Google
This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's bocks discoverablc online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web
at|http: //books. google .com/l
Google
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
A propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adressefhttp: //book s .google . coïrïl
CX3
^
I S^^E
^A^
.<->^^=i^
^ ^ ^
-c
S^ME
^
./^Mt^g^^
TY OF CALIFORNU
IIBRURY OF THE ONIVERSITÏ OF CALIFORNU IIBRARY OF THE
(JVvf^
co
s\
a:
)
TY OF CALIFORNIA
'\^::L^y
>'\:
,\ /TA { . ■" •rs'^/*
LIBRARY OF THE UNIVERSITY OF CALIFORNIA LIBRARY OF THE
/
)
60
KKfOT:^Tc^
^
/
?vj
r^-'^v
••.V V' rr-'h^ -^
6 3
)
"<;
6
TY OF CALIFORNU
■ "•^ I - » j I ' i ^ l I •
\ V -^ '>-'^- ^'--f <^/{/ u-
LIBRARY OF THE UNIVERSITY OF CALIFORNIA LIBRARY OF THE l' NI
•^.-ae..^^ Qi/^%) ^--^4^-^;:i^
</
•»••••••••
oc
CT^ww'^
-«• ...
v>
/« t w3 '--•''-'*
;^
k
'•— ..^.— «••
9
'.V ■■l»
■r >/• .
.-^
UPHAEL D'ÙRBI
KT SON I>ÈIIK
GIOVANNI SANÏI
.-D./PASSÂ
ÉDITION KRAMIAISK
KKVAITt, COnHlofeE ET CONSlOÈRAliLEHENT ALIMENTÉE PAR I
PAR ■. PAUL LACROIX
PARIS
V-" JULES RENOUARI), KUITEIIK
fi, BCE Dt TOUBNON, !•
RAPHAËL D'URBIN
ET SON PÈRE
GIOVANNI SANTI
Paris. — Imprimerie P.-A. BOURDIER et C^*. rue Mazariiie. 30.
h"
.I.S!
RAPHAËL DTRBIN
ET SON PÈRE
GIOVANNI SANTI
PAR
J.-D. PASSAVANT
DIRECTEUR DU MUSlÉB DE FRANCFORT
ÉDITION FRANÇAISE
REFAITE, COBRIGÉE.ET CONSIDÉRABLEMENT AUGMENTKE PAR I/aITHI'H
SUR LA TRADUCTION DE H. JULES LUNTBSCHUTZ
RKruK kT AKKOTKK
PAR H. PAUL LACROIX
41on»rr«aieur île la Bibliothèque de TA r «en al.
11
PARIS
V" JULES RENOUARD, ÉDITEUR
0, RUE DE TOURNON, (i
M DCCC LX
Tous droits reserrés.
I
ILfmi
iuf ji/ipi7VtPrc^
'w Mpi'f'tore-
V. -.'
1
AVERTISSEMENT
La première partie de ce catalogue général des œuvres de
Raphaël contient la description raisonnée de ses peintures,
classées, autant que cela nous a été possible, dans un ordre
chronologique. Nous avons réuni, en forme d'appendice, les
ouvrages d'une authenticité plus ou moins contestable qui
lui ont été attribués par divers écrivains. Partout où nous
avons cru la chose nécessaire à la description, nous avons
ajouté de courtes notices sur l'état actuel de conservation des
peintures et sur leur histoire. On trouvera, dans notre tra-
vail , des renseignements sur les études de Raphaël qui exis-
tent encore et qui ont servi à la composition de ces pein-
tures, ainsi que sur les gravures faites d'après les dessins ou
les tableaux, afin que l'on puisse avoir de chaque œuvre du
maître un aperçu complet.
Souvent aussi , nous avons signalé les plus importantes
des copies anciennes ; car, dans le cas où l'original viendrait
à disparaître, ces copies, du moins, témoigneraient qu'il a
existé, et prouveraient, en outre, que l'original désigné n'é-
tait pas lui-môme une copie.
Les chiffres placés à la suite des gravures que nous avons
citées se' rapportent tantôt aux numéros du « Peintre- gr a-
n. .. 1
;vî*j
2 AVERTISSEMENT.
veur » d'Adam Bartsch, et tantôt de louvrage de Landon
intitulé : « Vie et œuvres de Raphaël. »
'iNous ferons encore remarquer que Nicola Consoni a pu-
blié, à Rome, une suite de gravures au trait d'après toutes
les peintures de Raphaël, mais nous n'avons pas jugé utile
de renvoyer aux numéros de cette collection.
Les désignations de droite et de gauche se rapportent tou-
jours à la place que le spectateur est censé occuper vis-à-vis
du tableau, du dessin ou de la gravure.
Nous avons dû conserver, dans l'indication des mesures
(quand nous les donnons) de hauteur, de largeur et de cir-
conférence, l'ancien pied de roi, avec ses divisions en pouces
et en lignes, selon un usage qui pour être aujourd'hui aban-
donné en France, reste encore général en Europe.
CATALOGUE CHRONOLOGIQUE
DES
PEINTURES DE RAPHAËL
PEINTURES
ElécUTÉKS
SOUS LA DIREGTIOiN DE PIERRE PÉRUGIN
1 • V Enfant Jésus caressé par le petit saint Jean^
Sar une marche d'or, qui se détache sur un fond d*or, l'enfant Jésus est
assis, les jambes croisées. A droite, le petit saint Jean, portant sa croix de
jooc, enlace dans ses bras le divin compagnon de son enfance. Figures un
peu moins grandes que nature et presque entièrement nues. C'est une
copie à la détrempe, d'après un groupe tiré d'un plus grand tableau que
le Pérugin peignit pour l'église S. Maria dei Fossi, et qui se trouve actuel-
lement au musée de Marseille. Quant au petit tableau de Raphaël, il est
conservé, en excellent état, dans la sacristie de l'église S. Pietro Maggiore,
à Pérouse.
2. La Résurrection du Christ,
Sar bol»; h., V 16*'; I., 5' 2".
Le Christ sort de son tombeau, en bénissant le monde, et porté sur un
nuage. Devant le tombeau sont deux gardes endormis; sous les traits des-
quels on a. cru reconnaître, et non sans vraisemblance, le Pérugin et Ra-
phaël lui-même. Dans le fond^ deux autres gardes s'enfuient.
4 PEINTURES EXÉCUTÉES
yue cet ouvrage, souvent attribué au Pérugin, soit exécuté par Raphaël
d'après une composition de son maît«e, ce n'est pas là seulement une opi-
nion ancienne, mais encore une opinion qui se prouve, au besoin, par le
soin extrême avec lequel le jeune artiste a imité la manière du Péruîîin,
tandis que le dessin se ressent de la faiblesse d'un élève. Cette opinion
est d'ailleurs confirmée par l'existence de deux feuilles d'étude, d'après
le modèle vivant, pour les quatre gardiens, études dessinées de la main de.
Raphaël, qui passèrent de la succession de Sir Thomas Lawrence dans la
collection de l'université d'Oxford.
Ce tableau d'autel, qui avait été exécuté pour l'église des Franciscains,
de Pérouse, fut transporté à Paris en 1797, resta dix-huit ans au musée
Napoléon, et alla, après le traité de paix de 1815, prendre place dans la
collection des tableaux du Vatican. Quoiqu'il ait un peu souffert du net-
toyage pendant son séjour en France, il est crependant dans un bon état
de conservation.
Il a été gravé au trait par Graffonara, pour son ouvrage : Quadri délia
sala Borgia (Roma, 1820, petit f*»), — et par F. Rehberg, pour son ou-
vrage : Raphaël Sanzio d'Urbin (Munich, 1824. In-i"", en allemand).
3. Les Archanges Michel et Raphaël.
Deux tableaux. Figures demi-nature.
L'archange Michel, debout, tient son bouclier devant lui. C'est une figure
aux formes juvéniles, qui rappelle le saint Georges de Donatello, placé
dans une des niches de Or San Michèle» à Florence.
L'archange Raphaël conduit le jeune Tobie,qui porte gracieusement une
petite boite dans la main gauche, en regardant avec amour son guide céleste.
Ces deux tableaux, qui ornaient autrefois le magnifique autel des Char-
treux, à Pavie, étaient placés de chaque côté d'une Naissance du Christ,
tableau signé de F*ietro Perugino. Il est regrettable que ce maître n'y ait
pas mis de date. Les registres des Chartreux, si riches d'ailleurs en ren-
seignements sur les choses d'art de leur église, registres que nous avons
consultés, se taisent précisément sur ce tableau d'autel. Quoi qu'il en soit,
plusieurs connaisseui^s, entre autres M. von ^\xmo\\v[UaUen%scheForschun-
gen, vol. 111. , p. 28), pensent que les deux tableaux qui accompagnaient celui
de Pérugin, sont incontestablement de la main de Raphaël. Nous parta-
geons cette opinion, qui s'appuie encore sur l'existence.d'une étude d'après
nature, exécutée pour l'ange qui mène le jeune Tobie. Ce dessin, qui passa
de la succession de Lawrence dans la collection d'Oxford, peut être consi-
déré, à juste titre, comme un ouvrage de la jeunesse de Raphaël.
Lorsque Pavie fut occupée par les Français en 1797, le couvent des
Chartreux ayant été supprimé, les tableaux de l'autel devinrent la posses-
sion du duc Meizi, à Milan, dans la succession duquel nous les avons vu .
A présent, ils sont dans la Galerie nationale de Londres.
sous LA DIRECTION DE PIERRE PÉRUGIN. 5
Outre les originaux, il existe encore de vieilles copies mutilées, qui fu-
rent apportées dans les provinces du Rhin, par le marchand de tableaux
Ricciardi. Ainsi, la figure de l'archange Michel, qui avait été coupée à mi-
corps, se trouve au musée de Darmsladt; l'archange Raphaël avec le jeune
Tobie, réduit également aux mêmes proportions, fait partie du cabinet
Favier, à Strasbourg (don de Cari de Dalberg, ancien grand-duc de Franc-
fort), et nous avons trouvé, à Mayence, les trois anges qui figurent dans le
tableau principal de la Naissance du Christ.
Les têtes des deux archanges et celle de Tobie ont été gravées à l'eau-
forte, en 1808, de la grandeur de Toriginal. par J. G. Reinheimer. — L'ar-
change Raphaël et le jeune Tobie sont gravés par C. Guérin, avec cette
souscription : L'ANGE CONDUISANT LE JEl NE TOBIE. Gr. in-4». — Le
même, gravé par M. E. Klug. In-8«.
Beaucoup d'autres tableaux exécutés dans la manière du Pérugin ont été
présentés comme des ouvrages de la jeunesse de Raphaël ; mais nous ne
saurions les accepter pour tels, lors même que ce dernier y aurait coopéré
sous la direction de son maître. Nous en citerons seulement quelques-uns.
Orsini, dans sa yita di Pietro Perugina, émet Topinion que Raphaël dut
aider son maHre dans Texécution du tableau d'autel qui était dans la
chapelle de l'hôtel de ville de Pérouse, et qui fait actuellement partie de
la collection du Vatican. Ce tableau représente la Vierge sur un trône av(fc
quatre saints. Mais il est constaté, par des documents, que le Pérugin
peignit ce tableau en i^Q.'S, avant que Raphaël eût atteint sa douzième
année!
Le même auteur dit aussi (p. 1i4) que quelques portions d'un tableau
d'autel qui était autrefois dans le monastère Monte Morcino, et qui est
aujourd'hui à l'Académie de Pérouse, ont été peintes par Raphaël, sous
les yeux de Pérugin, notamment les quatre saints suivants : S Sebasiian,
S. Franciscus, S. Herculanus, et S. Constanlius. Mais ce ne sont là que
de faibles essais qui appartiennent sans doute à l'école du maître, mais
qui n'ont rien du faire de son illustre élève.
Dans la sacristie de S. Pietro Maggiore, à Pérouse, on voit des copies
à l'aquarelle, d'après deux Prophètes assis, dont les originaux ont disparu.
Le musée de la ville de Rouen possède trois petits tableaux sur bois,
représentant l'Adoration de& mages, le Baptême et la Résurrection du
Christ.
Ces^d^érentes peintures ont également fait partie du magnifique maître-
autel, que le Pérugin peignit, en 4493, pour l'église de Saint-Pierre le
Majeur de Pérouse. Elles sont néanmoins indiquées comme des ouvrages
de Raphaël dans l'intéressant Catalogo de'capi d* opvra di pitlura, scul-
tura^ anticliUà, librij storia naturale, ed altrc curiosità trasporlati dalV-
Halia in Prancia. Venezia, 1799, pag. 43 et 44. Le tableau principal est ù
présent au musée de Lyon. *
6 PEINTURES EXÉCUTÉES SOUS LA DIRECTION DE P. PÉRUCIN.
D'après les Italienische Forschvngen ôe M. C. F. von tlumobr^ la main
de Raphaël se reconnaîtrait égaleroent : 1» (vol. II, p. 34G, et vol. III, p. 2%
dans un tableau d'autel que le Pérugin fit en 1500, représentant la Vierge
dans une gloire et quatre saints debout dans le bas. Ce tableau passa du
monastère de Vallombrosa à l'Académie de Florence ; 2° (vol. IT, p. 330, tt
vol. ni, p. 26) dans les belles figures de Sibylles, peintes, en cette nîême
année 4500, pour le Cambio, ou Tribunal des Changeurs, h Pérouse; et
3» (vol. m. p. 37) dans l'Adoration des mages, que le Pérugin peignit à.
fresque dans l'oratoire de Confratemità de' Bianchi, en 1504 (voye» l'ap-
pendice de notre tome I, Essai sur les peintres de VOmbrte), afin de laisser
un souvenir de son pinceau à Città délia Pieve, sa ville natale.
H est vrai, toutes ces peintures offrent une certaine analogie avec les
airs de tôte et les gracieuses expressions de physionomie que Raphnël
emprunta d'abord à son maître. Mais nous sommes obligés de croire, pour
l'honneur du Pérugin, que ce grand peintre ne pouvait abandonner ainsi
les parties les plus importantes de ses ouvrages à une main étrangère,
quelque habile qu'elle fût;-d'ailleurs, rien ne révèle, d'une manière écla*
tante, dans ces peintures, la touche de Raphaël. Au surplus, pour de plus
amples détails, nous renvoyons à ce que nous avons déjà dit sur ce sujet
(tome I, Appendice, n*» V).
PEINTURES DE RAPHAËL
DANR LA MANIÈRE DU PÉRUGIN.
i»00à1K04.
4. Bannière (f église à Città di Castello.
Deux toiles peintes à la détrempe.
i* La sainte Trinité. Dieu le Père, assis sur des nuages dans une
gloire, tient des deux mains le crucitix, au-dessus duquel rayonne le
Saint-Bsprit.Dans le bas, à gauche, saint Sébastien ; à droite, saint Roch,
tous deux à genoux, en prière et levant leurs regards vers le Père Éternel.
Figures de demi-grandeur naturelle.
2* La Création d'Eve. (Cest le revers de la bannière.) .Vdam est endormi,
à gauche. Du côté droit, le Créateur, sous la forme d'un vieillard^ s'a-
Tance vers lui. De chaque côté, dans le haut, il y a un ange en adoration,
un pied posé sur un nuage ; ces deux anges sont semblables à ceux du
tableau du Pérugin qui se trouve au musée de Lyon.
Ces peintures, exécutées à la colle, sur des toiles légèrement prépa-
rées, sont entourées d'une bordure bleue avec des entrelacs d'or et des
ornements à palmettes. Sur le bord du vêtement du Père est la lettre R,
pour signature. L'exécution tout à l'iiit dans le style du Pérugin accuse
cependant, et surtout dans le paysage, une manière de peindre plus Jarge
et plus gracieuse. Chacune de ces toiles a 5 pieds environ en hauteur sur
3 de lai^e.
Le plus ancien document relatif à celte bannière, peinte vers Tannée
1500 pour l'église S. Trinità de Città di Castello, se trouve dans les
Fiori vagki^ imprimées en 1627, où il est dit (p. 179) : « Chiesa délia
Trinità : Il Gonfalone con la Sanlissima Trinità da una parte, e dall' altra
quando di Adamo fu formata Eva, dipinto da Raffaello d'Urbino. » Fran-
cesco Lazzari, dans sa Série de' Vescovi di Città di Castello (Folijino, 1693),
p. 283, .cite aussi ces tableaux comme deux anciennes bannières pla-
cées sur deux autels de l'église S. Trinità. Aujourd'hui, ils sont encore
suspendus aux murs de l'église. Mais ils furent, on ne sait à quelle époque,
dans l'intérêt de leur conservation sans doute, recouverts d'un vernis,
qui a poussé au noir et qui maintenant laisse à peine distinguer ce qu'il
représentent.
8 PEINTURES DE RAPHAËL
S. Le Couronnement de saint Nicolas de Tolentino.
Selon Vasari, Lanzi et Pungileoni^ ce tableau, qui se trouvait dans
réglise S. Agostino à Città di Casteilo, serait un des premiers ouvrages
de Raphaël, u J'appris à Gitlà di Castello, dit Lanzi, dans sqn ou-
vrage : Storia pittorica delV Italia, que Raphaël avait peint, à l'âge. de
dix-sept ans, le Saint Nicolas chez les ermites. Le style était du Péni-
gin^ mais le tableau n'avait pas la composition ordinaire d'alors, avec la
Vierge assise sur un trône, entourée de saints personnages, lei il représente
l'Élu auquel la Vierge et saint Augustin, en partie cachés dans un nuage,
posent une couronne sur la tête. De chaque côté des saints se trouvent
deux anges, de mouvements divers, qui déroulent des bandes de parche-
min sur lesquelles sont écrites des louanges en Thonneur du saint ermite ;
dans le haut, on voit encore Dieu le Père, demi-figure, dans une auréole
formée de têtes de chérubins. Toutes les figures sont placées dans une
espèce de temple dont les pilastres sont couverts de petits ornements
dans le genre du Mantegna. Les plis des draperies sont encore, dans
quelques parties, d'un goût suranné, mais, dans d'autres cependant, d'un
goût meilleur. De même, le démon, couché sous les pieds du saint, n'a
pas cette laideur capricieuse que les anciens lui donnaient ; ici il ressemble
à un nègre. »
Pungileoni fait aussi de ce tableau une description à peu près sem-
blable, dans son Eloyio storico di Raffaello Santi (p. 34); mais il fait
entrer à tort dans l'ordonnance de la composition un saint Nicolas de
Bari. En effet, l'esquisse qui est au musée Wicar à Lille se rapporte
parfaitement à la description de Lanzi , avec cette seule différence que ,'
dans le dessin, chacune des trois figures du haut tient une couronne au-
dessus de la tête du saint.
Ce tableau d'autel fut très-endommagé dans un tremblement de terre
qui renversa en partie l'église où il se trouvait. Pour réparer l'église, les
moines vendirent le tableau, en 1789, au pape Pie Vi. Celui-ci le fit couper
de manière à former plusieurs tableaux qui devaient être restaurés. On
a pu les voir en cet état au Vatican jusqu'à la prise de Rome par les
Français. Ils ont disparu depuis. Le fragment le mieux conservé était
celui qui contenait la figure de Dieu le Père.
Dans le musée que le peintre Wicar a légué à la ville de Lille, on pos-
sède une étude faite pour ce tableau :
Saint Nicolas de Tolentino. Étude d'après une figure nue, debout
sur un démon. A gauche, un ange en adoration. En haut, dans une gloire,
une demi-figure de vieillard, étude pour Dieu le Père. Aux (ieux côtés,
deux demi-figures, études pour la Vierge et saint Augustin, portés sur des
nuages, tenant des couronnes. Dessin cintré dans le haut.
DANS LA MANIÈRE DU PÉRUGIN. 9
6. Le Christ en croix et quatre saints.
Sur bob; b., 6' 10" ; l., 5* 3", cintré.
Le Christ est cloué sur une croix très-élevée. De chaque côté de la
croix, en l'air, un petit ange recueille dans des vases le sang qui s'échappe
des plaies du Sauveur. Au pied de la croix, la sainte Vierge, dehout, est
en proie à la douleur, et, devant elle, saint Jérôme, à genoux, se frappe
la poitrine avec une pierre. De l'autre côté de la croix, saint Jean et, de-
vant lui, Marie Madeleine agenouillée, élevant ses regards vers le ciel. Le
paysage du fond, qui représente des collines verdoyantes, rappelle la ma-
nière du Pérugin, et dans le ciel se montrent à la fois le soleil et la lune.
Au bas de la croix, on lit en lettres d'or : RAPHAËL. VRBINAS. P.
Raphaël peignit ce tableau pour la chapelle de la famille Gavri, ou
Gavari, dans l'église des Dominicains à Città di Castello, et, selon toute .
apparence, vers l'année iriOO. Cette peinture resta pendant près de trois
siècles à la même place, jusqu'à ce qu'un Français l'eût achetée, moyen-
nant la somme de 4,000 scudi, et en échange d'une mauvaise copie, qui
occupe aujourd'hui la place de l'original.
Le prince de Canino acquit l'original pour 10,000 scudi romains à la
vente du cardinal Fesch, et le revendit, en 1847, avec d'autres tableaux,
àlordWard^.
Ce tableau, en général bien conservé, a été fait d'après ceux du Pérugin;
il est tellement dans la manière de ce maître, qu'on y rennarque seulement
quelques parties qui, par la faiblesse du dessin et du modelé, trahissent un
peintre encore jeune et inexpérimenté; mais le génie de Raphaël se révèle
déjà dans la beauté des têtes et surtout dans ct^lie de la Madeleine. En
somme, c'est un ouvrage très-inférieur au Couronnement de la Vierge et
au Sposalizio. Nous sommes donc convaincu que M. von Rumohr, dans ses
Recherches en Italie^ n'avait qu'un vague souvenir de ce tableau, quand il
en fait remonter la composition à l'année 150i; il porterait un tout autre
jugement en présence du tableau lui-même.
Cette peinture n'avait jamais été gravée, avant que nous en eussions
donné dans l'édition allemande de notre livre une gravure faite par
L. Gruner. — Voy. aussi Rosini, Sioria délia pittura itai, PI. CCXII.
ÉTUDES POUR CE TABLEAU.
Une esquisse à la plume, pour le torse du Christ et pour la ligure
de la Vierge, se trouve dans la coll. Albertine à Vienne. Reproduite par
A. Bartsch.
Francesco Oliva, peintre d'Urbin, qui vivait sous Clément XI, a fait de
ce tableau une mauvaise copie à fresque, dans la petite église de Battaglia,
•
1. C.e Chrîsl a été exposé à Uauchrater, ii* 159. Voyez Trèsori d'arl, elc par W. Burger,
p. 52-5îi. — [Aote de Vèdilfur..
iO PEINTURES DE RAPHAËL
près Urbania. Voyez à ce sujet Notizie storicke del Crqcefisso di Battaglia
pressa Urbania (Ancona, 1700). Le titre gravé de celte notice représente
la fresque de Francesco Oliva.
GiacomoMancini de Cittâ di Castello assure, dans un article du Giomale
Areadico , que, suivant un manuscrit des archives de la famille Gavari, le
tableau dont nous parions était à volets peints. Il ajoute que lui-même
croyait posséder une Annonciation qui avait dû faire partie de ce triptyque.
Cependant cette prétention n'est pas soutenable, car le petit tableau
signalé par Giacomo Mancini est certainement du milieu du seizième
siècle, et il ne rappelle pas même la manière de Raphaël.
7. Madone de la collection Solly,
Sur bois; h., 1' 8"; I., !' 3".
La Vierge, demi-figure, lit dans un livre qu'elle tient de la main droite.
L'enfant Jésus, dont elle supporte un pied dans sa main gauche, joue
avec un chardonneret et lève ses yeui vers le livre. Le fond représente un
paysage.
Le style du Pérugin se reconnaît encore parfaitement dans cette conr-
position. La bouche un peu ronde de la Vierge, la faiblesse du dessin et
du modelé dans les parties nues, les draperieis fortement glacées, ainsi
que le lumineux du lointain et le ton vigoureux des seconds plans, sont
autant de points de ressemblance, dans l'exécution de ce tableau, avec le
Christ en croix qui se trouvait chez le cardinal Fesch. C'est pourquoi
nous les croyons l'un et l'autre de la même époque, c'est-à-dire de 1500
environ.
Ce tableau bien conservé était sorti, dit-on, d'une famille modenaise,
pour venir à Milan dans la collection Solly. Il est maintenant avec cette
collection au musée de Berlin ^
Petite, gravure en bois dans Kugler^s Handbook of Painting, uar Sir
Charles Eastlake (London, 185i). Vol. II, n» 1.
8. Majne^Madeleine et sainte Catherine.
Les deux panneaux sur lesquels les deux saintes sont représentèss debout
servaient autrefois de volets à une petite madone du Pérugin.
Elles sont exécutées dans la manière de ce maître. Malgré leur état
actuel de détérioration ou plutôt de restauration, la tête de la Madeleine
laisse encore apercevoir quelque chose des qualités qui distinguent
Raphaël. Un charmant paysage occupe le fond de ces deux petits tableaux.
Nous les avons encore vus, en 1845, réunis sous un même cadre, dans la
précieuse collection du célèbre peintre Vincenzo Camuccini, à Rome.
I. X* 141. ■ Du temps où Raphaël était dans Técole <1u Pérugin, > dit le rédacteur du
catalogue (1â57), M. Waagen. — (Soie de Vidileur.)
DANS LA MANIÈRE DU PÉRLT.IN. , 1 1
9. Madone de la comtesse Anna Alfani, dPérome.
SurboU;h. 18" 6"'; l., il" 3'".
La Vierge^ demi-figure, assise sur un banc, tient de ses deux mains l'en-
Tant Jésus» debout sur ses genoux. Celui-ci se soutient de la main droite au
léger voile qui couvre le sein de sa mère, et, tournant la tête à gauche, il
regarde le spectateur avec tendresse, tandis que la Vierge, dont le visage
est tourné de Tautre côté, baisse modestement les yeux. En haut, sur
le bleu foDcé du ciel, on voit de chaque côté une tête de chérubin ; l'un
a les regards levés et l'autre les tient baissés. Les lettres R. d. U, se
remarquent dans les ornements de la bordure du Têtement, sur la poitrine
de la Vierge.
Quoique l'exécution de ce tableau soit d'un fini et d'une suavité que
Raphaël seul, dans l'école du Pérugin, savait donner à ses œuvres, la
composition générale, cependant, est empruntée à son maître.
La plus ancienne madone du Pérugin qui offre une composition ana-
logue se trouve sur le grand tableau d'autel (la Vierge avec quatre saints)
dans l'église S. Maria Nuova, à Fano. Elle est de Tannée 1497. A Florence
aussi, dans l'église S. Annunziata, nous retrouvons la même composition
dans le tableau de l'autel. 11 en existe beaucoup de répétitions sorties de
l'école du maître. Ainsi, par exemple, on en voit une au palais Borghèse,
mais sans les chérubins; la même, avec un paysage, est dans la maison
Bourbon Sorbello, à Pérouse; une troisième, avec un paysage et sans
chérubins, dans la maison Pietro Fumaroli, à Florence. Cette dernière
provient du palais Colonna, à Marino, près Rome. M. Missirini n'a pas
craint d'attribuer cette copie insignifiante à Raphaël lui-même. Voyez : Di
iina B. Vergine col Bambino di Raffaello Sanzio, etc. (Fi^^enze, 4834.)
Gozzini en a exécuté une mauvaise lithographie, d'après le tableau de
Pietro Fumaroli.
Revenons au petit tableau qui porte seul le cachet de Raphaël, et qui
est encadré sous verre chez la comtesse Alfani. Il est d'une conservation
parfaite, à cela près que quelques écailles de couleur sont enlevées à la
joue et à la main de la Vierge, au bras de l'enfant et dans la draperie
bleue.
10. La Vierge, avec saint Jérôme et saint Frariçois.
Sur boii;h.i3"3"';l., 11".
La Vierge, demi-figure, un peu penchée à gauche, tient des deux mains
l'enfant Jésus assis sur un coussin qu'elle a sur les genoux, et le contemple
avec amour, tandis que celui-ci saisit de la main gauche celle de sa mère,
et lève la droite pour donner la bénédiction, en regardant le spectateur.
Saint Jérôme, le chapeau de cardinal sur la tête, est en adoration à gauche,
et saint François, en extase, à droite. Dans le lointain, on voit une ville,
au pied de hautes montagnes.
12 PEINTURES DE RAPHAËL
Ce tableau bien conservé est d'une exécution délicate. La forme de tête
de la madone, ainsi que son expression, rappellent le Couronnement de
la Vierge , qui est au Vatican. Les draperies sont en général fortement
glacées, et particulièrement la robe rouge de la Vierge ; le manteau bleu
et sa doublure verte sont d'un ton Irès-vigoureux. Le paysage du fond,
d'un Ion un peu gris, est assez légèrement traité.
Ce petit tableau semble avoir été peiut*vers Pannée iri03. Il se trouvait
autrefois au palais Borghese ; il a passé depuis, si nous ne nous trompons pas,
dans la galerie Aldobrandini. Le musée de Berlin ^ en fit l'acquisition,
en 1829, du comte von der Ropp. Ce dernier en avait fait faire une gra-
vure au trail, petit in-4«.
De même que la madone de la comtesse Alfani, celle-ci offre aussi
dans ses parties principales une imitation du Pérugin, car il se trouve
dans la collection Albertîne, à Vienne, une composition en tout semblable
à celle du tableau, avec celte légère différence que l'enfant Jésus agite une
banderole a la main, et que la Vierge tient le pied de son tils. Cette com-
position a été publiée dans les fac-similé de dessins de maîtres anciens,
lithographies par Mannsfeld. C-A. Favart en fit une eau-forte au sens
invei'se. en 1818. Il se pourrait que ce dessin fut celui-même que possédait
Richardson le vieux, et qu'il attribuait à Raphaël; car Richardson le jeune
raconte dans son ouvrage (vol. 111, p. 304), qu'il a vu au palais Borghese un
tableau du Pérugin avec des figures de grandeur naturelle, tout à fait
semblable au dessin qu'avait son père.
L'étude pour le saint Jérôme, à la pierre noire, se trouve au musée
Wicar, à Lille.
Mentionnons encore une copie moderne du tableau de Berlin, copie
qu'on s'étonne de voir dans un vieux cadre magnifique au palais Filippo
Donini^ à Pérouse. Il est probable que ce cadre contenait autrefois l'ori-
ginal.
H. Le Couronnement de la Vierge,
Tableau à gradin, peint sur bois, pour l'église S. Fraucesco, et depuis transporte de bois
sur toile; h., 9' 2"; L, 5' 2".
Ce tableau se divise en deux parties : dans le haut, on voit la Vierge qui,
les deux mains jointes et les yeux baissés, s'apprête à recevoir la couronne
que son divin fils va lui poser sur la tète. Quatre petits anges, autour de
ce groupe, jouent de la harpe, du violon et du tambourin. Au-dessuç,
dans le firmament, huit têtes ailées de chérubins et deux anges dans les
nuages contemplent cette scène.
La partie inférieure du tableau nous montre le tombeau vide de la
Vierge, dans lequel naissent des lis et des fleurs sous les yeux d(»s a|)ôtres.
1 . Le tableau porte le n^ 145, et M. Waagea le donne comme étant de Tépoque où Raphaël-
se trourait dans Técole du Pérugin, mais un peu plus tard que le n* 8. — [MoU de i'iditeur-)
DANS LA MANIÈRE DU PÉRUGIN. 13
Au milieu^ entre les deux princes des apôtres saint Pierre et saint Paul,
saint Thomas regarde la ceinture que la Vierge lui a laissée en s'élevant
an ciel. La ligure juvénile de Tapôtre, à gauche, qui tient un livre^ semble
représenter saint Jean. Les autres personnages ne sont pas caractérisés.
Au fond, une belle contrée avec des collines, d'un ton lumineux.
Ce tableau est encore traité dans la manière du Pérugin, mais le génie
de Raphaël éclate déjà partout : ses figures sont plus animées que celles de
son maître; on le reconnaît aussi au caractère gracieux de ses anges.
Nous avons déjà dit (tom. i, p. 56), que ce tableau d'autel fut peint
pour Maddalena degli Oddi et sans doute en i503, avant le bannissement
de cette famille de Pérouse. La date de i503 nous est fournie d'ailleurs par
le témoignage de Cesare Grispolti qui, dans son ouvrage Perugia augusla
descritta (Perugia, 1648, petit in-4®), dit positivement, d'après une tradition
iocale, que Raphaël s'est peint lui-même, à l'âge de 19 ans, dans la figure
placée la dernière au côté gauche du tableau. Or Raphaël, en effet, avait
eu 49 ans à la fin de l'année 1502. Mais la tradition qui concerne le, por-
trait est assez douteuse, car rien n'indique une ressemblance caractérisée
dans cette tête, et d'ailleurs les anciens peintres n'étaient pas dans Tusage
de reproduire des portraits contemporains en peignant des figures d'a-
pôtres.
Jusqu'en 1797, ce tableau fut un des ornements de l'église des Francis-
cains, à Pérouse; à cette époque » il fut envoyé à Paris pour le musée
de la République françaii^e. Ln, il fallut transporter sur une seule toile la
peinture qui menaçait de se perdre en restant sur ses deux panneaux
vermoulus. Le tableau, par suite de cette opération et du nettoyage, a
beaucoup souffert dans ses glacis; c'est là un fait incontestable, et les
taches noires dont il est couvert en quelques endroits proviennent des
retouches qui ont poussé au noir. Cependant, du moins pour ses parties
principales, il est encore dans un état satisfaisant de conservation.
Par le traité de paix de 1815, ce tableau qui était au musée du Louvre,
retourna en Italie, mais non pas à Pérouse. Il est placé aujourd'hui dans
la collection du Vatican.
•
ÉTUDES POUR LE COURONNEMENT DE LA VIERGE.
a) Première composition pour la partie supérieure : la Vierge, debout
dans une gloire, avec deux anges faisant de la musique à ses côtés, et cinq
têtes de chérubins (coll. Eszterhazy, à Vienne).
b) Partie inférieure : les douze apôtres autour du tombeau ; dessin fine-
ment et spirituellement traité à la plume (musée du Lou\Te). -
c) Le Christ tenant la couronne (coll. de Th. Lawrence).
d) Deux anges debout. Etude d'après deux jeunes gens dans le costume
de i'Ombrie. Dessin à la pointe d'argent. 2 feuilles (coll. d'Oxford).
U PEINTURES DE RAPHAËL
e) Un ange debout, tourné à gauche et jouant du violon (coll. \Vicar>
à Lille).
f) Étude pour la tête et les deux mains de saint Thomas. Dessin à la
pointe de métal. Au verso, étude pour le Christ et la Vierge qu'il cou-
ronne, d'après deux jeunes gens légèrement vêtus (coll. Wicar, à Lille).
g) Tête de l'apôtre saint Jacques le majeur, qui, dans le tableau, se
trouve sur le devant, à droite (coll. Leembrugge, à Amsterdam).
h) Tête de l'apôtre saint Jean. Esquisse à la plume (coll. de TAcadé-
mie de Venise).
t) Tête de l'ange debout, à droite, avec la main qui tient l'archet. Dessin
à la pointe d'argent (British Muséum).
Gravures: au burin, par E. Stôlzel, gr. in-foL; ^ au trait, par Graffooara,
pour les Quadri délia tala Borgia, petit in>fol. — De même, plus petite et plus
faible, par Couché (ils, pour le Manuel du Mutée français, N* 7.
On voit une ancienne copie de ce tableau, avec quelques changements,
dans l'église de Civitella Bernazzone, petit bourg situé entre Gubbio et
Pérouse. Elle offre l'inscription suivante : MDXVllI f de men. jylu. Les
apôtres portent chacun leur nom écrit sur la couture de leur vêtement,
ainsi qu'il suit, de gauche à droite : i. S. Simone, — 2. S. Johannes, —
3. S. Mattia. — 4. S. Andréa. — 5. S. Malteo, — 6. S. Pietro. —
7. S. Tomaso, — 8. S. Paolo, — 9. S, Taddeo, — 10. S. Bartolomeo,
\\, S, Jacomo maj, — 12. S. Jacomo min,
Predella du tableau,
SurboU; h., 1' 2"; 1., 5' 2".
Elle a trois compartiments en longueur, qui contiennent : l'Annoncia-
tion, l'Adoration des mages et la Présentation au temple, trois sujets diffé-
rents, séparés entre eux par un fond de peinture noire à grotesques rouges.
Ils furent gravés au trait, par Couché fils, pour le Manuel du Musée fran-
çais. Ces petits tableaux, d'ailleurs bien conservés, ont cependant été trop
nettoyés pendant leur séjour à Paris : ils sont aujourd'hui placés près
du tableau principal, au musée du Vatican.
A) L'Annonciation. L'ange s'approche de la Vierge assise sous une-
colonnade. Au fond un paysage, dans lequel on voit Dieu le Père et le
Saint-Esprit. — Landon, n«» 473.
Le dessin original pour cette peinture a fait partie de la succession
de Lawrence, à Londres. Les contours, dessinés à la plume, sont piqués
pour le calque. Ce dessin, qui était passé dans la collection du feu roi de
Hollande, fut acheté à sa vente pour le musée du Louvre.
Une copie de ce tableau, plus grande que l'original, peinte par Sasso-
ferrato, est restée dans l'église S. Pietro Maggiore, à Pérouse.
B) L'Adoration des mages. La Vierge, Tenfant Jésus et saint Joseph,
sont assis près d'une maison en ruines. Il y a trois bergers à droite, et
DANS LA MANIÈRE DU PÊRUGIN. ll^
Ifê trois roi$ sout au milieu du tableau; le plus jeune est debout derrière
le vieux qui est à genoux. Parmi leur suite, à gauche, on distingue deux
maliers et trois chevaux.
a) Une belle esquisse à la plume, qui a probablement servi pour le calque,
se trouve au palais Filippo Dunini, à Pérouse (haut. 12" 3'^, 1. 8" 3'").
6) Une autre esquisse, pour la partie droite de la composition, passa du
cabinet Crozat dans la collection royale de Stockholm.
c) La tête de Tun des bergers de droite : esquisse à la plume. A TAca-
démie de Venise. Dans Calotti, pi. II.
Gravé de la grandeur du tableau original, par Ant. Banzo, « in Borna,
presse la Calcografia camerale. » Gr. fol. en larg. — Landon, n<» 474,
C) La Présentation au temple. La Vierge, accompagnée de saint Joseph,
présente l'enfant Jésus au grand prêtre. Trois femmes se tiennent sous le
portique, à gauche, et quatre hommes, à droite.
Le carton original, dessiné à la plume, piqué pour le calque, était dans
la possession de feu M. Chambers Hall, à Londres.
Gravé de la grandeur du petit original, par Persichini, gr. fol, en larg.
— Landon, n" 475.
Angelo Maria Ricci, à Hieti, possède d'anciennes copies sur toile de ces
trois petits tableaux, mais elles offrent de nombreuses variantes dans
les détails. Un inventaire, daté de 1636, prouve que ces copies étaient
déjà dans la famille Ricci à cette époque : on les attribuait alors au Péru-
gin. Selon une notice, insérée dans le Giornale Pisano, n*" 5, année iHâ,
ces copies seraient de Sassoferrato, ce que semble dem jntir le document
que nous venons de citer.
12. Madone du comte Staff a.
Sur bois; carré de d" 3"'.
La Vierge, debout, plus qu'à mi-<;orps, tournée à fauche, porte l'enfant
Jésus assis sur son bras; elle a dans la main un livre que l'Bnfant tient
aussi. Au fond, un paysage avec quelques arbres dépouillés et des prai-
ries dans lesquelles serpente une rivière; dans le lointain, des montagnes
couvertes de neige. /
Ce tableau est de forme ronde, mais les quatre angles noirs du panneau
carré sont ornés de iigures rouges en arabesques, fantatisquement enla-
cées, du même genre que celtes qui couvrent le panneau entre les pein-
tures de la predella ou du gradin, que nous avons décrites dans l'article
précédent.
Raphaël s'est bientôt aperçu que de pareils ornements s'accordent peu
avec uo sujet de sainteté; car on ne les retrouve plus dans ses ouvrages,
après ces deux tableaux qui datent de la même époque.
Ce tableau, qui est encore dans sa pureté primitive, s'est légèrement
i6 PEINTURES DE RAPHAËL
fendu dans ces derniers temps. Il occupe toujours son premier cadre a
corniche, richement ornementé de palmettes.
Il était originairement dans la maison StafTa; il vint par héritage dans
la possession du comte connestabile délia Staffa, qui le conserve à présent.
On a prétendu que le comte StalTa possédait une lettre de Raphaël concer<-
nant ce tableau, et qu'il avait même dernièrement été proposer à un Anglais
de la lui vendre; mais toutes les recherches que nous avons faites à ce
sujet sont restées sans résultat.
Gravé par Samuel Amsler, en 1821, grandeur de l'original; de même*
par Pietro Mocchi.
Une belle esquisse à la plume pour cette Madone se trouve dans la col-
lection de don José de Madrazo, directeur du musée royal, à Madrid.
II existe beaucoup de copies anciennes de ce tableau ; à Pérouse, il y en
a deux belles : Tune dans la maison Baglioni, et l'autre chez le gonfalonier
délia Penna. Une troisième copie fut achetée par le défunt ministre
Wilhem von Humboldt. Celle de la maison Oggioni, à Milan, fut gravée
par P. Caronni, en 1817, petit in-fol. Une autre copie, qui est au musée
du Louvre , a été reproduite par Th. Richomme , dans un ornement
octogone, in-4°, avec cette inscription : LA VIERGE AU LIVRE.
Une imitation libre de cette Vierge, mais plus grande que l'original et
de forme carrée, est conservée à l'hôpital de S. Maria délia Misericordia,
h Pérouse. Dans cette imitation, l'enfant Jésus met la main gauche sur le
livre que tient la mère, tandis que, dans l'original, il a cette main sur la
poitrine et saisit le livre avec la main droite. En outre, le fond, à la place
d'un paysage, ne présente- qu'un mur peu élevé avec quelques montagnes
dans le lointain. — C'est incontestablement là Touvrage d'un très-habile
élève du Pérugin, car, quoiqu'il soit sec de pinceau, le dessin en est cepen-
dant d'une certaine ampleur et les formes en sont belles et bien étudiées.
Il est regrettable que ce tableau ait souffert, et que la couleur s'écaille
en beaucoup d'endroits.
Sa hauteur est d'environ 22", sur 18" de largeur.
Gravé par Ant. Krûger, in-4.
13. Z/^ Visio7i (F un chevalier.
Sur bois; carré de 6" 9'".
Un jeune chevalier, couvert de son armure, est couché sur son bouclier,
au pied d'un petit laurier qui est au milieu du tableau et sur le premier
plan. Ce chevalier est endormi et parait livré à un songe. Une femme, en
costume violet et pourpre, apparaît k sa droite, et, lui présentent un livro^
et une épée, semble vouloir le préparer en même temps à Tétude et :iu
combat. Derrière elle, dans le paysage, s'élève un château-fort, sur le haut
d'un rocher.
1. Voir t. l", p. 58.
DANS LA MANIÈRE DU PÉRUGIN. 17
A la gauche du jeune homme, une autre femme^ au vêtement rouge et
chatoyant, couverte de chaînes de corail, lui offre des fleurs comme un
emblème des plaisirs de la vie. Le paysage, du côté de cette figure, repré-
sente une belle ville auprès d'une rivière, et des montagnes dans le loin-
tain. Ce petit tableau, signé : RAPH. YRBI. INV., est d'une conservation
parfaite. C'est encore un ouvrage exécuté dans le style du Pérugin, mais
il est plus amplement et plus finement dessiné que les tableaux de ce
maître. La draperie, un peu bouffante de la jeune femme à gauche, rap-
pelle le manteau du Christ dans \e Couronnement de la Vierge, mais l'exé-
cution délicate et harmonieuse de ce tableau le place à une époque un
peu postérieure.
W. YouDg Ottley acheta ce tableau, qui avait fait partie de la galerie
Borghese, à Rome, et le revendit, en 1801, pour 470 liv. sterl. De la suc-
cession de Sir Thomas Lawrence, il passa dans la collection de lady Sykes,
et il fut acquis de l'héritier de cette dernière, le révérend T. Egerton, pour
la National Galiery de Londres, en 1847, au prix de 1,050 liv. sterl.
On voit à côté de ce tableau, dans la National Galiery, la composition
originale de Raphaël, dessinée à la plume; c'est un trait avec quelques
hachures ; il a été piqué pour servir au calque.
Ludvig Gruner a gravé deui fois le tableau, de la grandeur de l'original ;
la première fois^ pour notre édition allemande ; la seconde fois, en 1847,
pour son propre compte, avec cette inscription : VISION OF A KNIGHT ».
14. Portrait cFuii jeune homme,
Dans U collection de Kensinglon, à Londres. — Sur bois; d'environ 16*' ; carré.
Ce portrait en buste représente un jeune homme de quinze ans, vu
de trois quarts, tourné à droite et regardant le spectateur. Ses cheveux
sortent en touffes de dessous sa barette et tombent sur ses épaules; sa
poitrine est couverte par un vêtement noir collant, qui laisse apercevoir la
chemise, et est fermé au col par deux boucles rondes en or, sur les-
quelles on lit : RAFFAELLO — VRBINAS. FEC. On voit au fond un paysage
montQeux avec quelques fabriques et un bois d'où sort un cerf.
Ge portrait et surtout son paysage rappellent encore la manière du Pé-
nigin. Malheureusement il est très détérioré, usé et repeint Nous avons
pu l'examiner de près, ayant eu la permission d'en faire un dessin dans la
galerie de Kensington, où on le conserve aujourd'hui. Ce tableau doit être
le même que celui qui se trouve cité dans le catalogue des tableaux du
roi Jacques fl, sous le. n^ 123, comme étant le portrait de Raphaël lui-
même.
1* VoÎTi pour plus de détails sur ce tableau, t 1, p. 5S-59.
18 PEINTURES DE RAPHAËL
15. Le Mariage de la Vierge (1S04).
Tableau cintré. Sur bob. Figures un peu plus petites que demi-nature.
Dans ce célèbre tableau, généralement connu sous le nom de Sposalizio^
la Vierge est à gauche et saint Joseph à droite, lui présentant l'anneau
nuptial, tandis que le grand prêtre, qui est au qiilieu, leur tient les deux
mains. La sainte Vierge est accompagnée de cinq femmes, et saint Joseph
de cinq jeunes hommes : ce sont les prétendants qui se disputaient la main
de Marie. L'un d'eux, le plus beau des c[nq, brise sur ses genoux le roseau
qui ne voulait point fleurir; le second brise aussi le sien avec mauvaise
humeur, et les autres élèvent en l'air les roseaux qu'ils ont à la main. Au
fond, une place publique avec un temple à seize faces, entouré d'une* co-
lonnade. Sur la moulure de l'arcade du centre on lit : RAPHAËL VRBINAS.
MDllIL C'est la première date connue que Raphaël ait ajoutée à sa signa-
ture sur ses tableaux. De chaque côté du temple, l'horizon est borné par
des montagnes.
n est certain que Raphaël peignit ce tableau pour l'église S. Francesco»
à Ciltà di Castello, et que ce tableau lui avait été commandé par les moi-
nes de ce couvent, ainsi que le fait est énoncé dans l'acte du notaire Andréa
Brozzi. Cet acte, qui fut communiqué à Pungileoni par l'avocat Giacomo
Mancini, est ainsi conçu : a Guardianus et Fratres Ord. S. Francisci Min.
conv altare sub tilulo S.Joseph, in quo apparet pictum Sposalitium
ipsius S. Joseph cum B. V. Maria manu, celeberrimi viri Raphaelis de Ur-
bino volentes concedere lUmo et admodum excellenti 0. Albezzino^
et D. Pietro q. d. Juiii de Albezzinis de Civi Castelli et iconam ipsius
altaris, ut supra dictum est, pictam cum omnibus etsingulisejusdem alta-
ris et iconœ juribus et pertinentiis, etc.— Actum die 25 mens. Aug. 1633. »
D'après l'opinion de Pungileoni (dans le Giornale Arcadico, ùp XXXll,
p. 359j, et d'après notre propre observation, Raphaël n'a fait que suivi'e
pour celte composition celle du célèbre tableau de son maître, le Pérugin,
qui était autrefois dans la cathédrale de Pérouse, et qui, depuis 1804, est
placé à l'hôtel de ville de Caen, en Normandie ^ La seule différence de
composition qu'il y ait entre l'œuvre du maître et celle de l'élève, c'est
que ce dernier transposa les deux groupes d'hommes et de femmes, donna
plus de mouvement aux figures et ordonna mieux l'architecture du temple.
Le jeune homme qu'on voit sur le premier plan, brisant son roseau, est
imité de celui qui, dans le tableau du Pérugin, se trouve à l'arrière-plao,
et qui est « plus beau de mouvement » que la figure placée au premier
plan. Dans beaucoup de détails de l'œuvre de Raphaël, on retrouve encore
1. Selon H. Tboré, dans le Conttituiionnelf le Mariage de la Tierge, par le Pérugin, fut
envoyé au musée de Caen en 1804, arec d'autres originaux rapportés dMtalie, en vertu d*un
arrêté des Consuls de Tan X, qui répartissait entre quinze villes de France Iw tableaux que ne
pouvaient contenir les musées de Paris et de Versailles. {Noie de l'éditeur.)
DANS LA MANIÈRE DU PÉRUG1N. 10
la manière du Pérugio, quoique les expressioDS des têtes et lès mouye-
ments des personnages soient plus vivants et plus fins^ que les tons des
chairs soient plus suaves dans les transitions, et qu'en général les qualités
propres de Raphaël commencent à se montrer partout. Parmi les teintes
des draperies, il y en a qui ressemblent à celles que le Pérugin affection-
iiaiU Par malheur, Télève^ encore inexpérimenté, a employé pour faire
ces draperies des couleurs qui, comme le vert du vêtement de la fefknme
placée au premier plan à gauche, ont fortement poussé au noir. L'exécu-
tion de ce tableau n'est pas celle des autres petits ouvrages de Raphaël, qui
se distinguent par un fini extrême, mais elle est bien davantage calculée
pour l'effet général, ainsi qu'il en doit être dans un ouvrage de grande
dimension. Les lignes de la perspective du temple ont été tracées à Teucre
noire^ et sont d'autant plus visibles, que la couleur qui les recouvre est
d'une pâte légère.
Pendant près de trois siècles, ce tableau lit l'ornement de l'église
S. Francesco, àCittà di Castello, jusqu'au jour où le général comte Giu-
seppe Lechi, de Brescia, commandant une brigade française, s'en fit faire
présent, l'épée à la main, par le magistrat de la ville, le 29 janvier i798.
11 passa des mains du général Lechi dans celles du comte Salazar qui le
légua à rOspedale maggiore à Milan, et, sur la proposition de l'excellent
directeur du Cabinet numismatique, feu M. Gaetano Cattaneo, il fut acquis.
par la direction de la pinacothèque de la Brera, avec quelques autres
tableaux sans importance, moyennant la somme de 53,000 francs.
L'état de conservation de ce tableau est satisfaisant; il a même gagné,
depuis la bonne restauration exécutée par le cav. Giuseppe Molteni.
On ne connaît qu'une étude pour cet ouvrage, c'est la tête de la Viergo,
dessinée à la pierre noire, qui se trouve dans la collection Wicar à Lille.
Ghatcres : Ce tableaa a été gravé dans l'ouvrage intilalé Pinacoieca del Palazzo
delU $eiense e deiie arti diUHano, 1812, pi. 1 ; — par Giuseppe Longhi, à Milan,
1812, ÎD-foi. — Copié d'après Longhi, par Pietro Folo, 1831. — Au poiotillé et au
buriii, par Tbouvenio, in-fol. — Lithographie d'après le dessin de Longhi, par
Oeri, 1824; très-grand- in-fol. — Lithographie par S. Maier, d'après le même
dessin, dans la Kurnihalle de Carlsrahe. ^ Id., la partie inférieure seulement,
avec une tapisserie pour fond, par Gaetano Riholdi, pitt.; in-fol. en largeur. —
Gravé sur acier, par Pannier, in-fol.
iNciEifiiEs COPIÉS. — Giov. Andréa Urbani fît, en 1606, une copie de ce
tableau pour l'oratoire S. Giuseppe, à Urbin, copie qui lui fut payée,
d'après son reçu, 40 scudi. (Voy. Pungileoni, EL stor, di Raffaeilo Sanli,
p. 110, note.) Cette peinture se trouve encore à la même place.
Nous avons vu une autre copie de ce tableau, mais inférieure à la précé-
dente, dans l'église des Augustins, à Città di Castello, et une troisième,
très^ndommagée, dans la collection Solly, actuellement aii musée de
Berlin.
90 PEINTURES I>E RAPHAËL
Nous deN'oDS encore signaler une composition du Mariage de la Vierge,
par le Pérugin, exécutée en Tannée 1497, pour le gradin du tableau d'au-
tel, destiné à S. Maria Nuova di Fano ; elle a souvent été copiée dans
Técole du maître et ces copies ont passé dans le commerce pour des
esquisses de Raphaël. Ce Mariage de la Vierge^ composé par Pérugin, a
bien quelque ressemblance avec le tableau de Raphaël^ mais il est dans-
. le sens contraire. L'étude originale du Pérugin pour ce tableau se trouve
dans la collection Albertine à Vienne; elle a été publiée dans la onzième
livraison des fac-similé de Mannsfeld.
16. Saint Sébastien.
Sur bois; h., 16";!., 12".
Le saint est représenté en buste^ vu de face et vêtu. Il tient à la
main la flèche de son martyre. Le paysage du fond est d'un fini admi-
rable. L'exécution de ce tableau se rapproche beaucoup de celle du
Sposalizio, ce qui le place à la même époque. Raphaël a cependant traité
avec plus de finesse certains détails de ce petit tableau. Cela seul suffit
pour contredire l'opinion exprimée par M. von Rumohr, au tome 111^ p. xi,
de ses Recherches en Italie, savoir : que cet ouvrage serait le fragment d'un
plus grand tableau. S'il en était ainsi^ le paysage surtout ne serait point
si soigneusement terminé.
Ce tableau est bien conservé, sauf quelques retouches dans le ciel et
I même dans la tête du saint.
Le graveur Giuseppe Longhi de Milan l'acheta, dans la maison Zurla, à
Cremn, pour la modique somme de 3^000 lires de Milan. Le comte Gu-
glielmo Lochis, à Bergame, en est le possesseur actuel.
On en a donné une reproduction, gravée au trait, dans la traduction de
l'ouvrage de M. Quatremère de Quincy, par Longhena.
17. Le Christ su?' le mont des Oliviers.
Peint pour le duc Guidubaldo d'Urbino. — Sur bois; h., tV 6'" ; 1., 26'*.
Au premier plan, les trois apôtres sont plongés dans le sommeil. Saint
Jean est couché à gauche ; saint Pierre est assis au milieu, appuyant sa
tête sur son bras; à droite, saint Jacques, dont la tête, vue de profil^
offre quelque ressemblance avec la tête du Christ. Ils s'adossent tous trois
contre un tertre, sur lequel le Seigneur, à genoux, tourné à gauche, les
mains jointes, lève douloureusement les regards vers le ciel. Un petit
ange, ayant une jambe posée sur un nuage, descend dans les airs, à gauche,
apportant le calice d'amertume. A certaine distance, vers la droite, Judas
Iscariote s'avance avec six hommes armés. On voit encore deux autres
figures à gauche. Au fond, des collines plantées d'arbres, et une ville dans le
lointain. Sur les ornements d'or, presque eiïacés, du vêtement de saint
Pierre, ou distingue les lettres R. V.
DANS LA MANIÈRE DU PÉRUGIN. 21
'i Dous apprend que Raphaël fit, pour le duc Guidubaido, un tableau
achevé comme une miniature^ représentant le Christ sur le mont des
OlÎTÎers^ et que ce tableau fut donné plus tard, par la duchesse Leonora^
épouse du duc Francesco Maria, à deux camaldules^ Don Paolo Gius-
tîniani et Don Pietro Guirini^ qui avaient baptisé son fils.
Sw effet, ce tableau se trouvait encore au couvent des Camaldules de
b ^fÉtfe d'Urbin à la fin du seizième siècle, si l'on peut ajouter foi à un
ouTrage publié en 1587, sous ce titre : Roumaldina.
Depuis deux siècles cependant^ depuis le temps où le beato frate de
Gabrielli était prieur du couvent des Camaldules, à Urbin, le tableau a
passé dans la famille Gabrielli de Gubbio , qui depuis longtemps habite
Rome. En 18Î9, ce précieux tableau était comme perdu pour le prince
romain Gabrielli, car un domestique le lui avait volé et l'avait vendu pour
40 seudi a un marchand d'objets d'art, nommé Gigli. Le prince ne se fût
pas même aperçu de ce vol, si, un jour qu'il traversait la chambre où ce
tableau avait sa place d'honneur derrière un rideau de soie, le vent n'eût
soulevé le rideau et montré le cadre vide. Cependant le tableau volé
avait excité l'attention des artistes allemands, sans trouver d'acquéreur ;.
ce fut inutilement qu'on en offrit la vente à différentes cours d'Alle-
magne, et peu s'en fallut qu'il ne devînt la possession d'un amateur russe.
Le prince, averti à temps, put enfin, avec le secours de la justice, rentrer
en possession de son tableau, en désintéressant le marchand et en lui
abandonnant 10 scudi de bénéfice.
Depuis, ce même tableau fut acquis par le marchand d'objets d'art,
Woodbum, à Londres, en 1844, pour quatre mille écus romains. En 1845,
il appartenait à M. W" Coningham et il fut vendu à l'encan, en 1849,
pour la somme de 787 liv. sterl. 10 schellings. Aujourd'hui, il se trouve
dans le cabinet de M. Fuller Maitland, à Stanstead (Sussex) '.
Ce bel ouvrage, encore exécuté dans la manière du Pérugin, 'est, d'ail-
leurs, comme Ta ditVasari, d'un fini extraordinaire. Sa conservation
paraît très-satisfaisante, quoiqu'il ait été trop nettoyé par le marchand et
qu'un restaurateur maladroit ait assez mal couvert quelques parties où la
couleur était écaillée. Le tableau n'est pas usé et pourrait facilement être
remb m paifait état.
Il se trouvait, dans la succession de Sir Thomas Lawrence à Londres,
une ^ade pour deux des apôtres endormis, dessin à la pointe d'argent, sur
papier jaunâtre. D'après la roideur et la sécheresse du faire, nous osons
croire que c'est une copie faite par Timoteo Viti. Elle est actuellement
Wcimar.
Ludwig Gruner a gravé pour notre édition allemande, pi. X, ce tableau
qui n'avait jamais été reproduit jusqu'alors par la gravure.
1. Voir t. I, p. «3.
n PEINTURES DE RAPHAËL
Une ûDcienne reproduction de ce tableau fut exposée en 1834 à Rome.
On prenait cette copie pour un original et on en demandait 16,000 scudi*
Dans les deux petites figures du fond à gauche on a voulu reconnaître les
portraits du duc Guidubaldo d'Urbin et de Raphaël lui-même.
18. Saint George avec l'épée.
Sur bois; h., 10"8'";1.,9" 6"'.
Le saint chevalier, couvert d'une armure d'acier et monté sur un cheval
blanc, s'élance de droite à gauche. Il a déjà brisé sa lance contre le dra-
gon et il va lui donner le coup mortel avec son épée. Dans le paysage
aride et tout hérissé de rochers, on voit une femme qui s'enfuit.
Ce tableau rappelle encore la manière du Pérugin ; mais il est déjà
beaucoup plus fin de dessin et de caractère ; la couleur en est claire et
lumineuse.
Selon Lomazzo (Traitato délia pittura, p. 48), Raphaël fit pour le duc
d'Urbin un Saint George^ dont il y avait une copie dans l'église S. Vitto-
ria, à Milan. Cette copie est encore mentionnée dans ïltinerario dltalia^
par Andréa Scatto (Venezia, 162S, p. 60). Lomazzo cite un autre Saint
George comme existant au château de Fontainebleau; c'est certainement
celui dont nous parlons ici ; seulement Lomazzo se trompe, quand il le
dit peint sur le boiâ d*un damier, ce qui a eu lieu, en effet, pour le Saint
Michel, mais non pour le Saint George.
Toutefois, il paraît que Raphaël avait fait également le Saint Michel
pour le duc d'Urbin, comme destiné à servir de pendant au Saint George;
Selon la notice de M. Villot^ dans le catalogue des tableaux du Louvre,
ces deux tableaux de Raphaël passèrent de la collection du cardinal Ma-
zarin dans celle de Lours XIV ^ La copie qu'on voyait autrefois dans l'église
S. Vittoria, à Milain, pourrait bien être celle qui figurait avec le petit Saint
Michel dans la galerie Leuchtenberg à Munich, et qui est maintenant à
Saint-Pétersbourg. H. 12"; L r r.
Gravures : par Nicolas de Larmessin, pour le Cabinet Crozat^ n" 16; et par .
J.-L. Petit, pour le Mutée Napoléon; toutes deux de la grandeur de l'original. -»
Gravé àTeau-forte, par Duplessis-Bertaux, et terminé par Nicquet, in-4'', pour
la Gaierie FithoL — Landon, n« 333.
Une légère esquisse à la plume, spirituellement faite pour le Saint
George , est conservée dans la collection de Florence. Gravée par S. Mu-
linari, en 1774.
19. Saint Michel.
Sur bois; h., H"6'";l., 9" 6'".
L'archange Michel, plein de jeunesse et de force, recouvert d'une
armure d'or, debout sur le plus grand des monstres qui l'entourent, est
1. Voir t. I, p. 64-65.
.*
DANS LA MANIÈRE DU PÉRUGIN. 2S
au moment de le frapper a mort avec son épée. Son bouclier blanc porte
une croix rouge transversale. Dans le fond, à gauche, les pécheurs repen-
tants^ chargés de chapes de plomb^ passent lentement devant la ville de
la Colère, livrée aui flammes ; à droite, près d'un rocher, se trouvent ceux
(fù'u dans l'enfer da Dante, sont tourmentés par des serpents ; car Ra-
phaël semble s'être inspiré ici des chants 23 et 24 de l'En/^r , dans les-
quels Tauteur de la Divine Comédie dépeint les hypocrites et les voleurs.
Ce petit tableau, traité avec force et délicatesse à la fois, est vigoureux
et lumineux de ton. 11 a été peint sur le revers d'un damier.
Déjà Lépicié, dans son Catalogue raisonné des tableaux du Roy (Paris
4752/ vol. II, p. 9], avait émis l'opinion que Raphaël peignit ce Saint
Michel pouip le duc d'LYbin, comme pendant du Saint George. Le tableau,
provenant de la collection du cardinal Mazarin, se trouve, en un bon état
de conservation, au musée du Louvre K
Gravé par Claude Duflos, pour le Cabinet Crozat {n^ 15), de la gran-
deur de l'original. --- Landon,.n° 335.
Un dessin achevé pour le tableau se trouvait dans la collection Crozat.
Cat. Mariette, noi02.
L'ancienne copie, déjà citée, qui était dans la galerie Leuchtenberg,
affe^yie même que le Saint George, un ton un peu brun, et, quoiqu'elle
soilnHionne, il lui manque cependant, outre le dessin de Raphaël,
quelque chose de la délicate exécution de son pinceau.
20. Trois petits tableaux ronds.
Au musée de Berlin. «-^ Sur bois ; d'eaviron 6" de diamèlrê chaque.
Ces trois petits tableaux représentent, sur fond noir, une Pietà, où le
Chrfst, les bras étendus, est assis sur un sarcophage ; avec les ligures à mi-
corps des deux saints patrons de Pérouse, S. Lodovicus et S. Herculanus.
11 est de toute évidence que ces petites peintures, un peu rapidement
traitées, faisaient partie d'un gradin, mais on ne sait à quel tableau
d'autel. M. von Rumohr, qui eut le bonheur, si nous ne nous trompons, de
les acquérir à Pérouse, en flt présent au roi de Prusse, qui était encore
à cette époque prince royal, et c'est à son amour éclairé des arts que
nous sommes redevables du plaisir de les contempler au musée de Berlin*.
Dans les Recherches en Italie (vol. 111, p. 41), on trouve imprimée l'opi-
nion que ce sont là les restes d'un gradin pour le tableau du Couronne-
ment de la Vierge, et l'on rapporte que le peintre Wicar a possédé un
quatrième petit tableau représentant une Sainte Catherine, lequel avait
fait partie du même gradin.
I. Voir t. I, p. 65-66.
S. N^ 144 du catalogue, où ils ne sont pas désignés comine provenant de M. von Rumobr,
mais comme ayant été achetés par le musée. (Ifole de Viditeur,)
24 PEINTURES DE RAPHAËL
Faute d'autres renseignements à ce sujet, nous devons nous en tenir
à cette donnée. Mais il est impossible, en tout cas , d'admettre Topinion
du même écrivain, qui, dans son ouvrage intitulé : Trois Voyages en Italie,
p. S63, prétend que ces petits tableaux ne sont que des frfigments du
tableau d'autel de Saint-Antoine de Padoue ; car oe tableau d'autel û
passé en entier, de la galerie d'Orléans, en Angleterre.
PEINTURES DE RAPHAËL]
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE.
DE 1504 A 1510.
21. Madone du grand-duc de Toscaiie.
La Vierge (demi-fîgure), debout, porte sur son avant-bras gauche l'en-
fant Jésus assis et le contemple, les yeux baissés. L'enfant, vu de côté, tourne
la tête, jette les regards hor^ du tableau et pose sa main droite sur le
sein de sa mère. La figure de la madone, couverte d'un ample manteau
bleu, ressort puissamment sur le fond, qui est très-vigoureux de ton.
Quoique ce ravissant tableau se ressente déjà de la grandeur florentine,
toutefois, c'est encore la manière du Pérugin. A la lin du siècle dernier,
ce tableau, avec d'autres peintures de Carlo Dolci, se trouvait dans la pos-
session d'une pauvre veuve, laquelle, ne connaissant pas son trésor, le ven-
dit à un libraire pour i2 scudi. Par l'entremise de Puccini, alors directeur
de la galerie de Florence, cette madone devint la propriété du grand-duc
de Toscane, Ferdinand lil, qui la portait constamment avec lui dans ses
voyages, et c'est de cette circonstance que lui vint le nom sous lequel on
la désigne généralement. Nous avons vu cette précieuse peinture dans les
appartements de la grande-duchesse, au palais Pitti. Dans les derniers
temps, ce tableau a été placé dans une des salies de la galerie. La conser-
vation de cet ouvrage était parfaite, mais il a souffert depuis, par suite d'un
nettoyage à fond'.
Gravures : par Raphaël Morghen, en 1823; petit in-fol. Cat. 250 — Par délia
Bella; petit in-fol. — Par Franz Stôber, à Vienne; petit in-fol. — Vierge au pa-
lais Pitti, d'après un dessin de Desnoyers, gravé par Lorichon, 1835, in-fol. —
Par Jean Serz, in-fol. — De môme, par Ach. Martinet, avec de légères ombres,
mais bien dans lé caractère de l'original. — Lithographie par P. Stohr, in-fol. —
Id., par J. Fertig, petit in-fol. ^ De môme, par Deveriso, en 1839.
Une belle copie de cette Vierge, mais avec un fond de paysage, vraisem-
blablement l'oeuvre d'un élève de Raphaël à Florence, fut achetée en Tos-
I. Voir t. I, p. 70.
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 25
caoe par un amateur russe qui, en 1 838, la mit en vente à Francfort-sur-Mein.
Dans la coHection de Florence se trouve une étude originale à la plume
pour la tête de la madone.
22. Madone du duc Terranuova,
Sur bois; rond ; de 2' d 3/4" de diamètre. (ActueUement au musée de Berlin' .)
La sainte Vierge assise tient l'enfant Jésus couché sur ses genoux. Elle
Tadmire, la tête penchée vers lui et élevant un peu sa main gauche : ce
mouvement rappelle le style de Léonard de Vinci. Lé petit saint Jean,
debout à gauche, la tête fortement tournée, présente avec amour à l'enfant
Jésus une banderole, sur laquelle on lit : Ecce agnus Dei, A droite, un
autre enfant s'appuie contre la Vierge; cet enfant a une auréole et parait
représenter un des futurs apôtres. Un petit mur, derrière ces figures,
avec un paysage au loin, forme le fond du tableau. Dans la bordure de la
robe que porte la Vierge, en pleine poitrine on distingue la lettre M, ce
qui pourrait faire naître des doutes sur l'authenticité de cet ouvrage*.
Mais la composition, aussi bien que l'exécution, est tellement dans la ma-
nière de Raphaël à son premier séjour à Florence, que, quant à nous, il n'y
a pas d'incertitude sur l'auteur de ce chef-d'œuvre.
Le ton général de cette peinture est énergique, quoique doux. Le carac-
tère des têtes rappelle celui de la Vierge du grand-duc de Toscane, que
nous avons ci-dessus décrite : ces deux peintures sont évidemment de la
même époque. Le tableau, en somme, est bien conservé, mais il a été en
quelques endroits un peu trop fortement nettoyé.
D'après tous les renseignements que nous avons recueillis, ce tableau
paraît avoir toujours appartenu à la famille des ducs de Terranuova, de
Gênes, résidant actuellement à Naples. En 1854, il fut acheté pour le
compte du roi de Prusse, moyennant la somme de 30,000 écus. Cette
acquisition fut, dit-on, motivée surtout par un sentiment de piété filiale.
Le défunt roi avait beaucoup admiré ce tableau lors de son séjour à
Naples; mais, ne pouvant l'obtenir alors, il avait vivement recommandé à
son fils, le roi actuel, de ne point le laisser échapper si jamais la famille
Terranhova consentait à s'en dessaisir.
Gravé par Jérôme Scotto, 1823, grand in-fol. -— M. Ed. Schaeffer, à
Francfort-sur-Mein, en a fait un dessîn qu'il grave en ce moment.
Une étude qui semble avoir servi pour l'enfant Jésus se trouve dans la
collection de Florence.
i N** 2-i7^ du catalogue, où M. VSTaagen indique 1505 comme date probable du tableau.
i^oledeimieur.)
2. Cette lettre nous parait être l'initiale du nom de Marie. Rien n'était plus usité, a cette
<ixH}Qe, que les initiales d'un nom propre brodées sur des habits d'homme ou de femme.—
M. Waagen, qui, dans son catalogue du musée de Berlin, donne soigneusement les signatures et
marques des tableaux; ne signale point cette lettre M. {Noie de Védileur.)
é
26 PEINTURES DE RAPHAËL
23. Petite Madone de lord Cov^per .
Sur bois; h., 24";!., 17".
La yierge (demi-figure), assise près d'un mur, penche sa tête, vue de
face, un peu à droite, et tient de la main gauche l'enfant Jésus, qui l'enlace
de ses bras en se soulevant vers elle. Il pose un pied dans la main de sa
' mère, que celle-ci tient ouverte sur ses genoui, et il tourne la tête du côté
gauche en regardant vers le bas. Une draperie violette, recouverte d'un
voile transparent, enveloppe la tête de Marie. Pour fond, un paysage, dans
lequel on voit à droite une église à coupole sur une colline.
La composition de cet ouvrage est évidemment de l'époque où Raphaël,
en quittant la manière du Pérugin, se rapprochait de celle de Florence,
c'est-à-dire vers 150S. L'exécution en est très-facile, rapide, légère; les
mains, et surtout celles [de la Vierge, sont d'un dessin élégant, presque
coquet, ce qui ne se rencontre pas souvent dans les œuvres de Raphaël.
Les draperies sont fortement glacées; le premier plan du paysage offre un
ton brun-verdàtre> ef le fond est d'un bleu clair.
Il nous paraît douteux que ce tableau soit entièrement de la main de
Raphaël. Sa conservation, d'ailleurs, est parfaite*
11 se trouvait autrefois à UrbinS si nous sommes bien informé, et il fut
acheté par lord Cowper, ambassadeur d'Angleterre à Florence, pour la belle
galerie qu'il a formée à Pansanger près Hertford, résidence de sa iamille*.
Un tableau tout à fait semblable, qui cependant ne nous est connu que
par un dessin, a dû passer de la succession du ducd'Urbin chez un intendant
grand-ducal, nommé Peruzzi, demeurant à Florence. On dit cette peinture
très-achevée, mais elle aurait souffert du nettoyage. En 1847, un peintre
de Florence avait été chargé de la restaurer.
Une étude pour la tête de l'enfant Jésus, à la pointe d'argent sur papier
prépaie gris , est conservée dans la collection de l'Institut de Steedel, à
Francfort-sur-Mein .
24. Portrait d un jeune homme de la maison Riccio.
Sur bois; h., <9"6"'; I., 15*'.
Ce portrait en buste représente un jeune homme d'environ 20 ans,
tourné à gauche, vu de trois quarts et regardant hors du cadre. Ses che-
veux plats et tombants sont coupés droit; sa tête est couverte d'une petite
1 . Michèle Dolce, dans ses notes manuscrites, réunies Ters 1775, et intitulées : Raggwiglio
delUpittwre ehêii trovano in VrbinOj parie (p. 60) de deux Madones peintes par RapbaSl,
qui se trouvaient dans les familles Bonaventura et Palma; ces tableaux ont actuellement disparu.
Peut-être l'un d*eux est-il celui que lord Cowper acheta à Florence. Ka toui cas, Dolce n'était
point un connaisseur qu'il faille eroirê sur parole. (Voy. Pungileoni, p. 8.)
2. 11 a été exposé à Manchester, a* 138. Voir Trétori d'ori^ etc., par W. Burger, p. 56.
(Note de Védileur.).
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 37
barette noire; de la nain droite il tient son pourpoint. Sur les deux agrafes
du vêtement qu'il porte en dessous et qui laisse sortir sa chemise, on lit:
BAPHAELLo YRBiNAS FEC. Deux colonnes de marbre coloré ornent le fond,
de chaque côté, entre lesquelles on aperçoit au loin une prairie entourée
d'un bois où un cerf, guetté par un loup-cervier, Tient paître sous des
arbres.
Ce tableau, très-bien conservé, est encore quelque peu dans la manière
du Pérugin. Il provient de la maison Riccio de Florence, où il était encore
quand Ignatius Hugford déclara par écrit que cette peinture avait à ses
yeux une oiigînalilé incontestable. Raphaël Mengs confirma depuis l'opi-
Dion de Hugford en ces termes: « lo sottoscrito ho veduto e considerato il
« sopra aocennato quadro, il quale giudico opéra di mano di Raflaele da
« Urbino , come sopra. Fatto a Firenze oggi 17 Gennajo 1774. RaffaelA
< Mengs. » L'attestation d'Ignatius Hugford, dans laquelle il dit par erreur
que le portrait représente Raphaël lui-même à l'âge de 21 ans, a été collée
derrière le panneau. Ce tableau. passa ensuite dans la coll. du comte Fir-
man, au château de Leopoldskron près Salzbourg» et plus tard dans celle
du banquier Trautmann , qui le vendit au roi Louis de Bavière pour la
pinacothèque de Munich < .
Gravé par P. Ant. Parai, pet. in-fol. — Lithogr. par Lorenz Quaglio, de la
grandeur de l'original, pour le cinquième cahier des Imitations de Zelter,
d'après les meilleures peintures originales(Munich, 1822).— Ce portrait,
dans ces deux reproductions, est donné comme celui de Raphaël.
25. Tableau cC autel pour le monastère de Saint-Antoine
de Padoue, à Pérouse.
Raphaël peignit un tableau avec un tympan (lunetta) et un gradin
d'autel (predella) à cinq sujets, pour les religieuses de ce couvent. Il avait
entrepris déjà ces ouvrages en 1S04, avant son voyage d'Urbin, mais il ne
les termina qu'à son retour à Pérouse, comme nous le démontrerons plus
loin •.
Tableau principal.
Sar bois ; presque carré. Figures deux tiers de nature.
La Vierge, assise sur un trône richement orné et élevé de quelques
marches, tient l'enfant Jésus sur son genou droit; celui-ci porte un vête-
ment blanc, à ornements verts et rouges, avec un manteau violet. De la main
droite il bénit le petit saint Jean qui s'approche en adoration. Près du
trône se tiennent debout sainte Catherine à gauche, vue de profil, et sainte
Dorothée à droite, toutes deux ayant en main des palmes, symbole de
I. N* 587, II* partie, (hi catalogue du musée de Monieh, qui suppose que ce portrait pour-
rait «tre cahii du due d'Urbin. {Noie de l'éditeitr.)
3. Voir aussi t. 1, p. 71 el suivantes.
28 PEINTURES DE RAPHAËL
leur martyre. Sur le devant se trouvent, d'un côté saint Pierre, et saint
Paul de l'autre. On entrevoit un paysage qui forme le fond, de chaque
côté du trône. Le ton de cette peinture est puissant, et souvent brun dans
les ombres; la carnation des femmes et des enfants est cependant très-
claire. La tête du saint Pierre rappelle celle du même apôtre dans le
tableau du Couronnement de la Vierge; celle de saint Paul est très-colo-
rée, et brune dans les ombres. Le manteau bleu foncé de la Vierge est
parsemé de points d'or dans le goût antique. En général, les bordures des
vêtements sont très-richement ornementées à l'instar du Pinturicchio. La
Vierge et TEnfant, tous deux ravissants de douceur dans Texpression,
tiennent encore à la première manière de Raphaël, tandis que les deux
saintes trahissent déjà l'influence norentinje, autant par la forme des têtes
que par le mouvement des mains. Le ciel et le paysage sont d'un ton un
peu noir, mais tempéré.
Le tympan.
Il représente le Père Éternel vu à^mi-corps, ayant le globe terrestre dans
la main gauche, avec deux anges à ses côtés, et au-dessus, dans le firma-
ment, deux têtes de chérubins. Ce tableau, qui rentre bien plus dans la
manière du Pérugin, est moins brun de ton que le tableau principal, avant
lequel il a du être terminé.
En 1678, les religieuses vendirent ces deux peintures au comte Gio.
Antonio Bigazzini, à Rome, moyennant deux mille scudi, et reçurent en
outre une copie de l'un et l'autre tableau pour leur maitre-autel. (Voy.
Annibale Mario tti iLettere pittoriche Perugineiy elc, Perugia, 1778, in-8.
p. 126. Il a tiré ces renseignements des archives de Pérouse.) Plus tard,
ces tableaux entrèrent dans la galerie Colonna, et, à la lin du siècle dernier,
ils devinrent la propriété du roi de Naples. Ils sont bien conservés, à cela
près cependant que le tableau principal est fendu dans toute sa largeur,
et qu'une des deux fentes traverse les trois têtes de femmes.
Une gravure au trait de ces deux tableaux se trouve dans V Histoire de
Vart par les monuments, de Seroux d'Agincourt, t. 11. — Lithogr. par
Deluise, in-fol., et par Ludwig Ritter, in-fol.
L'étude pour Dieu le Père, dessinée à la plume, H'après le modèle vivant,
se trouve dans la collection W^icar, à Lille.
Peintures du gretdin.
Il y avait cinq sujets, que les religieuses vendirent, antérieurement, à la
reine Christine de Suède, en 1663, au prix de 601 écus romains. (Voyez
Mariotti, Lettere pitt, peiug., p. 125.) Ils passèrent de la galerie Bracciano
dans celle du duc d'Orléans, et, quand cette dernière fut en majeure partie
vendue à Londres, en 1798, ces tableaux se trouvèrent divisés entre plu-
sieurs amateurs anglais.
1
0-
I »
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 29
A) Le Christ sur le mont des Oliviers. Près d'un tertre, le Christ, vu de
pro!il, prie à genoux. Un ange descend vers lui et lui présente le calice de
douleur. Tout près de lui, à ses côtés, sur le premier plan, dorment
saint Jean et saint Jacques, et derrière le tertre, saint Pierre, qu'on ne voit
qu'à mi-corps. Ce tableau, qui est le plus faible des trois peintures du
gradin, nous semble avoir été exécuté, d'après un dessin de Raphaël, par
on de ses camarades d'atelier. 11 est, du reste, très-firotté et repeint. Vendu
dans la galerie Bryan, pour 42 liv. sterl., en 1800. Samuel Rogers l'avait
acheté de la succession de lord Eldin, à Edimbourg*. (H. 9^', 1., 10'^)
Gravé, de la grandeur de l'original, par Jean-Charles Flipart,pour le Ca-
binet Crozat; — par Couché fils et Lienard, pour la Galerie d'Orléans; —
par Ludwîg Graner, del. et sculps. London, 1849, in-fol. eu larg.— Lunc/on,
n*»226.
B] Le Portement de Croix. Deux cavaliers ouvrent le cortège. Derrière
eux, le Christ, chargé de sa croix, que le bourreau tire avec une corde, et
accompagné de deux soldats. Joseph de Cyrène cherche à soulager le Sau-
veur du poids de la croix. Â droite, la Vierge, qui s'évanouit, est secourue
par trois saintes femmes et par saint Jean, qui la contemple avec douleur.
Cest le plus beau des tableaux du gradin , et il est bien conservé.
(H.,9^, 1., â3'\) Ce tableau fut vendu dans la galerie Bryan, à Londres, en
1798, pQur ISO liv. sterl., à M. Hibbert. Le possesseur actuel est M. Ph. John
Uiles, à Leigh Court, près Bristol.
Gravé par Nicolas de Larmessin, de la grandeur de l'original (n^ 26),
pour le Cabinet Crozat — ; par Couché fils et Lienard, pour la Galerie
à' Orléans. — Landon, n*» 216.
Il existe dans la galerie Bridgewater, à Londres, un petit tableau qui re-
présente la même figure du Christ portant sa croix, en vêtement violet, au
milieu de deux pilastres ornés d'arabesques. Il est également attribué à
Raphaël K
C) Le Christ mort. Il est couché sur les genoux de la Vierge; saint Jean
le soutient par-dessous les bras, et Marie-Madeleine lui baise les pieds.
Aux deux côtés se tiennent debout Joseph d'Arimathie et saint Nicodème.
Pour fond, un paysage avec trois arbres. C'est un beau tableau, clair, d'une
grande finesse de dessin et d'un profond sentiment. L'arrangement général
paraît emprunté au Pérugin. Vendu dans la galerie Bryan, à Londres, pour
60 liv. sterl. Il passa ensuite du cabinet de Bonnemaison dans celui du
comte Karl von Rechberg, à Munich, et de chez ce dernier dans la collec-
tion de Sir Thomas Lawrence, puis dans celle de M. M.-A. Whyte, à
(. U appartient aujourd'hui à miss Burdett Coutts, qui Ta acheté à la tente Rogers. (Voir
Tritors d'arly etc., par W. Burger, p. 53-54.) {Noie de l'idileur.)
2. U n'est pas porté dans le catalogue de Bridgewater Gallery (Loudon, 1856). {Note dt
l'éditeur.)
SO PEINTURES DE HAPHAEL
Barrow Hill, près Ashborne, Derbyshire. Il est aujourd'hui dans la pos-
session de M. H. Dawsen. Ce tableau est bien conseryé. (H., ^\ 1.^ W.)
Gravé par Claude Duflos^ pour le Cabinet Crozat (n** 27), de la grandeur
de l'original. — Par Couché fils et Lienard, pour la Galerie d'Orléans» —
Lithogr. par Ekemann Allesson, in>fol., en largeur.
L'esquisse originale pour ce tableau se trouvait dans la collection Crozat.
Catal. de Mariette, n^" 104.
D et E) Saint François et saint Antoine de Padouf. Le premier, tourné
à droite, tient un livre rouge et une croix; le second, tourné à gauche,
tient un livre vert et une branche de lis. Le fond est bleu. (H., %", I., ty\)
Ces deux petits tableaux ne sont pas sans doute de la main de Raphaël,
mais ils ont dû être exécutés sous sa direction par un de ses condisciples,
ils se trouvent aujourd'hui, sous les n""^ 306 et 307, à Dulwich Collège^ dans
la galerie de tableaux que Sir Francis Bourgeois légua à cet établissement.
Nous croyons devoir citer ici deux anciens tableaux pour lesquels on
s'est servi de la composition du tableau principal de l'autel des religieuses
du couvent de Saint-Antoine, et qui, pour cette raison, ont été attribués à
Raphaël lui-même. Un de ces tableaux se trouve dans féglise Saint-Augus-
tin, à Pérouse, et représente la Vierge assise sur un trône avec l'enfant
Jésus; saint Pierre et sainte Catherine, à gauche; saint Paul et sainte Lu-
cie, à droite. On a seulement ajouté deux anges en prière dans les angles
du haut. Sur la marche du trône on lit cette inscription : A. D. MCCCCCYIIIL
Wk» A* id. 1.
C. F. von Rumohr, dans son ouvrage (Italienische Forschungen, vol. 111^
p. 74), explique ainsi ces abréviaUons : KAL. AVGVSTI. SANZIVS INVENIT,,
et il pense que ce tableau, ébauché par Raphaël qui l'aurait laissé ina-
chevé, a pu être terminé par un autre peintre. — C'est là une opinion que
cet écrivain n'aurait jamais émise, s'il se fût rappelé que le tableau
de réglise Saint-Augustin est, dans ses parties principales, absolument
conforme à celui qui est à Naples. Ce tableau ne saurait donc être qu'une
copie, avec quelques changements.
Une autre peinture, dans laquelle la Vierge et l'enfant Jésus, de la com-
position de Raphaël, ont servi à représenter le Mariage de sainte Cathe-
rine, représente, au lieu des saints qui se trouvent dans cette composition,
saint Nicolas de Tolentino d'un côté, et deux évéques de l'autre. Il y a
une Annonciation dans le cadre qui le surmonte. Ce tableau, qui est dans
l'église Tutti Santi, à Città di Castello, ne peut être, comme le précédent,
que l'ouvrage d'un faible imitateur de Raphaël dans sa m^Miière pérugi-
nesque.
1 . Ils sont portés tous àetxx dans le catalogue de Duiwieh Collège, son plus au nom de Ra-
phaël, mais au nom de Perugino. {Note de l'idilew,)
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 3t
26. Madone de la famille Ansidei (ISOo).
Sur bois; figures entières, du peu moins grvuies que nature.
La Vierge est assise sur un trône élevé, avec des degrés en forme de
caissons. Elle tient l'enfant Jésus sur son genou droit, tandis que sur le
genou gauche elle ouvre un petit livre dans lequel ils lisent ensemble l'un
Qt l'autre. A gauche, saint Jean-Baptiste debout, les regards levés, montre
le Sauyeur de la main droite^ et de l'autre il porte une croix de crïstal eu
guise de bâton. Le saint évêque Nicolas de Bari est placé de l'autre côté,
tenant sa crosse et un livre, dans lequel il lit. La frise, sous le dais, oiïre
cette inscription : SALVE. MATER. CHRISTI. Sur la bordure, au bas du
vêtement de la Vierge, est la date MDV. A travers l'arcade ouverte, der-
rière le trône delà Vierge, on voit un paysage et une ville.
Raphaël peignit ce tableau d'autel pour la chapelle de saint Nicolas de
Bari, dans l'églife S. Fiorenzo, à Pérouse; chapelle qui appartient à la fa-
mille Ansidei, et pour la décoration de laquelle Filippo di Simone Ansidei,
mort en 1490, laissa un legs considérable. Par l'entremise de GalvinoHa-
miUon, ce beau tableau fut acheté, en 1764, par lord Robert Spencer, pour
une somme considérable, et en échange d'une copie faite par Nicolas
Monti,. laquelle est encore dans l'église. Le noble lord donna plus tard ce
tableau à son frère le duc de Marlborough; il est encore aujourd'hui con-
servé à Blenheim Palace.
Le faif de cette peinture accuse encore l'école du Pérugin, mais le
dessin des parties nues est plus ample et plus naïutty les têtes ont un ca-
ractère plus profond et plus sérieux, surtout celle de l'évêque. La tête de
l'Enfant est d'une grâce et d'un charme tout particuliers. La couleur de
tout ce tableau est claire et lumineuse. Les draperies aussi sont plus libre-
ment traitées que dans l'école du Pérugin, seulement celle de la Vierge est
mesquine de plis et quelque peu soufflée, comme celle du Christ dans le
Couronnement de la Vierge, de S. Francesco. Mais ce tableau ne porte
pas, comme celui du couvent de Saint-Antoine, les différents caractères
d'un talent qui cherche et qui se développe : au contraire, il est fait d'un
seul jet et d'une seule inspiration. Son état de conservation est parfait.
On avait commencé à le nettoyer dans le bas, sous la figure de saint Jean,
mais fort heureusement on en est resté là.
Ludwig Gruner, auquel nous devons la reproduction de cette peinture,
pi. XI de notre édition allemande, en a gravé en 1856 une estampe plus
grande et terminée.
Le tableau avait autrefois un gradin avec trois petits sujets, tirés de la
vie de saint Jean-Baptiste, mais ils ont été fortement détériorés; deux
de ces peintures restèrent en Italie, et la moins endommagée des trois fut
seule transportée en Angleterre ; elle représente la Prédication de saint
Jean, l^e saint, debout sur un tertre, est entouré de trois groupes d'audi-
3Î PEINTURES DE RAPHAËL
leurs. Dans le groupe le plus rapproché de lui on remarque deui jeunes
gens, d'une grande beauté raphaëlesque, qui semblent très-émus des pa-
roles du Précurseur, tandis qu'à leurs pieds deux enfants continuent
innocemment leurs jeux. Au milieu du paysage, on voit venir deux
cavaliers.
Les draperies de ce petit tableau sont encore plus largement traitées
que celles du tableau principal et elles rappellent souveut la manière de
Alasaccio. Seule la draperie rouge de saint Jean eal encore mesquinement
brisée, et, de plus, elle est fortement glacée. Du reste, la couleur générale
a un ton vigoureux et lumineux à la fois, et tout le tableau est très-dé-
litatcment traité.
C'est chez Je marquis de Lansdowne, à sa résidence de Bouood, près
DeVizes, que nous avons vu ce petit tableau.
Gravé par Ant. Capellan, de la grandeur de l'origiDal, in-rol. en lart'.,
avec l'inscription suivante : NobiUssimoviro Roberlo Spencer insigni liujus
labulœ possessoTt, C. Morisnn. L. D.
27. PdX vobis.
Dcnii-rigure sur bois 1 h-, IS" euïiron.
Le Christ, ressuscité, n'est rouvert d'une draperie rouge que sur l'épaule
droite et aubur des reins. La couronne d'épines est encore sur sa léte
qu'il incline. De la main droite il bénit, et de la main gauche il indique
la plaie qu'il a dans le cOté. Le ciel et le peu de paysage qui forme le fond
sont d'un ton très-vigoureux. L'étude consciencieuse de la nature dans la
du Christ et l'exécution générale rappellent, d'une manière évidente,
eau du palais de Blenheim; seulement, celui-ci, étant plus petit,
isi plus délicatement terminé. La couleur des chairs est fraîche et
bres ont un ton brun-clair. La draperie rouge est encore Fortement .
, mais elle a unesorte de grandiose dans l'arrangement. Tout nous
ie à croire que ce tableau a été peint en IS03. Sa conservation ne
rien à désirer. Il passa de la famille Mosca de Pesaro au comte Paolo
Tosi, à Brescia.
Gravé par Ludwig Gruner, tS3S, pet. ia-8. Au trait, par le mêine, les
ombres légèrement indiquées, pour la traduction italienne de l'ouvrage de
M. Quatremèrc de Quincy, par Longhena.
28. Tête juvénile peinte « fresfpie sur une brique.
Cette tète (on ne saurait dire si c'est celle d'un jeune homme ou d'une
jeune tille) est presque vue de face, un peu penchée vers la gauche. Les
cheveux bouclés sont partagés sur le sommet de la tête et tombent par
masses sur les épaules, recouvertes d'une draperie à peine indiquée. Les
Irails du visage ont ce caractère singulier, voisin de raiïétcric, (jui se ren-
contre quelquefois dans les uuvragesdelajeunesse de Raphaël. Il paraîtrait
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 33
que cette tète fut un essai préparatoire, avant l'entreprise de la grande
fresque de S. Severo ; en tout cas, elle est bien de cette époque. Cette
intéressaote relique se trouvait chez un fripier de Pérouse, qui, n'en con-
naissant pas la valeur, la vendit pour 5 paoli (à peu près 2 fr. 20 cent,
de France). Le roi Louis de Bavière l'acheta pour 1,000 scudi chez le
comte Giulio Cesarei, à Pérouse, et la déposa à la Pinacothèque de Mu-
nicb K
De;ix anciennes copies à l'huile, exécutées incontestablement d'après
cette tête, que nous avons trouvées chez des marchands à Rome et à Pe-
sait), prouvent qu'elle était connue et estimée autrefois.
La reproduction qu'on a faite de cette peinture dans la traduction
italienne de l'ouvrage de M. Quatremère de Quincy est beaucoup trop
maniérée.
29. Fresque à San Severo (1505).
Raphaël exécuta cette peinture murale dans une ancienne chapelle
latérale de l'église des Camaldules, à Pérouse, au retour de son premier
voyage à Florence. Il ne termina que la partie supérieure, fermée par une
ogive et remit à un autre temps l'exécution de la partie inférieure. Dans
cet intervalle, ayant été appelé à Rome, il fut dans l'impossibilité de tenir
sa promesse. Les moines cependant ne renoncèrent à l'espérance de voir
Raphaël achever lui-même son ouvrage, qu'en recevant la nouvelle de sa
mort, et alors seulement, en 1521, ils chargèrent le Pérugin de finir la
fresque commencée par son élève.
Le sujet représenté par Raphaël est une réunion céleste de saints
Camaldules, autour de la Sainte Trinité. Dieu le Père, tenant un livre où
sont les deux lettres mystérieuses A et fi, s'élève, avec le Saint Esprit,
au-dessus de son divin Fils ; ce groupe est semblable de disposition à la
partie supérieure de la fresque surnommée la Disputa, qu'on voit au
Vatican. Deux petits anges accompagnent Dieu le Père, et deux autres
anges vêtus, un peu maniérés, se tiennent debout en adoration auprès du
Sauveur. Celui-ci élève les bras pour bénir. A gauche, un peu plus bas,
on Toit, assis sur des nuages, trois saints Camaldules, à savoir : S. Mau-
rus, S. Placidus, martyr, et S. Benedictus. A droite, sur la même ligne :
S. Romualdus, S. Benedictus, martyr, et S. Johannes, martyr.
Cette peinture a malheureusement beaucoup souffert : la figure presque
entière du Père Étemel n'existe plus ; la tête et l'aile de l'ange placé du
côté droit, ainsi que la tête de saint Jean, ont aussi à peu près disparu.
De notre temps, on a cherché à prévenir la ruine imminente de cette pein-
ture^ et le professeur Giuseppe Caratloli a mis la plus grande sollicitude
^. Xe Catalogue du musée de Munich, n" 541, 11' partie, iutitule ce tableau: c Buste de
saint Jean rÉvangéliste. » {Noie de l'éditeur.)
11. 3
34 PEINTURES DE HAPHAEL
à restaurer et à sauver cette fresque^ sans toutefois s'arroger le droit de
refaire les parties détruites. Le monde artistique lui doit une vive recon-
naissance, ainsi qu'aux moines, qui ont fait ériger un échafaudage, afin
de faciliter la vue de cette admirable peinture, qui est aujourd'hui étroi-
tement enclavée dans des constructions nouvelles.
Nous avons déjà fait remarquer (voy. tome I, p. 73) que Tordonnance
de cette fresque est imitée des anciennes peintures représentant le Juge-
ment dernier, par Orcagna, fra Angelico da Fiesole et fra Barloloraeo,
mais que cette imitation a été faite librement et d'une façon originale.
Dans la composition de la Dispute du saint Sacrement, Raphaël sut se
servir plus richement encore de ces mêmes motifs, en les appropriant à
un sujet tout à fait dilTérent. Quant à l'exécution, nous avons fait remar-
quer aussi que, guidé par les éludes qu'il avait faites des ouvrages de
M. saccio et servi par la nature même de la peinture à fies<iue, il dé-
ploya plus de grandeur dans les draperies, plus de largeur dans le faire
en général, et révéla dans les caractères des têtes une beauté et une
profondeur qu'il ne devait qu'à son propre génie.
Il est probable que ce n'a été qu'après l'achèvement de la partie infé-
rieure de cette fresque, c'est-à-dire après 1521, que l'inscription suivante
fut ajoutée à la peinture : Raphaël de Urbino Domino Octaviano Stephano
Volaterrano Priore Sancfam Trinitatem Angelos aslantes Sanctosque
pinxit. A. D. MDF,
Les six saints debout, peints par le Pérugin (S* Scolastica , 6. Hierony-
mus, S. Giovanni, evangelista, S. Grégoire, S. Bonifazio et S* Maria V. M.),
ont reçu l'inscription qui suit : Petrus de Castro Plebis Perusinus tempore
Domini SUvestri Stephani Folaterrani a dexttris et sinistris Divae Cristi-
ferae Sanctos Sanotasque pinxit. A, D. MDXXL
Un dessin au trait, d'après la fresque entière, gravé par Achille Calzi,
a été publié dans l'i^pe/ta/mna, cmquième année du recueil. — La partie
supérieure de la composition a été gravée seule par J. Keller, in-fol. en
largeur- On a restitué, d'après la Dispute du saint Sacrement, la figure de
Dieu le Père et la tète du saint Jean. — Lilh. par Milde, in-fol., en largeur,
sans les figures qui sont endommagées dans la fresque. — Les figures
séparées du Christ et de saint Maurus ont été gravées par Ant. Kriiger^
1836, in-8.
On a cru reconnaître une esquisse pour la tête de saint Benedictus,
sur une feuille dessinée à la mine d'argent, qui se trouve dans la collec-
tion d'Oxford, et qui offre aussi une esquisse du Combat des Cavaliers
d'après le carton de Léonard de Vinci. (Voy. le Catal. des Dessins, n® 143.)
30. La Vierge au Chardonnei^et.
Sur bois; h., 3' 1" ; 1., V 5". Figures entière», demi-grandeur naturelle.
La Vierge, assise dans une campagne, tient un livre à la main et con*
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 35
temple avec amour le petit saiut Jean, debout, à gauche, offrant un
chardonneret à l'enfant Jésus. Celui-ci, également debout, s'appuie contre
les genoux de sa mère et Teut caresser l'oiseau. On voit, dans le paysage
du fond, trois petits arbres et un pont à une seule arche. Le terrain du
premier plan est orné de plantes diverses, dans le goût de Léonard de
Vinci. La t^te de la Vierge a une grande analogie avec celle de la Madone
de S. Fiorenzo. Vasari nous apprend que Raphaël peignit cette bello
Vierge pour le Florentin LorenzaNasi. et que le tableau ayant été brisé
daasj'écroulement de la maison où il était en i5l7, les morceaux en
furent trè&-habilement rejoints. Depuis que ce même tableau est entré à
la Tribune de la galerie de Florence, il a tlé de nouveau restauré à plu-
sieurs reprises, ce qui nécessairement lui a fait perdre beaucoup de sa
valeur primitive; mais, malgré ces restaurations successives, le divin
génie de Raphaël, y brille encore de tout son éclat.
Gravxrcs : par Raphaël Morgben, 1814, in-fol. ; — par Ant. Kriiger, in-fol. ; —
par IgDazio Pavon, in-fol. — A l'eau-forte, par Riepenhausen. — La tète seule,
dans Qo ovale, par Manuel Esquive!, 1815, iD-8. — La Vierge à l'Oiseau, dessiné
et gravé par Achille Martinet, 1838, in-fol. — Lith. par Lemercier, 1844, in-fol.
— C. Frombecb se., 1849, in-fol.
Une composition pour ce tableau, dessinée à la pointe d'argent, se trouve
dans la coll. Wicar, à Lille.
Une ancienne copie d'après ce tableau, laquelle était autrefois au mo-
nastère de Vallorobrosa, est conservée actuellement à l'Académie de
Florence.
31. La Vierge dans la Prairie.
Sur bote; h., 3' 7"; 1., r 9"-
La Vierge , assise dans une campagne , se penche vers l'enfant Jésus
qu'elle tient devant elle, et tournant bn peu la tête à gauche, regarde le
petit saint Jean. Ce dernier, à genoux, présente une petite croix a son
divin compagnon qui la saisit de la main droite, en le considérant avec
une expression à la fois douce et sérieuse. Le fond offre un joli paysage,
où Ton voit une ville au bord d'un fleuve. Le gazon le plus rapproché /les
figures est émaillé de fleurs et de plantes, dans le genre de Léonard de
Vinci, ce qui fait que Christian de Meehel a caractérisé cette Madone en lui
donnant le nom de Vierge dans ia Prairie, « die Jung fr au im Griinen, » De
tous les tableaux de Raphaël, c'est celui qui se rapproche le plus de la ma-
nière de Léonard de Vinci, autant par l'expression des têtes et la pose
des deux enfants, que par le jet des plis de vêtements et le ton brun du
paysage. Quant à la couleur toutefois, elle est complètement analogue à
celle de Giovanni Santi et du Pérugin. Ce genre de coloris, que Raphaël
conserva saut' quelques modifications jusqu'à la fln de sa vie, aflecte des tons
gris brun dans les ombres, rougeâlres pour les transitions, et blanchâtres
dans les lumières. La robe rouge de la Vierge est fortement'glacée, mais
36 PEINTURES DE RAPHAËL
le bleu de son manteau s'étant un peu aiïaibli, il en résulte que celte par-
tie et ses ombres surtout manquent de vigueur. Sur la bordure du vête-
ment de la Vierge, on distingue au milieu des ornements le millésime
MDY£/I, qui peut indiquer aussi bien l'année 1505 que Tannée 1506.
Raphaël voulut vraisemblablement constater par là qu'il avait commencé
son travail en 1505 et qu'il l'avait terminé Tannée suivante. Eu tous cas,
cette supposition est parfaitement d'accord avec la manière de cette pein-
ture. La conservation de ce tableau est bonne, à l'exception de quelques
endroits qui ont été un peu trop nettoyés et tachés.
Nous savons, par Baldinucci (Notizie de Professori del disegno^ elCy
Firenze, 4G8i-88), que de son temps ce tfibleau se trouvait encore à Flo-
rence chez les héritiers de Taddeo Taddeî, pour lequel, comme Vasari nous
Tapprend, le jeune peintre d'Lrbin peignit par reconnaissance deux Ma-
dones, qui toutes deux, quoique témoignant des progrès que Raphaël avait
faits dans cette ville, rappelaient encore les Vierges du Pérugin. Baldinucci
remarque encore, plus loin, que les héritiers du sénateur Giovanni Taddei
vendirent ce tableau moyennant une somme considérable à Tarchiduc Fer-
dinand Charles du Tyrol. Ce fut probablement en 1661, lorsque ce prince,
accompagné de l'archiduchesse Anne, sa femme, (ille du grand-duc
Cosme II, séjournait à Florence, où il resta jusqu'au 2 février 1662. Après
la mort de Tarchiduc, laquelle arriva bientôt après (le 31 décembre 1662),
le tableau entra dans la remarquable collection d'armures et d'objets d'art
fondée par son grand-oncle au vieux château d'Ambras, car il est parfai-
tement décrit sous le n° 135 de cette collection. En 1773, il fut transporté
avec d'autres ouvrages d'art dans la galerie impériale de peinture à Vienne,
laquelle à cette époque était encore dans le Stallburg. Mais, depuis 4777, il
est au château de plaisance*, nommé le Belvédère».
Gravures : par Piélro Anderloni da Brescia, 1810, in-foL ; — par Carlo Agri- -
cola, 1812 Jn>fol. ;— par G. KoUerba, pour les Galeries de Haas, vol. IV; — par
Weiss, avec un autre paysage, in-8; faible; — par M. Voglcr, petit in-4, — par
SteinmiJller, d'après un dessin de Theer, à Vienne, grand in-fol. ; — par J. Hahn,
pour l'ouvrage de J.-R. de Perger : Die KuntUchœtze, Wien, 1854, in-fol.
Il y a des esquisses pour ce tableau, dessinées à la plume, dans la collec-
tion Albertine, à Vienne; elles ont été gravées par Paccini en 1770. Un
dessin à la sanguine passa des collections Ten Kate et Rutgers dans celle
de M. C. Ploos van Amstel, à Amsterdam, et fut vendu en 1800 pour 9 flo-
rins. Ce doit être le dessin qui a fait partie de la collection de Samuel
Rogers à Londres. Il est maintenant dans la possession de M. T. Birchall.
Gravé à l'envers par B. Picart pour les Impostures innocentes^ w* 5. —
I
1. Voyei, quant à ces dernières indications, la Ref>ue autriehiennef pour les renseigne-
ments historiques, et les Archive» d'Êlat du 2 mai 1835.
i. Cette collection du château de Behédère est le f musée de Vienne. • La Vierge dans la
Prairie y est cataloguée sous le n* 55 de la troisième salle. [Noie de l'idiieur.)
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. • 37
Lîth. par Schoaitmann à Vienne^ iD-4^. — Gravé par Balzer, in-4»; — par
Gûntberdans iio ovale ^ pet. io-8^ — LacdoD, n"» 144.' — Dans la coll.
d^Oiiford il s'en trouve un autre dessin à la pointe d'argent» mais fortement
reniis à Teffety au bistre^ par une main étrangère.
Les aocieunes copies d'après ce tableau sont rares. Il en est cependant
une sur toile^ fort bonne, dans la sacristie de l'église S. Tommaso Gantau-
rîeose à Vérone. On attribue ce tableau à F. Carotto ou à B. Garofolo.
32. Madone de la Maison Tempi,
Sur bois; h., 28"; l., 19".
Marie, debout, tournée à droite, un peu plus que mi-figure, presse de la
main droite contre elle-même et soutient de la main gauche l'enfant Jésus,
qu'elle veut embrasser. Un paysage avec une ville dans le fond. Ce pré-
cieux tableau, rempli d'un ravissant sentiment, nous apparaît comme
l'expression pure de l'âme de Raphaël. Les mains de la madone sont pour-
tant dessinées avec négligence, trop fortes peut-être, et celle de gauche
est même manquée dans son raccourci. L'exécution de Teusemble est si
libre, si spirituelle, que ces défauts échappent facilement à la vue. Le
paysage, largement traité, est bleuâtre de ton.
Ce tableau bien conservé était, dit on, couvert de poussière et comme
ignoré dans une chambre de la maison Tempi à Florence, où il se trouvait
déjà en 1677, selon Gio. Cinelli {Bellezze di Firenzp, p:282), lorsqu'il fut
découvert en quelque sorte par le médecin de cette maison. Celui-ci le ^
considéra plus attentivement, reconnut le trésor et» rempli de joie, fit
part de sa découverte au marquis Tempi. On se rappela en effet que le
tableau avait été autrefois exposé, à l'occasion dune cérémonie religieuse,
dans cette même chambre abandonnée depuis. Un an après, il fut acquis
par le roi Louis de Bavière pour la somme de 46,000 scudi, et il devint un
nouvel ornement de la riche Pinacothèque de Munich ^
Le carton original se trouve au musée Fabre, à Montpellier. Voy. le
Catalogue des Dessins.
Une ancienne et* bonne copie, mais avec un fond gris au lieu de
paysage, se trouvait, en 1839, chez le peintre M. van Hauselaer à Gand.
Gravorbs : par Antonio Morghen, petit in-fol.; — par A.-B. Desnoyers, 1821 ;
petit in-fol , pour l'ouvrage : Recueil d'eslampa gravées d'aprèi les peintures à fresque
iUiliennes, etc., par Boucher Desnoyers, d'après ses dessins faits en Italie, dans
les années 1818 et 1819; — par Samuel Jesi, dis. et incid., in-fol. ; — par Samuel
Amsler, petit in-fol. 1837; - par Wagner, 163-2, petit in-fol. ; — par Théophile
Kisling. — Lith. par F. Piloly, in-fol. — De même, par F. Wolf, petit in-fol. —
Landon, n* 426.
•
f « N<> 614 du catalogue. II* partie, Cabiuet XXI. (Note de l'éditeur, )
58 • PEINTURES DE RAPHAËL
33. Sainte Famille au Palmier.
Tableau peint sur bois et transporté sur toile. Rond ; de 8* 4'* de diamètre.
r
La Vierge, assise à droite sur un banc, près d'un palmier^ tient sur ses
genoux Tenfant Jésus^ qu'elle a entouré d'un bout de son voile. A gauche^
saint Joseph à genoux présente des fleurs à l'enfant, et celui-ci les reçoit
en regardant son père d'adoption avec un charme d'expression ineffable.
Le premier plan est parsemé de plantes et de fleurs, dans le goût de Léo-
nard de Vinci. Le lointain, d'un ton modéré^ représente une vallée plantée
d'arbres. Le profil de la Vierge est de la plus grande linesse; la t(^te de
saint Joseph, très-chaude de couleur^ fait contraste avec celle de l'enfant.
Quoique cette Vierge ait encore des similitudes avec celles du Pérugin,
elle est cependant, sans aucun doute, postérieure à la Vierge dans la
Prairie; elle révèle déjà décidément l'originalité de Raphaël à son époque
florentine. Nous supposons que ce précieux tableau est le second de deux
qu'il lit pour Taddeo Taddei. Il passa de la collection Tamboneau dans celle
du duc d'Orléans, et fut acquis à la vente de Londres pour 1,300 livras st.
par le duc de Bridgewater.
Actuellement^ il est dans la possession de lord Ellesmere, à Londres^ Il
a été transporté de son vieux panneau sur une toile grossière, dont les fils
en diagonale donnent un assez vilain aspect au tableau, d'ailleurs bien
^ conservé. Lorsque le roi Louis Philippe revit ce tableau à Londres, il ra-
conta au possesseur d'alors, le marquis de Stafford, que ce tableau était
autrefois tombé en héritage à deux vieilles filles, lesquelles, ne pouvant
s'entendre sur le fait de sa possession, le firent couper en deux, afin que
chacune en eût sa part. Plus tard les deux moitiés, étant revenues à une
seule personne, furent rejointes avec soin. On ne voit aujourd'hui aucune
trace de cette mutilation, et toute l'histoire du tableau coupé en deux mor*
ceaux pourrait bien n'être qu'un conte.
Gravures : par Egidius Rousselet, 1656, avec cette inscriptiot) : h'iorct aparte-
runt in lerrû nôtlrâ, grand in-d; — par Jean Raymond, en4;ontre-partie, n° 23 du
CeUnnet Crozal, ou ftcruet/ d'ettampes d'après les pfus beaux tableaux de France;
Paris, 1729; — par R.-U. Massard, pour la Galerie d'Orlèant, petit in-4 ; —
par I). Huber, au pointillé, petit in-4; — par Fr. John, au pointillé, d'après
uti tableau appartenant au comte J. de Czernichew, et attribué à fra Bartolomeo ;
petit ih-4, — par Félix Massard, dans un carré, petit in-foi. ; — par Ach. Mar-
Unet ieL elsculp., 1844, grand in-fol. — Landon, n*> 327.
L'esquisse pour la Vierge avec l'Enfant et la tête de saint Joseph, dessi-
née à la pointe d'argent, passa de la succession Lawrence dans la collec-
tion du roi Guillaume 11^ à La Haye, et fut achetée à la vente de cette col-
2. N** 3S du catafognede firidgewater Gallery (London, 1856), où il est dit que ce tableau,
avant d'a\oir passé dans la galerie d'Orleaas, avait apparteuu au marquis d'Auniout, qui l'avait
veudu à M. Delauoue. ^ La Vierge au Palmier se trouer e aussi gravée daus la Stufforél
Gallery. [Note de l'èdHeur.)
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 39
JectioQ pour le musée du Louvre, au prix de C90 florins. — Latidon,
II* 529.
Philippe de Champaigne fut chargé d'en faire une copie pour Tabbaye
. de Port-Royal, et Mué en avobs vu une pareille en 4847 chez M. Letestu,
* l^s.
34. Portraits d'Angelo Dotii et de Maddalena Strozzi,
sa femme.
Âogelo Doni, âgé d'environ trente ans, est assis près d'une balustrade
sur laquelle il appuie son bras gauche^ tandis que sa main droite repose
sur ses genoux. Il est vu de trois quarts et tourné a droite. Un surtout noir
a agrafes d'or couvre son habit rouge à larges manches ) sa tête est recou-
verte d'une barette noire. La figure se détache sur le fond lumineux du
GJel et sur un paysage à collines, parsemé de quelques petits arbres vigou-
reux dé loti. La couleur des chairs, en général, est d'une teinte rougeâtre
avec des ombres brunes grises et de vives lumières. Le dessin n'en est pas
partout correct, il lui manque encore la pureté que nous trouverons dans
les œuvres suivantes du maître. L'expression roide et guindée de ce por-
trait est celle qu*ont ordinairement les pei^sotmes qui posent devant un
peintre.
Maddalena Doni, née Stro7zi, femme d'Angelo, est vue presque de face^
un peu tournée à gauche, assise dans un fauteuil, une main posée sur'
l'autre main. Son corsage rouge à larges manches en damas bleu est bordé
d'une bande de velours bleu foncé. Ses longs cheveux, qui tombent der-
rière ses épaules, sont enveloppés d'un (ilet. Elle a pour collier un simple
61 d'or, auquel est suspendu un joyau de trois pierres avec une grosse
perle en forme de poire. Des collines et un seul petit arbre occupent le
fond. La couleur de ce portrait est molle, claire, et du même faire que le
portrait d'Angelo; les cheveux isolés qui s écartent de la masse sur le fond
de ciel sont de même peints un à un. Quoique le dessin soit mieux soigné
et plus finement senti dans ce portrait-ci que dans l'autre, on n'y reconnaît
cependant pas encore un artiste exercé en ce genre de peinture, et tout y
accuse la timidité de son pinceau. Néanmoins, cette [teinture a un charme
extraordinaire, et elle est faite avec beaucoup d'amour. Les deux portraits
sont peints sur des panneaux qui avaient déjà servi à un peintre, car sur
leur revers on voit des figures mythologiques tracées en noir sur un fond
clair.
Giuseppe Montani n'a pa^ fait connaître les documents qui l'ont autorisé
à dire que Raphaël avait reçu 700 scudi pour ces deux portraits. Le fait nous
paraît d'autant moins vraisemblable que, selon le témoignage de Vasari,
Angelo Doni n'avait pas la réputation de payer les artistes très-généreuse-
pient. Et puis Raphaël, qui alors était à peine â^é de %% ans, ne pouvait
40 PEINTURES DE RAPHAËL
prétendre à un prix si considérable que, même à l'époque de sa plus grande
renommée, il n'aurait pas osé Texiger d'une personne appartenant à la
classe bourgeoise.
Jusqu'en 4758^ ces portraits restèrent dans la maison Doni,à Florence;
mais, après la mort de Pietro Buono di Francesco Doni, ils allèrent comme
héritage aux descendants de son frère Gio, Battista, et ensuite à la mar-
quise de Villeneuve à Avignon. En 1823, le fils aîné de cette dame les re-
porta à Florence, et là, il essaya inutilement de les vendre, pendant trois
années; car ni la commission académique de Florence, ni le professeur
Wagner, désigné par le roi de Bavière, ne voulurent reconnaître leur au-
thenticité. Mais le restaurateur de tableaux, Johann Metzger, qui s'était
donné beaucoup de mouvement dans cette affaire, ne se tint pas pour battu.
Il publia sous sa propre responsabilité un mémoire dans lequel il garantis-
sait Toriginalité des tableaux, leur provenance et leur bonne conservation;
ce mémoire devait être envoyé aux cours étrangères. Lorsque le grand-duc
Léopold II, actuellement régnant, eut connaissance dudit mémoire, ce
prince fit faire une nouvelle expertise par le peintre français Fabre, et,
d'après les conclusions de ce peintre, il acquit les tableaux, en 1826, au
prix de 5,000 scudi. 11 est vrai de dire que ces tSLbleaux avaient beaucoup
perdu de leur éclat primitif, par suite des nombreuses craquelures du vieux
vernis. Ils avaient donc besoin d'un nettoyage, lequel fut confié au restau-
rateur de tableaux Domenico del Potestà. Celui-ci, les ayant humectés
trop vivement avec de Vacqua di rasa, vit bientôt avec effroi que la peinture
commençait à se dissoudre en même temps que le vernis. Il n'y avait plus à
songer à un nettoyage; mais que faire? Il courut chez Metzger et lui conta
son embarras. Celui-ci lui donna le simple conseil (nous l'enregistrons ici
pour l'instruction de ceux qui pourraient se trouver en pareil cas) de faire
sécher la dissolution en plein air, et d'opérer ensuite avec plus de prudence.
De la sorte furent heureusement sauvés ces deux portraits , qui ne sont pas
la peinture la moins intéressante de l'incomparable galerie du palais Pitti.
Les deux portraits ont été gravés au trait par Giuseppe Rossi, en 1828,
pour la traduction italienne de l'ouvrage de M. Quatremère deQuincy, par
Longhena, et pour la Storia délia Pittura italiana de Rosini, vol. IV,' p. 53.
Angelo Doni, lith. en contre-partie, par Franco Pieraccini, in-tol.
Maddalena Doni, lith. en contre-partie, par Francesco Pierucci, in-fol.
— Gravé par Zignani, in-fol.
35. Portrait de femme.
A la Tribune de Florence. — Sur bois; h., 2* 4"* , l., 1' 5" 2".
Cette jeune Florentine est un peu tournée vers la droite. Un réseau en
filet brun bordé de rubans verts entoure ses cheveux, séparés sur le front
et tombant sur le cou. Elle a un collier d'or, admirablement peint, auquel
estsuspondie une petite croix. A son corsage vert, garni d'un ruban rouge
<f
DE SON ÉPOQUE FLORENTIiNE. 41
bran, sont attachées de larges manches de la même couleur. Son devan-
tier est bianc avec un raban rouge. La main droite prnée de deux bagues,
afec l'index étendu, s'appuie sur une balustrade, et la main gauche est
posée sur l'avant-bras droit. Le fond est vigoureux. Ce tableau est malheu-
reusement très-usé, et si son ensemble raphaëlesque frappe les regards,
c'est seulement dans quelques parties que la touche du maître se reconnaît
encore. Les mains surtout, très-belles de couleur et de modelé, sont
peintes dans cette manière hachurée que Raphaël avait adoptée alors.
L'étoOe blanche qui sort des manches est traitée largement, comme celle
du portrait de Maddalena Doni et comme celle d'un autre portrait de
femme, d'une époque postérieure, qui est au palais Pilti, à Florence. Les
ombres des chairs sont accusées en brun, d'un ton chaud et doré.
On ignore quelle est la personne représentée dans ce portrait; on ne
sait pas davantage l'origine du tableau, car c'est sans aucun fondement
qu'on a prétendu, à Florence, que ce devait être le portrait de Maddalena
Doni, ou bien celui d'une autre dame de sa famille.
Gravures : pai D. Picchianti, en contre-partie, pour la RaeeoUa de' quadri dei
Grau Duehi di Toicana. — Au trait, pour la Reale Galleria di Firense (pres'^o Mo-
lÎDi et C., Firenze), 1817, Xlll vol. in-8; et dans la SUtria délia Pitlura italiana
de Bosini, tom. IV, p. 35.
36. L'Adoration des Bergers.
Raphaël, dans sa lettre adressée à Francesco Francia, à Bologne, du
5 septembre iS08, lui écrivit : « Je vous envoie un autre dessin de la Crèche
{presepp), et très-différent, comme vous le verrez, du premier, auquel vous
vous êtes pju à prodiguer tant de louanges. »
Malvasia, dans sa Felsina PUtrice (Vie du Francia, p. •44], rappelle une
célèbre Adoration des Bergers, par Raphaël, laquelle, selon Baldi, se trou-
vait à Bologne, chez Giovanni Bentivoglio, avant son bannissement, en i 506.
On n'a aucun renseignement sur le sort de ce tableau*; mais nous sup-
posons que ce pourrait bien être le petit tableau que madame de Humboldt
a vu dans l'appartement de l'infante Marie, à S. Ildefonso, en Espagne •, et
qu'elle a décrit de la sorte : « La Madone est assise sur une marche peu éle-
vée, ayant devant elle l'enfant Jésus, que saint Jean embrasse. Sainte Elisa-
beth, un fuseau à la main, se tient derrière la Vierge. Un jeune berger
1. UaWasia (Feltina Pitlrice, vol H, p. 18) cite un petit tableau de la Crèche par Raphaël,
qui était chez Carlo Fantuzzi, à Bologne, mais sans rien ajouter de plus; ce qui fait qu'on ne
sait pas si c'est le même qui se trouvait précédemment chez Bentivoglio, ou bien s'il s'agit
senlement d'un dessin.
2. Durant notre voyage en Espagne, nous avons fait des recherches, mais sans résultat satis^
faisant, pour découvrir ce que ce tableau était devenu. Le directeur même des collections royales
n'en avait aucune connaissance. Il est dooc à présumer que ce tableau a été enlevé lors de l'in-
vwtion des Français sous le règne de Napoléon P**.
42 PEINTURES DE RAPHAËL
accourt, apportant deUl pigeons dabs un petit panier. Sdint Joseph ost
un peu en arrière, entre la Vierge et le bergef; on voit au fond ua
homme qui entre dans Tétabie avec un taureau et un âne. Là Vierge est
vêtue de bleu et de rouge; saint Joseph, de vert, et sainte Elisabeth, de
bleu foncé. La draperie du berger est d'une couleur qui varie entre le bleu
et le vert; Thomme qui entre dans Télable a un vêtement jaune onibré
dé rouge. Après avoir décroché le tableau et après Tavoir examiné très-
attentivement, il me parut hors de doute que c'était un ouvrage de tla'
phaël, fait dans sa première manière, lorsqu'il accusait ses contours avec
une sorte de dureté, et que son pinceau avait encore de la sécheresse.
D'ailleurs, quel autre que lui aurait pu créer ces admirables types, ces
draperies si simples et cette touchante composition. Ce tableau me sembla
être un vrai trésor. » (Voy. Programm zur Jenaer Literaturzeitung , 1809,
p. 8, 9.)
Dans son ouvrage sur l'Italie, M. C.-F. von Rumohr a exprimé l'opinion
que le charmant tableau de TAdoration des Mages, qui figure à la galerie
de Dresde, sous le n° 5, serait Une libre imitation du Franck, d'aprt's le
Presepe de Haphacl. C'est là une supposition gratuite que nous ne discu-
terons point, mais nous rappellerons seulement que le pendant du tableato
en question est un Baptême du Christ, d'une égale beauté de composition
et d'exécution, que nous avons eu l'occasion de voir, eu 1831, chez les
frères Woodburn, marchands d'objets d'art, à Londres.
Nous ajouterons encore le renseignement suivant, relatif à une Adora-
ration des Bergers, qui a été vue à Urbin, par un marchand de tableaux
expérimenté et qu'il croit incontestablement de Raphaël. Ce tableau, eà
largeur, a environ 3 pieds de long. Les bergers arrivent du côté gauche;
. Marie, l'enfant Jésus et saint Joseph sont à droite; et, derrière eux, on
aperçoit deux anges qui semblent avoir conduit les bergers. Ce tableau
passa plus tard en d'autres mains et disparut sans qu'on ait pu retrouver
sa trace.
37. Sai7it George armé de la lance (1506).
Sur bois; h., H";l., 8" 3"\
Le saint chevalier s'élance, du côté droit, vers la gauche, monté sur un
cheval blanc, et enfonce sa lance dans la poitrine d'un dragon mon-
strueux, qui exhale, en mourant, son haleine empoisonnée. Derrière le
monstre, a gauche, on aperçoit la caverne, et à droite, dans le paysage,
la princesse à genoux, qui, les mains jointes, implore le secours du ciel.
Entre les collines boisées du fond, on voit au loin les tours d'une ville.
Sur le harnais qui entoure le poitrail du cheval, on ht : KâPHAËLLO. V.,
et, sur la jarretière que saint George porte par-dessus son armure, est
écrit ce mot : « Hom. » Ce qui s'explique par ce fait bien constaté, que
Raphaël peignit ce tableau pour le dut; d'Urbinj qui le destinait à ëtf^
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 43
offert eo présent au roi d'Angleterre Henri Vll^ qui l'avait nommé membre
de l'ordre de la Jarretière, ou de Saint-George.
Le^oite Castlglione partit d'Urbin pour Londres, le 10 juillet i506»
CD qualité d'envoyé extraordinaire^ afln de recevoir au nom de son maître
les insignes de Tordre et l'accolade du roi. Ce tableau ne peut donc avoir
été peint que vers le milieu de rannée 1306, et cette date n'est pas seu-
lement attestée par la manière dont le tableau est peinte mais elle se
rapporte aussi au séjour que Raphaël (It à Urbin à cette même époque^
ce qui est incontestablement prouvé. (Voy. la première partie de notre
ouvrage pour de plus amples renseignements.)
Le comte de Pembroke possédait ce petit tableau en 1627, comme
on le trouve indiqué sur la gravure de Vorstetman. Plus tard, nous voyons
le tableau catalogué dans la collection des objets d'art de Charles l^'^ sous
Je n« 14, et nous savons aussi qu'il fut vendu ensuite 150 livres st.
Florent Le Comte, dans son Cabinet des singularités ^ Paris, 1702>
t. Il, p. 77), Dous apprend que ce petit tableau était alors dans la collée
tion de M. de la Noue. Voici le pussage :
« Il y avoit un autre (que celui du Cabinet du roi) Saint George chei
M. de la Noue ; il est de la seconde manière ; il avoit coûté 500 pistoles et
il en fit faire une copie par M. Champagne pour mettre dans l'église du
Port-Royal, n Ce tableau passa depuis, de la collection du marquis de
Sourdis dans le cabinet de Crozat, et il fut acquis avec les autres tableaux
de ce cabinet célèbre par l'impératrice Catherine II de Russie. H est placé
aujourd'hui en ex-voto, avec une lampe qui brûle perpétuellement, auprès
du graod portrait de l'empereur Alexandre, dans la longue salle des por-
traits peints par Dawe au palais de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg K
Gravurbs : par Luc Vorsterman, 1627; en contre-partie; on rencontre sou-
vent des coDtre-épreu\es de celle estampe, in-4 ; — par F. Ragot, d'après Vorsler-
man, mais du côté opposé, in-4; — des Granges delin., 1628, in-4; — par un
anonyme, Coroel. Galle excud , in-fol.; — par un anonyme néerlandais, sans
la princesse agenouillée, petit in-fol. en largeur; — par un anonyme, faible gra-
vure avec des changements dans le paysage, ln-4; — par iMc de Larmessin,
pour le Cabinet Crozat, n» 31, in-fol.; — par L. Gaultier, in-4; - Paul Fursl
excud., petit in-fol. Deux gravures, l'une comme le lableaU et l'autre du coté
opposé. — Anonyme allemand; copie d'après la gravure de Luc Vorsterman ,
iri-i, avec ces vers allemands :
Dcr Rîitet Sanct Georg erloeste Ton dem Dracheo
Oas zarte Koenigtblut, etc.
— LandoD, n« 334.
1. M. le comte d*Espagnac, qui possède dada sa galerie, à Paris, une très-belle répétition
de ce tableau, {^rélead avoir l'original. ?7ous transcrirons ici la note de son catalogue, en lui
iaistant la responsabilité de cette attribution :
• U Saiat George,, peint par RapbaSt, avec l'ordre do la Jarretière^ efit celui cjue le comt9
44 PEINTURES DE RAPHAËL
Une belle esquisse à la plume pour ce tableau, piquée et ayant du senir
au calque, se trouve dans la collection de Florence. Gravée par Mulinari.
Une copie du tableau a été laite à l'aquarelle par Peter Oliver, en 4628.
Voy. le Cat. des ouvrages d'art de Charles I«% p. 33.
Lord Cliffoni, à Irnliam, Lincolnshire, possède une tapisserie faite d'a-
près le Saint George , probablement sous Charles l***, dans la fabrique à
Mortlake. Voy. Gunn, Cartonensia, p. 200.
38. Sainte Famille, avec saint Joseph sans barbe.
Sur bois ; h., 25" 6"' ; l., ÎO", «*". — Figures à niiî^orps. .
La Vierge, tournée à gauche, est assise dans une chambre et tient l'en-
fant Jésus sur son genou droit. Celui-ci lève sa main droite vers le sein de
sa mère et tourne la tête du côté gauche vers saint Joseph, qui s'appuie des
deux mains sur un bâton. La tête de ce dernier, qui est sans barbe, semble
un portrait, d'une expression assez maussade. On voit un paysage à tra-
vers une fenêtre cintrée, à droite. A en juger par le style du dessin, ce
tableau doit avoir été peint en 1306, et il pourrait bien être un des deux
tableaux de Madone que Raphaël, selon Vasari, exécuta dans sa manière
florentine pour le duc d'Urbin. Cette supposition se transforme presque en
certitude par la mention que nous lisons dans l'Inventaire du garde- meuble
ducal de 1623, lequel indique sous le n" 39 un tableau de Raphaël, sur
bois, représentant une Madone avec l'enfant Jésus et saint Joseph. Le ma-
nuscrit de cet inventaire se trouve à Pesaro, chez les Olivetains, sous le
n» 386 de leur bibliothèque. Voy, Dennistoun, Memoirs of the Dukes of
Urbino,yo\. JII, p. 441.
Ce tableau s'est trouvé plus tard en France, dans la maison d'Angoulême,
et, comme il avait été fortement repeint, il fut vendu moyennant une faible
som/ne à un certain M. Barroi. Le peintre Vandine sut le nettoyer et le
Balthazar CAstiglione offrit au roi (TAnglcterre Henri YH, de 11 part du duc d'Urbin Gilidu-
baldo, au mois de novembre 1506.
« Lorsque Cromwell fît vendre la galerie de Charles ï"j ce tableau passa dans la galerie du
comte de Pembroke, et fut gravé par Vorsterman , célèbre graveur de cette époque. Postérieu-
rement, il figura dans les galeries du marquis de Sourdis et du fameux financier Crozat, et fut en-
core gravé par Larmessin. Voici comment s'exprime, à son égard, André Félibien^ conservateur
des antiquités du Cabinet du roi Louis XIV : i Pour les autres ouvrages de Raphaël, qui sont en
divers cabinets de cette ville, vous avez vu sans doute celui de M. le marquis de Sourdis ; c'est
un Saint George de la mèfae grandeur et manière que celui du Roi ; le nom de Raphaël est écrit
en lettres d'or au poitrail du cheval; il vient du roi d'Angleterre. »
« L'Épicié, dans son Catalogue raisonné des tableaux du roi Louis XIV, s'exprime ainsi :
• 11 est vrai que Raphaël a peint pour Henri VU un Saint George de la même grandeur que
celui du Roi, mais il l'a traité différemment. » C'est par l'effet d'une erreur, qui ne se propage
que trop souvent dans certains catalogues, qu'on a imprimé que ce Saint George de Raphaël
était possédé par la collection de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg. Le Saint George qui a prêté
à celle méprise n'esl point de Raphaël, et ne saurait être confronte avec les gravures de
Vorslerraau et de Larme&sin. » — (Sole de l'éditeur.)
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 45
remettre en état. 11 passa, ainsi réparé, dans le cabinet Crozat, et de là au
palais de TErmitage, à Saint-Pétersbourg.
Gravores : par Jacques Chereao, pour le Cabinet Crozat, infol., en contre-
partie, n" HO; — par W. Ketterienius, petit in-fol. pour la Galerie de l'Ermitage,
n* 1. — Lilh. par Bobiliard, in-fol. pour un autre ouvrage sur TErroitage, publié
à Sainl-Pélersbourg en 1846. — Gravé par A. Pischtschalkin, 1839, in-fol.
39. La petite Madone de la galerie d'Orléans.
Sur bois; h., H" ; 1., 8". — Mi-figure*.
La Vierge, tournée à droite, presque de profil, est assise sur un banc
et fient l'enfant Jésus de la main gauche, en le contemplant avec amour.
Celui-ci, qui veut s'élever vers elle, s'attache avec les mains, pour
s'aider, au vêtement de sa mère. Il regarde hors du tableau, et son
expression est sérieuse. Le fond représente le mur d'une chambre avec
un rideau gris roui:e, à gauche, et un petit escabeau sur lequel sont posés
de petils vases. Ces derniers accessoires et le rideau gri^ rouge ont été
certainement ajoutés plus tard ; ils sont peints dans la manière de David
Teniers, à ce point que tout porte à croire qu'il est réellement l'auteur
de ces additions malheureuses. Le coloris du tableau est vif et clair. Sa
conservation paraît assez satisfaisante, car c'est seuif ment sur le bleu du
manteau^et sur une des jambes de l'enfant, que le nettoyage se fait un
peu trop sentir.
Cf.lle peinture est de la seconde manière de Raphaël, nommée manière
florentine, et ce doit être la seconde Madone faite pour le duc d'Urbin.
Elle passa dans la galerie d'Orléans , après avoir auparavant appartenu
au frère de Louis XIV. Dans la vente de cette galerie, qui eut lieu à
Londres en 1798, ce tableau fut acheté par M. Hibbert, nu prix de
500 Ihres sterling. — En 1831, cette Madone était en vente •chez le
marchand de tableaux, Nieuwenhuis (ils, de Bruxelles; c'est chez lui
que nous la vîmes. En 1835, elle élait encore à vendre, à Paris, pour
50,000 francs. Plus tard, elle entra dans la galerie Aguado, et, à la vente
de cette galerie, elle fut adjugée à M. Benjamin Delessert pour 24,000 fr.
Gbavdres : par Du Flos, petit in-fol. ; cette gravure fut retouchée par N. do
Larmessin pour le Cabinet Crozat, n« 24 ; — par J -J. Hûber, 1790, petit in-fol.
pour la Galerie d'Orléan$; — par J.-P. Seiter, in-8. — Seulement la Vierge et
l'enfant, parB. Hôfel. — B. Uesnoyers dei., E. Forster sculp., 1838, petit in-fol.
— Landon, n* 146.
40. Par trait de Gtndtibaldo^ duc dUrbhi.
Ce portrait est ainsi décrit dans la lettre de Pietro Bembo, adressée de
Rome, le 19 avril 1516, à Bemardino da Bibiena, cardinal de S. Maria in
Purtico : « Il ritratto di messer Baldassare Castiglione e quello délia
buona e sempre da me venerata memoria del sig. Duca nostro^ a cui Dio
46 PEINTURES DE RAPHAËL
dia beatitudine , parrebbero di mano di un dei garzoni di Raphaello io
quanto appartiene alla rassorniglianza in comparazione di quelio di
Tebaldeo. »
Raphaël peignit, sans aucun doute, le portrait du duc pendant son
séjour à Urbin, en 1506, puisque ce prince mourut deux ans plus lard eC
que Raphaël ne le revit pas dans le cours de ces deux années. A coup sûr,
on ne saurait supposer qu'il l'eût déjà peint lors de son premier séjour
à Urbin, en ISOi, puisque, à cette époque, il ne jouissait encore îl'aucune
réputation. Mais, en tout cas, on ne possède aucun renseignement sur le
sort de cette peinture, quoique Baidi, qui écrivait en 4605 {Délia Vita «
de* Fatti di Guûfobaldo), Tait encore vue à Urbin ; cai* il décrit ainsi le cata-
falque de brocard d'or, sur lequel fut exposé après sa mort le ducGuidu-
baldo : « Le corps du susdit était habillé de hauts-de-chausses roses et d'un
habit de damas noir, avec une barrette sur la tète, comme on s'habillait
alors et tel qu'il avait été représenté dans son portrait peint de main de
maître. »
Yolkmann affirme que le portrait du duc d'ilrbin par Raphaël se trouvait
dans la maison Bovi, à Bologne; mais il ne dit point si ce portrait repré-
sentait le duc Guidubaldo ou son successeur^ et il ne donne pas d'autre
détail sur cette peinture.
Un portrait qui fait partie de la galerie Lichtenstein, à Vienne^ est
indiqué dans le catalogue comme étant celui du duc Guidubaldo peint
par Raphaël ; mais ce portrait n'et^t pas de Raphaël, c( ne représente pas le
duc Guidubaldo. Il n'existe de portrait authentique du duc que le buste en
marbre placé sur son tombeau, et ce buste semble avoir servi de modèle à
la gravure qu'on a jointe à l'ouvrage de Baldi, dans l'édition de l^lilan.
Il nous parait convenable de parler encore ici de différents autres
portraits que Raphaël aurait peints, dit-on, dans la maison des ducs
d'Urbin.
V Federico da Monlefeltro, premier duc d'Urbin. L'inventaire de la
succession des ducs d'Urbin, dressé par Bastiano Yenturini, en 1654,
mentionne un portrait du duc Federico, vu de profil, armé en partie, et
peint sur toile par Raphaël. Ce portrait, de grandeur naturelle, demi-
figure, se trouve actuellement au palais Pitti à Florence ^ mais c'est l'œuvre
d'un peintre postérieur à Raphaël. Une copie de ce portrait est conservée
dans le palais Albani, à Urbin — Pungileoni, dans son Elogio storico di
Giovanni Santi (p. 18), et Longhena, dans sa traduction de l'ouvrage de
M. Quatremcre de Quincy (p. 242), indiquent un petit portrait peint à
l'huile, lequel, pour la composition, est tout à fait semblable à celui du
palais Pitti, comme étant une copie faite par Raphaël lui-même, d'après
i. Voyei Denuistoun, Memoin of Ihe Duket ofUrbino (Londoii, iSl>l, roi. lU, p. 44|
et 447}.
DE SON ÉPOQUE FLOHENTINE. 47
on origioal de son père. Le duc est représenté la tête découverte, et por-
tant sur 30D armure un manteau rouge, fourré d'hermine. Il tient des deux
mains un lirre posé devant lui sur une table où sont étalés les insignes
de Tordre de la Jarretière. Un rideau vert occupe le tond à droite, et à
gauche une fenêtre ouverte laisse apercevoir le château d'Urbin. L'arran-
gement et Texécution de ce petit tableau, quoique portant le cachet des
peintures du seizième siècle, sont cependant bien didérents de la manière
de Raphaël. Le chevalier Crivelli, de Milan, l'avait acheté de la succes-
sion de feu le peintre Agostino Comerio. Ce portrait a éU^ gravé pour
rouvrage de Girolarao Mutio Giustinopolitano : Hisforia de* fatti di Fede-
rico di Monte feltro, dwa d*Urbino (Venetia, 160S, in-4'*), mais sans indi-
cation de nom de peintre.
S° ElûabettQ Feltria Gonzaga, femme du duc Guidubaldo. Il parait
re^ortird'uu passage de YElogj de' Castiglione,i^viï' Antonio BeiTaNegrini,
dans le recueil des Oeuvres du comte Baldassare Castiglione (Padova, IT.'îd,
p. 329], que Raphaël fit le portrait de la duchesse. Ce passage est ainsi
OODçu : a Un ritratto di bellissima e principalissima signora di mano di
Raffael Saniio da Urbino con due sonetti di Baldassare scritti di suo pugno
oel I5J7 trovati dietro un grande speccbio délia contessa Catterina Mon-
dejla di lui suora. »
Le sort de ce tableau nous est inconnu.
Ricci rapporte (èfemorie storiche délia Marca di Ancona , 1 834^ t. Il^
p. 37) qu'il existe, dans la bibliothèque S, Salvatore, à Bologne, un poëme
manuscrit qui fut composé à l'occasion de la fondation d'un mont de
* piété à Fabiano, en 1509, et dans lequel l'auteur se nomme le Pupille {il
Pupillo), Ce poëme, qui est dédié au cardinal Antonio del Monte et à la
duchesse Elisabetta Gonzaga, est orné des portraits en miniature de ces
deux personnages; la duchesse est représentée en costume de cour. Ne
serait-ce point là une imitation du portrait original de Raphaël?
Ce poëme commence ainsi
Et plus bas
0 Gonzaga madonna humile, et pia
0 Dnce clementissima d'L'rbino
L'intento solo a te il Pupiiio invia.
Dato ha principio gia la Duce mia
Elisabeth d'Urbin nobil Gonzaga
C'ogni saa terra il Monte forma et sia, etc.
3*» Francesco Maria délia Rovere, héritier présomptif du duché d'Urbin,
né en 1491, mort en 1539. — DilTérents portraits sont présentés comme
étant ceux de ce personnage, sans que la moindre preuve soit fournie à
l'appuinie c^tte assertion. Le prince Eszterhazy deGalantba en possède un,
dans sa galerie, à Vienne. Ce portrait représente un jeune bomme^ vu de
48 PEINTURES DE RAPHAËL
trois quarts et tourné à gauclie. 11 a une barrette rouge sur la t(He> avec un
justaucorps de même couleur. Son pourpoint est brun. Il pose les mains
sur une balustrade, et, de la droite, il tient un papier plié. Au fond^ un
paysage. Le nez est très-fin de forme, ainsi que la bouche, et l'expression
de la physionomie est aimable. Ce portrait a quelque ressemblance avec
le personnage qui représente ce prince dans VEcoIb d'Athènes, seulement
il paraît un peu plus jeune. Ce tableau a souffert, dans les .mains surtout,
qui ont été repeintes; mais il en reste encore assez de parties intactes
pour qu'on puisse considérer cette peinture comme un ouvrage de la
jeunesse de Raphaël. En 1847, nous avons vu un second portrait, que
Ton dit être celui de Francesco Maria delld Rovere, à l'âge d'environ
quatorze ans, dans la maison Gaetano Susanni, à Mantoue. C'est un jeune
homme vu à mi-corps et vêtu de gris. Un manteau de damas noi^ est jeté
sur son épaule gauche. Il porte une barrette noire sur ses longs cheveux
blonds. De la main droite, il tient le pommeau de son épée. Les yeux sont
d'un brun clair. Le fond du tableau est vert.
La manière de faire de cet ouvrage a bien quelque chose, en effet, de
celle de Raphaël dans sa première jeunesse. Mais elle n'est cependant pas
assez intelligente pour être de lui, et même les mains sont très-roides de
dessin. Si nous sommes bien informé, ce tableau a été vendu depuis en
Angleterre.
Enliu, nous ne devons pas oublier que la Biblioteca italiana (mai
1829, p. 281) a fait connaître encore, par une description et.une gravure,
un beau portrait, qui était alors dans la possession du comte Suardi à
Berf^ame. On croit reconnaître dans ce portrait le prince héritier*
d'Urbin, peint de la main de Raphaël. C'est un noble jeune homme, qui,
tourné à gauche et presque vu de dos, regarde le spectateur, en inclinant
la tête du côté de l'épaule gauche. H tient de la main gauche le pommeau
de son épée, et un manteau noir, garni de tresses d'argent, couvre en partie
sa large manche rouge. Ce portrait a un fond de ciel. C'est une précieuse
peinture, qui passait autrefois, dans la maison Suardi, pour une œuvre
du Giorgione, mais nous la croyons de Palma il vecchio. Le portrait est
probablement celui d'un des ancêtres du comte Suardi, car il n'a pas la
moindre ressemblance avec Francesco Maria délia Rovere, ainsi que le
prouve le portrait de ce prince dans V Ecole d'Athènes. Dans ses portraits
postérieurs à celui-ci, Francesco Maria délia Rovere a le nez fort et un
peu courbé; tandis que le pei'sonnage, peint dans ce tableau, a le nez
petit et quelque peu retroussé.
Il est à déplorer que ce superbe tableau ait été fortement nettoyé.
41 . Portrait de Raphaël, peint par lui-même.
A rage de S3 ans. Buste sans mains. — Sur bois ; h. , 1 8" ; 1., 1 2" 6"*.'
Il est tourné à droite et vu de trois quarts. La tête, un peu renversée
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 40
en arrière^ est couverte d'une barrette noire; le cou^ entièrement nu, est
d'une belle et élégante forme. Ses amples cbeveux châtains tombent
légèrement bouclés sur la nuque. I^e bord de la chemise sort du vête-
ment noir presque collant. Le peintre regarde le spectateur avec la douce
mélancolie d'une noble et jeune âme ; sa bouche est d'une expression
ravissante. La couleur de la tête a de la pâleur; les yeux sont bruns; le
nex est fin, légèrement courbé, le menton rond et un peu allongé. Le fond
du tableau est d'un toq gris vert.
Il est à croire que Raphaël fit ce portrait, en 1506» pour le laisser
comme souvenir à ses parents dans sa ville natale. Au moins est-il resté
à Urbin, jusqu'à Tépoque où il fut transféré dans l'Académie de Saint-Luc
à Rome, fondée en 1588, par Federico Zuccheri.. sous Sixte-Quint *. L'Aca-
démie vendit ce portrait avec d'autres tableaux au cardinal Léopold de
Médicis, moyennant une somme assez importante, qui servit à faire bâtir
la façade de l'église S. Martina et S. Luca, sur les plans de Pietro di
Cortona. Depuis cette époque, il figure dans la collection des portraits
des peintres^ tous peints par eux-mêmes, à la galerie de Florence.
Ce portrait, peint d'une pâte très-légère, ayant été trop nettoyé depuis,
est devenu si transparent qu'en beaucoup d'endroits on peut suivre les
contours du dessin sur le panneau. Il y a aussi malheureusement des
repeints.
Malgré tout cependant , on ne saurait dire, comme Ta fait M. von
Rumohr dans son ouvrage sur l'Italie, que ce tableau a été remis à neuf;
que les cheveux autrefois blonds sont devenus bruns aujourd'hui ; que les
yeux, qui sont noirs maintenant, aient été bleus. M. von Rumohr, en disant
cela, s'est fait l'écho de l'opinion erronée qui veut que le portrait, con-
servé anciennement dans la maison Altoviti, soit celui de Raphaël lui-
même. Du reste, il existe plusieurs copies anciennes du portrait de la
galerie de Florence, et ces copies ne permettent pas de doutes sur la cou-
leur primitive, et des yeux et des cheveux. Une de ces copies, attribuée à
Timoteo Viti, est à Rome, dans la galerie Borgbèse ; une autre, au palais
Albani à Urbin.
Gravdrbs : par G. -M. Preisler, 1741, petit in-foL pour le Muieo Fioreniino,
t. I, pi. 49 ; — par Jac. Frey, petit in-fol. ; — par Antonio Morghen, petit in-fol. ;
— par S. Coiny, in-8; — par F. Muiler, d'après un dessin de Steinla, in-8; —
par y> Biondi, 1816, in-8: » par P Fçrsler, 1836, d'après un dessin de
Desnoyers, in~fol. ; — Pais, dans ÏAlmanach de Rome pow leê ariiHei, par
Sickler et Reinhard, 1810, in-8. — Pour feuille de titre, dans l'oavrage de
M. Qnatremére de Quincy, par Coiny, 1824. — Calamatta del.; lith. par Gsell,
1840, in-fol. ~ Lith. par A. Angelini, 1845, in- fol. — Par P. Coiny, dans
I. Voyez H. Kiwirini, Mttnorie deU'Accademia di S. Luca, (Roma, I8i3, p. 8.)« In
aotioo fc^lio Cftifteote negli archivi dcU'Acc. tengono iitdicati i ritralU eiisteati neil'Aoc. di
RafTaello, di Bramante, etc. • - • j >'.'_. ._!.
11. 4
50 PEINTURES DE BAPHAEL
l'Appendice à Quatremére de Quincy, par Desnoyers, 2* édit. Paris, 1853. —
Ludw. Gniner, pour l'édition allemande de noire ouvrage, pi. V.
Nous donDeroDS encore ici^ à titre de reoseigneraeut^ TiudicatioD d'un
portrait que Raphaël aurait peint d'après lui-même sur un mur, portrait
qui/au dire de Luigi Crespi, devrait se trouver au palais Albaui à Urbin.
Cet artiste écrivait de Bologne à Gio. Bottari, sous la date du 28 juin 1760 :
« J'ai vu dans la maison Albani le portrait de Raphaël peint par lui-
même ; en réalité, c'est une œuvre eitraordinaire^ et c'est le seul portrait
du Sanzio qui ^^U encore à Urbin. »
Puis, Gio. Bottari ayant demandé de plus amples détails à ce sujet;
Grespi lui répondit, le 16 juillet de la même année :
a Le portrait de Raphaël, dans la maison Albani, peint sur le mur, est
recouvert d'une glace et fermé avec un cadre que l'on peut ouvrir. »
(Voy. Letlere pittoriche, n» CLXXXIII, p. 429 et n** CLXXXIV.)
Aucun des amateurs qui depuis sont allés à Urbin, n'ont rien pu
apprendre à l'égard de ce portrait signalé par Grespi. Pungileoni (p. 251)
paraît douter de la véracité de l'indicateur. Toutefois , il ajoute laco-
niquement que ce portrait a été la proie des étrangers et qu'on ne sait
pas ce qu'il est devenu. Le irieux gardien du palais, que nous avons
interrogé nous-même, en 1835, ne se souTenait pas qu'il y eût jamais eu
au palais Albani un autre portrait de Raphaël que la copie dont nous
avons parlé plus haut. ,
Il semble ressortir de ces faits contradictoires, que Grespi se sera
trompé, en prenant le portrait à l'huile qui est sous verre dans le palais
Albani pour une peinture faite sur la muraille. Ge portrait est probable-
ment le même aussi qui est cité dans le Distinto Ragguaglio délie pitture -
che si trovano in Urbino, de Michel Dolci.
•42. Les Trois Grâces.
Sur bois ; de 7" en carré.
Elles sont groupées à la manière antique. Gelle du milieu, vue de dos,
pose sa main gauche sur l'épaule de celle qui est à gauche, et tourne la
tête vers une pomme d'or qu'elle tient de la main droite. Les deux autres
Grâces, vues de faces, tiennent également une pomme d'or & la main^
tandis qu'elles posent l'autre main sur chaque épaule de leur compagne,
placée entre elles. Des chaînes de corail ornent les cheveux des deux
ligures de droite et de gauche; celle du milieu a de plus un collier de
corail. Pour fond, un paysage avec des collines.
Les parties nues de ces figures sont d'un ample et beau dessin ; l'exé-
cution est en rapport avec la manière du maître en 1506. Gette date, fixée
par analogie, nous conduit à croire que Raphaël fit ce tableau des Trois
Grâces pour un de ses amis, à Urbin, sur un dessin qu'il avait fait d'après
le groupe antique qui est dans la Ubreria de la c&tbédrale de Sienne^
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 51
iÎD qui se trouve aujourd'hui dans la collection de l'Académie de
Venise. Ce petit tableau^ après avoir fait partie de la galerie Borghèse, fut
iFcndu à un certain M. Reboui. Par l'entremise des frères Woodburn, il
fut acheté par Sir Thomas Lawrence, et de la succession de ce dernier il
passa dans la galerie de feu lord Dudley. Actuellement, il est chez lord
Ward à Londres.
Gravé au pointiUé par J.-K. Sherwin, de la grandeur de l'original, in- 4. — De
même, par F. Forster, à Paris, 184], in-4.
43. Portrait de deux moines.
Bustes sans mains, un peu moins grands que nature ; peints à la détrempe sur bois.
ils sont tous deux représentés de profil^ les yeux Gxés vers le haut.
Nous avons déjà dit dans la Vie de Raphaël qu'on a tout lieu de croire
qu'il peignit ces deux moines au monastère de Valiombrosa, lors de son
voyage d'Urbin à Florence^ et qu'il les aura sans doute peints à la dé-
trempe, faute d'avoir trouvé au couvent l'huile convenable pour apprêter
ses couleurs.
La position des têtes fait présumer que ces portraits ont été faits pour
être suspendus de chaque côté d'un tableau de dévotion, alin que les re-
gards des deux personnages se dirigeassent sur l'image du Christ.
Le chef de l'ordre^ don Blasio, est un moine d'une santé florissante^
déjà avancé en fige^ et dont la physionomie annonce un bon, mais insigni-
fiant caractère. De rares cheveux couvrent son crâne. La couleur du
tableau, qui a quelque chose de tendre, est dans le système ordinaire de
Raphaël, c'est-à-dire brune grise dans les ombres, rougeâtre dans les
demi-teintes et blanchâtre dans les parties lumineuses. Le vêtement qui
encadre le cou est gris avec une teinte violette. Le fond est d'un ton
vigoureux, et sur le bord du portrait on lit cette inscription : BLASIO.
GEN. SERVO. TYO. SVCCVRRE.
Don Baltasar, tourné à gauche, est un homme dans la vigueur de
l'âge, un peu maigre, et brun de peau. L'expression vive et spirituelle de
sa physionomie accuse un homme aux pensées profondes. L'inscription
peinte en longueur dans le fond^ comme celle de l'autre portrait, est
brisée à l'angle et ainsi conçue ; D. BALTASAR. MONACO. S. TYO
SVCCVRRE.
Ces deux portraits sont d'une vérité extrême et d'un caractère saisissant ;
le dessin en est sévère, le modelé d'une grande (inesse, et Texécution à
hachures de la plus grande intelligence. Déjà l'on reconnaît dans ces por-
trait&le maître de la Dispute du saint Sacrement, car ils ont une analogie
frappante avec la manière de faire de cette fresque célèbre.
Ces deux portraits passèrent du monastère Vallombrosa dans la collec-
tion de l'Académie de Florence, où, selon Bottari, ils furent attribués au
Pérugin. Mais le dessin et le modelé y trahissent un sentiment de la na-
5i PEINTURES DE RAPHAËL
ture, que D'eut jamais le Pérugin, et les oreilles surtout, entre autres
détails, sont d'une beauté de formes, qu'il ne sut jamais rendre. C'est
pourquoi nous nous rangeons complètement à l'opinion de MM«Wicaret
Yon Rumohr, qui furent les premiers à reconnaître la main de Raphaël
dans ces peintures.
44. Portrait dune jeune femnte.
Sur bois. Au palais Pitti (n" 219.) Deini-figure assise.
C'est une femme encore jeune, d'un certain embonpoint, vue de trois
quarts et tournée vers la droite. Sans être belle, elle a cependant quelque
chose d'attrayant par l'expression de sa physionomie et de son regard
rempli de bonté. Sa main gauche est posée sur sa taille, dans l'attitude
que prennent volontiers les femmes enceintes. Elle appuie son bras droit
sur une table et tient une paire de gants dans la main. Un réseau en iilet
gris, tissé d'or, entoure ses cheveux longs et tombants, d'un blond foncé.
Son cou est orné d'une petite chaîne d'or. Son corset de, couleur jaune a
une bordure noire et les manches qui y sont attachées sont d'une couleur
brun-rouge. Le devantier est blanc et le fond de couleur foncée. Tout,
dans ce charmant portrait, est exécuté avec la plus grande délicatesse. La
tête et les mains sont d*un modelé parfait, la couleur des chairs est
fraîche et lumineuse, les ombres sont transparentes; le dessin très-
correct est déjà beaucoup plus libre que dans les portraits des Doni.
Ce tableau, peint vers 1507, est d'une bonne conservation, et c'est seu-
lement depuis quelques années qu'il a été retiré du garde-meuble du
grand-duc, pour être placé dans la galerie du palais Pitti.
Gravé par G. Yitta, ia-8.
45. Sainte Famille de la maison Canigiani.
Sur bois ; h., 4'; L, 3' 3" 6"'.
La Vierge est assise dans un pré; de la main droite,* elle tient l'enfant
Jésus assis sur ses genoux et de la main gauche un petit livre. L'enfant
divin reçoit du petit saint Jean que sainte Elisabeth, agenouillée en face,
tient devant elle, une banderole avec l'inscription : a Ecce Agnus Dei. »
Sainte Elisabeth lève ses regards vers saint Joseph, qui, debout et s'ap-
puyant sur un bâton, donne à cette belle composition une forme com-
plètement pyramidale. Pour fond, un agréable paysage où l'on voit
une ville. Dans les nuages du haut, il y avait autrefois, de chaque côté^
trois demi-figures de petits anges, qui tempéraient ainsi la sévérité du
groupe principal.
L'exécution de ce tableau se rapproche déjà de celle de la Mise au
tombeau qui est au palais Borghèse; la tête de la Vierge est même par-
faitement analogue de forme avec les têtes des femmes de la Mise au tom-
beau. Le style des draperies^ ainsi que le dessin des pieds et des niains.
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 53
indique l'époque de Teiécution de cette Sainte Famille, c'est-à-dire
Tannée i306» et cette date était autrefois marquée, dit-on, dans la bor-
dure du vêtement de la Vierge sur sa poitrine.
Ce n'est pas à dire cependant que cette Sainte Famille atteigne la per-
fection du dessin de la Mise au tombeau ; au contraire, les deux enfants
de la Sainte Famille laissent à désirer sous le rapport du dessin, mais il
est possible aussi qu'on doive attribuer à la restauration subie par le
tableau une partie de ces critiques.
Nous savons par Yasari que Raphaël peignit cette Sainte Famille à
Florence pour Domenico Canigiani , et nous voyons par VInventario délie
robe délia Tribuna dal 1589 al 1634, que les princes de la famille de
Médicis le possédèrent ensuite. Voici comment ce tableau y est décrit : —
« i 589, fol. 30. Un quadro in tavole d'una nostra Donna con figlio in collo,
S. Auna, un S. Giov. e S. Giuseppe, alto Br. â i/S, larg. 2 1/8, di mano di
RalP" da Lrbino. »
Il est catalogué deux fois dans des inventaires postérieurs; dans celui
de 1 635 et dans celui de 1638, en ces termes : a 1635. Fol. 48. N» 477. Una
Madonna a sedere con nostro Sig. a sedere in collo nudo et mostra ragio-
nare con S. Giovanni tenuto in collo da S. Ëiisabetta et un san Giuseppe
ritto appoggiato a un bastone con più angiolini in aria, di mano de Raf^
da LYbioo. Alto Br. â 1/2 largo Br. â 1/8 il tutto in circa. »
Le mariage d'Anna Maria» tille de Cosme III, avec Johann Wilbelm, élec-
teur du Palalinat, fit entrer ce tableau, comme présent de fiançailles, dans
la galerie de Dusseldorf et de là à la Pinacothèque de Munich.
Il fut malheureusement très-usé par le nettoyage que lui fit subir un
Français, restaurateur de tableaux, nommé Colin, qui avait entrepris ce
travail sous la direction de l'inspecteur Grégoire, depuis valet de chambre
de l'électeur Karl Theodor. Les anges notamment furent tellement gâtés,
que plus tard le directeur de la galerie, Krahe, se crut obligé de les faire
disparaitre entièrement, en les couvrant du ton du ciel.
Gbatures : par Ginlio Bonasone, avec cinq aoges dans les nuages (Bartsch,
t. lY, p. 128, n*> 65} ; ^j[)ar René Boivin, du côlé opposé, avec des changements
dans le paysage et six anges dans le haut (le monogramme du graveur se
trouve dans le bas à droite), petit in-fol. ; — par Gius. Calendi, avec les anges,
in-fol. ; — par J.-Th. Prestel, au pointillé, petit in-lol.— De même, sans les an-
ges, par Cessé; — par K. Russ, du côté opposé, a/ec des changements dans le
paysage et cinq anges; aquatinta, in-fol.; ^- par Garl Hess, 1804. sans les
anges, petit in-fol.; — par Samuel Amsier, 1836, sans les anges, grand in-fol. —
Une gravure, laquelle toutefois nous est inconnue, a été décrite dans le Catalogue
de Tauriscus Euboeus (comte Lepel), avec cinq anges à gauche C?), et portant cette
inscription : Sacra Ckritii Familial in Roma, preuo Àgapilo FranzetU a Tonaguigna»
— Trés-faible, par un anonyme, dans VAlmanach du Bat-Rhin (allemand), de 1802,
in-12. — Les tètes lithographjées séparément, par F. Piloti; cinq feuilles in-foi.
ta PEINTURES DE RAPHAËL
Dessins pour ce tableau.
a). Une composition dessinée à la plume pour les deui femmes et les
enfants se trouve dans la collection Albertine à Vienne.
Gravé : par Bartsch. — Lith.par Fendi.
6). Une autre composition à la plume^ pour tout le groupe, se trouve
dans la collection Reiset à Paris. — Le saint Joseph tourné à droite, dans
ce dessin, est un peu trop grand en comparaison des autres figures.
Un troisième dessin , sur papier bleu, de la collection Gelosi, actuelle-
ment à Oxford, n'est pas authentique. II en est de même d'un quatrième
dessin, qui se trouvait dans la maison Cavaceppi à Pérouse. Ce dernier
dessin est très-soigneusement terminé à Taquarelle et rehaussé de blaiic. Il
est cité dans VAntologta pittorica (p. 69^ et dans le Guida al forestière per la
ciHà di Perugia^ 1784 (p. 258). Pungileoni dit que ce dessin est un calque;
que l'auditeur Filippo Cavaceppi le donna plus tard à l'archevêque Beridli
à Urbin, et que celui-ci le donna, en 1818, à la princesse Charlotte de Galles.
Anciennes copies.
Il existe plusieurs anciennes copies de ce tableau. La plus remarquable
est celle du marchese Carlo Rinuccini à Florence. Ce fut par l'entremise
du peintre Ignatius Hugford, que le marquis Rinuccini acquit cette copte
en 1767, de la famille Ântinori de San Gaetano, pour la somme de
16,000 scudi, dit-on. C.-F. von Rumohr dit que le tableau du marquis
Rinuccini est une copie dans la manière néerlandaise et que cette copie
est bien au-dessous de l'original conservé à Munich. De plus, selon M. von
Rumohr, ce tableau aurait beaucoup souffert et serait tout barbouillé de
retouches. H ne croit pas, bien entendu, à l'authenticité de l'inscription :
A. D. DXVl. DIE XXVII. MEN. MAR., qui s'y trouve, et qui a été certai-
nement ajoutée par un faussaire dans un but de tromperie.
Une autre ancienne copie se trouve encore dans la sacristie de l'église
San Frediano à Florence.
Une troisième copie, peinte par Sassoferrato, était dans la galerie
Lucien Bonaparte. (Voy. Choix de gravures à Veau-forte d'après les
peintures, eto. de la galerie de Lucien Bonaparte^ n° 23).
Nous avons rencontré chez le sculpteur Bystroem, à Stockholm, une qua-
trième copie, avec des changements dans le paysage.
Une petite copie ancienne, à l'aquarelle sur papier, que nous avons vue
au garde-meuble du grand-duc à Florence, fut probablement faite ^
moment où Toriginal allait être envoyé en cadeau de noces à l'électeur
Jean Guillaume.
Enlin nous citerons encore un semblable dessin, colorié à Teau, qui
était, dit-on, autrefois dans la collection de l'empereur Rodolphe II à
Prague et qui s'est trouvé dans la suècession du comte Franz von Sternberg
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. S5
llanderscheid. H. il"; 1. 8'' 7'". Voy. le Stuttgarter hunsihlaU, du 22
mars 183â.
46. Sainte Famille avec F enfant Jésus assis sur un agneau.
Sur bois ; h. 14'* ; 1. 9"^ mesure etpagnole ; iu rauséo de Madrid.
La Vierge^ à demi agenouillée^ tient devant elle Tenfant Jésus assis sur
on agneau; à gauche, saint Joseph, appuyé sur son bâton, contemple cette
gracieuse scène. Dans le beau paysage du fond est représentée, en très-
petites fîguf es, la fuite en Egypte. Sur la bordure du vêtement de la Vierge, ,
près de la poitrine, on lit celte inscription en petites lettres d'or : RAPHL.
VRBINAS. MDV.. Un des points qui suivent le millésime MDV était cer-
tainement un chiiïre, aujourd'hui efTacé, ce qui fait qu'on peut y voir la
date i506, ou iS07. L'exécution se rapporte aussi à ces deux dates,
et notamment le paysage est tout à fait semblable à celui de la Mise au
tombeau de iîi07.
Du reste, ce précieux tableau est aussi remarquable par la finesse du
dessin que par la suavité du coloris. L'enfant Jésus rappelle les plus belles
créations de Léonard de Vinci.
Autrefois, ce tableau était comme enfoui dans l'oratoire de TEscurial;
on le regardait comme une peinture sans valeur; mais, un jour, l'infant
don Sébastien, grand ami des arts, en le voyant pour la première fois, fut
frappé de sa beauté et voulut l'examiner de près; ce ne fut pas sans élon>
nement qu'il découvrit l'inscription portant le nom de Raphaël. C'est de-
puis lors qu'on plaça ce tableau au musée de Madrid K
Une légère esquisse, a la plume, de cette Sainte Famille se trouvait dans
la collection Crozat; elle passa ensuite dans celle de Mariette. On ne sait
pas ce qu'elle est devenue.
Copies anciennes d'après le tableau.
a). Une belle copie fut achetée de la maison Gerini à Florence par le
chanteur Niccolô Tacchlnardi. H. i palm. 6", 1. 1 p. 2*'.
Gravé : par Carlo Gregorii, n° 8, petit fol., pour \&RaccoUa di 80 stampê detla
gtUleria Gerini fFirenze, 1786) ; — par A. Morghen sculp. et ex. R. Morghen dir.,
pet.in-fol.; — par ADg.Emilio tapi, pet. in-fol.; — par J.Lenfantsculp.etex.^in-^.
h). Chez le comte Castelbarco à Milan. Cette copie, d'un fini précieux,
a été achetée d'une famille romaine en 1840, pour 12,000 scudi.
c). Dans la galerie du marchese Malaspina da Saunazaro, à Pavie.
Gbayé par Giovita Caravaglia/Milano, 1817, grand ia-fol.
d). Dans le palais Corsini, à Rome.
e). Chez M. Migneron, à Paris.
i. M* 79S do catalogue (1850) : i .t. Feint en 1507. Les figures sont très-tenninéei. •
{NoU de Védîteur,)
r»6 PEINTURES DE RAPHAËL
/). Dans la galerie de Cassel K Dans cette copie se trouve ajouté un petit
saint Jean couché près d'un lapin. H. 1i"; i. 8". Un tableau offrant la oiême
composition^ tableau qui pourrait bien être celui de la galerie de Câssel^
était autrefois chez le duc Albert de Bavière.
Gravé : par Raph. Sadeler jeune. Honach., 1613 , en contre-partie, le petit SAÎnt
Jean à droite, petit in-4; — par un anonyme, le petit saint Jean à gauche. Gliez
Langlois, à Paris. En contre-partie. Avec l'inscription : Q^id iibi vult Poilar^ etc.,
et : /VindfMi ac Du.Alberli Boionun Ducti, petit in-4.
Il existe aussi une gravure seulement d'après la Vierge avec l'enfant
Jésus 9 sans le saint Joseph, par RoUa, nello studio di C, Dellarocca,
pet. in-fol.
47. Sainte Catherine d^ Alexandrie.
Sar bois; h. 27**; 1. Si*'. Presque de grandeur aaturelle.
La sainte est vue jusqu'aux genoux et tournée à gauche. Elle pose la
main droite sur sa poitrine et le bras gauche sur la roue, instrument de
son martyre. Elle lève la tête, avec l'expression du plus saint enthousiasme,
vers un rayon lumineux venant du ciel, à gauche; la physionomie de la
sainte, quoique très-animée, respire la paix divine. Dans le fond, on voit
un fleuve bordé d'arbres et de maisons. L'exécution du tableau est spiri-
tuelle, légère, fine, et si peu empâtée qu'on peut voir sous la couleur
les contours et les hachures dessinés à la plume sur le panneau pn'paré
à la craie.
C'est, il est vrai, à cette exécution légère et spirituelle que l'on peut
reprocher la faiblesse de certaines parties de la peinture moins étudiées et
moins terminées que ne le sont d'ordinaire les ouvrages de Raphaël.
Ce ravissant tableau est, en général, parfaitement conservé. On n'y
remarque quelques retouches que dans les ombres du front et à la
naissance. des cheveux.
M. Day de Londres fît l'acquisition de ce tableau, qu'on admirait dans
la galerie Aldobrandini à Rome, et il le revendit pour 2,000 livres st. à
lord Northwick. — La National Gallery l'acheta depuis, de M. William
Beckford de Bath.
Gravures : par A. Boucher Desnoyers, 1824, in-fol.; — par Leroux sculp.,
1845, in-8.
Différentes esquisses a la plume, entières ou partielles, faites pour ce
tableau, se trouvent également en Angleterre. La partie faciale de la tète
seulement, dans la collection de l'université d-Oxford. Fac-similé dans la
Lawrence Gallery, n. 15.
Toute la figure, dans la collection du duc de Devonshire à Chatsworth.
1. n est donné comme original daot le catalogue du musée de Cassel, n* t9. {Nçte d9
l'éditeur.)
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 57
I^ carton original, de la grandeur du tableau, est consenré dans la ga-
lerie des dessins du Louvre.
Le prince Trubetzkoy, à Saint-Pétersbourg, possède une ancienne copie
de ce tableau.
48. I^ Christ mis au tombeau^ 1507.
Sur bois ; enTÎron 6 pi^s carréfl.
Deux jeunes gens portent dans un drap le corps du Christ au tombeau.
Le plus âgé des deux, qui a une courte barbe, est placé du côté gauche,
et se dispose à monter à reculons les degrés qui conduisent à la grotte
sépulcrale. L'autre, plus jeune, vu de profil, soutient les jambes du Christ.
Marie Madeleine, qui s'est approchée pour voir une dernière fois les traits
chéris du Dieu fait homme, saisit sa mam gauche. Joseph d'Arimathie est
derrière elle, et saint Jean, rempli de douleur, se penche sur lui. — A
droite, un peu au fond, on voit la Vierge évanouie dans les bras de trois
femmes ; une d'elles, la première en avant, est accroupie à terre. On
aperçoit dans le paysage montagneux le calvaire, avec les trois croix, à
droite. Les figures sont un peu moins grandes que nature, et sur la marche
à gauche, on lit : RAPHAËL VRBINAS. PINXIT. MDVil.
Raphaël peignit ce tableau, sur la commande d'Atalante Baglioni, pour
réglise des Franciscains à Pérouse. Ce fut à Florence qu'il en (it le carton,
ainsi que nous l'apprend Vasari, et il le fit avec tout le soin possible,
après des études consciencieuses. Ensuite, après avoir vu le célèbre car-
ton des Baigneurs de la Bataille des Pisans, de Michel-Ange, et s'étant lié
d'amitié avec fra Bartolomeo, il retourna à Pérouse, où il exécuta le ta-
bleau avec une telle supériorité, que ce tableau sera un objet d'étude et
d'admiration pour les artistes de tous les temps.
Vasari dit, en parlant du Christ mis au tombeau : a En vérité, celui qui
contemple le soin, l'amour, l'art et la grâce de ce divin ouvrage a tout lieu
de s'étonner, tant à cause de l'expression des figures et de la beauté des
draperies, qu'en raison de l'excellence de toutes les parties d'une œuvre qui
excite l'admiration au plus haut degré. »
Winckelmann, dans ses Notes sur ce qu'il y a de plus important à voir
à Rome, notes qu'il communiqua à MM. Usteri et de Mecheln, en 1766,
s'exprime ainsi à l'égard de c6 tableau : «Galerie Borghèsb. Un des meil-
leurs tableaux, à Rome, est le Christ mis au tombeau, par Raphaël, et je
le considère comme un de ses plus parfaits ouvrages. y>
On pourrait encore citer les jugements de beaucoup d'autres connais-
seurs éminents, mais nous nous contenterons de signaler brièvement ce
qui distingue cette peinture des précédentes de Raphaël. C'est par des
éludes sévères et plus approfondies, c'est par la force de l'expression et
par la beauté des formes, que Raphaël, pour la première fois, dans ce ta-
88 PEINTURES DE RAPHAËL
bleau se montre supérieur aux artistes ses contemporains^ et comme ne
devant plus être égalé par ses successeurs.
Les contours cependant ont encore quelque chose de sec et de dur^ parce
qu'il n'avait pas encore assez attentivement examiné l'efiet des lignes
fuyantes et des reflets de la lumière. Parfois^ dans la couleur des dra-
peries, il a peul-étré abusé des glacis, et les ornements d'or des vêtements
rappellent trop la manière du Pérugin. Mais ces légères imperfections .dis-
paraissent devant la force et la vérité des mouvements et de l'expression,
qui concourent à l'ensemble dramatique de la composition.
Toutefois, les critiques n'ont pas fait dél'aut pour chercher à diminuer
le mérite de Raphaël dans cette œuvre capitale. Heinecken > et W. Young
Ottley * prétendent que la composition est prise d'une gravure du Mante-
gna. Nous avons nous-même reconnu que Raphaël avait pu s'inspirer de
cette estampe, mais nous avons démontré aussi qu'il avait non-seulement
ennobli les figures^ mais encore enrichi la composition, et rendu les lignes
plus belles. Comparons seulement, à ce point de vue, le magnifique groupe
^e la Vierge évanouie, avec le groupe des femmes, dans la gravure. On
verra, d'une manière décisive, combien le génie de Raphaël a transformé
la création de Mantègne et combien il y a répandu de goût et de beauté
dans les formes, de noblesse et de charme dans les expressions des figures.
D'autres critiques veulent trouver dans le Christ du tableau une imita-
tion du Christ de Michel- Ange, dans son groupe en marbre de la Pie ta, à
Saint-Pierre de Rome. On ne saurait nier, en effet, qu'il n'y ait quelques
analogies dans les formes de ces deux figures, mais il faut attribuer cette
ressemblance à une imitation commune des anciens types consacrée pour
représenter le Sauveur. Et, de plus, ne faut-il pas remarquer que Michel-
Ange avait fait son groupe à Rome et que Raphaël ne pouvait pas encore
l'avoir vu ?
11 nous reste à combattre une très-étrange supposition de M. von Ru-
mohr ', qui a osé dire que la plus grande partie de ce tableau peut être
attribuée a Ridolfo del Ghirlandajo. Voici son principal argument à l'appui
de cette assertion : «Malgré toute l'attention avec laquelle j'ai regardé ce
tableau, dit-il, et malgré toute mon admiration pour l'ensemble de l'ou-
vrage, il m'a pourtant laissé froid : je ne reconnais pas Raphaël dans le
coloris qui a je ne sais quoi de lisse, ni dans les contours qui accusent
un timide tâtonnement; cette façon de peindre rappellerait plutôt celle
de son ami Ridolfo, qui y a persisté jusqu'à l'âge le plus avancé de
sa vie. »
On peut répondre aux objections de M. von Rumohr que, si dans ce
"S
1. Naehriehlfn vùn ITiinif/fm und Kumlêoehen, Leiptig, 1769, ?ûI H, p. AOi,
2. Sehool of design. London, p. 48.
3. Italienisehe Fonchun^ên, t. m, p. 69-71.
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 89
tableaa le pinceau de Raphaël n'est pas aussi facile que dans d'autres
ouvrages plus rapideuoent exécutés^ cette différence d'exécution s'explique
par le soin extrême qu'il mit à suivre scrupuleusement les indications
d'un carton très-étudié et très-travaillé. Il ne faut pas^ non plus, confon-
dre ce carton avec une esquisse à la plume^ couverte de carreaux^ qui est
dans la collection de Florence, esquisse que M. von Rumohr, sans doute
par une infidélité de mémoire, nomme « un timide et exact modèle. »
Mais comment peut-on vouloir reconnaître dans ce tableau la manière de
faire de Ridoifo, qui n'est jamais arrivé à cette finesse de dessin, à cette
exactitude de modelé, à cette transparence de couleur? En un mot, com-
ment peut-on voir un imitateur dans un ouvrage où le maître sublime a
empreint le cachet de son génie? Enfin, est-il permis de croire que Ra-
phaël, après avoir consacré tant d'efforts et de soins à son œuvre, après
avoir fait pour cette composition tant d'études qui subsistent encore et
qui montrent assez qu'il y mit tout ce dont il était capable, afin d'at-
teindre à la perfection de l'art, à l'égale gloire de Michel- Ange ou de
Léonard de Vinci, est-il croyable qu'il eût tout à coup abandonné la
partie principale, c'est-à-dire l'exécution, à un artiste qui lui était si
inférieur?
La singulière assertion de M. von Rumohr nous semble suffisamment
combattue par ces seules considérations tirées du mérite même de l'œu-
vre, mais elle se trouve encore, d'une manière plus éclatante, mise à
néant par cette circonstance que Raphaël (Vasari donne à cet égard les
renseignements les plus positifs) exécuta ce tableau en entier à Pérouse;
de plus, il est constant que Ridolfo, comme le rapporte aussi le même
écrivain, ne voulut jamais quitter Florence, malgré toutes les invitations
de Raphaël.
Puis, si nous recherchons l'origine de la bizarre opinion du spirituel
écrivain, nous la trouvons dans sa prédilection pour l'habileté de la main-
d'œuvre et le brillant de la touche. C'est par cette raison qu'il n'a pas
hésité à reconnaître la main de Raphaël dans les figures allégoriques du
gradin de ce même tableau, qui fut rapidement fait, et, il en faut convenir,
de main de maître, bien que d'ordinaire ces parties secondaires de la
décoration d'un autel fussent abandonnées à des élèves. Mais ici Raphaël
a tout dessiné, tout achevé lui-même.
Ce tableau d'autel resta pendant un siècle à la place dont il faisait
l'ornement, mais, en 1607, les moines le vendirent au pape Paul V, et
c'est ce pape qui le fit transporter à Rome, au palais Borghèse.
Il fut remplacé sur l'autel de l'église des Franciscains par une excel-
lente copie du cavalière d'Arpino. Les habitants de Pérouse néanmoins
furent très-irrités à Tégard des moines, qui avaient outre-passé leur droit
en vendant un tableau donné à leur église, et ils firent à ce sujet des re-
présentations au pape, mais qui restèrent sans résultat.
V
60 PEINTURES DE RAPflAEL
Quoique ce tableau ait souffert en quelques endroits, il est cependunt
en bon état et il conserve même une admirable limpidité de ton.
«
Esquisses pour le tableau.
\^ Esquisse, à la plume^ du groupe des femmes.
Le feu roi de Hollande avait acquis ce dessin, de la succession de
Lawrence; à la vente delà galerie du roi^ il fut acheté par M. Leerobrugge
à Amsterdam.
Gravé par Bonasone ou par un autre élève de Marc -Antoine. Bartsch XY,
p. 123, n* 50.
^ Le même groupe de femmes, en squelettes. Mêmes collections.
3** Le Christ mort, avec un homme qui le tient par-dessous les jambes.
Légère esquisse à la plume. Dans la succession du sculpteur Banks.
4*> Esquisse à la plume de tout le tableau, mais différant en quelques
parties. Dans la collection de Florence. — Gravée par S. Mulinari, 1766.
^ Le groupe des femmes, mi-figures. Première esquisse, avec des va-
riantes, pour le groupe du tableau. Dessin à la plume, de la collection du
grand-duc de Weimar.
6° Une étude pour le tableau, avec une esquisse pour la Jardinière^
dessinée sur le revers de la feuille, se trouvait dans le cabinet Crozat.
Les dessins suivants, offrant des compositions toutes différentes pour le
même tableau, sont, évidemment les premières esquisses.
a). Composition un peu différente, de neuf ligures. Madeleine baise les
mains du Sauveur. Esquisse à la plume, de la collection de La Haye,
achetée par M. Chambers Hall, à Londres.
6). Trois figures pour la même composition, à la collection d'Oxford.
c). Une légère esquisse de cinq figures pour la même composition sa
trouvait dans la collection de J. Barnard. Publiée dans l'ouvrage de
C. Rogers.
d). Autre esquisse, avec la Vierge à genoux, autrefois dans le cabinet
de Samuel Rogers, à présent dans celui de M. T. Birchall, à Londres. —
Gravée par Caylus.
e). Composition avec cinq figures. Connue aussi sous le nom de la
Mort d'Adonis, A la collection d'Oxford. — Gravée par Caylus.
Gravures d'apré.<( le tableau : — par Peter Scalberg, 1637, grand in-fol., en
contre-partie; — par J. Collin scalp. Romse. Eau-forte, in-fol., en largeur; —
par Carolus Joseph Ratti del., Joseph Piroli inc. On trouve des épreuves avec
ces mois : Carlo Gitueppe l'erini incite. En contre-partie. H. 21"; I. 19" 5'"; —
parTofanelli del., Joan. Volpato sculp. H. 17" 4"'; l. 14" 11'"; - par Samuel
Arosler, 1832, avec le gradin représentant les trois Vertus théologales, grand in-
fol.; — gravé sur acier, par A. Scbeich, petit in-4; — par Masquelier, sculp. 1848,
in-4. — Les dix têtes du tableau, lithographie de la grandeur de l'original, par
T. Madiona, 1829-30. — Les contours des têtes, par Piloty. Munich.
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 61
Copies anciennes du tableau,
1* Uoe très-belle copie ancienne a été acquise par {eu le ministre Guil-
laume de Humboldt. Elle était attribuée à Giovanni Francesco Penni ;
^ Une autre copie ancienne passa de la succession du peintre Antonio
Comerio, de Milan/au cavalière Grivelii; elle porte cette inscription en
toUres d'or : I. F. PENNI. MDXVIil. L'ancien possesseur l'avait achetée
des frères Serego, qui afiirmaient que ce tableau sortait de la maison
comtale des Canossa de Vérone ;
3* Dans l'église S. Pietro Maggiore à Pérouse^ une bonne copie^ par
Sassoferrato, un peu plus petite que Toriginal ;
4* 11 y a dans la sacristie de l'église S. Agostino à Pérouse une an-
dénué copie, surmontée d'un tableau carré, représentant Dieu le Père;
5*> Au musée de Gaen, en Normandie, on voit une copie peinte dans le
style du dix-septième siècle. Elle a un peu poussé au noir.
Tympan du tableau. •
Selon un usage dont on rencontre de fréquents exemples dans les
peintures d'autels de l'Ombrie et de la Marche d'Ancône, on ajoutait
au-dessus du tableau principal un petit tableau carré, que l'on nom-
mait timpano (tympan). Raphaël se conforma donc à cet usage, car il
peignit sur un petit panneau carré le Père Éternel, à mi-corps, ligure
rapidement, mais très-spirituellement traitée. Nous ne saurions admettre
l'opinion de Resta, qui croit que cette peinture a été exécutée par
Gaudenzio Ferrari, d'après une esquisse du maître.
Aujourd'hui, le tableau carré, placé dans un cadre demi-circulaire, est
entouré de onze petits anges, qui passent pour avoir été ajoutés par
Stefano Amadei, qui florissait à Pérouse vers 1630. Cette peinture se
trouve placée aujourd'hui sur un tableau d'autel, représentant une Nati-
vité, peint par Orazio Alfani, dans la même église S. Francesco.
Le gradin du tableau,
H. i palm. 6"; 1.8 p. 6".
Le gradin est composé de trois compartiments offrant chacun la demi-
figure d'une Vertu théologale dans un médaillon; à côté de chaque
médaillon se trouve toujours placé, dans une niche, un ange en guise de
génie, se rapportant au sujet principal. Ces figures sont peintes en gri-
saille, sur fond vert.
Le gradin, enlevé par les Français en 1798, alla figurer au musée
Napoléon. Après les traités de 1815, il revint en Italie et fut placé dans la
galerie du Vatican.
A la place que cette peinture occupait autrefois sur Tautel de l'église
des Franciscains, à Pérouse, on voit actuellement une copie.
6â J'EINtURES DE RAPHAËL
Gravures du gradio.— Henry, Paris, 1806, au pointillé. — A.-B. Desnoyers, 1811,
trois pi. in-fol., en largeur. — A l'eau-forte, par Châtaignier, terminé par Niquet,
Coiny et Dambron, pour le Musée Napoléon. — Lilh. par Strixner, Scliôning(*r et
Freymann. — landon, n*>67. — Les trois Vertus, sur une seule feuille, lith. par
Koch, 1852, in-fol. en large.
lia Fol. Cette ftgure tient le calice avec Tbostie, de la main droite. A
chacun de ses côtés est posé un ange, vêtu^ tenant une tablette.
tsu Charité. Figure assise, avec trois enfants sur les genoux et deux
autres qui se serrent contre elle. Les flgures des côtés représentent des
enfants presque nus^ dont l'un tient une cassolette allumée et l'autre ré-
pand des pièces de monnaie , symbole de l'ardeur et de l'abondance de
la charité chrétienne.
Le médaillon de la Charité a été gravé à part^ par G. Morace. Rome,
petit in-fol. — Puis dans l'ouvrage de W. Young Ottley (The italian
School of design, London, 1823), et au pointillé par J.-C. Allmer, petit in-4.
La première esquisse, pour la figure seule de cette Charité avec trois
enfants, se trouve dans la collection Albertine, à Vienne.
li'Eiipéraiice. Mi-()gure , tournée à droite, les regards levés vers le
ciel et les mains jointes. Les deux anges, qui sont à ses côtés, ont les
mains croisées.
La figure allégorique seule a été gravée par Raffaele Persichini, dans
un médaillon, 12" de diamètre.
49. Madone à t Œillet.
Petit tableau. Figure jusqu'aux genoux.
La Vierge présente un oeillet à l'enfant Jésus qu'elle tient sur ses
genoux, et qui d'un mouvement vif s'empare de la fleur avec joie. Pour
fond, une chambre, dont la fenêtre ouverte laisse apercevoir un paysage
lointain.
m
Il existe plusieurs anciennes copies de ce charmant tableau, mais
jusqu'à ce jour nous n'avons pu en découvrir l'original. D'après une com-
munication qui nous a été faite verbalement, il serait dans la possession
du comte Francesco Spada, à Lucques. On dit que, derrière le panneau,
se trouve cette inscription :
Per la N. Donna SS. riceoulo 80 soudi,
BAPUAELLO.
Cette indication nous parait très-douteuse. Les copies que nous con-
naissons sont toutes de petite dimension et s'accordent eu ceci , que le
caractère de la tête de la Vierge, aussi bien que le jet des plis^ se rapporte
à la dernière manière florentine de Raphaël, c'est-à-dire aux années 1506,
1507 et 1508. Nous mentionnerons seulement les meilleures que nous
ayons vues.
a). Dans la collection du cavalière V. Camuccini, à Rome. La Vierge est
assise à gauche et tournée vers la droite. L'exécution de cette copie est
DE SON ÉPOQUE FLOHENTINE. 65
délicate^ mais la couleur froide. Cesi certainement un ouvrage de l'école
du Qiaître. Des retouches à l'huile, faites dans cette peinture^ lui ont
donné un aspect très-désagréable, en y laissant des taches.
Ce tableau a été gravé par Gio. Farrugia Maltee, 1829, in-fol.
b). Dans la galerie du baron de Speck-Sternburg, à Lutzschena, près
Leipzig Cette copie s'accorde parfaitement avec la première, autant par
la couleur que par la dimension. Elle provient de la collection Setta, à
Pise, et de la collection Fries^ à Vienne.
c\ Dans là galerie du comte Paolo Tosi, à Brescia. Cet ouvrage est
délicatement achevé, mais froid de ton. Même grandeur.
cQ. Dans la galerie Torlonia, à Rome. ,
e). Au palais Albani, h Rome.
/). Dans la maison Bourbon Serbello, à Pérouse.
si). Dans la sacristie du Tesoro di Santa Casa di Loreto. Celte copie est
tr^-dure de contours.
h). Dans la maison Giovannini, à Urbin.
f]. Dans la collection du professeur Froehlich , à Wurzbourg. C'est un
tableau délicatement traité et d'une bonne harmonie.
k). Nous avons vu^ en 1844, dans la collection Duval, à Genève, une
bonne copie, plus chaude de ton que les autres, mais qui n'est pas très-
finie de dessin.
i). Dans la collection du sculpteur Bystroem, à Stockholm.
m). Une autre copie, avec des ligures de grandeur presque naturelle, se
trouve dans la possession de M. Haeglin, à Bâle. C'est une belle imitation
par Sassoferrato, sur toile.
GiuYuiuEs : — Job. Boulanger (ou N. Houlanger, car c'est ainsi qu'il a, ce nous
semble, toujours signé). Cette gravure , où la Vierge est tournée à gauche, a été
probablement exécutée d'après le tableau qui était autrefois àLucerne. Elle porte
cette inscription : Flores mei fructut; H. 16" 6'*'; 1.' 11" 3'". — Copie de celle-ci;
par J. Wolff d' Augsbourg. — E. Heinzelmann exe. Aug. Vind. La Vierge est tour-
née à droite; on a représenté, dans le fond, une église abbatiale allemande, avec
l'inscription que nous avons rapportée ci-dessus. — De Poilly. La Vierge tour-
née à droite, avec la même inscription, grand in-fol. — J. Couvay, pour Ma-
riette,, dans un médaillon, grand-in'4. — Alvise Povelato, Venise, 1780, pelil
in-fol. — En couleurs, par Ride, d'après un tableau chez M. Duflos de Maison-
celle. — Duthé sculp., in-fol. — Lehman et Chevron sculp., 1852, in-fol. — Le
buste de la Vierge seulement, tourné à gauche; gravé à l'aquatinte p^r un ano-
nyme, in-8.
n). 11 existe encore une composition analogue, où la Vierge, tournée à
droite, tient quelques fleurs dans la main gauche. Mais Tenfant Jésus,
qui est également assis sur les genoux de sa mère, a les jambes croisl&es
et, au lieu de vouloir prendre l'œillet, comme dans les tableaux men-
tionnés ci-dessus, il présente une rose à sa mère. Pour fond, une chambre,
sans la vue du paysage.
Gravé : par Joh. Morin, in-fol. — > Landon, n" 426.
64 PEINTURES DE RAPHAËL
o). Un petit tableau de la galerie Pembroke, à Wilton-Huuse, nous oifre
la même composition que la Madone à la Rose, avec cette variante que
la Vierge tient un œillet au lieu de quelques fleurs. La bordure du vê-
tement de la Vierge^ sur la poitrine^ a cette inscription : RAPHÂELL.O
VRBINAS. MDVIIL
Ce tableau, qui est tout repeint^ ne trahit aucunement la main de
Raphaël. Le peintre s'est seulement servi du motif de la Vierge à l'ÛEiliei.
SO. La Vierge avec V enfant Jésus endormi.
Figures entières, aux deux tiers de grandeur naturelle.
La Vierge, accroupie» tournée à gauche, soulève un voile qui couvre
Jésus endormi, et contemple l'enfant avec amour. Le petit saint Jean,
agenouillé auprès d'elle, regarde le spectateur avec une joie enfantine et
lui montre du geste son divin compagnon. Pour fond, un passage avec
un monastère à droite, une ville à gauche, et quelques figurines dans la
campagne*.
Voilà le motif de toute une série de tableaux, tous faits d'après uu
même original de Raphaël^ sans que l'on puisse dire où cet original se
trouve aujourd'hui.
Le carton du maître, toutefois, est conservé à l'Académie de Florence.
Ce carton même prouve que les copies dont nous parlons ne sont pas
faites d'après lui, car toutes ont pour fond un paysage exactement pareil^
dans le goût de Raphaël, tandis que le carton n'en a pas.
Le caractère des têtes et des draperies, dans ces différentes copies,
inflique la dernière époque florentine de Raphaël.
