronze.  Malheureuse- 
ment ces  peinture^,  ainsi  que  toutes  celles  des  plinthes  de  la  galerie,  ont 
beaucoup  souffert  par  suite  du  vandalisme  des  visiteurs  qui  y  gravaient 
leurs  noms ,  et  même,  sans  le  secours  des  anciennes  gravures  de  Pietro 
Santi  Bartoli,  il  serait  aujourd'hui  impossible  déjuger  ce  qu'elles  ont  pu 
être. 

Avant  de  passer  à  la  description  particulière  des  tableaux ,  nous  don- 
nerons ici  la  nomenclature  des  recueils  de  gravures  dans  lesquelles  on  a 
reproduit  toutes  les  peintures  des  Loges  du  Vatican.  Quant  aux  gravures 
séparées,  elles  seront  mentionnées  à  la  suite  de  chaque  sujet  qu'elles 
représentent. 

a.)  Hisi&iria  del  Testamenio  vecchio,  dipinta  in  Roma  nel  Vaticano  da 
Rafaelle  di  Urbino,  et  intagliata  in  rame,  da  S.  Badalocchio  [Sisto  Rosa) 
et  Gio.  Lanfranchi  Parmigiani.  Al  Sig.  Annibale  Garacci  (Roma,  appresso 
a  Gio.  Orlandi,  1607).  Cinquante  et  une  feuilles  et  un  titre;  gravures  spi- 
rituellement exécutées  à  l'eau-forte.  Les  quatre  dernières  feuilles  appar- 
tiennent à  l'histoire  du  Nouveau  Testament.  H.  4"  11'";  1.  6"  7'".  Bartsch, 
t.  XVIII,  p.  345  et  394.  —  La  seconde  édition  renferme,  après  le  titre, 
3  feuilles  de  texte  avec  une  dédicace  détaillée,  datée  du  \"  janvier  4607. 
Trois  planches  portent  la  date  d'août  1 605  ;  quatre  :  Excudit  Michael  Colyn. 
Amstelodami,  A""  1614;  cinq  :  Excudit  Ç.  J.  Visscher,  anno  1638.  Cette 
édition  a  trois  feuilles  de  plus  que  la  première,  pour  les  six  jours  de  la 
création,  avec  des  passages  extraits  de  la  Bible;  Dieu  le  Père  est  tou- 
jours représenté  par  une  auréole  triangulaire  avec  le  nom  de  Jéhovah  en 
lettrés  hébraïques. 


LES  LOGES  DU  VATICAN.  160 

Une  médiocre  copie  de  ce  recueil^  gravée  du  côté  opposé,  se  vendait, 
en  i66l,  à  la  ealcographie  de  la  Chambre  apostolique. 

6.)  Historiay  etc.,  comme  ci-dessus  jusqu'au  mot  Urbino  :  Al.  A/*  /W» 
Sig,  D,  Giuseppe  Bemagli  Giov.  Orlandi  DDD.  Au  bas  ;  Baldass.  Aloisi 
Bon.  fe.  —  Si  stampa  in  Roma,  appresso  Giov.  Orlandi,  1613.  Titre  et  cin- 
quante feuilles  avec  le  texte  de  la  Bible  (h.  5"  5"';  1.  6"  8"').  Du  côté  op- 
posé.  Le  premier  et  le  second  sujet  sont  transposés  comme  dans  les  se- 
condes épreuves  du  recueil  décrit  plus  haut. 

c.)  Les  cinquante-deux  sujets,  gravés  à  l'eau-torte,  par  Orazio  Borgiani, 
de  différentes  grandeurs,  eu  in-4  et  in-18,  en  largeur,  signés  H.  B.  1615. 
Les  quatre  premières  et  les  quatre  dernières  planches  sont  sexangulaires. 
Le  graveur  a  ajouté  un  petit  chien  dans  le  tableaif  de  la  Cène.  —  2«' 
épreuves  :  Gio,  Jacomo  Rossl  formis^  Romae,  alla  Pace,  etc.  Bartsch, 
I.XVU,  p.  316.  N"  1-52. 

d,)  La  sacra  Genesi  figurata  da  Rafaele  ^ Urbino ^  inlagliata  da  Fran- 
cesco  Vîllamena,  dedicata  ail,  etc.,  card.  Aldobrandino.  —  Roma,  appresso 
gli  beredl  del  d"*  Villamena ,  1626.  Dans  la  dédicace,  la  veuve  Cattarina 
Vîllamena  dit  que  son  mari  a  dessiné  complètement  les  cinquante-deux 
tableaux  des  Loges,  mais  que  la  mort  en  a  interrompu  la  gravure.  Vingt 
feuilles  avec  un  titre.  Les  quatre  premiers  sujets  et  les  quatre  derniers 
tirés  du  Nouveau  Testament  sont  sexangulaires,  in-4.  Les  trois  derniers, 
iQ-8,  ont  été  exécutés  d'après  les  tableaux  des  socles.  Villamena  voulait 
publier  64  feuilles.  — 2«»  épreuves  :  In  Roma,  appresso  Gio.  Batt.  di  Rossi 
Milanese,  1626.  —  3«"  épreuves  :  In  Roma,  presso  Carlo  Losi,  1773. 

«  )  Nie.  Chaperon.  54  feuilles  bien  gravées  à  l'eau-forte.  Frontispice 
offrant  le  buste  de  Raphaël  barbu,  avec  ce  titre  :  lUe  hic  est  Raphaël,  etc. 
bàtelia  Parisiorum  apud  P.  Mariette.LB,  seconde  feuille  représente  le  Pro- 
phète Isaîe  de  Raphaël,  à  S.  Agostino.  Sur  la  feuille  de  papier  qu'il  tient, 
on  Ut  :  Sacra  historiée  Acta  a  Raphaële  Urbin.  in  Vaticanis  Xistis  ad 
pielurœ  miraculum  expressa  Nicolaus  Chapron  Gallus  a  se  delineata  et 
indsa  DDD.  1649.  La  dédicace  sur  la  même  feuille  est  adressée  à  Aegi- 
dius  Renard.  H.  10";  1.  8"  2'".  Les  52  feuilles  sont  la  plupart  sexangulaires, 
^quelques-unes  carrées.  Du  côté  opposé.  Premières  épreuves  sans  l'adresse 
de  Mariette.  Le  marchand  d'estampes  Desnos  possédait  en  1782  les  cui- 
vres, moins  celui  d'Isaîe,  et  il  vendait  les  épreuves  au  prix  de  20  livres. 

/.)  Copies  un  peu  plus  petites.  50  feuilles.  H.  4"  8'".  Gravé  à  Paris  par 
A.  Aveline,  se  vend  chez  lui.  Avec  un  titre  français  et  le  texte  en  latin.  On 
y  a  encore  ajouté  trois  feuilles:  la  Mort  d'Abel,  le  Sacrifice  d'Abraham  et 
Samson  sous  les  ruines,  mais  ces  compositions  ne  sont  pas  de  Raphaël. 

9.)  A  l'eau-forte,  par  Pietro  Aquila  et  Cesare  Fantelii.  55  feuilles. 
H.  \r  8'";  1.  15''  11"'.  La  première  feuille,  avec  le  portrait  de  la  reine 
Christinp  de  Suède  et  une  dédicace  de  Gio.  Giacomo  Rossi.  La  seconde 


no  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

feuille  avec  le  portrait  de  Raphaël  et  un  entourage  de  Carlo  MaratU,  1674. 
Les  52  feuilles^ n*  1-36  et  43-47,  par  Fantetti;  les  autres,  par  Aquila.La 
dernière  feuille,  avec  le  Prophète  Isaie,  par  G.  Fantetti,  1675. 

h,)  La  collêzionê  intera  dei  52  quadri,  etc.,  disegnaie  da  PUtro  Barto^ 
lozzi  ed  intagliate  da  Seconda  Bianehi.  Les  13  premières  planches  ont  été 
gravées  par  Gio.  Volpato.  In-fol.  en  largeur. 

t.)  Picturœ  peristyli  Vatioani,  etc.  Avec  une  dédicace  à  Pie  VI,  par 
Montagnani.  Sur  le  bord  :  Venit  Romae,  apud  Petrum  et  Paubim  Monta- 
gnani,  1790.  53  feuilles.  H.  8"  8'";  1.  10"  avec  une  bordure.  Dessiné  par 
Luigi  Cunego,  Giov.  Petrini,  Giroi.  Carattoni,  G.  Morghen,  Mochetti,  Pozii, 
Gecchini,  Bossi  et  autres  maîtres.  Secondes  épreuves  de  1795. 

k.)  Faible  gravure  française  par  un  anonyme  dans  la  :  Bibliorum  saero- 
rum  lalinœ  versiones  antiquœ,  etc.  (Remis,  1743.  3  vol.). 

/.)  Les  Loges  du  f^atican^  peintes  par  Raphaël,  contenant  52  sujets  avec 
le  texte  explicatif  de  la  Bible.  !n-4.  Chez  David,  graveur,  et  chez  Treuttel  et 
Wurtz  {Journal  génér.  de  la  littér.  de  France,  1808,  p.  60.). 

m.)  Collection  de  52  fresques  du  Vatican^  connues  sous  U  nom  de  Logei 
de  Raphaël,  Ouvrage  dédié  à  M.  le  duc  de  Bordeaux,  sous  la  direction  de 
Castel  de  Courval;  52  pi.  lithog.  et  texte  explicatif.  Pans.  4825,  in-fol.  en 
largeur. 

n.)  Jos.  Charles  de  Meulemestre,  les  Loges  de  Raphaël,  en  52  feuilles. 
A  Paris,  1828,  chez  Gide  et  J.  Baudry,  et  à  Bruxelles,  chez  A.  Lacrosse. 
Cet  ouvrage  a  paru  par  livraisons  contenant  chacune  4  planches  avec  texte. 
Le  graveur  avait  dessiné  lui-même  les  tableaux  pendant  un  séjour  de  douze 
ans  à  Rome.  Cette  publication  fut  très-protégée  par  le  roi  des  Pays-Bas, 
mais  l'artiste  étant  mort  en  1826,  il  n'a  publié  de  ce  recueil  que  les  huit' 
premières  livraisons,  dont  deux  avec  des  épreuves  coloriées.  L'ouvrage 
a  été  terminé  sous  la  direction  de  M.  L.  Calamatta  et  accompagné  d'un 
texte  par  le  baron  de  Reiffenberg.  Paris,  1845,  gr.  in-fol. 

0.)  52  feuilles,  gravées  par  Carlo  Lasinio  d'après  les  dessins  de  Luca 
Comparini. 

p.)  Les  cinquante-deux  sujets  gravés  par  Alex.  Mochetti  et  Jacobus  Bossi. 
Chez  Agapio  Franzetti,  à  Rome. 

q,)  Loggie  di  Rafaele  nel  Vaticano,  gravé  par  Joh.  Volpato  et  Joh.  Otta- 
viani,  d'après  les  dessins  de  G.  Savorelli  et  P.  Caroporesi.  Roma,  presso 
Marco  Pagliarini,  1782.  43  feuillesgr.  in-fol.  L'ouvrage  a  été  publiéentrois 
livraisons.  Première  livraison  :  14  feuilles  représentant  l'ornementation  des 
pilastres,  à  raison  de  deux  planches  pour  chaque  pilastre,  une  feuille  avec 
la  coupe,  sur  toute  la  longueur  des  Loges,  gravée  par  Joh.  Ottaviani; 
.  2  feuilles  des  portes  des  Loges  et  de  leur  vue  perspective,  gravées  par 
J.  Volpato.  En  tout  18  feuilles.  —  2<'  livraison,  avec  le  titre  :  Seconda  parte 
délie  Loggie  di  Rafaele  nel  Vaticano,  che  contiene  XUl  volte  ed  i  loro 


LES  LOGES  DU  VATICAN.  171 

rispettivi  quadriy  jmblicata  in  Roma  Vanno  1776,  gravée  par  Joh.  Otta- 
Tîani.  —  3*  livraison^  avec  ce  titre  :  Terxa  ed  ultima  parte  délie  Loggie  di 
Rafaele  nel  Vaticano,  ehe  contiene  il  compimento  degli  ornaii  e  dei  bassi-ri- 
lievi  antiehi  esistenti  nelle  Loggie  medesime,  Publicata  presso  Marco 
Pagltarini  a  Roma,  Vanno  4777.  12  feuilles  ;  2  arabesques  sont  gravées 
par  Joh.  Volpato;  toujours  2  feuilles  par  pilastre^  mais  5  ont  été  gravées 
d'après  les  ornements  des  bordures  des  tapisseries,  dans  les  années  1774  à 
1776;  ce  sont  :  les  Parques^  les  Vertus  théologales^  les  Saisons,  les  Globes 
célestes  et  terrestres  et  les  Heures  du  jour. 

r.)  25  feuilles  d'après  les  voûtes  ont  été  publiées  à  Paris,  en  1806,  à 
l'aquatinte  pour  être  coloriées.  Dans  le  bas,  on  a  indiqué  les  mesures  de 
Paris,  de  Londres  et  de  Rome.  Il  y  a  15  feuilles  avec  des  épisodes  bibli- 
ques, et  10  avec  les  ornements  qui  sont  au-dessus  des  fenêtres.  Grand 
în-fol.  en  largeur. 

«.)  Seripture  Prints,  edited  by  James  R,  Hop$,  Old  Testament  séries,  etc. 
Raph.  Sanctio  p.  N.  Consoni  deL  Lud,  Gruner  direxit.  Les  tableaux  du 
Vieui[  Testament  sont  ici  lithographies  à  la  manière  de  la  gravure  sur 
bois.  Londùny  Houlston  and  Stoneman,  etc.,  gr.  in-fol.  en  larg.  11  paraît 
toujours  6  planches  par  livraison. 

t.)  Les  Tableaux -de  Raphaël  pour  V  histoire  de  la  Bible  du  Vieux  Testa- 
ment,  avec  une  courte  explication  des  sujets.  Gravures  sur  acier,  in-fol.  en 
larg.  Prague,  1841.  Il  paraît  toujours  4  planches  par  livraison. 

ti.)  Galleria  biblica  di  Raffaelle  Sanzio  esistente  nelle  Loggie  del  Vati' 
cano,  i4  superbe  incisioni  in  rame  (au' trait,  avec  de  légères  indications 
d'ombres,  grav.  par  L.  Penna).  Torino,  1852,  in-fol. 

V.)  14  feuilles  avec  les  ornements  des  pilastres,  à  raison  de  2  feuilles 
par  pilastre,  les  portes  et  la  vue  perspective  des, Loges.  Gravées  par 
D.  S.  M.,  d'après  les  dessins  deChoffard.  Gr.  in-fol. 

U7.)  Loggie  del  Vaticano,  13  feuilles  des  ornements  des  pilastres  et  une 
feuille  frontispice  représentant  la  vue  perspective  des  Loges,  gravée  par 
F.  Rainaldi.  Antoni  exe.  Toujours  2  pilastres  sur  chaque  feuille,  gravée 
par  Carlo  Lasinio.  Gr.  in-fol. 

X.)  Les  mêmes,  26  dessins  représentant  Tornementation  des  pilastres 
sur  13  feuilles  in-fol.,  dessinées  par  Carlo  Lasinio,  avec  la  vue  intérieure 
des  Loges,  gravées  par  Glo.  Balzer.  Firenze,  presso  Nie.  Pagni. 

y.)  Huit  feuilles,  avec  14  pilastres,  la  vue  des  Loges  et  une  porte,  grav. 
par  Chereau,  1787. 

z.)  Miscellaneœ  Picturœ  vulgo  Grotesques  in  S.  palatiis  Vaticanis  a  Ra- 
phaële Urbinate  elaboratœ,  etc.  Paris,  chez  Mariette.  Ce  sont  37  grandes 
feuilles,  la  plupart  ;  quelques-unes,  plus  petites,  avec  les  ornements 
des  pilastres,  gravées  par  F.^de  la  Guertière.  Dédicace  à  Everbard 
Jabach. 


172  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

aa.)  Parerga  atque  omamenta  ex  Raphaelis  Sanelij  prototypis,  a  Joanne 
Nannio  Utinensi  in  VaticanipalatiiXistis.  43  feuilles  in4  et  in-8  en  larg., 
avec  des  gravures  d'après  les  oraements  en  couleurs  ou  en  stuc  eiécutés 
par  Giovanni  da  Udine.  A  l'eau-forte,  par  Pietro  Santo  Bartoli^  avec  une 
dédicace  au  prince  Camille  Borghèse. 

bb.)  Les  mêmes  ornements  publiés  par  d'autres  artistes»  52  feuilles  sous 
le  titre  :  Picturœ  peristylii  Vaticani  manu  Raphaelis  Sanctii,  aeri  incisa, 
Ihmœ,  1790. 

ce.)  Le  même  ouvrage^  gravé  par  d'autres  artistes,  a  paru  à  Florence  en 
180J,in-fol.     ' 

(/(/.)  Dans  Vie  et  œuvres  de  Raphaël,  de  Landon,  les  ornements  ci-dessus 
sont  reproduits  au  trait  sous  les  n»*  202  à  212  et  267  à  285. 

ee,)  Onze  feuilles  in-8;  dessins  d'après  des  ornements  de  stuc,  avec  des 
groupes  ou  des  figures  isolées,  de  Gio.  da  Udine,  dans  des  champs  ovales 
et  ronds,  gravées  par  A.  Suntach,  à  Vienne,  avec  ce  titre  :  D'après  les 
tableaux  de  monsieur  Raphaël  d'Urbin  dans  les  Loges  du  Vatican. 

ff.)  Quatorze  ornementations  des  pilastres,  sur  deux  feuilles  in-fol., 
gravées  par  Giacinto  Maina  (Venezia,  1806),  d'après  de  prétendues  es- 
quisses originales  de  Raphaël ,  que  possédait  Nicola  Antonioli  à  Venise. 
Elles  se  rapportent  aux  peintures  des  Loges. 

gg>)  Douze  sujets  imitant  le  bas-relief,  tirés  de  l'Ancien  et  du  Nouveau 
Testament,  qui  se  trouvent  sur  le  socle,  au-dessous  des  fenêtres  des 
Loges.  A  l'eau-forte  par  Petrus  Bartolus.  H.  3";  1.  9".  Avec  dçs  inscrip- 
tions latines.  Pour  plus  de  détails,  voyez  ci-après  à  la  description  de  cha- 
que sujet. 

hh,)  Nicolas  Poussin,  d'après  le  désir  de  Louis  XIU,  avait  dessiné  les 
portes  et  autres  détails  des  Loges,  qui  servirent  plus  tard  à  la  décoration 
du  Louvre.  J.  Mariette  possédait  deux  volumes  de  ces  dessins.  Le  cardinal 
Valenti,  à  Rome,  fit  dessiner  les  portes  des  Loges  par  Francesco  la  Vega, 
pour  les  faire  graver,  mais  ce  projet  est  resté  à  la  première  planche  qui 
fut  gravée  par  Maurice  Roger,  en  1747. 

l'a.)  /  Pilastri  délie  Logge ,  e  le  olto  pitture  délie  Stanze  nel  Vatieano 
dip.  da  Raffaele  Sanzio  d'Urbino  rappresentati  inn.  2.  Uyacintus  Maina 
Venet,  inc.  presso  Pier  Luigi  Scheri  in  Roma.  2  feuilles,  avec  quatorze  or- 
nementations de  pilastres  et  huit  sujets  des  Stanzes.  Au  trait.  In-fol. 

kk,)  Les  Ornements  du  Vatican,  peints  à  fresque  par  Raphaël  sur  les 
piliers  qui  ornent  une  galerie  de  ce  palais.  Publ.  par  Engelmann ,  etc. 
Mulhouse,  1828.  Au  trait,  in-fol.  Seconde  édition,  1845. 

//.)  Landon,  Vie  et  œuvres  de  Raphaël  (Paris,  1803).  Les  52  plafonds 
gravés  au  trait,  sous  les  m'  10  61,  et  les  ornements,  d'après  Giov.  da 
Udine,  sous  les  n«»  202-212,  2G7-285. 


LES  LOGES  DU  VATICAN.  175 

LES  52  TABLKAUX  DES  COITPOLKS  DANS  LKS  LOGES. 

PREMIÈRE  ARCADE. 

J21.  Dieu  sépare  la  lumière  des  ténèbres. 

Le  Père  Èlernel,  dont  la  pose  est  vivement  caractérisée,  rappelle,  dans 
ce  tubleau  de  même  que  dans  les  tableaux  suivants,  le  type  inventé  par 
Michel-Ange.  L'excellence  de  cette  peinture  et  le  ton  brun  rouge  des 
chairs  conlirment  l'assertion  de  Yasari,  qui  veut  que  Jules  Romain  ait 
peint  la  première  coupole. 

Gravé  par  Joh.  Meinr.  Lips. 

L'esquisse  originale  se  trouve  dans  la  collection  du  «omte  Ranghiasci , 
à  Gubbîo. 

122.  Dieu  sépare  la  terre  de  Veau, 

Le  Père  Éternel  plane  au-dessus  du  globe  terrestre  déjà  couvert  de 
forets. 

Une  esquisse  dessinée  à  la  plume,  lavée  et  rehaussée  de  blanc,  sortant 
de  la  cQlIection  Isaac  Walraven,  fut  vendue  à  Amsterdam,  en  1765,  pour 
^  florins,  et,  plus  tard,  chez  A.  Rutgers,  pour  5  florins  seulement. 

123.  La  Création  du  soleil  et  de  la  lune. 

Le  Père  Éternel,  qui  plane  au-dessus  du  globe  de  la  terre,  les  bras 
étendus,  crée  le  soleil  et  la  lune. 

Gravé  par  an  ancien  artiste  italien  dans  la  manière  de  Giiilio  Bonasone,  in-4. 

124.  La  Création  des  animaux. 

Dieu  le  Père,  marchant  sur  la  terre ,  en  fait  surgir  des  animaux  de 
toute  espèce.  Un  lion  se  tient  à  ses  côtés.  Ce  tableau,  comme  les  précé- 
dents, trahit  la  main  de  Jules  Romain. 

Gravé  par  un  disciple  de  Marc-Antoine,  1540.  Barisch,  l.  XV,  p.  5,  n»  1.— Copie, 
du  côté  opposé,  signée  d-'un  R.  —  A. -P.  Tardieu,  in-8.  —  Grande  gravure  sur 
bois,  italienne,  très-vigoureusement  traitée,  avec  quelques  changemenis.  Le  Pérc 
éternel  à  gauche,  le  soleil  et  la  lune  dans  le  firmament;  le  paysage  n'est  point 
semblable  au  tableau.  H.  16"  6'";  1.  26". 

DEUXIÈME  ARCADE. 

125.  La  Création  dbve. 

Dieu  conduit  Adam  vers  sa  compagne,  et  le  premier  homme  reconnaît 
en  elle  sa  propre  chair.  Selon  Vasari,  ce  tableau  serait  aussi  de  la  main 
de  Jules  Romain;  mais  on  n'y  reconnaît  pas  aussi  bien  sa  manière  (jue 
dans  les  peintures  de  la  première  arcade. 

Une  esquisse  dessinée  a  la  plume  et  lavée  est  décrite  dans  le  cata- 


174  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

logue  A.  Rutgers^  sous  le  n*>  453.  Henry  Reveley  Ta  possédée  en  17ST. 
Voy.  la  préface  de  ses  Notices  illustrative  ofthe  drawings,  etc.  London  , 
1820.  Gr.  in-fol. 

126.  Le  Premier  Péché. 

Eve  debout,  vue  de  côté,  présente  une  figue  à  Adam  assis  près  d'un 
arbre  autour  duquel  s'enlace  le  serpent  ayant  une  tête  humaine.  L'opi- 
nion, souvent  exprimée,  que  la  figure  d'Eve  aurait  été  peinte  par  Raphaël 
lui-même  ne  nous  paraît  nullement  fondée,  car  le  dessin  et  le  coloris^ 
qui  sont  très-froids,  ne  sont  pas  dignes  du  maître. 

Gravé  par  A.-P.  Tardieu,  in-8«. 

Selon  Richardson,  le  dessin  original  à  la  sanguine  se  trouverait  dans  la 
collection  du  Louvre. 

127.  L'Expulsion  du  Paradis. 

Un  ange,  armé  d'une  épée  flamboyante,  chasse  Adam  et  Eve  du  paradis. 
Eve,  honteuse,  cherche  à  cacher  sa  nudité,  et  Adam  se  cache  le  visage. 
Il  est  constaté  que  ces  deux  figures  sont  prises  d'une  fresque  de  Masaccio, 
dans  l'église  des  Carmélites,  à  Florence.  Une  répétition  du  même  sujet 
se  trouve  dans  les  ornements  en  stuc  de  la  même  arcade. 

Gravé  par  un  anonyme  néerlandais  du  seizième  siècle,  avec  cette  inscription  : 
EJeexl  Dominut  Adam,  Ole.  H.  7"  11'";  L  8"  8'". 

L'esquisse  originale  de  Raphaël  est  dans  la  collection  royale  d'Angle- 
terre. 

Gravée  par  C.  Metz.  —  Photographiée  parC.  Thurslon  Thompson. 

128.  Les  Premiers  Hommes  du  Paradis. 

Pendant  qu'Adam  cultive  et  sème  la  terre,  Eve  est  occupée  à  filer,  ayant 
auprès  d'elle  ses  enfants  Caïn  et  Abel.  Le  premier  montre  à  Eve  quelques 
fruits  qu'il  semble  avoir  dérobés  à  son  frère,  puisque  celui-ci  se  lève 
comme  pour  adresser  des  plaintes  à  sa  mère. 

Gravé  par  Suntacb,  pet.  in-fol. 

TROISIÈME  ARCADE. 

129»  La  Construction  de  V Arche. 

Noé,  sous  les  traits  d'un  vieillard  vénérable,  est  debout,  donnant  des 
ordres,  auprès  de  ses  trois  fils  qui  préparent  les  matériaux  pour  la  con- 
struction de  l'arche,  dont  on  voit  la  charpente  dans  le  lointain.  Vasari 
attribue  l'exécution  de  cette  fresque  à  Jules  Romain.  Pour  nous,  elle 
nous  semble  concorder  davantage  avec  la  manière  de  faire  de  Francesco 
Penni. 

Un  dessin  de  cette  composition  se  trouvait  dans  la  villa  PamQli,  près 
de  Rome* 


LES  LOGES  DU  VATICAN.  175 

130.  Le  Déluge. 

Au  premier  plan^  un  homme  qui  tient  un  enfant  cherche  à  retirer  des 
eaux  une  femme  qui  se  noie.  Un  autre  jeune  homme  regarde  avec  effroi 
une  autre  femme  qui  meurt  dans  ses  bras  ;  derrière  lui  est  un  cavalier. 
On  aperçoit  Tarche  dans  le  fond.  Cette  peinture  a  quelque  chose  du  style 
de  Jules  Romain. 

Gravé  par  un  Néerlandais ,  avec  des  vers  latins  :  Offemut  hominutn,  etc.  Petit 
in-foL  en  largeur. 

131.  La  Sortie  de  r Arche. 

Pendant  que  les  animaux  sortent,  par  couple,  de  l'arche,  Noé  et  sa 

femme,  ayant  auprès  d'eux  un  de  leurs  fils  et  deux  de  leurs  belles-fillès, 

expriment  leur  douleur  à  l'aspect  des  ravages  du  déluge. 

Gravé,  d'après  une  première  esquisse  différente  de  la  fresque,  par  Giulio  Bona- 
sooe,  1544.  Bartsch,  t.  XY,  p.  113,  n*  4.  —  La  môme  composition,  gravée  par 
Job.  Bapt.  de  Cavalleriis.  H.  12";  1.  15"  1'".  —  De  même,  du  côté  opposé,  par  le 
Maître  aa  monogramme  IHS,  1556.  H.  11"  8"';  1.  14"  2  ". 

i32.  Le  Sacrifice  de  Noé. 

Noé  prie  debout  devant  un  autel,  pendant  qu'un  de  ses  fils  immole  un 
bétier.  Un  autre  fils  de  Noé  apporte  un  second  bélier.  Deux  hommes,  avec 
des  taureaux ,  se  Yoient  dans  le  fond.  Yasari  attribue  l'exécution  de  ce 
t^leau  à  Jules  Romain  ;  mais  le  style  de  la  peinture  a  plus  de  rapport 
avec  les  fresques  de  Tarcade  voisine  qui  passent  pour  être  de  Penni. 

Gravé  par  Marco  da  Bavenna.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  4.  —  Copie,  du  côté  opposé. 
H.  7"  7"';  1.  8"  11"'.  ~  En  clair-obscur,  par  A.  M.  ZanelU,  in-fol.  en  largeur. 
Bartsch,  t.  Xïl,  p.  186,  n*  65. 

QUATRIÈME  ARCADE. 

133.  Abraham  et  Melchisédech. 

Melchisédech,  roi  de  Salem  (Jérusalem),  apporte  à  Abraham  du  pain 

dans  deux  paniers  et  du  vin  dans  quatre  cruches.  Un  guerrier  est  debout 

auprès  du  patriarche. 

^ravé  par  un  anonyme,  chez  Edeiinck,  in-fol.  en  largeur.  —  De  môme,  chez 
Vallei,  grand  in-fol. 

134.  La  Promesse  de  Dieu  à  Abraham, 

Dieu,  qui  apparaît  à  Abraham,  après  le  sacrifice,  et  qui  lui  annonce  une 
nombreuse  postérité,  est  porté  sur  des  nuages  par  deux  anges.  Abraham 
«st  à  genoux  et  vu  de  dos. 

^lon  Richardson,  l'esquisse  de  cette  composition  serait  dans  la  collec- 
tion du  Louvre. 

138.  V Apparition  des  trois  anges . 

Trois  jeunes  gens  se  tiennent  devant  Abraham,  qui  s'est  jeté  à  terre 


176  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

pour  les  honorer.  Sarah  se  cache  derrière  la  porte  de  la  maison.  Ce  ta- 
bleau et  les  deux  suivants  ont  été  désignés  comme  étant  des  ouvrages  de 
Fr^nc.  Penni. 

Gravé  à  l'eau-forte  par  Joh.  Alexander,  petite  planche  avec  cette  inscription  : 
Treividit  vmum  adoravit.  —  Suntach,  à  Vienne,  in-fol.  en  larg.  —  Gravure  sur 
bois,  en  clair-obscur,  par  A.  M.  Zanelti.  Bartsch,  t.  XII,  p.  186,  n*  66.  —  ImitalioD 
libre  de  cette  composition,  par  un  anonyme  français,  à  Paris,  chez  Cars  fils,  gr. 
in-fol.  en  larg. 

L'esquisse  originale  est  dans  la  collection  Albcrline,  à  Vienne, 

136.  Loth  s'enfuit  de  Sodome. 

Loth)  emmenant  ses  deux  filles,  s'éloigne  de  la  ville  que  dévore  le  feu 
du  ciel.  Sa  femme,  qui  avait  regardé  derrière  elle,  est  transformée  en 
statue  de  sel. 

Gravure  sur  bois,  au  clair-obscur,  par  A.  M.  ZaneUi,  1741.  Bartsch,  t.  XII, 
p.  187,  n*>  67.  —  A  l'eau-forte,  par  Joh.  Alexander,  avec  cette  inscription  :  Pius 
quaniy  etc.;  petite  planche. 

Une  esquisse  de  cette  composition  était  dans  la  collection  Th.  Lawrence, 
et  passa  plus  tard  dans  celle  du  roi  de  Hollande;  mais  son  origine  est 
douteuse. 

CINQUIÉIC  ARCADE. 

137.  Dieu  apparaît  à  Isaac. 

Dieu,  vu  de  dos,  dans  des  nuages,  apparaît  à  Isaac  agenouillé  devant 

lui,  et  lui  défend  d'aller  en  Egypte.  A  gauche,  Rebecca  est  assise  sous  un 

arbre.  Peinture  exécutée  dans  la  manière  de  Jules  Romain. 

Gravé  par  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIV,  n'^.  —  Copie,  du  côté  opposé, 
dans  la  manière  d'Agost.  Yeneziano.  H.  7" 6'";  1.  8" 8'".  —Copie, du  côté  opposé, 
par  un  anonyme  français,  avec  un  texte  en  latin  et  en  français,  à  Paris,  chez 
J.  Mariellc.  H.  11"  1'";  1.  7"  2'".  —  Au  clair-obscur,  par  A.  M.  Zanelti.  1741. 
Bartsch,  t.  XII,  p.  188,  n^  08.  —  D'après  un  dessin,  à  Vienne,  à  l'aquatinte,  par 
H.  Bcnedicti,  1805,  pet.  in-fol.  en  larg. 

Feu  le  baron  Otto  de  Stackelberg  possédait  l'esquisse  originale  de  cette 
peinture. 

138.  Isaac  embrasse  Rebecca. 

Abimélecb,  roi  des  Philistins,  voit  par  une  fenêtre  Isaac  assis  auprès 
de  Rebecca,  qu'il  embrasse.  L'exécution  de  cette  fresque  est  justement 
attribuée  à  Franc.  Penni. 

139.  Isaac  bénit  Jacob, 

Le  vieux  patriarche,  couché  sur  un  lit,  donne  la  bénédiction  à  Jacob 
agenouillé  devant  lui;  Rebecca  se  tient  derrière  son  fils.  Ésaii  entre  par 
la  porte  du  fond,  apportant  du  gibier.  Cette  peinture  est  évidemment 
d'une  autre  main  que  la  précédente. 


LES  LOGES  DU  VATICAN.  177 

Gravé  par  Agostioo  Yeneziano,  1552  et  1524.  Bartsch,  t.  XIY,  n*  6,  où  se  trouve 
aussi  indiquée  une  copie.  Épreuves  postérieures,  avec  l'adresse  Marc.  Clodii. 

Uoe  esquisse  de  cette  composition  se  trouvait  dans  la  collection  Crozat. 

140.  EsaU  réclame  la  bénédiction, 

ÈsAûy  de  retour  de  la  chasse,  se  tient  devant  son  père  Isaac,  qui  est 
couché  sur  un  lit.  Rebecca  et  Jacob  regardent  de  loin  cette  scène.  L'exé- 
cution de  ce  tableau  a  beaucoup  d'analogie  avec  celle  du  précédent. 

Gravé  sur  Lois,  au  clair-obscur,  par  A.  M.  Zauetti,  1741.  Barlscb,  t.  Xll,p.  188, 
D*69. 

SIXIÈME  ARCADE. 

141,  Jacob  voit  l'échelle  céleste. 

Jacob^  endormi  et  couché  sur  le  premier  plan,  a  la  tête  tournée  avec 
extase  vei^  l'échelle  céleste,  sur  laquelle  six  anges  descendent  et  remon- 
tent jusqu'à  Dieu,  qui  apparaît  dans  une  gloire,  les  bras  étendus.  Ce  tableau 
et  les  quatre  suivants  passent  pour  avoir  été  exécutés  par  Pellegriuo  da 
Modena. 

Gravé  sur  bois,  au  clair-obscur,  par  Hugo  daCarpi.  Bartsch,  1.  XII,  p.  25,  n"  5. 
—  Gravé  eu  contre-partie,  par  Jac.  B.  B.  inc.  (Jac.  Bossius,  Belge),  in-fol.  enlarg. 

Une  esquisse  de  ce  tableau,  mais  qui  n'était  pas  originale,  passa  de  la 
collection  Th.  La^vrence  dans  celle  de  La  Haye,  et  de  cette  dernière  re- 
tourna en  Angleterre. 

142.  Jacob  à  la  fontaine. 

Rachel,  accompagnée  d'une  servante,  est  debout  près  d'une  fonlaine  où 
boivent  des  moutons,  et  Jacob  s'entretient  avec  elle.  Un  riche  paysage 
forme  le  fond. 

Gravé  par  Cam.  Tinti,  in-fôl.  en  larg.  —  Au  clair-obscur,  par  A.  M.  ZanetU. 
Bartsch.  t.  XII,  p.  188,  n"  70. 

Esquisse  originale  dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 
Gravée  à  l'aquatinta,  par  H.  Benedicti,  1805,  pet.  in-fol.  en  larg. 

143.  Jacob  demande  Rachel  pour  femme. 

Jacob  s'engage  à  servir  pendant  sept  années  chez  Laban  pour  obtenir 
la  main  de  sa  fille  Rachel.  Celle-ci  se  tient  à  côté  de  Jacob,  tandis  que  sa 
SŒurLéa^  honteuse  et  baissant  les  yeux,  se  retire  derrière  lui.  Ce  tableau 
a  beaucoup  souffert.  i 

144.  Jacob  retourne  dans  le  pays  de  Canaan. 

Jacob,  monté  sur  un  âne,  retourne  dans  sa  patrie,  avec  tous  ses  biens 
^l  ses  troupeaux;  sa  femme  et  ses  enfants  l'accompagnent,  assis  sur  des 
dromadaires.  C'est  une  riche  et  gracieuse  composition. 


178  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

SCPTIÈIE  ARCADE. 

145.  Joseph  raconte  son  songe  à  ses  frères» 

Le  jeune  Joseph^  debout^  fait  le  récit  d'un  songe  à  sept  de  ses  frères 

qui  sont  assis  sur  un  tertre.  Trois  autres  se  tiennent'à  ses  côtés,  à  droite. 

Les  différentes  scènes  du  songe  sont  symboliquement  représentées  au  ciel 

dans  des  cercles  lumineux. 

Gravé  par  un  élève  de  Marc-Antoine.  Bartsch ,  t.  ÎV,  p.  10,  n*  5.  Deuxième 
épreuve  retouchée  par  Villamena.— Nie.  Beatrizet,  1541.  Bartsch, t.  XY^p.  944,  ii*9. 
—Gravé  comme  sujet  de  concours,  par  un  anonyme,  en  contre-part.,  chez  Edelinck; 
plus  tard,  chez  Brevet  ;  gr.  in-fol.  en  larg.  —  Planche  plus  grande  encore  que  ia 
précédente,  à  Paris,  chez  Hecquét^  également  en  contre-partie.  —  Suntach,  in- 
fol.  en  larg.  —  Tauriscus  Eubœus,  p.  85,  cite  encore  une  petite  gravure  ia-8  et 
une  autre  par  un  ancien  maître  anonyme,  avec  quelques  changements;  nous  ne 
les  avons  jamais  vues. 

L'esquisse  originale  de  ce  tableau  est  dans  la  collection  Albertine ,  à 
Vienne.  —  Un  dessin  semblable  aux  gravures  qui  ont  été  faites  d'après  le 
tableau  se  trouvait  dans  la  collection  Th.  Lawrence,  et  passa  à  La  Haye  ; 
il  a  été  acquis  pour  l'Angleterre,  mais  ce  n'est  qu'une  copie. 

146.  Joseph  vendu  par  ses  frères. 

Joseph,  to\it  en  larmes,  est  vendu  par  ses  frères  à  des  marchands  qui 
vont  l'emmener  en  Egypte.  Les  quatre  marchands  se  tiennent  près  de  trois 
dromadaires. 

Gravé  d'après  une  première  esquisse  par  le  Maître  au  Bé,  1533.  Bartsch,  t.  XV, 
p.  184,  n""  1.  —  Au  clair-obscUr,  en  trois  planches,  par  J.  Skippe,  1783.  H.  8"; 
1. 10"  9'". 

Une  esquisse  de  cette  composition,  qui  a  passé  successivement  dans  les 
collections  Jabach,  à  Cologne,  du  duc  de  Tallard  et  de  Gérard  Hoet^  fut 
vendue  à  La  Haye,  en  1760,  pour  93  florins,  et  chez  Ant.  Rutgers  (no-318 
du  catalogue),  pour  5  florins. 

147.  Joseph  et  la  femme  de'Putiphar. 

La  femme  de  Putiphar,  assise  sur  un  lit  de  repos,  saisit  le  manteau  de 
Joseph  qiii  s'enfuit.  L'exécution  de  ce  tableau,  ainsi  que  celle  des  deux 
précédents,  est  attribuée  à  Jules  Romain;  mais  les  peintures  de  ces  trois 
firesques  diffèrent  beaucoup  l'une  de  l'autre,  et  il  n'y  a  que  ce  dernier 
tableau  qui  ofiTre  quelque  analogie  avec  la  manière  de  cet  élève  de 
Raphaël. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  9,  où  sont  indiquées  deux  copies, 
dont  l'une  pardon  Yitus  Vallimbrose  monachus,  1578.  —  Jac.  Yalegio  ou  Valesio, 
monogramme  LY.F.  H.  7";  1.  8*'  9'".  ~  A  la  manière  noire,  par  Bernard  Lens, 
sans  l'Hermès,  qui  représente,  suivant  Zani,  le  Démon  de  la  Luxure.  Une  inscrip- 
tion de  quatre  vers  français  dans  le  bas.  H.  9"  10'";  1.  7". 

Une  esquisse  de  cette  composition  se  trouvait  dans  le  cabinet  Crozat. 


LES  LOGES  DU  VATICAN.  179 

!48.  Joseph  devant  Pharaon. 

Joseph^  debout  devant  Pharaon  assis  à  gauche,  lui  explique  ses  songes, 
qui  sont  figurés  en  Tair  symboliquement  dans  deux  cercles  lumineux.  On 
Yoit  quatre  personnages  debout  au  côté  droit,  derrière  Joseph,  et  un  autre, 
derrière  Pharaon. 

Gravé  par  on  anonyme,  avec  le  nom  de  Raphaël  et  cette  inscription  :  Somnium 
Befit  mmmui.  H.  2"  9'";  1.  4"  4". 

HUITIÈIE  ARCADE. 

149.  Moïse  trouvé  dcms  les  eaux. 

La  fille  de  Pharaon,  entourée  de  sept  suivantes,  au  bord  du  Nil,  con- 
temple avec  pitié  l'enfant  exposé  dans  un  panier,  qu'une  de  ses  femmes 
attire  à  elle.  Vasari  signale  ce  tableau  parmi  ceux  qui  furent  peints  par 
Jules  Romain  ;.  cependant  il  est  généralement  attribué,  de  même  que  les 
trois  autres  de  la  même  coupole,  à  Perino  del  Yaga.  C'est  là  une  opinion 
que  nous  ne  saurions  partager,  et,  sans  vouloir  rien  préciser  à  l'égard  du 
peintre,  nous  croyons  que  ce  tableau  et  celui  du  Buisson  ardent  sont 
bien  de  la  même  main,  mais  que  les  deux  autres  tableaux  doivent  avoir 
été  faits  par  un  autre  artiste. 

Gravé,  avec  quelques  changements ,  en  contre-partie,  par  Andréa  Meldolla. 
Bartsch,  t.  XYl,  p.  41,  n"  2.  ~  Semblable  à  la  gravure  précédente,  par  Gio.  Balt. 
d'Ângeli,  nommé  Torbido  del  Horo.  Bartsch,  t.  IVL  p.  177,  n"*  1.  Quelquefois^ 
CD  attribue  aussi  l'eau-forte  à  Marco  del  Moro  et  à  Parmegianino.  —  D'après  un 
dessin  de  Parmegianino,  gravé  par  Gasparo  Reverdino.  Bartsch,  t.  XY,  p.  466, 
n**  1.  —  Chez  H.  Bonnart,  manière  très-française,  gr.  in-fol.  en  larg.  —  D'après 
l'esquisse  originale,  chez  le  cardinal  Valenti,  à  Rome,  par  J.  Stuart,  1747, Romœ. 

Le  dessin,  qui  passa  plus  tard  dans  la  collection  Th.  Lawrence  et  dans 
celle  du  roi  de  Hollande,  fut  vendu  en  1850  à  Samuel  Woodburn  au  prix 
de  S30  florins.  ^  Une  étude  pour  trois  des  femmes  de  la  fille  de  Pharaoù 
et  pour  leurs  draperies  se  trouve  dans  la  collection  d'Oxford. 

1S0<  Le  Buisson  ardent. 

Moïse,  agenouillé  devant  te  buisson  ardent,  se  couvre  le  visage  avec 
ses  mains. 

Gravé  par  S.  Mulinari,  d'après  un  dessin  non  authentique  qui  s«  trouve  dans 
la  collection  de  Florence. 

151.  Le  Passage  de  la  mer  Rouge  ^ 

Oa  voit  s'éloigner  les  Israélites,  hommes,  femmes  et  enfants,  empor- 
tant leurs  biens,  tandis  que  Moïse  étend  son  bâton  vers  la  mer^  dans 
laquelle  Pharaon  et  son  armée  sont  submergés. 

Gravure  sur  bois,  au  clair-obscur,  par  A.  M.  Zanelti,  1740.  Bartsch,  t.  Xll,p.  189, 
n'71. 


1 


180  PEINTURES  DK  RAPHAËL. 

Une  esquisse  originale  a  passé  de  ia  colleclion  Tli.  Lawrence  dans  celle 
du  Louvre.  —  Une  esquisse  à  la  plume  pour  quatre  ligures  est  conservée 
dans  la  collection  d'Oxford. 

1 32 .  Mo'ise  frappe  le  rochei\ 

Au-dessus  du  rocher  que  Moïse  frappe  de  sa  verge,  on  voit  dans  un 
nuage  le  Père  Éternel ,  la  droite  élevée  dans  l'attitude  de  la  bénédiction. 
Six  hommes  regardent  avec  surprise  l'eau  qui  jaillit  du  rocher. 

Gravé  par  G.  fieverdinus,  1531.  Barlsch,  t.  XV,  p.  466,  n«  2.  —  A  Paris,  chez 
Yallet,  gr.  in-fol.  en  larg.  —  J.-F.  Ravenet,  à  Londres  (Tauriscus,  p.  88,  n.  35)« 

L'esquisse  originale  se  trouve  dans  la  collection  de  Florence. 

NEUVIÈME  ARCADE. 

133.  Moïse  j'ecoit  les  tables  de  la  Loi, 

« 

Sur  le  sommet  du  mont  Sinaî,  Dieu  donne  les  tables  de  la  Loi  à 
Moïse.  Le  Père  Éternel  est  assis  ^  à  moitié  caché  dans  les  nuages,  entouré 
d'anges,  dont  deux  sonnent  de  la  trompette.  A  droite,  dans  le  lointaii1,on 
aperçoit  le  campement  des  Israélites.  Nous  ne  saurions  expliquer  pour* 
quoi  Raphaël  a  placé  quatre  hommes  au  premier  plan  de  ce  tableau. 

L'esquisse  originale  se  trouve  dans  la  collection  du  Louvre. 

154.  V Adoration  du  Veau  dor. 

I^s  Israélites  adorent  à  genoux  le  Veau  d'or  exposé  sur  un  autel;  à 
droite,  le  peuple  danse  autour  de  l'idole.  On  voit  dans  le  lointain  Moïse 
qui  descend  de  la  montagne  et  brise  les  tables  de  la  Loi.  Josué  est  auprès 
de  lui. 

Gravé  par  Cornélius  Bos,  1551,  in-8  en  larg.,  d'après  une  esquisse  originale  qui 
fait  partie  de  la  collection  de  Florence. 

155.  Moïse  agenouillé  devant  la  colonne  de  nuée. 

Jéhovah,  enveloppé  d'une  colonne  de  nuée,  parle  à  Moïse,  en  présence 
des  Israélites  qui  se  tiennent  à  l'entrée  de  leurs  tentes. 

Les  fresques  de  la  neuvième  arcade  sont  ordinairement  attribuées  à 
Rafaele  del  Colle.  Celle-ci  a  beaucoup  souffert;  mais  la  suivante  est 
certainement  d'une  autre  main  que  les  deux  premiers  tableaux  de 
cette  arcade. 

156.  Moïse  présente  les  tables  de  la  Loi. 

Moïse,  debout  sur  un  tertre,  tient  les  tables  de  la  Loi  et  les  présente  au 
peuple  d'Israël.  Auprès  de  lui  se  tiennent  encore  trois  hommes.  Cette 
composition  est  d'une  extrême  beauté. 

Gravures  :  J.  B.  Cavalicris;  ceUc  estampe,  un  peu  maniérée,  oflfre  quel- 
ques changements.  En  conlru-partic.  In-folio  en  largeur.  —  Cornélius  Bos, 
1551,  in-8  en  largeur.  —  Sunlacli,  à  Vienne,  in-folio  en  largeur.  —  J.  Moses,  avec 


LES  LOGES  DU  VATICAN.  1HI 

eene  souscription  :  Tke  I>elirering  ofihe  Law.  In-folio  en  largeur.  — A. *P.  Tard icu, 
io-^.  —  Chez  Yalleret,  à  Paris;  grande  planche. 

DIXlâHE  ARCADE. 

151.  Le  Passage  du  Jourdain, 
Le  fleuve  du  Jourdain^  personnifié  à  la  manière  antique,  ouvre  ses  eaux, 
à  l'aspect  de  l'arche,  et  laisse  passer  à  pied  sec  les  Israélites. 

Gravé  par  un  anonyme.  A  Paris ,  chez  Hecquel  ;  grande  planche. 

Selon  une  noie,  dans  la  SerU  degli  uomini  illust,  nella  piUura,  etc., 
t  IV,  p.  201 ,  feu  M.  William  Lock  aurait  acheté,  dans  la  maison  Gaddi , 
à  Florence,  le  carton  d'après  lequel  fut  peint  ce  tableau.  Nous  n'avons  pu 
obtenir  aucun  renseignement  sur  ce  carton  en  Angleterre.  ' 

158.  La  Chute  de  Jéricho. 

Pendant  que  l'arche  est  portée  autour  des  murs  de  la  ville  assiégée  et 
que  deux  hommes  battent  des  timbales,  les  murs  et  les  tours  s'écroulent 
miraculeusement.  Plusieurs  soldats,  se  couvrant  de  leurs  boucliers, 
s'avancent  vers  la  brèche.  Plalner,  dans  sa  Description  de  la  w'ile  de 
Rome,  remarque  avec  raison  que  Raphaël  n'a  pas  suivi  scrupuleuse- 
ment le  texte  de  la  Bible  et  que  sa  composition  aurait  eu  un  caractère 
bien  plus  imposant  s'il  eût  représenté  devant  l'arche  sept  lévites  sonnant 
de  la  trompe  pour  faire  tomber  les  murailles  de  Jéricho. 

Un  dessin  de  ce  tableau,  lequel  ne  peut  être  attribué  à  Raphaël,  se 
trouve  dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

159.   Victoire  de  Josué  sur  les  Ammonites. 

)06ué  étend  les  bras  pour  commander  au  soleil  et  à  la  lune  de  s'arrêter, 
pendant  que  les  Israélites  combattent  contre  les  Ammonites. 

Le  carton  original  (de  Jules  Romain),  qui  était  autrefois  dans  la  maison 
Gaddi,  à  Florence,  fut  acheté  par  feu  M.  William  Lock.  Voy.  Série  degli 
uomini  illust.  nella  pitlura,  etc.  (Firenze,  1771,  t.  IV,  p.  201,  note.)  Nous 
n'avons  rien  pu  découvrir  à  ce  sujet  en  Angleterre.  On  sait  seulement  que 
M.  W.  Lock  fit  présent  d'un  carton  d'une  Léda,  de  Michel-Ange,  à  l'Aca- 
démie de  Londres. 

Gravé  par  A. -P.  Tardieu. 

160.  Le  Partage  des  terre'spar  la  voie  du  sort. 

Josué  et  Ëléazar,  le  premier  couronné  et  le  second  portant  une  mitre 
d'évêquc,  sont  assis  près  de  deux  urnes,  et  un  enfant  en  tire  un  billet 
qu'il  donne  au  chef  de  sa  tribu. 

Les  quatre  tableaux  de  cette  arcade  sont  très-faibles  d'exécution.  Vasari 
les  attribue  à  Perino  del  Vaga. 

Une  esquisse  originale  à  la  plume  se  trouve  dans  la  collection  royale 
d'Angleterre. 

Gravé  par  J.  F.  Ravenet,  à  Londres.  (Tauriscus,  p.  89,  n^  40.) 


«83  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

ONZIÈME  ARCADE. 

161 .  David  oint  roi  d! Israël. 

Samuel  se  dispose  à  oindre  David  en  présence  de  ses  frères  aînés.  L'autel 
du  sacrifice  est  à  gauche. 

L'exécution  de  la  peinture  rappelle  la  manière  de  Jules  Romain  ;  mais 
ce  tableau  est  généralement  attribué  à  Perino  del  Vaga. 

Gravé  par  J.  H.  Lips. 

162.  Goliath  vaincu  par  David. 

Goliath,  renversé  d*un  coup  de  fronde,  est  étendu  à  terre.  David^  le 
genou  appuyé  sur  la  poitrine  du  géant,  s*apprête  à  lui  trancher  la  tête. 
Les  Philistins  s'enfuient  épouvantés  devant  les  Israélites  qui  les  pour— 
suivent. 

Une  belle  esquisse  représentant  les  deux  figures  principales  et  les 
soldats  qui  fuient  se  trouve  dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

Gravure  :  Marc-Antoine,  d'après  une  esquisse  originale  de  Raphaël,  on  peu 
différente  de  la  composition  du  tableau,  esquisse  qui  était  en  la  possession  de 
H.  Colnaghi,  à  Londres,  en  1643.  Bartsch,  t.  XIY,  n°  10.  —  Copie  traitée  large— 
nient  dans  la  manière  d'Ago'slino  Veneziano,  avec  la  tablette  et  la  marque  MA  F 
dans  le  bas,  à  côté  du   soldal^  qui  s'enfuit;  les  premières  épreuves  de  cette 
estampe,  sans  la  marque  du  graveur,  ont  été  attribuées  à  Marc-Antoine,  par 
Bartsch.  H.  9"  10" ;  1.  14"  16'".  Coll.  dq  Louvre.  —  Gravures  sur  bois,  au  clair- 
obscur,  par  Hugo  da  Carpi.  Bartsch,  t.  XII,  p.  26,  n<»8.  —  Dan.  Hopfer.  Barisch, 
t.  VIII,  p.  473,  no  3.  —  Etienne  de  Laulne.  Petite  planche  marquée  d'un  S.  à 
droite.  H.  3"  1"';  1.  4"  9"'.  —  Eau-forte,  un  peu  dure,  d'après  Marc-Antoine.  Da 
côté  opposé.  C'est  sans  doute  la  môme  qui  se  trouve  mentionnée  dans  Tauriscus, 
p.  90,  avec  cette  légende  :  Cum  ergo  turrexerit  PhiliilœtUf  etc.  —  Le  même  (p.  90 
bit)  cite  encore  une  planche  plus  grande  que  celle  de  Marc-Antoine,  avec  la 
souscription  :  Ex  librit  Regum  Samuelit, 

163.   Victoire  de  David  sur  les  Syriens. 

David,  debout  sur  un  cbar  trainé  par  deux  chevaux,  comme  un  triom-  . 
phateur  romain,  tient  une  barpe  dans  la  main  droite. 

Un  prisonnier  marche  à  côté  du  char,  devant  lequel  on  porte  les 
dépouilles  des  vaincus. 

Une  légère  esquisse  de  cette  composition,  in-fol.  en  larg.,  se  trouvait 
dans  la  collection  Saint-Morys,  qui  l'a  reproduite  à  Teau-forte  dans  son 
ouvrage  (Choix  de  dessins,  etc.  Paris,  1810). 

164.  David  voit  Bethsabée. 

David,  assis  à  unie  fenêtre  de  son  palais  pour  voir  défiler  les  troupes 
qu'il  envoie  contre  les  Ammonites,  aperçoit  de  loin,  sur  une  terrasse, 
Bethsabée  qui  fait  sa  toilette. 

L'esquisse  originale  de  cette  composition  se  trouve  dans  la  collection 
d'Oxford.  Il  existe  aussi  une  copie  de  cette  esquisse  en  Angleterre.   - 


LES  LOGES  DU  VATICAN.  185 

DOUZillC  AReADL 

165.  Le  Sacre  de  Salomôn, 

En  présence  du  peuple,  le  grand  prêtre  Zadok  oint  Salomon  roi  d*Israêl. 
Sar  le  devant  est  un  Fleuve  couché^  avec  un  tigre  auprès  de  lui.  Cette 
figure  allégorique^  qui,  ordinairement  caractérise  le  Tigris^  doit  repré* 
senter  ici  le  Jourdain. 

Les  peintures  de  cette  douEième  arcade  sont  attribuées  à  Pellegrino  da 
Modena. 

166.  Le  Jugement  de  Salomon. 

Salomon^  assis  sur  son  trône,  ordonne  au  soldat  qui  tient  Tenfant  de 
remettre  Tépée  dans  le  fourreau,  et  prononce  son  jugement.  A  droite^  les 
assistants  saisis  d*admiration. 

Cette  composition  n'est  pas  aussi  bien  réussie  que  celle  qui  avait  été 
déjà  exécutée,  sur  le  même  sujets  par  Raphaël,  dans  la  salle  délia 
Signatura. 

167.  La  Reine  de  Saba. 

La  reine  d'Ethiopie  vient  rendre  hommage  au  plus  sage  des  rois,  et 
lui  apporte  de  riches  présents.  Salomon,  entouré  de  ses  grands  ofticiers, 
se  lève  de  son  trône  pour  aller  au-devant  de  la  reine. 

Gravé  par  un  ancien  maître  néerlandais  de  l'école  italienne,  avec  cette  légende: 
R.YRBIN.  INVE.  Qvmm  Ivm  longinquùÀrabwn,e\c.  In-folio  en  largeur.— P.-P.Tar- 
dieu,  in-8°.  -.-  A.  Benoit,  in-folio.  (Tauriscus,  p.  92,  n*  46.) 

168.  Érection  du  Temple, 

Salomon,  debout,  dans  le  fond  du  tableau,  sur  les  fondations  du 
temple,  examine  les  plans  que  lui  présente  l'architecte.  Sur  le  devant, 
quatre  ouvriers  taillent  des  pierres  ;  un  cinquième  scie  une  planche.  La 
vérité  de  mouvement,  dans  ces  figures  presque  nues,  est  parfaite. 

Gravé  par  A.-P.  Tardieu,  in-8». 

V 

.  TREIZitlIE  ARCADE. 

169.  L'Adoration  des  Bergers, 

La  Viei*ge  est  agenouillée  auprès  de  l'enfant  Jésus,  sur  lequel  deux 
anges,  qui  volent  en  l'air,  jettent  des  fleurs.  Deux  bergers  viennent  du 
côté  gauche;  l'un  des  deux  porte  un  mouton.  A  droite,  saint  Joseph 
invite  un  autre  berger  agenouillé  à  se  rapprocher  davantage  de  l'enfant 
Jésus.  C'est  peut-être  la  seule  composition  où  saint  Joseph,  ordinairement 
passif  et  immobile  dans  le  sujet  de  l'Adoration  des  Bergers,  a  été  repré- 
senté en  action.  Cette  fresque  a  beaucoup  souffert;  mais  on  y  reconnaît, 
ainsi  que  dans  les  autres  tableaux  de  la  même  arcade,  à  l'exception  tou- 
tefois du  Baptême,  une  main  encore  peu  exercée. 


i84  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

170.  L'Adoration  des  Mages. 

La  Vierge^  l'enfant  Jésus  sur  les  genoux,  est  assise  au  milieu.  L.e  plus 
âgé  des  trois  rois  se  prosteftie,  en  tenant  la  jambe  de  l'enfant;  les  deux 
autres  rois,  avec  leur  nombreuse  suite,  sont  agenouillés  en  arrière.  Saint 
Joseph,  debout  à  gauche,  regarde  dans  une  boîte  que  les  Mages  ont  offerte 
en  présent  au  divin  nouveau-né.  , 

171.  Le  Baptême  du  Christ. 

Le  Christ,  les  mains  jointes,  est  debout  au  bord  du  Jourdain.  Saint 
Jean  lui  verse  sur  la  tète  une  coupe  pleine  d'eau.  A  droite,  deux  anges 
agenouillés  tiennent  les  vêtements  de  Jésus,  et  deux  autres  anges  voient^ 
en  admiration,  au-dessus  d'eux.  A  gauche,  derrière  le  Christ,  plusieurs 
hommes  se  préparent  à  recevoir  le  baptême.    . 

L'esquisse  originale  de  cette  composition  se  trouve  dans  la  collection 
royale  d'Angleterre.  —  Une  copie  de  ce  dessin  était  dans  la  collection 
royale  de  La  Haye  ;  elle  est  aujourd'hui  en  Angleterre. 

Gravé  par  un  anonyme.  Chez  H.  Bonoart.  Dans  le  siyle  français.  In-folio  en 
largeur. 

1.12.  La  Sainte  Cène. 

Le  Christ  est  assis,  vu  de  face,  à  l'extrémité  supérieure  de  la  table  ;  les 

apôtres,  rangés  quatre  par  quatre  sur  chaque  banc,  paraissent  vivement 

animés. 

Gravores  :  Par  J.  Bapt.  de  Cavallerijs,  1572.  —  Far  un  anonyme,  à  Paris, 
chez  Yaliet,  avec  la  souscription  :  Piclum  a  Rafaele  Vrbinate  Ronuu  in  palatio 
Vaiicano.  Grand  in-4*.  —  De  mémo,  librement  traité,  chez  N.  Bonnart,  avec  la 
souscription  :  Jésus  ayant  pris  du  pain,  etc.,  in-folio  en  largeur.  ~  Jean  Tiel  exe.  : 
Accipii.,..  tesiamenity  in-B»  en  largeur.  —  Joh.  Bapt.  Sintos  se,  in-S^. 

Une  esquisse  à  la  plume,  lavée  au  bistre^  se  trouvait  dans  la  collection 
du  duc  de  Tallard;  une  autre,  avec  des  hachures  à  la  plume,  qui  faisait 
partie  de  la  collection  Gérard  Hoet,  à  La  Haye,  fut  vendue  16  florins. 

173.  Dix  tapisseries  avec  des  sujets  tirés  de  P Ancien  Testament. 

Félibien,  dans  ses  Entretiens  (t.  1"^,  p.  324),  parle ,  eu  ces  termes,  de 
dix  tapisseries^  d'après  des  compositions  de  Raphaël,  pour  les  Loges, 
représentant  des  sujets  de  l'Ancien  Testament  :  «  Il  y  a  dans  la  grande 
église  de  Chartres  dix  pièces  de  tapisserie  faisant  quarante  aunes  de 
cours,  qui  autrefois  ont  été  faites  en  Flandres  sur  les  dessins  que  Raphaël 
fit  pour  les  Loges  du  Vatican,  où  l'histoire  de  l'Ancien  Testament  est 
représentée.  Les  tapisseries  sont  admirablement  exécutées;  les  bordures 
en  sont  riches,  les  laines  très-fines  et  toutes  relevées  de  soie.  Ce  fut  M.  de 
Thou,  évêque  de  Chartres,  qui  les  donna  à  cette  église,  et  on  peut  dire 
que,  hors  celles  du  roi,  il  n'y  en  a  point  de  plus  belles.  »  On  ignore 
absolument  ce  que  sont  devenues  ces  tapisseries. 


LES  LOGES  DU  VATICAff.  185 

DOUZE   SUJETS  imTANT  LE  REUEF  SUR  LE  SOCLE  DES  LOGES. 

Ces  tableaux/  peints  en  camaïeu  imitant  le  cuivre ,  sur  le  socle  qui 
règne  au-dessous  des  fenêtres  des  Loges,  avaient  été  exécutés,  selon 
Vasari,  par  Perino  del  Vaga;  mais  ils  sont  aujourd'hui  presque  entière- 
ment détruits,  par  suite  de  la  barbarie  des  visiteurs  qui  y  ont  gravé  leurs 
noms.  Nous  donnons  la  description  de  ces  tableaux ,  d'après  les  douze 
eaux-fortes  de  Pietro  Santi  Bartoli  (h.  2"  8"';  1.  9),  eaux-fortes  dans  les- 
quelles les  compositions  sont  reproduites  du  côté  opposé,  comme  le 
prouvent  plusieurs  des  esquisses  qui  subsistent  encore,  et  comme  cela  est 
d'ailleurs  visible  dans  la  première  plancbe  où  le  Père  Éternel  donne  la 
bénédiction  de  la  main  gauche. 

PREMiâRE  AECADE. 

174.  Dieu  sanctifie  le  septième  jour. 

Le  Créateur  est  assis  sur  des  nuages,  dans  l'attitude  de  la  bénédiction  ; 
des  chœurs  d'anges  en  adoration  l'entourent  des  deux  côtés  (  Genèse, 
chap.  2). 

Ricbardson  possédait  une  esquisse  à  la  plume,  pour  la  figure  du  Père 
Éternel;  elle  a  été  gravée  par  W.  W.  Ryland,  en  1762,  pour  l'ouvrage  de 
Charles  Rogers:  A.  Collection  ofprints  in  imitation  of  dratoings,  etc. 
(Londres,  1778). 

DEUXlÉae  ARCADE. 

175.  Z^  Sacnfice  de  Coin  et  (TAbel. 

Les  deux  frères  sont  agenouillés,  à  gauche,  devant  leurs  autels;  Dieu  le 
Père  plane  dans  les  airs,  tourné  .vers  Abel.  A  droite,  Ca!n  tue  son  frère. 

Gravé  par  an  élève  de  Marc-Antoine,  1544.  Bartsch,  t  XY,  p.  9,  n*  4.  —  Par 
un  anonyme  français,  avec  un  paysage  différent,  et  le  meurtre  placé  dans  le 
fond.  In-folio  en  largeur. 

TROISlilE  ARCADE. 

176.  L'Arc-ennciel. 

Dieu,  dans  des  nuages,  entouré  d'anges,  montre  l'arc-en-ciel  à  Noé  et  à 
ses  trois  fils,  en  signe  d'alliance. 

Le  dessin  original  passsu  de  la  collection  Lawrence  dans  la  collection 
royale  de  La  Haye,  et  de  cette  dernière  dans  l'Institut  de  Staedel,  à  Franc- 
fort-sur-le-Mein. 

QUATRIÉIE  ARCADE. 

,177.  Le  Sacrifice  (F Abraham. 
Abraham  est  sur  le  point  de  sacrifier  son  fils  Isaar,  lorsqu'un  ange  lui 


186  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

arrête  le  bras.  A  droite^  un  autre  ange  apporte  un  bélier  pour  le  sacrifice. 
L'esquisse  originale  est  dans  la  collection  royale  d'Angleterre. 

Gravé  par  Agostioo  Veneziano.  fiartsch,  t.  XIY,  n*  5.  —  A  l'eau-forte,  par  un 
anon3rine.  Petite  planche.  (Tauriscus,  p.  84.)  —  Landon,  n*  345. 

CINQUlillE  ARCADE. 

178.  Isaac  bénit  Jacob. 

IsaaCy  assis  sur  un  lit^  donne  sa  bénédiction  au  plus  jeune  de  ses  fils. 
A  gauche^  on  voit  devant  la  porte  Rachel  donnant  ses  instructions  à 
Jacob.  C'est  sans  doute  par  erreur  que  ce  sujet  a  été  exécuté  deux  fois, 
d'après  les  esquisses  de  Rapbaêl,  dans  cette  mAme  arcade. 

SIXlàlE  ARCADE. 

179.  Jacob  lutte  avec  le  Seigneur. 

Jacob  lutte  avec  un  ange.  A  gauche^  des  femmes  endormies  sous  une  . 
tente;  à  droite/des  bergers  auprès  de  leurs  troupeaux. 

Le  dessin  original,  qui  était  dans  la  succession  de  Th.  Lawrence,  a 
passé  dans  la  collection  d'Oxford. 

SEPTIÈME  ARCADE. 

180.  Joseph  reconnu  par  ses  frères. 

Joseph^  à  gauche,  les  bras  étendus,  se  lève  de  son  trône  et  se  fait 
reconnaître  par  ses  frères  agenouillés  devant  lui.  Devant  la  porte,  on  voit 
des  ânes  chargés  de  grains. 

La  composition  originale  était  dans  la  succession  de  Sir  Th.  Lawrence. 

Gravé  par  un  élève  de  Marc-Antoine,  1540.  Bartsch,  t.  XV,  p.  U,  n*  6. — 
Landon,  n*  884. 

HUITltll  ARCADE. 

181.  Z^  Récolte  de  la  Manne. 

Moïse  et  Aaron  se  tiennent  à  droite.  Devant  eux,  une  jeune  femme  est 
à  genoux;  un  jeune  homme  l'aide  à  soulever  un  panier.  Au  milieu,  deux 
hommes  sont  occupés  à  recueillir  la  manne  dans  des  vases;  plus  loin, 
une  jeune  nile,  debout,  s'eiïorce  de  placer  un  panier  sur  la  tête  d'une 
femme  âgée  et  agenouillée.  A  gauche,  un  jeune  homme  tient  un  plat 
rempli  de  manne,  et  une  jeune  femme,  auprès  de  lui,  lève  les  bras  au 
ciel  avec  reconnaissance. 

L'esquisse  originale,  à  la  plume,  lavée  et  rehaussée  de  blanc,  se  trouve 
dans  le  musée  Teyler,  à  Haarlem.  Le  fac-similé  d'une  esquisse  à  la  plume, 
dans  laquelle  les  figures  de  Moïse  et  Aaron  manquent,  était  autrefois  dans 
la  collection  Hone. 

Gravé  par  S.  Watts,  en  1767,  pour  l'ouvrage  de  G.  Rogers  :  A  ColUcUon,  etc. 


LES  LOGES  DU  VATICAN.  187 

(Londres,  1778.)  — On  a  cru  retrouver  une  première  esquisse,  pour  ce  sujet,  dans 
la.  gravare  d'Agostino  Yeneziano,  où  Ton  voit  Moïse  à  droite,  avec  deux  Israélites 
ai^enouillés  devant  lui.  Bartsch ,  t.  XIV ,  n*  8.  Cette  planche  fut  acquise  par 
Ant.  Salamanca,  et  retouchée  ;  elle  appartint  ensuite  à  Horatius  Pacificus,  et,  en 
âeruier  lieu,  à  Carlo  Losi.  Le  dessin  d'après  lequel  la  gravure  aurait  été  faite 
était,  dit-on,  dans  la  possession  de  M.  Antonio  Armani,  à  Bologne.  Mais,  à  en 
juger  par  la  gravure,  nous  sommes  près  d'attribuer  plutôt  cette  composition  à  un 
éléYe  de  Raphaël. 

NEUVlilE  ABCADC. 

482.  Quelques  figures. 

\jai  planche  de  Bartoli^  qui  porte  le  n»  10^  est  connue  sous  le  nom  de 
Tabernacle^  parce  qu'on  Toit  dans  le  milieu  une  porte,  de  chaque  côté 
de  laquelle  est  une  ligure  debout  avec  deux  autres  Hgures  d'hommes  qui 
courent.  Mais  cçtle  porte  existe  réellement  et  s'ouvre  dans  la  sala  Vecchia 
deî  Palafrenieri.  Il  n'y  avait  donc  pas  de  place  pour  un  sujet  biblique. 

oixiImc  abcade. 

183.  Josué  parle  au  peuple  d Israël. 

Comme  toutes  les  peintures  des  coupoles  de  cette  arcade  sont  tirées 
du  Livre  de  Josué,  c'est  par  erreur  que  l'eau-forte  de  Bartoli,  portant  le 
n®  9,  désigne  ce  sujet  comme  la  Propagation  de  l'Ëvangile  (Saint  Marc, 
chap.  16,20).  Celte  composition  se  rapporte  vraisemblablement  au  Livre 
de  Josué  (1"  chapitre,  10«  verset). 

L'esquisse  originale  à  la  plume,  sur  papier  brunâtre  et  rehaussé  de 
blanc,  se  trouve  dans  le  musée  Teyier,  à  Haarlem. 

Gravure  sur  bois ,  au  clair-obscur,  dans  la  manière  de  Hugo  da  Carpi  ;  épreuves 
postérieures,  par  Andréa  Andreani,  1608,  Polidoro  Caravagio  invenL  Bartsch, 
L  Xn,p.  77,  n«26. 

ONZlilE  ARCADE. 

184.  Bethsabée  devant  David. 

David,  à  son  lit  de  mort,  fait  appeler  Bethsabée  et  lui  promet  de  faire 
nommer  roi  son  fils  Salomon.  Auprès  de  lui  se  tiennent  le  prophète 
Nathan,  le  grand-prêtre  Zadok  et  Benaja;  le  jeune  homme  qui  entre 
pourrait  bien  être  Salomon  lui-même.  Derrière  le  lit,  on  voit  Abisaï  de 
Sunem,  la  jeune  fille  vierge  qui  fut  placée  auprès  du  roi  pour  le  soigner. 
Voy.  le  l'*"  Livre  des  Rois,  chap.  \.  Notre  explication  du  sujet  repré- 
senté est,  en  tout  cas,  plus  satisfaisante  que  celle  de  Bartoli,  qui  a  vu 
dans  ce  tableau  une  scène  de  la  Genèse,  chap.  27  :  Jacob  déclarant  Joseph 
chef  de  la  famille.  Cette  scène-là  n'aurait  aucun  rapport  avec  les  fresques 
de  cette  coupole  consacrée  à  la  Vie  de  David. 

L'esquisse  originale  passa  de  la  collection  Th.  Lawrence  dans  celle 
d'Oxford. 


188  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

DOUZIÈMC  ARCADE. 

185.  La  Résurrection  du  Christ. 

Au  milieu  du  tableau^  le  Christ  sort  du  tombeau  en  tenant  la-baonîère 
triomphale;  à  gauche,  quatre  gardiens  se  heurtent  confusément  et  deux 
autres  s'enfuient.  Du  côté  droit  arrivent  les  trois  Marie. 

L'esquisse  originale  était  dans  la  possession  du  ministre  résidant  de 
Hanovre  à  Rome^^eu  le  D'  Kestner;  elle  doit  se  trouver  à  présent  au 
musée  qu'il  a  fondé  à  Hanovre. 

Gravure  sur  bois,  au  clair-obscur,  par  Hugo  da  Carpi.  Bartsch,  t.  XII,  p.  45, 
n"  26. 

Planches  isolées  d'après  d^s  ornements  des  Loges, 

a.)  Un  triton,  tourné  à  droite,  jouant  des  cimbales;  sur  son  dos  est 
assise  une  nymphe  vue  de  dos.  Gravé  dans  la  manière  d'Agostino  Vene- 
ziano.  Bartsch,  t.  XIV,  n«  228. 

6.)  Deux  jeunes  tritons;  l'un,  à  gauche,  joue  de  la  flûte  de  Pan,  et 
l'autre  soufTle  dans  une  conque.  Gravé  par  Chérubin  Alberti,  1579. 
Barlsch,  t.  XIV,  p.  80,  n»  90. 

c.)  L'ornementation  du  pilastre  avec  Toiseleur;  2  planches,  par  Chéru- 
bin Alberti.  In-fol.  -  . 

d.)  Ornements  séparés,  parmi  lesquels  un  triton,  1555.  5  planches  du 
maître  A.  P.  (Bartsch,  t.  XV,  p.  509,  n»  1,  2  et  3.)  Il  y  a  en  outre  2  plan- 
ches avec  l'oiseleur  et  la  partie  supérieure  du  pilastre ,  que  Bartsch  ue 
connaissait  pas. 

e,)  Deux  feuilles  de  grotesques,  cintrées  dans  le  haut;  ce  sont  les  parois 
de  la  muraille  aux  deux  extrémités  de  la  galerie  des  Loges.  Au  trait. 
M.  L.  (Michèle  Lucchese),  Hic  Rome  supt.  in  pontificis  domo,  Raphaël  d'Ur- 
binas  inventer.  In-fol.  (Tauriscus,  p.  297,  cite  encore  une  planche  de  Pb. 
Thomassin.) 

f.)  Onze  feuilles,  rondes  et  ovales,  avec  des  groupes  ou  des  figures  iso- 
lées, d'après  les  stucs  de  Gio.  da  Udine,  grav.  par  Suntach,  in-8. 

9')  Vénus,  Cupidonetquelques  Bacchantes,  par  D.  G.,  avec  une  dédicace 
à  Zanetti  (Heinecke,  Nachrichten  von  Kiinstlernj  etc.,  t.  H,  p.  15).  Nous 
n'avons  jamais  vu  cette  estampe. 

h.)  Cléopâtre  couchée  et  l'Amour  pleurant  debout  auprès  d'elle,  dans 
un  ovale  en  largeur.  M.  Pool  sculp.  et  exe.  Amst.  Petite  planche. 


Llmpératrice  de  Russie,  Catherine  H,  ayant  fait  copier  toutes  les  pein- 
tures des  Loges,  à  Thuile,  sur  toiles,  sous  la  direction  du  peintre  Hunters- 
berg,  ces  copies  furent  placées  dans  ifne  galerie  construite  exprès  au 
palais  de  l'Ermitage,  près  de  Saint-Pétersbourg,  et  tout  à  fait  semblable 


LES  TAPISSERIES  DE  RAPHAËL.  189 

a  celle  des  Loges  du  Vatican.  Celle  galerie  de  i'Errailage  coûta  70,000 
roubles  argent,  c  esl-à-dire  300,000  livres,  qui  représentent  aujourd'hui 
plus  d'un  million  de  francs. 


LES  TAPISSERIES  DE  RAPHAËL». 

Preoiière  série  tirée  de  l'histoire  des  Apôtres. 

Hichel-Ange,  qui  avait  eu  d'abord  la  direction  des  peintures  de  la  cha- 
pelle Siniine,  avait  orné  la  voûte  de  six  tableaux  empruntés  à  l'histoire  de 
la  Création  du  genre  humain;  à  côté  de  ces  grandes  scènes  bibliques  il 
plaça  les  prophètes  et  les  sibylles  qui  pressentirent  la  venue  du  Messie. 
Dans  les  étroits  espaces  réservés  au-dessus  des  fenêtres,  il  représenta 
l'Attente  et  Tespoir  de  l'Humanité  chez  les  ancêtres  du  Christ,  et  dans  les 
coins  de  la  voûte,  la  Délivrance  miraculeuse  du  peuple  d'Israël.  Les  vieux 
florentins;  et  les  peintres  de  l'Ombrie  avaient  déjà  autrefois,  dans  leurs 
peintures  murales,  adopté  des  sujets  tirés  collectivement  de  la  vie  dé 
Moïse  et  de  celle  du  Christ,  mettant  ainsi  la  Loi  en  face  de  TËvangile. 
Lorsque  Raphaël  reçut  la  mission  de  continuer,  dans  des  cartons  desti- 
nés à  être  reproduits  en  tapisserie,  la  grande  pensée  contenue  dans  les 
peintures  de  Michel*Ange,  il  voulut  représenter  la  fondation  de  r£glise 
catholique^  pour  remplir  toute  la  partie  inférieure  des  murs  latéraux,  et 
il  choisit  dix  sujets  tirés  de  la  vie  des  apôtres  Pierre  et  Paul  et  de  celle 
de  saint  Etienne,  le  premier  martyr  chrétien. 

Pour  la  décoration  de  l'autel,  il  se  proposa  de  peindre  le  Couronnement, 
de  la  Vierge,  comme  symbole  de  la  perfection  humaine.  Plus  tard,  Mi- 
chel-Ange termina  le  vaste  poème  historique  par  la  grande  fresque  du 
Jugement  dernier. 

Les  cartons  d'après  lesquels  devaient  être  faites  les  tapisseries  historiées 
de  la  chapelle  Sixtine  furent  exécutés  par  Raphaël  dans  les  années  i5i5et 
i516,ainsi  que  nous  le  verrons  plus  loin.Vasari  nousapprend,danslaVie 
de  Francesco  Penni,  que  cet  artiste  avait  spécialement  aidé  Raphaël  dans 
l'exécution  de  ces  cartons,  et  que  Giovanni  da  Udine  prit  part  aussi  à  ce 
travail.  Peut-êtrei  en  effet,  pourrait-on  attribuer  le. dessin  des  bordures 
à  ces  deux  artistes.  Les  cartons  ayant  été  envoyés  à  Arras  dans  les  Pays- 
Bas,  où  étaient  alors  les  plus  célèbres  manufactures  de  tapis,  on  fabriqua, 
d'après  ces  modèles,  avec  de  la  laine,  de  la  soie  et  des  fils  d'or,  des  tissus 

i.  Voy.  t.  I,  p.  223  et  suiv.,  ce  qui  concerae  ces  tapisseries,  ainsi  que  Textrait  d'une  cu- 
rieuse notice  de  M.  Pinchart  de  Bruxelles,  dans  ['Appendice  de  ce  inénie  volume  ;  notice  rcdi- 
{rée  d'après  des  documents  nouveaux  que  M.  Passavant  ne  connaissait  pas  encore  lorsqu'il  a  ' 
re%u  80D  Ui»ioirc  de  Raphaël.  On  remarque  aussi  quelques  diiïcrcnccs  dans  les  faits  et  les  dates 
que  le  savant  auteur  a  consignés  ici,  après  avoir  écrit  sou  premier  volume.  (Aofe  de  l'édiletir.  ) 


100  LES  TAPISSERIES 

nommés  en  Italie  des  arazzi  ou  panni  di  reusia.  Si  nous  deTons  nous  en 
rapporter  au  témoignage,  d'ailleurs  si  plausible,  de  R.  de  Piles  {Abrégé 
de  la  vie  des  peintres,  p.  470),  la  fabrication  de  ces  tapisseries  aurait  été 
dirigée  par  Bernard  van  Orley,  peintre  flamand,  qui  avait  étudié  sous 
Raphaël 

De  Piles  associe,  dans  cette  direction,  Michel  Coxcie  à  Bernard  vaaOrley, 
ce  qui  nous  paraît  moins  vraisemblable,  car,  à  l'époque  où  ces  tapisseries 
furent  tissées,  Michel  Coxcie,  étant  âgé  de  20  ans  à  peine,  ne  pouvait  pas 
encore  être  chargé  de  surveiller  des  travaux  si  importants.  Raphaël  reçut 
i34  ducats  d'or  pour  le  payement  de  ces  cartons,  car  on  lit  cet  extrait  dos 
livres  de  comptes  de  l'église  Saint-Pierre,  dans  un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque  Chigi  (MS.  H.  22)  : 

a  A  di  15  junio  1315  la  Rev.  Fabrica  dl  San  Pieiro  deve  dare  ducati  300 
di  Caméra,  pagati  per  ordine  di  Monsig.  Rmo.  M.  Bernardo  da  Bibiena» 
card.  di  S.  Maria  in  Porlico,a  Raphaële  da  Urbino  per  parte  di  paganiento 
delli  cartoni,  o  disegni  si  mandano  in  Fiandra  per  li  panni  razza  si  fanno 
per  la  cappella  :  appare  quitanza  =  D.  300.  d  Puis,  plus  loin  :  «  A  di 
20  décembre  1516,  deve  dare  ducati  134  di  Caméra,  pagati  per  ordine  di 
Monsignore  a  Raphaële  da  Urbino  per  pagamento  delli  cartoni  ha  fatto 
per  la  cappella.  Ne  ho  polizsa  =-  D.  134.  » 

En  1518,  les  tapisseries  fabriquées  à  Arras  arrivèrent  à  Rome,  ce  qui 
résulte  du  mémoire  des  frais  du  transport  (publié  par  Gio.  Gaye  dans  son 
Carteggio,  t.  Il,  p.  222).  Dans  cet  extrait  des  :  Conti  Bilanci  et  allre  Par-  . 
iite  attenenti  à  Leone  X,  il  est  dit  :  a  1518.  21  aprile.  Ducati  29,  che  D. 
.18  a  Raiïaello  di  vitale  per  porto  di  11  panni  d'arazzi  da  Lione  a  qui,  e 
ducati  XI  a  Borgherini  per  spese  fatte  a'  detti  panni  di  fiandra  a  Lione. 
>  «  1518.  18  giugno.  Ducati  1,000  pagati  a  Pietro  Loroi  Fiamingo  a  biion 
conto  per  conto  d'arazerie;  sono  ducati  di  caméra.  » 

L'année  suivante,  les  tapisseries  furent  exposées  dans  la  chapelle  Sixtioe. 
C'est  ce  qui  ressort  d'une  lettre  de  Sébastien  del  Piombo  en  date  du  29  dé- 
cembre 1519,  adressée  à  Michel-Ange,  lettre  qui  se  trouvait  dans  la  suc- 
cession de  Sir  Th.  Lavirrence  et  qui  «st  imprimée  dans  l'ou^Tage  suivant  : 
Alcune  memorie  di  Michel  Angelo  da  MSS.  F.  de  /loman»  (Roma,  1823). 
Sébastien  del  Piombo  dit  à  Michel-Ange  :  «  Et  credo  lamia  tavola  (la  Ré- 
surrection de  Lazare)  sia  meglio  disegnatache  i  panni  arazi  che  son  venuti 
da  Fiandra.  » 

Paris  de  Grassis,  qui  était  maître  des  cérémonies  du  pape  depuis  1506, 
constate  aussi  le  fait  dans  son  journal  (p.  342  du  manuscrit  inédit  conservé 
à  la  bibliothèque  Vaticane)  :  «  1519.  In  die  S.  Stephani  jussitPapa  appendi 
suos  paunos  de  Rassia  novos,  pulcherrimos,  pretiosos,  de  quibus  tota 
cappella  stupefacta  est  in  aspectu  illorum,  qui,  ut  fuit  universalejudicium, 
sunt  res,  qua  non  est  aliquid  in  orbe  nunc  pulcbrius  :  et  unumquodque 


DE  RAPHAËL.  m 

pretiilm  est  TaloHs  duorum  milliutn  àucatorum  auri  in  auro.  »  Selon  ce 
passage  du  journal  de  P&ris  de  Grassis^  chaque  tapisserie  aurait  coûté 
S,000  ducats  d'or^ ce  quidonne  environ  40,000  scudi  pour  la  série  entière. 
Mais  Panvinio  (Vile  de*  Pontefice,  t.  II,  p.  495)  et  Paolo  Giovio  (Vite  d'Uo- 
mini  illustriy  Venezia^  lib.  4)  les  estiment  à  SO^OOO  ducats  d'or,  et  Vasari 
à  70,000  scudi. 

Gesdix  tapisseries  de  l'Histoire  des  Apôtres,  que  les  gardiens  du  Vatican 
nomment  d'ordinaire  Ârazzi  deUa  scuola  vecchia  (  par  opposition  aux 
tapisseries  fabriquées  plus  tard,  représentant  des  sujets  tirés  de  la  vie  du 
Christ,  et  désignées  sous  la  dénomination  de  Arazzi  délia  scuola  nuova), 
ont  subi  maitites  vicissitudes,  car  elles  sortirent  deux  fois  de  Rome,  mais, 
par  un  hasard  singulier,  elles  furent  deux  fois  restituées  au  gouverne- 
ment pontiGcal. 

La  preoiière  fois,  elles  furent  enlevées,  comme  butin  de  guerre,  par  les 
troupes  de  Gharles^uint  lors  du  pillage  de  Home  en  1527.  Elles  allèrent, 
on  ne  sait  comment,  se  cacher  à  Lyon  et  furent  offertes  en  vente  dans 
cette  ville,  en  1530.  Glément  Vil  voulut  les  racheter  moyennant  160  du- 
cat! %  mais  ce  marché  ne  s'effectua  pas.  Plus  tard,  elles  devinrent  la  pro- 
priété du  connétable  Anne  de  Montmorency,  qui  les  fit  restaurer  et  les 
rendit,  en  1555,  au  pape  Jules  111,  comme  appartenant  au  Saint-Siège.  Le 
fait  de  celle  restitution  est  consigné  dans  l'inscription  suivante  qui  a  été 
ajoutée  au  tissu  même  de  la  tapisserie  représentant  le  Sermon  de  saint 
Paul  à  Athènes  :  tUrbe  capta  partem  aulœorum  à  prsedonib.  distracto- 
rum  conquisitam  Annce  Mommorancius  galllcsp  militiag  prœf.  resarcien- 
dam  atq.  Julio  111.  P.  M.  restituendam  curavit,  1553.  »  Au-dessus  de  Tin- 
Bcription  on  voit,  outre  deux  mains  ganlelées  qui  tiennent  des  épées,  les 
armes  de  la  famille  Montmorency  qui  sont  composées  de  douze  alérions 
d'or  sur  champ  d'azur.  Il  paraît  que  les  tapisseries  ne  furent  plus  ensuite 
exposées  dans  la  chapelle  Sixtine,  car,  selon  Torrigi  (Le  sacre  grotte  Vali- 
ran«,  p.  142),  le  pape  Paul  III  institua  l'usage,  qui  s'est  conservé  depuis, 
de  les  faire  suspendre  annuellement  le  jour  de  la  Fête-Dieu,  primitive- 
ment devant  l'église  de  Saint-Pierre  et  plus  tard  dans  la  galerie  qui 
mène  de  la  sala  Regia  à  l'église.  Elles  furent  volées  une  seconde  fois,  en 
même  temps  que  les  autres  tapisseries  de  Raphaël,  pendant  la  révolution 
de  1789.  Elles  passèrent,  dit-on,  dans  les  mains  des  juifs,  qui  croyaient 
faire  un  beau  bénéfice  en  les  brûlant  pour  recueillir  Tor  qu'elles  pouvaient 
contenir.  Mais,  comme  .('essai  qu'ils  firent  malheureusement  sur  une  de 

1.  Voy.  Gaye,  CarUggio.  II,  p.  Î22  :  «  Pierpolo  pcr  ordiue  di  Clémente  VII  a  inonsignore 
Fnteilo  del  Papa  a  Ftrenze  1530,  t3  d<H!^,  mesa.  Gianfrancesco  da  Mantua;  diteli  che  ho  la 
loa,  et  facto  intendere  al  papa  delU  paani,  dice  sono  a  leone.  Delche  dice  S.  Sàntitâ,  che  sono 
di  qoeUi  deUa  historia  di  S*  Pietro,  et  di  qoelli  che  Raphaello  da  Urbiiio  fece  K  carton!;  cbe 
per  li  160  ducati  che  scrlye,  le  piglierà,  altriiuente  uon  li  vuole.  > 


102  LES  TAPISSERIES 

ces  tapisseries  (ceJle  qui  représente  la  DélivraDce  des  limbes]  ne  répondil 
point  à  leur  attente^  ils  vendirent  les  autres  à  des  marchands  de  Gênes. 
En  1808,  Pie  Vil  les  fit  racheter  '  dans  cette  ville.  C'est  ainsi  qu'elles  re- 
vinrent à  Rome,  de  la  manière  la  plus  inattendue,  peu  de  temps  a?ant 
l'enlèvement  du  pape  par  les  ordres  de  Napoléon. 

Plus  tard,  en  1814,  on  les  suspendit  dans  les  appartements  du  Vatican 
qui  portent  le  nom  de  Pie  V.  comme  nous  l'apprend  cette  inscription  corn- 
mémorative  ajoutée  à  la  tapisserie  de  la  Péciie  miraculeuse  :  «  Magoi  Ra- 
phœlis  Snnctii  Urbinatis  picturas  textis  aulœis  expressas  iubente  Leone  X 
P.  M.  ad  Vaticaniornamentum  Pius  VU  P.  M.  sumplu  non  exiguo  redemp- 
tas  et  instauratas  in  splendidiorem  iocum  artium  commoditati  collocandas 
mandavit  A.MDCCCXIY.  »  Par  suite  de  toutes  ces  aventures,  les  tapisseries 
ont  beaucoup  perdu  de  leur  éclat  primitif,  car,  à  l'exception  du  fragment 
de  la  tapisserie  représentant  Élymas  frappé  de  cécité  (cette  tapisserie  sans 
doute  fut  détruite  à  moitié  lors  de  sa  première  pérégrination),  elles  sont 
très-effacées  et  très-restaurées.  Et,  si  Ton  admet  que,  même  dans  leur 
éclat  primitif,  le  tissage  était  loin  d'avoir  pu  atteindre  la  perfection  du 
dessin  des  cartons,  c'est  affaire  à  l'imagination  de  se  figurer,  à  la  vue 
des  tapisseries  dans  leur  état  de  délabrement,  ce  que  devait  être  la  beauté 
des  cartons  ou  seulement  la  magnificence  des  tissus  dans  leur  nouveauté. 

Néanmoins,  il  n'avait  pas  été  possible  à  l'ouvrier  flamand  d'annihiler  le 
caractère  grandiose  et  saisissant  des  compositions  de  Raphaël,  et  encore 
aujourd'hui,  après  plus  de  trois  siècles,  ces  tapisseries  gardent  une  ombre 
de  leur  ancienne  splendeur,  tellement  qu'on  admire,  en  les  voyant,  le 
génie  du  divin  maître  qui  a  créé  des  compositions  si  vraies,  si  nobles^  si 
sublimes.  Ces  tapisseries,  en  un  mot,  toutes  détériorées  qu'elles  soient, 
occupent  une  place  digne  de  Raphaël  à  côté  des  plus  hautes  productions 
de  Michel-Ange. 

Ce  que  nous  avons  à  dire  des  sept  cartons  originaux,  qui  sont  en  An- 
gleterre, trouvera  sa  place  à  la  suite  de  lu  description  des  dix  tapisseries, 
et  nous  terminerons  par  la  description  de  la  suite  (quoique  exécutée  plus 
tard)  des  douze  tapisseries  représentant  des  sujets  tirés  de  la  vie  du  Christ, 
conjointement  avec  des  figures  allégoriques  et  des  emblèmes  relatifs  à  la 
maison  des  Médicis. 

Le  chevalier  D^  Karl  Bunsen  (dans  sa  Description  de  la  ville  de  Rome, 
1. 11,  p.  408)  fut  le  premier  qui  essaya  de  retrouver  dans  quel  ordre  avaient 
été  autrefois  suspendues  les  tapisseries  à  la  chapelle  Sixtine.  11  reconnut 
d'abord  qu'elles  correspondent  exactement  aux  dix  espaces  divisés  par 

{ .  M.  Gunii  dit,  dans  sa  CartonensiOf  or  an  hislotieal  andcritical  account  oflhe  Tapetlrie$ 
in  the  Palace  ofthe  Vatican  (London»  1832,  in-8),  qu'un  certain  Devaux  avait  acheté  d'un 
juif  les  tapisseries  de  Raphaël  pour  1300  scudi^  et  que  plu»  tard  elles  furent  restituées  au  pape 
Pie  Vil. 


DE  RAPHAËL.  193 

d€s  pilastres  dans  le  chœur  de  la  chapelle,  savoir,  cinq  de  cha(|ue  côté,  en 
commençant  par  le  mur  du  fond  (sur  lequel  est  actuellement  le  Jugement 
dernier  de  Michel-Ange),  jusqu'à  la  grille  qui  sépare  la  chapelle  en  deux 
parties.  Mais,  comme  le  trône  du  pape  est  placé  du  côté  gauche,  la  tapis- 
serie qui  couvrait  ce  côté-là  devait  être  moins  large  que  les  autres;  or^ 
celle  de  la  Lapidation  de  saint  Etienne  est  justement  de  la  grandeur  de 
l'espace  qui  reste  libre.  De  cette  manière,  il  est  vrai,  Tordre  chronologi- 
que qu'il  ne  faut  pas  abandonner  semble  interverti,  mais  on  le  rétablit 
parfaitement,  si  le  trône  du  pape  est  considéré  comme  un  point  central,  en 
plaçant  d'un  côté,  vers  l'autel ,  la  Pèche  miraculeuse  et  la  Remise  des 
clefs,  et,  de  l'autre  côté,  la  Lapidation  de  saint  Etienne,  la  Guérison  du  pa- 
ralytique et  la  Mort  d'Ânanie.  Vis-à-vis,  du  côté  droit,  la  tribune  des  chan- 
teurs occupant  la  plus  grande  partie  du  compartiment,  c'est  là  que  devait 
être  suspendue  la  tapisserie  moins  large  qui  repré^iente  Saint  Paul  dans 
sa  prison.  Quoique,  dans  l'ordre  chronologique  de  ces  cinq  épisodes  de  la 
vie  de  saint  Paul,  cette  tapisserie  soit  la  quatrième,  puisque  l'apôtre  ne  se 
rendit  à  Athènes  qu'après  son  séjour  à  Lacédémone,  la  scène  de  la  prison 
convenait  lAieui  au  peu  d'espace  qu'il  y  avait  à  couvrir,  et  c'est  pour  cela 
que  Raphaël  se  permit  cette  légère  déviation  dans  l'ordre  chronologique, 
qu'il  a  suivi  d'ailleurs  scrupuleusement.  Cette  disposition  des  tapisseries 
une  fois  admise,  les  tableaux  du  socle  entrent  aussi  dans  la  suite  naturelle 
des  sujets,  car  ceux  qui  sont  au-dessous  des  principaux  épisodes  de  la  vie 
de  saint  Paul  complètent ,  en  quelque  sorte,  la  représentation  de  cette 
partie  de  l'histoire  des  apôlres.  Bien  plus,  l'ordre  que  nous  venons  d'assi- 
gner aux  cinq  premières  tapisseries  permet  mieux  de  comprendre  la 
suite  des  tableaux  du  socle,  qui  offrent  des  sujets  tirés  de  la  vie  de 
l-éon  X,  jusqu'à  son  élection  ;  car  le  premier  à  droite  et  le  plus  rapproché 
du  trône  pontifical  concerne  un  événement  qui  remonte  à  Tannée  1492; 
puis,  viennent  ensuite,  en  partant  de  là,  à  droite  et  à  gauche,  les  autres 
épisodes  de  la  même  histoire,  jusqu'au  dernier,  qui  représente  THommage 
rendu  au  pape  et  qui  se  trouve  justement  près  du  trône,  où  cette  scène 
s'est  en  effet  accomplie. 

166.  La  Pêê/ie  miraculeuse. 

Celte  tapisserie  était  placée  à  gauche  de  Tautel,  au-dessous  de  Moïse 
.  sauvé  des  eaux,  sujet  qui  fut  détruit  pour  l'exécution  du  Jugement  dernier 
de  Michel-Ange. 

Jésus,  assis  à  droite  dans  la  barque,  parle  à  saint  Pierre  qui  tombe  à 
genoux  devant  lui  ;  derrière  Jésus  se  tient  encore  un  apôtre;  dans  une  se- 
conde barque  deux  autres  apôtres  sont  occupés  à  retirer  les  filets  pendant 
qu'un  troisième  tient  le  gouvernail.  Au  bord  de  Teau  se  trouvent  trois 
grues^  et  dans  le  lointain^  près  d'une  ville,  on  voit  beaucoup  de  peuple. 

ïU  43 


1 


194  LES  TAPISSERIES 

Anciennes  gravures  d'après  des  dessins. 

Andr.  Meldola.  Bartsch,  t.  XVI,  p.  51,  n"*  20.  Dans  la  manière  du  Parmegia- 
nino.  —  Diana  Mantuana,  in-folio  en  largeur. —  Sur  bois,  en  clair-obscur,  par 
Hugo  da  Carpi;  épreuves  postérieures,  par  Andréa  Andreani,  1609.  Bartsch, 
t.  XII,  p.  37,  n»  13. 

Gravures  d'après  le  carton. 

Nie.  Dorigny,  grand  in-folio  en  largeur.  —  Du  Bosc,  du  côté  opposé,  in-folio 
en  largeur.  —  Sim.  Gribelin,  in-8»  en  largeur.  —  James  F illler,  in-12  en  largeur. 
—  John  Simon,  manière  noire,  pelit  in-folio  en  largeur.  —  E.  Kirkal,  in-folio 
en  largeur.  —  Anonyme,  chez  Bowles,  manière  noire,  in-folio  en  largeur.  —  Th. 
Halloway,  du  côlé  opposé,  grand  in-fôlio.  —  James  Gçdby,  London,  1819,  grand 
in-folio  en  largeur.  —  Lithogr.  chez  Vellen,  à  Carlsrube,  grand  in-folio  en 
largeur. 

Gravures  diaprés  les  tapisseries. 

Cornélius  Met.  Bartsch,  t.  IX,  p.  90.  n«  1.  —  G.  Chasleau  excudil;  à  gauche  : 
d.  Saat,  à  Teau-forte,  avec  dix-neuf  figures  dans  le  lointain.  Du  côlé  opposé. 
H.  U"4"';  1.  18"  8'".  —  Louis  Sommerau,  in-folio  en  largeur.  A  l'eau-forte, 
faisant  partie  d'une  suite  de  vingt  planches,  d'après  les  tapisseries,  avec  une 
feuille  de  titre  et  la  dédicace  au  prince  Léopold  de  Brunswick-Liinebourg,  etc., 
chez  l'auteur  et  chez  Bauchard  et  Gravier,  à  Rome,  1780,  in-folio  en  largeur.  — 
A.-P.  Tardieu,  in-8».  —  Petite  planche  signée  B.  Wl.  H.  8" 4'";  1.  10'  9'".  — 
Grande  planche  dans  la  manière  de  Jean  Audran.  du  côté  opposé,  avec  l'adresse  : 
Jltie  Saint^acque*.  —  A  l'eau-forte,  par  un  anonyme ,  avec  cette  souscription  : 
Noli  limere  :  ex  koe  jatn  hominet  erit  capùiM.  Petit  in-folio.  —  Landon,  n"*  3. 

Une  esquisse  dessinée  à  la  plunoie^  pour  Jes  deux  barques  avec  les  six 
figures^  se  trouve  dans  le  Cabinet  d'estampes  de  Berlin.  Un  autre  dessin  à 
la  sepia  est  dans  la  collection  royale  d'Angleterre.  Steph.  Mulinari  a  fait 
une  gravure^  d'après  un  dessin  non  original,  qui  est  à  Florence.  Il  y  a 
aussi  deui  dessins^  qui  ne  peuvent  passer  pour  originaux,  dans  la  collection 
royale  d'Angleterre  et  dans  la  collection  d'Oxford. 

Nous  regardons  comme  une  première  esquisse  du  maître,  très-retra- 
vaillée,  le  dessin  (avec  plusieurs  apôtres  et  plusieurs  femmes  au  premier 
plan)  qui  passa  du  cabinet  Crozat  dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

Gravures  :  Par  Joh.  Bapt.  Franco.  Bartsch,  t.  XVI,  p.  124,  n*  14.  —  A.  F&n- 
tuzzi,  avec  deux  apôtres  à  droite,  eau-forte.  H.  9"  7'";  1.  IT  13'".  —  Dans  la 
manière  de  Léon  Daven.  H.  9"  8'"  ;  1.  12"  %".  —  A  l'eau-forte,  par  un  anonyme, 
du  côté  opposé;  au  dernier  plan  on  voit  une  vue  de  Venise;  in-folio  en  largeur. 
—  Ph.  Thomassin,  in-folio  en  largeur.  —  Lithogr.  par  Pilizotti.  —  Landon, 
n«  234. 

Tableaux  du  socle. 

Ces  tableaux^  ajoutés  et  tissés  au  bas  des  grandes  tapisseries»  comme 
pour  Tornement  d'un  socle  architectural  en  relief^  sont  exécutés  dans  im 
ton  de  métal  jaune^  avec  des  lumières  rehaussées  d'or  véritable.  Les  sujets 
au-dessous  de  la  Pêche  miraculeuse  sont  les  suivants  :  A  gauche ,  Gio- 
vanni de'  Medici^  après  la  mort  de  Jules  H,  allant  à  Rome  pour  assister 


DE  RAPHAËL. 


195 


an  eonclaTe.  La  figure  allégorique  de  la  Ville  lui  tend  la  maio.  A  droite, 
Giovaoni^  élu  pape  sous  le  nom  de  Léon  X,  reçoit  l'hommage  des  cardi- 
naui,  en  i513. 

Gravé  à  l'ean-forte,  par  Pietro  Sanli  Bartoli,  du  côté  opposé,  n**  13  et  14,  dans 
la  série  de  quatorze  plaDches  avec  la  dédicace  à  Léopold  de'  Medici,  par  J.  J.  de 
Bossi,  in-foiio  en  largeur.  —  Laodon,  n"*  265  et  266. 

Ornementation  du  pilastre. 

L'arabesque  tissée  d'un  côté  de  la  tapisserie  contient  les  armes  des 
Médicis  dans  un  médaillon ,  outre  plusieurs  petites  figures  et  des  orne- 
ments dans  le  genre  des  grotesques,  exécutée  en  toutes  couleurs  sur 
fond  blanc.  Ces  arabesques  correspondaient  aux  pilastres  de  la  chapelle, 
lorsque  les  tapisseries  étaient  suspendues  dans  l'ordre  indiqué  plus  haut. 

187.  Conduis  mon  troupeau. 

Le  Christ^  debout  à  droite^  indique^  de  la  main  gauche,  un  troupeau  de 
brebis,  et^  de  la  droite,  saint  Pierre  agenouillé  et  tenant  les  clefs  qu'il 
lient  de  lui  remettre.  Les  dix  autres  apôtres,  debout  derrière  Jésus,  se 
montrent  diversement  émus  de  sa  parole.  Un  paysage  forme  le  fond  de 
la  scène;  on  Toit  une  barque  de  pêcheur  au  bord  de  l'eau,  à  gauche.  La 
riche  bordure  d'étoiles  d'or,  qui  rehausse  le  manteau  blanc  du  Christ, 
produit  un  si  bel  effet  dans  l'ensemble  du  tableau,  que  nous  n'hésitons  pas 
à  l'attribuer,  aussi  bien  que  d'autres  ornements  d'or  dans  ces  tapisseries, 
à  rinvention  de  Raphaël  même ,  quoiqu'il  n'en  reste  pas  trace  sur  les 
calions. 

Gravures  anciennes  d'après  des  dessins. 

Dans  la  manière  d*Agostino  Yeneziano,  le  Christ,  le  bras  élevé,  semblable  au 

dessin  de  la  collection  royale  d'Angleterre,  mais  les  ûgures  entièrement  vêtues. 

Bansch,  t.  XY,  p.  17,  n*6. —  Diana  Mantuana,  13  figures, le  Christ  à  gauche,  sans 

les  brebis,  d'après  le  dessiu  qui  est  actuellement  au  Louvre.   Bartsch,  t.  XY, 

p.  434,  n*  5.  Epreuves  postérieures  de  Carlo  Losi,  1773.  -*  Par  un  anonyme,  le 

Christ  à  gauche,  sans  les  brebis;  sur  un  fond  de  paysage.  Avec  l'adresse  : 

BwrmUi  Ptteifiei  formU.  Autres  épreuves  avec  :  In  Borna  per  Gioeanni  Baptiita  de 

ftwt  inpiaxxa  Ifatonna.  U.  8  "  8'"  ;  1.  13"  8'".-  Par  un  anonyme,  marqué  d'un  P. 

(lans  le  coin  de  droite,  avec  un  fond  blanc.  H.  8"  4'"  ;  1.  12"  3'".  —  Anonyme. 

Une  ville  dans  le  fond.  H.  8'  8'";  1.  13  '  ô'".  —  Par  Giulio  Bonasone.  Yoy.  Curo- 

Uiland,  et  le  Catalogue  des  gravures  du  duc  de  Buckingham.— ^A  l'eau-forte,  par 

P.  Soutman  delin.  et  excud.,  sous  la  direction  de  P.  P.  Rubens.  Le  Christ  à 

droite,  fortement  dans  la  manière  de  Rubens.  H.  12"  2'";  1.  18".  Épreuves  posté- 

neores,  avec  l'adresse.  F.  de  Wit  exe.  Amstelodami.  —  Copie  :  F.  Mazot  excu- 

dit,  etc.  Le  Christ  indique  les  clefs  de  la  main  droite.  U.  12  "  3'"  ;  1.  15"  3'".  — 

Gérard  Audran.  Le  Christ  à  gauche,  la  main  sur  la  poitrine;  treize  figures; 

librement  traité;  sans  les  brebis.  Eau-forte.  H.  4"  3";  1.  6' 4'",  -  J.  F.  Cars 

cicud.  Le  Christ  est  auprès  de  trois  montons.  Douze  figures.  H.  17"  ;  1.  23"  2"'. 

Gravures  d'après  le  carton. 
Nie.  Dorigny,  grand  in-folio  en  largeur.  —  B.  Lépicié,  1721,  cdté  opposé, 


196  LES  TAPISSERIES 

in-folio  en  largeur.  —  Sim.  Gribelin,  in-8  en  largear.  —  James  Fittler,  in-12  en 
largeur.'  John  Simon,  à  la  manière  noire,  petit  in-folio  en  largeur.  —  E.  Kirkal, 
à  la  manière  noire,  in-folio  en  largeur.  —  Anonyme,  chez  Bowles,  à  la  manière 
noire,  in-folio  en  largeur.  —  Th.  Halloway,  du  côté  opposé,  grand  in-folio  en 
largeur.  —  Lithogr.  par  F.  S.  Mayer,  chez  Vellen,  à  Carlsrube.  —  Aikman  se., 
grand  in-fol. 

Gravures  d'après  les  tapisseries. 

Mich.  Sorello,  d'après  un  dessin  par  D.  Corvi.  H.  9"  8'";  1. 13"  6'".  —  A.-P.  Tar- 
dieu,  in-8*.  (Tauriscus,  p.  130.)  ~  Louis  Sommerau,  à  Teau-forte,  in-folio  en 
largeur.  —  Landon,  n*  4. 

Dessins  pour,  le  carton. 

Dans  la  collection  royale  d'Angleterre  se  Irouve  une  étude  pour  toutes 
le$  figures,  d'après  le  modèle  vivant.  Le  Christ,  avec  le  bras  levé. 

Dans  la  collection  du  Louvre,  une  esquisse  semblable  au  carton,  moins 
les  brebis. 

.  Gravures:  Diana  Mantuana,  du  côté  opposé.  Bartsch,  t.  XY,  p.  434,  n*  5.  — 
Au  clair-obscur,  par  Jackson,  in-folio  en  largeur7  n*  476.  —  Une  autre  (de  la 
collection  Crozat?)  gravée  par  le  comte  de  Caylns.  Au  clair-obscur,  par  P. -A.  Ro- 
bert et  N.  Lesueur,  pour  le  Calnnel  Crozat ^  n*  40,  in-folio  en  largeur.  —  Au 
clair-obscur,  du  côté  opposé,  avec  paysage.  L.  9".  —  Le  même,  sans  paysage,  et 
de  la  même  grandeur.  —  S.  Mulinari,  1766,  d'après  un  dessin,  non  original,  qui 
est  à  Florence. 

Richardson  dit  avoir  vu,  dans  la  collection  Crozat,  sept  têtes  pour  les 
apôtres,  au  bistre. 

Tètes  pour  les  apôtres,  coloriées  :  une  dans  la  collection  du  Louvre. 
Huit  têtes,  sur  trois  feuilles,  ont  passé,  de  la  collection  d'un  graveur  en 
médailles,  Bœhm,  à  Vienne,  dans  celle  de  M.  Reiset,  à  Paris. 

Tableaux  du  socle, 

Giovanni  de'  Medici  s'enfuit  de  Florence,  sous  les  habits  d'un  moine. 
—  Pillage  du  palais  des  Médicis  (1494). 
Gravé  par  Pietro  Santi  Bartoli,  n*"  3,  4  et  5 —  Landon,  n*  255,  256  et  257. 

Ornementation  des  pilastres. 

Cette  tapisserie  a  une  arabesque  de  chaque  côté.  L'une  représente  les 
trois  Parques,  et  l'autre  les  quatre  Saisons.  L'ordonnance  de  ces  orne- 
mentations des  pilastres  est  certainement  ce  qui  a  été  fait  de  plus  gracieux 
et  de  plus  beau  en  ce  genre. 

Gravé  par  Joh.  Ottaviani  et  Joh.  Yolpato,  dans  la  troisième  livraison  des  : 
Loggie  di  Rafaele  ntl  \aiicanOy  etc.  (Roma,  1777.) 

\  88.  Lapidation  de  saint  É tienne i 
Le  saint,  touraé  à  droite,  est  tombé  à  genoux.  11  a  les  bras  ouverts  et 
étendus,  et  il  contemple  avec  une  extase  et  un  amour  célestes  Dieu  le 


DE  RAPHAËL.  197 

Père  et  le  Christ  qui  lui  apparaissent  dans  une  gloire  composée  de  trois 
anges  qui  écartent  les  nuages.  Derrière  lui,  un  homme,  les  bras  élevés^ 
lui  laoce  une  lourde  pierre;  cinq  autres^  plus  éloignés,  lui  jettent  égale- 
ment des  pierres,  et,  sur  le  premier  plan,  à  gauche,  un  homme  ramasse 
des  pierres.  Saul,  assis  à  droite,  garde  les  habits  des  lapidateurs.  Comme 
nous  Tavons  déjà  dit,  cette  tapisserie  est  moins  large  que  les  autres,  parce 
qu'elle  était  destinée  à  couvrir  l'espace  du  mur  où  se  trouve  le  trône 
du  pape. 

Gravé  par  Mich.  Sorello,  in-folio  en  largeur.  —  R.  Dallon.  Londres,  1753, 
grand  in-folio  en  largeur. 

L'esquisse  originale,  qui  diffère  quelque  peu  de  la  tapisserie,  est  con- 
servée dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

Gravé  par  A.  Barlsch,  1787.  —  Litbogr.  par  Pilizotti  ». 

Tableaux  du  socle. 

Le  cardinal  Giovanni  de'  Medici  fait  son  entrée  à  Florence,  en  qualité  de 
légal  pontifical  (1492). 
Gravé  par  Pietro  Santi  Bartoli,  n~  1  et  2.  —  Landon,  n**  553  et  554. 

11  existe  plusieurs  esquisses  de  ce  tableau.  L'une  d'elles,  conservée  au 
musée  du  Louvre,  pourrait  bien  être  originale,  c'est-à-dire  qu'elle  est  de 
Francesco  Penni,  auquel  on  attribue,  en  général,  tous  les  sujets  de  la  Vie 
de  Léon  X.  Une  seconde  esquisse  est  dans  la  collection  Albertine,  à 
Vienne.  Une  troisième  esquisse  passa  de  la  succession  de  Sir  Th.  Lawrence 
dans  la  collection  royale  de  La  Haye,  où  elle  fut  vendue  2S0  florins  à 
M.  Samuel  Woodbum,  à  Londres. 

Gravé  en  clair-obscur  par  Job.  Gottl.  Prestel,  1785,  in-folio  en  largeur.  ~  A 
Veau-forte,  par  Francesco  Morelli,  d'après  le  dessin  du  cabinet  Denon,  in-folio 
en  largeur.  —  Litbogr.  par  Pilizotti,  in-folio  en  largear.  —  Landon,  n"  139. 

189.  Zi^  Guénson  du  paralytique. 

Sous  le  péristyle  du  temple  de  Jérusalem,  saint  Pierre  et  saint  Jean, 
entourés  du  peuple,  s'approchent  du  paralytique.  Saint  Pierre  prend  la 
main  de  ce  malheureux  et  lui  dit:  Lève-toi  et  marche!  A  gauche,  un 
autre  estropié  se  traîne  vers  les  apôtres.  Parmi  la  foule,  on  remarque 
une  femme  avec  son  nourrisson.  A  droite,  on  voit  aussi  deux  autres 
femmes  avec  de  jeunes  enfants  nus,  l'un  desquels  porte  deux  colombes 
attachées  au  bout  d*un  petit  bâton.  Les  colonnes  torses  et  richement 
ornementées  du  péristyle  semblent  avoir  été  faites  d'après  celles  qui  sont 

• 

1 .  Souvent  on  cite  une  gravure  de  l'école  de  Marc-Antoine  comme  étant  une  première  es- 
quisse de  Raphaël  pour  la  Lapidation  de  saint  Etienne.  Bartsch,  t.  XV,  p.  23,  n**  3.  Landon, 
a*  416.  Mats  cette  gravure  n*a  aucun  rapport  axec  la  composition  de  Raphaël.  Zani  croit 
qu'elle  est  de  Bfartiuo  Rota.  M.  A.  Marelli  en  a  fait  une  copie. 


<d8  LES  TAPISSERIES 

encore  dans  la  basilique  de  Saint-Pierre,  et  qui  passent^  depuis  les  temps 
les  plus  reculés,  pour  avoir  appartenu  au  temple  de  Jérusalem. 

Anciennes  gravures  d'après  des  dessins. 

Joh.  Bapt.  Franco.  Bartsch,  t.  XYI,  p.  124,  n*  15.  —  Copie,  par  Dom.  Zenoi  ou 
Zenoni  Yeneto,  orfèvre  et  graveur,  vers  1574.  Dans  les  premièref  épreuvos.  on 
lit  sur  une  colonne  :  Raphaël  inventor^  et,  sous  la  main  droite  du  paralytique,  es 
toutes  peUtes  lettres  :  v.  f.  Les  secondes  épreuves  portent  l'adresse  de  Jacobas 
Laurus  exe.  H.  9"  8'";  1. 14"  7'".  —  En  clair-obscur,  trois  planches,  par  Parme- 
gianino.  Bartsch,  t.  XII,  p.  79,  n*  27.  Epreuve  sur  satin,  chez  le  prince  Paar,  à 
Vienne,  et  une  autre  chez  D.  Ciccio  de  Lucea,  à  Naples,  avec  ce  monogramme 
à  côté  du  jeune  garçon  :  IR,  1552.  —  Les  planches  du  clair-obscur  furent  em~ 
ployées  plus  tard  par  un  anonyme,  qui,  au  lieu  de  les  imprimer  à  plusieurs 
teintes,  en  tira  seulement  une  gravure  sur  bois.  Selon  Zani,  une  copie  aurait  été 
faite  par  Antonio  da  Trento,  d'après  le  clair-obscur  de  Parmegianino.  —  Jac. 
Bos  F.,  signé  sur  une   colonne,   et  à  gauche:  Rafaël  inventor.  (Taurisciis, 
p.  121 .  c.  ') 

Gravures  d'après  le  carton. 

Nie.  Dorigny —  B.  Lèpicié,  1721.  —  Sim.  Gribelin.  —  James  Fittler.  —  John 
Simon,  à  la  manière  noire.  ~  De  môme,  par  E.  Kirkal.  —  De  même,  chez  Bowles. 
—  Th.  Halloway,  du  côté  opposé.  —  Lithogr.,  chez  C.  Yelten,  à  Garlsruhe. 

Gravures  d'après  les  tapisseries. 

Louis  Sommerau,  1780,  in-folio  en  largeur.  —  Carlo  Dellarocca,  Milano,  1825. 
Grande  planche.  —  Au  trait,  avec  de  légères  ombres,  par  Dellarocca,  1827,  chez 
P.  Marchetli,  à  Rome.  —  Landon,  n*6. 

Tableaux  du  socle. 

A  droite^  le  cardinal  Giovanni  de'  Medici^  à  la  bataille  de  Ravenne,  se 
rend  prisonnier  au  capitaine  Federico  Gonzaga  da  Bozzolo,  qui  servait 
dans  l'armée  française.  A  gauche^  il  s'échappe  de  sa  prison,  eu  1512.  La 
figure  de  femme  couchée  semble  indiquer  une  naïade,  et  les  satyres, 
dans  les  roseaux  et  dans  la  petite  maison,  le  premier  tenant  un  flambeau, 
font  évidemment  allusion  au  danger  auquel  fut  exposé  le  cardinal,  lors- 
qu'un certain  Usimbardo  le  tint  enfermé  dans  un  colombier,  pour  le  livrer 
à  l'ennemi.  Ces  deux  sujets  sont  séparés  par  une  arabesque  formée  de 
deux  lions  et  de  branches  de  lauriers,  avec  le  nom  de  LEO.  X.  PONT.  MAX. 

Gravé  par  Pietro  Santi  Bartoli,  n**'  6  et  7.  —  Landon,  n""  258  et  259. 

190.  La  Mort  d'Ananie. 

Neuf  apôtres  se  tiennent  debout  sur  une  terrasse  ;  saint  Pierre,  au 
milieu  d'eux,  lance  l'anathème  contre  Ananie,  qui  se  roule  en  convul- 
sions et  rend  l'âme.  Un  jeune  homme  est  agenouillé  à  droite  avec  sa 

* 

\ .  Un  deasin,  retraYaillé  par  Rubens,  se  trouvait  dans  la  coUeetioa  Neyman,  à  Amsterdam. 
Voy.  le  Catalogue  de  Basan  (Paris^  1776).  Nous  ea  parlons  plus  loin  ,  en  décrivant  le  carton 
original  de  Tesquisse  pour  une  tète  de  femme,  dans  la  collection  de  Christ  Church  Collège,  & 
Oxford. 


DE  RAPHAËL.  499 

femme^  tous  deux  épouvantés  de  cet  événement^  tandis  qu'à  gauche  deux 
hommes  se  penchent  avec  stupeur  sur  l'homme  frappé  par  la  main  de 
Dieu.  Plus  loin^  au  fond,  à  gauche^  un  homme  et  une  femme  apportent 
des  vêtements;  on  voit  aussi  Saphira  qui  compte  l'argent  qu'elle  veut 
donner,  sans  pressentir  l'anathème  qui  vient  d'atteindre  son  mari  et  qui 
la  menace  elle-même.  Au  fond,  à  droite,  saint  Jean  et  quelques  autres 
apôtres  distribuent  des  secours  aux  pauvres  ;  un  vieillard  qu'accompagne 
une  jeune  fille,  vient  de  recevoir  l'aumône  et  monte  les  degrés  de 
l'escalier. 

Gravures  cTaprès  des  dessins. 

Agostino  Yeneziano  a  terminé  une  planche  commencée  par  Marc -Antoine 
(Bartsch,  t.  XIY,  n*  42),  où  se  trouve  aussi  l'indication  d'une  copie  que  Zani 
regarde  comme  une  épreuve  de  la  planche  retouchée.  Mais  on  peut  croire  que 
c'est  une  copie,  à  cause  des  différences  qui  existent  dans  l'inscription.  —  Sur 
bois,  en  cl^ir-obscur,  par  Hugo  da  Garpi,  1518.  Bartsch,  t.  XII ,  p.  46,  n*  27. 
Longbena,  p.  361,  cite  un  dessin  original  de  Raphaël,  dans  le  cabinet  de 
M.  Romuaido  Bufera,  à  Fabriano.  A  notre  grand  étonnement,  nous  avons  constaté 
que  ce  prétendu  dessin  n'était  pas  autre  chose  qu'une  épreuve  de  la  gravure  sur 
bois  de  Hugo  da  Carpi.  —  G.  Audran ,  d'après  une  copie  de  Ch.  Jervas,  avec 
quelques  changements.  H.  21"  6'"  ;  1.  25"  4"'.  —  J.  Th.  Prestel,  1Î77,  d'après  un 
dessin  douteux,  au  bistre,  dans  le  cabinet  de  Praun,  i  Nuremberg.  Grand  in-fol. 
eu  largeur,  à  l'aquatinte. 

Gravures  d'après  le  carton. 

Nie.  Dorigny.  —  D.  Beauvais,  1721.  —  Sim.  Gribelin.  —  James  Fittler.  —  A 
la  manière  noire,  par  John  Simon.  —  E.  Kirkal.  —  Anonyme,  chez  Bowles. — 
Grav.  par  Th.  Halloway.  —  Lithogr.,  chez  Yelten,  à  Carlsruhe.  —  A  l'eau-forte, 
grand  in-folio.  Quoique  signée  Mimpriu  se,,  cette  gravure  est  de  James  Barry,  à 
Londres. 

Gtravures  diaprés  la  tapisserie. 

Stephan  Gantrel  exe.  En  contre-partie,  grand  in-fol.  ^  A  Teau-forte,  par  Louis 
Sommerau,  1780.  —  Landon,  n"  6. 

Études,  Une  tête  de  femme  et  une  tête  d'homme^  de  grandeur  natu- 
relle, dessinées  à  la  pierre  noire  et  coloriées,  qui  se  trouvent  dans  la 
collection  du  Louvre^  semblent  avoir  été  faites  d'après  le  carton  original. 

Tableaux  du  socle. 

A  droite,  la  Harangue  du  gonfaloniere  Ridolfi  aux  babitants  de  Flo- 
rence, et,  à  gauche,  l'Entrée  du  cardinal  Giovanni  de*  Medici  dans  cette 
ville,  en  1512.  Entre  ces  deux  sujets,  il  y  a,  comme  dans  la  tapisserie 
précédente,  une  arabesque  avec  deux  lions  entourés  de  lauriers  et 
l'inscription  LEO.  X.  PONT.  MAX. 

Gravés  par  Pietro  Santi  Bartoli,  n<»  11  et  12.  —  Landon,  n~  263  et  264. 

Le  dessin  original  pour  la  Harangue  de  RidolQ,  par  Francesco  Penni,  se 
trouve  dans  la  collection  du  Louvre. 


200  LES  TAPISSERIES 

Ornementation  du  pilastre. 

Sur  un  des  côtés  de  la  tapisserie  est  une  arabesque  représentant  les 
trois  Vertus  tliéologales  (la  Foi,  l'Espérance  et  la  Charité). 

Gravé  par  Joh.  Ottaviani  dans  l'ouvrage  :  Loggie  di  Rafaele  nel  Yaticano  (Rom a  , 
1777,  presso  Marco  Pagliarini). 

191.  La  Conversion  de  saint  Paul. 

Cette  tapisserie  avait  sa  place  au-dessous  de  la  Nativité,  sur  le  mur  où 
se  trouve  actuellement  le  Jugement  dernier,  de  Michel-Ange. 

Saint  Paul,  renversé  de  son  cheval,  élève  ses  regards  vers  le  Christ, 
qui  lui  apparaît  dans  le  ciel, entouré  de  trois  petits  anges.  Les  compagnons 
de  Paul  s'enfuient,  saisis  de  frayeur.  Un  serviteur  arrête  et  maîtrise  le 
cheval  de  son  maître. 

Gravé  par  H.  Sorello,  in-fol.  en  largeur.  —  A  l'eau-forte,  par  Louis  Sommerai], 
1780,  in-fol.  en  largeur. 

Le  carton  pour  la  Conversion  de  saint  Paul  appartenait,  en  152-1,  au 
cardinal  Dom.  Grimani,  dans  la  collection  duquel  il  a  été  vu,  en  i5âf ,  à 
Venise,  par  l'Anonyme  de  Morelli  (voy.  p.  77  :  «  El  cartone  grande  délia 
Conversione  de  S.  Paulo  fu  de  mano  de  Raffaello,  fatto  per  un  dei  razzi 
délia  capella  »].  Comme  le  cardinal  Dom.  Grimani  avait  recueilli  un  grand 
nombre  d'anciens  tableaux  néerlandais,  et  notamment  le  magniHque 
Bréviaire  (qui  est  à  présent  dans  la  bibliothèque  Saint-Marc)  pour  lequel 
Memling  exécuta  plusieurs  miniatures,  on  peut  supposer  qu'il  avait  acquis 
le  carton  de  Raphaël  dans  les  Pays-Bas,  peut-<^tre  même  à  Arras,  de  la 
fabrique  de  tapisseries.  Dans  le  catalogue  des  objets  d'art  que  possédait 
le  cardinal,  catalogue  rédigé  et  écrit  de  sa  main,  en  1526,  on  voit  que  Je 
carton  était  colorié. 

Une  esquisse  à  la  sanguine,  pour  deux  cavaliers,  avec  le  soldat  fuyant 
qui  tient  une  lance,  se  trouve  dans  le  Teylers  Muséum,  à  Haarlem. 

Cette  composition  a  aussi  été  exécutée  à  fresque  dans  Téglise  S.  Maria 
dei  Lumi  à  S.  Severino,  près  Fabriano. 

Tableaux  du  socle. 

Les  deux  tableaux  représentent  la  Persécution  des  Chrétiens  par  Saul 
(Actes  des  Apôtres,  chap.  8).  C'est  donc  par  erreur  que  Pietro  Santi  Bartoli, 
sur  trois  des  feuilles  dédiées  au  prince  Léopold  de'  Medici,  n»"  S,  9  et  10, 
a  indiqué  ces  deux  sujets  comme  représentant,  l'un  le  Massacre  exécuté 
par  les  soldats  espagnols  après  la  prise  de  Prato,  en  1512,  et  Tautre  les 
Chefs  d'une  conjuration  contre  les  Médicis,  devant  leurs  juges,  à  Florence. 

Landon,  n"  260-262. 

192.  Elymas  frappé  de  cécité. 
Le  proconsul  Sergius,  assis  sur  un  tribunal  élevé,  voit  avec  étonnement 


DE  RAPHAËL.  201 

que,  sur  1<a  sentence  de  saint  Paul,  le  magicien  Élymas  vient  d'être  frappé 
de  cécité.  Un  serviteur  regarde,  effaré,  le  visage  de  l'aveugle,  tandis  que 
huit  autres  figures,  placées  derrière  lui,  paraissent  diversement  agitées. 
Deux  licteurs  se  tiennent  au  côté  gauche  de  Sergius.  Nous  avons  déjà  dit 
que,  de  cette  tapisserie,  d'ailleurs  assez  bien  conservée,  la  partie  supé- 
rieure seule  subsiste  encore.  11  y  avait,  à  droite,  une  ornementation  de 
[Hlastre  dont  il  ne  reste  qu'une  figure  de  femme  vêtue,  semblable  à  une 
statue  dans  sa  niche. 

Gravures  anciennes  dt après  des  dessins, 

Agostlno  Yeneziano,  1516,  et  une  copie  du  côté  opposé.  Bartsch,  t,  XIV,  n^  43. 
—  Ed  clair-obscar,  par  Hugo  da  Carpi,  in-fol.  en  larg. —  C.  Du  Bosc,  chez  Gan- 
trel,  à  Paris,  grand  in-fol.  en  largeur.  —  Seulement  la  figure  de  saint  Paul  dans 
un  paysage  où  se  trouve  un  moine  à  genoux,  par  Agoslino  Veneziano,  1517, 
H.  5"6'";l.  4" 2". 

Gi^avures  d'après  le  carton. 

Niç.  Borigny.  -  Du  Bosc.  —  Sim.  Gribelin.  —  James  Filller.  —  A  la  manière 
noire,  par  John  Simon.  —  E.  Kirkal.—  Anonyme,  chez  Bowles.  — Th.  Halloway. 
—  John  Bumet,  à  Londres;  24"  de  haut.  —  Lithogr.  par  F.  S.  Maier.  chez  C.  Vel- 
ten,  à  Carlsruhe.  —  A  l'eau-forte,  par  Sommerau,  1780,  in-fol.  en  largeur.  - 
Landon,  n»  120. 

Une  esquisse  peinte  en  grisaille  sur  papier,  qui  faisait  partie  de  la 
collection  Ant.  Rutgers,  fut  vendue  pour  16  florins.  Nous  ne  savons  ce 
qu'elle  est  devenue.  Dans  la  collection  royale  d'AngleteiTe  se  trouve  un 
dessin  à  la  sépia,  qui  n'est  pas  original,  comme  le  suppose  H.  Reveley. 

193.  Saint  Paul  et  saint  Barnabe  à  Lystra, 

Saint  Paul  et  saint  Barnabe,  debout  sous  un  portique,  voient  avec 
douleur  que  la  population  de  Lystra  veut  leur  offrir  des  sacriOces.  Le 
premier  déchire  ses  vêtements,  en  adressant  la  parole  à  un  homme  qui 
lui  présente  un  bélier.  Du  côté  gauche,  on  voit  le  peuple  qui  amène  des 
taureaux,  et  le  sacriiicateur  qui  s'apprête  à  en  abattre  un,  lorsqu'un  jeune 
homme  lui  retient  le  bras.  Sur  le  devant,  le  paralytique  qui  a  recouvré 
l'usage  de  ses  jambes  joint  les  mains  en  signe  de  reconnaissance,  tandis 
qu'un  vieillard  regarde  avec  surprise  la  guérison  du  pauvre  infirme,  qui  a 
jeté  ses  béquilles  à  terre.  Au  fond,  uir  forum  avec  des  temples;  vers  le  côté 
droit,  on  aperçoit  au  loin  une  statue  de  Mercure',  que  les  habitants  de 
Lystra  voulaient  adorer  dans  la  personne  de  saint  Paul. 

Gravures  d'après  le  carton. 

N.  Dorigny.  —  B.  Lépicié,  1721.  -  Sim.  Gribelin.  -  James Fitller.- Th.  Hal- 
loway. —  A  la  manière  noire,  par  John  Simon.  —  E.  Kirkal.  —  Anonyme,  chez 
Bowles.  —  Lithogr.  chez  C.  Velten^  à  Carlsruhe. 


loi  LES  TAPISSERIES 

Gravures  <f  après  la  tapisserie. 

6.  Audran,  d'après  un  dessin  de  Charles  Jenras.  H.  21"  8*";  1. 35"  V*\  —  /.  Lan- 
gloit,  grand  in-fol.  en  largeur.  —  Par  un  anonyme,  avec  l'adresse  :  Rue  Saimi- 
Jœquet,  etc.,  in-fol.  en  largeur.  —  Sommevau,  1780,  eau-forte.  In-folio  en  lary. 
—  Landon,  n*  8. 

Dans  le  cabinet  de  Praun ,  à  Nuremberg,  il  y  avait  le  dessin  de  la 
moitié  de  cette  composition,  avec  le  sacrifice,  à  la  sépia,  et  rehaussé  de 
blanc.  Selon  la  gravure  de  J.  Th.  Prestel,  ce  dessin  était  du  côté  opposé^ 
c'est-à-dire  que  le  paralytique  s'y  trouvait  placé  à  droite. 

G.  Metz  a  publié  aussi  un  fac-similé  de  ce  dessin;  mais  on  peut  juger 
à  première  vue  que  ce  n'est  pas  une  œuvre  de  Raphaël. 

La  figure  de  saint  Paul,  dessinée  à  la  pointe  d'argent  et  rehaussée  de 
blanc,  est  dans  la  collection  du  duc  de  Devonshire,  à  Chatsworth. 
Richardson  cite  un  autre  dessin  qui  était  dans  le  cabinet  Crozat. 

Tableaux  du  socle. 

Saint  Jean  quittant  la  ville  d'Antioche.  Il  embrasse  un  frère,  deux  autres 
l'accompagnent  de  leurs  bénédictions.  A  gauche,  sii  chrétiens  sont  auprès 
de  saint  Paul  (Actes  des  Apôtres,  ch.  13).  L'autre  tableau  nous  'montre 
Saint  Paul  enseignant  dans  une  synagogue  (chap.  13,  i4).  Le  saint  est 
debout  à  gauche ,  expliquant  l'Écriture.  Au  milieu  de  ces  deux  épisodes, 
il  y  a  une  arabesque  avec  deux  lions,  par  allusion  au  nom  de  Léon  X,  avec 
une  bague  et  trois  plumes,  qui  forment  la  devise  de  la  famille  de  Médicis. 
La  bague,  ornée  de  trois  diamants,  est  de  l'invention  de  Côme  [Pater 
patriœ).  Son  neveu,  Laurent  le  Magnifique,  y  ajouta  les  trois  plumes^  qui 
portent  quelquefois  les  couleurs  des  trois  vertus  théologales  (blanc,  vert 
et  rouge).  Les  diamants  témoignent  de  la  fermeté  du  caractère  des  Médicis, 
et  le  mot  semper  exprime  sans  doute  leur  persévérance  dans  l'amour 
de  Dieu. 

Gravé  par  Pietro  Santi  Bartoli,  dans  la  série  des  14  planches  qui  furent  dédiées 
par  G.  G.  de  Rossi  à  Nie.  Simonelli.  Cdté  opposé.  —  Landon,  n~  246  et  351. 

Décoration  du  pilastre. 

Les  arabesques  en  couleur,  qui  sont  tissées  d'un  côté  à  la  grande  tapis- 
serie, offrent,  dans  le  haut,  les  armes  des  Médicis,  et^  dans  le  bas,  un 
ornement  grotesque  avec  plusieurs  petites  figures. 

194.  La  Prédication  de  saint  Paul  à  Athènes. 

Saint  Paul,  debout  sur  des  degrés,  à  droite,  prêche  la  parole  de  Dieu 
aux  Athéniens,  dans  l'Aréopage.  Derrière  lui,  se  tiennent  des  philosophes 
de  différentes  sectes^  devant  lui,  plusieurs  sophistes,  assis  et  discu- 
tant, ainsi  que  quelques  hommes  du  peuple.  A  gauche,  ou  voit  Diony- 
sius  l'Aréopagite ,  et  sa  femme  Damaris^  qui  montent  les  degrés,  avec 
l'expression  d'une  sainte  croyance.  Du  même  côté,  dans  le  fond,  la  statue 


DE  RAPHAËL.  203 

de  Mars  devant  un  temple  rond.  La  forme  de  ce  temple  ressemble  à  celle 
de  la  chapelle  construite  par  Bramante  dans  le  cloître  de  S.  Pietro  in 
Mootorio,  à  Rome.  La  ûgure  de  saint  Paul  rappelle^  par  sa  pose  et  ses 
draperies^  la  figure  du  même  saint  visitant  saint  Pierre  dans  sa  prison, 
peinte,  par  Masaccio,  dans  Téglise  des  Carmélites^  à  Florence,  avec  cette 
différence  que,  dans  le  tableau  de  Masaccio,  saint  Paul  ne  lève  qu'un  bras 
aTec  l'index  étendu. 

Gravures  anciennes  d'après  des  dessins» 

Par  Mare-Antoine,  en  contre-partie.  Bartsch,  t.  XIT»  n*  44.  —  Copie,  sans  la 
tablette;  très-noire.  H.  10" 2'*';  1.  12"  10"'.  —  De  même,  avec  plus  de  fond,  ce  qui 
laisse  voir  toute  la  coupole  du  temple.  Dans  le  bas,  à  gauche,  il  y  a  l'a- 
dresse :  Jacobus  Marcucci  exe.  H.  10";  1.  12"  9'".  C'est  vraisemblablement  la  gra- 
vure que  Bartsch  indique  sous  le  n*  44,  avec  ceUe  autre  adresse  :  Jacohus 
Laums  exe. 

Gravures  d'après  le  carton. 

Nie.  Dorigny.  —  C.  L.  Du  Bosc  — Sim.  Gribelin.  —James  Fittler.  —Th.  Hal- 
loway. —  A  la  manière  noire,  par  John  Simon.  —  E.  Kirkal.  —  Anonyme,  chez 
Bowles.  —  Lithogr.  par  F.  Schôning,  chez  Yelten,  à  Carlsruhe.  —  Gravé  par 
G.  Audran,  d'après  un  dessin  de  Ch.  Jervas,  grand  in-fol.  en  larg.  —  J.-P.  Si- 
naon,  à  Londres,  1819,  grand  in-fol.  en  larg.  —  John  Burnet,  24"  de  haut.  —  A 
l'ean-forte,  par  Louis  Sommerau,  1780,  d'après  la  tapisserie.  —  Landou,  n*  9. 

Une  étude,  pour  la  draperie  de  l'apôtre  saint  Paul ,  et  pour  cinq  autres 
figures,  à  la  sanguine,  se  trouve  dans  la  collection  de  Florence. 

Gravé  par  S.  Mulinari,  1774. 

L'esqiiisse  de  toute  la  composition,  à  la  sépia,  laquelle  est  conservée 
dans  la  collection  du  Louvre,  n'est  qu'une  copie. 

Gravé  par  Caylus. 

Od  a  vendu,  dans  la  succession  du  baron  Sylvestre,  en  4832,  à  Paris, 
une  étude  i  la  sanguine  pour  la  figure  de  saint  Paul. 

Tableaux  du  socle. 

Ces  quatre  tableaux,  séparés  entre  eux  par  des  hermès,  ont  beaucoup 
souflert.  Ils  représentent  les  sujets  suivants  : 

a.)  L'Apôtre  saint  Paul  exerçant  le  métier  de  tisserand  (Actes  des  Apô- 
tres, ch.  18,  3). 

L'eau-forte  de  Pietro  Santi  Bartoli  indique  mal  à  propos  ce  sujet  comme 
appartenant  à  la  tapisserie  du  sanctuaire. 

6.)  Saint  Paul  à  Corintbe,  tourné  eu  risée  par  les  Juifs  (chap.  18,  6). 

Gravé  à  l'eau-forte  par  Pietro  Santi  Bartoli,  mais  indiqué  comme  représentant 
Saint  Paul  à  Ëphèse. 

c.)  Saint  Paul  impose  les  mains  aux  nouveaux  chrétiens  de  Corintbe 
(chap.  18,  8). 
Gravé  à  l'eau-forte  par  Pietro  Santi  Bartoli. 


20 i  LES  SEPT  CARTONS  DE  RAPHAËL. 

d.)  Saint  Paul  devant  le  tribunal  de  Gallion,  gouverneur  de  l'Achale 
(chap.  18, 1â). 

Gravé  à  l'eau-forte  par  Pielro  Santi  Bartoli,  avec  ccUe  fausse  indication  :  Saint 
Paul  devant  Festus. 

4 

Orîiementation  du  pilastre. 

Les  arabesques  en  couleurs  tissées  dans  la  grande  tapisserie  repré- 
sentent, à  gauche,  Hercule  portant  sur  ses  épaules  le  globe  céleste^  à  la 
place  d'Atlas,  et,  à  droite,  les  Heures  du  jour,  ou  Apollon  et  la  Ggure  de 
la  Lune,  avec  une  horloge  qui  marque  les  vingt-quatre  heures. 

Les  deux  pilastres  ont  été  gravés  par  Joh.  Yolpato  pour  les  Loggie  di  Rafaeie 
fiW  Yalicano,  etc.  (Roma,  1777). 

193.  Saint  PatU  en  prison. 

Pendant  que  le  saint  apôtre  prie  dans  sa  prison,  à  Philippi,  il  survient 
un  tremblement  de  terre,  figuré  ici  allégoriqueraent  par  un  homme 
gigantesque,  vu  à  mi-corps  dans  une  caverne  et  soulevant  la  voûte  avec 
les  épaules  et  les  bras.  Cette  figure  est  tout  à  fait  semblable  à  celle  que 
Raphaël  a  placée  dans  son  tableau  de  la  Fuite  du  cardinal  Giovanni  de' 
Medici.  Le  geôlier  et  le  soldat  de  garde  devant  les  barreaux  de  la  prison 
sont  saisis  d'épouvante. 

Cette  tapisserie,  qui  avait  sa  place  à  côté  de  la  tribune  des  chanteurs, 
n'a  que  3'  6'"  de  large. 

Gravé  à  l'eau-forte  par  Louis  Sommerau,  1780.  In~fol.  en  hauteur. 

L'esquisse  pour  la  figure  allégorique  du  tremblement  de  terre,  dessinée 
à  la  plume  et  lavée  d'un  ton  brun,  se  trouvait  dans  la  collection  Joshua 
Reynolds.  Elle  a  été  reproduite  dans  l'ouvrage  de  Charles  Rogers,  intitulé  : 
Collection  ofprints  in  imitation  ofdrawings  (London,  1778, 2  vol.  in-foL). 
Plus  tard,  cette  esquisse  a  passé  dans  le  cabinet  de  W.  Roscœ,  et  elle  est 
décrite  dans  son  catalogue,  sous  le  n»  7.  H.  8";  1.  8"  6'". 

Tableau  du  socle. 

Un  guerrier  assis,  ou  un  voyageur  avec  son  bâton;  devant  lui,  un 
homme  à  genoux. 


LES  SEPT  CARTONS  DE  RAPHAËL, 

DANS  LE  PALAIS  ROYAL  DE   HAMPTON  COURT. 

Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  c'est  en  1518  que  les  tapisseries  des 
Actes  des  Apôtres  arrivèrent  à  Rome  ;  mais  les  cartons  originaux  restèrent 
dans  la  fabrique  de  tapisseries,  à  Arras.  Ils  y  restèrent,  soit  par  négli- 


LES  SEPT  CAKTONS  DE  KAPHAEL.  305 

jience,  soit  que  Ton  eût  l'intention  de  les  faire  reproduire  une  seconde 
fuis  en  tapisseries.  Mais^  comme  le  cardinal  Domenico  Grimani,  de  Venise, 
possédait,  en  15Si ,  selon  le  témoignage  de  l'Anonyme  de  Morelli  S  le 
carton  de  la  Conversion  de  saint  Paul,  il  devient  probable,  par  ce  seul 
fait,  que  trois  cartons  étaient  déjà  sortis  de  la  fabrique,  où  Rubens  n'en 
trouva  plus  que  sept,  un  siècle  après.  Ce  grand  artiste,  lors  de  sa  mission 
diplomatique  en  Angleterre,  dans  Tannée  1630,  parla  de  ces  cartons  au 
roi  Charles  h%  qui  les  acquit  pour  une  somme  importante  et  les  plaça  à  . 
VfhilehaU.  Nous  empruntons  ce  renseignement  à  la  dédicace  au  roi 
George  1*%  en  1719',  que  Dorigny  mit  en  tête  de  ses  gravures  faites 
d'après  les  cartons  de  Raphaël.  C'est  un  renseignement  qui,  selon  C.  Ro- 
gers,  aura  été  fourni  au  graveur  par  le  lord  chambellan.  A  la  mort  de 
Charles  !«',  lorsque,  sur  les  décisions  du  Parlement,  tous  les  trésors 
artistiques  de  ce  malheureux  roi  durent  être  vendus  à  l'encan,  Cromweli 
put  seulement  obtenir  que  l'État  conservât  les  sept  cartons  de  Raphaël 
pour  la  somme  de  300  livres  sterling.  Bientôt  après  cependant ,  sous 
Charles  H,  ils  faillirent  passer  en  France.  Le  roi  Louis  XIV  avait  le  plus 
vif  désir  de  les  posséder,  et  son  ambassadeur,  Barillon,  venait  même 
d'obtenir,  à  ce  sujet,  l'assentiment -du  roi  d'Angleterre,  quand  le  comte 
Danby,  lord  trésorier,  eut  le  courage  de  s'opposer  à  cette  transaction  et 
plaida  la  cause  des  cartons  de  Raphaël  avec  tant  d'énergie,  que  Charles  II 
se  ravisa,  par  un  sentiment  de  dignité  personnelle,  et  rompit  la  négocia- 
tion. Voilà  comment  TAngleterre  est  redevable  à  ce  gentilhomme  de  la  con- 
servation de  ces  chefs-d'œuvre  qui  allaient  lui  être  enlevés  '.  Jusqu'à  celte 
époque,  ils  étaient  toujours  restés  dans  l'état  où  les  avaient  laissés  les 
fabricants  de  tapisseries,  c'est-à-dire  coupés  par  bandes  étroites  et 
criblée  de  piqûres  d'aiguille  qui  suivaient  tous  les  traits  du  dessin.  Van 
der  Doort,  le  gardien  des  collections  d'art  de  Charles  l**",  rapporte,  dans 
son  Catalogue^,  que  cinq  de  ces  cartons  avaient  été  envoyés,  de  son 
temps,  par  l'ordre  du  roi,  chez  Franz  Cleyn  ou  Cleen,  à  Morllake,  pour 

1.  Noiisia  d'opéré  di  di$egnOj  etc.,  pubblicata  da  D.  Jacopo  Moreili.  Bassano,  i  800,  m-8, 
p.  77. 

S.  Voici  le  passage  de  cette  dédicace  :  c  Multosque  post  aunos,  Rex  Carolus  Primus,  id  sua- 
dente  Petro  Paulo  Rubens  Equité,  maguo  pretio  emptas,  ex  Flandrii  ubi  prœfata  aulea  coafecl» 
faeruQt,  in  Angiiam  advehi  jussit.  ■» 

3.  Voy.  J.  Richardson,  Trailé  de  la  peinture  el  de  la  iculplure.  Amsterdam,  1728,  in-8, 
t.  m,  p.  Uî. 

4.  A  Catalogue  avd  deteription  ofking  Charles  I  capital  CoUeelion  ofpicturei,  etc., 
from  an  original  mt,  m  the  Athmolean  Muséum  al  Oxford.  London,  1757,  in-4.  —  Voici 
le  passage  en  question  :  «  Item  in  a  dit  box-wooden  case,  some  two  cartoons  of  Raphaël  Tr- 
binus  for  bangings  to  be  made  by,  and  the  other  five  are  by  the  king*s  appointment  delivered 
lo  M.  Francis  Cleen  at  Mortiake  to  roake  hangings  by.  «  Déjà  le  roi  Jacques  I*'  avait  fait  établir 
à  Mortiake  en  Surrey  une  fabrique  de  tapi^eries  par  Sir  Francis  Crâne ,  et  le  peintre  Franz 
Clcyu  de  Rostock,  qui  avait  étudié  à  Rome,  surveillait  les  travaux  de  cette  fabrique. 


â06  LES  SEPT  CARTONS  DE  RAPHAËL. 

être  exécutés  en  tapisseries.  Cest  seulement  le  roi  Guillaume  III  qui  fit 
réunir  et  (ixer  sur  toile  les  morceaux  de  ces  cartons^  par  William  Cooke. 
et  qui  les  plaça  ^  dans  une  salle  bâtie  exprès  par  Sir  Gbristopher  Wren, 
au  château  de  Hampton  Court.  Néanmoins^  ils  changèrent  plusieurs  Tois 
de  place.  En  l'année  ilQA,  on  les  transporta  au  palais  de  Buckingham, 
où  ils  ornèrent  une  salle,  en  guise  de  tapisseries.  Puis^en  i787,  ils  allèrent 
à  Windsor;  plus  tard  à  Frogmore,  et  ensuite  ils  revinrent,  pour  quelques 
années,  au  palais  de  Windsor,  où  ils  furent  exposés  successivement  dans 
différentes  salles.  Depuis  1814,  on  les  a  replacés  au  palais  de  Hampton 
Court,  où  nous  les  avons  admirés  en  1831  et  en  1850. 

Que  les  cartons  aient  souffert  dans  tous  ces  déplacements,  on  le  com- 
prendra sans  peine.  Des  retouches  y  furent  aussi  faites  par  une  main 
inhabile.  Malgré  tout,  ils  sont,  pour  la  plupart,  dans  un  état  satisfaisant  ; 
quelques-uns  même  conservent  encore  une  fraîcheur  et  un  éclat  qu'il 
n'était  guère  possible  d'espérer  de  couleurs  à  l'eau  qui  datent  de  plus  de 
trois  siècles.  Comme  nous  avons  déjà  décrit  plus  haut  les  sujets  de  ces 
cartons,  en  parlant  des  tapisseries  qui  les  reproduisent,  nous  nous  borne- 
rons à  consigner  ici  certaines  remarques  qui  nous  sont  inspirées  par  la 
vue  des  originaux. 

La  Pêche  miraculeuse.  —  Ce  carton  semble  peint,  du  moins  en  grande 
partie,  de  la  main  de  Raphaël,  comme  pour  servir  de  modèle  aux  autres. 
Il  est,  dans  son  ensemble,  superbement  dessiné  et  d'un  ton  clair  et  vi- 
goureux. Les  chairs  sont  très-lumineuses,  rougeâtres  dans  les  demi- 
teintes,  blanchâtres  dans  les  clairs,  d'un  ton  gris  brun  qui  va  se  dégra- 
dant jusqu'au  noir  vif  dans  les  ombres.  La  draperie  verte  de  saint  André 
est  d'une  couleur  très-brillante,  mais,  par  contre ,  le  manteau  autrefois 
rouge  du  Christ,  qui  se  reflète  encore  rouge  dans  l'eau,  a  tellement  pâli, 
qu'il  ne  reste  plus  la  moindre  trace  de  sa  couleur  primitive  et  qu'il  a  pris 
l'aspect  d'un  manteau  blanc,  d'une  excellente  exécution.  Le  paysage  a  ce 
ton  clair  qui  caractérise  le  maître  ;  on  reconnaît  aussi  dans  les  petites  ûgures 
sou  dessin  facile.  Les  poissons  dans  la  barque  et  les  grues  sur  le  bord  de 
Teau,  admirables  de  vérité,  furent  certainement  exécutés  par  Giovanni  da 
^dine.  En  somme,  ce  carton  est  bien  conservé;  seulement,  sur  le  ciel  à 
gauche  et  dans  la  mer,  on  a  rehaussé  maladroitement  d'un  ton  jaune  vert 
pâle  les  endroits  dont  la  couleur  était  effacée.  De  plus,  il  est  un  peu  coupé 
sur  les  côtés  et  dans  le  bas. 

Conduis  mon  troupeau,  —  Le  dessin  de  ce  carton  est  très-arrêté;  la 
disposition  des  lumières  et  des  ombres  procède  par  grandes  et  belles 
masses,  comme  dans  la  grande  draperie  blanche  sans  ornements  du  Sau- 
veur ;  en  revanche,  le  coloris  général  n'a  pas  la  fraîcheur  et  la  vivacité  du 
carton  précédent,  mais  plutôt  quelque  chose  de  décidément  gris^  quoi» 
que  transparent  et  puissant. 


LES  SEPT  CARTONS  DE  RAPHAËL.  207 

Raphaël  semble  avoir  exécuté  lui-même  la  figure  du  Christ,  avec  les  trois 
apdtres  qui  en  sont  le  plus  rapprochés;  les  quatre  autres  sont  d'une  exécution 
bien  plus  faible.  La  coloration  des  draperies  n'a  pas  non  plus  Tart  particu- 
lier à  Raphaël,  mais  elle  accuse  bien  plus  la  manière  de  Francesco  Penni, 
qui,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  rapporté,  aida  son  maître  dans  l'exécu- 
tion de  ces  cartons.  Le  paysage  est  d'un  ton  verdâtre ,  mais  transparent. 
Quelques  parties  de  ce  carton  ont  souffert,  particulièrement  la  draperie 
inférieure  du  saint  Pierre. 

Les  apôtres  saint  Pierre  et  saint  Jean  guérissant  un  paralytique  sous  le 
vettibxUe  du  Temple.  —  Ce  carton  a  beaucoup  souffert;  en  outre,  il  a  été 
fortement  retravaillé  en  différents  endroits;  quelques-unes  des  couleurs 
ont  presque  disparu.  Les  ombres  des  chairs  sont,  pour  la  plupart ,  très- 
grises  et  lourdes  de  ton  ;  ce  défaut  est  surtout  très-sensible  dans  la  belle 
figure  d'enfant  que  l'on  voit  de  dos.  Mais,  cependant,  plusieurs  parties 
du  carton  offrent  l'exécution  la  plus  magistrale  et  sont  encore  parfaite-- 
ment  coloriées,  entre  autres  la  tète  du  second  paralytique,  laquelle, est, 
sans  aucun  doute,  de  la  main  de  Raphaël  même.  Par  contre,  les  bras 
du  premier  paralytique  sont  lourds  de  formes  et  mauvais  de  dessin,  ce  qui 
ne  provient  peut-être  que  des  repeints.  La  manière  dont  sont  traitées 
quelques  têtes  et  les  ombres  noirâtres  des  chairs  de  quelques  figures  per- 
mettent de  supposer  que  Jules  Romain  a  travaillé  à  ce  carton. 

La  Mort  dTAnanie,  —  Ce  carton,  exposé  à  l'une  des  extrémités  de  la 
salle,  est  d'un  ensemble  si  extraordinaire  et  d'un  effet  si  saisissant,  que, 
malgré  maintes  détériorations,  il  semble  sortir  de  la  main  du  maître.  On 
ne  saurait  douter  que  beaucoup  de  tètes  ne  soient  son  ouvrage.  Le  dessin 
en  est  excellent  et  la  couleur  parfaite  quoiqu'elle  ait  plus  de  vigueur  que 
de  transparence,  ce  qui  nous  fait  croire  que  le  tableau  a  été  ébauché  en 
grande  partie  par  Penni  et  terminé  par  Raphaël  lui-même.  Les  draperies 
'  aussi  sont  très-belles  d'arrangement ,  et  d'une  merveilleuse  intelligence 
d'exécution.  Ce  carton  est  un  des  plus  remarquables  de  la  collection, 
mais  il  a  souffert  en  quelques  parties,  et  il  a  été  un  peu  trop  resserré  près 
de  la  figure  du  saint  Jacques,  lorsqu'on  en  a  joint  les  morceaux. 

Elymas  aveuglé.  —  Ce  carton  est  celui  qui  a  le  plus  souffert.  Il  est  for- 
tement repeint,  plusieurs  couleurs  ont  disparu,  et  il  est  tout  couvert  de 
taches,  ce  qui  a  détruit  la  beauté  de  son  ancien  aspect.  Les  ombres  des 
chairs  sont  souvent  grises  et  dures.  Néanmoins,  d'autres  parties  des  nus 
sont  encore  d'une  très-belle  couleur,  entre  autres  plusieurs  têtes  qui  ont 
^te  certainement  exécutées  de  la  main  du  maître.  Le  ton  du  paysage  est 
d'un  vert  bleuâtre  et  crayeux. 

Saint  Paul  et  saint  Barnabe  à  Lystrie.  —  Ce  carton,  qui  est  en  général 
d'une  bonne  conservation,  a  cependant  un  peu  souffert  des  deux  côtés, 
lorsqu'il  fut  mis  sur  toile,  et  surtout  au  côté  droite  La  couleur  en  est  bar- 


208  LES  SEPT  CARTONS  DE  RAPHAËL. 

monieuse  et  limpide^  le  dessin  bien  arrêté  ;  seulement  le  paysage  a  un  (on 
de  craie,  ce  qui  contraste  fortement  avec  le  grand  caractère  de  l'architec- 
ture. La  main  de  Raphaël  est  également  très-reconnaissable  dans  des  re- 
touches et  des  corrections  de  maître;  mais  l'ébauche  de  la  com|>osi(ion^ 
à  la  juger  surtout  dans  certaines  parties,  semble  avoir  été  faite  par  Fran- 
cesco  Penni. 

Saint  Paul  prêche  à  Athènes.  — Ce  carton  est  un  des  mieux  conserves. 
Le  dessin  a  quelque  chose  de  très  décidé;  il  est  même  un  peu  dur;  Ja 
couleur  est  vigoureuse ,  la  disposition  des  lumières  et  des  ombres,  d'un 
grand  efTet.  La  manière  de  faire  se  rapproche  beaucoup  de  celle  qui  dis- 
tingue le  carton  d'Ananie,  mais  pourtant  les  ombres  des  chairs    sont 
claires,  quoique  entièrement  grises.  Le  paysage  affecte  une  couleur  lumi- 
neuse, d'un  bleu  verdâtre.  L'architecture,  très-vigoureuse  de  ton,  se  trouve, 
en  quelque  sorte,  animée  par  les  colonnes  du  temple  en  marbre  vert  à 
chapiteaux  blancs,  ainsi  que  par  la  statue  dorée  du  dieu  Mars.  Certaines 
couleurs,  comme  le  vert  clair,  le  jaune  lumineux  et  le  violet  chatoyant 
rappellent  les  tableaux  de  Francesco  Penni.  Dans  ce  carton,  Raphaël  a 
certainement  beaucoup  travaillé  ou  beaucoup  retouché.  Aussi  est-ce  un 
des  plus  beaux  de  la  série  avec  ceux  de  la  Pêche  miraculeuse  et  de  la 
Mort  d'Ananie. 

Vasari  a  rapporté,  d'après  la  tradition,  que  Francesco  Penni  fut  d'un 
grand  secours  à  son  maître  pour  la  peinture  des  cartons  destinés  à  l'exé- 
cution des  tapisseries  de  la  chapelle  papale  et  du  consistoire.  Bien  plus, 
il  semblerait  même  que  le  carton  de  la  Pêche  miraculeuse  est  le  seul  qui, 
dans  ses  principales  parties,  fût  entièrement  tracé,  ombré  et  coloré  par 
Raphaël.  Quant  aux  autres,  Raphaël  n'aurait  fait  qu'en  esquisser  le  trait 
et  en  indiquer  les  ombres  au  lavis,  avant  que  ses  élèves  en  achevassent 
l'exécution,  qu'il  ne  fit  ensuite  que  terminer  avec  plus  ou  moins  de  soin. 

Gravures  cTaprès  les  sept  cartons. 

a,)  Par  Nicolaus  Dorigny,  sous  le  titre  de  :  Pinacotheea  i/amptoniana^  elc,  avec 
nne  dédicace  à  George  1'"  (Londres,  1719);  8  feuilles  gr.  in-fol.  en  larg.  H.  19"; 
1.  S2"  à  39".  Quoique  le  style  apprêté  et  ^coquet  des  graveurs  du  commeDcoment 
du  dix-huitième  siècle  fût  incapable  de  rendre  la  simplicité  grandiose  de  l'art 
raphaélesque,  ces  estampes  de  Dorigny  n'en  sont  pas  moins  très-belles  et  traitées 
avec  infiniment  de  talent. 
■  b.)  Par  différents  artistes;  publiées  par  Thomas  Bowles.  Londres,  1731,  avec 
une  feuille  de  titre  où  se  trouve  le  portrait  de  Raphaël  d'après  Paul  Pontius, 
gravé  par  N.  Tardieu,  et  une  dédicace  à  Guillaume  III  et  à  la  reine  Marie; 
8  feuilles  in-fol.  en  larg.  En  contre-partie.  3  planches  gravées  par  Du  Bosc  : 
la  Pêche  miraculeuse,  Ëlymas,  et  Saint  Paul  à  Athènes;  3  planches  gravées  par 
B.  Lépicié  :  Conduis  mon  troupeau,  le  Paralytique,  et  Saint  Paul  à  Lyslria.  Une 
planche  gravée  par  D.  Beauvais  :  la  Mort  d'Ananie. 

c.)  Par  Simon  Gribelin,  7  feuilles  avec  des  bordures  gravées.  Londres,  1720, 
avec  une  vue  de  la  salle  de  Hampton  Court,  le  portiait  de  Baphaél  d'après  Pod- 
tius  et  celui  de  la  reine  Anne.  9  planches  in-8en  larg.  H.  6"  10"';  1.  7"  9"'. 


LES  SEPT  CARTONS  DE  RAPHAËL.  209 

d.)  Par  John  Simon,  à  la  manière  noire,  chez  Ed.  Cooper,  sous  le  lilre  de  : 
VII  Tabnlœ  RaphœKê  Urbin.  longe  eeUberrimœ,  etc.,  avec  une  dédicace  à  Guillaume, 
duc  de  Devonshire,  el  le  portrait  de  Raphaël  entouré  de  figures  allégoriques 
d'après  C.  Maratte.  8  planches  petit  in-fol.  en  larg.  H.  9";  1.  12"  10"'. 

e.)  Par  James  Fidler,  sous  le  titre  de  :  CarUmi  dont  from  tKe  original  in  kU 
Majetty^s  Colleclion,  Au-dessous,  le  portrait  de  Bindo  Allovili,  comme  étant  celui 
de  Raphaël.  La  seconde  feuille,  avec  le  portrait  du  graveur  au  milieu  d'un  sujet 
allégorique  figurant  les  Arts  plastiques  au  service  de  la  Religion.  9  petites  planches 
iû-12  en  laideur. 

f.)  Par  E.  Kirkal,  à  la  manière  noire,  avec  le  portrait  de  Raphaël  d'après  Carlo 
Haratli.  8  planches  grand  in-fol.  en  largeur. 

g.)  Par  un  anonyme ,  à  la  manière  noire.  Chez  John  Bowles.  Petit  in-folio  en 
largeur. 

*.)  Thomas  Halloway  a  commencé  à  graver  les  cartons  avec  l'aide  de  ses  élèves 
Slann  et  Webb,  en  1800,  sous  la  direction  du  président  Benj.  West;  mais  la  der- 
nière planche  (la  Guérison  du  paralytique)  ne  fut  terminée  qu'après  sa  mort,  en 
1826.  7  planches  in-fol.  max.  Ces  estampes  sont,  à  la  contre-partie,  exécutées 
avec  grand  luxe,  mais  maniérées  de  burin  et  dans  le  goût  anglais. 

«.)  L'édilenr  C.  Velten,  à  Carlsruhe,  a  fait  paraître  en  1835  des  lithographies 
exécutées  d'après  les  gravures  de  Halloway,  par  F.  Schôning  et  F.  S.  Maier. 

k.)  John  Burnet,  à  Londres,  a  commencé,  depuis  1837,  à  reproduire  avec  ses 

procédés  les  cartons  de  Raphaël.  Ce  sont  des  gravures  sur  acier,  exécutées  avec 

l'application  simultanée  de  la  machine  linéaire,  de  l'aquatinte  et  du  burin.  Chaque 

planche  a  24"  de  haut. 

'.)  The  §even  Carloons  ofRaffatUo  draum  by  Jarves  and  engraved  by  W,  Limper  from 

tte  original  paintingt  in  Ihe  galUry  at  Bamptoncourl ,  wHh  descriptive  lelterprett, 

London,  1842,  in-fol.  en  larg.  Faible, 
m.)  BvokofRaphaeVi  Carloons^  by  Catlermole,  ttilh  an  exquitiU  portrait  ofRaphael^ 

a  titw  of  Hamploneourt  and  geten  highly  /ini$hed  tteel  engratingt  of  the  eeUbraUd 

Cartoonê  at  Bamptoncourl.  London,  1845,  grand  in-8. 
«.)  Recueil  de  JC  têtes,  tirées  des  7  cartons  det  Actes  des  Apôtres  peints  par  Raphaël 

d'IVWn,  dessinées  par  le  chev.  Nie.  Dorigny  el  gravées  par  les  meilleurs  graveurs. 

Londres,  1722.  Avec  une  dédicace  à  la  princesse  de  Wales,  par  Marie  Mangin. 

Les  graveurs  des  46  planches,  in-fol.  en  larg.,  sont  :  F.  Pigné,  C.  Dupuis, 

S.  Thoroassin,  L.  Desplaces,  N.  Tardieu,  B.  Lépicié,  G.  Duchange,  D.  Beauvais 

et  N.  Dupnis. 

<>•)  Boydell,  à  Londres,  ayant  acquis  les  planches  précédentes,  grava  au  trait 
seulement  les  têtes,  en  ajoutant  cinq  planches  avec  des  études  préparatoires, 
quatre  avec  des  figures  anatomiques,  et  trois  avec  les  statues  d'Apollon,  d'Hercule 
et  de  Vénus.  Il  publia  ce  recueil  sous  le  titre  de  :  The  Sehool  of  Rafaël,  or  the  iIih 
itnts  Guide,  etc.  London,  printed  for  John  Boydell,  1759,  grand  in-fol. 

P-)  Les  têtes  des  sept  cartons,  dessinées  par  Ruyssen ,  gravées  par  Carden,  à 
Londres,  2  vol.  in-fol. 

q.)  Thurston  Thompson,  à  Londres,  a  publié  des  photographies  d'après  les  sept 
canons  de  Raphaël  à  Hampton  Court  ;  ces  photographies ,  hautes  de  3  pieds  et 
larges  de  4,  ont  été  réduites  dans  yn  format  plus  commode.  Le  même  photo- 
graphe a  publié  à  part  les  têtes  seulement,  de  la  grandeur  des  originaux. 

Copies  d'après  les  cartons. 

F.  Cteen  (ou  Cleyn),  aussitôt  après  l'arrivée  des  cartons  en  Angleterre, 
8008  le  règne  de  Charles  l«',  fit  d'après  eux  des  dessins  à  la  plume,  el  mCme 
plus  grands  et  meilleurs  que  ceux  de  Dorigny.  Sous  le  dessin  de  la  Mort 

II.  14 


210  LES  SEPT  CARTPNS  DE  RAPHAËL. 

d'Ananie  on  lit  :  Raphaël  d'Urbino.  F.  Cleen  fsc.  anrio  1646.  Sous  le  dessin 
qui  représente  la  Remise  des  clefs  à  saint  Pierre  :  iSjuly  4640.  Sous  le 
dessin  d'EIymas  :  Incepi  mai  4.  1645.  Voyez  W,  Gunn,  Cartonensiat  etc. 
(London,  1832). 

Des  copies^  faites  d'après  les  sept  cartons^  par  Daniel  Mytens,  du  temps 
de  Charles  l*^,  se  trouvent  à  Knole  dans  le  comté  de  Kent,  au  château  de 
la  duchesse  de  Dorset.  Yoy.  Stuttgarter  Kunstblatt,  1820,  n"*  12. 

Enfin,  au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  Sir  James  Thornhill 
exécuta  d'après  les  cartons  des  copies  dans  le  style  de  son  temps.  En  iSOO 
le  feu  duc  de  Bedford  fit  don  de  ces  copies  à  la  collection  de  TAcadémie 
des  Beaux-Arts  à  Londres. 

D'autres  copies,  au  quart  de  la  grandeur  de  Toriginal,  faites  par 
W"  Cook,  sont  dans  la  collection  de  Christ  Church  Collège  à  Oxford.  Elles 
ont  été  données  par  le  duc  de  Marlborough  à  cette  célèbre  université. 

En  France  il  existe  des  copies  d'après  six  de  ces  cartons  qui  furent 
peintes,  du  temps  de  Louis  XIV,  par  Mignard,  Boullogne,  Blanchet  et  au- 
tres, et  qui  devaient  servir  à  l'exécution  des  six  tapisseries  à  la  manufac- 
ture royale  des  Gobelins.  La  cathédrale  de  Meaux  doit  posséder  encore  ces 
six  copies,  qui  lui  furent  données,  ou  seulement  prêtées  par  Marie  Les- 
zinska.  Voy.  Stuttgarter  Kunstblatt  de  septembre  1830. 

Le  comte  Jaguschinski  acheta,  en  Italie,  d'anciennes  copies  de  ces  car- 
tons, qui  lui  furent  vendues  comme  les  originaux  de  Raphaël.  On  les 
transporta  de  Moscou  à  Saint-Pétersbourg.  Voyez  Stuttgarter  Kunstblatt, 
1839,  p.  75.  "^ 

Que,  du  reste,  plus  anciennement,  des  copies  aient  été  faites  d'après  les 
cartons  de  Raphaël,  peut-être  dans  son  atelier,  et  vraisemblablement  par 
des  Néerlandais,  c*est  un  fait  prouvé  par  plusieurs  fragments  qui  subsistent 
encore  et  qui  ont  dû  être  exécutés  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.  Ainsi,  par  exemple,  dans  la  collection  du  Louvre,  il  y  a  deux  têtes, 
dessinées  à  la  pierre  noire  et  coloriées,  provenant  d'un  carton  de  la  Mort 
d'Ananie,  et  une  troisième,  de  celui  de  la  Remise  des  clefs  à  saint  Pierre. 
En  outre,  M.  J.  D.  Bœhm,  à  Vienne,  possédait  trois  fragments  appartenant 
à  ce  dernier  sujet  avec  huit  têtes  d'apôtres.  Ce  sont  des  dessins  magistra- 
lement tracés  au  fusin  et  coloriés  à  Taquarelle.  Feu  le  comte  Fries  les 
avait  achetés  de  de  Poggi,  qui  disait  les  avoir  rapportés  d'Angleterre, 
et  qui  les  céda  moyennant  une  rente  viagère  de  500  florins.  Ils  sont  ac- 
tuellement en  la  possession  de  M.  Reiset,  à  Paris.  Cinq  têtes,  dessinées  et 
coloriées  de  la  même  manière  que  les  trois  têtes  qui  sont  dans  la  collection 
du  Louvre,  se  trouvaient  dans  la  collection  royale  de  La  Haye.  Deux  d'entre 
elles  sont  prises  du  carton  Conduis  itaon  troupeau,  deux  autres  de  la  Pré- 
dication d'Athènes,  et  la  cinquième  de  l'Ëlymas.  —  Dans  la  collection  de 
Christ  Church  Collège,  à  Oxford,  se  trouvent  aussi  trois  têtes  provenant 


LES  SEPT  CARTONS  DE  RAPHAËL.  2ii 

des  mêmes  cartoDS^  dont  une  seulement  de  l'Histoire  des  Apôtres  (Guérison 
du  paralytique),  et  les  deux  autres  de  l'Adoration  des  bergers. 

196.  Z>  Couronnement  de  la  Vierge, 

Tapisserie  pour  l'autel  de  la  chapelle  Sixtine. 

Sur  un  trône  élevé  en  forme  de  niche  la  Vierge  est  assise,  les  mains 
jointes,  en  adoration,  à  côté  du  Christ^  qui  de  la  droite  tient  une  couronne 
sur  la  tête  de  sa  divine  mère.  Au-dessus,  Dieu  le  Père,  dans  l'attitude  de 
la  béoédiction,  au  milieu  d'une  gloire  entourée  de  quatre  anges,  et,  au- 
dessous  de  lui,  le  Saint-Esprit,  sous  la  forme  d'une  colombe,  entouré  de 
rayoDS  îl'or.  Sur  les  côtés  du  trône  deux  anges  soulèvent  un  rideau  ;  et, 
plus  bas,  à  gauche,  saint  Jean-Baptiste  debout  montrant  le  Christ,  et  à 
droite  saint  Jérôme  en  adoration,  avec  le  lion  à  ses  pieds.  Devant  les 
marches  du  trône,  deux  petits  anges  chantent  le  Gloria  in  excelsis,  écrit 
sur  uDe  bande  de  parchemin.  Nous  avons  déjà  dit  que,  dans  l'ensemble 
des  sujets  composés  pour  la  chapelle  Sixtine ,  celui-ci  doit  être  considéré 
en  quelque  sorte  comme  le  dernier  chant  d'un  poëme  mystique  qui  se 
termine  par  la  glorification  de  la  sainte  Trinité. 

Le  catalogue  de  la  Calcographie  pontificale,  publié  en  1748,  dans  lequel 

se  trouve  décrite  la  gravure  de  cette  même  composition,  nous  fournit  le 

renseignement  suivant  :  a  In  arazzo  nella  Cappella  di  Sisto  IV  in  Vaticano.  d 

U  est  donc  prouvé  qu'une  tapisserie  avec  figures  plus  grandes  que  nature 

décorait  autrefois  l'autel  de  la  chapelle  Sixtine.  Il  est  aussi  question  de 

celte  tapisserie  dans  le  mémoire  des  frais  de  port,  que  nous  avons  cité 

et  qui  mentionne  onze  tapisseries  apportées  de  Flandre  à  Rome  en  151 8, 

Et  maintenant,  que  cette  tapisserie  soit  encore  enfouie  dans  quelque  coin 

du  Vatican  ou  que,  pendant  les  orages  de  la  Révolution,  elle  ait  été  enlevée 

.  et  détruite  par  l'appât  de  l'or  qu'elle  pouvait  contenir,  c'est  un  point  que 

nous  ne  sommes  pas  parvenu  à  éclaircir  >. 

Gravures  anciennes  d'après  cette  tapisserie. 

Dans  la  manière  d'Agostino  Yeneziano.  Bartsch,  t.  ÎIY,  n*  56.  —  Par  le  Maître 
%u  Dé.  Bartsch,  t.  XY,  p.  189,  n«  9. 

1.  Gio.  Pietro  CbatUrd  {nuova  Deterisione  del  ValicanOj  Roma,  1766,  II,  p.  70)  men- 
tioime  en  ces  termes  une  tapisserie  de  Raphaël  tout  à  fait  inconnue  :  «  Nella  facciata  sinistre 
seorgesi  appeso,  sopra  di  un  tavolino  ricoperto  da  relluto  rosso,  e  suo  corame  sopra,  un  sontuoso 
panno  d'arauo ,  in  cui  si  esprione  tessota  in  oro  la  Beatissima  Vergine  col  suo  Figliuolo,  con 
aogioli  in  aria,  ed  in  terra,  accompagnata  da  S.  Giuseppe  ed  a  tre  figure  oltre  il  naturale  sul 
maraviglioso  disegno  espresso  da  RafTaello  d'Urbino.  »  Mais,  comme  aucune  tapisserie  représen* 
tant  ce  sujet  n'a  été  jamais  signalée  par  d'autres  écrivaias,  et  Chattard  ayant  vraisemblable' 
ment  emprunté  sa  description  au  livre  de  Taja  :  Detcrizione  del  palaxzo  ap.  ValieanOf 
1750,  p.  83,  on  peut  présumer  qu'il  a  commis  quelque  erreur  et  que  la  tapisserie  dont  il  parle 
est  celle  du  Couronnement  de  la  Vierge. 


212  RÉPÉTITIONS 


RÉPÉTITIONS  DES  TAPISSERIES  DE  RAPHAËL. 

11  est  tout  naturel  que,  par  suite  de  l'immense  effet  que  produisit  a 
Rome  l'apparition  des  tapisseries  exécutées  d'après  les  carions  de  Rapfiaël, 
beaucoup  de  princes  aient  désiré  en  posséder  de  semblables;  aussi  trou- 
vons-nous encore  plusieurs  de  ces  mêmes  tapisseries  dans  différents  pays- 
On  a  souvent  dit  que  c'étaient  des  présents  offerts  par  Léon  X  à  des  rois 
alliés,  ce  qui  ne  peut  avoir  eu  lieu  que  dans  un  bien  petit  nombre  de  cas, 
puisque  les  premières  tapisseries  n'arrivèrent  à  Rome  que  vers  la  fin  de 
l'année  1518,  et  que  le  pape,  qui  les  avait  fait  fabriquer  à  Arras,  mourut 
deux  ans  après.  Dans  ce  court  intervalle  de  temps  il  eût  été  impassible 
d'en  exécuter  autant  d'exemplaires  qu'il  en  existe  de  par  le  monde.  Si 
pourtant  l'on  voulait  admettre  et  s'il  se  trouvait  des  documents  constatant 
que  Léon  X  les  eût  commandées  dans  Tintention  d'en  faire  des  présents , 
il  faudrait  toutefois  reconnaître  qu'elles  ne  pouvaient  guère  parvenir  à 
leur  destination  que  sous  le  pontilicat  de  Clément  VII.  Dans  cet  état  de 
choses,  nous  n'acceptons  pas  comme  vraisemblable  le  renseignement  que 
nous  donne  M.  Gunn  {Cartonensia,  p.  40) ,  en  avançant  que  le  pape 
Léon  X  envoya  cinq  semblables  tapisseries  à  l'empereur  Maximilien,  lequel 
mourut  en  1519.  C'est  pourquoi,  sans  nous  arrêter  plus  longtemps  à  ces 
données  tout  à  fait  problématiques,  nous  croyons  devoir  nous  en  tenir  à 
des  renseignements  qui  présentent  du  moins  quelque  apparence  de  cer- 
titude. 

A  Mantoue,  dans  l'église  S.  Rarbara,  se  trouvaient  une  suite  de  dix 
tapisseries  qui,  selon  des  écrivains  de  la  localité,  tels  que  Rettelini  (Lettere 
Mantuane)  et  Cadioli  (Descrizione  délie  pitlure,  scvUure  ed  architetture 
di  Mantua)y  auraient  été  tissées  dans  la  fabrique  que  le  duc  Federico 
fonda  dans  le  faubourg  S.  Giorgio.  Lors  de  la  restauration  de  la  susdite 
église  en  1783,  ces  tapisseries  passèrent  dans  le  palais  ducal  et  furent 
suspendues,  dans  la  chambre  des  Arazzi,  avec  des  tapisseries  néerlan- 
daises représentant  des  Chasses.  Ce  sont  neuf  sujets  de  l'Histoire  des  Apô- 
tres 3  mais,  pour  remplacer  le  dixième  sujet  de  cette  histoire,  au  lieu  de 
Tétroite  tapisserie  qui  représente  saint  Paul  en  prison,  nous  voyons  ici 
le  Christ  sortant  du  tombeau.  Cette  dernière  tapisserie  se  termine  dans 
le  bas  par  une  arabesque  dans  le  genre  d'un  socle,  avec  les  ligures  allégo- 
riques de  la  Charité  et  de  l'Espérance  qui  semblent  avoir  été  exécutées 
d'après  un  dessin  de  Jules  Romain.  La  Remise  des  clefs  à  saint  Pierre,  la 
Conversion  de  saint  Paul  et  sa  Prédication  à  Athènes  sont  accompagnées 
d'arabesques  formant  pilastres,  toujours  pareilles  de  chaque  côté  de  la 
tapisserie;  deux  de  ces  arabesques  sont  imitées  de  celles  de  Raphaël,  avec 


DES  TAPISSERIES  DE  RAPHAËL.  215 

les  Parques  et  les  Vertus  théologales.  La  troisième  de  ces  tapisseries  a 
pour  pilastre  une  arabesque  qui  semble  composée  par  un  élève  de  iules 
Romain  et  qui  réunit  les  figures  allégoriques  de  la  Musique,  de  la  Géo- 
métrie, de  l'Astronomie  et  de  l'Arithmétique.  La  Guérison  du  paralytique 
a  pour  accessoires,  d'un  côté  les  Quatre  Ages,  et  de  l'autre  les  Heures  du 
jour;  saint  Paul  à  Lystra  est  entouré  de  deux  scènes  des  Travaux  d'Hercule  : 
celle  qui  représente  Hercule  soulageant  Atlas  de  son  fardeau  appartient  à 
un  carton  de  Raphaël  ;  l'autre  paraît  être  de  l'invention  d'un  élève  de  Jules 
Ropiain.  Enfin,  la  tapisserie  de  la  Mort  d'Ananie  a  un  entourage  où  s'en- 
cadrent différents  Dieux.  Ces  tapisseries  sont  beaucoup  mieux  conservées 
que  celles  du  Vatican,  mais  elles  n'étaient  point  si  riches  que  les  premières, 
car  dans  le  tissage  des  laines  on  n'a  pas  mêlé  de  fils  d'or« 

A  Urbin  aussi,  comme  l'assure  Pungileoni  (p.  173  de  sa  notice),  se  trou- 
vait un  bon  ouvrier  en  tapisseries  (arazzista),  de  Milan,  que  le  duc  Fran- 
cesoo  Maria  avait  richement  récompensé,  du  temps  même  de  Raphaël.  Ce 
fut  de  cette  fabrique  peut-être  que  sortirent  les  tapisseries  qui  se  trou- 
vaient autrefois  à  Loreto.  Selon  Gunn,  il  y  en  avait  six  qui  offraient  les 
mêmes  compositions  que  les  cartons  de  Hampton  Court ,  à  l'exception  de 
la  Mort  d'Ananie.  Pungileoni  avait  promis  des  détails  plus  circonstanciés 
sur  ces  tapisseries,  mais  la  mort  l'a  empêché  de  tenir  sa  promesse. 

En  Angleterre,  il  y  a  plusieurs  exemplaires  des  tapisseries  de  l'Histoire 
des  Apôtres,  qui,  pour  la  plupart,  ont  été  tissées  dans  le  pays  même,  car, 
vers  la  fin  du  règne  de  Henri  Vill ,  l'art  de  fabriquer  des  tapisseries  avait 
été  importé  en  Angleterre  par  William  Sheldon.  Le  roi  Jacques  1*'  avait 
fondé,  à  Mortlake,  dans  le  comté  de  Surrey,  une  fabrique  sous  la  direc- 
tion de  Sir  Francis  Crâne,  et  il  confia  l'inspection  des  travaux  au  peintre 
Cleen  ou  Cleyn  de  Rostock,  qui  avait  étudié  son  art  à  Rome.  De  plus,  nous 
avons  démontré,  par  une  citation  empruntée  au  Catalogue  de  van  der  Doort, 
directeur  des  collections  d'art  du  roi  d'Angleterre ,  que  ,^ous  Charles  I***, 
les  sept  cartons ,  acquis  par  lui ,  furent  tissés  dans  cette  fabrique.  Mais , 
bien  avant  cette  époque,  un  exemplaire  complet  des  tapisseries  exécu- 
tées d'après  les  compositions  de  Raphaël  vint  en  Angleterre ,  et  Pea- 
chem  (Complète  Gentleman,  London,  1634,  t.  IV, p.  137)  rapporte  qu'elles 
furent  suspendues  dans  le  Banqueting  Hall,  à  Whitehall.  Selon  quelques 
auteurs,  ces  tapisseries  étaient  un  présent  de  Léon  X  à  Henri  VIII ,  mais, 
selon  d'autres,  ce  roi  les  aurait  acquises  de  la  république  de  Venise.  En 
tous  cas,  il  est  certain  que  ces  tapisseries  étaient  venues  en  Angleterre 
sous  le  règne  de  Henri  VllI,  et  qu'après  la  mort  de  Charles  ["  elles  furent 
achetées  par  l'ambassadeur  d'Espagne  à  Londres,  don  Alonzo  de  Cardenas. 
Mengs  [Opère,  Roma,  1787,  p.  191  et  318)  nous  apprend  qu'un  des  an- 
cêtres du  duc  d'Albe  les  avait  acquises  de  la  succession  de  Charles  1^''', 
conjointement  avec  un  tableau  du  Corrége  représentant  TÊducalion  de 


21  i  nÉPÉTlTIONS 

l'Amour.  En  i8S3,  elles  furent  achetées  dans  la  maison  d'Albe  par  M.  Tup- 
per,  qui  les  porta  sur-le-cbamp  à  Londres  et  qui  les  exposa  dans  I*Egyp- 
tian  Hall.  Ce  sont  neuf  tapisseries  ;  sept  d'après  les  cartons  de  Hampton 
Court  et  deux  d'après  les  tapisseries  du  Vatican,  la  Conversion  de  saint 
Paul  et  la  Lapidation  de  saint  Etienne.  On  voulait  les  vendre  moyennant 
un  prix  très-élevé  au  roi  d'Angleterre;  mais,  comme  le  marcbé  ne  se 
réalisa  point,  elles  revinrent  sur  le  continent  et  allèrent  à  Berlin  où  nous 
les  retrouverons  plus  loin.  On  conserve,  en  outre,  à  Madrid,  dans  le  palais 
du  roi,  deux  exemplaires  de  ces  mêmes  tapisseries,  qui  sont  en  Espagne 
depuis  longtemps  et  qu*on  expose  de  temps  à  autre  pour  servir  à  l'étude 
des  artistes.  Nous  n'avons  pas  été  assez  heureux  pour  voir  ces  tapisseries 
lors  de  notre  ^jour  à  Madrid  ;  mais  nous  avons  su  qu'un  seul  de  ces  deux 
exemplaires  était  tissé  avec  du  fil  d'or.  Un  troisième  exemplaire ,  qui  se 
trouve  aussi  en  Espagne  et  appartient  au  duc  de  Villa  Hcrmosa,  aurait  été, 
dit-on,  fabriqué  en  Flandre,  dans  le  cours  du  seizième  siècle. 

A  Broughton  Hall  qui  était  autrefois  la  résidence  des  ducs  de  Montague 
et  qui  est  actuellement  la  propriété  du  duc  de  Buccleugh,  il  y  a  sept 
tapisseries  d'après  les  carton^  de  Hampton  Court.  Cinq  d'entre  elles 
sont  absolument  de  la  même  grandeur  que  les  originaux,  mais  les  deux 
autres  sont  plus  étroites  et  ne  donnent  qu'une  partie  des  compositions  : 
ce  sont  la  Remise  des  clefs,  où  il  n'y  a  que  trois  figures,  et  la  Mort  d'Ana- 
nie,  où  le  sujet  est  complètement  changé,  car  c'est  une  femme,  et  non  pas 
Ananie,  qui  tombe  frappée  de  mort.  Ces  tapisseries  ne  sont  pas  d'une 
exécution  excellente.  Selon  la  tradition,  ces  tapisseries  auraient  été  un 
présent  du  roi  d'Angleterre  au  duc  de  Beauroont.  à  son  retour  de  France. 

A  Abbey  Ford,  en  Devonshire ,  résidence  de  M.  Gwynn,  on  voyait  en- 
core cinq  de  ces  tapisseries.  C'étaient  :  la  Pêche  miraculeuse,  la  Remise 
des  clefs,  la  Guérison  du  paralytique.  Saint  Paul  et  saint  Barnabe  à  Lystra 
et  la  moitié  du  sujet  de  la  Mort  d'Ananie.  Suivant  les  nouvelles  que  nous 
avons  reçues  en  dernier  lieu,  trois  de  ces  tapisseries  passèrent,  on  ne  sait 
comment,  à  Burleigh  House,  résidence  du  marquis  d'Exeter.  Ce  sont  la 
Remise  des  clefs,  la  Guérison  du  paralytique  et  Saint  Paul  à  Lystrie  <. 

A  Dresde,  on  conserve  six  tapisseries  de  la  même  suite,  qui  furent  re- 
trouvées dans  les  circonstances  suivantes  :  le  cardinal  Albani  avait  dit  à 
Rome  au  peintre  Casanova,  que,  selon  uu  document  authentique  qui  se 
trouve  dans  les  archives  du  Vatican ,  il  devait  exister  à  Dresde  sept  tapis- 
series d'après  les  cartons  de  Raphaël,  que  le  pape  Léon  X  avait  fait  tisser 
à  Arras  pour  l'électeur  de  Saxe.  Dans  une  soirée  littéraire  qui  eut  lieu  à 
Dresde,  en  1814,  Casanova  communiqua  ce  renseignement,  d'après  lequel 
le  baronne  Raknilz,  premier  maréchal  de  la  cour,  fit  faire  des  recherches, 

1.  Toy.  W.  Gunn,  CarlonentiOf  p.  Î09,  et  le  Berliner  Mutmm  /Ur  bildende  Kuiut  du 
11  janvier  1833. 


DES  TAPISSERIES  DE  RAPHAËL.  2<5 

et  l'on  découvrit  effectivement  six  de  ces  tapisseries  roulées  dans  les  com- 
bles du  palais.  Elles  furent  alors  suspendues^  après  avoir  été  nettoyées 
avec  soin.  Mais  la  septième  tapisserie,  représentant  la  Mort  d'Ananie,  ne 
se  retrouva  pas. 

A  Berlin,  on  voit  actuellement,  dans  la  rotonde  du  musée,  neuf  tapisse- 
ries, de  l'Histoire  des  Apôtres,  absolument  semblables  à  celles  de  Rome 
et  tissées  également  avec  des  fils  d'or.  Il  ne  manque,  dans  cette  suite,  que 
le  sujet  de  Saint  Paul  en  prison.  Ce  sont  les  mêmes  tapisseries  que  nous 
avons  mentionnées  plus  haut  comme  étant  restées  en  Angleterre  depuis 
Henri  VU!  jusqu'après  la  mort  de  Charles  1*',  et  acquises  alors  par  le  duc 
d*Âlbe,  puis  envoyées  à  Madrid,  rapportées,  en  1823,  à  Londres  par 
M.  Tupper.  Après  qu'on  les  eut  offertes  en  vente,  pendant  vingt  ans,  sans 
trouver  d'acquéreur,  le  roi  de  Prusse  les  acheta  enfin  '  et  les  fit  placer  dans 
son  château  de  Monbijou  ;  elles  ornent  à  présent  le  musée  de  Berlin.  Quoi- 
qu'elles aient  perdu  beaucoup  de  leurs  couleurs  et  de  leur  lustre  primitif, 
l'aspect  général  en  est  encore  assez  satisfaisant. 

A  Paris,  ou  en  France,  il  y  avait  aussi  une  suite  de  ces  mêmes  tapisse- 
ries, puisque  Félibien  {Kntretien$,  etc.,  1. 1'^  p.  325)  mentionne  dix  mor- 
ceaux de  l'Histoire  des  Apôtres  d'après  des  compositions  de  Raphaël.  Peut- 
être  sont-ce  celles  qui  furent  léguées  au  roi  par  le  cardinal  Mazarin,  mort 
le  19  décembre  1660,  ainsi  que  le  témoigne  un  passage  de  son  testament 
publié  dans  :  lUnerario  o  sincero  rcicconto  del  viaggio  fatto  da  Alessandro 
Famese  duca  di  Forma  (Venezia,  1666,  p.  30).  Voici  ce  passage  :  «Lascio 
al  re  un  bellissimo  fornimento  di  tapezzerie  et  tutti  li  quadri  che  sono  nella 
libreria.  —  Alla  principessa  di  Cdnte  una  bella  tapezzeria  disegno  di 
Raffael.  »  Comme  le  cardinal  avait  acquis  plusieurs  tapisseries  à  la  vente 
des  objets  d'art  provenant  du  roi  d'Angleterre  Charles  1'%  celles  de  l'His- 
toire des  Apôtres  pouvaient  provenir  de  cette  source.  Au  reste,  Goethe  vit 
à  Strasbourg  ces  tapisseries  exposées,  en  1770,  pour  la  réception  solennelle 
de  la  reine  Marie-Antoinette  à  son  arrivée  aux  frontières  de  France,  comme 
il  le  rapporte  dans  la  seconde  partie  de  ses  Mémoires  (Aus  meinem  Leben, 
p.  «36). 


TAPISSERIES  DE   RAPHAËL. 

SECONDE  SÉRIE. 
Avec  des  sujets  tirés  de  la  Vie  du  Christ. 

Les  douze  tapisseries  de  la  Vie  du  Christ ,  avec  une  treizième  représen- 
tant des  figures  allégoriques,  sont  un  présent  que  le  roi  François  1^'  en- 

1.  En  4844 ,  dit  M.  Watgen,  dans  la  longue  description  qu'il  donne  de  ces  tapisseries  à  la 
fin  du  Catalogue  du  musée  de  Berlin.  {Aolê  de  l'éditeur.) 


210  TAPISSERIES  DE  RAPHAËL. 

voya  au  pape  lors  de  la  canonisalion  de  saint  François  de  Paule,  comme  le 
rapporte  Caiicellieri,  d'après  une  notice  insérée  dans  Je  Magasin  encyclo- 
pédique (troisième  année,  1797,  t.  111,  p.  379),  et  comme,  auparavant^  le 
P.  Isidoro  Toscana  (ri7a  di  S.  Francesco  di  Paola,  Roma,  173i)  l'avait 
déjà  raconté  en  ces  termes  :  «  Au  jour  de  la  canonisation  de  saint  Fran- 
çois de  Pauie,  l'église  de  Saint-Pierre  fut  tendue  de  riches  tapisseries  tissées 
de  soie  et  d'or  ;  sur  ces  tapisseries  sont  représentés  avec  grand  art  et  grand 
luxe  les  actes  et  mystères  de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  si  bien  qu'on  les 
considère  comme  les  plus  belles  et  les  plus  précieuses  qu'il  y  ait  en  Eu- 
rope. »  La  canonisation  du  saint  eut  lieu  le  V'^  mai  1519,  sous  Léon  X; 
mais  il  est  à  peu  près  constant,  néanmoins,  qu'à  cette  époque  les  tapis- 
series n'étaient  point  arrivées  à  Rome.  Premièrement,  les  compositions 
témoignent  qu'elles  ne  furent  point  exécutées  sous  la  direction  de  Raphaël; 
secondement,  ces  tapisseries  ne  sont  pas  décrites  par  Paolo  Giovio  dans 
sa  Vie  de  Léon  X,  où  il  fait  la  description  de  la  première  série  des  tapis- 
series de  Raphaël  ;  troisièmement,  dans  la  treizième  de  ces  tapisseries, 
représentant  des  ligures  allégoriques,  on  remarque  cette  devise  :  Candie 
illœsus,  que  Jules  de  Médicis  n'adopta  que  sous  le  pape  Adrien  Vl,  succes- 
seur de  Léon  X.  (Voy.  P.  Giovio,  Dialogo  délie  Imprese,  etc.,  p.  52.)  On 
peut  donc  admettre  que  le  roi  François  I'%  à  l'occasion  de  cette  canoni- 
salion, qu'il  avait  vivement  sollicitée,  promit  au  pape  un  présent  de  tapis- 
series et  qu'il  fit  faire  la  commande  des  cartons  à  Raphaël.  Différents 
' dessins,  encore  subsistants,  prouvent  en  effet  que  Raphaël  exécuta  diver- 
ses esquisses  pour  ces  tapisseries;  mais  il  paraît  cependant  qu'il  était  loin 
d'avoir  achevé  son  travail,  lorsque  la  mort  l'enleva,  moins  d'une  année 
après.  C'est  alors  que  Jules  Romain  et  d'autres  élèves  de  Raphaël  se 
chargèrent  de  la  commande  et  de  Texécution  des  cartons,  ainsi  qu'on 
peut  le  reconnaître  dans  plusieurs  de  ces  compositions  et  comme  nous 
l'indiquerons  plus  particulièrement  en  les  décrivant  d'une  manière  dé- 
taillée. 

Ces  tapisseries  sont  plus  hautes  que  celles  de  la  suite  des  Actes  des 
Apôtres,  mais  elles  sont  très-inégales  en  largeur.  Elles  se  distinguent  aussi 
des  premières  en  ce  qu'elles  sont  complètement  entourées  d'une  large 
bordure  représentant  des  fleurs  et  d'autres  ornements.  Les  gardiens  du 
Vatican  appellent  ces  tapisseries  traditionnellement  :  Arazzi  délia  scuola 
nuova,  comme  ils  désignent  aussi ,  par  opposition,  sous  le  nom  d* Arazzi 
délia  scuola  vecchia,  les  tapisseries  des  Actes  des  Apôtres.  On  doit  croire 
que  la  scuola  nuova  s'entend  des  élèves  de  Raphaël.  Selon  Fea  (Nuova 
Descrizione  di  Roma),  ces  tapisseries  servirent  longtemps  de  décoration  à 
la  partie  de  la  basilique  qui  fut  détruite  sous  le  pontificat  de  Paul  Y; 
plus  tard,  aux  grands  jours  de  fêtes  de  l'Église,  on  les  suspendait  sous 
le  péristyle  de  Saint-Pierre.  Actuellement,  elles  sont,  ainsi  que  celles  de 


TAPISSERIES  DE  PAPIIAEL.  217 

la  première  série,  exposées  à  demeure  dans  les  salles  du  Vatican  dites 
Chambres  de  Pie  V. 

197.  Z^  Massacre  des  Innocents. 

Trois  étroites  tapisseries. 

Primitivement,  les  sujets  représentés  dans  ces  trois  tapisseries  ne  for- 
maient qu'une  seule  composition;  mais  ils  furent  divisés  en  trois  parties 
par  les  élèves  de  Raphaël,  selon  les  besoins  de  la  destination  des  tapisse- 
ries. Il  ne  saurait  y  avoir  doute  à  cet  égard,  car  comment  Raphaël  aurait- 
il  eu  l'idée  de  représenter  le  même  sujet  trois  fois  et  de  trois  manières, 
dans  une  suite  de  la  Vie  du  Christ  composée  de  douze  tableaux  ! 

Le  musée  Teyler,  à  Haarlem,  possède  trois  dessins  pour  les  trois  parties 
de  ce  sujet.  Ils  sont  largement  traités,  mais  ils  n'ont  pas  néanmoins  un 
caractère  assez  magistral  pour  pouvoir  être  considérés  comme  des  origi- 
naux de  Raphaël.  Nous  avons  vu,  chez  le  professeur  Posselger,  à  Berlin, 
UQ  dessin  dans  lequel  ces  trois  compositions  n'en  forment  plus  qu'une 
seule,  mais  roide  et  sèche.  En  1831,  nous  avons  vu  encore  deux  dessins 
semblables  en  Angleterre;  l'un,  au  Musée  Britannique,  et  Tautre,  chez 
M.  George  Mordant.  Nulle  part,  cependant,  nous  n'avons  découvert  le 
dessin  original. 

Gravures  sur  bois  des  trois  compositions  réunies»  en  clair-obscur»  avec  le  mo- 
nogramme NDB.  1544* .  Bartsch,  t.  XII,  p.  33,  n^^T.  —  Gravé  par  August  Hirschvogel, 
1545.  Bartsch.  t.  IX,  p.  171,  n«  2. 

Il  est  remarquable  que  déjà,  dans  ces  deux  estampes,  la  division  de  la 
composition  primitive  est  indiquée  par  trois  planches  distinctes  jointes 
eotre  elles,  d'où  il  résulte  qu'on  ne  trouve  souvent  qu'une  ou  deux  parties 
de  l'ensemble.  Les  descriptions  qui  vont  suivre  sont  prises  de  gauche  à 
droite  suivant  l'ordonnance  de  la  composition  de  Raphaël. 

a.)  À  gauche,  au  premier  plan,  un  soldat,  qui  se  penche  en  avant,  saisit 
par  la  jambe  un  enfant  que  la  mère,  tombée  à  terre,  essaie  encore  de 
défendre.  Derrière  elle,  un  homme  barbu  enfonce  son  poignard  dans  la 
gorge  d'un  enfant,  et,  plus  au  loin ,  deux  hommes  arrêtent  trois  femmes 
qui  s'enfuient  avec  leurs  enfants.  Ce  massacre  a  lieu  près  d'un  superbe 
édifice,  déi^ré  de  colonnes  et  de  niches.  Dans  le  fond,  on  voit  une  rotonde 
semblable  au  Panthéon  d'Agrippa. 

Gravures  :  M.  A.  Corneille.  Bonne  eau-forte  sans  nom,  mais  avec  l'adresse  :  Si 
tendono  in  Roma  vieino  aW  oroggio  delta  chieta  nuovoy  io-fol.  ~  Séb.  Youillemont, 
1641,  grand  in-fol.  —  Angélus  Campanella,  petit  in-fol.  —  Pomp.  Lapi,  1783, 
in-fol —  M.  Sorello,  à  l'eau-forte.  —  Louis  Sommerau,  n«  2,  1779,  à  l'eau-forte, 
in-fol.  —  Landon,  n*  127. —  D'après  un  dessin  dans  l'ancien  cabinet  de  Praun,  à 

i.  Zani  (Eneiehpedia y  etc.,sV,  p.  379)  suppose  que  cette  gravure  sur  bois  est  de  Nie. 
?oJdrmi.  Heineckc  {ffaehrichlenj  etc.,  II,  p.  390)  se  trompe  en  la  croyant  de  Nicola  Vicen- 
tioi,  la  marque  de  celui-ci  étant  tout  à  fait  difTéreute. 


2«8  TAPISSERIES  DE  RaPHAEL. 

Nuremberg,  par  J.  Th.  Prestel,  1776,  à  raqnatinte.  Petit  in-fol.encontre-parlie- 
—  La  tête  de  la  mère  vue  de  proûl,  à  Teau-forle,  par  Jacob  Frey,  in-12. 

Un  grand  fragment  du  carton  de  cette  tapisserie  était  dans  la  posses- 
sion de  feu  Prince  Hoare^  secrétaire  de  l'Académie  royale  à  Londres.  Ce 
fragment  contient  toute  la  partie  inférieure,  mais  il  avait  été,  du  temps  de 
Richardson*,  entièrement  repeint  à  l'huile,  ce  qui  fait  qu'en  4831  nous 
avons  eu  beaucoup  de  peine  à  y  reconnaître  un  carton  de  l'école  de  Raphaël- 
W.  Grunn  raconte,  d'après  Dodsiey  (London  and  its  environs,  1. 111,  p.  160)» 
que  ce  carton  avait  été  mis  en  gage  en  Angleterre;  que  le  prêteur,  qui 
voulait  le  garder,  l'avait  recouvert  de  couleurs  à  l'huile  ;  qu'un  procès,  en 
raison  de  ce  fait,  fut  plaidé  à  Westminster;,  etc.  Cette  anecdote  nous  pa- 
raît peu  vraisemblable  et  nous  en  laissons  toute  la  responsabilité  à  son  au- 
teur. Actuellement,  ce  carton,  qui  appartient  à  la  National  Gallery  •,  à  Lon- 
dres, a  été  verni  et  mis  sous  verre;  il  est  à  peine  reconnaissable. 

b.)  Sur  le  devant  est  assise  une  femme  qui  a,  sur  les  genoux,  son  fils 
mort  et  qui  joint  les  mains  en  gémissant.  Derrière  elle,  un  homme  saisit 
un  enfant  que  sa  mère  emporte  sous  son  bras,  pendant  que  de  la  maia 
droite  elle  cherche  à  le  protéger.  Dans  le  fond,  trois  femmes  s'enfuient, 
poursuivies  par  un  homme  armé  d'un  poignard.  On  voit  encore  une  jeune 
femme  monter  les  marches  d'un  escalier  sur  lequel  se  trouvent  beaucoup 
d'hommes  et  de  femmes  en  proie  à  la  plus  violente  douleur. 

Gravures  :  Séb.  Youillemont,  1641,  grand  in-fol.  —  Etienne  Baudet,  à  l'eau- 
forte.  —  L.  Sommerau,  1780.  A  l'eau-forle.  —  Angélus  Campanella,  petit  in-fol.  — 
Pompeo  Lapi,  1783,  avec  une  dédicace  au  marchese  de  Silva.  Yoy.  Zani,  part.  II, 
vol.  V,  p.  380.  H.  19"  5'";  1.  11"  11'".—  Landon,  n«  126. 

Selon  Fernow  {Bcsmische  Studien,  t.  IH,  p.  105),  les  cartons  pour  le  Mas- 
sacre des  Innocents  auraient  été  coupés  en  dilTérents  morceaux  afin  de 
pouvoir  être  partagés  entre  les  héritiers  d'un  ancien  possesseur.  11  est 
certain  que  Richardson  en  acquit  plusieurs  les  uns  après  les  autres,  si  bien 
qu'il  en  possédait  cinquante'.  En  parlant  de  ces  morceaux,  il  dit  qu'en 
général  ils  n'étaient  point  achevés,  mais  seulement  esquissés  à  la  pierre 
noire  ;  la  couleur  de  quelques-uns  étant  en  partie  tombée,  il  put  remar- 
quer que  le  dessin  n'avait  pas  toujours  été  scrupuleusement  suivi  par  l'ar- 
tiste qui  les  avait  mis  en  couleur. 

1.  Voy.  Traité  de  la  peinture,  III,  p.  4 S 9. 

2.  N**  184  du  Catalogue  de  la  National  Gallery,  qui,  aut  graveurs  de  cette  composition  ci- 
dessus  mentionnés  par  M.  Passavant,  ajoute  E.  Baudet.  Le  carton  a  9  pieds  (anglais)  1 1  pouces 
de  haut  et  9  pieds  3  pouces  de  large.  Les  figures  sont  plus  grandes  que  nature.  Il  a  été  donné 
par  M.  Prince  Hoare  à  Thôpital  des  Eufants-Trouvés  [Fowidling  Hoipilal)y  qui  Ta  mis  en 
dépôt  à  la  National  Gallery.  [Note  de  l'éditeur.) 

3.  Un  de  ces  fragments,  contenant  le  visage  d'un  homme  barbu  qui  sMncline  en  avant,  a 
été  gravé  à  feau-forte  par  J.  Richardson  lui-même.  Petit  in-8,  avec  cette  marque  :  IUvakl 
Luif.  I.  R.  F. 


TAPISSERIES  DE  RAPHAËL.  319 

Aujourd'hui  ces  fragments  sont  dispersés.  De  ceux  qui  furent  faits  pour 
cette  tapisserie  du  Massacre  des  Innocents  nous  n'en  connaissons  que  deux^ 
qui  révèlent  la  manière  de  Jules  Romain. 

1°  La  tète  de  la  femme  qui  monte  Tescalier^  hardiment  peinte  à  la  colle, 
se  trouve  dans  la  collection  du  comte  Spencer  à  sa  résidence  d'Althorp. 
Au  lieu  du  mur  qui  fait  le  fond  dans  la  tapisserie,  on  voit  un  peu  de  ciel, 
ce. qui  est  sans  doute  un  repeint  postérieur.  Dans  les  jEdes  althorpianaê, 
du  bibliothécaire  Dibdin,  il  y  a  une  gravure  de  Worchington,  faite  en  1820, 
d'après  ce  fragment,  que  lord  George  John  Spencer  avait  acquis  à  Rome, 
ainsi  que  le  rapporte  Dibdin. 

^  La  tète  de  la  femme  assise  qui  pleure,  au  premier  plan,  est  dans  la 
<x)llection  de  Christ  Church  Collège,  à  Oxford.  Ce  dessin,  assez  bien  con- 
servé, quoique  composé  de  différents  morceaux  rajustés,  est  fait  à  la  pierre 
noire  et  vigoureusement  colorié  à  l'eau.  C'est  un  présent  du  Rév.  Mordant 
Crachrode  à  l'université  d'Oxford. 

A  la  vente  de  la  succession  de  Richardson,  cette  tête  fut  achetée,  sous  le 
n*>  54,  par  le  docteur  Stark,  pour  iO  liv.  st.  Selon  W.  Gunn  {Gartonensiàjy 
cette  mère  éplorée  serait  imitée  de  la  figure  allégorique  d'une  Province 
captive  qui  se  trouve  sur  le  piédestal  de  la  statue  colossale  de  Rome 
triomphante  sur  le  Capitole.  Le  bas-relief  de  ce  piédestal  offre,  il  est  vrai, 
uDe  Ggure  de  femme  assise  en  pleurs,  mais  sans  enfant,  et  dont  la  pose 
est  peu  différente  de  celle  de  la  mère  du  Massacre  des  Innocents  ;  mais  la 
ressemblance  des  deux  figures  pourrait  bien  être  un  effet  du  hasard.  Ceux 
qui  veulent  y  voir  une  imitation  de  la  part  de  Raphaël  se  fondent  sur  cette 
opinion  que  le  grand  peintre  d'Urbin,  de  même  que  nos  artistes  acadé- 
miques modernes,  cherchait  sans  cesse  à  s'approprier  les  beautés  de  l'art 
antique.  On  pourrait,  avec  bien  plus  de  raison ,  admettre  que  Raphaël  a 
pris  le  motif  de  cette  figure  dans  une  fresque  du  Massacre  des  Innocents 
par  Giovanni  daMilano,  à  Assise. 

c.)  A  droite,  un  homme,  qui  se  baisse,  saisit  un  enfant,  tombé  à  terre, 
pour  le  poignarder;  auprès  de  lui  un  autre  bourreau  tient  un  enfant  sous 
le  bras,  tandis  qu'il  fait  un  mouvement  vers  une  mère  qui  cherche  à  re- 
prendre son  enfant  que  lui  enlève  un  soldat.  Deux  autres  femmes  s'en- 
fuient remplies  de  désespoir.  Pour  fond,  la  porte  d'une  ville  et  quelques 
édifices  dans  un  paysage.  Cette  tapisserie  est  un  peu  plus  large  que  les 
deux  précédentes,  qui  sont  très-étroites. 

Gravures  :  S.  Vouillemonl,  1641,  grand  in-fol.— A  l'eau-forte,  par  Louis  Som- 
merau,  1780,  in-fol.  —  D'après  un  dessin  par  un  anonyme  et  marqué  dans  le  bas  : 
Raphaël  dTrbino  inuenit.  A  l'eau-forle,  en  contre-partie.  H.  9"  3'";  1.  7".  — 
Laodon,  n"  414. 

Dodsley  (London  and  its  environs,  t.  III,  p.  160)  cite  deux  fragments 


230  TAPISSERIES  DE  RAPHAËL. 

d'un  carton  du  Massacre  des  Innocents^  comme  étant  chez  le  roi  de  Sar- 
daigne.  Ces  deux  fragments  nous  sont  inconnus. 

W.  Gunn,  dans  sa  Cartonensia,  cite  encore  trois  fragments  qui  ont 
figuré  dans  la  vente  de  Richardson  :  n<^  5â,  la  tête  d'un  des  bourreaux, 
vendue^  à  M.  Pocklington,  pour  5  liv,  st.  iO.  N<>  58^  les  têtes  de  deus 
mères  (grav.  dans  le  recueil  de  Sommerau,  n^  3),  vendues  pour  3  liv.  st.  J  O. 
Celles-ci  furent  achetées  plus  tard,  en  i779,  par  Flaxman,  à  la  vente  du 
duc  d*Argyll  et  données  en  présent  à  M.  Saunders,  à  Bath.  La  première 
serait  actuellement  en  la  possession  de  M.  W.  Gunn;  mais,  comme,  suivant 
lui  (p.  43),  cette  tête  ne  se  trouve  point  dans  le  Massacre  des  Innocents  , 
qu'elle  n'a  pas  l'air  effaré,  mais  qu'elle  semble  plutôt  gaie ,  nous  ne  sa- 
vons quelle  conclusion  tirer  de  ces  renseignements. 

Le  même  écrivain  dit  encore  (p.  204)  qu'on  trouve  chez  M.  And.  Foun- 
taine,  à  Narford  Hall  »  comté  de  Norfolk,  deux  des  trois  parties  qui  for- 
ment la  composition  entière  du  Massacre  des  Innocents.  Ce  seraient  des 
esquisses  dans  lesquelles  il  n'y  a  point  de  fond  d'architecture. 

198.  L'Adoration  des  Bergers. 

La  Vierge,  accroupie,  caresse  l'enfant  Jésus  couché  dans  la  crèche  ;  au 
fond  de  l'étable,  un  bœuf  et  un  âne.  Du  côté  gauche,  arrivent  quatre  ber- 
gers auxquels  saint  Joseph  montre  l'enfant  nouveau-né;  l'un  d'euT  pré- 
sente à  genoux  des  œufs,  l'autre  joue  de  la  cornemuse,  comme  le  font 
encore  aujourd'hui  les  pifferari  de  Rome,  à  l'époque  de  l'Avent,  devant 
les  madones.  A  droite,  à  l'entrée  de  l'étable,  arrivent  deux  autres  bergers, 
l'un,  portant  un  agneau,  l'autre,  tenant  en  laisse  un  grand  chien  à  col- 
lier. Dans  le  haut,  de  chaque  côté,  volent  quatre  petits  anges  qui  chan- 
tent. Cette  tapisserie  est  une  des  meilleures  de  la  série  :  elle  trahit  incon- 
testablement, dans  le  caractère  du  dessin  et  dans  les  formes  des  têtes,  la 
manière  de  Jules  Romain. 

Une  esquisse  au  bistre,  pour  cette  composition,  passa  de  la  collection 
R.  Udney  et  Dimsdale  dans  celle  de  Th.  Lawrence.  Ce  dessin  a  beaucoup 
souffert.  Peut-être  est-ce  le  même  que  l'Anonyme  de  Morelli  a  vu,  en  \  530, 
chez  Gabriel  Vendramini,  à  Venise. 

Gravures:  Par  un  élève  de  Marc-Anloine,  gravure  médiocre.  H.  9"  6'",  1. 12"  3*". 
Dans  la  manière  de  Marco  da  Ravenna,  avec  l'adjonction  d'une  figure  de  Dieu  le 
Père  qui  plane,  les  bras  étendus,  dans  une  gloire  entourée  de  six  anges.  Bartsch, 
t.  XV,  p.  15,  n*  8.  Le  dessin  original,  à  la  sépia,  rehaussé  de  blanc,  par  Jules 
Romain,  se  trouve  dans  la  collection  du  Louvre,  à  Paris.  Zani  {Enciclopediaj 
part.  II,  t.  V,  p.  82)  cite  une  copie  de  la  gravure  avec  cette  souscription  :  Dominut 
dixUadma.,,  Tomato  de  Torli  for.  Romae.  —  Hier.  Cock  exe.  1563.  Également  avec 
Dieu  le  Père  dans  le  haut.  Petit  in-fol.  —  Theodor  Galle  exe.  Petit  in-fol.  — 
D'après  un  dessin  de  R.  Dalton.  Londres,  1753.  In-fol.  en  larg.  —  Mich.  Sorello. 
In-fol.  en  larg.  —  Louis  Sommerau,  1780,  à  l'eau-forte.  In-fol.  en  larg. 

Dans  le  catalogue  de  la  succession  de  Richardson  se  trouve  indiqué  un 


TAPISSERIES  DE  RAPHAËL.  2âl 

fragment  du  carton  de  cette  composition;  ce  fragment^  représentant  la 
tète  d'un  berger  en  adoration^  dans  l'étable^  à  gauche^  fut  vendu  pour 
5  lif  res  5. 

Dans  la  galerie  du  cardinal  Fesch^àRome^  se  trouvait  un  petit  tableau 
semblable  à  la  gravure  de  l'école  de  Marc-Antoine,  Bartsch,  n®  3,  seule- 
ment avec  un  fond  différent  où  l'on  voit  une  ville  dans  le  goût  néerlandais. 

Une  esquisse  à  Thuile,  sur  papier,  qui  est  dans  la  galerie  de  Copenhague, 
a  été  décrite  dans  le  Catalogue  de  Spengler,  en  1827,  sous  le  n»  4.  — 
C.  F.  de  Rumohr  (Stuttgarler  Kunslhlaity  1823,  p.  345)  doute  de  l'origi- 
nalité de  cette  esquisse  peinte,  quoiqu'elle  soit  très-spirituellement  traitée. 
11  la  croit  d'un  élève  de  Raphaël.  ^  ^ 

199.  L Adoration  des  Mages. 

Cest  une  riche  composition  pour  une  très-large  tapisserie.  Devant  une 
petite,  chaumière,  au-dessus  de  laquelle  brille  une  étoile,  la  Vierge  est 
assise,  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux.  Celui-ci  tient  un  petit  vase  d'or  que 
le  plus  vieux  des  trois  rois,  à  genoux,  vient  de  lui  présenter.  Derrière  ce- 
lui-ci, le  plus  jeune  des  mages  se  penche  en  avant,  et,  à  droite,  le  troi- 
sième roi,  agenouillé,  lève  le  couvercle  d'un  vase  qu'il  offre  au  nouveau-né. 
Saint  Joseph,  placé  derrière  la  Vierge,  regarde  avec  admiration.  Aux  deux 
côtés,  se  trouve  la  suite  des  mages,  et,  derrière  ces  groupes,  on  aperçoit, 
caparaçonnés  à  l'orientale,  des  chevaux,  des  chameaux  et  des  éléphants. 
Les  figures,  qui  souvent  sont  d'un  mouvement  forcé,  et  le  caractère  des 
têtes  dénoncent  évidemment  la  main  de  Jules  Romain. 

Une  esquisse,  au  bistre,  qui  a  beaucoup  souffert,  fut  achetée  à  la  vente 
du  roi  de  Hollande  par  M.  Sam.  Woodburn,  de  Londres,  pour  100  fl. 

Gravures  :  Hier.  Cock,  dans  la  manière  de  Wierix,  d'après  un  dessin,  avec  quel- 
ques changeroenls.  H.  5"r";  L  6"  3"'.—  Seb.  Vouillemonl.  In-fol.  en  larg—  Pietro 
Santî  Bartoli,  à  Teau-forte,  en  trois  grandes  planches,  dont  l'une  serait  de  M.  Cor- 
neille. H.  18"  3"';  1.  34"  4'".  —  A  l'eau-forte,  par  Louis  Soramerau.  In-fol.  en 
larg.  —  Landon,  n"  125. 

Dans  la  galerie  de  Dresde  se  trouve  un  petit  tableau,  en  hauteur,  dans 
lequel  le  peintre  s'est  servi  de  cette  composition.  Il  porte  l'inscription 
suspecte  :  MR.  1509,  et  semble  être  l'ouvrage  d'un  Néerlandais,  qui  a 
placé  trois  chiens  sur  le  premier  plan,  dont  deux  sont  imités  d'Albrecht 
Durer- 

Chez  M.  W.  Beckford,  à  Bath,  nous  avons  vu  aussi,  en  1831,  un  petit 
tableau  reproduisant  la  partie  centrale  de  cette  composition,  et  tout  à  fait 
semblable  au  dessin  qui  est  chez  les  frères  Woodburn.  Ce  tableau  nous  a 
paru  être  exécuté  par  un  élève  de  Raphaël.  Peut-être  est-ce  le  même  qui 
fut  vendu  en  1716,  à  Amsterdam,  dans  la  succession  de  J.  van  Beussingen, 
pour  1 ,025  florins. 


222  TAPISSERIES  DE  RAPHAËL. 

200.  La  Présentation  au  Temple. 

Sous  le  péristyle  du  temple,  le  grand  prêtre,  accompagné  d'un  jeune 

lévite,  reçoit  la  Vierge  qui  lui  présente  Tenfant  Jésus.  Derrière  elle,  saint 

Joseph,  et  sur  le  côté  gauche,  trois  femmes,  dont  l'une  porte  un  petit 

panier  avec  des  pigeons.  La  composition  et  le  dessin  de  cette  tapisserie 

sont  faibles. 

Gravures  :  R.  Dalton.  Grand  in-fol.  en  larg.  ~  Hichael  Sorello.  In-fol.  en  larg. 
—  A  l'eau-furte,  par  L.  Sommerau,  1780. 

Il  existe  plusieurs  dessins  de  cette  composition.  On  attribue,  avec  rai- 
son, celui  qui  est  dans  la  collection  du  Louvre  à  un  élève  de  Raphaël  ;  il 
est  lavé  et  rehaussé  de  blanc.  Voy.  Notice  des  dessins^  etc.,  Paris,  18H, 
n"*  324.  Un  second  dessin,  provenant  de  la  collection  Lauckrick,  a  passé 
successivement  dans  celles  de  P.  Lely,  de  J.  Richardson,  de  W.  Roscoe, 
et,  en  dernier  lieu ,  dans  celle  de  M.  Ford,  à  Londres.  Le  troisième  des- 
sin, incomparablement  plus  beau  que  les  autres,  passa  de  la  collection 
Paignon-Dijonval  dans  celle  d'Oxford.  Il  est  fait  à  la  plume  sur  papier 
gris,  lavé  au  bistre  et  rehaussé  de  blanc.  On  peut  l'attribuer  à  Francesco 
Penni. 

201.  La  Résurrection  du  Christ. 

Le  Christ',  dans  l'attitude  de  la  bénédiction  et  la  bannière  triomphale 
dans  la  main  gauche,  sort  de  la  grotte  sépulcrale  en  marchant  sur  la  pierre 
qui  en  fermait  l'entrée.  Cinq  soldats  gardiens,  à  gauche,  et  sept,  à  droite, 
se  heurtent  confusément  ou  s'enfuient.  On  voit  Jérusalem  dans  le  riche 
paysage  du  fond,  et  les  trois  saintes  femmes  se  rendant  au  tombeau.  Cette 
tapisserie ,  qui  a  la  même  largeur  que  celle  de  l'Adoration  des  Mages,  n'est 
pas  d'un  si  beau  dessin  que  cette  dernière,  quoique  les  figures  en  soient 
aussi  très-vives  de  mouvement. 

L'esquisse  de  cette  composition,  à  la  sépia,  rehaussée  de  blanc,  est  bien 
de  Raphaël  et  se  trouve  actuellement  dans  la  collection  d'Oxford.  Mais 
le  carton  pour  la  tapisserie  paraît  avoir  été  exécuté  par  un  des  plus  faibles 
élèves  de  Raphaël.  Au  reste,  1  ouvrier  qui  a  tissé  cette  tapisserie  semble  en 
avoir  très-librement  usé  avec  le  carton,  puisque  le  paysage  du  fond  porte 
évidemment  le  cachet  de  l'école  des  Pays-Bas. 

Gravures  :  R.  Dalton  et  autres,  1753.  Grand  in-fol.  en  larg.  —  Micbael  Sorello. 
In-fol.  en  larg.  —  L.  Sommerau,  1780,  à  l'eau-forie.  In-fol.  en  larg.  — Peut-ôlre 
d'après  une  esquisse  tout  à  fait  difféienle  de  la  tapisserie,  par  un  anonyme,  chez 
Ant.  Lafrerij,  1576.  Composition  de  10  figures.  H.  13"  6";  1.  10"  4"'.  —  Landon, 
n"  342.  —  Chérubin  Alberti,  1628.  Le  Christ  ne  touche  pas  la  terre.  Bartsch. 
t.  XYII,  p.  58,  n*  24.  Cette  gravure,  très-différente  de  la  tapisserie,  n'a  certaine- 
ment pas  été  faite  d'après  un  dessin  de  Raphaël. 

202.  Le  Christ  apparaît  à  Marie-Madeleine. 
Le  Christ,  sous  la  figure  d'un  jardinier,  apparaît  à  Marie-Madeleine  qui 


TAPISSEHIES  DE  RAPHAËL.  2^5 

tient  un  vase  de  parfums  dans  sa  main  gauche.  Derrière  un  buisson  de 
roses,  on  Toit  le  sépulcre  ouvert  et  une  partie  de  la  ville  de  Jérusalem. 
La  composition  est  faible  et  les  figures  sont  lourdes.  Les  tisseurs  néerlan- 
dais ont  très-richement  décoré  le  paysage  dans  cette  tapisserie  qui  est  très- 
étroite  et  toul  en  hauteur. 

Gravures  :  J.  B.  M.  Corneille,  à  l'eau-forte.  N.  Billy,  Bomœ  exe.  Haul.  18"  3'", 
Urg.  8"  10".  —  Séb.  VouiUemoDt.  io-fol.  — Job.  Folo,  pet.  in-fol.  —  Mich.  So- 
reUo,  ia-fol.  —  A  l'ean-forte,  par  L.  Sommerau,  1780,  in-fol.  —  Landon,  n«  138. 

203.  Le  Christ  aux  Limbes. 

Le  Christ,  tenant  la  bannière  triomphale^  est  debout  à  l'entrée  d'une 
grotte  et  présente  à  un  des  patriarches  sa  main.  Adam  et  Eve  sont  age- 
nouillés près  du  Christ^  le  jeune  Abel  devant  eux^  et,  à  gauche^  saint  Jean- 
Baptiste  en  adoration.  Cette  tapisserie^  qui  était  moins  large  que  les  au- 
tres>  fut  brûlée  pendant  la  révolution  de  1798,  dit-on^  par  des  juifs  qui 
voulaient  mettre  en  lingots  les  fils  d'or.  Par  les  gravures,  nous  connaissons 
seulement  cette  composition,  qui  est  d*une  si  belle  ordonnance  qu'on  est 
tenté  de  croire  que  le  carton  en  fut  fait  d'après  une  esquisse  de  Raphaël. 

Gravures:  Nie.  Beatrizetto,  154X;  épreuves  postérieures  chez  Ant.  Lafrerij, 
1571.  Bartsch,  t.  XY,  p.  250,  n«  22.  —  Mich.  SoreUo,  in-fol.  —  A.  l'eau-forte,  par 
L.  Sommerau,  1780,  in-fol.  —  Landon,  n**  389. 

204.  Le  Christ  à  Emmaûs. 

Le  Seigneur  est  assis  à  table,  sous  une  treille,  et  ses  deux  disciples  sont 
à  ses  côtés,  vivement  émus,  pendant  que  Jésus  prononce  la  bénédiction  du 
pain.  Sur  le  devant,  un  chien  ronge  un  os  que  convoite  un  chat  qui  s'en 
approche  avec  envie.  Cet  épisode  et  quelques  autres  qui  enrichissent  cette 
composition  peuvent  être  considérés  comme  des  additions  néerlandaises. 
La  composition  même  semble  d'un  élève  de  Raphaël. 

GiuvaBES  :  Séb.  Vouinemonl,  1642,  in-fol.  —  Andr.  Procaccini,  petit  in-fol. 
—  Angelo  Campanella ,  avec  une  bordure  ornée.  Petit  in-fol.  — Michael  SoreUo, 

in-fol R.  Dalton  exe,  in-fol.  —  A  l'eau-forte,  par  L.  Sommerau,  in-folio.  — 

Landon,  n»  129. 

Un  dessin  au  bistre,  par  un  élève  de  Raphaël,  mais  très-détérioré,  se 
trouve  dans  la  collection  d'Oxford.  Un  autre,  sur  papier  rougeâtre,  passa 
du  cabinet  R.  Udney  dans  celui  de  M""®  Forsler.  G.  Metz  en  a  donné  un 
fao-simile  dans  son  ouvrage  des  Imitations,  etc.  (Londres,  1798). 

203.  LAscemion  du  Christ. 

Le  Christ  monte  aux  cieux  ;  deux  anges,  vus  en  raccourci,  descendent  de 
chaque  côté,  et,  dans  le  bas,  on  voit  onze  apôtres  agenouillés.  L'exécution 
de  cette  tapisserie  est  très>médiocre. 

Gratdres  :  Andr.  HarelU.  Haut.  16"  5",  larg.  13" 9"'.  Andr.  Procaccini,  en  Ur. 


324  TAPISSERIES  DE  RAPHAËL. 

geur,  à  l'eau-forte.  —  L.  Sommerau,  1780,  à  Teau-forte.  —  Nie.  Beatrizeilo,  1541, 
mais  en  largeur;  peut-être  d'après  une  esquisse  de  Raphaël.  Bartsch,  t.  XV, 
p.  250,  n«  21.  —  Landon,  n«  130: 

206.  La  Descente  du  Saint-EspriL 

La  Vierge  est  placée  entre  saint  Pierre  et  saint  Jean  au  milieu  des 
douze  apôtres;  deux  saintes  femmes  sont  debout  derrière  elle.  Dans  le 
haut,  on  voit  le  Saint-Esprilf  qui  remplit  de  clarté  l'espace  et  qui  allume 
une  langue  de  feu  au-dessus  de  chaque  tête.  L'exécution  de  cette  tapisse- 
rie est,  comme  celle  des  précédentes,  trés-faible.  La  composition  elle- 
même  en  est  trop  roide  et  trop  symétrique  pour  qu'on  puisse  l'attribuer 
à  Raphaël.  Ricbardson  {Essai  sur  la  théorie  de  la  peinture,  t.  !•%  p.*35) 
cite  un  dessin  qui  était  en  la  possession  de  son  frère,  dessin  semblable  à 
la  gravure  et  qu'il  croyait  de  Raphaël. 

Gravures  :  Dans  la  manière  de  Jac.  Caraglio.  Bartsch ,  t.  XV,  p.  70,  n'  6.  — 
Copie  à  l'eau-forle  par  Ant.  Lafrerij.  Haut.  10",  larg.  15".  —  Andr.  Procaccini, 
in-fol.  en  larg.  —  Hier.  Carattoni,  avec  la  bordure  de  la  tapisserie,  in-fol.  en 
larg.  —  G.  Audran,  in-fol.  en  larg.  —  R.  Dalton  excud.,  grand  in-fol.  en  larg.  — 
L.  Sommerau,  1780,  in-fol.  en  larg.  —  Landon,  n«  423. 

207.  Sujet  allégorique. 

Cette  allégorie ,  qui  fait  allusion  à  la  papauté ,  représente  la  figure  de 
la  Religion  avec  un  petit  ange  tenant  un  livre  ouvert,  et  assise  sur  un  arc- 
en-ciel.  On  voit,  aux  pieds  de  la  Religion,  un  grand  globe  de  cristal  dans 
lequel  se  reflètent  des  images  de  guerre  et  d'incendie.  La  figure  de  la  Jus- 
tice est  assise  à  gauche,  et  celle  de  la  Charité  à  droite.  Au  bas,  dans  un 
paysage,  il  y  a  deux  lions  qui  tiennent  chacun  un  drapeau  où  sont  brodés 
le  dais  pontifical  et  les  clefs  du  Saint-Siège.  Près  du  globe  de  cristal,  on 
lit  ces  mots  :  Candor  illœsus ,  et  dans  l'arabesque  du  bas  on  voit  les 
armes  des  Médicis.  Nous  avons  déjà  dit  que  la  devise  :  Candor  illœsus, 
avait  été  adoptée  par  Clément  VII,  lorsqu'il  était  cardinal  sous  Adrien  VI. 

Nous  ajouterons  que  cette  tapisserie  est  ornée  de  la  même  bordure 
que  les  douze  tapisseries  de  la  Vie  du  Christ  et  offrait  exactement  la  même 
hauteur  que  ces  dernières;  il  en  ressort  indubitablement  qu'elle  fait 
partie  de  la  même  suite  et  que  toutes  ces  tapisseries  n'arrivèrent  à  Rome 
qu'après  la  mort  de  Léon  X,  et  au  plus  tôt  sous  le  gouvernement  du  pape 
Adrien  VI.  La  composition  de  ce  sujet  allégorique  n'est  pas  remarquable; 
elle  manque  d'ensemble  et  il  faut  l'attribuer  à  un  élève  de  Raphaël.  Dans 
Tarabesque  de  la  partie  inférieure  est  tissée  une  tablette  avec  Tinscription 
suivante  :  PiVS.  SEXTVS.  PONT.  MAX.  RESTIT.  CVR.  ANNO.  PONT.  SVf. 
XII.  (1786),  et  dans  la  bordure  supérieure  sont  répétées  quatre  fois  les 
armes  de  ce  pape.  D'après  cette  inscription  moderne,  on  peut  admettre 
que  sous  Pic  VI  toutes  les  tapisseries  du  Vatican  furent  restaurées. 

P-.  Marchetti,  à  Rome,  avait  l'intention  de  publier  le  recueil  des  tapis- 


TAPISSERIES  AVEC  DES  AMOURS  JOUANT.  2â» 

séries  de  Raphaël  reproduites  au  trait  avec  de  légères  ombres  et  il  avait 
déjà  fait  graver  à  Teau-forte  la  Guérison  du  paralytique  par  Dellarocca^ 
eD  1827;  r Adoration  des  Mages,  par  Banzo,  en  1833;  la  Présentation  au 
Temple,  par  Pei^sichini,  en  1833.  Cependant  les  deux  derniers  sujets  sont 
des  eaux-fortes  d'après  le  gradin  y  et  nous  n'avons  pas  ouï  dire  que  cet 
ouvrage  ait  été  continué. 

A  Londres,  il  a  paru  un  volume  in-8°,  en  1838,  intitulé  :  Tht  Book  of 
ihe  Cartofms,  lequel  contenait  20  gravures,  de  Sommerau,  avec  un  texte 
explicatif  de  Cattermole. 


TAPISSERIES  AVEC  DES  AMOURS  JOUANT. 

Souvent  on  attribue  à  Raphaël  cinq  tapisseries  avec  des  Amours  ou  des 

enfants  ailés,  parce  qu'elles  ont  été  gravées,  sous  son  nom,  par  le  Maître 

au  Dé.  Vasari,  au  contraire,  dans  la  Vie  de  Giovanni  da  Udine  (t.  IX, 

p*  33),  attribue  à  ce  dernier  quatre  de  ces  tapisseries.  Yoici  le  texte  du 

passage  en  question  :  «  Dipinse  Giovanni  i  cartoni  di  quelle  spalliere  e 

panni  da  camere,  che  poi  furono  tessuti  di  seta  e  d'oro  in  Fiandra;  nei 

quali  sono  certi  putti  che  scherzano  intorno  a  varj  festoni  adorni  dell' 

imprese  di  papa  Leone,  e  di  diverse  auimali  ritratti  dal  naturale;  i  quali 

panni,  che  sono  cosa  rarissima,  sono  ancora  oggi  in  palazzo.  p  Taja  se 

trompe,  quand  il  dit  que  Perino  del  Vaga  a  fait  les  cartons  pour  ces 

tapisseries  d'après  des  dessins  de  Raphaël.  Dans  les  quatre  premières 

tapisseries,  les  Amours  jouent  entre  des  guirlandes  de  fruits  et  de  fleurs, 

et,  dans  la  cinquième,  au  milieu  des  arbres. 

a.)  Un  Amour  couronné  tient  un  sceptre  et  des  clefs,  auquel  deux  autres 
Amours  présentent  des  pièces  d*or  sur  un  plat.  Au-dessus,  dans  un  cercle 
rayonnant,  on  voit  un  lion,  emblème  de  Léon  X,  et  sur  la  guirlande  sont 
perchés  un  aigle  et  un  phénix. 

b.)  Un  Amour  à  cheval  sur  une  autruche,  dont  un  autre  Amour  tient  la 
patte,  tandis  qu'un  troisième  lui  arrache  des  plumes  pour  en  orner 
sa  tête. 

c.)  Deux  Amours  s'efforcent  de  reprendre  un  petit  enfant  qui  vient 
d'être  enlevé  par  un  singe. 

d.)  Un  Amour  lutte  avec  un  enfant,  sur  lequel  deux  autres  Amours 
frappent  avec  leurs  arcs  et  leurs  flèches  ^ 

t.  Noos  avons  vu  chez  les  frères  Woodbum,  à  Londres,  quatre  dessins  de  Giovauni  da 
l'diae,  de  la  même  grandeur  que  les  gravures,  et  représentant  des  sujets  analogues.  Ce  sont 
^nisemblablement  des  esquisses  destinées  à  être  reproduites  en  tapisseries.  Ces  esquisses,  des- 

11.  15 


23Ô  LA  MAISON  DE  CHASSE 

Gravures  :  Par  le  Mattre  au  Dé.  Bartsch,  t.  XV,  p.  208,  n''  3^35.  Les  cuivres 
de  ces  estampes  passèrent  à  Barlachi.  puis  k  Ant.  Lafrerij,  et,  en  dernier  lieu,  eo 
1655,  à  J.  J.  Rossi.  —  Landon,  n"  135-138. 

6.)  Huit  Amours  jouent  dans  un  bois.  Cette  composition  est  d'une  telle 
beauté,  qu'on  peut  sans  crainte  l'attribuer  à  Raphaël.  Elle  diffère  aussi 
de  la  disposition  des  quatre  sujets  précédents,  et  n'appartient  peut-être 
pas  du  tout  à  la  même  série.  Cependant  on  peut  croire,  d'après  l'inscription 
de  la  gravure,  qu'elle  a  été  aussi  exécutée  en  tapisserie. 

Gravures  :  Le  Mattre  au  Dé.  Bartsch,  t.  XV,  p.  206 ,  n<*  30.  —  Copie  en  contre- 
partie F.  H.  {Fried.  HuMui).  —  Landon,  n«  134. 

La  Chapelle  de  la  Maison  de  chasse  du  pape,  nommée 

la  Magliana. 

Nous  avons  dit,  dans  la  Vie  de  Raphaël,  que  cette  maison  de  chasse, 
située  près  du  Tibre,  et  appartenant  aujourd'hui  au  couvent  des  religieuses 
de  Sainte-Cécile,  à  Transtévère,  avait  été  le  séjour  favori  de  Jules  II,  dont 
le  nom  se  trouve  souvent  répété  aux  fenêtres  de  la  cour,  ce  qui  prouve 
que  la  plus  grande  partie  de  l'édifice  fut  élevée  sous  son  règne.  Maintenant, 
si  l'on  entre  dans  un  petit  vestibule,  à  droite,  on  voit  une  porte  avec 
l'inscription  F.  CAR.  PAPIEN.  IVLII.  II.  P.  M.  ALVMNVS.  Par  cette  porte, 
on  arrive  dans  la  chapelle,  dont  les  briques  du  plancher  portent  alterna- 
tivement l'inscription  :  IVL.  IL  P.  MAX.,  avec  les  armes  du  pape  ;  et  cette 
autre  inscription  :  F.  CAR.  PAP.,  avec  les  armes  du  cardinal  Alidossi. 
Ces  dernières  consistent  en  un  aigle  aux  ailes  éployées,  d'où  il  ressort 
que  le  cardinal,  pour  s'attirer  la  bienveillance  du  pape,  s'était  chargé  de 
la  décoration  de  la  chapelle  ^  De  cette  époque  datent  deux  fresques  : 

sinées  à  la  plume ,  lavées  au  bistre  et  hardiment  rehaussées  de  blanc ,  offrent  les  sijûets 
soivants  : 

f.)  Trois  Amours  tenant  une  boule  sur  laquelle  plusieurs  oiseaux  se  livrent  bataille. 

g.)  Trois  Enfants;  Tun  cueillant  des  fruits,  un  autre  courant  avec  des  Jouets. 

h,)  Un  Enfant  en  effraye  deux  autres  avec  une  chauve-^ouris  qu'il  tient  écartée  par  les  aOes  ; 
un  autre  enfant  est  tombé  à  terre. 