Les copies qui nous sont connues et que nous allons décrire sont,
ainsi que dans le carton, toutes aux deux tiers de grandeur naturelle.
a). Dans la galerie du prince Eszterhazy, tableau rond. C'est uu bon
tableau de l'école de Raphaël, mais qui a fortement poussé au noir.
Gravé par M. R. Frey, iQ-4.
6). Dans la collection de l'ex-ambassadeur de Russie, à Vienne, le
comte Bailli de Tatitscheff. Copie excellente, de l'école de Raphaël. Elle a
un peu souffert et elle est entièrement recouverte d'une couche brune.
Chaque côté du tableau a été un peu rogné, ce qui fait qu'il n'est pas
tout à fait carré. 11 est venu d'Espagne, dit-on.
c). Chez M. Brocca, à Milan. C'est une bonne copie, que M. von Rumohr
(Drei Reisen nach llalien) croit exécutée par un [»eintre lombard. En
effet, ce tableau, gras de pâte, un peu doucereux d'expression, présente
un dessin peu arrêté et un ton presque rouge brun dans les ombres, ce
I . Raphaël peignit plus tard un petit tableau d*une semblable composition^ dans lequel le
petit saint Jean est en prière, les mains jointes. Ce tableau, oonnu sous le nom de la Vierge au
Diadème, est au musée du LouTre. Voir 1. 1*', p. 100.
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 65
qui caractérise surtout les imitateurs du Corrége. Ce tableau, qui était
rond autrefois^ forme maioteuaDt un carré de l* 6". — Le propriétaire
actuel l'acquit^ à Barcelonne^ en 1822.
GiATÊ : dans an rond , sans les auréoles des tètes , par Ânt. Banzo, avec cette
légende : Ego dormio itd eor meum vigilet, in-4; — par P. Bettelini, dans un
rond, grand in-4. — Une autre gravure, commencée par Gius. Longhi, a été ter-
mîDée par Toschi en carré, grand in-4.— Dans la traduction italienne de l'ouvrage
de Quatremère de Quincy, par Longhena, p. 623.
d.) Une copie^ qui était autrefois dans la galerie Lucien Bonaparte, sous
Je n"* 133, se trouvait depuis 1847 dans.la galène du feu roi de Hollande,
et ne fut point vendue en 1850. Sur bois, dans un rond de trois pieds de
diamètre.
Gbaté : par Gio. Folo, avec cette légende : il ionno ai Geêù, in-4; — par Achille
Martinet, 1853, sous ce titre : Le Sommeil de Jétui, grand in-fol.
e,) A la galerie de lord Grosvenor, à Londres. C'est une belle copie,
très-frafche de ton.
/.) Dans la galerie du duc de Marlborough, à Blenheim. Les couleurs de
cette copie ont fortement poussé au noir.
g.)A la galerie de Munich. Dans un rond de 4* 3" de diamètre. Faible
tableau. N<» 14 du catalogue de 1825.
Lithographie par Nep. Strixner, 1819, grand in-4.
h.) Dans le cabinet du peintre sur porcelaine, Constantin, de Genève, à
Sèvres, près Paris. Tableau ébauché, de forme carrée. Les draperies en
sont plus terminées que les chairs. 11 vient de Florence, et le possesseqr
croit avoir découvert l'originàL Nous ne l'avons point vu. Le baron Des-
noyers a fait un dessin d'après cette copie.
t.) Dans KAcademia de Nobles Artes, à Séville. C'est une bonne copie,
claire, de son tableau rond. Figures de même grandeur que le carton.
Gravé : par E. Wagner, in-fol., d'après un tableau qu'on dit être à Anvers. — La
tête de Uenfant Jésus a été lithographiée par Gigoux, à Paris, avec cet intitulé :
Étude deehirubiny d'aprie un desiin inédit de Raphaël. Mi-grandeur naturelle. In-fol.
SI. Madone de lord Coioper^ 1508.
ProTenaDt de la maison Niccolîni, à Florence. Figure jusqu'aux genoux et de grandeur
naturelle.
La Vierge est assise, tournée à gauche, presque vue de profil, tenant
de la main droite l'enfant Jésus assis sur un coussin blanc qu'elle a sur
les genoux. Elle le contemple avec ce charme candide particulier à
Raphaël, et pose sa main gauche sur sa poitrine. L'enfant, dont le corps
est tourné du côté de sa mère, saisit le bord de la robe de celle-ci auprès
du cou et regarde le spectateur en souriant. L'expression de la figure de
fenfant Jésus ne manque pas d'afféterie et rappelle d'autres compositions
analogues de la même époque, que nous avons déjà citées. Pour fond, un
n. 5
66 PEINTURES DE RAPHAËL
del bleu. Au bord du bêtement de la Vierge^ sur Tépaule^ on Jit cette
signature en lettres d'or : MDVIII. R. V.
Ce tableau^ traité avec le génie du maître^ est surtout d'un modelé
parfait; sa conservation ne laisse rien à désirer^ à Texception de la main
gauche qui a été un peu trop nettoyée.
Le comte Gowper, ambassadeur d'Angleterre à la cour de Toscaae^
l'acheta de la maison Niccolini, à Florence ^ et le plaça dans la galerie de
sa résidence de Panshanger^ près Hertford *.
ORAvnBBs : Ant. Perfelti, 1831, avec une dédicace à la sigoora Cateiina Naldini
Canigiani , petit in-foi. » Dans notre Voyag9 en Angleterre et en Belgiqm (en alle-
mand), par Nie. Hoff., in-8. — Georg. T. Doo, scalp., 1835, avec cet intitulé :
« Mettiah », petit in fol. — J. Bein scalp., 1835, in-fol. — Ladwig Gruner en a fait
un beau dessin qu'il se propose de graver.
Une copie de ce tableau se trouve dans la possession de l'honorable
M. Little, fils de lord Ramsworth.
Une autre copie fut peinte par M"" Cosway, à l'époque où le lord acquit
l'original à Florence* Nous l'avons vue chez elle^ à Lodi^ en 1835.
S2. Madone de la Maison Colonna.
Sur bois ; h. 29" 6'" ; I. 21" 6"*. Figure jusqu'aux genoux.
La Vierge^ les regards fixés sur l'enfant Jésus^ le soutient avec la main
droite. Gelui-Ksi^ pour s'élever vers elle^ s'appuie de la main gauche sur le
bras droit de sa mère et lui saisit de l'autre main le bord de sa robe^ sur
la poitrine. La Vierge tient un petit livre de la main gauche. Un coin
de paysage dans le fond.
C'est un tableau inachevé; les cheveux et le voile sont à peine indi-
qués en couleur. Les ombres manquent aux étoffes blanches et les glacis
aux chairs; quelques parties du panneau dans le fond, près de la main de la
Vierge> ne sont pas même couvertes. Les ombres de la robe rouge auraient
besoin d'être reprises et renforcées. On peut donc supposer que les orne-
ments d'or des vêtements^ qui sont ordinairement les derniers travaux que
le peintre fait dans un tableau ^ ont été ajoutés depuis par une «utre
main^ aGn de donner l'apparence d'une peinture terminée à un ouvrage
à peine ébauché.. Néanmoins cette ébauche produit un effet magique; elle
nous montre comment le grand maître imprimait tout d'abord la vie et
l'esprit à son œuvre ; on voit qu'aux premières touches de son pinceau
sa conception apparaissait avec tout son éclat.
Si nous avons dû blâmer l'espèce d'afféterie qui caractérise l'expression
de la tète de l'enfant Jésuét dans le tableau de lord Gowper^ nous sommes
1 . Il est déjà mentioimé, dus les l^llexMê di Ftrcnsa, par Cinelli (Florence, 1 677 , p. 409),
comme se trouvant dans la maison Niocc^iu.
2. Voir t* I, p: 9a, \
\
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 67
forcés de critiquer^ pour le même motif, la tête de Ja Vierge dans ce
tableau.
Déjà^ dans notre Histoire de Raphaël, nous avons eu l'occasion de
releyer Terreur de M. de Rumohr, qui regarde la Madone de la maison
ColoDoa conmie étant 'le tableau dans lequel Ridolfo Ghirlandajo acheva
le manteau de la Vierge, après que Raphaël fut parti de Florence. Ici
Doos combattrons incidemment une autre opinion erronée de M. de
Ramohr, qui dit, dans la préface du tome III de son ouvrage ^ que Vasari
dësâgne seulement sous le nom de Madone tout tableau représentant la
Vierge et Tenfant Jésus « sans aucune autre figure. » Le savant écrivain
semble avoir oublié beaucoup de tableaux auxquels Vasari donne le nom
de Madones et qui ont quelquefois plusieurs figures^ outre la Vierge et
l'enfant Jésus. L'auteur des Vies des peintres n'appelle-t-ii pas, par
exemple, Madonna deUa Gatta, une Sainte Famille de quatre figures^ exé-
cutée par Jules Romain, d'après une composition de Raphaël ?
Mais retenons à la Madone de la Maison Colonna. Il faut noter encore
qu'elle passa, par héritage , de la famille Salviati, de Florence, dans la
famille Colonna, de Rome. En dernier lieu, elle était en la possession de
Maria Colonna, épouse du duc Giulio Lante délia Rovere. Le chevalier
ly Bunsen, étant ministre résidant de Prusse à Rome, Tacheta de cette
famille Colonna, pour le musée de Berlin K
Gravurbs : C.-L. Masquelier, 1820, du côté opposé, petit in-fol. — LuigiBa-
rocci, 1827, in-fol. ~ Caspar, petit in-fol., pour la Société des Amis des Arts de
Berlin. — Réveil, pour le Mutto di PiUwa • di Seultura. — P. Ligbfoot sculp.,
1849, foL — Edouard Handel del. ei tculp., 1855, in-fol.
Il existe plusieurs anciennes copies de ce tableau. Une belle copie du
temps se trouve dans la maison du marchese Guadagni, à Florence. Deux
autres furent apportées d'Italie en Angleterre : Tune par le consul anglais
R. Udney, et la seconde par M. Day, à Londres. Cette dernière, provenant
de la maison Aldobrandini, appartenait, en 1831, à Tavocat Swainston,
et Tautre, qui est meilleure^ à M. Emmerson, marchand d'objets d'art, à
Londres.
83. La Belle Jardinière.
Sur bois; h. 3* 7" 6"'; 1. î' H". Figures entières.
Le tableau est désigné sous ce nom assez singulier, parce que la Vierge
est assise sur une pierre dans une prairie richement couverte de plantes et
de fleurs. Elle regarde avec une grâce inexprimable Tenfant Jésus, qui^
debout devant elle, pose un bras sur les genoux de sa mère et lève vers
elle ses regards remplis d'amour. Le petit saint Jean, agenouillé à droite
ets'appuyant sur sa croix, contemple son divin compagnon, avec une
i. V 248 da Cat. i857.
6H PEINTURES DE RAPHAËL
tendre admiration. Le fond est un paysage dans lequel serpente une
rivière 9 avec des montagnes et une ville à droite dans le lointain. Ce
tableau est cintré dans le haut.
Ce magnifique ouvrage, traité avec l'esprit le plus élevé, et dont les têtes
surtout sont remplies d'âme et d'expression, présente pourtant quelques
parties paraissant non terminées, comme les mains et les pieds qui ne sont
qu'indiqués. 11 s'y trouve aussi quelques négligences de dessin ; néan-
moins cette Madone est une des plus belles que le génie de Raphaël ait
ci;éées.
Selon Lépicié et Mariette , ce tableau serait celui que Raphaël peignit
pour un gentilhomme de Sienne, et qu'il laissa inachevé, quand il fut
appelé à Rome ; en sorte que son ami Ridolfo Ghirlandajo fut chargé par
lui-même de terminer le manteau bleu de la Vierge.
Lépicié cite aussi, dans son Catalogue raisonné des tableaux du Roi, un
dessin qui était chez Mariette, dessin offrant d'un côté une esquisse pour
cette Madone et de l'autre côté une esquisse pour la Mise au tombeau,
qui est au palais Borghèse. Par le rapprochement de ces deux esquisses^
on peut constater exactement la date de l'invention de la Belle Jardi-
nière. Ce tableau fut acheté plus tard par François l*'*, du gentilhomme
siennois, qui l'avait commandé au peintre, et qui, selon l'a dernière édi-
tion florentine de Vasari, était messer Filippo Sergardi, clerc di Caméra
de Léon X.
Si nous examinons maintenant le manteau bleu de la Vierge auquel on
prétend que le Ghirlandajo a travaillé, nous reconnaissons tout d'abord
qu'il n'est pas traité dans la manière de Raphaël, et qu'il rappelle, en
effet, le manteau bleu dans le Couronnement de la Vierge, de Ridolfo
Ghirlandajo, qui est aussi au musée du Louvre. Le tableau est signé
dans la bordure du bas de la robe : RAPHAELLO. VRB. La date se trouve
plus haut dans un autre endroit de la même bordure. Ce doit être MDVdl,
et non MDVII, comme on l'a avancé; car, à la suite du millésime MDVH,
il y a encore un chiffre presque effacé et assez difficile à distinguer; c'est
seulement après ce dernier trait qu'a été placé le point, qui est très-visible.
Ainsi donc, l'assertion de Mariette se trouve pleinement confirmée ^
Ce tableau est encore d'une bonne conservation, mais il a plusieurs
retouches qui font tache, surtout dans le corps de l'enfant Jésus.
Gravures : E. Rousselet, da côlé opposé, in-fol. ; — copie de la gravure de
Ronsselet, parN. Poilly, in-fol.» Jacques Chereau, du côté opposé, pour le Cabinet
Crozat, n*> 6, ia-fol. — Raphaël d'Urbin pinx., Sandrart excudit, du côté opposé ;
faible gravure, petit in-fol.; —par un anonyme, à Paris, chez Mariette, avec la
légende : Maria Mrfjo et 5. Joannff, petit in-fol. ; — Bernard Strauss aurifaber
sculp.; très-dure; in-fol.; — A.-B. Desnoyers, in-fol.;— P. Audouin, 1803, pour
4 Voirl. I, p. 99.
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 09
le Mnêée Napoléon; — RobilUrd, in-fol.; — R.-U. Massard, pour la Galerie Filhol
in -8. — G. A. Sasso, Milano, 1816, au pointillé, in-fol.; — Nie. Aurelio, 1822,
grand in-fol.;— Couché, eau-forte, in-8.; — Lith. par Marin Lavigne, 1841, in-
fol.; — Gravé par Girard, 1845, petit in-fol.; -> par J.-N. Laugier, grand in-fol.;
— Oust Levy, in-foi.; — gravé par Joseph Bal, 1857, gr. in-fol.; — Weuss fecit
Monacy, m-8 (Tattrûeiw, p. 170). — Landon, n« 106. — La même composition,
avec saint Joseph assis en prière à droite, chez Vallet. Faible estampe, in-4. —
La tête de la Vierge, seule dans un rond, presque de grandeur naturelle, par
Laloaette.
Le carton original^ dessiné à la pierre noire et rehaussé de blanc, se
trouve à Holkbam, résidence du comte Leicester, en Angleterre. Il a mal-
heureusement souffert et est imprégné d'huile. H. 3' i"; 1. 2' 2".
Une esquisse, un peu différente pour la composition, passa de la succes-
sion de Sir Th. Lawrence dans le cabinet du feu roi de Hollande et de là
dans le cabinet de M. de Vos, à Amsterdam.
Cette esquisse a été gravée par C. Metz, 1798, et par Ad. Bartsch, du
côté opposé. — De même, par J. Keller.
Une esquisse pour l'enfant Jésus, provenant du cabinet de M. Bœhm, à
Vienne, fut achetée par M-. Chambers Hall, à Londres, et léguée par lui à
la collection d'Oxford.
Anciennes copies du tableau.
a.) Une copie, que l'on dit venir de la collection du cardinal Mazarin,
voyage alternativement, depuis des années, en France et en Angleterre. On
la donne toujours comme une œuvre originale. Hacquin la transporta du
panneau sur toile, en 1767. En 1797, John Trumbull vendit ce tableau
pour 890 livres sterling à M. West (Buchanan). En 1829, ce même tableau
fut de nouveau transporté sur une toile neuve, par M. Landry, à Paris.
Nous l'avons revu en 1831, à Londres, dans les mains d'un Américain,
nommé William.
Le paysage et les plantes du premier plan de ce tableau diffèrent beau-
coup de l'original et trahissent le pinceau néerlandais de la première
moitié du seizième siècle. Les ombres des chairs sont d'un gris de plomb.
Cest sans doute une estimable copie, mais qui est bien loin de l'œuvre du
maître, quel que soit l'éloge que l'on en ait fait dans la Gazette de France
du 6 mars 1828.
6.) Dans la galène de Dresde, il y a une copie par Cari van Mander.
e.) Dans la galerie de l'Ambrosina, à Milan.
d,) Dans l'ancienne galerie du cardinal Fesch, il y avait une autre copie
qui peut être qualifiée d*excellente.
e.) Dans la galerie du 'duc de Marlborough, à Blenheim, copie qui est
également très-belle, quoique les ombres des chairs soient un peu grises.
/.) Dans la galerie du prince de Lichtenstein à Vienne. Copie sur toile.
g.) Au palais Gaetano Cambiaso, à Gênes. Cest une ancienne et belle
70 PEINTURES DE RAPHAËL
copie, que cite Ratti (htruzzioni, p. 270) comme étant un original, Bans
toutefois indiquer d'une manière précise quelle en est la composition.
h,) Au musée d'Avignon.
t.) Dans les appartements royaux de rSscurial. r/est une bonne copie
pur toile.
54. Im Vierge au Baldaquin.
Sur bois; h. iO*; 1. 6.
La Vierge, assise sur un trône élevé, tient avec sa main droite sur sa
poitrine le bras de l'enfant Jésus et l'enlace de son bras gauche. Celui-ci,
assis sur les genoux de sa mère, tourne la tête à droite. A gauche, saint
Augustin et l'apôtre saint Jacques ; à droite , saint Pierre et un saint
Gamaldule (saint Bruno ?). Devant les degrés du trône, deux petits anges
chantent, tenant dans leurs mains une banderole de parchemin ; dans le
haut, deux anges soulèvent le rideau du baldaquin , qui est suspendu dans
une niche portée par des colonnes, au-dessus du trône.
Raphaël peignit ce tableau d'autel pour la chapelle de la famille floren-
tin! Dei, dans l'église Santo Spirito, à Florence, mais il n'en fit guère que
l'ébauche, car pendant l'exécution de cette peinture il fut mandé par le
pape à Rome, et il ne trouva plus le temps de terminer son œuvre, qui
resta sans doute dans son atelier.
Après la mort du maître, le président de la Chancellerie, Baldassare
Turini, acheta ce tableau pour l'église de Pescia, sa ville natale. En 1697,
le prince Ferdinand, fils aîné du grand-duc Cosme III, l'acquit, moyennant
un très-haut prix, de la famille Bonvicini, de Pescia, à laquelle il apparte-
nait par droit de patronage, et le nouvel acquéreur lit mettre,en outre, à la
place de l'original, dans l'église de Pescia, une copie du tableau exécutée
par Carlo Sacconi. Le tableau, enlevé de l'autel pendant la nuit, avait été
expédié à Florence sous la surveillance du peintre de la cour, Gabbiani,
car on craignait que les habitants de Pescia ne s'ameutassent pour s'op-
poser à l'enlèvement de leur trésor * .
Ce tableau, restauré avec beaucoup de soin par le peintre Gio. Agostino
Cassana ou Niccolô Cassana*, fut agrandi d'un pouce de chaque côté. Il
n'avait pas été repeint et achevé par une autre main que celle de Raphaël,
ainsi que le dit dans une note l'éditeur du Riposo de Borghini (Firenze,
1730, p. 31 6), car il est bien encore dans son état primitif d'ébauche, mais
il a été fortement restauré.
Apporté en France, sous le règne de Napoléon I*»", il fut envoyé au mu-
1. Voyez p à ce sujet, les conarounications de H. Reumont dans le KuMlblaU^ 1847,
p. ISl, et les Memarie di Belle Àrti, publicati dal Gualandî, p. '126.
%. Voyez la note ajoutée à Vasari, édition de Sienne, -vol. Y, p. 3i6, et la traduction de
l'ouTrage de M. Qnatreroère de Quincy, par Ix»nghena, p. 44lt
DE SON ÉPOQUE FLORENTINE. 71
sée de Bruiellcs; mais il retourna au palais Pitti après le traité de paix
de 1815.
Raphaël^ comme nous l'ayons dit ailleurs^ avait tellement adopté^ dans
cette peinture, la manière de fra Bartolomeo , qu'en la voyant au palais
Pitti à côté des meilleurs ouvrages de ce dernier, on peut être trompé,
' au premier coup d'oeil^ par la ressemblance de ce tableau avec ceux de
fra Bartolomeo. Cette ressemblance^ toutefois, consiste plutôt dans la
large manière du faire et la belle ordonnance des draperies, que dans
l'expression des têtes, où le sentiment de Raphaël n'est pas méconnais-
sable.
Gbavures : F.'Ant. Lorenzini, grand in-fol., pour la Haceolia de* quadri dH Gran-
duehi di Toêcana. — B.-A. Nicolet, 1802, en sens contraire, petit in-foi., pour la
Galerfe de Florence, de Wicar. — G. Morghen sculp., avec la légende : Per te
Regina eleTnens, in-fol. — Morghen sculp. Flor., petit in-fol. Faible planche. —
Landon, n" 110. — La Madone et l'enfant seuls, dans un rond, jusqu'aux genoux;
parVineenzo Biondi, en sens contraire, avec ce titre : Aima redemptorii Mater, petit
in-fol. — Landon, n" 326.
Études.
a.) Esquisse pour la tête d'un des saints. Ck>llection Wicar, à Lille.
6.) Étude pour deux saints, figures nues^ et une jambe. Ancien cabinet
Crozat, Gravée par Caylus.
TABLEAUX D'ANCIENS MAÎTRES
dans leequeU on t*est eervi du motif de la Vierge au Baldaquin,
a.) La Vierge , l'enfant Jésus et saint Josepb. Jusqu'aux genoux. Galerie
de Munich. Ce tableau est attribué, dans le catalogue de 1825, à fra Bar-
tolomeo, sous le n* 716. — Lithographie par Slrixner. In folio.
6.) La Vierge et l'enfant Jésus. Chez le comte Topor Morawitzky, à Mu-
nich. — Gravé à la manière noire,' par Sintzenich, 4804. Petit format.
c.) De même, un tableau dans la collection Lamberg, à l'Académie de
Vienne.
d,) De même, un tableau qui se trouvait autrefois chez Nocchi à Flo-
rence. Dans l'ouvrage de M. de Rumohr, t. III, p. 61, il est attribué à
Raphaël lui-même.
35. La Vierge avec les detix Enfants,
Petit tableau ébauché seulemeot. Sur bois; b. 10''; 1.8'*.
La Vierge, agenouillée, tient des deux mains Tenfant Jésus assis sur un
tertre et penché fortement vers le petit saint Jean ; celui-ci, agenouillé à
gauche, tient une petite croix d'une main et de l'autre main une bande-
role de parchemin sur laquelle il semble lire avec beaucoup d'attention.
Pour fond, un paysage dans lequel on voit quelques ruines entourées
d'arbres et une montagne coniG|ue ^ droite,
7i PEINTURES DE RAPHAËL.
Il existe beaucoup de répétitions de celte peinture, mais toutes à l'état
d'ébauche. L'original pourrait bien être resté inachevé, comme la Vierge
au Baldaquin , lorsque Raphaël partit de Florence pour Rome. Ce petit
tableau, qui se trouve dans la galerie du prince Eszterhazy de Galantha, à
Vienne, est un don du pape Clément XI, de la maison Albanie à l'impéra-
trice Elisabeth, qui, de sa propre main, a écrit (en allemand) la notice sui-
vante sur un papier collé derrière le panneau : a Ce tableau de Vierge de
Raffael d'Urbino, conjointement avec la boîte garnie de pierres précieuses,
m'a été donné en présent par le pape Albany.
a Elisabeth K. »
L'impératrice le donna plus tard au ministre de Kaunitz, e(, vers la
moitié du siècle dernier, il passa dans la famille princière d'Eszterhazy.
Gravé par Gust. Leybold, Vienne, 1839, in-fol.
Une excellente copie ancienne de ce tableau se trouve dans la succession
de feu M.Wendelstadt, à Francfort-sur-Mein. Sur bois. H. 10" 10'" ; l. 7" 6'"-
Elle vint d'Italie en Allemagne, il y a déjà plusieurs années. On voulut la
confier au professeur Henri Hess, à Munich, pour qu'il la restaurât; mais
ce peintre, qui la regardait comme un original de Raphaël, n'osa pas y
mettre la main.
Lith. par F.-N. Heigel. In-4*. — De même, par Lucas, in-4*. — Dans les gra-
vures an irait, de la coU. Wendelstodt, n" 13.
Une esquisse à la plume se trouve dans la collection de Florence.
Gravée par S. Mulinari, 1784.
Copie lith., chez Vogel. à Francfort-sur-Mein.
Un tableau, également inachevé, dans lequel on s'est servi de cette com-
position, mais représentant seulement la Vierge et TEnfant, se trouve à
la galerie des Ufnzi, à Florence. Il est faussement attribué à fra Barto-
lomeo.
PEINTURES EXÉCUTÉES PAR RAPHAËL A ROME
sous LE PAPE JULES II
1508 à 1513.
56. La chambre délia Segnatura, au Vatican.
De 1508 à 1511.
Pour ce qui concerne les renseignements généraux et la description de
cette chambre, nous renvoyons le lecteur à ce que nous en avons dit
PELNTURES EXÉCUTÉES PAR RAPHAËL A ROME. 73
dans la Vie de Raphaël. On ne trouvera ici que l'indication sommaire des
sujets représentés, quelques réflexions critiques, des notices sur les
éludes faites par Raphaël pour les peintures, et sur les gravures exécu-
tées depuis, d'après les Tresques et les dessins.
Raphaël reçut, comme nous l'avons déjà dit, douze cents ducats d'or
pour la décoration de chacune de ces chambres ^
l/oavrage de P. P. Montagnani, intitulé : iUustrazione storica pitto-
ricûy con incisioni a contomi délie pitture nelle Stanze Vaticane di Raf-
faeUo Sanzio da Urbino, etc. {Roma, 1830), donne, comme son titre l'indi-
que, la reproduction complète des peintures de Raphaël au Vatican.
S7. La fresque de la Théologie.
H. 15"; 1. 25\
Ce tableau, que l^n nomme aussi la Dispute du Saint Sacrement est
cintré dans le haut. La partie supérieure représente la Sainte Trinité,
dans une gloire formée d'anges. Aux côtés du Sauveur, sont assis la sainte
Vierge et le Précurseur, avec six saints de l'Ancien et du Nouveau Testa-
ment de chaque côté.
Au milieu de la partie inférieure de la composition, s'élève un autel
avec le Saint Sacrement exposé, autour duquel se groupent quarante-trois
figures, papes, évêques, théologiens et autres personnages pris du peuple,
dont Yingt a droite et vingt-trois à gauche.
Pour la désignation des personnages représentés dans le tableau, nous
avons reproduit principalement, dans notre Histoire de Raphaël, les noms
inscrits dans les nimbes des têtes, comme ceux d'Anaclet, de Bonaventura,
de Thomas d'Aquin et autres. Quelques-uns de ces personnages sont des
portraits, notamment Dante, Savonarola et fra Angelico da Fiesole ; il y
en a quelques-uns qui sont tout à fait inconnus , par exemple les deux
évêques placés derrière saint Jérôme.
Vasari, qui parle de ces fresques, mais d'une façon fort embrouillée,
cite au nombre des personnages qu'on y remarque : saint François, Domi-
nique et Liranus; aucun indice ne saurait toutefois les faire reconnaître.
Nous n'avons rien affirmé, là où les noms nous ont paru incertains, et
nous nous sommes souvent abstenu, pour ne pas tomber avec Bellori et
Montagnani dans des assertions hasardées.
La Dispute du Saint Sacrement, le premier tableau que Raphaël ait
exécuté au Vatican , rappelle les ouvrages des anciens maîtres florentins.
l^s figures du haut de la fresque sont disposées comme dans les peintures
d'Orcagna au Campo Santo, de fra Angelico da Fiesole et de fra Bartolomeo.
Dans la partie inférieure du tableau, où les figures historiques ne sont pas
1 . Voyez à ce sujet la lettre que Raphaël adressa à son oncle en 1 5 ii ; puis le Memorie ut/
CoreggiOj d'Ant. Raph. Mengs.
74 PEI^TURES EXÉCUTÉES
précisées des types S Raphaël leur a donné un caractère de portraii.
Comme manière de faire, cette fresque, ainsi que celles de Pérugin^
offre encore les hachures dans Teiécution et les ornements rehaussés
d'or. Mais l'expression de toutes les têtes est pleine de vie et il y a une
parfaite analogie entre cette expression et le caractère des personnages
représentés. Le goût avec lequel sont disposés les ornements d'or dans le
ciel ne fait qu'augnienter sa splendeur symbolique.
Pour ce qui est de l'eiécution matérielle de cette. fresque, Raphaël
acquérait déjà plus de facilité pendant son travail même, comme cela est
surtout sensible au côté droit du tableau, et il n'eut plus besoin d'avoir
recours aux retouches hachurées faites à la colle sur la fresque sèche.
Mais à quel degré de grandeur Raphaël ne s'élève-t-il pas dans cette
compiTsition qui, par sa profondeur et sa variété, son ordonnance har-
monieuse et son admirable unité, surpasse de beaucoup tout ce qui aTait
été fait en ce genre jusqu'alors !
Aussi, celte grande page, malgré quelques inégalités dans l'exécution,
doit-elle être rangée parmi les meilleures du maître, qui n'a jamais
mieux combiné l'aspect majestueux de l'ensemble approprié au sujet, la
noblesse de chaque figure prise isolément et la beauté des groupes.
Cette peinture, dont n'approche, disons-le, aucun ouvrage moderne, a
de plus, sur les chefs-d'œuvre de Tart antique, cet avantage que lui donne
une vive et profonde inspiration de l'art chrétien.
Cette fresque se distingue aussi sous le rapport de la couleur, car elle
n'est pas seulement chaude et puissante de ton dans quelques parties, elle
a encore une harmonie générale, qualité d'autant plus rare dans la pein-
ture à fresque, qu'il s'agit de couvrir de grandes surfaces.
Pour bien comprendre ce que Raphaël a fait d'efforts pour atteindre à
cette perfection, il faut connaître toutes les études qui nous restent pour
ce tableau. Nous verrons combien il a modifié successivement ses pre-
mières esquisses qui, quoique très-belles, ne répondaient pas suffisam-
ment, selon lui, à la clarté et à la puissance avec lesquelles il voulait
exprimer son idée.
Quant à la fresque elle-même, il faut malheureusement constater
qu'elle a beaucoup souffert. Non-seulement quelques couleurs sont tom-
bées, mais elle est fendue en trois endroits. La première fente parcourt
l'ouvrage perpendiculairement et coupe en deux la figure du Christ; la
seconde, également perpendiculaire, descend jusqu'au bas du tableau et
traverse la figure de saint Jean-Baptiste dans le haut, ainsi que celles de
saint Thomas d'Aquin et de l'écrivain dans le bas; la troisième fente
1 . Nous aroni conserr^ l'expression que If. PtasaT&nt a forrauléc lui-œ^ine pour rendre ton
idée. {Note de l'idileur.)
PAR RAPHAËL A ROME. 75
endommage la figure de Dante. Oo a récemment pris des mesures pour
préTenir de nouvelles détériorations dans le crépi de la fresque.
Esquisses et études pour la fresque.
a.) Première esquisse pour la partie supérieure de la composition.
Demi-cercle. Dessin lavé et rehaussé de blanc. — Dans l'œuvre de la col-
lection S. Morys.
Gravée par Lelu, sur une teinte.
6.) Autre première esquisse pour la partie supérieure et inférieure de
gauche. — Collection royale d'Angleterre.
e.} Deux premières esquisses sur une même feuille, pour les groupes
do bas à droite et à gauche. — Provenant de la collection Crozat; actuel-
lement chez M. Reiset, à Paris.
Gravée par le comte de Caylus.
d,) Esquisse pour la partie inférieure, à gauche. Dessin à la plume et
lavé à lasépia. — Dans la collection du prince Paul Eszterhazy, à Vienne.
e.) Étude d'une moitié de la partie inférieure de gauche. Figures nues.
— De la collection Lavrrence; actuellement dans la collection de l'Institut
de Staëdel, à Francfort-sur-Mein.
Gravé par le comte de Caylus, en contre-partie.
f.) Étude pour la partie inférieure de droite. Figures nues. — Ce dessin
était autrefois dans la collection Crozat,
g.) Étude pour le saint Jérôme et deux autres figures, nues toutes trois.
— Ce dessin se trouvait dans la collection S. Morys.
h.) Une tête étude, de grandeur naturelle, se trouvait dans la collection
Crozat. — Ce doit être celle de Dieu le Père, laquelle, de la collection
S. Morys, passa à celle du Louvre, et qui semble être un fragment du
carton original. Cette tête est citée aussi par Richardson (t. III, p. 31),
comme étant alors dans la collection Ten Kate, à Amsterdam.
t.] Esquisses pour la partie supérieure du tableau. Dessin de treize
figures. — Dans la collection d'Oiford.
j.) Étude pour l'apôtre saint Paul. — Dans la collection d'Oxford.
k.) Trois anges et deux autres figures. — Dans la collection d'Oxford.
l.) Deux feuilles, avec des têtes d'évêques et deux sonnets, — Dans la
collection d'Oxford.
m.) Légère esquisse, avec un sonnet autographe. Au Musée britannique
à Londres. Nous avons publié un fac-similé de cette esquisse dans Tédition
allemande de notre ouvrage.
n.) Esquisse pour la partie inférieure à gauche. Figures vêtues. — Dans
la collection Albertine, à Vienne.
Gravé par le comte de Caylus. — Litb. par Pilizotti.
76 PEINTURES EXÉCUTÉES
0.) S. Ambrosius et Petrus Lx)mbardu89 avec un projet de sonnet. —
Dans la collection Albertine, à Vienne.
p.) S. Ambroise. — Dans la collection de Munich.
q.) Etude de draperie pour la Vierge. — Dans la Bibliothèque ambroi-
sienne, àMiian.
r.; Esquisse pour la partie supérieure de la fresque. — Dans la Biblio-
thèque ambroisienne^ à Milan.
s.) Quelques petits anges, avec une étude pour une poitrine et le bras
d'un homme. — Dans la collection de Florence.
t,) Étude pour la ligure du sectaire, avec un projet de sonnet. — Au
musée Fabre, à Montpellier.
u.) Étude pour la draperie du Christ. — Dans la collection Wicar, au
musée de Lille.
v.) Une étude de draperie pour le S. Grégoire. — Se trouvait dans la
collection de Sir Thomas Lawrence, à Londres.
X.) Étude pour la partie supérieure des trois anges, à droite.
Gravée en fac-similé en contre-partie, par S. Pacini (1770). In-B" en largeur.
y.) Isidoro Grossi cite, dans son manuscrit : Notizie spettanii alla città
di Parma, un grand dessin de la fresque entière, lequel se trouvait au
palais San Vitali. Voy. Pungileoni, p. 219.
Gravures d'après la fresque.
Giorgio Mantuano, 1552, en deux feuilles H. 19"; l. 31". Bartsch, xv, p. 394,
n" 23. — Gasparo Osello ou ab Avibus, signée G. a P. F., 1565. Deux feuilles
grand in-folio en largeur. — J.-B. de Cavalerijs, retouchée par Philippe Tho-
massin, 1617, avec l'adresse de Nie. van Aelsl. Épreuves postérieures avec l'a-
dresse J.-J. de Rossi, 1648. Deux feuilles grand in-folio en largeur. H. 18" 5"';
1. 30" 11"'. — Franc. Aquila, 1722, imprimé in-folio en largeur pour le recueil
intitulé : Pielurœ Raphaeliê Sanelij Urbinatù ex aula et eonclavibut palatij vatieani
el 9ub autpicijt Innoeentij Xili P. O. M. preao Lau. Phil. de Rotri. Ce sont en
tout dix -neuf feuilles : seize peintures murales, deux plafonds et le fron-
tispice. — Seb. Gantrel, in-folio en largeur. — Joh. Volpato, 1779, grand in-folio
en largeur. — Giuseppe MocheUi, 1816, petit in-folio en largeur. — Nous atten-
dons de J. Keller, à Dusseldorf, une gravure d'une grande dimension, d'après
son dessin. — Landon, u. 185.
Gravures partielles de la composition.
a.) Saint Jean-Baptiste. — Bergler del., Jos. Guaiser fec. Prague. Légèrement
à l'eau- forte. Petit in-fol.
b.) Les têtes des quatre théologiens, parmi lesquels un évéque à l'arriére-plan
de gauche. — BeUe eau-forte de Matt. Oslerreich, 1747. Contre-partie. H. 5" 9'";
1. 9".
c.) Plusieurs groupes. — Joannos Paulus Melchiori delin., CaieUinus Blanci
sculp.
d.) De même, par Andréa Procaccini.
e.) Les têtes du Dante et de Savonarola, par Paolo Fidanza, pour ses Teite di
pertonnagi Uluttri, etc. (Roma, 1785.)
PAR RAPHAËL A ROME. 77
f.) Groupes séparés, par Blomert et Barbazza, 1749.
g.) Le groupe inférieur à droile. — Lith. par Groben frères, gr. in-fol,
k.) Les létes de S. Ambroise, V. Scolus et Savonarola — Gravé par Buschweyh,
sur une feuille ' .
38. Le Parnasse.
H. 15'; I. 20\ .
ApolloD, jouant du violon, est assis sous de petits lauriers à la source
de THippocrène, entouré des neuf Muses. Du côté droit, sur le même
plan, se tiennent debout quatre poêles épiques, parmi lesquels on recon-
naît Homère, Virgile et Dante. Le. quatrième serait, au dire de Bellori,
le portrait de Raphaël lui-même, ce qui est aussi faux qu'invraisembla-
ble. Au bas, à gauche, dans le groupe du premier plan, composé de cinq
poètes, hommes et femmes, il ne se trouve qu'un seul portrait : celui de
Pétrarque. Les autres sont désignés comme étant Alcée, Anacréon, Sapho
et Corinne. Vis-à-vis, deTautre côté du tableau, sont huit poètes, en avant
desquels on reconnaît Pindare et Horace. Quatre de ces figures sont évi-
demment des poètes italiens, mais leur désignation est douteuse. Vasari
cite encore, au nombre des poètes représentés par Raphaèl : Ovide, Ennius,
Tibulle, Catulle, Properce, Boccace, et finalement Antonio Tebaldeo.
Nous serions tentés de reconnaître ce dernier dans celui qui est le plus
près de la Muse. Le poète que Raphaèl a placé au-dessus d'Horace repré-
sente Giacopo Sanazzaro, mais pourtant cette fîgure ne ressemble pas
complètement au buste bien connu de Sanazzaro, qui est placé sur son
tombeau à Naples. A côté de lui, on reconnaît le portrait de l'Arioste,
vu de profil.
Nous avons déjà indiqué, dans la Vie de Raphaèl, que, selon toute ap-
parence, la figure de l'Apollon qui joue du violon doit être le portrait du
célèbre improvisateur contemporain Giacomo Sansecondo. Nous ajoute-
rons seulement ici que l'expression et la pose de la figure ne se concilient
I • Nous sommes surpris de ne pas trouver ici une notice sur les principales copies géné-
rales ou partielles qui ont été faites à difTéreules époques d'après la 'fresque de Raphaël. Ainsi,
M. Passavant ne parle même pas de la belle copie qui Rgure au musée du Louvre sous le
n* 390 des Écoles italiennes, et qui fut exécutée par ordre de Colbert pour servir de modèle
à une tapisserie. Dans ces derniers temps, une copie infiniment plus exacte et de la grandeur
de la fresque a été peinte par les frères Balze, sous les yeux de M. Ingres, directeur de Pltcole
de Rome. Cette admirable copie, destinée à Técole des Beaux-Arts de Paris, assure, en quelque
sorte , la conservation de la peinture de Raphaël , qu'elle reproduit avec la plus étonnante
fidélité.
Entre les innombrables copies qui existent de cette peinture^ nous citerons, comme une des
plus curieuses et des plus importantes, une belle étude de Nicolas Poussin, qui a copié ou plutôt
imité une partie du sujet inférieur de la fresque. Dans ce tableau, qui appartient à madame
PanI Lacroix, Poussin a donné son style vigoureux à la composition de Raphaël, en changeant à
va manière toute la gamme des couleurs. C/est donc une magnifique œuvre collective, pour ainsi
dire, de Kapbaêl et de Poussin. Sur toile. H. 1",32; i. (>".9S. {Note de Nditeur.)
7d PEINTURES EXÉCUTÉES
pas trop bien avec le sujet. Car cet Apollon lève langoureusement les re-
gards vers le ciel^ tandis que, suivant l'esprit de la mythologie antique^ le
dieu des poètes devrait trouver sa complète satisfaction en lui-même. Le
mouvement de cette Ggure a d'ailleurs quelque chose de maniéré et les
lignes n'en sont pas belles. Ce qui est d'autant plus surprenant^ qu'on con-
naît une composition antérieure de Raphaël pour le Parnasse^ composition
dans laquelle ne se trouvent pas les principaux défauts de l'Apollon de la
fresque.
Cette fresque, quant à son exécution^ se rapproche beaucoup de la
Dispute du Saint Sacrement^ quoiqu'elle n'ait pas été terminée avec le
même soin que le tableau précédent. Mais^ en revanche^ la lumière y est
mieux distribuée, les draperies y sont traitées plus largement aussi.
C'est au sujet lui-même qu'il faut s'en prendre si cette composition n'a
pas la même richesse d'invention^ ni la même profondeur dans les carac-
tères que la Dispute du Saint Sacrement. Mais^ par contre, nous voyons
là^ dans le Parnasse, une image fidèle de la sérénité de la vie des poètes
en Italie à cette époque^ car toutes les figures expriment cette sérénité.
Sur l'architrave de la fenêtre qui est au-dessous du tableau on lit :
JVLIVS IL PONT. MAX. ANN. CHRL MDXl. PONTIFICATVS. SVL VIU.
Cette fresque semble avoir été exécutée en grande partie par Raphaël
lui-même ; elle a un peu souffert.
Esquisses et études pour le Paimasse,
a.) Une esquisse de toute la composition^ à la plume^ passa de la collec-
tion de Sir Thomas Lawrence dans celle d'Oxford.
Gravé : par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n** 247. — Copie de cette planche^
par Ferd. Rusch^reyb, 1830. — Landon, n* 412. — La partie supérieure seule-
ment, avec deux Amours dans l'air ; ancienne copie de l'école et d'après Marc-
Antoine; en contre-partie; signé ; RAPHAËL YRBlPf. H. 7"; 1. 13".
b.) Melpomène^ tenant un masque. C'est la dernière Muse qui est au
côté droit d'Apollon. Collection d'Oxford.
Gravée, dans le recueil : The ilalian Sehool of design^ par W. Y. Ottlcy. — Par
S. Mulinari, d'après une copie qui est à Florence.
e.) La tête d'une des Muses, avec une coillure qui ressemble à un tur-
ban^ à la gauche d'Apollon. Achetée dans la succession du feu roi de Hol-
lande^ par M. Colnaghi, marchand de dessins et de gravures à Londres.
Gravé par B. Picart, 1725.
d,) Les têtes d'Homère^ de Virgile et du Dante. — Dans la collection
royale d'Angleterre.
e.) Le groupe avec Sapho sur le premier plan^ à gauche. — Au Musée
britannique.
PAR RAPHAËL A ROME. 79
f.) Étude de la draperie pour la figure d'Horace. — Au Musée britan-
nique.
g.) La muse assise, Calliope^ tenant une trompette. ^ Collection Alber-
tine à Vienne.
Lith. par F. PilizoUL — Sur la même feuille se trouve Tesquisse de la Muse
Tue de dos.
h.) La muse assise à gauche d'Apollon et tenant une lyre. — Collection
Albertine^ à Vienne.
GraTée par F. Ruschweyh.
t.) Dante ^ demi-figure. — Collection Albertiue> à Vienne.
Gravée par A. Baitsch.
k.) Apollon jouant du violon. Étude d'après nature. — Collection Wicar,
àLUle.
l,) Les pieds d'Ovide et d'Horace, avec la draperie du dernier. — Col-
lection Wicar^ à Lille*
Fac-similé des dessins de Raphaël, publiés par H. le duc deliUynes.
Gravures diaprés le Parnasse.
Par Seb. VouiUemont, en contre-partie, in-fol. en larg.-^Jac. Matham, in-fol.
en largeur. Bartscb, vol. III, p. 181, n* 199. — Franc. AquUa, in-fol. en larg. —
P. Fidanza, in-fol. en larg.-^Job. Yolpato, in-fol. en larg. — Giuseppe Mocbetti,
petit in-fol. en larg. — Franc. Putinati. Très-petite gravure sur acier. — Landon,
n*304.
Gravures partielles de la composition,
a.) Par D. B«ye]. Deux muses» Glio et Ërato, à gauche » derrière Apollon. —
Aquatinta dans un rond. In-4<>.
b.) La tète de la muse Calliope. — Au pointillé, par un Anglais; dans un rond.
c.) La tète de l'Uranie, par F. Forster, 1839. In-fol.
Dans la maison Litta^ à Milan^ se trouve un tableau, en largeur, d'un
Jugement de Marsyas, qui est attribué au Corrége. Ce tableau a été gravé
en trois feuilles^ par Giulio Sanuti, en 1552, et le graveur y a introduit les
Muses du Parnasse de Raphaël , qui ng se trouvent pas sur le tableau
appartenant au duc Litta.
Plusieurs têtes tirées de cette fresque se trouvent dans l'ouvrage intitulé:
Raccolta délie teste dei filosofi , dei Poeti^ colle nove Muse ed Apollo, etc. ,
nel Pamasso al Vaticano, Dis. da K. Agricola, inc. da diversi. Num. 51 . à
30 big. runa(Roma, presso Agapito Franzetti).
59» V École d^ Athènes*
H. 15'; 1.25*.
Dans le bas, à gauche, on voit Pythagore autour duquel se groupent Ar-
chytas et plusieurs autres de ses élèves; Anaiagoras, debout; Heraclite
80 PEINTURES EXÉCUTÉES
isolée et Démucrite, entouré déjeunes gens, s'adossaiit contre Je soubas-
sement d'une colonne ; en tout» treize figures, parmi lesquelles le peintre a
placé les portraits de Francesco Maria délia Rovere, duc d'Urbin, et du
jeune prince de Mantoue, Federico IL
Sur les marches, dans le coin à gauche, il y a trois sophistes auprès du
groupe de Socrate et de ses auditeurs, parmi lesquels Alcibiade; en tout,
onze figures.
Platon et Aristote occupent le centre de la composition, avec leurs dis-
ciples, et parmi ceux d'Aristote nous remarquons Zenon, chef des stoï-
ciens. En tout, seize figures.
Diogène est isolément couché sur les marches. Aristippe passe auprès
de lui, en parlant avec Épicure.
Parmi les six figures du côté droit, se trouvent deux philosophes scep-
tiques, Pyrrhon et Arkésilas, et dans le groupe du bas, composé de neuf
figures, nous voyons Euclide, ou Archimède, sous les traits de Bramante,
enseignant à quatre jeunes gens les sciences mathématiques.
Ptolémée et Zoroastre, représentant la géographie et l'astronomie, s'en-
tretiennent ensemble auprès de Raphaël et du Pérugin. Voyez la descrip-
tion détaillée de cette fresque dans notre Vie de Raphaële
Gomme nous nous écartons beaucoup, dans la description de ce tableau,
■
des données admises ordinairement, nous ajouterons quelques mots à
Tappui de notre opinion.
il est certain que Raphaël reçut d'un savant les indications nécessaires
sur le choix des philosophes qu'il devait placer dans son École d'Athènes.
On lui dit certainement aussi de quelle manière il devait les représenter
et les grouper. Que ce savant ait été le comte Castiglione, ou Jacopo Sado-
leto ou tout autre, on doit supposer qu'il devait connaître le livre, alors
très-répandu, de Diogène de Laerte, qui nous donne le plus de renseigne-
ments sur la vie des philosophes anciens. C'est donc aussi ce livre que nous
avons consulté séparément, en faisant les recherches que demandait la des-
cription de cette fresque, et nous avons souvent été frappé du rapport qui
existait entre le livre et la peinture.
Ensuite, quant à l'histoire du développement de la philosophie chez les
Grecs, nous nous sommes réglé d'après Tordre chronologique qui paraît
avoir été suivi également, presque sans exception, par Raphaël.
C'est un fait incontestable que, bientôt après la mort de Raphaël, on
cessa de comprendre le véritable sens de son tableau de TËcole d'Athènes;
ce fait se trouve prouvé surabondamment par toutes les expjications qui
en ont été faites par les anciens écrivains et les anciens graveurs. Yasari
voit, dans cette composition, la réunion de la théologie et de la philosophie
au moyen de l'astronomie, et il désigne la figure de Pythagore comme
1. Pages 126 et suiv.
PAR RAPHAËL A ROME. 81
étant celle de révangéliste saint Matthieu. Sur la gravure qu'il publia en
i5S0^ Giorgio Mantuano intitule ce tableau : la Dispute de saint Paul avec
les stoïciens et les épicurieus. Tomassiu ajouta mi§me, dans la planche
qu'il grava d'après cette fresque, des auréoles aui têtes de Platon et
d'Aristole. Borghini {Riposo^ p. 3^6) et Lomazzo {Traltato délia pittura,
p. 28S]. dans leurs ouvrages qui parurent la même année (1584), parta-
gent l'opinion de Vasari, et Scanelii {Microcosmo delta pittura, tome 1I>
p. 159) croit reconnaître dans les figures de Platon et d'Aristote les apô-
tres saint Pierre et saint Paul préchant le christianisme aux philosophes
grecs.
Cest donc un honneur qui revient à Beliori que d'avoir, le premier,
dans sa : Descrizione délie immagini dipinie da Rafaello nelle camere del
F'aticano (Roma, 1695), donné une complète et juste explication de cette
peinture. Cependant, en quelques endroits de sa notice qui dénotent un
manque absolu de connaissances classiques, il a recueilli des renseigne-
ments erronés et des traditions absurdes, lesquels néanmoins ont servi
depuis à défrayer les écrivains sans savoir et sans critique.
C'est à l'ouyrage du professeur Adolphe Trendelenburg (VÉcole d'A-
thènes de Raphaely discours prononcé à la Société des Sciences de Berlin,
en 1843) que nous devons l'explication la plus rationnelle de ce tableau.
Soutenu par des études solides et approfondies de la philosophie, l'au-
teur de ce discours académique a commenté le témoignage de Beliori, en
y rattachant une foule d'observations tirées de l'histoire des anciens phi-
losophes grecs, sans avoir cependant suivi strictement la série chronolo-
gique des personnages représentés par Raphaël dans son tableau.
Quant à nous, au contraire, nous avons considéré l'ordre chronologique
de ces personnages cotnme un fil conducteur et comme le moyen le plus
sûr de découvrir ceux d'entre eux qui étaient restés inconnus. Car, dans
le cas même où Raphaël ne se serait point astreint rigoureusement à la
chronologie en peignant quelques figures isolées, comme par exemple
celle du philosophe arabe Averroès, il nous est pourtant démontré avec certi-
tude par la présence de Pythagore, de Socrate, de Platon et d'Aristote
dans sa composition, conmie par l'ordonnance des figures et la manière
dont elles sont groupées, que le peintre a eu positivement intention de
représenter aux yeux du spectateur le développement et la marche histo-
rique de la philosophie grecque.
Partant de cette conviction, nous avons essayé, le livre de Diogène de
Laerteàlamain, en nous éclairant par le sentiment de l'art, de reconnadtre
dans cette fresque les personnages les plus remarquables, tels qu'ils
doivent être placés chronologiquement et historiquement.
Raphaël a toujours conçu et créé des ouvrages de raison, et c'est là ce
qui Ta fait surnommer le peintre philosophe. Ici donc^ ayant accepté la
11. 6
82 PEINTURES EXÉCUTÉES
tâche si difficile de représenter la philosophie chez les Grecs, il n'a fait
que suivre ses errements ordinaires^ et son sublime génie se révèle à nous
par la haute intelligence de l'art avec laquelle il a su aborder son sujet
par le seul côté qui pûl se traduire en peinture, tout en exécutant un
chef-d'œuvre majestueux et splendide.
Quant à ce qui concerne l'authenticité des portraits placés dans l'École
d'Athènes, il est bon de rappeler qu'au temps de Raphaël très-peu de
statues et de bustes antiques des philosophes grecs avaient été décou-
verts -dans les fouilles : il ne semble même avoir connu que celui de
Socrate.
Les autres portraits que Vasari a indiqués sont ceux du duc d'Urbin,
du duc de Mantoue^ du Bramante, du Pérugin et celui du peintre lui-
même.
Des écrivains postérieurs ont voulu voir, dans la figure énergique un
stoïcien à longue barbe et à tête chauve debout auprès des disciples d'Aris-
tote, le portrait du cardinal Pietro Bembo ; c'est-là une erreur, car celui-ci
n'était âgé que de quarante ans lorsque Raphaël peignit cette fresque, et
il ne laissa croître sa barbe que beaucoup plus tard, ainsi qu'il le dit lui-
même dans sa correspondance avec le Titien.
Montagnani, de son côté, suppose que ce stoïcien représente le cardinal
Bessarion, qui a traduit la Métaphysique d'Aristote en latin. Le portrait
de Bessarion se trouvait autrefois dans la chambre d'Héliodore, peinte
par Bramantino, et ce portrait ne nous est pus connu, mais, comme la
coutume de laisser croître la barbe n'existait pas encore chez les prêtres
au quinzième siècle en Italie, et que le cardinal Bessarion mourut en 1472,
la supposition de Montagnani nous semble au moins douteuse.
Torrigo a commis une erreur plus évidente encore (Sacr. Grotte Vati-
cane, p. 278), quand il a cru reconnaître, dans la figure de l'astronome, le
portrait du comte Castiglione, car cette figure n'a pas la moindre res-
semblance avec le beau portrait que Raphaël a fait de l'auteur du Cor-
tegiano.
Ceux qui ont voulu voir dans cette figure le portrait de Giovanni délia
Casa se sont bien grossièrement trompés, car celui-ci, à l'époque de la
mort de Raphaël, n'était encore qu'un enfant.
Nous nous restreindrons à ces quelques réfutations, qui nous semblent
suffire, mais auxquelles nous pourrions en ajouter beaucoup d'autres.
1. Le dttc de Hautoue, Federico II, né le 17 mai 1500, était alors Agé de dix ans à
peine, tandis que la Ggure dans laquelle Vasari a youIu reconnaître ce prince représente un
jeune homme de dix-huit ans. Il y a donc confusion. Nous croyons, nous, que le jeune homme
placé derrière FArabe Averroès, et dont la physionomie annonce un portrait, doit représenter
le jeune prince de Mantoue, que recommandaient déjà en 1514 ses heureuses dispositions et ses
talents précoces, suivant le témoignage du comte Balthazar Castiglione.
PAH RAPHAËL A ROME. 83
Nous avoDs déjà signalé^ dans la Vie de Raphaël^ les brillantes et ori-
ginales qualités de cette peinture; c'est pourquoi nous nous bornerons à
citer ici un passage du Propylée des Amis des arts de Weimar :
a Dans TÉcole d'Atbènes^ Rapbaël se montre déjà plus grand peintre et
plus grand coloriste que dans la Dispute du Saint Sacrement et même que
dans le Parnasse. Il y est d'une beauté de ton plus variée^ sans nuire pour
cela à rharmonie de la composition. Les diflicultés techniques et maté-
rielles de l'œuvre n'entravent pas la tendance et Faction de son génie.
Tout, dans TÉcole d'Athènes^ est plus hardiment conçu, tout est ordonné
avec plus de liberté et de goût que dans les premières peintures. Les dra-
peries sont plus larges, les motifs de plis sont choisis avec plus de grâce et
de soin. Les masses d'ombres et de lumières^ étant mieux distribuées^
produisent plus d'effet dans l'ensemble général. »
Cette peinture a malheureusement plus souffert que toutes celles qui
décorent cette salle, ce qu'on ne saurait pas seulement attribuer à l'état
d'abandon dans lequel restèrent les Stanze jusqu'en ilOfi, époque où
Carlo Maratti, avec le secours de ses élèves Bartolomeo Urbani^ Pietro
de'Pietri et Andréa Procaccini ^, les restaura religieusement; mais on doit
aussi attribuer celte détérioration aux nombreux calques qui furent faits
sur ces fresques et qui^ à la longue^ en altérant la surface unie de la pein-
ture, leur fit perdre forcément la précision et la pureté des contours.
Actuellement, toute espèce de calque étant interdit^ on a remédié à cet
abus, mais, comme il arrive d'ordinaire, un peu tardivement. En outre,
cette fresque offre deui fentes, qui traversent les figures de Diogène et
d'Épicure. Le temps l'a aussi quelque peu décolorée et cette décoloration
est surtout sensible dans la statue de Minerve et dans le bas-relief placé
au-dessous de cette ligure.
Etudes pour V Ecole (t Athènes.
a.) Le carton original, dessiné à la pierre noire, se trouve dans la col*
lectioD de la bibliothèque Ambroisienne, à Milan. En 1799, il fut trans-
porté en plusieurs morceaux à Paris, où le peintre d'histoire, M. Bouillon,
les rejoignit avec grand soin. Les traités de paix, en 1815, ramenèrent le
carton à Milan *.
6.) Étude pour deux figures qui sont placées sur les marches à côté de
Diogène et pour la tête de Méduse. — Dans la collection de l'université
d'Oxford.
Gravée dans Vltalian Sehoolofdetign^ de W^ Y. Ottley.
I. Voyez le Rapport de B. Urbani, dans la Vie de Carlo Maratti, de Bellori, p. i)3.
i. Vo\cz A. Boucher Desnoyers, Appendice à la Vie de Raphaël par M. Quatremcre dt
Quiiicy, p. 38.
V
84 . PEINTURES EXÉCUTÉES
c.) Étude pour le Diogène. — Collection de rinslitut de Staedel^ à
Francfort-sur-Mein .
Gravée dans 17(a/ûifi Srhool of design, de W. Y. OUley.
d,) Étude pour le groupe du Bramante. — Collection d'Oxford.
Gravée dans Vitalian School ofdetign, de W. Y. OtUey.
e.) Esquisse pour Tarchitecture du fond à gauche, avec la statue d'A-
pollon dans. la niclie. — Collection d'Oxford.
f.) La statue de Minerve. — Collection d'Oxford.
g,) Étude pour le bas-relief, au-dessous de la statue d'Apollon, représen-
tant quatre hommes qui combattent. — CollectioD d'Oxford.
Gravée dans Vitalian Schoolof design^ de W. Y. OtUey.
h,) Dessin de l'homme qui apporte des livres. — 11 se trouvait dans la
collection de Sir Thomas Lawrence à Londres.
t.) La Philosophie. Esquisse pour le bas-relief sous la statue de Minerve.
— Dans la collection de Florence.
Gravée par Harc-Anloine. Bartsch ÎIY, n* 381 i. — Copie par Agostino Yene-
ziano. En conUe-partie. — Par Lambertus Suavias, avec ou sans nom. En con-
tre-partie. — Par Eneas Yico. En contre-partie. — Par un ancien anonyme.
En contre-partie. A droite, un ange qui vole ; et dans le bas, un paysage monta-
gneux avec une villa et un pont sur un fleuve. On lit sur cette planche : Ca^uarum
Cognitio. Signé C. H., au bas, à gauche. H. 6" 5'"; 1. 9" 1". — A Teau-forte, par
E. Bonnionne. — Landon, n* 337.
k.) Élude pour le groupe de Pythagore. — Collection Albertine, à Vienne.
Gravée par Robert et Lesueur, sur une teinte. En contre-partie. In-fol. en
largeur. — J.-Th. Prestel, 1785. En contre-partie. In-fol. en larg. — Ferdinand
Ruschweyh, 1807, sans l'étude de la draperie. In-4*. — Lithographiée parPili-
zotti.
/.) Esquisse pour l'École d'Athènes.
Gravée par Maria Cath. Prestel, 1776, d'après un dessin du cabinet de Piaun,
à Nuremberg. In-fol. eu larg. — Probablement, le même dessin, gravé par F. Ro-
saspina. In-fol. en larg. avec cette indication : Délia collezione del tig. canonieo
Pilippo Nicoli, Nous doutons fort de l'authenticité de ce dessin.
Gravures d'après la fresque.
Giorgio Mantuano, 1550, 2 feuilles, avec cette inscripUon : Paulut Àlhenii per
Epieuraeoiet Sloieot qtMsdamphiloiophoiadduettUt etc. Bartsch, t. XY, p. 395, n* ^.
1 . La beauté et la finesse du dessin de cette gravure sont surprenantes , surtout dans les
parties du nû ; te charme de Texpression de la tète de la figure principale est même tellement
supérieur à tout ce que Harc-Antoine a fait de plus parfait dans ce genre, qu'il faut nécessaire-
ment attribuer celte gramre à un autre grand artiste anonyme. On a cru y reconnaître la main
de Raphaël : ce que nous ne pouvons cependant pas admettre, parce que les draperies, en op-
position au nu, sont assez roidemenl traitées. Il y a encore deux autres estampes qui présen-
tent les mêmes qualités et qui paraissent accuser le burin du même graveur. C'est la Tierge pleu-
rant le Christ, dite la Vierge au bras nu (Bartsch, n** 34], et une Vierge assise sur des nues
(B., n* 47); cette dernière gravure, non décrite (dans la coUection de Dusseldorf), a surtout
donné lieu à la coi^ecture en question, sur laquelle nous reviendrons plus tard.
PAR RAPHAËL A ROME. 85
B. 19"; 1. Sr. — Nicolai Nelli fonnis, 1573. Mauvaise planche en deux feuilles.
H. 18" 2"; 1. 30" 9'". — J.-B. de Cavalerijs ex., deux feuilles. Retouché par
Philippe Thomassin, avec l'adresse de Nie. van Aelst, J617. Platon et Aristote
avec des auréoles, deux feuilles cintrées dans le haut. Épreuves postérieures,
avec Jac. de Rossi for. 1648. H. 18" 5'"; 1. 30". — Gasparo Osello, ou ad Avibut,
cité par Heinecke ; Zani ne connaît point cette gravure, et nous ne l'avons jamais
▼ue. — L. Cossin, sans cintre, de la grandeur de la planche de Giorgio Man-
tuano. II y manque les figures d^ Raphaël et du Pérugin. ^ Cholet, faible gra-
vure, petit in-fol. en larg. ~ Franc. Aquila, 1722, grand in-fol. en larg., pour les
FkkÊTŒf etc. — Joh. Yolpato, in-fol. en larg. — Domenico Gunego fecit, Romœ,
1792. Épreuves postérieures de 1799, à la manière noire. Grand in-fol. H. 25" 2"';
1. 33" 4'". — Anonyme, Steph. Gantrel exe, grand in-fol. — Anonyme, petit
in-fol — Gluseppe Mochetti, petit in-fol. en larg. — Petite gravure sur acier, en
médaillon, par Franc. Putinati da Verona. H. 91 mill., br. 151. — Landon, n« 184.
Gravures partielles de la composition.
a.) Le groupe de Pythagore. — Six figures, gravées par Agostino Yeneziano,
1523. Barlsch, t. XIV, n« 492.
b,) La figure d'Apollon dans la niche. — Gravée par Marc-Antoine. Bartsch,
t. XIV, n- 334 et 335.
e.) Alcibiade, représenté debout contre un autel. — Gravé par Agostino Yene-
ziano. Bartsch, t. XIV, n"* 483. — Un dessin de cette figure, à la plume, lavé et
rehaussé de blanc, se trouvait, en 1765, dans la collection d'Isaac Walraven, à
Amsterdam.
d.) Les portraits de Raphaël et de Pérugin. — Gravés par H. F. Dien. In-4*. —
Par P. Fidanza, de la grandeur de l'original. — Les mêmes, du côté opposé. —
Lithographies par Piloti , avec une teinte. — Le portrait de Raphaël seul , par
P. Fidanza. In-fol. — Riepenhausen. In-fol. — Mich. Bisi, dans un petit ovale.
— Dom. Cunego. Petit in-fol.
e.) Les deux groupes les plus rapprochés de Platon et d'Aristote. En contre-
partie. Deux feuilles in-fol. — Joh Paul Melchiori delin., gravé par Caet Bianci.
f.) Cinquante-deux létes, de la grandeur de l'original, d'après la peinture, en
40 feuilles, et une feuille pour la dédicace à Don G. M. Azara, sous le titre : Le
Lit Taie delta eelebre Scuola d^Àtene dip. da Raffaello Sanxio d'Urbino nelpalazzo Vaa-
eano ditegnatsin XL carte, dal cav. A. R. Mengs, incise da D. Cunego (Roma, 1785).
g.) Raeeolia délie teite dei PUotofiy dei Poeliy colle nove Mute ed Àpollo e di allri
Uomini ill. difrinti da Rafaelle nella Scuola d'Àtene e nel Pamauo al Vaticano, dis. da
L. Agricola, inc. da diversi. Num. 51 a 30 baj. l'una. (Roma, presso Agapilo
Franzelli.)
h.) Parmi les cent quarante-quatre têtes gravées à l'eau-forte, de la grandeur
de l'original, par Fidanza, il s'en trouve dix d'après le Guide; les autres sont do
Raphaël, et pour la plupart d'après les fresques du Vatican. Cette collection forme
ifuatre volumes, dont les deux premiers parurent en 1757 et les deux autres en
1763. Les trois derniers sont bien inférieurs au premier. Ils portent pour litre :
Teste dipenonaggi illuttri, etc., dipinle in Vaticano da Rafaelle ^ etc., divUe in due lomi,
da Paolo Fidanza pittore. (Roma, 1757-1763.) — Ce recueil a été publié de nou-
veau avec un titre français, en 1785.
t.) Le duc d'Urbin, gravé par Laugier, 1841. In-fol.
C'est par erreur que dans : Vie et Œuvres de Raphaîil, deC.-P. Landon>
OD attribue à ce maître trois premières esquisses pour TÉcolc d'Athènes ;
néanmoins, nous les indiquerons sommairement.
86 ' PEINTURES EXÉCUTÉES
a,) Une assemblée de savants et de femmes^ d*après Francesco Salviati,
.gravure attribuée à Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIV, n»479. Le mo-
nogramme RS., dont cette estampe est signée, appartient à un maître
anonyme. Voy. Brulliot, p. 363.
6.) L'école d'un ancien philosophe, nommé aussi Denis TAréopagite,
dans la chaire. Au milieu, près d'un pupitre, est assis un philosophe
enseignant, entouré de ses disciples. Sur une tablette, dans le haut, on
lit ces deux mots : Deo Jgnoto, Gravé, à ce qu'il parait, d'après le dessin
d'un élève de Raphaël, par Jacopo Caraglio. Bartsch, t. XY, p. 91 , n<* 57.
— Zani dit avoir vu à Parme un petit tableau représentant un Christ au
milieu des Docteurs, avec le monogramme I A. quW)n trouve sur cette gra-
vure et la date 1543. De cette composition, il existe aussi une ancienne
gravure sur bois, par Jos. Porta Garfaguinus. — Landon, n° 355.
c.) Une assemblée de savants dans une salle à colonnes ioniques. Au
centre, une statue dans une niche. Cette composition semble être de
J.-B. Franco. — Landon, n» 354.
60. Les\ trois Figures allégoriques.
En cintre, au'^essus de la fenêtre. H. 7*; 1. 20*.
La Prudence, à tête de Janus, est assise au milieu. Un génie enfant lui
présente un miroir, et en face d'elle un autre enfant tient un flambeau.
A gauche, est assise la Force, près d'un jeune chêne, entourée de deux
petits génies. A droite, la Modération tient une bride, que désigne du geste
un petit génie assis auprès d'elle.
Cette peinture, parfaitement conservée, nous montre le talent du peintre
plus complet encore, s'il est possible, que dans l'Ecole d'Athènes, quoique
l'ordonnance de la composition, tout en témoignant de l'instinct du maître
pour la symétrie, appartienne plutôt au genre plastique. Dans le bas, sur
l'architrave de la fenêtre» on lit cette inscription, aux deux côtés des armes
papales : JVLÏVS. IL UGVR. PONT. MAX. — AN. CHRIS. MDXl. PONTI-
FICAT. SVI. VlII.
Gravures d'après cette fresque.
Par Francesco Aqnila, avec les peintures qui se trouvent au-dessous, de cha-
que côté de la fenêtre. Grande planche pour les Pt'etura, etc. — Raphaël llorghen,
grand in-fol. en larg. — Landon, n<* 60.
Gravures partielles de la composition.
a.) La Prudence, gravée par Agoslino Veneziano, 1516. Bartsch, t. XIV, n« 857.
b.) La Modération, gravée par Agostino Veneziano, 1517. Dartsch, t. XIV, n* 358.
c.) La Prudence, avec deux génies à gauche, vraisemblablement d'après un
dessin qu'on ne connaît pas. Fr. Bonnionne fec. In-4*. A l'eau-forle.
d.) La tète de la Prudence. Demarteau, 1787. A la manière du crayon. Grand
In-fol.
e.) La Force. Gravée par H. Ferroni. In-fol.
PAR RAPHAËL A ROME. 87
61. L Empereur Jtistinien donnant les Pandectes.
Tableau étroit, à gauche, près de la fenêtre.
L'empereur, couTert d'un manteau de pourpre, est assis sur un siège
antique et présente les livres des Lois à Tribonianus, agenouillé devant lui.
Sii jurisconsultes sont debout derrière lui, et deux d'entre eux, Theophilus
et Dorotheus, tiennent chacun un livre qui indique les nouvelles Constitua
tiens et Institutions données par le même empereur. Une niche d'architec-
ture forme le fond de cette composition.
Par suite d'un malheur arrivé dans le crépissement du mur, les couleurs
de la fresque sont devenues très-pâles.
L'esquisse de cette composition passa de la succession de Sir Thomas
Lawrence dans la collection de La Haye, et se trouve aujourd'hui à l'Institut
de Staedel, à Francfort-sur-Mein.
Gravures diaprés cette fresque.
Par Fr. Aquila, avec les antres tableaux de ce mur, pour ses Pxetwrm^ etc. —
Gravé au trait, par Francesco GiaDgiacomo, 1809, in*foI. — Landon, n*>85d.
62. Grégoire IX donnant les Décré taies.
Tableau étroit, à droite, près de la fenêtre.
Le pape Grégoire, sous les traits de Jules II, est assis dans une niche
et présente, en les bénissant, les Décrétales à un avocat du Consistoire, qui
les reçoit à genoux. A gauche sont debout trois prélats : Giovanni de'
Medici, qui fut plus tard Léon X, tenant le manteau du pape, et, derrière
lui, Alexandre Farnèse, qui fut plus tard Paul III, et Antonio del Monte ;
mais, comme l'indique Bellori , il est plus vraisemblable que le portrait
d'Antonio del Monte soit précisément celui qui tient le manteau du pape.
Outre l'avocat agenouillé, il y a encore trois figures d'hommes, au côté
droit.
Cette peinture, quoique moins altérée que la précédente, a aussi beau-
coup perdu de sa couleur.
L'esquisse de cette composition, provenant de la collection du baron
Verstolk van Soelen, à La Haye, a passé à celle de l'Institut de Staedeli
à Francfort-sur-Mein.
Gravures d après cjette peinture.
Par Franc. Aquila, avec les autres peintures de ce côté de la chambre, pour ses
Vklwra, etc. — Au trait, par Francesco Giangiacomo, 1809, in-fol. — Landon,
n» 352.
Quel(fues têtes séparées, par P. Fidanza, pour ses : Tette diperton, ill., etc.
Toat le plafond de la salle, avec les huit tableaux et les ornements, a été gravé
par Francesco Aquila, pour les PieturtBf etc. — De môme, au trait, dans l'ouvrage
de Montagnani. — De môme, en couleurs, dans le bel ouvrage de Ludwig Gruner :
Sfteeimen of omemmial art, London, 1850, pi. 80.
88 PEINTURES EXÉCUTÉES
63. Figure allégorique de la Théologie.
Tableau du plafond, dans un rond, sur fond d'or, genre mosaïque.
Cette figure est assise sur des nuages et tient de la main gauche un livre
qui représente les dogmes de TÉglise, pendant que de la main droite elle
montre le groupe supérieur du tableau principal. Deux petits génies tien-
nent chacun une tablette y avec les deux inscriptions : Divinar. Rer. —
Seientia.
Si belle de mouvement que soit cette gracieuse figure^ elle ne paraît
cependant pas avoir été exécutée par Raphaël lui-même. Il lui manque la
manière sévère et libre à la fois du maître.
Gravures (ï après cette figure.
Par B. Âudran, grand in-4. ~ Nie. Boquet. Sans nom. Grand in-4. — Raphaël
Morghen. 1781, grand in-4. En 1786, plusieurs épreuves de cette estampe furent
coloriées d'après la fresque. — Giuseppe Bortignoni. Très-faible. Petit in-fol. —
Pietro Ghigi; petit in-fol. — J.-H. de Sainte-Ëve. Paris, 1848, grand in-4. — Lith.
par Schreiner, 1849. — Landon, n" 68.
64. Figure allégorique de la Poésie.
Tableau du plafond, dans un rond, sur fond d*or, genre mosaïque.
Les ailes déployées et les jambes croisées, cette ligure est assise sur on
siège de marbre^ orné de masques de théâtre, comme symbole de la
poésie dramatique. De la main droite elle tient un livre, et une lyre dans
la main gauche. Dans les nuages sont assis deux petits génies tenant des
tablettes, sur lesquelles sont écrits : -Numine — afflatur.
Cette figure, d'une beauté surnaturelle, est entièrement de la main de
Raphaël, et de son faire le plus exquis.
Une belle esquisse à la pierre noire pour la figure principale est con-
servée dans la collection royale d'Angleterre.
Gravée par F.-C. Lewis, 1809, pour l'ouvrage de Ghamberlaine.
Gravures ^ après cette figure.
Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n» 382. — Le maître AF. Bartsch, t. XY, p. 536,
n* 1* — Ancien maître, avec cette inscription : Aumi0. afialu. R. au bas, à gauche,
1542.— Giulio fionasone, pour les EmbUmata de Bochius, in>12. Bartsch, t. XV,
n» 307. — Benedict Audran, grand in-4. — N. Bocquet, sans nom, grand in-4. —
Raphaël Morghen, grand in-4 — Giuseppe Bortignoni. Mauvaise planche in-fol.
— Pietro Chigi, planche in fol. — Perd. Ruschweyh, 1829, dans un carré, plan-
che in-fol. — J.-M. de Sainte-Ève, à Paris, 1848, grand in-4. ^ Lith. par Schrei-
ner, 1859. — Photogr. dans l'ouvrage que S. A. R. le prince Albert a fait exécuter
en 1857 : Raffaellis drawingi in the royal collection al Windior catlle; pholographed
by C. Thwilou> Totnpton, — Landon, n'^ll.
65. Figure allégorique de la Philosophie.
Tableau du plafond , dans un rond , sur fond d*or, genre mosaïque.
Cette figure est assise, un peu tournée à gauche, sur un siège de marbre»
orné des figurines de la Diane d'Ëphèse. Dans l'étoiTe de son vêtement sont
PAR RAPHAËL A ROME. 89
figuréraent tissés les quatre éléments^ et sur ses genoux sont posés les
Jivres portant pour titres : Xaturalis et Moralis. Deux génies debout tien-
Dent des tablettes avec l'inscription : Causarum — cognitio.
Quoique ce bel ouvrage ait quelque peu souffert des restaurations, la
main de Raphaël y est pourtant toujours très-reconnaissable.
. Gravures- diaprés cette figure.
Par B. Audran, grand io-4. — N. Bocquet , sans nom, grand in-4. — Raphaël
Morghen, grand in-4. >- Cecchini, sans nom, grand in-fol. — E. Bonnionne, à
l'eau-forle, in-4. — Giaseppe Bortignoni, petit infol. — Pietro Ghigi, petit in-
fol. — J.-M. de Sainte-£ve, à Paris, 1853, grand in-4. — Lith. par Schreiner,
1849. — Landon, n« 70.
66. Figure allégorique de la Jurisprudence.
Tableau du plafond, dans un rond, sur fond d'or, geure mosaïque.
Le front orné d'un diadème, cette figure tient une épée de la main
droite et des balances de la main gauche. Deux génies à ses côtés tiennent
deux tablettes avec cette inscription : Jus suum unicuique iribuens.
Cette figure allégorique est la plus faible de toutes; elle a certainement
été peinte par un élève de Raphaël.
Gravures d'après cette figure.
Bened. Andran, grand in-4. — B. Simoneau l'aîné, in-4. — Chez Tardieu, 1716,
avec un monstre sous les pieds de la figure, in-4. — Raphaël Morghen, grand
in-4. — Giuseppe Borlignoni, petit in-fol. — Pielro Ghigi, petit in-fol. — J.-M. de
Sainte-Ève, Paris, 1853, grand in-4. — Lith. par Schreiner, 1849. — Landon,
n»69.
&1. Le Péché originel.
Petite peinture du plafond, sur fond d'or.
Adam est assis à gauche sous un figuier, tourné vers Eve, qui lui pi^
sente le fruit défendu. Celle-ci est debout, au côté droit, et tient de la main
gauche une branche de l'arbre sur lequel se trouve le serpent à tête de
femme.
Cette belle composition est exécutée de la manière la plus spirituelle.
Gravures : Virgil. Solis, du côté opposé, et avec un autre paysage. Barisch,
t. IX, p. $46. N" 4. — Remigius Yuibert Gallus sculp., anno 1635. A l'eau-forte.
Petit in-folio. — Nic.-F. Bocquet, 1691, in-folio. — Fr. MuUer, 1813, in-folio.—
Jos.-Th. Richomme, 1814, in-folio. — Au trait, par Vranc. Giangiacomo. —
Laodon, n"» 313.
68. Le Jugement d'Apollon contre Marsyas,
Petite peinture du plafond, sur fond d'or.
Apollon assis, tenant sa lyre de la main gauche, ordonne à un berger
d'écorcher Marsyas, attaché au tronc d'un arbre. Un deuxième berger, que
l'on voit de dos, élève une couronne de laurier sur la tête du dieu.
»0 PEINTURES EXÉCUTÉES
L'exécution de cette fresque appartient à un des plus faibles élèves de
Raphaël.
Gravures : Remy Vuibcrt, 1635, à Teau-forte, petit in-folio.— Nic.-F. Rocquet,
1690, in-folio. — An trait, par Fr. Giangiacomo. — Landon, n* 367.
69. La Contemplation des astres, ou F Astronomie.
Petite peinture du plafond, sur fond d*or.
Une figure de femme^ s'appuyant sur un' globe céleste transparent, con-
temple avec admiration les planètes au milieu desquelles se trouve le
glube terrestre. Deux petits génieSi debout sur des nuages el tenant des
livres, sont à ses côtés.
Gravures : Remy Yuiberl, 1655, du côté opposé, petit in-folio. ~ Nic.-F. Roc-
quot, 1694. k l'eau-forte. In-folio. — Au trait, par Giangiacomo. — Landon,
n» 445.
Une étude pour cette figure allégorique se trouve dans la collection
Albertine, à Vienne.
10. Le Jugement de Salomon.
Petite peinture du plafond, iur fond d^or.
A droite, Salomon, assis sur son trône, vient de prononcer le jugement.
Un jeune homme, vu de dos, tient, de la main gauche, l'enfant qu'il va
couper en deux. Sur le devant, la fausse mère est à genoux, tandis que la
vraie mère accourt pour empêcher l'exécution de la sentence.
Gravures : Remy Yuibert, 1635 , petit in-folio. — P. Scalberg, 1637. A l'eau-
forte. Petit in-folio. — Nic.-F. Rocquet, 1690, in-folio. — Pietro Anderloni
sculp., 1845, grand in-folio. — Au trait, par Franc. Giangiacomo.
Études pour le tableau.
a.) Une esquisse à la pointe d'argent se trouve dans la collection
d'Oxford.
h.) Une esquisse de la femme à genoux au premier plan est dans la collec-
tion Albertine, à Vienne.
c.)Une petite copie de ce tableau, par Nicolas Poussin, se trouve dans la
collection Lamberg, à l'Académie de Vienne.
71. Alexandre le Grand faisant déposer les œuvres d! Homère
dans le tombeau d'Achille.
L'un des deux tableaux eu grisaille, sous le Parnasse, â gauche.
Le jeune conquérant, debout à droite, ordonne à un homme barbu de
mettre un volume dans un sarcophage, dont le couvercle est soulevé par
un jeune homme presque nu. Six guerriers se tiennent debout derrière
Alexandre ; et à gauche, on voit six hommes, dont trois regardent avec
curiosité dans le tombeau.
PAR BAPHAEL A ROME. 91
Depuis Bel lori jusqu'à Montagnani^ on a cru que cette belle composition
représentait la découverte des livres sibyllins dans le tombeau de Numa
Pompilius. Bartsch décrit ainsi la gravure de Marc-Antoine^ d'après ce ta-
bleau : et Alexandre fait déposer les œuvres d'Homère dans le sarcophage
de Darius, d Mais nous adoptons l'explication qu'Ernest Platner a donnée
le premier dans sa Description de Rome, explication satisfaisante sous tous
les rapports.
Gravures : Marc-Antoine. Bartsch, t. XIY, n* 207. — Cop. A. Dans le bas :
Rafa. Vrb. Inue. — Cop. B, du côté opposé. — Cop. C , du côté opposé, à l'eau-
forte, sans aucune signature. — Etienne de Laulne ; petite feuille. H. 3", 3'";
1. 5". — Landon, n" 158.
Un dessin à la sanguine, d'une très-belle exécution, d'après la gravure de
Marc-Antoine, fut vendu 400 florins à la vente du feu roi de Hollande, et
passa en Angleterre.
72. L'empereur Auguste défendant de brûler l'Enéide de
Virgile.
Peint à grisailles, sous le Parnasse, à droite.
L'empereur couronné de lauriers s'avance vers Plautius Tucca et Varius,
•amis de Virgile, et les empêche de jeter dans les flammes, selon les der-
nières volontés du poète, son poëme inachevé de VÉnéide. On voit huit
autres ûgures à droite. ^
Taja crut reconnaître, dans cette composition, la destruction des livres
des Sibylles; Bellori accepta, sans eiamen, l'explication donnée par Taja;
mais des écrivains postérieurs mirent en avant une nouvelle explication
que nous avons adoptée.
La plupart des auteurs italiens de nos jours, qui ont écrit sur les arts,
se sont ligués, en quelque sorte, pour attribuer à Polidore de Caravage
toutes les grisailles de Raphaël et de son école ; c'est une opinion que Mon-
tagnani avait avancée au sujet de la grisaille que nous venons de décrire.
Cette opinion n'a pourtant pas le moindre fondement, puisque, selon Va-
sari, Polidore de Caravage ne vint à Rome que sous Léon X, alors que son
maître, Raphaël, était occupé à peindre les Loges, et quand déjà depuis
longtemps la décoration de la Stanza délia Segnatura était achevée.
Nous ne connaissons qu'une gravure d'après cette composition ; elle se
trouve dans Touvrage de Moutagnani sur les Stances.
«
73. Les petits tableaux dans les e?nbrasures des fenêtres.
Ces peintures d*omement, en grisailles rehaussées d'or, exécutées d'a-
près les dessins de Raphaël , représentent des candélabres ou des grotesques,
avec un petit tableau dans le milieu et un plus grand dans le haut. Ces
peintures ont beaucoup souffert, elles ont été fortement restaurées et quel*
92 PEINTURES EXÉCUTÉES
ques-unes sont totalement eflacées. Donc il est aujourd'hui difficile
juger si les graveurs anciens nous en ont donné de (idèies reproductions,
et surtout les eslan^pes d'Etienne Baudet^ qui a représenté les six côtés
des embrasures^ peuvent inspirer des doutes à Tégard de leur exacti-
tude.
Ces dernières gravures portent le titre suivant : Divers ornements d^
Raphaël peints aux embrasures des fenêtres du Vatican y à Paris ^ cliez
Drevet.
Les sujets représentés dans ces estampes avec les grotesques sont les
suivants :
a.) Le Jugement de Paris. Cette composition paraît bien plus française
que raphaélesque.
6.) L'Annonciation. La Vierge, agenouillée devant un prie-Dieu, et à gau-
che l'ange également agenouillé. La composition primitive de Raphaël est
vraisemblablement celle qu'Enea Vico a gr^ée (Bartsch, t. XV, p. 282,
n** %), et qui se trouve dans la chambre d'Attila, au Vatican.
c.) Saint Pierre chez le centenier Cornélius.
d.) Le Christ apparaissant à saint Pierre devant les murs de Rome. On
a utilisé, dans cette estampe, la composition de Raphaël qui est exécutée
dans la chambre di Torre Borgia.
e.) Un Tribunal dans une basilique.
f.) Une Femme prisonnière conduite par deux hommes devant un tribu-
nal. Peut-être est-ce le Jugement de Daniel entre Suzanne et tes deux
vieillards.
Les deux seuls sujets encore reconnaissables aujourd'hui dans les fres-
ques de la chambre se trouvent près de la fenêtre, du côté de la Juris-
prudence. L'un, à côté de Justinien promulguant le^Pan(/ect6«, représente
le Jugement de Séleucus condamnant son (ils; et en face, les Apôtres di-
sant au Christ : a Voici deux épées » (Saint Luc, chap. xxi).
Pietro Sanlo Bartoli a fait des eaux-fortes d'après ces deux tableaux
dans son recueil de 14 planches, outre le titre et la dédicace à Nie. Simo-
nelli. — Landon, n°* 250 et 252.
Dans les gravures de Franc. Aquila, d'après toutes les peintures du mur,
l'Incrédulité de saint Thomas serait peut-être le sujet des petits tableaux.
L'esquisse originale devait se trouver dans la collection Crozat. — Gravée
par Caylus et N. Lesueur, en octogone. — Landon, n° 232. — Le même
sujet, mais avec trois ligures seulement, s'est trouvé à la vente Ten Kate
et A. Rutgers, à Amsterdam, en i778. — Gravée par B. Picart, dans les
Impostures innocentes, n»* 1. — Du côté opposé, par G. -F. Schmoll,
grand in-i°.
PAR RAPHAËL A ROME. 93
74. Les tableaux du soubassement de la Chambre délia
Segnatura,
On sait que Raphaël avait fait poser, en forme de soubassement ou de
socle, autour de cette chambre, des panneaux de bois sculptés^ œuvre de
fra Giovanni de Vérone, panneaux qui furent enlevés sous Paul 111 et renr»-
placés par des peintures de Perino del Vaga ^ Ces peintures, ayant beaucoup
soofifert, furent pour ainsi dire refaites par Carlo Maratti et ses élèves, en
170â. Néanmoins, elles portent encore des vestiges du pinceau de Perino
del Vaga^ et comme ces petits tableaux, en couleur de bronze, ont un rap-
port direct avec les sujets principaux, nous les indiquerons brièvement.
11» sont séparés entre eux par huit cariatides et deux Termes en grisaille.
Ils ont été gravés au trait dans l'ouvrage de Montagnani.
Sons la frc«4«e de 1b Vliéoloirlc*
a.) La Science de^ choses divines. Figure allégorique de femme.
6.) La Sibylle de Tibur montrant à l'empereur Auguste l'apparition de
la Sainte Vierge.
c.) Saint Augustin regardant, au bord de la mer, un enfant qui veut la
vider avec une cuillère.
dJ) Un SacriGœ païen.
Soas l'IÊeole d'Athènes.
e.) La Philosophie spéculative. Figure allégorique de femme.
^0 Savants orientaux et magiciens discutant sur le globe terrestre.
g.) Siège de Syracuse.
h) La Mort d'Archimède.
SovB la flarlspradeBce.
>
s.) Moïse présentant les Tables de la loi au peuple d'Israël.
k.) Discours de Solon au peuple grec.
Son» le ParnaMe.
Ici se trouvent six petits tableaux, en toutes couleurs, représentant des
vues de paysages à travers des portes architecturales. On reconnaît, dans
une d'elles, le temple de Minerva medica, à Rome.
4
7S. Portrait du pape Jules IL
Sur bois; b. 3* 1"; l., 2' 10". Figure jusqu'aux genoux.
Le pape, tourné à gauche, est assis dans un fauteuil, sur lequel il appuie
ses bras, et de la main gauche, ornée de trois bagues, il tient un mouchoir.
1. Voyex Vasari , dans la Vie de Perino dei Vaga. Les écrÎTains modenies, jusqu*à Monta-
gnani, attribuent ces peintures à Polidore de Caravage. quoique le style en soit très-différent de
ceini de ce maître^ qui d'ailleurs avait déjà quitté Rome en 1 527, et qui no revint plus en cette
Tille. De plus, P«ul III ne fut éleyé au saint-siège qu'en 1534*
94 PEINTURES EXÉCUTÉES
Son regard méditatif paraît fixé vers le bas. Il a la tête couverte d'une
toque de velours rouge. Sa barbe blanche descend sur la poitrine. Le
fond est vert.
Raphaël peignit ce portrait^ selon toute apparence, pour le pape lui-
même, qui en fit don à réalise Santa Maria de! Popolo, à Rome. Au moins
se trouvait-il encore dans cette église du temps de Vasari, et môme du
temps de Sandrart. Les jours de grande fête, il était exposé au public avec
la Madone de Loreto , peinte également par Raphaël. On ignore comment
il devint depuis la propriété de la famille des Médicis.
Les connaisseurs ont souvent discuté entre eux pour savoir quel était
l'original entre les nombreuses répétitions qui existent de ce portrait En
réalité, il y a beaucoup de ces répétitions qui ont certainement été exécutées
sous les ordres de Raphaël dans son atelier, et qui, par conséquent, sont
excellentes. Il n'est pas douteux que, déjà du temps de Raphaël, toutes ces
répétitions devaient passer pour originales, comme le même fait s'est re-
produit, de notre temps, pour les portraits de Napoléon, d'après Gérard^
et pour ceux du roi d'Angleterre , d'après Lawrence.
En ce qui concerne le véritable original , il est certain, du moins pour
tous les connaisseurs, que c'est le portrait du palais Pilli, dont le dessin et
le modelé sont bien supérieurs à tous les autres.
Ce portrait a été un peu usé par le nettoyage qu'on lui fit subir en
France, où il a figuré, comme tant d'autres chefs-d'œuvre, au musée Na-
poléon. ^Mais, malgré ce nettoyage, c'est toujours une œuvre magnifique.
Gravures : Morace, pour la Galerie de Florence ^ de Wicar, in-i". — Châtai-
gnier, in-8**, pour la Galerie Filhol. — A. Daverio del. e inc; petit in-folio; seule-
ment ébauché. — J. Delfiui sculp., P. Toschi dir. In-folio. — Landon, n^* 217.
Le carton original, dessiné à la pierre noire, a été piqué dans les con-
tours pour le calque. 11 passa de Rome dans la galerie Corsini à Florence.
Copies de cette peinture.
a,) Copie très-remarquable, à Florence, dans la Tribune de la galerie.
Ce tableau, provenant de la succession des ducs d'Urbin, échut par héri-
tage à la grande- duchesse Villoria, nièce du dernier fluc et épouse de
Ferdinand II de Médicis {/{eal, GalL di Firenze, 1817, t. I, p. 8). Il est
d'une exécution hardie, ferme, juste de modelé, et d'une couleur bien
empâtée, mais il lui manque la finesse, et surtout l'air de vie, qui est si
admirable dans roriginal. Les mains, aux doigts allongés, sont très-négli-
gemment dessinées, et les ombres des chairs sont d'un ton brun rouge
foncé. Le collet rouge est trop glacé, ce qui fait qu'il manque de lumière.
Les accessoires sont un peu roides et la barbe est trop lourde de faire.
Bien plus faible est une seconde copie qu'on voit au palais Pitti.
6.) Au palais Borghèse,à Rome. Cette copie, attribuée à Jules Romain,
est d'une exécution ferme, mais un peu dure.
PAR RAPHAËL A ROME. 95
c.) Au palais Gorsini, à Rome. Copie peu distinguée.
d^y I>ai]s la galerie Torlonia, à Rome. Copie un peu meilleure que la
précédente.
e.) Dans la galerie royale du palais, à Turin.
f.) Au musée de Berlin. H. 2', U", 6"' ; 1. 2', 6", 6'". Elle provient de
la galerie Giustiniani. M. de Rumohr, dans son ouvrage sur l'Italie, croit
pouToir l'attribuer à Sébastien del Piombo K
g.) Dans la National Gallery, à Londres. H. 3', 6"; 1. 2', 8". Cette copie *
provient des collections Falconieri et Angerstein.
h,) Dans la galerie Miles, à Leight Court, près Bristol. Sur bois. Cette
copie est tout à fait remarquable.
t.) Il doit se trouver en Angleterre encore un autre portrait de Jules II,
provenant de la galerie d'Orléans, et vendu en 1800, pour 36 livres ster-
ling- Sur toile. Dans le haut, on lit : JVLIVS. H. 3'; L 2', 3". Gravé par
M orel, in-4'», pour la Galerie d'Orléans.
J.) On a vendu une copie à Paris, en i826, laquelle était passée de la
succession des ducs de Moncada au marchese Altamira. H. 40"; 1. 28".
Voy. StuHgarter Kunstblatt, du 26 juin 1826.
Quant à la tête seule de ce portrait, nous en connaissons trois répéti-
tions, et toutes trois présentées comme esquisses pour-le tableau ! Celle
qu'on voit à Alton Tower, près Ashbourn, résideuce du comte de
Shrewsbury, est vraiment très-belle; Tautre se trouve à Urbania, dans
la collection Marco Rossi; et la troisième était au palais de Lucques et fut
Tendue en Angleterre avec tous les tableaux de cette collection.
76. Portrait du marchese Federico de Mantoue^.
Sur bois; h., 15" 6'"; 1., 8" 6'".
Dans le Catalogue des ouvrages d'art du roi Charles !*' d'Angleterre,
fait par van der Doort [A Catalogue and description of king Charles I
capital Collection ofpictures, etc., from an original MS, in the Ashmo-
lean JHuseum at Oxford. London, 1757, in-4<», p. 3), ce portrait du duc
futur de Mantoue est décrit de la sorte : « Bought by the king. A young
man's head without a beard, in a red cap, whereon a medal and some
part of his white shirt, without a ruff, in bis long hair; being the mar-
quis of Mantua, who was by the emperor Charles Y made the first duke
of Mantua. The picture being only a head, so big as the life. Upon a
board in a black frame, painted upon the right light. H. 5 1/2",— 8 1/2". )>
1. TàlienUehe Fonchungen^ t. III, p. 108.
2. Elle est donnée comme ripiiiiion originale, dans le Catalogue de la National Gallery (1 857),
et elle a été gravée, toujours comme original, dans Touvrage de Joues sur la'coUection natio-
nale (NoU de l'éditeur.)
3. Kéle 17 mars 1500.
96 PKINTURES EXÉCUTÉES
Nous avons déjà dit que Raphaêravait fait le portrait du jeune prince
à l'âge de dix ans, dans l'Ecole d'Athènes, et que ce prince devait néces-
sairement être à Rome entre les années 1509 et 1511. De plus, une
lettre (Voy. Pungileorti, p. 288) du marchese Francesco Gonzaga à son
fils Francesco, en date du 6 février 1513, nous apprend que, cette
année, le prince de Mantoue était encore à Rome ; son portrait a donc pu
être l'ait d'après nature par Raptiaël. On voit, par un passage du Corlts-
gianoy du comte Castiglione, déjà écrit en 1514, tout ce que promettait
alors le jeune duc de Mantoue. Voici ce passage : « Celui qui donne entre
tous les plus belles espérances me paraît être le seigneur Federico Gon-
zaga, l'aîné des enfants du marchese de Mantoue, qui est neveu de notre
duchesse (d'Urbin). Car, outre la candeur de ses manières et la modestie
qu'il montre dans un âge si tendre, ceux qui sont chargés de son éduca-
tion disent de lui des choses extraordinaires,. et, entre autres, qu'il est
très-intelligent; que la gloire est sa seule ambition; qu'il est bienveillant,
magnanime, généreux et ami de la justice. Donc, un pareil commence-
ment permet d'attendre une belle lin. »
Federico Gonzaga, ayant admiré à Rome les chefs-d'œuvre que créa
Raphaël, devint si enthousiaste pour les arts, qu'aussitôt après son avène-
ment au pouvoir ducal, il appela Jules Romain (en 15^4) à Mantoue, et
se plut à encourager de grands travaux artistiques.
D'après des renseignements que nous ne saurions toutefois garantir, le
portrait du duc de Mantoue a fait partie de la collection du cardinal de
Richelieu; mais W.Buchanan, dans ses il/emotrso/'pam/in^s, etc. (London,
1829, 1. 1, p. 295), dit avoir rapporté en Angleterre ce même portrait, qu'il
désigne erronément comme étant celui du jeune duc de Milan, lequel se
trouvait dans la collection du roi Charles l^^. Quoi qu'il en soit, ce tableau,
qui était en 1831 dans la possession de M. Edward Gray, à Londres, se
trouve à présent chez M. Lucy, Chaslecote Park, près Warwick. Des con-
naisseurs, qui l'ont vu, assurent qu'il représente un jeune homme d'une
grande beauté, habillé de noir, avec une chemise blanche qui ressort du
vêtement, et la tête couverte d'un chapeau rouge, auquel est attachée une
médaille, selon la mode du temps.
Cette peinture aurait, dit- on» beaucoup souffert.
77. Portrait de Raphaël lui-même.
Jusqu'aux genoux.
Tourné à gauche, vu de trois quarts^ Raphaël est assis devant une table
recouverte d'un tapis, sur laquelle il appuie son bras droit, en laissant
pendre sa main, tandis que, de la main gauche, il tient son pourpoint
garni de fourrures. Ses amples cheveux bruns, séparés sur le front, tom-
bent en partie sur la poitrine et en partie sur le cou. 11 est coiffé d'une
barrette, posée en biais et un peu en arrière sur la tête. Pour fond, le mur
PAR RAPHAËL A ROME. 97
d'une chambre a?ec une fenêtre qui s'ouvre sur un paysage où sont plu-
sieurs édifices^ dont l'un ressemble au tombeau de Cecilia Met^lla^ près
de Rome.
Raphaël paraît être^ dans ce portrait, âgé d'environ vingt-cinq ans; il a
le n€z long et fin, la bouche caractérisée et le menton assez développé.
Son front large et découvert est accompagné de sourcils doucement
arqués. Son regard, doux et pénétrant à la fois, est dirigé vers le specta-
teur. Le beau contour de sa joue gauche accuse pourtant cette maigreur
particulière qu'une âme ardente entretient souvent dans une nature
pleine de force et de jeunesse.
r>'ous avons déjà exprimé la conjecture que ce portrait pourrait bien
être celui que Raphaël promettait à Francesco Francia, dans la lettre qu'il
lui adressa le 5 septembre 1508. Les auteurs anciens ne donnent aucun
renseignement positif à ce sujet; mais Scanelli {Microcosmo délia pit-
ttira^ etc. Cesena, 1657/ p. 169) mentionne un très-beau portrait de
Raphaël, peint par lui-même, qui était alors dans la galerie de Modène,
portrait de grandeur naturelle, vu presque de face et regardant le spec-
tateur. Ce portrait, d'une authenticité incontestable, qui pourrait bien
être celui que nous décrivons, est encore indiqué dans le manuscrit de la
bibliothèque ducale, intitulé : Descrilione delU pitture esistenti nella
ducal Galleria ai Moâena Vanno 1744. Cette indication est ainsi conçue :
« Ritralto di Raffaello di Urbino, dipinto da se medesimo. » Mais
une autre main a mis en note : « Si è perduto. » (Voy. Pungileoni^
p. 283.)
D'aprçs une tradition dont il ne nous a pas été possible de découvrir la
source, Antoine van Dyck aurait possédé un portrait de Raphaël con-
forme à la description précédente et que Paul Pontius a gravé du côté
opposé.
Deux répétitions de ce portrait sont aujourd'hui connues, mais nous
n'en avons vu aucune. D'après un renseignement que nous trouvons
dans la Real Galleria di Ftrenze^ t. I, p. 5, et dans Longhena, p. 653,
un de ces tableaux serait en la possession du prince Adam Czartorysky,
qui Tacheta en 180T À Venise. 11 existe une gravure au trait d'après ce
tableau, par Felice Zeliani, avec une inscription indiquant que la peinture
se trouvait chez le sig. Niccola Antonioli, à Venise. M. Waagen, qui avait
TU ce portrait chez le prince, à Paris, affirme que c'est l'original, et que
cet original est de la plus grande beauté.
L'autre portrait, qui a été vu, il y a quelques années, en Angleterre et
dans les Pays-Bas, appartient à M. Regbellini de Schio ; il fut gravé par
Devlamynck, avec une légende indiquant qu'il était autrefois dans la col-
lection ducale de Mantoue, où il avait été porté par Jules Romain.
Les connaisseurs doutent de Poriginalité de ce dernier portrait, mais
11. 7
98 PEINTURES EXÉCUTÉES
ils l'attribuent à un élève de Raphaël. Cette peinture doit avoir beaucoup
souffert. Probablement c'est la même qui provenait de la succession de
M. Jac. Philippe Rottier, à Gand, et qui fut mise en vente au prix de
60,000 fr., sans trouver d'acquéreur. M. van Hansselaer en a, dit-on^
offert 10,000 fr.
L'académie Carrara, à Bergame, possède une copie du portrait de*
Raphaël, copie qui n'est pas môme du temps. Nous en avons vu une autre
qui faisait partie de la collection Barbini à Venise, actuellement à Stutt-
gard ; dans cette copie, le revers du vêtement est de brocard d'or^ et la pe-
lisse, de couleur claire, est tachetée.
Gravures : Paul us Pontius fecit et excudit. Avec ce titre :
RAPHAËL DE UBBIN.
Urbinum urbs aluit pinxit sua dextera, nempe
Qui roelius quiret pingere, nullus erat.
Sic ipsum prunier bene quis pinxisset Apellem l
Eximia eximios pingier arte dicet.
Tourné à droite. Petit in-folio. — Ant. Gramignani, dans un ovale, in-I2. —
A Paris, chez Odieuvre, tourné à gauche, in-8". — Chez B. Honcornet, tourné à
gauche, in-8«. — G. W. Knorr, le buste seulement, tourné à gauche, in- 12. —
P. Pejrolerî, seulement le buste du peintre tenant une tablette, in-^. — Souvent
pour feuille de titre, en buste, comme pour les sept Cartons de Th. Bowles et
S. Gribelin; — pour : Vie et OEuvres de Haphaël, de Landon. — Au trait, gravé par
Felire Zeliani (Venezia, presso il sig. Niccola Antonioli). — D'après le tableau
des Pays-Bas, par P. Devlamynck, tourné à gauche, avec cette note : « Ce ta-
c hlcau provient de la fameuse collection du duc de Mantoue, qui le tenait de Jules
« Romain. 11 appartient maintenant à M. Keghellini de Schio. Dédié à M. le che-
« valicr Odevaerc, etc. » Grand in-folio.
18. La Maîtresse de Raphaël,
Figure jusqu'aux genoux, tournée à gauche.
Éclatante de jeunesse, cette belle personne est assise, à demi nue, au
.milieu d'une riche végétation. Une draperie jaune rayée entoure sa tête,
et ses cheveux sont retenus par un cercle d'or, avec des feuilles et des
fleurs garnies de pierres précieuses. D'une main elle se couvre jusqu'aux
seins avec une légère étolTe, et sa main gauche est posée sur ses genoux,
enveloppés d'une draperie rouge. Sur le bracelet qu'elle porte au bras
gauche se trouve cette inscription : RAPHAËL. VRBINAS. Le regard et
l'expression de cette femme ont quelque chose d'ingénu et de sensuel
tout à la fois ; mais les traits n'ont rien de très-animé, ni de très-Gn ; le
nez même est un peu lourd.
A en juger d'après la manière de faite de cet ouvrage et aussi eu égard
aux sonnets amoureux que Raphaël fit vers 1509, nous datons ce portrait
de cette époque, et nous pensons qu'il peut avoir été fait, pur conséquent^
eu même temps que le portrait du peintre lui-même.
Une note manuscrite du seizième siècle, qui se trouve sur un eiem-
Par RAPHAËL A ROME. 99
plaire' de l'ouvrage de Yasari^ édition de 4568, donne à la maîtresse de
Raphaël le nom de Margarita. Cet exemplaire appartient à l'avocat
Giuseppe Vannutelli à Rome, et Visconti, dans son Istoria det ritrovor
mento délie spoglie mortali di Raffaello Sanzio (Roma, 1833, p. 85), est le
premier qui ait fait connaître le nom de la maîtresse de Raphaël.
0 existe beaucoup de répétitions de ce portrait, mais celui que possède
la galerie Barberini à Rome est incontestablement l'original. Il est déjà
cité comme tel dans le livre : ^des Barberinœ, etc., publié à Rome en
1642, p. 153 : « Raphaelis tabula dimidiatSB fœminae, neque tamen divi-
num Raphaelis ingenium ex hujus imaginis inspectione omnis dignoscere
possumus. B
Ce portrait est d'un dessin et d'un modelé très-Gn, notamment la poi-
trine et la main droite. Autrefois, il était presque méconnaissable à cause
de la poussière et de la crasse qui le couvraient. Mais Palmaroli, qui Ta
nettoyé en iSSO avec le plus grand soin, a fait reparaître son beau
coloris et la touche spirituelle de l'artiste.
La couleur des chairs est d'une fraîcheur extrême et d'un ton très-doux,
les ombres seules ont quelque chose de trop brun ; il en est de même du
fond. Mais ces légers défauts peuvent aussi être attribués à la restauration
faîte avec du bitume.
Gbaturbs : Domenico Cunego, 1773, avec cette suscription : Raphaelis Amasia,
vuigo La Fornarina. Petit in-folio, pour la Sehùla iiëlitma de Hamillon. —
Fraociscus Rastaini, 1778, copie. Petit in-folio. — Pietro Fontana, in-folio.
— Dans un rond, 1797, ln-8*. — Suntach direxit, petit in-folio. — Landon,
n* 159.
Copies â! après cette peinture.
a.) Au palais Borghèse, à Rome. Elle est un peu brune de coloris. Le
catalogue de la galerie l'attribue à Jules Romain.
6.) Au palais Sciarra Colonna, à Rome. Cette copie provient de la
maison Barberini. Elle est, comme la précédente, traitée froidement et
avec roideur.
c.) Au palais Albani, à Rome. Copie sortie de l'école de Raphaël.
d.) Dans la villa Lante, au milieu d'un médaillon peint à fresque.
Gravé par Paolo Fidanza, n"» 9, pour ses 7é<e« cftoiitei, etc. De grandeur natU'-
relie. Ovale. — Godefroy et Aubert , dans le Aecveti (iV«(afR|)et firtméet d'aprèt dei
peinhurei antiquei tiaiteimef, par A.>B. Desnoyers, dessinées en 1818 et 1819.
Paris, 1821.
M. Desnoyers a donné aussi dans ce même recueil une gravure d'après
un autre portrait de femme, en médaillon. 11 prétend, dans son Appendice,
p. 43, que ce portrait est celui d'une maîtresse que Raphaël eut à Flo-
rence, 1504 à 1507. Mais il ne fournit pas de preuve à l'appui de cette as^
sertion^ qui n'est soutenue d'ailleurs par aucune tradition.
JOO PEINTURES EXÉCUTÉES
79. Portrait d un jeune homme.
Au musée du Louvre. Eu buste. H., Si*' ; 1., 16*'. De raucienne collection de Louis XIY.
'Ce portrait représente un charmant jeune homme, d'environ quinze
ans, aux cheveux blonds recouverts d'une barrette noire, qui, le coude
appuyé sur une table et la tête appuyée sur sa main, regarde le spectateur.
Son vêtement, d'une étoffe vert sombre, se détache vigoureusement sur
un fond de la même couleur, mais plus clair.
Ce portrait est traité avec beaucoup de facilité, mais il n'est peut-être
pas partout d'un dessin trè&-correct.
L'inventaire de Bailly, dressé en i709-i0, porte : « Tableau estimé de
Raphaël, représentant son portrait : il a été rehaussé de six pouces et
demi, et élargi de trois pouces et demi, d
Mariette dit dans sa Description du cabinet Crozat : « Parmi quelques-
uns, il passe pour être le portrait de ce peintre (Raphaël). Mais on a peine
à se persuader que, dans un âge si peu avancé que l'est le jeune homme
représenté dans le tableau, Raphaël fût déjà aussi éloigné de sa pre-
mière manière, qu'il le paraît dans l'ouvrage dont nous parlons ^ »
Gravures : Nicolas Edelinck, n« 10, côté opposé, in-8*, pour le CaMii«< OmiMi,
— M. Gandolfi, pour le M%»U Napoléon ^ in-folio. — Boutrois, pour la Galerie
Pilholf in-8«. — E. Demarteau , de la grandeur de l'original, noir et coloré,
comme étant le portrait de Raphaël lui-même. — Lith. par G. Staal. — Bfaphacl
Sanzio, à l'âge de quinze ans. Dessiné et gravé à Paris, par F. Forster, en 1843,
in-folio. — Pannier sculp., 1844, in-S*.
80. Madonna di Loreto.
Figure juiqu^auz genoux.
La sainte Vierge, debout, tournée à gauche, derrière la couche de Ten-
fant Jésus, lève le voile qui le couvre en étendant le. bras droit eu l'air.
L'enfant, couché sur un coussin, étendant ses mains vers sa mère, est d'un
mouvement vif et spirituel ; saint Joseph, appuyé sur un bâton , se tient
derrière la Vierge. Un rideau pour fond. Figures de grandeur naturelle.
Ce tableau se trouvait autrefois dans l'église S. Maria del Popolo, à
1 . H. Villot dit) dans son Catatoffue des tableaux du mutée impérial du Louvre (p. tS3
des Écoles italiennes, 6* édition), que «cette peinture, évidemment de la troisième manière du
peintre, a dû être exécutée de i515 à 1520, et ne peut par conséquent représenter ses traits. ■
Émeric David, dans la notice qu'il a consacrée à ce tableau (Btutèe /rançaitj de RobiUard-
Péronville), ne parait pas éloigné de croire, malgré l'autorité de Mariette, que Raphaël s'est peint
lui-même à l'âge de seize ou dix-sept ans dans ce tableau, qui serait ainsi un ouvrage de sa première
manière : iLe fait est san» doute très-délicat, dit-il; les couleurs sont liées et fondues avec
beaucoup de soin ; mais on sait que cette manière d* imiter la nature était familière à TélèTe
du Pénigin dès ses plus jeunes années, et il dut particulièrement s'y attacher dans cette ooca-
iion, où il voulait représenter le coloris d'un adolescent. Ce portrait présente d'ailleurs quelques
imperfections qui semblent annoncer l'ouvrage d'un jeune homme; l'œil gauche, la main, le
poignet ne sont pas dessinés correctement ; les cheveux manquent de légèreté. De semblables
erreurs n'auraient point échappé à Raphaël dans un âge plus avancé. ■ [Noie de l'édUewr.)
PAR RAPHAËL A ROME. iOI
Roroe^ avec le portrait du pape Jules II; il y était encore eo 1675, puisque
Saodrart l'y a vu à cette époque. (Voy. Academia nobilissimœ artis jne-
tofiœ, p. 121.) Les renseignements positifs manquent sur les destinées
de ce tableau * ; mais il est généralement accrédité qu'un Romain, du nom
deGirolamo Lottorio, en fit don au trésor de Loreto, en Tannée 1717;
c'est de là que lui est venue sa dénomination actuelle. Sur le volet du
tableau, volet qui a maintenant disparu, on lisait l'inscription suivante :
PictoniiQ principU
Raphaelis Sanctii YrbiDatis
opu8
f quod Hieronymas Lottorias Romanus
SacraB domui Lauretan» hsredi ex asse
reliquil
ad perennem pii testatoris memoriam
Clémente XI P.O. M. annvenle
in Lauretano thesauro coUocatum est
Anno D. MBCGXYU.
Voyez l'ouvrage de Vincenzo Murri : Sopra la SarUa Casa di Loreto,
1741, p. 205.
1. Les journaux do mois de juillet (1857) ont annoncé à grand fracas la découverte de 1* ori-
ginal. Voici la note qui a été envoyée dMtaiie à ce sujet, et qui ne pent être qu*une manœuvre
habile de la part d'un marchand de tableaux :
On écrit de Florence, le S Juillet, au Moming Pott : * La découverte d'un véritable ta-
bleau de Raphaël est un événement qui intéresse non-seulement les artistes, mais les personnes
de goût de tous les pays. Vos lecteurs seront donc charmés d^apprendre que les plus hautes
autorités existant en Italie viennent de déclarer que Foriginal de la Madonna di Loreto
était en la possession d*un H. Walter Kennedy Laurie, gentleman anglais, résidant à Florence.
« Cette déclaration émane des membres de l'Académie des Beaux-Arts de Rome et est ainsi
conçue:
c Rome, le 3 julh 1857.
• Le aignor coromandatore, le président et les professeurs de la classe de peinture, se sont
c réunis pour examiner le tableau soumis à leur appréciation par le chevalier Walter Kennedy
■ Laurie, représentant la sainte Vierge (demi-figure), ayant devant elle, reposant sur un linge,
• r Enfant divin qui cherche avec amour à embrasser sa mère, tandis que de ses deux mains
• elle soulève le voile qui le recouvre; saint Joseph, qui est derrière, à gauche, regardant avec
« admiration, etc. Les professeurs expriment à Tunanimité Topinion que ce tableau est de
« Raphaël d'Urbino, et de sa meilleure époque, et qu'il est dans un état parfait de conservation,
« à l'exception de quelques parties évidemment restaurées par une personne sans aucune capa-
■ cité. Cette œuvre est tellement remarquable, que les professeurs expriment le désir qu'elle
*. puisse être ajoutée aux richesses artistiques dont Rome est déjà en possession.
• Pietro Tuerani, président; Filippo Agricole, Tomaso Hinardi, Ferdiuando Cavalleri, Fran-
« cesco Caglietti, Francesco Podesti, Natale Carta, Alessandro Capatti, Niccola Consoni, Paolo
• Mercuri, Salvatore Betti, professeur et secrétaire perpétuel. •
• Par suite de cette déclaration, des instances ont été faites par le cardinal Antonelli auprès
de M. Laurie, pour l'engager à céder le tableau au gouvernement romain; mais M. Laurie a
préféré le conserver ^ans sa famille et l'a rapporté à Florence. >
Malgré le magnifique certificat accordé à ce tableau par l'Académie des Beaux-Arts de Rome,
nous attendrons que le tableau ait été vu et jugé par les vrais connaisseurs, pour lui donner rang
parmi les œuvres authentiques du peintre d'Urbin. {JSoU de l'éditeur. )
«
ft
i02 PEINTURES EXÉCUTÉES
Selon Rehberg, dans son Raphaël d'Urbin, p. 64, les Français avaient
enlevé ce tableau, lors de l'occupation de Lorette, pour le transporter à
l'Académie de France à Rome, où il (Rehberg) l'avait vu ; mais, au lieu
de l'original, on n'aurait envoyé à Paris qu'une copie. Le baron A. Bou-
cher Desnoyers, dans son appendice à Quatremère de Quincy, p. 35, pen-
sait que l'original a été donné à un musée départemental de la France '.
D'après d'autres renseignements, que nous ne garantissons pas, cet
original aurait déjà été dérobé à Loreto avant l'arrivée des troupes fran-
çaises, et il se trouverait encore caché dans une petite ville d'Italie.
Le marquis Spinola crut reconnaître l'original dans une copie qui était
depuis longtemps en son hôtel, à Gênes, et il vendit ce prétendu original,
en 4847, au roi de Sardaigne.
Ce fait est rapporté dans le Galignani Messenger, de 1847.
Une autre copie appartenant à la veuve de feu le chevalier Laurie, à
Florence, est, selon le jugement de Sir Charles Eastlake, d'une grande
beauté et exécutée d'une manière tout à fait analogue à celle de Raphaël.
Ce tableau étant depuis bien des années dans la possession de la famille
de cette dame, ne saurait être par conséquent celui qu'on voyait autrefois
à Lorette.
Nous citerons encore une autre copie qu'on dit également être l'ori-
ginal , et qui se trouve dans la possession de la duchesse Marie de Saxe-
Meiningen. Ce tableau, rapporté d'Italie à Paris par le général français
Alix, comte de Freudenthal, a été fortement restauré.*En 4808, le général
le prit avec lui à Cassel et le déposa, en 1813, chez M. Louis Hummel,
peintre, qui devint directeur de la galerie de cette ville. Plus tard, en 1825,
le prince-héritier, puis électeur, Guillaume II de Hesse-Cassel, l'acheta
pour en faire présent à son épouse, grand'mère du prince George de Saxe-
Meiningen, et celle-ci l'a légué à sa fille Marie, duchesse de Meiningen.
H. 3* 5" 8"'j 1. 2' 6" 2"'.
En tout cas, nous n'avons reconnu l'original dans aucune des répéti-
tions de ce tableau que nous avons vues. Mais, par contre, il en existe
beaucoup d'anciennes copies. Vasari en cite déjà deux peintes par Bas-
tiano di San Gallo, nommé Aristotile, lesquelles se trouvaient de son
temps à Florence; l'une chez les héritiers d'Ottaviano de'Medici, et
l'autre chez Filippo dell' Antella.
Voici les copies qui nous sont connues :
a.) Au musée du Louvre*, on a exposé depuis 1821 une bonne ancienne
< . Ceti à la eommane de Horangis que fut donné ce tableau, par ordonnance royale du
S 7 juin 1820, quand on eut constaté que le prétendu original était une copie médiocre, que rem-
plaçait avantageusement, au musée du Louvre, le tableau acheté par Louis XVIU. La remise
du tableau fut effectuée par les soins de Landon. {Noie de l'iâUe%w.)
1. Ce tableau, «cbfté comme original, en 1819, par le roi Louis XVI II, qui toulait autant
PAR RAPHAËL A ROME. f05
copie, mais qui a été fortement restaurée. Quoi qu'il en soit, elle a été
acquise, pour cette galerie, avec quelques autres tableaux de peu d'im*
portance, au prix de 100,000 Tr. ! Voy. Stuttgarter Kunsthlalt du 20 dé-
cembre 1821.
Gravé par Villerey, pour la Galerie FUhol, in-8*.
h,) M. Willet, si dous ne nous trompons, acheta de la galerie d'Orléans
une copie de cette composition pour 300 liv. sterl. C'est sans doute celte
copie qui fut yendue aux enchères, en 1835, à Londres, à M. Stanley.
H. 3,6"; 1. r, 8".
Gravé par A.-L. Romanet, pour la Galerie d'Orléans ;pei\X in- folio.— G. Bouil-
lard; petit in-folio.
e.) J.-Th. Richomme exécuta, après son retour d'Italie en 1813, une
gravure grand in-4'', d'après un dessin qu'il avait fait à Rome, d'après une
copie attribuée à Jules Romain. (Voy. Stuttgarter Kunsthlalt du 20 dé-
cembre 1821.)
</.) Dans la galerie du duc de Marlborough, à Rienheim. Cette copie est
médiocre.
e.) Dans la galerie Miles, à Leight Court, près Rristol. C'est une beUe
copie, mais sans le saint Joseph. Sur bois.
f,) Dans la galerie de la Rrera, à Milan. Cest une bonne copie ancienne,
qui se trouvait auparavant dans l'église du monastère de Sassoferrato et
qui, par cette raison, est aussi nommée Madonna di Sassoferrato. (Voy.
Memorie sloriche de Ricci, t. II, p. 262.)
g.) Autrefois dans la galerie du cardinal Fesch, à Rome. Ronne copie
de l'école de Raphaël. La carnation est un peu rouge brique.
h.) Dans la Chambre des conservateurs, au Capitole, à Rome. C'est une
mauvaise copie.
t.) Dans l'église S. Agostino, à Rome. Au second autel, il y a un tableau
dont le peintre s'est servi du motif de la Madone de Loreto, en y ajoutant
des anges qui volent dans le haut et des roses sur la draperie blanche,
ce qui fait qu'on la désigne par le nom de Madonna délie Rose.
k.) Dans la collection du cavalière Carminé Lancelotti , à Naples. Copie
de l'école de Raphaël, mais dure de contours. Derrière ce tableau, on
lit : a Legato del Signor Principe Rorghese alla Signora Costanza Eleo-
nora. »
U) Au musée de Naples. Cette copie était autrefois dans la galerie de
que possible remplir les TÎdes laissés dans les collections du Musée par la reprise des tableaux
et objets d*art réclamés par les Alliés de 1815, provenait du cabinet de H. deScitivaux. Il a été
catalogué, jusqu*en 1848, parmi les ouvrages de Raphaël, sous le n** 1 186. M. Waagen Ta-
vait très-vivement contesté dans ses Kuntiwerkf^ etc., in Parité 1841. Depuis, M. Villot,
coQservateur de la peinture, l'a classé dans son Catalogue, sous le n** 389 des Écoles italiennes,
parmi les copies d* après Raphaël. Haut., I met. 21 cent. ; larg., 91 cent. [Kote de l'éditeur.)
lOi PEINTURES EXÉCUTÉES
l'abbaye de Monte Gassino, où elle était attribuée à Andréa del Sarto ;
actuellement, on la croit de Perino del Vaga. Ce qui est une attribution
très-arbitraire, en ce que le dessin en est très-médiocre et la couleur des
chairs très-rouge.
m.) Dans la collection de M. de Canicof, ambassadeur de Russie à
Dresde, on voyait une bonne copie, qui était attribuée à B. Garofalo.
n.) A Berlin, nous avons vu chez M. Charles Laird Wigram, de Londres,
une belle copie tout à fait traitée dans la manière du Siciolante da Ser-
moneta. Dans cette copie, les doigts de Tenfant Jésus sont longs et torts ;
la draperie bleue a des ombres brunes, d'une pâte légère*; le pinceau dans
les chairs est un peu mou et embarrassé, surtout dans le saint Joseph. Le
coloris vert de la drapeiie rappelle la couleur des peintres de Ferrare.
On assurait que le tableau, présenté comme l'original, provenait de Lo-
rette.
0.) Feu le sculpteur Bystrœm, à Stockholm, possédait une copie an-
cienne, mais peu remarquable.
p.) Une copie, aussi médiocre, se trouve également à Haarlem, dans la
chambre des Juges, à Thôtel de ville.
ç.) Dans une chapelle de la cathédrale d'Avila, en Espagne (Vieille-Cas-
tille). Copie très-bien peinte : un ange dans le haut a été toutefois ajouté
à la composition du maître.
r.) Dans la collection de M. Campana, directeur du Mont-de-Piété à
Rome.
s.) Eu la possession du duc d'Aumale, à Chiswick, près Londres. Belle
copie, d'un coloris très-clair.
t.) Dans la Galerie à Bruxelles. Copie médiocre.
u.) Dans la pharmacie du CoUegio Romano, il y avait une petite copie
(H., 8" 9'"; l., 7" 1'" V2) que Leroux d'Agincourt a fait graver dans son
ouvrage, pi. 185.
Esquisses et études pour la Madone de Lorette,
Dans la collection Wicar, à Lille, se trouve une feuille avec plusieurs
esquisses à la pointe d'argent, d'après un enfant. Parmi ces esquisses on
reconnaît celle de l'enfant Jésus pour ce tableau.
Une esquisse, a pour la Madonna di Sassoferrato (Lorelo) », à la pointe
d'argent, est citée par Longhena (p. 707) , coname se trouvant en la pos-
session de la comtesse Constanza Monti, veuve Perticari, à Pesaro. Sur le
revers de ce dessin on lit la nomenclature des prophètes, écrite de la main
de Raphaël.
Une autre esquisse, à la sanguine, qui était dans la collection du général
Morrison. est citée dans les Notices illustrative, etc., de H. Reveley, pu-
bliées en 1787.
PAR RAPHAËL A ROME. 105
Citons encore les gravures d'après cette composition, sinon d'après le
tableau original, par Michèle Lucchese, 1553, in-fol. Du côté opposé. —
Giorgio Mantuano^ i57u. Épreuves postérieures de 1602. Bartsch, t. XV,
p. 385, n® 5. — Gravure ancienne, anonynie; du côté opposé. H. 10";
1. 8" i'". — Paulus Caronni, Longhi dir. Faible planche, gr. in-4®. —
Landon^ n"" 148.
8i. Madone de la maison d Alhe,
Sur bob ; dans un rond de 3' 3" de diamètre.
La Vierge, assise à terre, au nnilieu d'un paysage, tient l'enfant Jésus
de la main gauche , tdndis que de la main droite elle a un livre ouvert.
1/eui'ant enlace, avec son bras gauche, le cou de sa mère, et de sa main
droite saisit la petite croix que lui présente le petit saint Jean en adora»
tion. Le paysage du fond rappelle les bords du Tibre.
Ce précieux tableau est bien conservé dans ses parties principales. Une
fente, qui traverse le panneau en passant par-dessus la tête de la Vierge,
a été soigneusement restaurée. Quelques glacis seulement semblent avoir
été enlevés sur le front du petit saint Jean. Le paysage avait été totale-
ment refait, pour un motif quelconque demeuré inconnu, et la couleur de
ces repeints maladroits était tellement épaisse, qu'on a pu Tenlever sans
endommager le tableau.
Si l'on en juge par la manière dont cet ouvrage est traité, on peut dire
qu'il a été fait aussitôt après l'arrivée de Raphaël à Rome. Les plis du
manteau bleu de la Vierge sont maigres et cassés comme ceux de la dra-
perie de la Vierge dans la Sainte Famille de Michel-Ange, qui fut autre-
fois possédée par Angelo DoDi, et qui est actuellement à la Tribune de Flo-
rence. Il est possible que le souvenir de ce tableau ait influé sur la peinture
de Raphaël.
Anciennement, ce tableau était dans Tégiise des Olivetains, à Nocera de'
Pagani, dans les États napolitains ^ ; il fut acheté par le marchese del Car-
pio, vice-roi de Naples, moyennant la somme de 1,000 scudi.
Nous le retrouvons plus tard dans la galerie du duc d'Albe, à Madrid,
où il était à la lin du dernier siècle, lorsque dom Ant. Conca le décrivait
dans sa Descrizione Odeporica délia Spagna, Parma, 1793, 1. 1, p. 236.
La galerie d'Àlbe possédait aussi une ancienne copie de ce tableau. Se-
lon une tradition, la duchesse d'Albe aurait légué à son médecin l'original
et la copie, en récompense de ce qu'il l'avait guérie d'une dangereuse ma-
ladie. Cetteduchesse mourut bientôt après (en 1801), ce qui lit soupçonner
un empoisonnement ; le médecin, ayant été poursuivi à cette occasion, ne
t. C'est probablement Paolo Giovio qui le fit placer dans cette église, lorsqu'il fut nommé
évêque de Nocera par le pape Cléoieut Yll. Voyez plus loin une notice du P. Resta, sur ce
tableau.
406 PEINTURES EXÉCUTÉES
fut remis en liberté que sur les instances du prince de la Paix. C'est alors
que, par reconnaissance (si l'on en croit cette tradition), le médecin au-
rait fait don d'un des deux tableaux à son bienfaiteur. Quant à l'autre
tableau, qui était l'original, il le vendit au comte de Burcke, ambassadeur
de Danemark à Madrid, qui l'emporta depuis à Londres. Lorsque le comte
de Burcke quitta l'Angleterre, M. W.-G. Coesvelt, à Londres, l'acheta, pour
sa galerie particulière, au prix de 4,000 liv. sterl. Mais, en 1836, M. La-
bensky, un des conservateurs du musée de l'Ermitage, acquit ce tableau,
avec une partie de la galerie de M. W.-G. Coesvelt, pour le compte de l'em-
pereur de Russie, au prix de 14,000 liv. sterl. C'est donc à Saint-Péters-
bourg qu'il faut aller chercher maintenant cette Madone, qui, heureuse -
ment, n'a pas péri dans le dernier incendie du palais.
Gravures : A.-B. Desnoyers. 1823, in-folio. — Franz von Stadier: grand in-4*.
— Vitali, Romœ; in-4*. — Lith. par F. Diffani; in-4«. — Lilh. par Schertie, in-4».
— Litb. par Y. Dollet, pour l'ouvrage, intitulé ; Galerie impériaU de l'Ernùiage
(Saint-Pétersboarg, 1846).
Le carton original de cette Madone, dessiné au crayon noir, se trouve
dans la sacristie de S. Giovanni in Laterano, à Rome. Il a été malheureu-
sement trop retravaillé.
Un autre carton, dessiné au bistre et rehaussé de blanc, qui se trouve
dans la collection du comte d'Outremont, à Liège, est d'une si grande
beauté, qu'il a pu être considéré comme Toriginal. Toutefois, ce carton,
certainement exécuté d'après le tableau, a été comme celui-ci fortement
mis à effet.
Une première esquisse, avec des variantes pour ce tableau, se trouve
dans la collection Albertine, à Vienne.
Une étude pour la Vierge, à la sanguine, est conservée dans la collection
Wicar, à Lille.
Anciennes copies de ce tableau.
a.) Dans Tancienne collection de feu le prince de la Paix^ à Rome,
copie déjà citée. Elle est très-belle.
6.) Dans la galerie Borghèse, à Rome. Faible.
c.) En la possession du comte de Wyllich et Lottum, à Berlin. Copie
sur un panneau carré. Ce tableau, provenantdu baron Bacile, à Naples, avait
été trouvé, disait-on, à Gaëte. Nous empruntons au Père Resta la notice
suivante, qu'il joignit à un prétendu dessin de Raphaël représentant cette
Madone, qui se trouve dans un recueil de dessins d'anciens maîtres, qu'il
désigne sous le litre de Galleria portatile, et qui est conservé à la biblio-
thèque Ambroisienne, de Milan : « Primo studio di Raiïaelio d'Urbino del
Tondo che stava per altare nella chiesa de' Padn Olivetani di Nocera de'
Pagani, era celebrissimo et il sig. roarch. del Carpio vice re di Napoli
con licen^a délia congregas;ioqe del S. Consiglio lo comprô dei Padri m
PAR RAPHAËL A ROME. ^iOl
mille scudi, fatta fare al medesimp altare una copia da Luca Giordano, e
ne fece fide commisso passante alla famiglia délia prima figlia che fusse
maritata, non havendo mascbi. E una bellissima copia antiea sta in Gaeta
nella ehiesa d. Cand. di Malta dipinta da Andréa Sabbat ini da Salerno^ che
puèdaraggione dirsi il Raffaelle di Napoli. p L'attribution de cette copie
à Andréa da Salemo nous semble erronée, car, dans les registres de la
coofrérie à Gaëte, elle est, dit-on, attribuée à Fraocesco Penni, surnommé
U Fattore, Pendant le siège de Gaête une bombe brisa le tableau en trois
morceaux, mais sans trop l'endommager, et l'on a pu parfaitement le res-
Uurer.
Lith. par JoUus Knhr.
d.) Dans la collection de lord Dudley, à Londres.
i.) Dans la collection du comte de Lamberg, à l'Académie de Vienne.
Petite copie de 12" de diamètre seulement.
/.)DaDs la collection de H. Bernardi à Milan.
82. Madone de la maison Aldobrandini,
Sur bois. H., 13" 6"*; 1., ii'\ Figures jusqu^aux genoux.
La Vierge, assise sur un banc, étend son manteau derrière l'enfant Jésus
anis sur ses genoui; celui-ci, s'appuyant sur le sein de sa mère, présente
on œillet au petit saint Jean, qui, debout à droite, avance son brasgaucbe
pour le prendre, et pose sur le banc sa main droite dans laquelle il tient
uœ petite croii. La Vierge , dont la tête est entourée d'une étoffe bleu
vert, rayée d'or, regarde avec tendresse le petit saint Jean qu'elle en-
toure de son bras gauche. Sa robe est d'un ton bleu rompu qui n'est pas
ordinaire à Rapfaaël. Pour fond, un pilier au milieu avec deux ouvertures
voûtées aux côtés qui laissent voir un paysage avec des fabriques. La cou-
leur des chairs, qui est très-claire et très-lumineuse, contraste avec le ton
mat des étoffes et du paysage oij l'on sent Tinfluence de la fresque. Quel-
ques rares ornements, rehaussés d'or, dans les étoffes, indiquent la pre-
mière époque du séjour de Raphaël à Rome.
Ce tableau, de la galerie Aldobrandini, fut acheté par M. Day, qui le mit
a vente à Londres et qui chercha longtemps un acquéreur, jusqu'au mo-
ment où lord Gravagh se présenta pour le placer dans sa galerie (selon
Bocbanan, au prix de i, 500 liv. sterl.).
Gravures : Alessandro Mochetti, in-folio Faible. — Le trait seulement, avec
BDe légère indication des ombres, de la grandeur de l'original, dans i'Hittoire de
fàrifùT les Monumentê, etc., par Seroux d'Âgincourt, t. III, p. 172, pi. CLXÎXIV.
-Bans un ovale, d'après un tableau qui nous est inconnu. Côté opposé, par
'. Andriot, chez Vallet, au Buste de Louis XIV. Grand in-4'*.
Copies anciennes d* après ce tableau.
a). A l'académie Carrara, à Bergame.
h,) Dans la maison Stacoli, à Urbin,
108 PEINTURES EXÉCUTÉES
c.) Dans la maison Silva^ à Milan.
d.) Dans la possession du général Menu, à Berlin. Copie arec quelques
changements : le petit saint Jean est assis à droite sur un coussin et pré-
sente une fleur à l'enfant Jésus. Un rideau forme le fond.
Gravure : G. M. V, del. et sculp.Romœ, 1642.
e.) Dans l'ancienne galerie du cardinal Fesch, à Rome. Copie avec des
variantes. Ce sont des figures entières, presque de grandeur naturelle. Le
petit saint Jean est agenouillé à terre .
/*.) Dans la galerie de lord Grosvenor à Londres. C'est une autre imita-
tion libre, où l'enfant Jésus tient sa croix de jonc sur l'épaule gauche. Le
petit saint Jean diffère aussi de la figure du tableau original, et le paysage
du .fond est recouvert à droite par un rideau.
g.) Une très -bel le copie, conforme à l'original, se trouvait autrefois en
Espagne ; mais elle en est sortie par suite de la guerre, pour passer eu
Allemagne.
83. La Vierge au Diadème.
Sur bois. H., 25"; l., 18".
La Vierge, la tête ornée d'un diadème bleu, est accroupie devant l'en-
fant Jésus couché et endormi sur une draperie à terre ; elle lève le voile
qui le recouvre pour le montrer au petit saint Jean agenouillé auprès
d'elle. Celui-ci tient sa petite croix de roseau entre ses bras. On voit une
ville dans le lointain et l'on reconnaît, au plan du milieu, dans une ruine
animée par quelques petites figures, celle qui subsiste encore à Home dans
la vigne Sacchetti, près de la basilique de Saint-Pierre.
Ce ravissant tableau est souvent désigné sous le nom de la Vierge au
Linge ou au Voile, et encore sous les noms de Sommeil de Jésus et de
Silence de la sainte Vierge.
Comme chaque tableau de Raphaël a son histoire plus ou moins remar-
quable, on raconte de celui-ci que, partagé en deux morceaux, il servait
de couvercle de tonneaux dans une cave de Pescia , lorsqu'il fut acheté
par un amateur. Cet amateur, dit-on, aurait fait rejoindre les deux mor-
ceaux par un artiste tellement habile, qu'à l'heure qu'il est on serait en
peine de découvrir la moindre trace des anciennes restaurations de ce chef-
d'œuvre.
Nous sommes plus certains que ce tableau était autrefois dans le cabinet
si célèbre de M. de Chateauneuf, à Paris, et qu'il passa, par héritage, en la
possession du marquis de la Vrillière , secrétaire d'État. Il passa ensuite
dans la collection du prince de Carignan, après la mort duquel on dit qu'il
fut acheté, vers 1743, pour le roi Louis XV». Cependant il n'est pas cité
i. Nous devons rectiGer tout ce qu'il y a de vague et d'incomplet dans ce paragraphe, en
citant textuellement la notice de M. Yillot dans son Catalogue du musée, qui est toigours un
PAR RAPHAËL A ROME. 109
dans le Voyage pittoresque de Paris, etc. Par M. D. (Dezallier-d'Argen-
▼ille.) Paris, i757, in-i2. C'est actuellement un des joyaux du Louvre,
où nous nous rappelons Ty avoir vu dans le plus parfait état. Mais, de-
puis, il a été un peu trop nettoyé, et à ce point que les ombres des
diaîrs ont pris un aspect gris. Nous regrettons que quelques retouches
aient complété cette fâcheuse restauration.
Graturbs : François de Poilly, in-folio. Premières épreuves, d'artistes, les
pieds de la Yierge non terminés, et sans les armes; puis, avec les armes.de la
famille de la Yrilliére et une couronne. Deuxièmes épreuves, avec des armes
â trois fleurs de lis, sans couronne. Troisièmes épreuves, sans armes. Retouché
par Charles Siolonneau, pour le Cabinet Croxat. — Jac. Frey, 1705. in-folio,
avec l'indication que le tableau se trouve chez le marquis de la Yrilliére. —
Du Flos, in-12, avec le titre : Le ioini Sommeil de Jésui-Christ. — A Paris, chez
Diacre, in 12, cintré. — A Paris, chez Chiquet, avec deux vers : SoU que nout
xeiUont, etc. — Franc. Borsi fecit, 1774, du côté opposé. — J. Bruynel exe.
Aniverpiae, du côté opposé. Faible copie, d'après de Poilly, in-folio. — A. Bou-
cher Desnoyers sculp., avec ce titre : La Vierge au Linge ^ grand in-folio. —
J.-B. Hassard sculp., grand in-folio. — J.-J. Avril, 1813, in-folio. — Ant. Banzo,
ÎD-folio. — L.-C. Ruolte, petit in-folio. — Ingouf jeune, sous ce titre : Le Silence
de ia Vierge^ grand in-folio, pour le Mmie Napoléon. — Bovinet, pour la Gale-
rie Filhol, — Gérard, 1845, petit in-folio. — Pierre Metzmacher, 1855, in-fol.
— Landon, n" 108.
Dans un ovale, avec des variantes (l'enfant couché différemment et un autre
paysage). Côté opposé. Jo. Poiret del. Claudius Randon fec. In-fol.
Dans un rond, avec une figure de saint Joseph ajoutée à gauche. Chez de
Poilly.
La tête seule de l'enfant Jésus. Lith. par Jean Gigoux, à Paris.
Copies anciennes de cette peinture.
a.) Dans la galerie Bridgewater S à Londres. Sur bois. H. 26" 9"';
guide sûr et intelligent : t On sait peu de chose sur Thistoire de ce tableau, qui n'est pas cité
par Tasari. Voici ce qn'en dît Germain Brice [Deteriplion de la ville de Paris. 1752, t. Il,
p. 435), en pariant de Phôtel bâti en 1620 par Raymond Phélypeaux de la Yrilliére, secrétaire
iTEtat, acquis en 174 3 par Louis-A lexandre de Bourbon, comte de Toulouse, prince légitimé :
■ L*oa y a TU longtemps une suite d^excellents tableaux des plus grands maîtres, que ce grand
• ministre y avait rassemblés et qui dunoaient une grande idée de la puissance de son goût. Un
t des principaux était un beau tableau de Raphaël, représentant la sainte Vierge qui considère
• Tenfant Jésus endormi, lequel a passé, en 1728, dans le cabinet du prince de Carignan, et
dont on a une belle estampe gravée par François Poilly. > Ce tableau fut, dit-on, acheté par
Louis XV à la vente du prince de Carignan ; cependant il ne figure pas sur le catalogue imprimé
en 1742 ni sur celui de 1743. (La vente, annoncée par le premier catalogue pour le 30 juillet
1742 n*ayant pas eu lieu, fut remise au 18 juin 1743, et Ton publia un nouveau catalogue,
fidèle réimpression du premier.) Il y a tout lieu de croire que ce tableau et le Tintoret (n** 354
de rEeoIe italienne au I^ouvre) furent choisis sur Pinveutaire manuscrit et retirés avant la
vente. (Note de Ciditewr.)
1. Dans le catalogue de Bridgewater Gallery (1856), cette copie est enregistrée (n* 36)
comme original de Raphaël, et comme ■ provenant de la collection de Sir Joshua Reynolds, i
U. Waagen l'accepte aussi comme une a ancienne et très-bonne répétition. • {Note de l'èdi'
kw.)
110 PEINTURES EXÉCUTÉES
1. 19'* 6"*. Acquis à la vente de la galerie d'Orléans, pour 300 iiv. sterl. (?)
— Gravée par P.-W. Tomkins. Petit in-fol., pour la Stafford Gallery, pu-
bliée par W. Young Ottley.
6.) Une autrecopie passade la collection du duc de Ghoiseul dans celle
de M. Agars, à Londres. Voyez l'ouvrage de G. Aug. Goede sur l'Angle-
terre, etc., t. IV, p. 74.
c.) Une belle copie, qui provenait de la succession d'un ecclésiastique
français et qui était signée : Rapbael. 1512 (H. 23"; 1. 18"), fut eiposée
à Trêves et passa plus tard en Angleterre où elle doit être encore. Voyez
ArtisUsches NotizenblaH, Dresden, du 3 février 1834.
d.) Dans la sacristie de la cathédrale de Tolède de trouve une très-belle
et très-fine copie dans laquelle la robe de la Vierge est rouge au lieu
d'être bleue comme dans l'original.
e.) Nous avons parlé, dans la Vie de Raphaël, d'une copie, ou plutôt
d'une imitation de ce tableau avec quatre saints debout, de grandeur na-
turelle, qui se voyait à la cathédrale d'Urbin, et qui était attribuée à un
certain Antonio Sanzio.
84. Madone de Fuligno.
Sur boit, el depaii Irinsporté lur toile. H., 8' 10"; 1., 5' 10".
La Vierge, assise sur des nuages, dans une gloire de forme ronde et de
couleur d'or, est entourée d'un grand nombre d'anges vus à mi-corps et
légèrement indiqués dans l'azur du ciel. La Vierge soutient de la main
gauche l'enfant Jésus debout à sa droite, et le couvre de la main droite
avec une petite draperie. Tous les deux abaissent leurs regards sur le
donataire, Sigismondi Gonti, lequel, agenouillé en adoration à droite, est
présenté à la mère de Dieu par saint Jérôme debout derrière lui. Saint
Jean-Baptiste, debout à gauche, désigne du geste le Sauveur, et devant
lui est agenouillé saint François en extase. Un petit ange nu, debout au
milieu de ces deux groupes» montre une tablette sur laquelle a pu être
inscrite autrefois la donation de ce tableau. Une ville dans un site monta-
gneux forme le fond. On voit tomber du ciel une boule enflammée au-des-
sus de laquelle se trace un arc-en-ciel ^
Déjà, dans la Vie de Raphaël, nous avons fait remarquer la perfection
de cet ouvrage, dont la couleur surtout est d'une grande puissance. Mais
cependant nous ne pouvons nous dispenser de faire la part aux critiques :
ainsi , la Vierge représente moins une mère de Dieu qu'une (emme gra-
cieuse; l'enfant Jésus est d'un mouvement un peu trop cherché. La figure
de saint Jean-Baptiste manque d'élévation, et le bras de cette figure est
1. D'après ime^traditioa, ce sérail une bombe, qui rappellerait le danger cpie courut Sigis-
mondi au siège de Fuliguo, sa ville natale. Quant à rarc-ea-ciel| il peut être considéré comme
sjmbole de la réconciliation du donataire avec Dieu.
PAR RAPHAËL A ROME. ili
assez défectueux, pour qu'on puisse supposer que le dessio a été gâté par
la restauration.
Ce tableau doit avoir été peint vers 1511 pour Sigismoudi Conti^ secré-
taire intime du pape, et vraisemblablement destiné à un ex'voio, puisque
le donataire mourut dans le mois de février de l'année suivante.
Selon Vasari^ ce tableau aurait primitivement orné le maitre-autel de
l'église Ara Cœli sur le Capilole, à Rome. Mais^ depuis lo6o^ il se trouvait
à Fuiigno, dans Téglise Saint-Anne du couvent délie Contesse. On ne sait
rien au sujet de cette translation, si ce n'est que Tévêque MafiTei, dans une
visite qu'il lit à ce couvent^ lut l'inscription suivante en lettres d'or sur
le cadre : s Questa tavola la fece dipingere messere Gismondo Conti^ se-
gretario primo di Giulio secondo , et è dipinta per mano di Rapbael de
Urblno, et soraAnna Conti nepote del dicto messere Gismondo Tha facta
portare da Roma, et facta mettere a questo altare nel 1565 a di 23 dl
maggio. » Vo^ez la note de ComoUi pour la Vila inedita di RaffaellOy etc.
(Roma,1790, p. 44).
Ëolevé par les Français^ lors des guerres d'Italie^ il arriva en assex
mauvais état à Paris, où il fut transporté sur toile par M. Haquin, et res-
tauré par M. Roser de Heidelberg. Un rapport détaillé sur la manière dont
cette transposition eut lieu se trouve dans le Précis historique des pro-
ductioM des Aris, eVb., par Landon (Paris, an X^ 1801). Le baron Boucher
Desooyers donne à ce sujet des détails intéressants dans son Appendice à
l'ouvrage de Quatremère de Quincy (p. 44). Ainsi^ lorsqu'on eut enlevé le
bois du panneau^ on pouvait voir distinctement le dessin entier de la com-
position tracé au pinceau avec une couleur brune. On remarquait aussi
que la main droite du saint Jérôme était dessinée de deux manières diffé-
rentes et qu'une seulement avait été exécutée par le peintre.
Après le traité de paix de 1815, ce tableau retourna du Musée Napoléon
en Italie, mais non pas dans l'église de Fuligno : il est aujourd'hui placé
dans la galerie du Vatican.
Gravures : Vincentius Victoria Hispan. Canon fecit. Mauvaise feuille à l'eau-
forte, petit in-folio; du côté opposé. — P. -A. Pazzi, in-folio. Faible gravure. —
Le baron Boucher Desnoyers sculp., 1810, grand in-folio. — Deviiliers, in-folio.
— Nie. Schenker, de Genève, sculp. Paris, grand in-folio. — Filippo Tosetti,
in folio. — Ignazio Pavon, RomîB, in-folio. — J.-M. Saint-Ève, 1848, in-folio. —
fieisson, in-folio, pour le Mutée royal. — Pigeot, 1813, pour la Galerie Filhol. —
Litb. par G. Bodnner. — PieU-o Marchetti, 1850, gr. in-fol. — Landon, n"* 443.
Gravures partielles de la Vierge avec l'Enfant : — par Marc-Antoine, deux
fois. Bartscb, t. XIV, n*" 52 et 53. On y trouve aussi l'indication de trois copies
et celle de la planche retouchée par Augustin Carrache, à laquelle il ajouta deux
têtes d'anges. — Girolamo Scotto, 1818, in-8% avec des variantes, d'après un
tableau de la même grandeur. — Gravé à l'eau-forte, par F. BruUiot, grand in-fol.
— La môme Vierge avec l'enfant un peu différemment posé; l'on voit saint
Joseph à droite dans un paysage; gravé par Antoinette Bouzonnet Stella, petit
iu-folio.
H 2 PEINTURES EXÉCUTÉES
Une copie de ce tableau , attribuée à Sassoferrato y est en la possession
du comte Giacomo Melerio, à Milan.
Un dessin , la Vierge et Tenfant Jésus seulement, à la pierre noire sur
papier bleu, fut vendu au prix de 470 florins à la vente du roi de Hollande,
en 1850, et passa en Angleterre. Ce dessin, qui a souiTert, semble avoir
été l'ait d'après la gravure de Marc-Antoine.
85. Le prophète haïe.
À fresque. H., 8'; I., 5'.
Le Prophète est assis; il tourne la tête du côté gauche et présente au
spectateur, qu'il semble voir de ce côté, une bande de parchemin sur la-
quelle est écrit en hébreu le deuxième verset du vingt-sixième chapitre de
ce prophète : « Ouvrez les portes, afin que le peuple qui conserve la foi
entre. » Deux enfants, avec une guirlande de teuillages et de fruits, sont
posés un peu plus haut sur l'architrave derrière Isaïe et tiennent un car-
touche où se lit cette dédicace écrite en grec : « A sainte Anne, mère de
la Vierge; à la sainte Vierge, mère de Dieu; à Jésus le Sauveur; Jean
Gorizius.»
Raphaël peignit cette fresque à la demande et aux frais de ce Jean
Corizius qui est quelquefois nommé Janui$ Corycius Lucumburgensis. Ce
gentilhomme allemand, juge civil sous Léon X, fut un zélé protecteur des
savants et des artistes *. En 1512, il fit placer un groupe en marbre de la
Vierge, de l'enfant Jésus, de sainte Anne, en l'honneur de cette dernière,
sa patronne, exécuté par Andréa Sansovino, dans Téglise S. Agostino, à
Rome , ainsi que le prouve l'inscription suivante gravée sur le socle du
groupe :
JESV. DEO. DEIQ. FILIO. MATRI
VIRGINI. ANNiB. KSIM, MATBRNiB
JO. GORICIVS. RX. GERMANIS
LVGVMBVRG. PROT. APOST. DDD.
PERPETYO. 8ACR1FIGI0. DOTEM
VASA. VESTES. TRIBVIT. MDXIU
Ce fut sur le pilier même auquel est adossé ce groupe que Raphaël
exécuta la fresque du prophète Isaïe, au plus tard en 1512, car un de ses
élèves copia les deux enfants de cette fresque, en peignant ceux qui
portent l'écusson des armes de Jules 11, dans uue des chambres du Vatican.
Or, le pape Jules II, comme on sait, mourut au mois de février 1513.
Vasari rapporte que Raphaël venait d'exécuter cette fresque quand le
Bramante lui fit voir les peintures de Michel-Ange, à la voûte de la chapelle
Sixtine. Ces peintures, au dire de Vasari, auraient luit une telle impression
sur Raphaël, que, mécontent de la figure du Prophète qu'il venait d'ache-
ver, il la fit détruire et en peignit une nouvelle qui eut plus de grandiose et
I Voyex W. Roscoe, Vie de Léon JT, p. 145.
PAR RAPHAËL A ROME. 115
de majesté. Que la vue des Prophètes peints par Michel-Ange ait influencé
Raphaël dans l'exécution du sien^ c'est très-Tisible, mais il faut avouer
que cette influence ne lui fut pas trop avantageuse^ puisqu'elle le fit sortir
de son individualité. L'imitation du grandiose particulier à Michel-Ange
n'a donné qu'une lourdeur désagréable des formes, et ce qu'on a regardé
comme de la majesté dans cette figure n'est qu'une absence complète
d'expression. Nous ne saurions donc nous ranger au jugement de Vasari,
jugement qui accuse sa prédilection aveugle pour Michel-Ange > et nous
sommes heureux^ pour l'art^ que Raphaël soit revenu bientôt à sa propre
origiualité.
Cette fresque du prophète Isaie est actuellement dans un état très-dépio-
rable, car un sacristain, qui avait voulu le laver, le détériora tellement en
quelques parties, que^ sous le pontificat de Paul IV (1555)^ Daniel de Vol-
terre fut chai^ de le restaurer. Cette restauration a pu rendre la peinture
encore plus faible qu'elle ne l'était originairement. Pourtant^ certains dé-
tails sont encore d'une bonne conservation , entre autres la jambe droite
du Prbphète.
Voici encoi^ une anecdote assez peu vraisemblable au sujet de cette fres-
que : }, Ricbardson, dans son Traité sur la peinture, t. III^ p. 454, raconte
que le personnage qui avait commandé ce tableau- à Raphaël ayant trouvé
le prix trop élevé quand l'ouvrage fut terminé , alla demander conseil à
Michel-Ange. Celui-ci voulut voir la fresque et dit : « Le genou seul vaut
le prix demandé. »
Gbavurbs : Par un ancien maître italien anonyme, dans le genre de Giulio Bo-
nasoDe. H. U" ; 1. 6", 9"'. Sans aucune inscription. — Heinrich Goltzius, 1592,
petit in-folio, d'après un dessin de Gasparo Celio. Bartscb, t. III, p. 82, n<* 269. ~
Une copie, du côté opposé, avec le nom de Gollzius, 1592, et l'adresse Clcni. de
Jongbe, petit in-folio. — Copie par N. Yisscher. — R. \an Bolten, Cbr. \. Sichem
exe, in-folio. — Cesare Fantetto, 1607, avec inscription, petit in-folio. ~
Nie. Chaperon, 1649. in-folio, avec quelques changements ; comme lilTP, pour la
Bible d'après Raphaël. ^ Josepbus Cereda, Mediolanensis, 1779, in-folio, avec
deui inscriptions. — J. Bonajuta, in-folio — Seb. Langer, à l'eau-forte, in-8".
— Anonyme, à l'eau-forte, in-8*, très-maniéré.
Copies (Tapf'ès cette peinture.
a.) Dans la galerie du Belvédère, à Vienne^ se trouve une bonne copie
à l'builesur toile^ qui est attribuée à Annibal Carrache. H. 7'; 1. 4' 6". Elle
était autrefois dans le couvent de la Sainte-Croix^ à Vienne^ et elle fut
oflerte, en 1798^ par le Père Marian Reutter^ abbé du couvent^ à Tempe-
reur François 11^ pour la galerie des tableaux*.
Gravée par Seb. Langei, pour l'ouvrage sur les galeries, de Haas, 1. 1.
6.) Dans la collection de la bibliothèque Ambroisienne^ à Milan, copie
II. 8
i
lU PEINTURES EXÉCUTÉES
qui semble également être sortie de Técole desCarrache. Elle a fortement
poussé au noir.
e.) La galerie de Dresde possède une excellente copie de Mengs. H. 8' 9";
1. 5' Q".
86. Deux Enfants avec les armes de Jules II,
Au-dessus de la cheminée d'une chambre, dite d'Innocent VHl, au Vati-
can, se trouvaient peintes les armes de Jules 11, portées par deux enfants
qui ont été attribués à Raphaël. Voyez Taja, Descrizione del palazzo apost.
Vaticano, 1750, p. 410; Richardson, Traité de la peinturCy p. 282; Lon-
ghena, p. 410; Pungiieoni, p. 133. Il est surprenant que ce dernier écrivaia
soit le seul qui ait remarqué que ces enfants étaient absolument imités de
ceux qui sont peints dans la fresque du prophète Isaïe.
Lorsque le musée du Vatican fut agrandi, il y a environ vingt ans, ou
scia le mur sur lequel étaient peintes les armes de Iules II et on échangea
ces débris contre des gravures de Marc-Antoine. Un des deux enfants de
la fresque est allé, dit-on, en Angleterre, et l'autre fut acquis parteu lo
peintre Wkar» qui l'a légué à l'Acà' .mie de Saint-Luc, à Rome,
Le fragment que possède maintenant l'Académie de Saint-Luc repré*
sente l'enfant du cdté gauche, vu de face, qui a une guirlande de feuil-
lages autour du bras droit, comme dans la fresque dlsaîe.
Ce tableau a beaucoup souffert; il est tellement repeint et couvert de
vernis, que l'on ne peut plus guère juger de son exécution. £n tout cai»»
on doit supposer que les armoiries n'ont été peintes que par un élève de
Raphaël.
87. Portrait de femme.
A la Tribune de Florence. Ser bois. H., 6 déc. 70 ; 1., 5 dée. 54.
Ce portrait en buste représente une jeune et belle dame^ vue presque de
face, un peu tournée vers la gauche. Un cercle d'or, émaillé de feuilles
vertes, entoure sa têie. Elle tient d'une main le manteau garni de four-
rures, qui recouvre son corsage de velours bleu foncé. Sur le fond, d'un
vert sombre, se trouve la date 1512. Dans ce portrait, les ornements du
corsage et de la couronne, le filigrane qui brille autour du cou, la bague
qui orne un des doigts de la main, et même les lumières des cheveux, sont
rehaussés d'or, conmie dans les portraits de Mantegna et de Holbein, ce
qui ajoute encore à la richesse et à la magie de cette peinture. La couleur
en est si chaude et si puissante, qu'elle rappelle d'une façon remarqua))le
les œuvres du Giorgione, auquel a été plusieui^ fols attribué ce portrait,
malgré sa date de 1512, quoiqu'il soit avéré que le Giorgione était mort /
en 1511.
C'est avec aussi peu de raison que ce magnifique portrait a été encore
attrilué à Sébastien del Piombo, qui avait une tout autre manière de
PAR RAPHAËL A ROME. «15
foire et un tout autre pinceau. C'est bien là incontestablement un ouvrage
de Raphaël, et cet ouvrage se distingue par une grâce, une suavité, une
perfection, qui n'ont jamais été atteintes par aucun maître, si ce n'est par
Raphaël.
Ce tableau était déjà décrit, avec le nom de Raphaël, dans l'Inventaire
des tableaux de la Tribune, fait en 1589 : a Un quadro simile (ritratlo)
d'una donna in tavola un bragio ingniudo e schollata un suo comice si*
mile alta br. 1 4/3 larga br. i i/% di mano di Raflaello daUrbino. »
Malheureusement cette notice ne nous dit pas quelle est la dame repré-
sentée dans ce tableau. Mais il est incontestable qu'il ne saurait être le
portrait de la maltresse de Raphaël, portrait qui, d'après Vosari, était en
la possession de Matteo Botti, à Florence, et qui se trouvait encore cent
ans plus tard dans la maison de Matteo et Giovanni Botti, lorsque Gio.
Cinelli publia, en 4677, une édition dés Bellezze délia città di Firenze^ de
Praneesco Boechi, où ce portrait est décrit de la sorte : « Ci è ancora un
ritratto di una giovane di bel semblante, e leggiadro, dipinto da RafTael da
Urbîno : il quale è.tenuto dagli-artefeci in grande stima : e si corne fu
questo pittore ammirabile, cosî". i4' opéra nobile, e fieimosa appresso
tutii. 9
Ce sont là des faits et des dates authentiques qui réduisent à néant les
assertions de Tomaso Puccini, relativement à ce portrait. Tomaso Puccini,
dans la Real Galleria di Firenze (1794, vol. I, p. 6), a prétendu, d'après
le témoignage du légat Botti , que Galuzzi a découvert dans les archives
des Médicis, qu'un fils de Matteo Botti légua la moitié de ses biens au duc
Cosme l*s mort en 1574, et que le portrait de la maîtresse de Raphaël
faisait partie du legs. Il faudrait donc rapporter le legs en question à une
date beaucoup plus récente, puisque le portrait de la maîtresse de Ra-
phaël était encore dans la maison Botti en 1677. C'est un fait sur lequel
nous reviendrons en parlant d'un autre portrait de femme, peint par
Raphaël, qui est au palais Pitti.
Mais quelle est la ravissante personne représentée dans le portrait qu'on
admire à la Tribune de Florence?
Missirini, selon sa manière habituelle de défendre et de propager des
opinions erronées, croit reconnaître le portrait de Vittoria Colonna, que
Sébastien del Piombo peignit d'après un carton de Michel-Ange S et cet
écrivain cite, à l'appui de son système, une estampe d^qea Vico, gravée
d'après le tableau original de Sébastien del Piombo, estampe que Lon-
ghena a fait reproduire dans sa traduction de l'ouvrage de Quatremère
deQuincy (p. 609). — 11 existe aussi une gravure, eiécutée par W. Hollar,
1. Ce magnifique portrait, décrit par Yasari, passa seulement en 1810 du palais Colonna, à
Rome, à M. i)ay, à Londres. Cfest un portrait vu de profil, d'un caractère extraordiuairement
sévère et d'un aspect grandiose. U est à déplorer que cette peinture ait étu trop ucttuvée.
no PEINTURES EXÉCUTÉES
en 1650, d'après le même tableau. Ex coll. Joh. et Jac. van Verle^ avec
cette suscription : Ritratlo di Vittoria Colonna,JaUo da Sebastiano del
Piombo, etc. Mais toutes ces estampes prouvent que le portrait de Vittoria
Colonna n'a pas la moindre ressemblance, si ce n'est dans le mouvement
du bras, avec le portrait de la Tribune; la forme de la tête et celle des
vêtements sont complètement diflérentes. C*est pourquoi il ne nous paraît
pas nécessaire de nous arrêter davantage à discuter l'opinion de Missirini.
D'autres écrivains ont supposé que ce portrait représentait la duchesse
Elisabeth d'Urbin, ou Emilia Pia; mais ces suppositions ne reposent sur
aucune preuve.
On pourrait avancer avec plus de raison que ce portrait est celui de
Béatrice Ferrarese, qui a été mentionné par Vasari. Mais Vasari n'en
donne aucune description, et nous ne savons même pas quelle était cette
Béatrice. Des écrivains postérieurs la nomment Béatrice d'Esté, quoique
du temps de Raphaël il n^eiistât pas de princesse du nom de Béatrice dans
la maison d'Esté S car on ne peut admettre que ce soit la Béatrice, femme
de Lodovico Sforza, morte en 1497. Nous ne saurions donc reconnaître sous
cette dénomination : Béatrice Ferrarese^ aucune princesse de la maison
d*Este. C'était peut-être une grande dame de Ferrare, connue alors par
son talent poétique et improvisateur, mais à l'égard de laquelle il ne nous
est resté aucun renseignement plus précis. Cette idée nous est venue en pré-
sence du portrait de femme de la Tribune. Sa pose, quelque peu cherchée,
son regard fite et inspiré, enfîn, sa couronne d'or à feuillages, signe ca-
ractéristique des poètes et des improvisateurs, nous ont semblé prêter
quelque vraisemblance à une supposition qui mérite d'être examinée plus
attentivement.
11 est aussi question d'une Béatrice, de la maison Pio, dans une lettre
écrite de Ferrare, le 27 octobre 1523, et adressée au cardinal Bembo, lettre
que Gratiosa Pia termine ainsi : a Le raccomando la mia Béatrice e oie
insieme. » Voyez : DelU Lettere da diverse principe^se et altre sig. amons.
P. Bembo. Venezia, 1560 (lib. H, p. 296).
Puissent ces diverses indications donner lieu à de nouvelles recherches
et nous faire découvrir enfin quelle est la personne représentée dans cet
admirable portrait.
Gravures : Raph. Morghen, 1809. Baphaelù amieitia eeUberrima la Fomarina,
In-folio. — Ph. Cenci , petit in-folio. — Bonaini, 1832, in-8. — Achille Martinet
del., Leisner sculp.,1845, in-folio.
I . Toyez Litta, Famiglie eelebri Itaiiane, — Le Père Pungileoni, dans VBlogio ttoHeo di
Gtoeannif se trompe, quand il penae (p. 110) que la lettre de Veronica Gainbara, en date da
3 septembre 1528, est adressée non à la marchese de Mantoue, mais à Béatrice d'Kste. Cette
mar()uise de Mantoue se nommait Elisalietta et était une fille d'Hercule d'Esté, né en 1490 et
mort en Ib39.
PAR RAPHAËL A ROME. fil
Dans la galerie Corsîni, à Rome, il y a un ancien tableau qui esi évidem-
ment imité de ce portrait; mais le copiste a dénaturé le caractère de la
figure, en plaçant auprès d'elle une table sur laquelle est une urne^ comme
8*îl avait voulu par là désigner une Madeleine.
88, Portrait de Bindo Altoviti.
Sttr bois. H., 22'*; 1., 16" 6"'.
Cest un beau jeune homme, aui yeux bleus, qui tourne la lète et re-
garde par-dessus son épaule droite. Une barrette noire couvre ses longs
cheveui blonds, qui tombent en belles masses sur son cou. Sa main droite
est posée avec beaucoup de grâce sur sa poitrine.
Ce portrait est resté jusqu'en 1808 dans l'ancienne maison Altoviti^ à
Florence. Acheté, à cette époque, moyennant 3,500 zecchini, par le prince
Louis, héritier présomptif de la couronne de Bavière, il fut caché plusieurs
années par Jean Metzger, qui était chargé des acquisitions de ce prince
en Italie, et qui faillit être inquiété au sujet de ce tableau que le
gouvernement ffançais voulait avoir. Il fait aujourd'hui l'ornement de la
Pinacothèque de Munich > , où nous l'avons vu dans un excellent état de
conservation.
Cette peinture, d*un ton plus chaud pt plus puissant encore que le por-
trait précédent, rappelle d'autant plus la façon du Giorgione.
Ce beau tableau, qui fut conservé par la famille Altoviti pendant deux
eent cinquante ans, comme étant le portrait de Bindo Altoviti, devint tout
à coup, au dire de Bottari, vers la tin du siècle dernier, le portrait de Ra-
phaël peint par lui-même. Le savaut Bottari, qui avait la manie de cher-
cher partout des portraits de Raphaël peints par lui-même, se crut autorisé
à découvrir un nouveau portrait de Raphaël dans cette phrase amphibo-
logique de Vasari^ qui en français peut se rendre ainsi littéralement : « Pour
BiDdo Altoviti, il fit son portrait, lorsqu'il était encore jeune. » 11 faut
avouer que le texte de Vasari nous laisse dans le doute et ne nous dit pas
clairement s'il s'agit du portrait de Raphaël ou de celui d'Altoviti.
Armenini ne s'exprime pas avec plus de clarté en parlant de ce même
portrait, dans son ouvrage intitulé : Deiveri firecetti deïla piUura (Ravenna,
4587, p. 191) : « Se ne trovano pur molti (ritratti) per mano di Raffaello in
Firenze, già da lui fatti in Roma al tempo di Leone edi Clémente, ritratti
da lui miracolosamente con Bindo Altoviti. »
En attendant, il suftit d'un coup d'œil, si Ton compare ce portrait à
ceux que Raphaël a faits d'après lui-même, pour juger et décider que ce
ne peut être le sien. Non-seulement la tête du jeune homme représenté
i. Où îl est toujours catalogué comme étant le portrait de Haphaël lui-même (o'' 581,
'partie, catalogue de 1853]. — {Note de l'éditeur.)
118 PEINTURES EHÉOUTÉES
dans ce pôrtrait-ci ne ressemble pas à celle de Raphaël ; noD-seulemeot la
fornle du nez, de la bouche et du menton est tout à l'ait difféi'ente, mais
encore le modèle du tableau atait les yeux bleus et les cheveux blonds,
tandis que les yeu\ et les cheTeun de Raphaël étalent bruns. 11 n'y a pas
plus d'analogie entre Tun et l'autre dans l'expression de la physionomie,
qui est un peu sensuelle dans ce portrait et qui ne s'accorde pas du tout
avec le caractère doux et pensif des portraits authentiques de Raphaël.
L'opinion de Bottari à cet égard n'eut dom*, pas le moindre crédit au-
près des vrais connaisseurs de sou temps, comme le prouve un passage
d'une lettre de Winckelmann au baron de Riedesel, datée du mois
d'avril 1763.
Tomaso Puccini et Lansi se sont élevés également contre les assertions
de Bottari* Ainsi M. G.-F. de Rumohr a commis une étrange erreur, en
avançant, dans ses Italienisehê Forsohungen (t. IH, p. 8), que Wicar, à
l'instigation de Missirini ', avait essayé le premier de faire passer le por-
trait en question pour celui de Bindo Altoviti, tandis que ce portrait fut
toujours connu et décrit sous ce nqm-là, jusqu'à ce que Bottari eût la
fantaisie d'y voir le portrait de Raphaël lui-même, système insoutenable,
qui reçut pourtant une sorte de consécration dans une phrase de l'ou-
vrage apocryphe intitulé : Vita inedita di Raffaello da Urbino.
Mais un argument sans réplique, fourni par l'étude comparative des
œuvres de Raphaël, indique assez comment il faut entendre le passage
ambigu de Vasari au sujet de ce portrait* 11 est évident, pour quiconque
est initié à la connaissance de la peinture, que l'exécution de ce tableau
ne saurait être placée avant Tannée i5ii. Or, à celte époque, Raphaël
avait vingt-neuf ans, et le tableau représente un jeune homme à peine
âgé de vingt-deux ans.
Au contraire, la date du portrait et l'âge du jeune homme représenté
concordent parfaitement, si l'on ne veut pas y chercher d*autre per-
sonnage que Bindo Altoviti, qui, étant né le 86 septembre 4490,
entrait dans sa vingt-deuxième année en ib\è, lorsque le tableau a
été peint.
Gravures d'après ce portrait, considéré comme étant celui de Raphaël lui-
même : Jac. Frey, petit in-folio» pour la Galerie de Florenee^ mais cette gravure
ne fut point admise dans l'ouvrage auquel elle était destinée, parce qu'on recon-
nut plus tard que ce portrait n'était pas celui de Raphaël. — Gio. Batt. Cecchi,
petit in-folio , pour la Série degli uomini % pUt illustri in piUufa, etc. •— Robert
Strange del. 1764, sculp. 1787, petit in-folio. — Raph. Morghen; petit in-folio
— Cari Bartb , 1816, petit in-folio. — Ritter, d'après Uorghen. — Ph. Cenci, de
même. — Joannes Farrugià Melitensis, 1822, dans un ovale. — Fusinati, 1829,
n-S*. — Joh. Heinr. Lips., in-8% pour la Vie de Raphaël, par H. Fuessli.
|. Voyez Melchiore Missirini, Del verorilraUo di Raff^llo Santio, Roma, iSSt.
PAR RAPHAËL A ROME. HO
— Fr. John; in>12, pour la Aglaja. — Liih. par Pilotj« grand in-fulio. —
Nie. SCriiner, grand in-folio. ^ Très-bien dessiné par W. Flachenecker, litbogr.
par Jos. Selb.
Nous avons tu deui uidennes copies de ce portrait, Tune au palais
Sarazani à Sienne, et l'autre dans la collection du cavalière Carminé Lan-
ceiotti, à Naples.
89. Madone de la galerie Bridgewater.
Tableau peint sar bois, et depuis transporté lor toile. H., 81*' 9'**; 1.^ if* 3***.
Figures jusqu'aux genoux.
La Vierge, tournée à gauche» tient l'enfant Jésus couché en travers sur
ses genoux et sur son bras droit; elle pose sa main gauche «ur sa poi-
trine. L'enfant Jésus, vif de mouvement, saisit de la main droite le voile
de sa mère, en levant ses regards vers celle-ci qui le contemple avec
amour.
Le dessin et le modelé sont excellents, surtout dans l'enfant Jésus, et
l'on ne saurait s'imaginer une ligne plus belle que celle de la figure de
cet enfant, à partir de l'épaule jusqu'au bout du pied. Les chairs sont
rendues en beaucoup d'endroits avec une extrême légèreté de pâte. C'est
peut-être aussi le résultat du nettoyage, de telle sorte que l'on aperçoit
çà et là sous la couleur le trait du dessin primitif. Quelques parties du
tableau offrent aussi des repeints.
Ce tableau ravissant passa de la collection de Seignelay dans la galerie
d'Orléans; il fut alors transporté sur toile par Hacquin. Le duc de Brid-
gewater l'acheta à Londres, pour 3,000 liv. sterl., et le plaça dans sa ga-
lerie, qui est souvent désignée sous le nom de son héritier, le marquis
de Stafford. Actuellement, le tableau appartient à lord Ellesmere *.
GaAVORXS : A.-L. Bomanet, petit in-folio, pour la Galerie d'Orliam. — Nie. de
Larmessin, in-folio, pour le Cabinet Crosal — N. Boulanger ou J. Boulanger,
grand in-folio, avec un fond de paysage. — Chez De Poilly, grand in-folio, avec
i'JnscripliOD : Dilectut meuê mihi et ego itti. — F. PolHy sculp. et exe, avec la
suieription : Virgitti maiti. Ovale. — G. Heinzmann, dans un ovale couronné dé
fleurs, et au-dessous une vue du monastère de Suben, petit in-folio. — Nie. Gui-
detti. Roma, '1827, suscrip'tion : Mater amabUit. — G. L. Scbuller, 18*27. — Lo-
ricbon, 183^ : Madonna du palaii Bridgewater, in-folio. — Carlo Cattaneo. Au
pointillé, petit in-folio. — J -Y. Dulmer, petit in-folio. Faible. — Litbogr. par
P. M. Ocbse, in-folio. -« D'après la copie de Naples, GaravagUo dis., Faustioo
Anderloni incis. 1824, petit in-folio. — - Landon, n* 145.
Une première et légère esquisse pour cette Vierge se trouve dans la
collection de Florence.
1 . If* 38 du Catalogue (1 856) de la collection, qui continue toujours à s* appeler Bridgewater
GaUefyt quoiqu'elle ait passé depuis la mort du duc de Bridgewater à lord Francis Egerton, second
fils de lord Stafford, et depuis la mort de lord F. Egerton à lord Ellesmere. — M. Waagen
attriSme à l'opération du rentoilage « le mauvais état dans lequel est le tableau. • -^ [Noté
de VidUewr.)
i30 PEINTURES EXÉCUTÉES
Un autre dessin avec deux Vierges d'une semblable composition
trouve dans la collection du Louvre.
Copies anciennes de ce tableau*
a.) Au musée de Naples. Sur bois. H. 3 palmes 4"; 1. 2 palmes 5".
D'un beau dessin, mais froid de couleur.
Gravé par Anderloni.
6.) Au palais Pallavicini, a Gènes.
c.) Au musée de Berlin, n» 267. H. 30" ; 1. 23. Sur bois.
(i.) Dans la collection du château de Gotha, par Battoni.
e,) A l'Institut de Staedel, à Francfort-sur-Mein, avec un fond de
paysage, qui laisse supposer que la copie fut faite en France au seizième
siècle.
f,) Dans la collection du comte Hippolyte Villain XIV, à Bruxelles.
11 se trouve encore en Allemagne beaucoup d'autres copies anciennes
de cette Madone, mais il serait trop long de les énumérer toutes ici.
90. Madone avec F Enfant debout.
Tableau peint sur bois, puis transporté sur toile. H., 30 ; 1., 14. Figure jusqu^aux genoux.
La Vierge, assise sur un banc, où se tient aussi l'enfant Jésus debout ,
serre avec amour son fils contre sa poitrine, en lui tenant le pied avec la
main gauche. L'enfant enlace le cou de sa mère et regarde en souriant
hors du tableau, tandis que la Vierge baisse les yeux, dans une joyeuse
contemplation. Au fond, un coin de paysage.
Ce tableau a malheureusement beaucoup souffert; il est tellement usé
en quelques endroits, qu'il ne reste que Tébauche. — L'état déplorable de
cette peinture a pourtant cet avantage, qu'il permet de voir la manière de
peindre du maître. Ici, on voit qu*il préparait d'abord les chairs très-
transparentes dans les .ombres, rougeâtres dans les demi- teintes, et d'un
blanc presque pur dans les clairs ; ensuite, il repassait avec une pâte
aussi légère que des glacis et il obtenait ainsi la vigueur du ton, tout en
conservant l'aspect lumineux de son coloris.
M. Willet acquit ce tableau à la vente de la galerie d'Orléans , pour
130 liy. sterl. M. Henry Hope et le poète Samuel Rogers le possédèrent
plus tard, et aujourd'hui il se trouve dans la collection de M. R. J. Mack-
intosh S à Londres.
Grayurks : C. Da Flos, petit in-folio. — Jean-Charles Flipart, petit in-folio,
pour le Cahinel Crozat. — J. Bouillard, pour la Galerie d'Orléam. •— L. Petit,
1. A la yente de Samuel Rogers tl856), ce tableau aurait été acquis par M. R. J. Mack-
intosh, suivant le Catalogue de Texhibition de Manchester (u° 140). Suivant le Timei^ dans
son compte rendu de l'exhibition, cette Madone appartient à miss Burdett Coutts (toir Triton
d'artj etc., par W. Burger, p. 58). — {Note de l'éditeur.)
PAR RAPHAËL A ROME 191
in-8*. ~ Nie. Guidctli. Romœ, 18^27, grand in-folio. — Marco Zignani inc, 1837,
peut in-folio, avec une dédicace à Raphaël Morghen. — M"* Gérard. Au poin-
tillé. — P. W. Tomkins. Au pointillé, d'après le tableau chez Henry Hope. Esq.,
petit in-folio. — F. W. Duliner. Au pointillé , dans un ovale, in-8*. — Jos. Ber-
kowitz, d'après la copie du tableau, appartenant au prince Esterhazy, et attri-
buée à Timoleo Yiti, in-folio. — De môme, à l'eau-forte, par Legran, du côté
opposé, petit in-folio. — La Madotma àeUe Torre, W. H. Wan del. et sculp., 1847^
in-folio. — Landon, n" 325.
Dans la maison J.-B. Ceccomant , à Pérouse, se trouvait autrefois le
carton original de ce tableau. (Voy. Guida al Forestière per la Citlà di
Perugia, 1784, p. iil.) Ce carton est actuellement en Angleterre. Vendu
dans une enchère à Londres, pour une liv. sterl., à un doreur, il passa en-
suite dans les mains du peintre de pastel hongrois, Brocky, qui le res-
taura et le céda en 1843 à M. Colnaghi. Il figura depuis dans le cabinet de
M. Cunningham et fut vendu à l'enchère, en 1849, pour 283 liv. sterl.
iO schell. 11 se trouve à présent dans la collection du capitaine Stirling, à
Londres. Ce carton , exécuté au fusin et à la pierre noire , est tellement
dans la manière de fra Barloloroeo, que Ton pourrait croire qu'il a été
desâné par Raphaël à la un de son séjour à Florence, en 1508, époque à
laquelle il imita ce grand maître.
Lithogr. en fac-similé par Th. Fairland, 1843. Grand in-folio.
Le même carton a vraisemblablement servi à Paris Alfani, Tami de
Raphaël, lorsqu'il exécuta son beau tableau d'autel pour l'église de la
Sapienza Yecchia, à Pérouse, car la partie supérieure de ce tableau, qui
représente la Vierge assise sur un trône entourée de deux anges, est évi-
demment empruntée à la composition de Raphaël. Dans la bordure de la
robe, on lit cette inscription : AO. D. MDXVIIL DOMENICVS. FECIT.
Anciennes copies de ce tableau.
a.) Au palais Borghèse, à Rome, attribuée à Jules Romain.
h.) Au même palais, par Sassoferrato.
c.) Au palais Albani, à Rome.
d.) Dans la collection de l'académie Carrara, à Bergame.
e.) Dans la galerie du prince Esterhazy de Galantha, à Vienne, attribuée
à Timoteo Viti.
Gravée par Jos. Berkowitz. — A l'eau-forte, du côté opposé, par Legran.
91. La Sainte Famille, de Naples.
Sur boii. H., 5 palmes 3"; 1., 4 palmes 3".
La Vierge, assise à terre, et vue presque de profil, regarde, en joignant
les mains, l'entant Jésus assis sur ses genoux. Sainte Elisabeth, assise à
droite, prend une main de l'Enfant divin, comme pour l'engager a bénir
le petit saint Jean agenouillé devant lui. Ce dernier tient sa petite
iU PEINTURES EXÉCUTÉES
croix de jonc dans une main et pose Tautre main Bur sa poitrine, eo
digne d'adoration: On voit saint ioeeph qui passe dans les constructions
du fond.
Ce tableau, parfaitement conservé, est tout entier, ou du moins dans
ses parties principales, de la main même de Raphaël. La Vierge et l'En-
fant sont supérieurement bien dessinés et modelés, f /expression de sainte
Elisabeth est remplie de bonté et de dignité. Le ton général de la pein-
ture est tempéré et transparent, mais très-vigoureux dans les ombres. Les
chairs de l'Enfant et de la Vierge ont un éclat blanchâtre dans les clairs,
elles tournent au rougeâtre dans les deroi4eintes, et les ombres ont un
ton transparent, jouant entre le gris et le brun. Le petit saint Jean est
d'un coloris plus puissant et plus rougeâtre encore ; l;e coloris , dans la
figure de sainte Elisabeth , passe au brun jaune.
Raphaël peignit ce pré>cieux tableau pour Leonello da Carpi Signore da
Meldola. Lucio Marco le décrit dans son ouvrage, intitulé : Le Antichità di
Rama, Ulisse Aldrovanti qui en parle aussi dans son traité , dellê Statue
antiche , etc. (Venezia, 1558, p. 208), dit qu'il était encore « in casa del
Reverendissimo di Carpi s (cardinal Ridolil Pio di Carpi).
Plus tard, il passa dans la galerie Farnèse, à Parme, et en dernier lieu
il. échut en héritage au roi des Deux-Siciles, Ferdinand ]«^ En 1805^
lorsque Naples allait être envahije par les armées françaises, la reine em-
porta ce tableau, avec d'autres objets précieux, à Palerme, et de là à
Vienne, en passant par Constantinople. Le tableau de Raphaël ne revint à
Naples qu'après la mort de cette princesse.
Dans le même musée à Naples, on conserve aussi le carton original, le-
quel provient également de la galerie Farnèse. Il est dessiné au crayon noir
et blanc. Comme il avait beaucoup souffert, non-seulement il a été forte-
ment retravaillé, mais encore on a dû rétablir un morceau qui manquait
au côté gauche de la composition.
Gravures : Du côté opposé, Pétri Pauli Palumbi Novarlcnsis formis, Romœ.
1571, in-folio. Retouchée par Gasp. Albertt. — Guillelmus Vallet. Raph. pin\.
Ronoie , in palalio Farpesio. Avec et sans armos. £n contre-partie. In-foIio. —
GuiglielmoMorghen, Napolitano, grand in-folio. — La Bénédietianf Deinoyers deU,
C. Lorichon sculp., 1R44, grand in-folio.
La même composition, esquisse primitive de Raphaël^ sans le saint Jo-
seph, avec un fond de paysage, où Ton voit un palmier.
Gravée par Marc-Antoine. Bart.<«ch, t. XIV, n* 62. nommée : La Vierge au Pa/-
•nÙT.— Copie A.,, dans le genre de Marco da Ravenna. — Copie B, du côté opposé
— Lan don, n" 294.
Un dessin de cette même composition a passé de la collection W. Roscoe
dans celle de M. Esdaile, à Clapham, près Londres.
Copies anciennes de cette peinture,
a.) Dans la collection de lord Spencer, à sa résidence d'AlthorPi il y
PAR RAPHAËL A ROME. If3
poe belle copie très-fraîche de coloria. C6 tableau provient d'une noble
maison de Bologne, où il était depuia longtemps et où il passait pour
roriginal de Raphaël. Cette circonstance et le faire de cette peinture per-
mettent de croire que c'est la même copie que, selon Vasari» Innocenzio
da Imola avait exécutée à Bologne.
6.) Dans la collection de M. Miles» à Leight Court, près de Bristol. Avec
des différences. Pour fond un paysage, où Ton voit saint Joseph. Il existe
une gravure de ce tableau : Raphaël d'Urbin pint. Romœ, chez Vallet.
ln-4^
c.) An palais de Madrid. H. 4'» 3*'; 1. 3*, 5". Selon la lettre de
R. Mengs à Ant. Ponz , cette copie pourrait être de Jules Romain. Cest
probablement celle que nous avons vue dans la sacristie de Téglise S. Lau-
renzo, à rEscurial. Elle a un fond qui diffère de celui de l'original et elle
est peinte sur toile.
d.) Au palais de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg. Selon VArt et
f Antiquité à Saint-Pétenbourg , de Hand, t. I, p. 99, cette copie pro-
viendrait de la galerie de Casse}. D'autres croient avec plus de raison
qu'elle était autrefois dans le palais du Quirinal et qu'elle a passé depuis
dans la galerie de la Malmaison. Voyez le catalogue de J. H. Schnitzlerj
pag.116.
e.] Dans l'ancienne galerie du cardinal Fescb, à Rome, se trouvait une
copie^ de la grandeur de l'original, et une autre beaucoup plus petite,
d'une beauté extraordinaire. Ne serait-ce pas la copie que Rehberg avait
vue au palais Belgiojoso, à Milan, où elle était qualifiée : 11 Cameo di
Raffaello ?
/.) Dans la villa Pamûli^ près de Rome. Cette copie n'est pas très-
bonne.
g.) Dans la collection du cavalière Camuccini \ à Roiqc. Cette copie est
d'une telle beauté, qu*on l'attribue à Jules Romain. H est possible que ce
soit ce tableau d'après lequel J. G. Jacobini exécuta sa gravure à Rome,
en 1727.
h,) Dans la succession du graveur Giuseppe Longhi, à Milan. Cette copie
est très-belle, et on l'attribue à G. Franc. Penni.
Gravée par Gius. Longhi, 1827. Grand in-fol.
I.) Dans la collection du marquis de Cambis, à Avignon. C'est une bonne
et ancienne copie que l'on présente comme l'original.
;.) Au musée de Berlin. Elle semble avoir été peinte par un vieux maître
n^rlandais.
1. Nous croyons que cette collection a été dispersée après la mort du peintre Camuccini, qyi
Tarait formée pour être à même de rendre des tableaux de prix aux riches étrangers que sa
répBUtioti amenait dans son atelier et dans sa galerie. Ces tableaux étaient la plupart fetra^
viiUés ?t <|iiel4|itêfojt entièreioent «outeiis de repeints. -« ( Note d$ l'idii^^.)
124 PEINTURES EXÉCUTÉES
k.) Dans la collection du château de Gotha.
l.) 11 existe encore en Allemagne plusieurs autres copies de cette com-
position, venant de France la plupart, d'après lesquelles ont été exécutées
différentes gravures anciennes et modernes, dont nous citerons seulement
les suivantes : Nie. Pitau. Paris, 1662. In-fol. Du côté opposé. — Dessiné
par C. Cesio, grav. par Guil. Vallet. — M.-T. Rousselet sculp. 1n-fol. —
G. Gavedoni. Petit in-fol. Faible. -— Claudine Ant. Bouzounet Stella, avec uo
palmier à dattes, sur la droite. H. 3" 3"'; I. 2" 2'". — August Neureu-
ther exe. In-fol. — Lith. par F. Rehberg. — La tête de la Vierge seule,
presque de grandeur naturelle, gravée par F. Poilly, dans un ovale. Virgin.
Matri. Grand in-fol.
Dans la Pinacothèque de Bologne se trouve une libre imitation de cette
Madone, par Innocenzio da Imola.
Gravée par F. Rosaspina, pour la cinquième livraison de la PinaeoUcadi Uoiogna.
92. La Vierge au Poisson,
Peint sur bois, puis transporté sur toile. H.. 6' 7"; 1., 4' il*' 6*".
La Vierge, assise sur un trône, a sur ses genoux l'enfant Jésus, qui se
penche affectueusement vers le jeune Tobie. Celui-ci, qui tient dans ses
mains un poisson, est présenté au Fils de Dieu par l'ange Raphaël. A droite,
on voit debout, près du trône, saint Jérôme, son lion à ses pieds, lisant
dans un grand livre, sur les feuillets duquel l'enfant Jésus a posé sa maio.
Un grand rideau forme le fond; on aperçoit seulement un peu de ciel à
droite.
Ou pourrait croire, d'après Vasari, que Raphaël a peint ce tableau à
Naples : a Fece a Napoli una tavola, la quale fu posta in S. Domenico
nella cappella dov' è il Crocifîsso che parlé a san Tommaso d'Aquino. »
Mais ce même écrivain dit ailleurs, dans sa propre biographie, que rien de
remarquable en peinture ne s'était fait à Naples depuis le Giotto, quoique
l'on y eût envoyé différents tableaux d'autel du Pérugin et de Raphaël.
Cette déclaration, si explicite de Vasari, nous semble mettre fin à toutes
les controverses qui pourraient naître de sa première assertion.
Don Francesco Capecelatro, dans ses Ânnali délia citlà d% Napoli (Na-
poli, i849, p. 139), rapporte les faits suivants sous l'année 1638 : a Le vice-
roi, duc de Médina, lequel, à l'instar de son prédécesseur Monterey, dési-
rait déployer un grand luxe dans la décoration de son palais» eut l'idée
de réunir différents tableaux de maîtres pour en former une galerie. Afin
d'atteindre ce but, avec le concours du Père Ridolfî, général de^ domini-
cains, il fit sortir de l'église du couvent de ces religieux deux tableaux
très-hautement estimés : l'un, le célèbre Tobié, par Raphaël, ornait la
chapelle de la famille del Doce; l'autre était une des plus belles œuvres
de Lucas de Leyde. Dans l'église Santa Maria délia Sanità, il prit, en outre,
un second tableau de Raphaël, avec le seul consentement du prince de
PAR RAPHAËL A ROME. 125
Behédère^ un des intendants des Incurabili, sans avoir égard à l'opposi-
tion des autres administrateurs de Thospice; il enleva de leur église,
pendant la nuit, un magnifique tableau de Jules Romain, que don Pedro
de Tolède avait donné à cette église, sur la demande de Philippe II. v — -
Sous la date du 7 octobre i64â, l'agent de Toscane, Vincenzo Muzzi, écri-
vait à son gouvernement : « Jeudi dernier, le vice-roi (duc de Médina) or*
donna au prieur du couvent de Saint-Dominique de quitter en peu d'heures
le royaume de Naples, et le fit conduire par cinquante cavaliers jusqu'à la
frontière, parce que ce prieur avait adressé à Rome différentes plaintes
contre Ridolfi, général des dominicains. Parmi ces plaintes, on cite celle
qui accuse le padre général d'avoir, pendant sou séjour à Naples, donné
au vice-roi un précieui tableau appartenant à l'église de S. Domenico. »
Voyez F. Palermo, dans ses NarraziorU e Documenli stUla storia del regno
diNapoli (Firenze, 4846, p. 325).
La chapelle consacrée à sainte Rose, dans laquelle se trouvait le tableau,
passa de la famille Acerra à celle de Maramaldi, et ensuite à celle de del
Doçe. Voyez la description de S. Domenico Maggiore, dans l'ouvrage de
Volpicella : Descrizione storica di alcuni jprincipali de* principàli edificii
diUa ciUà di Napoli (Napoli, 1850, p. 246-250, 413-414). — Le tableau de
la Vierge au Poisson, que le vice-roi, duc de Médina, avait emporté de
Naples en Espagne, vers 1644, devint, en 1656, la propriété du roi Phi-
lippe IV, qui le fit placer à l'Escurial. C'est aussi là qu'il reçut le nom de
la Firgen del Pez; puis/ comme le tableau était formé de cinq panneaux
collés ensemble, on Je surnomma aussi : El quadro de las cinco tabloê.
Les Français, qui occupaient l'Espagne, étant forcés d'évacuer la pénin-
sule en 1813, emportèrent avec eux le tableau de la Vierge au Poisson et
\t tirent parvenir à Paris en assez mauvais état. La, il dut être soigneuse-
BKDt transporté de son panneau vermoulu sur la toile, par les soins de
BoDneroaison, peintre et restaurateur de tableaux. Lors du traité de Paris
de 1815, la restauration du tableau n'était pas encore terminée; elle fut
continuée par le même artiste, à la prière du duc de Wellington. Cest
seulement en 1822 que ce tableau fut déposé, avec les quatre autres ta-
bleaux de Raphaël, également tirés d'Espagne, dans l'hôtel du marquis
d'Almenara, à Paris, d'où il retourna en Espagne.
11 était encore à Paris, dans l'atelier de M. Bonnemaison, lorsque nous
eo avons admiré la sublime beauté, car il est, dans ses parties principales,
peint entièrement de la main de Raphaël. Nous l'avons revu à Madrid en
1852, et le souvenir de la grande impression qu'il avait produite sur nous
trente ans auparavant s'est ravivé et fortifié.
Ce tableau, d'un ton presque aussi clair que la Madonna di San Sisto, à
Dresde, surpasse peut-être encore ce chef-d'œuvre par l'expression des
ûgures. 11 eût été impossible de mieux rendre, en effet, la majesté de la
1S6 PEINTURES EXÉCUTÉES
Vierge > la bontés le sérieux^ la sérénité de l'enfant Jésus, la prière tulé-
laire de Tange, la timide aspiration du jeune Tobie, la mâle dignité du
saint Jérôme. Quant à la disposition des couleurs, elle est d*un grandiose
et d'une harmonie incomparables. Dans le milieu de la composition, l'œil
se repose sur le ton bleu modéré, mais vigoureux, de l'ample draperie de
la Vierge, et rehaussé par le blanc lumineux de son ?oile. A gauche, le
jaune d'or éclatant des vêtements du jeune Tobie contraste avec le rouge
vif des vêtements du saint Jérôme. Le ton vert rompu du rideau du fond et
i'asur du ciel laissent ressortir avec énergie les autres couleurs du premier
plan, avec lesquelles le ton jaunâtre des marches du trône et du parquet
amènent une liaison admirable. Puis, les teintes intermédiaires vieDoeot
compléter le charme harmonieux de l'ensemble. Raphaël n'a pas de rival
dans cette science de l'harmonie des couleurs. Les grands maîtres vénitiens
sont sans doute plus riches et plus puissants de coloris, mais ils n'ont
presque jamais dans le tou général de la peinture le calme et la dignité
que possède le peintre d'Urbin.
Le tableau a souffert en quelques endroits, lorsqu'il fut transporté de
son panneau sur toile à Paris, par Bonnemaison K Beaucoup de retouches,
surtout dans la draperie de la Vierge, forment des taches. Les cheveux de
range et du jeune Tobie, qui se détachaient sur le fond, ont été trop net-
toyés, de sorte que ces deux têtes ont beaucoup perdu de leur caractère
primitif. On pourrait encore remarquer d'autres légères détériorations
dans les détails. Mais, au demeurant, le tableau est pourtant encore
d'une conservation satisfaisante , et il fait le plus bel ornement de la
galerie italienne du musée de Madrid *.
Nous avons dit, dans notre histoire de Raphaël, tout ce qui était néces-
saire pour expliquer la composition de ce tableau. Quant à la bizarrerie
du sujet, nous citerons encore l'opinion assez spécieuse de M. Jos. Henry
qui a publié un opuscule sur la Vierge au Poisson. Selon lui, les figures
de saint Jérôme et du jeune Tobie sont placées ailégoriquement dans ce
tableau pour indiquer que le Livre de Tobie doit être admis parmi les
livres sacrés, car ce fut saint Jérôme qui, en traduisant ce livre dans ta
Vulgate, a principalement contribué à l'incorporer dans la Bible. M. Jos.
Henry a cru voir dans le mouvement bienveillant de l'enfant Jésus, qui
étend sa main sur la version latine de saint Jérôme, le témoignage d'une
divine approbation en faveur du Livre de Tobie. La Vierge néanmoins.
( . Le tableau avait été restauré antérieurement ; car le bras de saint Ijérôme a reçu une
roancbette de denieUes à l'espagnole, que Raphaël ne lui avait |»as dounée originaimtent, mais
qvi a pu paraître obUgatoire à la dignité d*«iB cardinal, d'après les loi» 4« rétiquetle an Es-
pagne sous Philippe lY. «
2. Voir tome I^ page 190.
PAR RAPHAËL A ROME. 127
qui représente TÉgliie, hésite à faire entrer ce livre dans ilËcrtture sainte^
puisqu'elle semble se détourner de saint JéHSme.
Od doit reconnaître que saint lérôme^ par sa traduction du Livre de
Tobie, a, en quelque sorte^ certaine affiliation naturelle avec ce person-
vmt biblique; mais l'explication de M. Jos. Henry n'en est pas pour cela
moins singulière , et cette nouvelle n\aûière de faire penser et composer
Raphaël accuse une recherche de symbolisme théotogique , qui ne se
(rouve pas dans ses esuvres.
On a publié en Fraiice, au sujet de ce tableau célèbre, un autre opus-
oile explicatif, sous œ titre : la Vierge au Poisson de Raphaël, explica*
tioD nouvelle de ce tableau avec plusieurs dessins, par P.-C. Belloc (Paris
et Lyon, 4833). Cest une médiocre dissertation, dans laquelle Tauteur
cherche à prouver principalement que les dgures de l'ange Raphaét et du
jeune Tobîe symbolisent l'ange gardien.
GiULViniBS : Fernando Selma, 1783. in-folio. — Prancesco Bartolozzi sculp.,
m-4*, — Le baron Boucher Detaoyen, 1022, in-folio. — Fred. Lignon fac., 18fô,
iii-foUo. — D'après un dassio de Cbatillon ei sous sa direeikHi, ffwé à la rou-
lette, in-folio. — Pierre Pelée, 1852, petit in-folio. ^ J. M. Eiuing-Muller, gran4
in-fol. — H. Steinla, 1856, grand in-fol — Le trait du tableau et quelques délai U
téparés, à la manière du erayon, dans la Suite d'Êtydes ealquiêi et deuinies d'apris
tmq tnàieamx dw BaphitH^ «le, par M. Emérie David, etc. Paria, lfô3, ehei M. Bon-
oemaiâoa. ~ Landoo, n* 295.
La Vierge seule avec l'Enfant , par Caronni, avec la suscription : Âialer amabiiis,
ln-4. — De même, l'Enfant sur un coussin , par Corn. Bus. ln-8. — De même,
assis sous une tente. Gravé sur bois, par H. S. Beham. Bartsch, n* 121.
D'après un dessin de Aapbaël, dans la mamère de Marco da Eavenaa, et copie,
Bartscb, t. XIV, n» 54.
Dans la collection de Florence , il y a une esquisse à la sanguine
d'après des modèles^ sans l'Enfant^ mais dont l'originalité est très-dou-
tease.
Ce n'est pan non plus un original que le de^iu entiëreotent retouché au
bistre de la Vierge au Poissou, qui se trouvait dans la collection JUiva*eoce,
et qui, dans la Tente du roi de iiolluule, s'est vendu 5d0 florins. Ce de&iu
est retourné en Angleterre.
Une copie du tableau, laite autrefois en Espagne, figure dans la colleo-
lioa de Tacadémie à Valladolid.
93, La Chambre d'Héliodore, au Vatican.
1512 à 1514.
On sait que cette chambre avait d'abord été ornée de peintures de
l^etro délia Fraoeesea et de Bramantino, peintures qui furent abattues
par les ordres du pape, afin de faire plaee à celles de Raphaël. Les sujets
que le Bramantino et Pietro délia Francesca y avaient peints sont ineon-
Qus; nous savons seulement, par Vasari, que ces tableaux offraient beau-
coup de portraits de perscmnages célèbres, entre autres les condottieri
i2g PIÎINTURES EXÉCUTÉES
Francesco Garpagnuola et Nîccolô Fortebraccio, le savant cardinal
rion, le cardinal Giovanni Yitellesco, fameux par la cruelle destruction de
Palestrina.etc. — Raphaël, avant qu'on détruisît ces fresques, en fît faire
des copies^ qui passèrent, de Tatelier de son élève Jules Romain, dans la
collection de Paolo Giovio, à Côme. D'aprèâ des renseignements que nous
avons lieu de croire certains, ces copies se trouvaient en i83i dans la suc*
cession de l'auteur de la f^ie de Léon X^ feu M. W. Roscoe, à Liverpool.
Il faut remarquer cependant que Raphaël laissa subsister, dans la salle
qu'il devait décorer à nouveau, les petits sujets antiques en grisaiUe^
rehaussés d'or, servant d'encadrement aux peintures du plafond. H ne
peignit que les quatre champs de la voûte, et, pour donner à ses pein*
tures un aspect plus léger, il simula des toiles tendues sur lesquelles se
déploient quatre grandes compositions. Il reçut 1,200 ducats d'or, pour
prix de son travail. Mengs avait dit avant noils, dans son ouvrage : Memorie
sul Correggio: « Raffaello da Urbino ebbe per le insigni opère délie camere
Vaticane 1,200 scudi d*oro per ciascuna Stanza. n
Ce fut leiy août 15i4/que Raphaël reçut 100 ducats qui lui restaient
dus sur cette somme. Ce fait ressort du livre de comptes, tenu par B. da
Bibiena, cardinal de S. Maria in Portico (Entrata e uscita di tutti li danarî
per la rev. fabbrica di S. Pietro, etc.), duquel livre de comptes
Alexandre VII se fit faire une copie par C. A. Dondini, secrétaire des
Bâtiments, qui se trouve dans la bibliothèque Chigi, sous cette cote
H. 11. 22. (Voy. Elogio storico di Raf. Santi^ de Pungileoni, p. 163.)
Tout le plafond de la salle a été gravé par Franc. Aqnila, pour ses Pietune, elc
Gr. planche.— Par Montagnani, 1830. — Par Ludwig Gniner, 1841. Grand in-fol.
94. Dieu apparaît à Noe.
Peinture au plafond.
Le Père Éternel descend du ciel, accompagné de deux petits anges, pour
donner un ordre à Noé, qui est agenouillé à ferre devant lui, dans une
profonde adoration/ Il s'agit vraisemblablement du déluge et de la con-
struction de l'arche. Noé a son jeune fils auprès de lui ; ses deux autres
fils simt avec leur mère, qui regarde, de la porte de sa maison, en tenant
le plus jeune dans ses bras. Ce tableau avait été expliqué tout autrement : *
Vasari y voit Dieu annonçant à Abraham qu'il sera père d'une nombreuse
progéniture. Montagnani y voit Noé adorant l'Ëternel, à la sortie de
l'arche.
Mais aucune de ces deux dernières explications n'est satisfaisante. Ra-
phaël a mis dans sa composition trois enfants, dont un en bas âge : or,
Abraham n'avait que deux fils, Isaac et Ismaël, et à la sortie de l'arche
les trois fils de Noé étaient déjà mariés. — Nous ne saurions donc trouver
aucun passage de l'Écriture sainte qui se rapporte à ce tableau, si ce n'est
PAR RAPHAËL A ROME. 429
celui-ci : « Mais Noé trouva grâce devant le Seigneur, et eut trois fils^
Sem^ Cbara et Japhet. »
Cette fresque est devenue trè»-pâle, à cause de la mauvaise prépa-
ration de l'enduit sur lequel elle a été exécutée. On remarque la même
altération dans les autres fresques du plafond.
GaAVDRss : Franc. Aquila, pour ses Pieturœ, etc. — Michel CorDeille, in-folio
en largeur. — S. Bouillemont, Abraham bini dan» ia poslériUf in-fol. en largeur.
» Jobannes Alexander, 1717, à l'ean-forte , in-folio en largeur. — An trait, par
Franc. Giangiacomo. — Landon, n" 344.
Gravé d'après un dessin de Raphaël en hauteur, par Marc-Antoine. Bartsch ,
t XIY, n* 3, où sont indiquées aussi trois copies de cetle estampe, deux en contre-
partie. — D'après un defisin absolument semblable à la gravure de Marc-Antoine,
dans le cabinet de H. Praun, à Nuremberg, gravé par J. Th. Preslel, in-fol. —
A l'eau-forte, par Y. Denon, n* 4, in-folio.
95. Le Sacrifice â! Abraham.
Fresque du plafond.
Abraham tient son fils Isaac agenouillé sur un autel de pierre et il s'ap-
prête à accomplir le sacrifice^ mais un ange lui arrête le bras. Un autre
ange descend perpendiculairement du ciel, la tête en bas^ en apportant le
bélier qui doit remplacer la victime. Raphaël a représenté trois ou quatre
fois un ange qui vole la tête en bas et qui présente de la sorte des rac-
courcis assez disgracieux^ notamment dans la Vierge au Baldaquin, dans
les Sibylles à S. Maria délia Face, etc. Cette particularité est d'autant plus
surprenante que Raphaël se distingue ordinairement par le caractère de
simplicité et de beauté qu'il donne à ses anges.
Graydubs : Hier. Cock exe. 1552, en hauteur, petit in-folio. — P. Scalberge,
1637. Du côté opposé. En hauteur, petit in-folio. — Joh. Alexander, à l'eau-forte,
1718, in-folio en largeur. — Franc. Aquila, pour ses Pielurœ, etc. — H. Ferroni,
à l'eau-forte. H. 6", 10'"; 1. 7". — Au trait, par F. Giangiacomo. — Landon,
D'après un dessin d'Agostino Yeneziano. Bartsch, t. XIY, n" 5.
Une esquisse à la plume pour Tange» se trouve dans la collection
d'Oxford.
96. Le Songe de Jacob.
Fresque au {dafond.
Le patriarche est endormi à terre sur des pierres plates qui lui servent
de lit. On voit dans les nuages une échelle sur laquelle cinq anges mon-
tent et descendent, et plus haut, dans une gloire peinte en or, Jéhovah, les
bras étendus. Cette composition est la plus faible des quatre fresques au
plafond. Raphaël a traité le même sujet d'une manière bien supérieure
dans les Loges.
Gravubbs: J. Bos del. 1560, Jacob b. b. incid. — Joh. Alessandri, 1718, à
l'eau-forte, in-folio en largeur. — Franc. Aquila, pour ses Piclurœ, etc. — Au trait,
par Franc. Giangiacomo. — Landon, n^ 343.
11. 0
130 PEINTURES EXÉCUTÉES
97. Dieu apparaît à Moïse dans le buisson ardeni.
Fresqae du plafond.
Moïse, encore berger, est agenouillé, couvrant de ses mains son visage,
devant le buisson ardent, des flammes duquel sort le Seigneur entouré
d'anges et de séraphins.
Cette superbe composition, qui a tout le grandiose des œuvres de
Michel-Ânge, est ordonnée avec le sentiment du beau qui appartient à
Raphaël. La peinture de cette fresque est rehaussée d'or, principalement
dans les flammes du buisson. 11 est très-regrettable que les couleurs aient
pâli, comme dans les autres fresques du plafond.
Gravures : Gio. Alessandri, 1718, à Teau-forte, in-folio en largeur. — Frano.
Aquila, pour ses Piciwrœ, etc. — Au trait, par F. Giangiacomo. — Ludwig Gruner,
in-folio en largeur. — G. Audran, avec quelques changements. C'est une œuvre-
de sa vieillesse. H. 20", 1'"; 1. 84", T". — Landon, n« 883.
■
Une magnifique esquisse à la plume pour la figure du Seigneur était
dans la succesion de Lawrence; elle se trouve actuellement dans la col-
lection d'Oxford. Fac-similé dans the italian School of design^ de W. Y.
Otlley.
Le Moïse agenouillé, fragment du carton original dessiné à la pierre
noire et rehaussé de blanc, se trouve au musée de Naples.
Gravé par F. Mori dans les Rieordi di NapoH e del Regno.
98. Héliodore chassé du temple.
Peinture nnirale.
Héliodore, qui youlait s'emparer du trésor gardé dans le temple de Jé-
rusalem, est chassé par les esprits envoyés de Dieu. Yoy. les Machahées,
liv. H, chap. ii, vers. 23-28.
On voit dans Tintérieur du temple le grand-prêtre Onias et le peuple
en prière devant le tabernacle et devant le chandelier à sept branches,
tandis qu'Héliodore est déjà renversé à terre, et que ses soldats s'en-
fuient poursuivis par un cavalier céleste , * accompagné de deux anges
armés de fouets.
Le côté gauche est occupé par le peuple rassemblé, au milieu duquel on
remarque plusieurs femmes qui témoignent le plus vif enthousiasme, à la
vue du secours divin. Au premier plan, le pape Jules 11, plein de majesté,
assis sur son siège porté par quatre hommes, contemple cette scène. On
reconnaît dans le premier des quatre porteurs le célèbre graveur Marc-
Antoine Raimondi, de Bologne. Il n'est pas aussi certain que le second
porteur, vu un peu plus en arrière, soit Jules Romain. Un jeune homme^
placé à côté de Marc- Antoine, tient de la même main sa barrette et une
feuille de parchemin avec cette inscription : Jo, Petro de Foliarïis Cremo-
nens. — Ce Giovanni Pietro de Foliari était secrétaire délie Memoriali^ à la.
PAR BAPUAEL A ROME. 131
cour de Jules IL Nous avons déjà dit dans notre Histoire de Raphaël * que
ce groupe^ étranger au sujet principal, avait été ajouté postérieurement
par le peintre lui-même, pour faire allusion à la vigoureuse entreprise de
Jules n, qui expulsa par la force des armes les usurpateurs des seigneuries
des villes appartenant aux États de TÉglise. Nous renvoyons le lecteur à
ce que nous avons dit au sujet d'une première composition du tableau,
dans laquelle ne se trouve pas le groupe du pape, et nous ne répéterons
pas ici les observations que nous avons faites sur le ton vigoureux de cette
peinture qui se rapporte à la tendance passagère qu'eut alors Raphaël
d'imiter le coloris et la manière du Giorgione. Nous ferons seulement
remarquer que Raphaël a exécuté cette fresque, plus particulièrement
qu'aucune autre, dans cette nouvelle manière dont parle Vasari, manière
que l'on a nommée de nos jours 1^ pittoresque dans la peinture, parce
que Tartiste^ sous prétexte de peindre plus largement, sacrifie la sévérité
dn dessin à l'effet général produit par de grandes masses de lumières et
d'ombres.
Ce faàt seul prouverait que Raphaël fit ce tableau entièrement de
sa main, quoiqu'on n'y reconnaisse pas d'ailleurs son exécution à la fois
achevée et magistrale.
11 est à déplorer que l'enduit sur lequel la fresque a été peinte menace
de se détacher en différents endroits; il faudrait surtout qu'on s'empressât
de consolider la partie ou se trouvent un des anges et le cavalier, pour les
sauver d'une destruction complète.
Gravures : Sans le groupe du pape et de sa suite, dessiné par P. van Lint,
|Tav6 par P. de Bailliu, 2 feuilles, cintrées dans le haut. Grand format. —
Comme ci-dessus , par un anonyme , in-S*. — Différant un peu du tableau ,
vraisemblablement d'après un dessin du Parmigianino, gravé à l'eau-forte , par
And. MeldoUa. A gauche, son nom et RA. VB. (Bartscb, t. XYI, p. 65, n« 67.) —
De même que le tableau, à Teaa-forte, par Carlo Haratti. l*** épreuve avant la
lettre. 2* : Si \endono da Arnoldo Y. Westerhout. 3* : Si vendono da Vincenzo
BiUy in Borna, 2 feuilles grand format. Bartscb, t. XXI, p. 91, n* 13. ^ Franc.
Aquila, pour ses Piclurœj etc., gr. in-fol. — Jac Fricquet exe, avec une dédicace
à G. Perrault, in-folio en largeur. — Job. Y olpato , grand in-folio en largeur. —
G. Mocbetti, petit in-folio en largeur. — Pietro Anderloni, 1832, grand in-folio en
largeur. — Au trait, par F. Giangiacomi , in-folio en largeur. — Landon, n** 62.
Etudes d'après quelques têtes, de grandeur naturelle, sur deux feuilles, par
Bemarteau, à la manière du crayon. — La tête de Marc-Antoine, gravée par
Y. Bichomme, in-folio.
Etudes pour la fresque. ^ Selon Bellori, dans la Vie de Carlo Marutti,
celui-ci aurait possédé un dessin de Raphaël pour l'Héliodore ; ce dessin
. est sans doute celui qui se trouve aujourd'hui chez le conseiller d'État,
M. de Savigny, à Berlin. Cest une première esquisse très-diiïérente du
tableau.
1. Voir t. 1, p. 160-161.
133 PEINTURES EXÉCUTÉES
Études pour deux des femmes du peuple^ à la pierre noire, autrefois
dans la collection Lawrence ; actuellement dans celle d'Oxford. — Fac-
siroile, dans the italian School of design^ de>y. Y. Ottley.
Vasari cite quelques fragments du carton original, qui existaient de son
temps dans la maison Francesco Massini à Gesena; ce sont vraisemblable-
ment les deux têtes d'anges^ qui passèrent des collections Crozat et Ma-
riette dans celle du Louvre. Quant à la télé du cheval, provenant aussi du
carton de Raphaël , autrefois au palais Albani à Rome , elle est actuelle-
ment dans la collection d'Oxford.
99. La Messe de Jîolsène.
Peinture murale.
Ce tableau couvre le mur dont la fenêtre donne sur la cour du Vatican.
Au-dessous de cette fenêtre, Raphaël a représenté une messe dite par un
prêtre sur un autel assez élevé, en présence du pape Urbain IV, qui
figure ici sous les traits de Jules II ; c'est pendant cette messe que s'opère
le miracle qui a, dit-on^ donné naissance à la Fête-Dieu.
A gauche, le peuple étonné; à droite, les porteurs du siège du pape.
On peut voir, dans notre Histoire de Raphaël ^, la description complète de
ce tableau et les réflexions que nous a suggérées l'exécution magistrale de
cette peinture.
Nous ajouterons seulement encore, que la supériorité du maître et ses
études approfondies dans l'art de peindre la fresque se révèlent ici prin-
cipalement dans le côlé droit de cet ouvrage, où sont agenouillés cinq
porteurs du siège papal ; il n'y a pas un trait, pas une touche, qui n'ait
sa signification et son importance. Les têtes-portraits sont merveilleuse-
ment modelées, et tous les détails du costume, comme les velours, les
tresses, les étoffes blanches des habits ecclésiastiques, etc.^ n'ont servi qu'à
faire ressortir davantage cette spirituelle et savante manière d'exécution,
qui restera toujours le meilleur modèle à étudier pour ceux qui traiteront
ce genre de peinture.
Le côté gauche du tableau est d'un faire inégal; peut-être faut-il en ac-
cuser la coopération d'un élève de Raphaël.
Dans le bas, sur l'architrave de la fenêtre, on lit cette inscription :
JVLIVS. 11. LIGVR. PONT. MAX. ANN. CHRIST. MDXIl. PONTIFICAT. SVI. YIIII.
Gravctres: Fr. Aquila, pour ses Piclwœ, etc., grande feuille. — Paolo Fidanza,
in-folio en largeur. — Raph. Morghen, grand in-folio en largeur. Les plus an-
ciennes et les plus belles épreuves sont celles où l'on remarque une brisure dans
la planche au-dessus des tètes des Suisses sur les marches de l'autel. — Nie. Gui*
detti, petit in-folio en largeur. ~~ Au trait, par F. Giangiacomi. Roma, 1809. —
Landon, n« 64.
La tête du cardinal Rafaello Riario fut publiée par Paolo Fidanza, dans
1. Voir t. 1, p. 161-162.
PAR ftAPHAEL A ROME. 133
ses Tétês choisies y etc.^ comme étant le portrait de Fazio Santori da
Vîterbo; ce dernier^ évéque de CescDa, élevé en 4505 à lu dignité de car-
dinal^ était déjà mort en 1510, quatre années avant l'exécution de la
fresque.
Èttàdes, -— Une légère première esquisse polir la partie supérieure de
cette composition est conservée dans la collection Albertine à Vienne.
Lîtbogr. par J. Pilizoti.
Uoe autre esquisse, dans laquelle les cinq porteurs manquent, se trouve
dans la collection d'Oxford.
Un autre dessin analogue, que nous avons vu dans l'ancienne collection
de Sir Tb. Lawrence, n'était point authentique. C. Metz l'a publié dans
son ouvrage : hmitMons^ etc.
100. La Rencontre des hordes d Attila,
Peinture murale.
Attila, roi des Huns, marchait vers Rome à la tête de ses bordes sau-
vages 1, quand tout à coup lui apparurent saint Pierre et saint Paul,
patrons de la ville sainte, en le menaçant de leurs épées flamboyantes.
Celte vision remplit d'effroi le roi des Huns et le força d'accepter les
propositions de Léon I*'' qui l'invitait à quitter l'Italie.
Attila est représenté, au milieu du tableau, sur un cheval noir tacbelé
de blanc; devant lui, deux soldats à pied lui montrent le pape qui viout
à sa rencontre. A droite, on voit deux chefs barbares montés sur des che-
vaux fougueux; un de ces cavaliers est couvert d'une armure d'écaiiles
d'acier, pareille à celles des Sarmates représentées sur la colonne de
Trajan à Rome. Au fond, une foule de soldats sortent d'un défilé de la
montagne et semblent attirés par les sons des cors et par des cris sau-
vages. A gauche, assis sur une haquenée qu'un écuyer conduit par la
bride, s'avance avec calme et dignité le pape Léon \^^ (sous les traits de
Léon X). Il est accompagné de deux cardinaux, en costume d'apparat, et
de deux officiers de sa maison: l'un porte une croix, l'autre une massue.
Toutes les figures du cortège pontifical semblent être des portraits. On
a même cru reconnaître dans le porteur de massue le Pérugin, mais nous
ne saurions admettre cette donnée.
L'exécution de cette fresque est, en général, de la main même du
maître. Cependant le groupe du pape et de sa suite est d'un dessin bien
plus fin et mieux senti, d'une couleur plus vigoureuse et plus transparente,
que la partie du tableau consacrée au groupe d'Attila et de ses Huns.
i. SoiTant rouTrage de Gabriele Bertazzoli \^Sopra il nuofjo ioêiagno di Goternolo)t le
pape Léon I*', étant allé en personne au-detant d'Attila juscju^au fleuve Oglio, près du fort
Gorernolo ou Governo , comme il est dénommé par ban te ^ chant 20 ) ^ aurait déterminé la
retraite des Huns.
f3* PEINTURES EXÉCUTÉES
Néanmoins, toute cette peinture est harmonieuse dans son ensemble
comme dans ses détails.
On a prétendu qu'Attila avait été représenté sous les traits du roi de
France Louis XII. Toutefois c'est là une supposition purement gratuite.
On ne saurait douter que ce sujet ait été choisi pour faire allusion à la
sortie des Français hors de l'Italie, sous le règne de Léon X, ce qui est
d'autant plus probable que le poème latin de Gyraldus, publié par
M.Roscoe,fut composé alors en l'honneur de la retraite des Français, sous
l'allégorie de l'expulsion des Huns, ainsi que nous l'avons déjà fait remar-
quer dans notre Histoire de Raphaël *.
Gravures : Franc. Aquila, pour ses PicUurœ, etc. «— Sam. Bernard. Du côté op-
posé, petit in-folio en largeur. — L. CoUignon, petit in-folio en largeur. — À. Banzo,
in-folio en largeur. — Volpato, grand in-folio en largeur. — 6. Koohetti, petit
in-folio en largeur.— Pietro Anderloni, grand in-folio en largeur.— Franc. Gian-
giacomo, 1809, au trait. — Landon, n" 63. — Le groupe des deux soldats au pre-
mier plan, gravé par A. Proccacini, in-8».
Une toute première esquisse, pour cette fresque, se trouve dans la col-
lection d'Oxford.
Un beau dessin, sans le groupe du pape et de sa suite, fut possédé, en
1^)30, par Gabriel Yendramini à Venise, et ensuite par Carlo Maratti ; il se
trouve aujourd'hui dans la collection du Louvre à Paris.
Gravé par un anonyme, avec une dédicace à la reine Christine de Suède; signé
Angejica Renieri. Côlé opposé. H. 13"; I. 23". — Au trait, par le comte de Caylus.
Une copie de ce dessin fut vendue, en 1850» à La Haye> et passa en
Angleterre.
101. La Délivrance ^e saint Pierre.
Cette fresque, qui couvre le mur dans lequel s'ouvre une fenêtre du
côté du Belvédère, est divisée en trois compartiments : dans le milieu, on
voit, à travers les barreaux de la prison, l'apôtre saint Pierre endormi,
gardé par deux soldats, qui dorment eux-mêmes, appuyés sur leur lance,
pendant qu'un ange, éblouissant de lumière, s'avance pour délivrer Tapôtre.
Le compartiment à droite nous montre saint Pierre, conduit par l'ange et
passant entre deux soldats endormis qui sont couchés sur des degrés, en
dehors de la prison. Au troisième compartiment à gauche, aux portes de
la prison, quatre gardiens s'éveillent et semblent tout étourdis de la fuite
de leur prisonnier. Raphaël a éclairé les deux premiers sujets par la seule
lumière qui émane de l'ange même, et le dernier par la lueur d'une
torche que tient un des soldats et par le reflet de la lune dans un ciel
nuageux. Ces peintures, dont l'effet est saisissant, nous prouvent une fois
i. Voir t. l,p. 164.
PAR RAPHAËL A ROME. n»
de plus que le grand artiste étudiait la nature dans les moindres détails^
et qu'il appliquait aux choses de l'art le résultat de ses observations,
a?ec un sentiment exquis du vrai, du beau et du pittoresque.
L'e&éeution de cette fresque est également large, légère et spirituelle
à la fois. Quelques imperfections, entre autres la lourdeur des mains de
l'ange^ ne peuvent être attribuées qu'à une restauration postérieure.— Sur
la fenêtre on lit cette inscription : leo. x pont. max. ann. christ, mdxiiii.
FO!fTIPICAT. STI. II.
Gbavubbs : Franc. Aquila, dans ses Pielurœ, etc. — Joh. Yolpato, in-folio en
largeur. •»- Pietro Ghigi, 1816, petit In-folio en largeur. — Landon, n* 65.
Dans le genre de Gaapar Reverdinus, seulement la partie du milieu, avec cette
inscription : P0trw Apoiiolu$ ab Herode m eareerem^ etc. Yoy. Heinecke, n*71. —
Par le maître G. D. W., gravé du côté opposé et différant un peu de la fresque.
Dans la prison, il n'y a point de soldats; en dehors, il n'y en a que deux endor-
mis , qui ne sont pas semblables à ceux de l'original, H. 4"; 1. 5", 10"'.
Une esquisse pour cette fresque se trouve dans la collection de Florence.
Une étude pour Tun des gardiens» mais du côté opposé, est dans la col-
lection royale d'Angleterre.
402. Peintures des socles et figures allégoriques
dans la chambre dHéliodore.
La partie inférieure des peintures murales est occupée par onze figures
allégoriques et quatre Termes^ en forme de cariatides. Entre ces Termes
sont des tables de marbre» au-dessous desquelles se trouvent de petits
tableaux^ dont les sujets se rapportent^ ainsi que les figures allégoriques,
à l'industrie des États de l'Église et à sa prospérité.
Les cariatides peintes en grisaille, aussi bien que les petits tableaux en
camaïeu brun doré, ont beaucoup souffert; ils furent en partie refaits par
Carlo Maratti et ses élèves, dans les années 1702 et 1703. On y retrouve
encore néanmoins la composition de Rapbaël.
Les douze figures allégoriques sont les suivantes : la Religion» la Loi,
la Paix, la Protection, laiNoblesse, le Commerce, la Marine, la Navigation,
l'Abondance, la Culture du bétail, l'Agriculture et la Vendange. Ce sont
toutes des figures de femmes, debout, portant sur leurs têtes de petits
cbapiteaux, sur lesquels semble reposer la corniche qui règne au-dessous
des grandes peintures.
Gravures : Remy Yuibert, 13 feuilles grand in-4*. — Gérard Audran, 13 feuilles
in-folio, dont 11 avec des cariatides et % avec quatre Termes ; le titre de : Di-
vm9* iigwre» kUroglyphiques, etc., se trouve sur la première feuille de la suite.—
Elis. Cheron, 12 feuilles grand in-S'', avec la reprodaction de la Flore du palais
Famése. — Par les héritiers de Jer. Wolff, à Augsbourg, 13 feuilles in-folio. —
L. Gruner, 14 feuilles , et une 15* seulement au trait , avec texte anglais , par le
d' H. W. Schulz. London, 1852, in-fol. — Landon. n~ 162, 163, 164 et 165.
Il existe aussi, de la figure allégorique du Gommerce, une gravure ancienne
136 PEINTURES EXÉCUTÉES
anonyme, iD-8o. Puis, par un élève de Marc-Antoine, cinq autres figures, mais
un peu différentes de l'original, qui font partie d'une suite de 24 feuilles, par
le maître au monogramme K.S. — H. 7"; 1. 3". (\!U>y> F. BruUiot DiclUmwê^mér^
des Monogrammes, etc., t. I, p. 368.) — Dans l'ouvrage des gravures sur bois de
Johannes Skippe, contenant 30 feuilles, d'après des maîtres anciens, on a repro-
duit, sur une même feuille, un des Termes et une cariatide en clair-obsour ,
in-««.
Dans la collection du Louvre se trouve le dessin à la sanguine pour la
figure allégorique du Commerce.
Gravé par Caylus, in-8«. Fac-similé par Butarand, 1849, in-folio.
Les petits tableau i en camaïeu brun doré sont presque entièrement
repeints par Carlo Maratti^ mais, comme nous l'avons dit plus baut^ la
composition parait, du moins en partie, être celle de Rapbaêl. Ils se lient
intimement aux figures allégoriques. Ce sont les sujets suivants : 1<* la.
Moisson; ^ Rome protège les arts et les sciences , pendant que Minerve
éloigne la discorde; 3<* l'Agriculture; 4'' la Vendange; S*' le Nettoyage du
blé; 6** l'Abondance^ par le commerce et la loi; 7» la Culture du bétail;
S"" le fleuve du Tibre et Rome; 9** la Marine; 10« deux Guerriers; il^" uae
Matrone avec une jeune fille agenouillée devant elle.
Gravé par Jo. Hieronymus Frezza, 1704, in-folio en largeur.
103. Les embrasures des fenêtres dans la chambre
de rHéliodore.
Les grotesques en grisaille^ rehaussés d'or, et les petits tableaux qui
les accompagnent dans les embrasures des fenêtres de cette chambre
sont très-détériorés^ en partie méconnaissables^ ou tout à fait repeints,
si bien qu'un des derniers nous montre l'homme aux pieds de bronze de
l'Apocalypse^ d'après la gravure en bois d'Albert Durer. A en juger par
quelques vestiges de ces peintures^ ils représentaient les sujets suivants,
que Petrus Sanctus Bartolus a publiés, en 15 feuilles, à Teau-forte, avec
une dédicace à D. Nicolo Simonelli.
a.) Joseph devant Pharaon. Le roi est assis au milieu, sur son trône; à
droite, Joseph est agenouillé ; cinq hommes se tiennent auprès de lui et
cinq autres en face.
Une esquisse pour cette composition, se trouve dans la collection royale
de Stockholm.
6.) La Mer Rouge. A gauche, Moïse frappant la mer de sa verge. Au
milieu. Pharaon à cheval, avec d'autres cavaliers et guerriers.
c.) Moïse reçoit les Tables de la Loi. A droite, il les montre au peuple
d'Israël.
d.) L'Annonciation. La Vierge est assise à droite, près de son lit, un
livre sur ses genoux ; à gauche, se tient debout l'ange Gabriel, une branche
dé lis à la main. La composition primitive nous est vraisemblablement
PAR RAPHAËL A ROME. 137
doDDi'e^ a?ec des diiïérences, dans la gravure d'Eoea Vico, décrite par
RarUcii, t. XVI, p. 282, D» 2.
e.) Un Pape célébrant le sacrifice de la messe, entouré par quatre
prêtres.
f>) L'Empereur Constantin donnant la ville de Rome au pape Syl-
vestre.
Les quatre premiers sujets sont d'une forme oblongue en largeur, les
deux derniers se rapprochent de la forme carrée.
PEINTURES DE RAPHAËL
EXÉCUTÉES A ROME SOCS LÉON X.
1513 A 1520.
104. Por Irait de Phœdra Inghirami.
Sur bois. H. 33'* V"; 1. 23"; deroi-6gure.
Le personnage est tourné à gauche , les regards dirigés vers le haut
(l'œil droit louche fortement). Il tient une plume de la main droite pour
dresser un procès-verbal sur une table couverte d'un tapis, où l'on voit
le papier et l'encrier placés devant lui; car il est ici représenté dans
Texercice de ses fonctions de secrétaire du conclave où Léon X fut élu
pape. Cest en qualité de secrétaire du conclave, qu'il porte un vêtement
rouge et un bonnet de même couleur. A côté de lui, à gauche, est ouvert
UQ livre sur un petit pupitre. Pour fond, une draperie verte. C'est un gros
homme, dans la force de l'âge * : sa physionomie annonce un savant ; ses
mains délicates et grasses témoignent qu'il ne savait pas tenir d'autre arme
que la plume. Ce portrait, éclairé en pleine lumière, et dont le beau mo-
delé apparaît sous les plus délicates demi-teintes, rappelle au premier
coup d'oeil la manière de Jean Holbein. Quant aux accessoires , un peu
1. Le poète Colocci [Opéra hUina^ p. 56) a fait allusion à cet embonpoint dans les vers sui-
vants, qu'il adressa au pape Léon X, lorsque Fhcdra trouva la mort, en 1516, en tombant de
son mulet, qui avait été effrayé par une voiture attelée de buffles :
Hesterno, Léo, luce cum perisset
Orator gravis, et gravis poëta,
Hœredem sibi fecit ex deunce
Erasmum, Beroaldum ex triente,
Ex semisse Juvencium ; Camillo
Nepoti reliquum reliquit assis.
Is vero tumuium replevit unus,
Posteros monumenta ne sequantur.
Filjppo Beroaldo fut le successeur de Phsdra Ingbirami comme garde de la bibliothèque du
Vatican.
438 PEINTURES DE RAPHAËL
plats et fortement glacés, ils semblent être de la main d'un des élèves du
* maître.
Cet intéressant portrait « après avoir, pendant le premier Empira fran-
çais, fait partie du musée Napoléon^ est retourné, depuis 18i5, au palais
Pitti.
Gravurks : Th. délia Croce, in-folio. CMé opposé. — T. ver Grays, in-folio.
pour U RaeeoUa, etc. En contre-partie. — Cdstre Ferreri inc, in-folio, avec de
légères ombres. ~ Par Bardi , pour la Galerie PUU. — Dans le Manuel du Mûêèt
Françait, c'est le n* 19 et non le n« 28, lequel représente le cardinal Bibiena.
lOS. Les Prophètes et les Sibylles.
Fresques à S. Maria dêila Pace à Rome.
Agostino Chigi, riche négociant à Sienne, fit décorer â ses frais la* pre*
mière chapelle à droite de cette église, et chargea Raphaël de peindre sur
le mur, au-dessus de Tarcade qui conduit â Tautel , quatre Prophètes et
autant de Sibylles. Dans la partie supérieure de la composition, on voit de
chaque côté deux Prophètes, dont Tun est debout, l'autre assis; derrière
eux, un ange, et encore un petit ange volant dans le haut D'un côté, à
gauche, est assis le jeune prophète Daniel, tenant une tablette et regardant
d'un air extatique celle que tient le roi David, yêtu comme On prêtre. Sur
cette tablette on lit : RESYRREXI. ET. ADHVC. SVM. TECVM. Derrière
eux est un ange debout, dont le mouvement exprime l'admiration, et dans
le haut vole un autre petit ange. De Tautre côté, à droite, est debout le
prophète Jonas, les regards levés vers le ciel, et près de lui est assis Osée^
indiquant du geste l'inscription qu'on lit sur la tablette : SVSCITABIT,
EVM. DEYS. POST. BIDVM. DIB. TERTIA. Derrière eux est un ange mon-
trant le ciel, et au-dessus de lui, un petit ange qui vole. — Chasteau,
dans la gravure qu'il a faite d'après cette peinture, a nommé ce dernier
prophète : Habacuc; mais le texte de l'inscription, emprunté de l'Ëpitre de
saint Paul aux Corinthiens, chap. XV, v. A, se rapporte au passage du
chap. VI, V. 3 du prophète Osée. S'il n>st pas fait mention du troisième
jour de la résurrection dans TÉpStre de saint Paul, il est probable que
l'apôtre avait entendu, de la bouche même de Gamaliel, une autre inter-
prétation, qui est encore conservée dans le Livre Midract du rabbi Mopes
Addra^cian et dans le Livre M^mlta .« ces livres hébreux disent que le troi-
sième jour de Jonas se rapporte au troisième jour du Messie. C'est Pungileoni
qui tenait cette explication du savant hébralsant le cavalière Drack, et qui
l'a publiée dans son Elogio stor. di Timoteo VUi, p. 27. — Quant â la
peinture de ces quatre Prophètes, elle est bien plus faible que celle des
Sibylles qui sont immédiatement au-dessous; car, s'il n'y a aucun doute
que la composition et même l'exécution des cartons originaux appartient
à Raphaël lui-même; le faire de la fresque est cependant si faible, l'effet
général est si discordant, les couleurs sont si tourmentées, que l'on 80
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X. 450
rappelle aussitôt que, suivant le dire de Vasari, Timoteo Viti aida son
illustre compatriote dans Teiécution des fresques de l'église Santa Maria
délia Pace. Il est "vrai que Vasari ne parle de ce fait que confusément et
contradictoirement, d'après des renseignements vagues et iucertains, car,
dans la Vie de Rapliaêl, il n'attribue pas seulement ces peintures â Raphaël
seul, mais encore il ajoute que ce sont les meilleurs ouvrages du mattre
parmi les plus beaui qu'il ait produits dans sa vie. Ensuite il relate tout le
contraire dans la Vie de Timoteo Viti, où il dit que ce dernier, après avoir
passé quelque temps dans l'atelier de Raphaël, à Rome, avait fait de tels
progrès, qu'il put travailler avec lui aux fresques de l'église Santa Maria
délia Pace, et que les Sibylles, si généralement estimées par les artistes,
sont de sa main et même de son invention. Vasari ajoute que ces faits
étaient confirmés par des personnes qui se souvenaient d'avoir vu Timoteo
travailler â Santa-Maria délia Pace, et aussi par les cartons originaux qui
se trouvaient encore chez ses héritiers. Sans doute ces deux circonstances
que Vasari invoque à l'appui de son récit sont véritables , mais il en tire
une conclusion tout à fait erronée ; car Timoteo Viti travailla effectivement
aux fresques de Santa Maria délia Pace , c'est-à-dire aux Prophètes, mais
non pas aux Sibylles, qui sont incontestablement l'œuvre de Raphaël.
Quant aux cartons rest^ en sa possei^sion , il a pu les avoir reçus en
don, comme un gage d'amitié, de la part de son bienveillant ami Raphaël.
Plus tard, ils passèrent dans la possession du duc d'Urbin. Cela est rapporté
par Gasparo Celio dans son ouvrage intitulé : JUemoria fatia délit nomi
degli artefiei délie Pitlure çhe sono in alcune chissê^ facciate^ e paiazzi di
Homa f Napoli, 1638), où il dit : « Les Prophètes et les Sibylles sont de N.
d'Urbino, dont les cartons, exécutés de sa propre main , se trouvent dans
la garde-robe, à Urbino. y> Quant à l'époque où furent exécutées ces fres-
ques, nous avons des indications suffisantes, puisque nous savons exacte-
ment combien de temps Timoteo Viti resta éloigné d'Urbin : Pungileoni,
dans la Vie de ce peintre (p. i05), mentionne diiïérenis payements que Ti-
moteo Viti faisait chaque mois, soit personnellement, soit par l'entremise
de sa femme, à une confrérie de sa ville natale, depuis 1510 jusqu'en 1520,
et les lacunes qu'on remarque dans ces payements nous apprennent que
^ peintre fut absent, de novembre 1510 jusqu'en juillet 1511, puis de
mars 1512 jusqu'au mois de septembre 1513 et enfin pendant toute
Tannée 1514 jusqu'au 1'^ mai 1515. Mais, à partir de cette dernière date,
nous le voyons résider sans interruption à Urbin jusqu'en 1520.
Donc, comme les fresques de la chapelle Chigi ne peuvent pas avoir été
exécutées avant l'année 151 1, il ressort des dates indiquées plus haut, que
le séjour de Timoteo Viti à Rome et les travaux qu'il y exécuta pour Ra-
phaël n'ont pu avoir lieu que dans le cours de l'année 1514. Raphaël
avait terminé^ le 1*' août de cette même tannée, les peintures de h
i40 PEINTURES DE RAPHAËL
chambre de THéliodore, comme cela est prouvé par le dernier payement
de 100 ducals qui lui fut fait pour les travaux exécutés dans cette salle
par lui et ses élèves; il eut donc encore, cette année-là, tout le temps
nécessaire , après que Timoteo Viti eut peint d'après ses cartons la partie
supérieure des fresques de Santa Maria délia Pace, représentant les Pro-
phètes, pour exécuter lui-même la partie inférieure représentant les
Sibylles. 11 est certain que l'achèvement de la chapelle Chigi ne saurait avoir
eu lieu à une époque postérieure, ce que prouve le testament d'Agostino
Chigi, en date du 18 août 1519, où se trouve cette clause : a Item voluit,
quod capella sita in ecclesiâ Sanctœ Mariae de Pace, per dictum testatorem
similiter incœpta, sumptibus ipsius testatoris perficiatur, et illi dentur
quadraginta ducati de redditu singulis annis. » Les fresque^ de la chapelle
furent cependant achevées par Raphaël lui-même, dans Tannée où Agos-
tino Gbigi ordonnait par testament de finir cette chapelle restaurée à ses
frais, puisqu'il ne mourut que le 10 avril 1520; cela est établi par l'inscrip-
tion qui subsiste encore, d'après laquelle la chapelle fut inaugurée en
1519.
Cette inscription est ainsi conçue : avoystiitys. chisiys. sacelltm.
RAPH. YRBIX PRiSCIPYO. SIBYLLAR. OPERE. EXORKATYM. D. D. M. AC. YIRGINI.
MATRI. DICAYIT. A. MDUX. EIDEM. ANNYA. SCYTA. L. LEGAYIT
La peinture à fresque exécutée au-dessous de celle des Prophètes sur
l'arcade qui forme l'entrée de la chapelle contient quatre Sibylles et sept
anges. A gauche, est assise la sibylle de Cumes le bras droit levé tenant
un rouleau de parchemin qu'enti*'ouvre un ange volant au-dessus d'elle ;
ce parchemin porte en langue grecque cette inscription : c La Résurrec-
tion des Morts, ù A côté de la sibylle de Cumes, est assise, appuyée sur le
cintre de la voûte, la sibylle Persique écrivant, sur une tablette que lui
tient un ange, cette parole : « // aura la destinée de la Mort, » Un petit
ange, tenant un flambeau, est agenouillé sur la clef de la voûte. Adroite
et près de l'ange agenouillé, est assis un autre ange, qui montre du doigt
une tablette qu'il tient, portant cette inscription : « Le Ctel entoure le
vase de la terre. »
Les deux autres Sibylles à droite regardent en bas; l'une, la jeune Sibylle
phrygienne s'appuie debout contre le cintre de l'arcade, et l'autre, la vieille
Sibylle tiburtine, est assise à l'extrémité du tableau. Un petit ange, placé
entre ces deux dernières figures, tient une tablette portant cette inscrip-
tion : a J'ouvrirai et je ressusciterai. » Au-dessus de la dernière Ggure
Yole un autre ange avec une banderolle de parchemin déroulée, sur
laquelle sont écrits ces mots tirés de la quatrième églogue de Virgile
(7' vers} : a Déjà une nouvelle génération. » Le fond, comme dans la fresque
des Prophètes, représente une architecture sombre de ton^ sur laquelle les
figures se détachent lumineusement.
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X. !il
Les superbes figures des Sib^files sont si magistralement exécutées, qu'il
n'est pas permis de douter qu'elles ne soient entièrement de la main de
Raphaël. Sous quelques rapports^ elles se rapprochent des trois Vertus
cardinales peintes dans la chambre délia Segnatura^ mais elles sont
traitées plus librement, quoique avec le même soin, mais avec plus d'en-
semble et de puissance dans l'eflet, plus de vigueur et de chaleur dans le
ton. Vasari prétend que Raphaël a peint ces Sibylles après avoir admiré
les peintures de Michel-Ange dans la chapelle Si\tine^ et que la vue de
ces magnifiques peintures lui fit tout à coup changer sa manière, en lui
conseillant de donner à ses œuvres un cachet plus grandiose ; ce sont là
deux faits distincts; le premier seul est incontestable. Quant au second, il
n'a rien de sérieux^ attendu que le style grandiose de Michel-Ange n'a
influé que d'une manière générale sur le développement du génie de
Raphaël, et cela sans lui faire perdre son individualité et même sans lui
Taire adopter aucun style étranger à cette individualité si franchement
caractérisée. Bien plus, ces fresques des Prophètes et des Sibylles prouvent
précisément de la façon la plus péremptoire la vérité de ce que nous
venons de dire, en ce qu'elles révèlent partout le génie de Raphaël et que
Von n'y saurait découvrir la moindre imitation de Michel-Ange. Une autre
erreur, non moins accréditée, quoique plus grossière encore, et qui a été en
dernier lieu répétée par Carlo Fea {Notizie intomo Raffaele Sanzio, etc.
Roma, 1822, p. 2), c'est que Raphaël aurait imité ses Sibylles d'après
celles qui se trouvent dans l'église S. Francesco à Assise et que Ton attri- .
bue à i'Ingegno ; or, le contrat et les comptes relatifs à ces pointures
d'Assise eiistent encore et prouvent qu'elles sont de Adone Doiii, contem-
porain de Vasari, qui travaillait encore en 1580 dans le goût des imita-
teurs de Michel-Ange.
Les fresques de Raphaël avaient déjà souffert peu d'années après sa
mort, et^ sur un ordre de la main même du pape Alexandre VII, elles furent
restaurées de 1656 à 1661, sous la direction du cav. Fontana. ~ Elles
reçurent une seconde et consciencieuse restauration, de nos jours, par les
soins de Palmaroli. Voyez Carlo Fea , dans son ouvrage : Prodromo délie
Hoperte delU atitichità di Roma, 1816, p. i3.
Gbavurbs d'après les Prophètes : G. Cortois delin. G. Castellus Gallns fec.
Bomae, 1660. G. Chasteau excudil., etc. Bue S. Jacques. Deuxièmes épreuves
carrées daus le haut, Jonas Coypel ex. Deux feuilles in-folio, sans les anges qui
volent. — Sal. Cardelli Alexandri I pensionarius sculp. Gr. feuille en largeur,
avec la fenêtre dans le milieu, dont on s'est servi comme champ pour une
ÎQscriptioD. — Landon, n" 131.
Gravurks d'après les Sibylles : Par un élève de Marc -Antoine; seulement
les quatre Sibylles assises sur des nuages. 2 feuilles in-4*. Bartsch, t. XV, p. 48.
K** 5 et 6. Ces figures sont nommées la Dialectique et la Logique, la Théologie
et la Métaphysique . — Joh. Yolpato sculp. Bomœ, 1773, pour la ScuolaUaliam
de Hamilton,in-fol.en larg.— Ferd. Ruschweyb, pet. in-fol. en larg.— M. F.Dien,
Uâ PEINTURES DE RAPHAËL
1838, in-fol. en larg. Sur la clef de la voûte est placé le buste de Raphaël, avec
deux petits génies à ses côtés. — Landon, n* 187.
Le petit génie agenouillé sur la clef de la voûte avec son flambeau, trois dés à
jouer à ses pieds. Par un anonyme. Au bord, on lit: El venU iUw:, etc.» et â
gauche, dans le coin : Raphaël Sanelku Urbinas pirucU. Cette estampe fait partie
d'une suite de six feuilles, chacune avec un petit ange, mais celui-ci est le seul
qui soit gravé d'après Raphaël.
La Sibylle de Cumes. £n contre -partie. Ancienne grav. italienne, signée A. F^
Mauvaise pi. in-8°. Voyez le Dtc/ùmnaire àxi Wonogrammet , de Bruiliot , t. I^
p. 47, n» 350. — La Sibylle tiburline. En contre -partie. Gravé par Job. Épisco-
pius : attribuée erronément à Michel-Ange.
Dessins pour les Prophètes et les Sibylles.
a). Esquisse à la sanguine pour le prophète Daniel et deui petits anges.
Dans la collection de Florence.
6). Jonas et Osée, avec l'ange placé derrière eux, ce dernier non vêtu.
Esquisse à la plume, lavée à la sépia et rehaussée de blanc ; petit in-folio.
Nous ne connaissons de ce dessin qu'un bon fac-similé de G. Metz. De la
collection C. Jennings et R. P. Knight.
c]. La Sibylle tiburtiue. Esquisse à la sanguine. Dans la collecUoa
Albertine à Vienne.
Grav. par Ferd. Ruschweyh. 1806.
d). La Sibylle de Cumes, avec l'ange qui vole. Esquisse à la sanguine.
Dans la collection Albertine, à Vienne.
e), La Sibylle phrygienne. Esquisse à la sanguine. Collection d'Oxford.
Fac-simile dans la Lawrence Galleryj n" 15. *
f). Étude pour Tun des anges qui volent; à la sanguine. Collection
Reiset, à Paris, Un dessin semblable se trouve dans la collection Alber-
tine, à Vienne, et doit être une copie.
Le Père Resta dit, dans une lettre à F. N. Gabburi, qu'il a acquis la
moitié de la composition des Sibylles, à Nuremberg, et l'autre moitié, à
Messine. Il croit que ces dessins sont originaux. Mais, comme nous savons
par expérience que le Père Resta s'est bien des fois égaré dans ses juge-
ments, nous lui laissons la responsabilité de son opinion. Voy. Leltere
pittoriche, t. II, p. 112.
Dans son Traité de la peinture, Richardson dit qu'il possédait aussi un
dessin original des Sibylles. Ce doit être celui qui est actuellement con-
servé dans Christ Cburch Collège, à Oxford. Ce dessin est exécuté au bistre,
rehaussé de blanc, et tellement retravaillé que Ton ne peut plus rien
reconnaître du dessin primitif. Au reste, nous ne le croyons pas ori-
ginal.
Un autre dessin, lavé à la sépia, qui diffère en quelques parties de la
fresque, se trouve dans la collection royale de Stockholm. La vieille
Sibylle surtout est très-différente. Ce peut être une copie deTirooteo Viti,
d'après une première esqui{>se de Raphaël.
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X. US
106. Galatée.
Peinture à fresque dans la Famesina.
Galatée , TOguant sur la mer^ est debout sur une grande coquille atp
telée de deui dauphins, dont elle tient les rênes et qu'un Amour guide.
Nageant au côté gauche, un triton veut embrasser une nymphe qu'il porte
attise sur aon dos, et derrière lui on toit un cheval marin monté par un
jeune homme, qui sonne dans une conque marine. A droite, sur Tarrière-
plan, une seconde nymphe est assise sur le dos d'un autre triton, qui fend
lea ondes du côté opposé à la Galatée, et un troisième triton la précède
eu sonnant de la trompe. Trois Amours, dans les airs, lancent des flè-
ches, et un quatrième, à moitié caché dans les nuages, prépare aussi ses
dards.
Gette fresque, encore bien conservée, fut peinte par Raphaël dans une
salle de la maison d'Agostino Chigi, nommée aujourd'hui la Farnesina,
parce qu'elle devint la propriété du cardinal Aleiandre Famèse, à la suite
d'une vente publique, décrétée par Grégoire XIII, le 24 avril 1380, pour
ramortissement d'une dette ^ Par suite d'héritage, ce palais appartient
actuellement au roi de Naples*
Cette magnifique peinture fut presque entièrement exécutée par Ha-
phaël lui-même; ce qui pourrait en faire douter, c'est seulement le
triton avec la nymphe du premier plan à gauche, car dans ces deux
figures le dessin et le modelé sont plus faibles, le coloris plus rude et les
ombres moins vigoureuses que dans les peintures de la main du maître.
En outre, la tête de la nymphe n'est pas à sa place sur le cou; le bras et
la main gauche sont également mauvais de dessin. La carnation du cen-
taure marin est trop rouge et trop faible dans les ombres, tandis que
les autres figures et même les Amours qui volent dans les airs sont très-
énergiques de ton. A part ces défauts, cette peinture est aussi remarqua-
ble par le mouvement de la composition que par la beauté du dessin et
le grandiose du caractère. Les figures, il est vrai, ont, comme les Sibylles,
des formes plutôt puissantes que gracieuses; mais le coloris en est lumi-
neux et gai, comme il convient à ce sujet. Gette peinture nous représente
allégoriquement le triomphe de la beauté éthérée sur les plaisirs matériels,
ou, pour mieux dire, c'est en quelque sorte la vie de l'âme qui l'emporte
sur la vie des sens. Nous avons dit, dans notre histoire de Raphaël, que ce
i. Bayle, dans ton Dictionnaire, art. Cbigi, Ricbardgon dan& aon Traité de la fieiniure,
Tol. Il, p. 46, et Bossi dans ses notes pour l'ouTrage de Roscoe, rapportent que Paul III, qui
était de la famille Farnèse, avait saisi TÎolemment la maison aux héritiers de Chigi, pour la réu-
nir à son palais. Mais Carlo Fea [Noiixie intomo Raffaele, etc., p. 5) démontre l'inexactitude
de cette assertion. Il est Trai que les héritiers de la famille Chigi ne voulaient point ratifier la
vente qui avait été faite malgré eux, et il se passa dix ans avant qu'Alexandre Chigi voulût y
consentir, ce qui eut cependant lieu eu 1 590.
144 PEINTURES DE RAPHAËL
peintre a pu être amené à traiter ce sujet par le récit du Gyclope dans
Philostrate. Nous a?ons cité aussi la lettre de Raphaël au comte Casli-
glione, où il dit que^ ne trouvant pas un modèle de femme assez beau pour
sa Galatée , il s'est plu à la peindre d'après un certain type de beauté
idéale. Nous y avons vu encore que l'exécution de cette peinture n'est pas
postérieure à l'année lt>14; car Raphaël, dans cette même lettre, annonce
à son ami sa nomination à la place d'architecte de Saint-Pierre, laquelle
eut lieu cette année-là. De plus, nous croyons, à en juger par le caractère
du dessin de la composition, qu'elle n'a pas pu être exécutée avant Tannée
1514, et les preuves que Pungileoni met en avant pour appuyer son opi-
nion et démontrer que cette fresque était déjà exécutée en 15il sont
bien plutôt des preuves du contraire. Ainsi, il donne des extraits de deux
poèmes, l'un composé par ^gidius Gallus en 15il, et le second par
Blosio Palladio en 1519, poèmes dans lesquels ces poètes, amis de la
maison Chigi, chantent les peintures qui décorent le palais Chigi à Rome.
Mais, comme dans ces poésies ils ne citent que Junon, Vénus et d'autres
divinités, sans faire mention de la Galatée, on peut conclure que cette
description poétique se rapporte seulement au plafond de la salle peint
par Baldassare Peruzzi, représentant la fable de la Méduse.
On a prétendu que cette peinture devait représenter le Triomphe d'Am-
phitrite, d'après le récit d'Apulée; c'est une opinion que M. Jac. Joseph
Hans de Wurzbourg ^ a essayé de soutenir dans une dissertation écrite
en italien. Mais cette opinion est sufGsamment contredite par Raphaël lui-
même, qui, dans sa lettre au comte Castiglione, parle de Galatée et non
d'Amphitrite. M. Joseph Hans se trompe également lorsqu'il avance que
cette peinture fut exécutée après l'achèvement des plafonds, représentant
les fables de Psyché et de l'Amour, que Raphaël a peints plus tard dans le
même palais. Quant à une autre opinion du même écrivain qui suppose
que, ces plafonds représentant l'histoire mythologique du Ciel, Raphaël
aurait voulu , dans le tableau de la Galatée , représenter l'histoire mytho-
logique de la Terre , cette opinion qui ne repose sur rien tombe d'elle-
même. Néanmoins, il est permis de croire que, la Galatée ayant été
inspirée par le récit du Cyclope dans Philostrate , Raphaël se soit pro-
posé de peindre dans la même salle une suite de sujets tirés de la même
source; et, en effet, après la mort de Raphaël, la fable de Polyphème fut
exécutée à fresque sur le mur qu'il n'avait pas eu le temps de couvrir de
peintures. On voit, dans une lettre de Paolo Giovio à Girolamo Scanna-
peco, que ce contemporain regardait cette fresque de Polyphème comme
une œuvre de Raphaël; il rapporte même à cette occasion une anecdote
i. Alcune rifleuioni d'un Ollramontano tu la ereduia Galatea di Raffael d'L'rbino.
Palermo, 1816.
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X. i45
un peu scabreuse, qui témoigne de la liberté des mœurs d'alors et surtout
de celles de Paolo Giovio lui-même.
Gbaturbs : Marc-Antoine. Bartsch, t. XIY, n« 350, où il indique aussi deux
copies de cetie planche. — La gravure de Marc-Antoine corrigée, retouchée et
lenninée à Ja plume, que possède la hihliothéque de Vienne, ne saurait être
considérée comme une épreuve corrigée par Raphaël lui-même, car la manière
dont les retouches sont faites, surtout dans les contours, ne ressemble pas à
la manière de Raphaël, et, de plus, il est certain que le graveur n'a jamais obéi
a ces prétendues corrections du mattre. — Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIV,
n* 351. — Pauli Gratiani formis, Roma, 1592, in-folio. — Heinr. Golzius, 1592,
grand in-folio. — Nie. Bocquet, grand in-folio. — Nie. Dorigny, 1693, grand
în-lolio. — Dom. Cunego, 1771, in-folio. Pour la Seuola iUUiana de Hamilton.
— J^T. Richomme, 1830, in-folio. — Ant. Ricciani, Napoli, 1827, in-folio.
— Lithogr. par Trôdlin, d'après l'estampe de Richomme, in-folio. — Landon,
n*» 321.
L'Amour qui guide le dauphin, par Conrad Ulmer, 1806, in-4*. — Le même,
par E. Schaeffer, in-4*. Ces deux planches sont copiées d'après la gravure de
Golzins.
La télé de Galatée, par Preisler.
Le dessin, tiré du cabinet Vilenbrock, représentant la composition entière,
gravé par B. Picart, et le dessin cité par Longhena (p. 713 de la traduction ita-
lienne de l'ouvrage de Quatremère de Quincy), comme étant dans l'Académie à
Venise, et leprésentant un triton et une néréide, sont apocryphes tous deux.
107. Portrait de Giuliano de' Medici '.
Julien de Médicis était le plus jeune frère de Léon X. 11 resta longtemps
à la cour du duc Guidubaldo àUrbin, et, dans le Courtisan [il Coriegiano)
du comte Castiglione , il est dépeint comme un prince aussi distingué
par son amour pour les sciences que par ses qualités d'âme et par la pu-
reté de ses mœurs. Lorsque, en iSlâ, les Médicis retournèrent à Florence^
son frère aîné, le cardinal Giovanni, le chargea du gouvernement de
l'État. Cependant, Julien de Médicis reconnut bientôt que son caractère
amoureux de la paix n'était pas propre à tenir en bride et à vaincre Tani-
mosité des partis ; il remit donc le gouvernement à son neveu Lorenzo,
fils de Pierre de Médicis, et il alla s'établir à Rome, où il commauda les
troupes du pape, avec le titre de capitaine général de l'Église. 11 fit quel-
ques expéditions heureuses en Lombardie; puis,il se maria avec Filiberta^
sœur du duc de Savoie, et reçut du roi François l«^ le titre de duc de
Nemours. Sa faible santé le détermina enfin à se retirer dans un couvent
à Fiesole, où il mourut en 1516. On sait que son tombeau, dans la sacristie
de l'église de S. Lorenzo à Florence, est un des plus magnifiques ouvrages
de Michel- Ange.
C'est Vasari qui nous apprend que Raphaël a peint les portraits de Giu-
liano et celui de Lorenzo. H loue l'excellence du coloris de ces portraits,
qui, de son temps, se trouvaient chez les héritiers d'Ottaviano de' Medici.
1. Né en 1479, mort en 1516.
1). 10
146 PEINTURES DE RAPHAËL
On ignore absolument ce qu'ils sont devenus; nous avons seulement appris
qu'un portrait tout semblable à la copie que nous allons décrire fut vendu,
il y a quelques années, par la maison Gaetano Capponi, et sortit de
ritalie. Cette copie, faite d'après le portrait de Julien, de Raphaël, qui se
trouve dans la galerie de Florence, était attribuée à Vasari dans l'inven-
taire de 1635, mais elle a été rendue aujourd'hui, et avec plus de raison,
à Alexandre Allori. C'est un portrait demi-figure, vu presque de face, un
peu tourné à gauche . Les traits caractéristiques de la famille des Médicis n'y
sont pas méconnaissables. Giuliano porte une barbe courte; ses cheveux,
noués dans un réseau jaune, sont couverts d'une barrette noire avec trois
boucles d'or, auxquelles un billet est attaché. Le cou est nu ; le vêtement
qui couvre la poitrine est rouge cramoisi; le pourpoint, noir, par-dessus
lequel est une sorte de houppelande en damas gris, garnie d'une fourrure
brune. De la main droite, posée sur la main gauche, il tient un papier plié.
Le fond est vert. Nous avons publié, dans notre édition allemande, une
estampe de ce portrait, gravée par Louis Gruner (pi. VII), en faisant des
vœux pour que cette estampe puisse aider à la découverte de l'original.
Raphaël a eu l'occasion de peindre le portrait de Giuliano à deux épo-
ques difCérentes. La première fois en 1513, lorsque ce prince vint à Home
pour voir Léon Xson frère, et séjourna quelque temps dans cette ville, où
furent célébrées de grandes fêtes en l'honneur de sa nomination comme
citoyen romain ; puis, en 1 51 4, lorsqu'il se trouva dans la même ville avec
son neveu Lorenzo.
Nous avons de Léonard de Vinci la note suivante, qui se trouve sur la
première feuille de son Codex X : « Le magnifique (il magni/ico, comme
on avait l'habitude de le nommer) Giuliano de' Medici partit de Rome
le 9 janvier 1515, au point du jour, pour aller épouser sa femme en Sa-
voie. Le même jour mourut le roi de France. » (Louis XII mourut le
1*"*^ janvier ; mais Léonard n'aura appris la nouvelle de celte mort que le 9.)
Une copie de ce portrait (la tête seule) se trouvait dans la collection du
cavalière Vincenzo Camucciiii, à Rpme, mais il y était faussement désigné
comme représentant le portrait de Marc-Antoine Raimondi. Nous ne sa-
vons d'où provenait cette copie, qui doit avoir été vendue après la mort
de son possesseur.
108. Portrait de Bemardo Dovizio da Bibiena *,
CARDINAL DE S. MARIA IN PORTICO.
Sur bois. H. 2' 9" 8*"; l. V î", mesure espagnole.
Giorgio Vasari, dans ses /?a^to7iamen<i (Firenze, 1588, p. 128), donne la
description suivante des portraits du cardinal da Bibiena par Raphaël :
Jé Ne en 1470, mort en lb2û>
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X* U7
« Le portrait du cardinal Bibiena est très-resseiAblant, car il est copié
d'après un portrait peint par Raphaël d'Urbin , lequel se trouve actuelle-
ment dans la maison des Dovizi da Bibiena. Raphaël fit un second portrait
du cardinal dans le port d'Ostie. » C'est ce dernier portrait qu'on voit
dans la fresque de la Défaite des Sarrasins ^ qui décore la troisième
chambre du Vatican. Le passage des Ragionamenti , que nous venons de
eiter^ nous apprend qu'il y eut deux portraits semblables du cardinal da
Bibiena, peints à Thuile, dont l'un fut exécuté par Raphaël. Il est probable
que ces portraits sont les deux suivants, qui nous sont connus.
L'original se trouve au musée de Madrid , où il a passé longtemps pour
être celui du cardinal Granvelle, quoique ce grand homme d'Etat ne lut
âgé que de dix-sept ans à la mort de Raphaël. Ce portrait représente un
personnage d'un âge mûr, peint en buste, vu presque de face, un peu
tourné à gauche. La tête quelque peu maigre, au nez fin et courbé, aux
yeux vifs avec de larges paupières, trahit en tous ses traits le type ita-
lien. Elle est coiffée d'un bonnet rouge ; le collet du vêtement, également
rouge^ est sur la poitrine en quatre endroits fermé avec un double bou-
ton; le bras gauche, couvert d'une manche blanche, est posé sur une ba-
lustrade de pierre et ne laisse voir que la moitié de la main ; le bras
droit est abaissé. Le fond est sombre.
Bemardo da Bibiena ayant été créé cardinal par Léon X le 23 septembre
15i3, le portrait qui le représente avec le costume de cette dignité ne peut
donc pas avoir été peint avant cette époque ; mais il est vraisemblable que
Raphaël fit le portrait de son ami peu de temps après que celui-ci eut reçu
le chapeau rouge. Ce portrait a la plus grande ressemblance avec celui qui
est au palais Pitti , si ce n'est que le cardinal paraît un peu plus jeune
dans le premier; en outre, les accessoires présentent quelques différences.
Nous trouvons dans les Memorie per la Vita del cardinale Dovizj, par An-
gelo Maria Bandini (Livorno, 1758, p. 5), une phrase qui nous explique
pourquoi ce portrait est à Madrid : « Le cardinal légua à Castiglione un
tableau de Raphaël. » Nous ne connaissons aucun tableau de Raphaël
que le cardinal ait pu léguer, si ce n'est son portrait. On sait que le comte
Castiglione , qui fut ambassadeur en Espagne sous Clément VII , avait
emporté avec lui son propre portrait peint par Raphaël, portrait qui
passa ensuite en Hollande et qui arriva infin au musée du Louvre. Ce fait
bien établi donne à penser qu'il avait emporté également en Espagne le
portrait du cardinal da Bibiena, et que ce portrait, après la mort du
comte, survenue à Madrid, a dû passer dans la collection royale.
Ce portrait est de la plus grande finesse de dessin et de modelé. La
main, dont ou ne voit qu'une partie, est très-spirituellement traitée, ainsi
que le vêtement. Le ton général du tableau a beaucoup de transparence;
en somme, c'esit un des plus beaux portraits peints par Raphaël.
148 PEINTURES DE RAPHAËL
Ludwig Grunrr a terminé, en 1834. une belle gravure in-folio d'après
portrait ; mais il Ta publiée avec le nom de Jules de Médicis, qui fut depuis
le pape Clémeut Vil.
Le portrait du cardinal da Bibiena , qui est au palais Pitti, offre une
grande ressemblance, comme nous l'avons dit, avec celui de Madrid ,
tant par les traits du visage que par la pose et les accessoires; seu-
lement le cardinal y paraît un peu plus âgé que dans le précédent por-
trait. G. F. de Rumohr (Italieneschen Forschungen, t. III, p. 138) affirme
avec raison que Raphaël n'a pas eu la moindre part à cet ouvrage, dans
lequel on croit reconnaître la manière de faire de Girolamo da Cotignola.
Le Manuel du mutée françaii contient, sous le n* 38, une gravure de ce portrait ,
qui y est indiqué par erreur comme étant celui d'Inghirami. Ce dernier portrait
se trouve gravé sous le n* 19 dans le même ouvrage. Bedetti inc. Petit in-folio.
109. Sainte Cécile.
Peint sur bois, et depuis transporté sur toile. H. 7' 3**; 1. 4' 6*'.
La sainte, au milieu du tableau, écoute, les yeux élevés vers le ciel, le
cbant céleste de six anges. Ses mains laissent presque échapper le petit
orguequ'elles tenaient, et l'on voit à ses pieds les instruments de la mu-
sique terrestre à moitié brisés. A droite de la sainte, l'apôtre saint Paul ,
appuyé sur son épée , et derrière lui saint Jean l'Ëvangélisle. Du côté
opposé, sainte Marie-Madeleine, son vase de parfums dans la main gauche,
et derrière elle saint Augustin *, Père de l'Ëglise.
Ce tableau, un des plus magnifiques qu'ait produits le génie de Raphaël,
est aussi, sous le rapport du coloris, un chef-d'œuvre inimitable, quoiqu'il
ait perdu de son éclat par suite de restaurations successives. Ce coloris,
remarquable surtout par son harmonie, due à l'emploi combiné des trois
couleurs principales aussi bien qu'à l'admirable palette du peintre, qui n'a
jamais déployé plus de magnificence, plus de richesse et plus de magie,
semble refléter merveilleusement les divines splendeurs du sujet. La sainte
est vêtue d'une riche tunique rayonnant d'or et de lumière, avec laquelle
la robe rouge de saint Paul et les nuances bleues et violettes du vêtement
de la Madeleine forment des contrastes brillants et décidés; mais ces
couleurs sont habilement rompues par les demi-teintes les plus délicates,
par les tons de transition les plus heureux. Ainsi, par exemple, le jaime
du vêtement de sainte Cécile est tempéré par les ornements verts de ce
vêtement; les étoffes d'or de l'habit sacerdotal de saint Augustin, les
cheveux blonds de saint Jean, les tons bruns et jaunes du terrain et
des instruments forment une délicieuse gamme de couleurs. Les tons
1. On a cru voir dans cette figure S. Petrouius, évoque et patron de la iriUe de Bologne.
Mais, comme ce saint est toujours représenté portant une petite église dans U main, rabsence de
cet attribut caractéristique empêche de le reconnaître ici.
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X. 149
bleus argeotÎDS de l'orgue préparent l'œil^ pour ainsi dire, au\ masses
bleues et Tîolettes du vêtement de la Madeleine, et s'accordent avec
les tous bleus du cîel et de Tépée de saint Paul. La chevelure noire
de ce dernier trouve même un point de rappel dans le plumage noir de
l'aigle de saint Jean. On pourrait ainsi, jusque dans les moindres détails,
montrer la liaison intime qui existe entre les couleurs de ce superbe
tableau. Quant aux carnations, elles correspondent toujours aux carac-
tères des personnages^ et, par conséquent, elles sont plutôt idéales que
réelles; car Raphaël, en général, ne peignait d'après nature que les
portraits; encore cherchait-il toujours à les idéaliser. 11 a peint largement
sa sainte Cécile, quoique cette peinture ait été d'ailleurs exécutée avec le
p\us grand soin. On remarque le même soin d'exécution dans la manière
dont sont rendus les instruments de musique, qui, comme l'atteste Vasari,
turent peints par Giovanni da Udiue. 11 est certain que Giovanni ne vint
chez Raphaël, à Rome, qu'après la mort du Giorgion, dont il était rélève,
c'est-à-dire en 1511. Ce seul fait donne un démenti formel aux assertions
de ceux qui veulent que la Sainte Cécile ait été exécutée en 1510 *; bien
pluâ, nous avons des raisons de croire que ce tableau ne fut terminé que
quelques années après la commande qui en avait été faite (1513) par
Lorenzo Pucci, cardinal de S. S. Quattro. Ainsi se trouverait confirmé le
témoignage de Vasari, qui rapporte que le Francia mourut peu de jours
après avoir reçu le tableau de Raphaël et l'avoir fait placer (1517) dans
la chapelle de Sainte-Cécile, fondée par la bienheureuse Cécile Duglioii
deir Oglio, dans l'église S. Giovanni in Monte, près Bologne.
Ce tableau fut enlevé par les Français, en 1798, et envoyé à Paris, au
musée Napoléon. En 1803, Hacquin le transporta sur toile. Le traité de
paix de 1845 le fit retourner à Bologne, où il fut placé dans la pinaco-
thèque de cette ville. On le nettoya de nouveau et on enleva les retouches
maladroites qu'il avait subies en France.
Gravures de la Sainte Cécile : Giulio Bonasone, 1531. Bartsch, t. XV, p. 130,
11*74. — RomaB, Phls. Thomassinus se., 1617, p* mail. Côté opposé, in-folio.
Secondes épreuves avec l'adresse : Gio. Jac. de Kossi. — Math. Geuter, Nie. van
AeUt. form., avec le nom^ des saints, petit in-folio. — Carlantonio Pisarri incis.
Mauvaise. Petit in-folio.— Joh. Bapt. fioncavainc, in-folio. Ancienne eau-forte.
— Anonyme, épreuves postérieures avec : Arnold van Westerbout formis. Petit
in-folio. Mauvaise. — Gio. Batt. Galli, 1761, in-folio. A l'eau-forle. Côté opposé.
— Francesco fiosaspina. Petite feuille. — Robert Strange del. 1763, aère incid.
1771, Lond. in-folio. Côté opposé. Le caractère de la peinture y est défiguré. —
Jos. Ch. de Meulemeester, 1802, in-4". .- David, in-folio. — R. U. Massard, gr.
in-folio. — F.-E. Beisson , pour le Muiée Napoléon ^ in-folio.. — Bovinet, pour la
I . Cette opinion erronée repose sur une inscription latine, qui se Ut dans la chapelle de Sainte-
Cécile, à S. Giovanni in Monte près Bologne, inscription qui donne la date de 1510 comme
celle de la fondation de cette chapelle. Mais rinscription est seulement de 1695, et ne meu-
tionae pas le tableau eu parlant de la chapelle.
iSO nEINTURES DE RAPHAËL
Galerie Filhol , grand in-8». -- Mauro Gandolfi, 1835, grand in-folio. — Pierre
Pelée, 1852, petit in-folio. — Lefebvre, 1857, in-fol.— Landoh, n» 113.
Gravures d'après l'esquisse : Marc-Antoine. Barlsch, t. XIV, n» 116, où sont
indiquées aussi trois copies de cette planche, du côté opposé. — Nie. de Bruyn
fec. Londerseel exe. Petit in-folto, avec les noms des saints. Reproduction un
peu trop néerlandaise. — D'après un dessin non authentique sur papier gris la^é
au bistre, qui a passé successivement dans les collections G. B. Bellucci à Bologne,
De Piles 1706, Paignon-Dijonval, Morel de Vindé, Th. Dimsdale, Lawrence, Roi
de Hollande, et Sam. Woodbum à Londres.
GRAvé par Élise Cheron, 1706, sans les anges dans la gloire, et du cdtë op—
posé. Petit in-folio.
Les deux figures de la sainte Cécile et de Marie-Madeleine, sur une seule
feuille, semblables aux figures de ces deux saintes dans le tableau, par un gra-
veur du dix-septième siècle. Petit in-folio.
Anciennes copies de ce tableau.
a.) Le sculpteur Gio. Zucchi fit faire une copie de la Sainte Cécile, en
i547, par Jacomo da Pontormo. Voy. Lettere pittoriche, t. 1, p. 63. C'est
peut-être celle qui est actuellement dan» la galerie de Dresde, et qu'on
attribue à Jules Romain.
b.) Une belle copie de Guido Reni est dans Téglise Saint-Louis-des-
Français, à Rome.
c.) Chez l'orfèvre Bozzotti, à Milan, il y a une copie attribuée au
Dominiquin. Elle est, en tout cas, d'un des bons élèves des Carraches.
d,) Une petite copie était dans le cabinet Praun, à Nuremberg. Ce doit
être la même que nous avons vue dans la collection de tableaux de
M. Coesvelt, à Londres, et qui était présentée comme une esquisse du
maître, parce qu'il y a quelques différences entre elle et le tableau ori-
ginal, mais évidemment ces différences ont été faites dans un but de
tromperie.
Une esquisse de la composition entière, telle que Marc-Antoine Ta
gravée , se trouvait dans la collection Lavi^rence, mais tellement retouchée
au bistre, qu'on n'y reconnaissait plus rien du dessin original.
Esquisse à la sanguine, pour le saint Paul, dans le musée Teyler, à
Haarlem.
i 10. La Vision (TEzéchiel,
Sur bois. H. 18" 7"'; l. 13" 6"'.
Dieu est/âssis dans une gloire, entouré des quatre signes des Ëvangé-
listes; deux petits. anges soutiennent ses bras étendus. La gloire, sur
laquelle la figure de Dieu se détache, est remplie d'une multitude de létes
de chérubins à peine visibles dans le rayonnement de la lumière divine.
Cette gloire est elle-même entourée de nuages gris, qui semblent s'écarter
pour laisser voir la vision céleste. Un paysage dans le bas, avec quelques
petites figures qui sont frappées de l'apparition.
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X. «51
Ce petit tableau n'est qu'une esquisse avec certaines négligences de
dessin : comme^ par exemple, l'avant-bras de Dieu^ qui est hors de pro-
portion y l'attache de la main gauche^ etc. Mais néanmoins c'est une œuvre
admirable, et^ si restreintes que soient ses dimensions, l'aspect général
toutefois est d'un grandiose immense. Les animaux symboliques qui repré-
sentent les quatre Ëvangélistes, sont comme transfigurés et portent un
cachet de grandeur qui annonce la puissance de Dieu. Le caractère de
la figure de Jébovah diffère du type traditionnel et offre plutôt une sorte
de parenté avec le caractère d'un Jupiter. Il est nu dans la partie supé-
rieure de son corps, et seulement couvert d*une draperie pourpre sur
répaule gauche, les hanches et les jambes.
Raphaël peignit ce petit tableau pour le comte Yincenzo Ercolani, de^
Bolog;ne, et Maivasia rapporte {Felsina pittrice, 1. 1, p. 44) qu'il fit payer
à Raphaël, en i510, par la banque des Lianori, la somme de huit ducats
d'or. Ce serait une erreur que de vouloir conclure de ce payement que
Raphaël avait déjà peint la Vision d'Ëzéchiel à cette époque , la concep-
tion de l'œuvre et le caractère du dessin plaçant ce tableau à une époque
postérieure, pendant laquelle, surexcité par l'exemple de Michel-Ange, il
cherchait le grandiose dans la composition, l'énergie dans les mouve-
ments et l'ampleur dans les formes. C'est pourquoi Vasari remarque tcès-
judicieusement que la Vision d'Ëzéchiel a été peinte après la Sainte Cécile.
Si Raphaël a réellement reçu huit ducats d'or, en 1510, de Viucenzo
Ercolani, qui lui avait commandé ce petit tableau, ce ne peut être là
qu'un faible à-compte, au moyen duquel Ercolani voulait se garantir la
possession d'une œuvre de Raphaël ; c'étaient seulement des arrhes, que
l'on nomme encore, en Italie, une caparra.
Ce tableau, encore bien conservé, est revenu au palais Pitti, après avoir
fait partie du musée Napoléon, suus le règne de Napoléon ^'. Il était
déjà inscrit dans l'Inventaire de la Tribune, dressé en 1589.
Gravores : Gosimo Mogalli, in-fol., pour la RaecoUa^ etc. — Jos. Longhi, pour
le Musée Napoléon , gr. in-fol. — Anderloni se, Longhi dir. et term., gr. in-fol. —
Pigeot, pour la Galerie Filhol, pet, in-fol, — P. Caronni, 1825, gr. imp. in-fol. —
Yicentinus Cavini, in-fol. — Au trait, avec la simple indication des ombres, par
Giuseppe Tomba, in-fol. — E. Eichens, 1841, gr. in-fol. — A. Morghen sculp., Flor.,
in-fol. — Pierre Pelée sculp., 1852, pet. in-fol. —Louis Calamatta, 1855, in-fol.
Anciennes copies de ce tableau.
Pietro Lamo, dans son manuscrit intitulé : Craticola di Bologna, déclare
positivement (p. 8) que le tableau de la Vision d'Ëzéchiel se trouvait, de
son temps encore, dans la maison du comte Agostino Ercolano ; mais le
marquis Antaldo Aotaldi, à Pesaro, d'après l'indication fournie par Mai-
vasia, lit de vaines recherches dans la maison Ercolani pour découvrir
ce tableau. Le manuscrit de Pietro Lamo, qui mentionne le payement fait
1<*Sâ PEINTURES DE RAPHAËL
à Uaphaêly dit que si le marquis Pilippo Ercolani, à Bologne, a possédé^
en eflet , deux tableaux représentant la Vision d'Ëzéchiei , c'est lui-même
qui actuellement possède un de ces tableaux. Mais quoique le tableau ea
question soit pourvu des sceaux de TAcadémie de Bologne qui Ta déclaré
original 9 il dément malheureusement son certificat d'origine. Voy. Pun-
gileoni, p. lOi et 102.
Une autre copie, qui fut achetée à Bologne, par Nicolas Poussin, pour
M. de Chantelou, avait autrefois, à meilleur titre , la réputation d'être
l'œuvre de Raphaël. De la collection de Launay, elle passa dans la galerie
d'Orléans, et, à la vente de cette galerie, elle fut acquise par lord Berwick
pour 800 livres sterl. Nous avons vu ce tableau chez Sir Thomas Baring,
qui en est le possesseur actuel, dans sa précieuse galerie à Stratton.
Gravé par Nie. Larmossin, pour le Cabinet Croxal. In-fol. — F. Poilly, sans
figures dans le paysage. Grand in-fol. Premières épreuves, avec A. Herant exe;
épreuves postérieures, avec P. Mariette exe.
Une ancienne copie se trouve aussi dans la collection de l'Académie de
Vienne.
Une très-belle copie de ce tableau se trouvait dans la possession de feu
le major Biela, à Venise. D'après ce qu'on nous en a dit, elle doit être
d'une exécution tellement magistrale, que des connaisseurs- en ont l'ait
honneur à Raphaël.
Louis XIV lit faire un carton, d'après ce tableau, avec des figures de
grandeur naturelle, afin de faire exécuter une tapisserie à la manufacture
des Gobelins. C'est probablement celui qui se trouve à Broughton, en
Angleterre, dans la propriété des Montague, appartenant aujourd'hui au
duc de Buccleugh. 11 est dessiné à la pierre noire et coloré. La compo-
sition principale a été entourée d'un chœur d'anges, qui, si disparates
qu'ils soient avec la manjère de Raphaël, ne contrastent pourtant pas trop
avec le mauvais dessin de tout le reste.
m. La Naissance du Christ.
Vasari décrit de la sorte ce tableau qui a disparu : « Raphaël envoya
aux comtes de Canossa, à Vérone, un grand tableau de la même beauté
(que la Vision d'Ëzéchiel), représentant une belle Nativité; on fait surtout
l'éloge de l'efTet du lever du soleil (aurora), ainsi que de la figure de
sainte Aune. En somme, on ne saurait mieux louer tout l'ouvrage qu'en
disant qu'il est de la main de Raphaël d Urbin. Aussi les comtes de
Ganossa ont-ils ce tableau en singulière estime, et ils ne veulent point
s'en dessaisir, malgré les prix énormes qu'on leur a offerts de la part de
plusieurs princes. » Le même écrivain rapporte encore ce qui suit, dans
la Vie de Taddeo Zucchero : « Lorsque le duc d'Urbin , qui était, à cette
époque, général des Vénitiens, alla inspecter les fortifications de Vé-
rone, il amena avec lui Taddeo, qui lui lit une copie de la peinture de
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X. 153
Raphaël conservée dans la maison des comtes de Canossa. » Puis,
C. RidoHi a consigné le même fait dans sou ouvrage intitulé : Le Vite de
gV illusiri piitori veneti (t. I, p. 286, Vie de Paul Véronèse) : « Ritorno
da Mantova a Verona trattenendovisi per brève tempo in far copia del
quadro di Raffaelle de' conti Canossa, che nelle case medesime si
conserva.
Mais ces copies sont aujourd'hui perdues, ainsi que l'original, et il
n'y a pas même une gravure qui nous ait conservé le souvenir de ce
tableau. Longhena dit, il est vrai (p. 158, de sa traduction du livre de
M. Quatremère de Quîncy), que, du temps de Lanzi, la copie de Taddeo se
trouvait dans la famille Leopardi, à Osimo ; mais Lanzi, dans la Vie de
Taddeo Zucchero, parle d'une Nativité de ce maître, que possédait autre-
fois le duc d'Urbin , sans même supposer que ce tableau pût être une
copie d'après Raphaël.
Ce tableau disparu a été l'objet de bien des recherches, toujours infruc-
tueuses. Ainsi, Giacomo delli Ascaui publia la description d'une Adoration
des Bergers, en langue française, avec dédicace au roi Louis XV, et cette
description, traduite en italien par S. M. Rangoni, fut publiée, à Bologne,
en 1720. L*auteur de ce Mémoire soutient que le tableau qu'il décrit n'est
autre que celui de Raphaël, qui appartenait aux comtes de Canossa.
Corn. Blomert exécuta également, en 1720, une assez bonne gravure,
in-folio en largeur, d'après ce prétendu tableau de Raphaël ; une autre
gravure par Pietro del Pô parut ensuite. Mais Mariette, qui était un fin
connaisseur, déclara que le tableau devait être attribué à André Schia-
vone, et, si nous en jugeons par la gravure, l'avis de Mariette est juste en
tout point. En 1828, ce tableau était en possession de l'ingénieur Seran-
lODJ, à Gênes*.
Dans la description de Quelques Tableaux italiens et espagnols de la
collection de M. le comte François de Thum et Valsassi, etc. (Vienne,
18?4), il est question d'une Naissance du Christ qui est également repré-
sentée comme étant de Raphaël et provenant de la maison Canossa. Ce
tableau est actuellement la propriété du comte Harras, à Vienne; mais il
ne rappelle nullement les œuvres de Raphaël et il parait être d'un peintre
néerlandais du seizième siècle, qui peignait dans la manière italienne.
Dans cette composition, la Vierge et saint Joseph sont pieusement age-
nouillés devant l'enfant Jésus couché à terre. A gauche, est debout saint
i. Celm-ci aTait, à cette même époque, deux autres tableaux qu'il attribuait aussi â Raphaël,
l'un représentant la Vierge qui donne le sein à l'enfant Jésus, avec un aloès dans le paysage
'b. 1" 7"; 1. r* 7"*) ; l'autre, le Martyre de saint André, peint dans la manière de Jules Ro-
main (h. I' 5*'; 1. 3* %"}. Ces attributions ne méritent aucune confiance, quoiqu'elles aient
été défendues dans un opuscule intitulé : Memoria di Ire quadri origifMli di Haffaele ehe
fanno collezione aile tue Ire manière.
t54 PKINTURES DR RAPHAËL
Jean-Baptiste ayant l'âgn d'homme, et à droite Tapôtre saint Paul. Il y a
dans le fond trois bergers auxquels un ange annonce la naissance du Sei->
gneur. On voit poindre l'aurore à l'horizon. ^
H2. Portrait du comte Baldassare Castiglione \
Sur toile ; b., 20" ; 1., 24", demi-figure.
Le comte Castiglione est vu presque de face , un peu tourné vers la
gauche. Sous ses épais sourcils^ ses yeux bleus bien ouverts regardent avec
un air de bienveillance le spectateur; on reconnaît dans son beau front
le siège d'un esprit développé par l'étude ; le caractère mâle et sérieux
que donne à sa physionomie une barbe touffue est tempéré par l'expres-
sion de douceur et de finesse qui distingue sa bouche aux lèvres fortes et
rubicondes. Ses deux mains sont posées l'une sur Tautre. Une barrette
noire ^ avec un rebord très-large^ couvre sa téte^ et une chemise blanche
lui monte jusqu'au cou. Il porte par-dessous son vêtement^ qui est noir,
une sorte de pourpoint serré, d'étoffe brune^ avec de larges manches^ d'un
tissu rude et filandreux.
Ce portrait de l'auteur du Courtisan (Cortegiano), qui était non-seule-
ment un homme de guerre, un diplomate et un savant distingué, mais
encore un ami fidèle et dévoué, est plein de vie et de vérité ; son exécu*
tion est tout à fait magistrale.
Une lettre de Pietro Bembo^au cardinal Dovizio daBibiena, du 49 avril
15i6, est le document le plus ancien qui fasse mention de ce portrait :
nous avons déjà cité cette lettre dans notre Histoire de Raphaël. Hais
Castiglione, vers la même époque, a célébré ce tableau dans une élégie
latine où il fait parler sa jeune femme, Hippolyta Torelli , qu'il venait
d'épouser et qu'il était obligé de laisser à Mautoue en allant à Rome pour
affaires diplomatiques.
Cette pièce de vers a été imprimée pour la première fois dans les CEu*
vresde Fulvla Morata (Venetia, 1534), sous le titre de : Bath. CasUUonit
Elegia, qud fingit Hippolytam suam ad se scribentem, La voici :
Sola tuos vultas referens Raphaelis imago
Picta mano, caras allevatusque meas.
Huic ego deJicias facio arrideoque jocorqoe ,
AUoquor et lanquam reddere verba queat.
Assensu nutuque mihi saepe illa videlur
Dicere velle aliquid, et lua verba loqui.
Agnoscit, balboque patrem paer ore salatat,
Hoc solor, longos decipioque dies.
Nous avons dit ailleurs que le comte Castiglione ayant été ambassadeur
en Espagne, depuis l'année 1523 jusqu'au 2 février 1529, jour de sa mort,
I. Né en 1473, mort en 1529.
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X. ISS
il est probable qu'il avait emporté son portrait avec lui. Au reste, du
temps de Ruhens et de Rembrandt, ce portrait se trouvait dans les Pays-
Bas; c'est là un fait acquis» car une copie de ce portrait qui avait été faite par
RubeDSj s'est trouvée dans la succession de ce grand peintre. De plus il
existe une copie dessinée et lavée au bistre par Rembrandt, accompagnée
de la note suivante : « De conte batasser de Katjlyone van Rafaël, ver-
kogt voor 3,500 gulden. » Cet intéressant dessin (baut de k" 6"', et large
de 3" 3'") est aujourd'hui dans la ricbe collection Albertine, à Vienne.
Jac. de Sandrart avait offert 3,400 florins du portrait original dans la
vente des ouvrages d'art de M. van Usselen, le 9 avril 1639, mais il fut
adjugé à don Alfonso de Lopez, conseiller de Sa Majesté Très-Chrétienne
à Amsterdam, pour la somme de 3,S00 florins (voyez Accademia tedesca
délia architetlura , seuUura e pitturOy par Sandrart, Nûmberg, 1675-79,
t vol. in-fol. fig.)* A. Persinius l'a gravé pour Joachim Sandrart avec
cette indication : In œdibus Alph. Lopez. Il devint ensuite la propriété du
cardinal Mazarin et fut estimé, dans son inventaire, 300 livres. Louis XIV
Tacheta des héritiers du cardinal. Transporté de son panneau sur toile,
il est actuellement au musée du Louvre.
Gbavubis : Reg. Persinius (Renier Perzyn), Joachimns Sandrart del. et exe.
Amsterd. in œdibns Alpb. Lopez, avec cette soscription ; Qui vedi il Ballhataro
Catiiggléone, ehe l'arte di corle rete ti /Ino, etc. Petit in-folio. Du côté opposé. —
Nie. Edelinck, petit in-folio. Du côté opposé. Pour le Cabinet Crozat. — Nie. de
Larmessin , pour V Académie det Sciewet ei dee ArU , àe Bullart. — J. Godefroi
pour le Muiée Napoléon. — Bou trois pour la Galerie Filhol. -— Lithogr. par
Z. Belliard, in-4*. — Manière crayon noir, sans les mains, par Le Page. — Lan-
doo, n* 319.
Diverses copies anciennes d'un portrait difl'érent du comte Castiglione
nous apprennent que Raphaël , sinon un de ses élèves, avait peint encore
une fois son ami, sans barrette, également tourné vers la gauche, avec un
vêtement assez simple. Antonio Beffa Negrini, dans ses Elogj de personaggi
délia famiglia Castigliona (Mantova, 1606 , parle de ce second portirait :
< Rafaël Sanzio d'Urbino amicissimo del conte e per la creanza di civi-
lissimi costumi, e per l'eccellenza^singolare délia pittura e deir arti sue
compagne, gli fece la detta medaglia, come anche lo ritrasse nella sala
di Costantino, dove non sono se non Principi ecclesiastici e secolari, e ctue
dire che si conservano in casa Castigliona. »
Cest sans doute un de ces portraits que possédait , vers la moitié du
siècle dernier, le cardinal Lodovico Valenti Ce portrait est encore à Rome
au palais Torlonia, chez le duc de Braciano. Ce n'est que la tête, ainsi qu'elle
est décrite ci-dessus, très-hardiment» mais peu spirituellement peinte sur
bois (h. 2 palm. 4" 6'", 1. 1 p. 10".) Le panneau porte, dans le bas, les
armes de la famille Castiglione et une inscription latine, dans laquelle
est indiquée la date de la mort du comte, ce qui prouve asses que ce ne
156 PEINTURES DE RAPHAËL
peut être un tableau original. Voici cette inscription où l'on est étonné de
ne pas voir le nom de Raphaël. Baldesar de Castiliono Christtof. nulites
primus /f . Henrici Angliae régis aeques, Amor capit nttbilariae agri pisau-
rensis co. et post mortem uxoris, CUmerUis P. P. Vil in Hispanijs nuncîus
et a Carlo Vimperat, abbulae esp, ellectus. Ntttus est in vico casalici agri
Mant y obeyt veto Toleti in Hispanijs ann. MDXXIX.
Gravé par L. Ceroni pour l'ouvrage de Dennistoan : Memoinofthe duks of Urin^o
(LondoD, 1851).
Une autre copie de la même téte^ laquelle, à en juger par la manière
dont elle est traitée, doit être de la main d'un Vénitien, se trouvait dans
la collection du comte Cabrai, à Rome, où nous l'avons vue en 1835. Peut-
être est-ce la même que possédait, en 1820, le docteur Pasquale Coddé à
Mantoue, et, si nous ne nous trompons pas, elle est entrée, depuis 1845,
au musée de Berlin.
Gravures d'après le tableaa qai appartenait au cardinal Valenli. Jo. Goitofr.
Seuter, 1747, pet. in-fol. — Paolu Fidanza, n* 14, de grandeur naturelle, pour ses
Têtetehoiswt de personnaget iUuilres (Rome, 1785).— Gius. Longhi dis., Ant. Gajani
se, dans un petit ovale.
Un portrait du cardinal (?) Castiglione, qui osait faire la lecture pendant
que Raphaël peignait, eî^t en la possesi^ion du conseiller Bach, à Breslau.
Von der Hagen le cite en ces termes dans ses Briefen in die Heimath (t. I,
p. 56, et t. II, p. 246).
113. La Chambre de l' Incendie du Bourg, ou di Torre Borgia»
1514 A 1517.
I
Nous avons déjà dit, dans notre Histoire de Raphaël, que le peintre
d'Urbin, par attachement et par reconnaissance pour son maître, ne vou-
lut point laisser abattre le plafond de cette chambre peint par le Pérugin
et que ces peintures subsistent encore aujourd'hui. Comme ce plafond n'a
aucun rapport avec les autres fresques murales de cette chambre, nous
nous croyons dispensé d'en donner ici une description et nous renvoyons
seulement le lecteur à la première partie de notre ouvrage. Des quatre
fresques de Raphaël qui décorent cette salle, celle de l'Incendie du Bourg
n'est pas seulement la plus remarquable; c'est aussi la mieux conservée;
les autres paraissent avoir été. en grande partie, exécutées par ses élèves.
Les figures des princes protecteurs de l'Église, en couleur de métal jaune
sur des socles, furent primitivement peintes par Jules Romain : elles ont
été tellement modifiées depuis par Carie Maratte, qui était chargé de les
restaurer, qu'on peut les considérer maintenant comme des ouvrages de
ce dernier peintre.
114. L^ Serment de Léon III.
Peinture murale au-dessus de la fenêtre.
Le pape Léon 111, sous les traits de Léon X, est debout devant l'autel et
EXËCUTËE8 A ROME SOUS LÉON X. 157
ses mains sur le livre de l'EvaDgile, pour se justifier en présence de
Charlcmagne contre les accusations du neveu du défunt pape Adrien I*'.
L.es diacres^ à ses côtés, tiennent son manteau ouvert, et un jeune prêtre,
derrière lui, porte la triple couronne. A gauche, devant quelques évêques,
se tient debout le roi des Francs, en costume de sénateur romain, la main
élevée et demandant au synode qu'il a convoqué de se prononcer sur la
conduite du pape. Une voii dans l'assemblée lui répondit qu'il n'apparte-
nait à personne de juger le premier siège (prima sedes a nemine judicatur),
comme le rapporte Anastase le Bibliothécaire. Derrière les évéques qui
sool debout portant leurs mitres, se presse une nombreuse foule, et sur
le premier plan des marches de l'autel sont quelques gardes et quelques
porteurs de massues avec le costume italien du seizième siècle. Cette
fresque, qui oiïre plutôt un sujet d'apparat qu'un sujet d'action , est d'un
aspect peu attrayant, quoiqu'elle soit, dans son ordonnance, complète-
ment digne du maître. L'exécution semble avoir été confiée à un de ses
élèves; mais celle peinture a beaucoup souffert; elle a été souvent retou-
chée et en outre elle est mal éclairée. 11 est donc très-difficile de la juger.
Dans les embrasures des fenêtres, on lit, à côté des armes des Médicis,
cette inscription : LEO. X. PONT. MAX. ANNO. CHRISTI. MCCCCCXVH.
— PONTIFICAT. SVI. ANNO. IIII.
Gbavurbs : Franc. Aqaila, grande feuille pour ses Pielurœ, etc. — Aloisius Fa^
brî, gr. in-foi. en largeur. — Landon, n« 307.
115. Z^ Couronnement de Charleinagne.
Un peu au delà du premier plan est assis le pape Léon III ( sous les
traits de Léon X), qui va poser la couronne sur la tête de Charlemagne
agenouillé devant lui. Charlemagne est ici représenté sous les traits du
roi François 1^, pour faire allusion au traité conclu à Bologne entre lui et
Léon X à la fin de 1515. Un jeune homme, en costume de page, tient la
couronne du roi très-chrétien; c'est le portrait du jeuneHippolyte de Mé-
dicis, fils naturel de Giuliano. Aux deux côtés de cette scène solennelle
sont assis beaucoup de cardinaux avec leurs caudataires [candatarji). Dans
le milieu, au fond, on voit encore un jeune guerrier, au casque ceint d'une
couronne, que Montagnani, avec beaucoup de vraisemblance, désigne
comme devant être Pépin, qui fut oint et sacré en même temps que son
père par le pape Léon III. A côté de l'autel, en face du trône, se trouve
une tribune élevée pour le chœur des musiciens, et, devant cette tribune,
passent quelques officiers portant des vases précieux, présents du nouvel
empereur romain.
Par ces détails épisodiques, Raphaël cherchait à animer cette scène d'ap-
parat et à corriger la monotonie du sujet. C'est sans doute aussi pour les
mêmes motifs qu'il prit son point de vue en diagonale, ce qui produit
quelque chose de contrarié dans la composition, en détruisant cette symé-
158 PEINTURES DE RAPHAËL
trie architectonique si nécessaire aux peintures murales et employée
ailleurs avec tant de succès par le maître. Au fond, une belle architecture
d'ordre dorique nous montre quel était le projet de Raphaël ps>ur la
construction de l'église Saint-Pierre.
Quoique cette peinture, par les diiïérentes restaurations qu'elle a subies,
ait perdu sa limpidité de ton avec Tharmonie de son ensemble, beaucoup
de têtes, notamment parmi les évêques, sont peintes d'une manière si
magistrale, que la main de Raphaël y est encore reconiiaissable. Pietro
Bembo, dans une lettre, du i9 juillet 1517, au cardinal Bernardo da Bi-
biena, s'exprime ainsi en parlant de cette fresque : « Et les stanze de
Notre Seigneur (le pape), que RaphaëFa peintes, sont de toute besLùté,
non-seulement à cause de ses excellentes et superbes peintures, mais en-
core en raison du grand nombre de prélats qu'il y fait figurer presque
toujours. » Parmi ces derniers, Yasari nomme Gianozzo Pandoltino, évêque
de Troja, pour qui Raphaël avait dessiné le plan d'un palais dans la rue
S. Gallo, à Florence. Malgré l'incertitude où l'on doit être aujourd'hui
pour distinguer ce dernier évêque parmi tant d'autres, il paraît pourtant
que c'est celui qui se trouve au premier plan.
Gravures d'après celte fresque : FraDC. Aquiia, grande feuille pour ses Pieturœ.
— Aloysio Fabri se. Rom., gr. in-fol. en largeur. — Laodon, n* 351.
Esquisses pour cette peinture.
a.) Étude de draperies de huit évêques assis , et , sur le revers de la
même feuille, d'un évêque assis et de deux diacres debout. Très-bien des-
sinée à la sanguine. Collection de l'Académie de Dusseldorf.
6.) Esquisse de trois chanteurs dans la tribune. Collection Albertine, à
Vienne.
Gravée par A. Bartscb.
116. Lhicendiedu Bourg.
Le faubourg de Saint-Pierre, nommé Borgo Nuovo, est la proie des flam-
mes; l'incendie a fait de tels progrès que tous les efforts humains pour
arrêter le terrible fléau sont inutiles; le feu menace même Téglise. Dans ce
péril extrême, apparaît sur une galerie ouverte (loggia) du Vatican (démolie
actuellement), le pape Léon IV, qui fait le signe de la croix en adre^ant
au ciel une ardente prière; une foule de peuple rassemblée s'agenouille et
reçoit la bénédiction du Saint-Père avec confiance. Cette scène imposante,
avec une vue de l'ancienne façade de l'église Saint-Pierre, forme le fond
de la peinture. Au premier pian, à gauche, une petite maison, bâtie dans
des ruines antiques, est livrée aux flammes, et, du haut de la muraille, se
penche dans le vide une jeune femme oubliant elle-même le danger pour
ne penser qu'au salut de son enfant qu'elle tend à un homme qui s'ef-
\
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X. 159
de Tatteindre. Auprès de ee groupe, on voit un jeune bomnie qui
est sorti du lit sans aucun Yétenient et qui se laisse glisser le long du
mur, en mesurant du regard la hauteur de la chute. Sur le devant est le
groupe célèbre représentant un homme robuste , entièrement nu^ qui
emporte, à travers les décombres, son vieux père également nu et accom-
pagné de son jeune fils. La partie centrale du premier plan est occupée
par des femmes et des enfants. Rien de plus magnifique que la figure de
kl jeune femme, vue de dos, qui élève en l'air les deux bras dans l'action
de la prière ; rien de plus touchant que la mère qui montre à son enfant
à joindre ses deux petites mains pour prier avec elle, comme si elle avait
plus de confiance dans la prière de son enfant que dans la sienne propre.
Od voit que Raphaël, par ces scènes simples et naïves, a voulu combi-
ner Taction de l'arrière-plan avec celle du premier, dont les groupes sont
merveilleusement liés entre eux. Effrayée, épouvantée par le spectacle
terrible de l'incendie, à gauche^ une mère agenouillée serre son enfant
eontre elle-même^ tandis qu'une autre, troublée et craintive, fait marcher
ses deux enfants devant elle dans la direction des gens qui s'enfuient.
Rsiphaêl a Jndiqué d\ine manière admirable, dans ces deux enfants, la
différence des sexes; le plus âgé, qui est une fille, pose ses mains, par un
sentiment de pudeur^ sur sa poitrine en écoutant les paroles de sa mère,
tandis que l'autre, qui est un garçon, se tient la tête en criant. A droite,
ce sont des hommes et des femmes qui essayent de combattre l'incendie;
il faut remarquer surtout la femme qui présente à un jeune homme deux
Tases remplis d'eau : son vêtement bleu, vivement agité par le vent, fait
admirablement ressortir les contours de son beau corps. La plus célèbre
de toutes ces figures est celle qui porte un vase plein d'eau sur la tête en
descendant les degrés d'un escalier. Tout le monde connaît la beauté de
aes formes majestueuses, si accusées par le mouvement des draperies.
Raphaël a montré, dans cette fresque, qu'il était un maître accompli.
L'intérêt dramatique du sujet, la beauté de la composition, l'exécution
magistrale de la peinture, surtout dans la partie droite du tableau, placent
rincendié du Bourg au premier rang de ses ouvrages. Mais, dans le dessin
du DU, il s'est davantage laissé entraîner par la tendance que manifestait
alors Michel-Ange, de représenter un certain idéal, qui consiste dans
l'exagération des formes humaines plutôt que dans une étude sévère des
modèles divers de la nature. Or, comme il ne possédait pas, il faut l'avouer,
les profondes connaissances anatomiques ni le style grandiose de son
puissant rival, qualités qui, aux yeux de ce dei'nier, étaient les vrais
caractères de l'art, nous devons, à certains égards, nous associer à l'opi*
nton de Vasari, quand il dit : « Si Raphaël avait voulu rester dans la voie
où il était entré avec ses Sibylles de S. Maria délia Pace, s'il n'eût pas
cherché depuis à changer sa manière et à la rendre plus grandiose^ afin
9
h
^
*
160 PEINTURES DE RAPHAËL
de montrer qu'il avait la science du nu à l'égal de Michel-Ange, il n'au-
rait rien perdu de l'immense gloire qu'il s'était acquise; car, quoique les
figures nues qu'il peignit dans ilncendie du Bourg soient bonnes, on ne
saurait cependant les trouver excellentes sous tous les rapports. » Si dur
que puisse paraître ce jugement, puisque les figures de l'Incendie du
Bourg doivent être considérées comme des chefs-d'œuvre , il faut recon-
naître cependant que Raphaël, qui avait au plus haut degré la faculté de
saisir et de rendre ce qu'il y a de caractéristique et de particulier dans
les formes avec plus de finesse et de sévérité à la fois qu'aucun au Ire
artiste de son temps, aurait encore mieux réussi à peindre le nu dans
l'Incendie du Bourg, s'il était resté fidèle à son génie propre, au lieu de
se laisser aveuglément entraîner vers les principes de l'art de Michel-
Ange. Cette réflexion prend encore plus de valeur et d'autorité, si nous
examinons les études que Raphaël avait faites pour l'homme qui porte
son vieux père et pour celui qui se laisse glisser le long du mur, études
qui sont d'une beauté et d*une vérité pleines de caractère, qui trahissent
un sentiment si exquis de l'art du dessin , et qui n'ont peut-être d'ana-
logie qu'avec les meilleurs ouvrages de la sculpture antique. Si donc
Raphaël avait conservé dans ses peintures des Stanzes ce que nous appe-
lons son art, et ce qui était une intime et fidèle imitation de la nature
dans sa prodigieuse variété, il ne serait comparable à aucun artiste, de
même que Michel-Ange restera incomparable dans le grandiose qui lui
est propre, et, comme il dit lui-même, dans son art. Nous croyons avoir
ainsi rendu justice à chacun de ces deux beaux génies, et nous voudrions
pouvoir terminer, par ce jugement, un débat qui existe dans la critique
de l'art depuis les temps de Vasari et qui est encore aussi actif de
nos jours.
Gravures d'après la fresque, par un ancien anonyme italien, du côté opposé,
grande feuille. Bartsch, t. XV, p. 23, n* 6. Secondes épreuves de 1545, retouchées
par Ph. Thomassin, 1610. — Franc. Aquila pour ses Pxciwrœ^ etc. — Paolo Fidanza,
grande feuille à l'eau-forte. — Joh. Yolpato, gr. in-fol. en largeur. — Glus. Mo-
chetti, pet. in-fol. en largeur. — Landon, n° 310.
Gravures d'après quelques parties de cette peinture.
a.) Le groupe de l'homme portant son vieux père et accompagné de son fils,
sous le titre d'Énée portant son père Anchise avec le petit Ascanius, par J. Cara-
glio. Bartsch, t. XY, p. 94, n" 60.
b.) Le même groupe, par Michèle Lucchese.
c.) Le même groupe, par un ancien maître allemand qui était en Italie. H. 8" ;
1. 6" 3'".
d.) Le même groupe, du côté opposé ; l'enfant seulement au trait. Picart. Rus.
exe, in-8.
e.) Le même groupe, avec la vieille femme, le jeune homme qui descend du
mur et la mère qui cherche à sauver son enfant, d'après un petit tableau que
possédait Sandrart, et qu'il a décrit dans son Aceademia ledeaea, Joh. Jac de San-
Urart del. et scnlp. Norimb., 1683, in-ful.
EXKCUTÉES A HOME SOUS LÉON X. i61
f.) L'homme qui s'efforce d'atteindre à l'enfant que lui présente la mère. Du
fôlé opposé, tourné à droite. Gravure sur bois au clair obscur. H. 5" 6"; I. 3" 3'".
§.] Deux petites feuilles in-8, par Joh. Bischof, nommé Episcopus, avec la
femme qui porte un vase plein d'eau.
*.) L'homme qui porte son père, à l'eau-forte, par And. Procaccini. Du côté
opposé. De même la femme qui porte un vase. Petit in-fol.
».) L'homme qui porte son père. Gravé par C. Bloemart. Petit in-fol.
/.} Groupe des trois femmes, avec l'enfant à genoux au milieu du premier plan.
Par un anonyme du dix-septième siècle. Du côté opposé, c'est-à-dire la femme
igenouillée à droite. H. 10" ; 1. 8" 10"'.
Études pour cette peinture.
a.) Deux des femmes avec renfant à genoux. Esquisse à la sanguine^
dans la collection Albertine , à Vienne.
Gravée par A. Bartsch. — Lithogr. par Fendi.
6.) Le jeune homme qui glisse le long d'un mur. Étude à la sanguine^
dans la même collection.
e.) L'homme qui porte son père. Étude à la sanguine, dans la même
collection.
Lithogr. par J. Pilizotti.
d.) La femme qui porte un vase, vêtue. Esquisse à la sanguine, dans la
collection de Florence.
e.) La même figure, mais nue. Étude à la sanguine, contre-épreuve à
l'Académie de Dusseldorf. Lithogr. par Mosler. Le dessin de la même
figure au bistre, sorti des collections D*^ Mead, A. Pont et Dimsdale, lequel
est actuellement à Oxford, ne paraît pas authentique.
iil. La Victoi?*e remportée sur les Sarrasins.
Non loin de l'embouchure du Tibre, près d'Ostie, le pape Léon IV (sous
les traits de Léon X) est assis sur des débris d'architecture antique. Il
lève les regards et les mains vers le ciel, pour le remercier de son inter-
vention, tandis qtje des prisonniers sarrasins, au milieu du désordre de la
mêlée, sont amenés par des soldats qui les forcent à se prosterner devant
le chef de TÊglise. Adroite, deux Sarrasins sortent d'une barque, et des
soldats les saisissent par la barbe et par les cheveux; d'autres captifs sont
garrottés et couchés à terre. Un cortège de chrétiens, précédé d'un porte-
croix, arrivent de la ville pour présenter leurs félicitations au pape,
derrière lequel on reconnaît le cardinal Giulio de Médicis et le cardinal
de S. Maria in Portico ou da Bibieiia. Dans le lointain, le combat continue
sur les vaisseaux et dans le port.
Cette peinture, à cause du voisinage d'une cheminée placée au-dessous
d'elle, a plus souffert que les autres ; elle a été d'ailleurs fortement re-
peinte, ce qui fait que l'on serait en peine de foi*muler un jugement tant
sur son exécution que sur son aspect primitif. Selon Titli {PiUurey seul-
II. li
163 PEINTURES DE RAPHAËL
iure, etc., di Roma, 468G^ p. 422)^ cette fresque aurait été exécutée par
Gaudenzio Ferrari , nommé il Milane&e, supposition qui ne repose sur
aucun document contemporain.
Gravures : Par un élève de Marc-Antoine. Côté opp. in-fol. en larg.. Bartsch,
t. XV, p. 34, n*7. — A l'eau-forte, par N. Morant et L. Dorigny, 1673, grande
feuille in-fol. en largeur. — Ph. Thomassin (Tauriscus, p. 303). — G. AudraQ ,
sans nom. F. exe. avec privilège du Roi; pet. in fol. en largeur. — Franc. Aquila,
pour ses Pictwrœ, etc. — Friquet, à l'eau-forte, sans cintre, pet. in-fol. en largeur.
— Aloisius Fabri, gr. in-fol. en largeur. — Landon, n* 410, du côté opposé.
Études et esquisses pour cette peinture,
a.) Étude à la sanguine , d'après un modèle nu, pour le chef militaire
qui a le bras étendu auprès du pape. Raphaël envoya ce dessin à Albrecbt
Durer; actuellement^ il se trouve dans la collection Albertine» à Vienne.
Gravé par Beckenkamm. — Lithogr. par Kriuhuber.
b.) Élude d'après nature pour deux prisonniers^ à la pierre noire. Coll.
d'Oxford.
c.) Deux esquisses à la plume sur une même feuille, pour des soldats
et des prisonniers. Autrefois dans la collection Lawrence; actuellement
dans la collection d'Oxford.
Gravées par le comte de Caylus.
d,) Un dessin très-soigné, presque entièrement conforme à la fresque»
mais qui semble être la copie d'un dessin original aujourd'hui inconnu, a
été acheté par Sam. Woodburn, de Londres, dans la vente du roi de
Hollande, à La Haye, en 1890.
118. Tauleaux des socles dans la chambre de la Torre Borgia.
Ils consistent en six figures assises représentant des personnages célèbres^
qui furent dans les temps les protecteurs de TÉglise romaine. Ils sont
placés entre des Hermès tenant des inscriptions en l'honneur de chacun
d'eux. Primitivement, ces figures avaient été exécutées par Jules Romain^
en couleur de bronze jaune, vraisemblablement d'après ses propres
compositions (Voy. la Vie de cet artiste, dans Vasari); mais, comme nous
l'avons dit, ils avaient tellement souffert, que, selon le rapport publié
par Bellori, lorsque cette chambre fut restaurée par Carlo Maratti et ses
élèves, dans les années 1702 et 1703, ces figures accessoires ne furent pas
seulement repeintes, mais encore on fit à nouveau deux d'entre elles,
dont il ne restait plus trace, si bien qu'en général on doit les considérer
comme des ouvrages de Carlo Maratti, et non de Raphaël et de ses élèves.
Sous le Serment de Léon III, à côté de la fenêtre, est Constantin le Grand,
avec cette inscription : Dei non hominis est episcopos judicare. Au-dessous
du Couronnement de Charlemague se trouve la figure de ce prince, avec
cette inscription : Carolus magnus Ro. EccUsiœ ensis clypeusque. Sous
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON \. 1Ô5
flnceiHlie du Bourg est Godefroy^ duc de Bouillon^ avec cette inscription :
Kefas est ubi rex regum Christus spineam coronam tulit^ christianum
hominem auream gestare. Puis, à côté de lui, Âstulf, roi de la Grande-
Bretagne , avec cette inscription: Aistulphus rex sub Leone 111 Pont.
Britanniam becUo Petro vecligalem facit. Enfin, au-dessous de la Victoire
reoiportée sur les Sarrasins, est assis Ferdinand le Catholique, avec celte
ÎDScription : Ferdinandus rex catholicus ckristiani imperii propagator.
Vis-à-vis est Tempereur Lothaire, avec cette inscription^ : Lotharus imp.
pontificiœ libertatis assertor. Entre ces deux dernières figures se trouve
actuellement une cheminée ; mais autrefois il y avait la figure de Pépin,
ainsi que le prouve Tinscription qui existe encore.
Vasari , dans la Vie de Jules Romain, rapporte que ces figures furent
exécutées par cet élève de Raphaël ; « Une partie de cette histoire, dit-il,
a été publiée en gravures, il n'y a pas longtemps, d'après un dessin de la
maÎD de Giulio. d On pourrait conclure de là qu'une partie d^ ces figures
furent alors gravées ; mais aucune estampe qui les représente ne nous est
parvenue, et ce passage pourrait bien se rapporter à une ancienne gravure
de l'Incendie du Bourg. Montagnani a fait reproduire au trait, dans son
ouvrage^ toutes les figures telles qu'elles sont actuellement.
Etudes pour ces peintures.
L'esquisse pour la figure de Lothaire est dans le musée Wicar à Lille.
Fac-similé par Wacquez, pour l'ouvrage du duc de Luynes.
L'esquisse pour un des Hermès, avec un bras soulevé, à la sanguine,
in-foL, se trouve dans le musée Teyler, à Haarlem.
119. Petits taMeaux dans les embrasures des fenêtres.
Dans la cbambre de la Torre Borgia. '
a.) Le Christ après sa résurrection apparaît à ses apôtres au bord de la
mer et leur ordonne de jeter le filet au côté droit de la barque, etc. (Évan-
gile de saint Jean, ch. xxi). On voit quatre apôtres et saint Pierre qui sont
dans la barque; le Christ est debout à gauche. Ce petit tableau en largeur
est, comme les autres, peint en camaïeu jaune sur brun et traité très-ha-
bilement et très-largement.
" Ghavcres : Pietro Santi Bartoli, parmi les 14 feuilles dédiées à Nie. Simonelli.
Do côté opposé. — De môme, dans Landon, n** 244.
Dans la collection Albertine, à Vienne, se trouve un dessin au bistre
d'après cette composition, mais qui semble être une copie d'après l'esquisse
originale.
Lithogr. par PilizoUi.
b.) « Conduis mon troupeau. » Le Christ, à gauche, montre de la main
droite les brebis; saint Pierre est agenouillé auprès de lui^ les mains
i6i PEINTURES DE RAPHAËL
jointes et tenant les clefs. Parmi les onze apôtres qui sont du côté droit .
le troisième enveloppé d'un large manteau est vu de dos.
Gravures : Le Mattre au Dé. Bartsch, l. XY, p. 191, n*> 11. — Copie, du côté op-
posé, avec celle inscription : Simon iona; dUigis me plu4 kit. etc. — A l'eau-forle,
par Pietro Santi Bartoli, parmi les 14 feuilles dédiées à Nie. Simonelli. — Landon,
n'243.
c.) Simon le Magicien et saint Pierre devant Néron (Baronius, Annales^
t. 1). Néron est assis à gauche, ayant un jeune homme et un soldat à ses
côtés; saint Pierre est debout devant lui. Au milieu, saint Pierre se trouve
encore une fois, tenant les clefs, vu de lace. A droite, Simon le Magicien
vole sur un nuage lumineux, et deux guerriers éblouis le contemplent.
Gravures : Du côté opposé, parmi les 14 feuilles de Petrus Sanctus Bariolas,
dédiées à N. Simonelli. — Landon, n** 248.
d.) Domine, quo vadis. — Lorsque saint Pierre persécuté voulut fuir de
Rome, le Christ lui apparut chargé de la croix, allant du côté de la ville;
Tapôtre lui demanda : « Seigneur, où vas-tu? — A Rome, pour roc faire
crucifier encore une fois. » Sur quoi saint Pierre rebroussa chemin et alfa
subir le martyre (S. Ambrosius, dans Baronius, i^nn. 69). Le Christ maixrhe
vers la droite, où se trouve une porte de la ville, de laquelle sortent des
soldats.
Gravorbs : Giulio Bonasone, in-fol. en largeur. Barlsch, t. XV, p. 119, n"* 41.
— Martino Rota, 15G8, in-fol. en largeur. Barlsch, t. XVI, p. 250, u« 6. —
Joh. Bapl. de Cavaleriis, 1569, in-foi. en largeur. Yoy. le monogramme dans
BruIliol,n*8B5. — A l'eau-forlc, du côté opposé, par Pietro Santi Bartoli, parmi
les 14 feuilles dédiées à Nie. Simonelli. — Landon, n** 245.
120. Le Chist et les Apôtres.
Peintures murales, dans la Sala veochia de* Palafreiiieri.
Nous avons déjà dit dans notre histoire de Raphaël qu'il ne restait plus
rien de la composition primitive de ces figures peintes à la terre verte; car,
lors de la restauration que leur fit subir Taddeo Zucchero, elles ne furent
pas seulement repeintes, mais encore elles le furent fout à fait dans le
goût de ce dernier. Les animaux qui avaient été exécutés par Giovanni da
Udine dans la frise ont aussi complètement disparu; néanmoins, au-
dessus de la porte d'entrée, on voit encore un Saint Jean-Baptiste enfant,
peint en grisaille , aux côtés duquel sont perchés deux perroquets qui
pourraient bien être un reste de la peinture de Télève de Raphaël. Yoy.
dans Vnsari la Vie de Giovanni da Udine, ainsi que la Descrizione del
palazzo Vaticano, de Taja (p. 1 18), et les Dialoghi sopra le Belle Arti, de
Bottari (p. 309).
'11 en est de même des figures d'Apôtres peintes à fiesque sur les piliers
de réglise SS. Yincenzo et Anastasio aile Ire FontanCy près de la basilique
de Saint-Paul hors des murs. Ces ligures sont tellement gâtées par des
EXÉCUTÉES A ROME SOUS LÉON X. i05
barbouilleurs, que Ton peut à peine reconnaître qu'elles ont (Jfi être faites
d'après les gravures de Marc-Antoine ; car il ne paraît pas supposable,
malgré une opinion très-accréditée, que Raphaël ou un de ses élèves ait
exécuté ces peintures. En tous cas, le Baptême du Christ et le Christ
apparaissant à sainte Madeleine, sujets représentés sur les deux derniers
piliers, sont d'une époque évidemment postérieure, et en tout point mé-
diocres. Quant à l'Apôtre saint Paul, il est pris de la composition de Ra-
phaël dite des Cinq Saints, gravée par Marc-Antoine. Au sujet de la suite
des treize gravures de Marc-Antoine, représentant le Christ et les douze
apolres, le Mercure allemand de 1791 contient des réflexions qui méritent
d'être citées à cause du nom de leur auteur illustre, Goethe : « Raphaël
conçut ridée de représenter dignement le divin Maître avec ses douze
premiers disciples, qui, exclusivement attachés à sa personne et à sa
parole, couronnèrent, la plupart, leur apostolat par le martyre. Cette
idée, il l'a mise à exécution avec une telle simplicité, une telle variété,
avec tant d'âme, avec tant de sentiment de l'art, que nous pouvons consi-
dérer les estampes qui nous ont conservé ses compositions comme un des
plus beaux monuments de son heureux passage sur la terre. Raphaël a mis
en œuvre, de la manière la plus délicate, ce que les Évangiles et la tradi-
tion nous ont appris des apôtres, de leur caractère, de leur état, de leurs
habitudes, de leur existence et de leur mort, et il a ci*éé ainsi une suite
de figures admirables qui, sans se ressembler, ont ceiiendant entre elles
une étroite liaison, d
Dessins,
Selon le Catalogue de la collection du cardinal Maria Grimani , qui le
rédigea lui-même à Venise eu 1526 , il aurait possédé les dessins du Christ
et des douze apôtres par Raphaël. Ces dessins étaient apparemment à la
sanguine , car la plupart des copies que nous avons vues d'après cette
suite originale sont exécutées de la sorte, entre autres celles qu*on con-
serve à Cbatsworth et à Florence.
Gravures : Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n*" 64-76.— Copies sans numéros.
B., p. 79. — Copie du Christ; côté opposé. B. n<> 77.~ Copie du Saint Pierre. B.,
n*l8. Par Marco da Ravenna. Du côté opposé. Bartscb, t. XIV, n" 79-91. — Lucas
Ciamberlano, apud Pctrnm JtepbanoniuiD, 1614, 14feuill.,pet. in-fol. — Gravures
sur buis en clair-obscur, par un ancien Italien. — Les mêmes, imprimés en noir,
avec les noms des apôtres. Feuille du Christ: Haut.., 11" 3"'; larg.,7" 0'". Feuilles
«les apôtres : Haut., 10" 9'"; larg., 6" 3'". — Pb. Thomassin, presso JacomoRossi,
1616. Raphaël Urbinag inventât^ quat ob longitudinem temporit talit eonsumplai.
14 feuilles pet. in-fol. — 14 feuiUes in-24. Visher exe. Les mêmes, avec F. de
WiUe exe. — 13 feuilles de Secundus Biancbi; les figures sont posées sur des
piédestaux, in-fol.— J. P. Langer, 1801, à l'eau-forte, d'après Marc-Antoine, in-8.
-Perd. Ruschweyb, d'après Marc-Antoine, pet. in-fol.— Pflugfelder se, 13 fcuill.
in-i— Marchand, à Paris, au trait. — Landon, n" 286-289.
iQC PEINTUitES DE RAPHAËL.
LES LOGES DU VATICAN.
Cette galerie supérieure, ouverte d'un côté, espèce de corridor condui-
sant de Tescalier du second étage h la salle de Constantin et aux Stanze, se
compose de treize compartiments ou loges {loggie) h petites coupoles ;
celui du milieu contient, à sa clef de voùle, les armes de Léon X; les au-
tres une Victoire ou un Génie tenant un joug sur les épaules. Ce joug, qui
est l'emblème que Léon X adopta en 1512, lorsqu'il fut réintégré dans le
gouvernement de Florence, fait allusion à ces paroles du Christ : a Mon
joug est doux et mon fardeau est léger. » Les quatre côtés de chaque
coupole sont peints à fresque et présentent quatre tableaux carrés. Qua-
rante-huit de ces tableaux sont des sujets tirés du Vieux Testament; les
quatre derniers sont empruntés au Nouveau. On les nomme habituelle-
ment la Bible de Raphaël. De riches ornements en couleurs et en stuc
encadrent les tableaux ainsi que les pilastres sur toutes leurs faces; l'en-
tourage des fenêtres, qui donnent sur le corridor, est orné de fleurs et
de guirlandes de fruits également en fresque; au-dessous de ces fenêtres,
il y a encore d'autres sujets de Ja Bible, imitant des bas-reliefs de bronze
doré et se rapportant aux sujets peints dans les coupoles. Tous ces ta-
bleaux et tous ces ornements, dont ces derniers sont en partie dans le
goût grotesque antique, ont été peints sous la direction de Raphaël qui
en fit les esquisses lui-même. C'est là un fait non>seulément attesté par
Vasari, mais encore il se trouVfe prouvé par beaucoup de dessins du
maître, encore existants, qui se rapportent aux tableaux et aux ornements
des Loges. Ces ornements occupent même une place tout à fait supérieure
dans l'œuvre de Raphaël , par la grâce et la richesse de fantaisie qui les
caractérisent, et les élèves les plus distingués de Raphaël n'ont jamais été
capables de l'égaler en ce genre de composition : ce qui est assez visible
quand on compare ces esquisses avec les ornements de la salle Borgia et
du vestibule de la villa Madama, que Jules Romain, Perino del Vaga et
Giovanni da Udine ont décorés de leur mieux en s'eflbrçant d'imiter leur
maître.
On a souvent prétendu que Raphaël avait copié les ornements des Loges
du Vatican d'après des modèles antiques ; mais on ne saurait adopter en
partie cette opinion qu'avec une extrême réserve, car, lors même qu'il
aurait emprunté à des monuments de l'ancienne Rome le caractère général
de l'ornementation et quelquefois des parties de détails , et notamment
certains ouvrages de stuc, il faut cependant convenir que la plupart des
autres ornements, dont il a fait usage avec tant de caprice et d'abondance,
sont très-différents du type antique, avec lequel il a pu se rencontrer quel-
quefois par hasard, le goût du beau étant le principal guide de son ima-
gination inépuisable.
LES LOGES DU VATICAN. 407
Quant à raccusation qui reproché à Raphaël d'avoir été le plagiaire
et le destructeur des peintures antiques , elle ne mérite pas qu'on la
réfute^ car elle ne repose que sur un passage mal compris du livre de
Serlio. Platner en a déjà fait justice dans sa Description de la ville de Rome
(t.JI, p. 303-305 ^), et cet écrivain a prouvé, en même temps, que les gro-
tesques insigniKants décrits par Vitruve n'ont pas le moindre rapport avec
ceux de Raphaël, qui employait ces ornements toujours pour accompa-
gner des sujets principaux avec lesquels ils ont presque constamment une
espèce de corrélation, ainsi que nous nous sommes efforcé de le démon-
trer dans notre histoire du peintre d'Urbin.
Pour les tableaux des Loges, Raphaël ne fit que de petites esquisses lé-
gèrement lavées à la sépia, et il abandonna l'exécution des peintures
à ses élèves sous la direction de Jules Romain. Ce fut ce dernier qui dessina
tous les cartons pour les tableaux, et il peignit également la première cou-
pole pour servir de modèle aux autres. On reconnaît encore aujourd'hui
dans les quatre premiers tableaux sa manière de faire, mais nous n*avons
que des renseignements contradictoires sur les artistes qui ont peint les
autres tableaux.'Vasari nomme Francesco Penni, Pellegrino da Modena,
Bartolomeo da Bagnacavallo, Vincenzo da San Geminiano, Polidoro da
Caravaggio et Perino dei Vaga , auxquels Titti , dans sa Pitture , etc.,
di Borna (1674, p. 427), ajoute encore Gaudenzio Ferrari, — et Taja, dans
sa Descrizione, etc. (1750), Rafaello del Colle.; mais nous sommes jusqu'à
présent sans aucun document historique qui nous éclaire sur la part qui
revient à chacun de ces artistes dans la décoration des Loges, et, comme
Vasari lui-même parait fort embarrassé pour se prononcer dans la ques-
tion, comme, d'ailleurs, il s'est maintes fois trompé, il nous est impossible
de tirera clair cette question enveloppée de ténèbres. L'incertitude, à cet
égard, est même d'autant plus grande que, malgré l'inégalité de ces pein-
tures entre elles, le génie de Raphaël brille partout dans les [ftirties prin-
cipales, et ses élèves, à l'exception de Jules Romain, n'ont imprimé nulle
part le cachet de leur individuaUlé, soit dans la conception, soit dans l'exé-
cution. La plupart de ces scènes bibliques sont vraiment admirables, car
elles représentent les événements, en traits larges et simples à la fois, d'une
manière idéale. On est ravi de l'ampleur des ligures et des groupes, de la
belle disposition des draperies et de l'aspect charmant des étoffes, lesquelles
semblent lutter de richesse avec les ornements dont elles sont entourées
et produisent l'effet le plus harmonieux et le plus magique. Et si l'exécu-
tion partielle de ces tableaux n'est pas toujours à la même hauteur de
\ . Comparez : Le antiche camere délie Terme di Tito e le loro pilture reetUuite al
jmbblieo, dei., inc. e dip., descritte da Gius. Carletti. Roma, 1776, in-fol. Il faut remarquer
que le dessin des figures dans cet ouvrage est plus soigné que dans les peintures originaleS|
qui sont traitées décoraticement.
168 PEINTURES DE RAPHAËL.
perfection 9 ils forment cependant un ensemble admirable qui témoigne
avec éclat de l'élévation de Tart et de la délicatesse du goût à l'époque
de Léon X.
Raphaël confia l'exécution des ornements eu couleurs et en stuc à Gio-
vanni daUdine qui avait un talent particulier et une expérience consommée
pour ce genre de travail. Giovanni n'était pas seulement fort amoureux de
la fantaisie qui préside à la composition et à la peinture des grotesques,
mais il avait encore réussi^ après un grand nomBre d'essais, à composer,
avec un mélange de marbre et de chaux piles, un nouveau stuc qui éga-
lait en (inesse, en dureté et en blancheur, les plus beaux spécimens du
stucage de l'Antiquité. On peut supposer que Raphaël lui laissa souvent le
soin de traduire et de compléter les esquisses qu'il avait préparées lui-
même pour la décoration générale des Loges : car, dans les ornements
peints qui devaient décorer les pilastres, Giovanni da Udine se servit sou-
vent des études approfondies qu'il avait faites d'après nature dans les deux
règnes animal et végétal.
A cet artiste fut adjoint Perino del Vaga, auquel Vasari attribue spécia-
. lement les douze tableaux des socles en couleur de bronze. Malheureuse-
ment ces peinture^, ainsi que toutes celles des plinthes de la galerie, ont
beaucoup souffert par suite du vandalisme des visiteurs qui y gravaient
leurs noms , et même, sans le secours des anciennes gravures de Pietro
Santi Bartoli, il serait aujourd'hui impossible déjuger ce qu'elles ont pu
être.
Avant de passer à la description particulière des tableaux , nous don-
nerons ici la nomenclature des recueils de gravures dans lesquelles on a
reproduit toutes les peintures des Loges du Vatican. Quant aux gravures
séparées, elles seront mentionnées à la suite de chaque sujet qu'elles
représentent.
a.) Hisi&iria del Testamenio vecchio, dipinta in Roma nel Vaticano da
Rafaelle di Urbino, et intagliata in rame, da S. Badalocchio [Sisto Rosa)
et Gio. Lanfranchi Parmigiani. Al Sig. Annibale Garacci (Roma, appresso
a Gio. Orlandi, 1607). Cinquante et une feuilles et un titre; gravures spi-
rituellement exécutées à l'eau-forte. Les quatre dernières feuilles appar-
tiennent à l'histoire du Nouveau Testament. H. 4" 11'"; 1. 6" 7'". Bartsch,
t. XVIII, p. 345 et 394. — La seconde édition renferme, après le titre,
3 feuilles de texte avec une dédicace détaillée, datée du \" janvier 4607.
Trois planches portent la date d'août 1 605 ; quatre : Excudit Michael Colyn.
Amstelodami, A"" 1614; cinq : Excudit Ç. J. Visscher, anno 1638. Cette
édition a trois feuilles de plus que la première, pour les six jours de la
création, avec des passages extraits de la Bible; Dieu le Père est tou-
jours représenté par une auréole triangulaire avec le nom de Jéhovah en
lettrés hébraïques.
LES LOGES DU VATICAN. 160
Une médiocre copie de ce recueil^ gravée du côté opposé, se vendait,
en i66l, à la ealcographie de la Chambre apostolique.
6.) Historiay etc., comme ci-dessus jusqu'au mot Urbino : Al. A/* /W»
Sig, D, Giuseppe Bemagli Giov. Orlandi DDD. Au bas ; Baldass. Aloisi
Bon. fe. — Si stampa in Roma, appresso Giov. Orlandi, 1613. Titre et cin-
quante feuilles avec le texte de la Bible (h. 5" 5"'; 1. 6" 8"'). Du côté op-
posé. Le premier et le second sujet sont transposés comme dans les se-
condes épreuves du recueil décrit plus haut.
c.) Les cinquante-deux sujets, gravés à l'eau-torte, par Orazio Borgiani,
de différentes grandeurs, eu in-4 et in-18, en largeur, signés H. B. 1615.
Les quatre premières et les quatre dernières planches sont sexangulaires.
Le graveur a ajouté un petit chien dans le tableaif de la Cène. — 2«'
épreuves : Gio, Jacomo Rossl formis^ Romae, alla Pace, etc. Bartsch,
I.XVU, p. 316. N" 1-52.
d,) La sacra Genesi figurata da Rafaele ^ Urbino ^ inlagliata da Fran-
cesco Vîllamena, dedicata ail, etc., card. Aldobrandino. — Roma, appresso
gli beredl del d"* Villamena , 1626. Dans la dédicace, la veuve Cattarina
Vîllamena dit que son mari a dessiné complètement les cinquante-deux
tableaux des Loges, mais que la mort en a interrompu la gravure. Vingt
feuilles avec un titre. Les quatre premiers sujets et les quatre derniers
tirés du Nouveau Testament sont sexangulaires, in-4. Les trois derniers,
iQ-8, ont été exécutés d'après les tableaux des socles. Villamena voulait
publier 64 feuilles. — 2«» épreuves : In Roma, appresso Gio. Batt. di Rossi
Milanese, 1626. — 3«" épreuves : In Roma, presso Carlo Losi, 1773.
« ) Nie. Chaperon. 54 feuilles bien gravées à l'eau-forte. Frontispice
offrant le buste de Raphaël barbu, avec ce titre : lUe hic est Raphaël, etc.
bàtelia Parisiorum apud P. Mariette.LB, seconde feuille représente le Pro-
phète Isaîe de Raphaël, à S. Agostino. Sur la feuille de papier qu'il tient,
on Ut : Sacra historiée Acta a Raphaële Urbin. in Vaticanis Xistis ad
pielurœ miraculum expressa Nicolaus Chapron Gallus a se delineata et
indsa DDD. 1649. La dédicace sur la même feuille est adressée à Aegi-
dius Renard. H. 10"; 1. 8" 2'". Les 52 feuilles sont la plupart sexangulaires,
^quelques-unes carrées. Du côté opposé. Premières épreuves sans l'adresse
de Mariette. Le marchand d'estampes Desnos possédait en 1782 les cui-
vres, moins celui d'Isaîe, et il vendait les épreuves au prix de 20 livres.
/.) Copies un peu plus petites. 50 feuilles. H. 4" 8'". Gravé à Paris par
A. Aveline, se vend chez lui. Avec un titre français et le texte en latin. On
y a encore ajouté trois feuilles: la Mort d'Abel, le Sacrifice d'Abraham et
Samson sous les ruines, mais ces compositions ne sont pas de Raphaël.
9.) A l'eau-forte, par Pietro Aquila et Cesare Fantelii. 55 feuilles.
H. \r 8'"; 1. 15'' 11"'. La première feuille, avec le portrait de la reine
Christinp de Suède et une dédicace de Gio. Giacomo Rossi. La seconde
no PEINTURES DE RAPHAËL.
feuille avec le portrait de Raphaël et un entourage de Carlo MaratU, 1674.
Les 52 feuilles^ n* 1-36 et 43-47, par Fantetti; les autres, par Aquila.La
dernière feuille, avec le Prophète Isaie, par G. Fantetti, 1675.
h,) La collêzionê intera dei 52 quadri, etc., disegnaie da PUtro Barto^
lozzi ed intagliate da Seconda Bianehi. Les 13 premières planches ont été
gravées par Gio. Volpato. In-fol. en largeur.
t.) Picturœ peristyli Vatioani, etc. Avec une dédicace à Pie VI, par
Montagnani. Sur le bord : Venit Romae, apud Petrum et Paubim Monta-
gnani, 1790. 53 feuilles. H. 8" 8'"; 1. 10" avec une bordure. Dessiné par
Luigi Cunego, Giov. Petrini, Giroi. Carattoni, G. Morghen, Mochetti, Pozii,
Gecchini, Bossi et autres maîtres. Secondes épreuves de 1795.
k.) Faible gravure française par un anonyme dans la : Bibliorum saero-
rum lalinœ versiones antiquœ, etc. (Remis, 1743. 3 vol.).
/.) Les Loges du f^atican^ peintes par Raphaël, contenant 52 sujets avec
le texte explicatif de la Bible. !n-4. Chez David, graveur, et chez Treuttel et
Wurtz {Journal génér. de la littér. de France, 1808, p. 60.).
m.) Collection de 52 fresques du Vatican^ connues sous U nom de Logei
de Raphaël, Ouvrage dédié à M. le duc de Bordeaux, sous la direction de
Castel de Courval; 52 pi. lithog. et texte explicatif. Pans. 4825, in-fol. en
largeur.
n.) Jos. Charles de Meulemestre, les Loges de Raphaël, en 52 feuilles.
A Paris, 1828, chez Gide et J. Baudry, et à Bruxelles, chez A. Lacrosse.
Cet ouvrage a paru par livraisons contenant chacune 4 planches avec texte.
Le graveur avait dessiné lui-même les tableaux pendant un séjour de douze
ans à Rome. Cette publication fut très-protégée par le roi des Pays-Bas,
mais l'artiste étant mort en 1826, il n'a publié de ce recueil que les huit'
premières livraisons, dont deux avec des épreuves coloriées. L'ouvrage
a été terminé sous la direction de M. L. Calamatta et accompagné d'un
texte par le baron de Reiffenberg. Paris, 1845, gr. in-fol.
0.) 52 feuilles, gravées par Carlo Lasinio d'après les dessins de Luca
Comparini.
p.) Les cinquante-deux sujets gravés par Alex. Mochetti et Jacobus Bossi.
Chez Agapio Franzetti, à Rome.
q,) Loggie di Rafaele nel Vaticano, gravé par Joh. Volpato et Joh. Otta-
viani, d'après les dessins de G. Savorelli et P. Caroporesi. Roma, presso
Marco Pagliarini, 1782. 43 feuillesgr. in-fol. L'ouvrage a été publiéentrois
livraisons. Première livraison : 14 feuilles représentant l'ornementation des
pilastres, à raison de deux planches pour chaque pilastre, une feuille avec
la coupe, sur toute la longueur des Loges, gravée par Joh. Ottaviani;
. 2 feuilles des portes des Loges et de leur vue perspective, gravées par
J. Volpato. En tout 18 feuilles. — 2<' livraison, avec le titre : Seconda parte
délie Loggie di Rafaele nel Vaticano, che contiene XUl volte ed i loro
LES LOGES DU VATICAN. 171
rispettivi quadriy jmblicata in Roma Vanno 1776, gravée par Joh. Otta-
Tîani. — 3* livraison^ avec ce titre : Terxa ed ultima parte délie Loggie di
Rafaele nel Vaticano, ehe contiene il compimento degli ornaii e dei bassi-ri-
lievi antiehi esistenti nelle Loggie medesime, Publicata presso Marco
Pagltarini a Roma, Vanno 4777. 12 feuilles ; 2 arabesques sont gravées
par Joh. Volpato; toujours 2 feuilles par pilastre^ mais 5 ont été gravées
d'après les ornements des bordures des tapisseries, dans les années 1774 à
1776; ce sont : les Parques^ les Vertus théologales^ les Saisons, les Globes
célestes et terrestres et les Heures du jour.
r.) 25 feuilles d'après les voûtes ont été publiées à Paris, en 1806, à
l'aquatinte pour être coloriées. Dans le bas, on a indiqué les mesures de
Paris, de Londres et de Rome. Il y a 15 feuilles avec des épisodes bibli-
ques, et 10 avec les ornements qui sont au-dessus des fenêtres. Grand
în-fol. en largeur.
«.) Seripture Prints, edited by James R, Hop$, Old Testament séries, etc.
Raph. Sanctio p. N. Consoni deL Lud, Gruner direxit. Les tableaux du
Vieui[ Testament sont ici lithographies à la manière de la gravure sur
bois. Londùny Houlston and Stoneman, etc., gr. in-fol. en larg. 11 paraît
toujours 6 planches par livraison.
t.) Les Tableaux -de Raphaël pour V histoire de la Bible du Vieux Testa-
ment, avec une courte explication des sujets. Gravures sur acier, in-fol. en
larg. Prague, 1841. Il paraît toujours 4 planches par livraison.
ti.) Galleria biblica di Raffaelle Sanzio esistente nelle Loggie del Vati'
cano, i4 superbe incisioni in rame (au' trait, avec de légères indications
d'ombres, grav. par L. Penna). Torino, 1852, in-fol.
V.) 14 feuilles avec les ornements des pilastres, à raison de 2 feuilles
par pilastre, les portes et la vue perspective des, Loges. Gravées par
D. S. M., d'après les dessins deChoffard. Gr. in-fol.
U7.) Loggie del Vaticano, 13 feuilles des ornements des pilastres et une
feuille frontispice représentant la vue perspective des Loges, gravée par
F. Rainaldi. Antoni exe. Toujours 2 pilastres sur chaque feuille, gravée
par Carlo Lasinio. Gr. in-fol.
X.) Les mêmes, 26 dessins représentant Tornementation des pilastres
sur 13 feuilles in-fol., dessinées par Carlo Lasinio, avec la vue intérieure
des Loges, gravées par Glo. Balzer. Firenze, presso Nie. Pagni.
y.) Huit feuilles, avec 14 pilastres, la vue des Loges et une porte, grav.
par Chereau, 1787.
z.) Miscellaneœ Picturœ vulgo Grotesques in S. palatiis Vaticanis a Ra-
phaële Urbinate elaboratœ, etc. Paris, chez Mariette. Ce sont 37 grandes
feuilles, la plupart ; quelques-unes, plus petites, avec les ornements
des pilastres, gravées par F.^de la Guertière. Dédicace à Everbard
Jabach.
172 PEINTURES DE RAPHAËL.
aa.) Parerga atque omamenta ex Raphaelis Sanelij prototypis, a Joanne
Nannio Utinensi in VaticanipalatiiXistis. 43 feuilles in4 et in-8 en larg.,
avec des gravures d'après les oraements en couleurs ou en stuc eiécutés
par Giovanni da Udine. A l'eau-forte, par Pietro Santo Bartoli^ avec une
dédicace au prince Camille Borghèse.
bb.) Les mêmes ornements publiés par d'autres artistes» 52 feuilles sous
le titre : Picturœ peristylii Vaticani manu Raphaelis Sanctii, aeri incisa,
Ihmœ, 1790.
ce.) Le même ouvrage^ gravé par d'autres artistes, a paru à Florence en
180J,in-fol. '
(/(/.) Dans Vie et œuvres de Raphaël, de Landon, les ornements ci-dessus
sont reproduits au trait sous les n»* 202 à 212 et 267 à 285.
ee,) Onze feuilles in-8; dessins d'après des ornements de stuc, avec des
groupes ou des figures isolées, de Gio. da Udine, dans des champs ovales
et ronds, gravées par A. Suntach, à Vienne, avec ce titre : D'après les
tableaux de monsieur Raphaël d'Urbin dans les Loges du Vatican.
ff.) Quatorze ornementations des pilastres, sur deux feuilles in-fol.,
gravées par Giacinto Maina (Venezia, 1806), d'après de prétendues es-
quisses originales de Raphaël , que possédait Nicola Antonioli à Venise.
Elles se rapportent aux peintures des Loges.
gg>) Douze sujets imitant le bas-relief, tirés de l'Ancien et du Nouveau
Testament, qui se trouvent sur le socle, au-dessous des fenêtres des
Loges. A l'eau-forte par Petrus Bartolus. H. 3"; 1. 9". Avec dçs inscrip-
tions latines. Pour plus de détails, voyez ci-après à la description de cha-
que sujet.
hh,) Nicolas Poussin, d'après le désir de Louis XIU, avait dessiné les
portes et autres détails des Loges, qui servirent plus tard à la décoration
du Louvre. J. Mariette possédait deux volumes de ces dessins. Le cardinal
Valenti, à Rome, fit dessiner les portes des Loges par Francesco la Vega,
pour les faire graver, mais ce projet est resté à la première planche qui
fut gravée par Maurice Roger, en 1747.
l'a.) / Pilastri délie Logge , e le olto pitture délie Stanze nel Vatieano
dip. da Raffaele Sanzio d'Urbino rappresentati inn. 2. Uyacintus Maina
Venet, inc. presso Pier Luigi Scheri in Roma. 2 feuilles, avec quatorze or-
nementations de pilastres et huit sujets des Stanzes. Au trait. In-fol.
kk,) Les Ornements du Vatican, peints à fresque par Raphaël sur les
piliers qui ornent une galerie de ce palais. Publ. par Engelmann , etc.
Mulhouse, 1828. Au trait, in-fol. Seconde édition, 1845.
//.) Landon, Vie et œuvres de Raphaël (Paris, 1803). Les 52 plafonds
gravés au trait, sous les m' 10 61, et les ornements, d'après Giov. da
Udine, sous les n«» 202-212, 2G7-285.
LES LOGES DU VATICAN. 175
LES 52 TABLKAUX DES COITPOLKS DANS LKS LOGES.
PREMIÈRE ARCADE.
J21. Dieu sépare la lumière des ténèbres.
Le Père Èlernel, dont la pose est vivement caractérisée, rappelle, dans
ce tubleau de même que dans les tableaux suivants, le type inventé par
Michel-Ange. L'excellence de cette peinture et le ton brun rouge des
chairs conlirment l'assertion de Yasari, qui veut que Jules Romain ait
peint la première coupole.
Gravé par Joh. Meinr. Lips.
L'esquisse originale se trouve dans la collection du «omte Ranghiasci ,
à Gubbîo.
122. Dieu sépare la terre de Veau,
Le Père Éternel plane au-dessus du globe terrestre déjà couvert de
forets.
Une esquisse dessinée à la plume, lavée et rehaussée de blanc, sortant
de la cQlIection Isaac Walraven, fut vendue à Amsterdam, en 1765, pour
^ florins, et, plus tard, chez A. Rutgers, pour 5 florins seulement.
123. La Création du soleil et de la lune.
Le Père Éternel, qui plane au-dessus du globe de la terre, les bras
étendus, crée le soleil et la lune.
Gravé par an ancien artiste italien dans la manière de Giiilio Bonasone, in-4.
124. La Création des animaux.
Dieu le Père, marchant sur la terre , en fait surgir des animaux de
toute espèce. Un lion se tient à ses côtés. Ce tableau, comme les précé-
dents, trahit la main de Jules Romain.
Gravé par un disciple de Marc-Antoine, 1540. Barisch, l. XV, p. 5, n» 1.— Copie,
du côté opposé, signée d-'un R. — A. -P. Tardieu, in-8. — Grande gravure sur
bois, italienne, très-vigoureusement traitée, avec quelques changemenis. Le Pérc
éternel à gauche, le soleil et la lune dans le firmament; le paysage n'est point
semblable au tableau. H. 16" 6'"; 1. 26".
DEUXIÈME ARCADE.
125. La Création dbve.
Dieu conduit Adam vers sa compagne, et le premier homme reconnaît
en elle sa propre chair. Selon Vasari, ce tableau serait aussi de la main
de Jules Romain; mais on n'y reconnaît pas aussi bien sa manière (jue
dans les peintures de la première arcade.
Une esquisse dessinée a la plume et lavée est décrite dans le cata-
174 PEINTURES DE RAPHAËL.
logue A. Rutgers^ sous le n*> 453. Henry Reveley Ta possédée en 17ST.
Voy. la préface de ses Notices illustrative ofthe drawings, etc. London ,
1820. Gr. in-fol.
126. Le Premier Péché.
Eve debout, vue de côté, présente une figue à Adam assis près d'un
arbre autour duquel s'enlace le serpent ayant une tête humaine. L'opi-
nion, souvent exprimée, que la figure d'Eve aurait été peinte par Raphaël
lui-même ne nous paraît nullement fondée, car le dessin et le coloris^
qui sont très-froids, ne sont pas dignes du maître.
Gravé par A.-P. Tardieu, in-8«.
Selon Richardson, le dessin original à la sanguine se trouverait dans la
collection du Louvre.
127. L'Expulsion du Paradis.
Un ange, armé d'une épée flamboyante, chasse Adam et Eve du paradis.
Eve, honteuse, cherche à cacher sa nudité, et Adam se cache le visage.
Il est constaté que ces deux figures sont prises d'une fresque de Masaccio,
dans l'église des Carmélites, à Florence. Une répétition du même sujet
se trouve dans les ornements en stuc de la même arcade.
Gravé par un anonyme néerlandais du seizième siècle, avec cette inscription :
EJeexl Dominut Adam, Ole. H. 7" 11'"; L 8" 8'".
L'esquisse originale de Raphaël est dans la collection royale d'Angle-
terre.
Gravée par C. Metz. — Photographiée parC. Thurslon Thompson.
128. Les Premiers Hommes du Paradis.
Pendant qu'Adam cultive et sème la terre, Eve est occupée à filer, ayant
auprès d'elle ses enfants Caïn et Abel. Le premier montre à Eve quelques
fruits qu'il semble avoir dérobés à son frère, puisque celui-ci se lève
comme pour adresser des plaintes à sa mère.
Gravé par Suntacb, pet. in-fol.
TROISIÈME ARCADE.
129» La Construction de V Arche.
Noé, sous les traits d'un vieillard vénérable, est debout, donnant des
ordres, auprès de ses trois fils qui préparent les matériaux pour la con-
struction de l'arche, dont on voit la charpente dans le lointain. Vasari
attribue l'exécution de cette fresque à Jules Romain. Pour nous, elle
nous semble concorder davantage avec la manière de faire de Francesco
Penni.
Un dessin de cette composition se trouvait dans la villa PamQli, près
de Rome*
LES LOGES DU VATICAN. 175
130. Le Déluge.
Au premier plan^ un homme qui tient un enfant cherche à retirer des
eaux une femme qui se noie. Un autre jeune homme regarde avec effroi
une autre femme qui meurt dans ses bras ; derrière lui est un cavalier.
On aperçoit Tarche dans le fond. Cette peinture a quelque chose du style
de Jules Romain.
Gravé par un Néerlandais , avec des vers latins : Offemut hominutn, etc. Petit
in-foL en largeur.
131. La Sortie de r Arche.
Pendant que les animaux sortent, par couple, de l'arche, Noé et sa
femme, ayant auprès d'eux un de leurs fils et deux de leurs belles-fillès,
expriment leur douleur à l'aspect des ravages du déluge.
Gravé, d'après une première esquisse différente de la fresque, par Giulio Bona-
sooe, 1544. Bartsch, t. XY, p. 113, n* 4. — La môme composition, gravée par
Job. Bapt. de Cavalleriis. H. 12"; 1. 15" 1'". — De même, du côté opposé, par le
Maître aa monogramme IHS, 1556. H. 11" 8"'; 1. 14" 2 ".
i32. Le Sacrifice de Noé.
Noé prie debout devant un autel, pendant qu'un de ses fils immole un
bétier. Un autre fils de Noé apporte un second bélier. Deux hommes, avec
des taureaux , se Yoient dans le fond. Yasari attribue l'exécution de ce
t^leau à Jules Romain ; mais le style de la peinture a plus de rapport
avec les fresques de Tarcade voisine qui passent pour être de Penni.
Gravé par Marco da Bavenna. Bartsch, t. XIV, n* 4. — Copie, du côté opposé.
H. 7" 7"'; 1. 8" 11"'. ~ En clair-obscur, par A. M. ZanelU, in-fol. en largeur.
Bartsch, t. Xïl, p. 186, n* 65.
QUATRIÈME ARCADE.
133. Abraham et Melchisédech.
Melchisédech, roi de Salem (Jérusalem), apporte à Abraham du pain
dans deux paniers et du vin dans quatre cruches. Un guerrier est debout
auprès du patriarche.
^ravé par un anonyme, chez Edeiinck, in-fol. en largeur. — De môme, chez
Vallei, grand in-fol.
134. La Promesse de Dieu à Abraham,
Dieu, qui apparaît à Abraham, après le sacrifice, et qui lui annonce une
nombreuse postérité, est porté sur des nuages par deux anges. Abraham
«st à genoux et vu de dos.
^lon Richardson, l'esquisse de cette composition serait dans la collec-
tion du Louvre.
138. V Apparition des trois anges .
Trois jeunes gens se tiennent devant Abraham, qui s'est jeté à terre
176 PEINTURES DE RAPHAËL.
pour les honorer. Sarah se cache derrière la porte de la maison. Ce ta-
bleau et les deux suivants ont été désignés comme étant des ouvrages de
Fr^nc. Penni.
Gravé à l'eau-forte par Joh. Alexander, petite planche avec cette inscription :
Treividit vmum adoravit. — Suntach, à Vienne, in-fol. en larg. — Gravure sur
bois, en clair-obscur, par A. M. Zanelti. Bartsch, t. XII, p. 186, n* 66. — ImitalioD
libre de cette composition, par un anonyme français, à Paris, chez Cars fils, gr.
in-fol. en larg.
L'esquisse originale est dans la collection Albcrline, à Vienne,
136. Loth s'enfuit de Sodome.
Loth) emmenant ses deux filles, s'éloigne de la ville que dévore le feu
du ciel. Sa femme, qui avait regardé derrière elle, est transformée en
statue de sel.
Gravure sur bois, au clair-obscur, par A. M. ZaneUi, 1741. Bartsch, t. XII,
p. 187, n*> 67. — A l'eau-forte, par Joh. Alexander, avec cette inscription : Pius
quaniy etc.; petite planche.
Une esquisse de cette composition était dans la collection Th. Lawrence,
et passa plus tard dans celle du roi de Hollande; mais son origine est
douteuse.
CINQUIÉIC ARCADE.
137. Dieu apparaît à Isaac.
Dieu, vu de dos, dans des nuages, apparaît à Isaac agenouillé devant
lui, et lui défend d'aller en Egypte. A gauche, Rebecca est assise sous un
arbre. Peinture exécutée dans la manière de Jules Romain.
Gravé par Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIV, n'^. — Copie, du côté opposé,
dans la manière d'Agost. Yeneziano. H. 7" 6'"; 1. 8" 8'". —Copie, du côté opposé,
par un anonyme français, avec un texte en latin et en français, à Paris, chez
J. Mariellc. H. 11" 1'"; 1. 7" 2'". — Au clair-obscur, par A. M. Zanelti. 1741.
Bartsch, t. XII, p. 188, n^ 08. — D'après un dessin, à Vienne, à l'aquatinte, par
H. Bcnedicti, 1805, pet. in-fol. en larg.
Feu le baron Otto de Stackelberg possédait l'esquisse originale de cette
peinture.
138. Isaac embrasse Rebecca.
Abimélecb, roi des Philistins, voit par une fenêtre Isaac assis auprès
de Rebecca, qu'il embrasse. L'exécution de cette fresque est justement
attribuée à Franc. Penni.
139. Isaac bénit Jacob,
Le vieux patriarche, couché sur un lit, donne la bénédiction à Jacob
agenouillé devant lui; Rebecca se tient derrière son fils. Ésaii entre par
la porte du fond, apportant du gibier. Cette peinture est évidemment
d'une autre main que la précédente.
LES LOGES DU VATICAN. 177
Gravé par Agostioo Yeneziano, 1552 et 1524. Bartsch, t. XIY, n* 6, où se trouve
aussi indiquée une copie. Épreuves postérieures, avec l'adresse Marc. Clodii.
Uoe esquisse de cette composition se trouvait dans la collection Crozat.
140. EsaU réclame la bénédiction,
ÈsAûy de retour de la chasse, se tient devant son père Isaac, qui est
couché sur un lit. Rebecca et Jacob regardent de loin cette scène. L'exé-
cution de ce tableau a beaucoup d'analogie avec celle du précédent.
Gravé sur Lois, au clair-obscur, par A. M. Zauetti, 1741. Barlscb, t. Xll,p. 188,
D*69.
SIXIÈME ARCADE.
141, Jacob voit l'échelle céleste.
Jacob^ endormi et couché sur le premier plan, a la tête tournée avec
extase vei^ l'échelle céleste, sur laquelle six anges descendent et remon-
tent jusqu'à Dieu, qui apparaît dans une gloire, les bras étendus. Ce tableau
et les quatre suivants passent pour avoir été exécutés par Pellegriuo da
Modena.
Gravé sur bois, au clair-obscur, par Hugo daCarpi. Bartsch, 1. XII, p. 25, n" 5.
— Gravé eu contre-partie, par Jac. B. B. inc. (Jac. Bossius, Belge), in-fol. enlarg.
Une esquisse de ce tableau, mais qui n'était pas originale, passa de la
collection Th. La^vrence dans celle de La Haye, et de cette dernière re-
tourna en Angleterre.
142. Jacob à la fontaine.
Rachel, accompagnée d'une servante, est debout près d'une fonlaine où
boivent des moutons, et Jacob s'entretient avec elle. Un riche paysage
forme le fond.
Gravé par Cam. Tinti, in-fôl. en larg. — Au clair-obscur, par A. M. ZanetU.
Bartsch. t. XII, p. 188, n" 70.
Esquisse originale dans la collection Albertine, à Vienne.
Gravée à l'aquatinta, par H. Benedicti, 1805, pet. in-fol. en larg.
143. Jacob demande Rachel pour femme.
Jacob s'engage à servir pendant sept années chez Laban pour obtenir
la main de sa fille Rachel. Celle-ci se tient à côté de Jacob, tandis que sa
SŒurLéa^ honteuse et baissant les yeux, se retire derrière lui. Ce tableau
a beaucoup souffert. i
144. Jacob retourne dans le pays de Canaan.
Jacob, monté sur un âne, retourne dans sa patrie, avec tous ses biens
^l ses troupeaux; sa femme et ses enfants l'accompagnent, assis sur des
dromadaires. C'est une riche et gracieuse composition.
178 PEINTURES DE RAPHAËL.
SCPTIÈIE ARCADE.
145. Joseph raconte son songe à ses frères»
Le jeune Joseph^ debout^ fait le récit d'un songe à sept de ses frères
qui sont assis sur un tertre. Trois autres se tiennent'à ses côtés, à droite.
Les différentes scènes du songe sont symboliquement représentées au ciel
dans des cercles lumineux.
Gravé par un élève de Marc-Antoine. Bartsch , t. ÎV, p. 10, n* 5. Deuxième
épreuve retouchée par Villamena.— Nie. Beatrizet, 1541. Bartsch, t. XY^p. 944, ii*9.
—Gravé comme sujet de concours, par un anonyme, en contre-part., chez Edelinck;
plus tard, chez Brevet ; gr. in-fol. en larg. — Planche plus grande encore que ia
précédente, à Paris, chez Hecquét^ également en contre-partie. — Suntach, in-
fol. en larg. — Tauriscus Eubœus, p. 85, cite encore une petite gravure ia-8 et
une autre par un ancien maître anonyme, avec quelques changements; nous ne
les avons jamais vues.
L'esquisse originale de ce tableau est dans la collection Albertine , à
Vienne. — Un dessin semblable aux gravures qui ont été faites d'après le
tableau se trouvait dans la collection Th. Lawrence, et passa à La Haye ;
il a été acquis pour l'Angleterre, mais ce n'est qu'une copie.
146. Joseph vendu par ses frères.
Joseph, to\it en larmes, est vendu par ses frères à des marchands qui
vont l'emmener en Egypte. Les quatre marchands se tiennent près de trois
dromadaires.
Gravé d'après une première esquisse par le Maître au Bé, 1533. Bartsch, t. XV,
p. 184, n"" 1. — Au clair-obscUr, en trois planches, par J. Skippe, 1783. H. 8";
1. 10" 9'".
Une esquisse de cette composition, qui a passé successivement dans les
collections Jabach, à Cologne, du duc de Tallard et de Gérard Hoet^ fut
vendue à La Haye, en 1760, pour 93 florins, et chez Ant. Rutgers (no-318
du catalogue), pour 5 florins.
147. Joseph et la femme de'Putiphar.
La femme de Putiphar, assise sur un lit de repos, saisit le manteau de
Joseph qiii s'enfuit. L'exécution de ce tableau, ainsi que celle des deux
précédents, est attribuée à Jules Romain; mais les peintures de ces trois
firesques diffèrent beaucoup l'une de l'autre, et il n'y a que ce dernier
tableau qui ofiTre quelque analogie avec la manière de cet élève de
Raphaël.
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 9, où sont indiquées deux copies,
dont l'une pardon Yitus Vallimbrose monachus, 1578. — Jac. Yalegio ou Valesio,
monogramme LY.F. H. 7"; 1. 8*' 9'". ~ A la manière noire, par Bernard Lens,
sans l'Hermès, qui représente, suivant Zani, le Démon de la Luxure. Une inscrip-
tion de quatre vers français dans le bas. H. 9" 10'"; 1. 7".
Une esquisse de cette composition se trouvait dans le cabinet Crozat.
LES LOGES DU VATICAN. 179
!48. Joseph devant Pharaon.
Joseph^ debout devant Pharaon assis à gauche, lui explique ses songes,
qui sont figurés en Tair symboliquement dans deux cercles lumineux. On
Yoit quatre personnages debout au côté droit, derrière Joseph, et un autre,
derrière Pharaon.
Gravé par on anonyme, avec le nom de Raphaël et cette inscription : Somnium
Befit mmmui. H. 2" 9'"; 1. 4" 4".
HUITIÈIE ARCADE.
149. Moïse trouvé dcms les eaux.
La fille de Pharaon, entourée de sept suivantes, au bord du Nil, con-
temple avec pitié l'enfant exposé dans un panier, qu'une de ses femmes
attire à elle. Vasari signale ce tableau parmi ceux qui furent peints par
Jules Romain ;. cependant il est généralement attribué, de même que les
trois autres de la même coupole, à Perino del Yaga. C'est là une opinion
que nous ne saurions partager, et, sans vouloir rien préciser à l'égard du
peintre, nous croyons que ce tableau et celui du Buisson ardent sont
bien de la même main, mais que les deux autres tableaux doivent avoir
été faits par un autre artiste.
Gravé, avec quelques changements , en contre-partie, par Andréa Meldolla.
Bartsch, t. XYl, p. 41, n" 2. ~ Semblable à la gravure précédente, par Gio. Balt.
d'Ângeli, nommé Torbido del Horo. Bartsch, t. IVL p. 177, n"* 1. Quelquefois^
CD attribue aussi l'eau-forte à Marco del Moro et à Parmegianino. — D'après un
dessin de Parmegianino, gravé par Gasparo Reverdino. Bartsch, t. XY, p. 466,
n** 1. — Chez H. Bonnart, manière très-française, gr. in-fol. en larg. — D'après
l'esquisse originale, chez le cardinal Valenti, à Rome, par J. Stuart, 1747, Romœ.
Le dessin, qui passa plus tard dans la collection Th. Lawrence et dans
celle du roi de Hollande, fut vendu en 1850 à Samuel Woodburn au prix
de S30 florins. ^ Une étude pour trois des femmes de la fille de Pharaoù
et pour leurs draperies se trouve dans la collection d'Oxford.
1S0< Le Buisson ardent.
Moïse, agenouillé devant te buisson ardent, se couvre le visage avec
ses mains.
Gravé par S. Mulinari, d'après un dessin non authentique qui s« trouve dans
la collection de Florence.
151. Le Passage de la mer Rouge ^
Oa voit s'éloigner les Israélites, hommes, femmes et enfants, empor-
tant leurs biens, tandis que Moïse étend son bâton vers la mer^ dans
laquelle Pharaon et son armée sont submergés.
Gravure sur bois, au clair-obscur, par A. M. Zanelti, 1740. Bartsch, t. Xll,p. 189,
n'71.
1
180 PEINTURES DK RAPHAËL.
Une esquisse originale a passé de ia colleclion Tli. Lawrence dans celle
du Louvre. — Une esquisse à la plume pour quatre ligures est conservée
dans la collection d'Oxford.
1 32 . Mo'ise frappe le rochei\
Au-dessus du rocher que Moïse frappe de sa verge, on voit dans un
nuage le Père Éternel , la droite élevée dans l'attitude de la bénédiction.
Six hommes regardent avec surprise l'eau qui jaillit du rocher.
Gravé par G. fieverdinus, 1531. Barlsch, t. XV, p. 466, n« 2. — A Paris, chez
Yallet, gr. in-fol. en larg. — J.-F. Ravenet, à Londres (Tauriscus, p. 88, n. 35)«
L'esquisse originale se trouve dans la collection de Florence.
NEUVIÈME ARCADE.
133. Moïse j'ecoit les tables de la Loi,
«
Sur le sommet du mont Sinaî, Dieu donne les tables de la Loi à
Moïse. Le Père Éternel est assis ^ à moitié caché dans les nuages, entouré
d'anges, dont deux sonnent de la trompette. A droite, dans le lointaii1,on
aperçoit le campement des Israélites. Nous ne saurions expliquer pour*
quoi Raphaël a placé quatre hommes au premier plan de ce tableau.
L'esquisse originale se trouve dans la collection du Louvre.
154. V Adoration du Veau dor.
I^s Israélites adorent à genoux le Veau d'or exposé sur un autel; à
droite, le peuple danse autour de l'idole. On voit dans le lointain Moïse
qui descend de la montagne et brise les tables de la Loi. Josué est auprès
de lui.
Gravé par Cornélius Bos, 1551, in-8 en larg., d'après une esquisse originale qui
fait partie de la collection de Florence.
155. Moïse agenouillé devant la colonne de nuée.
Jéhovah, enveloppé d'une colonne de nuée, parle à Moïse, en présence
des Israélites qui se tiennent à l'entrée de leurs tentes.
Les fresques de la neuvième arcade sont ordinairement attribuées à
Rafaele del Colle. Celle-ci a beaucoup souffert; mais la suivante est
certainement d'une autre main que les deux premiers tableaux de
cette arcade.
156. Moïse présente les tables de la Loi.
Moïse, debout sur un tertre, tient les tables de la Loi et les présente au
peuple d'Israël. Auprès de lui se tiennent encore trois hommes. Cette
composition est d'une extrême beauté.
Gravures : J. B. Cavalicris; ceUc estampe, un peu maniérée, oflfre quel-
ques changements. En conlru-partic. In-folio en largeur. — Cornélius Bos,
1551, in-8 en largeur. — Sunlacli, à Vienne, in-folio en largeur. — J. Moses, avec
LES LOGES DU VATICAN. 1HI
eene souscription : Tke I>elirering ofihe Law. In-folio en largeur. — A. *P. Tard icu,
io-^. — Chez Yalleret, à Paris; grande planche.
DIXlâHE ARCADE.
151. Le Passage du Jourdain,
Le fleuve du Jourdain^ personnifié à la manière antique, ouvre ses eaux,
à l'aspect de l'arche, et laisse passer à pied sec les Israélites.
Gravé par un anonyme. A Paris , chez Hecquel ; grande planche.
Selon une noie, dans la SerU degli uomini illust, nella piUura, etc.,
t IV, p. 201 , feu M. William Lock aurait acheté, dans la maison Gaddi ,
à Florence, le carton d'après lequel fut peint ce tableau. Nous n'avons pu
obtenir aucun renseignement sur ce carton en Angleterre. '
158. La Chute de Jéricho.
Pendant que l'arche est portée autour des murs de la ville assiégée et
que deux hommes battent des timbales, les murs et les tours s'écroulent
miraculeusement. Plusieurs soldats, se couvrant de leurs boucliers,
s'avancent vers la brèche. Plalner, dans sa Description de la w'ile de
Rome, remarque avec raison que Raphaël n'a pas suivi scrupuleuse-
ment le texte de la Bible et que sa composition aurait eu un caractère
bien plus imposant s'il eût représenté devant l'arche sept lévites sonnant
de la trompe pour faire tomber les murailles de Jéricho.
Un dessin de ce tableau, lequel ne peut être attribué à Raphaël, se
trouve dans la collection Albertine, à Vienne.
159. Victoire de Josué sur les Ammonites.
)06ué étend les bras pour commander au soleil et à la lune de s'arrêter,
pendant que les Israélites combattent contre les Ammonites.
Le carton original (de Jules Romain), qui était autrefois dans la maison
Gaddi, à Florence, fut acheté par feu M. William Lock. Voy. Série degli
uomini illust. nella pitlura, etc. (Firenze, 1771, t. IV, p. 201, note.) Nous
n'avons rien pu découvrir à ce sujet en Angleterre. On sait seulement que
M. W. Lock fit présent d'un carton d'une Léda, de Michel-Ange, à l'Aca-
démie de Londres.
Gravé par A. -P. Tardieu.
160. Le Partage des terre'spar la voie du sort.
Josué et Ëléazar, le premier couronné et le second portant une mitre
d'évêquc, sont assis près de deux urnes, et un enfant en tire un billet
qu'il donne au chef de sa tribu.
Les quatre tableaux de cette arcade sont très-faibles d'exécution. Vasari
les attribue à Perino del Vaga.
Une esquisse originale à la plume se trouve dans la collection royale
d'Angleterre.
Gravé par J. F. Ravenet, à Londres. (Tauriscus, p. 89, n^ 40.)
«83 PEINTURES DE RAPHAËL.
ONZIÈME ARCADE.
161 . David oint roi d! Israël.
Samuel se dispose à oindre David en présence de ses frères aînés. L'autel
du sacrifice est à gauche.
L'exécution de la peinture rappelle la manière de Jules Romain ; mais
ce tableau est généralement attribué à Perino del Vaga.
Gravé par J. H. Lips.
162. Goliath vaincu par David.
Goliath, renversé d*un coup de fronde, est étendu à terre. David^ le
genou appuyé sur la poitrine du géant, s*apprête à lui trancher la tête.
Les Philistins s'enfuient épouvantés devant les Israélites qui les pour—
suivent.
Une belle esquisse représentant les deux figures principales et les
soldats qui fuient se trouve dans la collection Albertine, à Vienne.
Gravure : Marc-Antoine, d'après une esquisse originale de Raphaël, on peu
différente de la composition du tableau, esquisse qui était en la possession de
H. Colnaghi, à Londres, en 1643. Bartsch, t. XIY, n° 10. — Copie traitée large—
nient dans la manière d'Ago'slino Veneziano, avec la tablette et la marque MA F
dans le bas, à côté du soldal^ qui s'enfuit; les premières épreuves de cette
estampe, sans la marque du graveur, ont été attribuées à Marc-Antoine, par
Bartsch. H. 9" 10" ; 1. 14" 16'". Coll. dq Louvre. — Gravures sur bois, au clair-
obscur, par Hugo da Carpi. Bartsch, t. XII, p. 26, n<»8. — Dan. Hopfer. Barisch,
t. VIII, p. 473, no 3. — Etienne de Laulne. Petite planche marquée d'un S. à
droite. H. 3" 1"'; 1. 4" 9"'. — Eau-forte, un peu dure, d'après Marc-Antoine. Da
côté opposé. C'est sans doute la môme qui se trouve mentionnée dans Tauriscus,
p. 90, avec cette légende : Cum ergo turrexerit PhiliilœtUf etc. — Le même (p. 90
bit) cite encore une planche plus grande que celle de Marc-Antoine, avec la
souscription : Ex librit Regum Samuelit,
163. Victoire de David sur les Syriens.
David, debout sur un cbar trainé par deux chevaux, comme un triom- .
phateur romain, tient une barpe dans la main droite.
Un prisonnier marche à côté du char, devant lequel on porte les
dépouilles des vaincus.
Une légère esquisse de cette composition, in-fol. en larg., se trouvait
dans la collection Saint-Morys, qui l'a reproduite à Teau-forte dans son
ouvrage (Choix de dessins, etc. Paris, 1810).
164. David voit Bethsabée.
David, assis à unie fenêtre de son palais pour voir défiler les troupes
qu'il envoie contre les Ammonites, aperçoit de loin, sur une terrasse,
Bethsabée qui fait sa toilette.
L'esquisse originale de cette composition se trouve dans la collection
d'Oxford. Il existe aussi une copie de cette esquisse en Angleterre. -
LES LOGES DU VATICAN. 185
DOUZillC AReADL
165. Le Sacre de Salomôn,
En présence du peuple, le grand prêtre Zadok oint Salomon roi d*Israêl.
Sar le devant est un Fleuve couché^ avec un tigre auprès de lui. Cette
figure allégorique^ qui, ordinairement caractérise le Tigris^ doit repré*
senter ici le Jourdain.
Les peintures de cette douEième arcade sont attribuées à Pellegrino da
Modena.
166. Le Jugement de Salomon.
Salomon^ assis sur son trône, ordonne au soldat qui tient Tenfant de
remettre Tépée dans le fourreau, et prononce son jugement. A droite^ les
assistants saisis d*admiration.
Cette composition n'est pas aussi bien réussie que celle qui avait été
déjà exécutée, sur le même sujets par Raphaël, dans la salle délia
Signatura.
167. La Reine de Saba.
La reine d'Ethiopie vient rendre hommage au plus sage des rois, et
lui apporte de riches présents. Salomon, entouré de ses grands ofticiers,
se lève de son trône pour aller au-devant de la reine.
Gravé par un ancien maître néerlandais de l'école italienne, avec cette légende:
R.YRBIN. INVE. Qvmm Ivm longinquùÀrabwn,e\c. In-folio en largeur.— P.-P.Tar-
dieu, in-8°. -.- A. Benoit, in-folio. (Tauriscus, p. 92, n* 46.)
168. Érection du Temple,
Salomon, debout, dans le fond du tableau, sur les fondations du
temple, examine les plans que lui présente l'architecte. Sur le devant,
quatre ouvriers taillent des pierres ; un cinquième scie une planche. La
vérité de mouvement, dans ces figures presque nues, est parfaite.
Gravé par A.-P. Tardieu, in-8».
V
. TREIZitlIE ARCADE.
169. L'Adoration des Bergers,
La Viei*ge est agenouillée auprès de l'enfant Jésus, sur lequel deux
anges, qui volent en l'air, jettent des fleurs. Deux bergers viennent du
côté gauche; l'un des deux porte un mouton. A droite, saint Joseph
invite un autre berger agenouillé à se rapprocher davantage de l'enfant
Jésus. C'est peut-être la seule composition où saint Joseph, ordinairement
passif et immobile dans le sujet de l'Adoration des Bergers, a été repré-
senté en action. Cette fresque a beaucoup souffert; mais on y reconnaît,
ainsi que dans les autres tableaux de la même arcade, à l'exception tou-
tefois du Baptême, une main encore peu exercée.
i84 PEINTURES DE RAPHAËL.
170. L'Adoration des Mages.
La Vierge^ l'enfant Jésus sur les genoux, est assise au milieu. L.e plus
âgé des trois rois se prosteftie, en tenant la jambe de l'enfant; les deux
autres rois, avec leur nombreuse suite, sont agenouillés en arrière. Saint
Joseph, debout à gauche, regarde dans une boîte que les Mages ont offerte
en présent au divin nouveau-né. ,
171. Le Baptême du Christ.
Le Christ, les mains jointes, est debout au bord du Jourdain. Saint
Jean lui verse sur la tète une coupe pleine d'eau. A droite, deux anges
agenouillés tiennent les vêtements de Jésus, et deux autres anges voient^
en admiration, au-dessus d'eux. A gauche, derrière le Christ, plusieurs
hommes se préparent à recevoir le baptême. .
L'esquisse originale de cette composition se trouve dans la collection
royale d'Angleterre. — Une copie de ce dessin était dans la collection
royale de La Haye ; elle est aujourd'hui en Angleterre.
Gravé par un anonyme. Chez H. Bonoart. Dans le siyle français. In-folio en
largeur.
1.12. La Sainte Cène.
Le Christ est assis, vu de face, à l'extrémité supérieure de la table ; les
apôtres, rangés quatre par quatre sur chaque banc, paraissent vivement
animés.
Gravores : Par J. Bapt. de Cavallerijs, 1572. — Far un anonyme, à Paris,
chez Yaliet, avec la souscription : Piclum a Rafaele Vrbinate Ronuu in palatio
Vaiicano. Grand in-4*. — De mémo, librement traité, chez N. Bonnart, avec la
souscription : Jésus ayant pris du pain, etc., in-folio en largeur. ~ Jean Tiel exe. :
Accipii.,.. tesiamenity in-B» en largeur. — Joh. Bapt. Sintos se, in-S^.
Une esquisse à la plume, lavée au bistre^ se trouvait dans la collection
du duc de Tallard; une autre, avec des hachures à la plume, qui faisait
partie de la collection Gérard Hoet, à La Haye, fut vendue 16 florins.
173. Dix tapisseries avec des sujets tirés de P Ancien Testament.
Félibien, dans ses Entretiens (t. 1"^, p. 324), parle , eu ces termes, de
dix tapisseries^ d'après des compositions de Raphaël, pour les Loges,
représentant des sujets de l'Ancien Testament : « Il y a dans la grande
église de Chartres dix pièces de tapisserie faisant quarante aunes de
cours, qui autrefois ont été faites en Flandres sur les dessins que Raphaël
fit pour les Loges du Vatican, où l'histoire de l'Ancien Testament est
représentée. Les tapisseries sont admirablement exécutées; les bordures
en sont riches, les laines très-fines et toutes relevées de soie. Ce fut M. de
Thou, évêque de Chartres, qui les donna à cette église, et on peut dire
que, hors celles du roi, il n'y en a point de plus belles. » On ignore
absolument ce que sont devenues ces tapisseries.
LES LOGES DU VATICAff. 185
DOUZE SUJETS imTANT LE REUEF SUR LE SOCLE DES LOGES.
Ces tableaux/ peints en camaïeu imitant le cuivre , sur le socle qui
règne au-dessous des fenêtres des Loges, avaient été exécutés, selon
Vasari, par Perino del Vaga; mais ils sont aujourd'hui presque entière-
ment détruits, par suite de la barbarie des visiteurs qui y ont gravé leurs
noms. Nous donnons la description de ces tableaux , d'après les douze
eaux-fortes de Pietro Santi Bartoli (h. 2" 8"'; 1. 9), eaux-fortes dans les-
quelles les compositions sont reproduites du côté opposé, comme le
prouvent plusieurs des esquisses qui subsistent encore, et comme cela est
d'ailleurs visible dans la première plancbe où le Père Éternel donne la
bénédiction de la main gauche.
PREMiâRE AECADE.
174. Dieu sanctifie le septième jour.
Le Créateur est assis sur des nuages, dans l'attitude de la bénédiction ;
des chœurs d'anges en adoration l'entourent des deux côtés ( Genèse,
chap. 2).
Ricbardson possédait une esquisse à la plume, pour la figure du Père
Éternel; elle a été gravée par W. W. Ryland, en 1762, pour l'ouvrage de
Charles Rogers: A. Collection ofprints in imitation of dratoings, etc.
(Londres, 1778).
DEUXlÉae ARCADE.
175. Z^ Sacnfice de Coin et (TAbel.
Les deux frères sont agenouillés, à gauche, devant leurs autels; Dieu le
Père plane dans les airs, tourné .vers Abel. A droite, Ca!n tue son frère.
Gravé par an élève de Marc-Antoine, 1544. Bartsch, t XY, p. 9, n* 4. — Par
un anonyme français, avec un paysage différent, et le meurtre placé dans le
fond. In-folio en largeur.
TROISlilE ARCADE.
176. L'Arc-ennciel.
Dieu, dans des nuages, entouré d'anges, montre l'arc-en-ciel à Noé et à
ses trois fils, en signe d'alliance.
Le dessin original passsu de la collection Lawrence dans la collection
royale de La Haye, et de cette dernière dans l'Institut de Staedel, à Franc-
fort-sur-le-Mein.
QUATRIÉIE ARCADE.
,177. Le Sacrifice (F Abraham.
Abraham est sur le point de sacrifier son fils Isaar, lorsqu'un ange lui
186 PEINTURES DE RAPHAËL.
arrête le bras. A droite^ un autre ange apporte un bélier pour le sacrifice.
L'esquisse originale est dans la collection royale d'Angleterre.
Gravé par Agostioo Veneziano. fiartsch, t. XIY, n* 5. — A l'eau-forte, par un
anon3rine. Petite planche. (Tauriscus, p. 84.) — Landon, n* 345.
CINQUlillE ARCADE.
178. Isaac bénit Jacob.
IsaaCy assis sur un lit^ donne sa bénédiction au plus jeune de ses fils.
A gauche^ on voit devant la porte Rachel donnant ses instructions à
Jacob. C'est sans doute par erreur que ce sujet a été exécuté deux fois,
d'après les esquisses de Rapbaêl, dans cette mAme arcade.
SIXlàlE ARCADE.
179. Jacob lutte avec le Seigneur.
Jacob lutte avec un ange. A gauche^ des femmes endormies sous une .
tente; à droite/des bergers auprès de leurs troupeaux.
Le dessin original, qui était dans la succession de Th. Lawrence, a
passé dans la collection d'Oxford.
SEPTIÈME ARCADE.
180. Joseph reconnu par ses frères.
Joseph^ à gauche, les bras étendus, se lève de son trône et se fait
reconnaître par ses frères agenouillés devant lui. Devant la porte, on voit
des ânes chargés de grains.
La composition originale était dans la succession de Sir Th. Lawrence.
Gravé par un élève de Marc-Antoine, 1540. Bartsch, t. XV, p. U, n* 6. —
Landon, n* 884.
HUITltll ARCADE.
181. Z^ Récolte de la Manne.
Moïse et Aaron se tiennent à droite. Devant eux, une jeune femme est
à genoux; un jeune homme l'aide à soulever un panier. Au milieu, deux
hommes sont occupés à recueillir la manne dans des vases; plus loin,
une jeune nile, debout, s'eiïorce de placer un panier sur la tête d'une
femme âgée et agenouillée. A gauche, un jeune homme tient un plat
rempli de manne, et une jeune femme, auprès de lui, lève les bras au
ciel avec reconnaissance.
L'esquisse originale, à la plume, lavée et rehaussée de blanc, se trouve
dans le musée Teyler, à Haarlem. Le fac-similé d'une esquisse à la plume,
dans laquelle les figures de Moïse et Aaron manquent, était autrefois dans
la collection Hone.
Gravé par S. Watts, en 1767, pour l'ouvrage de G. Rogers : A ColUcUon, etc.
LES LOGES DU VATICAN. 187
(Londres, 1778.) — On a cru retrouver une première esquisse, pour ce sujet, dans
la. gravare d'Agostino Yeneziano, où Ton voit Moïse à droite, avec deux Israélites
ai^enouillés devant lui. Bartsch , t. XIV , n* 8. Cette planche fut acquise par
Ant. Salamanca, et retouchée ; elle appartint ensuite à Horatius Pacificus, et, en
âeruier lieu, à Carlo Losi. Le dessin d'après lequel la gravure aurait été faite
était, dit-on, dans la possession de M. Antonio Armani, à Bologne. Mais, à en
juger par la gravure, nous sommes près d'attribuer plutôt cette composition à un
éléYe de Raphaël.
NEUVlilE ABCADC.
482. Quelques figures.
\jai planche de Bartoli^ qui porte le n» 10^ est connue sous le nom de
Tabernacle^ parce qu'on Toit dans le milieu une porte, de chaque côté
de laquelle est une ligure debout avec deux autres Hgures d'hommes qui
courent. Mais cçtle porte existe réellement et s'ouvre dans la sala Vecchia
deî Palafrenieri. Il n'y avait donc pas de place pour un sujet biblique.
oixiImc abcade.
183. Josué parle au peuple d Israël.
Comme toutes les peintures des coupoles de cette arcade sont tirées
du Livre de Josué, c'est par erreur que l'eau-forte de Bartoli, portant le
n® 9, désigne ce sujet comme la Propagation de l'Ëvangile (Saint Marc,
chap. 16,20). Celte composition se rapporte vraisemblablement au Livre
de Josué (1" chapitre, 10« verset).
L'esquisse originale à la plume, sur papier brunâtre et rehaussé de
blanc, se trouve dans le musée Teyier, à Haarlem.
Gravure sur bois , au clair-obscur, dans la manière de Hugo da Carpi ; épreuves
postérieures, par Andréa Andreani, 1608, Polidoro Caravagio invenL Bartsch,
L Xn,p. 77, n«26.
ONZlilE ARCADE.
184. Bethsabée devant David.
David, à son lit de mort, fait appeler Bethsabée et lui promet de faire
nommer roi son fils Salomon. Auprès de lui se tiennent le prophète
Nathan, le grand-prêtre Zadok et Benaja; le jeune homme qui entre
pourrait bien être Salomon lui-même. Derrière le lit, on voit Abisaï de
Sunem, la jeune fille vierge qui fut placée auprès du roi pour le soigner.
Voy. le l'*" Livre des Rois, chap. \. Notre explication du sujet repré-
senté est, en tout cas, plus satisfaisante que celle de Bartoli, qui a vu
dans ce tableau une scène de la Genèse, chap. 27 : Jacob déclarant Joseph
chef de la famille. Cette scène-là n'aurait aucun rapport avec les fresques
de cette coupole consacrée à la Vie de David.
L'esquisse originale passa de la collection Th. Lawrence dans celle
d'Oxford.
188 PEINTURES DE RAPHAËL.
DOUZIÈMC ARCADE.
185. La Résurrection du Christ.
Au milieu du tableau^ le Christ sort du tombeau en tenant la-baonîère
triomphale; à gauche, quatre gardiens se heurtent confusément et deux
autres s'enfuient. Du côté droit arrivent les trois Marie.