L]  Quatre  Enfants  sont  occupés  à  un  arbre  fruitier.  Dans  ce  dessin ,  les  enfants  sont  d^une 
proportion  un  peu  plus  petite  que  dans  les  premiers. 

1.  Francesco  Alidossi,  issu  d'une  famille  princière,  était  allé  à  Rome  sous  Sixte  IV,  où  le  fit 
surtout  remarquer  sa  beauté.  Ayant  reçu  du  pape  Alexandre  VI  la  mission  d'empoisonner  Jules 
de  la  Rovere,  qui  s'était  sauvé  en  France,  il  avertit  ce  dernier  de  Tattentat  qu'on  tramait  contre 
lui.  Lorsque,  en  1503,  Jules  monta  sur  le  trâne  pontifical,  il  nomma  Alidossi  archevêque  de 
Halte,  puis  de  Pavie,  de  Bologne,  et  cardinal  de  Sainte-Cécile  en  1505.  C'est  à  cette  époque 
que  le  cardinal  fit  orner  la  Hagliaua,  en  se  qualifiaut  d'a/umntM ,  par  allusion  à  sa  position  de 
favori  du  Saint-Père.  Plus  tard,  ces  bons  rapports  entre  le  pape  et  lui  changèrent  tout  à  coup, 
car,  n'ayant  pu  obtenir  le  titre  de  prince  d'Imola,  que  ses  ancêtres  avaient  autrefois  porté ,  il 
essaya  de  se  venger,  et  on  Taccusa  d'être  vendu  au  roi  de  France.  Pour  se  justifier,  il  dut  se 
rendre  à  Ravenne,  où  se  trouvait  Jules  II.  Lorsqu'il  y  arriva,  entièrement  vêtu  de  noir  et  monté 
jur  un  âne,  il  fut  assailli  par  Francesco  Maria  délia  Rovere,  due  d'Urbin  et  nevea  du  pape,  4|ui 


Du  PAPE.  227 

celle  de  la  lunette ,  vis-à-vis  de  Tautel,  représentant  une  Annonciation,  et 
celle  qui  est  au-dessus  de  la  porte  d'entrée,  représentant  la  Visitation, 
peintes  par  un  élève  du  Pérugin,  et,  comme  le  suppose  Platner,  par  le 
Spagna.  A  droite,  il  y  a  une  fenêtre,  et,  à  gauche,  sur  le  mur  cintré  par 
l'arcature  de  la  voûte,  est  peinte  la  fresque  que  nous  décrivons  ci-après, 
sous  le  no  208. 

11  a  paru  un  ouvrage  spécial  concernant  cette  chapelle,  sous  ce  titre  : 
/  Freschi  délia  villa  Magliana  di  Raffaelle  d'Urbino,  incisi  ed  editi  da 
Lodavico  Gruner,  con  descrizione  délia  villa  di  Ernesto  Platner.  (Roma, 
18470 

208.  Le  Martyre  de  sainte  Cécile. 

La  partie  qui  existe  encore  de  cette  peinture  concorde  entièrement  avec 
la  gravure  de  Marc-Antoine,  connue  sous  le  nom  de  Martyre  de  sainte 
Félicité  ^  ;  mais  une  grande  partie  du  tableau  fut  détruite,  lorsque,  pour 
ouvrir  une  tribune,  on  perça  un  grand  trou  dans  le  mur.  11  ne  resta  que 
les  figures  ci-après  désignas,  qui  sont  un  peu  plus  grandes  que  demi- 
nature  :  le  juge  assis ,  avec  les  huit  personnages  debout  à  côté  de  lui  ; 
puis,  de  l'autre  côté  à  droite,  la  statue  de  Jupiter,  les  figures  qui  sont  près 
d'elle,  ainsi  que  les  trois  femmes  et  l'enfant  plus  rapprochés.  On  voit 
aussi  encore  un  morceau  de  l'homme  couché  qui  soufUe  le  feu.  Mais  toute 
la  partie  centrale  du  sujet  n'existe  plus,  le  fermier  Vitelli  ayant  fait 
percer  la  muraille,  en  4830,  afin  d'y  ériger  une  tribune  d'où  il  pourrait 
entendre  la  messe  sans  être  mêlé  à  ses  domestiques.  Cet  acte  de  vanda- 
lisme est  d'autant  plus  regrettable,  que  ce  qui  reste  de  la  peinture  est 
parfaitement  conservé  et  annonce  que  cet  ouvrage  fut  exécuté  par  un  des 
meilleurs  élèves  de  Raphaël;  quelques  artistes  même  veulent  y  recon- 
naître la  main  du  maître. 

Ce  qui  nous  autorise  à  placer  Texécution  de  cette  peinture,  non  pas 
seulement  à  l'époque  de  Léon  X,  mais  encore  dans  les  derniers  temps  de 
la  vie  de  Raphaël,  c'est  la  fresque  qu'on  voit  au-dessus  de  l'autel,  et  dans 
laquelle  un  ange  jetant  des  fleurs  est  incontestablement  imité  de  celui  de 

le  poignarda  en  plein  jour  dans  la  me.  La  colère  de  Jules  II  fut  apaisée  par  le  comte  Castiglione  ; 
mais,  en  1 5 i  6,  ce  meurtre  servit  de  prétexte  à  Léon  X  pour  enlever  le<iuché  à  Francesco  Maria 
delJa  Rovere. 

1.  C'est  une  fausse  dénomination.  Aucune  des  deux  saintes  du  nom  de  félicité  ne  fut  mar- 
tyrisée dans  rhuile  ou  Teau  bouillante.  Voy.  les  BoUaadistes,  Àeta  ianctorwn.  —  La  légende 
de  sainte  Cécile  rapporte  qu^on  décapita  d'abord  son  mari  et  son  beau-frère,  nommés  Yalerian 
«t  Tiburtius,  hors  de  la  ville,  près  de  la  statue  de  Jupiter  ;  puis  on  la  jeta  dans  une  cuve  d^eau 
bouillante,  sans  qu'elle  en  éprouvât  aucun  mal ,  ensuite  on  lui  trancha  la  tète.  —  La  peinture 
et  les  estampes  s'accordent  parfaitement  avec  la  légende;  de  plus,  le  lieu  même  du  martyre 
est  une  terre  appartenant  encore  au  couvent  de  Sainte-Cécile  y  à  Transtévère  :  ce  qui  ne  laisse 
aucun  doute  sur  le  s^jet  représenté.  En  1853 ,  cette  fresque,  ayant  été  détechée  du  mur  et 
transportée  sur  toile ,  fut  mis*  en  vente  à  Rome. 


328  LA  CHAMBRE  DE  BAIN 

la  grande  Sainte  Famille  du  musée  du  Louvre^  et  par  conséquent  posté- 
rieur à  l'année  1518. 

Dans  les  collections  de  Vienne  et  de  Dresde  se  trouvent  des  dessins  du 
Martyre  de  sainte  Cécile  attribués  à  Raphaël. 

Gravures:  Marc>An(oine.  Barlsch,  l.  XIY,  n*  117,  avec  l'indicalioD  de  trois 
copies.  —  Une  quatrième  copie  porte  sur  ses  secondes  épreuves  celte  inscription  z' 
Saneia  Julianna  virgo  et  marlir  œlalii  18  ann.  Dno  299.  Haut.  8"  8 '\  larg.  10"  9'". 
—  5*  copie,  dans  le  sens  de  l'original  et  dans  la  manière  de  Thomassin.  Sur  le 
bord,  celle  inscription  :  Veni  tpôsa  Chrisli  accipe  coronam,  etc.,  in-fol.  en  larg.  — 
Etienne  de  Laulne,  marquée  d'un  S.  En  contre-partie.  Haut.  3"  1'",  larg.  4"  10'". 
'-  Grande  grav.  sur  bois,  ancienne,  en  contre-partie,  avec  quelques  changemenls 
et  quelques  omissions,  comme,  par  exemple,  l'enfant  avec  les  deux  hommes  et  le 
soldat,  qui  se  trouvent  les  plus  rapprochés  de  la  chaudière,  derrière  le  juge. 
Dans  le  haut,  cette  inscription  dans  un  cartouche  :  Martivm  s.  Cecilib.  La 
manière  de  faire  est  d'un  maître,  mais  elle  est  un  peu  roide.  Haut.  14"*  4'", 
larg.  19"  2'"  —  Une  fresque,  à  S.  Giovanni  Evangelista,  à  Porta  Latina,  à  Rome» 
représentant  le  Martyre  de  saint  Jean  l'Ëvangéliste,  brûlé  dans  l'huile  bouillante, 
est  une  imitation  évidente  de  la  fresque  de  Sainte  Cécile  ;  la  sainte  est  remplacée 
par  un  homme  à  barbe,  et  les  figures  décapitées  sont  omises.  Une  gravure  d'après 
cette  fresque  porte  cette  légende  :  Raphaël  d'Urbin  fnnxU,  Moreau  fec.,  Steph- 
Ganlrel  exe.j  C,  prtv.  A.  Dans  les  secondes  épreuves  le  nom  de  Moreau  ne  se 
trouve  plus.  Haut.  20"  8"\  larg.  25"  6"'.  -  Landon,  u*  238. 

La  Chambre  de  bain  pour  le  cardinal  da  Bibiena,  au  palais 

du  Vatican. 

Bernardo  da  Bibiena^  cardinal  de  S.  Maria  in  Portico^  logeait  dans  le 
palais  du  Vatican,  en  sa  qualité  de  secrétaire  intime  du  pape.  Ce  fait  nous 
est  prouvé  par  ce  passage  d'une  lettre  de  Léon  X  au  cardinal ,  laquelle 
sç  trouve  p^rmi  celles  que  Pietro  Bembo  a  écrites  en  latin  (lib.  XIII)  : 
«  Dabimus  operam,  ut  quœ  prior  nostrarum  aedium  pars  vacua  erit, 
tua  sit.  )>  Paris  de  Grassi  rapporte  aussi  que  le  cardinal,  qui  n'avait  pas 
de  maison  particulière  à  Rome,  mourut  dans  le  palais  papal  :  «1520. 
Hic  die  Veneris  novembris  IX  cum  in  palatio  papas  mortuus  sit,  nec 
habeat  prnpriam  domum  ad  quam  possit  deferri,  mendicavimus  domum 
in  Burgo  veteri  Sitino ,  ubi  olim  cardinalis  de  Aracœli  habitavit,  etc.  » 
Ces  chambres,  où  demeurait  le  cardinal  de  Bibiena,  et  qui  sont  habitées 
actuellement  par  un  serviteur  du  pape,  se  trouvent  à  l'étage  supérieur 
au-dessus  des  Loges  de  Raphaël.  La  chambre  de  bain,  qui  a  environ 
quinze  pieds  carrés,  est  souvent  nommée  et  on  ne  sait  pourquoi  :  «  Il  Ritiro 
di  Giulio  II ,  »  quoique  cette  partie  du  Vatican  n'ait  été  bâtie  qu'après  la 
mort  de  Jules  H,  et  qu'on  lise  encore  sur  la  porte  d'entrée  cette  inscrip- 
tion :  LEO.  X.  PONT.  MAX.  Dans  la  Vie  de  Raphaël,  nous  avons  publié 
la  lettre  de  Pietro  Bembo  au  cardinal  da  Bibiena,  'en  date  du  19  avril 
1516,  dans  laquelle  il  prie  le  cardinal,  au  nom  de  Raphaël,  de  lui  envoyer 
la  description  des  autres  sujets  qui  devaient  être  peints  dans  sa  chambre 


DU  CARDINAL  BIBIENA.  220 

de  bain,  parce  que  ceux  qu'il  avait  désignés  antérieurement  allaient  être 
terminés.  Cette  chambre^  tout  à  fait  décorée  dans  le  goût  antique^  con- 
tient^ sur  un  fond  rouge  brun  sombre^  avec  de  légers  encadrements  archi- 
tectoniques  et  des  grotesques,  sept  tableaux  principaux,  offrant  des  sujets 
mythologiques,  dont  deux  sur  chaque  face  de  mur,  à  l'exception  du  mur 
où  se  trouve  la  porte  avec  une  seule  peinture.  Dans  le  socle,  au-dessous 
des  tableaux,  sont  représentés  des  Amours  victorieux  S  et,  sur  le  plafond 
de  la  voûte,  il  y  a  vingt  et  un  petits  caissons,  de  dimensions  inégales  et 
de  différentes  couleurs,  encadrés  dans  des  baguettes  d'or.  Parmi  ces 
caissons,  il  y  en  a  quatre  avec  des  Amours  :  un,  debout;  le  second 
assis,  le  troisième  couché;  le  quatrième  lutte  en  jouant  avec  un  satyre. 
Le  caisson  octogone  qui  est  au  milieu  présente,  sur  fond  d'or,  un  paysage 
avec  des  arbres  et  deux  figures.  Les  quatre  petits  caissons  qui  entourent 
celui  du  centre  contiennent  des  figures  sur  des  chars  antiques,  attelés  de 
chevaux  ou  de  taureaux.  Huit  petits  caissons  oblongs  contiennent  des 
animaux,  entre  autres  un  lion  avec  une  harpie  qui  déchire  un  cygne.  Dans 
les  caissons  en  longueur,  aux  quatre  coins,  on  distingue  encore  avec  peine 
une  demi-figure.  Les  autres  petits  tableaux  sont  presque  effacés,  plus  ou 
moins*  endommagés  et  quelquefois  même  mutilés  à  plaisir.  Les  sept 
grands  tableaux  du  mur  représentent  les  sujets  suivants,  avec  des  figures 
d'environ  quinze  pouces  de  hauteur,  traitées  avec  soin,  à  fresque,  par  de 
bons  élèves  de  Raphaël. 

209.  La  Naissance  de  Vénus. 

A  fresque.  Haut.  2V,  larg.  15". 

Aphrodite  Anadyomène  naît  de  Técume  de  la  mer.  Vue  presque  de  dos, 
elle  pose  son  pied  gauche  dans  une  conque  et  regarde  au  loin  l'élément 
immense,  en  tenant  de  la  main  gauche  ses  longs  cheveux.  Dans  les 
nuages  du  haut,  oYi  voit  le  Temps  enlevant  les  parties  viriles  d'Uranus 
avec  une  faucille,  afin  qu'il  n'ait  plus  de  rejetons  et  que  la  Terre  ne  soit 
plus  menacée  de  tomber  au  pouvoir  des  Titans.  Raphaël  a  voulu  donner 
à  sa  Vénus  naissante  tout  le  charme  d'une  beauté  naïve  et  virginale,  ce 
que  caractérise  parfaitement  la  pose  et  l'expression  de  cette  figure. 

Ghavures  :  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIY,  n«  323.  —  Piroli,  au  trait.  Petit 
in-fol.  ~  Mich.  Aog.Haestn,  in-fdl.,  en  couleurs.—  L'inspecteur  Frenzel  cité,  dans 
le  Catalogue  des  gravures  du  comte  Sternberg-Manderscbeid  (Dresde,  1836),  une 
estampe,  sous  le  n<*  2884,  qu'il  croit  de  Marc>Antoine,  et  qui  est  marquée  de  son 
monogramme  dans  le  coin  à  gauche.  Cette  planche  est  d'une  excessive  rareté. 
-Landon,  n*  177. 

L*esquisse  de  la  figure  de  Vénus,  à  la  sanguine,  se  trouve  dans  le  cabinet 
royal  des  estampes  de  Munich.  Un  dessin  en  sens  inverse  est  aussi  en  la 

1.  Deux  de  ces  parois  ont  été  reproduites  en  littiographie  coloriée  dans  le  bel  outrage  de 
Louis  ffruner  :  Spécimens  ofomamenial  art  (London,  1850,  pi.  79). 


230  LA  CHAMBRE  DE  BAIN 

possession  de  M.  Roger  Fenton^  à  Londres;  mais,  à  en  juger  d'après  la 
-photographie  que  nous  avons  vue,  ce  dessin  doit  être  une  contre-épreuve, 
fortement  retouchée^  de  l'original  de  Munich. 

210,   Vénus  et  F  Amour  assis  sur  des  dauphins. 

Vénus  (selon  d'autres^  Thétis  ou  Galatée)  est  assise  sur  une  espèce  de 
dauphin,  vue  de  dos  et  retournant  la  tête  vers  le  spectateur.  A  côté  d'elle, 
à  gauche^  un  Anoour,  monté  aussi  sur  un  dauphin ,  l'excite  avec  une 
baguette.  La  mer  pour  fond.  Cette  scène^  animée  par  de  belles  figures, 
est  d'un  charme  extraordinaire. 

.  Gravurbs  :  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIY,  d<*  324,  où  est  aussi  indiquée 
une  copie.  ^  Une  autre  copie ,  dans  la  manière  de  Marc- Antoine ,  non  citée  par 
Bartsch.  Voy.  Heinecke,  Dielionnaire  de»  Artistes,  t.  I,  p.  351,  n«  15,  et  Frenzel, 
Catalogue  de  la  coll.  de  Slemberg,  n«  2880.  ~  Piroli,  au  trait,  petit  in-fol.  — 
M.  A.  Maestri,  en  couleurs,  in-fol.  —  Landon,  n*  176. 

211.  Vénus  blessée  se  plaint  à  F  Amour. 

Vénus,  assise  sous  un  arbre,  s'appuie  du  bras  droit  sur  l'Amour  placé 
à  sa  gauche,  en  posant  sa  main,  avec  un  mouvement  douloureux,  sur  une 
blessure  qu'elle  a  sur  la  poitrine.  L'Amour,  les  jambes  croisées,  tenant 
son  arc  et  ses  flèches,  semble  prêter  peu  d'attention  à  ses  plaintes.  La 
grâce  naïve  de  ce  sujet  est  encore  rehaussée  par  la  beauté  de  la 
composition. 

Gravures:  Agostino  Yeneziano,  1516.  Bartsch,  t.  ÎIV,  n*  286,  où  est  aussi 
indiquée  une  copie  avec  un  fond  de  chambre  au  lieu  du  paysage.  —  Ang.  Cam- 
panella,  pour  les  deux  éditions  de  la  Sehola  italiana  (Roma,  1773  et  1806).  — 
Piroli,  au  trait.  Petit  in-fol.  ^  Mich.  Ang.  Maestri,  en  couleurs,  in-fol.  —  L.  Pizzî, 
à  la  manière  pointillée,  dans  un  ovale.  In-fol.  —  Landon,  n*  172. 

Un  dessin  de  cette  composition  à  la  sanguine  se  trouvait  dans  le  cabinet 
de  Crozat.  Plus  tard,  en  1765,  il  était  dans  la  coUectioif  d'Isaac  Walraven  ; 
en  1778,  dans  celle  d'A.  Rutgers;  en  1800,  dans  celle  de  Plos  van  Amste), 
et  c'est  sans  doute  le  même  qui  se  trouve  actuellement  dans  la  collection 
Albertine,  à  Vienne. 

Grav.  par  B.  Picart,  n«4 ,  dans  ses  ïmpotlwres  innocentée.  Petit  in-fol.  —  Copie 
par  Balzer,  in-4.  —  Ferd.  Ruschweyh,  1806.  In-fol. 

212.  Jupiter  et  Antiope. 

Cette  fresque  est  nommée  aussi  Pan  et  Syrinx.  La  nymphe  est  assise  à 
l'ombre  sous  des  arbres.  Elle  vient  de  se  baigner  dans  une  eau  limpide 
qui  coule  à  ses  pieds,  et  elle  peigne  ses  longs  cheveux.  Elle  tourne  vive- 
ment la  tête  vers  le  côté  gauche;  dans  les  feuillages,  le  dieu  Pan  la 
guette.  Cette  composition  semble  être  de  Jules  Romain,  à  en  juger  par  le 
dessin  et  par  le  caractère  général  de  la  scène  représentée.  Cette  peinture, 
sauf  quelques  petits  accidents,  était  encore  bien  conservée  en  1835. 


DU  CARDINAL  BIBIENA.  2Si 

Oraturks  :  Marc-Antoine.  Bartsch»  t.  XIV,  n«  335,  où  est  aussi  indiquée  une 
excellente  copie.  —  Ang.  Oampanella,  pour  la  Sehola  italiana  (Roma,  1773  et  1806). 
—  Piroli,  au  trait,  petit  in-fol.  —  J.  G.  de  Meulemester,  in-fol.  ~~  Mich.  Ang. 
Maestri,  en  couleurs,  in-fol.  —  Landon,  n"  175. 

213.  Vénus  retirant  de  son  pied  une  épine. 

Véous,  assise  sous  un  arbre^  tournée  à  gauche^  retire  de  son  pied  droit 
une  épine.  La  Fable  dit  que  les  gouttes  de  sang  qui  jaillirent  de  la 
blessure  donnèrent  à  la  rose  blanche  la  couleur  rouge.  Derrière  Vénus, 
est  perchée  une  colombe.  Ce  cinquième  tableau  a  été  enlevé  depuis 
longtemps  de  la  chambre  de  bain,  et  la  place  qu'il  occupait  fut  alors 
recrépie;  ce  n'est  que  par  supposition  que  nous  indiquons  le  sujet  qu'il 
repr^ntait,  en  nous  autorisant  de  la  copie  qui  existe  dans  la  villa 
PaJatina.  Cette  composition  est  d'ailleurs  de  la  plus  grande  beauté  et 
certainement  de  l'invention  de  Raphaël. 

GajLvuRBs  :  Marc-Antoine.  Haut.  10"  1'",  larg.  6"  6"'.  Voy.  Ottley,  n»  251.  — 
Marco  da  Ravenna,  mais  avec  un  paysage  d'Albrecht  Durer  et  l'adjonction  d'un 
lapin  blotti  prés  de  Vénus.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  321,  où  est  aussi  indiquée  une 
copie.  —  Piroli,  au  trait,  petit  in-folio.  —  D'après  un  beau  tableau  à  l'huile  qui 
•st  dans  la  galerie  de  Mannheim,  mais  où  Vénus  se  chausse  d'une  sandale ,  par 
Pierre  Audouin,  grand  in-fol.  —  Landon,  n^  171.  —  Cette  composition  a  été 
imitée  par  un  ancien  Italien  ;  Vénus,  assise,  tournée  à  gauche,  dans  une  chambre, 
s'essuie  le  pied  gauche.  A  côté  d'elle  est  une  coupe  remplie  d'eau.  Derrière  elle, 
un  lit,  dont  l'Amour  ouvre  les  rideaux.  A  gauche,  une  fenêtre  avec  des  vitres 
rondes.  In-8. 

2li.  Vénus  et  Adonis. 

Cette  fresque  est  nommée  aussi  Ariane  et  Bacchus,  ou  bien  Angélique 
et  Médor.  Un  jeune  homme,  assis  sous  des  arbres,  embrasse  son  amante 
couchée  à  ses  pieds,  et  dont  la  tête  repose  sur  ses  genoux.  Cette  compo- 
sition est  de  Jules  Romain  ;  le  dessin  original,  de  sa  main,  se  trouve  dans 
la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

Gravures  :  Marc-Antoine  et  Agostino  Veneziano.  Bartsch,  t.  ÎIV,  n<"  484  et  485, 
où  est  aussi  indiquéeune  copie.  —  Piroli,  au  trait.  Petit  in-fol.  —  Mich.  Ang. 
Haestri,  en  couleurs,  in-fol. —  Landon,  n*>  173. 

215.  Vulcain  et  P allas. 

Cette  composition  est  aussi  nommée  la  Création  d'Érechthée.  Minerve 
lutte  avec  un  homme  à  barbe.  Elle  est  debout  à  droite,  l'homme  à  gauche. 
Pour  fond,  un  paysage.  La  composition  et  l'exécution  de  ce  petit  tableau 
sont  si  imparfaites,  qu'il  ne  peut  provenir  que  d'un  des  plus  faibles  élèves 
de  Raphaël. 

Gravures  :  Piroli,  au  trait.  Petit  in-fol.  —  Mich.  Ang.  Maestri,  en  couleurs,  in- 
fol.  —  Landon,  n*  178. 

216.  Six  Amours  victorieux. 
Autrefois,  il  s'en  trouvait  ^ept  dans  la  chambre  de  bain,  un  au-dessous 


252  LA  CHAMBRE  DE  BAIN  DU  CARDINAL  BIBIENA. 

de  chaque  tableau  principal;  actuellemenl,  un  de  ces  Amours  est  com- 
plètement effacé,  et  les  autres  ont  aussi  beaucoup  soufiert.  Ces  figures 
sont  peintes  en  couleurs  sur  un  fond  noir.  Elles  sont  très-belles  de  contour^ 
mais,  du  reste,  médiocres  d'exécution.  En  1802,  les  sin  Amours  furent 
,  gravés  à  Paris,  d'après  des  dessins  de  Maestri,  et  imprimés  en  couleurs 
par  Coqueret.  Ils  étaient  ainsi  désignés  :  L'Amour  noble^  l'Amour  furieux^ 
l'Amour  volage,  l'Amour  poète,  l'Amour  lent  et  l'Amour  vil.  Landon  (dans 
ses  Nouvelles  des  Arts,  1802,  p.  60)  avance  un  peu  légèrement  que  les 
peintures  originales  se  trouvaient  dans  les  ruines  des  Bains  de  Livîe^  sur 
le  Monte  Palatino.  Cette  assertion  n'a  pas  le  moindre  fondement;  elle  est 
d'autant  plus  surprenante,  qu'on  ne  trouve  dans  ces  ruines  antiques 
aucune  fresque  représentant  des  Amours. 

Nous  ne  connaissons  d'ailleurs  aucun  ouvrage  antique  qui  aurait  pu 
fournir  à  Raphaël  le  type  des  Amours  qu'il  avait  fait  peindre  sous  les 
tableaux  de  la  cliambre  de  bain  du  cardinal  de  Bibiena.  La  vérité  est  que 
le  goût  du  beau^  qui  lui  était  propre,  s'est  gracieusement  manifesté  dans 
ces  figures,  et  avec  une  supériorité  qui  ne  se  rencontre  que  rarement 
même  dans  les  ouvrages  antiques.  Les  sujets  dont  nous  parions  devaient 
représenter  l'empire  de  TAmour  dans  toutes  les  régions  de  la  nature.  Les 
six  qui  subsistent  encore  sont  les  suivants  : 

i.  L'Amour,  debout  sur  un  char  formé  d'une  coquille  marine,  tient 
une  flèche  dans  la  main  droite,  et,  de  la  gauche,  les  (Ils  servant  de  bride 
à  deux  papillons. 

2.  L'Amour,  debout  sur  un  char  attelé  de  deux  dauphins,  les  guide 
avec  un  trident. 

3.  L'Amour,  debout  dans  un  char,  frappe  d'une  baguette  deux  cygnes 
qui  y  sont  attelés. 

4.  L'Amour,  voguant  sur  la  mer  dans  une  coquille  ouverte,  harcèle  avec 
un  javelot  son  attelage,  composé  de  deux  tortues. 

5.  L'Amour,  debout  dans  une  petite  cuve  à  roues,  est  conduit  par  deux 
serpents  qu'il  maîtrise  en  les  frappant  d'une  branche  de  palmier,  symbole 
de  la  paix. 

6.  L'Amour,  debout  sur  un  petit  chariot  à  siège,  conduit  par  la  bride 
deux  escargots  qui  le  traînent  lentement. 

Gravures  :  D'après  des  dessins  de  Maestri,  et  imprimées  en  coalears  par 
Coqueret.  Paris ,  1802.  In-fol.  en  larg.  —  A  l'eau-forte  et  en  couleurs,  par  Mich. 
Ang.  Maestri,  à  Rome.  In-fol.  en  larg.  —  Par  le  même,  en  des  eaux-fortes  non 
coloriées  et  avec  un  titre  indiquant  l'endroit  où  se  trouvent  les  peintures,  et  une 
dédicace  au  cardinal  Leonardo  Antonelli.  —  Piroli,  au  trait,  chez  Piranesi,  à 
Paris,  1802.  In-fol.  en  larg.  —  Chapuy,  in-fol.  en  larg.  —  Landon,  n»'  179  à  181. 

217.  Cupidon  et  Pan . 
Le  dieu  rustique  lutte  en  riant  avec  l'aimable  enfant,  qui  a  suspendu 


LOGES  DE  LA  VILLA  PALATINA.  235 

son  carquois  rempli  de  flèches  à  un  arbre  qui  est  auprès  d'eux.  Pour  fond, 
un  paysage  montagneux  avec  quelques  maisons.  Ce  sujet  est  le  seul  qui 
soit  encore  reconnaissable,  entre  les  quatre  tableaux  du  plafond,  qui  ont 
beaucoup  souffert  par  la  i'umée  et  Thumiditë. 
GKAViTREâ  :  Piroli,  an  trait.  Petit  in-fol.  -~  LandoD,  n*  174. 

Loges  de  la  villa  Palatina. 

Quoique  Raphaël  n'ait  pas  pris  part  aux  peintures  de  cette  villa^  située 
sur  l'emplacement  du  palais  des  Empereurs^  nous  sommes  pourtant  forcé 
de  les  citer^  puisque  les  cinq  grandes  fresques  qu'on  va  Tisiter  dans  cette 
villa  sont  empruntées  à  celles  que  nous  venons  de  décrire  dans  la  chambre 
de  bain.  Originairement^  cette  villa^  qui  était  beaucoup  plus  petite^  avait 
un  vestibule^  ou  loge,  porté  par  trois  colonnes  ioniques,  lequel,  par 
adjonction,  se  trouve  actuellement  former  le  fond  d'une  vaste  salle.  Au 
centre  de  la  voiitè  peinte  de  la  loge,  on  voit  les  armes  des  ducs  Mattei, 
ce  qui  fait  croire  que  cette  famille  était  déjà  propriétaire  de  la  villa 
loi*8que  Jules  Romain  l'orna  de  peintures.  Plus  tard,  elle  changea  de 
maître,  et  fut  appelée  successivement  villa  Spada,  Magnani,  de  Brunati  et 
Coiocci.  Elle  fut  ensuite  acquise  par  un  Français,  l'abbé  Rancureuil,  qui 
fit  faire  des  fouilles  dans  le  jardin  avec  l'espoir  d'y  découvrir  des  antiques, 
espoirqui  fut  couronné  de  quelques  succès.  L'abbé  la  revendit  à  un  Anglais, 
M.  Charles  Mills. 

Le  fond  blanc  de  la  voûte  est  richement  décoré  de  légers  grotesques, 
de  petits  sujets  et  de  figurines.  La  voûte  est  parfaitement  conservée, 
tandis  que  les  peintures  murales  ont  été  tellement  repeintes  que  l'on  ne 
saurait  plus  juger  de  l'exécution  primitive.  Mais,  dans  les  peintures  du 
plafond,  on  reconnaît  sans  conteste  la  main  de  Jules  Romain,  et,  en  outre, 
il  y  a  dans  la  collection  Alberline,  à  Vienne,  un  fragment  du  carton  pour 
la  Vénus  et  l'Adonis,  lequel  est  certainement  de  cet  illustre  élève  de 
Raphaël  ;  c'est  lui  qui  a  vraisemblablement  bâti  et  orné  cette  loge,  peu  de 
temps  après  la  mort  de  son  maître. 

Le  mur  du  fond  a  trois  champs;  celui  de  droite  en  a  deux,  avec  des 
sujets  à  iigures  de  grandeur  naturelle.  Ce  sont  les  suivants  : 

a,)  Vénus  et  l'Amour,  assis  sur  des  dauphins,  voguent  sur  la  mer. 
Compositioii  de  Raphaël. 

h.)  Vénus  montre  sa  blessure  à  l'Amour  debout  près  d'elle.  Composition 
de  Raphaël. 

e.)  Vénus  se  tire  du  pied  une  é[)ine.  Composition  de  Raphaël. 

d.)  Vénus  et  Adonis.  Composition  de  Jules  Romain. 

e.)  Jupiter  et  Antiope,  ou  Pan  et  Syrinx.  Composition  de  Jules  Romain. 

Au-dessus  d'un  sixième  champ,  à  gauche,  dans  la  place  cintrée  formée 
par  la  voûte-,  on  voit  le  Temps  enlevant  la  virilité  à  Uranus,  sujet  qui 


234  VILLA  RAPHAËL. 

appartient  à  la  composition  raphaélesque  de  la  Naissance  de   Vénus. 

Puis,  au-dessus  de  la  porte  d'entrée,  est  un  Amour  tenant  une  flèche, 
peint  dans  la  manière  de  Zucchero  ;  au-dessus  de  l'autre  porte,  uo  paysage 
avec  trois  nymphes  endormies,  vers  lesquelles  s'aVance  un  faune. 

Le  plafond  de  la  voûte  contient,  au  milieu,  un  caisson  rond  avec  les 
armes  des  ducs  Mattei,  puis,  aux  côtés,  deux  caissons  étroits.  Dans  l'un. 
Hercule  et  trois  figures  de  femmes  devant  Jupiter  assis  sur  son  trône  ;  c'est 
vraisemblablement  le  mariage  d'Hercule  avec  Hébé,  en  présence  de  Junon. 
Dans  l'autre  champ,  cinq  figures  de  femmes,  au  milieu  desquelles  est 
Mnémosyne  tenant  une  flèche  sur  le  front  de  l'Amour  debout  auprès 
d'elle.  Les  quatre  autres  figures  de  femmes  représentent  autant  de  muses, 
filles  de  Mnémosyne.  L'une,  à  gauche,  joue  de  la  viole,  l'autre  du   tam- 
bourin ;  à  droite,  la  troisième,  élevant  le  bras,  tient  un  rouleau  de  par- 
chemin, et  la  quatrième,  un  masque.  De  cette  dernière  peinture,  il  y  a 
une  eau-forte  de  G.  Audran,  et  une  plus  petite  de  Pfttro  Santi  Bartoii, 
en  contre-partie,  in-folio  en  largeur.  —  Landon,  n<>  212. 

Ensuite,  dans  difiérents  petits  caissons  de  la  voûte,  sont  des  monstres 
marins  fantastiques,  combattant  avec  des  Amours;  dans  douze  champs 
ronds,  les  signes  du  zodiaque ,  et  dans  les  sept  caissons  intermédiaires 
Apollon  et  sept  Muses. 

Villa  Raphaël. 

Nous  avons  déjà  exposé,  dans  la  Vie  de  Raphaël,  les  raisons  qui  nous 
font  croire  que  le  peintre  d'Urbin  n'a  ni  possédé  ni  habité  cette  villa, 
qui  fut  détruite  pendant  le  siège  de  Rome,  en  4848;  on  lui  donnait  cepen- 
dant généralement  le  nom  de  Villa  Raphaël,  dans  les  derniers  temps. 
Nous  ne  sommes  pourtant  pas  parvenu  à  découvrir  quels  furent  les  plus 
anciens  possesseurs  de  cette  villa.  En  1785,  le  cardinal  Giuseppe  Doria 
l'acquit  du  marchese  Olgiati,  puis  elle  passa  à  l'avocat  Nelli,  et,  en  der- 
nier lieu,  elle  faisait  partie  du  parc  du  prince  Borghèse.  Le  vestibule, 
aussi  bien  que  les  trois  chambres  du  rez-de-chaussée,  étaient  tous  peints 
à  fresque  ;  le  vestibule  et  deux  des  chambres  ne  furent  cependant  décorés 
ainsi  que  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  C'est  seulement  dans  la  troi^ 
sième  chambre,  plus  petite  que  les  autres,  que  l'on  admirait  des  fresques 
de  la  bonne  époque  de  l'école  romaine.  Si  elles  ne  furent  pas  peintes  par 
Raphaël,  il  y  avait,  du  moins,  un  tableau  exécuté  "d'après  une  de  ses  plus 
gracieuses  compositions,  par  un  de  ses  meilleurs  élèves,  et  un  autre, 
d'après  un  dessin  de  Michel-Ange.  En  somme,  toute  la  décoration  de  cette 
chambre  avait  cet  aspect  simple  et  gracieux  à  la  fois,  cette  belle  et  noble 
ordonnance,  qui  malheureusement  fut  remplacée  trop  vite  par  une  déplo- 
rable recherche  du  nouveau,  sous  l'influence  de  la  dégradation  des  mœurs 
publiques  en  Italie.  En  1844,  le  prince  Borghèse  fit  enlever  et  encadrer 


VILLA  RAPHAËL.  255 

60US  Terre,  daos  son  palais,  à  Rome,  les  trois  tableaux  principaux  du 
plafond  de  Ja  villa,  par  la  raison  que  cet  édifice  menaçait  ruine,  sans 
toutefois  prévoir  que,  quelques  années  plus  tard,  il  serait  complètement 
démoli  par  ordre  des  chefs  de  la  révolution  romaine. 

Les  murs  de  la  chambre  voûtée  étaient  divisés,  par  des  hermès  mâles, 
en  différents  compartiments,  couverts  de  grotesques  et  de  figurines.  Dans 
les  compartiments  du  milieu,  on  voyait  un  petit  temple,  avec  la  statue  de 
Diane  d'Êphèse;  autour,  au  milieu  d'une  ornementation  de  fantaisie,  des 
génies  ailés  jouant  avec  des  Amours;  dans  les  tableaux  des  côtés,  un 
cygne  se  promenant  sur  Teau,  et,  parmi  les  grotesques  de  l'entourage, 
deux  joyeux  satyres  jouant  des  timbales.  Des  guirlandes  de  feuillages 
entouraient  les  caissons  de  la  voûte,  où  étaient  représentés,  entre  de  légers 
ornements^  des  génies  et  des  enfants  jouant  ensemble.  Sur  les  caissons 
plus  étroits,  au-dessus  des  fenêtres,  étaient  peintes  les  figures  de  Mercure 
et  de  Minerve.  On'  pourrait  conclure  de  la  présence  de  ces  deux  dieux 
qui  se  trouvent  rarement  de  compagiiie,  que  c'est  un  négociant,  ami  des 
arts,  qui  avait  fait  décorer  cette  chambre.  Les  deux  caissons  principaux 
du  plafond  contenaient,  toujours  avec  des  entourages  analogues,  deux 
médaillons  avec  des  portraits  de  jeunes  femmes  L'une  était  nue  ;  l'autre 
avait  la  gorge  à  demi  couverte;  la  troisième  portait  un  vêtement  blanc 
avec  des  broderies  rouges  ;  la  quatrième ,  vue  de  profil ,  était  également 
vêtue.  11  est  probable  que  ces  portraits  sont  faits  d'après  nature  et  représen- 
tent des  parentes  ou  des  amies  du  propriétaire  de  la  villa  ;  c'est  donc  sans 
aucune  raison  qu'on  les  nomme  les  Maîtresses  de  Raphaël,  et  qu'elles 
sont  gravées  comme  telles  par  Godefroy  et  Aubert  dans  le  Recueil  d'es- 
tampes gravées  iVaprès  des  peintures  antiques  italiennes,  par  A.-B.  Des- 
uoyers,  dessinées  en  1818  et  1819  (Paris,  1821).  Il  est  vrai  qu'on  trouve, 
parmi  les  huit  portraits  de  femmes  qui  composent  ce  recueil  d'estampes, 
le  portrait  authentique  de  la  Maîtresse  de  Raphaël,  d'après  la  peinture 
du  palais  Barberini;  mais  celui^i  et  trois  autres  sont  tirés  des  fresques 
de  la  villa  Lante,  sur  le  Janicule,  qui  fut  bâtie  et  décorée,  comme 
on  sait,  par  Jules  Romain,  pour  Baldassare  Turini,  après  la  mort  de 
Raphaël.  Retournons  aux  peintures  de  la  chambre  de  la  villa  Raphaël, 
pour  constater,  avant  tout,  que  ces  figures  élancées,  mais  élégantes, 
exécutées  à  fresque  avec  beaucoup  de  délicatesse,  trahissent  la  manière 
de  Perioo  del  Vaga,  et  que  les  deux  plus  grands  tableaux,  d'après  des 
compositions  de  Michel-Ange  et  de  Raphaël,  ^nt  pu  également  avoir  été 
exécutés  par  ce   même   élève  de  Raphaël.  Ce  sont  les  Vices  tirant 
à  la  cible,  d'après  Michel-Ange,  et  le  Mariage  d'Alexandre  avec  Roxane, 
d'après  Raphaël.  Quant  au  tableau  du  milieu,  représentant  le  Mariage  de 
Vertumne  avec  Pomone,  il  a  vraisemblablement  été  composé  par  un  élève 
de  Raphaël,  et  il  révèle  un  faire  tout  différent  de  celui  de  Perino  del  Vaga. 


256  VILLA  RAPHAËL. 

Celte  dernière  peinture  est  quelquefois  désignée  sous  diverses  dénomi- 
nations^ tantôt  le  Lever  d'Alexandre  et  de  Roxane,  tantôt  la  Fête  de  Flore, 
tantôt  Vénus  et  Adonis.  La  première  dénomination  se  trouve  sur  une 
gravure  exécutée  par  un  orfèvre  florentin^  avec  cette  marque  :  L  F.  1542. 
Bartsch,  t.  XV,  p.  502.  Ce  graveur  a,  du  reste,  reproduit  cette  compo- 
sition en  lui  prêtant  le  style  de  Micbel-Ange ,  ce  qui  fait  qu'on  a  pu 
attribuer  l'invention  de  ce  sujet  à  Baccio  Bandinelli,  quoique  ce  tableau 
ne  porte  pas  la  moindre  trace  de  l'école  de  Michel-Ange. 

Quant  à  la  composition  de  Michel-Ange,  nommée  généralement  les 
Vices  tirant  à  la  cible ,  nous  indiquerons  seulement  ici  que  le  précieux 
dessin  original,  à  la  sanguine  (h.  8"  9'",  1. 12"  6'"),  se  trouve  dans  la  col- 
lection royale  d'Angleterre. 

Gravures:  Nie.  Beatrizetto,  avec  l'inscription  :  Mieh.  Ang.  Bonaroliinv.  ~  Diana 
Mantuana ,  indiqué  dans  le  Catalogue  de  la  collection  du  duc  de  Backingham.  — 
F.  Bartolozzi,  au  pointillé.  —  Lith.  d'après  la  peinture,  par  A.  Maurin,  avec  cette 
légende  :  les  Victs assiégeantla  Vertu.  Mich.  Ang.  inv.  In-fol.  en  larg. 

218.  Le  Mariage  d'Alexandre  avec  Hoxane. 

C'est  cette  composition  seule  que  nous  avons  à  examiner  ici.  Roxane, 
remplie  d'une  pudique  timidité,  est  assise  au  bord  d'un  lit  entouré  de 
draperies,  tandis  qu'un  Amour  lui  enlève  son  voile,  et  un  autre  ses  san- 
dales. Alexandre,  débarrassé  de  sa  cuirasse,  conduit  par  un  Amour 
espiègle,  se  tient  debout  devant  Roxane  et  lui  offre  une  couronne.  Ëphes- 
tion,  portant  une  torche,  et  l'Hymen,  indiquant  du  geste  la  fiancée,  sont 
derrière  lui.  A  droite,  des  Amours  jouent  avec  les  armes  que  le  héros 
vient  de  quitter;  six  de  ces  petits  Amours  portent  un  d'entre  eux  assis  sur 
le  bouclier  ;  un  autre  tient  le  javelot,  et  un  autre  se  cache  dans  la  cui- 
rasse. Nous  avons  déjà  dit  que  Raphaël  avait  emprunté  cette  composition 
à  la  description  d'un  tableau  antique  d' Action.  Lucien,  dans  la  narration 
intitulée  :  Hérodote^  rapporte  que,  de  même  que  cet  historien  qui  fut 
couronné  aux  jeux  Olympiques,  à  cause  de  son  livre  portant  le  nom  des 
neuf  Muses,  le  peintre  Action  obtint  aussi  le  prix,  à  cause  de  son  tableau 
du  Mariage  d'Alexandre  avec  Roxane,  et  qu'il  fut,  en  même  temps,  rangé 
parmi  les  plus  grands  peintres  de  la  Grèce.  La  beauté  de  ce  tableau  avait 
fait  une  telle  réputation  à  l'artiste  couronné,  que  Proxenidès,  président 
des  jeux  Olympiques  à  cette  époque,  lui  donna  sa  fille  en  mariage.  Ainsi, 
dit  Lucien,  le  mai*iage  d'Alexandre,  que  le  peintre  avait  représenté  dans 
le  tableau,  fut  comme  un  pronostic  du  mariage  d'Action  lui-même*. La 
description  du  tableau,  que  Lucien  avait  vu  en  Italie,  offre  beaucoup 
d'analogie  avec  le  sujet  du  tableau  de  Raphaël.  L*exécution  de  cétle 
fresque,  en  bon  état  de  conservation,  est  traitée  avec  toute  la  délicatesse 
particulière  à  Perino  del  Vaga.  Mais  ceux  qui  l'attribuenl  à  Raphaël  lui- 


PËINTUBES  DE  RAPHAËL.  â37 

même  n'ont  Traiscmblablement  point  assez  étudié  la  puissance  de  lu 
touche  et  la  perfection  du  dessin  de  ce  grand  maître. 

Quant  à  la  délicatesse  de  l'invention,  quant  au  sentiment  exquis  du 
beau,  que  Raphaël  a  mis  dans  cette  composition^  on  n'en  saurait  mieux 
juger  ^'en  voyant  la  ravissante  esquisse  à  la  sanguine,  à  figures  nues, 
qui  se  trouve  dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

Gravée  par  Nie.  Cochin  pour  le  Cabinet  Croxat.  En  contre-partie.  —  Admira- 
blement lithographiée  par  J.  Pilizotti. 

Un  dessin,  avec  des  figures  vêtues,  se  trouve  dans  la  collection  du 
Louvre.  On  en  a  vendu  un  autre  50  florins,  dans  la  vente  royale  de  La 
Haye,  en  1850,  et  ce  dessin  est  actuellement  en  Angleterre. 

Ghavures  :  Par  Jacopo  Caraglio,  en  contre-partie.  Bartsch,  t.  XY,  p.  95,  n»  G2. 
Copie,  en  contre-partie;  Roiane,  à  gauche.  Dans  le  bas,  ces  mots  :  Ecco  Bouane 
....  ardore.  Dans  la  manière  du  Maître  au  Dé,  in-fol.  en  larg.  —  Grav.  sur  bois, 
en  clair-obscur,  par  Ant.  da  Trento,  in-folio  en  larg.  —  Le  comte  de  Caylus,  avec 
une  planche  teintée  par  Lesueur,  in-fol.  en  larg.  pour  le  Cabinet  Crozat,  n*  36. 

Gravures  d'après  le  tableau. 

Giovanni  Volpato,  1773.  pour  la  Sehota  italiana  de  Hamillon  (Roma,  1773,  in- 
folio en  larg.).  —  Landon,  n**  306.  —  Selon  une  annonce  insérée  dans  le  Giornale 
if  lie  belle  arii  (Roma,  1785,  p.  13),  Francesco  Saverio  Gonzales  avait  l'intention  de 
graver,  d'après  ses  dessins,  tous  les  tableaux  de  la  Villa  Raphaël  en  deux  grandes 
planches  et  cinq  petites,  et  de  les  publier  chez  les  éditeurs  Bouchard  et  Gravier, 
sur  le  Corso.  D'après  unecommunication^bienveillanle  du  conseiller  intime  Solz- 
mann,  à  Berlin,  il  avait  déjà  para  (rois  gravures  d'après  les  tableaux  principaux, 
coloriées  à  la  gouache,  à  l'époque  où  la  villa  appartenait  au  cardinal  Giuseppe 
Doria.  Vraisemblablement  ce  sont  des  planches  de  l'ouvragé  indiqué  ci-dessus, 
mais  nous  n'en  avons  jamais  vu  aucune.  —  Gravé  au  trait  par  J.  G.  A.  Frenzol, 
Dresde,  1823.  Deux  planches  d'ornements  et  trois  planches  d'après  les  tableaux 

r  principaux,  ainsi  qu'une  vue  de  la  villa.  —  Deux  têtes  de  femmes  en  médaillon, 
grav.  par  Paolo  Fidanza,  n"  34  et  36,  dans  ses  Têtes  choisiet  de  personnages  illus- 
treSf  etc.  (Rome,  1785.)  —  Les  quatre  têtes  de  femmes,  publiées  dans  l'ouvrage 

"^de  A.-B.  Desnoyers,  ont  déjà  été  citées  plus  haut. 

On  reconnatt  une  imitation  maniérée  de  la  composition  d'Alexandre  et  Roxane 
dans  une  gravure  de  Charles  Metz,  d'après  un  dessin,  grand  in-folio  en  largeur. 
—  A.  Coypel  se  servit  aussi  de  cette  composition  pour  le  carton  d'une  tapisserie 
accommodé  au  goût  de  son  temps.  Grav.  par  F.  La  Cave.  Grande  planche. 

219.  Portrait  (F Antonio  Tebaldeo, 

Né  à  Ferrare  eu  1463,  mort  en  1537. 

Pietro  Bembo  écrivait,  dans  sa  lettre  du  19  avril  J5i6,  au  cardinal  de 
S.  Maria  in  Portico  (Bernardo  da  Bibiena)  :  «  Raphaël  a  peint  noire  ami 
Tebaldeo  avec  une  telle  vérité,  qu'il  ne  ressemble  pas  tant  à  lui-même 
qu'au  portrait.  Quant  à  moi,  je  n'ai  jamais  vu  une  si  frappante  ressem- 
blance, etc.  »  (Voy.  Lettere  di  Pietro  Bembo,  lib.  II,  p.  17,  ou  Lettere 
pittoriche,  t.  V,  p.  134.)  C'est  là  le  seul  renseignement  que  nous  possé- 


358  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

dions  sur  ce  tableau  ^  actuellement  perdu.  Vasari  nous  apprend  que 
Raphaël  avait  déjà  fait  une  fois  le  portrait  de  son  ami  Tebaldeo,  dans  la 
fresque  du  Parnasse;  mais  on  ne  saurait  plus  aujourd'hui  reconnaître 
avec  certitude  ce  portrait  parmi  les  poètes  qui  sont  représentés  dans 
celte  fresque.  Seulement  il  est  probable,  puisque,  en  1516,  Tebaldeo  avait 
atteint  sa  cinquante-troisième  année,  que  le  poète  à  barbe,  debout  à 
droite  à  côté  de  la  Muse,  est  le  portrait  que  nous  cherchons. 

On  peut  donc,  à  coup  sûr,  d'après  Tâge  qu'avait  Tebaldeo  lorsque  Ra- 
phaël fit  son  portrait,  contredire  l'assertion  de  Longhena  (p.  241  et  638 
de  son  ouvrage)  qui  a  cru  retrouver  ce  portrait  du  poète  dans  celui  que 
nous  avons  vu  en  1835  dans  la  succession  de  M.  Michèle  Scarpa,  à  Pavie,  et 
qui  est  maintenant  chez  son  frère,  à  La  Motta,  entre  Trévise  et  Udine. 
Ce  portrait  représente  un  jeune  homme  d'environ  trente-cinq  ans,  un  peu 
tourné  à  droite,  avec  une  barbe  courte ,  des  cheveux  tombant  jusque  sur 
les  épaules  et  recouverts  par  une  barrette  tailladée.  Il  tient  un  rouleau  de 
papier  dans  la  main  droite,  et  la  gauche  est  appuyée  sur  un  balustre 
auprès  duquel  il  se  tient  debout.  Une  chemise  blanche  couvre  sa  poi- 
trine, et,  par-dessus  son  pourpoint,  il  porte  un  plus  large  vêtement 
noir,  garni  de  fourrures.  Pour  fond,  le  mur  d'une  chambre  avec  une  vue 
de  paysage  où  Ton  aperçoit  quelques  fabriques  près  d'un  pont.  Ce  beau 
portrait,  qui  est  en  effet  de  la  main  de  Raphaël  et  de  sa  bonne  époque  ro- 
maine, a  malheureusement  souffert;  de  plus,  il  a  été  maladroitement 
repeint;  toutefois,  on  voit  encore  que  la  tète  et  les  mains  étaient  d'une 
exécution  excellente  tant  sous^  le  rapport  du  dessin  que  sous  celui  de  la 
couleur.  Mais,  au  contraire,  les  étoffes  sont  lourdes  et  le  paysage  a  un  ton 
brunâtre  tout  à  fait  étranger  au  coloris  du  maître  et  accusent  aussi  la 
manière  néerlandaise.  Ce  paysage  paraît  encore  devenu  plus  brun  à  cause 
du  vernis  bitumineux  dont  il  est  entièrement  couvert.  Ce  portrait  avait, 
dit-on,  été  acquis  par  un  certain  abbé  Ceretti,  comme  provenant  de  la  ga- 
lerie de  Modène,  mais  nous  n'avons  pas  d'autres  renseignements  sur  cette 
provenance.  Gravé  dans  l'ouvrage  de  Longhena,  p.  638. 

220.  Les  Portraits  d'Andréa  Navagero  et  d^Agostino  Beazzano. 

Raphaël  peignif  les  portraits  en  buste  de  ces  deux  écrivains  vénitiens, 
sur  un  panneau  en  largeur,  pour  leur  ami  commun  Pietro  Bembo.  Nava- 
gero (né  1483, 1 1528),  la  tête  tournée  vers  l'épaule  droite  et  regardant  le 
spectateur,  a  une  expression  de  physionomie  remarquablement  mâle, 
même  un  peu  rude;  son  regard  est  rempli  de  finesse  et  d'esprit;  sa  barbe 
est  courte  et  quelque  peu  crépue,  de  couleur  sombre.  Il  a  la  tête  couverte 
d'une  large  barrette  dans  le  genre  d'un  turban.  Beazzano,  qui  est  à 
droite,  se  recommande,  au  contraire,  par  la  douceur  et  la  placidité  de  son 
regard  :  sa  ligure  pleine  et  florissante  indique  une  certaine  bonté  d'âme, 


t»EINTURES  DE  RAPHAËL.  339 

mais  elJe  n*en  est  pas  moins  spirituelle.  Son  front  découvert,  ainsi  que  le 
trait  plein  de  finesse  de  sa  bouche,  annoncent  un  homme  d'une  haute  ca- 
pacité et  d'un  profond  savoir.  Ses  cheveux,  séparés  sur  le  front,  tombent 
simplement  sur  la  nuque  ;  ils  sont  couverts  d'une  barrette  noire.  De  son 
pourpoint  noir  ressort  une  large  chemise  blanche  qui  monte  jusqu'au 
cou  qu'elle  encadre.  On  voit  une  partie  de  sa  main.  Ce  personnage  n'a 
poÎDt  de  bapbe. 

La  lettre  de  Pietro  Bembo,  datée  de  1516,  dans  laquelle  il  dit  que  Nava- 
gero  doit  retourner  à  Venise  pour  les  fêtes  de  Pâques,  nous  prouve  que 
ce  portrait  a  été  peint  au  plus  tard  vers  cette  époque.  Le  maître  peignit 
sans  doute  ses  deux  amis  à  l'occasion  de  leur  départ  d'abord,  et  aussi 
comme  souvenir  des  moments  agréables  qu'ils  passèrent  ensemble  tant 
à  Rome  qu'à  Tivoli. 

Nous  avons  déjà  cité  dans  la  Vie  de  Raphaël  le  passage  de  la  lettre  de 
Pietro  Bembo  relative  à  cette  excursion.  Le  plus  ancien  document  relatif 
à  ces  portraits  se  trouve  dans  Touvrage  de  l'Anonyme  de  Morelli,  p.  18  : 
K  In  casa  di  M.  Pietro  Bembo  in  Padoa.  —  El  quadro  in  tavola  delli  ri- 
tratti  del  Navagiero  e  Beazzano  fu  de  mano  de  Raiïael  d'Urbino.  »  Le  second 
document  est  contenu  dans  une  lettre  de  Pietro  Bembo  lui-même,  lettre 
datée  de  Villa  Bozza,  du  29  juillet  1538,  et  adressée  à  Antonio  Anselmi, 
dans  laquelle  il  dit  :  «  Je  consens  à  ce  que  l'on  donne  à  Beazzano  le  tableau 
aTec  les*  deux  têtes  de  Raphaël  d'Lrbin,  et  que  vous  le  lui  fassiez  porter 
et  le  lui  remettiez  avec  la  prière  qu'il  y  prenne  garde,  alln  qu'il  ne  leur 
arrive  pas  malheur.  Et  si  vous  voulez  les  lui  envoyer  avec  la  caisse,  faites 
ce  qui  vous  semblera  le  meilleur.  »  (Voy.  Letttre  pittoriche,  t.  111,  p.  251 , 
CV.)  Nous  ne  savons  ce  qu'est  devenu  le  tableau  de  Raphaël,  mais  il  en 
existe  une  excellente  copie  ancienne  sur  toile,  que  Beazzano  se  fit  vrai- 
semblablement exécuter,  lorsqu'on  lui  confia  l'original  en  1538.  Cette 
copie  se  trouve  aujourd'hui  dans  la  galerie  Doria,  à  Rome,  où  ces  por- 
traits passent  pour  être  ceux  de  Bartole  et  de  Balde,  deux  jurisconsultes 
du  quatorzième  siècle.  C'est  ainsi  qu'ils  sont  déjà  désignés  aussi  dans  la 
Descrizione  di  Roma,  de  1727,  p.  682,  comme  étant  alors  dans  la  collec- 
tion de  la  Yilla  Aldobrandini.  Mais,  que  ce  soient  sans  aucun  doute  les  por- 
traits des  écrivains  que  nous  avons  nommés,  c'est  ce  qui  s'établit  avec 
certitude  par  la  comparaison  du  portrait  de  Navagero,  peint  par  un  élève 
du  Titien,  lequel  est  au  musée  de  Berlin  et  qui  porte  :  ANDREAS  NAV- 
GERIVS.  MDXXVJ.  La  copie  du  palais  Doria,  très-habilement  exécutée 
dans  la  manière  vénitienne,  laisse  encore  apercevoir  la  fmesse  de  touche 
qui  caractérise  le  peintre  d'Urbin. 

Gravures  :  Paolo  Fidanza  a  gravé  les  deux  lôtes  à  l'eau-forte ,  avec  les  noms 
Iraditionnela  :  Barlolo  da  Sanoferralo;  Baldo,  diteepolo  di  Barlolo,  et  les  a  publiées 
dans  sesTétef  choitiei  de  perMonnagetiUutlret,  Rome,  1785,  pi.  d'3. 


340  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

Au  musée  de  Madrid^  on  voit  aussi^  sous  les  n^*  901  et  909,  deux,  an- 
ciennes copies  séparées  de  ces  portraits»  avec  des  mains;  mais  elles  ne 
sont  pas,  à  beaucoup  près,  si  habilement  traitées  que  celle  du  palais  Doria^ 
et  de  plus  elles  ont  fortement  poussé  au  noir. 

221.  La  Vierge  à  la  Chaise  [Madonna  délia  Sediti). 

Sur  bois.  Dans  un  rond  de  28*^  de  diamètre.  Jusqu^aux  genoux. 

La  Vierge  entoure  de  ses  deux  bras  l'enfant  Jésus,  assis  sur  ses  genoux, 
en  posant  la  main  droite  sur  la  main  gauche  et  en  penchant  sa  tête  vers 
celle  du  divin  enfant.  Tous  deux  regardent  le  spectateur,  elle,  avec  une 
grâce  inexprimable,  lui,  avec  calme  et  naïveté.  La  tête  de  la  Vierge  est 
coiffée  d'une  étoffe  rayée  qui  retombe  par  derrière,  et  ses  épaules  sont  re- 
couvertes d'une  riche  étoffe  à  franges.  A  droite,  le  petit  saint  Jean-Bap- 
tiste, tenant  sa  petite  croix  de  jonc  dans  ses  bras,  lève  ses  regards  et  joint 
ses  petites  mains  en  adoration. 4^  siège  (sedia),  qui  fait  le  fond  du  tableau 
à  gauche,  lui  a  donné  son  nom. 

La  couleur  de  ce  chef-d'œuvre  est  lumineuse  et  claire,  malgré  la  vigueur 
de  quelques  ombres  ;  de  plus,  ce  tableau  ressemble  à  une  fresque,  ce  qui 
fait  supposer  que  Raphaël  l'aura  peint  pendant  qu'il  exécutait  ses  grands 
travaux  en  ce  genre  de  peinture. 

La  manière  de  faire  vient  encore  à  l'appui  de  cette  supposition  ;  elle  est 
vraie,  spirituelle,  libre  et  magistrale  de  touche.  Nous  avons  eu  Toccasion 
de  voir  de  près  le  tableau  placé  sur  un  chevalet,  et  nous  avons  constate 
avec  surprise  que  la  liberté  du  pinceau  allait  quelquefois  si  loin,  que  dif- 
férentes teintes  n'étaient  pas  même  mélangées;  que  les  contours  n'étaient 
pas  toujours  bien  arrêtés  ;  et  que  la  tête  de  la  Vierge  seulement,  ainsi  que 
celle  de  l'enfant,  avait  été  peinte  avec  plus  de  soin.  Mais,  dans  toutes  les 
parties  de  cet  ouvrage,  les  tons  sont  si  vrais,  ils  sont  posés  avec  une  telle 
science  du  clair-obscur  les  uns  à  côté  des  autres,  qu'à  une  certaine  dis- 
tance les  couleurs  semblent  fondues  avec  la  plus  grande  délicatesse. 

On  trouve  déjà  cette  Vierge  cataloguée  dans  l'Inventaire  de  la  Tribune 
de  Florence,  dressé  en  1389. 

Le  peintre  Ant.  Fedi  possédait  deux  petites  esquisses  de  ce  tableau, 
esquisses  qui  sont  actiiellement  dans  la  collection  Wicar,  à  Lille;  elles 
ont  été  reproduites  dans  la  publication  du  duc  de  Luynes. 

D'après  des  renseignements  qui  nous  ont  été  communiqués,  il  y  avait  un 
carton  original  de  la  Vierge  à  la  Chaise,  de  forme  carrée,  avec  des  figures 
entières,  et  dessiné  à  la  pierre  noire,  dans  la  collection  Sierakowey,  à 
Varsovie,  mais  nous  ne  savons  pas  ce  qu'il  est  devenu.  11  est  même  impos- 
sible de  dire  si  c'est  le  même  carton  qui  fut  vendu,  en  1818,  sortant  de  la 
succession  du  grand  prieur  Inghirami  de  Volterre,  au  comte  de  Looz. 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  âil 

Gravures  d'après  le  tableau, 

SenœUius  Raeven  sculp.,  in-4«.  —  Copie,  du  côté  opp.,  pel.  in-4-.  —  Par  un 
anonyme,  avec  une  indulgence  donnée  par  Grégoire  XIII,  dans  un  écusson  grand 
in-4r  —  iEg.  Sadeler  se,  avec  et  sans  le  nom  du  graveur,  in-4».  —  Joan  Dom.  Pic- 
chianti,  du  côté  opp  ,  in-4«.  --  Fr.  Anl.  Lorenzini  min.  con.  Manière  noire,  in-4». 
1'** épreuves ,  avec  une  dédicace  au  prince  Eugène;  2"  épreuves,  à  l'impératrice 
Anne;3~  épr.,  àMylord  duc  de  Sackville.  -  Ferdinandus  Gregorj  se,  1768,  avec 
le  beau  cadre  du  tableau  original  et  une  dédicace  à  l'impératrice  Marie-Thérèse, 
gr.  in-fol.  —  Par  le  même,  1785,  dans  un  autre  cadre,  gr.  in  4°.  —  Grcgori  inv. 
Firenze.  Au  pointillé,  pet.  in-4'  -  F.  Bartolozzi,   1778.  Au  pointillé  et  coloré, 
pt.  in-4*.  —  Violante  Vanni,  marquée  V.V.  Quem  cœli  capere,  à  l'eau-forte,  pel. 
in-4».  —  J.  M.  Preisler  se.  Copenb.,  1784,  gr.  in-4*.  —  Aubry  exe,  pet.  in-4".  — 
l'enfant,  dans  une  large  guirlande  de  fleurs.  Du  côté  opp.  in-4».  ^  Manuel  Sal- 
ifador  Cannona  se,  1795,  d'après  un  dessin  lavé  de  Mari  Mengs,  gr.  in-4».  —  Par 
on  anonyme,  apud  Joan  Volpaio,  pet.  iB-4»,  mauvaise  pi.  —  Raph.  Morghen, 
commencée  à  Rome,  et  terminée  par  Gius.  Calendi,  n«  164,  in-4».  —  Par  le  même 
Raph.  Morghen,  1793.  Un  peu  plus  grande  que  la  première  ;  le  rond  dans  un  carré. 
Kxéculée  à  Florence;  !'••  épreuves,  avec  l'adresse  de  Nie  Pagni  et  Gius.  Bardi; 
2"  épr.,  adresse  du  premier  seul  ;  3"  épr.,  sans  dédicace,  avec  les  armes  seules 
da  marcbese  Manfredini;  4"  épr.,  avec  la  dédicace,  en  lettres  grises;  5«"  épr., 
avec  toute  letire  et  adresse  de  P.  Bettelini  à  Rome;  6"  épr.,  adresse  de  Nie  de 
Anlonj.—  Encore  une  fois,  par  Raph.  Morghen,  1832,  gravée  dans  sa  soixanie- 
quinziéme  année.  Touie  petite  pi.  2"  6'"  de  diamèïre.— Lasinio,  1798,  au  pointillé, 
pet  in-4«.  —  Aug.  Boucher  Desnoyers  se,  in-4«.  —  /.  G.  Millier,  in  4*  pour  le  Musée 
Napoléon,  —  J.  C.  Ulmer,  in-4».—  Giovita  Garavaglia,  1828,  avec  une  dédicace  au 
grand-duc  de  Toscane,  gr.  in-4«.  —  E.  Duponcbel,  pour  l'ouvrage  de  Wicar,  pet.  in- 
fol.  —  R.-U.  Massard,  in-8«,  pour  la  Galerie  Filhol,  —  Jos.  Calendi,  copie  d'après 
Raph.  Morghen,  in-4».  —  Weber  à  Trêves,  au  pointillé.  Du  côté  opp. ,  avec  une  dédi- 
cace à  B.  Heribert  de  Dalberg.  in-4«.  —  A.  Karscher,  à  Mahnheim,  in-8*.  —  Pielro 
Tedovato,  1812,  au  pointillé,  sous  la  direction  deA.Suntach.  Du  côté  opp.,  petit  in- 
fol.  —  Cajet.  Yascellini,  in-4«.  mauvaise  pi.  —  Pietro  Zancon,  au  pointillé,  in-4». 

—  P.  V.  Durmer,  Viennse,  1794,  au  pointillé,  in-4«,  mauvaise  pi.  —  J.  Eissen, 
toute  petite  pi.,  de  2"  6'"  de  diamètre,  d'après  Morghen.  —  L.Lizzi,  1803,  gr.  pi. 

—  Hier.  Carattoni  et  Jac.  Mercore,  in-4o.  —  J.  B.  Cecchi,  in-4».  —  L.  Guidolti 
for.  in  Bol*,  in-4«.  —  Antonio  Nardello,  au  pointillé,  in-4<».  —  Alex.  Contardi,  in-4o. 

—  Della  Bella,  in-4».  —  Adrian  Schleich,  pet.  in-4«.  —  H.  Petersen  se,  gr.  in-4». 

—  Ch.  Schuler,  in-folio.  — P.  Pelée  se,  in-folio. —Ant.  Perfetli  ine,  1850,  in- 
folio—  E.  E.  Schaffér  sculp.,  gr.  in-folio.,  1851.  •—  En  galvanographie  de  Léo 
Schoeninger,  à  Munich,  1843.  —  Lit.  par  Girolamo  Tubino,  gr.  in-4».  —  Lith.,  de 
la  grandeur  de  l'original,  par  Emile  Lasalle,  1852. 

Gravures  exécutées  d'après  un  tableau  (sans  le  petit  saint  Jean)  de  forme.car- 
rêe,  qui  était  autrefois  au  palais  de  Madrid,  et  qui  est  actuellement  dans  la  coll. 
du  duc  de  Wellington  à  Londres.  —  Petrus  v.  Schuppen  se,  1661,  dans  un  rond. 
Du  côté  opp.,  gr.  in-4«.  —  Copie,  avec  l'enfant  Jésus  à  droite.  —  A  Paris,  chez 
N.  Langlois,  dans  un  ovale.  Du  côté  opp.,  in-folio.  —  C.  Gnlle  exe  ,  dans  un 
ovale  avec  :  Majer  divinœ  gratia^  etc.,  in-fol.  —  W.  Sher^'in  se,  dans  un  ovale. 
Dn  côté  opp.,  à  la  manière  noire,  mauvaise  pi.  —  Juan  Rod«,  pet.  in-4\ 

Imitation  :  Seulement  la  Vierge  avec  l'enfant  Jésus;  à  droite,  il  y  a  un  livre 
auprès  d'une  lampe  allumée;  d'après  un  tableau  qui  est  dans  le  palais  royal  de 
Madrid  ;  grav.  par  Bart.  Yazquez,  1785,  pet.  in-folio  carré. 

Seulement  les  tètes  de  la  Vierge  et  de  l'Enfant,  par  un  anonyme,  in-12. 

11.  16 


24i  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

Il  existe  beaucoup  de  copies  anciennes  de  ce  tableau  ^  Citons  seulemeut 
celle  qui  passa  de  la  galerie  Giustiniani  au  musée  de  Berlin  ;  celle  qui  se 
trouve  dans  la  sacristie  de  S.  Luigi,  à  Rome,  etc.^  etc.;  mais  il  n'en  est 
aucune  qui  donne^  même  de  loin^  une  idée  de  la  perfection  de  Toriginal. 

222.  La   Vierge  délia  Tenda, 

Sur  bois.  H.  29";  1.  SO".  Jusqu'aux  genoux . 

C'est  une  composition  analogue  à  celle  de  la  Vierge  à  la  Chaise.  La  Vierge, 
assise  à  gauche,  est  ici  vue  de  profil;  elle  enlace,  avec  le  bras  droit,  l'en- 
fant Jésus  assis  sur  ses  genoux  ;  celui-ci,  avec  un  mouvement  vif,  renverse 
la  tête  un  peu  en  arrière  et  semble  écouter  les  paroles  du  petit  saint  Jean 
debout  en  adoration  derrière  lui.  La  sainte  Vierge  regarde  l'enfant  Jésus 
avec  amour  ;  sa  tête  est  couverte  4'une  étoffe  riche  et  ornée.  Le  rideau^ 
qui  forme  le  fond,  a  donné  au  tableau  le  nom  qu'il  porte. 

11  existe  plusieurs  répétitions  de  cette  composition.  D.  Ant.  Conca  (De»* 
crizione  Odeporica  delta  Spagna.  Parma,  1793-1 797)  et  P.  Ximenes  parlent 
d'un  tableau  semblable,  un  des  plus  beaux  ouvrages  de  Raphaël,  disent- 
ils,  qui  était  dans  les  appartements  des  prélats  au  palais  de  1  Escurial.  Ma- 
dame de  Humboldt  le  vit  encore,  en  1808,  dans  les  appartements  du  prince 
des  Asturies.  Voyez  le  programme  de  la  Jenaer  Literalurzeitung  de  1809, 
p.  y-Tiii.  —  Mais  ce  tableau  n'est  plus  dans  la  collection  royale  de  Madrid;  il 
a  été  volé.  Selon  Buchanan,  t.  II,  p.  242,  ce  tableau  passa  en  France  en  1813, 
et  de  là  en  Angleterre  où  il  fut  acheté  4,000  liv.  st.,  par  Sir  Th.  Baring, 
lequel  le  céda,  en  1 814,  au  roi  Louis  de  Bavière,  alors  prince  royal,  moyen- 
nant 5,000  liv.  st.  Actuellement,  il  fait  Fornement  de  la  Pinacothèque  de 
Munich.  Néanmoins,  nous  sommes  forcé  de  remarquer  que  l'on  ne  saurait 
toujours  se  fier  aux  indications  de  Buchanan,  et  que  d'ailleurs,  longtemps 
avant  l'époque  où  il  fait  venir  ce  tableau  en  Angleterre,  vers  1789,  une 
Vierge  tout  à  fait  semblable  s'y  trouvait  déjà  dans  la  possession  de 
M.  J.  Purling.  Ce  pourrait  bien  être  la  même  qui  est  maintenant  à  Munich. 
Cette  dernière  est  une  œuvre  distinguée,  et  nous  sommes  convaincu  qu'elle 
sort  des  ateliers  de  Raphaël. 

Une  répétition  de  cette  Madone  appartient  aussi  au  roi  de  Sardaigne , 
qui,. étant  prince  de  Carignan,  l'acheta  du  professeur  Boucheron,  de  Turin, 
à  un  prix  très-élevé.  Ce  tableau  avait  été  offert  en  présent  par  le  cardinal 
délie  Lanze  à  la  belle  comtesse  Piossasco,  plus  tard  Porporati;  et  après  sa 


1.  Le  musée  de  Bordeaux  possède  (n*  341 ,  Toyez  p.  210  du  Catalogue  imprimé  en  1855) 
une  ancienne  tapisserie  représentant  la  Vierge  à  la  Chaise.  H.  1*'  e9"*;  1.  1"  il'*'.  Cette 
tapisserie,  donnée  par  le  gouTernement  en  1811,  est  d'autant  plus  précieuse  quelle  est  exé- 
cutée d'après  un  carton  où  Raphaël  avait  représenté,  entière  et  en  pied,  la  célèbre  Vierge  à  la 
Chaise,  dont  le  tableau  de  la  galerie  de  Florence  ne  reproduit  que  le  buste.  {AoU  de 
rédileur.) 


PEINT  RES  DE  RAPHAËL.  243 

mort  il  tomba  daDS  les  maiûs  de  sa  fille^  la  comtesse  Broglio,  qui  le  lit 
vendre  par  son  intendant  pour  800  fr.  Cette  copie  manque  d'esprit  et  les 
nuages  du  fond  sont  peints  avec  dureté. 

Nous  avons  vu  aussi^  en  1835^  une  copie  de  ce  tableau  exécutée  dans 
Ja  manière  de  Perino  del  Vaga^  au  palais  Albanie  à  Rome.  Pans  le  fond  est 
un  mur  au  lieu  d'un  rideau. 

Une  autre  copie  ancienne,  avec  un  fond  de  mur  et  un  peu  de  ciel  à 
droite,  se  trouve  à  l'Académie  de  Vienne. 

Un  dessin,  qui  fut  vraisemblablement  la  première  esquisse  pour  cette 
Madone,  se  trouve  dans  la  collection  du  duc  de  Devonshire  à  Chats- 
worlh. 

Grayurks  :  d'après  le  tableau  qui  est  en  Angleterre  :  P.  If.  Tomkiniy  Uite  pupil 
of  BarMoxzij  publ.  aug,  20.  1789.  The  Virgin,  Child^  and  5.  John,  fram  a  moiî 
capital  and  perfecl  picture  by  Baphael  in  Ihe  Collection  of  J.  Purling ,  Etq.  Au 
pointillé,  imprimée  en  couleur.  Petit  in-4*'.  —  Copie,  par  H.  W.  Ritter,  avec 
nne  dédicace  à  Jérôme  Napoléon,  chez  Silberberg,  à  Francfort-sur-Mein.  Petit 
io-4<*.  —  Hopwood,  London,  publ.  by  W.  Lewit  and  <f.  Au  pointillé,  petit  in-4".  — 
Vedovalo,  1796,  à  Vienne,  chez  Ant.  Sunlach.  Au  pointillé,  en  contre-partie,  pet. 
in-4».  —  D'après  le  tableau  de  Turin,  par  Paolo  Toschi,  sous  le  nom  de  Madonna 
délia  Tenda,  In-fol.  —  D'après  le  tableau  de  Munich,  sous  le  nom  de  la  Vierge  A 
Im  Croix  f  par  Jean-Charles  Thevenin,  1852,  grand  in-folio. 

22^.  La  Vierge  aux  Candélabres. 

Tableau  rond  de  S  pieds  de  diamètre. 

La  Vierge^  tenant  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux^  tounie  sa  tête  vers  la 
droite^  ce  qui  fait  qu'on,  la  voit  entièrement  de  face;  elle  baisse  les  yeux; 
à  ses  côtés,  deux  anges  debout^  dont  on  ne  voit  guère  que  la  tête  et  un 
peu  des  mains^  tenant  chacun  un  candélabre  ^  Le  fond  est  sombre.  La 
Vierge  et  l'Enfant  sont  de  la  main  de  Raphaël^  mais  les  deux  anges  sont 
à  roides  de  dessin^  si  nuls  d'expression  et  si  étroitement  plaqués  dans  la 
place  qu'ils  occupent  de  chaque  côté^  qu'on  ne  peut  guère  douter  qu'ils 
n'aient  été  ajoutés  postérieurement  par  un  artiste  médiocre.  La  tête  de  la 
Vierge  est  d'une  dignité  sublime  et  d'une  grande  beauté;  le  petit  Jésus  est 
vivant  d'expression^  et  d'un  très-beau  dessin.  Toutefois,  son  corps  a  été 
fortement  restauré.  Le  manteau  bleu  de  la  Vierge  est  tempéré  de  ton, 
quoique  le  tableau ,  en  général,  soit  d'une  couleur  puissante.  De  la  galerie 
Borghèse,  il  passa  dans  celle  de  Lucien  Bonaparte,  puis  dans  celle  du 
duc  de  Lucques,  et  actuellement  il  est  dans  la  possession  de  M.  Munrô, 
à  Londres. 

f .  Cette  manière  de  représenter  la  Vierge  sur  un  trône  avec  des  anges  qui  tiennent  des  can" 
délabres  à  ses  côtés  est  très-ancienne  et  a  parfois  été  exécutée  très-magistralement.  Par 
exemple,  il  se  tronie,  au-dessus  de  la  porte  latérale  de  T église  Aracoeli,  sur  le  Capitole,  une 
mosaïque,  de  style  byzantin,  qui  représente  ce  même  sujet,  mais  avec  des  6gures  entières.  Ce 
tableau  en  mosaïque,  dont  le  caractère  est  vraiment  grandiose,  semble  admirablement  exprimer 
cette  idée  mystique  :  «  Le  Cbris»,  lumière  de  ce  monde,  ■ 


2U  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

Gravures  :  Ern.  Moraees,  1796,  d'après  le  tableau  du  palais  Borghése.J'etîl  iii-4*. 
—  Pietro  Bettelini,  in-4*.  —  M.  Blot,  10-4"*.  —-A.  Fabri,  pour  la  Galerie  Luden  Bep- 
naparte^  n«  131.  —  Johannes  Folo  incis.  Rom.  Sans  les  anges.  10-4**.  —  Avec  des 
changcmcnls  cl  l'enfant  Jésus  seulement  vu  à  mi-corps,  par  J.  Droda  fec.  Pragae, 
1809.  in-fol.  —A  Paris,  chez  Fr.  Janet,  in-12.  —  A.  Bridoux,  1841.  Sans  les 
anges,  mais  avec  un  candélabre  à  droite,  in-fol.  —  Levy  se.,  1852,  avec  des  can- 
délabres, in-fol.  —  Lilh.  par  Herm.  Eichens,  1843,  in  fol. 

D'après  un  renseignement  recueilli  par  Pungilconi  dans  son  Elogio  slo- 
rico  di  Timoteo  Viti,  p.  73,  (in  élève  de  ce  dernier,  Pierre  Antonio  di  Bat- 
tista  Palmerini  d'Lrbin,  aurait  exécuté  une  copie  de  ce  tableau  d'après 
laquelle,  plus  tard,  le  peintre  Gonsoli  aurait  fait  une  copie  moins  bien 
réussie.  Goede  rapporte,  dans  son  Voyage  en  Angleterrey  t.  IV,  p.  74,  qu'il 
en  a  vu  une  autre  chez  M.  Agars,  à  Londres.  C'est  peut-être  celle  qui  figura 
d'abord  dans  le  cabinet  du  prince  de  Carignan ,  et  ensuite  dans  celui  du 
duc  de  Choiseul  >. 

224.  Le  Portement  de  la  Croix. 

Tableau  peint  sur  bois  et  transporté  sur  toile.  H.  9*  H;  1.  7'  2". 

Ce  tableau  est  aussi  nommé  :  lo  Spasimo  di  Stct7ia,  parce  qu'il  se  trou- 
vait autrefois  dans  l'église  S.  Maria  dello  Spasimo,  à  Palerme.  Le  Christ, 
affaissé  à  terre  sous  le  fardeau  de  la  croix,  se  retourne  vers  les  saintes 
femmes  en  pleurs,  parmi  lesquelles  est  sa  mère  éplorée,  qui,  accablée 
sous  le  poids  de  la  douleur  et  soutenue  par  saint  Jean  et  la  Madeleine, 
étend  les  bras  vers  son  divin  (ils.  Une  des  femmes,  agenouillée  sur  le 
devant,  soulève  le  voile  de  la  Vierge,  et,  derrière  elle,  une  quatrième 
femme  exprime  son  affliction  en  joignant  les  mains.  Simon,  de  Cyrène, 
s'est  saisi  de  la  croix  pour  la  porter  lui-même,  tandis  qu'un  soldat  dirige 
sa  lance  contre  le  Christ  pour  le  forcer  à  marcher,  et  qu'un  autre  soldat 
essaye  de  le  relever  en  le  tirant  avec  une  corde.  Un  cavalier  portant  un 
étendard  ouvre  la  marche.  Des  portes  de  la  ville  on  voit  déboucher  des 
Juges  romains,  le  peuple  et  des  soldats  à  cheval;  dans  le  fond,  les  deux 
larrons  conduits  au  Calvaire. 

Ce  tableau,  magistral  sous  tous  les  rapports,  a  été  justement  admiré 
par  Mengs,  qui  le  présente  comme  un  modèle  accompli  d'ordonnance,  où 
le  sujet  s'explique  avec  la  plus  grande  clarté,  où  il  ne  se  trouve  pas  une 
ligure  parasite,  où  il  n'en  manque  aucune  nécessaire,  et  où  chacune,  par 
sa  pose  et  par  son  expression,  concourt  à  l'ensemble  harmonieux  du  sujet. 
De  même  aussi,  les  caractères  des  têtes  sont,  dans  cette  peinture,  de  la 
plus  admirable  vérité  :  la  noblesse  divine ,  mais  souffrante  du  Sauveur, 
trahit  cette  majesté  de  l'esprit  et  cette  faiblesse  du  corps  qui  ont  donné 
à  Tart  chrétien  un  idéal  incomparable.  Si  cependant  Mrngs  dit,  en  parlant 

1 .  Le  célèbre  peiolre  français  M.  Ingres  en  possède  aussi  une  très-bonne  copie  ancienuc , 
achetée  en  Italie  il  )  a  quarante  ans.  [Sole  de  l'éditeur.) 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  245 

de  celte  (igure  du  Chiist,  qu'elle  rappelle  les  formes  de  TApollon  et  du 
Jupiter  antiques ,  cet  étrange  rapprochement  procède  des  idées  esthé- 
tiques de  ce  temps-là,  puisque  non-seulement  il  ne  saurait  exister  la 
moindre  analogie  entre  la  figure  du  Christ  et  celles  de  Jupiter  et  d'Apollon, 
mais  encore  cette  touchante  figure  est  tout  à  fait  en  dehors  des  concep- 
tions de  la  Grèce  antique  et  des  représentations  figurées  de  l'Olympe 
païen.  Remarquons  aussi  la  main  du  Christ,  cette  main  qui  s'appuie  à 
terre  et  qui  n'est  pas  moins  admirable  par  sa  beauté  que  par  l'idéale  vérité 
du  dessin  et  de  l'exécution.  Celte  figure  frêle  et  délicate  du  Christ  forme 
en  même  temps  un  contraste  avec  celle  de  Simon,  de  Cyrène,  si  puisâante 
et  si  énergique,  et  avec  celle  du  bourreau,  aux  formes  rudes  et  grossières. 
Quoique  le  tableau  fût  destiné  pour  l'autel  d'une  grande  église ,  et  que 
Raphaël  se  soit  plus  préoccupé  de  l'effet  général  de  l'exécution  que  de  1  a- 
chèvement  minutieux  des  détails  et  de  la  linesse  du  coloris,  tout  l'ou- 
vrage est  profondément  étudié  et  même  exécuté  avec  un  grand  soin  ;  il 
révèle  dans  toutes  ses  parties  les  hautes  qualités  du  grand  maître.  La 
pierre  placée  sur  le  devant  porte  cette  inscription  :  RAPHAËL  VRBINAS. 
Nous  avons  rapporté,  dans  la  Vie  de  Raphaël,  le  singulier  épisode  qui  se 
rattache  à  l'histoire  de  ce  tableau,  comment,  à  la  suite  du  naufrage  du 
vaisseau  qui  le  transportait  à  Palerme,  il  arriva  en  flottant  sur  la  mer 
jusque  dans  le  port  de  Gênes;  nous  avons  dit  aussi  que  les  habitants  de 
cette  ville  ne  voulaient  point  le  rendre,  et  que  ce  fut  grâce  à  l'interven- 
tion du  pape,  qu'il  put  enfin  retourner  au  lieu  de  sa  destination,  c'est- 
à-dire  dans  l'église  des  Orviétains,  à  Palerme.  Plus  tard,  Philippe  IV  le  fit 
enlever  de  cette  église  et  donna  en  échange  au  couvent  une  rente  de  mille 
scudi.  Les  Espagnols  nommèrent  ce  tableau  la  Joya.  Après  avoir  pendant 
quelque  temps  orné  le  maître-autel  de  la  chapelle  royale  de  Madrid,  il 
passa  dans  la  galerie  du  palais  ^  En  J8i3,  les  Français  le  transportèrent 
à  Paris,  avec  quatre  autres  tableaux  de  Raphaël  qu'ils  enlevaient  à  l'Es- 
pagne; et,  selon  Buchanan,  comme  on  ne  le  croyait  plus  en  sûreté  dans 
cette  capitale  menacée  par  les  armées  de  la  coalition  européenne,  on 
l'aurait  fait  offrir  en  vente,  à  Londres,  pour  7,000  livres  sterling.  On  ne 
le  présentait  pas,  il  est  vrai,  sous  le  nom  de  son  véritable  auteur,  mais 
bien  sous  celui  de  Sébastien  del  Piombo ,  ce  qui  empêcha  de  trouver 
acquéreur*.  Bientôt  après  fut  conclu  le  traité  de  paix  de  1815,  qui  rendit 


1.  Voy.  Richard  Cumberland,  C€Ualogue  of  several  jnelurei  of  the  king  ofSpain  (Lon- 
don,  1782).  Cet  écrivain  croit  avoir  découvert  un  pied  de  trop  qui  ne  tient  à  aucun  corps  dans 
ce  tableau;  mais  il  n'aura  sans  doute  pas  bien  compris  le  mouvement  de  plusieurs  figures  cou- 
pées dans  leurs  lignes. 

2.  11  est  inutile  de  réfuter  ce  conte  ridicule,  puisque  Buchanan  ne  nomme  pas  les  spéculateurs 
qui  auraient  voulu  trafiquer  (avec  les  Anglais)  d*uu  chef-d'œuvre  dont,  suivant  Texpression 
d'Énieric  David,  •  la  France  s'est  trouvée  pendant  quelque  temps  dépositaire,  a  Kmeric  David 


246  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

à  tous  les  États  de  l'Europe  les  trésors  artistiques  qui  leur  avaient  été  en- 
levés. Toutefois,  les  tableaux  de  Raphaël  avaient  beaucoup  souffert  pen- 
dant leur  séjour  à  Paris,  et  notamment  celui-ci,  surtout  dans  les  jointures 
de  son  panneau  vermoulu.  On  dut  les  faire  transporter  sur  toile  avant 
de  les  ramener  en  Espagne  ;  cette  opération  difficile  eut  lieu,  à  Paris,  par 
l'intermédiaire  du  duc  de  Wellington,  sous  la  direction  de  M.  Bonne- 
maison  K  Ce  fut  seulement  en  18^  que  les  tableaux  retournèrent  en 
Espagne,  et  le  Portement  de  Croix  fut  alors  placé  au  musée  de  Madrid. 

Aujourd'hui,  sauf  les  traces  des  anciens  joinfs  des  cinq  panneaux,  sauf 
le  paysage  un  peu  frotté  et  quelques  glacis  des  draperies  qui  ont  souffert, 
le  tableau  est,  du  reste,  d'une  excellente  conservation,  et  même  les  orne- 
ments d'or  sur  les  bordures  des  draperies  sont  encore  dans  l'état  le  plus 
parfait. 

En  dernier  lieu,  nous  croyons  devoir  enregistrer  ici,  sans  la  discuter, 
l'incroyable  opinion  du  D'  Kugler,  qui  veut  reconnaître  dans  ce  chef- 
d'œuvre  de  Raphaël  le  faire  de  Bernard  van  Orley.  Cette  opinion,  il  est 
vrai,  ne  lui  est  pas  venue  en  présence  du  tableau  même,  mais  à  la  vue 
d'une  copie  que  le  roi  de  Prusse  a  fait  exécuter  à  Madrid  par  le  professeur 
Schlesinger,  qui  a  cru  devoir  le  reproduire  avec  la  splendeur  de  son 
coloris  primitif. 

Études  pour  ce  tableau. 

a.)  Étude  pour  le  groupe  des  femmes,  à  la  sanguine,  à  l'Académie  de 
Florence. 

6.)  Dessin  du  groupe  des  cavaliers  et  de  quelques  autres  figures,  mais 
qui  ne  se  trouvent  pas  dans  le  même  tableau,  au  cabinet  Weigel,  à  Leipzig. 

c]  Le  musée  du  Louvre  possède  un  grand  dessin  au  bistre  de  toute  la 
composition,  mais  ce  dessin  n'est  pas  de  la  main  de  Raphaël. 

Gravures  d'après  ce  tableau. 

Agoslino  Yeneziano.  Les  premières  épreuves  sont  de  1517,  les  secondes  de  1519. 
Bartsch,  t.  XIV,  n*  28.  La  planche  fut  retouchée  par  J.  B.  de  Cavaleriis,  en  1560. 
—  Copie  de  cette  planche  par  Francesco  Willamena,  et  une  autre  par  un  anonyme. 
Yoy.  Bartsch,  qui  indique  ces  deux  copies  A  et  B.  —  Par  un  anonyme,  1532, 
d'après  une  première  esquisse  de  Raphaël.  —  D'après  le  tableau  de  Joh.  Bapt. 
de  Cavalleriis,  1565.  Sur  le  bord  on  lit  :  Qui  non  aeeipit,  etc.  Haut.  15"  7"',  larg. 
10"  7'".  —  Diana  Mantuana.  Yoy.  Zani.  Nous  n'avons  jamais  vu  celte  gravure.  — 
Dom.  Cunego  se.  Romœ,  1781,  io-fol.  —  F.  Selma,  1808,  grand  in-fol.  —  Joan 
Pestrini.  Mauvaise  planche,  petit  in-fol.  —  Au  trait,  par  Ch.  Normand,  pour  le 
Recueil  publié  par  le  restaurateur  du  tableau,  M.  de  Bonnemaison,  à  Paris,  en 

•joute,  en  parlant  des  cinq  tableaux  de  Raphaël  transportés  d'Espagne  à  Paris  en  1813  :  ■Ils 
y  ont  été  accueillis  avec  Tempresseroent  et  l'admiration  dus  à  leur  rare  beauté  ;  nous  pourrions 
presque  dire  qu'ils  y  sont  devenus  l'objet  d'un  culte  universel.  •  (iYo(e  de  fédileur.) 

1.  Yoy.  SuUe  d'itudet  ealquin  et  deuiniet  d'après  cinq  tableaux  de  Baphayiy  etc., 
par  M.  Éneric  David,  etc.  Paris^  1822,  chei  M.  Bonnemaison,  in-fol. 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  247 

1823.  Il  se  trouye  aussi  dans  ce  même  recueil  quelques  têtes  tirées  du  tableau  , 
de  la  grandeur  de  l'origioal.  —  Paolo  Toschi,  1832,  grand  in-fol —  Andr.  Schleich , 
sur  acier,  petit  in-fol.  —  G.  W.  Lehmann,  1835,  in-fol.  —  Lith.  par  Bodmer,  gr. 
io-fol.  —  De  même,  par  Tb.Drietidt,  grand  in-fol.,  et  E.  Dieter,  ^rand  in-fol.  — 
Lith.  par  Chevalier,  1842,  petit  in-fol.  pour  le  Musée  ehrilien.  —  Lith.  par  Marin 
Lavigne,  d'après  la  gravure  de  Toschi,  grand  in-fol.  —  Mauduison  se,  grand  in- 
fol.  •  Landon,  n*  296.  —  Seulement  les  groupes  de  devant,  sans  les  cavaliers, 
en  contre-partie,  par  Claudine-Ant.  Bouzonnet  Stella.  Haut.  4",  larg.  3". 

Copies  de  ce  tableau. 

Il  en  existe  beaucoup  en  Sicile.  Une  très-belle^  qui  fut  signalée  par 
Buoniiglî  et  Costanzo  comme  étant  l'œuvre  originale ,  a  été  peinte  par 
Deodato  Guinaccia^  élève  de  Polidore  de  Caravage,  et  se  trouve  dans 
l'église  délia  S.  S.  Nunziata^  à  Catane.  Une  autre  copie^  dans  l'église  du 
monastère  S.  Francescodei  Minori,  de  la  même  ville,  est  un  peu  dure, 
mais  très-spirituellement  traitée.  Elle  est  signée  Jacopo  Vignerio,  i541. 
C'était  un  élève  de  Polidore  de  Caravage^  qui  a  vécu  à  Messine,  de  1527  à 
iS53.  A  l'Académie  des  beaux-arts  de  Madrid  se  trouve  une  copie  très- 
remarquable  par  Juan  Carrefio,  né  en  1614,  mort  en  1685. 

La  galerie  du  Belvédère,  à  Vienne,  possède  une  ancienne  copie  sur  bois 
de  ce  tableau,  demi-grandeur  de  l'original,  avec  cette  marque  :  RAPHAËL 
VRBINAS.  La  carnation  en  est  généralement  un  peu  rouge ,  mais  elle  est 
moins  transparente  que  celle  des  figures  de  Jules  Romain,  et  les  couleurs 
sont  plus  empâtées. 

225.  La  Visitation. 

Tableau  peint  sur  bois  et  transporté  sur  toile.  H.  6*  2";  I.  V  5"  6'". 

Sainte  Elisabeth  vient  du  côté  gauche  à  la  rencontre  de  la  Sainte 
Vierge  en  lui  serrant  la  main.  La  Vierge  pose,  avec  un  embarras  pudique, 
sa  main  gauche  sur  sa  taille.  Au  fond  du  paysage,  on  voit  le  baptême  du 
Christ,  avec  Dieu  le  Père  bénissant  dans  un  point  lumineux  du  ciel.  C'est, 
dit-on,  une  allusion  au  nom  de  baptême  du  donataire  de  ce  tableau, 
Giovan-Battista  Branconio  d'Aquila,  chambellan  du  pape.  A  la  vérité,  le 
tableau  porte  cette  inscription  :  RAPHAËL.  VRBINAS.  F.  MARINVS. 
BRANCONIVS.  F.  F.,  d*oii  l'on  pourrait  tirer  d'autres  inductions;  mais, 
dans  la  chapelle  Branconio,  dans  l'église  S.  Silvestre,  à  Aquila,  dans  les 
Abruzzes,  où  ce  tableau  se  trouvait  autrefois,  on  peut  encore  lire,  sur  une 
plaque  de  marbre,  l'inscription  suivante  : 

I.    G.    B. 
JO.   BAPTISTAE  BRANCONIO  8PECTATAB  VIRTVTIS  VIRO  MAXX. 

PONTT.   JVLIO  II   PAMILIARI  AC   LBONI  X. 

INTIMO  A   CVBICYLO.    PROTHONOT.   APOSTOLICO  B   PARTICIPAN. 

INSI6NIV1I  YTRISQ.  DITIONIS  BGCLESIAR.    S.   CLEMENTIS  AD 

PISGARIAM.   S.  MARIAE  AMBROSIANAB 

BORNlNACRi*.   AC  DE  JVMERIS   ABBATI   COMMBNDAT.  VIOILANTISS. 


2J8  PEINTURES  DK  RAPHAËL. 

SVHMORVM   RBGEM   ABXTI MATIONS  ANNARVIIQ.   OPVH 

MVNiFICENTIA   LVCVLENTER   AVCTO 

PORTYS  QUA  PLACENTIAll  PADVS   ALLVIT  PRAEFECTO.   PRARSTANTIS 

IN   VRBE   BXAKDIFICATIONB   PALATII 

AG   SACBLLI    HVIVS   ORNATV   RAPUAELIS  VRBIMATIS   BXIMIA 

BBATAE   YIRGINIS   PICTVRA 

SPLENOORB   AG   PIETATB  CONSPICVO 

PROLBGATO  OBMVM  AVBNIONIS  DBSIGNATO  SVPRBMA   HONORVM 

AC   LVGIS  GORONIDB 

PRIVSQUAM   HYNERE  YITA  PYNGTO  AET.    LU   DOM.    MDXXV. 

HIER.   BRAP/C.  J.   G.    ABBAS   S.  CLEMENTIS   AD  PISGARIAM 

PATRYO  MAX.   BENEMER.    P. 

AN.   REPARATAE   SALYTIS  MDCXXY. 

Le  marchese  Nardis,  mettant  en  ordre  les  archives  d'Aquila,  trouva  un 
document  qui  indiquait  que  Rapliaël  avait  reçu  300  scudi  pour  prix  du 
tableau  de  Branconio.  Quant  à  la  haute  estime  dont  ce  tableau  jouissait  à 
Aquila,  nous  en  avons  un  éclatant  témoignage  dans  la  décision  du  conseil  du 
2  avril  1520,  en  vertu  de  laquelle  ni  les  prieurs^  ni  les  prêtres^  ni  les  gardieas 
de  réglise  de  S.  Silvestre  ne  devaient  permettre,  sans  aucune  eiception^ 
que  Ton  fît  une  copie  du  tableau  de  la  Visitation,  de  Raphaël.  En  1610» 
Gio.  Andréa  Urbani  d'Urbin  obtint  l'autorisation  d'en  faire  une  copie  pour 
le  maître-autel  de  laCompagnia  deir  Umiltà.  Une  autre  copie,  par  Pompeo 
Cesura  d'Aquila^  se  trouve  dans  la  maison  du  marchese  Ferdinando  de 
Torres,  en  cette  même  ville.  L'original  fut  acquis,  en  i655,  par  le  roi 
Philippe  IV  d'Espagne,  qui  le  fit  placer  au  palais  de  l'Escurial  ^  Les  Fran- 
çais l'emportèrent  a  Paris,  en  1813.  C'est  dans  cette  ville  qu'il  fut  trans- 
porté de  son  vieux  panneau  sur  toile.  Il  a  été  très-restauré,  non-seulement 
à  l'endroit  des  anciennes  jointures  du  panneau,  mais  encore  dans  la 
partie  supérieure  et  inférieure  de  la  composition.  En  vertu  du  traité  de 
paix  de  1815,  il  reprit  le  chemin  de  l'Escurial,  en  1822.  Actuellement  il 
se  trouve  au  musée  royal  de  Madrid. 

Cette  peinture  a  été,  dans  sa  plus  grande  partie,  exécutée  par  Raphaël 
lui-même,  d'un  ton  puissant,  mais  tempéré,  qui  lui  appartient.  La  tête 
de  la  suinte  Elisabeth  est  surtout  d'une  extraordinaire  beauté  de  coloris  et 
d'expression. 

Moins  satisfaisante  est  la  tête  de  la  Vierge,  qui,  posée  sur  un  cou  mince 
et  grêle,  n'a  pas  dans  l'expression  cette  finesse  naïve  que  l'on  est  accou- 
tumé à  trouver  dans  les  madones  de  Raphaël.  Néanmoins,  cette  tête  est 
très-belle  et  a  bien  le  coloris  du  maître  :  grisâtre  dans  les  ombres,  rougeâtre 
dans  les  demi-teintes  et  blanchâtre  dans  les  clairs.  La  carnation  de  la  sainte 
Elisabeth  est  beaucoup  plus  colorée  et  plus  chaude.  Le  paysage  est  d'un 
faire  large  et  magistral,  et  avec  un  ton  bleu  énergique  dans  les  lointains. 

« .  De  los  Saalos ,  Description  del  real  monaslerio  del  Etcorial  (Madrid,  1 68 1 ,  p.  60),  dit 
qu*il  était  «lors  dans  la  sacristie  de  la  maison  royale. 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  240 

GnATDRBs  :  Par  un  ancien  Italien  anonyme.  Chez  Ant.  Lafrerij,  avec  le  texte  : 
Bei^dkta,  etc.,  grand  in-fol.  —  A.-B.  Desnoyers,  18^,  in-fol.  —  Au  trait,  par 
Norinind,  in-fol.  pour  l'ouvrage  de  Bonneoiaison  (Paris,  1822),  où  se  trouvent 
aussi  les  deux  têtes,  de  la  grandeur  de  l'original.  —  Estaban  Boip.,  in-foL—  Lith. 
aa  trait  par  Helmlehner  (Pungileoni,  p.  122). 

226.  La  Sainte  Famille  sous  le  chêne. 

Sur  bois.  H.  4*  5'*;  1.  3*  5*\ 

La  Vierge^  assise  sous  un  chêne^  tieut  sur  ses  genoux  l'enfant  Jésus 
qui  se  penche  fortement  en  avant  pour  enlacer  du  bras  droit  le  petit  saint 
Jean  debout  auprès  de  lui,  mais  dont  la  tête  est  tournée  vers  sa  mère  qui 
le  contemple  avec  amour.  Son  petit  compagnon  lui  présente  la  bande  de 
parchemin  sur  laquelle  est  écrit  :  Ecee  Agnus  Dei;  tous  deux  posent  un 
de  leurs  pieds  sur  un  berceau.  Saint  Joseph,  à  droite,  contemple  cette 
scène  en  s'appuyant  du  coude  sur  un  fragment  d'architecture  antique  avec 
un  bas-relief.  Un  paysage  pour  fond.  Sur  le  berceau  on  lit  ;  RAPHAËL. 
PINX. 

En  général,  cette  composition  est  un  peu  roide,  et  la  Vierge  a  quelque 
cbose  de  la  morgue  d'une  dame  de  qualité. 

A  l'expression  des  têtes  il  manque  cette  naïveté  de  Tâme  que  Raphaël 
seul  a  su  exprimer  en  l'unissant  avec  la  plus  haute  beauté  physique.  C'est 
pourquoi  aussi  Mengs,  dans  sa  lettre  à  Ant.  Ponz,  t-  H,  p.  76,  exprime 
l'opinion  que  cette  peinture  a  été  exécutée,  d'après  un  dessin  de  Raphaël, 
par  un  de  ses  élèves.  En  effet,  nous  y  reconnaissons  entièrement  le  faire 
de  Francesco  Penni,  d'autant  plus  que  le  saint  Joseph  est  absolument 
peint  et  coloré  comme  quelques-uns  des  apôtres  placés  près  du  tombeau 
dans  le  tableau  du  Couronnement  de  la  Vierge.  On  sait  que  cette  partie 
du  tableau  fut  terminée  par  Francesco  Penni  après  la  mort  de  Raphaël. 

Nous  n'avons  pu  découvrir  aucun  renseignement  sur  l'endroit  où  se 
trouvait  primitivement  ce  tableau.  On  croit  qu'il  vint  seulement  en  Espa- 
gne sous  le  règne  de  Charles  II.  Après  sa  pérégrination  à  Paris  il  retourna, 
en  I8ffî,  à  Madrid  avec  les  autres  tableaux  de  Raphaël  qui  appartenaient 
à  l'Espagne  et  il  est  aujourd'hui  placé  au  musée  royal. 

Gravures  :  Giulio  Bonasone,  sans  le  chêne,  mais  avec  un  rideau  et  une  ruine. 
Gr.  in-fol.  Bartsch.  t.  XV,  p.  127,  n*»  63.  —  Diana  Mantuana,  avec  le  chêne.  Petit 
in-fol.  Bartsch,  t.  XV,  p.  439,  n*>  16.  —  A  l'eau-forle,  par  Augustin  Carrache,  avec 
des  changements  dans  le  paysage.  Bartsch,  t.  XYIII,  p.  66,  n**  47.  —  P.  Brebietti, 
Roma.  A  Teau-forte.  Petit  in-fol.  —  Anonyme  du  dix-septième  siècle ,  dans  la 
manière  de  Yillamena.  En  contre-partie,  et  quelquefois  avec  ces  mots  :  Donalo 
Ratcioti  formis.  Haut.  18",  larg.  14"  3"'.  —  Hier.  Frezza  fec.  Roma.  A  l'eau-forte, 
en  contre-partie,  in-fol.  —  Arch.  Macduff  sculp.  Sacra  Christ*  Familia.  A  l'eau- 
forte  et  à  l'aqua tinta  (de  James  Barry).  En  conlre-piirtie,  in-fol.  ^-  Au  trait,  dans 
le  Recueil  de  Bonnemaison  [Suite  d'étudet^  etc.,  Paris,  1822),  où  se  trouvent  aussi 
quelques  tètes,  de  la  grandeur  de  l'original.  —  Girolamo  Clarattoli,  d'après  le 
tableau  qui  est  à  Madrid,  aUribué  ici  à  Jules  Romain.  Grand  in-fol.  faible. 


2S0  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

Copies  de  ce  tableau. 

a.)  Excellente  copie^  certainement  exécutée  sous  les  yeux  de  Raphaël,  ail 
palais  Pitti.  Sur  le  premier  plan^  parmi  les  plantes,  on  Yoit  un  tézardy  ce 
qui  fait  que  ce  tableau  est  quelquefois  appelé  la  Vierge  au  Lézard.  Cette 
copie  a  un  ton  transparent,  mais  des  contours  tellement  arrêtée  qu'on  peut 
les  trouver  durs.  Dans  le  catalogue  des  peintures  du  palais  Pitti,  elle  est 
attribuée  à  Jules  Romain,  quoique  cet  artiste  se  distingue  parmi  tous  les 
élèves  de  Raphaël  par  une  manière  de  faire  toute  différente  et  surtout 
plus  animée.  C'est  aussi  une  erreur  quand  on  désigne  au  palais  Pitti  cette 
composition  sous  le  nom  de  la  Perla, 

h,)  Giov.  Andr.  Lazzarini  cite  {Opercy  Pesaro  1806,  t.  II,  p.  8,  i5  et  9i) 
un  tableau  de  cette  Sainte  Famille  qui  était  dans  la  maison  Almerici  à  Pe- 
saro, et  qui  avait  séjourné  longtemps  dans  la  maison  Olivieri  de  la  roéroe 
ville.  Nous  avons  vu  cette  copie  dans  la  maison  Dionigi,  à  Rome,  où  on  la 
présentait  comme  un  original  de  Raphaël.  Cependant  elle  était  autrefois 
signée  :  Bernard  van  Orley,  Le  paysage  aussi  trahit  son  origine  néerlan- 
daise. Sur  bois.  H.  3*  6";  1.  2' 7". 

c.)  Malvasia  {Felsina  Pittrice,  t.  I,  p.  45)  cite  une  autre  copie  dans  la 
maison  Casali  à  Bologne. 

d,)  Dans  la  maison  Giovannini,  à  Urbin ,  est  une  copie  avec  un  paysage 
où  le  chêne  a  été  remplacé  par  une  ruine. 

e.)  A  Windsor,  dans  la  collection  royale  d'Angleterre,  nous  avons  vu  une 
copie  très-poussée  au  noir,  qui  est  peut-être  la  même  qui  fut  autrefois 
en  la  possession  de  Richard  Mead,  médecin  du  roi  d'Angleterre.  Voyez 
Tauriscus,  p.  1S8. 

/.)  Au  musée  de  La  Haye,  sous  le  n°  S50  ^ 

g,)  Dans  la  sacristie  de  la  cathédrale  de  Valence,  en  Espagne.  Les 
ombres  en  ont  fortement  poussé  au  noir. 

227.  Sainte  Famille,  nommée  la  Perle. 

Sur  bois.  H.  4'  6";  L  3'  7". 

La  Vierge,  assise  auprès  d'un  berceau,  tient  de  la  main  droite  l'enfant 
Jésus  sur  ses  genoux  et  regarde,  la  tête  un  peu  tournée  à  gauche  vers  le 
petit  saint  Jean,  qui,  enveloppé  d'une  peau  de  mouton,  présente  des  fruits 
au  Fils  de  Dieu,  vers  lesquels  ce  dernier  étend  les  bras.  Sainte  Elisabeth 
est  agenouillée  à  droite  de  la  Vierge,  dont  elle  enbce  les  épaules  avec 
son  bras  gauche,  et  la  Vierge,  le  coude  droit  appuyé  sur  celle-ci,  con- 
temple les  mouvements  gracieux  des  deux  enfants.  Dans  le  fond,  à  gauche, 

4.  C'est  1«  n*  236  du  dernier  Catalogue,  sans  date  d'année.  Très-mauTaise  copie.  Yoyei 
VT.  Burger  :  Mvséis  m  la  Hollandb  ,  Amnerdam  et  La  Haye.  (Paris,  1858.)  [IS'ote  de 
l'idileur.) 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  3S1 

on  Toit  saint  Joseph  dans  une  ruine  ^  avec  quelques  autres  petites  figures 
dans  le  paysage  à  droite.  Ce  tableau,  d*un  ton  très-sombre,  a  été  peint, 
sans  aucun  doute,  par  Jules  Romain;  nnais  on  ne  saurait  contester  que 
Rapbaêl  y  a  mis  la  dernière  main  dans  certaines  parties.  Ce  tableau  offre 
aussi  plusieurs  repeints ,  qui  sont  surtout  remarquables  par  la  pose  de 
la  tête  de  la  Vierge,  par  Tune  de  ses  mains  et  par  la  cuisse  de  l'enfant. 
Du  reste,  il  est  peint  avec  beaucoup  de  soin,  et  le  faire  en  est  léché  comme 
celui  d'un  jeune  artiste  qui  caresse  ses  premiers  ouvrages. 

Le  plus  ancien  renseignement  qui  existe  sur  ce  tableau  paraît  se 
trouver  dans  la  lettre  suivante,  publiée  pour  la  première  fois  par  Pun- 
gUeoni,  qui  Ta  tirée  des  archives  secrètes  de  Mantoue.  Nous  donnons 
cette  lettre  en  entier,  parce  qu'il  y  est  encore  question  de  plusieurs 
autres  tableaux  de  maîtres  : 

«  Ippolito  Calandra  al  duca  Federico  Gonzaga  a  Gasale  Monferrato. 

«  Nella  caméra  dell'arma  si  mette  quel  quadro  che  fece  Ms.  Julio,  et  il 
quadro  di  papa  Leone^  et  il  quadro  di  V.  Exza  che  fece  Ms.  Tiziano  et 
aDcho  quello  che  fece  Rafaelo  da  Urbino  a  Roma  a  V.  Exza  e  quello 
quadro  che  sa  V.  Exza  che  li  donô  uno  Venetiano  a  V.  Exza  di  quella 
Douna  con  quello  puttino  che  ha  molto  lodato  Ms.  Julio  et  anco  se  li  mette 
un  bellissimo  quadro  di  un  S.  Hieronimo  fatto  in  Fiandra  a  olio  che  già 

comprè  V.  Exza Nel  camerino  dove  alloggiava  la  Illma  Duchessa  quello 

quadro  che  fece  il  Mantegna  di  quello  Cristo  in  scurto  et  quello  S.  Hiero- 
nimo de  Ms.  Titiano,  et  quello  che  fece  Ms.  Julio  di  S.  Catterina,  quali 
tutti  faranno  bello  adornamento  in  detta  caméra,  etc. 

c  1531,  28  ottobre.  * 

«  Ipp.  Calandra.  » 

Lorsque  Charles  K,  roi  d'Angleterre,  acheta  la  collection  de  tableaux 
du  duc  de  Mantoue,  cette  Sainte  Famille  ût  partie  de  ce  marché  et  passa, 
comme  les  autres  tableaux,  à  Londres.  Mais,  après  la  mort  de  Charles  \^^, 
ses  objets  d'art  ayant  été  mis  en  vente,  en  vertu  d'un  arrêt  du  conseil 
d'État  de  1649,  don  Alonzo  de  Cardenas,  ambassadeur  .d'Espagne,  acquit 
ce  tableau  au  prix  de  2,000  livres  sterling,  pour  le  compte  de  son  maître 
Philippe  IV,  et  le  fit  transporter  à  Madrid,  avec  d'autres  œuvres  d'art. 
(D.  Ant.  Ponz,  1. 1,  p.  73.)  Au  premier  coup  d'oeil  que  le  roi  d'Espagne 
jeta  sur  le  tableau  de  la  Sainte  Famille,  il  s*écria,  rempli  d'admiration  : 
c  Voici  ma  perle!  o  Depuis  lors,  le  tableau  est  connu  sous  la  dénomi- 
nation de  :  la  Vierge  à  la  Perle.  Le  roi  Joseph  l'avait  emporté  à  Paris  en 
4813,  mais,  restitué  à  l'Espagne  en  1815,  il  y  revint  rentoilé  et  restauré, 
en  1822,  avec  les  quatre  autres  tableaux  de  Raphaël.  Ou  le  replaça  de 
nouveau  à  l'Escurial.  Aujourd'hui,  il  est  au  Musée  royal. 


352  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

Esquisses  pour  ce  tableau. 

a.)  Étude  à  la  sanguine  d'après  nature  pour  la  tête  de  sainte  Elisabeth. 
Dans  la  collection  d'Oxford. 

6.)  Autre  esquisse  pour  la  Vierge  et  l'Enfant.  Dans  la  collection  Wicar^ 
à  Lille. 

c.)  Esquisse  semblable,  pour  la  Vierge  et  les  deux  enfants.  Dans  la 
collection  du  duc  de  Devonshire,  à  Chatsworth. 

(/.)  Ëtude  pour  la  tête  de  la  Sainte  Vierge^  aux  deux  tiers  de  nature^  à 
la  pierre  uoire^  et  très-retravaillée.  Ce  dessin^  connu  en  Hollande  sous  le 
nom  de  Madonna  del  Marchesato,  fut  gravé  par  Picart,  pour  les  Impostures 
innocentes.  Il  passa  par  les  collections  du  conseiller  Job.  van  der  Mark^ 
bourgmestre  à  Leyde  (vendu  125  florins  en  1777);  C.  Ptoos  van  Amstel,  à 
Amsterdam  (vendu  160  florins  en  1800)  ;  Udenbrock,  Smetten^  M.  C.  Moyet, 
à  Amsterdam,  en  1840.  Actuellement,  il  est  en  Angleterre. 

e.)  Étude  pour  le  petit  saint  Jean,  à  la  sanguine.  Dans  le  Cabinet  des 
estampes,  à  Berlin. 

Gravures  d'après  la  composition  de  cette  Sainte  Famille, 

Gio.  Bath.  Franco.  Grand  in-folio.  Yoy.  Heinecke,  p.  419,  n*  8  a.  —  Bapt.  Tor* 
bido  del  Moro,  avec  le  paysage  changé.  Grand  in-fol.  Bartsch,  t.  XVI,  p.  183, 
n"  12.  —  Luc.  Yorslerman  scuip.  Seulement  le  groupe,  sur  un  fond  vigoureu^c^ 
traité  un  peu  dans  le  goût  néerlandais.  En  contre-partie.  Exécuté  en  Angleterre. 
»  In-fol.  —  M.  Corneille,  à  l'eau-forte,  en  contre-partie,  petit  in-4».  —  De  Poilly, 
Paysage  différent,  avec  un  pont.  En  contre-partie.  —  De  Poilly  exe,  avec  un 
paysage  différent.  En  contre -partie^  Petit  in-fol.  — Chez  Yallet.  Au  lieu  du  paysage, 
une  chambre;  saint  Joseph  entrant  par  une  porte.  En  contre -partie.  Grand 
in-fol.  —  En  clair-obscur  sur  fond  blanc.  Anonyme,  in-fol.  (Tauriscus,  p.  158, 
n"  14.)  C'est  peut-être  la  planche  de  E.  Kirkall,  d'après  un  dessin  de  G.  Franc. 
Penni.qut  était  chez  le  D'Mead,  à  Londres;  manière  noire,  avec  un  fond  moderne. 
Grand  in-fol. —  Fernando  Selma,  1808,  petit  in-fol.  —  Jos.  Mari,  d'après  une 
copie  qui  était  autrefois  dans  la  maison  Canossa,  à  Vérone,  et  qui  est  actuelle- 
ment chez  le  cav.  Crivelli,  à  Milan.  —  Narcisse  Lecomte  sculp.,  1845,  gr.  in-fol. 
C'est  une  très-belle  estampe.  —  Au  trait,  dans  l'ouvrage  de  Bonnemaison  (Paris, 
1832),  ainsi  que  les  têtes,  de  la  grandeur  de  l'original,  au  crayon  noir.  —  Landon, 
n«  143. 

Une  copie  ancienne  de  ce  tableau  se  trouve  dans  la  collection  Contarini, 
à  l'Académie  de  Venise  ;  mais  elle  a  beaucoup  poussé  au  noir. 

Imitations  de  cette  composition, 

a).  Madonna  délia  Gatta.  Yasari.  dans  la  Vie  de  Jules  Romain,  dit 
qu'après  Tachèvement  du  Couronnement  de  la  Vierge,  pour  le  couvent  de 
Monte  Luce,  tableau  que  celui-ci  avait  peint  en  collaboration  avec  Fran- 
cesco  Penni,  d'après  les  esquisses  de  Raphaël ,  Jules  Romain  travailla  seul 
et  (it  une  Madone  où  se  trouvait  un  chat  rendu  avec  une  telle  vérité,  que 
la  toile  semblait  vivante^  en  sorte  que  le  chat  avait  donné  son  nom  au 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  -     353 

tableau.  Puis,  Vasari  dit  textuellement,  dans  la  Vie  de  Girolamo  da  Carpi 
(t.  VIII,  p.  357],  à  propos  de  la  décoration  d'une  chambre  de  Cesarc 
Goozaga,  à  Manloue  :  «  Vi  ha  messo  oltre  di  questo  alcuni  quadri,  chc 
ccrto  son  rari,  corne  quello  della  Madonna^  dove  è  la  galta,  che  già  IVce 
Baffaello  da  Urbino.  »  Vasari  confond  donc  ici,  à  son  insu,  le  tableau  du 
Chat  avec  le  tableau  de  la  Perle,  en  ce  que  la  composition  de  cet  original 
est  exactement  la  même  que  celle  du  tableau  connu  sous  le  nom  de  la 
Madonna  della  Galta,  avec  cette  seule  diiïérence  que  Jules  Romain  plaça 
un  chat  sur  le  premier  plan  à  droite,  dans  sa  copie  du  tableau  de  Raphaël. 
11  paraît  qu'il  peignit  cette  Sainte  Famille  pour  être  placée  derrière  le 
maître-autel  de  l'église  d'Aracoeli  sur  le  Capitole,  ou  se  trouve  encore 
aujourd'hui  une  ancienne, mais  faible  copie  de  son  tableau,  avec  quelques 
changements,  tandis  que  la  belle  copie  ou  imitation  de  la  peinture  de 
Raphaël  avait  déjà  passé  à  Naples,  à  la  fin  du  dix-septième  siècle,  puis- 
qu'elle est  déjà  décrite  dans  le  catalogue  des  Cento  quadri  per  aîfabelo, 
che  si  conservano  nella  Galleria  Famese,  (Parma,  i  725.)  C'est  un  tableau 
Irrs-habilement  peint,  et,  sans  aucun  doute,  de  la  main  de  Jules  Romain. 
Le  renseignement  que  nous  donne  Gio.  Batt.  Roberti  (Orazione  di  belle  arti, 
1758,  t.  VIII,  p.  89),  sur  l'existence  d'une  troisième  répétition  de  ce 
tableau,  nous  paraît  douteux:  «  Un  quadro  di  Giulio  Romano  rappresen- 
lante  una  Madonna  mandato  a  Perugia ,  fu  detto  il  quadro  della  Gatta.  » 
Dans  tous  les  cas^  ce  tableau  ne  se  trouve  plus  à  Pérouse. 

a.)  De  la  Madonna  della  Galta  il  existe  une  ancienne  et  mauvaise  eau-forte  ita- 
lienne. En  contre-partie.  Grand  in-fol. 

Le  musée  du  Louvre  possède  aussi  de  cette  composition  un  dessin  sur 
papier  gris,  lavé  et  rehaussé  de  blanc.  Un  autre  dessin,  vendu  avec  la  col- 
lection Paignon  Dijonval,  passa  en  Angleterre.  On  montre  aussi  un  carton 
de  ce  tableau,  exécuté  â  la  sépia,  à  l'Académie  de  Florence,  comme  étant 
un  ouvrage  de  Raphaël  lui-même.  Mais  le  dessin  et  l'exécution  en  sont  si 
faibles,  qu*on  ne  pourrait  pas  seulement  l'attribuer  à  un  de  ses  élèves. 

b.)  Chérubin  Alberti  a  gravé,  en  1582,  la  composition  de  la  Perle,  avec  des 
changements:  les  enfants  jouent  avec  un  oiseau  attaché  à  un  fil,  et  à  droite  on 
voit  une  riche  architecture  d'ordre  ionique,  avec  la  statue  de  Moïse  dans  une 
Diche.  En  contre-partie.  Grand  in-fol.  Barlsch,  l.  XVII,  p.  63,  n«  40.  —  Landon, 
n'330. 

Vraisemblablement  cette  gravure  a  été  exécutée  d'après  une  peinture  qui  est 
conservée  depuis  longtemps  déjà  à  Oakover  Hall,  résidence  de  la  famille  de  ce 
nom,  dans  le  comté  de  Derby,  en  Angleterre;  car  nous  avons  appris  que  ce 
tableau  offre  exactement  la  même  composition  que  la  Perle,  à  cette  différence 
prés  que  les  enfants  jouent  avec  un  oiseau.  Bu  reste,  ce  serait,  dit-on,  un  tableau 
d'une  belle  et  puissante  couleur,  puisque  des  connaisseurs  l'attribuent  à  Jules 
Romain. 

c.)  Une  troisième  imitation  de  la  Vierge  à  la  Perle  se  révèle  par  la  gravure  d'un 
ancien  anonyme  italien.  C'est  le  groupe  de  la  Vierge  avec  l'enfant  Jésus  et  le  petit 
saint  Jean  qui  lui  présente  des  fruits.  A  la  place  de  sainte  Elisabeth,  c'est  saint 


I 


254  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

Joseph  qui  est  assit)  à  droite ,  et  cette  sainte  est  reléguée  au  fond  de  la  maison. 
A  gauche,  dans  le  paysage,  il  y  a  un  moulin  auprès  d'un  étang.  Haut.  T  T"  ; 
larg.  10"  4"'.  Landon,  n^*  332.  Tauriscus,  p.  161,  n*  20. 

228.  L'Archange  saint  Michel. 

Tableau  peint  aur  bois  et  transporté  sur  toile.  H.  6'  4'*  8'"^  1.  3*  3". 

Saint  Michel,  descendu  du  ciel  d'un  vol  rapide,  vient  âpeine  de  toucher 
avec  le  pied  Satan,  que  celui-ci  écrasé  ne  cherche  déjà  plus  à  opposer  sa 
fureur  diabolique  à  la  toute-puissance  divine.  L'archange  ailé,  dont  tout  le 
costume  atîecte  un  certain  abandon  de  fantaisie,  tient  sa  lance  à  deux  mains 
et  la  lève  pour  en  frapper  le  démon.  Une  tunique  couvre  son  corps  jusqu'aux 
genoux;  sa  poitrine  est  couverte  d'une  cuirasse  d'écaillés  d'or,  et  sonépée 
est  suspendue  au  ceinturon  qui  entoure  sa  taille.  Ses  jambes  nues  sont 
chaussées  de  gracieuses  bottines  qui  cependant  laissent  voir  rexiréniité 
des  pieds  nus.  Des  flammes  rouges  et  bleuâtres  sortent  des  crevasses  du 
sol  et  le  fond  est  un  paysage  rocailleux  avec  la  mer  au  loin.  Raphaël 
semble  avoir  voulu  exprimer  l'idéal  de  la  force  et  de  la  jeunesse  dans  le 
saint  Michel  dont  les  formes  unissent  la  grâce  d'un  adolescent  à  la  vigueur 
de  l'homme  mûr  et  dont  la  carnation  rosée  indique  elle-même  la  nature 
angélique.  Cette  figure  forme  un  superbe  contraste  avec  celle  de  Tange 
déchu  qui  n'est  plus  qu'un  démon  ;  voilà  pourquoi,  dans  toutes  ces  parties^ 
la  carnation,  magistralement  entendue,  est  d'un  ton  sombre  et  brun. 

Raphaël,  fidèle  à  son  juste  sentiment  de  la  convenance  dans  l'art^  a 
obtenu,  à  l'aide  du  raccourci  donné  à  la  figure  renversée  à  terre,  ce  résul- 
tat ingénieux,  que  l'œil  n'est  point  désagréablement  frappé  par  l'aspect  re- 
poussant de  cette  figure  diabolique,  car  la  puissance  surnaturelle  de  l'ar- 
change domine  seule  dans  cette  composition ,  où  la  laideur  de  Satan  ne 
fait  que  mieux  ressortir  la  majestueuse  beauté  de  saint  Michel. 

Le  ton  général  du  tableau,  qui  ne  consiste,  pour  ainsi  dire,  qu'en  trois 
couleurs  distinctes,  le  bleu,  le  jaune  et  la  couleur  des  chairs,  porte  le  ca- 
ractère d'une  extrême  sévérité;  mais  les  diflérentes  gammes  de  ces  tons 
sont  si  variées,  la  lumière  si  habilement  répandue,  que,  malgré  cela,  la 
couleur,  si  simple  qu'elle  soit,  produit  un  efi'et  magique.  Primitivement^ 
cette  peinture  était  tout  entière  de  la  main  de  Raphaël;  mais  depuis  elle 
a  été  très-retravaillée  et  la  figure  de  Satan  a  beaucoup  souffert.  Néanmoins, 
le  tableau  est  toujours  d'un  effet  saisissant  et  indescriptible. 

Sur  le  bord  du  vêtement  bleu  de  l'archange  on  lit  :  RAPHAËL.  VRBl- 
NAS.  PINGEBAT.  M.D.XVIl. 

Selon  Vasari  S  Raphaël  a  peint  ce  tableau  pour  le  roi  François  l*'  de 
France.  Mais  Pierre  Dan  se  trompe  dans  son  ouvrage  intitulé  :  Trésor  et 

i .  Fece  per  Francia  molti  quadri,  e  parlicol&rmeute  per  il  re  un  S.  Michèle  che  eombaltt 
col  diaTolOy  etc. 


PEINTUBES  DE  RAPHAËL.  355 

merveilles  de  Fontainebleau  y  quand  il  dit  que  le  pape  Clément  Vil  avait 
fait  peindre  ce  tableau  pour  le  roi.  Reyeil  et  Ducbesne  aîné  (Musée  de 
peinture  et  de  sculpture.  Paris,  1828)  se  trompent  aussi  en  disant  que  le 
cardinal  de  Boissi^  légat  du  Saint-Siége  à  la  cour  de  France»  avait  traité 
avec  Raphaël  au  nom  du  roi,  pour  la  commande  du  Saint  Michel.  La  vérité 
€8t  que  ce  tableau,  aussi  bien  que  celui  de  la  grande  Sainte  Famille, 
avait  été  commandé  personnellement  par  Laurent  de  Médicis  qui  voulait 
les  offrir  en  présents  au  roi  de  France,  afîn  de  gagner  sa  bienveillance  et 
d'obtenir  son  appui  dans  les  injustes  prétentions  qu'il  conservait  sur  le 
duché  dUrbin.  Cétait  aussi  pour  ce  même  motif  qu'il  s'était  rendu  lui- 
même  en  France.  Nous  trouvons  des  renseignements  suffisants  à  ce  sujet 
dans  la  correspondance  (publiée  par  le  docteur  Gaye  M  de  Goro  Gheri,  de 
Florence,  avec  Baldassare  Turini,  à  Rome,et  dans  celle  du  même  Goro  Gheri 
avec  Laurent  de  Médicis.  Dans  cette  correspondance  nous  voyons  que  Ton 
pressait  beaucoup  Raphaël  pour  l'achèvement  de  ces  deux  tableaux,  qu'il 
les  termina  au  mois  de  mai  1518,  et  qu'ils  furent  envoyés  â  dos  de  mulets, 
sous  la  garde  d'un  de  ses  domestiques,  par  le  chemin  de  Florence  et  de 
Lyon,  à  Laurent  de  Médicis,  qui  était  alors,  selon  toute  apparence,  à  Fon- 
tainebleau. Pour  ce  qui  concerne  le  premier  de  ces  deux  tableaux,  on 
peut  admettre  que  le  peintre  a  fait  allusion  à  l'ordre  de  Saint-Michel, 
fondé  en  1469  par  le  roi  Louis  XI;  mais  il  n'y  a  aucune  espèce  de  fonde- 
ment à  cette  opinion  avancée  par  quelques  historiens  modernes,  que  ce 
sujet  devait  indiquer  allégoriquement  que  le  roi  de  France,  en  sa  qualité 

I .  CarteggiOy  etc.  tom.  II,  n"  xc  et  xci,  où  il  dit  : 

«  25  marzo  1518...  Alla  Exe.  del  duca  ad^iserô  qaello  advisate  délia  dillgeiuia  che  vi  ha 
RafTaelIo  da  Urbino  in  la^orare  quelle  6^re,  che  ha  ordine  da  S.  Eic.  ;  il  che  so  che  sara 
molto  grato  a  S.  Exe.  intendere. 

>  1 1  Aprile  IKIÔ...  La  Exe.  del  duea  ricorda,  corne  avete  tisto  per  la  sua/  che  si  solledti 
Baffaello  da  Urbino  a  finire  piû  presto  che  pu6  quelle  opère  che  fa  per  S.  Exe.  ecoà  tI  ricordo 
che  spesso  glielo  facciate  ricordare. 

•  ...  15  Aprile  1518...  Intendo  anco  quanto  dite  del  S.  Michèle  et  nostra  donna,  che  fa 
Baffaello  da  Urbino  :  che  sarà  cosa  molto  grata  alla  Exe.  del  duca  intendere. 

>  ...  8  Maggio  1518...  Circa  le  picture  intenda  che  nostro  sîgnore  Yuole  che  vadino  per 
terra;  iaccisi  quello  che  piace  a  sua  Santità.  Yrdete  riccordare  Kaffaello  che  le  acconci  et  facci 
in  modo  che  per  la  Tia  non  si  guastassino,  maxime  se  piovesse. 

€  ...  3  Giugno  1518..-  El  lavoro  di  Raffaello  da  Urbino  crediamo  saria  bene  mandato  per 
mare  fine  in  ProTenza,  et  corne  advisate ,  perche  anderebbe  piû  comodamente  e  con  manco 
spesa  et  fastidio,  che  di  li  poi  ordineremo  quello  che  se  ne  habbi  da  fare. 

«  ...  17  maggio  1518...  Grca  li  quadri  et  picture  che  ha  facto  RafTaelIo  da  Urbino,  intendo 
quanto  avisate,  che  non  accade  dir  altro;  havete  facto  bene  a  dirizzargli  alli  Barthalini  a 
Lione,  do-ve  troveranno  ordine  quello  haranno  a  fare. 

Goro  Gheri  a  Lorenzo  de*  Hedici  duca  d' Urbino  (in  Francia)  da  Firenze  3  giugno  1518. 

«  ...  Le  picture  che  ha  facto  Raffaello  d*Urbino  sono  a  Firenze,  domaltina  si  partiranno  li 
mulatieri  che  le  portano.  RaffaeUo  ha  mandato  con  quelle  un  suo  garzone. 

«  ...  10  Giugno  1518...  Le  figure  sono  partite  per  a  Lione,  le  quali  abbiamo  indrizzati  a 
Barthalini.  ■ 


256  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

de  fils  aîné  de  TËglise  et  de  grand  maître  de  Tordre  de  Saint-Micliel,  avait 
à  combattre  les  doctrines  de  Luther  qui  envahissaient  l'Allemagne  à  cette 
époque,  car  c'est  seulement  la  veille  de  la  Toussaint  de  l'année  15i7,  que 
Luther  affichait  publiquement ,  pour  la  première  fois,  les  quatre-vingt- 
quinze  articles  dirigés  contre  l'abus  des  Indulgences  papales;  mais  le  pape 
lui-même  attachait  si  peu  d'importance  à  cet  événement,  que,  sur  les  accu- 
sations portées  contre  Luther  par  le  Prierias,  Léon  X  répondit  froidement  : 
que  le  frère  Mailin  avait  un  extrême  bel  esprit  et  que  ces  accusations  n'é- 
taient que  des  jalousies  de  moine  (che  fra  Martino  aveva  un  belUssimo  inge- 
gno,  e  che  coteste  erano  invidie  fratesche.  —  Colomessi  Opéra,  ed  Fabric, 
p.  322.)  Il  paraît  que  cette  peinture  avait  souffert  en  route  ou  qu'on  la 
traita  négligemment  en  France,  car,  dans  les  comptes  de  1533  à  1546, 
on  lit  l'article  suivant  :  «  A  Francisque  de  Boulogne,  peintre,  la  somme  de 
i  {  livres  pour  avoir  vaqué,  durant  le  mois  d'octobre,  à  laver  et  nettoyer 
le  vernis  à  quatre  grands  tableaux  de  peinture,  appartenant  au  roy,  de  la 
main  de  Raphaël  d'Urbin,  à  savoir  :  le  Saint  Michel,  la  Sainte  Marguerite^ 
Sainte  Anne  et  le  portrait  de  la  vice-royne  de  Naples.  »  (  Voyez  Léon  de 
Laïiorde,  la  Renaissance  des  arts  en  France,  p.  33.)  En  1753,  le  tableau 
fut  transporté  sur  toile  par  Picault,  qui  le  restaura  de  nouveau  en  1776. 
Picault  fils  le  nettoya  une  seconde  fois  en  1800,  et,  en  dernier  lieu,  il  a 
été  délivré  de  ses  repeints  les  plus  considérables  par  le«  soins  de  Hacquin, 
si  bien  que  le  maître  a  enfin  en  quelque  sorte  reparu.  Mais  on  comprend 
que  tous  ces  nettoyages  et  toutes  ces  restaurations  n'ont  pu  que  lui  être 
nuisibles  ^ 

Gravures  :  Nie.  BealrizeUo.  Bartsch,  t.  XV,  p.  254,  n»  30.  —  Par  un  graveur 
français  anonyme  du  seizième  siècle,  et  trés-grossicrement  exécutée.  Haut.  17", 
larg.  12"  4'".  —  Mauvaise  eau-forte,  par  un  ancien  Français,  avec  ces  roots  : 
5.  Uiehael diabolutn  dtbeUant,  etc.,  in-8*>.  —  Seulement  le  trait,  gravé  chezTesteliD. 
Très>faiblc.  In-fol.  —  Petrus  Lombartus,  1641,  in-fol.  —  Nie.  de  Larmessin,  pour 
le  CaMnei  Croxal,  in-fol.  —  Egidius  Rousselet,  in-fol.  —  L.  Surruguc,  in-8».  — 
J. Haussard,  cintrée  dans  le  haut.  Petit  in-fol.  —  N.  Bazin,  chez  Mariette,  peill 
in-8*.  —  Chez  B.  Bazin,  in-4*.  —  Par  un  anonyme,  avec  :  5.  Michel  diabolum  de- 

bellam.  Chez  Jacques  Chereau,  avec  une  bordure.  Haut.  9"  4"*,  larg.  7"  3'" 

F.  Chereau  se.  Le  haut  cintré.  Petit  in-folio.  —  An.  Séraphin,  chez  Edulinck. 
En  contre-parUe.  Grand  in-folio.  —  J.  Godefroy,  1810,  grand  in-folio.  —  H.-G. 
Chatillon,  grand  in-fol.  —  G.  Liideritz  se,  petit  in-folio.  —  Alexandre  Tardieu , 
pour  le  Musée  Napoléon^  in-fol.  —  Pigeot,  pour  la  Galerie  Filhol,  in. 8*.  —  Landon, 
n«n2. 

Dans  la  collection  de  feu  M.  Th.  Hope  à  Londres,  il  se  trouve  une  belle 
copie  ancienne  qui  est  attribuée  à  Jules  Romain,  mais  qui  fut  vraisembla- 
blement exécutée  en  France  par  un  Italien.  La  galerie  de  Schleisbeim 
possède  aussi  une  bonne  copie  de  ce  tableau.  Dans  la  galerie  Aguado  il  y 

1.  E&tinié  200,000  fr.  dans  restim&tion  par  experts  des  tableaux  du  LouTrc.  Catalogue  des 
Écoles  dUtalie,  par  M.  Villot,  r«  édition  de  f849.  (<Yo(«  de  Ndileur.) 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  257 

avait  uDe  ancienne  copie^  de  la  même  grandeur  que  l'original^  qui  était 
cataloguée  dans  cette  collection  sous  le  nom  de  Raphaël. 

A.  B.  Desnoyers  cite^  dans  son  Appendice  à  la  Vie  de  Raphaël,  par  Qua- 
tremère  de  Quincy,  p.  36,  une  répétition  du  tableau  de  Saint  Michel, 
que  Raphaël  aurait  peinte  pour  Charles-Quint,  et  qui  se  trouve  à  présent 
chez  M.  de  Coreil,  rue  Vendôme,  au  Marais.  Toutefois,  la  figure  du  démon 
parait  avoir  été  exécutée  par  une  autre  main.  Il  y  a  encore,  à  Paris,  des 
copies  anciennes  de  ce  tableau  dans  les  églises  de  Saint-Germain  des  Prés 
et  de  Saint-Sulpice;  cette  dernière  peinte  par  Mignard. 

Une  prétendue  étude  pour  la  tète  de  saint  Michel,  peinte  sur  papier,  fut 
Tendue  à  Paris,  le  iO  mai  1832,  dans  la  succession  du  baron  F.-R.  de  Sil- 
vestre^  professeur  de  dessin  de  Louis  XYI.  H.  48";  1. 21".  Un  dessin  au 
bistre,  d'après  le  tableau,  a  été  vendu,  en  1850,  à  La  Haye,  pour  430  flo- 
rins, à  M.  Sam.  Woodbum  de  Londres  ^ 

229.  La  grande  Sainte  Famille  (1518). 

Peint  sur  bois  et  transporté  sur  toile.  H.  6*  5";  1.  4'  3". 

La  Vierge,  se  penchant,  prend  sous  les  bras  l'enfant  Jésus,  qui  de  son 
berceau  s'élance  vers  elle.  A  gauche,  sainte  Elisabeth  est  agenouillée  avec 
le  petit  saint  Jean,  auquel  elle  joint  les  mains  comme  pour  l'invitera  l'ado- 
ration. A  droite,  derrière  la  Vierge,  Joseph  dans  une  altitude  contempla- 
tive, et,  de  l'autre  côté,  deux  anges  dont  l'un  a  les  bras  croisés  sur  sa  poi- 
trine et  l'autre  élève  les  siens  en  répandant  des  fleurs.  Le  fond  est  formé 
par  le  mur  d'une  chambre,  avec  un  rideau  vert;  à  gauche,  un  peu  de  ciel. 
Sur  le  bord  de  la  robe  de  la  Vierge  on  lit  :  RAPHAËL.  VRBINAS.  PINGE- 
BAT.  MDXVIII. 

Vasari  désigne  ce  tableau  très-imparfaitement  dans  la  Vie  de  Jules  Ro- 
main :  a  Et  il  peignit  à  l'huile  un  très-beau  tableau.d'une  Sainte  Elisabeth 
de  Raphaël,  que  celui-ci  envoya  au  roi  de  France  avec  un  autre  d'une 
Sainte  Marguerite,  que  Jules  Romain  avait  exécuté  presque  seul,  d'après 
un  dessin  de  Raphaël.  Le  même  envoya  aussi  au  roi  le  portrait  de  la  vice- 
reine  de  Naples,  auquel  il  avait  seulement  peint  la  tête  d'après  nature, 
mais  tout  le  reste  fut  exécuté  par  Jules  Romain.  »  De  ce  passage  il  ré- 
sulte pourtant  que  Jules  Romain  a  ébauché  tout  le  tableau  de  la  Sainte  Fa- 

t.  Le  Catalogne  raisonné  de  fœuTre  dMsraël  Biheslre,  par  M.  L.-E.  Faucheux  (Paris,  1857, 
in-8},  nous  fournira  des  renseignements  plus  explicites  sur  ce  dessin  :  •  Une  étude  de  Raphaël, 
représentant  U  tète  de  saint  Mij^hel  faite  pour  le  tableau  peint  par  ce  maître  en  1517,  tableau 
représentant  saint  Michel  terrassant  le  démon,  et  qui  est  au  musée,  a  été  estimée  4  livres  par 
Coypel.  Cette  étude  avait  été  rapportée  d'Italie  par  Sihestre  ;  elle  est  peinte  sur  papier  et  collée 
sur  bois  ;  elle  resta  dans  la  famille,  parce  que,  dit  une  note  de  Tinventaire ,  les  tableaux  ne 
trouvaient  pas  marchand  au  prix  d'estimation.  Lorsqu'en  1811  on  fit  la  vente  des  tableaux 
et  gravures  de  Jacques-Auguste  de  Silvestre,  cette  étude  fut  vendue  1,500  fr.  et  achetée  par 
II.  Dufoumy.  Revenue  dans  la  famille  Silvestre,  elle  fut  vendue  une  seconde  fois  en  1851,  après 
le  décès  de  M.  Auguste-François  de  Silvestre,  au  prix  de  820  fr.  t  {Noie  de  l'édileur.)    ^ 

M.  17 


i58  PEINTURES  DE  RAPIIAEL. 

mille  et  qu'il  l'a  même  achevé  en  partie.  On  comprend  donc  maintenant 
pourquoi  les  chairs  sont  parfois  d'un  ton  un  peu  rouge  et  les  ombres,  en 
général^  un  peu  brunes  ou  noirâtres.  C'est  de  là  qu'on  a  tu  surgir  en  France 
cette  opinion,  que  Raphaël  fut  un  mauvais  coloriste,  tandis  que,  non-seu- 
lement dans  ses  fresques,  mais  encore  dans  ses  tableaux  à  l'huile  et  notam- 
ment dans  la  Madone  de  Fuligno ,  dans  la  Sainte  Cécile  et  dans  le  tableau 
tle  Dresde,  le  maître  a  suffisamment  prouvé  qu'il  occupait  aussi  une  des 
premières  places  parmi  les  peintres  coloristes.  Au  reste,  dans  le  tableau  de 
la  grande  Sainte  Famille  du  Louvre,  il  y  a  des  parties  colorées  en  maître, 
comme  la  tête  de  saint  Joseph  et  celle  de  la  Vierge,  tandis  qu'au  contraire 
les  têtes  des  anges  sont  aussi  dures  de  dessin  que  sèches  de  coloris. 

P.  Dan,  dans  son  Jr^or  des  merveilles  de  Fontainebleau  (Paris,  1642,  in- 
folio),  dit,  en  parlant  de  ce  tableau,  «  que  le  roy  François  l'acheta  au  prix 
de  vingt-quatre  mille  francs.  Il  s'en  voit  un  grand  nombre  de  copies.  i» 
Mais  nous  avons  prouvé  par  la  correspondance  de  GoroGheri,  à  l'article  du 
grand  Saint  Michel,  que  Raphaël  a  exécuté  cette  Sainte  Famille  sur  la  com- 
mande de  Laurent  de  Médicis.  Ainsi  tombent  d'elles-mêmes  toutes  ces 
belles  histoires  faites  à  plaisir  sur  ces  deux  tableaux,  sur  Raphaël  et  sur 
le  roi  François  I**",  anecdotes  qui  ne  sont  plus  même  dignes  d'être  citées. 
'  Voici  ce  que  rapporte  Usteri,  au  sujet  de  ce  tableau^  dans  une  note  sur 
les  Lettres  de  Witikelmann  à  son  ami  en  Suisse  (1 788,  p.  83)  :  «  La  grande 
Sainte  Famille  de  Raphaël  était  autrefois  placée  à  Versailles  au-dessus 
d'une  cheminée;  on  doit  à  M.  Wille  (le  graveur  de  Kœnigsberg,  à  Paris) 
qu'elle  fut  éloignée  de  la  fumée  et  placée  dans  une  antichambre  sans 
cheminée.  »  Comme  le  panneau  sur  lequel  était  peint  ce  tableau  avait 
beaucoup  soufTert,  il  fut  transporté  sur  toile,  et  en  général  il  est  aujour- 
d'hui dans  un  état  satisfaisant,  sauf  ce  ton  brun  que  lui  donna  sans  doute 
le  noir  de  fumée  dont  Jules  Romain  s'est  servi  pour  l'ébauche  ^ 

Gravures  de  ce  tableau. 

Dans  la  manière  de  Garaglio  :  dans  le  haut,  à  gauche,  on  lit  lAvê^  ^aria...  amen. 
Dans  le  bas,  à  droite,  U  y  ^  quelquefois  les  deux  lettres  :  R.  Y.  H.  15"  9"'; 
i.  10"  3"'.  Yoy.  Heinecke,  n"  l.  —  E.  Rousselet,  Le  Blond  exe.  En  contre-partie. 
Grand  in-fol.  —  C.  Duflos,  en  contre-partie,  petit  in-4*.  —  Chez  N.  Bazin,  en 
contre-partie,  petit  in-foi.  —  Gérard  Edeiinck  sculp.  En  contre-partie.  C'est  une 
estampe  admirable,  in-fol.  Premières  épreuves,  sans  les  armes  de  Colben. 
Deuxièmes  épreuves,  avec  les  armes.Troisièmes,  les  armes  enlevées.  —  Jac.  Frey, 
pour  le  Cabinet  Crozat,  En  contre-partie,  in-fol.  —  P.  Drevet  exe.  Le  haut  cintré. 
Petit  in-fol.  —  P.  Drevet  exe.  Bonne  petite  planche,  par  un  anonyme.  —  Jacques 
Gbereau  jun.  Le  haut  cintré.  Petit  in-fol.  —  B.  Picart  (sous  la  direction  de). 
H.  5"  6'".  —  De  Poilly,  en  contre-partie,  grand  in-lol.  —  Chez  de  Poilly.  Le 

1.  Estimé  110,000  fr.  sous  rEmpire  et  100,000  fr.  sous  la  Restauration,  dans  lesestigna- 
tions  officielles  des  tableaux  du  Louvre.  Catalogue  des  Écoles  d'Italie,  par  H.  ViUot,  i'*  édit. 
^  \9A9.  (Noté d$  l'éditeur.) 


PEINTURES  DE  BAPfiAEL.  ^59 

hanl  un  peu  cintré,  faible.  Petit  in-fol.  —  Chez  Vallet,  en  contre-partie,  grand 
in-fol.  —  Edelinck  jun.  sculp.,  chez  J.  Bonnart.  Mauvaise  planche  grand  in-fol. 
—  G.  Montbard  exe,  avec  une  bordure.  Petit  in-folio.  —  Giampicoli  inc,  grand 
in-8».  —  Leodii  Michael  Natalis,  Calcographut  S.  S.  Cet.  E.  Col.,  petit  in-fol.— 
F.  Borsi.  Mauvaise  planche  in-fol.  — Joh.  Emili.  Rom»,  1793.  En  contre-partie. 
In-fol.  —  P.  Schenck,  à  Amsterdam,  à  la  manière  noire.  En  contre-partie.  Petit 
in-fol.  —  La  môme,  plus  petite,  sans  le  nom.  —  E.  Kirkall ,  à  la  manière 
noire.  Gr.  in-fol.  —  Gravé  à  la  roulette,  chez  Colnaghi  et  compagnie.  Londres, 
1795,  in-fol.  —  L.  Schiavonetti ,  the  ffoly  Family,  in-fol.  C'est  une  copie  d'après 
Edelinck.  —  Giuseppe  Asioli  da  Coreggio,  1814,  in-fol.  —  Thouvenin,  in-fol.  — 
Ch.  Louis  Schuler  de  Strasbourg,  1824.  Gr.  in-fol.  —Jos.-Theo.  Aichomme,pour 
le  Mutée  Napoléon ,  in-fol.  —  L.  Pouquet  pour  la  Galerie  Filhol.  ln-8.  —  Aug. 
Spiess,  sur  acier.  Gr.  in-fol.  —  Lith.  par  J.  GaufT,  chez  Stem,  à  Francfort-sur- 
Mein.  En  contre-partie,  d'après  Edelinck.  In-fol.  — ^  Gravé  par  N.  Desmadryl, 
grand  in-folio.  —  Lithograph.  par  Léon  Noël.  Grand  in-folio.  —  Gravé  par  Dien  et 
Th.  Richomme,  pour  Artaria  à  Mannheim.  —  Landon,  n"*  105. 

Dans  le  catalogue  de  Tauriscus,  sont  encore  indiqués,  p.  149  :  Virgile  Solis,  et 
ao  trait,  par  Testelin,  in-fol.  »  Etudes  d'après  les  tètes  gravées,  par  Bouqué. 
6  pi.  (p.  285,  n«10). 

Buste  de  la  Vierge  dans  un  ovale.  Mater  Amabilité  tournée  à  droite.  Boulanger 
fec.  Gr.  in-fol. 

Études  pour  ce  tableau. 

a.)  Esquisse  pour  la  Vierge^  à  la  sanguine.  Collect.  du  Louvre.  Fac- 
similé  par  Butavand.  —  Landon,  n'  217. 

6.)  Étude  pour  la  draperie  de  la  Vierge.  Collect.  de  Florence. 

c.)  Esquisse  pour  l'enfant  Jésus,  d'après  nature,  à  la  sanguine.  Collect. 
de  Florence.  A  la  vente  de  La  Haye,  en  4850,  il  s'en  est  trouvé  une  copie 
qui  fut  vendue  195  florins. 

Copies. 

a.)  Nous  en  avons  vu  une,  sur  toile,  de  la  grandeur  de  l'original,  en 
1831,  chez  les  frères  Woodburn,  à  Londres. 

6.)  Une  autre,  de  Mignaid,  d'un  format  plus  petit,  se  trouvait  en  1831 
chez  M.  Cousin,  à  Paris.  11  la  mit  en  vente  à  Londres,  Tannée  suivante, 
pensant  posséder  un  original  du  maître.  Elle  l'ut  achetée  par  le  chirurgien 
M.  Nossoc. 

c.)  Exécutée  à  fresque  par  Rafaele  délie  Colle,  dans  l'église  del  Corpus 
Domini,  à  Urbania. 

d.)  On  se  servit  de  cette  même  composition  pour  un  carton,  d'après 
lequel  ou  voulait  vraisemblablement  faire  tisser  une  tapisserie,  en  y  ajou- 
tant encore  quelques  figures  aux  deux  côtés.  Ainsi,  derrière  sainte  Elisa- 
beth, on  voit  le  vieux  Zacharie  et  deux  figures  de  femme  auprès  de  saint 
Joseph,  qui  contemplent  cette  scène  avec  admiration;  tout  à  fait  dans 
le  coin,  il  y  a  encore  la  tête  d'un  homme.  Dans  le  haut,  un  ange  qui  voie 
horizontalement,  répandant  des  fleurs,  remplace  les  anges  qui  se  trou- 
vent dans  le  tableau  original.  Ce  carton ^  dessiné  à  la  pierre  noire ,  a  été 


360  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

autrefois  colorié,  mais  les  couleurs  ont  presque  entièrement  disparu. 
  juger  la  manière  dont  il  est  traité,  il  paraît  avoir  été  exécuté  du  temps 
du  Primai  ice.  11  est  maintenant  à  Broughton  Hall,  ancienne  résidence  des 
ducs  de  Montagne,  possession  actuelle  du  duc  de  Buccleuch.  Selon  uoe 
tradition,  ce  carton  aurait  été  offert  en  présent  au  roi  d'Angleterre,  avec 
d'autres  objets  d'art,  par  le  duc  de  Beaumont,  lorsque  celui-ci  sortit  de 
France.  Voy.  notre  KunstreUe  durch  England  und  Belgien,  p.  188. 

230.  La  Sainte  Marguerite.  -^ 

Sur  bois.  H.  5' 8";  I.  3' 7". 

Sainte  Marguerite,  qui  résista  aux  tentations  de  ce  monde  par  la  puis- 
sance de  la  foi ,  a  toujours  été  représentée  domptant  un  dragon.  Dans  ce 
tableau ,  nous  voyons  aussi  une  figure  virginale  d'une  extrême  noblesse  , 
marchant  sur  un  affreux  dragon,  qui  se  roule  à  ses  pieds.  Elle  tient  une 
branche  de  palmier  dans  sa  main  droite,  et  de  la  gauche  son  manteau^ 
qui  lui  couvre  les  épaules.  Pour  fond,  une  colline  plantée  d'arbres.  Nous 
avons  rapporté  plus  haut  un  passage  de  Vasari  dans  sa  Vie  de  Jules 
Romain,  d'après  lequel  celui-ci  avait  presque  entièrement  exécuté   le 
tableau  de  cette  Sainte  Marguerite  sur  un  dessin  de  Raphaël  ;  cette  asser- 
tion est  confirmée  par  le  coloris  rougeâtre  des  chairs  et  le  ton  puissant  de 
tout  ce  tableau.  Pierre  Dan  raconte,  sans  toutefois  fournir  la  moindre 
preuve  de  ce  qu'il  avance,  que  ce  fut  un  gentilhomme  florentin  qui  Gtdon 
de  ce  tableau  à  Téglise  Saint-Martin  des  Champs,  à  Paris,  et  que  ledit 
tableau  fut  plus  tard  acheté  par  le  roi  Henri  IV.  Vasari,  qui  écrivait  en 
Italie  un  demi-siècle  avant  l'auteur  du  Trésor  des  merveilles  de  Fontaine- 
bleau, dit  expressément  que  Raphaël  envoya  la  Sainte  Marguerite  au  roi 
de  France,  et  nous  trouvons  ce  tableau  déjà  mentionné  parmi  ceux  qui 
furent  nettoyés  par  le  Primatice  en  1530.  Nous  avons  aussi  déjà  exprimé 
l'opinion  que  le  choix  du  sujet  de  ce  tableau  avait  pu  être  déterminé  par 
le  nom  de  la  sœur  du  roi,  Marguerite  de  Valois.  -^  Ce  tableau,  transporté 
sur  toile,  fut  tant  nettoyé  en  plusieurs  endroits,  que  le  fond  de  la  toile  a 
été  mis  à  découvert,  et  de  plus  il  a  été  fortement  repeint.  La  draperie 
bleue  et  le  manteau  rouge  portent  le  cachet  de  l'école  française  du 
dix-septième  siècle.  C'est  la  gueule  béante  du  dragon  qui  est  la  partie  la 
mieux  conservée  du  tableau.  Cependant  toutes  ces  restaurations  plus 
ou  moins  maladroites  n'ont  pu  détruire  l'expression  d'innocence  et  de 
naïveté  de  la  tête  de  la  sainte,  et  le  génie  de  Raphaël  brille  encore  à  tra- 
vers les  vêtements  ^  Actuellement  ce  tableau,  après  avoir  disparu  long- 
temps des  salles  du  Louvre,  a  été  rendu  aux  amis  des  arts'*. 

1.  Selon  la  première  édition  du  Catalogue  des  Écoles  d'Italie,  de  M.  Viltot  (1849),  ce  tableau 
n'était  estimé  que  1 ,000  fr.  {Noie  de  l'éditeur.) 

2.  Les  comptes  des  B&timents  royaux  nous  fournissent  le  renseignement  suivant  :  •  Donne  la 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  âCI 

Gravures  d'après  ce  tableau, 

Phil.  Thomassin,  1589,  in-fol.  —  Egidius  Roosselet.  In-fol.  —  Ls.  Surugue. 
En  coDlre-partie,  pour  le  Cabinet  Crosat.  In*fol.  —  B.  Picartexc,  en  conirc-partic. 
Gr.  inS.  —  Chez  Y*  Chereau ,  sans  nom,  mais  vraisemblablement  de  B.  Audran, 
arec  la  légende  de  la  sainte.  Petit  in-fol.  —  Mariette  exe. ,  en  contre-partie.  Planche 
duré.  In-fol.  —  Marie  Briot.  In-fol.  —  Sandrart  exs.  Raide.  In-fol.  —  C.  Fiori, 
gravurevigoureusedansla  manière  de.s  Néerlandais.  In-fol. — Gio.  MarlaVariana 
formis.  Genova.  A  Teau-forte.  Petit  in-fol.  —  A.  B.  Desnoyers,  1832.  Gr.  in-fol. 
—  Seulement  jusqu'aux  genoux ,  sans  le  dragon ,  par  Metzmacher,  Paris ,  chez 
A.  Hauser,  in-fol.  —  Landon,  Yi*  111. 

Copies  d'après  ce  tableau» 

a.)  Une  belle  copie  de  ce  tableau  passa  de  la  collection  de  Jabach ,  de 

Cologne,  dans  celle  du  peintre  HofTmann,  de  la  même  ville,  après  la  mort 

duquel  le  tableau  fut  porté  à  Vienne  par  le  D'  Huybens,  pour  y  être  mis 

en  vente.  Nous  n'avons  pu  obtenir  aucun  renseignement  sur  le  sort  de 

celte  copie.  On  sait  seulement  qu'elle  est  absolument  conforme  avec  le 

tableau  original ,  et  elle  offre  plusieurs  parties  repeintes,  surtout  le  bras 

gauche  de  la  sainte.  La  draperie  supérieure  rouge  a  pâli. 

Il  existe  une  petite  gravure  d'après  ce  tableau,  par  Meno  Haas,  dans  le 
Rheinitchen  Taschenbueh.  In-12.  —  Gravé  à  Vienne  par  Cari  Rahl.  In-fol. 

h.)  M.  Andrae,  à  Offenbach,  possédait  une  copie  toute  semblable  ii  la 
préœdenle,  à  moins  toutefois  que  ce  ne  fut  la  même,  ce  qui  n'est  pas 
impossible. 

231.  La  Sainte  Marguerite  de  la  galerie  de  Vienne. 

Sur  bois.  H.  5*;  I.  3' 10". 

C'est  une  remarquable  répétition  du  tableau  précédent,  avec  d'impor- 
tants changements.  La  sainte,  sortant  de  la  caverne,  tient  \in  petit  cruciiix 
de  la  main  gauche,  et,  avec  son  bras  droit  qu'elle  abaisse  sur  son  corps, 
elle  relève  la  draperie  rouge  qui  tombe  de  son  épaule  gauche.  Ici,  son 
regard  ne  se  dirige  point  vers  le  spectateur,  mais  il  se  fixe  vers  le  dragon 
qui  se  roule  affreusement  à  ses  pieds. 

Le  plus  ancien  renseignement  que  nous  ayons  sur  ce  tableau  est  fourni 
par  l'Anonyme  de  Morelli,  p.  72  :  «  In  casa  di  M.  Zuanantonio  Venier  in 
Venezia,  1528.  La  tela  délia  S.  Margarita  poco  minor  del  naturnle  fu  de 
man  de  Raffaello  de  Urbino,  che  la  fece  a  Don...  Abate  de  S.  Benedetto, 
che  la  donô  ad  esso  M.  Zuanantonio  :  ed  è  una  giovene  ritta  in  piedi  con 
panni  apti  ed  eleganti,  parte  delli  quali  tiene  con  la  man  destra;  con  un 

somme  de  unze  livres  à  Francisque  Primadice,  de  Boulogne,  le  peintre,  pofur  avoir  vaqué  durant 
le  mois  d* octobre  1530  à  laver  et  nettoyer  le  vernis  à  quatre  grands  tableaux  appartenant  au 
Roy,  de  la  main  de  Raphaël  d'Urbin  ;  à  savoir  :  le  Saint  Michel,  la  Sainte  Marguerite,  Sainte  A.nne 
et  le  portrait  de  la  Roync  de  Naples.  ■  La  Sainte  Marguerite  se  trouvait  encore  à  Fontainebleau 
en  1589.  Yoy.  Léon  de  Laborde,  la  lienaiîtance,  etc.,  t.  I,  p.  33.  (JSoU  de  l'éditeur.) 


262  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

aère  bellissimo,  con  li  occhi  chinati  in  terra,  con  la  carne  bruna,  corne 
era  peculiar  air  artefice,  con  un  crocitisso  piccolo  in  la  man  sinistra,  con 
un  dracone  che  gira  atturno  a  lei  in  terra,  ma  si  discosto  perô  da  lei,  che 
la  si  vede  tutta  inslno  aile  piante,  ne  l'ombra  pur  del  dracone  la  tocca, 
per  essere  el  lume  e  lo  veder  alto,  con  una  grotta  da  drieto  che  aiuta 
la  figura  a  rilevarsi  :  ed  è  opéra  in  somma  irrëprehensibile.  » 

Nous  trouvons  un  second"  renseignement  dans  la  Caria  del  navigar 
piïorc5co(Venezia,i660,  t.  IV,  p.  45),  où  l'auteur,  Marco  Boschini,  célèbre 
la  collection  de  l'arcbiduc  Léopold-Guillaume,  d'après  le  t^^^raoignage  du 
peintre  Pietro  Liberi,qui  avait  fait,  pour  la  voir,  un  voyage  à  Vienne 
en  4658  et  4659.  Marco  Boschini  dit  expressément  que  la  Sainte  Margue- 
rite de  Raphaël  était  restée  pendant  cent  ans  dans  la  maison  Priuli^  à 
Venise,  avant  d'aller  en  Allemagne. 

Stà  volu  si.  per  termine  corlese, 

Porlar  la  Magarita  preciosa 

Yoi  tra  ste  zogie  per  zogia  famosa 

Che  gran  tempo  liebe  aibergo  in  sto  paese. 

Per  esser  stà  nutrida  in  stà  Cita 
CenVani  in  Cà  Priuii,  in  regia  stanza, 
L'ha  privilcgio  de  citadinanza 
E  d'ogni  forestir  l'ancianità. 

Questa  xè  quela  santa  Margarita 

Si  segnalada,  e  de  si  gran  valor  ; 

Certo  che  Rafaël  s'ha  fato  honor  : 

L'è  '1  plù  bel  quadro,  che  'I  fesse  in  sô  vita. 

Cependant,  le  même  Boschini  dit  dans  un  autre  ouvrage  :  Le  Minière  di 
pittura  (Venezia,  4664,  in-42,  p.  525),  que  l'original  de  cette  Sainte  Mar- 
guerite avait  passé  en  Angleterre,  mais  qu'il  s'en  trouvait  une  copie  dans 
la  chapelle  de  la  famille  Priuii,  à  l'église  S.  Michel  des  Camaldules,  sur 
l'île  Murano:  Cette  copie  resta,  en  effet,  dans  cette  église  jusqu'à  l'année 
4797,  comme  l'inditiue  le  Trattato  délia  pittura  veneziana  (Venise,  4797, 
t.  Il,  p.  438).  L'assertion  de  Boschini  coïncide  avec  celle  que  Pierre 
Mariette  a  consignée  dans  le  texte  du  Cabinet  Crozat,  t.  1,  p.  7,  en 
disant  que  le  tableau  de  la  Sainte  Marguerite,  qui  était  alors  dans  la 
possession  de  l'archiduc,  provenait  de  la  collection  du  roi  d'Angleterre, 
il  est  vrai  que  ce  tableau  ne  se  trouve  pmnt  décrit  dans  te  Catalogue 
des  ouvrages  d*art  appartenant  au  roi  d'Angleterre,  par  van  der  Doort; 
mais,  comme  d'autres  ouvrages  excellents  qui  faisaient  partie  des  collec- 
tions de  Charles  l^*"  n'ont  pas  été  davantage  indiqués  dans  ce  catalogue, 
il  est  permis  d'admettre  que  ce  tableau  a  pu  être  acheté  par  l'archiduc 
Léopold-Guillaume,  gouverneur  des  Pays-Bas  espagnols,  lequel  avait  acquis 
beaucoup  de  tableaux  eu  Angleterre,  à  cette  époque.  Il  est  certain  que 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  265 

l'archiduc  Léopold-Guillaume  quitta  Bruxelles  en  1657,  pour  aller  s'établir 
à  Vienne,  avec  tous  ses  objets  d'art,  et  qu'en  vertu  de  son  testament, 
daté  de  Kaiser-Ebersdorf,  du  9  octobre  1661,  il  légua  ses  collections  à 
l'empereur  Léopold  !«'.  Dans  l'article  5  de  cet  acte,  il  dit  :  «  Afin  que, 
cinquièmement,  sa  très-gracieuse  Majesté  impériale  et  royale  ait  de  mes 
biens  terrestres  un  souvenir  de  parent,  je  lui  laisse  et  lègue  toutes  les 
peintures,  statues  et  monnaies  païennes ,  comme  la  partie  la  plus  pré- 
cieuse de  ma  succession,  et  que  j'aime  le  plus,  etc.  »  Voyez  dans  la  Revue 
autrichienne  pour  l'histoire  et  les  chroniques  d'État,  du  11  juillet  1835, 
p.  219,  un  article  sur  les  ouvrages  de  Raphaël  qui  se  trouvent  dans  la 
collection  impériale  et  royale,  par  Albrecht  KrafTt.  11  n'y  a  qu'une  contra- 
diction à  signaler  dans  les  documents  relatifs  à  ce  tableau,  c'est  que 
l'Anonyme  de  Morelli  parle  d'une  tela,  d'une  toile,  à  propos  de  la  Sainte 
Marguerite,  tandis  que  le  tableau  qui  est  au  Belvédère,  à  Vienne,  est  peint 
sur  bois.  Néanmoins,  nous  tenons  d'autant  plus  à  son  témoignage,  que  sa 
remarque  sur  le  ton  brunâtre  du  tableau  qu'il  cite  s'accorde  parfaite- 
ment avec,  le  caractère  dû  tableau  que  nous  retrouvons  à  Vienne.  Ce  ton 
vigoureux  dans  les  ombres  trahit  la  manière  de  faire  de  Jules  Romain,  de 
même  qu'on  peut  lui  attribuer  les  changements  qu'il  a  faits  dans  la 
composition  de  Raphaël  ;  ainsi ,  la  pose  si  mouvementée  de  la  sainte  n'est 
pas  conforme  au  goût  du  vrai  beau  que  professait  Raphaël,  tandis  qu'elle 
répond  parfaitement  au  génie  fougueux  de  son  plus  grand  élève. 

Gravures  :  Joh.  Troyeo,  1660.  Petit  in-fol.  pour  l'ouvrage  intitulé  :  Davidu 
Teniert  jun...  Thealrum  artit  pietoriœy  etc.  (Bruxellœ,  1669).  la-fol.  —  Luc.  Vor- 
stermaD  jun.  En  contre-partie.  In-fol  —  Jacob  Mânul.  En  contre-partie,  à  la 
manière  noire.  Gr.  in-fol.  —  Joh.  Anton  von  Prenner,  1733,  à  l'eau-forte.  En 
eontre-partie,  pour  son  Theatrum  artU  pictoriœy  etc.  ^Vindobona,  1729-1733).  — 
Joh.  Eissner,  pour  la  Galerie  I.  el  A.  du  Belvédère  (Vienne,  chez  Cari  Haas,  1821- 
1828).  —  Au  trait  par  A.  Réveil.  In-8.  ^ 

Il  existe  aussi  quelques  gravures  dans  lesquelles  la  sainte  Marguerite  tient  une 
branche  de  palmier  et  un  crucifix,  ce  qui  ne  doit  être  considéré  que  comme  une 
imitation  arbitraire  de  la  composition  de  Raphaël.  Gravé  par  N  Bazin,  1690,  in-4, 
avec  la  croix  dans  la  main  droite.  —  Se  vend  chez  Bazin,  Mariette  exe,  avec  la 
palme  dans  la  main  droite  et  la  croix  dans  la  main  gauche;  In-12. 

232  é  La  petite  Sainte  Famille  au  Louvre. 

Surboië.  H.  (r9'";l.  10"  9'". 

L'enfant  Jésus,  debout  dans  son  berceau,  avançant  ses  bras  par-dessus 
les  genoux  de  sa  mère,  caresse  des  deux  mains  les  joues  du  petit  saint 
Jean.  Celui-ci  est  agenouillé  en  adoration,  et  sainte  Elisabeth,  également 
à  genoux,  le  tient  de  la  main  droite.  Le  fond  est  formé  par  des  ruines 
couvertes  d'arbustes  et  de  plantes.  Des  deux  côtés,  un  riche  paysage.  Ce 
petit  tableau,  d'une  grâce  extrême ,  puissant  et  transparent  de  couleur, 
est  très-délicatement,  mais  magistralement  et  spirituellement  exécuté 
Pourtant  on  ne  saurait  nier  que  la  tête  de  la  Vierge  ne  soit  un  peu  grande 


204  PEINTUHES  DE  RAPHAËL. 

et  que  ses  pieds  ne  soient  un  peu  petits,  d'après  les  proporlions  de  la 
figure.  Le  coloris  puissant  et  chaud  de  ce  tableau  et  le  faire  du  paysage^ 
dont  la  finesse  de  délails  rappelle  celui  du  tableau  de  la  Perle^  du  musée 
de  Madrid,  ne  sont  point  conformes  au  goût  particulier  de  Raphaël^  et 
font  supposer  que  cette  peinture  a  été  exécutée  par  Jules  Romain^  d'après 
un  dessin  du  maître. 

Félibien,  dans  ses  Entretiens,  t.  Il,  p.  335,  donne,  sur  l'histoire  de  ce 
tableau,  le  renseignement  suivant  :  «  Ce  tableau  a  été  longtemps  dans  la 
maison  de  Boissi,  où  il  avait  été  laissé  par  Adrien  Gouffier,  cardinal  de 
Boissi,  à  qui  Léon  X  donna  le  chapeau,  l'an  1515,  et  qu'il  envoya  légat  en 
France  en  1519.  On  dit  que  ce  fut  un  présent  que  lui  fit  Raphaël^  en 
reconnaissace  des  bons  offices  qu'il  lui  avait  rendus  auprès  du  roi  Fran- 
çois 1".  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  cardinal  le  gardait  précieusement,  et  Raphaël 
lui-même  avait  pris  soin  qu'il  fut  bien  conservé;  car  il  est  couvert  d'un 
petit  volet  de  bois  peint  et  orné  d'une  manière  aussi  agréable  que  savante.  » 
Ce  tableau  fut  possédé  ensuite  par  le  duc  de  Rouanez,  et  Louis  XIV  l'ac- 
quit de  l'abbé  Lomcnie  de  Brienne.  F.  le  Comte,  dans  son  Cabinet  des 
Singularités  (Paris,  1699,  t.  II,  p.  54),  le  cite  comme  étant  alors  à  Ver- 
sailles. Actuellement,  il  est  au  musée  du  Louvre;  mais  il  n'est  plus  garni 
du  volet  que  mentionne  Félibien.  Nous  supposons  toutefois  qu'un  petit 
tableau,  qui  est  au  même  musée  ^  de  14"  de  haut  sur  H"  de  large,  n'est 
autre  que  le  couvercle  en  question.  Il  consiste  en  deux  panneaux  réunis, 
et  représente,  magistralement  exécutée  on  grisaille,  une  figure  de  rAl)on- 
dance.  Elle  est  debout,  dans  une  niche,  semblable  à  une  statue,  et 
s'appuie^  du  bras  gauche,  sur  un  vase  d'un  jaune  d'or,  tenant  une  corne 
remplie  d'épis  de  la  même  couleur.  Sa  main  gauche  est  posée  sur  sa 
hanche.  Sous  la  pierre  qui  lui  sert  de  piédestal  est  un  masque  avec  une 
bouche  ouverte,  ce  qui  fait  que  l'on  a  cru  voir  dans  cette  peinture  le  mo- 
dèle d'une  fontaine.  De  chaque  côté,  il  y  a  une  imitation  d'ornements 
sur  marbre  coloré ,  avec  deux  tablettes  portant  les  noms  du  maître  r 
RAPHAËL  VRBINAS*.  Il  ressort  évidemment  de  ce  qui  précède  que 
Raphaël  a  lui-mc^me  fait  l'esquisse  de  cette  figure;  mais  l'exécution,  au 
contraire,  n'est  pas  tout  à  fait  la  sienne;  elle  a  beaucoup  d'analogie  avec 


1.  Actuellemeut  sous  le  n*  387.  Ce  tableau  fut  estimé  1,000  fr.  sous  FEmpire  et  5,000  fr. 
sous  la  Restauratioa,  par  les  experts  officiels  du  musée.  Catalogue  des  Écoles  d'Italie,  par 
M.  Villot,  t^*  édition  de  1849.  [NoU  de  l'éditeur.) 

"  2.  H.  Villot,  dans  son  Catalogue  des  Écoles  d'Italie  (édit.  de  1853],  dit  que  «  cette  signa- 
ture semble  postérieure  à  l'époque  où  le  tableau  a  été  peint.  Ce  tableau,  igoute-t-il,  est  attribué 
dans  l'Inventaire  de  Bailly  (1709-1710)  à  Jules  Romain.  On  l'a  également  attribué  à  Giovanni 
Nanni  da  Udine,  qui  peignit  souvent  dans  les  tableaux  de  Raphaël  des  arabesques  et  des  orne- 
ments;  puis  à  Francesco  Penni,  dit  il  Fallore,  L'Inventaire  et  les  Notices  qui  précèdent  le 
donnaient  comme  ouvrage  original.  •  (A'oto  de  l'éditeur.) 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  26» 

les  dessins  de  Fraocesco  Penni^  miquel  nous  pensons  devoir  attribuer  ce 
petit  tableau. 

611AVORBS  :  Jacopo  Caraglio.  Seulement  ane  muraille  pour  fond.  Bartsch,  t.  XY, 
p.  69,  n»  5.  —  Copie  de  cette  eatampe:  Raph.  vrb.  invbnt.  En  contre-partie.  — 
Corneille  Matsys  (?).  Dans  une  niche  de  rochers.  En  contre-partie.  H.  11"  10'"; 
1.  9"  10'".  —  Fr.  Poilly,  in-folio.  Premières  épreuves,  sans  le  nom  du  gra- 
veur. Deuxièmes  épreuves ,  avec  son  nom.  Troisièmes  épreuves,  retouchées  par 
C.  Simonneau  pour  le  Cabinet  Crozol.  Quatrièmes  épreuves,  très -retravaillées, 
Ju.Jùt.  de  Rubeîê  farmis,  Romœ.  —  Jo.  Jaeobut  Frey  incùor  Lucemen.  Pet.  in- fol.  — 
P.  Drcvet  exe.  Petit  in-fol.  —  De  Poilly  exe.  En  conlre-partie.  Petite  planche.  — 
W.  D.  Gutwein.  Copie.  —  Chez  de  Poilly.  Dans  un  rond.  Fond  de  rideaux  avec 
une  fenêtre.  Suscription  :  Deliciœ  mewy  etc.  Grand  in-4o.  —  Anonyme.  Dans  un 
ovale.  Mauvaise  petite  planche.  —  J.-B.-L.  Massard,  in-fol.  —  A.-B.  Desnoyers, 
avec  celle  légende  :  la  Vierge  au  Berceau,  in-fol.  —  Morace ,  pour  le  Mutée  Tiapo- 
iéon,  in-fol.  —  A  l'eau-forte,  par  Devilliers;  terminé  par  Nicquet,  pour  la 
Galerie  Filhol,  ip-8«.  —  Leroy.  A  la  roulette.  En  contre-partie.  In-fol.  —  Lith. 
par  J.  Carol,  1840.  Petit  in-fol.  —  Au  trait,  pour  le  Manuel  du  Mutée  Napoléon^ 
l.  IV,  n-Sl.  —  Landon,  n»  107. 

Captes  d'après  ce  petit  tableau. 

Félibien„  dans  ses  Entretiens,  p.  335,  cite  une  répétition  de  la  petite 
Sainte  Famille  :  <  Quant  à  celui  qui  est  aujourd'hui  dans  le  cabinet  de 
M.  Je  duc  de  Mazarin,  dit-iL  le  chevalier  de  Pozzo  le  fit  acheter  par  M.  le 
fnarquis  de  Fontenai  pendant  qu'il  était  ambassadeur  auprès  du  pape 
Urbain  Vlll,  prétendant  que  c'était  l'original  que  Raphaël  avait  commencé 
et  sur  lequel  celui  dont  j'ai  parlé  avait  été  copié  par  Jules  Romain...  Ra- 
phaël a  dessiné  ces  deux  tableaux  et  les  a  l'ait  peindre  par  deux  de  ses 
élèves;  mais,  a^ant  eu  plus  d'inclination  à  finir  celui  qui  est  dans  le  cabinet 
du  roi,  il  l'acheva  entièrement  et  laissa  l'autre  imparfait.  »  On  voit  claire- 
ment dans  ce  passage,  que  Félibien  ne  voulait  point  blesser  le  duc 
de  Mazarin,  héritier  de  la  galerie  du  cardinal,  mais  qu'il  considérait  son 
tableau  comme  une  copie.  Ce  que  celte  copie  devint,  on  ne  saurait  plus  le 
dire  au  juste.  Mais  nous  avons  vu  une  belle  copie  ancienne,  que  l'on  préten- 
dait être  celle-là,  chez  M.  George  Murant  à  Londres.  11  en  existe  encore  une 
autre  dans  la  même  ville  chez  un  marchand,  et  une  quatrième' à  Cologne. 

Un  dessin  au  bistre  et  rehaussé  de  blanc  se  trouvait  dans  la  collection  du 
duc  de  Tallard.  Voyez  le  Catalogue  de  Remy  et  Glomy  (Paris,  1756). 

233.  Portrait  de  Jeanne  d'Aragon. 

Jusqu'aux  genoux.  Sur  bois.  H.  3*  8"  6*";  1.  3\ 

Celte  jeune  princesse  est  assise,  tournée  à  gauche  et  vue  de  trois  quarts. 
Le  pur  ovale  de  son  visage  est  accompagné  de  superbes  cheveux  blonds 
tombant  sur  la  nuque;  ses  yeux  bleus  sont  encadrés  de  beaux  sourcils  ar- 
qués; son  front  est  découvert,  son  nez  fin,  sa  bouche  délicate  et  gracieuse, 
et  son  menton  rond  accuse  une  jolie  fossette.  Elle  est  coiffée  d'une  toque 
de  velours  rouge  garnie  de  perles  et  de  pierres  précieuses.  Son  vêtement 


208  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

dernier  chapitre,  Niphus  déclare  avec  enthousiasme  que  la  princesse  Jeanne 
est  sans  contredit  la  plus  belle  de  toutes  les  femmes  qu'il  a  citées  dans 
son  livre,  et  lui  donne  le  prix  de  la  beauté  sur  toutes  celles  qui  furent 
célébrées  à  ce  titre  dans  l'Antiquité  et  qui  ont  été  chantées  par  Properce, 
Horace,  Virgile,  Catulle,  Ovide  et  Acontius. 

Jeanne,  mariée  à  Ascanio  Golonna,  partagea  les  malheurs  de  la  famille 
de  son  mari,  et  eut  ù  soutenir  les  plus  rudes  épreuves  sous  le  pontificat 
de  Paul  IV,  qui  confisqua  tous  les  biens  que  les  Golonna  possédaient 
dans  les  États  de  l'Eglise.  Elle  se  vit  retenue  prisonnière  dans  son  palais  à 
Rome  et  faillit  même  être  empoisonnée.  Toutefois,  elle  réussit  à  s'échapper 
à  cheval,  avec  ses  deux  filles,  en  trompant  la  surveillance  rigoureuse  des 
Caraffa  en  io56,  au  moment  même  où  elle  pouvait  venir  en  aide  à  la  cause 
de  son  fils,  le  héros  de  Lépante,  Marc  Antonio  Ck)lonna.  Le  duc  d'Albe,  à 
celte  époque  vice-roi  de  Naples,  la  reçut  avec  une  joie  inexprimable. 
'  Comme  son  âge  avancé  l'y  autorisait,  il  l'embrassa,  mais  il  ne  fît  que  sa- 
luer ses  deux  fîlles,  quoiqu'elles  eussent  par  respect  levé  leur  voile.  «  Il  me 
semble  voir,  lui  dit  le  duc  d'Albe  en  la  contemplant,  la  fameuse  Glœlia, 
qui,  à  la  vérité,  ne  s'est  point  enfuie  du  camp  ennemi,  pour  retourner  à 
la  ville,  par  amour  de  la  patrie;  mais  bien  de  la  ville,  pour  aller  au 
camp,  poussée  par  l'amour  maternel  K  »  Son  époux  se  trouvait  alors,  il  est 
vrai,  emprisonné  à  Naples;  mais  il  n'était  aucunement  de  connivence  avec 
son  fîls,  auquel  la  mère  prodiguait  toute  sa  tendresse.  Ascanio  Golonna 
mourut  dans  sa  prison  à  Naples,  le  24  mars  1557,  après  une  détention  de 
trois  années,  accusé  d'avoir  attenté  à  la  vie  du  roi.  Mais  Jeanne  lui  sur- 
vécut jusqu'au  mois  d'octobre  1577,  après  avoir  érigé  plusieui-s  églises. 
Sa  sœur  Marie,  épouse  d'Alphonse  d'Avalos,  fut  également  célèbre  pour 
sa  beauté  jusqu'à  l'âge  le  plus  avancé*. 

Gravores  :  Jacques  Chereau,  pour  le  Cabinet  Croxal,  in-fol.  —  Raph.  Morghen, 
pour  le  Musée  Napoléon,  in-fol.  —  Commencé  à  l'eau-forte  par  A.  E.  Lasti,  et  tor- 
miné  par  Gio.  Rivera.  —  Leroux,  in-fol.,  an  peu  maniérée.  —  Seulement  le  buste, 
gravé  par  A.  Lefevre. 

Copies  anciennes  du  tableau. 

Brantôme,  qui  écrivit  ses  Mémoires  de  1600  à  1614,  dit  avoir  vu  le  por- 
trait de  Jeanne  d'Aragon  à  Naples  et  en  France,  dans  le  cabinet  du  roi, 
dans  celui  de  la  reine  et  chez  difTérentes  autres  dames  (voy.  Damesiilus- 
très,  dise.  vii).  Les  copies  suivantes  sont  parvenues  jusqu'à  nous. 

a.)  Dans  la  galerie  du  feu  baron  de  Speck-Sternburg,  à  Lûtzscbena,  près 
Leipzig.  Cette  copie  est  conforme  avec  l'original,  mais  elle  est  peinte  sur 
toile.  H.  50";  1.  42".  Ce  tableau  était  autrefois  chez  un  menuisier  à  Bâie; 

1.  Vie  du  due  d'Albe  y  etc. 

2.  Fnea  Vico  a  gravé  son  portrait  de  profil.  Bartscb,  t.  XV,  p.  331 ,  n*  233. 


PEINTURES  I)E  RAPHAËL.  269 

il  j  k  environ  cinquante  ans,  Je  baron  Fries^  à  Vienne,  l'acheta  d'un  inar- 
cbaiid  de  tableaux.  Au  sortir  de  la  collection  Puthon,  à  Vienne,  cette 
copie  a  été  acquise  par  son  ancien  possesseur.  Lithographiée  par  Ludw. 
2oellaer.  In-folio. 

b.)  A  Wanniick  Castle,  dans  ia  galerie  du  comte  de  Warwick.  Selon  les 
renseignements  qui  nous  ont  été  fournis  sur  ce  tableau,  le  ton  de  la  pein- 
ture serait  plus  frais  que  celui  du  tableau  qui  est  au  Louvre;  mais,  néan« 
moins,  si  les  étoffes  y  sont  plus  éclatantes,  les  ombres  des  chairs,  au 
contraire,  seraient  d'un  ton  plus  brun,  les  accessoires  maigres  d'exécution 
et  le  fond  très-sombre.  On  nous  assure  que  l'expression  de  la  tête  est 
d'ailleurs  d'une  sévérité  presque  triste. 

c.)  Au  musée  de  Berlin.  C'est  une  copie  de  Gio.  Batt.  Salvi,  nommé  il 
Sassoferrato.  Sur  toile.  H.  3'  9";  J.  i'  i". 

d.)  Dans  la  galerie  Doria,  à  Rome,  est  une  imitation  de  ce  portrait  par 
un  élève  de  I^onard  de  Vinci;  c'est  le  même  tableau,  moins  la  tôte,  qui 
u'est  plus  celle  de  Jeanne  d'Aragon,  et  qui  est  peinte  dans  la  manière  de 
Léonard  de  Vinci.  Cette  tête  est  mieux  traitée  que  les  accessoires^  qui  sont 
roides  de  dessin;  le  coloris  est  faible  et  sec. 

e,)  Nous  avons  vu,  en  1835,  dans  l'ancienne  galerie  de  Munich,  sous  le 
n<>  707,  une  autre  imitation  de  ce  portrait  par  un  élève  de  Léonard  de 
Vinci.  Ici,  Jeanne  d'Aragon  s'est  transformée  en  une  sainte  Cécile. 

234.  Portrait  de  Léon  X' 

AVEC  LES  CARDINAUX  JULES  DB  MÉDIGIS  ET   LOUIS  DE   ROSSl. 
«ur  bois.  H.  4'  3";  l.  3'  8''.  Mi-figures. 

Le  pape,  tourné  à  gauche,  est  assis  sur  un  fauteuil  à  bras,  auprès  d'une 
table  couverte  d'un  drap  rouge,  sur  laquelle  est  posée  une  sonnette  d'ar- 
gent richement  ciselée  et  un  bréviaire  orné  de  miniatures.  Le  pape,  tenant 
une  loupe  à  la  main ,  semble  avoir  examiné  les  peintures  du  bréviaire  et 
jette  ses  regards  en  av^nt,  comme  s'il  était  en  conversation  avec  une  per- 
sonne placée  en  face  de  lui.  A  gauche,  auprès  du  pape,  se  tient  le  cardi- 
nal Giulio  de'  Medici  (depuis  Clément  Vil),  et  à  sa  droite  le  cardinal  Lodo- 
vi<îo  de'  Rossi*,  qui  pose  les  mains  sur  le  dossier  du  fauteuil.  Le  fond  est 
formé  par  un  morceau  d'architecture  avec  une  arcade  ouverte  à  droite. 
Le  pape  porte  une  toque  de  velours  rouge,  et,  au-dessous  de  son  collet  rouge, 
un  habillement  de  damas  blanc  à  larges  manches  garnies  de  fourrures. 
Lodovico  de'  Rossi,  qui  ne  fut  élevé  à  la  dignité  de  cardinal  qu'en  l'année 
1517,  était  déjà  mort  en  1519  :  ce  tableau  doit  donc  avoir  été  exécuté  vers 

i.  Né  en  1475,  mort  en  1521. 

2.  Lodovico  de'  Rossi,  fils  d'une  sœur  de  Léon  X,  élait  plein  de  mérite  et  de  savoir.  Élevé 
fioas  le  même  toit  avec  son  parent,  dont  il  partagea  fidèlement  toutes  les  adversités,  il  fut  ré- 
compensé de  son  dévouement  par  le  pape,  qui  lui  était  très-attaché' et  qui  Téleva aux  honneurs. 
Voy.  W.  Koscoe,  Yie  de  Léon  J,  t.  U,  p.  320. 


^70  PEINTURES  1)E  RAPItAEL. 

i518.  Déjà,  dans  la  Vie  de  Raphaël^  nous  avons  t'ait  remarquer  que  ee 
portrait  n'était  pas  seulement  un  des  plus  grands  cbefs-d'œuTre  du  genre  , 
par  la  libre  et  vivante  manière  de  présenter  les  têtes  et  les  accessoires,  par  la. 
puissance  et  la  vérité  du  coloris,  mais  que  Raphaël  s'est  même  élevé  dans 
cet  ouvrage  au-dessus  de  tous  les  peintres  de  portraits,  par  la  profonde 
représentation  de  ses  personnages,  qui  sont,  pour  ainsi  dire,  vivants  sous  la 
vue  du  spectateur,  c'est-à-dire  qu'il  nous  sufiit  d'un  seul  coup  d'œil  jeté 
sur  le  tableau  pour  connaître  leur  caractère  et  apprécier  leur  individua- 
lité. Si  donc  nous  comparons  avec  cette  peinture  ce  portrait  de  Léon  m, 
qu'un  écrivain  contemporain  anonyme  nous  a  laissé  dans  le  manuscrit  qui 
est  dans  les  archives  du  Vatican,  sous  le  titre  de  :  Leonis  X  Vita,  nous 
croirons  volontiers  que  cette  description  a  été  faite  d'après  le  tableau 
même.  La  voici  :  a  Léon,  de  la  célèbre  famille  des  Médicis,  fils  de  Laurent, 
était  d'une  stature  élevée;  il  avait  un  corps  lourd  et  gras,  une  tête  très- 
grosse  ;  son  teint  était  pourpre,  ses  yeux  étaient  grands  et  d'un  dévelop- 
pement extraordinaire,  mais  il  avait  la  vue  si  faible  qu'il  ne  pouvait  re- 
connaître les  objets  qu'à  l'aide  d'une  loupe  que  pour  cette  raison  il  portait 
constamment  avec  lui;  ses  épaules  étaient  larges,  sa  nuque  et  son. cou 
ramassés  et  si  gras,  que  le  cou  était  presque  entièrement  couvert  par  son 
double  menton  ;  sa  poitrine  était  large,  son  ventre  énorme,  ses  hanches  et 
ses  cuisses  si  grêles  qu'elles  ne  semblaient  point  en  harmonie  avec  la  tète 
et  le  buste.  11  était  vain  de  la  blancheur  de  ses  mains  et  il  se  plaisait  à 
les  admirer,  surtout  lorsque  des  bagues  de  diamant  en  rehaussaient  l'éclat. 

tt  Instruit,  dès  sa  plus  tendre  enfance,  dans  la  littérature  latine  et  ayant, 
comme  son  père,  un  tact  exquis  dans  l'art  de  se  faire  des  partisans,  il 
acquit  en  peu  de  temps,  lorsqu'il  vint  à  Rome  en  qualité  de  cardinal,  une 
singulière  réputation  de  mansuétude,  de  douceur  et  de  bonté,  car  il  sem- 
blait indulgent  et  bénin  de  nature;  ses  paroles  étaient  toujours  agréables^ 
et  flatteuses.  Dans  le  maniement  des  afîaires  les  plus  difticiles  il  ne  mau- 
quait  ni  d*esprit  ni  d'adresse.  11  était  secondé,  en  cela,  par  la  merveil- 
leuse mobilité  de  son  visage  très-habile  à  exprimer  tout  ce  qu'il  voulait. 
11  savait  aussi  mener  les  cardinaux  à  sa  guise,  et  il  se  servait,  à  cet  effet, 
d*un  certain  Bemardo  da  Bibiena  qui  avait  été  élevé  dans  la  famille  des 
Médicis,  etc. 

a  Léon  avait  l'habitude  de  bien  accueillir  tout  le  monde;  il  écoutait 
attentivement  les  petits  comme  les  grands  et  ne  laissait  partir  peisonne 
sous  l'impression  de  la  colère  ou  de  la  mauvaise  humeur,  mais  il  s'eflor- 
çait  toujours,  au  contraire,  de  renvoyer  satisfaits,  ou  du  moins  consolés, 
tous  ceux  qui  s'approchaient  de  lui  chagrins  ou  mécontents. 

u  II  savait  contenir  et  cacher  en  lui-même  sa  colère  même  la  plus  véhé- 
mente (quitte  à  s'en  souvenir  à  l'occasion);  il  aimait  à  prodiguer  l'argent 
et  il  l'estimait  si  peu  pour  son  propre  compte,  qu'exilé  et  sans  fortune  il 


I>ËINTÙRES  DE  RAt»HAfiL.  â?l 

était  incorruptible  quand  il  s'agissait  d'élire  un  pape;  bret'^  il  n'avait 
pas  d'autre  but  que  d'être  comme  le  plus  débonnaire  et  le  plus  aimable 
des  bommes^  ce  qui  lui  gagna  bientôt  les  cœurs  des  cardinaux  et  des  pré- 
lats de  Rome. 

a  11  n'était  pas  sans  intelligence  dans  les  beaux-arts  et  il  cultivait  la  mu- 
sique avec  zèle  et  persévérance  ;  car  il  passa  beaucoup  de  temps  à  écouter 
ebanter  les  autres  et  à  chanter  lui-même.  9 

Ensuite  l'écrivain  anonyme  raconte  brièvement  la  vie  politique  et  mili- 
taire de  Léon  X,  ses  vertus  comme  pape,  sa  manie  de  questionner  minu- 
tieusement les  personnes  qu'il  rencontrait  à  la  chasse  ou  ailleurs,  sa  cha- 
rité envers  les  pauvres  et  sa  constante  humanité. 

Léon  X^  après  son  élévation  au  trône  pontifical,  n'oublia  pas  ses  anciens 
amis,  lors  même  qu'il  ne  pouvait  ou  ne  voulait  satisfaire  à  leur  ambition. 
Telle  fut  sa  conduite  envers  TArioste,  qui  était  venu  à  Rome  pour  le  voir. 
Léon  X,  l'ayant  reconnu  sur-le-champ,  alla  au-devant  de  lui  et  l'embrassa. 
Mais  ce  fut  tout;  et,  déçu  dans  ses  espérances,  TArioste composa  un  beau 
conte,  dans  lequel  il  excuse  le  pape,  tout  en  laissant  percer  ses  sentiments 
de  dépit  et  de  vengeance  (voyez  Rascoey  i,  111,  p.  24).  Léon  X  assigna  de 
grands  traitements  aux  maîtres  de  chapelle;  il  alla  même  jusqu'à  la  pro- 
digalité envers  eux,  et  leur  abandonna  d'importants  bénéfices.  Ainsi,  il 
nomma  le  chanteur  espagnol  Gabriele  llerino  à  l'archevêché  de  Bari  ;  il 
donna  un  arcbidiaconat  au  musicien  Francesco  Paolosa.  La  musique  le 
charma  à  tel  point  quelquefois,  qu'il  semblait,  en  l'entendant,  tomber  en 
pâmoison  et  être  hors  de  lui.  11  aimait  aussi  passionnément  lâchasse,  qui 
le  retenait  souvent  à  la  Magliana  et  à  Viterbe.  Son  jugement  à  l'égard  des 
œuvres  de  l'esprit  était  (in  et  juste;  si  on  lui  présentait  des  poésies  pen- 
dant ses  repas,  il  oubliait,  pour  les  lire,  le  manger  et  le  boire.  En  général, 
il  était  plus  adonné  aux  distractions  intellectuelles  qu'aux  jouissances  sen- 
suelles. 11  s'amusait  parfois  à  voir  jouer  des  scènes  burlesques  qui  le  dé- 
lassaient des  lourds  spucis  du  gouvernemept;  c'était  un  goût  qu'il  ayait 
contracté  dans  la  maison  paternelle.  Mais  aux  repas  les  plus  somptueux 
il  était  le  plus  sobre  de  tous  ses  convives;  il  jeûnait  m^me  avec  plus  de 
rigueur  que  ne  l'exigeaient  les  commandements  de  TÉglise  et  il  était  un 
modèle  de  chasteté.  Sans  doute,  son  grand  esprit,  à  vues  larges  et  hautes, 
entraînait  trop  souvent  sa  générosité  et  la  poussait  à  l'excès.  Mais  ce  n'élit 
jamais  par  ostentation  ni  par  vanité,  c'était  en  général  par  inspiration 
d'un  cœur  excellent,  c'était  quelquefois  aussi  par  faiblesse  de  caractère. 
11  ne  faisait  pas  seulement  des  présents  aux  hommes  de  mérite,  il  en  fai- 
sait encore  à  de  mauvais  poètes  et  à  des  hou  fions  qu'il  avait  attirés  en 
foule  à  Rome^  car  il  se  permettait  volontiers  avec  eux  maintes  plaisante- 
ries qui  n'étaient  pas  toujours  de  bon  goût.  Chaque  jour,  il  faisait  remplir 
de  ducats  un  plat  couvert  de  velours  cramoisi  et  il  les  distribuait  à  tous 


37i  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

venants^  surbut  à  ceux  qui  assistaient  à  ses  repas  ou  qui  se  distinguaieut 
par  des  costumes  étranges.  Cela  explique  comment,  malgré  les  nombreux 
revenus  du  Saint-Siège,  Léon  X,  qui,  à  la  vérité,  s*était  trouvé  mêlé  à  des 
guerres  dispendieuses,  avait  à  la  fin  de  sa  vie  vidé  tous  les  coffres  de 
TÉtat  et  éprouvait  de  tels  embarras  d'argent,  qu'il  mit  en  gage  les  joyaux 
pontificaux  chez  les  banquiers  Chigi,  pour  10,000  ducats  (voy.  Carlo  Fea, 
Notizie,  etc.,  p.  66,  où  se  trouve  publié  ce  remarquable  document). 

La  polilique  de  Léon  X  ne  fut  pas  toujours  franche;  mais  il  n'y  avait 
pas  d*autre  politique  alors  en  Italie.  Le  système  auquel  Machiavel  donna 
son  nom,  s'était  formé  par  la  force  des  choses  et  par  les  besoins  de  ce 
temps-là,  surtout  à  Florence  qui  fut  le  berceau  de  cette  politique.  LéonX, 
d'ailleurs,  en  abusa  moins  que  beaucoup  de  ses  prédécesseurs  et  de  ses 
successeurs;  il  était,  au  contraire,  souvent  obligé  de  se  servir,  à  regrel, 
des  moyens  machiavéliques  contre  ses  ennemis  qui  le  combattaient  avec 
ces  armes-là  plutôt  qu'avec  l'épée. 

Mais,  après  cette  longue  digression,  retournons  à  Raphaël.  La  figure  du 
pape,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  n'est  pas  seulement  traitée  de  la  manière 
la  plus  magistrale,  mais  encore  achevée  avec  le  plus  grand  soin.  La  tête 
du  cardinal  Jules  de  Médicis  est  d'une  exécution  plus  rapide ,  quoiqu'elle 
soit  aussi  étudiée  et  parfaite  de  caractère  ;  le  Ciirdinal  de  Hossi  parait 
avoir  été  gêné  lorsqu'il  posait  pour  son  portrait,  puisque  sa  contenance 
est  un  peu  embarrassée,  la  bouche  un  peu  pincée.  Le  tableau,  en  général, 
est  d'une  vigoureuse  couleur,  mais  tout  à  fait  conforme  à  celle  qui  carac- 
térise Raphaël,  c'est-à-dire  transparente  et  lumineuse  dans  les  clairs.  En 
1589,  ce  portrait  était  suspendu  au-dessus  de  la  porte  d'entrée  de  la  Tri- 
bune de  Florence,  comme  on  le  voit  dans  l'Inventaire  de  cette  même 
année.  Transporté  à  Paris  par  les  Français  en  1797,  il  y  fut  nettoyé  et 
même  usé  en  quelques  endroits,  où  l'on  croirait  voir  des  taches.  Après  le 
traité  de  paix  de  1815,  cette  magnifique  peinture  retourna  au  palais  Pitti. 

Gravures  :  F.  Dom.  Picchiantt.  In- fol.  Pour  la  RaccoUa,  etc.  —  F.  Morel,  pour 
l'ouvrage  de  Wicar,  in-4<».  —  F.  Lignon,  pour  le  Mutée  Napoléon,  in-fol.  — 
Samuele  Jesi,  grand  in-fol.  —  Marri  inc,  in  Faenza.  In-fol.  Seulement  légèrement 
indiqué.  —  Chataigner,  pour  la  Galerie  Filhol,  in-S".  —  Landon,  n"  471. 

Seulement  la  tête  du  pape  Léon  X,  grav.  par  Baph.  Morghen,  dans  un  ovale. 
In-8«,  n«>  218.  —  A  l'eau-forle,  par  Couché,  ln-8». 

Une  étude  de  la  draperie,  avec  l'indication  du  fauteuil,  dessinée  à  la 
pierre  noire,  passa,  de  la  succession  de  Th.  Lawrence,  dans  la  collection 
d'Oxford. 

Copies  cTaprès  ce  tableau. 

a.)  Vasari,  dans  la  Vie  d'André  del  Sarle,  rapporte  d'une  manière 
circonstanciée  que  le  duc  Federico  II  de  Mantoue,  passant  par  Florence 
en  15i5,  y  admira  tellement  le  portrait  de  Haphaël,  que  Clément  VII 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  275 

promit  de  ]e  lui  envoyer  en  présent  ;  en  effet,  le  pape  avait  adressé  à  Olta- 
yiano  de  Médicis  Tordre  d'expédier  le  tableau  au  duc  Federico,  mais 
OUaviano,  sous  prétexte  de  faire  exécuter  un  nouveau  cadre,  garda  quel- 
que lemps  le  tableau,  et  fil  peindre  en  secret  par  Andréa  del-Sarto  une 
copie  si  merveilleusement  fidèle ,  qu'Ottaviano  lui-même  ne  pouvait  la 
distinguer  de  l'original.  Le  duc  de  Mantoue  reçut  donc  avec  une  vive  joie 
ce  prétendu  tableau  de  Raphaël,  et  Jules  Romain  y  fut  trompé  lui-même^ 
jusqu'à  ce  que  Yasari,  qui  avait  fait  son  apprentissage  dans  l'atelier  d'An- 
dréa del  Sarto^  et  qui  l'avait  vu  travailler  à  cette  copie,  vint  à  Mantoue, 
où  Jules  Romain  lui  montra  ce  portrait,  en  le  lui  désignant  comme  un 
des  plus  beaux  ouvrages  de  Raphaël.  «  Cet  ouvrage  est  de  la  plus  grande 
beauté,  répondit  Yasari,  mais  il  n'est  pas  de  la  main  de  Raphaël.  —  Com- 
ment, il  n'est  pas  de  la  main  de  Raphaël!  s'écria  Jules;  est-ce  que  je  ne 
le  sais  pas  mieux  que  vous,  et  ne  reconnais-je  pas  moi-même  les  coups  de 
pinceau  que  j'y  ai  donnés  ?  —  Yous  êtes  dans  Terreur,  répliqua  Yasari ,  il 
est  de  la  main  d'Andréa  del  Sarto,  et  vous  allez  voir  la  marque  qu'on  a 
mise  denière  le  tableau,  afin  qu'il  ne  fût  pas  confondu  avec  l'original.  » 
Lorsque  Jules  Romain  eut  fait  retourner  le  panneau  et  qu'il  eut  vu  le  signe, 
il  fit  un  mouvement  des  épaules  en  disant  :  «  Je  ne  Testime  pas  moins  que 
s'il  était  de  la  main  de  Raphaël,  et  même  je  Testime  encore  plus,  car  il  y 
a  peu  d'exemples  qu'un  grand  maître  puisse  en  imiter  un  autre  à  ce  point 
et  reproduire  si  fidèlement  un  de  ses  ouvrages.  Bref,  il  faut  reconnaître  le 
talent  d'Andréa  comme  il  le  mérite.  y>  Selon  Gabbiani,  la  copie  portait  sur 
répaisseur  du  panneau,  caché  dans  le  cadre,  le  nom  presque  illisible  de  : 
Andréa,  f.  p....  et  probablement  la  date.  Plus  tard,  cette  copie  admirable 
passa  dans  la  galerie  Farnèse,  à  Parme,  et  par  héritage  ensuite  au  roi  de 
Naples.  Actuellement  elle  se  trouve  au  musée  Borbonico. 

6.)  G.  Yasari  avait  peint  une  autre  copie  de  ce  tableau  en  1537,  pour 
Ottaviano  de  Médicis,  ainsi  qu'il  le  raconte  dans  sa  propre  Yie  (t.  1,  p.  43)  ; 
il  en  parle  aussi  dans  une  de  ses  lettres  écrite  à  Ottaviano,  en  1537. 
Yraisemblablement  c'est  cette  copie  qui  passa  de  la  collection  de  feu 
W.  Roscoe,  à  Liverpool,  dans  celle  de  M.  H.  Coke,  à  Holkham.  Le  tableau 
est  très-beau,  mais  il  a  un  peu  poussé  au  noir. 

c.)  Yasari  cite  encore  avec  de  grands  éloges  deux  portraits  faits  ancien- 
nement d'après  celui  du  cardinal  Jules  de  Médicis  qui  est  dans  ce  tableau  ; 
l'un,  par  Andréa  del  Sarto,  qu'Ottaviano  de  Médicis  donna  au  vieil  évêque 
de*  Marzi  ;  Taulre,  de  Jacopo  da  Pontormo,  qu'un  certain  maçon,  nommé 
Rossino,  reçut  en  payement  de  ce  dernier,  avec  d'autres  tableaux.  Un 
autre  portrait  semblable,  en  buste,  de  2'  6"  de  haut  sur  2'  de  large,  est 
décrit  dans  le  Catalogue  des  tableaux  du  cabinet  du  roi,  au  Luxembourg. 
(Paris,  1771 .)  —  Lépicié,  dans  son  Catalogue,  considère  ce  tableau  comme 
une  étude  pour  le  tableau  original;  néanmoins,  ceux  qui  l'ont  vu  assu- 

II.  18 


â74  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

rent  que  ce  n'est  qu'une  peinture  médiocre,  vraisemblablemeDt  de  Pon- 
tormo. 

Gravé  par  Nie.  Edelinck  pour  le  Cabinet  Croxai.  In- fol.  —  LandoD,  n*  319. 

235.  Portrait  de  Laurent  de  Médicis,  duc  dUrbin  *. 

Laurent  de  Médicis,  deuxième  du  nom,  était  le  fils  aîné  de  Pierre  de 
Médicis;  il  dirigea  le  gouvernement  de  Florence,  mais  toutefois  sans  gloire, 
après  que  Julien  de  Médicis  eut  librement  résigné  le  pouvoir.  Le  pape  LéonX 
l'avait  nommé  duc  d'Urbin  en  1516.  Par  son  mariage  avec  Madeleine  de  la 
Tour,  dite  de  Boulogne,  il  entra  en  parenté  avec  la  maison  royale  de  France. 
La  naissance  de  sa  OUe  unique,  Catherine,  qui  fut  depuis  la  femme  de 
Henri  II,  roi  de  France,  coûta  la  vie  à  la  mère.  Laurent  aussi  mourut 
peu  de  jours  après.  Son  tombeau,  exécuté  par  Michel-Ange^  fait  face  à 
celui  de  son  oncle  Julien  de  Médicis. 

Il  résulte  d'une  lettre  du  duc  lui-même  à  Baldassare  Turini ,  à  Rome, 
publiée  par  le  docteur  Gaye,  dans  son  Carteggio,  t.  II,  p.  146,  que  Raphaël 
peignit  ce  portrait  en  1518.  Dans  cette  lettre  on  lit  :  a  Firenze,  4  febbrajo 
1518.  —  El  Titratto  mio,  che  fa  Raflaello  d'Urbino  e  le  cose  che  fa  Miche- 
lino,  quando  saranno  expedite,  le  manderete  corne  advisate.  »  Puis,  sous 
la  date  du  5  février  1518  :  «  Circa  el  ritratto  intendo  quanto  dite  che  è 
finito  et  è  bello  et  molto  mi  piace;  quando  sarà  tempo  mandarlo,  lo  man- 
derete. »  Du  temps  de  Yasari,  ce  portrait  se  trouvait  encore,  avec  celui  de 
Julien  de  Médicis,  à  Florence,  chez  les  héritiers  d'Ottaviano  de  Médicis. 
Quant  à  ce  qu'il  est  devenu  depuis,  on  l'ignore  ;  mais,  au  musée  Fabre,  à 
Montpellier,  on  en  voit  une  copie  ancienne  sur  bois  (H.  98  cent.;  1.  74  cent.), 
qui  nous  prouve  que  l'original  était  le  digne  pendant  du  portrait  de 
Julien  de  Médicis.  Cette  copie  du  musée  de  Montpellier  resta  enfermée 
jusqu'en  1824  dans  une  villa  près  de  Sienne,  et  elle  fut  donnée  en  paye- 
ment, avec  d'autres  peintures  sans  valeur,  à  un  peintre  de  Florence  qui 
avait  décoré  les  chambres  de  cette  villa.  M.  Fabre  l'acheta  à  bas  prix, 
en  1826,  ce  qui  occasionna  ensuite  des  pourparlei*s  entre  lui  et  le  peintre 
qui  la  lui  avait  vendue,  car  le  possesseur  avait  fait  grand  bruit  de  son 
acquisition  et  le  peintre  florentin  voulait  résilier  le  marché. 

Ce  portrait  représente  le  duc  en  demi-figure,  vu  de  trois  quarts,  tourné 
du  côté  gauche;  les  traits  de  son  visage  portent  bien  le  type  des  Médicis. 
11  tient  le  pommeau  d'un  poignard  dans  sa  main  et  laisse  tomber  son  bras 
gauche  en  arrière.  Ses  cheveux  bruns  et  sa  barbç,  de  la  même  couleur,, 
sont  coupés  court.  11  est  coiffé  d'une  barrette,  ornée  d'une  médaille.  Une 
chemise  blanche  ressort  de  son  pourpoint  à  manches  rouges,  broché  d'or, 
par-dessus  lequel  il  porte  un  vêtement  garni  de  fourrures,  à  larges  man- 

*  Né  en  1492,  mort  en  UI9. 


^       PtLMCKES  DE  RAPHAKL.  27.» 

cfaes.  Le  fond  est  vert.  Quoique  ce  tableau  soit  donné  comme  original, 
TexécutioD  cependant  dément  cette  originalité,  et,  d'ailleurs,  selon  l'ordi- 
naire des  copies,  il  a  beaucoup  poussé  au  noir. 

Deux  autres  copies  du  même  portrait  se  trouvent  dans  les  magasins  de 
la  galerie  de  Florence. 

236.  Porti^aitdu  Violoniste  (1318). 

Cest  le  portrait  en  buste  d*un  jeune  homme  âgé  d'une  vingtaine  d'an- 
nées. Sa  tête  vue  de  trois  quarts  est  tournée  du  côté  de  Tépaule  droite. 
Ses  cheveux  bruns,  coupés  droit,  tombent  jusque  sur  la  nuque  et  sont 
couverts  d'une  barrette  noire.  De  la  main  gauche,  il  tient  un  archet,  quel- 
ques feuilles  de  laurier  et  des  immortelles.  Son  ample  vêtement  vert  est 
garni  de  velours  noir  avec  un  collet  de  fourrure.  Le  fond  est  gris  ;  sur  un 
balustre,  qui  est  sur  le  devant,  est  la  date  de  MDXVlil. 

La  belle  forme  de  la  tête,  son  expression  noble  et  simple,  son  regard 
profond  et  pensif,  donnent  à  cette  peinture  un  attrait  et  un  charme  qui 
redoublent  encore  la  beauté  de  Texécution.  On  voit  que  le  maître  a  peint  ce 
tableau  avec  amour  et  avec  un  soin  extrême.  L'effet  général  de  ce  portrait 
est  d'une  charmante  simplicité  et  par  conséquent  bien  différent  de  celui 
de  Léon  X  ;  on  a  peine  à  comprendre  comment  Raphaël  a  pu  peindre,  l'un 
après  l'autre,  et  peut-être  simultanément,  deux  portraits  si  dissembla- 
bles, si  variés  dans  leur  exécution  et  cependant  d'une  si  rare  perfection 
tous  les  deux.  Le  ton  de  cette  peinture  est  très-transparent,  sans  que  les 
ombres  soient  plus  forcées  que  dans  une  lumière  ordinaire.  Les  chairs,  aux 
transitions  tendres  et  colorées,  accusent  des  ombres  tombant  un  peu 
dans  le  grisâtre.  Lorsque  nous  admirâmes  ce  ppécieux  portrait,  en  1835, 
au  palais  Sciarra  Colonna,  à  Rome,  il  était,  sauf  quelques  légers  accidents, 
en  parfait  état  de  conservation.  Malheureusement  on  l'a  fait  nettoyer  et 
restaurer  dépuis,  sans  aucun  motif  plausible,  et  il  en  est  résulté  les  mê- 
mes détériorations  que  pour  le  beau  portrait  de  femme  qu'on  admire 
aussi  dans  cette  galerie  sous  le  nom  du  Titien,  et  qui,  en  réalité,  est  de 
Palme  le  Vieux. 

On  a  fait  bien  des  recherches  jusqu'à  présent,  pour  découvrir  quel  est 
le  jeune  homme  représenté  dans  ce  tableau,  sans  toutefois  arriver  à  un 
résultat  satisfaisant.  Quant  à  reconnaître  en  lui  un  poëte  ou  improvisa- 
teyr,  qui,  selon  l'usage  du  temps,  déclamait  ou  chantait  ses  vers  en  s'ac- 
■  compagnant  de  la  viole ,  c'est  un  point  établi  et  hors  de  contestation. 
Mais  ce  n'est  pas  plus  le  portrait  d'Antonio  Tebaldeo  que  celui  de  Bernardo 
Accolti,  nommé  Vunico  AretinOy  comme  on  Ta  supposé,  puiscjue  le  pre- 
mier étant  né  en  1463,  le  second  en  1466,  tous  deux,  par  conséquent, 
avaient  déjà  passé  la  cinquantaine  en  1518.  Ce  n'est  pas  davantage  Gia- 
como  Sansecondo,  car  il  avait  près  de  quarante  ans  alors  que  le  comte  de 


27C  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

Casliglione  l'avait  présenté  à  la  cour  d'Urbin  en  4a08.  Ce  serait  encore 
moins  Taimablc  Giovanni  Mazarello,  qui  a  écrit  sous  le  nom  de  Aintius 
AurelitAs,  car  ce  jeune  homme^  qui  donnait  les  plus  belles  espérances, 
périt  malheureusement  en  151 6,  comme  nous  l'apprenons  par  une  lettre  de 
Pietro  Bembo  au  cardinal  da  Bibiena,  en  date  du  3  avril  de  cette  année- 
là  (voy.  ^pistolœ  Bembi»  lib.  11,  p.  16).  Au  nombre  des  improvisateurs 
qui  étaient  en  faveur  auprès  de  Léon  X,  il  faut  encore  ranger  Brandolini  et 
CamillusQuerno^mais  surtout  Andréa  Maronede  Brescia^  qui  improvisait 
au  son  de  la  viole  et  qui,  à  la  fête  de  saint  Côme,  que  le  pape  faisait  célé- 
brer avec  grande  pompe  en  l'honneur  de  ses  ancêtres,  gagna  le  prix  de 
l'improvisation  (voy.  W.  Roscoe,  Vie  de  Léon  X,  t.  III,  p.  137).  On  pour- 
rait rapporter  à  ce  triomphe  poétique  les  feuilles  de  laurier  et  les  im- 
mortelles que  le  Violoniste  tient  avec  son  archet.  Ou  sait  que  Marone  resta 
longtemps  auprès  du  cardinal  Hippolyte  de  Médicis,  a  la  cour  de  Ferrare^ 
mais  il  ne  voulut  point  aller  en  Hongrie  avec  ce  cardinal  et  il  retourna 
à  Rome  (P.  Jovius,  Elog.  LXXU). 

Il  résulte  de  ces  faits  que  cet  improvisateur  était  encore  jeune  à  l'époque 
de  Léon  X ,  et  l'on  peut  eu. conclure  que  ce  portrait  est  bien  celui  de 
Andréa  Marone. 

Nous  avons  vu  une  ancienne  copie  de  ce  tableau  dans  la  collection  du 
comte  Marc  Antonio  Oddi,  à  Pérouse  ;  et  une  copie,  qui  est  de  l'école  de 
•1  nhaël,  mais  qui  reproduit  seulement  la  tète  du  Violoniste,  dans  la  gale- 
rit  ''Jiigi.wRome. 

Gravures  :  J.  Felsing.  In-fol.  —  Pietro  Salvatori  del.  et  inc.  Mauvaise  planche. 
1  '■'l.  —  Grav.  par  Giov.  Buonafedi.  Petit  in-fol.  —  Litb.  par  Grevedon^  d'après 
un  dessin  de  Bosse.  In-folio.  —  De  môme,  et  d'une  manière  excellente,  par 
P.  Guglielmi.  Romœ,  1831.  In-fol.  —  V. -F.  Polie.  In-fol.  —  Alb.  Heinze,  1856, 
in-fol. —  Au  irait,  dans  l'ouvrage  de  Longhena,  p.  87. 

237.  La  Maîtresse  de  Raphaël. 

Sur  toile.  Mt-figure. 

Ce  reman.  .l»ie  portrait,  conservé  au  palais  Pitti,  sous  le  n®  245,  repré- 
sente une  I.  .s.  Romaine,  tournée  à  gaucbe  et  vue  de  trois  quarts.  Les 
cheveux,  séparés  sur  le  front  et  ramenés  derrière  les  oreilles,  dégagent 
entièrement  l'ovale  harmonieux  du  visage.  Un  regard  brûlant  jaillit  de 
ses  yeux  noirs;  son  nez  est  plutôt  court  que  On;  ses  lèvres  sont  animées 
d'un  gracieux  sourire,  et  son  teint  est  pâle.  Un  collier  de  pierres  noires 
taillées  entoure  son  cou;  une  chemise  blanche»  à  petits  plis,  couvre  sa 
gorge  et  dépasse  de  beaucoup  le  corsage  garni  de  tresses  d'or.  Une  large 
manche  en  étoffe  de  damas  blanchâtre  couvre  son  bras  gauche;  celui  de 
droite  est  enveloppé  dans  un  voile  qui  est  attaché  derrière  la  tête  et  qui 
tombe  des  deux  côtés.  La  main  droite  est  posée  sur  la  poitrine,  et  Ton  ne 
voit  qu'une  partie  de  la  main  gauche.  Le  tond  est  gris.  Ce  portrait,  d'un 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  277 

caraclère  vraiment  romain ,  est  plein  de  charme  ;  l'exécution  cependant 
n'est  pas  irréprochable  dans  toutes  les  parties.  Ce  qu'il  y  a  de  mieux 
corome  peinture^  ce  sont  la  tête  et  la  poitrine;  la  manche  en  damas  est 
d'une  belle  disposition ,  mais  elle  est  trop  lourdement  peinte  pour  qu'on 
puisse  y  reconnaître  le  pinceau  de  Raphaël  lui-même.  Les  autres  acces- 
soires sont  encore  plus  négligés  ;  le  voile  et  les  mains  ne  semblent  pas 
même  achevés,  et  le  fond  gris  est  très-lourd  de  ton.  Ce  qui  frappe  surtout 
lorsqu'on  regarde  ce  portrait,  c'est  sa  singulière  ressemblance  avec  la 
Vierge  de  Saint-Sixte,  à  Dresde.  Il  va  sans  dire  cependant  que  le  portrait 
n'est  qu'un  portrait-nature,  tandis  que  la  tête  de  la  Vierge  est  une  création 
idéale;  mais  toutefois  il  est  incontestable  que  Raphaël  a  pris  son  modèle 
de  Vierge  dans  la  femme  dont  nous  venons  de  décrire  le  portrait.  Dans  la 
Vie  de  Raphaël,  nous  avons  déjà  remarqué  que  ce  portrait  avait  quelque 
ressemblance  avec  celui  qui  est  au  palais  Barberini,  à  Rome,  en  se  figu- 
rant que  la  maîtresse  de  Raphaël  y  est  représentée  plus  jeune  ;  pourtant 
il  faut  nous  avouer  que  cette  ressemblance  n'est  pas  très-frappante  et 
qu'on  pourrait  bien  n'y  trouver  qu'une  certaine  analogie  de  conformation 
dans  les  traits  en  général. 

Ce  portrait  n'est  pas  décrit  dans  l'Inventaire  de  la  Tribune  dressé  en 
1589,  quoiqu'on  nous  ait  assuré  que,  dans  un  autre  catalogue  ancien,  il 
se  trouvait  cité  comme  étant  de  Raphaël.  Autrefois,  il  ornait  une  des 
chambres  du  château  de  plaisance  appelé  Poggio  reale;  ce  ne  fut  qu'en 
1824  qu'on  le  transporta  au  palais  Pitti.  11  est  probable  que  c'est  le  même 
portrait  qui  a  été  indiqué  d'abord  par  Vasari,  puis  par  Francesco  Bocchi, 
en  1591,  et,  en  dernier  lieu,  par  Giovanni  Cinelli  [Bellezze  di  Firenze^ 
1677,  p.  173),  comme  étant  conservé  dans  la  maison  des  négociants  Botti, 
à  Florence.  Le  premier  dit  positivement  que  c'est  le  portrait  de  la  maî- 
tresse de  Raphaël.  Le  dernier  le  décrit  de  la  sorte  :  «  Ci  è  ancora  un 
ritratfo  di  una  giovane  di  bel  semblante,  e  leggiadro  dipinto,  da  RafTael 
da  Urbino  :  il  quale  è  tenuto  dagli  arteflci  in  grande  stima  :  e  si  come  fu 
questo  pittore  ammirabile,  cosi  è  l'opéra  nobile,  e  famosa  appresso  tutti.  » 
Selon  Tommaso  Puccini,  dans  la  Real  Galleria  di  Firenze,  1. 1,  p.  6,  le 
légat  Botti  aurait  affirmé  à  Gatuzzi,  l'auteur  de  l'Histoire  des  grands-ducs 
de  Toscane,  qu'il  avait  découvert,  dans  les  archives  des  Médicis,  un  docu- 
ment constatant  qu'un  fils  de  Matteo  Botti  avait  légué  à  Côme  I«^  la  moitié 
de  ses  biens  meubles,  parmi  lesquels  se  serait  trouvé  ce  portrait,  de  la  main 
de  Raphaël.  Mais  cela  ne  peut  être,  puisque  le  grand-duc  Côme  mourut 
^  en  1574,  et  que  le  portrait  était  encore  dans  la  maison  des  Botti  en  1677  ; 
de  plus,  au  dire  de  Tommaso  Puccini,  les  inventaires  des  tableaux  de  la 
collection  ducale,  antérieurs  à  1634,  ne  font  point  mention  de  ce  portrait; 
ce  qui  permet  de  regarder  comme  erronée  l'assertion  du  légat,  du  moins 
en  ce  qui  concerne  ce  portrait. 


378  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

.   , Gravures  :  Dom.  Chiossone  se,  1836.  Pelit  in-foi.  —  Ludw.  Gruner,  pi.  VI  de 
notre  ôdilion  allemande. 

Le  marchese  Letizia,  à  Naples,  possède,  dit-on,  une  répétition  de  ce 
portrait,  métamorphosé  en  sainte  Catherine,  avec  ses  attributs,  mais  sans 
auréole.  Ce  serait,  dit-on,  un  très-beau  tableau  et  sans  doute  un  original. 
Nous  reçûmes  celte  indication  trop  tard  pour  pouvoir  en  juger  par  nous- 
même ,  lors  de  notre  séjour  à  Naples;  cependant  un  doute  s'élève  relati- 
vement à  Tauthenticité  de  ce  tableau,  d'autant  plus  que  Raphaël  n'a 
jamais  utilisé  une  image-portrait  pour  la  représentation  d'un  sujet  reli- 
gieux. Ses  élèves  et  ses  imitateurs  n'eurent  pas  la  même  réserve,  comme 
nous  l'avons  dit  à  propos  du  portrait  de  Jeanne  d'Aragon,  transformée  en 
sainte  Cécile,  et  en  parlant  du  portrait  de  femme,  de  i51S,  qui  est  à  la 
Tribune  de  Florence,  lequel  a  servi  pour  une  Sainte  Madeleine.  Peut-être 
le  tableau  du  marchese  Letizia  est-il  le  même  qui  se  trouvait  autrefois  en 
Angleterre,  dans  la  collection  du  comte  d'Arundel,  et  qui  fut  gravé  en 
contre-partie  par  Wenceslaus  Hollar.  Dans  ce  tableau,  la  sainte,  dont  le 
bras  droit  repose  sur  la  roue  de  son  martyre,  tient  une  palme  de  la  main 
gauche.  La  tête  est  entourée  d'une  auréole.  W.  Hollar  fecit,  ex  coUectione 
Arundeliand.  Raph.  Vrb.  pinx.  H.  7"  6'";  1.  5"  7*".  Cat.  de  Verlue,  n«  194. 
—  Landon,  n»  396. 

238.  La  Vierge  de  Saint-Sixte  [Madonna  di  San  Sisto). 

Sur  toile.  H.  9'  3";  1.  7'. 

Entre  deux  rideaux  verts  tirés  de  chaque  côté  du  tableau,  le  spectateur 
voit  la  Vierge,  semblable  à  une  apparition,  debout  sur  des  nuages  lumi- 
neux, et  tenant  l'enfant  Jésus  dans  ses  bras.  Une  gloire  immense,  formée  de 
têtes  d'anges  sans  nombre,  l'entoure  de  son  rayonnement  doré  et  bleuâtre. 
Le  pape  saint  Sixte,  vêtu  d'une  tunique  blanche  et  couvert  d'un  pallium 
d'étoffe  d'or  doublé  de  pourpre,  est  agenouillé  à  gauche,  sa  tiare  placée 
dans  le  bas  à  côté  de  lui.  11  implore  la  mère  de  Dieu,  et  semble  montrer 
de  la  main  droite  son  troupeau  qu'on  ne  voit  pas.  En  face,  à  droite,  est 
agenouillée  sainte  Barbe,  les  mains  croisées  sur  sa  poitrine  et  contem- 
plant avec  amour  les  fidèles  qui  sont  censés  en  adoration  dans  le  bas  du 
tabjeau.  On  voit  encore  deux  anges  s'appuyant  sur  un  balustre  qui  ter- 
mine la  partie  inférieure  de  cette  peinture  ;  l'un  d'eux  lève  ses  regards 
vers  le  haut,  et  l'autre  dirige  les  siens  vers  le  spectateur  avec  une  grâce 
ravissante.  Nous  nous  sommes  déjà  étendu,  dans  la  Vie  de  Raphaël,  sur 
les  hautes  qualités  de  ce  chef-d'œuvre  incomparable,  c'est  pourquoi  nous 
nous  bornerons  à  consigner  ici  les  remarques  suivantes,  quoiqu'il  nous 
serait  facile  de  découvrir  des  beautés  nouvelles  à  chaque  nouveau  coup 
d  œil  jeté  sur  cette  merveille  de  l'art.  Ce  qui  distingue  surtout  cette  pein- 
ture entre  toutes  celles  qui  appartiennent  aux  dernières  années  de  Raphaël, 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  â79 

c'est  qu'elle  a  été,  selon  toute  apparence,  entièrement  peinte  de  sa  propre 
main  ;  car  chaque  coup  de  pinceau  y  est  si  magistral,  si  vivant,  si  spi- 
rituel ,  la  couleur  est  d'un  ton  si  lumineux,  si  transparent  et  si  harmo- 
nique^ réimpression  des  têtes  est  si  suave,  si  angélif|ue,  qu'il  n'y  a  que 
Raphaël  qui  ait  jamais  pu  atteindre  à  cette  sublimité  de  l'art.  Il  nous 
semble  même  que  Raphaël,  dans  un  de  ces  moments  d'inspiration  où  son 
génie^  comme  touché  du  doigt  de  Dieu,  se  remplissait  d'un  enthousiasme 
èlbéré,  aura  jeté  sur  sa  toile,  d'une  main  brûlante,  l'esquisse  de  cette 
composition  d*après  les  modèles  divins  qu'il  voyait  dans  le  ciel.  Puis, 
après  cette  espèce  d'extase,  animé  encore  du  même  feu,  il  aura  cherché 
autour  de  lui  sur  la  terre  des  modèles  humains  pour  achever  les  têtes  de 
son  tableau,  conmie  pour  celle  de  la  Vierge,  laquelle,  si  divine  et  si  écla- 
tante de  majesté  qu'elle  soit,  a  été  pourtant,  comme  nous  l'avons  Tait 
remarquer  en  décrivant  le  portrait  précédent,  faite  d'après  sa  maîtresse, 
sinon  inspirée  par  elle.  Mais,  sans  aucun  modèle  et  sans  étude  prépara- 
toire quelconque,  doit  avoir  été  peinte  la  tête  de  sainte  Barbe;  aussi  est- 
elle  moins  remarquable  que  les  autres.  Les  deux  têtes  des  petits  anges, 
si  belles  qu'elles  soient,  n'accusent  pas  non  plus  la  même  étude  que  la 
petite  tête  de  l'enfant  Jésus,  au  regard  pénétrant,  si  admirable  sous  tous 
.    les  rapports;  ces  petits  anges  .semblent  même  avoir  été  ajoutés  après 
coup,  lorsque  le  bas  du  tableau  était  déjà  achevé.  Raphaël  aura  trouvé 
trop  vide  cette  partie  du  tableau,  et  il  y  aura  mis  deux  anges  pour  le 
remplir;  ce  qui  confirme  notre  supposition,  c'est  que  ces  têtes,  très-légères 
de  pâte,  couvrent  à  peine  les  nuages  du  dessous. 

De  ce  que  ce  tableau  est  peint  sur  toile ,  de  même  que  pour  le  Saint 
Jean-Baptiste,  peint  à  la  même  époque ,  M.  de  Rumohr  a  cru  pouvoir 
exprimer  cette  opinion  (ItcU.  Forschungen,  t.  IIl,  p.  131),  que  cette  Ma- 
done avait  été  originairement  destinée  à  faire  une  bannière.  Cette  suppo- 
sition toute  gratuite  est  très-invraisemblable,  car  Raphaël,  qui  était  alors 
à  l'apogée  de  sa  réputation,  n'eût  pas  accepté  une  commande  de  cette 
espèce,  et  personne  n'aurait  osé  faire  si  peu  de  cas  d'un  ouvrage  de  sa 
main,  que  de  livrer  un  trésor  si  précieux  aux  chances  de  destruction  qui 
menaçaient  une  bannière  d'église.  D'ailleurs,  Vasari  avait  vu,  vers  le 
milieu  du  seizième  siècle,  le  tableau  déjà  placé  sur  Pautel  de  l'église  du 
monastère  de  Saint-Sixte,  à  Piacenza,  sans  soupçonner,  le  moins  du 
monde,  que  cette  Madone  eût  jamais  eu  une  autre  destination.  Bien  mieux, 
il  commet  une  erreur  dans  la  description  de  ce  tableau ,  puisqu'il  le  dit 
peint  sur  bois.  On  pourrait  tout  simplement  admettre  que,  pour  épargner 
des  frais  de  transport  trop  élevés,  les  moines  de  Saint-Sixte  avaient  préféré 
que  la  peinture  fût  exécutée  sur  toile. 

En  1754,  ce  tableau  fut  acheté  par  l'électeur  de  Saxe,  Auguste  III,  au 
prix  de  11,000  sequins,  ou^  comme  Winckelmann  l'écrivit  à  Berendis, 


•  * 


i 


2J0  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

sous  la  date  du  17  septembre  175i,  pour  ()0,000  florins,  sans  compter  les 
frais  de  transport  ni  les  présents.  En  outre >  l'église  de  Saint-Sixte  reçut 
de  l'acquéreur  une  ancienne  copie  peinte  par  Paris  Nogari,  laquelle  occupe 
encore  la  place  de  l'original.  Le  peintre  Giacomo  Giovannioi  accompagna 
le  tableau  jusqu'à  Dresde,  où,  comme  nous  Tavons  déjà  rapporté,  il  fut 
reçu  avec  pompe.  11  y  a  quelques  années,  on  reconnut  la  nécessité  de  le 
nettoyer  et  de  lui  redonner  un  vernis  nouveau.  On  fit  venir,  à  cet  effet,  le 
célèbre  restaurateur  de  tableaux,  Palmaroli,  de  Rome.  11  s'acquitta  de  ce 
travail  avec  le  soin  le  plus  scrupuleux ,  et  il  laissa  même  subsister  quel- 
ques retouches  anciennes,  que  déjà  Giovannini  avait  signalées  avant  l'achat 
du  tableau.  Mais,  comme  les  couleurs  de  ce  tableau  étaient  devenues  trè»- 
sèches,  la  peinture  semblait  couverte  de  taches,  et  l'on  croyait  que 
Palmaroli  l'avait  nettoyée  trop  fortement.  De  nos  jours  seulement,  on  a 
reconnu  la  vraie  cause  de  ces  taches  désagréables  à  l'œil,  et  une  commis- 
sion nommée  exprès  pour  y  remédier  eut  l'idée  de  faire  baigner  le  revers 
du  tableau  avec  une  huile  volatile.  Le  lendemain  même,  toutes  les  cou- 
leurs ayant  repris  leur  lustre  primitif,  ce  chef-d'œuvre  reparut  dans  un 
état  parfait,  et,  pour  ainsi  dire,  ressuscité. 

GRAvunES  :  G.  C.  Schultzc.  Gr.  in-foL  pour  l'ouvrage  de  isi  Galerie  de  Drftde.  — 
Friedr.  Mùllersc.  Dresde.  Avec  une  dédicace  au  roi  Frédéric-Auguste  de  Saxe.  In- 
fol.  —  Copie  de  ceue  planche  jpar  Fil.  Tosetti,  1821.  —  De  même,  par  Ignazio  Pavon 
Romano,  gr.  in-fol.  —  Dessart,  in-fol.  —  Thouvonin,  in-fol.—  F.  W.  Meyer.  Petite 
planche.  —  Nordheim.  Sur  acier.  Grand  in-fol.  —  M.  Stcinla  del.  et  inc.  Grand 
in-fol.  —  A.  Boucher  Desnoyers  del.  cl  inc,  1841.  Grand  in-fol. —  A  l'aquatinte, 
par  William  Say,  1826.  Grand  in-fol.  —  Lithographies  :  C.  Budmer,  grand  in-fol. 

—  Uanfstcngol,  grand  in-fol.  —  Noël,  grand  in-fol.  —  A.  Maurin,  grand  in-fol. 

—  Th  DricndI,  grand  in-fol.  —  L.  Maurin,  1842,  pour  le  Mutée  tthréiien.  —  Louis 
Zoellner,  1853,  très-grand  in-folio.  —  Les  figures  isolées,  grandeur  de  l'original, 
d'après  les  dessins  de  Schlesinger,  lithog.  par  Suessnapp. 

Parties  isolées  du  tableau, 

La  Vierge  seule  avec  l'Enfant  :  J.  J.  Agar,  1799,  d'après  un  dessin  de  Saydel- 
mann  ;  au  pointillé,  impr.  en  couleur  dans  un  rond  de  7"  3'"  de  diamètre.  —  La 
Vierge  en  demi-figure  avec  l'Enfant,  par  A.  Ochs.  In-fol.  —  A  la  manière  noire, 
par  un  anonyme  (Tauriscus,  p.  198).  —  Seulement  la  tête  de  la  Vierge,  par  David  - 
Weiss,  dans  un  ovale.  Haut.  1"  9'".  —  La  Vierge,  demi-figure  à  l'eau-forte,  par 
Weller.  Petit  in-4«.  —  Les  deux  Anges ,  grav.  par  G.  Lulz ,  avec  ce  texte  :  Wer 
weite  11/,  der  hùrt. 

Copies  de  la  Vierge  de  Saint-Sixte, 

a.)  Une  copie  passa  de  Tabbaye  Saint-Amand,  à  Rouen,  dans  le  musée 
de  cette  ville.  Dans  la  Revue  encyclopédique  de  i826,  il  est  dit  que  Raphaël 
avait  peint  cette  répétition  pour  le  cardinal  d*Amboise.  Mais  le  premier 
cardinal  de  ce  nom  mourut  à  Lyon,  le  25  mai  1510,  ainsi  donc  longtemps 
avant  que  Raphaël  ait  été  capable  d'exécuter  un  pareil  tableau.  Le  second 
cardinal  d'Amboisc,  qui  vivait  plus  tard,  contribua  de  ses  deniers,  en 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  281 

i544,  à  la  réédificatioD  de  la  tour  de  l'église  Saint-Amand.  Ces  dates  sulli- 
sent  pour  prouver  que  Raphaël  n'a  pas  peint  cette  Madone  pour  le  car- 
dinal d'Amboise.  Mais  le  tableau  de  Rouen  s'élève  lui-même  contre  cette 
traditioD  ;  car  son  exécution  trahit  le  style  du  dix-septième  sicicle.  Ainsi 
la  mitre  et  la  crosse  >  que  le  copiste  a  placées  auprès  du  pape^  au  lieu 
de  la  tiare ^  et  les  fortes  tresses  garnies  de  glands  du  rideau^  ce  sont 
là  des  variantes  qui  dénoncent,  comme  nous  l'avons  dit^  le  goût  du  dix- 
septième  siècle.  D'ailleurs,  le  dessin  est  bien  éloigné  de  celui  du  tableau 
origina]^  et  les  anges  lumineux  qui  composent  la  gloire  de  la  Vierge  sont 
surtout  très-lourds.  La  pâte  est  épaisse  partout,  ce  qui  fait  que  cette 
copie  a  tant  poussé  au  bois.  La  belle  lithographie  d'Aubry  Le  Comte  en 
donne  donc  une  idée  trop  avantageuse,  et  il  est  probable  qu'il  se  sera 
servi  en  l'exécutant  de  la  gravure  de  Fr.  Mûller. 
6.)  Une  très-faible  copie  se  trouve  dans  Téglise  S.  Severino^  à  Naples. 

239.  Loges  de  la  Famesine. 

Sujets  tirés  de  la  fable  de  T Amour  et  Psyché. 

Selon  Vasari,  qui  raconte  que  ces  fresques  furent  exécutées  vers  la  fin 
de  la  vie  de  Raphaël,  le  banquier  Agostino  Chigi  les  lui  avait  comman- 
dées longtemps  auparavant  ;  mais  leur  exécution  aurait  de  jour  en  jour 
été  retardée,  parce  que  Raphaël  ne  pouvait  se  résoudre  à  quitter  son 
atelier  et  sa  maîtresse,  pour  aller  s'enfermer  seul  au  palais  Farnèse.  Enfin 
Chigi  eut  l'idée  de  faire  venir  dans  sa  maison  cette  femme  dont  le  peintre 
ne  voulait  pas  se  séparer  un  moment,  et  de  lui  permettre  l'entrée  de  la 
salie  où  Raphaël  travaillait.  Ce  serait  par  suite  de  celte  concession  étrange 
que  les  travaux  auraient  pu  recevoir  enfin  leur  achèvement,  il  est  déplo- 
rable que  Yasari  ait  trop  facilement  prêté  l'oreille  à  ces  ridicules  anecdotes, 
et  qu'il  ait,  pour  ainsi  dire,  présenté  ici,  bien  involontairement  sans  doute, 
sous  un  faux  jour  le  noble  caractère  de  Raphaël  et  son  ardeur  laborieuse 
qui  ne  fut  jamais  interrompue  que  par  la  mort.  En  vérité,  il  n'est  pas 
nécessaire  de  recourir  à  un  pareil  conte,  pour  comprendre  que  Raphaël 
ait  été  empêché,  bien  malgré  lui,  d'exécuter  les  commandes  de  son  pro- 
tecteur aussi  rapidement  que  celui-ci  l'aurait  désiré,  si  Ton  jette  les  yeux 
sur  les  travaux  considérables  qu'il  avait  entrepris,  quoiqu'ils  fussent  au- 
dessus  des  forces  humaines,  et  qu'il  exécuta  pendant  la' trop  courte  durée 
de  sa  vie  d'artiste.  Il  faut  donc  considérer  l'historiette  dont  Vasari  s'est 
fait  récho,  à  propos  des  fresques  de  la  Farnesine,  comme  une  misérable 
et  absurde  invention.  Mais,  en  revanche,  on  peut  admettre  tout  ce  qu'il 
rapporte  au  sujet  de  ces  fresques,  pour  lesquelles  Raphaël  n'aurait  fait 
que  les  cartons  de  rflistoire  de  l'Amour  et  Psyché,  abandonnant  leur 
exécution  à  Jules  Romain  et  à  Fraucesco  Penni,  auxquels  il  adjoignit 
encore  Giovanni  daUdine  pour  peindre  la  partie  ornementale,  les  animaux 


* 


"^î  PEINTURES  l)E  RAPHAËL. 

et  les  belles  guirlandes  de  fruits  et  de  fleurs  qui  entourent  les  différents 
tableaux.  On  ne  sait  pas  d'après  quelle  autorité  Titti  {Pitt. ,  etc.,  di  Roma, 
p.  422)  a  pu  dire  que  Gaudenzio  da  Ferrara  et  RaiïaelUno  del  Colle  ont 
travaillé  à  ces  ouvrages  ;  nous  lui  laissons  la  responsabilité  du  fait  qu'il 
avance,  sans  y  ajouter  foi.  Aujourd'hui,  il  est  difficile  de  juger  de  l'aspect 
primitif  de  ces  peintures,  d'autant  plus  qu'elles  ont  beaucoup  souffert  et 
qu'elles  furent  très- retravaillées  par  Carlo  Maratti.  On  sait  même  que 
ce  peintre  fut  obligé  de  les  faire  fixer  à  la  voûte  par  un  certain  Gian 
Francesco  Rossi,  au  moyen  de  850  épingles  de  cuivre,  et  qu'il  dut  aussi 
repeindre  tout  le  fond  de  ciel,  auquel  il  donna  un  bleu  trop  vif  qui  a 
détruit  l'harmonie  des  couleurs.  Néanmoins,  c'est  à  Carlo  Maratti  que 
nous  devons  la  consenation  de  ces  peintures ,  qui  ne  subsisteraient  plus 
sans  lui;  il  serait  donc  injuste  de  ne  pas  lui  pardonner  les  défauts  de  ses 
restaurations.  Il  y  a  d'ailleurs  dans  ces  fresques  plusieurs  parties  qui  sont 
à  peu  près  intactes,  et  l'on  peut  même  établir  avec  certitude,  que  Raphaël 
a  peint  lui-même  la  figure  de  femme,  vue  de  dos,  qui  est  dans  le  tableau 
où  l'Amour  présente  Psyché  aux  Grâces.  Cette  figure  se  distingue  d'une 
manière  remarquable  entre  toutes  les  autres,  autant  par  son  exécution 
plus  magistrale  et  sa  belle  carnation  que  par  son  superbe  dessin.  Il  est 
vrai  qu'on  peut  lui  reprocher  d'être  puissante  de  formes,  mais  elle  est 
très-fine  de  contours  et  vivement  modelée;  c'est,  en  effet,  une  figure 
d'une  beauté  extraordinaire.  Toutes  les  autres  figures,  si  belles  qu'elles 
soient  de  mouvement  et  d'agencement,  manquent  cependant  de  délicatesse 
dans  le  dessin,  sont  souvent  trop  fortes  et  affectent  une  couleur  qui  rentre 
dans  les  tons  rouge  brique.  Afin  de  ne  pas  nous  répéter,  nous  prenons 
la  liberté  de  renvoyer  le  lecteur  à  notre  Vie  de  Raphaël,  où  nous  avons 
parlé  longuement  jde  ces  peintures;  nous  allons  procéder  chronologique- 
ment à  l'indication  des  nombreux  ouvrages  gravés  d'après  les  plafonds; 
nous  énumérerons  ensuite  les  estampes  qui  ont  été  faites  et  publiées  à 
part  d'après  des  sujets  isolés  : 

Recueils  de  gravures  d'après  les  fresques  de  la  Famesine, 

Compreaant  10  sujets  moyens  triangulaires,  2  g^rauds  plafonds  et  14  petits  sujets  dans  les 

lunettes. 

a.)  Nicolaus  Dorigny  Gallus  dcl.  et  sculp.,  1693.  Douze  planches  grand  in-fol. 
en  largeur.  Dix  de  ces  planches  contiennent  la  Fable  en  26  sujets;  la  onzième 
planche  représente  le  Triomphe  de  Galatoe ,  fresque  de  la  grande  salle ,  et  U 
douzième  est  consacrée  au  titre  ainsi  conçu  :  P»ychet  et  Amoris  nupUœ  ae  fo^ukp, 
Bomœ  in  Fameiianit  hitloriis  expreuŒj  a  Aie.  Dorigny  del.  et  ine,^  et  a  Jo.  Pelro 
Jlellorio  notit  illuttratcPy  typis  ac  $umplib%u  Dominici  de  Rubeit.  Ces  planches  sont 
admirablement  gravées  à  l'cau-forte. 

b.)  Franciscus  Perrier  Buigiindus  sculp. —  Signées  aussi:  F.  Paria.  Ce  senties 
12  plus  grands  sujets,  moins  les  encadrements  et  les  guirlandes  de  fruits;  les 
14  petits  Amours,  par  G.  Audran,  avec  une  dédicace  à  Charles  Le  Brun.  Petit  in- 
fol.  et  in-4*. 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  â83 

e.)  S.  M.  (Smanne  Maria)  Jacobi  Sandrarti  figlia  sculp.  Copies  des  13  planches 
d«  Fr.  Perrier.  Même  format  :  10  planches  in-4"  et  2  planches  in-fol.  en  larg. 

d.)  Jos.  Jnsler,  les  10  sujets  du  plafond  et  les  14  Amours,  gravés  à  l'eau-forte 
à  Venise,  vers  1C90.  34  planches  in-4*>,  avec  l'indication  des  sujets  en  langue 
ilalienne  sous  chaque  estampe. 

e.]  F.-L.-D.  Ciartres  exe.  Ce  sont  les  10  champs  triangulaires  et  les  2  grands 
Ubleaux  du  plafond.  13  planches  in-fol.  en  larg.  et  in-4''. 

f.)  Tous  les  sujets,  avec  une  dédicace  à  Ferdinand  IV,  roi  des  Deux-Siciles. 
10  pi.  gr.  in-fol.  Les  deux  grands  tableaux  gravés  par  J.  B.  Leonetti,  les  trian- 
folaires  avec  les  lunettes  contenant  les  Amours,  par  Ant.  Ricciani,  Ang.  Campa- 
sella,  Pietro  Chigi  et  Mochetti.  L'ouvrage  parut  chez  Agapito  Franzetti.  Les  deux 
premiers  sujets  furent  gravés  une  seconde  fois  par  Ricciani  et  Caropanella. 

g.)  Franz  Schubert  del.  etgr.  à  l'eau-forte,  1842;  seconde  édition,  1846.  24  pi. 
de  petits  sujets  et  tout  le  plafond,  mais  seulement  au  trait. 

h.)  Saint-Non  se.  4  petites  planches  à  l'aquatinte,  avec  des  parties  séparées  de 
la  composition.  Faible. 

1.)  Traits  dans  l'ouvrage  de  Landon,  n"  189-201. 

Les  pendentifs  ou  tableaux  triangulaires. 

\.  Vénus  assise  sur  des  nuages  désigne  Psyché,  dont  elle  est  jalouse,  à 
l'Amour  debout  à  côté  d'elle,  exigeant  de  lui  qu'il  la  venge  de  sa  rivale. 
L'Amour  porte  gaiement  ses  yeux  vers  le  but  que  sa  mère  lui  désigne  et 
tient  déjà  une  flèche  dans  la  main. 

Dans  le  cabinet  Crozat  se  trouvait  une  esquisse  pour  cette  composition. 
Elle  passa  plus  tard  dans  la  collection  Saint-Morys. 

2.  L'Amour  montre  Psyché  aux  trois  Grâces  assises  sur  des  nuages. 
L'une,  vue  de  dos,  est  celle  que  Raphaël  a  peinte  lui-même;  c'est,  comme 
nous  l'avons  déjà  dit,  la  seule  figure  qu'il  ait  exécutée  à  la  Farnesine. 
L'esquisse,  à  la  sanguine,  se  trouve  dans  la  collection  royale,  à  Windsor 
Castle. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  344.  —  Chérubin  Alberti,  1582. 
Barlsch,  t  XVII,  p.  84,  n»  106.  —  Dans  la  manière  de  Caraglio.  Petite  planche. 
H.  5"  9"';  L  3"  3'". 

3.  Vénus  s'éloigne  de  Junon  et  de  Cérès,  parce  qu'elles  protègent  Psy- 
ché. La  tête  de  Cérès  est  surtout  remarquable  par  sa  beauté. 

Une  esquisse  de  cette  composition,  à  la  sanguine,  qui  se  trouvait  dans  la 
collection  Isaac  Walraven,  fut  vendue  à  Amsterdam,  en n65,  pour  100  fl. 

Gravé  par  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t  XIV,  n»  327.  —  Chérubin  Alberti,  1582. 
Bartach,  t.  XVII,  p.  84,  n**  10^.  —  La  tête  de  Cérès,  aux  deux  tiers  de  nature, 
gravée  par  J.  Bonneau.  In-fol. 

4.  Vénus  monte  dans  l'Olympe  pour  implorer  de  Jupiter  la  punition  de 
Psyché.  Deux  couples  de  colombes  sont  attelés  à  son  char. 

Gravé  par  Chérubin  Alberti,  1628.  Bartsch,  t.  XVII,  p.  85,  n«  107.  La  même 
planche  contient,  en  outre,  le  sujet  suivant  : 

3.  Vénus,  debout  devant  Jupiter,  le  prie  d'envoyer  Mercure  afin  de  re- 


284  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

trouver  Psyché  qui  s'est  échappée.  Jupiter  tient  la  foudre^  et  son  aigle  est 
à  ses  pieds. 
Gravé  par  Chérubin  Alberli,  1628.  Barlsch,  t.  XVf,  p.  85,  n«  107. 

G.  Mercure  parcourant  l'espace,  et  tenant  une  trompette^  remplit  sa 
mission.  Cette  figure,  qui  s'élance  joyeusement  dans  les  airs,  représente 
à  merveille  le  Messager  des  dieux. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIY,  n«  343. 

7.  Psyché,  portée  par  trois  Amours  dans  les  airs,  rapporte  avec  joie  un 
vase  contenant  de  l'eau  du  Styx.  C'est  une  composition  remplie  de  grâce 
raphaélesque. 

Gravé  par  un  élève  de  Marc-Antoine.  Barlsch,  t.  XY,  p.  36,  n*  5. 

8.  Psyché  présente  à  Vénus  étonnée  l'eau  du  Styx  qu'elle  a  obtenue  de 
Proserpine. 

Esquisse  à  la  sanguine,  dans  la  collection  du  Louvre. 

Gravé  par  Lambert  Suavius.  RAPHA.  INYEN.  L.  S.  H.  9"  6'";  I.  6"  3"'. 

9.  Jupiter,  embrassant  l'Amour  debout  devant  lui,  cousent  à  ce  qu*îl 
épouse  Psyché.  A  côté  de  Jupiter,  Taigle  tient  le  foudre  dans  son  bec. 
Cette  ravissante  composition,  qui  a  de  tout  temps  excité  l'admiration  gé- 
nérale, personnifie  bien  le  charme  que  la  jeunesse  et  la  beauté  produisent 
toujours  sur  l'âge  mûr. 

Selon  le  Catalogue  de  Mariette,  M.  Crozat  possédait  l'esquisse  de  cette 
composition  ainsi  que  le  carton  de  la  tête  du  Jupiter.  L'esquisse  à  la  san- 
guine se  trouvait  en  la  possession  de  M.  Jules  de  Canonge,  à  Paris,  mais 
il  en  a  fait  don  à  la  collection  du  Louvre.  Voyez  Journal  des  Débats  du 
13  septembre  1853. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIY,  n"  342.  —  Chérubin  Albert),  1580, 
in-fol.  Bartsch,  t.  XYII,  p.  83,  n»  100.  —  Ferd.  Ruschweyh.  In-fol. 

10.  Psyché,  portée  dans  l'Olympe  par  Mercure,  pour  y  célébrer,  selon 
l'ordre  de  Jupiter,  son  hymen  avec  l'Amour. 

Gravé  par  Jac.  Caraglio.  Bartsch,  t.  XY,  p.  80,  n<»  50.  PI.  relouchée  par  Michaele 
Lucchcse. 

Un  beau  dessin,  d'après  cette  fresque,  a  passé  de  la  collection  royale 
de  La  Haye  dans  celle  de  Weimar. 

Les  deux  grands  tableaux  du  plafond. 

11.  L'Assemblée  des  Dieux.  L'Amour,  debout  devant  Jupiter,  se  défend 
des  accusations  portées  contre  lui  par  Vénus  sa  mère;  Junon,  Pallas  et 
Diane  sont  les  figures  les  plus  rapprochées  de  Jupiter,^  droite;  plus  loin^ 
dans  le  cercle,  on  voit  Mars,  Apollon,  Bacchus,  Hercule,  Verlumne  et  Janus, 
ainsi  que  deux  dieux  marins.  Mercure,  cependant^  présente  à  Psyché  une 
coupe  remplie  d'ambroisie  qui  va  lui  donner  l'immortalité. 


PEINTUKES  DE  RAPHAËL.  283 

Grave  par  Jac,  CaragUo  d'après  ua  dessin.  Barlsch,  t.  XV,  p.  89,  n"54.  Planche 
retouchée  parMich.  Lucchese.  —  Copie  de  cetlc  mémo  planche,  en  contre-partie. 
—  Par  un  anonyme,  Valegio  cxc.  Gr.  in-fol.  en  largeur. —  A  i'eau-forte,  par 
Uassard  fils,  1799.  Gr.  in-fol.  en  largeur.  —  De  mémo,  par  B.  Pavillon.  In-fol.  en 
largeur.  —  Dans  la  manière  de  Giorgio  Mantuano;  seulement  le  Mercure  avec 
Psyché  et  le  petit  Amour.  H.  11"  6'";  1.  11". 

12.  Le  Mariage  de  TAmour  et  de  Psyché.  Tous  les  dieux  sont  à  demi 
couchés  autour  d'une  table  magnilique;  Psyché  occupe  la  première  place 
à  côté  de  l'Amour;  les  trois  Grâces,  qui  sont  debout  derrière  elle,  lui 
versent  des  parfums  sur  la  tête.  Jupiter,  assis  à  côté,  prend  une  coupe 
de  nectar  que  lui  présente  Ganymède,  tandis  qife  Bacchus  remplit  d'autres 
coupes  qui  lui  sont  apportées  par  des  Amours.  Les  Heures  répandent  des 
fleurs  sur  les  convives.  A  gauche,  se  tient  Apollon  auprès  des  Muses  et 
il  chante,  en  s'accompaguant  de  la  lyre,  tandis  que  Vénus,  couronnée  de 
roses,  se  prépare  joyeusement  à  la  danse. 

Gravé  par  le  Maître  au  Dé,  d'après  un  dessin  un  peu  différent  de  la  fresque. 
Bartsch,  t.  XY,  p.  210,  n"  38.  Cette  estampe  ne  répondant  pas  complètement  au 
talent  de  ce  graveur,  on  peut  admettre  qu'elle  est  en  grande  partie  l'œuvre  d'un 
anlre  élève  de  Marc-Antoine.  — D'après  la  fresque,  par  un  élève  de  Maic-Anloine, 
1545.  Bartsch,  t.  XV,  p.  43,  n*>  14.  —  Par  un  graveur  allemand,  i.  n.  s.  Barlsch, 
dans  le  l.  XV, p.  44,  n»  15,  le  range  parmi  les  élèves  de  Marc-Antoine;  mais,  dans 
ie  t.  IX,  p.  231,  il  le  met  au  nombre  des  maîtres  allemands.  Voy.  aussi  F.  firul- 
liol,  Dictionnaire  de*  monogrammet,  etc.,  p.  342,  n*  2633.  —  A  I'eau-forte,  par 
B.  Pavillon.  In-fol.  en  larg.—  Seulement  l'Amour  et  Psyché,  par  Jacopo  Francia. 
lo-fol.  en  larg.  M.  de  Rumohr,  dans  son  Catalogue,  n»  1044, croit  cette  gravure  de 
Jules  Romain.  —  L'Amour  et  les  Grâces  seuls,  anc.  grav.  italienne.  Petit  in-8. 

Études  pour  ie  Festin  des  Dieux. 

a.)  Étude  pour  TApollon.  Figure  nue,  à  la  sanguine,  dans  la  collection 
Albertine,  à  Vienne. 
Gravé  par  A.  Bartsch.  —  Litbogr.  par  Kriehuber. 

6.)  Étude  pour  les  trois  Grâces,  à  la  sanguine.  Collection  royale  d'An- 
gleterre. 

c.)  Ricbardson  cite  une  étude  pour  le  Ganymède,  qui  était  dans  la  col- 
lection royale  de  France. 

d.)  Les  Heures  répandant  des  fleurs.  A  la  sanguine,  djins  la  collection 
de  M.  F.  Reiset,  à  Paris. 

e.)  La  tête  de  la  deuxième  Grâce;  fragment  du  carton  dessiné  à  la  pieri'c 
noire  et  à  la  sanguine,  légèrement  lavée  à  l'aquarelle.  H.  16";  1. 12"  4'". 
Chez  le  professeur  Neher,  à  Leipzig. 

Le  peintre  Hornei- ,  à  Bâie,  acheta,  à  Rome ,  deux  cartons  coloriés 
d'après  les  deux  grands  tableaux  du  plafond.  Chacun  de  ces  cartons  a  en- 
viron 5  pieds  de  longueur.  Ils  sont  faibles  de  dessin  et  très-restaurés. 

On  doit  considét*er  comme  une  copie  l'esquisse  de  la  Vénus  vue  de  dos> 


286  PEINTrnKS  DK  RAPHAKL. 

dessinée  à  la  sanguine,  qui  fut  vendue  260  florins,  à  la  veuie  du  roi  de 
Hollande. 

Les  quatorze  Amours 

dans  les  lunettes. 

13.  L'Amour,  avec  son  arc  et  son  carquois,  vole  gaiement  dans  les  airs 
en  montrant  ses  flèches.  A  gauche,  on  voit  encore  un  petit  Amour  dans 
les  nuages. 

Gravé  par  Chérubin  Alberti.  Bartsch,  t.  XYII,  p.  82,  n"  96. 

14.  L'Amour  tenant  le  foudre  de  Jupiter;  l'aigle  vole  à  ses  côtés. 

15.  L'Amour  s'envole  avec  le  trident  de  Neptune.  Il  est  vu  de  dos. 

16.  L'Amour  s'enfuit  avec  la  fourche  de  Pluton.  Un  Amour,  à  ses  côtés, 
retient  Cerbère,  et  en  face  voltigent  des  chauves-souris. 

17.  L'Amour,  avec  le  bouclier  et  l'épée  du  dieu  Mars,  s'envole  dans  les 
airs.  Il  est  entouré  de  faucons  et  d'autres  oiseaux. 

Gravé  par  Ag.  YeneziaDO  ou  par  un  élève  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  n"  218. 

18.  L'Amour,  vainqueur  d'Apollon,  s'envole  en  tenant  au-dessus  de  sa 

tête  son  arc  et  son  carquois.  Le  griflbn  vole  à  ses  côtés. 

Gravé  d'après  un  dessin,  par  un  élève  de  Harc-Antoine.  Bartscb,  t.  XY,  p.  39, 
n-S. 

19.  L'Amour  tient  gaiement  le  caducée  et  le  casque  ailé  de  Mercure. 
11  est  vu  entièrement  de  face  et  en  raccourci. 

Une  esquisse  de  cet  Amour,  à  la  sanguine,  qui  est  au  musée  Teyler^  à 
Haarlem,  paraît  douteuse. 

20.  L'Amour,  avec  le  thyrse  de  Bacchus,  se  balance  dans  les  airs  et  re- 
garde la  panthère  qui  le  suit. 

21.  L'Amour,  tenant  la  flûte  de  Pan,  voltige  malicieusement  à  travers 
les  airs.  A  son  côté  est  une  chouette  tourmentée  par  des  oiseaux. 

22.  L'Amour  emportant  lecasque  de  Pallaset  le  bouclier  d'une  amazone. 
Selon  Bellori,  ce  seraient  les  armes  d'Alexandre  le  Grand. 

23.  L'Amour,  tenant  un  bouclier  rond  et  un  casque,  se  réjouit  d'être 
vainqueur  de  Mars. 

Gravé  par  Agostino  Veneziano.  Bartscb,  t.  XIV,  n'  218.  —  Copie  par  Marco  da 
Ravenna,  si  toutefois  ce  n'est  pas  la  même  plancbe  que  la  précédente,  mais  d'une 
impression  différenle. 

24.  Deux  Amours  emportant  la  massue  d'Hercule.  Une  Harpie  vole  à 
leurs  côtés. 

Gravé  d'après  un  dessin,  par  un  élève  de  Marc-Antoine,  1541.  Barfsch,  t.  XV, 
p.  36,  n»  4. 

25.  L'Amour  s'envolant  avec  le  marteau  et  la  fourche  de  Yulcain.  Il 
est  vu  de  face.  Un  crocodile  arrive  de  l'autre  côté. 

Une  esquisse,  à  la  sanguine,  se  trouve  au  musée  Teyler,  à  Haarlem. 


PKIM'URES  DE.HAPHAEL.  i87 

26.  L'AiDOur  doroptaDt  un  lion  et  un  cheval  marin^  en  signe  de  domi- 
nation sur  tous  les  êtres  qui  habitent  la  terre  et  la  mer. 

Gravé  par  Gherobin  Alberti.  Bartscb,  t.  lYII,  p.  131.  —  Par  un  anonyme  da 
divsaptième  siècle,  Job.  Meysens  ex.c.  lo-fol.  en  larg. 

240.  Saint  Jean-Baptiste. 

Sur  toile.  H.  5' 5";  1.4'  10". 

Le  Précurseur,  âgé  d'environ  quinze  ans^  est  assis  sur  une  (lierre  garnie 
de  mousse^  dans  un  désert  rocailleux.  Il  est  presque  entièrement  nu,  car 
la  peau  d'une  panthère,  qui  lui  enveloppe  la  cuisse  droite,  revient  der- 
rière son  dos  s'enrouler  autour  de  son  bras  gauche.  De  la  main  droite, 
qu'il  élève,  il  montre  les  rayons  qui  jaillissent  de  l'extrémité  d'une  petite 
croix  de  jonc  et  qui  annoncent  la  Passion  du  Sauveur  des  hommes.  De  la 
main  gauche  il  tient  une  banderole  de  parchemin  portant  une  inscription 
de  laquelle  on  ne  lit  que  le  mot  DEl.  Yasari  rapporte  que  Raphaël  avait 
peint  ce  tableau  pour  le  cardinal  Colonna  qui  en  lit  présent  à  son  médecin 
Jacopo  da  Carpi ,  après  une  maladie  grave  a  laquelle  il  avait  eu  le  bon- 
heur d'échapper.  Du  temps  de  Yasari,  cette  toile  se  trouvait  en  la  posses- 
sion de  Francesco  Bénin tenti.  Elle  Ggure  déjà,  néanmoins,  dans  l'Inven- 
taire de  la  Tribune  dressé  en  1589;  on  peut  donc  admettre  avec  certitude 
que,  parmi  toutes  les  répétitions  qui  existent  de  ce  tableau,  le  Saint  Jean- 
Baptiste  de  la  galerie  de  Florence  est  celui  que  Yasari  regardait  comme 
Toriginal.  Toutefois,  si  maintenant  nous  nous  plaçons  devant  le  tableau 
en  tenant  à  la  main  l'étude  à  la  sanguine  que  possède  aussi  la  collection 
de  Florence,  ou  seulement  la  gravure  sur  bois  de  Hugo  da  Carpi,  faite 
d'après  cette  étude,  on  est  forcé  de  reconnaître,  à  la  vérité,  que  le  tableau 
est  inférieur  :  le  mouvement  de  la  figure  est  plus  beau  dans  le  dessin  que 
dans  la  peinture,  c'est-à-dire  plus  vivant  et  plus  simple;  les  contours  et 
le  modelé,  dans  l'étude  faite  d'après  le  modèle,  ont  aussi  tout  le  charme 
d'une  nature  juvénile  et  florissante,  tandis  que  dans  le  tableau  on  a  exa- 
géré l'ampleur  des  formes  et  le  jeu  des  muscles;  on  regrette  aussi  de  n'y 
pas  trouver  l'habile  raccourci  du  pied  droit,  lequel  est  posé  de  telle  sorte 
qu*on  voit  le  dessus  et  le  dessous  en  même  temps,  ce  qui,  sans  être  im- 
possible dans  la  nature^  n'est  cependant  pas  agréable  à  l'œil.  La  tête  n'a 
pas  non  plus  cette  expression  profonde  et  pleine  d'âme ,  que  nous  admi- 
rons dans  les  ouvrages  de  Raphaël  exécutés  par  lui-même,  mais,  au  con- 
traire, elle  a  quelque  chose  d'exagéré  et  d'immobile.  On  peut  même  dire 
que  le  bras  gauche  est  d'un  dessin  médiocre  et  que  les  jambes  sont  roides 
d'exécution.  Les  ombres,  d'autre  part,  ont  fortement  poussé  et  plusieurs 
parties  du  tableau  ont  souffert.  On  ne  peut  donc  plus  apprécier  aujour- 
d'hui ce  que  cette  peinture  était  dans  son  état  primitif. 

Toutefois,  quelques  détails,  encore  bien  conservés,  révèlent  cà  et  là  le 


288  PEINTURES  DE  KAPHA^L. 

pinceau  de  Raphaël,  notamment  le  torse^  qui  est  plein  de  vie  et  d'un 
modelé  supérieur.  La  couleur  aussi  montre  encore,  par  places,  les 
tons  chauds  du  maître.  D'après  ces  observations,  on  ne  saurait  nier  que 
Raphaël  n'ait  mis  la  main  à  ce  tableau,  quoiqu'il  faille  convenir  que  c'est, 
en  majeure  partie  du  moins,  le  travail  d'un  de  ses  élèves,  de  Jules  Ro- 
main peut-être.  Il  est  possible  aussi  que  cette  peinture  n'ait  été  terminée 
qu'après  sa  mort.  Cette  dernière  opinjon  semblera  même  très-plausible, 
si  Ton  admet  que  Raphaël  n'eût  jamais  laissé  sortir  de  son  atelier  un 
tableau,  exécuté  sous  son  nom,  sans  donner  une  plus  vivante  expression 
à  la  tête  et  une  forme  moins  disgracieuse  au  pied  droit. 

Outre  l'étude  à  la  sanguine  qui  est  dans  la  collection  de  Florence,  M.  de 
Rumohr  cite  encore,  à  la  p.  135  de  ses  Recherches  en  llaliCy  une  académie, 
rapidement  faite  d'après  le  même  modèle  (seulement  un  peu  moins  jeuDe) 
et  presque  dans  la  même  pose,  esquisse  qu'il  avait  vue  dans  la  collection  de 
dessins  du  peintre  Fedi  acquise  par  Wicar.  Il  en  conclut  que  les  répétitious 
du  Saint  Jean-Baptiste  que  l'on  rencontre  par  toute  l'Europe,  qui  sont 
la  plupart  de  bons  ouvrages,  avec  plus  ou  moins  de  défauts,  ont  toutes  été 
faites  d'après  cette  académie.  Nous  ne  saurions  accepter  cette  étrange 
assertion,  car  on  trouve  justement,  dans  toutes  les  copies  de  ce  tableau, 
ce  pied  désagréablement  raccourci,  qui,  dans  le  dessin,  est  bien  plus  sim- 
ple et  seulement  vu  en  dessus.  Le  même  auteur  se  trompe  encore  quand 
il  avance  que  les  deui  copies  du  Saint  Jean-Baptiste  qui  se  trouvent  aux 
musées  de  Paris  et  de  Berlin  sont  tout  à  fait  identiques  aux  dessins  ;  car 
le  pied  droit  est ,  dans  ces  deux  copies ,  aussi  mal  tourné  que  dans  le 
tableau  original  à  Florence.  Le  paysage  du  fond  est  aussi  le  même  dans 
toutes  ces  répétitions,  qui  T)nt  été  faites,  vraisemblablement,  d'après  Je 
tableau  de  la  Tribune. 

Gravures  d'après  l'étude  originale. 

En  clair-obscur  par  Hugo  da  Carpi.  Bartsch,  l.  XII,  p.  73,  n»  18.  —  Par  un  ano- 
nyme, avec  quelques  changements,  dans  la  manière  de  Coroliano.  fiarUch,t.XU, 
n'  19.  —  Gravé  par  un  élève  de  Marc-Antoine,  avec  des  changements;  saint  Jean 
lient  la  croix  dans  la  main.  Bartsch,  t.  XV,  p.  25,  n»  4. 

Copies  d'après  ce  tableau. 

a,)  Dans  la  pinacothèque  de  l'Académie  de  Bologne.  Sur  bois.  Cest 
une  excellente  copie,  chaude  de  ton.  Malvasia,  dans  sa  Felsina  Pittrice 
(t.  l'i*,  p.  44),  dit  qu'il  y  avait  un  Saint  Jean-Baptiste  de  Raphaël  dans  la 
maison  Albergati,  à  Bologne;  c'est  sans  doute  celui-ci  qui  fut  légué  à  la 
ville  de  Bologne  par  le  secrétaire  Francesco  Maslri.  Ce  tableau  resta 
exposé  dans  la.salle  d'Hercule,  à  l'hôtel  de  ville,  jusqu'à  la  construction  de 
la  pinacothèque,  à  laquelle  il  fut  donné.  Voyez  Pungilooni,  p.  188. 

6.)  Au  palais  Quirinal,  à  Rome.  Sur  bois.  Les  couleurs  de  cette  copie 


-    PEINTURES  DE  RAPHAËL.  ^80 

oot  fortement  poussé  au  noir  et  le  dessin  en  est  devenu  un  peu  roide.  Le 
pap&  Clément  XII  acheta  ce  tableau  pour  2,000  scudi,  du  collège  des  Mino- 
rités^ auquel  le  cardinal  Carafla  l'avait  légué. 

c.)  Ail  palais  Borghèse,  à  Rome.  Sur  toile.  Cette  peinture  a  un  ton  puis- 
sant qui  rappelle  les  bons  ouvrages  de  Jules  Romain^  à  qui  elle  est  d'ail- 
leurs attribuée. 

cf.]  Au  palais  Spada,  à  Rome.  Sur  toile.  La  couleur  de  ce  tableau  est 
froide,  le  dessin  faible.  11  paraît  douteux  que  cette  copie  soit  même  de 
l'école  de  Raphaël. 

e.)  Au  musée  de  Berlin.  Sur  bois.  H.  5'  3"  4/2;  1.  4'  9"  i/2.  A  Florence, 
celte  bonne  copie  passe  pour  un  ouvrage  de  la  jeunesse  de  Francesco  Rossi, 
nommé  de  Salviati.  Les  ombres  des  chairs  ont  un  ton  vigoureux  qui  va 
jusqu'au  noir. 

f.)  Dans  la  galerie  de  Darmstadt.  Sur  bois.  H.  5' 2";  1. 4'  8".Cette  copie 
provient  de  la  collection  du  comte  Truchses,  à  Vienne.  11  est  à  regretter 
qu'elle  ait  été  trop  nettoyée  dans  les  derniers  temps.  L'exécution  de  cette 
peinture  trahit  un  bon  artiste  florentin. 

g,)  Dans  la  galerie  d'Orléans  il  y  avait  une  copie  sur  bois  (5'  1"  de  haut 
sur  4'  6"  de  large),  apportée  d'Italie  en  France  par  le  maréchal  d'Ancre, 
favori  de  la  reine  Marie  de  Médicis,  et  cédée  par  lui  au  président  de  Har- 
lay.  A  Londres,  elle  fut  achetée  par  lord  Berwick  pour  1,500  liv.  sterl., 
mais  on  ne  la  voit  plus  dans  la  galerie  de  Berwick.  Nous  supposons  que 
c'est  la  même  qui  se  trouve  aujourd'hui  chez  lord  Cliford,  à  Tinton 
Âbbey,  près  Ghepston. 

h,)  Au  palais  royal  de  S.  lldefonso,  en  Espagne,  il  y  a  aussi  une  bonne 
copie,  comme  nous  l'avons  entendu  dire  par  plusieurs  artistes  qui  l'ont 
vue. 

t.)  En  Russie  se  trouve  également  une  ancienne  copie  que  Morgenstern 
{Extrait  de  monjourfialj  1. 1*%  p.  359,  en  allemand)  a  vue,  en  1806,  chez 
l'amiral  Mordwinoy,  à  Saint-Pétersbourg,  et  qui  depuis  a  passé  dans  les 
mains  du  général  Lomonossoy. 

11  existe  encore  beaucoup  de  copies  d'un  format  plus  petit.  Bottari, 
dans  une  note  ajoutée  au  texte  de  Vasari,  vante  celle  que  l'évêque  de  Ri- 
casoli  fit  exécuter  d'après  le  tableau  que  possédait  Francesco  Benintendi; 
Bottari  dit  avoir  vu  cette  copie  chez  le  sénateur  Ricasoli  da  S.  Trinità,  à 
Florence.  Voyez  aussi  Bellezze  di  Firenze,  de  Bocchi,  p.  220. 

Gravures  (f  après  le  tableau. 

D'après  celui  de  la  Tribune.  C.  Bervic.  Petit  in-fol.,  pour  l'ouvrage  de  Wicar. 
— YiDC.  Biondi.  In-fol.  —  D'après  le  tableau  de  la  galerie  d'Orléaifs.  Franc.  Cbe- 
reau,  en  contre-partie,  pour  le  Cahinel  Crozat^  n"  19.  —  H.  Gutenberg,  in-4<>,pour 
la  Galerie  d'Orléant,  —  R.  Elisabeth  Marlié-Lépicier.  Petit  in-fol.,  cintré  dans  le 
haut.  —  Le  Blond  exe.  Couvay  se.  In-fol.  —  Joh.  Yendraminl,  au  pointillé.  In- 

lu  10 


^90  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

fol —  B.  Hôfel  à  Vienne,  ln-8.—  D'après  le  tableau  de  DarmsUdt.  Friedr.  John 
se.  En  contre-partie,  au  pointillé.  Petit  in-fol. 

Un  tableau  de  Saint  Jean  (mesure  carrée  de  4"  4'"),  un  peu  différent 
de  pose  (il  est  assis  sur  un  tronc  d'arbre  et  tourné  à  droite),  mais  égale- 
ment attribué  à  Raphaël,  se  trouvait  dans  la  galerie  du  Louvre.  Cette 
peinture,  qui  avait  beaucoup  souffert,  fut  restaurée  par  Stiémar.  Selon 
toute  apparence,  c'est  un  ouvrage  de  l'école  de  Raphaël. 

Gravé  par  Si  m.  Yalée;  en  contre-partie,  in-fol.  —  Landon,  n«  334. 

Louis  XVIII  fit  don  de  ce  tableau  à  une  église  de  village,  et  il  chargea  le 
duc  de  Maillé  de  l'y  faire  placer;  ce  qui  en  effet  eut  lieu.  Mais,  après 
quelques  années,  ce  tableau  ayant  été  endommagé  par  l'humidité  et  le 
soleil,  la  fabrique  de  l'église  le  rendit  au  duc  de  Maillé.  Après  la  mort  de 
celui-ci,  ses  héritiers  le  trouvèrent  dans  un  grenier;  ils  n'en  connaissaient 
ni  l'origine  ni  la  valeur^  si  bien  que,  mis  en  vente  avec  le  mobilier  du 
défunt,  il  fut  adjugé  pour  59  francs.  Un  marchand  de  tableaux,  M.  Cousio, 
qui  l'avait  acheté  aux  enchères,  le  fît  remettre  en  bon  état  et  demanda 
60,000  francs  au  gouvernement,  qui  le  réclamait  comme  propriété  inalié- 
nable de  l'Ëtat  ;  mais,  sur  un  ordre  judiciaire,  il  fut  obligé  de  le  rendre 
au  musée,  moyennant  le  simple  remboursement  du  prix  d'achat  et  des 
frais  de  restauration  qu'il  avait  fait  faire  au  tableau  ^ 

241.  Za  Transfiguration. 

Sur  bois.  H.  12'  6";  1.  8'  8'*. 

A  droite  de  la  partie  inférieure  du  tableau,  un  père  amène  son  fils  pos- 
sédé du  démon  et  implore  pour  lui  l'assistance  des  apôtres,  qui  sont  restés^ 
attendant  Jésus^  au  pied  du  montThabor;  le  démoniaque  est  accompagné 
de  huit  personnes^  hommes  et  femmes,  de  sa  famille.  Mais  les  apôtres^ 
n'ayant  pas  la  puissance  de  chasser  les  démons,  désignent  leur  divin  maître 
comme  le  seul  au  monde  qui  puisse  guérir  l'enfant  malade  de  corps  et 
d'esprit.  Quant  à  Jésus,  qui  est  sur  la  montagne,  on  le  voit,  dans  la  partie 
supérieure  du  tableau,  entouré  d'un  éclat  céleste  et  s'élevant  dans  les  airs 
entre  Moïse  et  Élie.  Les  trois  apôtres,  saint  Pierre,  saint  Jacques  et  saint 
Jean,  qui  avaient  suivi  Jésus  au  sommet  du  mont  Thabor,  se  sont  jetés  la 
face  contre  terre,  car  leurs  yeux  sont  éblouis  par  Téclat  de  la  transfigu- 
ration ;  à  leurs  côtés,  on  voit  encore  deux  diacres  en  adoration.  Nous  avons 
examiné  longuement,  dans  la  Vie  de  Raphaël,  et  la  composition  générale 
et  les  détails  de  ce  merveilleux  tableau  ;  voici  quelques  remarques  supplé- 
mentaires :  une  très-ancienne  mosaïque  byzantine,  avec  de  petits  sujets 
tirés  du  Nouveau  Testament,  conservée  dans  le  trésor  de  S.  Giovan  Bat- 

i .  Ce  tableau  n'ayaat  pas  été  réintégré  dans  la  collection  du  musée,  nous  avons  tout  liei4  de 
croire  qu'il  est  placé  comme  meuble  dans  un  château  impérial,  sinon  enfoui  au  garde-meuble 
de  la  couronne.  (/>'o(e  de  NdUeur,) 


à 


PEINTUBES  DE  RAPHAËL.  29 1 

tistaà  FloreDce  \  prouve  que  Raphaël^  par  Tordonnance  générale  de  la 
partie  supérieure  de  son  tableau ,  qui  est  la  Transfiguration ,  a  reproduit 
un  ancien  type  traditionnel  consacré  par  Tart  chrétien  ;  mais  il  n'y  a  pas 
la  moindre  raison  à  soutenir,  comme  on  Ta  fait,  que  ce  grand  maître  a 
copié  servilement  sa  composition  d'après  une  peinture  à  fresque  qui  se 
trouve  dans  le  petit  vestibule  servant  d'entrée  à  la  cour  de  l'église  S.  Mi- 
niato  à  Monte  près  Florence.  Quoique  Giov.  Batt.  Nocchi  ait  publié  un 
trait  de  cette  fresque,  en  la  donnant  comme  une  peinture  du  quinzième 
siècle,  il  n'est  pourtant  pas  nécessaire  d'avoir  l'œil  bien  exercé,  pour  y 
reconnaître  u  ne  faible  imitation  de  l'œuvre  même  de  Raphaël.  Ou  pourrait 
admettre,  avec  bien  plus  de  raison,  que  Raphaël  s'est  ressouvenu  de  la 
fresque  que  Stefano,  élève  de  Giotto,  a  exécutée  dans  le  couvent  S.  Spi- 
rito  à  Florence  ;  car,  dans  cette  fresque,  la  scène  de  la  guérison  du  pos- 
sédé se  trouve  placée  à  côté  de  la  Transfiguration. 

On  a  reproché  *  à  Raphaël  d'avoir  représenté  dans  un  même  tableau 
deux  sujets  tout  différents,  et  n'ayant  aucune  relation  entre  eux.  11 
serait  plus  difficile  d'expliquer  ou  de  justifier  la  présence  des  deux  dia- 
cres sur  la  montagne,  à  côté  des  trois  apôtres.  Mais  il  est  permis  de  croire 
que  Raphaël,  en  se  soumettant  à  cet  étrange  anachronisme,  ne  fit  qu'obéir 
au  cardinal  Jules  de  Médicis,  depuis  le  pape  Clément  Vil,  qui  lui  avait 
commandé  le  tableau  de  la  Transfiguration.  Il  devient  alors  probable  que 
ces  deux  diacres  représentent  les  saints  Julien  et  Laurent,  par  allusion  au 
père  et  à  l'oncle  du  cardinal.  Nous  passons  sur  quelques  autres  critiques 
faites  au  sujet  de  ce  tableau,  sous  le  rapport  de  la  conception  et  de  la 
composition  ;  nous  croyons  avoir  dit  à  cet  égard  tout  ce  qu'il  fallait,  dans 
la  Vie  de  Raphaël,  et  nous  nous  bornerons  aux  réflexions  suivantes,  que 
nous  suggère  la  comparaison  de  ce  tableau  avec  les  ouvrages  antérieurs  du 
maître.  Raphaël  semble  avoir,  dans  celui-ci,  cherché  surtout  une  large 
distribution  des  masses  d'ombres  et  de  lumières.  Il  a  donc  placé  dans  la 
demi-teinte  quelques  figures  de  la  partie  inférieure  du  sujet,  afin  de  con- 
traster plus  vivement  encore  avec  le  lumineux  éclat  de  la  partie  supé- 
rieure. C'est  là  que  Raphaël  a  voulu  prouver  qu'il  pouvait  exceller  dans 
cet  art  du  clair-obscur,  que  le  Corrége  et  les  Vénitiens,  surtout  le  Giorgione, 
ont  porté  à  un  si  haut  degré.  Malheureusement,  l'admirable  clair-obscur 
qui  existait  originairement  dans  la  Transfiguration  a  presque  entièrement 
disparu,  parce  que  Jules  Romain,  en  terminant  le  tableau  après  la  mort 
de  Raphaël,  se  servit  de  noir  de  fumée,  couleur  perfide,  qui  donne  au 
premier  moment  un  ton  vigoureux  et  transparent,  mais  qui,  au  bout  de 

1 .  Voy.  G.  F.  de  Rumohr,  lUtHenUche  Forichungen,  ï,  p.  304,  et  Gori,  Mon.  BapU  Flor.y 
p.  Î3,  IV,  4. 

î.  Richardson,  Traité  de  la  peinture^  t.  II,  p.  44,  et  t.  111,  p.  610;  Falconet,  dan»  se» 
OEuvreê  (Lausanne,  1781,  l.  111,  p.  274). 


202  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

quelques  années,  pousse  au  noir.  Cependant,  si  nous  ajoutons  foi  au  témoi- 
gnage de  M.  le  baron  Boucher-Desnoyers  (dans  son  Appendice  à  l'Histoire 
de  Raphaël,  par  Quatremère  de  Quincy,  p.  55),  les  glacis  seuls  auraient 
poussé  au  noir;  car,  lorsqu'on  plaça  le  tableau  en  pleine  lumière,  il  prit 
un  ton  luniineux  et  brilla  de  tout  son  éclat.  Il  y  a  aussi  dans  cette  pein- 
ture quelques  parties  dont  les  couleurs  n'ont  rien  perdu,  entre  autres  la 
figure  de  saint  André,  si  admirable  de  pinceau,  les  épaules  nues  de  la 
femme  agenouillée  au  premier  plan^  et  sa  belle  tête  aui  magnifiques  tresses 
de  cheveux. 

Que,  dans  la  partie  inférieure,  quelques  parties  aient  été  exécutées  par 
Jules  Romain,  c'est  là  un  fait  incontestable,  car  on  en  a  la  preuve  ^  non- 
seulement  par  sa  manière  de  peindre  qui  se  traliit  dans  quelques  têtes 
d'apôtres  un  peu  rudement  traitées,  mais  encore  dans  la   conduite 
du  cardinal;  il  fit  payer  directement  à  Jules  la  somme  qu'il    restait 
devoir  à  Raphaël  pour  le  tableau.  Voici  comment  la  chose  se  passa  : 
le  cardinal  avait,  sur  la  demande  du  pape  Léon  X,  obtenu  de  Fran- 
çois !«*:,  aussitôt  après  son  avènement  au  trône,  Tévêché  de  Narbonne. 
Ce  fut  donc  pour  décorer  son  église  épiscopale  qu'il  pria  Raphaël  de  lui 
peindre  un  tableau  d'autel  représentant  la  Transfiguration.  A  la  mort  du 
maître,  le  tableau  commandé  était  encore  dans  son  atelier;  il  fut  même, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit,  exposé  auprès  de  son  lit  de  mort.  Jules  Ro- 
main et  Francesco Penni,  que  Raphaël,  dans  son  testament,  avait  nommés 
héritiers  de  tous  ses  ouvrages  d'art,  devaient  aussi  conjointement  terminer 
tous  ceux  que  le  maître  laissait  inachevés;  les  deux  artistes  furent  occupés 
pendant  plusieurs  années  à  ce  travail,  et  ils  s'en  partagèrent  les  bénéfices; 
mais  il  y  eut  une  exception  pour  le  tableau  de  la  Transfiguration.  Jules 
Romain,  à  la  demande  du  comte  Baldassare  Castiglione,  réclama  pour  son 
propre  compte  la  somme  que  le  cardinal  Jules  de  Médicis  avait  encore  à 
payer  pour  le  prix  du  tableau,  et  il  reçut  en  effet  ce  payement,  qui  s'élevait 
à  2^  ducats.  H  ressort  de  ce  fait,  que  si  Jules  Romain  toucha  pour  lui 
seul  ce  qui  restait  dû  sur  le  prix  du  tableau,  c'est  qu'il  avait  terminé  seul 
ce  tableau. 

La  lettre  du  comte  Castiglione  au  cardinal,  que  nous  avons  citée  plus 
haut,  fournit  quelques  renseignements  intéressants  sur  les  rapports  de  cet 
illustre  écrivain  avec  Raphaël  et  ses  élèves;  c'est  pourquoi  nous  en  donne- 
rons ici  une  traduction.  (Le  texte  est  imprimé  dans  les  Letterepittoriche^ 
t.  IV,  p.  3.)  «  Quoique  le  moment  soit  assez  mal  choisi  et  que  ma  demande 
puisse  paraître  importune,  je  me  vois  cependant  forcé,  par  un  devoir 
d'amitié,  de  demander  à  Votre  Seigneurie  une  grâce  qui,  je  le  suppose,  ne 
la  gênera  nullement,  et  qui  sera  très-profitable  à  un  de  vos  serviteurs,  à 
mon  ami  Jules,  l'élève  de  Raphaël.  Votre  Seigneurie  est  encore  redevable 
d'une  certaine  somme  pour  le  tableau  que  Raphaël  a  peint  pour  elle; 


1 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  295 

cette  somme,  Jules  ne  la  réclame  point,  il  est  vrai,  aujourd'hui  même;  ce 
n'est  pas  non  plus  pour  son  usage  qu'il  veut  l'avoir  ;  mais,  comme  il  u  une 
sœur  en  âge  d'être  mariée  et  qu'il  lui  aurait  trouvé  un  mari  (le  sculpteur 
LofBDzetto,  qui  a  exécuté  la  statue  de  Jonas  sous  la  direction  de  Raphaël), 
s'il  avait  le  moyen  de  lui  donner  une  dot,  il  désire  que  Votre  Seigneurie 
daigne  avoir  la  bonté  de  iixer  l'époque  à  laquelle  il  pourra  toucher  cet 
argent;  car  ne  dût-il  pas  le  recevoir  avant  six,  huit  ou  dix  mois,  le  jeune 
homme  qui  doit  épouser  sa  sœur  ne  s'en  inquiéterait  nullement,  pourvu  \ 

toutefois  qu'il  eut  la  certitude  de  le  recevoir  à  Tépoque  promise.  Votre 
Seigneurie,  en  m'accordant  ce  témoignage  de  sa  bienveillance,  n'aura  pas 
droit  seulement  à  la  profonde  gratitude  de  Jules  Romain,  qui  lui  est  si 
dévoué,  mais  moi-même  aussi  je  lui  eu  serai  éternellement  obligé.  Si  je 
recommande  avec  confiance  cette  aiïaire  à  Votre  Seigneurie,  ce  n'est  pas 
seulement  en  raison  de  l'amitié  que  je  porte  à  Jule^,  mais  aussi  en  sou- 
venir de  Raphaël,  de  bienheureuse  mémoire,  que  je  n'uime  pas  moins  après 
sa  mort  que  je  l'aimais  de  son  vivant.  Or,  je  sais  combien  il  souhaitait  voir 
assuré  le  sort  de  la  sœur  de  Jules.  Je  n'ajouterai  rien  de  plus,  si  ce  n'est  que  je 
baise  humblement  les  mains  de  Votre  Seigneurie.  A  Rome,  le  7  mai  1522.  » 
La  demande  du  comte  Castiglione  ne  tarda  pas  à  recevoir  satisfaction, 
comme  le  prouve  le  registre  A  des  débiteurs  et  créanciers,  qui  se  trouve 
dans  les  archives  de  l'église  S.  Maria  Novella  à  Florence  ;  on  lit,  à  la  p.  316 
de  ce  registre  :  a  1522.  Jules  le  peintre  doit  recevoir  224  ducats  d'or  qui 
lui  reviennent  sur  le  prix  du  tableau  d'autel  qui  fut  peint  par  le  maître 
Raphaël  d'Urbin  et  que  reçut  l'église  S.  Pietro  in  Montorio  de  Rome, 
quoique  ce  tableau  ait  coûté  déjà  655  ducats.  »  (Voy.  la  note  ajoutée 
au  texte  de  Vasari  par  Bottari.)  Après  la  mort  de  Raphaël,  le  cardinal  ne 
voulut  point  enlever  à  la  ville  de  Rome  un  chef-d'œuvre  qui  ne  pouvait 
être  remplacé  par  aucun  autre  analogue;  il  envoya  donc  à  son  église  épis- 
copale  de  Narbonne,  en  échange  de  la  Transfiguration,  le  superbe  tableau 
de  la  Résurrection  du  Lazare,  de  Sébastien  del  Piombo,  pour  lequel  Mi- 
chel-Ange avait  fait  des  esquisses.  Le  tableau  de  Raphaël  resta  quelque 
temps  à  la  cancelleria,  habitée  par  le  cardinal,  jusqu'à  ce  que  Giovanni  Barili 
eût  sculpté  un  cadre  digne  de  ce  chef-d'œuvre.  (Voy.  la  Vie  de  Sébastien 
del  Piombo,  par  Vasari.)  Bottari  assure  que,  quand  on  descendit,  en  1757, 
le  tableau,  placé  depuis  plus  de  deux  siècles  sur  l'autel  de  S.  Pietro  in 
Montorio,  pour  en  faire  la  copie  en  mosaïque,  qui  fut  exécutée  par  Stefano 
Pozzi,  et  qui  est  aujourd'hui  dans  labasiUque  de  Saint-Pierre,  on  trouva 
cette  inscription  sur  le  cadre  :  Divo  Petro  Principi  Apostolorum  Medicis 
card.  vicecancellarius  d.  d,  anno  D.  MDXXtlL  Cette  date  doit  être  celle 
du  placement  de  la  ïranstiguralion  sur  l'autel  de  S.  Pietro  in  Montorio, 
puisqu'on  apprend  du  document  cité  plus  haut,  que  le  tableau  avait  déjà 
été  donné  en  présent  à  cette  église  en  1522.  11  en  lit  l'ornement  jusqu'à 


â94  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

l'année-1797,  où  les  Français  l'enlevèrent,  pour  le  transportera  Paris,  au 
musée  Napoléon  ;  là,  ce  chef-d'œuvre,  qui,  sans  être  détérioré,  était  de- 
venu méconnaissable  sous  son  vieux  vernis,  fut  nettoyé  et  rendu  à  l'admi- 
ration des  amis  des  arts.  Après  le  traité  de  paix  de  1815,  le  tableau  re- 
tourna à  Rome,  et  il  est  actuellement  un  des  principaux  chefs-d'œuvre 
de  la  galerie  choisie  du  Vatican. 

Plusieurs  dissertations  spéciales  sur  le  tableau  de  la  Transflguration 
ont  été  publiées;  celle  du  général  Benito  Pardo  de  Figueras  fut  tra- 
duite de  l'esp'^gnol  en  français  par  Croze  Magnan,  et  en  allemand  par 
F.  Gruen  (Berlin,  1805,  in-8»).  Celle  de  Karl  Morgenstern,  Uber  Rafaël 
Sanzio's  Verkldrung  (Dorpat  und  Leipzig,  1822,  in-4«),  n'a  pas  eu  les  hon- 
neurs d'une  traduction.  Chacun  de  ces  deux  écrivains  a  considéré  ce' tableau 
sous  un  point  de  vue  différent,  sans  avoir  recueilli  aucune  particularité 
nouvelle  relative  à  sou  histoire. 

Études  pour  la  Transfiguration. 

a,)  Le  Saint  André  assis  au  premier  plan,  d'après  un  modèle  nu;  étude 
dessinée  à  la  sanguine.  Coll.  Albertine,  à  Vienne. 

6.)  Étude  pour  les  trois  apôtres  qui  sont  au  milieu  du  tableau  ;  ligures 
nues  à  la  sanguine.  Même  collection. 

Lithogr.  par  F.  Eybl. 

c.)  Autre  étude  pour  la  tigure  de  saint  André,  et  pour  l'apôtre  qui  élève 
les  bras  derrière  lui,  à  la  sanguine.  Même  collection. 

Lithogr.  par  F.  Eybl. 

d.)  Étude  à  la  sanguine  pour  la  figure  du  jeune  homme  qui  se  penche 
en  avant,  et  pour  celle  qui  debout  regarde  vers  le  haut.  D'après  des  mo- 
dèles non  vêtus.  Coll.  du  Louvre. 

Gravé  par  Caylus.' 

e.)  Étude  pour  la  tête  et  les  deux  mains  d'un  des  apôtres  placés  au  mi- 
lieu du  tableau,  à  la  pierre  noire.  De  la  coll.  Lawrence ,  ce  dessin  passa 
dans  celle  du  roi  des  Pays-Bas;  il  est  actuellement  chez  M.  Pescatore  à  Paris. 

f.)  Étude  pour  la  tête  de  saint  André,  de  même  grandeur  que  dans  le 
tableau,  dessinée  à  la  pierre  noire  et  piquée  pour  le  calque.  Elle  passa  de 
la  suce.  Th.  Lawrence  dans  celle  du  roi  des  Pays-Bas;  elle  fut  achetée 
310  fl.  en  1850,  par  M.  Samuel  Woodburn,  de  Londres. 

g.)  Deux  têtes  (de  grandeur  naturelle),  du  jeune  homme  et  de  l'apôtre 
qui  se  trouve  auprès  de  lui.  C'est  une  étude  admirablement  dessinée  à  la 
pierre  noire.  Au  sortir  de  la  coll.  Joh.  Goll  van  Frankenslein  à  Amsterdam, 
elle  fut  achetée  par  les  frères  Woodburn,  à  Londres;  actuellement,  elle 
est  dans  la  coll.  d'Oxford. 

h,)  Tête  de  l'apôtre  qui  s'avance  derrière  le  jeune  homme.  Collection 
d'Oxford. 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  295 

En  ADgleterre ,  et  principalement  chez  le  duc  de  Devonshire^  nous 
avons  encore  vu  beaucoup  d'autres  études  de  mains  et  de  pieds,  pour  la 
Transfiguration,  dessinées  à  la  pierre  noire  et  piquées  pour  le  calque.  Ces 
études  peuvent  être  considérées  comme  des  fragments  du  carton  de 
Francesco  Penni,  pour  l'exécution  d'une  copie  qu'il  a  faite  de  ce  tableau. 
Ce  qui  nous  autorise  à  cette  supposition,  c'est  que  tous  ces  dessins  ne 
sont  pas  traités  assez  librement  pour  qu'on  ose  les  attribuer  à  Raphaël. 
C'est  vraisemblablement  du  même  carton  que  faisaient  aussi  partie  les 
trois  morceaux,  la  tête,  la  main  et  le  pied  de  la  femme  à  genoux,  vendus 
avec  la  collection  Rutgers,  à  Amsterdam,  en  1778,  au  prix  de  16  florins. 

t.)  Dn  célèbre  dessin  à  la  plume,  représentant  toute  la  composition  avec 
des  figures  nues,  est  actuellement  dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

Lithogr.  par  J.  Pilizotti. 

Nous  dirons,  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  Raphaël,  ce  qui  nous 
empêche  de  croire  ce  dessin  authentique. 

;.)  Il  y  avait  dans  le  cabinet  de  M.  de  Praun,  à  Nuremberg,  un  dessin 
que  l'on  regardait  comme  une  première  esquisse  de  Raphaël  ;  mais  il  est 
si  faible  dans  toutes  ses  parties,  qu'on  est  forcé  d'y  reconnaître  l'œuvre 
d'un  faussaire. 

Gravé  par  J.  Th.  Preslel.  In-fol. 

k.)  Le  dessin  de  toute  la  composition,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  de 
blanc,  se  trouvait  autrefois  dans  la  possession  du  bourgmestre  Willem  Six; 
il  passa  ensuite  successivement  dans  les  collections  Walraven,  Rutgers, 
Ploos  van  Amstel,  et  fut  vendu,  en  1833,  avec  la  planche  de  la  gravure 
de  Raphaël  Morghen,  après  le  décès  de  Joh.  GoU,  à  Amsterdam.  Quoique 
nous  n'ayons  pas  vu  ce  dessin,  nous  avons  pourtant  des  motifs  de  douter 
de  son  originalité. 

/.)  La  collection  de  Modène  avait  le  dessin  d'un  des  apôtres,  à  la  pierre 
noire,  sur  papier  de  couleur,  et  rehaussé  de  blanc.  Petit  in-folio.  Voyez 
Le  Future  e  ScuUure  di  Modena,  etc.,  dal  Gian  Filiberto  Pagani  (Modena, 
1770,  p.  129). 

m.)  Le  pape  Clément  XI  (Albani  d'Urbin)  acheta,  moyennant  un  prix 
très-élevé,  un  carton  de  la  Transfiguration,  comme  le  rapporte  Taja,  afin 
de  ne  pas  le  laisser  aller  en  Angleterre.  Richardson  avait  vu  au  Vatican 
la  partie  inférieure  de  ce  carton,  qui,  en  1826,  était  exposé  au  palais 
Albani,  à  Rome.  11  difTère,  en  beaucoup  de  points,  du  tableau  original  : 
le  Christ,  qui  plane  dans  une  gloire  en  forme  d'ellipse,  ne  lève  pas  ses 
yeux  vers  le  haut ,  mais  il  les  abaisse  vers  Moïse.  Les  deux  diacres  man- 
quent tout  à  fait.  Au-dessous,  derrière  l'homme  à  droite,  on  ne  voit 
qu'une  tête  de  femme,  etc.,  etc.  La  maladroite  exécution  de  ce  carton 
révèle  à  tout  connaisseur  que  le  pape  Clément  XI  fut  trompé,  et  qu'on 
lui  vendit  comme  un  original  une  copie  fabriquée  par  un  habile  faussaire. 


296  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

Gravé  par  Francesco  Pozzi,  1779.  H.  26";  1.  16"  9'".  Plas  Urd,  cette  gravure  fot 
retravaillée  et  terminée  en  partie  par  Pietro  Bettelini,  sous  la  direction  de  Stefaoo 
Tofanelli.  Publiée  avec  une  dédicace  à  W.  Hamilton  Nisbet,  par  Francesco  de 
Santis  à  Rome.  H.  29"  6"';  1.  22"  2"\  avec  la  marge.  En  1835,  la  planche  était  la 
propriété  de  Giuseppe  Yallardi,  à  Milan. 

n.)  Une  esquisse  peinte  à  l'huile  sur  bois,  représentant  la  partie  supé- 
rieure de  la  composition^  sans  les  diacres  et  avec  divers  changements 
notables^  a  surgi  tout  à  coup^  il  y  a  quelques  années,  à  Munich.  Elle  était 
dans  la  possession  de  M.  de  Binder.  H.  25";  1.  18".  Selon  ce  que  nous  en 
avons  entendu  dire  par  des  artistes  compétents,  cette  esquisse,  très- 
franchement  et  très-spirituellement  traitée,  porterait  ce  cachet  qui  n'ap- 
partient qu'à  des  œuvres  originales.  Les  têtes  des  prophètes  seraient 
trè%-be11es;  les  figures  auraient  été  peintes  d'abord;  plus  tard  seulement 
on  aurait  complété  le  fond,  et  si  légèrement,  qu'il  ne  touche  quelquefois 
pas  au  contour  des  figures.  Malheureusement  cette  esquisse,  ayant  été 
livrée  à  la  discrétion  d'un  restaurateur,  a  perdu,  dit-on,  beaucoup  de  ses 
qualités;  mais  néanmoins,  comme  nous  ne  l'avons  point  vue,  nous  nous 
garderons  de  rien  préjuger  à  son  sujet. 

Copies  anciennes  d'après  la  Transfiguration. 

a.)  Gio.  Francesco  Penni  avait  exécuté  une  copie  de  ce  tableau,  sur  la 
demande  du  pape  Clément  Vil,  ainsi  que  Vasari  le  raconte  dans  la  Vie  de 
cet  artiste;  mais  il  l'emporta  et  la  vendit,  à  Naples,  où  on  la  voyait  dans 
l'église  S.  Spirilodegrincurabili.  Comme  elle  ne  s'y  trouve  plus  depuis 
longtemps,  et  que  l'écrivain,  très-inexact,  Bern.  de  Dominici,  rapporte 
{Vite  de  Pitlori,  etc.,  napo/i/ani.  Napoli,  1742,  t.  II,  p.  290)  qu'une  belle 
copie  de  la  Transfiguration,  par  Andréa  daSalerno,  fut  enlevée  de  l'église 
S.  Domenico,  pour  être  transportée  en  Espagne  par  don  Pietro  d'Aragona, 
nous  supposons  que  cette  copie  peut  être  celle  de  Francesco  Penni,  qui, 
selon  D.  Ant.  Couca  (Descrizione  odeporica,  etc.  Parma,  4793, 1. 1,  p.  20i), 
aurait  été  léguée  comme  un  tableau  original,  par  le  prince  di  Astigliano, 
a  l'église  des  Thérésiennes  qu'il  avait  fondée.  Actuellement,  cette  copie 
se  trouve  au  musée  national  à  Madrid ,  dans  le  local  de  l'ancien  couvent 
de  la  Santa  Trinidad.  Elle  diffère,  en  quelques  endroits,  d'une  manière 
assez  marquée ,  du  tableau  original  :  le  Christ  et  les  deux  prophètes 
planent  dans  une  auréole  circulaire  qui  les  entoure  tous  trois;  il  n'y  a  pas 
d'arbre  derrière  les  deux  diacres.  La  femme  agenouillée  au  premier  plan 
est  entièrement  vêtue  de  rouge,  le  manteau  qui  lui  tombe  des  épaules 
jusqu'à  terre  étant  de  la  même  couleur  que  la  robe,  tandis  que,  dans 
l'original,  ce  manteau  est  bleu  foncé.  Le  vêtement  de  l'apôtre  assis  au 
premier  plan  est  également  rouge.  Il  est  difficile  de  supposer  que  ces 
couleurs  ne  soient  que  des  tons  préparatoires  qui  devaient  être  repeints 
en  bleu,  car  l'exécution  des  draperies  est  aussi  achevée  que  le  reste  de  la 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  297 

copie;  cependant  cet  ouvrage  est  loin  d'avoir  la  finesse  de  l'original^  dans 
le  dessin  et  le  modelé  comme  dans  l'expression.  Les  draperies  aussi  sont 
roides^  et  le  terrain  est  d'un  ton  brun  monotone. 

6.)  Au  palais  Sciarra  Colonna  se  voit  une  bonne  copie  par  Carlo  Sara- 
cino,  nommé  le  Napolitain;  elle  se  trouvait  autrefois  dans  la  galerie 
Barberini. 

c.)  A  Rome»  il  existe  encore  plusieurs  copies  de  petite  dimension^  qui 
sont  souvent  présentées  comme  des  esquisses  originales.  Mengs  et  Win- 
kelmann  ont  été  obligés,  par  des  raisons  particulières,  de  déclarer  origi- 
nale celle  qui  est  au  palais  Albani,  quoique  aucun  connaisseur  ne  puisse 
s'y  tromper  et  que  même  les  arbres  du  fond  indiquent  clairement  qu'ils 
ont  été  peints  par  un  Néerlandais. 

d,)  Antonio  Pons  mentionne,  dans  son  Viage  de  Espana  (t.  IV,  p.  127), 
une  très-belle  copie,  haute  de  dos  varas,  dans  l'église  des  «  Carmelitas 
delcalzos  in  Valentia,  capella  de  la  Comunion.  » 

Estampes  d'après  la  Transfiguration. 

D'après  une  esquisse,  avec  des  changements,  par  un  élève  de  Marc-Antoine  ; 
faible  gravure.  Bartscb,  t.  XV,  p.  187,  n*  6.  —  D'après  le  tableau,  dans  la  manière 
d'Agostino  Yeneziano,  pet.  pi.,  du  côté  opposé,  1538.  Bartsch,  t.  XV,  p.  19,  n«9. 
Deuxième  épreuve,  avec  ISicoh  van  Aeltl  formis.  —  Corn.  Cort  se  1573,  avec  une 
dédicace  au  cardinal  de  Granvelle.  Les  premières  épreuves  sans  nom,  les  troi- 
sièmes datées  de  1602.  H.  21"  T";  1.  14"  T".  —  Copie  de  celle  planche,  par  un 
élève  de  Corn.  Cort,  chez  P.  P.  Palumbus,  1574;  épreuves  postérieures  avec 
Gatp,  Alberlus  iucce$$or  Palumbi,  H.  21"  5"';  1.  14"  7"'.  -  Mich.  Ang.  Marelli 
fecit ,  1602.  Les  premières  épreuves  sans  nom ,  les  troisièmes  avec  Claudiut  Du- 
cheliform.  Romœ,  1648.  H.  20"  9"';  1.  13"  11"'.  —  Raph.  Sadeler  excud.;  du  côté 
opposé;  petite  pi.  —  Gravé  sur  l'ordre  de  Louis  XIV,  par  Sim.  Thomassin,  1680; 
en  deux  planches.  Du  côté  opposé.  H.  28";  1.  16"  8'".  —  Jacques  Chereau  junior, 
chez  la  veuve  Audran.  Cintrée  dans  le  haut.  Du  côlé  opposé.  H.  26"  2'";  1. 15" 3"'. 
—  S.  Valé  sculp.  Drevel  ex.  Du  côté  opposé.  Gr.  in-fol.  —  Arn.  van  Westerhoul; 
àl'eau-forte,  avec  une  dédicace  au  moine  Gio.  Franc.  Grasso.  Les  deuxièmes 
épreuves  portent,  au  lieu  du  nom  de  Westerhout  *.  Si  vende  da  Vincenzo  Billy 
alla  ehieta  nuova.  H.  15';  1.  9"  5'".  —  Joh.  Bapt.  Lenardi,  d'après  un  dessin  de 
Hubert  Vincent,  1691.  Du  côté  opposé.  In-fol.  —  Nie.  Dorigny,  à  l'eau-forte  el  ter- 
minée au  burin,  1705.  Secondes  épreuves  de  1709.  La  planche  fut  retouchée  en 
1764  par  Rob.  Strange.  Grand  in-fol. —  Benedetlo  Eredi,  1778.  Mauvaise  planche 
in-fol.  —  A. -P.  Tardieu  se,  cintré  dans  le  haut.  ln-8.  —  A  la  manière  noire, 
par  Jac.  Simon,  sans  les  diacres,  en  deux  feuilles.  Petit  in-fol.  Une  fois  avec 
l'inscription  :  The  Transfiguration  of  Christ,  Marc,  ix,  v.  2.  Puis  :  The  youih  brought 
hy  the  falher  to  Ihe  Apottles.  Marc.  c.  ix.  —  Raph.  et  Ant.  Morghen.  PI.  commencée 
par  le  premier  en  1795  el  terminée  en  1804  par  Antonio  pour  Artaria,  à  Mannheim. 
Gr.  in-fol.  —  Raph.  Morghen,  d'après  un  dessin  de  Stefano  Tofanelli,  1811. 
Gr.  in-fol.  —  A.  Girardet,  pour  le  Musée  Napoléon.  In-fol.  —  A  l'eau-forte,  par 
Qucverdo,  terminée  par  Pigeotpour  la  Galerie  Filhol,  in-4«.  —  Ignazio  Pavon  ;  copie 
d'après  Morghen.  Gr.  in-fol. —  Dissard.  In-fol. —  Thouvcnin,  à  la  manière  poin- 
lilléc.  In-fol.  —  Aug.  Spiess,  sur  acier.  Petit  in-fol.  —  A  la  manière  noire,  par 
U.  G.  Kininger,  1836.  Gr.  in-fol.  —  Le  baron  Boucher-Desnoyers.  Gr.  in-fol. 


298  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

—  Lith.  par  Th.  Driendt.  6r.  in-fol.  —  De  même,  par  Robillard,  1843.  Petit  in- 
fol.,  pour  la  Galerie  religietue  et  morale.  * 

Estampes  d'après  des  parties  isolées  du  tableau. 

Seulement  la  partie  supérieure  :  le  Christ,  Moïse,  Ëlie  et  les  trois  apôtres.  Gîulio 
Bonasone,  pour  l'ouvrage  d'Achille  Bocchius  :  Symbolicarum.  H.  4"  2"';  l.  3". 
Bartsch,  t.  XV,  p.  164,  n»  275.  —  M.  Aubert,  1724.  Petit  in-fol.  —  Duthé,  aa 
pointillé.  Petit  in-fol.—  Le  Christ  seul,  gravé  par  T.  Trotter,  1788.  Petite  planche. 

—  La  femme  à  genoux,  au  premier  plan,  par  J.-C.  Thelot.  J.  Dan.  Herz.  exe. 
In-fol.  —  Seulement  la  tôle  de  cette  femme  donnée  comme  étant  le  portrait  de  la 
Fornarina,  matlresse  de  Raphaël;  gravé  sur  argent  à  la  pointe  sèche,  par 
Raph.  Morghen,  dans  un  rond  de  2"  4"'  de  diamètre.  Voy.  le  Catal.  de  Niccolù 
Palmerini  :  Opère  d'intaglio  del  cav.  Rafaele  Morghen  (Firenze,  1824,  n»209).  — 
A.  de  Humboldt  fec.  aqua  forti,  1788.  €'est  une  tête  d'homme  imprimée  en 
rouge.  In-fol.  —  Studio  del  ditegno  ricavato  dalV  etlremità  délie  figure  del  célèbre 
quadro  delCa  Trantftguraxione  di  ffa/foeUf ,  delineato  dal  Sf.  Cav.  Yincenzo  Ca- 
muccini,  inciso  da  Giov.Folo(Roma,  nel  studio  di  Folo);  31  feuilles  numérotées 
et  un  titre,  avec  une  dédicace  à  Giuseppe  Eman.  Pinto  di  Sousa,  etc.  —  Rectieii 
de  12  têtes  d'étude  de  la  TranM/iguYation  de  Raphaël,  dessinées  d'après  le  tableau  ori- 
ginal et  tracées  sur  pierre  par  J.  Gouhaud  (Amsterdam,  gr.  in-fol.}. 

La  Salle  de  Constantin. 

Nous  avons  déjà  raconté,  dans  la  Vie  de  Raphaël ,  comment  ce  grand 
maître,  pour  suivre  vraisemblablement  Texemple  de  Sébastien  del  Piombo, 
qui  le  premier  avait  fait  des  peintures  murales  à  l'huile,  voulut  aussi 
exécuter  de  la  même  manière  les  peintures  de  cette  salle.  Après  avoir,  à  cet 
effet,  composé  le  dessin  général  de  l'ensemble,  il  avait  exécuté  des  cartons 
pour  deux  figures  allégoriques  de  chaque  côté  de  la  Bataille  de  Constantin, 
et  une  esquisse  au  lavis  pour  la  Harangue  de  Constantin  à  ses  soldats. 
Puis,  comme  essai,  il  avait  fait  peindre  à  l'huile,  ^us  ses  yeux,  les  figures 
de  la  Justice  et  de  la  Bonté,  par  Jules  Romain  et  Francesco  Penni  (  ainsi 
que  le  rapporte  Yasari),  lorsqu'il  fut  surpris  par  la  mort  au  début  dé  ce 
grand  ouvrage. 

La  mort  du  pape  Léon  X  survint  l'année  suivante,  et  le  pape  Adrien  Vï, 
son  successeur,  ne  fit  rien  pour  les  arts;  mais  les  travaux  de  la  salle  de 
Constantin  furent  repris  sous  le  pontificat  de  Clément  VU,  en  i523.  Les 
deux  élèves  favoris  de  Raphaël,  Jules  Romain  et  Francesco  Penni,  trou- 
vèrent plus  convenable  d'exécuter  ces  peintures  à  fresque  plutôt  qu'à 
l'huile,  et  firent  abattre  le  crépi  préparé,  à  cet  effet,  du  vivant  de  Raphaël, 
sans  toutefois  détruire  les  deux  figures  allégoriques  qui  avaient  été  déjà 
peintes  à  l'huile.  Ils  se  partagèrent  entre  eux  les  travaux  et  se  servirent 
de  l'aide  de  Raphaël  del  Colle  et  de  Giovanni  da  Lione. 

Ces  peintures  sont  distribuées  de  la  sorte  :  sur  les  quatre  murs  de  cette 
salle,  qui  a  quatre-vingt-deux  palmes  de  longueur,  mais  qui  est  inégale  de 
largeur,  et  dont  un  des  murs  a  deux  fenêtres,  il  y  a  quatre  grands  tableaux 
représentant  des  sujets  tirés  de  la  vie  de  Constantin  et  figurant  des  tapis- 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  299 

séries  suspendues  à  la  muraille,  ornées  d'une  riche  bordure  et  garnies  de 
franges.  A  côté  de  chacun  des  tableaux  est  une  niche  avec  un  pape  assis, 
entouré  de  génies  et  accompagné  de  figures  allégoriques.  Au-dessus  de 
ces  peintures,  des  figures  plus  petites  sont  représentées  sur  des  pilastres  : 
Apollon,  la  Lune,  de  jeunes  filles  et  de  jeunes  garçons  portant  Temblème 
de  Léon  X,  qui  est  un  joug  avec  le  mot  SVAVE.  Sur  le  socle,  au  contraire, 
de  petites  cariatides^  avec  la  bague  de  diamant  et  les  divers  emblèmes  des 
M<^dicis,  entourent  des  caissons  de  différentes  grandeurs  où  sont  des  sujets 
de  la  vie  de  Constantin,  peints  en  couleur  jaune  imitant  le  bronze. 

242.  Harangue  de  Constantin  à  ses  soldais. 

L'empereur  Constantin,  debout  dans  une  tribune  à  gauche,  ayant  à  côté 
de  lui,  debout,  un  capitaine  romain  ;  il  raconte  à  quatre  porte-étendards 
(draconarii)  la  vision  qu'il  a  eue,  et  ce  récit  semble  les  frapper  d'enthou- 
siasme. Une  garde  se  trouve  sur  le  devant,  et,  aux  pieds  de  l'empereur, 
deux  jeunes  pages  tiennent  ses  armes.  Dans  le  fond,  on  voit  les  tentes  du 
camp,  avec  des  soldats  qui  accourent  pour  annoncer  le  miracle  de  Tappa- 
ritlon  de  la  croix  lumineuse,  sur  laquelle  on  lit  ces  mots  :  a  Avec  ce  signe, 
tu  triompheras  (EN  Torrn  nika).  »  Plus  loin^  on  aperçoit  le  fleuve  du 
Tibre  avec  le  pont  d'i£lius,  les  mausolées  d'Auguste  et  d'Adrien,  ainsi 
qu'une  pyramide  représentant  vraisepfiblablement  le  prétendu  tombeau 
de  Romulus,  qui  s'était  conservé  jusqu'à  l'époque  d'Alexandre  Yl.  A 
droite,  sur  le  premier  plan,  est  un  nain  diflbrme  qui  se  coiffe  avec  un 
casque.  Cette  figure  est  une  addition  aussi  désagréable  qu'inconvenante 
de  Jules  Romain,  qui^  comme  le  rapporte  Taja^  pour  plaire  au  cardinal 
Hippolyte  de  Médicis,  voulut  immortaliser  ainsi  son  nain  Gradasso  Berettai 
de  Norcia,  comme  déjà  l'avait  fait  le  Berni  dans  un  poëme  ironique. 
Les  deux  pages  ont  été  également  ajoutés  par  Jules  Romain,  dont  ils 
trahissent,  au  reste,  la  manière  par  leur  pose  et  leurs  vêtements.  La 
preuve  de  ces  interpolations  maladroites  et  ridicules  est  une  esquisse  de 
Raphaël  que  Richardson  a  décrite  (t.  III,  p.  416),  et  que  Henry  Reveley  a 
vue  chez  le  duc  de  Devonshire,  esquisse  où  ne  se  trouvent  ni  le  nain,  ni 
ces  pages  dont  le  costume  est  un  étrange  anachronisme  dans  un  sujet 
antique. 

Le  coloris  de  cette  peinture  est  énergique  et  brillant,  ce  qui  confirme 
le  témoignage  de  Vasari  et  de  Scanelli  {Microscomo  délia  pitturoy  p.  154), 
lesquels  l'attribuent  à  Jules  Romain.  Elle  porte  l'inscription  suivante  : 
Adlocutio  qua  divinitus  impulsi  Constantiniani  victoriam  reperere* 

Gravures  :  Francesco  Aquila,  pour  son  ouvrage  Piciwrœ,  elc.  Gr.  planche.  — 

A  l'eau-forte,  par  un  anonyme.  En  contre-partie,  avec  Julhu  Rom.  invent,  NP 

del.  Pet.  iD-4.  —  Yinc.  Salandri.  Gr.  in-fol.  en  larg.  —  Landon,  n"  301. 


300  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

243.  La  Bataille  de  Constantin, 

H.  22  palmes;  1.  50. 

Le  lieu  de  la  scène  est  sur  la  rive  gauche  du  Tibre,  aux  |>ortes  de 
Rome;  le  pont  Milvius  (ponte  Molle)  forme  le  fond  à  droite,  et  l'horizoa 
est  fernié  par  la  chaîne  des  collines  de  Monte  Mario^  vers  le  mont  Janicule. 
L'empereur  Constantin ^  au  milieu  du  tableau,  traverse  le  champ  de 
bataille,  monté  sur  un  cheval  aux  formes  puissantes,  et  tourne  sa  lance 
contre  Maxence,  qui  se  trouve  acculé  avec  son  armée  au  bord  du  Tibre. 
Celui-c'r,  sur  son  cheval,  cherche  vainement  à  traverser  le  fleuve.  Trois 
anges,  aux  épées  flamboyantes,  volent  au-dessus  de  l'empereur  et  annon- 
cent la  victoire  que  Dieu  lui  envoie.  En  attendant,  la  lutte  continue  à 
outrance,  quoique  les  troupes  de  Maxence  reculent  et  se  dispersent  en 
désordre  à  l'approche  de  la  cavalerie  de  Constantin.  On  voit  déjà  les 
fuyards  sur  le  pont.  La  variété  d'épisodes  qui  forment  cette  vaste  compo- 
sition en  fait  un  des  plus  riches  tableaux  de  bataille  qui  existent.  Nous 
nous  bornerons,  pour  de  plus  amples  détails,  à  renvoyer  le  lecteur  à  ce 
que  nous  en  avons  dit  dans  la  Vie  de  Raphaël.  ' 

Richardson  rapporte  (t.  IV,  p.  427),  d'après  les  dessins  qui  se  sont  con- 
servés de  cette  Bataille,  que  dans  l'exécution  plusieurs  figures  ont  été 
omises,  dont  l'absence  a  modiflé  le  caractère  d'archarnement  et  de  con- 
fusion que  Raphaël  avait  voulu  mettre  dans  la  lutte.  Ainsi^  on  ne  voit  pas, 
dans  la  fresque,  un  porte-étendard  et  deux  autres  soldats  qui  cherchent 
leur  salut  en  nageant  dans  le  fleuve.  On  ne  voit  pas  non  plus  toute  la 
partie  du  combat  qui  s'étendait  jusque  dans  les  ravins  de  la  montagne  et 
qui  se  lie,  dans  les  dessins,  avec  les  épisodes  du  premier  plan.  Il  est 
[lossible  que  Raphaël  ait  fuit  lui-même  ces  changements  dans  le  carton, 
dont  un  fragment  se  trouve  encore  à  la  bibliothèque  Arabroisienoe  de 
Milan;  car,  dans  la  peinture,  il  n'y  a  point  de  lacune  apparente,  et  Jules 
Romain  ne  paraît  avoir  introduit  aucun  détail  étranger  à  la  composition 
primitive. 

Ce  qui  distingue  cette  Bataille,  c'est  d'abord  son  ensemble  grandiose, 
c'est  aussi  la  richesse  des  épisodes,  qui  tous  sont  aussi  vivants  que  vrais, 
parfaitement  adaptés  au  sujet.et  propres  à  donner  d'une  bataille  l'idée  la 
plus  juste  et  la  plus  saisissante  ;  c'est  enfln  le  dramatique  du  sujet,  où  Ton 
ne  voit  pas  seulement  la  rage  des  partis  qui  sont  aux  mains,  mais  où,  tout 
en  évitant  des  scènes  sanguinaires  qui  n'inspirent  que  le  dégoût,  le  maître 
a  cependant,  par  différents  groupes,  dépeint  de  la  manière  la  plus  vive 
et  la  plus  touchante  le  malheur  des  guerres  civiles. 

Quelle  richesse  a  déployée  le  génie  de  Raphaël  dans  la  création  de  celte 
Bataille,  et  combien  pauvres  nous  paraissent,  comparativement,  certaines 
œuvres  du  même  genre,  qui  ont  cependant  acquis  à  leurs  auteurs  une  assez 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  301 

grande  gloire  !  —  De  nos  jom*s,  il  n'y  a  guère  que  la  Prise  de  la  Smala^  par 
Horace  Vernel,  qui,  partant  d'un  point  de  vue  tout  à  fait  diiïérent,  a  ce- 
pendant rivalisé  d'invention  avec  l'œuvre  de  Raphaël.  —  Cette  peinture 
murale  porte  celle  inscription  :  B.  Val,  Aurel,  Comtanlini  Imp.  Victoria 
qua  iurmerso  Maxentio  Christianorum  opes  firmatae  sunt. 

L'excellente  exécution  de  cette  fresque  est  attribuée,  avec  raison,  à 
Jules  Romain ,  quoiqu'il  ait  pu  se  servir  de  l'aide  de  ses  élèves,  comme  le 
dit  ScaDclli,  et  comme  ^indiquent  aussi  certaines  ombres  qui  s'éloignent  du 
ton  rouge-brun  qu'il  aiïectionne,  pour  se  rapprocher  d'un  ton  noirâtre. 

En  général,  la  couleur  de  cette  peinture  est  un  peu. froide;  par  contre, 
le  dessin  est  juste  et  ferme  et  le  pinceau  vraiment  magistral.  Aussi  faut-il 
grandement  louer  la  vérité  parfaite  du  costume  ancien,  tant  des  vêtements 
que  desf  armes,  vérité  qui  ne  manque  pourtant  pas  de  fantaisie. 

Raphaël  possédait  ces  qualités  à  un  degré  très-élevé,  et  plus  que  Jules 
Romain  qui  se  permettait  souvent  une  liberté  fantastique,  en  plaçant,  à 
côté  de  figures  antiques,  des  personnages  vêtus  à  la  manière  du  moyen 
âge,  comme  nous  l'avons  vu  dans  le  tableau  précédent,  où  Raphaël  ne  lui 
eût  pas  pardonné  son  nain  et  ses  deux  pages.  Francesco  Penni  se  permit 
la  même  licence  dans  le  tableau  du  Baptême  do  Constantin,  où  un  page 
porte  des  fausses  manches  tailladées  en  feuillnge,  qui  étaient  à  la  mode 
vers  la  moitié  du  quinzième  siècle.  Dans  le  tableau  de  la  Donation  de  la 
ville  de  Rome  au  pape,  se  trouvent  aussi  plusieurs  figures  avec  le  costume 
du  seizième  siècle,  figures  qui  cependant,  pour  la  plupart,  sont  des  por- 
traits. Raphaël,  toutefois,  a  montré  dans  l'École  d'Athènes  comment  on 
pouvait  introduire  des  portraits  contemporains  dans  un  sujet  antique, 
sans  faire  pour  cela  un  anachronisme  de  costume. 

Dessins  pour  la  Bataille  de  Constantin. 

o.)  Une  esquisse  de  toute  la  composition,  esquisse  différente  de  la 
fresque, a  été  vue,  par  Richardson,  chez  Malvasia;  plus  tard,  elle  se  Irou- 
vait  dans  le  cabinet  Crozat  et  actuellement  elle  fait  piartie  de  la  collection 
du  Louvre. 

6.)  On  a  vu,  au  palais  Borghèse,  à  Rome,  jusqu'en  iSlâ,  une  autre 
esquisse ,  qui  fut  achetée  par  le  comte  russe  Baick. 

c.}  Richardson  cite  une  troisième  esquisse  (t.  IV,  p.  15)  qui  se  trouvait 
de  son  temps  en  Espagne;  il  la  croit  également  originale;  mais,  suivant 
Ant.  Ponz  (t.  VI,  p.  121),  ce  n'est  qu'un  dessin  fait  d'après  la  fresque.  Au 
reste,  ce  dessin  n'est  plus  dans  la  collection. 

à,)  La  collection  de  la  bibliothèque  Ambroisienne,  à  Milan,  conserve  un 
fragment  du  carton  de  Raphaël. 

e.)  Une  étude  pour  un  groupe,  qui  est  dans  la  collection  royale  d'Angle- 
terre, représente  un  guerrier  protégeant,  coulre  l'attaque  de  l'ennemi,  un 


302  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

t'rère  d'armes  renversé  à  terre.  On  croit  que  c'est  une  esquisse  qui  n'a 
pas  été  utilisée  pour  la  fresque. 

/*.)  Étude  pour  deux  soldats  dans  le  fleuve,  à  la  pierre  noire.  Collection 
d'Oxford. 

g.)  Étude  pour  un  homme  assis,  à  la  pierre  noire.  Collection  d'Oxford- 

h.)  Étude  pour  un  homme  renversé  à  terre,  à  la  pierre  noire.  Collection 
d'Oxford. 

t.)  Cest  vraisemblablement  pour  cette  Bataille  qu'avait  été  faite  aussi 
une  esquisse  à  la  plume,  représentant  des  combattants  nus,  dont  deux 
sur  des  chevaux  renversés,  et  un  troisième  au  milieu,  vu  de  dos,  tenant 
une  lance  ;  des  six  autres,  on  ne  voit  guère  plus  que  la  tête. 

11  existe  une  belle  gravure  d'après  cette  esquisse,  par  Adam  Bartsch^ 
in-folio  en  largeur.  Nous  ne  saurions  indiquer  ce  qu'est  devenu  le  des^n. 

Gravures  :  O'apréa  une  esquisse  de  Raphaël,  difTérant  de  la  fresque,  Gîulio 
Bonasone,  1544.  Bartsch,  t.  XY,  p.  134,  n"  84.  Si  cette  estampe  est  vraiment  exé- 
cutée d'après  une  esquisse  de  Raphaël,  comme  le  dit  l'inscription  dans  les  épreuvei^ 
postérieures,  on  est  cependant  obligé  d'avouer  que  l'on  y  reconnaît  à  peine  sa 
manière. —  La  partie  gauche  de  la  hataille  jusqu'à  l'empereur  Constantin,  à  Teaii- 
forte,  par  Orazio  Farinkti ,   nommé  aussi  Battista  del  Moro.  Bartsch,  t.  XVI, 
p.  171,  n»  6,  et  p.  200.  —  D'après  la  fresque,  J.  B.  de  Cavallerijs  inc,  1571,  avec 
cette  inscription  à  gauche  :  Imperator  Casar  Constantinut...  /i6erati  asservit.  3  pi. 
in-fol.  en  largeur.  —  Copie  de  cette  planche,  par  le  Maître  au  monogramme  KS. 
Voy.  Brulliot,  t.  I,  n°  2775.  Avec  cette  adresse  :  Aniverpitg  Martin  Pétri  exr,  4  pi. 
ajustées.  H.  13"  3"';  1.  45" 6'".  —  Peter  Scalberge,  1637,  en  4  pi.  — Pietro  Aquiia 
Palcrmitano,  1683,  del.  et  incid.,en  4  pi.  Les  secondes  épreuves  avec  l'adresse 
de  Hossi.  —  A  l'eau-forte,  par  Woyriol,  d'après  un  dessin  de  Boucquet,  avec  une 
inscription  commençant  ainsi  :  Monseigneur^  les  philosophes  tiennent  q%ie  les  faits 
héroïques,  etc.  Longue  planche  étroite.  H.  5"  8"';  1. 15".  — A  l'eau-forte,  par  Ballh. 
Pavillon.  Très-petite  planche.  —  Légère  eau-forte,  par  Ant.  Banzo.  Format  atlas 
en  larg.  —  Aloysio  Fabri,  gr.  pi.  en  larg.  —  Landon,  n*  299. 

244.  Le  Baptême  de  Constantin. 

Le  baptême  de  Constantin  a  eu  Jieu^  selon  un  des  actes  apocryphes  de 
saint  Sylvestre^  dans  le  baptistère  de  Latran,  qui  subsiste  encore  à  Rome, 
et  qui  est  représenté  dans  celte  fresque.  Le  pape  Sylvestre  (c'est  le  por- 
trait de  Clément  Vil)  est  debout  sur  les  marches  inférieures  du  bassin 
baptismal  et  verse  une  coupe  remplie  d'eau  sur  la  tête  de  l'empereur, 
qui^  agenouillé  devant  lui  et  débarrassé  de  ses  vêtements^  a  la  main  droite 
posée  sur  un  livre  qu'un  prêtre  tient  ouvert.  On  y  lit  ces  mots  :  Hodie 
salus  Urbi  et  Imperio  fada  est.  A  côté  du  pape,  un  diacre  tient  sur  un  plat 
le  flacon  des  saintes  huiles,  et,  derrière  l'empereur,  un  serviteur  de 
réglise  étend  un  drap  pour  essuyer  Teau  du  baptême.  A  droite,  sur  les 
marches,  est  assis  un  page  noble  de  l'empereur,  gardant  ses  vêtements 
et  ses  armes.  Au  milieu  du  fond,  on  voit  le  porte-croix,  ayant  à  ses  côtés 
deux  enfants  avec  des  candélabres,  et,  plus  loin  derrière  lui,  plusieurs 


PEIÎ^TURES  DE  RAPHAËL.  307) 

gardes  et  le  peuple.  A  droite,  un  homme  presque  sans  vêtement,  avec 
deux  enfants  nus,  montent  encore  vers  le  bassin  pour  recevoir  le  baptême. 
Sur  ie  devant,  à  droite,  se  tient  un  jeune  homme  en  costume  romain,  la 
eouronne  royale  sur  la  tête;  c'est  Crispus,  le  fils  de  Constantin,  qui, 
selon  la  tradition,  reçut  le  baptême  en  même  temps  que  son  père.  En 
face,  il  y  a  un  homme  à  barbe,  debout,  dans  le  costume  de  cour  du  com- 
mencement du  seizième  siècle  ;  c'est  le  portrait  que  Yasari  désigne,  dans 
la  Vie  de  Jules  Romain,  comme  étant  celui  du  chevalier  de  Rhodes  et 
chevalier  de  la  cour  (cavalierino)  du  pape  Clément  Vil,  qui  se  nommait 
Niccolô  Vespucci.  Au-dessous,  à  côté  de  cette  peinture,  se  trouve  cette 
inscription,  faisant  allusion  à  la  restauration  du  baptistère  de  l'église 
S.  Jean  de  Latran,  laquelle  eut  lieu  sous  les  papes  Léon  X  et  Clément  Vil  : 
Labacrum  renascentis  vitœ  C,  Val.  Constantini.  —  Cletnens  Vil  Pont.  Max. 
a  Leone  X  cœptum  conxumavit,  MDXXIUL 

La  composition  de  ce  tableau  n  est  point  de  Raphaël,  quoiqu'elle  soit 
traitée  suivant  les  règles  de  composition  symétrique  qu'il  avait  l'habitude 
d'ennployer;  mais  on  n'y  trouve  pas,  comme  dans  tous  ses  ouvrages,  une 
profonde  observation  de  la  nature.  C'est  aussi  la  plus  faible  des  peintures 
de  cette  salle.  L'exécution  en  est  attribuée  par  Scanelli  {Microscomo  delta 
piiftira,  p.  154)  et  par  les  écrivains  modernes,  à  Gio.  Francesco  Penni. 

Gravures  :  Francesco  Aquila,  dans  ses  ficiwrœ^  etc.  Gr.  pi.  —  Vinc.  Salandri. 
Gr.  in-foi.  en  larg.  <—  Landon,  n<>  302. 

Un  dessin  de  cette  composition ,  à  la  plume  et  lavé  au  bistre ,  a  été 
attribué  à  Raphaël,  et  se  trouvait,  en  1756,  dans  la  collection  du  duc  de 
Tallard,  à  Paris.  Voy.  le  Catalogue  de  Remy  et  Glomy. 

243.  La  Donation  de  la  ville  de  Rome  au  Pape. 

La  quatrième  peinture  murale  de  cette  salle  représente  l'empereur 
donnant  à  Tévêque  de  Rome  le  gouvernement  de  cette  ville.  Le  lieu  de 
la  scène  est  l'intérieur  de  l'ancienne  église  de  Saint-Pierre.  Saint  Sylvestre, 
assis  sur  un  trône,  dans  le  fond,  à  gauche,  reçoit,  en  bénissant,  le  pré- 
sent de  l'empereur,  qui  est  agenouillé  devant  lui  et  qui  lui  remet  symbo- 
liquement une  figure  allégorique,  en  or,  de  la  ville  de  Rome.  Aux  côtés  du 
pape  se  tiennent  plusieurs  prélats,  et,  parmi  les  personnes  agenouillées 
derrière  l'empereur,  Bellori  croit  reconnaître  un  membre  de  la  famille 
Flavi,  qui  était  alors  grand  maître  de  l'ordre  de  Saint-Grégoire,  ordre  que 
Ton  prétend  avoir  été  fondé  par  Constantin.  Des  gardes  suisses,  costumés 
comme  ils  le  sont  encore  aujourd'hui  à  Rome ,  font  le  service  intérieur 
de  l'église  et  empêchent  qu'elle  ne  soit  envahie  par  la  foule.  Parmi  ceux 
qui  se  tiennent  entre  les  colonnes,  à  droite,  on  pourrait  rechercher  les 
portraits  que  Vasari  indique  dans  la  Vie  de  Jules  Romain,  savoir  :  celui 
de  ce  peintre  lui-même,  que  l'on  reconnaît  dans  la  figure  de  l'homme  cou- 


50i  PEINTURES  DE  liAPHAEL. 

vert  d'une  loque  et  un  peu  plus  élevé  que  les  personnages  qui  Tentou- 
rent;  puis  les  portraits  des  poètes  Pontano  et  Murallo.  Ensuite  on  voit  en 
face,  à  gauche,  le  portrait,  également  cité  par  Vasari,  du  comte  Baldassare 
Castiglione,  Tami  fidèle  de  Raphaël  et  le  grand  protecteur  de  Jules,  qu'il 
attira  plus  tard  à  la  cour  de  Mantoue.  Une  foule  assez  nombreuse,  com- 
posée surtout  de  femmes  et  d'enfants,  est  agenouillée  au  premier  pian^ 
prêtant  plus  ou  moins  d'attention  à  la  solennité  qui  s'accomplit.  On  voit 
aussi  un  jeune  et  charmant  garçon  nu,  qui,  ne  se  souciant  de  rien,  en- 
fourche gaiement  son  chien ,  comme  si  c'était  un  cheval.  Sur  les  deux 
colonnes  les  plus  voisines  du  premier  plan ,  on  lit  les  inscriptions  sui- 
vantes :  Jam  tandem  Christum  libère  pro/iteri  licel.  Puis  :  Ecclesiœ  Dos  a 
Constaniino  tributa.  Ces  inscriptions  se  rapportent  à  l'édit  de  l'empereur 
en  faveur  des  chrétiens  et  à  la  donation  de  la  ville  de  Rome  à  l'Église. 

Dans  l'ordonnance  de  cette  peinture,  Jules  Romain,  à  qui  en  appartient 
l'invention,  a  montré  qu'il  était  un  digne  élève  de  Raphaël;  quelques 
groupes  isolés  sont  aussi  très-pittoresques  et  très-beaux,  quoiqu'ils  ne 
soient  pas  toujours  convenablement  adaptés  au  sujet,  ce  qui  est  sans  doute 
difficile  à  éviter  dans  la  représentation  d'une  scène  à  laquelle  presque  tous 
les  Fpectateurs  n'ont  aucune  part  active.  Pourtant  Jules  Romain  aurait  dû 
omettre  maint  détail  qui  fait  un  contraste  inconvenant  avec  le  sujet,  entre 
autres  le  jeune  garçon  nu  avec  son  chien,  quelque  gracieux  que  ce  groupe 
puisse  paraître  d'ailleurs. 

Titi  et  Bellori  attribuent  l'exécution  de  cette  fresque  à  Raphaël  del 
Colle.  A  en  juger  par  la  facile  manière  et  la  fraîcheur  du  coloris  de  cet 
ouvrage,  qui  a  beaucoup  d'analogie  avec  d'autres  exécutés  par  le  même 
artiste  dans  le  pays  d'Urbin,  on  peut  considérer  cette  assertion  comme 
juste. 

Gravures  :  par  un  ancien  anonyme  italien;  seulement  le  groupe  à  gauche  des 
trois  femmes  agenouillées  à  terre  avec  l'enfant,  avec  le  jeune  homme  adossé  à  la 
colonne  et  deux  autres  figures.  En  contre-partie.  H.  8" 6";  1.  6"  T".  —  Toute  la 
composition,  Jo.  Bapt.  Franco.  Gr.  pi.  du  côté  opposé.  Bartsch,  t.  XV,  p.  137, 
n*>  55.  —  Franc.  Aquila  dans  son  Piclurœ,  etc.  -^  Aloysio  Fabri  se.  Rom.  Gr.  in- 
fol.  en  larg.  —  Landon,  n*  186. 

Une  esquisse  pour  les  groupes  principaux,  dessinée  à  la  plume  et  lavée 
au  bistre  (dans  la  manière  de  Jules  Romain),  a  passé  successivement  dans 
les  collections  J.  Stella,  Coypel  et  duc  d'Orléans  ;  ce  dernier  en  fit  don  au 
duc  de  Tallard.  (Voyez  le  Catalogue  par  Remy  et  Glomy.  —  Paris,  1756.) 
Ce  dessin  doit  être  celui  que  nous  avons  vu  dans  les  mains  de  M.  Major, 
de  Londres.  11  diffère  en  plusieurs  parties  de  la  fresque;  lesdraperies  des 
figures  du  devant  sont  surtout  d*un  tout  autre  arrangement.  L'enfant  est 
fermement  assis  sur  le  chien.  La  mosaïque  de  la  niche  y  manque.  Les 
ligures  des  trompettes  dans  Touverture  ronde,  ainsi  que  les  figures  plus 
rapprochées  de  l'autel,  sont  très-difl'érentes  de  celles  du  tableau.  Le 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  305 

jeuoe  homme  qu'on  voit  debout  au  premier  plan^  et  qui  certainement 
est  un  portrait^  n'est  pas  encore  indiqué.  Malheureusement  ce  grand 
dessin  très-achevé,  de  Jules  Romain,  a  beaucoup  souffert,  en  ce  que  le 
bistre  a  mangé  le  papier. 

246.  Les  Huit  Papes,  avec  les  figures  allégoriques. 

A  côté  de  chaque  peinture  murale  se  trouve  représcnfé  un  pape  assis 
dans  une  niche,  entouré  de  deux  ligures  allégoriques  représentant  ses 
Tertus.  Mais,  comme  il  se  trouve  deux  fenêtres  auprès  de  la  fresque  de  la 
Donation  de  la  ville  de  Rome,  et  que  l'espace  qui  reste  libre  dans  l'en- 
cuignure  est  très-étroit,  il  n'y  avait  pas  la  place  pour  une  niche  :  on  n'y 
a  donc  mis  qu'une  seule  figure  allégorique  à  côté  du  pape.  Derrière  ce 
dernier,  comme  nous  l'avons  dit,  sont  des  pilastres  sur  lesquels  il  y  a  de 
petites  figures  tenant  l'emblème  et  la  devise  de  LéonX  :  ce  sont  des  jeunes 
garçons  et  des  jeunes  filles  à  peine  vctus  et  deux  hermaphrodites.  A  côté 
du  Baptême  de  Constantin  on  reconnaît  Apollon  et  Diane  debout  sur  les 
pilastres,  mais,  au  lieu  du  joug,  ils  tiennent  des  boules  de  verre,  avec 
celte  légende:  Candor  t7/œ*t/5,  qui,  selon  Paolo  Giovio  (Diaîogo  délie 
Impresey  p.  51),  fut  adoptée  par  Clément  VII  lorsqu'il  était  encore  car- 
dinal, sous  le  pape  Adrien  VI. 

a.)  L'Apôtre  saint  Pierre.  Il  est  majestueusement  assis  in  pofiifyîca/i6us 
et  tient  les  deux  clefs  dans  sa  main  gauche.  Deux  petits  anges  relèvent 
les  rideaux  d'un  baldaquin.  A  droite  est  assise  la  figure  allégorique  de 
l'Église  montrant  un  petit  temple  qu'elle  tient  sur  ses  genoux,  comme  si 
elle  prononçait  ces  paroles  de  Jésus-Christ  dans  l'Évangile  :  «  Tu  es  Pierre, 
sur  cette  pierre  je  veux  bâtir  mon  église.  »  En  face  est  assise  la  figure  allé- 
gorique de  l'Éternité ,  tenant  un  livre,  un  encrier  et  une  plume;  ayant  le 
Phénix  à  ses  côtés,  elle  indique  que  l'Église,  confiée  à  l'Apôtre,  doit  avoir 
une  durée  éternelle. 

'  6.)  Le  Pape  Clément ^^  Ce  pape  vécut  sous  Domitien,  Nerva  et  ïrajan. 
Il  élève  la  main  droite  et  tient  un  livre  dans  la  main  gauche  ;  il  y  a  aussi 
deux  petits  anges  relevant  les  rideaux  d'un  baldaquin.  A  gauche  est  assise 
la  figure  de  la  Modération,  tenant  une  bride  dans  chaque  main.  A  droite, 
la  figure  de  la  Bonté  (Comitas),  ayant  un  agneau  à  ses  pieds.  Ces  vertus 
caractérisent  les  qualités  de  l'évêque  romain  telles  qu'Eusèbe  les  a  cé- 
lébrées. 

La  Bonté  est  une  des  figures  allégoriques  qui  a  été  exécutée  à  Thuile 
par  Jules  Romain  ou  Francesco  Penni  d'après  le  carton  de  Raphaël. 

Gravé  par  Robert  Slrange,  1765.  In-fol. 

c.)  Alexandre  l«^  L'inscription  indique,  il  est  vrai,  cette  figure  comme 
étant  celle  du  pape  Sylvestre.  Mais  Montagnani  a  démontré,  par  des  rai- 
sons concluantes  qui  trouvent  surtout  leur  appui  dâiis  l'ordre  chi^onolo* 

11.  80 


306  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

gique  des  pontifes  romains,  qu'il  y  a  eu  erreur  dans  le  placement  des 
inscriptions,  ce  qui  nous  paraît  d'autant  plus  probable,  que  le  pape  Syl- 
vestre, qui  ligure  déjà  dans  les  deux  peintures  principales,  serait  ainsi 
présenté  deux  fois.  L'évéque  romain  Alexandre  vivait  du  temps  de  W 
pcreur  Adrien  et  mourut  martyr.  11  est  représenté  ici  tenant  un  livre  et 
regardant  avec  enthousiasme  vers  le  ciel  ;  deux  anges  se  tiennent  auprès 
de  lui.  A  ses  côtés  sont  assises  les  figures  allégoriques  de  la  Foi  et  de  la 
Religion,  la  première  ayant  un  calice,  et  la  dernière  deux  tables  dont 
l'une  porte  cette  inscription  :  Liber  generationis  Jesu  Christi  filii  David. 
d,)  Urbain  I""'.  Il  vivait  au  troisième  siècle,  sous  l'empereur  Alexandre- 
Sévère.  Cette  figure^  d'un  caractère  rempli  de  dignité  et  peinte  avec  une 
énergie  particulière,  est  incontestablement  de  Jules  Romain.  Deux  anges 
relèvent  de  chaque  côté  son  manteau  pontifical.  La  figure  allégorique  de 
la  Justice  est  assise  à  sa  gauche,  et,  en  face  de  lui,  celle  de  la  Charité. 
La  première  de  ces  figures  a  été  peinte  à  Thuile  par  Giovanni  Franecsco 
Penni;  elle  tient  une  balance  dans  la  main  gauche  et  pose  sa  main  droite 
sur  une  autruche.  L'autruche  n'est  pas  ordinairement  l'attribut  de  la  Jus- 
tice *  ;  Raphaël  l'avait  peut-être  empruntée  d'une  médaille  antique  qui 
porte  la  tête  de  Tibère,  ou  bien  d'une  médaille  représentant  une  figure 
allégorique  de  la  Justice  qui^  selon  la  donnée  de  Valeriano  Bolsani 
(J.  Pierii  Valeriani  Hieroglyphica,  Lugduni,  1602,  lib.  XXV,  cap.  u), 
montre  plusieurs  plumes  d'autruche  avec  le  mot  JVSTITIA..  Horus  Apollo 
nous  fournit  à  cet  égard^  dans  ses  Hiéroglyphes  des  Égyptiens,  les  explica- 
tions suivantes  :  «  Les  plumes  d'autruche  désignent  un  homme  qui  rend 
une  justice  égale  pour  tous,  de  même  que  les  ailes  de  l'autruche  sont 
semblables  et  non  variées  comme  celles  des  autres  oiseaux.  »  Voyez 
liv.  11^  p.  110.  —  Quant  à  la  figure  allégorique  de  la  Charité,  elle  est 
assise,  tenant  deux  enfants  sur  ses  genoux,  avec  un  troisième  enfant  de- 
bout, à  sa  droite,  qui  lève  ses  regards  vers  elle. 

La  tête  du  pape  Urbain  I",  gravée  par  Ferd.  Ruschweyh,  Romœ.  Petit  in-fol. 

La  Justice.  Une  légère  esquisse  pour  cette  figure  se  trouve  chez  M.  de 
Savigny,  conseiller  d'État,  à  Berlin. 

Gravé  par  Gio.  Batt.  GiDtes,  en  contre-partie.  Petit  in-fol.  —  Robert  Strange, 
1765.  Gr.  in-fol.  —  La  tête  seule,  grandeur  de  l'original,  par  Paolo  Fidanza. 
Gr.  in-fol. 

La  Charité.  Deux  esquisses  de  G.  F.  Penni,  pour  cette  figure,  se  trou- 
vent dans  les  collections  du  Louvre  et  d'Oxford. 

La  première  de  ces  esquisses  a  été  gravée  par  le  comte  de  Gaylus,  et  la  seconde 
lith.  dans  la  Lawrence  Gallery» 

i.  Le  monument  sépulcral  du  p^ipc  Adrien  VI,  dans  l'église  de  Santa  Maria  deir Anima,  à 
Kome,  contient  également  une  statue  allégorique  do  la  Justice,  avec  le  symbole  de  Tautnicbe. 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  307 

Gravures  à  Tean-forte  d'après  l'original,  par  le  Mattre  au  monogramme  DBC. 
1643.  Voy.  Brulliot,  t.  I,  n"  816;  cette  estampe  porte  aussi  le  monogramme  de 
l'éditeur:  CP Y.  1643.  Voy.  BruUiol,  1. 1,  n«  1436.  Format  étroit. —  En  clair^bscur 
de  3  planches  dans  l'ouvrage  de  John  Skippe,  marqué  J.  S.  sculp.  1783.  — 
LandoD,  n»  149. 

Une  esquisse  de  la  figure  de  femme  avec  le  joug,  qui  se  trouve  dans  la 
fresque  au-dessus  de  la  Charité,  est  conservée  à  l'Institut  Staedel,  à  Franc- 
fort-sur-Mein.  Ctsi  un  dessin  à  la  pierre  noire  par  Giov.  Francesco  Penni. 
e.)  Le  Pape  Damase  I®'.  La  tête  découverte  et  les  mains  jointes,  il  lève 
ses  regards  vers  le  ciel.  Un  des  anges  qui  sont  derrière  lui  tient  la  tiare  ; 
deui  petits  anges  sont  agenouillés  à  ses  pieds.  Damase  I*'  est  le  trente- 
huitième  dans  la  suite  chronologique  des  papes;  il  vivait  vers  le  quatrième 
siècle.  La  Prudence,  assise  à  sa  gauche,  vêtue  comme  Minerve,  se  regarde 
dans  un  miroir  rond.  A  droite,  la  figure  de  la  Paix,  assise,  tenant  une 
branche  d'olivier. 

f.)  Le  Pape  Léon  P^,  surnommé  le  Grand.  11  vivait  vers  la  moitié  du  cin- 
quième siècle,  et  il  combattit,  avec  autant  de  force  que  de  dignité  apos- 
tolique, les  doctrines  des  Nestoriens  et  des  Manichéens.  11  est  représenté 
assis,  entouré  de  trois  anges  dont  l'un  semble  vouloir  embrasser  son  pied. 
A  gauche,  est  assise  la  figure  de  la  Pureté,  avec  une  colombe  pour  sym* 
bole.  En  face,  la  Vérité  rejetant  son  voile. 

ff.)  Le  Pape  Félix  IIL  Quoique  le  noni  de  Sylvestre  soit  inscrit  au-des- 
sous de  ce  pape,  la  figure  allégorique  de  la  Force  qui  l'accompagne 
semble  pourtant  indiquer  uii  autre  évèque  de  Rome.  Nous  admettons 
avec  Montagnani  qu'on  avait  voulu  représenter  ici  Félix  H,  dit  Félix  III, 
car  cet  évêque  résista  avec  force  et  persévérance  à  l'empereur  Zeno,  qui 
avait  promulgué  un  édit  dans  la  question  des  dogmes,  et  qui  s'appuyait 
sur  l'autorité  ecclésiastique  du  patriarche  de  Coustantinople.  Le  pape,  en- 
touré de  quatre  petits  anges,  tient  la  plume  au-dessus  d'un  livre,  en  re- 
gardant dans  un  autre  volume.  La  figure  de  la  Force,  qu'on  voit  auprès 
de  lui,  est  cuirassée,  ayant  un  lion  à  ses  pieds.  De  l'autre  côté  du  pape 
se  trouve  une  fenêtre. 

h.)  Le  Pape  Grégoire  VIL  Quoique  cette  ligure  n'ait  pas  reçu  d'inscrip- 
tion, nous  voyons  cependant,  par  la  figure  allégorique  qui  l'accompagne 
et  qui  tient  le  bras  droit  élevé  avec  le  foudre  dans  la  main,  que  c'est  un 
pape  de  la  plus  haute  énergie,  qui  défendit  les  droits  de  l'Église  avec  les 
foudres  de  l'excommunication;  c'est  pourquoi  nous  n'hésitons  pas  à  recon- 
naître, dans  cette  figui  e,  le  pape  Grégoire  VIL  Ce  pape,  entouré  de  quatre 
petits  anges,  écrit  dans  un  livre.  La  ligure,  à  droite,  qui  tient  un  foudre, 
a  un  livre  dans  la  main  gauche.  Si  nous  devions  lui  appliquer  un  nom, 
nous  l'appellerions  la  Force  spirituelle. 

Gravures  :  Les  14  ûgures  allégoriques  placées  à  côté  des  papes.  A  l'eau-forte, 
par  Remy  Vuibert,  1635. 14  pi.  in-8*.  —  De  même,  par  Scalberg.  —  Au  irait  avec 


308  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

de  légères  ombres,  par  Th.  Piroli.  12  fig.  pel.  in-fol.  —  Avec  des  fonds  d'archi- 
tecture ou  de  paysage,  gravé  par  Joh.  Yolpato  et  C.  Pestrini.  6  pi.  continuées 
pour  la  Calcogra/ia  Camerale  in  Aoma,  par  Lod.  Ferretli  et  Filippo  Genci.  Gr.  in- 
fol.  —  Landon,  n**  448-450. 

Sept  des  figures,  debout  sur  des  piédestaux,  comme  A  poli  on,  Diane  et  des  figares 
de  femmes,  ont  été  publiées  sous  le  titre  suivant  :  Peinturet  inèdUet  dft  tatles  de 
RaphaH  au  Vaticani  par  J.  de  Meulemestre  (chez  Martin,  à  Paris).  7  pi.  in-8. Cette 
première  livraison  a  paru  en  1830;  nous  ne  savons  pas  si  elle  a  eu  une  suite. 

Deux  des  figures  de  femme,  vêtues,  vues  de  dos  et  de  face,  ont  été  lithographiées 
par  C.  von  Hannlich.  Gr.  in-fol. 

247.  Les  peintures  des  socles  dans  la  salle  de  Constantin* 

Le  soubassement  des  figures  allégoriques  contient  sur  un  fond  de  mar- 
bre des  cariatides  placées  toujours  deuK  à  deux  avec  les  emblèmes  de  la 
maison  des  Médicis^  tels  que  Tépervier  et  la  bague  de  diamant  avec  la 
devise  :  Semper^  devise  qu'avait  adoptée  Pielro  de  Médicis,  fils  de  Côme 
surnommé  le  Père  du  peuple.  Voyez  Dialogo  deW  imprese  di  Gtovio,  p.  48. 
Entre  ces  cariatides^  au-dessous  des  grands  tableaux  et  des  figures  des 
papes,  il  y  a  des  caissons^  grands  et  petits,  qui  contiennent,  peints  en  cou- 
leur de  bronze  jaune,  divers  sujets  tirés  principalement  de  la  vie  de  l'empe- 
reur Constantin.  Ils  furent  vraisemblablement  exécutés  pour  la  plupart  d'a- 
près des  dessins  de  Giovanni  Francesco  Penni.  Ces  sujets  sont  les  suivants  : 

Au-dessous  de  la  Harangue  de  Constantin  :  la  Fortification  d'un  camp. 
—  Dans  les  deux  petits  tableaux  de  côté  :  l'Empereur  victorieux  entrant  à 
cheval  dans  la  ville  ;  —  un  Cheval  conduit  à  la  suite  de  l'empereur. 

Au-dessous  de  la  Bataille  de  Constantin  ;  trois  tableaux  en  longueur. 
Des  Romains,  dans  un  camp,  se  préparent  à  l'attaque  et  s'exercent  à  lan- 
cer des  flèches  avec  le  catapulte.  —  Constantin,  après  la  bataille  gagnée, 
donnant  audience  aux  prisonniers;  derrière  lui,  une  figure  de  la  Victoire 
le  couronne  ;  le  cadavre  de  Maxence  est  retiré  du  fleuve.  —  L'Assaut  d'une 
forteresse.  —  Dans  les  deux  tableaux  des  côtés  :  le  Départ  du  camp;  —  et 
un  Vaisseau  rempli  de  guerriers  romains  rapportant  la  tète  de  Maxence. 

Au-dessous  du  Baptême,  deux  tableaux  :  Constantin  ordonnant  de  brûler 
les  édits  contre  les  chrétiens.  —  L'Érection  de  Téglise  de  Saint-Pierre  par 
Constantin;  le  pape  Sylvestre  est  ici  représenté  sous  les  traits  de  Clé- 
ment VII;  selon  Vasari,  l'architecte  qui  tient  le  plan  serait  Bramante,  et 
le  vieillard,  auprès  de  lui,  Giuliano  Lemi. 

Au-dessous  de  la  Donation  de  la  ville  de  Rome,  trois  tableaux  :  l'Im- 
pératrice Hélène  trouve  la  vraie  Croix  ;  —  Constantin ,  à  genoux  devant 
le  pape  qui  le  guérit  de  la  lèpre  ;  —  Constantin,  malade  de  la  lèpre,  voit 
en  songe  les  apôtres  saint  Pierre  et  saint  Paul. 

Dans  la  collection  du  Louvre  se  trouvent  deux  esquisses  pour  ces  sujets 
exécutés  par  Giov.  Franc.  Pcnni.  Ces  esquisses,  qu'on  attribue  à  Matu- 
rino,  représentent  les  scènes  suivantes  ; 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  300 

i*  Le  Cadavre  de  Maxence  retiré  du  fleuve. 

2*  Soldats  montant  à  l'assaut,  couverts  de  leurs  boucliers  et  protégés 
par  des  cavaliers. 

Ces  esquisses,  dessinées  à  la.  plume,  lavées  et  rehaussées  de  blanc,  sont 
absolument  traitées  de  la  même  manière  que  les  deux  dessins  de  la  Vie 
de  Léon  X^  tableaux  des  socles  dans  les  tapisseries  de  l'Histoire  des 
Apôtres. 

Aux  embrasures  des  fenêtres:  deux  caissons  en  largeur,  avec  des  sujets 
allégoriques  :  TEncouragement  de  l'agriculture  et  des  travaux  des  routes 
entre  Rome  et  Florence.  —  L'Encouragement  des  Sciences  et  des  Arts. 

—  Quatre  petits  tableaux  :  les  Païens,  convertis  au  christianisme,  détrui- 
sent les  idoles;  —  Saint  Sylvestre  (selon  la  légende)  enchaîne  un  dragon; 

—  Constantin  salue  sa  mère  Hélène  à  son  retour  de  Jérusalem;  —  Saint 
Grégoire,  inspiré  par  le  Saint-Esprit,  compose  ses  Homélies. 

Gbavurbs:  Quatorze  des  dix-sept  sujets  des  socles  et  des  embrasures  des 
fenêtres  ont  été  gravés  à  Teau-forte  en  11  planches  avec  un  titre  dédicace  au  pape 
AleiLandre  VIT,  par  Pictro  Santi  Barloli,  qui  attribue  ces  peintures  à  Jules  Romain. 

Le  trait  des  peintures  complètes  de  la  salle  de  Constantin,  avec  un  texte  expli- 
catif, se  trouve  dans  l'ouvrage  de  Pietro  Paolo  Montagnani,  intitulé  :  llluttraxioné 
BloriohpiUorica  eon  ineisioni  a  contomi  dei  dipinli  délia  gran  ta  la  delta  di  Catlan- 
tino,  etc.,  etc.  (Roma,  1834.)  In'4'>. 

248.  Le  Couronnement  de  la  Vierge. 

Sur  bois.  H.  9'  10";  1.  7*  î". 

Dans  la  partie  supérieure,  la  Vierge,  en  adoration,  assise  à  côté  du 
Christ  sur  des  nuages,  est  couronnée  par  son  divin  Fils;  au  dessus  plane 
le  Saint-Esprit.  De  chaque  côté,  il  y  a  un  ange  qui  jette  des  fleurs,  et  un 
autre  petit  ange  en  adoration.  Dans  le  bas,  qui  est  séparé  de  la  partie 
supérieure  par  un  épais  nuage,  les  douze  apôtres  expriment  de  diverse 
façon  leur  étonnement  en  voyant  que  le  tombeau  de  la  Vierge  est  vide  et 
seiilement  rempli  de  fleurs.  Dans  le  fond,  à  travers  la  voûte  sépulcrale,  on 
voit  une  ville  auprès  d'un  fleuve  qui  forme  cascade. 

Nous  avons  rapporté,  dans  l'Histoire  de  Raphaël,  que  le  peintre  d'Urbin 
avait  reçu,  dès  l'année  1505,  un  à-compte  de  trente  ducats  d'or  des  reli- 
gieuses du  couvent  de  Monte  Luce,  près  Pérouse,  pour  peindre  une 
Assomption  de  la  Vierge,  qui  devait  décorer  le  maître-autel  de  leur  église; 
nous  avons  dit  aussi  pourquoi  cette  commande  ne  reçut  point  son  exé- 
cution <.  Après  onze  années  d'attente  infructueuse,  qiioique  les  religieuses 
eussent  souvent  rappelé  au  peintre  sa  promesse,  un  nouveau  contrat  fut 

t .  Oa  a  supposé  qu*un  dessin  représentant  le  Couronnement  de  la  Vierge,  lequel  passa  du 
palais  Borghèsc  dans  les  collections  de  Th.  Lawrence,  du  roi  de  UoUande  et  de  Woodburn,  était 
la  première  esquisse  de  ce  tableau  ;  mais  ce  dessin  n'est  pas  de  Raphaël  ;  c'est  tout  au  plus 
rouTrage  d*un  de  ses  élèves. 


SiO  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

passé  entre  ces  religieuses  et  Raphaël,  par  l'entremise  d'Alfano  Alfanî^ 
le  21  juin  1516,  contrat  en  vertu  duquel  il  devait  livrer  à  leur  église  un 
tableau  du  Couronnement  de  la  Vierge,  le  15  août  1517,  jour  de  l'Assomp- 
tion ^  Raphaël,  afin  de  témoigner  aux  religieuses  son  bon  vouloir  et  pour 
réparer  aussi  en  quelque  sorte  sa  négligence ,  déclara  que ,  bien  que  la 
somme  de  cent  vingt  ducats  d'or  lui  eût  été  promise  pour  Texécution  de 
cette  peinture ,  il  n'en  voulait  pourtant  recevoir  que  cent.  C'est  à  cb 
moment-là  qu'il  put  faire  des  esquisses  pour  ce  sujet,  lesquelles  nous  ont 
été  transmises  par  les  gravures  du  Maître  au  Dé.  Bartsch,  t.  XV,  p.  188, 
no  7  (Landon,  n"  337),  et  p.  ^90,  n«  10.  Mais,  cette  fois  encore,  Raphaël 
fut  empêché  de  tenir  son  engagement,  par  suite  des  ^travaux  qui  le  sur- 
chargeaient et  aussi  à  cause  de  son  voyage  à  Florence,  où  Tavait  mandé 
le  pape  Léon  X,  pour  concourir  au  pian  de  la  façade  de  l'église  S.  Lorenzo. 
Ces  retards  involontaires  se  prolongèrent  tant,  que,  même  à  la  mort  du 
maître,  le  tableau  était  à  peine  dessiné  sur  le  panneau.  Ce  fut  seulement 
quatre  années  plus  tard  que  les  élèves  et  héritiers  de  Raphaël,  Jules 
Romain  et  Francesco  Penni ,  entreprirent  d'achever  ce  tableau  ,  de  telle 
sorte  que  Jules  Romain  se  chargea  de  peindre  la  partie  supérieure  repré- 
sentant le  Christ,  la  Vierge  et  les  anges,  tandis  que  Francesco  Penni  devait 
exécuter  la  partie  inférieure  où  sont  les  apôtres.  Enfin,  selon  les  termes 
du  contrat,  maître  Berlo  di  Giovanni ,  à  Pérouse ,  exécuta  le  gradin  paur 
le  tableau,  qui  fut  enfin  exposé  sur  l'autel  de  Téglise  du  couvent  de 
Monte  Luce,  le  21  juin  1525.  11  y  resta  jusqu'en  1797,  époque  où  on  le 
transporta  au  musée  Napoléon,  à  Paris.  Après  le  traité  de  paix  de  1815, 
il  fut  rendu  aux  États  de  l'Église;  mais  il  ne  retourna  plus  à  sa  place 
primitive,  et  il  orne  aujourd'hui  le  musée  du  Vatican. 

Quant  à  l'exécution  de  ce  tableau,  nous  renvoyons  le  lecteur  à  ce  que 
nous  en  avons  dit  dans  l'Histoire  de  Raphaël.  Nous  ajouterons  seulement 
ici  que,  selon  Vasari,  dans  sa  Vie  de  Francesco  Penni,  un  autre  élève  de 
Raphaël,  Perino  del  Vaga,  qui  avait,  peu  de  temps  auparavant,  épousé  la 
sœur  de  Penni,  prit  aussi  part  à  l'exécution  de  celle  peinture.  Le  concours 
que  Perino  del  Vaga  apporta  au  travail  de  Jules  Romain  et  de  Penni  ne  - 
paraît  pourtant  pas  avoir  été  très-important,  puisqu'on  ne  saurait  décou- 
vrir dans  le  tableau  ni  les  traces  de  son  pinceau  facile,  ni  le  ton  vif  de 
son  coloris.  11  nous  reste  à  dire,  de  plus,  que  la  predella  de  ce  tableau, 
peinte  entièrement  par  Berto  di  Giovanni,  se  trouve  encore  dans  la 
sacristie  de  l'église  du  couvent  de  Monte  Luce.  Elle  est  composée  des 
quatre  sujets  suivants  :  la  Naissance  de  la  Vierge,  son  Entrée  au  temple, 
son  Mariage  et  sa  Mort.  Le  premier  de  ces  tableaux  porte  la  date  de  1525. 
En  générai,  ces  petites  peintures  ont  le  caractère  de  l'école  de  Raphaël 

1 .  Le  contrat  original  se  trouve  à  présent  dans  le  Cabinet  des  Dessins,  au  Louvre. 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  311 

pendant  son  séjour  à  Rome.  Cependant  les  compositions  offrent  peu  d'en- 
semble; elles  ont  peu  de  caractère  et  le  ton  en  est  lourd. 

Gravures  d'après  le  Couronnement  de  la  Vierge. 

Joannes  Cappelli  ex  archetypo  delin.  Jacobus  Bossi  scuipsit  Romse,  avec  une 
dédicace  à  Carlo  Badael  ;  Penigia,  30  aprile  1791,  gr.  in-fol.  —  Dans  le  Manuel 
du  Mutée  Napoléon,  D<>  39.  —  Le  groupe  des  apôtres  seulement,  à  l'eau-forte, 
par  L.  Gattenbrunn,  179S.  Petit  in-fol. 

Documents  concernant  ce  tableau. 

Dans  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Pérouse,  intitulé  : 
Iste  est  Liber  reformationiSy  vel  memorialis  flentis  monasterii  S.  Af.  Montis 
lucidi  extra  mœnia  perwina ,  on  lit,  à  la  page  46,  la  notice  suivante  : 

«  A  di  29  del  mese  de  décembre  1505.  Nel  tempo  de  lo  offitio  délia 
sopradetta  Abatessa  (Suor  Chiara  de  Messer  Francesco  de'  Mansueti  de 
Procia)  fu  ordinato  se  dovesse  fare  una  tavola  o  vero  cona  grande  per  lo 
Altare  Magiore  de  la  Ohiesa  de  fuora  come  moite  volte  era  stato  ragionato 
depinta  cum  l'Assumptione  délia  Verg.  Ma  come  se  conviene  in  essa 
Chiesa  :  et  perché  questo  era  el  terzo  anno  et  circa  al  One  del  suo  oflitio 
non  fu  tempo  dà  poterne  fare  atlora.  Ma  fece  trovare  el  Maestro  el  mi- 
gliore  si  fosse  consigliato  da  più  cittadini  :  et  anco  dali  nostri  Venerandi 
Padri  li  quali  havevano  vedute  le  opère  sue  :  lo  quale  si  chiama  Maestro 
Raphaello  da  Urbino^  et  con  esso  fu  facto  el  pactocon  lo  contraclo  ricolte 
et  testimonj  al  bancho  de  Cornelio  de  Randoli  da  Procia  :  et  dal  nostro 
Factore  Ser  Bemardino  da  Chanaglia  li  furono  dati  in  mano  per  arra 
trenta  ducati  tutti  de  oro  como  Maestro  Raphaello  adomandô.  Le  ricolte 
furono  lo  predicto  Cornelio  de  Randoli  et  Venciolo  de  Messer  Sacramotre  : 
e  tucto  questo  ne  appare  el  contracto  per  mano  de  Ser  Giacopo  Coppo 
Not.  del  Monast.  Li  detti  trenta  duchati  furono  dati  al  detto  Fattore  per 
mano  de  me  Sora  Baptista  indegnamehte  Abbadessa  che  esso  li  desse  al 
Maestro  :  furono  de  la  lemosina  de  Sora  llluminata  de  Perinello  che  le 
haveva  da  spendere  in  cose  de  Chiesa.  » 

Dans  les  Opère  del  Consigner  e  Lodovico  Bianconi  (Milano,  1802^  t.  lY^ 
p.  52) ,  il  est  dit  que,  le  23  décembre  1505,  Rafaël  de  Bemardino  Cha- 
naglia reçut  de  Thomme  d'affaires  (fattore)  du  couvent  de  Monte  Luce  la 
somme  de  trente  ducats  d'or.  On  trouve  ensuite,  à  la  page  57  du  même 
recueil,  l'acte  suivant,  relatif  au  tableau  du  Couronnement  de  la  Vierge  : 

«  Al  nome  di  Dio  XXI  di  Giugno  MDXVl  in  Roma.  Sia  noto,  et  manifesto 
a  qualunque  leggerà  la  présente  scripta  come  M.  Raphaelo  da  Urbino 
pictore  toglie  a  fare,  e  dipingere  una  Tavola  ovvero  Cona  per  le  Monache 
del  Monasterio  di  Monteïuce  extra  muros  Perusinos  con  li  infrascripti 
pacti>  et  Capituli  che  qui  di  sotto  se  annotaranno,  etc.  In  prima,  che 
dicta  Tavola  sia  deli'  altezza  et  grandezza  che  fu  ragionata  nel  primo 


512  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 

disegno  dato  dal  prefato  M.  Raphaelo  con  la  Incoronazione  de  la  glo- 
riosissima  Noslra  Donna  :  cou  li  Capitoii  in  modo,  e  forma  che  in  esso 
primo  disegno  se  dimostra  ad  uso  de  bono  optimo  et  leale   Maestro 
dipiQta  di  fini  et  boni  coiori  sccondo  ad  taie  opéra  se  conviene  :  Et  che 
prefato  M.  Raphaelo  sia  obbligato  fare  dicta  Tavola  si?e  Cona,  et  depia- 
gère  solum  la  Istoria  supradicta  in  lo  campo  o  vero  vano  de  dicta  tavola 
in  Roma  a  sue  spese  de  legname,  coiori  et  oro  che  ne  intrasse  :  et  omnia 
altra  cosa,  et  spesa  che  andasse  per  fare  depingere  et  finire  de  tucto 
punto  dicta  Tavola:  Ma  la  Gassa^  chiodi^ corde  et  amagliatura,  vectura 
et  gabelle  da  essa  per  condurla  da  Roma  a  Perugia  vadi  a  spese  de  esse 
Monache  :  Quale  opéra  prefato  M.  Raphaelo  promette  dare  tinita   per 
tempo  de  uno  anno  da  hoggi  videlicet  ad  summum  ad  tal  tempo  che  dicta 
Tavola  sia  conducta  in  Perugia  adeo  che  il  giorno  délia  sagratissima  festa 
délia  Assumptione  che  sarà  adi  15  agosto  del  1517  sia  perfecta  et  messa 
in  opéra  nello  altare  délia  Chiesa  del  dicto  Monasterio  de  Monteluce.  Ma 
la  predella  Gomicione  frigio  et  corne  altro  adornamento  de  dicta  Tavola^ 
et  pictura  de  esse  cose  se  debbia  fare  et  dipingere  in  Perugia  videlicet  il 
legname  intaglio  Magisterio  coiori  oro,  et  omne  altra  cosa,  che  vi  andasse 
a  tutte  spese  de  M.  Berto  de  Giovanni  pictore  supradicto,  et  in  questa 
opéra  Gompagno  electo  da  prefato  M.  Raphaelo^  et  accettato  da  pretate 
Monache^  quai  M.  Berto  habbi  etiam  a  dipingere  tutte  le  cose  contenute  in 
lo  présente  Gapitulo  videlicet  predella  cornicione  etiam  :  Kt  sia  obiigato 
ultra  li  adornamenti  depinger  in  la  predella  la  Natività  de  prefata  glo- 
riosissima  Nostra  Donna,  suo  sposalitio  et  sua  sanctissima  morte  ovvero 
transito.  Le  quali  tucte  cose  videlicet  ornamenti  predella  etiam  prefato 
M.  Berto  jia  obligato  fare  ad  suo  uso  de  bono  et  leale  Maestro  et  per 
termine  ut  supra  notato  videlicet  che  se  possa  ponere  in  opéra  et  sia 
perfecta  per  la  Festa  de  Santa  Maria  d'Agosto  1517  ut  supra  :  Per  le 
quali  opère  et  picture  le  prefate  Monache  siano  obligate  pagare  et  cum 
effecto  numerare  alli  prefati  M.  Raphaelo  et  M.  Berto  ducati  doicento 
d'oro  in  oro  de  Gamera  videlicet  ducati  cento  venti  simili  a  lo  prefato 
M.  Raphaelo  per  sua  mercede  et  premio  de  la  tavola  come  de  sopra  :  De 
li  quali  ducati  cento  venti  prefato  M.  Raphaelo  ha  havuti  da  prefate 
Monache  ducati  venti  simili  per  arra  et  parte  de  pagamento.  Et  a  prefato 
M.  Berto  ducati  octanta  simili  videlicet  per  legname^  intaglio,  coiori^  oro, 
pictura  et  ornamento  de  dicta  predella,  pilastri,  cornicioni,  fregi  et  omne 
altra  cosa,  che  aqdasse  per  ornamento  de  essa  tavola  de  li  quali  ducati 
octanta  prefato  M.  Berto  ne  ha  avuti  da  prefate  Monache  ducati  dieci 
simili  per  arra  et  parte  de  pagamento.  Et  li  pagaroenti  se  debbiano  fare  in 
questo  modo  cioè  ducati  sexanta  nel  principio  de  lo  lavoro  computati 
pero  li  ducati  trenta  supradicti,  che  li  prefati  hanno  havuti  come  de  sopra  : 
Et  ducati  septanta  debbano  havere  facta  la  meta  délia  opéra,  et  allri 


PEINTURES  DE  RAPHAËL.  313 

septanta  che  sarà  lo  residuo  de  dicti  ducati  doicento,  quando  dicta  opéra 
sarà  (înita^  et  couducta  al  dicto  Monasterio  :  cioè  a  ciascuno  de  loro  la  sua 
râla  da  per  se  de  tempo  in  tempo  corne  de  sopra.  Et  se  per  caso  uel  con- 
duire da  Roma  a  Perugia  dicta  tavola  per  qualcbe  sinistro  evento  havesse 
qualche  lessione  prefato  M.  Raphaelo  sia  tenuto  acconciarlo. 

«  lo  Raphaelo  son  contento  quanto  de  sopra  è  scripto  et  a  fede  ho  fatto 
questa  de  mia  mano  in  Roma  die  dicta  et  sono  contento  haver  il  mio  paga- 
mento  videlicet  ducati  cento  finita  tutta  la  opéra  non  obstante  quanto  nel 
penultimo  Capitoio  se  contiene. 

a  lo  Alfano  Alfani  da  Perugia  corne  procuratore  de  le  prefate  Monache 
prometto  se  observera  quanto  de  sopra  se  contiene^  et  in  fede  mi  sono 
qui  de  propria  mano  subscripto  Romae  die  dicta. 

«  Et  io  Piernicolo  Alevoiino  da  Rocchacontrata  de  voluntà  délie  sopra- 
scrlpte  parte  ho  scripti  li  soprascnpti  Capituli  di  mia  propria  mano.  » 


Dans  le  registre  cité  plus  haut,  qui  provient  des  archives  du  couvent  de 
Monte  Luce^  on  lit  encore  ce  qui  suit,  à  la  page  67  : 

a  1525.  Item.  Nel  predicto  millesimo  l'ultimo  anno  dello  oftitio  délia 
azienda  sora  Veronica  fu  portata  la  cona  nostra  da  Roma  essendo  fornita 
de  pingere ,  la  quale  per  molti  anni  innanzi  la  buona  mem.  délia  Rêve* 
renda  Anzienda  sora  Baplista  aveva  data  commissione  fosse  facta  e  penta 
per  lo  altare  délia  chlesa  de  fore  come  appare  al  présente.  » 

D'après  d'autres  indications  fournies  par  le  même  registre ,  la  suora 
Battista  mourut  le  23  mars  1523^  et  le  tableau  d'autel  arriva  à  P^rouse  le 
21  juin  1525. 


SUPPLEMENT 

AU  CATALOGUE  DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL. 


Outre  les  tableaux  que  nous  avons  décrits  jusqu'ici,  il  en  est 
encore  quelques-uns  qui  ont  été  vraisemblablement  exécutés  par 
Raphaël ,  mais  sur  esquels  nous  n'avons  que  des  renseignements 
incertains  ;  il  y  a  aussi  ceux  qui  nous  sont  connus ,  et  dans  les- 
quels la  coopération  de  Raphaël  est  plus  ou  moins  probable,  mais 
qui  généralement  n'on*  -té  leints  que  par  ses  élèves,  d'après  ses 
dessins,  et  qui  ont  tout  au  plus  reçu  de  sa  main  les  derniers  coups 
de  pinceau.  Faute  de  tout  renseignement  historique  concernant 
ces  tableaux ,  il  devient  impossible,  en  ne  jugeant  que  leur  exé- 
cution, de  préciser  Tépoque  où  ils  ont  été  faits,  et  de  leur  donner 
ainsi  place  dans  Tordre  chronologique  du  Catalogue  des  œuvres 
du  maître;  c'est  pourquoi  nous  nous  sommes  vu  forcé  de  les 
placer  à  la  suite  de  ce  Catalogue,  dans  un  supplément.  Il  y  a,  en 
outre ,  beaucoup  de  tableaux  que  Ton  a  décrits  et  gravés  sous  le 
nom  de  Raphaël,  quoiqu'ils  appartiennent  incontestablement  à 
d'autres  maîtres.  Nommer  ici  toutes  ces  peintures  apocryphes,  ce 
serait  une  tâche  difficile  et  oiseuse;  mais  cependant,  pour  pré- 
venir les  désirs  curieux  des  amis  des  arts  et  pour  montrer  que 
nous  n'avons  rien  négligé,  dans  le  but  de  rendre  cette  monogra- 
phie aussi  complète  que  possible,  nous  décrirons  dans  ce  sup- 
plément les  plus  intéressants  de  ces  tableaux  faussement  attribués 
à  Raphaël. 


SUJETS  TIRÉS  DE  L'HISTOIRE  SAINTE. 

249.  Adam  et  Eve. 

Le  marchand  d'objets  d'art,  Baseggio,  à  Rome,  acheta,  en  1835,  de 
Buchanan,  à  Londres,  un  petit  panneau  provenant  d'un  tableau  à  trois 
sujets,  et  représentant  Adam  et  Eve.  Le  paysage  est  riche,  mais  froid  de 
Ion.  La  tête  d'Eve  a  qiiclque  analogie  avec  les  ouvrages  de  Mariotto 
Albertinelli,  auquel  on  pourrait  attribuer  ce  tableau. 


SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE  DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.     5!5 

250.  Zré  Sacrifice  de  Caïn  et  dAheL 

Sur  bois.  H.  8  t|2";  l.  U". 

Au  milieu  du  tableau  est  un  autel  formé  de  pierres,  sur  lequel  les  deux 
frères  offrent  à  Dieu  un  sacrifice.  Abel  est  agenouillé  à  gauche,  les  mains 
jointes,  les  regards  dirigés  vers  le  ciel,  car  il  a  vu  le  feu  céleste  embraser 
son  holocauste,  dont  la  flamme  tournoie  en  s'élevant.  Caïn,  au  contraire, 
tenant  Tautel  des  deux  mains,  debout  à  droite,  s'eflbrce  en  vain  d'allumer, 
avec  son  souffle,  le  feu  de  son  sacrifice.  Une  draperie  et  une  massue  sont 
à  ses  pieds.  Une  prairie,  avec  quelques  petits  arbres  à  droite,  occupe  le 
fond.  Le  faire  de  cette  peinture  rappelle  les  premières  œuvres  de  Raphaël  ; 
mais  ce  qui  pourrait  encore  mieux  faire  croire  que  Texécution  de  cet 
ouvrage  lui  appartient,  c'est  l'originalité  et  la  profondeur  de  la  création. 
Le  tableau  est  malheureusement  endommagé  en  quelques  parties  et  usé  en 
d'autres. 

Si  nous  sommes  bien  informé,  ce  petit  tableau  se  trouvait  autrefois 
dans  la  galerie  Aldobrandini,  à  Rome.  Toutefois,  ce  n'est  pas  dans  cette 
galerie ,  c'est  chez  le  marchand  de  tableaux  Emmerson,  à  Londres,  que 
nous  l'avons  vu. 

251.  Noé  entrant  dans  V Arche. 

Carton  colorié. 

Ce  carton  se  trouve  dans  la  galerie  du.  palais  Manfrin,  à  Venise,  où  on 
l'attribue  à  Raphaël;  mais  c'est  un  ouvrage  évidemment  postérieur  à  ce 
maître.  Selon  nous,  il  faut  l'attribuer  plutôt  à  un  peintre  néerlandais  qui 
avait  étudié  à  Rome,  et  qui  Ta  composé  pour  servir  de  modèle  à  une 
tapisserie. 

252.  Elisée  ressuscite  trois  jeunes  gens. 

Sur  bois.  18'^  de  large  sur  12  de  haut  enTiron. 

En  1845,  nous  avons  vu  à  Rome,  chez  le  chevalier  portugais  Hewson, 
un  petit  tableau  représentant  le  prophète  Elisée  qui  ressuscite  trois 
jeunes  gens  étendus  à  terre.  Ce  petit  tableau,  d'un  ton  vigoureux  et  d'une 
finesse  extrême,  est  un  ouvrage  de  l'école  du  Pérugin.  A  la  manière  dont 
sont  exécutés  les  arbres,  nous  sommes  porté  à  le  croire  du  Pinturicchio. 

253.  Judith. 

Sur  bois.  H.  4*;  '    V  6"  6"'.  Figure  entière,  Tue  de  face. 

Elle  est  debout,  s'appuyant  du  bras  gauche  sur  un  pan  de  mur  et  te- 
nant, de  sa  main  droite,  une  grande  épée,  le  pied  droit  posé  sur  la  tête 
d'Holopherne.  A  droite,  quelques  arbres,  et  à  gauche  un  paysage  bordé 
par  la  mer. 

Ce  beau  tableau  passa  de  la  collection  Crozat  dans  la  galerie  de  l'Er- 
mitage, à  Saint-Pétersbourg. 


516  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

Des  artistes  qui  l'ont  vu  et  qui  connaissent  les  maîtres  de  Brescia  l'at- 
tribuent à  Alessandro  Bonvicino^  surnommé  il  Moretto.  Le  caractère  gran- 
diose de  cette  figure  et  le  style  des  draperies  semblent  confirnaer  cette 
opinion.  Le  Moretto  est  moins  connu  qu'il  ne  le  mérite  ;  nous  possédons 
pourtant  quelques  beaux  tableaux  de  lui  en  Allemagne  :  la  Sainte  Justine^ 
dans  la  galerie  du  Belvédère,  à  Vienne,  qui  a  été  attribuée  sans  raison  au 
Pordenone,  et  que  C.  Rahl  a  gravée  sous  le  nom  de  ce  dernier  maître; 
la  Vierge,  avec  quatre  Pères  de  l'Ëglise,  qui  ornait  autrefois  la  galerie 
Fesch,  à  Rome,  et  la  Vierge  sur  son  trône  avec  saint  Sébastien  et  saint 
Antoine,  excellents  tableaux  qui  sont  actuellement  tous  deux  à  l'Insti  tut  de 
Staedel,  à  Francfort-sur-Mein ;  deux  tableaux  d'autel,  au  musée  de  Ber- 
lin, et  l'Apparition  de  la  sainte  Vierge  à  Brescia  en  153S,  appartenant  à 
M.  de  Quandt,  à  Dresde.  Quant  aux  deux  petits  tableaux  qui  sont  au  Lou- 
vre, ils  ne  donnent  point  la  mesure  de  son  talent. 

Gravures  :  L.  Sa.  schulp.  A.  Blooleling  ex.  H.  11"  9'";  l.  6"  9'".  -  ToioctCe 
Larcher,  pour  le  Cabinet  Crozat,  du  côté  opposé.  Petit  in-fol.  —  Au  trait,  dans  la 
DeicripiioH  det  iableawc,  de  V Ermitage^  n*>  39.  —  Seulement  en  demi-fîgrure  r 
Abr.  Blooteling  f.  et  ex.  H.  7"  11'".  1.  5"  10"'.  -  A  la  manière  noire  :  J.  Hend. 
Quiler  se.  —  Peint  par  Raphaël,  gravé  par  Desmadryi.  Gr.  in-fol.  —  Lith.  pour 
l'ouvrage  sur  l'Ermitage  (Saint-Pétersbourg,  1846).  —  Landon,  n"  812. 

Dans  le  Catalogue  des  ouvrages  d'art  de  Charles  1^^  d'Angleterre,  est 
mentionné,  comme  un  ouvrage  douteux  de  Raphaël,  le  petit  tableau 
d'une  Judith  que  le  roi  céda  en  échange  à  lord  Steward  Pembroke.  Ce 
tableau  se  voit  encore  à  Wilton  House  :  c'est  une  jolie  peinture  d'Andréa 
Mantegna  ^ 

254.  L'Annonciation. 

Malvasia,  dans  sa  Felsina  Pittrice  (t.  I*%  p.  44),  signale  en  ces  termes 
un  tableau  de  Raphaël,  parmi  ceux  qui  se  trouvaient  de  son  temps  à  Bo- 
logne :  «  L'Annonciation  qui  est  dans  la  maison  d'Agamennone  Grassi  lui  fut 
envoyée  par  son  frère  Achille,  lorsque  celui-ci  était  encore  auditeurde  la 
Rote,  à  Rome  ;  c'est-à-dire  au  plus  tard  en  1511,  car,  cette  année-là,  il  fut 
fait  cardinal.ll  est  certain  que  ce  tableau  a  été  connu  du  Francia,  puisqu'on 
en  conserve  encore  une  copie  de  sa  main  dans  l'atelier  Musotti.  »  Carlo 
Bianconi,  dans  une  lettre  qu'il  adressa  à  Baldassare  Mazzanti  de  Bologne^ 
qui  possédait  ce  tableau,  lui  écrivit  de  Rome  que,  d'après  l'examen  des 
ouvrages  de  Raphaël,  qu'il  venait  de  voir,  il  ne  doutait  pas,  en  effet,  que 
le  tableau  de  l'Annonciation,  avec  Dieu  le  Père  dans  le  haut,  ne  fût  réelle- 
ment de  la  main  de  ce  maître.  Il  paraît,  d'après  la  même  lettre,  que  ce 
tableau,  peint  sur  toile,  avait  2'  4  3/4".  Voyez  Pungileoni,  qui  rapporte 
aussi,  à  la  page  286  de  son  ouvrage,  un  certificat  d'authenticité  délivré 

1 .  Ce  tableau  a  été  exposé  à  Manchester  et  catalogué ,  en  effet ,  comme  Mantegna*  (Voir 
W.  Burger,  Tréiors  d'art,  etc.,  p.  72-73.)  {Note  de  l'éditeur,) 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  517 

par  l'académie  de  Bologne,  en  date  du  3  août  1773,  sur  la  demande  de 
GîuFeppe  Masi  de  Reggio,  qui  possédait  alors  ce  tableau.  C'est,  seulement 
plus  tard  que  cette  toile  passa  dans  les  mains  de  Baldassare  Mazzanli. 
Ce  certificat  nous  apprend  qu'elle  représenlait  des  figures  entières,  aux 
trois  quarts  de  nature.  Toutefois,  il  nous  semble  que  l'estampe  de  Marco 
da  Ravenna  fut  exécutée  d'après  un  premier  dessin  plutôt  que  d'après  le 
tableau  lui-même. 

Oo  ignore  absolument  ce  qu'est  devenu  ce  tableau  ;  mais  on  en  voit,  au 
château  de  Gotha,  une  copie  faite  dans  l'école  de  Raphaël,  copie  qui  a 
quelque  ressemblance  avec  la  gravure  de  Marco  da  Ravenna  :  la  Vierge 
est  agenouillée  à  droite,  les  mains  croisées  sur  sa  poitrine.  Son  prie-Dieu 
est  posé  vers  le  milieu  du  tableau  :  l'ange,  qui  survient  du  côté  gauche, 
élève  sa  main  droite  dans  l'attitude  de  la  bénédiction,  et  au-dessus  de 
lui  est  la  mi-figure  de  Dieu  le  Père  dans  une  gloire.  Au  fond,  un  mur  de 
chambre  avec  une  porte.  Figures  aux  trois  quarts  de  nature. 

Gravures  :  Marco  da  Raveniia.  Copie  par  Franc.  Villamena.  Bartsch,  t.  XIY, 
n»  15.  —  LandoD,  n"  151.  —  Gravure  sur  bois  :  composition  semblable,  du  côté 
opposé,  entourée  d'arabesques.  A  droite  est  la  marque  YGO.  H.  4"  5'";  1. 2"  10'". 

Longhena  décrit  (dans  une  note,  p.  13)  une  toute  petite  Annonciation 
d'environ  5"  de  larg.,  dans  une  lunette  ou  demi-cei*cle.  Nous  avons  vu 
cette  peinture  dans  la  succession  du  graveur  Longhi,  à  Milan ,  et  nous 
VaTons  trouvée  charmante,  peinte  avec  une  exquise  délicatesse ,  mais  sans 
pouvoir  y  reconnaître  la  manière  de  Raphaël.  A  la  juger  d'après  son  exécu- 
tion, et  en  raison  surtout  des  cassures  anguleuses  des  plis  d'étoffe,  nous 
y  retrouvons  l'école  florentine  du  commencement  du  seizième  siècle. 

Longhena  «te  encore  (p.  674)  un  autre  tableau  représentant  une  An- 
nonciation qui  était  autrefois  dans  la  possession  de  teu  F.  Gozzi,  à  Milan. 
Nous  l'avons  vu  à  Londres  et  nous  le  tenons  pour  une  belle  peinture  de 
Nie.  Alunno. 

Le  cardinal  Delfino  de  Venise  avait  fait  don  à  Bianca  Capello,  épouse 
du  grand-duc  Francesco  de  Médicis,  d'une  Annonciation  de  Raphaël. 
Voy.  NuovaRaccoUa  di  lettere  svUa  pittura,  di  Michel  Angelo  Gualandi, 
tome  I«^ 

Dans  l'église  principale  du  couvent  Alexander-Newsky,  à  Saint-Péters- 
bourg, il  y  a  aussi  une  prétendue  Annonciation  de  Raphaël.  Voy.  le  Lexi- 
con  der  morgeiilandischen  Kirchen,  par  Murait  (Leipzig,  18**^8,  p.  13),  et 
Beitraege  zur  christlichen  Kunstgeschichte  und  Lt7ur^te  (  Leipzig,  1841, 
page  65). 

255.  La  Naissance  du  Christ. 

DU  PALAIS   ROSPIGLIOSI. 

La  Vierge  et  saint  Joseph  sont  agenouillés  en  adoration  aux  deux  côtés 
de  l'enfant  Jésus  couché  à  teire.  Ce  tableau  rond^  de  32"  de  diamètre, 


518  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

est  un  ouvrage  de  Lorenzo  di  Gredi.  Lorsque  le  tableau  appartenait  en- 
core au  prince  Giulio  Rospigliosi,  il  fut  gravé  sous  le  nom  de  Raphaël^ 
par  Jaciutus  Paribenius^  eu  1612.  Plus  tard,  il  était  chez  le  duc  de  Tal- 
lard,  à  Paris. 

Gravé,  du  côté  opposé,  par  Vallet.  C.  P.  R.  Voyez  le  Catalogue  de  Remy  et 
Glomy  (Paris,  1756). 

Une  autre  Nativité,  avec  la  Vierge  agenouillée  et  deux  anges  en  adora- 
tion de  chaque  côté,  dans  un  rond  de  3  1/2  palmes  de  diamètre,  se  trouve 
chez  le  cavalière  Costantino  Guidi,  à  Cesena,  comme  étant  un  tableau  de 
Raphaël,  mais  il  est  exécuté  dans  la  manière  de  Bern.  Pinturicchio. 

Gravé  à  l'eau-forle  par  A.  Bornaccini. 

256.  La  Naissance  du  Christ, 

Sur  bois.  H.  10  palmes;  1.  7  palmes.  Dans  la  galerie  daYatican. 

La  Vierge  et  saint  Joseph  sont  agenouillés  en  adoration  aux  côtés  de 
l'enfant  Jésus  couché  à  terre.  Derrière  eux  deux  anges,  également  age- 
nouillés, et  trois  autres,  debout  sur  un  petit  nuage  dans  le  haut,  chantant 
le  Gloria  in  excelsis.  Dans  le  paysage  du  fond,  on  aperçoit  le  cortège  des 
trois  rois^ 

Cent  une  composition  du  Spagna,  qui  l'avait  exécutée,  en  1507,  pour 
l'église  des  Minori  Riformati  de  la  Spina,  près  Todi,  à  quelques  milles  de 
Ferentillo.Oi)  sait,  par  des  documents  authentiques,  qu'il  en  reçut  deux  cents 
ducats  en  or  pour  prix  de  son  tableau.  Voyez  Vasari,  édition  de  Florence, 
publiée  en  1831,  tome  VI,  note,  p.  54.  La  même  note  rapporte  que  Spagna 
lui-même  a  fait  une  copie  de  ce  même  tableau  pour  Téglise  des  Riformati, 
à  Narni,  comme  le  fait  se  trouve  consigné  dans  un  livre  d'*  ce  couvent. 

Une  étude,  à  la  pierre  noire,  pour  la  tête  de  saint  Joseph,  est  conservée 
au  British  Muséum,  à  Londres.  Elle  est  traitée  tellement  dans  la  manière  de 
Raphaël  qu'on  pourrait  la  croire  dessinée  par  lui;  mais  nous  devons  rappe- 
ler qu'à  cette  époque  le  Spagna  imitait  avec  tant  de  bonheur  son  illustre 
condisciple  que  plusieurs  de  ses  ouvrages  ont  été  attribués  à  Raphaël. 

Lith.  par  Hosemann,  chez  Schenck  et  Gerstaeker,  à  Berlin. 

Une  copie  de  ce  tableau  fut  achetée,  il  y  a  quelques  années,  par  le 
musée  du  Louvre,  comme  étant  un  ouvrage  du  Pérugin  *. 

1.  En  donnant,  sous  le  n"  36  de  ce  Catalogne  des  peintures  de  Raphaël,  la  description 
d^uue  Adoration  des  Bergers,  qui  était  au  château  de  San  Udcronso,  et  que  les  notes  de  madame 
de  Humboldt  nous  ont  fait  connaître ,  nous  supposions  que  ce  tableau  pouvait  être  celui  que 
Raphaël  avait  peint  pour  Giovanni  BentivngUo,  à  Bologne.  Depuis  18b8  ,  cette  Adoration  des 
Bergers  a  été  placée  au  musée  de  Madrid  et  attribuée  à  Jules  Romain;  nous  avons  constaté, 
diaprés  une  photographie  que  S.  A.  R.  le  prince  Albert  en  a  fait  faire ,  et  qu*il  a  bien  voulu 
nous  communiquer,  que  ce  tableau  devait  être  attribué  à  un  élève  inconnn  de  Raphaël. 

2.  Il  eSt  toujours  attribué  à  ce  maître  daos  le  Catalogue  du  musée  du  Louvre  (n*  44 1,  édi* 


DES  PEINTUBES  DE  RAPHAËL.  319 

2S7.  L'Adoration  des  Mages. 

DE  LA  MAISON   ANCAJANI. 

Peint  sur  toUe,  à  la  colle.  7'  9"  6'"  carrés. 

La  Vierge,  adorant  l'enfant  Jésus,  est  agenouillée  à  gauche;  saint 
Joseph^  debout  auprès  d'elle,  et  un  ange  en  adoration  de  chaque  côté.* 
L'eDfant  Jésus,  couché  sur  un  coussin  bleu ,  porte  un  de  ses  doigts  à  sa 
bouche.  Devant  lui,  est  à  genoux  le  plus  âgé  des  rois  Mages  ;  les  deux  au- 
tres, tenant  leurs  présents,  sont  debout  derrière  lui,  avec  cinq  personnes 
de  leur  suite.  Parmi  ces  derniers  on  remarque  un  jeune  homme,  vu  de 
profil,  d'une  beauté  toute  raphaélesque.  Dans  le  paysage  du  fond,  sont 
trois  soldats,  et  on  voit  descendre  de  la  montagne  le  cortège  des  gens  des 
rois  Mages  avec  des  chameaux  et  des  chevaux.  Dans  le  haut,  sur  un  nuage, 
trois  anges,  debout,  chantent  le  Gloria. 

La  large  bordure  jaune  d'or  pointillé  du  fond  a  des  arabesques  grises 
imitant  le  relief.  Dans  le  milieu  du  haut,  ou  voit,  dans  un  cercle  rayon- 
nant, le  monogramme  du  Christ  1 H  S  (Jésus  hominum  salvator  ),  et  dans 
les  quatre  coins,  quatre  demi  figures,  deux  sibylles  dans  le  haut  et  saint 
Benoît  et  sainte  Scolastique  dans  le  bas.  Dans  la  bordure  du  bas,  les 
armes  de  la  famille  Ancajani,  avec  la  mitre  d'évèque,  entourées  d'une 
ornementation  en  grisaille  figurant  ua  bas-relief,  avec  deux  chevaux  ma- 
rins, sur  lesquels  sont  assis  des  tritons  et  des  Amours  ;  des  satyres  de  mer 
et  des  nymphes  égaient  de  leurs  jeux  ce  cortège  mythologique.  L'orne- 
ment de  chaque  côté  représente  un  riche  candélabre. 

Raphaël,  selon  une  tradition  locale,  aurait  peint  ce  tableau  à  la  de- 
mande  de  Tabbé  Ancajano  Ancajani,  qui  était  le  supérieur  du  cou- 
vent de  Ferentillo  de  1478  à  1503.  Le  tableau  est  resté  dans  l'église 
S.  Pietro  de  cette  ville  jusqu'en  l'année  1700.  Mais,  comme  il  avait  souf- 
fert de  rhumidité  et  que  les  couleurs,  surtout  les  bleues,  commençaient  à 
s'écailler,  l'abbé  Decio  Ancajani  fit  doubler  la  vieille  toile  d'une  toile  neuve 
par  les  soins  de  Domenico  Michelini,  et,  d'après  les  conseils  des  peintres 
Masucci  et  Sebastiano  Conca,  il  sollicita,  auprès  de  la  Sainte-Congrégation, 
à  Rome,  rautorisation  de  faire  placer  le  tableau  dans  la  chapelle  du 
palais  Ancajani,  à  Spoleto,  où  il  serait  mieux  conservé,  après  en  avoir 
fait  exécuter  une  copie  pour  l'autel  de  l'église  de  Ferentillo,  par  Seb. 

tion  de  1855).  H  fut  acheté,  en  1843,  des  héritiers  du  baroD  de  Géraiido,  auquel  il  avait  été 
offert,  en  1811,  par  la  ville  de  Pérou&e,  comme  un  témoignage  de  reconnaissance  publique 
peadant  Toccupation  française.  Malgr-  ^ette  provenance  authentique,  les  vrais  connaisseurs  ont 
toujours  contesté  Tattribution  de  ce  tableau,  qui  est  d'ailleurs  à  moitié  repeint.  On  a  même 
lieu  de  croire  que  la  liste  civile,  en  achetant  ce  prétendu  Pérugin  pour  la  modique  somme  de 
25,000  francs,  avait  voulu  seulement  faire  acte  de  munificence  à  Tégard  de  la  famille  du  baron 
de  Gérando.  Ne  serait-il  pas  singtilier,  en  effet ,  que  le  Pérugin  eût  fait  lui-même  une  copie 
d'un  tableau  de  son  élève  ?  {NoU  de  l'édiieur.) 


520  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

Conca.  Cette  autorisation  lui  fut  accordée  le  18  septembre  1733,  sous  la 
signature  du  cardinal  Francesco  Barberini.  En  1825,  la  famille  Anc^ajani 
iit  transporter  le  tableau  à  Rome,  où  il  fut  exposé  pendant  quelques  an- 
nées au  fort  Saint-Ange,  puis  ensuite  au  palais  Torlonia.  Il  a  été  acquis, 
en  1833,  au  prix  de  6000  scudi,  pour  le  musée  de  Berlin. 

Quoique,  dans  cet  intéressant  tableau,  il  y  ait  encore  plusieurs  parties 
très-bien  conservées,  comme  les  têtes  et  les  mains,  cependant  les  couleurs, 
en  s'écaillant,  ont  disparu  par  places  et  dans  les  draperies  surtout;  c'est 
ce  quia  empêché  de  Texposeï  publiquement  au  musée  de  Berlin. 

Cette  détérioration,  très- regrettable  sans  doute,  a  cependant  l'avantage 
de  nous  apprendre  comment  le  maître  procédait  pour  exécuter  ses 
tableaux.  Ainsi,  dans  les  endroits  où  la  toile  est  entièrement  à  du,  on 
voit  qu'il  a  tracé  le  dessin  à  l'encre,  soit  avec  une  plume,  soit  avec  le 
pinceau.  • 

Ce  tableau  est  déjà  mentionné  comme  un  ouvrage  de  Raphaël  dans  le 
Guido  d'Italia,  imprimé  à  Rome  en  1775,  et  beaucoup  de  connaisseurs 
ont  depuis  confirmé  cette  attribution;  cependant  nous  ne  devons  point  ou- 
blier de  dire  que,  dans  le  certificat,  cité  plus  haut,  relatif  à  la  conservation 
du  tableau,  le  maître  ne  se  trouve  point  nommé  et  que  des  personnes 
très-éclairées,  à  Rome,  soutiennent  que  non-seulement  une  ancienne  tra- 
dition le  donne  au  Spagna,  mais  encore  qu'elles  y  reconnaissent  son  style 
son  faire.       ^ 

Nous  nous  rangeons  également  à  cette  dernière  opinion  et  cela  d'au- 
tant mieux  que,  dans  la  frise  en  grisaille  dans  le  bas  du  tableau ,  nous 
n'avons  pas  constaté  que  les  têtes  des  chevaux  eussent  cette  conformation 
particulière  qui  distingue  ceux  de  Raphaël  depuis  sa  première  époque  jus- 
qu'à sa  dernière.  Pourtant,  dans  l'état  actuel  de  cette  peinture,  et  en  con- 
sidérant que  le  Spagna  est  de  tous  les  élèves  du  Perugin  celui  qui  a  imité 
Raphaël  avec  le  plus  de  succès,  il  serait  difficile  de  donner,  au  sujet  de 
son  auteur,  un  avis  tout  à  fait  décisif. 
Gravé  par  Edouard  Eichens.  1836.  Gr.  in-fol. 

D'après  une  indication  que  nous  trouvons  dans  le  «  Saggto  mtomo  le 
pitture  di  P.  Filippo  Ltppi  e  di  Giovanni  Jspanoz,  »  par  le  duc  Pompeo 
Benedetti  de'  Conli  di  Montevecchio,  le  peintre  Jacopo  da  Norcia  aurait 
fait  un  bonne  copie  de  ce.  tableau.  Voy.  Pungileoni,  Elogio  stor.  di  Rof- 
faello  Santi,  p.  18. 

2S8.  La  Sainte  Cène. 

Cintre  élevé  ,  d'environ  30*  de  large  sur  16*  de  haut. 

Cette  fresque  se  trouve  dans  le  réfectoire  de  l'ancien  couvent  des 
nonnes  S.  Onofrio,  à  Florence. 
Selon  la  disposition  des  anciens  bas- reliefs  du  douzième  siècle,  repré- 


DES  PEINTURES  DE  RAPBAEL.  521 

sentant  la  Cène^  le  Christ  est  assis  à  une  longue  table,  au  milieu  de  ses 
apôtres^  élevant  la  main  et  prononçant  ces  paroles  :  «  Un  d'entre  vous  me 
trahira,  i»  Saint  Jean  appuie  sa  tête  sijr  la  poitrine  du  Christ  qui  l'entoure 
de  son  bras  gauche.  Les  autres  apôtres^  assis  aux  deux  côtés  dans  des 
attitudes  diverses,  expriment  leur  étonnement.  Judas  Iscariote,  tenant  un 
sac  d'argent,  est  kssis  en  face  du  Seigneur  et  détourne  la  tête  avec  une 
expression  d'eflroi  et  d'inquiétude.  Son  air  de  fausseté  contraste  avec  l'air 
candide  de  Jacques  le  Mineur,  qui,  les  mains  croisées  l'une  sur  l'autre> 
semble  demander  s'il  est  possible  que  quelqu'un  puisse  trahir  son  divin 
maître.  La  tête  du  Seigneur,  qui  est  d'une  grande  beauté,  exprime  une 
douleur  calme  et  résignée;  saint  Pierre,  indigné,  semble  menacer  de 
son  couteau  le  traître  qu'il  ne  connaît  pas  encore.  Le  peintre  a  caractérisé 
ainsi  de  la  manière  la  plus  frappante  la  personnalité  de  chaque  apôtre. 
Les  noms  des  personnages  représentés  sont  inscrits,  au-dessus  de  chaque 
figure,  dans  Tordre  suivant  :  S.  Jachopo^  S.  Philipo,  S.  JachopOy  S.  An- 
dreia.  S,  Piegtro,  Jesu  Cristo^^  S.  Giuvanne,  S.  Bartolomeo ,  S.  Mactio, 
S.  Tomasoy  S.  Simone,  S.  Tadeo.  Au-dessus  du  banc  à  haut  dossier,  à 
travers  une  riche  architecture,  on  voit  au  loin  le  mont  des  Oliviers,  au 
pied  duquel  trois  apôtres  sont  endormis^  tandis  qu'un  ange  descend  du 
ciel ,  apportant  le  calice  d'amertume  au  Seigneur.  Il  est  à  remarquer  que 
la  forme^e  la  tête  de  saint  Pierre  est  tout  à  fait  semblable  à  celle  que 
Raphaël  lui  a  donnée  dans  son  Couronnement  de  la  Vierge  qui  est  au 
Vatican.  En  somme,  au  premier  abord,  cette  fresque  frappe  par  son  aspect 
péniginesque,  quoique  les  mains  et  les  pieds  soient  ici  d'un  meilleur  dessin 
que  dans  la  plupart  des  tableaux  du  maître  de  Raphaël.  Quant  à  la  com- 
position elle-même;  elle  appartient  incontestablement  au  Pérugin;  on 
De  la  retrouve  pas  seulement  dans  son  école ,  mais  encore  deux  planches 
gravées,  qui  se  trouvent  à  la  collection  de  Gotha,  semblent  être  faites 
d'après  l'œuvre  originale  du  Pérugin.  Elles  sont  absolument  conformes, 
du  moins  pour  la  partie  principale  du  sujet,  à  la  fresque  ;  mais  l'archi- 
tecture est  plus  riche  dans  la  gravure^  et  Ton  n'y  trouve  pas  la  scène  du 
mont  des  Oliviers. 

Un  petit  tableau  à  la  détrempe,  qui  est  dans  la  possession  du  peintre 
Ph.  Veit,  et  que  nous  supposons  avoir  été  peint  par  Giaimicolai,  en  1500^ 
nous  prouve  que  cette  composition  était  déjà  en  usage  à  cette  époque.  Ce 
petit  tableau  porte  cette  inscription  :  Hoc  optAS  fecit  fieri  ser  Bernardinus 
S.  Angeli,  Anno^salutis  MD, 

11  est  surprenant  que  la  fresque  de  S.  Onofrio  n'ait  été  connue  ni  par 
Yasari  ni  par  aucun  ancien  écrivain.  C'est  seulement  au  mois  d'oc- 
tobre 1845  qu'elle  fut  découverte  par  les  peintres  Carlo  délia  Porta  et 
Zotti,  qui  l'attribuèrent  aussitôt  à  Raphaël.  Cette  peinture  était  alors 
très-enfumée,  car  la  salle  où  elle  existe  se  trouvait  alors  occupée  par  un 

II.  21 


Zîi  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

peintre  vernisseur  en  voiture.  Il  faut  savoir  gré  à  ces  deux  artistes  de 
l'avoir  nettoyée  et  restaurée.  Cette  intelligente  restauration  6t  reparaître 
tout  à  coup,  dans  la  bordure  supérieure  de  l'habit  de  saint  Thomas^  une 
inscription  ainsi  conçue  :  RAP.  VR.  ANNO  MDV,  ce  qui  donna  lieu  de 
supposer  que  Raphaël  avait  au  moins  participé  à  cette  peinture. 

Le  vieux  bâtiment  fut  acheté  par  le  gouvernement  toscan,  au  prix  de 
700  scudi,  et  la  peinture  pour  12,000.  On  nous  a  assuré  que,  plus  tard, 
l'inscription  qu'on  lisait  sur  la  bordure  de  l'habit  de  saint  Thomas  s'efifaça 
au  premier  nettoyage,  et  que  dès  lors  on  put  douter  de  l'autbeiiticité  de 
cette  inscription. 

Il  est  à  remarquer  que  Ton  a  découvert  aussi  deux  études  pour  cette 
fresque.  L'une  de  ces  études  représente  la  figure  entière  de  saint  Jacques 
le  Majeur,  avec  la  partie  supérieure  et  inférieure  de  la  figure  de  saint 
Pierre  et  quelques  mains  isolées.  C'est  un  dessin  à  la  pointe  de  métal, 
lavé  et  rehaussé  de  blanc  ;  la  tête  de  saint  Pierre  est  même  un  peu  colorée. 
Ce  dessin,  provenant  de  la  maison  Michelozzi,  était  venu  en  la  possession 
du  peintre  Piatti,  à  Florence.  L'autre  dessin  contient  l'esquisse  des  deux 
apôtres  saint  Pierre  et  saint  André,  avec  une  étude' pour  la  main  du  pre- 
mier, de  plus  grande  proportion.  Ce  dessin  appartenait  au  sculpteur 
Emilio  Santarelli,  à  Florence.  On  nous  a  dit  qu'il  était  traité  de  la  même 
manière  que  le  premier,  le  seul  que  nous  ayons  vu.  A  juger  de  tous  deux 
par  celui-là,  nous  croyons  que  ces  dessins  sont  de  la  main  du  Spagna; 
car  ils  ressemblent  singulièrement  à  celui,  du  même  peintre,  qui  est 
conservé  au  British  Muséum ,  et  qui  représente  la  tête  de  saint  Joseph, 
pour  son  tableau  de  la  Naissance  du  Christ,  au  Vatican.  En  tout  cas,  ces 
études  pour  la  fresque  de  la  Cène  diffèrent  essentiellement  de  celles  de 
Raphaël,  qui  ne  lavait  pas  ses  dessins  à  la  pointe  et  qui  surtout  ne  les 
coloriait  jamais. 

Du  reste,  on  sait,  et  nous  l'avons  déjà  signalé,  avec  quelle  adresse, 
avec  quel  talent  Spagna  imita  quelquefois  le  genre  de  Raphaël,  et  cette 
imitation  fut  poussée  si  loin  que  quelques-uns  de  ses  tableaux  ont  été  et 
sont  encore  attribués  à  Raphaël.  Si  toutefois  nous  devions  nous  eiprimer 
catégoriquement  au  sujet  de  la  fresque  de  S.  Onofrio,  qui  n'est  pas  de 
Raphaël,  mais  qui  offre  quelques-unes  de  ses  qualités  de  style,  notre 
opinion,  naturellement  indécise,  en  arriverait  à  se  convaincre,  en  se  fon- 
dant sur  l'existence  de  ces  mêmes  études,  que  ce  peut  être  une  oeuvre  du 
Spagna,  exécutée,  d'après  une  composition  du  Pérugin,  dans  la  manière 
de  Raphaël. 

Gravures:  Ch.  Janneret,  1846,  petit  in-fol.,  d'après  un  dessin  de  Zacheroni, 
mais  qui  ne  reproduit  pas  exactement  la  fresque. 

A  notre  séjour  à  Florence,  en  1847,  Ghesi  faisait,  d'après  cette  peinture, 
un  grand  dessin,  dont  la  gravure  a  dû  être  interrompue  par  sa  mort. 


t>£S  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  323 

Le  peintre  Zotti  avait  commeDcé  aussi  à  dessiner  les  têtes  et  les  pieds, 
de  la  grandeur  de  l'original,  pour  les  publier  en  lithographie. 

Ëritin,  nous  n'omettrons  pas  de  rappeler,  pour  la  curiosité  du  fait,  que 
Gargani  Garganelli,  dans  un  opuscule  publié  à  Florence,  en  1846,  soutient 
que  la  fresque  serait  l'œuvre  de  Neri  di  Bicci.  Il  assure  avoir  trouvé,  dans 
la  bibliothèque  Stroziana,  un  recueil  de  notes  écrites  par  ce  peintre, 
dans  lequel  il  raconte  lui-même  qu'il  fut  chargé,  le  30  mars  1461,  de 
peindre  une  Sainte  Cène  pour  le  couvent  des  religieuses  de  S.  Onofrio. 
Cependant,  dans  un  livre  de  notes  où  Neri  a  inscrit  toutes  les  sommes 
qu'il  a  reçues  du  couvent  de  S.  Onofrio,  on  ne  retrouve  pas  de  payement 
efTectué  pour  cette  peinture  de  la  Sainte  Cène.  En  outre,  on  voit,  par  le 
Christ  en  croix  qu'il  peignit,  en  1459,  pour  le  même  couvent,  qu*il  fut  un 
des  derniers  imitateurs  du  Giotto.  11  y  a  donc  une  impossibilité  historique 
qui  empêche  de  le  croire  l'auteur  de  la  fresque  de  S.  Onofrio. 

239.  Le  Christ  aux  Oliviers. 

lue  seule  figure.  Sur  bois.  H.  13"  6'";  1.  5"  6'". 

Le  Sauveur  est  agenouille,  les  mains  jointes,  tourné  du  côté  gauche  et 
levant  les  regards  vers  le  haut,  où  Ton  voit  un  ange  qui  a  le  pied  sur  un 
petit  nuage  et  qui  tient  le  calice  de  la  main  gauche.  Dans  le  paysage  du 
Tondril  y  a  un  arbre  à  gauche,  et,  sur  la  droite,  une  maison  de  campagne 
avec  une  tour  sur  une  montagne.  Ce  petit  tableau ,  très-fin  de  ton  et 
d'exécution,  rappelle  la  manière  de  Raphaël  en  1505.  Deux  petits  pan- 
neaux, postérieurement  ajoutés  de  chaquecôté,  en  forme  de  frise,  repré- 
sentent les  instruments  de  la  passion  peints  en  grisaille.  On  remarque, 
derrière  le  tableau,  les  lettres  D.  G.  K.,  avec  une  couronne,  imprimées 
dans  le  bois  avec  un  fer  chaud^  qui  paraissent  être  du  dix-huitième  siècle, 
et  qui  ne  peuvent,  par  conséquent,  offrir  les  initiales  du  duc  Guidubaldo 
dUrbin  qu'on  avait  cru  y  découvrir. 

Nous  avons  ^u  ce  petit  tableau,  à  Londres,  chez  M.  Henry  Farrer^  qui 
nous  a  dit  que  ce  tableau  venait  de  Russie. 

260.  Le  Baptême  du  Chi^ist  et  la  Résurrection. 

Deux  petits  tableaux,  à  la  pinacothèque  de  Munich. 

Ces  deux  petits  sujets,  peints  sur  bois  en  largeur,  semblent  avoir  pri- 
mitivement servi  de  predella  à  un  tableau  d'autel  du  Pérugin.  Longhena 
dit  (à  la  page  11)  que  ce  sont  les  mêmes  conjpositions  que  celles  de  la 
predella  de  ce  maître,  qui  était  autrefois  à  S.  Pietro  Maggiore  de  Pérouse, 
et  qui  est  actuellement  a  Rouen.  Quant  à  nous,  quoique  le  nom  de  Raphaël 
soit  inscrit  sur  le  bouclier  d'un  des  soldats,  dans  la  Résurrection,  nous  ne 
pouvons  voir  cependant  dans  ces  deux  tableaux  que  de  jolis  ouvrages  de 
récole  du  Pérugin.  Ils  passèrent,  en  1818^  de  la  maison  Inghirami^  à 


324  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

Yolterra,  dans  la  possession  du  roi  Louis  de  Bavière,  qui  les  fit  placer  à 
la  pinacothèque  de  Munich. 

261.  I)etix  petits  tableaux 

placés  autrefois  dans  Téglise  S.  Pietro  Maggiore,  à  Pérouse. 

Dans  le  Guida  al  Forestière  per  la  ciltà  di  Perugia,  178-4,  p,  10,  il  est 
question  de  deux  tableaux,  de  la  jeunesse  de  Raphaël,  qui  étaient  alors 
dans  réglise  S.  Pietro  Maggiore,  mais  dont  Tétat  de  conservation  laissait 
beaucoup  à  désirer.  L'un  de  ces  tableaux  représentait  la  Vierge   avec 
Tenrant  Jésus  et  quelques  anges  ;  l'autre,  le  Christ  mort  pleuré  par  les 
saintes  femmes.  Dans  ce  dernier  tableau,  les  personnages  étaient  groupés 
en  forme  pyramidale,  et  la  Madeleine  se  trouvait  aux  pieds  du  Christ, 
mais  Baldassare  Orsini  (Vita  di  Pietro  Perugino,  p.  243)  n'attribue  à 
Raphaël  que  le  tableau  de  la  Vierge  avec  l'enfant  Jésus  et  quelques  anges  ; 
quant  à  son  pendant,  après  qu'il  fut  nettoyé,  les  connaisseurs  reconnurent 
que  ce  n'était  pas  un  ouvrage  de  ce  maître.  Dans  le  Catalogue  des  chefs- 
d'œuvre  de  peintures  et  sculptures,  qui  furent  portée  en  France  en  1797 
(p.  14),  la  Vierge  est  attribuée  au  Pérugin,  et  la  Mise  au  tombeau  à  un 
élève  de  Raphaël.  Aucun  de  ces  deux  tableaux  n'est  retourné  en  Italie 
après  les  traités  de  1815,  et  leur  sort  nous  est  inconnu. 

262.  Petit  tableau 

daoB  la  maison  paternelle  de  Raphaël. 

Selon  une  communication  faite  au  Morgenblatt,  en  18i1 ,  n^"  141 ,  d'après 
les  notes  du  peintre  Franz  Pforr,  de  Francfort-sur-Mein ,  il  se  trouvait 
dans  la  maison  paternelle  de  Raphaël,  à  Urbin,  outre  la  Madone  peinte 
sur  le  mur  de  la  cour,  un  petit  tableau  de  la  jeunesse  du  maître,  lequel 
aurait  été  emporté  par  les  Français. 

Pungileoni,  dans  une  note  de  son  ouvrage  (p.  43),  publie  un  fragment 
d'une  lettre  du  prince  D.  Orazio  Albani,  datée  de  Rome,  le  31  octobre. 
1708,  et  adressée  au  cardinal  Tanari.  Dans  cette  lettre,  il  est  dit  :  a  Dette 
quadro  (del  Baroccio)  io  subito  lo  rimando  in  Urbino  insieme  con  un 
altro,  che  ne  ho  assai  bello,  di  Raffaello  con  uno  strettissimo  legame  di 
fidei  commesso,  che  non  si  possano  dai  miei  eredi  mai  allenare  ne  levarli 
d'Urbino.  y»  de  tableau,  désigné  ici,  serait-il  le  même  que  celui  dont  le 
Morgenblatt  signale  l'enlèvement  ?  En  tout  cas,  au  palais  Albani,  à  Rome, 
il  n'y  a  plus  de  tableau  attribué  à  Raphaël. 

Nous  rappellerons  encore  ici  une  petite  Adoration  des  Mages,  qui  était 
autrefois  à  Urbin,  et  dont  nous  avons  déjà  parlé  en  détail,  à  l'occasion 
du  tableau  représentant  le  même  sujet,  que  Raphaël  a  peint  pour  Giov. 
Bentivoglio. 

263.  Divers  tableaux  représentant  le  Christ  en  croix. 
a.)  Un  petit  Christ  en  croix,  peint  à  fresque  dans  la  chambre  du  supé- 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  5i5 

rieur  des  Camaldules  à  S.  Severo^  à  Perouse,  est  cité  comme  un  ouvrage 
de  la  jeunesse  de  Raphaël ,  par  l'auteur  du  Guida  cU  Forestière  per  la 
città  di  Perugia  (p.  242),  par  Longhena  (p.  9,  note),  et  par  Pungileoni 
(p.  27).  C'est  un  tableau  de  peu  de  mérite,  sans  dire  toutefois  qu'il  soit 
mauvais,  et  qui  n'a  rien  absolument  de  la  manière  de  Raphaël.  11  semble 
avoir  été  exécuté  par  un  des  élèves  du  Pérugin,  à  la  dernière  époque  de 
ce  maître'. 

6.)  Un  triptyque  d'autel,  dont  le  tableau  principal  représente  le  Christ 
en  croix ,  avec  la  Vierge  et  saint  Jean  sur  les  côtés,  et  dont  les  volets 
sont  remplis  par  deux  ligures  de  saintes  femmes,  a  été  donné  aussi 
comme  un  ouvrage  de  la  jeunesse  de  Raphaël,  parce  que  son  nom  est 
inscrit  sur  la  bordure  du  vêtement  de  saint  Jean.  Selon  Longhena  (p.  12 
et  688),  ce  tableau  se  serait  trouvé  chez  les  religieuses  de  S.  Cassiano,  en 
Toscane,  lesquelles  l'auraient  offert  en  présent  à  un  certain  Moggi,  pour 
prix  de  services  rendus  pendant  les  troubles  politiques.  Nous  n'avons 
jamais  pu  apprendre  ce  que  ce  tableau  était  devenu. 

c.j  Dans  l'église  des  Franciscains,  à  S.  Geminiano,  en  Toscane,  il  y 
avait,  selon  Longhena  (p.  7),  un  Christ  en  croix,  exécuté  par  Raphaël  dans 
sa  quinzième  année,  d'après  un  dessin  du  Pérugin.  Ce  tableau  aurait  été 
acheté  par  un  prince  Galitzin. 

Rosini  a  publié,  dans  sa  Storia  délia  pittura  italiana  (pi.  lxx),  une 
gravure  de  ce  tableau ,  où  le  paysage  paraît  traité  dans  la  manière  du 
Pinturicchio. 

rf.)  Antonio  Piccinini,  dans  sa  Diaria  Descrizione,  etc.  (Perugia,  1776, 
p.  62),  et  Pungileoni  (p.  36),  considèrent  encore  comme  étant  de  Ra- 
phaël un  Crucifix  qui  orne  l'église  des  Franciscains,  à  Citerna,  ville  située 
entre  Città  di  Castello  et  Arezzo.  La  Vierge  et  saint  Jean  sont  peints  à 
Thuile  sur  le  mur,  aux  côtés  de  la  croix  qui  est  placée  dans  une  espèce 
de  niche,  à  l'intérieur  de  laquelle  on  a  peint  aussi  de  chaque  côté  saint 
Jérôme  et  saint  François.  Le  crucifix  de  bois,  qui  est  très-ancien  et  qui  a 
été  nouvellement  repeint,  est  tenu  en  tel  honneur,  qu'on  ne  le  montre 
pas  sans  la  permission  des  supérieurs.  La  Vierge  et  saint  Jean  sont  de 
lourdes  figures  exécutées  par  un  peintre  inconnu  ;  celles  des  deux  saints, 
beaucoup  meilleures,  sont  de  la  main  de  Raphaël  del  Colle.  L'homo- 
nymie du  peintre  est  cause  de  Terreur,  qui  tombe  d'elle-même  en  face  de 
ces  peintures. 

e.)  Longhena  a  fait  graver  dans  son  livre  (p.  65),  avec  le  nom  de 
Raphaël,  le  Christ  en  croix,  avec  la  Vierge  et  saint  Jean,  qui  est  dans  la 
possession  de  M.  Bissi,  à  Milan.  On  regarde  généralement  ce  tableau 
comme  un  ouvrage  d'Enea  Salmeggia,  que  Ton  nomme  quelquefois  le 
Raphaël  de  la  Lombardie. 
f.)  Le  musée  de  Berlin  conserve  une  Pietà  ou  Vierge  de  douleur  (de 


526  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

i3"  de  haut  et  9"  6'"  de  large),  peinte  à  la  colle  sur  toile.  Le  Christ,  vu 
de  face,  est  debout  dans  son  tombeau,  les  bras  étendus  devant  une  croix. 
M.  de  Rumohr  a  cru  y  reconnaître  la  main  de  Raphaël.  Le  Christ  offre,  en 
cfTet,  surtout  dans  la  forme  de  la  tête,  quelque  ressemblance  avec  le 
Christ  (yu  de  profil]  au  mont  des  Oliviers,  qui  fait  partie  de  la  predella 
du  tableau  d'autel  peint  pour  les  religieuses  de  Saint-Antoine  de  Padoue, 
à  Pérouse.  Ce  petit  tableau  n'est  cependant  pas  de  Raphaël;  ce  pourrait 
être  un  ouvrage  d'un  de  ses  condisciples. 

264.  JésuS'Christ  en  prière. 

C'est  une  demi-figure  de  grandeur  naturelle,  ayant  les  mains  croisées 
sur  la  poitrine.  Le  type  de  la  tête  ne  répond  pas  tout  à  fait  à  celui  qui 
est  consacré  pour  représenter  le  Christ;  aussi,  selon  nous,  n'est-ce  pas  le 
Christ,  mais  c'est  un  apôtre.  Le  tableau,  peint  à  la  détrempe,  a  beaucoup 
souffertf  et  paraît  une  œuvre  d'un  élève  du  Pérugin.  Il  appartient  au 
colonel  russe  M.  Barischnikofî,  qui,  en  1853,  se  trouvait  en  Allemagne, 
et  qui  habite  à  présent  Francfort-sur-Mein. 

Gravé  par  C.  Gonzenbacb,  1854,  «vec  cette  légende  :  YaUr^  dein  WUle  ge$cheche. 
In-fol. 

265.  Les  Funérailles  de  la  sainte  Vierge. 

Dans  l'Inventaire  des  tableaux  de  la  succession  de  Carlo  Maratti,  à  Rome, 
en  1712,  lequel  est  conservé  dans  la  bibliothèque  Albani,  on  lit  l'article 
suivant  :  «  Un  tableau  haut  de  trois  palmes ,  qui  représente  la  Vierge 
portée  au  tombeau  par  les  apôtres  et  accompagnée  de  la  Madeleine  et 
d'autres  femmes,  avec  une  perspective  et  une  gloire  dans  le  haut,  où  l'on 
voit  Dieu  le  Père  et  le  Fils  auxquels  deux  anges  présentent  l'âme  de  la 
Vierge  Marie,  peint  sur  bois  par  Raphaël  d'Urbin.  Estimé  mille  scudi.  » 

Bellori,  dans  la  Vie  de  Carlo  Maratti,  parle  aussi  de  ce  tableau,  en  ces 
termes  :  a  Tavola  di  Rafîaelle  con  la  Vergine  morta  portata  nella  bara, 
ed  accompagnata  dagli  Âpostoli  al  sepolcro,  di  figure  piccole.  )>  Nous 
n'avons  trouvé  aucun  autre  renseignement  sur  ce  tableau,  qui  a  disparu. 

266.  L'Assomption  de  la  Vierge. 

Chr.  Aug.  Gottl.  Goede,  dans  son  ouvrage  sur  TAngleterre,  le  pays  de 
Galles  et  l'Irlande  (Dresde,  1805,  t.  V,  p.  150),  dit  avoir  vu  chez  le  comte 
de  Pembroke,  à  Wiiton  House,  une  Assomption  de  la  Vierge,  provenant 
de  la  collection  dii  duc  de  Mantoue*,  et  que  ce  tableau  doit  avoir  été 
peint  par  Raphaël,  dans  sa  jeunesse,  pour  son  maître  le  Pérugin.  11  le 
décrit  de  la  sorte  :  «  La  sainte  Vierge,  debout  sur  un  nuage,  dans  une 

i .  Dans  le  Catalogue  des  objets  d'art  de  Charles  I'^,  qui  contient  pourtant  les  tableaux  de  la 
galerie  de  Mantoue,  il  n'est  fait  aucune  mention  de  ce  tableau. 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  527 

pose  UD  peu  roide,  est  entourée  de  quatre  anges  placés  régulièrement 
TuD  en  face  de  l'autre  ;  une  tête  d'ange  forme  la  pointe  du  nuage,  dans  le 
bas.  Sur  le  premier  plan  sont  les  douze  apôtres  rangés  sur  une  seule 
ligne,  les  mains  jointes  et  adorant  la  Vierge  qui  s'élève  au  ciel.  Toute 
Tordonnance  du  tableau  est  extrêmement  roide;  mais  l'expression  des 
têtes  des  apôtres  n'est  pas  indigne  du  maître,  et  c'est  peut-être  là  le  seul 
indice  qui  puisse  faire  croire  qu'il  soit  l'auteur  de  cet  ouvrage.  )>  Selon 
l'ancien  Catalogue  de  Wilton  House,  il  proviendrait  de  la  collection 
Ârundel.  Quoi  qu'il  en  soit^  ce  tableau  (de  forme  carrée)  n'a  pas  le  moindre 
rapport  avec  la  manière  de  Raphaël^  et  appartient  à  une  époque  biep 
postérieure. 

267.  Le  Jugement  dernier. 

Selon  le  Catalogue  de  Gérard  Hoet  (La  Haye ,  i7SS),  un  Jugement  der- 
nier, de  Raphaël  d'Urbin,  se  serait  trouvé,  en  1 738,  ches  Ferdinand,  comte 
de  Plettenberg,  à  Amsterdam.  H.  2'  8";  1. 2'  3".  Ce  tableau  ayant  été  vendu 
40,000  florins,  nous  sommes  obligé,  par  ce  fait  seul,  de  le  citer  ici.  Son 
originalité,  toutefois,  semble  douteuse,  parce  qu'il  a  complètement  dis- 
paru depuis. 

•  268.  Les  Martyrs. 

W.  Buchanan  [Memoirs  ofpaintings,  etc.,  London,  1829)  cite  ce  petit 
tableau  représentant  le  Martyre  de  plusieurs  saints,  comme  un  ouvrage 
de  la  jeunesse  de  Raphaël,  dans  la  manière  de  son  maître  le  Pérugin.  11 
proviendrait,  dit-on,  du  palais  Borghèse  à  Rome.  Grandeur,  16"  6'"  sur 
W.  Acheté,  par  W.  Young  Ottley,  le  16  mai  iSOl,  pour  H5  liv.  sterl. 
Nous  ne  savons  rien  de  plus  à  l'égard  de  ce  tableau  et  nous  doutons  fort 
de  l'exactitude  du  renseignement  publié  par  Buchanan. 


SAINTES  FAMILLES!  ET  MADONES. 
269.  Madonna  dell'  Impannata. 

Sur  boii.  Jusqu'aux  genoux.  Figures  presque  de  grandeur  naturelle. 

La  Vierge,  debout  à  droite,  s'apprête  à  prendre  dans  ses  bras  l'enfant 
Jésus  que  lui  présente  sainte  Elisabeth,  tandis  qu'une  des  saintes  femmes, 
apparemment  la  Madeleine,  debout  derrière  celle-ci,  touche  du  doigt  l'En- 
fant, qui  tourne  en  souriant  sa  tête  et  son  regard  vers  elle,  mais  en  em- 
brassant sa  mère.  A  droite,  saint  Jean-Baptiste,  âgé  d'environ  dix  ans, 
assis  sur  une  peau  de  panthère,  désigne  du  geste  le  Sauveur. 

Raphaël  fut  chargé,  par  le  Florentin  Bindo  Altoviti,  de  faire  cette  pein- 
ture ;  c'est  ce  qui  explique  pourquoi  il  y  a  représenté  le  patron  de  Flo- 


328  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

rence,  saint  Jean-Baptiste,  beaucoup  plus  âgé  que  Jésus-Christ,  aGo  de  lui 
donner  une  plus  grande  importance  dans  le  tableau.  Au  fond  de  rarrière- 
chambre,  on  voit  une  fenêtre  fermée  avec  des  châssis  de  toile  (impannata) 
en  guise  de  vitres  :  c'est  là  ce  qui  a  donné  au  tableau  le  nom  sous  lequel 
il  est  ordinairement  désigné.  Yasari,  qui  le  cite,  dit  qu*il  appartenait  alors 
au  duc  Cômè  de  Médicis.  11  fut  apporté  en  France  par  suite  des  guerres 
d'Italie,  et,  après  avoir  été  exposé  au  palais  du  Luxembourg,  à  Paris,  il 
retourna  au  palais  Pitti,  à  Florence,  en  1815. 

Que  cette  composition  soit  de  Raphaël,  c'est  ce  que  nous  atteste  le 
témoignage  de  l'écrivain  que  nous  venons  de  citer,  ainsi  que  la  belle 
esquisse  qui  se  trouve  dans  la  collection  royale  d'Angleterre.  Dans  ce 
dessin  il  manque  la  figure  de  saint  Jean;  or,  cette  ligure  est  la  plus 
faible  de  toutes  celles  qui  sont  dans  le  tableau.  On  a  cru  pouvoir  induire 
de  l'absence  du  saint  Jean  dans  l'esquisse,  qu'il  n'était  pas  de  l'invention 
de  Raphaël,  ce  que  nous  n'admettons  pas,  car  les  lignes  de  cette  figure 
s'harmonisent  parfaitement  avec  l'ordonnance  de  la  composition.  C'est 
dans  i*enfant  Jésus,  et  surtout  dans  sa  tête,  que  nous  croyons  re4M)nnaitre 
la  main  du  maître;  mais  tout  le  reste  semble  avoir  été  exécuté  par  un 
de  ses  élèves;  car,  si  belle  de  forme  que  soit  la  tôte  de  la  Vierge,  elle  a 
pourtant  quelque  chose  de  froid  dans  l'expression  et  dans  le  taire.  La 
jeune  sainte,  d'une  peinture  également  sèche,  accuse  un  pinceau  mou  et 
timide;  la  main  droite  aussi  est  incorrecte  de  dessin.  La  tételde  saiute 
Elisabeth  est  plus  spirituellement  faite,  bien  qu'elle  ne  soit  pas  dans  la 
manière  de  Raphaël.  Les  draperies,  quoique  exécutées  d'après  les  indica- 
tions de  Raphaël,  sont  roides  de  plis  et  dures  de  couleurs. 

Gravures  :  Francesco  Yillamena  se,  1602.  Gr.  in-fol.  —  Le  même,  sans  nom 
du  graveur,  Romae,  1611,  avec  une  dédicace  à  Nicole  Guicciardini.  Gr.  in-fol.  — 
Raphaël  Guidi,  1614,  in-fol.  —  C.  Mogalli.  Petit  in-fol.  Pour  la  Raecolta,  etc.— 
Chez  Mariette.  Du  côté  opposé,  in-fol.  —  Encore  une  fois,  chez  le  même,  petit 
in-fbi.  —  Crispin  de  Pas.  Petit  in-4.  —  Le  Blond  exe,  du  côté  opposé,  avec  la 
lettre  :  Mater  mea  et  fratres,  etc.,  in-fol.  —  Baltser,  1818  et  1819.  EsUmpe.  très- 
dure.  In-fol.  —  Em.  Esquivel  de  Sotomayor  inc.  Flor.  1825.  Gr.  in-fol.  —  Dis- 
sard  se.  et  exe.  Au  pointillé.  In-fol.  —  Bertonnier,  1829.  —  Landon,  n*  436. 

En  1834,  le  Rév.  John  Sanford  acheta,  de  la  succession  de  l'avocat  Rivani 
à  Florence,  une  répétition  de  ce  tableau,  qu'il  porta  à  Londres  en  1838. 
Ce  n'est  qu'une  ébauche,  car  en  plusieurs  endroits  on  voit  encore  les  traits 
du  dessin;  les  deux  enfants  seulement  sont  un  peu  plus  achevés  que  le 
reste.  La  carnation,  d'un  ton  rougeâtre,  a  des  lumières  blanches  dans  la 
manière  de  Perino  del  Vaga.  L'expression  de  Teofant  Jésus  est  moins  ani- 
mée que  dans  le  tableau  du  palais  Pitti,  et,  en  somme,  toute  cette  pein- 
ture n'a  pas  ce  cachet  spirituel  que  l'on  retrouve  toujours  dans  les  ébau- 
ches de  grands  maîtres.  Une  autre  copie  se  ti*ouve  au  musée  royal  de 
Madrid.  L'exécution  en  est  très-habile.  La  couleur  des  chairs,  chaude  et 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  3^9 

transparente  de  ton,  tire  sur  le  jaunâtre.  C'est  chez  le  restaurateur  des 
tableaux  du  musée  que  nous  avons  vu  ce  tableau. 

210.  Le  Repos  en  Egypte. 

Surboia.  H.  4' 10";  1.  3'  7". 

La  Vierge^  accroupie  à  terre,  penche  Tenfant  Jésus  vers  le  petit  saint 
Jean,  agenouillé,  qui  lui  présente  des  fruits  enfernnés  dans  un  coin  de  sa 
peau  de  mouton.  Saint  Joseph  s'approche,  tenant  dans  la  main  gauche  la 
bride  de  l'âne,  presque  entièrement  caché  par  les  feuilles  d'un  palmier,  et 
caresse  le  petit  saint  Jean.  Le  fond  du  paysage  est  doré  par  le  soleil  couchant. 

Une  ancienne  gravure  de  Giulio  Bonasone  prouve  que  ce  beau  tableau, 
qui  appartient  à  la  galerie  du  Belvédère,  à  Vienne,  est  une  composition 
de  Raphaël,  et  cette  peinture  annonce  un  des  meilleurs  élèves  du  maître. 
Cependant  nous  ne  saurions  nous  convaincre  qu'il  a  été  peint  sous  les 
yeux  de  Raphaël  ;  la  composition  penche  toute  d'un  seul  côté  et  n'offre 
pas  un  véritable  ensemble  ;  elle  pèche  aussi  contre  l'ordonnance  habituelle 
des  œuvres  du  maître,  qui,  certainement,  n'eût  jamais  toléré  de  pareils 
défauts  dans  ses  ateliers.  C'est  pourquoi  il  nous  semble  que  ce  tableau 
a  été  exécuté  d'après  une  esquisse  incomplète  de  Raphaël ,  à  laquelle , 
pour  rétablir  l'équilibre  de  la  composition,  il  se  proposait  encore  d'ajou- 
ter un  ange  ou  quelque  autre  figure. 

La  couleur  énergique  de  ce  tableau  a  un  peu  poussé  au  noir,  et  la  ma- 
nière dont  est  traité  le  paysage  rappelle  l'école  néerlandaise.  Quoique  les 
draperies  aient  souffert  en  quelques  endroits,  cependant  les  parties  prin- 
cipales sont  J)ien  conservées,  et  surtout  les  têtes  présentent  une  véritable 
expression  raphaélesque,  dont  toutes  les  estampes  gravées  jusqu'à  pré- 
sent ne  donnent  point  une  juste  idée. 

Quant  à  l'histoire  de  ce  tableau,  on  sait  seulement,  avec  certitude,  que 
saint  Charles  Borromée,  revenant  de  Rome  le  23  septembre  1565,  l'em- 
porta avec  lui  à  Milan.  On  peut  supposer  qu'il  l'avait  reçu  du  duc  Guidu- 
baldo  II  d'Urbiu,  lorsqu'il  célébra,  en  1560,  le  mariage  de  Federico, 
comte  Borromeo,  général  des  troupes  du  pape,  avec  Virginia,  fille  du  duc 
Guidubaldo.  Dans  son  testament,  écrit  le  6  novembre  1576,  saint  Charles 
Borromée  confia  ce  tableau,  ainsi  que  les  objets  d'art  qu'il  possédait,  à 
Lodovico  Moneta,  son  fidèle  compagnon ,  avec  la  recommandation  ver- 
bale de  le  vendre  et  d'en  remettre  le  prix  au  grand  hôpital  de.  Milan  qui 
devait  hériter  de  tous  ses  biens.  Après  la  mort  de  cet  archevêque,  survenue 
le  3  novembre  1584,  le  tableau  fut  acheté  par  la  fabrique  de  l'égliseS.  Maria 
presso  S.  Celso,  à  Milan,  pour  300  scudi,  et  placé  dans  la  seconde  sacris- 
tie de  cette  église  K  Lorsque  l'archiduc  Joseph,  héritier  présomptif  de 

1.  Voy.  Bisîoria  delV  anlichilà  di  Milano.  Venezia,  1592,  iu-4%  p.  388,  et  Ôgler- 
reieMiehe  ZeiUehrifl  r^r  Getehiehtt-^nd StaaUkunde,  1835,  n»  47  et  48. 


.-30  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

l'empire  d'Autriche,  visita  l'Italie  pour  la  première  foiSi  cette  peinture 
lui  plut  tant,  qu'il  proposa  aux  supérieurs  de  l'église  de  la  céder  à  la  gale* 
rie  impériale  de  tableaux;  ceux-ci  firent  présenter  leur  tableau  à  Leurs 
Majestés,  en  1779,  par  l'intermédiaire  de  Karl,  comte  Firmian,  ministre 
plénipotentiaire  de  l'empereur  en  Lombardie.  Pour  reconnaître  ce  don, 
l'impératrice  Marie-Thérèse,  par  un  rescrit  de  sa  main,  du  17  juin,  à  l'ar- 
chiduc Ferdinand,  gouverneur  de  la  Lombardie,  fonda  deux  rentes  perpé- 
tuelles, de  50  ducats  chacune,  qui  devaient  être  remises  à  de  pauvres 
filles,  chaque  année,  le  jour  de  la  fondation  de  la  susdite  église,  pour 
leur  servir  de  dot.  Ces  jeunes  filles  devaient  être  choisies  de  préférence 
dans  les  familles  qui  étaient  employées  à  la  fabrication  de  la  soie.  L'em- 
pereur Joseph  donna  en  outre  à  la  fabrique  de  S.  Maria  presso  S.  Celso 
une  bonne  copie  du  tableau  par  Martin  Knoller  en  1780,  laquelle  occupe 
maintenant  la  place  de  foriginal,  avec  six  magnifiques  candélabres  et  une 
croix  d'argent,  qui  ornent  encore  aujourd'hui  le  maître-autel  de  l'église 
aux  grandes  cérémonies.  Le  remarquable  rescrit  de  Marie-Thérèse  est 
imprimé  dans  la  Revue  autrichienne  des  documents  historiques  de  l'État 
(Ôsterreichischen  Zeiischrift  fUr  Geschichts-und  Staatskundê),du  17  juin 
1835,  p.  190.  La  dotation  instituée  par  Marie-Thérèse,  fut  supprimée  dès 
l'invasion  des  Français  en  1796,  mais  l'empereur  François  l'*"  ne  se  con- 
tenta pas  seulement  de  la  rétablir  le  14  mai  1827,  il  en  fit  payer  tout 
l'arriéré  depuis  1796. 

Gravures  :  Giulio  Bonasone,  du  côté  opposé.  Bartsch,  t.  XV,  p.  126,  n»  59. 

-  C.K.  Pfeiffor.  1768.  Au  pointillé,  pL  teintée.  In-fol.  —  Mich.  Benedelli.  Au 
pointiUé.  Gr.  in-fol.  —  Fr.  John ,  pour  le  Tasehenbuch  Aglqja  de  1828,  in-8*'.  — 
Adolfo  Fiorini  dis.  et  incid.,  1829.  Gr.  in-fol.  —  J.  Blaschke,  pour  la  Galerie 
impériale  et  royale  du  Belvédère  (Vienne,  chez  Cari  Haas,  18Î1-1828,  2  vol.  in-fol.). 

—  Landon,  n*  328. 

Copies  de  ce  tableau. 

a.)  Dans  la  collection  de  don  José  de  Madrazo,  à  Madrid.  Elle  est  de 
toute  beauté  et  traitée  avec  grand  soin,  cependant  un  peu  sèche  de  pin- 
ceau. Les  ombres  sont  trop  noires  dans  les  chairs  et  le  paysage  n'est  pas 
exécuté  dans  la  manière  de  Raphaël. 

&.)  Dans  la  sacristie  de  l'église  S.  Eustorgio,  à  Milan.  Cette  copie  a  for- 
tement poussé  au  noir. 

c.)  Dans  la  galerie  Borghèse,  à  Rome. 

d^)  Au  palais  Doria,  à  Rome.  Cette  copie,  qu'on  attribue  mal  à  propos 
à  fra  Bartolomeo,  nous  offre  la  même  composition ,  avec  l'adjonction  de 
deux  an^es  debout  à  gauche.  Elle  est  un  peu  roide  et  dure. 

e.)  Buchanan  cite  encore  une  copie  qui  était  au  palais  Colonna,  à  Rome, 
et  qui  fut  vendue,  par  l'intermédiaire  de  M.  Udney,  à  M.  Davison  pour 
650  livres  sterling. 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  331 

271.  Madonna  del  Passeggio. 

Figure  entière  de  demi-grandeur  naturelle. 

La  Vierge,  debout ,  serre  contre  elle  de  la  main  gauche  l'enfant  Jésus, 
tandis  qu'elle  pose  sa  main  droite  sur  la  tête  du  petit  saint  Jean  qui  s'ap- 
proche du  côté  gauche  avec  sa  petite  croix  de  jonc,  pour  embrasser  son 
divin  compagnon  ;  derrière  un  buisson,  auprès  d'un  arbre ,  on  voit  saint 
Joseph  qui  les  cherche.  Un  riche  paysage  pour  fond.  Il  existe  beaucoup  de 
tableaux  de  cette  belle  composition,  sans  que  jusqu'à  présent  nous  en 
ayons  rencontré  un  seul  qui  ait  tous  les  caractères  d'un  originaP.  Nous 
nommerons  ici  les  suivants  : 

a.)  Dans  la  Bridgewater  Gallery»,  appartenant  maintenant  à  lord  Elles- 
mere,  se  trouve  un  tableau  qui  passa,  des  collections  de  la  reine  Christine 
de  Suède  et  du  duc  de  Bracciano,  dans  la  galerie  d'Orléans.  En  1798,  le 
duc  de  Bridgewater  l'acheta  au  prix  de  3,000  livres  sterling. 

Quoique  ce  tableau  soit  un  des  meilleurs  de  tous  ceux  qui  existent  de 
celte  composition,  il  manque  pourtant  de  finesse  et  dévie  dans  le  modelé; 
les  chairs  sont  d'un  ton  gris  dans  les  ombres,  et  à  l'expression  des  tètes 
manque  la  grâce  raphaélesque.  Le  paysage  est  un  peu  dur  d'exécution,  et 
a  beaucoup  de  rapport  avec  ceux  des  petits  tableaux  :  la  Charité  et  l'Espé- 
rance, de  la  galerie  Borghèse,  qui  ont  toujours  été  attribués  à  Gio.  Fran- 
cesco  Penni.  C'est  ce  qui  nous  fait  croire  que  cet  élève  de  Raphaël  est 
l'auteur  de  cette  peinture.  H.  33";  1.  23". 

Gravures  :  Par  Nie.  de  Larmessin  pour  le  Cabinet  Crozat,  in-fol.  ^  A  l'eau- 
forte,  par  J.  Pesne,  en  contre-partie,  in-fol.  —  H.  Gullenberg,  pour  la  Galerie 
d'OrlèanM.  Petit  in-fol.  —  A.  Legrand,  in-fol.  —  Sophie  Del.,  in-fol.  —  A  Paris, 
chez  Chiquet,  Haber  ex.,  in-fol.  —  Le  Blond  exe.  Estampe  dure,  gr.  in-fol.  — 
J.  Heath  et  S.  Middiman,  in-fol.  —  P.  W.  Tomkins,  petit  in-fol. —  Pietro  Ander- 
loni,  gr.  in-fol.  —  Landon,  n*  104. 

6.)  Au  musée  de  Naples.  Ce  tableau  provient  de  la  galerie  Farnèse, 
qui  était  autrefois  à  Parme.  Les  chairs  ont  un  ton  brunâtre,  et  le  dessin 
est  médiocre. 

Gravure  par  Pietro  Fontana.  In-fol. 

r.)  Dans  la  galerie  Sivry,  à  Venise.  C'est  une  bonne  copie  ancienne. 

1.  Richardson  (HT,  p.  290)  rapporte  que  son  père  a  possédé  un  dessin  de  Raphaël  dont  la 
composition  ressemblait  à  celle  de  ce  tableau  ;  il  regardait  ce  dessin  comme  Tesquisse  primitive 
du  maître. 

2.  N^  37  du  Catalogue  •  •  La  Sainte  Famille^  avec  le  petit  saint  Jean,  rendant  hommage  au 
Sauveur.  Cette  peinture,  connue  sous  le  nom  de  la  belle  Vierge,  a  étf:  faite  pour  le  duc  d'L'rbin 
et  a  appartenu  successivement  au  roi  dVEspagne,  à  Gustave-Adolphe,  à  la  reine  Christine,  etc. 
Gravé  dans  la  Stafford  Gallery^  etc.  ■  La  copie,  citée  plus  loin,  appartenant  à  lord  Scarsdale, 
a  été  exposée  à  Manchester  et  cataloguée  comme  ripélitifm.  Voir  W.  Burger ,  Trétors 
(Part,  etc.,  p.  60.  {Note  de  l'éditeur ») 


532  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

d.)  Dans  la  galerie  Doria,  à  Rome.  Ce  tableau  est  «.oins  remarquable 

'•ircb'SIf  ma^hand  de  tableaux.  M.  Carlo  San<,"inœ.  à  Milan^^^^ 
trouvait  une  belle  copie  qui  avait  été  auparavant  «hf  '"f ;^^J;"^^ 
Aricci,  à  Brescia.  Cette  copie  est  chaude  de  ton.  U  tête  de  >*  ^«^eej* 
plus  telle  et  plus  vivante  d'expression  que  dans  le  '•*««";*« j^„^^^^^^^^ 
d'Orléans  ;  mais  d'autres  parties  de  la  peinture,  au  contraire,  sont  moins 

bonnes. 

Gravé  dans  Longhena,  p.  628.  ^^^^\   ipo 

f.)  Au  palais  Albani,  à  Rome.  Cette  copie,  qu'on  peut  citer  parm.  les 
meilleures,  est  très-empâtée  de  couleur. 

g.)  Dans  la  sacristie  de  l'église  des  Franciscams    f  alterna  Cest  «m 
bon  tableau  de  l'école,  chaud  de  ton,  mais  ayant  '°^eme°t  po"^^^^^^^ 
les  ombres.  Au-dessus  du  tableau  est  gravée  sur  ^^^u^^Za  ër  vôy. 
qui  commence  ainsi  :  Sacrario  hoc  egregta  Raphaehs  tabula,  etc.  voy. 

M'S  fa  gtlerie  Uchtenstein,  à  Vienne.  C'est' une  bonne"  copie 

ancienne  qui  est  attribuée  à  Nie.  Poussm.  scarsdale 

,-.)  Dans  la  collection  de  Kedlestoti  Hall,  résidence  de  lord  Scarsaaie, 

est  une  copie  qui  a  beaucoup  noirci  dans  les  ombres. 

1  existe  uneîrande  gravure,  d'apis  çeUe  copie,  en  larjjeur.  en  conue-pame. 

par  un  anonyme,  avec  ces  mots  :  l»«ph««  <»-tV6m  p.«x.  «om«. 

un  tableau,  pour  lequel  on  s'est  servi  «««  ««"^;7P2?"chez  1 
paraît  être  peint  par  un  élève  du  Guide,  se  trouvart,  a  ^°"'^'  fjj/,; 
Certain  Nie.  Verdu.-a.  Dans  cette  peinture,  la  V.erge  ^^  fJ^:!""  „  c^ude 
son  manteau,  et  saint  Joseph,  près  du  groupe  f '"7«»lf  PP^f  "  ^ 
sur  un  pan  de  mur  peu  élevé.  Quelques  arbres  touffus,  dans  1  ombre, 

forment  le  fond  du  côté  gauche. 

1T74.  in-fol.  Heinecke,  n"  U;  Tauriscus,  n»  16. 

272.  La  Vierge  dans  les  Ruines. 

Sur  bois.  H.  3' A"  6"'!  1.  î' V. 

Dans' la  sacristie  de  l'Escurial  se  trouvait  un  Ubleau  que  l'on  attribue  a 
Ra7aël%ais  qui  ne  fut  probablement  exécuté  que  «0"«^sa  d..jd,on.^^^ 
Vierae  les  genoux  légèrement  plies,  tient  assis  sur  le  fragment  d  une  cor 
liSir^ésus.  Vi  tournS  la  tète  vers  sa  -^^  «t  q- ^'^^^ 
droite  vers  le  petit  saint  Jean,  lequel  lui  présente,  ^  ej"»'»' ^^^^^^^^^ 
jonc.  AU  fond,  saint  Joseph  marche  dans  des  rumes,  en  ^^^»''';'«''^^^^^^^^^^ 
{orche.  Dans  le  lointain,  une  ville  sise  sur  des  rochers.  VoyMe  Vm^^'^^ 
de  la  Jenaer  Uteraturzeitung,  1809,  p.  .",-8.  Selon  D.  Ant.  Conca,  ce 
tableau  aurait  fortement  poussé  au  noir. 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  333 

11  existe  plusieurs  répétitions  de  ce  tableau  ;  nous  en  avons  vu  une,  de 
toute  beauté,  chez  le  marchand  de  tableaux  Gaetano  Menchetti,  à  Rome. 
Le  fond  est  un  peu  différent,  en  ce  que  saint  Joseph  n'est  pas  au  milieu 
de  ruines,  mais  se  tient  sous  la  porte  d'une  maigon  à  gauche.  Un  peu 
de  paysage  à  droite.  C'est  un  tableau  d'un  beau  dessin  et  d'un  ton  coloré 
et  puissant.  Figures  au  tiers  de  nature. 

Une  autre  copie  se  trouve  dans  la  collection  du  marchese  Malaspina  di 
Sannazaro,  à  Pavie.  Elle  n'est  point  comparable  à  la  précédente.  C'est 
apparemment  ce  tableau  qui  a  été  gravé  au  burin,  quand  il  était  en  la 
possession  du  marquis  de  Marialva,  par  C.  S.  Pradier,  qui  l'a  publié  sous 
ce  titre  :  La  Vierge  aux  Ruines. 

Une  copie,  attribuée  à  B.  Garofalo,  a  été  autrefois  à  Paris. 

Ce  tableau  doit  se  trouver  aujourd'hui  à  Kingston  Hall  (Devonshire) , 
résidence  de  M.  H.  Banks. 

Gravures  par  Charles  Simonneau  pour  le  Cabiwtt  Crosat,  in-fol.  —  Landon, 
n"  425. 

273.  La  Vierge  à  la  Rose. 

Jusqu'aux  genoux.  Peint  sur  bois  et  transporté  sur  toile.  H.  3'  8";  1.  3,  mesure  espagnole. 

De  la  sacristie  de  l'Escurial  passa  au  musée  royal  de  Madrid  une  Sainte 
Famille  (demi-figures  de  grandeur  naturelle),  dans  laquelle  la  Vierge,  assise, 
tient  l'enfant  Jésus  à  droite  sur  ses  genoux.  Celui-ci  étend  les  deux  mains 
vers  une  bande  de  parchemin  portant  les  mots  :  Ecce  Agnns  Dei,  que  le 
petit  saint  Jean,  debout  à  gauche,  lui  présente  en  étendant  aussi  les  bras. 
Derrière  lui ,  saint  Joseph  en  contemplation.  Au  bas  de  la  composition , 
qui  a  été  agrandie  de  quelques  pouces,  on  remarque  une  rose,  qui  fut 
ajoutée  à  cette  place  lorsqu'on  restaura  le  tableau,  et  qui  lui  a  Mi  donner 
le  nom  de  :  Sacra  Familia  de  la  Rosa.  Cette  peinture,  qui  est  d'une 
beauté  remarquable,  était  couverte  d'une  telle  épaisseur  de  crasse  et  de 
vernis  quand  nous  la  vîmes,  en  1832,  que  nous  avions  vainement  cherché 
à  fixer  notre  jugement  sur  son  originalité.  Elle  paraît  avoir  élé  nettoyée 
depuis,  car  la  photographie  que  S.  A.  R.  le  prince  Albert  a  fait  faire,  et 
dont  il  a  bien  voulu  nous  envoyer  un  exemplaire,  nous  montre  le  tableau 
dans  tout  son  éclat.  La  beauté  du  dessin,  la  tête  de  la  Vierge  surtout,  si 
fine  d'expression ,  et  la  physionomie  pleine  de  vivacité  des  deux  enfants, 
prouvent  maintenant  que  ce  tableau  a  été  peint  par  Raphaël  lui-même. 

Il  existe  plusieurs  copies  de  ce  tableau. 

o.)  On  en  trouve  trois  dans  la  galerie  nationale  de  Valladolid,  mais 
toutes  trois  sans  la  rose.  Deux  de  ces  copies  sont  faibles;  la  troisième  est 

excellente. 

6.)  Une  copie  un  peu  différente  (saint  Joseph  entre  par  une  porte  à 
gauche  dans  le  fond),  très- habilement  faite,  est  dans  la  manière  de  Jules 
Romain.  C'est  celle  que  nous  avons  vue,  à  Londres,  chez  M.  Nieuwenhuys 


354  SUPPLÉMENT  Al)  CATALOGUE 

de  Bruxelles,  qui  depuis  l'a  vendue  à  M.  H.  A.  J.  Munro  de  Novare,  pour 
546  livres  sterling.  Ce  tableau,  de  forme  carrée,  passait  pour  provenir  de 
la  collection  du  roi  Charles  l«^  Lord  Gwydir  le  posséda  plus  tard.  Le  ta- 
bleau original,  peint  sur  bois,  a  32  pouces  anglais  de  haut  sur  24  pouces 
de  large. 

F.  Fors  ter  l'a  gravé  en  1847,  sans  la  figure  du  saint  Joseph,  soas  le  tilre  de  la 
Vierge  à  la  Légende. 

c.)  Dans  la  copie  que  nous  avons  vue,  en  1831,  chez  sir  Thomas  Baring, 
à  Stratton,  saint  Joseph  est,  comme  dans  l'original,  debout  à  gauche 
derrière  le  petit  saint  Jean.  C'est  sans  doute  ce  tableau  que  Wenceslaus 
Hollar  a  gravé  avec  le  nom  de  Perino  del  Vaga,  16i2,  ex.  coll.  Arundel- 
Une  composition  toute  semblable  a  été  gravée  par  Séb.  Vouillemont,  avec 
une  dédicace  à  Anne-Marie-Louise  d'Orléans.  Heinecke,  Sachrichten, 
p.  433,  no41.  Tauriscus,  p.  157,no  12. 

(/.)  Une  autre  copie  passa  de  la  galerie  de  Modène  dans  celle  de  Dresde, 
tableau  rond,  de  37'*  de  diamètre;  mais  on  y  voit  seulement  la  Vierge  avec 
les  deux  entants.  Dans  le  manuscrit  intitulé  :  Descrizione  délia  estense 
Galleria  in  Modena^.dal  dottor  Pietro  Gherardi ,  qui  se  trouve  dans  la 
bibliothèque  de  Modène,  cette  copie  est  décrite  de  la  sorte  :  «  Un  rotondo 
in  cui  eftigiati  si  veggono  la  Vergine,  il  Bambino  e  il  Battista,  lavoro  di 
RulTaello  Sanzio  da  Urbino.  La  picciolezza  non  toglie  allô  spettatore  di 
compiacersene  mercè  dell'aria  nobile  e  dolce.  »  Dans  la  liste  des  cent 
tableaux  que  Ye  duc  Francesco  III  vendit  à  l'électeur  de  Saxe,  ce  tableau 
est  le  premier  qui  soit  inscrit  avec  le  nom  de  Raphaël.  Cependant ,  à 
Dresde  même,  on  convient  que  ce  n'est  qu'une  copie. 

Gravé  à  l'eau-forte  par  Elis.  Sirani,  pet.  iD-4°.  —  Heinecke,  t.  II,  p.  435. 

274.  Madone  de  la  maison  Diotalevi, 

Sur  bois.  H.  26";  1.  18"  9'". 

La  Vierge  tient  l'enfant  Jésus  assis  sur  son  genou  gauche;  celui-ci 
élève  la  main  droite  pour  bénir  le  petit  saint  Jean,  vu  seulement  à  moitié, 
à  gauche ,  croisant  ses  mains  sur  sa  poitrine,  en  adoration  et  tenant/ sa 
petite  croix  de  jonc  entre  les  bras.  La  Vierge  abaisse  ses  regards  sur  lui 
et  pose  la  main  droite  sur  son  épaule.  Un  peu  de  paysage  pour  fond. 

Ce  tableau,  de  demi-grandeur  naturelle,  est  traité  dans  la  première 
manière  de  Raphaël  ;  il  rappelle  en  plusieurs  parties  les  qualités  parti- 
culières du  maître  dans  la  Madone  de  la  galerie  Solly.  Cependant  la  Vierge 
n'est  pas  belle ,  et  la  tête  de  l'enfant  Jésus  ressemble  à  celle  qu'on  voit 
dans  le  tableau  du  même  musée  :  la  Vierge  avec  saint  Jérôme  et  saint 
François.  Ce  tableau  est  resté  longtemps  dans  la  maison  du  marchese 
Diotalevi,  à  Rimini,  où  il  était  considéré  comme  un  ouvrage  du  Pérugin. 
11  fut  acheté  par  Iç  D""  Waagen  pour  le  musée  de  Berlin.  En  somme,  ce 


DES  PEINTURES  DE  RAPHaEL.  335 

tableau  paraît  bien  coDservé,  mais  11  est  entièrement  couvert  d'une  teinte 
brune. 

275.  Madone  du  comte  Bisenzo, 

Sur  bois.  H.  30"  6'";  1.  20'*  6*".  Figures  jusqu'aux  geuoux* 

La  Vierge  tient  l'enfant  Jésus  couché  sur  ses  genoux,  en  le  soutenant  du 

bras  droit.  Celui-ci  regarde  le  spectateur,  tandis  que  sa  mère  le  considère 

avec  un  air  d'inquiétude  qu'exprime  surtout  le  mouvement  de  la  bouche. 

Dans  les  coins  supérieurs  du  tableau,  il  y  a  deui  petites  têtes  d'anges, 

l'un  élevant,  l'autre  baissant  les  yeux.  Au  milieu  du  fond  est  une  draperie 

qui  retombe,  et,  des  deux  côtés,  on  voit  un  paysage  dans  la  manière  du 

Pinturiccbio.  On  a  exprimé  cette  opinion,  que  Raphaël  a  pu  peindre  ce 

tableau  çn  1504,  à  Urbin,  sous  Finfluence  des  ouvrages  de  son  père.  Cette 

opinion  semble  avoir  été  partagée  par  différents  artistes  de  premier  ordre, 

italiens,  français  et  allemands,  puisqu'ils  ont  signé  un  certificat  qui  le 

donne  à  Raphaël,  malgré  l'opinion  contraire  exprimée  par  plusieurs  fins 

connaisseurs,  opinion  à  laquelle  nous  nous  rangeons.  Tout^  ce  que  nous 

avons  pu  apprendre  sur  l'histoire  de  ce  tableau,  c'est  qu'il  se  trouvait  à 

Rome,  négligé  et  couvert  de  poussière,  lorsqu'il  passa  dans  la  collection 

du  comte  Guido  Bisenzo,  présidente  di  Borgo.  Il  fut  acquis  ensuite  par  le 

marchand  de  tableaux  Baldeschi,  qui  le  fit  restaurer  et  qui  le  vendit, 

par  l'entremise  de  feu  M.  le  conseiller  Kestner,  à  la  galerie  de  Tlnstitut 

de  Staedel,  à  Francfort-sur-Mein.  Ce  tableau  est  cité  pour  la  première 

fois  dans  YEiogio  storico  du  Père  Pungileoni,  mais  avec  des  éloges 

exagérés. 

276.  La  Vierge  donnant  des  fleurs  à  l'enfant  Jésus. 

Figures  jusqu'aux  geooux. 

La  Vierge  tient  l'enfant  Jésus  assis  sur  ses  genoux  et  lui  présente,  de  la 
main  droite,  quelques  fleurs,  vers  lesquelles  il  étend  les  bras  en  tournant 
la  tête  du  côté  de  sa  mère.  Cette  dernière,  dirigeant  son  gracieux  regard 
vers  le  spectateur,  tient,  dans  sa  main  gauche  qui  a  glissé  le  long  de  son 
corps,  un  livre  demi-ouvert. 

Il  existe  plusieurs  tableaux  de  cette  composition.  Un  bel  exemplaire, 
attribué  à  Jules  Romain,  se  trouve  dans  la  Tribune  de  la  galerie  de  Flo- 
rence. Un  autre,  qui  a  beaucoup  poussé  au  noir,  est  conservé  au  palais 
Borghèse  ;  un  troisième  dans  la  collection  du  comte  de  Leicester,  à  sa 
réBidence  de  Holkham,  Norfolk.  C'est  vraisemblablement  celui-ci  qui  est 
indiqué  dans  le  Catalogue  des  ouvrages  d'art  du  roi  Charles  I**"  (voyez 
notre  Kunstreise,  p.  256,  n»  9).  Dans  chacun  de  ces  trois  tableaux  les 
figures  sont  presque  de  grandeur  naturelle.  Nous  avons  vu  aussi  une 
petite  copie  de  ce  tableau  dans  la  succession  du  comte  Canossa,  à  Vérone. 
Un  tableau  pour  lequel  on  s'est  servi  de  cette  composition,  avec  figures 


356  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

grandes  comme  nature,  en  ajoutant  sainte  Anne  dans  le  fond^  se  trouTaît 
dans  la  galerie  du  cardinal  Fesch^  à  Rome. 

Ces  tableaux  de  Técole  de  Raphaël^  inégaux  en  qualité,  sont  moins  in- 
téressants pour  nous  que  le  dessin  original  que  possédait  feu  le  baron 
Otto  de  Stackelberg. 

Gravures  :  Petite  planche  à  l'eau-forte  avec  ces  mots  :  Raphaël  pttu:.,  mais 
sans  le  nom  du  graveur,  qui  semble  être  And.  Casali.  —  Carlo  Famei,  apud  CarUf 
Gregori.  Tauriscus,  p.  184,  n*  69. 

277.  La  Vierge  dans  la  Prairie. 

La  Vierge  est  assise,  les  jambes  tournées  à  gauche  et  la  tête  vers  la 
droite,  dirigeant  ses  regards  vers  le  petit  saint  Jean  agenouillé,  tenant 
sa  petite  croix  de  jonc  dans  la  main  gauche  et  de  la  droite  une  bande 
de  parchemin  avec  les^mots  :  Ecce  Agnus  Deiy  qu'il  présente  à  l'enfant 
Jésus.  Ce  dernier  est  assis  sur  le  genou  droit  de  la  Vierge  qui  le  soutient 
dans  le  mouvement  qu'il  fait  pour  s'élancer  vers  son  compagnon.  Ces 
trois  ligures,  entourées  d'une  prairie  riche  de  plantes ,  sont  adossées  à 
une  muraille  peu  élevée.  Dans  le  fond  du  paysage,  plusieurs  fabriques 
entourées  de  légers  arbres.  Cette  composition  rappelle  quelque  peu  la 
Vierge  dans  la  Prairie  qui  est  à  Vienne,  quoique  différente  dans  les 
détails. 

Des  deux  copies  que  nous  connaissons  de  cette  composition,  la  meil- 
leure est  celle  qui  appartenait  à  feu  M.  Noé,  marchand  de  tableaux  à 
Bruxelles.  C'est  un  tableau  facilement  peint  et  si  légèrement  empâté  qu'en 
différents  endroits  on  peut  apercevoir  les  hachures  à  la  plume  du  dessin. 
Dans  la  bordure  du  manteau  bleu,  on  distingue  en  petits  caractères  d'or 
cette  inscription  tracée:  RAFPAELLO  SANZIO;  mais  l'orthographe  de 
cette  signature,  qui  diffère  de  celle  que  Raphaël  employait  ordinairement, 
ne  peut  servir  en  rien  à  établir  l'authenticité  du  tableau.  On  peut  suppo- 
ser qu'une  rapide  esquisse  de  Raphaël  aura  été  utilisée  par  l'artiste  qui 
a  peint  le  tableau  et  qui  pouvait  être  un  de  ses  jeunes  amis  de  Florence. 
Cette  Vierge  a  été  autrefois  dans  la  possession  d'un  prêtre  résidant  dans 
un  petit  village  près  de  Florence,  et,  comme  le  tableau  était  endommagé, 
le  prêtre  le  (it  couper  de  manière  à  lui  donner  une  forme  octogone  au  lieu 
de  la  forme  ronde  qu'il  avait  originairement.  Aujourd'hui ,  ce  tableau 
fait  partie  de  la  galerie  de  Saint-Pétersbourg. 

Lithographie  par  un  anonyme. 

Il  y  a  encore,  à  la  galerie  Borghèse,  une  Vierge  peinte  dans  le  goût  flo- 
rentin, assez  semblable  à  celle-ci,  avec  un  autre  paysage;  mais  c'est 
positivement  une  copie. 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  337 

Nous  donnerons  ici  la  description  de  quelques  tableaux  de  Vierges 
choisis  parnii  un  grand  nombre  d'autres  qui  sont  attribués  à  Raphaël, 
mais  dont  nous  avons  perdu  la  trace,  ou  bien  dont  l'auteur  véritable  a  été 
reconnu  depuis  ;  ces  notices  pourront  aider  à  des  recherches  nouvelles  et 
TectiGer  des  indications  erronées. 

a.)  Dans  la  PiUura\venezianay  etc.  (éd.  1797,  p.  43),  se  trouve  la  notice 
suivante  :  «  Nella  Retrostanza  del  Consiglio  de'X.  V  è  poi  sopra  il  tribunale 
N.  Signora  col  puttino  >  che  scherza  con  un  Angeletto  di  Raffaello  d'Ur- 
bino.  »  Le  même  renseignement  était  déjà  dans  l'ouvrage  de  Francesco 
Sansovino,  Venezia  città  nobilissima  {Fenezia,  1381,  p.  133).  Nous  avons 
cherché  inutilement  à  découvrir  ce  qu'est  devenu  ce  tableau  et  à  savoir 
si  c'était  vraiment  un  ouvrage  de  Raphaël;  nous  croyons  qu'il  n'a  jamnis 
été  reproduit  par  la  gravure. 

6.;  Dans  le  Catalogue  raisonné  des  tableaux  du  Boy,  etc.,  par  M.  Lé- 
picié  (Paris,  1752,  t.  ]«',  p.  79  et  80),  se  trouvent  indiqués  deux  tableaux 
de  la  jeunesse  de  Raphaël  :  1®  La  \ierpe,  tenant  l'enfant  Jésus,  et  coiffée 
d'un  réseau  d'or,  a  un  nimbe  autour  de  la  tête,  ainsi  que  l'enfant  Jésus; 
dans  le  nimbe  du  Sauveur,  il  y  a  des  barres  rouges  qui  forment  une  croix. 
Sur  bois.  H.  17"  9'";  1.  13"  9'".  —  9P  La  Vierge,  Tenfant  Jésus  et  saint 
Jean  qui  lui  présente  une  croix.  Sur  bois.  H.  26"  9'";  1.  21"  6'".  —  Comme 
ces  tableaux  ne  sont  pas  exposés  au  musée  du  Louvre,  ils  doivent  être 
apocryphes.  En  tout  cas,  ils  n'ont  jamais  été  gravés  ^ 

c.)  Richard  Cumberland,  dans  son  Catalogue  of  several  pictures  ofthe 
king  ofSpain,  cite  un  petit  tableau  de  Vierge  embrassant  son  enfant,  par 
Raphaël,  au  palais  de  Madrid.  Tout  autre  renseignement  fait  défaut,  à 
moins  que  la  notice  suivante  ne  fe  rapporte  au  même  tableau  :  «  Caméra 
del  dispaccio  di  S.  Maestà  nell'  Escorial  :  A  RaiTaello  nel  suo  primiero  stile 
si  attribuisce  la  Madonna  col  Bambino  che  siede  sopra  un  piedistallo.  » 
Voyez  D.  Ant.  Conca,  Descrizione  odeporica  délia  Spagna.  Parma,  1793- 
1797,  t.  Il,  p.  216. 

d,)  Dans  la  Tribune  de  Florence,  à  côté  des  tableaux  authentiques  de 
Raphaël,  on  voit  une  Vierge,  assise  dans  un  paysage,  tenant  l'enfant  Jésus 
qui  Tenlace  et  qui  semble  fuir  le  petit  saint  Jean.  Dans  le  fond  du 

I.  i'n  grand  nombre  des  tableaux  décriU  dans  le  Catalogue  de  Lépicié  ne  sont  jamais  entrés 
àua  la  coUection  du  mufée  du  Louvre.  À  l'époque  de  la  Révolution ,  quelques-uns  ont  été 
détruits,  quelques  autres  dérobés.  Ainsi,  nous  avons  vu  à  Paris,  en  1845,  un  tableau  attribué 
à  Raphaël,  qui  avait  été  décrit  parmi  les  tableaux  du  roi  par  Lépicié,  et  qui  était  sorti,  on  ne 
uit  comment,  du  chAteau  de  Versailles  en  1790,  pour  aller  s^enterrer  à  Dijon,  chez  M.  de 
Mastaing,  arrière-cousin  de  Piron.  Ce  tableau,  ayant  été  rentoilé  alors,  n*a  pas  conservé  les 
cachets  qui  authentiquaient  son  origine.  Nous  ne  savons  ce  qu'il  est  devenu,  après  être  resté  en 
dépôt  chez  un  coromtssaire-priseur.  On  a  perdu  ainsi  la  trace  d'un  certain  nombre  de  tableaux 
du  maître  qui  ornaient  les  châteaux  royaux  eu  France,  et  qui  avaient  été  achetés  pour  le  roi 
en  Italie  au  dix-septième  siècle.  {Note  de  l'éditeur.) 

11.  22 


538  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

paysage^  cinq  petites  figures  auprès  d'une  fontaine.  M.  Woodburn,  de 
Londres^  avait  acheté  à  Rome  le  carton  original  de  ce  tableau,  du  peintre 
Wicar,  qui  le  croyait  de  la  main  de  Franciabigio.  En  tout  cas,  il  est 
inconcevable  que  le  musée  de  Florence,  où  se  trouvent  les  plus  magni- 
fiques tableaux  de  Raphaël,  puisse  exposer,  sous  son  nom,  un  si  faible 
ouvrage. 

Gravé  par  Jac.  Coelemano.  In-fol. 

«.)  Stef.  Antonio  Morcelli  [de  Stylo  inscript.  lai, y  p.  476)  décrit  une 
Sainte  Famille  qui  est  chez  le  comte  Annibale  Maggiori,  à  Fermo,  et  qui 
porte,  sur  le  bâton  de  saint  Joseph,  l'inscription  suivante  :  R.  S.  V.  A.  A. 
XVII.  p.,  inscription  qu'il  explique  ainsi  :  Raphaël  Sanctius  Urbinas  anno 
cBtatisil  pinxit.  Mais  Pungileoni  et  le  possesseur  actuel  semblent  douter 
de  l'authenticité  de  ce  tableau  qui  reproduit  en  partie  (la  Vierge,  l'Enfant 
et  saint  Joseph)  la  composition  de  la  Vierge  de  Loreto;  aux  deux  côtés 
on  a  encore  syoulé  deux  figures,  celle  du  petit  saint  Jean  et  celle  de  saiot 
François  à  genoux.  Nous  n'aurions  pas  même  cité  ce  tableau,  si,  dans  les 
ouvrages  de  Lanzi,  de  Quatremère  de  Quincy  et  de  Longhena,  il  n'était 
pas  présenté  comme  un  ouvrage  de  Raphaël. 

f.)  Un  charmant  petit  tableau  de  Madone,  avec  la  date  de  MD,  qui  est 
dans  la  possession  de  M.  Camillo  Fumagalli,  à  Milan,  a  été  attribué  à 
Raphaël  dans  les  Leitere  pittcriche,  t.  IV,  p.  417,  et  aussi  dans  l'ouvrage 
de  Longhena,  p.  13  et  571.  Ce  tableau,  qui  n'a  que  onze  pouces  de  haut 
sur  huit  de  large,  est  fermé  par  deux  volets,  sur  les  côtés  intérieurs  des- 
quels sont  représentées,  agenouillées,  sainte  Barbe  et  sainte  Catlierine. 
En  dehors  est  peinte  une  Annonciation  en  grisaille.  Toutefois,  ce  petit 
tableau,  du  fini  le  plus  délicat,  est  l'ouvrage  d'un  ami  de  Raphaël,  de 
fra  Bartolomeo  di  S.  Marco,  ainsi  que  le  prouvent  au  premier  coup  d'œil 
la  beauté  et  l'ampleur  des  formes  du  petit  Jésus.  Le  caractère  des  autres 
figures  et  le  coloris  rappellent  aussi  d'autres  petits  tableaux  du  même 
maître  qui  sont  dans  la  galerie  de  Florence.  Caspar,  sous  la  direction  de 
Longhi,  a  gravé  la  figure  agenouillée  de  sainte  Catherine. 

g.)  Dans  les  Bellezze  délia  ciltà  di  Firenze  (1592,  p.  105),  F.  M.  Bocchi 

et  Cinelli  ont  décrit  un  tableau  attribué  à  Raphaël  et  conservé  dans  le 

palais  de  Giuliano  da  Ricasoli,  comme  représentant  la  Naissance  du 

Christ,  ou  du  moins  la  Vierge  avec  l'enl'ant  Jésus  et  plusieurs  saintes 

femmes;  mais  il  ressort  de  la  description  même  du  tableau,  que  c'est  uoe 

Naissance  de  la  Vierge  et  que  la  même  composition  a  été  exécutée  à  fresque 

dans  le  dôme  de  Vérone ,  par  Franc.  Torbito,  d'après  le  carton  de  Jules 

Romain,  avec  d'autres  sujets  tirés  de  la  vie  de  la  Vierge. 