L'esquisse originale était dans la possession du ministre résidant de
Hanovre à Rome^^eu le D' Kestner; elle doit se trouver à présent au
musée qu'il a fondé à Hanovre.
Gravure sur bois, au clair-obscur, par Hugo da Carpi. Bartsch, t. XII, p. 45,
n" 26.
Planches isolées d'après d^s ornements des Loges,
a.) Un triton, tourné à droite, jouant des cimbales; sur son dos est
assise une nymphe vue de dos. Gravé dans la manière d'Agostino Vene-
ziano. Bartsch, t. XIV, n« 228.
6.) Deux jeunes tritons; l'un, à gauche, joue de la flûte de Pan, et
l'autre soufTle dans une conque. Gravé par Chérubin Alberti, 1579.
Barlsch, t. XIV, p. 80, n» 90.
c.) L'ornementation du pilastre avec Toiseleur; 2 planches, par Chéru-
bin Alberti. In-fol. - .
d.) Ornements séparés, parmi lesquels un triton, 1555. 5 planches du
maître A. P. (Bartsch, t. XV, p. 509, n» 1, 2 et 3.) Il y a en outre 2 plan-
ches avec l'oiseleur et la partie supérieure du pilastre , que Bartsch ue
connaissait pas.
e,) Deux feuilles de grotesques, cintrées dans le haut; ce sont les parois
de la muraille aux deux extrémités de la galerie des Loges. Au trait.
M. L. (Michèle Lucchese), Hic Rome supt. in pontificis domo, Raphaël d'Ur-
binas inventer. In-fol. (Tauriscus, p. 297, cite encore une planche de Pb.
Thomassin.)
f.) Onze feuilles, rondes et ovales, avec des groupes ou des figures iso-
lées, d'après les stucs de Gio. da Udine, grav. par Suntach, in-8.
9') Vénus, Cupidonetquelques Bacchantes, par D. G., avec une dédicace
à Zanetti (Heinecke, Nachrichten von Kiinstlernj etc., t. H, p. 15). Nous
n'avons jamais vu cette estampe.
h.) Cléopâtre couchée et l'Amour pleurant debout auprès d'elle, dans
un ovale en largeur. M. Pool sculp. et exe. Amst. Petite planche.
Llmpératrice de Russie, Catherine H, ayant fait copier toutes les pein-
tures des Loges, à Thuile, sur toiles, sous la direction du peintre Hunters-
berg, ces copies furent placées dans ifne galerie construite exprès au
palais de l'Ermitage, près de Saint-Pétersbourg, et tout à fait semblable
LES TAPISSERIES DE RAPHAËL. 189
a celle des Loges du Vatican. Celle galerie de i'Errailage coûta 70,000
roubles argent, c esl-à-dire 300,000 livres, qui représentent aujourd'hui
plus d'un million de francs.
LES TAPISSERIES DE RAPHAËL».
Preoiière série tirée de l'histoire des Apôtres.
Hichel-Ange, qui avait eu d'abord la direction des peintures de la cha-
pelle Siniine, avait orné la voûte de six tableaux empruntés à l'histoire de
la Création du genre humain; à côté de ces grandes scènes bibliques il
plaça les prophètes et les sibylles qui pressentirent la venue du Messie.
Dans les étroits espaces réservés au-dessus des fenêtres, il représenta
l'Attente et Tespoir de l'Humanité chez les ancêtres du Christ, et dans les
coins de la voûte, la Délivrance miraculeuse du peuple d'Israël. Les vieux
florentins; et les peintres de l'Ombrie avaient déjà autrefois, dans leurs
peintures murales, adopté des sujets tirés collectivement de la vie dé
Moïse et de celle du Christ, mettant ainsi la Loi en face de TËvangile.
Lorsque Raphaël reçut la mission de continuer, dans des cartons desti-
nés à être reproduits en tapisserie, la grande pensée contenue dans les
peintures de Michel*Ange, il voulut représenter la fondation de r£glise
catholique^ pour remplir toute la partie inférieure des murs latéraux, et
il choisit dix sujets tirés de la vie des apôtres Pierre et Paul et de celle
de saint Etienne, le premier martyr chrétien.
Pour la décoration de l'autel, il se proposa de peindre le Couronnement,
de la Vierge, comme symbole de la perfection humaine. Plus tard, Mi-
chel-Ange termina le vaste poème historique par la grande fresque du
Jugement dernier.
Les cartons d'après lesquels devaient être faites les tapisseries historiées
de la chapelle Sixtine furent exécutés par Raphaël dans les années i5i5et
i516,ainsi que nous le verrons plus loin.Vasari nousapprend,danslaVie
de Francesco Penni, que cet artiste avait spécialement aidé Raphaël dans
l'exécution de ces cartons, et que Giovanni da Udine prit part aussi à ce
travail. Peut-êtrei en effet, pourrait-on attribuer le. dessin des bordures
à ces deux artistes. Les cartons ayant été envoyés à Arras dans les Pays-
Bas, où étaient alors les plus célèbres manufactures de tapis, on fabriqua,
d'après ces modèles, avec de la laine, de la soie et des fils d'or, des tissus
i. Voy. t. I, p. 223 et suiv., ce qui concerae ces tapisseries, ainsi que Textrait d'une cu-
rieuse notice de M. Pinchart de Bruxelles, dans ['Appendice de ce inénie volume ; notice rcdi-
{rée d'après des documents nouveaux que M. Passavant ne connaissait pas encore lorsqu'il a '
re%u 80D Ui»ioirc de Raphaël. On remarque aussi quelques diiïcrcnccs dans les faits et les dates
que le savant auteur a consignés ici, après avoir écrit sou premier volume. (Aofe de l'édiletir. )
100 LES TAPISSERIES
nommés en Italie des arazzi ou panni di reusia. Si nous deTons nous en
rapporter au témoignage, d'ailleurs si plausible, de R. de Piles {Abrégé
de la vie des peintres, p. 470), la fabrication de ces tapisseries aurait été
dirigée par Bernard van Orley, peintre flamand, qui avait étudié sous
Raphaël
De Piles associe, dans cette direction, Michel Coxcie à Bernard vaaOrley,
ce qui nous paraît moins vraisemblable, car, à l'époque où ces tapisseries
furent tissées, Michel Coxcie, étant âgé de 20 ans à peine, ne pouvait pas
encore être chargé de surveiller des travaux si importants. Raphaël reçut
i34 ducats d'or pour le payement de ces cartons, car on lit cet extrait dos
livres de comptes de l'église Saint-Pierre, dans un manuscrit de la biblio-
thèque Chigi (MS. H. 22) :
a A di 15 junio 1315 la Rev. Fabrica dl San Pieiro deve dare ducati 300
di Caméra, pagati per ordine di Monsig. Rmo. M. Bernardo da Bibiena»
card. di S. Maria in Porlico,a Raphaële da Urbino per parte di paganiento
delli cartoni, o disegni si mandano in Fiandra per li panni razza si fanno
per la cappella : appare quitanza = D. 300. d Puis, plus loin : « A di
20 décembre 1516, deve dare ducati 134 di Caméra, pagati per ordine di
Monsignore a Raphaële da Urbino per pagamento delli cartoni ha fatto
per la cappella. Ne ho polizsa =- D. 134. »
En 1518, les tapisseries fabriquées à Arras arrivèrent à Rome, ce qui
résulte du mémoire des frais du transport (publié par Gio. Gaye dans son
Carteggio, t. Il, p. 222). Dans cet extrait des : Conti Bilanci et allre Par- .
iite attenenti à Leone X, il est dit : a 1518. 21 aprile. Ducati 29, che D.
.18 a Raiïaello di vitale per porto di 11 panni d'arazzi da Lione a qui, e
ducati XI a Borgherini per spese fatte a' detti panni di fiandra a Lione.
> « 1518. 18 giugno. Ducati 1,000 pagati a Pietro Loroi Fiamingo a biion
conto per conto d'arazerie; sono ducati di caméra. »
L'année suivante, les tapisseries furent exposées dans la chapelle Sixtioe.
C'est ce qui ressort d'une lettre de Sébastien del Piombo en date du 29 dé-
cembre 1519, adressée à Michel-Ange, lettre qui se trouvait dans la suc-
cession de Sir Th. Lavirrence et qui «st imprimée dans l'ou^Tage suivant :
Alcune memorie di Michel Angelo da MSS. F. de /loman» (Roma, 1823).
Sébastien del Piombo dit à Michel-Ange : « Et credo lamia tavola (la Ré-
surrection de Lazare) sia meglio disegnatache i panni arazi che son venuti
da Fiandra. »
Paris de Grassis, qui était maître des cérémonies du pape depuis 1506,
constate aussi le fait dans son journal (p. 342 du manuscrit inédit conservé
à la bibliothèque Vaticane) : « 1519. In die S. Stephani jussitPapa appendi
suos paunos de Rassia novos, pulcherrimos, pretiosos, de quibus tota
cappella stupefacta est in aspectu illorum, qui, ut fuit universalejudicium,
sunt res, qua non est aliquid in orbe nunc pulcbrius : et unumquodque
DE RAPHAËL. m
pretiilm est TaloHs duorum milliutn àucatorum auri in auro. » Selon ce
passage du journal de P&ris de Grassis^ chaque tapisserie aurait coûté
S,000 ducats d'or^ ce quidonne environ 40,000 scudi pour la série entière.
Mais Panvinio (Vile de* Pontefice, t. II, p. 495) et Paolo Giovio (Vite d'Uo-
mini illustriy Venezia^ lib. 4) les estiment à SO^OOO ducats d'or, et Vasari
à 70,000 scudi.
Gesdix tapisseries de l'Histoire des Apôtres, que les gardiens du Vatican
nomment d'ordinaire Ârazzi deUa scuola vecchia ( par opposition aux
tapisseries fabriquées plus tard, représentant des sujets tirés de la vie du
Christ, et désignées sous la dénomination de Arazzi délia scuola nuova),
ont subi maitites vicissitudes, car elles sortirent deux fois de Rome, mais,
par un hasard singulier, elles furent deux fois restituées au gouverne-
ment pontiGcal.
La preoiière fois, elles furent enlevées, comme butin de guerre, par les
troupes de Gharles^uint lors du pillage de Home en 1527. Elles allèrent,
on ne sait comment, se cacher à Lyon et furent offertes en vente dans
cette ville, en 1530. Glément Vil voulut les racheter moyennant 160 du-
cat! % mais ce marché ne s'effectua pas. Plus tard, elles devinrent la pro-
priété du connétable Anne de Montmorency, qui les fit restaurer et les
rendit, en 1555, au pape Jules 111, comme appartenant au Saint-Siège. Le
fait de celle restitution est consigné dans l'inscription suivante qui a été
ajoutée au tissu même de la tapisserie représentant le Sermon de saint
Paul à Athènes : tUrbe capta partem aulœorum à prsedonib. distracto-
rum conquisitam Annce Mommorancius galllcsp militiag prœf. resarcien-
dam atq. Julio 111. P. M. restituendam curavit, 1553. » Au-dessus de Tin-
Bcription on voit, outre deux mains ganlelées qui tiennent des épées, les
armes de la famille Montmorency qui sont composées de douze alérions
d'or sur champ d'azur. Il paraît que les tapisseries ne furent plus ensuite
exposées dans la chapelle Sixtine, car, selon Torrigi (Le sacre grotte Vali-
ran«, p. 142), le pape Paul III institua l'usage, qui s'est conservé depuis,
de les faire suspendre annuellement le jour de la Fête-Dieu, primitive-
ment devant l'église de Saint-Pierre et plus tard dans la galerie qui
mène de la sala Regia à l'église. Elles furent volées une seconde fois, en
même temps que les autres tapisseries de Raphaël, pendant la révolution
de 1789. Elles passèrent, dit-on, dans les mains des juifs, qui croyaient
faire un beau bénéfice en les brûlant pour recueillir Tor qu'elles pouvaient
contenir. Mais, comme .('essai qu'ils firent malheureusement sur une de
1. Voy. Gaye, CarUggio. II, p. Î22 : « Pierpolo pcr ordiue di Clémente VII a inonsignore
Fnteilo del Papa a Ftrenze 1530, t3 d<H!^, mesa. Gianfrancesco da Mantua; diteli che ho la
loa, et facto intendere al papa delU paani, dice sono a leone. Delche dice S. Sàntitâ, che sono
di qoeUi deUa historia di S* Pietro, et di qoelli che Raphaello da Urbiiio fece K carton!; cbe
per li 160 ducati che scrlye, le piglierà, altriiuente uon li vuole. >
102 LES TAPISSERIES
ces tapisseries (ceJle qui représente la DélivraDce des limbes] ne répondil
point à leur attente^ ils vendirent les autres à des marchands de Gênes.
En 1808, Pie Vil les fit racheter ' dans cette ville. C'est ainsi qu'elles re-
vinrent à Rome, de la manière la plus inattendue, peu de temps a?ant
l'enlèvement du pape par les ordres de Napoléon.
Plus tard, en 1814, on les suspendit dans les appartements du Vatican
qui portent le nom de Pie V. comme nous l'apprend cette inscription corn-
mémorative ajoutée à la tapisserie de la Péciie miraculeuse : « Magoi Ra-
phœlis Snnctii Urbinatis picturas textis aulœis expressas iubente Leone X
P. M. ad Vaticaniornamentum Pius VU P. M. sumplu non exiguo redemp-
tas et instauratas in splendidiorem iocum artium commoditati collocandas
mandavit A.MDCCCXIY. » Par suite de toutes ces aventures, les tapisseries
ont beaucoup perdu de leur éclat primitif, car, à l'exception du fragment
de la tapisserie représentant Élymas frappé de cécité (cette tapisserie sans
doute fut détruite à moitié lors de sa première pérégrination), elles sont
très-effacées et très-restaurées. Et, si Ton admet que, même dans leur
éclat primitif, le tissage était loin d'avoir pu atteindre la perfection du
dessin des cartons, c'est affaire à l'imagination de se figurer, à la vue
des tapisseries dans leur état de délabrement, ce que devait être la beauté
des cartons ou seulement la magnificence des tissus dans leur nouveauté.
Néanmoins, il n'avait pas été possible à l'ouvrier flamand d'annihiler le
caractère grandiose et saisissant des compositions de Raphaël, et encore
aujourd'hui, après plus de trois siècles, ces tapisseries gardent une ombre
de leur ancienne splendeur, tellement qu'on admire, en les voyant, le
génie du divin maître qui a créé des compositions si vraies, si nobles^ si
sublimes. Ces tapisseries, en un mot, toutes détériorées qu'elles soient,
occupent une place digne de Raphaël à côté des plus hautes productions
de Michel-Ange.
Ce que nous avons à dire des sept cartons originaux, qui sont en An-
gleterre, trouvera sa place à la suite de lu description des dix tapisseries,
et nous terminerons par la description de la suite (quoique exécutée plus
tard) des douze tapisseries représentant des sujets tirés de la vie du Christ,
conjointement avec des figures allégoriques et des emblèmes relatifs à la
maison des Médicis.
Le chevalier D^ Karl Bunsen (dans sa Description de la ville de Rome,
1. 11, p. 408) fut le premier qui essaya de retrouver dans quel ordre avaient
été autrefois suspendues les tapisseries à la chapelle Sixtine. 11 reconnut
d'abord qu'elles correspondent exactement aux dix espaces divisés par
{ . M. Gunii dit, dans sa CartonensiOf or an hislotieal andcritical account oflhe Tapetlrie$
in the Palace ofthe Vatican (London» 1832, in-8), qu'un certain Devaux avait acheté d'un
juif les tapisseries de Raphaël pour 1300 scudi^ et que plu» tard elles furent restituées au pape
Pie Vil.
DE RAPHAËL. 193
d€s pilastres dans le chœur de la chapelle, savoir, cinq de cha(|ue côté, en
commençant par le mur du fond (sur lequel est actuellement le Jugement
dernier de Michel-Ange), jusqu'à la grille qui sépare la chapelle en deux
parties. Mais, comme le trône du pape est placé du côté gauche, la tapis-
serie qui couvrait ce côté-là devait être moins large que les autres; or^
celle de la Lapidation de saint Etienne est justement de la grandeur de
l'espace qui reste libre. De cette manière, il est vrai, Tordre chronologi-
que qu'il ne faut pas abandonner semble interverti, mais on le rétablit
parfaitement, si le trône du pape est considéré comme un point central, en
plaçant d'un côté, vers l'autel , la Pèche miraculeuse et la Remise des
clefs, et, de l'autre côté, la Lapidation de saint Etienne, la Guérison du pa-
ralytique et la Mort d'Ânanie. Vis-à-vis, du côté droit, la tribune des chan-
teurs occupant la plus grande partie du compartiment, c'est là que devait
être suspendue la tapisserie moins large qui repré^iente Saint Paul dans
sa prison. Quoique, dans l'ordre chronologique de ces cinq épisodes de la
vie de saint Paul, cette tapisserie soit la quatrième, puisque l'apôtre ne se
rendit à Athènes qu'après son séjour à Lacédémone, la scène de la prison
convenait lAieui au peu d'espace qu'il y avait à couvrir, et c'est pour cela
que Raphaël se permit cette légère déviation dans l'ordre chronologique,
qu'il a suivi d'ailleurs scrupuleusement. Cette disposition des tapisseries
une fois admise, les tableaux du socle entrent aussi dans la suite naturelle
des sujets, car ceux qui sont au-dessous des principaux épisodes de la vie
de saint Paul complètent , en quelque sorte, la représentation de cette
partie de l'histoire des apôlres. Bien plus, l'ordre que nous venons d'assi-
gner aux cinq premières tapisseries permet mieux de comprendre la
suite des tableaux du socle, qui offrent des sujets tirés de la vie de
l-éon X, jusqu'à son élection ; car le premier à droite et le plus rapproché
du trône pontifical concerne un événement qui remonte à Tannée 1492;
puis, viennent ensuite, en partant de là, à droite et à gauche, les autres
épisodes de la même histoire, jusqu'au dernier, qui représente THommage
rendu au pape et qui se trouve justement près du trône, où cette scène
s'est en effet accomplie.
166. La Pêê/ie miraculeuse.
Celte tapisserie était placée à gauche de Tautel, au-dessous de Moïse
. sauvé des eaux, sujet qui fut détruit pour l'exécution du Jugement dernier
de Michel-Ange.
Jésus, assis à droite dans la barque, parle à saint Pierre qui tombe à
genoux devant lui ; derrière Jésus se tient encore un apôtre; dans une se-
conde barque deux autres apôtres sont occupés à retirer les filets pendant
qu'un troisième tient le gouvernail. Au bord de Teau se trouvent trois
grues^ et dans le lointain^ près d'une ville, on voit beaucoup de peuple.
ïU 43
1
194 LES TAPISSERIES
Anciennes gravures d'après des dessins.
Andr. Meldola. Bartsch, t. XVI, p. 51, n"* 20. Dans la manière du Parmegia-
nino. — Diana Mantuana, in-folio en largeur. — Sur bois, en clair-obscur, par
Hugo da Carpi; épreuves postérieures, par Andréa Andreani, 1609. Bartsch,
t. XII, p. 37, n» 13.
Gravures d'après le carton.
Nie. Dorigny, grand in-folio en largeur. — Du Bosc, du côté opposé, in-folio
en largeur. — Sim. Gribelin, in-8» en largeur. — James F illler, in-12 en largeur.
— John Simon, manière noire, pelit in-folio en largeur. — E. Kirkal, in-folio
en largeur. — Anonyme, chez Bowles, manière noire, in-folio en largeur. — Th.
Halloway, du côlé opposé, grand in-fôlio. — James Gçdby, London, 1819, grand
in-folio en largeur. — Lithogr. chez Vellen, à Carlsrube, grand in-folio en
largeur.
Gravures diaprés les tapisseries.
Cornélius Met. Bartsch, t. IX, p. 90. n« 1. — G. Chasleau excudil; à gauche :
d. Saat, à Teau-forte, avec dix-neuf figures dans le lointain. Du côlé opposé.
H. U"4"'; 1. 18" 8'". — Louis Sommerau, in-folio en largeur. A l'eau-forte,
faisant partie d'une suite de vingt planches, d'après les tapisseries, avec une
feuille de titre et la dédicace au prince Léopold de Brunswick-Liinebourg, etc.,
chez l'auteur et chez Bauchard et Gravier, à Rome, 1780, in-folio en largeur. —
A.-P. Tardieu, in-8». — Petite planche signée B. Wl. H. 8" 4'"; 1. 10' 9'". —
Grande planche dans la manière de Jean Audran. du côté opposé, avec l'adresse :
Jltie Saint^acque*. — A l'eau-forte, par un anonyme , avec cette souscription :
Noli limere : ex koe jatn hominet erit capùiM. Petit in-folio. — Landon, n"* 3.
Une esquisse dessinée à la plunoie^ pour Jes deux barques avec les six
figures^ se trouve dans le Cabinet d'estampes de Berlin. Un autre dessin à
la sepia est dans la collection royale d'Angleterre. Steph. Mulinari a fait
une gravure^ d'après un dessin non original, qui est à Florence. Il y a
aussi deui dessins^ qui ne peuvent passer pour originaux, dans la collection
royale d'Angleterre et dans la collection d'Oxford.
Nous regardons comme une première esquisse du maître, très-retra-
vaillée, le dessin (avec plusieurs apôtres et plusieurs femmes au premier
plan) qui passa du cabinet Crozat dans la collection Albertine, à Vienne.
Gravures : Par Joh. Bapt. Franco. Bartsch, t. XVI, p. 124, n* 14. — A. F&n-
tuzzi, avec deux apôtres à droite, eau-forte. H. 9" 7'"; 1. IT 13'". — Dans la
manière de Léon Daven. H. 9" 8'" ; 1. 12" %". — A l'eau-forte, par un anonyme,
du côté opposé; au dernier plan on voit une vue de Venise; in-folio en largeur.
— Ph. Thomassin, in-folio en largeur. — Lithogr. par Pilizotti. — Landon,
n« 234.
Tableaux du socle.
Ces tableaux^ ajoutés et tissés au bas des grandes tapisseries» comme
pour Tornement d'un socle architectural en relief^ sont exécutés dans im
ton de métal jaune^ avec des lumières rehaussées d'or véritable. Les sujets
au-dessous de la Pêche miraculeuse sont les suivants : A gauche , Gio-
vanni de' Medici^ après la mort de Jules H, allant à Rome pour assister
DE RAPHAËL.
195
an eonclaTe. La figure allégorique de la Ville lui tend la maio. A droite,
Giovaoni^ élu pape sous le nom de Léon X, reçoit l'hommage des cardi-
naui, en i513.
Gravé à l'ean-forte, par Pietro Sanli Bartoli, du côté opposé, n** 13 et 14, dans
la série de quatorze plaDches avec la dédicace à Léopold de' Medici, par J. J. de
Bossi, in-foiio en largeur. — Laodon, n"* 265 et 266.
Ornementation du pilastre.
L'arabesque tissée d'un côté de la tapisserie contient les armes des
Médicis dans un médaillon , outre plusieurs petites figures et des orne-
ments dans le genre des grotesques, exécutée en toutes couleurs sur
fond blanc. Ces arabesques correspondaient aux pilastres de la chapelle,
lorsque les tapisseries étaient suspendues dans l'ordre indiqué plus haut.
187. Conduis mon troupeau.
Le Christ^ debout à droite^ indique^ de la main gauche, un troupeau de
brebis, et^ de la droite, saint Pierre agenouillé et tenant les clefs qu'il
lient de lui remettre. Les dix autres apôtres, debout derrière Jésus, se
montrent diversement émus de sa parole. Un paysage forme le fond de
la scène; on Toit une barque de pêcheur au bord de l'eau, à gauche. La
riche bordure d'étoiles d'or, qui rehausse le manteau blanc du Christ,
produit un si bel effet dans l'ensemble du tableau, que nous n'hésitons pas
à l'attribuer, aussi bien que d'autres ornements d'or dans ces tapisseries,
à rinvention de Raphaël même , quoiqu'il n'en reste pas trace sur les
calions.
Gravures anciennes d'après des dessins.
Dans la manière d*Agostino Yeneziano, le Christ, le bras élevé, semblable au
dessin de la collection royale d'Angleterre, mais les ûgures entièrement vêtues.
Bansch, t. XY, p. 17, n*6. — Diana Mantuana, 13 figures, le Christ à gauche, sans
les brebis, d'après le dessiu qui est actuellement au Louvre. Bartsch, t. XY,
p. 434, n* 5. Epreuves postérieures de Carlo Losi, 1773. -* Par un anonyme, le
Christ à gauche, sans les brebis; sur un fond de paysage. Avec l'adresse :
BwrmUi Ptteifiei formU. Autres épreuves avec : In Borna per Gioeanni Baptiita de
ftwt inpiaxxa Ifatonna. U. 8 " 8'" ; 1. 13" 8'".- Par un anonyme, marqué d'un P.
(lans le coin de droite, avec un fond blanc. H. 8" 4'" ; 1. 12" 3'". — Anonyme.
Une ville dans le fond. H. 8' 8'"; 1. 13 ' ô'". — Par Giulio Bonasone. Yoy. Curo-
Uiland, et le Catalogue des gravures du duc de Buckingham.— ^A l'eau-forte, par
P. Soutman delin. et excud., sous la direction de P. P. Rubens. Le Christ à
droite, fortement dans la manière de Rubens. H. 12" 2'"; 1. 18". Épreuves posté-
neores, avec l'adresse. F. de Wit exe. Amstelodami. — Copie : F. Mazot excu-
dit, etc. Le Christ indique les clefs de la main droite. U. 12 " 3'" ; 1. 15" 3'". —
Gérard Audran. Le Christ à gauche, la main sur la poitrine; treize figures;
librement traité; sans les brebis. Eau-forte. H. 4" 3"; 1. 6' 4'", - J. F. Cars
cicud. Le Christ est auprès de trois montons. Douze figures. H. 17" ; 1. 23" 2"'.
Gravures d'après le carton.
Nie. Dorigny, grand in-folio en largeur. — B. Lépicié, 1721, cdté opposé,
196 LES TAPISSERIES
in-folio en largeur. — Sim. Gribelin, in-8 en largear. — James Fittler, in-12 en
largeur.' John Simon, à la manière noire, petit in-folio en largeur. — E. Kirkal,
à la manière noire, in-folio en largeur. — Anonyme, chez Bowles, à la manière
noire, in-folio en largeur. — Th. Halloway, du côté opposé, grand in-folio en
largeur. — Lithogr. par F. S. Mayer, chez Vellen, à Carlsrube. — Aikman se.,
grand in-fol.
Gravures d'après les tapisseries.
Mich. Sorello, d'après un dessin par D. Corvi. H. 9" 8'"; 1. 13" 6'". — A.-P. Tar-
dieu, in-8*. (Tauriscus, p. 130.) ~ Louis Sommerau, à Teau-forte, in-folio en
largeur. — Landon, n* 4.
Dessins pour, le carton.
Dans la collection royale d'Angleterre se Irouve une étude pour toutes
le$ figures, d'après le modèle vivant. Le Christ, avec le bras levé.
Dans la collection du Louvre, une esquisse semblable au carton, moins
les brebis.
. Gravures: Diana Mantuana, du côté opposé. Bartsch, t. XY, p. 434, n* 5. —
Au clair-obscur, par Jackson, in-folio en largeur7 n* 476. — Une autre (de la
collection Crozat?) gravée par le comte de Caylns. Au clair-obscur, par P. -A. Ro-
bert et N. Lesueur, pour le Calnnel Crozat ^ n* 40, in-folio en largeur. — Au
clair-obscur, du côté opposé, avec paysage. L. 9". — Le même, sans paysage, et
de la même grandeur. — S. Mulinari, 1766, d'après un dessin, non original, qui
est à Florence.
Richardson dit avoir vu, dans la collection Crozat, sept têtes pour les
apôtres, au bistre.
Tètes pour les apôtres, coloriées : une dans la collection du Louvre.
Huit têtes, sur trois feuilles, ont passé, de la collection d'un graveur en
médailles, Bœhm, à Vienne, dans celle de M. Reiset, à Paris.
Tableaux du socle,
Giovanni de' Medici s'enfuit de Florence, sous les habits d'un moine.
— Pillage du palais des Médicis (1494).
Gravé par Pietro Santi Bartoli, n*" 3, 4 et 5 — Landon, n* 255, 256 et 257.
Ornementation des pilastres.
Cette tapisserie a une arabesque de chaque côté. L'une représente les
trois Parques, et l'autre les quatre Saisons. L'ordonnance de ces orne-
mentations des pilastres est certainement ce qui a été fait de plus gracieux
et de plus beau en ce genre.
Gravé par Joh. Ottaviani et Joh. Yolpato, dans la troisième livraison des :
Loggie di Rafaele ntl \aiicanOy etc. (Roma, 1777.)
\ 88. Lapidation de saint É tienne i
Le saint, touraé à droite, est tombé à genoux. 11 a les bras ouverts et
étendus, et il contemple avec une extase et un amour célestes Dieu le
DE RAPHAËL. 197
Père et le Christ qui lui apparaissent dans une gloire composée de trois
anges qui écartent les nuages. Derrière lui, un homme, les bras élevés^
lui laoce une lourde pierre; cinq autres^ plus éloignés, lui jettent égale-
ment des pierres, et, sur le premier plan, à gauche, un homme ramasse
des pierres. Saul, assis à droite, garde les habits des lapidateurs. Comme
nous Tavons déjà dit, cette tapisserie est moins large que les autres, parce
qu'elle était destinée à couvrir l'espace du mur où se trouve le trône
du pape.
Gravé par Mich. Sorello, in-folio en largeur. — R. Dallon. Londres, 1753,
grand in-folio en largeur.
L'esquisse originale, qui diffère quelque peu de la tapisserie, est con-
servée dans la collection Albertine, à Vienne.
Gravé par A. Barlsch, 1787. — Litbogr. par Pilizotti ».
Tableaux du socle.
Le cardinal Giovanni de' Medici fait son entrée à Florence, en qualité de
légal pontifical (1492).
Gravé par Pietro Santi Bartoli, n~ 1 et 2. — Landon, n** 553 et 554.
11 existe plusieurs esquisses de ce tableau. L'une d'elles, conservée au
musée du Louvre, pourrait bien être originale, c'est-à-dire qu'elle est de
Francesco Penni, auquel on attribue, en général, tous les sujets de la Vie
de Léon X. Une seconde esquisse est dans la collection Albertine, à
Vienne. Une troisième esquisse passa de la succession de Sir Th. Lawrence
dans la collection royale de La Haye, où elle fut vendue 2S0 florins à
M. Samuel Woodbum, à Londres.
Gravé en clair-obscur par Job. Gottl. Prestel, 1785, in-folio en largeur. ~ A
Veau-forte, par Francesco Morelli, d'après le dessin du cabinet Denon, in-folio
en largeur. — Litbogr. par Pilizotti, in-folio en largear. — Landon, n" 139.
189. Zi^ Guénson du paralytique.
Sous le péristyle du temple de Jérusalem, saint Pierre et saint Jean,
entourés du peuple, s'approchent du paralytique. Saint Pierre prend la
main de ce malheureux et lui dit: Lève-toi et marche! A gauche, un
autre estropié se traîne vers les apôtres. Parmi la foule, on remarque
une femme avec son nourrisson. A droite, on voit aussi deux autres
femmes avec de jeunes enfants nus, l'un desquels porte deux colombes
attachées au bout d*un petit bâton. Les colonnes torses et richement
ornementées du péristyle semblent avoir été faites d'après celles qui sont
•
1 . Souvent on cite une gravure de l'école de Marc-Antoine comme étant une première es-
quisse de Raphaël pour la Lapidation de saint Etienne. Bartsch, t. XV, p. 23, n** 3. Landon,
a* 416. Mats cette gravure n*a aucun rapport axec la composition de Raphaël. Zani croit
qu'elle est de Bfartiuo Rota. M. A. Marelli en a fait une copie.
<d8 LES TAPISSERIES
encore dans la basilique de Saint-Pierre, et qui passent^ depuis les temps
les plus reculés, pour avoir appartenu au temple de Jérusalem.
Anciennes gravures d'après des dessins.
Joh. Bapt. Franco. Bartsch, t. XYI, p. 124, n* 15. — Copie, par Dom. Zenoi ou
Zenoni Yeneto, orfèvre et graveur, vers 1574. Dans les premièref épreuvos. on
lit sur une colonne : Raphaël inventor^ et, sous la main droite du paralytique, es
toutes peUtes lettres : v. f. Les secondes épreuves portent l'adresse de Jacobas
Laurus exe. H. 9" 8'"; 1. 14" 7'". — En clair-obscur, trois planches, par Parme-
gianino. Bartsch, t. XII, p. 79, n* 27. Epreuve sur satin, chez le prince Paar, à
Vienne, et une autre chez D. Ciccio de Lucea, à Naples, avec ce monogramme
à côté du jeune garçon : IR, 1552. — Les planches du clair-obscur furent em~
ployées plus tard par un anonyme, qui, au lieu de les imprimer à plusieurs
teintes, en tira seulement une gravure sur bois. Selon Zani, une copie aurait été
faite par Antonio da Trento, d'après le clair-obscur de Parmegianino. — Jac.
Bos F., signé sur une colonne, et à gauche: Rafaël inventor. (Taurisciis,
p. 121 . c. ')
Gravures d'après le carton.
Nie. Dorigny — B. Lèpicié, 1721. — Sim. Gribelin. — James Fittler. — John
Simon, à la manière noire. ~ De môme, par E. Kirkal. — De même, chez Bowles.
— Th. Halloway, du côté opposé. — Lithogr., chez C. Yelten, à Garlsruhe.
Gravures d'après les tapisseries.
Louis Sommerau, 1780, in-folio en largeur. — Carlo Dellarocca, Milano, 1825.
Grande planche. — Au trait, avec de légères ombres, par Dellarocca, 1827, chez
P. Marchetli, à Rome. — Landon, n*6.
Tableaux du socle.
A droite^ le cardinal Giovanni de' Medici^ à la bataille de Ravenne, se
rend prisonnier au capitaine Federico Gonzaga da Bozzolo, qui servait
dans l'armée française. A gauche^ il s'échappe de sa prison, eu 1512. La
figure de femme couchée semble indiquer une naïade, et les satyres,
dans les roseaux et dans la petite maison, le premier tenant un flambeau,
font évidemment allusion au danger auquel fut exposé le cardinal, lors-
qu'un certain Usimbardo le tint enfermé dans un colombier, pour le livrer
à l'ennemi. Ces deux sujets sont séparés par une arabesque formée de
deux lions et de branches de lauriers, avec le nom de LEO. X. PONT. MAX.
Gravé par Pietro Santi Bartoli, n**' 6 et 7. — Landon, n"" 258 et 259.
190. La Mort d'Ananie.
Neuf apôtres se tiennent debout sur une terrasse ; saint Pierre, au
milieu d'eux, lance l'anathème contre Ananie, qui se roule en convul-
sions et rend l'âme. Un jeune homme est agenouillé à droite avec sa
*
\ . Un deasin, retraYaillé par Rubens, se trouvait dans la coUeetioa Neyman, à Amsterdam.
Voy. le Catalogue de Basan (Paris^ 1776). Nous ea parlons plus loin , en décrivant le carton
original de Tesquisse pour une tète de femme, dans la collection de Christ Church Collège, &
Oxford.
DE RAPHAËL. 499
femme^ tous deux épouvantés de cet événement^ tandis qu'à gauche deux
hommes se penchent avec stupeur sur l'homme frappé par la main de
Dieu. Plus loin^ au fond, à gauche^ un homme et une femme apportent
des vêtements; on voit aussi Saphira qui compte l'argent qu'elle veut
donner, sans pressentir l'anathème qui vient d'atteindre son mari et qui
la menace elle-même. Au fond, à droite, saint Jean et quelques autres
apôtres distribuent des secours aux pauvres ; un vieillard qu'accompagne
une jeune fille, vient de recevoir l'aumône et monte les degrés de
l'escalier.
Gravures cTaprès des dessins.
Agostino Yeneziano a terminé une planche commencée par Marc -Antoine
(Bartsch, t. XIY, n* 42), où se trouve aussi l'indication d'une copie que Zani
regarde comme une épreuve de la planche retouchée. Mais on peut croire que
c'est une copie, à cause des différences qui existent dans l'inscription. — Sur
bois, en cl^ir-obscur, par Hugo da Garpi, 1518. Bartsch, t. XII , p. 46, n* 27.
Longbena, p. 361, cite un dessin original de Raphaël, dans le cabinet de
M. Romuaido Bufera, à Fabriano. A notre grand étonnement, nous avons constaté
que ce prétendu dessin n'était pas autre chose qu'une épreuve de la gravure sur
bois de Hugo da Carpi. — G. Audran , d'après une copie de Ch. Jervas, avec
quelques changements. H. 21" 6'" ; 1. 25" 4"'. — J. Th. Prestel, 1Î77, d'après un
dessin douteux, au bistre, dans le cabinet de Praun, i Nuremberg. Grand in-fol.
eu largeur, à l'aquatinte.
Gravures d'après le carton.
Nie. Dorigny. — D. Beauvais, 1721. — Sim. Gribelin. — James Fittler. — A
la manière noire, par John Simon. — E. Kirkal. — Anonyme, chez Bowles. —
Grav. par Th. Halloway. — Lithogr., chez Yelten, à Carlsruhe. — A l'eau-forte,
grand in-folio. Quoique signée Mimpriu se,, cette gravure est de James Barry, à
Londres.
Gtravures diaprés la tapisserie.
Stephan Gantrel exe. En contre-partie, grand in-fol. ^ A Teau-forte, par Louis
Sommerau, 1780. — Landon, n" 6.
Études, Une tête de femme et une tête d'homme^ de grandeur natu-
relle, dessinées à la pierre noire et coloriées, qui se trouvent dans la
collection du Louvre^ semblent avoir été faites d'après le carton original.
Tableaux du socle.
A droite, la Harangue du gonfaloniere Ridolfi aux babitants de Flo-
rence, et, à gauche, l'Entrée du cardinal Giovanni de* Medici dans cette
ville, en 1512. Entre ces deux sujets, il y a, comme dans la tapisserie
précédente, une arabesque avec deux lions entourés de lauriers et
l'inscription LEO. X. PONT. MAX.
Gravés par Pietro Santi Bartoli, n<» 11 et 12. — Landon, n~ 263 et 264.
Le dessin original pour la Harangue de RidolQ, par Francesco Penni, se
trouve dans la collection du Louvre.
200 LES TAPISSERIES
Ornementation du pilastre.
Sur un des côtés de la tapisserie est une arabesque représentant les
trois Vertus tliéologales (la Foi, l'Espérance et la Charité).
Gravé par Joh. Ottaviani dans l'ouvrage : Loggie di Rafaele nel Yaticano (Rom a ,
1777, presso Marco Pagliarini).
191. La Conversion de saint Paul.
Cette tapisserie avait sa place au-dessous de la Nativité, sur le mur où
se trouve actuellement le Jugement dernier, de Michel-Ange.
Saint Paul, renversé de son cheval, élève ses regards vers le Christ,
qui lui apparaît dans le ciel, entouré de trois petits anges. Les compagnons
de Paul s'enfuient, saisis de frayeur. Un serviteur arrête et maîtrise le
cheval de son maître.
Gravé par H. Sorello, in-fol. en largeur. — A l'eau-forte, par Louis Sommerai],
1780, in-fol. en largeur.
Le carton pour la Conversion de saint Paul appartenait, en 152-1, au
cardinal Dom. Grimani, dans la collection duquel il a été vu, en i5âf , à
Venise, par l'Anonyme de Morelli (voy. p. 77 : « El cartone grande délia
Conversione de S. Paulo fu de mano de Raffaello, fatto per un dei razzi
délia capella »]. Comme le cardinal Dom. Grimani avait recueilli un grand
nombre d'anciens tableaux néerlandais, et notamment le magniHque
Bréviaire (qui est à présent dans la bibliothèque Saint-Marc) pour lequel
Memling exécuta plusieurs miniatures, on peut supposer qu'il avait acquis
le carton de Raphaël dans les Pays-Bas, peut-<^tre même à Arras, de la
fabrique de tapisseries. Dans le catalogue des objets d'art que possédait
le cardinal, catalogue rédigé et écrit de sa main, en 1526, on voit que Je
carton était colorié.
Une esquisse à la sanguine, pour deux cavaliers, avec le soldat fuyant
qui tient une lance, se trouve dans le Teylers Muséum, à Haarlem.
Cette composition a aussi été exécutée à fresque dans Téglise S. Maria
dei Lumi à S. Severino, près Fabriano.
Tableaux du socle.
Les deux tableaux représentent la Persécution des Chrétiens par Saul
(Actes des Apôtres, chap. 8). C'est donc par erreur que Pietro Santi Bartoli,
sur trois des feuilles dédiées au prince Léopold de' Medici, n»" S, 9 et 10,
a indiqué ces deux sujets comme représentant, l'un le Massacre exécuté
par les soldats espagnols après la prise de Prato, en 1512, et Tautre les
Chefs d'une conjuration contre les Médicis, devant leurs juges, à Florence.
Landon, n" 260-262.
192. Elymas frappé de cécité.
Le proconsul Sergius, assis sur un tribunal élevé, voit avec étonnement
DE RAPHAËL. 201
que, sur 1<a sentence de saint Paul, le magicien Élymas vient d'être frappé
de cécité. Un serviteur regarde, effaré, le visage de l'aveugle, tandis que
huit autres figures, placées derrière lui, paraissent diversement agitées.
Deux licteurs se tiennent au côté gauche de Sergius. Nous avons déjà dit
que, de cette tapisserie, d'ailleurs assez bien conservée, la partie supé-
rieure seule subsiste encore. 11 y avait, à droite, une ornementation de
[Hlastre dont il ne reste qu'une figure de femme vêtue, semblable à une
statue dans sa niche.
Gravures anciennes dt après des dessins,
Agostlno Yeneziano, 1516, et une copie du côté opposé. Bartsch, t, XIV, n^ 43.
— Ed clair-obscar, par Hugo da Carpi, in-fol. en larg. — C. Du Bosc, chez Gan-
trel, à Paris, grand in-fol. en largeur. — Seulement la figure de saint Paul dans
un paysage où se trouve un moine à genoux, par Agoslino Veneziano, 1517,
H. 5"6'";l. 4" 2".
Gi^avures d'après le carton.
Niç. Borigny. - Du Bosc. — Sim. Gribelin. — James Filller. — A la manière
noire, par John Simon. — E. Kirkal.— Anonyme, chez Bowles. — Th. Halloway.
— John Bumet, à Londres; 24" de haut. — Lithogr. par F. S. Maier. chez C. Vel-
ten, à Carlsruhe. — A l'eau-forte, par Sommerau, 1780, in-fol. en largeur. -
Landon, n» 120.
Une esquisse peinte en grisaille sur papier, qui faisait partie de la
collection Ant. Rutgers, fut vendue pour 16 florins. Nous ne savons ce
qu'elle est devenue. Dans la collection royale d'AngleteiTe se trouve un
dessin à la sépia, qui n'est pas original, comme le suppose H. Reveley.
193. Saint Paul et saint Barnabe à Lystra,
Saint Paul et saint Barnabe, debout sous un portique, voient avec
douleur que la population de Lystra veut leur offrir des sacriOces. Le
premier déchire ses vêtements, en adressant la parole à un homme qui
lui présente un bélier. Du côté gauche, on voit le peuple qui amène des
taureaux, et le sacriiicateur qui s'apprête à en abattre un, lorsqu'un jeune
homme lui retient le bras. Sur le devant, le paralytique qui a recouvré
l'usage de ses jambes joint les mains en signe de reconnaissance, tandis
qu'un vieillard regarde avec surprise la guérison du pauvre infirme, qui a
jeté ses béquilles à terre. Au fond, uir forum avec des temples; vers le côté
droit, on aperçoit au loin une statue de Mercure', que les habitants de
Lystra voulaient adorer dans la personne de saint Paul.
Gravures d'après le carton.
N. Dorigny. — B. Lépicié, 1721. - Sim. Gribelin. - James Fitller.- Th. Hal-
loway. — A la manière noire, par John Simon. — E. Kirkal. — Anonyme, chez
Bowles. — Lithogr. chez C. Velten^ à Carlsruhe.
loi LES TAPISSERIES
Gravures <f après la tapisserie.
6. Audran, d'après un dessin de Charles Jenras. H. 21" 8*"; 1. 35" V*\ — /. Lan-
gloit, grand in-fol. en largeur. — Par un anonyme, avec l'adresse : Rue Saimi-
Jœquet, etc., in-fol. en largeur. — Sommevau, 1780, eau-forte. In-folio en lary.
— Landon, n* 8.
Dans le cabinet de Praun , à Nuremberg, il y avait le dessin de la
moitié de cette composition, avec le sacrifice, à la sépia, et rehaussé de
blanc. Selon la gravure de J. Th. Prestel, ce dessin était du côté opposé^
c'est-à-dire que le paralytique s'y trouvait placé à droite.
G. Metz a publié aussi un fac-similé de ce dessin; mais on peut juger
à première vue que ce n'est pas une œuvre de Raphaël.
La figure de saint Paul, dessinée à la pointe d'argent et rehaussée de
blanc, est dans la collection du duc de Devonshire, à Chatsworth.
Richardson cite un autre dessin qui était dans le cabinet Crozat.
Tableaux du socle.
Saint Jean quittant la ville d'Antioche. Il embrasse un frère, deux autres
l'accompagnent de leurs bénédictions. A gauche, sii chrétiens sont auprès
de saint Paul (Actes des Apôtres, ch. 13). L'autre tableau nous 'montre
Saint Paul enseignant dans une synagogue (chap. 13, i4). Le saint est
debout à gauche , expliquant l'Écriture. Au milieu de ces deux épisodes,
il y a une arabesque avec deux lions, par allusion au nom de Léon X, avec
une bague et trois plumes, qui forment la devise de la famille de Médicis.
La bague, ornée de trois diamants, est de l'invention de Côme [Pater
patriœ). Son neveu, Laurent le Magnifique, y ajouta les trois plumes^ qui
portent quelquefois les couleurs des trois vertus théologales (blanc, vert
et rouge). Les diamants témoignent de la fermeté du caractère des Médicis,
et le mot semper exprime sans doute leur persévérance dans l'amour
de Dieu.
Gravé par Pietro Santi Bartoli, dans la série des 14 planches qui furent dédiées
par G. G. de Rossi à Nie. Simonelli. Cdté opposé. — Landon, n~ 246 et 351.
Décoration du pilastre.
Les arabesques en couleur, qui sont tissées d'un côté à la grande tapis-
serie, offrent, dans le haut, les armes des Médicis, et^ dans le bas, un
ornement grotesque avec plusieurs petites figures.
194. La Prédication de saint Paul à Athènes.
Saint Paul, debout sur des degrés, à droite, prêche la parole de Dieu
aux Athéniens, dans l'Aréopage. Derrière lui, se tiennent des philosophes
de différentes sectes^ devant lui, plusieurs sophistes, assis et discu-
tant, ainsi que quelques hommes du peuple. A gauche, ou voit Diony-
sius l'Aréopagite , et sa femme Damaris^ qui montent les degrés, avec
l'expression d'une sainte croyance. Du même côté, dans le fond, la statue
DE RAPHAËL. 203
de Mars devant un temple rond. La forme de ce temple ressemble à celle
de la chapelle construite par Bramante dans le cloître de S. Pietro in
Mootorio, à Rome. La ûgure de saint Paul rappelle^ par sa pose et ses
draperies^ la figure du même saint visitant saint Pierre dans sa prison,
peinte, par Masaccio, dans Téglise des Carmélites^ à Florence, avec cette
différence que, dans le tableau de Masaccio, saint Paul ne lève qu'un bras
aTec l'index étendu.
Gravures anciennes d'après des dessins»
Par Mare-Antoine, en contre-partie. Bartsch, t. XIT» n* 44. — Copie, sans la
tablette; très-noire. H. 10" 2'*'; 1. 12" 10"'. — De même, avec plus de fond, ce qui
laisse voir toute la coupole du temple. Dans le bas, à gauche, il y a l'a-
dresse : Jacobus Marcucci exe. H. 10"; 1. 12" 9'". C'est vraisemblablement la gra-
vure que Bartsch indique sous le n* 44, avec ceUe autre adresse : Jacohus
Laums exe.
Gravures d'après le carton.
Nie. Dorigny. — C. L. Du Bosc — Sim. Gribelin. —James Fittler. —Th. Hal-
loway. — A la manière noire, par John Simon. — E. Kirkal. — Anonyme, chez
Bowles. — Lithogr. par F. Schôning, chez Yelten, à Carlsruhe. — Gravé par
G. Audran, d'après un dessin de Ch. Jervas, grand in-fol. en larg. — J.-P. Si-
naon, à Londres, 1819, grand in-fol. en larg. — John Burnet, 24" de haut. — A
l'ean-forte, par Louis Sommerau, 1780, d'après la tapisserie. — Landou, n* 9.
Une étude, pour la draperie de l'apôtre saint Paul , et pour cinq autres
figures, à la sanguine, se trouve dans la collection de Florence.
Gravé par S. Mulinari, 1774.
L'esqiiisse de toute la composition, à la sépia, laquelle est conservée
dans la collection du Louvre, n'est qu'une copie.
Gravé par Caylus.
Od a vendu, dans la succession du baron Sylvestre, en 4832, à Paris,
une étude i la sanguine pour la figure de saint Paul.
Tableaux du socle.
Ces quatre tableaux, séparés entre eux par des hermès, ont beaucoup
souflert. Ils représentent les sujets suivants :
a.) L'Apôtre saint Paul exerçant le métier de tisserand (Actes des Apô-
tres, ch. 18, 3).
L'eau-forte de Pietro Santi Bartoli indique mal à propos ce sujet comme
appartenant à la tapisserie du sanctuaire.
6.) Saint Paul à Corintbe, tourné eu risée par les Juifs (chap. 18, 6).
Gravé à l'eau-forte par Pietro Santi Bartoli, mais indiqué comme représentant
Saint Paul à Ëphèse.
c.) Saint Paul impose les mains aux nouveaux chrétiens de Corintbe
(chap. 18, 8).
Gravé à l'eau-forte par Pietro Santi Bartoli.
20 i LES SEPT CARTONS DE RAPHAËL.
d.) Saint Paul devant le tribunal de Gallion, gouverneur de l'Achale
(chap. 18, 1â).
Gravé à l'eau-forte par Pielro Santi Bartoli, avec ccUe fausse indication : Saint
Paul devant Festus.
4
Orîiementation du pilastre.
Les arabesques en couleurs tissées dans la grande tapisserie repré-
sentent, à gauche, Hercule portant sur ses épaules le globe céleste^ à la
place d'Atlas, et, à droite, les Heures du jour, ou Apollon et la Ggure de
la Lune, avec une horloge qui marque les vingt-quatre heures.
Les deux pilastres ont été gravés par Joh. Yolpato pour les Loggie di Rafaeie
fiW Yalicano, etc. (Roma, 1777).
193. Saint PatU en prison.
Pendant que le saint apôtre prie dans sa prison, à Philippi, il survient
un tremblement de terre, figuré ici allégoriqueraent par un homme
gigantesque, vu à mi-corps dans une caverne et soulevant la voûte avec
les épaules et les bras. Cette figure est tout à fait semblable à celle que
Raphaël a placée dans son tableau de la Fuite du cardinal Giovanni de'
Medici. Le geôlier et le soldat de garde devant les barreaux de la prison
sont saisis d'épouvante.
Cette tapisserie, qui avait sa place à côté de la tribune des chanteurs,
n'a que 3' 6'" de large.
Gravé à l'eau-forte par Louis Sommerau, 1780. In~fol. en hauteur.
L'esquisse pour la figure allégorique du tremblement de terre, dessinée
à la plume et lavée d'un ton brun, se trouvait dans la collection Joshua
Reynolds. Elle a été reproduite dans l'ouvrage de Charles Rogers, intitulé :
Collection ofprints in imitation ofdrawings (London, 1778, 2 vol. in-foL).
Plus tard, cette esquisse a passé dans le cabinet de W. Roscœ, et elle est
décrite dans son catalogue, sous le n» 7. H. 8"; 1. 8" 6'".
Tableau du socle.
Un guerrier assis, ou un voyageur avec son bâton; devant lui, un
homme à genoux.
LES SEPT CARTONS DE RAPHAËL,
DANS LE PALAIS ROYAL DE HAMPTON COURT.
Ainsi que nous l'avons déjà dit, c'est en 1518 que les tapisseries des
Actes des Apôtres arrivèrent à Rome ; mais les cartons originaux restèrent
dans la fabrique de tapisseries, à Arras. Ils y restèrent, soit par négli-
LES SEPT CAKTONS DE KAPHAEL. 305
jience, soit que Ton eût l'intention de les faire reproduire une seconde
fuis en tapisseries. Mais^ comme le cardinal Domenico Grimani, de Venise,
possédait, en 15Si , selon le témoignage de l'Anonyme de Morelli S le
carton de la Conversion de saint Paul, il devient probable, par ce seul
fait, que trois cartons étaient déjà sortis de la fabrique, où Rubens n'en
trouva plus que sept, un siècle après. Ce grand artiste, lors de sa mission
diplomatique en Angleterre, dans Tannée 1630, parla de ces cartons au
roi Charles h% qui les acquit pour une somme importante et les plaça à .
VfhilehaU. Nous empruntons ce renseignement à la dédicace au roi
George 1*% en 1719', que Dorigny mit en tête de ses gravures faites
d'après les cartons de Raphaël. C'est un renseignement qui, selon C. Ro-
gers, aura été fourni au graveur par le lord chambellan. A la mort de
Charles !«', lorsque, sur les décisions du Parlement, tous les trésors
artistiques de ce malheureux roi durent être vendus à l'encan, Cromweli
put seulement obtenir que l'État conservât les sept cartons de Raphaël
pour la somme de 300 livres sterling. Bientôt après cependant , sous
Charles H, ils faillirent passer en France. Le roi Louis XIV avait le plus
vif désir de les posséder, et son ambassadeur, Barillon, venait même
d'obtenir, à ce sujet, l'assentiment -du roi d'Angleterre, quand le comte
Danby, lord trésorier, eut le courage de s'opposer à cette transaction et
plaida la cause des cartons de Raphaël avec tant d'énergie, que Charles II
se ravisa, par un sentiment de dignité personnelle, et rompit la négocia-
tion. Voilà comment TAngleterre est redevable à ce gentilhomme de la con-
servation de ces chefs-d'œuvre qui allaient lui être enlevés '. Jusqu'à celte
époque, ils étaient toujours restés dans l'état où les avaient laissés les
fabricants de tapisseries, c'est-à-dire coupés par bandes étroites et
criblée de piqûres d'aiguille qui suivaient tous les traits du dessin. Van
der Doort, le gardien des collections d'art de Charles l**", rapporte, dans
son Catalogue^, que cinq de ces cartons avaient été envoyés, de son
temps, par l'ordre du roi, chez Franz Cleyn ou Cleen, à Morllake, pour
1. Noiisia d'opéré di di$egnOj etc., pubblicata da D. Jacopo Moreili. Bassano, i 800, m-8,
p. 77.
S. Voici le passage de cette dédicace : c Multosque post aunos, Rex Carolus Primus, id sua-
dente Petro Paulo Rubens Equité, maguo pretio emptas, ex Flandrii ubi prœfata aulea coafecl»
faeruQt, in Angiiam advehi jussit. ■»
3. Voy. J. Richardson, Trailé de la peinture el de la iculplure. Amsterdam, 1728, in-8,
t. m, p. Uî.
4. A Catalogue avd deteription ofking Charles I capital CoUeelion ofpicturei, etc.,
from an original mt, m the Athmolean Muséum al Oxford. London, 1757, in-4. — Voici
le passage en question : « Item in a dit box-wooden case, some two cartoons of Raphaël Tr-
binus for bangings to be made by, and the other five are by the king*s appointment delivered
lo M. Francis Cleen at Mortiake to roake hangings by. « Déjà le roi Jacques I*' avait fait établir
à Mortiake en Surrey une fabrique de tapi^eries par Sir Francis Crâne , et le peintre Franz
Clcyu de Rostock, qui avait étudié à Rome, surveillait les travaux de cette fabrique.
â06 LES SEPT CARTONS DE RAPHAËL.
être exécutés en tapisseries. Cest seulement le roi Guillaume III qui fit
réunir et (ixer sur toile les morceaux de ces cartons^ par William Cooke.
et qui les plaça ^ dans une salle bâtie exprès par Sir Gbristopher Wren,
au château de Hampton Court. Néanmoins^ ils changèrent plusieurs Tois
de place. En l'année ilQA, on les transporta au palais de Buckingham,
où ils ornèrent une salle, en guise de tapisseries. Puis^en i787, ils allèrent
à Windsor; plus tard à Frogmore, et ensuite ils revinrent, pour quelques
années, au palais de Windsor, où ils furent exposés successivement dans
différentes salles. Depuis 1814, on les a replacés au palais de Hampton
Court, où nous les avons admirés en 1831 et en 1850.
Que les cartons aient souffert dans tous ces déplacements, on le com-
prendra sans peine. Des retouches y furent aussi faites par une main
inhabile. Malgré tout, ils sont, pour la plupart, dans un état satisfaisant ;
quelques-uns même conservent encore une fraîcheur et un éclat qu'il
n'était guère possible d'espérer de couleurs à l'eau qui datent de plus de
trois siècles. Comme nous avons déjà décrit plus haut les sujets de ces
cartons, en parlant des tapisseries qui les reproduisent, nous nous borne-
rons à consigner ici certaines remarques qui nous sont inspirées par la
vue des originaux.
La Pêche miraculeuse. — Ce carton semble peint, du moins en grande
partie, de la main de Raphaël, comme pour servir de modèle aux autres.
Il est, dans son ensemble, superbement dessiné et d'un ton clair et vi-
goureux. Les chairs sont très-lumineuses, rougeâtres dans les demi-
teintes, blanchâtres dans les clairs, d'un ton gris brun qui va se dégra-
dant jusqu'au noir vif dans les ombres. La draperie verte de saint André
est d'une couleur très-brillante, mais, par contre , le manteau autrefois
rouge du Christ, qui se reflète encore rouge dans l'eau, a tellement pâli,
qu'il ne reste plus la moindre trace de sa couleur primitive et qu'il a pris
l'aspect d'un manteau blanc, d'une excellente exécution. Le paysage a ce
ton clair qui caractérise le maître ; on reconnaît aussi dans les petites ûgures
sou dessin facile. Les poissons dans la barque et les grues sur le bord de
Teau, admirables de vérité, furent certainement exécutés par Giovanni da
^dine. En somme, ce carton est bien conservé; seulement, sur le ciel à
gauche et dans la mer, on a rehaussé maladroitement d'un ton jaune vert
pâle les endroits dont la couleur était effacée. De plus, il est un peu coupé
sur les côtés et dans le bas.
Conduis mon troupeau, — Le dessin de ce carton est très-arrêté; la
disposition des lumières et des ombres procède par grandes et belles
masses, comme dans la grande draperie blanche sans ornements du Sau-
veur ; en revanche, le coloris général n'a pas la fraîcheur et la vivacité du
carton précédent, mais plutôt quelque chose de décidément gris^ quoi»
que transparent et puissant.
LES SEPT CARTONS DE RAPHAËL. 207
Raphaël semble avoir exécuté lui-même la figure du Christ, avec les trois
apdtres qui en sont le plus rapprochés; les quatre autres sont d'une exécution
bien plus faible. La coloration des draperies n'a pas non plus Tart particu-
lier à Raphaël, mais elle accuse bien plus la manière de Francesco Penni,
qui, ainsi que nous l'avons déjà rapporté, aida son maître dans l'exécu-
tion de ces cartons. Le paysage est d'un ton verdâtre , mais transparent.
Quelques parties de ce carton ont souffert, particulièrement la draperie
inférieure du saint Pierre.
Les apôtres saint Pierre et saint Jean guérissant un paralytique sous le
vettibxUe du Temple. — Ce carton a beaucoup souffert; en outre, il a été
fortement retravaillé en différents endroits; quelques-unes des couleurs
ont presque disparu. Les ombres des chairs sont, pour la plupart , très-
grises et lourdes de ton ; ce défaut est surtout très-sensible dans la belle
figure d'enfant que l'on voit de dos. Mais, cependant, plusieurs parties
du carton offrent l'exécution la plus magistrale et sont encore parfaite--
ment coloriées, entre autres la tète du second paralytique, laquelle, est,
sans aucun doute, de la main de Raphaël même. Par contre, les bras
du premier paralytique sont lourds de formes et mauvais de dessin, ce qui
ne provient peut-être que des repeints. La manière dont sont traitées
quelques têtes et les ombres noirâtres des chairs de quelques figures per-
mettent de supposer que Jules Romain a travaillé à ce carton.
La Mort dTAnanie, — Ce carton, exposé à l'une des extrémités de la
salle, est d'un ensemble si extraordinaire et d'un effet si saisissant, que,
malgré maintes détériorations, il semble sortir de la main du maître. On
ne saurait douter que beaucoup de tètes ne soient son ouvrage. Le dessin
en est excellent et la couleur parfaite quoiqu'elle ait plus de vigueur que
de transparence, ce qui nous fait croire que le tableau a été ébauché en
grande partie par Penni et terminé par Raphaël lui-même. Les draperies
' aussi sont très-belles d'arrangement , et d'une merveilleuse intelligence
d'exécution. Ce carton est un des plus remarquables de la collection,
mais il a souffert en quelques parties, et il a été un peu trop resserré près
de la figure du saint Jacques, lorsqu'on en a joint les morceaux.
Elymas aveuglé. — Ce carton est celui qui a le plus souffert. Il est for-
tement repeint, plusieurs couleurs ont disparu, et il est tout couvert de
taches, ce qui a détruit la beauté de son ancien aspect. Les ombres des
chairs sont souvent grises et dures. Néanmoins, d'autres parties des nus
sont encore d'une très-belle couleur, entre autres plusieurs têtes qui ont
^te certainement exécutées de la main du maître. Le ton du paysage est
d'un vert bleuâtre et crayeux.
Saint Paul et saint Barnabe à Lystrie. — Ce carton, qui est en général
d'une bonne conservation, a cependant un peu souffert des deux côtés,
lorsqu'il fut mis sur toile, et surtout au côté droite La couleur en est bar-
208 LES SEPT CARTONS DE RAPHAËL.
monieuse et limpide^ le dessin bien arrêté ; seulement le paysage a un (on
de craie, ce qui contraste fortement avec le grand caractère de l'architec-
ture. La main de Raphaël est également très-reconnaissable dans des re-
touches et des corrections de maître; mais l'ébauche de la com|>osi(ion^
à la juger surtout dans certaines parties, semble avoir été faite par Fran-
cesco Penni.
Saint Paul prêche à Athènes. — Ce carton est un des mieux conserves.
Le dessin a quelque chose de très décidé; il est même un peu dur; Ja
couleur est vigoureuse , la disposition des lumières et des ombres, d'un
grand efTet. La manière de faire se rapproche beaucoup de celle qui dis-
tingue le carton d'Ananie, mais pourtant les ombres des chairs sont
claires, quoique entièrement grises. Le paysage affecte une couleur lumi-
neuse, d'un bleu verdâtre. L'architecture, très-vigoureuse de ton, se trouve,
en quelque sorte, animée par les colonnes du temple en marbre vert à
chapiteaux blancs, ainsi que par la statue dorée du dieu Mars. Certaines
couleurs, comme le vert clair, le jaune lumineux et le violet chatoyant
rappellent les tableaux de Francesco Penni. Dans ce carton, Raphaël a
certainement beaucoup travaillé ou beaucoup retouché. Aussi est-ce un
des plus beaux de la série avec ceux de la Pêche miraculeuse et de la
Mort d'Ananie.
Vasari a rapporté, d'après la tradition, que Francesco Penni fut d'un
grand secours à son maître pour la peinture des cartons destinés à l'exé-
cution des tapisseries de la chapelle papale et du consistoire. Bien plus,
il semblerait même que le carton de la Pêche miraculeuse est le seul qui,
dans ses principales parties, fût entièrement tracé, ombré et coloré par
Raphaël. Quant aux autres, Raphaël n'aurait fait qu'en esquisser le trait
et en indiquer les ombres au lavis, avant que ses élèves en achevassent
l'exécution, qu'il ne fit ensuite que terminer avec plus ou moins de soin.
Gravures cTaprès les sept cartons.
a,) Par Nicolaus Dorigny, sous le titre de : Pinacotheea i/amptoniana^ elc, avec
nne dédicace à George 1'" (Londres, 1719); 8 feuilles gr. in-fol. en larg. H. 19";
1. S2" à 39". Quoique le style apprêté et ^coquet des graveurs du commeDcoment
du dix-huitième siècle fût incapable de rendre la simplicité grandiose de l'art
raphaélesque, ces estampes de Dorigny n'en sont pas moins très-belles et traitées
avec infiniment de talent.
■ b.) Par différents artistes; publiées par Thomas Bowles. Londres, 1731, avec
une feuille de titre où se trouve le portrait de Raphaël d'après Paul Pontius,
gravé par N. Tardieu, et une dédicace à Guillaume III et à la reine Marie;
8 feuilles in-fol. en larg. En contre-partie. 3 planches gravées par Du Bosc :
la Pêche miraculeuse, Ëlymas, et Saint Paul à Athènes; 3 planches gravées par
B. Lépicié : Conduis mon troupeau, le Paralytique, et Saint Paul à Lyslria. Une
planche gravée par D. Beauvais : la Mort d'Ananie.
c.) Par Simon Gribelin, 7 feuilles avec des bordures gravées. Londres, 1720,
avec une vue de la salle de Hampton Court, le portiait de Baphaél d'après Pod-
tius et celui de la reine Anne. 9 planches in-8en larg. H. 6" 10"'; 1. 7" 9"'.
LES SEPT CARTONS DE RAPHAËL. 209
d.) Par John Simon, à la manière noire, chez Ed. Cooper, sous le lilre de :
VII Tabnlœ RaphœKê Urbin. longe eeUberrimœ, etc., avec une dédicace à Guillaume,
duc de Devonshire, el le portrait de Raphaël entouré de figures allégoriques
d'après C. Maratte. 8 planches petit in-fol. en larg. H. 9"; 1. 12" 10"'.
e.) Par James Fidler, sous le titre de : CarUmi dont from tKe original in kU
Majetty^s Colleclion, Au-dessous, le portrait de Bindo Allovili, comme étant celui
de Raphaël. La seconde feuille, avec le portrait du graveur au milieu d'un sujet
allégorique figurant les Arts plastiques au service de la Religion. 9 petites planches
iû-12 en laideur.
f.) Par E. Kirkal, à la manière noire, avec le portrait de Raphaël d'après Carlo
Haratli. 8 planches grand in-fol. en largeur.
g.) Par un anonyme , à la manière noire. Chez John Bowles. Petit in-folio en
largeur.
*.) Thomas Halloway a commencé à graver les cartons avec l'aide de ses élèves
Slann et Webb, en 1800, sous la direction du président Benj. West; mais la der-
nière planche (la Guérison du paralytique) ne fut terminée qu'après sa mort, en
1826. 7 planches in-fol. max. Ces estampes sont, à la contre-partie, exécutées
avec grand luxe, mais maniérées de burin et dans le goût anglais.
«.) L'édilenr C. Velten, à Carlsruhe, a fait paraître en 1835 des lithographies
exécutées d'après les gravures de Halloway, par F. Schôning et F. S. Maier.
k.) John Burnet, à Londres, a commencé, depuis 1837, à reproduire avec ses
procédés les cartons de Raphaël. Ce sont des gravures sur acier, exécutées avec
l'application simultanée de la machine linéaire, de l'aquatinte et du burin. Chaque
planche a 24" de haut.
'.) The §even Carloons ofRaffatUo draum by Jarves and engraved by W, Limper from
tte original paintingt in Ihe galUry at Bamptoncourl , wHh descriptive lelterprett,
London, 1842, in-fol. en larg. Faible,
m.) BvokofRaphaeVi Carloons^ by Catlermole, ttilh an exquitiU portrait ofRaphael^
a titw of Hamploneourt and geten highly /ini$hed tteel engratingt of the eeUbraUd
Cartoonê at Bamptoncourl. London, 1845, grand in-8.
«.) Recueil de JC têtes, tirées des 7 cartons det Actes des Apôtres peints par Raphaël
d'IVWn, dessinées par le chev. Nie. Dorigny el gravées par les meilleurs graveurs.
Londres, 1722. Avec une dédicace à la princesse de Wales, par Marie Mangin.
Les graveurs des 46 planches, in-fol. en larg., sont : F. Pigné, C. Dupuis,
S. Thoroassin, L. Desplaces, N. Tardieu, B. Lépicié, G. Duchange, D. Beauvais
et N. Dupnis.
<>•) Boydell, à Londres, ayant acquis les planches précédentes, grava au trait
seulement les têtes, en ajoutant cinq planches avec des études préparatoires,
quatre avec des figures anatomiques, et trois avec les statues d'Apollon, d'Hercule
et de Vénus. Il publia ce recueil sous le titre de : The Sehool of Rafaël, or the iIih
itnts Guide, etc. London, printed for John Boydell, 1759, grand in-fol.
P-) Les têtes des sept cartons, dessinées par Ruyssen , gravées par Carden, à
Londres, 2 vol. in-fol.
q.) Thurston Thompson, à Londres, a publié des photographies d'après les sept
canons de Raphaël à Hampton Court ; ces photographies , hautes de 3 pieds et
larges de 4, ont été réduites dans yn format plus commode. Le même photo-
graphe a publié à part les têtes seulement, de la grandeur des originaux.
Copies d'après les cartons.
F. Cteen (ou Cleyn), aussitôt après l'arrivée des cartons en Angleterre,
8008 le règne de Charles l«', fit d'après eux des dessins à la plume, el mCme
plus grands et meilleurs que ceux de Dorigny. Sous le dessin de la Mort
II. 14
210 LES SEPT CARTPNS DE RAPHAËL.
d'Ananie on lit : Raphaël d'Urbino. F. Cleen fsc. anrio 1646. Sous le dessin
qui représente la Remise des clefs à saint Pierre : iSjuly 4640. Sous le
dessin d'EIymas : Incepi mai 4. 1645. Voyez W, Gunn, Cartonensiat etc.
(London, 1832).
Des copies^ faites d'après les sept cartons^ par Daniel Mytens, du temps
de Charles l*^, se trouvent à Knole dans le comté de Kent, au château de
la duchesse de Dorset. Yoy. Stuttgarter Kunstblatt, 1820, n"* 12.
Enfin, au commencement du dix-huitième siècle, Sir James Thornhill
exécuta d'après les cartons des copies dans le style de son temps. En iSOO
le feu duc de Bedford fit don de ces copies à la collection de TAcadémie
des Beaux-Arts à Londres.
D'autres copies, au quart de la grandeur de Toriginal, faites par
W" Cook, sont dans la collection de Christ Church Collège à Oxford. Elles
ont été données par le duc de Marlborough à cette célèbre université.
En France il existe des copies d'après six de ces cartons qui furent
peintes, du temps de Louis XIV, par Mignard, Boullogne, Blanchet et au-
tres, et qui devaient servir à l'exécution des six tapisseries à la manufac-
ture royale des Gobelins. La cathédrale de Meaux doit posséder encore ces
six copies, qui lui furent données, ou seulement prêtées par Marie Les-
zinska. Voy. Stuttgarter Kunstblatt de septembre 1830.
Le comte Jaguschinski acheta, en Italie, d'anciennes copies de ces car-
tons, qui lui furent vendues comme les originaux de Raphaël. On les
transporta de Moscou à Saint-Pétersbourg. Voyez Stuttgarter Kunstblatt,
1839, p. 75. "^
Que, du reste, plus anciennement, des copies aient été faites d'après les
cartons de Raphaël, peut-être dans son atelier, et vraisemblablement par
des Néerlandais, c*est un fait prouvé par plusieurs fragments qui subsistent
encore et qui ont dû être exécutés dans la première moitié du seizième
siècle. Ainsi, par exemple, dans la collection du Louvre, il y a deux têtes,
dessinées à la pierre noire et coloriées, provenant d'un carton de la Mort
d'Ananie, et une troisième, de celui de la Remise des clefs à saint Pierre.
En outre, M. J. D. Bœhm, à Vienne, possédait trois fragments appartenant
à ce dernier sujet avec huit têtes d'apôtres. Ce sont des dessins magistra-
lement tracés au fusin et coloriés à Taquarelle. Feu le comte Fries les
avait achetés de de Poggi, qui disait les avoir rapportés d'Angleterre,
et qui les céda moyennant une rente viagère de 500 florins. Ils sont ac-
tuellement en la possession de M. Reiset, à Paris. Cinq têtes, dessinées et
coloriées de la même manière que les trois têtes qui sont dans la collection
du Louvre, se trouvaient dans la collection royale de La Haye. Deux d'entre
elles sont prises du carton Conduis itaon troupeau, deux autres de la Pré-
dication d'Athènes, et la cinquième de l'Ëlymas. — Dans la collection de
Christ Church Collège, à Oxford, se trouvent aussi trois têtes provenant
LES SEPT CARTONS DE RAPHAËL. 2ii
des mêmes cartoDS^ dont une seulement de l'Histoire des Apôtres (Guérison
du paralytique), et les deux autres de l'Adoration des bergers.
196. Z> Couronnement de la Vierge,
Tapisserie pour l'autel de la chapelle Sixtine.
Sur un trône élevé en forme de niche la Vierge est assise, les mains
jointes, en adoration, à côté du Christ^ qui de la droite tient une couronne
sur la tête de sa divine mère. Au-dessus, Dieu le Père, dans l'attitude de
la béoédiction, au milieu d'une gloire entourée de quatre anges, et, au-
dessous de lui, le Saint-Esprit, sous la forme d'une colombe, entouré de
rayoDS îl'or. Sur les côtés du trône deux anges soulèvent un rideau ; et,
plus bas, à gauche, saint Jean-Baptiste debout montrant le Christ, et à
droite saint Jérôme en adoration, avec le lion à ses pieds. Devant les
marches du trône, deux petits anges chantent le Gloria in excelsis, écrit
sur uDe bande de parchemin. Nous avons déjà dit que, dans l'ensemble
des sujets composés pour la chapelle Sixtine , celui-ci doit être considéré
en quelque sorte comme le dernier chant d'un poëme mystique qui se
termine par la glorification de la sainte Trinité.
Le catalogue de la Calcographie pontificale, publié en 1748, dans lequel
se trouve décrite la gravure de cette même composition, nous fournit le
renseignement suivant : a In arazzo nella Cappella di Sisto IV in Vaticano. d
U est donc prouvé qu'une tapisserie avec figures plus grandes que nature
décorait autrefois l'autel de la chapelle Sixtine. Il est aussi question de
celte tapisserie dans le mémoire des frais de port, que nous avons cité
et qui mentionne onze tapisseries apportées de Flandre à Rome en 151 8,
Et maintenant, que cette tapisserie soit encore enfouie dans quelque coin
du Vatican ou que, pendant les orages de la Révolution, elle ait été enlevée
. et détruite par l'appât de l'or qu'elle pouvait contenir, c'est un point que
nous ne sommes pas parvenu à éclaircir >.
Gravures anciennes d'après cette tapisserie.
Dans la manière d'Agostino Yeneziano. Bartsch, t. ÎIY, n* 56. — Par le Maître
%u Dé. Bartsch, t. XY, p. 189, n« 9.
1. Gio. Pietro CbatUrd {nuova Deterisione del ValicanOj Roma, 1766, II, p. 70) men-
tioime en ces termes une tapisserie de Raphaël tout à fait inconnue : « Nella facciata sinistre
seorgesi appeso, sopra di un tavolino ricoperto da relluto rosso, e suo corame sopra, un sontuoso
panno d'arauo , in cui si esprione tessota in oro la Beatissima Vergine col suo Figliuolo, con
aogioli in aria, ed in terra, accompagnata da S. Giuseppe ed a tre figure oltre il naturale sul
maraviglioso disegno espresso da RafTaello d'Urbino. » Mais, comme aucune tapisserie représen*
tant ce sujet n'a été jamais signalée par d'autres écrivaias, et Chattard ayant vraisemblable'
ment emprunté sa description au livre de Taja : Detcrizione del palaxzo ap. ValieanOf
1750, p. 83, on peut présumer qu'il a commis quelque erreur et que la tapisserie dont il parle
est celle du Couronnement de la Vierge.
212 RÉPÉTITIONS
RÉPÉTITIONS DES TAPISSERIES DE RAPHAËL.
11 est tout naturel que, par suite de l'immense effet que produisit a
Rome l'apparition des tapisseries exécutées d'après les carions de Rapfiaël,
beaucoup de princes aient désiré en posséder de semblables; aussi trou-
vons-nous encore plusieurs de ces mêmes tapisseries dans différents pays-
On a souvent dit que c'étaient des présents offerts par Léon X à des rois
alliés, ce qui ne peut avoir eu lieu que dans un bien petit nombre de cas,
puisque les premières tapisseries n'arrivèrent à Rome que vers la fin de
l'année 1518, et que le pape, qui les avait fait fabriquer à Arras, mourut
deux ans après. Dans ce court intervalle de temps il eût été impassible
d'en exécuter autant d'exemplaires qu'il en existe de par le monde. Si
pourtant l'on voulait admettre et s'il se trouvait des documents constatant
que Léon X les eût commandées dans Tintention d'en faire des présents ,
il faudrait toutefois reconnaître qu'elles ne pouvaient guère parvenir à
leur destination que sous le pontilicat de Clément VII. Dans cet état de
choses, nous n'acceptons pas comme vraisemblable le renseignement que
nous donne M. Gunn {Cartonensia, p. 40) , en avançant que le pape
Léon X envoya cinq semblables tapisseries à l'empereur Maximilien, lequel
mourut en 1519. C'est pourquoi, sans nous arrêter plus longtemps à ces
données tout à fait problématiques, nous croyons devoir nous en tenir à
des renseignements qui présentent du moins quelque apparence de cer-
titude.
A Mantoue, dans l'église S. Rarbara, se trouvaient une suite de dix
tapisseries qui, selon des écrivains de la localité, tels que Rettelini (Lettere
Mantuane) et Cadioli (Descrizione délie pitlure, scvUure ed architetture
di Mantua)y auraient été tissées dans la fabrique que le duc Federico
fonda dans le faubourg S. Giorgio. Lors de la restauration de la susdite
église en 1783, ces tapisseries passèrent dans le palais ducal et furent
suspendues, dans la chambre des Arazzi, avec des tapisseries néerlan-
daises représentant des Chasses. Ce sont neuf sujets de l'Histoire des Apô-
tres 3 mais, pour remplacer le dixième sujet de cette histoire, au lieu de
Tétroite tapisserie qui représente saint Paul en prison, nous voyons ici
le Christ sortant du tombeau. Cette dernière tapisserie se termine dans
le bas par une arabesque dans le genre d'un socle, avec les ligures allégo-
riques de la Charité et de l'Espérance qui semblent avoir été exécutées
d'après un dessin de Jules Romain. La Remise des clefs à saint Pierre, la
Conversion de saint Paul et sa Prédication à Athènes sont accompagnées
d'arabesques formant pilastres, toujours pareilles de chaque côté de la
tapisserie; deux de ces arabesques sont imitées de celles de Raphaël, avec
DES TAPISSERIES DE RAPHAËL. 215
les Parques et les Vertus théologales. La troisième de ces tapisseries a
pour pilastre une arabesque qui semble composée par un élève de iules
Romain et qui réunit les figures allégoriques de la Musique, de la Géo-
métrie, de l'Astronomie et de l'Arithmétique. La Guérison du paralytique
a pour accessoires, d'un côté les Quatre Ages, et de l'autre les Heures du
jour; saint Paul à Lystra est entouré de deux scènes des Travaux d'Hercule :
celle qui représente Hercule soulageant Atlas de son fardeau appartient à
un carton de Raphaël ; l'autre paraît être de l'invention d'un élève de Jules
Ropiain. Enfin, la tapisserie de la Mort d'Ananie a un entourage où s'en-
cadrent différents Dieux. Ces tapisseries sont beaucoup mieux conservées
que celles du Vatican, mais elles n'étaient point si riches que les premières,
car dans le tissage des laines on n'a pas mêlé de fils d'or«
A Urbin aussi, comme l'assure Pungileoni (p. 173 de sa notice), se trou-
vait un bon ouvrier en tapisseries (arazzista), de Milan, que le duc Fran-
cesoo Maria avait richement récompensé, du temps même de Raphaël. Ce
fut de cette fabrique peut-être que sortirent les tapisseries qui se trou-
vaient autrefois à Loreto. Selon Gunn, il y en avait six qui offraient les
mêmes compositions que les cartons de Hampton Court , à l'exception de
la Mort d'Ananie. Pungileoni avait promis des détails plus circonstanciés
sur ces tapisseries, mais la mort l'a empêché de tenir sa promesse.
En Angleterre, il y a plusieurs exemplaires des tapisseries de l'Histoire
des Apôtres, qui, pour la plupart, ont été tissées dans le pays même, car,
vers la fin du règne de Henri Vill , l'art de fabriquer des tapisseries avait
été importé en Angleterre par William Sheldon. Le roi Jacques 1*' avait
fondé, à Mortlake, dans le comté de Surrey, une fabrique sous la direc-
tion de Sir Francis Crâne, et il confia l'inspection des travaux au peintre
Cleen ou Cleyn de Rostock, qui avait étudié son art à Rome. De plus, nous
avons démontré, par une citation empruntée au Catalogue de van der Doort,
directeur des collections d'art du roi d'Angleterre , que ,^ous Charles I***,
les sept cartons , acquis par lui , furent tissés dans cette fabrique. Mais ,
bien avant cette époque, un exemplaire complet des tapisseries exécu-
tées d'après les compositions de Raphaël vint en Angleterre , et Pea-
chem (Complète Gentleman, London, 1634, t. IV, p. 137) rapporte qu'elles
furent suspendues dans le Banqueting Hall, à Whitehall. Selon quelques
auteurs, ces tapisseries étaient un présent de Léon X à Henri VIII , mais,
selon d'autres, ce roi les aurait acquises de la république de Venise. En
tous cas, il est certain que ces tapisseries étaient venues en Angleterre
sous le règne de Henri VllI, et qu'après la mort de Charles [" elles furent
achetées par l'ambassadeur d'Espagne à Londres, don Alonzo de Cardenas.
Mengs [Opère, Roma, 1787, p. 191 et 318) nous apprend qu'un des an-
cêtres du duc d'Albe les avait acquises de la succession de Charles 1^''',
conjointement avec un tableau du Corrége représentant TÊducalion de
21 i nÉPÉTlTIONS
l'Amour. En i8S3, elles furent achetées dans la maison d'Albe par M. Tup-
per, qui les porta sur-le-cbamp à Londres et qui les exposa dans I*Egyp-
tian Hall. Ce sont neuf tapisseries ; sept d'après les cartons de Hampton
Court et deux d'après les tapisseries du Vatican, la Conversion de saint
Paul et la Lapidation de saint Etienne. On voulait les vendre moyennant
un prix très-élevé au roi d'Angleterre; mais, comme le marcbé ne se
réalisa point, elles revinrent sur le continent et allèrent à Berlin où nous
les retrouverons plus loin. On conserve, en outre, à Madrid, dans le palais
du roi, deux exemplaires de ces mêmes tapisseries, qui sont en Espagne
depuis longtemps et qu*on expose de temps à autre pour servir à l'étude
des artistes. Nous n'avons pas été assez heureux pour voir ces tapisseries
lors de notre ^jour à Madrid ; mais nous avons su qu'un seul de ces deux
exemplaires était tissé avec du fil d'or. Un troisième exemplaire , qui se
trouve aussi en Espagne et appartient au duc de Villa Hcrmosa, aurait été,
dit-on, fabriqué en Flandre, dans le cours du seizième siècle.
A Broughton Hall qui était autrefois la résidence des ducs de Montague
et qui est actuellement la propriété du duc de Buccleugh, il y a sept
tapisseries d'après les carton^ de Hampton Court. Cinq d'entre elles
sont absolument de la même grandeur que les originaux, mais les deux
autres sont plus étroites et ne donnent qu'une partie des compositions :
ce sont la Remise des clefs, où il n'y a que trois figures, et la Mort d'Ana-
nie, où le sujet est complètement changé, car c'est une femme, et non pas
Ananie, qui tombe frappée de mort. Ces tapisseries ne sont pas d'une
exécution excellente. Selon la tradition, ces tapisseries auraient été un
présent du roi d'Angleterre au duc de Beauroont. à son retour de France.
A Abbey Ford, en Devonshire , résidence de M. Gwynn, on voyait en-
core cinq de ces tapisseries. C'étaient : la Pêche miraculeuse, la Remise
des clefs, la Guérison du paralytique. Saint Paul et saint Barnabe à Lystra
et la moitié du sujet de la Mort d'Ananie. Suivant les nouvelles que nous
avons reçues en dernier lieu, trois de ces tapisseries passèrent, on ne sait
comment, à Burleigh House, résidence du marquis d'Exeter. Ce sont la
Remise des clefs, la Guérison du paralytique et Saint Paul à Lystrie <.
A Dresde, on conserve six tapisseries de la même suite, qui furent re-
trouvées dans les circonstances suivantes : le cardinal Albani avait dit à
Rome au peintre Casanova, que, selon uu document authentique qui se
trouve dans les archives du Vatican , il devait exister à Dresde sept tapis-
series d'après les cartons de Raphaël, que le pape Léon X avait fait tisser
à Arras pour l'électeur de Saxe. Dans une soirée littéraire qui eut lieu à
Dresde, en 1814, Casanova communiqua ce renseignement, d'après lequel
le baronne Raknilz, premier maréchal de la cour, fit faire des recherches,
1. Toy. W. Gunn, CarlonentiOf p. Î09, et le Berliner Mutmm /Ur bildende Kuiut du
11 janvier 1833.
DES TAPISSERIES DE RAPHAËL. 2<5
et l'on découvrit effectivement six de ces tapisseries roulées dans les com-
bles du palais. Elles furent alors suspendues^ après avoir été nettoyées
avec soin. Mais la septième tapisserie, représentant la Mort d'Ananie, ne
se retrouva pas.
A Berlin, on voit actuellement, dans la rotonde du musée, neuf tapisse-
ries, de l'Histoire des Apôtres, absolument semblables à celles de Rome
et tissées également avec des fils d'or. Il ne manque, dans cette suite, que
le sujet de Saint Paul en prison. Ce sont les mêmes tapisseries que nous
avons mentionnées plus haut comme étant restées en Angleterre depuis
Henri VU! jusqu'après la mort de Charles 1*', et acquises alors par le duc
d*Âlbe, puis envoyées à Madrid, rapportées, en 1823, à Londres par
M. Tupper. Après qu'on les eut offertes en vente, pendant vingt ans, sans
trouver d'acquéreur, le roi de Prusse les acheta enfin ' et les fit placer dans
son château de Monbijou ; elles ornent à présent le musée de Berlin. Quoi-
qu'elles aient perdu beaucoup de leurs couleurs et de leur lustre primitif,
l'aspect général en est encore assez satisfaisant.
A Paris, ou en France, il y avait aussi une suite de ces mêmes tapisse-
ries, puisque Félibien {Kntretien$, etc., 1. 1'^ p. 325) mentionne dix mor-
ceaux de l'Histoire des Apôtres d'après des compositions de Raphaël. Peut-
être sont-ce celles qui furent léguées au roi par le cardinal Mazarin, mort
le 19 décembre 1660, ainsi que le témoigne un passage de son testament
publié dans : lUnerario o sincero rcicconto del viaggio fatto da Alessandro
Famese duca di Forma (Venezia, 1666, p. 30). Voici ce passage : «Lascio
al re un bellissimo fornimento di tapezzerie et tutti li quadri che sono nella
libreria. — Alla principessa di Cdnte una bella tapezzeria disegno di
Raffael. » Comme le cardinal avait acquis plusieurs tapisseries à la vente
des objets d'art provenant du roi d'Angleterre Charles 1'% celles de l'His-
toire des Apôtres pouvaient provenir de cette source. Au reste, Goethe vit
à Strasbourg ces tapisseries exposées, en 1770, pour la réception solennelle
de la reine Marie-Antoinette à son arrivée aux frontières de France, comme
il le rapporte dans la seconde partie de ses Mémoires (Aus meinem Leben,
p. «36).
TAPISSERIES DE RAPHAËL.
SECONDE SÉRIE.
Avec des sujets tirés de la Vie du Christ.
Les douze tapisseries de la Vie du Christ , avec une treizième représen-
tant des figures allégoriques, sont un présent que le roi François 1^' en-
1. En 4844 , dit M. Watgen, dans la longue description qu'il donne de ces tapisseries à la
fin du Catalogue du musée de Berlin. {Aolê de l'éditeur.)
210 TAPISSERIES DE RAPHAËL.
voya au pape lors de la canonisalion de saint François de Paule, comme le
rapporte Caiicellieri, d'après une notice insérée dans Je Magasin encyclo-
pédique (troisième année, 1797, t. 111, p. 379), et comme, auparavant^ le
P. Isidoro Toscana (ri7a di S. Francesco di Paola, Roma, 173i) l'avait
déjà raconté en ces termes : « Au jour de la canonisation de saint Fran-
çois de Pauie, l'église de Saint-Pierre fut tendue de riches tapisseries tissées
de soie et d'or ; sur ces tapisseries sont représentés avec grand art et grand
luxe les actes et mystères de Notre-Seigneur Jésus-Christ, si bien qu'on les
considère comme les plus belles et les plus précieuses qu'il y ait en Eu-
rope. » La canonisation du saint eut lieu le V'^ mai 1519, sous Léon X;
mais il est à peu près constant, néanmoins, qu'à cette époque les tapis-
series n'étaient point arrivées à Rome. Premièrement, les compositions
témoignent qu'elles ne furent point exécutées sous la direction de Raphaël;
secondement, ces tapisseries ne sont pas décrites par Paolo Giovio dans
sa Vie de Léon X, où il fait la description de la première série des tapis-
series de Raphaël ; troisièmement, dans la treizième de ces tapisseries,
représentant des ligures allégoriques, on remarque cette devise : Candie
illœsus, que Jules de Médicis n'adopta que sous le pape Adrien Vl, succes-
seur de Léon X. (Voy. P. Giovio, Dialogo délie Imprese, etc., p. 52.) On
peut donc admettre que le roi François I'% à l'occasion de cette canoni-
salion, qu'il avait vivement sollicitée, promit au pape un présent de tapis-
series et qu'il fit faire la commande des cartons à Raphaël. Différents
' dessins, encore subsistants, prouvent en effet que Raphaël exécuta diver-
ses esquisses pour ces tapisseries; mais il paraît cependant qu'il était loin
d'avoir achevé son travail, lorsque la mort l'enleva, moins d'une année
après. C'est alors que Jules Romain et d'autres élèves de Raphaël se
chargèrent de la commande et de Texécution des cartons, ainsi qu'on
peut le reconnaître dans plusieurs de ces compositions et comme nous
l'indiquerons plus particulièrement en les décrivant d'une manière dé-
taillée.
Ces tapisseries sont plus hautes que celles de la suite des Actes des
Apôtres, mais elles sont très-inégales en largeur. Elles se distinguent aussi
des premières en ce qu'elles sont complètement entourées d'une large
bordure représentant des fleurs et d'autres ornements. Les gardiens du
Vatican appellent ces tapisseries traditionnellement : Arazzi délia scuola
nuova, comme ils désignent aussi , par opposition, sous le nom d* Arazzi
délia scuola vecchia, les tapisseries des Actes des Apôtres. On doit croire
que la scuola nuova s'entend des élèves de Raphaël. Selon Fea (Nuova
Descrizione di Roma), ces tapisseries servirent longtemps de décoration à
la partie de la basilique qui fut détruite sous le pontificat de Paul Y;
plus tard, aux grands jours de fêtes de l'Église, on les suspendait sous
le péristyle de Saint-Pierre. Actuellement, elles sont, ainsi que celles de
TAPISSERIES DE PAPIIAEL. 217
la première série, exposées à demeure dans les salles du Vatican dites
Chambres de Pie V.
197. Z^ Massacre des Innocents.
Trois étroites tapisseries.
Primitivement, les sujets représentés dans ces trois tapisseries ne for-
maient qu'une seule composition; mais ils furent divisés en trois parties
par les élèves de Raphaël, selon les besoins de la destination des tapisse-
ries. Il ne saurait y avoir doute à cet égard, car comment Raphaël aurait-
il eu l'idée de représenter le même sujet trois fois et de trois manières,
dans une suite de la Vie du Christ composée de douze tableaux !
Le musée Teyler, à Haarlem, possède trois dessins pour les trois parties
de ce sujet. Ils sont largement traités, mais ils n'ont pas néanmoins un
caractère assez magistral pour pouvoir être considérés comme des origi-
naux de Raphaël. Nous avons vu, chez le professeur Posselger, à Berlin,
UQ dessin dans lequel ces trois compositions n'en forment plus qu'une
seule, mais roide et sèche. En 1831, nous avons vu encore deux dessins
semblables en Angleterre; l'un, au Musée Britannique, et Tautre, chez
M. George Mordant. Nulle part, cependant, nous n'avons découvert le
dessin original.
Gravures sur bois des trois compositions réunies» en clair-obscur» avec le mo-
nogramme NDB. 1544* . Bartsch, t. XII, p. 33, n^^T. — Gravé par August Hirschvogel,
1545. Bartsch. t. IX, p. 171, n« 2.
Il est remarquable que déjà, dans ces deux estampes, la division de la
composition primitive est indiquée par trois planches distinctes jointes
eotre elles, d'où il résulte qu'on ne trouve souvent qu'une ou deux parties
de l'ensemble. Les descriptions qui vont suivre sont prises de gauche à
droite suivant l'ordonnance de la composition de Raphaël.
a.) À gauche, au premier plan, un soldat, qui se penche en avant, saisit
par la jambe un enfant que la mère, tombée à terre, essaie encore de
défendre. Derrière elle, un homme barbu enfonce son poignard dans la
gorge d'un enfant, et, plus au loin , deux hommes arrêtent trois femmes
qui s'enfuient avec leurs enfants. Ce massacre a lieu près d'un superbe
édifice, déi^ré de colonnes et de niches. Dans le fond, on voit une rotonde
semblable au Panthéon d'Agrippa.
Gravures : M. A. Corneille. Bonne eau-forte sans nom, mais avec l'adresse : Si
tendono in Roma vieino aW oroggio delta chieta nuovoy io-fol. ~ Séb. Youillemont,
1641, grand in-fol. — Angélus Campanella, petit in-fol. — Pomp. Lapi, 1783,
in-fol — M. Sorello, à l'eau-forte. — Louis Sommerau, n« 2, 1779, à l'eau-forte,
in-fol. — Landon, n* 127. — D'après un dessin dans l'ancien cabinet de Praun, à
i. Zani (Eneiehpedia y etc.,sV, p. 379) suppose que cette gravure sur bois est de Nie.
?oJdrmi. Heineckc {ffaehrichlenj etc., II, p. 390) se trompe en la croyant de Nicola Vicen-
tioi, la marque de celui-ci étant tout à fait difTéreute.
2«8 TAPISSERIES DE RaPHAEL.
Nuremberg, par J. Th. Prestel, 1776, à raqnatinte. Petit in-fol.encontre-parlie-
— La tête de la mère vue de proûl, à Teau-forle, par Jacob Frey, in-12.
Un grand fragment du carton de cette tapisserie était dans la posses-
sion de feu Prince Hoare^ secrétaire de l'Académie royale à Londres. Ce
fragment contient toute la partie inférieure, mais il avait été, du temps de
Richardson*, entièrement repeint à l'huile, ce qui fait qu'en 4831 nous
avons eu beaucoup de peine à y reconnaître un carton de l'école de Raphaël-
W. Grunn raconte, d'après Dodsiey (London and its environs, 1. 111, p. 160)»
que ce carton avait été mis en gage en Angleterre; que le prêteur, qui
voulait le garder, l'avait recouvert de couleurs à l'huile ; qu'un procès, en
raison de ce fait, fut plaidé à Westminster;, etc. Cette anecdote nous pa-
raît peu vraisemblable et nous en laissons toute la responsabilité à son au-
teur. Actuellement, ce carton, qui appartient à la National Gallery •, à Lon-
dres, a été verni et mis sous verre; il est à peine reconnaissable.
b.) Sur le devant est assise une femme qui a, sur les genoux, son fils
mort et qui joint les mains en gémissant. Derrière elle, un homme saisit
un enfant que sa mère emporte sous son bras, pendant que de la maia
droite elle cherche à le protéger. Dans le fond, trois femmes s'enfuient,
poursuivies par un homme armé d'un poignard. On voit encore une jeune
femme monter les marches d'un escalier sur lequel se trouvent beaucoup
d'hommes et de femmes en proie à la plus violente douleur.
Gravures : Séb. Youillemont, 1641, grand in-fol. — Etienne Baudet, à l'eau-
forte. — L. Sommerau, 1780. A l'eau-forle. — Angélus Campanella, petit in-fol. —
Pompeo Lapi, 1783, avec une dédicace au marchese de Silva. Yoy. Zani, part. II,
vol. V, p. 380. H. 19" 5'"; 1. 11" 11'".— Landon, n« 126.
Selon Fernow {Bcsmische Studien, t. IH, p. 105), les cartons pour le Mas-
sacre des Innocents auraient été coupés en dilTérents morceaux afin de
pouvoir être partagés entre les héritiers d'un ancien possesseur. 11 est
certain que Richardson en acquit plusieurs les uns après les autres, si bien
qu'il en possédait cinquante'. En parlant de ces morceaux, il dit qu'en
général ils n'étaient point achevés, mais seulement esquissés à la pierre
noire ; la couleur de quelques-uns étant en partie tombée, il put remar-
quer que le dessin n'avait pas toujours été scrupuleusement suivi par l'ar-
tiste qui les avait mis en couleur.
1. Voy. Traité de la peinture, III, p. 4 S 9.
2. N** 184 du Catalogue de la National Gallery, qui, aut graveurs de cette composition ci-
dessus mentionnés par M. Passavant, ajoute E. Baudet. Le carton a 9 pieds (anglais) 1 1 pouces
de haut et 9 pieds 3 pouces de large. Les figures sont plus grandes que nature. Il a été donné
par M. Prince Hoare à Thôpital des Eufants-Trouvés [Fowidling Hoipilal)y qui Ta mis en
dépôt à la National Gallery. [Note de l'éditeur.)
3. Un de ces fragments, contenant le visage d'un homme barbu qui sMncline en avant, a
été gravé à feau-forte par J. Richardson lui-même. Petit in-8, avec cette marque : IUvakl
Luif. I. R. F.
TAPISSERIES DE RAPHAËL. 319
Aujourd'hui ces fragments sont dispersés. De ceux qui furent faits pour
cette tapisserie du Massacre des Innocents nous n'en connaissons que deux^
qui révèlent la manière de Jules Romain.
1° La tète de la femme qui monte Tescalier^ hardiment peinte à la colle,
se trouve dans la collection du comte Spencer à sa résidence d'Althorp.
Au lieu du mur qui fait le fond dans la tapisserie, on voit un peu de ciel,
ce. qui est sans doute un repeint postérieur. Dans les jEdes althorpianaê,
du bibliothécaire Dibdin, il y a une gravure de Worchington, faite en 1820,
d'après ce fragment, que lord George John Spencer avait acquis à Rome,
ainsi que le rapporte Dibdin.
^ La tète de la femme assise qui pleure, au premier plan, est dans la
<x)llection de Christ Church Collège, à Oxford. Ce dessin, assez bien con-
servé, quoique composé de différents morceaux rajustés, est fait à la pierre
noire et vigoureusement colorié à l'eau. C'est un présent du Rév. Mordant
Crachrode à l'université d'Oxford.
A la vente de la succession de Richardson, cette tête fut achetée, sous le
n*> 54, par le docteur Stark, pour iO liv. st. Selon W. Gunn {Gartonensiàjy
cette mère éplorée serait imitée de la figure allégorique d'une Province
captive qui se trouve sur le piédestal de la statue colossale de Rome
triomphante sur le Capitole. Le bas-relief de ce piédestal offre, il est vrai,
uDe Ggure de femme assise en pleurs, mais sans enfant, et dont la pose
est peu différente de celle de la mère du Massacre des Innocents ; mais la
ressemblance des deux figures pourrait bien être un effet du hasard. Ceux
qui veulent y voir une imitation de la part de Raphaël se fondent sur cette
opinion que le grand peintre d'Urbin, de même que nos artistes acadé-
miques modernes, cherchait sans cesse à s'approprier les beautés de l'art
antique. On pourrait, avec bien plus de raison , admettre que Raphaël a
pris le motif de cette figure dans une fresque du Massacre des Innocents
par Giovanni daMilano, à Assise.
c.) A droite, un homme, qui se baisse, saisit un enfant, tombé à terre,
pour le poignarder; auprès de lui un autre bourreau tient un enfant sous
le bras, tandis qu'il fait un mouvement vers une mère qui cherche à re-
prendre son enfant que lui enlève un soldat. Deux autres femmes s'en-
fuient remplies de désespoir. Pour fond, la porte d'une ville et quelques
édifices dans un paysage. Cette tapisserie est un peu plus large que les
deux précédentes, qui sont très-étroites.
Gravures : S. Vouillemonl, 1641, grand in-fol.— A l'eau-forte, par Louis Som-
merau, 1780, in-fol. — D'après un dessin par un anonyme et marqué dans le bas :
Raphaël dTrbino inuenit. A l'eau-forle, en contre-partie. H. 9" 3'"; 1. 7". —
Laodon, n" 414.
Dodsley (London and its environs, t. III, p. 160) cite deux fragments
230 TAPISSERIES DE RAPHAËL.
d'un carton du Massacre des Innocents^ comme étant chez le roi de Sar-
daigne. Ces deux fragments nous sont inconnus.
W. Gunn, dans sa Cartonensia, cite encore trois fragments qui ont
figuré dans la vente de Richardson : n<^ 5â, la tête d'un des bourreaux,
vendue^ à M. Pocklington, pour 5 liv, st. iO. N<> 58^ les têtes de deus
mères (grav. dans le recueil de Sommerau, n^ 3), vendues pour 3 liv. st. J O.
Celles-ci furent achetées plus tard, en i779, par Flaxman, à la vente du
duc d*Argyll et données en présent à M. Saunders, à Bath. La première
serait actuellement en la possession de M. W. Gunn; mais, comme, suivant
lui (p. 43), cette tête ne se trouve point dans le Massacre des Innocents ,
qu'elle n'a pas l'air effaré, mais qu'elle semble plutôt gaie , nous ne sa-
vons quelle conclusion tirer de ces renseignements.
Le même écrivain dit encore (p. 204) qu'on trouve chez M. And. Foun-
taine, à Narford Hall » comté de Norfolk, deux des trois parties qui for-
ment la composition entière du Massacre des Innocents. Ce seraient des
esquisses dans lesquelles il n'y a point de fond d'architecture.
198. L'Adoration des Bergers.
La Vierge, accroupie, caresse l'enfant Jésus couché dans la crèche ; au
fond de l'étable, un bœuf et un âne. Du côté gauche, arrivent quatre ber-
gers auxquels saint Joseph montre l'enfant nouveau-né; l'un d'euT pré-
sente à genoux des œufs, l'autre joue de la cornemuse, comme le font
encore aujourd'hui les pifferari de Rome, à l'époque de l'Avent, devant
les madones. A droite, à l'entrée de l'étable, arrivent deux autres bergers,
l'un, portant un agneau, l'autre, tenant en laisse un grand chien à col-
lier. Dans le haut, de chaque côté, volent quatre petits anges qui chan-
tent. Cette tapisserie est une des meilleures de la série : elle trahit incon-
testablement, dans le caractère du dessin et dans les formes des têtes, la
manière de Jules Romain.
Une esquisse au bistre, pour cette composition, passa de la collection
R. Udney et Dimsdale dans celle de Th. Lawrence. Ce dessin a beaucoup
souffert. Peut-être est-ce le même que l'Anonyme de Morelli a vu, en \ 530,
chez Gabriel Vendramini, à Venise.
Gravures: Par un élève de Marc-Anloine, gravure médiocre. H. 9" 6'", 1. 12" 3*".
Dans la manière de Marco da Ravenna, avec l'adjonction d'une figure de Dieu le
Père qui plane, les bras étendus, dans une gloire entourée de six anges. Bartsch,
t. XV, p. 15, n* 8. Le dessin original, à la sépia, rehaussé de blanc, par Jules
Romain, se trouve dans la collection du Louvre, à Paris. Zani {Enciclopediaj
part. II, t. V, p. 82) cite une copie de la gravure avec cette souscription : Dominut
dixUadma.,, Tomato de Torli for. Romae. — Hier. Cock exe. 1563. Également avec
Dieu le Père dans le haut. Petit in-fol. — Theodor Galle exe. Petit in-fol. —
D'après un dessin de R. Dalton. Londres, 1753. In-fol. en larg. — Mich. Sorello.
In-fol. en larg. — Louis Sommerau, 1780, à l'eau-forte. In-fol. en larg.
Dans le catalogue de la succession de Richardson se trouve indiqué un
TAPISSERIES DE RAPHAËL. 2âl
fragment du carton de cette composition; ce fragment^ représentant la
tète d'un berger en adoration^ dans l'étable^ à gauche^ fut vendu pour
5 lif res 5.
Dans la galerie du cardinal Fesch^àRome^ se trouvait un petit tableau
semblable à la gravure de l'école de Marc-Antoine, Bartsch, n® 3, seule-
ment avec un fond différent où l'on voit une ville dans le goût néerlandais.
Une esquisse à Thuile, sur papier, qui est dans la galerie de Copenhague,
a été décrite dans le Catalogue de Spengler, en 1827, sous le n» 4. —
C. F. de Rumohr (Stuttgarler Kunslhlaity 1823, p. 345) doute de l'origi-
nalité de cette esquisse peinte, quoiqu'elle soit très-spirituellement traitée.
11 la croit d'un élève de Raphaël. ^ ^
199. L Adoration des Mages.
Cest une riche composition pour une très-large tapisserie. Devant une
petite, chaumière, au-dessus de laquelle brille une étoile, la Vierge est
assise, l'enfant Jésus sur ses genoux. Celui-ci tient un petit vase d'or que
le plus vieux des trois rois, à genoux, vient de lui présenter. Derrière ce-
lui-ci, le plus jeune des mages se penche en avant, et, à droite, le troi-
sième roi, agenouillé, lève le couvercle d'un vase qu'il offre au nouveau-né.
Saint Joseph, placé derrière la Vierge, regarde avec admiration. Aux deux
côtés, se trouve la suite des mages, et, derrière ces groupes, on aperçoit,
caparaçonnés à l'orientale, des chevaux, des chameaux et des éléphants.
Les figures, qui souvent sont d'un mouvement forcé, et le caractère des
têtes dénoncent évidemment la main de Jules Romain.
Une esquisse, au bistre, qui a beaucoup souffert, fut achetée à la vente
du roi de Hollande par M. Sam. Woodburn, de Londres, pour 100 fl.
Gravures : Hier. Cock, dans la manière de Wierix, d'après un dessin, avec quel-
ques changeroenls. H. 5"r"; L 6" 3"'.— Seb. Vouillemonl. In-fol. en larg— Pietro
Santî Bartoli, à Teau-forte, en trois grandes planches, dont l'une serait de M. Cor-
neille. H. 18" 3"'; 1. 34" 4'". — A l'eau-forte, par Louis Soramerau. In-fol. en
larg. — Landon, n" 125.
Dans la galerie de Dresde se trouve un petit tableau, en hauteur, dans
lequel le peintre s'est servi de cette composition. Il porte l'inscription
suspecte : MR. 1509, et semble être l'ouvrage d'un Néerlandais, qui a
placé trois chiens sur le premier plan, dont deux sont imités d'Albrecht
Durer-
Chez M. W. Beckford, à Bath, nous avons vu aussi, en 1831, un petit
tableau reproduisant la partie centrale de cette composition, et tout à fait
semblable au dessin qui est chez les frères Woodburn. Ce tableau nous a
paru être exécuté par un élève de Raphaël. Peut-être est-ce le même qui
fut vendu en 1716, à Amsterdam, dans la succession de J. van Beussingen,
pour 1 ,025 florins.
222 TAPISSERIES DE RAPHAËL.
200. La Présentation au Temple.
Sous le péristyle du temple, le grand prêtre, accompagné d'un jeune
lévite, reçoit la Vierge qui lui présente Tenfant Jésus. Derrière elle, saint
Joseph, et sur le côté gauche, trois femmes, dont l'une porte un petit
panier avec des pigeons. La composition et le dessin de cette tapisserie
sont faibles.
Gravures : R. Dalton. Grand in-fol. en larg. ~ Hichael Sorello. In-fol. en larg.
— A l'eau-furte, par L. Sommerau, 1780.
Il existe plusieurs dessins de cette composition. On attribue, avec rai-
son, celui qui est dans la collection du Louvre à un élève de Raphaël ; il
est lavé et rehaussé de blanc. Voy. Notice des dessins^ etc., Paris, 18H,
n"* 324. Un second dessin, provenant de la collection Lauckrick, a passé
successivement dans celles de P. Lely, de J. Richardson, de W. Roscoe,
et, en dernier lieu , dans celle de M. Ford, à Londres. Le troisième des-
sin, incomparablement plus beau que les autres, passa de la collection
Paignon-Dijonval dans celle d'Oxford. Il est fait à la plume sur papier
gris, lavé au bistre et rehaussé de blanc. On peut l'attribuer à Francesco
Penni.
201. La Résurrection du Christ.
Le Christ', dans l'attitude de la bénédiction et la bannière triomphale
dans la main gauche, sort de la grotte sépulcrale en marchant sur la pierre
qui en fermait l'entrée. Cinq soldats gardiens, à gauche, et sept, à droite,
se heurtent confusément ou s'enfuient. On voit Jérusalem dans le riche
paysage du fond, et les trois saintes femmes se rendant au tombeau. Cette
tapisserie , qui a la même largeur que celle de l'Adoration des Mages, n'est
pas d'un si beau dessin que cette dernière, quoique les figures en soient
aussi très-vives de mouvement.
L'esquisse de cette composition, à la sépia, rehaussée de blanc, est bien
de Raphaël et se trouve actuellement dans la collection d'Oxford. Mais
le carton pour la tapisserie paraît avoir été exécuté par un des plus faibles
élèves de Raphaël. Au reste, 1 ouvrier qui a tissé cette tapisserie semble en
avoir très-librement usé avec le carton, puisque le paysage du fond porte
évidemment le cachet de l'école des Pays-Bas.
Gravures : R. Dalton et autres, 1753. Grand in-fol. en larg. — Micbael Sorello.
In-fol. en larg. — L. Sommerau, 1780, à l'eau-forie. In-fol. en larg. — Peut-ôlre
d'après une esquisse tout à fait difféienle de la tapisserie, par un anonyme, chez
Ant. Lafrerij, 1576. Composition de 10 figures. H. 13" 6"; 1. 10" 4"'. — Landon,
n" 342. — Chérubin Alberti, 1628. Le Christ ne touche pas la terre. Bartsch.
t. XYII, p. 58, n* 24. Cette gravure, très-différente de la tapisserie, n'a certaine-
ment pas été faite d'après un dessin de Raphaël.
202. Le Christ apparaît à Marie-Madeleine.
Le Christ, sous la figure d'un jardinier, apparaît à Marie-Madeleine qui
TAPISSEHIES DE RAPHAËL. 2^5
tient un vase de parfums dans sa main gauche. Derrière un buisson de
roses, on Toit le sépulcre ouvert et une partie de la ville de Jérusalem.
La composition est faible et les figures sont lourdes. Les tisseurs néerlan-
dais ont très-richement décoré le paysage dans cette tapisserie qui est très-
étroite et toul en hauteur.
Gravures : J. B. M. Corneille, à l'eau-forte. N. Billy, Bomœ exe. Haul. 18" 3'",
Urg. 8" 10". — Séb. VouiUemoDt. io-fol. — Job. Folo, pet. in-fol. — Mich. So-
reUo, ia-fol. — A l'ean-forte, par L. Sommerau, 1780, in-fol. — Landon, n« 138.
203. Le Christ aux Limbes.
Le Christ, tenant la bannière triomphale^ est debout à l'entrée d'une
grotte et présente à un des patriarches sa main. Adam et Eve sont age-
nouillés près du Christ^ le jeune Abel devant eux^ et, à gauche^ saint Jean-
Baptiste en adoration. Cette tapisserie^ qui était moins large que les au-
tres> fut brûlée pendant la révolution de 1798, dit-on^ par des juifs qui
voulaient mettre en lingots les fils d'or. Par les gravures, nous connaissons
seulement cette composition, qui est d*une si belle ordonnance qu'on est
tenté de croire que le carton en fut fait d'après une esquisse de Raphaël.
Gravures: Nie. Beatrizetto, 154X; épreuves postérieures chez Ant. Lafrerij,
1571. Bartsch, t. XY, p. 250, n« 22. — Mich. SoreUo, in-fol. — A. l'eau-forte, par
L. Sommerau, 1780, in-fol. — Landon, n** 389.
204. Le Christ à Emmaûs.
Le Seigneur est assis à table, sous une treille, et ses deux disciples sont
à ses côtés, vivement émus, pendant que Jésus prononce la bénédiction du
pain. Sur le devant, un chien ronge un os que convoite un chat qui s'en
approche avec envie. Cet épisode et quelques autres qui enrichissent cette
composition peuvent être considérés comme des additions néerlandaises.
La composition même semble d'un élève de Raphaël.
GiuvaBES : Séb. Vouinemonl, 1642, in-fol. — Andr. Procaccini, petit in-fol.
— Angelo Campanella , avec une bordure ornée. Petit in-fol. — Michael SoreUo,
in-fol R. Dalton exe, in-fol. — A l'eau-forte, par L. Sommerau, in-folio. —
Landon, n» 129.
Un dessin au bistre, par un élève de Raphaël, mais très-détérioré, se
trouve dans la collection d'Oxford. Un autre, sur papier rougeâtre, passa
du cabinet R. Udney dans celui de M""® Forsler. G. Metz en a donné un
fao-simile dans son ouvrage des Imitations, etc. (Londres, 1798).
203. LAscemion du Christ.
Le Christ monte aux cieux ; deux anges, vus en raccourci, descendent de
chaque côté, et, dans le bas, on voit onze apôtres agenouillés. L'exécution
de cette tapisserie est très>médiocre.
Gratdres : Andr. HarelU. Haut. 16" 5", larg. 13" 9"'. Andr. Procaccini, en Ur.
324 TAPISSERIES DE RAPHAËL.
geur, à l'eau-forte. — L. Sommerau, 1780, à Teau-forte. — Nie. Beatrizeilo, 1541,
mais en largeur; peut-être d'après une esquisse de Raphaël. Bartsch, t. XV,
p. 250, n« 21. — Landon, n« 130:
206. La Descente du Saint-EspriL
La Vierge est placée entre saint Pierre et saint Jean au milieu des
douze apôtres; deux saintes femmes sont debout derrière elle. Dans le
haut, on voit le Saint-Esprilf qui remplit de clarté l'espace et qui allume
une langue de feu au-dessus de chaque tête. L'exécution de cette tapisse-
rie est, comme celle des précédentes, trés-faible. La composition elle-
même en est trop roide et trop symétrique pour qu'on puisse l'attribuer
à Raphaël. Ricbardson {Essai sur la théorie de la peinture, t. !•% p.*35)
cite un dessin qui était en la possession de son frère, dessin semblable à
la gravure et qu'il croyait de Raphaël.
Gravures : Dans la manière de Jac. Caraglio. Bartsch , t. XV, p. 70, n' 6. —
Copie à l'eau-forle par Ant. Lafrerij. Haut. 10", larg. 15". — Andr. Procaccini,
in-fol. en larg. — Hier. Carattoni, avec la bordure de la tapisserie, in-fol. en
larg. — G. Audran, in-fol. en larg. — R. Dalton excud., grand in-fol. en larg. —
L. Sommerau, 1780, in-fol. en larg. — Landon, n« 423.
207. Sujet allégorique.
Cette allégorie , qui fait allusion à la papauté , représente la figure de
la Religion avec un petit ange tenant un livre ouvert, et assise sur un arc-
en-ciel. On voit, aux pieds de la Religion, un grand globe de cristal dans
lequel se reflètent des images de guerre et d'incendie. La figure de la Jus-
tice est assise à gauche, et celle de la Charité à droite. Au bas, dans un
paysage, il y a deux lions qui tiennent chacun un drapeau où sont brodés
le dais pontifical et les clefs du Saint-Siège. Près du globe de cristal, on
lit ces mots : Candor illœsus , et dans l'arabesque du bas on voit les
armes des Médicis. Nous avons déjà dit que la devise : Candor illœsus,
avait été adoptée par Clément VII, lorsqu'il était cardinal sous Adrien VI.
Nous ajouterons que cette tapisserie est ornée de la même bordure
que les douze tapisseries de la Vie du Christ et offrait exactement la même
hauteur que ces dernières; il en ressort indubitablement qu'elle fait
partie de la même suite et que toutes ces tapisseries n'arrivèrent à Rome
qu'après la mort de Léon X, et au plus tôt sous le gouvernement du pape
Adrien VI. La composition de ce sujet allégorique n'est pas remarquable;
elle manque d'ensemble et il faut l'attribuer à un élève de Raphaël. Dans
Tarabesque de la partie inférieure est tissée une tablette avec Tinscription
suivante : PiVS. SEXTVS. PONT. MAX. RESTIT. CVR. ANNO. PONT. SVf.
XII. (1786), et dans la bordure supérieure sont répétées quatre fois les
armes de ce pape. D'après cette inscription moderne, on peut admettre
que sous Pic VI toutes les tapisseries du Vatican furent restaurées.
P-. Marchetti, à Rome, avait l'intention de publier le recueil des tapis-
TAPISSERIES AVEC DES AMOURS JOUANT. 2â»
séries de Raphaël reproduites au trait avec de légères ombres et il avait
déjà fait graver à Teau-forte la Guérison du paralytique par Dellarocca^
eD 1827; r Adoration des Mages, par Banzo, en 1833; la Présentation au
Temple, par Pei^sichini, en 1833. Cependant les deux derniers sujets sont
des eaux-fortes d'après le gradin y et nous n'avons pas ouï dire que cet
ouvrage ait été continué.
A Londres, il a paru un volume in-8°, en 1838, intitulé : Tht Book of
ihe Cartofms, lequel contenait 20 gravures, de Sommerau, avec un texte
explicatif de Cattermole.
TAPISSERIES AVEC DES AMOURS JOUANT.
Souvent on attribue à Raphaël cinq tapisseries avec des Amours ou des
enfants ailés, parce qu'elles ont été gravées, sous son nom, par le Maître
au Dé. Vasari, au contraire, dans la Vie de Giovanni da Udine (t. IX,
p* 33), attribue à ce dernier quatre de ces tapisseries. Yoici le texte du
passage en question : « Dipinse Giovanni i cartoni di quelle spalliere e
panni da camere, che poi furono tessuti di seta e d'oro in Fiandra; nei
quali sono certi putti che scherzano intorno a varj festoni adorni dell'
imprese di papa Leone, e di diverse auimali ritratti dal naturale; i quali
panni, che sono cosa rarissima, sono ancora oggi in palazzo. p Taja se
trompe, quand il dit que Perino del Vaga a fait les cartons pour ces
tapisseries d'après des dessins de Raphaël. Dans les quatre premières
tapisseries, les Amours jouent entre des guirlandes de fruits et de fleurs,
et, dans la cinquième, au milieu des arbres.
a.) Un Amour couronné tient un sceptre et des clefs, auquel deux autres
Amours présentent des pièces d*or sur un plat. Au-dessus, dans un cercle
rayonnant, on voit un lion, emblème de Léon X, et sur la guirlande sont
perchés un aigle et un phénix.
b.) Un Amour à cheval sur une autruche, dont un autre Amour tient la
patte, tandis qu'un troisième lui arrache des plumes pour en orner
sa tête.
c.) Deux Amours s'efforcent de reprendre un petit enfant qui vient
d'être enlevé par un singe.
d.) Un Amour lutte avec un enfant, sur lequel deux autres Amours
frappent avec leurs arcs et leurs flèches ^
t. Noos avons vu chez les frères Woodbum, à Londres, quatre dessins de Giovauni da
l'diae, de la même grandeur que les gravures, et représentant des sujets analogues. Ce sont
^nisemblablement des esquisses destinées à être reproduites en tapisseries. Ces esquisses, des-
11. 15
23Ô LA MAISON DE CHASSE
Gravures : Par le Mattre au Dé. Bartsch, t. XV, p. 208, n'' 3^35. Les cuivres
de ces estampes passèrent à Barlachi. puis k Ant. Lafrerij, et, en dernier lieu, eo
1655, à J. J. Rossi. — Landon, n" 135-138.
6.) Huit Amours jouent dans un bois. Cette composition est d'une telle
beauté, qu'on peut sans crainte l'attribuer à Raphaël. Elle diffère aussi
de la disposition des quatre sujets précédents, et n'appartient peut-être
pas du tout à la même série. Cependant on peut croire, d'après l'inscription
de la gravure, qu'elle a été aussi exécutée en tapisserie.
Gravures : Le Mattre au Dé. Bartsch, t. XV, p. 206 , n<* 30. — Copie en contre-
partie F. H. {Fried. HuMui). — Landon, n« 134.
La Chapelle de la Maison de chasse du pape, nommée
la Magliana.
Nous avons dit, dans la Vie de Raphaël, que cette maison de chasse,
située près du Tibre, et appartenant aujourd'hui au couvent des religieuses
de Sainte-Cécile, à Transtévère, avait été le séjour favori de Jules II, dont
le nom se trouve souvent répété aux fenêtres de la cour, ce qui prouve
que la plus grande partie de l'édifice fut élevée sous son règne. Maintenant,
si l'on entre dans un petit vestibule, à droite, on voit une porte avec
l'inscription F. CAR. PAPIEN. IVLII. II. P. M. ALVMNVS. Par cette porte,
on arrive dans la chapelle, dont les briques du plancher portent alterna-
tivement l'inscription : IVL. IL P. MAX., avec les armes du pape ; et cette
autre inscription : F. CAR. PAP., avec les armes du cardinal Alidossi.
Ces dernières consistent en un aigle aux ailes éployées, d'où il ressort
que le cardinal, pour s'attirer la bienveillance du pape, s'était chargé de
la décoration de la chapelle ^ De cette époque datent deux fresques :
sinées à la plume , lavées au bistre et hardiment rehaussées de blanc , offrent les sijûets
soivants :
f.) Trois Amours tenant une boule sur laquelle plusieurs oiseaux se livrent bataille.
g.) Trois Enfants; Tun cueillant des fruits, un autre courant avec des Jouets.
h,) Un Enfant en effraye deux autres avec une chauve-^ouris qu'il tient écartée par les aOes ;
un autre enfant est tombé à terre.
L] Quatre Enfants sont occupés à un arbre fruitier. Dans ce dessin , les enfants sont d^une
proportion un peu plus petite que dans les premiers.
1. Francesco Alidossi, issu d'une famille princière, était allé à Rome sous Sixte IV, où le fit
surtout remarquer sa beauté. Ayant reçu du pape Alexandre VI la mission d'empoisonner Jules
de la Rovere, qui s'était sauvé en France, il avertit ce dernier de Tattentat qu'on tramait contre
lui. Lorsque, en 1503, Jules monta sur le trâne pontifical, il nomma Alidossi archevêque de
Halte, puis de Pavie, de Bologne, et cardinal de Sainte-Cécile en 1505. C'est à cette époque
que le cardinal fit orner la Hagliaua, en se qualifiaut d'a/umntM , par allusion à sa position de
favori du Saint-Père. Plus tard, ces bons rapports entre le pape et lui changèrent tout à coup,
car, n'ayant pu obtenir le titre de prince d'Imola, que ses ancêtres avaient autrefois porté , il
essaya de se venger, et on Taccusa d'être vendu au roi de France. Pour se justifier, il dut se
rendre à Ravenne, où se trouvait Jules II. Lorsqu'il y arriva, entièrement vêtu de noir et monté
jur un âne, il fut assailli par Francesco Maria délia Rovere, due d'Urbin et nevea du pape, 4|ui
Du PAPE. 227
celle de la lunette , vis-à-vis de Tautel, représentant une Annonciation, et
celle qui est au-dessus de la porte d'entrée, représentant la Visitation,
peintes par un élève du Pérugin, et, comme le suppose Platner, par le
Spagna. A droite, il y a une fenêtre, et, à gauche, sur le mur cintré par
l'arcature de la voûte, est peinte la fresque que nous décrivons ci-après,
sous le no 208.
11 a paru un ouvrage spécial concernant cette chapelle, sous ce titre :
/ Freschi délia villa Magliana di Raffaelle d'Urbino, incisi ed editi da
Lodavico Gruner, con descrizione délia villa di Ernesto Platner. (Roma,
18470
208. Le Martyre de sainte Cécile.
La partie qui existe encore de cette peinture concorde entièrement avec
la gravure de Marc-Antoine, connue sous le nom de Martyre de sainte
Félicité ^ ; mais une grande partie du tableau fut détruite, lorsque, pour
ouvrir une tribune, on perça un grand trou dans le mur. 11 ne resta que
les figures ci-après désignas, qui sont un peu plus grandes que demi-
nature : le juge assis , avec les huit personnages debout à côté de lui ;
puis, de l'autre côté à droite, la statue de Jupiter, les figures qui sont près
d'elle, ainsi que les trois femmes et l'enfant plus rapprochés. On voit
aussi encore un morceau de l'homme couché qui soufUe le feu. Mais toute
la partie centrale du sujet n'existe plus, le fermier Vitelli ayant fait
percer la muraille, en 4830, afin d'y ériger une tribune d'où il pourrait
entendre la messe sans être mêlé à ses domestiques. Cet acte de vanda-
lisme est d'autant plus regrettable, que ce qui reste de la peinture est
parfaitement conservé et annonce que cet ouvrage fut exécuté par un des
meilleurs élèves de Raphaël; quelques artistes même veulent y recon-
naître la main du maître.
Ce qui nous autorise à placer Texécution de cette peinture, non pas
seulement à l'époque de Léon X, mais encore dans les derniers temps de
la vie de Raphaël, c'est la fresque qu'on voit au-dessus de l'autel, et dans
laquelle un ange jetant des fleurs est incontestablement imité de celui de
le poignarda en plein jour dans la me. La colère de Jules II fut apaisée par le comte Castiglione ;
mais, en 1 5 i 6, ce meurtre servit de prétexte à Léon X pour enlever le<iuché à Francesco Maria
delJa Rovere.
1. C'est une fausse dénomination. Aucune des deux saintes du nom de félicité ne fut mar-
tyrisée dans rhuile ou Teau bouillante. Voy. les BoUaadistes, Àeta ianctorwn. — La légende
de sainte Cécile rapporte qu^on décapita d'abord son mari et son beau-frère, nommés Yalerian
«t Tiburtius, hors de la ville, près de la statue de Jupiter ; puis on la jeta dans une cuve d^eau
bouillante, sans qu'elle en éprouvât aucun mal , ensuite on lui trancha la tète. — La peinture
et les estampes s'accordent parfaitement avec la légende; de plus, le lieu même du martyre
est une terre appartenant encore au couvent de Sainte-Cécile y à Transtévère : ce qui ne laisse
aucun doute sur le s^jet représenté. En 1853 , cette fresque, ayant été détechée du mur et
transportée sur toile , fut mis* en vente à Rome.
328 LA CHAMBRE DE BAIN
la grande Sainte Famille du musée du Louvre^ et par conséquent posté-
rieur à l'année 1518.
Dans les collections de Vienne et de Dresde se trouvent des dessins du
Martyre de sainte Cécile attribués à Raphaël.
Gravures: Marc>An(oine. Barlsch, l. XIY, n* 117, avec l'indicalioD de trois
copies. — Une quatrième copie porte sur ses secondes épreuves celte inscription z'
Saneia Julianna virgo et marlir œlalii 18 ann. Dno 299. Haut. 8" 8 '\ larg. 10" 9'".
— 5* copie, dans le sens de l'original et dans la manière de Thomassin. Sur le
bord, celle inscription : Veni tpôsa Chrisli accipe coronam, etc., in-fol. en larg. —
Etienne de Laulne, marquée d'un S. En contre-partie. Haut. 3" 1'", larg. 4" 10'".
'- Grande grav. sur bois, ancienne, en contre-partie, avec quelques changemenls
et quelques omissions, comme, par exemple, l'enfant avec les deux hommes et le
soldat, qui se trouvent les plus rapprochés de la chaudière, derrière le juge.
Dans le haut, cette inscription dans un cartouche : Martivm s. Cecilib. La
manière de faire est d'un maître, mais elle est un peu roide. Haut. 14"* 4'",
larg. 19" 2'" — Une fresque, à S. Giovanni Evangelista, à Porta Latina, à Rome»
représentant le Martyre de saint Jean l'Ëvangéliste, brûlé dans l'huile bouillante,
est une imitation évidente de la fresque de Sainte Cécile ; la sainte est remplacée
par un homme à barbe, et les figures décapitées sont omises. Une gravure d'après
cette fresque porte cette légende : Raphaël d'Urbin fnnxU, Moreau fec., Steph-
Ganlrel exe.j C, prtv. A. Dans les secondes épreuves le nom de Moreau ne se
trouve plus. Haut. 20" 8"\ larg. 25" 6"'. - Landon, u* 238.
La Chambre de bain pour le cardinal da Bibiena, au palais
du Vatican.
Bernardo da Bibiena^ cardinal de S. Maria in Portico^ logeait dans le
palais du Vatican, en sa qualité de secrétaire intime du pape. Ce fait nous
est prouvé par ce passage d'une lettre de Léon X au cardinal , laquelle
sç trouve p^rmi celles que Pietro Bembo a écrites en latin (lib. XIII) :
« Dabimus operam, ut quœ prior nostrarum aedium pars vacua erit,
tua sit. )> Paris de Grassi rapporte aussi que le cardinal, qui n'avait pas
de maison particulière à Rome, mourut dans le palais papal : «1520.
Hic die Veneris novembris IX cum in palatio papas mortuus sit, nec
habeat prnpriam domum ad quam possit deferri, mendicavimus domum
in Burgo veteri Sitino , ubi olim cardinalis de Aracœli habitavit, etc. »
Ces chambres, où demeurait le cardinal de Bibiena, et qui sont habitées
actuellement par un serviteur du pape, se trouvent à l'étage supérieur
au-dessus des Loges de Raphaël. La chambre de bain, qui a environ
quinze pieds carrés, est souvent nommée et on ne sait pourquoi : « Il Ritiro
di Giulio II , » quoique cette partie du Vatican n'ait été bâtie qu'après la
mort de Jules H, et qu'on lise encore sur la porte d'entrée cette inscrip-
tion : LEO. X. PONT. MAX. Dans la Vie de Raphaël, nous avons publié
la lettre de Pietro Bembo au cardinal da Bibiena, 'en date du 19 avril
1516, dans laquelle il prie le cardinal, au nom de Raphaël, de lui envoyer
la description des autres sujets qui devaient être peints dans sa chambre
DU CARDINAL BIBIENA. 220
de bain, parce que ceux qu'il avait désignés antérieurement allaient être
terminés. Cette chambre^ tout à fait décorée dans le goût antique^ con-
tient^ sur un fond rouge brun sombre^ avec de légers encadrements archi-
tectoniques et des grotesques, sept tableaux principaux, offrant des sujets
mythologiques, dont deux sur chaque face de mur, à l'exception du mur
où se trouve la porte avec une seule peinture. Dans le socle, au-dessous
des tableaux, sont représentés des Amours victorieux S et, sur le plafond
de la voûte, il y a vingt et un petits caissons, de dimensions inégales et
de différentes couleurs, encadrés dans des baguettes d'or. Parmi ces
caissons, il y en a quatre avec des Amours : un, debout; le second
assis, le troisième couché; le quatrième lutte en jouant avec un satyre.
Le caisson octogone qui est au milieu présente, sur fond d'or, un paysage
avec des arbres et deux figures. Les quatre petits caissons qui entourent
celui du centre contiennent des figures sur des chars antiques, attelés de
chevaux ou de taureaux. Huit petits caissons oblongs contiennent des
animaux, entre autres un lion avec une harpie qui déchire un cygne. Dans
les caissons en longueur, aux quatre coins, on distingue encore avec peine
une demi-figure. Les autres petits tableaux sont presque effacés, plus ou
moins* endommagés et quelquefois même mutilés à plaisir. Les sept
grands tableaux du mur représentent les sujets suivants, avec des figures
d'environ quinze pouces de hauteur, traitées avec soin, à fresque, par de
bons élèves de Raphaël.
209. La Naissance de Vénus.
A fresque. Haut. 2V, larg. 15".
Aphrodite Anadyomène naît de Técume de la mer. Vue presque de dos,
elle pose son pied gauche dans une conque et regarde au loin l'élément
immense, en tenant de la main gauche ses longs cheveux. Dans les
nuages du haut, oYi voit le Temps enlevant les parties viriles d'Uranus
avec une faucille, afin qu'il n'ait plus de rejetons et que la Terre ne soit
plus menacée de tomber au pouvoir des Titans. Raphaël a voulu donner
à sa Vénus naissante tout le charme d'une beauté naïve et virginale, ce
que caractérise parfaitement la pose et l'expression de cette figure.
Ghavures : Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIY, n« 323. — Piroli, au trait. Petit
in-fol. ~ Mich. Aog.Haestn, in-fdl., en couleurs.— L'inspecteur Frenzel cité, dans
le Catalogue des gravures du comte Sternberg-Manderscbeid (Dresde, 1836), une
estampe, sous le n<* 2884, qu'il croit de Marc>Antoine, et qui est marquée de son
monogramme dans le coin à gauche. Cette planche est d'une excessive rareté.
-Landon, n* 177.
L*esquisse de la figure de Vénus, à la sanguine, se trouve dans le cabinet
royal des estampes de Munich. Un dessin en sens inverse est aussi en la
1. Deux de ces parois ont été reproduites en littiographie coloriée dans le bel outrage de
Louis ffruner : Spécimens ofomamenial art (London, 1850, pi. 79).
230 LA CHAMBRE DE BAIN
possession de M. Roger Fenton^ à Londres; mais, à en juger d'après la
-photographie que nous avons vue, ce dessin doit être une contre-épreuve,
fortement retouchée^ de l'original de Munich.
210, Vénus et F Amour assis sur des dauphins.
Vénus (selon d'autres^ Thétis ou Galatée) est assise sur une espèce de
dauphin, vue de dos et retournant la tête vers le spectateur. A côté d'elle,
à gauche^ un Anoour, monté aussi sur un dauphin , l'excite avec une
baguette. La mer pour fond. Cette scène^ animée par de belles figures,
est d'un charme extraordinaire.
. Gravurbs : Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIY, d<* 324, où est aussi indiquée
une copie. ^ Une autre copie , dans la manière de Marc- Antoine , non citée par
Bartsch. Voy. Heinecke, Dielionnaire de» Artistes, t. I, p. 351, n« 15, et Frenzel,
Catalogue de la coll. de Slemberg, n« 2880. ~ Piroli, au trait, petit in-fol. —
M. A. Maestri, en couleurs, in-fol. — Landon, n* 176.
211. Vénus blessée se plaint à F Amour.
Vénus, assise sous un arbre, s'appuie du bras droit sur l'Amour placé
à sa gauche, en posant sa main, avec un mouvement douloureux, sur une
blessure qu'elle a sur la poitrine. L'Amour, les jambes croisées, tenant
son arc et ses flèches, semble prêter peu d'attention à ses plaintes. La
grâce naïve de ce sujet est encore rehaussée par la beauté de la
composition.
Gravures: Agostino Yeneziano, 1516. Bartsch, t. ÎIV, n* 286, où est aussi
indiquée une copie avec un fond de chambre au lieu du paysage. — Ang. Cam-
panella, pour les deux éditions de la Sehola italiana (Roma, 1773 et 1806). —
Piroli, au trait. Petit in-fol. ^ Mich. Ang. Maestri, en couleurs, in-fol. — L. Pizzî,
à la manière pointillée, dans un ovale. In-fol. — Landon, n* 172.
Un dessin de cette composition à la sanguine se trouvait dans le cabinet
de Crozat. Plus tard, en 1765, il était dans la coUectioif d'Isaac Walraven ;
en 1778, dans celle d'A. Rutgers; en 1800, dans celle de Plos van Amste),
et c'est sans doute le même qui se trouve actuellement dans la collection
Albertine, à Vienne.
Grav. par B. Picart, n«4 , dans ses ïmpotlwres innocentée. Petit in-fol. — Copie
par Balzer, in-4. — Ferd. Ruschweyh, 1806. In-fol.
212. Jupiter et Antiope.
Cette fresque est nommée aussi Pan et Syrinx. La nymphe est assise à
l'ombre sous des arbres. Elle vient de se baigner dans une eau limpide
qui coule à ses pieds, et elle peigne ses longs cheveux. Elle tourne vive-
ment la tête vers le côté gauche; dans les feuillages, le dieu Pan la
guette. Cette composition semble être de Jules Romain, à en juger par le
dessin et par le caractère général de la scène représentée. Cette peinture,
sauf quelques petits accidents, était encore bien conservée en 1835.
DU CARDINAL BIBIENA. 2Si
Oraturks : Marc-Antoine. Bartsch» t. XIV, n« 335, où est aussi indiquée une
excellente copie. — Ang. Oampanella, pour la Sehola italiana (Roma, 1773 et 1806).
— Piroli, au trait, petit in-fol. — J. G. de Meulemester, in-fol. ~~ Mich. Ang.
Maestri, en couleurs, in-fol. — Landon, n" 175.
213. Vénus retirant de son pied une épine.
Véous, assise sous un arbre^ tournée à gauche^ retire de son pied droit
une épine. La Fable dit que les gouttes de sang qui jaillirent de la
blessure donnèrent à la rose blanche la couleur rouge. Derrière Vénus,
est perchée une colombe. Ce cinquième tableau a été enlevé depuis
longtemps de la chambre de bain, et la place qu'il occupait fut alors
recrépie; ce n'est que par supposition que nous indiquons le sujet qu'il
repr^ntait, en nous autorisant de la copie qui existe dans la villa
PaJatina. Cette composition est d'ailleurs de la plus grande beauté et
certainement de l'invention de Raphaël.
GajLvuRBs : Marc-Antoine. Haut. 10" 1'", larg. 6" 6"'. Voy. Ottley, n» 251. —
Marco da Ravenna, mais avec un paysage d'Albrecht Durer et l'adjonction d'un
lapin blotti prés de Vénus. Bartsch, t. XIV, n* 321, où est aussi indiquée une
copie. — Piroli, au trait, petit in-folio. — D'après un beau tableau à l'huile qui
•st dans la galerie de Mannheim, mais où Vénus se chausse d'une sandale , par
Pierre Audouin, grand in-fol. — Landon, n^ 171. — Cette composition a été
imitée par un ancien Italien ; Vénus, assise, tournée à gauche, dans une chambre,
s'essuie le pied gauche. A côté d'elle est une coupe remplie d'eau. Derrière elle,
un lit, dont l'Amour ouvre les rideaux. A gauche, une fenêtre avec des vitres
rondes. In-8.
2li. Vénus et Adonis.
Cette fresque est nommée aussi Ariane et Bacchus, ou bien Angélique
et Médor. Un jeune homme, assis sous des arbres, embrasse son amante
couchée à ses pieds, et dont la tête repose sur ses genoux. Cette compo-
sition est de Jules Romain ; le dessin original, de sa main, se trouve dans
la collection Albertine, à Vienne.
Gravures : Marc-Antoine et Agostino Veneziano. Bartsch, t. ÎIV, n<" 484 et 485,
où est aussi indiquéeune copie. — Piroli, au trait. Petit in-fol. — Mich. Ang.
Haestri, en couleurs, in-fol. — Landon, n*> 173.
215. Vulcain et P allas.
Cette composition est aussi nommée la Création d'Érechthée. Minerve
lutte avec un homme à barbe. Elle est debout à droite, l'homme à gauche.
Pour fond, un paysage. La composition et l'exécution de ce petit tableau
sont si imparfaites, qu'il ne peut provenir que d'un des plus faibles élèves
de Raphaël.
Gravures : Piroli, au trait. Petit in-fol. — Mich. Ang. Maestri, en couleurs, in-
fol. — Landon, n* 178.
216. Six Amours victorieux.
Autrefois, il s'en trouvait ^ept dans la chambre de bain, un au-dessous
252 LA CHAMBRE DE BAIN DU CARDINAL BIBIENA.
de chaque tableau principal; actuellemenl, un de ces Amours est com-
plètement effacé, et les autres ont aussi beaucoup soufiert. Ces figures
sont peintes en couleurs sur un fond noir. Elles sont très-belles de contour^
mais, du reste, médiocres d'exécution. En 1802, les sin Amours furent
, gravés à Paris, d'après des dessins de Maestri, et imprimés en couleurs
par Coqueret. Ils étaient ainsi désignés : L'Amour noble^ l'Amour furieux^
l'Amour volage, l'Amour poète, l'Amour lent et l'Amour vil. Landon (dans
ses Nouvelles des Arts, 1802, p. 60) avance un peu légèrement que les
peintures originales se trouvaient dans les ruines des Bains de Livîe^ sur
le Monte Palatino. Cette assertion n'a pas le moindre fondement; elle est
d'autant plus surprenante, qu'on ne trouve dans ces ruines antiques
aucune fresque représentant des Amours.
Nous ne connaissons d'ailleurs aucun ouvrage antique qui aurait pu
fournir à Raphaël le type des Amours qu'il avait fait peindre sous les
tableaux de la cliambre de bain du cardinal de Bibiena. La vérité est que
le goût du beau^ qui lui était propre, s'est gracieusement manifesté dans
ces figures, et avec une supériorité qui ne se rencontre que rarement
même dans les ouvrages antiques. Les sujets dont nous parions devaient
représenter l'empire de TAmour dans toutes les régions de la nature. Les
six qui subsistent encore sont les suivants :
i. L'Amour, debout sur un char formé d'une coquille marine, tient
une flèche dans la main droite, et, de la gauche, les (Ils servant de bride
à deux papillons.
2. L'Amour, debout sur un char attelé de deux dauphins, les guide
avec un trident.
3. L'Amour, debout dans un char, frappe d'une baguette deux cygnes
qui y sont attelés.
4. L'Amour, voguant sur la mer dans une coquille ouverte, harcèle avec
un javelot son attelage, composé de deux tortues.
5. L'Amour, debout dans une petite cuve à roues, est conduit par deux
serpents qu'il maîtrise en les frappant d'une branche de palmier, symbole
de la paix.
6. L'Amour, debout sur un petit chariot à siège, conduit par la bride
deux escargots qui le traînent lentement.
Gravures : D'après des dessins de Maestri, et imprimées en coalears par
Coqueret. Paris , 1802. In-fol. en larg. — A l'eau-forte et en couleurs, par Mich.
Ang. Maestri, à Rome. In-fol. en larg. — Par le même, en des eaux-fortes non
coloriées et avec un titre indiquant l'endroit où se trouvent les peintures, et une
dédicace au cardinal Leonardo Antonelli. — Piroli, au trait, chez Piranesi, à
Paris, 1802. In-fol. en larg. — Chapuy, in-fol. en larg. — Landon, n»' 179 à 181.
217. Cupidon et Pan .
Le dieu rustique lutte en riant avec l'aimable enfant, qui a suspendu
LOGES DE LA VILLA PALATINA. 235
son carquois rempli de flèches à un arbre qui est auprès d'eux. Pour fond,
un paysage montagneux avec quelques maisons. Ce sujet est le seul qui
soit encore reconnaissable, entre les quatre tableaux du plafond, qui ont
beaucoup souffert par la i'umée et Thumiditë.
GKAViTREâ : Piroli, an trait. Petit in-fol. -~ LandoD, n* 174.
Loges de la villa Palatina.
Quoique Raphaël n'ait pas pris part aux peintures de cette villa^ située
sur l'emplacement du palais des Empereurs^ nous sommes pourtant forcé
de les citer^ puisque les cinq grandes fresques qu'on va Tisiter dans cette
villa sont empruntées à celles que nous venons de décrire dans la chambre
de bain. Originairement^ cette villa^ qui était beaucoup plus petite^ avait
un vestibule^ ou loge, porté par trois colonnes ioniques, lequel, par
adjonction, se trouve actuellement former le fond d'une vaste salle. Au
centre de la voiitè peinte de la loge, on voit les armes des ducs Mattei,
ce qui fait croire que cette famille était déjà propriétaire de la villa
loi*8que Jules Romain l'orna de peintures. Plus tard, elle changea de
maître, et fut appelée successivement villa Spada, Magnani, de Brunati et
Coiocci. Elle fut ensuite acquise par un Français, l'abbé Rancureuil, qui
fit faire des fouilles dans le jardin avec l'espoir d'y découvrir des antiques,
espoirqui fut couronné de quelques succès. L'abbé la revendit à un Anglais,
M. Charles Mills.
Le fond blanc de la voûte est richement décoré de légers grotesques,
de petits sujets et de figurines. La voûte est parfaitement conservée,
tandis que les peintures murales ont été tellement repeintes que l'on ne
saurait plus juger de l'exécution primitive. Mais, dans les peintures du
plafond, on reconnaît sans conteste la main de Jules Romain, et, en outre,
il y a dans la collection Alberline, à Vienne, un fragment du carton pour
la Vénus et l'Adonis, lequel est certainement de cet illustre élève de
Raphaël ; c'est lui qui a vraisemblablement bâti et orné cette loge, peu de
temps après la mort de son maître.
Le mur du fond a trois champs; celui de droite en a deux, avec des
sujets à iigures de grandeur naturelle. Ce sont les suivants :
a,) Vénus et l'Amour, assis sur des dauphins, voguent sur la mer.
Compositioii de Raphaël.
h.) Vénus montre sa blessure à l'Amour debout près d'elle. Composition
de Raphaël.
e.) Vénus se tire du pied une é[)ine. Composition de Raphaël.
d.) Vénus et Adonis. Composition de Jules Romain.
e.) Jupiter et Antiope, ou Pan et Syrinx. Composition de Jules Romain.
Au-dessus d'un sixième champ, à gauche, dans la place cintrée formée
par la voûte-, on voit le Temps enlevant la virilité à Uranus, sujet qui
234 VILLA RAPHAËL.
appartient à la composition raphaélesque de la Naissance de Vénus.
Puis, au-dessus de la porte d'entrée, est un Amour tenant une flèche,
peint dans la manière de Zucchero ; au-dessus de l'autre porte, uo paysage
avec trois nymphes endormies, vers lesquelles s'aVance un faune.
Le plafond de la voûte contient, au milieu, un caisson rond avec les
armes des ducs Mattei, puis, aux côtés, deux caissons étroits. Dans l'un.
Hercule et trois figures de femmes devant Jupiter assis sur son trône ; c'est
vraisemblablement le mariage d'Hercule avec Hébé, en présence de Junon.
Dans l'autre champ, cinq figures de femmes, au milieu desquelles est
Mnémosyne tenant une flèche sur le front de l'Amour debout auprès
d'elle. Les quatre autres figures de femmes représentent autant de muses,
filles de Mnémosyne. L'une, à gauche, joue de la viole, l'autre du tam-
bourin ; à droite, la troisième, élevant le bras, tient un rouleau de par-
chemin, et la quatrième, un masque. De cette dernière peinture, il y a
une eau-forte de G. Audran, et une plus petite de Pfttro Santi Bartoii,
en contre-partie, in-folio en largeur. — Landon, n<> 212.
Ensuite, dans difiérents petits caissons de la voûte, sont des monstres
marins fantastiques, combattant avec des Amours; dans douze champs
ronds, les signes du zodiaque , et dans les sept caissons intermédiaires
Apollon et sept Muses.
Villa Raphaël.
Nous avons déjà exposé, dans la Vie de Raphaël, les raisons qui nous
font croire que le peintre d'Urbin n'a ni possédé ni habité cette villa,
qui fut détruite pendant le siège de Rome, en 4848; on lui donnait cepen-
dant généralement le nom de Villa Raphaël, dans les derniers temps.
Nous ne sommes pourtant pas parvenu à découvrir quels furent les plus
anciens possesseurs de cette villa. En 1785, le cardinal Giuseppe Doria
l'acquit du marchese Olgiati, puis elle passa à l'avocat Nelli, et, en der-
nier lieu, elle faisait partie du parc du prince Borghèse. Le vestibule,
aussi bien que les trois chambres du rez-de-chaussée, étaient tous peints
à fresque ; le vestibule et deux des chambres ne furent cependant décorés
ainsi que vers le milieu du seizième siècle. C'est seulement dans la troi^
sième chambre, plus petite que les autres, que l'on admirait des fresques
de la bonne époque de l'école romaine. Si elles ne furent pas peintes par
Raphaël, il y avait, du moins, un tableau exécuté "d'après une de ses plus
gracieuses compositions, par un de ses meilleurs élèves, et un autre,
d'après un dessin de Michel-Ange. En somme, toute la décoration de cette
chambre avait cet aspect simple et gracieux à la fois, cette belle et noble
ordonnance, qui malheureusement fut remplacée trop vite par une déplo-
rable recherche du nouveau, sous l'influence de la dégradation des mœurs
publiques en Italie. En 1844, le prince Borghèse fit enlever et encadrer
VILLA RAPHAËL. 255
60US Terre, daos son palais, à Rome, les trois tableaux principaux du
plafond de Ja villa, par la raison que cet édifice menaçait ruine, sans
toutefois prévoir que, quelques années plus tard, il serait complètement
démoli par ordre des chefs de la révolution romaine.
Les murs de la chambre voûtée étaient divisés, par des hermès mâles,
en différents compartiments, couverts de grotesques et de figurines. Dans
les compartiments du milieu, on voyait un petit temple, avec la statue de
Diane d'Êphèse; autour, au milieu d'une ornementation de fantaisie, des
génies ailés jouant avec des Amours; dans les tableaux des côtés, un
cygne se promenant sur Teau, et, parmi les grotesques de l'entourage,
deux joyeux satyres jouant des timbales. Des guirlandes de feuillages
entouraient les caissons de la voûte, où étaient représentés, entre de légers
ornements^ des génies et des enfants jouant ensemble. Sur les caissons
plus étroits, au-dessus des fenêtres, étaient peintes les figures de Mercure
et de Minerve. On' pourrait conclure de la présence de ces deux dieux
qui se trouvent rarement de compagiiie, que c'est un négociant, ami des
arts, qui avait fait décorer cette chambre. Les deux caissons principaux
du plafond contenaient, toujours avec des entourages analogues, deux
médaillons avec des portraits de jeunes femmes L'une était nue ; l'autre
avait la gorge à demi couverte; la troisième portait un vêtement blanc
avec des broderies rouges ; la quatrième , vue de profil , était également
vêtue. 11 est probable que ces portraits sont faits d'après nature et représen-
tent des parentes ou des amies du propriétaire de la villa ; c'est donc sans
aucune raison qu'on les nomme les Maîtresses de Raphaël, et qu'elles
sont gravées comme telles par Godefroy et Aubert dans le Recueil d'es-
tampes gravées iVaprès des peintures antiques italiennes, par A.-B. Des-
uoyers, dessinées en 1818 et 1819 (Paris, 1821). Il est vrai qu'on trouve,
parmi les huit portraits de femmes qui composent ce recueil d'estampes,
le portrait authentique de la Maîtresse de Raphaël, d'après la peinture
du palais Barberini; mais celui^i et trois autres sont tirés des fresques
de la villa Lante, sur le Janicule, qui fut bâtie et décorée, comme
on sait, par Jules Romain, pour Baldassare Turini, après la mort de
Raphaël. Retournons aux peintures de la chambre de la villa Raphaël,
pour constater, avant tout, que ces figures élancées, mais élégantes,
exécutées à fresque avec beaucoup de délicatesse, trahissent la manière
de Perioo del Vaga, et que les deux plus grands tableaux, d'après des
compositions de Michel-Ange et de Raphaël, ^nt pu également avoir été
exécutés par ce même élève de Raphaël. Ce sont les Vices tirant
à la cible, d'après Michel-Ange, et le Mariage d'Alexandre avec Roxane,
d'après Raphaël. Quant au tableau du milieu, représentant le Mariage de
Vertumne avec Pomone, il a vraisemblablement été composé par un élève
de Raphaël, et il révèle un faire tout différent de celui de Perino del Vaga.
256 VILLA RAPHAËL.
Celte dernière peinture est quelquefois désignée sous diverses dénomi-
nations^ tantôt le Lever d'Alexandre et de Roxane, tantôt la Fête de Flore,
tantôt Vénus et Adonis. La première dénomination se trouve sur une
gravure exécutée par un orfèvre florentin^ avec cette marque : L F. 1542.
Bartsch, t. XV, p. 502. Ce graveur a, du reste, reproduit cette compo-
sition en lui prêtant le style de Micbel-Ange , ce qui fait qu'on a pu
attribuer l'invention de ce sujet à Baccio Bandinelli, quoique ce tableau
ne porte pas la moindre trace de l'école de Michel-Ange.
Quant à la composition de Michel-Ange, nommée généralement les
Vices tirant à la cible , nous indiquerons seulement ici que le précieux
dessin original, à la sanguine (h. 8" 9'", 1. 12" 6'"), se trouve dans la col-
lection royale d'Angleterre.
Gravures: Nie. Beatrizetto, avec l'inscription : Mieh. Ang. Bonaroliinv. ~ Diana
Mantuana , indiqué dans le Catalogue de la collection du duc de Backingham. —
F. Bartolozzi, au pointillé. — Lith. d'après la peinture, par A. Maurin, avec cette
légende : les Victs assiégeantla Vertu. Mich. Ang. inv. In-fol. en larg.
218. Le Mariage d'Alexandre avec Hoxane.
C'est cette composition seule que nous avons à examiner ici. Roxane,
remplie d'une pudique timidité, est assise au bord d'un lit entouré de
draperies, tandis qu'un Amour lui enlève son voile, et un autre ses san-
dales. Alexandre, débarrassé de sa cuirasse, conduit par un Amour
espiègle, se tient debout devant Roxane et lui offre une couronne. Ëphes-
tion, portant une torche, et l'Hymen, indiquant du geste la fiancée, sont
derrière lui. A droite, des Amours jouent avec les armes que le héros
vient de quitter; six de ces petits Amours portent un d'entre eux assis sur
le bouclier ; un autre tient le javelot, et un autre se cache dans la cui-
rasse. Nous avons déjà dit que Raphaël avait emprunté cette composition
à la description d'un tableau antique d' Action. Lucien, dans la narration
intitulée : Hérodote^ rapporte que, de même que cet historien qui fut
couronné aux jeux Olympiques, à cause de son livre portant le nom des
neuf Muses, le peintre Action obtint aussi le prix, à cause de son tableau
du Mariage d'Alexandre avec Roxane, et qu'il fut, en même temps, rangé
parmi les plus grands peintres de la Grèce. La beauté de ce tableau avait
fait une telle réputation à l'artiste couronné, que Proxenidès, président
des jeux Olympiques à cette époque, lui donna sa fille en mariage. Ainsi,
dit Lucien, le mai*iage d'Alexandre, que le peintre avait représenté dans
le tableau, fut comme un pronostic du mariage d'Action lui-même*. La
description du tableau, que Lucien avait vu en Italie, offre beaucoup
d'analogie avec le sujet du tableau de Raphaël. L*exécution de cétle
fresque, en bon état de conservation, est traitée avec toute la délicatesse
particulière à Perino del Vaga. Mais ceux qui l'attribuenl à Raphaël lui-
PËINTUBES DE RAPHAËL. â37
même n'ont Traiscmblablement point assez étudié la puissance de lu
touche et la perfection du dessin de ce grand maître.
Quant à la délicatesse de l'invention, quant au sentiment exquis du
beau, que Raphaël a mis dans cette composition^ on n'en saurait mieux
juger ^'en voyant la ravissante esquisse à la sanguine, à figures nues,
qui se trouve dans la collection Albertine, à Vienne.
Gravée par Nie. Cochin pour le Cabinet Croxat. En contre-partie. — Admira-
blement lithographiée par J. Pilizotti.
Un dessin, avec des figures vêtues, se trouve dans la collection du
Louvre. On en a vendu un autre 50 florins, dans la vente royale de La
Haye, en 1850, et ce dessin est actuellement en Angleterre.
Ghavures : Par Jacopo Caraglio, en contre-partie. Bartsch, t. XY, p. 95, n» G2.
Copie, en contre-partie; Roiane, à gauche. Dans le bas, ces mots : Ecco Bouane
.... ardore. Dans la manière du Maître au Dé, in-fol. en larg. — Grav. sur bois,
en clair-obscur, par Ant. da Trento, in-folio en larg. — Le comte de Caylus, avec
une planche teintée par Lesueur, in-fol. en larg. pour le Cabinet Crozat, n* 36.
Gravures d'après le tableau.
Giovanni Volpato, 1773. pour la Sehota italiana de Hamillon (Roma, 1773, in-
folio en larg.). — Landon, n** 306. — Selon une annonce insérée dans le Giornale
if lie belle arii (Roma, 1785, p. 13), Francesco Saverio Gonzales avait l'intention de
graver, d'après ses dessins, tous les tableaux de la Villa Raphaël en deux grandes
planches et cinq petites, et de les publier chez les éditeurs Bouchard et Gravier,
sur le Corso. D'après unecommunication^bienveillanle du conseiller intime Solz-
mann, à Berlin, il avait déjà para (rois gravures d'après les tableaux principaux,
coloriées à la gouache, à l'époque où la villa appartenait au cardinal Giuseppe
Doria. Vraisemblablement ce sont des planches de l'ouvragé indiqué ci-dessus,
mais nous n'en avons jamais vu aucune. — Gravé au trait par J. G. A. Frenzol,
Dresde, 1823. Deux planches d'ornements et trois planches d'après les tableaux
r principaux, ainsi qu'une vue de la villa. — Deux têtes de femmes en médaillon,
grav. par Paolo Fidanza, n" 34 et 36, dans ses Têtes choisiet de personnages illus-
treSf etc. (Rome, 1785.) — Les quatre têtes de femmes, publiées dans l'ouvrage
"^de A.-B. Desnoyers, ont déjà été citées plus haut.
On reconnatt une imitation maniérée de la composition d'Alexandre et Roxane
dans une gravure de Charles Metz, d'après un dessin, grand in-folio en largeur.
— A. Coypel se servit aussi de cette composition pour le carton d'une tapisserie
accommodé au goût de son temps. Grav. par F. La Cave. Grande planche.
219. Portrait (F Antonio Tebaldeo,
Né à Ferrare eu 1463, mort en 1537.
Pietro Bembo écrivait, dans sa lettre du 19 avril J5i6, au cardinal de
S. Maria in Portico (Bernardo da Bibiena) : « Raphaël a peint noire ami
Tebaldeo avec une telle vérité, qu'il ne ressemble pas tant à lui-même
qu'au portrait. Quant à moi, je n'ai jamais vu une si frappante ressem-
blance, etc. » (Voy. Lettere di Pietro Bembo, lib. II, p. 17, ou Lettere
pittoriche, t. V, p. 134.) C'est là le seul renseignement que nous possé-
358 PEINTURES DE RAPHAËL.
dions sur ce tableau ^ actuellement perdu. Vasari nous apprend que
Raphaël avait déjà fait une fois le portrait de son ami Tebaldeo, dans la
fresque du Parnasse; mais on ne saurait plus aujourd'hui reconnaître
avec certitude ce portrait parmi les poètes qui sont représentés dans
celte fresque. Seulement il est probable, puisque, en 1516, Tebaldeo avait
atteint sa cinquante-troisième année, que le poète à barbe, debout à
droite à côté de la Muse, est le portrait que nous cherchons.
On peut donc, à coup sûr, d'après Tâge qu'avait Tebaldeo lorsque Ra-
phaël fit son portrait, contredire l'assertion de Longhena (p. 241 et 638
de son ouvrage) qui a cru retrouver ce portrait du poète dans celui que
nous avons vu en 1835 dans la succession de M. Michèle Scarpa, à Pavie, et
qui est maintenant chez son frère, à La Motta, entre Trévise et Udine.
Ce portrait représente un jeune homme d'environ trente-cinq ans, un peu
tourné à droite, avec une barbe courte , des cheveux tombant jusque sur
les épaules et recouverts par une barrette tailladée. Il tient un rouleau de
papier dans la main droite, et la gauche est appuyée sur un balustre
auprès duquel il se tient debout. Une chemise blanche couvre sa poi-
trine, et, par-dessus son pourpoint, il porte un plus large vêtement
noir, garni de fourrures. Pour fond, le mur d'une chambre avec une vue
de paysage où Ton aperçoit quelques fabriques près d'un pont. Ce beau
portrait, qui est en effet de la main de Raphaël et de sa bonne époque ro-
maine, a malheureusement souffert; de plus, il a été maladroitement
repeint; toutefois, on voit encore que la tète et les mains étaient d'une
exécution excellente tant sous^ le rapport du dessin que sous celui de la
couleur. Mais, au contraire, les étoffes sont lourdes et le paysage a un ton
brunâtre tout à fait étranger au coloris du maître et accusent aussi la
manière néerlandaise. Ce paysage paraît encore devenu plus brun à cause
du vernis bitumineux dont il est entièrement couvert. Ce portrait avait,
dit-on, été acquis par un certain abbé Ceretti, comme provenant de la ga-
lerie de Modène, mais nous n'avons pas d'autres renseignements sur cette
provenance. Gravé dans l'ouvrage de Longhena, p. 638.
220. Les Portraits d'Andréa Navagero et d^Agostino Beazzano.
Raphaël peignif les portraits en buste de ces deux écrivains vénitiens,
sur un panneau en largeur, pour leur ami commun Pietro Bembo. Nava-
gero (né 1483, 1 1528), la tête tournée vers l'épaule droite et regardant le
spectateur, a une expression de physionomie remarquablement mâle,
même un peu rude; son regard est rempli de finesse et d'esprit; sa barbe
est courte et quelque peu crépue, de couleur sombre. Il a la tête couverte
d'une large barrette dans le genre d'un turban. Beazzano, qui est à
droite, se recommande, au contraire, par la douceur et la placidité de son
regard : sa ligure pleine et florissante indique une certaine bonté d'âme,
t»EINTURES DE RAPHAËL. 339
mais elJe n*en est pas moins spirituelle. Son front découvert, ainsi que le
trait plein de finesse de sa bouche, annoncent un homme d'une haute ca-
pacité et d'un profond savoir. Ses cheveux, séparés sur le front, tombent
simplement sur la nuque ; ils sont couverts d'une barrette noire. De son
pourpoint noir ressort une large chemise blanche qui monte jusqu'au
cou qu'elle encadre. On voit une partie de sa main. Ce personnage n'a
poÎDt de bapbe.
La lettre de Pietro Bembo, datée de 1516, dans laquelle il dit que Nava-
gero doit retourner à Venise pour les fêtes de Pâques, nous prouve que
ce portrait a été peint au plus tard vers cette époque. Le maître peignit
sans doute ses deux amis à l'occasion de leur départ d'abord, et aussi
comme souvenir des moments agréables qu'ils passèrent ensemble tant
à Rome qu'à Tivoli.
Nous avons déjà cité dans la Vie de Raphaël le passage de la lettre de
Pietro Bembo relative à cette excursion. Le plus ancien document relatif
à ces portraits se trouve dans Touvrage de l'Anonyme de Morelli, p. 18 :
K In casa di M. Pietro Bembo in Padoa. — El quadro in tavola delli ri-
tratti del Navagiero e Beazzano fu de mano de Raiïael d'Urbino. » Le second
document est contenu dans une lettre de Pietro Bembo lui-même, lettre
datée de Villa Bozza, du 29 juillet 1538, et adressée à Antonio Anselmi,
dans laquelle il dit : « Je consens à ce que l'on donne à Beazzano le tableau
aTec les* deux têtes de Raphaël d'Lrbin, et que vous le lui fassiez porter
et le lui remettiez avec la prière qu'il y prenne garde, alln qu'il ne leur
arrive pas malheur. Et si vous voulez les lui envoyer avec la caisse, faites
ce qui vous semblera le meilleur. » (Voy. Letttre pittoriche, t. 111, p. 251 ,
CV.) Nous ne savons ce qu'est devenu le tableau de Raphaël, mais il en
existe une excellente copie ancienne sur toile, que Beazzano se fit vrai-
semblablement exécuter, lorsqu'on lui confia l'original en 1538. Cette
copie se trouve aujourd'hui dans la galerie Doria, à Rome, où ces por-
traits passent pour être ceux de Bartole et de Balde, deux jurisconsultes
du quatorzième siècle. C'est ainsi qu'ils sont déjà désignés aussi dans la
Descrizione di Roma, de 1727, p. 682, comme étant alors dans la collec-
tion de la Yilla Aldobrandini. Mais, que ce soient sans aucun doute les por-
traits des écrivains que nous avons nommés, c'est ce qui s'établit avec
certitude par la comparaison du portrait de Navagero, peint par un élève
du Titien, lequel est au musée de Berlin et qui porte : ANDREAS NAV-
GERIVS. MDXXVJ. La copie du palais Doria, très-habilement exécutée
dans la manière vénitienne, laisse encore apercevoir la fmesse de touche
qui caractérise le peintre d'Urbin.
Gravures : Paolo Fidanza a gravé les deux lôtes à l'eau-forte , avec les noms
Iraditionnela : Barlolo da Sanoferralo; Baldo, diteepolo di Barlolo, et les a publiées
dans sesTétef choitiei de perMonnagetiUutlret, Rome, 1785, pi. d'3.
340 PEINTURES DE RAPHAËL.
Au musée de Madrid^ on voit aussi^ sous les n^* 901 et 909, deux, an-
ciennes copies séparées de ces portraits» avec des mains; mais elles ne
sont pas, à beaucoup près, si habilement traitées que celle du palais Doria^
et de plus elles ont fortement poussé au noir.
221. La Vierge à la Chaise [Madonna délia Sediti).
Sur bois. Dans un rond de 28*^ de diamètre. Jusqu^aux genoux.
La Vierge entoure de ses deux bras l'enfant Jésus, assis sur ses genoux,
en posant la main droite sur la main gauche et en penchant sa tête vers
celle du divin enfant. Tous deux regardent le spectateur, elle, avec une
grâce inexprimable, lui, avec calme et naïveté. La tête de la Vierge est
coiffée d'une étoffe rayée qui retombe par derrière, et ses épaules sont re-
couvertes d'une riche étoffe à franges. A droite, le petit saint Jean-Bap-
tiste, tenant sa petite croix de jonc dans ses bras, lève ses regards et joint
ses petites mains en adoration. 4^ siège (sedia), qui fait le fond du tableau
à gauche, lui a donné son nom.
La couleur de ce chef-d'œuvre est lumineuse et claire, malgré la vigueur
de quelques ombres ; de plus, ce tableau ressemble à une fresque, ce qui
fait supposer que Raphaël l'aura peint pendant qu'il exécutait ses grands
travaux en ce genre de peinture.
La manière de faire vient encore à l'appui de cette supposition ; elle est
vraie, spirituelle, libre et magistrale de touche. Nous avons eu Toccasion
de voir de près le tableau placé sur un chevalet, et nous avons constate
avec surprise que la liberté du pinceau allait quelquefois si loin, que dif-
férentes teintes n'étaient pas même mélangées; que les contours n'étaient
pas toujours bien arrêtés ; et que la tête de la Vierge seulement, ainsi que
celle de l'enfant, avait été peinte avec plus de soin. Mais, dans toutes les
parties de cet ouvrage, les tons sont si vrais, ils sont posés avec une telle
science du clair-obscur les uns à côté des autres, qu'à une certaine dis-
tance les couleurs semblent fondues avec la plus grande délicatesse.
On trouve déjà cette Vierge cataloguée dans l'Inventaire de la Tribune
de Florence, dressé en 1389.
Le peintre Ant. Fedi possédait deux petites esquisses de ce tableau,
esquisses qui sont actiiellement dans la collection Wicar, à Lille; elles
ont été reproduites dans la publication du duc de Luynes.
D'après des renseignements qui nous ont été communiqués, il y avait un
carton original de la Vierge à la Chaise, de forme carrée, avec des figures
entières, et dessiné à la pierre noire, dans la collection Sierakowey, à
Varsovie, mais nous ne savons pas ce qu'il est devenu. 11 est même impos-
sible de dire si c'est le même carton qui fut vendu, en 1818, sortant de la
succession du grand prieur Inghirami de Volterre, au comte de Looz.
PEINTURES DE RAPHAËL. âil
Gravures d'après le tableau,
SenœUius Raeven sculp., in-4«. — Copie, du côté opp., pel. in-4-. — Par un
anonyme, avec une indulgence donnée par Grégoire XIII, dans un écusson grand
in-4r — iEg. Sadeler se, avec et sans le nom du graveur, in-4». — Joan Dom. Pic-
chianti, du côté opp , in-4«. -- Fr. Anl. Lorenzini min. con. Manière noire, in-4».
1'** épreuves , avec une dédicace au prince Eugène; 2" épreuves, à l'impératrice
Anne;3~ épr., àMylord duc de Sackville. - Ferdinandus Gregorj se, 1768, avec
le beau cadre du tableau original et une dédicace à l'impératrice Marie-Thérèse,
gr. in-fol. — Par le même, 1785, dans un autre cadre, gr. in 4°. — Grcgori inv.
Firenze. Au pointillé, pet. in-4' - F. Bartolozzi, 1778. Au pointillé et coloré,
pt. in-4*. — Violante Vanni, marquée V.V. Quem cœli capere, à l'eau-forte, pel.
in-4». — J. M. Preisler se. Copenb., 1784, gr. in-4*. — Aubry exe, pet. in-4". —
l'enfant, dans une large guirlande de fleurs. Du côté opp. in-4». ^ Manuel Sal-
ifador Cannona se, 1795, d'après un dessin lavé de Mari Mengs, gr. in-4». — Par
on anonyme, apud Joan Volpaio, pet. iB-4», mauvaise pi. — Raph. Morghen,
commencée à Rome, et terminée par Gius. Calendi, n« 164, in-4». — Par le même
Raph. Morghen, 1793. Un peu plus grande que la première ; le rond dans un carré.
Kxéculée à Florence; !'•• épreuves, avec l'adresse de Nie Pagni et Gius. Bardi;
2" épr., adresse du premier seul ; 3" épr., sans dédicace, avec les armes seules
da marcbese Manfredini; 4" épr., avec la dédicace, en lettres grises; 5«" épr.,
avec toute letire et adresse de P. Bettelini à Rome; 6" épr., adresse de Nie de
Anlonj.— Encore une fois, par Raph. Morghen, 1832, gravée dans sa soixanie-
quinziéme année. Touie petite pi. 2" 6'" de diamèïre.— Lasinio, 1798, au pointillé,
pet in-4«. — Aug. Boucher Desnoyers se, in-4«. — /. G. Millier, in 4* pour le Musée
Napoléon, — J. C. Ulmer, in-4».— Giovita Garavaglia, 1828, avec une dédicace au
grand-duc de Toscane, gr. in-4«. — E. Duponcbel, pour l'ouvrage de Wicar, pet. in-
fol. — R.-U. Massard, in-8«, pour la Galerie Filhol, — Jos. Calendi, copie d'après
Raph. Morghen, in-4». — Weber à Trêves, au pointillé. Du côté opp. , avec une dédi-
cace à B. Heribert de Dalberg. in-4«. — A. Karscher, à Mahnheim, in-8*. — Pielro
Tedovato, 1812, au pointillé, sous la direction deA.Suntach. Du côté opp., petit in-
fol. — Cajet. Yascellini, in-4«. mauvaise pi. — Pietro Zancon, au pointillé, in-4».
— P. V. Durmer, Viennse, 1794, au pointillé, in-4«, mauvaise pi. — J. Eissen,
toute petite pi., de 2" 6'" de diamètre, d'après Morghen. — L.Lizzi, 1803, gr. pi.
— Hier. Carattoni et Jac. Mercore, in-4o. — J. B. Cecchi, in-4». — L. Guidolti
for. in Bol*, in-4«. — Antonio Nardello, au pointillé, in-4<». — Alex. Contardi, in-4o.
— Della Bella, in-4». — Adrian Schleich, pet. in-4«. — H. Petersen se, gr. in-4».
— Ch. Schuler, in-folio. — P. Pelée se, in-folio. —Ant. Perfetli ine, 1850, in-
folio— E. E. Schaffér sculp., gr. in-folio., 1851. •— En galvanographie de Léo
Schoeninger, à Munich, 1843. — Lit. par Girolamo Tubino, gr. in-4». — Lith., de
la grandeur de l'original, par Emile Lasalle, 1852.
Gravures exécutées d'après un tableau (sans le petit saint Jean) de forme.car-
rêe, qui était autrefois au palais de Madrid, et qui est actuellement dans la coll.
du duc de Wellington à Londres. — Petrus v. Schuppen se, 1661, dans un rond.
Du côté opp., gr. in-4«. — Copie, avec l'enfant Jésus à droite. — A Paris, chez
N. Langlois, dans un ovale. Du côté opp., in-folio. — C. Gnlle exe , dans un
ovale avec : Majer divinœ gratia^ etc., in-fol. — W. Sher^'in se, dans un ovale.
Dn côté opp., à la manière noire, mauvaise pi. — Juan Rod«, pet. in-4\
Imitation : Seulement la Vierge avec l'enfant Jésus; à droite, il y a un livre
auprès d'une lampe allumée; d'après un tableau qui est dans le palais royal de
Madrid ; grav. par Bart. Yazquez, 1785, pet. in-folio carré.
Seulement les tètes de la Vierge et de l'Enfant, par un anonyme, in-12.
11. 16
24i PEINTURES DE RAPHAËL.
Il existe beaucoup de copies anciennes de ce tableau ^ Citons seulemeut
celle qui passa de la galerie Giustiniani au musée de Berlin ; celle qui se
trouve dans la sacristie de S. Luigi, à Rome, etc.^ etc.; mais il n'en est
aucune qui donne^ même de loin^ une idée de la perfection de Toriginal.
222. La Vierge délia Tenda,
Sur bois. H. 29"; 1. SO". Jusqu'aux genoux .
C'est une composition analogue à celle de la Vierge à la Chaise. La Vierge,
assise à gauche, est ici vue de profil; elle enlace, avec le bras droit, l'en-
fant Jésus assis sur ses genoux ; celui-ci, avec un mouvement vif, renverse
la tête un peu en arrière et semble écouter les paroles du petit saint Jean
debout en adoration derrière lui. La sainte Vierge regarde l'enfant Jésus
avec amour ; sa tête est couverte 4'une étoffe riche et ornée. Le rideau^
qui forme le fond, a donné au tableau le nom qu'il porte.
11 existe plusieurs répétitions de cette composition. D. Ant. Conca (De»*
crizione Odeporica delta Spagna. Parma, 1793-1 797) et P. Ximenes parlent
d'un tableau semblable, un des plus beaux ouvrages de Raphaël, disent-
ils, qui était dans les appartements des prélats au palais de 1 Escurial. Ma-
dame de Humboldt le vit encore, en 1808, dans les appartements du prince
des Asturies. Voyez le programme de la Jenaer Literalurzeitung de 1809,
p. y-Tiii. — Mais ce tableau n'est plus dans la collection royale de Madrid; il
a été volé. Selon Buchanan, t. II, p. 242, ce tableau passa en France en 1813,
et de là en Angleterre où il fut acheté 4,000 liv. st., par Sir Th. Baring,
lequel le céda, en 1 814, au roi Louis de Bavière, alors prince royal, moyen-
nant 5,000 liv. st. Actuellement, il fait Fornement de la Pinacothèque de
Munich. Néanmoins, nous sommes forcé de remarquer que l'on ne saurait
toujours se fier aux indications de Buchanan, et que d'ailleurs, longtemps
avant l'époque où il fait venir ce tableau en Angleterre, vers 1789, une
Vierge tout à fait semblable s'y trouvait déjà dans la possession de
M. J. Purling. Ce pourrait bien être la même qui est maintenant à Munich.
Cette dernière est une œuvre distinguée, et nous sommes convaincu qu'elle
sort des ateliers de Raphaël.
Une répétition de cette Madone appartient aussi au roi de Sardaigne ,
qui,. étant prince de Carignan, l'acheta du professeur Boucheron, de Turin,
à un prix très-élevé. Ce tableau avait été offert en présent par le cardinal
délie Lanze à la belle comtesse Piossasco, plus tard Porporati; et après sa
1. Le musée de Bordeaux possède (n* 341 , Toyez p. 210 du Catalogue imprimé en 1855)
une ancienne tapisserie représentant la Vierge à la Chaise. H. 1*' e9"*; 1. 1" il'*'. Cette
tapisserie, donnée par le gouTernement en 1811, est d'autant plus précieuse quelle est exé-
cutée d'après un carton où Raphaël avait représenté, entière et en pied, la célèbre Vierge à la
Chaise, dont le tableau de la galerie de Florence ne reproduit que le buste. {AoU de
rédileur.)
PEINT RES DE RAPHAËL. 243
mort il tomba daDS les maiûs de sa fille^ la comtesse Broglio, qui le lit
vendre par son intendant pour 800 fr. Cette copie manque d'esprit et les
nuages du fond sont peints avec dureté.
Nous avons vu aussi^ en 1835^ une copie de ce tableau exécutée dans
Ja manière de Perino del Vaga^ au palais Albanie à Rome. Pans le fond est
un mur au lieu d'un rideau.
Une autre copie ancienne, avec un fond de mur et un peu de ciel à
droite, se trouve à l'Académie de Vienne.
Un dessin, qui fut vraisemblablement la première esquisse pour cette
Madone, se trouve dans la collection du duc de Devonshire à Chats-
worlh.
Grayurks : d'après le tableau qui est en Angleterre : P. If. Tomkiniy Uite pupil
of BarMoxzij publ. aug, 20. 1789. The Virgin, Child^ and 5. John, fram a moiî
capital and perfecl picture by Baphael in Ihe Collection of J. Purling , Etq. Au
pointillé, imprimée en couleur. Petit in-4*'. — Copie, par H. W. Ritter, avec
nne dédicace à Jérôme Napoléon, chez Silberberg, à Francfort-sur-Mein. Petit
io-4<*. — Hopwood, London, publ. by W. Lewit and <f. Au pointillé, petit in-4". —
Vedovalo, 1796, à Vienne, chez Ant. Sunlach. Au pointillé, en contre-partie, pet.
in-4». — D'après le tableau de Turin, par Paolo Toschi, sous le nom de Madonna
délia Tenda, In-fol. — D'après le tableau de Munich, sous le nom de la Vierge A
Im Croix f par Jean-Charles Thevenin, 1852, grand in-folio.
22^. La Vierge aux Candélabres.
Tableau rond de S pieds de diamètre.
La Vierge^ tenant l'enfant Jésus sur ses genoux^ tounie sa tête vers la
droite^ ce qui fait qu'on, la voit entièrement de face; elle baisse les yeux;
à ses côtés, deux anges debout^ dont on ne voit guère que la tête et un
peu des mains^ tenant chacun un candélabre ^ Le fond est sombre. La
Vierge et l'Enfant sont de la main de Raphaël^ mais les deux anges sont
à roides de dessin^ si nuls d'expression et si étroitement plaqués dans la
place qu'ils occupent de chaque côté^ qu'on ne peut guère douter qu'ils
n'aient été ajoutés postérieurement par un artiste médiocre. La tête de la
Vierge est d'une dignité sublime et d'une grande beauté; le petit Jésus est
vivant d'expression^ et d'un très-beau dessin. Toutefois, son corps a été
fortement restauré. Le manteau bleu de la Vierge est tempéré de ton,
quoique le tableau , en général, soit d'une couleur puissante. De la galerie
Borghèse, il passa dans celle de Lucien Bonaparte, puis dans celle du
duc de Lucques, et actuellement il est dans la possession de M. Munrô,
à Londres.
f . Cette manière de représenter la Vierge sur un trône avec des anges qui tiennent des can"
délabres à ses côtés est très-ancienne et a parfois été exécutée très-magistralement. Par
exemple, il se tronie, au-dessus de la porte latérale de T église Aracoeli, sur le Capitole, une
mosaïque, de style byzantin, qui représente ce même sujet, mais avec des 6gures entières. Ce
tableau en mosaïque, dont le caractère est vraiment grandiose, semble admirablement exprimer
cette idée mystique : « Le Cbris», lumière de ce monde, ■
2U PEINTURES DE RAPHAËL.
Gravures : Ern. Moraees, 1796, d'après le tableau du palais Borghése.J'etîl iii-4*.
— Pietro Bettelini, in-4*. — M. Blot, 10-4"*. —-A. Fabri, pour la Galerie Luden Bep-
naparte^ n« 131. — Johannes Folo incis. Rom. Sans les anges. 10-4**. — Avec des
changcmcnls cl l'enfant Jésus seulement vu à mi-corps, par J. Droda fec. Pragae,
1809. in-fol. —A Paris, chez Fr. Janet, in-12. — A. Bridoux, 1841. Sans les
anges, mais avec un candélabre à droite, in-fol. — Levy se., 1852, avec des can-
délabres, in-fol. — Lilh. par Herm. Eichens, 1843, in fol.
D'après un renseignement recueilli par Pungilconi dans son Elogio slo-
rico di Timoteo Viti, p. 73, (in élève de ce dernier, Pierre Antonio di Bat-
tista Palmerini d'Lrbin, aurait exécuté une copie de ce tableau d'après
laquelle, plus tard, le peintre Gonsoli aurait fait une copie moins bien
réussie. Goede rapporte, dans son Voyage en Angleterrey t. IV, p. 74, qu'il
en a vu une autre chez M. Agars, à Londres. C'est peut-être celle qui figura
d'abord dans le cabinet du prince de Carignan , et ensuite dans celui du
duc de Choiseul >.
224. Le Portement de la Croix.
Tableau peint sur bois et transporté sur toile. H. 9* H; 1. 7' 2".
Ce tableau est aussi nommé : lo Spasimo di Stct7ia, parce qu'il se trou-
vait autrefois dans l'église S. Maria dello Spasimo, à Palerme. Le Christ,
affaissé à terre sous le fardeau de la croix, se retourne vers les saintes
femmes en pleurs, parmi lesquelles est sa mère éplorée, qui, accablée
sous le poids de la douleur et soutenue par saint Jean et la Madeleine,
étend les bras vers son divin (ils. Une des femmes, agenouillée sur le
devant, soulève le voile de la Vierge, et, derrière elle, une quatrième
femme exprime son affliction en joignant les mains. Simon, de Cyrène,
s'est saisi de la croix pour la porter lui-même, tandis qu'un soldat dirige
sa lance contre le Christ pour le forcer à marcher, et qu'un autre soldat
essaye de le relever en le tirant avec une corde. Un cavalier portant un
étendard ouvre la marche. Des portes de la ville on voit déboucher des
Juges romains, le peuple et des soldats à cheval; dans le fond, les deux
larrons conduits au Calvaire.
Ce tableau, magistral sous tous les rapports, a été justement admiré
par Mengs, qui le présente comme un modèle accompli d'ordonnance, où
le sujet s'explique avec la plus grande clarté, où il ne se trouve pas une
ligure parasite, où il n'en manque aucune nécessaire, et où chacune, par
sa pose et par son expression, concourt à l'ensemble harmonieux du sujet.
De même aussi, les caractères des têtes sont, dans cette peinture, de la
plus admirable vérité : la noblesse divine , mais souffrante du Sauveur,
trahit cette majesté de l'esprit et cette faiblesse du corps qui ont donné
à Tart chrétien un idéal incomparable. Si cependant Mrngs dit, en parlant
1 . Le célèbre peiolre français M. Ingres en possède aussi une très-bonne copie ancienuc ,
achetée en Italie il ) a quarante ans. [Sole de l'éditeur.)
PEINTURES DE RAPHAËL. 245
de celte (igure du Chiist, qu'elle rappelle les formes de TApollon et du
Jupiter antiques , cet étrange rapprochement procède des idées esthé-
tiques de ce temps-là, puisque non-seulement il ne saurait exister la
moindre analogie entre la figure du Christ et celles de Jupiter et d'Apollon,
mais encore cette touchante figure est tout à fait en dehors des concep-
tions de la Grèce antique et des représentations figurées de l'Olympe
païen. Remarquons aussi la main du Christ, cette main qui s'appuie à
terre et qui n'est pas moins admirable par sa beauté que par l'idéale vérité
du dessin et de l'exécution. Celte figure frêle et délicate du Christ forme
en même temps un contraste avec celle de Simon, de Cyrène, si puisâante
et si énergique, et avec celle du bourreau, aux formes rudes et grossières.
Quoique le tableau fût destiné pour l'autel d'une grande église , et que
Raphaël se soit plus préoccupé de l'effet général de l'exécution que de 1 a-
chèvement minutieux des détails et de la linesse du coloris, tout l'ou-
vrage est profondément étudié et même exécuté avec un grand soin ; il
révèle dans toutes ses parties les hautes qualités du grand maître. La
pierre placée sur le devant porte cette inscription : RAPHAËL VRBINAS.
Nous avons rapporté, dans la Vie de Raphaël, le singulier épisode qui se
rattache à l'histoire de ce tableau, comment, à la suite du naufrage du
vaisseau qui le transportait à Palerme, il arriva en flottant sur la mer
jusque dans le port de Gênes; nous avons dit aussi que les habitants de
cette ville ne voulaient point le rendre, et que ce fut grâce à l'interven-
tion du pape, qu'il put enfin retourner au lieu de sa destination, c'est-
à-dire dans l'église des Orviétains, à Palerme. Plus tard, Philippe IV le fit
enlever de cette église et donna en échange au couvent une rente de mille
scudi. Les Espagnols nommèrent ce tableau la Joya. Après avoir pendant
quelque temps orné le maître-autel de la chapelle royale de Madrid, il
passa dans la galerie du palais ^ En J8i3, les Français le transportèrent
à Paris, avec quatre autres tableaux de Raphaël qu'ils enlevaient à l'Es-
pagne; et, selon Buchanan, comme on ne le croyait plus en sûreté dans
cette capitale menacée par les armées de la coalition européenne, on
l'aurait fait offrir en vente, à Londres, pour 7,000 livres sterling. On ne
le présentait pas, il est vrai, sous le nom de son véritable auteur, mais
bien sous celui de Sébastien del Piombo , ce qui empêcha de trouver
acquéreur*. Bientôt après fut conclu le traité de paix de 1815, qui rendit
1. Voy. Richard Cumberland, C€Ualogue of several jnelurei of the king ofSpain (Lon-
don, 1782). Cet écrivain croit avoir découvert un pied de trop qui ne tient à aucun corps dans
ce tableau; mais il n'aura sans doute pas bien compris le mouvement de plusieurs figures cou-
pées dans leurs lignes.
2. 11 est inutile de réfuter ce conte ridicule, puisque Buchanan ne nomme pas les spéculateurs
qui auraient voulu trafiquer (avec les Anglais) d*uu chef-d'œuvre dont, suivant Texpression
d'Énieric David, • la France s'est trouvée pendant quelque temps dépositaire, a Kmeric David
246 PEINTURES DE RAPHAËL.
à tous les États de l'Europe les trésors artistiques qui leur avaient été en-
levés. Toutefois, les tableaux de Raphaël avaient beaucoup souffert pen-
dant leur séjour à Paris, et notamment celui-ci, surtout dans les jointures
de son panneau vermoulu. On dut les faire transporter sur toile avant
de les ramener en Espagne ; cette opération difficile eut lieu, à Paris, par
l'intermédiaire du duc de Wellington, sous la direction de M. Bonne-
maison K Ce fut seulement en 18^ que les tableaux retournèrent en
Espagne, et le Portement de Croix fut alors placé au musée de Madrid.
Aujourd'hui, sauf les traces des anciens joinfs des cinq panneaux, sauf
le paysage un peu frotté et quelques glacis des draperies qui ont souffert,
le tableau est, du reste, d'une excellente conservation, et même les orne-
ments d'or sur les bordures des draperies sont encore dans l'état le plus
parfait.
En dernier lieu, nous croyons devoir enregistrer ici, sans la discuter,
l'incroyable opinion du D' Kugler, qui veut reconnaître dans ce chef-
d'œuvre de Raphaël le faire de Bernard van Orley. Cette opinion, il est
vrai, ne lui est pas venue en présence du tableau même, mais à la vue
d'une copie que le roi de Prusse a fait exécuter à Madrid par le professeur
Schlesinger, qui a cru devoir le reproduire avec la splendeur de son
coloris primitif.
Études pour ce tableau.
a.) Étude pour le groupe des femmes, à la sanguine, à l'Académie de
Florence.
6.) Dessin du groupe des cavaliers et de quelques autres figures, mais
qui ne se trouvent pas dans le même tableau, au cabinet Weigel, à Leipzig.
c] Le musée du Louvre possède un grand dessin au bistre de toute la
composition, mais ce dessin n'est pas de la main de Raphaël.
Gravures d'après ce tableau.
Agoslino Yeneziano. Les premières épreuves sont de 1517, les secondes de 1519.
Bartsch, t. XIV, n* 28. La planche fut retouchée par J. B. de Cavaleriis, en 1560.
— Copie de cette planche par Francesco Willamena, et une autre par un anonyme.
Yoy. Bartsch, qui indique ces deux copies A et B. — Par un anonyme, 1532,
d'après une première esquisse de Raphaël. — D'après le tableau de Joh. Bapt.
de Cavalleriis, 1565. Sur le bord on lit : Qui non aeeipit, etc. Haut. 15" 7"', larg.
10" 7'". — Diana Mantuana. Yoy. Zani. Nous n'avons jamais vu celte gravure. —
Dom. Cunego se. Romœ, 1781, io-fol. — F. Selma, 1808, grand in-fol. — Joan
Pestrini. Mauvaise planche, petit in-fol. — Au trait, par Ch. Normand, pour le
Recueil publié par le restaurateur du tableau, M. de Bonnemaison, à Paris, en
•joute, en parlant des cinq tableaux de Raphaël transportés d'Espagne à Paris en 1813 : ■Ils
y ont été accueillis avec Tempresseroent et l'admiration dus à leur rare beauté ; nous pourrions
presque dire qu'ils y sont devenus l'objet d'un culte universel. • (iYo(e de fédileur.)
1. Yoy. SuUe d'itudet ealquin et deuiniet d'après cinq tableaux de Baphayiy etc.,
par M. Éneric David, etc. Paris^ 1822, chei M. Bonnemaison, in-fol.