Gravé  par  Gialio  Bonasone.  Bartsch,  t.  XY,  p.  123,  n*  51 ,  et  au  clair-obicur. 
B.,  t.  XII,  p.  49,  n»  1.  —  Landon,  n"  223. 

h.)  M.  C.  F.  de  Rumohr,  dans  ses  Italienischen  Porschungcn  (Berlin^ 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  359 

i831 ,  t.  III  y  p.  28)^  cite  comme  existant  dans  la  maison  Baglioni ,  à 
Pérouse ,  un  tableau  de  Madone  qu'il  donne  sans  conteste  à  Raphaël. 
Cependant,  non-seulement,  dans  le  supplément  du  Guida  di  Perugia,  de 
1784,  ce  tableau  est  attribué  au  Pérugin,  mais  encore  feu  M.  Metzger^, 
à  Florence ,  qui  en  fut  depuis  possesseur,  se  refusait  à  le  reconnaître 
pour  un  ouvrage  du  peintre  d'Urbin. 

»0  Pendant  Tété  de  1835,  on  parla  beaucoup,  à  Florence,  d'un  tableau 
de  Raphaël  représentant  la  Vierge  avec  l'Enfant  et  le  donataire,  lequel  se 
trouvait  à  Caste]  Franco  di  Sotto,  près  Florence.  Le  gouvernement  fit  exa- 
miner ce  tableau  par  le  cav.  Benvenuto  et  par  le  cav.  Camuccini  de  Rome, 
qui  se  trouvait  alors  à  Florence.  Leur  rapport  ne  sembla  point  avoir 
admis  l'authenticité  de  cette  peinture,  car  l'abbé  Celotti  fut  autorisé  à  la 
Tendre  aux  marchands  d'objets  d'art,  Priofsky  et  Mariani,  moyennant 
1,000  scudi,  dit-on,  pour  le  compte  de  la  Russie. 

/.)  Luigi  Canale  a  publié,  dans  l'ouvrage  de  Longhena  (p.  H6),  un 
rapport  circonstancié  sur  l'origine  d'une  Sainte  Famille  appartenant  au 
baron  Gregori,  à  Fuligno ,  rapport  qui  ne  prouve  cependant  pas  que  le 
tableau  soit  de  Raphaël,  car  on  y  dit  seulement  que  ce  tableau  passa  de 
Sigismondo  de'  Conti  à  sa  nièce  Cecilia,  épouse  du  cav.  Guid'Aulonio  Seggi, 
et  qu'après  l'extinction  de  cette  famille,  il  vint,  par  héritage,  dans  celle  de 
Gregori.  C'est  un  lableau  à  l'état  d'ébauche,  représentant  la  Vierge,  assise, 
ayant  sur  les  genoux  Tenfant  Jésus  qui  joue  avec  la  barbe  de  saint  Joseph 
debout  devant  lui  ;  ainsi  que  le  petit  saint  Jean  qui  contemple  l'enfant  Jésus 
avec  amour.  Les  enfants  sont  seuls  presque  terminés,  le  reste  n'est  que 
préparé.  Le  dessin,  la  manière  de  faire  et  le  caractère  des  figures  ont  la 
plus  grande  ressemblance  avec  les  œuvres  de  fra  Bartolomeo,  et  c'est 
pourquoi  nous  partageons  l'opinion  de  ceux  qui  l'attribuent  à  ce  maître. 
Lorsque  nous  voulûmes  l'examiner,  il  était  placé  dans  une  chapelle  sombre, 
etxe  n'est  qu'à  la  clarté  des  bougies  qu'on  pouvait  le  voir.  Lors  de  notre 
dernière  visite  à  Fuligno,  en  1835,  on  l'avait  envoyé  à  Rome  pour  le  faire 
restaurer.  Nous  ne  saurions  donc  rien  dire  de  plus  au  sujet  de  ce  tableau. 
k.)  B.  Orsini  {Descrizione  d'Asroli,  Perugia,  1790,  p.  75)  décrit  une 
Vierge,  en  demi-figure,  qui  présente  un  chardonneret  à  l'enfant  Jésus, 
comme  étant  un  ouvrage  de  la  jeunesse  de  Raphaël.  Nous  avons  vu  ce 
tableau  chez  M.  Petrucci,  à  Rome.  Sur  la  bordure  de  la  robe  de  la  Vierge 
se  trouvent  les  lettres  R  f  F.,  mais  elles  ont  été  mises  nouvellement.  C'est 
un  joU  tableau  du  Pérugin. 

'.)  Dans  une  foule  de  catalogues  de  vente,  dans  beaucoup  de  relations 
de  voyage ,  sont  souvent  décrits  des  tableaux  de  Madone  attribués  à  Ra- 
phaël, que  nous  n'avons  point  vus  et  sur  lesquels,  par  conséquent,  nous 
n'avons  point  à  porter  de  jugement.  Cependant  nous  citerons  les  suivants, 
a  litre  de  renseignement,  pour  aider  aux  recherches. 


310  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

Chez  le  comte  Formenti,  à  Riva,  au  lac  Garda  :  c'est  la  Vierge,  TEnfanf , 
saint  Joseph  et  d'autres  figures.  Voy.  Ricordi  d'un  Viaggio  piltorico  ai 
laghi  di  Garda,  etc..  di  Giacomo  Mosconi  (Milano,  1834). 

m.)  Chez  M.  Joh.  Bapt.  Muggi,  a  Turin.  La  Vierge  tient  sur  ses  genoux 
Tenfant  Jésus  qui  a  un  livre  dans  la  main.  A  en  juger  par  la  lithographie 
de  F.  Festa,  ce  tableau  n'est  pas  même  de  l'école  de  Raphaël. 

n.)  Longhena  attribue  à  Raphaël  un  tableau  qui  était  chez  le  marchese 
Manfredini  :  ce  tableau  représente  la  Vierge  dans  un  paysage;  elle  lit  dans 
un  livre,  tandis  que  l'enfant  Jésus  et  le  petit  saint  Jean  jouent  et  s'embras- 
sent à  ses  côtés.  Nous  n'avons  pu  voir  ce  tableau,  dont  le  sujet  n'a  pas  la 
moindre  analogie  avec  ceux  que  Raphaël  a  traités. 

0.)  D'après  C.  G.  de  Murr  [Nûrnberger  Merkwiirdigkeiteny  p.  464),  il  y 
avait,  dans  le  cabinet  de  M.  Praun,à  Nuremberg,  une  Vierge  attribuée  à 
Raphaël,  que  le  possesseur  avait  achetée,  en  1611 ,  à  Bologne.  Dans  ce 
tableau,  l'entant  Jésus  était  alors  représenté  s'amusant  à  faire  voler  un 
oiseau  attaché  à  un  til  ;  mais,  en  nettoyant  le  tableau,  l'oiseau  disparut 
et  Ton  découvrit  à  la  place,  sous  le  repeint,  une  croix  et  un  saint  Joseph 
vers  lequel  l'enfant  dirige  ses  regards.  C'est  en  cet  état  que  le  tableau  se 
trouvait  dans  le  cabinet  d'objets  d'art  d'Ant.  Paul  Heinlein ,  à  Nurem- 
berg, qui  fut  vendu  en  avril  1832. 

p.)  Le  professeur  Tosoni  acheta  de  la  succession  du  comte  del  Verme, 
à  Milan,  un  petit  tableau  représentant  la  Vierge  assise  avec  l'enfant  Jésus, 
près  d'un  palmier  planté  sur  un  rocher  et  entouré  de  nuages  et  de  petites 
têtes  d'anges.  Derrière  elle  sont  deux  enfants  élevant  les  mains  vers  les 
fruits  de  l'arbre,  et  dans  le  bas,  à  droite,  on  aperçoit  deux  oiseaux  qui  se 
bccquètent.  Nous  croyons  pouvoir  affirmer  que  ce  tableau  n'est  point  de 
Raphaël,  sans  que  nous  sachions  à  qui  l'attribuer. 

q.)  M.  Legras ,  à  Saint-Germaiii-en-Laye ,  possédait  un  tableau  de  Ma- 
done (demi-figures)  qui  est  nommé,  sur  la  gravure  de  N.  Bertrand,  la 
Vierge  à  la  Pensée.  Ce  tableau  semble  être,  en  effet,  de  l'école  de  Ra- 
phaël. 

r.)  Nous  n'en  pouvons  pas  dire  autant  du  tableau  gravé  par  J.  Pavon,  sous 
le  titre  de  la  Vierge  au  Papillon.  Figures  entières;  la  Vierge,  vue  de  face, 
est  assise  sur  un  baâc;  elle  tient  sur  ses  genoux  l'enfant  Jésus  qui  se 
tourne  vers  le  petit  saint  Jean  agenouillé  sur  le  banc,  à  gauche,  en  lui 
présentant  un  papillon. 

8.)  Il  est  impossible  d'attribuer  à  Raphaël  le  tableau  représentant  la 
Vierge,  l'Enfant  et  sainte  Anne,  qui  a  été  gravé  sous  son  nom  par  J.  Mat- 
tham ,  in-folio  ;  de  même,  un  peu  plus  grand  et  inachevé,  par  Lutma.  Tau- 
riscus,  p.  173,  n°  46. 

t.)  Au  palais  de  Kensington  est  une  Vierge  qui  serre  l'enfant  Jésus  contre 
sa  poitrine.  C'est  un  tableau  du  dix-septième  siècle.  Gravé  poui  tant  sous 


DES  PEINTURES  Dh)  RAPHAËL.  Z\\ 

le  nom  de  Raphaël,  dans  un  ovale,  à  la  manière  noire,  par  John  Bowies, 
Londony  E.  Cooper  ex.  Tauriscus,  p.  182,  n°  63. 

ti.)  Dans  la  collection  de  l'académie  de  Vienne,  est  un  tableau  de  l'école 
de  Ferrare  qui  représente  la  Vierge  tenant  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux  ; 
saint  Jérôme  en  adoration  à  côté  d'elle;  dans  le  haut,  Dieu  le  Père  avec 
le  Saint-Esprit. 

Gravé  sous  le  nom  de  Raphaël,  par  Paul  Gleditseh.  In-fol. 

V,)  Le  conseiller  Kleinschmidt,  à  Vienne,  possédait  un  petit  tableau  de 
IMadone,  en  demi-figures ,  représentant  le  petit  Jésus  tenu  par  sa  mère  et 
courant  sur  une  table.  Ce  doit  être  le  fragment  d'un  ancien  tableau  italien, 
mais  il  a  été  gravé  sous  le  nom  de  Raphaël  avec  une  dédicace  au  prince 
de  Metternich,  par  David  Weiss.  Le  tableau  est  allé  en  Bavière. 

10.)  L'église  S.  Maria  di  Piazza,  à  Florence,  reçut,  selon  une  disposition 
du  testament  de  Gentile  Bonifanti,  du  6  novembre  1603,  une  Sainte 
Famille  attribuée  à  Raphaël.  En  1716,  on  ajouta  cette  inscription  au 
tableau  :  Pretiosam  tabulam  hanc  Raphaële  Urbinate  depictam  ,  etc.; 
Puogileoni  a  déjà  protesté  avant  nous  contre  la  fausseté  de  cette  attri- 
bution. 

X.)  Dans  la  galerie  des  comtes  Schœnbom,  à  Pommersfelden,  se  trouve 
une  Vierge  aux  longs  cheveux  tombants,  qui  tient  son  fils  sur  ses  genoux. 
Lr  mouvement  de  la  figure  de  l'enfant  Jésus  est  quelque  peu  forcé.  Ce 
tableau  semble  avoir  été  exécuté  d'après  une  esquisse  de  Léonard  de 
Vinci  par  un  de  ses  élèves,  mais  non  par  Raphaël.  Voyez  le  Stuttgarter 
Kunstblatt,â\i  â  novembre  1820. 

y.)  Dans  le  Catalogue  des  tableaux  du  feu  duc  de  Tallard,  par  Remy  et 

Glomy  (Paris,  1756),  se  trouve  décrit,  sous  le  nonj  de  Raphaël,  le  tableau 

suivant:  la  Sainte  Vierge,  assise,  vue  jusqu'aux  genoux,  tient  l'enfant 

Jésus  qui  embrasse  le  petit  saint  Jean.  Un  paysage  forme  le  fond.  Sur 

bois.  H.  18";  1. 14".  Ce  tableau  était  alors  bien  conservé. 

Gravé  par  un  anonyme  néerlandais,  vraisemblablement  par  Paneels,  signé: 
R.  V.  Pel.  in-4».  Tauriscus,  p.  176.  Haut.  48". 

z.)  Dans  la  chapelle  de  Saint-Jean,  à  Palerme,  fondée  par  le  marchese 
de'  Rifesi,  on  montre  un  tableau,  attribué  à  Raphaël,  qui  ressemble  à  la 
Vierge  aux  Rochers  de  Léonard  de  Vinci.  Ou  a  mis  au-dessus  cette  inscrip^ 
lion  :  Sopra  un  quadro  di  Raffaello  SanziOj  posseduto  dai  P.  P.  Filippiniy 
Oratorio  in  Palermo,  [Osservazioni  storiche-critiche  di  Agostino  Gallo , 
segretario  délia  classe  di  letlere  ed  arti,  etc.  Palermo,  1835.)  Avec  une  gra- 
vure. Selon  l'opinion  d'un  connaisseur,  publiée  dans  la  BibUoteca  italiana 
de  Milan,  ce  tableau  serait  exécuté  dans  la  manière  de  Gaudeuzio  Ferrari. 
Voyez  le  Stuttgarter  Kunstblatt,  du  15  mars  1836. 

aa,)  Longhena  donne,  p.  691  de  son  ouvrage,  la  description  et  la  gra- 
vure d'un  tableau  qui  représente  lu  Vierge  et  l'eufant  Jésus  avec  saint 


542  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

Pierre  et  saint  Sébastien  à  ses  côtés^  tableau  appartenant  au  professeur 
Vincenzo  Mochetti,  à  Milan.  C'est  un  tableau  délicat  et  soigné,  de  Francesco 
Francia. 

66.)  Le  beau  tableau  du  Francia,  lequel  fait  partie  du  musée  de  Munich, 
et  qui  représente  la  Vierge  s'agenouillant  auprès  du  petit  Jésus  couché  sur 
l'herbe,  fut  gravé,  sous  le  nom  de  Raphaël,  par  R.  M.  Frey,  lorsqu'il  était 
encore  dans  le  cabinet  du  baron  de  Saint-Saphorin,  à  Vienne. 

ce)  Chez  M.  J.  J.  Hertel ,  à  Augsbourg,  se  trouvait  un  tableau  repré- 
sentant la  Vierge  avec  l'enfant  Jésus,  demi-figures,  qui  a  été  gravé  avec  le 
nom  de  Raphaël,  par  Joh.  Gottfr.  Seiter,  grand  in-fol.  En  1844,  nous 
avons  vu  ce  tableau ,  à  Ratisbonne,  chez  feu  M.  J.  P.  Kraemner  et  nous 
avons  cru  y  reconnaître  la  manière  de  Lambert  Lombard. 

dd.)  Autre  tableau  représentant  la  Vierge  qui  tient  l'enfant  Jésus.  Ce 
tableau,  qui  appartenait  à  M.  P.  Fumaroli,  de  Rome,  a  été  lithographie, 
avec  le  nom  de  Raphaël,  par  Gozzini.  C'est  un  faible  ouvrage  d'un  élève 
du  Pérugin. 

ee,)  La  Madonna  del  Cappucino.  Sous  cette  dénomination  a  été  gravé  à 
l'eau-forte,  en  Italie,  un  tableau  que  Ton  prétend  avoir  été  commencé  par 
fra  Bartolomeo  et  terminé  par  Raphaël.  Ce  tableau,  que  le  cardinal 
Bonzi  aurait,  dit-on,  apporté  en  France  vers  1G91,  fut  acheté  à  Paris,  il  y 
a  environ  trente  ans,  par  le  ministre  résident  Abel.  Voyez  Description  des 
tableaux  de  la  galerie  de  M,  Abel  de  Stuttgart,  etc.  (Paris,  1824.)  Devant  la 
Vierge,  qui  tient  l'enfant  Jésus,  saint  François  est  agenouillé  entre  deux 
anges,  et  un  troisième  ange  est  auprès  du  petit  saint  Jean  qui  présente  des 
fruits  à  Tentant  Jésus.  Voy.  Longhena,  p.  740.  C'est  un  bel  ouvrage  de 
fra  Bartolomeo.  On  nous  assure  qu'il  a  passé  en  Angleterre. 

ff,)  Autre  Madone  attribuée  à  Raphaël,  chez  le  marquis  de  Bute,  à  Lu- 
ton  House.  La  Vierge,  demi-figure,  contemple  l'enfant  Jésus  couché  et 
endormi  devant  elle.  A  gauche,  un  petit  ange  soulève  le  rideau,  et  un 
autre,  à  droite,  porte  un  petit  panier  sur  sa  tête.  Ce  tableau,  qui  paraît 
être  l'ouvrage  d'un  élève  de  Raphaël,  a  été  gravé  avec  le  nom  du  maître , 
par  Caroline  Watson.  In-fol. 

gg,)  La  Vierge,  avec  l'enfant  Jésus  et  le  petit  saint  Jean.  Figures  entières, 
demi-grandeur  naturelle.  Ce  tableau,  qui  était  autrefois  dans  la  galerie  du 
roi  Charles  !•'  d'Angleterre,  fut  vendu  à  A.  Cunningham  pour  800  liv.  st. 
Il  se  trouve  actuellement  à  Kingston  Hall ,  près  Wimbornminster,  dans  le 
Dorsetshire,  résidence  de  M.  William  Baucks.  Ce  renseignement  nous  a 
été  communiqué  par  M.  John  Murray,  de  Londres. 

hh.y  La  Vierge,  avec  l'enfant  Jésus  et  un  prêtre.  Tableau  inscrit  dans  le 
catalogue  de  Jacques  II,  roi  d'Angleterre,  sous  le  n<>  736.  Collection  de 
lord  Montague.  Ce  tableau  a  vraisemblablement  été  détruit  lors  de  l'in- 
cendie du  palais  de  Whitehall. 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  343 

ït.]  La  Vierge,  TEufant,  saint  Joseph  et  ud  agneau.  Ce  tableau,  prove- 
nant originairement  de  la  collection  Reynst,  est  catalogué  dans  la  collec- 
tion de  Jacques  II  sous  le  n*  716.  Il  aura  eu  le  même  sort  que  le  tableau 
précédent,  car  on  ne  les  retrouve  ni  l'un  ni  Tautre.  La  composition  parait 
être  la  même  que  celle  du  petit  tableau  qui  est  à  Madrid  et  que  nous 
avons  décrit. 

kk.)  La  Vierge  à  la  Rédemption.  C'est  ainsi  qu'on  désigne  ce  tableau 
qui  représente  la  sainte  Vierge  agenouillée  sous  un  palmier,  dont  deux 
anges  cueillent  les  fruits.  Un  paysage  pour  fond.  Le  professeur  Tosoni, 
à  Milan,  possédait,  en  1845,  ce  petit  tableau  qui  semble  être  l'ouvrage  d'un 
élève  de  Raphaël. 
Graré,  de  la  grandeur  de  l'original,  par  Ach.  Martinet.  In-fol. 

l().  La  Belle  Jardinière,  de  Florence.  Sous  ce  titre,  le  baron  Boucher- 
Desnoyers  a  gravé,  en  1841,  avec  le  nom  de  Raphaël,  un  tableau  repré- 
sentant la  Vierge  assise  avec  l'enfant  Jésus.  La  composition,  qui  n'est 
nullement  raphaélesque,  annonce  plutôt  une  origine  néerlandaise. 

mm.)  La  Vierge  aux  Lauriers.  Elle  est  assise  et  soulève  le  voile  qui  couvre 
l'enfant  Jésus  endormi  à  gauche,  en  le  montrant  au  petit  saint  Jean  qui 
est  devant  elle.  A  droite,  saint  Joseph  contemple  cette  scène.  Derrière 
l'enfant  Jésus,  il  y  a  un  petit  laurier.  C'est  une  faible  composition,  tout  à 
fait  indigne  de  Raphaël. 

Lith.  par  Léon  Noël.  Petit  in-fol.,  avec  ceUe  légende  :  Tableau  peint  par  Raphaël 
en  1505.  Haut.  42"  sur  33'"  de  larg.  Tiré  du  cabinet  du  docteur  fioucher-Dugua. 

fm.)  La  Vierge  au  Bandeau.  La  Vierge  est  assise  à  gauche,  Tenfant  Jésus 
sur  ses  genoux  ;  celui-ci  tient  d'une  main  le  globe  terrestre  et  bénit  de 
l'autre  main.  Sur  une  balustrade,  il  y  a  un  œillet  et  un  livre.  A  en  juger 
par  l'architecture  qu'on  voit  dans  ce  tableau ,  ce  serait  l'ouvrage  d'un 
Néerlandais  du  seizième  siècle. 

J.  Thouvenin  se.  Petit  in-fol.,  avec  cette  adresse  :  À  Paris,  ehex  P.  MarinOy  rue 
Monimoreney,  n^  13. 

00.)  La  Vierge  au  Raisin.  Saint  Joseph  donne  une  grappe  de  raisin  au 

petit  Jésus.  Cette  composition  ne  rappelle  Raphaël  en  rien. 

Gravé  par  J.  Thouvenin,  petit  in-folio,  avec  cette  adresse  :  À  Pari»,  ehe% 
P.  Marino. 

pp.)  La  Vierge  du  séminaire  patriarcal,  à  la  Salute,  à  Venise.  Elle  est 
assise  dans  un  paysage;  le  petit  Jésus  et  le  petit  saint  Jean  s'embrassent. 
Ce  tableau  n'est  ni  de  Raphaël  ni  d'un  de  ses  élèves. 

qq.)  La  Vierge  avec  deux  anges.  Elle  est  assise  dans  un  paysage  rocail- 
leux, adorant  l'enfant  Jésus  couché  sur  ses  genoux.  Un  peu  en  arrière,  à 
gauche,  est  un  ange  qui  fait  de  la  musique. 

Gravé  par  Louis  Paradisi,  d'après  une  peinture  de  l'école  du  Pérugin,  apparte- 
nant à  M.  Cajani. 


5i4  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

rr,)  Autre  Sainte  Famille,  appartenant  à  M.  Boisselat,  peintre  à  Paris.  La 
Vierge ,  assise  à  gauche  et  tournée  vers  la  droite ,  porte  sur  son  genou 
gauche  l'enfant  Jésus;  celui-ci,  d'un  mouvement  assez  vif^  saisit  la  croix 
que  lui  présente  le  petit  saint  Jean  et  il  lui  pose  la  main  gauche  sur  Ja 
joue.  Jusqu'aux  genoux  et  de  grandeur  naturelje.  Ce  tableau,  qui  a  été 
transporté  de  son  panneau  sur  toile,  est  fortement  endommagé.  La  com- 
position est  raphaélesque,  mais  la  manière  de  faire  rappelle  Proccacini. 
Sur  le  revers  du  tableau  se  trouve  un  cachet  aux  armes  de  la  maison 
impériale  d'Autriche. 

Il  existe  de  ce  tableau  une  gravure  anonyme  du  dix-septiéme  siècle,  délicate- 
ment travaillée,  petit  in-fol.,  avec  ceUe  souscription  :  Raphaël.  Vrb.  —  Dans  un 
ornement  du  bas  se  retrouvent  les  mêmes  armes  que  dans  le  cachet  apposé  der- 
rière la  toile. 

88.)  La  Madone,  dite  de  la  maison  Taddei.  La  Vierge,  demi-figure,  avec 
l'enfant  Jésus  et  le  petit  saint  Jean.  Ce  tableau,  qui  se  trouvait  en  1857 
chez  monsignore  Manni,  à  Rome,  serait,  s'il  faut  en  croire  une  notice 
imprimée,  une  des  deux  Madones  que  Raphaël  a  peintes,  ainsi  que  le 
témoigne  Vasari,  pour  sou  ami  Taddeo  Taddei,  à  Florence,  vers  les  années 
1504  et  1505.  On  rapporte  qu*eiie  est  restée  dans  la  maison  Taddei  jus- 
qu'en 4787,  et  qu'à  cette  époque  M.  Gaetano  Taddei  la  vendit  au  sénateur 
Alexandre  Adami.  Suivant  la  notice  qui  nous  a  été  envoyée  de  Rome ,  la 
Vierge  et  les  enfants  seraient  les  portraits  de  la  femme  et  des  enfants  de 
Taddeo  Taddei.  La  brochure  contient  des  certificats  d'authenticité  et  une 
lithographie  d'après  le  tableau.  Nous  ne  pouvons  rien  ajouter  à  ces  ren- 
seignements, en  l'absence  du  tableau. 


Le  Catalogue  des  gravures  d'après  Raphaël,  par  Tauriscus  Euboeus 
(comte  de  Lepel),  désigne  encore  différentes  estampes  représentant  des. 
Madones  que  nous  n'avons  point  vues,  à  la  vérité^  mais  qui  sont  fausse- 
ment attribuées  à  Raphaël,  savoir  : 

tt.)  Page  166,  n^"  32;  la  Sainte  Vierge  assise,  l'enfant  Jésus,  le  petit 
saint  Jean,  saint  Joseph,  et,  derrière  la  Vierge,  sainte  Elisabeth. 

Gravé  à  la  manière  noire,  par  E.  Kerkall.  Lond.,  1724.  Bx  eolleeiione  nobilistmi 
Dwii  Devoniae.  Ce  tableau  rappelle  Jules  Romain. 

uu.)  Page  187,  n°  2  ;  grande  Sainte  Famille,  avec  le  vieux  Zacharie  ;  dans 
la  collection  du  baron  de  Brabeck,  à  Soeder.  Le  trait,  d'après  ce  tableau, 
dans  l'ouvrage  de  M.  de  Ramdohr,  ne  rappelle  en  rien  la  manière  de 
Raphaël. 

vv,)  Page  188,  n*  4;  cinq  demi-figures;  la  Vierge  tient  l'enfant  Jésus 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  3i5 

couché  sur  ses  genoux  »  lequel  embrasse  le  petit  saint  Jean.  Saint  Joseph^ 
appuyé  sur  son  bâton,  à  droite,  et  saint  François,  à  gauche. 

Gravé  par  le  professeur  Heidelof,  à  ^tuUgart,  d'après  un  tableau  du  cabinet  de 
H.  Romney. 

vno.)  Page  189,  n®  6^  la  Vierge,  sainte  Elisabeth,  l'enfant  Jésus  et  le 

petit  saint  Jean  jouant  avec  des  colombes. 

Dessiné  d'après  un  tableau  qui  est  en  Suède,  par  De  Boys,  et  gravé  par  Martin, 
pour  le  Voyage  de  P.  Tham,  1797. 

œx.)  Page  189,  n«  7;  la  Vierge  (en  demi-figure)  donne  son  sein  à  l'en- 
fant couché  sur  un  coussin.  C'est  une  composition  de  Léonard  de  Vinci. 
Le  dessin  original  se  trouve  dans  la  bibliothèque  Ambroisienne,  à  Milan. 

Yangelisti  a  exécuté  une  gravure,  d'après  le  tableau  de  Solario,  qui  est  au 
Louvre ,  et  l'a  publiée  sout  le  nom  de  Raphaël ,  avec  cette  légende  :  Le  premier 
devoir  des  mères, 

^.]  Page  156,  n^"  10;  la  Vierge  aux  Balances.  Ce  tableau,  qui  est  au 
musée  du  Louvre ,  appartient  à  l'école  de  Léonard  de  Vinci  ;  il  est  vrai- 
semblablement de  Salaino. 

Gravé  à  l'eau-forle,  par  un  anonyme,  et  signé  :  Rafaël  Yr.  Petit  in-4*. 

zz.)  Page  188,  n«  5;  la  Sainte  Famille  avec  le  Bassin.  Ce  beau  tableau, 

qui  fait  partie  de  la  galerie  de  Dresde,  est  de  Jules  Romain. 

Gravé  à  l'eau-forte,  comme  éUnt  un  ouvrage  de  Raphaël,  par  Pietro  Fachetti , 
in-fol.  —  De  même,  par  M.  Ferry,  petit  in-fol.  —  Grav.  par  Flipart  pour  la  Galerie 
de  Dretde.  —  Râpa.  Yr.  in.  Nicolo  van  Aettt  farmis,  Gr:  in-4«.  —  Landon,  n»  225. 


SUJETS  RELIGIEUX. 
278.  La  Vierge  avec  des  Saints. 

Sur  bois.  6'  6'*  en  carré. 

La  Vierge,  assise  sur  des  nuages,  est  ravie  aux  cieux  par  des  chérubins. 
Son  sarcophage  rempli  de  fleurs,  vu  en  raccourci,  dans  le  milieu  du  ter- 
rain, esl  entouré  de  quatre  saints.  L'apôtre  saint  Philippe,  debout,  à  gau- 
che, et  saint  Jean,  agenouillé  auprès  de  lui,  élevant  avec  enthousiasme  ses 
regards  vers  la  Vierge  ;  à  droite,  saint  Paul  debout,  à  côté  de  saint  Fran- 
çois, agenouillé  et  croisant  ses  mains  sur  sa  poitrine.  Les  figures  sont  aux 
deux  tiers  de  nature.  Ce  tableau  était,  dit-on,  autrefois  dans  la  cathé- 
drale de  Pise.  Il  fut  porté  à  Londres  comme  étant  un  original  de  Raphaël 
et  il  entra  dans  la  collection  de  feu  M.  E.  Solly,  à  Londres.  Selon  le  D^ 
G.  F.  Waagen,  directeur  du  musée  de  Berlin,  qui  le  premier  fait  mention 
de  ce  tableau  dans  son  ouvrage  sur  les  Œuvres  d'art  et  les  artistes  de 
la  Grande-Bretagne,  1. 11,  p.  3,  la  composition  est  certainement  de  Ra- 


346  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

phaêl;  quant  au  tableau,  traité  dans  la  manière  de  la  Madonna  del  Baiddc— 
chino,  il  serait  resté  inachevé,  comme  cette  dernière  Madone,  lorsque  le 
maître  fut  appelé  de  Florence  à  Rome  en  1508,  mais  il  aurait  été  terminé 
par  un  peintre  de  ses  amis.  On  doit  présumer  naturellement  que  cet  ami  fut 
Ridolfo  Ghirlandajo,  qui ,  comme  nous  ('apprend  Vasari,  avait  rendu  un 
service  semblable  à  Raphaël,  en  finissant  pour  lui  un  tableau  de  Madone. 
La  figure  de  saint  Jean,  qui  est  la  meilleure  du  tableau,  fut  reproduite  à 
Rome,  par  Raphaël,  dans  la  figure  du  jeune  homme  à  genoux  de  la  fres- 
que de  la  Dispute  du  Saint-Sacrement.  Lorsque  nous  vîmes  ce  tableau 
chez  M.  Solly,  en  1831,  on  n'avait  pas  encore  eu  l'idée  que  ce  pût  être  un 
ouvrage  de  Raphaël  ^  11  se  trouve  à  présent  dans  la  galerie  du  comte  de 
Wanvick,  à  Warwick  Castle. 

279.  Les  Cinq  Saints. 

Sur  bois.  Hauteur  3'  10";  largeur  3*  1". 

Le  Sauveur,  assis  dans  une  gloire  lumineuse,  au  milieu  des  nuages  rem- 
plis de  têtes  de  chérubins,  élève  les  bras  et  semble  inviter  toute  rhumanité 
à  venir  à  lui.  La  Vierge  est  à  sa  droite;  et,  de  l'autre  côté ,  saint  Jean  le 
Précurseur,  qui,  du  geste,  désigne  le  Christ.  Dans  le  bas  à  gauche,  saint 
Paul,  répée  à  la  main;  à  droite,  auprès  du  fragment  d'une  roue,  sainte 

1 .  On  nous  communique  la  description  de  deux  tableaux  que  Ton  regarde  comme  des  oeuvres 
originales  de  Raphaël ,  et  qui  fout  partie  de  la  collection  de  M.  Je  chevalier  Marsuzi  de  Aguirre, 
à  Rome.  Nous  citons  textuellement  cette  note,  sans  toutefois  en  accepter  la  responsabilité,  car 
nous  n'avons  pas  vu  les  tableaux  dont  il  s'agit  : 

a  La  Vierge,  Tenfant  Jésus,  saint  Joseph,  saint  Augustin  et  un  saint  Docteur,  dans  un  pays^e 
charmant  de  fraîcheur  et  de  détails,  haut  de  0"  77*",  large  de  0"  59'".  La  peinture  a  été 
enlevée  d'un  mur,  placée  d'abord  sur  toile,  et  ensuite  replacée  sur  bois,  opération  médiocre- 
ment réussie.  —  Cette  composition  rappelle  dans  ses  principales  parties  celle  de  ia  Vierge  de 
Dusf eldorf.  La  figure  de  Marie  est  la  même  ;  saint  Augustin  occupe  la  place  de  sainte  Elisabeth  ; 
les  plis  du  pallium  épisropal  reprodui&eut  exactement  les  plis  du  manteau  de  la  sainte.  Le  saint 
Joseph,  appuyé  sur  son  bâton,  qui  se  trouve  au  second  plan,  derrière  la  Sainte  Famille,  est 
remplacé  ici ,  au  milieu  du  tableau ,  par  le  saint  Docteur  en  tunique  blanche ,  agenouillé ,  les 
mains  croisées  sur  la  poitrine,  exprimant  dans  sa  noble  tête  à  longue  barbe  une  componction  et 
une  tendresse  que  les  paroles  sont  impuissantes  à  retracer.  L'enfant  Jésus  appuie  son  doigt  sur 
un  livre  ouvert  que  saint  Augustin  lui  présente  de  la  main  gauche,  sourit  et  semble  expliquer  le 
mystère  de  la  Sainte  Trinité ,  comme  l'indiquent  les  trois  doigts  de  la  main  droite  de  révoque, 
ouverts  et  appuyés  au*dessus  de  la  cuisse. 

a  L'harmonie  et  le  caljne  de  cette  belle  peinture  sont  admirables  ;  la  pureté  du  dœsin  irré- 
prochable. —  Ce  panneau ,  qui  sort  d'une  des  principales  galeries  de  Florence ,  a  été  exécuté 
par  Raphaël,  lorsqu'il  passait  de  sa  première  à  sa  seconde  manière.  On  remarque  encore 
quelque  peu  de  sécheresse  dans  les  formes  et  dans  le  fini  des  détails,  notamment  des  cheveux  ; 
remploi  de  l'or  dans  les  ornements ,  quoique  sobre ,  indique  aussi  l'époque  de  l'exécution. 
Cependant  les  couleurs  ont  une  vivacité  qu'on  ne  retrouve  pas  dans  les  premières  œuvres  du 
maître. 

■  On  voit  aussi  dans  la  même  collection  la  Yiarge  et  l'Enfant,  tableau  rond,  peint  par  Raphaël, 
lorsqu'il  était  encore  dans  l'atelier  du  Pérugin. 

■  Il  provient  de  la  galerie  des  comtes  Oddi-Baglioni  de  Pérouse.  >  {îiole  de  l'idilewr.) 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  347 

C&tberiDe,  agenouillée,  posant  une  main  sur  sa  poitrine  et  tenant,  de 
l'autre,  la  palme  du  martyre.  Un  paysage  forme  le  fond.  Vasari  ne  dé- 
crit 4)oint  C0  tableau ,  quoiqu'il  en  connût  la  composition  par  un  dessin 
de  Raphaël  et  par  la  gravure  de  Marc-Antoine;  on  peut  induire  de  ce 
fait  qu'il  n'avait  jamais  vu  le  tableau,  ou  qu'il  le  regardait  seulement 
comme  un  ouvrage  de  Tccole  du  maître.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que 
le  tableau,  qui  se  trouve  à  Parme,  présente,  si  on  le  compare  au  dessin 
original,  des  changements  peu  favorables  à  la  question  d'authenticité  ;  en 
outre,  parmi  toutes  les  têtes  d'anges  qu'on  aperçoit  dans  les  nuages,  il 
n'y  en  a  pas  une  qui  trahisse  cette  grâce  que  Raphaël  met  toujours  dans 
l'expression  de  ses  têtes.  Ce  tableau  a  fortement  poussé  au  noir,  et  Le 
Brun,  qui  le  restaura  à  Paris,  dit  y  avoir  découvert  un  monogramme  où 
se  trouve  la  lettre  A,  d'oii  il  conclut  que  cette  peinture  a  été  exécutée  par 
un  élève  de  Raphaël,  qu'il  nomme  Albareti.  Mais  quel  est  cet  Albareti? 
Avant  Le  Brun,  lequel,  soit  dit  en  passant,  était  fertile  en  inventions  pour 
le  trafic  des  objets  d'art,  le  nom  d'Albareti  était  inconnu  dans  l'histoire 
de  la  peinture,  et  depuis  on  n'a  rien  découvert  qui  ait  constaté  l'existence 
d'un  peintre  de  ce  nom.  Mais  nous  sommes  d'ailleurs  de  l'avis  de  Le  Brun 
sur  le  mérite  de  cet  ouvrage  que  nous  attribuons  aussi  à  un  des  meilleurs 
élèves  de  Raphaël,  et  apparemment  à  Jules  Romain.  Quant  à  l'époque  où 
ce  tableau  aurait  été  placé  sur  le  maître-autel  du  couvent  des  religieuses 
de  Saint-Paul,  à  Parme,  c'est  ce  qui  n'était  pas  même  connu  du  Père 
Affo,  le  ministre  historien  de  la  ville  de  Parme.  Toutefois,  nous  voyons, 
dans  les  Memorie  storiche  di  Ant.  Allegri,  de  Pungileoni  (t.  IIF,  p.  16J, 
qu'il  ne  figurait  pas  encore  sur  le  maître-autel  de  l'église  de  ce  couvent, 
puisque,  le  4  août  1660,  Gian  Maria  Conti,  nommé  délia  Caméra,  reçut 
300  lires  comme  payement  d'un  tableau  fait  par  lui  pour  cet  autel.  Après 
que  ce  tableau  des  Cinq  Saints  fut  revenu,  en  vertu  du  traité  de  paix  de 
1815,  du  palais  de  Saint-Cloud,  à  Parme,  il  fut  placé  dans  la  collection  de 
tableaux  de  l'Académie  de  cette  ville. 

Gravures  d'après  ce  tableau  :  J.-6.-L.  Massard  l'aîné,  1802,  in- fol.  —  J.-Th. 
Richomme,  in-fol.,  pour  le  Musée  royal,  —  Landon,  n*"  435. 

L'esquisse  pour  ce  tableau,  exécutée  à  la  sépia,  se' trouve  dans  la  collec- 
tion du  Louvre. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  113.  Copie  A,  avec  l'adresse: 
Ant.  Caranzaniu,  dans  le  bas.  Deuxième  épreuve,  avec  l'ajresse  (fe  deRostif  1610. 
—  La  copie  B  porte  la  tablette  de  Marc-Antoine. 

280.  Saint  Luc  faisant  le  portrait  de  la  Vierge. 

Sur  bois.  Figures  de  grandeur  naturelle. 

L'apôtre  saint  Luc,  le  genou  droit  plié  sur  un  tabouret  devant  un  che- 
valet de  peintre ,  fait  le  portrait  de  la  Vierge  qui  lui  apparaît  au  milieu  des 
nuages  avec  l'enfant  Jésus.  Raphaël,  âgé  d'environ  trente  ans,  sans  barbe, 


•A 


348  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

se  tient  derrière  lui  à  droite,  et  suit  des  yeux  attentivement  le  travail  du 
saint  patron  des  peintres.  On  aperçoit  la  tête  et  le  poitrail  du  bœuf  qui 
est  le  symbole  de  ce  saint.  Pour  peu  que  Ton  examine  ce  tableau^  on 
reconnaît  sur-le-champ  qu'il  a  été  exécuté  par  plusieurs  mains  ;  la  tête  du 
saint,  notamment,  est  peinte  si  magistralement,  elle  est  d'un  ton  si 
chaud  et  d'une  expression  tellement  remplie  d'âme,  qu'on  peut  la  croire 
réellement  sortie  du  pinceau  de  Raphaël  ;  toutes  les  autres  parties  du 
tableau  sont  loin  de  la  perfection  de  cette  tête  ;  les  extrémités,  à  la  vérité, 
sont  dessinées  d'une  manière  savante  et  ferme,  mais  elles  sont  froides  de 
ton.  Il  en  est  de  même  de  la  draperie,  traitée  dans  la  manière  de  Fran- 
cesco  Penni.  Le  portrait  de  Raphaël  est  chaudement  coloré,  mais  la  ma- 
done et  l'enfant  Jésus  ne  sont  qu'ébauchés  et  très-lourds  de  formes.  Il  est 
vraisemblable  que  Raphaël,  après  avoir  légèrement  esquissé  ce  tableau, 
aura  seulement  peint  la  tête  et  le  bras  du  saint.  Mais  il  est  difficile  de 
croire  qu'il  ait  lui-même  introduit  son  portrait  dans  cette  composition, 
car,  modeste  comme  il  Tétait,  il  ne  se  fût  certainement  pas  permis  d'expri- 
mer, par  sa  présence  dans  le  tableau,  tout  ce  qu'il  semble  dire  avec 
orgueil  :  «  J'ai  vu  comment  la  Vierge  est  apparue  à  saint  Luc,  afin  (comme 
le  rapporte  la  légende)  qu'il  pût  faire  son  portrait  ;  voilà  pourquoi  je  suis 
seul  capable,  comme  saint  Luc,  de  faire  de  si  belles  Madones.  »  Mais  ou 
peut  bien  admettre  qu'un  de  ses  élèves  ait  eu  cette  même  pensée  et  qu'il 
ait  voulu ,  après  la  mort  de  Raphaël ,  le  représenter  lui-même  dans  son 
propre  ouvrage.  Le  tableau  a,  du  reste,  beaucoup  souffert  dans  plusieurs 
parties  et  il  est  fortement  repeint.  Pierre  de  Corlone  en  fit  don  à  l'église 
S.  Martino,  à  Rome ,  nouvellement  rebâtie  d'après  ses  plans.  Sixte-Quint 
avait  déjà^  en  1588,  donné  cette  église  à  l'Académie  des  peintres  et  des 
architectes  de  Saint-Luc,  en  la  consacrant  au  saint  patron  de  cette  acadé- 
mie. Actuellement  le  tableau  se  trouve  dans  la  collection  de  l'Académie, 
à  Rome,  et,  sur  Tautel  de  l'église  de  Saint-Luc,  où  il  était  autrefois,  on  a 
mis  à  sa  place  une  copie  peinte  par  Antiveduto  Grammatica,  qui  l'exécuta 
lorsqu'il  se  trouvait  président  de  cette  académie,  pour  vendre  l'original, 
ce  qui  amena  sa  destitution. 

Graydres  :  J.  Langlois,  Homw,  gaUiee  Académie  alumnut.  Avec  une  dédicace  à 
J.-B.  Colbert,  in  fol.  —  Cornélius  Bloemert,  in-fol.  —  Matth.  Piccioni.  En  contre- 
partie, et  au  bas  une  dédicace  au  cardinal  Franc.  Barberini.  H.  9"  1'";  l.  6"9'".— 
Par  un  anonyme,  mauvaise  eau-forte.  En  contre-partie,  avec  une  dédicace  à 
Matthaeus  Piccionus  Anconitanus.  Pet.  in-fol.  —  Giov.  Rossi,  mauvaise  planche 
in-fol.  —  Landon,  n»  132. 

281.  Saint  Jérôme. 

L'Anonyme  de  Morelli  {Notizia  d* opère  di  disegno,  etc.  Bassano,  1800, 
p.  241)  a  vu,  en  1537,  dans  la  maison  du  docteur  Marco  (Benavides)  da 
Mantoa,  à  Padoue  :  «  Le  petit  tableau  à  l'huile  de  saint  Jérôme^  qui  fait 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  349 

pénitence  dans  le  désert,  de  la  main  de  Raphaël  d'Urbin.  »  C'est  le  seul 
reoseîgnement  que  nous  ayons  sur  ce  tableau,  qui  a  disparu  depuis. 

Da^ns  la  collection  du  Musée  Britannique,  il  y  a  une  étude  pour  une 
figure  agenouillée,  qui  répond  entièrement  à  la  pose  du  saint  Jérôme  fai- 
sant x>éDitence  et  qui  a  peut-être  servi  au  tableau. 

Un  petit  tableau ,  de  l'ancienne  collection  Fesch,  représentant  ce  même 
sujet,  a  été  erronément  attribué  à  Raphaël.  Quant  au  tableau  de  Saint  Jé- 
rôme écrivant,  figure  de  grandeur  naturelle,  lequel  a  passé  de  Wiirzburg  à 
Munich ,  on  a  déjà  depuis  longtemps  reconnu  qu'il  ne  pouvait  pas  être  de 
Raphaël,  quoique  Cari  Hess  Tait  gravé  sous  le  nom  du  maître.  Une  copie 
de  ce  tableau  décore  un  autel,  dans  Téglise  du  monastère  d'Ebrach,  près 
de  Baraberg. 

282.  Saint  Jean  l'Èvangéliste. 

Sur  bois.  H.  7'  4";  1.  5'  1". 

Saint  Jean,  assis  sur  son  aigle,  est  élevé  en  l'nir  dans  un  nuage;  il  tient 
une  tablette  de  la  main  gauche  et  fixe  ses  regards  vers  le  ciel  au  moment 
d'écrire  l'Apocalypse.  Dans  le  bas  on  distingue  Tile  Patmos  et  la  mer. 
L.épfcié  (Catalogue  des  tableaux  du  Roy.  Paris,  1752)  dit  de  ce  tableau  : 
«Ce  tableau  a  été  donné  au  Roy  (Louis  XV)  comme  un  ouvrage  de  Ra- 
phaël ;  quoique  le  nom  de  ce  grand  homme  soit  écrit  au  bas,  on  peut 
dire  que  la  composition ,  et  même  le  dessin ,  sont  d'un  caractère  élevé , 
mais  que  la  manière  dont  il  est  peint  fait  croire  qu'il  a  été  exécuté  par  un 
de  ses  élèves.  »  Cette  peinture,  qui  se  trouve  aujourd'hui  au  musée  de 
Marseille,  est  très-faible  do  dessin  et  les  ombres  des  chairs  sont  très- 
noires.  Du  reste,  cette  composition  peu  poétique  ne  nous  semble,  sous 
aucun  rapport,  digne  du  génie  de  Raphaël. 

Gravé  par  Nicolas  de  Larroessin,  pour  le  Cc^net  Croiat^  in-fol.  —  Landon, 
n»  439. 

Bien  préférable  est  une  autre  répétition  de  ce  sujet,  au  musée  de  Ber- 
lin, peinte  sur  toile.  H.  T  T;  1. 5'  7'M/2.  Ce  tableau  provient  de  la  galerie 
Giustiniani,  et,  d'après  la  manière  dont  il  est  exécuté,  on  peut  dire  que 
c'est  un  ouvrage  du  milieu  du  seizième  siècle. 

283.  Les  Apôtres  saint  Pierre  et  saint  Paul. 

Nous  avons  dit,  dans  notre  histoire  de  Raphaël,  que  fra  Bartolomeo 
laissa  inachevés  deux  tableaux  destinés  à  être  mis  des  deux  côtés  du 
maltre-autel  de  l'église  S.  Silvestro,  à  Monte  Cavallo,  à  Rome;  car  il  quit- 
tait cette  Tille  dont  il  ne  pouvait  supporter  le  climat,  et  il  remit  le  soin  de 
terminer  ces  deux  tableaux  à  son  ami  Raphaël.  Que  celui-ci  a  rempli  fidè- 
lement sa  promesse,  c'est  ce  que  témoignent  encore  aujourd'hui  la  tête 
et  les  mains  de  saint  Pierre,  qui  sont  exécutées  tout  à  fait  dans  la  manière 
du  maître^  et  d'une  peinture  bien  plus  énergique  et  plus  vivante  que  le 


350  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

reste.  Ces  deux  tableaux  qui,  selon  Titi,  se  trouvaient  encore  dans  l'église 
de  S.  Sihestro^  en  1686^  ornent  actuellement  la  collection  du  palais  du 
Quirinal. 

Us  sont  gravés  au  trait  dans  la  première  année  de  la  revue  intitulée  r 
l^Ape  Haliana,  Roma,  iSd'i. 

Nous  devons  encore  rappeler  ici  un  autre  tableau  que  fra  Bariola meo 
exécuta  pour  un  autel  latéral  de  l'église  S.  Romano,  à  Lucques,  et  que 
Raphaël  aurait  aussi  terminé.  Ce  tableau  représente  les  deux  saintes 
Catherine  de  Sienne  et  d'Alexandrie,  avec  un  Dieu  le  Père  au-dessus  d'elJes- 
C.  F.  de  Rumohr  (Italienische  Forschungen,  t.  111,  p.  71)  a  cru  recon- 
naître la  main  de  Raphaël,  surtout  dans  la  figure  de  Dieu  le  Père  entouré 
d'anges,  et  il  fonde  celte  opinion  sur  l'existence  d'un  dessin  du  même 
groupe,  à  l'Académie  de  Florence,  dessin  classé  à  la  vérité  parmi  ceux  de 
fra  Bartolomeo,  mais  révélant  la  main  de  Raphaël  à  son  époque  floren- 
tine. Malheureusement  nous  étions  à  Lucques  par  un  jour  pluvieux  et  si 
sombre,  qu'il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  distinguer  la  diflérence  d'exé- 
cution que  M.  de  Rumohr  prétend  constater  entre  le  faire  de  la  partie 
supérieure  et  celui  de  la  partie  inférieure  ;  cependant  nous  vîmes  qiie  le 
tableau  portait  la  date  de  1509;  or  l'on  sait  que  Raphaël  quitta  Florence 
au  milieu  de  Tannée  i508.  Quant  au  dessin  de  la  collection  de  Florence, 
que  nous  avons  pu  examiner  de  près,  il  est  exécuté  bien  plutôt  dans  la 
manière  hachurée  de  fra  Bartolomeo,  que  dans  celle  intiniment  plus 
simple  de  Raphaël. 

284.  Marie-Madeleine. 

Dans  un  inventaire  de  Gaspare  Faccini ,  fait  à  l'occasion  d'un  partage 
qui  eut  lieu  le  8  novembre  iriG5,  entre  Guido  Fontana  et  son  fils  Orazio, 
à  Urbin^  il  est  dit  que,  parmi  différents  tableaux  qui  ornaient  leur  mai- 
son, il  y  avait  un  petit  tableau  représentant  une  Madeleine  par  Raphaël. 
Voy.  Pungileoni,  p.  42.  ^ 

Les  Fontana  étaient  fameux  par  leur  fabrique  de  majolica;  ils  aimaient 
les  arts  et  ils  avaient  de  la  fortune,  ce  qui  fait  que  l'on  peut  accorder 
quelque  croyance  à  ce  renseignement,  tiré  d'un  inventaire  de  succession. 
Il  semble  que  cette  peinture  passa  depuis  dans  la  possession  du  duc  d'Lr- 
bin,  car  nous  la  voyons  indiquée  dans  l'Inventaire  de  la  garde-robe  d'Urbiu, 
en  l'année  1623,  manuscrit  conservé  dans  l'Oliveriana^  à  Pesaro,  p.  386, 
sous  le  u°  90  :  Madeleine,  de  Raphaël,  sur  bois  ;  sur  le  revers  se  trouvent 
les  armes  du  duc  Fraucesco  Maria  11  et  de  la  duchesse  Lucretia  d'Esté. 
Voy.  Dennistoun,  Memoirs  ofthe  Dukes  of  Urbino,  London,  1851,  t.  Ul, 
p.  Hi.  On  a  perdu  la  trace  de  ce  tableau,  dont  il  n'existe  ni  copie,  ni 
dedsin,  ni  gravures. 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  351 

Parmi  les  tableaux  représentant  des  saints^  attribués  à  Raphaël^  nous 
citerons  encore  les  suivants  : 

a.)  Six  figures  de  saints  et  de  saintes  dans  des  niches.  Pungileoni 
(p.  283)  et  la  revue  intitulée  VApe  ItcUiana  (Roma^  1834)  disent  que  six 
petites  fîgures,  dans  des  niches  d'environ  un  pied  de  baut^  qu'on  regar- 
dait comme  des  œuvres  de  la  jeunesse  du  maître^  se  trouvent  actuellement 
dans  la  possession  du  comte  Bisenzo ,  à  Rome  ;  mais,  au  premier  coup 
d'œil,  on  voit  que  ce  sont  de  jolis  ouvrages,  à  la  détrempe,  du  Pérugin.  Ces 
petits  sujets  entouraient,  dit-on,  autrefois  un  tableau  d'autel  peint  par 
le  maître  de  Raphaël  pour  Téglise  de  Todi.  Le  tableau  principal  serait 
passé  en  France,  mais  les  six  petites  figures  furent  achetées,  à  Todi  même, 
du  prieur  Laurenti,  par  le  comte  Bisenzo,  qui  les  fit  encadrer  trois  par  trois 
dans  une  même  bordure.  Dans  un  de  ces  cadres,  la  Madeleine  placée  entre 
saint  Louis  de  France  et  saint  Bonaventure;  dans  l'autre  cadre,  sainte 
Catherine,  entre  saint  Bernardino  de  Sienne  et  saint  Jean  Capistrano.  Ces 
peintures  se  trouvent  à  présent  dans  la  collection  de  lord  Ward,  à 
Londres  ^ 

Ces  six  figures  ont  été  gravées  au  trait  par  Gio.  Wenzel  et  Gioacc.  Mitlerpoch, 
pour  Yàpe  italiana  de  1834.  Tab.  XXUI  et  XXIY. 

6.)  Deux  petits  anges ,  sur  deux  petits  panneaux  à  fond  d'or,  qui  ser- 
virent sans  doute  primitivement  de  volets  à  un  triptyque,  sont  indiqués 
dans  le  Guida  di  Perugia,  de  1784  (p.  2i4),  comme  se  trouvant  dans  la 
maison  Giulio  Cesarei  et  comme  étant  de  Raphaël  ou  d'un  autre  élève  du 
Pérugin.  Us  appartiennent  à  l'avocat  Eugenio  Raspoiii,  de  Rome.  Ces 
tableaux,  qui  ont  été  fortement  repeints,  ne  portent  pas  la  moindre  trace 
du  génie  de  Raphaël,  mais  on  peut,  en  effet,  les  regarder  comme  de  jolies 
peintures  d'un  de  ses  camarades  d'atelier. 

c.)  Duchesne  aîné  donue  ,  dans  la  69«  livraison  de  son  Musée  de  pein- 
ture et  de  sculpture,  la  reproduction  gravée  d'un  Saint  Sébastien  qui  était 
dans  le  cabinet  Migueron,  à  Paris,  et  qu'il  attribue  à  Raphaël.  Le  saint  est 
lié  à  un  arbre  à  gauche,  dans  une  pose  gracieuse,  mais  maniérée,  avec 
deux  archers  à  droite.  Ce  petit  tableau,  exécuté  avec  un  soin  extrême, 
peut  au  plus  être  attribué  à  un  élève  de  Raphaël. 

d.)  Tête  de  l'archange  saint  Michel  ou  de  saint  George,  peinte  à  l'huile, 
un  peu  plus  grande  que  nature.  C'est  un  fragment,  de  forme  ovale,  pro- 
venant d'un  tableau  qui  est  à  Munich  ;  cette  tête  est  très-l)elle,  quoique 
Dous  ne  soyons  pas  convaincu  qu'elle  puisse  être  attribuée  à  Raphaël.  Ce 
tableau  passa  de  la  maison  Sampieri,  à  Bologne,  dans  la  collection  du  roi 
Louis  de  Bavière. 

i.  Elles  ont  figuré  à  l'exhibition  de  Manchester.  M.  Waagen  les  attribue  au  Spagna.  Voir 
W.  Burger,  Trisori  d'art j  p.  63.  {Note  de  l'éditew.) 


5K2  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

e.)  Sainte  Apollonie,  les  mains  croisées  sur  sa  poitrine.  Demi-figure^ 
musée  de  Strasbourg.  C'est  un  tableau  de  l'école  du  Pérugin. 

Gravé  par  Jean  Bein,  1842,  in-foL 


SUJETS  MYTHOLOGIQUES  ET  ALLÉGORIQUES. 

285.  La  Charité  et  r Espérance. 

Dans  la  galerie  Borghèse ,  à  Rome,  se  trouvaient  deux  petits  tableaux, 
cintrés  dans  le  haut,  représentant  les  figures  de  la  Charité  et  de  rEspérance, 
lesquels  ont  été  quelquefois  attribués  à  Raphaël,  mais  quelquefois  aussi 
et  avec  plus  de  raison  à  Gio.  Francesco  Penni.  La  Charité  est  représentée 
par  une  femme  tenant  deux  entants  dans  ses  bras.  A  droite,  contre  un 
rocher,  est  une  tête  d'Hermès;  dans  le  paysage  du  fond,  un  fleuve  auprès 
d'une  ville  avec  un  château  fort,  et  des  montagnes  à  l'horizon.  Cette  même 
figure  de  femme,  avec  les  enfants  qu'elle  allaite,  ayant  de  plus  deux  jeunes 
garçons  debout  à  ses  côtés,  se  trouve  dans  le  sujet  des  trois  vertus  théo- 
logales, la  Foi,  TEspérance  et  la  Charité,  qui  forme  la  bordure  de  la  tapis- 
serie de  la  Mort  d'Ananie.  Ce  petit  tableau  révèle  la  main  d'un  élève  de 
Raphaël  et  le  paysage  est  tout  à  fait  analogue  d'exécution  avec  le  Couron- 
nement de  la  Vierge,  ce  qui  nous  fait  croire  que  c'est  avec  raison  qu'on 
l'attribue  à  F.  Penni.  Goede  (t.  IV,  p.  120)  vit  ce  tableau,  en  1803,  chez 
M.  William  Bekford,  à  Foethill,  Salishury;  plus  tard,  il  fut  possédé  par 
Sir  Thomas  Lawrence,  et,  en  1831,  nous  l'avons  vu  nous-même  dans  la 
collection  de  M.  Neeld,  à  Londres. 

Gravé  par  A.  Capellan,  1798,  pour  la  Schola  iialiana^  in-folio.  Épreuves  posté- 
rieures, sans  le  nom  du  graveur,  avec  l'inscription  :  PellUur  e  celo  LaUma.  E  Tabula 
Raphaelit  Sanetii  in  œdibut  liurgheiianis. 

L'Espérance,  représentée  avec  le  caractère  antique  de  la  déesse  Spes. 
F.  W.  de  Ramdohr  (Vber  Malerei  und  Bildhauerarbeit  in  Rom.,  Leipzig, 
1787),  qui  ne  reconnut  point  la  signification  de  cette  figure ,  la  désigne 
ainsi  :  Une  Jeune  fille  marchant.  Elle  tient  une  fleur  de  la  main  droite,  et 
de  la  gauche  elle  soulève  une  p«artiede  ses  vêtements.  Un  paysage  rocail- 
leux pour  fond.  Ce  tableau  est  exécuté  dans  la  même  manière  que  le  pre- 
mier; il  passa  par  les  mêmes  collections,  mais  à  la  vente  de  Sir  Thomas 
Lawrence,  il  fut  acquis  par  M.  Henry  Hope,  à  Londres. 

Grav.  à  Teau-forte,  en  contre-partie,  par  Clam  Gallas,  1801,  d'api  es  un  dessin 
de  Jos.  Bergler.  Il  n'y  a  que  le  trait  avec  de  légères  ombres.  Signé  à  gauche  : 
J.  B,  del,  et  CG  (monogramme),  1801. 

L'esquisse  originale,  de  F.  Penni,  pour  ce  tableau,  se  trouve  à  Copen- 


( 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  353 

■ague^  chez  le  professeur  Jansen^  et  une  copie  ^  faussement  attribuée  à 
Ikapbaël  ^  est  dans  la  collection  royale  d'Angleterre.  Elle  est  dessinée  à 
V  plume^  sur  papier  brunâtre^  lavée  au  bistre  et  rehaussée  de  blanc.  On 
«oit  qu*elle  a  servi  de  calque  pour  la  peinture.  H.  10"  6'";  l.  6"  9"'. 

Gravé  par  C.   F.  Lewis,  pour  l'ouvrage  de  J.  Chamberlaine  :  imitatiom  of.ori- 
§mal  de9ign»j  etc.,  in  Bis  Majeity'i  eolleeiwn.  London,  1796-1809.  Onze  voL  in-fol. 

286.  La  Paix. 

C'est  ane   figure  de  femme  nue,  avec  des  ailes  de  plumes  de  paon« 

îbout  au  bord  de  la  mer.  Elle  tient  une  branche  d'olivier  dans  la  main 

lite^  tandis  qu'elle  jette  ses  regards  vers  un  rayon  de  lumière  qui  vient 

'en  haut^  à  gauche.  Lé  fond^  qui  représente  la  mer  avec  un  port,  est 

it  à  fait  traité  dans  le  style  antique.  Figure  demi-grandeur  naturelle. 

Nous  croyons  que  ce  tableau  est  de  l'école  du  Francia,  et  nous  l'attribuons 

mênie  à  Timoteo  Viti.  11  était  dans  la  possession  de  M.  Charles  Laird 

Wigram^  de  Londres,  et  fut  vendu  à  Paris,  au  mois  de  mars  1847. 

Gravé  par  Louis  Calamatta.  In-fol. 

287.  Les  Heures  du  jour  et  de  la  nuit. 

Ce  sont  douze  figures  de  femmes,  isolées,  sur  fond  noir.  Les  tableaux 
ont  un  socle  étroit,  où  se  trouvent  représentés  des  animaux  et  autres 
oib^ets. 

Dans  les  années  1805  et  1806,  ils  furent  gravés  par  Fosseyeuz,  Beraud,  Lavallée, 
L.  F.  Mariage,  S.  F.  Ribault,  F.  Hubert,  L.  Croutelle,  N.  Thomas  et  L.  Petit,  et 
publiés  en  couleur  par  Mich.-Ang.  Maestri,  avec  le  nom  de  Raphaël.  Ces  estampes 
semblent  avoir  été  exécutées  d'après  les  peintures  d'un  élève  de, Raphaël,  qui  se 
trouvaient  dans  l'intérieur  de  quelque  palais  à  Rome.  Une  de  ces  figures  est 
imitée  de  la  Galalée  de  Raphaël.  —  Landon,  n<»  458-463. 

288.  Apollon,  la  Lune,  cinq  Planètes  et  quatre  Étoiles 

du  zodiaque. 

Ces  onze  sujets  décorent  le  plafond  de  la  sala  Borgia,  au  Vatican,  pla- 
fond qui  fut  exécuté,  sous  Léon  X,  par  Giovanni  da  Udine  et  Perino  del 
\aga.  (Voyez  Vasari,  dans  la  Vie  de  ce  dernier.) 

Le  plafond  avec  les  détails,  gravé  au  trait,  en  huit  planches,  par  Th.  Piroli,  pour 
Vouvrage  de  Piranesi,  intitulé  :  /  ietle  Fianeti  di  RafftuUe  drUrbino^  nella  sala  Borgia 
nel  Yotieano.  Une  planche  de  titre,  avec  deux  figures  allégoriques.  Les  cinq  Pla- 
nètes, Apollon  et  Diane,  gravés  par  P.  Ronato,  Rettelini,  Rortignone  et  Fontana 
en  médaillons  ovales.  Huit  planches  in-fol.  en  larg.  —  Quatre  planètes  :  Jupiter, 
Mars,  Mercure  et  la  Lune,  grav.  à  l'eau-forte  par  Galestruzzi,  pet.  in-4*>,  et  non 
par  Pietro  Santi  Dartoli,  comme  l'indique  Heinecke.  —  Huit  planches  :  les  sept 
Planètes,  avec  une  feuille  de  titre  :  Carlo  Lasinio  del.  et  te;  en  ovale  ;  in-folio  en 
larg —  Diane,  grav.  par  Remy  Wyberl,  in-4».  —  De  même,  par  J.  Saal,  in-folio 
en  larg.  —  Mercure,  grav.  par  Ang.  Testa,  Romœj  gr.  in-fol.  en  larg.  —  Landon, 
n-  118-124. 

II.  23 


354  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

289.  Quatre  sujets  mythologiques ,  tirés  du  vestibule 

de  la  villa  Madama. 

i°  Jupiter  et  Ganymède  ;  —  2®  l?luton  et  Proserpine;  —  3«  Neptune  avec 
les  chevaux  marins;  —  4*  Junon  sur  un  char  attelé  de  paons.  —  Les  deux 
sujets  n»»  2  et  3  semblent  être  de  Jules  Romain^  et  les  n»«.l  et  4  de  Gio- 
vanni da  Udine. 

Les  trois  Voûtes  du  vestibule,  grav.  par  Marco  Garloai  en  trois  planches  ^rantl 
in-fol.  en  largeur.  —  Les  quatre  Divinités,  grav.  par  Joh.  Ottaviani.  —  Landon« 
n"»  115-117  et  140. 

Une  esquisse  originale,  à  la  sépia>  de  Giovanni  da  Udine,  pour  la  ûgurB^  -. 
de  Junon,  se  trouve  dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 
Grav.  par  J.  Saal,  tn-fol.  en  larg. 

290.  Achille  à  Scyros  et  Achille  recofinupar  Ulysse. 

Ces  deux  peintures  murales,  dans  la  villa  Madama,  à  Rome,  ont  été 
exécutées  par  un  faible  élève  de  Raphaël. 

Gra\.  comme  des  compositions  du  maître,  par  Joh.  Ottaviani,  in-fol.  en  larg., 
et  par  Gérard  Audran,  id.  —  Landon,  n"  141  et  143. 

29 i.  Diane  et  CaUsto,  Saturne,  Vénus. 

Ces  figures  se  trouvent  sur  le  plafond  que  Baldassare  Peruzzi  a  peint 
dans  la  salle  du  rez-de^^haussée  de  la  Farnesine,  à  Rome. 

Grav.  par  Stefano  Mulinari,  en  clair-obscur,  sous  le  nom  de  Baphaël.  Tauriseus, 
p.  251,  n«  59. 

292*  Neptune  et  Amymone. 

Parmi  plusieurs  tableaux  que  le  duc  de  Devonshire  retrancha  de  sa 
galerie  et  fit  vendre  en  1840,  il  y  en  avait  un  qui  représentait  Neptune 
embrassant  Amymone,  tandis  que  l'Amour,  qui  lui  enlève  son  trident, 
s^assied  triomphant  sur  un  dauphin.  Ce  tableau  était  dans  un  état  mécon- 
naissable, puisqu'il  fut  vendu  14  liv.  sterl.  3  sch.  6  den.;  mais  Tacquéreur 
le  fit  nettoyer  et  le  prôna  partout  comme  un  des  plus  beaux  ouvrages 
de  Raphaël.  C*est  un  tableau  que  les  ancêtres  du  duc  avaient  acheté  de 
Luca  Penni ,  qui  a  séjourné  quelque  temps  en  Angleterre.  On  dit  qu'il 
existe  aussi  une  gravure  ancienne  de  cette  composition. 

293.  Apollon  et  Marsyas. 

M.  Moris  Moore,  à  Londres,  acheta,  pour  un  taible  prix,  dans  une  vente 
publique,  en  1850,  un  petit  tableau  représentant  ce  sujet,  peint  avec  une 
extrême  iiuesse,  et  attribué  au  Mantegna.  Aussitôt  qu'il  fut  en  possession 
de  ce  tableau,  il  soutint  que  c'était  un  des  plus  précieux  ouvrages  de 
Raphaël.  —  Marsyas  est  assis  à  gauche,  soufflant  dans  une  flûte;  Apollon 


■ii-J 


•  f 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  3:>5 

lest  debout  y  en  face,  tenant  un  bâton  dans  sV  main  droite.  Sa  lyre  est  sus- 
pendue à  un  arbre  ;  son  carquois  et  son  arc  sont  à  terre.  Un  riche  paysage 
pour  fond.  Ce  tableau,  qui  est  à  coup  sûr  de  l'école  de  Francesco  Francia. 
nous  semble  devoir  être  attribué  à  Timoteo  Viti,  puisque  nous  avons  vu  à 
la  Brera  de  Milan  un  tableau  peint  à  la  détrempe^  représentant  la  Vierge 
avec  des  Saints  y  lequel  fut  autrefois  également  attribué  à  Raphaël,  et  qui 
est  tout  à  fait  analogue  de  style  avec  celui-ci.  Lorsque,  sur  les  instances 
térées  de  M .  Moore,  en  1850,  nous  lui  eûmes  communiqué  notre  opinion 
i  l'égard  de  son  tableau ,  cette  franchise  de  notre  part  nous  attira  en 
teprésailles  quatre  articles  fulminants,  qui  parurent  dans  les  journaux  de 
Londres,  et  qui  ne  méritaient  pas  une  réfutation.  -    ' 

De\^u\s  ,  M.  Moore  a  publié,  dans  \q  Morning  Advertiser  du  27  août 

iS5o,  qu'un  dessin  sur  papier  rose  de  son  Apollon  et  Marsyas,  dessin  qui  fafit 

parue  de  la  collection  de  l'Académie  de  Venise,  est  incontestablement  de 

ia  main  de  Raphaël,  et  que  ce  dessin  a  été  signalé  comme  tel  dans- le 

i\ou\eau  catalogue  de  cette  collection.  Lorsque  nous  le -vîmes, en -4835, 

on  l'attribuait  alors  à  Benedetto  Montagna,  mais  nous  avions  (léjà  réconilu 

(\u'il  était  plutôt  de  Técole  de  Francia,  et  qu'il  avait  été  fait  pour  le  tableau 

qui  se  trouvait  à  cette  époque  en  la  possession  dé  M.  Délairdvère,'à'Londres. 

Pour  se  convaincre  que  ce  tableau  n'est  point  un  original,  il  sufHtde  riemaV- 

quer  que  le  dessin  des  jambes  n'offre  pas  les  formes  pleines  et.  accentuées 

qui  caractérisent  les  ouvrages  de  Raphaël.  De  plus,  le  paysage  est  traité 

ô*uiic  manière  timide  et  minutieuse,  bien  difTérente  de  celle  du  maître.  >  ^ 


i 


,  I 


PORTRAITS. 


294.  Raphaël  et  son  Maître  d'armes.        .        ^ 

Sur  toile.  H.  3'  8";  1.  3'  4".  :     i 

• 

C'est  ainsi  qu'est  désigné  un  tableau  du  niusée  du  Louvre,  lequel  a  donné 
lieu  a  bien  des  controverses^  au  sujet  des  deux  personnages  représentés 
comme  au  sujet  de  l'auteur  de  la  peinture.  Sur  le  devant,  à  droite,  se  tient 
debout  un  homme  à  barbe,  puissant  de  formes,  posant  la. main  sur  son 
éf)ée  en  regardant  un  homme  placé  derrière  lui,  et  en  indiquant  de  l'autre 
main  un  objet  en  dehors  du  tableau;  le  second  personnage  paraît  être,  en 
effet,  Raphaël  lui-même,  car  il  ressemble  au  portrait  gravé  par  Giuïio 
Bonasone,  portrait  qui  passe  pour  êlre  celui  du  maître,  ainsi  que  deux 
autres  portraits  peints  à  fresque  par  Jules  Romain  dans  la  villa  Lànte,  et 
dans  sa  propre  maison,  à  Mantoue.  Le  tableau  du  Louvre  nous  le  montre 
aussi  presque  de  face,  avec  de  la  barbe,  les  cheveux  séparés  sur  le  front  et 
tombant  jusque  sur  les  épaules.  Pierre  Dan  croit  que  ce  tableau  fut  peint 
II. 


%f^  siopnAulsm  au  catalogue 

fur  k  P0iilonno(  d'autres  l'ont  «tiriibiié  à  Raphaèl,  ea  croyaol  f  voir 
fMMiraît  «vee  odui  de  Pontorino.  La  maiiière  énergique  daat  est 
figuf«  du  preoHar  plaa  et  le  faire  en  général  empêchent  toulefoii 
raeoonallra  la  nain  de  Fontormo.  Ce  n'est  pas  non  plus  son  poi 
puisque^  A  la/norlt  de  Raphaël,  il  n*était  Âgé  que  de  vingt-sept  ans»  el 
le  peraowMge  représenté  parait  avoir  au  moins  dix  années  de  plus. 
4  la  figure  qui  est  dans  ce  fond,  on  peut  y  retrouver  les  traits  de 
k  la  dernière  époque  de  sa  vie.  La  forme  du  nés,  les  lèvres  pleines^ 
larges  paupièrcNS,  le  beau  front  découvert,  se  rapportent  bien  aux  poi 
Authentiques  qui  existent  de  lui.  Seulement  les  traits  sont  ici  un  peu 
forlB,  et  les  yeux  n'ont  pas  tant  de  vivacité  que  dans  ses  autres  portrail 
Le  ton  générai  de  la  peinture  est  lourd,  les  chairs  tournent  au  brun  rou| 
le  pinceau  en  est  gras  et  large;  toutes  choses  qui  ne  se  rapportent 
A  la  manière  de  Raphaël^  ainsi  qu'on  en  peut  juger  au  musée  du  Loui 
ai  l'on  compare  ce  tableau  avec  le  portrait  du  comte  Castiglione.  Les 
de  k  manche  et  les  étoffes  blanches  sont  aussi  également  d'une  exécuti< 
différente  de  la  sienne,  Néanmoins,  cette  peinture  est  une  productioa 
distinguée,  quoique  nous  ne  sachions  pas  en  nommer  l'auteur.  11  faut  encore  | 
rappeler  qu'on  a  voulu  voir  dans  ce  tableau  Marc -Antoine  au  Ueu  de 
Raphaël;  mais,  après  avoir  examiné  avec  soin  le  portrait  de  ce  célèbre 
graveur,  qui  est  dans  la  fresque  d'Uéiiodore  chassé  du  temple,  nous  pou  rau 
constater  que  Maro^Antoine^  dont  les  traits  étaient  bien  plus  rudes  que  ceux 
de  Raphaël  y  n'avait  avec  ce  dernier  qu'une  espèce  de  ressemblance  très- 
vague  et  très-éloignée  ^ 

Ce  tableau,  qui  provient  de  la  collection  de  François  l*',  a  été  agrandi 
de  9  pouces  et  demi  en  hauteur  et  de  il  en  largeur. 

Gbàvures  :  Nicolas  de  Larmesshi,  in-fol.  pour  le  CaHnel  Crotaî.  *  P.  Andoin, 
pour  le  Muêée  NopoUony  in-foi.  —  La  tête  seule  de  Raphaël,  grav.  par  J.-L.  Po- 
trelle ,  peUt  in-fol.  —  Ulh.  par  Mauzaisse. 

1.  Le  catalogue  du  Louvre  a  eonsenré  fattribution  de  ce  portrait  à  Raphaël  ^n"  386  ),  avec 
ietitN  :  PortraUi  d'komma.  Voici  ce  qu  eu  dit  M.  Yillot  :  •  Lépidé  {Catalogue  du  takleaux 
du  roi)  regarde  ce  tableau  comme  un  ouvrage  de  Raphaël ,  et  dit  que  ces  deux  portraits  sool 
ceux  de  Sanâo  et  de  son  maître  d'armes.  D'autres  critiques  Tattribuent  à  Sébastien  del  Piombo. 
On  ignore  quel  motif  a  pu  faire  donner  le  titre  de  maître  d* armes  à  l'une  des  deux  figures,  par 
oflU  teol  qu'elle  porte  la  main  sur  la  garde  de  son  ^pée.  Enfin  le  Père  Dan  (  TrUor  de$  mer^ 
9MUe$  de  PoniaiiMbleau)  prétend  que  ce  tableau  est  du  Pontormo ,  et  qu'il  représente  cet 
artiste  et  Raphaël.  Mariette,  dans  son  texte  du  Cabinet  Croxat^  dit,  en  parlant  de  l'opinion  du 
Père  Dan  :   •  11  y  a  dans  ce  dernier  sentiment  quelque  apparence  de  vérité  :  car,  quoiqu'on 
«  puisse  objecter  que  ce  portrait  du  Pontormo  ressemble  peu  à  celui  que  le  Vasari  a  donné  au 
«  commenceneut  de  sa  Vie,  il  est  aisé  de  concilier  cette  diversité  par  la  différence  d'à^e  qui  se 
«  trouve  entre  l'un  et  l'autre  de  ces  portraits;  et  d'ailleurs  on  n'y  reconnaît  ni  le  pinceau  de 
■  Raphaël,  ni  sa  manière  de  dessiner,  ni  sa  disposition^  ni  ses  choix  de  draperies.  Les  coulears 
•  en  sont  fort  changées,  surtout  dans  Thabillement.  » 

Suivant  l'opimoA  da  docteur  V^Taagea,  cette  peinture  serait  de  Sébastien  del  Pionbo.  {Nête 
dâ  l'idiSâuir^ 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  357 

Une  copie  de  ce  tableau  ge  trouve  dans  la  collection  de  Wiesbaden  ;  elle 
proTÎent  du  cabinet  Geruiug  à  Francfort-sur-Mein. 

295.   Portrait  de  Frédéric  Carondelet. 

Sur  bois.  H.  45**;  1.  35'*. 

Frédéric  Carondelet,  archidiacre  de  Bitonto»  dans  le  royaume  de  Naples, 
était  chargé  des  affaires  d'Espagne  près  du  Saint-Siège.  Dans  le  tableau, 
nous  le  soyons  assis  devant  une  table  sur  laquelle  il  appuie  son  bras  droit. 
De  la  main  droite,  il  tient  un  papier  avec  cette  suscription  :  Honorabili 
dénote  no6is  dilecto Férico  Carondelet,  arehidiacone  bituntino,  consiliario 
et  commissario  iitro  in  urbe.  11  touche  de  la  main  gauche  son  collet  garni 
Â'\ine  fourrure  blanche  tachetée.  Son  regard  intelligent  et  spirituel  ren- 
contre celui  du  spectateur.  A  droite  est  assis  son  secrétaire,  qui,  la  plume 
k  la  main  et  la  tête  un  peu  levée,  semble  attendre  la  dictée  de  son  maître. 
A  gaucbe^  dans  le  fond,  on  voit  un  homme  à  barbe,  coiffé  d'une  espèce 
de  bonnet^  avec  un  papier  à  la  main  ;  c'est  sans  doute  un  domestique.  Le 
fond,  à  gauche,  présente  un  vestibule  magnifique,  porté  par  cinq  colonnes 
corinthiennes.  A  droite,  un  peu  de  paysage  avec  une  porte  de  ville.  La 
tête  de  Carondelet,  trè&-bien  conçue  et  très-finement  dessinée,  est  la  partie 
la  plus  remarquable  du  tableau.  L'exécution  pourtant  ne  répond  pas  à  la 
belle  expression  de  cette  tête,  et  le  reste  du  tableau  n'est  pas  traité  avec 
la  même  adresse  ;  on  y  trouve  même  une  certaine  roideur.  Il  est  toute- 
fois surprenant  que  la  tête  du  secrétaire,  d'ailleurs  très-caractéristiqtie, 
soit  beaucoup  plus  petite  que  celle  de  Carondelet,  quoique  vues  toutes 
àeu\  à  la  même  distance  ;  puis,  le  fond  a  un  aspect  vénitien,  et  les  fabri- 
ques, qu'on  voit  au  fond  du  paysage,  ressemblent  à  celles  que  les  maîtres 
BMemands,  et  notamment  Albrecht  Durer,  placent  toujours  dans  leurs 
tableaux.  Malgré  ces  disparates,  ce  n'en  est  pas  moins  un  tableau  du  plus 
^aut  intérêt,  exécuté,  à  n'en  pas  douter,  d'après  une  étude  de  Raphaël 
pour  la  tête  de  Carondelet  ;  on  pourrait  même  croire  qu'il  fut  ébauché, 
d'après  nature,  par  le  maître  même.  C.  Rogers  présume  que  le  portrait 
de  Carondelet  fut  dessiné  par  Raphaël,  lorsque  Jules  H  donna  le  gouver- 
nement de  Viterbe  à  ce  prélat.  Nous  ferons  aussi  observer  qu'il  ne  faut 
point  confondre  Frédéric  Carondelet,  archidiacre  de  Bitonto,  avec  Jean 
Carondelet,  archevêque  de  Besançon.  Le  portrait  de  ce  dernier,  peint  par 
Jean  Holbein,  a  passé  de  la  collection  de  Boisserée  dans  la  Pinacothèque 
de  Munich.  Son  portrait  a  aussi  été  gravé  sur  cuivre,  par  G.  Benoit,  in-8% 
aiFec  l'inscription  :  Johannes  Carondelet ,  chancelier  de  Bourgogne  et  de 
Flandre.  Voy.  l'Europe  Uluitre,  t.  IV.  Le  tableau  qui  représente  le  portrait 
de  Frédéric  Carondelet  fut  offert  en  présent,  par  les  États-Unis  de  Hollande, 
à  lord  Arlington,  comme  un  ouvrage  de  Raphaël  ;  depuis  cette  époque  (sous 
Charles  l*"'),  il  est  resté  dans  la  famille  des  ducs  de  Grafton  à  Londres. 


358  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

GRÀVDRBfl  :  Nie.  de  Larmessin,  in-fol.  pour  le  Calnnet  CroziU,  —  Nie.  Dori^^ajr, 
in-fol Paul  van  Sommer,  1676,  à  la  manière  noire.  En  contre-partie,  petll  in- 
folio.  —  Par  le  môme,  également  en  contre-partie,  sans  nom.  —  Jac.  Ghristopfca.  X*e 
Blond,  gr.  pi.  imprimée  en  couleur. 

296.  Portrait  de  monsignore  Lorenzo  Pucci. 

Jusqu'aux  genoux. 

Avant  que  ce  prélat  fût  nommé  cardinal  de  S.  Quattro^  en  4^11^  il  avait 
commandé  à  Raphaël  la  Sainte  Cécile,  tableau  d'autel,  destiné  à  une  égU 
de  Bologne.  Ce  fut  peut-être  à  cette  occasion  qu'il  eut  Tidée  de  faii 
faire  son  portrait  par  l'illustre  peintre.  Il  est  vu  de  face;  il  porte  uno 
barbe  blanche.  Il  a  sur  là  tète  une  barrette  noire.  De  la  main  droite,  il 
tient  un  papier,  dont  l'inscription  est  illisible,  et  il  cache  sa  main  gauche 
dans  sa  chape  noire  fourrée  d'hermine.  Le  fond  est  d'un  ton  gris-brun. 
La  tête  est  surtout  très-remarquable.  Les  yeux  sont  dirigés  vers  la  gauche, 
comme  si  le  personnage  voulait  parler  à  quelqu'un  qu'on  ne  voit  pas.  On 
regrette  que  cet  intéressant  tableau  ait  soulTert  en  quelques  parties.  Du 
palais  Gasali,  à  Bologne,  il  vint  en  la  possession  de  M.  Rossi,  de  la  même 
ville,  qui  le  vendit  en  Angleterre.  A  Londres,  il  fut  acheté  par  Sir  Robert  ' 
Gordon,  et,  après  la  mort  de  ce  dernier,  en  1847,  son  frère,  lord  Aber- 
deen,  le  transporta  dans  son  château  en  Ecosse.  Le  baron  Desnoyers  a  fait, 
d'après  ce  portrait,  une  belle  aquarelle  qui  se  trouve  dans  la  salle  des 
séances  de  l'Académie  des  Beaux-Arts  de  Paris,  avec  d'autres  dessins  et 
aquarelles  de  ce  célèbre  graveur. 

297.  Portrait  du  cardinal  Borgia. 

Jusqu'aux  genoux. 

Au  palais  Borghese,  à  Rome,  se  trouve  un  très-beau  portrait  de  car- 
dinal, qui,  dans  la  Descrizione  di  Roma  moderna  (1727,  p.  497),  est  donné 
comme  le  portrait  du  cardinal  Borgia.  En  l'absence  de  renseignements 
plus  précis,  on  ne  sait  pas  si  c'est  Pietro  Lodovico,  cardinal  de  S.  Maria 
a  via  Lata,  ou  Francesco  Borgia.  Tous  deux  furent  élevés  à  la  dignité  de 
cardinal,  en  1500,  par  le  pape  Alexandre  Yl,  chef  de  la  famille  Borgia,  et 
ils  moururent  peu  d'années  après,  le  premier  en  1512  et  le  second  en  1511. 
Le  cardinal  représenté  dans  ce  tableau  est  tourné  à  droite,  assis  à  une 
table  et  regardant  le  spectateur.  Sur  la  table,  on  voit  un  livre  ouvert 
qu'il  touche  des  deux  mains.  La  tête,  de  forme  allongée,  est  pleine  de  carac- 
tère; le  front  chauve  s'encadre  de  quelques  rares  mèches  de  cheveux 
noirs.  Sa  longue  barbe  noire  et  sa  barrette  rouge  ajoutent  eqcore  à  la 
majesté  de  ce  portrait.  Le  fond  représente  une  chambre,  d'une  élégante 
architecture,  avec  des  casiers  pour  des  livres  et  des  papiers.  Sur  la  table, 
couverte  d'un  tapis,  il  y  a  une  sonnette.  Quoique  ce  tableau  soit  traité  un 
peu  légèrement,  il  produit  cependant  un  grand  effet;  la  tête  et  les  mains 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  559 

portent  le  cachet  de  la  touche  du  maître.  Tout  le  reste  est  assez  froide- 
ment exécuté  par  un  élève  de  Raphaël^  qui  fut  souvent  employé  par  ce 
maître  à  sa  peinture  des  portraits,  car  le  tapis  de  ce  portrait  est  de  la 
même  exécution  que  les  tapis  des  portraits  de  Fedra  Inghirani  et  de 
Fr.  Garondelet. 

298.  Portrait  du  cardinal  Antonio  deî  Monte. 

Jusqu'au  genoux.  Sur  bois.  H.  V  8";  1,  2'  2". 

Antonio  Ciocchi  del  Monte  Sansovino,  né  en  1461,  était  oncle  du  pape 
Jules  HI.  Le  pape  Alexandre  VI  le  nomma^  en  1503,  évêque  de  Città  di 
Castello.  Jules  II  Téleva^  en  1511^  au  cardinalat^  sous  le  titre  de  cardinal 
des.  Vitale.  11  mourut  eu  io33,  à  l'âge  de  soixante-douze  ans,  et  fut  enterré 
à  S.  Pietro  in  Montorio.  M.  Léopold  Fabri  acheta  à  Rome,  en  1845,  à  la 
vente  de  la  galerie  du  cardinal  Fesch,  le  portrait  inscrit  sous  le  n'  708-757, 
de  l'école  de  Raphaël,  représentant  un  personnage  de  distinction,  âgé  d'en- 
viron quarante-cinq  ans.  Ce  personnage,  vu  de  trois  quarts,  est  tourné  à 
droite;  sa  barrette  est  noire,  ainsi  que  son  vêtement  du  dessous,  lequel  est 
recouvert  d'un  autre  vêtement  rouge  très-large.  Dans  sa  main  droite,  en 
tout  semblable  à  celle  de  Léon  X  dans  le  portrait  de  ce  pape,  peint  par 
Raphaël,  il  tient  un  papier.  Sur  la  table,  devant  lui,  est  accroupi  un  petit 
singe.  Le  fond  est  d'une  architecture  ayant  vue  sur  un  paysage  à  droite. 
I^  possesseur  actuel  de  ce  tableau  croit  y  reconnaître  le  portrait  du  cai^ 
dinal  del  Monte,  peint  par  Raphaël,  ce  qui  nous  paraît  plus  que  douteux, 
en  ce  que  la  figure  ne  ressemble  point  au  portrait  de  ce  cardinal  peint 
par  Raphaël  dans  la  fresque  de  la  Publication  des  Décrétâtes.  D'ailleurs, 
l'exécution  est  trop  roide  pour  être  de  Raphaël.  11  est  vrai  que  cette  pein- 
ture a  beaucoup  souffert.  On  a  publié,  au  sujet  de  ce  tableau  et  pour 
établir  son  authenticité,  une  dissertation  spéciale  avec  une  gravure  au 
trait  par  G.  B. 

11  existe  encore  différents  autres  portraits  de  cardinaux  que  l'on  a  éga- 
lement attribués  à  Raphaël  et  que  nous  mentionnerons  brièvement  ici. 

a.)  Au  musée  de  Naples,  le  portrait  d'un  cardinal,  debout,  demi-figure, 
que  le  catalogue  (n^»  265)  nomme  le  cardinal  Passerino.  De  la  main  droite, 
il  tient  une  feuille  de  papier  couverte  d'écriture,  et  il  laisse  pendre  sa 
main  gauche.  Sur  le  côté,  à  droite,  on  aperçoit  un  coin  de  paysage. 
Quoique  ce  tableau  soit  en  partie  restauré,  la  tête  cependant  a  été  plus 
ménagée.  11  est  faiblement  modelé  et  durement  peint;  la  couleur  en  est 
froide  et  grise.  C'est  l'œuvre  d'un  élève  de  Raphaël. 

6.)  Le  portrait  du  cardinal  Polus,  peint  par  Sébastien  del  Piombo,  a 
passé  du  cabinet  Crozat  dans  la  galerie  de  l'Ermitage  à  Saint-Pétersbourg; 
mais  il  fut  gravé  par  Nie.  de  Larmessin  avec  le  nom  de  Raphaël. 


500  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

c.)  Le  portrait  du  cardinal  Faroese,  neveu  de  Paul  III^  merveilleuse- 
ment peint  par  le  Titien,  se  trouve  au  palais  Corsini  à  Rome.  On  Ta  sou* 
vent  attribué  à  Raphaël  et  il  fut  gravé,  sous  son  nom,  par  H.  Rossi,  en 
1730.  Plus  tard,  le  graveur  corrigea  son  erreur. 

d.)  Dans  la  galerie  Leuchtenberg,  autrefois  à  Munich,  à  présent  à 
Saint-Pétersbourg ,  il  y  a  un  beau  portrait  de  cardinal ,  qui  est  attribué 
à  Raphaël  et  qui  fut  lithographie  comme  tel  dans  la  cinquième  livraison 
de  la  Description  de  cette  galerie.  Selon  toute  apparence,  cette  peinture 
est  une  œuvre  remarquable  du  peintre  de  portraits  Scipione  Pulzone 
Gaetano. 

299.  Portraits  de  la  Maîtresse  de  Raphaël. 

Sur  bois.  H.  16";  1.  12". 

A  Blenheim,  palais  du  duc  de  Marlborough,  se  trouve  un  portrait  de 
femme,  qui,  dans  le  catalogue,  est  appelée  Dorothea,  maîtresse  de  Raphaël. 
Ce  portrait  est  en  buste,  tourné  à  droite,  vu  de  trois  quarts.  La  coiffure^ 
formée  d*une  étoffe  blanche  qui  couvre  seulement  le  derrière  de  la  tête, 
laisse  à  découvert  l'ovale  du  visage  encadré  de  cheveux  noirs.  La  robe, 
de  couleur  incarnadine,  s'enveloppe  d'un  manteau  cramoisi  garni  d'une 
fourrure  mouchetée,  sur  lequel  repose  la  main  gauche  ;  la  main  droite 
est  appuyée  sur  un  panier  rempli  de  fruits.  A  travers  une  fenêtre,  qui  est 
à  droite  dans  le  fond,  on  voit  un  paysage  avec  des  fabriques  traitées  dans 
le  goût  vénitien. 

Cette  femme,  qui  n'est  plus  dans  la  fleur  de  l'âge,  a  quelque  chose  de 
trivial  et  de  désagréable  dans  le  caractère,  ce  qui  ne  se  voit  jamais  dans 
les  œuvres  du  grand  maître.  Les  étoffes  sont  très-largement  traitées,  mais 
les  mains,  aux  doigts  longs,  sont  négligemment  exécutées  dans  la  manière 
de  Sébastien  del  Piombo,  auquel  nous  croyons  pouvoir  aussi  attribuer 
cette  peinture. 

Gravé  par  Thomas  Chambras,  1765,  sous  le  titre  de  :  Haphaefi  Mitiresi,  Ce  por- 
trait, qui  est  connu  aussi  sous  le  nom  de  la  Vendangeuse,  fut  publié  dans  la 
Collection  of  prinU  engraved  after  the  mosl  eapilal  painlingt  in  England,  by  John 
Boydell,  1796,  grand  in-fol.  —  Le  buste  seul,  y  compris  la  main  gauche,  par 
P.  Pejrolerj,  avec  cette  légende  :  Rilirali  ed  oneêti  sono  mieipregi.  In-4". 

Celle  dernière  gravure  cependant  pourrait  avoir  été  exécutée  d'après  une  répé- 
tition de  ce  tableau,  en  demi-figure,  que  possédait  feu  madame  Cavallini-Bren- 
zoni,  à  Vérone.  Haut.  28"  5'";  larg.  22"  1"'.  Grav.  par  Jac.  Bernardi,  1830,  avec 
cette  inscription  :  Raphaelis  amieitid  celeberrima  La  Fomarinaf  et  avec  une  dédi- 
cace à  Benedello  Con.  Valmarana,  palrizio  veneto.  In-fol.  —  Lors  de  notre  dernier 
séjour  à  Vérone,  nous  cherchâmes  à  voir  ce  portrait,  et  nous  apprîmes  qu'il  avait 
passé,  avec  d'autres  tableaux,  dans  des  mains  inconnues  ;  mais,  selon  le  témoi- 
gnage de  la  feuille  artistique  de  StuUgart  {Slutlgarler  KuntlblaU)^  du  26  janvier 
1831,  on  ne  le  regardait  pas,  même  au  palais  Brenzoni,  comme  un  original  de 
Raphaël. 

A  en  juger  par  la  gravure,  ce  tableau  se  rapprocherait  beaucoup  du 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  361 

Style  TénitieD.  Le  plus  ancien  renseignement  que  nous  ayons  trouvé  sur 
cette  peinture  est  dans  l'ouvrage  de  Franc.  Scanelli  di  Forli,  intitulé  : 
Microcosmo  délia  pittura,  etc.  (Cesena,  i657).  On  y  Ht,  à  la  page  i69  : 
A  Pure  in  Yerona  nello  studio  del  Gortoni  vi  è  un  quadro  con  mezza  figura 
al  Daturale,  che  rappresenta  santa  Dorotea,  stimata  dalla  maggior  parte 
di  Rafaello,  veramente  di  suprema  beUezza,  ed  in  ordine  alla  più  dilicata 
▼erità  pare  forse  air  altre  del  maestro  superiore  ;  e  per  ciô  furono  alcuni 
indotti  a  credere,  cbe  sia  stata  dipinta  da  Paolo  da  Yerona  per  gusto 
d' imîtare  opéra  particolare  di  Rafaello,  ma  sia  come  si  voglia,  vero  è^ 
che   l'opéra  si  conosce  di  cosi  rara  bellezza,  che  si  puô  stimare  al  pari 
deir  altre,  e  forse  di  vantaggio.  »  Dans  la  relation  du  Voyage  du  grand- 
duc  Côme  III,  en  i664,  publiée  par  Dom.  Moreni  en  1828,  ce  tableau  est 
décrit  de  la  sorte,  comme  faisant  partie  alors  de  la  galerie  de  Vérone  :  «  La 
pittura  perè  pïik  riguardevole  di  tutte  è  la  Dama  di  Raffaello  di  sua  mano 
fînita  con  tantu  diligenza  e  cosi  ben  conservata,  cbe  supera  di  gran  lunga 
tulte  le  altre.  »  Voyez  H  Viaggio  per  Valta  Italia  del  $er  principe  di 
ToscanOy  poi  granduca  Cosimo  III  ^  descritto  da  Pilippo  Pizzichi,  —  Dans 
Longbena,  p.  666,  il  y  a  une  gravure  faite  d'après  ce  tableau,  mais  elle 
ne  reproduit  que  la  tête  du  portrait. 

Nous  devons  encore  rappeler  ici  un  autre  portrait  qui  paraît  devoir 
représenter  aussi  la  maîtresse  de  Raphaël.  Nous  le  vîmes  quand  il  était 
dans  le  cabinet  de  feu  M.  Noé  de  Bruxelles.  La  forme  de  la  tête  (en  ayant 
égard  à  la  différence  de  l'âge,  qui  parait  être  ici  trente  ans)  et  la  coiffure  rap- 
pellent parfaitement  le  portrait  du  palais  Barberini  à  Rome.  Cette  femme, 
d'une  beauté  fatiguée,  est  assise,  sortant  du  bain  et  ayant  seulement  jeté 
sur  ses  genoux  un  linge ,  dont  elle  se  sert  pour  s'essuyer.  De  riches  bijoux 
ornent  son  cou  et  son  bras  gauche.  Sur  une  table  placée  devant  elle ,  on 
distingue  une  cassolette  à  parfums ,  un  vase  et  un  miroir  rond.  A  droite, 
à  travers  la  fenêtre  du  fond ,  on  aperçoit  dans  la  cour  une  servante  oc- 
cupée à  déployer  un  vêtement  d'étoffe  rouge.  Sur  la  balustrade  de  la  fe- 
nêtre, à  côté  d'un  vase,  est  un  petit  singe.  Ce  tableau,  de  3'  5"  de  haut 
sur  2'  9"  de  large,  est  composé  de  plusieurs  morceaux  rajustés;  car,  la 
nudité  de  cette  femme  ayant  causé  scandale,  on  scia  le  panneau,  afin  de 
ne  conserver  que  la  tête.  Si  nous  sommes  bien  informé ,  c'est  pour  le 
même  motif  qu'on  a  recouvert  d'une  draperie  la  partie  inférieure  du 
corps.  L'amateur  n'y  perd  pas  grand'chose,  car  les  jambes  n'avaient  rien 
de  bien  attrayant.  En  somme ,  la  tête  seule  est  bien  peinte ,  quoiqu'elle 
ne  soit  point  belle  d'expression.  On  prétend  que  c'est  un  tableau  qui  est 
décrit  en  ces  termes  dans  un  inventaire  de  la  succession  de  la  principessa 
Rossano,  à  Rome,  en  1682  :  «  Un  quadro  grande  di  una  Donna  nuda,  in 
tavola,  con  una  mano  alzata  e  con  l'altra  al  petto,  con  un  vélo,  che  la 
copre  dal  mezzo  in  giù ,  di  mano  di  Raffaelle  d'Urbino,  alto  palmi  quattro 


363  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

in  circa.  »  Plus  tard^  dit- on,  ce  tableau  aurait  passé  dans  la  collection 
Lambruschini,  à  Florence.  Selon  une  autre  version^  il  proviendrait  de  la 
galerie  Gamiilio  Panfili,  à  Rome.  Aujourd'hui,  il  se  trouve  dans  la  ga- 
lerie impériale  de  Saint-Pétersbourg.  Ce  n'est  pas  un  ouvrage  original  du 
maître^  mais  il  parait  avoir  été  peint  par  un  élève  de  Raphaël. 

300.  Portrait  dune  jeune  Dame. 

Demi-figure. 

Feu  M.  le  D""  Kestner,  conseiller  de  légation  à  Rome^  acquit  en  1844  un 
très-beau  portrait  de  femme,  provenant  de  Bologne,  qu'on  attribuait  à 
Raphaël.  Cette  femme,  aux  traits  fins  et  gracieux,  est  vue  de  trois  quarts 
et  tournée  à  gauche  ;  ses  cheveux  sont  entourés  d'une  étoffe  blanche  rayée  ; 
son  cou  est  orné  d'un  collier  très-mince,  peint  avec  de  l'or.  Elle  tient  des 
deux  mains  une  fourrure  brune  et  foncée  sur  sa  robe,  qui  est  d'un  blanc 
lumineux;  avec  de  larges  manches  élégamment  disposées,  et  couvrant  en 
partie  les  bras.  Tous  les  accessoires  de  cette  peinture  sont  traités  de  main 
de  maître  ;  mais  la  tête  a  souffert  malheureusement  et  elle  est  tellement 
restaurée ,  que  l'on  ne  saurait  plus  la  juger,  ni  sous  le  rapport  du  dessin, 
ni  sous  celui  de  la  couleur,  laquelle  est  très-pâlie.  Néanmoins,  malgré 
ces  détériorations ,  elle  conserve  encore  une  charmante  expression  de 
naïveté  et  de  grâce.  L'école  de  Raphaël  n*est  pas  méconnaissable  dans 
cet  ouvrage-;   mais  toutefois  nous  ne  l'oserions  attribuer  au  maître 
lui-même.  Ce  tableau  doit  être  aujourd'hui  dans  le  musée  fondé  par 
M.  Kestner  à  Hanovre. 

301.  Portrait  de  Gio.  Francesco  Penni,  dit  il  Fattore. 

Sur  toile.  Hi-figure. 

Cet  intéressant  portrait  avait  passé  de  la  galerie  Lucien  Bonaparte  dans 
celle  du  prince  d'Orange,  depuis  Guillaume  II,  roi  des  Pays-Bas  :  il  fut 
vendu,  en  1850,  au  prix  de  3,000  florins.  11  représente  un  homme,  âgé 
de  trente  ans  environ,  vu  presque  de  face,  un  peu  tourné  à  gauche, 
remarquable  par  une  expression  caractérisée  de  morgue  et  de  taciturnité. 
Il  porte  la  barbe  sous  le  menton,  avec  la  moustache;  une  barrette  noire 
couvre  sa  tête.  La  main  droite ,  qui  tient  un  mouchoir,  repose  sur  une 
table  où  sont  quelques  fleurs  d'oranger.  De  la  main  gauche  il  tient  un  pa- 
pier, sur  lequel  on  lit  :  Dom.  Frano  Penni  Florentiam.  On  distingue  sur 
la  table  un  monogramme  composé  d'un  S  et  d'un  R  enlacés  ;  le  mono- 
gramme est  sans  doute  une  adjonction  moderne,  car  le  tableau  a  été, 
selon  toute  apparence,  peint  par  Penni  lui-même,  qui  s'est  montré,  dans 
cette  peinture,  digne  élève  de  son  grand  maître. 

Gravé  par  Testa,  pour  l'ouvrage  intitulé  :  Choix  de  gravureg  à  Veau-forte  j  d'après 
les  peintures  originales  et  les  marbres  de  la  galerie  de  Lucien  Bonaparte.  112  gravures. 
Londres,  chez  G.  Blumer  et  C>*.  In-fol. 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  365 

302.  Portrait  du  Parmesan. 

L'Anonyme  de  Morelli  rapporte  ce  qui  suit,  à  là  page  67  :  «  iî(30.  Dans 
la  maison  du  seigneur  Antonio  Foscarini ,  à  Venise  :  le  portrait  jusqu'aux 
hanches,  à  Thuile,  du  Parmesan,  favori  du  pape  Jules.  De  la  main  de  Ra- 
phaël d'Urbin.  Reçu  de  Tévêque  de  Lodi  K  »  Nous  ne  savons  pas  quel  était 
ce  Parmesan;  quant  à  son  portrait,  peint  par  Raphaël,  nous  ignorons 
aussi  ce  qu'il  est  devenu:  cependant,  on  pourrait  trouver  quelques  ren- 
seignements à  cet  égard  dans  les  indications  qui  vont  suivre.  On  lit  dans  le 
quatrième  livre  de  la  Vie  du  pape  Léon  X  par  Paolo  Giovio  (p.  224)  :«  Léon  X 
aimait  à  se  divertir  aux  dépens  de  toutes  sortes  de  personnages  excentri- 
ques, auxquels,  en  les  flattant ,  il  faisait  accroire  les  choses  les  plus  in- 
croyables sur  leur  propre  compte,  et  les  amenait  de  la  sorte  à  exécuter  les 
actes  les  plus  insensés  et  les  plus  ridicules.  C'est  ainsi  qu'il  en  agit  à  l'é- 
gard d'Evangelista  Tarascono,  Parmigiano ,  un  vieil  et  honoré  secrétaire, 
qui  se  mit  tout  à  coup  à  étudier  la  musique  avec  persévérance  et  qui 
finit  par  avoir  une  telle  opinion  de  son  talent,  qu'il  se  considéra  comme 
un  grand  musicien.  Le  pape  lui  témoigna  une  telle  faveur  et  le  flatta  si 
bien ,  que  la  vanité  de  ce  pauvre  fou  s'enfla  de  plus  en  plus  et  qu'il  in- 
venta les  systèmes  de  musique  les  plus  extravagants.  Par  exemple,  il  fai-, 
sait  lier  étroitement  les  bras  des  joueurs  d'instruments,  afin  que  leç 
nerfs  de  leurs  doigts  acquissent  plus  de  force  et  plus  de  souplesse  à  la 
fois,  etc.,  etc.  »  Ce  fut  le  marchand  de  tableaux  Valali,  à  Rome,  qui  vendit 
à  un  Anglais  le  portrait,  qu'il  donnait  pour  celui  du  Parmesan,  peint  par 
Raphaël.  On  le  considérait  pourtant  généralement,  à  Rome,  comme  une 
bonne  peinture  de  l'école  du  maître.  C'est  la  demi-flgure  d'un  homme  qui 
tient  une  feuille  de  fnusique  et  un  livre  dans  la  main.  Il  a  des  bagues  à 
tous  les  doigts.  Le  paysage  du  fond  est  d'un  ton  brunâtre. 

303.  Portrait  de  Giovanni  délia  Casa, 

Sur  bois.  Jusqu'aux  genoux. 

Giovanni  della  Casa,  né  à  Florence  vers  l'année  1500 ,  fut  nommé  ar- 
chevêque de  Benevento  par  le  pape  Paul  lll,  et  il  mourut  à  Rome  en  iS?)7. 
Son  portrait,  que  nous  avons  vu  à  Rome  en  18i5,  venait  de  Florence,  où  il 
avait  été  acheté  par  M.  Giacomo  Fiascaini.  C'est  la  demi-figure  d'un  prélat 
âgé  d'environ  quarante  ans,  avec  une  courte  barbe  brune.  Sa  main  gau- 
che, qui  tient  un  livre,  s'appuie  sur  une  table;  son  corps  est  tourné  à 
droite,  sa  tête  à  gauche,  mais  son  regard  se  dir'ige  vers  la  droite ,  ce  qui 
semble  forcé.  L'exécution  de  ce  portrait  n'est  pas  celle  de  Raphaël;  elle 

1 .  Ottaviano  Sforza,  fiU  naturel  de  Galcazzo,  duc  de  Milan.  Depuis  la  prise  de  cette  ville  par 
Louis  Xil,  roi  de  France,  il  vécut  dans  la  misère ,  jusqu'à  ce  qu'il  obtînt  l'évèché  d'Arezio,  et 
plus  tard  celui  de  Lodi. 


V 


364  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

se  rapporte  parfuitement  à  la  manière  de  faire  de  Francesco  Rossi,  Dommé 
Salviati^  auquel  nous  attribuons  cet  ouvrage.  D'ailleurs^  il  est  impossible  que 
Raphaël  ait  pu  peindre  Giovanni  délia  Casa  à  l'Age  de  quarante  ans^  puisque 
l'archevêque  de  Benevento  en  avait  à  peine  vingt  à  l'époque  de  sa  mort. 

304.  Portraits  de  César  Borgia,  nommé  il  Valentino. 

Fils  naturel  du  pape  Alexandre  VI,  il  fut  d'abord,  et  tout  jeune.,  élevé  à 
la  dignité  de  cardinal,  par  son  père  y  en  1493.  Après  la  mort  de  son  frère 
aîné,  qu'il  fit  assassiner  en  U97,  il  quitta  l'habit  ecclésiastique  et  s'allia, 
en  qualité  de  chef  de  condottieri,  avec  le  roi  de  France  Louis  XII,  afin  de 
conquérir,  avec  l'aide  de  ce  prince  et  pour  lui-même,  une  partie  de  l'an- 
cien territoire  des  États  de  l'Église.  Le  pape  Jules  II  le  retint  prisonnier  à 
Ostia,  mais  il  s'échappa  et  alla  chercher  la  mort,  le  12  mars  1507,  devant 
le  château  de  Viena  qu'il  assiégeait  en  Espagne.  Le  simple  rapprochement 
de  ces  dates  prouve  assez  que  Raphaël  n'a  pas  pu  peindre  le  portrait  de 
ce  personnage;  car  il  était  encore  chez  le  Pérugin  à  l'époque  de  l'évasion 
de  César  Borgia.  Malgré  ces  contradictions  évidentes,  on  montre  au  palais 
Borghese,  à  Rome,  le  portrait  d'un  jeune  homme,  en  costume  espagnol, 
qu'on  dit  être  César  Borgia,  et  de  même  une  répétition  de  ce  portrait  chez 
le  comte  Castelbarco  à  Milan,  au  sujet  duquel  Giuseppe  Yallardi  a  publié 
une  notice  en  1843.  A  cet  opuscule  est  ajoutée  la  reproduction  lithogra- 
phiée  du  tableau.  C'est  un  jeune  homme,  demi-figure,  âgé  d'environ 
trente^inq  ans.  Le  corps  est  vu  de  face,  la  tête  tournée  à  gauche.  Un 
manteau  de  brocart  sombre  couvre  le  bras  gauche,  et  de  la  main  il  tient 
une  boule  d'or,  qui,  au  seizième  siècle,  servait  à  contenir  des  parfums. 
Le  fond  du  paysage,  avec  des  montagnes  pointues,  est  traité  dans  le  style 
qui  appartient  à  l'école  de  Léonard  de  Vinci  et  aut"  peintres  vénitiens. 

305.  Portraits  de  Jacopo  Sanazzaro,  dit  Actius  Sincerus, 

Né  en  1458,  mort  en  1530. 

Le  buste  en  marbre  de  ce  célèbre  poète  se  trouve  sur  son  tombeau  dans 
l'église  S.  Maria  del  Parto  à  Naples.  Ce  buste  ressemble  tout  à  fait  au 
portrait  que  nous  avons  vu  en  1835  dans  la  collection  du  cavalière  Lan- 
cellotti  à  Naples.  Malheureusement  ce  tableau  a  beaucoup  souffert  et  il  est 
fortement  repeint.  Le  poëte  Sanazzaro  est  ici  représenté  à  l'âge  d'environ 
cinquante  ans,  mais  ce  n*est  pas  Raphaël  qui  Ta  peint,  comme  on  voudrait 
bien  le  croire  ;  c'est  d'un  maître  plus  ancien  que  lui,  quoique  ce  tableau 
porte  la  date  de  1516.  P.  Seb.  Resta  écrivait,  le  27  avril  1707,  à  l'anti- 
quaire Magnavacca  de  Bologne,  qui  fut  un  des  anciens  possesseurs  de  ce 
portrait  :  a  Votre  poète  Sanazzaro  di  Raffaelo,  en  dépit  de  tous  les  éloges 
que  l'on  a  faits  du  tableau,  ne  trouve  pourtant  point  d'acquéreur  à  Rome!  » 
Voyez  Pungileoni,  p.  152.  Ce  peut  être  là  le  même  tableau  que  désignait 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  365 

l'Anonyme  de  Morelii,  en  rapportant  qu'on  trouva  dans  la  maison  de 

Pietro  Bembo,  à  Padoue,  la  copie  d'un  portrait  de  Sanazzaro^  exécutée 

par  Seb.  del  Piombo.  Voyez  Morelli^  Nolizia  d* opère  di  disegno,  etc., 

p.  18. 

Gravé  par  Aloysius  Morghen,  poar  servir  de  frontispice  à  l'Histoire  de  Sanazsaro 
par  monsignore  Coiangelo. 

Le  baron  Hector  de  Garriod  possédait  un  autre  portrait  de  Sanazzaro  à 
rage  de  soixante  ans  environ^  portrait  qu'il  vendit  au  roi  des  Pays-Bas 
Guillaume  II.  11  est  représenté  en  buste^  tu  de  trois  quarts,  tourné  à 
gauche  et  regardant  les  spectateurs.  Une  barrette  noire  recouvre  ses  che- 
veux l)lancs  qui  tombent  sur  la  nuque.  L'étroit  collet  de  la  chemise  est 
replié  sur  son  simple  vêtement  noir  et  attaché  sur  le  devant  avec  un  nœud. 
Ce  portrait  représente ,  sans  aucun  doute^  le  même  poète  qui  se  trouve^ 
un  peu  plus  jeune  il  est  vrai^  derrière  la  figure  d'Ovide ,  dans  la  fresque 
du  Parnasse  au  Vatican^  et  qui  passe  pour  être  le  portrait  de  Sanazzaro. 
Ce  tableau,  à  l'huile,  était  d'une  remarquable  beauté,  mais  il  a  tant  souf- 
fert et  il  est  si  fortement  repeint,  qu'il  serait  bien  difficile  de  se  faire  une 
idée  juste  de  son  état  primitif;  on  retrouve  seulement  à  l'endroit  du  cou 
des  touches  du  maître  demeurées  intactes,  d'après  lesquelles  on  pourrait, 
eu  égard  aussi  à  l'ordonnance  générale  du  portrait,  attribuer  cette  peinture 
à  Raphaël.  Dans  la  vente  de  La  Haye,  en  i850,  ce  tableau  fut  acheté  pour 
l'empereur  de  Russie^  au  prix  de  16,000  florins;  il  est  actuellement  à 
Saint-Pétersbourg. 

306.  Portrait  d'un  Chartretêx. 

Surboi».  H.  10;  l.  7"  8'". 

Ce  précieux  petit  tableau  est  dans  la  possession  de  M.  le  D' Spicker  à 
Berlin.  Il  représente  un  chartreux,  en  demi-figure,  vu  de  profil  et  regar- 
dant vers  le  haut.  Il  appuie  sa  main  droite  sur  sa  poitrine;  à  droite ,  est 
une  table  couverte  d'un  tapis  vert,  sur  laquelle  se  trouve  un  crucifix,  qui 
paraît  avoir  été  ajouté.  La  manière  dont  cette  tête  est  traitée  a  beau- 
coup d'analogie  avec  les  deux  têtes  de  moines,  peintes  par  Raphaël,  qui 
se  trouvent  à  l'Académie  de  Florence.  L'oreille,  le  nez  et  les  yeux  sont  du 
plus  beau  dessin  ;  le  ton  de  chair  est  très-chaud  dans  les  ombres.  Le  modelé 
est  moins  satisfaisant  dans  la  partie  lumineuse  de  la  joue  et  du  cou.  La 
draperie  rappelle  encore  le  style  du  Pérugiu,  ce  qui  nous  fait  supposer 
que  ce  petit  tableau  pourrait  avoir  été  peint  par  Raphaël  vers  150l>. 

307.  Portrait  cTun  jeune  Homme, 

AU   MUSBB    DU    LOUVRE. 
Sor  bois.  H.  2S'*;  1.  16". 

Ce  portrait,  demi-figure ,  un  peu  moins  grand  que  nature ,  représente 
un  jeune  homme  d'une  nature  mélancolique,  tourné  a  gauche  et  regardant 


366  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

le  spectateur.  Il  appuie  contre  une  balustrade  son  bras  gauche  sur  le 
poignet  duquel  il  pose  sa  main  droite.  Ses  cheveux^  séparés  sur  Je  fronts 
et  couverts  d'une  barrette  noire,  tombent  jusque  sur  ses  épaules.  Son 
vêtement  collant,  à  larges  manches ,  est  entièrement  noir.  Le  fond  offre 
un  coin  de  paysage,  avec  quelques  maisons  et  des  arbres.  Ce  tableau 
provient  de  la  collection  de  Louis  XIV. 

Ce  tableau  est  peint  dans  la  manière  de  Léonard  de  Vinci,  et  l'on  se  rap- 
pelle que  Ridolfo  Ghirlandajo  avait  adopté  pendant  un  certain  temps  cette 
manière,  dans  laquelle  il  fit  d'excellents  portraits.  C'est  donc  à  Ghirlandajo 
que  nous  croyons  devoir  attribuer  cette  peinture,  laquelle  diffère  cofnpléte- 
ment  du  style  de  Raphaël,  à  qui  on  l'attribuait  encore  en  1846;  mais  nous 
regrettons  de  ne  pouvoir  nous  ranger  à  l'avis  du  D"^  Waagen,  qui  veut  recon- 
naître dans  ce  portrait  Teiécution  du  Francia,  sous  le  norp  duquel  on  Vin- 
scrit  dans  le  catalogue  actuel  du  Louvre  ^  Le  Francia,  dont  la  peinture  est 
très-lisse  et  très-claire ,  n'a  jamais  cette  vigueur  de  coloris.  L'expression 
de  ses  têtes  est  toujours  sérieuse,  il  est  vrai,  mais  il  n'est  pas  aussi  mélan- 
colique que  le  sont  ordinairement  les  portraits  peints  par  Ridoiro  Ghir- 
landajo. Sa  manière  de  traiter  les  arbres  est  différente  aussi  de  celle  qu'on 
remarque  dans  le  paysage  ;  mais  le  tableau  ayant  du  reste  été  agrandi 
tout  autour  de  trois  pouces,  on  doit  supposer  qu'une  grande  partie  de  ce 
paysage  est  d'une  origine  plus  moderne  et  toute  française.  Il  y  avait  en- 
core moins  de  fondement  dans  une  attribution  plus  ancienne  qui  donnait 
cette  peinture  à  Seb.  del  Piombo,  et  qui  présentait  ce  portrait  comme 
celui  de  Domenico  Âlfani. 

Gravures  :  Nie.  Edelinck,  n"  11.  En  contre-partie,  pour  le  Cabinet  Croxat,  petit 
in-foL  —  D.  Esquivet,  pour  le  Mutée  I^apoléon^  in-fol.  —  Lith.  par  G.  Staal,  1842, 
avec  cette  souscription  :  Giacomo.  —  Landon,  n"  319. 

308.  Portrait  d'un  Homme  en  manteau  rouge ^ 

Jusqu'aux  geaoux.  Sur  bois.  H.  32";  1.  24". 

Il  a  été  vendu  à  Paris,  le  30  mars  1826,  en  vente  publique,  comme  un 
portrait  d'un  Médicis  peint  par  Rapbaël.  C'est  une  belle  figure,  sérieuse 
d'expression.  Le  personnage  représenté  tient  d'une  main  une  plume  et 
de  l'autre  une  tablette  avec  ces  mots  :  Forse  ch'un  dt  fu  grato.  Un  manteau 
rouge  recouvre  eu  partie  son  vêtement  du  dessous.  On  assurait  que  le 

1 .  Voici  la  note  que  M.  Villot  ajoute  à  sa  description  dans  le  Catalogue  des  Écoles  d^Italic, 
6'  édit.  de  1853  :  b  Ce  superbe  portrait,  inscrit  dans  les  Notices  précédentes  sous  le  nom  de 
Kaphacl,  a  passé  longtemps  pour  être  celui  de  Domenico  Alfani,  un  des  élèves  du  Pcrugin,  puis 
du  graveur  iUârc-Antoiuc ,  sans  qu'on  puisse  donner  aucune  preuve  à  l'appui  de  l'une  ou  de  Pautre 
assertion  ;  enfin,  la  vigueur  du  coloris  et  Tentente  du  clair-obscur  Tout  fait  attribuer  par  diffé- 
rents connaisseurs  au  Giorgion,  à  Sébastien  del  Piombo,  puis  à  Francesco  Francia.  Convaincu 
de  la  justesse  de  cette  dernière  attribution^  nous  avons  cru  devoir  restituer  à  ce  dernier  maître 
une  univre  qui  ne  présente  aucune  analogie  d'exécution  avec  les  peintures  indubitablement 
authentiques  de  Raphaël.  »  {IS'ole  de  VédUeur.) 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  367 

tableau  provenait  d'une  collection  espagnole.  Voy.  le  Kunstblatt  de  1826^ 
p.  203-  Depuis  cette  vente,  il  est  rentré  dans  l'obscurité  d'où  on  avait 
iroulu  le  faire  sortir. 

309.  Portrait  d'tm  jeune  Homme, 

AU  MUSÉE   FABRB,   A  MONTPELLIER. 
Sur  bois.  H.  61";  l.  51". 

Cest  un  jeune  homme  à  barbe  naissante^  vu  de  trois  quarts  et  tourné 
Ters  la  gauche.  Ses  cheveux  brun-clair,  coupés  droit  dans  le  bas,  tom- 
bent sur  les  épaules  et  sont  couverts  d'une  barrette  noire.  De  la  main 
droite  il  tient  son  pourpoint.  Le  fond  est  vert.  La  beauté  de  cette  tête 
est  encore  rehaussée  par  son  expression  ardente  et  mélancolique.  Le 
coloris  est  assez  semblable  à  celui  de  Raphaël  à  son  époque  florentine  ; 
les  transitions  des  ombres,  d'un  ton  brun-gris  transparent  dans  tout  le 
portrait,  sont  rougeâlres  et  tirent  même  sur  le  rouge-brique,  à  la  main; 
les  clairs  ont  une  blancheur  lumineuse.  Cependant  l'exécution  très-soignée 
de  cette  peinture  n'accuse  pas  cette  touche  spirituelle  et  franche  que  nous 
admirons  dans  les  tableaux  de  Raphaël  ;  mais,  au  contraire,  elle  est  sèche, 
et  le  faire,  dans  la  chemise  blanche,  a  même  de  la  roideur.  En  général,  ce 
tableau  offre  de  grands  rapports  avec  les  portraits  de  Ridolfo  Ghirlan- 
dajo,  et  c'est  surtout  dans. ces  sortes  de  portraits,  comme  le  dit  Vasari, 
que  Ghirlandajo  produisit  ses  plus  belles  œuvres;  voilà  pourquoi  nous  lui 
attribuons  ce  tableau  vraiment  ravissant.  Autrefois,  il  appartenait  au  poëte 
Alfieri  à  Florence  ;  il  devint,  par  héritage,  la  propriété  du  peintre  Fabre, 
et  il  est  à  présent  un  des  plus  beaux  ornements  de  la  galerie  que  ce  der- 
nier a  fondée  dans  sa  ville  natale. 

310.  Portrait  d'un  jeune  Homme, 

CHEZ  LE  DUC   D'aLBE. 

Selon  une  indication  que  nous  transmet  M.  Ludwig  Zœllner  à  Dresde,  il 
se  trouverait  au  palais  d'Albe,  à  Madrid,  un  portrait  de  jeune  homme;  en 
costume  noir,  avec  une  chemise  blanche  sur  la  poitrine,  sans  mains,  le- 
quel portrait,  d'une  grande  beauté,  serait,  à  n'en  pas  douter,  un  ouvrage 
de  Raphaël. 

Un  portrait  d'homriie  est,  en  effet,  attribué  au  maître  d'Urbin  dans  la 
collection  de  la  maison  d'Albe,  mais  ce  portrait,  dans  lequel  le  person- 
nage représenté  a  les  deux  mains,  paraît  plutôt  appartenir  à  Técole 
vénitienne. 

31  i.  Portrait  de  Femme, 

DANS  LA  GALERIE  DE  MODÈNE. 

Dans  la  traduction  allemande,  par  Volkmann,  de  la  Vie  des  Peintres  de 
d'Argenville  (Leipzig,  1767,  p.  73),  on  signale,  comme  étant  dans  la  galerie 


368  SUPPLÉMENT  AU  CATALOGUE 

de  Modène,  un  beau  portrait  de  femme,  avec  cette  observation  :  «  Mal> 
heureusement^  il  n'est  pas  arrivé  à  Dresde.  »  Une  note  manuscrite^  qui.se 
trouve  sur  i'eiemplaire  de  la  traduction  de  Volkmann  à  la  bibliothèque  de 
Dresde,  ajoute  ces  mots  :  «  Un  Raphaël  authentique,  mais  laissé  à  M odène 
par  suite  d'une  indigne  fourberie.  »  Nous  n'avons  pas  trouvé  d'autre  ren- 
seignement à  l'égard  de  ce  tableau. 

312.  Portraits  de  Marc- Antoine  Raimondi. 

M.  Parade  de  l'Estang,  à  Aix,  possède  un  très-beau  portrait  du  cél^re 
graveur  de  Bologne,  vêtu  de  noir,  avec  barrette  de  la  même  couleur,  por- 
trait qui  a  été  gravé  par  Leisnier.  Gomme  nous  n'avons  jamais  vu  ce  ta- 
bleau, nous  ne  saurions  porter  de  jugement  sur  sa  valeur.  —  Nous  htods 
vu  un  autre  petit  portrait  de  Marc-Antoine,  d'une  belle  exécution,  égale- 
ment attribué  à  Raphaël,  chez  M.  Gius.  Vallardi,  à  Milan.  Ce  tableau  nous 
a  paru  être  l'ouvrage  d'un  élève  du  Francia. 

313.  Portrait  de  la  Mère  de  Raphaël, 

AU  MUSÉE  DE   NAPLBS,   N*  208. 
Sur  bois. 

Demi-figure  en  vêtement  rouge.  Il  est  de  toute  évidence  que  Raphaël 
n'a  pas  pu  peindre  d'après  nature  sa  mère,  qu'il  perdit  à  l'âge  de  huit 
ans;  et  il  n'est  pas  plus  probable  qu'il  ait  peint  la  seconde  femme  de  son 
père,  laquelle  lui  a  causé  tant  d'ennuis.  Mais  nous  n'avons  pas  besoin  de 
recourir  à  ces  preuves  contradictoires ,  puisque  le  portrait  en  question 
ne  révèle  en  rien  la  main  de  Raphaël.  C'est  tout  au  plus  l'ouvrage  d'un 
de  ses  plus  faibles  élèves. 

314.  Portrait  dun  jeune  Seigneur, 

AU  MUSÉE  DE  NAPLES,   If  264. 
Sur  bois. 

C'est  une  demi-figure  de  jeune  homme,  avec  une  courte  barbe,  vêtu  de 
noir  et  coifi'é  d'une  toque.  11  appuie  sa  main  droite  sur  le  pommeau  de 
son  épée.  Le  fon4  est  terminé,  de  chaque  côté,  par  un  pilastre.  Le  por- 
trait, suivant  l'opinion  commune ,  serait  celui  du  cavalière  Tebaldeo.  Le 
costume  avec  les  manches  à  crevés  indique  certainement  une  époque 
postérieure  à  la  mort  de  Raphaël.  Dans  l'exécution ,  ce  tableau  rappelle 
d'autres  ouvrages  de  ce  genre  peints  par  Fr.  Rossi,  nommé  le  Salviati,  les- 
quels se  trouvent  au  musée  de  Florence.  Quant  à  la  désignation  du  pei^ 
sonnage,  il  suffit,  pour  constater  l'erreur,  d'établir  qu'Antonio  Tebaldeo 
mourut  en  1537,  à  l'âge  de  soixante-quatorze  ans. 

Gravé  par  Guglielmo  Morghen.  In-fol. 


DES  PEINTURES  DE  RAPHAËL.  369. 

313..  Portrait  de  t Apothicaire  de  Raphaël. 

Cest  ainsi  qu'est  désigné  le  portrait  en  buste  d'un  homme  âgé  d'environ 
trente-cinq  ans,  dans  le  catalogue  de  la  galerie  du  palais  Christianenburg,  à 
Copenhague.  11  est  vu  de  face ,  et  porte  une  courte  barbe.  Sa  barrette 
et  son  vêtement  sont  gris.  Ce  portrait  provient  de  la  collection  du  cardi- 
nal Valenti  à  Rome.  Sur  le  revers  du  tableau,  on  lit  ces  mots,  d'une  écri- 
ture ancienne  :  Spéciale,  ehe  serviva  Rafaelle  di  Urbino.  Rafaello  di  Ur- 
ètfio  fecit.  «  C.  F.  de  Rumohr,  dans  le  KwMibiattén  31  octobre  1825,  dit 
en  parlant  de  ce  portrait  :  «  C'est  une  superbe  tête  qui  passe  depuis 
longtemps  pour  être  de  Raphaël,  mais  la  barrette  et  le  collet,  qui  étaient   . 
de  mode  seulement  vers  1530^  contredisent  quelque  peu  cette  assertion.  »  , 
—  I/exécution  de  ce  tableau  est  ferme,  la  couleur  bien  empâtée,  mais  le 
dessin  manque  de  finesse,  et  les  ombres  tirent  sur  le  brun  rouge.  Ce  doit 
être  une  production  de  la  haute  Italie. 

316.  Portrait  dun  jeune  Homme  y 

BN  ANGLETERRE. 
Sur  bois.  H.  19";  1.  15'\ 

Le  Brun  (Voyage  dans  le  midi  de  la  France,  l'Italie  et  l'Espagne,  t.  1, 
p.  65)  donne  la  gravure  d'un  portrait  qu'il  attribue  à  Raphaël ,  £t  qui 
proviendrait  du  palais  Riccardi  à  Florence.  Ce  portrait  représente  un 
homme  sans  barbe,  et  que  l'on  prétend  être  Laurent  de  Médicis;  il  est 
tourné  à  droite.  Une  barrette  noire  couvre  sa  tête  ;  son  vêtement  noir  à 
larges  manches  est  garni  de  fourrures;  il  a  un  livre  sous  le  bras  droit;  le 
fond  est  gris.  Ce  tableau,  qui  n'est  pas  très-correctement  dessiné,  mais 
qui  est  en  revanche  très-puissamment  coloré,  semble  être  d'un  élève  de 
Raphaël  ou  d*André  del  Sarte.  11  se  trouvait  en  1831  dans  la  galerie  de 
Stratton,  résidence  de  Sir  Thomas  Baring. 

317.  Portrait  d! un  jeune  Homme  ^ 

DANS  LA  GALERIE  DE  BRUNSWICK. 
H.  1'  9";l.  i'  3". 

U  est  représenté  en  buste,  avec  un  livre  à  la  main.  Dans  la  Description 
de  la  galerie  de  Brunswick,  lorsqu'elle  était  encore  à  Salzdahlum  (Bruns- 
wick, 4776),  ce  portrait  est  indiqué  comme  étant  celui  de  Raphaël  lui- 
même.  Mais  la  gravure,  exécutée  par  C.  SchrOder  en  1821,  d'après  le  ta- 
bleau, suffit  pour  démentir  cette  indication.  Ce  tableau ,  qui  a  beaucoup 
souffert,  est  traité  dans  la  manière  du  Giorgion. 

318.  Portrait  cTww  jeune  Homme  y 

DE   LA   GALERIE   d'oRLBANS. 

Du  Bois  de  Saint-Gelais  citait  comme  existant  de  son  temps  dans  la  ga- 
II.  24 


370  SUPPLÉMENT  AU  GATALOGUB 

lerie  d'Orléans  (Description  des  tableaux  du  Palais-Royal,  etc.  Pans,  i  727) 
le  portrait  d'un  jeutie  homme,  «  que  l'on  considère  comme  étant  celui  de 
Bindo  Allonesi  (Altoviti?),  que  Raphaël  peignit  lorsqu'il  était  jeune.   De 
grandeur  naturelle  et  jusqu'aux  genoux.  11  est  Têtu  d'une  étoffe  jaune 
foncé  et  tient  devant  lui  un  livre ,  dont  le  do6  est  tourné  de  son  côté.  Le 
fbnd  est  brun.  De  la  coll.  du  roi  de  Suède.  »  Ce  tableau  a  disparu  depuis 
longtemps ,  car  il  n'est  pas  mentionné  dans  le  catalogue  des  tableaux  de 
la  galerie  d'Orléans^  qui  furent  vendus  à  Londres  eo  1789.  C'est  une 
omission  qni  nous  fait  douter  de  son  authenticité. 

319.  Portrait  dune  Feniine  âgée, 

DB    LA    QALBRIB    D'ORLBANS.- 
Surboi8.U.  lî"îl.t>"6"'. 

Ce  portrait  est  indiqué  en  ces  termes  dans  la  Description  des  iableauœ 
du  Palais-Royal,  par  Du  Bois  de  Saint>Gelais  :  «  Elle  est  vue  de  profil  et 
elle  est  coiffée  d'une  simple  cornette  qui,  pourtant,  laisse  apercevoir  les 
cheveux  blancs  du  front.  Son  vêtement  couvre  un  peu  son  épaule  gauche; 
le  cou  et  quelque  peu  de  la  poitrine  sont  nus.  Le  fbnd  est  brun.  »  Ce  ta- 
bleau n'étant  plus  cité  dans  le  catalogue  de  1789,  on  doit  croire  qu'il  avait 
été  reconnu  comme  faussement  attribué  à  Raphaël. 

320.  Portrait  d'Alphonse  (TEste,  dite  de  Ferrure. 

C'est  ainsi  que  Landon  [Vie  et  œuvres  de  Raphaël,  p.  319)  désigne  sous 
le  nom  de  Raphaël  un  portrait,  qui  est  celui  du  Giorgion,  et  qui  a  été 
peint  par  le  Titien. 

Gt^vé  par  van  Dalen. 

321.  Portrait  de  François  /®%  roi  de  France. 

En  buste,  de  proQl,  gravé  dans  un  grand  médaillon,  par  Jacques  de  Ble, 
qui  attribue  l'original  à  Raphaël.  Cet  original,  qui  ne  se  trouve  plus,  était 
vraisemblablement  une  copie  du  portrait  de  François  I''  peint  par  le  Titien, 
qui  est  au  Louvre. 

322.  Portrait  d'un  Chanoine. 

Il  est  vu  presque  de  face  et  en  buste  ;  de  la  main  droite,  dont  le  pouce 
et  le  petit  doigt  sont  ornés  de  bagues,  il  tient  son  surtout,  d'une  étoffe  de 
couleur  sombre.  Sa  tête  est  couverte  d'une  barrette.  Pour  fond,  un  paysage. 
Ce  portrait,  qui  se  trouve  eu  la  possession  de  M.  Giuseppe  Bonaldi,  fut 
lithographie,  avec  le  nom  de  Raphaël,  par  G.  Rottini,  et  publié  par 
P.  Filippini,  à  Brescia.  A  en  juger  par  la  reproduction,  l'authenticité  du 
tableau  nous  paraît  tout  à  fait  contestable. 


DES  PEINTURES  DïL  RAPHAËL.  371 

323.  Portrait  dune  Duchesse  italienne. 

Demi-figure. 

Ce  portrait  est  indiqué^  dans  le  Catalogue  des  tableaux  du  roi  Jacques  H 
d'Angleterre,  sous  le  n**  833.  Autant  que  nous  sachions,  ce  tableau  n'existe 
plus.  On  peut  supposer  qu'il  aura  été  détruit  lors  de  l'incendie  de  Wliite- 
hall ,  en  1697. 

324.  Portrait  de  Taddeo  Taddei. 

Sur  bois.  H.  57";  1.  48". 

Nous  avons  rapporté,  dans  l'Histoire  de  la  vie  de  Raphaël,  que  celui-ci 
s'était  lié  d'amitié,  à  Florence,  avec  le  patricien  Taddeo  Taddei.  Vasari 
nous  apprend,  en  effet,  que  Raphaël  avait  peint  deux  Madones  pour  son 
ami,  mais  il  ne  dit  pas  que  le  maître  d'Urbin  ait  tait  le  portrait  de  Taddeo 
Taddei.  Cependant  on  prétend  que  ce  portrait  existe,  et  l'on  veut  le  recon- 
naître dans  le  portrait  d'un  homme  à  longue  barbe  noire,  vu  de  trois 
quarts,  tourné  vers  la  gauche,  la  tête  couverte  d'une  barrette;  dans  le 
fond  est  une  draperie,  »  gauche,  et  un  paysage,  à  droite,  paysage  qu'on 
suppose  représenter  une  vue  de  Fiesole. 

Ce  portrait  se  trouvait,  en  1857,  chez  M.  P.  Casali;  il  passa  ensuite 
chez  monsignore  Manni ,  à  Rome.  On  a  imprimé  dans  cette  ville  une  no- 
tice sur  ce  portrait,  avec  une  lithographie  qui  en  offre  la  reproduction. 
Suivant  cette  notice,  ledit  portrait  proviendrait  de  la  collection  de  tableaux 
de  Taddeo  Taddei,  laquelle  fut  vendue  en  1787,  par  M.  Gaetano  Taddei, 
au  sénateur  Adami,  à  Florence.  Voici  le  certificat  qu'on  a  publié  à  l'appui 
de  cette  assertion  : 

«  De  mon  palais,  à  Florence,  le  26  décembre  1855. 

tt  Afin  de  rendre  hommage  à  la  vérité,  je  certifie  que  parmi  les  docu- 
ments et  reçus  de  ma  famille...  il  en  existe  plusieurs...  par  lesquels  il  est 
positivement  établi  que  le  sénateur  Alexandre  Adami  a  fait,  en  1787,  l'ac- 
quisition de  toute  la  galerie  de  Gaetano  Taddei,  descendant  et  héritier  de 
la  noble  maison  de  ce  nom.  Entre  autres  tableaux  de  cette  colleclion,  il 
en  est  qui  sont  peints  sur  bois  et  à  l'huile,  notamment  une  Sainte  Famille 
et  un  portrait  que  l'on  croit  être  celui  de  Taddeo  Taddei ,  lesquels  tableaux 

appartiennent  tous  deux  à  M En  foi  de  quoi  je  signe. 

d  Pour  copie  :  Euo  Adami.  » 

Ce  qui  frappe  surtout  dans  cette  déclaration ,  c'est  que  M.  Elio  Adami 
ne  dit  pas  que  les  tableaux  en  question  soient  de  la  main  de  Raphaël.  On 
doit  s'étonner  qu'on  ait  omis  le  nom  de  la  personne  qui  avait  acheté  ces 
tableaux  du  sénateur  Adami  :  leur  provenance  n'est  donc  pas  régulièrement 
établie.  Mais  ce  qui  rend  encore  plus  suspecte  l'origine  de  ces  tableaux , 


37i  SLPPLËHENT  AU  CATALOGUE  DES  PEINTURES  DE  RAP 
c'est  que  la  HadoQe ,  qu'on  attribue  à  Raphaël ,  n'oOte  aucune 
avec  le  Btjle  de  ce  maître,  ai  du  moios  doub  pouvons  en  bien  juge 
la  lithographie  qui  est  jointe  à  la  brochure,  et  qui  semble  ace 
peinture  de  l'école  du  Pérugin  '. 


(il  à  Riphùl.  Ceal  udc  tlude  d'un  ■acirn  msitrc  uétr]ui<liit,  pciole  diotli 
a:  Nout  ■toni  >u  ce  petit  ttblt4a  k  Loodm ,  diu  le  mageslu  d'objets  d'u 


OUVRAGES  DE  SCULPTURE. 


1.  Dessins  pour  deux  Plats. 

Nous  avons  déjà  rapporté,  dans  lUistoire  de  la  vie  de  Raphaël,  que  ce 
grand  maître  fit,  à  la  demande  d'Agostino  Chigi,  deux  dessins  qui  devaient 
servir  de  modèles  à  icesare  Rosetti,  de  Pérouse,  pour  l'exécution  de  deux 
plats  en  bronze.  Nous  avons  ailleurs,  dans  notre  r.atalogue  des  Dessins  de 
Raphaël,  exprimé  l'opinion  que  le  beau  dessin  pour  le  bord  d'un  plat, 
représentant  Neptune,  avec  des  Nymphes  et  des  Amours,  dessin  conservé 
dans  le  cabinet  de  Dresde,  devait  être  un  des  deux  modèles  en  question. 
Un  dessin  analogue ,  qui  se  trouve  dans  la  collection  d'Oxford ,  est  peut- 
être  un  fragment  du  modèle  de  Tautre  plat.  Voici  un  document  qui  con- 
cerne la  commande  de  ces  deux  dessins.  Il  a  été  publié  par  Carlo  Fea 
dans  les  Nottzie  intomo  Raffaele  Sanzio,  etc.  (Roma,  1822,  p.  81)  : 

•  Die  10  novembris  1510. 

«  Magister  Cesarinus  Francisci  de  Perusio,  aurifex  in  Urbe,  in  regione 
Pontis,  confessus  fuit  habuisse  a  domino  Augustino  Chisio,  mercatore 
Senensi,  per  manus  domini  Angeli  Guiducci,  ducatos  viginti  quinque  auri 
de  caméra,  pro  compositione  et  manifactura  duorum  tondorum  de  bronsio 
magnitudinis  quatuor  palmorum,  vel  circa,  cum  pluribus  floribus  de  mero 
relevo,  secundum  ordinem  et  formam  eidem  dandam  per  magistrum 
Raphaelem  Joannis  Santi  de  Urbino  pictorem  :  quos  (inire  promisit  infra 
sex  menses  proxime  venturos,  sine  exceptione  :  et  sic  dictus  Angélus  pro- 
misit eidem  solvere  residuum  juxta  extimatÎQnem  peritorum  in  simi- 
libus,  sine  ulla  exceptione  :  et  pro  dicto  domino  Gœsare  se  principal iter, 
et  in  solidum  obligando,  etc.  Aclum  Romae,  in  banco  de  Cliisiis,  etc.  » 

11  est  possible  aussi  que  Raphaël  ait  fait  pour  Cesarino  le  dessin  du 
reliquaire  que  ce  dernier  exécuta  en  collaboration  de  Giulio  Dante, 
vers  1511,  pour  renfermer  l'anneau  nuptial  de  la  Viei'ge,  que  l'on  conserve 
dans  le  trésor  de  la  cathédrale  de  Pérouse  ^ 

1.  Voy.  Baldassare  Oraini,  Vila  di  Pielro  Perugino  (Penigia,  1804,  p.  300\ 


374  OUVRAGES  DE  SCULPTURE. 

2.  Dessins  pour  une  Médaille. 

Nous  avons  dit  encore ,  dans  notre  Histoire  de  Raphaël ,  qu'il  fit  pour 
son  ami ,  le  comte  Baldassare  Castiglione ,  plusieurs  esquisses  destinées 
à  la  gravure  d'une  médaille  que  celui-ci,  selon  la  mode  du  temps,  devait 
attacher  à  son  chapeau.  Voici  encore  quelques  renseignements  plus  précis 
à  cet  égard.  Cette  médaille  se  trouve  reproduite  dans  le  Muséum  Mazzu- 
chellianurriy  seu  numismata  virorum  doctrina  prœstantium ,  etjc.  (Veneliîs, 
1761,  t.  P"",  p.  193,  pi.  xxxxiii,  Gg.  iv.)  D'un  côté  est  le  portrait  du 
comte  avec  cette  légende  :  balthasar  castilion.  cr.  f.  (fils  de  Christophe). 
Sur  le  revers ,  Phéhus  descend  de  son  char,  tenant  un  grand  sceptre  dans 
la  main  droite  et  étendant  la  gauche  vers  les  Heures,  qui  maîtrisent  ses 
coursiers.  Inscription  :  tenebrarvm  et  lvcis.  —  L'autre  esquisse  de  Ra- 
phaël, pour  la  même  médaille,  fut  gravée  par  Marc-Antoine;  elle  est 
décrite  dans  le  Peintre- graveur  de  Dartsch,  t.  XIV,  n°  293,  sous  cette  dé- 
nomination :  Le  Réveil  de  l'Aurore.  La  déesse,  sortant  du  sein  de  Thétis, 
est  dans  un  bige  dont  les  chevaux  sont  guidés  par  les  Heures.  Dans  un 
ovale.  H.  6"  3"';  1.  4"  11'". 

3.  Les  statues  des  prophètes  Jonas  et  Élie. 

Deux  groupei  en  marbre  plus  grands  que  nature. 

Nous  ajouterons  peu  de  chose  à  ce  que  nous  avons  déjà  dit  au  sujet  de 
ces  statues  dans  la  Vie  de  Raphaël.  Pirro  Ligorio,  contemporain  de  Ra- 
phaël, rapporte  que  la  belle  figure  de  Jonas  fut  tirée  d'un  bloc  de  marbre 
qui  faisait  partie  du  temple  de  Castor  et  Pollux,  sur  le  Forum  Romanum. 
Voyez,  à. la  Ribliothéque  du  Vatican,  le  ms.  coté  3374  (p.  244),  où  ce  fait 
est  mentionné  en  ces  termes  :  «  Nelle  rovine  del  periptero  o  tempio  di 
Giove  Statore  sono  state  trovate  alcune  memorie  d'alcuni  fatti  d'alcuni 
soldati  come  sono  qui  sotto  copiati,  le  quali  questo  Lorenzo,  scultore,  per 
famé  opéra  ed  in  uno  de'  pezzi  délia  cornlce  ne  scolpi  l'imagine  di  Jona 
che  è  ora  nella  cappella  di  Lorenzo  Chisi,  nella  Chiesa  del  Popolo,  e  d' un 
altro  pezzo  fu  fatta  la  base  che  ha  sotto  il  cavallo  di  bronzo  con  la  statua 
deir  imperator  Marco  Aurelio  ch'  ora  è  nella  nuova  piazza  Capitolina.  » 
Ce  passage  a  été  publié  par  Pungileoni  (p.  222).  —  Gio.  Martinelli  [U 
Cose  meravigliose  délia  citià  di  Roma,  etc.  Roma,  1589)  rapporte  que 
Raphaël  avait  fait  exécuter  les  statues  dans  sa  maison ,  sous  ses  yeux ,  et 
peut-être  en  y  travaillant  lui-même,  par  Lorenzetto.  Ces  deux  figures  ont 
pu  être  mises  en  place  dans  leurs  niches  vers  1554,  quand  on  achevait  les 
travaux  de  la  chapelle,  et  que  Bernini,  qui  avait  été  chargé  de  l'exécution 
du  mausolée  d'Agostino,  fit  placer  dans  deux  autres  niches  les  statues  des 
prophètes  Daniel  et  Elisée. 

L'esquisse  pour  la  statue  du  prophète  Jonas,  ou  plutôt  un  dessin  d'après 
cette  statue,  se  trouve  dans  la  collection  royale  d'Angleterre.  Pungileoni, 


OUVRAGES  DE  SCULPTURE.  575 

p-  223,  cite  encore  deux  autres  dessins,  qui  étaient  autrefois  dans  ]a  pos- 
session du  marchese  Antaido  Antaldi  d'Urbfn,  mais  nous  ne  les  avons 
point  vus  parmi  ceux  provenant  de  cette  collection  qui  a  passé  en  Angleterre. 

Il  y  a  une  gravure,  d'après  le  Jonas,  par  Nie.  Dorigny,  dans  \a,RaccoUa  dislalue 
aniiehe^  etc.,  di  Paolo  Aies.  Maflfei  (Roma,  1704,  pi.  145).  Mais  ceUe  gravure  ne 
donne  point  une  idée  0e  la  beauté  de  Toriginal.  Il  serait  à  désirer  que  l'on  fit 
UQ0  reproduction  de  cette  statue  au  moyep  du  moulage* 

4.  L'Enfant  mort  pointé  par  un  Dauphin. 

Groupe  en  marbre  de  gr&ndeur  naturelie. 

D'après  le  passage  de  la  lettre  du  comte  Castiglione ,  que  nous  avons 
publié  dans  THistoire  de  Raphaël  ^  il  n'est  pas  permis  de  douter  que 
Raphaël  se  soit  essayé  dans  l'art  de  tailler  le  marbre  et  qu'il  ait  exécuté 
lui-nnéme  une  figure  d'enfant  en  ronde-bosse.  Gavaceppi  {RaocoUa  d'an- 
tiche  statue,  Roma,  1768, 1. 1^%  pi.  44)  nous  donne  la  gravure  d'uq  enfant 
blessé  à  mort^  couché  sur  le  dos  d'un  dauphin,  qui  le  porte  h  travers  lee 
flots.  La  noticp  suivante  est  ajoutée  à  la  gravure  :  «  Peliino  cbe  riconduce 
al  lidq  il  fanciullo  da  lui  involontariamente  uccisp  con  una  délie  sue  spine 
nel  condurlo  a  solazzo  per  mare.  Opéra  di  Baffaello,  eseguita  da  Loren- 
zetto,  e  presentemente  posseduta  da  Sua  Ecc.  il  sig.  Bail  de  Breteuil, 
Ambasc.  délia  sacra  religione  Gerosolimitana  presso  la  Santa  Sede.  v  Le 
moulage  de  ce  groupe  se  trouve  parmi  les  plâtres  de  Mengs,  à  Dresde 
(d^"  82),  et,  d'après  cette  épreuve,  nous  pouvons  constater  que  c'est  bien 
la  statue  d'enfant  citée  dans  la  lettre  du  comte  Castiglione.  Dans  l'inven- 
taire descriptif  des  plâtres  qui  furent  acquis  des  héritiers  de  R.  Mengs 
pour  le  musée  de  Dresde,  ce  groupe  est  décrit  de  la  sorte  :  Putto  morto 
dis.  A.  R,  di  Parma.  D'après  cet  inventaire,  le  groupe  original  devrait  se 
trouver  à  Naples,  où  nous  ne  l'avons  pas  rencontré.  On  a  dit  aussi  sans 
aucun  fondetnent  qu'il  était  à  Turin.  On  doit  supposer  que  cette  statue 
fut  le  premier  essai  de  Raphaël  dans  la  sculpture,  car  toutes  les  par- 
ties de  la  figure  ne  sont  point  d'une  exécution  égale,  entre  autres  les 
extrémités;  dans  quelques  endroits  aussi,  le  ciseau,  mal  dirigé,  a  eu- 
levé  trop  de  marbre,  comme  à  la  poitrine  de  l'enfant,  très-bien  modelée 
d'ailleurs,  mais  dont  le  côté  droit  est  devenu  plus  petit  que  le  gauche.  H 
est  douteux  que  le  dauphin ,  qui  est  d'un  mouvement  exagéré,  ait  été 
exécuté  exactement  d'après  le  dessin  de  Raphaël  ;  celui-ci  aurait  aban- 
donné cette  partie  accessoire  à  Lorenzetto,  qui  la  traita  suivant  sa  fan- 
taisie, mais  non  pas  selon  le  goût  si  pur  et  si  élevé  du  grand  maître.  Une 
autre  circonstance  semble  encore  confirmer  cette  supposition ,  c'est  que 
l'exécution  du  dauphin  est  égale  dans  toutes  ses  parties,  tandis  que  chez 
renfant>  comme  nous  l'avons  dit,  les  extrémités  sont  très-négligées.  Il  est 
possible  que  Lorenzetto  n*ait  pas  osé  mettre  la  main  aux  portions  de  l'œuvre 
qui  avaient  été  taillées  par  Raphaël. 


576  OUVRAGES  DE  SCULPTURE. 

Une  répétitioD  en  marbre  de  ce  groupe  fut  acquise  par  le  feu  comte 
Bristol,  évéque  de  Derry^  qui  l'avait  fait  placer  dans  sa  collection   de 
Down  Hill,  en  Irlande.  Le  Penny  Magazine  en  a  publié  la  gravure  avec  Je 
nom  de  Raphaël.  Mais  ce  groupe  ayant  figuré  â  l'exhibition  de  Man- 
chester en  1857^  où  l'avait  envoyé  son  propriétaire  actuel,  Sir  Henry 
Bruce  9  M.  le  professeur  Hetner,  conservateur  des  plâtres  de  Mengs,  à 
Dresde,  a  prouvé  que  ce  n'était  qu'une  copie.  Non-seulement  le  marbre 
n'offre  pas  les  parties  endommagées  qui  existent  dans  l'original,  comme 
on  le  voit  dans  le  plâtre  qui  est  à  Dresde  y  mais  encore  ce  dernier  est 
d'une  dimension  plus  grande  que  le  marbre  que  nous  avons  vu  à  Man- 
chester'. 

5.  Dessin  pour  un  Vase  à  parfums. 

Trois  cariatides,  dont  deux  seulement  sont  figurées  sur  le  dessin,  tien- 
nent une  cassolette  ronde  ornée  de  salamandres  sur  son  bord  et  de  fleura 
de  lis  sur  son  couvercle.  La  salamandre  étant  le  symbole  de  François  1«% 
il  est  vraisemblable  que  Raphaël  fit  ce  dessin  pour  servir  de  modèle  à  uq 
ouvrage  d'orfèvrerie  destiné  à  être  offert  en  présent  au  roi  de  France. 

L'esquisse  de  Raphaël  n'existe  plus;  nous  ne  la  connaissons  que  par  les 
belles  estampes  anciennes  de  Marc-Antoine  et  de  Marco  da  Ravenna, 
ainsi  que  par  deux  copies  d'après  la  gravure  du  premier.  Bartsch,  t.  XIY, 
n<^  489  et  490.  Les  deux  figures  des  cariatides  ont  aussi  été  employées 
pour  un  candélabre,  par  Enea  Yico.  Bartsch,  t.  XV,  p.  367,  n<>  491. 

6.  Modèle  pour  une  Fontaine, 

A   ROME. 

Un  des  plus  beaux  monuments  publics  de  la  sculpture  du  seizième 
siècle ,  c'est  la  Fontana  délie  Tartarughe  qui  onie  une  place  de  Rome, 
dans  le  voisinage  du  Ghetto.  La  fontaine  consiste  en  un  grand  bassin  rond 
dans  le  bas,  avec  un  autre  plus  petit  dans  le  haut,  contre  lesquels  s'ados-  . 
sent  quatre  figures  d'adolescents  très-gracieux  de  mouvement,  chacun 
d'eux  tenant,  d'une  main,  une  tortue,  et  saisissant,  de  l'autre  main,  un 
dauphin,  de  la  gueule  duquel  l'eau  jaillit  dans  quatre  bassins  en  forme  de 
grandes  coquilles.  Le  tout  est  d'une  ordonnance  isi  originale ,  si  pure  de 
lignes,  le  dessin  du  nu  est  d'une  beauté  si  vraie  et  présente  d'ailleurs  tant 
d'analogie  avec  la  statue  du  Jonas,  que  l'invention  de  cette  œuvre  ma- 
gistrale, sinon  toute  l'exécution ,  ne  saurait  être  attribuée  à  d'autre  qu'à 
Raphaël.  Toutefois,  dans  les  gravures  des  Fontane  di  Roma  que  G.  Rossi 
a  publiées  en  1691 ,  cette  fontaine  est  attribuée  à  Giacomo  dëHa  Porta; 
mais  Giacomo  n'étant  qu'architecte,  il  ne  pouvait,  en  aucun  cas,  dessiner 
des  modèles  pour  ces  statues,  qu'il  était  encore  plus  incapable  d'exécuter 

1.  Voy.  TrètùTt  d'art,  etc.,  par  W.  Burger,  p.  446.  {Noie  de  VédUeur,) 


OUVRAGES  DE  SCULPTURE.  377 

en  marbre.  D'ailleurs,  toutes  les  autres  fontaines  que  délia  Porta  a  érigées 
â  Rome  sont  d'un  caractère  très-difTérent,  et  seulement  de  style  archi- 
tectonique. 

Edouard  Steinle  fit,  à  Rome,  un  beau  dessin  du  groupe  principal,  qui  a 
paru,  en  4851,  chez  Artaria  et  C«,  à  Vienne,  gravé  par  Johann  Ziteck. 

7.  Dessin  pour  le  coin  d'une  Monnaie. 

Laurent  de  Médicis,  duc  d'Urbin,  eut  l'intention  de  faire  frapper  une 
monnaie  avec  son  effigie.  Cest  un  fait  qui  ressort  d'une  lettre  de  Goro 
Gheri  à  ce  prince,  datée  de  Florence,  le  6  novembre  1517,  et  dans  laquelle 
il  dit  :  «  Desidererei  che  la  Ex.  vostra  facesse  fare  la  imprompta  sua  schiz- 
tata  in  carta  col  carbone,  che  sia  in  profilo  corne  ha  a  stare  nella  moneta, 
perché  quella  che  è  qui  di  vostra  Ex.  è  in  faccia,  donde  non  si  ritrarrebbe 
'cosi  bene,  et  non  staria  bene  che  la  testa  de  vostra  Ex.  non  fosse  ben  natu- 
rale.  Perô  quella  veda  che  RafTaello  da  Urbino,  o  altro  che  le  pare  la 
facci,  et  mandicela ,  che  si  farà  in  un  tracto.  »  (Gaye,  CarteggiOy  t.  II, 
p.  145.) 

Nous  ignorons  si  le  duc  fit  dessiner  son  profil  par  Raphaël,  comme  il 
en  manifestait  l'intention  ;  on  doit  croire  toutefois  que  ce  dessin  a  été  fait. 

On  attribue  quelquefois  à  Raphaël  le  dessin  de  la  médaille  portant 
l'effigie  du  pape  Jules  II,  et  dont  le  revers  représente  la  Conversion  de 
samt  Paul ,  avec  cette  légende  :  «  Contra  stimulum  ne  calcitres.  »  Cette 
médaille  fut  distribuée  à  l'occasion  de  l'entrée  du  pape  à  Bologne.  On  sait 
que  Francesco  Fraucia  en  est  l'auteur;  c'est  lui  qui  en  avait  fait  aussi  le 
dessin. 

Gravé,  dans  la  Storia  délia  tcultura ,  par  Cicognara  (t.  II,  p.  85,  9).  et  dans  le 
Trhor  numitnuuique  (médaUles  des  papes,  pi.  iv,  5).  Paris,  chez  Rittner  et  Goupil, 
1859. 


D'autres  dessins  pour  des  ouvrages  de  sculpture  sont  encore  attribués 
à  Raphaël  et  ont  été  gravés  sous  son  nom ,  quoique  ces  dessins  appar- 
tiennent incontestablement  à  d'autres  maîtres. 
Pour  rectifier  ces  erreurs,  nous  donnerons  ici  les  indications  suivantes  : 
a.)  Les  stalles  sculptées  en  bois  dans  le  chœur  de  l'église  S.  Pietro 
Maggiore,  à  Pérouse,  auraient  été  exécutées,  suivant  tous  les  Guides  de 
Pérouse,  et  même  selon  le  savant  Montfaucon,  dans  son  Diarium  Italicum 
(p.  380),  d'après  des  dessins  de  Raphaël,  par  maître  Stefano  da  Bergamo. 
A  la  vérité,  les  ornements  et  les  petites  figures  en  relief  de  ces  stalles  ont 
souvent  de  la  ressemblance  avec  les  ornements  peints  dans  les  Loges  du 
Vatican  ;  mais  l'inscription  de  l'architrave  dit  expressément  qu'ils  ont 
été  exécutés,  dans  les  années  1532  à  1535,  par  maître  Stephanus  de 


578  OUVRAGES  DE  SCULPTURE. 

Bergamo,  avec  le  concours  dee  mastro  Niecola  da  Cagli^  mastro  BaltlsU 
da  Bologna,  mastro  Grisello^  mastro  Tommaso^  mastro  Niccolo  et  mastro 
Antonio  Fiorentinl.  Il  est  donc  certain  que  Raphaël  n'eut  aucune  part  à 
ces  ouvrages,  mais  que  magister  Stephanus,  qui  certainement  s'inspirait 
des  compositions  de  Raphaël,  en  a  été  le  principal  auteur,  et  que  les  autres 
maîtres  dénommés  les  ont  taillés  en  bois.  La  plupart  des  ornements  de 
ces  stalles  ont  été  gravés  sur  cuivre  par  Raimondo  Faucci,  en  20  plancha 
petit  in-fol.,  en  1789.  Ensuite,  ces  ornements  furent  encore  une  fois  gravés 
au  trait,  sous  ce  titre  :  <(  Gli  Ornali  del  coro  délia  chiesa  di  S,  Pietro  dei 
Monaci  Cassinensi  in  Perugia,  intagliati  ivi  in  legno  da  Stefano  da  Ber- 
gamo  sopra  disegni  di  RafTaelle  Santi  da  Urbino,  ora  per  la  prima  volta 
tutti  raccolti  incisi  a  contorni  e  pubblicati.  »  (Roma,  1842,  in-fol.)  Mais  ils 
ne  furent  publiés  qu'en  1843,  avec  cette  adresse  :  Roma,  I84S,  per  cura 
deU'abate  e  monaci  di  quel  monasterio,  50  planches  avec  sept  pages  de 
préface  et  dix  de  texte.  L'auteur  de  la  préface  n'essaye  pas  de  démontrer 
par  des  preuves  historiques  que  Raphaël  aurait  eu  part  à  ces  dessin^ 
mais  il  s'en  réfère  au  témoignage  de  Montfaucon  à  cet  égard. 

D'après  une  note  insérée  dans  le  registre  B  des  archives  du  couvent,  le 
pupitre,  sculpté  avec  des  sujets  en  relief  tirés  de  la  vie  de  saint  Pierre,  a 
été  exécuté  par  Battista  da  Bologna,  maestro  Lorenzo  et  maestro  Am- 
brogio,  Francese. 

6.)  Les  stalles  sculptées  en  bois  dans  le  chœur  de  la  cathédrale  de  Città 
di  Caslello,  sont  désignées  également  comme  ayant  été  exécutées  d'après  * 
des  dessins  de  Raphaël,  selon  FilippoTiti,  dans  son  Ammaestramento,  etc. 
Aggiunta  alla  descritione  del  Duomo  di  Cittd  di  Castello  (Roma,  1686, 
p.  447),  et  Longhena  (p.  137);  mais,  au  contrairCi  Giacomo  Mancini,  dans 
le  Giornale  Arcadico  de  1826,  assure  que  ces  stalles  furent  sculptées 
d'après  des  dessins  de  Rafaele  del  Colle  et  de  Francesco  del  Castello,  sans 
toutefois  fournir  aucune  preuve  à  l'appui  de  cette  assertion  qui  contredit 
celle  de  F.  Titi.  Mancini  dit  seulement  qu'on  ne  saurait  reconnaître  dans 
ces  sculptures  la  main  de  Raphaël.  En  effet,  elles  n'ont  absolument  rien 
du  grand  peintre  d'Urbin,  et  elles  ne  furent  faites,  comme  le  prouve  la 
date  qu'elles  portent  gravée,  que  dans  les  années  1533  à  1540. 

c.)  Dans  le  m(^me  livre  que  nous  venons  de  citer,  Filippo  Titi  cjonne 
encore,  comme  des  ouvrages  de  la  jeunesse  de  Raphaël,  quatre  bas-reliefs 
représentant  des  Prophètes,  qui  décoraient  autrefois  les  pendentifs  de  la 
coupole  de  la  cathédrale  de  Città  di  Castello.  Cette  église  est  actuelle- 
ment remise  à  neuf,  et  il  n'existe  plus  rien  de  ces  ouvrages  de  sculpture; 
mais,  comme  Filippo  Titi  ne  fournit  aucune  preuve  historique  qui  justifie 
son  assertion,  et  qu'il  montre  d'ailleurs  peu  de  jugement  dans  les  ques- 
tions d'art ,-ainsi  qu'on  l'a  vu  au  sujet  des  stalles  sculptées  du  chœur,  nous 
pouvons  croire  qu'il  s'est  trompé  de  même  à  l'égard  de  ces  bas-reliefs. 


f 

f  OUVRAGES  DE  SCULPTBBE.  37» 

11'.)  Deux  candélabres,  composés  par  Raphai;)  d'Urbio  et  Michel-Ange 
Buonarotri,  d'après  le  concours  ouvert  entre  eux  par  les  papes  Jules  II  et 
'"""  X,  environ  l'au  ISIS.  C'est  sous  ce  singulier  lilre  que  parurent  chez 
erl,  »  Paris,  en  1803,  i  planches  in-fol.  représentant  de  uit  caudéla- 
,  richement  ornés,  dessinés  par  Prieur,  à  Rome,  en  1778,  gravés  à 
-furte  par  Cli.  Normand  et  terminés  au  poinlillé  par  J.-B.  Lucien 
i03.  Ces  candélabres,  qui  se  trouvent  encore  dans  l'église  de  Saint- 
re,  lui  ont  été  donnés  par  le  cardinal  Alexandre  Farnèse,  qui  les  lit 
(Rer  en  vermeil  par  Antonio  Gentili,  d'après  des  dessins  de  Michel- 
2.  Ces  candélabres,  y  compris  le  crucilix  du  m<^me  métal,  orné  de  ta 
le  manière,  pèsent  210  livres  et  coulèrent  13,000  scudi.  Voj.  Torrigio  : 
.  Grotte  Vatic. 


■■  *J 


OUVRAGES  D'ARCHITECTURE 


Il  a  été  publié^  sur  les  travaux  d'architecture  de  Raphaël,  un  ouvrage 
spécial  intitulé  :  Opère  architettoniche  di  Raffaello  Sanzio^  incise  e  dichia- 
rate  daWarchitetto  Carlo  Pontani.  (Roma,  4845,  in-fol.) 

Cet  ouvrage  contient  les  planches  suivantes  : 

1.  Casa  del  Bartolini,  io  Firenze,  di  Baccio  d'Agnolo.  1  pi.,  —  p.    1. 

3.  Tempio  dipinto  nello  Sposalizio 1  »  »    6. 

3.  Casa  di  Raffaello 1  »  »    8. 

4.  S.  Maria  délia  Navicella i  »  >  11. 

5.  Palazzo  dell'  Aquila 1  >  >  12. 

6.  Facciata  per  S.  Lorenzo,  in  Firenze 2  >  »  14. 

7.  Casa  in  fine  di  Borgo  S.  Pietro,  in  Itoma 2  »  ^15. 

8.  Stalle  e  Loggia  délia  Farnesina 3  >  >  17. 

9.  Palazzo  Uguccioni,  in  Firenze 2  >  »  21. 

10.  Palazzo  Pandolfini,  in  Firenze 3  «  »  23. 

11.  Cappella  Chigi,  aUa  Hadonna  del  Popolo 2  >  »  26. 

12.  Palazzo  Caffarelli,  oggi  Vidoni -.  .  3  >  *  27. 

13.  Villa  Madama 5  >  »  28. 

14.  S.  PieUo 4  »  A  dO. 

15.  Loggie  Vaticane 3  >  »  33. 

16.  Palazzo  su  la  piazza  di  Monte  Veccbio 1  »  >  35. 

17.  Palazzo  délie  persone  converlende,  in  Borgo  Nuovo.  1  »  >  36. 


1.  Pla?i  pour  r Église  Saint-Pierre. 

On  a  TU,  par  le  bref  que  nous  avons  publié  dans  l'Histoire  de  Raphaël , 
que  ce  grand  peintre  fut  nommé  architecte  de  Saint-Pierre,  le  4«'  août  1514, 
après  avoir  présenté  un  modèle  en  bois  de  l'édifice  qu'il  devait  exécuter, 
avec  un  aperçu  des  dépenses  approximatives.  Il  avait  déjà  été  choisi,  a  la 
mort  du  Bramante,  pour  diriger  les  travaux  de  cette  église,  et  il  reçut  aussi 
à  ce  titre  le  traitement  d'architecte,  à  partir  du  !•'  avril  1514.  Ces  faits 


OUVRAGES  D'ARCHITECTURE.  381 

ressortent  aussi  des  extraits  que  le  pape  Alexandre  VII  fit  faire  d'après  les 
registres  de  l'agence  des  travaux  de  construction  et  qui  se  trouvent  réunis 
dans  un  manuscrit  coté  H.  H.  Sâ^  de  la  bibliothèque  Chigi. 

Voici  ces  comptes  tels  qu'ils  ont  été  publiés  par  Carlo  Fea  (Notizie,  etc., 
p.  9)  et  par  Pungileoni  (p.  463)  : 

<c  Maestro  Rafaël  d'Urbino  deve  havere  ducati  1500  per  sua  provisione 
d'anni  cinque,  cominciati  a  ^i  1  aprile  15U,  et  Hniti  a  di  i  aprile  1519, 
a  ducati  300  l'anno,  corne  appare  nel  conto  di  M.  Simone  Rlcasoli  — 
D.  iSOO. 

«...  Deve  havere  ducati  300  d'oro  per  sua  provisione  d'un  anno  a  ra- 
gione  di  ducati  300  l'anno  finito  primo  aprile  1520— D.  300.  » 

En  regard  de  cet  article,  on  lit  : 

«  1519  a  maestro  Rafaël  da  Urbioo  architteto  deve  dare  duc.  1500, 
pa^tili  da  Simone  de'  Ricasoli  e  Bernardo  Bini  da  Fior.  depositarj  per  sua 
provisione  d'anni  cinque  cominciati  a  di  primo^aprile  1514.  —  D.  1500. 

<t  A  di  10  maggio  1520  a  M.  Rafaël  duc.  300  per  sua  provisione  di  un  anno 
finito  primo  aprile  1520  pagatili  da  M.  Simone  Ricasoli  —  Se.  300.  » 

Malheureusement  on  ne  possède  aujourd'hui  ni  le  modèle  en  bois  que 
Raphaël  avait  fait  exécuter  d'après  son  plan,  ni  ses  esquisses,  ni  aucune 
gravure  faite  d'après  ses  dessins.  Le  plan  seul  nous  a  été  conservé  par 
Serlio,  qui  l'indique  dans  le  troisième  livre  de  son  ouvrage  *  :  «  Le  Bra- 
mante commença  d'abord  les  magnifiques  travaux  de  Saint-Pierre;  mais, 
interrompu  par  la  mort,  il  les  laissa  inachevés,  et  le  plan  de  l'édifice  n'était 
pas  même  complet  dans  toutes  ses  parties.  C'est  pourquoi  plusieurs  hom- 
mes de  mérite  s'efforcèrent  de  terminer  l'œuvre  du  Bramante,  entre  autres 
aussi  Raphaël  d'Urbin,  peintre,  qui  était  en  même  temps  très-habile  en 
architecture.  Ce  fut  donc,  en  suivant  les  données  du  Bramante,  qu'il  exé- 
cuta le  dessin  ci -joint.  »  Ce  dessin  est  le  plan  que  Bonanni'  a  publié 
aussi,  pi.  10,  mais  en  l'attribuant  par  erreur  au  Bramante. 

11  existe  encore  un  autre  plan  de  Saint-Pierre,  attribué  à  Raphaël,  dans 
le  cahier  des  Dessins  d'architecture  de  Giuliano  da  San  Gallo,  à  la  biblio- 
thèque Barberini  à  Rome;  ce  plan,  qui  ne  diffère  guère  d'ailleurs  de 
celui  que  nous  avons  décrit  en  détail  dans  l'Histoire  de  Raphaël,  accuse  tel- 
lement les  qualités  originales  de  son  génie  architectonique ,  qu'on  peut  le 
considérer  comme  une  première  esquisse.  11  forme  une  croix  latine  toute 
semblable  à  celle  du  plan  publié  par  Serlio,  avec  une  large  nef  au  milieu  et 
trois  autres  nefs  ou  galeries  latérales,  plus  étroites  de  chaque  côté;  cha- 
cune d'elles  ayant  une  porte  qui  s'ouvre  sur  le  mur,  à  plein  vestibule.  Un 

l.  Tulle  l'opère  d'Architellura  di  Sebatliano  Serlio,  raeeolle  dal  Seamozzi  (Veoezia, 
1854,  cartyLXV;  ou,  dans  une  édition  antérieure,  de  1545,  cart.  XXXVII). 

î.  JVumûmato  tummorwn  ponlificum  UmpH  Valicani  fabrieam  indicanlia,  etc.,  a 
parte  Philippo  Bonanni  (Roms,  1696). 


II! 


■■%. 


^ 


582  OUVRAGES  D'ARCHITECTURE. 

cintre  entoure  le  chœur  et  forme  une  galerie  fermée  autour  de  I 
extérieure,  tandis  que  les  cintres  des  transepts  ont  presque  la 
ordonnance  que  dans  le  plan  de  Serlio.  Le  plan  à  la  bibliothèque 
présente  aussi  toujours  quatre  colonnes  disposées  carrément  ent 
quatre  pilastres.  Le  vestibule  repose  sur  trente  colonnes  au  lieu  de 
six  qu'on  voit  dans  le  plan  de  Serlio  ;  car  les  dernières,  de  chaque  oôté, 
sont  accouplées.  Les  piliers,  le  long  de  l'église,  se  trouvent  renforces  par 
des  pilastres  également  accouplés,  avec  des  niches  dans  les  entre— deux* 
En  somme,  ce  plan  est  moins  grandiose  et  plus  tourmenté  que  celui  qui 
était  déjà  connu. 

On  peut  voir  combien  le  plan  de  Raphaël  diffère  de  celui  du  Brama^nte^ 
par  une  médaille  que  Caradosso  exécuta  en  1506;  elle  porte  d'un  côté  l'ef- 
figie du  pape  Jules  11,  et  sur  le  revers  la  vue  de  la  façade  de  Saint-Pierre 
d'après  le  plan  projeté,  avec  l'inscription  :  TEMPLl.  PETRI.  INSTAVRATf  O- 
VATICANVS.  M.  Le  plan  de  l'église  semble  former  une  croix  grecque  avec 
une  grande  coupol^.  La  façade  offre  deux  tours  sur  les  côtés,  ainsi  qu'une 
espèce  de  vestibule  avec  une  petite  coupole.  La  même  vue  de  la  façade  se 
retrouve  encore  sur  une  autre  médaille  frappée  vraisemblablement  lors 
de  l'élection  de  Léon  X,  car  elle  porte  son  effigie  sur  l'avers,  avec  cette 
inscription  :  LEO.  DECIMVS.  PONT.  MAX.  —  ROMA.  Entre  ces  deux  der- 
niers mots,  il  y  a  un  lion  couché.  Agostino  Veneziano  a  gravé  une  estampe 
d'après  cette  médaille,  en  1517,  avec  l'inscription  :  TEMPLl.  PETRI. 
INSTAVRACIO.  MCCCCCVI.  —  VATICANVS.  M.  Voy.  Je  Peintre-graveur 
de  Barlsch,  t.  XIV,  p.  383,  n'»  534. 

Il  résulte  des  documents  que  Carlo  Fea  et  Pungileoni  ont  tirés  de  TExtrait 

des  livres  des  comptes  de  l'agence  des  travaux  de  Saint-Pierre,  que  Giu- 

liano  da  San  Gallo  était  déjà  chargé  de  ces  travaux  depuis  le  l^*"  janvier 

4514,  et  par  conséquent  du  vivant  de  Bramante.  Ainsi  on  lit  dans  cet  extrait  : 

c(  Maestro  Giuliano  da  San  Gallo  deve  havere  duc.  450  pcr  la  provisione 

di  mesi  18  cominciati  a  di  1  gennaro  1514,  e  finiti  a  di  1  luglio  1515,  a 

duc.  25  il  mese;  conie  appare  dal  conto  di  M.  Simone  Ricasoli  e  Bcr- 

nardo  Bini  depositarj  —  Duc.  450.  » 

Dans  l'année  1518,  on  trouve  un  autre  payement  de  la  même  somme. 

De  ces  mêmes  actes ,  il  ressort  que  fra  Giocoudo  eut  la  direction  des 

travaux  depuis  le  l*»"  février  1514  jusqu'au  27  mars  1518. 

«  1514.  1  agosto.  Frate  Jocondo,  architettore  délia  fabricadi  S.  Pielro, 
ha  avuto  duc.  150  a  buon  conto  del  salarie,  che  N.  S.  gli  doua. 

«  Anno  1518,  27  marzo.  Frate  Jocondo,  architettore,  etc.,  deve  havere 
duc.  cinquecento  d'oro  per  tanti  si  fa  creditore  a  buon  conto  délia  provi- 
sione a  ragione  di  ducati  300  l'anno  a  M.  ^mone  Ricasoli  e  Bernardo  Bini 
da  Fior.  depositarj  :  sono  per  la  provisione  di  mesi  venti  da  finire  -- 
Duc.  500.  »  ,  - 


OUVRAGES  D'ARCHITECTURE.  383 

A  partit*  du  22  janvier  1517^  Antonio  da  San  Gallo^  qui  jusque-là  n'était 
cité  que  comme  charpentier  (falegname),  faisant  les  échafaudages,  appa* 
raîl  eu  qualité  d'architecte  en  second,  avec  un  traitement  mensuel  de 
12  ducats  et  demi.  Depuis  le  1"^^  mai  15i6,  ses  honoraires  furent  élevés  à 
25  ducats  par  mois,  jusqu'à  sa  mort,  survenue  à  la  un  de  septembre  15IG  : 
o(  Alla  rev.  Fabrica  a  di  24  settembre  irU6  se.  25  moneta  pagati  per 
mandato  a  maestro  Antonio  da  S.  Gallo  per  sua  provisione  di  settembre. 
«  A  di  13  ottobre  1546  se.  203  bo.  m.  a  gli  heredi  di  maestro  Antonio 
da  San  Qallo  per  resto  di  rubbia  i  59  di  calce.  w 

Ces  actes  authentiques  nous  montrent  quelle  importante  position  Ra- 
phaël occupait  en  comparaison  des  autres  architectes  de  Saint-Pierre,  si 
bien  qu'il  nous  semble  superflu  de  discuter  des  opinions  erronées  qui 
tendraient  à  rabaisser  cette  position»  Nous  avons  déjà  vu  dans  l'Histoire 
de  Raphaël  qu'il  fut  empêché  d'activer  les  travaux  de  construction,  en  ce 
qu'il  perdit  beaucoup  de  temps  à  renforcer  les  fondations  des  piliers  de 
sa  coupole  et  qu'ensuite  il  y  eut  une  pénurie  d'argent,  occasionnée  par  les 
goûts  dispendieux  du  pape  et  par  les  frais  de  la  guerre  qu'il  faisait  au  duc 
d'Urbin. 

Après  la  mort  de  Raphaël,  ce  fut  Baldassare  Peruzzi  qui  lui  succéda, 
le  !«'  août  1520,  en  qualité  d'architecte  en  chef;  mais  il  ne  re<jut  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  en  1336,  que  la  moitié  du  traitement  qu'avait  eu  Raphaël, 
c'est-à-dire  150  ducats  par  an  ^  On  adopta  aussi  un  nouveau  plan  bien 
plus  restreint  que  le  premier  et  formant  une  croix  grecque  avec  une  cou- 
pote.  Seb.  Serlio  donne  (cart.  65)  la  gravure  de  ce  plan.  Comme  notre  but 
n'est  pas  de  faire  ici  une  histoire  de  l'église  de  Saint-Pierre,  nous  ne  pou- 
vons que  renvoyer  le  lecteur  aux  renseignétnents  exacts  qu'Ernest  Platner 
a  rassemblés  sur  ce  sujet  dans  sa  Description  de  la  ville  de  Rome. 

2,  Plan  pour  la  Chapelle  Chigi, 

DANS  l'Église  s.  maria  del  popolo,  a  romb. 
Dans  notre  Histoire  de  Raphaël ,  nous  avons  énuméré  les  raisons  qui 
nous  font  croire  que  l'illustre  peintre  avait  déjà  fait  le  plan  de  cette  cha- 
pelle pour  son  riche  protecteur  Agostino  Chigi,  sous  le  gouvernement  de 
iules  II.  Sa  forme  est  un  octogone  à  pans  inégaux,  au-dessus  duquel 
s'élève  une  petite  coupole  éclairée  par  une  lanterne.  A  chacun  des  quatre 
pans  étroits  de  l'octogone  est  ménagée  une  niche  entre  deux  colonnes- 
pilastres;  celles-ci  s'élèvent  jusque  sous  la  corniche;  leurs  chapiteaux  de 
marbre  blanc  sont  ornés  d'un  aigle  parmi  des  feuillages,  avec  une  ordon- 
nance et  une  exécution  parfaites.  Quoique  ces  chapiteaux  soient  imités  de 
Tantique,  ils  trahissent  pourtant  le  grand  goût  du  grand  maître  et  son 
individuelle  originalité. 

1.  Voy.  Fca,  Notixiej  etc.,  p.  18. 


I 

i 
I 


384  OUVRAGES  D* ARCHITECTURE. 

La  collection  de  Florence  conserve  une  première  esquisse  pour  cette 
chapelle.  Sur  la  partie  supérieure  du  dessin  sont  écrites  de  la  maiii  de 
Raphaël  lui-même  les  indications  suivantes  : 

En  haut  :  «  Locho  p.  lo  spitale.  » 

A  droite  sur  la  longueur  :  a  Muro  comune.  n 

Vers  le  milieu  :  a  Cupola  vano  p.  (palmi)  88.  » 

Et  à  droite  la  note  suivante  se  rapportant  à  la  coupole  :  a  Questa  si  puo 
voltare  in  due  modi  ;  cipé  el  primo  di  pocha  spesa,  chel  sexto  delà  copu- 
leta  sia  principiato  in  sul  medesimo  piano  délia  imposta  delli  archoni  ;  e  si 
domanda  detta  volta  a  vêla.  Lo  secondo  modo  si  è  fare  una  comice  in 
cima  alti  archi  redutUi  al  perfetto  tondo,  esopra  a  questa  fare  tanto  di- 
TÏiio,  che  si  possa  cavare  li  lumi  di  quella  sorte  che  tu  vuoi,  o  fînestre 
overo  ochij  tondi,  e  sopra  li  ditti  lumi  fare  un  altra  cornice  al  tondo  dore 
principij  a  voltare  la  cupola.  Ma  prima  darli  tanto  diritto,  quanto  Ta- 
ghetto  (aggetto)  délia  cornicie  una  volta  e  mezo.  » 

Au  revers  de  la  feuille  est  dessinée  la  coupe  de  la  chapelle,  et  au  bas, 
on  lit  :  CL  Capella  di  Agostino  Cbigij.  ch'  eh.(»'c)  nel  Popollo  a  Roma  '.  » 

Les  raisons  qui  nous  autorisent  à  croire  qu'il  était  dans  le  plan  de  Ra- 
phaël de  peindre  dans  la  coupole  la  Création  des  étoiles^  aussi  les  autres 
jours  de  la  Création  jusqu'au  péché  originel,  ces  raisons ,  disons-nous, 
reposent  sur  ce  fait  que  ces  mêmes  sujets  furent,  en  effet,  exécutés  à 
fresque  plus  tard  [en  1554],  par  Francesco  Salviati.  Des  raisons  semblables 
nous  font  admettre  que  Raphaël  se  proposait  de  représenter^  sur  les  trois 
murs  de  la  chapelle ,  l'accomplissement  des  paroles  des  prophètes ,  c'est- 
à-dire  la  Naissance ,  la  Mort  et  la  Résurrection  du  Christ.  Car^  après  son 
décès  9  Sébastien  del  Piombo  «l'ut  chargé  de  peindre  à  l'huile  ces  sujets 
sur  les  murs;  mais  il  n'exécuta  que  la  Naissance  de  la  Vierge  et  avait  com- 
mencé ensuite  le  tableau  de  la  Visitation,  lorsque  la  mort  le  surprit.  Quant 
aux  deux  groupes  en  marbre  des  Prophètes  de  cette  chapelle ,  nous  ren- 
verrons le  lecteur  à  ce  que  nous  en  avons  dit  dans  le  chapitre  précédent, 
qui  traite  dès  ouvrages  de  sculpture  de  Raphaël. 

Que  les  mosaïques  qui  ornent  les  neuf  caissons  de  la  coupole  aient  été 
exécutées  d'après  les  cartons  de  Raphaël^  dans  l'année  1516,  c'est  ce  que 
témoigne  encore  l'inscription  qu'on  lit  sur  le  flambeau  du  petit  génie  qui 
est  auprès  de  Vénus  :  LV.  D.  P.  V.  F.  1516.  (Luici  de  P<ice  Veneziano 
fecit  1516.)  Fioru vante  Martinello  {Roma  ricercata  nel  suo  sitOy  p.  125) 
rapporte,  à  ce  sujet,  ce  qui  suit  :  «  11  mosaico  è  condotto  a  fine  nel  1516 
da  Aloisio  de  Pace  Veneziano,  che  ardi  lasciare  il  suo  nome  abbreviato 
intorno  ad  una  face  che  porta  Amore.  »  Ce  maître  est  aussi  appelé 
maestro  Quisaccio.  Selon  le  Guida  di  Roma  de  Melchiorri,  publié  en  1834 

I.  Voy.  la  note  au  Vasari,  edit.  de  Florence,  1852,  vol.  YUI,  p.  46. 


f 

I 


f 


OUVRAGES  D'ARCHITECTURE.  385 

(p.  277),  ce  fut  Marcello  Provenzale  qui  exécuta  Jes  mosaïques;  mais  cet 
arliste  est  né  cinquante-cinq  ans  après  la  mort  de  Raphaël  !  Melchiorri  se 
trompe  aussi»  quand  il  attribue  les  cartons  de  ces  mosaïques  à  Cecchino 
Salviati. 

Le  18  août  1519,  dans  le  pressentiment  de  sa  iin  prochaine,  Âgostino 
Chigi  (it  son  testament,  dans  lequel  il  prenait  les  dispositions  suivantes  à 
regard  de  cette  chapelle  : 

«  Item  voluit  pro  capellâ  sitâ  in  ecclesiâ  monasterii  sancta;  Maria?  de 
Populo  de  Urbe  sub  invocatione  sanctœ  Mariae  de  Loreto  per  ipsum  testa- 
torem  incœptâ,  perficiatur  juxtà  ordinationcm  per  ipsum  testatorem  alias 
factam,  de  quâ  ordinatione  Mgr  Raphaël  de  Urbino,  et  Mgr  Antonius  de 
Sancto  Marino  sunt  bene  informati^  »  Mais  Raphaël  devait  cesser  de  vivre 
quelques  jours  avant  Agostino  Chigi,  et  ni  l'un  ni  l'autrç  ne  put  voir  la 
(Sbapelle  achevée. 

La  peinture  inachevée  de  Sebastiano  del  Piombo  fut  enlevée  du  mur  et 
transportée  sur  toile,  lorsqu'on  fit  construire  par  Rernini  les  mausolées 
d'Agostino  et  de  Sigismondo  Chigi.  Les  fragments  du  tableau  de  la  Visi- 
-'tation  qui  étaient  dans  la  galerie  du  cardinal  Fesch  ont  passé  en  Angle- 
terre. Ce  fut  Francesco  Salviati  qui  reçut,  en  1554,  la  commande  de  peindre 
les  sept  jours  de  la  Création  jusqu'au  péché  originel  sur  les  huit  champs 
réservés  entre  les  fenêtres  de  la  coupole  et  dans  les  caissons  ronds  au- 
dessus  des  niches,  ce  qu'il  exécuta  en  peu  de  temps. 

Les  mosaïques  de  la  coupole  contiennent,  dans  le  rond  du  milieu,  la 
figure  du  Créateur  entouré  de  huit  champs,  sur  l'un  desquels  on  voit  un 
Ange  montrant  du  geste  un  globe  céleste,  qui ,  avant  la  restauration  con- 
duite par  Bernini  en  1654,  portait  l'inscription  suivante  :  Fiant  luminaria 
tn  firmamento  cœli.  Sur  les  autres  champs,  on  voit  le  soleil  (Apollon),  la 
lune  (Diane)  et  cinq  planètes  :  Saturne,  Jupiter,  Mars,  Vénus  et  Mercure  ; 
ces  demi  -  figures  sont  exécutées  sur  fond  d'or,  et  chacune  d'elles  est 
groupée  avec  un  ange*.  Les  draperies,  aussi  rehaussées  d'or,  devaient, 
dans  l'ongine,  produire  un  effet  éclatant.  Cependant  elles  sont  d'une  exé- 
cution grossière  qui  n'échappe  pas  à  l'œil,  quoiqu'elles  soient  mal  éclairées . 
il  s'est  conservé  deux  esquisses  très-énergiquement  dessinées  à  la  san- 

1.  Voy.  Carlo  Fea,  Notizie^  etc.,  p.  7. 

2.  L'adjonction  des  anges  semble  avoir  été  indiquée  parles  vers  du  Dante  (Para<fifo,canto  11}  : 

Lo  moto  e  la  virtù  dei  santi  giri 
Corne  dal  fabbro  Tarte  del  martello 
Da  beat!  motor  convieu  che  spiri. 
Kt  dans  son  ConvitOj  Dante  dit  : 

Li  moTÏtori 
Del  cielo  délia  Luna  siano  dell'  ordine  degli 
Angeli,  e  quelli  di  Mercurio  siano  gli 
Arcangioli  e  quelli  di  Venere  siano  li  Troni. 

II.  25 


86  OUVRAGES  D^ARGHITEGTURE. 

guine  pour  la  figure  du  Créateur  et  pour  celle  d'un  des  anges.  Ces  esquisses 
se  trouvent  toutes  deux  dans  la  collection  d'Oxford.  Le  dessin  de  la  figure 
de  Mars  avec  l'ange  est  dans  la  collection  Wicar  à  Lille.       % 

Gravures  d'après  les  neuf  mosaïques. 

Nicolas  Dorigny,  1695,  9  pi.  pet.  in-fôl.,  avec  une  dédicace  à  Ludov.,  duci  Bur- 
gundia,  -*-  Hierooymus  Boellmann,  avec  une  dédicace  à  Theophilo  Vokamer,  9  pK 
in-4<>.  En  contre-partie.  —  Ludw.  Gruner  :  /.  Mosaici  délia  oupola  nella  eappMa 
Chigiana  di  5.  if  aria  del  Vopolo,  m  Jlooia ,  inveniali  da  Raffaello  Samio  dttPrbinoj 
incise  da  Lodovico  Gruner,  illtutrale  da  Ànlonio  Grifi.  (Roma,  presso  Veditore,  1839.) 
10  pi.  in-fol.,  avec  18  pages  de  texte.  Seconde  édition,  Londres,  1850.  11  pi., 
dont  une  coloriée.  —  Landon,  n"*  166-170. 

Francesco  Aquila  a  gravé  à  l'eau-forte  deux  planches  in-folio  contenant  des 
coupes  de  la  chapelle.  On  les  trouve  souvent  séparées,  mais  elles  font  vraisem- 
blahlement  partie  de  quelque  grand  ouvrage  d'architecture. 

3.  Façade  pour  r église  S.  Lorenzo, 

A   PLORBNCE. 

On  a  déjà  tu,  dans  l'histoire  de  Raphaël^  que,  sur  l'ordre  de  Léon  X^ 
il  s'était  rendu  à  Florence  dans  l'hiver  de  1515  à  1516^  afin  de  s'entendre 
avec  le  pape  au  sujet  de  la  façade  qui  manquait  à  l'église  S.  Lorenzo"' 
érigée  par  ses  ancêtres  ;  on  se  souviendra  aussi  que  Raphaël  proposa  son 
plan  concurremment  avec  Michel-Ange^  Jules  de  San  Gallo^  Baccio  d'Agnolo 
et  Andréa  et  Jacopo  Sansovino^  et  que  Michel-Ange  sut  amener  le  pape  à 
lui  abandonner  en  entier  l'exécution  de  cette  façade.  Tel'est,  du  moins^ 
le  récit  de  Condivi.Vasari^  au  contraire^  attribue  uniquement  l'élimination 
des  autres  concurrents  à  l'obstination  de  Michel-Ange^  qui  ne  voulait  ad- 
mettre la  coopération  d'aucun  autre  artiste.  C'est  ce  que  dit  aussi  Baccio 
Baudinelli  dans  sa  lettre  du  7  décembre  1547  au  duc  de  Toscane^  laquelle 
est  imprimée  dans  les  Lettere  pittoriohe,  t.  I«S  n<>  27,  p.  71.  On  y  lit  : 
«  Je  me  rappelle  que,  lorsque  j'étais  chez  le  pape  Léon,  à  Florence,  Sa 
Sainteté  manda  Raphaël  d'Urbin  et  le  Bonarroto,  pour  s'expliquer  avec 
eux  au  sujet  de  la  façade  de  S.  Lorenzo.  Il  fut  décidé  que  Michel-Ange 
ferait  des  modèles  en  terre,  de  la  grandeur  de  l'exécution  en  marbre,  pour 
les  statues  et  les  bas-reliefs,  modèles  qui  seraient  ensuite  exécutés  par  de 
jeunes  artistes  sous  sa  surveillance.  Et  que  Votre  Excellence  sache  donc 
que  si  Michel-Ange  n'exéputa  jamais  ces  modèles,  c'est  qu'il  ne  voulait 
jamais  accepter  l'ordre  de  qui  que  ce  soit,  afin  de  ne  former  aucun  élève 
et  pour  que  la  gloire  de  ses  œuvres  ne  rejaillît  pas  sur  votre  maison.  Le 
pape  Clément,  de  bienheureuse  mémoire,  me  dit  aussi  qu'il  ne  put  jamais 
obtenir  de  lui  Texéculion  de  ces  grands  modèles.  »  11  ne  faut  pourtant 
point  oublier  ici  que  Baccio  Bandinelli  était  un  adversaire  passionné  de 
Michel-Ange,  car  il  fut  même  accusé  d'avoir  détruit,  pendant  les  troubles 
de  Florence,  le  magnifique  carton  des  Baigneurs,  qui  passait  pour  le  chef- 
d'œuvre  de  ce  maître. 


OUVRAGES  D'ARCHITECTURE.  387 

Le  plan  de  Michel-ADge  pour  la  façade  esteoDseryé  dans  sa  famille^  qui 
existe  encore  à  Florence.  Voici  les  dispositions  principales  de  ce  plan  :  de- 
vant la  grande  nef  est  un  yestibule  ouvert^  porté  par  quatre  colonnes  sur  de 
hauts  piédestaux.  A  chacun  des  côtés,  des  portes^  surmontées  de  ba»-reliefs, 
conduisent  aux  nefs  latérales.  Deux  étages  à  colonnes  superposées  régnent 
des  deux  côtés.  Sur  la  grande  corniche  qui  couronne  le  tout,  il  y  a  quel- 
ques statues.  C'est^  en  somme^  un  plan  grandiose,  mais  qui  manque  de 
liaison. 

Od  ne  saurait  plus  aujourd'hui  préciser  quel  était  le  plan  dé  Raphaël 
pour  cet  édiGce;  toutefois,  trois  plans  différents  ont  été  donnés  comme 
étant  le  plan  original.  Le  comte  Algarotti  (Opère,  t.  Vl^  p.  âl9^  éd.  de  Li* 
tourne)  dit  que  le  baron  de  Stosch ,  à  Florence ,  possédait  un  dessin  de 
Raphaël  pour  la  façade  de  S.  Lorenzo^  dessin  dont  il  lui  avait  envoyé  une 
copie.  Nous  n'avons  pu  savoir  ce  qu'était  devenu,  soit  le  dessin^  soit  la 
copie.  Au  reste^  A.  F.  Gori  dit^  dans  ses  notes  à  la  Vie  de  MicheUAngey 
par  Condivi  (p.  132)^  que  le  dessin  appartenant  au  baron  de  Stosch  n'était 
point  semblable  au  plan  qui  est  conservé  dans  la  bibliothèque  Laurenziana 
à  Florence^  plan  attribué  tantôt  à  Raphaël^  tantôt  à  Michel-Ange.  Mais,  à 
la  vérité^  ce  plan  n'est  digne  ni  de  l'un  ni  de  l'autre^  car  il  est  désagréable 
et  mesquin  dans  sa  disposition  générale;  il  manque  de  beauté  et  d'har- 
monie dans  les  détails^  et^  tout  compliqué  qu'il  soit^  il  est  maigre  d'effet. 
On  n'y  découvre  pas  la  moindre  trace  du  génie  de  Raphaël.  Quoi  qu'il  en 
soit,  cependant^  ce  plan  est  un  ouvrage  du  temps ^  et^  selon  toute  appa- 
rence, un  de  ceux  qui  ont  figuré  au  concours. 

On  pourrait  avec  plus  de  probabilité  chercher  le  plan  que  Raphaël  fit 
pour  S.  Lorenzo  dans  un  dessin  à  la  plume,  de  sa  main,  qui  représente  la 
façade  d'une  église  avec  trois  grands  arcs  et  deux  tours.  Ce  dessin  passa 
du  cabinet  Crozat  dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne.  Le  comte  de 
Caylus  en  a  fait  une  eau-forte.  Afin  de  prévenir  toute  confusion,  nous  de- 
vons dire  que  l'estampe  représentant  une  façade  d'église ,  que  Gomoli  a 
vue  dans  la  RaecoUa  Corsiana,  t.  III,  est  celle  qui  a  été  gravée  par  Gaylus; 
c'est  donc  par  mégarde  qu'il  a  donné  le  nom  de  Le  Comte  au  graveur  de 
cette  estampe. 

L'ordonnance  générale  de  ce  plan  ayant  déjà  été  décrite  en  détail  dans 
notre  Histoire  de  Raphaël ,  nous  ne  pouvons  qu'y  renvoyer  le  lecteur  ; 
mais  nous  ajouterons  encore  ici  les  remarques  suivantes  :  le  groupement 
des  différentes  parties  de  l'édifice  révèle,  d'une  part,  l'étude  de  l'antiquité 
roaiaine,  et,  d'autre  part,  l'influence  de  l'architecture  toscane.  Par  contre, 
la  disposition  des  deux  tours  sur  les  côtés  est  empruntée  à  la  manière  de 
bâtir  du  Moyen-âge,  comme  on  en  voit  tant  d'exemples,  surtout  en  France 
et  en  Allemagne,  mais  rarement  en  Italie,  puisque  les  églises  de  ce  der- 
nier pays  ont  pour  la  plupart  une  seule  tour,  et  quelquefois  cette  tour  n'est 


388  OUVRAGES  D'ARCHITECTURE. 

pas  même  adhérente  à  l'église.  Mais  déjà  le  Bramante,  dans  son  plan  pour 
l'église  Saint -Pierre,  avait  adopté  l'ordonnance  si  imposante  des  deux 
tours  placées  aux  deux  côtés  de  la  façade,  et  Raphaël,  après  lui,  conserva 
aussi  les  deux  tours.  La  forme  pyramidale  de  ces  tours,  flanquées  de 
quatre  tours  plus  petites,  rappelle  la  manière  de  bâtir  du  treizième  siècle, 
mais  le  caractère  organique  de  l'architecture  gothique  ne  s'y  retrouve 
point.  Néanmoins,  la  façade  projetée  dans  cette  esquisse  aurait  produit 
un  bel  effet,  surtout  à  cause  de  ses  trois  grands  arcs  ;  on  est  frappé  de  son 
aspect  grandiose  et  harmonieux  qui  excite  l'admiration ,  comme  tous  les 
ouvrages  créés  par  le  génie  de  Raphaël.  La  façade  projetée  par  Michel- 
Ange,  portant  l'empreinte  de  l'antiquité  romaine,  est  plus  simple  et  d'uB 
aspect  plus  majestueux.  Mais,  comparativement,  celle  de  Raphaël,  malgré 
l'absence  d'un  style  fondamental,  offre  cependant  plus  de  liaison  dans 
toutes  ses  parties,  plus  de  goût  dans  ses  détails  et  plus  d'originalité  dans 
sa  conception.  Quoi  qu'il  en  soit,  si  l'un  ou  l'autre  de  ces  deux  projets 
avait  pu  être  exécuté,  l'église  S.  Lorenzo  n'attendrait  pas  encore  une 
façade  et  la  ville  de  Florence  aurait  un  ornement  de  plus. 

4.  Plan  pour  f  église  5.  Giovanni  Battis  ta  dei  Fiorentini, 

À  ROME. 

Lorsque  le  pape  Léon  X  chargea  le  consul  des  Florentins,  à  Rome,  Lo- 
dovico  Gapponi,  de  construire  une  église  en  l'honneur  du  patron  de  Flo- 
rence, dans  la  rue  Giulia,  si  l'on  en  croit  Vasari  (dans  la  Vie  de  Jacopo 
Sansovino  ),  Raphaël  présenta  aussi  un  plan  pour  cette  église,  en  concur- 
rence avec  Antonio  di  San  Gallo,  Baldassare  Peruzzi  et  Jacopo  Sansovino 
(c'est  sans  aucune  preuve  que  Missirini  ajoute  à  ces  noms  celui  de  Michel- 
Ange).  Le  pape  donna  la  préférence  au  plan  de  Jacopo  Sansovino.  Nous 
n'avons  pas  le  moindre  renseignement  sur  le  plan  proposé  par  Raphaël; 
quant  au  plan  de  Jacopo  Sansovino,  il  a  été  publié  par  Sébastien  Serlio, 
dans  le  second  Livre  de  C  Architecture,  On  sait,  au  sujet  de  la  construction 
de  cette  église,  que  les  fondations,  qui  reposaient  sur  un  terrain  fangeux, 
s'écroulèrent,  et  que  l'architecte,  maître  Jacopo,  se  trouvant  alors  malade 
à  Florence,  ce  fut  Antonio  da  San  Gallo  qui  répara  le  dommage  en  son 
absence.  La  mort  de  Léon  X  interrompit  les  travaux,  et,  lorsqu'on  les 
reprit  sous  Clément  Vil,  le  sac  de  Rome,  en  1527,  les  fit  de  nouveau  aban- 
donner. Cest  beaucoup  plus  tard  que  l'église  fut  terminée  par  Jacopo 
délia  Porta.  Mais  on  doit  rappeler  les  ouvrages  d'architecture  hydraulique, 
exécutés  par  Jacopo  Sansovino ,  pour  les  besoins  de  cette  construction , 
comme  en  fait  foi  une  lettre  de  Pietro  Aretino,  adressée  à  cet  architecte, 
le  20  novembre  1537.  Voici  un  passage  de  cette  lettre  où  Raphaël  est 
nommé  :  a  Ma  si  dee  perdonargli  le  spronate,  che  perciô  vi  danno,sendo 
voi  atto  a  restaurargli  i  Tempi,  le  statue  e  i  palazzi  di  già  ;  essi  non  veg- 


OUVRAGES  D'ARCHITECTURE.  389 

gon'  mai  la  chiesa  dei  FiorentiDÎ^  cbe  fondaste  in  su!  Tevere  cod  istupor'  di 
Rapbaello  da  Urbino,  d'Antonio  da  San  Gallo^  e  da  Baldassare  da  Siena.  » 

5.  PlarCpour  la  restauration  de  C église  S.  Maria  inDomenica, 

NOMMÉE   AUSSI  DBLLA  NAVICELLA. 

Cette  église ,  située  sur  le  monte  Celio,  a  été,  selon  Filippo  Titi  (Am- 
maeslramento  utile  e  curioso  di  pittura^  scultura  et  architettura ,  etc. 
Roma,  1686,  p.  184),  restaurée  d'après  les  dessins  de  Rapbaêl.  Selon  le 
même  auteur,  la  frise  peinte  dans  cette  église  serait  de  Jules  Romain  et 
de  Perino  dei  Vaga.  Mais  cette  frise  est  si  détériorée  qu'on  ne  saurait 
affirmer  ce  qu'elle  était  dans  son  état  primitif.  Par  contre,  le  petit  vesti- 
bule à  cinq  arcades,  à  pilastres  toscans-doriques,  représente  tout  à  fait  la 
belle  architecture  du  commencement  du  seizième  siècle,  dans  les  manières 
de  Baldassare  Peruzzi.  11  n'est  donc  guère  probable  que  le  plan  de  restau- 
ratioâ  ait  été  fait  par  Raphaël,  car  non-seulement  il  n'existe  point  de  do- 
cuments à  ce  sujet,  mais,  comme  le  dit  Melchiorri  dans  son  Guida  meto- 
dica  di  Roma  (1834,  p.  294J,  la  construction  de  ce  vestibule  n'a  pu  être 
faite  que  vers  l'année  1500,  et  par  conséquent  avant  l'arrivée  de  Raphaël 
à  Rome  (1508).  En  tout  cas,  la  restauration  d'une  partie  de  l'église  est 
d'une  époque  antérieure  au  pontificat  de  Léon  X;  car  la  frise,  sous  le 
fronton,  porte  cette  inscription  :  DIVAE  VIRGINI  TEMPLVM  IN  DOMI- 
NICA  DIRVTVM  10.  MEDICES  GARD.  INSTAVRAVIT.  -  Cependant  il  est 
à  remarquer  que  les  clefs  des  voûtes  du  vestibule  sont  ornées  de  têtes  de 
lions,  ce  qui  semble  être  une  allusion  au  nom  du  pape  Léon  X. 

6.  Plan  de  la  Maison  de  Raphaël. 

Vasari  dit  dans  la  Vie  du  Bramante  :  «  11  fit  bâtir  dans  le  Borgo  un  palais 
qui  appartenait  à  Raphaël  d'Urbin.  Ce  palais  est  entièrement  exécuté  en 
briques  et  en  mortier  coulé  [gelto  con  calce)',  les  colonnes  et  les  corni- 
ches sont  d'ordres  dorique  et  rustique.  C'a  été  une  nouvelle  et  trè&-belle 
invention  que  d'employer  ce  mortier.  »  —  Le  même  écrivain  dit  encore 
dans  la  Vie  de  Raphaël  :  «  Afin  de  laisser  un  souvenir  de  lui,  il  éleva,  dans 
le  Borgo,  à  Rome,  un  palais  que  le  Bramante  fit  construire  en  mortier 
(geito)  coulé.  »  —  Il  ressort  de  ces  deux  passages,  que  c'est  bien  Raphaël 
qui  bâtit  lui-même  sa  maison  et  non  le  Bramante  K  Si  donc  Antonio  Michiel 
de  Ser  Vettor,  dans  sa  lettre  du  li  avril  1520,  déjà  citée,  dit  que  Raphaël 
acquit  cette  maison  du  Bramante  pour  3,000  ducats,  on  doit  en  induire 
que  celte  somme  était  destinée  à  couvrir  seulement  les  dépenses  de  la 
construction  que  le  Bramante  avait  dirigée. 

\ .  Malgré  T obscurité  du  second  passage  sur  lequel  se  fonde  M.  Passavant  pour  attribuer  à 
Raphaël  la  construction  de  ce  palais,  nous  croyons  que  Vasari  n'a  pas  même  voulu  dire  que  le 
plan  de  Tédifice  avait  été  fait  par  Raphaël.  {NoU  de  fidUmr.) 


800  OUVRAGES  D'ARCHITECTURE. 

Ce  (ut  certainement  Raphaël  qui  fit  le  plan  de  cette  maison ,  d'autant 
mieux  que  l'ordonnance  générale  et  la  saillie  du  profil  des  corniches  con- 
cordent parfaitement  avec  d'autres  œuvres  architecturales  du  maître ,  et 
notamment  avec  le  palais  Goidrolini.  La  maison  de  Raphaël  était  située  à 
l'extrémité  de  la  Via  di  Borgo  Nuovo ,  pr^  de  la  place  Saint-Pierre , 
mais  il  n'en  reste  plus  aujourd'hui  qu'un  seul  pilier  qui  en  faisait  l'encoi- 
gnure; rebâtie  en  entier  et  agrandie,  elle  porte  aujourd'hui  le  nom  de 
Palazzo  Accorambonj .  Le  plan  de  cette  maison  nous  a  été  conservé  par 
une  gravure  qui  fut  publiée  par  Ant.  Lafreri,  en  1549,  avec  cette  inscrip- 
tion :  Raph.  Urbinat.  ex  lapide  coctili  Romœ  extructum.  D'après  l'échelle 
métrique  qui  est  jointe  à  ce  plan,  l'édifice  avait  105  palmes  de  façade; 
l'étage  inférieur,  30  palmes  de  hauteur,  et  le  premier  étage,  34  palmes  6. 
L'étage  du  rez-de-chaussée,  bâti  dans  le  genre  rustique,  avait  cinq  portes 
voûtées,  dont  celle  du  milieu  servait  de  principale  entrée  et  les  quatre 
autres  conduisaient  à  des  boutiques.  L'étage  supérieur  était  orné  de  co- 
lonnes doriques  accouplées  et  engagées  dans  le  mur,  avec  des  corniches 
du  même  ordre  et  cinq  fenêtres  à  balustrades  et  à  frontons.  Tout  le  bâti- 
ment avait  un  caractère  pl6»n  de  noblesse,  tout  à  fait  digne  de  Raphaël. 
D'après  la  lettre,  déjà  citée,  de  M.  A.  Michiel  de  Ser  Vettor,  Raphaël  aurait 
légué  sa  maison  au  cardinal  da  Bibiena.  Cette  assertion  pourrait  cepen- 
dant paraître  mal  fondée,  puisque  le  cardinal  n'a  pas  habité  cette  maison 
et  qu'il  mourut  au  Vatican,  le  9  novembre  1520,  n'ayant  jamais,  comme 
le  rapporte  Paris  de  Grassi,  possédé  de  domicile  à  Rome.  Ajoutons  qu'on 
eut  même  de  la  peine  à  trouver  un  local  convenable  dans  le  Borgo  pour  y 
exposer  publiquement  ses  restes  mortels.  Mais  cependant  Visconti  suppose 
qu'au  moment  de  la  mort  du  cardinal  la  maison  de  Raphaël  était  encore 
remplie  de  ses  ouvrages  d'art  et  de  ses  meubles ,  et  qu'on  n'y  eût  pas 
trouvé  place  pour  une  exposition  funèbre  aussi  solennelle ,  ou  bien  que 
ladite  maison  était  déjà  occupée  par  la  famille  Bibiena,  qui  ne  se  sera  pas 
souciée  d'y  recevoir  le  corps  du  défunt.  En  outre,  il  est  certain  que  cette 
maison  poriBi,  plus  tard  le  nom  de  Palazzo  Bibiena.  C'est  en  raison  de  cette 
dénomination  que  Martinelli,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  Le  Case  meravi- 
gliose  délia  città  di  Aoma,  1589,  et  d'autres  écrivains  après  lui  sont  tom- 
bés dans  cette  erreur,  que.  Raphaël  avait  habité  la  maison  du  cardinal  da 
Bibiena  et  qu'il  y  était  mort  !  Pietro  Ferrerio ,  dans  sa  Raccolta  dei  Pa- 
lazzi  di  Roma  (pi.  15),*commet  une  autre  erreur,  quand  il  présente  le 
palais  de  Giov.  Battista  Branconio  dell'  Aquila  comme  ayant  été  celui  de 
Raphaël.  Cette  erreur  a  été  répétée  aussi  par  Sandrart,  ComoUi,  Fea  et  par 
nous-même,  jusqu'à  ce  que  Visconti  eût  découvert  la  gravure,  publiée 
d'abord  par  Lafrerio  et  ensuite  par  Pontani,  gravure  qui  nous  a  fait  con- 
naître quelle  était  réellement  la  maison  de  Raphaël. 


OUVRAGES  D'ARCHITECTURE.  391 

7.  Plan  pour  la  cour  de  S,  Damaso, 

AD  VATICAN, 

Le  pape  Paul  II  (mort  en  ii7i)  avait  chargé  Giuliano  da  Mariano  de  faire 
un  plan  pour  la  cour  de  S.  Damaso  au  Vatican^  et»  suivant  Vasari,  cet 
architecte  y  fit.  élever  trois  étages  en  travertin  et  décora  les  plafonds  de 
dorures  et  de  divers  ornements.  Sous  Jules  II,  le  Bramante  reçut  Tordre  de 
restaurer  cet  édifice  et  de  lui  donner  une  meilleure  architecture;  mais  il 
parait  que  les  travaux  étaient  peu  avancés  à  l'époque  de  sa  mort,  car  ce  fut 
Raphaël  qui  compléta  les  constructions  en  ajoutant  au  plan  du  Bramante  un 
quatrième  étage  avec  une  galerie  ouverte  (loggie)  à  colonnes.  11  est  certain 
que  sous  Léon  X  tout  le  côté  de  Touest,  qui  est  la  partie  la  plus  belle  et  la 
plus  considérable  de  ces  constructions,  a  été  fait  d'après  un  plan  de  Ra- 
phaël ;  on  lui  attribue  aussi  la  façade  du  nord,  laquelle  ne  fut  cependant 
terminée,  avec  celle  de  Test,  que  sous  Grégoire  XIII  par  Cristoforo  Ron^ 
calli,  et  sous  Sixte  V  par  Domenico  Fontana. 

8.  Plans  pour  différentes  Maisons  particulières. 

a.)  Le  Palais  Branconio.  Ce  palais,  construi^pour  le  chambellan  du  pape 
Gio.  Battista  Branconio  d'Aquila,  fut  démoli  lors  de  l'agrandissement  de  la 
place  Saint-Pierre  pour  faire  place  à  la  colonnade  de  Bernini.  La  façade 
principale  de  ce  palais,  large  de  102  palmes,  regardait  l'ancienne  place  et 
consistait  en  trois  étages.  Celui  du  rez-de-chaussée,  soutenu  par  des  co- 
lonnes doriques  engagées  dans  le  mur,  avait  une  porte  au  milieu  avec 
'deux  boutiques  de  chaque  côté.  Au  second  étage,  de  petites  colonnes 
d'ordre  ionique  ornaient  les  cinq  fenêtres  à  frontons  pointus  ou  arrondis 
que  Raphaël  avait  introduits  dans  l'architecture  à  l'imitation  de  l'antiquité 
romaine.  Des  niches  entre  les  fenêtres  et  six  médaillons  avec  des  têtes  en 
relief  augmentaient  encore  la  richesse  architectonique  de  cette  façade.  Les 
armes  de  Léon  X,  au-dessus  de  la  fenêtre  centrale,  étaient  accompagnées 
de  deux  aigles,  en  allusion  au  nom  de  la  famille  deli'  Aquila.  Au  troisième 
étage,  il  y  avait  de  plus  petites  fenêtres  avec  un  encadrement  emprunté  à 
l'antique.  Le  tout  était  couronné  d'une  corniche  ionique,  avec  des  balus- 
trades dans  le  goût  particulier  à  Raphaël.  Yasari  rapporte  que  Giov.  da 
Udine  avait  décoré  d'ouvrages  de  stuc  la  façade.  Pungileoni  (p.  177)  nous 
apprend  que  ce  palais  avait  changé  de  propriétaire  en  4553;  ce  fait  est 
constaté  dans  un  livre  de  notes  écrites  par  Giuseppe  Branconio  à  partir  de 
l'année  1559,  manuscrit  qui  se  trouve  dans  les  archives  du  marchese  Torres 
à  Aquila.  On  y  lit  :  «  Ricordp  facemo  como  el  di  3  marzo  1553  Aiexandro 
Branconio  vende  lo  palazzo  di  Roma  in  Burgo  dove  si  dice  el  palazzo  dell' 
Aquila  al  sig.  Baldoino  di  Mouti  per  scudi  cinque  mila  e  cinque  cento 
sicome  appare  neir  offitio  di  N.  Spirandi  Notario.  y> 

Quand  Bernini,  pour  élever  la  colonnade  de  la  place  Saint-Pierre,  dut 


592  OUVRAGES  D'ARCHITECTURE. 

faire  abattre  beaucoup  de  maisons,  ce  palais  ne  trouva  pas  grâce  devant 
le  marteau  des  démolisseurs.  Alexandre  11  Tacheta  donc  à  cet  effet,  pour 
7,163  scudi  34  baj.  rom.,  au  prieuré  de  Malle,  ce  qui  est  constaté  dans  les 
extraits  de  livres  de  comptes  de  l'administration  des  bâtiments  de  Saint- 
Pierre,  manuscrit  de  la  bibliothèque  Chigi,  t.  II,  p.  22  (Voy.  Carlo  Fea, 
Notizie,  etc.,  p.  31 .)  —  Pietro  Ferrario  a  donné,  dans  sa  RaccoUa  di  Pa^ 
lazzi  modemi  (t.  1«%  pi.  15),  un  plan  de  ce  palais,  mais  il  a  eu  le  tort 
de  le  présenter  comme  étant  celui  de  Raphaël  même,  et  il  est  cause  que 
Saiidrart  a  reproduit  la  même  erreur  dans  son  Academia  iedesca  délia 
architectura,  etc.,  t.  111,  partie  ii«,-  p.  3. 

6.)  Le  Palais  Coltrolini,  près  de  S.  Andréa  délia  Valle,  à  Rome,  nommé 
aujourd'hui  Palazzo  Vidoni,  n'est  pas  cité  par  Vasari,  il  est  vrai,  mais 
toutefois  il  a  été  attribué  par  des  écrivains  postérieurs,  et  cela  non  sans 
raison,  à  Raphaël,  puisque,  dans  son  ensemble,  il  est  en  parfait  rapport 
avec  d'autres  productions  architecturales  du  grand  peintre,  et  qu'il  a  été 
d'ailleurs  publié  dans  la  RaccoUa  di  Palazzi  modemi  del  Pietro  Ferrerio, 
pitt.j  avec  cette  légende  :  Palazzo  del  sig,  cdv.  Coltrolini  alla  Valle yarchitet- 
tura  del  amirabile  Raffaele  Sanctio  da  Urbino,  fabricato  Fanno  MDXV.  — 
Ce  palais ,  qui  est  représenté  avec  neuf  fenêtres  dans  la  largeur  entre  les 
colonnes  accouplées,  offre  déjà  le  troisième  étage  qui  fut  ajouté  plus  tard 
par  Niccola  Sansimoni.  Sandrart aussi,  dans  son  Académie  (t.  111, part,  i, 
pi.  1),  a  reproduit  ce  palais  sous  le  nom  de  Palazzo  Caffarelli ,  mais  en  lui 
donnant  seulement  dans  ce  plan  douze  fenêtres  de  face.  DansPoutani,  il 
est  représenté  avec  les  quatorze  fenêtres  qu'il  a  aujourd'hui.  Ce  palais  a 
successivement  appartenu  aux  cardinaux  Caffarelli,  Stoppani,  Acquaviva 
et  Vidoni;  ce  dernier  en  est  le  possesseur  actuel. 

Le  cardinal  Francesco  Stoppani  avait  fait  poser  dans  l'escalier  celte 
inscription  : 

Has  sedes  Raphaelis  Sanctii  Urbinatis 
Ingenio  et  arte  extnictas , 
Caroli  Y  (isesaris  hospilio  illustres, 
Joao.  Franciscus  card.  Stuppanius 
Comparavit,  auxlt,  refecil.  ornavit 
Ann.  S.  1767. 

Le  cardinal  Vidoni  a  remplacé  cette  inscription  par  la  suivante  : 

^des  Raphaelis  Sanctii  Urbinatis 

Ingenio  et  arte  extruclas, 

Caroli  Y  Cœsaris  hospitio  illustres, 

Pelrus  S.  R.  E.  card.  Yidoni, 

Haternae  haereditatis  a)re, 

Ann.  Salutis  1825,  comparavit  et  auxit. 

Ce  palais,  étant  souvent  nommé  Palazzo  Caffarelli,  a  quelquefois  été 


OUVRAGES  D*âRCH1TEGTURE.  393 

confondu  avec  le  palais  Bernardino  CafTarelli,  qui  tut  bâti  d'apros  le  plan 
de  Lorenzetto.  Voy.  Vasari,  dans  la  Vie  de  Lorenzelto,  t.  VI,  p.  95, 

c.)  La  maison  du  chirurgien  Jacobo  da  Brescia.  En  1515»  le  pape  Léon  X 
fit  vendre  pour  mille  ducats  un  terrain  situé  à  l'angle  de  la  rue  Sixtina  et 
Âlexandrina  in  Vaticanô,  à  Giacomo  da  Bartolomeo  da  Brescia,  lequel  y 
fît  bâtir  la  maison  qu'on  voit  encore  aujourd'hui,  afin  de  loger,  en  sa 
qualité'de  médecin  du  pape,  plus  près  du  Vatican  ^  Nous  avons  vu  encore, 
sur  un  mur  latéral  de  cette  maison ,  l'inscription  suivante  :  LEONIS  X. 
PONT.  MAX.  UBERALITATE  lACOBVS  BRIXIANVS  CHIRVRGVS  AEDIFI- 
CAVIT.  Cette  inscription  fut  enlevée  en  1845,  lorsque  cette  maison  eut  à 
subir  des  réparations  générales  qui  ne  lui  furent  point  favorables.  On  l'a 
pourtant  conservée  dans  ses  principales  parties,  et  elle  porte  encore  le 
caractère  du  style  architectonique  de  Raphaël.  Cette  maison,  qui  consiste 
en  trois  étages,  est  bâtie  en  briques;  les  encadrements  des  portes  et  des 
fenêtres,  ainsi  que  les  corniches,  sont  en  pierres  de  Peperino.  Au  rez-de- 
chaussée,  la  porte  au  milieu  est  accompagnée  de  deux  portes  plus  larges 
sur  les  côtés,  pour  des  boutiques;  il  y  a,  eu  outre,  des  fenêtres  plus  petites 
au-dessus  des  portes.  Les  cinq  fenêtres  du  premier  éta^e  ont  des  frontons 
alternativement  triangulaires  et  cintrés.  Les  pilastres  doriques  de  ces 
fenêtres  s'harmonisent  parfaitement  avec  la  disposition  un  peu  massive  de 
rédifice.  Le  troisième  étage,  au-dessus  de  la  corniche  d'ordre  dorique, 
qui  est  fortement  saillante,  a  plus  de  simplicité.  Les  indications  que  nous 
avons  données  plus  haut,  aussi  bien  que  rancienne  inscription  qu'on 
voyait  sur  la  maison  même,  contredisent  suffisamment  l'opinion  de  ceux 
qui  veulent  que  ce  soit  la  maison  de  Jacopo  Sadoleto.  Aussi  peu  fondée 
est  l'opinion  suivant  laquelle  Jules  Romain  aurait  fait  le  plan  de  cette 
maison,  puisque,  en  1515,  cet  artiste  ne  pouvait  aider  Raphaël  dans  ses 
travaux  d'architecture,  qu'en  faisant  les  épures  de  ses  dessins.  Sandrart 
donne,  à  la  planche  XXXX  de  son  Academia  tedesca,  une  bonne  gravure  de 
cette  maison,  laquelle,  à  cette  époque,  appartenait  à  un  sieur  Joseph 
Costa;  mais  on  la  regardait  alors  comme  une  œuvre  de  Baidassare 
Peruzzi. 

d.)  Les  Écuries  d'Agostino  Chigi.  Le  plan  de  ces  écuries  est  attribué  à 
Raphaël  par  Vasari.  Si  elles  se  trouvaient  à  côté  de  la  maison  appelée 
aujourd'hui  la  Farnesine,  on  pense  qu'elles  ont  été  détruites,  et  même, 
selon  Gaspare  Celio,  dans  ses  Memorie  de*  nomi  degli  artefici  délie  pit- 
ture,  etc.,  di  Roma  (Napoli,  1638),  elles  n'auraient  jamais  été  achevées. 
Ce  dernier  écrivain,  à  Topmion  duquel  s'est  rangé  Ponlani,  croit  aussi  que 
la  petite  maison  du  jardin,  près  du  Tibre,  a  été  bâtie  d'après  le  plan  de 
Raphaël.  Toutefois,  ce  petit  bâtiment,  qui  est  d'une  belle  architecture 

t.  Voy.  Pontani,  Opère  archiletloniche di Ra/faello  SanziOf  etc.,  p.  15. 


504  OUVRAGES  D'ARCHITECTURE. 

toscane^  nous  semble  plutôt  porter  le  cachet  de  Baldassare  Peruzzi,  qui, 
comme  on  sait,  a  bâti  le  palais  de  la  Farnesine.  Pontani  va  encore  plus 
loin  que  Celio  ;  il  veut  que  Raphaël  ait  fait  aussi  le  plan  de  l'édifice  prin- 
cipal, c'est-à-dire  de  la  Farnesine,  quoique  Yasari  attribue  positivement  ce 
palais  à  Baldassare  Peruzzi,  qui  le  bâtit  pendant  les  années  1309-4510,  et 
qui^  de  plus,  décora  de  peintures  à  fresque  le  plafond  de  la  grande  salle^ 
en  ISii.  Ce  fut  en  1512  que  Sébastien  del  Piombo  peignit  à  fresque  les 
lunettes  de  la  même  salie.  Raphaël  y  peignit  plus  tard  aussi  sa  célèbre 
Galatée  et,  plus  tard  encore,  les  sujets  de  la  fable  de  l'Amour  et  Psyché 
sur  la  voûte  du  vestibule.  Du  reste,  l'architecture  de  la  Farnesine,  si  belle 
d'ailleurs,  est  très-différente  de  celle  de  Raphaël,  et  très-analogue,  au 
contraire ,  à  celle  de  Peruzzi. 

e.)  Le  plan  de  la  villa  du  cardinal  Giulio  de'Medici,  appelée  aujour- 
d'hui Villa  Madama,  est  de  l'invention  de  Raphaël,  comme  nous  l'avons 
déjà  dit  dans  la  Vie  du  maître,  et  quoique  Jules  Romain  l'ait  exécuté  seu- 
lement après  la  mort  de  ce  grand  artiste.  Ce  fait  n'est  pas  seulement 
mentionné  deux  fois  dans  l'ouvrage  de  Vasari,  mais  il  est  encore  prouvé 
par  une  lettre  du  comte  Baldassare  Castiglione,  du  13  août  15S2,  dont 
l'original  se  trouve  chez  les  Olivetans,  à  Pesaro.  Cette  lettre,  adressée  à 
Francesco  Maria,  duc  d*Urbin,  fut  publiée  pour  la  première  fois  par 
Pungileoni;  elle  renferme  le  passage  suivant  :  a  Ulustrissimo  et  Exel- 
lentissimo  signore  e  Patrone  mio  :  in  questo  punto  ho  ricevuto  una  di 
V.  Exza  dei  3  del  présente  nella  quale  la  mi  ricerca  ch'  io  voglfa  scrivergli 
qualche  cosa  di  novo,  e  mandarli  la  lettera  di  Rafaello,  bona  mem.  dove 
egli  descrive  la  casa,  che  fa  editicare  monsignore  Rmo  de  Medici  :  questa 
io  non  la  mando  perché  non  ho  copia  alcuna  qui,  perché  mi  restô  a 
Mantova  con  moite  altre  cose  mie  :  ma  a  questi  di  si  è  partito  di  quà 
D.  Jeronimo  fratello  cugino  del  prefato  Rafaello  :  il  quale  stimo  che  abbia 
copia  di  essa  lettera.  E  V.  Exza  potrà  da  lui  essere  satisfatto;  perché  è 
partito  per  venire  a  Urbino.» 

Sébastien  Serlio  aussi ,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  Cinque  Lihri  d'or- 
chitettura  (Venise,  1551),  dit  de  cette  villa  ce  qui  suit  :  ci  Fuori  di  Roma, 
poco  discosto  del  monte  Mario,  è  un  bellissimo  sito,  con  tutte  quelle  parti, 
che  ad  un  luogo  di  piacere  si  ricerca;  le  quali  parti  singulari  io  tacerô 
piutosto  che  dirne  poco.  Ma  solamente  io  tratterô  e  dimostrerô  una  Loggia 
con  la  sua  faccia  ordinata  dal  divino  Raffaello  d'Urbino,  ben  che  egli  fece 
altri  appartamenli  et  dette  principlo  grande  ad  altre  cose. 

Le  plan  de  cet  édifice,  situé  sur  le  penchant  d'une  montagne,  forme 
presque  un  carré,  dont  la  face  du  nord-est  est  ornée  d'un  vestibule  à  trois 
grandes  arcades.  Ce  vestibule,  entouré  d'une  spacieuse  terrasse  à  jets 
d'eau,  présente  un  aspect  grandiose,  qui  n'est  pas  sans  analogie  avec 
celui  du  temple  de  la  Paix  sur  le  Forum  Romanum.  En  outre,  ou  admire, 


OUVRAGES  D'ARCHITEGTUBIS.  SOS 

80U8  ees  trois  arcades  du  vestibule^  les  belles  peintures  et  les  beaux  orne- 
ments de  stuc,  exécutés  par  Jules  Romain  et  Giovanni  da  Udine.  La  face 
sud-est  de  l'édifice  est  percée  de  grandes  fenêtres  d'où  Ton  jouit  d'une 
vue  superbe  qui  embrasse  laville^  le  fleuve  et  les  montagnes.  Le  côté  sud- 
ouest  de  la  villa  devait,  à  l'instar  d'un  théâtre  antique ,  former  un  demi- 
cercle  entouré  de  colonnes;  mais  cette  partie  des  constructions  ne  fut 
point  achevée,  et  elle  est  aujourd'hui  à  moitié  tombée  en  ruine.  Cette 
villa  devint,  après  la  mort  de  Clément  VII,  la  propriété  du  chapitre  de 
Sant'Eustachio ,  qui  s'en  dessaisit  en  la  cédant  à  madame  Marguerite 
d'Autriche,  duchesse  de  Parme  et  de  Plaisance,  gouvernante  des  Pays-Bas*, 
et,  par  suite  du  dernier  mariage  de  cette  princesse  avec  un  membre  de 
la  famille  Farnese,  la  villa,  qui  a  retenu  le  nom  de  Madama,  passa  par 
héritage  au  roi  de  Naples. 

11  existe  plusieurs  gravures  de  la  Villa  Madama,  entre  autres  dans  la 
Roma  moderna  de  Venuti  Ridolfino  (Roma,  i766),  pi.  2,  p.  520. 

Parmi  les  belles  petites  fresques  du  Vestibule,  il  s'en  trouve  une  d'après 
une  composition  de  Raphaël,  laquelle  est  empruntée  à  la  description  que 
Philostrate  fait  d'une  peinture  antique  nommée  les  Amours.  Dans  cette 
fresque,  Vénus  est  entourée  d'une  foule  de  petits  Amours.  11  existe,  de  cette 
composition,  une  gravure  sur  bois  au  clair-obscur,  de  forme  ovale  comme 
le  tableau.  Elle  est  de  Hugo  da  Carpi.  Voy.  Bartsch,  t.  XII,  p.  407,  n»  3. 
—  Une  première  esquisse  de  Raphaël,  pour  les  Amours  de  celte  fresque, 
se  trouve  dans  la  collection  de  Dusseldorf. 

f,)  Plan  du  Palais  Pandolfini  dans  la  rue  San  Gallo  à  Florence,  apparte- 
nant aujourd'hui  à  la  comtesse  Nencini.  L'extérieur  du  bâtiment  principal 
a  déjà  été  décrit  en  détail  dans  notre  histoire  de  Raphaël;  il  nous  reste 
seulement  à  indiquer  ici  que  Raphaël  sut,  en  maître  expérimenté,  rendre 
invisible  à  l'œil  l'irrégularité  du  terrain,  quoique  la  maison  forme  un  angle 
vers  la  rue  S.  Salvestrina.  L'escalier  aussi  est  avantageusement  placé  et  les 
appartements  sont  bien  distribués.  La  chapelle,  qui  occupe  le  rez-de- 
chaussée,  a  une  entrée  dans  la  rue  principale.  La  porte  cochère,  dans  le 
genre  rustique,  est  placée  à  côté  du  corps  de  logis  principal  et  au  centre 
des  bâtiments,  car  les  remises  se  trouvent  cachées  derrière  un  mur  pourvu 
de  fenêtres  analogues  à  celles  du  rez-de-chaussée.  Le  jardin  est  orné  de 
statues  antiques  et  la  cour  d'une  belle  fontaine.  Dans  la  frise  de  la  corniche 
principale  est  cette  inscription  gravée  en  grandes  lettres  :  lANNOCTlVS. 
PANDOLFINIVS.  EPS.  TROIANVS.  LEONIS.  X.  ET.  CLEMENTIS.  VII. 
PONTI.  MAX.  BENEFICIIS.  AVCTVS. 

i .  Marguerite  était  fille  naturelle  de  Tempereur  Charles  Y  et  de  Jehanne  van  der  Gheenst. 
(Voy.  le  Mestager  dei  êcieneet  et  des  arts  de  la  Belgique,  Gand,  1836,  p.  417.)  Elle  fut 
mariée  en  premières  noces  au  duc  Alexandre  de  Médicis ,  et  puis  à  Otlavio  Farnese ,  duc  de 
Parme, 


396  OUVRAGES  D'ARCHITECTURE. 

Dans  l'ouvrage  intitulé  :  Scelta  d'archUettura  de  Ferdinando  Ruggîerî 
(t.  Il,  pi.  73  à  75),  on  a  reproduit  les  fenêtres,  les  colonnes  et  d'autres 
détails  de  ce  palais,  qui  est  également  gravé,  avec  les  mêmes  plans  et  élé- 
vations, dans  V  Architecture  toscane  de  Grandjean  de  Montigny  et  A.  Famin 
(Paris,  1815),  savoir  : 

PI.  33.  Plan  et  élévation. 

—  34.  Façade  du  côté  de  la  rue  San  Gallo. 

—  35.  Façade  latérale  sur  cour  et  jardin. 
^  36.  Détails  des  fenêtres  et  des  corniches. 

g.)  Plan  et  modèle  pour  la  maison  Uguccioni  sur  la  place  du  Vieux-Palais 
à  Florence.  Nous  avons  déjà  donné,  dans  l'Histoire  de  Raphaël,  la  descrip- 
tion  de  ce  bel  édifice.  Nous  ignorons  si  le  modèle  tiguré,  cité  dans  les 
Bellezze  di  Firenze  de  Giovanni  Cinelli  (1677),  existe  encore,  mais  nous 
pouvons  dire  avec  certitude  que  ce  palais  n'est  pas  de  Michel-Ange,  ainsi 
que  Francesco  Bocchi  l'a  prétendu  le  premier,  et  pas  davantage  de  Palla- 
dio, comme  le  supposent  MM.  Grandjean  et  Famin  ;  bien  plus,  cet  édilice 
porte  en  toutes  ses  parties  le  cachet  incontestable  du  style  architectural 
de  Raphaël,  style  surtout  analogue  à  celui  qu'on  remarque  au  palais  Col- 
trolini  à  Rome. 

Dans  l'ouvrage  de  MM  Grandjean  de  Montigny  et  A.  FBïnïu(Architecture 
toscane^  1815),  la  pi.  46  donne  l'élévation  de  la  façade,  et  la  pi.  47  des 
détails  d'architecture,  comme  chapiteaux  et  piédestaux,  frontons  de  fenê- 
tres, balustres,  etc. 

h,)  Dessin  d'une  Villa.  Cette  esquisse  se  trouve  sur  une  feuille  qui  passa 
de  la  collection  Fries  à  Vienne  dans  celle  d'Oxford.  La  façade  consiste  en 
un  corps  de  logis  centrafde  peu  de  largeur,  avec  deux  ailes  plus  élevées 
et  à  frontons.  Le  vestibule,  qui  règne  sur  toute  la  largeur  de  cette  façade, 
est  composé  de  trois  arcades  reposant  sur  deux  colonnes.  Deux  corps  de 
logis  moins  élevés  touchent  aux  deux  côtés  des  ailes.  Au  centre  du  premier 
étage  est  une  granoi;'  fenêtre  divisée  par  deux  pilastres  et  surmontée  d'un 
grand  cintre.  Les  ailes  (WÇ[rent,  au-dessus  de  chaque  fenêtre,  une  autre 
fenêtre  plus  grande  diviséeph^ii^ux  pilastres.  L'ordonnance  de  tout  l'édi- 
fice est  d'un  effet  très-pi itoresqi 

Ponlani  émet  la  supposition  (p.  33%^  de  son  ouvrage)  qu'outre  les  mai- 
sons citées  jusqu'ici  à  Rome  comme  ayaÏRtélé  construites  d'après  les  plans 
de  Raphaël,  il  y  en  aurait  encore  deux  auWs  exécutées  aussi  d'après  ses 
plans.  Ce  seraient  le  Palazzo  sur  le  monte  Vec(4^'^  ®^  **  Loggia  du  palais 
délie  Convertende.  Mais  Pontani  n'appuie  cette  ^P'"ion  sur  aucun  docu- 
ment; du  reste,  ces  bâtiments  ne  répondent  nulltî™^"^  ^"*  dispositions 
caractéristiques  de  l'architecture  de  Raphaël  ;  ils  orV^  ^^^^  quelques  dé- 
tails qui  ne  se  trouvent  jamais  dans  les  édifices  qu'»^  ^  ^**^  élever;  c'est 
pourquoi  on  ne  s'explique  pas  comment  on  a  pu  les  li-i'  attribuer. 


OUVRAGES  D^ARCHITECTURE.  597 

Od  sait^  d'ailleurs^  que  le  dernier  palais  susnommé  a  été  bâti  par  Baccio 
Pintelli  pour  le  pape  Sixte  IV;  il  servit  de  demeure  à  la  reine  Caroline  de 
Chypre.  Quant  à  la  Loggia,  c'est  un  accessoire  ajouté  postérieurement  au 
palais  délie  Convertende.  Selon  une  tradition  locale ,  Raphaël  aurait  peint 
la  Transfiguration  dans  la  chambre  qui  fait  l'angle  de  ce  palais,  et  ce 
serait  là  qu'en  présence  de  son  tableau  inachevé  ses  restes  mortels  auraient 
été  exposés. 


Nous  dirons,  en  terminant,  que  l'architecture  de  Raphaël,  celle  surtout 
dont  le^ Palais  Pandolfini  est  )e  spécimen  le  plus  complet,  n'a  pas  été  sans 
influence  sur  les  constructions  des  architectes  florentins ,  notamment  sur 
celles  de  Baccio  d'Agnolo ,  et  nous  citerons,  à  l'appui  de  cette  opinion ,  la 
maison  Giacomini,  dans  la  rue  Tomabuoni,  et  la  maison  Bartolini,  près  de 
S.  Trinità.  bâtie  en  1520.  On  retrouve  dans  ces  deux  maisons  maints  dé- 
tails qui  ont  été  évidemment  imités  de  Raphaël  ;  on  y  reconnaît  ces  amples 
profils  d'architecture  qu'il  aflectionnait ,  mais  on  leur  a  donné  un  relief 
qui  n'est  plus  en  proportion  avec  le  reste  de  l'édifice.  C'est  que  les  imita- 
teurs de  Raphaël  n'avaient  pas ,  au  même  degré  que  lui ,  le  goût  du'i)eau 
et  le  sentiment  de  l'harmonie. 


CATALOGUE 


D£S 


•  • 


DESSINS  DE  RAPHAËL 

MRS  l'OIDRE  MS  PlYS  ET  US  COLUCTIOSS  00  ILS  SE  TBODTtlIT. 


AVERTISSEMENT. 


•  r 


•i« 


Quoique  ee  Catalogue  ne  puisie  encore  être  considéré  comme 
absolument  complet,  noua  croyons  cependant  qu'il  n'y  manque 
plus  qu'un  très-petit  faombre  des  dessins  existants  de  Raphaël.  11  en 
reste  peut-être  à  décrire  quelques-uns  dans  les  cabinets  de  Saint- 
Pétersbourg,  de  Turin,  de  Naples  et  dans  quelques  collections  par- 
ticulières en  Angleterre^  en  France  et  en  Italie.  Ce  Catalogue  n'in^- 
dique,  à  quelques  exceptions  près,  que  des  dessins  dont  Taiiteur  de 
ce  livre  a  reconnu  lui-même  l'originalité.  S'il  avait  voulu  s'en  rap- 
porter  aux  catalogues  ou  bien  aux  indications  données  par  les  pro- 
priétaires eux-mêmes,  il  atirait  pu  facilement  doubler  l'étendue  de 
ce  Catalogue*  Partout  où  cela  était  possible  ^  nous  avons  ajouté 
des  renseignements  sur  l'origine  des  dessins  »  de  même  que  sur  les 
copies.  Afin  de  faciliter  les  recherches,  nous  avons,  dans  chaque 


400  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

grande  collection,  rangé  les  dessins  d'après  l'ordre  chronologique 
des  sujets ,  en  adoptant  ces  différentes  divisions  :  Ancien  Testa- 
ment,  Nouveau  Testament,  Saintes  Familles  et  Madones,  Histoire 
de  la  Vierge,  Saints  et  Sibylles,  Esquisses  pour  les  fresques  du  F«- 
tican,  Sujets  mythologiques,  Allégories,  Histoire  profane,  Batailles^ 
Études  et  Esquisses,  Portraits  et  Têtes,  Paysage  et  Architecture.  — 
Puis,  de  même  que  pour  les  peintures,  nous  avons  jugé  utile  de 
continuer  la  série  des  numéros  à  travers  toutes  les  collections. 

Raphaël  n'a  pas  toujours  suivi  le  même  procédé  matériel  pour 
l'exécution  de  ses  dessins.  Tantôt  ils  sont  à  la  plume,  tantôt  à  la 
pierre  noire,  tantôt  à  la  sépia,  etc.  Toutefois,  en  comparant  entre 
eux  les  dessins  qui  nous  sont  connus ,  nous  pouvons  établir  que , 
dans  l'atelier  du  Pérugin,  il  dessinait  à  la  plume,  comme  on  le  voit 
dans  son  Livre  d'esquisses  conservé  à  Venise,  et  qu'il  employait 
parfois  un  lavis  brun  pour  ses  esquisses  et  de  la  pierre  noire  pour 
ses  études,  comme  dans  celles  de  son  Couronnement  de  la  Vierge. 
Ensuite,  il  se  servait  de  la  sépia,  et  rarement  du  bistre,  pour  les 
ombres  de  ses  esquisses  ;  car  nous  ne  connaissons  guère ,  en  fait 
de  dessins  lavés  au  bistre ,  que  ses  compositions  pour  les  pein- 
tures que  le  Pinturicchio  exécuta  à  Sienne.  A  Florence,  il  imita 
parfois  la  manière  de  Léonard  de  Vinci  en  teintant  son  papier, 
afin  de  dessiner  à  la  pointe  d'argent  et  de  rehausser  avec  du 
blanc.  Le  Livre  d'esquisses  de  Venise  contient  plusieurs  dessins 
tredtés  de  cette  manière.  Mais  c'est  toujours  de  la  plume  qu'il  se 
servait  principalement  pour  ses  esquisses ,  ainsi  que  le  prouvent 
celles  de  la  Mise  au.Tombeau  et  celles  de  beaucoup  de  Madones. 
A  Rome ,  il  dessina  ses  compositions  et  études  pour  la  première 
chambre  du  Vatican  en  partie  avec  la  plume ,  en  partie  avec  la 
pointe  d'argent  ou  la  pierre  noire.  Ses  dessins  terminés,  dont  le 
trait  est  ordinairement  à  la  plume,  sont  teintés  à  la  sépia  et 
rehaussés  de  blanc.  Plus  tard,  il  employa  de  préférence  pour  ses 
études  la  sanguine  claire,  quoiqu'il  en  fit  toujours  beaucoup  à  la 
pierre  noire.  Ses  cartons  pour  les  peintures  sont  toujours  des- 
sinés au  fusain  et  à  la  pierre  noire,  un  peu  estompés  et  rehaussés 
de  blanc. 


AVERTISSEMENT.  40! 

« 

Les  dessins  de  Raphaël ,  outre  la  beauté  de  la  composition ,  la 
vivacité  et  le  charme  de  l'expression,  sont  encore  admirables  par 
la  sûreté ,  la  pureté  et  la  correction  du  trait ,  qui  est  toujours 
plein  de  vie  et  de  grâce.  Ses  études  d'après  nature  sont  naïves 
d'imitation  et  d'une  scrupuleuse  vérité ,  mais  larges  de  faire ,  et 
elles  portent  toutes  l'empreinte  d'une  constante  recherche  de  la 
beauté  dans  les  formes.  Sa  manière  de  faire  est  toujours  simple , 
et,  malgré  maints  repentirs,  son  dessin  n'est  jamais  tourmenté; 
un  contour  fermement  accentué,  quelques  hachures  obliques, 
seulement  croisées  dans  les  parties  les  plus  vigoureuses,  fui 
suffisaient  pour  atteindre  son  but.  Sauf  de  rares  exceptions,  il  ne 
faisait  ses  dessins  que  pour  devenir  en  quelque  sorte  maître  de 
son  sujet,  et  afin  de  n'être  pas  arrêté,  dans  l'exécution  de  sa 
peinture  ;  il  ne  terminait  complètement  un  dessin  que  pour  obéir 
à  une  circonstance  particulière.  C'est  ainsi  que  le  beau  dessin  de  - 
la  Rencontre  d'Attila  avec  Léon  P»"  était  destiné  à  être  présenté  à 
Léon  X ,  et  que  le  dessin ,  si  précieux  de  fini ,  de  la  Sainte  Cène 
(dans  la  collection  royale  d'Angleterre)  devait  servir  d'original  à 
la  gravure  de  Marc-Antoine.  Mais  ce  sont  là,  comme  nous  l'avons 
fait  remarquer,  de  rares  exceptions,  et  même,  en  général,  Marc- 
Antoine  a  toujour§  gravé  ses  estampes  d'après  les  esquisses  de 
Raphaël.  Grand  dessinateur  qu'il  était  lui-même,  il  savait  deviner 
le  maître  dans  ses  plus  légères  indications  ;  c'est  là  ce  qui  a  donné 
à  ses  œuvres  ce  cachet  d'esprit  et  d'adresse ,  qui  contraste  telle- 
ment aVec  la  servile ,  froide  et  souvent  ignorante  imitation  tech- 
nique de  ses  successeurs.  Nous  devons  ajouter  que  même  les 
dessins  les  plus  achevés  de  Raphaël  ne  le  sont  cependant  pas  au- 
tant que  quelques  merveilleux  dessins  de  Michel- Ange  et  de  Léo- 
nard de  Yinci;  mais,  en  revanche,  les  esquisses  de  Raphaël  révè- 
lent une  sûreté  de  main,  une  intelligence  de  la  beauté  des  formes 
et  une  richesse  de  sentiment  incomparables,  et,  par-dessus  tout, 
cette  facilité  d'exécution  qui  le  distingue  des  plus  grands  maîtres 
anciens  et  modernes. 

Il  ne  sera  pas  sans  intérêt  pour  les  amateurs  des  dessins  de 
Raphaël  de  trouver  ici  quelques  détails  sur  la  destinée  de  ces 
II.  26 


402  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

dessins.  Il  parait  que  Raphaël  lui-même  avait  pris  grand  soin  de 
conserver  ses  études,  car  il  en  existe  un  assez  grand  nombre  de 
celles  qu'il  a  faites  dans  sa  jeunesse,  et  qui  alors  ne  pouvaient  avoir 
de  valeur  que  pour  lui-môme.  Bientôt  cependant  les  artistes  et 
les  amateurs  les  recherchèrent  avec  avidité.  Son  compatriote  et 
ami,  Timoteo  Viti,  en  possédait  un  nombre  considérable,  qui  lui 
furent  donnés  par  le  maître  lui-même,  et  que  sa  famille  conserva 
religieusement  pendant  deux  siècles.  C'est  seulement  en  1714 
que  M.  Grozati  de  Paris,  fit  l'acquisition  d'une  partie  de  ces  des- 
sins ,  et  le  reste  ne  fut  vendu  qu'en  1823  par  le  dernier  héritier 
de  Timoteo  Viti,  le  marquis  Antaldo  Antaldi,  d'Urbin,  à  M.  Wood- 
burn,  de  Londres.  Actuellement  ces  dessins  sont  dispersés  dans 
toutes  les  parties  de  l'Europe.  Une  autre  collection  de  dessins  du 
maître  fut  réunie  par  George  Vasari ,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle  ;  elle  passa  en  grande  partie  dans  le  Cabinet  des  dessins  de 
la  galerie  de  Florence.  Le  roi  d'Angleterre  Charles  1«'  et  le  comte 
d'Arundcl  avaient  également  de  très-beaux  dessins  de  Raphaël , 
qui  furent  acquis  en  Italie  et  probablement  du  duc  de  Mantoue , 
dont  la  collection  se  composait  en  grande  partie  des  dessins  que 
Raphaël  avait  légués  à  Jules  Romain.  Après  la  mort  du  roi  d'An- 
gleterre, tous  les  objets  d'art  qu'il  possédait  furent  vendus  publi- 
quement, à  l'exception  des  sept  cartons  des  tapisseries  de 
Hampton  Court.  La  collection  de  dessins  fut  éparpillée  dans  tous 
les  pays ,  et  il  n'en  resta  en  Angleterre  qu'un  très-petit  nombre , 
qu'on  retrouva  dans  les  catalogues  de  P.  Lely,  de  Sir  Joshua 
Reynolds,  de  Sir  Richardson,  de  lord  Sommers,  de  Benj.  West 
et  d'autres.  Une  grande  partie  des  dessins  de  Raphaël  qui  avaient 
appartenu  à  Charles  !•'  fut  acquise  par  M.  Jabach ,  de  Cologne , 
qui  les  céda  plus  tard  à  Louis  XIV  ' .  Mais  la  plus  riche  collec- 
tion de  dessins  qui  fut  jamais  réunie  était  celle  qu'avait  formée 
M.  Crozat,  de  1683  à  1740,  et  dans  laquelle  Mariette ,  qui  en  a  fait 
un  catalogue,  en  mentionne  cent  cinquante  de  Raphaël.  Ces 
dessins  furent  vendus  à  vil  prix  après  la  mort  de  M.  Crozat ,  et 

\ .  Voyez  rinventaire  des  dessins  de  Raphaël  qui  faisaient  partie  de  la  collectiou  Jabach , 
dans  la  Revue  universelle  det  Arts,  par  M.  Paul  Lacroli.  Paris,  1855, 1. 1",  p.  lOS-lîÔ. 


AVERTISSEMENT.  405 

dispersés.  Mariette  en  avait  acheté  trente-cinq;  et  les  autros, 
outre  ceux  acquis  pour  le  Cabinet  du  roi  de  France ,  passèrent 
dans  les  Cabinets  de  Saint-Pétersbourg,  de  Stockholm  et  de 
Vienne.  Dans  cette  dernière  ville  se  formèrent,  vers  le  commen- 
cernent  de  notre  siècle ,  plusieurs  belles  collections  de  dessins , 
entre  autres  celles  du  duc  Albert  Teschen,  des  princes  d'Ëszterhazy 
et  de  Ligne,  et  du  comte  de  Pries.  A  Paris,  on  citait  avec  éloges 
les  collections  de  Saint^Morys,  de  Lagoy,  de  Revil,  de  Paignon- 
Dijonval,  de  Brunet-Denon  et  autres.  Néanmoins,  malgré  cette 
dispersion  des  dessins  de  Raphaël,  il  en  était  encore  resté  beaucoup 
en  Italie.  Quelques-uns  de  ces  derniers  furent  acquis,  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle,  pour  le  roi  d'Angleterre;  mais  ce  sont  surtout 
les  commissaires  de  la  République  française,  M.  Wicar,  de  Lille, 
et  M.  A.  Fedi,  de  Florence,  qui  surent  encore  en  trouver  çà  et  là 
en  Italie  un  grand  nombre,  et  des  plus  beaux  du  maître,  lesquels 
passèrent  presque  tous  en  Angleterre ,  car  M.  Ottley  acheta  la 
moitié  de  la  collection  du  peintre  Fedi,  et  le  marchand  collection- 
neur M.  Samuel  Woodbum,  de  Londres,  celle  de  M.  Wicar.  Mais 
plus  tard  ce  dernier  fit  Tacquisition  du  reste  de  la  collection  Fedi, 
et  légua  à  Lille,  sa  viUe  natale,  ces  dessins^  avec  tout  ce  qu'il  pos- 
sédait encore  d'objets  d'art.  Le  musée  de  Montpellier,  fondé  parle 
peintre  Fabre,  possède  aussi  quelques  beaux  dessins  de  Raphaël. 
En  Hollande ,  nous  trouvons  également  des  dessins  de  Raphaël  dans 
le  musée  fondé  par  M.  Teyler,  à  Haarlem.  Cependant,  de  nos  jours, 
l'amateur  le  plus  passionné  des  dessins  de  maîtres,  et  notamment 
des  dessins  de  Raphaël ,  fut  Sir  Thomas  Lawrence ,  président  de 
l'Académie  royale  des  Beaux- Arts  de  Londres.  Il  possédait  plus 
de  cent  trente  dessins  de  Raphaël ,  dont  plus  de  la  moitié  étaient 
authentiques.  Après  la  mort  de  ce  célèbre  collectionneur,  tous 
SCS  dessins  furent  achetés  par  MM;  Woodbum ,  qui  en  vendirent 
une  partie  au  prince  d'Orange,  depuis  Guillaume  H,  roi  de  Hol- 
lande ,  et  l'autre  partie  à  l'université  d'Oxford.  La  première  de 
ces  collections  n'existe  déjà  plus  ;  elle  fut  vendue  a  La  Haye  en 
1850 ,  et  dispersée  en  Angleterre ,  en  France  et  en  Allemagne  ; , 
quelques  dessins  restèrent  toutefois  en  Hollande.  Comme  on  l'a 


404  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

vu,  ce  sont  aujourd'hui  les  collections  publiques  des  dififérentes 
capitales  de  l'Europe  qui  possèdent  la  plus  grande  partie  des 
dessins  de  Raphaël;  mais,  chose  digne  de  remarque,  Rome  »  où 
le  génie  du  maître  a  créé  tant  de  chefs-d'œuvre,  Rome,  disons- 
nous  avec  regret,  n'a  presque  pas  de  dessins  de  Raphaël. 

Pour  rendre  ce  Catalogue  aussi  complet  que  possible ,  nous  y 
avons  décrit  ou  mentionné  certains  dessins  qui  se  trouvaient 
autrefois  dans  les  collections  Grozat,  Saint-Morys,  Lawrence,  etc., 
et  dont  les  propriétaires  actuels  nous  sont  inconnus. 

Nous  avons  aussi  indiqué,  à  la  suite  de  chaque  dessin  qui  a 
été  reproduit  par  la  gravure,  l'auteur  et  la  date  de  la  reproduction. 

Nous  donnons  ci-après,  par  ordre  chronologique,  l'énumération 
des  ouvrages  ou  recueOs  spéciaux,  contenant  des  gravures,  ou 
des  lithographies ,  ou  des  photographies ,  d'après  des  dessins  de 
Raphaël  : 

1.  Rectieil  d'estampes  d'après  les  plits  beaux  tabkauœ,  etc.  Ouvrage 

connu  sous  le  nom  de  Cabinet  Crozat.  Paris,  1729-1742,  2  vol. 
in-fol. 

2.  Bernard  Pleart.  Impostures  innocentes,  ou  Recueil  d'estampes 

gravées  dans  le  goiit  de  différents  maîtres  célèbres  des  trois 
écoles,  etc.  Amsterdam,  1734,  petit  in-fol. 

3.  Arthar  Pond  and  Knapton.  Prints  from  drawings.  London, 

1734,  in-fol. 

4.  C  Boisera.  A  Collection  of  prints  in  imitation  of  drawings,  etc. 

London,  1778,  in-fol. 

5.  Andréa  Seacelati  e  Atefano  Mallnari.  Disegni  originali  d'ec- 

cellenti  pittori  esistenti  nella  real  galleria  di  Firenze,  Firenze , 
1766,  1774,  1778,  1782;  4  vol.  in-fol. 

6.  M.  C^tb  et  S.  Theod.  Prestel.  Recueil  d'estampes  d'après  les 

dessins  du  cabinet  de  Praun.  Nuremberg,  1776-1778,  in-fol. 

7.  Krahe.  Nouvelle  collection  d'estampes,  contejiant  cinquante  pièces, 

eaux- fortes  d'après  les  dessins  orig.  tirés  de  la  collection  de  VAcon 
demie  élec,  palatine  des  Beaux- Arts  à  Dùsseldorf,  Dûsseldorf, 
1781,  in-fok 

8.  S.  Chamberlalne.  Imitations  of  original  designs,  etc.,  in  Ris 

Majesty's  collection.  London,  1796,  2  vol.  in-fol. 

9.  C  Mêla.  Imitations  of  ancient  and  modem  drawings.  London , 

«798,  1  vol.  in-fol. 


RECUEILS  SPÉCIAUX.  405 

iO.  IFF.  To«ii|r  Ottley.  The  italian  School  of  de$tgn,  etc.  London, 

i823,  i  vol.  in-fol. 
1i.  Choix  de  dessins  de  la  collection  de  M.  de  Saint-Morys,  gravés  en 

imitation  des  originaux  faisant  à  présent  (1810)  partie  du  Mttsée 

national, 
i2.  V.  Denon.  Monuments  des  arts  du  dessin,  etc.  Paris,  1829,  in-4o. 

13.  liadwifT  Fërster.   Lithographirte  Copien  von  original  Zeichnun- 

gen,  etc.,  aus  der  SamL  S.  K.  H.  Erzherzogs  Cari  von  CEsterreich, 
Wien,  1835,  in-fol. 

14.  11.  C^lotti.  Disegni  originali  di  Baffaelh  per  la  prima  volta  pu- 

blicata,  esistenti  nella  L  R.  Accademia  di  Belle  Arti  di  Venezia. 
Venezia,  1829,  in-fol. 

15.  Lawrence  •  Gallery ,  a  Séries  of  fac-similés  of  original  draxvings  by 

Raffaelle  da  UrbinOy  etc.  London,  1841,  in-fol. 

16.  La  Calcographie  du  musée  du  Louvre  a  publié  plusieurs  feuilles 

séparées  de  sa  collection,  in-fol. 

17.  Choix  de  dessins  de  Raphaël  qui  font  partie  de  la  Collection  Wicar,  à 

Lille,  reproduits  en  fac-similé  par  MM.  Wacquez  et  Leroy ,  gravés 
par  les  soins  de  M.  H.  d'Albert ,  duc  de  Luynes,  membre  de  l'In- 
stîtut.  Paris^  i858,  grand  io-folio^  20  planches  avec  texte. 
i8.  M.  Leroy,  graveur  à  Paris»  a  fait  paraître  une  suite  de  fac-similé  d'après 
les  dessins  des  grands  maîtres ^  qui  se  trouvent  dans  les  collections 
particulières  en  France;  plusieurs  de  ces  fac-similé  reproduisent 
^       des  dessins  de  Raphaël. 

Aussitôt  après  la  découverte  de  la  photographie,  on  a  employé  avec 
succès  ce  procédé  pour  la  reproduction  des  dessins  de  Raphaël.  Nous  ne 
devons  pas  négliger  de  citer  ici  les  publications  de  ce  genre  qui  ont  paru 
simultanément  depuis  quatre  ans. 

19.  dl.  Sehaefer.  Photographisches  Album  nach  original  Handzeichnun'' 

gen  alter  Meister  aus  der  Sammlung  des  Staedel'schen  Kunstinstituts 
in  Frankfurt-a-M.  Six  livraisons  de  3  feuilles  chacune  ont  paru  de 
1854  à  1857.  Gr.  in-fol. 

20.  RaffaelVs  Drawings  in  the  royal  collection  at  Windsor  castle ,  photo^ 

graphed  by  ThurstonThompson.  Londres,  1857.  52  feuilles  gr.  in-fol. 

Nous  devons  ce  magnifique  recueil  au  zèle  éclairé  d'un  illustre  amateur, 
S.  A.  R.  le  prince  Albert  d'Angleterre,  qui  l'a  fait  exécuter  à  ses  frais.  On 
ne  le  trouve  pas  dans  le  commerce. 

21.  Le  duc  de  Devonshire  a  fait  photographier^  également  par  Thurston 

Thompson,  les  dessins  de  Raphaël  qu'il  possède  dans  sa  collection. 
Cet  ouvrage  est  la  propriété  du  duc,  et  ne  se  trouve  pas  dans  le 
commerce. 


406  CATALOGUE  DES  DESSINS  DB  RAPHAËL, 

22.  Eeveley  Collection  of  drawings,  photographed  by  Delamotte  and  Hard- 

wick.  London,  1858. 

23.  Les  sept  cartons  de  Bampton  Court,  représentant  les  Actes  des  Apôtres^ 

par  Raphaël,  ont  été  photographiés  par  Thurston  Thompson  et  pu- 
bliés par  le  Département  ofpratical  art.  London,  1858. 

On  a  fait  des  épreuves  de  cinq  différentes  grandeurs  : 

1^  grandeur,  30  pouces  de  hauteur  sur  48  pouces  de  largeur. 
2«        —         21  —  31  — 

3*        —         15  —  23  — 

4«        —         11  —  15  — 

5*        —  5  —  8  — 

En  outre,  on  a  photographié,  de  la  grandeur  des  originaux,  un  choix 
de  tôtes  d'après  ces  cartons.  Les  plus  grandes  ont  24  pouces  de  hauteur 
sur  18  pouces  de  largeur,  et  les  plus  petites  18  pouces  de  hauteur  sur  15 
de  largeur. 

24.  Cartoons  by  Raffaelle  at  Bampton  Court,  photograjps  by  Messers  Calderi 

and  Montecchi.  Ghei  P.  et  D.  Colnaghi  et  C*«.  Londres^  1859. 

Ils  ont  été  publiés  en  trois  grandeurs  différentes  : 

!*«  grandeur,  15  pouces  de  haut,  sur  44  pouces  environ  de  largeur. 
2»        -         10  -  29  - 

8«        -  9  ~  14  - 

Nous  devons  encore  à  la  munificence  de  S.  A.  R.  le  prince  Albert  d'An- 
gleterre la  publication  des  photographies  des  dessins  de  Raphaël  qui 
existent  dans  les  collections  suivantes  : 

25.  Collection  du  Louvre;  photographiée  par  Thurston  Thompson^  de 

Londres. 

26.  Collection  de  la  galerie  de  Florence  ;  photographiée  par  les  frères 

Alinari.  Chez  Giuseppe  Bardi,  à  Florence. 

27.  Collection  de  l'Académie  impériale  et  royale,  à  Venise;  photographiée 

par  les  frères  Alinari.  Chez  Giuseppe  Bardi/à  Florence. 

28.  Collection  Albertine,  à  Vienne  ;  photographiée  par  les  frères  Alinari. 

Chez  Giuseppe  Hardi,  à  Florence. 
.  Woodburn,  à  Londres,  doit  bientôt  publier  en  photographies  les  dessins 
de  Raphaël  conservés  dans  les  collections  d'Oxford  et  du  musée 
Wicar,  à  Lille.      , 


DESSINS  DE  RAPHAËL  EN  ITALIE 


A  l'académie  des  beaux-arts,  a  VENISE. 

Celte  riche  collection  provient  de  la  succession  du  peintre  Giuseppe 
Bossi,  de  Milan.  Tous  les  dessins  de  Raphaël  sont  encadrés  et  sous  verre, 
dans  une  salle  particulière^  avec  beaucoup  d'autres  de  différents  maîtres, 
et  principalement  un  assez  grand  nombre  de  Léonard  de  Vinci.  Cinquante- 
cinq  feuilles  dessinées  des  deux  côtés  faisaient  partie  d'un  Livre  d'esquisses, 
format  in-quarto,  à  l'usage  de  Raphaël  depuis  Tannée  1500  jusqu'en  1506. 
Ces  esquisses  sont,  pour  le  plus  grand  nombre,  traitées  dans  la  manière  du 
Pérugin  ;  mais  quelques-unes  toutefois  portent  déjà  le  cachet  de  l'art  flo- 
rentin. Il  est  probable  que  ce  Livre  d'esquisses  est  celui  que  Carlo  Maratti 
possédait  à  Rome,  et  qui  est  cité  en  ces  termes  par  Bellori  :  «  Un  Libro 
di  alcuni  avanzi  de'  Studj  giovanili  di  RafTaelle,  che  approvano  le  sue 
prime  faticbe  cou  un  esattissima  imitazione  a  maggior  flnimento  termi- 
nato.  »  Le  peintre  Bossi  a  eu  l'intention  de  publier  en  fac-similé  tous  les 
dessins  que  contient  le  premier  volume,  et  il  avait  déjà  fait  graver  trente 
planches  par  F.  Scotto  et  Rosaspina,  lorsque  la  mort  interrompit  le 
travail.  Mais,  après  que  l'abbé  L.  Celotti  eut  acquis  les  trente  planches 
gravées,  avec  les  dessins  qu'il  vendit  plus  tard  à  l'Académie  de  Venise,  il 
publia  ces  estampes,  sous  ce  titre  :  Disegyii  originali  di  EaffaeUo  per  ia 
prima  volta  publicati^  esistenti  nella  impérial  regia  Accademia  di  Belle 
Arti  di  Venezia,  1829.  Dans  Ténumération  suivante  des  dessins  qui  se 
trouvent  dans  le  Livre  d'esquisses,  nous  avons  cherché  à  coordonner, 
autant  que  possible,  les  esquisses  et  les  études  pour  tableaux,  puis  les 
portraits  et  les  têtes,  ensuite  les  dessins  d'après  d'autres  maîtres,  et  enfin 
les  paysages  et  autres  études.  Parmi  les  esquisses  de  Raphaël,  il  y  en  a 
qui  ne  sont  pas  de  sa  main  et  que  nous  indiquons  aussi. 

1.  Demc  hommes  drapés,  debout.  —  Tournés  à  droite,  ils  semblent 
regarder  un  objet  rapproché  d'eux.  Dessin  à  la  plume,  mis  aux  carreaux 
pour  être  copié.  Celotti,  pi.  XV.  —  Une  copie  de  ce  dessin,  par  Timoteo 
Viti,  se  trouve,  à  Paris,  dans  la  collection  Reiset,  n*"  55  de  son  Catalogue. 


408  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

2.  Figure  de  femme  vétm,  —  Vue  de  profil ,  les  mains  jointes  et    1 
regards  levés  vers  le  haut.  Celotti ,  pi.  XXVJ.  Revers  de  la  feuille 
cédente. 

3.  Deux  hommes  debout,  vêtus,  —  Même  motif  que  n^  1,  mais  tourné 
gauche.  Dessin  à  la  plume,  également  mis  aux  carreaux.  Cel.,  pi.  XX. 

4.  Figure  debout  et  vêtue.  —  Semble  être  l'apôtre  saint  Jean.  Il  pose  la 
main  droite  sur  sa  poitrine.  Tourné  à  droite.  Dessin  à  la  plume.  Cel.j 
pi.  XXIV.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

5.  Figure  juvénile  debout  et  drapée,  —  Tournée  à  gauche^  avec  la  main 
sur  la  poitrine.  Dessin  à  la  plume,  mis  aux  carreaux.  Cel.,  pi.  XXIII. 

6.  Différentes  études  de  draperies.  —  Principalement  pour  une  figure 
assise.  Dessin  à  la  plume.  Cel.,  pi.  IX.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

7.  Figure  d'homme  vu  de  dos,  debout  et  vêtu.  —  Dessin  à  la  plume, 
mis  aux  carreaux.  Gel.,  pi.  XXVIII.  Une  figure  semblable,  du  côté  opposé, 
se  trouve  dans  les  peintures  de  la  Libreria,  à  Sienne. 

8.  La  Vierge.  —  Tournée  à  gauche,  agenouillée  et  en  prière.  Paraît 
avoir  été  une  étude  pour  une  Naissance  du  Christ,  dans  la  maniéré  du 
Pérugin.  Dessin  à  la  plume.  Gel.,  pi.  XIX.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

9.  Figure  de  femme  debout  et  vêtue.  —  Étude  pour  une  sainte.  Dessin 
à  la  plume,  non  achevé. 

iO.  Étude  d'après  un  groupe  antique  des  trois  Gr^ices.— Celle  du  milieu 
est  vue  de  dos.  Sur  le  dessin,  toutefois,  ne  se  trouvent  que  deux  figures 
détériorées;  celle  de  droite  manque.  A  la  plume.  Vraisemblablement, 
d'après  le  groupe  antique  de  Sienne.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

1 1 .  Un  ange,  penché  en  avant,  répand  des  fleurs.  —  Cet  ange  a  de  la 
ressemblance,  dans  la  pose,  avec  celui  de  la  grande  Sainte  Famille  du 
Louvre,  de  l'année  1518.  Ce  dessin  est  cependant  de  la  première  ma- 
nière de  Raphaël.  Un  homme  âgé,  peut-être  un  saint  Joseph,  est  assis 
devant  l'ange.  Cel.,  pi.  XIII.  —  Une  copie  de  ce  dessin^  par  Timoteo  Viti, 
a.passé  de  la  collection  Barni  dans  celle  de  M.  Reiset. 

42.  Pi'ofil  d'une  corniche.  —  Léger  dessin.  Revers'de  la  feuille  pré- 
cédente. 

13.  L'apôtre  saint  André,  —  Mi-figure.  Dessin  à  la  plume.  Cel.,  pi.  XII. 

14.  Deux  têtes  juvéniles,  —  Légère  esquisse.  Revers  de  la  feuille  pré- 
cédente. 

15.  Deux  jeunes  gens  nvs,—  Vus  de  dos.  A  droite,  un  enfant  qui  essaye 
ses  premiers  pas,  au  moyen  d'une  roulette.  Beau  dessin  à  la  plume. 

16.  Vfi  guerrier  debout.  — Vu  de  dos.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

17.  Trois  jeunes  gens  nus  et  debout.  —  L'un  desquels  semble  couronner 
celui  du  milieu.  On  voit  indiquée  une  quatrième  figure,  et,  entre  les  deux 
figures  de  gauche,  un  enfant  nu,  agenouillé.  Etude  à  la  plume,  d'après 
nature,  pleine  de  vie.  Cel.,  pi.  XVI. 


EN  ITALIE.  409 

18-  Un  ornement.  —  Légère  esquisse.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

49.  Figure  d*homme  nu,  —  Frappe  d'une  massue  sur  la  tête  d'un  tau- 
reau étendu  à  ses  pieds. 

Sur  le  revers  de  cette  feuille  se  voit  une  main  tenant  un  compas  et  deux 
têtes,  mais  non  dessinées  par  Raphaël. 

20.  Un  cmge  dans  les  airs,  jouant  du  tambourin.  —  Légère  esquisse  à 
la  plume,  un  peu  lavée  au  pinceau. 

21 .  Deux  boucs  marins  fantastiques.  —  Pour  ornement.  A  droite,  la  tête 
de  Gorgone.  Esquisse  à  la  plume.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

22.  Un  jeune  homme  nu  et  debout.  —  Dans  l'attitude  du  jeune  roi  dans 
l'Adoration  des  Mages.  Étude  d'après  nature.  A  côté,  le  pied  d'une  figure 
ageDouillée.  Dessin  à  la  plume.  Gel.,  pi.  XXVII. 

23*  Groupe  d'un  Massacre  des  Innocents.  —  A  la  plume,  d'après  le 
tableau  d'un  ancien  maître.  C'est  un  soldat  vêtu  à  l'antique,  qui  cherche 
à  enlever  un  enfanta  sa  mère.  Les  attitudes  sont  un  peu  roides  et  forcées. 
Cel.,  pi.  XIV.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

24.  Esquisse  pouru7i  Massacre  des  Innocents.  —  Légère  esquisse,  de  la 
première  époque  de  Raphaël ,  presque  enfantine,  et  cependant  les  deux 
groupes  offrent  le  motif  qu'il  a  reproduit  dans  son  Massacre  des  Inno- 
cents pour  les  tapisseries.  C'est  la  mère  assise  dont  un  bourreau  poignarde 
renfaot,  avec  l'autre  mère  qui  veut  fuir  avec  le  sien,  et  qu'un  soldat 
retient  par  les  cheveux. 

25.  Un  meillard  assis.  —  Figure  nue,  tenant  un  globe  dans*  la  main 
gauche  et ,  dans  la  droite ,  un  sceptre  étendu.  A  la  plume ,  légère- 
ment lavé. 

26.  Un  homme  debout  et  nu.  —  S'appuie  d'une  main  sur  une  balus- 
trade. Dessin  traité  comme  le  précédent;  dans  l'un  et  Tautre,  les  têtes 
sont  plus  achevées  que  le  reste.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

27.  Un  berger  marchant  et  jouant  de  la  cornemuse.  — Dessin  très-vivant, 
d'après  nature,  à  la  plume,  et  légèrement  lavé. 

28.  Six  têtes  d'hommes  groupées  et  deux  tètes  d'enfants.  —  L'un  vu  de 
profil  et  l'autre  de  face.  Très-spirituelle  esquisse  à  la  plume. 

29.  Un  jeune  homme  nu  et  debout,  sonnant  de  la  trompe.  —  Les  muscles 
et  les  genoux  sont  anatomiquement  indiqués. 

30.  Ètud^  anatomique  d'un  torse.  —  Avec  les  cuisses.  Dessin  à  la  plume. 
Revers  de  la  feuille  29. 

31.  Vn  jeune  homme  miy  vu  de  profil.  —  Marchant  et  levant  les  bras  pour 
jouer  d'un  instrument.  A  côté,  une  étude  de  pied. 

32.  U?i  homme  à  longue  barbe,  debout  et  vêtu.  —  Légère  esquisse  à  la 
plume.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

33.  Vn  jeune  homme  étendu  à  terre.  —  Dévoré  par  un  lion.  Son  chien, 
auprès  de  lui,  aboie.  Dans  le  fond ,  on  voit  un  berger  avec  une  corne- 


4f0  <:âTALOGUE  des  dessins  de  RAPHAËL 

muse,  au  milieu  de  moutons.  Belle  esquisse  à  ia  plume.  Au  revers^  la  Tue 
d'une  ville  au  bord  d'une  rivière. 

34.  TJn  combat.  —  Trois  figures  nues ,  dont  celle  de  gauche  tient  ua 
étendard  ;  les  deux  autres  à  droite  ont  des  cuirasses  et  des  lances  et  se 
défendent  contre  un  cavalier  qui  les  attaque.  Esquisse  à  la  plume^  très- 
vivante  et  très-spirituelle.  Raphaël  a  vraisemblablement  été  inspiré^  dans 
cette  composition ,  par  la  vue  du  carton  de  Léonard  de  Vinci.  Celotti, 
pi.  XXX. 

35.  Samson  déchirant  la  gueuU  du  lion,  —  Groupe  plein  de  vle^  légère- 
ment esquissé  à  la  plume  et  lavé.  Gel.,  pi.  XVU. 

30.  Un  homme  nu,  debout,  les  bras  croisés.  —  Légère  esquisse.  Revers 
de  la  feuille  n**  35.  ^ 

37.  Un  homme  nu,  debout.  —  Vu  de  dos  et  tenant  une  épée  de  la  maio 
droite.  Trait  étudié  avec  indication  de  Tanatomie. 

38.  Un  homme  nu,  debout.  —  Vu  de  côté.  Le  bras  manque.  Étude  ana- 
tomique  dessinée  à  la  plume.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

39.  Dey^  hommes  vêtus,  à  cheval.  — L'un  vu  de  profil  à  droite,  et  celui 
du  fond,  de  face.  Belle  esquisse  à  la  plume,  un  peu  lavée.  Gel.,  pi.  XVIII. 

40.  Vn  lion  debout.  —  Dessin  très-écolier.  Gel.,  pi.  VI.  Revers  de  la 
feuille  précédente. 

41.  Vn  lion  couché.  —  De  même,  faiblement  dessiné.  Gel.,  pi.  VIII. 

42.  Figure  de  femme  agenouillée.  —  Semble  être  une  Vierge  levant  le 
voile  de  l'enfant  Jésus.  Gel.,  pi.  XXV.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

43.  Étude  d'après  une  jeune  femme,  pour  une  Vierge.  —  Mi- figure 
tenant  devant  elle  l'Enfant  dans  Tattitude  de  la  bénédiction.  Dessin  à  la 
plume,  recouvert  d'un  ton  gris  perle  à  la  gouache,  et  très-bien  terminé 
avec  du  blanc  et  du  noir,  dans  la  manière  de  Léonard  de  Vinci. 

44.  Mi-figure  de  femme  tenant  un  enfant.  —  La  tête  seule  de  la  femme 
est  recouverte  d'un  ton  de  gouache  gris  perle  et  terminée  avec  du  blanc 
et  du  noir.  Gette  tête  est  aussi  la  seule  partie  du  dessin  qui  soit  de  Raphaël; 
le  reste  a  été  ajouté  par  une  main  inhabile. 

45.  Mi-figure  de  femme  tenant  un  enfant  endormi.  —  Légère  esquisse  a 
la  plume.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

46.  Étude  pour  un  enfant  Jésus  assis.  —  Esquisse  à  la  plume,  teintée 
d'un  ton  gris  perle  à  la  gouache,  et  très-soigneusement  terminée,  dans  la 
manière  du  Vinci,  avec  du  noir  et  du  blanc.  A  côté,  l'esquisse  d'une  tête 
d'enfant.  Sur  la  feuille,  dans  le  haut,  est  écrit  ce  mot  :  AMEN.  Gelotti, 
pi.  III,  mais  arbitrairement  traité  au  pointillé. 

47.  Une  femme  assise  donnant  le  sein  à  un  enfant  debout.  —  Légère 
esquisse  à  la  plume.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

48.  Deux  têtes-portraits  d'après  un  même  jeune  homme,  —  L'un,  la  tête 
appuyée  sur  la  main,  lève  les  yeux  vers  le  haut^  avec  cette  inscription  : 


EN  ITALIE.  A\i 

D.  VNRB  L.  PARO.  L'autre^  en  bas  de  la  feuille ,  est  tu  de  trois  quarts, 
et,  comme  celui  du  haut,  il  a  une  barrette  sur  la  tête.  Très-spirituel 
dessin  à  la  plume.  On  a  prétendu,  sans  aucune  raison,  que  Raphaël  avait 
voulu  faire  son  portrait. 

49.  Quatre  enfants  à  terre,  jouant  avec  un  cochon  de  lait,  —  A  droite, 
un  cinquième  enfant  debout,  plus  grand  que  les  quatre  autres.  La  même 
feuille  contient  une  étude  de  deux  jambes,  et,  dans  le  haut,  on  voit  un 
dessin  représentant^  comme  effet  de  lumière,  une  boule  qui  projette  son 
ombre  sur  une  autre  boule.  Peut-être  est-ce  l'explication  figurée  d'une 
éclipse  de  lune.  Cel.,  pi.  XXIX. 

50.  Trois  têtes  de  femmes.  —  Belles  esquisses  à  la  plume.  Gel.,  pi.  I. 
Revers  de  la  feuille  précédente. 

54 .  Étude  de  tête  d'un  enfant  couché.  —  Dessin  sur  fond  gris  perle  à  la 
gouache,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc.  Dans  le  bas  de  la  feuille,  il 
y  a  encore  deux  légères  esquisses  à  la  plume  :  un  enfant  debout  et  un 
autre  enfant  assis,  vu  de  dos,  qui  tient  son  pied.  Cette  dernière  étude  est 
surtout  très-vivante. 

52.  Dessin  d'une  feuille  de  chapiteau  corinthien.  — Revers  de  la  feuille 
précédente. 

33.  Tète  d'un  jeune  îwmme  avec  un  peu  de  barbe.  —  Vue  de  profil  et 
dirigeant  ses  regards  vers  le  haut.  Semble  être  une  étude  pour  une  tête 
d'apôtre. 

84.  Un  griffon.  —  Légère  esquisse  à  la  plume.  Revers  de  la  feuille  pré- 
cédente. 

53.  Fortrait  d'une  belle  jeune  fille.  —  La  tête  est  un  peu  tournée  vers 
la  droite,  et  les  cheveux  séparés  en  gracieuses  tresses.  Très^belle  étude 
d'après  nature. 

36.  Beux  Amours  et  deux  petits  garçons  dansant  ensemble.  —  L'un  de 
ces  derniers  tient  une  fleur  qu'il  élève  en  l'air.  Esquisse  à  la  plume.  Revers 
de  la  feuille  précédente. 

57.  Quatre  têtes.  —  Deux  de  ces  têtes  sont  des  portraits  d'un  jeune 
homme  avec  une  barrette  sur  la  tête.  L'un  a,  dans  la  manière  de  Léonard 
de  Vinci,  un  fond  gris  perle  à  la  gouache,  lavé  de  noir  et  rehaussé  de 
blanc.  L'autre  est  dessiné  à  la  plume  et  lavé  à  la  sépia.  Sur  la  partie 
inférieure  de  la  feuille  se  trouve  une  tête  juvénile  aux  regards  élevés, 
semblable  à  la  tête  de  saint  Jean  dans  le  Couronnement  de  la  Vierge,  au 
Vatican.  Puis,  à  droite,  la  tête  d'un  vieillard,  à  la  peau  ridée,  vu  de 
profil.  Cest  une  étude  dessinée  avec  grand  soin,  à  la  plume. 

58.  Tête  de  femme  vue  par  derrière.  —  Avec  de  belles  tresses  de  che- 
veux. Légèrement  dessinée  à  la  plume,  d'après  nature.  Les  études  de 
deui  pieds,  qui  se  trouvent  à  côté^  ne  sont  pas  de  la  main  de  Raphaël. 
/Revers  de  la  feuille  précédente,  • 


412  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

59.  Trots  tètes  de  femmes.  —  Vues  de  profil,  ayant  les  cheveux  bien 
ordonnés.  Un  peu  idéalement  dessinées. 

60.  Quatre  têtes  de  femmes.  — Trois  d'entre  elles  vues  presque  de  faœ^ 
et  la  quatrième  presque  de  profil.  Toutes  trois  sont  coiffées  en  cheveux. 
Revers  de  la  feuille  précédente. 

61.  Mi-figure  d'un  homme  à  barbe.  —  Dans  un  large  vêtement  et  avec 
une  toque  sur  la  tête.  Il  semble  enseigner.  Dans  le  bas,  on  lit  ces  mots, 
d'une  élégante  écriture  :  ARISTOTELI.  STAGIRITAE.  Ce  dessin  et  les 
suivants,  représentant  des  sages  et  des  poètes  antiques,  ont  été  tir^  des 
sujets  que  le  duc  Federico  avait  fait  peindre  dans  la  salle  d'étude  de  son 
château  d'Urbin*. 

62.  Mi-figure  d'un  homme  âgé.  —  La  tête  est  recouverte  avec  une  partie 
du  vêtement.  Il  tient  un  livre  devant  lui.  Ce  vieillard  semble  être  un 
portrait.  Dans  le  bas,  on  lit  :  ANNAEO  SEiNEC^Ë.  CORDYE.  Revers  de  la 
feuille  précédente. 

63.  Mi-figure  d'un  homme  à  barbe,  —  Une  toque  sur  la  tête.  Il  tient  un 
livre  devant  lui  et  élève  la  main  droite  dans  l'attitude  d'un  orateur.  Ce 
dessin  à  la  plume,  traité  comme  les  précédents,  représente  vraisembla- 
blement aussi  un  sage  de  l'Antiquité. 

64.  Mi'fixfure  d'un  homme  à  barbe.  —  En  costume  antique.  Il  montre 
un  livre.  Au  bas,  on  lit  :  PLATONI.  Dessin  à  la  plume.  Revers  de  la  feuille 
précédente. 

66.  Mi- figure  d'un  homme  vu  de  profil.  — Dans  un  vêtement  large  avec 
collet  de  fourrure,  et  les  cheveux  enfermés  dans  un  réseau.  11  tient  un 
livre  ouvert  sur  ses  genoux.  Inscription  :  M.  TVLIO  CICERO. 

66.  Mi-pjgure  d'un  poète  aveugle,  couronné  de  lauriers.  —  Avec  ces  mots  : 
HOMERO  SMYRNAEO.  Revers  du  dessin  précédent. 

67.  Mi-fi^ure  d'un  poète  couronné  de  lauriers.  —  Dans  le  costume  du 
quinzième  siècle.  11  tient  un  livre  dans  ses  mains.  Inscription  :  P.  VERG. 
MARONI.  MANTVANO.  Dessin  à  la  plume.  Gel.,  pi.  XI. 

68.  Mi- figure  d'un  homme  à  barbe.  —  Avec  une  toque  sur  la  tête  et 
tenant  un  livre  devant  lui.  Inscription  :  ANAXAGORA.  Dessin  à  la  plume. 

Sur  le  revers,  il  y  a  une  tête,  mal  dessinée,  d'uu  homme  vu  de  profil. 
Dans  le  bas,  on  lit  :  VITORINO.  FELTRIN.  Le  dessin  aussi  bien  que  l'in- 
scription ne  sont  pas  de  Raphaël,  quoique  le  sujet  semble  aussi  avoir 
fait  partie  des  portraits  de  l'ancienne  salle  d'étude  du  château  d'Urbiu. 
On  sait  que  le  duc  Federico  d'Urbin  a  été  le  disciple  favori  de  Vittorino. 

69.  Demi-figures  de  deux  hommes  assis  l'un  en  face  de  l'autre. — Dans 

i.  Quatorze  de  ces  peintures,  que  l'on  attribue  à  Melozzo  da  Forli ,  se  trouvaient  en  18IÎ 
dans  la  collection  Sciarra,  à  Rome  ;  elles  passèrent  depuis  chez  le  marquis  Campana,  directeur 
du  mont-de-piétè  dans  la  même  ville.  Ces  peintures  offrent  des  tètes  pleines  d^expressiou,  mais 
elles  ont  beaucoup  souffert  par  saite  d'une  restauration  maladroite. 


I 


EN  ITALIE.  415 

le  costume  du  quinzième  siècle.  Celui  de  gauche^  vieux  el  barbu,  tient 
un  globe  céleste.  Dans  le  bas  :  CL.  PTOLEMAEO.  ALEXL  Celui  de  droite, 
sans  barbe,  avec  une  toque  sur  la  têle,  semble  vouloir  faire  une  démons- 
tration avec  ses  doigts.  Au-dessous  de  lui  :  FI.  BOETIO. 

70.  Mi-figure  d'uji  homme  qui  tient  un  livre.  —  Inscription  :  QVINTVS 
CVRTIVS.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

71.  Feuille  d'acanthe  d'un  chapiteau  corinthien.  —  Dessin  à  la  plume. 
72-  r«  prêtre  agenouillé.  —  Tourné  à  droite,  les  mains  jointes  et  les 

regards  levés  vers  le  haut.  Semble  être  une  étude  pour  la  figure  d'un 
donataire.  Vraisemblablement,  d'après  un  ancien  tableau.  Dessiné  à  la 
plume.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

73.  Mi 'figure  d'un  prophète  assis,  tourné  à  gauche.  —  Sur  la  même 
feuille,  rétude  d'un  pied  gauche.  —  À  la  plume,  d'après  l'un  des  deux 
Prophètes  du  Pérugin,  qui  étaient  peints  à  côté  du  maître-autel,  dans  le 
chœur  de  l'église  S.  Pietro  Maggiore,  à  Pérouse.  Cel.,  pi.  X. 

74.  La  Vierge. —  Demi-figure.  A  côté  d'elle,  Tenfant  Jésus  tenant  une 
petite  croix.  Une  main  maladroite  et  profane  a  transformé  la  croix  en  un 
dévidoir  et  ajouté  une  corbeille  avec  des  pelotes  de  fil.  Revers  de  la 
feuille  précédente. 

73.  Mi- figure  tournée  à  droite,  d'après  l'autre  Prophète  du  Pérugin. — 
La  main  étendue,  à  part.  Cel.,  pi.  VIII. 

76.  JJîi  jeune  homme  nu.  —  Vu  de  dos.  Esquisse  à  la  plume.  Revers  de 
la  feuille  précédente. 

77.  Saint  Sébastien.  —  Mi-figure.  Attaché  à  un  arbre,  les  bras  élevés. 
Étude  à  la  plume,  d'après  un  dessin  du  Pérugin. 

78.  La  tète  du  même  saint  Sébastien.  —  Étude  plus  grande,  dessinée  à  la 
plume.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

79.  Les  jambes  du  même  saint  Sébastien. 

80.  L'enfant  Jésus  assis  et  bénissaîit.  —  Belle  étude  d'après  nature,  ou 
bien  d'après  un  plus  ancien  tableau.  A  lu  plume.  Revers  de  la  feuille 
préa»dente. 

81.  Fragment  d'une  Mise  au  tombeau.--  C'est  la  Vierge  avec  la  Made- 
leine auprès  du  corps  du  Christ  porté  par  deux  hommes.  On  ne  voit 
cependant  qu'une  partie  d'un  de  ces  hommes  debout  à  gauche.  Dessiné  à 
la  plume,  d'après  une  gravure  du  Mantegna.  Cel.,  pi.  XXI. 

82.  L'homme  tenant  le  corps  du  Christ.  —  D'après  la  gravure  du  Man- 
tegna. Bartsch,  t.  XIII,  p.  229,  n«  3.  Revers  de  la  feuille  précédente.  Cel., 
pi.  XXII. 

83.  Trois  tètes  d'hommes.  —  Deux  d'entre  elles  sont  caricaturées  à  la 
manière  de  Léonard  de  Vinci,  et  peut-être  même  empruntées  à  ce  maître. 
La  troisième  est  une  étude  pour  le  berger  de  l'Adoration  des  Mages,  de 
Tannée  1.^03,  au  Vatican.  Dessin  à  la  plume.  Cel.,  pi.  11. 


AU  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

84.  Etude  pour  quatre  bras  étendus,  — A  la  plume.  ReYers  de  la  feuille 
précédente. 

85.  Trots  figures  de  femmes,  —  Sous  un  vestibule  à  arcades.  L'une 
d'elles  tient  deux  pigeons.  Nous  croyons  que  ce  dessin,  traité  sans  esprit, 
n'est  pas  de  la  main  de  Raphaël ,  mais  bien  de  celle  d'un  de  ses  con- 
disciples. 

86.  Une  main  couverte  de  rides.  •—  Vue  de  plat.  Étude  d'après  nature^ 
dessinée  à  la  plume. 

87.  Étude  d'après  cinq  parties  de  draperies.  —  Dessin  a  la  plume- 
Revers  de  la  feuille  précédente. 

88.  Trots  6ras.  —  Étude  dessinée  à  la  plume  et  lavée. 

89.  Une  poitrine  d*homme,  —  Étude  dessinée  à  la  plume.  Une  main 
malhabile  a  voulu  compléter  la  figure  en  ajoutant  un  bras  et  le  torse. 

90.  Une  galère  avec  les  rames  levées.  —Vue  de  face.  Dessin  à  la  plume 
et  légèrement  lavé.» 

91.  Une  galère  avec  les  rames  levées. — Vue  par  derrière.  Traité  comme 
le  dessin  précédent. 

92.  Vue  de  la  ville  d'Urbin.  —  Avec  une  partie  du  château  et  de  la 
cathédrale,  prise  du  chemin  des  Capucins,  devant  la  ville.  Légère  esquisse 
à  la  plume.  Sur  le  revers,  une  légère  esquisse  de  paysage  montagneui. 

93.  Vv£  d'une  ville.  —  Avec  une  maison  commune,  semblable  à  celle 
de  Gubbio.  Dans  le  fond,  un  château  fort  sur  une  montagne.  Esquisse  à 
la  plume. 

94.  Petit  fragment  d'un  paysage  montueux.^  Légèrement  dessiné  à  la 
plume.  Sur  la  mêihe  feuille,  une  tête  d'homme,  une  tète  d'enfant  et  une 
main  qui  écrit  ne  sont  pas  de  Raphaël.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

95.  Vue  d'une  ville  avec  uîie  église  sur  une  montagne.  — Dessin  rapide 
à  la  plume. 

96.  Quelques  blocs  de  rochers.  —  Étude  d'après  nature,  esquissée  à  la 
plume.  Une  main  inexpérimentée  a  dessiné  sur  la  même  feuille  une  tête  à 
perruque  et  un  aigle.  Revers  de  la  feuille  précédente. 

97.  Un  mur  en  grandes  pierres  de  taille.  —  Recouvert  de  broussailles. 
Légère  esquisse  à  la  plume» 

98.  Partie  d'une  ville  avec  une  haute  tour.  —  Entre  deux  montagnes. 
Dessin  à  la  plume.  Revers  de  la  feuille  précédente. 


Aux  dessins  attribués  à  Raphaël,  dans  cette  collection,  et  qui  n'ont  point 
fiait  partie  du  Livre  d'esquisses,  nous  devons  encore  ajouter  les  trois 
suivants  : 


EN  ITALIE.  415 

99.  Trois  figures  nues*  —  Qui  semblent  attendre  Tennemi ,  armées  de 
lances.  Fragment  d'un  plus  grand  dessin.  Les  contours  dessinés  à  la 
plume  étant  piqués  à  Taiguille,  cette  feuille  a^  selon  toute  apparence, 
servi  à  Raphaël  pour  un  calque.  Le  dessin  original  de  cette  composition  ' 
se  trouve  dans  la  collection  Albertine ,  à  Vienne.  Sur  le  revers  du  dessin 
décrit  ci-dessus,  est  un  fragment  d'une  figure  de  jeune  homme  vu  de 
€;ôté,  traité  de  la  même  manière  que  le  dessin  qui  a  été  reproduit  dans  la 
planche  XXX  de  Celotli.  C'est  seulement  un  léger  trait  à  la  plume. 

100.  Esquisse  pour  une  bataille  avec  des  cavaliers, —  Un  jeune  homme, 
tooibé  à  terre,  semble  vouloir  arrêter  le  cheval  d'un  cavalier,  en  le  saisis- 
sant par  le  mors,  tandis  que  ce  dernier  le  frappe  de  son  épée.  Sous  le  corps 
du  jeune  homme  renversé,  il  y  en  a  un  autre  qui  cherche  à  se  relever. 
A  droite,  un  cavalier  fuyant  et  quelques  figures  nues  presque  entièrement 
effacées.  Ce  fragment  de  dessin  est  trop  petit,  et  il  a  trop  souffert,  pour 
que  l'on  puisse  y  reconnaître  le  sujet  avec  certitude.  Quelques-uns  veulent  y 
voir  un  Massacre  des  Innocenta  ;  mais  il  y  manquerait  les  mères ,  et  les 
figures  qu'on  prendrait  pour  des  enfants  sont  plutôt  de  jeunes  adolescents. 
Dessin  à  la  pierre  noire  sur  papier  brunâtre  et  rehaussé  de  blanc.  Ce 
dessin  est  exécuté  d'une  manière  large  et  magistrale  qui  appartient  à  la 
dernière  époque  de  Raphaël. 

iOi.  Tète  de  Christ,  —  Les  regards  baissés.  Dessin  mi-grandeur  natu- 
relle,  à  la  sanguine.  Douteux. 


D'autres  dessins  de  cette  riche  collection  sont  encore  attribués  à  Raphaël; 
mais  ce  ne  sont  que  des  esquisses  d'après  ses  tableaux.  Comme,  par 
exemple,  l'apôtre  saint  Paul  du  tableau  de  la  Sainte  Cécile  ;  Moïse  devant 
le  bûcher  ardent;  le  triton  et  la  nymphe  du  tableau  de  la  Galatée.  Il 
faut  rendre  à  Timoteo  Viti  le  dessin  à  la  plume  qui  représente  une  Vierge 
avec  l'enfant  Jésus  debout.  11  y  a  une  Sainte  Famille  qui  ne  peut  être  que 
d'un  élève  de  Raphaël,  et  un  petit  dessin  avec  une  figure  de  femme 
debout,  qui  est  probablement  de  Mariotto  Albertinelli;  autrefois,  on  l'attri- 
buait à  Filippino  Lippi. 

Quant  au  dessin  de  l'Apollon  et  du  Marsyas,  dont  nous  avons  déjà  parlé 
à  propos  d'un  petit  tableau  qui  représente  cette  composition,  tableau  pos- 
sédé par  M.  Morris  Moore,  à  Londres,  qui  persiste  à  l'attribuer  à  Raphaël, 
nous  ne  pouvons  que  répéter  ici  ce  que  nous  en  avons  dit  plus  haut,  à 
savoir,  que  ce  dessin  était  catalogué  en  i835  sous  le  nom  de  Benedetto 
Montagna,  quoiqu'il  soit  évident  que  dessin  et  tableau  appartiennent  à 
l'école  du  Francia,  et  même,  suivant  nous,  à  Francesco  Viti,  d'Urbin. 
Mais,  après  que  M.  Morris  Moore  eut  cru  découvrir  que  son  tableau  était 


446  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

de  Raphaël ,  le  dessin  fut  inscrit  avec  le  non»  de  ce  maître  dans  le  cata- 
logue des  dessins  de  l'Académie  de  Venise. 

Nous  signalerons  encore  le  fragment  d'une  légère  esquisse  de  cinq 
figures  nues»  sur  le  revers  de  laquelle  on  lit  l'inscription  suivante  : 

Che  mi  da  iroDimo  da  bole 

5  carlini  la  libra  in  ty.  lib.  10  dale 

Francesco  orefice  mi  costo  el  simile  e  fa  (h el  verdazuro  costo 

cbarlini  3.  s.  1  la  libra  dan.  ispeziale  e  fu  lib.  8  1/3. 

Lo  smalto  sottile  che  mi  vende  el  gudeo  Cioegou.  Yiniziano,  in 
Yeronia  a  monte  giordano,  vene  la  lib.  charlini  4  Ij^  s.  1.  El  soUile 
cbe  mi  mando  M*>  ieronimo  fu  lib.  4. 

El  gialatino  a  un  charlino  la  libra. 

Cependant  il  est  impossible  de  reconnaître  l'écriture  de  Raphaël  sur  ce 
dessin  qui  n'est  pas  non  plus  de  sa  main,  quoique  cette  écriture  contem- 
poraine ait  quelque  ressemblance  avec  la  sienne.  Xoyez^  dans  l'ouvrage 
de  Gelotti,  les  planches  IV  et  Y. 


DANS  LA  GALERIE  DES  UFFICJ ,  A  FLORENCE. 

Le  fonds  de  cette  magnifique  collection  provient,  en  grande  partie,  des 
princes  de  Médicis,  quoiqu'elle  ait  été  grandement  enrichie  jusqu'à  nos 
jours.  Mais,  comme,  parmi  tant  d'excellents  dessins,  il  s'en  trouvait  quel- 
ques-uns non  authentiques  ou  faussement  attribués,  on  les  a  soumis,  il  y 
a  quelques  années,  à  une  louable  révision,  et  on  a  fait  un  choix  judicieux 
qui,  à  la  vérité,  en  réduisant  le  nombre  des  dessins  attribués-à  Raphaël» 
n'a  conservé  comme  tels  que  les  œuvres  originales  du  maître,  à  peu  près 
incontestables.  Dans  les  années  1766  et  1774,  Andréa  Scacciati  et  Stefano 
Mulinari  ont  publié  un  grand  ouvrage  in-folio,  en  deux  volumes,  sous  le 
titre  :  Disegni  originali  d'eccelleiiti  Pittori  esistenti  nella  R.  Galleria 
di  Firenze,  dans  lequel  a  été  faite  une  large  part  aux  dessins  de  Raphaël. 
Un  troisième  volume  a  paru  depuis  sous  le  titre  :  Istoria  pratica  deiriu" 
cominciamento  e  progressi  d^Ua  Pittura,  etc.,  da  S.  Mulinari  (Firenze, 
1778),  50  pi.  in-folio,  et,  en  dernier  lieu^  un  quatrième  volume  sous  le 
titre  :  Raccolta  di  venti  disegni  originali  d'eccelleiiti  Pittori ^  etc.,  da 
S.  Mulinari  (Firenze,  1782).  Ces  deux  derniers  volumes,  toutefois,  ne 
renferment  point  d'estampes  d'après  des  dessins  de  Raphaël. 

Les  frères  Alinari  ont  récemment  fait  des  photographies  d'après  les 
dessins  de  Raphaël  que  possède  la  collection  de  la  galerie  des  Ufticj,  et 
Giuseppe  Hardi,  à  Florence,  a  publié  ces  photographies. 


1 


EN  ITALIE.  4t7 


SiO^tfl  de  l'Ancien  Teatanent. 


402.  Moïse  frappe  le  rocher.  —  Six  figures  sont  auprès  de  lui.  Esquisse 
pour  la  fresque  des  Loges.  Dessiné  à  la  plume  sur  papier  gris,  lavé  à  la 
sépia  et  rehaussé  de  blanc.  C'est  un  dessin  traité  rapidement»  avec  esprit. 
11  a  UD  peu  souffert. 

403.  L'Adoration  du  Veau  d'or,  —  Esquisse  pour  les  Loges,  traitée  de 
même  que  la  précédente.  Dans  ce  dessin,  Josué  est  derrière  Moïse,  tandis 
que,  dans  la  fresque,  il  est  à  côté  de  lui. 

404.  Les  Frères  de  Joseph.  —  Au  moment  où  ils  veulent  le  descendre 
dans  la  citerne.  Onze  figures.  Légère  esquisse  à  la  plume.  Ce  dessin  a 
vraisemblablement  été  fait  pour  la  série  des  Loges,  mais  il  n'a  pas  été 
exécuté.  Petit  in-4'*. 

405.  Le  prophète  Daniel.  —  Ëtude  de  la  partie  supérieure,  pour  la 
fresque  de  l'église  S.  Maria  délia  Pace,  à  Rome.  La  tête,  tournée  à  droite 
et  vue  de  profil,  est  de  la  plus  grande  beauté.  Dans  le  haut  de  la  feuille 
se  trouvent  encore  les  esquisses  des  deux  petits  anges  pour  la  même 
fresque,  et,  dans  le  bas,  le  trait  rapide  pour  la  partie  supérieure  de  la 
figure  d'un  homme  nu.  Toutes  ces  études  sont  à  la  sanguine. 


Sujets  eu  WouTean  Testament. 

406.  Sain*  Jean-Baptiste  dans  le  désert.  —  Très-belle  étude  à  la  san- 
guine, d'après  nature,  pour  le  tableau  de  la  Tribune,  à  Florence,  avec  les 
mêmes  différences  que  celles  de  la  gravure  au  clair-obscur  de  Hugo  da 
Carpi.  Comme  dans  la  gravure,  le  pied  est  plus  étendu  vers  le  bas  que 
dans  le  tableau,  et,  en  général,  d'un  mouvement  plus  beau  et  plus  libre. 
Dessiné  à  la  sanguine  sur  papier  gris,  et  rehaussé  de  blanc.  Malheureuse- 
ment, la  partie  supérieure  de  ce  dessin,  surtout  la  tête,  a  beaucoup  souf- 
fert. Il  porte  l'estampille  de  la  famille  des  Médicis.  Petit  in-folio. 

On  trouve  une  bonne  copie  de  ce  dessin,  et  traitée  de  la  même  manière, 
dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

407.  Groupe  des  femmes  pour  le  Portement  de  Croix  {lo  Spasimo  di 
Sicilia).  -—  Etude  à  la  sanguine,  pour  la  Vierge,  avec  les  deux  femmes 
qui  la  soutiennent  à  droite.  Avec  une  étude  de  draperie  pour  la  femme 
agenouillée.  Sur  le  revers  de  la  feuille,  une  étude  à  la  sanguine  pour  la 
jeune  femme  debout  qui  joint  les  mains  sur  sa  poitrine.  Puis,  le  bourreau, 
vu  de  dos,  au  côté  gauche  du  tableau.  Ici,  il  pose  son  pied  droit  sur  une 
légère  élévation  de  terrain,  ce  qui  rend  son  mouvement  moins  forcé  que 
celui  de  la  figure  dans  le  tableau.  C'est  un  magnifique  dessin,  plein  de  vie 
et  d'esprit,  traité  avec  le  style  le  plus  magistral.  H  a  un  peu  souffert. 
H.40"r";1.13"3'". 

408.  Esquisse  pour  la  Mise  au  tombeau.  —  (Du  palais  Borghf  se.)  C'est 

II.  27 


418  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

le  groupe  du  corps  du  Christ  porté  par  deux  hommes,  la  Madeleine^  une 
femme^  saint  Jean  et  un  jeune  homme  qui,  dans  k  tableau^  est  devenu 
un  homme  à  barbe.  Dans  le  dessin,  au  contraire,  c'est  le  porteur  à  droite 
qui  a  une  barbe,  tandis  que,  dans  le  tableau,  il  est  imberbe.  Cet  intéres- 
sant dessin  à  la  plume  est  mis  aux  carreaux  et  a  servi  pour  le  trait  sur  la 
toile.  Raphaël  semble,  dans  cette  esquisse,  avoir  principalement  cherché 
la  place  et  le  mouvement  des  figures  ;  car  4es  vêtements  et  les  têtes  sont 
tout  à  fait  négligés.  H.  W  9"';  1.  11". 
Gravé  par  S.  Mulinari,  n»  70.  1766. 

109.  La  Vierge  évanouie,  —  Devant  le  tombeau  du  Christ^  soutenue  et 
entourée  par  trois  femmes  agenouillées.  A  droite,  saint  Jean  debout^  en 
proie  à  la  douleur.  Légère  esquisse  à  la  plume,  lavée  à  la  sépia.  In-folio 
en  largeur.  Les  contours  portent  encore  les  traces  du  calque. 

Gravé  par  S.  Mulinari,  pi.  XXXL  1774.  Auparavant,  A.  Scacciafi  avait  publié  c« 
dessin,  mais  avec  des  cbangemenls  dans  le  paysage,  sous  le  n*  13  de  son  ouvrage 
de  1766. 

A  Kedleston  Hall,  résidence  de  lord  Scarsdale,  se  trouve  un  petit  tableau 
exécuté,  d'après  ce  dessin,  par  un  contemporain  de  Raphaël^et  peut-être 
par  Domenico  di  Paris  Alfani.  H.  12"  &";  1. 10". 

Gravé  par  C.  Gregorj,  1759.  Plus  lard,  en  1778,  ceUe  même  estampe  a  repara 
dans  l'ouvrage  de  John  Boydcll  :  Collection  of  Paintingt,  etc.,  t.  lY,  n*  82.  — 
Landon,  u*  432. 

Une  répétition  de  ce  petit  tableau,  mais  beaucoup  plus  faible,  est  dans 
la  possession  du  duc  de  Devonshire,  à  Londres. 

110.  Le  Christ  aux  limbes.  —  Trois  et  quatre  figures  sont  aux  côtés  du 
Christ.  Vers  Tune  d'elles,  il  étend  la  main  en  signe  de  bénédiction.  Esquisse 
à  la  plume  dans  un  rond.  7"  4'"  en  diamètre. 

Gravé  par  S.  Mulinari,  pi.  lY,  n»  14.  1774. 

111.  L'Apôtre  saint  Faul  prêchant  à  Athènes.  —  Avec  cinq  autres  figures 
de  cette  composition  pour  la  tapisserie.  Saint  Paul,  ici  sans  barbe,  se  tient 
à  gauche;  deux  figures  derrière  lui;  puis^  dans  le  milieu  de  la  feuille^ 
deux  des  hommes  du  fond,  et,  à  droite,  la  figure  de  Denis  l'Aréopagiste 
montant  les  degrés.  Très-spirituelle  étude  à  la  sanguine,  où  le  maître  a 
eu  principalement  en  vue  le  mouvement  des  personnages  et  le  jet  des  plis. 

s.  Mulinari  a  publié  les  trois  premières  figures ,  pi.  XIX ,  n»  74 ,  dans  son 
ouvrage  de  1773. 

Saintes  Famlllei  et  M adonei. 

112.  La^Herge,  —  Pour  la  Grande  Sainte  Famille  du  Louvre  (1518J. 
L'enfant  Jésus  n'est  que  légèrement  indiqué  ;  mais  la  tête  de  la  Vierge, 
d'une  beauté  toute  raphaélesque,  est  délicatement  traitée,  et  la  draperie 
est  très-terminée  ;  puis^  le  motif  du  bas  de  la  draperie  de  la  manche  et  la 


BN  ITALIE.  4)9 

poitrine  sont  répétés  sur  la  même  feuille  et  dessinés  à  part.  On  yeut 
reconnaitre^  dans  la  tète  de  cette  Vierge^  le  portrait  de  la  maîtresse  de 
Raphaël.  Cette  précieuse  étude^  à  la  sanguine^  a  i2"  9"'  de  haut  et  8" 
de  large.  ^ 

113.  Venfant  Jésus. — Du  même  tableau.  Étude  à  la  sanguine,  pleine 
de  vie  et  de  vérité.  Une  copie  de  ce  dessin  a  figuré  dans  la  collection  de 
La  Haye. 

114.  La  Vierge.  — Agenouillée  près  d'un  tertre,  sur  lequel  elle  lient  le 
petit  Jésus  assis.  Celui-ci,  qui  se  penche^  étend  la  main  droite  vers  le 
petit  saint  Jean^  à  gauche^  qui,  agenouillé  et  tenant  une  petite  croix  dans 
la  madn  gauche,  paraît  lire  sur  une  bande  de  parchemin  qu'il  tient  de  la 
main  droite.  Pour  fond ,  un  riche  paysage  avec  une  rivière.  Spirituelle 
esquisse  à  la  plume  pour  le  petit  tableau  qui  est  dans  la  galerie  du  prince 
Eszterhaiy,  à  Vienne.  H.  10"  6'"  ;  1.  6"  10'". 

Gravé  par  S.  MDlioari,  1784.  —  Lith.  chez  E.  Vogel,  à  Francfort-sar-Mein. 

115.  L'enfant  Jésus.  —  Sur  les  genoux  de  la  Vierge.  Légère  esquisse  à  la 
plume,  dans  la  manière  du  Pérugin.  L'enfant  Jésus  (  qui  dans  sa  pose  a 
quelque  ressemblance  avec  la  ligure  de  la  Madone  du  duc  de  Terranova) 
est  plus  indiqué  que  le  reste,  ainsi  que  la  draperie  sur  les  genoux  de  la 
mère.  A  côté,  il  y  a  encore  une  étude  de  draperie. 

116.  la  tète  d'une  Vierge.  —  Et  la  partie  supérieure  de  l'enfant;  puis 
une  tête  d'ange.  Étude  consciencieuse  à  la  plume,  rappelant  encore  la 
manière  du  Pérugin.  Au  côté  gauche,  il  y  a,  de  plus,  la  demi-figure  du  petit 
saint  Jean,  dessinée  à  la  sanguine ,  mais  on  ne  saurait  dire  si  cette  ligure 
n'est  pas. d'une  main  étrangère;  elle  a  du  moins  étéretravaillée.  Sur  le 
revers  de  la  feuille,  on  voit  encore  une  tête  de  Vierge  dessinée  à  la  plume 
avec  grand  soin^  et  ayant  une  certaine  ressemblance  avec  la  Madonna 
del  Granduca. 

117.  Une  Vierge  cissise.  —  Tenant  l'enfant  Jésus  sur  les  genoux.  Le 
petit  saint  Jean,  venant  du  côté  droit,  apporte  un  agneau  qu'il  embrasse^ 
et  vers  lequel  l'enfant  Jésus  étend  aussi  ses  bras.  Belle  esquisse  légère, 
dans  la  manière  florentine  de  Raphaël. 

118.  La  Vierge  vue  de  face.  —  Ayant  sur  ses  genoux  l'enfant  Jésus  qui 
se  tourne  vers  elle.  Rapide  esquisse  à  la  plume. 

119.  Plusieurs  Vierges  avec  des  Enfants.  * —  Légères  esquisses  à  la 
plume.  L'une  d'elles  a  de  la  ressemblance  avec  la  Madone  de  Bridgewater, 
seulement  les  jambes^de  l'enfant  sont  autrement  tournées.  Sur  le  revers 
de  la  feuille,  il  y  a  encore  l'esquisse  d'une  figure  de  femme  qui  rappelle 
la  pose  de  la  Vénus  de  Médicis. 

120.  La  Vierge  au  Poisson.  —Légère  esquisse  à  la  sanguine,  composée 
d'après  des  modèles  vivants,  afin  d'avoir  une  indication  juste  de  l'agen- 
cement et  du  mouvement  des  figures,  La  Vierge  est  dessinée  d'après  une 


420  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

femme  de  la  bourgeoisie,  avec  une  étoffe  autour  de  la  tête,  et^  pour  TEn- 
fant,  seulement  riodicatioD  de  la  pose.  Ce  dessin,  qui  ne  rappelle  que  de 
loin  la  manière  spirituelle  et  savante  de  Raphaël,  est,  en  tout  cas,  trop 
peu  satisfaisant  pour  que  Mai*c-Antoine  ait  pu  exécuter  sa  planche  d'après 
une* pareille  esquisse,  ainsi  que  le  suppose  M.  de  Rumohr,  dans  les 
Italienifichen  Forschungen,  t.  111,  p.  127.  Dans  la  succession  de  Sir  Th. 
Lawrence,  il  s'est  trouvé  un  dessin  de  cette  composition,  au  bistre,  mais 
qui  n'était  pas  plus  authentique  que  celui-ci. 

lâl.  La  sainte  Vierge  assise  à  terre.  — Vue  de  profil,  posant  sa  main 
sur  sa  poitrine.  L'enfant  Jésus,  assis  sur  les  genoui  de  la  Vierge,  appuie 
sa  tête  sur  le  sein  de  sa  mère.  Légère,  mais  belle  esquisse  à  la  plume. 

422.  La  sainte  Vierge.  —  Vue  de  face,  accroupie  à  terre,  les  mains  po- 
sées sur  ses  genoux,  elle  contemple  pensivement  le  petit  Jésus,  qui,  assis 
à  côté  d'elle,  tient  un  livre  ouvert  devant  lui.  Cette  composition,  pleine  de 
naïveté  et  de  grâce,  semble  avoir  été  prise  sur  le  fait,  et  elle  est  dessinée, 
avec  une  grande  délicatesse,  à  la  pointe  d'argent,  sur  papier  gris  perle,  et 
rehaussée  de  blanc.  Petite  feuille. 

123.  Sainte  Famille.  —La  Vierge,  agenouillée,  soulève  le  voile  qui  couvre 
l'enfant  Jésus,  couché  à  terre,  étendant  les  bras  vers  sa  mère  (le  mouve- 
ment de  l'enfant  a  de  la  ressemblance  avec  celui  de  la  même  figure  dans 
le  tableau  de  la  Madonna  di  Loreto).  Derrière  le  groupe,  saint  Joseph  s'ap- 
puyant  sur  son  bâton,  et  un  bœuf  montrant  la  tête  à  l'entrée  de  l'étable. 
Ce  dessin,  cintré  dans  le  haut,  est  exécuté  sur  papier  gris,  à  la  pointe 
d'argent,  et  rehaussé  de  blanc.  Les  contours  ont  été  piqués  pour  faire  un 
calque.  H.  6"  4'";  L  4"  9"'. 

124.  La  Vierge  agenouillée  auprès  d*un  berceau.  —  Elle  tient  sa  main 
gauche  sur  sa  poitrine,  en  étendant  l'autre  vers  le  berceau.  Légère  esquisse 
à  la  pointe  d'argent.  IL  3"  2"'  ;  1.  2'  8' 


t»tt 


Snjets  de  Saiiiifl. 

125.  Saint  George  à  cheval.  —  Vainqueur  du  dragon.  Sans  fond.  Spiri^ 
tuelle  esquisse  à  la  plume,  pour  le  petit  tableau  du  Louvre.  H.  9"  10'"; 
L  8". 

Gravé  par  S.  Hulinari,  pi.  IV,  n*  58. 1774. 

126.  Saint  George  à  cheval.  —  Tuant  le  dragon  avec  sa  lance.  La  prin- 
cesse est  agenouillée  dans  le  fond  du  paysage.  Spirituelle  esquisse,  pour  le 
petit  tableau  à  Saint-Pétersbourg.  Les  contours  ont  été  piqués  pour  le 
calque.  H.  10";  L  8"!'". 

Gravé  par  S.  Mulinari,  pi.  XXXVIL  1774. 

EtqolMes  pour  des  peintures  an  VatiesD. 

127.  La  Philosophie.— Fï^re  allégorique  ayant  à  ses  côtés  deux  petits 


EN  ITÂUE.  491 

génies  qui  tiennent  une  tablette.  Esquisse  à  la  plume,  pour  la  grisaille 
au-dessous  de  la  figure  de  Pallas  dans  l'École  d'Athènes.  Sur  la  même 
feuille,  il  y  a  encore,  à  droite,  l'étude  d'une  draperie  pour  la  figure  de 
femme  tenant  un  livre.  H.  41"  2"*  ;  1.  T  T\ 

s.  Mulînari  a  publié,  en  1778,  ce  dessin  comme  étant  de  Léonard  de  Vinci. 
N»  42. 
La  figure  allégorique  gravée  par  Marc-Antoine.  Bartsch ,  t.  XIY,  n*  381. 

428.  Quelques-uns  des  petits  anges  de  la  fresque  de  la  Dispute  du  Saint' 
Sacrement.^A  gauche,  sur  lamêq[^e  feuille,  une  étude  de  la  poitrine  et  du 
bras  d'un  homme.  A  droite,  un  ange.  Sur  le  revers,  une  femme  debout. 
Toutes  ces  esquisses  sont  à  la  sanguine. 

129.  La  Délivrance  de  saint  Pierre,  —  Dans  ce  dessin,  saint  Pierre  a  la 
tête  tournée  et  regarde  en  dehors  de  sa  prison.  Le  côté  gauche,  où  sont 
les  cinq  gardiens,  ofTre  des  dilTéreuces  avec  la  fresque,  mais  l'ensemble 
est  analogue.  Légèrement  esquissé  à  la  plume,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé 
de  blanc.  Petite  feuille  qui  a  beaucoup  souffert. 

430.  La  Porteuse  d'eau  de  l'Incendie  du  Bourg.  —  Un  peu  à  gauche,  il 
y  a  un  fragment  de  la  femme  qui  apporte  de  l'eau.  Figures  vêtues,  pleines 
de  vie  et  magistralement  traitées  à  la  sanguine. 

8iiJ«i«  mjiholoylfiiies. 

131.  Hercule  combattant  trois  centaures,  — <  Très-spirituelle  esquisse  à 
la  plume^  remplie  de  vie,  et  de  la  plus  grande  beauté  de  composition.  Sur 
le  revers,  il  y  a  encore  quelques  esquisses,  mais  qui  ne  sont  point  de 
Raphaël.  On  y  lit  :  Raffaello.  Petit  in-4». 

432.  Une  figure  ressemblant  à  la  Vénus  de  Médicis.  —  Avec  de  longs 
cheveux.  Beau  dessin  à  la  plume.  A  gauche,  une  rapide  esquisse  de  figure 
de  fenffne.  Revers  du  n*'  120. 

133.  TJn  Enfant  assis  sur  un  dauphin,  —  Rapide  esquisse  à  la  plume, 
qui  est  répétée  plusieurs  fois  avec  quelques  changements  sur  le  revers 
de  la  feuille.  Dans  le  haut,  le  plan,  à  la  sanguine,  d'une  maison  ou  de 
plusieurs  chambres,  avec  l'indication  des  mesures. 

134.  Léda,  ~~  Elle  est  assise  sous  un  arbre  et  tient  de  la  main  droite  la 
tête  du  cygne  couché  à  ses  pieds.  Auprès  d'elle  sont  couchés  ses  enfants, 
Castor  et  PoUux.  Sur  le  revers,  le  même  sujet  avec  quelques  changements. 
Beau  dessin  à  la  plume,  mais  qui  cependant  nous  semble  être  d*un  élève 
de  Raphaël. 

Grav.  par  Mulinari,  pi.  XXXIII,  n«  120.  1774. 

ftnjeto  de  l'HUtoIre  profane. 

l.'iS.  Esquisse  de  la  première  peinture  murale,  pour  la  Libreria  de  la 
cathédrale  de  Sienne,  —  Laquelle  fut  exécutée  par  Bemardino  Pinturic- 


An  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

chio;  représentant  Eneas  Sylvius  Piccolomini  partant  pour  le  concile  de 
Bâle,  en  compagnie  du  cardinal  Domenicus  da  Capranica.  Ce  dessin  diflere, 
en  beaucoup  d'endroits,  de  la  peinture,  et  surtout  dans  la  Ggure  princi* 
pale  du  jeune  Eneas  Sylvius,  qui  pose  ici  sa  main  droite  sur  la  hanche^  et 
qui  est  en  costume  de  voyage.  Dans  la  fresque,  au  contraire,  il  est  cou- 
vert d'un  ample  manteau  et  coiiïé  d'un  chapeau  à  larges  bords,  et  tient 
une  lettre  dans  la  main  droite.  Le  fond  aussi  est  ici  très-différent  et  bien 
plus  grandiose.  Raphaël  a  écrit,  de  sa  propre  main ,  sur  ce  dessin  :  La 
historta  è  qtiesta  che  MS.  enea  era  in  la  comitiva  de  MS.  Domenicho  da 
Capranica  el  quale  era  fatto  Cardinale  e  non  publicato  quando  el  deito 
andava  in  Basilea  al  concillip  e  intrato  in  mare  al  porto  a  Talamone  e 
essendo  per  intrare  nel  porto  de  Genova  fu  assalito  da  la  tempesta  e  baitvto 
fino  in  Libia.  Près  de  la  figure  du  cardinal  à  cheval,  Raphaël  a  encore 
écrit  :  MS.  Domenicho  du  Crapanicha.  (La  transposition  de  IV,  CrapanicJta 
pour  Capranica  f  se  retrouve  souvent  dans  des  dialectes  populaires  de 
ritalie.)Cet  intéressant  dessin  a  malheureusement  beaucoup  souffert.  Il  est 
exécuté  à  la  plume,  lavé  au  bistre  et  rehaussé  de  blanc,  de  m(^nte  qu'un 
autre  dessin  pour  les  peintures  de  Sienne,  qui  se  voit  dans  la  maison 
Baldeschi,  à  Pérouse.  U.  26";  1.  15"  6"'. 

1.36.  La  Peste,  nommée  il  Morbetto.  —  Représentation  allégorique 
de  la  peste  chez  les  Phrygiens,  que  Marc-Antoine  a  gravée  d'après  un 
dessin  de  RaphaëL  Bartsch,  t.  XIY,  n<>^i17.  Ce  dessin,  absolument  sem- 
blable à  la  gravure,  est  exécuté  à  la  plume  avec  le  plus  grand  soin,  lavé 
au  bistre  et  rehaussé  de  blanc,  très-terminé  dans  toutes  ses  parties,  et  d'un 
fini  qui  ne  se  rencontre  pas  d'ordinaire  dans  les  dessins  authentiques  de 
Raphaël.  Il  se  trouvait  autrefois  dans  la  collection  du  cardinal  Albani,  à 
Rome,  et  il  a  été  gravé,  en  contre-partie,  par  Francesco  Aqiiila.  Plus  tard, 
il  était  en  la  possession  des  marchands  d'objets  d'art  Bardi  et  C*,  mai  vou- 
lurent le  faire  graver  de  nouveau  par  Raphaël  Morghen  ;  mais  cet  artiste 
mourut  avant  Tachèvement  de  la  planche.  Le  dessin  a  souffert.  H.  7"  3'"; 
1.  9"  3'". 

Dans  la  collection  de  Florence  se  trouvait  autrefois  une  esquisse  du 
groupe  de  la  mère  morte  et  de  l'enfant  qui  cherche  son  sein,  avec  trois 
autres  figures;  et,  de  plus,  à  part,  un  enfant  mort,  couché,  du  Massacre 
des  Innocents.  Il  est  probable  que  cette  esquisse  n'a  pas  été  jugée  originale, 
puisqu'on  ne  la  montre  plus.  Toutefois  nous  l'indiquons  ici,  parce  que 
S.  Mulinari  l'a  gravée,  pi.  Il,  n°  6, 1774. 

A  la  vente  de  C.  Ploos  van  Amstel,  à  Amsterdam,  on  vendit,  en  1800, 
un  dessin  du  Morbetto,  pour  24  florins.  C*est  vraisemblablement  le  même 
dessin  qui  passa,  depuis,  de  la  collection  Lawrence  dans  celle  de  La  Haye, 
et  qui,  de  cette  dernière,  est  retourné  en  Angleterre. 


EN  ITALIE.  423 

£tvde«  et  PoHralU. 

137.  Étude  de  draperie,^  Esquisse  d'une  draperie  posée  sur  des  genoux. 
A  la  pointe  d'argent  et  rehaussée  de  blanc.  Petite  feuille. 

138.  Belle  tète  de  jeune  fille.  — Yue  de  profil,  tournée  à  gauche  et  un 
peu  penchée  vers  le  bas.  Légère  esquisse  d'après  nature. 

139.  Tête  de  femme.  — D'un  âge  mur,  de  grandeur  naturelle  et  vue  pres- 
que de  face.  Des  amateurs  ont  voulu  y  reconnaître  la  maîtresse  de  Raphaël. 
Quant  à  nous,  cette  supposition  nous  semble  tout  à  fait  erronée,  et  nous 
doutons  même  de  l'authenticité  du  dessin.  La  façon  de  faire,  à  la  san- 
guine^ avec  des  hachures  croisées,  n'est  pas  celle  de  Raphaël.  Le  papier 
a  été  très-rogné,  et  la  tête  seule  est  conservée. 

140.  Plan  de  la  chapelle  Chigi,  dans  l'église  de  S.  Maria  del  Popolo,  à 
Rome.  —  Esquisses  à  la  plume.  Dans  le  haut  de  la  feuille,  on  lit,  écrit  de 
la  main  de  Raphaël  :  «  Locho  p.  lo  spitale.  d  A  droite,  au  long  :  «c  Muro 
comune.  »  A  deux  tiers  de  la  feuille,  au  milieu  :  a  Cupola  vano  p. 
(palmi)  88.  »  Et  à  droite  de  la  feuille,  la  note  suivante,  qui  se  rapporte  à 
la  coupole  :  «  Questo  si  puo  voltare  in  dua  modi  ;  cioe  el  primo  di  pocha 
spesa,  chel  sexto  délia  copula  sia  principiata  in  sul  medesimo  piano  délia 
iroposta  delli  arcfaoni  ;  e  si  domanda  detta  volta  a  vêla.  Lo  secondo  modo 
si  e  fare  una  comice  in  cima  allt  archi  redutta  al  perfetto  tondo,  e  sopra 
a  questa  fare  tanto  diretto ,  che  si  possa  cavare  li  lumi  di  quella  sorte 
che  tu  vuoi,  o  fineslre  overo  ochij  tondi,  e  sopra  li  detti  lumi  fare  un  altra 
comice  al  tondo  dove  principii  a  voltare  la  cupola.  Ma  prima  darli  tanto 
diritto,  quanto  ellagietto  (aggetto)  délia  cornice  una  volta  mezo.  »  Au 
revers  de  la  feuille  est  dessinée  la  coupe  de  la  chapelle,  avec  cette  indi- 
cation :  c(  Capella  di  Agostino  Chigi  ch'eh  [sic)  nel  Copolo,  a  Roma.  ï> 

A   l'académie    des    BEAtX-ARTS,    A   FLORENCE. 

i41 .  Carton  de  la  Vierge  avec  V Enfant  endormi,  —  La  Vierge,  accroupie 
à  terre,  soulève  le  voile  qui  couvre  l'Enfant  à  gauche  pour  le  faire  voir  au 
petit  saint  Jean,  qui  le  montre  du  geste  avec  joie.  Dessiné  à  la  pierre  noire 
et  rehaussé  de  blanc.  Les  contours  ont  été  piqués  pour  le  calque.  Ce  dessin 
a  malheureusement  souffert,  et  il  est  beaucoup  retravaillé.  H.  2'  6";  1. 2*. 
Cet  intéressant  carton  est  exécuté  avec  soin  à  la  pierre  noire ,  et  paraît 
avoir  servi  pour  la  petite  Vierge  de  lord  Cooper. 

Grav.  par  F.  Ravano,  poar  la  Galleria  deîle  Belle  Arlidi  Firenze,  sous  la  dénomi- 
nation de  Madanna  del  Veto, 

L'Académie  possède,  en  outre,  un  troisième  carton  attribué  à  Raphaël. 

a.)  La  Sainte  Famille,  nommée  la  Madonna  délia  Gatta.  Cette  esquisse, 
à  la  sépia,  est  si  faible  de  dessin,  que  Ton  peut,  sans  hésiter,  quoique  la 
composition  soit  du  maître,  Tattribuer  à  l*un  de  ses  élèves. 


àu  catalogue  des  dessins  de  haphael 

6.)  La  Vierge  assise^  avec  TenfaDt  Jésus  sur  les  genoux.  Ce  dessio^  plus 
intéressant  que  le  précédent  et  eiécuté  avec  soin  à  la  pierre  noire^  est  un 
joli  ouvrage  de  Filippiuo  Lippi. 

DANS  LA  GALERIE  CORSINI,  A  FLORENCE. 

142.  Carton  du  portrait  du  pape  Jules  lï.  —  Il  est  exécuté  à  la  pierre 
noire  et  piqué  aux  contours  pour  le  calque.  Il  provient  vraisemblable- 
ment  de  la  succession  du  cav.  del  Pozzo ,  et  fut  acquis  du  cardinal  Neri 
Corsini.  Voyez  la  lettre  de  P.Mariette  à  Boltari^  dans  les  Lettere  pittoriche, 
t.  IV,  p.  545. 

Un  dessin  d'après  le  portrait^  à  la  sanguine^  se  trouve  dans  la  coile<^tioD 
du  duc  de  Devonshire^  à  Cbalsworth. 

A   SâINT-JEAN    de   LATRAN,    a   ROME. 

143.  Carton  pour  la  Madone  de  la  maison  d'Albe,  —  Ce  carton,  qui  se 
trouve  dans  la  petite  sacristie  de  cette  église,  est  de  la  même  grandeur 
que  le  tableau,  mais  carré  de  forme.  Dessin  à  la  pierre  noire  et  rehaussé 
de  blanc.  Il  a  malheureusement  souffert,  et  il  est  fortement  restauré.  Ou 
ignore  quand  et  comment  il  est  devenu  la  propriété  de  cette  église.  Ou  le 
trouve  cité  pour  la  première  fois  par  J.  Ricbardson. 

DANS    LA   VILLA    PAMFUJ ,    A   ROME. 

144.  A^oé  fait  bâtir  V arche,  —  Esquisse  pour  la  fresque  dans  les  Loges. 
A  la  pierre  noire  et  rehaussée  de  blanc.  Ce  dessin  étant  fortement  retra- 
vaillé, il  est  impossible  d'établir  sou  authenticité.  H.  8"  6'";  1.  15". 

DANS   LA   BIBLIOniÈQUË   AMBROISIENNË ,    A   MILAN. 

145.  Le  carton  pour  l'École  d'Athènes  (H.  8'  6"  5'";  1.  2i'  6"  3*").  — 
La  partie  supérieure  de  l'architecture  manque,  ainsi  que  les  figures 
d'Apollon  et  de  Minerve.  Signalons  les  différences  principales  qui  existent 
entre  le  carton  et  la  fresque  :  nous  ne  trouvons  pas  ici,  dans  le  groupe  infé- 
rieur à  gauche,  la  figure  du  philosophe  assis  (Heraclite),  qui  s'appuie  sur 
le  coude.  En  ajoutant  cette  figure  dans  la  fresque,  non-seulement  Raphaël 
donna  plus  de  liaison  au  groupe  où  il  Ta  mise,  mais  encore  il  compléta 
son  sujet,  représentant  ainsi  une  nouvelle  école  de  la  philosophie  antique. 
Le  jeune  homme,  vu  de  profil  derrière  Archylas,  est  représenté,  dans  le 
carton,  la^ête  nue  avec  les  cheveux  tombant  sur  les  épaules  à  la  mode 
des  jeunes  gens.  De  l'autre  côlé,  dans  le  groupe  inférieur  à  droite,  ou 
cherche  en  vain  les  portraits  de  Raphaël  et  du  Pérugin,  qui  sont  pourtant 
dans  le  tableau ,  et  l'on  remarque  aussi  que  Ptolémée  ne  tient  pas  en 


EN  ITALIE.  425 

main  le  globe  terrestre.  Dans  le  haut  du  fond  à  gauche^  ou  ne  voit  pas 
encore  la  figure  qui  fait  un  mouvement  de  bras  dirigé  vers  sa  tête,  ni  les 
deux  figures  qui  marchent  derrière  le  groupe  des  auditeurs  d'Aristote. 

11  ressort  de  ces  observations  que  Raphaël  s'efforça,  dans  l'exécutioi)  du 
tableau,  de  donner  plus  de  variété  à  sa  composition,  plus  de  consistance 
à  son  sujet  et  plus  d'ensemble  à  ses  groupes. 

Le  carton  est  dessiné  au  fusain,  terminé  à  la  pierre  noire  et  rehaussé  de 
blanc.  C'est  le  cardinal  Carlo  Borromeo  qui  l'avait  apporté  à  Milan,  et 
Federico,  parent  de  ce  cardinal,  en  fit  don  à  la  bibliothèque  Ambroi- 
sienne.  Lors  des  guerres  de  la  Révolution,  il  sortit  d'Italie  avec  les  autres 
objets  d'art  qu'on  envoyait  à  Paris,  et  il  fut  exposé  dans  la  salle  d'Apollon, 
au  Louvre,  jusqu'à  ce  qu'il  retournât  à  Milan,  après  le  traité  de  paix 
de  1815. 

446.  Fragment  du  carton  pour  la  Bataille  de  Constantin.  —  C'est  le 
groupe  à  droite  de  Constantin,  avec  les  deux  cavaliers  qui  tiennent  des 
têtes  coupées,  et  le  soldat  qui,  de  la  main  droite,  désigne  Maxence.  On 
voit  aussi  le  cavalier,  étendu  à  terre,  qui  se  défend  contre  un  guerrier,  et, 
derrière  eux,  quelques  archers  et  soldats  au  fond.  Quoique  ce  fragment 
ait  beaucoup  souffert,  on  reconnaît  pourtant  cette  exécution  magistrale 
qui  ne  permet  pas  de  douter  que  cet  ouvrage  n'ait  été  exécuté  par  Raphaël 
lui-même.  H.  ^  4"  9'";  1.  T  8"  4'". 

147.  Deux  cavaliers.  —  Celui  de  devant,  presque  vu  de  dos,  est  lancé 
au  galop;  le  second,  la  tête  couverte  d'un  casque  pointu,  court  après  lui 
à  toute  bride.  Sur  la  même  feuille,  à  gauche,  est  encore  indiquée  la  tête 
d'un  cheval.  C'est  le  fragment  d'une  esquisse  à  la  plume,  un  peu  lavée. 
Ce  dessin  est  plein  de  vie;  d'après  la  manière  de  faire,  on  peut  le  re- 
garder comme  un  ouvrage  de  la  jeunesse  de  Raphaël,  et  le  dater  de 
1505.  H.  8";  1.10"  6'". 

148.  Étude  de  draperie  pour  la  figure  de  la  Vierge  dans  la  Dispute  du 
Saint-Sacrement.  —  Rapide,  mais  beau  dessin  à  la  pierre  noire,  rehaussé 
de  blanc. 

149.  Esquisse  pour  la  partie  supérieure  de  la  même  fresque,  —  Ce  sont 
seulement  de  légères  indications  pour  les  figures  suivantes  :  Dieu  le  Père, 
le  Christ  avec  la  Vierge ,  saint  Jean  et  quelques  autres  saints.  Revers  de 
la  feuille  précédente. 

150.  Un  des  Dioscures.  —  Il  retient  un  cheval  par  la  bride.  D'après  l'an- 
tique qui  est  au  Capitole.  Dessiné  largement  à  la  plume,  dans  la  manière 
de  Raphaël.  Sur  le  revers,  il  y  a  encore  une  esquisse  d'après  un  relief  an- 
tique^ représentant  un  dieu  marin  et  quelques  autres  figures. 

AU   MUSÉE   ROYAL   DE    NAPLEâ. 

151.  Moïse  devant  le  buisson  arci&n^—  Fragment  de  carton  pour  la  fres- 


426  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

que  de  la  seconde  chambre  du  Vatican.  C'est  seulement  la  figure  de  Mc»Ise, 
magistralement  exécutée  au  fusain  et  à  la  pierre  noire,  et  rehaussée  de  blanc. 
Il  n'est  pas  possible  d'unir  dans  un  style  aussi  large  et  aussi  élevé  plus 
de  vivacité,  plus  de  sentiment,  plus  d'expression  à  plus  de  véritable  science 
du  dessin.  Il  est  seulement  à  regretter  que  ce  carton,  originairement  com- 
posé de  beaucoup  de  fcuifles  de  papier  ajustées  ensemble,  ait  souffert  à 
ce  point  que  des  morceaux  qui  manquaient  sont  refaits  à  neuf,  et  que 
d'autres  qui  étaient  eiïacés  ont  dû  être  fortement  retravaillés.  Par  ban- 
heur,  la  tête  du  Moïse  est  très-bien  conservée.  Ce  carton  provient  de  la 
collection  Farnèse. 

Grav.  par  J.  Mori,  in-i%  pour  les  Biatrélidi  Napoliedel  ngno, 

452.  Carton  pour  la  Sainte  Famille  de  Naples.  —  C'est  la  composition 
que  Raphaël  exécuta  pour  Leonello  da  Carpi.  Ce  carton,  traité  à  la  pierre 
noire  et  rehaussé  de  blanc,  a  été  retravaillé;  le  côté  gauche  entièreoient 
refait.  Il  provient  également  de  la  collection  Farnèse. 

453.  La  Mise  au  tombeau,  —  Winkelmann  fait  mention  de  ce  dessin 
{qui  était  de  son  temps  dans  le  musée  royal  Farnèse,  à  Naples],  dans  lequel 
le  peintre  a  donné  à  la  figure  du  Sauveur  la  beauté  d'un  jeune  héros 
imberbe.  Actuellement  ce  dessin  n'est  plus  exposé  dans  les  galeries, 
ainsi  que  quelques  autres  attribués  alors  à  Raphaël,  et  dépossédés  peut— 
être  maintenant  de  cette  attribution  hasardée. 

DANS    LE    COUVENT  DE   MONlï   CASSINO. 

154.  Portrait  de  Raphaël,  dessiné  par  lui-même,  à  Tâge  de  trente  ans 
environ.  — *  Il  est  vu  de  trois  quarts  à  peu  près  et  tourné  à  gauche.  La  tête 
est  couverte  d'une  barrette.  Il  n'a  point  de  barbe  ;  les  cheveux  sont  longs 
et  tombent  sur  les  épaules.  Presque  de  grandeur  naturelle.  A  la  pierre 
noire.  Malheureusement  ce  n'est  qu'un  débris  du  dessin  original,  puisqu'il 
y  manque  la  partie  supérieure  de  la  barrette  »  les  cheveux  du  côté  droit 
et  toute  la  partie  inférieure  de  la  fîgure,  à  partir  du  cou  ;  de  plus,  le  dessin 
a  beaucoup  souffert;  mais  néanmoins  c'est  une  relique  précieuse,  qui  nous 
donne  le  portrait  du  maître  dans  un  âge  déjà  plus  mûr,  lorsque  ses  traits 
étaient  entièrement  formés.  L'aménité,  qui  était  le  propre  de  son  carac- 
tère, apparaît  ici  jointe  à  l'expression  d'un  esprit  transcendant  et  d'une 
âme  profondément  sensible.  Dans  le  bas  de  la  feuille,  on  lit  ces  mots  : 
Ritratto  di  R,  S.  V.  fatto  da  se  stesso^  Et  sur  le  revers  :  Ritratio  di  Raffaeh 
mono  pro^a.  H.  18";  1.  7". 

AU    PALAIS   DU    COMTE    RANGHIASCI,    A    GUBBIO. 

155.  Dieu  le  Fére  sépare  la  lumière  des  ténèbres,  —  Spirituelle  esquisse 


1 


EN  ITALIE.  427 

pour  la  fresque  des  Loges.  Dessin  à  la  plume  ^  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé 
de  blanc.  Iii-4^. 
II  y  avait  une  copie  de  ce  dessin  dans  la  succession  Lawrence^  à  Londres. 

AU    PALAIS    FILIPPO    DONNINI,    A    PÉROUSE. 

156.  L'Adoration  des  Mages.  —  Spirituel  dessin  à  la  plume  pour  le  petit 
tableau  de  la  predella  du  Couronnement  de  la  Vierge,  qui  est  actuellement 
au  Vatican.  Sur  le  revers,  on  lit  :  Fiîippo  Donini.  H.  8"  3"';  1. 12"  3' 


tfff 


BANS    LA    MAISON   LODOVICO    BALDESCHI ,    A    PÉROUSE. 

157.  Le  Mariage  de  V empereur  Frédéric  lU  avec  Éléonore  de  PorUigaL 
—  Dessin  pour  la  fresque  qui  est  à  la  Lihreria  de  la  cathédrale  de  Sienne. 
L'empereur,  allant  au-devant  de  sa  royale  fiancée,  lui  prend  la  main 
droite  9  tandis  que  le  cardinal  Eneas  Sylvius,  debout  au  milieu,  leur 
touche  les  épaules  comme  pour  les  réunir.  Tout  auprès  et  derrière  l'em- 
pereur, six  hommes  et  trois  cavaliers  de  sa  suite;  à  droite,  auprès 
d'Êléonore,  quatre  femmes  et  trois  hommes;  et,  plus  en  arrière  encore, 
six  cavaliers.  Au  fond,  à  gauche,  plusieurs  cavaliers  et  beaucoup  de 
lansquenets,  auprès  de  la  colonne  qui  fut  érigée,  en  souvenir  de  ce  fait, 
devant  une  des  portes  de  Sienne.  Dans  le  lointain ,  on  voit  la  mer  entre 
deux  collines,  avec  le  vaisseau  qui  amena  la  princesse  en  Italie.  Ce  dessin, 
traité  avec  infmiment  d'esprit,  est  du  plus  grand  effet  ;  les  expressions  des 
tètes  sont  parlantes,  les  chevaux  pleins  de  feu  ;  les  vêtements  reproduisent 
les  costumes  du  temps  avec  beaucoup  de  goût,  et  ne  sont  pas  surchargés 
d'ornements,  comme  ils  le  furent  plus  tard  dans  la  peinture  exécutée  par 
le  Pinturicchio.  Dans  ce  dessin,  toutes  les  figures  prennent  part  à  la  cé- 
rémonie, tandis  que  dans  l'exécution  il  a  fallu  introduire  beaucoup  de 
portraits  de  Siennois  distingués,  qui,  dans  tous  leurs  mouvements  comme 
dans  l'expression  de  leurs  physionomies,  semblent  tout  à  fait  étrangers  à  la 
scène  où  ils  tigurenL  Le  Pinturicchio,  qui  était  loin  de  posséder,  comme 
Raphaël,  le  sentiment  des  lignes,  changea  aussi  le  paysage  pour  y  placer 
en  perspective  différents  édifices  de  Sienne.  Toutefois,  ces  changements 
semblent  prouver  que  Raphaël  ne  fit  point  ces  compositions  à  Sienne 
même,  où  il  lui  eut  été  facile  de  satisfaire  tout  de  suite  aux  exigences  de 
la  commande.  Dans  le  haut  de  la  feuille ,  Raphaël  a  écrit  de  sa  main  : 
Questa  e  la  quinta..,.  Le  reste  est  effacé  et  tout  à  fait  illisible.  Dessin  à  la 
plume,  légèrement  lavé  au  bistre  et  rehaussé  de  blanc.  La  feuille^  pliée 
en  quatre,  s'est  déchirée  en  plusieurs  endroits  et  a  été  mal  raccommodée* 
H.  21";  I.  15". 

Les  dessins  suivants,  qui  se  trouvaient  encore  en  Italie  en  183^(,  ont  été 
vendus  sans  que  nous  sachions  en  quelles  mains  ils  ont  passé  depuis. 


438  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

DANS  LA  COLLECTION  DU  CHEVALIER  CAMUCCINI,  A  ROME. 

i58.  La  Mise  au  tombeau.  —  Le  corps  du  Christ  est  apporté  par  trois 
liommes  qui  vont  le  déposer  dans  un  sarcophage.  L'un  le  tient  par-des- 
sous les  bras,  les  deux  autres  (  un  jeune  homme  à  gauche  et  un  homme 
barbu  à  droite)  le  soulèvent  dans  un  linceul.  La  Vierge,  au  fond  de  la 
grotte,  s'évanouit  et  s'appuie  sur  une  des  femmes,  tandis  que  l'autre  con- 
temple la  plaie  dans  le  flanc  du  Christ.  Au  premier  plan ,  la  Madeleine 
se  penche  pour  baiser  les  pieds  du  Sauveur.  Dans  le  haut  de  la  grotte 
sont  écrits  en  hébreu  les  versets  52  et  53  du  xxiii*  chapitre  de  l'Evangile 
selon  saint  Luc.  Très-beau  dessin  à  la  sépia.  H.  6"  5"'  ;  1.  5". 

Ce  dessin  était  autrefois  dans  la  collection  du  comte  Arundel,  en  Angle- 
terre; il  appartint  ensuite  au  prince  Borghèse,  à  Rome,  et  plus  tard  au 
chevalier  Camuccini,  chez  qui  nous  avons  été  assez  heureux  pour  pouvoir 
l'admirer.  Plus  tard  encore  il  retourna  en  Angleterre^  ayant  été  acquis  à 
un  prix  très-élevé  par  Sir  George  John  Wamou. 

La  collection  de  l'archiduc  Charles,  à  Vienne,  en  possède  une  belle 
copie  au  bistre.  ' 

Gravures  d'après  ce  dessin. 

Par  Lucas  Yorstermano ,  petit  in-4*  ;  en  contre-partie,  avec  celte  inscription  : 
O  trùtet  animœ,  elc.j  et  Maria  Magnœ  Brilanniœ  $er,  Reg.  hùfe  Christi  corporis  Aim 
miali$  a  Luca  Vorttermaw)  in  ae$  incisa  D,  D,  Ex.  Arundeliana  penu  deprompla  a 
Raphaello  Vrbin,  detin.  Cumpriv.  Reg.  exe.  1628.  —  Cornel.  Galle,  dans  un  ot;lo- 
gone,  petit  in-8*.  —  F.  Lonsing  fecit,  1768,  petit  in-4%  avec  cette  inscription  : 
UumiliavU  iemetipium  faelut  obediem  utque  ad  morletn.  EpitL  S.  Fauli  ad  Philip., 
cap.  1/,  V.  8.  —  F.  A.  Krebs.,  Mog.,  1750,  pet.  in-4*.  —  Micb.  van  Lochom,  petit 
in-4*.  En  contre- partie.  ~  Jean  Yolpato,  petit  in-4*.  Quelquefois  imprimé  en 
rouge.  —  Merckel,  Landshuth,  1772, 3  avril.  Médiocre  planche,  pet,  in-4*.  —  Par 
un  anonyme,  pet.  io-40,  avec  l'inscription  hébraïque  du  rocher  :  Raph,  Vrb.  inv. 
—  Par  un  autre  anonyme,  à  l'eau -forte.  Faible  estampe  sans  l'inscription  hé- 
braïque et  sans  le  nom  de  Raphaël.  Contre-partie.  —  Lith.  par  F.  Rehberg.  — 
Landon,  Vie  et  œuvret  de  Raphaël^  n*  298. 

159.  La  tête  d'une  Madone,  —  A  la  pointe  d'argent. 

DANS  LE  CABINET  DU  CHEVALIER  BENVENUTI ,  PEINTRE  A  FLORENCE. 

IGO.  Le  petit  saint  Jean,  —  Il  est  agenouillé^  dans  l'attitude  de  pré- 
senter des  fleurs  à  renfaul  Jésus.  A  la  pointe  d'argent.  H.  4"  3'";  1. 3"  11"'. 

161.  Figure  cfc  femme  nue,  —  Assise  à  terre.  La  tête  d'un  enfant  et 
trois  esquisses  pour  un  enfant  Jésus^  qui^  couché,  étend  les  mains  vers  sa 
mère.  Dessin  sur  une  feuille  de  papier  d'un  ton  rougeâtre .  H.  4"  S'";  1.  S"  8"'. 

DANS  LE  PALAIS   DU    COMTE   GIULIO  CESARI,   A    PÉROUSE. 

162.  Le  Christ  dcvarit  Uérode,  —  Esquisse  à  la  plume ^  et  figures  nues, 


EN  ALLEMAGNE.  429 

de  l'époque  florentioe  de  Raphaël.  In-folio  en  larg.  Ce  dessin,  depuis  que 
Dous  l'avons  vu ,  aurait  été  ^  dit-on ,  envoyé  à  Rome  et  vendu  dans  cette 
ville. 

DANS    LA    MAISON    GAVACEPPl ,    A    PÉROCJSE. 

163.  Sainte  Famille.  —  La  Vierge  avec  l'enfant  Jésus,  sainte  Élisaheth, 
le  petit  gaînt  Jean  et  saint  Joseph^  forment  un  groupe  en  pyramide.  Dessin 
à  la  plume,  lavé  à  l'aquarelle ,  et  rehaussé  de  blanc.  Selon  VAntologia 
pittorica  (p.  69)  et  la  Guida  al  Forestière  per  la  città  di  Perugia  (1784, 
p.  258),  ce  doit  être  un  dessin  très-remarquable  de  Raphaël,  dans  sa  se- 
conde maDière.  C'est  vraisemblablement  la  composition  qu'il  peignit  pour 
Domenico  Canigiani.  D'après  les  indications  de  Pungileoni  (p.  289),  ce 
dessin  ne  serait  qu'un  calque  du  dessin  original  qu'on  croit  perdu  ^  L'ar- 
cbevêque  Berioli,  à  Urbin,  a  possédé  ce  dessin,  qui  lui  venait  de  l'audi- 
teur Filippo  Cavaceppi,  et  il  en  fit  présent  lui-même,  en  4818,  à  la  prin- 
cesse de  Galles. 

BANS  LA  MAISON  GIO.    BATTISTA  CECCOMANI ,   A   PÉROUSE. 

164-.  Carton  pour  la  demi-figure  d'une  Vierge  avec  l'enfant  Jésus.  — 
Selon  la  Guida  al  Forestière  per  la  città  di  Perugia  (1784,  p.  241),  le 
tableau  original,  sur  bois,  peint  d'après  ce  dessin,  aurait  été  au  palais 
Borghèse,  à  Rome.  Cest  le  carton  pour  le  tableau  de  Madone  que  possé- 
dait M.  Rogers,  à  Londres,  et  dont  il  se  trouve  une  copie  par  Sassoferrato 
dans  la  galerie  Borghèse.  Ce  carton  fut  acheté  à  Pérouse  pour  l'Angle- 
terre, et  se  trouvait,  en  1843,  en  la  possession  de  M.  Colnaghi,  à  Lon- 
dres^ qui,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  en  fit  exécuter  un  fac-similé 
par  Th.  Fairland,  grand  in-fol. 


DESSINS  DE  RAPHAËL  EN  ALLEMAGNE. 


DANS  LA   COLLECTION   ALBERTINE,    A   VIENNE. 

Cette  collection,  une  des  plus  riches  qui  existent,  est  un  legs  du  duc 
Albert  de  Saxe,  Teschen,  à  l'archiduc  Charles  ;  elle  se  trouve  actuellement 
en  la  possession  du  fils  de  ce  dernier,  l'archiduc  Albert.  Une  grande  partie 

I.  Un  dessin  original  provenant  de  la  maison  Caraceppi ,  pour  cette  Sainte  Famille,  mais 
sans  le  saint  Joseph,  se  trouve  dans  la  collection  de  l'arcfaiduc  Charles,  à  Vienne. 


4)0  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

des  dessins  de  l'école  italienne  provient  du  cabinet  du  prince  Charles  de 
Ligne  et  de  différentes  ventes  faites  en  Hollande.  —  Adam  Bartsch,  Fer- 
dinand Ruschweyh  et  Charles-Antoine  Favart  en  ont  gravé  plusieurs.  Des 
fac-similé  lithographies  sont  contenus  dans  le  précieux  ouvrage  que 
Ludwig  Forster  a  publié  à  Vienne  sous  ce  titre,  en  allemand  :  Copies 
lithographiées  d'après  des  dessins  originaiix  d'anciens  et  célèbres  maîtres 
italiens,  tirés  de  la  collection  de  Son  Altesse  Impériale  l'archiduc  Charles 
d'Autriche.  (A  Vienne ,  chez  Mannsfeld  et  Comp.)  —  Le  premier  volume^ 
composé  de  80  planches^  est  terminé  depuis  l'année  1835  (ainsi  que  le 
volume  renfermant  les  dessins  d'après  les  maîtres  des  écoles  des  Pays- 
Bas  et  de  l'Allemagne).  La  continuation  de  ce  bel  ouvrage  se  prépare. 

Les  frères  Alinari  ont  photographié  les  dessins  de  Raphaël  de  cette 
collection,  et  Giuseppe  Bardi,  à  Florence,  va  les  publier  avec  une  dédi- 
cace à  S.  A.  R.  le  prince  Albert  d'Angleterre. 

Nous  avons  emprunté  beaucoup  de  précieux  renseignements  sur  Torî- 
gine  des  dessins  au  catalogue  manuscrit  d'Adam  Bartsch,  que  nous  avons 
eu  le  bonheur  de  consulter  en  i  835.  C'est  donc  grâce  à  la  générosité  de 
l'auguste  propriétaire  de  la  collection  Albertine,  ainsi  qu'à  la  bienveil- 
lance de  feu  M.  le  directeur  Rehberger  et  de  MM.  les  inspecteurs  de  ce 
musée,  que  nous  avons  pu  donner  le  catalogue  détaillé  des  dessins  de 
Raphaël  que  possède  cette  belle  collection. 

Sajets  de  PAnclen  Testament. 

165.  Abraham  se  prosternant  à  terre  devant  les  trois  Anges,  —  Sara  est 
debout  derrière  la  porte.  Légère  esquisse  à  la  plume,  pour  la  fresque  des 
Loges  au  Vatican.  Sur  papier  d'un  ton  brunâtre,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé 
de  blanc.  H.  7"  2"';  l.  9"  1'".  Collection  de  la  Noue  et  A.  Rutgers;  acquis 
au  prix  de  11  florins. 

Grav.  sur  bois,  au  clair-obscur,  par  A.  M.  ZaDetli. 

166.  Jacob  à  la  fontaine,  auprès  des  filles  de  Laban.  —  Esquisse  pour  la 

fresque  des  Loges.  Très-beau  dessin  à  la  plume  sur  papier  brunâtre,  lavé 

à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc.  H.  8";  1.  9".  Collection  J.  Walraven  à 

Amsterdam  ;  vendu  46  florins. 

Grav.  sur  bois,  au  clair-obscur,  par  A.  M.  Zanetti.  —  A  l'aquatinta,  par  H.  Be- 
nedicti,  in-4*>. 

167.  Joseph  expliquant  le  songe  à  ses  frères,  — Esquisse  pour  la  fresque 
des  Loges.  Dessin  largement  traité  à  la  plume,  sur  papier  gris,  lavé  à  la 
sépia  et  rehaussé  de  blanc.  H.  8"  7'";  L  12".  Collection  du  duc  d'Ursel. 

Grav.  par  un  élève  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XY,  p.  10,  n"  5.  —  Bôatrizet, 
1541.  Bartsch,  t.  XY,  p.  244,  n«  9.  —  Par  un  anonyme,  in-8*. 

Dans  la  succession  du  peintre  Lawrence  à  Londres,  ii  s'est  trouvé  égale- 
ment une  belle  copie  de  cette  composition. 


EN  ALLEMAGNE.  4&1 

168.  La  Chute  des  murs  de  Jéricho.  —  Légère  esquisse  i  la  plume. 
H.  9"  9'";  i.  13"  y.  Si,  dans  ce  dessin  pour  la  fresque  des  Loges,  cer- 
taines parties  sont  de  la  main  de  Raphaël,  les  autres  toutefois  accusent 
une  main  étrangère. 

Lithogr.  par  F.  Eybl. 

169.  David  vainqueur  du  géant  Goliath,  —  Spirituelle  étude  à  la  pierre 
noire  pour  la  fresque  des  Loges.  Ce  sont  seulement  les  deux  figures  de 
David  et  de  Goliath  avec  le  guerrier  à  droite.  H.  9"  6'";  1.  12"  6'".  Un 
beau  dessin  au  bistre  du  groupe  principal  est  conservé  dans  la  collection 
de  Flprence.  Sur  le  revers,  en  esquisse,  le  groupe  des  apôtres,  de  la  Mort 
d'Ananie.  Mais  ces  deux  esquisses  ne  semblent  être  que  des  études  d'après 
Toriginal. 

170.  L'Annonciation.  —  La  sainte  Vierge  se  relève  et  se  tourne  avec 
humilité  vers  Tange  qui  vient  à  elle.  Dans  le  haut,  Dieu  le  père  et  le  Saint- 
Esprit  qui  descend.  Le  dessin  est  cintré  par  un  demi-cercle.  Esquissé  à  la 
plume  et  terminé  à  la  sépia  et  avec  du  blanc.  H.  10"  V";  1. 17"  4'".  Col- 
lections Crozat  et  prince  de  Condé. 

171.  Esquisse  pour  le  Massacre  des  Innocents,  gravé  par  Marc-Antoine, 
—  C'est  le  soldat  qui  veut  arracher  l'enfant  des  bras  de  la  mère  qui  s'en- 
fuit ;  ii  y  a,  en  outre,  une  étude  plus  précise  pour  les  jambes  de  la  femme, 
ainsi  que  pour  la  tête  et  le  bras  qui  retient  l'enfant.  A  la  sanguine.  H.  9"; 
1.  15"  6'".  Collections  Mariette  et  prince  de  Ligne. 

172.  Esquisse  pour  le  même  Massacre  des  Innocents»  —  Cest  encore  le 
même  soldat  poursuivant  la  même  femme  ;  dessin  à  la  plume,  avec  quel- 
ques indications  de  figures  à  la  pierre  noire,  qui  semblent  avoir  été  effacées 
parce  que  Raphaël  n'en  était  pas  content;  elles  ne  se  trouvent  d'ailleurs 

•  pas  sur  l'estampe.  A  droite^  sur  la  même  feuille,  est  l'esquisse  d'un  soldat 
nu,  à  mi-corps,  et,  dans  le  bas,  une  autre  étude  pour  la  femme  agenouillée 
du  Jugement  de  Salomon,  qui  est  peint  dans  la  chambre  de  la  Segnatura. 
A  la  plume.  Ces  deux  esquisses  se  trouvant  sur  la  même  feuille,  on  peut  en 
conclure  que  la  célèbre  composition  du  Massacre  des  Innocents  est  de  la 
même  époque  que  la  fresque  du  Jugement  de  Salomon,  c'est-à-dire  de 
l'année  1510  environ.  Sur  le  revers  de  cette  même  feuille,  Raphaël  a 
encore  esquissé,  à  la  pierre  noire,  un  homme  nu  qui  était  vraisemblable- 
ment destiné  à  représenter  le  soldat  dans  cette  dernière  fresque,  mais  qui 
n'y  fut  pas  mis.  H.  10"  6"';  1.  Il"  12'".  Collections  Tiraoteo  Viti,  Crozat, 
marquis  de  Gouvernet,  Julien  de  Parme  et  prince  de  Ligne.  Au  revers  de 
cette  feuille  est  la  figure  allégorique  de  l'Astronomie.  Voyez  ci-après  le 
n»  205. 

173.  La  Féche  miraculeuse»  —  Première  esquisse.  On  voit  les  deux  J)ar- 


432  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

ques  ayec  le  Christ  et  les  apôtres  dans  le  fond.  Sur  le  devant,  trois  hommes 
debout;  auprès  d'eux  est  assise  une  mère  avec  son  enfant;  un  peu  plus 
loin,  à  droite,  et  tout  près  du  bord  du  fleuve,  sont  assises  aussi  deux 
autres  femmes  avec  un  enfant  Quelques  autres  figures ,  indiquées  seu- 
lement au  fusain ,  ont  été  presque  effacées.  A  la  plume  et  terminé  à  la  ^ 
sépia  et  avec  ilu  blanc.  Ce  dessin,  très-achevé,  a  été  un  peu  retravaillé. 
Dans  le  bas,  on  lit  :  Luc.  5.  —  H.  8"  8'";  1.  44"  T\  Vendu  30O  livres 
dans  la  vente  Mariette.  Collections  Crozat,  Mariette,  Julien  de  Parme  et 
prince  de  Ligne.  Sur  le  revers,  il  y  a  encore  une  esquisse  des  deux  barques; 
mais  elle  n'est  point  du  maître. 

Bartsch,  dans  son  catalogue  manuscrit,  cite  une  copie  de  ce  dessin  exis- 
tant à  Nuremberg.  On  en  voyait  autrefois  encore  une  dans  la  collection 
de  Florence. 

Grav.  par.  J.  B.  Franco.  Bartsch,  t.  XVI,  p.  124,  n*  14.  —  A.  FantazzL  — 
Ph.  Thomassin,  avec  des  changements  dans  le  paysage.  —  Lithogr.  par  Pilizotli. 
—  Landon,  n*  234. 

474.  Étude  de  trois  apôtres,  pour  la  Transfiguration.  —  Ce  sont  ceux  qui 
occupent  le  centre  du  fond,  au-dessous  de  la  montagne;  Tun  est  debout, 
l'autre  a  les  mains  ouvertes  et  les  doigts  écartés  ;  on  ne  voit  qu'un  frag- 
ment du  troisième  apôtre.  Ce  sont  des  figures  nues,  dessinées  avec  grand 
soin,  à  la  sanguine,  d'après  le  modèle  vivant.  H.  12"  1'";  I.  10"  i"\  Col- 
lections Crozat,  marquis  de  Gouvernet,  Julien  de  Parme  et  prince  de 
Ligne. 

Lithogr.  par  Fr.  Eybl. 

175.  Deux  apôtres.  —  Autre  étude  pour  la  Transfiguration.  C'est  celui 
qui  est  assis  au  premier  plan  à  gauche  (saint  André)  et  celui  qui,  derrière 
lui,  lève  le  bras  vers  le  haut.  Figures  nues,  dessinées  à  la  sanguine. 
H.  il"  4'";  1.  8"  7  ".  Mêmes  collections  que  le  précédent. 

Lithogr.  par  Fr.  Eybl. 

176.  V apôtre  assis.  —  C'est  celui  qui  est  au  premier  plan  à  gauche 
dans  la  Transfiguration  (saint  André).  Magnifique  étude  d'après  le  modèle 
nu,  un  peu  plus  petite  que  la  précédente  et  différente  aussi  de  mouvc-  . 
ment.  A  la  sanguine.  H.  4"  10"';  1.  5"  6". 

177.  La  Transfiguration.  —  C'est  absolument  la  même  disposition  que 
dans  le  tableau,  mais  toutes  figures  nues.  La  manière  dont  est  traité  ce 
célèbre  dessin  à  la  plume  ressemble  sans  doute  à  celle  de  Raphaël,  mais 
on  y  chercherait  en  vain  ses  qualités  spirituelles,  sa  liberté  de  faire  et  son 
originalité.  La  proportion  des  figures  est  d'ailleurs  un  peu  courte,  quel- 
quefois mC'me  d'un  mouvement  désagréable.  Il  est  surprenant  aussi  que 
l'ordonnance  de  toutes  les  figures  soit  identiquement  la  même  que  celle 
du  tableau,  tandis  que  Raphaël  ne  suivait  jamais  servilement  son  esquisse 


EN  ALLEMAGNE.  433 

dans  le  cours  de  TexécutioD  d'un  tableau  et  apportait  toujours  quelque 
modIficatioD  à  son  idée  première.  Cest  pourquoi  nous  avons  la  conviction 
que  ce  dessin,  si  beau  qu'il  soit,  est  bien  plutôt  une  copie  faite  d'après  le 
tableau  qu'une  étude  de  Raphaël  pour  ce  tableau  même.  Il  a  souffert  en 
différents  endroits.  Collections  de  Piles^  Montarfeis  et  Crozat. 

Lithogr.  par  Pilizotti. 

178.  La  Cène,  —  Rapide  esquisse  à  la  plume,  de  la  jeunesse  de  Raphaël. 
Ia  partie  gauche  est  seule  terminée.  Deux  piliers  d*un  vestibule  voûté  par- 
tagent cette  composition  en  trois  parties.  In-folio  en  largeur.  Voyez,  pour 
le  dessin  du  Saint  Sébastien  qui  est  au  revers,  n*  194. 

1 79.  La  Lapidation  de  saint  Etienne.  —  Première  esquisse  pour  le  carton 
de  la  tapisserie.  Ce  sont  neuf  figures  qui,  à  l'exception  de  celle  du  saint, 
ne  sont  point  vêtues.  Le  saint  est  agenouillé,  vu  de  face,  au  milieu  du 
tableau  (tandis  que,  dans  la  tapisserie,  il  est  un  peu  tourné  de  côté).  A 
gauche,  trois  hommes  armés  de  pierres,  et  Saul,  gardant  les  vêtements, 
et  assis  à  terre.  A  droite ,  trois  hommes  jettent  des  pierres  et  un  qua- 
trième en  ramasse.  Très-belle  esquisse  ^la  plume.  H.  10'*  3"';  1. 16"  3'". 
Collection  Mariette. 

tirav.  par  A.  Bartsch,  1787.  —  Lithogr.  par  Pilizotti. 

180.  La  Vierge  au  pied  de  la  croix.  —  Elle  est  dessinée  dans  trois 
altitudes  différentes.  La  plus  terminée,  dans  la  manière  du  Pérugin,  est 
telle  que  Raphaël  l'exécuta  dans  le  tableau  qui  était  chez  le  cardinal  Fesch 
à  Rome,  et  ce  dessin,  de  la  jeunesse  du  maître,  semble  avoir  servi  en  effet 
à  la  composition  de  ce  tableau.  Le  torse  du  Christ  en  croix  est  ^aussi  indi- 
qué. H.  10"  3"';  1.  8".  Collection  Julien  de  Parme. 

Grav.  par  Adam  Barlsch. 

181.  La  femme  d'Ananie.  —  Tombée  morte  sur  les  marches  du  temple. 
Dix  flgures,  hommes  et  femmes,  frappés  de  stupeur,  se  tiennent  auprès  du 
cadavre.  Très-beau  dessin  au  bistre,  qui  a  des  rapports  frappants  ave<f  la 
composition  du  Lévite  d'Ëphraïm  qui  se  trouvait  dans  la  collection  Denon 
à  Paris*;  mais  ni  l'un  ni  l'autre  de  ces  dessins  ne  nous  paraissent  être 
de  la  main  de  Raphaël.  H.  7"  3";  1.  9"  6"'. 

Usintes  Famillcfl  et  Madones. 

182.  La  Sainte  Famille,  pour  Dom.  Canigiant. —Actuellement  au  musée 
de  Munich.  C'est  seulement  une  rapide  esquisse  des  deux  femmes  avec 

1 .  Yoy.  DetcripHon  det  objelt  d'art  qui  compount  le  eabinel  de  feu  le  bartm  Vivant' 
Denon,  Pari»,  1826,  n»  299.  Grav.  dans  TouTragc  de  Denoa,  pi.  89.  Landon,  n»  291.  Le 
Bojet  est  tiré  du  Livre  des  Juges,  chap.  XIX  et  XX. 

Ce  dessin,  qui  aujourd'hui  appartient  k  l'illustre  peintre  français  Ingres ,  n'est  cependant  pas 
de  Raphaël  ;  il  porte  bien  plutôt  le  caractère  d'une  œuvre  de  Poussin.  Nous  île  savons  point  s'il 
existe  un  dessin  original  de  Raphaël  pour  cette  composition. 

11.  28 


434  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

leurs  enfants;  le  saint  Joseph  manque.  Les  extrémités  des  figures  de 
femmes  et  la  tête  de  sainte  Elisabeth  ayant  un  cachet  particulier,  et  ces 
diverses  parties  étant  plus  soigneusement  traitées  que  le  reste ,  nous 
sommes  portés  à  croire  que  ce  sont  des  études  d'après  nature.  Esquissé 
à  la  sanguine  et  terminé  à  la  plume.  H.  10"  4'";  1.  9".  Collection  Cava- 
ceppi. 
Grav.  par.  A.  Bartsch.  —  Lithogr.  par  Fendi. 

183.  La  Vierge,  demi-figure,  —  Elle  tient  l'enfant  Jésus  devant  elle  sur 
un  coussin,  et  lui  présente,  de  la  main  droite,  une  grenade.  Sa  main 
gauche  est  posée  sur  un  livre  ouvert,  et  sa  tête,  un  peu  penchée  vers  le 
bas,  est  recouverte  d'un  voile.  L'enfant  Jésus  et  les  mains  de  la  Vierge 
âont  très-soigneusement  traités ,  et  semblent  avoir  été  dessinés  d'après 
nature.  Ce  beau  dessin,  esquissé  au  fusain  et  terminé  à  la  pierre  noire,  est 
encore  dans  la  manière  du  Pérugin.  Les  figures  étant  aux  trois  quarts  de 
grandeur  naturelle,  il  se  peut  que  ce  dessin  ait  servi  de  carton  pour  un 
tableau  qui  n'est  pas  connu.  H.  15"  6'";  1. 11".  Des  collections  Julien  de 
Parme  et  prince  de  Ligue: 

184.  Madone  de  la  maison  d^Albe,  —  Ce  dessin  est  un  peu  différent  du 
tableau,  en  ce  que  le  petit  saint  Jean  tient  ici  un  agneau.  A  la  plume, 
lavé  d'un  ton  brun  et  rehaussé  de  blanc.  Ce  dessin,  qui  a  beaucoup  souf- 
fert, est  retravaillé  et  coupé  ovalement.  C'est  à  peine  si  on  peut  y 
reconnaître  la  main  du  maître.  H.  7"  3'";  1.  6".  Collection  du  prince 
de  Ligne. 

183.  Sainte  Famille.  —  La  Vierge  est  assise  à  droite  de  sainte  Anne  et 
lui  présente  l'enfant  Jésus.  Rapidement  esquissée  au  fusain,  terminée  à  la 
plume.  H.  5"  5'";  1.  4"  7'".  Collection  du  prince  de  Ligne. 

Grav.  par  Gh.  Ant  Favart,  1818.  En  contre-partie. 

186.  La  Vierge  assise  duns  un  palais.  —  Elle  se  tourne  à  droite  et  semble 
vouloir  présenter  l'enfant  Jésus  au  petit  saint  Jean  assis  à  terre.  Les  deux 
enfants  se  regardent  avec  amour.  Auprès  d'une  colonne,  on  voit  encore 
l'indication  d'un  homme.  Très-spirituelle  esquisse  dessinée  à  la  plume  et 
àl'encre.  H.  6"11"';L4"11"'. 

Grav.p  en  contre-partie,  par  Gh.  Ant.  Favart,  1818.  Gollect.  du  prince  de  Ligne. 
Une  copie  de  ce  dessin  se  trouvait  dans  le  cabinet  de  M.  Roger  Lagoy^  à  Paris; 
elle  a  été  gravée  à  Teau-forte  par  cet  amateur.  —  Landon,  n*  229. 

187.  La  Vierge  assise  dans  un  paysage.  —  Elle  lit  dans  un  livre 
et  tient  devant  elle  l'enfant  Jésus,  qui  étend  son  bras  vers  le  livre. 
Aux  côtés,  l'indication  de  deux  anges.  Esquisse  à  la  plume,  très-ra- 
pide ,  mais  très-spirituellé.  H.  7"  3'"  ;  1.  5"  9'".  Collection  du  prince  de 
Ligne. 

188.  Deux  Madones.  —  Esquisses  à  la  plume  sur  une  même  feuille. 


•• 


EN  ALLEMAGNE.  43S 

Celle  49  ilfttiche  a,  dans  l'attitude^  quelque  ressemblance  avec  la  Vierge 
de  la  inafsOD  Colonna^  au  musée  de  Berlin  ;  mais  ici  Teufant  Jésus^  debout 
sur  les  geoout  de  sa  mère^  lui  entoure  le  cou  avec  uu  de  ses  bras. 

L'autre  esquisse  est  également  une  Vierge  assise^  en  demi-figure,  avec 
reofànt  Jésus  debout  qui^  de  la  main  droite^  tient  le  bord  du  vêtement 
de  sa  mère^  auprès  du  cou^  et  qui  porte  ses  regards  vers  le  petit  saint 
Jean  debout  à  gauche.  Ce  dernier,  vu  à  moitié^  a  un  oiseau  dans  la  main. 
Un  peu  de  paysage  pour  fond. 

Ou  voit  encore^  sur  la  même  feuille,  l'indication  d'une  autre  Vierge  et 
d'uD  enfant.  Voy.  le  revers  du  n<>  2S3. 

189.  Plusieurs  esquisses  pour  la  Vierge  dans  la  prairie.  —  De  la  galerie 
du  Belvédère,  à  Vienne.  11  y  a,  sur  cette  feuille,  quatre  projets  pour  cette 
Vierge  avec  les  deui  eàfants,  dans  des  attitudes  différentes,  surtout  celle 
du  petit  saint  Jean, -et,  sur  le  revers  de  la  feuille^  on  retrouve  encore 
Irois  fois  le  même  groupe  et  plusieurs  fois  les  mêmes  enfants.  H.  9"  4'"; 
1.  §»'  W". 

S.'Paccini  a  gravé  deux  de  ces  esquisses  en  fao-simiie  en  1770  ■. 

190.  La  Vierge  tenant  l'enfant  Jésus  sur  ses  bras.  —  Us  se  tournent 
tous  deux  vers  un  saint  qui  est  à  leur  gauche.  Sur  la  même  feuille,  à 
droite,  encore  deux  esquisses  à  la  plume  pour  un  saint  Jérôme. 

Sur  ie  revers  de  cette  feuille,  plusieurs  rapides  esquisses  de  Vierges  et 
d*enfants  Jésus.  Puis  une  figure  endormie  enveloppée  dans  un  manteau, 
et  deux  éludes  de  dos.  H.  13"  6'";  1.  9"  T\  Collections  Timoteo  Viti, 
Grozat,  de  Gouvernet,  Julien  de  Parme  et  prince  de  Ligne. 

191.  Six  Vierges  avec  l'enfant  Jésus.  —  Rapides  esquisses,  dont  deux  à 
la  sanguine  et  quatre  à  la  plume. 

Sur  le  revers  de  cette  feuille,  il  y  a  une  belle  esquisse  plus  grande  que 
les  autres,  pour  une  Vierge  en  demi-figure,  qui  tient  l'enfant  couché  en 
travei's  sur  ses  genoux.  Leurs  regards  se  rencontrent  ;  car  l'enfant  regarde 
vers  ie  haut  et  la  Madone  abaisse  ses  yeux  sur  lui.  La  partie  supérieure 
de  l'enfant  est  terminée  à  la  plume.  Le  reste  est  dessiné  à  la  pointe 
d'argent.  H.  9"  9'";  1.  7"  2"'.  —  Collections  Tim.  Viti,  Crozat,  marquis 
de  Gouvernet,  Julien  de  Parme  et  prince  de  Ligne* 

192.  La  Vierge  avec  V enfant  Jésus  mr  les  genoux.  —  Elle  est  assise 

i.  Citons  eacore  trois  autres  fae-^imile  de  Paecini  d'après  des  dessins  de  Raphaël,  mais  dont 
BOUS  ne  connaissons  qu'un  seul  en  original,  qui  est  à  Oxford  : 

a.)  Trois  Anges  dans  les  airs,  mi-figures  à  la  plume.  Ce  sont  sans  doute  des  études  pour  les 
anges  placés  à  droite  dans  la  Dispute  du  Saint-Saœrement. 

b,)  .Tète  de  femme  dirigée  ters  le  haut ,  dans  le  type  de  la  Sainte  Catherine  gravée  par 
Deanoyers.  Seulement  ie  masque.  C'est  le  dessin  d'Oxford. 

e.)  Étude  de  draperie  pour  la  partie  supérieure  d'une  figure  de  femme;  derrière  elle,  un 
jeuBe  homme  qui  la  poursuit  et  un  enfant  à  droite.  A  la  plume. 


436  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

dans  une  campagne  et  présente  son  sein  à  l'enfant.  Quelques  anges  sont 
agenouillés  à  gauche^  et^  à  droite^  l'on  voit  saint  Josejph  marchant.  Rapi- 
dement dessiné  à  la  plume  sur  papier  rougeâtre,  et  tellement  dans  la 
manière  de  Timoteo  Viti,  que  Ton  peut,  sans  aucune  hésitation^  Tattribuer 
à  cet  ami  de  Raphaël.  H.  6"  7'";  1.  5".  Colleclions  Timoteo  Viti,  Crozat, 
de  Gouvernet,  Julien  de  Parme  et  prince  de  Ligne. 

Sqjete  rellf^leax  ci  Sibylles. 

193.  Saint  Sébastien.  —  Trois  esquisses  à  la  plume.  Il  est  debout,  les 
mains  liées,  dans  .une  attitude  où  Ton  reconnaît  cette  afféterie  qui  carac- 
térise quelques  ouvrages  de  Raphaël  composés  depuis  1505  jusqu'en. 
1508.  Sur  la  même  feuille,  il  y  a  encore  deux  études  d'hommes  vus  de 
dos  et  quelques  études  séparées  de  cette  partie  du  corps.  Ce  dessin  se 
trouve  sur  le  revers  de  la  feuille,  avec  la  Cène  du  n'  179.  H.  10";  I.  14" 
3"'.  Collections  Timoteo  Viti,  Grozat,  de  Gouvernet,  Julien  de  Parme  et 
prince  de  Ligne. 

194.  La  tête  d'une  jeune  martyre  posée  sur  un  plat,  —  Beau  dessin  à  la 
pierre  noire  rehaussé  de  blanc.  Ce  doit  être  l'ouvrage  d'un  élève  de 
Raphaël.  H.  8"  9"';  1.  5"  9'". 

195.  Le  petit  saint  Jean-Baptiste.  — En  adoration.  Tourné  à  droite,  et 
comme  faisant  partie  d'une  Sainte  Famille.  Esquissé  au  fusain  et  terminé 
à  l'encre.  Cette  petite  feuille,  de  la  jeunesse  de  Raphaël,  est  collée  sur  un 
grand  carton  contenant  quelques  esquisses  de  Léonard  de  Vinci,  et  en- 
touré d'une  ornementation  par  Giorgio  Vasari.  Collections  Crozat, 
P.  Mariette  et  Julien  de  Parme. 

196.  La  vieille  Sibylle  de  Tibur,  —  Elle  s'appuie  des  deux  bras  et  se 
tourne  à  gauche.  Très-belle  étude  à  la  sanguine  pour  la  fresque  de 
S.  Maria  délia  Pace,  à  Rome.  La  draperie  sur  les  genoux  est  un  peu  plus 
terminée  que  le  reste  du  dessin.  H.  10"  6'";  1.  6"  6'". 

Grav.  par  Ferd.  Ruscbweyb,  1806. 

197.  Étude  pour  le  bras  élevé  de  la  jeune  Sibylle  de  Cumes,  —  Dans  la 
fresque  de  l'église  de  S.  Maria  délia  Pace.  Puis  une  étude  d'après  un 
modèle  de  femme  pour  la  partie  supérieure  de  l'ange  qui  vole,  tourné  à 
gauche  dans  le  même  tableau.  Ce  sont  deux  beaux  dessins  à  la  sanguine; 
les  formes  sont  puissantes  et  grandioses,  dans  le  style  de  Michel-Ange, 
mais  d'une  grande  vérité  de  nature  et  de  l'exécution  la  plus  délicate. 
H.  8"  8"';  1.  8"  1'".  Collections  d'Argenville  et  Julien  de  Parme. 

i98.  Étude  pour  Vange  qui  vok.  —  Tourné  à  gauche,  dans  la  même 
fresque  de  Téglise  délia  Pace.  Dessiné  d'après  le  modèle  nu,  et,  au  bas, 
on  voit  encore,  bien  plus  étudié,  le  bras  dont  la  main  tient  la  bande  de 
parchemin.  A  côté  se  trouve  une  étude  de  draperie  pour  le  même  ange. 


EN  ALLEMAGNE.  457 

A  la  sanguine.  H.  iO'^  3"';  I.  14".  D'Argenville  avait  acheté  ce  dessin  à 
Rome,  pour  150  livres;  plus  tard,  il  fut  possédé  par  Julien  de  Parme  et 
le  prince  de  Ligne.  Un  dessin  original  et  semblable  se  trouve  dans  la 
collection  de  M.  Reiset,  à  Paris. 

WSm^miMmmm  ponr  les  pelatares  marales  dans  les  ehambres 

éwk  Tatlean. 

199.  Esquisse  pour  la  moitié  de  la  partie  inférieure  de  la  Dispute  du 
Saint-Sacrement.  —  Des  dix-neuf  ligures  vêtues  que  le  maître  a  groupées 
dans  ce  dessin,  ce  sont  les  deux  Pères  de  TÈglise,  saint  Jérôme  et  saint 
Grégoire,  qui  sont  le  mieux  conservés  et  qui  nous  donnent  une  idée  de 
ce  qu'était  autrefois  cette  belle  esquisse,  aujourd'hui  malheureusement 
très-retravaillée.  A  la  plume,  et  terminé  à  la  sépia  et  avec  du  blanc. 
H.  11''  6'";  1. 16"  19"'.  De  la  collection  Crozat. 

Gray.  par  le  comte  de  Caylus.  —  Lithogr.  par  Pilizotti. 

200.  Saint  Ambroise  et  Pierre  Lombard.  —  Avec  un  jeune  homme  dont 
les  regards  sont  dirigés  vers  le  haut.  Demi-figures.  Ces  esquisses  pour  la 
Dispute  du  Saint- Sacrement,  dessinées  à  la  plume,  se  trouvent  sur  le 
revers  de  la  feuille  n**  189,  qui  contient  encore  quelques  vers  du  projet 
de  sonnet  de  Raphaël,  que  nous  possédons  eu  entier  sur  un  dessin  du 
Musée  Britannique.  Quant  au  dessin  de  la  collection  Albertine,  une  main 
barbare  en  a  coupé  une  partie,  et  on  n'y  peut  lire  que  ces  lambeaux 
de  vers  : 

Lingua  or  di  parlar  disoglie  e 

A  dir  di  queslo  dileto  so  in  g 

Ch'amor  mi  fpce  p.  mio  gr 

Ma  lui  più  ne  riogratio  de 

E  questo  se  me  rimasto  ancor 

Pel  fisso  inmaginar  que 

Moso  tanta  lelizia  che....' 

Les  trois  dernières  lignes  avaient  été  raturées  et  remplacées  par 
celles-ci  : 

Pel  fisso  inmaginar 

Quel  doice  suo  parlar 

Ne  mio  pensier  quel  se  p 

Plus  bas,  Raphaël  a  écrit  encore  une  autre  variante  pour  ce  même 
sonnet;  mais  il  n'en  reste  que  le  début.  La  première  ligne,  qui  est  raturée 
et  qui  se  lisait  ainsi  : 

D'un  bello  assalto  si  bel  ch*el  di, 

a  été  remplacée  par  les  trois  vers  suivants  : 

Un  pensar  doIce  e  rlmembrare  in  modo , 
Più  di  dispera  e  ricordarsi  el  dano, 
Molto  disperande  nel  mio  pelo  stanno. 


438  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

Le  reste  manque.  Ces  vers  et  quelques  autres  essais  du  même  genre 
nous  prouvent  que  Raphaël^  qui  avait  à  un  si  haut  degré  le  sublime  sen- 
timent de  poésie^  le  crayon  ou  le  pinceau  à  la  main,  et  qui  produisait 
avec  tant  de  facilité  ses  œuvres  d*art,  n'était  pas  aussi  habile  dans  là 
production  d'un  sonnet;  car  ce  travail  lui  donna  beaucoup  de  peine  et 
ne  semble  pas  l'avoir  complètement  satisfait  ;  il  en  resta  là  de  ses  ten- 
tatives poétiques  qui  datent  de  1508. 

201 .  Le  groupe  de  Pythagore  pour  VÉcole  d'Athènes,  —  Ce  sont  cinq 
figures^  avec  celle  d'Anaxagoras  posée  sur  le  devant,  et  Tindicafion  de 
quelques  autres  ;  il  y  a  de  plus  une  assez  grande  étude  de  draperie  (M>ur 
Anaxagoras.  Esquissé  à  la  pointe,  sur  papier  gris-brun,  et  rehaussé  de 
blanc.  H.  11";  1.  14'' 6'".  Collections  Croiat,  de  Gouvernet,  Julien  de 
Parme^  Schmidt  et  prince  de  Ligne. 

Grav.  par  P.  A.  Robert;  planche  teintée  par  N.  Lesoear,  in-foL  en  larg., 
n"  44.  —  J.  Th.  Preslel,  1785,  en  con Ire-partie.  —  Ferd.  Ruschweyh,  1807,  sans 
l'étude  de  la  draperie.  —  Lithogr.  par  Pilizotli. 

202.  La  Muse  assise,  —  C'est  Calliope  qui^  dans  le  Parnasse,  est  assise 
à  droite ,  auprès  d'Apollon.  Le  bras  levé  qui  tient  la  trompette  est  très- 
étudié  et  d'après  nature.  L'ordonnance  de  la  draperie  rappelle  celle  de  * 
l'Ariane  antique.  Belle  esquisse  à  la  plume.  H.  9"  3'";  1.  8"  2'".  Collec- 
tions Timoteo  Viti^  Crozat,  de  Gouvernet,  Julien  de  Parme  et  prince  de 
Ligne. 

Lithogr.  par  J.  Pilizotli. 

Le  revers  de  la  feuille  contient  un  fragment  d'une  étude  de  draperie 
pour  la.  même  Muse  vue  de  dos,  également  dessinée  à  la  plume  pour  le 
Parnasse.  C'est  l'original  d'une  excellente  copie  qui  est  dans  la  collection 
de  Florence. 

203.  La  Muse  assise,  tenant  une  lyre.  —  Cest  Uranie,  qui,  dans  le  Par- 
nasse, est  au  côté  gauche  d'Apollon.  Dans  cette  belle  esquisse  à  la  plume, 
le  maître  avait  surtout  en  vue  l'attitude  de  sa  figure,  et  il  a  très-soign^- 
sement  étudié  le  mouvement  de  la  tête  et  du  cou.  Au  lieu  de  tenir  la  lyre 
de  la  main  droite,  elle  la  pose  ici  sur  son  genou.  H.  9"  3'";  1.  8"  2'". 
Collections  Timoteo  Yiti,  Crozat,  de  Gouvernet,  Julien  de  Parme  et  prince 
de  Ligne. 

Grav.  par  Perd.  Ruschweyh. 

20i.  Le  Dante.  —  Il  est  debout,  vu  de  profil,  tourné  à  gauche,  et  tenant 
sa  Divine  Comédie  sur  la  poitrine.  La  partie  inférieure  n'est  que  légère- 
ment indiquée.  Esquisse  à  la  plume  pour  le  Parnasse.  H.  12"  7'";  I.  5"  3'". 
Ce  dessin  porte  en  estampille  une  étoile  à  huit  rayons,  qui  était  le  cachet 
de  Nie.  Lanier,  conservateur  de  la  collection  du  roi  Charles  1*'  d'Angle- 
tecre.  Collections  Crozat  et  prince  de  Ligne. 

Grav.  par  A.  Rartsch,  1787. 


EN  ALLEMAGNE.  450 

203.  La  Contemplation  cl4>s  étoiles,  —  Figure  allégorique  de  l'Aslrono- 
mie.  Esquisse  pour  une  des  fresques  de  la  chambre  délia  Segnatura. 
A  côté  de  celte  esquisse  à  la  plume,  une  autre  étude  pour  la  main  levée 
de  cette  fresque.  Au  revers  de  la  feuille  est  le  dessin  duTilassacre  des 
Innocents.  Voy.  n*  173. 

206.  La  Messe  de  Bolsêne.  —  Légère  esquisse  pour  la  partie  supérieure 
de  cette  composition.  A  la  plume,  et  lavée  à  la  sépia.  H.  8"  3"';  1. 14"  6"'. 
Collections  Ant.  Rutgers  et  prince  de  Ligne.  Vendue  10  florins  à  la  vente 
de  Rutgers. 

Lith.  par  J.  Pilizotti. 

207.  Les  deux  femmes  de  V Incendie  du  Bourg.  —  Avec  l'enfant  à  genoux 
et  en  prière  devant  elles.  Très-belle  étude  d'après  nature ,  à  la  sanguine. 
H.  i^'  3'";  1.  9"  6'".  Collections  d'Argenville,  Julien  de  Parme  et  prince 
de  Ligne. 

Grav.  par  Bartsch.  —  Lithogr.  par  FendL 

208.  Le  jeune  homme  qui  se  laisse  glisser  le  long  de  la  muraille.  —  Étude 
d*après  nature  pour  la- fresque  de  l'Incendie  du  Bourg.  Dessin  très-beau 
et  très-soigné,  à  la  sanguine.  La  tête  du  modèle  est  très-bien  rendue,  mais 
elle  n'est  pas  belle.  Le  corps  est  d'une  mâje  puissance  et  très-beau  de 
proportions.  Il  est  fâcheux  que,  dans  l'intention  de  mieux  faire  ressortir 
la  figure,  on  ait  teinté  en  gris  le  fond  blanc  du  papier.  H.  13"  10'";  1.  6". 
Collections  Crozat,  Mariette,  Julien  de  Parme  et  prince  de  Ligne. 

Dans  la  collection  de  Th.  Lawrence,  la  même  figure  était  répétée  deu^ 
fois,  l'une  à  la  sanguine,  l'autre  au  bistre,  mais  aucune  ne  pouvait  passer 
pour  originale.  N*  76  du  catalogue  de  l'exposition  Woodburn.  Collection 
Denon.  Actuellement  à  Oxford. 

209.  Le  jeune  homme  qui  porte  so7i  vieux  père-  —  Magnifique  étude  à  la 
sanguine  pour  le  groupe  de  l'incendie  dii  Bourg.  Admirable  de  vérité  ;  la 
dilTérence  des  âges  est  merveilleusement  caractérisée  dans  toutes  les 
parties  de  ces  deux  figures.  L'exécution  est  soigneusement  terminée.  Les 
nombreuses  études  d'après  nature  que  Raphaël  a  faites  pour  l'Incendie 
du  Bourg  attestent  clairement  tout  son  savoir  dans  les  parties  nues,  afin 
de  rivaliser  avec  Michel-Ange.  H.  12";  1.  6"  8"'. 

Lithogr.  par  J.  PilizoUi.  Ce  fac-similé  toutefois  ne  rend  pas  complètement  la 
finesse  da  dessin  de  l'original. 

210.  Trois  chanteurs  sur  une  haute  tribune.  —  Étude  pour  le  groupe  de 
gauche  du  Couronnement  de  Charlemagne.  Les  habits  ecclésiastiques^  des- 
sinée d'après  nature,  sont  surtout  remarquables.  A  la  plume^  sur  papier 
brunâtre^  et  rehaussé  de  blanc.  H.  9";  1.  7".  Collections  Crozat,  Mariette, 
Julien  de  Parme  et  prince  de  Ligne. 

Grav.  par  A.  Bartscb,  1787. 


440  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

2H.  Apollon  debout.  —  Figure  nue,  vue  de  dos.  Exquise  étude  à  la 
sanguine  pour  le  Festin  des  Dieux ,  grande  fresque  du  plafond  de  la  Far- 
nesine.  Le  grand  style  et  la  haute  conception  de  Raphaël  ne  se  montrent 
pas  seulement  ici  dans  Télégance  juvénile  des  formes  d'ApolloD,  mais 
encore  dans  l'eipression  de  noble  fierté  qui  anime  sa  belle  tête.  Collec- 
tion du  prince  de  Ligne. 

Grav.  par  A.  Bartsch.  —  Lithogr.  par  Kriehuber. 

212.  Vénus  montrant  sa  blessure  à  l'Amour.  —  Beau  dessin  à  la  sanguine 
d'après  une  esquisse  originale  de  Raphaël  pour  les  peintures  destinées  à 
la  Salle  de  bain  du  cardinal  da  Bibiena.  H.  8";  1.  6"  3"'. 

Bernard  Picart  a  publié  celte  composition  dans  ses  Impoêiwreê  mnoceiUef.  — 
Ferd.  Ruschweyh,  1806,  petit  in-fol.  —  Balzer,  in-4*. 

213.  Venus  ou  Ariane  s' appuyant  sur  les  genoux  de  Bacckus.  —  SeloQ 
Bartsch,  ce  serait  Angélique  avec  Médor.  Quoique  ce  beau  dessin  à  Ja 
sanguine,  de  même  qu'un  autre  grand  fragment  de  carton  qui  est  dans 
la  même  collection,  soit  de  Jules  Romain,  nous  les  plaçons  cependant  Tud 
et  l'autre  dans  le  Catalogue  des  Dessins  de  Raphaël,  parce  qu'ils  servirent 
pour  Texécution  des  peintures  de  la  petite  Salle  de  bain  du  cardinal  da 
Bibiena  et  de  la  villa  Palatina.  H.  14"  3'";  1.  10"  9"\ 

214.  Psyché  implorant  les  Dieux.  —  C'est  ainsi  que  le  catalogue  de  la 
collection  désigne  une  iigure  de  femme  vêtue,  assise  dans  une  vive  atti- 
tude de  prière,  quoique  cette  Ggure  porte  le  costume  antique  et  n*ait  pas 
d'ailes.  Très-spirituelle  esquisse  à  la  sanguine.  H.  7"  8"';  i.  10".  Collec- 
tions Crozat,  Calvière,  Destouches  et  d'Argenville. 

215.  U7ie  baccfuinte  dansant  jsntre  deux  faunes,  —  L'un  des  faunes 
sonne  de  la  trompe  et  l'autre  joue  de  la  flûte  de  Pan.  Beau  dessin  à  la 
sanguine  foncée.  H.  1"  2"';  1. 13"  6"'.  Collection  du  prince  de  Ligne. 

Grav.  par  A.  Bartsch. 

Un  dessin  tout  semblable  à  celui-ci  et  également  très-beau  se  trouve 
dans  la  collection  royale  d'Angleterre.  Agostino  Yeneziano  l'a  gravé  en 
1516  et  lui  a  donné  pour  pendant  deux  bacchantes  dansant  avec  un 
faune,  en  1516.  Voyez  Bartsch,  XIV,  u*"  250.  De  même,  G.  Audran,  dans 
son  Livre  des  dix  bas^eliefs.  Ce  dessin  étant  très-beau,  on  le  croit  exé- 
cuté par  Raphaël,  d'après  un  bas-relief  antique  ;  celte  opinion  toutefois 
n'est  point  fondée  sur  le  caractère  même  des  dessins.  Au  contraire,  nous 
croyons  reconnaître  dans  l'un  d'eux  la  main  de  Giovanni  da  Udine,  car 
les  cheveux  surtout  sont  faits  dans  une  manière  qui  lui  est  toute  particu- 
lière. Remarquons  encore,  en  passant,  qiie  Raphaël  se  servait  toujours 
de  la  sanguine  rouge  et  jamais  de  la  sanguine  violette. 


EN  ALLEMAGNE.  441 

21 6.  Junon  sur  son  char,  trainé  par  detuc  paons.  —  Un  Amour  pousse  le 
cbar  par  derrière.  Belle  composition  pour  Tune  des  quatre  fresques  rondes 
qui  ornent  le  vestibule  de  la  villa  Madama.  Elle  e»t  parfaitement  conçue 
et  exécutée  dans  l'esprit  de  Raphaël ,  par  Giovanni  da  Udine.  Sur  papier 
brunâtre,  à  la  plume,  lavée  à  la  sépia,  rehaussée  de  blanc  et  mise  aux 
carreaux.H.  8";L40"5'". 

Job.  OtUviano  a  fait  une  gravure  d'après  la  fresque,  et  Ta  publiée  avec  le  nom 
de  Raphaël. 

Filtres  Bllé|:orlqae«« 

217.  La  Charité,  —  Légère  esquisse  à  la  plume  pour  Tune  des  trois 
Vertus  théologales  que  Raphaël  peignit  en  grisaiile  dans  la  predella  de 
la  Mise  au  tombeau  qui  est  au  palais  Borghèse.  Dans  cette  esquisse ,  il 
n'y  a  que  trois  enfants,  tandis  que  dans  la  peinture  on  en  compte  cinq. 
H.  13";  1.  9"  6'".  Collections  Timoteo  Viti,  Crozat,  Mariette  et  Julien  de 
Parme.  Le  revers  de  la  fouille  offre  un  dessin  qui  semble  être  une  pre- 
mière* pensée  pour  la  Mise  au  tombeau.  Voyez  n**  232.  P.  Mariette  se 
trompe  dans  une  note  qu'il  a  écrite  sur  le  dessin,  en  disant  que  c'est  une 
esquisse  pour  la  Charité  de  la  salle  de  Constantin.  Mariette  s'appuie  sur 
cette  supposition  erronée  pour  en  induire  que  Raphaël  avait  fait  d'avance 
toutes  les  esquisses  pour  les  peintures  de  cette  salle  et  de  celles  qui  l'en- 
tourent. 

218.  Un  enfant  ailé^  ou  génie.  —  Il  tient  un  bouclier  ovale  de  la  main 
droite  et  une  branche  d'olivier  dans  la  gauche.  Raphaël,  qui  d'abord  avait 
dessiné  la  jambe  droite  levée,  plaça  ensuite  cette  jambe  derrière  l'autre. 
Ce  génie  devait  vraisemblablement  tenir  un  écusson.  Belle  esquisse. 
H.  4"  7'"  ;  I.  3"  8'". 

Gravé  par  C.  A.  Favart,  1818.  En  contre-partie. 

Sojets  liliitorlqaeB  el  Combats* 

219.  Le  Mariage  d'Alexandre  et  de  Roxane.  —  Roxane  est  assise  et 
Alexandre,  debout  devant  elle,  lui  présente  une  couronne.  L'Amour  et 
l'Hymen  l'accompagnent,  et  onze  Amours,  différemment  groupés,  com- 
plètent cette  scène.  Toutes  les  figures  de  ce  précieux  dessin  sont  nues  et 
de  la  plus  délicate  exécution  à  la  sanguine.  H.  8*'  6*";  1.  i2". 

Ce  dessin,  que  Rubens  avait  acheté  à  Rome,  passa  depuis  dans  la  pos- 
session du  cardinal  Bentivoglio,  qui  en  fit  présent  au  graveur  en  médailles 
Melan.  Crozat  l'eut  ensuite  au  sortir  de  la  collection  Vaurose,  et  le  duc 
Albert  |le  Saxe-Teschen  l'acquit  d'un  amateur.  Il  porte  aussi  l'estampille 
du  prince  Charles  de  Ligne. 

Grav.  par  Nie.  Cochin,  n*  37,  pour  le  Cabinet  Crozat.  Contre-partie.  —  Lith.  par 
J.  Pilizotti.  Cette  reproduction  est  un  véritable  chef-d'œuvre. 


442  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

220.  Giovanni  de  Médkis.  —  11  fait  son  entrée  à  Florence  en  qualité  de 
légat  du  papet  La  figure  allégorique  de  là  ville  de  Florence  vient  à  sa 
rencontre.  Auprès  d'elle  est  couchée  la  figure  du  fleuve  Arno.  Esquisse 
pour  l'un  des  épisodes  de  la  Vie  de  Léon  X,  qui  furent  tissés  eu  (il  d'or 
au  bas  des  tapisseries.  Selon  le  récU  de  Yasari,  il  paraît  probable  que 
Raphaël  abandonna  l'exécution  de  ces  ornements  à  sod  élève  Gio.  Frao- 
cesco  Penni,  ce  qui  fait  que  ces  compositions,  dont  plusieurs  ont  été 
conservées,  proviennent  toutes  de  ce  dernier.  Il  existe  trois  dessins  de 
l'Entrée  de  Giovanni  de  Médicis  à  Florence^  et  tous  trois  d'une  beauté 
presque  égale;  savoir  :  celui  dont  il  est  question  ici,  un  second  dans  la 
collection  du  Louvre ,  et  un  troisième,  provenant  de  la  collection  Denon, 
était  dans  le  cabinet  de  Th.  Lawrence,  à  Londres.  Le  premier  provient 
des  collections  Crozat,  Mariette  (dont  il  porte  Testampille),  Julien  de 
Parme  et  prince  de  Ligne. 

Grav.  en  clair-obscur  par  Job.  Gottlieb  Prestel,  1785.  —  Litb.  par  J.  Pillzotli. 
—  Landoo,  d«  139. 

2tl .  Vn  Consistoire  papal,  ou  VEmpereur  agenouiUé  devant  le  pape,  — 
On  désigne  indifféremment,  sous  l'une  ou  l'autre  de  ces  dénominations, 
cette  composition  remarquable,  que  Raphaël  esquissa  pour  le  Vatican, 
mais  qui  n'y  fut  jamais  exécutée.  Le  pape  est  assis  à  gauche  sur  un  trône^ 
lisant  dans  un  livre  ouvert  devant  lui.  A  ses  pieds  est  agenouillé  un 
homme  couvert  d'un  large  manteau.  Beaucoup  de  cardinaux  et  de  prêtres 
sont  assis  à  Tentour  de  ces  ligures,  et,  dans  le  fond,  on  voit  des  soldats 
armés  de  lances,  et  d'autres  personnages  de  la  suite.  Dessin  à  la  plume^ 
terminé  au  bistre  et  au  blanc.  H.  14"  3'"  ;  I.  21".  jCpllection  du  prince  de 
Ligne.  Le  grandiose  de  la  composition ,  la  beauté  de  son  ordonnance,  le 
vivant  des  figures  indiquent  incontestablement  Torigine  raphaélesque  de 
ce  dessin,  quoiqu'il  ait  beaucoup  souffert  et  qu'on  ne  puisse  l'attribuer 
ai;  maître,  du  moins  avec  une  certitude  complète. 

Lith.  par  J.  Piiizotli.  —  P.  A.  Robert  en  a  publié,  en  1739^  un  mauvais-  trait  à 
l'eau-fortfi,  vraisemblablement  d'après  le  dessin  qui  était  dans  la  succession  Law- 
rence, mais  qui  n'est  point  original. 

2â2.  Mêlée  de  combattants.  —  L'on  distingue  au  premier  plan  cinq 
cavaliers  et  neuf  soldats  à  pied.  Au  centre,  accourt  un  cavalier  qui  perce 
de  sa  lance  un  guerrfer  tombant  à  terre.  Un  autre  guerrier  est  étendu 
sous  son  cheval.  A  gauche  et  ù  droite,  un  groupe  de  trois  hommes  à  pied 
9e  défend  encore.  Toutes  ces  ligures  sont  nues,  largement  et  rapidement 
traitées  à  la  plume.  C'est  une  œuvre  de  là  jeunesse  de  Rapbael.  H.  10"  5'"  ; 
1.  16"  i'". 

Lithogr.  par  J.  Pilizotti. 

223.  Trois  hommes,  —  Ils  sont  nus /armés  de  iapcesj,  et  se  défendent 


EN  ALLEMAGNE.  443 

contre  un  ennemi  qu*on  ne  voit  pas  dans  le  dessin.  Celui  du  milieu  est  tu 
de  côté;  celui  de  droite  est  vu  de  dos.  Très-belle  esquisse  à  la  plume, 
pleine  de  vie,  dans  la  manière  de  Raphaël  qui  correspond  à  Tannée  4505. 
Ce  def^sin  se  trouve  sur  le  revers  du  n?  188,  avec  des  projets  de  Madones. 
Un  trait  de  ce  même  dessin^  piqué  pour  le  calque,  et  qui  semble  être  de 
la  main  de  Rapbaêl  lui-même,  se  trouve  dans  la  collection  de  l'Académie 
de  Venise.  Yoy.  n°  99. 

224.  Fragment  d*un  combat,  —  Cinq  guerriers  se  rencontrent  et  luttent 
avec  acharnement.  L'un  d'eui,  à  terre,  se  défend  avec  sa  lance  contre  un 
cavalier.  On  voit  encore,  à  gauche,  deux  hommes  à  barbe.  Figures  nues, 
toutes  tournées  vers  la  gauche.  Si  vivantes  qu*elles  soient  de  mouvement, 
ce  dessin  est  cependant  traité  tellement  dans  la  manière  de  Timoteo  Yiti, 
qu'on  peut  accepter  une  ancienne  tradition  qui  lui  attribue  ce  dessin. 
H.  44";  1.  10"  3"\  Collections  Crozat,  d'Argenville,  Julien  de  Parme, 
prince  de  Ligne. 

Grav.  par  J.  t\\.  Prestel.  —  Lithogr.  par  Pilizotti,  et  Intitulé  :  Vn  Combat  d« 
Sarratint, 

Esquisse*  et  Ëîtades. 

S25.  Beuas  hommes  nus,  debout,  — L'un,  vu  de  côté,  l'autre  de  dos, 
avec  rindication  d'un  troisième,  vu  de  face,  derrière  eux.  Très-belle  étude 
d*après  nature  à  la  sanguine  ;  la  partie  inférieure  de  la  troisième  figure 
n'est  que  légèrement  tracée  au  fusain.  Raphaël  envoya  ce  dessin ,  accom- 
pagné de  gravures  faites  d'après  ses  compositions ,  à  Albrecht  Durer,  de 
Nuremberg,  comme  celui-ci  l'a  indiqué  dans  une  note  écrite  de  sa  main 
sur  le  dessin  même  :  4515.  Baphahill  di  Vrbin  der  so  hoch  peim  Papst 
geacht  isi  gewest  hai  der  hat  dyse  nackete  Bild  gemacht  vnd  hat  sy  dim 
Albrecht  Durer  gen  Nornberg  geschickt  Im  sein  Hand  zw  toeisen  K  L'homme 
du  premier  plan  est  une  étude  pour  le  capitaine  qui,  dans  le  Combat 
contre  les  Sarrasins,  à  Ostia,  est  debout  à  la  gauche  du  pape.  H.  45"  3'"; 
1.  10"  8'". 

Grav.  par  Beekenltamm.  —  Lithogr.  par  Kriehaber.  Dans  le  Cabinet  des 
Estampes,  à  Dresde,  il  y  a  une  copie  trcs-habilement  faite  par  Lefebre. 

226.  Deux  cavaliers,  —  Couverts  de  vêtements  très-larges.  L'un  est  vu 
de  face  et  l'autre  de  dos.  Il  parait  que  Raphaël  a  fait  cette  rapide  esquisse 
d'après  un  serviteur  du  pape,  pour  bien  se  rendre  compte  de  la  pose  d'un 
homme  à  cheval.  On  peut  croire  que  cette  étude  lui  a  servi  pour  le  cava- 
lier du  Portement  de  Croix.  H.  40"  40'";  1.  7"  4'",.  Collections  Timoteo 
Viti,  Crosat,  Julien  de  Parme  et  prince  de  Ligne. 

I.  C'«»i-àHlire  :  •  1$16.  Rapbaël  d'Urbin,  qui  était  ti  hautement  estimé  du  pape,  a  (ait  cas 
figures  nues  et  les  a  euvoyées  à  Albrecht  Oiirer,  à  Nurenber^,  pour  Uii  montrer  un  ouvrage  de 
sa  main»  • 


I 


444  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

Î27.  Un  homme  nu  et  assis,  — Vu  de  dos.  S'appuie  sur  son  bras  droit 
et  lève  l'autre  bras.  Étude  d'après  nature,  à  la  plume.  H.  8'*  3'"  ;  1.  6"  6'". 

228.  Deux  jeunes  gens  nus. — Sur  un  monticule^  regardant  attentÎTe- 
ment  devant  eux.  L'un,  vu  de  dos,  à  mi-corps,  est  appuyé  contre  le  monti- 
cule; Tautre,  agenouillé  derrière  lui,  s'appuie  sur  son  bras  droit.  Très- 
spirituel  dessin  à  la  plume,  d'après  nature.  H.  9"  6'";  1. 6"  5'".  Collections 
Timoteo  Viti,  Crozat,  de  Couvernet  et  Julien  de  Parme. 

Sur  le  revers  de  la  feuille,  un  homme  marchant  en  avant,  les  mains 
jointes  en  adoration.  Ëtude  d'après  le  modèle  vivant^  nu.  A  côté,  étude  à 
part  de  la  poitrine  et  du  bras  de  cette  figure. 

229.  Étude  d'après  le  corps  d'un  homme  à  barbe.  —  A  côté,  un  autre 
homme  dans  la  même  pose,  mais  ayant  une  tête  juvénile;  puis,  la  partie 
supérieure  d'un  adolescent,  ainsi  que  deux  autres  demi-figures  d'enfants^ 
dont  Tune  est  traversée  par  une  ligne  qui  semble  indiquer  qu'on  a  voulu 
effacer  cette  esquisse.  Légère  esquisse  à  la  plume.  Collections  Timoteo 
Viti,  Crozat,  de  Couvernet,  Julien  de  Parme  et  prince  de  Ligne. 

230.  Un  jeune  garçon.  —  Debout,  vu  de  face.  Rapidement  dessiné 
d'après  nature,  à  la  sanguine.  H.  9"  5'";  1.  6"  3"'. 

231 .  Enfants  jouant.  —  Deux  enfants  marchent  ensemble ,  les  bras 
entrelacés,  et  un  troisième  joue  avec  un  chien.  Rapide  esquisse  à  la 
plume  avec  une  encre  pâle.  H.  8"  2'";  1. 14".  Collections  Crozat,  marquis 
de  Couvernet,  Julien  de  Parme  et  prince  de  Ligne. 

Sur  le  revers,  il  y  a  une  esquisse  pour  la  Mise  au  tombeau,  esquisse 
que  l*on  nomme  aussi  la  Mort  d'Adonis.  Ce  dessin  est  d'une  main  étran- 
gère, l'original  étant  à  Oxford. 

232.  Deux  hommes  en  soutiennent  un  troisième  qui  tombe.  —  L'un  des 
deux  le  saisit  sous  les  bras,  et  l'autre  le  soulève  avec  un  linge.  Figures 
nues.  Ce  dessin  semble  être  un  premier  projet  pour  une  Mise  au  tom- 
beau, et,  comme  il  se  trouve  sur  le  revers  de  la  feuille  n*»  218,  avec  une 
Charité,  on  peut  supposer  que  ces  deux  esquisses  ont  été  faites  à  l'occa- 
sion du  tableau  d'autel  que  Raphaël  exécuta  pour  Atalante  Baglione. 

Portraits. 

233.  Une  jeune  fille.  —  Couronnée  de  feuillages,  vue  de  face  et  regar- 
dant le  spectateur  avec  amabilité.  Elle  s'appuie  sur  son  coude  gauche,  en 
laissant  pencher  sa  main;  ses  cheveux  tombent  sur  ses  épaules.  Un  cor- 
sage avec  des  manches  bouffantes  et  un  devantier  forment  son  costume. 
Demi-ligure  dessinée  avec  soin  à  la  pierre  noire  et  rehaussée  de  blanc. 
La  pose  et  le  faire  rappellent  la  manière  de  Léonard  de  Vinci,  que  Raphaël 
imita  pendant  son  séjour  à  Florence.  Cest  à  cette  époque  que  remonte 
ce  dessin,  et  l'on  ne  saurait  donc  admettre  que  la  femme  dont  Raphaël 
a  fait  ici  le  portrait  soit  la  Fornarina.  Malheureusement  ce  dessin  a  beau- 


EN  ALLEMAGNE.  U5 

coup  souffert,  et  il  est  fortement  retravaillé.  H.  10"  3"';  1.  7"  A"\  Collec- 
tion du  prince  Charles  de  Ligne. 

Grav.  par  A.  Bartsch,  1788.  —  Lithogr.  par  Fr.  Eybl. 

234.  Portrait  d'un  homme,  —  Un  peu  maigre,  vu  de  trois  quarts,  tourné 
à  gauche^  la  tête  couverte  d'une  toque.  Rapidement,  mais  très-spiri- 
taellement  dessiné  à  la  pierre  noire.  H.  11"  2"';  L  8".  Collection  du 
prince  de  Ligne. 

235.  Tête  juvénile.  —  Vue  de  face  avec  une  espèce  de  turban  ou  réseau 
autour  de  la  tête,  à  la  mode  du  seizième  siècle.  De  grandeur  naturelle. 
Ce  dessin,  tracé  au  fusain,  est  tellement  retravaillé  au  bistre,  qu'on  ne 
peut  plus  y  reconnaître  la  main  du  maître;  il  a  tellement  perdu  de  son 
caractère,  qu^n  ne  sait  si  c'est  un  homme  ou  une  femme.  H.  1 1"  3'";  1. 10". 

Lithogr.  par  J.  Pilizotti. 

Architeetare  et  Paysaipes. 

236.  Façade  d'église.  —  Avec  deux  tours  et  un  vestibule  pour  trois 
entrées  principales.  Au-dessus  du  rez-de-chaussée  et  d'une  attique  s'élève 
au  milieu  la  grande  nef  recevant  la  lumière  par  une  grande  fenêtre 
ronde.  Au  fronton  se  rattachent  des  contre-forts  affectant  la  forme  d'un  S 
élancé  et  couché,  dans  le  goût  de  l'architecture  florentine  au  quinzième 
siècle.  Les  tours,  à  trois  étages,  de  même  que  là  façade,  sont  ornées  de 
colonnes  accouplées,  avec  des  niches  dans  les  intervalles.  Chacune  des 
tours  se  termine  en  haute  pyramide,  avec  quatre  petits  clochetons  aux 
quatre  coins,  ayant  chacun  une  boule  au  sommet.  Légère  esquisse  à  la 
plume,  un  peu  lavée- à  la  sépia.  H.  9"  1'";  1.  8".  Collection  Crozat.  On 
considère  ce  dessin  comme  un  projet  de  Raphaël  pour  la  façade  de 
réglise  de  Saint-Laurent,  à  Florence. 

Grav.  par  le  comte  de  Caylus. 

237.  Bâtiments  d'un  couven^—Romantiquement  situés  près  d'une  grotte 
de  rochers  et  entourés  d'arbres.  Dessin  d'après  nature,  à  la  plume. 
H.  9"  8"';  1.  7"  10'".  Collection  du  prince  de  Ligne. 

238.  Maisons  de  village,  entourées  d'arbres.  —  Quelques  paysans  donnent 
à  manger  à  leurs  poules.  Sur  le  bas  de  la  feuille,  il  y  a  un  chapiteau 
d*ordre  ionique  composite.  Ce  chapiteau  semble  avoir  été  dessiné  d'après 
ceux  de  la  cour  du  palais  d'Urbin  ou  de  Gubbio.  Légère  esquisse  à  la 
plume.  H.  4";  1. 8".  Collections  Crozat,  Mariette,  Julien  de  Parme  et  prince 

de  Ligne. 

239.  Quelques  fabriques  entourées  d'arbres.  —  C'est  également  une 
esquisse  de  la  jeunesse  de  Raphaël,  à  la  plume  et  d'après  nature.  Collec- 
tions Crozat,  Mariette,  Julien  de  Parme  et  prince  de  Ligne, 


446  CATALOGUE  DES  DESSIKS  DE  RAPHAËL 

La  collection  Albertine  possède  encore  plusieurs  dessins  attribués  à 
Raphaël,  mais  qui^  en  délinitive^  ne  sont  que  des  Copies  faites  par  ses 
élèves.  Ceux  que  nous  indiquons  ci'^après,  et  qui  sont  les  plus  importants, 
ont  été  publiés  en  partie  dans  les  fac-similé  de  Forster. 

a.)  Le  Martyre  de  sainte  Félicité.  —  Ou  plutôt  celui  de  sainte  Cécile. 
Exécuté  sur  papier  bleu,  au  bistre  et  au  blanc.  H.  9"  4'";  l.  5".  Cette 
feuille  porte  restampille  du  comte  d'Arundel. 

L'originalité  de  ce  dessin  est  douteuse. 

Lithogr.  par  Pilizotti.  C'est  la  composilioD  gravée  par  Harc-AotoiDe.  Baruch, 
r  117. 

b.)  Attila  effrayé  à  la  vue  des  apôtres  saint  Pierre  et  saint  Paul.  — 
Dessin  d'après  la  fresque  du  Vatican.  Bartsch,  dans  son  catalogue  ma- 
nuscrit, ne  l'avait  pas  attribué  à  Raphaël. 

c.)  Une  femme  assise.  —  Comme  plongée  dans  une  rêverie.  Un  jeune 
homme,  qui  s'approche  d'elle,  lui  touche  la  tête.  Ce  jeune  homme  mootiie 
du  geste,  dans  le  |iaut,  Apollon  sur  son  char.  Pour  fond,  un  paysage 
dans  le  goût  antique.  Ce  dessin  est  exécuté  au  bistre^  dans  la  manière  de 
Jules  Romain. 

Grav.  par  Giulio  Bonasone. 

d,)  Un  jeune  homme,  —  Assis  dans  une  chambre  richement  ornée,  et 
enlaçant  dans  ses  bras  une  jeune  femme  qui  est  auprès  de  lui.  Des  jeunes 
filles  apportent  des  vases;  des  Amours  folâtrent  sur  un  arbre,  et  Gany- 
mède  vole  sur  son  aigle. 

Lithogr.  par  J.  PilizoUi. 

Un  tableau  à  Thuile,  semblable  à  cette  composition,  se  trouve  dans  la 
galerie  du  Belvédère,  à  Vienne. 

e.)  Scène  dans  le  vestibule  d'un  temple  romain.  —  C'est  ainsi  que  celle 
composition  est  désignée  dans  la  lithographie  de  J.  Pilizotti. 

f,)  Vue  d'un  temple  superbe.  —  Plusieurs  cavaliers  poursuivent  des 
femmes  qui  s'enfuient;  on  voit,  en  outre,  beaucoup  de  peuple. 

Ces  trois  derniers  dessins  sont  de  la  même  main,  et,  à  en  juger  par 
certaines  particularités  de  style,  ils  doivent  être  d'un  élève  de  Raphaël, 
originaire  de  la  Hollande. 

g.)  Une  Discussion  ecclésiastique.  —  Un  vieux  prêtre  à  barbe,  entouré  de 
six  dominicains,  est  assis  dans  une  tribune  assez  élevée.  Devant  la  tri- 
bune sont  assis  trois  hommes  discutant  un  passage  d'un  livre  qui  est 
ouvert  dans  les  mains  d'un  quatrième.  Aux  côtés  droit  et  gauche,  on  voit 
beaucoup  de  savants  qui  s'entretiennent  sur  le  sujet  en  discussion.  Cette 
riche  composition  est  tracée  à  la  plume  et  lavée  à  la  sépia.  Elle  semble 
être  d'un  élève  de  Raphaël,  mais  non  de  Jules  Romain,  comme  Bartsch 
l'a  cru.  H.  14";  1. 16".  Le  prince  de  Ligne  l'acheta  pour  105  florins. 


EN  ALLEMAGNE.  447 

h.)  La  Bataille  aux  éléphants.  —  Contre  les  Persans.  C'est  exactement 
la  même  composition  que  Cornélius  Cort  a  gravée  en  4567.  Ce  dessin  n'est 
qu'une  copie  assez  roide.  L'original  de  Jules  Romain  est  dans  la  possession 
Be  M.  Gatteaui^  à  Paris. 

t.)  Un  Combat  avec  des  lions. —  Cette  composition^  exécutée  par  une 

malhabile,  contient  quelques  figures  prises  dans  les  ouvrages  de 

Hâphaël,  tels  que  le  David  tuant  Goliath^  dans  les  fresques  des  Loges, 

deui  cavaliers  et  un  homme  courant,  tirés  de  la  Bataille  gravée  par 

Marco  da  Ravenna,  etc.  En  somme,  c'est  Touvrage  d'un  des  plus  faibles 

élèves  du  maître,  sinon  l'ouvrage  d'un  faussaire. 

Lithogr.  par  J.  PilizoUî,  sous  ce  titre  :  Un  Combat  de  ehevaliert  romaini, 

j.)  Étude  de  draperie.  — -  Un  homme  à  barbe,  marchant  vers  le  côté 
droit  et  s'enveloppant  dans  son  manteau.  A  la  sanguine.  H.  8"  iO"'; 
1.  5'\ 

Grav.  par  Raschveyb,  1806. 

k.)  Un  homme  assis.  —  Tourné  à  gauche  et  appuyant  son  bras  sur  ses 
genoux.  Rapide  esquisse  à  la  sanguine,  d'après  le  modèle  vivant.  H.  5"  3'"  ; 
I.  6". 

;.}  Un  soldat  combattant.  —  Coifïé  du  bomiet  phrygien.  Il  cherche  à  se 
couvrir  de  son  bouclier  et  se  tourne  vers  le  fond.  Esquisse  à  la  sanguine, 
a.  iO"6"';L  5"  6'". 

m.)  Étude  d'une  téte^  de  trois  mains  et  de  trois  pieds,  —  Beau  et  large 
dessin  à  la  plume. 

n.)  Pégase  s'élevant  dam  les  airs  au  milieu  de  six  chevaux  ailés.  —  Ils 
sont  tous  très-vifs  de  mouvement.  Esquisse  rapide  à  la  plume ,  mais 
traitée  très-spirituellement. 

DANS   LA  COLLECTION   DV  PRINCE   PAUL  ESZTEBHAZT  DE   GALANTBA, 

A  VIENNE. 

240.  Le  Couronnement  de  la  sainte  Vierge.  —  Première  esquisse  pour 
la  partie  supérieure  du  tableau  d'autel,  de  1503.  La  Vierge  est  repré- 
sentée debout  dans  une  auréole,  les  mains  jointes,  les  regards  dirigés 
vers  le  haut.  A  ses  côtés  se  trouvent  deux  anges  qui  font  de  la  musique, 
accompagnés  de  cinq  séraphins.  Ces  anges  ont  beaucoup  de  rapport  avec 
ceui  que  Raphaël  a  exécutés  dans  son  tableau.  Dessin  très-finement  traité 
à  la  plume.  Cintré.  ln-4o. 

241 .  Four  la  Dispute  du  SainUSacrement.  — C'est  une  première  esquisse 
pour  la  partie  inférieure  du  côté  gauche,  et  différente,  en  plusieurs  par- 
ties, de  la  fresque.  Vingt  figures.  Très-beau  dessin  à  la  plume  et  lavé  a 
la  sépia.  Infol.  en  largeur.  De  la  collection  C.  P. 

242.  TJn  homme  à  barbe*  —  Nu,  tourné  vers  la  gauche.  11  tient  un  livre 


448  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

80US  le  bras.  Ce  semble  élre  une  étude  pour  un  Saint  Jérôme.  Petit 
in-folio. 

243.  Une  femme  agenouillée.  —  Vue  presque  de  dos;  elle  tient  un 
enfant,  d'un  mouvement  vif  et  plein  d'effroi.  Au  revers,  on  voit  l'esquisse 
d'un  homme  couché.  In-folio  en  largeur. 

244.  Tête  de  femme.  —  Elle  est  tournée  vers  le  côté  gauche,  tandis  que 
le  mouvement  du  corps  se  prononce  vers  la  droite.  Les  cheveux,  noués 
sur  le  sommet  de  la  tête,  sont  d'une  bonne  exécution,  dans  la  manière  de 
Raphaël. 

Ad   musée  de  BERLIN. 

245.  La  Pêche  miraculeuse.  —  Six  ligures  dans  deux  barques;  Esquissée 
pour  la  tapisserie,  un  peu  différente  de  Texécution,  notamment  la  figure 
qui  est  au  milieu  de  la  barque  à  gauche.  Beau  dessin  à  la  plume.  Grand 
in-folio.  Collection  du  capitaine  KQhlen,  à  Rome.  ^  Dans  la  collection 
royale  de  Londres,  il  y  a  quelques  copies  de  ce  dessin  ;  Tune,  à  la  plume, 
a  été  très-retravaillée,  l'autre  est  lavée  à  la  sépia. 

246.  Étude  pour  la  Vieige  à  la  Perle.  —  Le  petit  saint  Jean  apporte  des 
fruits.  Sur  le  revers  de  la  feuille,  l'enfant  Jésus,  avec  la  main  de  sa  mère 
qui  le  tient.  Très-beau  dessin  à  la  sanguine.  In-8<  Collection  P.  Lely. 

247.  La  Vierge  et  saint  Joseph.  —  Deux  demi-ilgures,  chacune  dans  un 
rond.  Beau  dessin  à  la  plume,  exécuté  avec  soin  dans  la  manière  du  Péru- 
gin,  vers  l'année  1503.  Petit  in-folio  en  largeur.  Callection  Paeetti,  àRome. 

248.  Étude  d'un  jeune  homme  ?iu,  assis.  —  11  est  vivement  tourné  vers 
le  côté  gauche  et  tient  une  mandoline  sous  le  bras  droit.  Â  gauche,  sur  la 
même  feuille,  il  y  a  encore  l'indication  d'une  tête  et  d'un  bras.  Légère- 
ment dessiné  à  la  plume,  d'après  nature.  In-folio.  Collection  Antaldo  Au- 
taldi,  à  Urbin. 

249.  Tête  d'un  jeune  homme  à  cheveux  flottants.  —  Il  est  vu  de  profil, 
tourné  à  droite.  Il  porte  ses  regards  avec  enthousiasme  vers  le  haut.  Ce 
doit  être  une  étude  pour  l'ange  du  tableau  de  la  Vierge  au  Poisson.  Très- 
beau  dessin  à  la  pierre  noire.  In-4°. 

250.  Un  ange  qui  vole.  —  Légère  esquisse  à  la  pierre  noire,  rehaussée 
de  blanc.  Très-beau  dessin.  Petit  in-folio. 

254.  Portrait  d'un  homme  sans  barbe.  —  Ses  longs  cheveux  tombant 
sont  couverts  d'une  barrette.  De  grandeur  naturelle.  Dessiné  au  fusain  et 
à  la  pierre  noire,  sur  papier  jaunâtre.  Ce  beau  dessin  a  malheureusement 
un  peu  souffert.  In-folio. 

252.  Sainte  Famille.  —  Figures  jusqu'aux  genoux.  Cette  composition  a 
quelque  ressemblance  avec  une  Sainte  Famille  (saint  Joseph  y  est  repré- 
senté sans  barbe)  qui  se  trouve  à  Saint-Pétersbourg.  Esquisse  à  la  plume. 
Collection  Weitsch. 


EN  ALLEMAGNE.  440 

253-  :Ëtud€  de  draperie  pour  une  figure  agenouillée.  —  Gomme  pour  la 

Vierge  dans  une  Nativité.  C'est  la  manière  florentine  de  Raphaël,  mais 

manquant  de  simplicité,  ce  qui  nous  fait  douter  de  l'authenticité  de  ce 

dessin.  A  la  plume  et  rehaussé  de  blanc.  Petit  in-folio. 

254.  Étude  de  draperie.  —  Pour  une  figure  assise,  traitée  à  la  manière 
du  Pénigin.  Sur  le  revers,  des  lis  dessinés  à  la  sanguine  par  une  main 
étrangère  et  postérieure.  In-4«. 

Dans  cette  collection  se  trouvent  encore  vingt  autres  dessins  qui,  dans 
les  anciens  catalogues,  sont  attribués  à  Raphaël;  mais  ce  sont  ou  des 
copies  (entre  autres,  Moïse  sauvé  des  eaux  et  Moïse  apportant  les  tables 
de  la  loi),  ou  des  dessins  de  l'école  du  maître.  Il  y  en  a  môme  d'autres 
qui  lui  sont  tout  à  fait  étrangers.  Nous  n'avons  donc  pas  à  nous  en 
occuper. 

DANS    LE   CABINET  DU   CONSEILLER  d'ÉTAT  M.   SAVIGNT , 

A  BERLIN. 

2o5.  Béliodare  chassé  du  temple.  —  Première  esquisse  pour  la  fresque 
du  Vatican,  mais  très-difl^érente  de  l'exécution.  L'architecture  extérieure 
du  temple  y  est  plus  développée,  et  c'est  seulement  à  travers  la  grande 
porte  ouverte  que  l'on  en  voit  l'intérieur.  A  l'édifice  principal  se  joignent, 
de  chaque  côté,  sur  un  plan  un  peu  plus  éloigné,  des  vestibules  à  colonnes, 
garnis  de  quelques  spectateurs.  Le  grand  prêtre ,  debout  dans  le  sanc- 
tuaire à  droite,  élève  les  mains  en  prière  devant  le  tabernacle  et  le  chan- 
delier à  sept  branches.  A  ses  côtés  se  tiennent  trois  hommes  debout  et 
agenouillés.  Au  fond,  se  voit  une  statue  sur  son  piédestal.  Devant  le 
temple,  à  gauche,  Héliodore  s'enfuit,  poursuivi  par  un  cavalier  .et  deux 
figures  qui  volent;  l'ordonnance  est  presque  semblable  à  la  composition 
définitive,  à  cette  différence  près  qu'Héliodore,  au  lieu  de  jeter  ses  regards 
vers  le  haut,  les  dirige  en  face.  A  droite,  au  premier  plan,  se  trouvent 
sept  femmes  avec  un  enfant,  et  derrière  elles  plusieure  hommes  qui  regar- 
dent dans  le  temple.  Plus  loin,  beaucoup  de  peuple,  les  uns  stupéfiés,  les 
autres  fuyant.  Le  groupe  du  pape  n'est  point  dans  ce  dessin.  Rapide 
esquisse  à  la  plume,  largement  massée  à  la  sépia.  L'architecture  semble 
avoir  été  seulement  indiquée  au  pinceau  par  Raphaël  et  terminée  ensuite 
à  la  règle  par  un  de  ses  élèves.  Environ  8"  de  haut  sur  14"  de  large. 

236.  La  Justice.  —  Esquisse  pour  les  figures  allégoriques  de  la  salle  de 
Constantin.  L*autruche  est  ici  plus  petite  de  proportion  que  dans  le  tableau. 
Ce  dessin  pourrait  être  de  Gio.  Francesco  Penni. 

DANS   LE  CABINET  DES   ESTAMPES,   A   DRESDE. 

257.  Combat  de  quatre  cavaliers.  —  A  gauche,  un  cavalier  se  cramponne 
11.  29 


450  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

à  la  crinière  de  son  cheval^  lequel,  s'élançant  contre  un  autre  cfaeTal,  le 
mord  au  poitrail.  Le  cavalier,  monté  sur  ce  second  cheval,  «e  penche  for- 
tement à  sa  gauche  et  tient  un  tronçon  de  lance  dans  sa  maiti  droite.  Au 
centre,  un  cavalier,  vu  de  face,  sur  un  cheval  qui  se  cabre,  élève  son  bras 
gauche  et  semble  vouloir  se  diriger  contre  le  quatrième  cavalier,  qui  tra- 
verse le  premier  plan  et  que  l'on  voit  par  derrière  ;  Il  tourne  la  tête  à 
gauche,  tient  sa  lance  en  arrct  avec  la  main  droite  et  étend  la  gauche 
vers  le  cheval  qui  se  trouve  devant  lui.  Toutes  les  figures  sont  nues.  Des- 
sin plein  de  vie  et  d'esprit,  légèrement  indiqué  à  la  sanguine  et  terminé 
avec  des  hachures  à  l'encre.  On  doit  regretter  qu'il  ait  été  découpé  eo 
suivant  les  contours  dans  la  partie  supérieure  et  collé  sur  un  autre  papier. 
H.  14";  1.  il".  Il  semble  que  Raphaël,  dans  cette  composition,  se  soit 
rappelé  le  Combat  pour  l'étendard,  de  Léonard  de  Vinci,  sans  avoir  toute- 
fois l'intention  de  l'imiter.  La  manière  de  faire  indique  aussi  sa  première 
époque  florentine. 

258.  Le  rebord  d'un  plat.  —  Ce  dessin,  destiné  à  servir  de  modèle.pour 
l'entourage  ornemental  d'un  plat  rond,  a  environ  trois  pouces  et  demi  db 
largeur  et  présente  la  riche  composition  que  nous  allons  décrire  :  Neptune 
est  debout  sur  un  char  au  milieu  de  la  mer  et  balance  le  trident  en  sa 
main  droite,  tandis  que  de  la  gauche  il  tient  les  rênes  de  deux  chevaux 
marins.  Derrière  ces  figures,  on  voit  encore  une  figure  d'homme  tenant 
une  torche.  De  l'autre  côté  du  char,  deux  autres  chevaux  marins  se  mor- 
dent l'un  l'autre  et  sont  tenus  en  bride  par  une  figure  de  centaure  qui 
souffle  dans  une  conque.  Plus  loin,  à  droite,  est  une  belle  néréide  assise 
sur  uu  dauphin,  et,  derrière  elle,  un  enfant,  dont  la  partie  inférieure  du 
corps  se  termine  en  poisson,  lance  des  flammes  avec  une  trompette.  Puis 
un  Amour,  monté  sur  un  monstre  marin  fantastique,  embouche  égale- 
ment une  trompe  enflammée.  Cet  Amour  est  suivi  d'un  jeune  homme  assis 
sur  un  char  et  tenant  en  main  un  aviron,  tandis  qu'un  homme,  vu  de 
dos  et  dans  un  beau  mouvement,  s'appuie  au  bord  du  char  et  le  dirige 
sur  les  flots.  Devant  ce  groupe  est  assis  un  homme  qui  lutte  avec  un 
monstre  aquatique;  un  Amour  voltige  au-dessus  de  lui.  Un  homme  au 
corps  de  poisson  nage  auprès,  entourant  de  ses  bras  le  cou  d'uù  autre 
homme  marin,  et  un  jeune  garçon,  portant  une  bVanche  de  palmier,  est 
assis  sur  un  troisième  char.  Le  cortège  s'avance  gaiement,  et  une  femme 
qui  nage  est  guidée  par  un  jeune  triton  qui  Tembrasse  ;  Sylène,  entre  deux 
hommes  qui  le  soutiennent,  est  assis  sur  une  tortue,  et  tient  deux  vases 
remplis  de  vin.  Le  groupe  d'un  enfant  debout  sur  un  dauphin  et  enlaçant 
un  cygne  est  surtout  d'une  grâce  charmante.  Ces  dernières  figures  se  ren- 
contrent avec  les  chevaux  de  Neptune,  qui  se  cabrent  et  en  semblent 
eflrayés. 

Le  demi-cercle  de  ce  dessin  a  environ  15  pouces  de  diamètre^  le  cintre 


EN  ALLEMAGNE.  451 

est  vide,  le  rebord  esquissé  à  la  sanguine  et  terminé  avec  infiniment  d'es- 
prit à  la  plume.  Il  est  probable  que  Raphaël  exécuta  ce  précieux  dessin 
pour  Agostino  Cbigi^  puisque  nous  savons^  par  un  document  du  10  no- 
vembre lolO  (cité  plus  haut,  p.  373),  que  ce  protecteur  des  ails  fit  exé- 
cuter, en  1510,  deux  plats  en  bronze,  de  la  grandeur  de  quatre  palmes, 
par  Cesarino  di  Fi-ancesco  Rosetti  de  Pérouse,  d'après  les  dessins  du 
maître. 

259.  Eve.  —  Vue  de  dos,  debout  contre  un  arbre,  tenant  la  pomme 
dans  la  main  gauche.  Légère  esquisse  à  la  plume.  Petit  in-folio. 

260.  La  Vierge  avec  VEnfant.  —  Ce  dessin,  malheureusement  très- 
rogné,  ne  contient  plus  à  présent  que  la  tête  de  la  Vierge  et  celle  de 
Tenfant  Jésus,  si  proches  l'une  de  Tautre  que  les  joups  se  touchent.  Beau 
dessin  à  la  pierre  noire.  La  tête  de  la  mère  a  été  retravaillée.  H.  2"  6"; 
L  3*'. 

261 .  Trots  enfants  ailés,  —  Et  la  tête  d'un  quatrième  dans  des  nuages. 
Légère  esquisse  à  la  plume.  ]n-4<o.  Collection  Richardson. 

262.  Martyre  de  sainte  Fêïicitéy  ou  plutôt  de  sainte  Cécile.  —  Presque 
entièrement  semblable  à  la  gravure  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XiV, 
n*»  H7.  Les  légères  difl'érences  qu'on  remarque  entre  cette  gravure  et  le 
dessin  consistent  surtout  en  ce  que  les  deux  hommes  tenant  les  têtes  cou- 
pées sont  un  peu  plus  éloignés  de  l'homme  à  genoux  ;  ces  deux  hommes 
ont  ici  le  même  mouvement  de  jambes,  tandis  que  dans  la  gravure  de 
Marc-Antoine  ce  mouvement  est  différent.  La  femme  qui  a  la  tête  cou- 
verte, à  droite,  est  aussi  plus  mouvementée  que  dans  cette  gravure.  Ce 
dessin,  qui  a  beaucoup  souiîei  t,  a  été  tellement  retravaillé  qu'on  ne  peut 
même  plus  reconnaître  si  c'est  un  ouvrage  de  Raphaël.  A  la  plume,  lavé 
à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc.  Provenant  de  la  collection  Winckler  de 
Leipzig,  dans  le  catalogue  de  laquelle  il  était  donné  comme  étant  d'Al- 
brecht  Durer.  Nous  avons  déjà  signalé  une  copie  de  ce  dessiu  dans  la  col- 
lection Albertine  à  Vienne. 

BANS    LE    CABINET    DU   ROI,    A    DRESDE. 

263.  Le  Massacre  des  Innocents.  —  Semblable  à  la  gravure  de  Marc- 
Antoine,  moins  ie  petit  sapin.  Bartsch,  t.  XIV,  n""  20.  Sur  papier  gris,  à  la 
sanguine,  légèrement  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc.  Le  ciel,  dont 
on  a  coupé  un  morceau,  a  été  retouché  à  la  gouache  par  une  main  habile; 
mais,  par  suite  de  ces  retouches,  il  ne  se  rapporte  plus  à  la  gravure  de 
Marc-Antoine,  ni  à  la  manière  de  Raphaël  ;  en  outre,  dans  tout  le  dessin, 
on  remarque  çà  et  là  quelques  autres  retouches.  Disons  tout  d'abord  que 
ce  dessin  se  dislingue  de  tous  ceux  qu'on  attribue  à  Raphaël  par  un  fini 
poussé  à  l'extrême^  qui  n'a  pas  d'analogue  dans  les  œuvres  du  maître.  On 


451  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

y  remarque  aussi  une  observation  de  la  péirspeclive  aérienne  qui  n'est 
nullement  dans  le  caractère  des  dessins  de  Raphaël  et  qu'on  ne  trouve  pas 
au  même  degré  dans  ses  peintures.  Ces  contradictions  évidentes  ont  natu- 
rellement  fait  nattre  des  doutes  dans  l'esprit  des  connaisseurs,  mais  ce 
dessin  est  si  beau,  qu'on  hésite  à  se  prononcer  pour  ou  contre.  Si  Ton 
veut  admettre  que  c'est  bien  là  un  ouvrage  de  Raphaël^  mais  qu'il  a  été 
retravaillé  depuis,  il  faut  avouer  qu'un  véritable  maître  a  pu  seul  mettre 
la  main  à  ce  chef-d'œuvre  après  Raphaël  et  se  pénétrer  de  son  esprit,  avec 
une  intelligence  digne  de  Marc-Antoine  lui-même;  le  dessin  est  excellent, 
plein  de  vérité  et  de  vie  dans  l'expression.  Ces  qualités  sont  même  si  sur- 
prenantes, qu'on  rapporté  que  le  graveur,  Raphaël  Morghen,  après  avoir 
longtemps  examiné  ce  dessin,  finit  par  dire  a  qu'il  était  presque  fâché 
d'en  avoir  eu  connaissance,  »  à  cause  de  son  enthousiasme  pour  les  an- 
ciennes estampes  qui  reproduisent  cette  composition.  Le  comte  de  Stern- 
berg  avait  vu  ce  dessin  en  Hollande,  où,  selon  une  tradition  que  nous 
donnons  sous  toute  réserve,  il  aurait  appartenu  au  grand  peintre  Rem- 
brandt van  Ryn,  qui  fut  aussi  un  ardent  collectionneur  ^  ;  puis,  au  bourg- 
mestre Six,  à  Amsterdam.  Le  défunt  roi  de  Saxe  l'acquit  du  docteur 
Huybens,  à  Cologne,  moyennant  2,S00  thalers. 

Outre  les  anciennes  gravures  que  nous  indiquerons  en  leur  lieu  et  place ,  nous 
en  possédons  encore  une,  faite  en  1836,  d'après  ce  dessin,  par  Moritz  Steinla.  In- 
folio  en  largeur. 

DANS   LA    COLLECTION  DE  M.   LE  PROFESSEUR  AUGUSTE  GBAHL, 

A    DRESDE. 

264.  Vénus  et  VAmoitr,  —  Debout  dans  une  niche,  elle  se  penche  vers 
un  petit  Amour  qui  est  auprès  d'elle.  Magistralement  dessiné  à  la  pierre 
noire.  Petit  in-folio.  Sur  la  marge,  à  droite,  est  écrit  à  l'encre  et  de  la 
main  de  Raphaël  le  nom  de  Santy,  et  deux  fois  encore  :  Santi, 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  n**  311. 

265.  La  Vierge  de  lord  Gravagh.  —  Dessin  très-retravaillé  à  la  sépia,  et 
rehaussé  de  blanc.  Il  a  tellement  souffert  qu'on  ne  saurait  plus  juger  si 
c'est  réellement  un  original.  Petit  in-folio. 

DANS   LE   CABINET   DU  CHATEAU   DE   GOTHA. 

266.  Le  Christ  au  tombeau.  —  Joseph  d'Arimathie,  agenouillé  à  gauche, 

1.  Dans  rfnTentaircrdes  collections  de  Rembrandt,  dressé  en  1656  par  suite  de  son  état 
â'^insolvabillté,  on  trouTe ,  parmi  quantité  d^albums  de  dessins  et  de  gravures  des  maîtres  de 
tous  pays,  trois  •  lirres  contenant  des  etiampet  diaprés  Raphaël,  très-belles  épreuves.  •  Il  n'est 
pas  question  spécialement  de  dessins  de  Raphaël,  mais  il  pouTait  s'en  rencontrer  dans  les  albnois 
pleins  de  «  dessins  par  let  meilleure  nutUret.  •  {Note  de  Viditeur,) 


EN  ALLEMAGNE.  453 

soutient  le  corps  du  Christ.  La  Vierge  est  ageDOuiilée  et  évaDOuie,  tandis 
que  Marie-Madeleine^  i  droite,  dominée  par  la  douleur,  se  prosterne  aux 
pieds  du  Christ;  on  ne  voit  que  le  derrière  de  sa  tête  et  ses  longs  cheveux 
dénoués.  Au  milieu,  du  même  côté,  se  tiennent  deux  apôtres  qui  se  tordent 
les  mains.  Pour  fond,  un  tombeau  dans  le  genre  d'une  tour,  avec  une 
tablette  sur  laquelle  on  lit  les  lettres  I.  N.  I.  R.  Spirituelle  esquisse  à  la 
ptume,  lavée  d'un  ton  brun,  avec  quelques  légères  indications  d'arbres 
dans  le  paysage.  Ce  dessin  a  un  peu  souffert  du  côté -droit.  H.  13"  6'"  ; 
1.  9"  9"'.  Provenant  du  peintre  Raph.  Mengs,  il  vint  entrer,  avec  beaucoup 
d'autres  objets  d'art  q.ui  lui  avaient  appartenu,  dans  la  collection  du  duc 
Emst.  Le  dernier  duc  de  Cobourg  avait  fait  présent  de  ce  dessin  à  son 
peintre  de  cour,  Grassi,  mais  il  fut  réclamé  comme  un  bien  inamovible 
de  l'État,  et  cela  avec  d'autant  plus  de  raison  que  cet  artiste  recevait  une 
forte  pension  de  la  cour  de  Gotha.  —  Une  copie  de  ce  dessin,  par  Timoteo 
Viti^  avec  la  tour  à  gauche,  se  trouve  dans  la  collection  de  Stockholm. 

Grav.  par  Eneas  Yico,  1548.  Bartsch,  t.  XY,  p.  284,  n"  8.  —  En  contre-partie, 
par  Gialio  Bonasone.  —  Fac-simile  par  Sanlo  Paccini,  1770.  H.  13";  1.  9"  1'". 

Cette  composition  a  souvent  servi  pour  faire  des  tableaux  identiques. 
On  en  trouve  un  très- beau,  d'Andréa  Squazzella,  au  musée  du  Louvre. 

Gravé  par  A.  Girardet. 

Un  petit  tableau  d'après  le  dessin,  avec  quelques  variantes,  par  un  peintre 
néerlandais,  dans  la  galerie  de  Munich. 
Lithogr.  par  N.  S  trimer. 

Un  autre,  dans  la  manière  de  Jan  Swart,  est  au  musée  de  Berlin. 

DANS    LA.    COLLECTION    DU    GRAND-DUC    DE    WEIMAR. 

267.  Groupe  de  la  Vierge  évanouie  et  des  trois  femmes  qui  la  soutiennent, 
—  Pour  la  Mise  au  tombeau,  du  palais  Borghèse.  Figures  jusqu'aux  genoux.  • 
Cette  esquisse  semble  avoir  été  la  première  pensée  du  maître  pour  ce 
groupe,  qui,  dans  le  dessin,  est  moins  en  harmonie  avec  le  corps  du  Christ 
que  dans  le  tableau.  La  femme  qui  est  au  dernier  plan  et  qui,  dans  le 
tableau,  porte  ses  regards  vers  le  Sauveur,  se  tourne  ici  vers  la  Vierge, 
représentée  plus  jeune,  et  différente  aussi  de  pose  et  de  mouvement. 
Il  en  est  de  même  de'  la  figure  du  premier  plan,  qui,  à  genoux,  soutient 
la  Vierge  ;  la  tête  de  la  troisième  femme  rappelle  celle  de  la  Belle  Jardi- 
nière. L'expression  de  toutes  ces  figures  est  d'un  sentiment  exquis.  A  la 
plume.  H.  8 ';  1.  7".  Ce  dessin  était  autrefois  dans  la  possession  de  madame 
de  Heggendorf  à  Mannheim. 

DANS    LA    COLLECTION    DE    M.    RUDOLPH    WEIGEL,    A    LEIPZIG. 

268.  Fragment  d'une  grande  composition  de  cavaliers  et  de  peuple  à  pied, 


« 


454  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  BAPHAEL 

semblable  à  un  cortège.  ~  LeI  quatre  figures  à  clieval  sont  les  mêmes  que 
celles  du  Spasimo.  Les  costumes  toutefois  offrent  quelques  changements 
ainsi,  le  vieux  cavalier,  à  gauche,  a  un  casque  au  lieu  d'un  turban»  Un 
soldat  est  tombé  à  terre  devant  les  cavaliers,  et  Tun  de  ceui-ci^  en  tirant 
son  épée,  lui  ordonne  de  se  relever.  Un  troisième  soldat  s'enfuit  en  sau- 
tant par-dessus  le  soldat  renversé;  il  y  en  a  un  quatrième  dont  on  voit 
seulement  la  tête.  On  est  embarrassé  pour  expliquer  au  juste  le  sujet  de  ce 
dessin,  dont  les  figures  rappellent  plus  ou  moins  le  tableau  du  Spasimo. 
C'est  une  esquisse  intéressante,  quoique  dans  un  fâcheux  état  de  détério- 
ration. A  la  plume  et  lavée  à  la  sépia.  H.  9";  i.  6". 

Fac-similé  dans  l'ouvrage  :  Banâzeieknungen  berUhmter  Mei$Ur  mu  dur  Weigei- 
tehen  KwMliammlufigt  1855,  fn-fol. 

DANS   LA   COLLECTION    DU    PROFESSEUR   NEHER,    A   LEIPZIG. 

269.  Tête  d'une  Grâce.  —  C'est  la  tète  de  la  seconde  Grâce  dans  la  fresque 
du  Festin  des  Dieux  à  la  Farnesine.  Fragment  d'un  carton  de  grandeur  natu- 
relle, à  la  pierre  noire  et  à  la  sanguine  ;  la  bouche,  les  cheveux,  et  le  fond 
bleu  sont  un  peu  colorés.  L'expression  est  du  plus  grand  charme  et  le 
dessin  rempli  de  finesse.  Fixé  sur  toile.  H.  16";  1.  i2"  4'".. 

DANS   LA    COLLECTION    DU    CABINET   ROYAL   DE   MUNICH. 

270.  L'Exposition  du  carps  d'un  saint  évéqne.  —  Le  corps  est  exposé 
sur  un  lit  de  parade  ;  des  prêtres  tenant  des  cierges,  et  beaucoup  de  peuple 
sont  à  Tentour,  debout  ou  agenouillés  ;  du  côté  gauche  arrive,  en  se  traî- 
nant, une  jeune  fille  malade  soutenue  par  un  jeune  homme  :  elle  touche 
des  deux  mains  le  côté  gauche  du  saint  évéque,  dans  l'espoir  d'obtenir  sa 
guérison.  A  droite,  s'approche  un  estropié  qui  vient  aussi  toucher  le  corps 
saint.  Esquisse  rapide  à  la  plume,  mais  exécutée  très -spirituellement. 
H.  9";  1. 14"  7"*.  Provenant  de  l'ancienne  collection  électorale  de  Mann- 
heim.  —  Une  copie  de  ce  dessin,  par  Timoteo  Viti,  se  trouve  dans  la 
collection  de  Stockholm. 

Fac-similé  gravé  par  Heinrich  Sintzenicb;  1784.  —  Litbogr.  par  F.  Piloti.  ~  Do 
môme,  par  F.  Rehberg. 

271.  Saint  Ambroise.  —  Légère  esquisse  à  la  plume  pour  une  des 
figures  de  la  fresque  de  la  Dispute  du  Saint-Sacrement  au  Vatican.  Petite 
feuille. 

272.  Étude  d'après  un  jeune  homme,  —  A  genoux  et  les  mains  jointes  en 
prière,  il  lève  ses  regards  vers  le  ciel.  Cette  esquisse,  à  la  plume,  est 
dessinée  d'après  un  modèle  vivant,  légèrement  vêtu.  Revers  de  la  feuille 
précédente. 

273.  Un  Combat»  —  Vraisemblablement  dessiné  d'après  un  bas-relief 


EN  ALLEMAGNE.  455 

aolîque.  A  gauche,  on  voit  deux  cavaliers  accourant,  protégés  par  leur$ 
boucliers  et  tenant  leurs  épées  hautes.  Quatre  autres  cavaliers  sont  toijyr- 
nés  à  droite;  Tun  d'eui  sonne  de  la  trompe.  Dessiné  à  la  pointe,  sur  papier 
préparé  gris,  et  rehaussé  de  blanc.  Ce  beau  dessin  a  malheureusement 
beaucoup^soufîert.  Petit  in-folio  en  largeur. 

274.  La  Naissance  de  Vénus.  —  Elle  s'élève  de  la  mer,  en  tenant  ses 
longs  cheveux.  Beau  dessin  à  la  sanguine  pour  la  peinture  de  la  petite 
Salle  de  bain  du  cardinal  da  Bibiena  au  Vatican.  Petit  in-folio. 

DANS   LA   COLLECTION    DE   l'iNSTITUT   DES    BEAUX-ARTS 
DE   STAEDEL,    A   FRANCFORT-SUR-MEIN. 

Les  dessins  de  Raphaël  dans  cette  collection  proviennent  la  plupart  de 
la.  collection  du  roi  Guillaume  II  des  Pays-Bas,  laquelle  fut  vendue  à  La 
Haye  en  1850. 

275.  Dieu,  après  le  délugCy  montrant  à  Noé  Varc-en-ciel  comme  signe  de 
récùnciliation.  —  A  droite,  sont  agenouillés  les  trois  fils  de  Noé.  Esquisse 
pour  un  des  tableaux  des  socles  dans  les  Loges  du  Vatican.  Dessin  à  la 
plume,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc.  Feuille  en  largeur.  Collections 
Réveil,  à  Paris,  Sir  Thomas  Lawrence,  à  Londres,  et  roi  des  Pays-Bas. 

276.  La  Vierge  et  un  saint.  —  La  Vierge  est  assise  sur  un  trône,  l'en- 
fant Jésus  devant  elle  ;  à  gauche,  saint  Nicolas  de  Tolentino  debout,  tenant 
un  livre.  Le  côté  droit,  où  devait  se  trouver  une  autre  figure,  est  vide. 
Belle  esquisse  à  la  plume,  de  la  jeunesse  de  Raphaël.  In-folio.  Collections 
Lankrink,  Dawson  Turner.  Lawrence  et  roi  des  Pays-Bas. 

Fac-similé  dans  la  Lawrence  Gallery.  —  Photographie  par  Schaeffer. 

277.  La  Vierge  avec  Venfant  Jésus  bénissant,  —  La  Vierge,  assise,  la 
tête  un  peu  tournée  à  droite,  tient  le  bras  droit  de  l'enfant  Jésus,  assis 
sur  ses  genoux.  Dessin  à  la  plume,  traité  dans  la  manière  péruginesque  du 
maître.  Petit  in-folio.  Collections  Ottley,  Lawrence,  Woodburn  et  roi  des 
Pays-Bas. 

Fac-similé  dans  la  Latorence  G€illery. 

278.  Tête  d'enfant.  —  Étude  d'après  nature  pour  la  tête  de  l'enfant  Jésus 
dans  la  petite  Madone  de  lord  Cowper.  A  la  pointe  d'argent,  sur  papier 
grisâtre  préparé.  ln-8<>.  Collections  Antaldo  Antaldi,  Woodburn,  J.  D.  Pas- 
savant. 

279.  Saint  Martin.  —  Il  est  à  cheval,  et  de  son  épêe  il  partage  son  man- 
teau, en  parlant  avec  un  homme  qui  est  debout  à  sa  droite,  seulement 
couvert  d'une  draperie  sur  les  hanches,  et  qui,  comme  un  satyre,  a  deux 
petites  cornes  sur  la  tête.  Dessin  à  la  plume,  dans  le  style  du  Pérugin.  Au 
verso,  un  Baptême  du  Christ,  dessiné  à  la  plume  par  le  Pérugin.  C'est  la 
même  composition  que  ce  maître  exécuta  en  1502  pour  un  tableau  d'autel 


456  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

dans  l'église  des  Augustins  à  Pérouse.  la-folio.  Collections  comte  Bagliooi 
à  Pérouse»  Lawrence  et  roi  des  Pays-Bas. 

280.  Pour  la  Dispute  du  Saiiit-Sacrement.  —  C'est  la  moitié  de  la  partie 

inférieure,  à  gauche^  de  cette  composition.  Dix-sept  figures  nues.  Magoi- 

fique  étude  d'après  nature,  à  la  plume.  In-folio  en  largeur.  Des  ^Uectioos 

Timoteo  Yiti,  Crozat,  Mariette^  l^^goy»  Dimsdale^  Sir  Th.  Lawrence  et  roi 

des  Pays-Bas. 

Grav.  par  le  comte  de  Gaylus,  en  contre-partie,  pour  le  Cabinet  Çrozai,  n«43. 
—  Photogr.  par  Schaeffer. 

281.  Diogéne  pour  l'École  d'Athènes. —  Étude  d'après  nature.  D^abord 
la  figure  complète^  puis  séparément  la  poitrine  avec  le  bras  droit,  les 
jambes  et  le  pied  gauche.  A  la  pointe  d'argent  sur  papier  rougeâtre  pré- 
paré. H.  9"  9'";  1.  11"  3"'.  Collections  Wicar,  à  Rome,  W.  Y.  Ottley 
(qui  en  a  donné  un  fac-similé  gravé  par  Lewis  dans  son  :  Italian  Sckool  of 
de8ign)y  Sir  Th.  Lawrence  et  roi  des  Pays-Bas. 

282.  L'empereur  Jtistinien  dormant  les  pandectes  à  Tribofiitmus,  — 
Esquisse  pour  la  fresque  qui  est  dans  la  salle  délia  Segnalura^  en  partie 
dessinée  à  la  plume,  mais,  en  majeure  partie,  seulement  avec  la  pointe 
du  pinceau,  et  lavée  à  la  sépia.  In-folio.  C'est  vraisemblablement  le  même 
dessin  qui  se  trouvait  autrefois  chez  lord  Hampton,  et  qui  est  cité  par 
H.  Reveley  dans  ses  Notices  illustrative  of  the  draivings  and  sketches  of 
some  of  the  most  distinguished  masters  in  ail  the  principal  schools  of 
designj'h^  the  late  Henry  Reveley  Esq.  (London,  1820],  publiées  par  son 

.fils,  d'après  un  manuscrit  daté  de  1787.  Collections  Sir  Th.  Lawrence  et 
roi  des  Pays-Bas. 

283.  Vîi  avocat  du  Consistoire  présente  les  décrHales  au  pape  Gré- 
goire IX.  —  Esquisse  pour  la  partie  droite  de  la  fresque  qui  est  dans  la 
salle  délia  Segnatura,  au  Vatican.  Ce  sont  principalement  des  études  de 
draperie  dessinées  à  la  plume.  In-folio.  Collections  Crozat,  Yersteegh, 
Rutgers,  Yerstolk  van  Zoelen,  à  La  Haye. 

.  284.  Timoclée  devarit  Alexandre  le  Grand.  —  Plutarque  rapporte,  dans 
la  Yie  d'Alexandre,  que  les  Thraces,  qui  avaient  pris  la  ville  de  Thèbes  et 
qui  la  pillaient,  envahirent  la  maison  d'une  femme  noble,  nommée  Timo- 
clée. Le  chef  de  ces  pillards,  après  qu'il  eût  violé  cette  malheureuse  femme, 
voulut  savoir  en  quel  endroit  elle  avait  caché  son  argent  et  ses  trésors. 
Timoclée,  animée  du  désir  de  la  vengeance,  indiqua  un  puits  dans  le 
jardin,  comme  renfermant  tout  ce  qu'elle  avait  voulu  dérober  à  l'ennemi. 
Elle  le  conduisit  elle-même  au  puits,  et,  lorsqu'il  se  penchait  pour  jroîr 
au  fond,  elle  profita  de  ce  moment  pour  l'y  précipiter.  Les  soldats,  étant 
accourus  aux  cris  de  la  victime,  la  lièrent  et  la  menèrent  devant  Alexandre. 
Celui-ci  voulut  savoir  qui  elle  était. Elle  répondit  fièrement  :  «Je  suis  la 
sœur  de  Théagène,  qui  combattit  contre  Philippe^  pour  la  liberté  de  la 


J^N  ALLBDIÂGNB.  457 

Grèce^  à  la  bataille  de  Ghaerooea.oùil  perdit  la  vie.  »  Alexandre^ rempli 
d'admiration,  fit  rendre  la  liberté  à  cette  femme  et  à  ses  enfants. 

Dans  ce  dessin,  Timoclée  est  agenouillée  devant  Alexandre.  A  droite, 
le  capitaine  tbébain  dont  on  panâe  les  blessures.  En  tout,  quatorze  figures 
nues,  magistralement  dessinées  à  la  plume  ;  de  la  dernière  époque  de 
Raphaël.  In-folio  en  largeur.  Collection  du  roi  des  Pays-Bas. 

DANS   LA   COLLECTION   DE  L* ACADÉMIE   DE   DUSSELDOBF. 

285.  Plusieurs  esquisses,  de  la  jeunesse  de  Raphaèl.  —  Sur  le  haut  de  la 
feuille,  un  homme  à  barbe,  couvert  d'un  chapeau.  Au  milieu,  un  homme 
vu  de  face,  qui,  de  la  main  gauche,  s'appuie  sur  un  grand  bouclier.  A 
.droite,  une  tête  de  femme  vue  de  profil,  dans  le  genre  d'une  têle  de 
Vierge.  Puis  deux  têtes  d'hommes  regardant  vers  le  bas,  et,  plus  bas, 
deux  têtes  de  femmes  regardant  aussi  vers  le  bas;  à  côté,  une  autre  tête 
de  fenime  vue  de  profil,  mais  qui  a  été  raturée.  Sur  papier  gris-clair,  et 
dans  la  manière  du  Pérugin. 

286.  Tête  d'un  jeune  homme.  —  Vue  presque  de  profil,  un  peu  tournée  à 
droite  ;  elle  a  de  longs  cheveux  crépus,  couverts  d'une  petite  barrette.  A 
la  pointe  d'argent  sur  papier  jaunâtre  et  rehaussé  de  blanc.  Dans  la 
première  manière  florentine  de  Raphaël. 

287.  Huit  évéques  assis.  —  Ce  sont  principalement  des  études  de  dra- 
perie, à  la  sanguine,  pour  les  évêques  assis  au  premier  plan  dans  le 
Couronnement  de  Charlemagne.  Sur  le  revers,  il  y  a  encore  un  évêque 
assis  et  deux  diacres  debout ,  autre  étude  de  draperie  magistralement 
traitée  à  la  sanguine.  H.  40"  3'";  1. 12"  2'".  Collections  du  duc  de  Tallard 
et  de  Gérard  Hoet,  à  La  Haye;  acheté  à  cette  dernière  vente,  en  1760, 
pour  7  florins  10. 

288.  Enfants  jouant.  —  Dix-neuf  enfants  et  Amours.  Sur  le  côté  gauche, 
un  Amour  lutte  avec  un  enfant,  tandis  que  quatre  autres  les  entourent  et 
leur  jettent  des  balles.  11  y  a  deux  autres  Amours  debout  sur  des  arbres. 
Au  premier  plan,  un  Amour  se  penche  pour  ramasser  deux  balles  qui  sont 
.à  terre.  A  droite,  trois  enfants  couchés  jouent  avec  un  lapin,  et  un  qua- 
triènle  s'approche  d'eux.  Un  Amour,  qui  vole,  va  lancer  une  balle  dans 
ce  groupe,  tandis  que  d*autres  s'amusent  à  rattraper  des  balles  jetées  en 
l'air.  Deux  Amours  arrivent  encore,  vus  de  dos.  Un  enfant,  également  vu 
de  dos,  est  couché  au  premier  plan.  Ce  dernier  a  malheureusement  été 
retouché  par  une  main  inhabile.  Ce  précieux  dessin  est  d'ailleurs  bien 
conservé.  Esquisse  à  la  plume,  lavée  à  la  sépia  et  rehaussée  de  blanc. 
H.  10";  1. 15"  2*".  C'est  bien  le  même  dessin  qui  était  autrefois  dans  la 
collection  de  Jabach,  à  Cologne,  et  qui,  dans  la  vente  de  Gérard  Hoet, 
fut  acheté,  en  1760,  pour  40  florins. 


458  CATALOGUE  DES  D8SSINS  DE  RAPHAËL 

Gravure  sur  bois ,  ea  clatr--obscur ,  à  trois  planches ,  par  le  Maître  NDB. 
Bartscli,  t.  XII,  p.  108,  n*  4. 

Une  belle  et  ancienne  copie  de  ce  dessin,  attribuée  à  Rinaldo  Mantovano, 
se  trouve  dans  la  collection  Albertine^  à  Vienne. 

289.  Deux  paysages.  —  Avec  des  montagnes  et  des  villes.  Légèremeot 
esquissés  à  la  plume  ^  et  sans  doute  d'après  des  peintures.  De  la  jeunesse 
de  Raphaël. 

290.  Le  Péché.  —  Adam  et  Eve  sont  assis  l'un  en  face  de  l'autre.  Adam, 
à  gauche,  sur  un  tronc  d'arbre,  et  Eve  lui  présentant  la  pomme.  Quoique 
ce  dessin  ne  soit  que  le  calque  d'un  original,  nous  le  citons  à  défaut  de 
cet  original  qui  nous  est  inconnu. 

Landon,  sous  le  n*  318,  en  donne  une  reproduction,  mais  en  contre- 
partie, sans  indiquer  le  lieu  où  l'original  se  trouve.  On  voit  aussi  cette 
composition  dans  une  ancienne  arabesque,  gravée  à  l'eau-forte,  qui  en- 
toure les  lettres  IHS  renversées.  Adam  et  Eve  sont  assis  dans  la  lettre  H  ; 
le  Christ  en  haut,  les  apôtres  saint  Pierre  et  saint  Paul  sur  les  côtés; 
sainte  Catherine  et  sainte  Barbe  dans  la  lettre  S;  un  ange  de  Tautre 
côté.  Cette  eau-forte,  d'un  maître  inconnu,  est  au  British  Muséum. 

291.  La  Porteuse  d'eau^  de  l'Incendie  du  Bourg.  —  Figure  nue.  Contre- 
épreuve  d'une  très-belle  étude  à  la  sanguine.  Nous  ignorons  ce  qu'est 
devenu  l'original. 

Lithogr.  par  G.  Mosler,  pelit  in-fol. 

La  même  figure,  copie  dessinée  à  la  plume»  lavée  à  la  sépia  et  rehaussée 
de  blanc,  qui  était  dans  la  succession  Lawrence,  appartenait  à  Rich. 
Uead,  médecin  du  roi  d'Angleterre. 

Gravé  en  fac-similé  par  Arthur  Food,  en  1734,  in-fol.  allongé.  —  Dans  le  cata- 
logue Woodbum,  n"  72. 

AU   MUSÉE   KESTNERIANUM,    A.HANOVRE. 

292.  La  Résurrection  du  Christ.  —  Esquisse  pour  une  des  douze  petites 
peintures  en  largeur,  au  Vatican.  Dessinée  à  la  plume  sur  papier  gris, 
lavée  à  la  sépia  et  rehaussée  de  blanc.  H.  5"  6'";  1.  i&\  Ce  des^ih  pro- 
vient de  la  maison  Alberti,  à  Borgo  di  San  Sepolcro. 

Une  ancienne  copie  de  ce  dessin,  provenant  de  la  collection  Peter  Lely,  se 
trouve  dans  la  galerie  de  Chatsworth,  appartenant  au  duc  de  Devonshire. 

Gravure  sur  bois,  en  clair-obscur,  de  trois  planches,  par  Hugo  da  Carpi. 
BarUch,  t.  XII,  p.  45,  n-îeô. 

DANS  LE  CABINET  DE  M.  DE  BETHMANN  HOLLWEY,  A  BONN. 

293.  La  reine  de  Saba  chez  le  roi  Salomon.  —  Dessin  à  la  plume. 
In-folio  en  largeur. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  n"  13. 


EN  ALLEMAGNE.  450 

DANS   LA   SUCCESSION    DU   BARON   OTTO   DE   STACKELBERG, 

A   DRESDE. 

^4.  Dieu  apparaît  à  Isaac.  —  Esquisse  de  la  fresque  des  Loges  du 
Tatican.  Ce  be«u  dessin  est  presque  tout  à  fait  analogue  à  la  peinture 
exécutée,  seulement  la  jambe  gauche  d'Isaac  est  un  peu  plus  en  arrière, 
ce  qui  rend  son  attitude  plus  belle  et  plus  juste. 

Gravé  par  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIV,  n"  7.  —  Au  clair-obscur,  par 
A.  H.  ZaDcUi,  1741.  Bartsch,  t.  XII,  p.  188,  n»68. 

Deux  bonnes  copies  de  ce  dessin  ont  passé  dans  des  collections  célèbref^. 
L'une  dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 

Gravée  à  l'aquatinte,  en  1805,  par  H.  Benedicti. 

L'autre  était  dans  la  succession  de  Sir  Th.  Lawrence. 

Lithogr.  dans  la  Lawrence  Ga/lery,  n"  23. 

Sur  la  même  feuille  est  encore  une  esquisse,  faite  avec  soin,  d'une  Vierge, 
demi-figure.  Elle  est  tournée  à  gauche  et  présente  quelques  fleurs  à  Ten- 
fant  Jésus  assis  sur  ses  genoux;  celui  ci  veut  les  prendre  et  sourit  en  éle- 
vant ses  regards  vers  sa  mère.  I^  Vierge  tient  un  livre  dans  une  main 
qu^^elle  laisse  pendre.  11  ne  parait  pas  que  Raphaël  ait  jamais  exécuté  en 
peinture  cette  composition ,  mais  il  en  existe  plusieurs  tableaux  de  son 
école.  Le  plus  beau,  par  Jules  Romain,  se  trouve  dans  la  Tribune  de  la  gr- 
lerie  de  Florence.  Un  autre^  qui  a  fortement  poussé  au  noir,  est  à  Holkham, 
résidence  du  comte  de  Leicester.  C'est  apparemment  celui  que  possédait 
Charles  l<'^  On  a  gravé  en  Angleterre  une  petite  planche  d'après  ce  tableau, 
mais  du  côté  opposé. 

Le  dessin  original  provient  de  la  maison  Albert!  a  Borgo  di  San  Sepolcro. 
Esquissé  à  la  plume,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc.  Nous  ignorons 
en  quelles  mains  a  passé  ce  dessin  en  sortant  du  cabinet  du  baron  de 
Stackelberg. 

.DANS   LA   COLLECTION   DU   MUSÉE   TEYLER ,    A   HAARLEM. 

>  -■ 

Ces  dessins  proviennent  de  la  collection  que  la  reine  Christine  de  Suède 
avait  acquise  à  Rome  et  qui  provenait  du  palais  Odescalchi. 

295.  La  Manne.  —  Composition  de  onze  ligures  pour  une  des  petites 
peintures  en  forme  de  frise  qui  décoraient  les  Loges  du  Vatican.  Dessiu  à 
la  plume,  lavé  et  rehaussé  de  blanc  sur  papier  brunâtre. 

296.  Josué  harangue  le  peuple  d'Israél.  —  Composition  en  forme  de  frise, 

pour  la  dixième  peinture  qui  se  trouvait  au-dessous  des  fenêtres  aux  Loges 

du  Vatican.  Exécuté  de  la  même  manière  que  le  dessin  précédent. 

On  en  possède  une  gravure  sur  bois,  en  clair-obscur,  dans  la  manière  de  Hugo 
da  Garpi  ;  les  épreuves  postérieures  sont  d'André  Andreani,  1608,  et  marquées  : 
PolidoTo  Caravagio  inveni.  Bartsch,  t.  XII,  p.  77,  n">  25. 


460  GâTâLOGJE  des  DESSINS  DE  RAPHAËL 

297.  Un  jeune  homme  à  cheval.  —  Tourné  vers  le  côlé  droit.  C'est  un 
dessin^de  Raphaël,  fait  en  1503,  lorsqu'il  préparait  les  compositions  de  la 
vie  d'Eneas  Sylvius  Piccolomiui  pour  Sienne.  Esquissé  à  la  plume,  lavé  à 
la  sépia.  Petit  in-folio. 

298.  r Adoration  d'un  saint  diacre.  —  En  adoration  devant  la  saiote 
Vierge  qui  tient  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux.  Au-dessus  d'eux  plaoe  un 
ange  tenant  une  palme.  Quatre  petits  anges  soutiennent  le  nuage  sur  lequel 
est  agenouillé  le  saint.  Beau  dessin  à  la  plume. 

299.  Étude  pour  la  Conversion  de  saint  Paul.  —  Sujet  de  tapisserie. 
Deux  cavaliers  qui  s'enfuient  et  un  soldat  armé  de  sa  lance,  presque  vu  de 
dos,  courant  vers  le  côté  droit.  Dessin  magistral  à  la  sanguine.  In-folio. 

300.  Une  figure  ou  Génie  soutenant  un  emblème  des  Médicis  (un  agneau 
avec  trois  plumes  d'autruche).  —  Cette  figure  a  quelque  ressemblance 
avec  l'ange  qui  est  à  la  gauche  du  prophète  Isaie  dans  l'église  des  Augus- 
tins  à  Rome.  Beau  dessin  à  la  pierre  noire.  In-folio. 

301.  Hermès  mâle. — Avec  deux  bras,  dont  l'un  est  élevé.  Esquisse  pour 
une  des  cariatides  de  la  salle  de  l'Incendie  du  Bourg  au  Vatican.  Supérieu- 
rement dessiné  à  la  sanguine.  In-folio. 

302.  L'Apôtre  saint  Paul.  —  Pour  le  tableau  de  la  Sainte  Cécile  à  Bo- 
logne. Beau  dessin  à  la  sanguine.  In-folio. 

303.  Un  Amour  voltigeant.  —  Vient  enlever  le  marteau  de  Vulcain. 
Esquisse  à  la  sanguine  pour  une  des  fresques  à  la  Farnesine,  tirées  de  la 
fable  de  l'Amour  et  Psyché.  In-octavo. 

304.  L'Amour  debout.  —  Tenant  sa  main  sur  sa  tête.  11  fait  partie  de  la 
composition  de  Vénus,  qui,  au  sortir  du  bain,  s'essuie  les  pieds. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  n"*  297. 

Ce  dessin  à  la  sanguine  a  été  tellement  retouché,  que  l'on  ne  reconnaît 
presque  plus  le  maître. 

Parmi  les  copies  d'après  des  dessins  de  Raphaël  que  possède  celte  collec- 
tion, il  y  a  trois  feuilles  pour  le  sujet  du  Massacre  des  Innocents,  qui  a  été 
exécuté  en  tapisserie.  Ces  dessins  sont  lavés  au  bistre  et  rehaussés  de 
blanc.  Un  autre  beau  dessin  de  Técole  de  Raphaël  représente  un  ange  à 
genoux,  qui  tient  un  écusson  rond;  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc. 
Nous  citerons  encore  une  très-belle  étude  d'un  homme  couché,  comme 
pour  un  Noé  enivré;  étude  à  la  pierre  noire,  qui  paraît  être  également  d'un 
élève  de  Raphaël. 

DANS   LA   COLLECTION    DE   M.    LEEMBRUGGË,    A   AMSTERDAM. 

305.  Vn  groupe  de  la  Mise  au  tombeau,  du  palais  Borghèse.  —  Ce  sont 
les  trois  femmes  qui  soutiennent  la  Vierge  évanouie.  Très-belle  esquisse 
àlaplume.  H.  ir'9"';l.  8". 


EN  ALLEMAGNE.  461 

Jules  Bonasone,  on  plutôt  un  élève  de  Marc-Antoine,  en  a  fait  une' gravure. 
Bartsch,  t.  XV,  p.  123,  n*  50. 

306.  Autre  étude  du  même  groupe.  —  La  Vierge  et  la  femme  derrière 
elle,  mais  dessinées  en  squelettes.  Très-précieux  dessin  à  la  plume.  Sur  la 
même  feuille^  il  y  a  encore  les  esquisses  pour  trois  tètes  de  femmes. 
H.  i¥';  1.  8".  Collections  Antaldi,  Lawrence,  roi  des  Pays-Bas.  Acheté  à 
cette  dernière  vente  pour  1^230  florins.  Publié  dans  la  Lau)rence  Gallery, 
n~  8  et  9. 

307.  Tête  de  Vapôtre  saint  Jacques  le  Majeur.  —  Pour  le  Couronnement 
delà  Vierge^  de  Tannée  1503^  qui  est  actuellement  au  Vatican.  Relie  tête 
de  jeune  homme  qui  regarde  vers  le  côté  gauche  du  haut.  Il  est  vu  de 
trois  quarts.  Étude  à  la  pierre  noire.  H.  i0"9"';  1.  8"  6'".  Collections 
Ottley,  Lawrence^  roi  des  Pays-Bas.  Acheté  dans  cette  dernière  vente  pour 
600  florins.  Publié  par  Ottley  dans  son  recueil  :  The  italian  School  of  design 
(p.  50),  mais  donné  erronément  pour  une  tête  d'ange  de  la  Dispute  du 
Saint-Sacrement. 

DANS   LA   COLLECTION   DE  M,    DE   VOS,    A   AMSTERDAM. 

308.  La  Belle  Jardinière.  —  Esquisse  à  la  plume  pour  le  tableau  du 
Louvre.  Le  petit  saint  Jean  paraît  tenir  un  chien  près  de  lui.  In-folio.  Col- 
lections R.  P.  Knight,  Lawrence,  roi  des  Pays -Ras.  Acheté  dans  cette 
dernière  vente,  sous  le  n^  30,  pour  410  florins.  Un  dessin  tout  à  fait  sem- 
blable, si  ce  n'est  le  même,  a  figuré  dans  les  collections  Crozat,  Mariette 
et  Revil  ;  il  doit  être  maintenant  en  Angleterre. 

C.  Metz,  dans  ses  Ifnitatioh$  ofaneient  and  modem  dravoingt  (London,  1798),  en  a 
donné  un  faosimfle.  De  môme,  par  A.  Bartsch  en  1789,  mais  en  contre-partie. 
Tout  récemment,  Joseph  Keller,  de  Dûsseldorf,  en  a  gravé  un  troisième  fac-similé 
d'après  un  autre  dessin  que  nous  ne  connaissons  pas. 

DANS   LA   COLLECTION   DE   M.    BOOS,    A   AMSTERDAM. 

309.  Tête  de  moine,  —  Couverte  d'un  capuchon,  le  regard  abaissé  vers 
le  côté  gauche.  C'est  à  tort  que  l'on  considère  ce  portrait  comme  celui  de 
Savonarola.  Reau  dessin  à  la  pierre  noire,  mais  très-retouché.  In-folio. 
Collections  Lawrence  et  roi  des  Pays-Ras;  vendu  à  La  Haye,  sous  le  n®  74, 
pour  380  florins. 

DANS  LE   MUSÉE  THORWALDSEN ,    A   COPENHAGUE. 

310.  Carton  d'une  Vierge.  —  Demi-figure.  La  Vierge,  la  tête  inclinée 
vers  le  côté  droit,  contemple  avec  amour  Tenfant  Jésus  étendu  devant  elle 
et  le  soutient  de  ses  deux  mains.  Celui-ci  penche  sa  tête  contre  le  sein  de 
sa  mère  et  lève  ses  regards  vers  elle.  Il  s'appuie  sur  le  coude  droit  et  pose 


402  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

sa  main  gauche  sur  sa  poitrine.  Sa  jambe  droite^  étendue,  supporte  sa 
jambe  gauche.  Ce  petit  carton ,  d'environ  deux  pieds  de  hauteur,  est  exé- 
cuté au  crayon  noir  et  légèrement  estompé.  Le  caractère  du  dessin^  qui 
est  très-beau^  rappelle  la  manière  du  maître  lorsqu'il  était  à  Florence, 
en  iSOo^  après  avoir  quitté  l'école  du  Pérugin. 