PEINTURES DE RAPHAËL. 247
1823. Il se trouye aussi dans ce même recueil quelques têtes tirées du tableau ,
de la grandeur de l'origioal. — Paolo Toschi, 1832, grand in-fol — Andr. Schleich ,
sur acier, petit in-fol. — G. W. Lehmann, 1835, in-fol. — Lith. par Bodmer, gr.
io-fol. — De même, par Tb.Drietidt, grand in-fol., et E. Dieter, ^rand in-fol. —
Lith. par Chevalier, 1842, petit in-fol. pour le Musée ehrilien. — Lith. par Marin
Lavigne, d'après la gravure de Toschi, grand in-fol. — Mauduison se, grand in-
fol. • Landon, n* 296. — Seulement les groupes de devant, sans les cavaliers,
en contre-partie, par Claudine-Ant. Bouzonnet Stella. Haut. 4", larg. 3".
Copies de ce tableau.
Il en existe beaucoup en Sicile. Une très-belle^ qui fut signalée par
Buoniiglî et Costanzo comme étant l'œuvre originale , a été peinte par
Deodato Guinaccia^ élève de Polidore de Caravage, et se trouve dans
l'église délia S. S. Nunziata^ à Catane. Une autre copie^ dans l'église du
monastère S. Francescodei Minori, de la même ville, est un peu dure,
mais très-spirituellement traitée. Elle est signée Jacopo Vignerio, i541.
C'était un élève de Polidore de Caravage^ qui a vécu à Messine, de 1527 à
iS53. A l'Académie des beaux-arts de Madrid se trouve une copie très-
remarquable par Juan Carrefio, né en 1614, mort en 1685.
La galerie du Belvédère, à Vienne, possède une ancienne copie sur bois
de ce tableau, demi-grandeur de l'original, avec cette marque : RAPHAËL
VRBINAS. La carnation en est généralement un peu rouge , mais elle est
moins transparente que celle des figures de Jules Romain, et les couleurs
sont plus empâtées.
225. La Visitation.
Tableau peint sur bois et transporté sur toile. H. 6* 2"; I. V 5" 6'".
Sainte Elisabeth vient du côté gauche à la rencontre de la Sainte
Vierge en lui serrant la main. La Vierge pose, avec un embarras pudique,
sa main gauche sur sa taille. Au fond du paysage, on voit le baptême du
Christ, avec Dieu le Père bénissant dans un point lumineux du ciel. C'est,
dit-on, une allusion au nom de baptême du donataire de ce tableau,
Giovan-Battista Branconio d'Aquila, chambellan du pape. A la vérité, le
tableau porte cette inscription : RAPHAËL. VRBINAS. F. MARINVS.
BRANCONIVS. F. F., d*oii l'on pourrait tirer d'autres inductions; mais,
dans la chapelle Branconio, dans l'église S. Silvestre, à Aquila, dans les
Abruzzes, où ce tableau se trouvait autrefois, on peut encore lire, sur une
plaque de marbre, l'inscription suivante :
I. G. B.
JO. BAPTISTAE BRANCONIO 8PECTATAB VIRTVTIS VIRO MAXX.
PONTT. JVLIO II PAMILIARI AC LBONI X.
INTIMO A CVBICYLO. PROTHONOT. APOSTOLICO B PARTICIPAN.
INSI6NIV1I YTRISQ. DITIONIS BGCLESIAR. S. CLEMENTIS AD
PISGARIAM. S. MARIAE AMBROSIANAB
BORNlNACRi*. AC DE JVMERIS ABBATI COMMBNDAT. VIOILANTISS.
2J8 PEINTURES DK RAPHAËL.
SVHMORVM RBGEM ABXTI MATIONS ANNARVIIQ. OPVH
MVNiFICENTIA LVCVLENTER AVCTO
PORTYS QUA PLACENTIAll PADVS ALLVIT PRAEFECTO. PRARSTANTIS
IN VRBE BXAKDIFICATIONB PALATII
AG SACBLLI HVIVS ORNATV RAPUAELIS VRBIMATIS BXIMIA
BBATAE YIRGINIS PICTVRA
SPLENOORB AG PIETATB CONSPICVO
PROLBGATO OBMVM AVBNIONIS DBSIGNATO SVPRBMA HONORVM
AC LVGIS GORONIDB
PRIVSQUAM HYNERE YITA PYNGTO AET. LU DOM. MDXXV.
HIER. BRAP/C. J. G. ABBAS S. CLEMENTIS AD PISGARIAM
PATRYO MAX. BENEMER. P.
AN. REPARATAE SALYTIS MDCXXY.
Le marchese Nardis, mettant en ordre les archives d'Aquila, trouva un
document qui indiquait que Rapliaël avait reçu 300 scudi pour prix du
tableau de Branconio. Quant à la haute estime dont ce tableau jouissait à
Aquila, nous en avons un éclatant témoignage dans la décision du conseil du
2 avril 1520, en vertu de laquelle ni les prieurs^ ni les prêtres^ ni les gardieas
de réglise de S. Silvestre ne devaient permettre, sans aucune eiception^
que Ton fît une copie du tableau de la Visitation, de Raphaël. En 1610»
Gio. Andréa Urbani d'Urbin obtint l'autorisation d'en faire une copie pour
le maître-autel de laCompagnia deir Umiltà. Une autre copie, par Pompeo
Cesura d'Aquila^ se trouve dans la maison du marchese Ferdinando de
Torres, en cette même ville. L'original fut acquis, en i655, par le roi
Philippe IV d'Espagne, qui le fit placer au palais de l'Escurial ^ Les Fran-
çais l'emportèrent a Paris, en 1813. C'est dans cette ville qu'il fut trans-
porté de son vieux panneau sur toile. Il a été très-restauré, non-seulement
à l'endroit des anciennes jointures du panneau, mais encore dans la
partie supérieure et inférieure de la composition. En vertu du traité de
paix de 1815, il reprit le chemin de l'Escurial, en 1822. Actuellement il
se trouve au musée royal de Madrid.
Cette peinture a été, dans sa plus grande partie, exécutée par Raphaël
lui-même, d'un ton puissant, mais tempéré, qui lui appartient. La tête
de la suinte Elisabeth est surtout d'une extraordinaire beauté de coloris et
d'expression.
Moins satisfaisante est la tête de la Vierge, qui, posée sur un cou mince
et grêle, n'a pas dans l'expression cette finesse naïve que l'on est accou-
tumé à trouver dans les madones de Raphaël. Néanmoins, cette tête est
très-belle et a bien le coloris du maître : grisâtre dans les ombres, rougeâtre
dans les demi-teintes et blanchâtre dans les clairs. La carnation de la sainte
Elisabeth est beaucoup plus colorée et plus chaude. Le paysage est d'un
faire large et magistral, et avec un ton bleu énergique dans les lointains.
« . De los Saalos , Description del real monaslerio del Etcorial (Madrid, 1 68 1 , p. 60), dit
qu*il était «lors dans la sacristie de la maison royale.
PEINTURES DE RAPHAËL. 240
GnATDRBs : Par un ancien Italien anonyme. Chez Ant. Lafrerij, avec le texte :
Bei^dkta, etc., grand in-fol. — A.-B. Desnoyers, 18^, in-fol. — Au trait, par
Norinind, in-fol. pour l'ouvrage de Bonneoiaison (Paris, 1822), où se trouvent
aussi les deux têtes, de la grandeur de l'original. — Estaban Boip., in-foL— Lith.
aa trait par Helmlehner (Pungileoni, p. 122).
226. La Sainte Famille sous le chêne.
Sur bois. H. 4* 5'*; 1. 3* 5*\
La Vierge^ assise sous un chêne^ tieut sur ses genoux l'enfant Jésus
qui se penche fortement en avant pour enlacer du bras droit le petit saint
Jean debout auprès de lui, mais dont la tête est tournée vers sa mère qui
le contemple avec amour. Son petit compagnon lui présente la bande de
parchemin sur laquelle est écrit : Ecee Agnus Dei; tous deux posent un
de leurs pieds sur un berceau. Saint Joseph, à droite, contemple cette
scène en s'appuyant du coude sur un fragment d'architecture antique avec
un bas-relief. Un paysage pour fond. Sur le berceau on lit ; RAPHAËL.
PINX.
En général, cette composition est un peu roide, et la Vierge a quelque
cbose de la morgue d'une dame de qualité.
A l'expression des têtes il manque cette naïveté de Tâme que Raphaël
seul a su exprimer en l'unissant avec la plus haute beauté physique. C'est
pourquoi aussi Mengs, dans sa lettre à Ant. Ponz, t- H, p. 76, exprime
l'opinion que cette peinture a été exécutée, d'après un dessin de Raphaël,
par un de ses élèves. En effet, nous y reconnaissons entièrement le faire
de Francesco Penni, d'autant plus que le saint Joseph est absolument
peint et coloré comme quelques-uns des apôtres placés près du tombeau
dans le tableau du Couronnement de la Vierge. On sait que cette partie
du tableau fut terminée par Francesco Penni après la mort de Raphaël.
Nous n'avons pu découvrir aucun renseignement sur l'endroit où se
trouvait primitivement ce tableau. On croit qu'il vint seulement en Espa-
gne sous le règne de Charles II. Après sa pérégrination à Paris il retourna,
en I8ffî, à Madrid avec les autres tableaux de Raphaël qui appartenaient
à l'Espagne et il est aujourd'hui placé au musée royal.
Gravures : Giulio Bonasone, sans le chêne, mais avec un rideau et une ruine.
Gr. in-fol. Bartsch. t. XV, p. 127, n*» 63. — Diana Mantuana, avec le chêne. Petit
in-fol. Bartsch, t. XV, p. 439, n*> 16. — A l'eau-forle, par Augustin Carrache, avec
des changements dans le paysage. Bartsch, t. XYIII, p. 66, n** 47. — P. Brebietti,
Roma. A Teau-forte. Petit in-fol. — Anonyme du dix-septième siècle , dans la
manière de Yillamena. En contre-partie, et quelquefois avec ces mots : Donalo
Ratcioti formis. Haut. 18", larg. 14" 3"'. — Hier. Frezza fec. Roma. A l'eau-forte,
en contre-partie, in-fol. — Arch. Macduff sculp. Sacra Christ* Familia. A l'eau-
forte et à l'aqua tinta (de James Barry). En conlre-piirtie, in-fol. ^- Au trait, dans
le Recueil de Bonnemaison [Suite d'étudet^ etc., Paris, 1822), où se trouvent aussi
quelques tètes, de la grandeur de l'original. — Girolamo Clarattoli, d'après le
tableau qui est à Madrid, aUribué ici à Jules Romain. Grand in-fol. faible.
2S0 PEINTURES DE RAPHAËL.
Copies de ce tableau.
a.) Excellente copie^ certainement exécutée sous les yeux de Raphaël, ail
palais Pitti. Sur le premier plan^ parmi les plantes, on Yoit un tézardy ce
qui fait que ce tableau est quelquefois appelé la Vierge au Lézard. Cette
copie a un ton transparent, mais des contours tellement arrêtée qu'on peut
les trouver durs. Dans le catalogue des peintures du palais Pitti, elle est
attribuée à Jules Romain, quoique cet artiste se distingue parmi tous les
élèves de Raphaël par une manière de faire toute différente et surtout
plus animée. C'est aussi une erreur quand on désigne au palais Pitti cette
composition sous le nom de la Perla,
h,) Giov. Andr. Lazzarini cite {Opercy Pesaro 1806, t. II, p. 8, i5 et 9i)
un tableau de cette Sainte Famille qui était dans la maison Almerici à Pe-
saro, et qui avait séjourné longtemps dans la maison Olivieri de la roéroe
ville. Nous avons vu cette copie dans la maison Dionigi, à Rome, où on la
présentait comme un original de Raphaël. Cependant elle était autrefois
signée : Bernard van Orley, Le paysage aussi trahit son origine néerlan-
daise. Sur bois. H. 3* 6"; 1. 2' 7".
c.) Malvasia {Felsina Pittrice, t. I, p. 45) cite une autre copie dans la
maison Casali à Bologne.
d,) Dans la maison Giovannini, à Urbin , est une copie avec un paysage
où le chêne a été remplacé par une ruine.
e.) A Windsor, dans la collection royale d'Angleterre, nous avons vu une
copie très-poussée au noir, qui est peut-être la même qui fut autrefois
en la possession de Richard Mead, médecin du roi d'Angleterre. Voyez
Tauriscus, p. 1S8.
/.) Au musée de La Haye, sous le n° S50 ^
g,) Dans la sacristie de la cathédrale de Valence, en Espagne. Les
ombres en ont fortement poussé au noir.
227. Sainte Famille, nommée la Perle.
Sur bois. H. 4' 6"; L 3' 7".
La Vierge, assise auprès d'un berceau, tient de la main droite l'enfant
Jésus sur ses genoux et regarde, la tête un peu tournée à gauche vers le
petit saint Jean, qui, enveloppé d'une peau de mouton, présente des fruits
au Fils de Dieu, vers lesquels ce dernier étend les bras. Sainte Elisabeth
est agenouillée à droite de la Vierge, dont elle enbce les épaules avec
son bras gauche, et la Vierge, le coude droit appuyé sur celle-ci, con-
temple les mouvements gracieux des deux enfants. Dans le fond, à gauche,
4. C'est 1« n* 236 du dernier Catalogue, sans date d'année. Très-mauTaise copie. Yoyei
VT. Burger : Mvséis m la Hollandb , Amnerdam et La Haye. (Paris, 1858.) [IS'ote de
l'idileur.)
PEINTURES DE RAPHAËL. 3S1
on Toit saint Joseph dans une ruine ^ avec quelques autres petites figures
dans le paysage à droite. Ce tableau, d*un ton très-sombre, a été peint,
sans aucun doute, par Jules Romain; nnais on ne saurait contester que
Rapbaêl y a mis la dernière main dans certaines parties. Ce tableau offre
aussi plusieurs repeints , qui sont surtout remarquables par la pose de
la tête de la Vierge, par Tune de ses mains et par la cuisse de l'enfant.
Du reste, il est peint avec beaucoup de soin, et le faire en est léché comme
celui d'un jeune artiste qui caresse ses premiers ouvrages.
Le plus ancien renseignement qui existe sur ce tableau paraît se
trouver dans la lettre suivante, publiée pour la première fois par Pun-
gUeoni, qui Ta tirée des archives secrètes de Mantoue. Nous donnons
cette lettre en entier, parce qu'il y est encore question de plusieurs
autres tableaux de maîtres :
« Ippolito Calandra al duca Federico Gonzaga a Gasale Monferrato.
« Nella caméra dell'arma si mette quel quadro che fece Ms. Julio, et il
quadro di papa Leone^ et il quadro di V. Exza che fece Ms. Tiziano et
aDcho quello che fece Rafaelo da Urbino a Roma a V. Exza e quello
quadro che sa V. Exza che li donô uno Venetiano a V. Exza di quella
Douna con quello puttino che ha molto lodato Ms. Julio et anco se li mette
un bellissimo quadro di un S. Hieronimo fatto in Fiandra a olio che già
comprè V. Exza Nel camerino dove alloggiava la Illma Duchessa quello
quadro che fece il Mantegna di quello Cristo in scurto et quello S. Hiero-
nimo de Ms. Titiano, et quello che fece Ms. Julio di S. Catterina, quali
tutti faranno bello adornamento in detta caméra, etc.
c 1531, 28 ottobre. *
« Ipp. Calandra. »
Lorsque Charles K, roi d'Angleterre, acheta la collection de tableaux
du duc de Mantoue, cette Sainte Famille ût partie de ce marché et passa,
comme les autres tableaux, à Londres. Mais, après la mort de Charles \^^,
ses objets d'art ayant été mis en vente, en vertu d'un arrêt du conseil
d'État de 1649, don Alonzo de Cardenas, ambassadeur .d'Espagne, acquit
ce tableau au prix de 2,000 livres sterling, pour le compte de son maître
Philippe IV, et le fit transporter à Madrid, avec d'autres œuvres d'art.
(D. Ant. Ponz, 1. 1, p. 73.) Au premier coup d'oeil que le roi d'Espagne
jeta sur le tableau de la Sainte Famille, il s*écria, rempli d'admiration :
c Voici ma perle! o Depuis lors, le tableau est connu sous la dénomi-
nation de : la Vierge à la Perle. Le roi Joseph l'avait emporté à Paris en
4813, mais, restitué à l'Espagne en 1815, il y revint rentoilé et restauré,
en 1822, avec les quatre autres tableaux de Raphaël. Ou le replaça de
nouveau à l'Escurial. Aujourd'hui, il est au Musée royal.
352 PEINTURES DE RAPHAËL.
Esquisses pour ce tableau.
a.) Étude à la sanguine d'après nature pour la tête de sainte Elisabeth.
Dans la collection d'Oxford.
6.) Autre esquisse pour la Vierge et l'Enfant. Dans la collection Wicar^
à Lille.
c.) Esquisse semblable, pour la Vierge et les deux enfants. Dans la
collection du duc de Devonshire, à Chatsworth.
(/.) Ëtude pour la tête de la Sainte Vierge^ aux deux tiers de nature^ à
la pierre uoire^ et très-retravaillée. Ce dessin^ connu en Hollande sous le
nom de Madonna del Marchesato, fut gravé par Picart, pour les Impostures
innocentes. Il passa par les collections du conseiller Job. van der Mark^
bourgmestre à Leyde (vendu 125 florins en 1777); C. Ptoos van Amstel, à
Amsterdam (vendu 160 florins en 1800) ; Udenbrock, Smetten^ M. C. Moyet,
à Amsterdam, en 1840. Actuellement, il est en Angleterre.
e.) Étude pour le petit saint Jean, à la sanguine. Dans le Cabinet des
estampes, à Berlin.
Gravures d'après la composition de cette Sainte Famille,
Gio. Bath. Franco. Grand in-folio. Yoy. Heinecke, p. 419, n* 8 a. — Bapt. Tor*
bido del Moro, avec le paysage changé. Grand in-fol. Bartsch, t. XVI, p. 183,
n" 12. — Luc. Yorslerman scuip. Seulement le groupe, sur un fond vigoureu^c^
traité un peu dans le goût néerlandais. En contre-partie. Exécuté en Angleterre.
» In-fol. — M. Corneille, à l'eau-forte, en contre-partie, petit in-4». — De Poilly,
Paysage différent, avec un pont. En contre-partie. — De Poilly exe, avec un
paysage différent. En contre -partie^ Petit in-fol. — Chez Yallet. Au lieu du paysage,
une chambre; saint Joseph entrant par une porte. En contre -partie. Grand
in-fol. — En clair-obscur sur fond blanc. Anonyme, in-fol. (Tauriscus, p. 158,
n" 14.) C'est peut-être la planche de E. Kirkall, d'après un dessin de G. Franc.
Penni.qut était chez le D'Mead, à Londres; manière noire, avec un fond moderne.
Grand in-fol. — Fernando Selma, 1808, petit in-fol. — Jos. Mari, d'après une
copie qui était autrefois dans la maison Canossa, à Vérone, et qui est actuelle-
ment chez le cav. Crivelli, à Milan. — Narcisse Lecomte sculp., 1845, gr. in-fol.
C'est une très-belle estampe. — Au trait, dans l'ouvrage de Bonnemaison (Paris,
1832), ainsi que les têtes, de la grandeur de l'original, au crayon noir. — Landon,
n« 143.
Une copie ancienne de ce tableau se trouve dans la collection Contarini,
à l'Académie de Venise ; mais elle a beaucoup poussé au noir.
Imitations de cette composition,
a). Madonna délia Gatta. Yasari. dans la Vie de Jules Romain, dit
qu'après Tachèvement du Couronnement de la Vierge, pour le couvent de
Monte Luce, tableau que celui-ci avait peint en collaboration avec Fran-
cesco Penni, d'après les esquisses de Raphaël , Jules Romain travailla seul
et (it une Madone où se trouvait un chat rendu avec une telle vérité, que
la toile semblait vivante^ en sorte que le chat avait donné son nom au
PEINTURES DE RAPHAËL. - 353
tableau. Puis, Vasari dit textuellement, dans la Vie de Girolamo da Carpi
(t. VIII, p. 357], à propos de la décoration d'une chambre de Cesarc
Goozaga, à Manloue : « Vi ha messo oltre di questo alcuni quadri, chc
ccrto son rari, corne quello della Madonna^ dove è la galta, che già IVce
Baffaello da Urbino. » Vasari confond donc ici, à son insu, le tableau du
Chat avec le tableau de la Perle, en ce que la composition de cet original
est exactement la même que celle du tableau connu sous le nom de la
Madonna della Galta, avec cette seule diiïérence que Jules Romain plaça
un chat sur le premier plan à droite, dans sa copie du tableau de Raphaël.
11 paraît qu'il peignit cette Sainte Famille pour être placée derrière le
maître-autel de l'église d'Aracoeli sur le Capitole, ou se trouve encore
aujourd'hui une ancienne, mais faible copie de son tableau, avec quelques
changements, tandis que la belle copie ou imitation de la peinture de
Raphaël avait déjà passé à Naples, à la fin du dix-septième siècle, puis-
qu'elle est déjà décrite dans le catalogue des Cento quadri per aîfabelo,
che si conservano nella Galleria Famese, (Parma, i 725.) C'est un tableau
Irrs-habilement peint, et, sans aucun doute, de la main de Jules Romain.
Le renseignement que nous donne Gio. Batt. Roberti (Orazione di belle arti,
1758, t. VIII, p. 89), sur l'existence d'une troisième répétition de ce
tableau, nous paraît douteux: « Un quadro di Giulio Romano rappresen-
lante una Madonna mandato a Perugia , fu detto il quadro della Gatta. »
Dans tous les cas^ ce tableau ne se trouve plus à Pérouse.
a.) De la Madonna della Galta il existe une ancienne et mauvaise eau-forte ita-
lienne. En contre-partie. Grand in-fol.
Le musée du Louvre possède aussi de cette composition un dessin sur
papier gris, lavé et rehaussé de blanc. Un autre dessin, vendu avec la col-
lection Paignon Dijonval, passa en Angleterre. On montre aussi un carton
de ce tableau, exécuté â la sépia, à l'Académie de Florence, comme étant
un ouvrage de Raphaël lui-même. Mais le dessin et l'exécution en sont si
faibles, qu*on ne pourrait pas seulement l'attribuer à un de ses élèves.
b.) Chérubin Alberti a gravé, en 1582, la composition de la Perle, avec des
changements: les enfants jouent avec un oiseau attaché à un fil, et à droite on
voit une riche architecture d'ordre ionique, avec la statue de Moïse dans une
Diche. En contre-partie. Grand in-fol. Barlsch, l. XVII, p. 63, n« 40. — Landon,
n'330.
Vraisemblablement cette gravure a été exécutée d'après une peinture qui est
conservée depuis longtemps déjà à Oakover Hall, résidence de la famille de ce
nom, dans le comté de Derby, en Angleterre; car nous avons appris que ce
tableau offre exactement la même composition que la Perle, à cette différence
prés que les enfants jouent avec un oiseau. Bu reste, ce serait, dit-on, un tableau
d'une belle et puissante couleur, puisque des connaisseurs l'attribuent à Jules
Romain.
c.) Une troisième imitation de la Vierge à la Perle se révèle par la gravure d'un
ancien anonyme italien. C'est le groupe de la Vierge avec l'enfant Jésus et le petit
saint Jean qui lui présente des fruits. A la place de sainte Elisabeth, c'est saint
I
254 PEINTURES DE RAPHAËL.
Joseph qui est assit) à droite , et cette sainte est reléguée au fond de la maison.
A gauche, dans le paysage, il y a un moulin auprès d'un étang. Haut. T T" ;
larg. 10" 4"'. Landon, n^* 332. Tauriscus, p. 161, n* 20.
228. L'Archange saint Michel.
Tableau peint aur bois et transporté sur toile. H. 6' 4'* 8'"^ 1. 3* 3".
Saint Michel, descendu du ciel d'un vol rapide, vient âpeine de toucher
avec le pied Satan, que celui-ci écrasé ne cherche déjà plus à opposer sa
fureur diabolique à la toute-puissance divine. L'archange ailé, dont tout le
costume atîecte un certain abandon de fantaisie, tient sa lance à deux mains
et la lève pour en frapper le démon. Une tunique couvre son corps jusqu'aux
genoux; sa poitrine est couverte d'une cuirasse d'écaillés d'or, et sonépée
est suspendue au ceinturon qui entoure sa taille. Ses jambes nues sont
chaussées de gracieuses bottines qui cependant laissent voir rexiréniité
des pieds nus. Des flammes rouges et bleuâtres sortent des crevasses du
sol et le fond est un paysage rocailleux avec la mer au loin. Raphaël
semble avoir voulu exprimer l'idéal de la force et de la jeunesse dans le
saint Michel dont les formes unissent la grâce d'un adolescent à la vigueur
de l'homme mûr et dont la carnation rosée indique elle-même la nature
angélique. Cette figure forme un superbe contraste avec celle de Tange
déchu qui n'est plus qu'un démon ; voilà pourquoi, dans toutes ces parties^
la carnation, magistralement entendue, est d'un ton sombre et brun.
Raphaël, fidèle à son juste sentiment de la convenance dans l'art^ a
obtenu, à l'aide du raccourci donné à la figure renversée à terre, ce résul-
tat ingénieux, que l'œil n'est point désagréablement frappé par l'aspect re-
poussant de cette figure diabolique, car la puissance surnaturelle de l'ar-
change domine seule dans cette composition , où la laideur de Satan ne
fait que mieux ressortir la majestueuse beauté de saint Michel.
Le ton général du tableau, qui ne consiste, pour ainsi dire, qu'en trois
couleurs distinctes, le bleu, le jaune et la couleur des chairs, porte le ca-
ractère d'une extrême sévérité; mais les diflérentes gammes de ces tons
sont si variées, la lumière si habilement répandue, que, malgré cela, la
couleur, si simple qu'elle soit, produit un efi'et magique. Primitivement^
cette peinture était tout entière de la main de Raphaël; mais depuis elle
a été très-retravaillée et la figure de Satan a beaucoup souffert. Néanmoins,
le tableau est toujours d'un effet saisissant et indescriptible.
Sur le bord du vêtement bleu de l'archange on lit : RAPHAËL. VRBl-
NAS. PINGEBAT. M.D.XVIl.
Selon Vasari S Raphaël a peint ce tableau pour le roi François l*' de
France. Mais Pierre Dan se trompe dans son ouvrage intitulé : Trésor et
i . Fece per Francia molti quadri, e parlicol&rmeute per il re un S. Michèle che eombaltt
col diaTolOy etc.
PEINTUBES DE RAPHAËL. 355
merveilles de Fontainebleau y quand il dit que le pape Clément Vil avait
fait peindre ce tableau pour le roi. Reyeil et Ducbesne aîné (Musée de
peinture et de sculpture. Paris, 1828) se trompent aussi en disant que le
cardinal de Boissi^ légat du Saint-Siége à la cour de France» avait traité
avec Raphaël au nom du roi, pour la commande du Saint Michel. La vérité
€8t que ce tableau, aussi bien que celui de la grande Sainte Famille,
avait été commandé personnellement par Laurent de Médicis qui voulait
les offrir en présents au roi de France, afîn de gagner sa bienveillance et
d'obtenir son appui dans les injustes prétentions qu'il conservait sur le
duché dUrbin. Cétait aussi pour ce même motif qu'il s'était rendu lui-
même en France. Nous trouvons des renseignements suffisants à ce sujet
dans la correspondance (publiée par le docteur Gaye M de Goro Gheri, de
Florence, avec Baldassare Turini, à Rome,et dans celle du même Goro Gheri
avec Laurent de Médicis. Dans cette correspondance nous voyons que Ton
pressait beaucoup Raphaël pour l'achèvement de ces deux tableaux, qu'il
les termina au mois de mai 1518, et qu'ils furent envoyés â dos de mulets,
sous la garde d'un de ses domestiques, par le chemin de Florence et de
Lyon, à Laurent de Médicis, qui était alors, selon toute apparence, à Fon-
tainebleau. Pour ce qui concerne le premier de ces deux tableaux, on
peut admettre que le peintre a fait allusion à l'ordre de Saint-Michel,
fondé en 1469 par le roi Louis XI; mais il n'y a aucune espèce de fonde-
ment à cette opinion avancée par quelques historiens modernes, que ce
sujet devait indiquer allégoriquement que le roi de France, en sa qualité
I . CarteggiOy etc. tom. II, n" xc et xci, où il dit :
« 25 marzo 1518... Alla Exe. del duca ad^iserô qaello advisate délia dillgeiuia che vi ha
RafTaelIo da Urbino in la^orare quelle 6^re, che ha ordine da S. Eic. ; il che so che sara
molto grato a S. Exe. intendere.
> 1 1 Aprile IKIÔ... La Exe. del duea ricorda, corne avete tisto per la sua/ che si solledti
Baffaello da Urbino a finire piû presto che pu6 quelle opère che fa per S. Exe. ecoà tI ricordo
che spesso glielo facciate ricordare.
• ... 15 Aprile 1518... Intendo anco quanto dite del S. Michèle et nostra donna, che fa
Baffaello da Urbino : che sarà cosa molto grata alla Exe. del duca intendere.
> ... 8 Maggio 1518... Circa le picture intenda che nostro sîgnore Yuole che vadino per
terra; iaccisi quello che piace a sua Santità. Yrdete riccordare Kaffaello che le acconci et facci
in modo che per la Tia non si guastassino, maxime se piovesse.
€ ... 3 Giugno 1518..- El lavoro di Raffaello da Urbino crediamo saria bene mandato per
mare fine in ProTenza, et corne advisate , perche anderebbe piû comodamente e con manco
spesa et fastidio, che di li poi ordineremo quello che se ne habbi da fare.
« ... 17 maggio 1518... Grca li quadri et picture che ha facto RafTaelIo da Urbino, intendo
quanto avisate, che non accade dir altro; havete facto bene a dirizzargli alli Barthalini a
Lione, do-ve troveranno ordine quello haranno a fare.
Goro Gheri a Lorenzo de* Hedici duca d' Urbino (in Francia) da Firenze 3 giugno 1518.
« ... Le picture che ha facto Raffaello d*Urbino sono a Firenze, domaltina si partiranno li
mulatieri che le portano. RaffaeUo ha mandato con quelle un suo garzone.
« ... 10 Giugno 1518... Le figure sono partite per a Lione, le quali abbiamo indrizzati a
Barthalini. ■
256 PEINTURES DE RAPHAËL.
de fils aîné de TËglise et de grand maître de Tordre de Saint-Micliel, avait
à combattre les doctrines de Luther qui envahissaient l'Allemagne à cette
époque, car c'est seulement la veille de la Toussaint de l'année 15i7, que
Luther affichait publiquement , pour la première fois, les quatre-vingt-
quinze articles dirigés contre l'abus des Indulgences papales; mais le pape
lui-même attachait si peu d'importance à cet événement, que, sur les accu-
sations portées contre Luther par le Prierias, Léon X répondit froidement :
que le frère Mailin avait un extrême bel esprit et que ces accusations n'é-
taient que des jalousies de moine (che fra Martino aveva un belUssimo inge-
gno, e che coteste erano invidie fratesche. — Colomessi Opéra, ed Fabric,
p. 322.) Il paraît que cette peinture avait souffert en route ou qu'on la
traita négligemment en France, car, dans les comptes de 1533 à 1546,
on lit l'article suivant : « A Francisque de Boulogne, peintre, la somme de
i { livres pour avoir vaqué, durant le mois d'octobre, à laver et nettoyer
le vernis à quatre grands tableaux de peinture, appartenant au roy, de la
main de Raphaël d'Urbin, à savoir : le Saint Michel, la Sainte Marguerite^
Sainte Anne et le portrait de la vice-royne de Naples. » ( Voyez Léon de
Laïiorde, la Renaissance des arts en France, p. 33.) En 1753, le tableau
fut transporté sur toile par Picault, qui le restaura de nouveau en 1776.
Picault fils le nettoya une seconde fois en 1800, et, en dernier lieu, il a
été délivré de ses repeints les plus considérables par le« soins de Hacquin,
si bien que le maître a enfin en quelque sorte reparu. Mais on comprend
que tous ces nettoyages et toutes ces restaurations n'ont pu que lui être
nuisibles ^
Gravures : Nie. BealrizeUo. Bartsch, t. XV, p. 254, n» 30. — Par un graveur
français anonyme du seizième siècle, et trés-grossicrement exécutée. Haut. 17",
larg. 12" 4'". — Mauvaise eau-forte, par un ancien Français, avec ces roots :
5. Uiehael diabolutn dtbeUant, etc., in-8*>. — Seulement le trait, gravé chezTesteliD.
Très>faiblc. In-fol. — Petrus Lombartus, 1641, in-fol. — Nie. de Larmessin, pour
le CaMnei Croxal, in-fol. — Egidius Rousselet, in-fol. — L. Surruguc, in-8». —
J. Haussard, cintrée dans le haut. Petit in-fol. — N. Bazin, chez Mariette, peill
in-8*. — Chez B. Bazin, in-4*. — Par un anonyme, avec : 5. Michel diabolum de-
bellam. Chez Jacques Chereau, avec une bordure. Haut. 9" 4"*, larg. 7" 3'"
F. Chereau se. Le haut cintré. Petit in-folio. — An. Séraphin, chez Edulinck.
En contre-parUe. Grand in-folio. — J. Godefroy, 1810, grand in-folio. — H.-G.
Chatillon, grand in-fol. — G. Liideritz se, petit in-folio. — Alexandre Tardieu ,
pour le Musée Napoléon^ in-fol. — Pigeot, pour la Galerie Filhol, in. 8*. — Landon,
n«n2.
Dans la collection de feu M. Th. Hope à Londres, il se trouve une belle
copie ancienne qui est attribuée à Jules Romain, mais qui fut vraisembla-
blement exécutée en France par un Italien. La galerie de Schleisbeim
possède aussi une bonne copie de ce tableau. Dans la galerie Aguado il y
1. E&tinié 200,000 fr. dans restim&tion par experts des tableaux du LouTrc. Catalogue des
Écoles dUtalie, par M. Villot, r« édition de f849. (<Yo(« de Ndileur.)
PEINTURES DE RAPHAËL. 257
avait uDe ancienne copie^ de la même grandeur que l'original^ qui était
cataloguée dans cette collection sous le nom de Raphaël.
A. B. Desnoyers cite^ dans son Appendice à la Vie de Raphaël, par Qua-
tremère de Quincy, p. 36, une répétition du tableau de Saint Michel,
que Raphaël aurait peinte pour Charles-Quint, et qui se trouve à présent
chez M. de Coreil, rue Vendôme, au Marais. Toutefois, la figure du démon
parait avoir été exécutée par une autre main. Il y a encore, à Paris, des
copies anciennes de ce tableau dans les églises de Saint-Germain des Prés
et de Saint-Sulpice; cette dernière peinte par Mignard.
Une prétendue étude pour la tète de saint Michel, peinte sur papier, fut
Tendue à Paris, le iO mai 1832, dans la succession du baron F.-R. de Sil-
vestre^ professeur de dessin de Louis XYI. H. 48"; 1. 21". Un dessin au
bistre, d'après le tableau, a été vendu, en 1850, à La Haye, pour 430 flo-
rins, à M. Sam. Woodbum de Londres ^
229. La grande Sainte Famille (1518).
Peint sur bois et transporté sur toile. H. 6* 5"; 1. 4' 3".
La Vierge, se penchant, prend sous les bras l'enfant Jésus, qui de son
berceau s'élance vers elle. A gauche, sainte Elisabeth est agenouillée avec
le petit saint Jean, auquel elle joint les mains comme pour l'invitera l'ado-
ration. A droite, derrière la Vierge, Joseph dans une altitude contempla-
tive, et, de l'autre côté, deux anges dont l'un a les bras croisés sur sa poi-
trine et l'autre élève les siens en répandant des fleurs. Le fond est formé
par le mur d'une chambre, avec un rideau vert; à gauche, un peu de ciel.
Sur le bord de la robe de la Vierge on lit : RAPHAËL. VRBINAS. PINGE-
BAT. MDXVIII.
Vasari désigne ce tableau très-imparfaitement dans la Vie de Jules Ro-
main : a Et il peignit à l'huile un très-beau tableau.d'une Sainte Elisabeth
de Raphaël, que celui-ci envoya au roi de France avec un autre d'une
Sainte Marguerite, que Jules Romain avait exécuté presque seul, d'après
un dessin de Raphaël. Le même envoya aussi au roi le portrait de la vice-
reine de Naples, auquel il avait seulement peint la tête d'après nature,
mais tout le reste fut exécuté par Jules Romain. » De ce passage il ré-
sulte pourtant que Jules Romain a ébauché tout le tableau de la Sainte Fa-
t. Le Catalogne raisonné de fœuTre dMsraël Biheslre, par M. L.-E. Faucheux (Paris, 1857,
in-8}, nous fournira des renseignements plus explicites sur ce dessin : • Une étude de Raphaël,
représentant U tète de saint Mij^hel faite pour le tableau peint par ce maître en 1517, tableau
représentant saint Michel terrassant le démon, et qui est au musée, a été estimée 4 livres par
Coypel. Cette étude avait été rapportée d'Italie par Sihestre ; elle est peinte sur papier et collée
sur bois ; elle resta dans la famille, parce que, dit une note de Tinventaire , les tableaux ne
trouvaient pas marchand au prix d'estimation. Lorsqu'en 1811 on fit la vente des tableaux
et gravures de Jacques-Auguste de Silvestre, cette étude fut vendue 1,500 fr. et achetée par
II. Dufoumy. Revenue dans la famille Silvestre, elle fut vendue une seconde fois en 1851, après
le décès de M. Auguste-François de Silvestre, au prix de 820 fr. t {Noie de l'édileur.) ^
M. 17
i58 PEINTURES DE RAPIIAEL.
mille et qu'il l'a même achevé en partie. On comprend donc maintenant
pourquoi les chairs sont parfois d'un ton un peu rouge et les ombres, en
général^ un peu brunes ou noirâtres. C'est de là qu'on a tu surgir en France
cette opinion, que Raphaël fut un mauvais coloriste, tandis que, non-seu-
lement dans ses fresques, mais encore dans ses tableaux à l'huile et notam-
ment dans la Madone de Fuligno , dans la Sainte Cécile et dans le tableau
tle Dresde, le maître a suffisamment prouvé qu'il occupait aussi une des
premières places parmi les peintres coloristes. Au reste, dans le tableau de
la grande Sainte Famille du Louvre, il y a des parties colorées en maître,
comme la tête de saint Joseph et celle de la Vierge, tandis qu'au contraire
les têtes des anges sont aussi dures de dessin que sèches de coloris.
P. Dan, dans son Jr^or des merveilles de Fontainebleau (Paris, 1642, in-
folio), dit, en parlant de ce tableau, « que le roy François l'acheta au prix
de vingt-quatre mille francs. Il s'en voit un grand nombre de copies. i»
Mais nous avons prouvé par la correspondance de GoroGheri, à l'article du
grand Saint Michel, que Raphaël a exécuté cette Sainte Famille sur la com-
mande de Laurent de Médicis. Ainsi tombent d'elles-mêmes toutes ces
belles histoires faites à plaisir sur ces deux tableaux, sur Raphaël et sur
le roi François I**", anecdotes qui ne sont plus même dignes d'être citées.
' Voici ce que rapporte Usteri, au sujet de ce tableau^ dans une note sur
les Lettres de Witikelmann à son ami en Suisse (1 788, p. 83) : « La grande
Sainte Famille de Raphaël était autrefois placée à Versailles au-dessus
d'une cheminée; on doit à M. Wille (le graveur de Kœnigsberg, à Paris)
qu'elle fut éloignée de la fumée et placée dans une antichambre sans
cheminée. » Comme le panneau sur lequel était peint ce tableau avait
beaucoup soufTert, il fut transporté sur toile, et en général il est aujour-
d'hui dans un état satisfaisant, sauf ce ton brun que lui donna sans doute
le noir de fumée dont Jules Romain s'est servi pour l'ébauche ^
Gravures de ce tableau.
Dans la manière de Garaglio : dans le haut, à gauche, on lit lAvê^ ^aria... amen.
Dans le bas, à droite, U y ^ quelquefois les deux lettres : R. Y. H. 15" 9"';
i. 10" 3"'. Yoy. Heinecke, n" l. — E. Rousselet, Le Blond exe. En contre-partie.
Grand in-fol. — C. Duflos, en contre-partie, petit in-4*. — Chez N. Bazin, en
contre-partie, petit in-foi. — Gérard Edeiinck sculp. En contre-partie. C'est une
estampe admirable, in-fol. Premières épreuves, sans les armes de Colben.
Deuxièmes épreuves, avec les armes.Troisièmes, les armes enlevées. — Jac. Frey,
pour le Cabinet Crozat, En contre-partie, in-fol. — P. Drevet exe. Le haut cintré.
Petit in-fol. — P. Drevet exe. Bonne petite planche, par un anonyme. — Jacques
Gbereau jun. Le haut cintré. Petit in-fol. — B. Picart (sous la direction de).
H. 5" 6'". — De Poilly, en contre-partie, grand in-lol. — Chez de Poilly. Le
1. Estimé 110,000 fr. sous rEmpire et 100,000 fr. sous la Restauration, dans lesestigna-
tions officielles des tableaux du Louvre. Catalogue des Écoles d'Italie, par H. ViUot, i'* édit.
^ \9A9. (Noté d$ l'éditeur.)
PEINTURES DE BAPfiAEL. ^59
hanl un peu cintré, faible. Petit in-fol. — Chez Vallet, en contre-partie, grand
in-fol. — Edelinck jun. sculp., chez J. Bonnart. Mauvaise planche grand in-fol.
— G. Montbard exe, avec une bordure. Petit in-folio. — Giampicoli inc, grand
in-8». — Leodii Michael Natalis, Calcographut S. S. Cet. E. Col., petit in-fol.—
F. Borsi. Mauvaise planche in-fol. — Joh. Emili. Rom», 1793. En contre-partie.
In-fol. — P. Schenck, à Amsterdam, à la manière noire. En contre-partie. Petit
in-fol. — La môme, plus petite, sans le nom. — E. Kirkall , à la manière
noire. Gr. in-fol. — Gravé à la roulette, chez Colnaghi et compagnie. Londres,
1795, in-fol. — L. Schiavonetti , the ffoly Family, in-fol. C'est une copie d'après
Edelinck. — Giuseppe Asioli da Coreggio, 1814, in-fol. — Thouvenin, in-fol. —
Ch. Louis Schuler de Strasbourg, 1824. Gr. in-fol. —Jos.-Theo. Aichomme,pour
le Mutée Napoléon , in-fol. — L. Pouquet pour la Galerie Filhol. ln-8. — Aug.
Spiess, sur acier. Gr. in-fol. — Lith. par J. GaufT, chez Stem, à Francfort-sur-
Mein. En contre-partie, d'après Edelinck. In-fol. — ^ Gravé par N. Desmadryl,
grand in-folio. — Lithograph. par Léon Noël. Grand in-folio. — Gravé par Dien et
Th. Richomme, pour Artaria à Mannheim. — Landon, n"* 105.
Dans le catalogue de Tauriscus, sont encore indiqués, p. 149 : Virgile Solis, et
ao trait, par Testelin, in-fol. » Etudes d'après les tètes gravées, par Bouqué.
6 pi. (p. 285, n«10).
Buste de la Vierge dans un ovale. Mater Amabilité tournée à droite. Boulanger
fec. Gr. in-fol.
Études pour ce tableau.
a.) Esquisse pour la Vierge^ à la sanguine. Collect. du Louvre. Fac-
similé par Butavand. — Landon, n' 217.
6.) Étude pour la draperie de la Vierge. Collect. de Florence.
c.) Esquisse pour l'enfant Jésus, d'après nature, à la sanguine. Collect.
de Florence. A la vente de La Haye, en 4850, il s'en est trouvé une copie
qui fut vendue 195 florins.
Copies.
a.) Nous en avons vu une, sur toile, de la grandeur de l'original, en
1831, chez les frères Woodburn, à Londres.
6.) Une autre, de Mignaid, d'un format plus petit, se trouvait en 1831
chez M. Cousin, à Paris. 11 la mit en vente à Londres, Tannée suivante,
pensant posséder un original du maître. Elle l'ut achetée par le chirurgien
M. Nossoc.
c.) Exécutée à fresque par Rafaele délie Colle, dans l'église del Corpus
Domini, à Urbania.
d.) On se servit de cette même composition pour un carton, d'après
lequel ou voulait vraisemblablement faire tisser une tapisserie, en y ajou-
tant encore quelques figures aux deux côtés. Ainsi, derrière sainte Elisa-
beth, on voit le vieux Zacharie et deux figures de femme auprès de saint
Joseph, qui contemplent cette scène avec admiration; tout à fait dans
le coin, il y a encore la tête d'un homme. Dans le haut, un ange qui voie
horizontalement, répandant des fleurs, remplace les anges qui se trou-
vent dans le tableau original. Ce carton ^ dessiné à la pierre noire , a été
360 PEINTURES DE RAPHAËL.
autrefois colorié, mais les couleurs ont presque entièrement disparu.
 juger la manière dont il est traité, il paraît avoir été exécuté du temps
du Primai ice. 11 est maintenant à Broughton Hall, ancienne résidence des
ducs de Montagne, possession actuelle du duc de Buccleuch. Selon uoe
tradition, ce carton aurait été offert en présent au roi d'Angleterre, avec
d'autres objets d'art, par le duc de Beaumont, lorsque celui-ci sortit de
France. Voy. notre KunstreUe durch England und Belgien, p. 188.
230. La Sainte Marguerite. -^
Sur bois. H. 5' 8"; I. 3' 7".
Sainte Marguerite, qui résista aux tentations de ce monde par la puis-
sance de la foi , a toujours été représentée domptant un dragon. Dans ce
tableau , nous voyons aussi une figure virginale d'une extrême noblesse ,
marchant sur un affreux dragon, qui se roule à ses pieds. Elle tient une
branche de palmier dans sa main droite, et de la gauche son manteau^
qui lui couvre les épaules. Pour fond, une colline plantée d'arbres. Nous
avons rapporté plus haut un passage de Vasari dans sa Vie de Jules
Romain, d'après lequel celui-ci avait presque entièrement exécuté le
tableau de cette Sainte Marguerite sur un dessin de Raphaël ; cette asser-
tion est confirmée par le coloris rougeâtre des chairs et le ton puissant de
tout ce tableau. Pierre Dan raconte, sans toutefois fournir la moindre
preuve de ce qu'il avance, que ce fut un gentilhomme florentin qui Gtdon
de ce tableau à Téglise Saint-Martin des Champs, à Paris, et que ledit
tableau fut plus tard acheté par le roi Henri IV. Vasari, qui écrivait en
Italie un demi-siècle avant l'auteur du Trésor des merveilles de Fontaine-
bleau, dit expressément que Raphaël envoya la Sainte Marguerite au roi
de France, et nous trouvons ce tableau déjà mentionné parmi ceux qui
furent nettoyés par le Primatice en 1530. Nous avons aussi déjà exprimé
l'opinion que le choix du sujet de ce tableau avait pu être déterminé par
le nom de la sœur du roi, Marguerite de Valois. -^ Ce tableau, transporté
sur toile, fut tant nettoyé en plusieurs endroits, que le fond de la toile a
été mis à découvert, et de plus il a été fortement repeint. La draperie
bleue et le manteau rouge portent le cachet de l'école française du
dix-septième siècle. C'est la gueule béante du dragon qui est la partie la
mieux conservée du tableau. Cependant toutes ces restaurations plus
ou moins maladroites n'ont pu détruire l'expression d'innocence et de
naïveté de la tête de la sainte, et le génie de Raphaël brille encore à tra-
vers les vêtements ^ Actuellement ce tableau, après avoir disparu long-
temps des salles du Louvre, a été rendu aux amis des arts'*.
1. Selon la première édition du Catalogue des Écoles d'Italie, de M. Viltot (1849), ce tableau
n'était estimé que 1 ,000 fr. {Noie de l'éditeur.)
2. Les comptes des B&timents royaux nous fournissent le renseignement suivant : • Donne la
PEINTURES DE RAPHAËL. âCI
Gravures d'après ce tableau,
Phil. Thomassin, 1589, in-fol. — Egidius Roosselet. In-fol. — Ls. Surugue.
En coDlre-partie, pour le Cabinet Crosat. In*fol. — B. Picartexc, en conirc-partic.
Gr. inS. — Chez Y* Chereau , sans nom, mais vraisemblablement de B. Audran,
arec la légende de la sainte. Petit in-fol. — Mariette exe. , en contre-partie. Planche
duré. In-fol. — Marie Briot. In-fol. — Sandrart exs. Raide. In-fol. — C. Fiori,
gravurevigoureusedansla manière de.s Néerlandais. In-fol. — Gio. MarlaVariana
formis. Genova. A Teau-forte. Petit in-fol. — A. B. Desnoyers, 1832. Gr. in-fol.
— Seulement jusqu'aux genoux , sans le dragon , par Metzmacher, Paris , chez
A. Hauser, in-fol. — Landon, Yi* 111.
Copies d'après ce tableau»
a.) Une belle copie de ce tableau passa de la collection de Jabach , de
Cologne, dans celle du peintre HofTmann, de la même ville, après la mort
duquel le tableau fut porté à Vienne par le D' Huybens, pour y être mis
en vente. Nous n'avons pu obtenir aucun renseignement sur le sort de
celte copie. On sait seulement qu'elle est absolument conforme avec le
tableau original , et elle offre plusieurs parties repeintes, surtout le bras
gauche de la sainte. La draperie supérieure rouge a pâli.
Il existe une petite gravure d'après ce tableau, par Meno Haas, dans le
Rheinitchen Taschenbueh. In-12. — Gravé à Vienne par Cari Rahl. In-fol.
h.) M. Andrae, à Offenbach, possédait une copie toute semblable ii la
préœdenle, à moins toutefois que ce ne fut la même, ce qui n'est pas
impossible.
231. La Sainte Marguerite de la galerie de Vienne.
Sur bois. H. 5*; I. 3' 10".
C'est une remarquable répétition du tableau précédent, avec d'impor-
tants changements. La sainte, sortant de la caverne, tient \in petit cruciiix
de la main gauche, et, avec son bras droit qu'elle abaisse sur son corps,
elle relève la draperie rouge qui tombe de son épaule gauche. Ici, son
regard ne se dirige point vers le spectateur, mais il se fixe vers le dragon
qui se roule affreusement à ses pieds.
Le plus ancien renseignement que nous ayons sur ce tableau est fourni
par l'Anonyme de Morelli, p. 72 : « In casa di M. Zuanantonio Venier in
Venezia, 1528. La tela délia S. Margarita poco minor del naturnle fu de
man de Raffaello de Urbino, che la fece a Don... Abate de S. Benedetto,
che la donô ad esso M. Zuanantonio : ed è una giovene ritta in piedi con
panni apti ed eleganti, parte delli quali tiene con la man destra; con un
somme de unze livres à Francisque Primadice, de Boulogne, le peintre, pofur avoir vaqué durant
le mois d* octobre 1530 à laver et nettoyer le vernis à quatre grands tableaux appartenant au
Roy, de la main de Raphaël d'Urbin ; à savoir : le Saint Michel, la Sainte Marguerite, Sainte A.nne
et le portrait de la Roync de Naples. ■ La Sainte Marguerite se trouvait encore à Fontainebleau
en 1589. Yoy. Léon de Laborde, la lienaiîtance, etc., t. I, p. 33. (JSoU de l'éditeur.)
262 PEINTURES DE RAPHAËL.
aère bellissimo, con li occhi chinati in terra, con la carne bruna, corne
era peculiar air artefice, con un crocitisso piccolo in la man sinistra, con
un dracone che gira atturno a lei in terra, ma si discosto perô da lei, che
la si vede tutta inslno aile piante, ne l'ombra pur del dracone la tocca,
per essere el lume e lo veder alto, con una grotta da drieto che aiuta
la figura a rilevarsi : ed è opéra in somma irrëprehensibile. »
Nous trouvons un second" renseignement dans la Caria del navigar
piïorc5co(Venezia,i660, t. IV, p. 45), où l'auteur, Marco Boschini, célèbre
la collection de l'arcbiduc Léopold-Guillaume, d'après le t^^^raoignage du
peintre Pietro Liberi,qui avait fait, pour la voir, un voyage à Vienne
en 4658 et 4659. Marco Boschini dit expressément que la Sainte Margue-
rite de Raphaël était restée pendant cent ans dans la maison Priuli^ à
Venise, avant d'aller en Allemagne.
Stà volu si. per termine corlese,
Porlar la Magarita preciosa
Yoi tra ste zogie per zogia famosa
Che gran tempo liebe aibergo in sto paese.
Per esser stà nutrida in stà Cita
CenVani in Cà Priuii, in regia stanza,
L'ha privilcgio de citadinanza
E d'ogni forestir l'ancianità.
Questa xè quela santa Margarita
Si segnalada, e de si gran valor ;
Certo che Rafaël s'ha fato honor :
L'è '1 plù bel quadro, che 'I fesse in sô vita.
Cependant, le même Boschini dit dans un autre ouvrage : Le Minière di
pittura (Venezia, 4664, in-42, p. 525), que l'original de cette Sainte Mar-
guerite avait passé en Angleterre, mais qu'il s'en trouvait une copie dans
la chapelle de la famille Priuii, à l'église S. Michel des Camaldules, sur
l'île Murano: Cette copie resta, en effet, dans cette église jusqu'à l'année
4797, comme l'inditiue le Trattato délia pittura veneziana (Venise, 4797,
t. Il, p. 438). L'assertion de Boschini coïncide avec celle que Pierre
Mariette a consignée dans le texte du Cabinet Crozat, t. 1, p. 7, en
disant que le tableau de la Sainte Marguerite, qui était alors dans la
possession de l'archiduc, provenait de la collection du roi d'Angleterre,
il est vrai que ce tableau ne se trouve pmnt décrit dans te Catalogue
des ouvrages d*art appartenant au roi d'Angleterre, par van der Doort;
mais, comme d'autres ouvrages excellents qui faisaient partie des collec-
tions de Charles l^*" n'ont pas été davantage indiqués dans ce catalogue,
il est permis d'admettre que ce tableau a pu être acheté par l'archiduc
Léopold-Guillaume, gouverneur des Pays-Bas espagnols, lequel avait acquis
beaucoup de tableaux eu Angleterre, à cette époque. Il est certain que
PEINTURES DE RAPHAËL. 265
l'archiduc Léopold-Guillaume quitta Bruxelles en 1657, pour aller s'établir
à Vienne, avec tous ses objets d'art, et qu'en vertu de son testament,
daté de Kaiser-Ebersdorf, du 9 octobre 1661, il légua ses collections à
l'empereur Léopold !«'. Dans l'article 5 de cet acte, il dit : « Afin que,
cinquièmement, sa très-gracieuse Majesté impériale et royale ait de mes
biens terrestres un souvenir de parent, je lui laisse et lègue toutes les
peintures, statues et monnaies païennes , comme la partie la plus pré-
cieuse de ma succession, et que j'aime le plus, etc. » Voyez dans la Revue
autrichienne pour l'histoire et les chroniques d'État, du 11 juillet 1835,
p. 219, un article sur les ouvrages de Raphaël qui se trouvent dans la
collection impériale et royale, par Albrecht KrafTt. 11 n'y a qu'une contra-
diction à signaler dans les documents relatifs à ce tableau, c'est que
l'Anonyme de Morelli parle d'une tela, d'une toile, à propos de la Sainte
Marguerite, tandis que le tableau qui est au Belvédère, à Vienne, est peint
sur bois. Néanmoins, nous tenons d'autant plus à son témoignage, que sa
remarque sur le ton brunâtre du tableau qu'il cite s'accorde parfaite-
ment avec, le caractère dû tableau que nous retrouvons à Vienne. Ce ton
vigoureux dans les ombres trahit la manière de faire de Jules Romain, de
même qu'on peut lui attribuer les changements qu'il a faits dans la
composition de Raphaël ; ainsi , la pose si mouvementée de la sainte n'est
pas conforme au goût du vrai beau que professait Raphaël, tandis qu'elle
répond parfaitement au génie fougueux de son plus grand élève.
Gravures : Joh. Troyeo, 1660. Petit in-fol. pour l'ouvrage intitulé : Davidu
Teniert jun... Thealrum artit pietoriœy etc. (Bruxellœ, 1669). la-fol. — Luc. Vor-
stermaD jun. En contre-partie. In-fol — Jacob Mânul. En contre-partie, à la
manière noire. Gr. in-fol. — Joh. Anton von Prenner, 1733, à l'eau-forte. En
eontre-partie, pour son Theatrum artU pictoriœy etc. ^Vindobona, 1729-1733). —
Joh. Eissner, pour la Galerie I. el A. du Belvédère (Vienne, chez Cari Haas, 1821-
1828). — Au trait par A. Réveil. In-8. ^
Il existe aussi quelques gravures dans lesquelles la sainte Marguerite tient une
branche de palmier et un crucifix, ce qui ne doit être considéré que comme une
imitation arbitraire de la composition de Raphaël. Gravé par N Bazin, 1690, in-4,
avec la croix dans la main droite. — Se vend chez Bazin, Mariette exe, avec la
palme dans la main droite et la croix dans la main gauche; In-12.
232 é La petite Sainte Famille au Louvre.
Surboië. H. (r9'";l. 10" 9'".
L'enfant Jésus, debout dans son berceau, avançant ses bras par-dessus
les genoux de sa mère, caresse des deux mains les joues du petit saint
Jean. Celui-ci est agenouillé en adoration, et sainte Elisabeth, également
à genoux, le tient de la main droite. Le fond est formé par des ruines
couvertes d'arbustes et de plantes. Des deux côtés, un riche paysage. Ce
petit tableau, d'une grâce extrême , puissant et transparent de couleur,
est très-délicatement, mais magistralement et spirituellement exécuté
Pourtant on ne saurait nier que la tête de la Vierge ne soit un peu grande
204 PEINTUHES DE RAPHAËL.
et que ses pieds ne soient un peu petits, d'après les proporlions de la
figure. Le coloris puissant et chaud de ce tableau et le faire du paysage^
dont la finesse de délails rappelle celui du tableau de la Perle^ du musée
de Madrid, ne sont point conformes au goût particulier de Raphaël^ et
font supposer que cette peinture a été exécutée par Jules Romain^ d'après
un dessin du maître.
Félibien, dans ses Entretiens, t. Il, p. 335, donne, sur l'histoire de ce
tableau, le renseignement suivant : « Ce tableau a été longtemps dans la
maison de Boissi, où il avait été laissé par Adrien Gouffier, cardinal de
Boissi, à qui Léon X donna le chapeau, l'an 1515, et qu'il envoya légat en
France en 1519. On dit que ce fut un présent que lui fit Raphaël^ en
reconnaissace des bons offices qu'il lui avait rendus auprès du roi Fran-
çois 1". Quoi qu'il en soit, ce cardinal le gardait précieusement, et Raphaël
lui-même avait pris soin qu'il fut bien conservé; car il est couvert d'un
petit volet de bois peint et orné d'une manière aussi agréable que savante. »
Ce tableau fut possédé ensuite par le duc de Rouanez, et Louis XIV l'ac-
quit de l'abbé Lomcnie de Brienne. F. le Comte, dans son Cabinet des
Singularités (Paris, 1699, t. II, p. 54), le cite comme étant alors à Ver-
sailles. Actuellement, il est au musée du Louvre; mais il n'est plus garni
du volet que mentionne Félibien. Nous supposons toutefois qu'un petit
tableau, qui est au même musée ^ de 14" de haut sur H" de large, n'est
autre que le couvercle en question. Il consiste en deux panneaux réunis,
et représente, magistralement exécutée on grisaille, une figure de rAl)on-
dance. Elle est debout, dans une niche, semblable à une statue, et
s'appuie^ du bras gauche, sur un vase d'un jaune d'or, tenant une corne
remplie d'épis de la même couleur. Sa main gauche est posée sur sa
hanche. Sous la pierre qui lui sert de piédestal est un masque avec une
bouche ouverte, ce qui fait que l'on a cru voir dans cette peinture le mo-
dèle d'une fontaine. De chaque côté, il y a une imitation d'ornements
sur marbre coloré , avec deux tablettes portant les noms du maître r
RAPHAËL VRBINAS*. Il ressort évidemment de ce qui précède que
Raphaël a lui-mc^me fait l'esquisse de cette figure; mais l'exécution, au
contraire, n'est pas tout à fait la sienne; elle a beaucoup d'analogie avec
1. Actuellemeut sous le n* 387. Ce tableau fut estimé 1,000 fr. sous FEmpire et 5,000 fr.
sous la Restauratioa, par les experts officiels du musée. Catalogue des Écoles d'Italie, par
M. Villot, t^* édition de 1849. [NoU de l'éditeur.)
" 2. H. Villot, dans son Catalogue des Écoles d'Italie (édit. de 1853], dit que « cette signa-
ture semble postérieure à l'époque où le tableau a été peint. Ce tableau, igoute-t-il, est attribué
dans l'Inventaire de Bailly (1709-1710) à Jules Romain. On l'a également attribué à Giovanni
Nanni da Udine, qui peignit souvent dans les tableaux de Raphaël des arabesques et des orne-
ments; puis à Francesco Penni, dit il Fallore, L'Inventaire et les Notices qui précèdent le
donnaient comme ouvrage original. • (A'oto de l'éditeur.)
PEINTURES DE RAPHAËL. 26»
les dessins de Fraocesco Penni^ miquel nous pensons devoir attribuer ce
petit tableau.
611AVORBS : Jacopo Caraglio. Seulement ane muraille pour fond. Bartsch, t. XY,
p. 69, n» 5. — Copie de cette eatampe: Raph. vrb. invbnt. En contre-partie. —
Corneille Matsys (?). Dans une niche de rochers. En contre-partie. H. 11" 10'";
1. 9" 10'". — Fr. Poilly, in-folio. Premières épreuves, sans le nom du gra-
veur. Deuxièmes épreuves , avec son nom. Troisièmes épreuves, retouchées par
C. Simonneau pour le Cabinet Crozol. Quatrièmes épreuves, très -retravaillées,
Ju.Jùt. de Rubeîê farmis, Romœ. — Jo. Jaeobut Frey incùor Lucemen. Pet. in- fol. —
P. Drcvet exe. Petit in-fol. — De Poilly exe. En conlre-partie. Petite planche. —
W. D. Gutwein. Copie. — Chez de Poilly. Dans un rond. Fond de rideaux avec
une fenêtre. Suscription : Deliciœ mewy etc. Grand in-4o. — Anonyme. Dans un
ovale. Mauvaise petite planche. — J.-B.-L. Massard, in-fol. — A.-B. Desnoyers,
avec celle légende : la Vierge au Berceau, in-fol. — Morace , pour le Mutée Tiapo-
iéon, in-fol. — A l'eau-forte, par Devilliers; terminé par Nicquet, pour la
Galerie Filhol, ip-8«. — Leroy. A la roulette. En contre-partie. In-fol. — Lith.
par J. Carol, 1840. Petit in-fol. — Au trait, pour le Manuel du Mutée Napoléon^
l. IV, n-Sl. — Landon, n» 107.
Captes d'après ce petit tableau.
Félibien„ dans ses Entretiens, p. 335, cite une répétition de la petite
Sainte Famille : < Quant à celui qui est aujourd'hui dans le cabinet de
M. Je duc de Mazarin, dit-iL le chevalier de Pozzo le fit acheter par M. le
fnarquis de Fontenai pendant qu'il était ambassadeur auprès du pape
Urbain Vlll, prétendant que c'était l'original que Raphaël avait commencé
et sur lequel celui dont j'ai parlé avait été copié par Jules Romain... Ra-
phaël a dessiné ces deux tableaux et les a l'ait peindre par deux de ses
élèves; mais, a^ant eu plus d'inclination à finir celui qui est dans le cabinet
du roi, il l'acheva entièrement et laissa l'autre imparfait. » On voit claire-
ment dans ce passage, que Félibien ne voulait point blesser le duc
de Mazarin, héritier de la galerie du cardinal, mais qu'il considérait son
tableau comme une copie. Ce que celte copie devint, on ne saurait plus le
dire au juste. Mais nous avons vu une belle copie ancienne, que l'on préten-
dait être celle-là, chez M. George Murant à Londres. 11 en existe encore une
autre dans la même ville chez un marchand, et une quatrième' à Cologne.
Un dessin au bistre et rehaussé de blanc se trouvait dans la collection du
duc de Tallard. Voyez le Catalogue de Remy et Glomy (Paris, 1756).
233. Portrait de Jeanne d'Aragon.
Jusqu'aux genoux. Sur bois. H. 3* 8" 6*"; 1. 3\
Celte jeune princesse est assise, tournée à gauche et vue de trois quarts.
Le pur ovale de son visage est accompagné de superbes cheveux blonds
tombant sur la nuque; ses yeux bleus sont encadrés de beaux sourcils ar-
qués; son front est découvert, son nez fin, sa bouche délicate et gracieuse,
et son menton rond accuse une jolie fossette. Elle est coiffée d'une toque
de velours rouge garnie de perles et de pierres précieuses. Son vêtement
208 PEINTURES DE RAPHAËL.
dernier chapitre, Niphus déclare avec enthousiasme que la princesse Jeanne
est sans contredit la plus belle de toutes les femmes qu'il a citées dans
son livre, et lui donne le prix de la beauté sur toutes celles qui furent
célébrées à ce titre dans l'Antiquité et qui ont été chantées par Properce,
Horace, Virgile, Catulle, Ovide et Acontius.
Jeanne, mariée à Ascanio Golonna, partagea les malheurs de la famille
de son mari, et eut ù soutenir les plus rudes épreuves sous le pontificat
de Paul IV, qui confisqua tous les biens que les Golonna possédaient
dans les États de l'Eglise. Elle se vit retenue prisonnière dans son palais à
Rome et faillit même être empoisonnée. Toutefois, elle réussit à s'échapper
à cheval, avec ses deux filles, en trompant la surveillance rigoureuse des
Caraffa en io56, au moment même où elle pouvait venir en aide à la cause
de son fils, le héros de Lépante, Marc Antonio Ck)lonna. Le duc d'Albe, à
celte époque vice-roi de Naples, la reçut avec une joie inexprimable.
' Comme son âge avancé l'y autorisait, il l'embrassa, mais il ne fît que sa-
luer ses deux fîlles, quoiqu'elles eussent par respect levé leur voile. « Il me
semble voir, lui dit le duc d'Albe en la contemplant, la fameuse Glœlia,
qui, à la vérité, ne s'est point enfuie du camp ennemi, pour retourner à
la ville, par amour de la patrie; mais bien de la ville, pour aller au
camp, poussée par l'amour maternel K » Son époux se trouvait alors, il est
vrai, emprisonné à Naples; mais il n'était aucunement de connivence avec
son fîls, auquel la mère prodiguait toute sa tendresse. Ascanio Golonna
mourut dans sa prison à Naples, le 24 mars 1557, après une détention de
trois années, accusé d'avoir attenté à la vie du roi. Mais Jeanne lui sur-
vécut jusqu'au mois d'octobre 1577, après avoir érigé plusieui-s églises.
Sa sœur Marie, épouse d'Alphonse d'Avalos, fut également célèbre pour
sa beauté jusqu'à l'âge le plus avancé*.
Gravores : Jacques Chereau, pour le Cabinet Croxal, in-fol. — Raph. Morghen,
pour le Musée Napoléon, in-fol. — Commencé à l'eau-forte par A. E. Lasti, et tor-
miné par Gio. Rivera. — Leroux, in-fol., an peu maniérée. — Seulement le buste,
gravé par A. Lefevre.
Copies anciennes du tableau.
Brantôme, qui écrivit ses Mémoires de 1600 à 1614, dit avoir vu le por-
trait de Jeanne d'Aragon à Naples et en France, dans le cabinet du roi,
dans celui de la reine et chez difTérentes autres dames (voy. Damesiilus-
très, dise. vii). Les copies suivantes sont parvenues jusqu'à nous.
a.) Dans la galerie du feu baron de Speck-Sternburg, à Lûtzscbena, près
Leipzig. Cette copie est conforme avec l'original, mais elle est peinte sur
toile. H. 50"; 1. 42". Ce tableau était autrefois chez un menuisier à Bâie;
1. Vie du due d'Albe y etc.
2. Fnea Vico a gravé son portrait de profil. Bartscb, t. XV, p. 331 , n* 233.
PEINTURES I)E RAPHAËL. 269
il j k environ cinquante ans, Je baron Fries^ à Vienne, l'acheta d'un inar-
cbaiid de tableaux. Au sortir de la collection Puthon, à Vienne, cette
copie a été acquise par son ancien possesseur. Lithographiée par Ludw.
2oellaer. In-folio.
b.) A Wanniick Castle, dans ia galerie du comte de Warwick. Selon les
renseignements qui nous ont été fournis sur ce tableau, le ton de la pein-
ture serait plus frais que celui du tableau qui est au Louvre; mais, néan«
moins, si les étoffes y sont plus éclatantes, les ombres des chairs, au
contraire, seraient d'un ton plus brun, les accessoires maigres d'exécution
et le fond très-sombre. On nous assure que l'expression de la tête est
d'ailleurs d'une sévérité presque triste.
c.) Au musée de Berlin. C'est une copie de Gio. Batt. Salvi, nommé il
Sassoferrato. Sur toile. H. 3' 9"; J. i' i".
d.) Dans la galerie Doria, à Rome, est une imitation de ce portrait par
un élève de I^onard de Vinci; c'est le même tableau, moins la tôte, qui
u'est plus celle de Jeanne d'Aragon, et qui est peinte dans la manière de
Léonard de Vinci. Cette tête est mieux traitée que les accessoires^ qui sont
roides de dessin; le coloris est faible et sec.
e,) Nous avons vu, en 1835, dans l'ancienne galerie de Munich, sous le
n<> 707, une autre imitation de ce portrait par un élève de Léonard de
Vinci. Ici, Jeanne d'Aragon s'est transformée en une sainte Cécile.
234. Portrait de Léon X'
AVEC LES CARDINAUX JULES DB MÉDIGIS ET LOUIS DE ROSSl.
«ur bois. H. 4' 3"; l. 3' 8''. Mi-figures.
Le pape, tourné à gauche, est assis sur un fauteuil à bras, auprès d'une
table couverte d'un drap rouge, sur laquelle est posée une sonnette d'ar-
gent richement ciselée et un bréviaire orné de miniatures. Le pape, tenant
une loupe à la main , semble avoir examiné les peintures du bréviaire et
jette ses regards en av^nt, comme s'il était en conversation avec une per-
sonne placée en face de lui. A gauche, auprès du pape, se tient le cardi-
nal Giulio de' Medici (depuis Clément Vil), et à sa droite le cardinal Lodo-
vi<îo de' Rossi*, qui pose les mains sur le dossier du fauteuil. Le fond est
formé par un morceau d'architecture avec une arcade ouverte à droite.
Le pape porte une toque de velours rouge, et, au-dessous de son collet rouge,
un habillement de damas blanc à larges manches garnies de fourrures.
Lodovico de' Rossi, qui ne fut élevé à la dignité de cardinal qu'en l'année
1517, était déjà mort en 1519 : ce tableau doit donc avoir été exécuté vers
i. Né en 1475, mort en 1521.
2. Lodovico de' Rossi, fils d'une sœur de Léon X, élait plein de mérite et de savoir. Élevé
fioas le même toit avec son parent, dont il partagea fidèlement toutes les adversités, il fut ré-
compensé de son dévouement par le pape, qui lui était très-attaché' et qui Téleva aux honneurs.
Voy. W. Koscoe, Yie de Léon J, t. U, p. 320.
^70 PEINTURES 1)E RAPItAEL.
i518. Déjà, dans la Vie de Raphaël^ nous avons t'ait remarquer que ee
portrait n'était pas seulement un des plus grands cbefs-d'œuTre du genre ,
par la libre et vivante manière de présenter les têtes et les accessoires, par la.
puissance et la vérité du coloris, mais que Raphaël s'est même élevé dans
cet ouvrage au-dessus de tous les peintres de portraits, par la profonde
représentation de ses personnages, qui sont, pour ainsi dire, vivants sous la
vue du spectateur, c'est-à-dire qu'il nous sufiit d'un seul coup d'œil jeté
sur le tableau pour connaître leur caractère et apprécier leur individua-
lité. Si donc nous comparons avec cette peinture ce portrait de Léon m,
qu'un écrivain contemporain anonyme nous a laissé dans le manuscrit qui
est dans les archives du Vatican, sous le titre de : Leonis X Vita, nous
croirons volontiers que cette description a été faite d'après le tableau
même. La voici : a Léon, de la célèbre famille des Médicis, fils de Laurent,
était d'une stature élevée; il avait un corps lourd et gras, une tête très-
grosse ; son teint était pourpre, ses yeux étaient grands et d'un dévelop-
pement extraordinaire, mais il avait la vue si faible qu'il ne pouvait re-
connaître les objets qu'à l'aide d'une loupe que pour cette raison il portait
constamment avec lui; ses épaules étaient larges, sa nuque et son. cou
ramassés et si gras, que le cou était presque entièrement couvert par son
double menton ; sa poitrine était large, son ventre énorme, ses hanches et
ses cuisses si grêles qu'elles ne semblaient point en harmonie avec la tète
et le buste. 11 était vain de la blancheur de ses mains et il se plaisait à
les admirer, surtout lorsque des bagues de diamant en rehaussaient l'éclat.
tt Instruit, dès sa plus tendre enfance, dans la littérature latine et ayant,
comme son père, un tact exquis dans l'art de se faire des partisans, il
acquit en peu de temps, lorsqu'il vint à Rome en qualité de cardinal, une
singulière réputation de mansuétude, de douceur et de bonté, car il sem-
blait indulgent et bénin de nature; ses paroles étaient toujours agréables^
et flatteuses. Dans le maniement des afîaires les plus difticiles il ne mau-
quait ni d*esprit ni d'adresse. 11 était secondé, en cela, par la merveil-
leuse mobilité de son visage très-habile à exprimer tout ce qu'il voulait.
11 savait aussi mener les cardinaux à sa guise, et il se servait, à cet effet,
d*un certain Bemardo da Bibiena qui avait été élevé dans la famille des
Médicis, etc.
a Léon avait l'habitude de bien accueillir tout le monde; il écoutait
attentivement les petits comme les grands et ne laissait partir peisonne
sous l'impression de la colère ou de la mauvaise humeur, mais il s'eflor-
çait toujours, au contraire, de renvoyer satisfaits, ou du moins consolés,
tous ceux qui s'approchaient de lui chagrins ou mécontents.
u II savait contenir et cacher en lui-même sa colère même la plus véhé-
mente (quitte à s'en souvenir à l'occasion); il aimait à prodiguer l'argent
et il l'estimait si peu pour son propre compte, qu'exilé et sans fortune il
I>ËINTÙRES DE RAt»HAfiL. â?l
était incorruptible quand il s'agissait d'élire un pape; bret'^ il n'avait
pas d'autre but que d'être comme le plus débonnaire et le plus aimable
des bommes^ ce qui lui gagna bientôt les cœurs des cardinaux et des pré-
lats de Rome.
a 11 n'était pas sans intelligence dans les beaux-arts et il cultivait la mu-
sique avec zèle et persévérance ; car il passa beaucoup de temps à écouter
ebanter les autres et à chanter lui-même. 9
Ensuite l'écrivain anonyme raconte brièvement la vie politique et mili-
taire de Léon X, ses vertus comme pape, sa manie de questionner minu-
tieusement les personnes qu'il rencontrait à la chasse ou ailleurs, sa cha-
rité envers les pauvres et sa constante humanité.
Léon X^ après son élévation au trône pontifical, n'oublia pas ses anciens
amis, lors même qu'il ne pouvait ou ne voulait satisfaire à leur ambition.
Telle fut sa conduite envers TArioste, qui était venu à Rome pour le voir.
Léon X, l'ayant reconnu sur-le-champ, alla au-devant de lui et l'embrassa.
Mais ce fut tout; et, déçu dans ses espérances, TArioste composa un beau
conte, dans lequel il excuse le pape, tout en laissant percer ses sentiments
de dépit et de vengeance (voyez Rascoey i, 111, p. 24). Léon X assigna de
grands traitements aux maîtres de chapelle; il alla même jusqu'à la pro-
digalité envers eux, et leur abandonna d'importants bénéfices. Ainsi, il
nomma le chanteur espagnol Gabriele llerino à l'archevêché de Bari ; il
donna un arcbidiaconat au musicien Francesco Paolosa. La musique le
charma à tel point quelquefois, qu'il semblait, en l'entendant, tomber en
pâmoison et être hors de lui. 11 aimait aussi passionnément lâchasse, qui
le retenait souvent à la Magliana et à Viterbe. Son jugement à l'égard des
œuvres de l'esprit était (in et juste; si on lui présentait des poésies pen-
dant ses repas, il oubliait, pour les lire, le manger et le boire. En général,
il était plus adonné aux distractions intellectuelles qu'aux jouissances sen-
suelles. 11 s'amusait parfois à voir jouer des scènes burlesques qui le dé-
lassaient des lourds spucis du gouvernemept; c'était un goût qu'il ayait
contracté dans la maison paternelle. Mais aux repas les plus somptueux
il était le plus sobre de tous ses convives; il jeûnait m^me avec plus de
rigueur que ne l'exigeaient les commandements de TÉglise et il était un
modèle de chasteté. Sans doute, son grand esprit, à vues larges et hautes,
entraînait trop souvent sa générosité et la poussait à l'excès. Mais ce n'élit
jamais par ostentation ni par vanité, c'était en général par inspiration
d'un cœur excellent, c'était quelquefois aussi par faiblesse de caractère.
11 ne faisait pas seulement des présents aux hommes de mérite, il en fai-
sait encore à de mauvais poètes et à des hou fions qu'il avait attirés en
foule à Rome^ car il se permettait volontiers avec eux maintes plaisante-
ries qui n'étaient pas toujours de bon goût. Chaque jour, il faisait remplir
de ducats un plat couvert de velours cramoisi et il les distribuait à tous
37i PEINTURES DE RAPHAËL.
venants^ surbut à ceux qui assistaient à ses repas ou qui se distinguaieut
par des costumes étranges. Cela explique comment, malgré les nombreux
revenus du Saint-Siège, Léon X, qui, à la vérité, s*était trouvé mêlé à des
guerres dispendieuses, avait à la fin de sa vie vidé tous les coffres de
TÉtat et éprouvait de tels embarras d'argent, qu'il mit en gage les joyaux
pontificaux chez les banquiers Chigi, pour 10,000 ducats (voy. Carlo Fea,
Notizie, etc., p. 66, où se trouve publié ce remarquable document).
La polilique de Léon X ne fut pas toujours franche; mais il n'y avait
pas d*autre politique alors en Italie. Le système auquel Machiavel donna
son nom, s'était formé par la force des choses et par les besoins de ce
temps-là, surtout à Florence qui fut le berceau de cette politique. LéonX,
d'ailleurs, en abusa moins que beaucoup de ses prédécesseurs et de ses
successeurs; il était, au contraire, souvent obligé de se servir, à regrel,
des moyens machiavéliques contre ses ennemis qui le combattaient avec
ces armes-là plutôt qu'avec l'épée.
Mais, après cette longue digression, retournons à Raphaël. La figure du
pape, ainsi que nous l'avons dit, n'est pas seulement traitée de la manière
la plus magistrale, mais encore achevée avec le plus grand soin. La tête
du cardinal Jules de Médicis est d'une exécution plus rapide , quoiqu'elle
soit aussi étudiée et parfaite de caractère ; le Ciirdinal de Hossi parait
avoir été gêné lorsqu'il posait pour son portrait, puisque sa contenance
est un peu embarrassée, la bouche un peu pincée. Le tableau, en général,
est d'une vigoureuse couleur, mais tout à fait conforme à celle qui carac-
térise Raphaël, c'est-à-dire transparente et lumineuse dans les clairs. En
1589, ce portrait était suspendu au-dessus de la porte d'entrée de la Tri-
bune de Florence, comme on le voit dans l'Inventaire de cette même
année. Transporté à Paris par les Français en 1797, il y fut nettoyé et
même usé en quelques endroits, où l'on croirait voir des taches. Après le
traité de paix de 1815, cette magnifique peinture retourna au palais Pitti.
Gravures : F. Dom. Picchiantt. In- fol. Pour la RaccoUa, etc. — F. Morel, pour
l'ouvrage de Wicar, in-4<». — F. Lignon, pour le Mutée Napoléon, in-fol. —
Samuele Jesi, grand in-fol. — Marri inc, in Faenza. In-fol. Seulement légèrement
indiqué. — Chataigner, pour la Galerie Filhol, in-S". — Landon, n" 471.
Seulement la tête du pape Léon X, grav. par Baph. Morghen, dans un ovale.
In-8«, n«> 218. — A l'eau-forle, par Couché, ln-8».
Une étude de la draperie, avec l'indication du fauteuil, dessinée à la
pierre noire, passa, de la succession de Th. Lawrence, dans la collection
d'Oxford.
Copies cTaprès ce tableau.
a.) Vasari, dans la Vie d'André del Sarle, rapporte d'une manière
circonstanciée que le duc Federico II de Mantoue, passant par Florence
en 15i5, y admira tellement le portrait de Haphaël, que Clément VII
PEINTURES DE RAPHAËL. 275
promit de ]e lui envoyer en présent ; en effet, le pape avait adressé à Olta-
yiano de Médicis Tordre d'expédier le tableau au duc Federico, mais
OUaviano, sous prétexte de faire exécuter un nouveau cadre, garda quel-
que lemps le tableau, et fil peindre en secret par Andréa del-Sarto une
copie si merveilleusement fidèle , qu'Ottaviano lui-même ne pouvait la
distinguer de l'original. Le duc de Mantoue reçut donc avec une vive joie
ce prétendu tableau de Raphaël, et Jules Romain y fut trompé lui-même^
jusqu'à ce que Yasari, qui avait fait son apprentissage dans l'atelier d'An-
dréa del Sarto^ et qui l'avait vu travailler à cette copie, vint à Mantoue,
où Jules Romain lui montra ce portrait, en le lui désignant comme un
des plus beaux ouvrages de Raphaël. « Cet ouvrage est de la plus grande
beauté, répondit Yasari, mais il n'est pas de la main de Raphaël. — Com-
ment, il n'est pas de la main de Raphaël! s'écria Jules; est-ce que je ne
le sais pas mieux que vous, et ne reconnais-je pas moi-même les coups de
pinceau que j'y ai donnés ? — Yous êtes dans Terreur, répliqua Yasari , il
est de la main d'Andréa del Sarto, et vous allez voir la marque qu'on a
mise denière le tableau, afin qu'il ne fût pas confondu avec l'original. »
Lorsque Jules Romain eut fait retourner le panneau et qu'il eut vu le signe,
il fit un mouvement des épaules en disant : « Je ne Testime pas moins que
s'il était de la main de Raphaël, et même je Testime encore plus, car il y
a peu d'exemples qu'un grand maître puisse en imiter un autre à ce point
et reproduire si fidèlement un de ses ouvrages. Bref, il faut reconnaître le
talent d'Andréa comme il le mérite. y> Selon Gabbiani, la copie portait sur
répaisseur du panneau, caché dans le cadre, le nom presque illisible de :
Andréa, f. p.... et probablement la date. Plus tard, cette copie admirable
passa dans la galerie Farnèse, à Parme, et par héritage ensuite au roi de
Naples. Actuellement elle se trouve au musée Borbonico.
6.) G. Yasari avait peint une autre copie de ce tableau en 1537, pour
Ottaviano de Médicis, ainsi qu'il le raconte dans sa propre Yie (t. 1, p. 43) ;
il en parle aussi dans une de ses lettres écrite à Ottaviano, en 1537.
Yraisemblablement c'est cette copie qui passa de la collection de feu
W. Roscoe, à Liverpool, dans celle de M. H. Coke, à Holkham. Le tableau
est très-beau, mais il a un peu poussé au noir.
c.) Yasari cite encore avec de grands éloges deux portraits faits ancien-
nement d'après celui du cardinal Jules de Médicis qui est dans ce tableau ;
l'un, par Andréa del Sarto, qu'Ottaviano de Médicis donna au vieil évêque
de* Marzi ; Taulre, de Jacopo da Pontormo, qu'un certain maçon, nommé
Rossino, reçut en payement de ce dernier, avec d'autres tableaux. Un
autre portrait semblable, en buste, de 2' 6" de haut sur 2' de large, est
décrit dans le Catalogue des tableaux du cabinet du roi, au Luxembourg.
(Paris, 1771 .) — Lépicié, dans son Catalogue, considère ce tableau comme
une étude pour le tableau original; néanmoins, ceux qui l'ont vu assu-
II. 18
â74 PEINTURES DE RAPHAËL.
rent que ce n'est qu'une peinture médiocre, vraisemblablemeDt de Pon-
tormo.
Gravé par Nie. Edelinck pour le Cabinet Croxai. In- fol. — LandoD, n* 319.
235. Portrait de Laurent de Médicis, duc dUrbin *.
Laurent de Médicis, deuxième du nom, était le fils aîné de Pierre de
Médicis; il dirigea le gouvernement de Florence, mais toutefois sans gloire,
après que Julien de Médicis eut librement résigné le pouvoir. Le pape LéonX
l'avait nommé duc d'Urbin en 1516. Par son mariage avec Madeleine de la
Tour, dite de Boulogne, il entra en parenté avec la maison royale de France.
La naissance de sa OUe unique, Catherine, qui fut depuis la femme de
Henri II, roi de France, coûta la vie à la mère. Laurent aussi mourut
peu de jours après. Son tombeau, exécuté par Michel-Ange^ fait face à
celui de son oncle Julien de Médicis.
Il résulte d'une lettre du duc lui-même à Baldassare Turini , à Rome,
publiée par le docteur Gaye, dans son Carteggio, t. II, p. 146, que Raphaël
peignit ce portrait en 1518. Dans cette lettre on lit : a Firenze, 4 febbrajo
1518. — El Titratto mio, che fa Raflaello d'Urbino e le cose che fa Miche-
lino, quando saranno expedite, le manderete corne advisate. » Puis, sous
la date du 5 février 1518 : « Circa el ritratto intendo quanto dite che è
finito et è bello et molto mi piace; quando sarà tempo mandarlo, lo man-
derete. » Du temps de Yasari, ce portrait se trouvait encore, avec celui de
Julien de Médicis, à Florence, chez les héritiers d'Ottaviano de Médicis.
Quant à ce qu'il est devenu depuis, on l'ignore ; mais, au musée Fabre, à
Montpellier, on en voit une copie ancienne sur bois (H. 98 cent.; 1. 74 cent.),
qui nous prouve que l'original était le digne pendant du portrait de
Julien de Médicis. Cette copie du musée de Montpellier resta enfermée
jusqu'en 1824 dans une villa près de Sienne, et elle fut donnée en paye-
ment, avec d'autres peintures sans valeur, à un peintre de Florence qui
avait décoré les chambres de cette villa. M. Fabre l'acheta à bas prix,
en 1826, ce qui occasionna ensuite des pourparlei*s entre lui et le peintre
qui la lui avait vendue, car le possesseur avait fait grand bruit de son
acquisition et le peintre florentin voulait résilier le marché.
Ce portrait représente le duc en demi-figure, vu de trois quarts, tourné
du côté gauche; les traits de son visage portent bien le type des Médicis.
11 tient le pommeau d'un poignard dans sa main et laisse tomber son bras
gauche en arrière. Ses cheveux bruns et sa barbç, de la même couleur,,
sont coupés court. 11 est coiffé d'une barrette, ornée d'une médaille. Une
chemise blanche ressort de son pourpoint à manches rouges, broché d'or,
par-dessus lequel il porte un vêtement garni de fourrures, à larges man-
* Né en 1492, mort en UI9.
^ PtLMCKES DE RAPHAKL. 27.»
cfaes. Le fond est vert. Quoique ce tableau soit donné comme original,
TexécutioD cependant dément cette originalité, et, d'ailleurs, selon l'ordi-
naire des copies, il a beaucoup poussé au noir.
Deux autres copies du même portrait se trouvent dans les magasins de
la galerie de Florence.
236. Porti^aitdu Violoniste (1318).
Cest le portrait en buste d*un jeune homme âgé d'une vingtaine d'an-
nées. Sa tête vue de trois quarts est tournée du côté de Tépaule droite.
Ses cheveux bruns, coupés droit, tombent jusque sur la nuque et sont
couverts d'une barrette noire. De la main gauche, il tient un archet, quel-
ques feuilles de laurier et des immortelles. Son ample vêtement vert est
garni de velours noir avec un collet de fourrure. Le fond est gris ; sur un
balustre, qui est sur le devant, est la date de MDXVlil.
La belle forme de la tête, son expression noble et simple, son regard
profond et pensif, donnent à cette peinture un attrait et un charme qui
redoublent encore la beauté de Texécution. On voit que le maître a peint ce
tableau avec amour et avec un soin extrême. L'effet général de ce portrait
est d'une charmante simplicité et par conséquent bien différent de celui
de Léon X ; on a peine à comprendre comment Raphaël a pu peindre, l'un
après l'autre, et peut-être simultanément, deux portraits si dissembla-
bles, si variés dans leur exécution et cependant d'une si rare perfection
tous les deux. Le ton de cette peinture est très-transparent, sans que les
ombres soient plus forcées que dans une lumière ordinaire. Les chairs, aux
transitions tendres et colorées, accusent des ombres tombant un peu
dans le grisâtre. Lorsque nous admirâmes ce ppécieux portrait, en 1835,
au palais Sciarra Colonna, à Rome, il était, sauf quelques légers accidents,
en parfait état de conservation. Malheureusement on l'a fait nettoyer et
restaurer dépuis, sans aucun motif plausible, et il en est résulté les mê-
mes détériorations que pour le beau portrait de femme qu'on admire
aussi dans cette galerie sous le nom du Titien, et qui, en réalité, est de
Palme le Vieux.
On a fait bien des recherches jusqu'à présent, pour découvrir quel est
le jeune homme représenté dans ce tableau, sans toutefois arriver à un
résultat satisfaisant. Quant à reconnaître en lui un poëte ou improvisa-
teyr, qui, selon l'usage du temps, déclamait ou chantait ses vers en s'ac-
■ compagnant de la viole , c'est un point établi et hors de contestation.
Mais ce n'est pas plus le portrait d'Antonio Tebaldeo que celui de Bernardo
Accolti, nommé Vunico AretinOy comme on Ta supposé, puiscjue le pre-
mier étant né en 1463, le second en 1466, tous deux, par conséquent,
avaient déjà passé la cinquantaine en 1518. Ce n'est pas davantage Gia-
como Sansecondo, car il avait près de quarante ans alors que le comte de
27C PEINTURES DE RAPHAËL.
Casliglione l'avait présenté à la cour d'Urbin en 4a08. Ce serait encore
moins Taimablc Giovanni Mazarello, qui a écrit sous le nom de Aintius
AurelitAs, car ce jeune homme^ qui donnait les plus belles espérances,
périt malheureusement en 151 6, comme nous l'apprenons par une lettre de
Pietro Bembo au cardinal da Bibiena, en date du 3 avril de cette année-
là (voy. ^pistolœ Bembi» lib. 11, p. 16). Au nombre des improvisateurs
qui étaient en faveur auprès de Léon X, il faut encore ranger Brandolini et
CamillusQuerno^mais surtout Andréa Maronede Brescia^ qui improvisait
au son de la viole et qui, à la fête de saint Côme, que le pape faisait célé-
brer avec grande pompe en l'honneur de ses ancêtres, gagna le prix de
l'improvisation (voy. W. Roscoe, Vie de Léon X, t. III, p. 137). On pour-
rait rapporter à ce triomphe poétique les feuilles de laurier et les im-
mortelles que le Violoniste tient avec son archet. Ou sait que Marone resta
longtemps auprès du cardinal Hippolyte de Médicis, a la cour de Ferrare^
mais il ne voulut point aller en Hongrie avec ce cardinal et il retourna
à Rome (P. Jovius, Elog. LXXU).
Il résulte de ces faits que cet improvisateur était encore jeune à l'époque
de Léon X , et l'on peut eu. conclure que ce portrait est bien celui de
Andréa Marone.
Nous avons vu une ancienne copie de ce tableau dans la collection du
comte Marc Antonio Oddi, à Pérouse ; et une copie, qui est de l'école de
•1 nhaël, mais qui reproduit seulement la tète du Violoniste, dans la gale-
rit ''Jiigi.wRome.
Gravures : J. Felsing. In-fol. — Pietro Salvatori del. et inc. Mauvaise planche.
1 '■'l. — Grav. par Giov. Buonafedi. Petit in-fol. — Litb. par Grevedon^ d'après
un dessin de Bosse. In-folio. — De môme, et d'une manière excellente, par
P. Guglielmi. Romœ, 1831. In-fol. — V. -F. Polie. In-fol. — Alb. Heinze, 1856,
in-fol. — Au irait, dans l'ouvrage de Longhena, p. 87.
237. La Maîtresse de Raphaël.
Sur toile. Mt-figure.
Ce reman. .l»ie portrait, conservé au palais Pitti, sous le n® 245, repré-
sente une I. .s. Romaine, tournée à gaucbe et vue de trois quarts. Les
cheveux, séparés sur le front et ramenés derrière les oreilles, dégagent
entièrement l'ovale harmonieux du visage. Un regard brûlant jaillit de
ses yeux noirs; son nez est plutôt court que On; ses lèvres sont animées
d'un gracieux sourire, et son teint est pâle. Un collier de pierres noires
taillées entoure son cou; une chemise blanche» à petits plis, couvre sa
gorge et dépasse de beaucoup le corsage garni de tresses d'or. Une large
manche en étoffe de damas blanchâtre couvre son bras gauche; celui de
droite est enveloppé dans un voile qui est attaché derrière la tête et qui
tombe des deux côtés. La main droite est posée sur la poitrine, et Ton ne
voit qu'une partie de la main gauche. Le tond est gris. Ce portrait, d'un
PEINTURES DE RAPHAËL. 277
caraclère vraiment romain , est plein de charme ; l'exécution cependant
n'est pas irréprochable dans toutes les parties. Ce qu'il y a de mieux
corome peinture^ ce sont la tête et la poitrine; la manche en damas est
d'une belle disposition , mais elle est trop lourdement peinte pour qu'on
puisse y reconnaître le pinceau de Raphaël lui-même. Les autres acces-
soires sont encore plus négligés ; le voile et les mains ne semblent pas
même achevés, et le fond gris est très-lourd de ton. Ce qui frappe surtout
lorsqu'on regarde ce portrait, c'est sa singulière ressemblance avec la
Vierge de Saint-Sixte, à Dresde. Il va sans dire cependant que le portrait
n'est qu'un portrait-nature, tandis que la tête de la Vierge est une création
idéale; mais toutefois il est incontestable que Raphaël a pris son modèle
de Vierge dans la femme dont nous venons de décrire le portrait. Dans la
Vie de Raphaël, nous avons déjà remarqué que ce portrait avait quelque
ressemblance avec celui qui est au palais Barberini, à Rome, en se figu-
rant que la maîtresse de Raphaël y est représentée plus jeune ; pourtant
il faut nous avouer que cette ressemblance n'est pas très-frappante et
qu'on pourrait bien n'y trouver qu'une certaine analogie de conformation
dans les traits en général.
Ce portrait n'est pas décrit dans l'Inventaire de la Tribune dressé en
1589, quoiqu'on nous ait assuré que, dans un autre catalogue ancien, il
se trouvait cité comme étant de Raphaël. Autrefois, il ornait une des
chambres du château de plaisance appelé Poggio reale; ce ne fut qu'en
1824 qu'on le transporta au palais Pitti. 11 est probable que c'est le même
portrait qui a été indiqué d'abord par Vasari, puis par Francesco Bocchi,
en 1591, et, en dernier lieu, par Giovanni Cinelli [Bellezze di Firenze^
1677, p. 173), comme étant conservé dans la maison des négociants Botti,
à Florence. Le premier dit positivement que c'est le portrait de la maî-
tresse de Raphaël. Le dernier le décrit de la sorte : « Ci è ancora un
ritratfo di una giovane di bel semblante, e leggiadro dipinto, da RafTael
da Urbino : il quale è tenuto dagli arteflci in grande stima : e si come fu
questo pittore ammirabile, cosi è l'opéra nobile, e famosa appresso tutti. »
Selon Tommaso Puccini, dans la Real Galleria di Firenze, 1. 1, p. 6, le
légat Botti aurait affirmé à Gatuzzi, l'auteur de l'Histoire des grands-ducs
de Toscane, qu'il avait découvert, dans les archives des Médicis, un docu-
ment constatant qu'un fils de Matteo Botti avait légué à Côme I«^ la moitié
de ses biens meubles, parmi lesquels se serait trouvé ce portrait, de la main
de Raphaël. Mais cela ne peut être, puisque le grand-duc Côme mourut
^ en 1574, et que le portrait était encore dans la maison des Botti en 1677 ;
de plus, au dire de Tommaso Puccini, les inventaires des tableaux de la
collection ducale, antérieurs à 1634, ne font point mention de ce portrait;
ce qui permet de regarder comme erronée l'assertion du légat, du moins
en ce qui concerne ce portrait.
378 PEINTURES DE RAPHAËL.
. , Gravures : Dom. Chiossone se, 1836. Pelit in-foi. — Ludw. Gruner, pi. VI de
notre ôdilion allemande.
Le marchese Letizia, à Naples, possède, dit-on, une répétition de ce
portrait, métamorphosé en sainte Catherine, avec ses attributs, mais sans
auréole. Ce serait, dit-on, un très-beau tableau et sans doute un original.
Nous reçûmes celte indication trop tard pour pouvoir en juger par nous-
même , lors de notre séjour à Naples; cependant un doute s'élève relati-
vement à Tauthenticité de ce tableau, d'autant plus que Raphaël n'a
jamais utilisé une image-portrait pour la représentation d'un sujet reli-
gieux. Ses élèves et ses imitateurs n'eurent pas la même réserve, comme
nous l'avons dit à propos du portrait de Jeanne d'Aragon, transformée en
sainte Cécile, et en parlant du portrait de femme, de i51S, qui est à la
Tribune de Florence, lequel a servi pour une Sainte Madeleine. Peut-être
le tableau du marchese Letizia est-il le même qui se trouvait autrefois en
Angleterre, dans la collection du comte d'Arundel, et qui fut gravé en
contre-partie par Wenceslaus Hollar. Dans ce tableau, la sainte, dont le
bras droit repose sur la roue de son martyre, tient une palme de la main
gauche. La tête est entourée d'une auréole. W. Hollar fecit, ex coUectione
Arundeliand. Raph. Vrb. pinx. H. 7" 6'"; 1. 5" 7*". Cat. de Verlue, n« 194.
— Landon, n» 396.
238. La Vierge de Saint-Sixte [Madonna di San Sisto).
Sur toile. H. 9' 3"; 1. 7'.
Entre deux rideaux verts tirés de chaque côté du tableau, le spectateur
voit la Vierge, semblable à une apparition, debout sur des nuages lumi-
neux, et tenant l'enfant Jésus dans ses bras. Une gloire immense, formée de
têtes d'anges sans nombre, l'entoure de son rayonnement doré et bleuâtre.
Le pape saint Sixte, vêtu d'une tunique blanche et couvert d'un pallium
d'étoffe d'or doublé de pourpre, est agenouillé à gauche, sa tiare placée
dans le bas à côté de lui. 11 implore la mère de Dieu, et semble montrer
de la main droite son troupeau qu'on ne voit pas. En face, à droite, est
agenouillée sainte Barbe, les mains croisées sur sa poitrine et contem-
plant avec amour les fidèles qui sont censés en adoration dans le bas du
tabjeau. On voit encore deux anges s'appuyant sur un balustre qui ter-
mine la partie inférieure de cette peinture ; l'un d'eux lève ses regards
vers le haut, et l'autre dirige les siens vers le spectateur avec une grâce
ravissante. Nous nous sommes déjà étendu, dans la Vie de Raphaël, sur
les hautes qualités de ce chef-d'œuvre incomparable, c'est pourquoi nous
nous bornerons à consigner ici les remarques suivantes, quoiqu'il nous
serait facile de découvrir des beautés nouvelles à chaque nouveau coup
d œil jeté sur cette merveille de l'art. Ce qui distingue surtout cette pein-
ture entre toutes celles qui appartiennent aux dernières années de Raphaël,
PEINTURES DE RAPHAËL. â79
c'est qu'elle a été, selon toute apparence, entièrement peinte de sa propre
main ; car chaque coup de pinceau y est si magistral, si vivant, si spi-
rituel , la couleur est d'un ton si lumineux, si transparent et si harmo-
nique^ réimpression des têtes est si suave, si angélif|ue, qu'il n'y a que
Raphaël qui ait jamais pu atteindre à cette sublimité de l'art. Il nous
semble même que Raphaël, dans un de ces moments d'inspiration où son
génie^ comme touché du doigt de Dieu, se remplissait d'un enthousiasme
èlbéré, aura jeté sur sa toile, d'une main brûlante, l'esquisse de cette
composition d*après les modèles divins qu'il voyait dans le ciel. Puis,
après cette espèce d'extase, animé encore du même feu, il aura cherché
autour de lui sur la terre des modèles humains pour achever les têtes de
son tableau, conmie pour celle de la Vierge, laquelle, si divine et si écla-
tante de majesté qu'elle soit, a été pourtant, comme nous l'avons Tait
remarquer en décrivant le portrait précédent, faite d'après sa maîtresse,
sinon inspirée par elle. Mais, sans aucun modèle et sans étude prépara-
toire quelconque, doit avoir été peinte la tête de sainte Barbe; aussi est-
elle moins remarquable que les autres. Les deux têtes des petits anges,
si belles qu'elles soient, n'accusent pas non plus la même étude que la
petite tête de l'enfant Jésus, au regard pénétrant, si admirable sous tous
. les rapports; ces petits anges .semblent même avoir été ajoutés après
coup, lorsque le bas du tableau était déjà achevé. Raphaël aura trouvé
trop vide cette partie du tableau, et il y aura mis deux anges pour le
remplir; ce qui confirme notre supposition, c'est que ces têtes, très-légères
de pâte, couvrent à peine les nuages du dessous.
De ce que ce tableau est peint sur toile , de même que pour le Saint
Jean-Baptiste, peint à la même époque , M. de Rumohr a cru pouvoir
exprimer cette opinion (ItcU. Forschungen, t. IIl, p. 131), que cette Ma-
done avait été originairement destinée à faire une bannière. Cette suppo-
sition toute gratuite est très-invraisemblable, car Raphaël, qui était alors
à l'apogée de sa réputation, n'eût pas accepté une commande de cette
espèce, et personne n'aurait osé faire si peu de cas d'un ouvrage de sa
main, que de livrer un trésor si précieux aux chances de destruction qui
menaçaient une bannière d'église. D'ailleurs, Vasari avait vu, vers le
milieu du seizième siècle, le tableau déjà placé sur Pautel de l'église du
monastère de Saint-Sixte, à Piacenza, sans soupçonner, le moins du
monde, que cette Madone eût jamais eu une autre destination. Bien mieux,
il commet une erreur dans la description de ce tableau , puisqu'il le dit
peint sur bois. On pourrait tout simplement admettre que, pour épargner
des frais de transport trop élevés, les moines de Saint-Sixte avaient préféré
que la peinture fût exécutée sur toile.
En 1754, ce tableau fut acheté par l'électeur de Saxe, Auguste III, au
prix de 11,000 sequins, ou^ comme Winckelmann l'écrivit à Berendis,
• *
i
2J0 PEINTURES DE RAPHAËL.
sous la date du 17 septembre 175i, pour ()0,000 florins, sans compter les
frais de transport ni les présents. En outre > l'église de Saint-Sixte reçut
de l'acquéreur une ancienne copie peinte par Paris Nogari, laquelle occupe
encore la place de l'original. Le peintre Giacomo Giovannioi accompagna
le tableau jusqu'à Dresde, où, comme nous Tavons déjà rapporté, il fut
reçu avec pompe. 11 y a quelques années, on reconnut la nécessité de le
nettoyer et de lui redonner un vernis nouveau. On fit venir, à cet effet, le
célèbre restaurateur de tableaux, Palmaroli, de Rome. 11 s'acquitta de ce
travail avec le soin le plus scrupuleux , et il laissa même subsister quel-
ques retouches anciennes, que déjà Giovannini avait signalées avant l'achat
du tableau. Mais, comme les couleurs de ce tableau étaient devenues trè»-
sèches, la peinture semblait couverte de taches, et l'on croyait que
Palmaroli l'avait nettoyée trop fortement. De nos jours seulement, on a
reconnu la vraie cause de ces taches désagréables à l'œil, et une commis-
sion nommée exprès pour y remédier eut l'idée de faire baigner le revers
du tableau avec une huile volatile. Le lendemain même, toutes les cou-
leurs ayant repris leur lustre primitif, ce chef-d'œuvre reparut dans un
état parfait, et, pour ainsi dire, ressuscité.
GRAvunES : G. C. Schultzc. Gr. in-foL pour l'ouvrage de isi Galerie de Drftde. —
Friedr. Mùllersc. Dresde. Avec une dédicace au roi Frédéric-Auguste de Saxe. In-
fol. — Copie de ceue planche jpar Fil. Tosetti, 1821. — De même, par Ignazio Pavon
Romano, gr. in-fol. — Dessart, in-fol. — Thouvonin, in-fol.— F. W. Meyer. Petite
planche. — Nordheim. Sur acier. Grand in-fol. — M. Stcinla del. et inc. Grand
in-fol. — A. Boucher Desnoyers del. cl inc, 1841. Grand in-fol. — A l'aquatinte,
par William Say, 1826. Grand in-fol. — Lithographies : C. Budmer, grand in-fol.
— Uanfstcngol, grand in-fol. — Noël, grand in-fol. — A. Maurin, grand in-fol.
— Th DricndI, grand in-fol. — L. Maurin, 1842, pour le Mutée tthréiien. — Louis
Zoellner, 1853, très-grand in-folio. — Les figures isolées, grandeur de l'original,
d'après les dessins de Schlesinger, lithog. par Suessnapp.
Parties isolées du tableau,
La Vierge seule avec l'Enfant : J. J. Agar, 1799, d'après un dessin de Saydel-
mann ; au pointillé, impr. en couleur dans un rond de 7" 3'" de diamètre. — La
Vierge en demi-figure avec l'Enfant, par A. Ochs. In-fol. — A la manière noire,
par un anonyme (Tauriscus, p. 198). — Seulement la tête de la Vierge, par David -
Weiss, dans un ovale. Haut. 1" 9'". — La Vierge, demi-figure à l'eau-forte, par
Weller. Petit in-4«. — Les deux Anges , grav. par G. Lulz , avec ce texte : Wer
weite 11/, der hùrt.
Copies de la Vierge de Saint-Sixte,
a.) Une copie passa de Tabbaye Saint-Amand, à Rouen, dans le musée
de cette ville. Dans la Revue encyclopédique de i826, il est dit que Raphaël
avait peint cette répétition pour le cardinal d*Amboise. Mais le premier
cardinal de ce nom mourut à Lyon, le 25 mai 1510, ainsi donc longtemps
avant que Raphaël ait été capable d'exécuter un pareil tableau. Le second
cardinal d'Amboisc, qui vivait plus tard, contribua de ses deniers, en
PEINTURES DE RAPHAËL. 281
i544, à la réédificatioD de la tour de l'église Saint-Amand. Ces dates sulli-
sent pour prouver que Raphaël n'a pas peint cette Madone pour le car-
dinal d'Amboise. Mais le tableau de Rouen s'élève lui-même contre cette
traditioD ; car son exécution trahit le style du dix-septième sicicle. Ainsi
la mitre et la crosse > que le copiste a placées auprès du pape^ au lieu
de la tiare ^ et les fortes tresses garnies de glands du rideau^ ce sont
là des variantes qui dénoncent, comme nous l'avons dit^ le goût du dix-
septième siècle. D'ailleurs, le dessin est bien éloigné de celui du tableau
origina]^ et les anges lumineux qui composent la gloire de la Vierge sont
surtout très-lourds. La pâte est épaisse partout, ce qui fait que cette
copie a tant poussé au bois. La belle lithographie d'Aubry Le Comte en
donne donc une idée trop avantageuse, et il est probable qu'il se sera
servi en l'exécutant de la gravure de Fr. Mûller.
6.) Une très-faible copie se trouve dans Téglise S. Severino^ à Naples.
239. Loges de la Famesine.
Sujets tirés de la fable de T Amour et Psyché.
Selon Vasari, qui raconte que ces fresques furent exécutées vers la fin
de la vie de Raphaël, le banquier Agostino Chigi les lui avait comman-
dées longtemps auparavant ; mais leur exécution aurait de jour en jour
été retardée, parce que Raphaël ne pouvait se résoudre à quitter son
atelier et sa maîtresse, pour aller s'enfermer seul au palais Farnèse. Enfin
Chigi eut l'idée de faire venir dans sa maison cette femme dont le peintre
ne voulait pas se séparer un moment, et de lui permettre l'entrée de la
salie où Raphaël travaillait. Ce serait par suite de celte concession étrange
que les travaux auraient pu recevoir enfin leur achèvement, il est déplo-
rable que Yasari ait trop facilement prêté l'oreille à ces ridicules anecdotes,
et qu'il ait, pour ainsi dire, présenté ici, bien involontairement sans doute,
sous un faux jour le noble caractère de Raphaël et son ardeur laborieuse
qui ne fut jamais interrompue que par la mort. En vérité, il n'est pas
nécessaire de recourir à un pareil conte, pour comprendre que Raphaël
ait été empêché, bien malgré lui, d'exécuter les commandes de son pro-
tecteur aussi rapidement que celui-ci l'aurait désiré, si Ton jette les yeux
sur les travaux considérables qu'il avait entrepris, quoiqu'ils fussent au-
dessus des forces humaines, et qu'il exécuta pendant la' trop courte durée
de sa vie d'artiste. Il faut donc considérer l'historiette dont Vasari s'est
fait récho, à propos des fresques de la Farnesine, comme une misérable
et absurde invention. Mais, en revanche, on peut admettre tout ce qu'il
rapporte au sujet de ces fresques, pour lesquelles Raphaël n'aurait fait
que les cartons de rflistoire de l'Amour et Psyché, abandonnant leur
exécution à Jules Romain et à Fraucesco Penni, auxquels il adjoignit
encore Giovanni daUdine pour peindre la partie ornementale, les animaux
*
"^î PEINTURES l)E RAPHAËL.
et les belles guirlandes de fruits et de fleurs qui entourent les différents
tableaux. On ne sait pas d'après quelle autorité Titti {Pitt. , etc., di Roma,
p. 422) a pu dire que Gaudenzio da Ferrara et RaiïaelUno del Colle ont
travaillé à ces ouvrages ; nous lui laissons la responsabilité du fait qu'il
avance, sans y ajouter foi. Aujourd'hui, il est difficile de juger de l'aspect
primitif de ces peintures, d'autant plus qu'elles ont beaucoup souffert et
qu'elles furent très- retravaillées par Carlo Maratti. On sait même que
ce peintre fut obligé de les faire fixer à la voûte par un certain Gian
Francesco Rossi, au moyen de 850 épingles de cuivre, et qu'il dut aussi
repeindre tout le fond de ciel, auquel il donna un bleu trop vif qui a
détruit l'harmonie des couleurs. Néanmoins, c'est à Carlo Maratti que
nous devons la consenation de ces peintures , qui ne subsisteraient plus
sans lui; il serait donc injuste de ne pas lui pardonner les défauts de ses
restaurations. Il y a d'ailleurs dans ces fresques plusieurs parties qui sont
à peu près intactes, et l'on peut même établir avec certitude, que Raphaël
a peint lui-même la figure de femme, vue de dos, qui est dans le tableau
où l'Amour présente Psyché aux Grâces. Cette figure se distingue d'une
manière remarquable entre toutes les autres, autant par son exécution
plus magistrale et sa belle carnation que par son superbe dessin. Il est
vrai qu'on peut lui reprocher d'être puissante de formes, mais elle est
très-fine de contours et vivement modelée; c'est, en effet, une figure
d'une beauté extraordinaire. Toutes les autres figures, si belles qu'elles
soient de mouvement et d'agencement, manquent cependant de délicatesse
dans le dessin, sont souvent trop fortes et affectent une couleur qui rentre
dans les tons rouge brique. Afin de ne pas nous répéter, nous prenons
la liberté de renvoyer le lecteur à notre Vie de Raphaël, où nous avons
parlé longuement jde ces peintures; nous allons procéder chronologique-
ment à l'indication des nombreux ouvrages gravés d'après les plafonds;
nous énumérerons ensuite les estampes qui ont été faites et publiées à
part d'après des sujets isolés :
Recueils de gravures d'après les fresques de la Famesine,
Compreaant 10 sujets moyens triangulaires, 2 g^rauds plafonds et 14 petits sujets dans les
lunettes.
a.) Nicolaus Dorigny Gallus dcl. et sculp., 1693. Douze planches grand in-fol.
en largeur. Dix de ces planches contiennent la Fable en 26 sujets; la onzième
planche représente le Triomphe de Galatoe , fresque de la grande salle , et U
douzième est consacrée au titre ainsi conçu : P»ychet et Amoris nupUœ ae fo^ukp,
Bomœ in Fameiianit hitloriis expreuŒj a Aie. Dorigny del. et ine,^ et a Jo. Pelro
Jlellorio notit illuttratcPy typis ac $umplib%u Dominici de Rubeit. Ces planches sont
admirablement gravées à l'cau-forte.
b.) Franciscus Perrier Buigiindus sculp. — Signées aussi: F. Paria. Ce senties
12 plus grands sujets, moins les encadrements et les guirlandes de fruits; les
14 petits Amours, par G. Audran, avec une dédicace à Charles Le Brun. Petit in-
fol. et in-4*.
PEINTURES DE RAPHAËL. â83
e.) S. M. (Smanne Maria) Jacobi Sandrarti figlia sculp. Copies des 13 planches
d« Fr. Perrier. Même format : 10 planches in-4" et 2 planches in-fol. en larg.
d.) Jos. Jnsler, les 10 sujets du plafond et les 14 Amours, gravés à l'eau-forte
à Venise, vers 1C90. 34 planches in-4*>, avec l'indication des sujets en langue
ilalienne sous chaque estampe.
e.] F.-L.-D. Ciartres exe. Ce sont les 10 champs triangulaires et les 2 grands
Ubleaux du plafond. 13 planches in-fol. en larg. et in-4''.
f.) Tous les sujets, avec une dédicace à Ferdinand IV, roi des Deux-Siciles.
10 pi. gr. in-fol. Les deux grands tableaux gravés par J. B. Leonetti, les trian-
folaires avec les lunettes contenant les Amours, par Ant. Ricciani, Ang. Campa-
sella, Pietro Chigi et Mochetti. L'ouvrage parut chez Agapito Franzetti. Les deux
premiers sujets furent gravés une seconde fois par Ricciani et Caropanella.
g.) Franz Schubert del. etgr. à l'eau-forte, 1842; seconde édition, 1846. 24 pi.
de petits sujets et tout le plafond, mais seulement au trait.
h.) Saint-Non se. 4 petites planches à l'aquatinte, avec des parties séparées de
la composition. Faible.
1.) Traits dans l'ouvrage de Landon, n" 189-201.
Les pendentifs ou tableaux triangulaires.
\. Vénus assise sur des nuages désigne Psyché, dont elle est jalouse, à
l'Amour debout à côté d'elle, exigeant de lui qu'il la venge de sa rivale.
L'Amour porte gaiement ses yeux vers le but que sa mère lui désigne et
tient déjà une flèche dans la main.
Dans le cabinet Crozat se trouvait une esquisse pour cette composition.
Elle passa plus tard dans la collection Saint-Morys.
2. L'Amour montre Psyché aux trois Grâces assises sur des nuages.
L'une, vue de dos, est celle que Raphaël a peinte lui-même; c'est, comme
nous l'avons déjà dit, la seule figure qu'il ait exécutée à la Farnesine.
L'esquisse, à la sanguine, se trouve dans la collection royale, à Windsor
Castle.
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 344. — Chérubin Alberti, 1582.
Barlsch, t XVII, p. 84, n» 106. — Dans la manière de Caraglio. Petite planche.
H. 5" 9"'; L 3" 3'".
3. Vénus s'éloigne de Junon et de Cérès, parce qu'elles protègent Psy-
ché. La tête de Cérès est surtout remarquable par sa beauté.
Une esquisse de cette composition, à la sanguine, qui se trouvait dans la
collection Isaac Walraven, fut vendue à Amsterdam, en n65, pour 100 fl.
Gravé par Marco da Ravenna. Bartsch, t XIV, n» 327. — Chérubin Alberti, 1582.
Bartach, t. XVII, p. 84, n** 10^. — La tête de Cérès, aux deux tiers de nature,
gravée par J. Bonneau. In-fol.
4. Vénus monte dans l'Olympe pour implorer de Jupiter la punition de
Psyché. Deux couples de colombes sont attelés à son char.
Gravé par Chérubin Alberti, 1628. Bartsch, t. XVII, p. 85, n« 107. La même
planche contient, en outre, le sujet suivant :
3. Vénus, debout devant Jupiter, le prie d'envoyer Mercure afin de re-
284 PEINTURES DE RAPHAËL.
trouver Psyché qui s'est échappée. Jupiter tient la foudre^ et son aigle est
à ses pieds.
Gravé par Chérubin Alberli, 1628. Barlsch, t. XVf, p. 85, n« 107.
G. Mercure parcourant l'espace, et tenant une trompette^ remplit sa
mission. Cette figure, qui s'élance joyeusement dans les airs, représente
à merveille le Messager des dieux.
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIY, n« 343.
7. Psyché, portée par trois Amours dans les airs, rapporte avec joie un
vase contenant de l'eau du Styx. C'est une composition remplie de grâce
raphaélesque.
Gravé par un élève de Marc-Antoine. Barlsch, t. XY, p. 36, n* 5.
8. Psyché présente à Vénus étonnée l'eau du Styx qu'elle a obtenue de
Proserpine.
Esquisse à la sanguine, dans la collection du Louvre.
Gravé par Lambert Suavius. RAPHA. INYEN. L. S. H. 9" 6'"; I. 6" 3"'.
9. Jupiter, embrassant l'Amour debout devant lui, cousent à ce qu*îl
épouse Psyché. A côté de Jupiter, Taigle tient le foudre dans son bec.
Cette ravissante composition, qui a de tout temps excité l'admiration gé-
nérale, personnifie bien le charme que la jeunesse et la beauté produisent
toujours sur l'âge mûr.
Selon le Catalogue de Mariette, M. Crozat possédait l'esquisse de cette
composition ainsi que le carton de la tête du Jupiter. L'esquisse à la san-
guine se trouvait en la possession de M. Jules de Canonge, à Paris, mais
il en a fait don à la collection du Louvre. Voyez Journal des Débats du
13 septembre 1853.
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIY, n" 342. — Chérubin Albert), 1580,
in-fol. Bartsch, t. XYII, p. 83, n» 100. — Ferd. Ruschweyh. In-fol.
10. Psyché, portée dans l'Olympe par Mercure, pour y célébrer, selon
l'ordre de Jupiter, son hymen avec l'Amour.
Gravé par Jac. Caraglio. Bartsch, t. XY, p. 80, n<» 50. PI. relouchée par Michaele
Lucchcse.
Un beau dessin, d'après cette fresque, a passé de la collection royale
de La Haye dans celle de Weimar.
Les deux grands tableaux du plafond.
11. L'Assemblée des Dieux. L'Amour, debout devant Jupiter, se défend
des accusations portées contre lui par Vénus sa mère; Junon, Pallas et
Diane sont les figures les plus rapprochées de Jupiter,^ droite; plus loin^
dans le cercle, on voit Mars, Apollon, Bacchus, Hercule, Verlumne et Janus,
ainsi que deux dieux marins. Mercure, cependant^ présente à Psyché une
coupe remplie d'ambroisie qui va lui donner l'immortalité.
PEINTUKES DE RAPHAËL. 283
Grave par Jac, CaragUo d'après ua dessin. Barlsch, t. XV, p. 89, n"54. Planche
retouchée parMich. Lucchese. — Copie de cetlc mémo planche, en contre-partie.
— Par un anonyme, Valegio cxc. Gr. in-fol. en largeur. — A i'eau-forte, par
Uassard fils, 1799. Gr. in-fol. en largeur. — De mémo, par B. Pavillon. In-fol. en
largeur. — Dans la manière de Giorgio Mantuano; seulement le Mercure avec
Psyché et le petit Amour. H. 11" 6'"; 1. 11".
12. Le Mariage de TAmour et de Psyché. Tous les dieux sont à demi
couchés autour d'une table magnilique; Psyché occupe la première place
à côté de l'Amour; les trois Grâces, qui sont debout derrière elle, lui
versent des parfums sur la tête. Jupiter, assis à côté, prend une coupe
de nectar que lui présente Ganymède, tandis qife Bacchus remplit d'autres
coupes qui lui sont apportées par des Amours. Les Heures répandent des
fleurs sur les convives. A gauche, se tient Apollon auprès des Muses et
il chante, en s'accompaguant de la lyre, tandis que Vénus, couronnée de
roses, se prépare joyeusement à la danse.
Gravé par le Maître au Dé, d'après un dessin un peu différent de la fresque.
Bartsch, t. XY, p. 210, n" 38. Cette estampe ne répondant pas complètement au
talent de ce graveur, on peut admettre qu'elle est en grande partie l'œuvre d'un
anlre élève de Marc-Antoine. — D'après la fresque, par un élève de Maic-Anloine,
1545. Bartsch, t. XV, p. 43, n*> 14. — Par un graveur allemand, i. n. s. Barlsch,
dans le l. XV, p. 44, n» 15, le range parmi les élèves de Marc-Antoine; mais, dans
ie t. IX, p. 231, il le met au nombre des maîtres allemands. Voy. aussi F. firul-
liol, Dictionnaire de* monogrammet, etc., p. 342, n* 2633. — A I'eau-forte, par
B. Pavillon. In-fol. en larg.— Seulement l'Amour et Psyché, par Jacopo Francia.
lo-fol. en larg. M. de Rumohr, dans son Catalogue, n» 1044, croit cette gravure de
Jules Romain. — L'Amour et les Grâces seuls, anc. grav. italienne. Petit in-8.
Études pour ie Festin des Dieux.
a.) Étude pour TApollon. Figure nue, à la sanguine, dans la collection
Albertine, à Vienne.
Gravé par A. Bartsch. — Litbogr. par Kriehuber.
6.) Étude pour les trois Grâces, à la sanguine. Collection royale d'An-
gleterre.
c.) Ricbardson cite une étude pour le Ganymède, qui était dans la col-
lection royale de France.
d.) Les Heures répandant des fleurs. A la sanguine, djins la collection
de M. F. Reiset, à Paris.
e.) La tête de la deuxième Grâce; fragment du carton dessiné à la pieri'c
noire et à la sanguine, légèrement lavée à l'aquarelle. H. 16"; 1. 12" 4'".
Chez le professeur Neher, à Leipzig.
Le peintre Hornei- , à Bâie, acheta, à Rome , deux cartons coloriés
d'après les deux grands tableaux du plafond. Chacun de ces cartons a en-
viron 5 pieds de longueur. Ils sont faibles de dessin et très-restaurés.
On doit considét*er comme une copie l'esquisse de la Vénus vue de dos>
286 PEINTrnKS DK RAPHAKL.
dessinée à la sanguine, qui fut vendue 260 florins, à la veuie du roi de
Hollande.
Les quatorze Amours
dans les lunettes.
13. L'Amour, avec son arc et son carquois, vole gaiement dans les airs
en montrant ses flèches. A gauche, on voit encore un petit Amour dans
les nuages.
Gravé par Chérubin Alberti. Bartsch, t. XYII, p. 82, n" 96.
14. L'Amour tenant le foudre de Jupiter; l'aigle vole à ses côtés.
15. L'Amour s'envole avec le trident de Neptune. Il est vu de dos.
16. L'Amour s'enfuit avec la fourche de Pluton. Un Amour, à ses côtés,
retient Cerbère, et en face voltigent des chauves-souris.
17. L'Amour, avec le bouclier et l'épée du dieu Mars, s'envole dans les
airs. Il est entouré de faucons et d'autres oiseaux.
Gravé par Ag. YeneziaDO ou par un élève de Marc-Antoine. Bartsch, n" 218.
18. L'Amour, vainqueur d'Apollon, s'envole en tenant au-dessus de sa
tête son arc et son carquois. Le griflbn vole à ses côtés.
Gravé d'après un dessin, par un élève de Harc-Antoine. Bartscb, t. XY, p. 39,
n-S.
19. L'Amour tient gaiement le caducée et le casque ailé de Mercure.
11 est vu entièrement de face et en raccourci.
Une esquisse de cet Amour, à la sanguine, qui est au musée Teyler^ à
Haarlem, paraît douteuse.
20. L'Amour, avec le thyrse de Bacchus, se balance dans les airs et re-
garde la panthère qui le suit.
21. L'Amour, tenant la flûte de Pan, voltige malicieusement à travers
les airs. A son côté est une chouette tourmentée par des oiseaux.
22. L'Amour emportant lecasque de Pallaset le bouclier d'une amazone.
Selon Bellori, ce seraient les armes d'Alexandre le Grand.
23. L'Amour, tenant un bouclier rond et un casque, se réjouit d'être
vainqueur de Mars.
Gravé par Agostino Veneziano. Bartscb, t. XIV, n' 218. — Copie par Marco da
Ravenna, si toutefois ce n'est pas la même plancbe que la précédente, mais d'une
impression différenle.
24. Deux Amours emportant la massue d'Hercule. Une Harpie vole à
leurs côtés.
Gravé d'après un dessin, par un élève de Marc-Antoine, 1541. Barfsch, t. XV,
p. 36, n» 4.
25. L'Amour s'envolant avec le marteau et la fourche de Yulcain. Il
est vu de face. Un crocodile arrive de l'autre côté.
Une esquisse, à la sanguine, se trouve au musée Teyler, à Haarlem.
PKIM'URES DE.HAPHAEL. i87
26. L'AiDOur doroptaDt un lion et un cheval marin^ en signe de domi-
nation sur tous les êtres qui habitent la terre et la mer.
Gravé par Gherobin Alberti. Bartscb, t. lYII, p. 131. — Par un anonyme da
divsaptième siècle, Job. Meysens ex.c. lo-fol. en larg.
240. Saint Jean-Baptiste.
Sur toile. H. 5' 5"; 1.4' 10".
Le Précurseur, âgé d'environ quinze ans^ est assis sur une (lierre garnie
de mousse^ dans un désert rocailleux. Il est presque entièrement nu, car
la peau d'une panthère, qui lui enveloppe la cuisse droite, revient der-
rière son dos s'enrouler autour de son bras gauche. De la main droite,
qu'il élève, il montre les rayons qui jaillissent de l'extrémité d'une petite
croix de jonc et qui annoncent la Passion du Sauveur des hommes. De la
main gauche il tient une banderole de parchemin portant une inscription
de laquelle on ne lit que le mot DEl. Yasari rapporte que Raphaël avait
peint ce tableau pour le cardinal Colonna qui en lit présent à son médecin
Jacopo da Carpi , après une maladie grave a laquelle il avait eu le bon-
heur d'échapper. Du temps de Yasari, cette toile se trouvait en la posses-
sion de Francesco Bénin tenti. Elle Ggure déjà, néanmoins, dans l'Inven-
taire de la Tribune dressé en 1589; on peut donc admettre avec certitude
que, parmi toutes les répétitions qui existent de ce tableau, le Saint Jean-
Baptiste de la galerie de Florence est celui que Yasari regardait comme
Toriginal. Toutefois, si maintenant nous nous plaçons devant le tableau
en tenant à la main l'étude à la sanguine que possède aussi la collection
de Florence, ou seulement la gravure sur bois de Hugo da Carpi, faite
d'après cette étude, on est forcé de reconnaître, à la vérité, que le tableau
est inférieur : le mouvement de la figure est plus beau dans le dessin que
dans la peinture, c'est-à-dire plus vivant et plus simple; les contours et
le modelé, dans l'étude faite d'après le modèle, ont aussi tout le charme
d'une nature juvénile et florissante, tandis que dans le tableau on a exa-
géré l'ampleur des formes et le jeu des muscles; on regrette aussi de n'y
pas trouver l'habile raccourci du pied droit, lequel est posé de telle sorte
qu*on voit le dessus et le dessous en même temps, ce qui, sans être im-
possible dans la nature^ n'est cependant pas agréable à l'œil. La tête n'a
pas non plus cette expression profonde et pleine d'âme , que nous admi-
rons dans les ouvrages de Raphaël exécutés par lui-même, mais, au con-
traire, elle a quelque chose d'exagéré et d'immobile. On peut même dire
que le bras gauche est d'un dessin médiocre et que les jambes sont roides
d'exécution. Les ombres, d'autre part, ont fortement poussé et plusieurs
parties du tableau ont souffert. On ne peut donc plus apprécier aujour-
d'hui ce que cette peinture était dans son état primitif.
Toutefois, quelques détails, encore bien conservés, révèlent cà et là le
288 PEINTURES DE KAPHA^L.
pinceau de Raphaël, notamment le torse^ qui est plein de vie et d'un
modelé supérieur. La couleur aussi montre encore, par places, les
tons chauds du maître. D'après ces observations, on ne saurait nier que
Raphaël n'ait mis la main à ce tableau, quoiqu'il faille convenir que c'est,
en majeure partie du moins, le travail d'un de ses élèves, de Jules Ro-
main peut-être. Il est possible aussi que cette peinture n'ait été terminée
qu'après sa mort. Cette dernière opinjon semblera même très-plausible,
si Ton admet que Raphaël n'eût jamais laissé sortir de son atelier un
tableau, exécuté sous son nom, sans donner une plus vivante expression
à la tête et une forme moins disgracieuse au pied droit.
Outre l'étude à la sanguine qui est dans la collection de Florence, M. de
Rumohr cite encore, à la p. 135 de ses Recherches en llaliCy une académie,
rapidement faite d'après le même modèle (seulement un peu moins jeuDe)
et presque dans la même pose, esquisse qu'il avait vue dans la collection de
dessins du peintre Fedi acquise par Wicar. Il en conclut que les répétitious
du Saint Jean-Baptiste que l'on rencontre par toute l'Europe, qui sont
la plupart de bons ouvrages, avec plus ou moins de défauts, ont toutes été
faites d'après cette académie. Nous ne saurions accepter cette étrange
assertion, car on trouve justement, dans toutes les copies de ce tableau,
ce pied désagréablement raccourci, qui, dans le dessin, est bien plus sim-
ple et seulement vu en dessus. Le même auteur se trompe encore quand
il avance que les deui copies du Saint Jean-Baptiste qui se trouvent aux
musées de Paris et de Berlin sont tout à fait identiques aux dessins ; car
le pied droit est , dans ces deux copies , aussi mal tourné que dans le
tableau original à Florence. Le paysage du fond est aussi le même dans
toutes ces répétitions, qui T)nt été faites, vraisemblablement, d'après Je
tableau de la Tribune.
Gravures d'après l'étude originale.
En clair-obscur par Hugo da Carpi. Bartsch, l. XII, p. 73, n» 18. — Par un ano-
nyme, avec quelques changements, dans la manière de Coroliano. fiarUch,t.XU,
n' 19. — Gravé par un élève de Marc-Antoine, avec des changements; saint Jean
lient la croix dans la main. Bartsch, t. XV, p. 25, n» 4.
Copies d'après ce tableau.
a,) Dans la pinacothèque de l'Académie de Bologne. Sur bois. Cest
une excellente copie, chaude de ton. Malvasia, dans sa Felsina Pittrice
(t. l'i*, p. 44), dit qu'il y avait un Saint Jean-Baptiste de Raphaël dans la
maison Albergati, à Bologne; c'est sans doute celui-ci qui fut légué à la
ville de Bologne par le secrétaire Francesco Maslri. Ce tableau resta
exposé dans la.salle d'Hercule, à l'hôtel de ville, jusqu'à la construction de
la pinacothèque, à laquelle il fut donné. Voyez Pungilooni, p. 188.
6.) Au palais Quirinal, à Rome. Sur bois. Les couleurs de cette copie
- PEINTURES DE RAPHAËL. ^80
oot fortement poussé au noir et le dessin en est devenu un peu roide. Le
pap& Clément XII acheta ce tableau pour 2,000 scudi, du collège des Mino-
rités^ auquel le cardinal Carafla l'avait légué.
c.) Ail palais Borghèse, à Rome. Sur toile. Cette peinture a un ton puis-
sant qui rappelle les bons ouvrages de Jules Romain^ à qui elle est d'ail-
leurs attribuée.
cf.] Au palais Spada, à Rome. Sur toile. La couleur de ce tableau est
froide, le dessin faible. 11 paraît douteux que cette copie soit même de
l'école de Raphaël.
e.) Au musée de Berlin. Sur bois. H. 5' 3" 4/2; 1. 4' 9" i/2. A Florence,
celte bonne copie passe pour un ouvrage de la jeunesse de Francesco Rossi,
nommé de Salviati. Les ombres des chairs ont un ton vigoureux qui va
jusqu'au noir.
f.) Dans la galerie de Darmstadt. Sur bois. H. 5' 2"; 1. 4' 8".Cette copie
provient de la collection du comte Truchses, à Vienne. 11 est à regretter
qu'elle ait été trop nettoyée dans les derniers temps. L'exécution de cette
peinture trahit un bon artiste florentin.
g,) Dans la galerie d'Orléans il y avait une copie sur bois (5' 1" de haut
sur 4' 6" de large), apportée d'Italie en France par le maréchal d'Ancre,
favori de la reine Marie de Médicis, et cédée par lui au président de Har-
lay. A Londres, elle fut achetée par lord Berwick pour 1,500 liv. sterl.,
mais on ne la voit plus dans la galerie de Berwick. Nous supposons que
c'est la même qui se trouve aujourd'hui chez lord Cliford, à Tinton
Âbbey, près Ghepston.
h,) Au palais royal de S. lldefonso, en Espagne, il y a aussi une bonne
copie, comme nous l'avons entendu dire par plusieurs artistes qui l'ont
vue.
t.) En Russie se trouve également une ancienne copie que Morgenstern
{Extrait de monjourfialj 1. 1*% p. 359, en allemand) a vue, en 1806, chez
l'amiral Mordwinoy, à Saint-Pétersbourg, et qui depuis a passé dans les
mains du général Lomonossoy.
11 existe encore beaucoup de copies d'un format plus petit. Bottari,
dans une note ajoutée au texte de Vasari, vante celle que l'évêque de Ri-
casoli fit exécuter d'après le tableau que possédait Francesco Benintendi;
Bottari dit avoir vu cette copie chez le sénateur Ricasoli da S. Trinità, à
Florence. Voyez aussi Bellezze di Firenze, de Bocchi, p. 220.
Gravures (f après le tableau.
D'après celui de la Tribune. C. Bervic. Petit in-fol., pour l'ouvrage de Wicar.
— YiDC. Biondi. In-fol. — D'après le tableau de la galerie d'Orléaifs. Franc. Cbe-
reau, en contre-partie, pour le Cahinel Crozat^ n" 19. — H. Gutenberg, in-4<>,pour
la Galerie d'Orléant, — R. Elisabeth Marlié-Lépicier. Petit in-fol., cintré dans le
haut. — Le Blond exe. Couvay se. In-fol. — Joh. Yendraminl, au pointillé. In-
lu 10
^90 PEINTURES DE RAPHAËL.
fol — B. Hôfel à Vienne, ln-8.— D'après le tableau de DarmsUdt. Friedr. John
se. En contre-partie, au pointillé. Petit in-fol.
Un tableau de Saint Jean (mesure carrée de 4" 4'"), un peu différent
de pose (il est assis sur un tronc d'arbre et tourné à droite), mais égale-
ment attribué à Raphaël, se trouvait dans la galerie du Louvre. Cette
peinture, qui avait beaucoup souffert, fut restaurée par Stiémar. Selon
toute apparence, c'est un ouvrage de l'école de Raphaël.
Gravé par Si m. Yalée; en contre-partie, in-fol. — Landon, n« 334.
Louis XVIII fit don de ce tableau à une église de village, et il chargea le
duc de Maillé de l'y faire placer; ce qui en effet eut lieu. Mais, après
quelques années, ce tableau ayant été endommagé par l'humidité et le
soleil, la fabrique de l'église le rendit au duc de Maillé. Après la mort de
celui-ci, ses héritiers le trouvèrent dans un grenier; ils n'en connaissaient
ni l'origine ni la valeur^ si bien que, mis en vente avec le mobilier du
défunt, il fut adjugé pour 59 francs. Un marchand de tableaux, M. Cousio,
qui l'avait acheté aux enchères, le fît remettre en bon état et demanda
60,000 francs au gouvernement, qui le réclamait comme propriété inalié-
nable de l'Ëtat ; mais, sur un ordre judiciaire, il fut obligé de le rendre
au musée, moyennant le simple remboursement du prix d'achat et des
frais de restauration qu'il avait fait faire au tableau ^
241. Za Transfiguration.
Sur bois. H. 12' 6"; 1. 8' 8'*.
A droite de la partie inférieure du tableau, un père amène son fils pos-
sédé du démon et implore pour lui l'assistance des apôtres, qui sont restés^
attendant Jésus^ au pied du montThabor; le démoniaque est accompagné
de huit personnes^ hommes et femmes, de sa famille. Mais les apôtres^
n'ayant pas la puissance de chasser les démons, désignent leur divin maître
comme le seul au monde qui puisse guérir l'enfant malade de corps et
d'esprit. Quant à Jésus, qui est sur la montagne, on le voit, dans la partie
supérieure du tableau, entouré d'un éclat céleste et s'élevant dans les airs
entre Moïse et Élie. Les trois apôtres, saint Pierre, saint Jacques et saint
Jean, qui avaient suivi Jésus au sommet du mont Thabor, se sont jetés la
face contre terre, car leurs yeux sont éblouis par Téclat de la transfigu-
ration ; à leurs côtés, on voit encore deux diacres en adoration. Nous avons
examiné longuement, dans la Vie de Raphaël, et la composition générale
et les détails de ce merveilleux tableau ; voici quelques remarques supplé-
mentaires : une très-ancienne mosaïque byzantine, avec de petits sujets
tirés du Nouveau Testament, conservée dans le trésor de S. Giovan Bat-
i . Ce tableau n'ayaat pas été réintégré dans la collection du musée, nous avons tout liei4 de
croire qu'il est placé comme meuble dans un château impérial, sinon enfoui au garde-meuble
de la couronne. (/>'o(e de NdUeur,)
à
PEINTUBES DE RAPHAËL. 29 1
tistaà FloreDce \ prouve que Raphaël^ par Tordonnance générale de la
partie supérieure de son tableau , qui est la Transfiguration , a reproduit
un ancien type traditionnel consacré par Tart chrétien ; mais il n'y a pas
la moindre raison à soutenir, comme on Ta fait, que ce grand maître a
copié servilement sa composition d'après une peinture à fresque qui se
trouve dans le petit vestibule servant d'entrée à la cour de l'église S. Mi-
niato à Monte près Florence. Quoique Giov. Batt. Nocchi ait publié un
trait de cette fresque, en la donnant comme une peinture du quinzième
siècle, il n'est pourtant pas nécessaire d'avoir l'œil bien exercé, pour y
reconnaître u ne faible imitation de l'œuvre même de Raphaël. Ou pourrait
admettre, avec bien plus de raison, que Raphaël s'est ressouvenu de la
fresque que Stefano, élève de Giotto, a exécutée dans le couvent S. Spi-
rito à Florence ; car, dans cette fresque, la scène de la guérison du pos-
sédé se trouve placée à côté de la Transfiguration.
On a reproché * à Raphaël d'avoir représenté dans un même tableau
deux sujets tout différents, et n'ayant aucune relation entre eux. 11
serait plus difficile d'expliquer ou de justifier la présence des deux dia-
cres sur la montagne, à côté des trois apôtres. Mais il est permis de croire
que Raphaël, en se soumettant à cet étrange anachronisme, ne fit qu'obéir
au cardinal Jules de Médicis, depuis le pape Clément Vil, qui lui avait
commandé le tableau de la Transfiguration. Il devient alors probable que
ces deux diacres représentent les saints Julien et Laurent, par allusion au
père et à l'oncle du cardinal. Nous passons sur quelques autres critiques
faites au sujet de ce tableau, sous le rapport de la conception et de la
composition ; nous croyons avoir dit à cet égard tout ce qu'il fallait, dans
la Vie de Raphaël, et nous nous bornerons aux réflexions suivantes, que
nous suggère la comparaison de ce tableau avec les ouvrages antérieurs du
maître. Raphaël semble avoir, dans celui-ci, cherché surtout une large
distribution des masses d'ombres et de lumières. Il a donc placé dans la
demi-teinte quelques figures de la partie inférieure du sujet, afin de con-
traster plus vivement encore avec le lumineux éclat de la partie supé-
rieure. C'est là que Raphaël a voulu prouver qu'il pouvait exceller dans
cet art du clair-obscur, que le Corrége et les Vénitiens, surtout le Giorgione,
ont porté à un si haut degré. Malheureusement, l'admirable clair-obscur
qui existait originairement dans la Transfiguration a presque entièrement
disparu, parce que Jules Romain, en terminant le tableau après la mort
de Raphaël, se servit de noir de fumée, couleur perfide, qui donne au
premier moment un ton vigoureux et transparent, mais qui, au bout de
1 . Voy. G. F. de Rumohr, lUtHenUche Forichungen, ï, p. 304, et Gori, Mon. BapU Flor.y
p. Î3, IV, 4.
î. Richardson, Traité de la peinture^ t. II, p. 44, et t. 111, p. 610; Falconet, dan» se»
OEuvreê (Lausanne, 1781, l. 111, p. 274).
202 PEINTURES DE RAPHAËL.
quelques années, pousse au noir. Cependant, si nous ajoutons foi au témoi-
gnage de M. le baron Boucher-Desnoyers (dans son Appendice à l'Histoire
de Raphaël, par Quatremère de Quincy, p. 55), les glacis seuls auraient
poussé au noir; car, lorsqu'on plaça le tableau en pleine lumière, il prit
un ton luniineux et brilla de tout son éclat. Il y a aussi dans cette pein-
ture quelques parties dont les couleurs n'ont rien perdu, entre autres la
figure de saint André, si admirable de pinceau, les épaules nues de la
femme agenouillée au premier plan^ et sa belle tête aui magnifiques tresses
de cheveux.
Que, dans la partie inférieure, quelques parties aient été exécutées par
Jules Romain, c'est là un fait incontestable, car on en a la preuve ^ non-
seulement par sa manière de peindre qui se traliit dans quelques têtes
d'apôtres un peu rudement traitées, mais encore dans la conduite
du cardinal; il fit payer directement à Jules la somme qu'il restait
devoir à Raphaël pour le tableau. Voici comment la chose se passa :
le cardinal avait, sur la demande du pape Léon X, obtenu de Fran-
çois !«*:, aussitôt après son avènement au trône, Tévêché de Narbonne.
Ce fut donc pour décorer son église épiscopale qu'il pria Raphaël de lui
peindre un tableau d'autel représentant la Transfiguration. A la mort du
maître, le tableau commandé était encore dans son atelier; il fut même,
comme nous l'avons déjà dit, exposé auprès de son lit de mort. Jules Ro-
main et Francesco Penni, que Raphaël, dans son testament, avait nommés
héritiers de tous ses ouvrages d'art, devaient aussi conjointement terminer
tous ceux que le maître laissait inachevés; les deux artistes furent occupés
pendant plusieurs années à ce travail, et ils s'en partagèrent les bénéfices;
mais il y eut une exception pour le tableau de la Transfiguration. Jules
Romain, à la demande du comte Baldassare Castiglione, réclama pour son
propre compte la somme que le cardinal Jules de Médicis avait encore à
payer pour le prix du tableau, et il reçut en effet ce payement, qui s'élevait
à 2^ ducats. H ressort de ce fait, que si Jules Romain toucha pour lui
seul ce qui restait dû sur le prix du tableau, c'est qu'il avait terminé seul
ce tableau.
La lettre du comte Castiglione au cardinal, que nous avons citée plus
haut, fournit quelques renseignements intéressants sur les rapports de cet
illustre écrivain avec Raphaël et ses élèves; c'est pourquoi nous en donne-
rons ici une traduction. (Le texte est imprimé dans les Letterepittoriche^
t. IV, p. 3.) « Quoique le moment soit assez mal choisi et que ma demande
puisse paraître importune, je me vois cependant forcé, par un devoir
d'amitié, de demander à Votre Seigneurie une grâce qui, je le suppose, ne
la gênera nullement, et qui sera très-profitable à un de vos serviteurs, à
mon ami Jules, l'élève de Raphaël. Votre Seigneurie est encore redevable
d'une certaine somme pour le tableau que Raphaël a peint pour elle;
1
PEINTURES DE RAPHAËL. 295
cette somme, Jules ne la réclame point, il est vrai, aujourd'hui même; ce
n'est pas non plus pour son usage qu'il veut l'avoir ; mais, comme il u une
sœur en âge d'être mariée et qu'il lui aurait trouvé un mari (le sculpteur
LofBDzetto, qui a exécuté la statue de Jonas sous la direction de Raphaël),
s'il avait le moyen de lui donner une dot, il désire que Votre Seigneurie
daigne avoir la bonté de iixer l'époque à laquelle il pourra toucher cet
argent; car ne dût-il pas le recevoir avant six, huit ou dix mois, le jeune
homme qui doit épouser sa sœur ne s'en inquiéterait nullement, pourvu \
toutefois qu'il eut la certitude de le recevoir à Tépoque promise. Votre
Seigneurie, en m'accordant ce témoignage de sa bienveillance, n'aura pas
droit seulement à la profonde gratitude de Jules Romain, qui lui est si
dévoué, mais moi-même aussi je lui eu serai éternellement obligé. Si je
recommande avec confiance cette aiïaire à Votre Seigneurie, ce n'est pas
seulement en raison de l'amitié que je porte à Jule^, mais aussi en sou-
venir de Raphaël, de bienheureuse mémoire, que je n'uime pas moins après
sa mort que je l'aimais de son vivant. Or, je sais combien il souhaitait voir
assuré le sort de la sœur de Jules. Je n'ajouterai rien de plus, si ce n'est que je
baise humblement les mains de Votre Seigneurie. A Rome, le 7 mai 1522. »
La demande du comte Castiglione ne tarda pas à recevoir satisfaction,
comme le prouve le registre A des débiteurs et créanciers, qui se trouve
dans les archives de l'église S. Maria Novella à Florence ; on lit, à la p. 316
de ce registre : a 1522. Jules le peintre doit recevoir 224 ducats d'or qui
lui reviennent sur le prix du tableau d'autel qui fut peint par le maître
Raphaël d'Urbin et que reçut l'église S. Pietro in Montorio de Rome,
quoique ce tableau ait coûté déjà 655 ducats. » (Voy. la note ajoutée
au texte de Vasari par Bottari.) Après la mort de Raphaël, le cardinal ne
voulut point enlever à la ville de Rome un chef-d'œuvre qui ne pouvait
être remplacé par aucun autre analogue; il envoya donc à son église épis-
copale de Narbonne, en échange de la Transfiguration, le superbe tableau
de la Résurrection du Lazare, de Sébastien del Piombo, pour lequel Mi-
chel-Ange avait fait des esquisses. Le tableau de Raphaël resta quelque
temps à la cancelleria, habitée par le cardinal, jusqu'à ce que Giovanni Barili
eût sculpté un cadre digne de ce chef-d'œuvre. (Voy. la Vie de Sébastien
del Piombo, par Vasari.) Bottari assure que, quand on descendit, en 1757,
le tableau, placé depuis plus de deux siècles sur l'autel de S. Pietro in
Montorio, pour en faire la copie en mosaïque, qui fut exécutée par Stefano
Pozzi, et qui est aujourd'hui dans labasiUque de Saint-Pierre, on trouva
cette inscription sur le cadre : Divo Petro Principi Apostolorum Medicis
card. vicecancellarius d. d, anno D. MDXXtlL Cette date doit être celle
du placement de la ïranstiguralion sur l'autel de S. Pietro in Montorio,
puisqu'on apprend du document cité plus haut, que le tableau avait déjà
été donné en présent à cette église en 1522. 11 en lit l'ornement jusqu'à
â94 PEINTURES DE RAPHAËL.
l'année-1797, où les Français l'enlevèrent, pour le transportera Paris, au
musée Napoléon ; là, ce chef-d'œuvre, qui, sans être détérioré, était de-
venu méconnaissable sous son vieux vernis, fut nettoyé et rendu à l'admi-
ration des amis des arts. Après le traité de paix de 1815, le tableau re-
tourna à Rome, et il est actuellement un des principaux chefs-d'œuvre
de la galerie choisie du Vatican.
Plusieurs dissertations spéciales sur le tableau de la Transflguration
ont été publiées; celle du général Benito Pardo de Figueras fut tra-
duite de l'esp'^gnol en français par Croze Magnan, et en allemand par
F. Gruen (Berlin, 1805, in-8»). Celle de Karl Morgenstern, Uber Rafaël
Sanzio's Verkldrung (Dorpat und Leipzig, 1822, in-4«), n'a pas eu les hon-
neurs d'une traduction. Chacun de ces deux écrivains a considéré ce' tableau
sous un point de vue différent, sans avoir recueilli aucune particularité
nouvelle relative à sou histoire.
Études pour la Transfiguration.
a,) Le Saint André assis au premier plan, d'après un modèle nu; étude
dessinée à la sanguine. Coll. Albertine, à Vienne.
6.) Étude pour les trois apôtres qui sont au milieu du tableau ; ligures
nues à la sanguine. Même collection.
Lithogr. par F. Eybl.
c.) Autre étude pour la tigure de saint André, et pour l'apôtre qui élève
les bras derrière lui, à la sanguine. Même collection.
Lithogr. par F. Eybl.
d.) Étude à la sanguine pour la figure du jeune homme qui se penche
en avant, et pour celle qui debout regarde vers le haut. D'après des mo-
dèles non vêtus. Coll. du Louvre.
Gravé par Caylus.'
e.) Étude pour la tête et les deux mains d'un des apôtres placés au mi-
lieu du tableau, à la pierre noire. De la coll. Lawrence , ce dessin passa
dans celle du roi des Pays-Bas; il est actuellement chez M. Pescatore à Paris.
f.) Étude pour la tête de saint André, de même grandeur que dans le
tableau, dessinée à la pierre noire et piquée pour le calque. Elle passa de
la suce. Th. Lawrence dans celle du roi des Pays-Bas; elle fut achetée
310 fl. en 1850, par M. Samuel Woodburn, de Londres.
g.) Deux têtes (de grandeur naturelle), du jeune homme et de l'apôtre
qui se trouve auprès de lui. C'est une étude admirablement dessinée à la
pierre noire. Au sortir de la coll. Joh. Goll van Frankenslein à Amsterdam,
elle fut achetée par les frères Woodburn, à Londres; actuellement, elle
est dans la coll. d'Oxford.
h,) Tête de l'apôtre qui s'avance derrière le jeune homme. Collection
d'Oxford.
PEINTURES DE RAPHAËL. 295
En ADgleterre , et principalement chez le duc de Devonshire^ nous
avons encore vu beaucoup d'autres études de mains et de pieds, pour la
Transfiguration, dessinées à la pierre noire et piquées pour le calque. Ces
études peuvent être considérées comme des fragments du carton de
Francesco Penni, pour l'exécution d'une copie qu'il a faite de ce tableau.
Ce qui nous autorise à cette supposition, c'est que tous ces dessins ne
sont pas traités assez librement pour qu'on ose les attribuer à Raphaël.
C'est vraisemblablement du même carton que faisaient aussi partie les
trois morceaux, la tête, la main et le pied de la femme à genoux, vendus
avec la collection Rutgers, à Amsterdam, en 1778, au prix de 16 florins.
t.) Dn célèbre dessin à la plume, représentant toute la composition avec
des figures nues, est actuellement dans la collection Albertine, à Vienne.
Lithogr. par J. Pilizotti.
Nous dirons, dans le Catalogue des dessins de Raphaël, ce qui nous
empêche de croire ce dessin authentique.
;.) Il y avait dans le cabinet de M. de Praun, à Nuremberg, un dessin
que l'on regardait comme une première esquisse de Raphaël ; mais il est
si faible dans toutes ses parties, qu'on est forcé d'y reconnaître l'œuvre
d'un faussaire.
Gravé par J. Th. Preslel. In-fol.
k.) Le dessin de toute la composition, à la plume, lavé et rehaussé de
blanc, se trouvait autrefois dans la possession du bourgmestre Willem Six;
il passa ensuite successivement dans les collections Walraven, Rutgers,
Ploos van Amstel, et fut vendu, en 1833, avec la planche de la gravure
de Raphaël Morghen, après le décès de Joh. GoU, à Amsterdam. Quoique
nous n'ayons pas vu ce dessin, nous avons pourtant des motifs de douter
de son originalité.
/.) La collection de Modène avait le dessin d'un des apôtres, à la pierre
noire, sur papier de couleur, et rehaussé de blanc. Petit in-folio. Voyez
Le Future e ScuUure di Modena, etc., dal Gian Filiberto Pagani (Modena,
1770, p. 129).
m.) Le pape Clément XI (Albani d'Urbin) acheta, moyennant un prix
très-élevé, un carton de la Transfiguration, comme le rapporte Taja, afin
de ne pas le laisser aller en Angleterre. Richardson avait vu au Vatican
la partie inférieure de ce carton, qui, en 1826, était exposé au palais
Albani, à Rome. 11 difTère, en beaucoup de points, du tableau original :
le Christ, qui plane dans une gloire en forme d'ellipse, ne lève pas ses
yeux vers le haut , mais il les abaisse vers Moïse. Les deux diacres man-
quent tout à fait. Au-dessous, derrière l'homme à droite, on ne voit
qu'une tête de femme, etc., etc. La maladroite exécution de ce carton
révèle à tout connaisseur que le pape Clément XI fut trompé, et qu'on
lui vendit comme un original une copie fabriquée par un habile faussaire.
296 PEINTURES DE RAPHAËL.
Gravé par Francesco Pozzi, 1779. H. 26"; 1. 16" 9'". Plas Urd, cette gravure fot
retravaillée et terminée en partie par Pietro Bettelini, sous la direction de Stefaoo
Tofanelli. Publiée avec une dédicace à W. Hamilton Nisbet, par Francesco de
Santis à Rome. H. 29" 6"'; 1. 22" 2"\ avec la marge. En 1835, la planche était la
propriété de Giuseppe Yallardi, à Milan.
n.) Une esquisse peinte à l'huile sur bois, représentant la partie supé-
rieure de la composition^ sans les diacres et avec divers changements
notables^ a surgi tout à coup^ il y a quelques années, à Munich. Elle était
dans la possession de M. de Binder. H. 25"; 1. 18". Selon ce que nous en
avons entendu dire par des artistes compétents, cette esquisse, très-
franchement et très-spirituellement traitée, porterait ce cachet qui n'ap-
partient qu'à des œuvres originales. Les têtes des prophètes seraient
trè%-be11es; les figures auraient été peintes d'abord; plus tard seulement
on aurait complété le fond, et si légèrement, qu'il ne touche quelquefois
pas au contour des figures. Malheureusement cette esquisse, ayant été
livrée à la discrétion d'un restaurateur, a perdu, dit-on, beaucoup de ses
qualités; mais néanmoins, comme nous ne l'avons point vue, nous nous
garderons de rien préjuger à son sujet.
Copies anciennes d'après la Transfiguration.
a.) Gio. Francesco Penni avait exécuté une copie de ce tableau, sur la
demande du pape Clément Vil, ainsi que Vasari le raconte dans la Vie de
cet artiste; mais il l'emporta et la vendit, à Naples, où on la voyait dans
l'église S. Spirilodegrincurabili. Comme elle ne s'y trouve plus depuis
longtemps, et que l'écrivain, très-inexact, Bern. de Dominici, rapporte
{Vite de Pitlori, etc., napo/i/ani. Napoli, 1742, t. II, p. 290) qu'une belle
copie de la Transfiguration, par Andréa daSalerno, fut enlevée de l'église
S. Domenico, pour être transportée en Espagne par don Pietro d'Aragona,
nous supposons que cette copie peut être celle de Francesco Penni, qui,
selon D. Ant. Couca (Descrizione odeporica, etc. Parma, 4793, 1. 1, p. 20i),
aurait été léguée comme un tableau original, par le prince di Astigliano,
a l'église des Thérésiennes qu'il avait fondée. Actuellement, cette copie
se trouve au musée national à Madrid , dans le local de l'ancien couvent
de la Santa Trinidad. Elle diffère, en quelques endroits, d'une manière
assez marquée , du tableau original : le Christ et les deux prophètes
planent dans une auréole circulaire qui les entoure tous trois; il n'y a pas
d'arbre derrière les deux diacres. La femme agenouillée au premier plan
est entièrement vêtue de rouge, le manteau qui lui tombe des épaules
jusqu'à terre étant de la même couleur que la robe, tandis que, dans
l'original, ce manteau est bleu foncé. Le vêtement de l'apôtre assis au
premier plan est également rouge. Il est difficile de supposer que ces
couleurs ne soient que des tons préparatoires qui devaient être repeints
en bleu, car l'exécution des draperies est aussi achevée que le reste de la
PEINTURES DE RAPHAËL. 297
copie; cependant cet ouvrage est loin d'avoir la finesse de l'original^ dans
le dessin et le modelé comme dans l'expression. Les draperies aussi sont
roides^ et le terrain est d'un ton brun monotone.
6.) Au palais Sciarra Colonna se voit une bonne copie par Carlo Sara-
cino, nommé le Napolitain; elle se trouvait autrefois dans la galerie
Barberini.
c.) A Rome» il existe encore plusieurs copies de petite dimension^ qui
sont souvent présentées comme des esquisses originales. Mengs et Win-
kelmann ont été obligés, par des raisons particulières, de déclarer origi-
nale celle qui est au palais Albani, quoique aucun connaisseur ne puisse
s'y tromper et que même les arbres du fond indiquent clairement qu'ils
ont été peints par un Néerlandais.
d,) Antonio Pons mentionne, dans son Viage de Espana (t. IV, p. 127),
une très-belle copie, haute de dos varas, dans l'église des « Carmelitas
delcalzos in Valentia, capella de la Comunion. »
Estampes d'après la Transfiguration.
D'après une esquisse, avec des changements, par un élève de Marc-Antoine ;
faible gravure. Bartscb, t. XV, p. 187, n* 6. — D'après le tableau, dans la manière
d'Agostino Yeneziano, pet. pi., du côté opposé, 1538. Bartsch, t. XV, p. 19, n«9.
Deuxième épreuve, avec ISicoh van Aeltl formis. — Corn. Cort se 1573, avec une
dédicace au cardinal de Granvelle. Les premières épreuves sans nom, les troi-
sièmes datées de 1602. H. 21" T"; 1. 14" T". — Copie de celle planche, par un
élève de Corn. Cort, chez P. P. Palumbus, 1574; épreuves postérieures avec
Gatp, Alberlus iucce$$or Palumbi, H. 21" 5"'; 1. 14" 7"'. - Mich. Ang. Marelli
fecit , 1602. Les premières épreuves sans nom , les troisièmes avec Claudiut Du-
cheliform. Romœ, 1648. H. 20" 9"'; 1. 13" 11"'. — Raph. Sadeler excud.; du côté
opposé; petite pi. — Gravé sur l'ordre de Louis XIV, par Sim. Thomassin, 1680;
en deux planches. Du côté opposé. H. 28"; 1. 16" 8'". — Jacques Chereau junior,
chez la veuve Audran. Cintrée dans le haut. Du côlé opposé. H. 26" 2'"; 1. 15" 3"'.
— S. Valé sculp. Drevel ex. Du côté opposé. Gr. in-fol. — Arn. van Westerhoul;
àl'eau-forte, avec une dédicace au moine Gio. Franc. Grasso. Les deuxièmes
épreuves portent, au lieu du nom de Westerhout *. Si vende da Vincenzo Billy
alla ehieta nuova. H. 15'; 1. 9" 5'". — Joh. Bapt. Lenardi, d'après un dessin de
Hubert Vincent, 1691. Du côté opposé. In-fol. — Nie. Dorigny, à l'eau-forte el ter-
minée au burin, 1705. Secondes épreuves de 1709. La planche fut retouchée en
1764 par Rob. Strange. Grand in-fol. — Benedetlo Eredi, 1778. Mauvaise planche
in-fol. — A. -P. Tardieu se, cintré dans le haut. ln-8. — A la manière noire,
par Jac. Simon, sans les diacres, en deux feuilles. Petit in-fol. Une fois avec
l'inscription : The Transfiguration of Christ, Marc, ix, v. 2. Puis : The youih brought
hy the falher to Ihe Apottles. Marc. c. ix. — Raph. et Ant. Morghen. PI. commencée
par le premier en 1795 el terminée en 1804 par Antonio pour Artaria, à Mannheim.
Gr. in-fol. — Raph. Morghen, d'après un dessin de Stefano Tofanelli, 1811.
Gr. in-fol. — A. Girardet, pour le Musée Napoléon. In-fol. — A l'eau-forte, par
Qucverdo, terminée par Pigeotpour la Galerie Filhol, in-4«. — Ignazio Pavon ; copie
d'après Morghen. Gr. in-fol. — Dissard. In-fol. — Thouvcnin, à la manière poin-
lilléc. In-fol. — Aug. Spiess, sur acier. Petit in-fol. — A la manière noire, par
U. G. Kininger, 1836. Gr. in-fol. — Le baron Boucher-Desnoyers. Gr. in-fol.
298 PEINTURES DE RAPHAËL.
— Lith. par Th. Driendt. 6r. in-fol. — De même, par Robillard, 1843. Petit in-
fol., pour la Galerie religietue et morale. *
Estampes d'après des parties isolées du tableau.
Seulement la partie supérieure : le Christ, Moïse, Ëlie et les trois apôtres. Gîulio
Bonasone, pour l'ouvrage d'Achille Bocchius : Symbolicarum. H. 4" 2"'; l. 3".
Bartsch, t. XV, p. 164, n» 275. — M. Aubert, 1724. Petit in-fol. — Duthé, aa
pointillé. Petit in-fol.— Le Christ seul, gravé par T. Trotter, 1788. Petite planche.
— La femme à genoux, au premier plan, par J.-C. Thelot. J. Dan. Herz. exe.
In-fol. — Seulement la tôle de cette femme donnée comme étant le portrait de la
Fornarina, matlresse de Raphaël; gravé sur argent à la pointe sèche, par
Raph. Morghen, dans un rond de 2" 4"' de diamètre. Voy. le Catal. de Niccolù
Palmerini : Opère d'intaglio del cav. Rafaele Morghen (Firenze, 1824, n»209). —
A. de Humboldt fec. aqua forti, 1788. €'est une tête d'homme imprimée en
rouge. In-fol. — Studio del ditegno ricavato dalV etlremità délie figure del célèbre
quadro delCa Trantftguraxione di ffa/foeUf , delineato dal Sf. Cav. Yincenzo Ca-
muccini, inciso da Giov.Folo(Roma, nel studio di Folo); 31 feuilles numérotées
et un titre, avec une dédicace à Giuseppe Eman. Pinto di Sousa, etc. — Rectieii
de 12 têtes d'étude de la TranM/iguYation de Raphaël, dessinées d'après le tableau ori-
ginal et tracées sur pierre par J. Gouhaud (Amsterdam, gr. in-fol.}.
La Salle de Constantin.
Nous avons déjà raconté, dans la Vie de Raphaël , comment ce grand
maître, pour suivre vraisemblablement Texemple de Sébastien del Piombo,
qui le premier avait fait des peintures murales à l'huile, voulut aussi
exécuter de la même manière les peintures de cette salle. Après avoir, à cet
effet, composé le dessin général de l'ensemble, il avait exécuté des cartons
pour deux figures allégoriques de chaque côté de la Bataille de Constantin,
et une esquisse au lavis pour la Harangue de Constantin à ses soldats.
Puis, comme essai, il avait fait peindre à l'huile, ^us ses yeux, les figures
de la Justice et de la Bonté, par Jules Romain et Francesco Penni ( ainsi
que le rapporte Yasari), lorsqu'il fut surpris par la mort au début dé ce
grand ouvrage.
La mort du pape Léon X survint l'année suivante, et le pape Adrien Vï,
son successeur, ne fit rien pour les arts; mais les travaux de la salle de
Constantin furent repris sous le pontificat de Clément VU, en i523. Les
deux élèves favoris de Raphaël, Jules Romain et Francesco Penni, trou-
vèrent plus convenable d'exécuter ces peintures à fresque plutôt qu'à
l'huile, et firent abattre le crépi préparé, à cet effet, du vivant de Raphaël,
sans toutefois détruire les deux figures allégoriques qui avaient été déjà
peintes à l'huile. Ils se partagèrent entre eux les travaux et se servirent
de l'aide de Raphaël del Colle et de Giovanni da Lione.
Ces peintures sont distribuées de la sorte : sur les quatre murs de cette
salle, qui a quatre-vingt-deux palmes de longueur, mais qui est inégale de
largeur, et dont un des murs a deux fenêtres, il y a quatre grands tableaux
représentant des sujets tirés de la vie de Constantin et figurant des tapis-
PEINTURES DE RAPHAËL. 299
séries suspendues à la muraille, ornées d'une riche bordure et garnies de
franges. A côté de chacun des tableaux est une niche avec un pape assis,
entouré de génies et accompagné de figures allégoriques. Au-dessus de
ces peintures, des figures plus petites sont représentées sur des pilastres :
Apollon, la Lune, de jeunes filles et de jeunes garçons portant Temblème
de Léon X, qui est un joug avec le mot SVAVE. Sur le socle, au contraire,
de petites cariatides^ avec la bague de diamant et les divers emblèmes des
M<^dicis, entourent des caissons de différentes grandeurs où sont des sujets
de la vie de Constantin, peints en couleur jaune imitant le bronze.
242. Harangue de Constantin à ses soldais.
L'empereur Constantin, debout dans une tribune à gauche, ayant à côté
de lui, debout, un capitaine romain ; il raconte à quatre porte-étendards
(draconarii) la vision qu'il a eue, et ce récit semble les frapper d'enthou-
siasme. Une garde se trouve sur le devant, et, aux pieds de l'empereur,
deux jeunes pages tiennent ses armes. Dans le fond, on voit les tentes du
camp, avec des soldats qui accourent pour annoncer le miracle de Tappa-
ritlon de la croix lumineuse, sur laquelle on lit ces mots : a Avec ce signe,
tu triompheras (EN Torrn nika). » Plus loin^ on aperçoit le fleuve du
Tibre avec le pont d'i£lius, les mausolées d'Auguste et d'Adrien, ainsi
qu'une pyramide représentant vraisepfiblablement le prétendu tombeau
de Romulus, qui s'était conservé jusqu'à l'époque d'Alexandre Yl. A
droite, sur le premier plan, est un nain diflbrme qui se coiffe avec un
casque. Cette figure est une addition aussi désagréable qu'inconvenante
de Jules Romain, qui^ comme le rapporte Taja^ pour plaire au cardinal
Hippolyte de Médicis, voulut immortaliser ainsi son nain Gradasso Berettai
de Norcia, comme déjà l'avait fait le Berni dans un poëme ironique.
Les deux pages ont été également ajoutés par Jules Romain, dont ils
trahissent, au reste, la manière par leur pose et leurs vêtements. La
preuve de ces interpolations maladroites et ridicules est une esquisse de
Raphaël que Richardson a décrite (t. III, p. 416), et que Henry Reveley a
vue chez le duc de Devonshire, esquisse où ne se trouvent ni le nain, ni
ces pages dont le costume est un étrange anachronisme dans un sujet
antique.
Le coloris de cette peinture est énergique et brillant, ce qui confirme
le témoignage de Vasari et de Scanelli {Microscomo délia pitturoy p. 154),
lesquels l'attribuent à Jules Romain. Elle porte l'inscription suivante :
Adlocutio qua divinitus impulsi Constantiniani victoriam reperere*
Gravures : Francesco Aquila, pour son ouvrage Piciwrœ, elc. Gr. planche. —
A l'eau-forte, par un anonyme. En contre-partie, avec Julhu Rom. invent, NP
del. Pet. iD-4. — Yinc. Salandri. Gr. in-fol. en larg. — Landon, n" 301.
300 PEINTURES DE RAPHAËL.
243. La Bataille de Constantin,
H. 22 palmes; 1. 50.
Le lieu de la scène est sur la rive gauche du Tibre, aux |>ortes de
Rome; le pont Milvius (ponte Molle) forme le fond à droite, et l'horizoa
est fernié par la chaîne des collines de Monte Mario^ vers le mont Janicule.
L'empereur Constantin ^ au milieu du tableau, traverse le champ de
bataille, monté sur un cheval aux formes puissantes, et tourne sa lance
contre Maxence, qui se trouve acculé avec son armée au bord du Tibre.
Celui-c'r, sur son cheval, cherche vainement à traverser le fleuve. Trois
anges, aux épées flamboyantes, volent au-dessus de l'empereur et annon-
cent la victoire que Dieu lui envoie. En attendant, la lutte continue à
outrance, quoique les troupes de Maxence reculent et se dispersent en
désordre à l'approche de la cavalerie de Constantin. On voit déjà les
fuyards sur le pont. La variété d'épisodes qui forment cette vaste compo-
sition en fait un des plus riches tableaux de bataille qui existent. Nous
nous bornerons, pour de plus amples détails, à renvoyer le lecteur à ce
que nous en avons dit dans la Vie de Raphaël. '
Richardson rapporte (t. IV, p. 427), d'après les dessins qui se sont con-
servés de cette Bataille, que dans l'exécution plusieurs figures ont été
omises, dont l'absence a modiflé le caractère d'archarnement et de con-
fusion que Raphaël avait voulu mettre dans la lutte. Ainsi^ on ne voit pas,
dans la fresque, un porte-étendard et deux autres soldats qui cherchent
leur salut en nageant dans le fleuve. On ne voit pas non plus toute la
partie du combat qui s'étendait jusque dans les ravins de la montagne et
qui se lie, dans les dessins, avec les épisodes du premier plan. Il est
[lossible que Raphaël ait fuit lui-même ces changements dans le carton,
dont un fragment se trouve encore à la bibliothèque Arabroisienoe de
Milan; car, dans la peinture, il n'y a point de lacune apparente, et Jules
Romain ne paraît avoir introduit aucun détail étranger à la composition
primitive.
Ce qui distingue cette Bataille, c'est d'abord son ensemble grandiose,
c'est aussi la richesse des épisodes, qui tous sont aussi vivants que vrais,
parfaitement adaptés au sujet.et propres à donner d'une bataille l'idée la
plus juste et la plus saisissante ; c'est enfln le dramatique du sujet, où Ton
ne voit pas seulement la rage des partis qui sont aux mains, mais où, tout
en évitant des scènes sanguinaires qui n'inspirent que le dégoût, le maître
a cependant, par différents groupes, dépeint de la manière la plus vive
et la plus touchante le malheur des guerres civiles.
Quelle richesse a déployée le génie de Raphaël dans la création de celte
Bataille, et combien pauvres nous paraissent, comparativement, certaines
œuvres du même genre, qui ont cependant acquis à leurs auteurs une assez
PEINTURES DE RAPHAËL. 301
grande gloire ! — De nos jom*s, il n'y a guère que la Prise de la Smala^ par
Horace Vernel, qui, partant d'un point de vue tout à fait diiïérent, a ce-
pendant rivalisé d'invention avec l'œuvre de Raphaël. — Cette peinture
murale porte celle inscription : B. Val, Aurel, Comtanlini Imp. Victoria
qua iurmerso Maxentio Christianorum opes firmatae sunt.
L'excellente exécution de cette fresque est attribuée, avec raison, à
Jules Romain , quoiqu'il ait pu se servir de l'aide de ses élèves, comme le
dit ScaDclli, et comme ^indiquent aussi certaines ombres qui s'éloignent du
ton rouge-brun qu'il aiïectionne, pour se rapprocher d'un ton noirâtre.
En général, la couleur de cette peinture est un peu. froide; par contre,
le dessin est juste et ferme et le pinceau vraiment magistral. Aussi faut-il
grandement louer la vérité parfaite du costume ancien, tant des vêtements
que desf armes, vérité qui ne manque pourtant pas de fantaisie.
Raphaël possédait ces qualités à un degré très-élevé, et plus que Jules
Romain qui se permettait souvent une liberté fantastique, en plaçant, à
côté de figures antiques, des personnages vêtus à la manière du moyen
âge, comme nous l'avons vu dans le tableau précédent, où Raphaël ne lui
eût pas pardonné son nain et ses deux pages. Francesco Penni se permit
la même licence dans le tableau du Baptême do Constantin, où un page
porte des fausses manches tailladées en feuillnge, qui étaient à la mode
vers la moitié du quinzième siècle. Dans le tableau de la Donation de la
ville de Rome au pape, se trouvent aussi plusieurs figures avec le costume
du seizième siècle, figures qui cependant, pour la plupart, sont des por-
traits. Raphaël, toutefois, a montré dans l'École d'Athènes comment on
pouvait introduire des portraits contemporains dans un sujet antique,
sans faire pour cela un anachronisme de costume.
Dessins pour la Bataille de Constantin.
o.) Une esquisse de toute la composition, esquisse différente de la
fresque, a été vue, par Richardson, chez Malvasia; plus tard, elle se Irou-
vait dans le cabinet Crozat et actuellement elle fait piartie de la collection
du Louvre.
6.) On a vu, au palais Borghèse, à Rome, jusqu'en iSlâ, une autre
esquisse , qui fut achetée par le comte russe Baick.
c.} Richardson cite une troisième esquisse (t. IV, p. 15) qui se trouvait
de son temps en Espagne; il la croit également originale; mais, suivant
Ant. Ponz (t. VI, p. 121), ce n'est qu'un dessin fait d'après la fresque. Au
reste, ce dessin n'est plus dans la collection.
à,) La collection de la bibliothèque Ambroisienne, à Milan, conserve un
fragment du carton de Raphaël.
e.) Une étude pour un groupe, qui est dans la collection royale d'Angle-
terre, représente un guerrier protégeant, coulre l'attaque de l'ennemi, un
302 PEINTURES DE RAPHAËL.
t'rère d'armes renversé à terre. On croit que c'est une esquisse qui n'a
pas été utilisée pour la fresque.
/*.) Étude pour deux soldats dans le fleuve, à la pierre noire. Collection
d'Oxford.
g.) Étude pour un homme assis, à la pierre noire. Collection d'Oxford-
h.) Étude pour un homme renversé à terre, à la pierre noire. Collection
d'Oxford.
t.) Cest vraisemblablement pour cette Bataille qu'avait été faite aussi
une esquisse à la plume, représentant des combattants nus, dont deux
sur des chevaux renversés, et un troisième au milieu, vu de dos, tenant
une lance ; des six autres, on ne voit guère plus que la tête.
11 existe une belle gravure d'après cette esquisse, par Adam Bartsch^
in-folio en largeur. Nous ne saurions indiquer ce qu'est devenu le des^n.
Gravures : O'apréa une esquisse de Raphaël, difTérant de la fresque, Gîulio
Bonasone, 1544. Bartsch, t. XY, p. 134, n" 84. Si cette estampe est vraiment exé-
cutée d'après une esquisse de Raphaël, comme le dit l'inscription dans les épreuvei^
postérieures, on est cependant obligé d'avouer que l'on y reconnaît à peine sa
manière. — La partie gauche de la hataille jusqu'à l'empereur Constantin, à Teaii-
forte, par Orazio Farinkti , nommé aussi Battista del Moro. Bartsch, t. XVI,
p. 171, n» 6, et p. 200. — D'après la fresque, J. B. de Cavallerijs inc, 1571, avec
cette inscription à gauche : Imperator Casar Constantinut... /i6erati asservit. 3 pi.
in-fol. en largeur. — Copie de cette planche, par le Maître au monogramme KS.
Voy. Brulliot, t. I, n° 2775. Avec cette adresse : Aniverpitg Martin Pétri exr, 4 pi.
ajustées. H. 13" 3"'; 1. 45" 6'". — Peter Scalberge, 1637, en 4 pi. — Pietro Aquiia
Palcrmitano, 1683, del. et incid.,en 4 pi. Les secondes épreuves avec l'adresse
de Hossi. — A l'eau-forte, par Woyriol, d'après un dessin de Boucquet, avec une
inscription commençant ainsi : Monseigneur^ les philosophes tiennent q%ie les faits
héroïques, etc. Longue planche étroite. H. 5" 8"'; 1. 15". — A l'eau-forte, par Ballh.
Pavillon. Très-petite planche. — Légère eau-forte, par Ant. Banzo. Format atlas
en larg. — Aloysio Fabri, gr. pi. en larg. — Landon, n* 299.
244. Le Baptême de Constantin.
Le baptême de Constantin a eu Jieu^ selon un des actes apocryphes de
saint Sylvestre^ dans le baptistère de Latran, qui subsiste encore à Rome,
et qui est représenté dans celte fresque. Le pape Sylvestre (c'est le por-
trait de Clément Vil) est debout sur les marches inférieures du bassin
baptismal et verse une coupe remplie d'eau sur la tête de l'empereur,
qui^ agenouillé devant lui et débarrassé de ses vêtements^ a la main droite
posée sur un livre qu'un prêtre tient ouvert. On y lit ces mots : Hodie
salus Urbi et Imperio fada est. A côté du pape, un diacre tient sur un plat
le flacon des saintes huiles, et, derrière l'empereur, un serviteur de
réglise étend un drap pour essuyer Teau du baptême. A droite, sur les
marches, est assis un page noble de l'empereur, gardant ses vêtements
et ses armes. Au milieu du fond, on voit le porte-croix, ayant à ses côtés
deux enfants avec des candélabres, et, plus loin derrière lui, plusieurs
PEIÎ^TURES DE RAPHAËL. 307)
gardes et le peuple. A droite, un homme presque sans vêtement, avec
deux enfants nus, montent encore vers le bassin pour recevoir le baptême.
Sur ie devant, à droite, se tient un jeune homme en costume romain, la
eouronne royale sur la tête; c'est Crispus, le fils de Constantin, qui,
selon la tradition, reçut le baptême en même temps que son père. En
face, il y a un homme à barbe, debout, dans le costume de cour du com-
mencement du seizième siècle ; c'est le portrait que Yasari désigne, dans
la Vie de Jules Romain, comme étant celui du chevalier de Rhodes et
chevalier de la cour (cavalierino) du pape Clément Vil, qui se nommait
Niccolô Vespucci. Au-dessous, à côté de cette peinture, se trouve cette
inscription, faisant allusion à la restauration du baptistère de l'église
S. Jean de Latran, laquelle eut lieu sous les papes Léon X et Clément Vil :
Labacrum renascentis vitœ C, Val. Constantini. — Cletnens Vil Pont. Max.
a Leone X cœptum conxumavit, MDXXIUL
La composition de ce tableau n est point de Raphaël, quoiqu'elle soit
traitée suivant les règles de composition symétrique qu'il avait l'habitude
d'ennployer; mais on n'y trouve pas, comme dans tous ses ouvrages, une
profonde observation de la nature. C'est aussi la plus faible des peintures
de cette salle. L'exécution en est attribuée par Scanelli {Microscomo delta
piiftira, p. 154) et par les écrivains modernes, à Gio. Francesco Penni.
Gravures : Francesco Aquila, dans ses ficiwrœ^ etc. Gr. pi. — Vinc. Salandri.
Gr. in-foi. en larg. <— Landon, n<> 302.
Un dessin de cette composition , à la plume et lavé au bistre , a été
attribué à Raphaël, et se trouvait, en 1756, dans la collection du duc de
Tallard, à Paris. Voy. le Catalogue de Remy et Glomy.
243. La Donation de la ville de Rome au Pape.
La quatrième peinture murale de cette salle représente l'empereur
donnant à Tévêque de Rome le gouvernement de cette ville. Le lieu de
la scène est l'intérieur de l'ancienne église de Saint-Pierre. Saint Sylvestre,
assis sur un trône, dans le fond, à gauche, reçoit, en bénissant, le pré-
sent de l'empereur, qui est agenouillé devant lui et qui lui remet symbo-
liquement une figure allégorique, en or, de la ville de Rome. Aux côtés du
pape se tiennent plusieurs prélats, et, parmi les personnes agenouillées
derrière l'empereur, Bellori croit reconnaître un membre de la famille
Flavi, qui était alors grand maître de l'ordre de Saint-Grégoire, ordre que
Ton prétend avoir été fondé par Constantin. Des gardes suisses, costumés
comme ils le sont encore aujourd'hui à Rome , font le service intérieur
de l'église et empêchent qu'elle ne soit envahie par la foule. Parmi ceux
qui se tiennent entre les colonnes, à droite, on pourrait rechercher les
portraits que Vasari indique dans la Vie de Jules Romain, savoir : celui
de ce peintre lui-même, que l'on reconnaît dans la figure de l'homme cou-
50i PEINTURES DE liAPHAEL.
vert d'une loque et un peu plus élevé que les personnages qui Tentou-
rent; puis les portraits des poètes Pontano et Murallo. Ensuite on voit en
face, à gauche, le portrait, également cité par Vasari, du comte Baldassare
Castiglione, Tami fidèle de Raphaël et le grand protecteur de Jules, qu'il
attira plus tard à la cour de Mantoue. Une foule assez nombreuse, com-
posée surtout de femmes et d'enfants, est agenouillée au premier pian^
prêtant plus ou moins d'attention à la solennité qui s'accomplit. On voit
aussi un jeune et charmant garçon nu, qui, ne se souciant de rien, en-
fourche gaiement son chien , comme si c'était un cheval. Sur les deux
colonnes les plus voisines du premier plan , on lit les inscriptions sui-
vantes : Jam tandem Christum libère pro/iteri licel. Puis : Ecclesiœ Dos a
Constaniino tributa. Ces inscriptions se rapportent à l'édit de l'empereur
en faveur des chrétiens et à la donation de la ville de Rome à l'Église.
Dans l'ordonnance de cette peinture, Jules Romain, à qui en appartient
l'invention, a montré qu'il était un digne élève de Raphaël; quelques
groupes isolés sont aussi très-pittoresques et très-beaux, quoiqu'ils ne
soient pas toujours convenablement adaptés au sujet, ce qui est sans doute
difficile à éviter dans la représentation d'une scène à laquelle presque tous
les Fpectateurs n'ont aucune part active. Pourtant Jules Romain aurait dû
omettre maint détail qui fait un contraste inconvenant avec le sujet, entre
autres le jeune garçon nu avec son chien, quelque gracieux que ce groupe
puisse paraître d'ailleurs.
Titi et Bellori attribuent l'exécution de cette fresque à Raphaël del
Colle. A en juger par la facile manière et la fraîcheur du coloris de cet
ouvrage, qui a beaucoup d'analogie avec d'autres exécutés par le même
artiste dans le pays d'Urbin, on peut considérer cette assertion comme
juste.
Gravures : par un ancien anonyme italien; seulement le groupe à gauche des
trois femmes agenouillées à terre avec l'enfant, avec le jeune homme adossé à la
colonne et deux autres figures. En contre-partie. H. 8" 6"; 1. 6" T". — Toute la
composition, Jo. Bapt. Franco. Gr. pi. du côté opposé. Bartsch, t. XV, p. 137,
n*> 55. — Franc. Aquila dans son Piclurœ, etc. -^ Aloysio Fabri se. Rom. Gr. in-
fol. en larg. — Landon, n* 186.
Une esquisse pour les groupes principaux, dessinée à la plume et lavée
au bistre (dans la manière de Jules Romain), a passé successivement dans
les collections J. Stella, Coypel et duc d'Orléans ; ce dernier en fit don au
duc de Tallard. (Voyez le Catalogue par Remy et Glomy. — Paris, 1756.)
Ce dessin doit être celui que nous avons vu dans les mains de M. Major,
de Londres. 11 diffère en plusieurs parties de la fresque; lesdraperies des
figures du devant sont surtout d*un tout autre arrangement. L'enfant est
fermement assis sur le chien. La mosaïque de la niche y manque. Les
ligures des trompettes dans Touverture ronde, ainsi que les figures plus
rapprochées de l'autel, sont très-difl'érentes de celles du tableau. Le
PEINTURES DE RAPHAËL. 305
jeuoe homme qu'on voit debout au premier plan^ et qui certainement
est un portrait^ n'est pas encore indiqué. Malheureusement ce grand
dessin très-achevé, de Jules Romain, a beaucoup souffert, en ce que le
bistre a mangé le papier.
246. Les Huit Papes, avec les figures allégoriques.
A côté de chaque peinture murale se trouve représcnfé un pape assis
dans une niche, entouré de deux ligures allégoriques représentant ses
Tertus. Mais, comme il se trouve deux fenêtres auprès de la fresque de la
Donation de la ville de Rome, et que l'espace qui reste libre dans l'en-
cuignure est très-étroit, il n'y avait pas la place pour une niche : on n'y
a donc mis qu'une seule figure allégorique à côté du pape. Derrière ce
dernier, comme nous l'avons dit, sont des pilastres sur lesquels il y a de
petites figures tenant l'emblème et la devise de LéonX : ce sont des jeunes
garçons et des jeunes filles à peine vctus et deux hermaphrodites. A côté
du Baptême de Constantin on reconnaît Apollon et Diane debout sur les
pilastres, mais, au lieu du joug, ils tiennent des boules de verre, avec
celte légende: Candor t7/œ*t/5, qui, selon Paolo Giovio (Diaîogo délie
Impresey p. 51), fut adoptée par Clément VII lorsqu'il était encore car-
dinal, sous le pape Adrien VI.
a.) L'Apôtre saint Pierre. Il est majestueusement assis in pofiifyîca/i6us
et tient les deux clefs dans sa main gauche. Deux petits anges relèvent
les rideaux d'un baldaquin. A droite est assise la figure allégorique de
l'Église montrant un petit temple qu'elle tient sur ses genoux, comme si
elle prononçait ces paroles de Jésus-Christ dans l'Évangile : « Tu es Pierre,
sur cette pierre je veux bâtir mon église. » En face est assise la figure allé-
gorique de l'Éternité , tenant un livre, un encrier et une plume; ayant le
Phénix à ses côtés, elle indique que l'Église, confiée à l'Apôtre, doit avoir
une durée éternelle.
' 6.) Le Pape Clément ^^ Ce pape vécut sous Domitien, Nerva et ïrajan.
Il élève la main droite et tient un livre dans la main gauche ; il y a aussi
deux petits anges relevant les rideaux d'un baldaquin. A gauche est assise
la figure de la Modération, tenant une bride dans chaque main. A droite,
la figure de la Bonté (Comitas), ayant un agneau à ses pieds. Ces vertus
caractérisent les qualités de l'évêque romain telles qu'Eusèbe les a cé-
lébrées.
La Bonté est une des figures allégoriques qui a été exécutée à Thuile
par Jules Romain ou Francesco Penni d'après le carton de Raphaël.
Gravé par Robert Slrange, 1765. In-fol.
c.) Alexandre l«^ L'inscription indique, il est vrai, cette figure comme
étant celle du pape Sylvestre. Mais Montagnani a démontré, par des rai-
sons concluantes qui trouvent surtout leur appui dâiis l'ordre chi^onolo*
11. 80
306 PEINTURES DE RAPHAËL.
gique des pontifes romains, qu'il y a eu erreur dans le placement des
inscriptions, ce qui nous paraît d'autant plus probable, que le pape Syl-
vestre, qui ligure déjà dans les deux peintures principales, serait ainsi
présenté deux fois. L'évéque romain Alexandre vivait du temps de W
pcreur Adrien et mourut martyr. 11 est représenté ici tenant un livre et
regardant avec enthousiasme vers le ciel ; deux anges se tiennent auprès
de lui. A ses côtés sont assises les figures allégoriques de la Foi et de la
Religion, la première ayant un calice, et la dernière deux tables dont
l'une porte cette inscription : Liber generationis Jesu Christi filii David.
d,) Urbain I""'. Il vivait au troisième siècle, sous l'empereur Alexandre-
Sévère. Cette figure^ d'un caractère rempli de dignité et peinte avec une
énergie particulière, est incontestablement de Jules Romain. Deux anges
relèvent de chaque côté son manteau pontifical. La figure allégorique de
la Justice est assise à sa gauche, et, en face de lui, celle de la Charité.
La première de ces figures a été peinte à Thuile par Giovanni Franecsco
Penni; elle tient une balance dans la main gauche et pose sa main droite
sur une autruche. L'autruche n'est pas ordinairement l'attribut de la Jus-
tice * ; Raphaël l'avait peut-être empruntée d'une médaille antique qui
porte la tête de Tibère, ou bien d'une médaille représentant une figure
allégorique de la Justice qui^ selon la donnée de Valeriano Bolsani
(J. Pierii Valeriani Hieroglyphica, Lugduni, 1602, lib. XXV, cap. u),
montre plusieurs plumes d'autruche avec le mot JVSTITIA.. Horus Apollo
nous fournit à cet égard^ dans ses Hiéroglyphes des Égyptiens, les explica-
tions suivantes : « Les plumes d'autruche désignent un homme qui rend
une justice égale pour tous, de même que les ailes de l'autruche sont
semblables et non variées comme celles des autres oiseaux. » Voyez
liv. 11^ p. 110. — Quant à la figure allégorique de la Charité, elle est
assise, tenant deux enfants sur ses genoux, avec un troisième enfant de-
bout, à sa droite, qui lève ses regards vers elle.
La tête du pape Urbain I", gravée par Ferd. Ruschweyh, Romœ. Petit in-fol.
La Justice. Une légère esquisse pour cette figure se trouve chez M. de
Savigny, conseiller d'État, à Berlin.
Gravé par Gio. Batt. GiDtes, en contre-partie. Petit in-fol. — Robert Strange,
1765. Gr. in-fol. — La tête seule, grandeur de l'original, par Paolo Fidanza.
Gr. in-fol.
La Charité. Deux esquisses de G. F. Penni, pour cette figure, se trou-
vent dans les collections du Louvre et d'Oxford.
La première de ces esquisses a été gravée par le comte de Gaylus, et la seconde
lith. dans la Lawrence Gallery»
i. Le monument sépulcral du p^ipc Adrien VI, dans l'église de Santa Maria deir Anima, à
Kome, contient également une statue allégorique do la Justice, avec le symbole de Tautnicbe.
PEINTURES DE RAPHAËL. 307
Gravures à Tean-forte d'après l'original, par le Mattre au monogramme DBC.
1643. Voy. Brulliot, t. I, n" 816; cette estampe porte aussi le monogramme de
l'éditeur: CP Y. 1643. Voy. BruUiol, 1. 1, n« 1436. Format étroit. — En clair^bscur
de 3 planches dans l'ouvrage de John Skippe, marqué J. S. sculp. 1783. —
LandoD, n» 149.