Ce  fut  M.Wales,  peintre  paysagiste  anglais,  qui  donna  au  célèbre  sta- 
tuaire Thorwaldsen  ce  précieux  carton.  Thorwaldsen,  pendant  un  certain 
laps  de  temps,  lors  de  son  premier  séjour  à  Rome,  ne  recevait  pli»  sa 
pension  de  Copenhague.  Forcé  de  chercher  des  moyens  d'existence  en 
dehors  de  ses  travaux  de  sculpture,  il  avait  fait  marché  avec  le  peintre 
Wales  pour  lui  dessiner  des  figures  dans  ses  paysages,  moyennant  un 
SQudo  par  jour.  Mais  il  arrivait  que  Tartiste  anglais  était  parfois  à  court 
d'argent;  ce  fut  dans  un  de  ces  jours  de  pénurie,  que  Wales  lui  donna  en 
payement  le  carton  de  Raphaël. 

DANS   LA    COLLECTION    ROYALE   DE   STOCKHOLM. 

Cette  riche  collection  de  dessins  de  maîtres  anciens  fut  rassemblée  par 
le  comte  Tessin  pour  le  roi  Gustave  111,  et  la  plus  grande  partie  de  ces 
dessins  provient  du  cabinet  Crozat.  D'autres  dessins,  que  le  comte  avait 
réunis  en  Italie,  furent  acquis,  après  sa  mort,  pour  le  roi  de  Suède.  Parmi 
les  vingt  dessins  qu'on  attribue  à  Raphaël  dans  cette  collection,  six  sont 
réellement  du  maître;  les  autres  ne  sont  que  de  son  école. 

311.  L'Adoration  des  Mages,  —  Esquisse  spirituellement  exécutée  à  la 
plume  pour  la  predella  de  1503,  qui  est  au  Vatican.  Ce  dessin  ne  présente 
qu'une  partie  de  la  composition;  le  cheval,  qui  est  à  gauche  dans  le  ta- 
bleau, manque  ici.  Collection  Crozat,  n»  100.  In-folio  en  largeur. 

312.  Études  pour  plusieurs  figures.  —  Dessinées  à  la  plume  vers  1505. 
Au  bas,  à  gauche,  est  la  demi-figure  d'un  évêque  à  barbe,  qui  lit  dans 
un  livre.  Sa  pose  ressemble  beaucoup  à  celle  du  saint  Nicolas  de  Bari  dans 
le  tableau  d'autel  qu'on  voit  au  château  de  Blenheim;  ce  doit  être  une 
première  étude  pour  cette  figure.  Au-dessus  de  l'évêque  est  un  vieillard 
assis,  qui  s'appuie  sur  un  bâton.  Enfin,  sur  la  même  feuille,  un  jeune  moine, 
le  regard  élevé,  et  écrivant  sous  la  dictée  d'un  ange  qui  est  derrière  lui. 
In-folio. 

313.  Saint  Jean  évangéliste.  — Vieux.  Il  est  assis,  écrivant  dans  un  livre 
qu'il  tient  devfint  lui  et  tenant  l'écritoire  dans  sa  main  gauche.  11  est  tourné 
vers  le  côté  droit,  l'aigle  à  ses  pieds.  La  draperie  est  encore  traitée  dans 
la  manière  du  Pérugin^  mais  les  pieds  et  les  mains  sont  d'un  deissin  beau- 
coup mieux  senti.  A  la  plume.  Iu-4*.  Au  verso,  l'étude  à  la  sanguine  d'un 
dos  d'homme,  mais  tellement  retravaillée,  que  rien  n'autorise  à  l'attribuer 
à  Raphaël. 


£N  ALLEMAGNE.  46S 

3i4.  Un  jeune  homme.  —  Le  regard  levé  rers  le  haut.  Au  bas,  une 
étude,  plus  achevée,  de  deux  bras  pour  la  même  figure.  Beau  dessin  à  la 
poÎDte  de  métal,  rehaussé  de  blanc,  daus  la  manière  florentine  de  Raphaël. 

31o.  La  sainte  Vierge.  —  Elle  présente  des  fleurs  à  Tenfanl  Jésus  qui  les 
prend  en  regardant  sa  mère.  A  droite,  deui  anges  en  adoration.  Esquisse 
à  la  plume.  1n-4o. 

316.  Joseph  à  genoux  devant  Pfiaraon,  —  Il  y  a  quatre  figures  de  cha- 
que côté.  Composition  de  frise  peinte  en  grisaille  dans  l'embrasure  d'une 
fenêtre  de  la  salle  d'Héliodore.  Dessin  à  la  plume ,  lavé  à  la  sépia  et  re- 
haussé de  blanc.  Collection  Crozat,  n^  119. 

Au  nombre  des  dessins  mal  attribués  à  Raphaël,  mais  qui  au  moins 
sont  traités  dans  sa  manière,  les  suivants  nous  semblent  les  plus  inté- 
ressants. 

a.)  Saint  George  à  cheval  —  11  frappe  de  sa  lance  le  dragon.  Dessin  à 
la  plume,  très-terminé.  Au  verso ,  esquisse  d'après  une  femme  couchée  et 
dormant  avec  son  enfant  sur  un  tertre.  Collections  Montarsis  et  Crozat, 

6.)  L'Annonciation.  —  La  sainte  Vierge  est  debout  et  l'ange  à  genoux 
devant  elle;  dans  le  haut,  Dieu  U  Père  envoie  le  Saint-Esprit.  Beau  dessin 
à  la  plume,  dans  la  manière  florentine  de  Raphaël.  Au  verso,  l'esquisse  à 
la  plume  pour  l'Ascension  de  la  Vierge.  Grand  in-folio.  Collection  Crozat,  ^ 
n«  127. 

c.)  L Adoration  des  hefgers.  —  La  sainte  Vierge  est  à  genoux  devant 
l'enfant  Jésus,  et  celui-ci  tourné  du  côté  gauche  vers  les  bergera.  Saint 
Joseph  est  assis  à  la  droite.  Lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc.  Au  verso, 
la  même  composition,  mais  légèrement  esquissée,  ln-4^ 

d,)  Thésée  tue  le  dragon.  —  Ce  dragon  avait  dévoré  les  compagnons 
de  Thésée,  descendus  à  terre  pour  chercher  de  Teau  afin  de  bâtir  la  ville 
d'Athènes.  Dessin  d'un  élève  de  Raphaël,  lavé  au  bistre  et  rehaussé  de 
blanc.  Au  verso,  un  Griffon  à  la  plume. 

e.)  Hercule  tue  le  lion.  —  Copie  d'après  Jules  Romain.  Dessin  lavé  au 
bistre. 

f.)  Cinq  paysages.  —  Deux  vues  de  villes,  des  rochers,  etc.;  puis,  trois 
dessins  de  petite  dimension,  dont  l'un  représente  l'intérieur  d'une  cham- 
bre. Tous  ces  dessins  à  la  plume  ont  quelque  rapport  avec  ceux  du  même 
{;enre  que  faisait  Raphaël  dans  sa  jeunesse,  mais  ils  sont  bien  plus  tra- 
vaillés. 

g.)  Un  ornement  avec  deu^c  oiseaux ^  d'après  Vantiqw.  —  Dessin  à  la 
plume  dans  la  manière  de  Giovanni  da  Udine. 

h.)  Tète  de  jeune  femme.  —  Avec  des  cheveux  tombants  et  couverte 
d'un  voile.  Vue  presque  de  profil  et  tournée  vers  le  côté  gauche.  A  la 


464  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

pierre  noire  et  légèrement  colorée.  Ce  dessin  est,  a?ec  raison  y  attribué  à  j 

Timoteo  Viti  ;  cependant  un  écrivain  très-estimé  croit  y  reconnaître  le  mo-  *  j{ 

dèle  qui  a  servi  pour  la  tête  de  la  Vierge  au  Chardonneret.  ^ 


DESSINS  DE  RAPHAËL  EN  FRANCE. 


COLLECTION   DU   LOUVRE,    A   PARIS, 

Parmi  le  grand  nombre  de  dessins  attribués  à  Raphaël  qui  se  trouvent 
dans  cette  riche  collection  de  trente-six  mille  pièces  environ ,  il  y  en  a 
environ  trente  qui  sont  incontestablement  du  maître.  Ils  proviennent^  eo 
partie 9  des  collections  Crozat,  comte  de  Caylus  et  Mariette  ^  Les  dessins 
de  feu  M.  de  Saint-Môrys  devaient  également  passer  dans  ce  musée  en 
181  Damais  ils  n'y  arrivèrent  pas  tous,  car  la  plupart  sont  actuellement 
en  Angleterre.  Six  dessins  de  Raphaël  furent  achetés  en  1850,  à  la  vente 
des  objets  d'art  de  feu  le  roi  Guillaume  II,  à  La  Haye.  Lors  de  notre  der- 
nier séjour  à  Paris,  en  1852,  nous  avons  été  mis  à  même,  grâce  à  Tobli- 
geance  de  M.  de  Reiset,  conservateur  de  la  collection  des  dessins  du 
Louvre,  de  dresser  un  catalogue  complet  des  œuvres  de  Raphaël  qui  s'y 
trouvent,  faveur  qu'il  nous  avait  été  impossible  d'obtenir  en  1831  et  1847, 
sous  la  direction  de  M.  de  Cailleux,  qui  prétendait  que  le  Louvre  ne  pos- 
sédait pas  d'autres  dessins  de  Raphaël  que  ceux  alors  exposés  au  public  % 
parmi  lesquels  on  n'en  comptait  pas  plus  de  dix  authentiques. 

1.  On  ne  sait  ce  que  sont  de^eDus  les  dessins  de  Raphaël  prorenant  de  la  collection  Jabarh, 
achetés  pour  Louis  XIV.  Beaucoup  de  ces  dessins  u^étaient  sans  doute  que  des  copies;  mais  il  y 
en  ayait  de  Téritables  qui  ont  été  tolés.  Voyez  dans  les  additions  de  féditeur ,  à  la  suite  de 
r  Appendice  de  ce  Tolume,  une  notice  sur  la  Tente  de  la  collection  Jabach.  [Noit  de  l'éditeur.) 

2.  Nous  regrettons  de  trourer  ici  une  assertion  qui-  semble  défsTorable  à  M.  de  Cailleux , 
que  nous  nous  plaisons ,  au  contraire ,  à  replacer  au  milieu  des  souvenirs  de  haute  estime  et  de 
respect  qu'il  a  laissés  pendant  sa  direction  des  musées  royaux.  Nous  pensons  que  M.  Passavant 
n*a  pas  bien  compris  les  objections  de  H  de  Cailleux,  qui  ne  pouTait  alors  autoriser  les  recher- 
ches du  savant  étranger  au  milieu  des  soixante  mille  dessius  que  possède  le  Louvre ,  et  qu*on 
n'avait  pas  encore  classés.  Le  Catalogue  des  dessins,  publié  en  1841  ^  décrivait  vingt-trois 
dessins  attribués  à  Raphaël,  sans  compter  quatre  dessins  de  son  école.  Il  est  fAchcux  que  le 
nouveau  Catalogue  n'ait  pas  encore  paru,  quoique  le  savant  conservateur  des  dessins,  M.  Fré« 
déric  Reiset,  ait  fait,  depuis,  un  classement  général  de  la  collection  confiée  à  ses  soins.  Daus 
ce  classement,  une  partie  des  dessins  attribués  à  Raphaël  par  les  précédents  conservateurs  do 
musée,  a  été  reléguée  parmi  les  copies  et  est  rentrée  dans  les  cartons.  {I\9ie  de  l'idiUur.) 


EN  FRANCE.  465 

SiUetft  «la  ITlenx  Testamenl. 

317.  La  coupe  de  Joseph  trouvée  dans  le  sac  de  Benjamin.  —  Cinq  des 
frères  de  Joseph  et  le  petit  Benjamin  au  eôté  droit;  au  milieu  est  posé  le 
sac  de  blé  dans  lequel  un  homme  vient  de  trouver  la  coupe  de  Joseph.  A 
gauche,  il  y  a  cinq  autres  hommes  dont  l'un  cherche  à  soulever  un  sac. 
Légère  esquisse  à  la  plume.  In-folio  en  largeur.  Collection  Crozat. 

Gravé  à  Tean-forte,  en  contre-partie,  par  le  comte  de  Caylus.  —  Landon, 
1^  2-21  *. 

318.  Moïse  traversant  la  mer  Rouge.  — Première,  pensée  pour  la  fresque 
des  Loges  du  Vatican.  Dessin  à  la  plume,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de 
blanc,  ln-4^  Collections  Jabach,  Crozat^  C.  Jennings,  Willes,  Duroveray, 
Dirosdale,  Lawrence  et  roi  des  Pays-Bas.  Une  copie  de  ce  dessin,  lavée  au 
bistre,  se  trouvait  dans  la  collection  de  M.W.  Roscoe,  à  Liverpool,  et  une 
autre  sur  papier  rose  se  voit  encore  dans  la  collection  Albertine  à  Vienne. 

319.  Dieu  donne  à  Moïse  les  tables  de  la  loi.  —  Dessin  à  la  plume  et 
lavé  au  bistre.  Première  pensée  pour  la  fresque  des  Loges  du  Vatican. 
Petit  in-4«  «. 

SoJeto  da  IVouveaa  Teitament. 

320.  L Annonciation.  —  La  Vierge  est  assise  sous  un  portique  à  gauche 
et  range  est  agenouillé  à  droite.  Carton  pour  le  petit  tableau  de  la  pre- 
délia  qui  se  trouvait  sous  le  tableau  du  Couronnement  de  la  Vierge^  de 
Tannée  1503»  au  Vatican.  Dessin  à  la  plume,  lavé  à  la  sépia  et  piqué  aux 
contours  pour  être  transporté  sur  le  panneau.  H.  11"  3'";  1. 16"  9'".  Col- 
lections Ottley,  Lawrence  et  roi  des  Pays-Bas. 

321.  Études  pour  deux  figures  de  la  Transfiguration,  —  Ce  sont  des 
figures  nues  pour  les  deux  disciples  de  Jésus-Christ  placés  au  bas^de  la 
montagne  ;  savoir,  pour  le  jeune  homme  qui  avance  la  tête  et  pour  l'apôtre 
qui  indique  du  geste  le  haut  du  sujet.  Très-belle  étude  à  la  sanguine. 
In-folio.  Collection  Crozat. 

Gravée  par  le  comte  de  Caylus  ^. 

322.  Conduis  mon  troupeau.  —  Première  pensée  pour  un  des  cartons 
qui  se  trouvent  en  Angleterre  et  qui  ont  été  exécutés  en  tapisseries.  Jésus- 
Christ,  qui  a  donné  à  saint  Pierre  les  clefs,  symbole  de  la  puissance  pon- 
tificale, montre  de  la  main  le  côté  où  dans  le  carton  se  trouvent  les  brebis, 
mais  qui  ne  sont  point  indiquées  ici.  Ce  dessin  à  la  plume,  lavé  à  la  sépia 

.  1 .  Ce  dessin,  qui  faisait  partie  de  l'ancienne  collection  du  roi  depuis  la  Tente  de  Crozat , 
puisqu'il  a  été  gravé  par  Landon ,  n'est  pas  décrit  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  1841. 
(A'oUdeCidUeur.) 

2.  Ce  dessin  porte  le  n<*  566  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  1841 .  [Note  de  V éditeur.) 

3.  Ce  dessin  porte  le  n«  577  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  1841.  (NoU  de  l'éditeur.) 

II.  •  50 


406  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

et  rehaussé  de  blanc ,  est  un  peu  lourd  d'exécution,  mais  paraît  avoir  élé 

retravaillé.  In-folio  en  largeur.  Collections  de  Stella  >  de  Coypel  et  du 

Régent. 

Gravé  en  clair-obscar  par  P.-P.-A.  Robert  et  M.  Le  Sueur.  N*  40  du  Ca^ind 
Crotat. 

Il  existe  encore  un  autre  dessin  du  même  sujet  traité  de  la  même  ma- 
nière, lequel  passa  de  la  collection  Odescalchi  à  Rome  dans  celle  du  duc 
d'Oléass  et  qui  a  été  gravé  en  clair-obscur  par  Jackson.  Peut-être  est-ce 
l'original.  La  collection  de  Florence  possède  une  copie  de  ce  dessin.        "" 

Gravée  par  S.  Mulinari,  pour  l'ouvrage  de  A.  Seacciati,  intitulé:  Diiegm  origi" 
•alij  e(e.,  nella  Jl.  GtUiêrùt  di  Firenxe  (Firenze,  176<(). 

323.  Jésus-Christ  descendu  de  la  croix.  —  Sa  tête  repose  sur  les  genoux 

de  la  Vierge  évanouie  et  soutenue  par  deux  femmes;  une  troisième  relère 

le  manteau  qui  couvre  sa  tête.  La  partie  inférieure  du  Christ  est  posée  sur 

)es  genoux  de  la  Madeleine  qui  est  assise  par  terre  et  qui  regarde  la 

Vierge.  Joseph  d'Arimathie  se  tient  à  gauche  ;  saint  Jean^  les  mains  joîntes;, 

et  un  autre  disciple  sont  debout  au  côté  droit.  Ce  beau  dessin  à  la  plume 

a  été  fait  en  1506,  lorsque  Raphaël  inclinait  vers  la  manière  florentine. 

H.  13" 3'";  1.  15"  9'".  Collections  Mariette,  Zanetti,  comte  de  Fries  à 

Vienne,  Lawrence  et  roi  des  Pays-Bas.  Vendu,  en  dernier  lieu,  pour 

6,900  florins. 

Gravé  par  C.  Agricola  en  1817,  et  lithogr.  pour  la  Lawrence  GalUry,  u«  25. 
—  Gravé  par  Alph.  Leroy,  1853. 

324.  Sujet  tiré  de  l'Apocalypse  (cbap.  VIII,  vers.  2-5).  —  Dans  le  haut, 
le  Père  Éternel ,  entouré  de  sept  anges  tenant  chacun  une  trompette.  Un 
autre  ange,  debout  au  milieu,  jette  sur  la  terre  les  flammes  de  l'encensoir. 
Au  bas,  à  gauche ,  un  pape  agenouillé,  ayant  près  de  lui  trois  personnes , 
dont  Tune  tient  la  tiare  ;  à  droite,  saint  Jean  TÉvangéliste  écrivant;  à  ses 
côtés,  un  petit  ange  et  un  aigle.  Cette  composition  paraît  avoir  été  destinée 
à  Tune  des  chambres  du  Vatican^  ainsi  que  l'indique  une  fenêtre  dont  la 
place  est  marquée  au  milieu  du  dessin.  C'est  probablement  une  première 
composition  pour  le  compartiment  de  la  Messe  de  Bolsène,  car,  en  regar- 
dant le  dessin  au  jour,  on  aperçoit  au  verso  un  premier  croquis  très-som- 
maire, qui  représente  évidemment,  à  l'état  d'ébauche,  le  même  sujet  que 
la  fresque.  Malheureusement,  le  papier  étant  en  fort  mauvais  état,  il  n'est 
pas  possible  de  le  faire  dédoubler.  Ce  dessin  est  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé 
de  blanc  au  pinceau.  Certaines  parties  du  lavis  paraissent  porter  la  trace 
d'une  main  étrangère,  mais  l'invention  et  la  partie  la  plus  importante  de 
l'exécution  appartiennent  à  Raphaël.  H.  0,248  milL;  I.  0,3d8  mill. 

Ifiergeu,  lialnts  et  Saintes. 

325.  La  Vierge,  demi-figure^  assise  dans  un  paysage,  —  Elle  a  l'enfant 


EN  PRANCf!.  467 

Jésus  sur  ses  genoux  et  lit  dans  un  petit  livre  qu'elle  tient  de  sa  main  droite. 

L'eDfanty  les  mains  jointes»  Jette  également  ses  regards  sur  ce  livre.  Au 

revers  de  la  feuille  est  une  esquisse  de  deui  enfants;  Tun,  qui  est  à  ge* 

noui,  frappe  Tautre  qui  est  assis  au  côté  gauche  et  qui  pleure.  Au  bas^  on 

iroit  encore  un  fragment  de  tête  d'enfant.  Ce  beau  dessin  a  la  plume  est 

de  l'année  1504^  lorsque  Raphaël  persistait  encore  dans  la  manière  du 

Pérugin.  Petit  in-4°.  Collection  Jabach. 

Un  fa&-simile,  d'après  la  Vierge,  a  été  gravé  par  Frilley  ;  un  autre  fac-similé, 
d'après  les  enfants,  par  Rosette. 

326.  La  Vierge  assise  allaite  Venfant  Jésus,  —  Figure  entière.  Elle  sup- 
porte Tenfant  sur  son  genou  droit  et  tient  sa  main  sur  son  sein  que  l'enfant 
presse  en  regardant  le  spectateur.  Un  paysage  au  fond.  Ce  charmant  dessin, 
dé  répoque  florentine  de  Raphaël ,  vers  il  506,  est  exécuté  à  la  plume  et 
lairé  au  bistre.  U  a  beaucoup  souffert  et  a  été  restauré  avec  grand  soin. 
Petit  in-folio. 

Alphonse  Leroy  en  a  fait  en  1852  un  fac-simile,  qui  se  trouve  à  présent  dans 
la  chalcographie  du  musée  '.  —  Grav.  par  H.  Dupont,  1854,  in-fol. 

327.  Étude  pour  deux  Vierges.  —  Celle  à  gauche  est  vue  de  face;  lîen- 
fant  Jésus  l'embrasse.  L'autre,  à  droite^  est  une  première  pensée  pour  la 
Yiei^e  de  la  galerie  Bridgewater  à  Londres.  L'enfant  a  ici  le  même  mou- 
Tement  que  dans  le  tableau,  mais  la  tête  de  la  Vierge  est  vue  de  profil  et 
tournée  vers  la  gauche.  Dessin  à  la  plume.  In-folio  en  largeur.  Gravé  par 
Dien.  Au  verso  de  la  même  feuille  se  trouve  uu  autre  dessin  à  la  plume, 
représentant  huit  hommes  nus  assiégeant  une  ville  et  dont  l'un  monte  à 
réchelle;  sup  le  mur  on  lit  :  Perusia  avgr.  Ce  dessin  est  une  œuvre  de 
Timoteo  Viti  dans  la  manière  de  Raphaël,  manière  qu'il  imitait  parfaite- 
ment. Collection  Saint-Morys. 

328.  La  Vierge  au  Palmier.  —  Étude  à  la  pointe  d'argent  de  la  Vierge 
et  de  l'enfant  Jésus;  puis,  la  tête  de  saint  Joseph,  un  peu  plus  grande,  pour 
le  tableau  rond  qui  passa  de  la  galerie  d'Orléans  dans  celle  du  duc  de 
Bridgewater  à  Londres.  Petit  in-i».  Collections  Lagoy,  Dimsdale,  Lawrence 
et  roi  des  Pays-Bas. 

Gravé  en  fac-similé  par  J.  Bain  en  1852. 

329.  Étude  pour  la  Vierge  cfe  la  Grande  Sainte  Famille.'^  Qui  est  au 
Louvre;  tableau  exécuté  çn  1518.  Dessin  à  la  sanguine.  C'est  surtout  la  pose 
de  la  figure  que  le  peintre  a  étudiée  dans  cette  étude  faite  d'après  sa  maî- 
tresse assise  et  demi-nue.  In-folio.  Collections  J.  Stella,  Crozat  et  Mariette. 

Fac-similé  par  Bulavand.  —  Landon,  n°  217  '. 

1.  Ce  dessin  est  décrit  sous  le  n*  567  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  1841.  {Note  de 
l'idUewr.) 

2.  Ce  dessin )  qui  était  au  Louvre  depuis  longtemps  ,  puisque  Landon  l'a  gravé,  porte  le 
n*  576  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  1841.  (iSole  de  l'éditeur.) 


468  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

330.  La  Viet'ge  pleurant  sur  le  corps  de  Jésus-Christ»  —  Elle  est  debout, 

vue  de  face,  et  montre  le  corps  du  Christ  étendu  devant  elle  sur  une  pierre, 

près  d'un  rocher  qui  s'élève  le  long  du  bord  gauche  du  dessin.  Très-beau 

dessin  à  la  pierre  noire^  lavé  et  rehaussé  de  blanc^  sur  papier  gris.  In-fol. 

Collection  Jabach.  Inventaire  de  l'École  de  Raphaël,  n^  36. 

Gravure  d'an  élève  de  Marc-Antoine ,  et  portant  le  nom  de  «  la  Vierge  au  bras 
nu.  >  Barlsch,  t.  XIV,  n«  33. 

La  beauté  de  cette  gravure,  surtout  dans  l'expression  de  la  tête  de  la 
Vierge,  est  telle,  qu'on  a  émis  l'opinion  que  cette  tète  pouvait  avoir  été 
exécutée  au  burin  par  Raphaël  lui-même.  - 

331.  Tête  de  Dieu  le  Père.  —  11  a  la  main  droite  levée  pour  la  bénédic- 
tion. De  grandeur  naturelle.  Fragment  d'un  carton  pour  la  Dispute  du 
Saint-Sacrement.  Dessin  magistral,  au  fusain  et  au  crayon  noir;  les  contours 
ont  été  piqués.  Ce  dessin  a  souffert  et  a  été  restauré.  Grand  in-folio. 

Une  gravure  en  contre-partie  a  été  faite  pour  le  Recueil  de  dessins  de  M.  de 
Saint-Morys. 

332.  Les  Cinq  Saints.  —  C'est  ainsi  que  l'on  nomme  une  composition 
représentant  le  Sauveur  aux  bras  étendus,  assis  sur  un  nuage  dans  une 
gloire;  à  ses  côtés  se  trouvent  la  sainte  Vierge  en  adoration  et  saint  Jean- 
Baptiste  qui  montre  le  Christ.  Au  bas  se  tient  debout  l'apôtre  saint  Paul 
et  au  côté  droit  sainte  Catherine  agenouillée.  Ce  beau  dessiû,  exécuté  à  la 
plume ,  paraît  avoir  été  postérieurement  mis  à  l'effet  avec  un  lavis  au 
bistre;  en  outre,  il  a  bien  souffert. 

Gravé  par  Marc-Antoine,  de  la  même  grandeur,  in-fol.  Voy.  Bartsch,  n«  113  ' . 

333.  Un  apôtre  ou  saint.  —  Assis;  avec  une  longue  barbe.  Il  pose  sa 
main  gauche  sur  un  livre.  Ce  dessin  a  été  exécuté  vers  4505,  à  la  plume, 
dans  la  manière  du  Pérugin.  Sur  le  verso  de  la  feuille,  étude  au  crayon 
noir  et  lavée,  d'après  une  tête  d'homme  vue  de  trois  quarts.  Petit  in-S*». 
Collection  Mariette. 

334.  Les  apôtres  entourent  le  tombeau  de  la  Vierge,  —  C'est  l'esquisse 
pour  la  partie  inférieure  du  tableau  du  Couronnement  de  la  Vierge  que 
Raphaël  a  peint  en  1503  pour  l'église  des  Franciscains  à  Pérouse  et  qui  se 
trouve  actuellement  au  Vatican.  Ce  dessin  à  la  plume  est  très-spirituelle- 
ment exécuté  dans  la  manière  du  Pérugin,  mais  semble  être  une  copie 
faite  par  Timoteo  Viti.  Petit  in-folio  en  largeur.  11  se  trouvait  autrefois 
dans  le  volume  XVII  de  l'École  florentine ,  où  il  était  attribué  à  fra  Bar- 
tolomeo. 

335.  Sainte  Catherine  d'Alexandrie.  —  Appuyée  sur  la  roue,  înstrumeift 
de  son  martyre.  Demi-figure,  presque  de  grandeuf  naturelle.  C'est  le 
carton  du  tableau  connu  par  la  belle  gravure  de  M.  le  baron  Desnoyers, 

i .  Ce  dessin  porte  le  n*  572  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  1 84 1 .  {Noie  de  l'éditeur.) 


0  EN  FRANGE.  460 

tableau  qui  se  trouve  aujourd'hui  dans  la  Galerie  Nationale  de  Londres. 
Ce  ravissant  dessin  est  exécuté  aui  crayons  noir  et  blanc  et  ses  contours 
ont  été  piqués.  Il  a  un  peu  souffert  et  a  été  restauré  avec  soin.  H.  54  c  ; 
1.  37  c.  *. 

Mujeim  mytbolofrlqaes  et  Alléf^orlq^ea. 

336.  Psyché  ftrésente  à  Vénus  le  vase  contenant  Veau  du  Styx.  —  Cette 
belle  étude  à  la  sanguine  pour  la  fresque  de  la  Pamesine  a  été  dessinée  par 
Raphaël  d'après  sa  maîtresse.  Elle  est  nue^  à  l'exception  d'une  étoffe  légère 
nouée  autour  de  sa  tête,  coiffure  presque  homogène  dans  toutes  les  études 
qu'il  a  faites  d'après  elle.  In-folio.  Collections  Malvasia^  Crozat  et  Mariette*. 

Fac-similé  par  Butavand,  en  1851. 

337.  Vénus  victrix,  —  Elle  est  debout,  vêtue,  et  s'appuie  sur  un  bou* 
clier,  eu  se  tournant  vers  le  côté  gauche.  Elle  tient  une  boule  dans  sa 
main  droite  et  une  branche  de  palmier  dans  la  gauche.  De  l'autre  côté, 
Hygée,  debout,  vue  de  profil,  tenant  un  serpent  et  une  coupe.  Léger  dessin 
à  la  plume,  paraissant  avoir  été  fait  d'après  un  bas-relief  antique,  pour  être 
employé  dans  les  Loges  du  Vatican.  In-folio  en  largeur. 

Gravé  en  contre-partie  par  le  comte  de  Caylus'. 

338.  Mercure.  —  Debout,  à  côté  d'une  femme  vêtue  et  assise.  Il  donne 
la  main  à  un  homme  à  gauche.  t)e  l'autre  côté,  on  voit  devant  un  bouc  un 
Amour  sonnant  de  la  corne.  Léger  dessin  à  la  plume.  In-folio  en  largeur. 

Gravé  par  le  comte  de  Caylus,  lorsque  le  dessin  faisait  partie  du  Cabinet  du  roi. 

Un  dessin  tout  pareil  se  trouve  dans  la  collection  de  l'Université  d'Ox- 
ford. 11  est  très-beau,  et  paraît  être  l'original. 

339.  Un  Amour  se  balançant.  —  11  tient  un  vase  d'où  sort  une  flamme 
et  il  tourne  la  tête  vers  le  côté  droit.  Ce  gracieux  dessin  à  la  plume  fut 
exécuté  vers  1506,  dans  la  manière  florentine  du  maître.  Petite  feuille  en 
largeur.  Collection  Jabach. 

340.  Apelles  calomnié.  —  Apelles ,  dit  Lucien ,  impliqué  sans  raison 
dans  une  conjuration  contre  Ptolémée,  roi  d'Egypte,  peignit,  pour  se 
venger  de  ses  persécuteurs,  la  Crédulité,  caractérisée  par  de  longues 
oreilles.  Elle  siège  entre  l'Ignorance  et  le  Soupçon,  accueille  la  Calomnie, 
qui,  sous  la  figure  d'une  femme  belle  et  richement  parée,  s'avance  vers 
elle,  armée  d'une  torche,  et  traîne  par  les  cheveux  l'Innocence,  dont  les 

1 .  N*  574  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  4841 .  (Note  de  l'idileur.) 

i.  Ce  dessin,  qui  porte  le  n**  582  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  1841 ,  y  est  ainsi  dérrit  : 

•  Psyché  offre  à  Vénus  le  fard  de  la  beauté,  demandé  par  son  ordre  à  Proserpine.  •  {Note  de 

l'éditeur.) 

3.  Ce  dessin,  qui  faisait  partie  de  Tancienne  collection  du  roi,  puisqu*il  a  été  gravé  par  Caylos, 

n'est  pas  décrit  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  1 84 1 ,  car  on  avait  négligé  d'exposer  une  partie 

des  destins,  dont  les  estampes  se  vendaient  à  la  chalcographie  du  musée.  {Note  de  l'éditeur.) 


0 
t 


t 


470  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

yeux  et  les  mains  levés  vers  le  ciel  semblent  en  implorer  f  assiistanee. 
L'Envie,  aux  yeux  louches,  au  visage  hâve  et  décharné,  guiik  les  pas  de  la 
Calomnie,  qui  a  pour  compagnes  la  Fraude  et  rArtifioe,  occupées  du  soin 
de  la  parer.  Derrière  elle  vient  le  Repentir,  tardii',  en  long  manteau  de 
deuil,  s'arrachant  les  cheveux,  se  mordant  les  doigts  à  Taspect  de  la  Vé- 
rité qui  se  montre  sans  voile  et  dans  tout  son  éclat.  Le  beau  dessia  de 
Raphaël  répond  tout  à  fait  à  cette  description,  que  nous  avons  empruntée 
au  Catalogue  du  Louvre  K  II  est  exécuté  à  la  plume  et  lavé  à  la  sépia.  In- 
folio en  largeur.  Provenant  des  collections  de  Modène  et  de  Crozat. 

Gravé  au  clair-obscur  par  Ch.-Nic.  Cochin  et  Nicolas  Le  Sueur  pour  le  Cabinet 
Crozal.  —  Eau-forte  de  V.  Denon,  avec  un  fond  trés-noir.  —  Landon,  n*  472. 

3-41.  Figure  allêgoriqm  du  Commerce.  —  Etude  à  la  sanguine  pour  une 
des  cariatides  peintes  en  grisailles  dans  la  salle  d'Héliodore  au  Vatican. 
In-folio.  Provenant  du  Cabinet  du  roi. 

Gravée  en  contre-partie  par' le  comte  de  Caylas.  —  Fac-similé  par  Batavant. 
en  ]  849. 

fliijets  hlstoiiqoet  et  ■  litres. 

349.  Attila^  roi  d^is  Huns,  marchant  contre  Rome.  —  11  recule  saisi 
d'épouvante  à  l'aspect  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul  qui  lui  apparaissent 
armés  d'épées  flamboyantes.  Première  pensée  ou  plutôt  premier  dessin 
pour  la  fresque  de  ta  salle  d'EIéliodore  au  Vatican.  Cette  composition  dif- 
fère, en  plusieurs  parties  essentielles,  de  l'exécution.  La  différence  la  plus 
notable  consiste  en  ce  que  le  groupe  du  pape,  avec  sa  suite,  est  relégué 
dans  ce  dessin  au  troisième  plan  du  paysage,  tandis  que  dans  la  fresque  il 
occupe  tout  Tavant-plan  du  côté  gauche,  lequel  est  occupé  dans  le  dessin 
par  un  groupe  très-animé  de  Huns;  dont  deux  sont  à  cheval  et  deux  à  pied. 
Ce  dessin  k  la  plume,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc,  est  d  un  Itni^ 
qu'on  rencontre  très-rarement  dans  les  œuvres  de  Raphaël  ;  il  ne  Ta  traité. 
ainsi  que  parce  qu'il  devait  être  présenté  au  pape  Léon  X.  L.  23";  h.  43". 
L'Anonvme  de  Morelli  avait  vu  ce  dessin  en  ^530,  chez  Gabriele  Vendra- 
mini  à  Venise;  plus  tard,  Carlo  Maratti  l'a  possédé,  ainsi  que  le  fait  est 
rapporté  par  Bellori  dans  la  Vie  de  cet  artiste,  p.  69  *. 

Gravé,  seulement  au  contour,  par  le  comte  de  Csylus,  de  la  grandeur  de  l'ori- 
ginal)  avec  une  dédicace  italienne  à  la  reine  Christine  de  Suède,  par  Aogelica 
Renieri.  Cette  dédicace  manque  aux  épreuves  postérieures.  In-folio. 

343.  La  Bataille  de  Constantin  contre  Maxence.  —  C'est  un  des  premiers 
dessins  qui  existent  pour  la  fresque  du  Vatican.  Ce  n'est  point  une  esquisse 
proprement  dite,  car  on  n*^  reconnaît  pas  le  jet  rapide  d'une  première 
inspiration;  au  contraire,  on, y  sent  la  réflexion  et  l'étude  des  divers 

1 .  Catalogue,  des  detsius  de  i  84 1 ,  où  ce  dessin  est  okssé  sous  le  n«  SS3.  (Note  de  l'éditmr.) 

2.  Déorit  sous  le  n*  575  dans  le  Catalogue  des  émlm  de  184 1 .  {NMe  ée  l'éâitMir,) 


m   .     . .«  •  J  ^. 


EN  FRANCE.  471 

groupes.  Ce  dessio  diOere,  en  plusieurs  parties,  de  la  fresque  ;  cette  diffé- 
rence est  surtout  rioiarquable  dans  les  trois  aoges  et  dans  le  paysage,  qui 
BODt  seulement  indiquée  avec  la  pointe  du  pinceau.  Le  bateau,  qui  con- 
tient deux  figures  de  plus  que  dans  le  tableau,  commence  déjà  à  s'enfoncer. 
Constantin  a  ici  un  aspect  plus  énergique,  et  il  est  plus  éloigné  des  autres 
figures  que  dans  la  fresque.  Les  têtes  des  chevaux,  de  profil,  ont  une 
ressemblance  frappante  avec  des  chevaux  du  Parthénon,  et  elles  sont 
d'un  caractère  de  dessin  très-difiérent  de  celles  que  Raphaël  a  dessinées 
ou  peintes  dans  ses  compositions,  ce  qui  nous  porte  à  croire  qu'il  avait 
reçu  d'Xthènes  les  dessins  de  ces  sculptures  exécutés  par  un  de  ses  élèves, 
envoyé  par  lui,  en  Grèce,  pour  y  faire  des  études  d'après  les  antiquités 
du  pays.  La  ligne  générale  de  la  composition  incline  vers  le  côté  gauche, 
ce  qui  lui  donne  plus  de  mouvement  qu'elle  n'en  a  dans  le  tableau.  Le 
centre  aussi  est  plus  animé,  et  on  y  voit  trois  drapeaux,  tandis  que,  dans 
la  fresque,  il  n'y  en  a  qu'un  seul.  Cet  intéressant  dessin  a  d'abord  été 
indiqué  avéb  du  crayon  noir,  terminé  ensuite  à  la  plume,  lavé  au  bistre 
et  rehaussé  de  blanc  H.  i3"  8'";  1.  31"  6*",  y  compris  la  bordure,  mesure 
qui  répond  à  celle  de  ce  même  dessin  décrit  dans  le  Catalogue  des  tableaux 
du  cabinet  de  M.  Crozat  (Paris,  1755,  p.  25  et  26),  où  nous  trouvons  la 
note  suivante  :  a  Quatorzième  pièce  de  l'appartement  du  rez-de-chaussée... 
dans  la  ligne  d'en  bas  et  au  milieu,  le  dessin  de  la  Bataille  de  Constantin 
contre  Maxence,  par  Raphaël  dTJpèin,  sur  papier  de  13  pouces  de  haut 
sur  2  pieds  7  pouces  de  large.  »  La  collection  de  dessins  de  M.  Crozat  fut 
vendue  en  1741.  Les  héritiers  de  cet  amateur  n'avaient  gardé  que  le 
dessin  de  la  Bataille  de  Constantin  et  un  autre  dessin  de  Golzius.  Le 
premier  passa  en  Russie;  car  c'est  de  ce  pays  qu'il  fut  envoyé  à  Paris  et 
offert  en  vente  à  la  direction  du  Louvre,  qui  en  Ht  l'acquisition  en  1852. 
C'est  le  même  dessin  probablement  dont  parle  Malvasia,  dans  sa  Felsùia 
Pittnce,  p.  522.  M.  Crozat  l'avait  acheté  de  la  collection  Boschi,  à 
Bologne. 

344.  Le  pape  porté  en  procession,  —  Le  pontife,  assis  sur  un  siège, 
lève  sa  main  droite  pour  la  bénédiction;  il  a  une  barbe  qui  ressemble 
fort  à  celle  du  portrait  de  Jules  II.  La  procession  s'avance  vers  le  côté 
droit,  précédée  par  le  porteur  de  la  croix;  deux  suisses  marchent  de 
chaque  côté  ;  dans  le  fond,  on  voit  un  cardinal  monté  sur  un  mulet.  Ce 
sont  en  tout  dix  figures,  avec  l'indication  d'un  peu  d'architecture.  Dessin 
rapbaélesque  et  légèrenaent  exécuté  à  ia  plume,  in-folio.  Collection  Saint- 

Morys. 

Gravé  en  contre-partie  pour  le  Recueil  de  ses  dessins.  —  Fac-slmilo  gravé  par 
M.  F.  Dien,  en  185:^. 

345.'  Étude  d'une  tète  pour  la  Dispute  du  Saint -Sacrement,  —  C'est 
celle  du  sectaire  a  l'avant-plan  de  droite.  Sur  la  même  feuille  sont  encore 


* 


472  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

des  études  pour  le  cou  et  la  draperie^  ainsi  que  quatre  mains.  Ce  beau 
dessin  à  la  pointe  d'argent  a  souffert  un  peu  et  a  été  restauré.  Dans  cette 
tête  d'homme,  on  a  cru  reconnaître  le  portait  du  Bramante ,  mais  c'est 
une  erreur,  ln-4^  Collections  Wicar,  Ottley,  Lawrence  et  roi  des 
Pays-Bas. 

346.  Deux  têtes  de  jeunes  hommes.  —  Deux  fragments  du  carton  pour 
la  fresque  d'Héliodore.  Ce  sont  les  tètes  des  figures  qui  se  trouvent  à 
côté  du  cayalier  céleste.  Ce  dessin  est  magistralement  exécuté  au  crayon 
noir.  Ses  contours  sont  piqués.  11  a  un  peu  souffert  et  a  été  r^tauré. 
In-folio  en  largeur.  Collection  Mariette. 

347.  Portrait  d'une  jeune  femme.  —  On  a  dit  que  ce  portrait  était  celui 
de  la  maîtresse  de  Raphaël.  C'est  une  esquisse  à  la  plume,  dans  l'attitude 
d'un  portrait  de  Maddalena  Boni,  qui  est  au  palais  Pitti.  Xa  tournure  gé- 
nérale rappelle  celle  du  portrait  de  Mona  Lisa,  par  Léonard  de  Vinci,  au 
Louvre,  et  confirme  le  renseignement  fourni  par  Vasari,  qui  assure  que, 
vers  l'année  1506,  Raphaël  avait  cherché  à  s'approprier  la  manière  du 
grand  artiste  florentin.  La  tête  de  cette  demi-figure  est  vue  de  trois 
quarts,  tournée  vers  la  gauche;  les  mains  sont  posées  l'une  sur  l'autre. 
Petit  in-folio*. 

Gravé  par  J.  Bein,  1850. 

348.  Trots  figures  debout.  —  A  gauche ,  un  jeune  homme,  légèrement 
vêtu,  exprime  un  sentiment  de  terreur;  à  droite,  une  femme  vêtue  paraît 
agiter  un  poignard,  et  tient  de  la  main  gauche  un  enfant  debout,  vu  de 
dos,  qui  se  tourne  vers  elle  (peut-être  une  Médée).  Ce  croquis  est  fait  à  la 
plume  large  et  au  premier  coup.  H.  0,261  miil.;  1.  0,265  mili.  Collection 
de  M.  Saint-Morys,  qui  l'a  gravé  en  contre-partie,  n»  7  de  son  œuvre. 

349.  Une  jeune  femme  assise  par  terre.  —  Tenant  son  enfant  sur  les 
genoux.  Celui-ci  pose  sa  petite  main  sur  le  sein  de  sa  mère,  et  tous  deux 
regardent  un  enfant  assis  et  vu  de  dos.  A  la  droite  est  répétée  la  demi- 
iigure  d'une  mère  tenant  son  enfant  couché  sur  ses  genoux.  A  gauche, 
deux  têtes  de  femmes.  Ce  beau  dessin,  légèrement  esquissé  à  la  plume,  a 
souffert  et  a  été  restauré.  In-folio  en  largeur.  Collection  Saint-Morys. 

Gravé  en  contre-partie  dans  le  Recueil  de  ses  dessins. 

350.  Un  jeune  homme  debout ,  à  demi  vêtu,  —  Étude  à  la  sanguine , 
d'après  nature.  Il  regarde  à  terre  et,  se  tournant  vers  le  côté  droit,  élève 
la  main  gauche.  Ce  beau  dessin  paraît  être  de  l'année  1512.  Petit  in-folio. 

Fac-similé  gravé  par  H.  F.  Dien,  en  1850. 

351.  Six  figures  d'hommes.  —  Parmi  lesquelles  il  y  en  a  quatre  as- 
sises, qui  ont  une  grande  ressemblance  avec  la  figure  d'Adam ,  dans  la 

I .  N*  587  du  Catalogue  des  dessing  de  1841.  (NoU  de  l'éditeur,) 


EN  FRANGE.  475 

petite  fresque  de  la  salle  délia  Segnatura,  au  Vatican.  Au  milieu,  un 
îoniDe  debout,  étendant  le  bras  et  se  tournant  vers  le  côté  droit,  et,  dans 
le  haut  à  gauche,  un  homme  assis  qui^paraît  être  une  étude  pour  la  figure 
d'un  saint  Jean-Baptiste.  Dessin  librement  exécuté  à  la  plume.  In-folio. 
352.  Deux  arabesques.— Ces  ornements  ne  sont  indiqués  que  par  moitié, 
lis  contiennent  des  figures  fantastiques,  une  femme,  un  enfant  et  une  tête 
de  liom  Ce  dessin  à  la  plume  paraît  avoir  été  fait  pour  les  Loges  du 
Vatican;  mais  il  resterait  encore  à  décider  s'il  a  été  exécuté  par  Raphaël, 
car  Giovanni  da  Udine  dessinait,  à  Rome,  dans  la  même  manière  que  son 
maître,  et  celui-ci  l'a  particulièrement  employé  pour  la  décoration  orne- 
mentale des  Loges.  In-folio.  Collections  Woodburn  et  roi  des  Pays-Bas. 


Parmi  les  dessins  du  Louvre  attribués  à  Raphaël,  il  y  en  a  plusieurs 
qui  ont  plus  ou  moins  de  rapport  avec  les  siens,  mais  qui  ne  sont  exécutés 
que  par  ses  élèves,  surtout  par  Francesco  Penni,  qu'il  associa  souvent  à  ses 
grands  travaux.  Penni  avait  tellement  adopté  la  manière  de  dessiner  de 
Raphaëi,  qu'en  général  ses  dessins  passent  pour  des  originaux  du  maître. 
Nous  indiquerons  les  suivants,  qui  ont  figuré  dans  la  collection  du  Louvre 
sous  le  nom  de  Raphaël  : 

a.)  RidolfOf  gonfaîoniere  de  Tlorence.  —  Harangue  le  peuple  à  la  porte 
du  vieux  palais.  Cette  composition  fait  partie  des  sujets  de  la  Vie  de 
Léon  X,  qui  ont  été  exécutés,  en  forme  de  socle,  autour  des  grandes 
tapisseries  de  la  Vie  des  Apôtres  pour  la  chapelle  Sixtine.  Dessin  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  de  blanc,  par  Francesco  Penni,  lequel,  selon 
'  Vasari,  prit  une  grande  part  à  celte  œuvre.  In-folio  en  largeur ^ 

6.)  Le  cardinal  Jean  de  Médicis.  —  Retourne,  en  1492,  à  Florence,  en 
qualité  de  légat  du  Saint-Siège ,  après  un  exil  de  dix-huit  ans.  Cette 
composition  fait  également  partie  des  sujets  de  la  Vie  de  Léon  X,  ci-dessus 
mentionnés,  et  elle  est  exécutée  de  la  même  main  et  de  la  même  manière 
que  le  dessin  précédent.  On  en  a  plusieurs  copies,  dont  l'une  se  trouve 
dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne,  lithographiée  par  J.  Pilizotti.  Une 
autre  a  passé  par  les  collections  Zanetti,  Denon,  Lawrence  et  roi  des 
Pays-Bas*. 
Gra\ée  à  Teau-forte  par  Novelli.  —  Landon,  n*"  139. 

c.)  Des  soldats  romains  montant  à  Vassaut.  —  Ils  se  couvrent  de  leurs 
boucliers.  Au  côté  droit,  on  voit  des  cavaliers.  Dessin  pour  le  socle  de  la 

1 .  Attribué  à  Raphaël  dans  le  Catalogue  des  dessins  de  1 84 1 ,  où  ce  dessin  porte  le  n*  585. 
(Sole  de  l'éditeur.) 

2.  N<»  5^4  du  Catalogue  des  dessins  de  1841.  (Noie  de  l'édikur,) 


474  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

eaUe  <ie  GonstaDlin,  au  Vatican  ;  exécuté  à  la  plune,  lavé  et  rehamné  de 
blanc,  ki-folio  en  largeur. 

d,)  Le  corps  ée  Maxence  trouvé  dons  le  fleuve, — Le  Tibre,  aliégoiifae- 
ment  persomiilié,  est  assis  au  côté  droit.  A  gauche,  on  voit  des  machioes 
de  eottstructioD,  un  éléphant  et  un  obameau.  Ce  dessin  est  eiéculé  de 
la  même  loanière  que  le  précédent,  et  fait  également  partie  de  la  mène 
suite,  représentant  Ut  Vie  de  Constantin  le  Grand.  Tous  deux  sont  exê^ 
culés  par  Francesco  Penni,4]uoiq)ie  exposés  maintenant  sous  le  nom  de 

Maturtno. 
€,)  La  Foi  et  la  Charité.  —  La  première  de  oes  figures  allégoriques 

tient  iiD  livre  de  la  main  droite  et  une  croix  dans  la  gauche.  A  ses  côtés 

sont  deux  esquisses  pour  la  figure  de  la  Charité.  Celle  à  gauche  est  assise 

sur  des  degrés,  ayant  un  enfant  assis  à  ses  pieds.  Celle  à  droite  donne  le 

sein  à  un  des  enfants  :  c'est  la  première  pensée  pour  la  figure  de  la 

Charité  qui  est,  près  du  pape  Urbain  1*',  dans  la  salle  de  Constantin. 

Dessin  de  Fr.  Penni,  provenant  du  Cabinet  du  roi. 

Gravé  par  le  comte  de  Caylus.  —  Landon,  d»  149. 

f.)  L'Adoration  des  bergers.  —  C'est  la  composition  pour  la  tapisserie 
qui  est  au  Vatican,  seulement  il  y  a  de  plus  ici,  dans  le  haut,  un  Dieu  le 
Père  entouré  d'anges.  Grand  dessin  (in-folio  en  hauteur )  exécuté  à  la 
plume,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc,  par  iules  Romain. 

Gravé  par  un  élève  de  Marc-Ânluine.  Yoy.  Bartsch,  t.  XV,  p.  15,  n<>  3. 

g.)  La  coupe  de  Joseph  trouvée  dnns  le  sac  de  Benjamin.  —  Au  côté 

gauche  sont  neuf  figures  d'hommes;  de  l'autre  côté,  on  voit  trois  ânes. 

Ce  dessin  est  exécuté  dans  la  manière  de  Perino  del  Vaga. 

Gravé  par  Jules  Booasoae,  avec  ceUe  inscription  :  RA.  YE.  IN.  Puis  copié  par  un 
anonyme  aux  initiales  P.  Y.  0.  Peut-ôire  fionasone  a-t-il  exécuté  sa  gravure 
d'après  un  dessin  original  de  Raphaël. 

h,)  La  Perle  orientale,  — Cesi  ainsi  que  le  Père  Resta  qualifiait  un  petit 
dessin  représentant  un  vieillard  debout,  drapé  et  vu  par  derrière,  que 
cet  habile  connaisseur  regardait  comme  un  véritable  joyau.  Cependant  ce 
dessin,  qui  a  beaucoup  souiïert,  rappelle  (du  moins  autant  que  Ton  en 
saurait  juger  dans  son  état  actuel;  le  faire  du  Parmesan.  11  est  dessiné  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  de  blanc.  Il  a  passé  de  la  collection  de  Marchetti, 
évéque  d'Arezzo,  dans  celles  du  Père  Resta,  de  lord  Sommers  et  de 
Richardson  père.  Nous  devons  encore  faire  remarquer  qu'un  dessin  tout 
à  fait  semblable ,  provenant  de  la  collection  Bertels,  a  figuré  dans  le 
cabinet  de  J.  Bamard,  et  a  été  vendu,  à  Londres,  en  4787^  pour  ii  livres 
sterling  \ 

1.  N«586duC«Uilogiiede»desuiMdel841. 

Il  y  &  dans  ce  Catalogue  plusieurs  autres  dessins  attribués  à  Raphaël,  et  que  M.  ftssavaat  wt 
cite  même  pas  parmi  les  attributions  doideases.  Voici  quels  sont  ces  dwaina: 


EN  FRANCE.  47S 

iJ)  N&é  et  Sacob,  —  Sur  le  recto  de  la  feuHle,  on  voit  Noé  assis  sur  les 
nuages,  tenant  une  corne  d'abondance  d'où  s'échappent  des  grappes  de 
raisin.  Deux  colombes  sont  près  de  lui.  Des  enfants  ailés  l'entourent  et 
jouent  ensemble  avec  animation.  A  gauche  se  trouve  un  cartouche  où  se 
lit  le  mot  NOE;  à  droite,  un  autre  avec  l'inscription  :  PRIARCHA.  —  Au 
Terso,  Jacdb  assis  et  formant  le  pendant  de  Noé.  Lesjenfants  tiennent  éga- 
ieniCDt  deux  cartouches  avec  l'inscription  :  1AC06  PRIARCHA.  La  forme 
db  la  composition  indique  que  ces  dessins  étaient  destinés  pour  des  pein- 
tLres  murales  au-dessus  d'un  arc.  Ils  sont  çnécotés  à  la  plume  très-Une, 
-mais  ne  répondent  pas  tout  à  fait  à  la  manière  de  Raphaël.  Le  mouve- 
ment des  mains  surtout  est  assez  n^niéfé.  In-folio  en  largeur.  Collection 
Msriette.  . 

k.)  Figure  d'homme  nu,  —  11  est  étendu  par.  terre,  la  tète  penchée  en 
avant,  les  cheveux  flottants.  Au  verso,  étude  du  corps  d'un  èomme  nu, 
assis,  les  bras  dirigés  vers  la  gauche.  Beau  dessin  à  la  plume,  mais  que 
nous  ne  croyons  pas  être  de  Raphaël  lui-inême.  in-folio. 

l)  Étude  pour  la  Mise  au  tombeau.  —  Trois  hommes  et  la  Madeleine. 
Copie  d'un  dessin  à  la  plume,  d'après  nature ,  pour  le  tableau  du  palais 

565.  Laian  ei  Rachel,  —  Laban  rient  chercher  ses  idoles  dérobées  par  Rachel  et  cachées 
sous  elle.  Dessin  à  la  plume  et  lavé. 

568 .  La  Mutliptiealion  det  paint.  —  Dessin  lavé  et  rehaussé  de  blanc. 
570.  Le  Portement  de  croix.  —  Dessin  lavé  au  bistre  et  rehaussé  de  blanc. 

572.  Jfane  et  Madeleine  montent  let  degré»  du  to'ùne  tur  lequelJèeut  est  ateti.  -^  Ce 
sujet  a  été  gravé  par  Marc-Antoine.  Dessin  à  la  plume,  lavé  et  i-ehaussé'de  blanc. 

573.  La  Prédication  de  taint  Paul  à  Alhènei.  —  Première  pensée  du  carton  qui  est  en 
Angleterre.  U  a  été  gravé  par  HarC' Antoine.  Dessin  à  la  plume,  lavé  au  bistre  et  rehauœé  de 
blanc. 

578.  Tète  éPhemme,  —  De  grandeur  naturelle.  Pour  le  carton  qui  représente  Jésus^hrisl 
donnant  à  saint  Pierre  les  clefs  de  TÉglise.  Dessin  au  crayon  noir,  colorié  à  Faquarelle. 

579.  Une  tfte  de  femme.  —  De  grandeur  naturelle.  Pour  le  carton  représentant  la  Mort 
d^Ananie.  Dessin  au  crayon  noir,  colorié  à  Taquaretle. 

580.  TNe  d 'homme.  *-  De  grandeur  naturelle.  Pour  le  carton  représentant  la  Mort  d* Ananie. 
Deffiiné  au  erayon  noir,  colorié  à  Taquarelle. 

^81.  Alexandre  offre  la  couronne  à  RoMane.  —  Les  Amours  s'occupent  de  sa  toilette, 
jouent  avec  la  lance,  le  bouclier  et  la  cuirasse  du  héros  désarmé.  Dessin  à  la  plume,  lavé  au 
Mitre  et  rehaussé  de  blanc. 

iCOLE  DE  RAPHAËL. 

58S.  Naissance  de  la  Vierge.  —  Dessin  lavé  et  rehaussé  de  blanc,  sur  papier  colorié. 

589.  1*risentalion  de  la  Vierge  au  temple.  —  Dessin  lavé  et  rehaussé  de  blanc ,  sur 
papier  colorié. 

590.  £a  Vierge  à  la  Chaiu.  —  D* après  le  tableau  de  Raphaël  conaerré  à  Florence.  Pein- 
ture en  ihiniature. 

591.  La  Dispute  du  Saint-SacremeiU.  —  Copie.  Dessin  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  de 
btinc. 

Il  y  a,  en  outre,  dans  la  collection  des  dessins  du  Louvre,  un  grand  nombre  de  dessins 
vraiment  raphaélesquet  et  longtemps  attribués  à  Raphaël.  {Note  de  l'édiUwr.) 


476  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

Borghèse  »  à  Rome.  Dans  le  dessin  y  les  figures  sont  plas  resserrées  que 
dans  la  peinture.  In-folio.  Collection  SaintMorys^  qui  en  a  fait  une  eau- 
forte  pour  son  recueil  de  dessins  de  maîtres  anciens. 

DANS   LA   COLLECTION    DE   M.    FRÉDÉRIC   REISET ,    A   PARIS • 

Cet  amateur  distingué^  dont  le  zèle  pour  les  beaux-arls  égale  le  goût 
exquis  et  l'expérience  consommée^  a  le  bonheur  d'avoir  pu  former  une 
des  plus  belles  collections  de  dessins  d'anciens  maîtres,  qu'un  particulier 
ait  jamais  réunie.  11  en  a  publié,  en  1850^  un^catalogue  savant  qui  con- 
tient la  description  de  381  dessins^  parmi  lesquels  on  en. compte  sept  de 
Raphaël.  Depuis  9  M.  Reiset  a  acquis  encore  deux  cartons  du  maître ,  des- 
quels il  a  eu  la  bonté  de  nous  envoyer  des  photographies  pour  nous  con* 
vaincre  de -leur  authenticité. 

353.  ieune  moine.  —  11  tient  à  deux  mains  un  livre,  dans  lequel  il  lit 
attentivement.  Demi-figure  aux  deux  tiers  de  la  grandeur  naturelle. 
Très-belle  étude  d'après  nature,  à  la  pierre  noire.  Les  contours  en  sont 
piqués  pour  le  calque  sur  le  mur  ou  sur  le  bois.  La  pose  de  cette  figure 
a  quelque  ressemblance  avec  le  saint  Nicolas  de  Bari,  dans  le  tableau  du. 
château  de  Blenheim;  or  ce  tableau  a  été  peint  en  1505,  et  cette  époque 
correspond  justement  aussi  à  la  manière  dont  est  exécuté  ce  carton.  Tou-   , 
tefois,  le  caractère  de  la  tête  et  Thabiliement  diffèrent  tout  à  fait  de  la 
figure  de  saint  Nicolas,  et  paraissent  plutôt  convenir  à  un  saint  Antoine 
de  Padoue.  H.  0,115  miil.;  1.  0,305  mill.  Collection  Denon,  n»  301. 
Catalogue  Reiset  ^  n"^  42. 

35  i.  La  Sainte  Famille  de  la  maison  Canigiani.  —  De  l'année  1506; 
actuellement  à  Munich.  C'est  le  groupe  entier  des  cinq  figures,  dessinées  à 
la  plume,  d'après  nature.  Ce  dessin  diffère  de  l'exécution  en  ce  que  le 
saint  Joseph  est  tourné  vers  la  droite,  vu  presque  de  dos,  tandis  qu'il  est 
vu  de  face  dans  la  peinture  ;  en  outre,  il  est  un  peu  trop  grand  compara- 
tivement aux  autres  figures,  qui  toutes  sont  sans  vêtements.  -«-  Au  verso, 
deux  figures  également  nues  et  dessinées  à  la  plume,  d'après  sature,  sa- 
voir :  un  homme  assis,  qui  se  tourne  vers  la  droite  et  semble  tenir  un 
instrument  de  musique  ;  l'autre  n'est  que  la  partie  supérieure  d'une  figure 
d'homme  portant  un  fardeau.  C*est  une  étude  pour  la  Mise  au  tombeau^ 
du  palais  Borghèse.  H.  0,370  mill.;  1.  0,245  mill.  Collections  Timoteo 
Yiti,  Crozat,  Revit,  n<>  206.  Catalogue  Reiset,  n«  43. 

355.  Ange  voltigeant.  —  Vers  le  côté  gauche  et  déroulant  une  bande- 
role de  parchemin.  Étude  pour  la  fresque  des  Sibylles,  dans  l'église  délia 
Pace,  à  Rome.  Figure  nue.  A  côté,  le  corps  et  les  jambes  du  même  ange, 
drapés.  Dans  le  bas,  Tétude  du  bras  et  de  l'épaule,  d'après  nature.  Superbe 
dessin  à  la  sanguine.  D'Argenville  l'avait  acheté  à  Rome  pour  150  livres. 


EN   FRANCE.  4:7 

Il  provient  de  la  collection  Barni.  H.  0,255  mill.;  1.  0,400  mill.  Catalogue 
Reiset,  d''  46.  Un  dessin  semblable,  mais  qui  doit  être  une  copie  fabri- 
quée par  uu  faussaire^  se  trouve  dans  la  collection  Albertine^  à  Vienne^ 
et  faisait  partie  de  la  collection  du  prince  de  Ligne. 

356.  Esquisse  pour  la  Dispute  du  Saint-Sacrement.  —  Première  pensée 
de  la  partie  inférieure  de  la  composition.  Ce  sont  vingt  figures  représen- 
tant les  docteurs  et  les  Pères  de  l'Église.  L'ordonnance  est  bien  différente 
de  Teiécution  à  fresque  ;  il  y  a  neuf  figures  du  côté  gauche  et  onze  du 
côté  droit.  Dessin  spirituellement  esquissé  à  la  plume,  lavé  au  bistre  et 
rehaussé  de  blanc.  H.  220  mill.;  1.  410  mill.  Ce  dessin ,  de  la  collection 
Crozat,  n<>  560,  a  été  gravé  par  le  comte  dé  Caylus,  lorsqu'il  se  trouvait 
dans  le  cabinet  Mariette,  sous  le  n®  688,  mais  d*une  manière  peu  satisfai- 
sante. Il  a  paru  depuis  dans  la  vente  Randon  de  Boisset^  en  1777^  sous 
le  n«  27.S,  et,  en  dernier  lieu,  dans  celle  du  baron  Roger,  en  1841,  n*"  48. 
Catalogue  Reiset^  n*  45.  La  collection  du  Louvre  en  conserve  une  copie 
dans  le  volume  quatrième  des  Dessins  de  l'Ëicole  romaine.  Une  esquisse  de 
la  partie  supérieure  de  la  composition  se  trouve  actuellenient  dans  la 
eollection  d'Oxford. 

357.  Les  trois  figures  des  Heures.  —  Jetant  des  fleurs.  Pour  le  Festin 
des  Dieux ^  au  plafond  de  la  Farnesine.  Etude  à  la  sanguine,  d'après  na- 
ture. 11  parait  que  la  maîtresse  de  Raphaël  lui  a  servi  ici  de  modèle;  du 
moins  plusieurs  études  de  ce  maître ,  qu'il  a  faites  pour  d'autres  parties 
de  cette  fresque^  ainsi  que  pour  la  Vierge  de  la  Grande  Sainte  Famille  de 
Paris^  sont-elles  d'après  cette  même  femme,  qu'on  appelle  ordinairement 
la  Fomarina.  H.  195  mill.;  1.  350  mill.  Ce  superbe  dessin  provient  de  la 
collection  de  M.  de  Cedron,  et  fut  conservé  jusqu'en  1846  par  ses  héritiers 
dans  la  petite  ville  du  Bcausset,  entre  Marseille  et  Toulon.  Catalogue 
Reiset,  n»  48. 

358.  Femme  agenouillée,  —  Les  mains  jointes ,  la  tète  tournée  vers  le 
ciel.  Â  gauche,  la  tète  et  les  épaules  d'un  homme  penché  en  avant.  Très- 
légèrement  exécuté  à  la  plume.  H.  165'";  1.  115'".  Collections  Timoteo 
Viti;  Crozat,  Mariette  (qui  a  cru  y  voir  une  étude  pour  un  Saint  Etienne 
martyr)/et  Revil  (1845,  cat.,  n»  45).  Catalogue  Reiset,  n»  44. 

359.  Quatre  figures  d'hommes  nus.  —  En  diverses  attitudes.  L'un  est 
vu  de  dos,  l'autre  de  face,  debout  derrière  lui;  un  troisième,  à  gauche, 
est  agenouillé  en  tenant  son  talon  dans  sa  main  gauche.  Derrière  lui,  on 
voit  la  partie  supérieure  d'un  homme  qui  marche  vers  le  côté  droit.  Dessin 
à  la  plume,  de  la  plus  belle  époque  du  maître.  H.  230  mill.;  1. 170  mill. 
Collections  marquis  de  Lagoy  et  Barni.  Acheté  en  183G.  Catalogue  Reiset, 
n«  47. 

360.  Jeux  d'enfants.  —  Deux  fragments  d'un  carton ,  dans  lequel  on 
voit  deux  enfants  montés  sur  des  sangliers,  l'un  à  gauche^  l'autre  à  droite, 


478  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

el  jouUnt  FuD  contre  l'autre  avec  des  bâtons.  Ils  sont  accompagnés  par 
d'autres  enfants,  trois  de  chaque  côté.  Au  milieu  de  la  composition  se 
trouve  l'indication  d'un  trépied  ou  d'une  borne.  Des  pieds  d'enfant,  placés 
sur  un  entablement,  dans  la  partie  supérieure  du  morceau  de  droite,  font 
penser  que  l'ensemble  devait  être  en  hauteur.  Ces  cartons  sont  dessinés  à 
la  pierre  noire,  sur  papier  gris -brun,  et  ont  été  piqués  pour  Texé- 
eution.  Malheureusement,  ils  ont  beaucoup  souffert.  Forme  irrégulîère. 
H.  0,550  mill.,  l  0,510;  et  h.  0,561  mill.,  1.  0,670  mJl.  CoHectioo  Val- 
lardi,  de  Milan. 

M.  Reiset  possède,  en  outre,  trois  fragments  d'un  carton  colorié  pour 
la  tapisserie  du  Christ  donnant  les  clefs  à  saint  Pierre,  dont  Tori^iôal  est 
à  Hampton  Court.  Ce  sont  huit  grosses  têtes  d*apôtres,  trois  têtes  sur  les 
deux  premières  feuilles,  deux  têtes  sur  la  troisième.  Elles  ont  été  exécu- 
tées d'abord  à  la  pierre  noire,  puis  lavées  à  l'aquarelle  et  à  la  gouache. 
De  nombreuses  retouches  à  la  plume  y  ont  été  faites  en  dernier  lieu.  Ces 
têtes  sont  d'une  extrême  beauté  et  bien  supérieures  à  d'autres  fragments 
du  même  genre  conservés  dans  les  collections  du  Louvre,  de  Christ 
Church  Collège,  à  Oxford,  etc.  Le  comte  de  Fries,  à  Vienne,  les  avait 
achetées  d'un  sieur  Poggi,  moyennant  une  rente  viagère  de  cinq  cents 
florins.  Plus  lard ,  ils  tombèrent  dans  les  mains  d'un  marchand ^  qui  l«*s 
vendit  à  bas  prix  au  graveur  en  médailles  de  la  cour,  M.  Bœhm,  et  celui-ci 
les  céda,  en  1846,  à  M.  Herz  de  Londres.  Catalogue  Reiset,  n»  Aè. 

Plusieurs  dessins  à  la  plume,  de  Timoteo  Viti  d'Urbin ,  qui  sont  dans 
cette  même  collection ,  ont  un  intérêt  tout  particulier  en  ce  que  ce  sont 
des  copies  faites  d'après  des  originaux  de  Raphaël,  et  ces  copies  confir- 
ment l'assertion  de  Vasari ,  qui  assure  que  cet  ami  du  grand  maître  a 
imité  d'une  manière  trompeuse  beaucoup  de  ses  dessins.  Citons-en  trois 
de  cette  espèce,  qui  se  trouvent  chez  M.  Reiset  : 

a.)  Esquisse  de  la  Belle  Jardinière,  du  Louvre,  —  L'esquisse  originale  de 
Raphaël,  qui  a  fait  partie  des  collections  Crozat,  Manette,  Revil,  etc.,  est 
allée  en  Angleterre. 

6.)  Un  ange.  —  Cet  ange  répand  des  fleurs  sur  un  vieillard  assis  et 
plongé  dans  une  méditation  profonde. 

c.)  Deux  pei'sonnages  debout  et  drapés»  —  Vus  de  dos. 

Les  originaux  de  ces  deux  derniers  dessins  sont  conservés  à  l'Académie 
de  Venise ,  et  faisaient  originairement  partie  d'un  livre  d'esquisses  de 
Raphaël. 

DANS  LA  COLLECTION  DE  M.  DE  LA  SALLE,  A  PARIS. 

361.  Tête  d'un  vieillard  sans  barbe.  —  Elle  est  couverte  d'un  bonnet, 
tournée  vers  la  gauclie,  vue  presque  de  protil,  et  regardant  avec  chagrin 


EN  FRANCE.  479 

Yefs  le  bas*  Efronénent  on  a  cru  7  recaMMiftire  h  portrait  da  Bramante. 
CSelte  même  feuille  ccmiient  encore  une  étude  pour  une  draperie^  partie 
sirre  d'une  figure  assise.  Dessin  dans  la  manière  florentine  de  Ra- 
I, exécuté  à  la  pointe  d'argent  et  rehaussé  de  blanc.  Le  irerso  contient  : 

363.  Des  croquis  de  Vierges.  —  Ce  sont  trois  indications  de  Vierges  avec 
FenfoBt  Jésus;  sur  la  feuille^  à  droite  et  à  gauche,  cinq  esquisses  pour  un 
enfant  assis.  Charmant  dessin  à  la  plume,  de  l'an  i50&  ou  iS€7. 
H-  d.ââS  mill.;  1.  0,312  roill.  Collections  WoodkNtrn,  roi  des  Pays-Bas, 
n^  60  du  catalogue;  Tendu  360  florins. 

3fô.  La  Vierge  ofoec  Venfant  Jésus,  —  Esquisse  à  la  plume,  très-légère, 
de  la  partie  supérieure  de  la  mèrt,  à  gauche ,  qui  présente  à  son  enfant 
des  fruits  dans  une  coupe.  Celui^  est  assis,  à  droite ,  sur  le  genou  de  la 
Vierge  et  la  regarde  tendrement.  H.  0,354  nill.;  1.  0,252  mill. 

DANS  LA  COLLECTION  DE  M.  DESPERET,  A  PARIS. 

Le  possesseur,  qui  est  un  artiste  distingué,  a  fait  de  très-belles  eaux- 
fortes  d'après  des  dessins  de  grands  maîtres  qui  lui  appartiennent,  et  dont 
nous  ne  citerons  que  le  suivanty-qui  nous  est  connu  par  une  photographie 
que  M.  Reiset  a  eu  l'extrême  complaisance  de  nous  faire  parvenir,  avee 
plusieurs  autres  d'après  quelques  dessins  du  Louvre  et  de  M.  de  la  Salle, 
que  nous  venons  de  décrire. 

364.  Un  homme  chargé  d'un  fardeau.  —  Jltude  d'après  un  modèle 
presque  nu,  pour  la  figure  portant  des  présents,  et  qui  se  trouve  à  Tex^ 
tréroilé  de  gauche  de  la  fresque  du  Couronnement  de  Charlemagne,  dans 
la  salle  de  la  Torre  Borgia,  au  Vatican.  Dessin  magistral  à  la  sanguine. 
H.  0,322  mill.;  1.  0,162  mill. 

DANS   LA   COLLECTION    DE   M.    PI8CAT0RE,    A    PARIS. 

365.  La  tête  d'un  apôtre,  —  Pour  la  Transfiguration.  De  plus,  deux 
mains.  Étude  d'après  nature,  à  la  pierre  noire.  H.  \0"  6'";  1.  8".  Collec- 
tions van  Rover  d'Amsterdam,  Lawrence,  roi  des  Pays-Bas,  n"  51.  Publié 
dans  la  Lawrence  Gaîlery,  n«  26. 

DANS   LA    COLLECTION    DE   MADAME    VEUVE   FORSTER,    FILLE 
DU    SCULPTEUR   ANGLAIS   BANKS,    A    PARIS*. 

366.  La  Vierge  au  donataire,  —  Elle  est  assise  à  gauche,  tenant  l'enfant 

l .  Le  sculptenr  Forster,  qui  eut  un  moment  de  Togue  à  Paris ,  lorsqu'il  exposa  m  aaaex  bon 
buBte  de  Caoova,  était  tombé  dans  la  misère  sur  la  fin  de  sa  vie.  Nous  doutons  fort  qu'il  ait  pu 
conserver  des  dessins  de  Raphaël  à  l'époque  où  il  n'avait  pa&  de  pain.  Après  sa  mort,  vers  i  832, 
sa  veuve  les  aura  peut-être  retrouvés  dans  le  portefeuille  de  l'artiste,  qui  avait  quitté  le  eiseaa 
pour  prendre  le  crayon,  et  qui  se  vantait  d'avoir  égalé  tous  les  grands  maîtres  en  dewinant  des 
conpotitions  d'après  le  Pormltf  peré^  de  Hilton.  (JV010  d$  l'idtleftr.) 


\ 


480  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

Jé^us,  qui  donne  la  bénédiction.  Devant  lui  est  agenouillée  une^t'a^'^ 
portrait,  qui  paraît  être  un  ecclésiastique,  présenté  par  saint  Jean 
qui  pose  ses  mains  sur  son  épaule.  L'expression  du  donataire  e 
saisissante  beauté.  Dessin  à  la  plume.  Ayant  souffert.  H.  5''  6'";  L 
De  la  collection  de  Sir  Joshua  Reynolds. 

367.  Tète  de  Vierge.  —  Vue  de  trois  quarts.  Beau  dessin  à  la 
noire;  de  la  première  manière  de  Raphaël.  H.  8"  6"';  1.  6'". 

368.  Le  Christ  porté  au  tombeau.  —  Un  homme  le  prend  par-dess 
bras.  Les  jambes  du  Christ  manquent.  Esquisse  à  la  plume.  H.  10^'  6' 

369.  Tète  de  femme,  —  Vue  de  profil ,  tournée  vers  la  gauche, 
dessin  à  la  plume ,  mais  mutilé  par  un  maladroit  »  qui  a  coupé  le 
du  nez.  De  plus,  au  côté  droit  de  cette  feuille  se  trouve  une  étude 
perie  dessinée  à  la  pierre  noire.  De  l'époque  florentine  de  Ra 
H.  9";  1. 11". 


u«   J 

Aiiîui 

A 


DANS   LE   CABINET   DE   FEU  H.    SEROUX   d'aGINCOL'RT  ^ 

370.  Sainte  Famille.  —  Ce  sont  cinq  petites  esquisses  à  la  plume 
une  Sainte  Famille.  Le  groupe  le  plus  complètement  indiqué  offre  la  Vi( 
vue  de  profil,  assise  et  tenant  l'enfant  Jésus  debout  près  d'elle.  Ceh 
étend  le  bras  vers  sa  mère;  saint  Joseph ,  debout  et  s'appuyant  sur 
bâton,  touche  la  tête  de  l'enfant.  Feuille  in-folio. 

Gravée  pour  l'œuvre  du  possesseur,  intitulée  :  Hitloire  de  Vartparlet  monwnt 
t.  m,  p.  173,  pL  CLXXXIIL 

DANS  LA  COLLECTION  DE  FEU  M.  LE  BARON  GUÉRIN ,  WINTRE 

371 .  Pifirtrait  de  jeune  femme,  — Elle  est  vue  presque  jusqu'aux  genoi 
et  de  trois  quarts..  Petit  dessin  légèrement  indiqué  à  la  pierre  noires 
M.  Guérin  l'avait  acquis  à  la  vente  de  M.  Denon^  dans  le  catalogue  duqu( 
il  est  décrit  sous  le  n*  300  '. 


ke 


DANS    LA   COLLECTION    DE   M.    JULES    CANONGE ,    A   PARIS  *- 

372.  Jupiter  et  Amour.  —  Très-beau  dessin  à  la  sanguine  pour  la 

I .  Seroux  d'Aginconrt  mourut  à  Rome  en  1 8 14  :  les  coUecUons  qu'il  [a Tait  fornaées  pciKlaot 
ton  séjour  en  Italie  ne  Tinrent  pas  en  France  et  furent  vendues  sur  place  pv  ses  héritiers. 
(JVole  de  VidiUur,} 

î.  Pierre  Guérin  étant  mort  en  1833 ,  ses  collections  ont  été  fendues  et  dispersées.  {So^ 
de  VidUeur.) 

3.  M.  Carrier,  peintre  en  miniature ,  possédait  un  très-beau  dessin  de  Raphaël  au  crayoa 
rouge  (  étude  de  la  femme  qui  porte  un  Tase  sur  la  tète,  pour  la  fresque  de  Tlncendie  du  Boufg'* 
Ce  dessin  fut  rendu  i  ,000  francs  k  un  amateur  anglais,  dans  la  vente  publique  des  tableaax  H 
dessins  composant  le  cabinet  de  M.  Carrier  eu  1845.  {Note  de  l'éditeur.) 

4.  H.  J.  Canonge,  po^e  distingué,  amateur  des  beaux-arts,  habite  ordinairement  Nîmes,  s> 


EX  FRANCE.  48 1 

de  la  Farnesine,  à  Rome,  représentant  la  fable  d'Amour  et 

fatMmal  des  D*:bnt^  dn  13  septembre  t8a3  affirme  que  M.  Canonge  a 
ition  de  léguer  ce  préckoi  dessin  à  la  collection  du  Lourre. 

DArrs  LA  coui:cno!«  du  mxstz  wicar,  a  ulle. 

[belle  collection  de  dessins  que  le  peintre  M.  Jean-Baptiste  Wicar  a 

à  sa  Tille  natale  proTÎent  de  celle  qu'il  acbela,  sous  un  prête-nom, 

^fotre  Antoine  Fedi^de  Florence.  M. Wicar  avait  vendu,  à  peu  d^excep- 

près,  sa  première  collection  à  M.  Woodbum,  de  Londres,  pour 

écus  romains,  lors  du  séjour  de  ce  dernier  à  Rome.  M.  Fedi  aussi 

Tendu  la  moitié  de  la  sienne  à  M.  Ottley,  de  Londres,  et  c'est  Tautre 

ié  de  cette  collection  que  M.  Wicar  eut  l'adresse  d'acquérir  sans  se 

1er;  car  M.  Fedi,  qui  était  l'ennemi  personnel  de  Wicar,  avait  la 

grande  crainte  de  voir  passer  son  cabinet  dans  les  mains  de  son  com- 

feur.  Wicar  paya  ces  dessins  3,000  écus  romains  :  ils  sont  actuellement 

dans  une  salle  de  l'hôtel  de  ville  de  Lille  et  facilement  accessibles 

amateurs.  Notre  Catalogue  doit  nécessairement  se  borner  aux  dessins 

laphaël,  qui  sont  les  suÎTants  *  : 

73.  Dieu  le  Père.  —  Demi-figure,  aux  bras  étendus.  Étude  a  la  plume, 

iprès  un  modèle,  pour  la  lunette  du  tableau  d'autel  commandé  par  les 

ligieux  de  Saint-Antoine  de  Padoue  à  Pérouse  et  conservé  au  palais  à 

iples.  Petit  in-4^  Collection  Fedi.  Catalogue  de  la  collection  Wicar, 

697. 

374.  Jésus-Christ  dans  une  gloire.  —  Il  est  debout,  entouré  de  petits 
anges.  Sur  la  partie  inférieure  de  la  feuille  est  un  écusson  divisé  en  trois 
parties  qui  contiennent  trois  plumes.  Le  heaume  est  couronné  d'une  tête 
d'autruche  qui  tient  un  fer  à  cheval  dans  son  bec.  Ce  n'est  pas  sans  une 
hésitation  scrupuleuse  que  nous  avons  rangé  cette  esquisse  parmi  les  des- 
sins authentiques  de  Raphaël.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n»  687. 

375.  La  Vierge  au  ChardonnereU  —  Etude  d'après  nature  pour  la  Vierge 
assise,  tenant  un  livre  à  la  main.  Cette  figure  est  dessinée  une  seconde 
fois,  à  part,  plus  correctement,  d'après  le  modèle.  Dessin  à  la  pointe  de  \ 
métal.  Au  verso,  un  élève  du  Pérugin,  mais  qui  n'est  certainement  pas  ^ 

TÎUe  natale.  VL  avait  apporté  à  Paris,  en  t S 54,  le  dessin  de  Raphaël  <pi*il  possède ,  poar  le  soa« 
mettre  à  Tapprédation  des  connaisseurs,  et  il  le  fit  voir  alors  à  tous  les  artistes  qui  assistaient 
•m  réceptions  de  M.  le  comte  de  Xieuwerkerke ,  directeur  des  musées  du  Lourre.  [I^ole  de 
Viditeur.) 

I .  On  a  publié  y  Tannée  dernière ,  le  beau  recueil  intitulé  :  Choix  de  de$tini  de  BtÊpkaël 
qvi  foiU  partie  de  ia  eolUetion  Wiem-f  à  Ulle,  Reproduits  en  fac-similé  par  MM.  Wacques 
et  Leroy  ;  graTés  par  les  soins  de  M.  H.  d'Albert|  duc  de  Luynes,  membre  de  l'Institut.  Paris, 
1853,  ^and  in-fol.  20  planches  arec  texte. 

II.  51 


i 


■hia 


483  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

Raphaël^  a  dessiné  à  la  plume  deux  arquebusiers.  Collection  Fedî.  Cata- 
logue de  la  collection  Wicar,  n°»  704  et  705. 

376.  La  Vierge  de  la  maisoij  d'Albe.  —  Très-belle  élude  d'après  nature, 
à  la  sanguine^  pour  cette  Vierge.  Au  verso  est  l'esquisse  de  la  composition 
entière,  également  a  la  sanguine.  Puis,  un  enfant  dessiné  à  la  plume  et 
deux  répétitions  de  la  Vierge  à  la  Chaise.  D'abord  la  composition  entière 
avec  plusieurs  changements^  ensuite  seulement  la  mère  avec  Tenfaut  des- 
sinés plus  nettement.  Sur  la  partie  supérieure  d^  la  feuille  est  tracé  le 
plan  d'un  édifice,  ainsi  qu'une  façade  avec  quatre  niches  comme  pour  une 
fontaine.  Collection  Fedi.  Catalogue  de  la  collection  Wicar^  n°"  730  et  740. 

377.  Sainte  Famille.  —  La  Vierge  tient  l'enfant  Jésus  qui  reçoit  une 
banderole  des  mains  du  petit  saint  Jean  amené  par  un  ange.  Derrière 
l'enfant  Jésus^  on  voit  le  vieux  patriarche  Zacharie.  Dessiné  à  la  pluoae^ 
dans  la  manière  florentine  du. maître.  Feuille  cintrée.  Catalogue  de  la 
collection  Wicar,  n°  686. 

378.  SaiJite  Famille  des  Carmes  à  Pérouse.  —  La  Vierge  assise  au  milieu 
d'un  paysage,  tournée  vers  la  droite  et  tenant  l'enfant  Jésus  debout  à  côté 
d'elle.  Celui-ci  étend  ses  mains  vers  une  grenade  qui  lui  est  offerte  par 
saint  Joseph,  assis  du  côté  droit.  Saint  Joaqhim  est  debout  derrière  lui,  en 
admiration,  et  sainte  Anne  à  gauche  derrière  la  Vierge.  Sur  le  devant,  à 
gauche,  est  débout  le  petit  saint  Jean  serrant  avec  son  bras  gauche  sur  sa 
poitrine  une  petite  croix  et  montrant  le  petit  Jésus  avec  la  main  droite. 
Dans  le  haut^  une  gloire  de  petits  anges  qui  font  de  la  musique  et  plu- 
sieurs têtes  de  séraphins.  Ce  beau  dessin  à  la  plume  est  exécuté  avec  plus 
de  soin  que  la  plupart  des  dessins  de  Raphaël ,  parce  que  le  maître  l'avait 
destiné  à  son  ami,  Domenico  di  Paris  Alfani,  qui  avait  été  son  condisciple 
dans  l'atelier  du  Pérugin,  ainsi  que  cela  est  .constaté  par  cette  note  auto- 
graphe ,  écrite  au  verso  de  la  feuille  :  «  Recordo  a  voi  Menecho  che  me 
mandate  le  istramboti  de  Riciardo  di  quella  tempesta  che  ebbe  andando 
in  un  viagio,  e  che  recordiate  a  Cesarino  che  me  manda  quella  predicha , 
e  recomandatime  a  lui^  ancora  ve  ricorro  che  voi  solecitiate  madonna  le 
Atalate  che  me  manda  le  denari  e  vedete  d'avere  horo  e  dite  a  Cesarino 
che  ancora  lui  li  recorda  e  solecite,  e  se  io  poso  altro  p.  voi  avisatime.  » 
Un  fac-similé  de  cette  lettre  se  trouve  dans  VElogio  storico  di  BaffaeUo 
Santi  (Urbino,  d829),  publié  par  P.  Luigi  Pungileoni.  Nous  avons  déjà 
parlé  de  cette  curieuse  note  dans  notre  Vie  de  Raphaël.  Nous  rappelle- 
rons seulement  pour  mémoire  ici  que  Domenico  di  Paris  Alfani,  à  qui  la 
lettre  fut  adressée  en  HjOS,  s'est  servi  de  la  composition  de  cette  Sainte 
Famille  dans  le  tableau  qu'il  a  peint  pour  l'église  des  Carmes  à  Pérouse, 
sans  y  faire  d'autres  changements  que  d'y  ajouter  dans  le  haut  deux  anges 
qui  soutiennent  une  tablette  avec  une  dédicace  à  sainte  Anne.  L'exécution 
du  tableau  est  d'ailleurs  très-faible  et  roide ,  surtout  la  figure  du  petit 


j 


EN  FRANCE.  483 

saint  Jean.  Collection  A.  Fedi.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n°*  tâl 
et  752. 

379.  La  Vierge  assise.  —  Elle  tient  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux.  Ce  3 
sont  trois  différentes  esquisses  du  mtme  sujet,  dessinées  à  la  pointe  de  i 
métal  sur  du  papier  teinté  en  rose.  Au  verso  est  une  répétition  du  sujet,  ■ 
dans  laquelle  Tentant  tient  le  voile  de  sa  mère.  A  la  pointe  du  pinceau 
avec  de  la  sépia.  Ces  éludes  appartiennent  au  milieu  de  la  vie  artistique 
de  Raphaël.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n°"  730  et  731. 

380.  Études  pour  des  Madones  et  des  En  fan  f  s.  —  Elles  se  trouvent  sur 
trois  petites  feuilles  de  papier  teinté  en  rose,  et  sont  dessinées  à  la 
pointe  de  métal.  Parmi  les  esquisses  d'enfants,  il  y  en  a  une  pour  le  petit 
Jésus  de  la  Vierge  de  Lorette.  Toutes  paraissent  avoir  été  faites  à  la  hâte, 
d'après  une  jeune  mère  et  son  enfant.  Catalogue  de  la  collection  Fedi , 
n«  694-696. 

381.  Tète  de  Vierge,  —  Grande  d'un  tiers  de  nature.  Elle  a  un  charme 
délicieux,  et  ce  doit  être  une  étude  pour  la  tête  de  la  sainte  Vierge  du  Spo- 
salizio.  A  la  pierre  noire.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n°  675. 

38f .  Tète  pour  une  Mater  dolorosa. —  Ou  Vierge  en  pleurs  sous  la  croix. 
Esquisse  à  la  pointe  de  métal,  de  la  jeunesse  de  Raphaël.  Catalogue  de  la 
collection  Wicar,  n®  706. 

383.  Un  ange  debout.  —  11  est  tourné  vers  le  côté  gauche  et  joue  du 
violon.  C'est  une  étude  pour  une  figure  du  Couronnement  de  la  Vierge, 
tableau  de  1503,  actuellement  au  Vatican.  A  côté  de  cette  figure,  dessinée 
à  la  pierre  noire,  est  répétée  l'esquisse  de  la  même  ligure,  avec  quelques 
changements.  In-folio.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n°  707. 

384.  Tète  de  l'apôtre  saint  Thomas,  —  Étude  pour  une  autre  ligure  du 
Couronnement  de  la  Vierge.  Puis  encore  les  deux  mains  qui  tiennent  la 
ceinture.  Étude  d'après  nature,  à  la  pointe  de  métal,  sur  papier  préparé. 
Au  verso  se  trouvent  plusieurs  esquisses  pour  le  Christ  couronnant  la 
Vierge,  d'après  deux  jeunes  gens  assis,  légèrement  drapés.  Dessin  à  la 
plume,  d'après  nature.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n°«  700  et  701. 

385.  Étude  pour  une  tète  d'ange.  —  Dans  le  même  Couronnement  de  la 
Vierge.  Au  verso,  deux  études  de  draperies  pour  Tajôtie  saint  Jean,  puis 
pour  un  cavalier  vu  du  bas  vers  le  haut.  Dessin  à  la  pierre  noire.  Cata- 
logue de  la  collection  Wicar,  n«*  702  et  703. 

386.  Le  Couronnement  de  saint  Nicolas  de  Tolentino,  —  Esquisse  légè- 
rement dessinée  à  la  pierre  noire  pour  le  tableau  d'autel  qui  se  trouvait 
autrefois  dans  l'église  des  Augustins  à  Città  di  Caslello.  Au  milieu,  le 
saint,  tenant  une  croix  d'une  main  et  un  livre  de  l'autre,  foule  aux  pieds 

'Satan  vaincu.  Cette  ligure  nue  est  dessinée  d'après  le  modèle  vivant.  Des 
têtes  de  chérubins  voltigent  dans  l'air  au-dessus  de  lui,  et  plus  haut  se  voit 
Dieu  le  Père.  Ce  peut  aussi  être  le  Christ  tenant  une  couronne  dans  ses 


484  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

deux  mains  ;  cette  figure^  vue  à  demi^  est  également  dessinée  d'après  na- 
ture. Un  peu  plus  bas^  au  côté,  sur  des  petits  nuages,  à  gauche  la  sainte 
Vierge^  à  droite  saint  Augustin,  tous  deux  en  demi-figure^  offrant  des  cou- 
ronnes. Au  côté  gauche 9  sous  la  sainte  Vierge  et  près  du  saint,  urt  ange 
debout,  en  adoration.  L'ensemble  est  renfermé  dans  une  architexïture  de 
deux  pilastres  qui  portent  un  arc.  Au  verso,  la  tête  de  saint  Nicolas,  plus 
grande  de  proportion,  dessinée  d'après  un  moine  et  exécutée  à  la  pierre 
noire.  Ensuite,  des  dessins  à  la  plume  et  quatre  cygnes,  deux  étud<'s  de 
draperies  et  un  portique  dont  les  colonnes  soutiennent  des  arcs  surmo  tés 
de  fenêtres.  Cette  architecture  ressemble  beaucoup  à  celle  du  palais 
d'Urbin  ou  de  Gubbio.  Feuille  in-folio,  d'autant  plus  précieuse  quelle 
seule  peut  encore  donner  une  idée  du  tableau  qui  a  été  détruit  dans  un 
incendie  '.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n°'  737  et  738. 

387.  Saint  Sébastien  debout,  —  Il  a  le  bras  élevé  et  la  main  gauche  sur 
le  dos.  Dessin  à  la  plume  d'après  le  modèle  vivant.  Catalogue  de  la  collec- 
tion Wicar,  n*  725. 

388.  Tête  d'un  saint  Jéi^ôme,  —  Il  a  de  l'analogie  avec  celui  qui  se  trouve 
dans  le  tableau  d'une  Vierge  au  musée  de  Berlin.  Dessin  à  la  pierre  noire, 
de  la  jeunesse  de  Raphaël.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  d^  677 
et  709. 

389.  Tète  d'un  ecdèsiastique.  —  Et  encore  une  fois  le  même  modèle  en 
demi-figure.  A  ce  qu'il  semblerait ,  c'est  une  étude  pour  le  tableau  de  la 
Madonna  del  Baldacchino  au  palais  Pitti.  Dessin  à  la  pointe  de  métal  et 
rehaussé  de  blanc  sur  papier  teinté  en  rose.  Catalogue  de  la  collection 
Wicar,  n°  736. 

390.  Étude  pour  la  Dispute  du  Saiîit'Sacremeîit.  —  La  draperie  du 
Christ.  Dessin  à  la  plume,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc.  Au  verso , 
une  esquisse  à  la  plume  pour  les  saints  assis  sur  des  nuageç  dans  le  même 
tableau.  Collection  A.  Fedi.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n""'  732 
et  733. 

391.  Petit  génie  tenant  une  tablette.  —  C'est  une  étude  pour  le  génie 
qui  se  trouve  à  droite  de  la  figure  allégorique  de  la  Théologie  dans  la  salle 
délia  Segnatura.  Dessin  magistral,  à  la  pierre  noire.  Catalogue  de  la  col- 
lection Wicar,  n*»  692. 

,.  392.  Étude  pour  V École  d'Athènes.^  Le  jeune  homme  qui  dans  le  groupe 
des  architectes  est  debout  près  du  Bramante  et  qui  regarde  une  figure 

I .  Lors  de  l'incendie  de  l'église ,  le  tableau  fut  endommagé  dans  sa  partie  supérieure.  Le 
pape  Pie  YI  l'acHeta,  en  1789,  au  prix  de  1,000  écus  romains.  A  cause  de  son  état  de  dété- 
rioration, il  fut  scié  en  deux  ;  la  partie  inférieure  formait  ainsi  un  tableau  séparé,  tandis  que  la 
partie  supérieure  était  divisée  en  trois  panneaux  contenant  chacun  une  Ggure.  On  plaça  ces 
tableaux  au  palais  papal,  mais,  à  l'époque  de  Toccupation  française,  ils  disparurent,  sans 
qu'on  ait  jamais  su  ce  qu'ils  étaient  devenus. 


EN  FRANCE.  48S 

ue.  Puis,  l'esquisse  d'une  Vierge  avec  l'enrant  Jésus  et  le  petit 
I.  Dessiné  à  la  pointe  de  métal  sur  papier  teîalé  en  rose.  Cata- 
la  collecliOD  Wicar,  n"  685. 

We  pour  le  Parnasse.  —  Apollon  presque  nu,  assis,  jouant  du 
la  plume,  d'après  nature.  Au  verso,  autre  étude  pour  la  draperie 
qui  descend  les  degrés  de  l'escalier.  Catalogue  de  la  collection 
'  728  et  729. 
Ile  gravé  par  Wacquei. 

ijde  d'une  drnperie  et  de  lieuj  nuiins.  —  Au  verso,  trois  pieds 
l'après  nature,  pour  Ovide  et  Horace  du  Parnasse.  Dessin  à  la 
ilalogue  de  la  collection  Wicar,  n*»  712  et  113. 
latre  hommes  nits.  —  Chacun  dans  un  mouvement  (rés-vif  et 
;  un  cinquième  à  cheval  n'est  que  légèrement  indiqué.  Esquisse 
e  pour  une  bataille.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n*  683. 
lalre  jigures.  —  Esquisse  à  la  plume.  Au  verso ,  la  ligure  d'un 
leboui,  tenant  une  lyre;  puis  celle  d'un  philosophe  couvert  d'un 
iteau,  tenant  un  livre.  Esquisse  à  la  plume.  Collection  Fedi. 

de  la  collection  Wicar,  n"  714  et  715. 
[irs.  —  Demi-flgure  allégorique,  représentant  la 
)  ange.  Dessin  pour  la  mosaïque  de  la  chapelle 

Popolo  à  Rome.  Superbe  dessin  à  la  sanguine.  ( 

wicar,  n"  678. 

ie  Victoire  drapée.  —  Elle  tient  comme  une  imag 

auche.  Esquisse  légèrement  indiquée  à  la  plume 

on  wicar,  n"  724. 

Il  génie  voltigeant  et  comme  rfjiandant  des  fleurs.  ■ 

lit.  Exécuté  au  crayon  noir  et  blanc.  ÇollecliOD  ï 

>ction  Wicar,  n°  690. 

:ux  enfants  debout.  —  Us  sont  l'un  à  côté  de  l'autr' 

comme  s'ils  s'apprêtaient  à  lutter.  Beau  dessin  à  la 

e  Uichel'Ange.  Au  verso,  l'esquisse  pour  un  jeun 

ase  sur  ses  épaules.  Catalogue  de  la  collection  ' 

njeuiie  homme  nu,  ossts.  —  Vu  de  face,  il  soulève  ses  bras,commG 

cher  une  flèche.  Etude  d'après  nature,  à  la  sanguine.  Collection 

ilogue  de  la  collection  Wicar,  n"  734. 

gure  debout.  —  Ëtude  légèrement  Taite  à  la  plume.  La  tête  et  les 

t  seuls  finis.  Ce  serait,  dit-on,  une  esquisse  pour  le  saint  Jean- 

laos  le  gradi^  du  tableau  de  la  Vierge  de  Ansidei.  Catalogue  de 

on  Wicar,  n»  698. 

•te  d'un  petit  garçon  riant.—  Dessin  d'après  nature,  à  la  pointe  de 

tile  feuillc.,Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n'  693. 


486  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

404.  Tête  d'homme  âgé,  à  barbe,  —  Elle  est  dessinée  deux  fois,  de 
profil  et  de  face.  Puis,  dans  une  proportion  plus  petite,  demi-figure  d'un 
homme  couché,  qui  paraît  être  allcgoriquement  un  fleuve.  A  la  pointe  de 
métal,  sur  papier  teinté  en  rose.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n'  733. 

405.  Biiste  d'un  homme  âgé  d'environ  trente  ans,  —  Dans  le  costume  flo- 
rentin du  temps.  Dessin  à  la  pointe  de  métal  sur  papier  teinté  gris.  Petite 
feuille.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n°  699. 

400.  Deux  tètes, — D'après'un  homme  âgé,  regardant  vers  le  haut.  Dessin 
de  la  manière  florentine  de  Raphaël  ;  à  la  pointe  de  métal,  sur  papier  teinté 
vert.  Deux  petites  feuilles.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n°"688  et  6i59. 

407.  Tète  déjeune  homme.  —  D'une  expression  charmante;  coiffée  d'une 
barrette;  demi-grandeur  naturelle.  Dessin  dans  la  première  manière  de 
Raphaël;  exécuté  à  la  pierre  noire  et  rehaussé  de  blanc.  Collection  Fedi. 
Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n»'  684. 

408.  Tète  d'un  homme  âgé.  —  Vue  de  profll  et  couverte  d'une  toque. 
Dessin  dans  la  manière  florentine  du  maître;  à  la  pointe  de  métal,  sur 
papier  teinté  vert.  Petite  feuille.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n»  716. 

409.  Portrait  d'homme  sans  barbe.  —  La  tête  est  couverte  d'une  coiffe. 
Dessin  à  la  pointe  de  métal.  Petite  feuille.  Catalogue  de  la  collection  Wicar, 
n»  679. 

410.  Tête  de  vieillard,  sans  barbe.  ^  Ce  dessin,  à  la  pointe  de  métal, 
est  piqué  aux  contours  avec  une  très-fine  aiguille.  Catalogue  de  la  collec- 
tion Wicar,  n?  723. 

41 1 .  Deux  portraits  de  jeunes  femmes  duns  le  costume  florentin  du  temps. 
—  Deux  petits  dessins  à  la  pointe  de  métal,  dans  la  manière  florentine  de 
Raphaël.  Sur  papier  verdâtre.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n*»  719. 

412.  Tête  de  vieillard.  —  Un  peu  caricature.  Petite  feuille.  Catalogue  de 
la  collection  Wicar,  n»  720. 

413.  Tète  de  femme.  —  De  grandeur  naturelle.  Dessin  au  fusain.  Il  a 
beaucoup  souffert  et  a  été  tellement  retouché  que  l'on  n'y  retrouve  plus 
rieu  dç  son  état  primitif.  Au  verso,  deux  caricatures  et  un  torse.  Dessin 
au  fusain.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n°*  717  et  718. 

414.  Étud£s  anatomiques.  —  Une  figure  entière,  deux  bras,  un  pied  et 
quelques  autres  parties  du  corps  humain.  Deux  feuilles.  Dessin  à  la 
plume.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n**  683. 

Parmi  les  autres  dessins  de  cette  collection,  attribués  à  Raphaël,  il  y 
en  a  cinq  dont  nous  ferons  mention  ici,  parce  que,  s'ils  sont  trop  faibles 
pour  être  du  maître,  ils  sont  du  moins  traités  dans  sa  manière. 

a.)  Quatre  hommes  debout.  —  Ces  hommes  semblent  être  de«  apôtres. 
Dessin  à  la  plume,  dans  la  manière  du  Pérugin.  Au  verso,  deux  feuilles 
d'acanthe  pour  un  chapiteau.  Catalogue  de  la  collection  Wicar,  n*"  721 
et  722. 


EM  FRANCE.  *87 

h.)  Vu  enfant  leHont  nn  oiseau.  —  Esquisse  à  la  pointe  de  métal.  Cata- 
logue de  la  collection  Wicar,  d°  OBI. 

c.)  Tète  pour  une  Vierge.  ~  Petite  feuille.  Catalogue  de  la  collectioa 
Wicar,  D'>  676. 

d.)  Deux  télés  de  femmes.  —  Sur  deui  feuilles.  Catalogue  de  la  collec- 
tion Wiear,  n«  680  et  681. 

e.)  V&mts  sjir  la  mer.  —  La  déesse  et  un  Amour  sont  dans  une  barque; 
un  autre  Amour  tientles  rt^oes  des  chevaux  marins.  Un  triton,  monté  sur 
un  dauphin,  est  escorté  par  un  Amour  nageant.  Catalogue  de  la  collec- 
tipn  Wicar,  n°  370. 

Ce  beau  dessin,  attribué  à  Jules  Romain,  est  tout  à  fait  traité  de  la 
même  manière  que  celui  des  tritons,  des  nymphes  et  des  Amours,  dans  la 
collection  de  l'universilé  d'Oxfon) ,  dessin  publié  par  Otllcy  dans  son 
ouïmge  :  Tlie  italian  Si-hoot  of  desi'jn,  oi'i  il  aurait  dû  le  donner  à  Fran- 
cesco  Penni. 

f.)  Detuc  téleK  d'hommes  et  une  fiie  de  lion.  —  Dessin  à  la  plume.  Cata- 
logue de  la  collection  Wicar,  n°  711. 

g.)  Vn  agneau  coucM  —  Il  tient  une  bannière.  Dessin  à  la  plume. 
Catalogue  de  la  collectioa  Wicar,  n°  710. 

DANS    LE   MUSÉE   FABRE ,    A    UONTPELUER  '. 

413.  La  Vierge  de  la  maison  Tempi.  —  Actuellement  à  la  pinacothèque 
de  Munich.  Carton  pour  le  tableau,  exécuté  à  la  pierre  noire,  rehaussé 
de  blanc,  sur  papier  gris.  Il  a  été  taillé  en  ovale  et  retouché  en  diverses 
l>arlies.  Cependant  on  y  rcconnait  encore  la  main  du  maître. 

41C.  Etiuk  d'après  nattire.  —  Pour  la  Dispute  du  Saint-Sacrement.  C'est 
l'bomme  à  droite,  qui  s'appuie  sur  une  balustrade  en  regardant  le  Saint- 
Sacrement  eiposé.  Celte  feuille  est  d'autant  plus  pacicuse  qu'elle  contient 
le  projet  du  premier  sonnet  de  Raphaël,  commençant  ainsi:  Vn  pen- 
sier,  etc.  Elle  a  été  maladroitement  rognée,  de  sorte  que  les  premières 
lettres  de  chaque  ligne  manquent.  Voici  toul  ce  que  nous  avons  pu  déchif- 
frer, l'écriture  étant  presque  entièrement  effacée  aujourd'hui  : 

pc^nsier  che  invece  vcon  Infanol 

ijovo  inpria  cl  cor  p.  puin  sas  pace 

vedi  lu  ghffTetti  aspri  e  leaace 

cullei  clie  unsurpor  i  piii  belli  anni 

Tatiche  e  noi  ramosi  atanni 

svegliale  el  pensicr  ibe  in  olio  giace 

moslrareli  quel  cols  allô  cbe  face 

ilis  da  basai  ai  piu  sublimj  scanol. 

I.   Uy  asuoiiUc,  à  HoalpcUicr,  duu  la  cal]«Uonilctde«ms  de  la  bibliothèque  de  U 


486  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

Viennent  ensuite  quatre  lignes  raturées^  et  sur  le  bbrd^  à  droite,  les 

rimes  suivantes  : 

solo 

DOlo 

stolo 
dolo. 
Puis  encore  : 

ini  aimo  céleste  acute  ingni 

cho  scorze  e  forde  e  cou  vergati  e  sassi 

disprezando  le  pompe  e 

Au  verso,  il  y  a  deui  études  à  la  plume,  un  peu  plus  grandes  et  un  peu 
différentes,  de  la  même  tête,  ainsi  que  les  mains  de  cette  figure.  In-folio. 

417.  Une  tète  de  femme.  —  Vue  de  face.  Dessin  d'après  nature,  à  la 
pointe  de  métal^  dans  la  manière  florentine  de  Raphaël.  H.  3";  1.  â". 


DESSINS  DE  RAPHAËL  EN  ANGLETERRE. 


DANS   LE   CABINET  ROYAL,    A   LONDRES. 

Ce  remarquable  cabinet  a  été  formé,  sous  le  règne  de  George  lil,  par 
les  soins  de  l'inspecteur  de  ses  collections  d'art,  R.  Dalton,  qui  avait 
parcouru  le  continent  à  l'efTet  d'acquérir  des  objets  d'art  pour  le  roi 
d'Angleterre.  Voici  les  dessins  de  Raphaël  que  renferme  ce  cabinet'  : 

418.  Adam  et  Eve  chassés  du  paradis.  — Esquisse  pour  la  fresque  des 
Loges,  au  Vatican.  A  la  plume,  lavée  à  la  sépia  et  rehaussée  de  blanc.  Ce 
dessin,  in-4°,  est  mis  aux  carreaux,  pour  le  calqué. 

Gravé  par  C.  M.  Metz,  dans  son  ouvrage  inlitulé  :  Imitalionpofancienl  and  modem 
drawings.  London^  17U8,  in-foi. 

<ie  médecine,  quelques  feuilles  qu'on  attribue  à  Raphaël,  mais  qui  ne  sont  pas  de  lui.  —  Au  musée 
d*Aix ,  on  conserve  le  Couronnement  de  Charlemagne ,  composilion  de  Raphaël  pour  une  des 
fresques  du  Vatican  ;  mais  ce  dessin  càt  fait  incontestablement  d'après  la  peinture. 

1.  S.  A.  R.  le  prince  Albert  d'Angleterre,  dont  le  goût  pour  les  arts  est  si  éclairé  et  si  géné- 
reux, a  fait  faire  des  photographies  d'après  les  cinquaute-deux  dessins  attribués  à  Raphaël  qui  se 
trouvent  réunis  dans  un  volume  de  la  collection  royale  d'Angleterre.  Ce  bel  ouvrage ,  intitulé  : 
Ra/faellé't  drawingt  m  the  royal  coUeetion  al  Windsor  Caslle^  photograpbed  by  C.  Thurslon 
Thompson,  gr.  in-fol.,  n'est  pas  dans  le  commerce,  et  Son  Altesse  royale  a  daigné  nous  le  faire 
connaître  en  nous  eu  adressant  un  exemplaire. 


EN  ANGLETERRE.  489 

M9.  Le  Sacrifice  d'Abraham.  —  Dessin  en  largeur  pour  les  Loges  du 
Vatican.  Esquissé  à  la  plume,  lavé  au  bistre  et  rehaussé  de  blanc.  H.  4"  9'"; 
L  16".  11  est  probable  que  ce  dessin  provient  de  la  collection  Boufiglioli, 
à  Bologne,  dans  laquelle  il  a  été  vu  par  Richardson,  au  milieu  du  siècle 
dernier. 

Gravé  par  Agostino  Yeneziano.  Bartscb,  t.  XIV,  n«  5. 

Dans  le  même  cabinet  royal  d'Angleterre,  on  trouve,  sous  le  n<^  20,  une 
faible  copie  de  ce  dessin,  traitée  de  la  même  manière.  C*est  peut-être  le 
dessin  que  possédait  autrefois  Crozat. 

420.  Les  Tribus  d'Israël  tirent  au  sort  le  partage  des  terres.  —  Rapide 
esquisse  à  la  plume  et  à  l'encre  pour  les  Loges  du  Vatican.  Très-beau 
dessin  plein  de  vigueur.  H.  8";  1.  iV  6'". 

421.  Le  Massacre  des  limocents.  :—  Esquisse  magistrale,  à  la  plume,  de 
la  composition  que  Marc-Antoine  a  gravée  (Bartscb,  n^  18).  Les  femmes 
sont  vêtues.  Celles  du  milieu  de  la  composition  manquent  et  laissent  une 
place  vide.  Cependant  il  parait  que  Raphaël  les  avait  indiquées  au  fusain, 
et  que  le  trait  s'est  efTacé  depuis.  Le  dessin,  qui  a  été  rogné  des  deux  côtés, 
mesure  encore  1"  1'"  de  hauteur  sur  12"  5'"  de  largeur. 

422.  Le  Baptême  du  Christ.  —  Légère  esquisse  à  la  plume  pour  la 
fresque  des  Loges 'du  Vatican.  H.  7"  3'";  1.  14"  9'". 

La  collection  possède  encore,  sous  le  n"*  15,  la  même  composition, 
dessinée  à  la  pierre  noire  par  un  inconnu. 

423.  La  Pêche  miraculeuse.  —  Ce  sont  seulement  les  groupes  dans  les 
deux  bateaux ,  avec  le  fond  du  paysage,  pour  la  tapisserie  des  Actes  des 
Apôtres.  Ce  dessin  est  exécuté  à  la  plumeet  lavé  à  la  sépia.  H.  7" 3"';  1. 12". 

La  collection  possède,  en  outre,  une  copie  de  cette  composition,  des- 
sinée à  la  plume,  lavée  et  rehaussée  de  blanc. 

424.  La  Cène.  —  C'est  un  dessin  d'une  exécution  très-soignée,  d'après 
lequel  Marc-Antoine  a  gravé  sa  belle  planche  (Bartsch,  t.  XIV,  n*'26).  La 
seule  variante,  dans  le  dessin,  c'est  qu'à  droite  il  y  a  un  grand  vase 
ou  une  amphore,  dans  le  goût  antique.  Toutefois,  une  ligne  tracée  sur 
le  dessin  indique  qu'une  partie  de  ce  côté  ne  devait  pas  être  reproduite 
par  la  gravure.  Il  est  à  regretter  que  ce  précieux  ouvrage  ait  un  peu 
souffert.  H.  12"  2'";  1.  15"  3'". 

Dans  la  galerie  nationale  de  Santa  Trinidad,  à  Madrid,  se  trouve  un 
tableau  à  l'huile  qui  reproduit  cette  composition,  avec  des  figures  de 
grandeur  naturelle.  Auprès  de  Judas,  le  peintre  a  placé  un  chat.« 

425.  Conduis  mon  troupeau.  —  Excellente  étude  à  la  sanguine  pour  la 
tapisserie.  Raphaël  s'est  ici  servi  de  deux  modèles  :  Tun,  un  jeune  homme 
d'une  très-grande  beauté,  dont  la  chemise  est  retroussée  autour  des 
reins,  et  l'autre,  un  jeune  homme,  beau  aussi,  avec  barbe ,  légèrement 
Têtu,  il  est  très-vraisemblable  que  ce  sont  deux  des  élèves  de  Raphaël, 


490  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

l'un  desquels  pourrait  être  le  beau  Perino  del  Vaga,  qui  entra  dans  son 
école  précisément  à  l'époque  où  les  cartons  pour  les  tapisseries  s'y  pré- 
paraient. La  figure  du  Christ  est  ici  tournée  à  gauche^  élcTant  le  bras 
droit  vers  le  haut.  Comme  ce  dessin  est  coupé  à  une  extrémité ,  on  ne 
voit  que  neuf  apôtres;  ils.sont,  en  somme,  analogues  à  rexécution,  seule- 
ment il  y  manque  la  figure  qui  est  placée  derrière  saint  Jean,  dans  le 
carton  original.  Très-spirituel  dessin  à  la  sanguine.  H.  12";  1.  4o".  Pro- 
venant vraisemblablement  de  la  collection  Bonfiglioli,  de  Bologne,  dans 
laquelle  l'avait  vu  Richardson. 

Dans  la  même  collection,  sous  le  n"  26,  se  trouve  encore  un  médiocre 
dessin  de  cette  même  composition. 

426.  Sainte  Famille,  —  Esquisse  pour  la  Madone  dell'  Impannata.  La 
Vierge  et  sainte  Anne  sont  dessinées  avec  grand  soin,  l'enfant  Jésus  et  Ja 
femme  derrière  lui  ne  sont^ qu'indiqués  ;  le  saint  Jean  manque  totalement. 
Sur  papier  gris,  à  la  plume,  et  rehaussé  de  blanc.  H.  8"  3'";  1.  5"  9'". 

427.  Sainte  Famille.  — La  Vierge,  assise  à  droite  sur  une  pierre,  tient 
l'enfant  Jésus  debout  à  terre,  dont  le  torse  est  assez  fortement  penché  en 
arrière  contre  sa  mère,  tandis  que  le  petit  saint  Jean  le  saisit  par  le  bras. 
Ce  dernier  est  tenu  par  sainte  Elisabeth  accroupie,  qui  se  plaît,  ainsi  que 
la  Vierge,  à  considérer  le  jeu  des  enfants.  Beau  dessin  à  la  pkime,  des 
derniers  temps  du  séjour  de  Raphaël  à  Florence.  H.  9"  3'";  1.  7"  3"'- 

Fac-simile  gravé  par  F.  G.  Lewis  dans  fouvrage  de  J.  Chamberlaine,  intitulé: 
Imitations  of  original  designs,  etc.,  in  His  Majesty's  collection.  London,  1796,  grand 
in-fol.,  t.  II,  pi.  XLix. 

On  s'est  servi  de  cette  composition  pour  deux  petites  gravures  faites  en  France, 
l'une,  par  Gilles  RoUsselet,  1650,  en  contre-partie;  Tautre,  par  J.  Alix,  élève  de 
Champagne,  à  l'eau-forte,  avec  les  lettres  :  R.Y.  B.  Hais  dans  ces  deux  estampes 
le  petit  saint  Jean  tient  dans  la  main  un  oiseau ,  duquel  Tenfant  Jésus  semble 
s'effrayer,  et  les  mouvements  des  enfants  sont  exagérés,  même  maniérés. 

On  s'est  encore  servi  de  celte  composition  pour  peindre  de  petits  tableaux. 
Un  d'eux,  attribué  à  Nicolas  Poussin,  est  dans  la  possession  de  M.  Amsinck 
à  Hambourg.  Un  autre,  de  Pierre  Mignard,  se  trouve  dans  la  galerie  royîil« 
de  Stockholm,  sous  le  n"  309.  Un  troisième,  exécuté  par  un  peintre 
peu  habile,  est  dans  le  couvent  de  S.  Chiara  à  Urbin.  Dans  ce  dernier 
tableau,  le  peintre  a  encore  ajouté  plusieurs  figures.  Au  milieu,  une  femme 
en  adoration  ;  à  gauche,  un  ange  répandant  des  fleurs,  et  à  droite,  saint 
Joseph  :  ces  deux  dernières  figures  empruntées  à  la  Grande  Sainte  Famille 
de  1518,  du  musée  du  Louvre.  Pungileoni,  dans  une  note  de  la  page  8  de 
son  ouvrage,  a  pourtant  signalé  ce  tableau  comme  une  œuvre  de  Raphaël! 

428.  La  Vierge.  —  Demi-figure.  Elle  soutient  de  la  main  gauche  l'en- 
fant Jésus,  debout  sur  ses  genoux,  et  lui  tient  le  pied  dans  sa  main  droite. 
Celui-ci,  entourant  le  cou  de  sa  mère  avec  le  bras  droit,  avance  son  bras 
gauche  vers  une  bande  de  parchemin  que  lui  présente  le  petit  saint  Jean. 


EN  ANGLETEBRE.  491 

■ 

De  la  première  époque  florentine  de  Raphaël.  Dessiné  sur  papier  rou- 
geâtre,  à  la  pointe  d'argent  et  rehaussé  de  blanc.  H.  5"  4"';  1.  A"  9'". 

4i9.  La  partie  gauche  de  la  Dispute  du  Saint-Sacrement.  —  C'est  une 
première  esquisse,  très-différente  de  la  fresque.  Dans  Id  partie  supé- 
rieure au-dessous  de  Dieu  le  Père,  le  Sauveur  est  assis  dans  une  gloire 
cintrée.  A  sa  droite  la  sainte  Vierge  et  à  côté  d'elle  deux  saints.  Dans  la 
région  intermédiaire,  au  milieu  de  la  composition,  encore  deux  saints, 
à  4a  gauche  desquels  vole  un  ange  indiquant  du  geste  le  groupe  divin; 
cet  ange  est  le  même  que  celui  avec  les  draperies  ondoyantes  dans  la 
Madone  au  Baldaquin.  Vers  la  gauche  sont  assis  deux  saints  un  peu  plus 
grands  que  les  autres,  tenant  des  livres;*  ce  sont  vraisemblablement 
des  évangélistes,  et  plus  au  fond  on  voit  encore  l'indication  de  deux  autres 
ligures.  Dans  le  bas ,  sur  une  terrasse ,  un  groupe  de  douze  figures  sem- 
blables à  celles  que  le  comte  de  Caylus  a  gravées,  mais  en  contre-partie. 
Sur  ce  dessin,  il  y  a,  en  outre,  j^u  coin  de  gauche,  une  figure  de  femme, 
allégorique,  sur  un  petit  nuage,  montrant  les  armes  du  pape  suspendues 
dans  un  cartouche.  La  colonne  porte  une  corniche  sur  laquelle  se  trouvent 
deux  enfants  debout.  Ce  dessin,  bien  conservé,  est  rapidement  esquissé  à 
la  plume,  lavé  au  bistre  et  rehaussé  de  blanc,  mais  il  ne  répond  pas  tout 
à  tk\i  à  la  telle  manière  de  Raphaël.  G.  11"  carrés. 

430.  La  Poésie.  —  Esquisse  pour  la  figure  allégorique  dans  la  salle  délia 
Segnatura.  Dessin  très-beau  et  très-librement  traité  à  la  pierre  noire.  11 
est  mis  aux  carreaux.  H.  13"  9"';  1.  8"  6'". 

Gravé  par  F.  C.  Lewis,  pour  Uoavrage  de  Chamberlaine,  déjà  cité. 

431 .  Les  tètes  d'Homèrey  de  Dante  et  de  Virgile.  —  Étude  pour  la  fres- 
que du  Parnasse  au  Vatican.  Chaque  tète  d'environ  trois  pouces  de  haut. 
Beau  dessin  à  la  plume.  H.  40"  6'";  1.  7". 

432.  LAmour  et  les  trois  Grâces.  —  Très-beau  dessin  à  la  sanguine, 
pour  une  des  fresques  dans  la  Farnesine,  à  Rome.  H.  8"  7"';  1.  7"  10"'. 

433.  Les  trois  Grâces.  —  Étude  d'après  nature  pour  le  Festin  des  Dieux 
dans  la  Farnesine.  Raphaël  a  pris  encore  ici  sa  maîtresse  pour  modèle. 
Très-spirituel  dessin  à  la  sanguine.  H.  8";  1.  9". 

434.  Vénus  et  V Amour.  —  Elle  est  assise  à  droite ,  et  porte  la  main 
gauche  sur  sa  poitrine,  en  s'appuyant  du  bras  droit  sur  l'Amour,  qui  est 
debout  près  d'elle.  Celui-ci  la  considère,  tenant  son  arc  de  la  main  droite, 
et  de  l'autre  une  flèche.  Ce  dessin,  qui  a  souffert,  a  été  gravé  par  Augustin 
Vénitien  (Bartsch, n° 280).  H.  7"  8";  1.  6"  3"\ 

435.  Hercule  étouffant  Anthée.  —  Hercule,  à  la  gauche,  étouffe  Anthée 
en  le  tenant  en  l'air  et  le  serrant  de  ses  deux  bras  autour  dés  reins.  Belle 
ét'ude-d'après  nature.  H.  10"  1";  1.  5"  11'". 

La  gravure  que  Marc-Antoïne  (Bartsch,  n°346)  a  exécutée  de  ce  môme 
sujet  est  non-seulement  en  contre-partie,  mais  elle  diffère  aussi  de  ce  des- 


V 
1 


492  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

sin  en  plusieurs  points,  et  rappelle  la  manière  de  Jules  Romain^  qui  pa- 
raît avoir  utilisé  l'original  de  Raphaël. 

436.  Groupe  de  deux  guerriers.  —  L'un,  tombé  à  terre,  est  protégé  par 
le  bouclier  de  son  compagnon  à  genoux  auprès  de  lui.  Nus  tous  deux  et 
tournés  à  droite.  Ét^de  à  ia  pierre  noire,  d'après  nature,  pour  un  épisode 
de  combat.  C'est  peut-être  l'esquisse  d'un  groupe  projeté  pour  la  Ba- 
taille de  Constantin  ;  Ricliardson  dit  avoir  rencontré  trois  esquisses  de  ce 
groupe,  en  différents  endroits.  Voy.  ci-après  les  n^*  517  et  5i8  de  notre 
Catalogue.  H.  9"  6'";  1.  8"  9'". 

437.  Vn  guerrier  marchant  en  avant.  —  11  s'avance  vers  le  côté  droit , 
la  tête  et  le  corps  baissés.  Il  tient  une  bâche  de  combat  dans  la  main  gau- 
che. Trè^-belle  étude,  d'après  nature,  qui  rappelle  le  soldat  placé  vers  le 
haut,  à  gauche,  dans  le  tableau  de  la  Délivrance  de  saint  Pierre,  à  la  se- 
conde stanza  du  Vatican.  Mais  il  est  ici  dessiné  du  côté  opposé.  De  même 
que  le  précédent,  traité  à  la  pierre  noire.  H.  12"  6'";  1.  9". 

438.  Lédii,  —  Elle  est  debout,  tenant  des  deux  mains  le  cou  du  cygne 
qui  est  à  côté  d'elle.  Celui-ci  l'entoure  par  derrière  je  son  aile  droite. 
Dans  le  bas  est  indiqué  un  enfant.  Esquissé  au  fusain  et  ensuite  admirable- 
ment traité  à  la  plume.  H.  12';  1.  T  6'". 

Fac-similé  de  Lewis  pour  l'ouvrage  de  Chamberlaine. 

11  paraît  que  ce  dessin  était  tombé  autrefois  dans  les  mains  d'élèves  de 
Léonard  de  Vinci,  car  nous  connaissons  deux  tableaux  de  ces  derniers, 
où  l'on  s'est  servi  de  cette  composition.  L'un  se  trouve  dans  la  galerie 
Borghèse  à  Rome  ;  la  tête  de  Léda  a  été  tout  à  fait  transformée  dans  le* 
goût  de  Léonard,  de  même  que  le  paysage  qui  est  bien  dans  le  style  de 
ce  maître.  Les  deux  enfants.  Castor  et  PoUux,  vu  Tabsence  du  modèle, 
sont  très-faibles.  L'autre  tableau  est  dans  le  cabinet  Levrat,  à  Paris, 
attribué  à  Léonard  de  Vinci  lui-même.  11  en  a  paru,  en  1835,  une  gravure 
sur  acier,  par  Leroux.  Grand  in-folio. 

Le  volume  de  la  collection  royale  contient  encore  plusieurs  bons  des- 
sins, qui  sont  ou  des  copies  d'après  Raphaël ,  ou  des  compositioBS  de  ses 
élèves  et  d'autres  maîtres  contemporains.  Nous  citerons  les  suivants  : 

a.)  Jacob  lutte  avec  le  Seigneur.  —  Sujet  en  forme  de  frise,  pour  les 
Loges  du  Vatican.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  à  Oxford  (n»  464 
de  notre  Catalogue). 

6.)  Joseph  se  fait  reconnaître  à  ses  frères.  —  Dessin  traité  de  la  même 
manière  que  le  précédent,  pour  les  Loges  du  Vatican.  L'original  se  trouvait 
dans  la  collection  Lawrence. 

c.)  Moïse  tenant  les  tables  de  la  loi.  — 11  est  debout.  Petit  dessin  au  lavis^ 
d'un  élève  de  Raphaël. 

d.)  La  Vierge  évanouie.  —  Elle  est  soutenue  par  trois  femmes.  Esquisse 
avec  figures  entières,  pour  le  tableau  de  la  Mise  au  tombeau^  de  la  galerie 


•       %. 


EN  ANGLETERRE.  495 

Borghèse,  à  Rome.  Ce  dessin  paraît  avoir  été  calqué  sur  un  original 
inconnu. 

e.)  La  Tierge  avec  Venfant  Jésus,  —  C'est  une  copie  de  l'étude  pour  la 
Grande  Sainte  Famille^au  Louvre,  dont  l'original  se  trouve  dans  la  collec- 
tion de  Florence.  , 

/.]  La  Sainte  Famille.  —  C'est  la  composition  du  petit  tableau  du 
Louvre,  avec  les  deui  enfants  qui  se  caressent.  Le  dessin  est  fait  évidem- 
ment d'après  le  tableau,  ce  qui  se  voit  surtout  dans  la  manière  dont  les 
draperies  sont  traitées. 

g.)  Sainte  Anne  assise  sur  un  trône.  —  Ayant  devant  elle  la  Vierge  et 
Tenfant  Jésus.  Deux  petits  anges  tiennent  la  draperie  du  baldaquin. 
A  gauche,  saint  Jean-Baptiste;  à  droite,  saint  Joseph;  et  sur  les  marches 
du  trône,  un  enfant  qui  joue  de  la  mandoline.  Beau  dessin  à  la  plume, 
lavé  et  rehaussé  de  blanc,  qui  paraît  exéx^uté  par  un  élève  de  Raphaël. 

A.)  La  Vierge  de  douleur.  —  Elle  est  debout  derrière  le  corps  de  Jésus- 
Christ,  placé  sur  une  table.  C'est  la  même  composition  que  Jules  Bonasone 
a  imitée  d'après  Raphaël  (Bartsch,  n°  60). 

t.)  Étude  pour  la  Dispute  du  Saint- Sacremeiit.  —  C'est  la  partie  infé- 
rieure du  côté  gauche  de  la  composition,  figures  nues.  Le  dessin  original 
se  trouve  dans  la  collection  de  Francfort. 

k.)  Quatre  dessins  pour  l'Écok  d'Athènes.  —  1.  Mauvaise  esquisse  de  la 
composition  entière.  —  2.  Le  groupe  de  Démocrite.  —  3.  Cinq  figures  du 
groupe  près  d'Aristote.  —  4.  Le  philosophe  observant  le  jeune  homme 
qui  écrit.  —  Ces  dessins  paraissent  faits  d'après  la  fresque. 

/.)  Vénus  et  Vulcain  avec  des  Amours.  —  Ce  dessin  est  fait  ou  d'après 
un  original  perdu  de  Raphaël,  ou  d'après  la,  gravure  qu'Augustin  Vénitien 
en  a  faite  (Bartsch,  n»  349).  ^ 

m.)  Les  Noces  d'Alexandre  le  Grand  et  de  Roxane.  —  figures  vêtues. 
Dessin  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  de  blanc.  On  connaît  plusieurs  esquisses 
de  cette  belle  composition,  mais  dont  aucune  n'est  l'original. 

Gravé  par  Jacques  Caraglio.  Bartsch,  t.  XV,  p.  95,  n*  62. 

n.)  Deux  cavaliers.  —  Dessin  à  la  plume,  d'après  la  fresque  d'Attila, 
au  Vatican. 

0.)  Une  Bacchante  dansant  avec  deux  faunes.  —  Ce  dessin,  à  la  sanguine, 
diaprés  un  bas-relief  antique,  est  semblable  à  celui  qui  se  trouve  dans  la 
collection  Alberline,  à  Vienne.  Cette  répétition  provient  vraisemblablement 
de  la  collection  Bonfiglioli,  à  Bologne,  où  Richardson  l'avait  vu. 

p.)  L'Espéra/ice,  figure  allégorique.  —  Elle  est  représentée  dans  la  ma- 
nière antique,  tenant  de  la  main  droite  une  fleur,  et  soulevant  de  la  gau- 
che le  bord  de  sa  robe.  Elle  dirige  ses  pas  vers  la  gauche.  Dessin  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  de  blanc.  L'original,  de  Francesco  Penni,  se 
trouve  dans  la  collection  de  M.  Jansen,  professeur  à  Copenhague  :  il  a 


494  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

servi  pour  le  petit  tableau  qui  était  autrefois  dans  la  galène  Borghèse ,  à 
Rome,  et  qui  est  à  présent  chez  M.  Henri  Hope,  à  Londres. 

q.)  Un  homme  vu  de  dos.  —  Belle  étude  d'après  nature,  mais  pas  assez 
fine  de  dessin  pour  que  nous  puissions  l'attribuer  à  Raphaël. 

Une  autre  étude  d'un  fpomme  debouty  qui  parait  regarder  quelque  chose 
qu'il  tient  dans  la  main  gauche,  est  roide  dans  sa  pose  et  lourde  de  dessin. 

r.)  Trois  esquisses  à  la  pimne.  —  Elles  représentent  sur  une  feuille  des 
sujets  de  la  vie  de  Joseph.  Le  costume  des  personnages  appartient  à  une 
époque  postérieure  à  Raphaël  ;  aussi,  ce  dessin  est-il  daté  de  1579. 

Outre  les  dessins  que  renferme  ce  volume,  il  y  a  dans  la  collection  royale 
encore  deux  autres  feuilles  attribuées  à  Raphaël,  qui  représentent  : 

s.)  Jonas,  —  Dessin  très-soigné,  d'après  la  statue  de  la  chapelle  Chigi, 
dans  l'église  S.  Maria  del  Popolo,  à  Rome.  Puissamment  dessiné  à  la  plume 
sur  papier  jaunâtre,  et  rehaussé  de  blanc.  H.  12";  1.  8". 

Pungileoni  cite,  à  la  page  223  de  son  ouvrage,  deux  dessins,  avec  des 
variantes,  de  cette  mênàe  statue,  comme  étant  dans  l'ancienne  collection 
du  marquis  Antaldo  Antaldi,  à  Urbin,  mais  nous  n'avons  pas  retrouvé  ces 
dessins  en  Angleterre. 

t)  Tarquin  et  Lucrèce,  —  Cette  composition  ne  contient  que  les  deux 
figures,  avec  le  lit  et  la  lampe  ;  à  gauche,  un  tabouret  et  des  sandales. 
C'est  un  dessin  de  Jules  Romain ,  appartenant  à  l'époque  où  il  cherchait 
encore  à  imiter  son  maître.  Sur  papier  jaunâtre,  à  la  plume;  et  rehaussé 
de  blanc.  H.  8"  9'";  1.  6"  6'". 

Gravé  par  Agostino  Yeneziano,  1523  et  1524,  lequel  y  a  ajouté  deux  chiens  qui 
s'accouplent.  Bartsch,  t.  XIV,  n"  208.  Relouché  par  iEnea  Vico.  Bartsch,  t.  XV, 
p.  287f  n"  15.  Dans  les  secondes  épreuves,  le  groupe  des  deux  chiens  est  supprimé. 

DANS    LA   COLLECTION    DU   MUSÉE   BRITANNIQUE. 

Les  dix  premiers  dessins  de  Raphaël,  que  nous  décrivons  ci-après,  pro- 
viennent du  legs  de  Richard  Payne  Knight;  les  deux  derniers,  de  celui  du 
Rév.  C.  Mordant  Crachrode. 

439.  Jeune  roi,  —  Pour  une  Adoration  des  Mages.  Figure  debout,  tour- 
née à  droite,  lé  manteau  rejeté  sur  l'épaule  et  tenant  un  vase  dans  la  main 
gauche.  Cette  figure  a  beaucoup  de  ressemblance  avec  celle  du  tableau  du 
Spagna  qui  est  au  musée  de  Berlin,  mais  elle  est  du  côté  opposé  et  la  tète 
un  peu  plus  de  profil.  Dessin  à  la  sépja  et  rehaussé  de  blanc,  dans  la  ma- 
nière du  Pérugin.  Il  a  soufl'ert.  H.  11"  6'";  1.  8". 

440.  Tête  juvéïiile  aux  cheveux  tombants,  —  Tournée  à  droite  et  d'une 
charmante  expression.  Puis,  dans  une  plus  petite  proportion,  une  main 
tenant  un  archet.  C'est  une  étude  pour  l'ange  placé  à  droite  dans  le  ta- 
bleau du  Couronnement  de  la  Vierge,  autrefois  à  S.  Francesco,  actuelle- 


EN  ANGLETERRE.  495 

ment  au  Vatican.  Légèrement  dessiné^  à  la  poÎDte  d'argent^  sur  papier 
préparé.  H.  il'';  L  T  r\ 

441 .  Le  bon  Pasteur.  —  Il  s'avance^  tourné  à  gauche,  portant  un  agneau 
sor  ses  épaules.  Cinq  enfants  l'entourent  joyeusement  ;  le  plus  rapproché 
de  lui  joue  avec  un  agneau.  Toutes  les  figures  sont  nues.  Légère  esquisse 
à  la  plume,  qui  peut  être  de  Timoteo  Yiti.  Nous  avons  vu  une  copie  de 
ce  dessin  chez  feu  M.  W.  Roscoe  à  Liverpool. 

4-i2.  Étude  pour  le  Parnasse,  —  C'est  la  partie  gauche  inférieure  de  la 
peinture  du  Vatican.  Sapho  et  le  pocle  qui,  debout  devant  elle,  appuie  un 
livre  sur  ses  genoux,  sont  les  seules  figures  achevées  avec  soin,  les  autres 
ne  sont  qu'indiquées.  Dessin  à  la  pointe  d'argent  sur  papier  rougeûtre. 
ln-4°. 

443.  Étude  de  draperie  et  de  mains  pour  la  figure  d'Horace.  —  Dans  le 
Parnasse  ;  avec  une  autre  étude  de  main  pour  celle  du  poêle,  debout,  près 
du  petit  laurier.  Sur  le  revers ,  il  y  a  encore  des  études,  d'après  nature, 
pour  un  homme  debout,  savoir  :  la  tête  tournée  à  droite,  les  bras  expri- 
mant un  geste  vers  la  gauche,  et  les  jambes.  Esquissé  au  fusain  et  achevé 
à  la  plume.  H.  13"  6"';  1.  9". 

444.  Étude  d'un  homme  debout  et  nu.  —  Vu  de  côté  et  tourné  à  droite. 
Sur  le  revers,  une  autre  étude  d'après  un  homme  nu,  vu  de  face,  qui  semble 
lire  dans  un  livre  qu'il  tient  devant  lui;  puis  encore  une  jambe  droite. 
Dessin  à  la  plume.  H.  11";  I.  6"  6*".  Collections  Crozat  et  Mariette. 

445.  Études  d'api^és  un  enfant.  —  Représenté  six  fois  dans  la  même 
attitude  couchée,  et  deux  fois  dans  des  attitudes  diU'érentes.' Rapides 
esquisses,  de  la  plus  belle  manière  de  Raphaël.  Sur  papier  rougeûtre,  à  la 
pointe  d'argent.  H.  6"  6'";  l.  4". 

446.  Un  homme  à  genoux.  —  Il  avance  sa  main  gauche,  la  droite  posée 
sur  sa  poitrine  et  la  tête  dirigée  vers  le  haut.  Étude  d'après  nature,  de 
l'époque  florentine  du  maître.  Légère,  mais  très-belle  esquisse  à  la  plume, 
Traisemblablement  pour  le  Saint  Jérôme  que  possédait  autrefois  le  juris- 
consulte Marco  Benavides  à  Padoue.  Collection  Peter  Lely.  H.  9";  l.  6"  6'". 

447*  Vu  combat.  —  Fragment  d'une  grande  composition.  Deux  hommes 
nus,  marchant  du  côte  gauche  à  droite,  semblent  frapper  un  combattant 
à  terre.  Au  verso,  l'esquisse  d'une  figure  debout,  vue  de  dos,  qui  se  re- 
tourne; puis  encore  un  pied.  H.  10"  6'";  l.  6"  6'". 

448.  Etuds  d'un  homme  nu  assis.  —  Son  attitude  est  pleine  de  mou- 
vement; la  jambe  gauche  est  fortement  élevée,  le  bras  droit  indique  le 
haut  à  droite,  et  la  tête  est  tournée  à  gauche.  Dessin  très-librement  traité, 
mais  très-exact,  d'après  nature,  à  la  plume.  H.  15"  9"';  1.  9"  3'".  Collec- 
tions J.  Richardson,  Benj.  West,  J.  Barnard  et  R.  Payne  Knight. 

449.  Projet  de  sonnet.  —  Près  de  figures,  légèrement  indiquées  pour  la 
Dispute  du  Saint-Sacrement,  et  à  côté  d'un  pied  dessiné  d'après  nature  à 


496  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

la  plume,  se  trouve,  sur  le  côté  gauche  de  la  feuille,  le  sonnet  si  conna,  de 
Raphaël ,  écrit  fout  entier  de  sa  main  et  commençant  ainsi  :  Vn  penst^r 

dolce  a  remembrarse  e ;  le  mot  qui  manque  a  été  remplacé  pargoeio. 

Déjà  Richardson ,  qui  avait  vu  ce  dessin  dans  la  collection  Bruce,  s'est 
aperçu  de  la  lacune.  Antérieurement,  ce  dessin  était  dans  la  possession 
de  Peler  Lely. 

Nous  en  avons  donné  un  fac-similé  dans  notre  édition  allemande, 
lithographie  par  Ludwig  Zœllner.  Comparez  ce  sonnet  avec  un  projet 
antérieur  qui  se  trouve  sur  un  dessin  de  la  collection  Albertine,  à  Vienne. 
Voyez  ci-devant  n«  200. 

450.  Neuf  cavaliers.  —  Le  premier  est  monté  sur  un  mulet.  Au  côté 
gauche,  un  jeune  homme,  vêtu  d'une  longue  tunique  et  couvert  d'un 
manteau  ;  il  a  les  mains  jointes  et  parle  avec  un  homme  plus  âgé.  Esquisse 
pour  une  plus  grande  composition.  Dessin  à  la  pointe  d'argent,  de  l'année 
1503  environ,  dans  la  manière  du  Pérugin.  In-folio. 

451.  Quatre  hommes  nus,  debout.  —  L'un  près  de  l'autre.  Celui  du  côté 
droit  est  vu  de  dos.  Dessin  à  la  plume.  In-folio. 

452.  Vn  homme  nu.  —  Il  est  vu  de  dos  et  se  tient  près  d'un  arbre.  Ce 
dessin  à  la  plume  semble  être  fait  d'après  l'antique.  In-folio. 

Nous  mentionnerons  encore  ici  le  dessin  à  la  pierre  noire  d'une  tête  de 
saint  Joseph,  qui  se  trouve  dans  le  tableau  de  la  Nativité  du  Christ,  pro- 
venant de  Todi  et  faisant  aujourd'hui  partie  de  la  galerie  du  Vatican. 
Autrefois,  on  le  croyait  de  Raphaël;  mais  des  recherches  postérieures  ont 
prouvé  que  c'était  une  œuvre  du  Spagna,  son  condisciple,  qui  excellait  à 
l'imiter  dans  ses  tableaux  aussi  bien  que  dans  ses  dessins.  Collections 
Joshua  Reynolds  et  C.  Mordant  Crachrode. 

DAN6   LA   COLLECTION    DE   M.    T.    BIBCHALL ,    A  LONDBES. 

453.  La  Mise  au  tombeau.  —  Joseph  d'Arimathie  soutient,  avec  un 
linceul  passé  sous  Jes  bras,  le  Christ  mort,  et  un  jeune  bomme  porte  les 
jambes.  Au  centre,  derrière  le  Christ,  est  agenouillée  la  Vierge,  lesjnains 
jointes,  et  Marie-Madeleine,  en  proie  à  la  douleur,  le  contemple.  Derrière 
elles,  on  voit  encore  l'indication  de  six  autres  figures.  Superbe  esquisse 
à  la  plume.  H  9"  6'";  1.  il".  Collections  Crozat,  Hibert,  et  Sam.  Rogers. 

Il  s'est  trouvé  une  copie  de  ce  dessin  dans  la  collection  Lawrence. 

Grav.  par  le  comte  de  Caylas. 

454.  La  Vierge  dans  la  Pimrie.  —  Esquisse  à  la  sanguine  pour  le 
tableau  du  Belvédère,  à  Vienne.  In-folio.  Collections  Ten  Kate,  Rutgers, 
Ploos  van  Amstel  et  Sam.  Rogers. 

Grav.  en  contre-partie  par  B.  Picart,  dans  ses  Jmpo$lurei  innoeentet. 


r 
»  • 


EN  ANGLETERRE.  497 

BANS   LA    COLLECTION    DE   M.    CHAMBERS   HALL,    A   LONDRES  '. 

455.  La  Naissance  du  Christ.  —  L'enfant  Jésus,  assis  sur  une  selle 
d'aile^  est  soutenu  par  un  ange.  La  Vierge  à  droite,  Joseph  à  gauche,  sont 
agenouillés  devant  lui,  ainsi  qu'un  berger  derrière  saint  Joseph.  De  l'autre 
côté  se  trouvent  le  bœuf  et  Tâne.  Un  paysage  pour  fond.  Ce  dessin  à  la 
plume  rappelle  encore  la  manière  du  Pérugin.  Il  est  piqué  pour  le  calque. 
H.  7"  3"';  1.  40"  3"'.  Ottley,  qui  l'a  possédé,  en  a  publié  un  fac-similé 
dans  son  Italian  School,  etc.  De  la  collection  Lawrence,  il  passa  dans  celle 
du  roi  des  Pays-Bas,  et  fut  vendu  ensuite,  pour  605  florins,  à  M.  Weber, 
de  Bonn,  qui  le  céda  à  M.  Hall. 

456.  La  Présentation  au  temple,  —  C'est  le  carton  original  pour  le 
petit  tableau  faisant  partie  de  la  predella  du  Couronnement  de  la  Vierge, 
de  i503,  actuellement  dans  la  galerie  du  Vatican.  Dessin  à  la  plume, 
lu-folio  en  largeur. 

457.  L'enfant  Jésus.  —  Pour  le  tableau  dit  la  Belle  Jardinière,  au 
musée  du  Louvre.  Son  attitude  est  la  même  que  dans  la  peinture.  Le 
dessin  du  bras  gauche  est  terminé  ;  la  jambe  gauche  est  esquissée  quatre 
fois.  Au  verso,  le  squelette  d'une  figure  assise,  vue  de  profil  et  tournée 
vers  le  côté  droit.  Les  proportions  et  le  mouvement  en  sont  très-justes, 
sans  que  les  détails  anatomiques  soient  très-exacts.  A  la  plume. 
H.  il"  6'";  1.  6"  9'".  Collection  J.  D.  Bœhm,  à  Vienne.  Ce  dessin  se 
trouve  à  présent  dans  la  collection  d'Oxford. 

458.  La  Mise  au  tombeau.  —  Esquisse  à  la  plume,  avec  des  variantes, 
pour  le  tableau  du  palais  Borghèse.  La  Vierge  s'approche  avec  deux 
femmes;  Marie-Madeleine  baise  la  main  du  Christ.  En  tout,  neuf  figures. 
Au  verso,  le  Sacrifice  d'Abraham.  H.  9"  3'";  1. 12"  6'".  Collections  Crozat, 
Lagoy,  Dimsdale,  Lawrence  et  roi  des  Pays-Bas. 

DANS   LA   COLLECTION   DE   l'uNIVERSITÉ   d'oXFORD. 

Cette  collection  est  une  des  plus  riches  qui  existent,  en  dessins  de 
Raphaël  et  de  Michel-Ange.  Elle  provient,  en  grande  partie,  de  Tancienne 
collection  de  Sir  Thomas  Lawrence  et  de  celle  de  M.  Woodburn.  Elle  fut 
acquise,  dans  son  ensemble,  de  ce  dernier,  en  1846,  au  moyen  de  dons 
privés  qui  s'élevèrent  à  la  somme  de  7,000  livres  sterling.  Lord  Eldon 
seul  avait  contribué  à  cette  souscription  pour  4,000  livres  sterling.  Le 
nombre  des  dessins  de  Raphaël  s'élève  à  cent  soixante-deux  feuilles,  dont 
plus  de  quatre-vingt-dix  sont  réellement  des  œuvres  du  grand  maître.  Les 

1.  M.  Chamben  Hall,  décédé  en  1855,  a  légué  sa  collection  de  dessins,  à  ce  qu'on  nous  a 
dit,  en  partie  au  British  Muséum,  et  en  partie  à  là  collection  d'Oxford. 

II.  32 


408  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

chiffres  que  nous  avons  ajoutés  à  la  description  de  chaque  dessin  se 
rapportent  au  dernier  Catalogue,  rédigé  par  M.  Fischer  et  imprimé  à  Oxford 
en  1848. 

459.  Portrait  de  Raphaél  lui-mémey  à  Vàge  de  quinze  à  seize  ans.  —  Il 
est  yu  de  trois  quarts,  tourné  vers  le  côté  gauche.  Ses  cheveux  tombants 
sont  couverts  d'une  barrette.  Son  expression  est  pleine  de  charme.  Dessin 
à  la  pierre  noire,  rehaussé  de  blanc.  H.  15";  1. 10"  6'".  Collections  Ottley 
et  Jérémie  Harmann.  Catalogue  d'Oxford,  n°  51. 

Dans  notre  édition  allemande,  il  a  été  reproduit  en  fac-similé.  Litbogr.  par 
Louis  ZôUner. 

460.  Lieu  le  Créateur.  —  Demi-figure  dont  les  bras  élevés  sont  appuyés 
sur  des  figures  juvéniles  ailées.  Étude  largement  dessinée  à  la  sanguine^ 
pour  la  mosaïque  de  la  chapelle  Chigi,  dans  Téglise  de  S.  Maria  del 
Popolo,  à  Rome.  ^-4**.  Collections  Wicar  et  Lawrence.  Catalogue  d'Ox- 
ford, n9  11. 

461.  Un  ange  levant  les  mains.  —  Etude  pour  la  même  mosaïque, 
traitée  de  la  même  manière  que  le  dessin  précédent  et  provenant  des 
mêmes  collections.  ln-4<>.  Catalogue  d'Oxford,  n»  84. 

463.  Adam.  —  11  est  debout,  appuyé  contre  un  arbre,  et  prend  la 
pomme  que  lui  présente  Eve.  Cette  seconde  figure  est  seulement  indiquée. 
Esquisse  à  la  plume  pour  l'Adam  et  Eve  gravés  par  Marc-Antoine.  Bartsch, 
n°  1.  Au  verso,  l'esquisse  d'une  Mise  au  tombeau,  mais  qui,  par  erreur 
(la  face  du  Christ  étant  sans  barbe),  a  été  prise  pour  une  Mort  d'Adonis. 
C'est  un  groupe  de  cinq  figures  nues,  dont  deux  hommes  soutiennent  le 
Christ.  Deux  femmes  le  contemplent  avec  douleur.  Au  bas,  à  droite,  se 
trouve  encore  l'indication  d'une  tête  d'homme.  H.  10"  6'";  1. 13".  Collec- 
tions Crozat,  Mariette,  Saint-Morys,  H.  Fùssli  et  Lawrence.  Catalogue 
d'Oxford,  n«  131. 

Ces  deux  dessins  ont  été  gravés  par  le  comte  de  Caylus.  Puis,  dans  l'ouvrage  : 
Choix  de  destita  de  la  collection  de  M.  de  Saint-Morys,  n°*  9  et  11,  et  dans  celui  de 
H.  Ottley  :  The  italian  School  of  design,  etc.  London,  1823,  p.  54. 

463.  Jacob  lutte  avec  le  Seigneur.  —  Dessin  à  la  sépia,  rehaussé  de 
blanc,  sur  papier  jaunâtre,  en  forme  de  frise  pour  les  Loges  du  Vatican. 
L.  16";  h.  5"  9'".  Collection  du  duc  d'Alva.  Catalogue  d'Oxford,  n°  58. 

464.  Moise  sauvé  des  eaux  par  la  fille  de  Fharaon.  —  Étude  à  la  san- 
guine de  trois  femmes  et  de  leurs  vêtements,  pour  la  fresque  des  Loges 
du  Vatican.  H.  16"  6"';  1.  11".  Collection  Anlaldi.  Catalogue  d'Oxford, 

n°  55. 
Un  autre  dessin  au  bistre  de  la'composition  complète,  provenant  de  la 

collection  du  duc  d'Alva,  n'est  qu'une  copie. 

465.  Moise  jugeant  les  fils  de  Lévi.  —  Esquisse  pour  la  fresque  des 
Loges,  dei'Sinée  à  la  plume,  lavée  à  la  sépia  et  rehaussée  de  blanc,  sur 


EN  ANGLETERRE.  499 

papier  jaunâtre^  mai»  retouchée  au  crayon  noir.  L.  16"  7'";  h.  5"  9'".  0e 
la  collection  Bevil^  à  Paris.  Catalogue  d'Oxi'ord^  n»  S6. 

466.  Le  Passage  de  la  mer  Bouge.  —  Dessin  à  la  plume  de  quatf  e  figures 
pour  la  fresque  des  Loges  du  Vatican.  H.  16"  2"*;  1.  9"  9"'.  Collection 
Dijonyal,  à  Paris.  Catalogue  d'Oxford,  n»  60. 

467.  Scmison  déchirant  la  gueule  du  lion.  —  Très-beau  dessin  à  la 
plume.  H.  40"  6"';  1.  10"  6"'.  Collections  du  palais  Borghèse,  à  Rome, 
et  Lawrence.  Catalogue  d'Oxford,  n^  128^.  Un  fac-similé  en  a  été  publié 
dans  la  Lawrenûe  Gallery. 

468.  Salomon  et  Bethsabé  devant  le  roi  David  couché  sur  un  Ht.  — 
Dessin  en  forme  de  frise  pour  les  Loges  du  Vatican,  lavé  à  la  sépia  et 
rehaussé  de  blanc.  L.  15"  3"';  h.  5"  3"'.  Collections  lord  Hampton, 
R.  Willet,  Duroveray  et  Lawrence.  Catalogue  d'Oxford,  m  86. 

469.  Même  sujet.  ^  David  repose  sur  un  lit  à  gauche ,  Salomon  est 
assis  devant  lui.  Six  autres  personnes  à  droite,  debout.  Dessin  à  la  plume. 
L.  10"  4'";  h.  7"  4"'.  Collections  Rutgers,  n<»269,  Dimsdale,  Lawrence. 
Catalogue  d'Oxford,  nM  1 8 . 

470.  Le  Jugement  de  Salomon.  —  Esquisse  à  la  pointe  de  métal,  sur 
papier  verdâtre,  pour  la  fresque  des  stanze  du  Vatican.  H.  5"  4"';  1.  4". 
Collections  Antaldi  et  Woodburn.  Catalogue  d'Oxford,  m^  76. 

471.  Un  ange  volant,  pour  le  Sacrifice  d'Abraham.  —  Beau  dessin  à  la 
plume.  H.  8"  V";  1.  7"  4"'.  Collection  Lagoy.  Catalogue  d'Oxford,  n«  97. 

472.  La  Vierge f  pour  une  Annanciation.  —  Elle  eàt  debout  devant  un 
prie-Dieu,  se  tournant  vers  la  gauche.  Esquisse  à  la  plume.  In-4°.  Collec- 
tions Antaldi  et  Woodbum.  Catalogue  d'Oxford,  n<>  68. 

La  collection  possède  aussi  un  beau  dessin  d'une  Annonciation,  au 
bistre,  qui  fut  gravé  par  Caraglio  (Bartsch,  n^  2).  C'est  une  composition 
d'un  élève  de  Raphaël,  de  F.  Penni  peut-être.  In-folio.  Collections  Lagoy 
et  Woodbum.  Catalogue  d'Oxford,  n«  78. 

473.  Études,  pour  la  Transfiguration,  —  Ce  sont  deux  têtes  d'apôtres 
magistralement  exécutées  à  la  pierre  noire.  L'iihe  de  ces  têtes  est  celle  du 
jeune  apôtre  qui  se  penche  en  avant,  l'autre  est  celle  de  l'apôtre  qui  se 
trouve  en  arrière  ;  de  plus,  les  deux  mains  du  premier  et  deux  autres  mains 
tendues  en  avant.  In-folîo.  H.  19"  9'";  1. 14"  6"'.  Richardson  a  vu,  dans 
le  cabinet  Ten  Kate,  ce  dessin  qui  successivement  a  passé  par  les  col- 
lections de  Rover,  à  Amsterdam,  J.  Harmann,  à  Londres,  et  Woodburn. 
Catalogue  d'Oxford,  n»  1 . 

474.  Autre  étude  pour  le  même  tableau.  —  C'est  la  tête  de  l'apôtre  qu'on 
voit  au-dessus  du  jeune  apôtre  qui  se  penche  en  avant,  traitée  de  la  même 
manière  que  les  précédentes.  H.  i  0"  9'";  1, 9"  3'".  Le  duc  de  Devonshire  avait 
fait  don  de  ce  dessin  à  Sir  Thomas  Lavn'ence.  Catalogue  d'Oxford,  n^*  1 41 . 

Trois  autres  dessins  à  la  pierre  noire,  pour  des  mains  et  des  pieds  de  la 


500  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

même  composilioD,  sont  piqués  aux  contours  et  paraissent  avoir  servi  pour 
une  copie  faite  d*après  le  tableau^  peut-être  pour  celle  de  Fr.  Penni.  Ce 
sont  les  n«"  25, 135,  138  du  Catalogue  dOxford. 

475.  Les  trois  Marte  pleurant  sur  le  corps  du  Christ,  —  Dix  figures.  La 
tête  du  Christ  repose  sur  les  genoux  de  la  Vierge  évanouie  qui  est  sou- 
tenue par  deux  femmes.  A  gauche ,  une  des  Marie  est  debout  et  Marie- 
Madeleine  à  genoux,  les  jambes  du  Sauveur  posées  sur  les  siennes.  Parmi 
les  quatre  hommes  debout ,  à  la  droite ,  se  trouvent  saint  Jean  et  Joseph 
d'Ariraathie.  Esquisse  à  la  plume.  H.  7"  3"';  L  8"  3'".  Collections  Denon 
et  Lawrence.  Catalogue  d'Oxford,  n''  119. 

Publié  dans  la  Lawrence  Gallery,  n"  11.  -—  Landon,  n<>  297. 

La  collection  de  John  Barnard,  de  Londres,  possédait  un  dessin  sem« 
blable  au  groupe  de  droite  de  cette  composition.  Le  groupe^  dans  ce 
dessin,  différait  seulement  en  ce  que  les  deux  hommes  qui  se  trouvent, 
dans  l'esquisse  complète,  entre  saint  Jean  et  Joseph  d'Arimathie  sont 
placés  aux  côtés,  derrière  saint  Jean. 

Gravé  dans  l'ouvrage  de  C.  Rogers  :  CoUeelion  ofprinU  in  imitation  of  dratp- 
ingsj  etc.  London,  1778. 

476.  Le  Christ  mort  pleuré  par  ses  disciples.  —  Sur  le  devant,  un 
disciple  debout,  les  mains  jointes;  à  gauche,  un  autre  posant  sa  maio 
sur  la  poitrine  du  Christ.  Quatre  hommes  (figures  nues)  tournés  à  droite. 
Au  verso,  le  corps  du  Christ.  Ce  n'est  qu'un  trait  à  k  plume.  H.  8"  3"'; 
1. 13"  3'".  Collection  du  duc  d'Alva.  Catalogue  d'Oxford,  n»  4. 

477.  Étudey  pour  la  Mise  au  tombeau.  —  Du  palais  Borghèse.  Ce  sont 
trois  figures  nues.  Deux  hommes  portent  le  corps  du  Christ  ;  un  troisième 
est  debout  à  gauche.  Étude  d'après  nature,  à  la  plume.  Le  Christ  est 
indiqué  à  la  sanguine.  H.  9"  9"';  1.  il"  3'".  Collections  Timoteo  Viti, 
Antaido  Antaldi,  Lawrence.  Catalogue  d'Oxford,  n»  120. 

La  collection  possède  encore  deux  autres  études  pour  une  Mise  au 
tombeau  ;  mais  ces  dessins  ne  sont  pas  de  la  main  de  Raphaël,  et  diffèrent 
essenliellement  de  cette  composition.  1**  n""  89  du  Catalogue,  où  deux 
figures  nues  à  genoux  soutiennent  le  corps  du  Christ.  Au  haut  de  la  feuille 
sont  esquissés  trois  hommes,  une  tête  de  femme  et  une  main.  Dessin  à  la 
plume,  aux  hachures  très-croisées.  Collection  Constantine.  2*  n°  106  du 
Catalogue,  où  la  Vierge,  tombée  en  défaillance  près  du  corps  de  son  fils, 
est  soutenue  par  deux  femmes.  A  gauche,  une  femme  debout,  et,  en  haut, 
le  corps  du  Christ  dessiné  une  seconde  fois.  A  la  pointe  de  métal,  sur 
papier  préparé.  H.  8"  6"';  1. 11"  4"'.  Collection  Antaldi. 

478.  Itt  Résurrection  du  Christ.  —  Très-beau  dessin  largement  exécuté 
à  la  plume,  pour  une  des  tapisseries  du  Vatican.  Lavé  à  la  sépia  et 
rehaussé  de  blanc.  H.  12"  3'";  1.  20"  6'".  Collection  Wicar.  Catalogue 
d'Oxford,  n°  2. 


I 


EN  ANGLETERRE.  501 

479.  Deux  soldats,  pour  une  Résurrection.  —  L'un  est  assis  sur  son 
bouclier,  Vautre  s*enfuit.  Dessin  dans  la  manière  du  Pérugin,  à  la  pointe 
de  mêlai.  H.  8"  10'";  1.  12"  T".  Collection  du  duc  d'Alva.  Catalogue 
d'Oxford,  nMii. 

Cest  probablement  une  des  d'eux  esquisses  de  ce  même  sujet  qui  étaient 
dans  la  collection  Lawrence. 

480.  Étude,  pour  la  Vierge  dite  la  Perle. —  C'est  la  tête  de  sainte  Elisa- 
beth, magistralement  dessinée  à  la  sanguine  d'après  un  modèle  vivant. 
H.  9"  10'";  1.  7".  Collections  Wicar  et  Lawrence.  Catalogue  d'Oxford, 
n«  34. 

481.  La  Vierge  du  Belvédère,  à  Vienne.  —  Dessin  à  la  pointe  de  métal, 
pour  la  Vierge,  Tenfant  Jésus  et  le  petit  saint  Jean.  La  fîgure  de  la  Vierge 
est  lavée  au  bistre  et  3'un  très-bel  effet;  ce  blstrage  cependant  doit  être 
attribué  à  une  main  étrangère.  Au  verso  se  trouve  la  draperie  de  la 
Vierge,  dessinée  à  la  sanguine.  H.  8"  6'";  1.  7".  Collections  Antaldi  et 
Lawrence.  Catalogue  d'Oxford,  n®  19. 

482.  La  Vierge  avec  l'enfant  Jésus  et  saint  Jean.  —  Elle  est  assise,  tournée 
vers  la  droite,  tenant  l'enfant  Jé^us  qui  l'embrasse.  Le  petit  saint  Jean  est 
assis  par  terre,  à  droite.  H.  6"  9'";  1.  5'".  Collections  Wicar  et  Woodburn. 
Oxford,  n*"  40.  Landon  a  publié  la  même  composition,  d'après  un  dessin 
qui  était  chez  M.  Roger  de  Lagoy,  n^  229. 

483.  Même  sujet.  —  L'enfant  Jésus,  assis  sur  les  genoux  de  la  Vierge, 
étend  la  main  vers  le  sein  de  sa  mère.  Le  petit  saint  Jean  est  debout,  à 
gauche.  Sur  la  partie  droite  de  la  feuille  est  une  étude,  de  plus  petite 
dimension,  pour  la  Vierge  lisant  dans  un  livre,  avec  l'enfant  Jésus  qui  s'ap- 
puie contre  elle.  Les  deux  ûgures,  non  vêtues,  sont  dessinées  à  la  plume. 
H.  8"  1'";  1. 10".  Collection  Josi  d'Amsterdam.  Oxford,  n°  43. 

484.  Même  sujet.  —  La  Vierge,  demi-figure,  adroite  ;  à  gauche,  l'enfant 
Jésus  assis  sur  une  selle  d'âne,  contre  laquelle  s'appuie  le  petit  saint  Jean. 
A  la  pointe  de  métal,  sur  papier  violet.  H.  7"  7'";  1.  9"  1'".  Collections 
Ântaidi  et  Woodburn.  Oxford,  n°  112. 

485.  Même  sujet.  —  La  sainte  Vierge  est  assise,  tenant  un  livre  dans  la 
main  droite;  l'enfant  Jésus,  debout  devant  elle,  a  son  pied  droit  posé  sur 
le  pied  gauche  de  sa  mère  et  regarde  dans  le  livre^  ainsi  que  le  petit  saint 
Jean,  qui  est  vu  de  profil  et  debout,  à  gauche.  Dessin  à  la  plume.  H.  9"  6"'; 
1.  6"  3'".  Collections  Timoteo  Viti,  Antaldi,  Lawrence.  Oxford,  nM21. 
Publié  dans  la  Lawrence  Gallery,  n°  6. 

486.  La  Vierge  avec  V enfant  Jésus.  —La  Vierge,  demi-figure,  tient  l'En- 
fant assis  sur  son  genou  droit  ;  elle  a  un  livre  ouvert  dans  sa  main  gauche  ; 
l'Enfant  tient  également  le  livre  en  élevant  son  regard  vers  sa  mère. 
Un  paysage  au  fond.  Le  tout  est  entouré  d'un  encadrement.  Landon  en  a 
publié  un  trait,  sous  le  n*"  228  a.  On  voit,  sur  la  même  feuille,  une  autre 


•  *• 


502  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

étude  pour  l'enfant  Jésus,  dessiné  plus  grand  et  plus  correctement^  ainsi 
que  le  paysage  essayé  de  diverses  manières.  A  la  plume.  Collections  Roger 
de  Lagoy  et  Lawrence.  Oxford^  n^  157.  Publié  dans  la  Lawrence  Gallery^ 
n'3. 

487.  Même  sujet.  —  La  Vierge  est  assise,  tournée  vers  la  droite,  tandis 
que  sa  tête  fait  un  mouvement  vers  la  gauche.  Elle  lit  dans  un  livre.  L'en- 
fant Jésus  s'appuie  contre  son  genou.  Largement  dessiné  à  la  plume. 
H.  8"  3'";  1.  5"  40'".  Collection  Antaldi.  Oxford,  n»  i13. 

488.  Même  sujet.  —  La  Vierge  est  assise,  la  tête  tournée  vers  la  gauche^ 
tenant  sur  son  genou  gauche  Tenfant  Jésus  qui  pose  ses  deux  mains  sur 
le  sein  de  sa  mère.  A  la  plume.  H.  7"  10'";  1.  5"  3'".  Collections  duc 
d'Alva,  Woodburn  et  Lawrence.  Oxford,  n*»  129. 

489.  La  Vierge.  —  Assise  et  tournée  vers  la  gauChe,  elle  embrasse  l'en- 
fant Jésus,  debout  devant  elle.  11  pose  sa  main  sur  sa  tête.  Superbe  dessin, 
à  la  pointe  de  métal,  sur  papier  préparé  gris,  et  rehaussé  de  blanc.  H.  6" 
4"';  1.  5"  2'".  Collections  Lagoy,  Lawrence.  Oxford,  n"  98. 

Gravé  par  un  élève  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XY,  p.  20,  n*  II. —  Ean-forle  de 
Yivant-Denon.  —  P.-A.  Robert  a  publié,  eu  1729,  la  même  composition  d'après 
un  dessin  de  Jules  Bonasone. 

490.  Deux  études  de  Vierges.  •—  Demi-figures.  L'une  est  vue  de  proCil  et 
tournée  vers  la  gauche  ;  l'Enfant  est  couché  vers  la  drœte.  L'autre,  égale- 
ment tournée  vers  la  gauche,  et  l'Enfant  debout  devant  elle.  H.  8";  LT'  5'''. 
Collections  Antaldi  et  Woodburn.  Oxford,  n""  i09. 

491 .  Petites  esquisses  de  Sainte  Famille  et  autres  sujets.  —  Au  milieu, 
à  droite,  l'enfant  Jésus,  assis  sur  une  selle  d'âne,  et  près  de  lui  le  ^tit 
saint  Jean ,  debout;  à  droite ,  une  figure  à  genoux.  Au  bas  de  la  feuilie 
est  une  Vierge  avec  l'enfant  Jésus  couché  sur  ses  genoux  el  le  petit  saint 
Jean  debout  devant  elle.  Dans  le  haut,  on  voit  une  ville,  et  dans  le  bas  est 
écrit  comme  pour  essayer  une  plume  :  Carissimo  quanto  fratelh ,  et  une 
seconde  fois  :  Carissimo.  Au  verso,  se  trouvent  une  jambe  dessinée  à  la 
plume  et  une  figure  qui  s*agenouille.  A  la  pierre  noire.  H.  10"  6'"; 
1.  8"  10'".  Collections  Antaldi  et  Lawrence.  Oxford,  n*"  162. 

492.  Le  Couronnement  de  la  Vierge.^  Beau  dessin  à  la  plume,  qui  semble 
être  une  première  esquisse  pour  ce  sujet  exécuté  en  tapisserie.  A  gauche, 
sont  debout  l'apôtre  saint  Pierre,  saint  Jérôme  et  un  troisième  saint.  A 
droite,  l'apôtre  saint  Paul  et  un  autre  saint.  H.  13"  9"';  1.  11"  6'".  Col-' 
lections  Mariette,  Bordage,  Lempereur,  Lawrence.  Oxford,  n®  HO. 

Gravé  par  le  Maître  au  Dé,  Bartsch,  n*>  9,  et  par  un  élève  de  Marc-Antoine, 
Bartsch ,  t.  ÎIY,  n"  56 ,  d'après  la  tapisserie  et  non  d'après  cette  esquisse ,  avec 

deux  saints  seulement,  saint  Jean-Baptiste  et  saint  Jérôme. 

* 

493.  Deux  anges.  —  Étude  pour  le  Couronnement  de  la  Vierge,  tableau 
d'autel  de  1502^  (pu  est  aujourd'hui  au  Vatican.  Ce  sont  deux  figures 


EN  ANGLETERRE.  505 

d'hommes  jeunes  dessinées  d'après  nature.  L'un  d'eui^  tourné  yers  la 
droite^  joue  du  tambourin;  l'autre^  vu  de  face,  du  violon.  A  la  pointe  de 
meta],  sur  papier  teinté  gris,  et  rehaussé  de  blanc.  H.  7"  6"';  l.  9"  iO"'. 
Collections  Ottley  et  Lawrence.  Oxford,  n**  61. 

494.  U Archange  liaphtie!  conduit  le  jeune  Tohie.  —  La  tête  du  dernier 
est  dessinée  une  seconde  fois  à  part,  ainsi  que  trois  mains.  Études  d'après 
nature  et  dans  le  costume  du  temps,  pour  un  des  tableaux  qui  accompa- 
gnent le  tableau  principal  représentant  la  Vierge,  que  le  Pérugin  a  peint 
pour  la  Chartreuse  de  Ravie,  et  qui  a  passé  de  la  collection  du  duc  Meizi, 
de  Milan,  à  la  Galerie  Nationale  de  Londres.  A  la  pointe  de  métal ,  traité 
dans  la  manière  du  Pérugin,  mais  avec  un  plus  vif  sentiment  de  la  nature. 
H.  9"  6"';  I.  T  A"\  Collections  Wicar  et  Lawrence.  Oxford,  n«  75.  Nous 
avons  vu,  chez  un  marchand,  en  Angleterre,  une  bonne  copie  de  ce  dessin. 

49o.  Saint  Jean-Baytiste,  —  H  élève  la  main  droite.  Étude  d'après  na- 
ture, à  la  pierre  noire,  rappelant  encore  le  faire  du  Pérugin.  H.  12"  4'"; 
1. 1"  iC".  Collections  duc  d'Alva  et  Woodburn.  Oxford,  n«  36. 

496.  Saint  Jérôme,  — 11  est  à  genoux ,  tenant  dans  la  main  droite  une 
pierre  pour  s'en  frapper  la  poitrine.  A  gauche,  on  voit  la  ville  de  Pérouse. 
La  tête  seule  est  terminée  à  la  plume;  le  reste  n'est  que  légèrement  indi- 
qué. H.  iO";  1.  8"  5'".  Collections  Antaldi  et  Woodburn.  Oxford,  n*»  \% 

497.  Saint  Etienne.  —  Étude  à  la  pointe  de  métal,  d'après  un  jeune 
homme  à  genoux  qui  étend  son  bras  et  élève  son  regard  vers  le  ciel.  Très- 
beau  dessin,  de  la  jeunesse  de  Raphaël.  H.  10"  3'";  1.7"  3"'.  Ottley,  auquel 
ce  dessin  appartenait,  l'a  publié  dans  son  ouvrage  :  The  italian  School  of 
design,  p.  47.  Catalogue  d'Oxford,  n«  103. 

498.  Saint  George  à  cheval,  —  Il  s'avance  vers  la  gauche,  vu  un  peu  de 
dos  et  portant  au  bras  gauche  un  bouclier  rond.  Dessin  lavé  à  la  sépia  et 
rehaussé  de  blanc.  U  a  été  découpé  et  remis  sur  un  autre  papier.  Collec- 
tions Wicar  et  Woodburn.  Oxford,  n°  21. 

499.  Sainte  Catherine,  —  Étude  à  la  plume  pour  le  tableau  qui  a  été 
gravé  par  le  baron  Desnoyers  et  qui  se  trouve  actuellement  dans  la  Galerie 
Nationale  à  Londres.  Ce  n'est  qu'une  partie  de  la  tête  de  la  sainte.  De 
plus,  cette  feuille  contient  encore  cinq  croquis  pour  des  génies  ailés.  Au 
verso,  se  trouvent  trois  autres  esquisses  pour  la  même  Sainte  Catherine 
et  une  étude  de  cou  d'après  nature.  H.  7";  1.  11".  Collections  B.  West, 
Dimsdale  et  Lawrence.  Oxford,  u^  152.  Publié  dans  la  Laurence  Gallery, 
n«15. 

La  tôte  seule  de  la  sainte  a  été  gravée  par  S.  Paccini. 

500.  La  Sibylle  de  Phrygie, —  Elle  s'appuie  sur  le  cintre  de  l'architec- 
ture. Étude  pour  la  fresque  dans  Téglise  S.  Maria  délia  Pace  à  Rome.  Dans 
le  haut,  il  y  a  une  étude  pour  le  bras  de  la  même  figure.  Au  verso,  une 
demi-figure  et  un  ange  de  la  même  composition,  magistralement  exécutés 


504  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

h  la  sanguine.  H.  U"  46'";  1.  7"  6'".  Collections  Sir  Josliua  Reynolds  et 
Lawrence.  Oxford,  n»  46.  Publié  dans  la  Lawrence  Gallery,  n«  13. 

501.  Pour  la  Disjmte  du  Saint-Sacreinent.  —  Dessin  de  treize  figures 
qui  sont  dans  la  partie  supérieure  de  la  fresque  du  Vatican.  Le  Sauveur, 
ayant  â  ses  côtés  la  Vierge,  saint  Jean-Baptiste  et  deux  autres  figures; 
deux  autres  saints  sont  au  milieu,  au-dessous  de  la  figure  du  Christ,  et 
quatre  autres  à  leurs  côtés.  Dessin  à  la  plume,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé 
de-blanc.  H.  9"  3'";  1. 10'".  Collections  Crozat,  Mariette,  Lagoy,  Th.  Dims- 
dale  et  Lawrence.  Oxford,  n**  83. 

502.  Tour  la  même  fresque.  —  Étude  de  l'apôtre  saint  Paul.  11  est  assis, 
ayant  près  de  lui  un  génie  ailé.  La  tête  du  saint  est  aussi  répétée  deux 
fois  :  une  plus  grande,  et  l'autre  pjus  petite.  A  la  pierre  noire  et  rehaussé 
de  blanc;  dans  la  manière  de  fra  Bartolomeo.  H.  15"  6'";  1.10"  6'.  Collec- 
tions duc  d'Alva,  Duroveray  et  Lawrence.  Oxford,  n«  102. 

503.  Tour  la  même  fresque.  —  Trois  anges  planant  vers  la  gauche.  Au 
bas,  plusieurs  génies  ailés.  A  la  plume.  H.  10"  6'";  1.  7"  9"'.  Collections 
Antaldi  et  Lawrence.  Oxford,  n*»  96. 

504.  Pour  la  même  fresque,  —  Deux  feuilles^  qui  primitivement  n'en 
formaient  qu'une  seule,  contenant  plusieurs  esquisses,  à  la  pointe  de  métal^ 
savoir  :  deux  figures  juvéniles  en  adoration ,  deux  têtes  d'évêques  et  une 
main.  Au  verso,  se  trouvent  les  brouillons  autographes  des  deux  sonnets 
de  Raphaël.  Us  furent  copiés  pour  la  première  fois  par  l'abbé  Idichele  Co- 
lombo, bloque  ces  dessins  étaient  encore  entre  les  mains  de  Gio.  M.  Ant. 
Viti.  Plus  tard,  lorsqu'ils  passèrent  en  héritage  au  marquis  Ântaldo  An- 
taldi, Seroux  d'Agincourt  et  C.  Fernow  firent  une  nouvelle  copie  de  ces 
sonnets,  et  le  dernier  les  a  publiés  dans  le  premier  cahier  du  Mercure  de 
l'année  1804.  Un  fac-similé  est  dans  le  Catalogue  des  cent  dessins  de  Ra- 
phaël, que  M.  Woodburn  a  exposés  à  Londres  en  1836.  Celui  de  ces  deux 
sonnets  qui  commence  ainsi  :  Corno  non  podde  dir  d'arcana  deiy  a  subi 
bien  des  changements;  la  fin  s'en  trouve  sur  l'autre  feuille,  avec  le  second 
sonnet  ;  Amor  tu  m'e?ivescasti  con  doi  lumi.  Chaque  feuille  a  11"  3'"  de  haut 
et  8"  6'"  de  large.  Collections  Timoteo  Viti,  Antaldi  et  Lawrence.  Oxford, 
n~  8  et  9. 

505.  Pour  l'École  d'Athènes, —  Études  pour  deux  figures  qui  se  trouvent 
sur  les  degrés  près  de  Diogène.  La  tête  aux  cheveux  crépus,  la  main  gau- 
che et  le  pied  droit  du  jeune  homme  qui  monte  sont  dessinés  une  seconde 
fois  à  part.  On  y  voit  aussi ,  au  bas  de  l'esquisse,  la  tête  de  Méduse  sur 
le  bouclier  de  Minerve.  Étude  à  la  pointe  de  métal,'sur  papier  teinté  rose, 
et  rehaussé  de  blanc.  H.  11"  3"/;  1.  8".  Collections  Wicar,  Ottley,qui'les  a 
publiées  dans  The  italian  School  of  design,  et  Lawrence.  Oxford,  n®  93.  La 
collection  de  Florence  possède  une  copie  des  deux  figurés  sur  les  degrés. 

506.  Pour  r École  d'Atfiénes, —  Étude  du  groupe  du  Bramante  avec  quatre 


EN  ANGLETERRE.  505 

de  ses  élèves  et  la  figure  couronnée.  La  tête  du  Bramante  est  dessinée  une 
seconde  fois  et  plus  exactement^  d'après  nature.  A  la  pointe  de  métal  et 
rehaussé  de  blanc.  H.  9"  9"';  I.  42"  9'".  Collections  Ottley  et  Lawrence. 
Oxford^  no  i05.  Ottley  a  publié  ce  beau  dessin  dans  son  ouvrage  The  ita- 
tian  Sekwl  of  design. 

507.  Pour  l'École  d'Athènes,^  L'architecture  de  la  partie  gauche  de  la 
composition^  avec  la  statue  d'Apollon  dans  une  niche.  Lavé  à  la  sépia. 
H.  9";  1.  S"  10'".  Collections  Arundel  et  Woodburn.  Oxford,  n«>  31. 

508.  Fgut  l'École  d'Athènes.  —  Étude  à  la  sanguine  pour  le  bas-relief 
au-dessous  de  la  statue  d'Apollon.  Ce  sont  quatre  figures  nues  d'hommes 
qui  combattent,  et  l'indication  d'une  cinquième.  Cette  esquisse,  faite  d'après 
DaUire,  diffère  un  peu  de  l'exécution  à  fresque.  H.  i5";  1.  H"  42"'.  Col- 
lections Wicar,  Ottley  et  Lawrence.  Oxford,  n"  -49.  Ottley  en  a  fait  un  fac- 
similé  pour  son  ou>Tage  déjà  plusieurs  fois  cité. 

509.  Pour  l'École  d'Athènes,  —  L'architecture  de  la  partie  droite  de  la 
composition,  avec  la  statue  de  Minerve  dans  une  niche.  Dessin  à  la  pointe 
de  métal,  sur  papier  rougeâtre,  et  rehaussé  de  blanc.  H.  10"  9'";  1.  8". 
Collections  Wicar,  Ottley  et  Lawrence.  Oxford,  n*»  50. 

510.  Le  Parnasse.  —  Dessin  légèrement  exécuté  à  la  plume  pour  la 
fresque  du  Vatican.  Apollon  joue  du  violon  et  neuf  Muses  l'entourent. 
Tout  auprès,  Homère,  deux  autres  poêles,  l'écrivain  et  le  poète  à  gauche 
sur  le  devant.  A  la  droite,  deux  demi-figures.  Toutes  ces  figures  sont  nues. 
H.  12";  1. 18"  9"'.  Collections  Wicar  et  Woodburn.  Oxford,  n»  59. 

511.  Pour  le  Parnasse.  —  La  muse  Meipomène,  tenant  un  masque.  Étude 
à  la  plume.  H.  13"  9'";  1. 10".  Collection  Ottley,  qui  l'a  publiée  dans  son 
ouvrage,  et  Lawrence.  Oxford,  n^lSS.  Une  copie  de  ce  dessin  se  trouve 
dans  la  collection  de  Florence.  Elle  appartenait  à  Nie.  Poussin. 

Gravée  par  S.  Malinari. 

512.  Pour  la  fresque  d'Héliodore.  —  Étude  à  la  pierre  noire,  pour  la 
femme  vue  de  dos,  qui  est  à  genoux  sur  le  devant.  Au  haut  de  la  feuille  se 
trouve  une  étude  plus  précise  du  cou  de  celte  femme,  avec  la  tête  indiquée, 
et  deux  pieds  au  bas.  Au  verso,  un  dessin  de  la  partie  supérieure  de  la 
femme  à  genoux,  avec  deux  enfants;  puis,  encore  une  fois,  la  tête  plus 
étudiée.  H.  16";  1. 11".  Collections  Reynolds,  Ottley,  Dimsdale  et  Lawrence. 
Oxford,  n°  160.  Les  deux  dessins  ont  été  publiés  dans  The  italian  School 
of  design.  La  gravure  de  Mulinari ,  représentant  la  femme  à  genoux  sur 
le  premier  plan,  a  été  faite  d'après  une  copie  qui  est  dans  la  collection  de 
Florence. 

513.  Tète  de  cheval.  —  Fragment  du  carton  de  l'Héliodore,  dessiné  à  la 
pierre  noire.  H.  27";  1.  21".  Vasari  mentionne,  dans  la  Vie  de  Raphaël, 
des  fragments  de  ce  carton  comme  existant  dans  la  maison  Francesco  Mas- 
sini  à  Ceseua.  Ce  fragment  vient  de  là  probablement.  M.  Ottley  l'acheta 


1 


506  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

au  palais  Albani  à  Rome,  en  1804^  pour  40  livres  sterling.  Il  passa  en- 
suite d&DS  lacollectioD  Lawrence.  Oxford,  n**  135. 

514.  Attila  effrayé  par  l'apparition  de  saint  Paul  et  saint  Pierre,  —  Pre- 
mière esquisse  pour  la  fresque  auVatican;  dessinée  à  la  plume  et  lavée  à 
la  sépia.  Le  pape  Léon  l"  est  assis  sur  un  siège  porté  par  quelques  hom- 
mes. Sur  le  devant,  deux  hommes  à  genoux.  A  droite,  on  voit  Attila  à  cheval, 
entouré  de  cavaliers,  dont  l'un  porte  une  enseigne.  H.  15"  6'";  l.  23"  2"'. 
Collections  Wicar  et  Woodburn.  Oxford,  n<>  132- 

51 5.  La  Messe  de  Bolséie. — Première  esquisse,  lavée  à  la  sépia  et  rehaus- 
sée de  blanc.  Elle  diffère  beaucoup  de  l'exécution  à  fresque.  Le  pape,  à 
gauche,  est  agenouillé;  les  figures  de  devant  sont  différemment  disposées; 
les  suisses  ou  porteurs  du  pape  ne  s'y  trouvent  point.  Cintré  dans  le  haut. 
H.  9"  10'";  1. 16"  2"'.  Collections  Wicar  et  Woodburn.  Oxford,  nM6.  La 
collection  d'Oxford  possède  encore  deux  autres  dessinsdu  même  sujet ,  sous 
les  n°"  42  et  125.  Le  premier  est  une  copie  de  celui  que  nous  venons  de 
décrire  et  l'autre  est  fait  d'après  la  fresque  même.  Tous  les  deux  néan- 
moins sont  peu  dignes  d'être  conservés  dans  une  collection  qui  possède 
l'original. 

516.  Le  Buisson  ardent.  —  Dessin  à  ia  plume,  représentant  Dieu  le  Père 
entouré  d'anges,  pour  la  fresque  du  Vatican.  Cette  figure,  d'un  grandiose 
étonnant,  offre  un  exemple  de  l'influence  des  peintures  de  la  chapelle  Six- 
tine  sur  le  génie  de  Raphaël.  H.  11";  1. 16"  6"'.  Collections  Wicar,  Ottley 
(qui  l'a  publié  dans  The  italian  School  of  design)  et  Lawrence.  Oxford, 
n«5. 

517.  Powr  la  fresque  de  la  Défaite  des  Sarrasins.  —  Deux  esquisses  à  la 
plume,  dessinées  sur  les  deux  côtés  de  la  feuille.  Dans  l'une,  neuf  Ggures 
nues  ;  dans  l'autre,  onze  autres  combattant.  Ces  groupes  sont  bien  diffé- 
rents de  la  fresque  exécutée.  H.  10"  9'";  1.  15"  6'".  Collections  Timoteo 
Viti,  Crozat,  Mariette»  Brunet  et  Lawrence.  Oxford,  n""  151. 

Le  comte  de  Caylas  a  gravé  ces  deax  esquisses  pour  le  Cabinet  Crosat,  n'^iS 
et  46. 

518.  Pour  la  même  fresque.— Ce&i  le  groupe  de  deux  prisonniers,  dont 
l'un  est  couché  par  terre;  l'autre,  à  genoux,  au-dessus  de  lui,  se  défend 
contre  un  guerrier,  qui  toutefois  n'est  pas  même  indiqué  ici.  Superbe  étude 
d'après  nature,  à  la  pierre  noire.  H.  40"  9'";  1. 15"  6"'.  Collections  d'Ar- 
genville  et  Woodburn  (n"  79  du  Catalogue  Woodburn  des  cent  dessins  de 
Raphaël).  Oxford,  n«  65. 

519.  Pour  la  Bataille  de  Constantin.  — Deux  soldats  dans  le  fleuve  ;  l'un 
se  cramponne  à  un  bateau  pour  y  entrer,  l'autre  s'attache  à  son  compa- 
gnon. Étude  a  la  pierre  noire,  rehaussée  de  blanc,  sur  papier  brun. 
H.  10"  3'";  1.  14"  3'".  Collections  duc  d'Alva  et  Lawrence.  Oxford,  n»  53. 

520é  Un  homme  assis  sur  une  pierre.  —  Vu  de  dos,  il  élève  le  bras  droit 


EN  ANGLETERRE.  507 

eomme  pour  se  garantir  contre  une  attaque.  Très-belle  étude,  à  la  pierre 
Doire,  diaprés  un  modèle  du.  La  tête  et  le  bras  gauche  avec  lequel  il  s'ap- 
puie sont  une  seconde  fois  dessinés  à  part.  Cette  étude  paraît  avoir  été  faite 
pour  la  première  esquisse  de  la  Bataille  de  Constantin.  H.  KT  7"';  1. 14"  1'". 
Collections  P.  Lely,  Reynolds  et  Lawrence.  Oxford^  n^  10. 

521.  Un  homme  tombé  à  terre.  —  Il  s'appuie  sur  son  bras  gauche  et  re- 
garde vers  la  gauche.  Très-belle  étude  à  la  pierre  noire  pour  une  figure 
de  la  Bataille  de  Constantin.  Cette  figure  se  trouve  aussi  sur  la  précieuse 
esquisse  copiée  d'après  celle  de  Rapbaêl  par  Perino  del  Vaga,  et  publiée 
par  C.  Metz  dans  ses  Imitations  of  ancient  and  modem  drawings  (London, 
1798).  H.  7"  3"*;  1. 12*'  6"'.  Collections  P,  Lely,  Woodburn.  Oxford,  w>  32. 

522.  Des  Nymphes  et  des  Tritons,  —  Superbe  dessin  à  la  plume  pour  une 
partie  d'un  bord  de  plat,  un  de  ceux  vraisemblablement  qui  furent  exé- 
cutés en  bronze  par  Cesare  Rosetti  de  Pérouse  pour  Augustin  Chigi.  Le 
dessin  contient  six  figures:  quatre  hommes  qui  se  terminent  ou  en  poisson 
ou  en  serpent,  et  deux  femmes,  dont  l'une,  couchée,  est  surtout  d'une 
grande  beauté.  H.  9";  1. 14"  6'".  Collections  Wicar  et  Lawrence.  Publié 
dans  la  Lawrence  Gallery,  sous  le  n<>  10.  Catalogue  d'Oxford,  n<*  iùé. 

523.  Des  TritonSy  des  Nymphes  et  de^  Génies.  —  Beau  dessin  à  la  plume, 
qui  cependant  n'est  pas  de  la  main  de  Raphaël,  mais,  selon  toute  proba- 
bilité, de  Fr.  Penni.  H.  9"  6'";  1. 16".  Collections  Wicar,  Ottley  (qui  l'a 
publié  dans  son  ouvrage  déjà  cité)  et  Lawrence.  Catalogue  d'Oxford, 

-n"  lOi. 

524.  Mercure,  d'après  un  bas-relief  antique.  —  Il  est  debout,  à  gauche  ; 
une  femme  drapée  comme  une  vestale  doQne  la  main  à  un  jeune  homme* 
A  droite ,  un  Amour  près  d'un  bouc  sonne  du  cor.  Dessin  à  la  plume. 
EL  10"  7'";  1. 14"  5'".  Collections  Ricbardson  et  Lawrence.  Oxford,  n»  22. 
Le  comte  de  Gaylus  a  gravé  cette  composition  d'après  un  dessin  qui  était 
dans  le  Cabinet  du  roi  et  qui  se  trouve  encore  au  Louvre. 

525.  Hercule  gaulois.  —  Il  est  assis  au  milieu  de  neuf  auditeurs.  De  sa 
bouche  sortent  autant  de  fils  d'or  qui  vont  aux  oreilles  des  auditeurs.  Au- 
dessus  de  la  tête  est  écrit  :  Eloquentia.  Dessin  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé 
de  blanc.  Dans  un  rond  de  9"  9'"  de  diamètre.  Collections  Timoteo  Viti, 
ÀDtaldi,  Crozat,  Lagoy,  Dimsdale  et  Lawrence.  Oxford,  n®  115. 

Gravé  en  clair-obscur  parCh.-Nic.  Cochin  et  Y.  Lesueur,  pour  le  Cabinet  Croxat, 
n«  38.  —  LandoD ,  "h*»  468. 

526.  Hercule  domptant  Cerbère.  —  Assis  sur  Cerbère,  il  est  tourné  vers 
la  droite,  tenant  sous  son  bras  les  trois  têtes  du  chien  infernal  et  une 
massue  dans  la  main  droite.  Beau  dessin  à  la  plume.  Toutefois  la  jambe, 
dessinée  lourdement  et  sans  goût,  n'est  pas  digne  de  Rapbaêl.  In-4<> 
de  5"  9'".  Collections  Antaldi,  Woodburn.  Oxford,  n«  73. 

527.  L'Efilèvemeni  d'Uéléiu.  —  Figures  nues.  Deux  hommes  saisissent 


508  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

Hélène  qui  résiste.  A  droite,  un  guerrier  protège  son  compagnon;  un  autre 

guerrier  accourt  du  côté  gauche.  Très-beau  dessin  à  la  plume.  H.  10**; 

1. 16"  3'".  Collections  Ant.  Rutgers,  Ploos  van  Amstel,  Jacob  Comsz  (vendu 

en  1800,  pour  28  florins  10,  à  M.  Yersteg)  et  Lawrence.  Oxford,  b?  29. 

Gravé  en  conlre-partie  et  d'un  format  plus  petit,  par  B.  Picart,  pour  ses  /«pos- 
turet  innocentes.  ~  Landon,  n*  114. 

528.  Un  etnpereur  romain.  —  11  est  assis  sur  un  trône,  vêtu  d*uae  lu- 
nique,  vu  de  profil,  tourné  du  côté  droit  et  le  bras  étendu.  A  la  plume. 
H.  6*' 9"';  1.  5".  Collections  Reynolds  et  Woodburn.  Oxford,  n»  137. 

529.  Études  d'après  des  statues  antiques.  —  Parmi  les  dix  feuilles  de  ce 
genre  qui  se  trouvent  dans  la  collection  d'Oxford,  il  n'y  en  a  qu'une  seule 
que  l'on  puisse,  avec  certaine  raison,  attribuer  à  Raphaël.  C'est  une  Vénus, 
et  le  fragment  d'une  ligure  de  femme  sans  tête.  H.  13"  6'";  1.  9"  9'".  Ck)l- 
lections  duc  d*Alva  et  Woodburn.  Oxford,  n*  3. 

Les  autres  études  d'après  l'antique  sont  traitées  dans  des  manières  tout 
à  fait  différentes.  Ce  sont  :   * 
a.)  Une  figure  de  femme,  vêtue  en  partie.  —  Catalogue  d'Oxford,  w*  20. 
6.)  Le  Torse,  du  Belvédéi^e.  —  Catalogue  d'Oxford,  n®  28. 
c.)  Véîiu^  tenant  la  pomme  d'or,  —  Catalogue  d'Oxford,  n*»  37. 
d.)  Milon  portant  le  taureau.  —  Catalogue  d'Oxford,  n«  69. 
e.)  Ariane,  dite  Cléopàtre  du  Belvédère.  —  Catalogue  d'Oxford,  n»  74. 
f.)  Bacckus  et  Hercule.  —  Catalogue  d'Oxford,  n*>  140. 
g.)  Un  adolescent.  —  Catalogue  d'Oxford,  w*  142. 
h.)  La  Fortune.  —  Fragment.  Catalogue  d'Oxford,  n*  143. 
i.)  Le  vêtement  d'une  figure  de  femme.  —  Catalogue  d'Oxford,  n®  149. 

530.  Four  V histoire  d'Eneas  Sylvius  Piccolomini.  —  Cest  un  dessin 
représentant  quatre  hommes  de  la  fresque  où  l'empereur  Frédéric  III 
couronne  Énée.  Belle  étude  d'après  nature,  à  la  pointe  de  métal.  H.  9"; 
1.  8"  9'".  Collections  Ottley  et  Lawrence.  Catalogue  d'Oxford,  n<>  122. 
Ottley  a  publié  ce  dessin  dans  The  italian  School  of  design. 

531 .  Pour  la  même  fresque.  —  Un  jeune  homme  debout,  le  bras  gauche 
étendu,  tenant  un  bâton  dans  cette  main,  et  posant  celle  de  droite  sur  la 
hanche.  Étude  à  la  pierre  noire.  Cette  figure  a  été  exécutée,  dans  la 
fresque,  en  sens  inverse.  H.  12"  3"'  ;  1.  7"  10*".  Collections  du  duc  d'Alva, 
Woodburn.  Catalogue  d'Oxford,  n®  7. 

532.  Combat  pour  le  drapeau.  —  D'après  le  carton  de  Léonard  de  Vinci. 
C'estle  groupe,  si  connu,  des  Cavaliers,  que  Raphaël  semble  avoir  dessiné 
de  souvenir  sur  une  feuille  remplie  d'autres  esquisses,  savoir  :  une  tête 
de  vieillard  vue  de  profil,  dont  le  caractère  se  rapproche  du  style  de 
Léonard  de  Vinci,  quoique  le  faire  soit  tout  raphaélesque.  Au  côté  droit 
se  trouve  la  tête  d'un  jeune  moine  semblable  au  saint  Benoît  de  la  fresque 
de  Tannée  1505,  dans  l'église  S.  Severo,  à  Pérouse,  et  deux  mains,  dont 


EN  ANGLETERRE.  509 

Tune  tient  un  livre.  Beau  dessin  à  la  pointe  de  métal  et  rehaussé  de  blanc. 
H.  10"  9'";  I.  8"  6'".  Collections  Duroveray,  Dimsdale  et  Lawrence. 
Catalogue  d'Oxford,  n^  44. 

533.  Autre  Combat  pour  le  drapeau,  —  Quatre  guerriers  à  pied  se 
disputent  un  étendard;  un  cinquième  soutient  le  corps  mort  d'un  de  ses 
compagnons  qu'un  soldat  ennemi  cherche  à  lui  enlever.  Beau  dessin  à  la 
plume.  H.  11'';  1. 16"  6"'.  Collections  Antaldi,  Ottley  et  Lawrence.  Publié 
dans  The  italian  School  of  design.  Dans  le  Catalogue  de  l'exposition  des 
cent  dessins  de  Raphaël,  par  M.  Woodbum,  ce  dessin  est  décrit  sous  le 
n®  65,  comme  étant  une  étude  pour  la  Victoire  remportée  sur  les  Sar- 
rasins près  d'Ostia  ;  erreur  qui  a  été  reproduite  dans  le  Catalogue  d'Ox- 
ford, sous  le  n°  27. 

534.  Deux  jeunes  gens.  —  L'un  est  couché  par  terre,  et  l'autre,  a 
genoux,  tient  un  drapeau  de  la  main  droite  et  paraît  présenter  quelque 
chose  avec  la  main  gauche.  Étude  à  la  pointe  de  métal,  rehaussée  de 
blanc  et  traitée  dans  la  manière  du  Pérugin;  H.  13";  1.  9"  3"'.  Collections 
du  duc  d*Alva  et  Woodburn.  Catalogue  d'Oxford,  no41. 

535.  Plusieurs  études  de  figures  d'après  nature.  —  Un  homme  nu  tient 
un  livre  et  une  épée,  comme  si  c'était  un  saint  Paul  ;  puis  deux  jambes. 
Au  veirso,  un  homme  nu  tient  un  bouclier  avec  le  bras  droit,  et  une  lance 
de  la  main  gauche.  En  outre,  des  études  pour  un  torse ,  un  bras  et  une 
jambe.  Dessin  à  la  plume,  du  plus  beau  temps  du  maître.  H.  10"  6"'; 
1.  T  6'".  Collect.  Brunet,  à  Paris,  et  Woodburn.  Catal.  d'Oxford,  n<»  453. 

536.  Un  jeune  homme  jouant  de  la  guitare. —  Dessin  à  la  plume,  dans  la 
manière  du  Pérugin.  Il  est  douteux  qu'il  soit  de  Raphaël.  H.  6";  1. 4"  9"'. 
Collections  Antaldi  et  Woodburn.  Catalogue  d'Oxford,  n''  114. 

537.  Un  homme  assis.  —  Élevant  la  main  droite  et  tenant  de  la  gauche 
un  livre  sur  son  genou.  A  la  pointe  de  métal,  dans  la  manière  florentine 
du  maître.  H.  8"  2*^';  1.  6'".  Collections  Antaldi  et  Woodburn.  Catalogue 
d'Oxford,  no  45. 

538.  Étuderde  deux  figures  d'hommes. —  Celui  à  gauche,  qui  est  nu, 
lit  dans  un  livre;  l'autre  à  droite,  qui  est  vêtu,  vu  de  profil  et  tourné 
vers  la  gauche,  pose  une  main  sur  sa  poitrine.  Au  bas  de  la  feuille,  il  y  a 
une  tête  de  jeune  homme,  deux  mains  pour  la  première  Ogure  et  deux 
têtes  de  lions.  Exécuté  à  la  pointe  de  métal,  dans  la  manière  de  Léonard 
de  Vinci.  H.  10"  9'";  1.  8"  9"'.  Collections  Wicar  et  Lawrence.  Catalogue 
d'Oxford,  n«  108. 

539.  Sept  hommes  à  table.  —  Esquisse  d'après  nature,  comme  pour  une 
Cène,  mais  différente  des  compositions  du  même  sujet  que  nous  connais- 
sons de  Raphaël.  A  la  pointe  de  métal,  sur  papier  rougeâtre,et  rehaussée 
de  blanc.  H.  9";  1. 13"  3'".  Collections  Timoteo  Viti,  Antaldi  et  Lawrence. 
Catalogue  d*Oxford,  n<>  95.  Publié  dans  la  Lawfence  Gallery,  u?  4. 


8i0  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

540.  Vn  homme  debout.  -^  Il  écrit  dans  un  livre.  Dessin  à  la  ploine. 
H.  7"  9'";  1.  3"  T".  Collection  Wicar.  Catalogue  d*Oiford,  n*54. 

541 .  Quutre  guerriers  debout.  —  Celui  du  milieu  est  le  Saint  George 
de  Donatello.  Une  des  figures,  à  côté,  est  nue  et  porte  un  bouclier  rood.  A 
droite,  encore  une  tête.  Au  verso,  des  études  pour  un  torse,  un  bras  et  une 
jambe.  Beau  dessin  à  la  plume.  H.  10"  KT";  1. 8"  7'".  Collections  Berwick 
etWoodburn.  Catalogue  d'Oxford,  n**  154. 

542.  Trois  figures  qui  font  de  la  musique.  —  Une  femme  vêtue,  assise 

au  milieu,  pinçant  de  la  harpe.  Deux  jeunes  gens,  debout  à  ses  côtés; 

l'un  joue  du  violon,  l'autre  sonne  de  la  trompette.  Beau  dessin  à  la  plume. 

Au  verso,  l'esquisse  du  Christ  mort,  avec  une  des  figures  qui  le  soutient, 

pour  la  Mise  au  Tombeau  du  palais  Borghèse.  H.  9"  9'";  1.  7"  6'".  Collée* 

tions  Ottley  et  Lawrence.  Catalogue  d'Okford,  n°  i56. 

-  Lei  trois  figures  qui  font  de  la  musique  ont  été  gravées  dans  l'ouvrage  :  Th9 
Ualiau  Sehool  ofduign. 

543.  Groupe  de  trois  figures  nues.  —  Un  homme,  vu  de  dos,  debout 
entre  deux  femmes  qui  élèvent  en  l'air  des  vases  chargés  de  fleurs.  Dessin 
à  la  plume.  H.  11";  1. 8"  3"'.  Collections  du  comte  Baglione,  de  Pérouse, 
et  Lawrence.  Catalogue  d'Oxford,  Vf*  66. 

Un  dessin  semblable  se  trouvait  dans  la  collection  de  M.  Henry  Reveley, 
à  Londres. 

544.  Figure  de  femme  vêtue.  — -  Elle  est  debout  et  s'appuie  sur  le  bras 
gauche.  A  la  plume.  H.  10"  5'";  1.  6"  11'".  Collections  du  duc  d'Alva  et 
Lawrence.  Catalogue  d'Oxford,  vP\A. 

545.  Los  d'homme.  —  Étude  d'après  nature,  à  la  plume.  H.  8"  5'"; 
1.  5"  6'".  Collections  Richardson,  lord  Hampden  et  Lawrence.  Catalogue 
d'Oxford,  n"  30. 

546.  Vn  homme  nu  et  une  tète  de  femme.  —  L'homme ,  vu  de  dos,  est 
tourné  vers  le  côté  droit.  Étude  à  la  plume.  H.  9"  11"';  1.  8"  «"'.  Collec- 
tions du  duc  d'Alva  et  Woodhiim.  Catalogue  d'Oxford,  n*81. 

547.  Demi' figure  d'un  jeune  homme  dans  un  nuage  et  soulevant  les 
bras.  —  Ce  doit  être  une  étude  pour  un  Dieu  le  Père.  Dessin  à  la  pointe 
de  métal,  exécuté  vers  l'année  1506.  H.  9"  6'"  5 1.  7"  6'".  Collections  Wicar 
et  Woodburn.  Catalogue  d'Oxford,  n*  48. 

548.  Femme  assise.  —  fille  est  vue  de  face  et  indique  quelque  chose 
avec  la  main  droite.  Dessin  à  la  plume.  H.  8"  T';  I.  5"  10'".  Collections 
Antaldi  et  Woodburn.  Catalogue  d'Oxford,  n'  99. 

549.  Les  apjnéts  d'un  repas.  ^  Dans  une  chambre  où  est  une  table, 
avec  d'autres  meubles  à  l'antique,  ou  voit  un  homme  tenant  par  la  cuisse 
un  chevreau  qu'un  jeune  homme  nu  porte  à  l'aide  d'un  linge.  Une 
jeune  fille  boit  dans  une  coupe;  à  gauche,  une  femme  met  un  vase  auprès 
du  feu.  Beau  dessin  cintré,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc.  H.  5"; 


EN  ANGLETERRE.  ttli 

L  lu''  i"\  Collections  du  duc  d*Al¥a  et  Lawrence.  Catalogue  d'Oxford, 
n*»  79. 

550.  Sept  enfants  jouant.  —  Au  milieu,  deux  garçons  couchés  à  terre; 
l'un  d'eux  joue  avec  un  chien,  qu'un  troisième  tire  par  la  jambe.  Un 
quatrième  apporte  des  fruits  dans  un  panier,  et  un  autre,  placé  vis-à-vis^ 
les  répand  par  terre.  Au  côté  droit,  une  jeune  femme,  portant  un  enfant 
sur  le  bras,  regarde  ces  jeux  enfantins.  Dans  le  haut  sont  dessinées  deux 
acanthes  de  chapiteaux.  Au  verso,  une  jeune  femme  debout,  tenant  quelque 
chose  dans  son  tablier.  H.  8";  1.  11".  Collections  Ottley  et  Lawrence. 
Catalogue  d'Oxford,  n^  6.  Ottley  a  publié  ces  deux  dessins  à  la  plume  dans 
The  italian  School  of  design. 

551.  Onze  enfants  jouant.  — -  Ce  dessin  paraît  être  un  calque  très-en- 
dommage.  H.  10"  4'";  1.  15"r'.Collections  Anlaldi  elWoodburn.  Cata- 
logue d'Oxford ,  n«  123. 

5o2.  Étude  pour  le  costume  de  Léon  X.  —  Avec  l'indication  du  siège 
pour  le  portrait  qui  est  au  palais  Pitti.  A  la  pierre  noire.  H.  16"  3"'; 
1. 10"  9'".  Collections  Wicar  et  Lawrence.  Catalogue  d'Oxford,  n»  150. 

553.  Étude  de  draperie.  —  A  la  sépia  et  rehaussée  de  blanc.  Elle  est 
très-retouchée.  H.  16";  1. 10"  5'".  Collections  Wicar  et  Woodburn.  Cata- 
logue d'Oxford.  nM  46. 

554.  Deux  études  de  draperie.  —  Pour  une  figure  à  genoux,  et  pour 
une  manche.  A  la  pierre  noire  et  rehaussé  de  blanc.  H.  15"  6"';  1.  40" 
1"'.  Collections  du  duc  d'Alva  et  Woodburn.  Catalogue  d'Oxford,  n^  147. 

555.  Diverses  études.  —  Réunies  sur  la  même  feuille  ;  seule  la  tête  de 
jeune  homme,  tournée  vers  la  gauche  et  regardant  vers  le  haut,  est  de  la 
main  de  Raphaël.  Collections  du  prince  Borghèse,  à  Rome,  et  Woodburn. 
Catalogue  d'Oxford,  n°  52. 

556.  Arabesque  pour  les  Loges  du  Vatican.  —  Au  milieu,  un  cygne.  La 
manière  dont  ce  dessin  est  traité  nous  permet  de  l'attribuer  à  Giovanni  da 
Udine  plutôt  qu'au  maître.  H.  12"  10"';  1.  9"  1'".  Collections  Wicar  et 
Woodburn.  Catalogue  d'Oxford,  n^  13. 

557.  Des  ornements.  —Étude  représentant  un  aigle,  une  chouette  et 
autres  oiseaux,  pour  les  arabesques  des  Loges  du  Vatican.  Dessin  à  la 
plume,  exécuté  de  la  même  manière  que  le  précédent.  H.  1 0"  i  0"'  ;  1. 8"  5'". 
Collections  Antaldi  et  Woodburn.  Catalogue  d'Oxford,  vfi  16. 

558.  Deux  petits  paysages. —  Légèrement  dessinés  à  la  plume,  d'après 
nature.  Ils  sont  du  premier  temps  de  Raphaël.  L'un  représente  une  ville 
située  près  d'une  montagne;  l'autre,  quelques  habitations  agrestes. 

Ils  ont  été  gravés  par  le  comte  de  Caylus  pour  le  CaHnel  Crozaty  n**  47. 

Au  verso  se  trouve  encore  un  troisième  paysage  avec  une  maison  entourée 
d'arbres.  Le  fac-similé  de  ce  paysage  a  été  publié  dans  le  Catalogue  de 
l'exposition  des  frères  Woodburn,  en  1836.   H.  2"  9'";  I.  6"  3'*';  et 


512  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  BAPHAEL 

h.  2"  9'";  1.  8"  3"'.  ColléctioDS  Vasari,  Crozat,  comte  de  Pries  et  Law- 
rence. Catalogue  d'Oxford^  n^  161. 

En  Angleterre^  on  rencontre  assez  souvent  des  copies  de  ces  paysages. 

659.  Paysage  avec  une  ville  entourée  de  murailles  avec  quatre  tours.  — 
Dessin  traité  de  la  même  manière  que  les  précédents^  et  de  la  même 
époque.  H.  6"  6";  1.  9"  3"'.  Collections  Timoteo  Viti,  Crozat  et  Wood- 
burn.  Catalogue  d'Oxford,  n«  71. 

Gravé  par  le  comte  de  Caylns  pour  le  Cabinet  du  Roi. 

560.  Dessin  pour  une  maison  de  campagne.  —  Le  bâtiment  du  milieu, 
avec  une  grande  fenêtre  divisée  eu  trois  compartiments ,  est  assez  étroit 
et  flanqué  de  deux  ailes  à  pignons,  plus  élevées.  Ce  corps  de  logis  a  un 
portique  de  trois  arches  soutenues  par  deux  colonnes.  A  côté,  sont  adossés 
deux  petits  bâtiments.  Au  verso,  plusieurs  autres  dessins  pour  cette  mai- 
son. Esquisse  à  la  plume,  avec  quelques  mots  d'écriture.  H.  14"  6'";  1. 10". 
Collections  comte  de  Pries  et  LaAvrence.  Catalogue  d'Oxford,  n"*  127. 

Dans  cette  collection,  on  conserve  encore  trente-huit  autres  dessins 
attribués  à  Raphaël.  Ce  sont,  en  général,  des  copies. 

a.)  TJ7îe  jeune  femme  portant  de  Veau,  —  De  l'Incendie  du  Bourg.  N*»  107. 

6.)  Le  jeune  homme  suspendu  au  mur.  —  De  la  même  fresque.  N"  33. 

c.)  Une  cariatide.  —  N®  38. 

d.)  La  Sainte  Famille,  —  De  Canigiani.  A  Munich.  N*  80. 

c.)  Le  Sacrifice  d'Abraham,  —  Gravé  par  Augustin  de  Venise.  N®  87. 

f.)  Moise  frappant  le  rocher.  —  N®  88. 

g.)  La  Cène,  —  N°  90. 

h,)  La  Pèche  miraculeuse.  —  N°  100. 

i,)  Une  tète  de  femme,  —  Du  Massacre  des  Innocents.  A  la  pierre  noire 
et  au  pastel.  N<>  130. 

;.)  Le  bras  du  Christ  qui  donne  la  bénédiction,  —  Fragment  d'un  carton 
pour  le  Christ  donnant  les  clefs  à  saint  Pierre.  N«  134. 

Les  trois  dessins  suivants  sont  de  Jules  Romain  : 

k.)  L'Adoration  des  Mages.  —  Pour  la  tapisserie.  N°  24. 

l.)  Même  sujet.  —  Traité  dans  la  manière  de  Raphaël.  N«  126. 

fw.)  Études  pour  des  éléphants,  —  A  la  sanguine.  Ce  sont  des  études 
faites  pour  la  Bataille  que  Corn.  Cort  a  gravée  comme  étant  de  l'invention 
de  Raphaël.  Mais  le  dessin  original  de  cette  composition  que  possède 
M.  Gatteaux,  à  Paris,  est  incontestablement  de  Jules  Romain;  il  est  exé- 
cuté au  bistre,  et  de  la  même  grandeur  que  la  gravure.  N«  23. 

Les  trois  dessins  suivants  sont  de  Giovan  Francesco  Penni,  dit  le 
Fattore  : 

n,)  La  Présentation  au  temple,  — •  Riche  composition.  N<»  144. 
0.)  La  Charité,  —  Dessin  pour  la  salle  de  Constantin.  N®  47.  Publié  dans 
la  Laxorence  Gallery,  N»  30. 


£N  ANGLETERRE.  513 

p.)  Le  cardinal  Giavanni  de  Médicis. — Entre  à  Florence.  Dessin  au  bistre 
pour  la  frise  des  tapisseries  représentant  la  Vie  de  Léon  X.  Collections 
Zanetti^  Denon  et  Lawrence.  N^  70.  Il  y  a  deux  répétitions  de  cette  même 
composition^  à  Vienne  et  à  Paris;  la  dernière  paraît  être  l'original^  mais 
elle  est  de  Penni. 

Autres  dessins  de  l'école  de  Raphaël  : 

g.)  Deux  études  pour  l'enfant  Jésus.  *-  Assis  en  diverses  poses.  N^  15. 

r.)  Étude  pour  une  femme  assise.  —  N®  35. 

s.)  Un  lit  tréS'Orné.  —  Dessin  à  la  plume.  N°  39. 

t.)  La  partie  inférieure  d'une  Résurrection.  —  N*  57. 

«.)  Une  femme  allaitant  son  enfant.  —  Beau  dessin  au  bistre.  N®  63. 

V.)  Étude.  —  Au  bistre;  vêtement  pour  un  Saint  Michel.  N**  64. 

a?.)  Salomon.  —  Adorant  les  idoles.  N*  72. 

y.)  Un  berger.  —  Avec  sa  cornemuse.  N®  82. 

z.)  Deux  évangélistes.  —  Et  un  saint  à  genoux.  Beau  dessin  au  bistre. 
N«83. 

aa.)  Une  tempête.  —  Des  saints  sont  en  prière  dans  une  barque.  N°  92. 

bb.)  Diverses  études.  — De  Ggures  et  d'architecture^  avec  de  l'écriture; 
faussement  attribuées  à  Raphaël.  N*'  94. 

ce.)  L'Adoration  des  bergers.  —  La  sainte  Vierge  soulève  le  voile  qui 
couvre  l'enfant  Jésus  couché  à  terre.  Saint  Joseph,  tenant  le  petit  saint 
Jean.  N«  117.  Ce  beau  dessin  à  la  plume  a  été  publié  par  Ottley  dans  The 
italian  School  of  design. 

dd.)  La  Mise  au  tombeau.  —  Composition  différente  de  celle  du  tableau 
qui  est  au  palais  Borghèse.  Esquisse  à  la  sanguine.  N<^  124. 

ee.)  Études  pour  trois  Muses.  —  Au  verso,  un  autre  dessin  à  la  plume  : 
une  tête  et  un  chat  couché.  N»  136. 

tf.)  Esquisse.  —  Pour  un  arc  de  triomphe,  avec  les  armes  de  Médicis; 
probablement  pour  le  pape  Clément  VII.  N*"  145. 

gg.)  Neuf  têtes  de  monstres.  ^' Pour  des  sculptures  en  bois.  Beau  dessin 
à  la  plume,  provenant  de  la  collection  Antaldi.  Il  a  beaucoup  de  rapport 
avec  les  sculptures  des  stalles  de  Pérouse,  qui  passent,  sans  aucun  fonde- 
ment, pour  avoir  été  faites  d'après  les  dessins  de  Raphaël.  N"*  148. 

hh.)  La  Vierge  tenant  un  livre.  —  Comme  pour  une  Annonciation.  Au 
verso,  un  intérieur  d'architecture.  Beau  dessin  à  la  plume.  N""  158. 

tt.)  L'Ange  apparaissant  à  Joachim.—  Au  verso,  sainte  Anne  et  Joachini. 
N*»159. 

Les  trois  dessins  suivants  sont  de  différents  élèves  du  Pérugin  : 

jj.)  Études.  —  Pour  une  tête  et  une  main;  au  bistre.  Collection  An- 
taldi. N°  17. 

kk.)  Étude.  —  Pour  un  Saint  Joseph  s'appuyant  sur  un  bâton.  Le  pied 
gauche  est  très-mal  dessiné.  N<^  62. 

m 

11.  33 


S14  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

U.)  Jésus  et  la  Samaritaine,  —  Jésus  est  debout,  à  droite;  la  femme,  à 
gauche.  On  voit  plusieurs  tigures  dans  le  paysage.  Beau  dessin  à  la  pierre 
noire,  mais  bien  difTérent  de  la  composition  gravée  dans  l'ouvrage  de 
Landon,  sous  le  n®  236,  quoique  le  Catalogue  d'Oxford  cite  cette  compo- 
sition comme  étant  semblable  au  dessin.  N*"  1J6. 

mm.)  Saint  Jérôme  à  genoux, — C'est  un  dessin  d'un  imitateur  de  Michel- 
Ange.  N«  18. 

DA^'S  LA    COLLECTION    DU    GÉNÉRAL  WILUAM  GUISE  ^    A   CHRIST 

CUURCH    COLLEGE,    A   OXFORD. 

561.  Sept  enfants  jouant.  —  A  gauche^  trois  enfants  en  portent  un  qua- 
trième vers  un  bassin  où  sont  déjà  des  enfants  qui  en  tiennent  un  autre. 
Belle  esquisse  à  la  plume.  H.  6";  1. 8"  6'".  Collection  Richardson. 

Gravé  en  fac-similé  par  A.  Pond,  pour  l'ouvrage  :  Àrthitr  Pond  ané  KnofUm. 
Frinls  from  drawinçi,  Londoa,  1734,  in-fol. 

La  collection  de  Christ  Church  Collège  possède  encore  quatre  télés 
dessinées  à  la  pierre  noire  et  colorées,  fragments  d'un  carton  qui  appar- 
tenait autrefois  à  Richardson  et  qui  a  été  donné  au  collège  par  R.  Mordant 
Crachrode.  Ce  sont  les  suivants  : 

a.J  Une  tête  de  femme,  plus  grande  que  nature, —  Cest  celle  de  la  femme 
qui,  dans  le  Massacre  des  Innocents,  est  assise  au  premier  plan  et  qui 
pleure  son  enfant  mort.  Ce  sont  plusieurs  morceaux  rajustés,  mais  du 
reste  bien  conservés.  On  remarque  assez  généralement  les  contours  et  les 
hachures  au  crayon  noir  sous  les  couleurs.  L'exécution  en  est  soignée,  et 
des  tresses  de  cheveux  blonds^  entourant  le  turban  rouge«  sont  traitées 
avec  beaucoup  d'élégance. 

6.)  Une  seconde  tête  de  femme,  —  Vue  de  trois  quarts,  est  une  étude  pour 
le  carton  de  la  tapisserie  représentant  Saint  Pierre  et  Saint  Jean  guérissant 
le  paralytique,  carton  qui  se  trouve  à  Hampton-Court.  C'est  la  tête  de  la 
mère  qui  tient  par  la  main  son  fils  portant  des  pigeons.  Un  fragment 
d'architecture  ornée  forme  le  fond.  Ce  dessin  est  mieux  conservé  que  le 
précédent,  et  d'une  couleur  claire  et  puissante.  (Yoy.  à  ce  sujet  une  note 
du  conseiller  de  cour  Schorn,  dans  le  Kunstblatt  du  6  septembre  1832.) 

c.  et  d.)  Deux  têtes  d'hommes,  —  Dont  l'une,  vue  de  face,  est  barbue.  Si 
nous  ne  nous  trompons  pas,  ces  deux  têtes  font  partie  du  carton  de  l'Ado- 
ration des  bergers.  Nous  sommes  fortifié  dans  notre  opinion  par  les  dé- 
tails que  nous  fournit  sur  la  vente  du  cabinet  de  Richardson  l'ouvrage  de 
R.  W.  Gunn  :  Curionensia,  or  an  historical  and  tritical  account  of  tke  ta- 
pestriesin  the  palace  ofthe  Vatican,  etc.  (London,  18o2,  deuxième  édition 
iii-8°.)  11  est  dit  dans  cet  ouvrage  :  «  N«  51 .  La  tète  d'un  berger  en  adoration 
pour  la  Naissance  du  Christ.  C'est  celui  de  gauche  dans  l'étable.  5  I.  5  s.  » 


EN  ANGLETERRE.  »15 

Puis  ailleurs  :  «  N^  54.  Rachel  pleurant  ses  enfants.  Groupe  d'une  mère 
désolée  avec  son  enfant  sur  les  genoux.  Vendu  au  D**  Stark.  10 1.  15  s.  » 

J.Richardson  possédait  cinquante  fragments  de  ce  genre^  qui  sont  actuel- 
lement dispersés,  mais  dont  faisaient  partie,  selon  toute  apparence,  ceux 
que  nous  avons  vus  en  France,  en  Angleterre  et  à  La  Haye.  Ces  fragments 
ne  reproduisent  pas  seulement  des  parties  de  la  seconde  suite  des  cartons 
pour  les  tapisseries,  mais  encore  ils  correspondent  à  la  première  suite, 
dont  les  originaux  sont  encore  conservés  en  entier  en  Angleteri*e.  11  est 
donc  très-probable  que  dans  les  Pays-Bas  on  avait  fait  des  copies  d'après 
des  cartons  originaux  pour  l'exécution  des  tapisseries.  Or,  il  existait  des 
fabriques  de  tapisseries  de  haute  lice  ailleurs  que  dans  les  Pays-Bas, 
depuis  des  époques  reculées,  et  plusieurs  de  ces  fabriques,  dans  la  moitié 
du  seizième  siècle,  exécutèrent  en  France,  en  Italie  et  en  Angleterre,  des 
compositions  de  Raphaël. 

DANS   LA   COLLECTION    DE   FEU   M.    JOHNSON,    A   OXFORD. 

562.  Le  Massacre  des  Innocents,  —  Esquisse  de  flgures  nues,  pour  la 
composition  gravée  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  n<*20.  Ce  sont  neuf  ligures, 
sans  compter  les  enfants,  quatre  hommes  et  cinq  femmes.  L'enfant  mort, 
couché  à  terre  au  premier  plan,  a  été  efTacé  par  le  maître  lui-même,  qui, 
en  revanche,  a  dessiné  a  part  la  tète,  sur  le  haut  de  la  feuille.  Beau  dessin, 
rempli  de  vie,exécuté  largement  à  la  plume.  H.  9"  6'";  1. 14"  9'".  Collec- 
tions Wicar,  Lawrence  et  Woodburn. 

Fac-simile  dans  la  Lawrence  Gallery,  n<*  12. 
DANS   LA   COLLECTION   DU   DUC  DE   DEVONSHIRE,    A  CHATSWORTH. 

Le  duc  de  Devonshire  a  fait  photographier  les  dessins  de  Raphaël  qu'il 
possède  dans  sa  collection.  Ce  recueil,  exécuté  par  Thurston  Thompson, 
est  la  propriété  du  duc  et  ne  se  trouve  pas  dans  le  commerce. 

56.'^,  La  figure  de  saint  Faut,  —  Pour  le  sujet  de  Saint  Paul  et  Saint 
Barnabe,  à  Lystra.  Dessin  à  la  pointe  de  métal  et  rehaussé  de  blanc. 
Collection  de  P.  Lely. 

561.  Vierge  légèrement  agenouillée.  —Avec  deux  enfants.  Analogue  au 
tabfeau  de  la  Vierge  dite  la  Perle.  11  y  a,  en  outre,  les  esquisses  de  trois 
enfants^  dont  l'un  est  dans  l'attitude  de  l'enfant  Jésus  dans  le  tableau  de 
la  Madone  délia  Tenda.  Très-belle  esquisse  à  la  plume.  Collection 
P.  Lely. 

565.  La  Vierge^  —  Demi-figure,  avec  l'Enfant  lisant  dans  un  livre. 
Rapide  esquisse  à  la  plume.  Collection  P.  Lely. 

566.  Femme  assise.  —  Vue  de  profil  et  tournée  à  droite.  Elle  lit  dans 


516  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

un  livre  et  enlace  avec  un  bras  un  enfant  debout  à  côté  d'elle;  ce  dernier 
regarde  le  spectateur.  Dessin  à  la  pointe  de  métal^  rehaussé  de  blanc. 

Gravé  par  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIY,  n*  48.  —  Landon,  n*  3^. 

567.  Tête  d'enfant  —  Vue  de  profil.  Étude  d'après  nature,  aux  deux 
tiers  de  la  grandeur  naturelle.  Très-beau  dessin  à  la  pierre  noire.  Collec- 
tion P.  Lely. 

568.  Sainte  Catherine  d'Alexandrie,  —■  Première  esquisse  pour  le  tableau 
de  la  National  Gallery,  à  Londres,  gravé  par  le  baron  Desnoyers.  Cette 
rapide  esquisse  à  la  plume  nous  montre  presque  la  figure  entière^  mais  la 
partie  inférieure  n'est  point  terminée.  Au  milieu  de  la  même  feuille  est 
une  figure  de  femme  se  penchant  en  avant  pour  vider  un  vase.  Sous  cette 
figure,  un  enfant  portant  deux  vases  et  marchant.  Enfin,  dans  le  haut^  à 
droite,  la  partie  supérieure  d'une  autre  figure  de  femme.  Légères  esquisses 
à  la  plume.  Feuille  in-folio  coupée  en  octogone.  Collection  P.  Leiy.- 

569.  UEnîévement  d'Hélène,--  Accompagnée  de  Paris  et  de  plusieurs 
guerriers  ;  elle  est  emmenée  tout  en  pleurs  vers  le  vaisseau.  Deux  servi- 
teurs apportent  divers  objets  qu'un  troisième  reçoit  à  bord.  Les  matelots 
se  préparent  à  partir;  un  d'eux  relève  Tancre  et  un  autre  détache  des 
cordages.  Riche  composition  d'environ  vingt  figures,  rapidement  dessinée 
à  la  plume.  Ce  dessin  est  estampillé  d'un  B.  In-folio  en  largeur. 

Une  composition  toute  semblable  se  trouvait  dans  la  collection  de 
l'Académie  de  Dusseldorf.  H.  10'*  9'";  1.  14"  6'".  Elle  a  élé  publiée  dans 
l'ouvrage  du  directeur  Krahe ,  intitulé  :  Nouvelle  collection  d'estumpes, 
contenant  cinquante  pièces  eaux- fortes  d'après  les  dessins  originaux  tirés 
de  la  collection  de  l'Académie  électorale  palatine  des  Beaux-Arts,  à  Dus- 
seldorf, 

Gravé  par  Th.  Bislinger  et  G.  Huck.  Dusseldorf,  1781,  ia-fol. 

Ce  dessin  ne  figure  plus,  on  ne  sait  pourquoi,  parmi  ceux  que  possède 
l'Académie.  Nous  rencontrons  encore  cette  même  composition  dans  le 
catalogue  des  dessins  provenant  de  la  succession  de  James  Hazard 
(Bruxelles,  1789).  H.  9"  9'";  1. 15"  3'".  Cet  amateur  Ta  aussi  gravé  lui- 
même.  Enfin  nous  avons  vu  encore  une  fois  un  dessin  analogue  chez  un 
marchand,  en  Angleterre. 

570.  Un  empereur  romain.  —  Dessin  à  la  plume^  d'après  une  statue 
antique.  Il  est  tout  à  fait  traité  dans  la  spirituelle  manière  de  Raphaël. 

571.  Allocution  de  l'empereur  Constantin  à  ses  soldats,  —  Esquisse 
pour  la  fresque  du  Vatican.  J.  Richardson  rapporte,  dans  son  Traité  de  la 
Peinture,  etc.,  imprimé  à  Amsterdam,  1728,  t.  III,  p.  416,  que  ce  dessin 
fut  vendu  pour  100  livres  sterling,  lors  de  la  vente  du  cabinet  Peter  Lely, 
à  M.  Bergstein  de  La  Haye;  qu'il  fut  plus  tard  possédé  par  M.  Flinck,  à 
Rotterdam,  et  qu'il  passa  ensuite  dans  la  collection  du  duc  de  Deyonshire. 


EN  ANGLETERRE.  517 

Au  dire  de  cet  écrivain,  le  dessin  était  alors  bien  conservé  ;  esquissé  à  la 
plume  sur  papier  blanc,  lavé  et  rehaussé  de  blanc.  Les  deux  jeunes  gens 
qui,  aux  pieds  de  l'empereur,  tiennent  ses  armes,  le  nain  qui  est  en  face 
et  toute  la  partie  de  la  composition  qui  occupe  les  nuages  dans  la  peinture 
ne  se  trouvent  point  dans  le  dessin.  Les  soldats,  qui  dans  la  fresque  sont 
relégués  au  dernier  plan,  se  voient  au  premier  plan  dans  le  dessin  et  à  la 
place  même  du  nain. 

Henry  Rcveley,  dans  ses  Notices  oftke  drawings  and  sketches  ofsome 
of  the  most  distinguished  masters  in  ail  the  principal  schools  of  design 
(London,  1820),  cite  ce  dessin  comme  étant  toujours,  à  cette  époque,  dans 
la  même  collection  ;  mais  il  dit  que,  le  blanc  de  lumière  étant  tombé, 
son  aspect  général  avait  beaucoup  perdu.  Ce  dessin  ne  se  trouve  plus 
aujourd'hui  a  Ghatsworth,  et  nous  ne  l'avons  pas  retrouvé  parmi  ceux 
que  le  duc  eut  la  bonté  de  nous  faire  voir  à  Londres. 

CHEZ   LE   COMTE   DE  LEICESTER,    A   HOLKHAM,    NORFOLK. 

572.  Vn  cahier  avec  des  dessins  raphaèlesques.  —  Cet  intéressant  cahier» 
de  format  petit  in-folio,  était  autrefois  en  la  possession  de  Carie  Maratte, 
à  Rome,  ce  qui  est  consigné  sur  une  feuille  servant  de  couverture.  H  con- 
tient trente-cinq  feuilles  chargées  de  dessins,  parmi  lesquelles  il  y  en  a 
dix-huit  avec  des  études  d'architecture,  et  trois  représentant  divers  sujets 
qui  sont  tout  à  fait  traités  dans  la  manière  de  Raphaël.  Les  quatorze 
autres  feuilles  offrent  des  dessins  de  Jules  Romain  et  d'autres  d'artistes 
moins  habiles.  Nous  donnons  ici  une  indication  détaillée  de  tous  ces  des- 
sins dans  Tordre  qu'ils  occupent.  Ceux  que  nous  avons  marqués  d'une  * 
sont  les  plus  beaux. 

*  a.)  Une  feuille  avec  douze  soubassements  à  colonnes  et  onze  chapi- 
teaux^ ioniques  en  majeure  partie,  et  d'autres  richement  ornés  de  feuil- 
lages, mais  qui  n'appartiennent  à  aucun  ordre  précis.  Le  mot  anticho  se 
trouve  écrit  auprès  de  la  plupart  de  ces  chapiteaux.  De  tous  ces  sujets 
rangés  sur  quatre  lignes»  la  moitié  seulement  est  dessinée  à  la  plume. 
Feu  W.  Roscoe  a  fait  graver  un  fac-similé  de  cette  feuille,  afîn  de  l'ajouter 
au  catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  d'Holkham. 

*  6.)  Cinq  chapiteaux  de  colonnes,  richement  ornés  de  feuilles,  trois 
bases,  et  une  quatrième  richement  ornée.  Une  partie  de  ces  dessins  est 
terminée  à  la  plume.  Puis,  quelques  autres  ornements  architectoniques, 
quatre  amphores  et  un  plat  antiques.  Près  de  chaque  objet,  on  a  indiqué 
que  l'original  se  trouvait  à  Padoue.  Raphaël  n'a  pas  pu  les  dessiner  dans 
cette  ville,  où  il  n'est  jamais  allé.  On  peut  donc  admettre  que  ce  sont 
des  imitations  faites  d'après  les  dessins  d'un  autre  artiste  ;  cette  suppo- 
sition est  justifiée  en  quelque  sorte  par  la  place  assignée  à  chaque  objet. 


518  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

L'écriture,  quoique  ressemblant  beaucoup  à  celle  du  roatlre,  n'est  pour- 
tant pas  absolument  identique,  ce  qui  provient  peut-être  de  ce  que  Raphaël 
a  changé  sa  manière  d'écrire  dans  les  années  postérieures.  Quant  au 
dessin,  il  est  tout  à  fait  semblable  au  sien.  ^ 

*  c,)  Treize  corniches  antiques  richement  ornementées,  vues  de  profil 
et  dessinées  en  perspective.  Le  mot  antkho  est  écrit  auprès  de  plusieurs. 
Dessins  à  la  plume. 

*  d.)  Compartiments  ornementés  d'un  soffite,  formés  de  grands  octo- 
gones et  de  carrés  plus  petits,  au  côté  gauche  de  la  feuille.  Au  côté  droit, 
trois  vases  posés  sur  des  socles,  comme  pour  jets  d'eau.  Dans  le  bas  encore, 
quelques  ornements  arcliitectoniques.  Dessins  d'aboix!  traités  à  la  pierre 
noire,  puis  terminés  à  la  plume.  Les  dessins  de  cette  feuille  ne  sont  pas 
exécutés  avec  le  même  soin  que  ceux  des  trois  feuilles  précédentes;  mais 
c'est  pourtant  une  œuvre  du  même  artiste.  L'écriture  est  presque  totale- 
ment efTacée. 

*  e.)  Vingt  bases  de  colonnes,  dos  chapiteaux,  des  consoles  richement 
ornementées  et,  pour  la  plupart,  exécutées  à  moitié.  Ensuite,  un  riche  can- 
délabre. Souvent,  auprès  de  chaque  objet,  le  mot  anticho.  Dessin  à  la 
plume. 

*  f,)  DitTcrents  ornements  antiques;  deux  bases  de  colonnes,  un  cha- 
piteau et  la  moitié  d'un  autel,  ^vec  un  bas-relief  où  l'on  voit  indiqués  une 
femme  et  un  guerrier.  Puis  un  fronton  avec  un  quadrige,  une  aigle 
romaine,  une  figure  agenouillée,  un  vase  avec  une  patène,  et,  dans  le  bas, 
encore  une  frise  avec  des  génies,  des  grilTons  et  des  vases.  Ce  dessin  n*esl 
pas  traité  avec  le  même  soin  que  le  précédent.  L'écriture  est  presque 
effacée. 

*  g.)  Quatre  soubassements  de  colonnes,  richement  ornementé^;  de 
même,  trois  chapiteaux  et  deux  consoles,  ainsi  que  quelques  socles  pour 
des  vases.  A  gauche,  une  colonne  cannelée.  Dessin  très-soigné,  à  la  plume. 
L'écriture  est  presque  effacée. 

*  h.)  Quatre  corniches  antiques,  richement  ornées;  en  perspective; 
dessinées  avec  soin  à  la  plume.  Sans  inscription. 

*  t.)  Sept  corniches  antiques,  richement  ornementées;  en  perspectivç; 
soigneusement  dessinées  avec  une  grosse  plume.  Une  seule  fois,  le  root 
anticho, 

"  k.)  Treize  corniches  richement  ornementées,  imitées  de  l'antique. 
On  y  lit  plusieurs  fois  le  mot  moderno.  Dessin  très-soigné,  à  la  plume. 

*  L)  Dix  corniches  différentes  et  richement  ornementées,  d'api-ès  des 
édifices  antiques  et  modernes,  ce  qui  est  toujours  indiqué.  Puis  une  base 
de  colonne.  Dessin  très-soigné,  à  la  plume. 

*  m.)  Une  corniche  antique,  richement  ornementée,  et  l'esquisse  d'un 
ornement  de  feuillage.  Légèrement  dessiné  à  la  plume.  Les  écritures. 


EN  ANGLETERnE.  KIO 

presque  effacées^  commencent  souvent  avec  les  mots  :  sapiquesto.  Cette 
feuille  a  beaucoup  souffert,  et^  dans  le  bas^  il  en  manque  un  grand 
morceau. 

*  n.)  Base  d'un  édifice,  un  caisson  de  rosettes  et  quelques  ornements 
de  feuillages  dans  des  frises.  Rapidement  esquissés  à  la  pierre  noire  et 
terminés  à  la  plume.  Cette  feuille  aussi  a  souffert,  et  récriture  est  presque 
effacée. 

*  0.)  Plusieurs  corniclies  richement  ornementées,  et  autres  détails 
architectoniques,  ainsi  qu'une  base  de  colonne.  Légèrement  esquissés  à 
la  plume.  Feuille  endommagée.  L'écriture  est  effacée. 

*  p,)  Base  de  colonne  et  chapiteau  d'ordre  composite ,  puis  quelques 
détails  de  quatre  corniches.  Esfiuissés  à  la  pierre  noire  et  terminés  à  la 
plume.  1/écriture  est  presque  effacée. 

g.)  Profil  d'une  corniche  corinthienne,  avec  l'indication  de  la  mesure, 
qui  est  indiquée  par  un  fil  à  plomb  qui  pend  du  rebord  supérieur.  On  lit 
auprès  :  Questa  cornirhie  enter  la  dello  archio  di  chamiglano  canata  di 
marmo.  Légèrement  dessiné  à  la  plume.  A  gauche,  sur  la  feuille,  il  y  a 
encore  le  dessin  des  deux  jambes  d'un  enfant,  à  la  pierre  noire,  et,  plus 
bas,  une  tête  de  femme;  mais  ces  dessins  ne  se  rapportent  pas  à  la 
manière  de  RaphaëL 

*  r.]  Six  corniches  antiques,  avec  l'indication  de  la  mesure.  Esquisse  à 
la  plume. 

s.)  Quatre  corniches  aux  profils  de  mauvais  goût.  Faible  dessin  à  la 
sanguine. 

*  t.)  Trois  corniches  antiques,  puissamment  dessinées  avec  une  plume 
un  peu  large.  On  y  lit  deux  fois  :  anticho.  Exécutées  de  la  même  main 
que  les  quinze  feuilles  désignées  ci-dessus  par  une  étoile. 

*  u.)  Cortège  de  Bacchus,  sur  grande  feuille  in-folio  en  largeur,  d'après 
un  relief  antique  ;  dessiné  en  deux  parties  superposées.  En  tête  du  cor- 
tège est  une  femme  couchée  sur  un  char,  semblable  à  une  Ariane. 
L'Amour  est  agenouillé  derrière  elle.  Un  homme  conduit  les  tigres  attelés 
au  char.  Silène  s'appuie  sur  un  satyre.  Un  faune  accompagne  et  protège 
Ariane,  tandis  que  deux  bacchantes,  avec  des  tambourins  et  des  trom- 
pettes, mêlent  leurs  danses  à  celle  d'un  satyre.  A  la  fin  du  cortège» 
Bacchus  assis  sur  un  bige  traîné  par  deux  centaures,  dont  l'un  joue 
de  la  lyre.  Sur  le  revers,  il  y  a  une  esquisse  d'après  un  pied  de  candé- 
labre à  trois  faces,  orné  de  têtes  de  béliers  dans  le  haut,  et  de  sirènes 
dan9  le  bas.  Le  relief,  sur  la  surface,  montre  une  espèce  de  campagnard 
qui  porte  un  cochon  de  lait  dans  sa  main  droite,  et,  sur  son  épaule  gauche, 
un  lièvre  attaché  à  un  bâton  avec  deux  coqs.  Ces  deux  légères  esquisses 
à  la  plume  sont  tout  à  l'ait  traitées  dans  la  manière  de  Raphaël. 

V.)  Deux  bases  de  colonnes  richement  ornementées.  Dessin  très-beau 


S20  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

et  très-soignéy  à  la  sanguiue,  d'après  des  modèles  antiques.  Au  verso  se 
trouve  la  cuirasse  d'un  chef  romain,  esquissée  à  la  plume,  dans  la  ina- 
nière  de  Raphaël.  Sur  la  même  feuille,  on  a  collé  unef  autre  esquisse  au 
trait,  diaprés  une  armure  antique. 

X,)  Petit  édifice  antique  ayant  la  forme  d'un  carré  long,  avec  une  porte 
et  des  fenêtres.  Très-péniblement  dessiné  à  la  plume,  si  bien  que  chaque 
brique  y  est  indiquée.  Petit  in-folio. 

y,)  Porte  de  ville,  avec  deux  tours  d'une  architecture  singulière. 

z.)  Quatre  aigles  en  différentes  positions  ;  un  panier  avec  des  fruits, 
et  quelques  ornements.  Sur  le  revers,  encore  quelques  ornements  de  feuil- 
lages. Bon  dessin  à  la  plume.  Grande  feuille  in-folio. 

aa.)  Vue  du  temple  de  la  Sibylle  à  Tivoli,  avec  les  substructions.  Sur 
le  verso,  une  vue  de  Tivoli  avec  la  chute  d'eau  de  l'Anio  tombant  dans  la 
grotte  de  Neptune.  Dessin  à  la  plume,  dans  la  manière  de  RaphaëL 

*  bb,)  Les  groupes  de  droite  et  de  gauche,  de  la  composition  du  Ser- 
pent d'airain  de  Michel-Ange  dans  la  chapelle  Sixtine.  Très-beau  et  très- 
vigoureux  dessin  à  la  plume,  qui  est  certainement  de  la  main  de  Raphaël, 
car  on  y  remarque  son  goût  dominant  pour  la  beauté  des  formes,  dans  le 
dessin  du  nu,  et  sa  touche  légère  et  spirituelle.  Ge  précieux  dessin  a  un 
peu  soufTert.  Petit  in-folio  en  largeur. 

W.  Roscoe  en  a  fait  graver  un  fac-similé. 

ce)  Deux  Amours  assis  sur  des  monstres  marins.  Légère  esquisse  à  la 
plume.  Petit  in-folio. 

dd,)  Huit  monstres  marins  et  deux  figures  d*hommes  à  queues  de 
poisson,  dans  la  manière  fantastique  de  Jules  Romain.  Esquisse  à  la 
plume.  Grand  in-folio.  Sur  le  revers,  il  y  a  \roïs  dessins  collés  sur  la 
feuille,  représentant  des  aigles  et  un  tombeau,  qui  accusent  une  autre  main 
assez  faible.  "^ 

ee.)  Douze  monstres  marins.  Sur  le  dos  de  ces  monstres  sont  assis  de 
petits  génies.  Au  verso,  il  y  a  encore  deux  monstres  marins,  chassés  par 
un  homme  moitié  poisson.  Belles  esquisses  à  la  plume,  dans  la  manière 
de  Jules  Romain. 

ff,)  Monstres  marins  et  génies.  Faible  imitation  du  dessin  précédent. 
Petite  feuille. 

*  gg.)  Cintre,  avec  deux  esquisses  de  grotesques,  dont  chacune  occupe 
une  moitié  de  la  feuille.  A  gauche,  on  voit  la  partie  supérieure  d*un  en- 
fant qui  est  terminé  en  oiseau  ;  cette  singulière  créature  tient  une  guir- 
lande de  fleurs  sur  laquelle  se  balance  un  perroquet.  L'autre  esquisse  offre 
un  sphinx  femelle  et  deux  enfants  sur  un  encadrement  de  feuillages. 

hh.)  Onze  casques  fantastiques,  dans  le  goût  du  seizième  siècle.  A  la 
pierre  noire  et  à  la  plume.  Petit  in-folio. . 
tï.)  Trois  casques,  dans  un  meilleur  goût  du  seizième  siècle  ;  esquisses 


EN  ANGLETERRE.  531 

à  la  plume,  un  peu  lavées.  Une  feuille  à  part,  collée  sur  celle-ci,  contient 
une  tête  de  femme,  dessinée  à  la  plume,  dans  la  manière  du  Parmesan. 

kk.)  Figure  de  femme  assise,  d'après  une  statue  antique,  dont  la  tête 
manque;  elle  a  la  jambe  gauche  croisée  sur  la  droite,  avec  une  draperie 
sur  les  genoux.  Dans  le  haut,  on  lit  :  In  Borna,  à  droite  :  Anticho,  et  à 
gauche  :  Questa  femina  ista  inchiusa  in  queste  chamere  dirimpetto  Messer 
Lello  délia  Valle.  En  outre,  la  feuille  contient  dans  le  haut,  à  droite.  Tes- 
quisse  d'un  pied  de  candélabre  à  trois  faces,  au  bas  duquel  on  lit  :  Desi- 
dero  modemo.  Ces  mêmes  mots  se  trouvent  près  d'une  aile  déployée,  d'assez 
mauvaise  forme.  Dans  le  bas,  on  lit  la  note  qui  suit  :  «  Ancbora  si  trova 
due  figure  grandissime  di  marmo,  che  quanto  più  le  guardi,  più  ti  pajon 
vive.  E  Vè  una  che  è  14  braccia.  Sono  ad  jaciere.  Sono  intere,  secbondo 
la  testa  sono  cbosi,  l'altra  è  un  pocbo  minore,  ma  pichola  chosa.  Trovasi 
molti  palazi  grandissimi  istoriati,  dinanzi  e  dirieto  e  dal  lato.  p.  tutto  di 
buone  chose,  e  in  chasa  Messer  Lello  della  Yalle  due  Fauni  8  braccia 
l'une,  interi  e  saldi,  fantacciatissimi»  hanno  un  ciestone  di  frutta  per  uno 
in  chapo.  Anchora  si  trova  moltissime  chose  grandissime  e  degnie,  chessele 
chontasse  un  santo  quasi  nogli  sarebbe  chreduto,  tante  son  chose  mirabile 
e  trovasene  tante,  e  poi  anche  e  poi  piii,  in  modo  ch'io  chello  vedute, 
et  toche,  e  misurate  di  mia  mano  mi  pajono  chose  da  nollo  dire,  tante 
son  chose  grandissime.  Non  si  potrebe  chontarle  se  V  uno  no'l  l' andassi  a 
vedere,  e  a  ognora  m'era  detto  ch'io  non  aveva  veduto  nuUa  apetto  a 
quelle  poterô  vedere,  s'io  vi  stava.  Anche  pensa  quel  che  vi  è.  » 

Ni  le  dessin  ni  l'écriture  n'ont  rien  qui  permette  de  les  attribuer  à 
Raphaël,  ce  qui  se  trouve  confirmé  d'ailleurs  par  la  note  transcrite  ci- 
dessus,  dont  l'auteur  rapporte  qu'on  lui  a  dit  que,  s'il  voulait  séjourner 
plus  longtemps  à  Rome,  il  pourrait  encore  voir  beaucoup  d'autres  sculp- 
tures antiques.  W.  Roscoe  a  fait  graver  le  fac-similé  de  cette  feuille. 

Au  verso,  est  une  esquisse  de  la  même  main,  d'après  un  relief  antique, 
représentant  un  cavalier  cuirassé  et  des  piétons,  un  guerrier  romain  à 
gauche,  et  la  figure  d'une  Victoire  derrière  eux.  Dans  le  haut,  on  lit  :  Fun- 
datores  quietis,  et  à  gauche  :  Questa  istoria  si  e  allorche  ditrast  sono  sotto 
uno  archo  sono  dirimpetto  ail  uno  ail  altro.  —  Anticho.  Sur  la  feuille,  à 
gauche,,  se  trouvent  encore  deux  rapides  esquisses,  d'après  la  statue  de 
bronze  du  Tireur  d'épine,  qui  est  au  Capitole,  avec  ces  mots  :  Questo  e 
longnudo  dello  grecho,  che  ista  in  Chan'^doglio,  et  près  de  la  figure,  vue  de 
dos  :  Chosi  questo.  Ensuite,  à  droite,  est  dessiné  à  la  plume  et  lavé  à 
l'encre  de  Chine  un  torse  de  femme  d'après  une  statue  antique,  avec  ces 

mots  :  Questa  femina  sta  in  chasa L'écriture  est  coupée  au  bord.  Enfin, 

notre  artiste  touriste  dessina  encore,  à  la  plume,  sur  la  même  feuille,  une 
amazone  assise  sur  un  cheval  abattu  à  terre,  également  d'après  Tantique, 
avec  ces  mots  :  Questa  chanolle  sta  in  casa  de  Santa  Chrocie, 


»22  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 

//.)  Plan  et  élévation  pour  la  restauration  de  l'Arc  de  triomphe  de  Titus 
à  Rome.  L'élévation  est  dessinée  en  perspective,  selon  l'usée  du  trm[»s, 
et  lavée  à  la  sépia.  l^s  fîgures  de  ce  dessin  sont  mal  dessinées,  ce  qui 
laisse  supposer  que  c'est  Touvrage  d'un  architecte.  Dans  la  plaque  du 
haut  est  reproduite  au  crayon  l'inscription  : 

SENATUS 

POPULUSQUE  ROMANUS 

DIVO.  TITO.  DIVI.  VESPASIANI  F. 

YESPASIANO  AUGUSTO. 

573.  Joseph  reconnu  par  ses  frères.  —  Ce  sujet,  dont  la  figure  principale 
rappelle,  il  est  vrai,  celle  du  Christ,  est  considéré  par  erreur  comme 
représentant  le  Sauveur  avec  les  apôtres.  Ce  dessin,  de  la  touche  la  plus 
spirituelle,  est  contemporain  de  l'exécution  des  peintures  hihiiques  dans 
les  Loges  du  Vatican.  11  a  été  détaché  du  Livre  de  croquis  et  se  trouve 
dans  le  boudoir  de  lady  Leicester.  Voyez  \fH^geu,Kunstwerhe  und  Kûnstler 
in  Emjland,  t.  II,  p.  514. 

DANS    LA    SUCCESSION    DE   M.    WILUAM   UOSCOE,    A   HVEnPOOL. 

r>74.  Fragment  d'une  Sainte  Famille,—  Le  petit  Saint  Jean  debout  contre 
les  genoux  de  la  Vierge.  Très-spirituelle  esquisse  à  la  plume.  L'honorai)le 
auteur  de  la  Vie  de  Laurent  et  de  Jean  de  Médicis  a  fait  graver  ce  de&sîu 
pour  orner  l'édition  de  son  Histoire  du  règne  de  Léon  X. 

DESSINS   PROVENANT  DE  LA  SUCCESSION  DE  SIR  TIÎOMAS    LAWRENCE , 
QUI    SE   TROUVENT  ENCORE   EN    ANGUÎTEURE. 

I^  plus  riche  collection  de  dessins  qui,  depuis  celle  de  l'illustre  ama- 
teur rran<;ais  Crozat,  eût  été  réunie  avec  autant  de  connaissance  que  d'a- 
mour de  Tart,  c'était  sans  contredit  la  collection  du  président  de  l'Académie 
de  Londres,  Sir  Thomas  Lawrence.  Les  dessins  de  Raphaël  qui  s'y  trou- 
vaient en  formaient  la  partie  la  plus  précieuse.  Ils  provenaient  surtout  du 
cabinet  de  feu  W.  Young  Ottley,  qui  les  avait  acquis  la  plupart  du  peintre 
Antonio  Fedi  à  Florence.  Ce  n'était  toutefois  que  la  moitié  de  ceui  que 
Fedi  avait,  en  concurrence  avec  un  commissaire  de  la  République  fran- 
çaise, le  peintre  Wicar  de  Lille,  trouvés  dans  les  palais  d'Italie  ;  l'autre 
moitié  de  cette  collection  fut  acheU^  depuis  par  Wicar  lui-même  en  i824, 
comme  nous  l'avons  raconté  plus  haut.  La  première  collection  de  dessins 
que  posséda  Wicar  avait  été  acquise  par  les  frères  Woodburn  de  Londres, 
en  1823,  pour  4i,000  scudi  romains;  elle  passa  en  majeure  partie  dans 
la  possession  de  Lawrence.  11  en  fut  de  même  des  dessins  que  les  mêmes 
marchands  achetèrent  la  même  année  du  marcbese  Antaldo  Antaldi  d'Ur- 


EN  ANGLETERRE.  ^-^ 

bin,  demeurant  aujoùrdMiui  à  Pesaro.  Purmi  ces  de?sins,  il  s'en  trouva 
quarante-cinq  de  Raphaël,  qui  restaient  d'une  collection  plus  nombreuse, 
provenant  de  Timoteo-Viti,  et  dont  une  partie  avait  été  vendue,  en  1714, 
au  célèbre  amateur  Crozat.  Beaucoup  de  ces  derniers  dessins  entrèrent 
également  dans  la  collection  Lawrence.  D'autres  sortaient  des  cabinets 
Paignon-Dijonval,  Vivant-Denon,  Roger  de  Lagoy,  Revil,  Brunet  et  autres, 
(le  Paris,  ou  des  collections  de  Fries,  à  Vienne,  et  Verstegh,  à  Amsterdam. 
Plusieurs  se  trouvaient  déjà  depuis  longtemps  en  Angleterre ,  et  trois 
avaient  été  donnés  à  Tillustre  peintre  par  le  duc  de  Devonshire. 

En  4831,  nous  avons  essayé  de  faire,  dans  notre  édition  allemande, 
un  -catalogue  complet  des  dessins  de  Raphaël  que  possédait  Thomas  Law- 
rence. Un  catalogue  de  cent  d'entre  eux  parut  depuis,  à  l'occasion  de  leur 
exposition  dans  la  galerie  des  frères  Woodburn,  à  Londres,  on  juin  1836. 
Ces  derniers  avaient  acheté  pour  20,000  livres  sterling  toute  la  collection 
des  dessins  de  Lawrence,  et  ils  avaient  en  vain  proposé  au  Musée  Britan- 
nique de  les  acquérir. 

En  4838,  ils  en  vendirent  seulement  une  partie  au  feu  roi  de  Hollande, 
qui  était  encore  à  cette  époque  prince  d'Orange.  Parmi  les  dessins  vendus, 
il  se  trouvait  beaucoup  d'originaux,  qui,  depuis  la  vente  de  1850,  a  La 
Haye,  ont  été  dispersés,  ainsi  que  nous  l'indiquerons  plus  précisément  en 
parlant  du  catalogue  de  cette  vente.  Toutefois,  la  plus  grande  partie  des 
dessins  de  Raphaël,  qui  appartenaient  à  l'ancienne  collection  Lawrence, 
passa  dans  la  collection  d'Oxford ,  comme  nous  l'avons  rapporté.  Néan- 
moins, avant  cette  cession,  quelques  dessins  furent  vendus  isolément  a 
différenU  amateurs,  en  Angleterre ,  et  la  plupart  ne  nous  sont  pomt 
connus.  Au  nombre  des  dessins  vendus  de  la  sorte,  nous  indiquerons 
seulement  les  neuf  qui  suivent.  Quant  à  tous  les  autres,  qui  ont  été  indi- 
qués en  leur  lieu  et  place,  nous  n'avons  plus  besoin  de  les  citer. 

575.  Abraham  et  Isaac.  —  Esquisse  de  ces  deux  ligures  pour  le  plafond 
de  la  salle  d'Héliodore,  au  Vatican,  représentant  le  Sacrifice  d'Abraham. 
Dessin  à  la  plume.  In-folio. 

576.  Joseph  reconnu  par  ses  frères.  —  Esquisse  pour  un  des  sujets  en 
forme  de  frise,  qui  sont  au-dessous  des  fenêtres  des  Loges,  au  Vatican. 
Dessin  à  la  plume,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc.  Petit  in-foho  en 

larseur.  " 

Une  copie  de  ce  dessin  se  trouve  dans  la  collection  de  Chatsworth. 

Gravé  par  un  élève  de  Marc-Antoine,  1540.  Barlsch,  t.  XY,  p.  U,  n"  6. 

577.  Le  Christ.  —  Figure  assise,  tenant  une  couronne  dans  la  main. 
Esquisse  pour  le  tableau  du  Couronnement  de  la  Vierge,  exécuté  en  1503. 
Actuellement  dans  la  galerie  du  Vatican. 

578.  Deux  études  de  draperie.--  Pour  la  Dispute  du  Saint-Sacrement; 


524        CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

Tune  pour  le  Saint  Grégoire,  et  Tautre  pour  la  figure  agenouillée  derrière 
ce  saint.  A  la  pierre  noire  et  rehaussé  de  blanc. 

579.  Étude.  —  Pour  l'École  d'Athènes.  L'homme  portant  des  livres, 
dans  la  partie  gauche  de  la  composition.  Belle  étude  d'après  nature. 

580.  Vn  homme  agenouiUé.  —  Les  mains  jointes  et  le  regard  tourné 
▼ers  le  bas.  Demi-ûgure  ;  de  la  jeunesse  de  Raphaël.  Collection  Antaldo 
Antaldi. 

581 .  Étude  anatomique,  —  Deux  pieds  et  une  tète.  Dessin  à  la  plume. 
Collection  Antaldo  Antaldi. 

582.  Plusieurs  esquisses  d'enfants,  —  Un  portrait,  au  verso.  C'est  peut- 
être  ce  même  dessin  qui  a  passé,  de  la  collection  du  roi  des  Pays^as 
(catalogue  n^  6),  dans  celle  de  M.  de  La  Salle,  à  Paris. 

583.  Tête  de  jeune  femme.  —  On  a  cru  reconnaître,  dans  ce  dessin, 
tantôt  la  sœur  de  Raphaël  et  tantôt  sa  maîtresse;  mais  ce  portrait  (si 
c'est  un  portrait)  ne  ressemble  point  à  cette  dernière,  et  la  première  est 
inconnue,  ce  qui  fait  que  ces  suppositions  sont  tout  à  fait  arbitraires.  Le 
dessin  est  magistralement  exécuté  à  la  pierre  noire.  H.  12"  ;  1.  9".  Collec- 
tion de  lady  Bentinck. 

Pour  ce  qui  est  de  quelques  dessins  de  Raphaël,  qui,  à  la  vente  de  fen 
le  roi  Guillaume  de  Hollande,  furent  achetés  par  MM.  S.  Woodburn  et 
Colnaghi,  de  Londres,  et  qui  passèrent  en  Angleterre,  nous  renvoyons  le 
lecteur  à  ce  que  nous  disons,  à  la  fîn  de  ce  Catalogue  de  dessins^  sur  la 
collection  royale  de  La  Haye  et  sur  la  vente  qui  en  a  été  faite. 


DESSINS  DE  RAPHAËL  EN  ESPAGNE. 


Les  collections  royales,  celle  du  duc  d'Albe  et  autres,  à  Madrid,  conte- 
naient naguère  de  beaux  dessins  de  Raphaël,  qui  ont  tous  été  dispersés 
lors  de  llnvasion  française  en  Espagne.  Les  dessins  du  duc  d'Albe  sont 
passés  en  Angleterre  ;  mais  on  ne  sait  ce  que  sont  devenus  ceux  qui  se 
trouvaient  dans  les  palais  royaux.  Autrefois,  par  exemple,  on  admirait  à 
Buen-Retiro,  encadré  et  sous  glace,  le  dessin  de  la  Bataille  de  Constantin^ 
Cependant  Richardson,  qui  cite  ce  dessin  dans  son  Traité  de  la  peinture^ 
t.  III,  p.  i5,  dit  seulement  qu'on  Tattribue  à  Raphaël.  Ant.  Ponz  croit 
aussi  qu'il  avait  été  exécuté  d'après  la  fresque.  (Voyez  Viage  en  Espafvay 
t.  VF,  p.  121.) 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  S23 

Madame  de  Humboidt,  épouse  de  rancien  ambassadeur  de  Prusse  à 
Madrid,  a^ait  vu  au  palais  de  S.  lldefonsa  un  dessin  de  Raphaël,  à  la  san- 
guine, représentant  une  tête  de  femme,  un  peu  inclinée^  de  grandeur 
naturelle.  (Voyez  le  programme  de  la  Jenaer  Literaturzeitung  de  1809, 
p.  v-yiil)  On  a  perdu  la  trace  de  ces  dessins.  La  seule  collection,  en 
Espagne,  où  nous  ayons  vu  des  dessins  authentiques  de  Raphaël  est  la 
suivante. 

DANS  LA  COLLECTION  D£  FEU  DON  JOSÉ   DE  MADKAZO,   DIRECTEUR 

DES   MUSÉES   ROYAUX,    A   MADRID. 

Cette  collection  a  été  formée  par  feu  M.  Madrazo,  pendant  son  séjour  en 
Italie.  Elle  contient,  parmi  quelques  dessins  fort  beaux,  les  deux  suivants 
qui  sont  bien  de  Raphaël. 

584.  La  Vierge  de  la  maison  Staffa  Conestabile,  à  Pérouse,  —  C'est  une 
première  pensée  pour  le  tableau.  La  Vierge  est  tournée  vers  le  côté  gauche, 
tenant  l'enfant  Jésus  dans  ses  bras;  celui-ci  regarde  un  globe  qu'il  tient 
dans  sa  main  droite.  Au  verso,  une  autre  esquisse  pour  une  Sainte  Famille. 
La  Vierge  tient  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux  et  celui-ci  reçoit  une  bande- 
role que  lui  présente  le  petit  saint  Jean.  A  droite,  saint  Joseph.  Au-dessus 
de  ce  groupe^  on  voit  encore  une  tête  d'ange.  Ce  dessin  à  la  plume  rap- 
pelle encore  la  manière  du  Pérugin.  Petit  in-40. 

585.  La  Vierge.  —  Avec  plusieurs  figures.  La  Vierge,  assise,  tient  Ten- 
fant  Jésus  sur  ses  genoux.  Elle  est  tournée  vers  le  côté  gauche,  ainsi  que 
plusieurs  autres  figures  à  peine  reconnaissables.  L'Enfant  tourne  sa  tête 
en  arrière  vers  le  petit  saint  Jean,  debout  à  gauche.  Figures  entières,  à  la 
plume.  Ce  dessin,  qui  se  trouvait  avec  beaucoup  d'objets  d'art  dans  une 
caisse  tombée  à  la  mer  pendant  un  naufrage,  a  beaucoup  souffert  de  cet 
accident.  In-folio. 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES. 


DANS  LA  COLLECTION  CROZAT. 


Nous  citerons  seulement  ceux  qui  nous  sont  connus  par  le  catalogue  de 
vente  et  par  l'ouvrage  de  Richardson,  à  l'exception  de  66  feuilles  que 
nous  avons  déjà  citées  plus  haut  dans  différentes  collections. 


»SâO        CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

Une  des  plus  riches  coUectioos  d'objels  d'art  en  tous  genres,  qui  ait 
jamais  existé,  fut  celle  de  Joseph-Antoine  Crozat,  à  Paris.  Il  ne  ce^sa  de 
l'augmenter  avec  un  zèle  infatigable,  depuis  Tannée  t683  jusqu'à  sa  mort, 
survenue  en  1740.  A  l'exception  des  pierres  taillées  et  des  dessins,  il  la 
légua  au  marquis  du  Châtel.  Les  dessins  devaient  être,  selon  sa  volonté 
testamentaire,  vendus  publiquement  et  la  valeur  distribuée  aux  pauvres. 
Il  résulte  de  cette  vente  que  ces  dessins  sont  dispersés  aujourd'hui  dans 
le  monde  entier;  beaucoup  d'entre  eux  furent  acquis  par  l'impératrice 
Catherine  11,  de  Russie.  P.  J.  Mariette  cite,  dans  le  catalogue  de  cette  col- 
lection ,  1^)0  feuilles  de  Raphaël.  Toutefois,  il  n'en  décrit  en  détail  pas 
plus  d'un  tiers. 

Quant  à  la  façon  dont  M.  Crozat  avait  formé  sa  splendide  collection  de 
dessins,  Mariette  nous  donne  les  renseignements  suivants  que  nous  em- 
pruntons à  la  préface  de  sa  Description  sommaire  des  dessins  des  grands 
maîtres  d'Italie,  des  Pays-Bas  et  de  France,  du  cabinet  de  feu  M.  Crozat 
(Paris,  1741,  in  8«)  : 

« Dès  l'année  1683,  c'est-à-dire  dans  le  temps  qu'il  était  encore  à 

Toulouse,  il  avait  commencée  acquérir  des  dessins  de  La  Fage.  Maif,  quand 
M.  Crozat  fut  venu  à  Paris,  et  qu'il  eut  vu  entre  les  mains  des  principaux 
curieux  les  dessins  des  grands  maîtres  d'Italie,  alors  il  n'épargna  ni  peines 
ni  dépenses  pour  se  procurer  des  ouvrages  de  ces  maîtres  du  dessin. 
M.  Jabach,  dont  le  nom  subsistera  pendant  longtemps  avec  honneur  dans 
la  curiosité,  en  vendant  au  roi  ses  tableaux  et  ses  dessins,  s'était  réservé 
une  partie  des  dessins,  et  ce  n'étaient  pas  certainement  les  moins  beaui  ; 
M.  Crozat  les  acquit  de  ses  héritiers.  11  eut  encore  une  partie  de  ceui  qui 
avaient  appartenu  à  M.  de  La  Noue,  l'un  des  plus  grands  curieux  que  la 
France  ait  eus,  et  bientôt  il  réunit  à  son  cabinet  les  dessins  que  l'illustre 
mademoiselle  Stella  avait  trouvés  dans  la  succession  de  M.  Stella,  son 
oncle,  et  qu'elle  avait  conservés  précieusement  toute  sa  vie.  L'abbé  Quesnel 
avait  acheté  les  dessins  de  M.  Dacquin,  évéque  de  Séez,  parmi  lesquels  il 
y  en  avait  d'excellents  de  Jules  Romain  ;  il  avait  eu  les  débris  de  la  fameuse 
collection  de  dessins  du  Vasari;  il  céda  l'un  et  l'autre  à  M.  Crozat,  qui 
acheta  encore,  des  héritiers  de  M.  Pierre  Mignard,  deux  volumes  de  des- 
sins des  Carraches,  que  cet  habile  peintre  avait  rapportés  de  Rome.  Après 
la  mort  de  M.  Bourdaloue,  de  M.  de  Montarsis,  de  M.  de  Piles  et  de 
M.  Girardon,  tous  noms  célèbres  dans  la  curiosité,  M.  Crozat  choisit  à  leur 
vente  ce  qu'il  y  avait  ^de  plus  singulier  en  dessins  dans  leurs  cabinets. 
S'il  fallait  suivre  M.  Crozat  dans  toutes  les  acquisitions  de  dessins  qu'il 
(it  en  France,  on  ne  finirait  point;  car  tout  allait  à  lui,  et  il  ne  laissait 
rien  échapper. 

a  Le  sieur  Corneille  Vermeulen,  fameux  graveur  d'Anvers,  faisait  assez 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  bî7 

régulièrement  tous  les  ans  le  voyage  de  Paris  et  il  ne  n[)aDquait  guère 
d'apporter  avec  lui  des  dessins  singuliers.  Ces  dessins  étaient  presque  tou- 
jours pour  M.  Crozat  ;  et  c'est  ainsi  que  sont  entrés  dans  son  cabinet  plu- 
sieurs dessins  de  Raphaël  et  d'autres  grands  maîtres,  d'une  singulière 
beauté,  et  tous  ces  grands  et  superbes  dessins  de  Rubensqui  sortaient  du 
cabinet  d'Antoine  Triest,  évêque  de  Gand. 

c  Si  quelque  vente  considérable  de  dessins  était  indiquée  dans  les  pays 
étrangers,  M.  Crozat  ne  manquait  pas  d'y  envoyer  ses  commissions.  La 
vente  du  cabinet  de  milord  Sommers,  à  Londres,  et  celle  de  M.  van  der 
Schelling,  à  Amsterdam,  ont  augmenté  son  cabinet  d'une  infinité  de  dessins 
capitaux. 

«  Avec  quel  regret  ceux  qui  ont  connu  particulièrement  M.  Crozat  ne 
lui  ont-ils  pas  souvent  entendu  parler  du  célèbre  cabinet  de  M.  Flinck  de 
Rotterdam,  que  milord  duc  de  Devonshire  lui  avait  enlevé! 

«  Telles  sont  à  peu  près  les  acquisitions  que  M.  Crozat  a  faites  en  France 
et  dans  les  Pays  Bas;  mais,  tout  importantes  qu'elles  sont,  elles  ne  parais- 
sent pas  cependant  encore  comparables  à  celles  qu'il  a  faites  en  Italie. 
Dans  le  voyage  qu'il  y  fit  en  l'année  1714,  il  rapporta  de  ce  pay^^-là  des 
trésors  en  fait  de  dessins.  En  passant  à  Bologne,  il  acheta  des  héritiers 
des  sieurs  Boschi  leur  cabinet  tout  entier,  qui  venait  originairement  du 
comte  Malvasia.  Il  trouva  à  Venise,  chez  M.  Checkelsherg,  des  tttes  au 
pastel  et  d'autres  dessins  du  Baroche  qui  sont  sans  prix.  A  Rome,  il  re- 
cueillit la  collection  de  dessins  de  Carie  degli  Occhiali,  celle  d'Augustin 
Scilla,  peiutre  sicilien,  qui  contenait  un  grand  nombre  de  dessins  de 
Polidor  de  Caravage,  et  celle  du  chanoine  Vittoria,  Espagnol,  élève  et 
intime  ami  de  Carie  Maratte.  Mais  l'occasion  où  il  fut,  ce  semble,  le  mieux 
servi  par  la  fortune,  ce  fut  dans  la  découverte  qu'il  lit  à  Urbin  d'une 
partie  considérable  de  dessins  de  Raphaël,  tous  d'une  condition  parfaite. 
qui  se  trouvaient  encore  dans  les  mains  d'un  descendant  de  Timothée 
Viti,  l'un  des  plus  habiles  disciples  de  ce  grand  peintre.  J'ignore  en  quel 
temps  M.  Crozat  vit  passer  dans  son  cabinet  les  dessins  qui  viennent  des 
sieurs  Mozelli  de  Vérone,  et  le  recueil  qu'avait  formé  un  cardinal  de  la 
maison  de  Santa  Croce,  qui  vivait  à  Rome  dans  le  dernier  siècle;  mais 
ce  qui  est  certain,  ces  deux  collections  ne  contenaient  que  des  dessins 
excellents.  M.  Crozat,  de  retour  à  Paris,  continua  d'entretenir  des  corres- 
pondances eu  Italie,  et  il  en  lit  venir  en  différents  temps  la  collection 
entière  du  sieur  Pio  de  Rome,  celle  du  sieur  Lazari  de  Venise,  du  cheva- 
lier Ascagne  délia  Pennas  de  Pérouse,  dont  il  est  parlé  avec  éloge  dans  la 
Description  des  peintures  de  cette  ville,  par  le  père  Morelli,  et  enfin  le 
beau  choix  de  dessins  que  Laurent  Pasinelli,  fameux  peintre  de  Bologne, 
s'était  fait  pour  lui-même  avec  un  goût  digne  de  son  savoir;  à  quoi  il  faut 
ajout! r  les  dessins  de  don  Livio  Odescalchi^  qui  furent  donnés  à  M.  Crozat 


8S8  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

lorsque  S.  A.  R,  monseigneur  le  duc  d'Orléans^  régent,  acheta  les  tableaux 
de  ce  prince,  etc.,  etc.  » 

•  Les  dessins  qui  suivent  sont  probablement  une  partie  de  ceux  qui  ayaient 
été  acquis  à  la  vente,  par  ordre  de  Catherine  11;  ils  doivent  en  grande 
partie  se  trouver  aujourd'hui  dans  la  collection  impériale  à  Saint-Péters- 
bourg. Nous  ajouterons  à  chaque  article  le  numéro  qu'il  porte  dans  le  ca> 
talogue  de  P.  Mariette. 

Sqjcts  de  PJLnclen  Vestament. 

586.  Jacob  béni  par  son  père  Isaac.  —  Esquisse  pour  la  peinture  des 
Loges.  Exécutée  au  bistre  et  rehaussée  de  blanc.  N<*  124,  catalogue 
Mariette. 

587.  Le  Sacrifice  d'Abraham,  —  Dessin  en  forme  de  frise,  pour  le 
tableau  des  Loges.  N""  107.  Un  dessin  semblable  se  trouve  dans  la  coUec- 
tion  royale  d'Angleterre. 

SqJetB  da  NouTean  Testament. 

588.  La  Naissance  du  Christ.  —  Marie  et  Joseph  en  adoration.  N*  120. 

589.  Le  Massacre  des  Innocents,  —  Une  des  trois  parties  qui  furent 
exécutées  en  tapisserie.  N"*  119. 

590.  Madeleine  au  festin  de  Simon.  —  N**  120. 

Grav.  en  clair-obscur  par  Hugo  da  Carpi,  Bartsch,  t.  XII,  p.  40,  n"  17,  et 
Marc-Antoine,  Bartsch,  t.  XIY,  n"  23. 

591.  Pietày  ou  le  Christ  mort  sur  les  genoux  de  la  Vierge,  avec  Joseph 
d'Arimathie  et  Madeleine.  —  Première  esquisse  pour  la  predella  du  tableau 
d'autel  des  religieuses  de  S.  Antoine  de  Padoue.  N*  101. 

592.  La  Sainte  Vierge  au  pied  de  la  Croix,  et  des  études  de  draperies.— 
N<>  105.  Mariette  cite,  sans  aucune  indication  plus  précise,  une  gravure 
faite  d'après  ce  dessin. 

593.  Sept  têtes  d'apôtres,  pour  la  tapisserie  de  :  Conduis  mon  troupeau.  — 
N**  110.  Richardson  dit  que  ce  dessin  est  à  la  sanguine. 

594.  L'Apôtre  saint  Paul  à  Lystre.  —  Déchirant  ses  vêtements.  Esquisse. 
Au  verso,  un  dessin  d'Albert  Durer,  selon  Richardson. 

Madones. 

595.  Esquisse  pour  la  Belle  Jardinière,  —  Sur  la  même  feuille,  quelques 
études  pour  la  Mise  au  tombeau,  du  palais  Borghèse.  N**  104. 

596.  Pour  la  Vierge  au  Balduquin.—Ueux  figures  nues,  debout,  puis 
une  jambe  et  un  pied  pour  les  saints  du  même  tableau. 

Gravé  par  le  comte  de  Caylus. 

597.  La  Vierge  avec  l'Enfant  et  le  petit  saint  Jean.  —  Au  verso,  l'es- 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  529 

quisse  d'une  ligure  se  tirant  une;épine  du  pied.  (Vraisemblablement  d'après 
la  statue  du  Capitole.) 

580.  La  Vierge  assise,  avec  Tentant  Jésus  debout.  Richardson  avait  vu 
ce  dessin  ainsi  que  le  précédent  dans  le  cabinet  Crozat. 

581 .  La  Sainte  Famille  avec  l'enfant  Jésm  assis  sur  un  agneau*  —  Légère 
esquisse.  Peut-être  est-ce  la  même  qui  fut  vendue,  en  1738,  à  la  vente  du 
cabinet  du  comte  de  Fraula  pour  16  florins.  H.  1â";  1.  8"  6'". 

582.  Une  Sainte  Famille.  —  A  la  plume.  Ce  dessin  et  le  précédent  se 
retrouvent  dans  le  catalogue  de  la  collection  de  Pierre-Jean  Mariette,  con- 
trôleur général  de  la  grdnde  cbancellerie  de  France,  rédigé  par  Basan. 
(Paris,  1775,  in-S».) 

583.  La  sainte  Vierge  apprenant  à  lire  à  Venfant  Jésiis.  —  Petite  com- 
position légèrement  dessinée  à  la  plume  et  lavée. 

584.  Tète  de  la  Vierge,  ^  Étude  pour  la  composition  qui  précède.  A  la 
pierre  noire. 

Ces  deux  dessins  sont  décrits  comme  provenant  du  cabinet  Crozat , 
dans  le  catalogue  de  la  collection  de  M.  Huquier  de  Paris.  Vendus,  le  14 
septembre  1761,  à  Amsterdam  (n«*  1  et  2;,  pour  53  florins  10  st. 

Sujets  rellirteaz. 

585.  Saint  Michel,  —  Dessin  achevé  pour  le  petit  tableau,  de  la  jeunesse 
de  Raphaël,  qui  est  au  musée  du  Louvre.  Catalogue  Mariette,  n**  102. 

Esiialsseft  poar  le»  freMiaes  aax  Slanse  do  Vatiran. 

586.  Pour  l'Incendie  du  Bourg,  —  La  femme  qui  porte  de  l'eau,  sur  le 
devant  du  .tableau,  à  droite  (Richardson).  C'est  vraisemblablement  le  des- 
sin duquel  il  se  trouve  une  contre-épreuve  dans  la  collection  de  l'Académie 
de  Dusseldorf. 

Majeift  mytholof^iqnes. 

587.  Tète  de  Jupiter,  —  Carton  pour  la  composition  de  Jupiter  embras- 
sant TAmour,  fresque  de  la  Farnésine.  N»  113. 

588.  Vénus  montre  Psyché  à  l'Amour,  —  Esquisse  pour  la  fresque  à  la 
Farnésine.  N»  i22, 

EsqaUBC»  et  Étades. 

589.  Une  figure  de  femme  agenouillée,  —  Les  mains  jointes  et  le  regard 
douloureusement  levé  vers  le  ciel.  Légère  esquisse  à  la  plume;  la  partie 
inférieure  n'est  point  terminée. 

Grav.  par  le  comte  de  Caylus. 

590.  Tête  d'une  femme  âgée,  —  Carton.  N»  112. 

591.  Tête  de  femme,  —  Carton.  N®  113.  Ce  fragment,  ainsi  que  le  pré- 
cédent^ pourraient  avoir  fait  partie  du  carton  de  la  TransUguration,  d'au- 

n.  54 


530        CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

tant  plus  que  dans  le  catalogue  ils  sont  c^tés  parmi  d'autres  fragmenta  de 
ce  carton. 

S92.  Trois  enfants.  —  L'un,  debout  au  milieu^  les  autres,  assis,  s'ap- 
puyant  contre  lui.  Légère  esquisse  à  la  plume. 

Gravé  par  le  comte  de  Caylui. 

993.  Tln^enfant  agenouillé,  —  Dessiné  à  la  pierre  noire  et  de  grandeur 
naturelle.  (Richardson.) 

594.  Une  figure  portant  un  objet  indistinguable.  —  (RiCHARDSoy.) 

595.  Esquisse  pour  l'église  Saint-Piene  à  Rome.  —  Richardson^  qui 
rapporte  avoir  vu  ce  dessin  dans  la  collection  Crozat,  n'en  donne  malheu- 
reusement aucune  description.  Peut-être  est-ce  le  même  qui  est  indiqué 
comme  offrant  l'esquisse  de  la  façade  de  l'église  Saint-Laurent  à  Florence. 

DESSINS   QUI   SK  TAOUVAIENT  DANS   UL   COLLECTION   DE   FEU 

M.    DE    SAINT-HORYS,    A   PARIS. 

Cet  amateur  avait  recueilli  une  très-riche  et  précieuse  collection  de 
dessins  de  grands  maîtres.  Il  eut  l'intention  de  la  publier,  en  un  recueil 
in-folio,  dont  il  fit  les  gravures  lui-même  à  l'eau-forte,  mais  la  Révolution 
entrava  ses  projets.  On  ne  possède  qu'un  très-petit  nombre  d'exemplaires 
de  ce  Recueil,  intitulé  :  Choix  de  dessins  de  la  collection  de  M,  de  Saint- 
MorySf  gravés  en  imitation  des  originaux  faisant  à  présent  partie  du  Musée 
national  ^—  Dans  l'exemplaire  que  possède  M.  Frédéric  Reiset,  conserva- 
teur des  dessins  du  Louvre,  qui  a  bien  voulu  nous  permetUre  d'en  prendre 
connaissance,  on  trouve  la  note  manuscrite  suivante  : 

«  Il  n'existe  que  cinq  exemplaires  de  cette  suite  de  gravures xl 'après  des 
dessius  faisant  partie  de  la  collection  de  mon  père.  Les  cuivres  ont  été  pris 
dans  la  maison,  rue  Vivicnne,  à  l'époque  où  on  avait  besoin  de  ce  métal 
pour  fondre  des  canons. 

«  Le  jeudi  10  mai  1810. 

tt   VULART  SaINT-MoRYS.  » 

Ce  volume  contient  J31  planches  imitant  des  dessins,  qui  ne  se  trouvent 
cependant  pas  tous  dans  la  collection  du  Louvre.  Ceux  qui  manquent  ont 
passé  en  Angleterre.  Les  gravures  faites  par  M.  de  Saint-Morys  sont  toutes 
en  sens  inverse,  tandis  que  quelques-unes,  exécutées  par  M.  Lelu,  ont  été 
gravées  dans  le  sens  du  dessin.  Voici  ceux  qui,  dans  ce  recueil  de  fac- 
similé,  sont  attribués  à  Raphaël. 

*  11  existe  encore  une  autre  édition  faite  à  Londres  sous  ce  titre  :  Diiegtii  originati  d'et^ 
eellenli  piltori  ineisi  ed  imitali  nella  loro  grandesza  e  colore,  4  parte,  L^odon,  1 794,  grand 
in-folio.  Ce  volume  doit  contenir  175  sujets  sur  95  feuilles,  ayec  deux  Utres.  Toy.  R.  WeigeU 
EwMi-Caial.y  n*  9800* 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  551 

Planûhe  7.  ^Uoe  femme  légèrement  vêtue»  tenant  la  main  droite  d'un 
enfant  qui  se  presse  contre  elle.  Elle  parait  avoir  une  courte  épée  dans  sa 
main  gauche,  tandis  qu'elle  regarde  vers  le  bas,  de  l'autre  côté^  et  non 
Ters  un  homme  marchant  au  côté  droit,  qui  regarde  aussi,  étonné,  vers  le 
côté  gauche  en  étendant  son  bras  di:oit.  Signé  :  Raffaello  inveîiit,  de  SaifU- 
Morys  sculpsit,  1783.  In-folio  en  largeur.  Ce  dessin  se  trouve  à  présent 
dans  la  collection  du  Louvre. 

8.  La  Philosophie.  —  Bas-relief  qui  est  placé  sous  la  statue  de  Minerve 
dans  rÉcole  d'Athènes.  In-4«.  Un  dessin  semblable,  qui  peut-être  est  le 
même,  se  trouve  dans  la  collection  du  Louvre;  mais  il  n'est  point  assuré- 
ment de  Raphaël. 

9.  Adam  recevant  des  mains  d'Eve  le  fruit  défendu.  —  Au  côté  gauche, 
il  y  a,  en  outre,  un  enfant  couché  par  terre.  Première  esquisse  à  la  plume 
pour  le  Premier  Péché. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartscb,  n*  1.  In-folio. 

Ce  dessin  a  passé,  de  la  collection  de  Lawrence,  dans  celle  d'Oxford. 

10.  La 'femme  de  l'Incendie  du  Bourg.  —  Qui  est  à  genoux  étendant 
fies  bras.  In-folio. 

11.  Xa  Mise  au  tombeau.  —  C'est  la  composition  nommée  la  Mort 
d'Adonis.  Ce  dessin  se  trouve  au  verso  de  la  feuille  n<*  9,  avec  l'Adam 
qui  est  également  dans  la  collection  d'Oxford.  La  collection  du  Louvre 
n'en  possède  qu'une  copie. 

12.  Deux  femmes  assises.  —  L'une  vis-à-vis  de  l'autre.  Celle  du  côté 
droit  étend  son  bras.  Ce  dessin  parait  être  de  Michel-Ange.  In-folio  en 
largeur. 

13.  Une  jeune  femme.  —  Demi-ligure  vue  de  profil.  Sa  tête  est  cou- 
verte d'une  espèce  de  turban.  Elle  tient  sur  ses  genoux  un  enfant  dont  le 
mouvement  est  très-vif  et  qui  pose  sa  main  gauche  sur  le  bras  de  sa  mère. 
Cette  esquisse  parait  être  une  première  pensée  pour  la  Madone  de  la 
galerie  Bridgewaler.  Au  côté  droit,  est  une  jeune  mère  debout  qui 
regarde  tendrement  l'enfant  qu'elle  tient  sur  son  bras  et  qui  l'embrasse. 
Beau  dessin  à  la  plume,  actuellement  au  Louvre,  in-folio.  Signé  :  Bour- 
goin  Vialart  de  Saint-Morys  se. 

il.  Un  roi  ou  juge  y  assis.  —  Sur  un  siège  élevé  sur  deux  marches.  11 
étend  sa  main  gauche  vers  un  homme  qui  est  à  genoux  devant  lui  et 
qui  élève  sa  main  pour  parler;  derrière  lui  se  trouvout  debout  deux  autres 
figures  d'hommes.  Composition  en  largeur,  dessinée  à  la  plume,  lavée  et 
rehaussée  de  blanc. 

14  bis.  Un  juge  assis  sur  un  siège  élevé.  —  Un  jeune  homme  lui  présente 
un  objet  que  l'on  ne  saurait  distinguer,  tandis  qu'un  scribe,  le  pied  posé 
sur  une  marche,  écrit  sur  son  genou.  A  droite,  un  homme  barbu,  qui 


52         CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

s'arrache  les  cheveux,  se  désole  de  la  sentence  prononcée  contre  lui,  et 
le  juge  semble  protester  contre  la  lâcheté  de  ce  désespoir  par  le  geste 
qu'il  fait  de  la  main  gauche.  In-folio  en  largeur. 

i  5.  Tète  de  Dieu  le  Père,  à  longue  barbe,  la  main  élevée  pour  la  bénédic- 
tion» —  Dessin  à  la  pierre  noire,  de  grandeur  naturelle  ;  fragment  d'un 
carton  qui  est  actuellement  au  Louvre.  In-folio. 

16.  Deux  femmes  vues  de  profil,  parlant  ensemble  ;  Tune,  à  genoux,  est 
nue;  l'autre,  vêtue,  ne  pose  qu'un  genou  à  terre.  In-folio  en  largeur. 

17.  Groupes  pour  l'École  d' Athènes.  —  Côté  gauche.  Pythagore  avec  deux 
de  ses  élèves,  Averrhoès  et  le  duc  d*Urbin  ;  ensuite,  Anaxagore  debout  et 
Heraclite  assis  ;  et  enfin,  dans  le  haut,  du  même  côté  gauche^  Platon  avec 
ses  élèves.  In-folio  en  largeur. 

18.  Groupe  pour  la  Dispute  du  Saint-Saarment.  —  Etudes  de  trois 
figures  d'après  un  jeune  homme  nu.  L*une  pour  saint  Jérôme,  l'autre 
pour  rhomme  placé  derrière  lui,  et  une  troisième  pour  un  des  hommes  à 
genoux.  Petit  in-folio. 

1 9.  Deux  mères  avec  leurs  enfants.  —  Un  autre  enfant,  vu  de  dos,  est 
assis  par  terre.  In-folio  en  largeur.  Ce  dessin  à  la  plume  se  trouve  au 
Louvre,  tome  VII  du  Recueil  de  l'École  Romaine. 

20.  Six  femmes  parlant  ensemble.  —  Un  enfant  est  derrière  une  d'elles, 
qui  est  assise.  Ce  dessin  à  la  plume,  in-folio,  est  de  Baccio  Bandinelli.  En 
1852,  nous  le  vîmes  exposé  au  Louvre,  avec  le  nom  de  ce  maître,  sous  le 
n^  32. 

21 .  Vénus  montre  Psyché  à  V Amour.  —  Etude  à  la  sanguine,  pour  la 
fresque  de  la  Farnésine  ;  elle  a  été  faite  par  Raphaël,  d'après  sa  maî- 
tresse, dont  une  étoffe  couvre  la  tête.  De  l'Amour,  on*  ne  voit  que  l'indi- 
cation de  la  tête.  En  haut  de  la  feuille  est  dessinée  plus  exactement  la 
main  étendue  de  Vénus.  Feuille  in-folio,  provenant  de  la  collection  Crozat, 
n^*  122  du  catalogue. 

22.  Groupe  i)our  la  Mise  au  tombeau,  du  palais  Borglièse.  —  Ce  sont  trois 
figures  d'hommes  et  la  Madeleine,  librement  dessinées  à  la  plume.  Feuille 
in-folio ,  dans  le  tome  V  de  l'École  Romaine  au  I/)uvre. 

23.  Partie  supérieure  de  la  composition  pour  la  Dispute  du  Saint-Sacre- 
ment. —  Le  Père  Eternel  bénissant,  avec  trois  anges  à  sa  gauche  et  quatre 
à  sa  droite.  Un  peu  plus  bas  se  trouve,  de  chaque  côté,  un  groupe  de  deux 
petits  anges  et  un  groupe  de  trois  autres  tenant  des  livres  sous  Dieu  le 
Père.  La  ligure  principale  est  entourée  de  chérubins  posés  en  demi-cercle. 
Esquisse  à  la  plume,  lavée  et  rehaussée  de  blanc.  Lelu  sculps.  In-folio  en 
largeur. 

24.  L'Annonciation, -^  Dans  un  demi-cercle.  L'ange  vient  du  côté  gauche  ; 
la  Vierge,  à  genoux  devant  un  prie-Dieu,  se  tourne  vers  lui.  Au  haut,  dans 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  553 

le  milieu,  la  demi-figure  du  Père  Éternel  qui' bénit  et  la  colontbe  qui  des- 
cend. Dessin  à  la  plume^  lavé  et  rehaussé  de  blanc.  P.  Lelu  sculp.  In-folio 
en  largeur.  Cette  composition  a  quelque  analogie  avec  la  gravure  de  Marc 
de  Ravenne.  Bartsch,  n®  15. 

25.  Uinhumation  d'un  vieillard  daiis  une  égh'se,  —  Deux  hommes  le 
descendent  dans  un  caveau.  Au  premier  plan,  un  homme,  vu  de  dos, 
debout,  et  un  jeune  homme  altîigé,  assis  par  terre,  tandis  que  deux 
hommes  viennent  de  droite  et  de  gauche.  Esquisse  à  la  plume,  lavée  et 
rehaussée  de  blanc.  Dessin  cintré.  Petit  in-folio  en  largeur. 

De  Bourgoin  Yialart  de  Saint-Morys  sculp.  —  Houdainville,  10  juin  1787. 

26.  Un  prophète  ou  apôtre.  —  A  longue  barbe,  assis  et  vu  de  face.  H 
appuie  sa  main  droite  sur  un  livre;  le  bras  gauche  est  enveloppé  dans  un 
manteau.  Belle  esquisse  à  la  plume,  de  1504  ou  1505.  Petit  in-folio. 

27.  Une  femme  assise  avec  deux  enfants  qui  se  caressent.  —  La  figure 
principale  est  esquissée  trois  fois  dans  des  mouvements  différents.  Ce 
dessin  paraît  avoir  servi  pour  un  tableau  représentant  une  Vierge  avec 
l'enfant  Jésus  et  le  petit  saint  Jean.  Feuille  eu  largeur. 

28.  Tête  de  femme.  —  D'un  certain  âge,  couverte  d'une  étoffe,  tournée 
vers  la  droite  et  vue  de  trois  quarts.  Presque  de  grandeur  naturelle.  Ce 
dessin  porte  cette  inscription  :  Portrait  dç  la  mère  de  Raphaël  Sanzio  d^Vr- 
bin,  fait  à  la  plume,  de  même  grandeur,  par  lui.  Au  côté  drott  de  la  feuille 
se  trouve,  en  outre,  le  fragment  d'une  tête  de  femme  qui  regarde  vers  le 
haut. 

30  6t^.  Le  Triomphe  du  roi  David.  —  Esquisse  pour  la  fresque  des 
Loges  du  Vatican.  In-folio  en  largeur. 

3f .  La  coupe  de  Joseph  trouvée  dans  le  sac  de  Benjamin. — Trois  hommes  « 
avec  trois  ânes,  au  côté  gauche.  Vis-à-vis,  l'homme  qui  trouve  la  coupe,  et 
huit  frères  de  Joseph.  In-folio  en  largeur. 

Cette  composition  a  été  gravée  par  Bonasone.  Bartsch,  n*  6.  De  môme,  par  le 
Maître  au  monogramme  P.  V.  0.  Bartsch,  t.  XV,  p.  547. 

76.  Un  pape  porté  en  procession.  —  Comme  il  a  une  barbe,  on  peut 
croire  que  c'est  Jules  11. 11  est  assis  sur  un  siège  porté  par  quatre  hommes  ; 
deux  suisses  marchent  à  ses  côtés  et  il  est  suivi  par  un  cardinal  monte 
sur  un  mulet.  En  tout,  dix  figures.  Nous  avons  vu  ce  dessin  à  la  plume 
dans  le  vol.  V  du  Recueil  de  l'École  Romaine  au  Louvre. 

DANS  LA  COLLECTION  APPARTENANT  AU  FEU  ROI  GUILLAUME  11, 

Vendue  à  La  Haye ,  au  moi&  d'août  t850. 

Le  roi  de  Hollande,  amateur  passionné,  était  encore  prince  d'Orangé 
lorsqu'il  acheta,  en  1838,  des  frères  Woodburn  de  Londres,  une  quantité 
coDsMérable  de  dessins  de  maîtres  anciens,  provenant  en  grande  partie 


53i        CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

de  la  fameuse  collection  du  célèbre  peintre  anglais  sir  Thomas  Lawrence. 
Parmi  ces  dessins ,  il  y  en  avait  80  attribués  à  Raphaël  ;  mais  plus  de  la 
moitié,  il  faut  le  déclarer,  n'étaient  que  des  copies  ou  des  ouvrages  de  sod 
école,  quoique  parmi  ces  derniers  quelques-uns  soient  d'une  grande  beauté. 
De  ceux  qui,  sans  contredit,  sont  originaux  du  grand  mattre,  15  furent 
achetés  pour  l'Angleterre,  9  pour  l'Allemagne,  7  pour  la  France  et  3  res- 
tèrent en  Hollande.  Le  plus  grand  nombre  de  ces  80  dessins  (38  feuilles) 
fut  racheté  par  M.  Samuel  Woodburn  de  Londres;  6  autres,  par  lentre- 
mise  d'autres  acquéreurs,  passèrent  également  en  Angleterre.  Parmi  les 
i3  feuilles  qui  restèrent  en  Hollande  se  trouvaient  les  cinq  têtes,  fragments 
de  cartons  des  Actes  des  Apôtres,  qui  ne  furent  point  vendus,  faute  d'une 
enchère  suftisante.  Comme  il  peut  être  intéressant  pour  l'étude  des  des- 
sins de  Raphaël  d'avoir  sous  les  yeux  la  description  complète  de  ceux, 
authentiques  ou  non,  qui  figuraient  dans  cette  collection,  nous  donnons 
donc  ici  cette  nomenclature  avec  le  renvoi  aux  numéros  du  catalogue  de 
vente.  Quant  aux  acquéreurs  de  ces  dessins,  nous  ne  les  avons  nommés 
que  pour  les  dessins  vraiment  originaux  de  Raphaël. 

a.)  Dieu  sépare  la  lumière  des  ténèbres,  —  Dessin  à  la  sépia  pour  les 
Loges  du  Vatican,  ln-4^.  N^  29.  C'est  une  copie  ;  l'original  se  trouve  ches 
le  comte  Ranghiasei  à  Gubbio.  Vendu  75  florins. 

6.)  Le  Premier  Péché.  —  Dessin  à  la  plume,  d'après  la  fresque  de  Michel- 
Ange,  à  la  chapelle  Sixtine.  Collection  Lawrence.  N"  77.  C'est  à  tort  qu'on 
attribue  ce  dessin  a  Raphaël  ;  il  est  traité  d'une  manière  toute  différente,  et 
bien  plus  timide  que  la  sienne.  Vendu  25  florins. 

c.)  Dieu  montrant  l'arc-en-ciel  à  Noé,  —  Beau  dessin  à  la  sépia  et  rehaussé 
de  blanc  pour  les  Loges  du  Vatican.  Catalogue,  n»  115.  Acheté  pour  l'Ins- 
titut des  Beaux-Arts  à  Francfort-sur-Mein.  Vendu  510  florins. 

d.)  Le  Sacrifice  de  Noé,  —  Dessin  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc. 
Collections  Revil  et  Lawrence.  N*  34.  Vendu  120  florins.  Une  autre  copie 
de  ce  dessin,  qui  a  été  fait  pour  les  Loges  du  Vatican^  se  trouve  à  Vienne. 

e.)  La  Fuite  de  Loth  avec  ses  filles.  —  Esquisse  à  la  sépia  pour  la  fresque 
des  l^ges  du  Vatican.  Collections  de  la  reine  Christine  de  Suède,  Croiat^ 
Mariette,  Rutgers  (n»  452,  vendu  pour  66  florins),  Willes,  Duroveray, 
Dimsdale,  Lawrence.  H.  8"  9'";  1.  11".  rs°  69.  Vendu  120  florins  à  M.  S. 
\Voodbuni  de  Londres.  --  Une  copie  de  ce  dessin  se  trouve  dans  la  collée-  ' 
tion  Albertine  à  Vienne. 

f.)  Le  Songe  de  Jacob,  —  N"*  58.  Collection  Lawrence.  C'est  une  copie  au 
bistre.  Vendu  200  florins. 

g.)  Joseph  expliquant  son  rêve  à  ses  frères,  —  Composition  de  la  fresque 
aux  Loges  du  Vatican.  Lavé  à  la  sépia.  Vendu  220  florins.  ^^  85  de  la 
collection-Lawrence.  L'original  se  trouve  dans  la  collection  Albertine  à 
Vienne. 


i  ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  535 

h,)  Moise  enfant,  sauvé  tks  eaux  par  la  fille  de  Pharaon.  —  Esquisse 
largement  la?ée  à  la  sépia  pour  les  Loges  du  Vatican.  Ce  dessin  fut  donné, 
en  172i,  par  le  docteur  Mead  de  Londres  à  Ant.  Mar.  Zanetti,  qui  le  légua 
à  M.  Flinck  de  Rotterdam.  Ce  fait  est  consigné  par  Zanetti  lui-même  au 
Yerso  du  dessin.  Plus  tard,  il  passa  dans  la  possession  du  cardinal  Valenti 
à  Rome,  et  J.  Strut  l'a  "gravé  en  1747.  N°  41.  Acheté  par  M.  Woodburn 
au  prix  de  230  florins.  ■—  Il  existe  plusieurs  copies  de  ce  dessin  ;  Tune,  de 
Timoteo  Viti,  se  trouve  dans  la  collection  de  Stockholm  ;  nous  en  avons  vu 
une  autre  dans  le  cabinet  de  feu  M.  W.  Roscoe,  à  Liverpool,  et  une  troi- 
sième chez  madame  Forster,  à  Paris. 

t.)  Le  Passage  de  la  mer  Rouge.  —  Dessin  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc, 
pour  les  Loges  du  Vatican.  N°  76.  Collections  Jabach,  Crozat,  Willes, 
Duroveray,  Dimsdale,  Lawrence.  Acheté,  pour  la  collection  du  Louvre, 
.    400  florins. 

jf.)  Plusieurs  sujets  de  la  Vie  de  Joseph,  —  Très-beau  dessin  lavé  au 
bistre  et  rehaussé  de  blanc.  N°  109  de  la  collection  Lawrence.  C'est  l'ou- 
vrage d'un  élève  de  Raphaël,  qui  s'est  servi,  selon  son  bon  plaisir,  de 
diverses  compositions  de  son  maître.  Vendu  1,050  florins  à  M.  Woodburn. 

k.)  Deux  prophètes  assis,  —  Ils  tiennent  des  banderoles  de  parchemin. 
Des  anges,  à  leurs  côtés,  portent  des  tablettes.  N"  31.  Dessin  à  la  plume, 
très-hardiment  exécuté  dans  la  manière  de  Michel-Ange,  par  quelque  élève 
de  Raphaël.  Vendu  205  florins. 

Publié  dans  la  Lawrence  Gallery,  n*  24. 

L)  David  et  Bethsabé.  —  Composition  des  Loges  du  Vatican,  lavée  à  U 
sépia  et  rehaussée  de  blanc.  Catalogue,  n?  56.  Vendu  60  florins. 

m.)  L* Annonciation.  —  Petit  carton  pour  la  peinture  du  gradin  placé 
souâ  le  Couronnement  de  la  Vierge,  de  l'année  1503,  actuellement  au  Vati- 
can. Dessin  à  la  plume  et  lavé.  11  a  été  piqué  pour  le  calque.  H.  11'*  3"'; 
1. 16"  9'".  N»  79.  Collections  Otiley,  Lawrence.  Acheté,  pour  la  collection 
du  Louvre,  1,075  florins. 

n.)  L'Adoration  des  bergers,  —  L'enfant  Jésus,  assis  sur  une  selle  d'âne, 
est  soutenu  par  un  ange.  La  Vierge,  agenouillée  à  droite,  saint  Joseph  à 
gauche,  et  derrière  lui  deux  bergers  en  adoration.  Très-beau  dessin  à  la 
plume,  dans  la  manière  pérugiuesque  du  maître.  N°  22.  H.  7"  3'";  1.  10" 
3"'.  Collections  Oltley,  Lawrence.  Acquis,  par  M.  Weber,  de  Bonn,  moyen- 
nant 605  florins. 

Publié  dans  The  ilalian  School  ofdetign. 

0.)  UAdoration  des  Mages,  —  Riche  composition  de  Jules  Romain, 
pour  la  tapisserie  du  Vatican.  N®  78.  Collection  Lawrence.  Vendu 
100  florins. 


:'»M\  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

f),)  Anfrp  Adoration  de.^  Mafjpx.  —  Composition  de  la  fresque  tlia 
VatK^nn.  Au  bistre.  N°  72.  Vendu  30  florins. 

7.)  Le  Bapt&me  du  Chrifif,  —  Dessin  A  la  plume  pour  la  fresque  aux 
Loges  du  Vatican.  N*  110.  Vendu  250  florins. 

r.)  Le  Chriat  assis.  —  De  la  composition  des  Cinq  Saints.  Dessin  au 
crayon  noir.  N'  55.  Collections  Ploos  ?an  Amstèl,  Verstegh,  Dimsdale, 
Woodburn.  Vendu  250  florins. 

Publié  dans  la  Lmrrenee  Gallery,  n»  18. 

S.)  Tète  d'un  apôtre,  et  deu.T  mains.  —  Etude  d'après  nature  pour 
Tapôtre  qui  se  trouve  au  centre  du  tableau  de  la  Transfiguration.  Magis- 
Iralement  dessiné  à  la  pierre  noire.  H.  10"  6'";  1.  8".  N**  31.  Collections 
van  Rover  de  Rotterdam,  Lawrence.  Acheté,  par  M.  Piacatore,  de  Paris, 
.160  florins. 

Publié  dans  la  Lawrence  Gallery,  n*  26. 

U)  Tête  de  l'apôtre  saint  André.  —  Dans  le  tableau  de  la  Transtigu* 
ration.  Exécuté  de  la  même  manière  que  le  précédent  et  piqué  aux  con- 
tours pour  le*  calque.  H.  15"  9'";  1.  13"  9'".  Au  verso,  est  écrit  :  Frofn 
the  Duke  ofDevonshire  to  Sir  Thomas  Laurence.  June  1828.  N*»  43.  Acquis, 
par  M.  Woodburn,  de  Londres,  310  florins. 

Publié  dans  la  Lawrenêe  GalUry,  n*  29. 

u.)  La  femme  à  genoux.  —  Vue  de  dos,  qui  est  sur  le  devant  dans  le 
tableau  de  la  Transfiguration.  Faible  dessin  de  la  demi-figure,  à  la  pierre 
noire.  N°  75.  Collections  Flinck,  duc  de  Devonshire,  Lawrence.  Vendu 
260  florins. 

Publié  dans  la  Lawrence  Gallery,  n*  28. 

V.)  Deux  apôtres  endormis.  —  Étude  pour  le  tableau  du  Christ  au  mont 
dès  Olives,  qui  était  autrefois  dans  la  possession  du  prince  Gabrieli,  à 
Rome,  et  qui  est  actuellement  en  Angleterre.  Dessin  à  la  pointe  de  métal 
et  rehaussé  de  blanc,  sur  papier  jaune.  Il  est  d'une  exc'cution  roide,  et 
parait  être  une  copie  de  Timoteo  Viti,  d'après  Raphaël.  N^  26.  Collection 
Lawrence.  Vendu  100  florins. 

X  )  Études  pour  la  Mise  au  tombeau.  —  Du  palais  Rorghèse.  Deux  feuilles, 
contenant  le  groupe  de  trois  femmes  qui  soutiennent  la  Vierge  évanouie; 
ensuite»  du  même  groupe,  la  Vierge  et  la  femme  derrière  elle,  avec  les 
squelettes  dessinés  dans  les  figures.  De  plus,  à  part,  trois  têtes  de  femmes. 
Dessin  à  la  plume,  d'un  haut  intérêt.  H.  2";  1.  8".  N*»«  45  et  46.  Collections 
Antaidi,  Lawrence.  Acquis,  par  M.  LeembruggCy'd'Amsterdam,  1,230  flor. 

Publié  dans  la  Lawrence  Gallery,  n^  8  et  9. 

y.)  La  Mise  au  tombeau.  ~  Ce  beau  dessin  à  la  plume,  contenant  neuf 
ligures,  paraît  être  une  première  pensée  pour  le  tableau  du  palais  Bor- 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  537 

ghèse,  lequel  toutefois  en  diffère  dans  plusieurs  parties.  La  sainte  Vierge 
s'approche  ici  avec  deux  femmes,  tandis  que,  dans  le  tableau,  elle  s'éva- 
oouit,  soutenue  par  plusieurs  femmes.  Le  groupe  des  hommes  est  presque 
le  même^  et  la  Madeleine  embrasse  aussi  la  main  du  Sauveur.  Au  verso^ 
se  trouve  l'esquisse  d'une  figure  d'Abraham  pour  la  scène  du  Sacrifice. 
H.  rs";  l.  12"  6"'.  Collections  Crozat,  Lagoy,  Dimsdale,  Lawrence. 
N»  174.  Acquis,  par  M.  Charabers  flall ,  de  Londres,  2,000  florins. 

-.)  La  Mise  au  tombeau.  ^Lbl  Vierge  et  Joseph  d'Arimatliie  tiennent  le 
corps  du  Christ  pour  le  déposer  dans  un  sarcophage.  Madeleine  est  à 
genoux  à  ses  pieds  ;  deux  hommes  et  deux  femmes  sont  debout.  Beau 
dessin  à  la  plume,  légèrement  lavé,  et  d'une  ordonnance  très-symétrique. 
Il  paraît  être  de  l'année  1S03.  H.  9"  6'";  I.  10"  9'".  Collections  de  La 
Noue,  de  Julienne  et  Lawrence.  N®  178.  Acquis,  par  M.  Woodburn,  de 
Londres,  950  florins. 

Une  copie  trompeuse,  de  Timoteo  Viti,  se  trouve  à  l'Institut  des  Beaux- 
Arts,  à  Francfort-sur-Mein. 

au.)  Le  Christ  pleuré  par  ses  disciples  et  les  trois^  Marie.  — 11  repose 
sur  les  genoux  de  la  sainte  Vierge,  qui  est  évanouie  et  soutenue  par  deux 
saintes  femmes;  une  femme  debout  soulève  le  manteau  qui  couvre'  sa 
tête.  Les  jambes  du  Christ  sont  posées  sur  les  genoux  de  sainte  Made- 
leine assise,  qui  les  embrasse  en  tournant  son  regard  vers  la  sainte 
Vierge.  Joseph  d'Arimathie  est  debout  à  gauche,  et  saint  Jean  avec  un 
autre  disciple  de  l'autre  côté.  Ce  sont  huit  figures  et  une  t^te.  Ce  dessin 
à  la  plume,  d'une  beauté  surprenante,  paraît  être  de  1505,  loi*sque 
Raphaël  n'avait  pas  encore  complètement  adopté  la  manière  florentine. 
H.  1.3"  3'";  I.  15"  9'".  Collections  Mariette,  Zanetti,  comte  de  Fries, 
l^wrence.  N»  49.  Acquit,  pour  la  collection  du  Louvre,  6,900  florins. 

Gravé  par  Agricola^n  1817,  et  dans  la  Lawrence  Gallery,  n"  25. 

^6.)  La  Résurrection  du  Christ.  —  Riche  composition  à  la  plume,  in- 
folio. Ce  dessin  est  tout  au  plus  de  l'invention  d'un  élève  de  Raphaël. 
Collection  Woodburn.  N*  68.  Vendu  170  florins. 

Pabliô  dans  la  Lawrence  Gallery,  n**  27. 

rc)  La  Sainte  Famille  au  Palmier.  —  Étude  à  la  pointe  de  métal  pour 
la  sainte  Vierge  et  l'enfant  Jésus,  ainsi  que  pour  la  têie  du  saint  Joseph 
sans  barbe,  exécutés  dans  le  tableau  rond  qui  a  passé  de  la  galerie  d'Or- 
léans dans  celle  du  duc  de  Bridgewater.  H.  9";  I.  6".  Collections  Lagoy, 
Dimsdale  et  Lawrence.  N®  33.  Acquis,  pour  la  collection  du  Louvre,  690  fl. 

Eau-forte  de  Roger-Lagoy.  —  Landon,  n*  229. 

dd.)  La  Belle  Jardinière.  —  La  sainte  Vierge,  tournée  vers  la  droite, 
tient  l'enfant  Jésus  debout  devant  elle.  Le  petit  saint  Jean,  à  gauche, 
l'adore  à  genoux  et  semble  tenir  un  chien.  Spirituelle  esquisse  à  la  plume. 


!$38        CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

Collections  R.  P.  Knight  et  Lawrence.  N»  30.  Acquis  par  M.  de  Vo9,.d'Ain- 
sterdam,  pour  410  florins.  Ce  même  dessin  ou  un  autre  tout  semblable  de 
motif  a  figuré  successivement  dans  Içs  collections  Crozat,  Mariette  et  Revil. 

C.  Metz  en  a  fait  nne  gravure  en  1798.  De  même,  Adam  Bartsch.  en  contre-partie, 
1787;  et,  en  dernier  lieu,  Jos.  Keller  l'a  gravé  d'après  un  autre  dessin. 

ee,)  La  sainte  Vierge  avec  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux,  —  Figures 
entières.  Beau  dessin  a  la  plume,  dans  la  manière  péruginesque  du  maître. 
H.  8"  6'";  I.  5"  9"'.  Colleclions  Oltley  et  Lawrence.  N»  81.  Acquis,  pour 
l'Institut  des  Beaux-Arts  de  Francfort,  750  florins. 

Publié  dans  la  Lawrence  Gallery,  n"  2. 

ff.)  Sainte  Famille,  —  La  sainte  Vierge  est  agenouillée  à  droite  avec  le 
petit  saint  Jean  ;  saint  Joseph  est  assis  au  côlé  gauche,  près  de  Tenfant 
Jésus,  qui  est  à  terre  et  qui  tend  ses  bras  vers  sa  mère.  Lavé  au  bistre  et 
rehaussé  de  blanc.  H.  T'  9'";  1.  9"  9'".  Collections  Revil,  Dirasdale, 
Lawrence.  N**  176.  C'est  un  beau  dessin  de  l'école  de  Raphaël.  Vendu 
773  florins. 

gg.)  Tète  de  Vierge.  —  Vue  presque  de  face,  le  regard  baissé,  et  cou- 
verte d'un  voile.  Étude  d'après  nature,  à  la  pointe  de  métal,  faite  pendant 
les  premiers  temps  du  séjour  de  Raphaël  à  Florence.  Selon  le  Catalogue 
de  M.  Woodburn,  ce  serait  le  portrait  de  la  sœur  de  Raphaël.  Cette 
assertion  est  dénuée  de  tout  fondement,  lors  même  que  le  dessin  daterait 
de  1506,  car  Elisabeth  Sanzio  n'était  alors  âgée  que  de  douze  ans.  Au 
verso  se  trouve  une  esquisse,  non  terminée,  d'un  jeune  homme.  H.  10"  3'"  ; 
1.  7"  6'".  N»  42.  Collections  Ottley  et  Lawrence.  Acquis,  par  M.  Woodbura, 
1,700  florins. 

Publié  dans  The  ilalian  School  ofàetign^  n"  47. 

hh.)  La  Vierge  de  Fuligno,  —  Première  pensée  pour  cette  Madone. 
L'enfant  Jésus  diffère  ici,  dans  sa  pose,  de  celui  du  tableau.  Au  crayon 
noir  et  blanc,  sur  papier  bleu.  Ce  dessin  a  beaucoup  souffert  et  ne  paraît 
pas  être  original.  H.  15"  9'";  1. 10"  6"'.  N*  39.  Collections  Wicar  et  Law- 
rence. Vendu  470  florins. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  n"  52  et  53. 

ii.)  L'enfant  Jésus.  —  Pour  la  Grande  Sainte  Famille  du  Louvre.  Dessin 
à  la  sanguine.  N°  23.  Collection  Woodburn.  Vendu  193  florins. 
*  L'original  est  dans  la  collection  de  Florence. 

jj.)  La  Vierge  au  Poisson.  --  Ce  dessin  très-travaillé  au  bistre  nous 
offre  la  composition  complète  du  tableau;  mais  rien  n'y  trahit  la  main 
de  Raphaël.  Collections  Gelosi  de  Turin  et  Woodburn.  N»  32.  Vendu 
590  florins. 

Publié  dans  la  Lcwrence  Gallery^  n«  20. 

hh.)  La  Vierge  et  saint  Nicolas  de  Tolentino.  —  Elle  est  assise  sur  un 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  539 

trône  et  tient  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux.  Celui-ci  se  retourne  vers  un 
jeune  saint  à  gauche  et  lui  donne  la  bénédiction.  Le  fond  offre  une  archi- 
tecture semblable  à  celle  du  tableau  que  le  Pérugin  a  peint  pour  Tbôtel 
de  Tille  de  Pérouse,  et  qui  est  actuellement  au  Vatican.  Belle  esquisse  à 
la  plume,  de  la  jeunesse  de  Raphaël.  H.  9"  3'"  ;  l  6"  3'".  N«  5.  Collec- 
tions P.  H.  Lankrinck,  Dawson,  Turner  et  Lawrence.  Acquis^  pour  l'Institut 
des  Beaux-Arts  de  Francfort/ 665  florins.   ' 

Pablië  dans  la  Lavrenee  Gallery,  n*  1. 

II.)  La  Mort  et  le  Couronnement  de  la  Vierge.  —  Dans  ki  partie  infé- 
rieure du  dessin,  elle  est  couchée  sur  une  litière,  entourée  des  apôtres. 
Un  chœur  d'anges  se  développe  sur  les  côtés.  Dans  la  partie' supérieure 
cintrée,  Jésus-Christ  couronne  la  sainte  Vierge;  des  saints  sont  assis  à 
ses  côtés.  Beau  dessin  à  la  plume,  lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  hianc. 
H.  15";  1.  10"  6'".  Collections  Borghèse,  à  Rome,  et  Lawrence.  N°  73. 
On  a  supposé  que  ce  dessin  était  la  première  pensée  pour  le  tableau 
d'autel  que  Raphaël  s'était  engagé  à  peindre  pour  les  religieuses  de 
Monte  Luce,  à  Pérouse;  mais  cette  supposition  n'est  pas  admissible,  en 
ce  que  ce  dessin  est  seulement  l'ouvrage  d'un  élève  de  Raphaël.  Vendu 
150  florins. 

mm.)  Tête  de  l'apôtre  saint  Jacques  le  Majeur.  —  Pour  le  Couronne- 
ment de  la  Vierge,  tableau  de  Tannée  1503.  Etude,  à  la  pierre  noire,  de 
la  tète  d'un  jeune  homme,  tournée  vers  la  gauche  et  regardant  en  haut. 
H.  10"  9'";  1.  8"  6"'.  Collections  Ottiey  et  Lawrence.  No  61.  Acquis,  par 
M.  Leerobrugge  d'Amsterdam,  600  florins. 

Publié  dans  The  italian  Sehool  ofdetign,  p.  50,  sons  la  dénomination  de  c  Tête 
d'ange  pour  la  Dispute  du  Saint-Sacrement.  » 

nn.)  Étude  pour  un  Christ.  —  A  la  pierre  noire.  N"  140.  Collection 
Woodburn.  Vendue  120  florins. 

00.)  Trois  anges.  —  Demi-figures.  Planent  en  adoration.  De  plus,  un 
bras.  Faible  esquisse  au  crayon  noir.  N»  80.  Collection  Woodburn.  Vendu 
45  florins. 

pp.)  Saint  Martin.  —  11  est  à  cheval  et,  avec  son  épée,  il  partage  son 
manteau  ;  près  de  lui,  un  homme  sauvage  avec  des  cornes.  Ce  dessin  est  un 
essai  de  la  jeunesse  du  grand  maître,  peu  de  temps  après  son  entrée  chez 
le  Pérugin.  Sur  le  verso,  le  Baptême  du  Christ,  dessiné  par  le  Pérugin  lui- 
même.  H.  11";  1.  8"  3'".  N»  69.  Collections  du  comte  Baglione  et  Law- 
rence. Acquis,  pour  l'Institut  des  Beaux-Arts  de  Francfort-sur-Mein , 
365  florins. 

qq.)  Saint  Michel  ten'assant  Satan.  —  Dessin  très-flni  au  bistre,  d'après 
le  grand  tableau  du  musée  du  Louvre.  N<*  50.  Collection  Woodburn.  Vendu 
430  florins. 


SiO         CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

rr,)  Sainte  Cécile,  —  Même  composition  que  celle  gravée  par  Marc- 
Antoine.  Bartsch,  n°  116.  Dessin  très-soigné,  lavé  au  bistre  et  rehaussé  de 
blanc,  sur  papier  pris.  H.  10"  9"';  1.  6"  6'".  Catalogue,  n*>  65.  Collections 
de  Piles,  Paignon-Dijonval,  Morel  de  Yindé,  Dimsdale  et  Lawrence. 

Gravé  par  Elle  Cheron  en  1706  ;  par  Nie.  Bruyn,  dans  le  goût  néerlandais. 
Publié  dans  la  Lawrence  Gaileryy  n*  21 . 

Un  dessin,  d'un  format  un  peu  plus  grand,  également  exécuté  au  bistre, 
se  trouve  dans  la  collection  Alberline  à  Vienne.  Mais  ni  Tun  ni  l'autre  ne 
sont  des  originaux.  Vendu  700  florins. 

ss.)  Étud^  pour  la  Dispute  du  Saint  Sacrement.  —  Cest  la  tête  de 
rbomme  qui  est  sur  le  devant,  à  gauche  ;  son  vêtement  et  quelques  mains. 
Belle  étude  d*après  nature,  à  la  pointe  de  métal,  mais  qui  a  malheureuse- 
ment un  peu  souflerl.  C'est  par  erreur  que  l'on  a  cru  y  reconnaître  le 
portrait  du  Bramante.  H.  16"  3"';  1.  H".  Collections  Wicar,  Ollley  et 
Lawrence.  N*»  67.  Acquis,  pour  la  collection  du  Louvre,  420  florins. 

tt.)  Autre  étude  pour  la  même  fresque.  —  C'est  la  moitié  de  la  partie 
intérieure  à  gauche  de  la  composition,  mais  un  peu  différente  de  l'exécu- 
tion. Dix-sept  ligures  nues,  spirituellement  dessinées  à  la  plume  d'après 
nature.  H.  1 1";  1. 16"  6"'.  N«  70.  Ce  beau  dessin  a  passé  par  les  collections 
Crozat,  Mariette,  Lagoy,  Dimsdale  et  Lawrence.  Acquis,  pour  l'Institut  des 
Beaux-Arts  de  Francfort,  1,510  florins. 

U  a  été  gravé  en  contre-partie  par  le  comte  de  Caylus  pour  le  Cabinet  Crotat. 
—  Photographié  par  Schsefer. 

uu,)  Diogéne.  —  Élude  pour  l'École  d'Athènes.  C'est  d'abord  la  figure 
entière  avec  la  draperie  à  côté  d'elle  ;  en  outre,  dessinés  plus  exactement, 
le  bras  droit  et  les  jambes.  A  la  pointe  de  métal,  sur  papier  teinté  rose. 
H.  9'  9'";  1. 1  i"  3'".  N°  54.  Collections  Wicar,  Otlley  et  Lawrence.  Acquis, 
pour  rinstifut  des  Beaux-Arts  à  Francfort,  680  florins. 

Publié  dans  The  ilalian  School  of  design. 

vv.)  L* empereur  JustiJiien  remettant  les  Pandectes  à  Tribunianus.  — 
Cette  esquisse,  pour  une  des  fresques  de  la  salle  délia  Segnatura  au 
Vatican,  est  dessinée  à  la  pointe  du  pinceau,  avec  une  couleur  brunâtre, 
et  retouchée  en  quelques  parties  à  la  plume  par  le  maître  lui-même. 
H.  iS"  6"';  1.  7"  9"'.  N"  38.  Collections  W.  Reveley  et  Lawrence.  Acquis, 
pour  l'Institut  des  Beaux- Arts  à  Francfort,  390  florins. 

XX  )  Tête  d'une  Muse,  —  Pour  le  Parnasse.  C'est  celle  qui  est  placée 
dans  le  groupe  à  droite  de  l'Apollon,  et  qui  porte  une  espèce  de  turban. 
Presque  de  grandeur  naturelle,  vue  de  trois  quarts  et  tournée  vers  la 
droite.  Dessin  d'après  nature,  à  la  pierre  noire,  mais  retouché  en  quel- 
ques parties.  N°  24.  Collections  Vilenbrock  et  Lawrence.  Acquis,  par 
M.  Colnaghi,  de  Londres,  500  florins. 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  541 

Gravé  par  B.  Picart,  en  1725,  n"  8  de  ses  Imposluret  inno€enîe$,  et  publié  dans 
la  Lawrence  Gallery,  u"  22. 

yy.)  Aleicandre  fait  déposer  les  ceuvres  d'Homère  dans  le  sarcophage  d'A- 
rhille.  —  Dessin  à  la  sanguine,  répondant  tout  à  fait  à  Ja  gravure  de  Marc- 
Antoine.  Bartsch,  n»  297.  H.  10";  1. 16"  9'".  N'>  177.  Collections  Reynolds, 
Randon  de  Boisset  et  Lawrence.  Vendu  400  florins. 

Publié  dans  la  Lawrence  Gallery^  n"  14. 

yy  bis.)  Défaite  des  Sarrasins  pi'és  du  port  d'Ostie.  —  Dessin  lavé  à  la 
sépia,  rehaussé  de  blanc,  répondant,  en  toutes  ses  parties  principales,  à 
l'exécution  de  la  fresque.  Paraît  être  une  copie  d'après  -l'original  que 
Raphaël  présenta  au  pape  Léon  X.  H.  16''  3'";  1.  25".  N»  53.  Collection 
Woodburn.  Vendu  170  florins. 

zz.)  Attila  effrayé  par  V apparition  de  saint  Pierre  et  saint  Paul,  —  Ce 
dessin,  qui  diffère  de  l'exécution  à  fresque  au  Vatican,  est  copié  du  dessin 
original  que  possède  le  musée  du  Louvre.  A  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc. 
N**  44.  Collections  Dawson,  Turner  et  Lawrence.  Vendu  100  florins. 

aaa.)  Zoroastre,  l'écrivain  et  luie  troisième  figure  de  l'École  d'Athènes.  — 
Copie  à  la  sanguine  d'après  un  dessin  original,  aujourd'hui  disparu.  N®  63. 
Collections  Richardson  et  Woodburn.  Vendu  200  florins. 

bbb.)  Mercure  et  Psyché.  —  Composition  de  la  fresque  de  la  Farnésine. 
Dessin  soigneusement  traité  à  la  sanguine.  ^°  35.  Collections  Arundel  et 
Lawrence.  Vendu  130  florins. 

ccc.)  Vénus  assise  au  festin  des  Dieux.  —  Fresque  de  la  Farnésine.  Vénus 
est  vue  de  dos  ;  une  autre  déesse  est  aussi  indiquée.  Copie  à  la  sanguine. 
N®  23.  Collections  Anlaldi  et  Lawrence.  Vendu  260  florins. 

Publié  dans  la  Lawreiue  Gallery,  n°  19. 

ddd.)  L'Amour  vole,  tenant  un  étendard.  —  De  grandeur  naturelle.  Carton 
exécuté  à  la  pierre  noire.  Cet  Amour  ressemble  à  celui  qui,  dans  une  des 
lunettes  de  la  Farnésine,  emporte  les  attributs  de  Mars.  N°  7.  Vendu 
200  florins. 

eee.)  Timocléa,  noble  dame  de  Thèbes,  amenée  par  des  soldats  devant 
Alexandre  le  Grand.  —  Dessin  à  la  plume,  du  dernier  temps  de  Raphaël. 
H.  11";  1.  17".  N°  71.  Collection  Lawrence.  Acquis,  pour  l'Institut  des 
Beaux- Arts  de  Francfort,  280  florins.  —  Madame  Forster,  à  Paris,  fille 
du  sculpteur  anglais  Banks,  de  Londres,  pf^ssède  une  belle  copie  de  ce 
dessin. 

fff,)  Alexandre  et  Roxane.  —  Cette  composition  a  été  exécutée  à  fresque 
dans  la  villa  dite  de  Raphaël,  d'après  un  i/essin  de  ce  maître,  dessin  qui 
semble  être  celui  qu'on  voit  aujourd'hui  dans  la  collection,  Albertine  à 
Vienne.  Lavé  au  bistre  et  rehaussé  de  blanc.  H.  9"  6"';  1. 13"  6'".  No  84. 
Collections  Lagoy,  Dimsdale  et  Lawrence.  Vendu  250  florins. 


sut  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

Gravé  par  Jac.  Caraglio.  Bartich,  t.  XY,  p.  96,  n*  62. 

ggg.)  La  PestCf  dite  il  Morbetto.  —  C'est  tout  à  fait  la  même  compositioo 
et  dans  le  même  senë  que  la  gravure  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  n^  417. 
Lavé  à  la  sépia  et  rehaussé  de  blanc  sur  papier -gris.  H.  7"  9"';  I.  10". 
N»  6â.  Collections  Charles  l"',  Dimsdale  et  Lawrence.  C'est  vraisemblable- 
ment le  même  dessin  qui  était  dans  la  collection  Ploos  van  Amstel,  à 
Amsterdam,  et  qui  a  été  vendu^  en  IBOO,  24  florins.  Acquis,  par  M.  Wood- 
burn,  210  florins.  —  Un  dessin  à  la  plume ,  de  la  même  composition,  a 
passé  de  la  collection  de  Raphaël  Morghen  dans  celle  de  la  galerie  de 
Florence. 

hhh.)  Entrée  de  Jean  de  Mêdicis  à  Florence.  —  Ce  dessin^  lavé  au  bistre, 
est  une  copie,  par  Francesco  Penni,  du  dessin  qui  se  trouve  au  musée  du 
Louvre.  Il  y  a  encore  deux  autres  copies,  Tune  dans  la  collection  Alber- 
tine,  à  Vienne,  et  l'autre  à  l'Université  d'Oxford.  N«>  175.  Vendu  230  flor. 

tït.)  Deux  cavaliers.  —  L'un  est  sur  son  cheval,  qui  galope;  l'autre 
est  debout  près  du  sien.  Beau  dessin  à  la  sanguine,  mais  non  traité  dans  la 
manière  de  Raphaël.  N<*  40.  Vendu  130  florins. 

jjj.)  Un  homme  debout,  tenant  un  livre  à  la  main.  —  Étude  d'après  na- 
ture, à  la  plume,  par  un  élève  de  Raphaël.  N®  47.  Vendu  80  florins. 

kkh.)  Portrait  d'un  enfant  âgé  d'environ  dix  ans^  —  Sa  tête,  tournée  un 
peu  vers  la  gauche  et  couverte  d'une  barrette.  Dessin  à  la  pierre  noire.  On 
a  prétendu  que  ce  portrait  représentait  Raphaël  lui-même,  mais  il  n'est 
point  croyable  que,  dans  un  âge  si  tendre,  il  ait  pu  exécuter  ce  dessin, 
qui  porte  complètement  le  cachet  des  ouvrages  de  sa  vingtième  année. 
H.  12"  6"';  1.  7"  6'".  N«  66.  Collections  Ottley  et  Uwrence.  Acquis,  par 
M.  Woodburn,  de  Londres,  500  florins. 

Ottley  l'a  publié  dans  son  Italian  Sehool  of  design,  comme  éUnt  le  jeune  Raphaël 
dessiné  par  lui-même. 

///.)  Portrait  d'une  jeune  femme.  —  Dessin  à  la  pierre  noire,  de  la  manière 
péruginesque  du  maître.  Demi-figure,  vue  de  trois  quarts.  La  tête  est  gar- 
nie d'un  ruban  de  gaze  qui  tombe  en  avant  et  qui  est  lié  sur  la  poitrine. 
H.  14"  9'";  1.  10"  4'".  N«  37.  Collections  Ottley  et  Lawrence.  Acquis,  par 
M.  Woodburn,  de  Londres,  770  florins. 

Publié  dans  la  Lawrence  Gallery,  n"  16,  comme  étant  le  portrait  de  la  sœur  de 
Raphaël;  ce  qui  n'est  guère  possible,  puisqu'elle  était  née  en  1494  et  qu'elle 
mourut  jeune. 

mmm.)  Portrait  d'une  jeune  femme.  —  Demi-tigure  sans  mains,  tournée 
vers  le  côté  gauche  et  vue  de  trois  quarts.  Très- beau  dessin  à  la  pierre 
noire,  dans  la  manière  florentine  de  Raphaël.  H.  10"  3"'  ;  1.  7"  3'",  n«  36. 
Collections  Ottley  et  Lav^rencc;  Ce  portrait  passe  également  pour  être 
celui  de  la  sœur  de  Raphaël,  ce  qui  n'est  admissible  en  aucune  façon. 
Acquis,  par  M.  Woodburn,  670  florins. 


..«. 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  »4S 

win.)  Portrait  de  Timoteo  Viti.  —  De  grandeur  naturelle,  tu  de  face, 
^Tec  la  barbe,  et  couvert  d'une  barrette  noire.  Superbe  dessin  à  la  pierre 
noire  et  un  peu  coloré  à  l'aquarelle.  Ce  dessin  a  été  de  fout  temps  con- 
sidéré comme  étant  le  portrait  de  Viti  ;  mais  il  est  plus  travaillé  que  ne  le 
sont  généralement  les  dessins  de  Raphaël.  H.  ÎO"  6'";  1.  15".  N«  6. 
Collections  Ântaldo  Antaldi  et  Lawrence.  Acquis,  par  M.  Woodburn, 
3,200  florins. 

Publié  seulement  dans  la  grande  édition  de  la  Lawrence  Gallery.  Ce  dessin  ne 
se  trouve  point  dans  les  éditions  ordinaires. 

000.)  Tête  d'un  jeune  homme.  —  Vue  de  profil,  le  regard  dirigé  vers  le 
haut,  les  cheveux  tombant  sur  les  épaules.  Demi-grandeur  naturelle. 
Dessin  à  la  pierre  noire,  d'une  grande  beauté,  mais  un  peu  retouché. 
N«»Î7.  Acquis,  par  M.  Colnaghi,  de  Londres,  670  florins. 

ppp.)  Tête  de  moine  y  couverte  d'un  capuchon.  —  Le  regard  baissé  vers 
le  côté  gauche.  On  a  prétendu,  sans  aucun  fondement,  que  ce  portrait 
était  celui  de  Savonarola.  Beau  dessin  à  la  pierre  noire,  mais  très-relouché. 
N"  74.  Collection  Lawrence.  Acquis,  par  M.  Roos,  380  florins. 

qqq.)  Portrait  d'un  homme  âgé.  —  Avec  une  longue  barbe  pointue,  vu 
de  profil  et  tourné  vers  le  côté  droit.  Faussement  désigné  comme  le 
portrait  de  Jules  11.  Dessin  à  la  pierre  noire,  n®  28.  Vendu  ISO  florins. 

rrr.)  Portrait  d'un  homme  à  barbe.  —  Vu  presque  de  trois  quarts, 
regardant  vers  le  haut,  et  couvert  d'une  toque.  Elude  à  la  pierre  noire.  Ce 
portrait  passe,  sans  fondement,  pour  être  celui  de  Giovan  Francesco 
Penni.  N»  57.  Collections  Paignon-Dijonval,  Morel  de  Vindé  et  Lawrence. 
Vendu  100  florins. 

Publié  dans  la  Lawrence  Gallery^  n»  17. 

«««.)  Portrait  d'homme.  —  Vu  de  trois  quarts,  tourné  vers  le  côté  gauche. 
Dessin  à  la  sanguine,  sur  papier  brun,  et  rehaussé  de  blanc.  H.  8"  6'"; 
L  6"  6'".  N«  59.  Collections  Wicar  et  Lawrence.  Vendu  160  florins. 

ttt.  Tête  d'homme  âgé,  sans  barbe.  —  Vue  de  face  et  un  peu  inclinée 
vers  la  droite.  Demi-grandeur  naturelle.  Dessin  à  la  pierre  noire,  dans  la 
manière  de  Léonard  de  Vmci.  N®  21.  Vendu  2t>0  florins. 

uuu.)  Tète  d'homme  àgè,  sans  barbe.  —  Couvert  d'une  toque»  vu  presque 
de  profil  et  regardant  d'un  air  chagrin  vers  le  bas  du  côté  gauche.  Faus- 
sement désigné  comme  le  portrait  du  Bramante.  La  même  feuille  contient 
encore  quelques  études  de  draperies.  Dessin  de  l'époque  florentine, à  la 
pointe  de  métal,  sur  papier  teinté  rose,  et  rehaussé  de  blanc.  Au  verso 
sont  des  croquis  de  Madones,  à  la  plume.  N®  60.  Collection  Woodburn. 
Acquis,  par  M.  de  la  Salle,  à  Paris,  pour  360  florins.  • 

wv.)  Tête  et  bras  d'un  jeune  garçon.  —  Fragment  d'un  carton  coloré. 
L^enfant  paraît  effrayé  et  saisit  le  vêtement  de  sa  mère.  On  ne  sait  pas  à 


544        CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

quelle  composition  ce  dessin  a  pu  appartenir.  Les  contoure  sont  tracés 
avec  une  couleur  foncée.  Le  coloris  et  le  procédé  du  coloriage  rappellent 
le  faire  de  Francesco  Penni.  N"*  86.  Collection  Woodburo.  Vendu 
280  florins. 

XXX.)  Cinq  ^étes.  —  De  grandeur  naturelle.  Ce  sont  des  études  pour  les 
cartons  de  l'Histoire  des  Apôtres.  Deux  têtes  appartiennent  à  la  compo- 
sition  du  Christ  donnant  les  clefs  à  saint  Pierre;  ce  sont  celles  du  disciple 
à  barbe  et  du  jeune  disciple  vu  de  profil.  Ensuite,  la  tête  d'homme  cou- 
verte d'une  toque  se  trouve  dans  la  Guérison  du  Paralytique.  Enfin,  deui 
têtes,  pour  la  Prédication  de  saint  Paul  à  Athènes;  ce  sont  celles  de  Denis 
l'Aréopagite  et  de  Damaris  montant  l'escalier.  Ces  têtes,  dessinées  à  la 
pierre  noire,  légèrement  colorées,  sont  des  copies  d'après  les  cartons  de 
Raphaël  qui  se  trouvent  à  Hampton-Court.  Elles  peuvent  avoir  servi  dans 
une  fabrique  de  tapisseries.  Le  musée  du  Louvre  possède  trois  têtes 
copiées  également  d'après  les  mêmes  cartons,  sans  doute  pour  servir 
aussi  à  la  confection  de  tapisseries;  et  comme  ces  trois  têtes  sont  traitées 
absolument  de  la  même  manière  que  les  précédentes,  on  peut  présumer 
qu'elles  appartenaient  à  la  suite.  Les  cinq  têtes  de  la  collection  de  La 
Haye  ne  furent  point  vendues,  faute  d'ofl'res  satisfaisantes.  N^»*  1  à  5. 

DESSINS   QUI  FAISAIENT   PARTIE    DE   LA    COLLECTION    JABACU. 

Ce  riche  banquier  de  Cologne  acheta  en  Angleterre  une  grande  pai*tie 
des  plus  beaux  tableaux,  dessins,  bustes  et  reliefs  en  marbre  et  en  bronze, 
de  la  collection  du  roi  Charles  1"^,  qui  fut  vendue  à  l'enchère  en  1650.  II 
en  céda  une  partie  au  cardinal  Mazarin  en  1651,  et  l'autre  partie,  nom- 
mée communément  «  la  seconde  collection  Jabach,  »  à  Louis  XIV  en  1671. 
Le  comte  Léon  de  Laborde  fut  le  premier  qui,  dans  son  bel  ouvrage 
intitulé  «  le  Palais  Mazarin,  »  donna  sur  cette  seconde  collection  Jabach 
quelques  renseignements,  tirés  d'un  manuscrit  original,  in-folio,  n°  7,230, 
de  la  Bibliothèque  impériale  à  Paris.  On  y  trouve  non-seulement  l'inven- 
taire des  desseins,  mais  aussi  plusieurs  lettres  de  Jabach  et  divers  docu- 
ment qui  traitent  de  la  vente  des  tableaux  et  des  dessins  cédés  au  roi 
par  Tentremise  de  Colbert. 

Pour  de  plus  amples  informations  à  ce  sujet,  nous  renvoyons  nos  lec- 
teurs  à  la  relation  détaillée  que  M.  Paul  Lacroix  a  fait  paraître  dans  «  la 
Revue  universelle  des  arts,  »  Paris,  1855,  tome  I ,  p.  105-126.  Nous  nous 
bornerons  à  reproduire  ici  textuellement  l'inventaire  des  134  dessins 
attribués  à  Raphaël ,  qui  auraient  dû  passer  dans  la  collection  du  roi.  Il 
est  cependant  constaté  que  seulement  quelques  feuilles  décrites  dans  cet 
inventaire  existent  à  présent  dans  la  collection  du  Louvre,  et  déjà  une  note 
jointe  à  l'inventaire  établit  que,  sur  les  640  dessins  de  l'école  de  Raphaël 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  .545 

y  mentionnés,  on  n'en  avait  trouvé  que  266.  De  plus ,  Mariette  rapporte , 
dans  ie  catalogue  qu'il  a  publié  de  la  collection  Crozat  en  1751  y  que  cet 
amateur  avait  acheté  des  héritiers  de  Jabach  la  collection  de  dessins  que 
celui-ci  s'était  réservée  lors  de  la  vente  faite  au  roi.  Il  est  donc  certain 
qu'un  grand  nombre  des  dessins  de  Raphaël  de  la  collection  Jabach  ne 
sont  pas  entrés  dans  la  collection  royale^  et  l'on  peut  même  supposer  que 
plus  d'une  copie  >  de  celles  que  Jabach  avait  fait  faire  avec  tant  de  soin 
<  pour  s'en  servir  un  jour  au  défaut  des  originaux,  )»  comme  il  le  dit  lui- 
même,  a  remplacé  les  dessins  qui  disparurent  après  la  vente.  Ces  dessins 
doivent  être  dispersés  dans  les  collections  hors  de  France;  cependant  nous 
n'en  avons  retrouvé  que  très-peu  dans  ces  collections. 

Nous  avons  rangé  les  dessins  de  Raphaël  de  la  collection  Jabach  d'après 
les  sujets,  et  selon  le  système  que  nous  avons  généralement  adopté  pour 
faciliter  les  recherches,  tout  en  y  joignant  les  numéros  de  l'inventaire 
originaJ. 

flliU«tt  da  ITlen  Testament. 

1.  Adam  et  Eve  sortant  du  Paradis  terrestre,  figures  entières,  à  la  san- 
guine sur  du  papier  gris,  de  11  pouces  de  long  sur  15  p.  de  hault.  No  113 
de  l'inventaire. 

2.  TJn  Déluge,  où  il  y  a  quantité  de  ligures  entières,  lavé  et  rehaussé 
sur  du  papier  gris,  de  12  p.  1/2  de  long  sur  15  p.  1/2  de  large.  N^  85. 

3.  Vn  Déluge,  où  il  y  a  quantité  de  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et 
rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  13  p.  de  1.  sur  11  p.  1/2  de  hault.  N<>  110. 

4..  Un  Lot  (sic) y  sa  Femme  et  ses  deux  Filles,  figures  entières,  à  la 
pierre  noire,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  16  p.  de  1.  sur  12 
p.  1/2  de  hault.  N»  47. 

5.  L'Ange  qui  lutte  contre  Jacob,  où  il  y  a  plusieurs  figures  entières 
et  animaux ,  à  la  plume ,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  verdastre ,  de 
14  p.  de  1.  sur  6  p.  1/2  de  hault.  N"»  102. 

6.  Les  Enfans  de  Jacob  qui  despouiilent  leur  frère  Joseph  pour  le  des- 
cendre dans  un  puys,  figures  entières,  à  la  plume  et  rehaussé  sur  du  pa- 
pier gris,  de  11  p.  de  1.  sur  8  p.'  de  hault.  f)<»  63. 

7.  Joseph  qui  explique  les  songes  au  roy  Pharaon,  où  il  y  a  plusieurs 
personnes  estodDées,  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du 
papier  roux,  de  18  p.  de  1.  sur  8  p.  de  hault.  N<>  108. 

8.  Un  Joseph  qui  trouve  la  tasse  dans  le  sac  de  Benjamin,  où  ses  frères 
prient  pour  luy,  figures  entières,  à  la  plume,  sur  du  papier  roux,  de  18  p. 
de  1.  sur  10  p.  de  hault.  N<>  94. 

9.  Un  Dieu  le  Père  avec  des  a7iges ,  et  Moyse  en  bas,  figutes  entières,  à 
la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  10  p.  de  1.  sur  12  p. 
de  hault.  N»  93. 

II.  ôri 


546         CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

10.  Un  Moyse  avec  deux  anges  y  figures  entières,  à  la  plume,  sur  du 
papier  gris,  de  10  p.  1/2  de  1.  sur  10  p.  de  hault.  N«  109. 

4 1 .  Moyse  passant  la  mer  Rouge  avec  le  peuple  d' Israël,  où  41  y  a  quan- 
tité de  figures  entières,  à  la  plum^,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  bleu, 
de  13  p.  de  1.  sur  10  p.  1/2  de  hault.  N°  99. 

12.  Moyse  qui  présente  la  table  au  peuple,  où  il  y  a  quantité  de  figures 
entières,  a  la  plume ,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris ,  de  13  p.  1/S 
de  1.  sur  42  p.  de  hault.  N«  124. 

13.  Plusieurs  figures  qui  portent  l'Arche  d'alliance,  figures  entières,  û 
la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  12  p.  de  h  sur  10  p.  de 
hault.  N»  123. 

14.  David  qui  coupe  la  teste  à  Goliat,  où  toute  son  armée  s'enf\iit, 
figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  jaunastre,  de 
16  p.  1/2  de  1.  sur  1  pied  de  hault.  N»  34. 

15.  Un,  Jugement  de  Salomon,  où  il  y  a  plusieurs  figures  entières,  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  13  p.  de  1.  sur  10  p.  de 
hault.  N«  119. 

16.  Un  Tobie  qu*on  ensevelit,  où  il  y  a  plusieurs  figures  entières,  pleu- 
rant, à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  14  p.  de  1.  sur 

10  p.  1/2  de  hault.  Nom. 

HnSetê  un  IVottteatt  ffestAflàenl. 

.  17.  Une  Annonciation  de  VAnge  à  la  Vierge,  figures  entières,  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris  à  fond  bleu,  de  16  p.  de  1. 
sur  10  p.  1/2  de  hault.  N«  57. 

18.  L* Accouchement  de  saincte  Elisabeth  et  où  il  y  a  des  femmes  qui 
lavent  l'enfant,  et  plusieurs  autres  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et 
rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  18  p.  1/2  de  1.  sur  2  pieds  de  hauJt. 
No  72. 

19.  Une  Nativité  de  Nostre  Seigneur,  où  il  y  a  quantité  de  figures  en- 
tières, à  la  plume  et  lavé  sur  du  papier  blanc,  de  10  p.  de  1.  sur  10 1/2 
de  hault.  N»  2. 

20.  Une  Nativité  de  Nostre  Seigneur,  où  il  y  a  plusieurs  figures  entières, 
à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  brun,  de  10  p.  1/2  de  l.  sur 

11  p.  1/2  de  hault.  N»  35. 

21.  Une  Nativité,  où  il  ^  a  plusieurs  figures  entières  et  animaux,  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  17  p.  de  l.  sur  42  p.  de 
hault.  No  53. 

22.  Une  Nativité  de  Nostre  Seigneur,  où  il  y  a  plusieurs  anges,  saincts 
et  sainctes,  et  quantité  de  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé 
sur  du  papier  gris,  de  12  p.  1/2  de  1.  sur  12  p.  1/2  de  hault.  N»  97. 

23.  Dieu  le  Père  dans  sa  gloire  avec  quantité  d'anges  et  au  bas  une 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPEIUSÉES.  547 

Nativité  de  Nostre  Seigneur,  où  il  y  a  plusieurs  bergers  et  animaux ,  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  17  p.  1/2  de  1.  sur  21  p. 
de  hault.  N«  129. 

24.  L'Adoration  de  trois  Roys,  où  il  y  a  plusieurs  ligures  entières,  à  la 
plurce  et  lavé  sur  du  papier  roux,  de  12  p.  1/2  de  1.  sur  15  p.  de  hault. 
N«52. 

25  Une  Adoration  des  trois  JRoys,  où  il  y  a  grand  nombre  de  figures 
entières  et  animaux,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de 
M  p.  de  l.  sur  14  p.  de  large.  N®  101. 

26  Dieu  h  Vère  regardant  la  cir^ncision  de  Nostre  Seigneur,  où  il  y  a 
cinq  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de 
7  p.  1/2  de  1.  sur  10  p.  1/2  de  hault.  N'>  78. 

27.  La  Vierge  portant  Nostre  Seigneur  au  Temple  pour  estre  circoncis, 
où  il  y  a  quantitr  de  ligures  entières,  à  la  plunif ,  lavé  et  rehaussé  sur  du 
papier  jaune,  de  15  p.  de  1.  sur  13  p.  de  hault.  N°  96. 

28.  Un  petit  Massacre  des  Innocents ,  où  il  y  a  plusieurs  figures  en- 
tières, à  la  plume,  lavé,  ombré  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  8  p. 
1/2  de  1.  sur  9  p.  1/2  de  hault.  N<»  91 . 

29.  Un  Massacre  des  Innocents,  où  il  y  a  plusieurs  figures  entières,  à  la 
plume,  sur  du  papier  gris,  de  7  p.  de  1.  sur  12  p.  1/2  de  hault  N<>  103. 

30.  Vn  autre  Massacre  des  Innocents,  où  il  y  a  plusieurs  ligures  entières, 
à  la  plume,  sur  du  papier  gris,  de  10  p.  1/2  de  l.  sur  13  p.  1/2  de  hault. 
No  104. 

31.  Un  autre  Massacre  des  Innocents,  où  il  y  a  plusieurs  figures  en- 
tières, à  la  plume  sur  du  papier  gris,  de  9  p.  de  1.  sur  12  p.  1/2  de  hault. 
N«  105. 

Ces  trois  dessins  du  Massacre  des  Innocents  paraisseiit  appartenir  à  la 
composition  pour  les  tapisseries. 

32.  Nostre  Seigneur  preschant  au  Temple  oii  la  Vierge  le  vient  trouver, 
avec  plusieurs  figures,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris  à 
fond  bleu,  de  17  p.  de  1.  sur  11  p.  1/2  de  hault.  N^  95. 

33.  Nostre  Seigneur  sur  la  montagne  du  Thabor,  entre  Moysé  et  Élie  et 
ses  apostres,  et  plusieurs  autres  figures  entières  au  bas,  à  la  plume, 
lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  jaunastre,  de  13  p.  de  1.  sur  18  p.  de 
hault.  N»  127. 

34.  Nostre  Seigneur  à  la  table  avec  ses  apostres,  oit  Magdeleine  lui  lave 
les  pieds,  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  de  sanguine  sur  du  papier 
gris,  de  15  p.  1/2  de  1.  sur  10  p.  de  hault.  N»  120. 

35.  Une  Cène  de  Nostre  Seigneur,  où  il  y  a  tous  les  apostres,  figures 
entières,  à  la  plume  et  lavé  sur  du  papier  blanc,  de  15  p.  1/2  de  i.  sur 
il  p.  de  hault.  N*»  5. 

36.  Une  Cène  de  Nostre  Seigneur,  avec  tous  ses  apostres^  à  la  plume. 


548  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris^  de  18  p.  de  L  sur  9  p.  de  hault. 
N»  18. 

37.  Une  Cène  de  Nostre  Seigneur,  avec  tous  ses  apostres,  figures  en- 
tières, à  la  plume  et  lavé  sur  du  papier  blanc ,  de  18  p.  de  1.  sur  H  p. 
de  hault.  N»  26. 

38.  Une  Cène  de  Nostre  Seigneur,  avec  tous  les  apostres,  ligures  en- 
tières, à  la  pluroe^  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  19  p.  de  I.  sur 
12  p.  de  hault.  N»  32. 

39.  Nostre  Seigneur  qui  fait  la  Cène  avec  ses  apostres,  figures  entières, 
à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  14  p.  de  1.  sur  10  p. 
de  hault.  N»  122.  • 

40.  Nostre  Seigneur  portant  la  croix,  où  il  y  a  quantité  de  figures  en- 
tières, à  la  plume,  lavé,  ombré  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  18  p. 
de  1.  sur  21  p.  1/2  de  hault.  N»  126. 

41.  Une  Descente  de  Croix,  où  il  y  a  plusieurs  figures  entières,  à  la 
plume  et  lavé  sur  du  papier  blanc,  de  7  p.  de  1.  sur  8  p.  1/2  de  hault. 
N»  29.  -      . 

42.  Une  Descente  de  Croix,  où  il  y  a  huict  figures  entières,  à  la  plume , 
lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  dé  1  pied  de  1.  sur  9  p.  1/2  de  hault. 
N»  43. 

43.  Une  Descente  de  Croix,  où  la  Vierge  tient  Nostre  Seigneur  sur  ses 
genouils,  où  il  y  a  huict  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé 
sur  du  papier  gris,  de  8  p.  1/2  de  1.  sur  11  p.  de  hault.  N»  58. 

44.  Une  Vierge  qui  s'esvanouit  auprès  le  sépulcre  de  Nostre  Seigneur, 
où  il  y  a  cinq  figures  entières,  à  4a  plume,  lavé  et  rehaussé,  de  13  p.  de 
1.  sur  10  p.  1/2  de  hault.  N»  62. 

45.  IJn  Christ  mort  et  une  Yi&'ge  de  pitié,  figures  entières,  à  la  plume, 
lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  11  p.  de  1.  sur  14  p.  de  hault. 
N°  36. 

Ce  beau  dessin  se  trouve  à  présent  dans  la  collection  du  Louvre. 

46.  Nostre  Seigneur  qui  sort  du  tombeau,  où  sont  les  trois  Marie  et 
plusieurs  soldats  renversez,  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé 
sur  du  papier  gris,  de  17  p.  1/2  de  1.  sur  8  p  de  hault.  N«  67. 

Ce  dessin  paraît  être  le  même  qui  se  trouve  à  présent  dans  la  collection 
d'Oxford. 

47.  La  Résurrection  de  Nostre  Seigneur  sortant  du  sépulcre ,  où  il  y  a 
beaucoup  de  soldats  espouvuntez  et  autres  figures  entières,  à  la  plume, 
lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  bleu,  du  21  p.  de  1.  sur  13  p.  i/2  de  hault. 
NO  107. 

48.  Nostre  Seigneur  qui  impose  la  main  sur  la  Magdelmne,  figures  en- 
tières, lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  jaunaslre,  de  8  p.  de  1.  sur  8  p.  de 
hault.  N«  77. 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSEES.  549 

▼ieripes  et  SAlntes  Familles. 

49.  Une  Vierge  qui  prie  devant  le  petit  Jésitë,  à  la  plume  et  lavé  sur  du 
papier  blanc,  de  6  p.  de  1.  sur  6  p.  1/2  de  haut.  N"*  3. 

50.  Une  Vierge  avec  le  petit  Jésus  qui  lit  dans  un  livre,  figure  jusques  à 
geDOuils,  à  la  plume,  sur  du  papier  gris,  de  9  p.  de  1.  sur  10  p.  de  hault. 
N»  9. 

5i.  Une  Vierge  qui  lit  dans  i(n  livre ,  tenant  le  petit  Jésus  sur  ses  ge- 
nouils»  figure  jusques  aux  jambes,  à  la  plume,  sur  du  papier  blanc,  de 
7  p.  i/2  de  I.  sur  7  p.  1/2  de  hault.  N»  10. 

52.  Une  Vierge,  le  petit  Jésus  et  sainct  Jean,  figures  entières,  à  la  plume 
et  lavé  sur  du  papier  gris,  de  9  p.  de  1.  sur  12  p.  de  hault.  N<>  11. 

53.  Une  Vierge  avec  le  petit  Jésus  qui  est  monté  sur  un  mouton,  figure 
entière,  à  la  pierre  de  mine,  lavé  sur  du  papier  ^ris,  de  8  p.  1/2  sur  11  p. 
de  hault.  N»  20. 

54.  Une  Vierge,  le  petit  Jésus  et  le  sainct  Jean,  figures  entières,  à  la 
plume,  sur  du  papier  roux,  de  9  p.  de  1.  sur  10  p.  de  hault.  No2l. 

55.  Vne  Vierge  avec  le  petit  Jésus,  figure  entière,  lavé  et  rehaussé  sur 
du  papier  gris,  de  9  p.  1/2  de  1.  sur  12  p.  de  hault.  N*"  25. 

56.  La  Vierge  avec  le  petit  Jésus,  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et 
rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  11  p.  de  1.  sur  12  p.  de  hault.  N""  80. 

57.  Une  Vierge  qui  regarde  au  ciel,  portant  le  petit  Jésus,  où  il  y  a 
saint  Joseph  et  saint  Jean,  figures  entières,  à  la  plume,  sur  du  papier 
blanc,  de  40  p.  de  1.  sur  12  p.  1/2  de  hault.  N^"  1. 

58.  Vne  Viei^ge  avec  le  petit  Jésus,  où  il  y  a  6  ligures  entières,  à  la 
pierre  de  mine,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  brun  à  fond  bleu,  de  1  pied 
de  1.  sur  13  p.  de  hault.  N»  8. 

59.  Une  Vierge,  le  petit  Jésus,  saincte  Elisabeth  et  sainct  Jean,  figures 
entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  8  p.  1/2  de  1. 
sur  10  p.  de  hault.  N'^ie. 

60.  Vne  Vierge,  le  petit  Jésus,  sainct  Jean,  saincte  Élizabeth  et  sainct  Jo- 
seph, à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  10  p.  1/2  de  1. 
sur  12  p.  de  hault.  N^*  17. 

61.  La  Vierge,  le  petit  Jésus,  avec  plusieurs  anges;  au  bas,  plusieurs 
saincts  et  sainctes,  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du 
papier  gris,  de  14  p.  de  1.  sur  18  p.  1/2  de  hault.  N»  22. 

62.  La  Vierge,  le  petit  Jésus,  sainct  Joseph  et  plusieurs  figures  entières,  à 
la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  10  p.  de  1.  sur  10  p.  1/2 
de  hault.  N°  23. 

63.  Une  Vierge,  le  petit  Jésitë,  sainct  Jean  et  sainct  Joseph,  figures  entières^ 
à  la  pierre  noire,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  12  p.  de  1.  sur 
17  p.  de  hault.  N»  48. 


î>50  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  BAPHAEL. 

Ci.  Une  Vierge  avec  le  petit  Jésvs  et  un  sainct  qui  prie  devant  un  pepitre 
(sic),  figure  entière^  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris^  de 
6  p.  «/2  de  1.  sur  9  p!  1/2  de  hault.  N<»  12. 

63.  La  Vierge,  h  petit  Jésus  et  sainct  Joseph,  dans  une  église,  où  U  y  a 
plusieurs  Hgures  entières,  à  ta  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris^ 
de  9  p.  1/2  de  1.  sur  12  p.  1/2  de  hault.  N°24. 

66.  Une  Vierge  avec  le  petit  Jésus,  où  il  y  a  deux  saincts  et  une  saincte, 
figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  de 
11  p.  de  1.  sur  16  p.  de  hault.  N<>  56. 

67.  Une  Vierge  avec  le  petit  Jésus,  où  il  y  a  sainct  François,  sainct  Gré- 
goire et  saincte  Catherine,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris^ 
de  13  p.  de  1.  sur  16  p.  1/2  de  hault.  N°  ô5. 

68.  Une  Vierge,  le  petit  Jésus,  sainct  Jean  et  sainct  Joseph,  figures  à  demy 
jambes,  à  la  plume  et  lavé  sur  du  papier  roux,  de  11  p.  de  1.  sur  12  p. 
de  hault.  N«  70. 

69.  Une  Vierge,  le  petict  Jésus,  sainct  Jean  et  saint  Clément,  et  plusieurs 
anges,  et  au  bas  plusieurs  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé 
sur  du  papier  gris,  de  12  p.  1/2  de  1.  sur  15  p.  1/2  de  hault.  N^^Si. 

70.  IJne  Vierge  avec  d<mx  anges,  figures  entières,  à  la  plume^  sur  du  pa- 
pier blanc,  de  8  p.  1/2  de  1.  sur  9  p.  de  hault.  N*>  86. 

71 .  Le  Couronnement  de  la  Vierge,  où  il  y  a  des  anges,  sainct  Jean,  au 
nombre  de  six  figures,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  jau- 
naslre,  de  9  p.  1/2  de  1.  sur  12  p.  de  hault.  N»  79. 

72.  Nostre  Seigneur  qui  couronne  la  Vierge,  où  il  y  a  plusieurs  saincts, 
figures  entières,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  12  p.  1/2  de  1.  sur 
14  p.  1/2  de  hault.  N»  112. 

73.  Vn  Dieu  le  Père,  figure  entière,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du 
papier  roux,  de  10  p.  1/2  de  1.  sur  12  p.  1/2  de  hault.  N®  90. 

74.  Dieu  le  Père,  Sainct -Esprit,  avec  plusieurs  anges,  à  la  plume,  lavé  et 
rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  10  p.  1/2  de  1.  sur  8  p.  de  hault.  N<>  82. 

75.  Un  Dieu  le  Père,  assis  sur  des  nues,  où  il  y  a  quantité  d'anges  en- 
tiers autour,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  verdaslre,de  17  p. 
de  1.  sur  8  p.  de  hault.  N*»  106. 

76.  Une  Trinité,  où  il  y  a  plusieurs  chérubins,  figures  entières,  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris  à  tond  bleu,  de  14  p.  de  1.  sur 
9  p.  1/2  de  hault.  N"  39. 

77.  Dieu  le  Père,  Nostre  Seigneur,  la  Vierge  et  sainct  Jean,  avec  quan- 
tité d'anges  et  prophètes  représentant  le  triumpbe  de  l'Evangile,  et  au  bas 
grand  nombre  de  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du 
papier  roussâlre,  de  3  pieds  1/2  de  1.  sur  20  p.  de  hault.  N»  132. 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  551 

78.  Une  Vision  de  sainct  Pierre  et  sainct  Paul  qui  déffend  (à)  un  roy 
(probablement  Attila)  de  passer  outre  avec  toute  son  armée,  et  grand 
nombre  de  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier 
roux,  de  2  pieds  i  p.  de  1.  sur  16  p.  1/2  de  hault.  N<>  128. 

79.  Un  dessin  d'autel^  où  il  y  a  un  Dieu  le  Père  et  quantité  d*anges  qui 
soDDent  de  la  trompette  et  où  il  y  a  une  saincte  qui  tient  un  encensoir 
et  au  bas  plusieurs  saincts,  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé 
sur  du  papier  gris,  de  17  p.  1/2  de  1.  sur  12  p.  de  hault.  N"*  211.  —  Ce 
dessin  se  trouve  à  présent  dans  la  collection  du  Louvre. 

80.  Un  Crucifix  où  à  costé  est  la  Vierge  avec  sainct  Jean^  sainct  Paul  et 
sainct  Laurent  et  la  Magdeleine,  figures  entières,  à  la  plume,  sur  du  papier 
gris,  et  rehaussé,  de  13  p.  de  1.  sur  18  p.  1/2  de  hault.  N<^  19. 

81.  Nostre  Seigneur  qui,  par  la  prière  de  deux  femmes^  faict  délivrer  un 
prisonnier,  où  il  y  a  quantité  de  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  re- 
haussé sur  du  papier  gris,  de  17  p.  de  1.  sur  22  p.  1/2  de  hault.  N^  30. 

82.  Un  sainct  Michel  qui  chasse  le  diable,  figures  entières,  à  la  plume, 
lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  10  p.  1/2  de  1.  sur  13  p.  de  hault. 
N°28. 

83.  Un  sainct'  Michel  qui  marche  sur  le  diabk,  figures  entières ,  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  jaunastre^  de  13  p.  de  1.  sur  18  p. 
de  hault.  N»  125. 

84.  Un  sainct  Paul  qui  guérit  un  possédé,  où  il  y  a  grand  nombre  de 
figures  entières,  à  la  pierre  noire,  rehaussé  de  blanc  sur  du  papier  brun, 
de  18  p.  1/2  de  L  sur  13  p.  de  hault.  N°  98. 

85.  Un  sainct  Jean  qui  donne  sa  bénédiction  au  peuple  à  genoux  devant 
luy,  figures  entières,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  bleu,  de  13  p.  de  1. 
sur  9  p.  de  hault.  N""  73. 

86.  Un  sainct  qui  prie  pour  un  homme  qui  se  meurt,  où  il  y  a  quantité 
de  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de 
11  p.  1/2  de  l.  sur  9  p.  de  hault.  N^  U. 

87.  Un  sainct  qui  prie  pour  une  femme  possédée  et  qui  faict  sortir  le  dia- 
ble, où  il  y  a  plusieurs  figures  entières,  à  la  plume  et  lavé  sur  du  papier 
gris,  de  11  p^  1/2  de  1.  sur  11  p.  de  hault.  N®  15. 

88.  Nostre  Seigneur,  la  Vierge,  et  sainct  Jean,  sainct  Paul  et  saincte  Car- 
therine,  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris, 
de  12  p.  1/2  de  1.  sur  16  p.  de  hault.  N°  89. 

C*est  la  composition  des  Cinq  Saints.  Ce  dessin  se  trouve  à  présent  dans 
la  collection  du  Louvre. 

89.  UnjB  saincte  Marguerite  qui  marche  sur  le  dragon,  figure  entière,  à 
la  pierre  noire,  lavé,  ombré  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  10  p.  de  1. 
sur  14  p.  de  hault.  N°  64. 


5»?         CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

liiOeta  de  iiij(holo|rft«» 

90.  Vn  Apollon,  où  il  y  a  plusieurs  figures  entières,  à  la  plume,  re- 
haussé sur  du  papier  brun,  de  7  p.  de  l-  sur  2p.  de  hault.  N»  il6. 

9 1 .  Mars  et  Vénus,  où  il  y  a  quantité  de  Cupidons  et  autres  figures  en- 
tières, à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris^  16  p.  de  I.  sur 
13  p.  de  large.  N«  100. 

92.  Vn  Jugement  de  Paris,  où  il  y  a  plusieurs  dieux  et  déesses,  figures 
entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  jaune  à  huisie,  de 
19  p.  de  1.  sur  11  p.  de  hault.  N®  60. 

93.  Ln  petit  Cupidon  dans  un  vaze,  figure  entière,  à  la  plume  et  lavé 
sur  du  papier  roux,  de  5  p.  de  1.  sur  6  p.  de  hault.  N''^. 

94.  Un  Adonis  qui  parle  à  deux  hommes,  figures  entières,  à  la  plume  et 
rehaussé,  den  p.  i/2  de  1.  et5  p.  1/âde  hault.  N»  114. 

95.  Un  Baccanal,  où  Silenne  est  assis  dans  un  charriot,  en  grand  nom- 
bre de  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  roux, 
de  2  pieds  de  1.  sur  16  p.  de  hault  N*'  7. 

SiUets  historiques»  de  la  Tie  commimey  et  étndes. 

96.  Le  Pape  assis  dans  son  trosne,  avec  plusieurs  figures  entières,  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  13  p.  1/2  de  1.  sur  16  p.  1/2 
de  hault.  N»  61. 

97.  Un  Moine  qui  reçoit  la  Bulle  dupape  avec  sa  bénédiction,  et  où  il  y 
a  plusieurs  autres  moines,  figures  entières,  à  la  plume  et  lavé  sur  du  pa- 
pier gris,  de  11  p.  1/2  de  1.  sur  9  p.  de  hault.  N»  13.     . 

98.  Un  Pape  priant,  où  il  y  a  quantité  de  peuple  et  un  cavallier  qui 
passe  sur  le  corps  d'un  soldat  et  autres  gens  qui  tiennent  des  verges  à  la 
main,  ligures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  à 
fond  bleu,  de  18  p.  de  1.  sur  13  p.  de  hault.  N<>  69. 

99.  Un  Pape  à  qui  on  amène  plusieurs  captifs^  où  il  y  a  un  grand  nom- 
bre de  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  roux, 
de  3  pieds  1/2  p.  de  1.  sur  15  p.  1/2  de  hault.  N»  134. 

100.  Un  Concile,  où  il  y  a  plusieurs  moines,  ligures  entières,  à  la  plume, 
lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  18  p.  de  1.  sur  11  p.  1/2  de  hault. 
N»  37. 

101.  Une  Bataille  de  Constantin,  où  Maxance  est  dans  la  rivière  et 
grand  nombre  de  figures  entières  à  pied  et  à  cheval,  à  la  plume,  lavé  et 
rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  19  p.  1/2  de  1.  sur  14  p.  1/2  de  hault. 
N«  45. 

102.  Une  grande  Bataille  de  Constantin,  à  cheval  et  à  pied,  et  où  est  le 
roy  Maxance  dans  la  rivière,  et  grande  multitude  de  figures  entières,  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  4  pieds  3  p.  de  1.  sur  17  p. 
de  hault.  N»  131. 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISPERSÉES.  555 

i03.  Une  Bataille^  où  il  y  a  plusieurs  cavalliers  et  piétons,  Ggures  en- 
tières, à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  18  p.  de  1.  sur 
i2  p.  i/Sdehault.No4i. 

iOi.  Une  Bataille,  où  il  y  a  plusieurs  figures  entières,  à  la  plume,  sur  du 
papier  blanc,  de  20  p.  de  1.  sur  45  p.  de  bauit.  N*"  49.  . 

105.  Une  autre  Bataille,  où  il  y  a  plusieurs  ligures  entières  à  pied  et  à 
che?al,  à  la  plume  et  lavé  sur  du  papier  blanc,  de  15  p.  de  1.  sur  20  p.  de 
hault  No  50. 

106.  Une  autre  Bataille  où  il  y  a  plusieurs  ligures  entières  à  pied  et  à 
ehevai,  à  la  plume,  sur  du  papier  blanc,  de  âO  p.  de  1.  sur  13  p.  1/2  de 
hault.  N»  51. 

107.  Qtumtité  de  fantassins  qui  se  couvrent  de  leurs  rondaches,  avec 
plusieurs  cavaliers  qui  les  suivent  pour  les  secourir  à  l'assault,  figures 
entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  17  p.  de  1.  sur 
1 8  p.  de  hault.  N«  68. 

Ce  dessin  paraît  être  celui  de  Francesco  Penni  pour  la  salle  de  Cons- 
tantin. A  présent  dans  la  collection  du  Louvre. 

108.  Plusieurs  gens  qui  se  battent  et  d'autres  qui  sortent  des  vaisseaui, 
qui  portent  du  butin,  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du 
papier  bleuastre,  de  9  p.  1/2  de  1.  sur  7  p.  1/2  de  hault.  N<*  81. 

109.  Un  Capitaine  parlant  à  un  soldat,  luy  montrant  par  les  doigts  ce 
qu'il  veut  dire,  un...  à  genoux  devant  luy,  tenant  un...,  à  la  main,  où  il  y 
a  quantité  de  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier, 
de  17  p.  de  1.  sur  12  p.  de  hault.  N*"  83. 

1 10.  Une  petite  Armée,  où  il  y  a  plusieurs  cavaliers  et  fantassins  qui  ti- 
rent des  flesches  et  qui  ont  des  rondaches  devant  eux  et  le  genoux  en 
terre,  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris, 
de  12  p.  de  1.  sur  7  p.  de  hault.  N<>  87. 

Ce  dessin  fait  pendant  au  n^  107. 

ill.  Une  Bataille,  où  il  y  a  un  bateau  où  on  tire  une  femnie  dedans  et 
d'autres  que  l'on  pesche,  de  plusieurs  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et 
rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  13  p.  de  1.  sur  13  p.  1/2  de  hault.  N^88. 

112.  Une  Bataille,  où  il  y  a  plusieurs  figures  entières  à  pied  et  à  che- 
val, à  la  pierre  de  mine,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  blanc,  de  22  p. 
de  I.  sur  17  p.  de  hault.  N»  92. 

113.  Une  Reyne  avec  toute  sa  suite  qui  s'humilie  devant  un  roy  assis  dans 
son  trosne,  où  il  y  a  quantité  de  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  re- 
haussé sur  du  papier  roux,  de  2  pieds  de  1.  sur  17  p.  de  hault.  N^  6. 

114.  Une  Reyne  en  son  siège  de  justice,  où  il  y  a  plusieurs  figures  en- 
tières, à  la  plume,  rehaussé  sur  du  papier  brun,  de  5  p.  1/2  de  I.  sur 
5  p.  1/2  de  hault.  N»  117. 

115.  Un  Légat  avec  toute  sa  suite  et  autres  figures  entières,  à  la  plume 


bUA  CATALOGUE  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL. 

et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  18  p.  1/2  de  L  sur  7  p.  de  haalt. 

116.  JJn  Evesque  qui  parle  à  un  jeune  homme  qui  escript  êoubs  luf/,  figu* 
res  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris^  d*uD  pîed 
de  1.  sur  12  p.  1/2  de  haqlt.  N»  40. 

117.  Un  Moine  mort,  où  il  y  a  quantité  d'autres  qui  prient  pour  luy, 
figures  entières,  à  la  pierre  de  mine,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  jaune, 
de  10  p.  deh  sur  9  p.  de  hault.  N"  27. 

118.  Un  Prestre  qui  met  la  mistre  sur  la  teste  d'un  évesque,  où  il  y  a  plu- 
sieurs autres  évesques,  figures  entières  et  autres,  à  la  plume,  lavé  et  re- 
haussé sur  du  papier  gris,  de  12  p.  1/2  de  1.  sur  17  p.  de  hault.  N<»  71. 

119.  TJn  Baptesme,  où  il  y  a  plusieurs  personnes  qui  lèvent  les  hras  au 
ciel,  en  grande  quantité,  et  figures  entières  etanimaux,à  la  pierre  noire, 
lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  bleu,  de  23  p.  de  1.  sur  18  p.  de  hault. 
N«  133. 

120.  Un  homme  donnant  sa  bénédiction  à  des  autres  personnes,  où  il  y  a 
plusieurs  figures  entières,  à  la  plume,  rehaussé  sur  du  papier  roux^  de 
rî  p.  1/2  de  1.  sur  6  p.  1/2  de  hault.  N*  118. 

121 .  Un  Berger  tenant  un  baston  à  la  main,  où  il  y  a  quatre  figures  en- 
tières, à  la  plume  et  rehaussé  sur  du  papier  roux,  de  5  p.  1/2  de  I.  sur 
5  p.  1/2  de  hault.  NM15. 

122.  Plusieurs  personnes  qui  ouvrent  des  tombeaux,  figures  entières,  à  la 
plume  et  lavé  sur  du  papier  blanc,  de  18  p.  de  l.  sur  12  p.  de  hault.  N«  66. 

123.  Un  Dessin  où  il  y  a  plusieurs  figures  à  table  et  une  fille  qui  donne  à 
boire  à  un  vieillard,  figures  entières,  à  la  plume,  et  rehaussé  sur  du  pa- 
pier gris,  de  13  p.  1/2  de  1.  sur  16  p.  1/2  de  hault.  N°  59. 

124.  Un  Cavalliei'  qui  passe  par-dessus  un  homme,  où  il  y  a  plusieurs 
autres  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  un  papier  roux  à 
fond  bleu,  de  18  p.  1/2  de  1.  sur  13  p.  1/2  de  hault.  N°  55. 

125.  Deux  Femmes  qui  dévident  du  fil  et  un  homme  qui  descend  portant 
une  boiste  et  où  il  y  a  un  petit  enfant,  figures  entières,  à  la  plume,  lavé  et 
rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  14  p.  de  1.  sur  10  p.  1/2  de  hault.  N°  44. 

126.  Plusieurs  figures  nues  qui  portent  des  paquets,  où  il  y  en  a  d'autres 
qui  regardent  un  homme  mort  par  terre,  figures  entières,  à  la  plume, 
lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  jaunastre,  de  16  p.  1/2  de  1.  sur  12  p.  de 
hault.  N»  33. 

127.  Un  Plat  Fonds  {sic),  où  il  y  a  cinq  figures  entières,  à  la  plume,  lavé 
et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  16  p.  de  1.  sur  13  p.  de  hault.  N<>  46. 

128.  Plusieurs  figures  entières,  qui  portent  des  vases  et  des  trophées,  à  la 
plume,  lavé,  ombré  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  13  p.  1/2  de  1.  sur 
15  p.  de  hault.  N«  74. 

129.  Plusieurs  eiifants,  où  il  y  en  a  qui  mangent  des  pommes,  figures 


ANCIENNES  COLLECTIONS  DISI»ERSÉES. 


nm  - 


entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris^  de  15  p.  i/2  de  1. 
garl2p.  de  hault.  N°31. 

430.  Deux  Enfants  qui  dorment  et  U7i  autre  qui  joue,  où  il  y  a  un  arbre 
et  des  oyseaux  dessus  et  un  feston,  Ggures  entières,  à  la  plume,  lavé  et 
rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  13  p.  1/2  de  1.  sur  10  p.  1/2  de  hault.  N»54. 

131.  Huict  petits  enfants  qui  jouent  à  la  paulme,  figures  entières,  à  la 
plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris  a  fond  bleu,  de  18  p.  de  1.  sur 
13  p.  1/2  de  hault.  No  75. 

132.  Plvtëieia's  petits  enfants  qui  sont  montez  sur  des  signes  (sic),  figures 
entières,  à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris  à  fond  bleu,  de 
18p.  del.  surl3p.  l/2dehaul(.  N»  76. 

133.  Une  Rivière,  Du  il  y  a  plusieurs  figures  entières,  moulins  et  ani- 
maux, à  la  plume,  lavé  et  rehaussé  sur  du  papier  gris,  de  18  p.  j/2  de  1. 
sur  8  p.  de  hault.  N»38. 

134.  Un  Mausolée  d^un  empereur  sur  un  cheval,  où  il  y  a  au  bas  plusieurs 
figures  entières  et  une  bataille  en  bas-relief,  à  la  plume,  peint  et  rehaussé 
sur  du  papier  roux,  de  14  p.  1/2  de  1.  sur  22  p.  de  hault.  N<>  130. 


GRAVURES 


D'APRÈS  DIFFÉRENTS  PORTRAITS  DE  RAPHAËL 


Quoique  noua  ayons  déjà  indiqué,  à  leur  place,  tous  les  portraits  au- 
thentiques de  Raphaël,  nous  allons  passer  en  revue  ici  non-seulement  les 
gravures  faites  d'après  des  portraits  classés  par  ordre  chronologique,  mais 
encore  celles  qui  passent,  à  tort,  pour  offrir  les  traits  du  peintre  d'Urbin, 
et  dont  nous  n'avons  pas  encore  fait  mention. 

i .  Raphaël  à  Vàge  de  neuf  ans.  —  Peint  par  son  père,  dans  une  fresque, 
à  Cagli. 

Gravé  par  Anton.  Kniger,  pi.  III  de  notre  édition  allemande. 

2.  A  Vâge  de  douze  ans.  —  Vraisemblablement  peint  par  Timoteo 
Viti;  en  buste,  tourné  à  gauche,  avëb  une  barrette  noire  et  un  vêtement 
brun  autour  du  cou  que  déborde  un  peu  la  chemise  blanche. 

Lith.  par  F.  Rebberg,  in-fol.,  et  grav.  par  C.  Kappes  dans  le  tome  III  de  l'édi- 
tion allemande  de  notre  ouvrage.  Ce  tableau  est  au  palais  Borghése,  à  Rome. 

3.  A  l'âge  d'environ  quinze  a7is.  —  Fac-similé  d'après  un  dessin  de  lui- 
même  qui  était  autrefois  chez  M.  J.  Harmann,  à  Londres,  et  qui  est 
aujourd'hui  dans  la  collection  d'Oxford. 

Lith.  par  Ludwig  Zôllner,  in-fol.,  pi.  IT  de  notre  édition  allemande. 

4.  A  Vâge  d'environ  vingt-trois  ans.  —  D'après  le  portrait  peint  par 
lui-même,  à  la  galerie  de  Florence.  Buste  tourné  à  droite,  la  tête  très- 
légèrement  renversée  en  arrière,  Une  barrette  noire  couvre  ses  longs 
cheveux  tombant  sur  la  nuque.  Son  vêtement,  qui  est  noir  aussi,  est 
sérié  autour  du  cou. 

Grav.  par  G.  M.  Preisler,  1741,  petit  in-fol.  —  Jac.  Frey,  petit  in-fol.  —  Anl. 
Morghen,  petit  in-fol.  —  S.  Coing,  in-8*.  ->  Copie  dans  le  Livre  d'esquisses  du 
Carrache,  in-8».  —  Le  même,  par  J.  C.  D.  (Dietzch  fec),  in-12.  —  F.  Mulier,  in-8*. 
—  V.  Biondi,  1816,  in-8».  —  F.  Forster,  1836,  in-folio.  —  V.  H.  Schnorr  von 
Kardsfeld  se,  1809,  eau-forte  en  médaillon  in-S"».  —  Dans  l'Almanach  de  Rome 


GRAVURES  D'APRÈS  DIFFERENTS  PORTRAITS  DE  RAPHAËL.     857 

pour  les  artistes  (en  allemand),  par  Sickler  et  Reinhard,  1810.  —  Comme  frontis- 
pice dans  l'ouTrage  de  M.  Quatremère  de  Qnincy,  1824.  —  Lndwig  Grnner,  in>8*, 
pi.  Y  de  l'édition  allemande  de  cet  ouvrage. 

5.  A  l'âge  d'environ  vingt-six  ans.  —  D'après  un  portrait  peint  par 
lui-même,  qu'il  envoya  au  Francia.  Jusqu'aux  genoux.  Tourné  à  gauche. 
Il  pose  le  bras  droit  sur  une  table  en  laissant  pencher  sa  main  droite^  et 
tenant,  avec  la  gauche,  la  fourrure  de  son  vêtement.  Les  cheveux  tombent 
amplement  sur  les  épaules  et  sont  couverts  d'une  barrette  noire. 

Gravé  par  Paulns  Pontias,  tourné  à  droite  ;  petit  in-fol.  —  Ant.  Gransignani, 
dans  un  ovale,  in-12.  —  A  Paris,  chez  Odieuvre,  tourné  à  gauche,  in-8*.  —  Chez 
B.  Moncomet,  tourné  à  gauche,  in-8<'.  —  G.  W.  Knorr,  à  Nuremberg,  n*  9,  seu- 
lement le  buste.  Petit  in-fol.  —  Au  trait,  par  Feiice  Zeliani,  Venezia,  d'après  un 
tableau  qui  était  chez  Niccola  Antonioli,  et  qui  se  trouve  à  présent  dans  la  collec- 
tion du  prince  Adam  Czartorisky,  à  Paris.  —  P.  Pejroleij ,  seulement  en  buste, 
avec  une  main  tenant  une  tablette,  in-8*.  Pendant  pour  le  portrait  de  la  Maîtresse 
de  Raphaël ,  tableau  qui  est  à  Vérone.  ~  Souvent  employé  comme  frontispice , 
par  exemple  pour  l'ouvrage  des  sept  Cartons,  de  Th.  Bowles  et  de  S.  Gribelin  ; 
gravé  par  Boutrois,  pour  la  Vie  et  œuvres  de  Raphaël,  par  Landon.  —  D'après  un 
portrait  qui  se  trouvait  dans  les  Pays-Bas,  gravé  par  P.  Devlamynck,  gr.  in-fol. 

6.  A  l'âge  de  vingt-huit  ans,  —  Dans  l'École  d'Athènes,  à  côté  de  sou 
maître  le  Pérugin.  Tournée  gauche^  avec  une  barrette  sur  la  tête. 

Grav.  par  F.  Dien,  avec  le  Pérugin,  in-4*.  —  Paolo  Fidanza,  de  même,  n*  1,  de 
la  grandeur  de  l'original.  —  Lith.  de  même,  par  Piloti,  à  Munich.  —  Raphaël  seul, 
par  P.  Fidanza,  1785,  in-fol.  —  Dom.  Cunego,  dans  la  collection  de  Mengs,  petit 
in-fol.  —  Biepenhausen ,  in-fol.  —  Mich.  Bisi,  dans  un  petit  ovale.  —  P.  Fon- 
tana  se.,  in-fol.  —  Gravure  sur  bois  dans  la  seconde  édition  de  Vasari. 

7.  Dans  le  tableau  de  saint  Luc  qui  se  trouve  à  l'Académie  de  Saint- 
Luc^  à  Rome. 

Grav.  par  C.  Bloemaert,  in-fol.  —  S.  Langlois,  in-fol.  —  Prccioni. 

8.  Baphaèl  méditant  dans  son  atelier,  —  Il  est  tourné  à  gauche^  assis 
sur  un  escabeau  et  jetant  son  regard  à  droite.  Trois  godets  de  couleurs 
et  une  palette  sont  à  gauche,  et,  à  droite,  un  tableau  appuyé  contre  le 
mur.  Son  visage,  qui  a  une  certaine  ampleur,  est  accompagné  d'un  peu 
de  barbe.  Ses  cheveux  séparés  tombent  sur  ses  épaules  et  sont  couverts 
d'une  barrette  posée  en  arrière.  ' 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIY,  n*  496.  —  Copie  A,  en  contre-partie.  — 
Copie  B,  de  môme,  un  peu  plus  petite.  Au  lieu  de  trois  godets  de  couleurs,  x>n  n'en 
voit  ici  que  deux.  —  Copie  avec  cette  inscription  :  Rafaël  Saneiio  Urb.  pkior  emi- 
netU,^,  in-8".  —  Copie,  ad  exemplwm  Marei  Àntanii  Raimondi,  ÀnUmnu  Eruger  «e., 
in-8''.  —  Landon,  n«  214. 

9.  Raphaèl  et  soîi  maitre  d'armes,  —  Raphaël,  le  visage  plein,  la  barbe 
courte,  âgé  d'environ  trente-six  ans,  est  debout,  vu  de  face,  derrière  un 
homme  qui  se  tourne  vers  lui  comme  en  parlant  et  tirant  son  épée. 
Voyez  ce  qui  a  été  dit  sur  ce  tableau,  qui  est  au  musée  du  Louvre. 

Grav.  par  N.  Larmessin,  pour  le  Cabinet  Crozat,  in-fol.  —  P.  Audoin,  pour  le 


558  GUAVURES 

Mwée  Napoiéon.  —  Seulement  le  bnste  de  Raphaël,  par  J.-L.  Poutrelle,  petit  io- 
fol.  —  De  même,  mauvaise  eau-forte,  par  DIC,  1696,  dans  un  ovale.  Yoy.  ce  mo- 
nogramme dans  Bruiliot,  tome  1,  n«  1182. 

iO.  Seulement  la  tète  vue  presque  de  face.  —  Avec  une  barbe  courte  et 
le  visage  très-plein.  Les  cheveux,  s<^parés  sur  le  front  comme  il  les  porta 
toujours,  tombant  et  coupés  droit  à  la  nuque. 

Gravé  par  GiuUo  Bonasone,  avec  cette  inscription  :  BaphaelU  Sanctii  Vrbinatis, 
pielorit  eminentit^  ffflgiem  Juliui  Bonasoniut  Bofionien,  ah  exemplari  Mtampiam  tttU 
ewpreitU.  Petit  in- fui.  Bartsch,  t.  XV,  p.  171,  n*  847.  Les  épreuves  postérieures 
portent  l'adresse  de  Giambatista*de  Bossi.  —  Copie  un  peu  plus  petite  de  format; 
au-dessous,  on  lit  :  Haphael  Sanrtitu  Urbinoi^pictorel  arehUeelortmtiienlii,^  a»,  œtal. 
iuœ  XJll  //,  el  le  distique  de  fiembo  :  Itle  hie  e«l,  etc.  Avec  l'adresse  :  Peiri  de 
NobilUmi  formis. 

il.  D'après  un  dessin  de  Carlo  Marattl*,  Paolo  Naldini  exécuta^  en 
1674,  un  J3uste  en  marbre  de  Raphaël,  lequel  était  dans  la  chapelle 
sépulcrale  de  Raphaël,  au  Panthéon;  mais  il  a  été  transporté,  depuis 
quelques  années,  dans  la  collection  des  bustes  au  Capitule. 

Il  existe  une  gravure  de  1695,  d'après  ce  buste,  avec  ces  mots:  Cariu  MaraiU 
ine.  Bi  de/.,  et  le  distique  de  Bembo  sous  l'ovale.  —  Krey,  dans  un  ovale,  in-8*. 
—  P.  Bartolus  del.,  Secundus  Blanchi  se,  dans  un  rond.  —  Giov.  Brunetti  da 
Ravenna,  in  Borna,  in-b«. 

iâ.  Au  musée  Casali,  à  Rome,  est  une  médaille  qui  fut  frappée  eu 
l'honneur  de  Raphaël  au  commencen^ent  du  siècle  dernier.  Sur  une  des 
faces  est  le  buste  de  Raphaël,  vu  de  profil,  tourné  à  gauche,  avec  cette 
inscription  :  Raphaël  Sanctius  Urbinas,  et,  sur  le  revers,  la  Diane 
d'Éphèse  entre  deui  cerfs  accroupis,  avec  cette  inscription  :  Timuit  quv 
sospite  Vinci. 

On  trouve  la  gravure  de  cette  médaille  dans  le  Muséum  Maszueheliianum ,  seu 
numismaia  rirorum  doelrind  prœttanimm^  etc.  (Veneliis,  1761,  tav.  LU,  fig.  1).  Puis 
dans  le  cinquième  volume  de  Vasari,  édition  de  Sienne,  1792,  et  dans  l'ouvrage 
de  Fr.  Rebberg,  Raphaël  d'Urbin  CMunich,  1«24}. 

13.  Des  portraits  représentant  Raphaël  se  trouvent  encore  dans  les 
ouvrages  de  Vasari  et  Sandrart,  ainsi  que  sur  le  frontispice  de  l'ouvrage 
intitulé  :  jBi&/e  de  Tiaphael,  gravée  par  Chapron.  Dans  ce  dernier  portrait, 
il  a  une  barbe.  Voy.  aussi  :  Rudolph  Weigel's  Kunst-Catalogue,  année 
1836,  p.  310,  n»  2,764,  où  se  trouvent  mentionnés  plusieurs  autres  portraits 
du  même  genre. 

Gravé  par  P.  Woeriot,  avec  une  barbe,  sur  un  fond  noir  et  entouré  d'enca* 
drements.  Inscription  :  ^'icolao  Bailwo  lolaringo  pinganl  tola  alii,  referantq,  eolorib. 
ora.  Natwrœ  os  Haphaelium  alq.  animum  explicwU,  Cwn  privilegio  régie,  ad  anno 

m 

i.  Il  parait  que  Cario  Marattl  fit  ce  dessin  d'après  un  masque  de  plAtre  dont  on  trootc 
encore  des  épreuTcs  trèSHisées  en  Italie.  Mengs  en  avait  envoyé  un  de  œ  genre  à  Dresde.  On 
toit  que  les  yeux  sont  ouverts;  en  général  ce  masque  a  été  retravaillé;  il  n'y  a  que  la  mous- 
tache qui  laisse  supposer  que  l'empreinte  a  été  prise  sur  Raphaël  virant. 


D'APRÈS  DIFFÉRENTS  PORTRAITS  DE  RAPHAËL.  559 

Dam.  1559,  in-8''.  —  Toarné  à  gauche,  la  tète  couverte  d'une  barrette,  de  TËcole 
d'Athènes,  et  ressemblant  au  portrait  de  l'édition  de  Vasari.  inscription  :  RAF- 
FAELLO  da  VRBINO.  FIT.  ARCH.  Petit  in-4».  -  Très-faible  gravure  de  Malham, 
1630,  petit  in-fol.,  de  même  que  celle  de  Barois,  petit  in-i".  —  Raphaël  est  re- 
présenté aussi  avec  une  grande  perruque  dans  une  gravure  de  M.  Pool,  petit 
in-fol. 


Il  existe,  en  outre,  quelques  anciennes  gravures  qui  sont  censées  repro- 
duire le  portrait  de  Raphaël,  mais  qui  n'offrent  pas  la  moindre  ressem- 
blance avec  le  peintre  d'Urbin.  Nous  ne  les  décrivons  ici  que  pour  ne 
rien  omettre  de  ce  qui  se  rapporte  à  notre  sujet. 

a.)  Jeune  homme  à  barbe,  les  cheveux  séparés,  vu  presque  de  face.  Il 
pose  la  main  droite  sur  la  poitrine.  Un  rideau  dans  le  fond  à  droite. 
Souscription  :  Raphaël  d'Urbix. 

Ipse  Raphaël  pinxit.  W.  JloUar  fecit,  1651. 

F.  van  d^n  Wyngarde  exe,  petit  in-fol.  —  Copie  en  contre-partie.  C.  Stens  exe; 
vraisemblablement  par  Gaywood,  in-4''. 

6.)  Jeune  faomme  avec  une  légère  moustache,  tourné  à  droite.  Il  a  sur 
la  tête  une  barrette  à  crevés ,  et  il  pose  sa  main  gauche  sur  sa  poitrine. 
Pour  fond,  un  paysage  avec  un  pilastre  à  gauche.  Souscription  :  Raphaël 
dTrbin. 

Pictorem  hune  tantum  solus  meruisse  Apelles. 

Pingere  in  tanto  pictvs  Apelle  foret. 

Titianus  pinxit. 

C'est  une  mauvaise  eau-forte,  dans  le  genre  de  Hollar. 

c.)  Portrait  d'un  jeune  homme,  tourné  à  gauche;  ses  amples  cheveux 
tombent  sur  les  épaules,  et  il  est  coiffé  dune  barrette.  Buste  sans  mains. 

Gravé  à  l'eau-forte  comme  portrait  de  Raphaël  lui-même,  par  W.  Hollar,  d'après 
un  dessin  attribué  à  Léonard  de  Vinci  et  conservé  dans  la  collection  Arundel. 

d,)  Un  homme  debout  devant  une  femme.  Connu  sous  le  nom  de  : 
Raphaël  avec  sa  maîtresse. 
En  clair-obscur,  par  Hugo  da  Carpi.  Yoy.  Bartsch,  t.  XII,  p.  140,  n**'  2  et  3. 

e.)  Aiitre,  analogue  :  un  homme  avec  une  femme  qui  se  regarde  dans 
une  glace. 
Voyez  notre  Catalogue,  n®  03. 


CATALOGUE 


D'ESTAMPES  ANCIENNES 


GRAVEES 


D'APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL 


MAIS  NON   CITEES  DANS  LES  PRECEDENTS  CATALOGUES  DES  TABLEAUX 

ET  DES  DESSINS  DU  MAÎTRE. 


SiU^ts  du  TiewL  Testament. 

1.  Le  Fremier  Péché.  —  Adam,  à  gauche^  s*appuie  contre  un  arbre  et 
tient  deux  pommes  dans  la  main  gauche.  Eve,  debout  de  l'autre  côlé, 
Tue  presque  de  face,  touche  de  la  main  gauche  l'arbre  autour  duquel 
s'est  enroulé  le  serpent  à  tête  humaine. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XV,  n**  1.  —  Copies  de  NF.  Baitsch,  p.  3. 
»  Rare  copie  ancienne,  signée  RP.  on  AP.;  la  première  lettre  n'est  pas  recon- 
naissable.  H.  6"  4'";  1.  4".  —  Jos.  Strut,  au  pointillé.  L'esquisse  originale  pour 
la  figure  d'Adam  est  à  l'Université  d'Oxford. 

2.  Noé  sort  de  l'arche  avec  sa  famille ,  entouré  de  beaucoup  d'animaux. 
—  C'est  Yraîsemblablement  une  esquisse  non  employée  pour  les  Loges  du 
Vatican. 

Grav.  par  Giulto  Bonasone,  1544.  Bartsch,  t.  XY,  p.  113,  n*  4 —  Joh.  Bapl.  da 
CaTalleriis,  in-fol.  en  larg. 

3.  La  coupe  de  Joseph  retrouvée  dans  le  sac  de  Benjamin.  —  Douze 
figures  et  trois  ânes. 

Giav.  par  Giulio  Bonasone.  Bartscb,  t.  XY,  p.  113,  n"  6.  —  Copie,  par  P.  V.  0. 
Bartsch,  t.  XY,  p.  547.  •—  Le  dessin  de  cette  composition,  qui  se  trouve  au  Louvre, 
n'est  pas  de  Raphaël,  mais  d'un  de  ses  élèves. 

11.  36 


562  CATALOGUE  D*ESTAHPES  ANCIENNES 

4.  Même  sujet,  onze  figures  et  sii  ânes,  dans  ud  paysage  à  montagnes. 
Au  centre,  uï[  des  frères  de  Joseph  déchire  ses  vêtements,  de  désespoir. 

Par  uo  élève  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XV,  p.  11,  n*"  7.  —  Composition  sem- 
blable ,  onze  figures  et  six  ânes.  Un  des  frères  se  couvre  le  visage  de  ses'  mains. 
Sans  marque.  H.  6"  4'";  1.  10"  2'".  Tauriicus,  p.  87,  n"  28. 

5.  Judith,  —  Elle  est  à  gauche  et  va  mettre  la  tête  d'Holopheme  dans 
un  sac,  qu'une  servante  lui  présente  à  genoux.  Derrière  elle  on  voit  le 
corps  d'Holopherne. 

Orav.  par  Giulio  Bonasone.  Bartsch,  t.  XV,  p.  114,  d"  8. 

6.  David  vainqueur  de  Goliath.  —  Il  se  penche  pour  soulever  la  tête  de 
Goliath  posée  sur  une  pierre  carrée.  Le  corps  du  géant  est  étendu  à  terre. 
Deui  tentes  dans  le  fond.  H  est  douteux  que  cette  estampe  soit  gravée 
d'après  un  dessin  de  Raphaël. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  11. 

7.  La  reine  de  Saba  chez  le  roi  Salomon.  —  Le  roi  est  assis  à  gauche  ; 
la  reine  s'avance,  avec  sa  suite  qui  apporte  les  présents,  du  côté  droit.  La 
partie  supérieure  de  la  planche,  à  gauche,  est  restée  inachevée. 

Grande  feuille.  Bartsch,  t.  XIV,  p.  13,  n*  18.  Selon  Vasari,  ce  serait  une  gra- 
vure de  Marco  da  Ravenna.  —  Landon,  n*  305. 

Une  peinture  à  fresque  de  cette  composition  se  trouve  dans  la  partie 
cintrée  d'une  salle  de  la  Chancellerie  à  Rome.  A  en  juger  par  les  pein- 
tures qui  ornent  le  plafond  de  cette  même  salle,  l'exécution  daterait  du 
milieu  du  seizième  siècle.  Le  dessin  original  est  dans  la  possession  de 
M.  Bethmann  HoUweg,  à  Bonn. 

CompotitioBB  Urées  de  l'Anelen  Testament, 

ATTRlBUéES  PAR  KRRSnR  À  RAPHAËL. 

a.)  La  Création  d'Adam.  —  Dieu  le  Père  est  devant  Adam  debout. 

A  l'eau-forte,  par  L.  Duplessis-Bertaux.  U.  7'';  1.  ô".  —  Le  même  sujet,  de  plas 
petit  format,  par  un  artiste  français. 

6.)  Sept  planches  d'après  des  tapisseries  que  l'on  conserve  à  Mantoae  et 
qui  sont  vraisemblablement  d'après  les  cartons  de  Jules  Romain  :  l^"  Moïse 
avec  les  magiciens  devant  Pharaon;  2®  le  Passage  de  la  mer  Rouge; 
3»  Moïse  recevant  les  tables  de  la  Loi  ;  4»  la  Récolte  de  la  manne  ;  S®  le 
Serpent  d'airain  ;  6*  la  Fête  de  la  Pentecôte  ;  V  six  Génies  avec  une  guir- 
lande de  fruits. 

Tous  ces  sujets  ont  une  bordure  de  feuillages  et  de  gibier.  Les  planches 
portent  souvent  les  armes  des  ducs  de  Mantoue  et  le  nom  de  Gulielmus 
Dux  Mantuae. 

A  Teau-forte,  par  G.  Lepoer.  Les  trois  premiôres  planches,  in-folio  en  larg.. 
les  quatre  dernières.  in-4°é 


GRAVÉES  D'APnÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHaEL.  565 

c.)  Quatre  planches  :  Bxiphaélf  p.  —  Af .  C.  sculp.  (Mich.  Corneille).  Trois 
sujets  de  l'histoire  d'Abraham,  et  le  Songe  de  Jacob.  Voyez  Heinecken,  t.  H, 
p.  376  et  Eubœus  Tauriscus,  p.  83.  L'auteur  de  ces  sujets  s'est  en  partie 
servi  de  différentes  compositions  de  Raphaël. 

d.)  Lotk  et  ses  filles. 

Grav.  par  J.  M.  Preislcr,  d*aprés  un  tableau  qui  appartenait  à  J.  E.  Gotzkowski, 
et  qui  est  actuellement  au  musée  de  Berlin.  Ce  tableau ,  faussement  attribué  à 
fiaphaël,  est  un  ouvrage  de  Fraos  Floris.  —  Landon,  n"  381. 

e.)  L'ange  Raphaël  conduisant  le  jeune  Tobie. 

Grav.  par  Aug.  Garrache,  1581 ,  Raphaël  d'Vrhin  ino.,  in-fol.  L'invention  paratt 
appartenir  à  Tun  des  Zuccheri. 

ft^leto  du  IVonvean  Veatament. 

8.  Le  Massacre  des  Innocents.  —  Cinq  soldats,  huit  mères  et  neuf  enfants. 
Le  fond  représente  une  ville  avec  un  pont.  Cette  magnifique  composition 
est  trop  connue  pour  qu'une  description  en  soit  ici  nécessaire. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Barisch,  n"  20.  —  Répétition.  Bartsch,  n«  18.  Nous  la 
croyons  de  George  Pencz.  Voyez  notre  ouvrage  sur  les  Gravures  anciennes,  pour 
servir  de  supplément  au  livre  de  Barlsch.  Dans  celte  planche,  il  y  a  un  petit  sapin 
à  droite  (fougère,  chicot,  sapin,  felce,  felceUa^  poinied  iree).  Deuxièmes  épreuves, 
légèrement  retouchées,  Ânt.  Sal.  exe.  Troisièmes  épreuves,  in  Homa^  pressa  Malleo 
de'  Rotsi.  Quatrièmes  épreuves,  chez  Gio.  Batt.  de'  fiossi.  Cinquièmes  épreuves, 
planche  tout  usée ,  presso  Carlo  Losi,  1773-  Carlo  del  Maino  vendit  cette  planche 
à  Giuib  Longhi,  à  Milan  ;  en  1820,  elle  fut  acquise  par  le  marchese  L.  Malaspina 
de  Sannazaro,  à  Pavie.  —  Copie,  avec  cette  marque  :  Rome.  ad.  s.  m.  —  Copies  : 
J.  B.  de  Cavaleriis.  —  Mich.  Lucchese,  en  contre-partie.  —  Jac.  Binck.  Bartsch, 
t.  VIII,  p.  265,  n"  11.  —  Copie  médiocre,  en  contre-partie,  sans  lettres.  H.  10"  î'"; 
1. 15"  3"'.  Deuxièmes  épreuves.  Monogramme  :  F.  if .  ArU,  et  Haphael  Urb,  inventor, 

—  Copie  attribuée  à  Yiilamena;  inscription  et  monogramme  comme  l'indique 
BarUch.  Seulement,  au  lieu  de  RAPHA..  il  faut  lire  RAHA.  H.  10"  5'";  1.  15"  T\ 

—  P.  Lelu  sculp.,  1792,  à  l'eau-forte.  H.  10"  7"';  1.  15"  9"'.  —  A  l'eau-forte,  en 
contre-partie,  par  Piale,  1793.  ~  Aurelio  Colombo  da  Milano,  avec^le  mono- 
gramme ACF.  chez  Àrlaria,  à  Vienne.  H.  10"  5"';  1. 15"  10'".  —  D'après  le  dessin 
qui  est  dans  la  collection  royale  de  Dresde,  par  £.  Steinla.  1836,  in-fol.  en  larg. 

—  £n  clair-obscur,  par  Hugo  da  Carpi.  Barlsch,  t.  XU,  p.  35,  n«  8.  —  Agostino 
Veneziano,  petite  planche.  H.  3"  8'";  1.  5"  7'",  Barlsch.  t.  XIV,  n»  19.  —  Copie,  de  la 
même  grandeur,  par  Hier.  Hopfer,  dans  la  collection  de  Mannheim.  —  Etienne 
de  Laulne.  H.  3"  9'";  1.  5"  8"'.  —  Landou,  n*»  415.  —  La  femme  agenouillée  et 
Tenfant  seuls,  gravés  sur  pierre  par  Nie.  Strixner. 

Des  esquisses  de  cette  composition  se  trouvent  dans  la  collection  Alber- 
tiiie  à  Vienne.  Une  autre  chez  M.  Johnson^  à  Oxford^  de  laquelle  il  y  a  un 
fac-similé  dans  la  Lawrence  GaJlery,  n^  13.  E.  Wright^  dans  Travelling 
France,  Italy,  etc.,  cite  un  dessin  du  Massacre  des  Iimocents  qui  était  au 
palais  Bonfigliuoli  à  Bologne  ;  ce  dessin^  à  la  sanguine,  passa  avec  d'au- 
tres dessins  dans  la  collection  royale  d'Angleterre  ;  mais  ce  n'est  point  un 
original.  —  Pungileoni  (p.  218)  en  cite  un  autre  qui  se  trouvait  chez  le 


564  CATALOGUE  D*ESTAliPES>NCIENNES 

marchese  Porcinari  à  Naples.  mais  que  nous  n'avons  point  vu.  —  Le  dessin 
que  possède  la  comtesse  de  Reich,  à  Dresde^  est  un  amaigaoîe  de  cette 
composition  avec  celle  qui  représente  le  même  sujet  dans  les  tapisseries 
de  Raphaël. 

9.  Le  Chnst  chez  Simon,  —  Cinq  personnes  sont  assises  à  table  ;  Made- 
leine verse  des  parfums  sur  les  pieds  du  Sauveur  et  les  essuie  avec  ses 
cheveux.  A  gauche,  le  maître  d'hôtel  avec  un  jeune  garçon  portant  un 
plat. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  23.  —  Copie  A,  attribués  à  Dom. 
Zenoni.  -^  Copie  B,  par  J.  F.  (Jacouio  Francia).  —  GopieC,  en  contre-partie,  dans 
la  manière  de  Corn.  Gorl.  —  Copie  D,  en  contre-partie,  Gf>U.  Syhùu  Bute  cceiobt» 

—  En  clair-obscar,  par  Hugo  da  Carpi.  —  De  même,  par  Andréa  Andreani,  1609. 
Bartscb,  t.  XII,  n"  17.  —  De  même,  par  Alessandro  Ghandini.  Bartsch ,  t.  XII, 
n*  18.  —  Landon,  n"  387.  —  Le  dessin  original  était  dans  le  cabinet  Crozat,  si 
l'on  en  croit  le  Catalogue  de  cette  collection,  n«  120. 

10.  La  Cène,  —  Le  Christ,  assis  au  milieu,  avec  six  apôtres  de  chaque 

côté. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n»  25.  >-  Copie  A,  Job.  Bapt.  de  Caval- 
leriis  ;  deuxièmes  épreuves,  de  1582.  —  Copie  B ,  de  Nie.  BeaU'izet.  En  contre- 
partie. Bartscb,  t.  XY,  p.  248,  n*  18.  —  Marco  da  Ravenna.  Bartscb,  t.  IIY,  n*  26. 

Copie  par  un  anonyme,  tn  Bolog.^  1572;  deuxièmes  épreuves,  Dwiaii  RateioUi 

formù.  H.  3"  1"';  1.  15"  2'".  -  Mario  Kartori,  1573.  H.  3"  1"';  1.  3"  9"'.  —  Sur 
bois,  par  le  même  graveur  qui  a  copié  la  Sainte  Cécile,  en  contre-partie.  H.  14"  4'"; 
l.  19"  10*".  —A  Paris, chez  P.  Drcvet,  en  contre-partie,  avec  l'adjonction  de  deux 
vases  et  cette  inscription  :  Pan  DH  fs(  qu,i  d»  eœ/o,  etc.  In-fol.  en  larg.  —  A  Paris, 
chez  J.  Nolin,  graveur,  etc.  Pour  fond,  une  toile  tendue  et  deux  lampes.  Une 
cruche  et  une  coupe  sur  le  devant.  H.  13";  1.  16"  7"'.  —  Mazotexc,  etc.  Saint 
Pierre,  à  gauche  du  Sauveur,  n'a  pas  de  couteau.  H.  10"  9"';  1.  14"  9'".  —  B^ 
faello  Sanzio  d'Urbino  dipinte;  Gio.  Mauelli  tnc.,  1818,  in-fol.  en  larg.  Peut-être 
d'après  le  tableau  de  Hougbton  Hall,  lequel  est  actuellement  à  l'Ermitage,  à  Saint- 
Pétersbourg.  —  A  l'Académie  de  Pérouse  se  trouve  aussi  un  petit  tableau  de  cette 
composition  ;  il  est  peint  dans  la  manière  de  Berto  di  Giovanni.  —  Landon,  n*152. 

—  Le  dessin  original  se  trouve  dans  la  collection  royale  d'Angleterre. 

11.  La  Descente  de  croia».  —  Quatre  apôtres^  montés  sur  deux  échelles, 
sont  occupés  à  enlever  le  corps  du  Christ.  La  Vierge,  évanouie,  soutenue 
par  trois  femmes. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartscb,  t.  XJY,  n**  32.  —  Copie  A,  avec  la  souscription  : 
Mortuui  e  cruee  detrahilur  deicendere virtu y  etc.  Deuxièmes  épreuves,  avec  :  Ànt. 
Sût.  exe,  —  Copie  B,  avec  deux  petites  maisons  auprès  de  la  montagne.  — Copie  C, 
le  bras  droit  du  Christ  est  seulement  au  trait,  sans  ombres,  et  seulement  deux 
clous  a  terre.  Deuxièmes  épreuves ,  avec  le  bras  terminé  :  Ronue ,  Ant.  Lafrerij- 
Troisièmes  épreuves,  Nie.  van  Aelit  for,  —  Quatrièmes  épreuves,  m  Roma^  pretso 
HfaUeo  de'  Roui,  etc.,  et  en  dernier  lieu  :  preuo  Carlo  Loti,  1774.  —  En  clair-ob- 
scur, par  Hugo  da  Carpi.  Baru»ch,  t.  XII,  p.  43,  n"  2i.  —  Zani  cite  encore  deux 
gravures  de  Sebastiano  a  Regibus  et  de  Stefano  Laulne.  —  11  indique  aussi  deux 
faibles  eaux-fortes,  infol.  et  petit  in-fol.  —  Lnndon,  u"233.  —  D'après  un  dessin 
du  cabinet  de  Praun,  gruv.  par  J.  Th.  Prestel. 


GRAVÉES  D'APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  5G^ 

Don  Gicciodi  Lucca,  à  Naples,  possédait,  dit-on,  un  dessin  à  la  plume  et 
lavé  de  cette  composition,  qui  dilTère  quelque  peu  de  l'original.  H.  13"  6"*; 
l-  10"  3'".  Voyez  YEncyclapédie  de  Zani,  t.  VIII,  seconde  partie,  p.  167. 

Nous  avons  vu  plusieurs  petits  tableaux  qui  répètent  cette  composition  ; 
l'aD^  par  un  Néerlandais  du  seizième  siècle,  se  trouve  dans  la  galerie  Man- 
frini,  à  Venise  ;  un  autre,  attribué  à  Andréa  da  Salemo,  est  au  musée  de 
Naples. 

12.  Mater  dolorosa,  —  La  Vierge,  debout  au  milieu,  derrière  le  corps 
du  Christ,  lève  ses  regards  avec  douleur  vers  le  ciel.  Le  bras  droit  est 
couvert  d'une  manche  si  collante,  qu'on  a  souvent  cru  qu'il  était  nu, 
quoique  le  bord  du  vêtement  soit  indiqué  au  poignet. 

Attribué  à  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n"  34.  Cette  gravure  surpasse,  sinon 
en  style  magistral,  du  moins  en  délicatesse  de  burin,  tout  ce  que  nous  connais- 
sons de  Marc-Antohie  ;  l'expression  de  douleur,  dans  la  tôte  de  la  Vierge .  est 
pleine  de  sentiment,  ce  qui  nous  fait  supposer  que  cette  estampe  est  d'un  grand 
artiste  qui  a  aussi  gravé  la  Philosophie  (Bartsch,  n*  381)  et  la  Vierge  assise  sur 
des  nues  (Bartsch,  n"  47),  dont  le  seul  exemplaire  est  dans  la  collection  de  Dus- 
seldorf.  Le  dessin  original  se  trouve  au  Louvre.  —  La  même  composition,  la  Vierge 
à  droite,  avec  des  manches  à  plis,  gravée  par  Marc- Antoine.  Bartsch,  t.  XIV, 
n*  35.  —  Copie  A,  sans  tablette  et  sans  les  deux  petites  figures  de  l'original.  — 
Copie  B,  sans  la  tablette  et  avec  cette  inscription  :  Ovos  omneg,  qui  irantUig,  etc. 

—  Copie  C,  par  Jérôme  W.  (Wierx). —  Copie  D,  pareille  à  la  copie  B,  seule- 
ment sans  bord  dans  le  bas.  H.  10"  6'";  1.  7"  6'".  —  Copie  E,  d'après  la  copie  C, 
en  contre-partie.  Bant  Liefrinek  exe.  H.  8"  2'";  1.  5"  9'".  —  Copie  F ,  d'après 
l'original  :  Lorenzo  Pennis  de  paris,  F.  Marco  Ant.  di  brandi  exeudebat.  H.  11"  9'"; 
incL  5"  bord;  J.  8"  6'".  Très-rare  (chez  Durazzo).  —  Copie  G,  avec  l'oreille  du 
Christ  apparente.  Dans  le  bas  est  écrit  sur  une  pierre  :  Ovot  omnei^  etc.  —  Copie 
H,  en  contre-partie,  sans  tablette.  H.  11"  5'";  1.  8"  2"'.  —  Copie  J,  dans  la  ma- 
nière de  Marco  da  Ravenna ,  sans  tablette  et  avec  un  autre  paysage  ,  la  Vierge 
plus  jeune  et  sans  manches  ;  l'oreille  du  Christ  est  tout  à  fait  couverte  de  che- 
veux ;  dix  soldais  derrière,  dont  l'un  à  cheval.  H.  11"  5"';  I.  8".  —  Copie  K,  sem- 
blable à  la  précédente,  la  Vierge  encore  plus  jeune,  en  contre-partie.  H.  10"  T"; 
1.  7"  9"'.  —  Copie  L,  comme  l'avanl-dernière ,  mais  la  Vierge  âgée.  H.  11"  6'"; 
1.  8"  2'".  —  Copie  M,  d'après  l'original,  mais  avec  moins  de  fond.  H.  9"  10"';  1.  7"; 
rognée.  —  Landon,  n»  227.  —  Giulio  Bonasone.  Le  Christ  couché  sur  une  table. 
Bartsch,  t.  XV,  p.  126,  n"  60 Landon,  n«  388.  —  Le  dessin  de  cette  composi- 
tion se  trouve  dans  la  collection  royale  d'Angleterre,  à  Windsor-Castle. 

13.  Le  Christ  pleuré  par  les  apôtres  et  les  saintes  femmes.  —  Le  Christ 
mort  repose  sur  les  genoux  de  la  Vierge  évanouie  et  soutenue  par  deux 
femmes.  Les  pieds  du  Sauveur  se  trouvent  sur  les  genoux  de  la  Madeleine, 
qui  se  tord  les  mains.  Un  apôtre  est  debout  contre  le  rocher  à  gauche^ 
derrière  les  femmes,  et  saint  Jean,  avec  deux  autres  apôtres,  à  droite.  Dans 
le  fond^  on  voit  le  Calvaire  avec  les  trois  croix. 

Gravé  par  Marc  Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  37.  —  Copie  A,  en  contre-partie. 

—  Copie  B,  de  même,  avec  un  peu  d'herbe  sur  le  terrain.  —  Copie ,  par  Agostino 
Veneziano.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  38.  ~ Encore  une  fois  gravé  par  le  même  A.  V., 
1516.  BarUch,  t.  XIV,  n<»  39.  —  Copie,  en  contre-partie.  H.  T  7"'i  l.  6 '  l".  - 


S66  CATALOGUE  D'ESTAMPES  ANCIENNES 

Copie.  La  tablette  au-dessous  du  bras  droit  est  blanche.  Sans  nimbes.  — Copie 
dans  la  manière  de  Marco  da  Ravenna,  signé  d'un  R.  H.  7"  10'";  1.  6".  ^  Copie, 
en  contre- partie,  par  Gasparo  Osello  Palarinus,  NN.  ËXC.  (Nie.  Nelli  exe.)  et 
signée  des  lettres  renversées  6.  P.  F.  H.  8"  11"';  1.  6"  11'".  —Copie,  la  ubiette 
sous  le  bras  gauche  est  blanche,  avec  les  nimbes.  H.  8";  1.  6"  3'". —  Copie,  le 
groupe  du  centre  seulement,  par  un  graveur  plus  moderne,  en  contre-partie. 
Quatre  vers  dans  le  bord  :  Chritie,  etc.,  sans  nimbes.  —  H.  8",  7'";  1.  5"  1'".  — 
Gravure  sur  bois,  copiée  d'après  l'estampe  de  Marc-Antoine,  par  Hugo  da  Carpi; 
sur  la  tablette  il  y  a  VGO.  H.  7"  11'"  ;  1.  6"  3'".  C'est  par  erreur  que  Zani  a  indi. 
que  l'épreuve  qui  se  trouvait  dans  le  cabinet  Burati  comme  un  clair-obscur. 

Le  dessin  original  i  la  plume,  contenant  10  fig..  passa  de  la  collection  Denon 
dans  celle  d'Oxford.  Fac-similé  dans  la  Lawrence  Gallery,  n<>  11.  —  Landon, 
n*  397.  —  M-  John  Bamard,  à  Londres,  possédait  un  dessin  semblable,  qui  est 
reproduit  dans  l'ouvrage  de  Rogers. 

14.  Le  Christ  pleuré  au  tombeau.  —  Joseph  d*Arimathie  soulève  par- 
dessous  les  bras  le  corps  du  Christ  à  terre.  La  Vierge,  évanouie,  soutenue 
par  de  saintes  femmes  et  par  saint  Jean.  La  Madeleine  se  penche  sur  les 
pieds  du  Sauveur.  Vu  tombeau,  semblable  à  une  tour,  dans  le  fond. 

Gravé  par  Enea  Yico,  1548.  Bartsch,  t.  ÎV,  p.  384,  n«  8.  —Copie,  dans  la 
manière  de  Bonasone ,  en  contre-partie.  —  L'esquisse  originale  de  Raphaël  se 
trouve  dans  la  collection  du  château  de  Gotha. 

Compositions  Ûm  Monveaa  Testament 

FAUSSEMENT  ATTRIBU^BS  A  RAPHAËL. 

a.)  L'Annonciation,  — La  Vierge,  agenouillée  devant  un  prie-Dieu,  près 
de  son  lit,  paraît  surprise  de  ce  que  lui  annonce  Tange  arrivant  par  un 
escalier  de  gauche.  Dieu  le  Père,  dans  le  haut,  avec  le  Saint-Esprit  qui 
descend.  Sur  le  devant,  à  droite,  un  rouet.  Cette  composition  paraît  être 
de  Jules  Romain. 

Gravé  par  Jac.  Caraglio.  Bartsch,  t.  ZY,  p.  67,  n*  3.  —  Landon,  n*  417. 

b.)  L'Adoration  des  bergers.  —  Saint  Joseph,  soulevant  le  voile,  montre 
l'enfant  Jésus  endormi  à  quatre  bergers,  dont  le  quatrième  est  agenouillé 
sur  le  devant.  Pour  fond,  une  étable  avec  une  fenêtre,  à  travers  laquelle 
on  voit  le  paysage. 

Gravé  par  un  élève  de  Marc-Antoine,  signé  R.  Y.  Quoique  cette  marque  doive 
se  rapporter  à  Raphaël,  toute  la  composition,  et  surtout  la  pose  disgracieuse  de 
l'Enfant,  prouve  que  c'est  seulement  l'ouvrage  d'un  de  ses  élèves.  Bartsch,  t.  XY, 
p.  14,  n"  2.  — Copie,  à  l'eau-forte,  par  un  anonyme.  Faible  planche.  —  Copie,  à 
i'eau-forte,  en  contre-partie.  —  Landon ,  n«  293. 

c.)  The  Birth  of  our  Saviour.  —  R.  pinx.  A  la  manière  noire,  par  B.  Lens. 
Soîd  by  John  Boivles.  Cette  composition  ne  rappelle  en  rien  la  manière 
de  Raphaël,  ni  celle  de  son  école, 

d.)  L Adoration  des  bergers.  —  Avec  une  gloire  composée  de  plusieurs 
petits  anges. 


GRAVÉES  DÂPRËS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  567 

Grav.  par  F.  Poilly,  chez  H.  Bonnart.  Grand  in*fol.  en  larg.  A  la  première  vue, 
on  reconnaît  que  ce  n'est  point  un  ouvrage  de  Raphaël. 

e,)  La  Fuite  en  Egypte.  —  Saint  Joseph,  marchant  du  côté  droit  vers  la 

gauche,  dirige  l'âne  et  lui  fait  traverser  un  pont.  La  Vierge,  assise  sur 

l'âne,  tient  l'enfant  Jésus  qui  étend  ses  petits  bras  vers  des  dattes  que  lui 

présentent  deux  anges  en  abaissant  une  palme.  Cette  composition,  quoique 

signée  R  Y,  est  seulement  une  imitation  maladroite  d'une  gravure  de  Martin 

Schœngauer.  Bartsch,  t.  VI,  p.  123,  n»  7. 

Grav.  dans  la  manière  de  G.  Bonasone.  Bartsch,  t.  XV,  p.  16,  n*  4.  — Au  clair- 
obscur,  par  un  anonyme  qui,  selon  Zani,  pourrait  être  Nie.  Boldrini.  Bartsch, 
t.  III,  p.  35,  n"  9.  ^  Landon,  n*  231. 

Une  autre  Fuite  en  Egypte,  dans  laquelle  trois  enfants  sont  couchés  au 
premier  plan,  attribuée  à  Raphaël  et  gravée  par  Leondini  da  S.  Gemi- 
niano,  n'est  pas  plus  que  la  précédente  une  composition  du  maître. 

/.)  La  Samaritaine  à  la  fontaine. 

Grav.  par  de  Hoy,  petit  In-fol.  —  Landon,  n*  236. 

Le  tableau  d'après  lequel  fut  faite  cette  gravure  se  trouve  au  Belvédère, 
à  Vienne  ;  c'est  un  ouvrage  de  Ben.  Garofalo. 

Un  dessin  de  cette  composition,  également  attribué  à  Raphaël,  se  trouve 
dans  la  collection  d'Oiford. 

g.)  Le  Repas  miraculeux.  —  Grande  composition,  avec  beaucoup  de 

figures,  qui  n'est  pas  de  Raphaël  et  peut  être  tout  au  plus  attribuée  à  un 

de  ses  plus  faibles  élèves.  Le  dessin  se  trouve  dans  la  collection  du 

Louvre. 

Grav.  par  J.  B.  de  Gavalleriis,  Longherinus  inc.  Deux  planches,  grand  format. 
Adresse  antérieure:  Ant.  Lafrerij;  postérieure:  J.ÀfU.  de  Paulit.  —  Nolin,  à 
Paris,  grand  in-fol.  en  larg.  —  Landon,  n«  300. 

h.)  Le  Christ  dans  la  barque.  —  Composition  de  cinquante  et  une  figures, 

qui  peut  être  d'un  élève  de  Raphaël. 

Grav.  par  un  anonyme.  Jean  Audran  exe.  Grande  feuille  en  larg.  —  De  même, 
à  Parit,  ehe%  Herissani,  etc.  Raphaël  pinx.  H.  21";  1.  27".  —  Landon,  n»  303. 

t.)  Descente  de  croix.  —  Riche  composition  dans  un  ovale,  mais  qui  n'a 
nullement  le  cachet  de  l'école  de  Raphaël. 

Planche  à  l'eau-forte.  H.  in.  J.  Sic.  Vitcher  exe.  Monogramme  dans  Bmlliot, 
1. 1,  n*  1,344.  -^  Ant.  Fantuzzi  a  aussi  gravé,  en  1543,  une  Descente  de  Croix,  avec 
18  figures,  comme  étant  de  Raphaël.  Le  bon  larron  est  porté  en  terre;  le  mauvais 
est  encore  attaché  à  la  croix.  Selon  toute  apparence ,  c'est  l'ouvrage  d'un  élève 
de  Raphaël. 

k.)  Le  Christ,  assis  sur  son  tombeau.  —  Est  soutenu  par  deux  anges. 

A  ses  côtés,  la  Vierge  et  saint  Jean.  Cette  faible  composition  paratt  être 

d'un  élève  de  Raphaël. 

Gravé  par  le  Maître  au  Dé,  1532,  Bartsch,  t.  ^Y,  p,  187^  n*  5.  —  Lapdoii, 
p-340. 


368  CATALOGUE  D  ESTAMPES  ANCIENNES 

/.)  Le  Christ  mort.  —  Debout  dans  un  sarcophage,  est  soutenu  par  la 
Vierge  et  saint  Jean.  Nicoroède  et  Joseph  d'Arimathie,  tenant  le  marteau 
et  les  tenailles,  sont  auprès.  Mi-figures.  Cette  composition  paraît  être  de 
Giovanni  Bellini. 

Grav.  par  Agostioo  Yeneziano.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  36. 

m.)  La  Mise  au  tombeau.  —  Joseph  d'Arimathie  soutient  le  corps  du 
Christ  près  de  la  grotte.  En  face,  à  gauche,  quatre  femmes  dans  raflliction, 
deux  à  genoux  et  deux  debout  l'une  à  côté  de  l'autre.  Le  caractère  du  des^ 
sin,  les  cheveux,  les  draperies^  tout  dans  cette  composition  caractérise  une 
œuvre  du  Parmesan. 

Grav.  par  Enea  Yico,  1543.  Bartsch,  t.  XV,  p.  384,  n*  7.  •—  Le  dessin  origioal 
se  trouvait  dans  la  collection  Arundel.  Grav.  par  H.  van  der  Borcht  jan.,  1645. 
Ex  coll.  Arundelliana.  Raph.  Vrb.  inn.  Franc.  Parmi,  delin.  Avec  une  dédicace  au 
baron  Abraham  de  Neufville.  En  contre-partie.  H.  10"  8'";  1. 7"  6'*'.  —  J.  Record, 
from  a  drawing  by  Pamtêçianino  after  Raphaël  tn  the  Arundel  eolleeUon.  En  contre- 
partie. Petit  in-fol.  —  Nie.  de  Larmessin.  En  contre-partie.  In-S*. 

n.)  Sujets  de  VHistoire  des  Apôtres. — 20  feuilles,  commençant  par  l'As- 
cension du  Christ  et  se  terminant  par  la  Mort  de  la  Vierge. 

La  première  planche  est  signée  GDW.  Heinecke,  t.  Il,  p.  343,  croit  que  ce  gra- 
veur est  un  élève  de  Lambert  Suavius.  Voy.  Brulliot,  t.  II,  n"  981.  Ces  belles 
compositions  ne  sont  pas  de  Raphaël,  mais  d'un  de  ses  meilleurs  élèves  ou  imi- 
tateurs. In-8«  en  largeur. 

0.)  SaiJit  Pierre  et  saint  Jean  guérissant  un  paralytique. 
Grav.  par  le  môme  GDW  et  d'après  le  même  maître.  In-fol.  en  larg. 

SAtntofl  FaatlUes  et  Madones. 

15.  Sainte  Famille  au  Bassin.  —  La  Vierge ,  assise  au  milieu  d'une 
chambre^  tient  des  deux  mains  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux.  A  gauche, 
une  vieille  femme  se  penche  sur  un  berceau  et  étend  le  bras  vers  l'Enfant. 
Sainte  Anne^  ouvrant  les  bras,  est  derrière  la  Vierge.  A  droite,  un  petit 
ange  debout  près  d'un  bassin. 

Gravé  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  63.  —  Copie  A ,  selon  toute  appa-  . 
rence  par  Marco  da  Raveuna  ;  le  bassiiva  quelques  traits  d'ombres  sur  le  rebord. 

—  Copie  B,  gravure  froide.  —  Copie  C,  sans  tablette  ni  marque.  —  Copie,  en 
contre-partie,  avec  quatre  vers  latins,  qui  commencent  :  Anna  paremmagnœ,  etc. 
A.  stait  Romœ.  1567.  —  A  l'eau-forte,  en  contrepartie,  in-fol.  avec  le  monogramme 
DIC.  Brulliot,  1. 1,  n*  3,182.  Heinecke  b-^n"*  14.— A  la  manière  noire,  pet.  in-fol. 

—  La  Vierge  et  l'Enfant  seuls,  lilbogr.  sur  planche  teintée,  par  N.  Strixner,  in-8*. 

—  Landon,  n**  442.  ~  Les  peintres  néerlandais  se  sont  souvent  servis  de  cette 
composition  pour  leurs  tableaux,  comme,  par  exemple,  avec  quelques  variantes, 
le  tableau  qui  est  à  Wilton-House,  résidence  du  comte  de  Pembrocke.  Voy.  notre 
Kuntlreige  dureh  England^  etc.,  p.  143. 

16.  Vierge  à  la  longue  cuisse.  —  La  Vierge,  assise  à  droite,  à  côté  du 
berceau,  tient  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux;  le  petit  saint  Jean  est  âge- 


GRAVÉES  D'APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  569 

nouille  en  face^  avec  une  banderole  de  parchemin  à  la  main,  et,  derrière 
lui,  saint  Joseph,  les  bras  croisés  sur  son  bâton.  Un  jeune  homme  sort 
des  bâtiments  du  fond. 

Grav.  par  Marc-Antoine  et  Marc  de  Ravenne.  Bartsch,  t.  XIY,  n*«  57  et  58.  — 
Zani,  t.  YI,  seconde  partie,  p.  36,  cite  une  copie  faite  d'après  la  planche  de 
Marc  de  Ravenne.  —  Landon,  n«  420. 

17.  La  Vierge  allaitant  le  petit  Jésus.  —  Jusqu'aux  genoux.  La  sainte 
Vierge,  de  la  main  droite,  presse  son  sein  sur  lequel  l'Enfant  met  la 
main  en  regardant  le  spectateur.  Saint  Joseph,  debout  à  droite.  Toutes 
les  figures  ont  des  auréoles. 

Grav.  par  Marc- Antoine.  Bartsch,  t.  XIY,  n"  60.  —  Marc  de  Ravenne,  sans  le 
saint  Joseph  et  sans  les  auréoles.  Bartsch,  n»  61.  —  Copie  d'après  Marc  de  Ra- 
venne. par  Jérôme  Hopfer.  Bartsch,  t.  YUI,  p.  507,  n*  7.  —  Copie  d'après  Marc- 
Antoine,  en  contre-partie,  avec  la  souscription  :  Ineipe,  parre  puer,  ritu,  etc.  — 
Copie,  par  Claudine  Bouzonnet  Stella.  H.  2"  8"';  1.  2". 

18.  la  Vierge  sur  un  siège  aux  griffes  de  lion.  —  La  Vierge  est  assise 
sur  un  siège  dont  les  pieds  se  terminent  en  griffes  de  lion.  C'est  une 
esquisse  d'un  élève  de  Raphaël. 

Grav.  par  Marc-Anloine.  Bartsch,  t.  XIY,  n*  46.  —  Copie  à  l'eau-forte,  par  DC. 
H.  6"  7'";  I.  4"  6'".  Yoy.  Brulliot,  1. 1,  n»  1,182. 

19.  La  Vierge  as^se  sur  des  nuages.  —  Elle  tient  Tenfant  Jésus  appuyé 
contre  elle  à  sa  gauche.  Quatre  petits  anges  dans  les  nuages.  C'est  peut- 
Atre  une  première  esquisse  pour  la  Madone  de  Fuligno. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIY,  n*  47.  —  Copie  A,  en  contre-partie , 
signée  RAPH.  YRBI.  —  Copie  B ,  en  contre-partie  ;  un  château  fort  sur  la  mon- 
tagne, dans  le  paysage.  —  Copie  C,  en  contre-partie,  dans  un  ovale.  —  Copie  D , 
en  contre-partie,  signée  d'un  R.  —  Copie  E,  par  Eoea  Yico,  1542.  Bartsch,  t.  XY, 
p.  284,  n*  6.  —  Landon,  n«  230. 

La  collection  de  Dusseldorf  possède ,  d'après  la  même  composition , 
une  estampe  dans  laquelle  la  tête  de  la  Vierge  et  les  enfants  ont  une 
beauté  et  une  finesse  d'expression  qui  surpassent  la  gravure  de  Marc- 
Antoine.  On  a  cru  pouvoir  attribuer  cette  estampe  à  Raphaël  lui-même. 
Nous  avons  déjà  remarqué  que  la  Vierge  des  Douleurs  (Bartsch,  n®»  34  et 
12  de  notre  catalogue)  et  la  Philosophie  (Bartsch,  n«  381)  présentent  le 
même  caractère  de  supériorité  dans  l'exécution. 

20.  La  Vierge  couronnée  par  un  ange.  —  La  Vierge,  vue  jusqu'aux 
genoux,  tient  des  deux  mains  l'enfant  Jésus  sur  ses  genoux.  Le  petit  saint 
Jean,  vu  de  profil  à  droite,  présente  des  raisins  à  l'Enfant.  Un  ange  plane 
dans  le  haut,  à  gauche,  en  tenant  une  couronne  de  laurier  au-dessus  de 
la  tête  de  la  Vierge. 

Gravé  par  Agostino  Yeneziano.  Bartsch,  t.  XIY,  n*  49.  ^ 

21 .  La  Vierge  couronnée  par  deux  anges.  —  La  Vierge,  assise  sur  des 


570  CATALOGUE  D'ESTAMPES  ANCIENNES 

nuageg  et  portée  par  pluaieure  petits  anges,  soutient  de  la  main  droite 
l'enfant  Jésus  qui  l'enlace  dans  ses  bras.  Deux  anges,  qui  ?olent  de  chaque 
côté  dans  le  haut,  tiennent  une  couronne  royale  au-dessua  de  la  tête  de 
la  Vierge. 

Gravé  par  le  Mattre  au  Dé.  Bartsch,  t.  XY,  p.  188,  n*  8. 

22.  La  Vierge  avec  l'enfant  Jésus  bénissant  —  Elle  est  assise  sur  un 
banc,  vue  de  face  et  jusqu'aux  genoux.  Sa  tête  est  un  peu  penchée  à 
droite,  ses  yeux  sont  baissés;  elle  tient  des  deux  mains  l'enfant  Jésus^ 
assis  sur  ses  genoux,  lequel  élève  la  main  droite  pour  bénir.  La  main 
gauche  est  posée  sur  son  genou  droit.  Le  caractère  des  têtes  rappelle  la 
manière  de  Francesco  Francia,  que  le  graveur  a  peut-être  transformé  en 
Raphaël. 

Gravé  par  un  élève  de  Harc-Antoioe.  Bartsch,  t.  XY,  p.  19,  n*  10. 

23.  La  Vierge  avec  l'Oiseau,  —  Jusqu'aux  genoux.  La  Vierge  soutient 
atec  son  bras  droit  l'enfant  Jésus,  lequel  semble  elTrayé  par  un  oiseau 
qui  vient  se  percher  sur  l'épaule  de  sa  mère.  Cette  composition  paraît 
être  de  Jules  Romain. 

Gravé  par  Giulio  Bonasone.  BarUch,  t.  lY,  p.  135,  n«  56. 

24.  Sainte  Famille.  —  La  Vierge  soutient  l'enfant  Jésus  assis  à  gauche 
sur  une  table  et  tenant  un  livre  ouvert.  Saint  Joseph  à  gauche.  Cette 
composition,  selon  toute  apparence,  est  de  Jules  Romain. 

Gravé  par  Chérubin  Alberli.  Bartscb,  t.  XYII,  p.  61,  n«  33. 

25.  La  Vierge  embrassant  Venfant  Jésus.  —  La  Vierge,  vue  de  profil,  est 
assise  sur  une  chaise,  et  se  penche  à  droite  vers  l'enfant  Jésus  debout 
devant  elle  pour  l'embrasser.  Celui-ci  pose  sa  main  gauche  sur  sa  tête. 
C'est  une  étude  d'après  nature. 

Grav.  dans  la  manière  de  Caraglio.  Bartsch,  t.  XY,  p.  20,  n«  11.  —  A  l'ean-forte, 
par  P.-A.  Robert,  1729,  d'après  un  dessin  attribué  à  Giulio  Bonasone,  petit  in-4*. 

—  A  l'eau-forte,  en  contre-partie ,  par  Y.  Denon,  petit  in-fol. 

Le  dessin  original  passa  de  la  collection  Lawrence  dans  celle  d'Oxford. 

26.  La  Vierge  lisant  dans  un  livre.  — Vue  de  profil  et  tournée  à  droite, 
elle  est  assise  sur  une  chaise  et  tient  de  la  main  gauche  un  livre  dans 
lequel  elle  lit  ;  de  la  main  droite,  elle  enlace  le  petit  enfant  Jésus,  qui 
regarde  le  spectateur.  Dessinée  par  Raphaël  d'après  nature. 

Grav.  par  Marco  da  Ravenna  ou  par  un  autre  élèvo  de  Marc-Antoine.  Bartsch, 
t.  XIY,  p.  48.  —  Copie  A,  en  contre-partie.  —Copie  B,  à  l'eau- forte,  signée  d'un  R. 

—  A  l'eau-forte,  par  Denon,  petit  in-4''.  —  Tauriscus  (p.  179)  cite  encore  cinq 
autres  copies,  gravées  du  même  côté  que  l'original,  savoir  :  Raph.  Urba.  inven. 
F.  Bourlier  exe.  H.  8"  3'";  l.  5"  6"'.  —  Signé  dans  le  haut  avec  un  R.  H.  7"  T"; 
1.  3"  5'".  .—'Signé  R.  Y.  au-dessus  de  la  tête  de  la  Vierge.  •—  Grav.  par  Mandol^ 
^  ^n  contre-partie  par  Bergeret*  —  Landon,  n"  8^, 


GRAVÉES  D*APRËS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  571 

Le  dessin  original  se  trouve  dans  la  collection  du  duc  de  DeTonshire,  i 
Cbatsinrortb. 

ATTRIBUÉES  A  RAPHAËL. 

a.)  Sainte  Famille  avec  deux  anges.  —  Large  planche.  La  Vierge  tient 
sur  ses  genoux  Tenfant  Jésus,  auquel  le  petit  saint  Jean,  tenu  par  sainte 
Elisabeth,  et  deux  anges  présentent  des  fruits.  Dans  le  haut  se  trouve  le 
nom  de  Giov.  Bapt.  del  Moro.  Heinecken,  p.  413,  n^  2.  In-folio  en  largeur. 
Cette  composition  semble  être  du  Parmesan. 

ô.)  La  Vierge  assise  sous  un  arbre»  —  Elle  tient  sur  ses  genoux  l'enfant 

Jésus,  que  le  petit  saint  Jean  veut  embrasser.  Sainte  Elisabeth  à  droite^ 

debout,  près  du  berceau. 

Gravé  dans  la  manière  de  Paolo  Tarinati.  H.  7"  9'";  1. 10"  3"'.  Voy.  Heinecken, 
p.  435, 2S  a.  ~  Copie  par  M.  Corneille.  —  Cette  composition  paraît  être  d'un  élève 
de  Raphaël. 

c.)  La  Vierge  accroupie.  —  Elle  enlace  dans  ses  bras  le  petit  Jésus,  qui, 
debout  à  sa  droite ,  étend  la  main  gauche  vers  une  grappe  de  raisin  que 
lui  présente  le  petit  saint  Jean,  debout  à  gauche.  Cette  composition,  peu 
gracieuse,  est  sans  doute  d'un  élève  de  Raphaël. 

Grav.  par  nn  ancien  maître  italien.  Faible  planche.  H.  6"  2'";  1.  5". 

d.)  Sainte  Famille.  —  Jusqu'aux  genoux.  La  Vierge  tient ,  devant  elle, 

assis  sur  un  coussin,  l'enfant  Jésus,  qui  feuillette  un  livre.  Saint  Joseph 

est  debout  derrière  elle,  à  gauche. 

Grav.  par  Sebastiano  a  Regibas.  Très-dure.  Petit  in-fol.  —  Cos.  Mogalli.  In-fol. 
—  Yoy.  Heinecken,  p.  434,  n*  44. 

e.)  La  Vierge.  —  Tournée  à  gauche,  tient  sur  ses  genoux  l'enfant  Jésus^ 
qui  étend  ses  deux  bras  et  regarde  le  spectateur. 

A  la  manière  noire,  par  R.  Houston.  In-fol. 

f.)  La  Vierge  assise.  —  Tient  l'enfant  Jésus;  derrière  lui,  est  agenouillé 
le  petit  saint  Jean  auprès  de  saint  Joseph.  Selon  Tauriscus  (p.  165,  n**  29), 
le  tableau  se  trouverait  en  Espagne. 

A  la  manière  noire,  par  Sommer;  Raphaël  pinx.  In-4o.  H.  8"  11'". 

g,)  L'enfant  Jésm endormi.  —  Derrière  lui,  trois  têtes  d'enfants. 
Dessiné  par  Desnoyers,  gravé  au  pointillé  par  Castel,  1808.  In-4*. 

h.)  Même  sujet.  —  Dans  le  haut,  à  gauche,  apparaît  une  croix.  D'après 
l'enfant  Jésus  de  la  Vierge  au  Diadème,  en  contre-partie. 
Grav.  par  Gius.  Dala.  Yenezia,  1834.  Petite  planche. 

Sqjets  de  la  ITIe  de  la  Tlerf^e. 

27.  Les  Maries  sur  V escalier.  -—C'est  ainsi  que  l'on  nomme  une  estampe 
qui  représente  sainte  Marthe  conduisant  la  Madeleine  auprès  de  Jésus 


572  CATALOGUE  D*ESTAMPES  ANCIENNES 

dans  le  temple.  (  Voy.  la  légende  de  sainte  Marie -Madeleine.  )  Jésus  est 
assis  à  droite,  entouré  de  quatre  apôtres,  entre  deux  colonnes  du  temple^ 
auquel  conduit  un  grand  escalier.  Le  peuple  se  tient  à  gauche. 

Grav.  par  Marc -Antoine.  Bartsch,  t.  XlVf  n*  45.  —  Copie  A.  presque  semblable 
à  l'original.  ~  Copie  B,  faible,  mais  reproduisant  fidèlement  l'original.  ~  En 
clair-obscur,  signé  M,  vraisemblablement  par  George  Hatheis,  graveur  sur  bois» 
à  Augsbourg.  Bartscb,  t.  XII,  p.  37. 

Deux  dessins  douteux  de  cette  composition  se  trouvent  dans  les  collec- 
tions de  Vienne  et  de  Paris. 

28.  L'Assomption  de  la  Vierge,  —  Onze  apôtres  entourent  le  tombeau 
Tide  de  la  Vierge;  les  uns  regardent  au  fond  de  ce  tombeau  et  les  autrœ 
élèvent  leurs  yeux  vers  le  haut,  où  la  Vierge  est  assise  sur  un  croissant, 
entourée  de  petits  anges^  deux  desquels  tiennent  des  torches.  Cette  com- 
position paraît  être  une  première  esquisse  de  Raphaël  pour  le  tableau 
qu'il  destinait  au  couvent  de  Monte  Luce ,  lorsqu'il  passa  un  nouveau 
marché  avec  les  nonnes  de  ce  couvent  en  1516. 

Grav.  par  le  Mattre  au  Dé.  Barlscb,  t.  XY,  p.  188,  n"  7.  —  Copie  A,  en  contre- 
partie; saint  Jean  est  debout,  à  gauche.  —  Tauriscus  (p.  192,  n*  6)  cite  une 
autre  copie  par  P.  A.  Pazzi.  —  Landon,  n*  iSTl, 

29.  Le  Couronnement  de  la  Vierge,  —  La  Vierge,  assise  sur  des  nuages, 
est  couronnée  par  le  Christ,  assis  à  sa  droite.  Au-dessus  d'eux,  entre 
quatre  anges,  Dieu  le  Père  dans  l'attitude  de  la  bénédiction,  et  au-dessus 
de  lui  le  Saint-Esprit.  Quatre  anges ,  deux  de  chaque  côté ,  sont  en  ado- 
ration auprès  de  la  Vierge  et  du  Christ.  Cette  composition  semble  être 
une  première  esquisse  pour  la  partie  supérieure  du  tableau  d'autel  de 
Monte  Luce. 

Gravé  par  le  Maître  au  Dé,  1532.  Bartsch,  t.  XV,  p.  190,  n*  10.  —  Copie  A,  en 
contre-partie,  dans  la  manière  d'Ant.  Wierx.  —  Copie  B,  àTeau-forte,  avec  le 
monogramme  SR  enlacés,  et  à  gauche,  Rafaël  Urbanut  m.  A  droite,  P.  Bowrlier 
exe.  (Mm  pri*  Régit  C,  à  Paris. 

30.  La  Vierge  et  trois  saints.  —  Au-dessus  de  la  Vierge ,  entourée  de 
rayons,  plane  le  Saint-Esprit;  et  dans  le  haut,  de  chaque  côté ,  on  voit 
un  ange  en  adoration.  Marie-Madeleine  lui  baise  les  pieds.  A  gauche^ 
sainte  Catherine,  et  à  droite  saint  François,  à  genoux. 

Grav.  par  un  élève  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XV,  p.  22,  n«  13. 

31 .  Le  Mariage  mystique  de  sainte  Catherine,  —  La  Vierge,  assise  sur 
un  siège  élevé ,  et  tournée  à  gauche ,  tient  l'enfant  Jésus  sur  son  genou 
droit.  Sainte  Catherine,  vue  de  profil,  agenouillée  à  gauche,  présente  sa 
main  droite,  et  l'enfant  Jésus  lui  met  une  bague  au  doigt.  Sainte  Barbe 
est  debout,  à  droite,  la  tête  entourée  d'une  espèce  de  turban.  Le  fond  est 
un  motif  d'architecture  à  deux  arcades  au  travers  desquelles  on  voit  un 
paysage  montagneux. 


GRAVÉES  D*APRËS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  573 

Cette  belle  composition  nous  a  été  conservée  dans  ane  ancienne  gravure  sur 
bois  par  un  maitre  inconnu.  H.  9"  9'";  1. 7".  Heinecken,  p.  459,  n»  32.  —  Copie 
par  Abr.  Bioteling.  Petit  in-fol.  —  Il  en  existerait  aussi  une  petite  planche  en 
contre -partie ,  par  un  élève  de  Marc- Antoine,  mais  nous  ne  l'avons  jamais 
rencontrée. 

Ud  petit  tableau  de  la  grandeur  de  la  gravure  sur  bois^  attribué  à  Benv. 
Garofalo,  se  trouvait  en  1835,  chez  le  comte  Bailli  de  Tatischeff^  ambas- 
sadeur russe  à  Viemie. 


A  Raphaël  sont  encore  attribuées  les  compositions  suivantes  : 

«.)  LaFrésmtation  de  la  Vierge  au  temple.  —  Marie  monte  les  degré* 

du  temple,  au-dessus  desquels  l'attend  le  grand  prêtre.  Sur  le  devant,  à 

droite  des  marches,  est  assis  un  vieillard  estropié. 

Grav.  par  Gio.  Ant.  da  Brescia,  signé  R.  VR..  quoique  rien  ne  permette  d'attri- 
buer celte  composition  a  Raphaël.  Bartsch,  t.  XIII,  p.  319,  n*  4. 

6.)  Le  Mariage  de  la  Vierge.  —  Le  prêtre,  debout  sous  le  vestibule  du 
temple  de  Jérusalem,  unit  les  mains  des  deux  époux.  Us  sont  entourés 
d'hommes  et  de  femmes;  dans  le  haut  plane  le  Saint-Esprit,  et  Ton  voit, 
dans  le  fond,  le  chandelier  à  sept  branches.  Sur  les  marches  du  temple, 
au  premier  plan,  à  droite,  est  couché  un  homme  à  moitié  nu,  demandant 
l'aumône  à  un  jeune  couple  qui  monte  les  degrés. 

Gravé  par  Giulio  Sannuti.  Bartsch.  t.  XV,  p.  499,  n»  1.  Quoique  cette  estampe 
soit  signée  d'un  R,  tout  dans  la  composition  et  le  dessin  caractérise  un  ouvrage 
de  Jules  Romain.  —  Landon,  n»  402. 

c.)  La  Vierge  avec  trois  archanges.  —  Elle  est  assise  sur  des  nuages. 
Dans  le  bas  sont  les  trois  archanges,  saint  Michel  au  milieu  avec  Satan 
vaincu  sous  ses  pieds.  A  gauche,  l'ange  de  l'Annonciation,  Gabriel,  et,  à 
droite,  Raphaël,  l'ange  protecteur. 

Le  dessin  original  de  Jules  Romain  est  dans  la  possession  de  M.  Gat- 

teaux,  à  Paris. 

Grav.  par  Diana  Ghisi.  Bartsch,  t.  XV,  p.  446,  n»  31.  Celte  planche,  signée 
H.  V.  l.  à  droite,  a  été  attribuée  à  Raphaël  dans  l'ouvrage  de  M.  Qualremère  de 
Quincy.  —  Landon ,  n*  431. 

32.  L'Archange  saint  Michel.  —  Il  pose  le  pied  droit  sur  la  gorge  de 
SaUn,  qu'il  menace  de  sa  lance  en  saisissant  son  épée  de  la  main  gauche. 
Des  rochers  au  fond.  Cette  composition  n'a  pas  cette  simplicité  de  con- 
ception que  nous  admirons  dans  les  œuvres  de  Raphaël.  Nous  croyons 
donc  pouvoir  l'attribuer  à  un  de  ses  bons  élèves. 

Grav.  par  Agostino  Veneziano  et  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIV.  n-  105 


574  CATALOGUE  D*ESTAMPES  ANCIENNES 

et  106*  —  Copie  faible  par  ud  anonyme.  —  Landon,  n*  392.  —  Imi talion  :  Tange 
a  ane  couronne  de  lauriers.  Gravé  dans  la  manière  de  Jean  Duvet.  Bartsch, 
t.  XIV,  n*  107. 

33.  Saint  Jérôme.  —  II  est  à  genoux ,  tourné  à  gauche ,  appuyant  son 
front  sur  sa  main  droite,  et  il  touche  de  la  gauche  une  tête  de  mort  auprès 
de  laquelle  est  un  crucifix  attaché  à  un  arbre.  A  gauche^  on  voit  le  lion. 
Pour  fond,  un  paysage  inculte  avec  une  ville  en  ruine. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  101.  —  Copie  à  l'aqaatinta,  par 
Strutt.  —  Cette  composition  est  peut-être  la  même  que  celle  du  petit  tabieaa  à 
l'huile  que  l'Anonyme  de  Morelli  (p.  24)  dit  avoir  vue,  en  1537,  chez  le  D"*  Marco 
Benavides,  de  Mantoue,  à  Pavie. 

Il  existe  encore  deux  autres  compositions  représentant  saÎDt  Jérôme, 
attribuées  à  Raphaël  :  Tune  gravée  par  Marc-Antoine  et  Augustin  de 
Venise  (Bartsch,  n^'  102  et  103);  nous  Tavons  déjà  citée  comme  étant 
l'ouvrage  d'un  maître  vénitien  ;  l'autre,  avec  le  saint  mort,  couché  devant 
sa  grotte,  tandis  que  son  âme  est  portée  au  ciel  par  des  anges.  Gravée 
par  Lucas  Ciamberlanus,  signée  L.  C,  1604.  In-folio.  Elle  n'a  rien  qui 
puisse  la  faire  attribuer  à  Raphaël  ;  nous  signalerons  même  à  l'attention 
des  connaisseurs  le  caractère  du  petit  ange,  qui  accuse  vraisemblablement 
une  œuvre  de  Girolamo  Mutiano.  —  Landon,  n^  391. 

Nous  devons  encore  citer  ici  une  gravure  au  clair-obscur,  signée  YHS, 
dans  laquelle  on  s'est  servi  de  la  figure  du  Diogène  de  l'Ecole  d'Athènes, 
pour  en  faire  un  saint  Jérôme.  Bartsch,  t.  XII,  p.  82,  la?  32. 

34.  Saint  George.  —  Lancé  au  galop,  il  élève  sa  lance  pour  frapper  le 
dragon  étendu  aux  pieds  de  son  cheval.  A  gauche,  la  princesse  s'enfuit. 
Une  ville,  avec  un  château  fort,  au  fond.  Cette  composition  paraît  être 
une  première  esquisse  pour  le  tableau  peint  par  Raphaël  pour  le  roi 
d'Angleterre. 

Grav.  dans  la  première  manière  de  Marc-Antoine,  mais  non  pas  par  lui-même. 
Barlsch,  t.  XY,  p.  24,  n«  3. 

Il  existe  encore  un  fac-siraile  gravé  par  Ruchmaun  d'après  un  dessin  du 
même  sujet  faussement  attribué  à  Raphaël.  Saint  George  galope  ici  vers 
le  côté  droit  et  perce  le  dragon  de  sa  lance.  La  princesse  est  agenouillée 
en  prière  à  droite. 

35.  Les  Quatre  Saints.  —  C'est  ainsi  que  Bartsch  désigne  cette  estampe, 
dans  laquelle  une  sainte  femme  s'entretient  avec  deux  apôtres  et  un  jeune 
homme. 

Grav.  k  l'eau-forte,  d'après  un  dessin  de  Raphaël,  par  Rafaël  Sciaminossi. 
Signé  :  R.  Y.  L  —  R.  S.  B.  INCU).  Bartsch,  t.  X Yil,  p.  233,  n*  94. 


GRAVÉES  D*APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAFX.  57S 

11  y  a,  eD  outre  ^  de  nombreux  sujets  religieux  qui  ont  été  souvent 
attribués  faussement  à  Raphaël.  Nous  nous  bornerons  à  citer  les  suivants. 

a.)  Saint  Jean  dans  le  désert,  —  Il  est  assis  sur  un  rocher^  d'où  sort  une 
source  à  gauche.  Il  tient  une  écaille  de  la  main  droite  et  de  la  gauche 
on  bâton,  à  Textrémité  duquel  est  attachée  une  croix  avec  une  banderole 
portant  l'inscription  :  Parate  viam  Domini.  On  s'est  servi,  pour  cette 
com|K>sition,  du  Saint  Jean  dans  la  Tribune  de  Florence. 

Grav.  dans  la  manière  de  GiuUo  Bonasone.  Bartsch,  t.  XV,  p.  27,  n«  5. 

6.)  Les  apôtres  saint  Pierre  et  saint  Paul.  —  Deux  planches  avec  des 
figures  isolées,  dans  le  style  de  Michel-Ange.  Faussement  attribué  à 
Raphaël. 

J.  B.  de  Gavalleriis  incid.,  1571.  Grand  in-fol. 

Les  mêmes  apôtres,  d'après  un  dessin  du  comte  de  Caylus,  semblent 
être  de  l'invention  d'un  élève  de  Raphaël.  Landon,  n^'^OO. 

c.)  Saùit  Louis  armé.  •—  Il  est  debout,  tourné  à  gauche  et  tenant  une 
lance  dans  la  main  droite.  A  côté  de  lui,  ua bouclier  ovale,  orné  d'une 
croix  et  de  quatre  lis. 

Grav.  par  Michel  Lasne,  signé  :  R.  Vrb.  pinx.  Jf.  L'aine  fe.  atmprw.  R.  C.  — 
'Malbouré,  ex.  in  aula  Àlbreliaca  pr.  S.  Uilarium.  In-fol.  —  Le  même  Michel  Lasne 
a  encore  une  fois  gravé  ce  sujet,  mais  en  contre-partie,  et  avec  cette  variante  que 
le  saint  s'appuie  de  la  main  droite  sur  son  bouclier.  Petit  in-fol. 

Nous  avons  vu,  dans  la  collection  Neeld,  à  Londres,  un  petit  tableau 
représentant  un  Saint  George  tout  à  fait  semblable  à  ce  Saint  Louis,  et, 
selon  toute  apparence,  peint  par  le  Giorgion.  Le  saint,  dans  le  tableau, 
lient  un  étendard  dans  la  main;  le  dragon  est  à  ses  pieds.  La  tête  n'est 
que  légèrement  indiquée;  mais  l'armure,  au  contraire,  est  exécutée  avec 
grand  soin  d'après  nature. 

d.)  Sainte  Barbe.  —  Mi-figure,  vue  de  profil ^  tournée  à  droite.  Elle 
tient  dans  sa  main  une  petite  tour. 

Vraisemblablement  gravé  d'après  un  tableau  vénitien,  par  J.  da  Bois.  Petit  in- 
fol.  —  W.  Vaillant,  à  la  manière  noire ,  in-8*.  —  G.  Valk  eic.  En  contre-partie. 
Grand  in-4'>.  —  Lan  don,  n"  396. 

e.)  Le  Mariage  mystique  de  sainte  Catherine.  —  Mi-figures,  avec  saint 
Jean-Baptiste  derrière  sainte  Catherine,  et  saint  Joseph  en  face,  à  droite. 

Grav.  par  Cornélius  Bloemaert. 

Cette  composition  ne  rappelle  pas,  le  moins  du  monde,  la  manière  et 
le  génie  de  Raphaël. 

f.)  Un  petit  ange.  —  Portant  la  croix,  debout  sur  des  nuages,  avec  cette 
inscription  :  Foetus  est  pro  nobis  obediens  usq.  ad  mortem,  autcm  crucis* 
PMI.  2.  Raphaël  Sanctius  pinxit.  N«  1. 

Grav.  par  Luca  Giamberlano.  Bartsch,  t.  XX,  p.  SS,  n*  30. 


576  ^CATALOGUE  D'ESTAMPES  ANCIENNES 

Cette  petite  planche  fait  partie  d'une  suite  de  cinq  petits  anges  avec 
les  instruments  de  la  Passion.  La  planche  n*»  Y  est^  comme  nous  TaTons 
déjà  indiqué^  empruntée  du  petit  génie  agenouillé  dans  la  fresque  des 
Sibylles,  à  S.  Maria  délia  Pace.  Mais  nous  ne  savons  pas  de  quelle  com- 
position de  Raphaël  a  pu  être  tiré  le  petit  ange  de  la  planche  que  nous 
décrivons  ici.  Nous  doutons  que  cet  ange  soit  de  lui. 

Le  capitaine  William  Baillie  a  gravé  un  ange  volant,  attribué  aussi  à 
Raphaël.  Cette  planche  est  imprimée  en  rouge.  Tauriscus^  p.  144,  n<>  37. 

Sibylles. 

36.  Les  deiix  Sibylles  avec  k  Zodicu^ue.  —  Toutes  deux  sont  debout; 
celle  de  droite  tient  un  livre  et  regarde  vers  le-  ciel ,  tandis  que  l'autre 
écrit  sur  un  livre  ouvert  et  posé  sur  ses  genoux. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  IIV,  n*  397.  —  Copie  A,  en  contre-partie, 
faible  planche.  —  Copie  B,  en  contre-partie.  Honogra^mme  HAT.  Brnlliol,  n*  487. 
Plus  faible  encore.  —  Copie.  Monogramme  HA.  BraUiot,  n*>  594.  —  Gravé  par 
Giulio  Bonasone  dans  les  Bmblemala  de  Bocchius,  en  contre-partie,  avec  un  vieil- 
lard et  l'inscription:  Virtuti  merilo  iedes  qvMdrata  dictUur,  Bartsch,  t.  XY,  p.  166, 
n«  304.  —  Landon,  n«  160, 

37.  La  Sibylle  de  Cumes.  —  Le  sable  qu'elle  porte  est  changé  par  le 
soleil  en  grains  d'or.  Elle  est  vue  de  profil  et  marche  vers  le  côté  droit. 
Un  chien  la  suit.  Cette  tigure  est  aussi  considérée  comme  une  allégorie  de 
l'Instabilité. 

Grav.  par  Agostino  Veneziano,  1516.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  l'23.  —  Copie,  en  contre- 
partie, signée  D.  S.  ~  Landon,  n<^  394. 

38.  La  Sibylle  avec  le  llambeau.  —  Une  jeune  femme^  assise  dans  une 
chambre,  lit  dans  un  livre  qu'elle  tient  de  la  main  droite.  Devant  elle»  un 
enfant  l  éclaire  avec  une  torche.  Belle  étude  d'après  nature  par  Raphaël. 

Grav.  par  un  élève  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XV,  p.  37,  n*  6.  Cette  estampe 
est  signée  BB  dans  le  haut,  à  droite,  mais  elle  est  erronément  attribuée  à  B.  Beham 
par  Huber  et  Rost  (t.  I ,  p.  165).  Bartscli ,  t.  XV,  p.  548,  cite  une  autre  estampe 
du  maître  ci-dessus.  Une  troisième  est  citée  par  BruUiot  (t.  II,  n"  221).  —  Eu 
contre-partie,  faible  planche.  Bartsch,  t.  XV,  p.  28,  W"! .  —En  clair-obscur,  par 
Hugo  da  Carpi.  Bartsch ,  t.  XII,  p.  89,  n^  6.  —  Copie,  a\ec  trois  lignes  autour  de 
la  torche.  —  Copie,  en  contre-partie,  avec  l'R  à  droite.  —  Copie,  en  contre-partie, 
avec  l'ft  à  gauche.  Il  existe  aussi  des  épreuves  où  la  lettre  R  ne  se  trouve  pas. 
H.  9"  6'"  ;  1.  7"  3'".  —  Landon,  n«  455. 

SiU^ts  Btjtholoirlqnes. 

39.  Neptune  apaisant  la  tempête.  —  Éole  a  excité  cette  tempête  contre 
la  flotte  d'Énée.  Planche  nommée  aussi  le  :  Quos  ego.  Neuf  écussons  avec 
des  sujets  tirés  de  VÉnêide  de  Virgile.  Cette  magnifique  estampe  est  trop 
connue  pour  qu'une  description  détaillée  soit  nécessaire. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n"  352.  —  Landon,  n*"  237. 


!  GRAVEES  D'APRES  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  577 

i  H.  Reveley  {Notices  ilhtstrative,  etc.,  écrites  en  1787,)  dit  que  le  dessin 

'        original  se  trouve  dans  la  collection  de  lord  Hampton.  Cet  écrivain  avait 
!        trop  peu  de  connaissances  eu  matière  d'art  pour  que  Ton  puisse  se  fier  à 

ses  indications.  Nous  n'avons  rien  pu  découvrir  relativement  à  l'existence 

de  ce  dessin  en  Angleterre. 
Les  parties  suivantes  de  cette  composition  furent  gravées  isolément  : 

Neptune  maîtrisant  la  tempête,  en  contre-partie.   Neptune  tourné  à 

gauche. 

Grav.  par  Gio.  Ant.  da  Brescla.  Signé  10.  AN.  B.  H.  8"  T";  1.  5"  8'". 

Du  même,  Jupiter  assis  dans  le  Zodiaque.  Il  envoie,  à  la  prière  de 
Vénus,  Mercure  à  Didon,  avec  Tordre  d'empêcher  les  Troyens  de  quitter 
Carthage. 

Signé  10.  AN.  BX.  H.  3"  9"';  1.  12"  8"'. 

Énée  montre  à  Achate  les  peintures  du  temple  de  Junon. 

Grav.  par  Giulio  Bonasone,  pour  les  Emblemata  de  Bocchius.  Bartsch,  t.  XV, 
p.  164,  n-  273. 

40.  L'Amour  et  Véntis  sur  la  mer.  —  L'Amour,  assis  sur  son  carquois^  ' 
se  sert  de  son  arc  comme  d'une  rame.  Vénus  le  suit  debout  sur  une 
conque  et  tenant  un  voile  dans  sa  main  gauche.  A  gauche,  un  jeune 
homme  livré  à  la  douleur,  assis  contre  un  rocher;  trois  Amours  voltigent 
dans  les  airs.  La  figure  de  l'Amour  est  empruntée  à  la  gravure  que  nous 
décrivons  ci-après,  u°  41.  Tout  le  reste  annonce  un  élève  de  Raphaël^ 
qui  s'est  efforcé  d'imiter  un  peu  Michel- Ange  dans  le  jeune  homme  assis 
contre  le  rocher. 

Grav.  par  Agostino  Veneziano.  Barlsch,  t.  XIV,  n»  234.  Dans  le  bas,  huit  vers 
qui  commencenl  ainsi  :  Con  loi  destrezsa  Amnr  irappaua  et  arle,  etc.,  et  qui  finis- 
sent :  Tifki  el  Jason  ienza  maestro  Amore.  —  Copie,  en  contre-partie,  avec  les 
mêmes  vers.  —  Voy.  le  Catalogue  de  la  collection  du  comte  de  Sternbcrg,  par 
Prenzel,n«»  2,866. 

41.  L'Amour  fuyant  sur  la  mer, 

Grav.  par  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIV,  n**  219,  avec  cette  souscription  : 
Sic  fktga  violenta  monet.  —  Copie  trés-lrompeuse,  qui  ne  difTère  que  par  la  dispo- 
sition de  l'inscription.  Voy.  Bartsch,  p.  180. 

42.  Vénus  assise  sur  un  dauphin  j  voguant  sur  la  mer  y  ajccompa^née  de 
V Amour.  —  Celui-ci  tient  un  flamheau  des  deui  mains.  Un  papillon  voie 
dans  le  haut.  Ce  doit  être  l'ouvrage  d'un  élève  de  Raphaël. 

Grav.  par  Agostino  Veneziano.  Bartsch,  t.  XIV,  n"  239,  ~  Landon,  n*d80. 

43.  Vénus  sortant  du  bain.  —  Elle  essuie  son  pied  humide.  L'Amou 
debout  auprès  d'elle,  tient  son  arc  de  la  main  gauche  et  poee  sa  mnin 
droite  sur  sa  tête. 

Grav.  par  Murc-Anluinc.  Bartsch,  t.  XIV,  n°  207.  —  Copie  A.  £lle  semblo  êtic 
11.  57 


.178  CATALOGUE  D'ESTAMPES  ANCIENNES 

d0  Harc-AntoÎDe  lui-même.  —  Copie  B,  en  contre-partie.  Trôs-belle.  —  Copie  C, 
par  un  des  Wierx,  1563.  AE.  14.  —  Copie  D,  en  contre-partie,  avec  un  fond  de 
paysage  et  la  marque  d'AIbrecht  Diirer.  —  Copie  E ,  faible  petite  plancbe,  sans 
marque.  ->  Copie  par  Albrecht  Altdorfer,  en  contre-partie.  Petite  planche.  Bartsch, 
t.  VIII,  p.  53,  n*  34.  —  Avec  quelques  changements,  pour  un  sujet  de  Didon,  par 
Hans  Sehald  Beham,  1520.  Bartsch,  t.  VIU,  p.  148,  n*  80.  —  A  l'eau-forte,  belle 
planche  signée  F.  C.  I.  In'4"  —  Landon.  n**  214.  —  La  planche  de  cuivre,  gravée 
par  Marc-Antoine  y  existe  encore  dans  la  collection  du  marchese  Malaspina,  à 
Pavie.  Voy.  le  Catalogue  de  cette  collection,  vol.  IV,  p.  339. 

Un  tableau  à  l'huile  de  cette  composition^  avec  des  figures  de  grandeur 
naturelle^  attribué  à  Raphaël,  se  trouve  au  musée  de  La  Haye.  N<>  249  K  — 
Un  autre,  sur  toile,  de  3'  7'*  de  haut  sur  2'  i"  de  large,  est  gravé  dans  l'ou- 
irrage  intitulé  :  Collection  d'estampes  d'après  quelques  tableaux  de  la  galerie 
de  S.  E,  le  comte  A.  Strogonoff,  etc.  (Saint-Pétersbourg,  1807.J 

44.  Vénus  essuyant  ses  pieds  mouillés.  ^  Elle  est  assise  sur  une  grande 
draperie;  l'Amour,  debout  à  droite,  porle  des  linges  sur  son  épaule.  Une 
chambre  pour  fond. 

Grav.  par  Enea  Vico,  1546.  Bartsch,  t.  XV,  p.  291,  n«  19.  —  Copie,  en  contre* 
partie.  Faible  et  sans  marque.  —  Copie  par  Albrecht  Altdorfer.  Petite  planche. 
Bartsch ,  t.  VIII,  p.  53,  n»  33. 

Une  esquisse  à  la  sanguine,  pour  la  figure  de  l'Amour,  est  dans  la 
collection  Teyler,  à  Haarlera;  mais  elle  a  été  très-retravaillée. 

45.  Vénus  debout  dans  U7ie  niche,  —  Elle  se  penche  vers  l'Amour,  debout 
à  gauche  sur  le  socle. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch ,  t.  XIV,  n"  311.  —  Copie  A ,  en  contre-partie. 
—  Copie  B,  par  Hier.  Hopfer.  Bartsch,  t.  VIII,  p.  512,  n"  24.  —  Copie  C  ,  J.  Epis- 
copus  fec,  in-8^  —  Copie  D,  Gottfried  Millier  exe.  —  Landon,  n»  183. 

Le  dessin  original  à  la  pierre  noire  est  dans  la  collection  de  M.  Grahl, 
à  Dresde.  —  Il  existe  plusieurs  tableaux  de  cette  composition  par  des 
peintres  de  ré4;ole  de  Raphaël.  11  s'en  trouve  un  dans  la  galerie  de  Flo- 
rence ;  un  autre  est  dans  la  possession  de  M.  Beck,  à  Dessau. 

46.  Vénus  et  Vulcain.  —  Elle  est  assise  à  gauche,  auprès  de  Vulcain, 
qui  Tenlace  avec  un  bras  en  plaçant  une  flèche  dans  le  carquois  de  l'Amour, 
qui,  debout  devant  elle,  essaie  son  arc  en  le  tendant.  A  gauche,  deux  petits 
Amours  tiennent  un  plat  avec  des  fruits  ;  à  droite,  un  autre  Amour  portant 
une  coupe  de  vin,  et  un  quatrième  Amour,  assis,  jouant  avec  son  arc. 
Dans  le  fond,  on  voit  trois  petits  Amours  qui  forgent  des  dards.  On  croit 
que  Raphaël  dessina,  pour  son  compatriote  Gio.  Battiferri,  cette  belle 
composition,  qui  devait  être  exécutée  à  fresque  sur  la  façade  de  sa  maison 
dans  le  bourg  du  Vatican,  à  Rome,  par  Vincenzo  da  San  Gemiuiano. 

Grav.  par  Agoslino  Veneziano,  1530.  Bartsch,  t.  XIV,  n**  349. 

1 .  Ce  tableau  c^t  porté  ai;yourd'hui,  daus  le  catalogue  du  musée  de  La  Uaye,  comme  copie, 
u*  253.  Voir  W.  fiurger,  Mutéet  de  la  Hollande,  p.  310.  [Note  de  l'éditeur.) 


GRAVEES  D'APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  57^ 

Un  beau  dessin,  qui  cependant  n'est  qu'une  copie,  se  trouve  dans  la 
collection  royale  d'Angleterre.  —  Un  petit  tableau,  du  côté  opposé,  attri- 
bué à  Jules  Romain,  était  dans  la  possession  de  Jabach  de  Cologne  (Voyez 
Cabinet  des  singularités,  etc.,  par  Florent  Lecomte,  t.  II,  p.  55),  qui  le 
céda,  avec  d'autres  tableaux,  à  Louis  XIV.  Dans  le  Catalogue  du  Louvre 
de  i820^  il  est  inscrit  sous  le  n""  974. 

Grav.  jpar  E.  Horace  pour  le  Mutée  Napoléon. 

47.  Vénus  debout  sur  des  nuages,  auprès  de  TAmour  qui  lui  saisit  le 
bras  gauche. 

Cray,  par  Giulio  Bonasone ,  vraisemblablement  d'après  un  dessin  de  Raphaël. 
Bartsch,  t.  XV,  p.  149,  n»  145. 

48.  Vénus  et  les  Amours,  —  Elle  vient  du  côté  gauche;  les  Amours  jouent 
avec  un  lapin,  cueillent  des  fruits  ou  bien  essayent  leurs  armes.  Raphaël 
a  fait  cette  charmante  composition  d'après  le  sujet  que  Philostrate  a  décrit 
dans  son  livre  des  Images,  sous  le  titre  des  Amours.  Exécuté  à  fresque 
dans  le  vestibule  de  la  villa  Madama,  et,  selon  toute  apparence,  par  Gio- 
vanni da  Udine. 

En  clair-obscur,  sur  quaUre  planches,  dans  un  ovale,  par  Hugo  da  Carpi.  Bartsch, 
t.  XII,  p.  107,  n»  3. 

Une  première  esquisse  pour  les  Amours  sans  la  Vénus,  dessin  à  la 
plume  et  lavé  à  la  sépia,  se  trouve  dans  la  collection  de  Dûsseldorf. 

49.  Bacchus  à  la  vendange.  —  Il  est  assis  sur  une  tonne  et  tient  une 
coupe  dans  la  main  gauche.  Devant  lui,  un  homme  nu  jette  un  panier  plein 
de  raisins  dans  une  cuve.  A  gauche,  une  jeune  femme,  marchant  derrière 
deux  enfants,  porte  un  panier  de  raisins. 

Grav.  par  Marc*Ântoine.  Bartsch,  t.  XIY,  n"  306.  —  Copie  B,  p.  332.  —  Variante 
de  cette  composition,  avec  adjonction,  à  gauche,  du  pape  bénissant;  petite  figure 
par  J.  Hopfer.  Bartsch,  t.  Vlll,  p.  512,  n«  27. 

Un  dessin  de  la  composition  de  Raphaël,  exécuté  au  bistre,  se  trouvait, 
en  1776,  dans  la  succession  de  Neymann,  à  Amsterdam. 

50.  Lycaon,  au  moment  de  tuer  Jupiter,  son  hôte,  est  métamorphosé  en 
loup.  —  A  droite,  le  dieu  est  couché  dans  un  lit  ;  à  gauche,  Lycaon  s'ap- 
proche, une  hache  à  la  main  ;  sa  tête  est  déjà  celle  d'un  loup. 

Grav.  par  Agostino  Veneziano,  1523.  Deuxièmes  épreuves,  1524.  Bartsch,  t.  XIV, 
n«  244. 

M.  Hercule  étmffant  Anthée.  —  Le  premier,  vu  de  face,  enlace  dans 
ses  deux  bras  Anthée,  qui  se  tord  de  douleur.  Un  temple  en  ruine ,  au 
fond. 

Grav.  par  Marc-Antoine  et  Augustin  de  Venise.  Barlsch,  t.  XIV,  n***  346  et  347.  — 
Copie  d'après  Marc-Antoine,  par  Gaspar  ab  Avibus  Patavinus ,  signée  G.  A.  P.  F. 
-^  £n  clair-obscur,  par  Hugo  da  Carpi.  Bartsch,  t.  XII,  p.  117,  n**  14.  —  Landon, 
n*446. 


580  CATALOGUE  D'ESTAMPES  AiNCIENNES 

L'étude  d'après  nature  pour  les  deux  ligures  se  trouve  dans  la  collec- 
tion royale  d'Angleterre,  à  Windsor-Casile. 

52.  Même  sujet,  avec  la  figure  de  la  Terre  pleurant  son  (ils.  Cette  der- 
nière, sous  les  traits  d'une  vieille  femme,  est  assise  à  droite.  Cette  compo- 
sition semble  être  d'un  élève  de  Raphaël. 

Grav.  par  Agostino  Veneziano,  1533.  Bartsch,  t.  XIV,  n"  316.  —  Landon,  n*d73. 

53.  Uei'cule  étouffe  le  lion  de  Némee.  —  Il  est  vu  de  face  ;  le  Ho»,  vu  de 
dos,  saisit  avec  ses  griiïes  la  cuisse  et  le  genou  de  son  adversaire.  Pour 
fond,  un  paysage  avec  trois  arbres  auprès  d'un  fleuve. 

En  clair-obscar,  par  un  anonyme.  Bartsch,  t.  ÎIl,  p.  118,  d**  16. 

11  existe  encore  deux  autres  compositions  du  même  sujets  faussement 
attribuées  à  Raphaël,  car  elles  sont  de  Jules  Romain^  qui  les  a  exécutées 
dans  le  palais  del  Te,  près  de  Mantoue.  Celle  où  l'on  voit  Hercule  enlaçant 
des  deux  bras  le  cou  d\i  lion,  qui  pose  ses  pattes  de  derrière  sur  le  genou 
droit  de  son  ennemi^  se  trouve  au  nombre  des  six  Travaux  d'Hercule,  peints 
en  camaïeu  dans  ce  palais. 

Gravé  par  Agoslino  Yencziano,  1528.  Bartsch,  t.  ÎIV,  n«  287.  —  Copie,  en 
contre-partie,  par  P.  B. 

La  même  composition,  seulement  Hercule  tourné  à  gauche  et  avec  uu 
autre  paysage,  dans  lequel  on  voit  un  second  lion. 

En  clair-obscur,  par  Jos.  Nie.  Vicenlino.  Ëpruuves  postérieures?,  par  Andréa 
Andreani.  Bartsch,  t.  XII,  p.  119,  n"  17.  —  Grande  feuille  par  un  anonyme. 
Bartsch,  t.  XII,  p.  120,  n»  18. 

Même  sujet.  Composition  dilTérente.  Hercule,  vu  de  profil,  tourné  à 
droite,  enlace  le  cou  du  lion,  appuie  le  genou  gauche  à  terre  et  le  genou 
droit  sur  le  ventre  de  Tanimal,  qui  a  posé  une  patte  de  devant  et  une  de 
derrière  sur  la  cuisse  droite  de  son  antagoniste.  L'n  rocher  au  fond. 

F*eint  à  fresque  au  palais  del  Te,  sala  dei  Cavaili,  au-dessus  de  la 
porte. 

En  clair-obscur,  dans  la  manière  Je  Hugo  da  Carpi.  Bartsch,  t.  XII,  p.  117, 
n-15. 

54.  Le  Jugement  de  Paris.  —  Paris,  assis  à  gauche,  présente  la  pomme 
d'or  à  Vénus;  Junon,  irritée,  le  menace;  Pallas,  honteuse,  reprend  ses 
vêtements.  Deux  figures  allégoriques  de  fleuves  et  une  naïade  sont  assis  à 
droite  ;  derrière  Paris,  à  gauche,  trois  nymphes.  Au-dessus  de  Vénus,  plane 
un  génie,  une  couronne  à  la  main.  Le  dieu  du  Soleil  et  les  dioscures  tra- 
versent roiympe,  du  haut  duquel  regardent  Jupiter,  Diane  et  Cérès.  Com- 
position d'une  extrême  beauté. 

Grav.  par  Marc-Antoine  et  Marc  de  Kaxounc.  Bartsch,  t.  XiV,  n**  245  et 240. 

Le  Cabinet  des  Estampes  de  Paris  possède  luio  première  épreuve  de 
lestanipe  de  Maic-Anloitie.  Dans  lello  épreuve,  la  planche  a  été  légère- 


ORAVÉKS  D'APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  581 

ment  et  horizontalement  passée  à  la  pierre  ponce;  sur  rc  fond  lempéré, 
ont  ensuite  été  enlevées  les  lumières  du  premier  plan,  ce  qui  donne  à 
Tensemble  de  la  gravure  un  aspect  de  clair-obscur. 

Copie  un  peu  plus  grande  que  l'original,  à  Teau-Forte,  par  Etienne  du 
Pérac,  signée  S.  D.  P.  I.  Monogramme,  Brulliot,  t.  I,  n°  1611. 

Ancienne  gravure  sur  bois,  italienne,  très-habilement  exéculée,  par  un 
anonyme.  Deux  planches.  H.  J6";  I.  26".  Ces  deux  planches  tiennent  à 
deux  autres  planches,  du  même  auteur,  qui  représentent  l'Enlèvement 
d'Hélène,  faisant  suite  au  Jugement  de  Paris.  Les  deux  sujets  sont  séparés 
par  un  arbre  desséché.  —  Landon,  n*  188.  —  Quelques  parties  détachées 
de  celte  composition  :  Vénus,  l'Amour  et  Pallas. 

Grav.  par  un  élève  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIY,  n<*  310. 

La  naïade,  du  côté  opposé,  assise,  tournée  à  gauche,  tenant  de  la  main 
droite  un  vase  placé  auprès  d  elle. 

Grav.  dans  la  manière  de  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIY,  n**  357. 

Le  fleuve  y  couché  au  premier  plan,  tenant  une  rame  de  la  main 
gauche. 

Grav.  dans  la  manière  d'Agostino  Yeneziano.  Bartsch,  t.  XIY,  n»  214. 

La  figure  de  Minerve,  avec  l'Amour,  qui,  dans  l'original,  est  placée  près 
de  Vénus.  Le  terrain  est  remplacé  par  un  plancher.  Médiocre  gravure, 
ancienne,  sans  marque,  du  côté  opposé.  H.  6"  10"*;  1.  3"  7'". 

Le  dessin  gravé  dans  l'ouvrage  de  Malaspina  (t.  IV,  p.  :Ui  )  n'est  point 
original. 

Un  petit  tableau  de  la  grandeur  de  Testampe,  qui,  dans  la  galerie  Cor- 
sini  à  Rome,  est  attribué  à  Jules  Romain,  oiïre  au  fond  un  paysage  néer- 
landais. 