Une esquisse de la figure de femme avec le joug, qui se trouve dans la
fresque au-dessus de la Charité, est conservée à l'Institut Staedel, à Franc-
fort-sur-Mein. Ctsi un dessin à la pierre noire par Giov. Francesco Penni.
e.) Le Pape Damase I®'. La tête découverte et les mains jointes, il lève
ses regards vers le ciel. Un des anges qui sont derrière lui tient la tiare ;
deui petits anges sont agenouillés à ses pieds. Damase I*' est le trente-
huitième dans la suite chronologique des papes; il vivait vers le quatrième
siècle. La Prudence, assise à sa gauche, vêtue comme Minerve, se regarde
dans un miroir rond. A droite, la figure de la Paix, assise, tenant une
branche d'olivier.
f.) Le Pape Léon P^, surnommé le Grand. 11 vivait vers la moitié du cin-
quième siècle, et il combattit, avec autant de force que de dignité apos-
tolique, les doctrines des Nestoriens et des Manichéens. 11 est représenté
assis, entouré de trois anges dont l'un semble vouloir embrasser son pied.
A gauche, est assise la figure de la Pureté, avec une colombe pour sym*
bole. En face, la Vérité rejetant son voile.
ff.) Le Pape Félix IIL Quoique le noni de Sylvestre soit inscrit au-des-
sous de ce pape, la figure allégorique de la Force qui l'accompagne
semble pourtant indiquer uii autre évèque de Rome. Nous admettons
avec Montagnani qu'on avait voulu représenter ici Félix H, dit Félix III,
car cet évêque résista avec force et persévérance à l'empereur Zeno, qui
avait promulgué un édit dans la question des dogmes, et qui s'appuyait
sur l'autorité ecclésiastique du patriarche de Coustantinople. Le pape, en-
touré de quatre petits anges, tient la plume au-dessus d'un livre, en re-
gardant dans un autre volume. La figure de la Force, qu'on voit auprès
de lui, est cuirassée, ayant un lion à ses pieds. De l'autre côté du pape
se trouve une fenêtre.
h.) Le Pape Grégoire VIL Quoique cette ligure n'ait pas reçu d'inscrip-
tion, nous voyons cependant, par la figure allégorique qui l'accompagne
et qui tient le bras droit élevé avec le foudre dans la main, que c'est un
pape de la plus haute énergie, qui défendit les droits de l'Église avec les
foudres de l'excommunication; c'est pourquoi nous n'hésitons pas à recon-
naître, dans cette figui e, le pape Grégoire VIL Ce pape, entouré de quatre
petits anges, écrit dans un livre. La ligure, à droite, qui tient un foudre,
a un livre dans la main gauche. Si nous devions lui appliquer un nom,
nous l'appellerions la Force spirituelle.
Gravures : Les 14 ûgures allégoriques placées à côté des papes. A l'eau-forte,
par Remy Vuibert, 1635. 14 pi. in-8*. — De même, par Scalberg. — Au irait avec
308 PEINTURES DE RAPHAËL.
de légères ombres, par Th. Piroli. 12 fig. pel. in-fol. — Avec des fonds d'archi-
tecture ou de paysage, gravé par Joh. Yolpato et C. Pestrini. 6 pi. continuées
pour la Calcogra/ia Camerale in Aoma, par Lod. Ferretli et Filippo Genci. Gr. in-
fol. — Landon, n** 448-450.
Sept des figures, debout sur des piédestaux, comme A poli on, Diane et des figares
de femmes, ont été publiées sous le titre suivant : Peinturet inèdUet dft tatles de
RaphaH au Vaticani par J. de Meulemestre (chez Martin, à Paris). 7 pi. in-8. Cette
première livraison a paru en 1830; nous ne savons pas si elle a eu une suite.
Deux des figures de femme, vêtues, vues de dos et de face, ont été lithographiées
par C. von Hannlich. Gr. in-fol.
247. Les peintures des socles dans la salle de Constantin*
Le soubassement des figures allégoriques contient sur un fond de mar-
bre des cariatides placées toujours deuK à deux avec les emblèmes de la
maison des Médicis^ tels que Tépervier et la bague de diamant avec la
devise : Semper^ devise qu'avait adoptée Pielro de Médicis, fils de Côme
surnommé le Père du peuple. Voyez Dialogo deW imprese di Gtovio, p. 48.
Entre ces cariatides^ au-dessous des grands tableaux et des figures des
papes, il y a des caissons^ grands et petits, qui contiennent, peints en cou-
leur de bronze jaune, divers sujets tirés principalement de la vie de l'empe-
reur Constantin. Ils furent vraisemblablement exécutés pour la plupart d'a-
près des dessins de Giovanni Francesco Penni. Ces sujets sont les suivants :
Au-dessous de la Harangue de Constantin : la Fortification d'un camp.
— Dans les deux petits tableaux de côté : l'Empereur victorieux entrant à
cheval dans la ville ; — un Cheval conduit à la suite de l'empereur.
Au-dessous de la Bataille de Constantin ; trois tableaux en longueur.
Des Romains, dans un camp, se préparent à l'attaque et s'exercent à lan-
cer des flèches avec le catapulte. — Constantin, après la bataille gagnée,
donnant audience aux prisonniers; derrière lui, une figure de la Victoire
le couronne ; le cadavre de Maxence est retiré du fleuve. — L'Assaut d'une
forteresse. — Dans les deux tableaux des côtés : le Départ du camp; — et
un Vaisseau rempli de guerriers romains rapportant la tète de Maxence.
Au-dessous du Baptême, deux tableaux : Constantin ordonnant de brûler
les édits contre les chrétiens. — L'Érection de Téglise de Saint-Pierre par
Constantin; le pape Sylvestre est ici représenté sous les traits de Clé-
ment VII; selon Vasari, l'architecte qui tient le plan serait Bramante, et
le vieillard, auprès de lui, Giuliano Lemi.
Au-dessous de la Donation de la ville de Rome, trois tableaux : l'Im-
pératrice Hélène trouve la vraie Croix ; — Constantin , à genoux devant
le pape qui le guérit de la lèpre ; — Constantin, malade de la lèpre, voit
en songe les apôtres saint Pierre et saint Paul.
Dans la collection du Louvre se trouvent deux esquisses pour ces sujets
exécutés par Giov. Franc. Pcnni. Ces esquisses, qu'on attribue à Matu-
rino, représentent les scènes suivantes ;
PEINTURES DE RAPHAËL. 300
i* Le Cadavre de Maxence retiré du fleuve.
2* Soldats montant à l'assaut, couverts de leurs boucliers et protégés
par des cavaliers.
Ces esquisses, dessinées à la. plume, lavées et rehaussées de blanc, sont
absolument traitées de la même manière que les deux dessins de la Vie
de Léon X^ tableaux des socles dans les tapisseries de l'Histoire des
Apôtres.
Aux embrasures des fenêtres: deux caissons en largeur, avec des sujets
allégoriques : TEncouragement de l'agriculture et des travaux des routes
entre Rome et Florence. — L'Encouragement des Sciences et des Arts.
— Quatre petits tableaux : les Païens, convertis au christianisme, détrui-
sent les idoles; — Saint Sylvestre (selon la légende) enchaîne un dragon;
— Constantin salue sa mère Hélène à son retour de Jérusalem; — Saint
Grégoire, inspiré par le Saint-Esprit, compose ses Homélies.
Gbavurbs: Quatorze des dix-sept sujets des socles et des embrasures des
fenêtres ont été gravés à Teau-forte en 11 planches avec un titre dédicace au pape
AleiLandre VIT, par Pictro Santi Barloli, qui attribue ces peintures à Jules Romain.
Le trait des peintures complètes de la salle de Constantin, avec un texte expli-
catif, se trouve dans l'ouvrage de Pietro Paolo Montagnani, intitulé : llluttraxioné
BloriohpiUorica eon ineisioni a contomi dei dipinli délia gran ta la delta di Catlan-
tino, etc., etc. (Roma, 1834.) In'4'>.
248. Le Couronnement de la Vierge.
Sur bois. H. 9' 10"; 1. 7* î".
Dans la partie supérieure, la Vierge, en adoration, assise à côté du
Christ sur des nuages, est couronnée par son divin Fils; au dessus plane
le Saint-Esprit. De chaque côté, il y a un ange qui jette des fleurs, et un
autre petit ange en adoration. Dans le bas, qui est séparé de la partie
supérieure par un épais nuage, les douze apôtres expriment de diverse
façon leur étonnement en voyant que le tombeau de la Vierge est vide et
seiilement rempli de fleurs. Dans le fond, à travers la voûte sépulcrale, on
voit une ville auprès d'un fleuve qui forme cascade.
Nous avons rapporté, dans l'Histoire de Raphaël, que le peintre d'Urbin
avait reçu, dès l'année 1505, un à-compte de trente ducats d'or des reli-
gieuses du couvent de Monte Luce, près Pérouse, pour peindre une
Assomption de la Vierge, qui devait décorer le maître-autel de leur église;
nous avons dit aussi pourquoi cette commande ne reçut point son exé-
cution <. Après onze années d'attente infructueuse, qiioique les religieuses
eussent souvent rappelé au peintre sa promesse, un nouveau contrat fut
t . Oa a supposé qu*un dessin représentant le Couronnement de la Vierge, lequel passa du
palais Borghèsc dans les collections de Th. Lawrence, du roi de UoUande et de Woodburn, était
la première esquisse de ce tableau ; mais ce dessin n'est pas de Raphaël ; c'est tout au plus
rouTrage d*un de ses élèves.
SiO PEINTURES DE RAPHAËL.
passé entre ces religieuses et Raphaël, par l'entremise d'Alfano Alfanî^
le 21 juin 1516, contrat en vertu duquel il devait livrer à leur église un
tableau du Couronnement de la Vierge, le 15 août 1517, jour de l'Assomp-
tion ^ Raphaël, afin de témoigner aux religieuses son bon vouloir et pour
réparer aussi en quelque sorte sa négligence , déclara que , bien que la
somme de cent vingt ducats d'or lui eût été promise pour Texécution de
cette peinture , il n'en voulait pourtant recevoir que cent. C'est à cb
moment-là qu'il put faire des esquisses pour ce sujet, lesquelles nous ont
été transmises par les gravures du Maître au Dé. Bartsch, t. XV, p. 188,
no 7 (Landon, n" 337), et p. ^90, n« 10. Mais, cette fois encore, Raphaël
fut empêché de tenir son engagement, par suite des ^travaux qui le sur-
chargeaient et aussi à cause de son voyage à Florence, où Tavait mandé
le pape Léon X, pour concourir au pian de la façade de l'église S. Lorenzo.
Ces retards involontaires se prolongèrent tant, que, même à la mort du
maître, le tableau était à peine dessiné sur le panneau. Ce fut seulement
quatre années plus tard que les élèves et héritiers de Raphaël, Jules
Romain et Francesco Penni , entreprirent d'achever ce tableau , de telle
sorte que Jules Romain se chargea de peindre la partie supérieure repré-
sentant le Christ, la Vierge et les anges, tandis que Francesco Penni devait
exécuter la partie inférieure où sont les apôtres. Enfin, selon les termes
du contrat, maître Berlo di Giovanni , à Pérouse , exécuta le gradin paur
le tableau, qui fut enfin exposé sur l'autel de Téglise du couvent de
Monte Luce, le 21 juin 1525. 11 y resta jusqu'en 1797, époque où on le
transporta au musée Napoléon, à Paris. Après le traité de paix de 1815,
il fut rendu aux États de l'Église; mais il ne retourna plus à sa place
primitive, et il orne aujourd'hui le musée du Vatican.
Quant à l'exécution de ce tableau, nous renvoyons le lecteur à ce que
nous en avons dit dans l'Histoire de Raphaël. Nous ajouterons seulement
ici que, selon Vasari, dans sa Vie de Francesco Penni, un autre élève de
Raphaël, Perino del Vaga, qui avait, peu de temps auparavant, épousé la
sœur de Penni, prit aussi part à l'exécution de celle peinture. Le concours
que Perino del Vaga apporta au travail de Jules Romain et de Penni ne -
paraît pourtant pas avoir été très-important, puisqu'on ne saurait décou-
vrir dans le tableau ni les traces de son pinceau facile, ni le ton vif de
son coloris. 11 nous reste à dire, de plus, que la predella de ce tableau,
peinte entièrement par Berto di Giovanni, se trouve encore dans la
sacristie de l'église du couvent de Monte Luce. Elle est composée des
quatre sujets suivants : la Naissance de la Vierge, son Entrée au temple,
son Mariage et sa Mort. Le premier de ces tableaux porte la date de 1525.
En générai, ces petites peintures ont le caractère de l'école de Raphaël
1 . Le contrat original se trouve à présent dans le Cabinet des Dessins, au Louvre.
PEINTURES DE RAPHAËL. 311
pendant son séjour à Rome. Cependant les compositions offrent peu d'en-
semble; elles ont peu de caractère et le ton en est lourd.
Gravures d'après le Couronnement de la Vierge.
Joannes Cappelli ex archetypo delin. Jacobus Bossi scuipsit Romse, avec une
dédicace à Carlo Badael ; Penigia, 30 aprile 1791, gr. in-fol. — Dans le Manuel
du Mutée Napoléon, D<> 39. — Le groupe des apôtres seulement, à l'eau-forte,
par L. Gattenbrunn, 179S. Petit in-fol.
Documents concernant ce tableau.
Dans un manuscrit de la bibliothèque de la ville de Pérouse, intitulé :
Iste est Liber reformationiSy vel memorialis flentis monasterii S. Af. Montis
lucidi extra mœnia perwina , on lit, à la page 46, la notice suivante :
« A di 29 del mese de décembre 1505. Nel tempo de lo offitio délia
sopradetta Abatessa (Suor Chiara de Messer Francesco de' Mansueti de
Procia) fu ordinato se dovesse fare una tavola o vero cona grande per lo
Altare Magiore de la Ohiesa de fuora come moite volte era stato ragionato
depinta cum l'Assumptione délia Verg. Ma come se conviene in essa
Chiesa : et perché questo era el terzo anno et circa al One del suo oflitio
non fu tempo dà poterne fare atlora. Ma fece trovare el Maestro el mi-
gliore si fosse consigliato da più cittadini : et anco dali nostri Venerandi
Padri li quali havevano vedute le opère sue : lo quale si chiama Maestro
Raphaello da Urbino^ et con esso fu facto el pactocon lo contraclo ricolte
et testimonj al bancho de Cornelio de Randoli da Procia : et dal nostro
Factore Ser Bemardino da Chanaglia li furono dati in mano per arra
trenta ducati tutti de oro como Maestro Raphaello adomandô. Le ricolte
furono lo predicto Cornelio de Randoli et Venciolo de Messer Sacramotre :
e tucto questo ne appare el contracto per mano de Ser Giacopo Coppo
Not. del Monast. Li detti trenta duchati furono dati al detto Fattore per
mano de me Sora Baptista indegnamehte Abbadessa che esso li desse al
Maestro : furono de la lemosina de Sora llluminata de Perinello che le
haveva da spendere in cose de Chiesa. »
Dans les Opère del Consigner e Lodovico Bianconi (Milano, 1802^ t. lY^
p. 52) , il est dit que, le 23 décembre 1505, Rafaël de Bemardino Cha-
naglia reçut de Thomme d'affaires (fattore) du couvent de Monte Luce la
somme de trente ducats d'or. On trouve ensuite, à la page 57 du même
recueil, l'acte suivant, relatif au tableau du Couronnement de la Vierge :
« Al nome di Dio XXI di Giugno MDXVl in Roma. Sia noto, et manifesto
a qualunque leggerà la présente scripta come M. Raphaelo da Urbino
pictore toglie a fare, e dipingere una Tavola ovvero Cona per le Monache
del Monasterio di Monteïuce extra muros Perusinos con li infrascripti
pacti> et Capituli che qui di sotto se annotaranno, etc. In prima, che
dicta Tavola sia deli' altezza et grandezza che fu ragionata nel primo
512 PEINTURES DE RAPHAËL.
disegno dato dal prefato M. Raphaelo con la Incoronazione de la glo-
riosissima Noslra Donna : cou li Capitoii in modo, e forma che in esso
primo disegno se dimostra ad uso de bono optimo et leale Maestro
dipiQta di fini et boni coiori sccondo ad taie opéra se conviene : Et che
prefato M. Raphaelo sia obbligato fare dicta Tavola si?e Cona, et depia-
gère solum la Istoria supradicta in lo campo o vero vano de dicta tavola
in Roma a sue spese de legname, coiori et oro che ne intrasse : et omnia
altra cosa, et spesa che andasse per fare depingere et finire de tucto
punto dicta Tavola: Ma la Gassa^ chiodi^ corde et amagliatura, vectura
et gabelle da essa per condurla da Roma a Perugia vadi a spese de esse
Monache : Quale opéra prefato M. Raphaelo promette dare tinita per
tempo de uno anno da hoggi videlicet ad summum ad tal tempo che dicta
Tavola sia conducta in Perugia adeo che il giorno délia sagratissima festa
délia Assumptione che sarà adi 15 agosto del 1517 sia perfecta et messa
in opéra nello altare délia Chiesa del dicto Monasterio de Monteluce. Ma
la predella Gomicione frigio et corne altro adornamento de dicta Tavola^
et pictura de esse cose se debbia fare et dipingere in Perugia videlicet il
legname intaglio Magisterio coiori oro, et omne altra cosa, che vi andasse
a tutte spese de M. Berto de Giovanni pictore supradicto, et in questa
opéra Gompagno electo da prefato M. Raphaelo^ et accettato da pretate
Monache^ quai M. Berto habbi etiam a dipingere tutte le cose contenute in
lo présente Gapitulo videlicet predella cornicione etiam : Kt sia obiigato
ultra li adornamenti depinger in la predella la Natività de prefata glo-
riosissima Nostra Donna, suo sposalitio et sua sanctissima morte ovvero
transito. Le quali tucte cose videlicet ornamenti predella etiam prefato
M. Berto jia obligato fare ad suo uso de bono et leale Maestro et per
termine ut supra notato videlicet che se possa ponere in opéra et sia
perfecta per la Festa de Santa Maria d'Agosto 1517 ut supra : Per le
quali opère et picture le prefate Monache siano obligate pagare et cum
effecto numerare alli prefati M. Raphaelo et M. Berto ducati doicento
d'oro in oro de Gamera videlicet ducati cento venti simili a lo prefato
M. Raphaelo per sua mercede et premio de la tavola come de sopra : De
li quali ducati cento venti prefato M. Raphaelo ha havuti da prefate
Monache ducati venti simili per arra et parte de pagamento. Et a prefato
M. Berto ducati octanta simili videlicet per legname^ intaglio, coiori^ oro,
pictura et ornamento de dicta predella, pilastri, cornicioni, fregi et omne
altra cosa, che aqdasse per ornamento de essa tavola de li quali ducati
octanta prefato M. Berto ne ha avuti da prefate Monache ducati dieci
simili per arra et parte de pagamento. Et li pagaroenti se debbiano fare in
questo modo cioè ducati sexanta nel principio de lo lavoro computati
pero li ducati trenta supradicti, che li prefati hanno havuti come de sopra :
Et ducati septanta debbano havere facta la meta délia opéra, et allri
PEINTURES DE RAPHAËL. 313
septanta che sarà lo residuo de dicti ducati doicento, quando dicta opéra
sarà (înita^ et couducta al dicto Monasterio : cioè a ciascuno de loro la sua
râla da per se de tempo in tempo corne de sopra. Et se per caso uel con-
duire da Roma a Perugia dicta tavola per qualcbe sinistro evento havesse
qualche lessione prefato M. Raphaelo sia tenuto acconciarlo.
« lo Raphaelo son contento quanto de sopra è scripto et a fede ho fatto
questa de mia mano in Roma die dicta et sono contento haver il mio paga-
mento videlicet ducati cento finita tutta la opéra non obstante quanto nel
penultimo Capitoio se contiene.
a lo Alfano Alfani da Perugia corne procuratore de le prefate Monache
prometto se observera quanto de sopra se contiene^ et in fede mi sono
qui de propria mano subscripto Romae die dicta.
« Et io Piernicolo Alevoiino da Rocchacontrata de voluntà délie sopra-
scrlpte parte ho scripti li soprascnpti Capituli di mia propria mano. »
Dans le registre cité plus haut, qui provient des archives du couvent de
Monte Luce^ on lit encore ce qui suit, à la page 67 :
a 1525. Item. Nel predicto millesimo l'ultimo anno dello oftitio délia
azienda sora Veronica fu portata la cona nostra da Roma essendo fornita
de pingere , la quale per molti anni innanzi la buona mem. délia Rêve*
renda Anzienda sora Baplista aveva data commissione fosse facta e penta
per lo altare délia chlesa de fore come appare al présente. »
D'après d'autres indications fournies par le même registre , la suora
Battista mourut le 23 mars 1523^ et le tableau d'autel arriva à P^rouse le
21 juin 1525.
SUPPLEMENT
AU CATALOGUE DES PEINTURES DE RAPHAËL.
Outre les tableaux que nous avons décrits jusqu'ici, il en est
encore quelques-uns qui ont été vraisemblablement exécutés par
Raphaël , mais sur esquels nous n'avons que des renseignements
incertains ; il y a aussi ceux qui nous sont connus , et dans les-
quels la coopération de Raphaël est plus ou moins probable, mais
qui généralement n'on* -té leints que par ses élèves, d'après ses
dessins, et qui ont tout au plus reçu de sa main les derniers coups
de pinceau. Faute de tout renseignement historique concernant
ces tableaux , il devient impossible, en ne jugeant que leur exé-
cution, de préciser Tépoque où ils ont été faits, et de leur donner
ainsi place dans Tordre chronologique du Catalogue des œuvres
du maître; c'est pourquoi nous nous sommes vu forcé de les
placer à la suite de ce Catalogue, dans un supplément. Il y a, en
outre , beaucoup de tableaux que Ton a décrits et gravés sous le
nom de Raphaël, quoiqu'ils appartiennent incontestablement à
d'autres maîtres. Nommer ici toutes ces peintures apocryphes, ce
serait une tâche difficile et oiseuse; mais cependant, pour pré-
venir les désirs curieux des amis des arts et pour montrer que
nous n'avons rien négligé, dans le but de rendre cette monogra-
phie aussi complète que possible, nous décrirons dans ce sup-
plément les plus intéressants de ces tableaux faussement attribués
à Raphaël.
SUJETS TIRÉS DE L'HISTOIRE SAINTE.
249. Adam et Eve.
Le marchand d'objets d'art, Baseggio, à Rome, acheta, en 1835, de
Buchanan, à Londres, un petit panneau provenant d'un tableau à trois
sujets, et représentant Adam et Eve. Le paysage est riche, mais froid de
Ion. La tête d'Eve a qiiclque analogie avec les ouvrages de Mariotto
Albertinelli, auquel on pourrait attribuer ce tableau.
SUPPLÉMENT AU CATALOGUE DES PEINTURES DE RAPHAËL. 5!5
250. Zré Sacrifice de Caïn et dAheL
Sur bois. H. 8 t|2"; l. U".
Au milieu du tableau est un autel formé de pierres, sur lequel les deux
frères offrent à Dieu un sacrifice. Abel est agenouillé à gauche, les mains
jointes, les regards dirigés vers le ciel, car il a vu le feu céleste embraser
son holocauste, dont la flamme tournoie en s'élevant. Caïn, au contraire,
tenant Tautel des deux mains, debout à droite, s'eflbrce en vain d'allumer,
avec son souffle, le feu de son sacrifice. Une draperie et une massue sont
à ses pieds. Une prairie, avec quelques petits arbres à droite, occupe le
fond. Le faire de cette peinture rappelle les premières œuvres de Raphaël ;
mais ce qui pourrait encore mieux faire croire que Texécution de cet
ouvrage lui appartient, c'est l'originalité et la profondeur de la création.
Le tableau est malheureusement endommagé en quelques parties et usé en
d'autres.
Si nous sommes bien informé, ce petit tableau se trouvait autrefois
dans la galerie Aldobrandini, à Rome. Toutefois, ce n'est pas dans cette
galerie , c'est chez le marchand de tableaux Emmerson, à Londres, que
nous l'avons vu.
251. Noé entrant dans V Arche.
Carton colorié.
Ce carton se trouve dans la galerie du. palais Manfrin, à Venise, où on
l'attribue à Raphaël; mais c'est un ouvrage évidemment postérieur à ce
maître. Selon nous, il faut l'attribuer plutôt à un peintre néerlandais qui
avait étudié à Rome, et qui Ta composé pour servir de modèle à une
tapisserie.
252. Elisée ressuscite trois jeunes gens.
Sur bois. 18'^ de large sur 12 de haut enTiron.
En 1845, nous avons vu à Rome, chez le chevalier portugais Hewson,
un petit tableau représentant le prophète Elisée qui ressuscite trois
jeunes gens étendus à terre. Ce petit tableau, d'un ton vigoureux et d'une
finesse extrême, est un ouvrage de l'école du Pérugin. A la manière dont
sont exécutés les arbres, nous sommes porté à le croire du Pinturicchio.
253. Judith.
Sur bois. H. 4*; ' V 6" 6"'. Figure entière, Tue de face.
Elle est debout, s'appuyant du bras gauche sur un pan de mur et te-
nant, de sa main droite, une grande épée, le pied droit posé sur la tête
d'Holopherne. A droite, quelques arbres, et à gauche un paysage bordé
par la mer.
Ce beau tableau passa de la collection Crozat dans la galerie de l'Er-
mitage, à Saint-Pétersbourg.
516 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
Des artistes qui l'ont vu et qui connaissent les maîtres de Brescia l'at-
tribuent à Alessandro Bonvicino^ surnommé il Moretto. Le caractère gran-
diose de cette figure et le style des draperies semblent confirnaer cette
opinion. Le Moretto est moins connu qu'il ne le mérite ; nous possédons
pourtant quelques beaux tableaux de lui en Allemagne : la Sainte Justine^
dans la galerie du Belvédère, à Vienne, qui a été attribuée sans raison au
Pordenone, et que C. Rahl a gravée sous le nom de ce dernier maître;
la Vierge, avec quatre Pères de l'Ëglise, qui ornait autrefois la galerie
Fesch, à Rome, et la Vierge sur son trône avec saint Sébastien et saint
Antoine, excellents tableaux qui sont actuellement tous deux à l'Insti tut de
Staedel, à Francfort-sur-Mein ; deux tableaux d'autel, au musée de Ber-
lin, et l'Apparition de la sainte Vierge à Brescia en 153S, appartenant à
M. de Quandt, à Dresde. Quant aux deux petits tableaux qui sont au Lou-
vre, ils ne donnent point la mesure de son talent.
Gravures : L. Sa. schulp. A. Blooleling ex. H. 11" 9'"; l. 6" 9'". - ToioctCe
Larcher, pour le Cabinet Crozat, du côté opposé. Petit in-fol. — Au trait, dans la
DeicripiioH det iableawc, de V Ermitage^ n*> 39. — Seulement en demi-fîgrure r
Abr. Blooteling f. et ex. H. 7" 11'". 1. 5" 10"'. - A la manière noire : J. Hend.
Quiler se. — Peint par Raphaël, gravé par Desmadryi. Gr. in-fol. — Lith. pour
l'ouvrage sur l'Ermitage (Saint-Pétersbourg, 1846). — Landon, n" 812.
Dans le Catalogue des ouvrages d'art de Charles 1^^ d'Angleterre, est
mentionné, comme un ouvrage douteux de Raphaël, le petit tableau
d'une Judith que le roi céda en échange à lord Steward Pembroke. Ce
tableau se voit encore à Wilton House : c'est une jolie peinture d'Andréa
Mantegna ^
254. L'Annonciation.
Malvasia, dans sa Felsina Pittrice (t. I*% p. 44), signale en ces termes
un tableau de Raphaël, parmi ceux qui se trouvaient de son temps à Bo-
logne : « L'Annonciation qui est dans la maison d'Agamennone Grassi lui fut
envoyée par son frère Achille, lorsque celui-ci était encore auditeurde la
Rote, à Rome ; c'est-à-dire au plus tard en 1511, car, cette année-là, il fut
fait cardinal.ll est certain que ce tableau a été connu du Francia, puisqu'on
en conserve encore une copie de sa main dans l'atelier Musotti. » Carlo
Bianconi, dans une lettre qu'il adressa à Baldassare Mazzanti de Bologne^
qui possédait ce tableau, lui écrivit de Rome que, d'après l'examen des
ouvrages de Raphaël, qu'il venait de voir, il ne doutait pas, en effet, que
le tableau de l'Annonciation, avec Dieu le Père dans le haut, ne fût réelle-
ment de la main de ce maître. Il paraît, d'après la même lettre, que ce
tableau, peint sur toile, avait 2' 4 3/4". Voyez Pungileoni, qui rapporte
aussi, à la page 286 de son ouvrage, un certificat d'authenticité délivré
1 . Ce tableau a été exposé à Manchester et catalogué , en effet , comme Mantegna* (Voir
W. Burger, Tréiors d'art, etc., p. 72-73.) {Note de l'éditeur,)
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 517
par l'académie de Bologne, en date du 3 août 1773, sur la demande de
GîuFeppe Masi de Reggio, qui possédait alors ce tableau. C'est, seulement
plus tard que cette toile passa dans les mains de Baldassare Mazzanli.
Ce certificat nous apprend qu'elle représenlait des figures entières, aux
trois quarts de nature. Toutefois, il nous semble que l'estampe de Marco
da Ravenna fut exécutée d'après un premier dessin plutôt que d'après le
tableau lui-même.
Oo ignore absolument ce qu'est devenu ce tableau ; mais on en voit, au
château de Gotha, une copie faite dans l'école de Raphaël, copie qui a
quelque ressemblance avec la gravure de Marco da Ravenna : la Vierge
est agenouillée à droite, les mains croisées sur sa poitrine. Son prie-Dieu
est posé vers le milieu du tableau : l'ange, qui survient du côté gauche,
élève sa main droite dans l'attitude de la bénédiction, et au-dessus de
lui est la mi-figure de Dieu le Père dans une gloire. Au fond, un mur de
chambre avec une porte. Figures aux trois quarts de nature.
Gravures : Marco da Raveniia. Copie par Franc. Villamena. Bartsch, t. XIY,
n» 15. — LandoD, n" 151. — Gravure sur bois : composition semblable, du côté
opposé, entourée d'arabesques. A droite est la marque YGO. H. 4" 5'"; 1. 2" 10'".
Longhena décrit (dans une note, p. 13) une toute petite Annonciation
d'environ 5" de larg., dans une lunette ou demi-cei*cle. Nous avons vu
cette peinture dans la succession du graveur Longhi, à Milan , et nous
VaTons trouvée charmante, peinte avec une exquise délicatesse , mais sans
pouvoir y reconnaître la manière de Raphaël. A la juger d'après son exécu-
tion, et en raison surtout des cassures anguleuses des plis d'étoffe, nous
y retrouvons l'école florentine du commencement du seizième siècle.
Longhena «te encore (p. 674) un autre tableau représentant une An-
nonciation qui était autrefois dans la possession de teu F. Gozzi, à Milan.
Nous l'avons vu à Londres et nous le tenons pour une belle peinture de
Nie. Alunno.
Le cardinal Delfino de Venise avait fait don à Bianca Capello, épouse
du grand-duc Francesco de Médicis, d'une Annonciation de Raphaël.
Voy. NuovaRaccoUa di lettere svUa pittura, di Michel Angelo Gualandi,
tome I«^
Dans l'église principale du couvent Alexander-Newsky, à Saint-Péters-
bourg, il y a aussi une prétendue Annonciation de Raphaël. Voy. le Lexi-
con der morgeiilandischen Kirchen, par Murait (Leipzig, 18**^8, p. 13), et
Beitraege zur christlichen Kunstgeschichte und Lt7ur^te ( Leipzig, 1841,
page 65).
255. La Naissance du Christ.
DU PALAIS ROSPIGLIOSI.
La Vierge et saint Joseph sont agenouillés en adoration aux deux côtés
de l'enfant Jésus couché à teire. Ce tableau rond^ de 32" de diamètre,
518 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
est un ouvrage de Lorenzo di Gredi. Lorsque le tableau appartenait en-
core au prince Giulio Rospigliosi, il fut gravé sous le nom de Raphaël^
par Jaciutus Paribenius^ eu 1612. Plus tard, il était chez le duc de Tal-
lard, à Paris.
Gravé, du côté opposé, par Vallet. C. P. R. Voyez le Catalogue de Remy et
Glomy (Paris, 1756).
Une autre Nativité, avec la Vierge agenouillée et deux anges en adora-
tion de chaque côté, dans un rond de 3 1/2 palmes de diamètre, se trouve
chez le cavalière Costantino Guidi, à Cesena, comme étant un tableau de
Raphaël, mais il est exécuté dans la manière de Bern. Pinturicchio.
Gravé à l'eau-forle par A. Bornaccini.
256. La Naissance du Christ,
Sur bois. H. 10 palmes; 1. 7 palmes. Dans la galerie daYatican.
La Vierge et saint Joseph sont agenouillés en adoration aux côtés de
l'enfant Jésus couché à terre. Derrière eux deux anges, également age-
nouillés, et trois autres, debout sur un petit nuage dans le haut, chantant
le Gloria in excelsis. Dans le paysage du fond, on aperçoit le cortège des
trois rois^
Cent une composition du Spagna, qui l'avait exécutée, en 1507, pour
l'église des Minori Riformati de la Spina, près Todi, à quelques milles de
Ferentillo.Oi) sait, par des documents authentiques, qu'il en reçut deux cents
ducats en or pour prix de son tableau. Voyez Vasari, édition de Florence,
publiée en 1831, tome VI, note, p. 54. La même note rapporte que Spagna
lui-même a fait une copie de ce même tableau pour Téglise des Riformati,
à Narni, comme le fait se trouve consigné dans un livre d'* ce couvent.
Une étude, à la pierre noire, pour la tête de saint Joseph, est conservée
au British Muséum, à Londres. Elle est traitée tellement dans la manière de
Raphaël qu'on pourrait la croire dessinée par lui; mais nous devons rappe-
ler qu'à cette époque le Spagna imitait avec tant de bonheur son illustre
condisciple que plusieurs de ses ouvrages ont été attribués à Raphaël.
Lith. par Hosemann, chez Schenck et Gerstaeker, à Berlin.
Une copie de ce tableau fut achetée, il y a quelques années, par le
musée du Louvre, comme étant un ouvrage du Pérugin *.
1. En donnant, sous le n" 36 de ce Catalogne des peintures de Raphaël, la description
d^uue Adoration des Bergers, qui était au château de San Udcronso, et que les notes de madame
de Humboldt nous ont fait connaître , nous supposions que ce tableau pouvait être celui que
Raphaël avait peint pour Giovanni BentivngUo, à Bologne. Depuis 18b8 , cette Adoration des
Bergers a été placée au musée de Madrid et attribuée à Jules Romain; nous avons constaté,
diaprés une photographie que S. A. R. le prince Albert en a fait faire , et qu*il a bien voulu
nous communiquer, que ce tableau devait être attribué à un élève inconnn de Raphaël.
2. Il eSt toujours attribué à ce maître daos le Catalogue du musée du Louvre (n* 44 1, édi*
DES PEINTUBES DE RAPHAËL. 319
2S7. L'Adoration des Mages.
DE LA MAISON ANCAJANI.
Peint sur toUe, à la colle. 7' 9" 6'" carrés.
La Vierge, adorant l'enfant Jésus, est agenouillée à gauche; saint
Joseph^ debout auprès d'elle, et un ange en adoration de chaque côté.*
L'eDfant Jésus, couché sur un coussin bleu , porte un de ses doigts à sa
bouche. Devant lui, est à genoux le plus âgé des rois Mages ; les deux au-
tres, tenant leurs présents, sont debout derrière lui, avec cinq personnes
de leur suite. Parmi ces derniers on remarque un jeune homme, vu de
profil, d'une beauté toute raphaélesque. Dans le paysage du fond, sont
trois soldats, et on voit descendre de la montagne le cortège des gens des
rois Mages avec des chameaux et des chevaux. Dans le haut, sur un nuage,
trois anges, debout, chantent le Gloria.
La large bordure jaune d'or pointillé du fond a des arabesques grises
imitant le relief. Dans le milieu du haut, ou voit, dans un cercle rayon-
nant, le monogramme du Christ 1 H S (Jésus hominum salvator ), et dans
les quatre coins, quatre demi figures, deux sibylles dans le haut et saint
Benoît et sainte Scolastique dans le bas. Dans la bordure du bas, les
armes de la famille Ancajani, avec la mitre d'évèque, entourées d'une
ornementation en grisaille figurant ua bas-relief, avec deux chevaux ma-
rins, sur lesquels sont assis des tritons et des Amours ; des satyres de mer
et des nymphes égaient de leurs jeux ce cortège mythologique. L'orne-
ment de chaque côté représente un riche candélabre.
Raphaël, selon une tradition locale, aurait peint ce tableau à la de-
mande de Tabbé Ancajano Ancajani, qui était le supérieur du cou-
vent de Ferentillo de 1478 à 1503. Le tableau est resté dans l'église
S. Pietro de cette ville jusqu'en l'année 1700. Mais, comme il avait souf-
fert de rhumidité et que les couleurs, surtout les bleues, commençaient à
s'écailler, l'abbé Decio Ancajani fit doubler la vieille toile d'une toile neuve
par les soins de Domenico Michelini, et, d'après les conseils des peintres
Masucci et Sebastiano Conca, il sollicita, auprès de la Sainte-Congrégation,
à Rome, rautorisation de faire placer le tableau dans la chapelle du
palais Ancajani, à Spoleto, où il serait mieux conservé, après en avoir
fait exécuter une copie pour l'autel de l'église de Ferentillo, par Seb.
tion de 1855). H fut acheté, en 1843, des héritiers du baroD de Géraiido, auquel il avait été
offert, en 1811, par la ville de Pérou&e, comme un témoignage de reconnaissance publique
peadant Toccupation française. Malgr- ^ette provenance authentique, les vrais connaisseurs ont
toujours contesté Tattribution de ce tableau, qui est d'ailleurs à moitié repeint. On a même
lieu de croire que la liste civile, en achetant ce prétendu Pérugin pour la modique somme de
25,000 francs, avait voulu seulement faire acte de munificence à Tégard de la famille du baron
de Gérando. Ne serait-il pas singtilier, en effet , que le Pérugin eût fait lui-même une copie
d'un tableau de son élève ? {NoU de l'édiieur.)
520 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
Conca. Cette autorisation lui fut accordée le 18 septembre 1733, sous la
signature du cardinal Francesco Barberini. En 1825, la famille Anc^ajani
iit transporter le tableau à Rome, où il fut exposé pendant quelques an-
nées au fort Saint-Ange, puis ensuite au palais Torlonia. Il a été acquis,
en 1833, au prix de 6000 scudi, pour le musée de Berlin.
Quoique, dans cet intéressant tableau, il y ait encore plusieurs parties
très-bien conservées, comme les têtes et les mains, cependant les couleurs,
en s'écaillant, ont disparu par places et dans les draperies surtout; c'est
ce quia empêché de Texposeï publiquement au musée de Berlin.
Cette détérioration, très- regrettable sans doute, a cependant l'avantage
de nous apprendre comment le maître procédait pour exécuter ses
tableaux. Ainsi, dans les endroits où la toile est entièrement à du, on
voit qu'il a tracé le dessin à l'encre, soit avec une plume, soit avec le
pinceau. •
Ce tableau est déjà mentionné comme un ouvrage de Raphaël dans le
Guido d'Italia, imprimé à Rome en 1775, et beaucoup de connaisseurs
ont depuis confirmé cette attribution; cependant nous ne devons point ou-
blier de dire que, dans le certificat, cité plus haut, relatif à la conservation
du tableau, le maître ne se trouve point nommé et que des personnes
très-éclairées, à Rome, soutiennent que non-seulement une ancienne tra-
dition le donne au Spagna, mais encore qu'elles y reconnaissent son style
son faire. ^
Nous nous rangeons également à cette dernière opinion et cela d'au-
tant mieux que, dans la frise en grisaille dans le bas du tableau , nous
n'avons pas constaté que les têtes des chevaux eussent cette conformation
particulière qui distingue ceux de Raphaël depuis sa première époque jus-
qu'à sa dernière. Pourtant, dans l'état actuel de cette peinture, et en con-
sidérant que le Spagna est de tous les élèves du Perugin celui qui a imité
Raphaël avec le plus de succès, il serait difficile de donner, au sujet de
son auteur, un avis tout à fait décisif.
Gravé par Edouard Eichens. 1836. Gr. in-fol.
D'après une indication que nous trouvons dans le « Saggto mtomo le
pitture di P. Filippo Ltppi e di Giovanni Jspanoz, » par le duc Pompeo
Benedetti de' Conli di Montevecchio, le peintre Jacopo da Norcia aurait
fait un bonne copie de ce. tableau. Voy. Pungileoni, Elogio stor. di Rof-
faello Santi, p. 18.
2S8. La Sainte Cène.
Cintre élevé , d'environ 30* de large sur 16* de haut.
Cette fresque se trouve dans le réfectoire de l'ancien couvent des
nonnes S. Onofrio, à Florence.
Selon la disposition des anciens bas- reliefs du douzième siècle, repré-
DES PEINTURES DE RAPBAEL. 521
sentant la Cène^ le Christ est assis à une longue table, au milieu de ses
apôtres^ élevant la main et prononçant ces paroles : « Un d'entre vous me
trahira, i» Saint Jean appuie sa tête sijr la poitrine du Christ qui l'entoure
de son bras gauche. Les autres apôtres^ assis aux deux côtés dans des
attitudes diverses, expriment leur étonnement. Judas Iscariote, tenant un
sac d'argent, est kssis en face du Seigneur et détourne la tête avec une
expression d'eflroi et d'inquiétude. Son air de fausseté contraste avec l'air
candide de Jacques le Mineur, qui, les mains croisées l'une sur l'autre>
semble demander s'il est possible que quelqu'un puisse trahir son divin
maître. La tête du Seigneur, qui est d'une grande beauté, exprime une
douleur calme et résignée; saint Pierre, indigné, semble menacer de
son couteau le traître qu'il ne connaît pas encore. Le peintre a caractérisé
ainsi de la manière la plus frappante la personnalité de chaque apôtre.
Les noms des personnages représentés sont inscrits, au-dessus de chaque
figure, dans Tordre suivant : S. Jachopo^ S. Philipo, S. JachopOy S. An-
dreia. S, Piegtro, Jesu Cristo^^ S. Giuvanne, S. Bartolomeo , S. Mactio,
S. Tomasoy S. Simone, S. Tadeo. Au-dessus du banc à haut dossier, à
travers une riche architecture, on voit au loin le mont des Oliviers, au
pied duquel trois apôtres sont endormis^ tandis qu'un ange descend du
ciel , apportant le calice d'amertume au Seigneur. Il est à remarquer que
la forme^e la tête de saint Pierre est tout à fait semblable à celle que
Raphaël lui a donnée dans son Couronnement de la Vierge qui est au
Vatican. En somme, au premier abord, cette fresque frappe par son aspect
péniginesque, quoique les mains et les pieds soient ici d'un meilleur dessin
que dans la plupart des tableaux du maître de Raphaël. Quant à la com-
position elle-même; elle appartient incontestablement au Pérugin; on
De la retrouve pas seulement dans son école , mais encore deux planches
gravées, qui se trouvent à la collection de Gotha, semblent être faites
d'après l'œuvre originale du Pérugin. Elles sont absolument conformes,
du moins pour la partie principale du sujet, à la fresque ; mais l'archi-
tecture est plus riche dans la gravure^ et Ton n'y trouve pas la scène du
mont des Oliviers.
Un petit tableau à la détrempe, qui est dans la possession du peintre
Ph. Veit, et que nous supposons avoir été peint par Giaimicolai, en 1500^
nous prouve que cette composition était déjà en usage à cette époque. Ce
petit tableau porte cette inscription : Hoc optAS fecit fieri ser Bernardinus
S. Angeli, Anno^salutis MD,
11 est surprenant que la fresque de S. Onofrio n'ait été connue ni par
Yasari ni par aucun ancien écrivain. C'est seulement au mois d'oc-
tobre 1845 qu'elle fut découverte par les peintres Carlo délia Porta et
Zotti, qui l'attribuèrent aussitôt à Raphaël. Cette peinture était alors
très-enfumée, car la salle où elle existe se trouvait alors occupée par un
II. 21
Zîi SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
peintre vernisseur en voiture. Il faut savoir gré à ces deux artistes de
l'avoir nettoyée et restaurée. Cette intelligente restauration 6t reparaître
tout à coup, dans la bordure supérieure de l'habit de saint Thomas^ une
inscription ainsi conçue : RAP. VR. ANNO MDV, ce qui donna lieu de
supposer que Raphaël avait au moins participé à cette peinture.
Le vieux bâtiment fut acheté par le gouvernement toscan, au prix de
700 scudi, et la peinture pour 12,000. On nous a assuré que, plus tard,
l'inscription qu'on lisait sur la bordure de l'habit de saint Thomas s'efifaça
au premier nettoyage, et que dès lors on put douter de l'autbeiiticité de
cette inscription.
Il est à remarquer que Ton a découvert aussi deux études pour cette
fresque. L'une de ces études représente la figure entière de saint Jacques
le Majeur, avec la partie supérieure et inférieure de la figure de saint
Pierre et quelques mains isolées. C'est un dessin à la pointe de métal,
lavé et rehaussé de blanc ; la tête de saint Pierre est même un peu colorée.
Ce dessin, provenant de la maison Michelozzi, était venu en la possession
du peintre Piatti, à Florence. L'autre dessin contient l'esquisse des deux
apôtres saint Pierre et saint André, avec une étude' pour la main du pre-
mier, de plus grande proportion. Ce dessin appartenait au sculpteur
Emilio Santarelli, à Florence. On nous a dit qu'il était traité de la même
manière que le premier, le seul que nous ayons vu. A juger de tous deux
par celui-là, nous croyons que ces dessins sont de la main du Spagna;
car ils ressemblent singulièrement à celui, du même peintre, qui est
conservé au British Muséum , et qui représente la tête de saint Joseph,
pour son tableau de la Naissance du Christ, au Vatican. En tout cas, ces
études pour la fresque de la Cène diffèrent essentiellement de celles de
Raphaël, qui ne lavait pas ses dessins à la pointe et qui surtout ne les
coloriait jamais.
Du reste, on sait, et nous l'avons déjà signalé, avec quelle adresse,
avec quel talent Spagna imita quelquefois le genre de Raphaël, et cette
imitation fut poussée si loin que quelques-uns de ses tableaux ont été et
sont encore attribués à Raphaël. Si toutefois nous devions nous eiprimer
catégoriquement au sujet de la fresque de S. Onofrio, qui n'est pas de
Raphaël, mais qui offre quelques-unes de ses qualités de style, notre
opinion, naturellement indécise, en arriverait à se convaincre, en se fon-
dant sur l'existence de ces mêmes études, que ce peut être une oeuvre du
Spagna, exécutée, d'après une composition du Pérugin, dans la manière
de Raphaël.
Gravures: Ch. Janneret, 1846, petit in-fol., d'après un dessin de Zacheroni,
mais qui ne reproduit pas exactement la fresque.
A notre séjour à Florence, en 1847, Ghesi faisait, d'après cette peinture,
un grand dessin, dont la gravure a dû être interrompue par sa mort.
t>£S PEINTURES DE RAPHAËL. 323
Le peintre Zotti avait commeDcé aussi à dessiner les têtes et les pieds,
de la grandeur de l'original, pour les publier en lithographie.
Ëritin, nous n'omettrons pas de rappeler, pour la curiosité du fait, que
Gargani Garganelli, dans un opuscule publié à Florence, en 1846, soutient
que la fresque serait l'œuvre de Neri di Bicci. Il assure avoir trouvé, dans
la bibliothèque Stroziana, un recueil de notes écrites par ce peintre,
dans lequel il raconte lui-même qu'il fut chargé, le 30 mars 1461, de
peindre une Sainte Cène pour le couvent des religieuses de S. Onofrio.
Cependant, dans un livre de notes où Neri a inscrit toutes les sommes
qu'il a reçues du couvent de S. Onofrio, on ne retrouve pas de payement
efTectué pour cette peinture de la Sainte Cène. En outre, on voit, par le
Christ en croix qu'il peignit, en 1459, pour le même couvent, qu*il fut un
des derniers imitateurs du Giotto. 11 y a donc une impossibilité historique
qui empêche de le croire l'auteur de la fresque de S. Onofrio.
239. Le Christ aux Oliviers.
lue seule figure. Sur bois. H. 13" 6'"; 1. 5" 6'".
Le Sauveur est agenouille, les mains jointes, tourné du côté gauche et
levant les regards vers le haut, où Ton voit un ange qui a le pied sur un
petit nuage et qui tient le calice de la main gauche. Dans le paysage du
Tondril y a un arbre à gauche, et, sur la droite, une maison de campagne
avec une tour sur une montagne. Ce petit tableau , très-fin de ton et
d'exécution, rappelle la manière de Raphaël en 1505. Deux petits pan-
neaux, postérieurement ajoutés de chaquecôté, en forme de frise, repré-
sentent les instruments de la passion peints en grisaille. On remarque,
derrière le tableau, les lettres D. G. K., avec une couronne, imprimées
dans le bois avec un fer chaud^ qui paraissent être du dix-huitième siècle,
et qui ne peuvent, par conséquent, offrir les initiales du duc Guidubaldo
dUrbin qu'on avait cru y découvrir.
Nous avons ^u ce petit tableau, à Londres, chez M. Henry Farrer^ qui
nous a dit que ce tableau venait de Russie.
260. Le Baptême du Chi^ist et la Résurrection.
Deux petits tableaux, à la pinacothèque de Munich.
Ces deux petits sujets, peints sur bois en largeur, semblent avoir pri-
mitivement servi de predella à un tableau d'autel du Pérugin. Longhena
dit (à la page 11) que ce sont les mêmes conjpositions que celles de la
predella de ce maître, qui était autrefois à S. Pietro Maggiore de Pérouse,
et qui est actuellement a Rouen. Quant à nous, quoique le nom de Raphaël
soit inscrit sur le bouclier d'un des soldats, dans la Résurrection, nous ne
pouvons voir cependant dans ces deux tableaux que de jolis ouvrages de
récole du Pérugin. Ils passèrent, en 1818^ de la maison Inghirami^ à
324 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
Yolterra, dans la possession du roi Louis de Bavière, qui les fit placer à
la pinacothèque de Munich.
261. I)etix petits tableaux
placés autrefois dans Téglise S. Pietro Maggiore, à Pérouse.
Dans le Guida al Forestière per la ciltà di Perugia, 178-4, p, 10, il est
question de deux tableaux, de la jeunesse de Raphaël, qui étaient alors
dans réglise S. Pietro Maggiore, mais dont Tétat de conservation laissait
beaucoup à désirer. L'un de ces tableaux représentait la Vierge avec
Tenrant Jésus et quelques anges ; l'autre, le Christ mort pleuré par les
saintes femmes. Dans ce dernier tableau, les personnages étaient groupés
en forme pyramidale, et la Madeleine se trouvait aux pieds du Christ,
mais Baldassare Orsini (Vita di Pietro Perugino, p. 243) n'attribue à
Raphaël que le tableau de la Vierge avec l'enfant Jésus et quelques anges ;
quant à son pendant, après qu'il fut nettoyé, les connaisseurs reconnurent
que ce n'était pas un ouvrage de ce maître. Dans le Catalogue des chefs-
d'œuvre de peintures et sculptures, qui furent portée en France en 1797
(p. 14), la Vierge est attribuée au Pérugin, et la Mise au tombeau à un
élève de Raphaël. Aucun de ces deux tableaux n'est retourné en Italie
après les traités de 1815, et leur sort nous est inconnu.
262. Petit tableau
daoB la maison paternelle de Raphaël.
Selon une communication faite au Morgenblatt, en 18i1 , n^" 141 , d'après
les notes du peintre Franz Pforr, de Francfort-sur-Mein , il se trouvait
dans la maison paternelle de Raphaël, à Urbin, outre la Madone peinte
sur le mur de la cour, un petit tableau de la jeunesse du maître, lequel
aurait été emporté par les Français.
Pungileoni, dans une note de son ouvrage (p. 43), publie un fragment
d'une lettre du prince D. Orazio Albani, datée de Rome, le 31 octobre.
1708, et adressée au cardinal Tanari. Dans cette lettre, il est dit : a Dette
quadro (del Baroccio) io subito lo rimando in Urbino insieme con un
altro, che ne ho assai bello, di Raffaello con uno strettissimo legame di
fidei commesso, che non si possano dai miei eredi mai allenare ne levarli
d'Urbino. y» de tableau, désigné ici, serait-il le même que celui dont le
Morgenblatt signale l'enlèvement ? En tout cas, au palais Albani, à Rome,
il n'y a plus de tableau attribué à Raphaël.
Nous rappellerons encore ici une petite Adoration des Mages, qui était
autrefois à Urbin, et dont nous avons déjà parlé en détail, à l'occasion
du tableau représentant le même sujet, que Raphaël a peint pour Giov.
Bentivoglio.
263. Divers tableaux représentant le Christ en croix.
a.) Un petit Christ en croix, peint à fresque dans la chambre du supé-
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 5i5
rieur des Camaldules à S. Severo^ à Perouse, est cité comme un ouvrage
de la jeunesse de Raphaël , par l'auteur du Guida cU Forestière per la
città di Perugia (p. 242), par Longhena (p. 9, note), et par Pungileoni
(p. 27). C'est un tableau de peu de mérite, sans dire toutefois qu'il soit
mauvais, et qui n'a rien absolument de la manière de Raphaël. 11 semble
avoir été exécuté par un des élèves du Pérugin, à la dernière époque de
ce maître'.
6.) Un triptyque d'autel, dont le tableau principal représente le Christ
en croix , avec la Vierge et saint Jean sur les côtés, et dont les volets
sont remplis par deux ligures de saintes femmes, a été donné aussi
comme un ouvrage de la jeunesse de Raphaël, parce que son nom est
inscrit sur la bordure du vêtement de saint Jean. Selon Longhena (p. 12
et 688), ce tableau se serait trouvé chez les religieuses de S. Cassiano, en
Toscane, lesquelles l'auraient offert en présent à un certain Moggi, pour
prix de services rendus pendant les troubles politiques. Nous n'avons
jamais pu apprendre ce que ce tableau était devenu.
c.j Dans l'église des Franciscains, à S. Geminiano, en Toscane, il y
avait, selon Longhena (p. 7), un Christ en croix, exécuté par Raphaël dans
sa quinzième année, d'après un dessin du Pérugin. Ce tableau aurait été
acheté par un prince Galitzin.
Rosini a publié, dans sa Storia délia pittura italiana (pi. lxx), une
gravure de ce tableau , où le paysage paraît traité dans la manière du
Pinturicchio.
rf.) Antonio Piccinini, dans sa Diaria Descrizione, etc. (Perugia, 1776,
p. 62), et Pungileoni (p. 36), considèrent encore comme étant de Ra-
phaël un Crucifix qui orne l'église des Franciscains, à Citerna, ville située
entre Città di Castello et Arezzo. La Vierge et saint Jean sont peints à
Thuile sur le mur, aux côtés de la croix qui est placée dans une espèce
de niche, à l'intérieur de laquelle on a peint aussi de chaque côté saint
Jérôme et saint François. Le crucifix de bois, qui est très-ancien et qui a
été nouvellement repeint, est tenu en tel honneur, qu'on ne le montre
pas sans la permission des supérieurs. La Vierge et saint Jean sont de
lourdes figures exécutées par un peintre inconnu ; celles des deux saints,
beaucoup meilleures, sont de la main de Raphaël del Colle. L'homo-
nymie du peintre est cause de Terreur, qui tombe d'elle-même en face de
ces peintures.
e.) Longhena a fait graver dans son livre (p. 65), avec le nom de
Raphaël, le Christ en croix, avec la Vierge et saint Jean, qui est dans la
possession de M. Bissi, à Milan. On regarde généralement ce tableau
comme un ouvrage d'Enea Salmeggia, que Ton nomme quelquefois le
Raphaël de la Lombardie.
f.) Le musée de Berlin conserve une Pietà ou Vierge de douleur (de
526 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
i3" de haut et 9" 6'" de large), peinte à la colle sur toile. Le Christ, vu
de face, est debout dans son tombeau, les bras étendus devant une croix.
M. de Rumohr a cru y reconnaître la main de Raphaël. Le Christ offre, en
cfTet, surtout dans la forme de la tête, quelque ressemblance avec le
Christ (yu de profil] au mont des Oliviers, qui fait partie de la predella
du tableau d'autel peint pour les religieuses de Saint-Antoine de Padoue,
à Pérouse. Ce petit tableau n'est cependant pas de Raphaël; ce pourrait
être un ouvrage d'un de ses condisciples.
264. JésuS'Christ en prière.
C'est une demi-figure de grandeur naturelle, ayant les mains croisées
sur la poitrine. Le type de la tête ne répond pas tout à fait à celui qui
est consacré pour représenter le Christ; aussi, selon nous, n'est-ce pas le
Christ, mais c'est un apôtre. Le tableau, peint à la détrempe, a beaucoup
souffertf et paraît une œuvre d'un élève du Pérugin. Il appartient au
colonel russe M. Barischnikofî, qui, en 1853, se trouvait en Allemagne,
et qui habite à présent Francfort-sur-Mein.
Gravé par C. Gonzenbacb, 1854, «vec cette légende : YaUr^ dein WUle ge$cheche.
In-fol.
265. Les Funérailles de la sainte Vierge.
Dans l'Inventaire des tableaux de la succession de Carlo Maratti, à Rome,
en 1712, lequel est conservé dans la bibliothèque Albani, on lit l'article
suivant : « Un tableau haut de trois palmes , qui représente la Vierge
portée au tombeau par les apôtres et accompagnée de la Madeleine et
d'autres femmes, avec une perspective et une gloire dans le haut, où l'on
voit Dieu le Père et le Fils auxquels deux anges présentent l'âme de la
Vierge Marie, peint sur bois par Raphaël d'Urbin. Estimé mille scudi. »
Bellori, dans la Vie de Carlo Maratti, parle aussi de ce tableau, en ces
termes : a Tavola di Rafîaelle con la Vergine morta portata nella bara,
ed accompagnata dagli Âpostoli al sepolcro, di figure piccole. )> Nous
n'avons trouvé aucun autre renseignement sur ce tableau, qui a disparu.
266. L'Assomption de la Vierge.
Chr. Aug. Gottl. Goede, dans son ouvrage sur TAngleterre, le pays de
Galles et l'Irlande (Dresde, 1805, t. V, p. 150), dit avoir vu chez le comte
de Pembroke, à Wiiton House, une Assomption de la Vierge, provenant
de la collection dii duc de Mantoue*, et que ce tableau doit avoir été
peint par Raphaël, dans sa jeunesse, pour son maître le Pérugin. 11 le
décrit de la sorte : « La sainte Vierge, debout sur un nuage, dans une
i . Dans le Catalogue des objets d'art de Charles I'^, qui contient pourtant les tableaux de la
galerie de Mantoue, il n'est fait aucune mention de ce tableau.
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 527
pose UD peu roide, est entourée de quatre anges placés régulièrement
TuD en face de l'autre ; une tête d'ange forme la pointe du nuage, dans le
bas. Sur le premier plan sont les douze apôtres rangés sur une seule
ligne, les mains jointes et adorant la Vierge qui s'élève au ciel. Toute
Tordonnance du tableau est extrêmement roide; mais l'expression des
têtes des apôtres n'est pas indigne du maître, et c'est peut-être là le seul
indice qui puisse faire croire qu'il soit l'auteur de cet ouvrage. )> Selon
l'ancien Catalogue de Wilton House, il proviendrait de la collection
Ârundel. Quoi qu'il en soit^ ce tableau (de forme carrée) n'a pas le moindre
rapport avec la manière de Raphaël^ et appartient à une époque biep
postérieure.
267. Le Jugement dernier.
Selon le Catalogue de Gérard Hoet (La Haye , i7SS), un Jugement der-
nier, de Raphaël d'Urbin, se serait trouvé, en 1 738, ches Ferdinand, comte
de Plettenberg, à Amsterdam. H. 2' 8"; 1. 2' 3". Ce tableau ayant été vendu
40,000 florins, nous sommes obligé, par ce fait seul, de le citer ici. Son
originalité, toutefois, semble douteuse, parce qu'il a complètement dis-
paru depuis.
• 268. Les Martyrs.
W. Buchanan [Memoirs ofpaintings, etc., London, 1829) cite ce petit
tableau représentant le Martyre de plusieurs saints, comme un ouvrage
de la jeunesse de Raphaël, dans la manière de son maître le Pérugin. 11
proviendrait, dit-on, du palais Borghèse à Rome. Grandeur, 16" 6'" sur
W. Acheté, par W. Young Ottley, le 16 mai iSOl, pour H5 liv. sterl.
Nous ne savons rien de plus à l'égard de ce tableau et nous doutons fort
de l'exactitude du renseignement publié par Buchanan.
SAINTES FAMILLES! ET MADONES.
269. Madonna dell' Impannata.
Sur boii. Jusqu'aux genoux. Figures presque de grandeur naturelle.
La Vierge, debout à droite, s'apprête à prendre dans ses bras l'enfant
Jésus que lui présente sainte Elisabeth, tandis qu'une des saintes femmes,
apparemment la Madeleine, debout derrière celle-ci, touche du doigt l'En-
fant, qui tourne en souriant sa tête et son regard vers elle, mais en em-
brassant sa mère. A droite, saint Jean-Baptiste, âgé d'environ dix ans,
assis sur une peau de panthère, désigne du geste le Sauveur.
Raphaël fut chargé, par le Florentin Bindo Altoviti, de faire cette pein-
ture ; c'est ce qui explique pourquoi il y a représenté le patron de Flo-
328 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
rence, saint Jean-Baptiste, beaucoup plus âgé que Jésus-Christ, aGo de lui
donner une plus grande importance dans le tableau. Au fond de rarrière-
chambre, on voit une fenêtre fermée avec des châssis de toile (impannata)
en guise de vitres : c'est là ce qui a donné au tableau le nom sous lequel
il est ordinairement désigné. Yasari, qui le cite, dit qu*il appartenait alors
au duc Cômè de Médicis. 11 fut apporté en France par suite des guerres
d'Italie, et, après avoir été exposé au palais du Luxembourg, à Paris, il
retourna au palais Pitti, à Florence, en 1815.
Que cette composition soit de Raphaël, c'est ce que nous atteste le
témoignage de l'écrivain que nous venons de citer, ainsi que la belle
esquisse qui se trouve dans la collection royale d'Angleterre. Dans ce
dessin il manque la figure de saint Jean; or, cette ligure est la plus
faible de toutes celles qui sont dans le tableau. On a cru pouvoir induire
de l'absence du saint Jean dans l'esquisse, qu'il n'était pas de l'invention
de Raphaël, ce que nous n'admettons pas, car les lignes de cette figure
s'harmonisent parfaitement avec l'ordonnance de la composition. C'est
dans i*enfant Jésus, et surtout dans sa tête, que nous croyons re4M)nnaitre
la main du maître; mais tout le reste semble avoir été exécuté par un
de ses élèves; car, si belle de forme que soit la tôte de la Vierge, elle a
pourtant quelque chose de froid dans l'expression et dans le taire. La
jeune sainte, d'une peinture également sèche, accuse un pinceau mou et
timide; la main droite aussi est incorrecte de dessin. La tételde saiute
Elisabeth est plus spirituellement faite, bien qu'elle ne soit pas dans la
manière de Raphaël. Les draperies, quoique exécutées d'après les indica-
tions de Raphaël, sont roides de plis et dures de couleurs.
Gravures : Francesco Yillamena se, 1602. Gr. in-fol. — Le même, sans nom
du graveur, Romae, 1611, avec une dédicace à Nicole Guicciardini. Gr. in-fol. —
Raphaël Guidi, 1614, in-fol. — C. Mogalli. Petit in-fol. Pour la Raecolta, etc.—
Chez Mariette. Du côté opposé, in-fol. — Encore une fois, chez le même, petit
in-fbi. — Crispin de Pas. Petit in-4. — Le Blond exe, du côté opposé, avec la
lettre : Mater mea et fratres, etc., in-fol. — Baltser, 1818 et 1819. EsUmpe. très-
dure. In-fol. — Em. Esquivel de Sotomayor inc. Flor. 1825. Gr. in-fol. — Dis-
sard se. et exe. Au pointillé. In-fol. — Bertonnier, 1829. — Landon, n* 436.
En 1834, le Rév. John Sanford acheta, de la succession de l'avocat Rivani
à Florence, une répétition de ce tableau, qu'il porta à Londres en 1838.
Ce n'est qu'une ébauche, car en plusieurs endroits on voit encore les traits
du dessin; les deux enfants seulement sont un peu plus achevés que le
reste. La carnation, d'un ton rougeâtre, a des lumières blanches dans la
manière de Perino del Vaga. L'expression de Teofant Jésus est moins ani-
mée que dans le tableau du palais Pitti, et, en somme, toute cette pein-
ture n'a pas ce cachet spirituel que l'on retrouve toujours dans les ébau-
ches de grands maîtres. Une autre copie se ti*ouve au musée royal de
Madrid. L'exécution en est très-habile. La couleur des chairs, chaude et
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 3^9
transparente de ton, tire sur le jaunâtre. C'est chez le restaurateur des
tableaux du musée que nous avons vu ce tableau.
210. Le Repos en Egypte.
Surboia. H. 4' 10"; 1. 3' 7".
La Vierge^ accroupie à terre, penche Tenfant Jésus vers le petit saint
Jean, agenouillé, qui lui présente des fruits enfernnés dans un coin de sa
peau de mouton. Saint Joseph s'approche, tenant dans la main gauche la
bride de l'âne, presque entièrement caché par les feuilles d'un palmier, et
caresse le petit saint Jean. Le fond du paysage est doré par le soleil couchant.
Une ancienne gravure de Giulio Bonasone prouve que ce beau tableau,
qui appartient à la galerie du Belvédère, à Vienne, est une composition
de Raphaël, et cette peinture annonce un des meilleurs élèves du maître.
Cependant nous ne saurions nous convaincre qu'il a été peint sous les
yeux de Raphaël ; la composition penche toute d'un seul côté et n'offre
pas un véritable ensemble ; elle pèche aussi contre l'ordonnance habituelle
des œuvres du maître, qui, certainement, n'eût jamais toléré de pareils
défauts dans ses ateliers. C'est pourquoi il nous semble que ce tableau
a été exécuté d'après une esquisse incomplète de Raphaël , à laquelle ,
pour rétablir l'équilibre de la composition, il se proposait encore d'ajou-
ter un ange ou quelque autre figure.
La couleur énergique de ce tableau a un peu poussé au noir, et la ma-
nière dont est traité le paysage rappelle l'école néerlandaise. Quoique les
draperies aient souffert en quelques endroits, cependant les parties prin-
cipales sont J)ien conservées, et surtout les têtes présentent une véritable
expression raphaélesque, dont toutes les estampes gravées jusqu'à pré-
sent ne donnent point une juste idée.
Quant à l'histoire de ce tableau, on sait seulement, avec certitude, que
saint Charles Borromée, revenant de Rome le 23 septembre 1565, l'em-
porta avec lui à Milan. On peut supposer qu'il l'avait reçu du duc Guidu-
baldo II d'Urbiu, lorsqu'il célébra, en 1560, le mariage de Federico,
comte Borromeo, général des troupes du pape, avec Virginia, fille du duc
Guidubaldo. Dans son testament, écrit le 6 novembre 1576, saint Charles
Borromée confia ce tableau, ainsi que les objets d'art qu'il possédait, à
Lodovico Moneta, son fidèle compagnon , avec la recommandation ver-
bale de le vendre et d'en remettre le prix au grand hôpital de. Milan qui
devait hériter de tous ses biens. Après la mort de cet archevêque, survenue
le 3 novembre 1584, le tableau fut acheté par la fabrique de l'égliseS. Maria
presso S. Celso, à Milan, pour 300 scudi, et placé dans la seconde sacris-
tie de cette église K Lorsque l'archiduc Joseph, héritier présomptif de
1. Voy. Bisîoria delV anlichilà di Milano. Venezia, 1592, iu-4% p. 388, et Ôgler-
reieMiehe ZeiUehrifl r^r Getehiehtt-^nd StaaUkunde, 1835, n» 47 et 48.
.-30 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
l'empire d'Autriche, visita l'Italie pour la première foiSi cette peinture
lui plut tant, qu'il proposa aux supérieurs de l'église de la céder à la gale*
rie impériale de tableaux; ceux-ci firent présenter leur tableau à Leurs
Majestés, en 1779, par l'intermédiaire de Karl, comte Firmian, ministre
plénipotentiaire de l'empereur en Lombardie. Pour reconnaître ce don,
l'impératrice Marie-Thérèse, par un rescrit de sa main, du 17 juin, à l'ar-
chiduc Ferdinand, gouverneur de la Lombardie, fonda deux rentes perpé-
tuelles, de 50 ducats chacune, qui devaient être remises à de pauvres
filles, chaque année, le jour de la fondation de la susdite église, pour
leur servir de dot. Ces jeunes filles devaient être choisies de préférence
dans les familles qui étaient employées à la fabrication de la soie. L'em-
pereur Joseph donna en outre à la fabrique de S. Maria presso S. Celso
une bonne copie du tableau par Martin Knoller en 1780, laquelle occupe
maintenant la place de foriginal, avec six magnifiques candélabres et une
croix d'argent, qui ornent encore aujourd'hui le maître-autel de l'église
aux grandes cérémonies. Le remarquable rescrit de Marie-Thérèse est
imprimé dans la Revue autrichienne des documents historiques de l'État
(Ôsterreichischen Zeiischrift fUr Geschichts-und Staatskundê),du 17 juin
1835, p. 190. La dotation instituée par Marie-Thérèse, fut supprimée dès
l'invasion des Français en 1796, mais l'empereur François l'*" ne se con-
tenta pas seulement de la rétablir le 14 mai 1827, il en fit payer tout
l'arriéré depuis 1796.
Gravures : Giulio Bonasone, du côté opposé. Bartsch, t. XV, p. 126, n» 59.
- C.K. Pfeiffor. 1768. Au pointillé, pL teintée. In-fol. — Mich. Benedelli. Au
pointiUé. Gr. in-fol. — Fr. John , pour le Tasehenbuch Aglqja de 1828, in-8*'. —
Adolfo Fiorini dis. et incid., 1829. Gr. in-fol. — J. Blaschke, pour la Galerie
impériale et royale du Belvédère (Vienne, chez Cari Haas, 18Î1-1828, 2 vol. in-fol.).
— Landon, n* 328.
Copies de ce tableau.
a.) Dans la collection de don José de Madrazo, à Madrid. Elle est de
toute beauté et traitée avec grand soin, cependant un peu sèche de pin-
ceau. Les ombres sont trop noires dans les chairs et le paysage n'est pas
exécuté dans la manière de Raphaël.
&.) Dans la sacristie de l'église S. Eustorgio, à Milan. Cette copie a for-
tement poussé au noir.
c.) Dans la galerie Borghèse, à Rome.
d^) Au palais Doria, à Rome. Cette copie, qu'on attribue mal à propos
à fra Bartolomeo, nous offre la même composition , avec l'adjonction de
deux an^es debout à gauche. Elle est un peu roide et dure.
e.) Buchanan cite encore une copie qui était au palais Colonna, à Rome,
et qui fut vendue, par l'intermédiaire de M. Udney, à M. Davison pour
650 livres sterling.
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 331
271. Madonna del Passeggio.
Figure entière de demi-grandeur naturelle.
La Vierge, debout , serre contre elle de la main gauche l'enfant Jésus,
tandis qu'elle pose sa main droite sur la tête du petit saint Jean qui s'ap-
proche du côté gauche avec sa petite croix de jonc, pour embrasser son
divin compagnon ; derrière un buisson, auprès d'un arbre , on voit saint
Joseph qui les cherche. Un riche paysage pour fond. Il existe beaucoup de
tableaux de cette belle composition, sans que jusqu'à présent nous en
ayons rencontré un seul qui ait tous les caractères d'un originaP. Nous
nommerons ici les suivants :
a.) Dans la Bridgewater Gallery», appartenant maintenant à lord Elles-
mere, se trouve un tableau qui passa, des collections de la reine Christine
de Suède et du duc de Bracciano, dans la galerie d'Orléans. En 1798, le
duc de Bridgewater l'acheta au prix de 3,000 livres sterling.
Quoique ce tableau soit un des meilleurs de tous ceux qui existent de
celte composition, il manque pourtant de finesse et dévie dans le modelé;
les chairs sont d'un ton gris dans les ombres, et à l'expression des tètes
manque la grâce raphaélesque. Le paysage est un peu dur d'exécution, et
a beaucoup de rapport avec ceux des petits tableaux : la Charité et l'Espé-
rance, de la galerie Borghèse, qui ont toujours été attribués à Gio. Fran-
cesco Penni. C'est ce qui nous fait croire que cet élève de Raphaël est
l'auteur de cette peinture. H. 33"; 1. 23".
Gravures : Par Nie. de Larmessin pour le Cabinet Crozat, in-fol. ^ A l'eau-
forte, par J. Pesne, en contre-partie, in-fol. — H. Gullenberg, pour la Galerie
d'OrlèanM. Petit in-fol. — A. Legrand, in-fol. — Sophie Del., in-fol. — A Paris,
chez Chiquet, Haber ex., in-fol. — Le Blond exe. Estampe dure, gr. in-fol. —
J. Heath et S. Middiman, in-fol. — P. W. Tomkins, petit in-fol. — Pietro Ander-
loni, gr. in-fol. — Landon, n* 104.
6.) Au musée de Naples. Ce tableau provient de la galerie Farnèse,
qui était autrefois à Parme. Les chairs ont un ton brunâtre, et le dessin
est médiocre.
Gravure par Pietro Fontana. In-fol.
r.) Dans la galerie Sivry, à Venise. C'est une bonne copie ancienne.
1. Richardson (HT, p. 290) rapporte que son père a possédé un dessin de Raphaël dont la
composition ressemblait à celle de ce tableau ; il regardait ce dessin comme Tesquisse primitive
du maître.
2. N^ 37 du Catalogue • • La Sainte Famille^ avec le petit saint Jean, rendant hommage au
Sauveur. Cette peinture, connue sous le nom de la belle Vierge, a étf: faite pour le duc d'L'rbin
et a appartenu successivement au roi dVEspagne, à Gustave-Adolphe, à la reine Christine, etc.
Gravé dans la Stafford Gallery^ etc. ■ La copie, citée plus loin, appartenant à lord Scarsdale,
a été exposée à Manchester et cataloguée comme ripélitifm. Voir W. Burger , Trétors
(Part, etc., p. 60. {Note de l'éditeur »)
532 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
d.) Dans la galerie Doria, à Rome. Ce tableau est «.oins remarquable
'•ircb'SIf ma^hand de tableaux. M. Carlo San<,"inœ. à Milan^^^^
trouvait une belle copie qui avait été auparavant «hf '"f ;^^J;"^^
Aricci, à Brescia. Cette copie est chaude de ton. U tête de >* ^«^eej*
plus telle et plus vivante d'expression que dans le '•*««";*« j^„^^^^^^^^
d'Orléans ; mais d'autres parties de la peinture, au contraire, sont moins
bonnes.
Gravé dans Longhena, p. 628. ^^^^\ ipo
f.) Au palais Albani, à Rome. Cette copie, qu'on peut citer parm. les
meilleures, est très-empâtée de couleur.
g.) Dans la sacristie de l'église des Franciscams f alterna Cest «m
bon tableau de l'école, chaud de ton, mais ayant '°^eme°t po"^^^^^^^
les ombres. Au-dessus du tableau est gravée sur ^^^u^^Za ër vôy.
qui commence ainsi : Sacrario hoc egregta Raphaehs tabula, etc. voy.
M'S fa gtlerie Uchtenstein, à Vienne. C'est' une bonne" copie
ancienne qui est attribuée à Nie. Poussm. scarsdale
,-.) Dans la collection de Kedlestoti Hall, résidence de lord Scarsaaie,
est une copie qui a beaucoup noirci dans les ombres.
1 existe uneîrande gravure, d'apis çeUe copie, en larjjeur. en conue-pame.
par un anonyme, avec ces mots : l»«ph«« <»-tV6m p.«x. «om«.
un tableau, pour lequel on s'est servi ««« ««"^;7P2?"chez 1
paraît être peint par un élève du Guide, se trouvart, a ^°"'^' fjj/,;
Certain Nie. Verdu.-a. Dans cette peinture, la V.erge ^^ fJ^:!"" „ c^ude
son manteau, et saint Joseph, près du groupe f '"7«»lf PP^f " ^
sur un pan de mur peu élevé. Quelques arbres touffus, dans 1 ombre,
forment le fond du côté gauche.
1T74. in-fol. Heinecke, n" U; Tauriscus, n» 16.
272. La Vierge dans les Ruines.
Sur bois. H. 3' A" 6"'! 1. î' V.
Dans' la sacristie de l'Escurial se trouvait un Ubleau que l'on attribue a
Ra7aël%ais qui ne fut probablement exécuté que «0"«^sa d..jd,on.^^^
Vierae les genoux légèrement plies, tient assis sur le fragment d une cor
liSir^ésus. Vi tournS la tète vers sa -^^ «t q- ^'^^^
droite vers le petit saint Jean, lequel lui présente, ^ ej"»'»' ^^^^^^^^^
jonc. AU fond, saint Joseph marche dans des rumes, en ^^^»''';'«''^^^^^^^^^^
{orche. Dans le lointain, une ville sise sur des rochers. VoyMe Vm^^'^^
de la Jenaer Uteraturzeitung, 1809, p. .",-8. Selon D. Ant. Conca, ce
tableau aurait fortement poussé au noir.
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 333
11 existe plusieurs répétitions de ce tableau ; nous en avons vu une, de
toute beauté, chez le marchand de tableaux Gaetano Menchetti, à Rome.
Le fond est un peu différent, en ce que saint Joseph n'est pas au milieu
de ruines, mais se tient sous la porte d'une maigon à gauche. Un peu
de paysage à droite. C'est un tableau d'un beau dessin et d'un ton coloré
et puissant. Figures au tiers de nature.
Une autre copie se trouve dans la collection du marchese Malaspina di
Sannazaro, à Pavie. Elle n'est point comparable à la précédente. C'est
apparemment ce tableau qui a été gravé au burin, quand il était en la
possession du marquis de Marialva, par C. S. Pradier, qui l'a publié sous
ce titre : La Vierge aux Ruines.
Une copie, attribuée à B. Garofalo, a été autrefois à Paris.
Ce tableau doit se trouver aujourd'hui à Kingston Hall (Devonshire) ,
résidence de M. H. Banks.
Gravures par Charles Simonneau pour le Cabiwtt Crosat, in-fol. — Landon,
n" 425.
273. La Vierge à la Rose.
Jusqu'aux genoux. Peint sur bois et transporté sur toile. H. 3' 8"; 1. 3, mesure espagnole.
De la sacristie de l'Escurial passa au musée royal de Madrid une Sainte
Famille (demi-figures de grandeur naturelle), dans laquelle la Vierge, assise,
tient l'enfant Jésus à droite sur ses genoux. Celui-ci étend les deux mains
vers une bande de parchemin portant les mots : Ecce Agnns Dei, que le
petit saint Jean, debout à gauche, lui présente en étendant aussi les bras.
Derrière lui , saint Joseph en contemplation. Au bas de la composition ,
qui a été agrandie de quelques pouces, on remarque une rose, qui fut
ajoutée à cette place lorsqu'on restaura le tableau, et qui lui a Mi donner
le nom de : Sacra Familia de la Rosa. Cette peinture, qui est d'une
beauté remarquable, était couverte d'une telle épaisseur de crasse et de
vernis quand nous la vîmes, en 1832, que nous avions vainement cherché
à fixer notre jugement sur son originalité. Elle paraît avoir élé nettoyée
depuis, car la photographie que S. A. R. le prince Albert a fait faire, et
dont il a bien voulu nous envoyer un exemplaire, nous montre le tableau
dans tout son éclat. La beauté du dessin, la tête de la Vierge surtout, si
fine d'expression , et la physionomie pleine de vivacité des deux enfants,
prouvent maintenant que ce tableau a été peint par Raphaël lui-même.
Il existe plusieurs copies de ce tableau.
o.) On en trouve trois dans la galerie nationale de Valladolid, mais
toutes trois sans la rose. Deux de ces copies sont faibles; la troisième est
excellente.
6.) Une copie un peu différente (saint Joseph entre par une porte à
gauche dans le fond), très- habilement faite, est dans la manière de Jules
Romain. C'est celle que nous avons vue, à Londres, chez M. Nieuwenhuys
354 SUPPLÉMENT Al) CATALOGUE
de Bruxelles, qui depuis l'a vendue à M. H. A. J. Munro de Novare, pour
546 livres sterling. Ce tableau, de forme carrée, passait pour provenir de
la collection du roi Charles l«^ Lord Gwydir le posséda plus tard. Le ta-
bleau original, peint sur bois, a 32 pouces anglais de haut sur 24 pouces
de large.
F. Fors ter l'a gravé en 1847, sans la figure du saint Joseph, soas le tilre de la
Vierge à la Légende.
c.) Dans la copie que nous avons vue, en 1831, chez sir Thomas Baring,
à Stratton, saint Joseph est, comme dans l'original, debout à gauche
derrière le petit saint Jean. C'est sans doute ce tableau que Wenceslaus
Hollar a gravé avec le nom de Perino del Vaga, 16i2, ex. coll. Arundel-
Une composition toute semblable a été gravée par Séb. Vouillemont, avec
une dédicace à Anne-Marie-Louise d'Orléans. Heinecke, Sachrichten,
p. 433, no41. Tauriscus, p. 157,no 12.
(/.) Une autre copie passa de la galerie de Modène dans celle de Dresde,
tableau rond, de 37'* de diamètre; mais on y voit seulement la Vierge avec
les deux entants. Dans le manuscrit intitulé : Descrizione délia estense
Galleria in Modena^.dal dottor Pietro Gherardi , qui se trouve dans la
bibliothèque de Modène, cette copie est décrite de la sorte : « Un rotondo
in cui eftigiati si veggono la Vergine, il Bambino e il Battista, lavoro di
RulTaello Sanzio da Urbino. La picciolezza non toglie allô spettatore di
compiacersene mercè dell'aria nobile e dolce. » Dans la liste des cent
tableaux que Ye duc Francesco III vendit à l'électeur de Saxe, ce tableau
est le premier qui soit inscrit avec le nom de Raphaël. Cependant , à
Dresde même, on convient que ce n'est qu'une copie.
Gravé à l'eau-forte par Elis. Sirani, pet. iD-4°. — Heinecke, t. II, p. 435.
274. Madone de la maison Diotalevi,
Sur bois. H. 26"; 1. 18" 9'".
La Vierge tient l'enfant Jésus assis sur son genou gauche; celui-ci
élève la main droite pour bénir le petit saint Jean, vu seulement à moitié,
à gauche , croisant ses mains sur sa poitrine, en adoration et tenant/ sa
petite croix de jonc entre les bras. La Vierge abaisse ses regards sur lui
et pose la main droite sur son épaule. Un peu de paysage pour fond.
Ce tableau, de demi-grandeur naturelle, est traité dans la première
manière de Raphaël ; il rappelle en plusieurs parties les qualités parti-
culières du maître dans la Madone de la galerie Solly. Cependant la Vierge
n'est pas belle , et la tête de l'enfant Jésus ressemble à celle qu'on voit
dans le tableau du même musée : la Vierge avec saint Jérôme et saint
François. Ce tableau est resté longtemps dans la maison du marchese
Diotalevi, à Rimini, où il était considéré comme un ouvrage du Pérugin.
11 fut acheté par Iç D"" Waagen pour le musée de Berlin. En somme, ce
DES PEINTURES DE RAPHaEL. 335
tableau paraît bien coDservé, mais 11 est entièrement couvert d'une teinte
brune.
275. Madone du comte Bisenzo,
Sur bois. H. 30" 6'"; 1. 20'* 6*". Figures jusqu'aux geuoux*
La Vierge tient l'enfant Jésus couché sur ses genoux, en le soutenant du
bras droit. Celui-ci regarde le spectateur, tandis que sa mère le considère
avec un air d'inquiétude qu'exprime surtout le mouvement de la bouche.
Dans les coins supérieurs du tableau, il y a deui petites têtes d'anges,
l'un élevant, l'autre baissant les yeux. Au milieu du fond est une draperie
qui retombe, et, des deux côtés, on voit un paysage dans la manière du
Pinturiccbio. On a exprimé cette opinion, que Raphaël a pu peindre ce
tableau çn 1504, à Urbin, sous Finfluence des ouvrages de son père. Cette
opinion semble avoir été partagée par différents artistes de premier ordre,
italiens, français et allemands, puisqu'ils ont signé un certificat qui le
donne à Raphaël, malgré l'opinion contraire exprimée par plusieurs fins
connaisseurs, opinion à laquelle nous nous rangeons. Tout^ ce que nous
avons pu apprendre sur l'histoire de ce tableau, c'est qu'il se trouvait à
Rome, négligé et couvert de poussière, lorsqu'il passa dans la collection
du comte Guido Bisenzo, présidente di Borgo. Il fut acquis ensuite par le
marchand de tableaux Baldeschi, qui le fit restaurer et qui le vendit,
par l'entremise de feu M. le conseiller Kestner, à la galerie de Tlnstitut
de Staedel, à Francfort-sur-Mein. Ce tableau est cité pour la première
fois dans YEiogio storico du Père Pungileoni, mais avec des éloges
exagérés.
276. La Vierge donnant des fleurs à l'enfant Jésus.
Figures jusqu'aux geooux.
La Vierge tient l'enfant Jésus assis sur ses genoux et lui présente, de la
main droite, quelques fleurs, vers lesquelles il étend les bras en tournant
la tête du côté de sa mère. Cette dernière, dirigeant son gracieux regard
vers le spectateur, tient, dans sa main gauche qui a glissé le long de son
corps, un livre demi-ouvert.
Il existe plusieurs tableaux de cette composition. Un bel exemplaire,
attribué à Jules Romain, se trouve dans la Tribune de la galerie de Flo-
rence. Un autre, qui a beaucoup poussé au noir, est conservé au palais
Borghèse ; un troisième dans la collection du comte de Leicester, à sa
réBidence de Holkham, Norfolk. C'est vraisemblablement celui-ci qui est
indiqué dans le Catalogue des ouvrages d'art du roi Charles I**" (voyez
notre Kunstreise, p. 256, n» 9). Dans chacun de ces trois tableaux les
figures sont presque de grandeur naturelle. Nous avons vu aussi une
petite copie de ce tableau dans la succession du comte Canossa, à Vérone.
Un tableau pour lequel on s'est servi de cette composition, avec figures
356 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
grandes comme nature, en ajoutant sainte Anne dans le fond^ se trouTaît
dans la galerie du cardinal Fesch^ à Rome.
Ces tableaux de Técole de Raphaël^ inégaux en qualité, sont moins in-
téressants pour nous que le dessin original que possédait feu le baron
Otto de Stackelberg.
Gravures : Petite planche à l'eau-forte avec ces mots : Raphaël pttu:., mais
sans le nom du graveur, qui semble être And. Casali. — Carlo Famei, apud CarUf
Gregori. Tauriscus, p. 184, n* 69.
277. La Vierge dans la Prairie.
La Vierge est assise, les jambes tournées à gauche et la tête vers la
droite, dirigeant ses regards vers le petit saint Jean agenouillé, tenant
sa petite croix de jonc dans la main gauche et de la droite une bande
de parchemin avec les^mots : Ecce Agnus Deiy qu'il présente à l'enfant
Jésus. Ce dernier est assis sur le genou droit de la Vierge qui le soutient
dans le mouvement qu'il fait pour s'élancer vers son compagnon. Ces
trois ligures, entourées d'une prairie riche de plantes , sont adossées à
une muraille peu élevée. Dans le fond du paysage, plusieurs fabriques
entourées de légers arbres. Cette composition rappelle quelque peu la
Vierge dans la Prairie qui est à Vienne, quoique différente dans les
détails.
Des deux copies que nous connaissons de cette composition, la meil-
leure est celle qui appartenait à feu M. Noé, marchand de tableaux à
Bruxelles. C'est un tableau facilement peint et si légèrement empâté qu'en
différents endroits on peut apercevoir les hachures à la plume du dessin.
Dans la bordure du manteau bleu, on distingue en petits caractères d'or
cette inscription tracée: RAFPAELLO SANZIO; mais l'orthographe de
cette signature, qui diffère de celle que Raphaël employait ordinairement,
ne peut servir en rien à établir l'authenticité du tableau. On peut suppo-
ser qu'une rapide esquisse de Raphaël aura été utilisée par l'artiste qui
a peint le tableau et qui pouvait être un de ses jeunes amis de Florence.
Cette Vierge a été autrefois dans la possession d'un prêtre résidant dans
un petit village près de Florence, et, comme le tableau était endommagé,
le prêtre le (it couper de manière à lui donner une forme octogone au lieu
de la forme ronde qu'il avait originairement. Aujourd'hui , ce tableau
fait partie de la galerie de Saint-Pétersbourg.
Lithographie par un anonyme.
Il y a encore, à la galerie Borghèse, une Vierge peinte dans le goût flo-
rentin, assez semblable à celle-ci, avec un autre paysage; mais c'est
positivement une copie.
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 337
Nous donnerons ici la description de quelques tableaux de Vierges
choisis parnii un grand nombre d'autres qui sont attribués à Raphaël,
mais dont nous avons perdu la trace, ou bien dont l'auteur véritable a été
reconnu depuis ; ces notices pourront aider à des recherches nouvelles et
TectiGer des indications erronées.
a.) Dans la PiUura\venezianay etc. (éd. 1797, p. 43), se trouve la notice
suivante : « Nella Retrostanza del Consiglio de'X. V è poi sopra il tribunale
N. Signora col puttino > che scherza con un Angeletto di Raffaello d'Ur-
bino. » Le même renseignement était déjà dans l'ouvrage de Francesco
Sansovino, Venezia città nobilissima {Fenezia, 1381, p. 133). Nous avons
cherché inutilement à découvrir ce qu'est devenu ce tableau et à savoir
si c'était vraiment un ouvrage de Raphaël; nous croyons qu'il n'a jamnis
été reproduit par la gravure.
6.; Dans le Catalogue raisonné des tableaux du Boy, etc., par M. Lé-
picié (Paris, 1752, t. ]«', p. 79 et 80), se trouvent indiqués deux tableaux
de la jeunesse de Raphaël : 1® La \ierpe, tenant l'enfant Jésus, et coiffée
d'un réseau d'or, a un nimbe autour de la tête, ainsi que l'enfant Jésus;
dans le nimbe du Sauveur, il y a des barres rouges qui forment une croix.
Sur bois. H. 17" 9'"; 1. 13" 9'". — 9P La Vierge, Tenfant Jésus et saint
Jean qui lui présente une croix. Sur bois. H. 26" 9'"; 1. 21" 6'". — Comme
ces tableaux ne sont pas exposés au musée du Louvre, ils doivent être
apocryphes. En tout cas, ils n'ont jamais été gravés ^
c.) Richard Cumberland, dans son Catalogue of several pictures ofthe
king ofSpain, cite un petit tableau de Vierge embrassant son enfant, par
Raphaël, au palais de Madrid. Tout autre renseignement fait défaut, à
moins que la notice suivante ne fe rapporte au même tableau : « Caméra
del dispaccio di S. Maestà nell' Escorial : A RaiTaello nel suo primiero stile
si attribuisce la Madonna col Bambino che siede sopra un piedistallo. »
Voyez D. Ant. Conca, Descrizione odeporica délia Spagna. Parma, 1793-
1797, t. Il, p. 216.
d,) Dans la Tribune de Florence, à côté des tableaux authentiques de
Raphaël, on voit une Vierge, assise dans un paysage, tenant l'enfant Jésus
qui Tenlace et qui semble fuir le petit saint Jean. Dans le fond du
I. i'n grand nombre des tableaux décriU dans le Catalogue de Lépicié ne sont jamais entrés
àua la coUection du mufée du Louvre. À l'époque de la Révolution , quelques-uns ont été
détruits, quelques autres dérobés. Ainsi, nous avons vu à Paris, en 1845, un tableau attribué
à Raphaël, qui avait été décrit parmi les tableaux du roi par Lépicié, et qui était sorti, on ne
uit comment, du chAteau de Versailles en 1790, pour aller s^enterrer à Dijon, chez M. de
Mastaing, arrière-cousin de Piron. Ce tableau, ayant été rentoilé alors, n*a pas conservé les
cachets qui authentiquaient son origine. Nous ne savons ce qu'il est devenu, après être resté en
dépôt chez un coromtssaire-priseur. On a perdu ainsi la trace d'un certain nombre de tableaux
du maître qui ornaient les châteaux royaux eu France, et qui avaient été achetés pour le roi
en Italie au dix-septième siècle. {Note de l'éditeur.)
11. 22
538 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
paysage^ cinq petites figures auprès d'une fontaine. M. Woodburn, de
Londres^ avait acheté à Rome le carton original de ce tableau, du peintre
Wicar, qui le croyait de la main de Franciabigio. En tout cas, il est
inconcevable que le musée de Florence, où se trouvent les plus magni-
fiques tableaux de Raphaël, puisse exposer, sous son nom, un si faible
ouvrage.
Gravé par Jac. Coelemano. In-fol.
«.) Stef. Antonio Morcelli [de Stylo inscript. lai, y p. 476) décrit une
Sainte Famille qui est chez le comte Annibale Maggiori, à Fermo, et qui
porte, sur le bâton de saint Joseph, l'inscription suivante : R. S. V. A. A.
XVII. p., inscription qu'il explique ainsi : Raphaël Sanctius Urbinas anno
cBtatisil pinxit. Mais Pungileoni et le possesseur actuel semblent douter
de l'authenticité de ce tableau qui reproduit en partie (la Vierge, l'Enfant
et saint Joseph) la composition de la Vierge de Loreto; aux deux côtés
on a encore syoulé deux figures, celle du petit saint Jean et celle de saiot
François à genoux. Nous n'aurions pas même cité ce tableau, si, dans les
ouvrages de Lanzi, de Quatremère de Quincy et de Longhena, il n'était
pas présenté comme un ouvrage de Raphaël.
f.) Un charmant petit tableau de Madone, avec la date de MD, qui est
dans la possession de M. Camillo Fumagalli, à Milan, a été attribué à
Raphaël dans les Leitere pittcriche, t. IV, p. 417, et aussi dans l'ouvrage
de Longhena, p. 13 et 571. Ce tableau, qui n'a que onze pouces de haut
sur huit de large, est fermé par deux volets, sur les côtés intérieurs des-
quels sont représentées, agenouillées, sainte Barbe et sainte Catlierine.
En dehors est peinte une Annonciation en grisaille. Toutefois, ce petit
tableau, du fini le plus délicat, est l'ouvrage d'un ami de Raphaël, de
fra Bartolomeo di S. Marco, ainsi que le prouvent au premier coup d'œil
la beauté et l'ampleur des formes du petit Jésus. Le caractère des autres
figures et le coloris rappellent aussi d'autres petits tableaux du même
maître qui sont dans la galerie de Florence. Caspar, sous la direction de
Longhi, a gravé la figure agenouillée de sainte Catherine.
g.) Dans les Bellezze délia ciltà di Firenze (1592, p. 105), F. M. Bocchi
et Cinelli ont décrit un tableau attribué à Raphaël et conservé dans le
palais de Giuliano da Ricasoli, comme représentant la Naissance du
Christ, ou du moins la Vierge avec l'enl'ant Jésus et plusieurs saintes
femmes; mais il ressort de la description même du tableau, que c'est uoe
Naissance de la Vierge et que la même composition a été exécutée à fresque
dans le dôme de Vérone , par Franc. Torbito, d'après le carton de Jules
Romain, avec d'autres sujets tirés de la vie de la Vierge.
Gravé par Gialio Bonasone. Bartsch, t. XY, p. 123, n* 51 , et au clair-obicur.
B., t. XII, p. 49, n» 1. — Landon, n" 223.
h.) M. C. F. de Rumohr, dans ses Italienischen Porschungcn (Berlin^
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 359
i831 , t. III y p. 28)^ cite comme existant dans la maison Baglioni , à
Pérouse , un tableau de Madone qu'il donne sans conteste à Raphaël.
Cependant, non-seulement, dans le supplément du Guida di Perugia, de
1784, ce tableau est attribué au Pérugin, mais encore feu M. Metzger^,
à Florence , qui en fut depuis possesseur, se refusait à le reconnaître
pour un ouvrage du peintre d'Urbin.
»0 Pendant Tété de 1835, on parla beaucoup, à Florence, d'un tableau
de Raphaël représentant la Vierge avec l'Enfant et le donataire, lequel se
trouvait à Caste] Franco di Sotto, près Florence. Le gouvernement fit exa-
miner ce tableau par le cav. Benvenuto et par le cav. Camuccini de Rome,
qui se trouvait alors à Florence. Leur rapport ne sembla point avoir
admis l'authenticité de cette peinture, car l'abbé Celotti fut autorisé à la
Tendre aux marchands d'objets d'art, Priofsky et Mariani, moyennant
1,000 scudi, dit-on, pour le compte de la Russie.
/.) Luigi Canale a publié, dans l'ouvrage de Longhena (p. H6), un
rapport circonstancié sur l'origine d'une Sainte Famille appartenant au
baron Gregori, à Fuligno , rapport qui ne prouve cependant pas que le
tableau soit de Raphaël, car on y dit seulement que ce tableau passa de
Sigismondo de' Conti à sa nièce Cecilia, épouse du cav. Guid'Aulonio Seggi,
et qu'après l'extinction de cette famille, il vint, par héritage, dans celle de
Gregori. C'est un lableau à l'état d'ébauche, représentant la Vierge, assise,
ayant sur les genoux Tenfant Jésus qui joue avec la barbe de saint Joseph
debout devant lui ; ainsi que le petit saint Jean qui contemple l'enfant Jésus
avec amour. Les enfants sont seuls presque terminés, le reste n'est que
préparé. Le dessin, la manière de faire et le caractère des figures ont la
plus grande ressemblance avec les œuvres de fra Bartolomeo, et c'est
pourquoi nous partageons l'opinion de ceux qui l'attribuent à ce maître.
Lorsque nous voulûmes l'examiner, il était placé dans une chapelle sombre,
etxe n'est qu'à la clarté des bougies qu'on pouvait le voir. Lors de notre
dernière visite à Fuligno, en 1835, on l'avait envoyé à Rome pour le faire
restaurer. Nous ne saurions donc rien dire de plus au sujet de ce tableau.
k.) B. Orsini {Descrizione d'Asroli, Perugia, 1790, p. 75) décrit une
Vierge, en demi-figure, qui présente un chardonneret à l'enfant Jésus,
comme étant un ouvrage de la jeunesse de Raphaël. Nous avons vu ce
tableau chez M. Petrucci, à Rome. Sur la bordure de la robe de la Vierge
se trouvent les lettres R f F., mais elles ont été mises nouvellement. C'est
un joU tableau du Pérugin.
'.) Dans une foule de catalogues de vente, dans beaucoup de relations
de voyage , sont souvent décrits des tableaux de Madone attribués à Ra-
phaël, que nous n'avons point vus et sur lesquels, par conséquent, nous
n'avons point à porter de jugement. Cependant nous citerons les suivants,
a litre de renseignement, pour aider aux recherches.
310 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
Chez le comte Formenti, à Riva, au lac Garda : c'est la Vierge, TEnfanf ,
saint Joseph et d'autres figures. Voy. Ricordi d'un Viaggio piltorico ai
laghi di Garda, etc.. di Giacomo Mosconi (Milano, 1834).
m.) Chez M. Joh. Bapt. Muggi, a Turin. La Vierge tient sur ses genoux
Tenfant Jésus qui a un livre dans la main. A en juger par la lithographie
de F. Festa, ce tableau n'est pas même de l'école de Raphaël.
n.) Longhena attribue à Raphaël un tableau qui était chez le marchese
Manfredini : ce tableau représente la Vierge dans un paysage; elle lit dans
un livre, tandis que l'enfant Jésus et le petit saint Jean jouent et s'embras-
sent à ses côtés. Nous n'avons pu voir ce tableau, dont le sujet n'a pas la
moindre analogie avec ceux que Raphaël a traités.
0.) D'après C. G. de Murr [Nûrnberger Merkwiirdigkeiteny p. 464), il y
avait, dans le cabinet de M. Praun,à Nuremberg, une Vierge attribuée à
Raphaël, que le possesseur avait achetée, en 1611 , à Bologne. Dans ce
tableau, l'entant Jésus était alors représenté s'amusant à faire voler un
oiseau attaché à un til ; mais, en nettoyant le tableau, l'oiseau disparut
et Ton découvrit à la place, sous le repeint, une croix et un saint Joseph
vers lequel l'enfant dirige ses regards. C'est en cet état que le tableau se
trouvait dans le cabinet d'objets d'art d'Ant. Paul Heinlein , à Nurem-
berg, qui fut vendu en avril 1832.
p.) Le professeur Tosoni acheta de la succession du comte del Verme,
à Milan, un petit tableau représentant la Vierge assise avec l'enfant Jésus,
près d'un palmier planté sur un rocher et entouré de nuages et de petites
têtes d'anges. Derrière elle sont deux enfants élevant les mains vers les
fruits de l'arbre, et dans le bas, à droite, on aperçoit deux oiseaux qui se
bccquètent. Nous croyons pouvoir affirmer que ce tableau n'est point de
Raphaël, sans que nous sachions à qui l'attribuer.
q.) M. Legras , à Saint-Germaiii-en-Laye , possédait un tableau de Ma-
done (demi-figures) qui est nommé, sur la gravure de N. Bertrand, la
Vierge à la Pensée. Ce tableau semble être, en effet, de l'école de Ra-
phaël.
r.) Nous n'en pouvons pas dire autant du tableau gravé par J. Pavon, sous
le titre de la Vierge au Papillon. Figures entières; la Vierge, vue de face,
est assise sur un baâc; elle tient sur ses genoux l'enfant Jésus qui se
tourne vers le petit saint Jean agenouillé sur le banc, à gauche, en lui
présentant un papillon.
8.) Il est impossible d'attribuer à Raphaël le tableau représentant la
Vierge, l'Enfant et sainte Anne, qui a été gravé sous son nom par J. Mat-
tham , in-folio ; de même, un peu plus grand et inachevé, par Lutma. Tau-
riscus, p. 173, n° 46.
t.) Au palais de Kensington est une Vierge qui serre l'enfant Jésus contre
sa poitrine. C'est un tableau du dix-septième siècle. Gravé poui tant sous
DES PEINTURES Dh) RAPHAËL. Z\\
le nom de Raphaël, dans un ovale, à la manière noire, par John Bowies,
Londony E. Cooper ex. Tauriscus, p. 182, n° 63.
ti.) Dans la collection de l'académie de Vienne, est un tableau de l'école
de Ferrare qui représente la Vierge tenant l'enfant Jésus sur ses genoux ;
saint Jérôme en adoration à côté d'elle; dans le haut, Dieu le Père avec
le Saint-Esprit.
Gravé sous le nom de Raphaël, par Paul Gleditseh. In-fol.
V,) Le conseiller Kleinschmidt, à Vienne, possédait un petit tableau de
IMadone, en demi-figures , représentant le petit Jésus tenu par sa mère et
courant sur une table. Ce doit être le fragment d'un ancien tableau italien,
mais il a été gravé sous le nom de Raphaël avec une dédicace au prince
de Metternich, par David Weiss. Le tableau est allé en Bavière.
10.) L'église S. Maria di Piazza, à Florence, reçut, selon une disposition
du testament de Gentile Bonifanti, du 6 novembre 1603, une Sainte
Famille attribuée à Raphaël. En 1716, on ajouta cette inscription au
tableau : Pretiosam tabulam hanc Raphaële Urbinate depictam , etc.;
Puogileoni a déjà protesté avant nous contre la fausseté de cette attri-
bution.
X.) Dans la galerie des comtes Schœnbom, à Pommersfelden, se trouve
une Vierge aux longs cheveux tombants, qui tient son fils sur ses genoux.
Lr mouvement de la figure de l'enfant Jésus est quelque peu forcé. Ce
tableau semble avoir été exécuté d'après une esquisse de Léonard de
Vinci par un de ses élèves, mais non par Raphaël. Voyez le Stuttgarter
Kunstblatt,â\i â novembre 1820.
y.) Dans le Catalogue des tableaux du feu duc de Tallard, par Remy et
Glomy (Paris, 1756), se trouve décrit, sous le nonj de Raphaël, le tableau
suivant: la Sainte Vierge, assise, vue jusqu'aux genoux, tient l'enfant
Jésus qui embrasse le petit saint Jean. Un paysage forme le fond. Sur
bois. H. 18"; 1. 14". Ce tableau était alors bien conservé.
Gravé par un anonyme néerlandais, vraisemblablement par Paneels, signé:
R. V. Pel. in-4». Tauriscus, p. 176. Haut. 48".
z.) Dans la chapelle de Saint-Jean, à Palerme, fondée par le marchese
de' Rifesi, on montre un tableau, attribué à Raphaël, qui ressemble à la
Vierge aux Rochers de Léonard de Vinci. Ou a mis au-dessus cette inscrip^
lion : Sopra un quadro di Raffaello SanziOj posseduto dai P. P. Filippiniy
Oratorio in Palermo, [Osservazioni storiche-critiche di Agostino Gallo ,
segretario délia classe di letlere ed arti, etc. Palermo, 1835.) Avec une gra-
vure. Selon l'opinion d'un connaisseur, publiée dans la BibUoteca italiana
de Milan, ce tableau serait exécuté dans la manière de Gaudeuzio Ferrari.
Voyez le Stuttgarter Kunstblatt, du 15 mars 1836.
aa,) Longhena donne, p. 691 de son ouvrage, la description et la gra-
vure d'un tableau qui représente lu Vierge et l'eufant Jésus avec saint
542 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
Pierre et saint Sébastien à ses côtés^ tableau appartenant au professeur
Vincenzo Mochetti, à Milan. C'est un tableau délicat et soigné, de Francesco
Francia.
66.) Le beau tableau du Francia, lequel fait partie du musée de Munich,
et qui représente la Vierge s'agenouillant auprès du petit Jésus couché sur
l'herbe, fut gravé, sous le nom de Raphaël, par R. M. Frey, lorsqu'il était
encore dans le cabinet du baron de Saint-Saphorin, à Vienne.
ce) Chez M. J. J. Hertel , à Augsbourg, se trouvait un tableau repré-
sentant la Vierge avec l'enfant Jésus, demi-figures, qui a été gravé avec le
nom de Raphaël, par Joh. Gottfr. Seiter, grand in-fol. En 1844, nous
avons vu ce tableau , à Ratisbonne, chez feu M. J. P. Kraemner et nous
avons cru y reconnaître la manière de Lambert Lombard.
dd.) Autre tableau représentant la Vierge qui tient l'enfant Jésus. Ce
tableau, qui appartenait à M. P. Fumaroli, de Rome, a été lithographie,
avec le nom de Raphaël, par Gozzini. C'est un faible ouvrage d'un élève
du Pérugin.
ee,) La Madonna del Cappucino. Sous cette dénomination a été gravé à
l'eau-forte, en Italie, un tableau que Ton prétend avoir été commencé par
fra Bartolomeo et terminé par Raphaël. Ce tableau, que le cardinal
Bonzi aurait, dit-on, apporté en France vers 1G91, fut acheté à Paris, il y
a environ trente ans, par le ministre résident Abel. Voyez Description des
tableaux de la galerie de M, Abel de Stuttgart, etc. (Paris, 1824.) Devant la
Vierge, qui tient l'enfant Jésus, saint François est agenouillé entre deux
anges, et un troisième ange est auprès du petit saint Jean qui présente des
fruits à Tentant Jésus. Voy. Longhena, p. 740. C'est un bel ouvrage de
fra Bartolomeo. On nous assure qu'il a passé en Angleterre.
ff,) Autre Madone attribuée à Raphaël, chez le marquis de Bute, à Lu-
ton House. La Vierge, demi-figure, contemple l'enfant Jésus couché et
endormi devant elle. A gauche, un petit ange soulève le rideau, et un
autre, à droite, porte un petit panier sur sa tête. Ce tableau, qui paraît
être l'ouvrage d'un élève de Raphaël, a été gravé avec le nom du maître ,
par Caroline Watson. In-fol.
gg,) La Vierge, avec l'enfant Jésus et le petit saint Jean. Figures entières,
demi-grandeur naturelle. Ce tableau, qui était autrefois dans la galerie du
roi Charles !•' d'Angleterre, fut vendu à A. Cunningham pour 800 liv. st.
Il se trouve actuellement à Kingston Hall , près Wimbornminster, dans le
Dorsetshire, résidence de M. William Baucks. Ce renseignement nous a
été communiqué par M. John Murray, de Londres.
hh.y La Vierge, avec l'enfant Jésus et un prêtre. Tableau inscrit dans le
catalogue de Jacques II, roi d'Angleterre, sous le n<> 736. Collection de
lord Montague. Ce tableau a vraisemblablement été détruit lors de l'in-
cendie du palais de Whitehall.
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 343
ït.] La Vierge, TEufant, saint Joseph et ud agneau. Ce tableau, prove-
nant originairement de la collection Reynst, est catalogué dans la collec-
tion de Jacques II sous le n* 716. Il aura eu le même sort que le tableau
précédent, car on ne les retrouve ni l'un ni Tautre. La composition parait
être la même que celle du petit tableau qui est à Madrid et que nous
avons décrit.
kk.) La Vierge à la Rédemption. C'est ainsi qu'on désigne ce tableau
qui représente la sainte Vierge agenouillée sous un palmier, dont deux
anges cueillent les fruits. Un paysage pour fond. Le professeur Tosoni,
à Milan, possédait, en 1845, ce petit tableau qui semble être l'ouvrage d'un
élève de Raphaël.
Graré, de la grandeur de l'original, par Ach. Martinet. In-fol.
l(). La Belle Jardinière, de Florence. Sous ce titre, le baron Boucher-
Desnoyers a gravé, en 1841, avec le nom de Raphaël, un tableau repré-
sentant la Vierge assise avec l'enfant Jésus. La composition, qui n'est
nullement raphaélesque, annonce plutôt une origine néerlandaise.
mm.) La Vierge aux Lauriers. Elle est assise et soulève le voile qui couvre
l'enfant Jésus endormi à gauche, en le montrant au petit saint Jean qui
est devant elle. A droite, saint Joseph contemple cette scène. Derrière
l'enfant Jésus, il y a un petit laurier. C'est une faible composition, tout à
fait indigne de Raphaël.
Lith. par Léon Noël. Petit in-fol., avec ceUe légende : Tableau peint par Raphaël
en 1505. Haut. 42" sur 33'" de larg. Tiré du cabinet du docteur fioucher-Dugua.
fm.) La Vierge au Bandeau. La Vierge est assise à gauche, Tenfant Jésus
sur ses genoux ; celui-ci tient d'une main le globe terrestre et bénit de
l'autre main. Sur une balustrade, il y a un œillet et un livre. A en juger
par l'architecture qu'on voit dans ce tableau , ce serait l'ouvrage d'un
Néerlandais du seizième siècle.
J. Thouvenin se. Petit in-fol., avec cette adresse : À Paris, ehex P. MarinOy rue
Monimoreney, n^ 13.
00.) La Vierge au Raisin. Saint Joseph donne une grappe de raisin au
petit Jésus. Cette composition ne rappelle Raphaël en rien.
Gravé par J. Thouvenin, petit in-folio, avec cette adresse : À Pari», ehe%
P. Marino.
pp.) La Vierge du séminaire patriarcal, à la Salute, à Venise. Elle est
assise dans un paysage; le petit Jésus et le petit saint Jean s'embrassent.
Ce tableau n'est ni de Raphaël ni d'un de ses élèves.
qq.) La Vierge avec deux anges. Elle est assise dans un paysage rocail-
leux, adorant l'enfant Jésus couché sur ses genoux. Un peu en arrière, à
gauche, est un ange qui fait de la musique.
Gravé par Louis Paradisi, d'après une peinture de l'école du Pérugin, apparte-
nant à M. Cajani.
5i4 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
rr,) Autre Sainte Famille, appartenant à M. Boisselat, peintre à Paris. La
Vierge , assise à gauche et tournée vers la droite , porte sur son genou
gauche l'enfant Jésus; celui-ci, d'un mouvement assez vif^ saisit la croix
que lui présente le petit saint Jean et il lui pose la main gauche sur Ja
joue. Jusqu'aux genoux et de grandeur naturelje. Ce tableau, qui a été
transporté de son panneau sur toile, est fortement endommagé. La com-
position est raphaélesque, mais la manière de faire rappelle Proccacini.
Sur le revers du tableau se trouve un cachet aux armes de la maison
impériale d'Autriche.
Il existe de ce tableau une gravure anonyme du dix-septiéme siècle, délicate-
ment travaillée, petit in-fol., avec ceUe souscription : Raphaël. Vrb. — Dans un
ornement du bas se retrouvent les mêmes armes que dans le cachet apposé der-
rière la toile.
88.) La Madone, dite de la maison Taddei. La Vierge, demi-figure, avec
l'enfant Jésus et le petit saint Jean. Ce tableau, qui se trouvait en 1857
chez monsignore Manni, à Rome, serait, s'il faut en croire une notice
imprimée, une des deux Madones que Raphaël a peintes, ainsi que le
témoigne Vasari, pour sou ami Taddeo Taddei, à Florence, vers les années
1504 et 1505. On rapporte qu*eiie est restée dans la maison Taddei jus-
qu'en 4787, et qu'à cette époque M. Gaetano Taddei la vendit au sénateur
Alexandre Adami. Suivant la notice qui nous a été envoyée de Rome , la
Vierge et les enfants seraient les portraits de la femme et des enfants de
Taddeo Taddei. La brochure contient des certificats d'authenticité et une
lithographie d'après le tableau. Nous ne pouvons rien ajouter à ces ren-
seignements, en l'absence du tableau.
Le Catalogue des gravures d'après Raphaël, par Tauriscus Euboeus
(comte de Lepel), désigne encore différentes estampes représentant des.
Madones que nous n'avons point vues, à la vérité^ mais qui sont fausse-
ment attribuées à Raphaël, savoir :
tt.) Page 166, n^" 32; la Sainte Vierge assise, l'enfant Jésus, le petit
saint Jean, saint Joseph, et, derrière la Vierge, sainte Elisabeth.
Gravé à la manière noire, par E. Kerkall. Lond., 1724. Bx eolleeiione nobilistmi
Dwii Devoniae. Ce tableau rappelle Jules Romain.
uu.) Page 187, n° 2 ; grande Sainte Famille, avec le vieux Zacharie ; dans
la collection du baron de Brabeck, à Soeder. Le trait, d'après ce tableau,
dans l'ouvrage de M. de Ramdohr, ne rappelle en rien la manière de
Raphaël.
vv,) Page 188, n* 4; cinq demi-figures; la Vierge tient l'enfant Jésus
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 3i5
couché sur ses genoux » lequel embrasse le petit saint Jean. Saint Joseph^
appuyé sur son bâton, à droite, et saint François, à gauche.
Gravé par le professeur Heidelof, à ^tuUgart, d'après un tableau du cabinet de
H. Romney.
vno.) Page 189, n® 6^ la Vierge, sainte Elisabeth, l'enfant Jésus et le
petit saint Jean jouant avec des colombes.
Dessiné d'après un tableau qui est en Suède, par De Boys, et gravé par Martin,
pour le Voyage de P. Tham, 1797.
œx.) Page 189, n« 7; la Vierge (en demi-figure) donne son sein à l'en-
fant couché sur un coussin. C'est une composition de Léonard de Vinci.
Le dessin original se trouve dans la bibliothèque Ambroisienne, à Milan.
Yangelisti a exécuté une gravure, d'après le tableau de Solario, qui est au
Louvre , et l'a publiée sout le nom de Raphaël , avec cette légende : Le premier
devoir des mères,
^.] Page 156, n^" 10; la Vierge aux Balances. Ce tableau, qui est au
musée du Louvre , appartient à l'école de Léonard de Vinci ; il est vrai-
semblablement de Salaino.
Gravé à l'eau-forle, par un anonyme, et signé : Rafaël Yr. Petit in-4*.
zz.) Page 188, n« 5; la Sainte Famille avec le Bassin. Ce beau tableau,
qui fait partie de la galerie de Dresde, est de Jules Romain.
Gravé à l'eau-forte, comme éUnt un ouvrage de Raphaël, par Pietro Fachetti ,
in-fol. — De même, par M. Ferry, petit in-fol. — Grav. par Flipart pour la Galerie
de Dretde. — Râpa. Yr. in. Nicolo van Aettt farmis, Gr: in-4«. — Landon, n» 225.
SUJETS RELIGIEUX.
278. La Vierge avec des Saints.
Sur bois. 6' 6'* en carré.
La Vierge, assise sur des nuages, est ravie aux cieux par des chérubins.
Son sarcophage rempli de fleurs, vu en raccourci, dans le milieu du ter-
rain, esl entouré de quatre saints. L'apôtre saint Philippe, debout, à gau-
che, et saint Jean, agenouillé auprès de lui, élevant avec enthousiasme ses
regards vers la Vierge ; à droite, saint Paul debout, à côté de saint Fran-
çois, agenouillé et croisant ses mains sur sa poitrine. Les figures sont aux
deux tiers de nature. Ce tableau était, dit-on, autrefois dans la cathé-
drale de Pise. Il fut porté à Londres comme étant un original de Raphaël
et il entra dans la collection de feu M. E. Solly, à Londres. Selon le D^
G. F. Waagen, directeur du musée de Berlin, qui le premier fait mention
de ce tableau dans son ouvrage sur les Œuvres d'art et les artistes de
la Grande-Bretagne, 1. 11, p. 3, la composition est certainement de Ra-
346 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
phaêl; quant au tableau, traité dans la manière de la Madonna del Baiddc—
chino, il serait resté inachevé, comme cette dernière Madone, lorsque le
maître fut appelé de Florence à Rome en 1508, mais il aurait été terminé
par un peintre de ses amis. On doit présumer naturellement que cet ami fut
Ridolfo Ghirlandajo, qui , comme nous ('apprend Vasari, avait rendu un
service semblable à Raphaël, en finissant pour lui un tableau de Madone.
La figure de saint Jean, qui est la meilleure du tableau, fut reproduite à
Rome, par Raphaël, dans la figure du jeune homme à genoux de la fres-
que de la Dispute du Saint-Sacrement. Lorsque nous vîmes ce tableau
chez M. Solly, en 1831, on n'avait pas encore eu l'idée que ce pût être un
ouvrage de Raphaël ^ 11 se trouve à présent dans la galerie du comte de
Wanvick, à Warwick Castle.
279. Les Cinq Saints.
Sur bois. Hauteur 3' 10"; largeur 3* 1".
Le Sauveur, assis dans une gloire lumineuse, au milieu des nuages rem-
plis de têtes de chérubins, élève les bras et semble inviter toute rhumanité
à venir à lui. La Vierge est à sa droite; et, de l'autre côté , saint Jean le
Précurseur, qui, du geste, désigne le Christ. Dans le bas à gauche, saint
Paul, répée à la main; à droite, auprès du fragment d'une roue, sainte
1 . On nous communique la description de deux tableaux que Ton regarde comme des oeuvres
originales de Raphaël , et qui fout partie de la collection de M. Je chevalier Marsuzi de Aguirre,
à Rome. Nous citons textuellement cette note, sans toutefois en accepter la responsabilité, car
nous n'avons pas vu les tableaux dont il s'agit :
a La Vierge, Tenfant Jésus, saint Joseph, saint Augustin et un saint Docteur, dans un pays^e
charmant de fraîcheur et de détails, haut de 0" 77*", large de 0" 59'". La peinture a été
enlevée d'un mur, placée d'abord sur toile, et ensuite replacée sur bois, opération médiocre-
ment réussie. — Cette composition rappelle dans ses principales parties celle de ia Vierge de
Dusf eldorf. La figure de Marie est la même ; saint Augustin occupe la place de sainte Elisabeth ;
les plis du pallium épisropal reprodui&eut exactement les plis du manteau de la sainte. Le saint
Joseph, appuyé sur son bâton, qui se trouve au second plan, derrière la Sainte Famille, est
remplacé ici , au milieu du tableau , par le saint Docteur en tunique blanche , agenouillé , les
mains croisées sur la poitrine, exprimant dans sa noble tête à longue barbe une componction et
une tendresse que les paroles sont impuissantes à retracer. L'enfant Jésus appuie son doigt sur
un livre ouvert que saint Augustin lui présente de la main gauche, sourit et semble expliquer le
mystère de la Sainte Trinité , comme l'indiquent les trois doigts de la main droite de révoque,
ouverts et appuyés au*dessus de la cuisse.
a L'harmonie et le caljne de cette belle peinture sont admirables ; la pureté du dœsin irré-
prochable. — Ce panneau , qui sort d'une des principales galeries de Florence , a été exécuté
par Raphaël, lorsqu'il passait de sa première à sa seconde manière. On remarque encore
quelque peu de sécheresse dans les formes et dans le fini des détails, notamment des cheveux ;
remploi de l'or dans les ornements , quoique sobre , indique aussi l'époque de l'exécution.
Cependant les couleurs ont une vivacité qu'on ne retrouve pas dans les premières œuvres du
maître.
■ On voit aussi dans la même collection la Yiarge et l'Enfant, tableau rond, peint par Raphaël,
lorsqu'il était encore dans l'atelier du Pérugin.
■ Il provient de la galerie des comtes Oddi-Baglioni de Pérouse. > {îiole de l'idilewr.)
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 347
C&tberiDe, agenouillée, posant une main sur sa poitrine et tenant, de
l'autre, la palme du martyre. Un paysage forme le fond. Vasari ne dé-
crit 4)oint C0 tableau , quoiqu'il en connût la composition par un dessin
de Raphaël et par la gravure de Marc-Antoine; on peut induire de ce
fait qu'il n'avait jamais vu le tableau, ou qu'il le regardait seulement
comme un ouvrage de Tccole du maître. Ce qui est certain, c'est que
le tableau, qui se trouve à Parme, présente, si on le compare au dessin
original, des changements peu favorables à la question d'authenticité ; en
outre, parmi toutes les têtes d'anges qu'on aperçoit dans les nuages, il
n'y en a pas une qui trahisse cette grâce que Raphaël met toujours dans
l'expression de ses têtes. Ce tableau a fortement poussé au noir, et Le
Brun, qui le restaura à Paris, dit y avoir découvert un monogramme où
se trouve la lettre A, d'oii il conclut que cette peinture a été exécutée par
un élève de Raphaël, qu'il nomme Albareti. Mais quel est cet Albareti?
Avant Le Brun, lequel, soit dit en passant, était fertile en inventions pour
le trafic des objets d'art, le nom d'Albareti était inconnu dans l'histoire
de la peinture, et depuis on n'a rien découvert qui ait constaté l'existence
d'un peintre de ce nom. Mais nous sommes d'ailleurs de l'avis de Le Brun
sur le mérite de cet ouvrage que nous attribuons aussi à un des meilleurs
élèves de Raphaël, et apparemment à Jules Romain. Quant à l'époque où
ce tableau aurait été placé sur le maître-autel du couvent des religieuses
de Saint-Paul, à Parme, c'est ce qui n'était pas même connu du Père
Affo, le ministre historien de la ville de Parme. Toutefois, nous voyons,
dans les Memorie storiche di Ant. Allegri, de Pungileoni (t. IIF, p. 16J,
qu'il ne figurait pas encore sur le maître-autel de l'église de ce couvent,
puisque, le 4 août 1660, Gian Maria Conti, nommé délia Caméra, reçut
300 lires comme payement d'un tableau fait par lui pour cet autel. Après
que ce tableau des Cinq Saints fut revenu, en vertu du traité de paix de
1815, du palais de Saint-Cloud, à Parme, il fut placé dans la collection de
tableaux de l'Académie de cette ville.
Gravures d'après ce tableau : J.-6.-L. Massard l'aîné, 1802, in- fol. — J.-Th.
Richomme, in-fol., pour le Musée royal, — Landon, n*" 435.
L'esquisse pour ce tableau, exécutée à la sépia, se' trouve dans la collec-
tion du Louvre.
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 113. Copie A, avec l'adresse:
Ant. Caranzaniu, dans le bas. Deuxième épreuve, avec l'ajresse (fe deRostif 1610.
— La copie B porte la tablette de Marc-Antoine.
280. Saint Luc faisant le portrait de la Vierge.
Sur bois. Figures de grandeur naturelle.
L'apôtre saint Luc, le genou droit plié sur un tabouret devant un che-
valet de peintre , fait le portrait de la Vierge qui lui apparaît au milieu des
nuages avec l'enfant Jésus. Raphaël, âgé d'environ trente ans, sans barbe,
•A
348 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
se tient derrière lui à droite, et suit des yeux attentivement le travail du
saint patron des peintres. On aperçoit la tête et le poitrail du bœuf qui
est le symbole de ce saint. Pour peu que Ton examine ce tableau^ on
reconnaît sur-le-champ qu'il a été exécuté par plusieurs mains ; la tête du
saint, notamment, est peinte si magistralement, elle est d'un ton si
chaud et d'une expression tellement remplie d'âme, qu'on peut la croire
réellement sortie du pinceau de Raphaël ; toutes les autres parties du
tableau sont loin de la perfection de cette tête ; les extrémités, à la vérité,
sont dessinées d'une manière savante et ferme, mais elles sont froides de
ton. Il en est de même de la draperie, traitée dans la manière de Fran-
cesco Penni. Le portrait de Raphaël est chaudement coloré, mais la ma-
done et l'enfant Jésus ne sont qu'ébauchés et très-lourds de formes. Il est
vraisemblable que Raphaël, après avoir légèrement esquissé ce tableau,
aura seulement peint la tête et le bras du saint. Mais il est difficile de
croire qu'il ait lui-même introduit son portrait dans cette composition,
car, modeste comme il Tétait, il ne se fût certainement pas permis d'expri-
mer, par sa présence dans le tableau, tout ce qu'il semble dire avec
orgueil : « J'ai vu comment la Vierge est apparue à saint Luc, afin (comme
le rapporte la légende) qu'il pût faire son portrait ; voilà pourquoi je suis
seul capable, comme saint Luc, de faire de si belles Madones. » Mais ou
peut bien admettre qu'un de ses élèves ait eu cette même pensée et qu'il
ait voulu , après la mort de Raphaël , le représenter lui-même dans son
propre ouvrage. Le tableau a, du reste, beaucoup souffert dans plusieurs
parties et il est fortement repeint. Pierre de Corlone en fit don à l'église
S. Martino, à Rome , nouvellement rebâtie d'après ses plans. Sixte-Quint
avait déjà^ en 1588, donné cette église à l'Académie des peintres et des
architectes de Saint-Luc, en la consacrant au saint patron de cette acadé-
mie. Actuellement le tableau se trouve dans la collection de l'Académie,
à Rome, et, sur Tautel de l'église de Saint-Luc, où il était autrefois, on a
mis à sa place une copie peinte par Antiveduto Grammatica, qui l'exécuta
lorsqu'il se trouvait président de cette académie, pour vendre l'original,
ce qui amena sa destitution.
Graydres : J. Langlois, Homw, gaUiee Académie alumnut. Avec une dédicace à
J.-B. Colbert, in fol. — Cornélius Bloemert, in-fol. — Matth. Piccioni. En contre-
partie, et au bas une dédicace au cardinal Franc. Barberini. H. 9" 1'"; l. 6"9'".—
Par un anonyme, mauvaise eau-forte. En contre-partie, avec une dédicace à
Matthaeus Piccionus Anconitanus. Pet. in-fol. — Giov. Rossi, mauvaise planche
in-fol. — Landon, n» 132.
281. Saint Jérôme.
L'Anonyme de Morelli {Notizia d* opère di disegno, etc. Bassano, 1800,
p. 241) a vu, en 1537, dans la maison du docteur Marco (Benavides) da
Mantoa, à Padoue : « Le petit tableau à l'huile de saint Jérôme^ qui fait
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 349
pénitence dans le désert, de la main de Raphaël d'Urbin. » C'est le seul
reoseîgnement que nous ayons sur ce tableau, qui a disparu depuis.
Da^ns la collection du Musée Britannique, il y a une étude pour une
figure agenouillée, qui répond entièrement à la pose du saint Jérôme fai-
sant x>éDitence et qui a peut-être servi au tableau.
Un petit tableau , de l'ancienne collection Fesch, représentant ce même
sujet, a été erronément attribué à Raphaël. Quant au tableau de Saint Jé-
rôme écrivant, figure de grandeur naturelle, lequel a passé de Wiirzburg à
Munich , on a déjà depuis longtemps reconnu qu'il ne pouvait pas être de
Raphaël, quoique Cari Hess Tait gravé sous le nom du maître. Une copie
de ce tableau décore un autel, dans Téglise du monastère d'Ebrach, près
de Baraberg.
282. Saint Jean l'Èvangéliste.
Sur bois. H. 7' 4"; 1. 5' 1".
Saint Jean, assis sur son aigle, est élevé en l'nir dans un nuage; il tient
une tablette de la main gauche et fixe ses regards vers le ciel au moment
d'écrire l'Apocalypse. Dans le bas on distingue Tile Patmos et la mer.
L.épfcié (Catalogue des tableaux du Roy. Paris, 1752) dit de ce tableau :
«Ce tableau a été donné au Roy (Louis XV) comme un ouvrage de Ra-
phaël ; quoique le nom de ce grand homme soit écrit au bas, on peut
dire que la composition , et même le dessin , sont d'un caractère élevé ,
mais que la manière dont il est peint fait croire qu'il a été exécuté par un
de ses élèves. » Cette peinture, qui se trouve aujourd'hui au musée de
Marseille, est très-faible do dessin et les ombres des chairs sont très-
noires. Du reste, cette composition peu poétique ne nous semble, sous
aucun rapport, digne du génie de Raphaël.
Gravé par Nicolas de Larroessin, pour le Cc^net Croiat^ in-fol. — Landon,
n» 439.
Bien préférable est une autre répétition de ce sujet, au musée de Ber-
lin, peinte sur toile. H. T T; 1. 5' 7'M/2. Ce tableau provient de la galerie
Giustiniani, et, d'après la manière dont il est exécuté, on peut dire que
c'est un ouvrage du milieu du seizième siècle.
283. Les Apôtres saint Pierre et saint Paul.
Nous avons dit, dans notre histoire de Raphaël, que fra Bartolomeo
laissa inachevés deux tableaux destinés à être mis des deux côtés du
maltre-autel de l'église S. Silvestro, à Monte Cavallo, à Rome; car il quit-
tait cette Tille dont il ne pouvait supporter le climat, et il remit le soin de
terminer ces deux tableaux à son ami Raphaël. Que celui-ci a rempli fidè-
lement sa promesse, c'est ce que témoignent encore aujourd'hui la tête
et les mains de saint Pierre, qui sont exécutées tout à fait dans la manière
du maître^ et d'une peinture bien plus énergique et plus vivante que le
350 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
reste. Ces deux tableaux qui, selon Titi, se trouvaient encore dans l'église
de S. Sihestro^ en 1686^ ornent actuellement la collection du palais du
Quirinal.
Us sont gravés au trait dans la première année de la revue intitulée r
l^Ape Haliana, Roma, iSd'i.
Nous devons encore rappeler ici un autre tableau que fra Bariola meo
exécuta pour un autel latéral de l'église S. Romano, à Lucques, et que
Raphaël aurait aussi terminé. Ce tableau représente les deux saintes
Catherine de Sienne et d'Alexandrie, avec un Dieu le Père au-dessus d'elJes-
C. F. de Rumohr (Italienische Forschungen, t. 111, p. 71) a cru recon-
naître la main de Raphaël, surtout dans la figure de Dieu le Père entouré
d'anges, et il fonde celte opinion sur l'existence d'un dessin du même
groupe, à l'Académie de Florence, dessin classé à la vérité parmi ceux de
fra Bartolomeo, mais révélant la main de Raphaël à son époque floren-
tine. Malheureusement nous étions à Lucques par un jour pluvieux et si
sombre, qu'il ne nous a pas été possible de distinguer la diflérence d'exé-
cution que M. de Rumohr prétend constater entre le faire de la partie
supérieure et celui de la partie inférieure ; cependant nous vîmes qiie le
tableau portait la date de 1509; or l'on sait que Raphaël quitta Florence
au milieu de Tannée i508. Quant au dessin de la collection de Florence,
que nous avons pu examiner de près, il est exécuté bien plutôt dans la
manière hachurée de fra Bartolomeo, que dans celle intiniment plus
simple de Raphaël.
284. Marie-Madeleine.
Dans un inventaire de Gaspare Faccini , fait à l'occasion d'un partage
qui eut lieu le 8 novembre iriG5, entre Guido Fontana et son fils Orazio,
à Urbin^ il est dit que, parmi différents tableaux qui ornaient leur mai-
son, il y avait un petit tableau représentant une Madeleine par Raphaël.
Voy. Pungileoni, p. 42. ^
Les Fontana étaient fameux par leur fabrique de majolica; ils aimaient
les arts et ils avaient de la fortune, ce qui fait que l'on peut accorder
quelque croyance à ce renseignement, tiré d'un inventaire de succession.
Il semble que cette peinture passa depuis dans la possession du duc d'Lr-
bin, car nous la voyons indiquée dans l'Inventaire de la garde-robe d'Urbiu,
en l'année 1623, manuscrit conservé dans l'Oliveriana^ à Pesaro, p. 386,
sous le u° 90 : Madeleine, de Raphaël, sur bois ; sur le revers se trouvent
les armes du duc Fraucesco Maria 11 et de la duchesse Lucretia d'Esté.
Voy. Dennistoun, Memoirs ofthe Dukes of Urbino, London, 1851, t. Ul,
p. Hi. On a perdu la trace de ce tableau, dont il n'existe ni copie, ni
dedsin, ni gravures.
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 351
Parmi les tableaux représentant des saints^ attribués à Raphaël^ nous
citerons encore les suivants :
a.) Six figures de saints et de saintes dans des niches. Pungileoni
(p. 283) et la revue intitulée VApe ItcUiana (Roma^ 1834) disent que six
petites fîgures, dans des niches d'environ un pied de baut^ qu'on regar-
dait comme des œuvres de la jeunesse du maître^ se trouvent actuellement
dans la possession du comte Bisenzo , à Rome ; mais, au premier coup
d'œil, on voit que ce sont de jolis ouvrages, à la détrempe, du Pérugin. Ces
petits sujets entouraient, dit-on, autrefois un tableau d'autel peint par
le maître de Raphaël pour Téglise de Todi. Le tableau principal serait
passé en France, mais les six petites figures furent achetées, à Todi même,
du prieur Laurenti, par le comte Bisenzo, qui les fit encadrer trois par trois
dans une même bordure. Dans un de ces cadres, la Madeleine placée entre
saint Louis de France et saint Bonaventure; dans l'autre cadre, sainte
Catherine, entre saint Bernardino de Sienne et saint Jean Capistrano. Ces
peintures se trouvent à présent dans la collection de lord Ward, à
Londres ^
Ces six figures ont été gravées au trait par Gio. Wenzel et Gioacc. Mitlerpoch,
pour Yàpe italiana de 1834. Tab. XXUI et XXIY.
6.) Deux petits anges , sur deux petits panneaux à fond d'or, qui ser-
virent sans doute primitivement de volets à un triptyque, sont indiqués
dans le Guida di Perugia, de 1784 (p. 2i4), comme se trouvant dans la
maison Giulio Cesarei et comme étant de Raphaël ou d'un autre élève du
Pérugin. Us appartiennent à l'avocat Eugenio Raspoiii, de Rome. Ces
tableaux, qui ont été fortement repeints, ne portent pas la moindre trace
du génie de Raphaël, mais on peut, en effet, les regarder comme de jolies
peintures d'un de ses camarades d'atelier.
c.) Duchesne aîné donue , dans la 69« livraison de son Musée de pein-
ture et de sculpture, la reproduction gravée d'un Saint Sébastien qui était
dans le cabinet Migueron, à Paris, et qu'il attribue à Raphaël. Le saint est
lié à un arbre à gauche, dans une pose gracieuse, mais maniérée, avec
deux archers à droite. Ce petit tableau, exécuté avec un soin extrême,
peut au plus être attribué à un élève de Raphaël.
d.) Tête de l'archange saint Michel ou de saint George, peinte à l'huile,
un peu plus grande que nature. C'est un fragment, de forme ovale, pro-
venant d'un tableau qui est à Munich ; cette tête est très-l)elle, quoique
Dous ne soyons pas convaincu qu'elle puisse être attribuée à Raphaël. Ce
tableau passa de la maison Sampieri, à Bologne, dans la collection du roi
Louis de Bavière.
i. Elles ont figuré à l'exhibition de Manchester. M. Waagen les attribue au Spagna. Voir
W. Burger, Trisori d'art j p. 63. {Note de l'éditew.)
5K2 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
e.) Sainte Apollonie, les mains croisées sur sa poitrine. Demi-figure^
musée de Strasbourg. C'est un tableau de l'école du Pérugin.
Gravé par Jean Bein, 1842, in-foL
SUJETS MYTHOLOGIQUES ET ALLÉGORIQUES.
285. La Charité et r Espérance.
Dans la galerie Borghèse , à Rome, se trouvaient deux petits tableaux,
cintrés dans le haut, représentant les figures de la Charité et de rEspérance,
lesquels ont été quelquefois attribués à Raphaël, mais quelquefois aussi
et avec plus de raison à Gio. Francesco Penni. La Charité est représentée
par une femme tenant deux entants dans ses bras. A droite, contre un
rocher, est une tête d'Hermès; dans le paysage du fond, un fleuve auprès
d'une ville avec un château fort, et des montagnes à l'horizon. Cette même
figure de femme, avec les enfants qu'elle allaite, ayant de plus deux jeunes
garçons debout à ses côtés, se trouve dans le sujet des trois vertus théo-
logales, la Foi, TEspérance et la Charité, qui forme la bordure de la tapis-
serie de la Mort d'Ananie. Ce petit tableau révèle la main d'un élève de
Raphaël et le paysage est tout à fait analogue d'exécution avec le Couron-
nement de la Vierge, ce qui nous fait croire que c'est avec raison qu'on
l'attribue à F. Penni. Goede (t. IV, p. 120) vit ce tableau, en 1803, chez
M. William Bekford, à Foethill, Salishury; plus tard, il fut possédé par
Sir Thomas Lawrence, et, en 1831, nous l'avons vu nous-même dans la
collection de M. Neeld, à Londres.
Gravé par A. Capellan, 1798, pour la Schola iialiana^ in-folio. Épreuves posté-
rieures, sans le nom du graveur, avec l'inscription : PellUur e celo LaUma. E Tabula
Raphaelit Sanetii in œdibut liurgheiianis.
L'Espérance, représentée avec le caractère antique de la déesse Spes.
F. W. de Ramdohr (Vber Malerei und Bildhauerarbeit in Rom., Leipzig,
1787), qui ne reconnut point la signification de cette figure , la désigne
ainsi : Une Jeune fille marchant. Elle tient une fleur de la main droite, et
de la gauche elle soulève une p«artiede ses vêtements. Un paysage rocail-
leux pour fond. Ce tableau est exécuté dans la même manière que le pre-
mier; il passa par les mêmes collections, mais à la vente de Sir Thomas
Lawrence, il fut acquis par M. Henry Hope, à Londres.
Grav. à Teau-forte, en contre-partie, par Clam Gallas, 1801, d'api es un dessin
de Jos. Bergler. Il n'y a que le trait avec de légères ombres. Signé à gauche :
J. B, del, et CG (monogramme), 1801.
L'esquisse originale, de F. Penni, pour ce tableau, se trouve à Copen-
(
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 353
■ague^ chez le professeur Jansen^ et une copie ^ faussement attribuée à
Ikapbaël ^ est dans la collection royale d'Angleterre. Elle est dessinée à
V plume^ sur papier brunâtre^ lavée au bistre et rehaussée de blanc. On
«oit qu*elle a servi de calque pour la peinture. H. 10" 6'"; l. 6" 9"'.
Gravé par C. F. Lewis, pour l'ouvrage de J. Chamberlaine : imitatiom of.ori-
§mal de9ign»j etc., in Bis Majeity'i eolleeiwn. London, 1796-1809. Onze voL in-fol.
286. La Paix.
C'est ane figure de femme nue, avec des ailes de plumes de paon«
îbout au bord de la mer. Elle tient une branche d'olivier dans la main
lite^ tandis qu'elle jette ses regards vers un rayon de lumière qui vient
'en haut^ à gauche. Lé fond^ qui représente la mer avec un port, est
it à fait traité dans le style antique. Figure demi-grandeur naturelle.
Nous croyons que ce tableau est de l'école du Francia, et nous l'attribuons
mênie à Timoteo Viti. 11 était dans la possession de M. Charles Laird
Wigram^ de Londres, et fut vendu à Paris, au mois de mars 1847.
Gravé par Louis Calamatta. In-fol.
287. Les Heures du jour et de la nuit.
Ce sont douze figures de femmes, isolées, sur fond noir. Les tableaux
ont un socle étroit, où se trouvent représentés des animaux et autres
oib^ets.
Dans les années 1805 et 1806, ils furent gravés par Fosseyeuz, Beraud, Lavallée,
L. F. Mariage, S. F. Ribault, F. Hubert, L. Croutelle, N. Thomas et L. Petit, et
publiés en couleur par Mich.-Ang. Maestri, avec le nom de Raphaël. Ces estampes
semblent avoir été exécutées d'après les peintures d'un élève de, Raphaël, qui se
trouvaient dans l'intérieur de quelque palais à Rome. Une de ces figures est
imitée de la Galalée de Raphaël. — Landon, n<» 458-463.
288. Apollon, la Lune, cinq Planètes et quatre Étoiles
du zodiaque.
Ces onze sujets décorent le plafond de la sala Borgia, au Vatican, pla-
fond qui fut exécuté, sous Léon X, par Giovanni da Udine et Perino del
\aga. (Voyez Vasari, dans la Vie de ce dernier.)
Le plafond avec les détails, gravé au trait, en huit planches, par Th. Piroli, pour
Vouvrage de Piranesi, intitulé : / ietle Fianeti di RafftuUe drUrbino^ nella sala Borgia
nel Yotieano. Une planche de titre, avec deux figures allégoriques. Les cinq Pla-
nètes, Apollon et Diane, gravés par P. Ronato, Rettelini, Rortignone et Fontana
en médaillons ovales. Huit planches in-fol. en larg. — Quatre planètes : Jupiter,
Mars, Mercure et la Lune, grav. à l'eau-forte par Galestruzzi, pet. in-4*>, et non
par Pietro Santi Dartoli, comme l'indique Heinecke. — Huit planches : les sept
Planètes, avec une feuille de titre : Carlo Lasinio del. et te; en ovale ; in-folio en
larg — Diane, grav. par Remy Wyberl, in-4». — De même, par J. Saal, in-folio
en larg. — Mercure, grav. par Ang. Testa, Romœj gr. in-fol. en larg. — Landon,
n- 118-124.
II. 23
354 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
289. Quatre sujets mythologiques , tirés du vestibule
de la villa Madama.
i° Jupiter et Ganymède ; — 2® l?luton et Proserpine; — 3« Neptune avec
les chevaux marins; — 4* Junon sur un char attelé de paons. — Les deux
sujets n»» 2 et 3 semblent être de Jules Romain^ et les n»«.l et 4 de Gio-
vanni da Udine.
Les trois Voûtes du vestibule, grav. par Marco Garloai en trois planches ^rantl
in-fol. en largeur. — Les quatre Divinités, grav. par Joh. Ottaviani. — Landon«
n"» 115-117 et 140.
Une esquisse originale, à la sépia> de Giovanni da Udine, pour la ûgurB^ -.
de Junon, se trouve dans la collection Albertine, à Vienne.
Grav. par J. Saal, tn-fol. en larg.
290. Achille à Scyros et Achille recofinupar Ulysse.
Ces deux peintures murales, dans la villa Madama, à Rome, ont été
exécutées par un faible élève de Raphaël.
Gra\. comme des compositions du maître, par Joh. Ottaviani, in-fol. en larg.,
et par Gérard Audran, id. — Landon, n" 141 et 143.
29 i. Diane et CaUsto, Saturne, Vénus.
Ces figures se trouvent sur le plafond que Baldassare Peruzzi a peint
dans la salle du rez-de^^haussée de la Farnesine, à Rome.
Grav. par Stefano Mulinari, en clair-obscur, sous le nom de Baphaël. Tauriseus,
p. 251, n« 59.
292* Neptune et Amymone.
Parmi plusieurs tableaux que le duc de Devonshire retrancha de sa
galerie et fit vendre en 1840, il y en avait un qui représentait Neptune
embrassant Amymone, tandis que l'Amour, qui lui enlève son trident,
s^assied triomphant sur un dauphin. Ce tableau était dans un état mécon-
naissable, puisqu'il fut vendu 14 liv. sterl. 3 sch. 6 den.; mais Tacquéreur
le fit nettoyer et le prôna partout comme un des plus beaux ouvrages
de Raphaël. C*est un tableau que les ancêtres du duc avaient acheté de
Luca Penni , qui a séjourné quelque temps en Angleterre. On dit qu'il
existe aussi une gravure ancienne de cette composition.
293. Apollon et Marsyas.
M. Moris Moore, à Londres, acheta, pour un taible prix, dans une vente
publique, en 1850, un petit tableau représentant ce sujet, peint avec une
extrême iiuesse, et attribué au Mantegna. Aussitôt qu'il fut en possession
de ce tableau, il soutint que c'était un des plus précieux ouvrages de
Raphaël. — Marsyas est assis à gauche, soufflant dans une flûte; Apollon
■ii-J
• f
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 3:>5
lest debout y en face, tenant un bâton dans sV main droite. Sa lyre est sus-
pendue à un arbre ; son carquois et son arc sont à terre. Un riche paysage
pour fond. Ce tableau, qui est à coup sûr de l'école de Francesco Francia.
nous semble devoir être attribué à Timoteo Viti, puisque nous avons vu à
la Brera de Milan un tableau peint à la détrempe^ représentant la Vierge
avec des Saints y lequel fut autrefois également attribué à Raphaël, et qui
est tout à fait analogue de style avec celui-ci. Lorsque, sur les instances
térées de M . Moore, en 1850, nous lui eûmes communiqué notre opinion
i l'égard de son tableau , cette franchise de notre part nous attira en
teprésailles quatre articles fulminants, qui parurent dans les journaux de
Londres, et qui ne méritaient pas une réfutation. - '
De\^u\s , M. Moore a publié, dans \q Morning Advertiser du 27 août
iS5o, qu'un dessin sur papier rose de son Apollon et Marsyas, dessin qui fafit
parue de la collection de l'Académie de Venise, est incontestablement de
ia main de Raphaël, et que ce dessin a été signalé comme tel dans- le
i\ou\eau catalogue de cette collection. Lorsque nous le -vîmes, en -4835,
on l'attribuait alors à Benedetto Montagna, mais nous avions (léjà réconilu
(\u'il était plutôt de Técole de Francia, et qu'il avait été fait pour le tableau
qui se trouvait à cette époque en la possession dé M. Délairdvère,'à'Londres.
Pour se convaincre que ce tableau n'est point un original, il sufHtde riemaV-
quer que le dessin des jambes n'offre pas les formes pleines et. accentuées
qui caractérisent les ouvrages de Raphaël. De plus, le paysage est traité
ô*uiic manière timide et minutieuse, bien difTérente de celle du maître. > ^
i
, I
PORTRAITS.
294. Raphaël et son Maître d'armes. . ^
Sur toile. H. 3' 8"; 1. 3' 4". : i
•
C'est ainsi qu'est désigné un tableau du niusée du Louvre, lequel a donné
lieu a bien des controverses^ au sujet des deux personnages représentés
comme au sujet de l'auteur de la peinture. Sur le devant, à droite, se tient
debout un homme à barbe, puissant de formes, posant la. main sur son
éf)ée en regardant un homme placé derrière lui, et en indiquant de l'autre
main un objet en dehors du tableau; le second personnage paraît être, en
effet, Raphaël lui-même, car il ressemble au portrait gravé par Giuïio
Bonasone, portrait qui passe pour êlre celui du maître, ainsi que deux
autres portraits peints à fresque par Jules Romain dans la villa Lànte, et
dans sa propre maison, à Mantoue. Le tableau du Louvre nous le montre
aussi presque de face, avec de la barbe, les cheveux séparés sur le front et
tombant jusque sur les épaules. Pierre Dan croit que ce tableau fut peint
II.
%f^ siopnAulsm au catalogue
fur k P0iilonno( d'autres l'ont «tiriibiié à Raphaèl, ea croyaol f voir
fMMiraît «vee odui de Pontorino. La maiiière énergique daat est
figuf« du preoHar plaa et le faire en général empêchent toulefoii
raeoonallra la nain de Fontormo. Ce n'est pas non plus son poi
puisque^ A la/norlt de Raphaël, il n*était Âgé que de vingt-sept ans» el
le peraowMge représenté parait avoir au moins dix années de plus.
4 la figure qui est dans ce fond, on peut y retrouver les traits de
k la dernière époque de sa vie. La forme du nés, les lèvres pleines^
larges paupièrcNS, le beau front découvert, se rapportent bien aux poi
Authentiques qui existent de lui. Seulement les traits sont ici un peu
forlB, et les yeux n'ont pas tant de vivacité que dans ses autres portrail
Le ton générai de la peinture est lourd, les chairs tournent au brun rou|
le pinceau en est gras et large; toutes choses qui ne se rapportent
A la manière de Raphaël^ ainsi qu'on en peut juger au musée du Loui
ai l'on compare ce tableau avec le portrait du comte Castiglione. Les
de k manche et les étoffes blanches sont aussi également d'une exécuti<
différente de la sienne, Néanmoins, cette peinture est une productioa
distinguée, quoique nous ne sachions pas en nommer l'auteur. 11 faut encore |
rappeler qu'on a voulu voir dans ce tableau Marc -Antoine au Ueu de
Raphaël; mais, après avoir examiné avec soin le portrait de ce célèbre
graveur, qui est dans la fresque d'Uéiiodore chassé du temple, nous pou rau
constater que Maro^Antoine^ dont les traits étaient bien plus rudes que ceux
de Raphaël y n'avait avec ce dernier qu'une espèce de ressemblance très-
vague et très-éloignée ^
Ce tableau, qui provient de la collection de François l*', a été agrandi
de 9 pouces et demi en hauteur et de il en largeur.
Gbàvures : Nicolas de Larmesshi, in-fol. pour le CaHnel Crotaî. * P. Andoin,
pour le Muêée NopoUony in-foi. — La tête seule de Raphaël, grav. par J.-L. Po-
trelle , peUt in-fol. — Ulh. par Mauzaisse.
1. Le catalogue du Louvre a eonsenré fattribution de ce portrait à Raphaël ^n" 386 ), avec
ietitN : PortraUi d'komma. Voici ce qu eu dit M. Yillot : • Lépidé {Catalogue du takleaux
du roi) regarde ce tableau comme un ouvrage de Raphaël , et dit que ces deux portraits sool
ceux de Sanâo et de son maître d'armes. D'autres critiques Tattribuent à Sébastien del Piombo.
On ignore quel motif a pu faire donner le titre de maître d* armes à l'une des deux figures, par
oflU teol qu'elle porte la main sur la garde de son ^pée. Enfin le Père Dan ( TrUor de$ mer^
9MUe$ de PoniaiiMbleau) prétend que ce tableau est du Pontormo , et qu'il représente cet
artiste et Raphaël. Mariette, dans son texte du Cabinet Croxat^ dit, en parlant de l'opinion du
Père Dan : • 11 y a dans ce dernier sentiment quelque apparence de vérité : car, quoiqu'on
« puisse objecter que ce portrait du Pontormo ressemble peu à celui que le Vasari a donné au
« commenceneut de sa Vie, il est aisé de concilier cette diversité par la différence d'à^e qui se
« trouve entre l'un et l'autre de ces portraits; et d'ailleurs on n'y reconnaît ni le pinceau de
■ Raphaël, ni sa manière de dessiner, ni sa disposition^ ni ses choix de draperies. Les coulears
• en sont fort changées, surtout dans Thabillement. »
Suivant l'opimoA da docteur V^Taagea, cette peinture serait de Sébastien del Pionbo. {Nête
dâ l'idiSâuir^
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 357
Une copie de ce tableau ge trouve dans la collection de Wiesbaden ; elle
proTÎent du cabinet Geruiug à Francfort-sur-Mein.
295. Portrait de Frédéric Carondelet.
Sur bois. H. 45**; 1. 35'*.
Frédéric Carondelet, archidiacre de Bitonto» dans le royaume de Naples,
était chargé des affaires d'Espagne près du Saint-Siège. Dans le tableau,
nous le soyons assis devant une table sur laquelle il appuie son bras droit.
De la main droite, il tient un papier avec cette suscription : Honorabili
dénote no6is dilecto Férico Carondelet, arehidiacone bituntino, consiliario
et commissario iitro in urbe. 11 touche de la main gauche son collet garni
Â'\ine fourrure blanche tachetée. Son regard intelligent et spirituel ren-
contre celui du spectateur. A droite est assis son secrétaire, qui, la plume
k la main et la tête un peu levée, semble attendre la dictée de son maître.
A gaucbe^ dans le fond, on voit un homme à barbe, coiffé d'une espèce
de bonnet^ avec un papier à la main ; c'est sans doute un domestique. Le
fond, à gauche, présente un vestibule magnifique, porté par cinq colonnes
corinthiennes. A droite, un peu de paysage avec une porte de ville. La
tête de Carondelet, trè&-bien conçue et très-finement dessinée, est la partie
la plus remarquable du tableau. L'exécution pourtant ne répond pas à la
belle expression de cette tête, et le reste du tableau n'est pas traité avec
la même adresse ; on y trouve même une certaine roideur. Il est toute-
fois surprenant que la tête du secrétaire, d'ailleurs très-caractéristiqtie,
soit beaucoup plus petite que celle de Carondelet, quoique vues toutes
àeu\ à la même distance ; puis, le fond a un aspect vénitien, et les fabri-
ques, qu'on voit au fond du paysage, ressemblent à celles que les maîtres
BMemands, et notamment Albrecht Durer, placent toujours dans leurs
tableaux. Malgré ces disparates, ce n'en est pas moins un tableau du plus
^aut intérêt, exécuté, à n'en pas douter, d'après une étude de Raphaël
pour la tête de Carondelet ; on pourrait même croire qu'il fut ébauché,
d'après nature, par le maître même. C. Rogers présume que le portrait
de Carondelet fut dessiné par Raphaël, lorsque Jules H donna le gouver-
nement de Viterbe à ce prélat. Nous ferons aussi observer qu'il ne faut
point confondre Frédéric Carondelet, archidiacre de Bitonto, avec Jean
Carondelet, archevêque de Besançon. Le portrait de ce dernier, peint par
Jean Holbein, a passé de la collection de Boisserée dans la Pinacothèque
de Munich. Son portrait a aussi été gravé sur cuivre, par G. Benoit, in-8%
aiFec l'inscription : Johannes Carondelet , chancelier de Bourgogne et de
Flandre. Voy. l'Europe Uluitre, t. IV. Le tableau qui représente le portrait
de Frédéric Carondelet fut offert en présent, par les États-Unis de Hollande,
à lord Arlington, comme un ouvrage de Raphaël ; depuis cette époque (sous
Charles l*"'), il est resté dans la famille des ducs de Grafton à Londres.
358 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
GRÀVDRBfl : Nie. de Larmessin, in-fol. pour le Calnnet CroziU, — Nie. Dori^^ajr,
in-fol Paul van Sommer, 1676, à la manière noire. En contre-partie, petll in-
folio. — Par le môme, également en contre-partie, sans nom. — Jac. Ghristopfca. X*e
Blond, gr. pi. imprimée en couleur.
296. Portrait de monsignore Lorenzo Pucci.
Jusqu'aux genoux.
Avant que ce prélat fût nommé cardinal de S. Quattro^ en 4^11^ il avait
commandé à Raphaël la Sainte Cécile, tableau d'autel, destiné à une égU
de Bologne. Ce fut peut-être à cette occasion qu'il eut Tidée de faii
faire son portrait par l'illustre peintre. Il est vu de face; il porte uno
barbe blanche. Il a sur là tète une barrette noire. De la main droite, il
tient un papier, dont l'inscription est illisible, et il cache sa main gauche
dans sa chape noire fourrée d'hermine. Le fond est d'un ton gris-brun.
La tête est surtout très-remarquable. Les yeux sont dirigés vers la gauche,
comme si le personnage voulait parler à quelqu'un qu'on ne voit pas. On
regrette que cet intéressant tableau ait soulTert en quelques parties. Du
palais Gasali, à Bologne, il vint en la possession de M. Rossi, de la même
ville, qui le vendit en Angleterre. A Londres, il fut acheté par Sir Robert '
Gordon, et, après la mort de ce dernier, en 1847, son frère, lord Aber-
deen, le transporta dans son château en Ecosse. Le baron Desnoyers a fait,
d'après ce portrait, une belle aquarelle qui se trouve dans la salle des
séances de l'Académie des Beaux-Arts de Paris, avec d'autres dessins et
aquarelles de ce célèbre graveur.
297. Portrait du cardinal Borgia.
Jusqu'aux genoux.
Au palais Borghese, à Rome, se trouve un très-beau portrait de car-
dinal, qui, dans la Descrizione di Roma moderna (1727, p. 497), est donné
comme le portrait du cardinal Borgia. En l'absence de renseignements
plus précis, on ne sait pas si c'est Pietro Lodovico, cardinal de S. Maria
a via Lata, ou Francesco Borgia. Tous deux furent élevés à la dignité de
cardinal, en 1500, par le pape Alexandre Yl, chef de la famille Borgia, et
ils moururent peu d'années après, le premier en 1512 et le second en 1511.
Le cardinal représenté dans ce tableau est tourné à droite, assis à une
table et regardant le spectateur. Sur la table, on voit un livre ouvert
qu'il touche des deux mains. La tête, de forme allongée, est pleine de carac-
tère; le front chauve s'encadre de quelques rares mèches de cheveux
noirs. Sa longue barbe noire et sa barrette rouge ajoutent eqcore à la
majesté de ce portrait. Le fond représente une chambre, d'une élégante
architecture, avec des casiers pour des livres et des papiers. Sur la table,
couverte d'un tapis, il y a une sonnette. Quoique ce tableau soit traité un
peu légèrement, il produit cependant un grand effet; la tête et les mains
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 559
portent le cachet de la touche du maître. Tout le reste est assez froide-
ment exécuté par un élève de Raphaël^ qui fut souvent employé par ce
maître à sa peinture des portraits, car le tapis de ce portrait est de la
même exécution que les tapis des portraits de Fedra Inghirani et de
Fr. Garondelet.
298. Portrait du cardinal Antonio deî Monte.
Jusqu'au genoux. Sur bois. H. V 8"; 1, 2' 2".
Antonio Ciocchi del Monte Sansovino, né en 1461, était oncle du pape
Jules HI. Le pape Alexandre VI le nomma^ en 1503, évêque de Città di
Castello. Jules II Téleva^ en 1511^ au cardinalat^ sous le titre de cardinal
des. Vitale. 11 mourut eu io33, à l'âge de soixante-douze ans, et fut enterré
à S. Pietro in Montorio. M. Léopold Fabri acheta à Rome, en 1845, à la
vente de la galerie du cardinal Fesch, le portrait inscrit sous le n' 708-757,
de l'école de Raphaël, représentant un personnage de distinction, âgé d'en-
viron quarante-cinq ans. Ce personnage, vu de trois quarts, est tourné à
droite; sa barrette est noire, ainsi que son vêtement du dessous, lequel est
recouvert d'un autre vêtement rouge très-large. Dans sa main droite, en
tout semblable à celle de Léon X dans le portrait de ce pape, peint par
Raphaël, il tient un papier. Sur la table, devant lui, est accroupi un petit
singe. Le fond est d'une architecture ayant vue sur un paysage à droite.
I^ possesseur actuel de ce tableau croit y reconnaître le portrait du cai^
dinal del Monte, peint par Raphaël, ce qui nous paraît plus que douteux,
en ce que la figure ne ressemble point au portrait de ce cardinal peint
par Raphaël dans la fresque de la Publication des Décrétâtes. D'ailleurs,
l'exécution est trop roide pour être de Raphaël. 11 est vrai que cette pein-
ture a beaucoup souffert. On a publié, au sujet de ce tableau et pour
établir son authenticité, une dissertation spéciale avec une gravure au
trait par G. B.
11 existe encore différents autres portraits de cardinaux que l'on a éga-
lement attribués à Raphaël et que nous mentionnerons brièvement ici.
a.) Au musée de Naples, le portrait d'un cardinal, debout, demi-figure,
que le catalogue (n^» 265) nomme le cardinal Passerino. De la main droite,
il tient une feuille de papier couverte d'écriture, et il laisse pendre sa
main gauche. Sur le côté, à droite, on aperçoit un coin de paysage.
Quoique ce tableau soit en partie restauré, la tête cependant a été plus
ménagée. 11 est faiblement modelé et durement peint; la couleur en est
froide et grise. C'est l'œuvre d'un élève de Raphaël.
6.) Le portrait du cardinal Polus, peint par Sébastien del Piombo, a
passé du cabinet Crozat dans la galerie de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg;
mais il fut gravé par Nie. de Larmessin avec le nom de Raphaël.
500 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
c.) Le portrait du cardinal Faroese, neveu de Paul III^ merveilleuse-
ment peint par le Titien, se trouve au palais Corsini à Rome. On Ta sou*
vent attribué à Raphaël et il fut gravé, sous son nom, par H. Rossi, en
1730. Plus tard, le graveur corrigea son erreur.
d.) Dans la galerie Leuchtenberg, autrefois à Munich, à présent à
Saint-Pétersbourg , il y a un beau portrait de cardinal , qui est attribué
à Raphaël et qui fut lithographie comme tel dans la cinquième livraison
de la Description de cette galerie. Selon toute apparence, cette peinture
est une œuvre remarquable du peintre de portraits Scipione Pulzone
Gaetano.
299. Portraits de la Maîtresse de Raphaël.
Sur bois. H. 16"; 1. 12".
A Blenheim, palais du duc de Marlborough, se trouve un portrait de
femme, qui, dans le catalogue, est appelée Dorothea, maîtresse de Raphaël.
Ce portrait est en buste, tourné à droite, vu de trois quarts. La coiffure^
formée d*une étoffe blanche qui couvre seulement le derrière de la tête,
laisse à découvert l'ovale du visage encadré de cheveux noirs. La robe,
de couleur incarnadine, s'enveloppe d'un manteau cramoisi garni d'une
fourrure mouchetée, sur lequel repose la main gauche ; la main droite
est appuyée sur un panier rempli de fruits. A travers une fenêtre, qui est
à droite dans le fond, on voit un paysage avec des fabriques traitées dans
le goût vénitien.
Cette femme, qui n'est plus dans la fleur de l'âge, a quelque chose de
trivial et de désagréable dans le caractère, ce qui ne se voit jamais dans
les œuvres du grand maître. Les étoffes sont très-largement traitées, mais
les mains, aux doigts longs, sont négligemment exécutées dans la manière
de Sébastien del Piombo, auquel nous croyons pouvoir aussi attribuer
cette peinture.
Gravé par Thomas Chambras, 1765, sous le titre de : Haphaefi Mitiresi, Ce por-
trait, qui est connu aussi sous le nom de la Vendangeuse, fut publié dans la
Collection of prinU engraved after the mosl eapilal painlingt in England, by John
Boydell, 1796, grand in-fol. — Le buste seul, y compris la main gauche, par
P. Pejrolerj, avec cette légende : Rilirali ed oneêti sono mieipregi. In-4".
Celle dernière gravure cependant pourrait avoir été exécutée d'après une répé-
tition de ce tableau, en demi-figure, que possédait feu madame Cavallini-Bren-
zoni, à Vérone. Haut. 28" 5'"; larg. 22" 1"'. Grav. par Jac. Bernardi, 1830, avec
cette inscription : Raphaelis amieitid celeberrima La Fomarinaf et avec une dédi-
cace à Benedello Con. Valmarana, palrizio veneto. In-fol. — Lors de notre dernier
séjour à Vérone, nous cherchâmes à voir ce portrait, et nous apprîmes qu'il avait
passé, avec d'autres tableaux, dans des mains inconnues ; mais, selon le témoi-
gnage de la feuille artistique de StuUgart {Slutlgarler KuntlblaU)^ du 26 janvier
1831, on ne le regardait pas, même au palais Brenzoni, comme un original de
Raphaël.
A en juger par la gravure, ce tableau se rapprocherait beaucoup du
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 361
Style TénitieD. Le plus ancien renseignement que nous ayons trouvé sur
cette peinture est dans l'ouvrage de Franc. Scanelli di Forli, intitulé :
Microcosmo délia pittura, etc. (Cesena, i657). On y Ht, à la page i69 :
A Pure in Yerona nello studio del Gortoni vi è un quadro con mezza figura
al Daturale, che rappresenta santa Dorotea, stimata dalla maggior parte
di Rafaello, veramente di suprema beUezza, ed in ordine alla più dilicata
▼erità pare forse air altre del maestro superiore ; e per ciô furono alcuni
indotti a credere, cbe sia stata dipinta da Paolo da Yerona per gusto
d' imîtare opéra particolare di Rafaello, ma sia come si voglia, vero è^
che l'opéra si conosce di cosi rara bellezza, che si puô stimare al pari
deir altre, e forse di vantaggio. » Dans la relation du Voyage du grand-
duc Côme III, en i664, publiée par Dom. Moreni en 1828, ce tableau est
décrit de la sorte, comme faisant partie alors de la galerie de Vérone : « La
pittura perè pïik riguardevole di tutte è la Dama di Raffaello di sua mano
fînita con tantu diligenza e cosi ben conservata, cbe supera di gran lunga
tulte le altre. » Voyez H Viaggio per Valta Italia del $er principe di
ToscanOy poi granduca Cosimo III ^ descritto da Pilippo Pizzichi, — Dans
Longbena, p. 666, il y a une gravure faite d'après ce tableau, mais elle
ne reproduit que la tête du portrait.
Nous devons encore rappeler ici un autre portrait qui paraît devoir
représenter aussi la maîtresse de Raphaël. Nous le vîmes quand il était
dans le cabinet de feu M. Noé de Bruxelles. La forme de la tête (en ayant
égard à la différence de l'âge, qui parait être ici trente ans) et la coiffure rap-
pellent parfaitement le portrait du palais Barberini à Rome. Cette femme,
d'une beauté fatiguée, est assise, sortant du bain et ayant seulement jeté
sur ses genoux un linge , dont elle se sert pour s'essuyer. De riches bijoux
ornent son cou et son bras gauche. Sur une table placée devant elle , on
distingue une cassolette à parfums , un vase et un miroir rond. A droite,
à travers la fenêtre du fond , on aperçoit dans la cour une servante oc-
cupée à déployer un vêtement d'étoffe rouge. Sur la balustrade de la fe-
nêtre, à côté d'un vase, est un petit singe. Ce tableau, de 3' 5" de haut
sur 2' 9" de large, est composé de plusieurs morceaux rajustés; car, la
nudité de cette femme ayant causé scandale, on scia le panneau, afin de
ne conserver que la tête. Si nous sommes bien informé , c'est pour le
même motif qu'on a recouvert d'une draperie la partie inférieure du
corps. L'amateur n'y perd pas grand'chose, car les jambes n'avaient rien
de bien attrayant. En somme , la tête seule est bien peinte , quoiqu'elle
ne soit point belle d'expression. On prétend que c'est un tableau qui est
décrit en ces termes dans un inventaire de la succession de la principessa
Rossano, à Rome, en 1682 : « Un quadro grande di una Donna nuda, in
tavola, con una mano alzata e con l'altra al petto, con un vélo, che la
copre dal mezzo in giù , di mano di Raffaelle d'Urbino, alto palmi quattro
363 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
in circa. » Plus tard^ dit- on, ce tableau aurait passé dans la collection
Lambruschini, à Florence. Selon une autre version^ il proviendrait de la
galerie Gamiilio Panfili, à Rome. Aujourd'hui, il se trouve dans la ga-
lerie impériale de Saint-Pétersbourg. Ce n'est pas un ouvrage original du
maître^ mais il parait avoir été peint par un élève de Raphaël.
300. Portrait dune jeune Dame.
Demi-figure.
Feu M. le D"" Kestner, conseiller de légation à Rome^ acquit en 1844 un
très-beau portrait de femme, provenant de Bologne, qu'on attribuait à
Raphaël. Cette femme, aux traits fins et gracieux, est vue de trois quarts
et tournée à gauche ; ses cheveux sont entourés d'une étoffe blanche rayée ;
son cou est orné d'un collier très-mince, peint avec de l'or. Elle tient des
deux mains une fourrure brune et foncée sur sa robe, qui est d'un blanc
lumineux; avec de larges manches élégamment disposées, et couvrant en
partie les bras. Tous les accessoires de cette peinture sont traités de main
de maître ; mais la tête a souffert malheureusement et elle est tellement
restaurée , que l'on ne saurait plus la juger, ni sous le rapport du dessin,
ni sous celui de la couleur, laquelle est très-pâlie. Néanmoins, malgré
ces détériorations , elle conserve encore une charmante expression de
naïveté et de grâce. L'école de Raphaël n*est pas méconnaissable dans
cet ouvrage-; mais toutefois nous ne l'oserions attribuer au maître
lui-même. Ce tableau doit être aujourd'hui dans le musée fondé par
M. Kestner à Hanovre.
301. Portrait de Gio. Francesco Penni, dit il Fattore.
Sur toile. Hi-figure.
Cet intéressant portrait avait passé de la galerie Lucien Bonaparte dans
celle du prince d'Orange, depuis Guillaume II, roi des Pays-Bas : il fut
vendu, en 1850, au prix de 3,000 florins. 11 représente un homme, âgé
de trente ans environ, vu presque de face, un peu tourné à gauche,
remarquable par une expression caractérisée de morgue et de taciturnité.
Il porte la barbe sous le menton, avec la moustache; une barrette noire
couvre sa tête. La main droite , qui tient un mouchoir, repose sur une
table où sont quelques fleurs d'oranger. De la main gauche il tient un pa-
pier, sur lequel on lit : Dom. Frano Penni Florentiam. On distingue sur
la table un monogramme composé d'un S et d'un R enlacés ; le mono-
gramme est sans doute une adjonction moderne, car le tableau a été,
selon toute apparence, peint par Penni lui-même, qui s'est montré, dans
cette peinture, digne élève de son grand maître.
Gravé par Testa, pour l'ouvrage intitulé : Choix de gravureg à Veau-forte j d'après
les peintures originales et les marbres de la galerie de Lucien Bonaparte. 112 gravures.
Londres, chez G. Blumer et C>*. In-fol.
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 365
302. Portrait du Parmesan.
L'Anonyme de Morelli rapporte ce qui suit, à là page 67 : « iî(30. Dans
la maison du seigneur Antonio Foscarini , à Venise : le portrait jusqu'aux
hanches, à Thuile, du Parmesan, favori du pape Jules. De la main de Ra-
phaël d'Urbin. Reçu de Tévêque de Lodi K » Nous ne savons pas quel était
ce Parmesan; quant à son portrait, peint par Raphaël, nous ignorons
aussi ce qu'il est devenu: cependant, on pourrait trouver quelques ren-
seignements à cet égard dans les indications qui vont suivre. On lit dans le
quatrième livre de la Vie du pape Léon X par Paolo Giovio (p. 224) :« Léon X
aimait à se divertir aux dépens de toutes sortes de personnages excentri-
ques, auxquels, en les flattant , il faisait accroire les choses les plus in-
croyables sur leur propre compte, et les amenait de la sorte à exécuter les
actes les plus insensés et les plus ridicules. C'est ainsi qu'il en agit à l'é-
gard d'Evangelista Tarascono, Parmigiano , un vieil et honoré secrétaire,
qui se mit tout à coup à étudier la musique avec persévérance et qui
finit par avoir une telle opinion de son talent, qu'il se considéra comme
un grand musicien. Le pape lui témoigna une telle faveur et le flatta si
bien , que la vanité de ce pauvre fou s'enfla de plus en plus et qu'il in-
venta les systèmes de musique les plus extravagants. Par exemple, il fai-,
sait lier étroitement les bras des joueurs d'instruments, afin que leç
nerfs de leurs doigts acquissent plus de force et plus de souplesse à la
fois, etc., etc. » Ce fut le marchand de tableaux Valali, à Rome, qui vendit
à un Anglais le portrait, qu'il donnait pour celui du Parmesan, peint par
Raphaël. On le considérait pourtant généralement, à Rome, comme une
bonne peinture de l'école du maître. C'est la demi-flgure d'un homme qui
tient une feuille de fnusique et un livre dans la main. Il a des bagues à
tous les doigts. Le paysage du fond est d'un ton brunâtre.
303. Portrait de Giovanni délia Casa,
Sur bois. Jusqu'aux genoux.
Giovanni della Casa, né à Florence vers l'année 1500 , fut nommé ar-
chevêque de Benevento par le pape Paul lll, et il mourut à Rome en iS?)7.
Son portrait, que nous avons vu à Rome en 18i5, venait de Florence, où il
avait été acheté par M. Giacomo Fiascaini. C'est la demi-figure d'un prélat
âgé d'environ quarante ans, avec une courte barbe brune. Sa main gau-
che, qui tient un livre, s'appuie sur une table; son corps est tourné à
droite, sa tête à gauche, mais son regard se dir'ige vers la droite , ce qui
semble forcé. L'exécution de ce portrait n'est pas celle de Raphaël; elle
1 . Ottaviano Sforza, fiU naturel de Galcazzo, duc de Milan. Depuis la prise de cette ville par
Louis Xil, roi de France, il vécut dans la misère , jusqu'à ce qu'il obtînt l'évèché d'Arezio, et
plus tard celui de Lodi.
V
364 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
se rapporte parfuitement à la manière de faire de Francesco Rossi, Dommé
Salviati^ auquel nous attribuons cet ouvrage. D'ailleurs^ il est impossible que
Raphaël ait pu peindre Giovanni délia Casa à l'Age de quarante ans^ puisque
l'archevêque de Benevento en avait à peine vingt à l'époque de sa mort.
304. Portraits de César Borgia, nommé il Valentino.
Fils naturel du pape Alexandre VI, il fut d'abord, et tout jeune., élevé à
la dignité de cardinal, par son père y en 1493. Après la mort de son frère
aîné, qu'il fit assassiner en U97, il quitta l'habit ecclésiastique et s'allia,
en qualité de chef de condottieri, avec le roi de France Louis XII, afin de
conquérir, avec l'aide de ce prince et pour lui-même, une partie de l'an-
cien territoire des États de l'Église. Le pape Jules II le retint prisonnier à
Ostia, mais il s'échappa et alla chercher la mort, le 12 mars 1507, devant
le château de Viena qu'il assiégeait en Espagne. Le simple rapprochement
de ces dates prouve assez que Raphaël n'a pas pu peindre le portrait de
ce personnage; car il était encore chez le Pérugin à l'époque de l'évasion
de César Borgia. Malgré ces contradictions évidentes, on montre au palais
Borghese, à Rome, le portrait d'un jeune homme, en costume espagnol,
qu'on dit être César Borgia, et de même une répétition de ce portrait chez
le comte Castelbarco à Milan, au sujet duquel Giuseppe Yallardi a publié
une notice en 1843. A cet opuscule est ajoutée la reproduction lithogra-
phiée du tableau. C'est un jeune homme, demi-figure, âgé d'environ
trente^inq ans. Le corps est vu de face, la tête tournée à gauche. Un
manteau de brocart sombre couvre le bras gauche, et de la main il tient
une boule d'or, qui, au seizième siècle, servait à contenir des parfums.
Le fond du paysage, avec des montagnes pointues, est traité dans le style
qui appartient à l'école de Léonard de Vinci et aut" peintres vénitiens.
305. Portraits de Jacopo Sanazzaro, dit Actius Sincerus,
Né en 1458, mort en 1530.
Le buste en marbre de ce célèbre poète se trouve sur son tombeau dans
l'église S. Maria del Parto à Naples. Ce buste ressemble tout à fait au
portrait que nous avons vu en 1835 dans la collection du cavalière Lan-
cellotti à Naples. Malheureusement ce tableau a beaucoup souffert et il est
fortement repeint. Le poëte Sanazzaro est ici représenté à l'âge d'environ
cinquante ans, mais ce n*est pas Raphaël qui Ta peint, comme on voudrait
bien le croire ; c'est d'un maître plus ancien que lui, quoique ce tableau
porte la date de 1516. P. Seb. Resta écrivait, le 27 avril 1707, à l'anti-
quaire Magnavacca de Bologne, qui fut un des anciens possesseurs de ce
portrait : a Votre poète Sanazzaro di Raffaelo, en dépit de tous les éloges
que l'on a faits du tableau, ne trouve pourtant point d'acquéreur à Rome! »
Voyez Pungileoni, p. 152. Ce peut être là le même tableau que désignait
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 365
l'Anonyme de Morelii, en rapportant qu'on trouva dans la maison de
Pietro Bembo, à Padoue, la copie d'un portrait de Sanazzaro^ exécutée
par Seb. del Piombo. Voyez Morelli^ Nolizia d* opère di disegno, etc.,
p. 18.
Gravé par Aloysius Morghen, poar servir de frontispice à l'Histoire de Sanazsaro
par monsignore Coiangelo.
Le baron Hector de Garriod possédait un autre portrait de Sanazzaro à
rage de soixante ans environ^ portrait qu'il vendit au roi des Pays-Bas
Guillaume II. 11 est représenté en buste^ tu de trois quarts, tourné à
gauche et regardant les spectateurs. Une barrette noire recouvre ses che-
veux l)lancs qui tombent sur la nuque. L'étroit collet de la chemise est
replié sur son simple vêtement noir et attaché sur le devant avec un nœud.
Ce portrait représente , sans aucun doute^ le même poète qui se trouve^
un peu plus jeune il est vrai^ derrière la figure d'Ovide , dans la fresque
du Parnasse au Vatican^ et qui passe pour être le portrait de Sanazzaro.
Ce tableau, à l'huile, était d'une remarquable beauté, mais il a tant souf-
fert et il est si fortement repeint, qu'il serait bien difficile de se faire une
idée juste de son état primitif; on retrouve seulement à l'endroit du cou
des touches du maître demeurées intactes, d'après lesquelles on pourrait,
eu égard aussi à l'ordonnance générale du portrait, attribuer cette peinture
à Raphaël. Dans la vente de La Haye, en i850, ce tableau fut acheté pour
l'empereur de Russie^ au prix de 16,000 florins; il est actuellement à
Saint-Pétersbourg.
306. Portrait d'un Chartretêx.
Surboi». H. 10; l. 7" 8'".
Ce précieux petit tableau est dans la possession de M. le D' Spicker à
Berlin. Il représente un chartreux, en demi-figure, vu de profil et regar-
dant vers le haut. Il appuie sa main droite sur sa poitrine; à droite , est
une table couverte d'un tapis vert, sur laquelle se trouve un crucifix, qui
paraît avoir été ajouté. La manière dont cette tête est traitée a beau-
coup d'analogie avec les deux têtes de moines, peintes par Raphaël, qui
se trouvent à l'Académie de Florence. L'oreille, le nez et les yeux sont du
plus beau dessin ; le ton de chair est très-chaud dans les ombres. Le modelé
est moins satisfaisant dans la partie lumineuse de la joue et du cou. La
draperie rappelle encore le style du Pérugiu, ce qui nous fait supposer
que ce petit tableau pourrait avoir été peint par Raphaël vers 150l>.
307. Portrait cTun jeune Homme,
AU MUSBB DU LOUVRE.
Sor bois. H. 2S'*; 1. 16".
Ce portrait, demi-figure , un peu moins grand que nature , représente
un jeune homme d'une nature mélancolique, tourné a gauche et regardant
366 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
le spectateur. Il appuie contre une balustrade son bras gauche sur le
poignet duquel il pose sa main droite. Ses cheveux^ séparés sur Je fronts
et couverts d'une barrette noire, tombent jusque sur ses épaules. Son
vêtement collant, à larges manches , est entièrement noir. Le fond offre
un coin de paysage, avec quelques maisons et des arbres. Ce tableau
provient de la collection de Louis XIV.
Ce tableau est peint dans la manière de Léonard de Vinci, et l'on se rap-
pelle que Ridolfo Ghirlandajo avait adopté pendant un certain temps cette
manière, dans laquelle il fit d'excellents portraits. C'est donc à Ghirlandajo
que nous croyons devoir attribuer cette peinture, laquelle diffère cofnpléte-
ment du style de Raphaël, à qui on l'attribuait encore en 1846; mais nous
regrettons de ne pouvoir nous ranger à l'avis du D"^ Waagen, qui veut recon-
naître dans ce portrait Teiécution du Francia, sous le norp duquel on Vin-
scrit dans le catalogue actuel du Louvre ^ Le Francia, dont la peinture est
très-lisse et très-claire , n'a jamais cette vigueur de coloris. L'expression
de ses têtes est toujours sérieuse, il est vrai, mais il n'est pas aussi mélan-
colique que le sont ordinairement les portraits peints par Ridoiro Ghir-
landajo. Sa manière de traiter les arbres est différente aussi de celle qu'on
remarque dans le paysage ; mais le tableau ayant du reste été agrandi
tout autour de trois pouces, on doit supposer qu'une grande partie de ce
paysage est d'une origine plus moderne et toute française. Il y avait en-
core moins de fondement dans une attribution plus ancienne qui donnait
cette peinture à Seb. del Piombo, et qui présentait ce portrait comme
celui de Domenico Âlfani.
Gravures : Nie. Edelinck, n" 11. En contre-partie, pour le Cabinet Croxat, petit
in-foL — D. Esquivet, pour le Mutée I^apoléon^ in-fol. — Lith. par G. Staal, 1842,
avec cette souscription : Giacomo. — Landon, n" 319.
308. Portrait d'un Homme en manteau rouge ^
Jusqu'aux geaoux. Sur bois. H. 32"; 1. 24".
Il a été vendu à Paris, le 30 mars 1826, en vente publique, comme un
portrait d'un Médicis peint par Rapbaël. C'est une belle figure, sérieuse
d'expression. Le personnage représenté tient d'une main une plume et
de l'autre une tablette avec ces mots : Forse ch'un dt fu grato. Un manteau
rouge recouvre eu partie son vêtement du dessous. On assurait que le
1 . Voici la note que M. Villot ajoute à sa description dans le Catalogue des Écoles d^Italic,
6' édit. de 1853 : b Ce superbe portrait, inscrit dans les Notices précédentes sous le nom de
Kaphacl, a passé longtemps pour être celui de Domenico Alfani, un des élèves du Pcrugin, puis
du graveur iUârc-Antoiuc , sans qu'on puisse donner aucune preuve à l'appui de l'une ou de Pautre
assertion ; enfin, la vigueur du coloris et Tentente du clair-obscur Tout fait attribuer par diffé-
rents connaisseurs au Giorgion, à Sébastien del Piombo, puis à Francesco Francia. Convaincu
de la justesse de cette dernière attribution^ nous avons cru devoir restituer à ce dernier maître
une univre qui ne présente aucune analogie d'exécution avec les peintures indubitablement
authentiques de Raphaël. » {IS'ole de VédUeur.)
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 367
tableau provenait d'une collection espagnole. Voy. le Kunstblatt de 1826^
p. 203- Depuis cette vente, il est rentré dans l'obscurité d'où on avait
iroulu le faire sortir.
309. Portrait d'tm jeune Homme,
AU MUSÉE FABRB, A MONTPELLIER.
Sur bois. H. 61"; l. 51".
Cest un jeune homme à barbe naissante^ vu de trois quarts et tourné
Ters la gauche. Ses cheveux brun-clair, coupés droit dans le bas, tom-
bent sur les épaules et sont couverts d'une barrette noire. De la main
droite il tient son pourpoint. Le fond est vert. La beauté de cette tête
est encore rehaussée par son expression ardente et mélancolique. Le
coloris est assez semblable à celui de Raphaël à son époque florentine ;
les transitions des ombres, d'un ton brun-gris transparent dans tout le
portrait, sont rougeâlres et tirent même sur le rouge-brique, à la main;
les clairs ont une blancheur lumineuse. Cependant l'exécution très-soignée
de cette peinture n'accuse pas cette touche spirituelle et franche que nous
admirons dans les tableaux de Raphaël ; mais, au contraire, elle est sèche,
et le faire, dans la chemise blanche, a même de la roideur. En général, ce
tableau offre de grands rapports avec les portraits de Ridolfo Ghirlan-
dajo, et c'est surtout dans. ces sortes de portraits, comme le dit Vasari,
que Ghirlandajo produisit ses plus belles œuvres; voilà pourquoi nous lui
attribuons ce tableau vraiment ravissant. Autrefois, il appartenait au poëte
Alfieri à Florence ; il devint, par héritage, la propriété du peintre Fabre,
et il est à présent un des plus beaux ornements de la galerie que ce der-
nier a fondée dans sa ville natale.
310. Portrait d'un jeune Homme,
CHEZ LE DUC D'aLBE.
Selon une indication que nous transmet M. Ludwig Zœllner à Dresde, il
se trouverait au palais d'Albe, à Madrid, un portrait de jeune homme; en
costume noir, avec une chemise blanche sur la poitrine, sans mains, le-
quel portrait, d'une grande beauté, serait, à n'en pas douter, un ouvrage
de Raphaël.
Un portrait d'homriie est, en effet, attribué au maître d'Urbin dans la
collection de la maison d'Albe, mais ce portrait, dans lequel le person-
nage représenté a les deux mains, paraît plutôt appartenir à Técole
vénitienne.
31 i. Portrait de Femme,
DANS LA GALERIE DE MODÈNE.
Dans la traduction allemande, par Volkmann, de la Vie des Peintres de
d'Argenville (Leipzig, 1767, p. 73), on signale, comme étant dans la galerie
368 SUPPLÉMENT AU CATALOGUE
de Modène, un beau portrait de femme, avec cette observation : « Mal>
heureusement^ il n'est pas arrivé à Dresde. » Une note manuscrite^ qui.se
trouve sur i'eiemplaire de la traduction de Volkmann à la bibliothèque de
Dresde, ajoute ces mots : « Un Raphaël authentique, mais laissé à M odène
par suite d'une indigne fourberie. » Nous n'avons pas trouvé d'autre ren-
seignement à l'égard de ce tableau.
312. Portraits de Marc- Antoine Raimondi.
M. Parade de l'Estang, à Aix, possède un très-beau portrait du cél^re
graveur de Bologne, vêtu de noir, avec barrette de la même couleur, por-
trait qui a été gravé par Leisnier. Gomme nous n'avons jamais vu ce ta-
bleau, nous ne saurions porter de jugement sur sa valeur. — Nous htods
vu un autre petit portrait de Marc-Antoine, d'une belle exécution, égale-
ment attribué à Raphaël, chez M. Gius. Vallardi, à Milan. Ce tableau nous
a paru être l'ouvrage d'un élève du Francia.
313. Portrait de la Mère de Raphaël,
AU MUSÉE DE NAPLBS, N* 208.
Sur bois.
Demi-figure en vêtement rouge. Il est de toute évidence que Raphaël
n'a pas pu peindre d'après nature sa mère, qu'il perdit à l'âge de huit
ans; et il n'est pas plus probable qu'il ait peint la seconde femme de son
père, laquelle lui a causé tant d'ennuis. Mais nous n'avons pas besoin de
recourir à ces preuves contradictoires , puisque le portrait en question
ne révèle en rien la main de Raphaël. C'est tout au plus l'ouvrage d'un
de ses plus faibles élèves.
314. Portrait dun jeune Seigneur,
AU MUSÉE DE NAPLES, If 264.
Sur bois.
C'est une demi-figure de jeune homme, avec une courte barbe, vêtu de
noir et coifi'é d'une toque. 11 appuie sa main droite sur le pommeau de
son épée. Le fon4 est terminé, de chaque côté, par un pilastre. Le por-
trait, suivant l'opinion commune , serait celui du cavalière Tebaldeo. Le
costume avec les manches à crevés indique certainement une époque
postérieure à la mort de Raphaël. Dans l'exécution , ce tableau rappelle
d'autres ouvrages de ce genre peints par Fr. Rossi, nommé le Salviati, les-
quels se trouvent au musée de Florence. Quant à la désignation du pei^
sonnage, il suffit, pour constater l'erreur, d'établir qu'Antonio Tebaldeo
mourut en 1537, à l'âge de soixante-quatorze ans.
Gravé par Guglielmo Morghen. In-fol.
DES PEINTURES DE RAPHAËL. 369.
313.. Portrait de t Apothicaire de Raphaël.
Cest ainsi qu'est désigné le portrait en buste d'un homme âgé d'environ
trente-cinq ans, dans le catalogue de la galerie du palais Christianenburg, à
Copenhague. 11 est vu de face , et porte une courte barbe. Sa barrette
et son vêtement sont gris. Ce portrait provient de la collection du cardi-
nal Valenti à Rome. Sur le revers du tableau, on lit ces mots, d'une écri-
ture ancienne : Spéciale, ehe serviva Rafaelle di Urbino. Rafaello di Ur-
ètfio fecit. « C. F. de Rumohr, dans le KwMibiattén 31 octobre 1825, dit
en parlant de ce portrait : « C'est une superbe tête qui passe depuis
longtemps pour être de Raphaël, mais la barrette et le collet, qui étaient .
de mode seulement vers 1530^ contredisent quelque peu cette assertion. » ,
— I/exécution de ce tableau est ferme, la couleur bien empâtée, mais le
dessin manque de finesse, et les ombres tirent sur le brun rouge. Ce doit
être une production de la haute Italie.
316. Portrait dun jeune Homme y
BN ANGLETERRE.
Sur bois. H. 19"; 1. 15'\
Le Brun (Voyage dans le midi de la France, l'Italie et l'Espagne, t. 1,
p. 65) donne la gravure d'un portrait qu'il attribue à Raphaël , £t qui
proviendrait du palais Riccardi à Florence. Ce portrait représente un
homme sans barbe, et que l'on prétend être Laurent de Médicis; il est
tourné à droite. Une barrette noire couvre sa tête ; son vêtement noir à
larges manches est garni de fourrures; il a un livre sous le bras droit; le
fond est gris. Ce tableau, qui n'est pas très-correctement dessiné, mais
qui est en revanche très-puissamment coloré, semble être d'un élève de
Raphaël ou d*André del Sarte. 11 se trouvait en 1831 dans la galerie de
Stratton, résidence de Sir Thomas Baring.
317. Portrait d! un jeune Homme ^
DANS LA GALERIE DE BRUNSWICK.
H. 1' 9";l. i' 3".
U est représenté en buste, avec un livre à la main. Dans la Description
de la galerie de Brunswick, lorsqu'elle était encore à Salzdahlum (Bruns-
wick, 4776), ce portrait est indiqué comme étant celui de Raphaël lui-
même. Mais la gravure, exécutée par C. SchrOder en 1821, d'après le ta-
bleau, suffit pour démentir cette indication. Ce tableau , qui a beaucoup
souffert, est traité dans la manière du Giorgion.
318. Portrait cTww jeune Homme y
DE LA GALERIE d'oRLBANS.
Du Bois de Saint-Gelais citait comme existant de son temps dans la ga-
II. 24
370 SUPPLÉMENT AU GATALOGUB
lerie d'Orléans (Description des tableaux du Palais-Royal, etc. Pans, i 727)
le portrait d'un jeutie homme, « que l'on considère comme étant celui de
Bindo Allonesi (Altoviti?), que Raphaël peignit lorsqu'il était jeune. De
grandeur naturelle et jusqu'aux genoux. 11 est Têtu d'une étoffe jaune
foncé et tient devant lui un livre , dont le do6 est tourné de son côté. Le
fbnd est brun. De la coll. du roi de Suède. » Ce tableau a disparu depuis
longtemps , car il n'est pas mentionné dans le catalogue des tableaux de
la galerie d'Orléans^ qui furent vendus à Londres eo 1789. C'est une
omission qni nous fait douter de son authenticité.
319. Portrait dune Feniine âgée,
DB LA QALBRIB D'ORLBANS.-
Surboi8.U. lî"îl.t>"6"'.
Ce portrait est indiqué en ces termes dans la Description des iableauœ
du Palais-Royal, par Du Bois de Saint>Gelais : « Elle est vue de profil et
elle est coiffée d'une simple cornette qui, pourtant, laisse apercevoir les
cheveux blancs du front. Son vêtement couvre un peu son épaule gauche;
le cou et quelque peu de la poitrine sont nus. Le fbnd est brun. » Ce ta-
bleau n'étant plus cité dans le catalogue de 1789, on doit croire qu'il avait
été reconnu comme faussement attribué à Raphaël.
320. Portrait d'Alphonse (TEste, dite de Ferrure.
C'est ainsi que Landon [Vie et œuvres de Raphaël, p. 319) désigne sous
le nom de Raphaël un portrait, qui est celui du Giorgion, et qui a été
peint par le Titien.
Gt^vé par van Dalen.
321. Portrait de François /®% roi de France.
En buste, de proQl, gravé dans un grand médaillon, par Jacques de Ble,
qui attribue l'original à Raphaël. Cet original, qui ne se trouve plus, était
vraisemblablement une copie du portrait de François I'' peint par le Titien,
qui est au Louvre.
322. Portrait d'un Chanoine.
Il est vu presque de face et en buste ; de la main droite, dont le pouce
et le petit doigt sont ornés de bagues, il tient son surtout, d'une étoffe de
couleur sombre. Sa tête est couverte d'une barrette. Pour fond, un paysage.
Ce portrait, qui se trouve eu la possession de M. Giuseppe Bonaldi, fut
lithographie, avec le nom de Raphaël, par G. Rottini, et publié par
P. Filippini, à Brescia. A en juger par la reproduction, l'authenticité du
tableau nous paraît tout à fait contestable.
DES PEINTURES DïL RAPHAËL. 371
323. Portrait dune Duchesse italienne.
Demi-figure.
Ce portrait est indiqué^ dans le Catalogue des tableaux du roi Jacques H
d'Angleterre, sous le n** 833. Autant que nous sachions, ce tableau n'existe
plus. On peut supposer qu'il aura été détruit lors de l'incendie de Wliite-
hall , en 1697.
324. Portrait de Taddeo Taddei.
Sur bois. H. 57"; 1. 48".
Nous avons rapporté, dans l'Histoire de la vie de Raphaël, que celui-ci
s'était lié d'amitié, à Florence, avec le patricien Taddeo Taddei. Vasari
nous apprend, en effet, que Raphaël avait peint deux Madones pour son
ami, mais il ne dit pas que le maître d'Urbin ait tait le portrait de Taddeo
Taddei. Cependant on prétend que ce portrait existe, et l'on veut le recon-
naître dans le portrait d'un homme à longue barbe noire, vu de trois
quarts, tourné vers la gauche, la tête couverte d'une barrette; dans le
fond est une draperie, » gauche, et un paysage, à droite, paysage qu'on
suppose représenter une vue de Fiesole.
Ce portrait se trouvait, en 1857, chez M. P. Casali; il passa ensuite
chez monsignore Manni , à Rome. On a imprimé dans cette ville une no-
tice sur ce portrait, avec une lithographie qui en offre la reproduction.
Suivant cette notice, ledit portrait proviendrait de la collection de tableaux
de Taddeo Taddei, laquelle fut vendue en 1787, par M. Gaetano Taddei,
au sénateur Adami, à Florence. Voici le certificat qu'on a publié à l'appui
de cette assertion :
« De mon palais, à Florence, le 26 décembre 1855.
tt Afin de rendre hommage à la vérité, je certifie que parmi les docu-
ments et reçus de ma famille... il en existe plusieurs... par lesquels il est
positivement établi que le sénateur Alexandre Adami a fait, en 1787, l'ac-
quisition de toute la galerie de Gaetano Taddei, descendant et héritier de
la noble maison de ce nom. Entre autres tableaux de cette colleclion, il
en est qui sont peints sur bois et à l'huile, notamment une Sainte Famille
et un portrait que l'on croit être celui de Taddeo Taddei , lesquels tableaux
appartiennent tous deux à M En foi de quoi je signe.
d Pour copie : Euo Adami. »
Ce qui frappe surtout dans cette déclaration , c'est que M. Elio Adami
ne dit pas que les tableaux en question soient de la main de Raphaël. On
doit s'étonner qu'on ait omis le nom de la personne qui avait acheté ces
tableaux du sénateur Adami : leur provenance n'est donc pas régulièrement
établie. Mais ce qui rend encore plus suspecte l'origine de ces tableaux ,
37i SLPPLËHENT AU CATALOGUE DES PEINTURES DE RAP
c'est que la HadoQe , qu'on attribue à Raphaël , n'oOte aucune
avec le Btjle de ce maître, ai du moios doub pouvons en bien juge
la lithographie qui est jointe à la brochure, et qui semble ace
peinture de l'école du Pérugin '.
(il à Riphùl. Ceal udc tlude d'un ■acirn msitrc uétr]ui<liit, pciole diotli
a: Nout ■toni >u ce petit ttblt4a k Loodm , diu le mageslu d'objets d'u
OUVRAGES DE SCULPTURE.
1. Dessins pour deux Plats.
Nous avons déjà rapporté, dans lUistoire de la vie de Raphaël, que ce
grand maître fit, à la demande d'Agostino Chigi, deux dessins qui devaient
servir de modèles à icesare Rosetti, de Pérouse, pour l'exécution de deux
plats en bronze. Nous avons ailleurs, dans notre r.atalogue des Dessins de
Raphaël, exprimé l'opinion que le beau dessin pour le bord d'un plat,
représentant Neptune, avec des Nymphes et des Amours, dessin conservé
dans le cabinet de Dresde, devait être un des deux modèles en question.
Un dessin analogue , qui se trouve dans la collection d'Oxford , est peut-
être un fragment du modèle de Tautre plat. Voici un document qui con-
cerne la commande de ces deux dessins. Il a été publié par Carlo Fea
dans les Nottzie intomo Raffaele Sanzio, etc. (Roma, 1822, p. 81) :
• Die 10 novembris 1510.
« Magister Cesarinus Francisci de Perusio, aurifex in Urbe, in regione
Pontis, confessus fuit habuisse a domino Augustino Chisio, mercatore
Senensi, per manus domini Angeli Guiducci, ducatos viginti quinque auri
de caméra, pro compositione et manifactura duorum tondorum de bronsio
magnitudinis quatuor palmorum, vel circa, cum pluribus floribus de mero
relevo, secundum ordinem et formam eidem dandam per magistrum
Raphaelem Joannis Santi de Urbino pictorem : quos (inire promisit infra
sex menses proxime venturos, sine exceptione : et sic dictus Angélus pro-
misit eidem solvere residuum juxta extimatÎQnem peritorum in simi-
libus, sine ulla exceptione : et pro dicto domino Gœsare se principal iter,
et in solidum obligando, etc. Aclum Romae, in banco de Cliisiis, etc. »
11 est possible aussi que Raphaël ait fait pour Cesarino le dessin du
reliquaire que ce dernier exécuta en collaboration de Giulio Dante,
vers 1511, pour renfermer l'anneau nuptial de la Viei'ge, que l'on conserve
dans le trésor de la cathédrale de Pérouse ^
1. Voy. Baldassare Oraini, Vila di Pielro Perugino (Penigia, 1804, p. 300\
374 OUVRAGES DE SCULPTURE.
2. Dessins pour une Médaille.
Nous avons dit encore , dans notre Histoire de Raphaël , qu'il fit pour
son ami , le comte Baldassare Castiglione , plusieurs esquisses destinées
à la gravure d'une médaille que celui-ci, selon la mode du temps, devait
attacher à son chapeau. Voici encore quelques renseignements plus précis
à cet égard. Cette médaille se trouve reproduite dans le Muséum Mazzu-
chellianurriy seu numismata virorum doctrina prœstantium , etjc. (Veneliîs,
1761, t. P"", p. 193, pi. xxxxiii, Gg. iv.) D'un côté est le portrait du
comte avec cette légende : balthasar castilion. cr. f. (fils de Christophe).
Sur le revers , Phéhus descend de son char, tenant un grand sceptre dans
la main droite et étendant la gauche vers les Heures, qui maîtrisent ses
coursiers. Inscription : tenebrarvm et lvcis. — L'autre esquisse de Ra-
phaël, pour la même médaille, fut gravée par Marc-Antoine; elle est
décrite dans le Peintre- graveur de Dartsch, t. XIV, n° 293, sous cette dé-
nomination : Le Réveil de l'Aurore. La déesse, sortant du sein de Thétis,
est dans un bige dont les chevaux sont guidés par les Heures. Dans un
ovale. H. 6" 3"'; 1. 4" 11'".
3. Les statues des prophètes Jonas et Élie.
Deux groupei en marbre plus grands que nature.
Nous ajouterons peu de chose à ce que nous avons déjà dit au sujet de
ces statues dans la Vie de Raphaël. Pirro Ligorio, contemporain de Ra-
phaël, rapporte que la belle figure de Jonas fut tirée d'un bloc de marbre
qui faisait partie du temple de Castor et Pollux, sur le Forum Romanum.
Voyez, à. la Ribliothéque du Vatican, le ms. coté 3374 (p. 244), où ce fait
est mentionné en ces termes : « Nelle rovine del periptero o tempio di
Giove Statore sono state trovate alcune memorie d'alcuni fatti d'alcuni
soldati come sono qui sotto copiati, le quali questo Lorenzo, scultore, per
famé opéra ed in uno de' pezzi délia cornlce ne scolpi l'imagine di Jona
che è ora nella cappella di Lorenzo Chisi, nella Chiesa del Popolo, e d' un
altro pezzo fu fatta la base che ha sotto il cavallo di bronzo con la statua
deir imperator Marco Aurelio ch' ora è nella nuova piazza Capitolina. »
Ce passage a été publié par Pungileoni (p. 222). — Gio. Martinelli [U
Cose meravigliose délia citià di Roma, etc. Roma, 1589) rapporte que
Raphaël avait fait exécuter les statues dans sa maison , sous ses yeux , et
peut-être en y travaillant lui-même, par Lorenzetto. Ces deux figures ont
pu être mises en place dans leurs niches vers 1554, quand on achevait les
travaux de la chapelle, et que Bernini, qui avait été chargé de l'exécution
du mausolée d'Agostino, fit placer dans deux autres niches les statues des
prophètes Daniel et Elisée.
L'esquisse pour la statue du prophète Jonas, ou plutôt un dessin d'après
cette statue, se trouve dans la collection royale d'Angleterre. Pungileoni,
OUVRAGES DE SCULPTURE. 575
p- 223, cite encore deux autres dessins, qui étaient autrefois dans ]a pos-
session du marchese Antaido Antaldi d'Urbfn, mais nous ne les avons
point vus parmi ceux provenant de cette collection qui a passé en Angleterre.
Il y a une gravure, d'après le Jonas, par Nie. Dorigny, dans \a,RaccoUa dislalue
aniiehe^ etc., di Paolo Aies. Maflfei (Roma, 1704, pi. 145). Mais ceUe gravure ne
donne point une idée 0e la beauté de Toriginal. Il serait à désirer que l'on fit
UQ0 reproduction de cette statue au moyep du moulage*
4. L'Enfant mort pointé par un Dauphin.
Groupe en marbre de gr&ndeur naturelie.
D'après le passage de la lettre du comte Castiglione , que nous avons
publié dans THistoire de Raphaël ^ il n'est pas permis de douter que
Raphaël se soit essayé dans l'art de tailler le marbre et qu'il ait exécuté
lui-nnéme une figure d'enfant en ronde-bosse. Gavaceppi {RaocoUa d'an-
tiche statue, Roma, 1768, 1. 1^% pi. 44) nous donne la gravure d'uq enfant
blessé à mort^ couché sur le dos d'un dauphin, qui le porte h travers lee
flots. La noticp suivante est ajoutée à la gravure : « Peliino cbe riconduce
al lidq il fanciullo da lui involontariamente uccisp con una délie sue spine
nel condurlo a solazzo per mare. Opéra di Baffaello, eseguita da Loren-
zetto, e presentemente posseduta da Sua Ecc. il sig. Bail de Breteuil,
Ambasc. délia sacra religione Gerosolimitana presso la Santa Sede. v Le
moulage de ce groupe se trouve parmi les plâtres de Mengs, à Dresde
(d^" 82), et, d'après cette épreuve, nous pouvons constater que c'est bien
la statue d'enfant citée dans la lettre du comte Castiglione. Dans l'inven-
taire descriptif des plâtres qui furent acquis des héritiers de R. Mengs
pour le musée de Dresde, ce groupe est décrit de la sorte : Putto morto
dis. A. R, di Parma. D'après cet inventaire, le groupe original devrait se
trouver à Naples, où nous ne l'avons pas rencontré. On a dit aussi sans
aucun fondetnent qu'il était à Turin. On doit supposer que cette statue
fut le premier essai de Raphaël dans la sculpture, car toutes les par-
ties de la figure ne sont point d'une exécution égale, entre autres les
extrémités; dans quelques endroits aussi, le ciseau, mal dirigé, a eu-
levé trop de marbre, comme à la poitrine de l'enfant, très-bien modelée
d'ailleurs, mais dont le côté droit est devenu plus petit que le gauche. H
est douteux que le dauphin , qui est d'un mouvement exagéré, ait été
exécuté exactement d'après le dessin de Raphaël ; celui-ci aurait aban-
donné cette partie accessoire à Lorenzetto, qui la traita suivant sa fan-
taisie, mais non pas selon le goût si pur et si élevé du grand maître. Une
autre circonstance semble encore confirmer cette supposition , c'est que
l'exécution du dauphin est égale dans toutes ses parties, tandis que chez
renfant> comme nous l'avons dit, les extrémités sont très-négligées. Il est
possible que Lorenzetto n*ait pas osé mettre la main aux portions de l'œuvre
qui avaient été taillées par Raphaël.
576 OUVRAGES DE SCULPTURE.
Une répétitioD en marbre de ce groupe fut acquise par le feu comte
Bristol, évéque de Derry^ qui l'avait fait placer dans sa collection de
Down Hill, en Irlande. Le Penny Magazine en a publié la gravure avec Je
nom de Raphaël. Mais ce groupe ayant figuré â l'exhibition de Man-
chester en 1857^ où l'avait envoyé son propriétaire actuel, Sir Henry
Bruce 9 M. le professeur Hetner, conservateur des plâtres de Mengs, à
Dresde, a prouvé que ce n'était qu'une copie. Non-seulement le marbre
n'offre pas les parties endommagées qui existent dans l'original, comme
on le voit dans le plâtre qui est à Dresde y mais encore ce dernier est
d'une dimension plus grande que le marbre que nous avons vu à Man-
chester'.
5. Dessin pour un Vase à parfums.
Trois cariatides, dont deux seulement sont figurées sur le dessin, tien-
nent une cassolette ronde ornée de salamandres sur son bord et de fleura
de lis sur son couvercle. La salamandre étant le symbole de François 1«%
il est vraisemblable que Raphaël fit ce dessin pour servir de modèle à uq
ouvrage d'orfèvrerie destiné à être offert en présent au roi de France.
L'esquisse de Raphaël n'existe plus; nous ne la connaissons que par les
belles estampes anciennes de Marc-Antoine et de Marco da Ravenna,
ainsi que par deux copies d'après la gravure du premier. Bartsch, t. XIY,
n<^ 489 et 490. Les deux figures des cariatides ont aussi été employées
pour un candélabre, par Enea Yico. Bartsch, t. XV, p. 367, n<> 491.
6. Modèle pour une Fontaine,
A ROME.
Un des plus beaux monuments publics de la sculpture du seizième
siècle , c'est la Fontana délie Tartarughe qui onie une place de Rome,
dans le voisinage du Ghetto. La fontaine consiste en un grand bassin rond
dans le bas, avec un autre plus petit dans le haut, contre lesquels s'ados- .
sent quatre figures d'adolescents très-gracieux de mouvement, chacun
d'eux tenant, d'une main, une tortue, et saisissant, de l'autre main, un
dauphin, de la gueule duquel l'eau jaillit dans quatre bassins en forme de
grandes coquilles. Le tout est d'une ordonnance isi originale , si pure de
lignes, le dessin du nu est d'une beauté si vraie et présente d'ailleurs tant
d'analogie avec la statue du Jonas, que l'invention de cette œuvre ma-
gistrale, sinon toute l'exécution , ne saurait être attribuée à d'autre qu'à
Raphaël. Toutefois, dans les gravures des Fontane di Roma que G. Rossi
a publiées en 1691 , cette fontaine est attribuée à Giacomo dëHa Porta;
mais Giacomo n'étant qu'architecte, il ne pouvait, en aucun cas, dessiner
des modèles pour ces statues, qu'il était encore plus incapable d'exécuter
1. Voy. TrètùTt d'art, etc., par W. Burger, p. 446. {Noie de VédUeur,)
OUVRAGES DE SCULPTURE. 377
en marbre. D'ailleurs, toutes les autres fontaines que délia Porta a érigées
â Rome sont d'un caractère très-difTérent, et seulement de style archi-
tectonique.
Edouard Steinle fit, à Rome, un beau dessin du groupe principal, qui a
paru, en 4851, chez Artaria et C«, à Vienne, gravé par Johann Ziteck.
7. Dessin pour le coin d'une Monnaie.
Laurent de Médicis, duc d'Urbin, eut l'intention de faire frapper une
monnaie avec son effigie. Cest un fait qui ressort d'une lettre de Goro
Gheri à ce prince, datée de Florence, le 6 novembre 1517, et dans laquelle
il dit : « Desidererei che la Ex. vostra facesse fare la imprompta sua schiz-
tata in carta col carbone, che sia in profilo corne ha a stare nella moneta,
perché quella che è qui di vostra Ex. è in faccia, donde non si ritrarrebbe
'cosi bene, et non staria bene che la testa de vostra Ex. non fosse ben natu-
rale. Perô quella veda che RafTaello da Urbino, o altro che le pare la
facci, et mandicela , che si farà in un tracto. » (Gaye, CarteggiOy t. II,
p. 145.)
Nous ignorons si le duc fit dessiner son profil par Raphaël, comme il
en manifestait l'intention ; on doit croire toutefois que ce dessin a été fait.
On attribue quelquefois à Raphaël le dessin de la médaille portant
l'effigie du pape Jules II, et dont le revers représente la Conversion de
samt Paul , avec cette légende : « Contra stimulum ne calcitres. » Cette
médaille fut distribuée à l'occasion de l'entrée du pape à Bologne. On sait
que Francesco Fraucia en est l'auteur; c'est lui qui en avait fait aussi le
dessin.
Gravé, dans la Storia délia tcultura , par Cicognara (t. II, p. 85, 9). et dans le
Trhor numitnuuique (médaUles des papes, pi. iv, 5). Paris, chez Rittner et Goupil,
1859.
D'autres dessins pour des ouvrages de sculpture sont encore attribués
à Raphaël et ont été gravés sous son nom , quoique ces dessins appar-
tiennent incontestablement à d'autres maîtres.
Pour rectifier ces erreurs, nous donnerons ici les indications suivantes :
a.) Les stalles sculptées en bois dans le chœur de l'église S. Pietro
Maggiore, à Pérouse, auraient été exécutées, suivant tous les Guides de
Pérouse, et même selon le savant Montfaucon, dans son Diarium Italicum
(p. 380), d'après des dessins de Raphaël, par maître Stefano da Bergamo.
A la vérité, les ornements et les petites figures en relief de ces stalles ont
souvent de la ressemblance avec les ornements peints dans les Loges du
Vatican ; mais l'inscription de l'architrave dit expressément qu'ils ont
été exécutés, dans les années 1532 à 1535, par maître Stephanus de
578 OUVRAGES DE SCULPTURE.
Bergamo, avec le concours dee mastro Niecola da Cagli^ mastro BaltlsU
da Bologna, mastro Grisello^ mastro Tommaso^ mastro Niccolo et mastro
Antonio Fiorentinl. Il est donc certain que Raphaël n'eut aucune part à
ces ouvrages, mais que magister Stephanus, qui certainement s'inspirait
des compositions de Raphaël, en a été le principal auteur, et que les autres
maîtres dénommés les ont taillés en bois. La plupart des ornements de
ces stalles ont été gravés sur cuivre par Raimondo Faucci, en 20 plancha
petit in-fol., en 1789. Ensuite, ces ornements furent encore une fois gravés
au trait, sous ce titre : <( Gli Ornali del coro délia chiesa di S, Pietro dei
Monaci Cassinensi in Perugia, intagliati ivi in legno da Stefano da Ber-
gamo sopra disegni di RafTaelle Santi da Urbino, ora per la prima volta
tutti raccolti incisi a contorni e pubblicati. » (Roma, 1842, in-fol.) Mais ils
ne furent publiés qu'en 1843, avec cette adresse : Roma, I84S, per cura
deU'abate e monaci di quel monasterio, 50 planches avec sept pages de
préface et dix de texte. L'auteur de la préface n'essaye pas de démontrer
par des preuves historiques que Raphaël aurait eu part à ces dessin^
mais il s'en réfère au témoignage de Montfaucon à cet égard.
D'après une note insérée dans le registre B des archives du couvent, le
pupitre, sculpté avec des sujets en relief tirés de la vie de saint Pierre, a
été exécuté par Battista da Bologna, maestro Lorenzo et maestro Am-
brogio, Francese.
6.) Les stalles sculptées en bois dans le chœur de la cathédrale de Città
di Caslello, sont désignées également comme ayant été exécutées d'après *
des dessins de Raphaël, selon FilippoTiti, dans son Ammaestramento, etc.
Aggiunta alla descritione del Duomo di Cittd di Castello (Roma, 1686,
p. 447), et Longhena (p. 137); mais, au contrairCi Giacomo Mancini, dans
le Giornale Arcadico de 1826, assure que ces stalles furent sculptées
d'après des dessins de Rafaele del Colle et de Francesco del Castello, sans
toutefois fournir aucune preuve à l'appui de cette assertion qui contredit
celle de F. Titi. Mancini dit seulement qu'on ne saurait reconnaître dans
ces sculptures la main de Raphaël. En effet, elles n'ont absolument rien
du grand peintre d'Urbin, et elles ne furent faites, comme le prouve la
date qu'elles portent gravée, que dans les années 1533 à 1540.
c.) Dans le m(^me livre que nous venons de citer, Filippo Titi cjonne
encore, comme des ouvrages de la jeunesse de Raphaël, quatre bas-reliefs
représentant des Prophètes, qui décoraient autrefois les pendentifs de la
coupole de la cathédrale de Città di Castello. Cette église est actuelle-
ment remise à neuf, et il n'existe plus rien de ces ouvrages de sculpture;
mais, comme Filippo Titi ne fournit aucune preuve historique qui justifie
son assertion, et qu'il montre d'ailleurs peu de jugement dans les ques-
tions d'art ,-ainsi qu'on l'a vu au sujet des stalles sculptées du chœur, nous
pouvons croire qu'il s'est trompé de même à l'égard de ces bas-reliefs.
f
f OUVRAGES DE SCULPTBBE. 37»
11'.) Deux candélabres, composés par Raphai;) d'Urbio et Michel-Ange
Buonarotri, d'après le concours ouvert entre eux par les papes Jules II et
'""" X, environ l'au ISIS. C'est sous ce singulier lilre que parurent chez
erl, » Paris, en 1803, i planches in-fol. représentant de uit caudéla-
, richement ornés, dessinés par Prieur, à Rome, en 1778, gravés à
-furte par Cli. Normand et terminés au poinlillé par J.-B. Lucien
i03. Ces candélabres, qui se trouvent encore dans l'église de Saint-
re, lui ont été donnés par le cardinal Alexandre Farnèse, qui les lit
(Rer en vermeil par Antonio Gentili, d'après des dessins de Michel-
2. Ces candélabres, y compris le crucilix du m<^me métal, orné de ta
le manière, pèsent 210 livres et coulèrent 13,000 scudi. Voj. Torrigio :
. Grotte Vatic.
■■ *J
OUVRAGES D'ARCHITECTURE
Il a été publié^ sur les travaux d'architecture de Raphaël, un ouvrage
spécial intitulé : Opère architettoniche di Raffaello Sanzio^ incise e dichia-
rate daWarchitetto Carlo Pontani. (Roma, 4845, in-fol.)
Cet ouvrage contient les planches suivantes :
1. Casa del Bartolini, io Firenze, di Baccio d'Agnolo. 1 pi., — p. 1.
3. Tempio dipinto nello Sposalizio 1 » » 6.
3. Casa di Raffaello 1 » » 8.
4. S. Maria délia Navicella i » > 11.
5. Palazzo dell' Aquila 1 > > 12.
6. Facciata per S. Lorenzo, in Firenze 2 > » 14.
7. Casa in fine di Borgo S. Pietro, in Itoma 2 » ^15.
8. Stalle e Loggia délia Farnesina 3 > > 17.
9. Palazzo Uguccioni, in Firenze 2 > » 21.
10. Palazzo Pandolfini, in Firenze 3 « » 23.
11. Cappella Chigi, aUa Hadonna del Popolo 2 > » 26.
12. Palazzo Caffarelli, oggi Vidoni -. . 3 > * 27.
13. Villa Madama 5 > » 28.
14. S. PieUo 4 » A dO.
15. Loggie Vaticane 3 > » 33.
16. Palazzo su la piazza di Monte Veccbio 1 » > 35.
17. Palazzo délie persone converlende, in Borgo Nuovo. 1 » > 36.
1. Pla?i pour r Église Saint-Pierre.
On a TU, par le bref que nous avons publié dans l'Histoire de Raphaël ,
que ce grand peintre fut nommé architecte de Saint-Pierre, le 4«' août 1514,
après avoir présenté un modèle en bois de l'édifice qu'il devait exécuter,
avec un aperçu des dépenses approximatives. Il avait déjà été choisi, a la
mort du Bramante, pour diriger les travaux de cette église, et il reçut aussi
à ce titre le traitement d'architecte, à partir du !•' avril 1514. Ces faits
OUVRAGES D'ARCHITECTURE. 381
ressortent aussi des extraits que le pape Alexandre VII fit faire d'après les
registres de l'agence des travaux de construction et qui se trouvent réunis
dans un manuscrit coté H. H. Sâ^ de la bibliothèque Chigi.
Voici ces comptes tels qu'ils ont été publiés par Carlo Fea (Notizie, etc.,
p. 9) et par Pungileoni (p. 463) :
<c Maestro Rafaël d'Urbino deve havere ducati 1500 per sua provisione
d'anni cinque, cominciati a ^i 1 aprile 15U, et Hniti a di i aprile 1519,
a ducati 300 l'anno, corne appare nel conto di M. Simone Rlcasoli —
D. iSOO.
«... Deve havere ducati 300 d'oro per sua provisione d'un anno a ra-
gione di ducati 300 l'anno finito primo aprile 1520— D. 300. »
En regard de cet article, on lit :
« 1519 a maestro Rafaël da Urbioo architteto deve dare duc. 1500,
pa^tili da Simone de' Ricasoli e Bernardo Bini da Fior. depositarj per sua
provisione d'anni cinque cominciati a di primo^aprile 1514. — D. 1500.
<t A di 10 maggio 1520 a M. Rafaël duc. 300 per sua provisione di un anno
finito primo aprile 1520 pagatili da M. Simone Ricasoli — Se. 300. »
Malheureusement on ne possède aujourd'hui ni le modèle en bois que
Raphaël avait fait exécuter d'après son plan, ni ses esquisses, ni aucune
gravure faite d'après ses dessins. Le plan seul nous a été conservé par
Serlio, qui l'indique dans le troisième livre de son ouvrage * : « Le Bra-
mante commença d'abord les magnifiques travaux de Saint-Pierre; mais,
interrompu par la mort, il les laissa inachevés, et le plan de l'édifice n'était
pas même complet dans toutes ses parties. C'est pourquoi plusieurs hom-
mes de mérite s'efforcèrent de terminer l'œuvre du Bramante, entre autres
aussi Raphaël d'Urbin, peintre, qui était en même temps très-habile en
architecture. Ce fut donc, en suivant les données du Bramante, qu'il exé-
cuta le dessin ci -joint. » Ce dessin est le plan que Bonanni' a publié
aussi, pi. 10, mais en l'attribuant par erreur au Bramante.
11 existe encore un autre plan de Saint-Pierre, attribué à Raphaël, dans
le cahier des Dessins d'architecture de Giuliano da San Gallo, à la biblio-
thèque Barberini à Rome; ce plan, qui ne diffère guère d'ailleurs de
celui que nous avons décrit en détail dans l'Histoire de Raphaël, accuse tel-
lement les qualités originales de son génie architectonique , qu'on peut le
considérer comme une première esquisse. 11 forme une croix latine toute
semblable à celle du plan publié par Serlio, avec une large nef au milieu et
trois autres nefs ou galeries latérales, plus étroites de chaque côté; cha-
cune d'elles ayant une porte qui s'ouvre sur le mur, à plein vestibule. Un
l. Tulle l'opère d'Architellura di Sebatliano Serlio, raeeolle dal Seamozzi (Veoezia,
1854, cartyLXV; ou, dans une édition antérieure, de 1545, cart. XXXVII).
î. JVumûmato tummorwn ponlificum UmpH Valicani fabrieam indicanlia, etc., a
parte Philippo Bonanni (Roms, 1696).
II!
■■%.
^
582 OUVRAGES D'ARCHITECTURE.
cintre entoure le chœur et forme une galerie fermée autour de I
extérieure, tandis que les cintres des transepts ont presque la
ordonnance que dans le plan de Serlio. Le plan à la bibliothèque
présente aussi toujours quatre colonnes disposées carrément ent
quatre pilastres. Le vestibule repose sur trente colonnes au lieu de
six qu'on voit dans le plan de Serlio ; car les dernières, de chaque oôté,
sont accouplées. Les piliers, le long de l'église, se trouvent renforces par
des pilastres également accouplés, avec des niches dans les entre— deux*
En somme, ce plan est moins grandiose et plus tourmenté que celui qui
était déjà connu.
On peut voir combien le plan de Raphaël diffère de celui du Brama^nte^
par une médaille que Caradosso exécuta en 1506; elle porte d'un côté l'ef-
figie du pape Jules 11, et sur le revers la vue de la façade de Saint-Pierre
d'après le plan projeté, avec l'inscription : TEMPLl. PETRI. INSTAVRATf O-
VATICANVS. M. Le plan de l'église semble former une croix grecque avec
une grande coupol^. La façade offre deux tours sur les côtés, ainsi qu'une
espèce de vestibule avec une petite coupole. La même vue de la façade se
retrouve encore sur une autre médaille frappée vraisemblablement lors
de l'élection de Léon X, car elle porte son effigie sur l'avers, avec cette
inscription : LEO. DECIMVS. PONT. MAX. — ROMA. Entre ces deux der-
niers mots, il y a un lion couché. Agostino Veneziano a gravé une estampe
d'après cette médaille, en 1517, avec l'inscription : TEMPLl. PETRI.
INSTAVRACIO. MCCCCCVI. — VATICANVS. M. Voy. Je Peintre-graveur
de Barlsch, t. XIV, p. 383, n'» 534.
Il résulte des documents que Carlo Fea et Pungileoni ont tirés de TExtrait
des livres des comptes de l'agence des travaux de Saint-Pierre, que Giu-
liano da San Gallo était déjà chargé de ces travaux depuis le l^*" janvier
4514, et par conséquent du vivant de Bramante. Ainsi on lit dans cet extrait :
c( Maestro Giuliano da San Gallo deve havere duc. 450 pcr la provisione
di mesi 18 cominciati a di 1 gennaro 1514, e finiti a di 1 luglio 1515, a
duc. 25 il mese; conie appare dal conto di M. Simone Ricasoli e Bcr-
nardo Bini depositarj — Duc. 450. »
Dans l'année 1518, on trouve un autre payement de la même somme.
De ces mêmes actes , il ressort que fra Giocoudo eut la direction des
travaux depuis le l*»" février 1514 jusqu'au 27 mars 1518.
« 1514. 1 agosto. Frate Jocondo, architettore délia fabricadi S. Pielro,
ha avuto duc. 150 a buon conto del salarie, che N. S. gli doua.
« Anno 1518, 27 marzo. Frate Jocondo, architettore, etc., deve havere
duc. cinquecento d'oro per tanti si fa creditore a buon conto délia provi-
sione a ragione di ducati 300 l'anno a M. ^mone Ricasoli e Bernardo Bini
da Fior. depositarj : sono per la provisione di mesi venti da finire --
Duc. 500. » , -
OUVRAGES D'ARCHITECTURE. 383
A partit* du 22 janvier 1517^ Antonio da San Gallo^ qui jusque-là n'était
cité que comme charpentier (falegname), faisant les échafaudages, appa*
raîl eu qualité d'architecte en second, avec un traitement mensuel de
12 ducats et demi. Depuis le 1"^^ mai 15i6, ses honoraires furent élevés à
25 ducats par mois, jusqu'à sa mort, survenue à la un de septembre 15IG :
o( Alla rev. Fabrica a di 24 settembre irU6 se. 25 moneta pagati per
mandato a maestro Antonio da S. Gallo per sua provisione di settembre.
« A di 13 ottobre 1546 se. 203 bo. m. a gli heredi di maestro Antonio
da San Qallo per resto di rubbia i 59 di calce. w
Ces actes authentiques nous montrent quelle importante position Ra-
phaël occupait en comparaison des autres architectes de Saint-Pierre, si
bien qu'il nous semble superflu de discuter des opinions erronées qui
tendraient à rabaisser cette position» Nous avons déjà vu dans l'Histoire
de Raphaël qu'il fut empêché d'activer les travaux de construction, en ce
qu'il perdit beaucoup de temps à renforcer les fondations des piliers de
sa coupole et qu'ensuite il y eut une pénurie d'argent, occasionnée par les
goûts dispendieux du pape et par les frais de la guerre qu'il faisait au duc
d'Urbin.
Après la mort de Raphaël, ce fut Baldassare Peruzzi qui lui succéda,
le !«' août 1520, en qualité d'architecte en chef; mais il ne re<jut jusqu'à
sa mort, arrivée en 1336, que la moitié du traitement qu'avait eu Raphaël,
c'est-à-dire 150 ducats par an ^ On adopta aussi un nouveau plan bien
plus restreint que le premier et formant une croix grecque avec une cou-
pote. Seb. Serlio donne (cart. 65) la gravure de ce plan. Comme notre but
n'est pas de faire ici une histoire de l'église de Saint-Pierre, nous ne pou-
vons que renvoyer le lecteur aux renseignétnents exacts qu'Ernest Platner
a rassemblés sur ce sujet dans sa Description de la ville de Rome.
2, Plan pour la Chapelle Chigi,
DANS l'Église s. maria del popolo, a romb.
Dans notre Histoire de Raphaël , nous avons énuméré les raisons qui
nous font croire que l'illustre peintre avait déjà fait le plan de cette cha-
pelle pour son riche protecteur Agostino Chigi, sous le gouvernement de
iules II. Sa forme est un octogone à pans inégaux, au-dessus duquel
s'élève une petite coupole éclairée par une lanterne. A chacun des quatre
pans étroits de l'octogone est ménagée une niche entre deux colonnes-
pilastres; celles-ci s'élèvent jusque sous la corniche; leurs chapiteaux de
marbre blanc sont ornés d'un aigle parmi des feuillages, avec une ordon-
nance et une exécution parfaites. Quoique ces chapiteaux soient imités de
Tantique, ils trahissent pourtant le grand goût du grand maître et son
individuelle originalité.
1. Voy. Fca, Notixiej etc., p. 18.
I
i
I
384 OUVRAGES D* ARCHITECTURE.
La collection de Florence conserve une première esquisse pour cette
chapelle. Sur la partie supérieure du dessin sont écrites de la maiii de
Raphaël lui-même les indications suivantes :
En haut : « Locho p. lo spitale. »
A droite sur la longueur : a Muro comune. n
Vers le milieu : a Cupola vano p. (palmi) 88. »
Et à droite la note suivante se rapportant à la coupole : a Questa si puo
voltare in due modi ; cipé el primo di pocha spesa, chel sexto delà copu-
leta sia principiato in sul medesimo piano délia imposta delli archoni ; e si
domanda detta volta a vêla. Lo secondo modo si è fare una comice in
cima alti archi redutUi al perfetto tondo, esopra a questa fare tanto di-
TÏiio, che si possa cavare li lumi di quella sorte che tu vuoi, o fînestre
overo ochij tondi, e sopra li ditti lumi fare un altra cornice al tondo dore
principij a voltare la cupola. Ma prima darli tanto diritto, quanto Ta-
ghetto (aggetto) délia cornicie una volta e mezo. »
Au revers de la feuille est dessinée la coupe de la chapelle, et au bas,
on lit : CL Capella di Agostino Cbigij. ch' eh.(»'c) nel Popollo a Roma '. »
Les raisons qui nous autorisent à croire qu'il était dans le plan de Ra-
phaël de peindre dans la coupole la Création des étoiles^ aussi les autres
jours de la Création jusqu'au péché originel, ces raisons , disons-nous,
reposent sur ce fait que ces mêmes sujets furent, en effet, exécutés à
fresque plus tard [en 1554], par Francesco Salviati. Des raisons semblables
nous font admettre que Raphaël se proposait de représenter^ sur les trois
murs de la chapelle , l'accomplissement des paroles des prophètes , c'est-
à-dire la Naissance , la Mort et la Résurrection du Christ. Car^ après son
décès 9 Sébastien del Piombo «l'ut chargé de peindre à l'huile ces sujets
sur les murs; mais il n'exécuta que la Naissance de la Vierge et avait com-
mencé ensuite le tableau de la Visitation, lorsque la mort le surprit. Quant
aux deux groupes en marbre des Prophètes de cette chapelle , nous ren-
verrons le lecteur à ce que nous en avons dit dans le chapitre précédent,
qui traite dès ouvrages de sculpture de Raphaël.
Que les mosaïques qui ornent les neuf caissons de la coupole aient été
exécutées d'après les cartons de Raphaël^ dans l'année 1516, c'est ce que
témoigne encore l'inscription qu'on lit sur le flambeau du petit génie qui
est auprès de Vénus : LV. D. P. V. F. 1516. (Luici de P<ice Veneziano
fecit 1516.) Fioru vante Martinello {Roma ricercata nel suo sitOy p. 125)
rapporte, à ce sujet, ce qui suit : « 11 mosaico è condotto a fine nel 1516
da Aloisio de Pace Veneziano, che ardi lasciare il suo nome abbreviato
intorno ad una face che porta Amore. » Ce maître est aussi appelé
maestro Quisaccio. Selon le Guida di Roma de Melchiorri, publié en 1834
I. Voy. la note au Vasari, edit. de Florence, 1852, vol. YUI, p. 46.
f
I
f
OUVRAGES D'ARCHITECTURE. 385
(p. 277), ce fut Marcello Provenzale qui exécuta Jes mosaïques; mais cet
arliste est né cinquante-cinq ans après la mort de Raphaël ! Melchiorri se
trompe aussi» quand il attribue les cartons de ces mosaïques à Cecchino
Salviati.
Le 18 août 1519, dans le pressentiment de sa iin prochaine, Âgostino
Chigi (it son testament, dans lequel il prenait les dispositions suivantes à
regard de cette chapelle :
« Item voluit pro capellâ sitâ in ecclesiâ monasterii sancta; Maria? de
Populo de Urbe sub invocatione sanctœ Mariae de Loreto per ipsum testa-
torem incœptâ, perficiatur juxtà ordinationcm per ipsum testatorem alias
factam, de quâ ordinatione Mgr Raphaël de Urbino, et Mgr Antonius de
Sancto Marino sunt bene informati^ » Mais Raphaël devait cesser de vivre
quelques jours avant Agostino Chigi, et ni l'un ni l'autrç ne put voir la
(Sbapelle achevée.
La peinture inachevée de Sebastiano del Piombo fut enlevée du mur et
transportée sur toile, lorsqu'on fit construire par Rernini les mausolées
d'Agostino et de Sigismondo Chigi. Les fragments du tableau de la Visi-
-'tation qui étaient dans la galerie du cardinal Fesch ont passé en Angle-
terre. Ce fut Francesco Salviati qui reçut, en 1554, la commande de peindre
les sept jours de la Création jusqu'au péché originel sur les huit champs
réservés entre les fenêtres de la coupole et dans les caissons ronds au-
dessus des niches, ce qu'il exécuta en peu de temps.
Les mosaïques de la coupole contiennent, dans le rond du milieu, la
figure du Créateur entouré de huit champs, sur l'un desquels on voit un
Ange montrant du geste un globe céleste, qui , avant la restauration con-
duite par Bernini en 1654, portait l'inscription suivante : Fiant luminaria
tn firmamento cœli. Sur les autres champs, on voit le soleil (Apollon), la
lune (Diane) et cinq planètes : Saturne, Jupiter, Mars, Vénus et Mercure ;
ces demi - figures sont exécutées sur fond d'or, et chacune d'elles est
groupée avec un ange*. Les draperies, aussi rehaussées d'or, devaient,
dans l'ongine, produire un effet éclatant. Cependant elles sont d'une exé-
cution grossière qui n'échappe pas à l'œil, quoiqu'elles soient mal éclairées .
il s'est conservé deux esquisses très-énergiquement dessinées à la san-
1. Voy. Carlo Fea, Notizie^ etc., p. 7.
2. L'adjonction des anges semble avoir été indiquée parles vers du Dante (Para<fifo,canto 11} :
Lo moto e la virtù dei santi giri
Corne dal fabbro Tarte del martello
Da beat! motor convieu che spiri.
Kt dans son ConvitOj Dante dit :
Li moTÏtori
Del cielo délia Luna siano dell' ordine degli
Angeli, e quelli di Mercurio siano gli
Arcangioli e quelli di Venere siano li Troni.
II. 25
86 OUVRAGES D^ARGHITEGTURE.
guine pour la figure du Créateur et pour celle d'un des anges. Ces esquisses
se trouvent toutes deux dans la collection d'Oxford. Le dessin de la figure
de Mars avec l'ange est dans la collection Wicar à Lille. %
Gravures d'après les neuf mosaïques.
Nicolas Dorigny, 1695, 9 pi. pet. in-fôl., avec une dédicace à Ludov., duci Bur-
gundia, -*- Hierooymus Boellmann, avec une dédicace à Theophilo Vokamer, 9 pK
in-4<>. En contre-partie. — Ludw. Gruner : /. Mosaici délia oupola nella eappMa
Chigiana di 5. if aria del Vopolo, m Jlooia , inveniali da Raffaello Samio dttPrbinoj
incise da Lodovico Gruner, illtutrale da Ànlonio Grifi. (Roma, presso Veditore, 1839.)
10 pi. in-fol., avec 18 pages de texte. Seconde édition, Londres, 1850. 11 pi.,
dont une coloriée. — Landon, n"* 166-170.
Francesco Aquila a gravé à l'eau-forte deux planches in-folio contenant des
coupes de la chapelle. On les trouve souvent séparées, mais elles font vraisem-
blahlement partie de quelque grand ouvrage d'architecture.
3. Façade pour r église S. Lorenzo,
A PLORBNCE.
On a déjà tu, dans l'histoire de Raphaël^ que, sur l'ordre de Léon X^
il s'était rendu à Florence dans l'hiver de 1515 à 1516^ afin de s'entendre
avec le pape au sujet de la façade qui manquait à l'église S. Lorenzo"'
érigée par ses ancêtres ; on se souviendra aussi que Raphaël proposa son
plan concurremment avec Michel-Ange^ Jules de San Gallo^ Baccio d'Agnolo
et Andréa et Jacopo Sansovino^ et que Michel-Ange sut amener le pape à
lui abandonner en entier l'exécution de cette façade. Tel'est, du moins^
le récit de Condivi.Vasari^ au contraire^ attribue uniquement l'élimination
des autres concurrents à l'obstination de Michel-Ange^ qui ne voulait ad-
mettre la coopération d'aucun autre artiste. C'est ce que dit aussi Baccio
Baudinelli dans sa lettre du 7 décembre 1547 au duc de Toscane^ laquelle
est imprimée dans les Lettere pittoriohe, t. I«S n<> 27, p. 71. On y lit :
« Je me rappelle que, lorsque j'étais chez le pape Léon, à Florence, Sa
Sainteté manda Raphaël d'Urbin et le Bonarroto, pour s'expliquer avec
eux au sujet de la façade de S. Lorenzo. Il fut décidé que Michel-Ange
ferait des modèles en terre, de la grandeur de l'exécution en marbre, pour
les statues et les bas-reliefs, modèles qui seraient ensuite exécutés par de
jeunes artistes sous sa surveillance. Et que Votre Excellence sache donc
que si Michel-Ange n'exéputa jamais ces modèles, c'est qu'il ne voulait
jamais accepter l'ordre de qui que ce soit, afin de ne former aucun élève
et pour que la gloire de ses œuvres ne rejaillît pas sur votre maison. Le
pape Clément, de bienheureuse mémoire, me dit aussi qu'il ne put jamais
obtenir de lui Texéculion de ces grands modèles. » 11 ne faut pourtant
point oublier ici que Baccio Bandinelli était un adversaire passionné de
Michel-Ange, car il fut même accusé d'avoir détruit, pendant les troubles
de Florence, le magnifique carton des Baigneurs, qui passait pour le chef-
d'œuvre de ce maître.
OUVRAGES D'ARCHITECTURE. 387
Le plan de Michel-ADge pour la façade esteoDseryé dans sa famille^ qui
existe encore à Florence. Voici les dispositions principales de ce plan : de-
vant la grande nef est un yestibule ouvert^ porté par quatre colonnes sur de
hauts piédestaux. A chacun des côtés, des portes^ surmontées de ba»-reliefs,
conduisent aux nefs latérales. Deux étages à colonnes superposées régnent
des deux côtés. Sur la grande corniche qui couronne le tout, il y a quel-
ques statues. C'est^ en somme^ un plan grandiose, mais qui manque de
liaison.
Od ne saurait plus aujourd'hui préciser quel était le plan dé Raphaël
pour cet édiGce; toutefois, trois plans différents ont été donnés comme
étant le plan original. Le comte Algarotti (Opère, t. Vl^ p. âl9^ éd. de Li*
tourne) dit que le baron de Stosch , à Florence , possédait un dessin de
Raphaël pour la façade de S. Lorenzo^ dessin dont il lui avait envoyé une
copie. Nous n'avons pu savoir ce qu'était devenu, soit le dessin^ soit la
copie. Au reste^ A. F. Gori dit^ dans ses notes à la Vie de MicheUAngey
par Condivi (p. 132)^ que le dessin appartenant au baron de Stosch n'était
point semblable au plan qui est conservé dans la bibliothèque Laurenziana
à Florence^ plan attribué tantôt à Raphaël^ tantôt à Michel-Ange. Mais, à
la vérité^ ce plan n'est digne ni de l'un ni de l'autre^ car il est désagréable
et mesquin dans sa disposition générale; il manque de beauté et d'har-
monie dans les détails^ et^ tout compliqué qu'il soit^ il est maigre d'effet.
On n'y découvre pas la moindre trace du génie de Raphaël. Quoi qu'il en
soit, cependant^ ce plan est un ouvrage du temps ^ et^ selon toute appa-
rence, un de ceux qui ont figuré au concours.
On pourrait avec plus de probabilité chercher le plan que Raphaël fit
pour S. Lorenzo dans un dessin à la plume, de sa main, qui représente la
façade d'une église avec trois grands arcs et deux tours. Ce dessin passa
du cabinet Crozat dans la collection Albertine, à Vienne. Le comte de
Caylus en a fait une eau-forte. Afin de prévenir toute confusion, nous de-
vons dire que l'estampe représentant une façade d'église , que Gomoli a
vue dans la RaecoUa Corsiana, t. III, est celle qui a été gravée par Gaylus;
c'est donc par mégarde qu'il a donné le nom de Le Comte au graveur de
cette estampe.
L'ordonnance générale de ce plan ayant déjà été décrite en détail dans
notre Histoire de Raphaël , nous ne pouvons qu'y renvoyer le lecteur ;
mais nous ajouterons encore ici les remarques suivantes : le groupement
des différentes parties de l'édifice révèle, d'une part, l'étude de l'antiquité
roaiaine, et, d'autre part, l'influence de l'architecture toscane. Par contre,
la disposition des deux tours sur les côtés est empruntée à la manière de
bâtir du Moyen-âge, comme on en voit tant d'exemples, surtout en France
et en Allemagne, mais rarement en Italie, puisque les églises de ce der-
nier pays ont pour la plupart une seule tour, et quelquefois cette tour n'est
388 OUVRAGES D'ARCHITECTURE.
pas même adhérente à l'église. Mais déjà le Bramante, dans son plan pour
l'église Saint -Pierre, avait adopté l'ordonnance si imposante des deux
tours placées aux deux côtés de la façade, et Raphaël, après lui, conserva
aussi les deux tours. La forme pyramidale de ces tours, flanquées de
quatre tours plus petites, rappelle la manière de bâtir du treizième siècle,
mais le caractère organique de l'architecture gothique ne s'y retrouve
point. Néanmoins, la façade projetée dans cette esquisse aurait produit
un bel effet, surtout à cause de ses trois grands arcs ; on est frappé de son
aspect grandiose et harmonieux qui excite l'admiration , comme tous les
ouvrages créés par le génie de Raphaël. La façade projetée par Michel-
Ange, portant l'empreinte de l'antiquité romaine, est plus simple et d'uB
aspect plus majestueux. Mais, comparativement, celle de Raphaël, malgré
l'absence d'un style fondamental, offre cependant plus de liaison dans
toutes ses parties, plus de goût dans ses détails et plus d'originalité dans
sa conception. Quoi qu'il en soit, si l'un ou l'autre de ces deux projets
avait pu être exécuté, l'église S. Lorenzo n'attendrait pas encore une
façade et la ville de Florence aurait un ornement de plus.
4. Plan pour f église 5. Giovanni Battis ta dei Fiorentini,
À ROME.
Lorsque le pape Léon X chargea le consul des Florentins, à Rome, Lo-
dovico Gapponi, de construire une église en l'honneur du patron de Flo-
rence, dans la rue Giulia, si l'on en croit Vasari (dans la Vie de Jacopo
Sansovino ), Raphaël présenta aussi un plan pour cette église, en concur-
rence avec Antonio di San Gallo, Baldassare Peruzzi et Jacopo Sansovino
(c'est sans aucune preuve que Missirini ajoute à ces noms celui de Michel-
Ange). Le pape donna la préférence au plan de Jacopo Sansovino. Nous
n'avons pas le moindre renseignement sur le plan proposé par Raphaël;
quant au plan de Jacopo Sansovino, il a été publié par Sébastien Serlio,
dans le second Livre de C Architecture, On sait, au sujet de la construction
de cette église, que les fondations, qui reposaient sur un terrain fangeux,
s'écroulèrent, et que l'architecte, maître Jacopo, se trouvant alors malade
à Florence, ce fut Antonio da San Gallo qui répara le dommage en son
absence. La mort de Léon X interrompit les travaux, et, lorsqu'on les
reprit sous Clément Vil, le sac de Rome, en 1527, les fit de nouveau aban-
donner. Cest beaucoup plus tard que l'église fut terminée par Jacopo
délia Porta. Mais on doit rappeler les ouvrages d'architecture hydraulique,
exécutés par Jacopo Sansovino , pour les besoins de cette construction ,
comme en fait foi une lettre de Pietro Aretino, adressée à cet architecte,
le 20 novembre 1537. Voici un passage de cette lettre où Raphaël est
nommé : a Ma si dee perdonargli le spronate, che perciô vi danno,sendo
voi atto a restaurargli i Tempi, le statue e i palazzi di già ; essi non veg-
OUVRAGES D'ARCHITECTURE. 389
gon' mai la chiesa dei FiorentiDÎ^ cbe fondaste in su! Tevere cod istupor' di
Rapbaello da Urbino, d'Antonio da San Gallo^ e da Baldassare da Siena. »
5. PlarCpour la restauration de C église S. Maria inDomenica,
NOMMÉE AUSSI DBLLA NAVICELLA.
Cette église , située sur le monte Celio, a été, selon Filippo Titi (Am-
maeslramento utile e curioso di pittura^ scultura et architettura , etc.
Roma, 1686, p. 184), restaurée d'après les dessins de Rapbaêl. Selon le
même auteur, la frise peinte dans cette église serait de Jules Romain et
de Perino dei Vaga. Mais cette frise est si détériorée qu'on ne saurait
affirmer ce qu'elle était dans son état primitif. Par contre, le petit vesti-
bule à cinq arcades, à pilastres toscans-doriques, représente tout à fait la
belle architecture du commencement du seizième siècle, dans les manières
de Baldassare Peruzzi. 11 n'est donc guère probable que le plan de restau-
ratioâ ait été fait par Raphaël, car non-seulement il n'existe point de do-
cuments à ce sujet, mais, comme le dit Melchiorri dans son Guida meto-
dica di Roma (1834, p. 294J, la construction de ce vestibule n'a pu être
faite que vers l'année 1500, et par conséquent avant l'arrivée de Raphaël
à Rome (1508). En tout cas, la restauration d'une partie de l'église est
d'une époque antérieure au pontificat de Léon X; car la frise, sous le
fronton, porte cette inscription : DIVAE VIRGINI TEMPLVM IN DOMI-
NICA DIRVTVM 10. MEDICES GARD. INSTAVRAVIT. - Cependant il est
à remarquer que les clefs des voûtes du vestibule sont ornées de têtes de
lions, ce qui semble être une allusion au nom du pape Léon X.
6. Plan de la Maison de Raphaël.
Vasari dit dans la Vie du Bramante : « 11 fit bâtir dans le Borgo un palais
qui appartenait à Raphaël d'Urbin. Ce palais est entièrement exécuté en
briques et en mortier coulé [gelto con calce)', les colonnes et les corni-
ches sont d'ordres dorique et rustique. C'a été une nouvelle et trè&-belle
invention que d'employer ce mortier. » — Le même écrivain dit encore
dans la Vie de Raphaël : « Afin de laisser un souvenir de lui, il éleva, dans
le Borgo, à Rome, un palais que le Bramante fit construire en mortier
(geito) coulé. » — Il ressort de ces deux passages, que c'est bien Raphaël
qui bâtit lui-même sa maison et non le Bramante K Si donc Antonio Michiel
de Ser Vettor, dans sa lettre du li avril 1520, déjà citée, dit que Raphaël
acquit cette maison du Bramante pour 3,000 ducats, on doit en induire
que celte somme était destinée à couvrir seulement les dépenses de la
construction que le Bramante avait dirigée.
\ . Malgré T obscurité du second passage sur lequel se fonde M. Passavant pour attribuer à
Raphaël la construction de ce palais, nous croyons que Vasari n'a pas même voulu dire que le
plan de Tédifice avait été fait par Raphaël. {NoU de fidUmr.)
800 OUVRAGES D'ARCHITECTURE.
Ce (ut certainement Raphaël qui fit le plan de cette maison , d'autant
mieux que l'ordonnance générale et la saillie du profil des corniches con-
cordent parfaitement avec d'autres œuvres architecturales du maître , et
notamment avec le palais Goidrolini. La maison de Raphaël était située à
l'extrémité de la Via di Borgo Nuovo , pr^ de la place Saint-Pierre ,
mais il n'en reste plus aujourd'hui qu'un seul pilier qui en faisait l'encoi-
gnure; rebâtie en entier et agrandie, elle porte aujourd'hui le nom de
Palazzo Accorambonj . Le plan de cette maison nous a été conservé par
une gravure qui fut publiée par Ant. Lafreri, en 1549, avec cette inscrip-
tion : Raph. Urbinat. ex lapide coctili Romœ extructum. D'après l'échelle
métrique qui est jointe à ce plan, l'édifice avait 105 palmes de façade;
l'étage inférieur, 30 palmes de hauteur, et le premier étage, 34 palmes 6.
L'étage du rez-de-chaussée, bâti dans le genre rustique, avait cinq portes
voûtées, dont celle du milieu servait de principale entrée et les quatre
autres conduisaient à des boutiques. L'étage supérieur était orné de co-
lonnes doriques accouplées et engagées dans le mur, avec des corniches
du même ordre et cinq fenêtres à balustrades et à frontons. Tout le bâti-
ment avait un caractère pl6»n de noblesse, tout à fait digne de Raphaël.
D'après la lettre, déjà citée, de M. A. Michiel de Ser Vettor, Raphaël aurait
légué sa maison au cardinal da Bibiena. Cette assertion pourrait cepen-
dant paraître mal fondée, puisque le cardinal n'a pas habité cette maison
et qu'il mourut au Vatican, le 9 novembre 1520, n'ayant jamais, comme
le rapporte Paris de Grassi, possédé de domicile à Rome. Ajoutons qu'on
eut même de la peine à trouver un local convenable dans le Borgo pour y
exposer publiquement ses restes mortels. Mais cependant Visconti suppose
qu'au moment de la mort du cardinal la maison de Raphaël était encore
remplie de ses ouvrages d'art et de ses meubles , et qu'on n'y eût pas
trouvé place pour une exposition funèbre aussi solennelle , ou bien que
ladite maison était déjà occupée par la famille Bibiena, qui ne se sera pas
souciée d'y recevoir le corps du défunt. En outre, il est certain que cette
maison poriBi, plus tard le nom de Palazzo Bibiena. C'est en raison de cette
dénomination que Martinelli, dans son ouvrage intitulé : Le Case meravi-
gliose délia città di Aoma, 1589, et d'autres écrivains après lui sont tom-
bés dans cette erreur, que. Raphaël avait habité la maison du cardinal da
Bibiena et qu'il y était mort ! Pietro Ferrerio , dans sa Raccolta dei Pa-
lazzi di Roma (pi. 15),*commet une autre erreur, quand il présente le
palais de Giov. Battista Branconio dell' Aquila comme ayant été celui de
Raphaël. Cette erreur a été répétée aussi par Sandrart, ComoUi, Fea et par
nous-même, jusqu'à ce que Visconti eût découvert la gravure, publiée
d'abord par Lafrerio et ensuite par Pontani, gravure qui nous a fait con-
naître quelle était réellement la maison de Raphaël.
OUVRAGES D'ARCHITECTURE. 391
7. Plan pour la cour de S, Damaso,
AD VATICAN,
Le pape Paul II (mort en ii7i) avait chargé Giuliano da Mariano de faire
un plan pour la cour de S. Damaso au Vatican^ et» suivant Vasari, cet
architecte y fit. élever trois étages en travertin et décora les plafonds de
dorures et de divers ornements. Sous Jules II, le Bramante reçut Tordre de
restaurer cet édifice et de lui donner une meilleure architecture; mais il
parait que les travaux étaient peu avancés à l'époque de sa mort, car ce fut
Raphaël qui compléta les constructions en ajoutant au plan du Bramante un
quatrième étage avec une galerie ouverte (loggie) à colonnes. 11 est certain
que sous Léon X tout le côté de Touest, qui est la partie la plus belle et la
plus considérable de ces constructions, a été fait d'après un plan de Ra-
phaël ; on lui attribue aussi la façade du nord, laquelle ne fut cependant
terminée, avec celle de Test, que sous Grégoire XIII par Cristoforo Ron^
calli, et sous Sixte V par Domenico Fontana.
8. Plans pour différentes Maisons particulières.
a.) Le Palais Branconio. Ce palais, construi^pour le chambellan du pape
Gio. Battista Branconio d'Aquila, fut démoli lors de l'agrandissement de la
place Saint-Pierre pour faire place à la colonnade de Bernini. La façade
principale de ce palais, large de 102 palmes, regardait l'ancienne place et
consistait en trois étages. Celui du rez-de-chaussée, soutenu par des co-
lonnes doriques engagées dans le mur, avait une porte au milieu avec
'deux boutiques de chaque côté. Au second étage, de petites colonnes
d'ordre ionique ornaient les cinq fenêtres à frontons pointus ou arrondis
que Raphaël avait introduits dans l'architecture à l'imitation de l'antiquité
romaine. Des niches entre les fenêtres et six médaillons avec des têtes en
relief augmentaient encore la richesse architectonique de cette façade. Les
armes de Léon X, au-dessus de la fenêtre centrale, étaient accompagnées
de deux aigles, en allusion au nom de la famille deli' Aquila. Au troisième
étage, il y avait de plus petites fenêtres avec un encadrement emprunté à
l'antique. Le tout était couronné d'une corniche ionique, avec des balus-
trades dans le goût particulier à Raphaël. Yasari rapporte que Giov. da
Udine avait décoré d'ouvrages de stuc la façade. Pungileoni (p. 177) nous
apprend que ce palais avait changé de propriétaire en 4553; ce fait est
constaté dans un livre de notes écrites par Giuseppe Branconio à partir de
l'année 1559, manuscrit qui se trouve dans les archives du marchese Torres
à Aquila. On y lit : « Ricordp facemo como el di 3 marzo 1553 Aiexandro
Branconio vende lo palazzo di Roma in Burgo dove si dice el palazzo dell'
Aquila al sig. Baldoino di Mouti per scudi cinque mila e cinque cento
sicome appare neir offitio di N. Spirandi Notario. y>
Quand Bernini, pour élever la colonnade de la place Saint-Pierre, dut
592 OUVRAGES D'ARCHITECTURE.
faire abattre beaucoup de maisons, ce palais ne trouva pas grâce devant
le marteau des démolisseurs. Alexandre 11 Tacheta donc à cet effet, pour
7,163 scudi 34 baj. rom., au prieuré de Malle, ce qui est constaté dans les
extraits de livres de comptes de l'administration des bâtiments de Saint-
Pierre, manuscrit de la bibliothèque Chigi, t. II, p. 22 (Voy. Carlo Fea,
Notizie, etc., p. 31 .) — Pietro Ferrario a donné, dans sa RaccoUa di Pa^
lazzi modemi (t. 1«% pi. 15), un plan de ce palais, mais il a eu le tort
de le présenter comme étant celui de Raphaël même, et il est cause que
Saiidrart a reproduit la même erreur dans son Academia iedesca délia
architectura, etc., t. 111, partie ii«,- p. 3.
6.) Le Palais Coltrolini, près de S. Andréa délia Valle, à Rome, nommé
aujourd'hui Palazzo Vidoni, n'est pas cité par Vasari, il est vrai, mais
toutefois il a été attribué par des écrivains postérieurs, et cela non sans
raison, à Raphaël, puisque, dans son ensemble, il est en parfait rapport
avec d'autres productions architecturales du grand peintre, et qu'il a été
d'ailleurs publié dans la RaccoUa di Palazzi modemi del Pietro Ferrerio,
pitt.j avec cette légende : Palazzo del sig, cdv. Coltrolini alla Valle yarchitet-
tura del amirabile Raffaele Sanctio da Urbino, fabricato Fanno MDXV. —
Ce palais , qui est représenté avec neuf fenêtres dans la largeur entre les
colonnes accouplées, offre déjà le troisième étage qui fut ajouté plus tard
par Niccola Sansimoni. Sandrart aussi, dans son Académie (t. 111, part, i,
pi. 1), a reproduit ce palais sous le nom de Palazzo Caffarelli , mais en lui
donnant seulement dans ce plan douze fenêtres de face. DansPoutani, il
est représenté avec les quatorze fenêtres qu'il a aujourd'hui. Ce palais a
successivement appartenu aux cardinaux Caffarelli, Stoppani, Acquaviva
et Vidoni; ce dernier en est le possesseur actuel.
Le cardinal Francesco Stoppani avait fait poser dans l'escalier celte
inscription :
Has sedes Raphaelis Sanctii Urbinatis
Ingenio et arte extnictas ,
Caroli Y (isesaris hospilio illustres,
Joao. Franciscus card. Stuppanius
Comparavit, auxlt, refecil. ornavit
Ann. S. 1767.
Le cardinal Vidoni a remplacé cette inscription par la suivante :
^des Raphaelis Sanctii Urbinatis
Ingenio et arte extruclas,
Caroli Y Cœsaris hospitio illustres,
Pelrus S. R. E. card. Yidoni,
Haternae haereditatis a)re,
Ann. Salutis 1825, comparavit et auxit.
Ce palais, étant souvent nommé Palazzo Caffarelli, a quelquefois été
OUVRAGES D*âRCH1TEGTURE. 393
confondu avec le palais Bernardino CafTarelli, qui tut bâti d'apros le plan
de Lorenzetto. Voy. Vasari, dans la Vie de Lorenzelto, t. VI, p. 95,
c.) La maison du chirurgien Jacobo da Brescia. En 1515» le pape Léon X
fit vendre pour mille ducats un terrain situé à l'angle de la rue Sixtina et
Âlexandrina in Vaticanô, à Giacomo da Bartolomeo da Brescia, lequel y
fît bâtir la maison qu'on voit encore aujourd'hui, afin de loger, en sa
qualité'de médecin du pape, plus près du Vatican ^ Nous avons vu encore,
sur un mur latéral de cette maison , l'inscription suivante : LEONIS X.
PONT. MAX. UBERALITATE lACOBVS BRIXIANVS CHIRVRGVS AEDIFI-
CAVIT. Cette inscription fut enlevée en 1845, lorsque cette maison eut à
subir des réparations générales qui ne lui furent point favorables. On l'a
pourtant conservée dans ses principales parties, et elle porte encore le
caractère du style architectonique de Raphaël. Cette maison, qui consiste
en trois étages, est bâtie en briques; les encadrements des portes et des
fenêtres, ainsi que les corniches, sont en pierres de Peperino. Au rez-de-
chaussée, la porte au milieu est accompagnée de deux portes plus larges
sur les côtés, pour des boutiques; il y a, eu outre, des fenêtres plus petites
au-dessus des portes. Les cinq fenêtres du premier éta^e ont des frontons
alternativement triangulaires et cintrés. Les pilastres doriques de ces
fenêtres s'harmonisent parfaitement avec la disposition un peu massive de
rédifice. Le troisième étage, au-dessus de la corniche d'ordre dorique,
qui est fortement saillante, a plus de simplicité. Les indications que nous
avons données plus haut, aussi bien que rancienne inscription qu'on
voyait sur la maison même, contredisent suffisamment l'opinion de ceux
qui veulent que ce soit la maison de Jacopo Sadoleto. Aussi peu fondée
est l'opinion suivant laquelle Jules Romain aurait fait le plan de cette
maison, puisque, en 1515, cet artiste ne pouvait aider Raphaël dans ses
travaux d'architecture, qu'en faisant les épures de ses dessins. Sandrart
donne, à la planche XXXX de son Academia tedesca, une bonne gravure de
cette maison, laquelle, à cette époque, appartenait à un sieur Joseph
Costa; mais on la regardait alors comme une œuvre de Baidassare
Peruzzi.
d.) Les Écuries d'Agostino Chigi. Le plan de ces écuries est attribué à
Raphaël par Vasari. Si elles se trouvaient à côté de la maison appelée
aujourd'hui la Farnesine, on pense qu'elles ont été détruites, et même,
selon Gaspare Celio, dans ses Memorie de* nomi degli artefici délie pit-
ture, etc., di Roma (Napoli, 1638), elles n'auraient jamais été achevées.
Ce dernier écrivain, à Topmion duquel s'est rangé Ponlani, croit aussi que
la petite maison du jardin, près du Tibre, a été bâtie d'après le plan de
Raphaël. Toutefois, ce petit bâtiment, qui est d'une belle architecture
t. Voy. Pontani, Opère archiletloniche di Ra/faello SanziOf etc., p. 15.
504 OUVRAGES D'ARCHITECTURE.
toscane^ nous semble plutôt porter le cachet de Baldassare Peruzzi, qui,
comme on sait, a bâti le palais de la Farnesine. Pontani va encore plus
loin que Celio ; il veut que Raphaël ait fait aussi le plan de l'édifice prin-
cipal, c'est-à-dire de la Farnesine, quoique Yasari attribue positivement ce
palais à Baldassare Peruzzi, qui le bâtit pendant les années 1309-4510, et
qui^ de plus, décora de peintures à fresque le plafond de la grande salle^
en ISii. Ce fut en 1512 que Sébastien del Piombo peignit à fresque les
lunettes de la même salie. Raphaël y peignit plus tard aussi sa célèbre
Galatée et, plus tard encore, les sujets de la fable de l'Amour et Psyché
sur la voûte du vestibule. Du reste, l'architecture de la Farnesine, si belle
d'ailleurs, est très-différente de celle de Raphaël, et très-analogue, au
contraire , à celle de Peruzzi.
e.) Le plan de la villa du cardinal Giulio de'Medici, appelée aujour-
d'hui Villa Madama, est de l'invention de Raphaël, comme nous l'avons
déjà dit dans la Vie du maître, et quoique Jules Romain l'ait exécuté seu-
lement après la mort de ce grand artiste. Ce fait n'est pas seulement
mentionné deux fois dans l'ouvrage de Vasari, mais il est encore prouvé
par une lettre du comte Baldassare Castiglione, du 13 août 15S2, dont
l'original se trouve chez les Olivetans, à Pesaro. Cette lettre, adressée à
Francesco Maria, duc d*Urbin, fut publiée pour la première fois par
Pungileoni; elle renferme le passage suivant : a Ulustrissimo et Exel-
lentissimo signore e Patrone mio : in questo punto ho ricevuto una di
V. Exza dei 3 del présente nella quale la mi ricerca ch' io voglfa scrivergli
qualche cosa di novo, e mandarli la lettera di Rafaello, bona mem. dove
egli descrive la casa, che fa editicare monsignore Rmo de Medici : questa
io non la mando perché non ho copia alcuna qui, perché mi restô a
Mantova con moite altre cose mie : ma a questi di si è partito di quà
D. Jeronimo fratello cugino del prefato Rafaello : il quale stimo che abbia
copia di essa lettera. E V. Exza potrà da lui essere satisfatto; perché è
partito per venire a Urbino.»
Sébastien Serlio aussi , dans son ouvrage intitulé : Cinque Lihri d'or-
chitettura (Venise, 1551), dit de cette villa ce qui suit : ci Fuori di Roma,
poco discosto del monte Mario, è un bellissimo sito, con tutte quelle parti,
che ad un luogo di piacere si ricerca; le quali parti singulari io tacerô
piutosto che dirne poco. Ma solamente io tratterô e dimostrerô una Loggia
con la sua faccia ordinata dal divino Raffaello d'Urbino, ben che egli fece
altri appartamenli et dette principlo grande ad altre cose.
Le plan de cet édifice, situé sur le penchant d'une montagne, forme
presque un carré, dont la face du nord-est est ornée d'un vestibule à trois
grandes arcades. Ce vestibule, entouré d'une spacieuse terrasse à jets
d'eau, présente un aspect grandiose, qui n'est pas sans analogie avec
celui du temple de la Paix sur le Forum Romanum. En outre, ou admire,
OUVRAGES D'ARCHITEGTUBIS. SOS
80U8 ees trois arcades du vestibule^ les belles peintures et les beaux orne-
ments de stuc, exécutés par Jules Romain et Giovanni da Udine. La face
sud-est de l'édifice est percée de grandes fenêtres d'où Ton jouit d'une
vue superbe qui embrasse laville^ le fleuve et les montagnes. Le côté sud-
ouest de la villa devait, à l'instar d'un théâtre antique , former un demi-
cercle entouré de colonnes; mais cette partie des constructions ne fut
point achevée, et elle est aujourd'hui à moitié tombée en ruine. Cette
villa devint, après la mort de Clément VII, la propriété du chapitre de
Sant'Eustachio , qui s'en dessaisit en la cédant à madame Marguerite
d'Autriche, duchesse de Parme et de Plaisance, gouvernante des Pays-Bas*,
et, par suite du dernier mariage de cette princesse avec un membre de
la famille Farnese, la villa, qui a retenu le nom de Madama, passa par
héritage au roi de Naples.
11 existe plusieurs gravures de la Villa Madama, entre autres dans la
Roma moderna de Venuti Ridolfino (Roma, i766), pi. 2, p. 520.
Parmi les belles petites fresques du Vestibule, il s'en trouve une d'après
une composition de Raphaël, laquelle est empruntée à la description que
Philostrate fait d'une peinture antique nommée les Amours. Dans cette
fresque, Vénus est entourée d'une foule de petits Amours. 11 existe, de cette
composition, une gravure sur bois au clair-obscur, de forme ovale comme
le tableau. Elle est de Hugo da Carpi. Voy. Bartsch, t. XII, p. 407, n» 3.
— Une première esquisse de Raphaël, pour les Amours de celte fresque,
se trouve dans la collection de Dusseldorf.
f,) Plan du Palais Pandolfini dans la rue San Gallo à Florence, apparte-
nant aujourd'hui à la comtesse Nencini. L'extérieur du bâtiment principal
a déjà été décrit en détail dans notre histoire de Raphaël; il nous reste
seulement à indiquer ici que Raphaël sut, en maître expérimenté, rendre
invisible à l'œil l'irrégularité du terrain, quoique la maison forme un angle
vers la rue S. Salvestrina. L'escalier aussi est avantageusement placé et les
appartements sont bien distribués. La chapelle, qui occupe le rez-de-
chaussée, a une entrée dans la rue principale. La porte cochère, dans le
genre rustique, est placée à côté du corps de logis principal et au centre
des bâtiments, car les remises se trouvent cachées derrière un mur pourvu
de fenêtres analogues à celles du rez-de-chaussée. Le jardin est orné de
statues antiques et la cour d'une belle fontaine. Dans la frise de la corniche
principale est cette inscription gravée en grandes lettres : lANNOCTlVS.
PANDOLFINIVS. EPS. TROIANVS. LEONIS. X. ET. CLEMENTIS. VII.
PONTI. MAX. BENEFICIIS. AVCTVS.
i . Marguerite était fille naturelle de Tempereur Charles Y et de Jehanne van der Gheenst.
(Voy. le Mestager dei êcieneet et des arts de la Belgique, Gand, 1836, p. 417.) Elle fut
mariée en premières noces au duc Alexandre de Médicis , et puis à Otlavio Farnese , duc de
Parme,
396 OUVRAGES D'ARCHITECTURE.
Dans l'ouvrage intitulé : Scelta d'archUettura de Ferdinando Ruggîerî
(t. Il, pi. 73 à 75), on a reproduit les fenêtres, les colonnes et d'autres
détails de ce palais, qui est également gravé, avec les mêmes plans et élé-
vations, dans V Architecture toscane de Grandjean de Montigny et A. Famin
(Paris, 1815), savoir :
PI. 33. Plan et élévation.
— 34. Façade du côté de la rue San Gallo.
— 35. Façade latérale sur cour et jardin.
^ 36. Détails des fenêtres et des corniches.
g.) Plan et modèle pour la maison Uguccioni sur la place du Vieux-Palais
à Florence. Nous avons déjà donné, dans l'Histoire de Raphaël, la descrip-
tion de ce bel édifice. Nous ignorons si le modèle tiguré, cité dans les
Bellezze di Firenze de Giovanni Cinelli (1677), existe encore, mais nous
pouvons dire avec certitude que ce palais n'est pas de Michel-Ange, ainsi
que Francesco Bocchi l'a prétendu le premier, et pas davantage de Palla-
dio, comme le supposent MM. Grandjean et Famin ; bien plus, cet édilice
porte en toutes ses parties le cachet incontestable du style architectural
de Raphaël, style surtout analogue à celui qu'on remarque au palais Col-
trolini à Rome.
Dans l'ouvrage de MM Grandjean de Montigny et A. FBïnïu(Architecture
toscane^ 1815), la pi. 46 donne l'élévation de la façade, et la pi. 47 des
détails d'architecture, comme chapiteaux et piédestaux, frontons de fenê-
tres, balustres, etc.
h,) Dessin d'une Villa. Cette esquisse se trouve sur une feuille qui passa
de la collection Fries à Vienne dans celle d'Oxford. La façade consiste en
un corps de logis centrafde peu de largeur, avec deux ailes plus élevées
et à frontons. Le vestibule, qui règne sur toute la largeur de cette façade,
est composé de trois arcades reposant sur deux colonnes. Deux corps de
logis moins élevés touchent aux deux côtés des ailes. Au centre du premier
étage est une granoi;' fenêtre divisée par deux pilastres et surmontée d'un
grand cintre. Les ailes (WÇ[rent, au-dessus de chaque fenêtre, une autre
fenêtre plus grande diviséeph^ii^ux pilastres. L'ordonnance de tout l'édi-
fice est d'un effet très-pi itoresqi
Ponlani émet la supposition (p. 33%^ de son ouvrage) qu'outre les mai-
sons citées jusqu'ici à Rome comme ayaÏRtélé construites d'après les plans
de Raphaël, il y en aurait encore deux auWs exécutées aussi d'après ses
plans. Ce seraient le Palazzo sur le monte Vec(4^'^ ®^ ** Loggia du palais
délie Convertende. Mais Pontani n'appuie cette ^P'"ion sur aucun docu-
ment; du reste, ces bâtiments ne répondent nulltî™^"^ ^"* dispositions
caractéristiques de l'architecture de Raphaël ; ils orV^ ^^^^ quelques dé-
tails qui ne se trouvent jamais dans les édifices qu'»^ ^ ^**^ élever; c'est
pourquoi on ne s'explique pas comment on a pu les li-i' attribuer.
OUVRAGES D^ARCHITECTURE. 597
Od sait^ d'ailleurs^ que le dernier palais susnommé a été bâti par Baccio
Pintelli pour le pape Sixte IV; il servit de demeure à la reine Caroline de
Chypre. Quant à la Loggia, c'est un accessoire ajouté postérieurement au
palais délie Convertende. Selon une tradition locale , Raphaël aurait peint
la Transfiguration dans la chambre qui fait l'angle de ce palais, et ce
serait là qu'en présence de son tableau inachevé ses restes mortels auraient
été exposés.
Nous dirons, en terminant, que l'architecture de Raphaël, celle surtout
dont le^ Palais Pandolfini est )e spécimen le plus complet, n'a pas été sans
influence sur les constructions des architectes florentins , notamment sur
celles de Baccio d'Agnolo , et nous citerons, à l'appui de cette opinion , la
maison Giacomini, dans la rue Tomabuoni, et la maison Bartolini, près de
S. Trinità. bâtie en 1520. On retrouve dans ces deux maisons maints dé-
tails qui ont été évidemment imités de Raphaël ; on y reconnaît ces amples
profils d'architecture qu'il aflectionnait , mais on leur a donné un relief
qui n'est plus en proportion avec le reste de l'édifice. C'est que les imita-
teurs de Raphaël n'avaient pas , au même degré que lui , le goût du'i)eau
et le sentiment de l'harmonie.
CATALOGUE
D£S
• •
DESSINS DE RAPHAËL
MRS l'OIDRE MS PlYS ET US COLUCTIOSS 00 ILS SE TBODTtlIT.
AVERTISSEMENT.
• r
•i«
Quoique ee Catalogue ne puisie encore être considéré comme
absolument complet, noua croyons cependant qu'il n'y manque
plus qu'un très-petit faombre des dessins existants de Raphaël. 11 en
reste peut-être à décrire quelques-uns dans les cabinets de Saint-
Pétersbourg, de Turin, de Naples et dans quelques collections par-
ticulières en Angleterre^ en France et en Italie. Ce Catalogue n'in^-
dique, à quelques exceptions près, que des dessins dont Taiiteur de
ce livre a reconnu lui-même l'originalité. S'il avait voulu s'en rap-
porter aux catalogues ou bien aux indications données par les pro-
priétaires eux-mêmes, il atirait pu facilement doubler l'étendue de
ce Catalogue* Partout où cela était possible ^ nous avons ajouté
des renseignements sur l'origine des dessins » de même que sur les
copies. Afin de faciliter les recherches, nous avons, dans chaque
400 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
grande collection, rangé les dessins d'après l'ordre chronologique
des sujets , en adoptant ces différentes divisions : Ancien Testa-
ment, Nouveau Testament, Saintes Familles et Madones, Histoire
de la Vierge, Saints et Sibylles, Esquisses pour les fresques du F«-
tican, Sujets mythologiques, Allégories, Histoire profane, Batailles^
Études et Esquisses, Portraits et Têtes, Paysage et Architecture. —
Puis, de même que pour les peintures, nous avons jugé utile de
continuer la série des numéros à travers toutes les collections.
Raphaël n'a pas toujours suivi le même procédé matériel pour
l'exécution de ses dessins. Tantôt ils sont à la plume, tantôt à la
pierre noire, tantôt à la sépia, etc. Toutefois, en comparant entre
eux les dessins qui nous sont connus , nous pouvons établir que ,
dans l'atelier du Pérugin, il dessinait à la plume, comme on le voit
dans son Livre d'esquisses conservé à Venise, et qu'il employait
parfois un lavis brun pour ses esquisses et de la pierre noire pour
ses études, comme dans celles de son Couronnement de la Vierge.
Ensuite, il se servait de la sépia, et rarement du bistre, pour les
ombres de ses esquisses ; car nous ne connaissons guère , en fait
de dessins lavés au bistre , que ses compositions pour les pein-
tures que le Pinturicchio exécuta à Sienne. A Florence, il imita
parfois la manière de Léonard de Vinci en teintant son papier,
afin de dessiner à la pointe d'argent et de rehausser avec du
blanc. Le Livre d'esquisses de Venise contient plusieurs dessins
tredtés de cette manière. Mais c'est toujours de la plume qu'il se
servait principalement pour ses esquisses , ainsi que le prouvent
celles de la Mise au.Tombeau et celles de beaucoup de Madones.
A Rome , il dessina ses compositions et études pour la première
chambre du Vatican en partie avec la plume , en partie avec la
pointe d'argent ou la pierre noire. Ses dessins terminés, dont le
trait est ordinairement à la plume, sont teintés à la sépia et
rehaussés de blanc. Plus tard, il employa de préférence pour ses
études la sanguine claire, quoiqu'il en fit toujours beaucoup à la
pierre noire. Ses cartons pour les peintures sont toujours des-
sinés au fusain et à la pierre noire, un peu estompés et rehaussés
de blanc.
AVERTISSEMENT. 40!
«
Les dessins de Raphaël , outre la beauté de la composition , la
vivacité et le charme de l'expression, sont encore admirables par
la sûreté , la pureté et la correction du trait , qui est toujours
plein de vie et de grâce. Ses études d'après nature sont naïves
d'imitation et d'une scrupuleuse vérité , mais larges de faire , et
elles portent toutes l'empreinte d'une constante recherche de la
beauté dans les formes. Sa manière de faire est toujours simple ,
et, malgré maints repentirs, son dessin n'est jamais tourmenté;
un contour fermement accentué, quelques hachures obliques,
seulement croisées dans les parties les plus vigoureuses, fui
suffisaient pour atteindre son but. Sauf de rares exceptions, il ne
faisait ses dessins que pour devenir en quelque sorte maître de
son sujet, et afin de n'être pas arrêté, dans l'exécution de sa
peinture ; il ne terminait complètement un dessin que pour obéir
à une circonstance particulière. C'est ainsi que le beau dessin de -
la Rencontre d'Attila avec Léon P»" était destiné à être présenté à
Léon X , et que le dessin , si précieux de fini , de la Sainte Cène
(dans la collection royale d'Angleterre) devait servir d'original à
la gravure de Marc-Antoine. Mais ce sont là, comme nous l'avons
fait remarquer, de rares exceptions, et même, en général, Marc-
Antoine a toujour§ gravé ses estampes d'après les esquisses de
Raphaël. Grand dessinateur qu'il était lui-même, il savait deviner
le maître dans ses plus légères indications ; c'est là ce qui a donné
à ses œuvres ce cachet d'esprit et d'adresse , qui contraste telle-
ment aVec la servile , froide et souvent ignorante imitation tech-
nique de ses successeurs. Nous devons ajouter que même les
dessins les plus achevés de Raphaël ne le sont cependant pas au-
tant que quelques merveilleux dessins de Michel- Ange et de Léo-
nard de Yinci; mais, en revanche, les esquisses de Raphaël révè-
lent une sûreté de main, une intelligence de la beauté des formes
et une richesse de sentiment incomparables, et, par-dessus tout,
cette facilité d'exécution qui le distingue des plus grands maîtres
anciens et modernes.
Il ne sera pas sans intérêt pour les amateurs des dessins de
Raphaël de trouver ici quelques détails sur la destinée de ces
II. 26
402 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
dessins. Il parait que Raphaël lui-même avait pris grand soin de
conserver ses études, car il en existe un assez grand nombre de
celles qu'il a faites dans sa jeunesse, et qui alors ne pouvaient avoir
de valeur que pour lui-môme. Bientôt cependant les artistes et
les amateurs les recherchèrent avec avidité. Son compatriote et
ami, Timoteo Viti, en possédait un nombre considérable, qui lui
furent donnés par le maître lui-même, et que sa famille conserva
religieusement pendant deux siècles. C'est seulement en 1714
que M. Grozati de Paris, fit l'acquisition d'une partie de ces des-
sins , et le reste ne fut vendu qu'en 1823 par le dernier héritier
de Timoteo Viti, le marquis Antaldo Antaldi, d'Urbin, à M. Wood-
burn, de Londres. Actuellement ces dessins sont dispersés dans
toutes les parties de l'Europe. Une autre collection de dessins du
maître fut réunie par George Vasari , vers le milieu du seizième
siècle ; elle passa en grande partie dans le Cabinet des dessins de
la galerie de Florence. Le roi d'Angleterre Charles 1«' et le comte
d'Arundcl avaient également de très-beaux dessins de Raphaël ,
qui furent acquis en Italie et probablement du duc de Mantoue ,
dont la collection se composait en grande partie des dessins que
Raphaël avait légués à Jules Romain. Après la mort du roi d'An-
gleterre, tous les objets d'art qu'il possédait furent vendus publi-
quement, à l'exception des sept cartons des tapisseries de
Hampton Court. La collection de dessins fut éparpillée dans tous
les pays , et il n'en resta en Angleterre qu'un très-petit nombre ,
qu'on retrouva dans les catalogues de P. Lely, de Sir Joshua
Reynolds, de Sir Richardson, de lord Sommers, de Benj. West
et d'autres. Une grande partie des dessins de Raphaël qui avaient
appartenu à Charles !•' fut acquise par M. Jabach , de Cologne ,
qui les céda plus tard à Louis XIV ' . Mais la plus riche collec-
tion de dessins qui fut jamais réunie était celle qu'avait formée
M. Crozat, de 1683 à 1740, et dans laquelle Mariette , qui en a fait
un catalogue, en mentionne cent cinquante de Raphaël. Ces
dessins furent vendus à vil prix après la mort de M. Crozat , et
\ . Voyez rinventaire des dessins de Raphaël qui faisaient partie de la collectiou Jabach ,
dans la Revue universelle det Arts, par M. Paul Lacroli. Paris, 1855, 1. 1", p. lOS-lîÔ.
AVERTISSEMENT. 405
dispersés. Mariette en avait acheté trente-cinq; et les autros,
outre ceux acquis pour le Cabinet du roi de France , passèrent
dans les Cabinets de Saint-Pétersbourg, de Stockholm et de
Vienne. Dans cette dernière ville se formèrent, vers le commen-
cernent de notre siècle , plusieurs belles collections de dessins ,
entre autres celles du duc Albert Teschen, des princes d'Ëszterhazy
et de Ligne, et du comte de Pries. A Paris, on citait avec éloges
les collections de Saint^Morys, de Lagoy, de Revil, de Paignon-
Dijonval, de Brunet-Denon et autres. Néanmoins, malgré cette
dispersion des dessins de Raphaël, il en était encore resté beaucoup
en Italie. Quelques-uns de ces derniers furent acquis, vers la fin du
dix-huitième siècle, pour le roi d'Angleterre; mais ce sont surtout
les commissaires de la République française, M. Wicar, de Lille,
et M. A. Fedi, de Florence, qui surent encore en trouver çà et là
en Italie un grand nombre, et des plus beaux du maître, lesquels
passèrent presque tous en Angleterre , car M. Ottley acheta la
moitié de la collection du peintre Fedi, et le marchand collection-
neur M. Samuel Woodbum, de Londres, celle de M. Wicar. Mais
plus tard ce dernier fit Tacquisition du reste de la collection Fedi,
et légua à Lille, sa viUe natale, ces dessins^ avec tout ce qu'il pos-
sédait encore d'objets d'art. Le musée de Montpellier, fondé parle
peintre Fabre, possède aussi quelques beaux dessins de Raphaël.
En Hollande , nous trouvons également des dessins de Raphaël dans
le musée fondé par M. Teyler, à Haarlem. Cependant, de nos jours,
l'amateur le plus passionné des dessins de maîtres, et notamment
des dessins de Raphaël , fut Sir Thomas Lawrence , président de
l'Académie royale des Beaux- Arts de Londres. Il possédait plus
de cent trente dessins de Raphaël , dont plus de la moitié étaient
authentiques. Après la mort de ce célèbre collectionneur, tous
SCS dessins furent achetés par MM; Woodbum , qui en vendirent
une partie au prince d'Orange, depuis Guillaume H, roi de Hol-
lande , et l'autre partie à l'université d'Oxford. La première de
ces collections n'existe déjà plus ; elle fut vendue a La Haye en
1850 , et dispersée en Angleterre , en France et en Allemagne ; ,
quelques dessins restèrent toutefois en Hollande. Comme on l'a
404 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
vu, ce sont aujourd'hui les collections publiques des dififérentes
capitales de l'Europe qui possèdent la plus grande partie des
dessins de Raphaël; mais, chose digne de remarque, Rome » où
le génie du maître a créé tant de chefs-d'œuvre, Rome, disons-
nous avec regret, n'a presque pas de dessins de Raphaël.
Pour rendre ce Catalogue aussi complet que possible , nous y
avons décrit ou mentionné certains dessins qui se trouvaient
autrefois dans les collections Grozat, Saint-Morys, Lawrence, etc.,
et dont les propriétaires actuels nous sont inconnus.
Nous avons aussi indiqué, à la suite de chaque dessin qui a
été reproduit par la gravure, l'auteur et la date de la reproduction.
Nous donnons ci-après, par ordre chronologique, l'énumération
des ouvrages ou recueOs spéciaux, contenant des gravures, ou
des lithographies , ou des photographies , d'après des dessins de
Raphaël :
1. Rectieil d'estampes d'après les plits beaux tabkauœ, etc. Ouvrage
connu sous le nom de Cabinet Crozat. Paris, 1729-1742, 2 vol.
in-fol.
2. Bernard Pleart. Impostures innocentes, ou Recueil d'estampes
gravées dans le goiit de différents maîtres célèbres des trois
écoles, etc. Amsterdam, 1734, petit in-fol.
3. Arthar Pond and Knapton. Prints from drawings. London,
1734, in-fol.
4. C Boisera. A Collection of prints in imitation of drawings, etc.
London, 1778, in-fol.
5. Andréa Seacelati e Atefano Mallnari. Disegni originali d'ec-
cellenti pittori esistenti nella real galleria di Firenze, Firenze ,
1766, 1774, 1778, 1782; 4 vol. in-fol.
6. M. C^tb et S. Theod. Prestel. Recueil d'estampes d'après les
dessins du cabinet de Praun. Nuremberg, 1776-1778, in-fol.
7. Krahe. Nouvelle collection d'estampes, contejiant cinquante pièces,
eaux- fortes d'après les dessins orig. tirés de la collection de VAcon
demie élec, palatine des Beaux- Arts à Dùsseldorf, Dûsseldorf,
1781, in-fok
8. S. Chamberlalne. Imitations of original designs, etc., in Ris
Majesty's collection. London, 1796, 2 vol. in-fol.
9. C Mêla. Imitations of ancient and modem drawings. London ,
«798, 1 vol. in-fol.
RECUEILS SPÉCIAUX. 405
iO. IFF. To«ii|r Ottley. The italian School of de$tgn, etc. London,
i823, i vol. in-fol.
1i. Choix de dessins de la collection de M. de Saint-Morys, gravés en
imitation des originaux faisant à présent (1810) partie du Mttsée
national,
i2. V. Denon. Monuments des arts du dessin, etc. Paris, 1829, in-4o.
13. liadwifT Fërster. Lithographirte Copien von original Zeichnun-
gen, etc., aus der SamL S. K. H. Erzherzogs Cari von CEsterreich,
Wien, 1835, in-fol.
14. 11. C^lotti. Disegni originali di Baffaelh per la prima volta pu-
blicata, esistenti nella L R. Accademia di Belle Arti di Venezia.
Venezia, 1829, in-fol.
15. Lawrence • Gallery , a Séries of fac-similés of original draxvings by
Raffaelle da UrbinOy etc. London, 1841, in-fol.
16. La Calcographie du musée du Louvre a publié plusieurs feuilles
séparées de sa collection, in-fol.
17. Choix de dessins de Raphaël qui font partie de la Collection Wicar, à
Lille, reproduits en fac-similé par MM. Wacquez et Leroy , gravés
par les soins de M. H. d'Albert , duc de Luynes, membre de l'In-
stîtut. Paris^ i858, grand io-folio^ 20 planches avec texte.
i8. M. Leroy, graveur à Paris» a fait paraître une suite de fac-similé d'après
les dessins des grands maîtres ^ qui se trouvent dans les collections
particulières en France; plusieurs de ces fac-similé reproduisent
^ des dessins de Raphaël.
Aussitôt après la découverte de la photographie, on a employé avec
succès ce procédé pour la reproduction des dessins de Raphaël. Nous ne
devons pas négliger de citer ici les publications de ce genre qui ont paru
simultanément depuis quatre ans.
19. dl. Sehaefer. Photographisches Album nach original Handzeichnun''
gen alter Meister aus der Sammlung des Staedel'schen Kunstinstituts
in Frankfurt-a-M. Six livraisons de 3 feuilles chacune ont paru de
1854 à 1857. Gr. in-fol.
20. RaffaelVs Drawings in the royal collection at Windsor castle , photo^
graphed by ThurstonThompson. Londres, 1857. 52 feuilles gr. in-fol.
Nous devons ce magnifique recueil au zèle éclairé d'un illustre amateur,
S. A. R. le prince Albert d'Angleterre, qui l'a fait exécuter à ses frais. On
ne le trouve pas dans le commerce.
21. Le duc de Devonshire a fait photographier^ également par Thurston
Thompson, les dessins de Raphaël qu'il possède dans sa collection.
Cet ouvrage est la propriété du duc, et ne se trouve pas dans le
commerce.
406 CATALOGUE DES DESSINS DB RAPHAËL,
22. Eeveley Collection of drawings, photographed by Delamotte and Hard-
wick. London, 1858.
23. Les sept cartons de Bampton Court, représentant les Actes des Apôtres^
par Raphaël, ont été photographiés par Thurston Thompson et pu-
bliés par le Département ofpratical art. London, 1858.
On a fait des épreuves de cinq différentes grandeurs :
1^ grandeur, 30 pouces de hauteur sur 48 pouces de largeur.
2« — 21 — 31 —
3* — 15 — 23 —
4« — 11 — 15 —
5* — 5 — 8 —
En outre, on a photographié, de la grandeur des originaux, un choix
de tôtes d'après ces cartons. Les plus grandes ont 24 pouces de hauteur
sur 18 pouces de largeur, et les plus petites 18 pouces de hauteur sur 15
de largeur.
24. Cartoons by Raffaelle at Bampton Court, photograjps by Messers Calderi
and Montecchi. Ghei P. et D. Colnaghi et C*«. Londres^ 1859.
Ils ont été publiés en trois grandeurs différentes :
!*« grandeur, 15 pouces de haut, sur 44 pouces environ de largeur.
2» - 10 - 29 -
8« - 9 ~ 14 -
Nous devons encore à la munificence de S. A. R. le prince Albert d'An-
gleterre la publication des photographies des dessins de Raphaël qui
existent dans les collections suivantes :
25. Collection du Louvre; photographiée par Thurston Thompson^ de
Londres.
26. Collection de la galerie de Florence ; photographiée par les frères
Alinari. Chez Giuseppe Bardi, à Florence.
27. Collection de l'Académie impériale et royale, à Venise; photographiée
par les frères Alinari. Chez Giuseppe Bardi/à Florence.
28. Collection Albertine, à Vienne ; photographiée par les frères Alinari.
Chez Giuseppe Hardi, à Florence.
. Woodburn, à Londres, doit bientôt publier en photographies les dessins
de Raphaël conservés dans les collections d'Oxford et du musée
Wicar, à Lille. ,
DESSINS DE RAPHAËL EN ITALIE
A l'académie des beaux-arts, a VENISE.
Celte riche collection provient de la succession du peintre Giuseppe
Bossi, de Milan. Tous les dessins de Raphaël sont encadrés et sous verre,
dans une salle particulière^ avec beaucoup d'autres de différents maîtres,
et principalement un assez grand nombre de Léonard de Vinci. Cinquante-
cinq feuilles dessinées des deux côtés faisaient partie d'un Livre d'esquisses,
format in-quarto, à l'usage de Raphaël depuis Tannée 1500 jusqu'en 1506.
Ces esquisses sont, pour le plus grand nombre, traitées dans la manière du
Pérugin ; mais quelques-unes toutefois portent déjà le cachet de l'art flo-
rentin. Il est probable que ce Livre d'esquisses est celui que Carlo Maratti
possédait à Rome, et qui est cité en ces termes par Bellori : « Un Libro
di alcuni avanzi de' Studj giovanili di RafTaelle, che approvano le sue
prime faticbe cou un esattissima imitazione a maggior flnimento termi-
nato. » Le peintre Bossi a eu l'intention de publier en fac-similé tous les
dessins que contient le premier volume, et il avait déjà fait graver trente
planches par F. Scotto et Rosaspina, lorsque la mort interrompit le
travail. Mais, après que l'abbé L. Celotti eut acquis les trente planches
gravées, avec les dessins qu'il vendit plus tard à l'Académie de Venise, il
publia ces estampes, sous ce titre : Disegyii originali di EaffaeUo per ia
prima volta publicati^ esistenti nella impérial regia Accademia di Belle
Arti di Venezia, 1829. Dans Ténumération suivante des dessins qui se
trouvent dans le Livre d'esquisses, nous avons cherché à coordonner,
autant que possible, les esquisses et les études pour tableaux, puis les
portraits et les têtes, ensuite les dessins d'après d'autres maîtres, et enfin
les paysages et autres études. Parmi les esquisses de Raphaël, il y en a
qui ne sont pas de sa main et que nous indiquons aussi.
1. Demc hommes drapés, debout. — Tournés à droite, ils semblent
regarder un objet rapproché d'eux. Dessin à la plume, mis aux carreaux
pour être copié. Celotti, pi. XV. — Une copie de ce dessin, par Timoteo
Viti, se trouve, à Paris, dans la collection Reiset, n*" 55 de son Catalogue.
408 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
2. Figure de femme vétm, — Vue de profil , les mains jointes et 1
regards levés vers le haut. Celotti , pi. XXVJ. Revers de la feuille
cédente.
3. Deux hommes debout, vêtus, — Même motif que n^ 1, mais tourné
gauche. Dessin à la plume, également mis aux carreaux. Cel., pi. XX.
4. Figure debout et vêtue. — Semble être l'apôtre saint Jean. Il pose la
main droite sur sa poitrine. Tourné à droite. Dessin à la plume. Cel.j
pi. XXIV. Revers de la feuille précédente.
5. Figure juvénile debout et drapée, — Tournée à gauche^ avec la main
sur la poitrine. Dessin à la plume, mis aux carreaux. Cel., pi. XXIII.
6. Différentes études de draperies. — Principalement pour une figure
assise. Dessin à la plume. Cel., pi. IX. Revers de la feuille précédente.
7. Figure d'homme vu de dos, debout et vêtu. — Dessin à la plume,
mis aux carreaux. Gel., pi. XXVIII. Une figure semblable, du côté opposé,
se trouve dans les peintures de la Libreria, à Sienne.
8. La Vierge. — Tournée à gauche, agenouillée et en prière. Paraît
avoir été une étude pour une Naissance du Christ, dans la maniéré du
Pérugin. Dessin à la plume. Gel., pi. XIX. Revers de la feuille précédente.
9. Figure de femme debout et vêtue. — Étude pour une sainte. Dessin
à la plume, non achevé.
iO. Étude d'après un groupe antique des trois Gr^ices.— Celle du milieu
est vue de dos. Sur le dessin, toutefois, ne se trouvent que deux figures
détériorées; celle de droite manque. A la plume. Vraisemblablement,
d'après le groupe antique de Sienne. Revers de la feuille précédente.
1 1 . Un ange, penché en avant, répand des fleurs. — Cet ange a de la
ressemblance, dans la pose, avec celui de la grande Sainte Famille du
Louvre, de l'année 1518. Ce dessin est cependant de la première ma-
nière de Raphaël. Un homme âgé, peut-être un saint Joseph, est assis
devant l'ange. Cel., pi. XIII. — Une copie de ce dessin^ par Timoteo Viti,
a.passé de la collection Barni dans celle de M. Reiset.
42. Pi'ofil d'une corniche. — Léger dessin. Revers'de la feuille pré-
cédente.
13. L'apôtre saint André, — Mi-figure. Dessin à la plume. Cel., pi. XII.
14. Deux têtes juvéniles, — Légère esquisse. Revers de la feuille pré-
cédente.
15. Deux jeunes gens nvs,— Vus de dos. A droite, un enfant qui essaye
ses premiers pas, au moyen d'une roulette. Beau dessin à la plume.
16. Vfi guerrier debout. — Vu de dos. Revers de la feuille précédente.
17. Trois jeunes gens nus et debout. — L'un desquels semble couronner
celui du milieu. On voit indiquée une quatrième figure, et, entre les deux
figures de gauche, un enfant nu, agenouillé. Etude à la plume, d'après
nature, pleine de vie. Cel., pi. XVI.
EN ITALIE. 409
18- Un ornement. — Légère esquisse. Revers de la feuille précédente.
49. Figure d*homme nu, — Frappe d'une massue sur la tête d'un tau-
reau étendu à ses pieds.
Sur le revers de cette feuille se voit une main tenant un compas et deux
têtes, mais non dessinées par Raphaël.
20. Un cmge dans les airs, jouant du tambourin. — Légère esquisse à
la plume, un peu lavée au pinceau.
21 . Deux boucs marins fantastiques. — Pour ornement. A droite, la tête
de Gorgone. Esquisse à la plume. Revers de la feuille précédente.
22. Un jeune homme nu et debout. — Dans l'attitude du jeune roi dans
l'Adoration des Mages. Étude d'après nature. A côté, le pied d'une figure
ageDouillée. Dessin à la plume. Gel., pi. XXVII.
23* Groupe d'un Massacre des Innocents. — A la plume, d'après le
tableau d'un ancien maître. C'est un soldat vêtu à l'antique, qui cherche
à enlever un enfanta sa mère. Les attitudes sont un peu roides et forcées.
Cel., pi. XIV. Revers de la feuille précédente.
24. Esquisse pouru7i Massacre des Innocents. — Légère esquisse, de la
première époque de Raphaël , presque enfantine, et cependant les deux
groupes offrent le motif qu'il a reproduit dans son Massacre des Inno-
cents pour les tapisseries. C'est la mère assise dont un bourreau poignarde
renfaot, avec l'autre mère qui veut fuir avec le sien, et qu'un soldat
retient par les cheveux.
25. Un meillard assis. — Figure nue, tenant un globe dans* la main
gauche et , dans la droite , un sceptre étendu. A la plume , légère-
ment lavé.
26. Un homme debout et nu. — S'appuie d'une main sur une balus-
trade. Dessin traité comme le précédent; dans l'un et Tautre, les têtes
sont plus achevées que le reste. Revers de la feuille précédente.
27. Un berger marchant et jouant de la cornemuse. — Dessin très-vivant,
d'après nature, à la plume, et légèrement lavé.
28. Six têtes d'hommes groupées et deux tètes d'enfants. — L'un vu de
profil et l'autre de face. Très-spirituelle esquisse à la plume.
29. Un jeune homme nu et debout, sonnant de la trompe. — Les muscles
et les genoux sont anatomiquement indiqués.
30. Ètud^ anatomique d'un torse. — Avec les cuisses. Dessin à la plume.
Revers de la feuille 29.
31. Vn jeune homme miy vu de profil. — Marchant et levant les bras pour
jouer d'un instrument. A côté, une étude de pied.
32. U?i homme à longue barbe, debout et vêtu. — Légère esquisse à la
plume. Revers de la feuille précédente.
33. Vn jeune homme étendu à terre. — Dévoré par un lion. Son chien,
auprès de lui, aboie. Dans le fond , on voit un berger avec une corne-
4f0 <:âTALOGUE des dessins de RAPHAËL
muse, au milieu de moutons. Belle esquisse à ia plume. Au revers^ la Tue
d'une ville au bord d'une rivière.
34. TJn combat. — Trois figures nues , dont celle de gauche tient ua
étendard ; les deux autres à droite ont des cuirasses et des lances et se
défendent contre un cavalier qui les attaque. Esquisse à la plume^ très-
vivante et très-spirituelle. Raphaël a vraisemblablement été inspiré^ dans
cette composition , par la vue du carton de Léonard de Vinci. Celotti,
pi. XXX.
35. Samson déchirant la gueuU du lion, — Groupe plein de vle^ légère-
ment esquissé à la plume et lavé. Gel., pi. XVU.
30. Un homme nu, debout, les bras croisés. — Légère esquisse. Revers
de la feuille n** 35. ^
37. Un homme nu, debout. — Vu de dos et tenant une épée de la maio
droite. Trait étudié avec indication de Tanatomie.
38. Un homme nu, debout. — Vu de côté. Le bras manque. Étude ana-
tomique dessinée à la plume. Revers de la feuille précédente.
39. Dey^ hommes vêtus, à cheval. — L'un vu de profil à droite, et celui
du fond, de face. Belle esquisse à la plume, un peu lavée. Gel., pi. XVIII.
40. Vn lion debout. — Dessin très-écolier. Gel., pi. VI. Revers de la
feuille précédente.
41. Vn lion couché. — De même, faiblement dessiné. Gel., pi. VIII.
42. Figure de femme agenouillée. — Semble être une Vierge levant le
voile de l'enfant Jésus. Gel., pi. XXV. Revers de la feuille précédente.
43. Étude d'après une jeune femme, pour une Vierge. — Mi- figure
tenant devant elle l'Enfant dans Tattitude de la bénédiction. Dessin à la
plume, recouvert d'un ton gris perle à la gouache, et très-bien terminé
avec du blanc et du noir, dans la manière de Léonard de Vinci.
44. Mi-figure de femme tenant un enfant. — La tête seule de la femme
est recouverte d'un ton de gouache gris perle et terminée avec du blanc
et du noir. Gette tête est aussi la seule partie du dessin qui soit de Raphaël;
le reste a été ajouté par une main inhabile.
45. Mi-figure de femme tenant un enfant endormi. — Légère esquisse a
la plume. Revers de la feuille précédente.
46. Étude pour un enfant Jésus assis. — Esquisse à la plume, teintée
d'un ton gris perle à la gouache, et très-soigneusement terminée, dans la
manière du Vinci, avec du noir et du blanc. A côté, l'esquisse d'une tête
d'enfant. Sur la feuille, dans le haut, est écrit ce mot : AMEN. Gelotti,
pi. III, mais arbitrairement traité au pointillé.
47. Une femme assise donnant le sein à un enfant debout. — Légère
esquisse à la plume. Revers de la feuille précédente.
48. Deux têtes-portraits d'après un même jeune homme, — L'un, la tête
appuyée sur la main, lève les yeux vers le haut^ avec cette inscription :
EN ITALIE. A\i
D. VNRB L. PARO. L'autre^ en bas de la feuille , est tu de trois quarts,
et, comme celui du haut, il a une barrette sur la tête. Très-spirituel
dessin à la plume. On a prétendu, sans aucune raison, que Raphaël avait
voulu faire son portrait.
49. Quatre enfants à terre, jouant avec un cochon de lait, — A droite,
un cinquième enfant debout, plus grand que les quatre autres. La même
feuille contient une étude de deux jambes, et, dans le haut, on voit un
dessin représentant^ comme effet de lumière, une boule qui projette son
ombre sur une autre boule. Peut-être est-ce l'explication figurée d'une
éclipse de lune. Cel., pi. XXIX.
50. Trois têtes de femmes. — Belles esquisses à la plume. Gel., pi. I.
Revers de la feuille précédente.
54 . Étude de tête d'un enfant couché. — Dessin sur fond gris perle à la
gouache, lavé à la sépia et rehaussé de blanc. Dans le bas de la feuille, il
y a encore deux légères esquisses à la plume : un enfant debout et un
autre enfant assis, vu de dos, qui tient son pied. Cette dernière étude est
surtout très-vivante.
52. Dessin d'une feuille de chapiteau corinthien. — Revers de la feuille
précédente.
33. Tète d'un jeune îwmme avec un peu de barbe. — Vue de profil et
dirigeant ses regards vers le haut. Semble être une étude pour une tête
d'apôtre.
84. Un griffon. — Légère esquisse à la plume. Revers de la feuille pré-
cédente.
53. Fortrait d'une belle jeune fille. — La tête est un peu tournée vers
la droite, et les cheveux séparés en gracieuses tresses. Très^belle étude
d'après nature.
36. Beux Amours et deux petits garçons dansant ensemble. — L'un de
ces derniers tient une fleur qu'il élève en l'air. Esquisse à la plume. Revers
de la feuille précédente.
57. Quatre têtes. — Deux de ces têtes sont des portraits d'un jeune
homme avec une barrette sur la tête. L'un a, dans la manière de Léonard
de Vinci, un fond gris perle à la gouache, lavé de noir et rehaussé de
blanc. L'autre est dessiné à la plume et lavé à la sépia. Sur la partie
inférieure de la feuille se trouve une tête juvénile aux regards élevés,
semblable à la tête de saint Jean dans le Couronnement de la Vierge, au
Vatican. Puis, à droite, la tête d'un vieillard, à la peau ridée, vu de
profil. Cest une étude dessinée avec grand soin, à la plume.
58. Tête de femme vue par derrière. — Avec de belles tresses de che-
veux. Légèrement dessinée à la plume, d'après nature. Les études de
deui pieds, qui se trouvent à côté^ ne sont pas de la main de Raphaël.
/Revers de la feuille précédente, •
412 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
59. Trots tètes de femmes. — Vues de profil, ayant les cheveux bien
ordonnés. Un peu idéalement dessinées.
60. Quatre têtes de femmes. — Trois d'entre elles vues presque de faœ^
et la quatrième presque de profil. Toutes trois sont coiffées en cheveux.
Revers de la feuille précédente.
61. Mi-figure d'un homme à barbe. — Dans un large vêtement et avec
une toque sur la tête. Il semble enseigner. Dans le bas, on lit ces mots,
d'une élégante écriture : ARISTOTELI. STAGIRITAE. Ce dessin et les
suivants, représentant des sages et des poètes antiques, ont été tir^ des
sujets que le duc Federico avait fait peindre dans la salle d'étude de son
château d'Urbin*.
62. Mi-figure d'un homme âgé. — La tête est recouverte avec une partie
du vêtement. Il tient un livre devant lui. Ce vieillard semble être un
portrait. Dans le bas, on lit : ANNAEO SEiNEC^Ë. CORDYE. Revers de la
feuille précédente.
63. Mi-figure d'un homme à barbe, — Une toque sur la tête. Il tient un
livre devant lui et élève la main droite dans l'attitude d'un orateur. Ce
dessin à la plume, traité comme les précédents, représente vraisembla-
blement aussi un sage de l'Antiquité.
64. Mi'fixfure d'un homme à barbe. — En costume antique. Il montre
un livre. Au bas, on lit : PLATONI. Dessin à la plume. Revers de la feuille
précédente.
66. Mi- figure d'un homme vu de profil. — Dans un vêtement large avec
collet de fourrure, et les cheveux enfermés dans un réseau. 11 tient un
livre ouvert sur ses genoux. Inscription : M. TVLIO CICERO.
66. Mi-pjgure d'un poète aveugle, couronné de lauriers. — Avec ces mots :
HOMERO SMYRNAEO. Revers du dessin précédent.
67. Mi-fi^ure d'un poète couronné de lauriers. — Dans le costume du
quinzième siècle. 11 tient un livre dans ses mains. Inscription : P. VERG.
MARONI. MANTVANO. Dessin à la plume. Gel., pi. XI.
68. Mi- figure d'un homme à barbe. — Avec une toque sur la tête et
tenant un livre devant lui. Inscription : ANAXAGORA. Dessin à la plume.
Sur le revers, il y a une tête, mal dessinée, d'uu homme vu de profil.
Dans le bas, on lit : VITORINO. FELTRIN. Le dessin aussi bien que l'in-
scription ne sont pas de Raphaël, quoique le sujet semble aussi avoir
fait partie des portraits de l'ancienne salle d'étude du château d'Urbiu.
On sait que le duc Federico d'Urbin a été le disciple favori de Vittorino.
69. Demi-figures de deux hommes assis l'un en face de l'autre. — Dans
i. Quatorze de ces peintures, que l'on attribue à Melozzo da Forli , se trouvaient en 18IÎ
dans la collection Sciarra, à Rome ; elles passèrent depuis chez le marquis Campana, directeur
du mont-de-piétè dans la même ville. Ces peintures offrent des tètes pleines d^expressiou, mais
elles ont beaucoup souffert par saite d'une restauration maladroite.
I
EN ITALIE. 415
le costume du quinzième siècle. Celui de gauche^ vieux el barbu, tient
un globe céleste. Dans le bas : CL. PTOLEMAEO. ALEXL Celui de droite,
sans barbe, avec une toque sur la têle, semble vouloir faire une démons-
tration avec ses doigts. Au-dessous de lui : FI. BOETIO.
70. Mi-figure d'uji homme qui tient un livre. — Inscription : QVINTVS
CVRTIVS. Revers de la feuille précédente.
71. Feuille d'acanthe d'un chapiteau corinthien. — Dessin à la plume.
72- r« prêtre agenouillé. — Tourné à droite, les mains jointes et les
regards levés vers le haut. Semble être une étude pour la figure d'un
donataire. Vraisemblablement, d'après un ancien tableau. Dessiné à la
plume. Revers de la feuille précédente.
73. Mi 'figure d'un prophète assis, tourné à gauche. — Sur la même
feuille, rétude d'un pied gauche. — À la plume, d'après l'un des deux
Prophètes du Pérugin, qui étaient peints à côté du maître-autel, dans le
chœur de l'église S. Pietro Maggiore, à Pérouse. Cel., pi. X.
74. La Vierge. — Demi-figure. A côté d'elle, Tenfant Jésus tenant une
petite croix. Une main maladroite et profane a transformé la croix en un
dévidoir et ajouté une corbeille avec des pelotes de fil. Revers de la
feuille précédente.
73. Mi- figure tournée à droite, d'après l'autre Prophète du Pérugin. —
La main étendue, à part. Cel., pi. VIII.
76. JJîi jeune homme nu. — Vu de dos. Esquisse à la plume. Revers de
la feuille précédente.
77. Saint Sébastien. — Mi-figure. Attaché à un arbre, les bras élevés.
Étude à la plume, d'après un dessin du Pérugin.
78. La tète du même saint Sébastien. — Étude plus grande, dessinée à la
plume. Revers de la feuille précédente.
79. Les jambes du même saint Sébastien.
80. L'enfant Jésus assis et bénissaîit. — Belle étude d'après nature, ou
bien d'après un plus ancien tableau. A lu plume. Revers de la feuille
préa»dente.
81. Fragment d'une Mise au tombeau.-- C'est la Vierge avec la Made-
leine auprès du corps du Christ porté par deux hommes. On ne voit
cependant qu'une partie d'un de ces hommes debout à gauche. Dessiné à
la plume, d'après une gravure du Mantegna. Cel., pi. XXI.
82. L'homme tenant le corps du Christ. — D'après la gravure du Man-
tegna. Bartsch, t. XIII, p. 229, n« 3. Revers de la feuille précédente. Cel.,
pi. XXII.
83. Trois tètes d'hommes. — Deux d'entre elles sont caricaturées à la
manière de Léonard de Vinci, et peut-être même empruntées à ce maître.
La troisième est une étude pour le berger de l'Adoration des Mages, de
Tannée 1.^03, au Vatican. Dessin à la plume. Cel., pi. 11.
AU CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
84. Etude pour quatre bras étendus, — A la plume. ReYers de la feuille
précédente.
85. Trots figures de femmes, — Sous un vestibule à arcades. L'une
d'elles tient deux pigeons. Nous croyons que ce dessin, traité sans esprit,
n'est pas de la main de Raphaël , mais bien de celle d'un de ses con-
disciples.
86. Une main couverte de rides. •— Vue de plat. Étude d'après nature^
dessinée à la plume.
87. Étude d'après cinq parties de draperies. — Dessin a la plume-
Revers de la feuille précédente.
88. Trots 6ras. — Étude dessinée à la plume et lavée.
89. Une poitrine d*homme, — Étude dessinée à la plume. Une main
malhabile a voulu compléter la figure en ajoutant un bras et le torse.
90. Une galère avec les rames levées. —Vue de face. Dessin à la plume
et légèrement lavé.»
91. Une galère avec les rames levées. — Vue par derrière. Traité comme
le dessin précédent.
92. Vue de la ville d'Urbin. — Avec une partie du château et de la
cathédrale, prise du chemin des Capucins, devant la ville. Légère esquisse
à la plume. Sur le revers, une légère esquisse de paysage montagneui.
93. Vv£ d'une ville. — Avec une maison commune, semblable à celle
de Gubbio. Dans le fond, un château fort sur une montagne. Esquisse à
la plume.
94. Petit fragment d'un paysage montueux.^ Légèrement dessiné à la
plume. Sur la mêihe feuille, une tête d'homme, une tète d'enfant et une
main qui écrit ne sont pas de Raphaël. Revers de la feuille précédente.
95. Vue d'une ville avec uîie église sur une montagne. — Dessin rapide
à la plume.
96. Quelques blocs de rochers. — Étude d'après nature, esquissée à la
plume. Une main inexpérimentée a dessiné sur la même feuille une tête à
perruque et un aigle. Revers de la feuille précédente.
97. Un mur en grandes pierres de taille. — Recouvert de broussailles.
Légère esquisse à la plume»
98. Partie d'une ville avec une haute tour. — Entre deux montagnes.
Dessin à la plume. Revers de la feuille précédente.
Aux dessins attribués à Raphaël, dans cette collection, et qui n'ont point
fiait partie du Livre d'esquisses, nous devons encore ajouter les trois
suivants :
EN ITALIE. 415
99. Trois figures nues* — Qui semblent attendre Tennemi , armées de
lances. Fragment d'un plus grand dessin. Les contours dessinés à la
plume étant piqués à Taiguille, cette feuille a^ selon toute apparence,
servi à Raphaël pour un calque. Le dessin original de cette composition '
se trouve dans la collection Albertine , à Vienne. Sur le revers du dessin
décrit ci-dessus, est un fragment d'une figure de jeune homme vu de
€;ôté, traité de la même manière que le dessin qui a été reproduit dans la
planche XXX de Celotli. C'est seulement un léger trait à la plume.
100. Esquisse pour une bataille avec des cavaliers, — Un jeune homme,
tooibé à terre, semble vouloir arrêter le cheval d'un cavalier, en le saisis-
sant par le mors, tandis que ce dernier le frappe de son épée. Sous le corps
du jeune homme renversé, il y en a un autre qui cherche à se relever.
A droite, un cavalier fuyant et quelques figures nues presque entièrement
effacées. Ce fragment de dessin est trop petit, et il a trop souffert, pour
que l'on puisse y reconnaître le sujet avec certitude. Quelques-uns veulent y
voir un Massacre des Innocenta ; mais il y manquerait les mères , et les
figures qu'on prendrait pour des enfants sont plutôt de jeunes adolescents.
Dessin à la pierre noire sur papier brunâtre et rehaussé de blanc. Ce
dessin est exécuté d'une manière large et magistrale qui appartient à la
dernière époque de Raphaël.
iOi. Tète de Christ, — Les regards baissés. Dessin mi-grandeur natu-
relle, à la sanguine. Douteux.
D'autres dessins de cette riche collection sont encore attribués à Raphaël;
mais ce ne sont que des esquisses d'après ses tableaux. Comme, par
exemple, l'apôtre saint Paul du tableau de la Sainte Cécile ; Moïse devant
le bûcher ardent; le triton et la nymphe du tableau de la Galatée. Il
faut rendre à Timoteo Viti le dessin à la plume qui représente une Vierge
avec l'enfant Jésus debout. 11 y a une Sainte Famille qui ne peut être que
d'un élève de Raphaël, et un petit dessin avec une figure de femme
debout, qui est probablement de Mariotto Albertinelli; autrefois, on l'attri-
buait à Filippino Lippi.
Quant au dessin de l'Apollon et du Marsyas, dont nous avons déjà parlé
à propos d'un petit tableau qui représente cette composition, tableau pos-
sédé par M. Morris Moore, à Londres, qui persiste à l'attribuer à Raphaël,
nous ne pouvons que répéter ici ce que nous en avons dit plus haut, à
savoir, que ce dessin était catalogué en i835 sous le nom de Benedetto
Montagna, quoiqu'il soit évident que dessin et tableau appartiennent à
l'école du Francia, et même, suivant nous, à Francesco Viti, d'Urbin.
Mais, après que M. Morris Moore eut cru découvrir que son tableau était
446 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
de Raphaël , le dessin fut inscrit avec le non» de ce maître dans le cata-
logue des dessins de l'Académie de Venise.
Nous signalerons encore le fragment d'une légère esquisse de cinq
figures nues» sur le revers de laquelle on lit l'inscription suivante :
Che mi da iroDimo da bole
5 carlini la libra in ty. lib. 10 dale
Francesco orefice mi costo el simile e fa (h el verdazuro costo
cbarlini 3. s. 1 la libra dan. ispeziale e fu lib. 8 1/3.
Lo smalto sottile che mi vende el gudeo Cioegou. Yiniziano, in
Yeronia a monte giordano, vene la lib. charlini 4 Ij^ s. 1. El soUile
cbe mi mando M*> ieronimo fu lib. 4.
El gialatino a un charlino la libra.
Cependant il est impossible de reconnaître l'écriture de Raphaël sur ce
dessin qui n'est pas non plus de sa main, quoique cette écriture contem-
poraine ait quelque ressemblance avec la sienne. Xoyez^ dans l'ouvrage
de Gelotti, les planches IV et Y.
DANS LA GALERIE DES UFFICJ , A FLORENCE.
Le fonds de cette magnifique collection provient, en grande partie, des
princes de Médicis, quoiqu'elle ait été grandement enrichie jusqu'à nos
jours. Mais, comme, parmi tant d'excellents dessins, il s'en trouvait quel-
ques-uns non authentiques ou faussement attribués, on les a soumis, il y
a quelques années, à une louable révision, et on a fait un choix judicieux
qui, à la vérité, en réduisant le nombre des dessins attribués-à Raphaël»
n'a conservé comme tels que les œuvres originales du maître, à peu près
incontestables. Dans les années 1766 et 1774, Andréa Scacciati et Stefano
Mulinari ont publié un grand ouvrage in-folio, en deux volumes, sous le
titre : Disegni originali d'eccelleiiti Pittori esistenti nella R. Galleria
di Firenze, dans lequel a été faite une large part aux dessins de Raphaël.
Un troisième volume a paru depuis sous le titre : Istoria pratica deiriu"
cominciamento e progressi d^Ua Pittura, etc., da S. Mulinari (Firenze,
1778), 50 pi. in-folio, et, en dernier lieu^ un quatrième volume sous le
titre : Raccolta di venti disegni originali d'eccelleiiti Pittori ^ etc., da
S. Mulinari (Firenze, 1782). Ces deux derniers volumes, toutefois, ne
renferment point d'estampes d'après des dessins de Raphaël.
Les frères Alinari ont récemment fait des photographies d'après les
dessins de Raphaël que possède la collection de la galerie des Ufticj, et
Giuseppe Hardi, à Florence, a publié ces photographies.
1
EN ITALIE. 4t7
SiO^tfl de l'Ancien Teatanent.
402. Moïse frappe le rocher. — Six figures sont auprès de lui. Esquisse
pour la fresque des Loges. Dessiné à la plume sur papier gris, lavé à la
sépia et rehaussé de blanc. C'est un dessin traité rapidement» avec esprit.
11 a UD peu souffert.
403. L'Adoration du Veau d'or, — Esquisse pour les Loges, traitée de
même que la précédente. Dans ce dessin, Josué est derrière Moïse, tandis
que, dans la fresque, il est à côté de lui.
404. Les Frères de Joseph. — Au moment où ils veulent le descendre
dans la citerne. Onze figures. Légère esquisse à la plume. Ce dessin a
vraisemblablement été fait pour la série des Loges, mais il n'a pas été
exécuté. Petit in-4'*.
405. Le prophète Daniel. — Ëtude de la partie supérieure, pour la
fresque de l'église S. Maria délia Pace, à Rome. La tête, tournée à droite
et vue de profil, est de la plus grande beauté. Dans le haut de la feuille
se trouvent encore les esquisses des deux petits anges pour la même
fresque, et, dans le bas, le trait rapide pour la partie supérieure de la
figure d'un homme nu. Toutes ces études sont à la sanguine.
Sujets eu WouTean Testament.
406. Sain* Jean-Baptiste dans le désert. — Très-belle étude à la san-
guine, d'après nature, pour le tableau de la Tribune, à Florence, avec les
mêmes différences que celles de la gravure au clair-obscur de Hugo da
Carpi. Comme dans la gravure, le pied est plus étendu vers le bas que
dans le tableau, et, en général, d'un mouvement plus beau et plus libre.
Dessiné à la sanguine sur papier gris, et rehaussé de blanc. Malheureuse-
ment, la partie supérieure de ce dessin, surtout la tête, a beaucoup souf-
fert. Il porte l'estampille de la famille des Médicis. Petit in-folio.
On trouve une bonne copie de ce dessin, et traitée de la même manière,
dans la collection Albertine, à Vienne.
407. Groupe des femmes pour le Portement de Croix {lo Spasimo di
Sicilia). -— Etude à la sanguine, pour la Vierge, avec les deux femmes
qui la soutiennent à droite. Avec une étude de draperie pour la femme
agenouillée. Sur le revers de la feuille, une étude à la sanguine pour la
jeune femme debout qui joint les mains sur sa poitrine. Puis, le bourreau,
vu de dos, au côté gauche du tableau. Ici, il pose son pied droit sur une
légère élévation de terrain, ce qui rend son mouvement moins forcé que
celui de la figure dans le tableau. C'est un magnifique dessin, plein de vie
et d'esprit, traité avec le style le plus magistral. H a un peu souffert.
H.40"r";1.13"3'".
408. Esquisse pour la Mise au tombeau. — (Du palais Borghf se.) C'est
II. 27
418 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
le groupe du corps du Christ porté par deux hommes, la Madeleine^ une
femme^ saint Jean et un jeune homme qui, dans k tableau^ est devenu
un homme à barbe. Dans le dessin, au contraire, c'est le porteur à droite
qui a une barbe, tandis que, dans le tableau, il est imberbe. Cet intéres-
sant dessin à la plume est mis aux carreaux et a servi pour le trait sur la
toile. Raphaël semble, dans cette esquisse, avoir principalement cherché
la place et le mouvement des figures ; car 4es vêtements et les têtes sont
tout à fait négligés. H. W 9"'; 1. 11".
Gravé par S. Mulinari, n» 70. 1766.
109. La Vierge évanouie, — Devant le tombeau du Christ^ soutenue et
entourée par trois femmes agenouillées. A droite, saint Jean debout^ en
proie à la douleur. Légère esquisse à la plume, lavée à la sépia. In-folio
en largeur. Les contours portent encore les traces du calque.
Gravé par S. Mulinari, pi. XXXL 1774. Auparavant, A. Scacciafi avait publié c«
dessin, mais avec des cbangemenls dans le paysage, sous le n* 13 de son ouvrage
de 1766.
A Kedleston Hall, résidence de lord Scarsdale, se trouve un petit tableau
exécuté, d'après ce dessin, par un contemporain de Raphaël^et peut-être
par Domenico di Paris Alfani. H. 12" &"; 1. 10".
Gravé par C. Gregorj, 1759. Plus lard, en 1778, ceUe même estampe a repara
dans l'ouvrage de John Boydcll : Collection of Paintingt, etc., t. lY, n* 82. —
Landon, u* 432.
Une répétition de ce petit tableau, mais beaucoup plus faible, est dans
la possession du duc de Devonshire, à Londres.
110. Le Christ aux limbes. — Trois et quatre figures sont aux côtés du
Christ. Vers Tune d'elles, il étend la main en signe de bénédiction. Esquisse
à la plume dans un rond. 7" 4'" en diamètre.
Gravé par S. Mulinari, pi. lY, n» 14. 1774.
111. L'Apôtre saint Faul prêchant à Athènes. — Avec cinq autres figures
de cette composition pour la tapisserie. Saint Paul, ici sans barbe, se tient
à gauche; deux figures derrière lui; puis^ dans le milieu de la feuille^
deux des hommes du fond, et, à droite, la figure de Denis l'Aréopagiste
montant les degrés. Très-spirituelle étude à la sanguine, où le maître a
eu principalement en vue le mouvement des personnages et le jet des plis.
s. Mulinari a publié les trois premières figures , pi. XIX , n» 74 , dans son
ouvrage de 1773.
Saintes Famlllei et M adonei.
112. La^Herge, — Pour la Grande Sainte Famille du Louvre (1518J.
L'enfant Jésus n'est que légèrement indiqué ; mais la tête de la Vierge,
d'une beauté toute raphaélesque, est délicatement traitée, et la draperie
est très-terminée ; puis^ le motif du bas de la draperie de la manche et la
BN ITALIE. 4)9
poitrine sont répétés sur la même feuille et dessinés à part. On yeut
reconnaitre^ dans la tète de cette Vierge^ le portrait de la maîtresse de
Raphaël. Cette précieuse étude^ à la sanguine^ a i2" 9"' de haut et 8"
de large. ^
113. Venfant Jésus. — Du même tableau. Étude à la sanguine, pleine
de vie et de vérité. Une copie de ce dessin a figuré dans la collection de
La Haye.
114. La Vierge. — Agenouillée près d'un tertre, sur lequel elle lient le
petit Jésus assis. Celui-ci, qui se penche^ étend la main droite vers le
petit saint Jean^ à gauche^ qui, agenouillé et tenant une petite croix dans
la madn gauche, paraît lire sur une bande de parchemin qu'il tient de la
main droite. Pour fond , un riche paysage avec une rivière. Spirituelle
esquisse à la plume pour le petit tableau qui est dans la galerie du prince
Eszterhaiy, à Vienne. H. 10" 6'" ; 1. 6" 10'".
Gravé par S. MDlioari, 1784. — Lith. chez E. Vogel, à Francfort-sar-Mein.
115. L'enfant Jésus. — Sur les genoux de la Vierge. Légère esquisse à la
plume, dans la manière du Pérugin. L'enfant Jésus ( qui dans sa pose a
quelque ressemblance avec la ligure de la Madone du duc de Terranova)
est plus indiqué que le reste, ainsi que la draperie sur les genoux de la
mère. A côté, il y a encore une étude de draperie.
116. la tète d'une Vierge. — Et la partie supérieure de l'enfant; puis
une tête d'ange. Étude consciencieuse à la plume, rappelant encore la
manière du Pérugin. Au côté gauche, il y a, de plus, la demi-figure du petit
saint Jean, dessinée à la sanguine , mais on ne saurait dire si cette ligure
n'est pas. d'une main étrangère; elle a du moins étéretravaillée. Sur le
revers de la feuille, on voit encore une tête de Vierge dessinée à la plume
avec grand soin^ et ayant une certaine ressemblance avec la Madonna
del Granduca.
117. Une Vierge cissise. — Tenant l'enfant Jésus sur les genoux. Le
petit saint Jean, venant du côté droit, apporte un agneau qu'il embrasse^
et vers lequel l'enfant Jésus étend aussi ses bras. Belle esquisse légère,
dans la manière florentine de Raphaël.
118. La Vierge vue de face. — Ayant sur ses genoux l'enfant Jésus qui
se tourne vers elle. Rapide esquisse à la plume.
119. Plusieurs Vierges avec des Enfants. * — Légères esquisses à la
plume. L'une d'elles a de la ressemblance avec la Madone de Bridgewater,
seulement les jambes^de l'enfant sont autrement tournées. Sur le revers
de la feuille, il y a encore l'esquisse d'une figure de femme qui rappelle
la pose de la Vénus de Médicis.
120. La Vierge au Poisson. —Légère esquisse à la sanguine, composée
d'après des modèles vivants, afin d'avoir une indication juste de l'agen-
cement et du mouvement des figures, La Vierge est dessinée d'après une
420 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
femme de la bourgeoisie, avec une étoffe autour de la tête, et^ pour TEn-
fant, seulement riodicatioD de la pose. Ce dessin, qui ne rappelle que de
loin la manière spirituelle et savante de Raphaël, est, en tout cas, trop
peu satisfaisant pour que Mai*c-Antoine ait pu exécuter sa planche d'après
une* pareille esquisse, ainsi que le suppose M. de Rumohr, dans les
Italienifichen Forschungen, t. 111, p. 127. Dans la succession de Sir Th.
Lawrence, il s'est trouvé un dessin de cette composition, au bistre, mais
qui n'était pas plus authentique que celui-ci.
lâl. La sainte Vierge assise à terre. — Vue de profil, posant sa main
sur sa poitrine. L'enfant Jésus, assis sur les genoui de la Vierge, appuie
sa tête sur le sein de sa mère. Légère, mais belle esquisse à la plume.
422. La sainte Vierge. — Vue de face, accroupie à terre, les mains po-
sées sur ses genoux, elle contemple pensivement le petit Jésus, qui, assis
à côté d'elle, tient un livre ouvert devant lui. Cette composition, pleine de
naïveté et de grâce, semble avoir été prise sur le fait, et elle est dessinée,
avec une grande délicatesse, à la pointe d'argent, sur papier gris perle, et
rehaussée de blanc. Petite feuille.
123. Sainte Famille. —La Vierge, agenouillée, soulève le voile qui couvre
l'enfant Jésus, couché à terre, étendant les bras vers sa mère (le mouve-
ment de l'enfant a de la ressemblance avec celui de la même figure dans
le tableau de la Madonna di Loreto). Derrière le groupe, saint Joseph s'ap-
puyant sur son bâton, et un bœuf montrant la tête à l'entrée de l'étable.
Ce dessin, cintré dans le haut, est exécuté sur papier gris, à la pointe
d'argent, et rehaussé de blanc. Les contours ont été piqués pour faire un
calque. H. 6" 4'"; L 4" 9"'.
124. La Vierge agenouillée auprès d*un berceau. — Elle tient sa main
gauche sur sa poitrine, en étendant l'autre vers le berceau. Légère esquisse
à la pointe d'argent. IL 3" 2"' ; 1. 2' 8'
t»tt
Snjets de Saiiiifl.
125. Saint George à cheval. — Vainqueur du dragon. Sans fond. Spiri^
tuelle esquisse à la plume, pour le petit tableau du Louvre. H. 9" 10'";
L 8".
Gravé par S. Hulinari, pi. IV, n* 58. 1774.
126. Saint George à cheval. — Tuant le dragon avec sa lance. La prin-
cesse est agenouillée dans le fond du paysage. Spirituelle esquisse, pour le
petit tableau à Saint-Pétersbourg. Les contours ont été piqués pour le
calque. H. 10"; L 8"!'".
Gravé par S. Mulinari, pi. XXXVIL 1774.
EtqolMes pour des peintures an VatiesD.
127. La Philosophie.— Fï^re allégorique ayant à ses côtés deux petits
EN ITÂUE. 491
génies qui tiennent une tablette. Esquisse à la plume, pour la grisaille
au-dessous de la figure de Pallas dans l'École d'Athènes. Sur la même
feuille, il y a encore, à droite, l'étude d'une draperie pour la figure de
femme tenant un livre. H. 41" 2"* ; 1. T T\
s. Mulînari a publié, en 1778, ce dessin comme étant de Léonard de Vinci.
N» 42.
La figure allégorique gravée par Marc-Antoine. Bartsch , t. XIY, n* 381.
428. Quelques-uns des petits anges de la fresque de la Dispute du Saint'
Sacrement.^A gauche, sur lamêq[^e feuille, une étude de la poitrine et du
bras d'un homme. A droite, un ange. Sur le revers, une femme debout.
Toutes ces esquisses sont à la sanguine.
129. La Délivrance de saint Pierre, — Dans ce dessin, saint Pierre a la
tête tournée et regarde en dehors de sa prison. Le côté gauche, où sont
les cinq gardiens, ofTre des dilTéreuces avec la fresque, mais l'ensemble
est analogue. Légèrement esquissé à la plume, lavé à la sépia et rehaussé
de blanc. Petite feuille qui a beaucoup souffert.
430. La Porteuse d'eau de l'Incendie du Bourg. — Un peu à gauche, il
y a un fragment de la femme qui apporte de l'eau. Figures vêtues, pleines
de vie et magistralement traitées à la sanguine.
8iiJ«i« mjiholoylfiiies.
131. Hercule combattant trois centaures, — < Très-spirituelle esquisse à
la plume^ remplie de vie, et de la plus grande beauté de composition. Sur
le revers, il y a encore quelques esquisses, mais qui ne sont point de
Raphaël. On y lit : Raffaello. Petit in-4».
432. Une figure ressemblant à la Vénus de Médicis. — Avec de longs
cheveux. Beau dessin à la plume. A gauche, une rapide esquisse de figure
de fenffne. Revers du n*' 120.
133. TJn Enfant assis sur un dauphin, — Rapide esquisse à la plume,
qui est répétée plusieurs fois avec quelques changements sur le revers
de la feuille. Dans le haut, le plan, à la sanguine, d'une maison ou de
plusieurs chambres, avec l'indication des mesures.
134. Léda, ~~ Elle est assise sous un arbre et tient de la main droite la
tête du cygne couché à ses pieds. Auprès d'elle sont couchés ses enfants,
Castor et PoUux. Sur le revers, le même sujet avec quelques changements.
Beau dessin à la plume, mais qui cependant nous semble être d*un élève
de Raphaël.
Grav. par Mulinari, pi. XXXIII, n« 120. 1774.
ftnjeto de l'HUtoIre profane.
l.'iS. Esquisse de la première peinture murale, pour la Libreria de la
cathédrale de Sienne, — Laquelle fut exécutée par Bemardino Pinturic-
An CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
chio; représentant Eneas Sylvius Piccolomini partant pour le concile de
Bâle, en compagnie du cardinal Domenicus da Capranica. Ce dessin diflere,
en beaucoup d'endroits, de la peinture, et surtout dans la Ggure princi*
pale du jeune Eneas Sylvius, qui pose ici sa main droite sur la hanche^ et
qui est en costume de voyage. Dans la fresque, au contraire, il est cou-
vert d'un ample manteau et coiiïé d'un chapeau à larges bords, et tient
une lettre dans la main droite. Le fond aussi est ici très-différent et bien
plus grandiose. Raphaël a écrit, de sa propre main , sur ce dessin : La
historta è qtiesta che MS. enea era in la comitiva de MS. Domenicho da
Capranica el quale era fatto Cardinale e non publicato quando el deito
andava in Basilea al concillip e intrato in mare al porto a Talamone e
essendo per intrare nel porto de Genova fu assalito da la tempesta e baitvto
fino in Libia. Près de la figure du cardinal à cheval, Raphaël a encore
écrit : MS. Domenicho du Crapanicha. (La transposition de IV, CrapanicJta
pour Capranica f se retrouve souvent dans des dialectes populaires de
ritalie.)Cet intéressant dessin a malheureusement beaucoup souffert. Il est
exécuté à la plume, lavé au bistre et rehaussé de blanc, de m(^nte qu'un
autre dessin pour les peintures de Sienne, qui se voit dans la maison
Baldeschi, à Pérouse. U. 26"; 1. 15" 6"'.
1.36. La Peste, nommée il Morbetto. — Représentation allégorique
de la peste chez les Phrygiens, que Marc-Antoine a gravée d'après un
dessin de RaphaëL Bartsch, t. XIY, n<>^i17. Ce dessin, absolument sem-
blable à la gravure, est exécuté à la plume avec le plus grand soin, lavé
au bistre et rehaussé de blanc, très-terminé dans toutes ses parties, et d'un
fini qui ne se rencontre pas d'ordinaire dans les dessins authentiques de
Raphaël. Il se trouvait autrefois dans la collection du cardinal Albani, à
Rome, et il a été gravé, en contre-partie, par Francesco Aqiiila. Plus tard,
il était en la possession des marchands d'objets d'art Bardi et C*, mai vou-
lurent le faire graver de nouveau par Raphaël Morghen ; mais cet artiste
mourut avant Tachèvement de la planche. Le dessin a souffert. H. 7" 3'";
1. 9" 3'".
Dans la collection de Florence se trouvait autrefois une esquisse du
groupe de la mère morte et de l'enfant qui cherche son sein, avec trois
autres figures; et, de plus, à part, un enfant mort, couché, du Massacre
des Innocents. Il est probable que cette esquisse n'a pas été jugée originale,
puisqu'on ne la montre plus. Toutefois nous l'indiquons ici, parce que
S. Mulinari l'a gravée, pi. Il, n° 6, 1774.
A la vente de C. Ploos van Amstel, à Amsterdam, on vendit, en 1800,
un dessin du Morbetto, pour 24 florins. C*est vraisemblablement le même
dessin qui passa, depuis, de la collection Lawrence dans celle de La Haye,
et qui, de cette dernière, est retourné en Angleterre.
EN ITALIE. 423
£tvde« et PoHralU.
137. Étude de draperie,^ Esquisse d'une draperie posée sur des genoux.
A la pointe d'argent et rehaussée de blanc. Petite feuille.
138. Belle tète de jeune fille. — Yue de profil, tournée à gauche et un
peu penchée vers le bas. Légère esquisse d'après nature.
139. Tête de femme. — D'un âge mur, de grandeur naturelle et vue pres-
que de face. Des amateurs ont voulu y reconnaître la maîtresse de Raphaël.
Quant à nous, cette supposition nous semble tout à fait erronée, et nous
doutons même de l'authenticité du dessin. La façon de faire, à la san-
guine^ avec des hachures croisées, n'est pas celle de Raphaël. Le papier
a été très-rogné, et la tête seule est conservée.
140. Plan de la chapelle Chigi, dans l'église de S. Maria del Popolo, à
Rome. — Esquisses à la plume. Dans le haut de la feuille, on lit, écrit de
la main de Raphaël : « Locho p. lo spitale. d A droite, au long : «c Muro
comune. » A deux tiers de la feuille, au milieu : a Cupola vano p.
(palmi) 88. » Et à droite de la feuille, la note suivante, qui se rapporte à
la coupole : « Questo si puo voltare in dua modi ; cioe el primo di pocha
spesa, chel sexto délia copula sia principiata in sul medesimo piano délia
iroposta delli arcfaoni ; e si domanda detta volta a vêla. Lo secondo modo
si e fare una comice in cima allt archi redutta al perfetto tondo, e sopra
a questa fare tanto diretto , che si possa cavare li lumi di quella sorte
che tu vuoi, o fineslre overo ochij tondi, e sopra li detti lumi fare un altra
comice al tondo dove principii a voltare la cupola. Ma prima darli tanto
diritto, quanto ellagietto (aggetto) délia cornice una volta mezo. » Au
revers de la feuille est dessinée la coupe de la chapelle, avec cette indi-
cation : c( Capella di Agostino Chigi ch'eh [sic) nel Copolo, a Roma. ï>
A l'académie des BEAtX-ARTS, A FLORENCE.
i41 . Carton de la Vierge avec V Enfant endormi, — La Vierge, accroupie
à terre, soulève le voile qui couvre l'Enfant à gauche pour le faire voir au
petit saint Jean, qui le montre du geste avec joie. Dessiné à la pierre noire
et rehaussé de blanc. Les contours ont été piqués pour le calque. Ce dessin
a malheureusement souffert, et il est beaucoup retravaillé. H. 2' 6"; 1. 2*.
Cet intéressant carton est exécuté avec soin à la pierre noire , et paraît
avoir servi pour la petite Vierge de lord Cooper.
Grav. par F. Ravano, poar la Galleria deîle Belle Arlidi Firenze, sous la dénomi-
nation de Madanna del Veto,
L'Académie possède, en outre, un troisième carton attribué à Raphaël.
a.) La Sainte Famille, nommée la Madonna délia Gatta. Cette esquisse,
à la sépia, est si faible de dessin, que Ton peut, sans hésiter, quoique la
composition soit du maître, Tattribuer à l*un de ses élèves.
àu catalogue des dessins de haphael
6.) La Vierge assise^ avec TenfaDt Jésus sur les genoux. Ce dessio^ plus
intéressant que le précédent et eiécuté avec soin à la pierre noire^ est un
joli ouvrage de Filippiuo Lippi.
DANS LA GALERIE CORSINI, A FLORENCE.
142. Carton du portrait du pape Jules lï. — Il est exécuté à la pierre
noire et piqué aux contours pour le calque. Il provient vraisemblable-
ment de la succession du cav. del Pozzo , et fut acquis du cardinal Neri
Corsini. Voyez la lettre de P.Mariette à Boltari^ dans les Lettere pittoriche,
t. IV, p. 545.
Un dessin d'après le portrait^ à la sanguine^ se trouve dans la coile<^tioD
du duc de Devonshire^ à Cbalsworth.
A SâINT-JEAN de LATRAN, a ROME.
143. Carton pour la Madone de la maison d'Albe, — Ce carton, qui se
trouve dans la petite sacristie de cette église, est de la même grandeur
que le tableau, mais carré de forme. Dessin à la pierre noire et rehaussé
de blanc. Il a malheureusement souffert, et il est fortement restauré. Ou
ignore quand et comment il est devenu la propriété de cette église. Ou le
trouve cité pour la première fois par J. Ricbardson.
DANS LA VILLA PAMFUJ , A ROME.
144. A^oé fait bâtir V arche, — Esquisse pour la fresque dans les Loges.
A la pierre noire et rehaussée de blanc. Ce dessin étant fortement retra-
vaillé, il est impossible d'établir sou authenticité. H. 8" 6'"; 1. 15".
DANS LA BIBLIOniÈQUË AMBROISIENNË , A MILAN.
145. Le carton pour l'École d'Athènes (H. 8' 6" 5'"; 1. 2i' 6" 3*"). —
La partie supérieure de l'architecture manque, ainsi que les figures
d'Apollon et de Minerve. Signalons les différences principales qui existent
entre le carton et la fresque : nous ne trouvons pas ici, dans le groupe infé-
rieur à gauche, la figure du philosophe assis (Heraclite), qui s'appuie sur
le coude. En ajoutant cette figure dans la fresque, non-seulement Raphaël
donna plus de liaison au groupe où il Ta mise, mais encore il compléta
son sujet, représentant ainsi une nouvelle école de la philosophie antique.
Le jeune homme, vu de profil derrière Archylas, est représenté, dans le
carton, la^ête nue avec les cheveux tombant sur les épaules à la mode
des jeunes gens. De l'autre côlé, dans le groupe inférieur à droite, ou
cherche en vain les portraits de Raphaël et du Pérugin, qui sont pourtant
dans le tableau , et l'on remarque aussi que Ptolémée ne tient pas en
EN ITALIE. 425
main le globe terrestre. Dans le haut du fond à gauche^ ou ne voit pas
encore la figure qui fait un mouvement de bras dirigé vers sa tête, ni les
deux figures qui marchent derrière le groupe des auditeurs d'Aristote.
11 ressort de ces observations que Raphaël s'efforça, dans l'exécutioi) du
tableau, de donner plus de variété à sa composition, plus de consistance
à son sujet et plus d'ensemble à ses groupes.
Le carton est dessiné au fusain, terminé à la pierre noire et rehaussé de
blanc. C'est le cardinal Carlo Borromeo qui l'avait apporté à Milan, et
Federico, parent de ce cardinal, en fit don à la bibliothèque Ambroi-
sienne. Lors des guerres de la Révolution, il sortit d'Italie avec les autres
objets d'art qu'on envoyait à Paris, et il fut exposé dans la salle d'Apollon,
au Louvre, jusqu'à ce qu'il retournât à Milan, après le traité de paix
de 1815.
446. Fragment du carton pour la Bataille de Constantin. — C'est le
groupe à droite de Constantin, avec les deux cavaliers qui tiennent des
têtes coupées, et le soldat qui, de la main droite, désigne Maxence. On
voit aussi le cavalier, étendu à terre, qui se défend contre un guerrier, et,
derrière eux, quelques archers et soldats au fond. Quoique ce fragment
ait beaucoup souffert, on reconnaît pourtant cette exécution magistrale
qui ne permet pas de douter que cet ouvrage n'ait été exécuté par Raphaël
lui-même. H. ^ 4" 9'"; 1. T 8" 4'".
147. Deux cavaliers. — Celui de devant, presque vu de dos, est lancé
au galop; le second, la tête couverte d'un casque pointu, court après lui
à toute bride. Sur la même feuille, à gauche, est encore indiquée la tête
d'un cheval. C'est le fragment d'une esquisse à la plume, un peu lavée.
Ce dessin est plein de vie; d'après la manière de faire, on peut le re-
garder comme un ouvrage de la jeunesse de Raphaël, et le dater de
1505. H. 8"; 1.10" 6'".
148. Étude de draperie pour la figure de la Vierge dans la Dispute du
Saint-Sacrement. — Rapide, mais beau dessin à la pierre noire, rehaussé
de blanc.
149. Esquisse pour la partie supérieure de la même fresque, — Ce sont
seulement de légères indications pour les figures suivantes : Dieu le Père,
le Christ avec la Vierge , saint Jean et quelques autres saints. Revers de
la feuille précédente.
150. Un des Dioscures. — Il retient un cheval par la bride. D'après l'an-
tique qui est au Capitole. Dessiné largement à la plume, dans la manière
de Raphaël. Sur le revers, il y a encore une esquisse d'après un relief an-
tique^ représentant un dieu marin et quelques autres figures.
AU MUSÉE ROYAL DE NAPLEâ.
151. Moïse devant le buisson arci&n^— Fragment de carton pour la fres-
426 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
que de la seconde chambre du Vatican. C'est seulement la figure de Mc»Ise,
magistralement exécutée au fusain et à la pierre noire, et rehaussée de blanc.
Il n'est pas possible d'unir dans un style aussi large et aussi élevé plus
de vivacité, plus de sentiment, plus d'expression à plus de véritable science
du dessin. Il est seulement à regretter que ce carton, originairement com-
posé de beaucoup de fcuifles de papier ajustées ensemble, ait souffert à
ce point que des morceaux qui manquaient sont refaits à neuf, et que
d'autres qui étaient eiïacés ont dû être fortement retravaillés. Par ban-
heur, la tête du Moïse est très-bien conservée. Ce carton provient de la
collection Farnèse.
Grav. par J. Mori, in-i% pour les Biatrélidi Napoliedel ngno,
452. Carton pour la Sainte Famille de Naples. — C'est la composition
que Raphaël exécuta pour Leonello da Carpi. Ce carton, traité à la pierre
noire et rehaussé de blanc, a été retravaillé; le côté gauche entièreoient
refait. Il provient également de la collection Farnèse.
453. La Mise au tombeau, — Winkelmann fait mention de ce dessin
{qui était de son temps dans le musée royal Farnèse, à Naples], dans lequel
le peintre a donné à la figure du Sauveur la beauté d'un jeune héros
imberbe. Actuellement ce dessin n'est plus exposé dans les galeries,
ainsi que quelques autres attribués alors à Raphaël, et dépossédés peut—
être maintenant de cette attribution hasardée.
DANS LE COUVENT DE MONlï CASSINO.
154. Portrait de Raphaël, dessiné par lui-même, à Tâge de trente ans
environ. — * Il est vu de trois quarts à peu près et tourné à gauche. La tête
est couverte d'une barrette. Il n'a point de barbe ; les cheveux sont longs
et tombent sur les épaules. Presque de grandeur naturelle. A la pierre
noire. Malheureusement ce n'est qu'un débris du dessin original, puisqu'il
y manque la partie supérieure de la barrette » les cheveux du côté droit
et toute la partie inférieure de la fîgure, à partir du cou ; de plus, le dessin
a beaucoup souffert; mais néanmoins c'est une relique précieuse, qui nous
donne le portrait du maître dans un âge déjà plus mûr, lorsque ses traits
étaient entièrement formés. L'aménité, qui était le propre de son carac-
tère, apparaît ici jointe à l'expression d'un esprit transcendant et d'une
âme profondément sensible. Dans le bas de la feuille, on lit ces mots :
Ritratto di R, S. V. fatto da se stesso^ Et sur le revers : Ritratio di Raffaeh
mono pro^a. H. 18"; 1. 7".
AU PALAIS DU COMTE RANGHIASCI, A GUBBIO.
155. Dieu le Fére sépare la lumière des ténèbres, — Spirituelle esquisse
1
EN ITALIE. 427
pour la fresque des Loges. Dessin à la plume ^ lavé à la sépia et rehaussé
de blanc. Iii-4^.
II y avait une copie de ce dessin dans la succession Lawrence^ à Londres.
AU PALAIS FILIPPO DONNINI, A PÉROUSE.
156. L'Adoration des Mages. — Spirituel dessin à la plume pour le petit
tableau de la predella du Couronnement de la Vierge, qui est actuellement
au Vatican. Sur le revers, on lit : Fiîippo Donini. H. 8" 3"'; 1. 12" 3'
tfff
BANS LA MAISON LODOVICO BALDESCHI , A PÉROUSE.
157. Le Mariage de V empereur Frédéric lU avec Éléonore de PorUigaL
— Dessin pour la fresque qui est à la Lihreria de la cathédrale de Sienne.
L'empereur, allant au-devant de sa royale fiancée, lui prend la main
droite 9 tandis que le cardinal Eneas Sylvius, debout au milieu, leur
touche les épaules comme pour les réunir. Tout auprès et derrière l'em-
pereur, six hommes et trois cavaliers de sa suite; à droite, auprès
d'Êléonore, quatre femmes et trois hommes; et, plus en arrière encore,
six cavaliers. Au fond, à gauche, plusieurs cavaliers et beaucoup de
lansquenets, auprès de la colonne qui fut érigée, en souvenir de ce fait,
devant une des portes de Sienne. Dans le lointain , on voit la mer entre
deux collines, avec le vaisseau qui amena la princesse en Italie. Ce dessin,
traité avec infmiment d'esprit, est du plus grand effet ; les expressions des
tètes sont parlantes, les chevaux pleins de feu ; les vêtements reproduisent
les costumes du temps avec beaucoup de goût, et ne sont pas surchargés
d'ornements, comme ils le furent plus tard dans la peinture exécutée par
le Pinturicchio. Dans ce dessin, toutes les figures prennent part à la cé-
rémonie, tandis que dans l'exécution il a fallu introduire beaucoup de
portraits de Siennois distingués, qui, dans tous leurs mouvements comme
dans l'expression de leurs physionomies, semblent tout à fait étrangers à la
scène où ils tigurenL Le Pinturicchio, qui était loin de posséder, comme
Raphaël, le sentiment des lignes, changea aussi le paysage pour y placer
en perspective différents édifices de Sienne. Toutefois, ces changements
semblent prouver que Raphaël ne fit point ces compositions à Sienne
même, où il lui eut été facile de satisfaire tout de suite aux exigences de
la commande. Dans le haut de la feuille , Raphaël a écrit de sa main :
Questa e la quinta..,. Le reste est effacé et tout à fait illisible. Dessin à la
plume, légèrement lavé au bistre et rehaussé de blanc. La feuille^ pliée
en quatre, s'est déchirée en plusieurs endroits et a été mal raccommodée*
H. 21"; I. 15".
Les dessins suivants, qui se trouvaient encore en Italie en 183^(, ont été
vendus sans que nous sachions en quelles mains ils ont passé depuis.
438 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
DANS LA COLLECTION DU CHEVALIER CAMUCCINI, A ROME.
i58. La Mise au tombeau. — Le corps du Christ est apporté par trois
liommes qui vont le déposer dans un sarcophage. L'un le tient par-des-
sous les bras, les deux autres ( un jeune homme à gauche et un homme
barbu à droite) le soulèvent dans un linceul. La Vierge, au fond de la
grotte, s'évanouit et s'appuie sur une des femmes, tandis que l'autre con-
temple la plaie dans le flanc du Christ. Au premier plan , la Madeleine
se penche pour baiser les pieds du Sauveur. Dans le haut de la grotte
sont écrits en hébreu les versets 52 et 53 du xxiii* chapitre de l'Evangile
selon saint Luc. Très-beau dessin à la sépia. H. 6" 5"' ; 1. 5".
Ce dessin était autrefois dans la collection du comte Arundel, en Angle-
terre; il appartint ensuite au prince Borghèse, à Rome, et plus tard au
chevalier Camuccini, chez qui nous avons été assez heureux pour pouvoir
l'admirer. Plus tard encore il retourna en Angleterre^ ayant été acquis à
un prix très-élevé par Sir George John Wamou.
La collection de l'archiduc Charles, à Vienne, en possède une belle
copie au bistre. '
Gravures d'après ce dessin.
Par Lucas Yorstermano , petit in-4* ; en contre-partie, avec celte inscription :
O trùtet animœ, elc.j et Maria Magnœ Brilanniœ $er, Reg. hùfe Christi corporis Aim
miali$ a Luca Vorttermaw) in ae$ incisa D, D, Ex. Arundeliana penu deprompla a
Raphaello Vrbin, detin. Cumpriv. Reg. exe. 1628. — Cornel. Galle, dans un ot;lo-
gone, petit in-8*. — F. Lonsing fecit, 1768, petit in-4% avec cette inscription :
UumiliavU iemetipium faelut obediem utque ad morletn. EpitL S. Fauli ad Philip.,
cap. 1/, V. 8. — F. A. Krebs., Mog., 1750, pet. in-4*. — Micb. van Lochom, petit
in-4*. En contre- partie. ~ Jean Yolpato, petit in-4*. Quelquefois imprimé en
rouge. — Merckel, Landshuth, 1772, 3 avril. Médiocre planche, pet, in-4*. — Par
un anonyme, pet. io-40, avec l'inscription hébraïque du rocher : Raph, Vrb. inv.
— Par un autre anonyme, à l'eau -forte. Faible estampe sans l'inscription hé-
braïque et sans le nom de Raphaël. Contre-partie. — Lith. par F. Rehberg. —
Landon, Vie et œuvret de Raphaël^ n* 298.
159. La tête d'une Madone, — A la pointe d'argent.
DANS LE CABINET DU CHEVALIER BENVENUTI , PEINTRE A FLORENCE.
IGO. Le petit saint Jean, — Il est agenouillé^ dans l'attitude de pré-
senter des fleurs à renfaul Jésus. A la pointe d'argent. H. 4" 3'"; 1. 3" 11"'.
161. Figure cfc femme nue, — Assise à terre. La tête d'un enfant et
trois esquisses pour un enfant Jésus^ qui^ couché, étend les mains vers sa
mère. Dessin sur une feuille de papier d'un ton rougeâtre . H. 4" S'"; 1. S" 8"'.
DANS LE PALAIS DU COMTE GIULIO CESARI, A PÉROUSE.
162. Le Christ dcvarit Uérode, — Esquisse à la plume ^ et figures nues,
EN ALLEMAGNE. 429
de l'époque florentioe de Raphaël. In-folio en larg. Ce dessin, depuis que
Dous l'avons vu , aurait été ^ dit-on , envoyé à Rome et vendu dans cette
ville.
DANS LA MAISON GAVACEPPl , A PÉROCJSE.
163. Sainte Famille. — La Vierge avec l'enfant Jésus, sainte Élisaheth,
le petit gaînt Jean et saint Joseph^ forment un groupe en pyramide. Dessin
à la plume, lavé à l'aquarelle , et rehaussé de blanc. Selon VAntologia
pittorica (p. 69) et la Guida al Forestière per la città di Perugia (1784,
p. 258), ce doit être un dessin très-remarquable de Raphaël, dans sa se-
conde maDière. C'est vraisemblablement la composition qu'il peignit pour
Domenico Canigiani. D'après les indications de Pungileoni (p. 289), ce
dessin ne serait qu'un calque du dessin original qu'on croit perdu ^ L'ar-
cbevêque Berioli, à Urbin, a possédé ce dessin, qui lui venait de l'audi-
teur Filippo Cavaceppi, et il en fit présent lui-même, en 4818, à la prin-
cesse de Galles.
BANS LA MAISON GIO. BATTISTA CECCOMANI , A PÉROUSE.
164-. Carton pour la demi-figure d'une Vierge avec l'enfant Jésus. —
Selon la Guida al Forestière per la città di Perugia (1784, p. 241), le
tableau original, sur bois, peint d'après ce dessin, aurait été au palais
Borghèse, à Rome. Cest le carton pour le tableau de Madone que possé-
dait M. Rogers, à Londres, et dont il se trouve une copie par Sassoferrato
dans la galerie Borghèse. Ce carton fut acheté à Pérouse pour l'Angle-
terre, et se trouvait, en 1843, en la possession de M. Colnaghi, à Lon-
dres^ qui, comme nous l'avons dit plus haut, en fit exécuter un fac-similé
par Th. Fairland, grand in-fol.
DESSINS DE RAPHAËL EN ALLEMAGNE.
DANS LA COLLECTION ALBERTINE, A VIENNE.
Cette collection, une des plus riches qui existent, est un legs du duc
Albert de Saxe, Teschen, à l'archiduc Charles ; elle se trouve actuellement
en la possession du fils de ce dernier, l'archiduc Albert. Une grande partie
I. Un dessin original provenant de la maison Caraceppi , pour cette Sainte Famille, mais
sans le saint Joseph, se trouve dans la collection de l'arcfaiduc Charles, à Vienne.
4)0 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
des dessins de l'école italienne provient du cabinet du prince Charles de
Ligne et de différentes ventes faites en Hollande. — Adam Bartsch, Fer-
dinand Ruschweyh et Charles-Antoine Favart en ont gravé plusieurs. Des
fac-similé lithographies sont contenus dans le précieux ouvrage que
Ludwig Forster a publié à Vienne sous ce titre, en allemand : Copies
lithographiées d'après des dessins originaiix d'anciens et célèbres maîtres
italiens, tirés de la collection de Son Altesse Impériale l'archiduc Charles
d'Autriche. (A Vienne , chez Mannsfeld et Comp.) — Le premier volume^
composé de 80 planches^ est terminé depuis l'année 1835 (ainsi que le
volume renfermant les dessins d'après les maîtres des écoles des Pays-
Bas et de l'Allemagne). La continuation de ce bel ouvrage se prépare.
Les frères Alinari ont photographié les dessins de Raphaël de cette
collection, et Giuseppe Bardi, à Florence, va les publier avec une dédi-
cace à S. A. R. le prince Albert d'Angleterre.
Nous avons emprunté beaucoup de précieux renseignements sur Torî-
gine des dessins au catalogue manuscrit d'Adam Bartsch, que nous avons
eu le bonheur de consulter en i 835. C'est donc grâce à la générosité de
l'auguste propriétaire de la collection Albertine, ainsi qu'à la bienveil-
lance de feu M. le directeur Rehberger et de MM. les inspecteurs de ce
musée, que nous avons pu donner le catalogue détaillé des dessins de
Raphaël que possède cette belle collection.
Sajets de PAnclen Testament.
165. Abraham se prosternant à terre devant les trois Anges, — Sara est
debout derrière la porte. Légère esquisse à la plume, pour la fresque des
Loges au Vatican. Sur papier d'un ton brunâtre, lavé à la sépia et rehaussé
de blanc. H. 7" 2"'; l. 9" 1'". Collection de la Noue et A. Rutgers; acquis
au prix de 11 florins.
Grav. sur bois, au clair-obscur, par A. M. ZaDetli.
166. Jacob à la fontaine, auprès des filles de Laban. — Esquisse pour la
fresque des Loges. Très-beau dessin à la plume sur papier brunâtre, lavé
à la sépia et rehaussé de blanc. H. 8"; 1. 9". Collection J. Walraven à
Amsterdam ; vendu 46 florins.
Grav. sur bois, au clair-obscur, par A. M. Zanetti. — A l'aquatinta, par H. Be-
nedicti, in-4*>.
167. Joseph expliquant le songe à ses frères, — Esquisse pour la fresque
des Loges. Dessin largement traité à la plume, sur papier gris, lavé à la
sépia et rehaussé de blanc. H. 8" 7'"; L 12". Collection du duc d'Ursel.
Grav. par un élève de Marc-Antoine. Bartsch, t. XY, p. 10, n" 5. — Bôatrizet,
1541. Bartsch, t. XY, p. 244, n« 9. — Par un anonyme, in-8*.
Dans la succession du peintre Lawrence à Londres, ii s'est trouvé égale-
ment une belle copie de cette composition.
EN ALLEMAGNE. 4&1
168. La Chute des murs de Jéricho. — Légère esquisse i la plume.
H. 9" 9'"; i. 13" y. Si, dans ce dessin pour la fresque des Loges, cer-
taines parties sont de la main de Raphaël, les autres toutefois accusent
une main étrangère.
Lithogr. par F. Eybl.
169. David vainqueur du géant Goliath, — Spirituelle étude à la pierre
noire pour la fresque des Loges. Ce sont seulement les deux figures de
David et de Goliath avec le guerrier à droite. H. 9" 6'"; 1. 12" 6'". Un
beau dessin au bistre du groupe principal est conservé dans la collection
de Flprence. Sur le revers, en esquisse, le groupe des apôtres, de la Mort
d'Ananie. Mais ces deux esquisses ne semblent être que des études d'après
Toriginal.
170. L'Annonciation. — La sainte Vierge se relève et se tourne avec
humilité vers Tange qui vient à elle. Dans le haut, Dieu le père et le Saint-
Esprit qui descend. Le dessin est cintré par un demi-cercle. Esquissé à la
plume et terminé à la sépia et avec du blanc. H. 10" V"; 1. 17" 4'". Col-
lections Crozat et prince de Condé.
171. Esquisse pour le Massacre des Innocents, gravé par Marc-Antoine,
— C'est le soldat qui veut arracher l'enfant des bras de la mère qui s'en-
fuit ; ii y a, en outre, une étude plus précise pour les jambes de la femme,
ainsi que pour la tête et le bras qui retient l'enfant. A la sanguine. H. 9";
1. 15" 6'". Collections Mariette et prince de Ligne.
172. Esquisse pour le même Massacre des Innocents» — Cest encore le
même soldat poursuivant la même femme ; dessin à la plume, avec quel-
ques indications de figures à la pierre noire, qui semblent avoir été effacées
parce que Raphaël n'en était pas content; elles ne se trouvent d'ailleurs
• pas sur l'estampe. A droite^ sur la même feuille, est l'esquisse d'un soldat
nu, à mi-corps, et, dans le bas, une autre étude pour la femme agenouillée
du Jugement de Salomon, qui est peint dans la chambre de la Segnatura.
A la plume. Ces deux esquisses se trouvant sur la même feuille, on peut en
conclure que la célèbre composition du Massacre des Innocents est de la
même époque que la fresque du Jugement de Salomon, c'est-à-dire de
l'année 1510 environ. Sur le revers de cette même feuille, Raphaël a
encore esquissé, à la pierre noire, un homme nu qui était vraisemblable-
ment destiné à représenter le soldat dans cette dernière fresque, mais qui
n'y fut pas mis. H. 10" 6"'; 1. Il" 12'". Collections Tiraoteo Viti, Crozat,
marquis de Gouvernet, Julien de Parme et prince de Ligne. Au revers de
cette feuille est la figure allégorique de l'Astronomie. Voyez ci-après le
n» 205.
173. La Féche miraculeuse» — Première esquisse. On voit les deux J)ar-
432 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
ques ayec le Christ et les apôtres dans le fond. Sur le devant, trois hommes
debout; auprès d'eux est assise une mère avec son enfant; un peu plus
loin, à droite, et tout près du bord du fleuve, sont assises aussi deux
autres femmes avec un enfant Quelques autres figures , indiquées seu-
lement au fusain , ont été presque effacées. A la plume et terminé à la ^
sépia et avec ilu blanc. Ce dessin, très-achevé, a été un peu retravaillé.
Dans le bas, on lit : Luc. 5. — H. 8" 8'"; 1. 44" T\ Vendu 30O livres
dans la vente Mariette. Collections Crozat, Mariette, Julien de Parme et
prince de Ligne. Sur le revers, il y a encore une esquisse des deux barques;
mais elle n'est point du maître.
Bartsch, dans son catalogue manuscrit, cite une copie de ce dessin exis-
tant à Nuremberg. On en voyait autrefois encore une dans la collection
de Florence.
Grav. par. J. B. Franco. Bartsch, t. XVI, p. 124, n* 14. — A. FantazzL —
Ph. Thomassin, avec des changements dans le paysage. — Lithogr. par Pilizotli.
— Landon, n* 234.
474. Étude de trois apôtres, pour la Transfiguration. — Ce sont ceux qui
occupent le centre du fond, au-dessous de la montagne; Tun est debout,
l'autre a les mains ouvertes et les doigts écartés ; on ne voit qu'un frag-
ment du troisième apôtre. Ce sont des figures nues, dessinées avec grand
soin, à la sanguine, d'après le modèle vivant. H. 12" 1'"; I. 10" i"\ Col-
lections Crozat, marquis de Gouvernet, Julien de Parme et prince de
Ligne.
Lithogr. par Fr. Eybl.
175. Deux apôtres. — Autre étude pour la Transfiguration. C'est celui
qui est assis au premier plan à gauche (saint André) et celui qui, derrière
lui, lève le bras vers le haut. Figures nues, dessinées à la sanguine.
H. il" 4'"; 1. 8" 7 ". Mêmes collections que le précédent.
Lithogr. par Fr. Eybl.
176. V apôtre assis. — C'est celui qui est au premier plan à gauche
dans la Transfiguration (saint André). Magnifique étude d'après le modèle
nu, un peu plus petite que la précédente et différente aussi de mouvc- .
ment. A la sanguine. H. 4" 10"'; 1. 5" 6".
177. La Transfiguration. — C'est absolument la même disposition que
dans le tableau, mais toutes figures nues. La manière dont est traité ce
célèbre dessin à la plume ressemble sans doute à celle de Raphaël, mais
on y chercherait en vain ses qualités spirituelles, sa liberté de faire et son
originalité. La proportion des figures est d'ailleurs un peu courte, quel-
quefois mC'me d'un mouvement désagréable. Il est surprenant aussi que
l'ordonnance de toutes les figures soit identiquement la même que celle
du tableau, tandis que Raphaël ne suivait jamais servilement son esquisse
EN ALLEMAGNE. 433
dans le cours de TexécutioD d'un tableau et apportait toujours quelque
modIficatioD à son idée première. Cest pourquoi nous avons la conviction
que ce dessin, si beau qu'il soit, est bien plutôt une copie faite d'après le
tableau qu'une étude de Raphaël pour ce tableau même. Il a souffert en
différents endroits. Collections de Piles^ Montarfeis et Crozat.
Lithogr. par Pilizotti.
178. La Cène, — Rapide esquisse à la plume, de la jeunesse de Raphaël.
Ia partie gauche est seule terminée. Deux piliers d*un vestibule voûté par-
tagent cette composition en trois parties. In-folio en largeur. Voyez, pour
le dessin du Saint Sébastien qui est au revers, n* 194.
1 79. La Lapidation de saint Etienne. — Première esquisse pour le carton
de la tapisserie. Ce sont neuf figures qui, à l'exception de celle du saint,
ne sont point vêtues. Le saint est agenouillé, vu de face, au milieu du
tableau (tandis que, dans la tapisserie, il est un peu tourné de côté). A
gauche, trois hommes armés de pierres, et Saul, gardant les vêtements,
et assis à terre. A droite , trois hommes jettent des pierres et un qua-
trième en ramasse. Très-belle esquisse ^la plume. H. 10'* 3"'; 1. 16" 3'".
Collection Mariette.
tirav. par A. Bartsch, 1787. — Lithogr. par Pilizotti.
180. La Vierge au pied de la croix. — Elle est dessinée dans trois
altitudes différentes. La plus terminée, dans la manière du Pérugin, est
telle que Raphaël l'exécuta dans le tableau qui était chez le cardinal Fesch
à Rome, et ce dessin, de la jeunesse du maître, semble avoir servi en effet
à la composition de ce tableau. Le torse du Christ en croix est ^aussi indi-
qué. H. 10" 3"'; 1. 8". Collection Julien de Parme.
Grav. par Adam Barlsch.
181. La femme d'Ananie. — Tombée morte sur les marches du temple.
Dix flgures, hommes et femmes, frappés de stupeur, se tiennent auprès du
cadavre. Très-beau dessin au bistre, qui a des rapports frappants ave<f la
composition du Lévite d'Ëphraïm qui se trouvait dans la collection Denon
à Paris*; mais ni l'un ni l'autre de ces dessins ne nous paraissent être
de la main de Raphaël. H. 7" 3"; 1. 9" 6"'.
Usintes Famillcfl et Madones.
182. La Sainte Famille, pour Dom. Canigiant. —Actuellement au musée
de Munich. C'est seulement une rapide esquisse des deux femmes avec
1 . Yoy. DetcripHon det objelt d'art qui compount le eabinel de feu le bartm Vivant'
Denon, Pari», 1826, n» 299. Grav. dans TouTragc de Denoa, pi. 89. Landon, n» 291. Le
Bojet est tiré du Livre des Juges, chap. XIX et XX.
Ce dessin, qui aujourd'hui appartient k l'illustre peintre français Ingres , n'est cependant pas
de Raphaël ; il porte bien plutôt le caractère d'une œuvre de Poussin. Nous île savons point s'il
existe un dessin original de Raphaël pour cette composition.
11. 28
434 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
leurs enfants; le saint Joseph manque. Les extrémités des figures de
femmes et la tête de sainte Elisabeth ayant un cachet particulier, et ces
diverses parties étant plus soigneusement traitées que le reste , nous
sommes portés à croire que ce sont des études d'après nature. Esquissé
à la sanguine et terminé à la plume. H. 10" 4'"; 1. 9". Collection Cava-
ceppi.
Grav. par. A. Bartsch. — Lithogr. par Fendi.
183. La Vierge, demi-figure, — Elle tient l'enfant Jésus devant elle sur
un coussin, et lui présente, de la main droite, une grenade. Sa main
gauche est posée sur un livre ouvert, et sa tête, un peu penchée vers le
bas, est recouverte d'un voile. L'enfant Jésus et les mains de la Vierge
âont très-soigneusement traités , et semblent avoir été dessinés d'après
nature. Ce beau dessin, esquissé au fusain et terminé à la pierre noire, est
encore dans la manière du Pérugin. Les figures étant aux trois quarts de
grandeur naturelle, il se peut que ce dessin ait servi de carton pour un
tableau qui n'est pas connu. H. 15" 6'"; 1. 11". Des collections Julien de
Parme et prince de Ligue:
184. Madone de la maison d^Albe, — Ce dessin est un peu différent du
tableau, en ce que le petit saint Jean tient ici un agneau. A la plume,
lavé d'un ton brun et rehaussé de blanc. Ce dessin, qui a beaucoup souf-
fert, est retravaillé et coupé ovalement. C'est à peine si on peut y
reconnaître la main du maître. H. 7" 3'"; 1. 6". Collection du prince
de Ligne.
183. Sainte Famille. — La Vierge est assise à droite de sainte Anne et
lui présente l'enfant Jésus. Rapidement esquissée au fusain, terminée à la
plume. H. 5" 5'"; 1. 4" 7'". Collection du prince de Ligne.
Grav. par Gh. Ant Favart, 1818. En contre-partie.
186. La Vierge assise duns un palais. — Elle se tourne à droite et semble
vouloir présenter l'enfant Jésus au petit saint Jean assis à terre. Les deux
enfants se regardent avec amour. Auprès d'une colonne, on voit encore
l'indication d'un homme. Très-spirituelle esquisse dessinée à la plume et
àl'encre. H. 6"11"';L4"11"'.
Grav.p en contre-partie, par Gh. Ant. Favart, 1818. Gollect. du prince de Ligne.
Une copie de ce dessin se trouvait dans le cabinet de M. Roger Lagoy^ à Paris;
elle a été gravée à Teau-forte par cet amateur. — Landon, n* 229.
187. La Vierge assise dans un paysage. — Elle lit dans un livre
et tient devant elle l'enfant Jésus, qui étend son bras vers le livre.
Aux côtés, l'indication de deux anges. Esquisse à la plume, très-ra-
pide , mais très-spirituellé. H. 7" 3'" ; 1. 5" 9'". Collection du prince de
Ligne.
188. Deux Madones. — Esquisses à la plume sur une même feuille.
••
EN ALLEMAGNE. 43S
Celle 49 ilfttiche a, dans l'attitude^ quelque ressemblance avec la Vierge
de la inafsOD Colonna^ au musée de Berlin ; mais ici Teufant Jésus^ debout
sur les geoout de sa mère^ lui entoure le cou avec uu de ses bras.
L'autre esquisse est également une Vierge assise^ en demi-figure, avec
reofànt Jésus debout qui^ de la main droite^ tient le bord du vêtement
de sa mère^ auprès du cou^ et qui porte ses regards vers le petit saint
Jean debout à gauche. Ce dernier, vu à moitié^ a un oiseau dans la main.
Un peu de paysage pour fond.
Ou voit encore^ sur la même feuille, l'indication d'une autre Vierge et
d'uD enfant. Voy. le revers du n<> 2S3.
189. Plusieurs esquisses pour la Vierge dans la prairie. — De la galerie
du Belvédère, à Vienne. 11 y a, sur cette feuille, quatre projets pour cette
Vierge avec les deui eàfants, dans des attitudes différentes, surtout celle
du petit saint Jean, -et, sur le revers de la feuille^ on retrouve encore
Irois fois le même groupe et plusieurs fois les mêmes enfants. H. 9" 4'";
1. §»' W".
S.'Paccini a gravé deux de ces esquisses en fao-simiie en 1770 ■.
190. La Vierge tenant l'enfant Jésus sur ses bras. — Us se tournent
tous deux vers un saint qui est à leur gauche. Sur la même feuille, à
droite, encore deux esquisses à la plume pour un saint Jérôme.
Sur ie revers de cette feuille, plusieurs rapides esquisses de Vierges et
d*enfants Jésus. Puis une figure endormie enveloppée dans un manteau,
et deux éludes de dos. H. 13" 6'"; 1. 9" T\ Collections Timoteo Viti,
Grozat, de Gouvernet, Julien de Parme et prince de Ligne.
191. Six Vierges avec l'enfant Jésus. — Rapides esquisses, dont deux à
la sanguine et quatre à la plume.
Sur le revers de cette feuille, il y a une belle esquisse plus grande que
les autres, pour une Vierge en demi-figure, qui tient l'enfant couché en
travei's sur ses genoux. Leurs regards se rencontrent ; car l'enfant regarde
vers ie haut et la Madone abaisse ses yeux sur lui. La partie supérieure
de l'enfant est terminée à la plume. Le reste est dessiné à la pointe
d'argent. H. 9" 9'"; 1. 7" 2"'. — Collections Tim. Viti, Crozat, marquis
de Gouvernet, Julien de Parme et prince de Ligne*
192. La Vierge avec V enfant Jésus mr les genoux. — Elle est assise
i. Citons eacore trois autres fae-^imile de Paecini d'après des dessins de Raphaël, mais dont
BOUS ne connaissons qu'un seul en original, qui est à Oxford :
a.) Trois Anges dans les airs, mi-figures à la plume. Ce sont sans doute des études pour les
anges placés à droite dans la Dispute du Saint-Saœrement.
b,) .Tète de femme dirigée ters le haut , dans le type de la Sainte Catherine gravée par
Deanoyers. Seulement ie masque. C'est le dessin d'Oxford.
e.) Étude de draperie pour la partie supérieure d'une figure de femme; derrière elle, un
jeuBe homme qui la poursuit et un enfant à droite. A la plume.
436 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
dans une campagne et présente son sein à l'enfant. Quelques anges sont
agenouillés à gauche^ et^ à droite^ l'on voit saint Josejph marchant. Rapi-
dement dessiné à la plume sur papier rougeâtre, et tellement dans la
manière de Timoteo Viti, que Ton peut, sans aucune hésitation^ Tattribuer
à cet ami de Raphaël. H. 6" 7'"; 1. 5". Colleclions Timoteo Viti, Crozat,
de Gouvernet, Julien de Parme et prince de Ligne.
Sqjete rellf^leax ci Sibylles.
193. Saint Sébastien. — Trois esquisses à la plume. Il est debout, les
mains liées, dans .une attitude où Ton reconnaît cette afféterie qui carac-
térise quelques ouvrages de Raphaël composés depuis 1505 jusqu'en.
1508. Sur la même feuille, il y a encore deux études d'hommes vus de
dos et quelques études séparées de cette partie du corps. Ce dessin se
trouve sur le revers de la feuille, avec la Cène du n' 179. H. 10"; I. 14"
3"'. Collections Timoteo Viti, Grozat, de Gouvernet, Julien de Parme et
prince de Ligne.
194. La tête d'une jeune martyre posée sur un plat, — Beau dessin à la
pierre noire rehaussé de blanc. Ce doit être l'ouvrage d'un élève de
Raphaël. H. 8" 9"'; 1. 5" 9'".
195. Le petit saint Jean-Baptiste. — En adoration. Tourné à droite, et
comme faisant partie d'une Sainte Famille. Esquissé au fusain et terminé
à l'encre. Cette petite feuille, de la jeunesse de Raphaël, est collée sur un
grand carton contenant quelques esquisses de Léonard de Vinci, et en-
touré d'une ornementation par Giorgio Vasari. Collections Crozat,
P. Mariette et Julien de Parme.
196. La vieille Sibylle de Tibur, — Elle s'appuie des deux bras et se
tourne à gauche. Très-belle étude à la sanguine pour la fresque de
S. Maria délia Pace, à Rome. La draperie sur les genoux est un peu plus
terminée que le reste du dessin. H. 10" 6'"; 1. 6" 6'".
Grav. par Ferd. Ruscbweyb, 1806.
197. Étude pour le bras élevé de la jeune Sibylle de Cumes, — Dans la
fresque de l'église de S. Maria délia Pace. Puis une étude d'après un
modèle de femme pour la partie supérieure de l'ange qui vole, tourné à
gauche dans le même tableau. Ce sont deux beaux dessins à la sanguine;
les formes sont puissantes et grandioses, dans le style de Michel-Ange,
mais d'une grande vérité de nature et de l'exécution la plus délicate.
H. 8" 8"'; 1. 8" 1'". Collections d'Argenville et Julien de Parme.
i98. Étude pour Vange qui vok. — Tourné à gauche, dans la même
fresque de Téglise délia Pace. Dessiné d'après le modèle nu, et, au bas,
on voit encore, bien plus étudié, le bras dont la main tient la bande de
parchemin. A côté se trouve une étude de draperie pour le même ange.
EN ALLEMAGNE. 457
A la sanguine. H. iO'^ 3"'; I. 14". D'Argenville avait acheté ce dessin à
Rome, pour 150 livres; plus tard, il fut possédé par Julien de Parme et
le prince de Ligne. Un dessin original et semblable se trouve dans la
collection de M. Reiset, à Paris.
WSm^miMmmm ponr les pelatares marales dans les ehambres
éwk Tatlean.
199. Esquisse pour la moitié de la partie inférieure de la Dispute du
Saint-Sacrement. — Des dix-neuf ligures vêtues que le maître a groupées
dans ce dessin, ce sont les deux Pères de TÈglise, saint Jérôme et saint
Grégoire, qui sont le mieux conservés et qui nous donnent une idée de
ce qu'était autrefois cette belle esquisse, aujourd'hui malheureusement
très-retravaillée. A la plume, et terminé à la sépia et avec du blanc.
H. 11'' 6'"; 1. 16" 19"'. De la collection Crozat.
Gray. par le comte de Caylus. — Lithogr. par Pilizotti.
200. Saint Ambroise et Pierre Lombard. — Avec un jeune homme dont
les regards sont dirigés vers le haut. Demi-figures. Ces esquisses pour la
Dispute du Saint- Sacrement, dessinées à la plume, se trouvent sur le
revers de la feuille n** 189, qui contient encore quelques vers du projet
de sonnet de Raphaël, que nous possédons eu entier sur un dessin du
Musée Britannique. Quant au dessin de la collection Albertine, une main
barbare en a coupé une partie, et on n'y peut lire que ces lambeaux
de vers :
Lingua or di parlar disoglie e
A dir di queslo dileto so in g
Ch'amor mi fpce p. mio gr
Ma lui più ne riogratio de
E questo se me rimasto ancor
Pel fisso inmaginar que
Moso tanta lelizia che....'
Les trois dernières lignes avaient été raturées et remplacées par
celles-ci :
Pel fisso inmaginar
Quel doice suo parlar
Ne mio pensier quel se p
Plus bas, Raphaël a écrit encore une autre variante pour ce même
sonnet; mais il n'en reste que le début. La première ligne, qui est raturée
et qui se lisait ainsi :
D'un bello assalto si bel ch*el di,
a été remplacée par les trois vers suivants :
Un pensar doIce e rlmembrare in modo ,
Più di dispera e ricordarsi el dano,
Molto disperande nel mio pelo stanno.
438 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
Le reste manque. Ces vers et quelques autres essais du même genre
nous prouvent que Raphaël^ qui avait à un si haut degré le sublime sen-
timent de poésie^ le crayon ou le pinceau à la main, et qui produisait
avec tant de facilité ses œuvres d*art, n'était pas aussi habile dans là
production d'un sonnet; car ce travail lui donna beaucoup de peine et
ne semble pas l'avoir complètement satisfait ; il en resta là de ses ten-
tatives poétiques qui datent de 1508.
201 . Le groupe de Pythagore pour VÉcole d'Athènes, — Ce sont cinq
figures^ avec celle d'Anaxagoras posée sur le devant, et Tindicafion de
quelques autres ; il y a de plus une assez grande étude de draperie (M>ur
Anaxagoras. Esquissé à la pointe, sur papier gris-brun, et rehaussé de
blanc. H. 11"; 1. 14'' 6'". Collections Croiat, de Gouvernet, Julien de
Parme^ Schmidt et prince de Ligne.
Grav. par P. A. Robert; planche teintée par N. Lesoear, in-foL en larg.,
n" 44. — J. Th. Preslel, 1785, en con Ire-partie. — Ferd. Ruschweyh, 1807, sans
l'étude de la draperie. — Lithogr. par Pilizotli.
202. La Muse assise, — C'est Calliope qui^ dans le Parnasse, est assise
à droite , auprès d'Apollon. Le bras levé qui tient la trompette est très-
étudié et d'après nature. L'ordonnance de la draperie rappelle celle de *
l'Ariane antique. Belle esquisse à la plume. H. 9" 3'"; 1. 8" 2'". Collec-
tions Timoteo Viti^ Crozat, de Gouvernet, Julien de Parme et prince de
Ligne.
Lithogr. par J. Pilizotli.
Le revers de la feuille contient un fragment d'une étude de draperie
pour la. même Muse vue de dos, également dessinée à la plume pour le
Parnasse. C'est l'original d'une excellente copie qui est dans la collection
de Florence.
203. La Muse assise, tenant une lyre. — Cest Uranie, qui, dans le Par-
nasse, est au côté gauche d'Apollon. Dans cette belle esquisse à la plume,
le maître avait surtout en vue l'attitude de sa figure, et il a très-soign^-
sement étudié le mouvement de la tête et du cou. Au lieu de tenir la lyre
de la main droite, elle la pose ici sur son genou. H. 9" 3'"; 1. 8" 2'".
Collections Timoteo Yiti, Crozat, de Gouvernet, Julien de Parme et prince
de Ligne.
Grav. par Perd. Ruschweyh.
20i. Le Dante. — Il est debout, vu de profil, tourné à gauche, et tenant
sa Divine Comédie sur la poitrine. La partie inférieure n'est que légère-
ment indiquée. Esquisse à la plume pour le Parnasse. H. 12" 7'"; I. 5" 3'".
Ce dessin porte en estampille une étoile à huit rayons, qui était le cachet
de Nie. Lanier, conservateur de la collection du roi Charles 1*' d'Angle-
tecre. Collections Crozat et prince de Ligne.
Grav. par A. Rartsch, 1787.
EN ALLEMAGNE. 450
203. La Contemplation cl4>s étoiles, — Figure allégorique de l'Aslrono-
mie. Esquisse pour une des fresques de la chambre délia Segnatura.
A côté de celte esquisse à la plume, une autre étude pour la main levée
de cette fresque. Au revers de la feuille est le dessin duTilassacre des
Innocents. Voy. n* 173.
206. La Messe de Bolsêne. — Légère esquisse pour la partie supérieure
de cette composition. A la plume, et lavée à la sépia. H. 8" 3"'; 1. 14" 6"'.
Collections Ant. Rutgers et prince de Ligne. Vendue 10 florins à la vente
de Rutgers.
Lith. par J. Pilizotti.