55.  Apollon  fait  écorcher  Marsyas,  —  Apollon,  assis  sur  un  tertre  et 
tenant  sa  lyre,  ordonne  à  un  homme,  qui  aiguise  un  couteau,  à  genoux 
devant  lui,  d'écorcher  Marsyas,  attaché  contre  un  arbre  à  gauche.  Une 
Muse,  à  droite,  derrière  Apollon. 

Grav.  par  le  Maître  au  Dé.  Bartsch,  t.  XY,  p.  206,  n"  31.  —  Copie  dans  laquelle 
n'est  pas  indiqué  le  lointain  derrière  l'arbre.  —  Landon,  n°  155. 

56.  Apollon,  Minerve,  les  neuf  Muses  et  encore  cinq  autres  Hgures  de 
femmes,  toutes  debout  dans  des  niches. 

Seize  feuilles  isolées,  grav.  par  Marc- Antoine.  Bartsch,  t.  XIY,  n»»  263-278,  où 
se  trouve  aussi  l'indication  de  quatre  estampes  qui  sont  des  copies. 

Nous  croyons  que  ces  figures  sont  de  l'invention  de  Marc-Antoine  lui- 
mêpfie. 

57.  Quatre  figures  de  femmes  debout  dans  des  7iiches,  —  Ce  sont  vrai- 
semblablement des  Muses. 

Grav.  par  S.  K.  Monogramme^  Brulliot,  1. 1,  n''2,77ô. 


583  CATALOGUIS  D'ESTAMPES  ANCIENNES 

Nous  ne  connaissons  que  les  planches  de  format  \n-%^,  qui  peuvent 
passer  pour  des  raretés. 

58.  Histoire  de  l'Amour  et  de  Psyché,  —  32  planches.  Agostino  Vene- 
ziano  en  a  gravé  trois,  et  le  Mattre  au  Dé  toutes  les  autres.  Ces  composi- 
tions sont  empruntées  au  récit  d'Apulée.  Sur  le  bord  inférieur,  il  y  a 
toujours  huit  vers  italiens,  pour  l'explication  du  sujet.  —  Yasari,  dans 
la  Vie  de  Marc-Antoine,  t.  VII,  p.  165,  en  attribue  l'invention  à  Michel 
Cocxie;  comme  Vasari  a  perFonnellement  connu  cet  artiste  en  1532, 
époque  à  laquelle  le  Mattre  au  Dé  travaillait  à  Rome,  ce  témoignage  a 
beaucoup  de  poids.  On  remarque  en  effet  plusieurs  des  sujets  traitée 
dans  la  manière  néerlandaise;  par  exemple,  le  poêle,  qui  figure  dans 
la  chambre  de  bain  n^  7,  était  alors  tout  à  fait  inconnu  en  Italie.  On 
y  remarque  aussi  quelques  indécences,  que  l'on  n'a  jamais  pu  reprocher 
à  Raphaël.  Le  dessin  du  nu  est,  en  général,  un  peu  lourd  ;  les  bras  da 
femmes  sont  la  plupart  trop  longs  et  trop  forts,  leur  ventre  d'une  am- 
pleur toute  néerlandaise  ;  en  somme,  on  n'y  retrouve  pas  la  grâce  qui 
appartient  aux  figures  de  Raphaël.  On  y  cherche  en  vain  aussi  les  autres 
caractères  des  œuvres  du  maître,  son  sentiment  si  délicat  de  la  beauté, 
son  étude  scrupuleuse  de  la  nature  dans  le  nu,  sa  riche  ordonnance  des 
draperies.  Enfin,  la  composition  affecte  quelquefois  une  certaine  maigreur. 
Il  nous  parait  donc  de  toute  probabilité  que  Michel  Cocxie  a  possédé  sans 
doute  quelques  rapides  esquisses  de  Raphaël  pour  l'Histoire  de  Psyché, 
et  qu'il  les  aura  employées  en  y  ajoutant  beaucoup  du  sien.  Les  graveurs 
italiens,  en  les  traduisant  dans  le  style  de  Marc-Antoine,  ont  pu  contribuer 
aussi  pour  leur  part  à  leur  dter  le  cachet  de  l'école  néerlandaise  et  à  y 
remettre  celui  de  Raphaël.  S'il  existait  quelques  dessins  originaux  de  ces 
compositions,  il  serait  facile  de  se  prononcer  sur  leur  véritable  auteur, 
mais  on  ne  connaît  pas  la  moindre  esquisse  qui  ait  pu  servir  à  l'exécution 
de  ces  trente-deux  estampes.  A  la  vérité,  Bottari,  dans  une  note  ajoutée  à 
la  Vie  de  Raphaël  par  Vasari,  rapporte  qu'en  1735  un  peintre  anglais, 
nommé  Carlo  Jatris,  avait  acheté  à  Florence  huit  esquisses  de  ces  compo- 
sitions. Mais,  en  Angleterre,  il  ne  nous  a  pas  été  possible,  malgré  toutes 
nos  recherches,  d'y  découvrir  ces  dessins,  ni  même  de  rien  apprendre  à 
leur  égard  ;  le  nom  même  de  Carlo  Jatris  y  est  tout  à  fait  inconnu.  On 
peut  supposer  que  Bottari  aura  voulu  parler,  sous  le  nom  déguisé  de 
JatriSf  d'un  mauvais  peintre,  nommé  Charles  Jervas  (f  4740),  qui  séjourna 
longtemps  en  Italie,  il  est  vrai,  et  qui  devint  plus  tard  la  risée  de  Londres 
par  son  orgueil  et  ses  hâbleries.  Au  reste.  Ton  ne  doit  pas  trop  se  fier  à 
un  renseignement  fourni  par  Bottari,  qui  s'est  trop  souvent  laissé  tromper. 

Trois  planches  gravées  par  Agostino  Yeneziano.  Bartsch,  t.  XIV,  n**  935>338.  — 
20  planches  du  Maître  au  Dé.  Bartsch,  t.  XV,  p.  211,  n*  39-70. 

11  existe  vraisemblablement  plus  de  copies  de  ces  planches  que  Bartsch 


GBAYÉES  D'APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  683 

et  Heinecken  n'en  ont  indiqué,  puisque  l'examen  attentif  d'un  grand 
nombre  d'épreuves  y  a  fait  reconnaître  une  multitude  de  yariantes  ;  toute- 
fois ,  il  faudrait  avoir  sous  les  yeux  à  la  fois  ces  épreuves  différentes , 
afin  de  les  comparer  entre  elles^  pour  pouvoir  indiquer  des  copies  non 
encore  signalées. 

Copies  par  Jacques  Androuet  du  Cerceau,  architecte  et  graveur;  en  contre- 
partie, 31  planches,  dures  et  mal  comprises,  avec  des  vers  italiens.  —  Avec  des 
vers  français,  par  Léonard  Gaultier,  41  planches  et  un  titre  ainsi  conçu  :  L'amour 
de  Cupido  et  de  Ptyché,  mère  de  la  volupté ,  prise  det  cinq  et  sixième  litres  de  la  Mita- 
wwrphou  de  Lucien  Apuletus^  exposée  en  vers  fonçais.  Leonar  Galter  fée.  et  excu. 
In-] 2  en  largeur.  Les  figures,  Irôs-allongées ,  semblent  empruntées  aux  vitraux 
de  Bernard  Palissy.  —  Les  copies,  publiées  en  1650  à  Augsbourg,  ont  quatre 
vers  latins  et  quatre  vers  allemands  sur  une  planche.  C'est  erronément  que  Murr 
{Journal^  t.  XIY,  p  17)  dit  que  ces  estampes  ont  été  tirées  sur  les  planches  origi- 
nales avec  un  autre  texte.  —  31  feuilles,  avec  des  vers  allemands,  publiées  en 
1575,  par  Franz  Hogenbergh.  —  Seulement  au  trait,  avec  textes  latin  et  français , 
par  Dubois  et  Marchais.  Roma,  1811.  —  Landon,  n'^  73  à  103. 

Feuille  isolée  :  Psyché  reconnaît  l'Amour^  à  la  lueur  de  la  lampe. 

Grav.  par  J.  B.  Brïihl. 

L'Amour  couché  avec  Psyché.  A  la  manière  noire. 
Grav.  par  P.  Schenk. 

Le  Rosso  (maître  Roux)^  de  Florence,  s'est  servi  de  ces  compositions 
pour  45  dessins  qui  furent  exécutés  en  1545  en  grisaille,  sur  vitraux,  par 
Bernard  Paiissy,-  pour  Anne  de  Montmorency.  Ils  passèrent,  à  l'époque 
de  la  Révolution  française,  du  château  d'Écouen  au  musée  des  Ifonu- 
ments  français  à  Paris,  dont  le  directeur,  Alexandre  Lenoir,  exposa  seu- 
lement 22  de  ces  vitraux  ;  mais  il  en  fit  graver  au  trait  toute  la  suite  pour 
la  Description  de  son  musée,  publiée  en  d803.  —  Ces  vitraux  furent  resti- 
tués en  1818  au  duc  de  Bourbon,  dernier  prince  de  la  maison  de  Gondé. 
M.  le  duc  d'Aumale,  son  héritier,  les  trouva  au  château  de  Chantilly,  où 
il  flt  construire  une  galerie  pour  leur  exposition.  Voyez,  dans  YEistoire 
de  la  vie  et  des  ouvrages  de  Raphaély  par  M.  Quatremère  de  Quincy,  l'ap- 
pendice de  M.  le  baron  Desnoyers.  (Seconde  édition,  1853,  p.  «GQ.) 

Lithographies  très-faihles ,  publiées  à  Paris,  en  1825,  sous  la  direction  de 
M.  Hipp.  Castel  Courval,  avec  le  poëme  des  Amours  de  Psyché  ^  par  Lafontaioe. 
33  planches  pet.  in  fol. 

Une  tapisserie,  longue  de  106  aunes,  i^eprésentant  26  sujets  de  cette 
Histoire  de  Psyché,  se  trouvait,  ainsi  que  le  rapporte  Félibien,  dans  le 
garde-meubles  du  roi  de  France.  Nous  en  avons  vu  deux  pièces  tendues, 
à  l'occasion  d'une  cérémonie  solennelle  sous  le  règne  de  Napoléon  l^^,  sur 
le  portail  de  l'église  Notre-Dame  de  Paris. 

59.  Psyché  reçoit  de  Vénus  l'ordre  d'aller  chercher  de  l'eau  dans  la 
grotte  gardée  par  un  dragon.  —  A  droite,  on  voit  encore  Psyché,  sur  le 
(laut  du  rocher,  avec  l'aigle  de  Jupiter,  qui  vient  à  sofi  aide. 


ri8i  CATALOr.UE  D'ESTAMPER  ANCIENNES 

Urav.  par  le  Maître  au  Dé.  Barisch,  t.  XV,  p.  224.  irTi.  —  Landon,  n*  HîïR. 
i\oMi»  gravure  est  traitée  de  môme  que  les  trente-deux  précédentes. 

CO.  Le  satyre  avec  un  enfant,  —  Assis  contre  un  arbre,  il  porte  un  vase 
dans  la  main  droite  et  pose  la  main  gauche  sur  Tépaule  de  Tenfaot. 
Celui-ci  tient  une  grappe  de  raisin  et  en  met  un  grain  dans  la  bouche  du 
satyre. 

(«rav.  par  Marc-Antoine.  Barfsch,  t.  XIY,  n»  281.  —  Copie  par  Cornélius  Met. 

fil.  Vn  faune  avec  un  enfant.  —  Le  faune,  assis  sur  une  élévation  de 
terrain,  près  d'un  arbre,  tourné  à  droite,  tient  d'une  main  un  petit  rouleau 
de  papier  et  de  l'autre  une  flûte,  vers  laquelle  l'enfant,  debout  entre  ses 
jambes,  étend  les  bras. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  296. 

62.  Europe  enlevée  par  Jupiter  sous  la  figure  d'un  taureau. 

Grav.  par  Giulio  Bonasone,  1546.  —  Rafaël.  Vrbin.  invenlar.  Vraisemblablement 
d'après  une  rapide  esquisse  que  le  graveur  a  très-librement  traitée.  Bartsch , 
t.  XIV,  p.  142,  n«  109. 

63.  Le  vietuc  et  le  jeune  bacchant.  —  Le  premier,  qui  est  ivre,  enlace  du 
bras  gauche  le  jeune  homme,  qui  le  conduit  en  le  soutenant.  Celui-ci 
porte  un  bâton  recourbé,  garni  de  pampres.  A  gauche,  deux  masques  sur 
un  piédestal.  Ce  beau  groupe,  s'il  n'est  pas  antique,  en  a  tout  à  fait  le 
caractère. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  294.  —  Copie  A,  en  contre-partie. 
—  Copie  B,  de  même,  et  signée  AA.  —  Landon,  n*  378. 

Sujets  mylholoi^l^aes 

FAUSSEMENT  ATTRIBUES   A    RAPHAËL. 

a.)  Vénus  tient  un  flambeau  de  la  main  gauche,  et  deux  Amours  sont 
près  d'elle,  dont  l'un  l'aide  à  soutenir  le  flambeau,  tandis  que  l'autre,  dont 
elle  touche  la  tête,  tend  son  bras  vers  elle.  Une  niche  pour  fond.  —  Cette 
composition  est  trop  inférieure,  sous  le  rapport  de  beauté  dans  les  lignes, 
pour  qu'on  puisse  l'attribuer  au  maître  lui-même,  mais  ce  peut  être  l'ou- 
vrage d'un  de  ses  élèves. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartscb,  n''251. 

6.)  Vèwus  parée  par  les  Gràres.  —  Elle  est  assise  dans  'une  chambre. 
I/esquisse  originale  de  celte  composition,  avec  quelques  autres  dessins 
sur  la  m^iTie  feuille,  de  la  main  du  Parmesan,  se  trouve  dans  la  collection 
de  Florence. 

Grav.  par  Giulio  Bonasone.  Bartsch,  t.  XV,  p.  153,  n**  167. 

c.)  Bacchus  ivre.  —  Couché  à  terre  sur  une  outre,  tandis  que  de  petits 
génies  lui  donnent  à  boire;  un  autre  génie  pose  un  insecte  sur  ses  parties 
génitales.  A  droite,  un  Priape,  en  hermès,  soulève  un  rideau.  Cette  com- 


r.RAVÉES  D*APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  r>8;) 

position,  qu'on  a  suraommée  VOiinhie  des  malmliea  vènmenne^,  semble 
être  l'ouvrage  d'un  élève  de  Raphaël. 
(irav.  par  le  Maître  au  Dé.  Bartsch,  t.  XY,  p.  199,  n*  23.  —  Landon,  n'>  374. 

Suite  de  quatre  planches 

d'aPBES  les  compositions  d'DN  BLBVE   de   RAPHAËL. 

d.)  Jupiter  fait  enlever  Ganymède  par  un  aigle.  —  Dans  le  bas,  sont  assis 
Vénus,  l'Amour  et  les  trois  Grâces.  Mercure  vole  à  gauche. 

Gray.  par  le  Maître  au  Dé.  Au  bas ,  deux  vers  qui  commencent  ainsi  :  Giove 
vibrafido  U  folfforaïue  strate,  etc.  Bartsch,  t.  XV,  p.  201,  n"*  25.  —  Copie,  du  même 
coté  que  l'original.  —  Copie,  en  contre-partie.  —  Landon,  n*  365. 

e.)  Junon  et  Vénus.  —  Sur  un  char  dans  les  airs,  l'Amour  au  milieu. 
Dans  le  bas,  sur  un  petit  arbre,  sont  perchés  une  colombe,  un  paon  et  un 
faucon.  Cette  scène  passe  pour  une  allégorie  sur  l'Amour  et  le  Mariage. 

Grav.  par  le  Maître  au  Dé,  avec  des  vers  qui  commencent  :  Luno  miprende,  e 
l'aliro  mi  tien  siretto,  etc.  Bartsch,  t.  XV,  p.  202,  n»  26. 

f.)  Apollon  et  Vénus.  —  Dans  des  chars.  Le  char  de  Vénus  est  attelé 
d'un  aigle,  d'un  paon,  d'un  cheval  marin  et  de  Cerbère.  Dans  le  haut,  à 
gauche,  Jupiter  avec  la  foudre,  et,  à  droite,  un  Amour  voltigeant  au- 
dessus  de  Vénus. 

Grav.  par  le  Maître  au  Dé,  avec  des  vers  commençant  ainsi  :  Venere  è  belia  ed 
è  madré  d'amore,  etc.  Bartsch,  t.  XV.  p.  200,  n*  24.  —  Copie  trompeuse.  Vénus  tient 
en  main  cinq  rênes  au  lieu  de  deux. 

g.)  Le  Phénix.  —  Paisiblement  perché  sur  un  arbre  en  feu,  entouré 
d'oiseaux  et  de  quadrupèdes  :  une  colombe  auprès  de  deux  faucons,  à 
gauche,  un  lièvre  auprès  de  plusieurs  chiens,  un  taureau  auprès  de  plu- 
sieurs ours  ;  à  droite,  un  agneau  auprès  de  plusieurs  loups,  et  des  cerfs 
auprès  d'une  lionne. 

Grav.  par  le  Maître  au  Dé ,  avec  des  vers  commençant  par  :  Chi  porta  al  nido 
tuoj  etc.  Bartsch,  t.  XV,  p.  227,  n"  76 —  Copie,  en  contre-partie ^  avec  d'autres 
vers  qui  commencent  ainsi  :  Chi  eon  iue  pêne  fa  ti  bei  lavorij  etc.  —  Landon,  n?  407. 

k.)  Une  nymphe.  —  Conduite  par  un  Amour  voltigeant,  s'approche  d'un 
jeune  homme  assis,  à  droite,  sous  un  arbre  entre  des  roseaux.  Cette 
composition  paraît  être  d'un  élève  de  Raphaël. 

Gravé  par  un  excellent  imitateur  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n<*  252. 

i.)  Léda.  — •  Assise  sur  une  pierre.  Elle  enlace  le  cou  du  cygne  avec  le 
hras  gauche  et  s'appuie  sur  son  bras  droit.  Cette  composition,  qui  n'est 
certainement  pas  de  Raphaël,  peut  être  de  Jules  Romain  ou  d'un  autre 
de  SCS  élèves. 

Gravé  par  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIV,  n<*  283. 

M.  C.  Metz,  dans  ses  Imitations,  etc.,  d'après  un  dessin  de  Benj.  West, 


580  CATALOGUE  D*ËSTAMPËS  ANCIENNES 

et  s.  Mulioariy  dans  son  Recueil  d'estampes  d'après  les  dessins  de  la  collec- 
tion de  Florence,  ont  chacun  publié  une  Léda,  sous  le  nom  de  Raphaël. 
Ces  deux  compositions  sont  à  peine  dignes  de  son  école. 

Jl)  Phaéton.  —  Avec  une  torche  à  la  main,  tombe  du  char  du  Soleil. 
Dans  le  bas,  on  voit  la  figure  d'un  fleuve  avec  une  naïade.  Les  premières 
épreuves  sont  accompagnées  de  huit  vers  italiens,  qui  commencent  ainsi  : 
Toccai  del  sol  la  chiara  et  vaga  fronte,  etc.  Ce  dessin  semble  être  de 
Perino  del  Vaga. 

Grav.  par  Agostino  Yeneziano.  —  Bartsch,  1.  XIV,  n*  298. 

/.)  Sacrifice  à  Priape.  —  Des  faunes,  des  satyres  et  des  bacchantes  font 
un  sacrifice  devant  un  bermès  de  ce  dieu.  Feuille  en  largeur.  Composition 
de  Jules  Romain. 

Gravé  par  le  Mattre  au  Dé.  Bartsch,  t.  XY,  p.  203,  n*  27.  -»  Copie  en  contre- 
partie* SiléDe  à  droite. 

m.)  Grande  Bacchanale.  —  Avec  plus  de  50  figures.  Le  cortège  s'avance 
vers  un  temple  de  Bacchus,  au  son  de  la  musique,  en  dansant,  etc.  Cette 
composition  s'annonce,  à  première  vue,  comme  étant  de  Jules  Romain. 

Grav.  par  Cornelias  Bos,  1543.  Grande  feuille  en  larg.  —  Martino  Rota,  1594. 
Ces  deux  estampes  sont  publiées  avec  le  nom  de  Raphaël.  —  Le  Blond,  à  Paria, 
avec  :  Juliut  Romanus  inventor,  Romœ. 

n.)  La  Flagellation  de  Psyc/ié.  —  Six  figures  et  quatre  enfants.  Adroite, 
une  vieille  saisit  Psyché  tombée  à  terre.  Signé  :  R.  Y.  L 
A  l'eau-forte,  par  Nie.  Franc.  Maffei.  In-fol.  en  larg. 

La  composition  paraît  être  de  Jules  Romain. 

o.J  Apollon  avec  les  quatre  Saisons,  —  Le  dessin  original,  exécuté  dans 
la  manière  de  Jules  Romain,  fait  partie  de  la  collection  de  Stockholm. 

Gravé,  comme  étant  une  composition  de  Raphaël,  par  Gibertus  Yenius,  1589, 
avec  cette  souscription  :  Quatttor  anni  lempora. 

p.)  L'Amour  assis  sur  un  dauphin,  —  Tient  une  coquille  dans  sa  main 
droite.  Un  bateau  à  gauche.  Petite  planche.  H.  4"  3'";  1.  6".  Cette  com- 
position semble  dessinée  par  un  maître  allemand  dans  la  manière 
italienne. 

Copie  à  l'eau-forte,  en  contre-partie,  sans  le  bateau. 

g.)  L'Amour  assis,  les  ailes  déployées.  —  Teoant  une  flèche. 

Gravure  à  la  manière  noire,  par  A.  Long,  1829,  d'après  un  tableau  conservé  en 
Angleterre,  lequel  n'est  point  de  Raphaël. 

Amours  et  enfanis  Joaant. 

64.  Danse  de  d^ux  Amours  et  de  sept  enfants.  —  Ils  se  tiennent  les 
mains  et  dansent  en  cercle.  Les  deux  Amours  au  premier  plan;  celui  de 
gauche  regarde  son  compagnon  de  droite,  qui  baisse  les  yeux, 


GRAVÉES  D'APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  »87 

Grav.  par  Marc^ADloine.  Bartsch,  t.  XIY,  n*  217.  —  Copie  A,  dans  la  manière 
de  Marco  da  Ravenna.  —  Copie  B,  différente  dans  la  forme  des  ailes.  —  Copie  G, 
avec  DD  fond  blanc.  —  Copie  D,  en  contre-partie.  —  Copie  par  Wierx,  signée  Ae. 
11. 1565.  —  Copie  de  Pietro  Stefanoni,  signée  P.  S.  F.  Gontrepartie.  —  Copie, 
signée  d'un  R,  dans  une  tablette.  —  Copie  à  l'eau-forte,  en  contre-partie,  signée 
W.  London,  20  Xbr.  1793.  —  Une  belle  gravure  ancienne  sur  bois,  in-fol.  en  lar- 
geur, dans  la  collection  Albertine,  à  Vienne.  —  Landon,  n*  219. 

Un  très- beau  petit  tableau  analogue  à  l'estampe,  peint  par  un  élève  de 
Raphaël^  se  trouve  dans  la  collection  du  comte  Harras,  à  Vienne. 

Cette  composition  a  été  utilisée  dans  une  gravure  de  Heinrich  Aldegraver,  qui 
y  a  ajouté  six  autres  enfants.  Bartsch.  t.  VIII,  p.  483,  n*  40.  —  David  Hopfer. 
Ici  les  enfants  dansent  devant  la  Vierge,  assise  à  gauche.  Bartsch,  t.  VllI,  p.  483, 
B*  40.  ^  Blanchard ,  grande  feuille  à  Teau-forte ,  avec  l'adjonction  de  deux 
Amours;  celui  de  gauche  jouant  du  claveciUi  celui  de  droite  de  la  cornemuse. 
—  Landon,  n"*  309. 

Une  esquisse  de  cette  composition  se  trouvait  dans  le  cabinet  d'Ant. 
Rutgers,  sous  le  n''  516.  Elle  a  passé  dans  celui  de  Ploos  van  Amstel,  a 
Amsterdam^  i800,n<>  41. 

65.  Deux  Amours.  —  L'un  se  penche,  tandis  que  l'autre  lui  verse  de 
Teau  sur  la  tête.  Des  arbres  et  des  maisons  au  fond.  Dans  la  manière  de 
Giovanni  da  Udine. 

Gravé  par  Agostino  Veneziano.  Bartsch,  t.  XIV,  u?  280. 

66.  Huit  Amours.  —  Ils  jouent^  pendant  que  quatre  autres  tressent  des 
couronnes;  dans  le  milieu^  il  y  en  a  un  qui  regarde  dans  un  globe  de 
verre,  et  le  second,  à  droite,  tient  une  flèche  à  la  main.  Cette  composition 
a  été  exécutée  en  tapisserie.  Nous  en  avons  déjà  parlé. 

Grav.  par  le  Maître  au  Dé.  Bartsch,  t.  XV,  p.  206,  D<*  30,  -—  Copie  en  contre- 
partie par  F.  H.  —  Landon,  n"  134. 

67.  Deux  Amours.  —  Jouant  avec  deux  lions.  C'est  vraisemblablement 
une  allégorie  de  la  Force  vaincue  par  l'Amour.  Petite  feuille  en  largeur, 
qui  pourrait  bien  être  de  l'école  de  Raphaël. 

m 

Grav.  par  G.  F.  1537.  Bartsch,  t.  IX,  p.  27,  n»  8. 

68.  Le  Triomphe  de  l'Amour.  —  En  forme  de  frise.  L'Amour  assis  sur 
un  char  tiré  par  deux  chèvres  ;  trois  Amours  le  poussent  par  derrière, 
deux  sonnent  dans  des  cornets,  un  enfant  porte  un  chat  et  un  autre  un 
agneau.  Sur  le  devant,  en  tête  du  cortège,  huit  Amours  et  un  lion. 

Grav.  par  le  Maître  au  Dé.  Bartsch,  t.  XV,  p.  210,  n»  37.  —  Une  copie  est  indi- 
quée dans  la  collection  du  comte  de  Sternherg,  sous  le  n*  2,928.  —  Landon, 
n- 133. 

69.  Un  enfant  assis  sur  un  bouc.  -*  En  forme  de  frise.  Il  est  couronné 
de  lauriers  et  suivi  de  trois  enfants,  dont  deux  portent  une  cage  avec 
deux  colombes.  Us  sont  précédés  de  quatre  enfants  faisant  de  la  musique, 


588  r.ATALOOlJK  D'KSTAMPRS  ANCIENNES 

et,  plus  loin,  on  en  voit  encore  deux,  le  visage  couvert  de  masques^  qui 
effrayent  d'autres  enfants  ;  l'un  d'eux  est  tombé  à  terre. 

Grav.  par  le  Maître  au  Dé.  Bartscli,  t.  XV,  p.  209,  n"  36.  —  Copie,  eu  contra- 
partie.  —  Landon,  n"  133. 

70.  La  Vendange.  —  En  forme  de  frise,  avec  vingt  enfants.  A  gauche, 
plusieurs  enfants  portent  des  paniers  pleins  de  raisins  quHs  vont  jeter 
dans  une  cuve.  Un  bouc  au  milieu,  et,  à  droite,  deu\  enfants  en  portent 
un  troisième  sur  leurs  bras. 

Grav.  par  IB.,  1520.  Barlsch,  t.  VIIl,  p.  311,  n»  53. 

71.  Vn  bouc  reiivei'sant  un  enfant,  —  En  forme  de  frise,  avec  dix 
Amours  et  enfants.  A  gauche^  deux  Amours  tirent  une  corde  fixée  à  la 
jambe  gauche  du  bouc.  A  droite,  un  enfant  cherche  à  relever  celui  qui 
est  tombé  à  tefre. 

Grav.  par  le  Maître  au  Dé.  —  Copie  en  contre-partie.  Bartsch,  t.  lY,  p.  205, 
n»29. 

Dans  la  collection  Ambroisienne ,  à  Milan,  il  y  a  de  cette  composition 
un  dessin  à  la  plume  attribué  au  Parmesan. 

72.  Dix-neuf  Amours  et  enfanta  jouant.  —  ils  se  jettent  des  pommes  et 
luttent  ensemble;  d'autres  sont  couchés  à  terre,  sur  la  droite,  ayant  un 
lapin  au  milieu  d'eux. 

En  clair-obscur,  par  NDB.  In-fol.  Bartsch,  t.  XII,  p.  107,  n"  4 —  Copie  à  l'eaa- 
forte,  par  un  anonyme,  en  contre-partie. 

Le  beau  dessin  original  se  trouve  à  T Académie  de  Dfisseldorf. 

73.  Amours  jouant  dans  un  paysage,  —  Un,  à  gauche,  va  faire  partir 
sa  flèche.  Un  autre  est  assis  au  premier  plan  et  montre  un  grand  papillon. 
Deux  autres  jouent  avec  une  pomme  ;  cinq  grimpent  sur  des  arbres,  et 
d'autres  encore  dansent  en  rond  autour  d'un  arbre. 

En  clair-obscur,  par  N.  D.  B..  1544,  Bartsch,  t.  XII,  p.  109,  n«  5. 

a.)  Tauriscus  (p.  257,  n»  2)  et  Landon  (n''  ^56)  attribuent  encore  à 
Raphaël  cinq  enfants  qui  jouent  sur  un  terrain  en  pente  avec  des  ruines; 
mais  cette  composition  ne  rappelle  en  rien  le  style  du  maître. 

Grav.  par  un  anonyme.  Pétri  de  NobUibut  fopnit,  H.  4"  3'";  I.  6"  4' 


■  !>' 


Sqjets  alléfforlqaes* 

74.  Marche  de  la  sorcière  nommée  Stregozza  et  aussi  la  Carcasse.  —  Une 
vieille  femme  ou  sorcière,  assise  sur  le  squelette  colossal  de  quelque 
animal  fantastique,  est  tramée  comme  en  triomphe  par  quatre  hommes 
nus.  Trois  autres  suivent,  dont  l'un  chevauche  sur  le  squelette  d'un  bé- 
lier. Sous  la  carcasse  qui  porte  la  sorcière  se  trouvent  deux  boucs  ;  un 


GRAVËES  D'APRES  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  S89 

troisième  bouc  est  monté  par  un  enfant.  Des  canards  sauvages  s'envolent 
des  roseaux. 

Grav.  par  Agostino  Veneziano.  In-fol.  Bartsch,  t.  XIV,  n*>  426. 

Cette  planche  égale  en  beauté  celles  de  Marc-Antoine;  aussi  n'est-ce 
pas  sans  raison  qu'on  suppose  que  Marc-Anloine  aura  commencé  la  gra- 
Ture  et  qu'Agostino^  ^Eiprès  Tavoir  termin^^  y  aura  mis  sa  marque. 

La  planche  gravée  est  actuellement  dans  la  collection  de  Cobourg. 
Lomazzo  (deUArte  délia  pittura,  p.  078)  attribue  cette  composition  à 
Michel-Ange;  mais,  quoique  l'idée  soit,  en  effet,  dans  le  goût  de  ce 
maître  ou  de  Léonard  de  Vinci  plutôt  que  dans  celui  de  Raphaël,  le 
dessin  du  nu  porte  trop  bien  le  cachet  du  maître  pour  qu'on  puisse 
hésiter  à  lui  en  faire  honneur.  11  semble  qu*il  aura  voulu  s'essayer  ici  dans 
la  manière  bizarre  et  fantastique  des  Florentins,  afin  de  donner  une 
preuve  nouvelle  de  sa  facilité  à  imiter  les  manières  les  plus  disparates  et 
à  traiter  les  sujets  les  plus  différents.  Du  reste,  on  a  de  tout  temps  attribué 
cet  ouvrage  à  Raphaël,  comme  le  prouve  un  petit  tableau  qui  reproduit 
exactement  la  gravure,  et  qui  porte,  avec  le  nom  de  Ribera  et.  la  date  de 
1641,  cette  indication  qu'il  a  été  copié  d'après  Raphaël.  Cette  intéressante 
peinture,  provenant  du  palais  royal  de  Madrid,  se  trouve  à  présent  dans 
la  collection  du  duc  de  Wellington,  à  Londres. 

Un  autre  tableau  représentant  le  même  sujet,  et  attribué  à  Jules 
Romain,  se  trouve  au  musée  Fabre,  à  Montpellier. 

75.  La  Méditation.—  Une  jeune  femme,  vue  de  profil,  tournée  à  droite, 
est  assise,  pensive,  enveloppée  dans  un  manteau,  et  elle  lit  dans  un  livre 
posé  sur  ses  genoux.  Le  fond  est  formé  de  lignes  horizontales.  Cette 
belle  composition  est  toute  raphaélesque. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartscb ,  t.  XIV,  n°  443.  —  Faible  répétition  par  nn 
anonyme  ;  le  fond,  à  droite,  est  laissé  en  blanc.  Bartscb,  n"  444.  —  Belle  répéti- 
tion ,  en  contre-partie.  Au  fond ,  à  gauche ,  les  hachures  sont  perpendiculaires. 
Barlsch,  n**  445.  —  Copie  A,  en  contre-partie,  semblable  au  n*  445,  sauf  quelques 
points  sur  le  manteau  qui  manquent  ici.  —  Copie  B.  en  contre-partie.  A  droite, 
à  terre,  un  petit  pot  de  fleurs,  et  à  gauche  cette  inscription  :  COGNITIO  D£I. 

76.  La  Pureté.  —  Une  jeune  fille,  vêtue,  assise  et  tournée  à  gauche, 
montre  de  la  main  gauche  une  licorne  qu^elle  tient  avec  une  bride.  Le 
fond  est  un  mur  orné  de  colonnes  et  d'un  bas-relief,  avec  un  peu  de 
paysage  à  gauche.  Cette  composition  ne  saurait  être  attribuée,  du  moins 
avec  certitude,  à  Raphaël. 

Grav.  par  Agostino  Veneziano,  1516.  Les  premières  épreuves  sont  très-fines; 
les  secondes  épreuves,  retouchées,  ont  beaucoup  perdu.  Bartsch ,  t.  XIV,  n«  379. 
—  Copie  en  contre-partie.  —  Landon,  n°  454. 

77.  Les  Vertus  tMologaks  :  la  Foi,  la  Charité  et  l'Espérance;  et  les 
iiuatre  Vertm  cardinales  :  la  Force,  la  Tempérance,  la  Prudence  et  la 
Justice.  Sept  ligures  isolées,  debout  dans  des  niches. 


590  CATALOGUE  U'ËSTAMPËS  ANCIENNES 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  1. 11 V,  n**  386-392,  où  se  trouve  aussi  l'in— 
dication  de  quelques  copies. 

78.  La  Paix.  —  Une  femme^  vêtue,  posant  sa  main  gauche  sur  sa  poi- 
trine, saisit  de  la  droite  un  petit  génie  qui  lui  présente  une  branche 
d'olivier. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartscb,  n*  393.  —  Copie  A,  avec  cette  différence  que 
la  figure  a  les  cheveux  flottants.  —  Copie  B.  Dans  le  bas  :  RA.  VR.  INYEN.  — 
Copie  C.  Faible.  Signée  L.  M.  —  Copie  D,  en  contre* partie.  —  Répétition,  par 
un  anonyme ,  sans  l'arbre  qui  est  derrière  le  petit  génie.  Bartsch ,  t.  XT,  n*  3d4. 
— •  Landon,  n**  183. 

A  Raphaël  sont  encore  attribués  les  sujets  allégoriques  suivants  : 
a.)  La  Force.  —  Une  femme  conduisant  par  la  bride  un  lion  vere  un 
brasier.  Un  paysage  à  rochers^  pour  fond.  La  composition  et  le  caractère 
du  dessin  répondent  parfaitement  à  la  manière  de  Jules  Romain. 
Grav.  par  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  395.  —  Landon,  n*  452. 

b.)  La  Prudence.  —  Assise  sur  un  lion,  elle  tient  de  la  main  droite  un 
miroir  rond  dans  lequel  elle  se  regarde.  De  la  main  gauche^  elle  s'appuie 
sur  un  dragon.  Cette  composition  n'est  certainement  pas  de  Raphaël^ 
mais  elle  paraît  être  d'un  de  ses  élèves.  Peut-être  serait-ce  une  composi- 
tion de  Marc-Antoine  lui-même. 

Bartsch,  t.  XIY,  n*  371.  —  Copie  par  un  burin  sec  et  maigre. 

c.)  La  Constance.  —  Une  femme  aux  longs  cheveux  et  à  la  draperie 
flottante  se  cramponne  des  deux  mains  contre  une  colonne  à  gauche. 

Grav.  par  un  élève  de  Marc-Antoine.  H.  5"  1'";  1.  2"  9"'.  -~  Copie  par  Hier. 
Hopfer.  Bartsch,  t.  Ylll,  p.  516,  n«  38. 

d.)  La  Fortune.  —  Elle  promet  à  un  jeune  homme  de  le  rendre  heureux 
en  amour,  s'il  veut  être  courageux  et  entreprenant.  La  Fortune,  avec  de 
grandes  ailes,  debout  sous  im  portique,  portant  dans  ses  bras  l'Amour  et 
un  globe,  semble  encourager  un  jeune  homme  debout  près  d'un  cheval 
et  qui  regarde  de  son  côté.  Dans  le  bas,  on  lit  :  lo  son  Fortuna  buona,  ho 
meco  Amore,  se  mi  conosci,  ti  farô  signore. 

La  pensée  exprimée  dans  cette  composition  et  la  manière  dont  elle  est 
traitée  ne  permettent  pas  de  l'attribuer  à  RaphaêL 

Grav.  dans  la  manière  d'Enea  Yico.  Bartsch,  t.  XV,  p.  369. 

e.)  Les  sept  Arts  libéraux.  —  Attribué  à  Raphaël,  mais  c'est  à  peine 
l'ouvrage  d'un  de  ses  élèves. 
Grav.  par  B.,  1644.  Bartsch,  t.  XV,  p.  504. 

Sojete  de  L'HUiotre  profaae. 

79.  L'Enlèvement  d'Hélène.  —  Deux  Troyens,  dans  une  barque,  s'ef- 
forcent d'arracher,  à  un  jeune  homme  coiffé  d'un  bonnet  phrygien,  Hélène 


GRAVÉES  D* APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  591 

qui  est  tombée  sur  ]es  genoux;  le  jeune  bomroe  cherche  à  la  retenir  par 

un  pan  de  son  irêtement.  Dans  le  fond,  on  voit  un  combat  acharné  ;  à 

gauche,  des  vaisseaux  sur  la  mer;  à  droite,  un  palais. 

Grav.  par  Marc-Antoine  et  Marc  de  Ravenne.  Bartsch,  t.  XIY,  n**"  209,  210.  — 
Copie  un  peu  plus  petite»  signée  d'un  petit  R  à  droite.  —  Copie  en  contre  partie, 
sans  marque,  par  Etienne  de  Laulne.  H.  4"  6"';  1.  6"  9'".  —  Copie  par  Jacques 
Grandhomme,  signée  I.  G.  Petite  planche.  —  Ancienne  gravure  italienne  sur  bois, 
en  deux  feuilles  in-foi.  H.  19";  1  26''.  Ces  deux  feuilles  accompagnent  deux  autres 
feuilles  représentant  le  Jugement  de  Paris.  Un  arbre  noirci  et  desséché  sépare  les 
deux  sujets.  —  Landon,  n"  413. 

^o\x%  avons  vu,  en  18S0,  un  petit  tableau  à  fresque  de  l'Enlèvement 
d'Hélène,  par  un  élève  de  Raphaël,  chez  le  chevalier  Camuccini  à  Rome. 
Ce  tableau  était  d'ailleurs  en  très-mauvais  état  de  conservation.  On  disait 
qu'il  avait  figuré  autrefois  au-dessus  d'une  porte  à  la  loggia  de  la  villa 
Rafaele,  et,  en  effet,  on  y  voyait  encore  une  place  vide  à  l'endroit  même 
où  cette  fresque  avait  été  détachée  du  mur.  Cette  fresque  se  trouve  à  pré- 
sent dans  la  collection  du  marquis  de  Caropana,  à  Rome  K 

80.  Énée  sauvant  son  père  Anchise,  —  Énée,  vu  de  profil,  tourné  à 

gauche;  le  petit  Ascanias  suit  Énée  et  le  tient  par  son  vêtement.  Dans  le 

fond,  la  ville  de  Troie  en  flammes. 

Grav.  par  le  Maître  au  Dé.  Sur  le  bord«  il  y  a  huit  vers  qui  commencent  ainsi  : 
Falto  Sinon^  Junon  crudele,  e  fera^  etc.  Bartsch,  t.  XV,  p.  224,  n**  72.  —  En  clair- 
obscur,  par  Hugo  da  Carpi.  A  droite,  cette  inscription  :  Baphael  Vrbinas,  Qvûqtis 
kat  iabellat,  etc.,  1518.  Bartsch,  t.  XIl,  p.  104,  n"  12.  —  Copie.  On  a  corrigé  dans 
les  vers  deux  fautes  qui  sont  dans  Testampe  originale  :  exeominiciato  et  peTua.  ^ 
Il  existe  aussi  une  mauvaise  gravure  sur  bois,  copie  d'après  Hugo  da  Carpi,  sans 
planche  teintée.  —  A  la  manière  noire,  en  contre-partie,  avec  cette  inscription  : 
imitando  ewlavU  E.  Kirkall,  1722,  in-fol.  —  Encore  une  fois,  par  le  même,  avec 
des  changements  dans  le  paysage,  à  la  manière  des  gravures  sur  bois.  Gr.  in-foi. 
—  Landon,  n"  323. 

Un  dessin  à  la  plume  de  cette  composition  (H.  16";  1.  2â"),  qui  était 
dans  la  collection  Job.  van  der  Mark,  à  Amsterdam,  fut  vendu  20  florins 
en  1773. 

81.  Bidon.  —  Debout  près  d'un  feu,  elle  tient  un  poignard  de  la  main 

droite  et  étend  l'autre  main  vers  le  bûcher. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Une  tablette  suspendue  à  un  arbre  porte  cette  inscrip- 
tion :  AràHEiz  eANATOi  ZûH  (Vive  la  célèbre  mort).  Bartsch,  t.  XIV,  n*  187.  — 
Copie  A,  en  contre-partie.  Épreuves  postérieures  de  1580.  —  Copie  B,  faible 
planche,  sans  l'arbre  et  sans  l'inscription. 

82.  Tarquin  et  Lucrèce.  —  Tarquin,  l'épée  à  la  main,  monte  sur  le  lit 
où  est  couchée  Lucrèce.  Dans  le  fond,  on  voit  accourir  son  père.  Sur  le 
devant,  deux  chiens  qui  s'accouplent.  Composition  de  Jules  Romain. 

Cette  admirable  coUeetion  d' antiques ,  découverts  dam  les  Etats  romains ,  et  surtout  à 
Rome,  vicut  d'être  acquise  par  le  pape  Pie  IX,  et  ne  sera  pas  dispersée  comme  on  le  craignait. 
[Note  de  l'éditeur.) 


502  CATALOGUE  D'ESTAMPES  ANCIENNES 

Grav.  par  Agostino  Veneziano,  1523.  Deuxièmes  épreuves  de  1524.  —  Planche 
retouchée  par  Enea  Yico.  Dans  les  secondes  épreuves,  les  chiens  sont  grattés  ;  ils 
ne  se  trouvent  pas  non  plus  dans  le  dessin  qui  fait  partie  de  la  collection  royale 
d'Angleterre.  Bartsch,  t.  XIY,  n»  208,  et  t.  XY,  p.  287,  n*  15.  —  Landoo,  n*  34». 

83.  Lucrèce.  —  Elle  est  debout,  tenant  le  poignard  de  la  main  droite  et 
Tautre  main  étendue  en  avant.  Sur  le  mur,  ou  lit  :  ameinon  AnoeNH2K£iK 
H  Aisxpnc  ZHN.  (Mieux  vaut  mourir  que  de  vivre  sans  honneur.) 

Selon  Yasari,  ceUe  planche  serait  la  première  que  Marc-Antoine  a  gravée  d'a- 
près Raphaël.  Bartsch,  t.  XIY,  n**  192.  —  Copie  A.  Faible-  —  Copie  B,  en  contre- 
partie, dans  la  manière  de  Wierx,  avec  une  inscription  qui  commence  :  PBOH 
DOLOR,  etc.  —  Copie  C,  en  contre-partie.  Très-faible.  —  Copie  D,  par  Enea  Yico, 
en  contre-partie.  —  A  la  manière  noire,  par  un  anonyme.  —  Landon,  n*  161. 

Le  dessin  qui  se  trouve  dans  la  collection  Ambroisienne ,  à  Milan, 
n'est  point  un  original. 

84.  L'empereur  Adrien  affranchissant  l'esclave  Afidroclés.  —  L'empe- 
reur, à  cheval,  sort  de  l'amphithéâtre;  l'esclave  condui  la  lionne;  un 
jeune  guerrier  admire  la  clémence  de  l'empereur.  La  composition  semble 
être  de  F.  Penni. 

Grav.  par  Agostino  Yeneziano.  Bartsch,  t.  XIY,  n*"  196. 

85.  Cléopàtre,  —  La  vipère  sur  le  sein,  meurt,  appuyée  contre  un  pilier. 
L'Amour,  debout  à  gauche,  déplore  cette  mort.  Nous  croyons  pouvoir 
attribuer  cette  composition  à  un  élève  de  RaphaëL 

Grav.  par  Agostino  Yeneziano,  1528.  Bartsch,  t.  XIY,  n«  198.  —  Copie  en  contre- 
partie. 

86.  Il  Morbetto  ou  la  Peste  en  Fhrygie.  —  A  gauche,  un  homme  regarde 
à  la  lueur  d*une  torche  trois  brebis  mortes.  Dans  une  chambre  du  haut,  un 
pestiféré  soigné  par  deux  femmes.  Sur  un  rayon  de  lumière  qui  tombe 
par  la  fenêtre,  on  lit  :  EFFIGIES  SACRAE  DIVOM  PHRIGI.  A  droite,  dans 
la  cour,  devant  la  maison,  est  étendue  une  femme  morte,  dont  l'enfant 
veut  sucer  le  lait,  malgré  un  jeune  homme  qui  l'en  empêche. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIY.  n"  417.  —  Copie  en  contre-partie. 
Belle  gravure.  Catalogue  de  la  collection  de  Sternberg,  n*"  3,955.  —  Copie  par 
Cornélius  Met,  avec  son  nom  et  celui  de  Raphaël.  —  Landon,  n*  385. 

Le  dessin  original  de  cette  composition  était  dans  la  collection  Lawrence. 
Le  cardinal  Albani,  qui  s*étaitsi  souvent  laissé  tromper  en  achetant  de  faux 
dessins  de  Raphaël,  possédait  un  dessin  très-soigné  de  cette  composition, 
exécuté  d'après  la  gravure  même;  il  est  actuellement  dans  la  collection 
de  Florence. 

Grav.  en  contre-partie  par  Francesco  Aquiia.  —  Raphaël  Morghen  avait  aussi 
commencé  à  graver  cette  composition.  Yoy.  le  catalogue  de  ses  ouvrages,  u*  950. 

87.  Les  (iladiateurs,  —■  Entelle  de  la  Sicile  et  Darès  de  Troie,  deux  gla- 
diateurs célèbres  9  combattent  au  ceste,  dans  un  cirque  eu  ruine.  Cette 


GRAVÉES  nWPRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  505 

composition  est  imit(''e  d'un  relief  antique  de  la  Villa  Aldobrandini,  actuel- 
lement au  musée  Chiaramonti. 
Grav.  par  Marco  da  Ravenna.  Bartsch,  t.  IIV,  n"  195.  —  Landon,  n<*  31 J. 

a.)  Vempereur  Constantin  à  cheval,  —  D'après  un  dessin  de  la  collection 
de  Praun ,  à  Nuremberg, 

Grav.  en  1777,  à  l'aquatinta,  par  Har.  Cath.  Prestel.  Vraisemblablement  d'après 
one  esquisse  de  Jules  Romain. 

Batailles 

FAUSSEMENT  ATTRIBUÉES  A  RAPHAËL. 

a.)  Bataille  des  Perses,  avec  des  éléphants,  contre  les  Romains,  —  Au  côté 
droit  de  cette  composition^  quatre  éléphants^  dont  celui  du  milieu  porte 
une  tour  avec  quatre  guerriers;  mais  des  ennemis,  accourant  du  côté 
gaucbe,  effrayent  Tanimal  avec  des  torches  enflammées.  Au  fond,  un 
éléphant,  marchant  ù  reculons,  arrache  avec  sa  trompe  la  tour  qu'il  a 
sur  le  dos.  —  Le  dessin  original  de  Jules  Romain,  au  bistre  et  piqué  pour 
le  calque,  est  dans  la  possession  de  M.  Gatteaux,  à  Paris.  Un  petit  tableau 
de  cette  composition,  attribué  à  Raphaël,  appartient  à  M.  le  marquis  de 
Ribeyra,  qui  habitait  aux  environs  de  Hombourg  en  1853. 

Grav.  par  Corn.  Cort,  1567^  avec  cette  inscription  :  Ex  arehetypo  Raphaelis  Urbi- 
natU  quodest  apud  Thomam  Cavalerium  Palrieiwn  Romanwn.  Excudebat  RomœAnlo- 
niut  Lafrermt  Seovani.  Les  premières  épreuves  ne  portent  pas  le  nom  de  Corn. 
Cort.  Des  épreuves  postérieures  ont  l'adresse  :  /.  Orlandi  formi*  Romœ ,  1602. 
Grande  feuille  in-folio  en  lar^.  —  Copie,  en  contre-partie,  sans  nom,  mais,  selon 
tonte  apparence,  de  Cavaleriis.  —  Selon  Heinecken,  encore  une  fois  par  Corn. 
Cort.  Gr.  in-folio  en  larg.,  sur  deux  planches,  chacune  de  16"  2'"  sur  10"  9"'. 
Corneliut  Cort  fe.  J.  A.  Paris,  chez  P.  Mariette.  —  Par  un  anonyme,  in-folio  en 
larg.,  avec  des  vers  latins  commençant  :  Àccv,mulat  cladet  tubifo,  etc.  —  Par  C. 
Luyken,  in-S"  en  larg.  —  11  existe  une  grande  planche  à  l'eau-forte,  d'après  une 
étude  des  quatre  éléphants,  avec  un  lion  et  un  sanglier.  Nous  ignorons  où  se 
trouve  le  dessin  original. 

b.)  La  Bataille  avec  le  bouclier  et  la  lance.  —  Au  milieu  de  cette  riche 
'composition,  un  cavalier  romain  passe  à  cheval  sur  le  corps  d'un  Barbare 
tombé  à  terre.  Devant  lui,  est  un  bouclier  et  une  lance  ;  de  là  le  nom  sous 
lequel  est  connue  cette  estampe.  ^ 

Cette  belle  composition,  digne  de  Raphaël,  trahit  pourtant,  dans  quel- 
ques parties,  le  crayon  de  Jules  Romain  ;  il  est  impossible  de  ne  pas  le 
reconnaître  dans  le  caractère  des  têtes  de  Barbares,  et  surtout  dans  le  Bar- 
bare de  gauche,  qui  s'efl'raye  à  l'approche  d'un  cavalier  galopant  vers  lui. 
La  pose  des  jambes  du  cavalier  arrivant  du  côté  droit  et  le  Barbare  tombé 
à  terre  portent  incontestablement  le  cachet  de  cet  élève  de  Raphaël. 

Grav.  par  Jac.  Caraglio,  gr.  in-folio  en  larg.  Bartsch,  t.  XV,  p.  93,  n»  59. 
c.)  La  Bataille  au  coutelas.  —  C'est  ainsi  que  l'on  nomme  cette  bataille 
11.  38 


59i  CATALOGUE  D'ESTAMPES  ANCIENNES 

des  Romains  contre  les  Cartbaginois.  Dans  le  milieu^  on  voit  un  cavalier 
avec  un  étendard  qui  flotte  au  vent.  A  droite,  est  couché  un  jeune  guer- 
rier, et,  à  terre,  auprès  de  lui,  une  courte  épée.  Dans  le  fond,  une  ville 
d'où  s'élèvent  des  flammes  d'incendie.  Cette  composition,  qui  est  aussi 
de  Jules  Romain,  a  été  exécutée  en  tapisserie. 

Gr»v.  dans  )a  manière  de  Marco  da  Ravenna,  in-folio  en  larg.  Bartsch,  U  XIV, 
n*>  211.  —  En  contre-parlie,  par  Agostinu  Veneziano.  Bartscb,  t  XiY,  n*  212. 

d.)  La  Bataille  arec  le  cheval  qui  regimbe.  —  Des  cavaliers  et  des  piétons 
combattent  ensemble.  Vers  le  côté  gauche,  un  cheval,  non  monté,  regimbe 
contre  un  soldat  qui  cherche  à  se  défendre  avec  sa  lance. 

Quoique  cette  coropositjpn  ait  souvent  été  attribuée  à  Raphaël,  on  ne 
peut  douter  qu'elle  ne  soit  de  Jules  Romain. 

Grav.  par  Marco  da  bavenna.  Pet.  in-fol.  en  larg.  Burtsch*  l.  IIV,  n*  420.  •» 
Copie,  en  contre-partie,  dans  la  maoiéro  de  Tbéoiiore  de  Bry;  sans  marque  — 
Copie  de  Hier.  Hopfer,  1533,  en  conUe-parlie,  petit  iu-folio  eu  largear.  Barisch, 
t.  Vlil,  p.  518,  n»  46. 

e.)  La  Bataille  des  Amazones.  —  Dans  un  ovale  en  largeur. 
De  l'invention  de  Jules  Romain,  qui  l'a  exécutée  à  fresque  au  palais  del 
Te,  à  Mantoue. 

Grav.  par  Ënée  Vico,  1543.  Barlsch,  t.  XV,  p.  287,  n«  14. 

/.)  Le  Débarquement  des  Sarrasins.  —  Fac-similé  de  J.  Th.  Prestel , 
d'après  un  dessin  du  cabinet  Schmidt,  à  Hambourg.  Cette  composition,  un 
peu  maniérée,  peut  être  de  Timoteo  Viti. 

ÊiMdea  et  Scèmet  de  la  vie  privée. 

88.  L  homme  knant  une  femme  par  la  main.  —  Un  homme  d'un  certain 
âge,  couvert  d'un  manteau  court,  debout  à  gauche  en  face  d'une  jeune 
femme,  tous  deux  vus  de  profil. 

YraisemblablemeDt  gravé,  d'après  une  esquisse  de  Raphaël,  par  Agostino 
Veneziano.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  471. 

89.  La  femme  debout  frés  d'un  vase.  —  Elle  est  à  demi  vêtue  ;  elle  s'ap- 
puie du  bras  droit  sur  un  piédestal  et  pose  sa  main  gauche  sur  un  vase. 
De  l'école  du  maître. 

Apparemment  gravé  par  Agoslino  Veneziano.  Bartsch,  t.  XIV,  n?  478.  —  Landon, 
r  204. 

90.  La  femme  debout  près  d'un  beau  vase.  —  Elle  pose  sa  main  droite  sur 
le  vase,  tandis  que  de  la  gauche  elle  arrange  son  manteau  qui  lui  couvre 
le  dos  et  la  jambe  droite.  Une  ville  pour  fond.  De  l'école  du  maître. 

Gravé,  sans  doute,  par  Agoslino  Veneziano.  Bartsch,  t.  XIV,  n"*  474.  —Landon, 
n»  204. 

91 .  Vn  guerrier  ;iw. — Vu  presque  de  face,  il  lient  un  étendard  fortement 


GRAVÉES  DIAPRÉS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  595 

agité  par  le  vent.  Un  lion  couché  à  ses  pieds.  De  l'école  du  maître,  et  peut- 
être  par  Jules  Romain. 

Grav.  par  Alarc-Antoine  et  Augustin  dé  Yeuise.  Bartsch,  r.  îiT,  n*'481  et  482. 
—  LandoQ,  n«  394. 

92.  Un  jeune  homme  portant  une  lanterne.  —  Il  marche  vivement  vers  la 
^uche  et  fait  de  la  main  droite  un  signe  vers  le  ciel,  tandis  qu'il  retourne 
la  tête  vers  un  bélier  qui  le  suit.  C'est ^  à  ce  qu'il  paraît^  une  composi- 
tion du  graveur  lui-même. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  ÎIV,  n«  384. 

93.  Une  femme  qui  se  regarde  dans  un  miroir,  en  posant  la  main  droite 
sur  sa  poitrine.  —  A  gauche,  derrière  elle,  un  homme  coiffé  d'une  toque. 
Mitigures. 

Cest  peut  être  la  maîtresse  de  Raphaël,  qui,  au  moment  de  poser  pour 
une  Vierge,  se  regarde  complaisamment  dans  un  miroir.  L'homme-por- 
trait qui  est  derrière  elle  et  qui  regarde  aussi  dans  le  miroir  pourrait  bien 
être  Baviera,  son  domestique.  11  paraîtrait  que  Raphaël,  auquel  avait  plu 
ce  motif  accidentel,  a  voulu  le  conserver  dans  un  croquis.  Toutefois,  il 
faut  admettre  que  le  croquis  était  très-léger  et  que  le  graveur  fut  obligé 
de  compléter  lui-même  les  parties  accessoires  faiblement  indiquées  par  le 
maître.  Voilà  pourquoi  le  mouvement  des  figures,  la  tête  et  les  mains  de 
la  jeune  femme  sont  raphaélesques,  tandis  que  les  draperies  sont  plus 
faibles  de  style  et  que  le  rideau  du  coin  est  tout  à  fait  mauvais. 

Gravé  par  un  élève  de  Marc-Anloine.  H.  5"  8"';  1.  4"  5"'.  Bartsch  aUribue  cette 
estampe  au  Maître  au  Dé,  t.  XY,  p.. 226,  n*>  75.  —  Heinecken  {Dictionnaire  det 
Ariitletj  p.  381,  n<*  14},  après  avoir  décrit  cette  planche,  cile  une  gravure  originale 
de  Marc-Antoine,  en  contre-partie,  de  5"  de  haut  sur  5"  5'"  de  large. 

94.  Un  homme  debout  devant  une  femme  assise,  —  Désignée  sans  aucun 
fondement  sous  le  nom  de  :  Raphaël  et  sa  maîtresse.  L'homme  à  barbe, 
en  tunique  courte,  est  debout  à  droite  et  vu  de  profil;  en  face,  une  jeune 
femme  vêtue,  le  pied  gauche  posé  sur  un  globe,  a  l'air  de  l'écouter. 

En  clair-obscur,  par  Hugo  da  Carpi,  in-8.  Bartsch,  t.  XII,  p.  140,  n^  2.  — Autre 
clair-obscur  de  quatre  planches.  En  contre-partie,  in-fol.  Barlsch,  t.  Xll,  p.  141, 
n'3.  —  Les  épreuves  en  trois  planches,  sur  lesquelles  manque  l'ombre  derrière 
la  femme,  semblent  être  une  autre  gravure  sur  bois  qui  peut-être  a  servi  de  modèle 
4  la  précédente. 

Aatret  compotiiions 

FAUSSEMENT   ATTRIBUÉES   A  RAPHAËL. 

a.)  Une  femme,  —  Vue  de  dos,  couchée  sur  une  peau  d'animal.  Elle 
caresse  un  enfant  qu'elle  tient  sur  le  bras  gauche.  Cet  enfant  est  le  même 
que  celui  de  la  femme  agenouillée  dans  le  Massacre  des  Innocents,  gravé 
par  Marc-Antoine.  Le  paysage  est  vénitien. 


596  CATALOGUE  D'ESTAMPES  ANCIENNES 

Grav.  par  Agoslino  Veneziano,  dans  sa  première  manière.  Bartsch,  t.  Xt\\ 
n«  410. 

b.)  Vue  femme f  vêtue,  portant  un  vase  sur  la  tête  et  allant  du  côté 
gauche.  Le  vent  agite  sa  large  draperie.  D'après  le  dessin  d'un  élève  de 
Raphaël. 

Grav.  par  Agostino  Veneziano,  1528.  Bartsch,  t.  IIV,  n"  470.— Landon,  n*  453. 

c.)  Le  vieux  et  le  jeune  berger,  —  Le  premier  est  assis,  tenant  un  bâton 
de  la  main  gauche  et  montrant  au  jeune  homme  une  étoile  qui  est  à  gauche 
sur  le  zodiaque,  dans  le  haut.  L'autre,  debout  vis-à-vis  de  lui,  tient  de  la 
main  droite  un  vase,  duquel  il  semble  répandre  un  liquide.  Cette  compo- 
sition ne  répond  pas  au  génie  de  Raphaël  ;  peut-être  est-elle  du  graveur 
lui-même. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n«  366.  —  Copie  sans  marque,  en 
contre-partie. 

d.)  Un  homme  portant  la  base  d'une  colonne,  —  Il  est  nu  et  marche  vers 
le  côté  droit. 

Grav.  par  Marc-Antoine  et  Augustin  de  Venise,  en  contre-partie.  Bartsch, 
t.  XIV,  n«  476  el  477.  -  Landon,  n»  394. 

e.)  Les  bœufs  à  l'abreuvoir.  —  Un  jeune  berger,  appuyé  sur  sa  houlette, 
s'entretient  avec  un  autre  qui  fait  boire  un  veau.  A  droite,  un  réservoir 
d'eau  où  s'abreuvent  deux  bœufs.  Fond  de  paysage.  Cette  composition 
paraît  imitée  d'une  peinture  antique. 

Gravé  par  un  élève  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XV,  p.  51,  n*  8. 

f)  Le  cardinal  avec  le  docteur,  —  Us  s'entretiennent  ensemble.  Le  der- 
nier montre  un  livre  qu'il  a  sous  le  bras.  Les  figures  sont  comme  des 
statues  debout  sur  des  socles. 

En  clair-obscur,  attribué  à  Hugo  da  Carpi.  Bartsch,  t.  XII,  p.  144,  n<*6.  Cette 
planche  paraît  avoir  été  exécutée  d'après  le  dessin  d'un  élève  de  Raphaël. 

g,)  Le  Bain  commun.  —  Des  hommes  et  des  femmes  dans  un  bain.  Signé  : 
Bonasone  t.  Bartsch,  t.  XV,  p.  157,  n«  177.  Les  premières  épreiives  n'ont 
point  de  signature ,  mais  sont  marquées  d'un  serpent  à  gauche.  —  La 
même  composition  a  aussi  été  publiée,  sous  la  marque  du  Maître  au 
Caducée,  avec  l'inscription  :  lo.  Georgius  sculp,  Baph.  Vrb.  pinxity  et 
une  dédicace  de  M.  Bolzetta  à  Hier.  Scala.  —  Des  épreuves  postérieures 
offrent  la  marque  AV.  et  Baph.  Vrbi.  pinxit  1516,  conjointement'avec  Je 
Caducée. 

h.)  Un  Sacrifice  antique.  —  Fac-similé  de  C.  Metz,  d'après  un  dessin  de 
la  collection  R.  Cosway.  On  y  a  introduit  le  saint  Paul  emprunté  du  tableau 
de  la  Sainte  Cécile,  un  prophète  tiré  des  fresques  de  S.  Mana  délia  Pace, 
le  Ganymède  du  Festin  des  Dieux  à  la  Farnésine,  etc. 

i.)  Vn  Sacrifice.  —  Avec  douze  ligures,  parmi  lesquelles  un  enfant  por- 


GIIAVÉES  D'APRÈS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  507 

tant  une  brebis.  L'autel  est  au  milieu.  D'après  un  dessin  d*un  élève  de 
Raphaël. 

Grav.  à  l'eaa-forte  par  Bourgevin  Yialart  de  Sainl-Morys,  1793.  —  Landon, 
»•  15. 

j.)  Quatre  feuilles  à  Teau-forte.  Graiid  in-S®.  Raph.  inv.  et  deî,  N.  H, 
sculp,  (N.  Haussart.  Voyez  BruUiot,  t.  II,  n«  2120.)  i"  Un  jeune  homme  à 
longue  draperie,  vu.de  dos.  11  tient  un  livre  dans  la  main  droite;  2"  Quatre 
femmes  à  demi  vêtues,  dont  deux  sont  assises  ;  3*  Un  jeune  homme  assis,  la 
tète  penchée,  vu  de  côté  et  tourné  à  droite  ;  Â^  Deux  laveuses.  Une  femme, 
penchée,  avec  un  paquet,  sur  la  tête.  On  voit  l'autre  derrière  un  monti- 
cule. Raphaël  n'a  rien  à  faire  avec  ces  figures,  qu'on  a  osé  lui  attribuer. 

h.)  Une  mère  avec  trois  enfants.  —  Elle  marche  vers  la  droite  et  porte, 
suspendu  à  son  cou ,  un  berceau  contenant  un  enfant  emmaijlotté.  Un 
autre  enfant  est  assis  sur  ses  épaules,  et  elle  en  conduit  un  troisième  par 
la  main.  On  lit  en  haut,  à  gauche,  Rafaël  inv.  J.  S.  sculps.  1783. 

Clair-obscur  de  quatre  planches,  par  J.  Skippe,  amateur  anglais.  In-folio. 

Portraits  et  Têtes. 

93.  Jérôme  Aleander,  —  Archevêque  de  Brindisi  et  d'Oria.  Vu  presque 
de  trois  quarts  et  tourné  à  droite.  11  tient  de  la  main  droite  un  livre  sur 
lequel  il  pose  sa  main  gauche  dont  l'index  est  étendu.  Une  chambre  pour 
fond. 

Ce  prélat  fut  créé,  en  1519,  bibliothécaire  du  pape;  sous  Clément  VII 
(1525),  archevêque  de  Brindisi  et  d'Oria,  et  cardinal,  sous  Paul  lll,  en 
1538.  Il  mourut  en  1542.  L'exécution  de  ce  portrait  ne  rappelle  pas  ab- 
solument la  manière  large  de  Raphaël,  à  qui  on  veut  pourtant  l'attribuer: 
ce  que  semblerait  indiquer  la  marque  M.  R.,  qu'on  ne  trouve  sur  aucune 
autre  des  gravures  de  Marc-Antoine. 

Grav.  par  Agostino  Yeneziano,  avec  Tinscription  :  Hierouimui  Aleander 
arehiepiteopui  Brundusinus  et  Orilanut,  eic.  MDXXXVI.  Pet.  in~fol.  Bartsch, 
t.  XIY,  n'^ôH,  où  il  est  erronément  nommé  Hier.  Alexandre. 

96.  Tête  d'homme.  —  Tirée  de  la  Transfiguration. 

Gravé  par  Alexandre  de  Humboldt..  Raphaël  pinxît.  À .  t>.  Hwnboldl  fee,  aequa 
forlij  1788.  Imprimé  en  rouge,  in-fol. 

97.  Huit  portraits  cfe  femmes.  —  En  médaillons,  sous  chacun  desquels 
on  lit  :  Partrait  d'uji  modèle  de  Raphaël. 

Grav.  par  Godefroy  et  Aubert,  pour  l'ouvrage  intitulé  :  Recueil  d'etlampet  gravéet 
d'aprèt  des  peintwei  antiqaei  UalienneSy  par  A.-B.  Desnoyers,  dessinées  en  1818  et 
1819  (Paris,  1821). 

Quatre  de  ces  portraits  étaient  peints  à  fresque  dans  la  villa  Lante  ; 
seulement  le  n°  6  (la  maîtresse  de  Raphaël)  peut  être,  jusqu'à  un  certain 


SM  CATALOGUE  D'ESTAHPES  ANCIENNEti 

point,  conaidéri;  comme  une-  œuvre  du  mallre,  puisque  c'est  une  imitatioa 

du  portrait  qu'on  voit  au  palais  Barbehni. 

S8.  Tète  d'komme.  ~~  A  barbe ,  penchée  eu  avant,  me  de  profil  et 
coiiïée  d'un  turban. 

Grav.  par  A.  Bioulîiigh. 

De  tatme  aussi,  une  autre  tête  d'homme 
droite,  et  dont  on  ne  voit  que  la  partie  aotéi 

Petite  reuille,  à  l'eaa-forle,  par  Rjchardsop. 

Toutes  deux  sont  des  fragments  emprunté 
1)  est  reconnu  que  Richardson  avait  apport 
fragments,  près  de  cinquante,  en  Angleterre 

99.  Tête  de  femme.  —  Seulement  la  face, 
pour  la  Sainte  Catherine,  dans  la  Galerie  Na 

Fac-similé  d'après  un  dessin,  à  présent  à  Oifo 

100.  P;usi«ur«  (eles.  —  Tirées  des  fresque 

Crav.  à  l'eau-forie  par  Jos.  C.  Biirde;  Prague,  1795,  sur  de  peliles  planches 

101.  Têtes  H  /Igures.  — Tirées  des  fresques  de  Raphaël,  au  Vatican,  et 
d'autres  peintures  de  ce  maître. 

Viagl-lrois  feuilJes  in*8°,  in-4°  et  in-tol.,  gravées  par  1.  Drdï,  d'après  des 
dessins  do  Bergler.  Voy.  le  Catalogne  de  la  colleclion  du  comie  de  Sternberg, 
n-  3,037, 

102.  Têtes.  —  TIri'es  des  peintures  de  la  salle  de  Constantin  et  de  la 
Farnésinc,  de  la  grandeur  des  originaui. 

flrav.  pur  Ridlnger  et  Saiter.  Voy.  Heioacken  :  fiadniehtttt  cm  Kaiultern,  tW-, 
p.  353,  n=  1. 

103.  Livre  de  tètes  et  de  ^wres.  —  Tirées  des  plus  beaux  ouvrages  de 
Raphaël. 

Grav.  par  mademoiselle  de  La  Haye,  à  Paris,  à  l'Acadimie  royale,  au  Louvre, 
1706.  40  feuilles  gr.  ia-fol. 

10*.  Différentes  grandes  tites.  —  D'après  Raphaël.  Trente  plaocbes 
numérotées. 

Grav.  à  Paris  par  dd  anonyme. 

105.  Diffémaet  tètes.  —  D'après  des  calques  des  fresques  de  Raphaël. 
Grav.  par  Siefano  délia  Bella,  1751. 

106.  Teste  scelle  di  permmaggi  ilhistri,  etc.,  dipint»  in  Taticaaa  da 
Raffaelie,  etc.  —  Divise  tn  due  tomi,  da  Paolo  Fidanza  piltore,  Roina, 
1757,  in-folio. 

Les  volumes  llf  et  IV  ne  parurent  qu'en  1763;  pabliés  aussi  avec  le 
litre  en  français.  Ce  sont  cent  quarante-quatre  tètes,  parmi  lesquelles  dii 


GRAVÉES  DIAPRÉS  DES  DESSINS  DE  RAPHAËL.  590 

d'après  Guido  Reni.    Seulement  les  têtes  de  la  première  partie  sont 
gravées  par  Fidanza  lui-même  ;  les  autres  sont  beaucoup  plus  faibles. 
D.  Bach  a  calqué  douze  de  ces  têtes  et  les  a  gravées  au  trait  sur  bois. 

107.  Baccoîta  délie  teste  dei  Fûosop.,  dei  Pœti  colle  nove  Mitse  ed 
ApoUo,  etc.,  al  Vaticano.  —  Dis.  da  !..  Agricola,  inc.  da  diversi.  Num.  îjO, 
a  30baj.  Tuna.  Roma,  presse  Agapito  Franzetti. 

108.  Suite  d'études  calquées  et  dessinées,  d'après  cinq  tableaux  de  Ra- 
phaël. —  Accompagnées  de  la  gravure  au  trait  de  ces  tableaux  et  de 
notices  historiques  et  critiques  composées  par  M.  Ëméric  David ,  etc. 
Paris^  1822,  chez  M.  Bonnemaison.  24  feuilles  gravées,  in-folio,  d'après 
les  tableaux  :  lo  Spasimo  di  Sicilia,  la  Visitation,  la  Vierge  dite  la  Perle, 
la  Vierge  dite  au  Poisson  et  la  Sainte  Famille  sous  le  chêne.  Publiées  en 
six  livraisons,  de  1818  à  1820. 

Têtes  de  Christ 

FAUSSEMENT  ATTRIBUÉES  A   RAPHAËL. 

a.)  Buste  du  Sauveur  dans  sa  jeunesse. 

Boulanger  ic.  Poilly  exe.  In-folio  ovale. 

6.)  Tête  du  Sauveur. 

Grav.  par  J.  Lenfant.  In-folio  ovale. 

c)  Le  même,  encore  jeune,  tenant  un  globe  terrestre^ 

Grav.  par  Faitbome  sen.  In-folio  ovale. 

d,)  Le  même,  avec  la  barbe,  vu  de  face.  Salvator  Mundi, 

Grav.  à  la  manière  noire  par  £.  Kirkall.  Gr.  in-fol. 

e.)  Le  même;  Ecce  Homo,  d'après  le  tableau  de  la  galerie  Ciustiniani, 
à  Berlin. 
Lith.  par  G.  E.  Muller. 

11  existe  encore  beaucoup  d'autres  gravures  et  lilhol^rapbies  d'après 
des  têles  de  divers  tableaux  de  Raphaël.  Les  unes  ont  déjà  été  citées,  et 
les  autres  sont  trop  faibles  pour  qu'il  soit  utile  de  les  énumérer  ici. 


GRAVURES 

DE  MONUMENTS  ET  DE  SCULPTURES  ANTIQUES 


d'après   des    dessins    de    RAPHAËL. 


Bien  qu'il  8oit  impossible  de  prouver  que  les  gravures  suivantes  aienl 
toutes  été  exécutées  diaprés  des  dessins  de  Raphaël,  ou  même  d'après  des 
dessins  qu'il  aurait  possédés,  nous  les  citerons  cependant^  car  on  est 
habitué  à  les  ranger  dans  Tœuvre  du  maître. 

j09.  Le  Temple  de  la  Fortune^  à  Home. 

« 

Grav.  par  Nie.  Bealrizetto,  avec  l'inscription  :  Templum  Forlunœ  virilit,  ad  ripai 
Teberit  in  foro  piscario  nunc  Mariœ  jSgypliacœ  taeralum  JV.  B.  F,  Tomasius  Barl. 
exe.  MDL.Romœ.  Raphaël  Urbinat.  ex  lapide  coctili  Romœ  extriKtum,  In-fol.  en  larg. 
Bartsch,  t.  XV,  p.  268,  n«99. 

Ce  temple  antique  aurait-il  été  restauré  par  Raphaël? 

UO.  La  façade  avec  les  cariatides.  —  Quatre  esclaves  dans  le  bas,  et, 
au-dessus,  quatre  cariatides.  Le  milieu  de  la  partie  supérieure  est  orné 
d'une  tête  de  femme  colossale,  nommée  Aspasie.  A  la  porte  du  monu- 
ment se  tiennent  deux  hommes  qui  la  mesurent  et  qui,  par  leur  hauteur, 
en  indiquent  en  même  temps  la  proportion.  Elle  se  trouve  dans  la  villa 
Mattei,  à  Rome. 

Grav.  par  Marc-Antoine,  in-fol.  Barlsch,  t.  XIY,  n*  538. 

111.  La  base  de  la  colonne  de  Théodose  ^  à  Constantinople.  —  I>eux 
Victoires  adossées  contre  un  bouclier  rond,  avec  les  lettres  :  S.  P.  Q.  R. 
Plus  bas,  trois  génies  ailés,  tenant  des  guirlandes. 

Grav.  dans  la  manière  d'Agostino  Veneziano.  In-folio ,  avec  l'inscription  : 
Boêamento  de  la  colonna  di  Conttanlinopoli  mandalo  a  RaffaeloaaUrbino.  Bartscb, 
l.  XV,  p.  57,  n»  4. 

Antels  antlqaes. 

Trois  planches,  dont  le  dessin  a  été  faussement  attribué  à  Raphaël, 
gravées  par  un  inconnu,  de  Técole  de  Marc-Antoine. 


GRAVUKES  DE  MONUMENTS  ET  DE  SCUPLTURES  ANTIQUES.     601 

a.)  Autel  de  Jupiter,  au  Capitok.  —  La  statue  devant  une  niche.  Le 
dieu  représenté  tient  un  long  sceptre  de  la  main  gauche.  Le  bras  droit 
est  mutilé.  Au  bas,  on  lit  :  Primum  Templum  Jovis  in  Capitolio, 

Grav.  attribuée  à  AgostiDO  Yeneziano.  Pet.  in-foL  Bartsch,  t.  XIY,  n"*  535. 

6.)  Le  même,  mais  avec  la  figure  vétue^  tenant  une  lance.  On  lit  dans 
le  bas  :  SECONDO  TEMPIO.  DE  GIOVE.  IN  CAMPITOLIO,  IN.  RO. 

Bartsch,  t.  XV,  p.  56,  n»  3. 

c.)  r Autel  de  l'Amour.  —  La  statue  du  dieu  est  dans  une  niche.  11 
tient  un  arc  de  la  main  gauche^  et  son  bras  droit  est  couvert  d*une  dra- 
perie. L'autel  est  orné  d'un  bas-relief  représentant  une  bataille. 

Bartsch,  t.  XIV,  n»  536. 

112.  Ana?ic.  —  Nommée  aussi  Cléopâtre,  d'après  la  statue  qui  est  au 
musée  du  Vatican. 

Grav.  par  Marc-Anloine.  Bartsch,  t.  XIV,  n"  199.  Tros-délicale  gravure,  libre- 
ment traitée  d'après  Tantique. 

Un  dessin  de  celte  iigui'e,  attribué  à  Raphaël,  se  trouvait  dans  la  collec- 
tion de  Lawrence. 

Bartsch  indique  quatre  copies  d'après  la  gravure,  dont  deux  en  contre-partie. 
—  La  même  statue,  gravée  encore  une  fois,  mais  d'un  burin  moins  délicat,  par 
Marc-Antoine,  avec  quelques  changements.  Bartsch,  n'*  200.  —  Copie  en  contre- 
partie. 

113.  Flore.  —  Statue  colossale  du  palais  Farnèse,  actuellement  au 
musée  à  Naples. 

Grav.  par  El.  Cheron,  d'après  un  prétendu  dessin  de  Raphaël  qui  était  dans  le 
cabinet  de  Piles.  In-foi. 

114.  Deux  faunes  portent  un  enfant  dans  un  panier.  —  Le  plus  jeune, 
à  gauche,  tient  un  thyrse  de  la  main  droite,  et  le  plus  vieux  une  torche 
enflammée.  Reproduit  dans  les  Monuments  inédits,  de  Winkelmann. 
N«  53. 

Superbe  gravure  de  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n"  230. 

115.  Silène  monté  sur  un  âne,  —  Il  est  soutenu  par  deux  satyres;  un 
troisième  conduit  Tâne  par  la  bride.  D'après  un  bas-relief  antique. 
Landon,  m  377,  attribue  faussement  ce  dessin  à  Raphaël. 

Grav.  par  Marc-Antoine.  Bartsch,  t.  XIV,  n*  222. 

Cette  planche  fait  partie  d'une  suite  de  huit  sujets. 

Différents  Grotesques 

ATTRIBUÉS  QUELQUEFOIS  A   RAPHAËL. 

116.  Deux  enfants.  — Tenant  un  temple  dans  lequel  on  voit  Vénus  et 
l'Amour.  Us  sont  assis  sur  des  dragons  dont  les  ailes  se  terminent  en 
rinceaux  et  sont  réunies  par  un  Amour  debout  sur  le  temple. 


603    GRAVURES  DE  MONUMENTS  ET  DE  SCULPTURES  ANTIQUES. 
Grav.  par  un  élève  de  Marc-AntoiDe.  Barlsch,  t  IV,  p.  56,  n*  1. 

Ml,  Ornements  de  pilastres.  — *  Sept  grandes  feuilles  in-folio  d'après 
des  ornements  gravés  sur  bois,  trois  par  trois  sur  chaque  feuille,  arec  cm 
mots  :  Opus  patavivi.  Sur  deux  tablettes,  la  date  de  I94i.  On  s'est  servi, 
il  est  vrai,  dans  ces  ornements,  des  compositions  de  Raphaël  et  uom- 
mément  de  ses  figures  allégoriques. 

Quant  aux  gravures  suivantes,  elles  sont  toutes  de  l'inventioD  de 
Giovanni  da  Udine  : 

a.)  Frise  avec  TAmour  et  une  sirène. 

Grav.  par  Afostino  Yeoeziano,  1530.  Barisch,  t.  XIY,  n*  539. 

6.)  Grotesque  avec  deux  satyres  et  deux  sphinx  ;  dans  le  haut ,  la 
tête  d'un  taureau. 
Grav.  par  Agostioo  Yeneziano.  Bartsch,  t.  IIY,  n«  559. 

c.)  Grotesque  avec  un  satyre  et  un  triton.  Dans  le  haut,  des  hommes, 
des  enfants  et  des  animaux. 
Grav.  par  Agostino  Yeneziano.  Bartsch,  t.  XIY,  n*  561. 
d.)  Vingt  planches  de  grotesques. 

Dix-hait  gravées  par  Agostino  Yeneziano,  denx  par  GiaooiDO  Franeia.  Bartsch, 
l.  XIV,  n-  564-583. 

6.)  Six  planches  de  grotesques,  un  peu  plus  grandes  que  les  précé- 
dentes. 

Gravées  par  le  Maître  au  Dé.  Bartsch,  t.  XY,  p.  230,  n<**  80-85. 

118.  Deux  kermès,  —  Ce  sont  des  demi-figures  :  l'une  représente  un 
homme  barbu ,  l'autre  une  femme  drapée.  La  première  est  signée  : 
R.  V.  inv,  J.  S.  sculpsit.  1781. 

Clair-obscur  de  deux  planches,  in-8*  étroit,  par  J.  Skipper,  d'après  qq  dessin 
qui  répond  à  la  manière  de  PoUdoro  da  Caravaggio. 


FIN   DE   L*(SUVRK   DE   RàPHAEL. 


APPENDICE 


•    I 


APPENDICE 


CATALOGUE 


PEINTURES  DE  GIOVANNI  SANTI 


Ce  catalogue  contient  la  description  de  tous  les  tnblenui  du  maître  exé- 
cutés soit  à  la  détrempe ,  soit  à  fresque,  que  nous  avons  pu  voir  nous- 
même.  surtout  durant  le  voyage  que  nous  fîmes  en  Italie  dans  le  cours  de 
l'aDoée  1S3S  pour  réunir  les  matériaux  de  ce  livre.  De  plus,  on  y  trouvera 
des  notices  sur  plusieurs  ouvrages  de  ce  peintre ,  qui  ont  disparu  ou  qui 
lui  sont  faussement  attribués.  Nous  ajoutons  à  la  description  de  chaque 
tableau  quelques  remarques  spéciales;  quant  à  noire  jugement 
nière,  les  qualités  et  le  mérite  du  peintre,  nous  renvoyons  le 
chapitre  que  nous  avons  consacré  à  la  vie  de  Giovanni  Santi, 
l'histoire  de  son  fils  llapbaêl  d'Urbio. 

Pcintare*  à  la  détrempe. 

1.  L'Annonciation,  tableau  d'autel,  à  la  Brera,  à  Milan. 

Sous  un  portique,  dont  la  perspective  ne  manque  pas  d'h; ,  ._ 

Vienne  est  représentée  se  soulevant  à  la  vue  de  l'ange  qui  vient  lui  an- 
noncer sa  divine  mission;  au-dessus,  dans  une  gloire  circulaire.  Dieu 
le  Père  envoie  sur  la  terre  le  petit  Jésus  portant  une  croix,  tin  paysage 


608  CATALOr.UE  DES  PEINTURES 

pour  Tond.  Sur  une  des  marches  du  porlique  est  i^cril  :  lOHANNES.  SANTI. 
VRB.  P.  Kigures  de  grandeur  naturelle.  La  lëte  de  la  Vierge  se  distingue 
par  une  expression  de  candeur  admirable,  mais  la  léte  de  l'ange  est  insi- 
gnilianle  :  le  dessin  en  est  dur  et  la  couleur  peu  harmonieuse.  Pungileoni 
croit  que.  ce  tableau  ,  qui  a  él^  fait  pour  lïglise  de  Sainte-Madeleine,  à 
Sinigaplia,  pourrait  avoir  été  commandé  par  Giovanna  Feltria  et  par  son 
mari  Gioranni  dclla  Roiiere,  seigneur  de  Siuigaglia,  préfet  de  Rome,  à 
l'occasiou  de  la  naissance  de  leur  lils  Francesco  Uaria,  le  jour  de  l'An- 
nonciation de  l'année  1490. 

2.  La  Visitation  de  la  Vierge,  tableau  d'aulel,  dans  l'église  Santa  Maria 
Nuoïa,  à  Fano. 

Sainte  Elisabeth  reçoit  la  sainte  Vierge;  saint  Joseph,  ayant  la  barbe 
grise,  et  deux  femmei^,  dont  l'une  est  jeune  et  l'autre  vieille,  se  tiennent 
à  droite  i  de  l'autre  côlé,  so  trouTent  deux  autres  femmes,  dont  l'une 
vêtue  de  blanc  rappelle  la  uiauière  de  Cosimo  Doselli.  Pour  fond,  une 
jolie  maison  et  un  paysage.  Sur  le  terrain  de  l'avant-plan,  brun  de  ton,  on 
lit,  sur  une  pelite  feuille  blanche  pliée,  l'inscription  suirante  :  lOHANHES. 
SANTIS.  Dl.  VRBINO.  PI?<XIT.  Ce  tableau  paraît  être  une  œuvre  de  la 
jeunesse  de  Giovanni ,  d'autant  plus  que  l'eiéculion  a  quelque  chose  de 
timide  et  que  les  draperies  manquent  d'ampleur.  Les  figures,  quoique 
élancées  de  forme,  sout  un  peu  moins  grandes  que  uature  ;  les  mains  et 
les  pieds,  d'ailleurs  corrects  de  dessin,  sont  très-efiilês.  Les  têtes  ont  une 
expression  digne  et  Traie  ;  celle  de  la  Vierge  est  même  admirable  par  Je 
sentiment  d'humilité  qu'elle  exprime;  celles  des  autres  femmes  sont 
pleines  de  charme.  Le  tableau  occupe  à  présent  le  premier  autel  à  gauche 
de  l'église  S.  Maria  Nuuva,  à  Fano.  Rosini,  dans  sa  Storia  délia  pittura 
italiana ,  en  a  donné  une  gravure.  PI.  CCVI. 

3.  La  Viei'ji  avec  quatre  saints,  tableau  d'autel  dans  l'église  S.  Croce, 
à  Fano. 

La  Vierge,  assise  sur  un  Irône,  a  sur  ses  genoux  l'enfant  Jésus.  Celui-ci 

j 1.  "lénédiclion,  en  regardant  le  spectateur;  il  lient  un  œillet  de  la 

be.  Il  est  presque  nu,  avec  un  bandeau  rouge  au-dessous  de  la 

une  chaîne  de  corail  au  cou.  Sa  mère  te  contemple,  la  télé  in- 

levant  la  main  gauche ,  mouvement  assez  fréquent  chez  les 

le  Giovanni.  A  gauche,  l'impératrice  sainte  Hélène,  couverle 

eau  pourpre,  ayant  sur  la  lêle  un  voile  jaune  que  surmonte  une 

le  forme  pointue,  lient  la  croix  et  montre  un  des  clojis  de  la 

^trière  elle,  le  patriarche  Zacharie,  de  Constanlinople,  vieillanl 

larbe  blanche,  enveloppé  dans  un  manteau  vert;  il  tient  une 

peuie  croii  et  Un  livre.  Vis  à-vis,  à  droite,  saint  Roch,  avec  son  bourdon, 

montrant  douloureusement  ses  ulcères.  Plus  en  arrière  kdSlé  de  lut,  saint 

Sébastien,  dont  le  profil  est  d'une  finesse  rarissante  et  d'une  expretstw 


DE  GIOVANNI  SANTI.  607 

vraiment  rapbaélesque.  Deui  charmantes  ligures  d'anges  sur  des  nuages 
soutiennent  le  tapis  derrière  la  Vierge;  Tun  regarde  en  haut,  l'autre  en 
bas.  Le  fond  offre  un  paysage  avec  des  collines,  et  dans  l'azur  du  ciel  cou- 
rent de  petits  nuages  fortement  éclairés  et  comme  frisés ,  si  l'on  peut 
s'eiprimer  ainsi.  Sur  la  première  marche  du  trône  on  lit  :  lOHANES. 
SANTIS.  YRBI.  F.  Ce  tableau,  bien  supérieur  au  précédent,  doit  dater 
d'une  époque  postérieure.  Les  draperies  sont  disposées  en  grandes 
masses;  la  couleur  des  chairs  estTive,  d'un  brun  clair  dans  les  ombres, 
rosée  dans  lès  demi-teintes,  avec  des  lumières  blanchâtres,  tout  à  fait 
daoB  la  manière  de  Raphaël.  Il  n'y  a  que  le  corps  du  saint  Sébastien  qui 
fasse  exception  ;  car  les  ombres  y  sont  accusées  avec  un  ton  gris  et  lourd, 
ton  qui  se  retrouve  assez  souvent  dans  les  peintures  de  Giovanni.  Les 
figures  très-élancées  sont  d'un  assez  beau  dessin,  quoique  les  contours  en 
soient  noirs  et  durs.  Les  auréoles  ne  sont  pas  dorées,  mais  peintes  en  cou- 
leur jaune;  celle  de  Tenfant  Jésus  a  trois  rayons.  Ce  tableau  est  très-bien 
conservé,  sauf  quelques  légers  dégâts  faciles  à  réparer. 

4.  La  Vierge  de  la  Miséricorde,  dans  l'oratoire  de  l'hospice  à  Monte- 
fiore. 

La  Vierge,  debout  dans  une  niche  richement  ornementée,  tient  sur  ses 
bras  Penfant  Jésus  qui  donne  la  bénédiction  de  la  main  droite  et  porte  le 
globe  terrestre  de  sa  main  gauche.  Deux  anges  étendent  le  manteau  de 
la  Vierge ,  sous  lequel  sont  agenouillés  à  gauche  quatre  hommes  de  la 
confrérie ,  à  droite  trois  autres  hommes  et  une  femme  qui  fait  adorer  à 
son  enfant  la  sainte  Vierge,  en  la  lui  indiquant  du  geste.  Toutes  ces 
figures-portraits  sont  prises  sur  la  nature,  et  leur  expression  naïve  est  si 
bien  rendue,  que  l'on  ne  peut  s'empêcher  de  sourire  en  les  voyant.  Quant 
à  la  femme  avec  l'enfant,  c'est  un  groupe  qui  ne  manque  ni  de  beauté  ni 
de  grâce.  A  gauche,  l'apôtre  saint  Paul  et  révangéliste  saint  Jean,  et  à  droite 
saint  Sébastien  et  saint  François.  Au  haut ,  dans  les  coins ,  deux  anges, 
d'une  physionomie  ravissante,  sont  agenouillés  sur  de  petits  nuages. 

5.  La  Vierge  avec  des  saints,  dans  l'église  de  Gradara,  près  de  Pesaro. 
La  Vierge,  assise  sur  un  trône  élevé,  a  sur  ses  genoux  l'enfant  Jésus. 

Celui-ci,  à  demi  nu,  avec  un  collier  de  corail,  regarde  gaiement  un  char- 
donneret qu'il  tient  de  la  main  gauche.  Le  tapis  qui  forme  le  dossier 
du  trône  est  soutenu  par  deux  petites  figures  d'anges;  un  autre  ange  au 
milieu  contemple  cette  scène.  A  gauche,  saint  Etienne,  eu  costume  de 
diacre,  tissu  d'or;  derrière  lui,  sainte  Sophie,  patronne  de  Gradara,  tenant 
dans  la  main  le  modèle  de  cette  église.  De  l'autre  côté,  saint  Jean-Baptiste 
montrant  le  Sauveur,  et  l'archange  saint  Michel,  armé  avec  l'épée  et  le 
bouclier.  Les  figures,  presque  de  grandeur  naturelle,  ont  ce  caractère 
grave  et  doux  qui  convient^à  la  peinture  religieuse.  Le  terrain,  du  même 
ton  brun  qui  reparaît  dans  tous  les  tableaux  de  Giovanni,  est  semé  de 


608  CATALOGUE  DES  PEINTURES 

quelques  brins  d'herbe.  Un  tond  de  monlagnes  se  dessine  entre  les 
rochers  escarpés  qui  s'élèvent  des  deux  côtés.  Snr  la  marche  du  trône 
est  écrit  :  GRADARIE.  SPKCTANDA  FVIT  IMPENSA  ET  JNDVSTRIA  VIRI 
D.  DOMINICl  DE  DOMINICIS  VICARII  ANNO  D.  WCCCCLXXXHII  DIE  X 
APRILIS  ET  PER  DVOS  PRIVS  TEMPORE  D.  10.  CANOCI  RECTORIS  EC« 
CLIE  SVPHIE.  lOANNES.  SAN.  VRB.  PINXIT. 

Ce  tableau,  qui  tut  un  don  pieux  du  vicaire  Doraenico  de'  Dominici  à  sa 
paroisse^  est  couvert  de  crevasses  ;  mais  sa  conservation  était  néanmoins 
assez  satisfaisante  lorsque  nous  le  vîmes  dans  l'église  pour  laquelle  il  a 
été  peint  et  dont  il  faisait  encore  le  plus  bel  ornement  en  1835.  Depuis^  on 
Dous  a  dit  qu'il  avait  été  enlevé  par  un  amateur  français,  en  échange  de 
douze  écus  romains  et  d'une  figure  en  cire  de  sainte  Philomène,  cette 
sainte  de  date  récente  qui  a  eu  tant  de  vogue  en  Italie  dans  ces  derniers 
temps!  Ainsi  une  précieuse  et  vénérable  relique  de  l'art  a  été  remplacée 
dans  l'église  de  Gradara  par  une  ridicule  poupée  de  cire  ! 

6.  La  Vierge  avec  des  saints,  des  anges  et  le  comte  Carlo  Oliva,  au  cou- 
vent de  Monte  Fiorentino. 

Ce  grand  tableau  d'autel  se  trouve  dans  l'église  du  couvent  des  Mino- 
rités, situé  dans  un  endroit  sauvage  des  Apennins,  près  d'Urbanla.  La  Vierge, 
assise  sur  un  trône  formant  niche,  a  sur  ses  genoux  l'enfant  Jésus  et  lui 
soutient  la  tête  avec  sa  main  droite.  A  gauche  du  tableau^  saint  Crescentius 
est  représenté  jeune,  couvert  d'une  armure  brillante,  avec  une  chaîne  d'or 
richement  décorée  de  pierres  précieuses  ;  son  heaume,  surmonté  d'une 
plume  de  paon,  est  posé  à  terre  devant  lui.  Près  de  ce  saint,  on  recon- 
naît saint  François  portant  un  crucitix  et,  derrière  eux,  deux  anges  en 
adoration,  dont  l'un  oITre  une  grande  ressemblance  avec  le  petit  Raphaël, 
quoique  ce  ne  puisse  être  un  portrait  proprement  dit;  car  le  fils  de  Gio- 
vanni avait  à  peine  cinq  ans  à  l'époque  où  ce  tableau  fut  achevé,  tandis 
que  l'ange  en  question  accuse  au  moins  le  double  de  cet  âge.  A  droite, 
saint  Jérôme  et  saint  Antoine  de  Padoue,  derrière  lesquels  on  voit  aussi 
deux  anges  en  adoration.  Devant  eux  est  agenouillé  le  comte  Carlo  Oliva, 
vu  de  profil,  couvert  d'armes  d'acier.  De  chaque  côté  du  trône  s'étendent 
des  parois  de  marbre  blanc,  au-dessus  desquelles  on  aperçoit  des  anges 
jouant  de  divers  instruments  de  musique,  et  des  têtes  ailées  de  chérubins 
voltigeant  dans  l'air.  Sur  un  écriteau,  au  bas  du  tableau,  on  lit  :  CAROLYS 
OLIVVS  PLANIANI  COMES  DIVAE  VIRGINI  AC  RELIQVIS  CELESTIBVS. 
lOANNE  SANCTO  PICTORE  DEDICAVIT.  MCCCCLXXXVHII. 

La  predella  contient  deux  médaillons  eiitiers  et  deux  moitiés  de  médail- 
lons, dans  lesquels  sont  figurés  trois  franciscains  et  saint  Pierre  martyr. 

Par  sa  disposition  générale  ce  tableau  rappelle  des  sujets  analogues  de 
l'école  florentine  du  même  temps.  Mais  la  couleur  en  est  bien  différente, 
car  elle  tire  vers  le  gris  dans  les  carnations,  tandis  que  les  draperies  ont 


DE  GIOVANNI  SANTI.  609 

une  teinte  très-foncée  dans  les  ombres.  Le  dessin  du  nu  n'est  pas  toujours 
heureux;  ainsi  les  pieds  et  les  mains  de  l'Enfant  sont  très-négligés  :  on 
n'y  sent  pas  l'étude  d'après  nature;  mais^  en  revanche,  l'imitation  est 
admirable  dans  la  plume  de  paon  et  dans  les  armures,  surtout  dans  celle 
du  saint  Crescentius,  qui  reflète  tous  les  objets  environnants.  Quoi  qu'il  en 
soit,  ce  tableau  est  une  belle  œuvre  du  maître  ;  son  état  de  conservation 
ne  laisse  rien  à  désirer.  La  chapelle  où  il  se  trouve  appartient  à  présent 
au  noble  Federico  Gozzi  de  Marino,  héritier  des  comtes  Cliva. 
7.  Tableau  d'autel  de  la  famille  £u;^,  dans  l'église  des  Franciscains  àUrbin. 
La  Yiei^e,  assise  sur  un  trône  de  marbre  blanc  en  forme  de  niche,  a  sur 
ses  genoux  l'enfant  Jé^us,  qui  lève  la  main  comme  pour  bénir.  A  gauche, 
saint  Jean-Baptiste,  belle  fîgure  pleine  de  caractère,  montrant  le  Sauveur, 
et  derrière  lui,  saint  François,  contemplant  l'enfant  divin.  Vis-à-vis,  à 
droite,  saint  Sébastien,  lié  à  un  arbre,  jette  un  regard  douloureux  vers  le 
ciel,  et  derrière  lui  saint  Jérôme  en  méditation,  tenant  un  livre  et  une 
plume  :  cette  figure  est  d*un  grandiose  vraiment  surprenant.  Tout  près 
de  ces  deux  saints,  sont  agenouillés  les  époux  BufG  avec  leur  enfant  qui  a 
les  mains  jointes.  Dans  le  haut  du  tableau  on  a  supprimé  le  cintre  pour 
rendre  le  tableau  carré.  Dieu  le  Père,  demi-figure  de  grandeur  presque 
colossale,  donne  la  bénédiction  :  il  est  entouré  d'une  gloire  formée  de  douze 
têtes  de  chérubins.  Deux  petits  anges  se  balancent  sur  des  nuages,  en  te- 
nant d'une  main  des  branches  d'olivier  et  de  l'autre  main  les  banderoles 
d'une  couronne  qui  plane  au-dessus  de  la  têle  de  la  Vierge.  Un  paysage  au 
fond.  Une  petite  feuille  de  papier  blanc,  qu'on  voit  attachée  à  la  marche 
du  trône,  était  destinée  vraisemblablement  à  recevoir  une  inscription  con- 
cernant le  donataire  ;  on  avait  supposé,  en  l'absence  de  cette  inscription , 
que  les  ligures-portraits  représentaient  Giovanni  Santi ,  son  épouse  et  son 
fils  Raphaël,  mais  une  pareille  supposition  n'est  plus  admissible  depuis  la 
découverte  d'une  note  inscrite  dans  le  livre  A  des  archives  de  l'église,  note 
ainsi  conçue  :  a  Altare  S.  Sebastianii  :  imago  lignas  perpulchra,  ornatum 
mediocriter,  fuit  erectum  a  familia  de  Buffis,  anno  i<489.  n  Ce  beau  tableau 
est  d'une  couleur  plus  puissante  que  la  plupart  de  ceux  du  maître;  le  des- 
sin y  a  plus  d'ampleur  et  plus  de  correction,  quoique  les  figures  soient, 
comme  toujours,  très-élancées  ;  les  draperies  et  surtout  celle  de  saint  Jean- 
Baptiste  sont  dans  le  goût  du  Mantegna,  que  Giovanni  paraît  avoir  étudié 
vers  cette  époque.  Les  petits  anges  sur  des  nuages  rappellent,  au  contraire, 
la  manière  du  Pérugin  ;  mais  on  reconnaît  le  caractère  propre  à  Giovanni 
Santi  dans  les  têtes  des  enfants  et  des  saints,  les  unes  si  gracieuses,  les 
autres  si  sévères. 

Originairement  ce  tableau  d'autel  avait  deux  autres  tableaux  à  ses  côtés, 
mais  on  les  a  enlevés  pour  les  placer  à  l'entrée  du  chœur  de  l'église.  Le 
premier  représente  l'Archange  Raphaël  conduisant  le  jeune  Tobie  ;  le  se- 

II.  59 


•!•  CATAlOGinS  i^eS  PEINTfJBËS 

•ondy Saisi Rodir  \t  pied  wr une  pierre  et  nontruit  ses oloères.  Centime 
ravisMQte  figure  déjeune  korame  ;  m  tête  est  pleine  d'expressiany  et  les 
koiictes  de  «s  beaus  cheveux  blondsi  tombent  JMqoe  sur  les  épaules.  Soi- 
¥aDt  une  anoèane  tradition,  ces  peintures  auraieal  été  exéeutées  siiind- 
lanénient  par  GioTanni  et  par  son  jeune  fits  Raphaël;  nais  ce  denoier^ 
akirs  â^  de  six  ans,  ne  savait  pas  encore  nanier  le  pinceau. 

a.  la  Vierge  de  ta  fkmnUe  Maitarozzi,  à  présent  au  sitisée  de  SerKa. 

Giovianni  peignit  ce  tableau  pour  la  ebâpelle  de  la  maisofl  du  eenite 
MaltaroBi,  àGaatel  Darasle»  nomoié  i présent  Urbania.  Par  suite  de  siic- 
cession  et  d'après  ud  d^torable  système  de  partage,  on  avait  ^visé  ce 
tableau  en  trois  morseaux,  fui  échurent  i  dfffêreiites  branekeo  de  la  la- 
Bille  et  passèrent  en  drffêraiti  lieux.  Nous  viaies,  en  i^as;  k  jmhie  ém 
■ùUeu  dain  mada— e  MaddaleqaMattarorai  Batellt,  à  Fossembrone;  une 
autre  parlKdlea  11.  Lconardi  Mattarooi  Seoondioi,  àryMaro,  et  la  troi- 
sièfloe  chei  le  coaste  Matlaroon,  à  Urbania.  M.  le  doeteur  Waagea  «  eu 
rfaonoeur  de  rassefabler  et  de  réunir  anenible  ce»  trcw  fragOMUts  pour 
k  Bpusée  ;àe  Berlin.  -»  Mai»  reveiiona  au  tableau  tel  qu'il  a  été  resCitoé 
dans  son  ensenMe.  ta  Vierge  assise  et  Tenfant  Jésu»  pafraissent  être  des 
paetraits;  ik  diftitnt  eompléleflnent  des  types  oréinatres  de  Ùi&wtmL 
Noua  avons  à  regretter  seutesaent  tpie  k  peistre  s*ait  pas  eu  de  pks 
bean&  Bssdèka.  A  gancbe,  son«  deboot  saint  Tk)ttas  d'Aquin  et  un  jeme 
saâBt  tensnt  k  nssdèk  d"an*  église  ;  auprès  d'eux  est  agenouillé  k  jesae 
csnts  Ma^tatosâ.  As-dsssnadTetti  apparaît  une  tête  dTange-  A  droite  sont 
dema  Hgsres  pknca  de  dignité,  smt  Tbomas  Fapétre  et  k  Père  de  YÈr 
gliae^  saint  Jéfème.  Les  eootoursdii  dessi»  ont  une  dureté  reniaiqii«bk« 
keooknr  est  grise  dans  k»  cbairs  et  manqua  de  viguenr  dans  les  autres 
parâesy  de  soxk  qti^  knt  es  eonekire  qne  Texéention  de  ee  tableau  ap* 
pnrtient  à  k  prenâère  époqae  dta  peiffftre. 

9.  La  ^teVtergêj  au  musée  de  Bierti». 

La  Y'kr^  deaf-fi^re^  tifnrt  devant  eHe  l^enknt  Jésus  debooi  sur  us 
asek  de  pkrre,  tandk  fve  eeki-ci  se  suspend  as  nmnlesNi  de  sa  mère. 
IkBB  ks  coins  ém  ikmà,  qui  est  vigoureux  de  Ion,  us  rides»  rouge.  C'est 
une  oeuvre  tout  à  fait  insigniâante. 

i&  LtkYierfieeisamiSébasMen. 

La  Vierge,  a^paat  fenknt  Jésus  ssr  ko  bras,  est  debout  dans  am  payasse. 
A  gawbev  une  petiie  igwo  dTuHe  sainaa  bergère  es  adoratk»  et  entosK 
sis  de  ses  brebis.  A  dssite,  saint  Sébastien  attaché  à  un  arbre.  Ce  petit 
tafoieas,  d*esivia(»  ^  pieds,  de  baotetir,  était  auarefeia  dans  k  maison 
Corboli  à  Urbin,  et  fut  envoyé  par  Pietro  Buonajuti  à  M,  Ceesarin»  à 
fiiome,  chez  ^uit  nous  Ka^pona  vu  es  f  845. 

ii.  Fetite  Véerqe  de  la  maison  Bartohni,  à  Urka. 

La  Vier^,  deni^riguve,  a  devant  eMe  son  Fik  qui  donne  la  bénédietion 


e«  tfént  on  cmsèàtt  de  M  titàhf  gHoche.  Le  «oti  «Ft  le^  rtvalÀfs  âe  rÈnfanf  sont 
ornés  <ie  cbaiAfeif  de  cefail.  Lé  fîmê,  fermé  fMrr  uif  tafii»^  laisse  voir  lé  ^iel 
Iles  deux  eMés.  €e  petit  tableau,  d'enWfofl  18  ftoioces  de  haaleur,  prove- 
«MDt  de  la  thiàmn  Bartoltni,  à  Urfoifr,  se  f rôtirait^  ett  isas,  cbez  M.  Cec- 
carivii,  à  Rome. 

12.  La  Vierge  de  lu  maisùn  Antaldo ,  k  iYbin. 

La  Vierge  se  tourne  ters  l'enfant  lésoâ  coucbé  à  terf e  et  dont  la  tête  est 
posée  sur  MD  coussin.  Deux  anges  jouent  avec  lui.  Le  fond  est  un  pay- 
sage. — .nous  empruntons  cette  description  au  P.  Ptmgileoni ,  qui  loue 
beaucoup  la  composition  du  tableau  et  qui  nous  apprend  aussi  que  cette 
peinture,  en  assez  mauvais  état,  se  troutaif  dans  la  maison  du  marquis 
Raimondo  Antaldo^  à  Urbiii. 

13.  Le  Christ  au  tombeau,  soutenu  par  deux  anges. 

Le  Christ  mort  est  soirtenu  sur  la  pierre  de  son  sépulcre  pai^  deux  anges 
qui  le  pleurent.  Ce  petit  tableau,  bien  composé  et  très-soigné,  paraît  avoir 
été  exécuté  dans  les  dernières  années  du  maître.  !l  se  trouve  sur  une  des 
liées  de  la  chaire,  dans  f église  S.  Bernardino  (autrefois  S.  Donato)  à 
Urbhi. 

i4.  Saint  Jérôme. 

Ce  Père  de  l'Église^  assis  dans  un  siège  de  marbre  richement  ohiementé, 
<^ttêtu  de  violet  et  porte  sur  \vl  tête  un  chapeau  rouge  de  cardinal,  lia  un 
livre  ouvert  sur  ses  genoux  et  fient  une  plume  dans  la  madn.  A  ses  pieds, 
it  gauche,  est  couché  un  Yton,  qui  ressemble  à  une  sculpture  difibrme  du 
Moyen-âge.  Aux  côtés,  dans  Kair,  suf  de  petits  nuages  on  voit  de  petits 
anges  en  demi-figure  et  une  tète  de  ehérubin  au  milieu.  Dans  le  lointain-, 
le  même  saint  est  encore  une  fois  représenté  à  genoux  devant  un  crucifix, 
et  se  frappant  la  poitrine  avec  une  pierre.  Sur  le  degré  dtr  siège,  on  lit 
éette  inscription  :  ÏORANNES.  SANTIS.  DE  VRBmO.  P.  —  Cet  intéressant 
tableau,  peint  à  la  colle  sur  une  toile  préparée  dTun  ton  roufiçeâtre,  a 
beaucoup  souffert  de  Thumidité,  mais  heureusement  la  figure  principale 
est  encore  assez  bien  conservée.  Les  ombres  de  la  tête  du  saint  sont  d'un 
gris  froid,  tandis  que  les  charmantes  tètes  d'anges  sont  d'un  excellent  et 
chaud  coloris.  Cette  peinture,  provenant  de  l'église  de  S.  Barlolo  à  Pesaro, 
se  trouve  à  présent  dans  la  collection  de  tableaux  du  palais  Latran  à 
Rome. 

15.  Le  Martyre  de  saint  Sébastien. 

Le  saint,  attaché  à  un  arbre,  lève  son  regard  inspiré  vers  le  ciel,  où 
fon  voit  un  ange  qui  lui  présente  la  couronne  des  martyrs.  Trois  archers 
k  droite,  dans  des  attitudes  très-mouvementées,  lui  lancent  des  flèches. 
Au  côté  gauche,  sont  agenouillés  huit  personnages  des  deux  sexes,  de  la 
confrérie  de  Saint-Sébastien,  donataires  de  ce  tableau.  On  a  cru  recon- 
naître dans  ces  portraits  ceux  de  la  famille  Santi  et  Ciarla,  mais  les 


ai2  CATALOGUE  DES  PEINTURES 

membres  de  ces  deui  familles  faisaient  partie  de  la  confrérie  de  S.  Maria 
délia  Misericordia,  ce  qui  explique  comment  avait  pu  s'établir  cette  er- 
ronée supposition.  11  faut  remarquer  principalement  dans  cette  composi- 
tion la  hardiesse  des  raccourcis  dans  les  figures  d'archers  :  GioTanni 
avait  voulu  imiter  en  cela  son  ami  Melozzo  da  Forli.  11  a  triomphé  assez 
heureusement  des  difficultés  dans  les  figures  du  bas,  mais  pour  celle  de 
range  il  a  complètement  échoué.  Cependant  on  ne  doit  passe  dispenser  de 
dire  que  le  tableau»  ayant  beaucoup  souffert,  a  été  presque  entièreoient 
repeint.  11  se  trouve  sur  l'autel  de  l'oratoire  de  la  confrérie  de  Saint-Sé- 
bastien, à  Urbin. 

16.  Saint  François  recevant  les  stigmates. 

Le  saint  est  à  genoux,  tandis  que  le  frère  Rufino,  ébloui  par  l'éclat  de 
la  lumière^  tient  sa  main  devant  son  visage.  C'est  Pungileoni  qui  dé- 
crit ainsi  ce  tableau,  qu'il  avait  vu  dans  la  Marche  d'Ancône,  mais  dont 
l'état  était  tout  à  fait  déplorable. 

17.  Le  portrait  de  Guidobaldo,  d'JJrbin. 

Ce  jeune  prince,  fils  de  Federico,  duc  d'Urbin,  est  i^eprésenté  à  l'âge 
d'environ  dix  ans.  Vu  de  profil  et  tourné  vers  le  c6té  gauche.  Demi-figure 
de  grandeur  presque  naturelle.  Son  costume  rouge  est  magnifique  ;  sa 
coifiure  est  une  toque  rouge  ornée  d'une  perle  et  d'un  rubis.  Cette 
peinture,  quoique  traitée  avec  le  plus  grand  soin,  est  d'un  faire  naïf  et 
simple.  Dans  la  maison  Vincenzo  Piccini,  à  Urbania,  où  ce  tableau 
se  trouvait  autrefois,  on  le  regardait  comme  le  portrait  de  Raphaël, 
peint  par  son  père,  mais  ni  les  traits  du  personnage,  ni  la  richesse  de  son 
habillement,  ne  peuvent  autoriser  cette  attribution.  Ce  tableau  sur  bois 
est  à  présent  dans  la  galerie  du  palais  Colonna,  à  Rome. 

18.  Portrait  d'un  petit  garçon. 

Vu  de  profil  et  tourné  vers  le  côté  gauche,  il  a  le  nez  fin,  les  lèvres  un 
peu  minces  et  les  cheveux  d'un  blond  très-clair.  Il  porte  sous  un  vêtement 
très-large,  de  couleur  foncée,  un  justaucorps  de  brocard  d'or.  Au 
bas,  on  lit  cette  inscription  :  Rafaello  Sanzi  d'anni  set  nato  di  6  apr.  1483. 
—  Sanzi  padre  dipinse.  Cette  inscription  n'est  certes  pas  authentique,  et 
d'ailleurs  le  fond  sur  lequel  elle  se  trouve  est  tout  à  fait  repeint.  Ce  por- 
trait ne  saurait  représenter  Raphaël  à  Tâge  de  six  ans  :  un  profil  chétif, 
une  bouche  maigre,  des  cheveux  d'un  blond  très-clair,  ne  s'accordent  pas 
avec  l'idée  que  nous  nous  sommes  faite  de  Raphaël,  qui  avait  des  formes 
plus  amples  et  des  cheveux  châtains  ;  de  plus,  cet  habillement  de  brocard 
d'or  ne  convient  nullement  à  l'enfant  d*un  simple  artiste.  Cet  intéressant 
portrait,  peint  sur  bois,  a  été  acheté  à  Città  di  Castello,  en  1838,  par 
M.  James  Dennistoun  de  Deunistoun.  Deux  gravures  en  ont  été  faites  : 
l'uue,  au  trait,  par  C.  Wilson;  l'autre,  anonyme,  ombrée  et  terminée,  est 
entourée  d'un  riche  cadre,  dans  le  goût  du  dix-septième  siècle. 


DE  GIOVANNI  SANTI.  615 

Peintures  à  free^ve. 

i9.  La  Vierge  de  la  maison  de  Giovanni, 

La  Vierge,  assise  sur  un  banc,  tournée  à  gauche,  et  tenant  l'enfant  Jésus 
endormi  devant  elle,  lit  dans  un  livre  posé  sur  un  pupitre.  Sa  tête  est  cou- 
verte d'un  voile  dans  la  manière  de  Giovanni,  et  son  profil  est  tellement 
caractérisé,  que  nous  avons  tout  lieu  de  croire  qu'il  nous  offre  les  traits 
de  Magia,  femme  du  peintre,  de  même  que  l'Enfant  pourrait  bien  être 
le  petit  Raphaël.  Cette  fresque  se  trouvait  autrefois  dans  la  cour  de  la 
maison  de  Giovanni  ;  mais,  comme  elle  avait  beaucoup  souffert,  on  l'a 
enlevée  pour  la  placer  dans  l'intérieur  de  la  maison,  qui  appartenait,  en 
1835,  à  M.  Buonifoschi.  Dans  le  Journal  du  pape  Clément  IX,  lors  de  son 
séjouràUrbin,  journal  qu'on  dit  avoir  été  rédigé  par  les  monsignori  Origo 
et  Lancisi,  en  1703,  cette  fresque  est  mentionnée  ainsi  :  «  Alla  pendice 
della  contrada  del  monte  vedranno  la  casa  dove  nacque  il  gran  RafTaello 

Entreranno  in  detta  casa  e  vi  osserveranno  una  piccola  immagine  di- 

pinta  nel  muro  da  Raffaello  allora  Giovanetto.  »  Mais  cette  indication  n*est 
pas  plus  exacte  que  la  plupart  de  celles  qu'on  trouve,  dans  le  même  jour- 
nal. L'auteur  de  VAlmanacco  del  Metauro  (Ancona,  1813)  était  mieux  ren- 
seigné^ quand  il  a  écrit  ce  passage  :  «L'immagine  di  una  Madonna  a  fresco 
ben  conservata  cbe  dicesi  opéra  del  padre  di  Raffaello  e  ricorda  la  forza 
deH'antica  scuola.  »  Nous  en  avons  donné  une  gravure  dans  le  t.  III  de 
notre  édition  allemande. 

20.   Fresque  de  la  chapelle  de  la  famille  Tiranni,  à  Cagli. 

Cette  chapelle,  le  second  autel  à  gauche  de  l'église  Saint-Jean  des  Domi- 
nicains, à  Cagli,  petite  ville  dans  les  Apennins,  à  vingt  milles  d'Urbin, 
forme  un  arc  fortement  avancé,  porté  par  deux  gracieuses  colonnes.  Selon 
Pungileoni,  c'est  un  patricien,  du  nom  de  Pietro  Tiranni,  qui  fit  élever 
cette  chapelle  et  qui  en  commanda  les  peintures.  La  peinture  principale,  qui 
se  trouve  sur  le  mur  derrière  l'autel,  représente  la  Vierge  assise  sur  un 
trône  en  forme  de  niche,  et  tenant  l'enfant  Jésus  debout  devant  elle,  dans 
une  attitude  que  le  Pérugin  lui  a  donnée  plusieurs  fois'.  La  tête  de  la 
Vierge,  cependant,  a  tout  à  fait  le  caractère  particulier  aux  Madones 
de  Giovanni.  De  chaque  côté  du  trône  est  un  ange  ;  celui  de  gauche 
rappelle  vivement  les  traits  du  jeune  Raphaël  et  semble  être  son  portrait 
à  l'âge  de  neuf  ans  ;  telle  a  été  du  moins  une  tradition  constante,  que  nous 
avons  adoptée  nous-même  en  publiant  une  gravure  d'après  ce  portrait. 

t .  Le  premier  exemple  de  cette  attitude  que  nous  puissions  signaler  avec  une  date  certaine 
parmi  les  compositions  du  Pérugin  se  trouve  dans  le  tableau  d'autel  de  l'église  S.  Maria  Nuova , 
à  Fano,  avec  le  millésime  de  1497.  Mais  le  petit  tableau  de  Madone ,  à  la  galerie  de  Berlin, 
•ffre  une  composition  semblable  et  paraît  être  d'une  date  antérieure. 


«t4  CATALOGUE  DES  PEINTURE!! 

Auprès  de  cet  ange,  un  voit  saiot  François  d'Assise,  tenitnt  dd  crucifix,  et 

l'api^lre  saint  Pierre ,  et  de  l'autre  c6lé  saint  Dominique  et  saint  Jean- 

Baptiste,  qui  a  beaucoup  de  ressemblance  avec  la  fiijure  du  même  saint, 

dans  le  tableau  d'autel  de  la  Tainille  Burii  à  Urliin.  Au-dessus  d'un  rnur 

en  marbre  blanc,  on  aperçoit  une  oiontagneaTecla  R&urrectioD  du  Chrifitf 

sin  soldats  qui  gardent  le  si'pulcn 

sitions  très-variées  et  dans  des  raci 

ici  encore  une  fuis  l'imitateur  et  h 

admirait  surtout  comme  passé  ma 

milieu  de  l'arc,  un  médaillon  coni 

blanœ  avec  la  tête  du  Christ  est  rt 

peints  de  petits  anges,  deux  àdei 

lesangles  de  la  façade,  l'Annoncial 

flgures  dans  des  médaillons.  Cette 

plus  importante  et  la  plus  belle  qui 

bien  plus  habile  dans  ce  genre  de 

trempe  :  ici,  gon  dessin  est  plus  libn 

monieuse  et  surtout  pluschauded  

de  la  Vierge,  de  l'Enfant  et  des  anges,  y  sont  ravissants;  leurs  attitudes 
sont  des  plus  gracieuses.  En  somme,  c'est  une  œuvre  satisfaisante  daas 
loutes  ses  parties,  et  il  est  bien  à  regretter  que  l'on  n'ait  pas  pris  plus 
de  précautions  pour  la  conserver. 

H .  L'Homme  de  douleur,  dans  la  même  église,  &  Cagir. 

A  côté  de  la  chapelle  de  la  famille  Tirannî,  dans  l'église  des  Domini- 
cains à  Cagli,  se  trouve  la  sépulture  de  Battisia,  épouse  de  Pietro  Tiranni. 
Au-dessus  du  sarcophage,  dans  une  espèce  de  niche,  Giovanni  Santi  a 
peint  une  autre  fresque  représentant  un  Christ  à  mi-corps,  debout  dans 
son  tombeau,  ayant  à  gauche  saint  Jérûme  et  à  sa  droite  saint  Bonaven- 
ture  qui  tient  un  livre.  Au  bas,  un  lit  l'inscription  suivante  :  BAPTIST.C 
CONIVGl  PIENTISSIM.E  PETRVS  CALI.IENSIS  SALVTEM  DEPRECATVR. 
ANNO  MCCCCLXXXI.  Cette  fresque  n'est  pas  aussi  parfaite  d'exécution 
que  celle  di^  l'autel,  cependant  la  léte  du  Christ  est  très-belle  dans  soa 
expression  de  douleur. 


Voici  maintenant,  sur  diverses  peintures  de  QiQT4uni  Santi.  qui  ont  dis- 
paru, quelques  détails,  avec  des  observations  critiques  sur  d'autres  pein- 
tures qui  lui  ont  été  faussement  attribuées. 

Taliteau  d'autel  de  S.  Blaiitu  et  S.  Vicenltw,  qui  ÉUit  kulrefoi;  dfps 
la  cathédrale  d'Urbin. 


DB  GIOVANNI  SANTL  615 

On  lit  dans  «d  maouecrit  intitulé  :  Chorographia  txw  Theatrum  métro- 
politieutn  Vrbinatense,  par  Antonio  Vaonuccid'Urbin,  éetrit  en  iVOO^  lequel 
se  trou  Te  dans  la  bibliothèque  Albaili  à  Rome  :  <  Metropôlitana  Ecelecia. 
tabulam  (S.  Blasii)  prœstants  Joannis  Sanctii  Urbinatig  divint  Raphaelifi 
genitoris,  roanusjucundioribusarchitectoiiico  ordioe  distributia  ductisque 
lineis,  ingenti  studio  et  vigilantia  auîs  pinniculis  coloribus  oonspersit  et 
ipsam  S.  Blasii  imaginem  formayit,  multaque  laude  e  fatna  ptnpria  ae 
patrise  gloria  immortali  pandidit  et  S.  Basilicam  èxomafit  inter  nobi-'- 
liores  tabulas  coliocata.  »  —  Dans  un  Catalogue  de  tableaux  et  autres 
^ets  remarquables  qui  se  troutaient  à  Urbin^  catalogue  dressé  pair  ra?o- 
cat  Fraacesco  Maria  de  Praetis>  on  lit  :  t  Quadri  deila  navàta  a  coma 
Ei^angeiii  :  Il  S.  Biagio  ed  il  San  Yincenzo  è  di  Giovanni  SAntio,  padre  di 
Rafiaello.  d  Michèle  Doici  donne  également  les  mêmes  indications  daiil 
seo  oufrage  manuscrit,  intitulé  :  Quida  in  TJrbino^  et  Tomassd  Marelii, 
dans  un  rapport  daté  de  1749,  le  décrit  de  la  sorte  :  «  Tabellà  repraeaeil^ 
tans  sacrum  Praesepe  sanctosque  martyres  Blasium  et  Yicentium,  in  quà 
B.  Virgo  simul  cum  divino  ejus  puero  coronis  argenteis  sunt  redemitî, 
est  Joannis  Sancti^  genitoris  celebris  Raphaelis.  »  Ascanio  Maffei,  dans  sa 
Description  de  la  cathédrale  d'Urbin,  rédigée  en  1643,  attribue  pourtant 
ce  tableau  à  Tiraoteo  Viti;  l'Anonyme  de  la  famille  Antaldi  veut  que  ce 
soit  un  ouvrage  de  Galeazzo  Sanzio,  qui  figure  seulement  dans  une  fausse 
généalogie  de  la  famille  Santi ,  laquelle  se  conserve  au  palais  Albani  à 
Rome.  Lazzari  donne  ce  tableau  à  un  certain  Antonio  Sanzio,  tout  aussi 
problématique  que  Galeazzo  Sanzio ,  mais  il  afoue  pourtant  que  quel- 
ques personnes  le  croient  de  Giovanni  Santi  ^ 

Le  manuscrit,  ci-dessus  cité,  de  Ant.  Vannucci  nous  donne  le  rensei- 
gnement suivant  sur  un  autre  tableau  de  Giovanni,  qu'on  voyait  en  1709 
i  Urbin,  dans  l'église  S.  Domenico  :  «  Ecclesia  S.  Dominici.  Alia  mensa 
S.  Tbomœ  Aquinati  ascriptà  et  sanctà  ejus  effigie  in  decenti  tabula  peûl- 
cillis  suaviter  composita,  illumioata  ab  eruditissima  Joannis  Saotis  Urbi- 
Bâtis  manu  aocurate,  lineisque  architeotonice  ductis^  non  modica  sui  fama 
et  patriae  gloria  distributa,  et  in  lucem  aperta.  Qui  Oiium  summum  pa- 
triœ  splendorem  et  divini  nomine  toto  orbe  prsdicabilem  habere  picturs 
renovatorero  meruit.  »  Pungileoni,  en  parlant  de  ce  tableau,  s'étonnait 
de  ce  qu'on  l'eût  coupé  en  plusieurs  petits  morceaux  pour  les  suspendre 
dans  la  sacristie,  attendu,  dit-il,  qu'ils  représentent  plusieurs  des  lils  du 
patriarche  Gusmano.  Nous  n'avons  cependant  pu  découvrir  le  plus  pelk 
morceau  d'un  tableau  de  Giovanni  dans  la  sacristie  de  S.  Domenico,  pas 
plus  que  le  moindre  renseignement  verbal  à  l'égard  de  ce  tableau.  Peui- 


t.  Voy.  plus  loin,  p.  6(8,  6e  que  nous  avons  dit  d*iin  iablé«ri  d'aotel  qui  se  trouré  dans  la 


616  CATALOGUE  DES  PEINTURES 

être  l'indication  erronée ,  qui  nous  a  fait  faire  des  recherches  inutiles 
dans  l'église  de  S.  Domenico,  a-t-elle*  rapport  à  un  passage  de  Lazzari  ] 
ainsi  conçu  :  a  Dans  la  sacristie  de  S.  Domenico  se  trouvent  plusieurs  petits 
tableaux  sur  bois  de  Galeazzo  Sanzio  d'Urbin ,  qui  furent  enlevés  d'un 
autel.  9  Galeazzo  Sanzio  ne  ligure,  comme  nous  l'avons  dit,  que  dans  la 
fausse  généalogie  de  la  famille  Santi,  qui  a  été  déjà  mentionnée  plus 
haut,  mais  nous  devons  laisser  à  Lazzari  la  responsabilité  de  ce  rensei- 
gnement et  de  tant  d'autres  non  moins  fautifs. 

Il  y  avait  certainement  un  tableau  d'autel  de  Giovanni  dans  l'oratoire  de 
la  confrérie  del  Corpo  di  Cristo.  L'archevêque  Benedetto,  dans  la  relation  de 
la  visite  qu'il  fit  des  églises  d'Urbin  en  1612,  rapporte  ce  qui  suit  :  «  Habet 
imagines  beatissimœ  Virginis  et  S.  Francisci,  sancti  Joannis  Baptistse  et 
S.  Joannis  Evangelistœ  cum  muhis  imaginibus  angelorum  in  tela  depictis, 
quœ  sunt  eicellentis  artificis  et  ut  fuit  dictum  depictae  a  pâtre  excellentis 
Raphaelis  de  Urbino,  qus  imagines  sunt  inclusse  in  quodam  ornemento 
ligneo  et  inaurato,  in  cujus  summitate  sunt  inscripta  haïc  verba  :  Ange- 
lorum Reginœ  dicata.  »  En  effet,  dans  la  Descrizione  délia  antica  chiesa 
fatta  d'ordine  del  Sig.  D.  Lattanzio  Valeîitini  Priore,  e  di  tiUta  la  sua 
suppellettile,  pièce  écrite  en  1708  avant  que  cette  église  ne  fût  démolie,  il 
est  fait  mention  de  notre  tableau  en  ces  termes  :  a  Degli  altari  laterali 
due  Icône  in  tela,  alla  destra,  di  mano  del  padre  di  Raffaelle,  con  Cristo 
e  la  B.  Vergine,  S.  S.  Giovanni  Battista  ed  Evangelista,  un  coro  d'an- 
geli,  e  S.  Antonio  da  Padova.  »  —  L*auteur  anonyme  d'un  Catalogue  ma- 
nuscrit des  peintures  les  plus  distinguées  qu'on  voyait  dans  la  ville 
d'Urbin,  s'exprime  de  la  sorte  au  sujet  du  même  tableau  :  «  Al  secondp 
altare  y*  è  una  tavola  di  Gioan-Sanzi  ;  dentro  v'  è  un  Cristo  a  sedere 
che  tiene  il  mondo  in  mano  e  molti  SS.  et  angeli  intorno.  » 

Nous  avons  peu  de  renseignements  sur  les  tableaux  qui  étaient  autre- 
fois à  S.  Francesco  dans  la  chapelle  de  la  famille  Galli.  Le  livre  de  la 
sacristie  marqué  H  nous  fournit  ce  passage  :  «  Altare  de*  S.  S.  Galli.  Il  sud 
quadro  è  in  tavola  rappresentante  la  Vergine  col  Bambino,  di  sopra  il 
Padre  Eterno,  da  un  lato  S.  Cristoforo  e  S.  Caterina,  dall*  altro  S.  Giro- 
lamo  et  altri.  »  —  Dans  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  Biancalana,  que 
Pungileoni  croit  être  du  seizième  siècle ,  on  lit  ce  qui  suit  :  a  11  quadro 
délia  cappella  de'Signori  Galli  in  tavola  è  di  mano  di  Vincenzl  Sanzi,  rap- 
presentante la  B.  Vergine  con  S.  Onofrio  ed  altri  S.S.»  Puis,  dans  un  autre 
manuscrit  de  la  même  bibliothèque:  «Nella  cappella  de*  Sig.  Galli  Rafaele 
quand'  era  putto  vi  disegnè  moite  cose.  »  Après  avoir  mis  en  présence 
tous  ces  documents  si  contradictoires  et  si  douteux,  ce  qui  nous  parait 
le  plus  vraisemblable,  c'est  que  Giovanni  Santi  peignit  la  chapelle  de  la 
famille  Galli,  et  que  son  jeune  Uls  Raphaël  l'aida  dans  ce  travail. 

Autel  de  Pier  Antonio  Paltroni.  Dans  le  livre  A  de  la  sacristie  de 


DE  GIOVANNI  SANTl.  617 

S.  Francesco,  od  lit  :  «  Altare  S.  Michaelis,  etc.  Imagines  ligne8&...€ODce8- 
8um  famiiiae  de  Paltronis.  »  —  De  même^  dans  le  livre  G,  p.  ii  :  «  Altare 
detto  di  S.  Michèle  Archangelo  cod  figure  io  ta?ola  antiche.  m  —  Dans  le 
livre  H  de  la  même  église  :  «  Pittura  in  legno  con  la  effigie  délia  B.  V. 
col  Bambino,  S.  Gio.  Battista,  S.  Francesco  e  altri  santi,  e  di  sotto  pitture 
délia  Pasfiione  di  N.  S.  Altare  de*  Paltroni.  »  L'auteur  de  cette  description 
a  confondu,  sans  aucun  doute,  ce  tableau  d'autel  avec  celui  de  la  famille 
BufG,  comme  on  peut  en  juger  par  cet  extrait  du  manuscrit  à  la  biblio- 
thèque Biancalana  :  «  Il  quadro  délia  cappella  de'  Sign.  Paltroni  è  pari- 
mente  in  tavola  rappresentante  S.  Michèle  Archangelo  e  sotto  vi  sono  li 
misteri  délia  Passione  di  N.  S.  Opéra  di  Gio.  Sanzi.  » 

Dans  ce  dernier  fkrit,  un  autre  tableau,  peint  par  Vincenzo  Sanzio,  se 
trouve  encore  indiqué  comme  étant  à  l'église  des  Franciscains  :  «  Sopra 
la  porta  di  detta  chiesa  vi  è  un  GroceOsso  di  N.  S.  Opéra  da  Vincenzo 
Sanzi.  »  —  On  ne  saurait  aujourd'hui  fournir  des  renseignements  plus 
précis  à  l'égard  de  ce  tableau. 

Tableaux  des  volets  de  l'ancien  orgue  de  S.  Franscesco.  Dans  la  Choro- 
graphia  manuscrite  d'Antonio  Vannucci,  déjà  citée  plus  d'une  fois ,  on 
trouve  la  note  ci-jointe  :  «  Duse  aliae  in  eodem  choro  parique  subiimitate 
ab  earum  antiquitate  ad  haec  usque  tempera  pendentes  a  Joanne  Sanctio 
antedicto  nobili  certamine  picturatse  tutabantur  tabulœ  S.  S.  Assisiatem 
Franciscum  et  Bonaventuram,  Episc.  Conf.  et  Ecclesiœ  Doctorem  fide- 
lium  venerationi  templique  apparatui  exponentes  :  nuper  inde  amotae 
commodiorique  loco  aptatœ,  ut  a  mortalium  oculis  rectius  frui  valeant: 
exemplar  referunt.  »  Dans  un  autre  manuscrit  de  la  biblothèque  du  palais 
Albani,  qui  porte  pour  titre  :  Abbozzamento  délia  Cxttàd'Vrbino,  on  lit  ce 
qui  suit  sur  le  même  objet  :  a  S.  Francesco.  Si  vedono  anche  nel  coro  dis- 
posti  a  proporzione  quattro  quadri  di  Santi  Francescani  dipinti  da  Rafaël 
d'Urbino  mentr'  era  ragazzo,  e  prima  che  arrivasse  alla  perfezione,  che 
l'opère  fatte  da  lui  in  Roma  e  fuori  nella  gioventù  dimostrano  ;  e  detti 
quadri  servivano  di  coperta  alF  organo  antico  di  detta  chiesa ,  onde  più 
per  il  nome  che  ritengono  di  lui,  che  per  la  pittura  sono  tenuti  cari,  d 
Le  passage  suivant,  extrait  du  manuscrit  de  la  bibliothèque  Biancalana, 
semble  se  rapporter  aussi  aux  mêmes  tableaux  :  «Nella  cappella  delF  altar 
maggiore  vi  sono  attaccati  al  muro  in  alto  due  quadri  di  RafTaello  e  due 
altri  quadri  di  Giovanni  Santio  suo  padre.  »  Comme  le  même  auteur  a 
précédemment  attribué  à  Raphaël  lui-même  les  peintures  latérales  de 
l'autel  Buff],  représentant  l'Ange  et  Tobie,  ainsi  qu'un  Saint  Roch,  tan- 
dis que  ces  peintures  sont  évidemment  de  son  père  Giovanni,  il  témoigne 
par  là  qu'il  n'est  pas  trop  habile  connaisseur;  car  ces  quatre  tableaux 
ont  bien  pu  être  exécutés  par  Giovanni  Santi. 

Dans  l'église  iNunziata  extra  muros,  près  d'Urbin,  on  trouve  un  tableau 


6IS  CATALOGUE  DfiS  PEINTURES 

d«  Mfuione  tellement  noir  et  endommagé,  qu'on  peatàpeine  di«tinguer  la 
tête  de  la  Vierge  etoelledeTEnfant.  Elles  sont  fortement  repeintes,  mais, 
néanmoins,  on  peut  y  reconnaître  la  main  de  Giovanni.  D'après  une  do* 
tice  communiquée  au  P.  Pungileoni  par  Farchidiacre  Luca  Allegrini.  tirée 
de  l'inventaire  de  l'église  paroissiale  de  Cella  di  pietra,  lequel  fut  dressé 
par  i'arehidiacre  Joseph  Iftiuger,  ce  tableau  se  trouvait  alors  placé  au- 
dessus  du  tmssin  du  baptême  :  l'auteur  de  l'inventaire  l'attribue  à  un 
certain  Antonio  Sanzio,  et  dit  que  la  fabrique  le  reçut  en  présent  de  Tar- 
chidiacre  Palma.  Antérieurement,  il  aurait  été«  dil-on,  apporté  en  grand 
honneur,  recouvert  de  velours  vert,  dans  l'église  des  Dominicains. 

On  n'est  pas  encore  d'accord  sur  la  question  de  savoir  si  le  tableau  dd 
Mariage  mystique  de  sainte  Catherine  de  Sienne,  à  Téglise  des  Domini- 
cains à  Pesaro,  peut  être  attribué  à  Giovanni  Santi;  dans  le  cas  où  cette 
attribution  pourrait  être  prouvée,  il  faudrait  regarder  ce  tableau  comme 
une  des  premières  créations  de  la  jeunesse  de  l'auteur,  car  le  style  du 
maître  y  est  encore  moins  caractérisé  que  dans  son  tableau  de  la  Visita- 
tion à  Fano;  le  jet  de  plis  y  est  aussi  plus  maladroit,  et  l'on  n'y  trouve 
pas  cette  grâce  et  cette  originalité  qu'on  remarque  dans  ses  autres  ou- 
vrages. Mais,  en  revanche,  les  accessoires,  tels  que  les  plantes,  les  nuages 
frisés  et  les  roches  du  paysage,  ainsi  que  l'aspect  total  de  la  peinture,  pré- 
sentent une  véritable  analogie  avec  les  ouvrages  de  Giovanni.  Au  côté  du 
groupe  principal  on  voit  saint  lean-Baptiste,  et  saint  Dominique  à  gauche; 
l'apAtre  saint  Jean  et  saint  Thomas  d'Aquin  à  droite.  Les  figures  sont  de 
demi-grandeur  naturelle.  Il  y  a  peu  d'années,  ce  tableau  ayant  été  res- 
titué à  l'église  par  la  famille  Macchinelli  qui  le  possédait,  quelques  con- 
naisseurs l'attribuèrent  alors,  mais  sans  raison,  à  un  certain  peintre  Gin- 
liano  Preciuto  de  Fano,  quoique  le  faire  de  ce  peintre  du  seizième  siècle 
différât  entièrement  de  la  manière  de  Giovanni,  et  que  le  tableau  fût 
d'une  époque  bien  antérieure  à  celle  ou  vivait  Giulino  Preciuto,  ce  qui 
se  trouve  attesté  par  l'inscription  d'un  tableau  représentant  Tlncrédutité 
de  saint  Thomas,  tableau  qu'on  voit  encore  dans  Téglise  de  cet  apôtfe,  à 
Fano  î  IVLÎAN.  PSVTIS.  FANI.  ORIVNDVS.  FACIEBAT.  MDILVI.  C'est, 
au  reste,  un  tableau  de  mince  importance,  mais  curieut  pourtant  à  cer- 
tains égards,  en  raison  de  l'époque  à  laquelle  il  appartient  et  do  style 
maniéré  qui  commençait  à  être  en  vogue. 

On  a  souvent  attribué,  par  erreur,  à  Giovanni,  jine  Nativité  qui  est 
conservée  dans  la  maison  Liera  à  Urbin.  Saint  Joseph  et  saint  Biaise  sont 
d'un  côté  ;  saint  Vincent,  martyr,  et  saint  Pierre  Diimiano,  de  l^autre  côté. 
Dans  le  haut  plane  le  Saint-Esprit  entouré  d'anges  et  de  chérubins.  Le 
tableau,  provenant  de  la  cathédrale,  pourrait  être  le  même  ^ue  cèloi 
qui  est  mentionné  au  commencement  de  ce  Catalogue,  et  qui  à  été  décrit 
suecesàifeoMM  pat  Miefa.  Dotei ,  Tomfttiaso  Marelli,  Lassari  el  autres. 


DE  GIOVANNI  SANTI.  619 

comme  étant  de  Giovanni,  et  se  trouvant  alors  à  la  cathédrale  d'Urbin. 
Mais  il  est  peint  à  Thuile^  dans  la  manière  du  seizième  siècle  ;  la  Vierge 
accroupie^  qui  soulève  le  voile  de  Tenfant  Jésus  endormi,  est  même  em- 
pruntée à  une  composition  de  Raphaël,  qui  se  trouve  au  musée  du  Louvre, 
connue  sous  les  noms  de  :  Sommeil  de  Jésus  et  de  la  Vierge  au  Diadème, 
Il  ne  faut  donc  pas  s'arrêter  à  la  supposition  du  P.  Pungileoni,  qui  fait 
provenir  ce  tableau  de  Tabbaye  de  Pietra  Pertusa,  située  au  pied  du  Furlo, 
Don  sans  douter  toutefois  de  son  authenticité. 

Dans  la  maison  du  comte  Materozzi  Brancaleoni,  à  Cagli,  un  Saint  Fran- 
çois qut  contemple  un  crucifix  passe  pour  être  une  œuvre  de  Giovanni  ; 
mais  il  est  peint  à  l'huile  *.  Le  P.  Luigi  Pungileoni  rapporte  qu'un  autre 
tableau  de  Giovanni  Santi  se  trouvait  autrefois  dans  la  petite  église  délia 
Umiltà,  et  que  ce  tableau,  après  la  suppression  de  cette  église,  entra  dans 
la  cabinet  d'un  amateur,  mais  qu*il  en  disparut  lors  de  l'invasion  des 
Français  en  Italie.  Le  savant  écrivain  semble  regretter  beaucoup  la  perte 
de  ce  tableau  pour  la  ville  d'Urbin,  quoiqu'il  ne  l'eût  jamais  vu. 

Un  tableau  que  l'on  croyait  de  Giovanni  Santi,  parce  qu'il  était  signé  de 
son  nom,  passa  au  musée  de  Berlin.  Ce  tableau  repi^ente  une  Madone 
sur  un  trône,  l'enfant  Jésus,  le  petit  saint  Jean  et  un  autre  enfant,  en- 
tourés des  deux  apôtres,  saint  Jacques  le  Majeur  et  saint  Jacques  le  Mi- 
neur. Le  troisième  enfant  qui  figure  dans  cette  composition  avait  été  con- 
sidéré comme  étant  le  petit  Raphaël  lui-même,  ainsi  que  pouvait  le  faire 
présumer  cette  inscription  :  10.  [SANCTIS.  VRBl.  P.;  mais  l'inscription, 
reconnue  fausse,  fut  enlevée  du  tableau  :  avec  elle  disparut  la  prétendue 
attribution  du  portrait.  Aujourd'hui  cette  peinture  est  attribuée  avec  plus 
de  raison  à  Timoteo  Viti  d'Urbin. 

i.  5ous  ferons  remarquer  que  bien  des  tableaux  du  quinzième  siècle,  peints  orifrinaireroent  à 
l'flBuf  ou  à  la  détrempe,  ont  été  restaun»  et  vernis  à  l'huile,  de  telle  sorte  que  le  caractère  pri- 
mitif de  la  peinture  n'est  plus  appcéciable  à  l'eiamen.  (Note  de  l'éditeur.) 


FIN  DE    L*APPEND1CE. 


ADDITIONS  DE  ^EDITEUR 


SUR  LA 

RESTAURATION  DES  TABLEAUX  DE  RAPHAËL 
EN  FRANCE 


On  ne  sait  point  assex  la  recounaisBance  que  les  amis  des  arts  doÎTeal  à 
la  France,  qui  peut  avec  orgueil  s'attribuer  l'honaeur  d'avoir  Tëritabtement 
sauTé  plusieurs  cliefs-d'œuTre  de  la  peiolure,  lorsque  ces  chefs -d'ceavre 
furent  enToyés  a  Paris,  par  suite  des  conventions  que  le  sort  des  armes 
avait  dictées  pendent  les  guerres  d'Italie.  Les  tableaux,  qui  arrivèrent  au 
musée  du  Louvre  comme  des  trophées  de  victoire,  étaient  la  plupart  dans 
l'état  le  plus,  déplorable  ;  tous  altérés,  endommagés  par  l'action  alternative 
de  la  sécheresse  et  de  l'humidité;  les  uns  encrassés,  ensevelis  sous  des 
veruis  saccessirs;  les  autres  tombant  par  écailles;  ceux-ci,  pei 
prêts  à  se  déchirer  en  lambeaux  ;  ceux-là,  peints  sur  bois,  à  dei 
de  vélusté,  presque  réduits  en  poussière  :  ici,  le  panneau  cribl 
vers;  là,  une  toile  usée  soulcnaut  à  peine  les  couleurs. 

A  cette  époque,  l'art  de  la  restauration  des  vieux  tableaux  n 
àjrai  dire;  il  fallut  le  créer,  cl  le  gouvernement  de  laRépubli( 
chargea  l'iuslitut  national  de  chercher  les  meilleurs  moyens  p 
la  perle  totale  des  tableaux  de  Raphaël.  Une  commission  de 
nommée,  et  celte  commission,  après  des  recherches  mnltipli 
nombreux  essais,  eut  le  bonheur  de  résoudre  le  problème  qui  n  avan  jus 
été  résolu  encore  :  la  conservation  perpétuelle  des  tableaux  à  l'iiuile  par 


6^  ADDITIONS  DE  L*ÉDITE(!R. 

le  transport  de  la  peinture  sur  nouvelle  toile  ou  nouyeau  panneau.  Grâce 
à  ce  procédé  merveilleux ,  on  n*a  plus  à  craindre  maintenant  les  ravages 
do  temps  pour  des  monuments  plus  ou  moins  fragiles,  que  leur  nature 
même  condamnait  à  une  destruction  véritable.  Il  suffira  de  renoureler  de 
loin  en  loin ,  tous  les  cent  ans  peut-être ,  le  bois  ou  la  toile  que  recouvre 
l'œuvre  du  peintre,  fK>ur  que  cette  œuvre  vive  et  sub^ste. 

L'art  de  restaurer  les  vieux  tableaux  a  fait  sans  doute  beaucoup  de  pro- 
grès depuis  cinquante  ans  ;  nous  croyons  néanmoins  qu'on  doit  s'intéresser 
à  l'origine  de  cet  art,  que  la  France  a  trouvé  et  qu'elle  a  ensuite  appris  à 
l'Europe  artistique.  11  est  donc  important  de  connaître  comment  a  été  res- 
tauré pour  la  première  fois  un  tableau  de  Raphaél,  confié  aux  soins  des 
quatre  membres  de  la  commission  choisie  dans  le  seiu  de  l'Institut  :  Guyton 
de  Morveau,  Vincent,  Taunay  et  BerthoUet,  deux  chimistes  et  deux  peintres. 
Le  rapport  que  les  quatre  commissaires  présentèrent  à  la  classe  des  Sciences 
HMfethénatiques  et  physiques,  amsi  qfn*à  ht  classe  de  Litténrtire  etdeffBetiu:* 
Arts,  et  qui  fut  adopté  dans  les  séances  des  \*^  et  3  nivôse  an  X,  doit  être 
imprimé  dans  les  Mémoires  de  Tlustitut,  mais  on  ne  songe  pas  à  l'y  aller 
chercher.  Voilà  pourquoi  nous  réimprimons  ici  ce  curieux  document,  qui 
mérite  à  tant  d'égards  d'être  recueilli  dans  l'histoire  des  œuvres  de  Raphaël. 


SUR  LA  RESTAURATION  DU  TABLEAU  DE  RAPHAËL 

CONNU  SOUS  LB  NOM  DE 

LA  YIER6E  DE  FOLIGKO, 

PAR  LES  CITOYENS  GUYTON,  VINCEin:,  TAUNAY  KT  BERTHOLLST. 


La  peinturé  a  un  grand  désavantagef  aiipfès  de  h  pO!(€érit^  :  i&ê  autres 
productions  du  génie  peuvent  traverarer  les  siècles  ;  mais  elle  confié  des 
créations  à  une  toile  périssable.  Le  soleil,  fhumidité,  les  exhalaisons  aut- 
fuetles  Fineupie  les  abandonne,  ef  même  mie  négligence  inaperçue  dans 


les  f remiers  appftts^  nottcait  promptement  des  ehefe^cBOtre  de  dfgpa- 
mitre  pour  tot^oiirs.  Si  une  puissance  proteetrice  ne  s'élail  dMtrgée  de 
pkisieura*  nMMioiDeiit»  de  ringénieiise  Italie^  le  nom  de  Raphaël  n'aaraft 
bientôt  élè  Iransiiiia^  dai»  sa  patrie  rnène^  que  comme  celui  d'Apelles. 
h»  art»  doiveol  donc  une  grande  reconnaissance  au  génie  de  ki  Tictoire 
^i  a  recueilli  ces  rnoonment»  épnrs  et  négligés^  pour  le»  réunir  au  centre 
de  la  Bépublique,  les  confier  à  une  administration  éclairée  et  ?  filante, 
elles  présenter^  conuoe  dan»  un  tasie  sanctuaire,  à  fadmiration  de  ÏEnh 
fope  et  à  rétude  de  tous  eeua  qui  aspirent  aux  palmen  desarta. 

Le  mal  avait  fait  de  grands  progrè»  dans  plosieur»  tableaux  des  pkis 
piécienx^  l'adoiinistntiott  du  Musé»,  qui  regarde  tes  fonctions  dont  efle 
est  chargée  comme  une  magistrature  qu'elle  exerce  au  nom  des  arts,  a 
cherché  à  concilier,  et  la  solMude  ^i  s'inquiète  dès  qu'on  ose  toucher 
aux  productions  des  grands  maîtres,  et  l'irrésistible  conviction  d'une  dé- 
gradation rapide^ 

Le  désir  de  réparer  le»  outrages  du  temps  a  nhafbeureuseroenl  aggravé 
le  dépérissemenjt  de  plusieurs  tableaux  par  des  repeints  grossiers  et  de 
mauvais  nernis  dom  on  a  recouvert  pkisieura  traits  du  premier  pinceau. 
I^'autre»  motif!»  encore  ont  conspiré  conti*e  la  pi;rreté  des  ptus  belles<  com- 
position»; on  a  vu  un  prélat  faire  couvrir  d'une  chevelure  dâscocdanAe  ks 
charmes  d'une  Madeleine. 

Cependant  on  est  parvenu  i  de»  moyen»  efficaces  de  restauration  :  on 
transporte  sur  une  toile  nouvelle  une  peidature  dont  la  toile  se  détruit^  on 
dont  le  bois  est  vermoulu;  on  fait  disparaître  les  touche»  profanes  d'un 
pinceau  étranger;  on  supplée  avec  scrupule  aux  traits  effacé»,  et  on  rend 
la  vie  i  un  tableaui  cpû  fuiissait  ou  qui  était  défiguré.  Cet  art  a  surtout  fait 
des  progrès  à  Parie,  et  il  en  a  fait  de  nouveaux  sous  ta  surveillance  même 
del'adiniQstrationduMueée;  mai»  ce  n'est  qu'avec  un  respect  religieux 
qu'on  peut  se  permettre  une  opéralioa  qaii  peut  toujours  faire  craindre 
qjuelque  aitération  dans  le  dessin  et  dans  le  coloris,  surtout  ^piand  il 
s'agit  d'un  tableau  de  Raphaël. 

Parai  les  plus  iiamewx  tableaux  de  Raphaël  était  celui  de  Folignoy  et 
il  se  trouvait  dans  le  dernier  état  de  dégradation;,  mais  il  fallait  constater 
«et  état,  pouc  mettre  l'administration  du  Musée  en  règle  avec  ses  commet 
taats,  e'esuà-dire  avec  tous  ceux  qui  aiment  les  arts  :  il  fallait,  de  plas> 
constater  la  sûreté  des  procédés,  pour  pouvoir,  sans  donner  d'aJarme», 
en  faire  l'application  aux  autre»  tableaux  qm  le»  réclament. 

Sur  la  demande  de  Fadmioistrationdu  Musée,  le  ministre  de  l'intérieur 
invita  l'kistitut  à  nommer  une  commission  pour  suivre  la  restauration 
projetée  ;  la  classe  des  Sciences  pbysiques  et  mathématique»  de  TkiBtitut 
chargea  le»  citoyens  Guyton  et  BerthoUet  de  cette  commission ,  et  la 
dasse  de  Littérature  et  Beaux-Arts  nomma  le»  citoyens  Vincent  et  Taunay. 


au  ADDITIONS  DE  L'ÉDITEUR. 

La  restauration  peut  ôtre  divisée  en  deux  parties  :  l'une  qui  se  com- 
pose des  opérations  mécaniques,  dont  le  but  est  de  détacher  )a  peinture 
du  fond  où  elle  était  fixée,  pour  la  transporter  sur  un  nouveau  ;  l'autre 
qui  consiste  à  nettoyer  la  surface  de  la  peinture  de  tout  ce  qui  peut  U 
ternir,  à  rendre  le  véritable  coloris  au  tableau,  et  à  réparer  les  parties 
détruites,  par  des  teintes  habilement  ménagées  et  fondues  avec  les  traits 
primitifs  :  de  là,  la  division  distincte  des  opérations  mécaniques,  et  de 
celles  de  Tart  de  peindre,  qui  seront  l'objet  des  deux  parties  de  ce  rap- 
port. Les  premières  ont  surtout  lixé  l'attention  des  commissaires  de  la 
classe  des  Sciences  ;  et  les  autres,  qui  exigeaient  l'habitude  de  manier  un 
savant  pinceau,  se  sont  trouvées  départies  aux  commissaires  de  la  classe 
des  Beaux-Arts. 

PREMIÈRE  PARTIE. 

Quoique  le  travail  mécanique  se  sous-divise  en  plusieurs  opérations,  il 
a  été  confié  en  entier  au  citoyen  Hacquin,  dont  nous  devons  nous  em- 
presser de  louer  l'intelligence,  l'adresse  et  l'habileté. 

Nous  avons  d'abord  constaté,  en  présence  de  Tadministration,  l'état 
caduc  du  tableau  et  la  nécessité  de  le  soumettre  à  la  restauration;  nous 
avons  ensuite  été  appelés  à  chaque  époque  où  il  fallait  varier  les  manipu- 
lations :  l'habile  artiste  chargé  de  cette  partie  de  la  restauration  nous 
faisait  connaître  les  détails  du  procédé  qu'il  allait  exécuter,  et  nous  ras- 
surait sur  chaque  opération  par  les  précautions  dont  il  l'environnait. 
Nous  joignons  à  ce  rapport  l'extrait  des  procès- verbaux  des  séances  où 
nous  nous  sommes  réunis;  on  ne  fera  qu'en  indiquer  ici  le  sommaire. 

Le  tableau  représente  la  Vierge,  l'enfant  Jésus,  saint  Jean  et  plusieurs 
autres  figures  de  différentes  grandeurs.  11  était  peint  sur  un  fond  de  bois 
blanc,  de  0'°,032  d'épaisseur;  une  fente  s'étendait  depuis  le  cintre  jus- 
qu'au pied  gauche  de  Tenfant  Jésus;  elle  avait  0°',010  d'écartement  à  son 
extrémité  supérieure,  et  diminuait  progressivement  jusqu'à  la  partie  in- 
férieure ;  depuis  cette  fracture  jusqu'au  bord  droit,  la  surface  formait 
une  courbe  dont  la  plus  grande  flèche  était  de  0'",067,  et,  de  la  fracture 
jusqu'à  l'autre  bord,  une  autre  ligne  de  0"',054  de  flèche.  Le  tableau  s'é- 
caillait dans  plusieurs  parties,  et  un  grand  nombre  d'écaillés  s'étaient 
déjà  détachées;  la  peinture  était,  de  plus,  piquée  de  vers  dans  plusieurs 
endroits. 

H  fallait  d'abord  rendre  la  surface  plane  ;  pour  y  parvenir,  on  a  collé 
une  gaze  sur  la  peinture,  et  on  a  retourné  le  tableau  ;  après  cela,  le  ci- 
toyen Hacquin  a  pratiqué  dans  l'épaisseur  du  bois  de  petites  tranchées 
à  quelque  distance  les  unes  des  autres,  et  prolongées  depuis  l'extrémité 
supérieure  du  cintre  jusqu'à  l'endroit  où  le  fond  de  bois  présentait  une 
surface  plus  droite;  il  a  introduit  dans  ces  tranchées  des  petits  coins 


ADDITIONS  DE  L'ÉDITEUR.  625 

de  bois  ;  il  a  couvert  ensuite  toute  la  surface  avec  des  linges  mouillés 
qu'il  a  eu  soin  de  renouveler  ;  l'action  des  coins  qui  se  gonflaient  par 
l'humidité,  contre  le  bois  ramolli,  a  obligé  celui-ci  à  reprendre  sa  pre- 
mière forme  :  les  deux  bords  de  la  fente  dont  on  a  parlé  se  sont  rap- 
prochés ;  Tartiste  y  a  introduit  de  la  colle  forte,  pour  réunir  tes  deux 
parties  séparées;  il  a  fait  appliquer  des  barres  de  chêne  en  travers,  pour 
maintenir  le  tableau,  pendant  la  dessiccation^  dans  la  forme  qu'il  venait 
de  prendre. 

La  dessiccation  étant  opérée  lentement,  l'artiste  a  appliqué  une  se- 
conde gaze  sur  la  première,  puis  successivement^  deux  papiers  gris 
spongieux. 

Cette  préparation,  qu'on  appelle  cartonnage,  étant  sèche,  il  a  renversé 
le  tableau  sur  une  table,  sur  laquelle  il  Ta  assujetti  avec  soin  ;  il  a  enauite 
procédé  à  la  séparation  du  bois  sur  lequel  était  fixée  la  peinture. 

La  première  opération  a  été  exécutée  au  moyen  de  deux  scies ,  dont 
Tune  agissait  perpendiculairement,  et  l'autre  horizontalement;  le  travail 
des  scies  terminé,  le  fond  de  bois  s'est  trouvé  réduit  à  0",OiO  d'épais- 
seur ;  l'artiste  s'est  servi  alors  d'un  rabot  d'une  forme  convexe  sur  la  lar- 
geur ;  il  le  faisait  marcher  obliquement  sur  le  bois,  afin  de  n'enlever  que 
des  copeaux  très-courts,  et  d'éviter  le  fil  du  bois;  il  a  réduit  par  ce 
moyen  le  bois  à  0^,002  d'épaisseur;  il  a  pris  ensuite  un  rabot  plat,  à  fer 
dentelé,  dont  l'efi'et  est  à  peu  près  celui  d'une  râpe  qui  réduit  le  bois  en 
poussière  ;  il  est  parvenu  par  là  à  n'en  laisser  que  l'épaisseur  d'une  feuille 
de  papier. 

Dans  cet  état,  le  bois  a  été  successivement  mouillé  avec  de  l'eau  pure 
par  petits  compartiments,  ce  qui  le  disposait  à  se  détacher  ;  alors  l'ar- 
tiste le  séparait  avec  la  pointe  arrondie  d'une  lame  de  couteau. 

Le  tableau,  ainsi  dépouillé  de  tout  le  bois,  a  présenté  à  l'œil  tous  les 
symptômes  de  sa  dégradation.  Il  avait  été  restauré  anciennement  ;  et,  pour 
réappliquer  les  parties  qui  menaçaient  de  tomber,  on  avait  introduit  des 
huiles  et  des  vernis  ;  mais  ces  ingrédients,  passant  par  les  intervalles  que 
laissaient  les  parties  de  la  peinture  réduites  en  coquilles,  s'étaient  éten- 
dus dans  l'impression  à  la  colle  sur  laquelle  reposait  la  peinture  et 
avaient  rendu  la  véritable  restauration  plus  difficile,  sans  produire  l'effet 
avantageux  qu'on  en  avait  attendu. 

Le  même  procédé  n'a  pu  servir  à  séparer  les  parties  de  l'impression 
qui  avaient  été  ainsi  durcies  par  les  vernis,  et  celles  où  la  colle  était  res- 
tée sans  mélange  :  les  premières  ont  dû  être  humectées  pendant  quelque 
temps  par  petits  compartiments;  lorsqu'elles  étaient  assez  ramollies, 
l'artiste  les  séparait  avec  sa  lame  de  couteau  ;  les  autres  ont  été  plus  faci- 
lement séparées,  en  les  humectant  avec  une  flanelle,  et  en  les  frottant 
légèrement.  11  n'a  fallu  rien  moins  que  l'adresse  et  la  patience  du  ci- 

11.  40 


626  ADDITIONS  DE  L*ÉDITEUR. 

toyen  Hacquim  pour  ne  laisser  rien  d'étranger  au  travail  du  peintre 
enQa  l'ébauche  de  Raphaël  a  été  découverte  entièrement  et  laisiée 
intacte. 

Pour  rendre  un  peu  de  soupleflse  à  la  peinture  trop  desséchée,  elle  « 
été  frottée  partout  avec  de  la  carde  de  coton  imbibée  d'huile,  et  essuyée 
avec  de  la  vieille  mousseline;  ensuite  »  de  la  céruse  broyée  d'huile  a  été 
substituée  à  l'impression  à  la  colle»  et  (ixée  par  le  moyen  d'une  brosse 
douce. 

Après  trois  mois  de  dessiccation  »  une  gaie  a  été  collée  sur  Timpression 
à  l'huile^  et  sur  celle-ci  une  toile  One. 

Lorsque  cette  toile  a  été  sèche,  le  tableau  a  été  détaché  de  dessus  la 
^ie,  et  retourné  pour  en  6ter  le  cartonnage  avec  de  Teau  ;  cette  opéra- 
tion laite,  on  a  procédé  à  faire  disparaître  les  inégalités  de  la  surface  qui 
provenaient  du  recoquillemeat  de  ses  parties;  pour  cela,  Tartiste  a  appli- 
qué successivement,  sur  les  inégalités,  de  la  colle  de  farine  délayée  ;  puis, 
ayant  mis  un  papier  gras  sur  la  partie  humectée,  il  a  appuyé  un  fer 
échauffé  sur  les  recoquillages,  qui  se  sont  aplanis;  mais  ce  n'est  qu'après 
avoir  employé  les  indices  les  moins  trompeurs  pour  s'assurer  du  degré 
de  chaleur  convenable,  qu'on  se  permet  d'approcher  le  fer  de  la  pein- 
ture. 

Nous  avons  vu  qu'on  avait  fiié  la  peinture,  débarrassée  de  son  impres- 
sion i  la  colle  et  de  toute  substance  étrangère,  sur  une  impression  à 
l'huile,  et  qu'on  avait  rendu  une  forme  plane  aux  parties  recoquillées  de 
la  surface  ;  le  chef-d'œuvre  devait  encore  être  appliqué  solidement  sur  un 
nouveau  fond  ;  pour  cela,  il  a  fallu  le  cartonner  de  nouveau,  le  dégager 
de  la  gaze  provisoire  qui  avait  été  mise  sur  l'impression ,  ajouter  une 
nouvelle  couche  d'oxyde  de  plomb  et  d'huile,  y  appliquer  une  gaze,  ren- 
due très-souple,  et  sur  celle-ci»  également  enduite  de  la  préparation  de 
plomb,  une  toile  écrue,  tissée  tout  d'une  pièce,  et  imprégnée,  à  la  sur- 
face extérieure,  d'un  mélange  résineux  qui  devait  Tassujettir  à  une  toile 
pareille,  fixée  sur  le  châssis.  Cette  dernière  opération  a  exigé  qu'on  ap- 
pliquât exactement,  à  la  toile  enduite  de  substances  résineuses,  le  corps 
du  tableau  débarrassé  de  son  cartonnage,  et  muni  d'un  fond  nouveau,  en 
évitant  tout  ce  qui  pouvait  lui  nuire  par  une  extension  trop  forte  ou  iné- 
gale, et  cependant  en  obligeant  tous  les  points  de  sa  vaste  étendue  d'adhé- 
rer à  la  toile  dressée  sur  le  châssis.  C'est  par  tous  ces  procédés  que  le 
tableau  a  été  incorporé  à  une  base  plus  durable  que  la  première  même, 
et  prémuni  contre  les  accidents  qui  en  avaient  produit  la  dégradation; 
puis  il  a  été  livré  à  la  restauration,  qui  est  l'objet  de  la  seconde  partie  de 
ce  rapport. 

Nous  avons  été  obligés  de  nous  borner  à  indiquer  les  opérations  suc- 
cessives dont  nous  avons  suivi  les  détails  nombreux;  nous  n'avons  cherché 


ADDITIONS  DE  L^ÉDITEUR.  027 

à  donner  une  idée  de  Tart  intéressant  par  lequel  on  peut  perpétuer  indé- 
finiment les  productions  du  pinceau,  que  pour  motiver  la  confiance  qu'il 
nous  a  paru  mériter. 

SBœNDE  PARTIE. 

Après  avoir  rendu  compte  des  opérations  mécaniques  employées  avec 
tant  de  succès  à  la  première  partie  de  la  restauration  du  tableau  de  Ra- 
phaël^ il  nous  reste  à  vous  entretenir  de  la  seconde  :  la  reeiuuration  pit- 
toresque. Cette  partie  n'est  pas  moins  intéressante  que  la  première;  c'est 
à  elle  que  nous  devons  la  réparation  des  ravages  du  temps  et  de  l'igno- 
rance des  hommes,  qui,  par  leur  impéritie,  avaient  encore  ajouté  à  la  dé- 
térioration de  ce  chef-d'œuvre. 

Cette  partie  essentielle  de  la  restauration  des  ouvrages  de  peinture, 
demande,  dans  ceux  qui  en  sont  chargés,  une  grande  délicatesse  d'œil 
pour  savoir  accorder  les  teintes  nouvelles  avec  les  anciennes,  une  con- 
naissance approfondie  des  procédés  employés  par  les  maîtres,  et  une 
longue  expérience  pour  prévoir,  dans  le  choix  et  l'emploi  des  couleurs,  ce 
que  le  temps  peut  apporter  de  changements  dans  ces  teintes  nouvelles, 
et,  par  conséquent,  prévenir  la  discordance  qui  serait  le  résultat  de  ces 
changements. 

L'art  de  la  restauration  pittoresque  exige  encore  le  plus  grand  scrupule 
à  ne  recouvrir  seulement  que  les  parties  endommagées,  et  une  adresse 
extraordinaire  pour  accorder  le  travail  de  la  restauration  avec  celui  du 
maître,  et,  pour  ainsi  dire,  restituer  la  pâte  première  dans  toute  son  inté- 
grité, et  faire  disparaître  à  tel  point  le  travail,  que  l'œil,  même  exercé,  ne 
puisse  distinguer  ce  qui  est  de  la  main  de  l'artiste  restaurateur  d'avec  ce 
qui  est  de  celle  du  maître. 

C'est  surtout  dans  un  ouvrage  de  l'importance  de  celui  dont  nous  par- 
lons qu'on  a  droit  d'exiger,  pour  sa  restauration,  tous  les  soins  de  la 
prudence  et  l'habileté  des  premiers  talents.  Cest  avec  une  véritable  satis- 
faction que  nous  vous  rendons  compte  de  l'heureux  résultat  de  la  pré- 
voyante sagesse  de  l'administration  du  Musée  central  des  arts,  qui,  après 
avoir  dirigé  et  surveillé  la  première  partie  de  la  restauration,  a  employé 
à  la  seconde  (celle  que  nous  appelons  pittoresque)  le  citoyen  Roeser,  dont 
les  talents  en  ce  genre  lui  étaient  connus  depuis  longtemps,  et  dont  les 
succès  multipliés  ont  motivé  la  confiance. 

Après  vous  avoir  assuré  que  nous  regardons  la  partie  pittoresque  de 
la  restauration  du  tableau  de  Raphaël  comme  aussi  pure  qu'il  était 
possible  de  le  désirer,  la  tâche  que  vous  nous  avez  imposée  semblerait 
remplie;  mais  nous  avons  pensé  que  quelques  détails  relatifs  à  ce 
chef-d'œuvre  ne  vous  paraîtraient  pas  déplacés  ici  et  pourraient  vous 
intéresser. 


ee»  ADDITIONS  DE  L  ÉDITEUR. 

Au  premier  aspect,  toutes  les  parties  de  cet  admirable  ouvrage  sem- 
blent actuellement  être  sorties  de  la  main  de  Raphaël  ;  cependant,  en  le 
considérant  attentivement^  on  pourrait  être  surpris  de  voir  que  la  portion 
de  la  draperie  bleue  qui  couvre  le  genou  gauche  de  la  Yieige  ne  soit 
point  en  parfait  accord  de  ton  avec  les  autres  parties  de  la  même  dra- 
perie. Nous*  sommes  portés  à  croire  que  quelque  glacis'  qui  lui  donnait 
plus  de  force  de  ton  en  aura  été  enlevé;  cependant  nous  n'oserions  l'af- 
firmer. Quoi  qu'il  en  soit,  le  tableau  nous  ayant  offert  la  même  discor- 
dance avant  qu'il  eut  été  soumis  à  aucune  des  opérations  de  la  restau- 
ration, on  ne  peut  en  accuser  les  artistes  qui  y  ont  été  employés. 

Une  remarque  d'une  plus  grande  importance ,  et  que  nous  ne  tous 
présentons  qu'avec  la  plus  grande  défiance  de  nous-mêmes,  est  celle-ci  : 

La  tête  du  saint  François  offre  à  l'œil  un  trait,  une  qualité  de  teinte  et 
une  p&te  qui  diffèrent  d'une  manière  sensible  de  toutes  les  autres  parties 
de  l'ouvrage,  à  tel  point  que  nous  oserions  presque  douter  que  cette 
tête  soit  entièrement  de  la  main  de  Raphaël.  Nous  avons  cru  n'y  pas 
retrouver  la  simplicité  grande  et  le  faire  moelleux  et  vrai  qui  brillent  si 
éminemment  dans  l'ensemble  et  les  détails  de  ce  bel  ouvrage. 

Nous  n'osons  pas  nous  permettre  de  tirer  des  conséquences  absolues 
de  ces  remarques  ;  mais  nous  avons  cru  devoir  vous  les  présenter  pour 
prévenir  les  doutes  qui  pourraient  naître  dans  Tesprit  des  observateurs, 
et  qui  pourraient  leur  donner  à  penser  que  la  restauration  aurait  en 
quelque  manière  altéré  l'ouvrage  de  Raphaël.  Toute  espèce  de  doute  à  ce 
sujet  doit  être  détruite  par  l'énoncé  des  faits  suivants.  Cette  tête  était 
telle  que  nous  la  voyons  actuellement,  au  moment  où  nous  vîmes,  pour  la 
première  fois,  le  tableau  lorsqu'il  fut  arrivé  d'Italie.  Nous  limes  alors  les 
mêmes  remarques  dont  nous  venons  de  vous  faire  part. 

Nous  devons  ajouter,  comme  chose  fort  singulière  et  qui  semble  même 
devoir  détruire  tous  nos  soupçons  sur  Toriginalité  de  cette  tête,  que 
lorsque,  par  la  première  opération  {celle  de  Venlevage),  l'ébauche  et  même 
le  trait  de  Raphaël  furent  à  découvert,  nous  remarquâmes  que  le  trait  de 
cette  même  tête,  qui  était  dessinée  sur  la  première  impression  à  la  colle, 
était  véritablement  d'un  caractère  de  dessin  très-différent  de  celui  des 
autres  parties,  également  au  trait,  et  conforme,  au  moins  pour  la  masse, 
au  caractère  de  la  même  tête  terminée. 

11  résulte  de  ces  observations  que,  malgré  la  dissemblance  entre  cette 
partie  de  l'ouvrage  et  les  autres  qui  en  forment  l'ensemble,  on  ne  sau- 
rait, sans  témérité,  affirmer  que  cette  tête  n'est  pas  de  la  main  de 
Raphaël. 

11  en  résulte  encore  que  tout  soupçon  désavantageux  à  l'administration 
du  Musée  central  et  aux  artistes  qu'elle  a  employés  dans  cette  restaura- 
tion n'aurait  aucun  fondement 


ADDITIONS  DE  L'ÉDITEUR.  629 

Nous  terminons  notre  rapport  en  nous  félicitant  d'avoir  enfin  y\x  ce 
chef-d'œuvre  de  l'immortel  Raphaël  rendu  à  la  vie,  brillant  de  tout  son 
éclat,  et  par  des  moyens  tels,  qu'il  ne  doit  plus  rester  aucune  crainte  sur 
le  retour  des  accidents  dont  les  ravages  menaçaient  de  l'enlever  pour 
toujours  à  l'admiration  générale. 

L'administration  du  Musée  central  des  arts,  qui  par  ses  lumières  a 
perfectionné  l'art  de  la  restauration,  ne  négligera,  sans  doute,  rien  pour 
conserver  l'art  réparateur  dans  toute  son  intégrité;  et,  malgré  des  succès 
réitérés,  elle  ne  permettra  l'application  de  cet  art  qu'aux  objets  tellement 
dégradés,  qu'il  y  a  plus  d*avantages  à  leur  faire  courir  quelques  hasards 
inséparables  d'opérations  délicates  et  multipliées,  que  de  les  abandonner 
à  la  destruction  qui  les  menace. 

L'invitation  que  l'administration  du  Musée  a  faite  à  llnstitut  national 
de  suivre  les  procédés  de  la  restauration  du  tableau  de  Raphaël  nous  est 
un  sûr  garant  que  les  hommes  éclairés  qui  la  composent  ont  senti  qu'ils 
doivent  compte  de  leur  vigilance  à  toute  l'Europe  éclairée. 


FIN    DES    ADDITIONS   DB   L'ÉDITEUR. 


TABLE 


DES 


OEUVRES  DE  RAPHAËL 


CLASSÉES  DANS  I'QRDRE  DES  SUJETS. 


Notre  grand  catalogue  des  œuvres  de  Ikpbaël  est  classé  dans  Tordre 
chronologique.  Pour  faciliter  les  recherches,  nous  donnons  ici  la 
nomenclature  des  œuvres  classées  selon  les  sujets  qu'elles  représen- 
tent, sorte  de  catalogue  aussi,  mais  succinct,  qui  renvoie  aux  numéros 
4kl  grand  catalogue,  et  même  aux  pages  du  premier  volume  pour 
compléter  les  renseignements. 

Les  catégories  que  nous  avons  adoptées  sont  :  Sujets  de  la  Bible  (An- 
cien et  Nouveau  Testament),  —  Sujets  relatifs  au  Christ,  —  Saintes 
Familles  et  Madones,  —  Sujets  relatifs  à  la  Vierge,  —  Saints  et  Saintes, 
—  Sujets  mythologiques  et  allégoriques,  —  Sujets  antiques,  —  Sujets  re- 
latifs à  r Église,  —  Sujets  historiqties,  —  Batailles,  — <  Portraits,  — 
Sujets  divers f  Ornements,  etc. 

Viennent  ensuite  les  ouvres  relatives  h  la  Ciselure,  à  la  Sculpture  et 
à  V Architecture. 

Pour  les  Dessins,  le  môme  travail  de  classement  n'était  p«s  néces- 
saire, puisqu'ils  sont  classés  d'après  les  sujets  dans  chaque  collection 
importante. 

Nous  donnons  d'abord  dans  leur  ensemble  les  grands  travaux  de 
décoration  au  Vatican  : 


Peinture»  à  fresque  et  à  Tballe. 


La  obambre  deUa  Beffnatiini,  au  Tatiean. 

La  Théologie,  ou  la  Dispute  du  Saint-Sacre- 
ment, n*  57  du  catalogue  chroaolngique. 
Le  Parnasse,  n*  58. 
L'École  d'Albènea,  n*  59. 


Les  troii  Figures  allégoriques,  n*  60. 
L*enipereur  Justinien  donnant  les  Pandevtes. 

n«  61. 
Grégoire  IX  donnant  les  Déerétales,  n*9S. 
Figure  allégorique  de  la  Théologie,  n*  63. 

—        -*         4e  la  Poésie,  b«  64 


TABLE  DES  OEUVflES  DE  RAPHAËL. 


Le  JuiemcDl  d'IpolLon  r 


L'empereur   Aupiite    délendut     de 

brdi» 

l'Éii«idod.Tirgllft,u*7î. 

Lei  petiU   Khleani  deu  let  embntu 

tldei 

Blrengue 

Le  Bapl^n 

T^rpour  l«  déulli,  t.  H,  p.  Tî 
1.1-,  p.  110-137. 

«3  et 

Le  Doneli 
n'  Î15. 

Ue  huit  F 

SUta  appareil  i  Noé,  n*  94. 

Us  fuittbi 

LeSacHRee  d'Abrehiir.  n'es. 

de  On, 

Le  Songe  de  Jecob.  n*  96. 
Dieu  ipp*»»  i  Nulle,  n»  »T. 

Tirir  po 

BéliodoK  ebeué  du  Icmpte,  n>  SS. 

Le  HeiK  de  Bnltèae,  n'  M. 

Le  RCDCDDln  dei  bord*»  d'Allil»,  n'  1 

0. 

U  MIlTrliwe  de  unit  Pierre,  b'  101. 
Feinliirei  ia  hkI«  et  Gprei  elUgo 

iq«l, 

51  frtiq.. 
J'Aoeiei 

n*  iOÎ. 

5î' 

Kdêtaili,  t.  Il,  p.  II7-iaTe( 


m  de  Cbarlemigne,  n'  115. 


a   mr   let    Serruini, 


ir  pour  lei  d«I«il«,  t.  H,  p.  I 


SDjet»  de  la  I 


ibimbre  de  l'Htliodore,  eu  TaUcin, 
I  da  Jaoob,  fresque  au  plafond  de  le 


'ËTe,»CitUdi  bille 
iD  plifond  de  le  cbJ 


1    LeaPropfaétai,  trfi 


Dlao  appintt  i  Mo*,  rreiqae  eg  plafood  d< 

chambre  de  nWLiodorï,  au  ïaiicin,  n- ! .    ,      „.     .  ., ._. 

La  turUe*  d'Almbam,  treique  au  plafond  |  Vliiaa  d-iitobKl,  palai*  FiUi, 


,    fretqiH    <laiit   l'if'iM 


TABLE  DES  OEUVRES  DE  RAPHAËL  . 


653 


Sujets  relatifii  an  Christ. 


H«teMiie«  da  Ghrict  (disparu),  n*  111. 

Adoration  det  Borg ers,  autrefois  à  Bologne, 
n»  36. 

L'Entent  Jësos  caressé  pur  le  petit  saint 
Jean,  à  Pérouse,  n*  1. 

Tapisseries  de  Raphaël,  au  Vatican,  deuxième 
série,  tirée  de  la  Vie  du  Christ,  12  sujets 
et  ua  treizième  représentant  des  Figures 
allégoriques  (la  plupart  d*après  G.  Romano 
et  autres  élèves  de  Raphaël),  n"  197-207. 

Tapisseries  de  lUphaèl,  au  Vatican,  première 
série,  tirée  de  THistoire  des  Apôtres:  10  su- 
jets, n~  1 86-1 95. 

I>es  sept  oartons  de  Raphaël,  pour  les  ta- 
pisseries (  trois  sont  perdus  ) ,  à  Hampton 
Court,  en  Angleterre. 

Voir  pour  les  tapisseries  et  les  cartons, 
t.  Il,  p.  189-211  et  t.  !«',  p.  222-230. 

Répétition    de  ces   tapisseries  (voir  t.  Il, 
p.  212-215). 

Le  Christ  et  les  Apëtres,  fresque  dans  la 
sala  Veochia  de*  Palafrenieri,  à  Rome  (re- 
peinte par  Taddeo  Zucchero),  n^  120. 


Le  Christ  et  ses  Apôtres ,  dans  Tembrasore 
d'une  fenêtre,  chambre  délia  Segnatura,au 
Vatican,  n°  73. 

Le  Christ  sur  le  mont  des  Oliviers,  coll. 
Futler  Maitland,  eu  Angleterre,  n*  17. 

Le  Portement  de  la  Croix  (lo  Spasimo  dl 
UGilia),  musée  de  Madrid,  n**  224. 

Le  Christ  en  oroiz  et  quatre  saints  (de  la 
galerie  Fesch),  coll.  lord  Ward,  eu  Angle- 
terre, n*  6. 

Le  Christ  mis  ao  tombeau,  palais  Borghèse, 
à  Kome,  n"  48. 

Trois  petits  tableaux  ronds  :  le  Christ  assis 
sur  un  sarcophage,  saint  Lodovicus  et  saint 
Herculanus,  musée  de  Berlin,  n**  20. 

La  Résorreotion  da  Christ  ,  au  Vatican , 
n"  2. 

Fax  Tobis,  coll.  Tosi,  à  Brescia,  n*  27. 

La  Transfiguration,  au  Vatican,  n"  24 1 . 

Voir  pour  les  détails,  t.  II,  p.  290-298  et 
t.  l»Sp.  260,  276-278. 

Bcjets  relatifli  au  Christ,  dans  les  embrasures 
des  fenêtres  de  la  chambre  de  l'Incendie  du 
Bourg,  n*  119. 


Saintes  Familles  et  Madones. 


Irfi  Sainte  PamlUe  de  Naplei ,  musée  de  Na-  ' 

pies,  n*  91. 
Sainte  PamlUe  nommée  la  Ferle ,  musée  de 

Madrid,  u*  227. 
lia  Sainte  Famille  sons  le  chêne,  musée  de 

Madrid,  n"  226. 
Sainte  Famille  avec   TEnfluit  Jësns  assis 

snr  on  agneau,  musée  de  Madrid,  n*  46. 
La   Ctoande    Sainte   Famille  de    1518,  au 

Louvre,  n*  229. 
La  Petite    Sainte    Famille ,    au    Lourre , 

n*  232. 
Sainte  Famille   de   la   maison  Canigiani, 

musée  de  Munich,  u*  45. 
Sainte  Famille  aveo  saint  Joseph  sans  barbe, 

à  l'Ermitage,  vfi  38. 
Sainte  Famille   an   Palmier  ,   Bridgewater 

Galiery,  à  Londres,  n*  33. 
Madone  de  Fnligno,  au  Vatican,  n*  S4. 
L2  Vierge  à  la  Chaise,  galerie  de  Florence, 

n*  i2l. 
▼ierge  an  Chardonneret ,  galerie  de  Flo- 
rence, n*  30. 
Madone  dn   giand-dno  de  Toscane,  palais 

Pitti,  n»  21. 
Tlerge  an  Baldaqoin,  palais  Pitti,  n**  54. 


Tableau  d'autel  pour  le  monastère  de  Saint- 
Antoine  dePadoue,  à  Pérouse  :  tableau  prin- 
cipal. Madone  avec  des  saints;  le  tympan, 
avec  le  Père  Éternel  ;  tous  deux  au  musée 
de  Naples;  —  les  peintures  du  gradin  : 
Christ  aux  Oliviers,  Portement  de  croix. 
Christ  mort,  Saint  François  et  Saint  Antoine 
de  Padoue,  dispersées  dans  les  coll.  an- 
ghises,  n'*  25. 

Madone  de  la  comtesse  AlCanl ,  coll.  Al- 
faiii,  à  Përousc,  u*  9. 

Madone  A  l'Œillet ,  coll.  Spada,  à  Lucques, 
u*  49. 

Madone  da  comte  Staflk ,  coll.  délia  Staffa, 
u*  12. 

Vierge  an  Poisson ,  musée  de  Madrid , 
n*  92. 

Vierge  A  la  Rose,  musée  de  Madrid,  n*  273. 

La  Belle  Jardinière,  au  Louvre,  u»  53. 

Vierge  an  Diadème,  au  Louvre,  n*  83. 

Petite  Madone  de  la  galerie  d'Orléans, 
coll.  Delessert.  à  Paris,  ii"  39. 

Vierge  aveo  saint  Jèrdme  et  saint  Fran« 
çois,  musée  de  Berlin,  u**  10. 

Madone  da  dao  Terranuova ,  musée  de 
Berlin,  u»  22. 


634 


TABLE  DES  OEUVRES  DE  RAPHAËL. 


Bladone  d«  U  eoU.  Bolly ,  mutée  de  Berlin , 
n»  7. 

aUdon«  de  la  maison  Goloana,  mutée  de  Ber- 
lin, n*  5Î. 

La  Bladone  d«  Salot-Slzto,  mutée  de  Dretde, 
n»  238. 

La  ▼large  dalla  Tanda ,  mutée  de  Huoieb, 
!!•  iii. 

Madone  de  la  maison  Templ,  mutée  de  Mu- 
nich, n*  32. 

▼lerfe  dans  la  rralrie ,  mutée  de  Vienne , 
n*  31, 

La  Vlerfo  avec  les  deux  Snfuitt,  galerie 
Etterhazy,  à  Vienne,  n*  55. 

Bladone  de  la  maison  d'Albe,  à  TErmitage, 
n«  8!. 

Madone  de  la  galerie  Bridf  ewater  (autre- 
foit  à  la  galerie  d'Orléans),  Bridgewater 
Galieryi  k  Londret,  n*  89. 


Madone  de  la  ftndlle  Auldel,  coll.  due  da 

]lar|bor<nigfa,  en  Angleterre,  n*  26. 
Madone  de  lord  Gowper,  1508,  coU.  lord 

Co'wper,  en  Angleterre,  n*  51. 
Petite  audone  de  lord  Gowper,  Ters  i  SOS, 

eoll.  Iprd  Cowper,  en  Angleterre,  n*  S3. 
Madone  de  la  maison  Aldobrandlni ,  coU« 

lord  Gravagh.  en  Angleterre,  n*  82. 
La  Tlerge  aux  Candélabres,  coU.  Monro,  t 

Londret,  u*  223. 

Madone  avec  l'Enflant  debout ,  autrefois  à  la 
galerie  d'Orléaat,  aujourd'hui  ea  Angle- 
terrf,  n**  90. 

yierge  aveo  rBnteni  Jésus  iHBdoraal  ^lîft* 

paru),  n*  50. 

audonna  di  Loreto  (dltpara);  répétitions; 

«•  80. 


Sujets  rdUitifii  à  la  Vierge. 


Mariage  de  la  Vierge  (le  Spotalisio),  à  la 

Breraà  Milan,  n"  15. 
L'Annonolatlon ,  embrature  de  fenêtre  dant 

la  chambre  de  THéltodore,  n*  103. 
La  Tlaltatlon,  musée  de  Madrid,  n"  225. 
Gonronnement  de  la  Vierge ,    au   Vatican 

(peint  en  1503?},  u»  11. 


Le  Georonnement  de  la  Vierge,  au  Vatican 

(terminé   par   G.    Romano  et  F.   Peoni), 

«•  248. 
Le  Gonronnement  de  la  Vierge,  tapisterie 

(ditparue^  pour  Tautel  de  la  chapelle  Six- 

tiue,  n°  196. 


Saints  et  Saintes. 


Saint  Angottln  an  bord  de  la  mer,  au  ton- 
battement  de  la  chambre  délia  Segnatura,  au 
Vatican,  n*  74. 

Saint  George  aTOC  l'épée,  au  Louvre,  n**  18. 

Saint  George  armé  de  la  lanoe ,  à  PEnni- 
tage,  n*  37. 

Saint  Jea»-Baptiste ,  galerie  de  Florence, 
n*  240. 

L'Archange  saint  Michel,  au  Lourre,  n^  228. 

Peut  Saint  Michel,  au  Louvre,  n**  19. 

Les  Archanges  Michel  et  Raphaël ,  Natio- 
nal Gallery,  n*  3. 

Gonronnement  de  saint  Mloolas  de  Tolen- 
tino,  autr«;roia  à  Città  di  Casteilo,  n"  5. 

La  DéllTrance  de  saint  Pierre,  fretque  dant 
la  chambre  de  i'Iiéliodore,  au  Vatican, 
n«  101. 


Saint  Sébastien,  coll.  Lochit,  à  Bergame* 

n«  16. 
Fres<ine  A  san  Severo  :  Bénnion  de  saints 

Camaldulet   autour    de   la   Sainte-Trinité, 

n»  29. 
Sainte    Gatherlne   d'Alexandrie,    National 

Gallery,  n"  47. 
Sainte  Géolle,  musée  de  Bologne,  n°  109. 
Martyre  de  sainte  Gécfle ,  fresque  dans  le 

chapelle  de  la  maison  de  chas«e  do  pape 

(aujourd'hui   courent    des    relifieotes    de 

Sainte-Cécile,  à  Transtevere),  n*>  208. 
Marie-Madeleine  et  sainte  Oatherlne,  eoll. 

Cumuccini  (en  1845),  à  Borne,  n*  8. 
Sainte  Marguerite,  au  Louvre,  n*  230. 
La   Sainte   Margoerite  de    la   galerie   de 

Vienne,  répétition  de  celle  de  LooTre,  f[a« 

lerie  de  Vienne,  n*  231. 


Sujets  mytboloiclqnes  et  aliéfforlqnes. 


Le  Pamaase ,  fretque  dant  la  chambre  délia 

Segnatura,  au  Vatican,  n'  58. 
Le  Jugement  d'ApoUén  contre  Marsyas, 

au  plafond  de  la  chambre  délia  Segnatura, 

au  Vatican,  n*  68. 


Figure  allégorique  de  la  Poésie,  au  plofond  de 
la  chambre  délia  Segnatura,  au  Vatican,  n*  64. 

Figure  allégorique  4e  la  Théologie,  an 
plafond  de  la  chambre  délia  Segnatura,  an 
Vatican,  n*  63. 


TABLE  DES  OEUVRES  DE  RAPHAËL. 


655 


allëforlque  de  la  Philosophie,  au 
plafond  de  la  chambre  deila  Segnatura, 
n»65. 

Vlffttre  allégoriqae  de  la  Jariaprtidence,  au 
plafond  de  la  chambre  délia  Segnaiura,  au 
Vatican,  n"  66. 

laes  trois  Flffores  alléffoultoes,  la  Prudence, 
la  Force ,  la  Modération ,  fresque  dans  la 
chambre  délia  Segnatura ,  au  Vatican, 
»•  60. 

r^  CSontemplation  des  astres ,  ou  l'Astrono- 
mie, au  plafond  de  la  chambre  délia  Segna- 
tura, au  Vatican,  n"  69. 

I>a  Philosophie  spéculative,  au  soubassement 
de  la  chambre  délia  Segnatura,  au  Vatican, 
n»  74. 

lA  Science  des  choses  divines,  au  soubas- 
sement de  la  chambre  délia  Segnatura,  au 
Vatican,  n*  74. 
Douze  rifures  allégoriques  et  douze  petites 
oonapositions  symboliques,  dans  les  socles 
de  la  chambre  de  l'Héliodore,  au  Vatican, 
u»  102. 


La  ca&ambre  de  bain  pour  le  cardinal  da 
Bibiena ,  ah  Vatican ,  sept  sujets  mytholo- 
giques, à  fresques, u"  209-215,  six  Amours 
victorieux,  au-dessous  des  fresques  princi- 
pales, n"  2t6,  et  Cupidon  et  Pan,  au  pla- 
fond, n*>  217. 

Voir  pour  les  détails,  t.  II,  p.  228-233  et 
t.  1",  p.  235-239. 

Oalatée,   fresque  k  la  Farnesina,  à  Rome, 

n»  106,—  Voir  t.  1",  p.  192. 
XfOges  delà  Farnesina,  sujets  tirés  de  la  fable 

de  rAmoar  et  Psyché,  fresques,  n*>  239. 

Voir  pour  les  détails,  t.  II,  p.  281-287  et 
1. 1«  p.  238. 

Les  trois  OrAoet,  coll.  lord  Ward,  en  Angle- 
terre, n°  42. 

Tapisseries  (disparues)  avec  des  Amours 
Jouant,  cinq  sujets,  sans  n**,  t.  Il,  p.  225- 
226. 

Vision  d'un  Chevalier ,  National  Gallery, 
n-  13. 


Sujets  iintiqnes. 


Les  Sibylles,  fresques  à  Santa  Maria  délia 
Pace,  à  Rome  :  la  Sibylle  de  Cumes,  la'Per- 
sique,  la  Phrygienne  et  la  Tiburtine,  d"  1 05. 
—  Voir  t.  I«r,p,  156. 

La  Sibylle  de  Tibur,  au  soubassement  de  la 
chambre  delU  Segnatura,  au  Vatican, 
v9  74. 

Discours  de  Solon  an  peuple  grec,  au  sou- 
bassement de  la  chambre  délia  Segnatura, 
au  Vatican,  u°  74. 

Le  HEariage  d'Alexandre  et  Roxane,  fresque 
à  la  \illa  Raphacl,  à  Rome,  n**  218. 

Alexandre  le  Grand  faisant  déposer  les 
œuvres  d'Homère  dans  le  tombeau 
d'Achille,  grisaille  sous  le  Parnasse,  dans 
la  chambre  délia  Segnatura,  au  Vatican, 
no  71. 

Z«  luffement  de  Séleocus,  dans  Tembrasure 


d*une  fenêtre,  chambre  della  Segnatura,  au 
Vatican,  n»73. 

Siège  de  Syracuse ,  au  soubassement  de  la 
chambre  della  Segnatura,  au  Vatican,  n**  74. 

La  Mort  d'Archimède ,  au  soubassement  de 
la  chambre  della  Segnatura,  au  Vatican, 
u*  74. 

L'école  d'Athènes,  fresque  dans  la  chambre 
della  Segnatura,  au  Vatican,  n'*  5'.>. 

L'Empereur  Auguste  défendant  de  brûler 
l'énéide  de  Virgile ,  grisaille  sous  le  Par- 
nasse, dans  la  chambre  della  Segnatura,  an 
Vatican,  n«  72. 

Un  SacrlSce  païen ,  au  soubassement  de  la 
chambre  della  Segnatura,  au  Vatican,  n*  74. 

Savants  orientaux  et  Magiciens,  au  soubas- 
sement de  la  chambre  della  Segnatura,  au 
Vatican,  u**  74. 


Sa|eÉ»  relatifs  à  l'Église. 


La  Théologie,  ou  la  Dispute  du  Saint' 
Sacrement,  fresque  dans  la  chambre  deila 
Segnatura,  au  Vatican,  n"*  57. 

Béliodore  chassé  du  Temple,  fresque  dans  la 
chambre  dite  de  THéliodore,  au  Vatican, 


n«  98. 


La  Messe  de  Bolsène,  fresque  dans  la  chambre 
de  rHcliodore,  au  Vatican,  n*  99. 

Le  Baptême  de  Constantin,  dans  la  salle  de 
Constantin,  au  Vatican,  n*  244. 


Harangue  de  Constantin  à  ses  soldats,  dans 
la  salle  de  Constantin,  au  Vatican,  n**  242. 

La  Donation  de  la  ville  de  Rome  au  pape, 
salle  de  Constantin,  au  Vatican,  n*>  245. 

Oonstantin  donnant  la  ville  de  Rome  au 
pape,  embrasure  de  fenêtre  dans  la  salle  de 
rileliodore,  n«  103. 

Sujets  de  l'Histoire  de  Constantin,  pein- 
tures des  socles,  dans  la  salle  de  Constantin, 
au  Vatican,  n*  247. 


CÔB 


TABLE  DES  OEUVRES  DE  RAPHAËL. 


Ck»nroAB«m«ni  d«  Gharlenufno,  Tresque  dans 
la  chambre  de  l'Iocendie  du  Boarg,  au  Yati- 


caDf  n* 


li5. 


Oréfolr*  DE  donnant  les  Déorétalet,  fres- 
que  dam  la  chambre  délia  Segnatura,  au 
Vatican,  n*  62. 

Le  Serment  de  Léon  m ,  fresque  dans  la 
chambre  de  T Incendie  du  Bourg,  au  Vati- 
can, n**   114. 

L'Incendie  do  Bonrf ,  fresque  dans  la  chambre 
qui  porte  ce  nom,  au  Valican^  u**  116. 


Six  Frotecteore  de  rifUae  Romaiae,  dent 

les  socles  de  la  chambre  de  rinoendfe  de 
Bourg,  au  Vatican,  n*  118. 
Les  hait  Papes  «Tec  les   lifores   elléco- 
rlqnes ,  salle  de  Constantin ,  au   Tatieon, 


n 


0     4 


46. 


Un  Pape  célébrant  la  Messe,  embrasure  de 
fenêtre  dans  la  chanibro  de  l'Uéiiodore, 
n«  103. 


La  Bataille  de  Constantin,  salle  de  Constan- 
tin, au  Vatican,  n*  243. 

La  Rencontre  des  hordes  d'Attila,  fresque 
dans  la  chambre  de  rHéliodore,  aa  Vatican, 
»•  100. 


La  Victoire  remportée  sur  les  SarraaiBs, 

fresque  dans   la  chambre  de  riuocudie  du 
Bourg,  au  Vatican,  n'  117. 


Portraits. 


Portrait  de  Raphaël,  par  lui-même,  galerie 
de  Florence,  n*  4 1 . 

Portrait  de  Raphaël  (disparu),  deux  répéti- 
tions, n"  77. 

Portrait  dn  pape  Jnles  n ,  palais  Pitti, 
n»  75. 

Portrait  de  Léon  Z,  avec  les  cardinaux  Jules 
de  Médicis  et  Luuis  de  Rossi,  palais  Pitti, 
n"  2J4. 

Portrait  de  Lanrent  de  Médlcls ,  duc  d'Ur- 
bin  (disparu),  u»  235. 

Portrait  de  Qlollano  de'  Medlol,  galerie  de 
Florence,  n*  107  (?). 

Portrait  de  Bemardo  DotIxIo  da  BlMena, 
musée  de  Madrid,  n**  108. 

Portrait  de  Ouldubaldo ,  duc  d*Urbia  (dis- 
paru), n®  40. 

Portrait  do  comte  Baldassare  Gastlgllone, 
au  Louvre,  n"  112. 

Portrait  du  Marchese  Federico  de  Man- 
toue,  coll.  Lucy,  en  Angleterre,  n^  76. 

Portraits  d'Andréa  Navagero  et  d' Afostino 
Beassano  (disparus),  copie  à  la  galerie 
Doria,  à  Rome,  où  ils  passent  pour  Bartolus 
et  Baldus,  n"  220. 

Portrait  d'Antonio  Tebaldeo  (disparu), 
II»  219. 


Portrait  de  Blndo  Altoviti ,  musée  de  Mu- 
nich, n»  89. 
Portrait  de  Phaodra  Inghlrami,  palais  PitU, 

n»  104. 
Portraits  d'Angelo  Donl.et  de  Maddaleaa 

Btroszl,  sa  femme,  palais  Pitti,  n°  34. 
Portraits  de  deux  moines,  don  Blasio  et  don 

Ballasar ,    du  monastère   de  Vatlombrosa, 

Académie  de  Florence,  n"  43. 
Portrait  do  Violoniste ,  palais  Seiarra  Co- 

louna,  à  Rome,  n**  236. 
Portrait  d'un  Jeune  homme  de  la  maieoa 

Rlcoio,  musée  de  Munich,  n"  24. 
Portrait   d'un  Jeune    homme ,  au  Lou-rre, 

n"  79. 
Portrait  d'un  Jeune   homme ,    Kensingfoo 

Uallerv,  à  Londres,  u°  14. 
La  Blattresse  de  Raphaël,  palais  Pitti,  n* 237. 
La  Maltrease  de  Raphaël,   galerie   Barbe- 

rini,  à  Ri»me,  n*  78. 
Portrait  de  Jeanne  d'Aragon,  an  Lourre, 

n«  233. 
Portrait  d'une  Jeune  femme,  palais  Pitfi, 

n"  44. 
Portrait  de  femme ,   galerie  de   Florence, 

n"  87. 
Portrait  de  femme,    galerie  de  Florence, 

u"  35. 


Sajet»  dlTers,  Ornements,  etc. 


L'empereur  Justinien  donnant  les  Pan- 
dectes  ,  fresque  dans  la  chambre  dcUa 
Segnatura,  au  Vatican,  n"  Çl. 

Deux  Enfants  avec  les  armes  de  Jules  n, 
peints  dans  la  chambre  d'Innocent  Vlli,  au 


Vatican  :  un  des  Enfants  à  l'Académie  de 
S.   Lue ,  à  Rome  ;  Tautre ,  en  Angleterre, 
n»86. 
Six  petits  paysages ,  an  soubassement  de  la 
chambre  délia  S^natura,  au  Vatican,  n<*  74. 


TABLE  DES  OEUVRES  DE  UAPHAEL. 


637 


Clselare  et  Scalptare. 


Aessins  pour  deux  pUta,  n*'  1 . 

Dessins  pour  une  médaille,  n**  2. 

Les  statues  des  Prophètes  ^onas  et  élie, 

en  marbre,  par  Lorenzetto,  u"  3. 
L'Enfant    mort    porté    par    on    Daophin , 

groupe  en  marbre,  n"  4. 


Destin  poor  un  vase  i  parflims,  n"  5. 
Modèle  ponr  une  fontaine  (la  Fontaua  délie 

Tartarughe),  o"  6. 
Dessin  ponr  le  ooin  d'une  monnaie,  n*'  7. 
Autres  dessins  pour  des  ouTrafes  de  soulp- 

ture,  p.  377-379. 


ArchlÉectare. 


Plan  pour  l'èf  Usa  Saint-Pierre,  à  Rome,  n*  1.  |  Plan  de  la  maison  de  Raphaél,  n«  6. 
Plan  pour  la  ohapelle  COilgi,  2i  Rome,  n"  2.      pian  pour  la  oour  de  8.  Damaso,  au  ' 


Paçade  pour  l'éffllse  San  Lorenxo,  à  Flo- 
rence, n**  3. 

Plan  pour  l'éf  lise  San  Giovanni  Battista 
dei  FiorenUni,  à  Rome,  n"  4. 

Plan  pour  la  restauration  de  l'éfllae  S. 
Maria  In  Domenloa,  à  Rome,  n**  5. 


"Vatican, 
n»  7. 
Plan  pour  différentes  maisons  partionllères, 

n»  8. 

Voir  pour  les  détails,  t.  II,  p.  391-397. 


TABLEAUX  ATTRIBUÉS  A  RAPHAËL 


SojetA  tirés  de  rHifttoIre  «alnte. 


et  Eve  (par  Hariotto  Albertinelli?), 

n»  Î49. 
Le  SaoriAce  de  Oaïn  et  d'Abel,  en  Angle- 
terre, n*  250. 
Hoé  entrant   dans  l'Arobe  (par  un  peintre 

néerlandais),  n**  251. 
Elisée  ressusoite  trois  jeunes  f  ens  (par  le 

Pinturicchio?),  no252. 
Judith  (par  le  Moreto?),  à  T Ermitage,  n»  253. 
L'Annonoiation  (disparu),  n**  254. 
La  Halssanoe  du  Christ  (par  Lorenzo  di  Credi), 

n»  255. 
La  Valssanoe   du  Ghriit  (par   le   Spagna)^ 

n"  256. 
L'Adoration  des  Matea  (par  le  Spagna?), 

acheté  par  le  musée  de  Berlin,  n**  257. 
La  Sainte  Gène  (par  le  Spagna?),  ancien 

courent  des  nonnes  de  S.  Onofrio,  à  Flo- 


rence, n" 


258. 


Le    Christ    aux    Oliviers,   en   Angleterre, 

n"  259. 
Le  Baptême  du  Christ  et  la  Résurreotion, 

deux  petits  tableaux  (école  du  Pérugin?), 

musée  de  Municb,n*  260. 
Deux  petits  tableaux,  autrefois  dans  Téglise 

S.  Pietro  Maggiore,  à  Pérouse,  une  Madone 

et  le  Christ  mort  (disparus),  n»  261. 
Petit  tableau  dans  la  maison  paternelle  de 

Raphaël  (disparu),  n«  262. 
Divers  tableaux  représentant  le  Christ  en 

Croix,  n"  263. 
Jésus-Christ  en  prière  (école  du  Pérugin?), 

n°  264. 
Les   runéraUlM   de    U   Vlergo   (disparu), 

ne  265. 
L' Assomption  de  la  Tierce,  en  Angleterre, 

n«  266. 
Le  Jugement  dernier  (disparu),  n**  267. 
Les  Martyrs,  eu  Angleterre?  n*  268. 


«38 


TABLE  DES  OEUVRES  DE  RAPHAËL. 


Sainte»  familles  et  Madones. 


d«ll' 


n»  269. 


paUit     PilU  j 


!••  BApos  en  Éfypte ,    mutée  de  Vienne, 

n-  Î70. 
Madonna  del  pMieffCio,  répétitions  ou  copies 

à  Bridgewater  Gailery,  à  Londres,  au  musée 

de  Naples,  etc.,  n**  271. 
La  Vierge  dans  les  Ralnea,  autrefois  dans  la 

sacristie  de  l'Escurial,  n**  272. 
Madooe  de  la  maison  DiotUevl,  musée  de 

Berlin,  n»  274. 


Madone  dn  oomto  Biaenso,  Stfldeische  bo- 

litul  à  Francfort -sur-peîn,  n»  275. 
La  Vierge   donnant  Ém  fleurs  à  l'Bnftat 

Jésos ,  Kateritf  de  Florence ,  palais  Ber- 

gbèfte,  etc..  n' 
La    Vierge 

0*277. 
La  Vierge  aveo  des  Ba:ato,  ooU.  de  eomle  de 

Waiwiclc,  en  Angleterre,  n"  278. 
Diverses  Madones  attribuées  à  Raphaâ,  t.  U, 

p.  337-345. 


i76. 
la  Prairie,  à  rEnnitage, 


Sojeta  religieux. 


Les  Cinq  Saints  (par  Giulio  Romano?),  à  l'A- 
cadémie de  Parme,  n**  279. 

Saint  Lno  faisant  le  portrait  de  la  Vierge,  & 
l'Académie  de  Rome,  n**  280. 

Saint  Jérôme  (di^aru),  n«  281. 

Saint  Jean  révangéllste,  musée  de  Marseille, 
n"  282. 


Les  ApAtres  saint  Herre  et  sifAt  Penl  (pv 
fra  Bartoloroeo?),  au  palais  da  Qinrinal,  i 
Rome,  n"  2B3. 

Marie-Madeleine  (disparu),  n«  284. 

Divers  tableaux  de  Saints ,  attribués  à  Ra- 
phaël, t.  II,  p.  351-352. 


Sujets  mytbolosiqnea  et  allésoriqnes. 


La  Charité  et  l'Bspéranee,  deux  petits  ta- 
bleaux (par  F.  Penni?},  autrefois  galerie 
Borghèse,  aujourd'hui  en  Angleterre,  n**  235. 

La  raix  (par  Timoteo  Viti?},  n»  286. 

Les  Heures  du  Jour  et  de  la  nuit ,  douze 
figures  de  femmes  sur  fond  noir,  n**  287. 

Apollon,  la  Lune,  oinq  Planélea,  et  quatre 
étoiles  du  sodiaque,  onze  sujets  au  plafond 
de  la  salle  Borgia,  au  Yalican  (par  G.  da 
Udine  et  P.  del  Yaga),  n"  288. 

Quatre  sujets  mythologiques,  tirés  du  vesti- 


bule  de  la  villa  Hadama  (2  par  G.  Romano, 

2  par  G.  da  Udine?},  n<*  289. 
Achille  â  Scyros  et  Aohille  reoonnn  par 

Ulysse ,  2  peintures  murales  dans  la  Tilla 

Madama  (école  de  Raphaël!,  n*  290. 
Diane  et  Gallsto,  Saturne,  Vénus,  figures  au 

plafond  de  la  salle  du  rez-de-chaussée  de  la 

Famesina  (par  Baldassare  Peruzzi),  n"  291. 
Heptune    et    Amymone ,    en    Angleterre, 

n*  292. 
Apollon  et  Marsyas  (par  Timoteo  Titi?),eoil. 

Moris  Moore,  en  Angleterre,  n**  293. 


Portraits. 


Raphaël  et  son  maître  d'armes,  au  Louvre, 

nȕ94. 
Portrait  de  Frédéric  Garondelet,  coll.  des 

ducs  de  Grafton,  à  Londres, n"  295. 
Portrait   de    monsignore  Lorenao  Puooi , 

coll.  de  lord  Aberdeeu  ,    en  Angleterre, 

n»  296. 
Portratt  du  cardinal  BorgU,  palais  Borghèse, 

a  Rome,  n"  297. 
Portrait  du  cardinal  Antonio  del  Monte? 

de  la  galerie  du  cardinal  Fesch,  no  298 . 
mato^nU  portraiU  de  cardinaux,  attribués 

a  Raphaël,  p.  359-360. 


Portrait*  4e  la  M8iltr«see  de  Rapba«l,  eofl. 

Harlborough,  en  Angleterre,  et  à  l'Ermitage, 

n«  299. 
Portrait  d'une  Jeune  dame,  musée  Kestaer, 

à  Hanovre,  n**  300. 
Portrait  de  O.  F.  Pennl,  le  Fattore,  de  la 

galerie  du. roi  de   Hollande  Guillaume  II, 

n''301. 
Portrait  du  Parmesan,  en  Angleterre,  n*302. 
Portrait  de  Giovanni deluaasa(parSalviati?), 

à  Rome,  303. 
Portraito  de  César  Borgia,   palais  BorgbèfS 

et  coll.  Castelbarco,  à  Milan,  u"  304. 


TABLE  DES  CfiUVRES  DE  RAt>UAËL. 


639 


Fortrattg  de  F.  Baïunaro,  coll.  Lancelotti,  à 

Naplea  et  à  rBrmilage,  ii«  305. 
Portrait  d'un  Chartreux  ,  coll.  Spieker,  à 

Berlin,  n**  306. 
Portrait  d'où  Jeune  homme,  au  Loovre  (ca- 
talogué comme  Francia),  n*  307. 
Portrait  d'un  hoBuno  en  manteau  roufe, 

n*  308. 
Portrait  d*un  jeune  homme  (  par  R.  Ghir* 

landajo?),  musée  de  Montpellier,  n*  309. 
Portrait    d'un   Jeune    homme ,    au   palais 

d'Albe,  il  Madrid,  n«  310. 
Portrait  de  femme ,    galerie    de    Modèoe, 

n"  311. 
Portraita  de  Blaro  Antoine  Ralmondi,  coll. 

Parade  de  l'Estang,  à  Âix,  et  Vallardi,  à 

Milan,  n«  312. 
Portrait  de  U  Mère  de  Raphadl,  musée  de 

Naples,  n^  313. 
Portrait  d'un  Jeune   aeigneur,   musée  de 

Naples,  n"  314. 


Portrait  de  l'Apothicaire  de  Raphaël,  musée 

de  Copenhague,  n*  315. 
Portrait  d'un  Jeune  homme,  eu  Angleterre, 

n«3l6. 

Portrait  d*un  Jeune  homme,  musée  de  Bruns- 
-wick.  »•  317. 

Portrait  d'un  Jeune  homme  ,  de  la  galerie 

d'Orléans  (disparu),  u**  318. 
Portrait  d'une   femme  ifée ,  de  la  galerie 

d'Orléans,  n"  319. 

Portrait  d'Alphonae  d'Bate,  duc  de  Ferrare 

(c'est  un  puriiait  du    Giorgione ,    par    le 

Titien),  n«  320. 
Portrait  de   Françola  I*'',    roi  de    France, 

n»  321. 
Portrait  d'un  chanoine,  n**  322. 
Portrait  d'une  ducheate  italienne,  n*  323. 
Portrait  de  Taddeo  Taddei ,  coll.  Manni,  à 

Rome,  u*  324. 


FIN  DE  LA  TABLE   DES  OEUVRES  DE  RAFRAEL. 


Paris.  —  Imprimerie  de  P.-A.  BOURDIER  et  C'\  rue  Maxarine,  30. 


ADDITIONS  PT  CORRECTIONS. 


PagM.   làpm, 
S^,    13,    aiouiqt  :    te  cartoo  dd  la  Prédicatioa  de  saint  /ean-Baptiste  doit  se 

trouver  dans  la  collection  dv  capitaine  Stirling,  à  Lon- 
dres. (Voyez  Waageo,  Treaptrei  of  arlt  in  Great  Britain, 
I.  Il,  p.  316.) 
41,    30,  t^mUt*  à  la  note  3  :  Le  tableau  de  l'Aiioration  des  Bergers,  qui  est  à 

Madrid,  a  été  reconnu  aonaaie  étant  une  peinture  d'un  des 
dlèves  de  Raphaël ,  dont  la  manière  se  rapproche  de  celle 
de  Jules  Romain. 
66,      8,  OM  Uoâ  4e  :  Paiishangar,  li$ex  :  Penshan^^r. 
83,      3,         >  Du  Propylée,  lises  :  des  Propylieen. 

138,      5,    0jouki  :    Une  répétition  du  même  portrait  se  voyait  autrefois  dan^ 

la  maison  Xnghirami ,  à  YoUerra,  où  elle  passait  pour  l'o- 
riginal. Ce  tableau  se  trouve  à  présent  à  Florence.  On  le 
dit  bien  supérieur  à  celui  du  paJais  Pitti. 
I^,    SO,         »  Un  tableau  qui  représente  la  figure  seule  de  la  sainte  Cécile 

a  été  acheté  à  Bologne  pour  le  roi  Louis  de  Qavière.  Les 
connaisseurs  4e  considèrent  x<omJ)fie  une  ancienne  copie. 
217,      8,  »  Le  comte  RacKynski,  dans  son  Oirtionnaire  historique  et 

priisiique  eu  Porluçajl,  p.  134,  rapporte  ce  qui  suit: 
Dans  un  exemplaire  de  Vasari,  édition  de  Florence. 
1568,  qui  a  appartenu  à  François  de  Hollande  'né  en  Por- 
tugal eu  1517  AU  1518,  mort  en  1584).  et  qui  se  trouve  au- 
jourd'hui encor;B  à  la  Bibliothèque  publique  de  Lisbonne, 
p.  83 ,  article  de  ia  vie  d^  AçLphaël  d'jUrbin ,  là  où  il  est  fait 
mention  des  riches  tapisseries  que  Je  pape  Léon  X  com- 
manda en  Flandre  d'après  les  dessins  de  Raphaël,  pour  la 
somme  de  70,000  scudi,  on  lit  en  marge,  et  de  la  main  même 
de  Français  de  Hollande,  la  note  suivante  :  «  Bolonha  (Vin- 
c  cidore  da  Bologna)  alla  en  Flandre  faire  exécuter  ces  tapis 
«  d'après  les  dessins  de  moB  père  Antoine  de  Hollande,  avec 
c  lequel  il  se  trouvait  en  concurrence  relativement  à  cette 
/  commande.  »  Plus  loii^^  au  commencement  de  la  vie  de 
jGiov!  Francesco  (Âl  Fatj^ç^e),  p.  145,  on  trouve  cette  autre 
note  :  c  Celui-ci  s'appelait  Bolonha,  et  s'étant  rendu  en 
<  F^uadre  afi^n  d'y  /^irç  cgjt^t^çlionnw  les  tapis  du  pi^e 

II.  41 


6i2  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

Pagca«   Lignw. 

«  Léon  X  d'après  les  dessins  de  Raphaël  et  d'après  les  siens, 
c  et  ayant  vu  les  dessins  de  mon  père,  que  l'infant  D.  Fer- 
<  nando  faisait  alors  enluminer  par  Simon  de  Bruges,  il  en 
«  fit  d'autres  en  concurrence  avec  ceux-ci,  mais  Simon 
«  choisit  ceux  de  mon  père  et  les  enlumina  parfaitement 
«  bien.  »  Ces  assertions  de  François  de  Hollande  sont  pen 
certaines  et  même  fautives.  D'abord,  il  confond  Vincidora 
da  Bologna  avec  Giovanni  Francesco  Penni ,  qui  jamais  n'a 
visité  les  Pays-Bas.  Puis,  les  tapisseries  représentant  les 
Actes  des  Apôtres,  déjà  exposées  en  1519  dans  la  chapelle 
Sixtine,  à  Kome,  ne  peuvent  guère  avoir  été  exécutées  sons 
la  surveillance  de  Vincidore  da  Bologna,  qui  se  trouvait,  à 
la  vérité,  en  Flandre  en  1530  ou  1531,  ainsi  que  nous  l'ap- 
prend le  journal  d'Albert  Diirer,  mais  rien  ne  prouve  qu'il 
fût  déjà  en  Flandre  vers  1516,  époque  à  laquelle  les  cartons 
de  Raphaël  y  ont  été  envoyés.  Si  réellement  il  avait  été 
chargé  d'une  pareille  mission  à  cette  époque,  il  est  pins 
probable  qu'il  aurait  surveillé  l'exécution  de  la  seconde 
suite  des  tapisseries,  représentant  des  sujets  de  la  vie  da 
Christ,  suite  exécutée  pour  François  I**,  roi  de  France,  d'a- 
près des  esquisses  de  Raphaël  et  de  ses  élèves.  On  peut 
même  supposer  que  Vincidore,  sinon  Antoine  de  Hollande , 
a  fait  quelques  cartons  de  cette  suite:  ce  qui  semble  d'autant 
plus  vraisemblable  que  quelques-unes  de  ces  tapisseries' 
trahissent  dans  leurs  accessoires  la  manière  néerlandaise. 
En  outre,  il  parait  qu'il  y  a  confusion  dans  les  souvenirs  do 
François  de  Hollande  lorsqu'il  parle  des  tapisseries  que  le 
pape  Léon  X  fit  faire  en  Flandre  d'après  les  dessins  de 
Raphaël ,  et  qu'il  dit  ensuite  que  l'infant  D.  Fernando  en 
avait  fait  dessiner  les  cartons  par  Antoine  de  Hollande  pour 
qu'ils  fussent  enluminés  par  Simon  de  Bruges.  Ces  circon- 
stances prouvent  évidemment  qu'il  s'agit  ici  de  tapisseries 
tout  à  fait  différentes  de  celles  qui  furent  exécutées  d'après 
les  esquisses  de  Raphaël.  ïl  ressort  d'une  lettre  de  l'an 
1530,  adressée  d'Anvers  à  l'infant  par  Damien  de  Goes, 
alors  ambassadeur  en  Flandre,  que  ce  prince  a  fait  faire  des 
tapisseries  cette  année-là,  mais  nous  ne  savons  s'il  s'agit 
ici  de  celles  que  cite  François  de  Hollande.  (Voyez  Ut  Ârtt 
en  Portugal f  par  M.  le  comte  A.  Raczynski.  Paris,  1846, 
p.  200.) 
225 ,      3 ,    ajoules  :    L'Adoration  des  Mages,  gravée  par  Banzo,  et  la  Présentation 

au  Temple,  gravée  par  Persichini,  sont  des  estampes  qui 
reproduisent  les  compositions  du  gradin  appartenant  au 
Couronnement  de  la  Vierge  de  1503,  lequel  fait  partie  de 
la  galerie  du  Vatican. 
239 ,    36 ,  «1*  Keu  de  :  NAVGERIVS ,  litex  :  NAVAGERIVS. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS.  643 

Pages.    Ligues. 

245,    34,  ai*  lieu  de  :  Orviétains ,  liiez  :  Olivctains. 
254,    37,  »  M.  D.  XVlI.iiicz.M.  D.XYIII. 

259,    26,         >         Rafaele  délie  Colle,  lUez  :  Rafaele  del  Colle. 
284,    23^         »  Se  trouvait,  lisez  :  se  trouve  dans  la  collection  de  M.  Jules 

Canonge,  qui  aurait,  dit-on,  la  bonne  pensée  de  la  léguer 
à  la  collection  du  Louvre  par  testament. 

322,    41,  >  Ghesi ,  fûe2  :  Jesi. 

326 ,    31 ,    ajoutes  :    Ce  petit  Ubleau  de  l'Assomption  de  la  Vierge  est  oblong  en 

largeur.  Le  style  du  dessin  et  de  la  peinture  rappelle  la 
manière  de  l'école  lombardo -vénitienne  au  commence- 
ment du  seizième  siècle.  L'exécution  en  est  très-soignée, 
et  les  têtes  des  apôtres  sont  pleines  d'expression. 

344,    14,         »         La  Madone  dite  de  la  maison  Taddei  n'a  aucun  rapport 

avec  Raphaël.  C'est  un  tableau  insignifiant  de  l'école  du 
Pérugin. 

351 ,    36,  au  lieu  de:  Qui  est  à  Munich ,  lises  :  et  qui  est  à  Munich. 

391,      3,         »  Giuliano  da  Mariano ,  ZûM  :  Giuliano  da  Maiano. 

412,    39,    ajoutes  ;    Ces  peintures  sont  devenues  la  propriété  du  gouvernement 

pontifical  ;  elles  doivent  se  trouver  à  présent  dans  la  col- 
lection de  Saint-Jean  de  Latran. 

424,      1 ,  fltt  (tett  de  :  Est  un  joli  ouvrage  de  Filippino  Lippi,  lises  :  rappelle  la 

composition  de  la  petite  Madone  de  lord  Cowper. 

456 ,    30,         »  '^     Verstolk  van  Zoel*n ,  lises  :  Verstolk  van  Soelen. 

458,    37,         »  Hollwey,  lises  :  Hollweg. 

530,    35,    ajoutes  :    Cette  édition  de  Londres  contient  176  eaux -fortes  d'après 

des  dessins  que  M.  de  Saint-Morys  avait  emportés  avec 
lui  en  Angleterre.  Ces  eaux-fortes  sont  tout  à  fait  dijffé- 
rentes  de  celles  de  l'édition  de  Paris.  Parmi  elles  se 
trouvent  sept  pièces  dont  les  dessins  ont  été  attribués  à 
Qaphaël,  mais  qui  paraissent  tons  apocryphes.  Ces  pièces, 
inarquées  pour  la  plupart  du  chiffre  de  M.  de  Saint-Morys, 
avec  la  date  de  1793,  sont  les  suivantes  :  1 ,  un  Sacrifice 
antique  avec  douze  figures  (voyez  p.  596  de  ce  volume)  ; 
2,  un  antre  Sacrifice  antique  où  deux  hommes  tien* 
nentune  chèvre;  3,  une  Procession  avec  des  évéques, 
des  suisses  et  autres  personnages  ;  4,  une  Danse  de  deux 
Amours  et  de  sept  enfants  (voyez  p.  586  de  ce  volume); 
5,  un  jeune  Homme  nu,  debout  et  vu  de  dos  ;  6,  un  Bar- 
bare d'après  l'antique ,  vu  de  profil  ;  7,  une  Femme  qui 
tient  son  enfant  sur  les  genoux,  tous  deux  ayant  les  re- 
gards tournés  vers  un  enfant  assis  à  terre.  Ce  groupe  est 
le  même  que  celui  qu'on  voit  avec  d'autres  figures  dans 
un  dessin  du  Louvre,  n"  349  de  notre  Catalogue. 
550,    après  la  signature  de  M.  de  Montaiglon,  ajoutes  : 

«  M.  Passavant,  ayant  eu  communication  de  cette  curieuse 
lettre  qui  nous  était  adressée ,  a  voulu  y  ajouter  une  note , 


641  ADDITIONS  ET  C0RIIBCTI0N9. 

que  nous  donnons  textuetlemenl,  c'dst-à-dire  telle  qu'il  l'a 
écrite  lui-même  en  français,  {ffcêe  ée  PMitnur.) 

c  Tout  en  reconnaissant  le  mértle  et  la  justesse  des  ob- 
servations de  M.  Anatole  de  IfoQtaiglon»  et  en  le  reoiereiant 
des  documents  qu'il  met  an  jour  à  propos  de  la  fontaîoe 
délie  Tartarugbe,  nous  avons  cependant  à  ajouter  que  si  le 
sculpteur  Taddeo  Landini  a  fait  l'esquisse  pour  cette  fon- 
taine ,  il  a  néanmoins  en  tout  point  pris  la  statue  do  Jonas 
de  Raphaël  pour  ses  quatre  figures  juvéniles  qui  en  foat 
le  principal  ornement.  Nous  disons  prû,  parce  qu'il  a  non- 
seulement  imité  les  figures  du  maître  d'Urbin  dans  ses 
moindres  mouvements ,  mais  les  tètes  mêmes  ont  en  entier 
le  cachet  particulier  de  celles  de  Raphaél.  De  la  sorte  donc, 
si  ce  dernier  n'a  pas  pu  lui-même  prendre  une  part  directe 
à  cette  œuvre,  indirectement  néanmoins  il  en  est  le  maître 
pour  la  partie  la  plus  importante,  puisque  c'est  d'après  li|^ 
que  les  figures  ont  été  exécutées.  » 


FIN   DRS   ADDITIOXS  ET  CORRECTIONS. 


Vans.—  baiMiBari*  éc 9^k,  ûOWUMUk aiO«,  M»«im  Misaiioe, 


cloïC 


^o^ 


LlBflftlRlE  DE  V*    JULES  REIIOUABO,  6,  RUE  OE  TOURNOI. 

HISTOIRE  DES  PEINTRES 

DE   TOUTF.S   LRS   RCOLES,   DKPUIS   LA    RENAISSANCE   JI.'KQu'a   NOS  J>tl  Rn 

Toxie  par  U.  Clinrh  s  Blakc,  ancien  dircrlctir  des  BeiUiX-Arts,  vt  par  divei-s  ûcrhaiits  a»|iéi  iatix. 
litusliiiiions  par  les  plus  liuhiici  altistes,  dessiiiaieiirs  vt  gravcuni 


('lini|iic  livra;s(iii  cuiiliciii  un  texte  île  8  p'iges  grand  in-A**,  ptpier  rèlm,  imprimé  avec  le  plus  granJ 
lii\r.  4  iiii  5  gri\urr0  rcpioduisml  U*8  plus  beaux  lablraox  tlf-  loiilc»  les  Ecoles;  l'tutrails,  Fnc-ftimile. 
C.-ilalouno  (1f^  OEuvrL'A,  t'rix  do»  Tablmux  dan»  h-s  rrnlcs,d<i> 


Vallrcs  publiés 

t  OU  FMA'.ÇAiSE. 


niaiirii«pl  .  . 
lion  Itiiuingnt*. 
ilouclicr  .     . 
llouiioiigu^^L. 
Biiiinlon   -S.;. 
«  allul  (J.l.    . 
(la^nnuTB 


de). 


2Î2 

ÛÔ 

2.i6 
86-87 
88^9 
66 


(:i.aiiipat:ucirii.df).  205-200 

«".l.ttrrin 27-2S 

«liai M  (T.).    .     .-Î8H-290 
«:i.»uel  I  J  tlF.j    .■257-258 
(iourloiv  .... 
(louKiii  J.}.  .     «     . 

('.o>pei  ;a.).    .    . 

Co>pel  Ml.)  .  . 
(Io\p«i  (NoM)  . 
(;o\j.«"l  'N.-,\,;.  , 
Dtivnl  (I..J  .  .  . 
Iirinanic  (J.>L.)  . 
I)i  fporleii.  .  ... 
|)i  Iroj-  (l'Viiiicnis)  . 
l>uTr»,\  (J.-F.j.  . 
l>n)Uiii»  (J.-(î.) .  . 
Durrfsnny  (r,.-A.} . 
I)u;;li«t  |(j.}.      .     . 


Pra};oniiid.    .     .  . 
ifûricaull.      .     . 

Il  rndi't  (btiron).  , 

Gmuci;  J.-]).}.  , 

Gr>*  (buron).      .  , 

(iui'r'n  (baron)  .  . 

Fréninict  (M.)  .  , 

lln«  l 

Iljrr   (lie   La)    ,  . 

Joauial  {E.)        .  . 

JoUTl'IK't  ,              •  . 

I.ancnt.        .      .  . 

I.antara 

I.ar;:illicre  (N.  di). 

I.<  lirini  [II.] .     .  . 

I.ifr-trr  (Cl.)     .  . 

I.i'iiinuif      .     .  . 

l.rplcic  |N.-B.).  . 

I.*'hu«-(ir  .     .     .  . 

l.niTain   idiaudcj  . 

I.ouIIk  rbouF);.  .  . 
M'mIiii  (Vandi-rJ. 

Il  cliullnit     .     .  . 

MciianI  |N.).    .  . 

Ki-snard  (V.,     .  . 
M;il.l(l'r.)  . 


245 

ilA 

208 

225 

253 

1V)9 

1it4-105 

ItSHC 

U\ 
209 

247-248 
267 
-268 

76 
19() 

2y-S(i 
8-9 
211 
281-282 

ôO-*l 
262ii26â 
272-273 
261 

90 
230 
276 

17 

91 

40 
18«) 

179-180 
U6 

221-222 
21*4 

/.2-43 

2.)-2') 

67 
157 
233 
250 

i3ui;^3 

•25) 


)|(iiiiio>cr.    .     ,     ,     <^^ 
iNaiii  (Le)  frcn-a     .     33 


Prix  t  UN  frane  1»  llvraluoii. 

jusqu*à  la  Livraison  294,  avec  leur  K"*  dMre  de  publicaiimi 


Palti  (J..B.).      .     .  127 
l».fmr(J.  B.\    .     .116 
roii»*in  (N.)     .     .    48i50 
i'rincc    Le).      .     .214 

Prud'bni m  13 

Itnoux  J.j.  .  .  .260 
Ki-»lnijt  (Jean,  .  211 
BiTalU(A)  .  .  .266 
Rigaud  (IL).  .  .  142 
Uubirl  (II.)  .  .  9 
Sanlcire  (J.-B.).  .  2.iO 
Milla  (J.).  ...  106 
Bubîryraa.  .  .  .224 
Teslelin  (L.  illl.}.  26i 


Tri'iiiiilièrc. 

Vnteulin. 
Vaiiloo  (C). 
Vefdi.|-{P..). 
VVriiet  (Carie*. 
Vernel  (i.) 
Vicn  (M.4.).      . 
Youct  (S.)     .     , 
Waltcau       •     , 


290 

23-24 

182 

270 
ÎO-21 
7tu71 

201 

112 
1 


ECOLE  UOLLANbAiSB. 

AlMvlyU 114 

BakliuiMu  (L.).  .  161 
lUpa  (C).  ...  51 
Bvrçbi-Mi.  ...  2 
l(lo4  niiiert  (A  )  .    .  221 

«ni  (F.)  •  .  .  .183 
UoUi  (A.).  ...  73 
lioUi  (J.)  ....  10 
Bramer  (L  )  .  .  217 
Brauwpf ....  97 
Brcciiberg  (H.).  .  138 
Cabel  (Vandrr)  .  234 
(:.i>p  (A.)  .  .  .  74-76 
Deckir  (C).  .  .  I.i2 
Doei  (Vauder)  .  107 
Dow  ((J.l.  .  .  .  139-140 
Dujardhi  (K.)  •  •  46-47 
Ihisarl  (C).  .  .  124 
D^ck  (Pb.  Ynii).  .  268 
l^rckboul  (Van]  .  234 
KvrnlinKfn  (A.Vun^  184 
Flint-k  (G  ;  .  . 
(MUini  (11.1  . 
IImj»-»  (  ,  /an)  . 
llA>«il<'in  ('•  {',.„ 
Ilia-ni  d  i  .. 
llecniskcrke.  . 
ll.lst  (Barlh.)  . 
ll<u»cli  (<Î.J.  . 
Hrydi-ii  (Van  drr*. 
Ilnlibciiia.  .  . 
I  loin  lierai.  .  , 
H.ioplif  (P.  de).  . 
Ilojsuin  (J.  Vaiii  ■ 
Knir  .  .  .  .  , 
ICoiuiick  rPbil.; 
Koiiînck  (Sal.j  .     , 


285 
251-232 

96 
245 
220 
241 
280 
28.» 
213 

10M09 
254 
1.9 

9!  93 

7 
275 
275 

6!-J3 


Natoirv  C).      .     .  2(t3 

Nallier  (J.-IL)  .     .  27.1 

Oudrj 66- )7 

P-irroctl  (Ml.}   .     .  271 

P..ir..rrl  |J.l.     .     .  2-:8 

l'..ul  .1'.^      ...  1S3  l.air(!\  de). 

Titus  U  nidl  rti  oal  une  paginaliao  ii«lrp.'o4i»lr. —  Ttaies  lei  lifriisafls  se  v«a«leil  irparéHMi 


Laireiix'  (>•.  de)     .     95 
Lrjde  (Lucas  de)  .  216-217 
LieTcus  (J.).     .     .  220 
Lingen.ack  (J.)      .  119 
Mais  (Ntc.i  ...  268 
IKiBuJG.)    .    .     .    44^5 
Miéris{P.)    .     .    .  98  à  1(10 
Mîrri»  :G.)  .     .  '.  177 
MircT.K  (Uiciirl).  24d 
Moucberoii   (F.l     .   1.^0 
N.er  (Vaii  dei-i     .  110-1  11 
Necr  (K.  Van  der).  294 
NfUrbcr.     .     .    .151-152 
Oslade  fUaae).      .  120-1  1 
0»lad«{l.  Van)     .    51-32 
Poè'lemburg .     .     .     94 
Poiler  fPJ  .  .    37-38 

Pynaeker  (A.)         .14» 
Rembrandt  ...       Sà6 
Ruysdaël.     .     .     .     64-55 
Ri)sdaë1(S.1     .     .185 
SariUv.ii  (H.)  .    .  269 
ScbaIckciL    ...  101 
SchooriKJ.].    .    .  291 
8lùif(tlaiidt. .     .     .165 
Sieen  (J.).     .     .      .     82-89 
S«anetelt  (fl.).      .  134 
Terbuiiç  (G.)     ^  .  146-147 
Troo»t:C.)  .     .     ,  287 
Vcide  (A.  Vau  de).     64^1 
VildeCÎ.  VandeJ.    72-73 
\.lde  {I.  Van  de).  249 
Vlirger    S.  de,.     .  244 
Wiiierloo  (A.)  .     .    K6 
Weeiiix  (J  B.)  .     .  204 
VrerlT(Vand  r).    .  123 
Wonwerniaiif.  .     .       6-7 
W.>ck  (Th.).    .    .  244 
Wynauts(J.)      .     .  118 
Zorft 109 

ÉCOLE  RAlillDE.    . 

Breufcbel  ( Pierre]  .  2.^9 
BiruglieldeVtloura  113 
Brîl  (P  )  .  .  .  .  77 
Crai-fbekc  .  .  .  168 
Orayer  (G.  di-)  .  .  229 
l)\ck  (A.  Vun] .  .  1664168 
Faieiis  (Vaii).  .  .  227 
Fuuquiérc*. .  .  .  215 
Genocis  (A.)  .  .  210 
liais  (F.).  .  .  107 
Jiirdanni  .  .  , 
il  ut  «mail*.  .  .  . 
)laù>s  (Q.).  .  . 
Sllrl  (J.).  .  .  . 
Nerf»  (P.)  .  .  . 
Piters  (B  )  .  .  . 
Ilubeiis.  .... 
Se^bers  (G  }.  .  . 
Sne^'dfrs.  .  . 
Stcriiwjck  .  •  . 
rcincrs/«Ci*«iJ  !).> 


44 

14 
226-127  1 
117 
218 
]5U 

68  à  61 
202 
160 

14 
tl8 


Triiîfr»  (l).* 
LMrn  (I.   Van). 
Vrnîu-  (Odi'O 
Vo»  (M.  «il). 


18-1? 
200 
219 
181 


enoiE  AmAL't. 


Coiutablf  ij  }.  . 

.  292-2M 

Gaii»^bnn>u;:b  (T. 

}    174 

Il<i|eaitb  (G.)      . 

.  186-187 

l.a«iViu.-r.      .      . 

.    15-16 

Morland     G.)    . 

274 

RevimMf  (J.)     . 

.  191-191 

lluiiiiicy  »•;.),  . 

.  ÎJ» 

Turn.r  (J  -Jl.-W. 

j    25l-2à2 

Wp>t.'B.     .     . 

.  242-243 

Wdkic  (II.)    .   . 

.  1Î5-Î26 

Wîlaun.    . 

.    16 

ÉCOLE  ESrAGIOLE 

r«i»o  (A.)     .    . 

.  171 

Juan  de  ioiuit . 

.  Î6» 

3ilurtlio.  .     .     . 

.  102-103 

Ribcra. 

.     22 

Vél;i5(|iiet.    .     . 

.    6&-69 

Zurbaran  (F.)  . 

.1Î2 

ECOLES  iTALlE)i\E:$. 


Alliaiie  (F.  L*; 
Alliirî.      .     .     . 
ViiMan  (J.l. 
Canal  (A.)     .    . 
Carara;:e  \L>) 
Carra<'l>i-.    .. 
Carrache  [\.) 
Carracbf  (Anii.). 
Corr^pa  fL^y.     . 
Cortiiue  (P  tiv). 
Dolri  {il.)     .     . 
Doniiiuyiiiii  (L*) 
Prlî,    .... 
Frauda ',].•■  I.     . 
Giordano  (L.^. 
l*ior(cinii  . 
(iucff  biii  (Le)   . 
Guide  (Le)   . 
.Uaralti  (C  j .     . 
P-iiini  ;J.-P  }      . 
B-ipliaèl   .     .     . 
Roinaiu  \i  ) 
lUvnf  (SaUalnr). 
Sebidoi>e(B.)      . 
T.lîuu  VucvUi    . 
V«roi>ète  (P.)    . 


141 

l-S 
IdU 
ISd 
1») 
I4H 
M-y 

13^-156 
î77i27J 
ITii 
li7 

I2S-I29 
I^S 
286 
IW 
193 
178 

159-159 
I.V> 

\i^ 

194à!98 

163-16^ 

ITU176 

173 

I.t5a137 

256»23» 


ECOLE  ALLE1A\0E 


Dié(r'.cl 78  79 

Durer  (Albert).       .     34  a  M 
KIcbeîiuir  (A.).       .172 
Ferp  (F.  de  P^ula,  .     79 
RoM(J.-U..lTli.).  161 


Paris.   —  Imprimerie'  P.-.\.  Bocrdier  et  C'*,  rue  Mazapae,  30. 


I 


RETURN  TO:      CIRCULATION  DEPARTMENT 

198  Main  Stacks 


LOAN  PERIOD     1 
Home  Use 

2 

3 

4 

5 

6 

ALL  BOOKS  MAY  BE  RECALLED  AFTER  7  DAYS. 

Renewals  aïKl  Recharges  may  be  made  4  days  prior  to  the  due  date. 
Books  may  be  renewed  by  calling  642-3405. 

DUE  AS  STAMPED  BELOW. 

niL  19ZDC 

UUU  *  •  '-'"'" 

FORM  NO.  DD6 
50M    6-00 


UNIVERSITY  OF  CALIFORNIA,  BERKELEY 
Berkeley.  Caltfornia  94720-6000 


xffWf  A  ••  IBDC 


LD  21A-60m-10.'e5 
(F77638l0)476B 


General  Library    ^ 
Uoivcrtity  of  Califorma 
Berkeler 


-;i> 


Qjj 


IF  THE  VIIIER 


U.C.  BERKELEY  LIBRARIES 


CQaaS35103 


QM 


riFTHE  URiVEi 


>  W    !• 


I  BVTHE  OKIVER