207. Les deux femmes de V Incendie du Bourg. — Avec l'enfant à genoux
et en prière devant elles. Très-belle étude d'après nature , à la sanguine.
H. i^' 3'"; 1. 9" 6'". Collections d'Argenville, Julien de Parme et prince
de Ligne.
Grav. par Bartsch. — Lithogr. par FendL
208. Le jeune homme qui se laisse glisser le long de la muraille. — Étude
d*après nature pour la- fresque de l'Incendie du Bourg. Dessin très-beau
et très-soigné, à la sanguine. La tête du modèle est très-bien rendue, mais
elle n'est pas belle. Le corps est d'une mâje puissance et très-beau de
proportions. Il est fâcheux que, dans l'intention de mieux faire ressortir
la figure, on ait teinté en gris le fond blanc du papier. H. 13" 10'"; 1. 6".
Collections Crozat, Mariette, Julien de Parme et prince de Ligne.
Dans la collection de Th. Lawrence, la même figure était répétée deu^
fois, l'une à la sanguine, l'autre au bistre, mais aucune ne pouvait passer
pour originale. N* 76 du catalogue de l'exposition Woodburn. Collection
Denon. Actuellement à Oxford.
209. Le jeune homme qui porte so7i vieux père- — Magnifique étude à la
sanguine pour le groupe de l'incendie dii Bourg. Admirable de vérité ; la
dilTérence des âges est merveilleusement caractérisée dans toutes les
parties de ces deux figures. L'exécution est soigneusement terminée. Les
nombreuses études d'après nature que Raphaël a faites pour l'Incendie
du Bourg attestent clairement tout son savoir dans les parties nues, afin
de rivaliser avec Michel-Ange. H. 12"; 1. 6" 8"'.
Lithogr. par J. PilizoUi. Ce fac-similé toutefois ne rend pas complètement la
finesse da dessin de l'original.
210. Trois chanteurs sur une haute tribune. — Étude pour le groupe de
gauche du Couronnement de Charlemagne. Les habits ecclésiastiques^ des-
sinée d'après nature, sont surtout remarquables. A la plume^ sur papier
brunâtre^ et rehaussé de blanc. H. 9"; 1. 7". Collections Crozat, Mariette,
Julien de Parme et prince de Ligne.
Grav. par A. Bartscb, 1787.
440 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
2H. Apollon debout. — Figure nue, vue de dos. Exquise étude à la
sanguine pour le Festin des Dieux , grande fresque du plafond de la Far-
nesine. Le grand style et la haute conception de Raphaël ne se montrent
pas seulement ici dans Télégance juvénile des formes d'ApolloD, mais
encore dans l'eipression de noble fierté qui anime sa belle tête. Collec-
tion du prince de Ligne.
Grav. par A. Bartsch. — Lithogr. par Kriehuber.
212. Vénus montrant sa blessure à l'Amour. — Beau dessin à la sanguine
d'après une esquisse originale de Raphaël pour les peintures destinées à
la Salle de bain du cardinal da Bibiena. H. 8"; 1. 6" 3"'.
Bernard Picart a publié celte composition dans ses Impoêiwreê mnoceiUef. —
Ferd. Ruschweyh, 1806, petit in-fol. — Balzer, in-4*.
213. Venus ou Ariane s' appuyant sur les genoux de Bacckus. — SeloQ
Bartsch, ce serait Angélique avec Médor. Quoique ce beau dessin à Ja
sanguine, de même qu'un autre grand fragment de carton qui est dans
la même collection, soit de Jules Romain, nous les plaçons cependant Tud
et l'autre dans le Catalogue des Dessins de Raphaël, parce qu'ils servirent
pour Texécution des peintures de la petite Salle de bain du cardinal da
Bibiena et de la villa Palatina. H. 14" 3'"; 1. 10" 9"\
214. Psyché implorant les Dieux. — C'est ainsi que le catalogue de la
collection désigne une iigure de femme vêtue, assise dans une vive atti-
tude de prière, quoique cette Ggure porte le costume antique et n*ait pas
d'ailes. Très-spirituelle esquisse à la sanguine. H. 7" 8"'; i. 10". Collec-
tions Crozat, Calvière, Destouches et d'Argenville.
215. U7ie baccfuinte dansant jsntre deux faunes, — L'un des faunes
sonne de la trompe et l'autre joue de la flûte de Pan. Beau dessin à la
sanguine foncée. H. 1" 2"'; 1. 13" 6"'. Collection du prince de Ligne.
Grav. par A. Bartsch.
Un dessin tout semblable à celui-ci et également très-beau se trouve
dans la collection royale d'Angleterre. Agostino Yeneziano l'a gravé en
1516 et lui a donné pour pendant deux bacchantes dansant avec un
faune, en 1516. Voyez Bartsch, XIV, u*" 250. De même, G. Audran, dans
son Livre des dix bas^eliefs. Ce dessin étant très-beau, on le croit exé-
cuté par Raphaël, d'après un bas-relief antique ; celte opinion toutefois
n'est point fondée sur le caractère même des dessins. Au contraire, nous
croyons reconnaître dans l'un d'eux la main de Giovanni da Udine, car
les cheveux surtout sont faits dans une manière qui lui est toute particu-
lière. Remarquons encore, en passant, qiie Raphaël se servait toujours
de la sanguine rouge et jamais de la sanguine violette.
EN ALLEMAGNE. 441
21 6. Junon sur son char, trainé par detuc paons. — Un Amour pousse le
cbar par derrière. Belle composition pour Tune des quatre fresques rondes
qui ornent le vestibule de la villa Madama. Elle e»t parfaitement conçue
et exécutée dans l'esprit de Raphaël , par Giovanni da Udine. Sur papier
brunâtre, à la plume, lavée à la sépia, rehaussée de blanc et mise aux
carreaux.H. 8";L40"5'".
Job. OtUviano a fait une gravure d'après la fresque, et Ta publiée avec le nom
de Raphaël.
Filtres Bllé|:orlqae««
217. La Charité, — Légère esquisse à la plume pour Tune des trois
Vertus théologales que Raphaël peignit en grisaiile dans la predella de
la Mise au tombeau qui est au palais Borghèse. Dans cette esquisse , il
n'y a que trois enfants, tandis que dans la peinture on en compte cinq.
H. 13"; 1. 9" 6'". Collections Timoteo Viti, Crozat, Mariette et Julien de
Parme. Le revers de la fouille offre un dessin qui semble être une pre-
mière* pensée pour la Mise au tombeau. Voyez n** 232. P. Mariette se
trompe dans une note qu'il a écrite sur le dessin, en disant que c'est une
esquisse pour la Charité de la salle de Constantin. Mariette s'appuie sur
cette supposition erronée pour en induire que Raphaël avait fait d'avance
toutes les esquisses pour les peintures de cette salle et de celles qui l'en-
tourent.
218. Un enfant ailé^ ou génie. — Il tient un bouclier ovale de la main
droite et une branche d'olivier dans la gauche. Raphaël, qui d'abord avait
dessiné la jambe droite levée, plaça ensuite cette jambe derrière l'autre.
Ce génie devait vraisemblablement tenir un écusson. Belle esquisse.
H. 4" 7'" ; I. 3" 8'".
Gravé par C. A. Favart, 1818. En contre-partie.
Sojets liliitorlqaeB el Combats*
219. Le Mariage d'Alexandre et de Roxane. — Roxane est assise et
Alexandre, debout devant elle, lui présente une couronne. L'Amour et
l'Hymen l'accompagnent, et onze Amours, différemment groupés, com-
plètent cette scène. Toutes les figures de ce précieux dessin sont nues et
de la plus délicate exécution à la sanguine. H. 8*' 6*"; 1. i2".
Ce dessin, que Rubens avait acheté à Rome, passa depuis dans la pos-
session du cardinal Bentivoglio, qui en fit présent au graveur en médailles
Melan. Crozat l'eut ensuite au sortir de la collection Vaurose, et le duc
Albert |le Saxe-Teschen l'acquit d'un amateur. Il porte aussi l'estampille
du prince Charles de Ligne.
Grav. par Nie. Cochin, n* 37, pour le Cabinet Crozat. Contre-partie. — Lith. par
J. Pilizotti. Cette reproduction est un véritable chef-d'œuvre.
442 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
220. Giovanni de Médkis. — 11 fait son entrée à Florence en qualité de
légat du papet La figure allégorique de là ville de Florence vient à sa
rencontre. Auprès d'elle est couchée la figure du fleuve Arno. Esquisse
pour l'un des épisodes de la Vie de Léon X, qui furent tissés eu (il d'or
au bas des tapisseries. Selon le récU de Yasari, il paraît probable que
Raphaël abandonna l'exécution de ces ornements à sod élève Gio. Frao-
cesco Penni, ce qui fait que ces compositions, dont plusieurs ont été
conservées, proviennent toutes de ce dernier. Il existe trois dessins de
l'Entrée de Giovanni de Médicis à Florence^ et tous trois d'une beauté
presque égale; savoir : celui dont il est question ici, un second dans la
collection du Louvre , et un troisième, provenant de la collection Denon,
était dans le cabinet de Th. Lawrence, à Londres. Le premier provient
des collections Crozat, Mariette (dont il porte Testampille), Julien de
Parme et prince de Ligne.
Grav. en clair-obscur par Job. Gottlieb Prestel, 1785. — Litb. par J. Pillzotli.
— Landoo, d« 139.
2tl . Vn Consistoire papal, ou VEmpereur agenouiUé devant le pape, —
On désigne indifféremment, sous l'une ou l'autre de ces dénominations,
cette composition remarquable, que Raphaël esquissa pour le Vatican,
mais qui n'y fut jamais exécutée. Le pape est assis à gauche sur un trône^
lisant dans un livre ouvert devant lui. A ses pieds est agenouillé un
homme couvert d'un large manteau. Beaucoup de cardinaux et de prêtres
sont assis à Tentour de ces ligures, et, dans le fond, on voit des soldats
armés de lances, et d'autres personnages de la suite. Dessin à la plume^
terminé au bistre et au blanc. H. 14" 3'" ; I. 21". jCpllection du prince de
Ligne. Le grandiose de la composition , la beauté de son ordonnance, le
vivant des figures indiquent incontestablement Torigine raphaélesque de
ce dessin, quoiqu'il ait beaucoup souffert et qu'on ne puisse l'attribuer
ai; maître, du moins avec une certitude complète.
Lith. par J. Piiizotli. — P. A. Robert en a publié, en 1739^ un mauvais- trait à
l'eau-fortfi, vraisemblablement d'après le dessin qui était dans la succession Law-
rence, mais qui n'est point original.
2â2. Mêlée de combattants. — L'on distingue au premier plan cinq
cavaliers et neuf soldats à pied. Au centre, accourt un cavalier qui perce
de sa lance un guerrfer tombant à terre. Un autre guerrier est étendu
sous son cheval. A gauche et ù droite, un groupe de trois hommes à pied
9e défend encore. Toutes ces ligures sont nues, largement et rapidement
traitées à la plume. C'est une œuvre de là jeunesse de Rapbael. H. 10" 5'" ;
1. 16" i'".
Lithogr. par J. Pilizotti.
223. Trois hommes, — Ils sont nus /armés de iapcesj, et se défendent
EN ALLEMAGNE. 443
contre un ennemi qu*on ne voit pas dans le dessin. Celui du milieu est tu
de côté; celui de droite est vu de dos. Très-belle esquisse à la plume,
pleine de vie, dans la manière de Raphaël qui correspond à Tannée 4505.
Ce def^sin se trouve sur le revers du n? 188, avec des projets de Madones.
Un trait de ce même dessin^ piqué pour le calque, et qui semble être de
la main de Rapbaêl lui-même, se trouve dans la collection de l'Académie
de Venise. Yoy. n° 99.
224. Fragment d*un combat, — Cinq guerriers se rencontrent et luttent
avec acharnement. L'un d'eui, à terre, se défend avec sa lance contre un
cavalier. On voit encore, à gauche, deux hommes à barbe. Figures nues,
toutes tournées vers la gauche. Si vivantes qu*elles soient de mouvement,
ce dessin est cependant traité tellement dans la manière de Timoteo Yiti,
qu'on peut accepter une ancienne tradition qui lui attribue ce dessin.
H. 44"; 1. 10" 3"\ Collections Crozat, d'Argenville, Julien de Parme,
prince de Ligne.
Grav. par J. t\\. Prestel. — Lithogr. par Pilizotti, et Intitulé : Vn Combat d«
Sarratint,
Esquisse* et Ëîtades.
S25. Beuas hommes nus, debout, — L'un, vu de côté, l'autre de dos,
avec rindication d'un troisième, vu de face, derrière eux. Très-belle étude
d*après nature à la sanguine ; la partie inférieure de la troisième figure
n'est que légèrement tracée au fusain. Raphaël envoya ce dessin , accom-
pagné de gravures faites d'après ses compositions , à Albrecht Durer, de
Nuremberg, comme celui-ci l'a indiqué dans une note écrite de sa main
sur le dessin même : 4515. Baphahill di Vrbin der so hoch peim Papst
geacht isi gewest hai der hat dyse nackete Bild gemacht vnd hat sy dim
Albrecht Durer gen Nornberg geschickt Im sein Hand zw toeisen K L'homme
du premier plan est une étude pour le capitaine qui, dans le Combat
contre les Sarrasins, à Ostia, est debout à la gauche du pape. H. 45" 3'";
1. 10" 8'".
Grav. par Beekenltamm. — Lithogr. par Kriehaber. Dans le Cabinet des
Estampes, à Dresde, il y a une copie trcs-habilement faite par Lefebre.
226. Deux cavaliers, — Couverts de vêtements très-larges. L'un est vu
de face et l'autre de dos. Il parait que Raphaël a fait cette rapide esquisse
d'après un serviteur du pape, pour bien se rendre compte de la pose d'un
homme à cheval. On peut croire que cette étude lui a servi pour le cava-
lier du Portement de Croix. H. 40" 40'"; 1. 7" 4'",. Collections Timoteo
Viti, Crosat, Julien de Parme et prince de Ligne.
I. C'«»i-àHlire : • 1$16. Rapbaël d'Urbin, qui était ti hautement estimé du pape, a (ait cas
figures nues et les a euvoyées à Albrecht Oiirer, à Nurenber^, pour Uii montrer un ouvrage de
sa main» •
I
444 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
Î27. Un homme nu et assis, — Vu de dos. S'appuie sur son bras droit
et lève l'autre bras. Étude d'après nature, à la plume. H. 8'* 3'" ; 1. 6" 6'".
228. Deux jeunes gens nus. — Sur un monticule^ regardant attentÎTe-
ment devant eux. L'un, vu de dos, à mi-corps, est appuyé contre le monti-
cule; Tautre, agenouillé derrière lui, s'appuie sur son bras droit. Très-
spirituel dessin à la plume, d'après nature. H. 9" 6'"; 1. 6" 5'". Collections
Timoteo Viti, Crozat, de Couvernet et Julien de Parme.
Sur le revers de la feuille, un homme marchant en avant, les mains
jointes en adoration. Ëtude d'après le modèle vivant^ nu. A côté, étude à
part de la poitrine et du bras de cette figure.
229. Étude d'après le corps d'un homme à barbe. — A côté, un autre
homme dans la même pose, mais ayant une tête juvénile; puis, la partie
supérieure d'un adolescent, ainsi que deux autres demi-figures d'enfants^
dont Tune est traversée par une ligne qui semble indiquer qu'on a voulu
effacer cette esquisse. Légère esquisse à la plume. Collections Timoteo
Viti, Crozat, de Couvernet, Julien de Parme et prince de Ligne.
230. Un jeune garçon. — Debout, vu de face. Rapidement dessiné
d'après nature, à la sanguine. H. 9" 5'"; 1. 6" 3"'.
231 . Enfants jouant. — Deux enfants marchent ensemble , les bras
entrelacés, et un troisième joue avec un chien. Rapide esquisse à la
plume avec une encre pâle. H. 8" 2'"; 1. 14". Collections Crozat, marquis
de Couvernet, Julien de Parme et prince de Ligne.
Sur le revers, il y a une esquisse pour la Mise au tombeau, esquisse
que l*on nomme aussi la Mort d'Adonis. Ce dessin est d'une main étran-
gère, l'original étant à Oxford.
232. Deux hommes en soutiennent un troisième qui tombe. — L'un des
deux le saisit sous les bras, et l'autre le soulève avec un linge. Figures
nues. Ce dessin semble être un premier projet pour une Mise au tom-
beau, et, comme il se trouve sur le revers de la feuille n*» 218, avec une
Charité, on peut supposer que ces deux esquisses ont été faites à l'occa-
sion du tableau d'autel que Raphaël exécuta pour Atalante Baglione.
Portraits.
233. Une jeune fille. — Couronnée de feuillages, vue de face et regar-
dant le spectateur avec amabilité. Elle s'appuie sur son coude gauche, en
laissant pencher sa main; ses cheveux tombent sur ses épaules. Un cor-
sage avec des manches bouffantes et un devantier forment son costume.
Demi-ligure dessinée avec soin à la pierre noire et rehaussée de blanc.
La pose et le faire rappellent la manière de Léonard de Vinci, que Raphaël
imita pendant son séjour à Florence. Cest à cette époque que remonte
ce dessin, et l'on ne saurait donc admettre que la femme dont Raphaël
a fait ici le portrait soit la Fornarina. Malheureusement ce dessin a beau-
EN ALLEMAGNE. U5
coup souffert, et il est fortement retravaillé. H. 10" 3"'; 1. 7" A"\ Collec-
tion du prince Charles de Ligne.
Grav. par A. Bartsch, 1788. — Lithogr. par Fr. Eybl.
234. Portrait d'un homme, — Un peu maigre, vu de trois quarts, tourné
à gauche^ la tête couverte d'une toque. Rapidement, mais très-spiri-
taellement dessiné à la pierre noire. H. 11" 2"'; L 8". Collection du
prince de Ligne.
235. Tête juvénile. — Vue de face avec une espèce de turban ou réseau
autour de la tête, à la mode du seizième siècle. De grandeur naturelle.
Ce dessin, tracé au fusain, est tellement retravaillé au bistre, qu'on ne
peut plus y reconnaître la main du maître; il a tellement perdu de son
caractère, qu^n ne sait si c'est un homme ou une femme. H. 1 1" 3'"; 1. 10".
Lithogr. par J. Pilizotti.
Architeetare et Paysaipes.
236. Façade d'église. — Avec deux tours et un vestibule pour trois
entrées principales. Au-dessus du rez-de-chaussée et d'une attique s'élève
au milieu la grande nef recevant la lumière par une grande fenêtre
ronde. Au fronton se rattachent des contre-forts affectant la forme d'un S
élancé et couché, dans le goût de l'architecture florentine au quinzième
siècle. Les tours, à trois étages, de même que là façade, sont ornées de
colonnes accouplées, avec des niches dans les intervalles. Chacune des
tours se termine en haute pyramide, avec quatre petits clochetons aux
quatre coins, ayant chacun une boule au sommet. Légère esquisse à la
plume, un peu lavée- à la sépia. H. 9" 1'"; 1. 8". Collection Crozat. On
considère ce dessin comme un projet de Raphaël pour la façade de
réglise de Saint-Laurent, à Florence.
Grav. par le comte de Caylus.
237. Bâtiments d'un couven^—Romantiquement situés près d'une grotte
de rochers et entourés d'arbres. Dessin d'après nature, à la plume.
H. 9" 8"'; 1. 7" 10'". Collection du prince de Ligne.
238. Maisons de village, entourées d'arbres. — Quelques paysans donnent
à manger à leurs poules. Sur le bas de la feuille, il y a un chapiteau
d*ordre ionique composite. Ce chapiteau semble avoir été dessiné d'après
ceux de la cour du palais d'Urbin ou de Gubbio. Légère esquisse à la
plume. H. 4"; 1. 8". Collections Crozat, Mariette, Julien de Parme et prince
de Ligne.
239. Quelques fabriques entourées d'arbres. — C'est également une
esquisse de la jeunesse de Raphaël, à la plume et d'après nature. Collec-
tions Crozat, Mariette, Julien de Parme et prince de Ligne,
446 CATALOGUE DES DESSIKS DE RAPHAËL
La collection Albertine possède encore plusieurs dessins attribués à
Raphaël, mais qui^ en délinitive^ ne sont que des Copies faites par ses
élèves. Ceux que nous indiquons ci'^après, et qui sont les plus importants,
ont été publiés en partie dans les fac-similé de Forster.
a.) Le Martyre de sainte Félicité. — Ou plutôt celui de sainte Cécile.
Exécuté sur papier bleu, au bistre et au blanc. H. 9" 4'"; l. 5". Cette
feuille porte restampille du comte d'Arundel.
L'originalité de ce dessin est douteuse.
Lithogr. par Pilizotti. C'est la composilioD gravée par Harc-AotoiDe. Baruch,
r 117.
b.) Attila effrayé à la vue des apôtres saint Pierre et saint Paul. —
Dessin d'après la fresque du Vatican. Bartsch, dans son catalogue ma-
nuscrit, ne l'avait pas attribué à Raphaël.
c.) Une femme assise. — Comme plongée dans une rêverie. Un jeune
homme, qui s'approche d'elle, lui touche la tête. Ce jeune homme mootiie
du geste, dans le |iaut, Apollon sur son char. Pour fond, un paysage
dans le goût antique. Ce dessin est exécuté au bistre^ dans la manière de
Jules Romain.
Grav. par Giulio Bonasone.
d,) Un jeune homme, — Assis dans une chambre richement ornée, et
enlaçant dans ses bras une jeune femme qui est auprès de lui. Des jeunes
filles apportent des vases; des Amours folâtrent sur un arbre, et Gany-
mède vole sur son aigle.
Lithogr. par J. PilizoUi.
Un tableau à Thuile, semblable à cette composition, se trouve dans la
galerie du Belvédère, à Vienne.
e.) Scène dans le vestibule d'un temple romain. — C'est ainsi que celle
composition est désignée dans la lithographie de J. Pilizotti.
f,) Vue d'un temple superbe. — Plusieurs cavaliers poursuivent des
femmes qui s'enfuient; on voit, en outre, beaucoup de peuple.
Ces trois derniers dessins sont de la même main, et, à en juger par
certaines particularités de style, ils doivent être d'un élève de Raphaël,
originaire de la Hollande.
g.) Une Discussion ecclésiastique. — Un vieux prêtre à barbe, entouré de
six dominicains, est assis dans une tribune assez élevée. Devant la tri-
bune sont assis trois hommes discutant un passage d'un livre qui est
ouvert dans les mains d'un quatrième. Aux côtés droit et gauche, on voit
beaucoup de savants qui s'entretiennent sur le sujet en discussion. Cette
riche composition est tracée à la plume et lavée à la sépia. Elle semble
être d'un élève de Raphaël, mais non de Jules Romain, comme Bartsch
l'a cru. H. 14"; 1. 16". Le prince de Ligne l'acheta pour 105 florins.
EN ALLEMAGNE. 447
h.) La Bataille aux éléphants. — Contre les Persans. C'est exactement
la même composition que Cornélius Cort a gravée en 4567. Ce dessin n'est
qu'une copie assez roide. L'original de Jules Romain est dans la possession
Be M. Gatteaui^ à Paris.
t.) Un Combat avec des lions. — Cette composition^ exécutée par une
malhabile, contient quelques figures prises dans les ouvrages de
Hâphaël, tels que le David tuant Goliath^ dans les fresques des Loges,
deui cavaliers et un homme courant, tirés de la Bataille gravée par
Marco da Ravenna, etc. En somme, c'est Touvrage d'un des plus faibles
élèves du maître, sinon l'ouvrage d'un faussaire.
Lithogr. par J. PilizoUî, sous ce titre : Un Combat de ehevaliert romaini,
j.) Étude de draperie. — - Un homme à barbe, marchant vers le côté
droit et s'enveloppant dans son manteau. A la sanguine. H. 8" iO"';
1. 5'\
Grav. par Raschveyb, 1806.
k.) Un homme assis. — Tourné à gauche et appuyant son bras sur ses
genoux. Rapide esquisse à la sanguine, d'après le modèle vivant. H. 5" 3'" ;
I. 6".
;.} Un soldat combattant. — Coifïé du bomiet phrygien. Il cherche à se
couvrir de son bouclier et se tourne vers le fond. Esquisse à la sanguine,
a. iO"6"';L 5" 6'".
m.) Étude d'une téte^ de trois mains et de trois pieds, — Beau et large
dessin à la plume.
n.) Pégase s'élevant dam les airs au milieu de six chevaux ailés. — Ils
sont tous très-vifs de mouvement. Esquisse rapide à la plume , mais
traitée très-spirituellement.
DANS LA COLLECTION DV PRINCE PAUL ESZTEBHAZT DE GALANTBA,
A VIENNE.
240. Le Couronnement de la sainte Vierge. — Première esquisse pour
la partie supérieure du tableau d'autel, de 1503. La Vierge est repré-
sentée debout dans une auréole, les mains jointes, les regards dirigés
vers le haut. A ses côtés se trouvent deux anges qui font de la musique,
accompagnés de cinq séraphins. Ces anges ont beaucoup de rapport avec
ceui que Raphaël a exécutés dans son tableau. Dessin très-finement traité
à la plume. Cintré. ln-4o.
241 . Four la Dispute du SainUSacrement. — C'est une première esquisse
pour la partie inférieure du côté gauche, et différente, en plusieurs par-
ties, de la fresque. Vingt figures. Très-beau dessin à la plume et lavé a
la sépia. Infol. en largeur. De la collection C. P.
242. TJn homme à barbe* — Nu, tourné vers la gauche. 11 tient un livre
448 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
80US le bras. Ce semble élre une étude pour un Saint Jérôme. Petit
in-folio.
243. Une femme agenouillée. — Vue presque de dos; elle tient un
enfant, d'un mouvement vif et plein d'effroi. Au revers, on voit l'esquisse
d'un homme couché. In-folio en largeur.
244. Tête de femme. — Elle est tournée vers le côté gauche, tandis que
le mouvement du corps se prononce vers la droite. Les cheveux, noués
sur le sommet de la tête, sont d'une bonne exécution, dans la manière de
Raphaël.
Ad musée de BERLIN.
245. La Pêche miraculeuse. — Six ligures dans deux barques; Esquissée
pour la tapisserie, un peu différente de Texécution, notamment la figure
qui est au milieu de la barque à gauche. Beau dessin à la plume. Grand
in-folio. Collection du capitaine KQhlen, à Rome. ^ Dans la collection
royale de Londres, il y a quelques copies de ce dessin ; Tune, à la plume,
a été très-retravaillée, l'autre est lavée à la sépia.
246. Étude pour la Vieige à la Perle. — Le petit saint Jean apporte des
fruits. Sur le revers de la feuille, l'enfant Jésus, avec la main de sa mère
qui le tient. Très-beau dessin à la sanguine. In-8< Collection P. Lely.
247. La Vierge et saint Joseph. — Deux demi-ilgures, chacune dans un
rond. Beau dessin à la plume, exécuté avec soin dans la manière du Péru-
gin, vers l'année 1503. Petit in-folio en largeur. Callection Paeetti, àRome.
248. Étude d'un jeune homme ?iu, assis. — 11 est vivement tourné vers
le côté gauche et tient une mandoline sous le bras droit. Â gauche, sur la
même feuille, il y a encore l'indication d'une tête et d'un bras. Légère-
ment dessiné à la plume, d'après nature. In-folio. Collection Antaldo Au-
taldi, à Urbin.
249. Tête d'un jeune homme à cheveux flottants. — Il est vu de profil,
tourné à droite. Il porte ses regards avec enthousiasme vers le haut. Ce
doit être une étude pour l'ange du tableau de la Vierge au Poisson. Très-
beau dessin à la pierre noire. In-4°.
250. Un ange qui vole. — Légère esquisse à la pierre noire, rehaussée
de blanc. Très-beau dessin. Petit in-folio.
254. Portrait d'un homme sans barbe. — Ses longs cheveux tombant
sont couverts d'une barrette. De grandeur naturelle. Dessiné au fusain et
à la pierre noire, sur papier jaunâtre. Ce beau dessin a malheureusement
un peu souffert. In-folio.
252. Sainte Famille. — Figures jusqu'aux genoux. Cette composition a
quelque ressemblance avec une Sainte Famille (saint Joseph y est repré-
senté sans barbe) qui se trouve à Saint-Pétersbourg. Esquisse à la plume.
Collection Weitsch.
EN ALLEMAGNE. 440
253- :Ëtud€ de draperie pour une figure agenouillée. — Gomme pour la
Vierge dans une Nativité. C'est la manière florentine de Raphaël, mais
manquant de simplicité, ce qui nous fait douter de l'authenticité de ce
dessin. A la plume et rehaussé de blanc. Petit in-folio.
254. Étude de draperie. — Pour une figure assise, traitée à la manière
du Pénigin. Sur le revers, des lis dessinés à la sanguine par une main
étrangère et postérieure. In-4«.
Dans cette collection se trouvent encore vingt autres dessins qui, dans
les anciens catalogues, sont attribués à Raphaël; mais ce sont ou des
copies (entre autres, Moïse sauvé des eaux et Moïse apportant les tables
de la loi), ou des dessins de l'école du maître. Il y en a môme d'autres
qui lui sont tout à fait étrangers. Nous n'avons donc pas à nous en
occuper.
DANS LE CABINET DU CONSEILLER d'ÉTAT M. SAVIGNT ,
A BERLIN.
2o5. Béliodare chassé du temple. — Première esquisse pour la fresque
du Vatican, mais très-difl^érente de l'exécution. L'architecture extérieure
du temple y est plus développée, et c'est seulement à travers la grande
porte ouverte que l'on en voit l'intérieur. A l'édifice principal se joignent,
de chaque côté, sur un plan un peu plus éloigné, des vestibules à colonnes,
garnis de quelques spectateurs. Le grand prêtre , debout dans le sanc-
tuaire à droite, élève les mains en prière devant le tabernacle et le chan-
delier à sept branches. A ses côtés se tiennent trois hommes debout et
agenouillés. Au fond, se voit une statue sur son piédestal. Devant le
temple, à gauche, Héliodore s'enfuit, poursuivi par un cavalier .et deux
figures qui volent; l'ordonnance est presque semblable à la composition
définitive, à cette différence près qu'Héliodore, au lieu de jeter ses regards
vers le haut, les dirige en face. A droite, au premier plan, se trouvent
sept femmes avec un enfant, et derrière elles plusieure hommes qui regar-
dent dans le temple. Plus loin, beaucoup de peuple, les uns stupéfiés, les
autres fuyant. Le groupe du pape n'est point dans ce dessin. Rapide
esquisse à la plume, largement massée à la sépia. L'architecture semble
avoir été seulement indiquée au pinceau par Raphaël et terminée ensuite
à la règle par un de ses élèves. Environ 8" de haut sur 14" de large.
236. La Justice. — Esquisse pour les figures allégoriques de la salle de
Constantin. L*autruche est ici plus petite de proportion que dans le tableau.
Ce dessin pourrait être de Gio. Francesco Penni.
DANS LE CABINET DES ESTAMPES, A DRESDE.
257. Combat de quatre cavaliers. — A gauche, un cavalier se cramponne
11. 29
450 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
à la crinière de son cheval^ lequel, s'élançant contre un autre cfaeTal, le
mord au poitrail. Le cavalier, monté sur ce second cheval, «e penche for-
tement à sa gauche et tient un tronçon de lance dans sa maiti droite. Au
centre, un cavalier, vu de face, sur un cheval qui se cabre, élève son bras
gauche et semble vouloir se diriger contre le quatrième cavalier, qui tra-
verse le premier plan et que l'on voit par derrière ; Il tourne la tête à
gauche, tient sa lance en arrct avec la main droite et étend la gauche
vers le cheval qui se trouve devant lui. Toutes les figures sont nues. Des-
sin plein de vie et d'esprit, légèrement indiqué à la sanguine et terminé
avec des hachures à l'encre. On doit regretter qu'il ait été découpé eo
suivant les contours dans la partie supérieure et collé sur un autre papier.
H. 14"; 1. il". Il semble que Raphaël, dans cette composition, se soit
rappelé le Combat pour l'étendard, de Léonard de Vinci, sans avoir toute-
fois l'intention de l'imiter. La manière de faire indique aussi sa première
époque florentine.
258. Le rebord d'un plat. — Ce dessin, destiné à servir de modèle.pour
l'entourage ornemental d'un plat rond, a environ trois pouces et demi db
largeur et présente la riche composition que nous allons décrire : Neptune
est debout sur un char au milieu de la mer et balance le trident en sa
main droite, tandis que de la gauche il tient les rênes de deux chevaux
marins. Derrière ces figures, on voit encore une figure d'homme tenant
une torche. De l'autre côté du char, deux autres chevaux marins se mor-
dent l'un l'autre et sont tenus en bride par une figure de centaure qui
souffle dans une conque. Plus loin, à droite, est une belle néréide assise
sur uu dauphin, et, derrière elle, un enfant, dont la partie inférieure du
corps se termine en poisson, lance des flammes avec une trompette. Puis
un Amour, monté sur un monstre marin fantastique, embouche égale-
ment une trompe enflammée. Cet Amour est suivi d'un jeune homme assis
sur un char et tenant en main un aviron, tandis qu'un homme, vu de
dos et dans un beau mouvement, s'appuie au bord du char et le dirige
sur les flots. Devant ce groupe est assis un homme qui lutte avec un
monstre aquatique; un Amour voltige au-dessus de lui. Un homme au
corps de poisson nage auprès, entourant de ses bras le cou d'uù autre
homme marin, et un jeune garçon, portant une bVanche de palmier, est
assis sur un troisième char. Le cortège s'avance gaiement, et une femme
qui nage est guidée par un jeune triton qui Tembrasse ; Sylène, entre deux
hommes qui le soutiennent, est assis sur une tortue, et tient deux vases
remplis de vin. Le groupe d'un enfant debout sur un dauphin et enlaçant
un cygne est surtout d'une grâce charmante. Ces dernières figures se ren-
contrent avec les chevaux de Neptune, qui se cabrent et en semblent
eflrayés.
Le demi-cercle de ce dessin a environ 15 pouces de diamètre^ le cintre
EN ALLEMAGNE. 451
est vide, le rebord esquissé à la sanguine et terminé avec infiniment d'es-
prit à la plume. Il est probable que Raphaël exécuta ce précieux dessin
pour Agostino Cbigi^ puisque nous savons^ par un document du 10 no-
vembre lolO (cité plus haut, p. 373), que ce protecteur des ails fit exé-
cuter, en 1510, deux plats en bronze, de la grandeur de quatre palmes,
par Cesarino di Fi-ancesco Rosetti de Pérouse, d'après les dessins du
maître.
259. Eve. — Vue de dos, debout contre un arbre, tenant la pomme
dans la main gauche. Légère esquisse à la plume. Petit in-folio.
260. La Vierge avec VEnfant. — Ce dessin, malheureusement très-
rogné, ne contient plus à présent que la tête de la Vierge et celle de
Tenfant Jésus, si proches l'une de Tautre que les joups se touchent. Beau
dessin à la pierre noire. La tête de la mère a été retravaillée. H. 2" 6";
L 3*'.
261 . Trots enfants ailés, — Et la tête d'un quatrième dans des nuages.
Légère esquisse à la plume. ]n-4<o. Collection Richardson.
262. Martyre de sainte Fêïicitéy ou plutôt de sainte Cécile. — Presque
entièrement semblable à la gravure de Marc-Antoine. Bartsch, t. XiV,
n*» H7. Les légères difl'érences qu'on remarque entre cette gravure et le
dessin consistent surtout en ce que les deux hommes tenant les têtes cou-
pées sont un peu plus éloignés de l'homme à genoux ; ces deux hommes
ont ici le même mouvement de jambes, tandis que dans la gravure de
Marc-Antoine ce mouvement est différent. La femme qui a la tête cou-
verte, à droite, est aussi plus mouvementée que dans cette gravure. Ce
dessin, qui a beaucoup souiîei t, a été tellement retravaillé qu'on ne peut
même plus reconnaître si c'est un ouvrage de Raphaël. A la plume, lavé
à la sépia et rehaussé de blanc. Provenant de la collection Winckler de
Leipzig, dans le catalogue de laquelle il était donné comme étant d'Al-
brecht Durer. Nous avons déjà signalé une copie de ce dessiu dans la col-
lection Albertine à Vienne.
BANS LE CABINET DU ROI, A DRESDE.
263. Le Massacre des Innocents. — Semblable à la gravure de Marc-
Antoine, moins ie petit sapin. Bartsch, t. XIV, n"" 20. Sur papier gris, à la
sanguine, légèrement lavé à la sépia et rehaussé de blanc. Le ciel, dont
on a coupé un morceau, a été retouché à la gouache par une main habile;
mais, par suite de ces retouches, il ne se rapporte plus à la gravure de
Marc-Antoine, ni à la manière de Raphaël ; en outre, dans tout le dessin,
on remarque çà et là quelques autres retouches. Disons tout d'abord que
ce dessin se dislingue de tous ceux qu'on attribue à Raphaël par un fini
poussé à l'extrême^ qui n'a pas d'analogue dans les œuvres du maître. On
451 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
y remarque aussi une observation de la péirspeclive aérienne qui n'est
nullement dans le caractère des dessins de Raphaël et qu'on ne trouve pas
au même degré dans ses peintures. Ces contradictions évidentes ont natu-
rellement fait nattre des doutes dans l'esprit des connaisseurs, mais ce
dessin est si beau, qu'on hésite à se prononcer pour ou contre. Si Ton
veut admettre que c'est bien là un ouvrage de Raphaël^ mais qu'il a été
retravaillé depuis, il faut avouer qu'un véritable maître a pu seul mettre
la main à ce chef-d'œuvre après Raphaël et se pénétrer de son esprit, avec
une intelligence digne de Marc-Antoine lui-même; le dessin est excellent,
plein de vérité et de vie dans l'expression. Ces qualités sont même si sur-
prenantes, qu'on rapporté que le graveur, Raphaël Morghen, après avoir
longtemps examiné ce dessin, finit par dire a qu'il était presque fâché
d'en avoir eu connaissance, » à cause de son enthousiasme pour les an-
ciennes estampes qui reproduisent cette composition. Le comte de Stern-
berg avait vu ce dessin en Hollande, où, selon une tradition que nous
donnons sous toute réserve, il aurait appartenu au grand peintre Rem-
brandt van Ryn, qui fut aussi un ardent collectionneur ^ ; puis, au bourg-
mestre Six, à Amsterdam. Le défunt roi de Saxe l'acquit du docteur
Huybens, à Cologne, moyennant 2,S00 thalers.
Outre les anciennes gravures que nous indiquerons en leur lieu et place , nous
en possédons encore une, faite en 1836, d'après ce dessin, par Moritz Steinla. In-
folio en largeur.
DANS LA COLLECTION DE M. LE PROFESSEUR AUGUSTE GBAHL,
A DRESDE.
264. Vénus et VAmoitr, — Debout dans une niche, elle se penche vers
un petit Amour qui est auprès d'elle. Magistralement dessiné à la pierre
noire. Petit in-folio. Sur la marge, à droite, est écrit à l'encre et de la
main de Raphaël le nom de Santy, et deux fois encore : Santi,
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, n** 311.
265. La Vierge de lord Gravagh. — Dessin très-retravaillé à la sépia, et
rehaussé de blanc. Il a tellement souffert qu'on ne saurait plus juger si
c'est réellement un original. Petit in-folio.
DANS LE CABINET DU CHATEAU DE GOTHA.
266. Le Christ au tombeau. — Joseph d'Arimathie, agenouillé à gauche,
1. Dans rfnTentaircrdes collections de Rembrandt, dressé en 1656 par suite de son état
â'^insolvabillté, on trouTe , parmi quantité d^albums de dessins et de gravures des maîtres de
tous pays, trois • lirres contenant des etiampet diaprés Raphaël, très-belles épreuves. • Il n'est
pas question spécialement de dessins de Raphaël, mais il pouTait s'en rencontrer dans les albnois
pleins de « dessins par let meilleure nutUret. • {Note de Viditeur,)
EN ALLEMAGNE. 453
soutient le corps du Christ. La Vierge est ageDOuiilée et évaDOuie, tandis
que Marie-Madeleine^ i droite, dominée par la douleur, se prosterne aux
pieds du Christ; on ne voit que le derrière de sa tête et ses longs cheveux
dénoués. Au milieu, du même côté, se tiennent deux apôtres qui se tordent
les mains. Pour fond, un tombeau dans le genre d'une tour, avec une
tablette sur laquelle on lit les lettres I. N. I. R. Spirituelle esquisse à la
ptume, lavée d'un ton brun, avec quelques légères indications d'arbres
dans le paysage. Ce dessin a un peu souffert du côté -droit. H. 13" 6'" ;
1. 9" 9"'. Provenant du peintre Raph. Mengs, il vint entrer, avec beaucoup
d'autres objets d'art q.ui lui avaient appartenu, dans la collection du duc
Emst. Le dernier duc de Cobourg avait fait présent de ce dessin à son
peintre de cour, Grassi, mais il fut réclamé comme un bien inamovible
de l'État, et cela avec d'autant plus de raison que cet artiste recevait une
forte pension de la cour de Gotha. — Une copie de ce dessin, par Timoteo
Viti^ avec la tour à gauche, se trouve dans la collection de Stockholm.
Grav. par Eneas Yico, 1548. Bartsch, t. XY, p. 284, n" 8. — En contre-partie,
par Gialio Bonasone. — Fac-simile par Sanlo Paccini, 1770. H. 13"; 1. 9" 1'".
Cette composition a souvent servi pour faire des tableaux identiques.
On en trouve un très- beau, d'Andréa Squazzella, au musée du Louvre.
Gravé par A. Girardet.
Un petit tableau d'après le dessin, avec quelques variantes, par un peintre
néerlandais, dans la galerie de Munich.
Lithogr. par N. S trimer.
Un autre, dans la manière de Jan Swart, est au musée de Berlin.
DANS LA. COLLECTION DU GRAND-DUC DE WEIMAR.
267. Groupe de la Vierge évanouie et des trois femmes qui la soutiennent,
— Pour la Mise au tombeau, du palais Borghèse. Figures jusqu'aux genoux. •
Cette esquisse semble avoir été la première pensée du maître pour ce
groupe, qui, dans le dessin, est moins en harmonie avec le corps du Christ
que dans le tableau. La femme qui est au dernier plan et qui, dans le
tableau, porte ses regards vers le Sauveur, se tourne ici vers la Vierge,
représentée plus jeune, et différente aussi de pose et de mouvement.
Il en est de même de' la figure du premier plan, qui, à genoux, soutient
la Vierge ; la tête de la troisième femme rappelle celle de la Belle Jardi-
nière. L'expression de toutes ces figures est d'un sentiment exquis. A la
plume. H. 8 '; 1. 7". Ce dessin était autrefois dans la possession de madame
de Heggendorf à Mannheim.
DANS LA COLLECTION DE M. RUDOLPH WEIGEL, A LEIPZIG.
268. Fragment d'une grande composition de cavaliers et de peuple à pied,
«
454 CATALOGUE DES DESSINS DE BAPHAEL
semblable à un cortège. ~ LeI quatre figures à clieval sont les mêmes que
celles du Spasimo. Les costumes toutefois offrent quelques changements
ainsi, le vieux cavalier, à gauche, a un casque au lieu d'un turban» Un
soldat est tombé à terre devant les cavaliers, et Tun de ceui-ci^ en tirant
son épée, lui ordonne de se relever. Un troisième soldat s'enfuit en sau-
tant par-dessus le soldat renversé; il y en a un quatrième dont on voit
seulement la tête. On est embarrassé pour expliquer au juste le sujet de ce
dessin, dont les figures rappellent plus ou moins le tableau du Spasimo.
C'est une esquisse intéressante, quoique dans un fâcheux état de détério-
ration. A la plume et lavée à la sépia. H. 9"; i. 6".
Fac-similé dans l'ouvrage : Banâzeieknungen berUhmter Mei$Ur mu dur Weigei-
tehen KwMliammlufigt 1855, fn-fol.
DANS LA COLLECTION DU PROFESSEUR NEHER, A LEIPZIG.
269. Tête d'une Grâce. — C'est la tète de la seconde Grâce dans la fresque
du Festin des Dieux à la Farnesine. Fragment d'un carton de grandeur natu-
relle, à la pierre noire et à la sanguine ; la bouche, les cheveux, et le fond
bleu sont un peu colorés. L'expression est du plus grand charme et le
dessin rempli de finesse. Fixé sur toile. H. 16"; 1. i2" 4'"..
DANS LA COLLECTION DU CABINET ROYAL DE MUNICH.
270. L'Exposition du carps d'un saint évéqne. — Le corps est exposé
sur un lit de parade ; des prêtres tenant des cierges, et beaucoup de peuple
sont à Tentour, debout ou agenouillés ; du côté gauche arrive, en se traî-
nant, une jeune fille malade soutenue par un jeune homme : elle touche
des deux mains le côté gauche du saint évéque, dans l'espoir d'obtenir sa
guérison. A droite, s'approche un estropié qui vient aussi toucher le corps
saint. Esquisse rapide à la plume, mais exécutée très -spirituellement.
H. 9"; 1. 14" 7"*. Provenant de l'ancienne collection électorale de Mann-
heim. — Une copie de ce dessin, par Timoteo Viti, se trouve dans la
collection de Stockholm.
Fac-similé gravé par Heinrich Sintzenicb; 1784. — Litbogr. par F. Piloti. ~ Do
môme, par F. Rehberg.
271. Saint Ambroise. — Légère esquisse à la plume pour une des
figures de la fresque de la Dispute du Saint-Sacrement au Vatican. Petite
feuille.
272. Étude d'après un jeune homme, — A genoux et les mains jointes en
prière, il lève ses regards vers le ciel. Cette esquisse, à la plume, est
dessinée d'après un modèle vivant, légèrement vêtu. Revers de la feuille
précédente.
273. Un Combat» — Vraisemblablement dessiné d'après un bas-relief
EN ALLEMAGNE. 455
aolîque. A gauche, on voit deux cavaliers accourant, protégés par leur$
boucliers et tenant leurs épées hautes. Quatre autres cavaliers sont toijyr-
nés à droite; Tun d'eui sonne de la trompe. Dessiné à la pointe, sur papier
préparé gris, et rehaussé de blanc. Ce beau dessin a malheureusement
beaucoup^soufîert. Petit in-folio en largeur.
274. La Naissance de Vénus. — Elle s'élève de la mer, en tenant ses
longs cheveux. Beau dessin à la sanguine pour la peinture de la petite
Salle de bain du cardinal da Bibiena au Vatican. Petit in-folio.
DANS LA COLLECTION DE l'iNSTITUT DES BEAUX-ARTS
DE STAEDEL, A FRANCFORT-SUR-MEIN.
Les dessins de Raphaël dans cette collection proviennent la plupart de
la. collection du roi Guillaume II des Pays-Bas, laquelle fut vendue à La
Haye en 1850.
275. Dieu, après le délugCy montrant à Noé Varc-en-ciel comme signe de
récùnciliation. — A droite, sont agenouillés les trois fils de Noé. Esquisse
pour un des tableaux des socles dans les Loges du Vatican. Dessin à la
plume, lavé à la sépia et rehaussé de blanc. Feuille en largeur. Collections
Réveil, à Paris, Sir Thomas Lawrence, à Londres, et roi des Pays-Bas.
276. La Vierge et un saint. — La Vierge est assise sur un trône, l'en-
fant Jésus devant elle ; à gauche, saint Nicolas de Tolentino debout, tenant
un livre. Le côté droit, où devait se trouver une autre figure, est vide.
Belle esquisse à la plume, de la jeunesse de Raphaël. In-folio. Collections
Lankrink, Dawson Turner. Lawrence et roi des Pays-Bas.
Fac-similé dans la Lawrence Gallery. — Photographie par Schaeffer.
277. La Vierge avec Venfant Jésus bénissant, — La Vierge, assise, la
tête un peu tournée à droite, tient le bras droit de l'enfant Jésus, assis
sur ses genoux. Dessin à la plume, traité dans la manière péruginesque du
maître. Petit in-folio. Collections Ottley, Lawrence, Woodburn et roi des
Pays-Bas.
Fac-similé dans la Latorence G€illery.
278. Tête d'enfant. — Étude d'après nature pour la tête de l'enfant Jésus
dans la petite Madone de lord Cowper. A la pointe d'argent, sur papier
grisâtre préparé. ln-8<>. Collections Antaldo Antaldi, Woodburn, J. D. Pas-
savant.
279. Saint Martin. — Il est à cheval, et de son épêe il partage son man-
teau, en parlant avec un homme qui est debout à sa droite, seulement
couvert d'une draperie sur les hanches, et qui, comme un satyre, a deux
petites cornes sur la tête. Dessin à la plume, dans le style du Pérugin. Au
verso, un Baptême du Christ, dessiné à la plume par le Pérugin. C'est la
même composition que ce maître exécuta en 1502 pour un tableau d'autel
456 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
dans l'église des Augustins à Pérouse. la-folio. Collections comte Bagliooi
à Pérouse» Lawrence et roi des Pays-Bas.
280. Pour la Dispute du Saiiit-Sacrement. — C'est la moitié de la partie
inférieure, à gauche^ de cette composition. Dix-sept figures nues. Magoi-
fique étude d'après nature, à la plume. In-folio en largeur. Des ^Uectioos
Timoteo Yiti, Crozat, Mariette^ l^^goy» Dimsdale^ Sir Th. Lawrence et roi
des Pays-Bas.
Grav. par le comte de Gaylus, en contre-partie, pour le Cabinet Çrozai, n«43.
— Photogr. par Schaeffer.
281. Diogéne pour l'École d'Athènes. — Étude d'après nature. D^abord
la figure complète^ puis séparément la poitrine avec le bras droit, les
jambes et le pied gauche. A la pointe d'argent sur papier rougeâtre pré-
paré. H. 9" 9'"; 1. 11" 3"'. Collections Wicar, à Rome, W. Y. Ottley
(qui en a donné un fac-similé gravé par Lewis dans son : Italian Sckool of
de8ign)y Sir Th. Lawrence et roi des Pays-Bas.
282. L'empereur Jtistinien dormant les pandectes à Tribofiitmus, —
Esquisse pour la fresque qui est dans la salle délia Segnalura^ en partie
dessinée à la plume, mais, en majeure partie, seulement avec la pointe
du pinceau, et lavée à la sépia. In-folio. C'est vraisemblablement le même
dessin qui se trouvait autrefois chez lord Hampton, et qui est cité par
H. Reveley dans ses Notices illustrative of the draivings and sketches of
some of the most distinguished masters in ail the principal schools of
designj'h^ the late Henry Reveley Esq. (London, 1820], publiées par son
.fils, d'après un manuscrit daté de 1787. Collections Sir Th. Lawrence et
roi des Pays-Bas.
283. Vîi avocat du Consistoire présente les décrHales au pape Gré-
goire IX. — Esquisse pour la partie droite de la fresque qui est dans la
salle délia Segnatura, au Vatican. Ce sont principalement des études de
draperie dessinées à la plume. In-folio. Collections Crozat, Yersteegh,
Rutgers, Yerstolk van Zoelen, à La Haye.
. 284. Timoclée devarit Alexandre le Grand. — Plutarque rapporte, dans
la Yie d'Alexandre, que les Thraces, qui avaient pris la ville de Thèbes et
qui la pillaient, envahirent la maison d'une femme noble, nommée Timo-
clée. Le chef de ces pillards, après qu'il eût violé cette malheureuse femme,
voulut savoir en quel endroit elle avait caché son argent et ses trésors.
Timoclée, animée du désir de la vengeance, indiqua un puits dans le
jardin, comme renfermant tout ce qu'elle avait voulu dérober à l'ennemi.
Elle le conduisit elle-même au puits, et, lorsqu'il se penchait pour jroîr
au fond, elle profita de ce moment pour l'y précipiter. Les soldats, étant
accourus aux cris de la victime, la lièrent et la menèrent devant Alexandre.
Celui-ci voulut savoir qui elle était. Elle répondit fièrement : «Je suis la
sœur de Théagène, qui combattit contre Philippe^ pour la liberté de la
J^N ALLBDIÂGNB. 457
Grèce^ à la bataille de Ghaerooea.oùil perdit la vie. » Alexandre^ rempli
d'admiration, fit rendre la liberté à cette femme et à ses enfants.
Dans ce dessin, Timoclée est agenouillée devant Alexandre. A droite,
le capitaine tbébain dont on panâe les blessures. En tout, quatorze figures
nues, magistralement dessinées à la plume ; de la dernière époque de
Raphaël. In-folio en largeur. Collection du roi des Pays-Bas.
DANS LA COLLECTION DE L* ACADÉMIE DE DUSSELDOBF.
285. Plusieurs esquisses, de la jeunesse de Raphaèl. — Sur le haut de la
feuille, un homme à barbe, couvert d'un chapeau. Au milieu, un homme
vu de face, qui, de la main gauche, s'appuie sur un grand bouclier. A
.droite, une tête de femme vue de profil, dans le genre d'une têle de
Vierge. Puis deux têtes d'hommes regardant vers le bas, et, plus bas,
deux têtes de femmes regardant aussi vers le bas; à côté, une autre tête
de fenime vue de profil, mais qui a été raturée. Sur papier gris-clair, et
dans la manière du Pérugin.
286. Tête d'un jeune homme. — Vue presque de profil, un peu tournée à
droite ; elle a de longs cheveux crépus, couverts d'une petite barrette. A
la pointe d'argent sur papier jaunâtre et rehaussé de blanc. Dans la
première manière florentine de Raphaël.
287. Huit évéques assis. — Ce sont principalement des études de dra-
perie, à la sanguine, pour les évêques assis au premier plan dans le
Couronnement de Charlemagne. Sur le revers, il y a encore un évêque
assis et deux diacres debout , autre étude de draperie magistralement
traitée à la sanguine. H. 40" 3'"; 1. 12" 2'". Collections du duc de Tallard
et de Gérard Hoet, à La Haye; acheté à cette dernière vente, en 1760,
pour 7 florins 10.
288. Enfants jouant. — Dix-neuf enfants et Amours. Sur le côté gauche,
un Amour lutte avec un enfant, tandis que quatre autres les entourent et
leur jettent des balles. 11 y a deux autres Amours debout sur des arbres.
Au premier plan, un Amour se penche pour ramasser deux balles qui sont
.à terre. A droite, trois enfants couchés jouent avec un lapin, et un qua-
triènle s'approche d'eux. Un Amour, qui vole, va lancer une balle dans
ce groupe, tandis que d*autres s'amusent à rattraper des balles jetées en
l'air. Deux Amours arrivent encore, vus de dos. Un enfant, également vu
de dos, est couché au premier plan. Ce dernier a malheureusement été
retouché par une main inhabile. Ce précieux dessin est d'ailleurs bien
conservé. Esquisse à la plume, lavée à la sépia et rehaussée de blanc.
H. 10"; 1. 15" 2*". C'est bien le même dessin qui était autrefois dans la
collection de Jabach, à Cologne, et qui, dans la vente de Gérard Hoet,
fut acheté, en 1760, pour 40 florins.
458 CATALOGUE DES D8SSINS DE RAPHAËL
Gravure sur bois , ea clatr--obscur , à trois planches , par le Maître NDB.
Bartscli, t. XII, p. 108, n* 4.
Une belle et ancienne copie de ce dessin, attribuée à Rinaldo Mantovano,
se trouve dans la collection Albertine^ à Vienne.
289. Deux paysages. — Avec des montagnes et des villes. Légèremeot
esquissés à la plume ^ et sans doute d'après des peintures. De la jeunesse
de Raphaël.
290. Le Péché. — Adam et Eve sont assis l'un en face de l'autre. Adam,
à gauche, sur un tronc d'arbre, et Eve lui présentant la pomme. Quoique
ce dessin ne soit que le calque d'un original, nous le citons à défaut de
cet original qui nous est inconnu.
Landon, sous le n* 318, en donne une reproduction, mais en contre-
partie, sans indiquer le lieu où l'original se trouve. On voit aussi cette
composition dans une ancienne arabesque, gravée à l'eau-forte, qui en-
toure les lettres IHS renversées. Adam et Eve sont assis dans la lettre H ;
le Christ en haut, les apôtres saint Pierre et saint Paul sur les côtés;
sainte Catherine et sainte Barbe dans la lettre S; un ange de Tautre
côté. Cette eau-forte, d'un maître inconnu, est au British Muséum.
291. La Porteuse d'eau^ de l'Incendie du Bourg. — Figure nue. Contre-
épreuve d'une très-belle étude à la sanguine. Nous ignorons ce qu'est
devenu l'original.
Lithogr. par G. Mosler, pelit in-fol.
La même figure, copie dessinée à la plume» lavée à la sépia et rehaussée
de blanc, qui était dans la succession Lawrence, appartenait à Rich.
Uead, médecin du roi d'Angleterre.
Gravé en fac-similé par Arthur Food, en 1734, in-fol. allongé. — Dans le cata-
logue Woodbum, n" 72.
AU MUSÉE KESTNERIANUM, A.HANOVRE.
292. La Résurrection du Christ. — Esquisse pour une des douze petites
peintures en largeur, au Vatican. Dessinée à la plume sur papier gris,
lavée à la sépia et rehaussée de blanc. H. 5" 6'"; 1. i&\ Ce des^ih pro-
vient de la maison Alberti, à Borgo di San Sepolcro.
Une ancienne copie de ce dessin, provenant de la collection Peter Lely, se
trouve dans la galerie de Chatsworth, appartenant au duc de Devonshire.
Gravure sur bois, en clair-obscur, de trois planches, par Hugo da Carpi.
BarUch, t. XII, p. 45, n-îeô.
DANS LE CABINET DE M. DE BETHMANN HOLLWEY, A BONN.
293. La reine de Saba chez le roi Salomon. — Dessin à la plume.
In-folio en largeur.
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, n" 13.
EN ALLEMAGNE. 450
DANS LA SUCCESSION DU BARON OTTO DE STACKELBERG,
A DRESDE.
^4. Dieu apparaît à Isaac. — Esquisse de la fresque des Loges du
Tatican. Ce be«u dessin est presque tout à fait analogue à la peinture
exécutée, seulement la jambe gauche d'Isaac est un peu plus en arrière,
ce qui rend son attitude plus belle et plus juste.
Gravé par Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIV, n" 7. — Au clair-obscur, par
A. H. ZaDcUi, 1741. Bartsch, t. XII, p. 188, n»68.
Deux bonnes copies de ce dessin ont passé dans des collections célèbref^.
L'une dans la collection Albertine, à Vienne.
Gravée à l'aquatinte, en 1805, par H. Benedicti.
L'autre était dans la succession de Sir Th. Lawrence.
Lithogr. dans la Lawrence Ga/lery, n" 23.
Sur la même feuille est encore une esquisse, faite avec soin, d'une Vierge,
demi-figure. Elle est tournée à gauche et présente quelques fleurs à Ten-
fant Jésus assis sur ses genoux; celui ci veut les prendre et sourit en éle-
vant ses regards vers sa mère. I^ Vierge tient un livre dans une main
qu^^elle laisse pendre. 11 ne parait pas que Raphaël ait jamais exécuté en
peinture cette composition , mais il en existe plusieurs tableaux de son
école. Le plus beau, par Jules Romain, se trouve dans la Tribune de la gr-
lerie de Florence. Un autre^ qui a fortement poussé au noir, est à Holkham,
résidence du comte de Leicester. C'est apparemment celui que possédait
Charles l<'^ On a gravé en Angleterre une petite planche d'après ce tableau,
mais du côté opposé.
Le dessin original provient de la maison Albert! a Borgo di San Sepolcro.
Esquissé à la plume, lavé à la sépia et rehaussé de blanc. Nous ignorons
en quelles mains a passé ce dessin en sortant du cabinet du baron de
Stackelberg.
.DANS LA COLLECTION DU MUSÉE TEYLER , A HAARLEM.
> -■
Ces dessins proviennent de la collection que la reine Christine de Suède
avait acquise à Rome et qui provenait du palais Odescalchi.
295. La Manne. — Composition de onze ligures pour une des petites
peintures en forme de frise qui décoraient les Loges du Vatican. Dessiu à
la plume, lavé et rehaussé de blanc sur papier brunâtre.
296. Josué harangue le peuple d'Israél. — Composition en forme de frise,
pour la dixième peinture qui se trouvait au-dessous des fenêtres aux Loges
du Vatican. Exécuté de la même manière que le dessin précédent.
On en possède une gravure sur bois, en clair-obscur, dans la manière de Hugo
da Garpi ; les épreuves postérieures sont d'André Andreani, 1608, et marquées :
PolidoTo Caravagio inveni. Bartsch, t. XII, p. 77, n"> 25.
460 GâTâLOGJE des DESSINS DE RAPHAËL
297. Un jeune homme à cheval. — Tourné vers le côlé droit. C'est un
dessin^de Raphaël, fait en 1503, lorsqu'il préparait les compositions de la
vie d'Eneas Sylvius Piccolomiui pour Sienne. Esquissé à la plume, lavé à
la sépia. Petit in-folio.
298. r Adoration d'un saint diacre. — En adoration devant la saiote
Vierge qui tient l'enfant Jésus sur ses genoux. Au-dessus d'eux plaoe un
ange tenant une palme. Quatre petits anges soutiennent le nuage sur lequel
est agenouillé le saint. Beau dessin à la plume.
299. Étude pour la Conversion de saint Paul. — Sujet de tapisserie.
Deux cavaliers qui s'enfuient et un soldat armé de sa lance, presque vu de
dos, courant vers le côté droit. Dessin magistral à la sanguine. In-folio.
300. Une figure ou Génie soutenant un emblème des Médicis (un agneau
avec trois plumes d'autruche). — Cette figure a quelque ressemblance
avec l'ange qui est à la gauche du prophète Isaie dans l'église des Augus-
tins à Rome. Beau dessin à la pierre noire. In-folio.
301. Hermès mâle. — Avec deux bras, dont l'un est élevé. Esquisse pour
une des cariatides de la salle de l'Incendie du Bourg au Vatican. Supérieu-
rement dessiné à la sanguine. In-folio.
302. L'Apôtre saint Paul. — Pour le tableau de la Sainte Cécile à Bo-
logne. Beau dessin à la sanguine. In-folio.
303. Un Amour voltigeant. — Vient enlever le marteau de Vulcain.
Esquisse à la sanguine pour une des fresques à la Farnesine, tirées de la
fable de l'Amour et Psyché. In-octavo.
304. L'Amour debout. — Tenant sa main sur sa tête. 11 fait partie de la
composition de Vénus, qui, au sortir du bain, s'essuie les pieds.
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, n"* 297.
Ce dessin à la sanguine a été tellement retouché, que l'on ne reconnaît
presque plus le maître.
Parmi les copies d'après des dessins de Raphaël que possède celte collec-
tion, il y a trois feuilles pour le sujet du Massacre des Innocents, qui a été
exécuté en tapisserie. Ces dessins sont lavés au bistre et rehaussés de
blanc. Un autre beau dessin de Técole de Raphaël représente un ange à
genoux, qui tient un écusson rond; lavé à la sépia et rehaussé de blanc.
Nous citerons encore une très-belle étude d'un homme couché, comme
pour un Noé enivré; étude à la pierre noire, qui paraît être également d'un
élève de Raphaël.
DANS LA COLLECTION DE M. LEEMBRUGGË, A AMSTERDAM.
305. Vn groupe de la Mise au tombeau, du palais Borghèse. — Ce sont
les trois femmes qui soutiennent la Vierge évanouie. Très-belle esquisse
àlaplume. H. ir'9"';l. 8".
EN ALLEMAGNE. 461
Jules Bonasone, on plutôt un élève de Marc-Antoine, en a fait une' gravure.
Bartsch, t. XV, p. 123, n* 50.
306. Autre étude du même groupe. — La Vierge et la femme derrière
elle, mais dessinées en squelettes. Très-précieux dessin à la plume. Sur la
même feuille^ il y a encore les esquisses pour trois tètes de femmes.
H. i¥'; 1. 8". Collections Antaldi, Lawrence, roi des Pays-Bas. Acheté à
cette dernière vente pour 1^230 florins. Publié dans la Lau)rence Gallery,
n~ 8 et 9.
307. Tête de Vapôtre saint Jacques le Majeur. — Pour le Couronnement
delà Vierge^ de Tannée 1503^ qui est actuellement au Vatican. Relie tête
de jeune homme qui regarde vers le côté gauche du haut. Il est vu de
trois quarts. Étude à la pierre noire. H. i0"9"'; 1. 8" 6'". Collections
Ottley, Lawrence^ roi des Pays-Bas. Acheté dans cette dernière vente pour
600 florins. Publié par Ottley dans son recueil : The italian School of design
(p. 50), mais donné erronément pour une tête d'ange de la Dispute du
Saint-Sacrement.
DANS LA COLLECTION DE M, DE VOS, A AMSTERDAM.
308. La Belle Jardinière. — Esquisse à la plume pour le tableau du
Louvre. Le petit saint Jean paraît tenir un chien près de lui. In-folio. Col-
lections R. P. Knight, Lawrence, roi des Pays -Ras. Acheté dans cette
dernière vente, sous le n^ 30, pour 410 florins. Un dessin tout à fait sem-
blable, si ce n'est le même, a figuré dans les collections Crozat, Mariette
et Revil ; il doit être maintenant en Angleterre.
C. Metz, dans ses Ifnitatioh$ ofaneient and modem dravoingt (London, 1798), en a
donné un faosimfle. De môme, par A. Bartsch en 1789, mais en contre-partie.
Tout récemment, Joseph Keller, de Dûsseldorf, en a gravé un troisième fac-similé
d'après un autre dessin que nous ne connaissons pas.
DANS LA COLLECTION DE M. BOOS, A AMSTERDAM.
309. Tête de moine, — Couverte d'un capuchon, le regard abaissé vers
le côté gauche. C'est à tort que l'on considère ce portrait comme celui de
Savonarola. Reau dessin à la pierre noire, mais très-retouché. In-folio.
Collections Lawrence et roi des Pays-Ras; vendu à La Haye, sous le n® 74,
pour 380 florins.
DANS LE MUSÉE THORWALDSEN , A COPENHAGUE.
310. Carton d'une Vierge. — Demi-figure. La Vierge, la tête inclinée
vers le côté droit, contemple avec amour Tenfant Jésus étendu devant elle
et le soutient de ses deux mains. Celui-ci penche sa tête contre le sein de
sa mère et lève ses regards vers elle. Il s'appuie sur le coude droit et pose
402 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
sa main gauche sur sa poitrine. Sa jambe droite^ étendue, supporte sa
jambe gauche. Ce petit carton , d'environ deux pieds de hauteur, est exé-
cuté au crayon noir et légèrement estompé. Le caractère du dessin^ qui
est très-beau^ rappelle la manière du maître lorsqu'il était à Florence,
en iSOo^ après avoir quitté l'école du Pérugin.
Ce fut M.Wales, peintre paysagiste anglais, qui donna au célèbre sta-
tuaire Thorwaldsen ce précieux carton. Thorwaldsen, pendant un certain
laps de temps, lors de son premier séjour à Rome, ne recevait pli» sa
pension de Copenhague. Forcé de chercher des moyens d'existence en
dehors de ses travaux de sculpture, il avait fait marché avec le peintre
Wales pour lui dessiner des figures dans ses paysages, moyennant un
SQudo par jour. Mais il arrivait que Tartiste anglais était parfois à court
d'argent; ce fut dans un de ces jours de pénurie, que Wales lui donna en
payement le carton de Raphaël.
DANS LA COLLECTION ROYALE DE STOCKHOLM.
Cette riche collection de dessins de maîtres anciens fut rassemblée par
le comte Tessin pour le roi Gustave 111, et la plus grande partie de ces
dessins provient du cabinet Crozat. D'autres dessins, que le comte avait
réunis en Italie, furent acquis, après sa mort, pour le roi de Suède. Parmi
les vingt dessins qu'on attribue à Raphaël dans cette collection, six sont
réellement du maître; les autres ne sont que de son école.
311. L'Adoration des Mages, — Esquisse spirituellement exécutée à la
plume pour la predella de 1503, qui est au Vatican. Ce dessin ne présente
qu'une partie de la composition; le cheval, qui est à gauche dans le ta-
bleau, manque ici. Collection Crozat, n» 100. In-folio en largeur.
312. Études pour plusieurs figures. — Dessinées à la plume vers 1505.
Au bas, à gauche, est la demi-figure d'un évêque à barbe, qui lit dans
un livre. Sa pose ressemble beaucoup à celle du saint Nicolas de Bari dans
le tableau d'autel qu'on voit au château de Blenheim; ce doit être une
première étude pour cette figure. Au-dessus de l'évêque est un vieillard
assis, qui s'appuie sur un bâton. Enfin, sur la même feuille, un jeune moine,
le regard élevé, et écrivant sous la dictée d'un ange qui est derrière lui.
In-folio.
313. Saint Jean évangéliste. — Vieux. Il est assis, écrivant dans un livre
qu'il tient devfint lui et tenant l'écritoire dans sa main gauche. 11 est tourné
vers le côté droit, l'aigle à ses pieds. La draperie est encore traitée dans
la manière du Pérugin^ mais les pieds et les mains sont d'un deissin beau-
coup mieux senti. A la plume. Iu-4*. Au verso, l'étude à la sanguine d'un
dos d'homme, mais tellement retravaillée, que rien n'autorise à l'attribuer
à Raphaël.
£N ALLEMAGNE. 46S
3i4. Un jeune homme. — Le regard levé rers le haut. Au bas, une
étude, plus achevée, de deux bras pour la même figure. Beau dessin à la
poÎDte de métal, rehaussé de blanc, daus la manière florentine de Raphaël.
31o. La sainte Vierge. — Elle présente des fleurs à Tenfanl Jésus qui les
prend en regardant sa mère. A droite, deui anges en adoration. Esquisse
à la plume. 1n-4o.
316. Joseph à genoux devant Pfiaraon, — Il y a quatre figures de cha-
que côté. Composition de frise peinte en grisaille dans l'embrasure d'une
fenêtre de la salle d'Héliodore. Dessin à la plume , lavé à la sépia et re-
haussé de blanc. Collection Crozat, n^ 119.
Au nombre des dessins mal attribués à Raphaël, mais qui au moins
sont traités dans sa manière, les suivants nous semblent les plus inté-
ressants.
a.) Saint George à cheval — 11 frappe de sa lance le dragon. Dessin à
la plume, très-terminé. Au verso , esquisse d'après une femme couchée et
dormant avec son enfant sur un tertre. Collections Montarsis et Crozat,
6.) L'Annonciation. — La sainte Vierge est debout et l'ange à genoux
devant elle; dans le haut, Dieu U Père envoie le Saint-Esprit. Beau dessin
à la plume, dans la manière florentine de Raphaël. Au verso, l'esquisse à
la plume pour l'Ascension de la Vierge. Grand in-folio. Collection Crozat, ^
n« 127.
c.) L Adoration des hefgers. — La sainte Vierge est à genoux devant
l'enfant Jésus, et celui-ci tourné du côté gauche vers les bergera. Saint
Joseph est assis à la droite. Lavé à la sépia et rehaussé de blanc. Au verso,
la même composition, mais légèrement esquissée, ln-4^
d,) Thésée tue le dragon. — Ce dragon avait dévoré les compagnons
de Thésée, descendus à terre pour chercher de Teau afin de bâtir la ville
d'Athènes. Dessin d'un élève de Raphaël, lavé au bistre et rehaussé de
blanc. Au verso, un Griffon à la plume.
e.) Hercule tue le lion. — Copie d'après Jules Romain. Dessin lavé au
bistre.
f.) Cinq paysages. — Deux vues de villes, des rochers, etc.; puis, trois
dessins de petite dimension, dont l'un représente l'intérieur d'une cham-
bre. Tous ces dessins à la plume ont quelque rapport avec ceux du même
{;enre que faisait Raphaël dans sa jeunesse, mais ils sont bien plus tra-
vaillés.
g.) Un ornement avec deu^c oiseaux ^ d'après Vantiqw. — Dessin à la
plume dans la manière de Giovanni da Udine.
h.) Tète de jeune femme. — Avec des cheveux tombants et couverte
d'un voile. Vue presque de profil et tournée vers le côté gauche. A la
464 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
pierre noire et légèrement colorée. Ce dessin est, a?ec raison y attribué à j
Timoteo Viti ; cependant un écrivain très-estimé croit y reconnaître le mo- * j{
dèle qui a servi pour la tête de la Vierge au Chardonneret. ^
DESSINS DE RAPHAËL EN FRANCE.
COLLECTION DU LOUVRE, A PARIS,
Parmi le grand nombre de dessins attribués à Raphaël qui se trouvent
dans cette riche collection de trente-six mille pièces environ , il y en a
environ trente qui sont incontestablement du maître. Ils proviennent^ eo
partie 9 des collections Crozat, comte de Caylus et Mariette ^ Les dessins
de feu M. de Saint-Môrys devaient également passer dans ce musée en
181 Damais ils n'y arrivèrent pas tous, car la plupart sont actuellement
en Angleterre. Six dessins de Raphaël furent achetés en 1850, à la vente
des objets d'art de feu le roi Guillaume II, à La Haye. Lors de notre der-
nier séjour à Paris, en 1852, nous avons été mis à même, grâce à Tobli-
geance de M. de Reiset, conservateur de la collection des dessins du
Louvre, de dresser un catalogue complet des œuvres de Raphaël qui s'y
trouvent, faveur qu'il nous avait été impossible d'obtenir en 1831 et 1847,
sous la direction de M. de Cailleux, qui prétendait que le Louvre ne pos-
sédait pas d'autres dessins de Raphaël que ceux alors exposés au public %
parmi lesquels on n'en comptait pas plus de dix authentiques.
1. On ne sait ce que sont de^eDus les dessins de Raphaël prorenant de la collection Jabarh,
achetés pour Louis XIV. Beaucoup de ces dessins u^étaient sans doute que des copies; mais il y
en ayait de Téritables qui ont été tolés. Voyez dans les additions de féditeur , à la suite de
r Appendice de ce Tolume, une notice sur la Tente de la collection Jabach. [Noit de l'éditeur.)
2. Nous regrettons de trourer ici une assertion qui- semble défsTorable à M. de Cailleux ,
que nous nous plaisons , au contraire , à replacer au milieu des souvenirs de haute estime et de
respect qu'il a laissés pendant sa direction des musées royaux. Nous pensons que M. Passavant
n*a pas bien compris les objections de H de Cailleux, qui ne pouTait alors autoriser les recher-
ches du savant étranger au milieu des soixante mille dessius que possède le Louvre , et qu*on
n'avait pas encore classés. Le Catalogue des dessins, publié en 1841 ^ décrivait vingt-trois
dessins attribués à Raphaël, sans compter quatre dessins de son école. Il est fAchcux que le
nouveau Catalogue n'ait pas encore paru, quoique le savant conservateur des dessins, M. Fré«
déric Reiset, ait fait, depuis, un classement général de la collection confiée à ses soins. Daus
ce classement, une partie des dessins attribués à Raphaël par les précédents conservateurs do
musée, a été reléguée parmi les copies et est rentrée dans les cartons. {I\9ie de l'idiUur.)
EN FRANCE. 465
SiUetft «la ITlenx Testamenl.
317. La coupe de Joseph trouvée dans le sac de Benjamin. — Cinq des
frères de Joseph et le petit Benjamin au eôté droit; au milieu est posé le
sac de blé dans lequel un homme vient de trouver la coupe de Joseph. A
gauche, il y a cinq autres hommes dont l'un cherche à soulever un sac.
Légère esquisse à la plume. In-folio en largeur. Collection Crozat.
Gravé à Tean-forte, en contre-partie, par le comte de Caylus. — Landon,
1^ 2-21 *.
318. Moïse traversant la mer Rouge. — Première, pensée pour la fresque
des Loges du Vatican. Dessin à la plume, lavé à la sépia et rehaussé de
blanc, ln-4^ Collections Jabach, Crozat^ C. Jennings, Willes, Duroveray,
Dirosdale, Lawrence et roi des Pays-Bas. Une copie de ce dessin, lavée au
bistre, se trouvait dans la collection de M.W. Roscoe, à Liverpool, et une
autre sur papier rose se voit encore dans la collection Albertine à Vienne.
319. Dieu donne à Moïse les tables de la loi. — Dessin à la plume et
lavé au bistre. Première pensée pour la fresque des Loges du Vatican.
Petit in-4« «.
SoJeto da IVouveaa Teitament.
320. L Annonciation. — La Vierge est assise sous un portique à gauche
et range est agenouillé à droite. Carton pour le petit tableau de la pre-
délia qui se trouvait sous le tableau du Couronnement de la Vierge^ de
Tannée 1503» au Vatican. Dessin à la plume, lavé à la sépia et piqué aux
contours pour être transporté sur le panneau. H. 11" 3'"; 1. 16" 9'". Col-
lections Ottley, Lawrence et roi des Pays-Bas.
321. Études pour deux figures de la Transfiguration, — Ce sont des
figures nues pour les deux disciples de Jésus-Christ placés au bas^de la
montagne ; savoir, pour le jeune homme qui avance la tête et pour l'apôtre
qui indique du geste le haut du sujet. Très-belle étude à la sanguine.
In-folio. Collection Crozat.
Gravée par le comte de Caylus ^.
322. Conduis mon troupeau. — Première pensée pour un des cartons
qui se trouvent en Angleterre et qui ont été exécutés en tapisseries. Jésus-
Christ, qui a donné à saint Pierre les clefs, symbole de la puissance pon-
tificale, montre de la main le côté où dans le carton se trouvent les brebis,
mais qui ne sont point indiquées ici. Ce dessin à la plume, lavé à la sépia
. 1 . Ce dessin, qui faisait partie de l'ancienne collection du roi depuis la Tente de Crozat ,
puisqu'il a été gravé par Landon , n'est pas décrit dans le Catalogue des dessins de 1841.
(A'oUdeCidUeur.)
2. Ce dessin porte le n<* 566 dans le Catalogue des dessins de 1841 . [Note de V éditeur.)
3. Ce dessin porte le n« 577 dans le Catalogue des dessins de 1841. (NoU de l'éditeur.)
II. • 50
406 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
et rehaussé de blanc , est un peu lourd d'exécution, mais paraît avoir élé
retravaillé. In-folio en largeur. Collections de Stella > de Coypel et du
Régent.
Gravé en clair-obscar par P.-P.-A. Robert et M. Le Sueur. N* 40 du Ca^ind
Crotat.
Il existe encore un autre dessin du même sujet traité de la même ma-
nière, lequel passa de la collection Odescalchi à Rome dans celle du duc
d'Oléass et qui a été gravé en clair-obscur par Jackson. Peut-être est-ce
l'original. La collection de Florence possède une copie de ce dessin. ""
Gravée par S. Mulinari, pour l'ouvrage de A. Seacciati, intitulé: Diiegm origi"
•alij e(e., nella Jl. GtUiêrùt di Firenxe (Firenze, 176<().
323. Jésus-Christ descendu de la croix. — Sa tête repose sur les genoux
de la Vierge évanouie et soutenue par deux femmes; une troisième relère
le manteau qui couvre sa tête. La partie inférieure du Christ est posée sur
)es genoux de la Madeleine qui est assise par terre et qui regarde la
Vierge. Joseph d'Arimathie se tient à gauche ; saint Jean^ les mains joîntes;,
et un autre disciple sont debout au côté droit. Ce beau dessin à la plume
a été fait en 1506, lorsque Raphaël inclinait vers la manière florentine.
H. 13" 3'"; 1. 15" 9'". Collections Mariette, Zanetti, comte de Fries à
Vienne, Lawrence et roi des Pays-Bas. Vendu, en dernier lieu, pour
6,900 florins.
Gravé par C. Agricola en 1817, et lithogr. pour la Lawrence GalUry, u« 25.
— Gravé par Alph. Leroy, 1853.
324. Sujet tiré de l'Apocalypse (cbap. VIII, vers. 2-5). — Dans le haut,
le Père Éternel , entouré de sept anges tenant chacun une trompette. Un
autre ange, debout au milieu, jette sur la terre les flammes de l'encensoir.
Au bas, à gauche , un pape agenouillé, ayant près de lui trois personnes ,
dont Tune tient la tiare ; à droite, saint Jean TÉvangéliste écrivant; à ses
côtés, un petit ange et un aigle. Cette composition paraît avoir été destinée
à Tune des chambres du Vatican^ ainsi que l'indique une fenêtre dont la
place est marquée au milieu du dessin. C'est probablement une première
composition pour le compartiment de la Messe de Bolsène, car, en regar-
dant le dessin au jour, on aperçoit au verso un premier croquis très-som-
maire, qui représente évidemment, à l'état d'ébauche, le même sujet que
la fresque. Malheureusement, le papier étant en fort mauvais état, il n'est
pas possible de le faire dédoubler. Ce dessin est à la plume, lavé et rehaussé
de blanc au pinceau. Certaines parties du lavis paraissent porter la trace
d'une main étrangère, mais l'invention et la partie la plus importante de
l'exécution appartiennent à Raphaël. H. 0,248 milL; I. 0,3d8 mill.
Ifiergeu, lialnts et Saintes.
325. La Vierge, demi-figure^ assise dans un paysage, — Elle a l'enfant
EN PRANCf!. 467
Jésus sur ses genoux et lit dans un petit livre qu'elle tient de sa main droite.
L'eDfanty les mains jointes» Jette également ses regards sur ce livre. Au
revers de la feuille est une esquisse de deui enfants; Tun, qui est à ge*
noui, frappe Tautre qui est assis au côté gauche et qui pleure. Au bas^ on
iroit encore un fragment de tête d'enfant. Ce beau dessin a la plume est
de l'année 1504^ lorsque Raphaël persistait encore dans la manière du
Pérugin. Petit in-4°. Collection Jabach.
Un fa&-simile, d'après la Vierge, a été gravé par Frilley ; un autre fac-similé,
d'après les enfants, par Rosette.
326. La Vierge assise allaite Venfant Jésus, — Figure entière. Elle sup-
porte Tenfant sur son genou droit et tient sa main sur son sein que l'enfant
presse en regardant le spectateur. Un paysage au fond. Ce charmant dessin,
dé répoque florentine de Raphaël , vers il 506, est exécuté à la plume et
lairé au bistre. U a beaucoup souffert et a été restauré avec grand soin.
Petit in-folio.
Alphonse Leroy en a fait en 1852 un fac-simile, qui se trouve à présent dans
la chalcographie du musée '. — Grav. par H. Dupont, 1854, in-fol.
327. Étude pour deux Vierges. — Celle à gauche est vue de face; lîen-
fant Jésus l'embrasse. L'autre, à droite^ est une première pensée pour la
Yiei^e de la galerie Bridgewater à Londres. L'enfant a ici le même mou-
Tement que dans le tableau, mais la tête de la Vierge est vue de profil et
tournée vers la gauche. Dessin à la plume. In-folio en largeur. Gravé par
Dien. Au verso de la même feuille se trouve uu autre dessin à la plume,
représentant huit hommes nus assiégeant une ville et dont l'un monte à
réchelle; sup le mur on lit : Perusia avgr. Ce dessin est une œuvre de
Timoteo Viti dans la manière de Raphaël, manière qu'il imitait parfaite-
ment. Collection Saint-Morys.
328. La Vierge au Palmier. — Étude à la pointe d'argent de la Vierge
et de l'enfant Jésus; puis, la tête de saint Joseph, un peu plus grande, pour
le tableau rond qui passa de la galerie d'Orléans dans celle du duc de
Bridgewater à Londres. Petit in-i». Collections Lagoy, Dimsdale, Lawrence
et roi des Pays-Bas.
Gravé en fac-similé par J. Bain en 1852.
329. Étude pour la Vierge cfe la Grande Sainte Famille.'^ Qui est au
Louvre; tableau exécuté çn 1518. Dessin à la sanguine. C'est surtout la pose
de la figure que le peintre a étudiée dans cette étude faite d'après sa maî-
tresse assise et demi-nue. In-folio. Collections J. Stella, Crozat et Mariette.
Fac-similé par Bulavand. — Landon, n° 217 '.
1. Ce dessin est décrit sous le n* 567 dans le Catalogue des dessins de 1841. {Note de
l'idUewr.)
2. Ce dessin ) qui était au Louvre depuis longtemps , puisque Landon l'a gravé, porte le
n* 576 dans le Catalogue des dessins de 1841. (iSole de l'éditeur.)
468 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
330. La Viet'ge pleurant sur le corps de Jésus-Christ» — Elle est debout,
vue de face, et montre le corps du Christ étendu devant elle sur une pierre,
près d'un rocher qui s'élève le long du bord gauche du dessin. Très-beau
dessin à la pierre noire^ lavé et rehaussé de blanc^ sur papier gris. In-fol.
Collection Jabach. Inventaire de l'École de Raphaël, n^ 36.
Gravure d'an élève de Marc-Antoine , et portant le nom de « la Vierge au bras
nu. > Barlsch, t. XIV, n« 33.
La beauté de cette gravure, surtout dans l'expression de la tête de la
Vierge, est telle, qu'on a émis l'opinion que cette tète pouvait avoir été
exécutée au burin par Raphaël lui-même. -
331. Tête de Dieu le Père. — 11 a la main droite levée pour la bénédic-
tion. De grandeur naturelle. Fragment d'un carton pour la Dispute du
Saint-Sacrement. Dessin magistral, au fusain et au crayon noir; les contours
ont été piqués. Ce dessin a souffert et a été restauré. Grand in-folio.
Une gravure en contre-partie a été faite pour le Recueil de dessins de M. de
Saint-Morys.
332. Les Cinq Saints. — C'est ainsi que l'on nomme une composition
représentant le Sauveur aux bras étendus, assis sur un nuage dans une
gloire; à ses côtés se trouvent la sainte Vierge en adoration et saint Jean-
Baptiste qui montre le Christ. Au bas se tient debout l'apôtre saint Paul
et au côté droit sainte Catherine agenouillée. Ce beau dessiû, exécuté à la
plume , paraît avoir été postérieurement mis à l'effet avec un lavis au
bistre; en outre, il a bien souffert.
Gravé par Marc-Antoine, de la même grandeur, in-fol. Voy. Bartsch, n« 113 ' .
333. Un apôtre ou saint. — Assis; avec une longue barbe. Il pose sa
main gauche sur un livre. Ce dessin a été exécuté vers 4505, à la plume,
dans la manière du Pérugin. Sur le verso de la feuille, étude au crayon
noir et lavée, d'après une tête d'homme vue de trois quarts. Petit in-S*».
Collection Mariette.
334. Les apôtres entourent le tombeau de la Vierge, — C'est l'esquisse
pour la partie inférieure du tableau du Couronnement de la Vierge que
Raphaël a peint en 1503 pour l'église des Franciscains à Pérouse et qui se
trouve actuellement au Vatican. Ce dessin à la plume est très-spirituelle-
ment exécuté dans la manière du Pérugin, mais semble être une copie
faite par Timoteo Viti. Petit in-folio en largeur. 11 se trouvait autrefois
dans le volume XVII de l'École florentine , où il était attribué à fra Bar-
tolomeo.
335. Sainte Catherine d'Alexandrie. — Appuyée sur la roue, înstrumeift
de son martyre. Demi-figure, presque de grandeuf naturelle. C'est le
carton du tableau connu par la belle gravure de M. le baron Desnoyers,
i . Ce dessin porte le n* 572 dans le Catalogue des dessins de 1 84 1 . {Noie de l'éditeur.)
0 EN FRANGE. 460
tableau qui se trouve aujourd'hui dans la Galerie Nationale de Londres.
Ce ravissant dessin est exécuté aui crayons noir et blanc et ses contours
ont été piqués. Il a un peu souffert et a été restauré avec soin. H. 54 c ;
1. 37 c. *.
Mujeim mytbolofrlqaes et Alléf^orlq^ea.
336. Psyché ftrésente à Vénus le vase contenant Veau du Styx. — Cette
belle étude à la sanguine pour la fresque de la Pamesine a été dessinée par
Raphaël d'après sa maîtresse. Elle est nue^ à l'exception d'une étoffe légère
nouée autour de sa tête, coiffure presque homogène dans toutes les études
qu'il a faites d'après elle. In-folio. Collections Malvasia^ Crozat et Mariette*.
Fac-similé par Butavand, en 1851.
337. Vénus victrix, — Elle est debout, vêtue, et s'appuie sur un bou*
clier, eu se tournant vers le côté gauche. Elle tient une boule dans sa
main droite et une branche de palmier dans la gauche. De l'autre côté,
Hygée, debout, vue de profil, tenant un serpent et une coupe. Léger dessin
à la plume, paraissant avoir été fait d'après un bas-relief antique, pour être
employé dans les Loges du Vatican. In-folio en largeur.
Gravé en contre-partie par le comte de Caylus'.
338. Mercure. — Debout, à côté d'une femme vêtue et assise. Il donne
la main à un homme à gauche. t)e l'autre côté, on voit devant un bouc un
Amour sonnant de la corne. Léger dessin à la plume. In-folio en largeur.
Gravé par le comte de Caylus, lorsque le dessin faisait partie du Cabinet du roi.
Un dessin tout pareil se trouve dans la collection de l'Université d'Ox-
ford. 11 est très-beau, et paraît être l'original.
339. Un Amour se balançant. — 11 tient un vase d'où sort une flamme
et il tourne la tête vers le côté droit. Ce gracieux dessin à la plume fut
exécuté vers 1506, dans la manière florentine du maître. Petite feuille en
largeur. Collection Jabach.
340. Apelles calomnié. — Apelles , dit Lucien , impliqué sans raison
dans une conjuration contre Ptolémée, roi d'Egypte, peignit, pour se
venger de ses persécuteurs, la Crédulité, caractérisée par de longues
oreilles. Elle siège entre l'Ignorance et le Soupçon, accueille la Calomnie,
qui, sous la figure d'une femme belle et richement parée, s'avance vers
elle, armée d'une torche, et traîne par les cheveux l'Innocence, dont les
1 . N* 574 dans le Catalogue des dessins de 4841 . (Note de l'idileur.)
i. Ce dessin, qui porte le n** 582 dans le Catalogue des dessins de 1841 , y est ainsi dérrit :
• Psyché offre à Vénus le fard de la beauté, demandé par son ordre à Proserpine. • {Note de
l'éditeur.)
3. Ce dessin, qui faisait partie de Tancienne collection du roi, puisqu*il a été gravé par Caylos,
n'est pas décrit dans le Catalogue des dessins de 1 84 1 , car on avait négligé d'exposer une partie
des destins, dont les estampes se vendaient à la chalcographie du musée. {Note de l'éditeur.)
0
t
t
470 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
yeux et les mains levés vers le ciel semblent en implorer f assiistanee.
L'Envie, aux yeux louches, au visage hâve et décharné, guiik les pas de la
Calomnie, qui a pour compagnes la Fraude et rArtifioe, occupées du soin
de la parer. Derrière elle vient le Repentir, tardii', en long manteau de
deuil, s'arrachant les cheveux, se mordant les doigts à Taspect de la Vé-
rité qui se montre sans voile et dans tout son éclat. Le beau dessia de
Raphaël répond tout à fait à cette description, que nous avons empruntée
au Catalogue du Louvre K II est exécuté à la plume et lavé à la sépia. In-
folio en largeur. Provenant des collections de Modène et de Crozat.
Gravé au clair-obscur par Ch.-Nic. Cochin et Nicolas Le Sueur pour le Cabinet
Crozal. — Eau-forte de V. Denon, avec un fond trés-noir. — Landon, n* 472.
3-41. Figure allêgoriqm du Commerce. — Etude à la sanguine pour une
des cariatides peintes en grisailles dans la salle d'Héliodore au Vatican.
In-folio. Provenant du Cabinet du roi.
Gravée en contre-partie par' le comte de Caylas. — Fac-similé par Batavant.
en ] 849.
fliijets hlstoiiqoet et ■ litres.
349. Attila^ roi d^is Huns, marchant contre Rome. — 11 recule saisi
d'épouvante à l'aspect de saint Pierre et de saint Paul qui lui apparaissent
armés d'épées flamboyantes. Première pensée ou plutôt premier dessin
pour la fresque de ta salle d'EIéliodore au Vatican. Cette composition dif-
fère, en plusieurs parties essentielles, de l'exécution. La différence la plus
notable consiste en ce que le groupe du pape, avec sa suite, est relégué
dans ce dessin au troisième plan du paysage, tandis que dans la fresque il
occupe tout Tavant-plan du côté gauche, lequel est occupé dans le dessin
par un groupe très-animé de Huns; dont deux sont à cheval et deux à pied.
Ce dessin k la plume, lavé à la sépia et rehaussé de blanc, est d un Itni^
qu'on rencontre très-rarement dans les œuvres de Raphaël ; il ne Ta traité.
ainsi que parce qu'il devait être présenté au pape Léon X. L. 23"; h. 43".
L'Anonvme de Morelli avait vu ce dessin en ^530, chez Gabriele Vendra-
mini à Venise; plus tard, Carlo Maratti l'a possédé, ainsi que le fait est
rapporté par Bellori dans la Vie de cet artiste, p. 69 *.
Gravé, seulement au contour, par le comte de Csylus, de la grandeur de l'ori-
ginal) avec une dédicace italienne à la reine Christine de Suède, par Aogelica
Renieri. Cette dédicace manque aux épreuves postérieures. In-folio.
343. La Bataille de Constantin contre Maxence. — C'est un des premiers
dessins qui existent pour la fresque du Vatican. Ce n'est point une esquisse
proprement dite, car on n*^ reconnaît pas le jet rapide d'une première
inspiration; au contraire, on, y sent la réflexion et l'étude des divers
1 . Catalogue, des detsius de i 84 1 , où ce dessin est okssé sous le n« SS3. (Note de l'éditmr.)
2. Déorit sous le n* 575 dans le Catalogue des émlm de 184 1 . {NMe ée l'éâitMir,)
m . . .« • J ^.
EN FRANCE. 471
groupes. Ce dessio diOere, en plusieurs parties, de la fresque ; cette diffé-
rence est surtout rioiarquable dans les trois aoges et dans le paysage, qui
BODt seulement indiquée avec la pointe du pinceau. Le bateau, qui con-
tient deux figures de plus que dans le tableau, commence déjà à s'enfoncer.
Constantin a ici un aspect plus énergique, et il est plus éloigné des autres
figures que dans la fresque. Les têtes des chevaux, de profil, ont une
ressemblance frappante avec des chevaux du Parthénon, et elles sont
d'un caractère de dessin très-difiérent de celles que Raphaël a dessinées
ou peintes dans ses compositions, ce qui nous porte à croire qu'il avait
reçu d'Xthènes les dessins de ces sculptures exécutés par un de ses élèves,
envoyé par lui, en Grèce, pour y faire des études d'après les antiquités
du pays. La ligne générale de la composition incline vers le côté gauche,
ce qui lui donne plus de mouvement qu'elle n'en a dans le tableau. Le
centre aussi est plus animé, et on y voit trois drapeaux, tandis que, dans
la fresque, il n'y en a qu'un seul. Cet intéressant dessin a d'abord été
indiqué avéb du crayon noir, terminé ensuite à la plume, lavé au bistre
et rehaussé de blanc H. i3" 8'"; 1. 31" 6*", y compris la bordure, mesure
qui répond à celle de ce même dessin décrit dans le Catalogue des tableaux
du cabinet de M. Crozat (Paris, 1755, p. 25 et 26), où nous trouvons la
note suivante : a Quatorzième pièce de l'appartement du rez-de-chaussée...
dans la ligne d'en bas et au milieu, le dessin de la Bataille de Constantin
contre Maxence, par Raphaël dTJpèin, sur papier de 13 pouces de haut
sur 2 pieds 7 pouces de large. » La collection de dessins de M. Crozat fut
vendue en 1741. Les héritiers de cet amateur n'avaient gardé que le
dessin de la Bataille de Constantin et un autre dessin de Golzius. Le
premier passa en Russie; car c'est de ce pays qu'il fut envoyé à Paris et
offert en vente à la direction du Louvre, qui en Ht l'acquisition en 1852.
C'est le même dessin probablement dont parle Malvasia, dans sa Felsùia
Pittnce, p. 522. M. Crozat l'avait acheté de la collection Boschi, à
Bologne.
344. Le pape porté en procession, — Le pontife, assis sur un siège,
lève sa main droite pour la bénédiction; il a une barbe qui ressemble
fort à celle du portrait de Jules II. La procession s'avance vers le côté
droit, précédée par le porteur de la croix; deux suisses marchent de
chaque côté ; dans le fond, on voit un cardinal monté sur un mulet. Ce
sont en tout dix figures, avec l'indication d'un peu d'architecture. Dessin
rapbaélesque et légèrenaent exécuté à ia plume, in-folio. Collection Saint-
Morys.
Gravé en contre-partie pour le Recueil de ses dessins. — Fac-slmilo gravé par
M. F. Dien, en 185:^.
345.' Étude d'une tète pour la Dispute du Saint -Sacrement, — C'est
celle du sectaire a l'avant-plan de droite. Sur la même feuille sont encore
*
472 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
des études pour le cou et la draperie^ ainsi que quatre mains. Ce beau
dessin à la pointe d'argent a souffert un peu et a été restauré. Dans cette
tête d'homme, on a cru reconnaître le portait du Bramante , mais c'est
une erreur, ln-4^ Collections Wicar, Ottley, Lawrence et roi des
Pays-Bas.
346. Deux têtes de jeunes hommes. — Deux fragments du carton pour
la fresque d'Héliodore. Ce sont les tètes des figures qui se trouvent à
côté du cayalier céleste. Ce dessin est magistralement exécuté au crayon
noir. Ses contours sont piqués. 11 a un peu souffert et a été r^tauré.
In-folio en largeur. Collection Mariette.
347. Portrait d'une jeune femme. — On a dit que ce portrait était celui
de la maîtresse de Raphaël. C'est une esquisse à la plume, dans l'attitude
d'un portrait de Maddalena Boni, qui est au palais Pitti. Xa tournure gé-
nérale rappelle celle du portrait de Mona Lisa, par Léonard de Vinci, au
Louvre, et confirme le renseignement fourni par Vasari, qui assure que,
vers l'année 1506, Raphaël avait cherché à s'approprier la manière du
grand artiste florentin. La tête de cette demi-figure est vue de trois
quarts, tournée vers la gauche; les mains sont posées l'une sur l'autre.
Petit in-folio*.
Gravé par J. Bein, 1850.
348. Trots figures debout. — A gauche , un jeune homme, légèrement
vêtu, exprime un sentiment de terreur; à droite, une femme vêtue paraît
agiter un poignard, et tient de la main gauche un enfant debout, vu de
dos, qui se tourne vers elle (peut-être une Médée). Ce croquis est fait à la
plume large et au premier coup. H. 0,261 miil.; 1. 0,265 mili. Collection
de M. Saint-Morys, qui l'a gravé en contre-partie, n» 7 de son œuvre.
349. Une jeune femme assise par terre. — Tenant son enfant sur les
genoux. Celui-ci pose sa petite main sur le sein de sa mère, et tous deux
regardent un enfant assis et vu de dos. A la droite est répétée la demi-
iigure d'une mère tenant son enfant couché sur ses genoux. A gauche,
deux têtes de femmes. Ce beau dessin, légèrement esquissé à la plume, a
souffert et a été restauré. In-folio en largeur. Collection Saint-Morys.
Gravé en contre-partie dans le Recueil de ses dessins.
350. Un jeune homme debout , à demi vêtu, — Étude à la sanguine ,
d'après nature. Il regarde à terre et, se tournant vers le côté droit, élève
la main gauche. Ce beau dessin paraît être de l'année 1512. Petit in-folio.
Fac-similé gravé par H. F. Dien, en 1850.
351. Six figures d'hommes. — Parmi lesquelles il y en a quatre as-
sises, qui ont une grande ressemblance avec la figure d'Adam , dans la
I . N* 587 du Catalogue des dessing de 1841. (NoU de l'éditeur,)
EN FRANGE. 475
petite fresque de la salle délia Segnatura, au Vatican. Au milieu, un
îoniDe debout, étendant le bras et se tournant vers le côté droit, et, dans
le haut à gauche, un homme assis qui^paraît être une étude pour la figure
d'un saint Jean-Baptiste. Dessin librement exécuté à la plume. In-folio.
352. Deux arabesques.— Ces ornements ne sont indiqués que par moitié,
lis contiennent des figures fantastiques, une femme, un enfant et une tête
de liom Ce dessin à la plume paraît avoir été fait pour les Loges du
Vatican; mais il resterait encore à décider s'il a été exécuté par Raphaël,
car Giovanni da Udine dessinait, à Rome, dans la même manière que son
maître, et celui-ci l'a particulièrement employé pour la décoration orne-
mentale des Loges. In-folio. Collections Woodburn et roi des Pays-Bas.
Parmi les dessins du Louvre attribués à Raphaël, il y en a plusieurs
qui ont plus ou moins de rapport avec les siens, mais qui ne sont exécutés
que par ses élèves, surtout par Francesco Penni, qu'il associa souvent à ses
grands travaux. Penni avait tellement adopté la manière de dessiner de
Raphaëi, qu'en général ses dessins passent pour des originaux du maître.
Nous indiquerons les suivants, qui ont figuré dans la collection du Louvre
sous le nom de Raphaël :
a.) RidolfOf gonfaîoniere de Tlorence. — Harangue le peuple à la porte
du vieux palais. Cette composition fait partie des sujets de la Vie de
Léon X, qui ont été exécutés, en forme de socle, autour des grandes
tapisseries de la Vie des Apôtres pour la chapelle Sixtine. Dessin à la
plume, lavé et rehaussé de blanc, par Francesco Penni, lequel, selon
' Vasari, prit une grande part à celte œuvre. In-folio en largeur ^
6.) Le cardinal Jean de Médicis. — Retourne, en 1492, à Florence, en
qualité de légat du Saint-Siège , après un exil de dix-huit ans. Cette
composition fait également partie des sujets de la Vie de Léon X, ci-dessus
mentionnés, et elle est exécutée de la même main et de la même manière
que le dessin précédent. On en a plusieurs copies, dont l'une se trouve
dans la collection Albertine, à Vienne, lithographiée par J. Pilizotti. Une
autre a passé par les collections Zanetti, Denon, Lawrence et roi des
Pays-Bas*.
Gra\ée à Teau-forte par Novelli. — Landon, n*" 139.
c.) Des soldats romains montant à Vassaut. — Ils se couvrent de leurs
boucliers. Au côté droit, on voit des cavaliers. Dessin pour le socle de la
1 . Attribué à Raphaël dans le Catalogue des dessins de 1 84 1 , où ce dessin porte le n* 585.
(Sole de l'éditeur.)
2. N<» 5^4 du Catalogue des dessins de 1841. (Noie de l'édikur,)
474 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
eaUe <ie GonstaDlin, au Vatican ; exécuté à la plune, lavé et rehamné de
blanc, ki-folio en largeur.
d,) Le corps ée Maxence trouvé dons le fleuve, — Le Tibre, aliégoiifae-
ment persomiilié, est assis au côté droit. A gauche, on voit des machioes
de eottstructioD, un éléphant et un obameau. Ce dessin est eiéculé de
la même loanière que le précédent, et fait également partie de la mène
suite, représentant Ut Vie de Constantin le Grand. Tous deux sont exê^
culés par Francesco Penni,4]uoiq)ie exposés maintenant sous le nom de
Maturtno.
€,) La Foi et la Charité. — La première de oes figures allégoriques
tient iiD livre de la main droite et une croix dans la gauche. A ses côtés
sont deux esquisses pour la figure de la Charité. Celle à gauche est assise
sur des degrés, ayant un enfant assis à ses pieds. Celle à droite donne le
sein à un des enfants : c'est la première pensée pour la figure de la
Charité qui est, près du pape Urbain 1*', dans la salle de Constantin.
Dessin de Fr. Penni, provenant du Cabinet du roi.
Gravé par le comte de Caylus. — Landon, d» 149.
f.) L'Adoration des bergers. — C'est la composition pour la tapisserie
qui est au Vatican, seulement il y a de plus ici, dans le haut, un Dieu le
Père entouré d'anges. Grand dessin (in-folio en hauteur ) exécuté à la
plume, lavé à la sépia et rehaussé de blanc, par iules Romain.
Gravé par un élève de Marc-Ânluine. Yoy. Bartsch, t. XV, p. 15, n<> 3.
g.) La coupe de Joseph trouvée dnns le sac de Benjamin. — Au côté
gauche sont neuf figures d'hommes; de l'autre côté, on voit trois ânes.
Ce dessin est exécuté dans la manière de Perino del Vaga.
Gravé par Jules Booasoae, avec ceUe inscription : RA. YE. IN. Puis copié par un
anonyme aux initiales P. Y. 0. Peut-ôire fionasone a-t-il exécuté sa gravure
d'après un dessin original de Raphaël.
h,) La Perle orientale, — Cesi ainsi que le Père Resta qualifiait un petit
dessin représentant un vieillard debout, drapé et vu par derrière, que
cet habile connaisseur regardait comme un véritable joyau. Cependant ce
dessin, qui a beaucoup souiïert, rappelle (du moins autant que Ton en
saurait juger dans son état actuel; le faire du Parmesan. 11 est dessiné à la
plume, lavé et rehaussé de blanc. Il a passé de la collection de Marchetti,
évéque d'Arezzo, dans celles du Père Resta, de lord Sommers et de
Richardson père. Nous devons encore faire remarquer qu'un dessin tout
à fait semblable , provenant de la collection Bertels, a figuré dans le
cabinet de J. Bamard, et a été vendu, à Londres, en 4787^ pour ii livres
sterling \
1. N«586duC«Uilogiiede»desuiMdel841.
Il y & dans ce Catalogue plusieurs autres dessins attribués à Raphaël, et que M. ftssavaat wt
cite même pas parmi les attributions doideases. Voici quels sont ces dwaina:
EN FRANCE. 47S
iJ) N&é et Sacob, — Sur le recto de la feuHle, on voit Noé assis sur les
nuages, tenant une corne d'abondance d'où s'échappent des grappes de
raisin. Deux colombes sont près de lui. Des enfants ailés l'entourent et
jouent ensemble avec animation. A gauche se trouve un cartouche où se
lit le mot NOE; à droite, un autre avec l'inscription : PRIARCHA. — Au
Terso, Jacdb assis et formant le pendant de Noé. Lesjenfants tiennent éga-
ieniCDt deux cartouches avec l'inscription : 1AC06 PRIARCHA. La forme
db la composition indique que ces dessins étaient destinés pour des pein-
tLres murales au-dessus d'un arc. Ils sont çnécotés à la plume très-Une,
-mais ne répondent pas tout à fait à la manière de Raphaël. Le mouve-
ment des mains surtout est assez n^niéfé. In-folio en largeur. Collection
Msriette. .
k.) Figure d'homme nu, — 11 est étendu par. terre, la tète penchée en
avant, les cheveux flottants. Au verso, étude du corps d'un èomme nu,
assis, les bras dirigés vers la gauche. Beau dessin à la plume, mais que
nous ne croyons pas être de Raphaël lui-inême. in-folio.
l) Étude pour la Mise au tombeau. — Trois hommes et la Madeleine.
Copie d'un dessin à la plume, d'après nature , pour le tableau du palais
565. Laian ei Rachel, — Laban rient chercher ses idoles dérobées par Rachel et cachées
sous elle. Dessin à la plume et lavé.
568 . La Mutliptiealion det paint. — Dessin lavé et rehaussé de blanc.
570. Le Portement de croix. — Dessin lavé au bistre et rehaussé de blanc.
572. Jfane et Madeleine montent let degré» du to'ùne tur lequelJèeut est ateti. -^ Ce
sujet a été gravé par Marc-Antoine. Dessin à la plume, lavé et i-ehaussé'de blanc.
573. La Prédication de taint Paul à Alhènei. — Première pensée du carton qui est en
Angleterre. U a été gravé par HarC' Antoine. Dessin à la plume, lavé au bistre et rehauœé de
blanc.
578. Tète éPhemme, — De grandeur naturelle. Pour le carton qui représente Jésus^hrisl
donnant à saint Pierre les clefs de TÉglise. Dessin au crayon noir, colorié à Faquarelle.
579. Une tfte de femme. — De grandeur naturelle. Pour le carton représentant la Mort
d^Ananie. Dessin au crayon noir, colorié à Taquaretle.
580. TNe d 'homme. *- De grandeur naturelle. Pour le carton représentant la Mort d* Ananie.
Deffiiné au erayon noir, colorié à Taquarelle.
^81. Alexandre offre la couronne à RoMane. — Les Amours s'occupent de sa toilette,
jouent avec la lance, le bouclier et la cuirasse du héros désarmé. Dessin à la plume, lavé au
Mitre et rehaussé de blanc.
iCOLE DE RAPHAËL.
58S. Naissance de la Vierge. — Dessin lavé et rehaussé de blanc, sur papier colorié.
589. 1*risentalion de la Vierge au temple. — Dessin lavé et rehaussé de blanc , sur
papier colorié.
590. £a Vierge à la Chaiu. — D* après le tableau de Raphaël conaerré à Florence. Pein-
ture en ihiniature.
591. La Dispute du Saint-SacremeiU. — Copie. Dessin à la plume, lavé et rehaussé de
btinc.
Il y a, en outre, dans la collection des dessins du Louvre, un grand nombre de dessins
vraiment raphaélesquet et longtemps attribués à Raphaël. {Note de l'édiUwr.)
476 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
Borghèse » à Rome. Dans le dessin y les figures sont plas resserrées que
dans la peinture. In-folio. Collection SaintMorys^ qui en a fait une eau-
forte pour son recueil de dessins de maîtres anciens.
DANS LA COLLECTION DE M. FRÉDÉRIC REISET , A PARIS •
Cet amateur distingué^ dont le zèle pour les beaux-arls égale le goût
exquis et l'expérience consommée^ a le bonheur d'avoir pu former une
des plus belles collections de dessins d'anciens maîtres, qu'un particulier
ait jamais réunie. 11 en a publié, en 1850^ un^catalogue savant qui con-
tient la description de 381 dessins^ parmi lesquels on en. compte sept de
Raphaël. Depuis 9 M. Reiset a acquis encore deux cartons du maître , des-
quels il a eu la bonté de nous envoyer des photographies pour nous con*
vaincre de -leur authenticité.
353. ieune moine. — 11 tient à deux mains un livre, dans lequel il lit
attentivement. Demi-figure aux deux tiers de la grandeur naturelle.
Très-belle étude d'après nature, à la pierre noire. Les contours en sont
piqués pour le calque sur le mur ou sur le bois. La pose de cette figure
a quelque ressemblance avec le saint Nicolas de Bari, dans le tableau du.
château de Blenheim; or ce tableau a été peint en 1505, et cette époque
correspond justement aussi à la manière dont est exécuté ce carton. Tou- ,
tefois, le caractère de la tête et Thabiliement diffèrent tout à fait de la
figure de saint Nicolas, et paraissent plutôt convenir à un saint Antoine
de Padoue. H. 0,115 miil.; 1. 0,305 mill. Collection Denon, n» 301.
Catalogue Reiset ^ n"^ 42.
35 i. La Sainte Famille de la maison Canigiani. — De l'année 1506;
actuellement à Munich. C'est le groupe entier des cinq figures, dessinées à
la plume, d'après nature. Ce dessin diffère de l'exécution en ce que le
saint Joseph est tourné vers la droite, vu presque de dos, tandis qu'il est
vu de face dans la peinture ; en outre, il est un peu trop grand compara-
tivement aux autres figures, qui toutes sont sans vêtements. -«- Au verso,
deux figures également nues et dessinées à la plume, d'après sature, sa-
voir : un homme assis, qui se tourne vers la droite et semble tenir un
instrument de musique ; l'autre n'est que la partie supérieure d'une figure
d'homme portant un fardeau. C*est une étude pour la Mise au tombeau^
du palais Borghèse. H. 0,370 mill.; 1. 0,245 mill. Collections Timoteo
Yiti, Crozat, Revit, n<> 206. Catalogue Reiset, n« 43.
355. Ange voltigeant. — Vers le côté gauche et déroulant une bande-
role de parchemin. Étude pour la fresque des Sibylles, dans l'église délia
Pace, à Rome. Figure nue. A côté, le corps et les jambes du même ange,
drapés. Dans le bas, Tétude du bras et de l'épaule, d'après nature. Superbe
dessin à la sanguine. D'Argenville l'avait acheté à Rome pour 150 livres.
EN FRANCE. 4:7
Il provient de la collection Barni. H. 0,255 mill.; 1. 0,400 mill. Catalogue
Reiset, d'' 46. Un dessin semblable, mais qui doit être une copie fabri-
quée par uu faussaire^ se trouve dans la collection Albertine^ à Vienne^
et faisait partie de la collection du prince de Ligne.
356. Esquisse pour la Dispute du Saint-Sacrement. — Première pensée
de la partie inférieure de la composition. Ce sont vingt figures représen-
tant les docteurs et les Pères de l'Église. L'ordonnance est bien différente
de Teiécution à fresque ; il y a neuf figures du côté gauche et onze du
côté droit. Dessin spirituellement esquissé à la plume, lavé au bistre et
rehaussé de blanc. H. 220 mill.; 1. 410 mill. Ce dessin , de la collection
Crozat, n<> 560, a été gravé par le comte dé Caylus, lorsqu'il se trouvait
dans le cabinet Mariette, sous le n® 688, mais d*une manière peu satisfai-
sante. Il a paru depuis dans la vente Randon de Boisset^ en 1777^ sous
le n« 27.S, et, en dernier lieu, dans celle du baron Roger, en 1841, n*" 48.
Catalogue Reiset^ n* 45. La collection du Louvre en conserve une copie
dans le volume quatrième des Dessins de l'Ëicole romaine. Une esquisse de
la partie supérieure de la composition se trouve actuellenient dans la
eollection d'Oxford.
357. Les trois figures des Heures. — Jetant des fleurs. Pour le Festin
des Dieux ^ au plafond de la Farnesine. Etude à la sanguine, d'après na-
ture. 11 parait que la maîtresse de Raphaël lui a servi ici de modèle; du
moins plusieurs études de ce maître , qu'il a faites pour d'autres parties
de cette fresque^ ainsi que pour la Vierge de la Grande Sainte Famille de
Paris^ sont-elles d'après cette même femme, qu'on appelle ordinairement
la Fomarina. H. 195 mill.; 1. 350 mill. Ce superbe dessin provient de la
collection de M. de Cedron, et fut conservé jusqu'en 1846 par ses héritiers
dans la petite ville du Bcausset, entre Marseille et Toulon. Catalogue
Reiset, n» 48.
358. Femme agenouillée, — Les mains jointes , la tète tournée vers le
ciel. Â gauche, la tète et les épaules d'un homme penché en avant. Très-
légèrement exécuté à la plume. H. 165'"; 1. 115'". Collections Timoteo
Viti; Crozat, Mariette (qui a cru y voir une étude pour un Saint Etienne
martyr)/et Revil (1845, cat., n» 45). Catalogue Reiset, n» 44.
359. Quatre figures d'hommes nus. — En diverses attitudes. L'un est
vu de dos, l'autre de face, debout derrière lui; un troisième, à gauche,
est agenouillé en tenant son talon dans sa main gauche. Derrière lui, on
voit la partie supérieure d'un homme qui marche vers le côté droit. Dessin
à la plume, de la plus belle époque du maître. H. 230 mill.; 1. 170 mill.
Collections marquis de Lagoy et Barni. Acheté en 183G. Catalogue Reiset,
n« 47.
360. Jeux d'enfants. — Deux fragments d'un carton , dans lequel on
voit deux enfants montés sur des sangliers, l'un à gauche^ l'autre à droite,
478 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
el jouUnt FuD contre l'autre avec des bâtons. Ils sont accompagnés par
d'autres enfants, trois de chaque côté. Au milieu de la composition se
trouve l'indication d'un trépied ou d'une borne. Des pieds d'enfant, placés
sur un entablement, dans la partie supérieure du morceau de droite, font
penser que l'ensemble devait être en hauteur. Ces cartons sont dessinés à
la pierre noire, sur papier gris -brun, et ont été piqués pour Texé-
eution. Malheureusement, ils ont beaucoup souffert. Forme irrégulîère.
H. 0,550 mill., l 0,510; et h. 0,561 mill., 1. 0,670 mJl. CoHectioo Val-
lardi, de Milan.
M. Reiset possède, en outre, trois fragments d'un carton colorié pour
la tapisserie du Christ donnant les clefs à saint Pierre, dont Tori^iôal est
à Hampton Court. Ce sont huit grosses têtes d*apôtres, trois têtes sur les
deux premières feuilles, deux têtes sur la troisième. Elles ont été exécu-
tées d'abord à la pierre noire, puis lavées à l'aquarelle et à la gouache.
De nombreuses retouches à la plume y ont été faites en dernier lieu. Ces
têtes sont d'une extrême beauté et bien supérieures à d'autres fragments
du même genre conservés dans les collections du Louvre, de Christ
Church Collège, à Oxford, etc. Le comte de Fries, à Vienne, les avait
achetées d'un sieur Poggi, moyennant une rente viagère de cinq cents
florins. Plus lard , ils tombèrent dans les mains d'un marchand ^ qui l«*s
vendit à bas prix au graveur en médailles de la cour, M. Bœhm, et celui-ci
les céda, en 1846, à M. Herz de Londres. Catalogue Reiset, n» Aè.
Plusieurs dessins à la plume, de Timoteo Viti d'Urbin , qui sont dans
cette même collection , ont un intérêt tout particulier en ce que ce sont
des copies faites d'après des originaux de Raphaël, et ces copies confir-
ment l'assertion de Vasari , qui assure que cet ami du grand maître a
imité d'une manière trompeuse beaucoup de ses dessins. Citons-en trois
de cette espèce, qui se trouvent chez M. Reiset :
a.) Esquisse de la Belle Jardinière, du Louvre, — L'esquisse originale de
Raphaël, qui a fait partie des collections Crozat, Manette, Revil, etc., est
allée en Angleterre.
6.) Un ange. — Cet ange répand des fleurs sur un vieillard assis et
plongé dans une méditation profonde.
c.) Deux pei'sonnages debout et drapés» — Vus de dos.
Les originaux de ces deux derniers dessins sont conservés à l'Académie
de Venise , et faisaient originairement partie d'un livre d'esquisses de
Raphaël.
DANS LA COLLECTION DE M. DE LA SALLE, A PARIS.
361. Tête d'un vieillard sans barbe. — Elle est couverte d'un bonnet,
tournée vers la gauclie, vue presque de protil, et regardant avec chagrin
EN FRANCE. 479
Yefs le bas* Efronénent on a cru 7 recaMMiftire h portrait da Bramante.
CSelte même feuille ccmiient encore une étude pour une draperie^ partie
sirre d'une figure assise. Dessin dans la manière florentine de Ra-
I, exécuté à la pointe d'argent et rehaussé de blanc. Le irerso contient :
363. Des croquis de Vierges. — Ce sont trois indications de Vierges avec
FenfoBt Jésus; sur la feuille^ à droite et à gauche, cinq esquisses pour un
enfant assis. Charmant dessin à la plume, de l'an i50& ou iS€7.
H- d.ââS mill.; 1. 0,312 roill. Collections WoodkNtrn, roi des Pays-Bas,
n^ 60 du catalogue; Tendu 360 florins.
3fô. La Vierge ofoec Venfant Jésus, — Esquisse à la plume, très-légère,
de la partie supérieure de la mèrt, à gauche , qui présente à son enfant
des fruits dans une coupe. Celui^ est assis, à droite , sur le genou de la
Vierge et la regarde tendrement. H. 0,354 nill.; 1. 0,252 mill.
DANS LA COLLECTION DE M. DESPERET, A PARIS.
Le possesseur, qui est un artiste distingué, a fait de très-belles eaux-
fortes d'après des dessins de grands maîtres qui lui appartiennent, et dont
nous ne citerons que le suivanty-qui nous est connu par une photographie
que M. Reiset a eu l'extrême complaisance de nous faire parvenir, avee
plusieurs autres d'après quelques dessins du Louvre et de M. de la Salle,
que nous venons de décrire.
364. Un homme chargé d'un fardeau. — Jltude d'après un modèle
presque nu, pour la figure portant des présents, et qui se trouve à Tex^
tréroilé de gauche de la fresque du Couronnement de Charlemagne, dans
la salle de la Torre Borgia, au Vatican. Dessin magistral à la sanguine.
H. 0,322 mill.; 1. 0,162 mill.
DANS LA COLLECTION DE M. PI8CAT0RE, A PARIS.
365. La tête d'un apôtre, — Pour la Transfiguration. De plus, deux
mains. Étude d'après nature, à la pierre noire. H. \0" 6'"; 1. 8". Collec-
tions van Rover d'Amsterdam, Lawrence, roi des Pays-Bas, n" 51. Publié
dans la Lawrence Gaîlery, n« 26.
DANS LA COLLECTION DE MADAME VEUVE FORSTER, FILLE
DU SCULPTEUR ANGLAIS BANKS, A PARIS*.
366. La Vierge au donataire, — Elle est assise à gauche, tenant l'enfant
l . Le sculptenr Forster, qui eut un moment de Togue à Paris , lorsqu'il exposa m aaaex bon
buBte de Caoova, était tombé dans la misère sur la fin de sa vie. Nous doutons fort qu'il ait pu
conserver des dessins de Raphaël à l'époque où il n'avait pa& de pain. Après sa mort, vers i 832,
sa veuve les aura peut-être retrouvés dans le portefeuille de l'artiste, qui avait quitté le eiseaa
pour prendre le crayon, et qui se vantait d'avoir égalé tous les grands maîtres en dewinant des
conpotitions d'après le Pormltf peré^ de Hilton. (JV010 d$ l'idtleftr.)
\
480 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
Jé^us, qui donne la bénédiction. Devant lui est agenouillée une^t'a^'^
portrait, qui paraît être un ecclésiastique, présenté par saint Jean
qui pose ses mains sur son épaule. L'expression du donataire e
saisissante beauté. Dessin à la plume. Ayant souffert. H. 5'' 6'"; L
De la collection de Sir Joshua Reynolds.
367. Tète de Vierge. — Vue de trois quarts. Beau dessin à la
noire; de la première manière de Raphaël. H. 8" 6"'; 1. 6'".
368. Le Christ porté au tombeau. — Un homme le prend par-dess
bras. Les jambes du Christ manquent. Esquisse à la plume. H. 10^' 6'
369. Tète de femme, — Vue de profil , tournée vers la gauche,
dessin à la plume , mais mutilé par un maladroit » qui a coupé le
du nez. De plus, au côté droit de cette feuille se trouve une étude
perie dessinée à la pierre noire. De l'époque florentine de Ra
H. 9"; 1. 11".
u« J
Aiiîui
A
DANS LE CABINET DE FEU H. SEROUX d'aGINCOL'RT ^
370. Sainte Famille. — Ce sont cinq petites esquisses à la plume
une Sainte Famille. Le groupe le plus complètement indiqué offre la Vi(
vue de profil, assise et tenant l'enfant Jésus debout près d'elle. Ceh
étend le bras vers sa mère; saint Joseph , debout et s'appuyant sur
bâton, touche la tête de l'enfant. Feuille in-folio.
Gravée pour l'œuvre du possesseur, intitulée : Hitloire de Vartparlet monwnt
t. m, p. 173, pL CLXXXIIL
DANS LA COLLECTION DE FEU M. LE BARON GUÉRIN , WINTRE
371 . Pifirtrait de jeune femme, — Elle est vue presque jusqu'aux genoi
et de trois quarts.. Petit dessin légèrement indiqué à la pierre noires
M. Guérin l'avait acquis à la vente de M. Denon^ dans le catalogue duqu(
il est décrit sous le n* 300 '.
ke
DANS LA COLLECTION DE M. JULES CANONGE , A PARIS *-
372. Jupiter et Amour. — Très-beau dessin à la sanguine pour la
I . Seroux d'Aginconrt mourut à Rome en 1 8 14 : les coUecUons qu'il [a Tait fornaées pciKlaot
ton séjour en Italie ne Tinrent pas en France et furent vendues sur place pv ses héritiers.
(JVole de VidiUur,}
î. Pierre Guérin étant mort en 1833 , ses collections ont été fendues et dispersées. {So^
de VidUeur.)
3. M. Carrier, peintre en miniature , possédait un très-beau dessin de Raphaël au crayoa
rouge ( étude de la femme qui porte un Tase sur la tète, pour la fresque de Tlncendie du Boufg'*
Ce dessin fut rendu i ,000 francs k un amateur anglais, dans la vente publique des tableaax H
dessins composant le cabinet de M. Carrier eu 1845. {Note de l'éditeur.)
4. H. J. Canonge, po^e distingué, amateur des beaux-arts, habite ordinairement Nîmes, s>
EX FRANCE. 48 1
de la Farnesine, à Rome, représentant la fable d'Amour et
fatMmal des D*:bnt^ dn 13 septembre t8a3 affirme que M. Canonge a
ition de léguer ce préckoi dessin à la collection du Lourre.
DArrs LA coui:cno!« du mxstz wicar, a ulle.
[belle collection de dessins que le peintre M. Jean-Baptiste Wicar a
à sa Tille natale proTÎent de celle qu'il acbela, sous un prête-nom,
^fotre Antoine Fedi^de Florence. M. Wicar avait vendu, à peu d^excep-
près, sa première collection à M. Woodbum, de Londres, pour
écus romains, lors du séjour de ce dernier à Rome. M. Fedi aussi
Tendu la moitié de la sienne à M. Ottley, de Londres, et c'est Tautre
ié de cette collection que M. Wicar eut l'adresse d'acquérir sans se
1er; car M. Fedi, qui était l'ennemi personnel de Wicar, avait la
grande crainte de voir passer son cabinet dans les mains de son com-
feur. Wicar paya ces dessins 3,000 écus romains : ils sont actuellement
dans une salle de l'hôtel de ville de Lille et facilement accessibles
amateurs. Notre Catalogue doit nécessairement se borner aux dessins
laphaël, qui sont les suÎTants * :
73. Dieu le Père. — Demi-figure, aux bras étendus. Étude a la plume,
iprès un modèle, pour la lunette du tableau d'autel commandé par les
ligieux de Saint-Antoine de Padoue à Pérouse et conservé au palais à
iples. Petit in-4^ Collection Fedi. Catalogue de la collection Wicar,
697.
374. Jésus-Christ dans une gloire. — Il est debout, entouré de petits
anges. Sur la partie inférieure de la feuille est un écusson divisé en trois
parties qui contiennent trois plumes. Le heaume est couronné d'une tête
d'autruche qui tient un fer à cheval dans son bec. Ce n'est pas sans une
hésitation scrupuleuse que nous avons rangé cette esquisse parmi les des-
sins authentiques de Raphaël. Catalogue de la collection Wicar, n» 687.
375. La Vierge au ChardonnereU — Etude d'après nature pour la Vierge
assise, tenant un livre à la main. Cette figure est dessinée une seconde
fois, à part, plus correctement, d'après le modèle. Dessin à la pointe de \
métal. Au verso, un élève du Pérugin, mais qui n'est certainement pas ^
TÎUe natale. VL avait apporté à Paris, en t S 54, le dessin de Raphaël <pi*il possède , poar le soa«
mettre à Tapprédation des connaisseurs, et il le fit voir alors à tous les artistes qui assistaient
•m réceptions de M. le comte de Xieuwerkerke , directeur des musées du Lourre. [I^ole de
Viditeur.)
I . On a publié y Tannée dernière , le beau recueil intitulé : Choix de de$tini de BtÊpkaël
qvi foiU partie de ia eolUetion Wiem-f à Ulle, Reproduits en fac-similé par MM. Wacques
et Leroy ; graTés par les soins de M. H. d'Albert| duc de Luynes, membre de l'Institut. Paris,
1853, ^and in-fol. 20 planches arec texte.
II. 51
i
■hia
483 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
Raphaël^ a dessiné à la plume deux arquebusiers. Collection Fedî. Cata-
logue de la collection Wicar, n°» 704 et 705.
376. La Vierge de la maisoij d'Albe. — Très-belle élude d'après nature,
à la sanguine^ pour cette Vierge. Au verso est l'esquisse de la composition
entière, également a la sanguine. Puis, un enfant dessiné à la plume et
deux répétitions de la Vierge à la Chaise. D'abord la composition entière
avec plusieurs changements^ ensuite seulement la mère avec Tenfaut des-
sinés plus nettement. Sur la partie supérieure d^ la feuille est tracé le
plan d'un édifice, ainsi qu'une façade avec quatre niches comme pour une
fontaine. Collection Fedi. Catalogue de la collection Wicar^ n°" 730 et 740.
377. Sainte Famille. — La Vierge tient l'enfant Jésus qui reçoit une
banderole des mains du petit saint Jean amené par un ange. Derrière
l'enfant Jésus^ on voit le vieux patriarche Zacharie. Dessiné à la pluoae^
dans la manière florentine du. maître. Feuille cintrée. Catalogue de la
collection Wicar, n° 686.
378. SaiJite Famille des Carmes à Pérouse. — La Vierge assise au milieu
d'un paysage, tournée vers la droite et tenant l'enfant Jésus debout à côté
d'elle. Celui-ci étend ses mains vers une grenade qui lui est offerte par
saint Joseph, assis du côté droit. Saint Joaqhim est debout derrière lui, en
admiration, et sainte Anne à gauche derrière la Vierge. Sur le devant, à
gauche, est débout le petit saint Jean serrant avec son bras gauche sur sa
poitrine une petite croix et montrant le petit Jésus avec la main droite.
Dans le haut^ une gloire de petits anges qui font de la musique et plu-
sieurs têtes de séraphins. Ce beau dessin à la plume est exécuté avec plus
de soin que la plupart des dessins de Raphaël , parce que le maître l'avait
destiné à son ami, Domenico di Paris Alfani, qui avait été son condisciple
dans l'atelier du Pérugin, ainsi que cela est .constaté par cette note auto-
graphe , écrite au verso de la feuille : « Recordo a voi Menecho che me
mandate le istramboti de Riciardo di quella tempesta che ebbe andando
in un viagio, e che recordiate a Cesarino che me manda quella predicha ,
e recomandatime a lui^ ancora ve ricorro che voi solecitiate madonna le
Atalate che me manda le denari e vedete d'avere horo e dite a Cesarino
che ancora lui li recorda e solecite, e se io poso altro p. voi avisatime. »
Un fac-similé de cette lettre se trouve dans VElogio storico di BaffaeUo
Santi (Urbino, d829), publié par P. Luigi Pungileoni. Nous avons déjà
parlé de cette curieuse note dans notre Vie de Raphaël. Nous rappelle-
rons seulement pour mémoire ici que Domenico di Paris Alfani, à qui la
lettre fut adressée en HjOS, s'est servi de la composition de cette Sainte
Famille dans le tableau qu'il a peint pour l'église des Carmes à Pérouse,
sans y faire d'autres changements que d'y ajouter dans le haut deux anges
qui soutiennent une tablette avec une dédicace à sainte Anne. L'exécution
du tableau est d'ailleurs très-faible et roide , surtout la figure du petit
j
EN FRANCE. 483
saint Jean. Collection A. Fedi. Catalogue de la collection Wicar, n°* tâl
et 752.
379. La Vierge assise. — Elle tient l'enfant Jésus sur ses genoux. Ce 3
sont trois différentes esquisses du mtme sujet, dessinées à la pointe de i
métal sur du papier teinté en rose. Au verso est une répétition du sujet, ■
dans laquelle Tentant tient le voile de sa mère. A la pointe du pinceau
avec de la sépia. Ces éludes appartiennent au milieu de la vie artistique
de Raphaël. Catalogue de la collection Wicar, n°" 730 et 731.
380. Études pour des Madones et des En fan f s. — Elles se trouvent sur
trois petites feuilles de papier teinté en rose, et sont dessinées à la
pointe de métal. Parmi les esquisses d'enfants, il y en a une pour le petit
Jésus de la Vierge de Lorette. Toutes paraissent avoir été faites à la hâte,
d'après une jeune mère et son enfant. Catalogue de la collection Fedi ,
n« 694-696.
381. Tète de Vierge, — Grande d'un tiers de nature. Elle a un charme
délicieux, et ce doit être une étude pour la tête de la sainte Vierge du Spo-
salizio. A la pierre noire. Catalogue de la collection Wicar, n° 675.
38f . Tète pour une Mater dolorosa. — Ou Vierge en pleurs sous la croix.
Esquisse à la pointe de métal, de la jeunesse de Raphaël. Catalogue de la
collection Wicar, n® 706.
383. Un ange debout. — 11 est tourné vers le côté gauche et joue du
violon. C'est une étude pour une figure du Couronnement de la Vierge,
tableau de 1503, actuellement au Vatican. A côté de cette figure, dessinée
à la pierre noire, est répétée l'esquisse de la même ligure, avec quelques
changements. In-folio. Catalogue de la collection Wicar, n° 707.
384. Tète de l'apôtre saint Thomas, — Étude pour une autre ligure du
Couronnement de la Vierge. Puis encore les deux mains qui tiennent la
ceinture. Étude d'après nature, à la pointe de métal, sur papier préparé.
Au verso se trouvent plusieurs esquisses pour le Christ couronnant la
Vierge, d'après deux jeunes gens assis, légèrement drapés. Dessin à la
plume, d'après nature. Catalogue de la collection Wicar, n°« 700 et 701.
385. Étude pour une tète d'ange. — Dans le même Couronnement de la
Vierge. Au verso, deux études de draperies pour Tajôtie saint Jean, puis
pour un cavalier vu du bas vers le haut. Dessin à la pierre noire. Cata-
logue de la collection Wicar, n«* 702 et 703.
386. Le Couronnement de saint Nicolas de Tolentino, — Esquisse légè-
rement dessinée à la pierre noire pour le tableau d'autel qui se trouvait
autrefois dans l'église des Augustins à Città di Caslello. Au milieu, le
saint, tenant une croix d'une main et un livre de l'autre, foule aux pieds
'Satan vaincu. Cette ligure nue est dessinée d'après le modèle vivant. Des
têtes de chérubins voltigent dans l'air au-dessus de lui, et plus haut se voit
Dieu le Père. Ce peut aussi être le Christ tenant une couronne dans ses
484 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
deux mains ; cette figure^ vue à demi^ est également dessinée d'après na-
ture. Un peu plus bas^ au côté, sur des petits nuages, à gauche la sainte
Vierge^ à droite saint Augustin, tous deux en demi-figure^ offrant des cou-
ronnes. Au côté gauche 9 sous la sainte Vierge et près du saint, urt ange
debout, en adoration. L'ensemble est renfermé dans une architexïture de
deux pilastres qui portent un arc. Au verso, la tête de saint Nicolas, plus
grande de proportion, dessinée d'après un moine et exécutée à la pierre
noire. Ensuite, des dessins à la plume et quatre cygnes, deux étud<'s de
draperies et un portique dont les colonnes soutiennent des arcs surmo tés
de fenêtres. Cette architecture ressemble beaucoup à celle du palais
d'Urbin ou de Gubbio. Feuille in-folio, d'autant plus précieuse quelle
seule peut encore donner une idée du tableau qui a été détruit dans un
incendie '. Catalogue de la collection Wicar, n°' 737 et 738.
387. Saint Sébastien debout, — Il a le bras élevé et la main gauche sur
le dos. Dessin à la plume d'après le modèle vivant. Catalogue de la collec-
tion Wicar, n* 725.
388. Tête d'un saint Jéi^ôme, — Il a de l'analogie avec celui qui se trouve
dans le tableau d'une Vierge au musée de Berlin. Dessin à la pierre noire,
de la jeunesse de Raphaël. Catalogue de la collection Wicar, d^ 677
et 709.
389. Tète d'un ecdèsiastique. — Et encore une fois le même modèle en
demi-figure. A ce qu'il semblerait , c'est une étude pour le tableau de la
Madonna del Baldacchino au palais Pitti. Dessin à la pointe de métal et
rehaussé de blanc sur papier teinté en rose. Catalogue de la collection
Wicar, n° 736.
390. Étude pour la Dispute du Saiîit'Sacremeîit. — La draperie du
Christ. Dessin à la plume, lavé à la sépia et rehaussé de blanc. Au verso ,
une esquisse à la plume pour les saints assis sur des nuageç dans le même
tableau. Collection A. Fedi. Catalogue de la collection Wicar, n""' 732
et 733.
391. Petit génie tenant une tablette. — C'est une étude pour le génie
qui se trouve à droite de la figure allégorique de la Théologie dans la salle
délia Segnatura. Dessin magistral, à la pierre noire. Catalogue de la col-
lection Wicar, n*» 692.
,. 392. Étude pour V École d'Athènes.^ Le jeune homme qui dans le groupe
des architectes est debout près du Bramante et qui regarde une figure
I . Lors de l'incendie de l'église , le tableau fut endommagé dans sa partie supérieure. Le
pape Pie YI l'acHeta, en 1789, au prix de 1,000 écus romains. A cause de son état de dété-
rioration, il fut scié en deux ; la partie inférieure formait ainsi un tableau séparé, tandis que la
partie supérieure était divisée en trois panneaux contenant chacun une Ggure. On plaça ces
tableaux au palais papal, mais, à l'époque de Toccupation française, ils disparurent, sans
qu'on ait jamais su ce qu'ils étaient devenus.
EN FRANCE. 48S
ue. Puis, l'esquisse d'une Vierge avec l'enrant Jésus et le petit
I. Dessiné à la pointe de métal sur papier teîalé en rose. Cata-
la collecliOD Wicar, n" 685.
We pour le Parnasse. — Apollon presque nu, assis, jouant du
la plume, d'après nature. Au verso, autre étude pour la draperie
qui descend les degrés de l'escalier. Catalogue de la collection
' 728 et 729.
Ile gravé par Wacquei.
ijde d'une drnperie et de lieuj nuiins. — Au verso, trois pieds
l'après nature, pour Ovide et Horace du Parnasse. Dessin à la
ilalogue de la collection Wicar, n*» 712 et 113.
latre hommes nits. — Chacun dans un mouvement (rés-vif et
; un cinquième à cheval n'est que légèrement indiqué. Esquisse
e pour une bataille. Catalogue de la collection Wicar, n* 683.
lalre jigures. — Esquisse à la plume. Au verso , la ligure d'un
leboui, tenant une lyre; puis celle d'un philosophe couvert d'un
iteau, tenant un livre. Esquisse à la plume. Collection Fedi.
de la collection Wicar, n" 714 et 715.
[irs. — Demi-flgure allégorique, représentant la
) ange. Dessin pour la mosaïque de la chapelle
Popolo à Rome. Superbe dessin à la sanguine. (
wicar, n" 678.
ie Victoire drapée. — Elle tient comme une imag
auche. Esquisse légèrement indiquée à la plume
on wicar, n" 724.
Il génie voltigeant et comme rfjiandant des fleurs. ■
lit. Exécuté au crayon noir et blanc. ÇollecliOD ï
>ction Wicar, n° 690.
:ux enfants debout. — Us sont l'un à côté de l'autr'
comme s'ils s'apprêtaient à lutter. Beau dessin à la
e Uichel'Ange. Au verso, l'esquisse pour un jeun
ase sur ses épaules. Catalogue de la collection '
njeuiie homme nu, ossts. — Vu de face, il soulève ses bras,commG
cher une flèche. Etude d'après nature, à la sanguine. Collection
ilogue de la collection Wicar, n" 734.
gure debout. — Ëtude légèrement Taite à la plume. La tête et les
t seuls finis. Ce serait, dit-on, une esquisse pour le saint Jean-
laos le gradi^ du tableau de la Vierge de Ansidei. Catalogue de
on Wicar, n» 698.
•te d'un petit garçon riant.— Dessin d'après nature, à la pointe de
tile feuillc.,Catalogue de la collection Wicar, n' 693.
486 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
404. Tête d'homme âgé, à barbe, — Elle est dessinée deux fois, de
profil et de face. Puis, dans une proportion plus petite, demi-figure d'un
homme couché, qui paraît être allcgoriquement un fleuve. A la pointe de
métal, sur papier teinté en rose. Catalogue de la collection Wicar, n' 733.
405. Biiste d'un homme âgé d'environ trente ans, — Dans le costume flo-
rentin du temps. Dessin à la pointe de métal sur papier teinté gris. Petite
feuille. Catalogue de la collection Wicar, n° 699.
400. Deux tètes, — D'après'un homme âgé, regardant vers le haut. Dessin
de la manière florentine de Raphaël ; à la pointe de métal, sur papier teinté
vert. Deux petites feuilles. Catalogue de la collection Wicar, n°"688 et 6i59.
407. Tète déjeune homme. — D'une expression charmante; coiffée d'une
barrette; demi-grandeur naturelle. Dessin dans la première manière de
Raphaël; exécuté à la pierre noire et rehaussé de blanc. Collection Fedi.
Catalogue de la collection Wicar, n»' 684.
408. Tète d'un homme âgé. — Vue de profll et couverte d'une toque.
Dessin dans la manière florentine du maître; à la pointe de métal, sur
papier teinté vert. Petite feuille. Catalogue de la collection Wicar, n» 716.
409. Portrait d'homme sans barbe. — La tête est couverte d'une coiffe.
Dessin à la pointe de métal. Petite feuille. Catalogue de la collection Wicar,
n» 679.
410. Tête de vieillard, sans barbe. ^ Ce dessin, à la pointe de métal,
est piqué aux contours avec une très-fine aiguille. Catalogue de la collec-
tion Wicar, n? 723.
41 1 . Deux portraits de jeunes femmes duns le costume florentin du temps.
— Deux petits dessins à la pointe de métal, dans la manière florentine de
Raphaël. Sur papier verdâtre. Catalogue de la collection Wicar, n*» 719.
412. Tête de vieillard. — Un peu caricature. Petite feuille. Catalogue de
la collection Wicar, n» 720.
413. Tète de femme. — De grandeur naturelle. Dessin au fusain. Il a
beaucoup souffert et a été tellement retouché que l'on n'y retrouve plus
rieu dç son état primitif. Au verso, deux caricatures et un torse. Dessin
au fusain. Catalogue de la collection Wicar, n°* 717 et 718.
414. Étud£s anatomiques. — Une figure entière, deux bras, un pied et
quelques autres parties du corps humain. Deux feuilles. Dessin à la
plume. Catalogue de la collection Wicar, n** 683.
Parmi les autres dessins de cette collection, attribués à Raphaël, il y
en a cinq dont nous ferons mention ici, parce que, s'ils sont trop faibles
pour être du maître, ils sont du moins traités dans sa manière.
a.) Quatre hommes debout. — Ces hommes semblent être de« apôtres.
Dessin à la plume, dans la manière du Pérugin. Au verso, deux feuilles
d'acanthe pour un chapiteau. Catalogue de la collection Wicar, n*" 721
et 722.
EM FRANCE. *87
h.) Vu enfant leHont nn oiseau. — Esquisse à la pointe de métal. Cata-
logue de la collection Wicar, d° OBI.
c.) Tète pour une Vierge. ~ Petite feuille. Catalogue de la collectioa
Wicar, D'> 676.
d.) Deux télés de femmes. — Sur deui feuilles. Catalogue de la collec-
tion Wiear, n« 680 et 681.
e.) V&mts sjir la mer. — La déesse et un Amour sont dans une barque;
un autre Amour tientles rt^oes des chevaux marins. Un triton, monté sur
un dauphin, est escorté par un Amour nageant. Catalogue de la collec-
tipn Wicar, n° 370.
Ce beau dessin, attribué à Jules Romain, est tout à fait traité de la
même manière que celui des tritons, des nymphes et des Amours, dans la
collection de l'universilé d'Oxfon) , dessin publié par Otllcy dans son
ouïmge : Tlie italian Si-hoot of desi'jn, oi'i il aurait dû le donner à Fran-
cesco Penni.
f.) Detuc téleK d'hommes et une fiie de lion. — Dessin à la plume. Cata-
logue de la collection Wicar, n° 711.
g.) Vn agneau coucM — Il tient une bannière. Dessin à la plume.
Catalogue de la collectioa Wicar, n° 710.
DANS LE MUSÉE FABRE , A UONTPELUER '.
413. La Vierge de la maison Tempi. — Actuellement à la pinacothèque
de Munich. Carton pour le tableau, exécuté à la pierre noire, rehaussé
de blanc, sur papier gris. Il a été taillé en ovale et retouché en diverses
l>arlies. Cependant on y rcconnait encore la main du maître.
41C. Etiuk d'après nattire. — Pour la Dispute du Saint-Sacrement. C'est
l'bomme à droite, qui s'appuie sur une balustrade en regardant le Saint-
Sacrement eiposé. Celte feuille est d'autant plus pacicuse qu'elle contient
le projet du premier sonnet de Raphaël, commençant ainsi: Vn pen-
sier, etc. Elle a été maladroitement rognée, de sorte que les premières
lettres de chaque ligne manquent. Voici toul ce que nous avons pu déchif-
frer, l'écriture étant presque entièrement effacée aujourd'hui :
pc^nsier che invece vcon Infanol
ijovo inpria cl cor p. puin sas pace
vedi lu ghffTetti aspri e leaace
cullei clie unsurpor i piii belli anni
Tatiche e noi ramosi atanni
svegliale el pensicr ibe in olio giace
moslrareli quel cols allô cbe face
ilis da basai ai piu sublimj scanol.
I. Uy asuoiiUc, à HoalpcUicr, duu la cal]«Uonilctde«ms de la bibliothèque de U
486 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
Viennent ensuite quatre lignes raturées^ et sur le bbrd^ à droite, les
rimes suivantes :
solo
DOlo
stolo
dolo.
Puis encore :
ini aimo céleste acute ingni
cho scorze e forde e cou vergati e sassi
disprezando le pompe e
Au verso, il y a deui études à la plume, un peu plus grandes et un peu
différentes, de la même tête, ainsi que les mains de cette figure. In-folio.
417. Une tète de femme. — Vue de face. Dessin d'après nature, à la
pointe de métal^ dans la manière florentine de Raphaël. H. 3"; 1. â".
DESSINS DE RAPHAËL EN ANGLETERRE.
DANS LE CABINET ROYAL, A LONDRES.
Ce remarquable cabinet a été formé, sous le règne de George lil, par
les soins de l'inspecteur de ses collections d'art, R. Dalton, qui avait
parcouru le continent à l'efTet d'acquérir des objets d'art pour le roi
d'Angleterre. Voici les dessins de Raphaël que renferme ce cabinet' :
418. Adam et Eve chassés du paradis. — Esquisse pour la fresque des
Loges, au Vatican. A la plume, lavée à la sépia et rehaussée de blanc. Ce
dessin, in-4°, est mis aux carreaux, pour le calqué.
Gravé par C. M. Metz, dans son ouvrage inlitulé : Imitalionpofancienl and modem
drawings. London^ 17U8, in-foi.
<ie médecine, quelques feuilles qu'on attribue à Raphaël, mais qui ne sont pas de lui. — Au musée
d*Aix , on conserve le Couronnement de Charlemagne , composilion de Raphaël pour une des
fresques du Vatican ; mais ce dessin càt fait incontestablement d'après la peinture.
1. S. A. R. le prince Albert d'Angleterre, dont le goût pour les arts est si éclairé et si géné-
reux, a fait faire des photographies d'après les cinquaute-deux dessins attribués à Raphaël qui se
trouvent réunis dans un volume de la collection royale d'Angleterre. Ce bel ouvrage , intitulé :
Ra/faellé't drawingt m the royal coUeetion al Windsor Caslle^ photograpbed by C. Thurslon
Thompson, gr. in-fol., n'est pas dans le commerce, et Son Altesse royale a daigné nous le faire
connaître en nous eu adressant un exemplaire.
EN ANGLETERRE. 489
M9. Le Sacrifice d'Abraham. — Dessin en largeur pour les Loges du
Vatican. Esquissé à la plume, lavé au bistre et rehaussé de blanc. H. 4" 9'";
L 16". 11 est probable que ce dessin provient de la collection Boufiglioli,
à Bologne, dans laquelle il a été vu par Richardson, au milieu du siècle
dernier.
Gravé par Agostino Yeneziano. Bartscb, t. XIV, n« 5.
Dans le même cabinet royal d'Angleterre, on trouve, sous le n<^ 20, une
faible copie de ce dessin, traitée de la même manière. C*est peut-être le
dessin que possédait autrefois Crozat.
420. Les Tribus d'Israël tirent au sort le partage des terres. — Rapide
esquisse à la plume et à l'encre pour les Loges du Vatican. Très-beau
dessin plein de vigueur. H. 8"; 1. iV 6'".
421. Le Massacre des limocents. :— Esquisse magistrale, à la plume, de
la composition que Marc-Antoine a gravée (Bartscb, n^ 18). Les femmes
sont vêtues. Celles du milieu de la composition manquent et laissent une
place vide. Cependant il parait que Raphaël les avait indiquées au fusain,
et que le trait s'est efTacé depuis. Le dessin, qui a été rogné des deux côtés,
mesure encore 1" 1'" de hauteur sur 12" 5'" de largeur.
422. Le Baptême du Christ. — Légère esquisse à la plume pour la
fresque des Loges 'du Vatican. H. 7" 3'"; 1. 14" 9'".
La collection possède encore, sous le n"* 15, la même composition,
dessinée à la pierre noire par un inconnu.
423. La Pêche miraculeuse. — Ce sont seulement les groupes dans les
deux bateaux , avec le fond du paysage, pour la tapisserie des Actes des
Apôtres. Ce dessin est exécuté à la plumeet lavé à la sépia. H. 7" 3"'; 1. 12".
La collection possède, en outre, une copie de cette composition, des-
sinée à la plume, lavée et rehaussée de blanc.
424. La Cène. — C'est un dessin d'une exécution très-soignée, d'après
lequel Marc-Antoine a gravé sa belle planche (Bartsch, t. XIV, n*'26). La
seule variante, dans le dessin, c'est qu'à droite il y a un grand vase
ou une amphore, dans le goût antique. Toutefois, une ligne tracée sur
le dessin indique qu'une partie de ce côté ne devait pas être reproduite
par la gravure. Il est à regretter que ce précieux ouvrage ait un peu
souffert. H. 12" 2'"; 1. 15" 3'".
Dans la galerie nationale de Santa Trinidad, à Madrid, se trouve un
tableau à l'huile qui reproduit cette composition, avec des figures de
grandeur naturelle. Auprès de Judas, le peintre a placé un chat.«
425. Conduis mon troupeau. — Excellente étude à la sanguine pour la
tapisserie. Raphaël s'est ici servi de deux modèles : Tun, un jeune homme
d'une très-grande beauté, dont la chemise est retroussée autour des
reins, et l'autre, un jeune homme, beau aussi, avec barbe , légèrement
Têtu, il est très-vraisemblable que ce sont deux des élèves de Raphaël,
490 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
l'un desquels pourrait être le beau Perino del Vaga, qui entra dans son
école précisément à l'époque où les cartons pour les tapisseries s'y pré-
paraient. La figure du Christ est ici tournée à gauche^ élcTant le bras
droit vers le haut. Comme ce dessin est coupé à une extrémité , on ne
voit que neuf apôtres; ils.sont, en somme, analogues à rexécution, seule-
ment il y manque la figure qui est placée derrière saint Jean, dans le
carton original. Très-spirituel dessin à la sanguine. H. 12"; 1. 4o". Pro-
venant vraisemblablement de la collection Bonfiglioli, de Bologne, dans
laquelle l'avait vu Richardson.
Dans la même collection, sous le n" 26, se trouve encore un médiocre
dessin de cette même composition.
426. Sainte Famille, — Esquisse pour la Madone dell' Impannata. La
Vierge et sainte Anne sont dessinées avec grand soin, l'enfant Jésus et Ja
femme derrière lui ne sont^ qu'indiqués ; le saint Jean manque totalement.
Sur papier gris, à la plume, et rehaussé de blanc. H. 8" 3'"; 1. 5" 9'".
427. Sainte Famille. — La Vierge, assise à droite sur une pierre, tient
l'enfant Jésus debout à terre, dont le torse est assez fortement penché en
arrière contre sa mère, tandis que le petit saint Jean le saisit par le bras.
Ce dernier est tenu par sainte Elisabeth accroupie, qui se plaît, ainsi que
la Vierge, à considérer le jeu des enfants. Beau dessin à la pkime, des
derniers temps du séjour de Raphaël à Florence. H. 9" 3'"; 1. 7" 3"'-
Fac-simile gravé par F. G. Lewis dans fouvrage de J. Chamberlaine, intitulé:
Imitations of original designs, etc., in His Majesty's collection. London, 1796, grand
in-fol., t. II, pi. XLix.
On s'est servi de cette composition pour deux petites gravures faites en France,
l'une, par Gilles RoUsselet, 1650, en contre-partie; Tautre, par J. Alix, élève de
Champagne, à l'eau-forte, avec les lettres : R.Y. B. Hais dans ces deux estampes
le petit saint Jean tient dans la main un oiseau , duquel Tenfant Jésus semble
s'effrayer, et les mouvements des enfants sont exagérés, même maniérés.
On s'est encore servi de celte composition pour peindre de petits tableaux.
Un d'eux, attribué à Nicolas Poussin, est dans la possession de M. Amsinck
à Hambourg. Un autre, de Pierre Mignard, se trouve dans la galerie royîil«
de Stockholm, sous le n" 309. Un troisième, exécuté par un peintre
peu habile, est dans le couvent de S. Chiara à Urbin. Dans ce dernier
tableau, le peintre a encore ajouté plusieurs figures. Au milieu, une femme
en adoration ; à gauche, un ange répandant des fleurs, et à droite, saint
Joseph : ces deux dernières figures empruntées à la Grande Sainte Famille
de 1518, du musée du Louvre. Pungileoni, dans une note de la page 8 de
son ouvrage, a pourtant signalé ce tableau comme une œuvre de Raphaël!
428. La Vierge. — Demi-figure. Elle soutient de la main gauche l'en-
fant Jésus, debout sur ses genoux, et lui tient le pied dans sa main droite.
Celui-ci, entourant le cou de sa mère avec le bras droit, avance son bras
gauche vers une bande de parchemin que lui présente le petit saint Jean.
EN ANGLETEBRE. 491
■
De la première époque florentine de Raphaël. Dessiné sur papier rou-
geâtre, à la pointe d'argent et rehaussé de blanc. H. 5" 4"'; 1. A" 9'".
4i9. La partie gauche de la Dispute du Saint-Sacrement. — C'est une
première esquisse, très-différente de la fresque. Dans Id partie supé-
rieure au-dessous de Dieu le Père, le Sauveur est assis dans une gloire
cintrée. A sa droite la sainte Vierge et à côté d'elle deux saints. Dans la
région intermédiaire, au milieu de la composition, encore deux saints,
à 4a gauche desquels vole un ange indiquant du geste le groupe divin;
cet ange est le même que celui avec les draperies ondoyantes dans la
Madone au Baldaquin. Vers la gauche sont assis deux saints un peu plus
grands que les autres, tenant des livres;* ce sont vraisemblablement
des évangélistes, et plus au fond on voit encore l'indication de deux autres
ligures. Dans le bas , sur une terrasse , un groupe de douze figures sem-
blables à celles que le comte de Caylus a gravées, mais en contre-partie.
Sur ce dessin, il y a, en outre, j^u coin de gauche, une figure de femme,
allégorique, sur un petit nuage, montrant les armes du pape suspendues
dans un cartouche. La colonne porte une corniche sur laquelle se trouvent
deux enfants debout. Ce dessin, bien conservé, est rapidement esquissé à
la plume, lavé au bistre et rehaussé de blanc, mais il ne répond pas tout
à tk\i à la telle manière de Raphaël. G. 11" carrés.
430. La Poésie. — Esquisse pour la figure allégorique dans la salle délia
Segnatura. Dessin très-beau et très-librement traité à la pierre noire. 11
est mis aux carreaux. H. 13" 9"'; 1. 8" 6'".
Gravé par F. C. Lewis, pour Uoavrage de Chamberlaine, déjà cité.
431 . Les tètes d'Homèrey de Dante et de Virgile. — Étude pour la fres-
que du Parnasse au Vatican. Chaque tète d'environ trois pouces de haut.
Beau dessin à la plume. H. 40" 6'"; 1. 7".
432. LAmour et les trois Grâces. — Très-beau dessin à la sanguine,
pour une des fresques dans la Farnesine, à Rome. H. 8" 7"'; 1. 7" 10"'.
433. Les trois Grâces. — Étude d'après nature pour le Festin des Dieux
dans la Farnesine. Raphaël a pris encore ici sa maîtresse pour modèle.
Très-spirituel dessin à la sanguine. H. 8"; 1. 9".
434. Vénus et V Amour. — Elle est assise à droite , et porte la main
gauche sur sa poitrine, en s'appuyant du bras droit sur l'Amour, qui est
debout près d'elle. Celui-ci la considère, tenant son arc de la main droite,
et de l'autre une flèche. Ce dessin, qui a souffert, a été gravé par Augustin
Vénitien (Bartsch, n° 280). H. 7" 8"; 1. 6" 3"\
435. Hercule étouffant Anthée. — Hercule, à la gauche, étouffe Anthée
en le tenant en l'air et le serrant de ses deux bras autour dés reins. Belle
ét'ude-d'après nature. H. 10" 1"; 1. 5" 11'".
La gravure que Marc-Antoïne (Bartsch, n°346) a exécutée de ce môme
sujet est non-seulement en contre-partie, mais elle diffère aussi de ce des-
V
1
492 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
sin en plusieurs points, et rappelle la manière de Jules Romain^ qui pa-
raît avoir utilisé l'original de Raphaël.
436. Groupe de deux guerriers. — L'un, tombé à terre, est protégé par
le bouclier de son compagnon à genoux auprès de lui. Nus tous deux et
tournés à droite. Ét^de à ia pierre noire, d'après nature, pour un épisode
de combat. C'est peut-être l'esquisse d'un groupe projeté pour la Ba-
taille de Constantin ; Ricliardson dit avoir rencontré trois esquisses de ce
groupe, en différents endroits. Voy. ci-après les n^* 517 et 5i8 de notre
Catalogue. H. 9" 6'"; 1. 8" 9'".
437. Vn guerrier marchant en avant. — 11 s'avance vers le côté droit ,
la tête et le corps baissés. Il tient une bâche de combat dans la main gau-
che. Trè^-belle étude, d'après nature, qui rappelle le soldat placé vers le
haut, à gauche, dans le tableau de la Délivrance de saint Pierre, à la se-
conde stanza du Vatican. Mais il est ici dessiné du côté opposé. De même
que le précédent, traité à la pierre noire. H. 12" 6'"; 1. 9".
438. Lédii, — Elle est debout, tenant des deux mains le cou du cygne
qui est à côté d'elle. Celui-ci l'entoure par derrière je son aile droite.
Dans le bas est indiqué un enfant. Esquissé au fusain et ensuite admirable-
ment traité à la plume. H. 12'; 1. T 6'".
Fac-similé de Lewis pour l'ouvrage de Chamberlaine.
11 paraît que ce dessin était tombé autrefois dans les mains d'élèves de
Léonard de Vinci, car nous connaissons deux tableaux de ces derniers,
où l'on s'est servi de cette composition. L'un se trouve dans la galerie
Borghèse à Rome ; la tête de Léda a été tout à fait transformée dans le*
goût de Léonard, de même que le paysage qui est bien dans le style de
ce maître. Les deux enfants. Castor et PoUux, vu Tabsence du modèle,
sont très-faibles. L'autre tableau est dans le cabinet Levrat, à Paris,
attribué à Léonard de Vinci lui-même. 11 en a paru, en 1835, une gravure
sur acier, par Leroux. Grand in-folio.
Le volume de la collection royale contient encore plusieurs bons des-
sins, qui sont ou des copies d'après Raphaël , ou des compositioBS de ses
élèves et d'autres maîtres contemporains. Nous citerons les suivants :
a.) Jacob lutte avec le Seigneur. — Sujet en forme de frise, pour les
Loges du Vatican. L'original se trouve dans la collection à Oxford (n» 464
de notre Catalogue).
6.) Joseph se fait reconnaître à ses frères. — Dessin traité de la même
manière que le précédent, pour les Loges du Vatican. L'original se trouvait
dans la collection Lawrence.
c.) Moïse tenant les tables de la loi. — 11 est debout. Petit dessin au lavis^
d'un élève de Raphaël.
d.) La Vierge évanouie. — Elle est soutenue par trois femmes. Esquisse
avec figures entières, pour le tableau de la Mise au tombeau^ de la galerie
• %.
EN ANGLETERRE. 495
Borghèse, à Rome. Ce dessin paraît avoir été calqué sur un original
inconnu.
e.) La Tierge avec Venfant Jésus, — C'est une copie de l'étude pour la
Grande Sainte Famille^au Louvre, dont l'original se trouve dans la collec-
tion de Florence. ,
/.] La Sainte Famille. — C'est la composition du petit tableau du
Louvre, avec les deui enfants qui se caressent. Le dessin est fait évidem-
ment d'après le tableau, ce qui se voit surtout dans la manière dont les
draperies sont traitées.
g.) Sainte Anne assise sur un trône. — Ayant devant elle la Vierge et
Tenfant Jésus. Deux petits anges tiennent la draperie du baldaquin.
A gauche, saint Jean-Baptiste; à droite, saint Joseph; et sur les marches
du trône, un enfant qui joue de la mandoline. Beau dessin à la plume,
lavé et rehaussé de blanc, qui paraît exéx^uté par un élève de Raphaël.
A.) La Vierge de douleur. — Elle est debout derrière le corps de Jésus-
Christ, placé sur une table. C'est la même composition que Jules Bonasone
a imitée d'après Raphaël (Bartsch, n° 60).
t.) Étude pour la Dispute du Saint- Sacremeiit. — C'est la partie infé-
rieure du côté gauche de la composition, figures nues. Le dessin original
se trouve dans la collection de Francfort.
k.) Quatre dessins pour l'Écok d'Athènes. — 1. Mauvaise esquisse de la
composition entière. — 2. Le groupe de Démocrite. — 3. Cinq figures du
groupe près d'Aristote. — 4. Le philosophe observant le jeune homme
qui écrit. — Ces dessins paraissent faits d'après la fresque.
/.) Vénus et Vulcain avec des Amours. — Ce dessin est fait ou d'après
un original perdu de Raphaël, ou d'après la, gravure qu'Augustin Vénitien
en a faite (Bartsch, n» 349). ^
m.) Les Noces d'Alexandre le Grand et de Roxane. — figures vêtues.
Dessin à la plume, lavé et rehaussé de blanc. On connaît plusieurs esquisses
de cette belle composition, mais dont aucune n'est l'original.
Gravé par Jacques Caraglio. Bartsch, t. XV, p. 95, n* 62.
n.) Deux cavaliers. — Dessin à la plume, d'après la fresque d'Attila,
au Vatican.
0.) Une Bacchante dansant avec deux faunes. — Ce dessin, à la sanguine,
diaprés un bas-relief antique, est semblable à celui qui se trouve dans la
collection Alberline, à Vienne. Cette répétition provient vraisemblablement
de la collection Bonfiglioli, à Bologne, où Richardson l'avait vu.
p.) L'Espéra/ice, figure allégorique. — Elle est représentée dans la ma-
nière antique, tenant de la main droite une fleur, et soulevant de la gau-
che le bord de sa robe. Elle dirige ses pas vers la gauche. Dessin à la
plume, lavé et rehaussé de blanc. L'original, de Francesco Penni, se
trouve dans la collection de M. Jansen, professeur à Copenhague : il a
494 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
servi pour le petit tableau qui était autrefois dans la galène Borghèse , à
Rome, et qui est à présent chez M. Henri Hope, à Londres.
q.) Un homme vu de dos. — Belle étude d'après nature, mais pas assez
fine de dessin pour que nous puissions l'attribuer à Raphaël.
Une autre étude d'un fpomme debouty qui parait regarder quelque chose
qu'il tient dans la main gauche, est roide dans sa pose et lourde de dessin.
r.) Trois esquisses à la pimne. — Elles représentent sur une feuille des
sujets de la vie de Joseph. Le costume des personnages appartient à une
époque postérieure à Raphaël ; aussi, ce dessin est-il daté de 1579.
Outre les dessins que renferme ce volume, il y a dans la collection royale
encore deux autres feuilles attribuées à Raphaël, qui représentent :
s.) Jonas, — Dessin très-soigné, d'après la statue de la chapelle Chigi,
dans l'église S. Maria del Popolo, à Rome. Puissamment dessiné à la plume
sur papier jaunâtre, et rehaussé de blanc. H. 12"; 1. 8".
Pungileoni cite, à la page 223 de son ouvrage, deux dessins, avec des
variantes, de cette mênàe statue, comme étant dans l'ancienne collection
du marquis Antaldo Antaldi, à Urbin, mais nous n'avons pas retrouvé ces
dessins en Angleterre.
t) Tarquin et Lucrèce, — Cette composition ne contient que les deux
figures, avec le lit et la lampe ; à gauche, un tabouret et des sandales.
C'est un dessin de Jules Romain , appartenant à l'époque où il cherchait
encore à imiter son maître. Sur papier jaunâtre, à la plume; et rehaussé
de blanc. H. 8" 9'"; 1. 6" 6'".
Gravé par Agostino Yeneziano, 1523 et 1524, lequel y a ajouté deux chiens qui
s'accouplent. Bartsch, t. XIV, n" 208. Relouché par iEnea Vico. Bartsch, t. XV,
p. 287f n" 15. Dans les secondes épreuves, le groupe des deux chiens est supprimé.
DANS LA COLLECTION DU MUSÉE BRITANNIQUE.
Les dix premiers dessins de Raphaël, que nous décrivons ci-après, pro-
viennent du legs de Richard Payne Knight; les deux derniers, de celui du
Rév. C. Mordant Crachrode.
439. Jeune roi, — Pour une Adoration des Mages. Figure debout, tour-
née à droite, lé manteau rejeté sur l'épaule et tenant un vase dans la main
gauche. Cette figure a beaucoup de ressemblance avec celle du tableau du
Spagna qui est au musée de Berlin, mais elle est du côté opposé et la tète
un peu plus de profil. Dessin à la sépja et rehaussé de blanc, dans la ma-
nière du Pérugin. Il a soufl'ert. H. 11" 6'"; 1. 8".
440. Tête juvéïiile aux cheveux tombants, — Tournée à droite et d'une
charmante expression. Puis, dans une plus petite proportion, une main
tenant un archet. C'est une étude pour l'ange placé à droite dans le ta-
bleau du Couronnement de la Vierge, autrefois à S. Francesco, actuelle-
EN ANGLETERRE. 495
ment au Vatican. Légèrement dessiné^ à la poÎDte d'argent^ sur papier
préparé. H. il''; L T r\
441 . Le bon Pasteur. — Il s'avance^ tourné à gauche, portant un agneau
sor ses épaules. Cinq enfants l'entourent joyeusement ; le plus rapproché
de lui joue avec un agneau. Toutes les figures sont nues. Légère esquisse
à la plume, qui peut être de Timoteo Yiti. Nous avons vu une copie de
ce dessin chez feu M. W. Roscoe à Liverpool.
4-i2. Étude pour le Parnasse, — C'est la partie gauche inférieure de la
peinture du Vatican. Sapho et le pocle qui, debout devant elle, appuie un
livre sur ses genoux, sont les seules figures achevées avec soin, les autres
ne sont qu'indiquées. Dessin à la pointe d'argent sur papier rougeûtre.
ln-4°.
443. Étude de draperie et de mains pour la figure d'Horace. — Dans le
Parnasse ; avec une autre étude de main pour celle du poêle, debout, près
du petit laurier. Sur le revers , il y a encore des études, d'après nature,
pour un homme debout, savoir : la tête tournée à droite, les bras expri-
mant un geste vers la gauche, et les jambes. Esquissé au fusain et achevé
à la plume. H. 13" 6"'; 1. 9".
444. Étude d'un homme debout et nu. — Vu de côté et tourné à droite.
Sur le revers, une autre étude d'après un homme nu, vu de face, qui semble
lire dans un livre qu'il tient devant lui; puis encore une jambe droite.
Dessin à la plume. H. 11"; I. 6" 6*". Collections Crozat et Mariette.
445. Études d'api^és un enfant. — Représenté six fois dans la même
attitude couchée, et deux fois dans des attitudes diU'érentes.' Rapides
esquisses, de la plus belle manière de Raphaël. Sur papier rougeûtre, à la
pointe d'argent. H. 6" 6'"; l. 4".
446. Un homme à genoux. — Il avance sa main gauche, la droite posée
sur sa poitrine et la tête dirigée vers le haut. Étude d'après nature, de
l'époque florentine du maître. Légère, mais très-belle esquisse à la plume,
Traisemblablement pour le Saint Jérôme que possédait autrefois le juris-
consulte Marco Benavides à Padoue. Collection Peter Lely. H. 9"; l. 6" 6'".
447* Vu combat. — Fragment d'une grande composition. Deux hommes
nus, marchant du côte gauche à droite, semblent frapper un combattant
à terre. Au verso, l'esquisse d'une figure debout, vue de dos, qui se re-
tourne; puis encore un pied. H. 10" 6'"; l. 6" 6'".
448. Etuds d'un homme nu assis. — Son attitude est pleine de mou-
vement; la jambe gauche est fortement élevée, le bras droit indique le
haut à droite, et la tête est tournée à gauche. Dessin très-librement traité,
mais très-exact, d'après nature, à la plume. H. 15" 9"'; 1. 9" 3'". Collec-
tions J. Richardson, Benj. West, J. Barnard et R. Payne Knight.
449. Projet de sonnet. — Près de figures, légèrement indiquées pour la
Dispute du Saint-Sacrement, et à côté d'un pied dessiné d'après nature à
496 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
la plume, se trouve, sur le côté gauche de la feuille, le sonnet si conna, de
Raphaël , écrit fout entier de sa main et commençant ainsi : Vn penst^r
dolce a remembrarse e ; le mot qui manque a été remplacé pargoeio.
Déjà Richardson , qui avait vu ce dessin dans la collection Bruce, s'est
aperçu de la lacune. Antérieurement, ce dessin était dans la possession
de Peler Lely.
Nous en avons donné un fac-similé dans notre édition allemande,
lithographie par Ludwig Zœllner. Comparez ce sonnet avec un projet
antérieur qui se trouve sur un dessin de la collection Albertine, à Vienne.
Voyez ci-devant n« 200.
450. Neuf cavaliers. — Le premier est monté sur un mulet. Au côté
gauche, un jeune homme, vêtu d'une longue tunique et couvert d'un
manteau ; il a les mains jointes et parle avec un homme plus âgé. Esquisse
pour une plus grande composition. Dessin à la pointe d'argent, de l'année
1503 environ, dans la manière du Pérugin. In-folio.
451. Quatre hommes nus, debout. — L'un près de l'autre. Celui du côté
droit est vu de dos. Dessin à la plume. In-folio.
452. Vn homme nu. — Il est vu de dos et se tient près d'un arbre. Ce
dessin à la plume semble être fait d'après l'antique. In-folio.
Nous mentionnerons encore ici le dessin à la pierre noire d'une tête de
saint Joseph, qui se trouve dans le tableau de la Nativité du Christ, pro-
venant de Todi et faisant aujourd'hui partie de la galerie du Vatican.
Autrefois, on le croyait de Raphaël; mais des recherches postérieures ont
prouvé que c'était une œuvre du Spagna, son condisciple, qui excellait à
l'imiter dans ses tableaux aussi bien que dans ses dessins. Collections
Joshua Reynolds et C. Mordant Crachrode.
DAN6 LA COLLECTION DE M. T. BIBCHALL , A LONDBES.
453. La Mise au tombeau. — Joseph d'Arimathie soutient, avec un
linceul passé sous Jes bras, le Christ mort, et un jeune bomme porte les
jambes. Au centre, derrière le Christ, est agenouillée la Vierge, lesjnains
jointes, et Marie-Madeleine, en proie à la douleur, le contemple. Derrière
elles, on voit encore l'indication de six autres figures. Superbe esquisse
à la plume. H 9" 6'"; 1. il". Collections Crozat, Hibert, et Sam. Rogers.
Il s'est trouvé une copie de ce dessin dans la collection Lawrence.
Grav. par le comte de Caylas.
454. La Vierge dans la Pimrie. — Esquisse à la sanguine pour le
tableau du Belvédère, à Vienne. In-folio. Collections Ten Kate, Rutgers,
Ploos van Amstel et Sam. Rogers.
Grav. en contre-partie par B. Picart, dans ses Jmpo$lurei innoeentet.
r
» •
EN ANGLETERRE. 497
BANS LA COLLECTION DE M. CHAMBERS HALL, A LONDRES '.
455. La Naissance du Christ. — L'enfant Jésus, assis sur une selle
d'aile^ est soutenu par un ange. La Vierge à droite, Joseph à gauche, sont
agenouillés devant lui, ainsi qu'un berger derrière saint Joseph. De l'autre
côté se trouvent le bœuf et Tâne. Un paysage pour fond. Ce dessin à la
plume rappelle encore la manière du Pérugin. Il est piqué pour le calque.
H. 7" 3"'; 1. 40" 3"'. Ottley, qui l'a possédé, en a publié un fac-similé
dans son Italian School, etc. De la collection Lawrence, il passa dans celle
du roi des Pays-Bas, et fut vendu ensuite, pour 605 florins, à M. Weber,
de Bonn, qui le céda à M. Hall.
456. La Présentation au temple, — C'est le carton original pour le
petit tableau faisant partie de la predella du Couronnement de la Vierge,
de i503, actuellement dans la galerie du Vatican. Dessin à la plume,
lu-folio en largeur.
457. L'enfant Jésus. — Pour le tableau dit la Belle Jardinière, au
musée du Louvre. Son attitude est la même que dans la peinture. Le
dessin du bras gauche est terminé ; la jambe gauche est esquissée quatre
fois. Au verso, le squelette d'une figure assise, vue de profil et tournée
vers le côté droit. Les proportions et le mouvement en sont très-justes,
sans que les détails anatomiques soient très-exacts. A la plume.
H. il" 6'"; 1. 6" 9'". Collection J. D. Bœhm, à Vienne. Ce dessin se
trouve à présent dans la collection d'Oxford.
458. La Mise au tombeau. — Esquisse à la plume, avec des variantes,
pour le tableau du palais Borghèse. La Vierge s'approche avec deux
femmes; Marie-Madeleine baise la main du Christ. En tout, neuf figures.
Au verso, le Sacrifice d'Abraham. H. 9" 3'"; 1. 12" 6'". Collections Crozat,
Lagoy, Dimsdale, Lawrence et roi des Pays-Bas.
DANS LA COLLECTION DE l'uNIVERSITÉ d'oXFORD.
Cette collection est une des plus riches qui existent, en dessins de
Raphaël et de Michel-Ange. Elle provient, en grande partie, de Tancienne
collection de Sir Thomas Lawrence et de celle de M. Woodburn. Elle fut
acquise, dans son ensemble, de ce dernier, en 1846, au moyen de dons
privés qui s'élevèrent à la somme de 7,000 livres sterling. Lord Eldon
seul avait contribué à cette souscription pour 4,000 livres sterling. Le
nombre des dessins de Raphaël s'élève à cent soixante-deux feuilles, dont
plus de quatre-vingt-dix sont réellement des œuvres du grand maître. Les
1. M. Chamben Hall, décédé en 1855, a légué sa collection de dessins, à ce qu'on nous a
dit, en partie au British Muséum, et en partie à là collection d'Oxford.
II. 32
408 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
chiffres que nous avons ajoutés à la description de chaque dessin se
rapportent au dernier Catalogue, rédigé par M. Fischer et imprimé à Oxford
en 1848.
459. Portrait de Raphaél lui-mémey à Vàge de quinze à seize ans. — Il
est yu de trois quarts, tourné vers le côté gauche. Ses cheveux tombants
sont couverts d'une barrette. Son expression est pleine de charme. Dessin
à la pierre noire, rehaussé de blanc. H. 15"; 1. 10" 6'". Collections Ottley
et Jérémie Harmann. Catalogue d'Oxford, n° 51.
Dans notre édition allemande, il a été reproduit en fac-similé. Litbogr. par
Louis ZôUner.
460. Lieu le Créateur. — Demi-figure dont les bras élevés sont appuyés
sur des figures juvéniles ailées. Étude largement dessinée à la sanguine^
pour la mosaïque de la chapelle Chigi, dans Téglise de S. Maria del
Popolo, à Rome. ^-4**. Collections Wicar et Lawrence. Catalogue d'Ox-
ford, n9 11.
461. Un ange levant les mains. — Etude pour la même mosaïque,
traitée de la même manière que le dessin précédent et provenant des
mêmes collections. ln-4<>. Catalogue d'Oxford, n» 84.
463. Adam. — 11 est debout, appuyé contre un arbre, et prend la
pomme que lui présente Eve. Cette seconde figure est seulement indiquée.
Esquisse à la plume pour l'Adam et Eve gravés par Marc-Antoine. Bartsch,
n° 1. Au verso, l'esquisse d'une Mise au tombeau, mais qui, par erreur
(la face du Christ étant sans barbe), a été prise pour une Mort d'Adonis.
C'est un groupe de cinq figures nues, dont deux hommes soutiennent le
Christ. Deux femmes le contemplent avec douleur. Au bas, à droite, se
trouve encore l'indication d'une tête d'homme. H. 10" 6'"; 1. 13". Collec-
tions Crozat, Mariette, Saint-Morys, H. Fùssli et Lawrence. Catalogue
d'Oxford, n« 131.
Ces deux dessins ont été gravés par le comte de Caylus. Puis, dans l'ouvrage :
Choix de destita de la collection de M. de Saint-Morys, n°* 9 et 11, et dans celui de
H. Ottley : The italian School of design, etc. London, 1823, p. 54.
463. Jacob lutte avec le Seigneur. — Dessin à la sépia, rehaussé de
blanc, sur papier jaunâtre, en forme de frise pour les Loges du Vatican.
L. 16"; h. 5" 9'". Collection du duc d'Alva. Catalogue d'Oxford, n° 58.
464. Moise sauvé des eaux par la fille de Fharaon. — Étude à la san-
guine de trois femmes et de leurs vêtements, pour la fresque des Loges
du Vatican. H. 16" 6"'; 1. 11". Collection Anlaldi. Catalogue d'Oxford,
n° 55.
Un autre dessin au bistre de la'composition complète, provenant de la
collection du duc d'Alva, n'est qu'une copie.
465. Moise jugeant les fils de Lévi. — Esquisse pour la fresque des
Loges, dei'Sinée à la plume, lavée à la sépia et rehaussée de blanc, sur
EN ANGLETERRE. 499
papier jaunâtre^ mai» retouchée au crayon noir. L. 16" 7'"; h. 5" 9'". 0e
la collection Bevil^ à Paris. Catalogue d'Oxi'ord^ n» S6.
466. Le Passage de la mer Bouge. — Dessin à la plume de quatf e figures
pour la fresque des Loges du Vatican. H. 16" 2"*; 1. 9" 9"'. Collection
Dijonyal, à Paris. Catalogue d'Oxford, n» 60.
467. Scmison déchirant la gueule du lion. — Très-beau dessin à la
plume. H. 40" 6"'; 1. 10" 6"'. Collections du palais Borghèse, à Rome,
et Lawrence. Catalogue d'Oxford, n^ 128^. Un fac-similé en a été publié
dans la Lawrenûe Gallery.
468. Salomon et Bethsabé devant le roi David couché sur un Ht. —
Dessin en forme de frise pour les Loges du Vatican, lavé à la sépia et
rehaussé de blanc. L. 15" 3"'; h. 5" 3"'. Collections lord Hampton,
R. Willet, Duroveray et Lawrence. Catalogue d'Oxford, m 86.
469. Même sujet. ^ David repose sur un lit à gauche , Salomon est
assis devant lui. Six autres personnes à droite, debout. Dessin à la plume.
L. 10" 4'"; h. 7" 4"'. Collections Rutgers, n<»269, Dimsdale, Lawrence.
Catalogue d'Oxford, nM 1 8 .
470. Le Jugement de Salomon. — Esquisse à la pointe de métal, sur
papier verdâtre, pour la fresque des stanze du Vatican. H. 5" 4"'; 1. 4".
Collections Antaldi et Woodburn. Catalogue d'Oxford, m^ 76.
471. Un ange volant, pour le Sacrifice d'Abraham. — Beau dessin à la
plume. H. 8" V"; 1. 7" 4"'. Collection Lagoy. Catalogue d'Oxford, n« 97.
472. La Vierge f pour une Annanciation. — Elle eàt debout devant un
prie-Dieu, se tournant vers la gauche. Esquisse à la plume. In-4°. Collec-
tions Antaldi et Woodbum. Catalogue d'Oxford, n<> 68.
La collection possède aussi un beau dessin d'une Annonciation, au
bistre, qui fut gravé par Caraglio (Bartsch, n^ 2). C'est une composition
d'un élève de Raphaël, de F. Penni peut-être. In-folio. Collections Lagoy
et Woodbum. Catalogue d'Oxford, n« 78.
473. Études, pour la Transfiguration, — Ce sont deux têtes d'apôtres
magistralement exécutées à la pierre noire. L'iihe de ces têtes est celle du
jeune apôtre qui se penche en avant, l'autre est celle de l'apôtre qui se
trouve en arrière ; de plus, les deux mains du premier et deux autres mains
tendues en avant. In-folîo. H. 19" 9'"; 1. 14" 6"'. Richardson a vu, dans
le cabinet Ten Kate, ce dessin qui successivement a passé par les col-
lections de Rover, à Amsterdam, J. Harmann, à Londres, et Woodburn.
Catalogue d'Oxford, n» 1 .
474. Autre étude pour le même tableau. — C'est la tête de l'apôtre qu'on
voit au-dessus du jeune apôtre qui se penche en avant, traitée de la même
manière que les précédentes. H. i 0" 9'"; 1, 9" 3'". Le duc de Devonshire avait
fait don de ce dessin à Sir Thomas Lavn'ence. Catalogue d'Oxford, n^* 1 41 .
Trois autres dessins à la pierre noire, pour des mains et des pieds de la
500 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
même composilioD, sont piqués aux contours et paraissent avoir servi pour
une copie faite d*après le tableau^ peut-être pour celle de Fr. Penni. Ce
sont les n«" 25, 135, 138 du Catalogue dOxford.
475. Les trois Marte pleurant sur le corps du Christ, — Dix figures. La
tête du Christ repose sur les genoux de la Vierge évanouie qui est sou-
tenue par deux femmes. A gauche , une des Marie est debout et Marie-
Madeleine à genoux, les jambes du Sauveur posées sur les siennes. Parmi
les quatre hommes debout , à la droite , se trouvent saint Jean et Joseph
d'Ariraathie. Esquisse à la plume. H. 7" 3"'; L 8" 3'". Collections Denon
et Lawrence. Catalogue d'Oxford, n'' 119.
Publié dans la Lawrence Gallery, n" 11. -— Landon, n<> 297.
La collection de John Barnard, de Londres, possédait un dessin sem«
blable au groupe de droite de cette composition. Le groupe^ dans ce
dessin, différait seulement en ce que les deux hommes qui se trouvent,
dans l'esquisse complète, entre saint Jean et Joseph d'Arimathie sont
placés aux côtés, derrière saint Jean.
Gravé dans l'ouvrage de C. Rogers : CoUeelion ofprinU in imitation of dratp-
ingsj etc. London, 1778.
476. Le Christ mort pleuré par ses disciples. — Sur le devant, un
disciple debout, les mains jointes; à gauche, un autre posant sa maio
sur la poitrine du Christ. Quatre hommes (figures nues) tournés à droite.
Au verso, le corps du Christ. Ce n'est qu'un trait à k plume. H. 8" 3"';
1. 13" 3'". Collection du duc d'Alva. Catalogue d'Oxford, n» 4.
477. Étudey pour la Mise au tombeau. — Du palais Borghèse. Ce sont
trois figures nues. Deux hommes portent le corps du Christ ; un troisième
est debout à gauche. Étude d'après nature, à la plume. Le Christ est
indiqué à la sanguine. H. 9" 9"'; 1. il" 3'". Collections Timoteo Viti,
Antaido Antaldi, Lawrence. Catalogue d'Oxford, n» 120.
La collection possède encore deux autres études pour une Mise au
tombeau ; mais ces dessins ne sont pas de la main de Raphaël, et diffèrent
essenliellement de cette composition. 1** n"" 89 du Catalogue, où deux
figures nues à genoux soutiennent le corps du Christ. Au haut de la feuille
sont esquissés trois hommes, une tête de femme et une main. Dessin à la
plume, aux hachures très-croisées. Collection Constantine. 2* n° 106 du
Catalogue, où la Vierge, tombée en défaillance près du corps de son fils,
est soutenue par deux femmes. A gauche, une femme debout, et, en haut,
le corps du Christ dessiné une seconde fois. A la pointe de métal, sur
papier préparé. H. 8" 6"'; 1. 11" 4"'. Collection Antaldi.
478. Itt Résurrection du Christ. — Très-beau dessin largement exécuté
à la plume, pour une des tapisseries du Vatican. Lavé à la sépia et
rehaussé de blanc. H. 12" 3'"; 1. 20" 6'". Collection Wicar. Catalogue
d'Oxford, n° 2.
I
EN ANGLETERRE. 501
479. Deux soldats, pour une Résurrection. — L'un est assis sur son
bouclier, Vautre s*enfuit. Dessin dans la manière du Pérugin, à la pointe
de mêlai. H. 8" 10'"; 1. 12" T". Collection du duc d'Alva. Catalogue
d'Oxford, nMii.
Cest probablement une des d'eux esquisses de ce même sujet qui étaient
dans la collection Lawrence.
480. Étude, pour la Vierge dite la Perle. — C'est la tête de sainte Elisa-
beth, magistralement dessinée à la sanguine d'après un modèle vivant.
H. 9" 10'"; 1. 7". Collections Wicar et Lawrence. Catalogue d'Oxford,
n« 34.
481. La Vierge du Belvédère, à Vienne. — Dessin à la pointe de métal,
pour la Vierge, Tenfant Jésus et le petit saint Jean. La fîgure de la Vierge
est lavée au bistre et 3'un très-bel effet; ce blstrage cependant doit être
attribué à une main étrangère. Au verso se trouve la draperie de la
Vierge, dessinée à la sanguine. H. 8" 6'"; 1. 7". Collections Antaldi et
Lawrence. Catalogue d'Oxford, n® 19.
482. La Vierge avec l'enfant Jésus et saint Jean. — Elle est assise, tournée
vers la droite, tenant l'enfant Jé^us qui l'embrasse. Le petit saint Jean est
assis par terre, à droite. H. 6" 9'"; 1. 5'". Collections Wicar et Woodburn.
Oxford, n*" 40. Landon a publié la même composition, d'après un dessin
qui était chez M. Roger de Lagoy, n^ 229.
483. Même sujet. — L'enfant Jésus, assis sur les genoux de la Vierge,
étend la main vers le sein de sa mère. Le petit saint Jean est debout, à
gauche. Sur la partie droite de la feuille est une étude, de plus petite
dimension, pour la Vierge lisant dans un livre, avec l'enfant Jésus qui s'ap-
puie contre elle. Les deux ûgures, non vêtues, sont dessinées à la plume.
H. 8" 1'"; 1. 10". Collection Josi d'Amsterdam. Oxford, n° 43.
484. Même sujet. — La Vierge, demi-figure, adroite ; à gauche, l'enfant
Jésus assis sur une selle d'âne, contre laquelle s'appuie le petit saint Jean.
A la pointe de métal, sur papier violet. H. 7" 7'"; 1. 9" 1'". Collections
Ântaidi et Woodburn. Oxford, n° 112.
485. Même sujet. — La sainte Vierge est assise, tenant un livre dans la
main droite; l'enfant Jésus, debout devant elle, a son pied droit posé sur
le pied gauche de sa mère et regarde dans le livre^ ainsi que le petit saint
Jean, qui est vu de profil et debout, à gauche. Dessin à la plume. H. 9" 6"';
1. 6" 3'". Collections Timoteo Viti, Antaldi, Lawrence. Oxford, nM21.
Publié dans la Lawrence Gallery, n° 6.
486. La Vierge avec V enfant Jésus. —La Vierge, demi-figure, tient l'En-
fant assis sur son genou droit ; elle a un livre ouvert dans sa main gauche ;
l'Enfant tient également le livre en élevant son regard vers sa mère.
Un paysage au fond. Le tout est entouré d'un encadrement. Landon en a
publié un trait, sous le n*" 228 a. On voit, sur la même feuille, une autre
• *•
502 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
étude pour l'enfant Jésus, dessiné plus grand et plus correctement^ ainsi
que le paysage essayé de diverses manières. A la plume. Collections Roger
de Lagoy et Lawrence. Oxford^ n^ 157. Publié dans la Lawrence Gallery^
n'3.
487. Même sujet. — La Vierge est assise, tournée vers la droite, tandis
que sa tête fait un mouvement vers la gauche. Elle lit dans un livre. L'en-
fant Jésus s'appuie contre son genou. Largement dessiné à la plume.
H. 8" 3'"; 1. 5" 40'". Collection Antaldi. Oxford, n» i13.
488. Même sujet. — La Vierge est assise, la tête tournée vers la gauche^
tenant sur son genou gauche Tenfant Jésus qui pose ses deux mains sur
le sein de sa mère. A la plume. H. 7" 10'"; 1. 5" 3'". Collections duc
d'Alva, Woodburn et Lawrence. Oxford, n*» 129.
489. La Vierge. — Assise et tournée vers la gauChe, elle embrasse l'en-
fant Jésus, debout devant elle. 11 pose sa main sur sa tête. Superbe dessin,
à la pointe de métal, sur papier préparé gris, et rehaussé de blanc. H. 6"
4"'; 1. 5" 2'". Collections Lagoy, Lawrence. Oxford, n" 98.
Gravé par un élève de Marc-Antoine. Bartsch, t. XY, p. 20, n* II. — Ean-forle de
Yivant-Denon. — P.-A. Robert a publié, eu 1729, la même composition d'après
un dessin de Jules Bonasone.
490. Deux études de Vierges. •— Demi-figures. L'une est vue de proCil et
tournée vers la gauche ; l'Enfant est couché vers la drœte. L'autre, égale-
ment tournée vers la gauche, et l'Enfant debout devant elle. H. 8"; LT' 5'''.
Collections Antaldi et Woodburn. Oxford, n"" i09.
491 . Petites esquisses de Sainte Famille et autres sujets. — Au milieu,
à droite, l'enfant Jésus, assis sur une selle d'âne, et près de lui le ^tit
saint Jean , debout; à droite , une figure à genoux. Au bas de la feuilie
est une Vierge avec l'enfant Jésus couché sur ses genoux el le petit saint
Jean debout devant elle. Dans le haut, on voit une ville, et dans le bas est
écrit comme pour essayer une plume : Carissimo quanto fratelh , et une
seconde fois : Carissimo. Au verso, se trouvent une jambe dessinée à la
plume et une figure qui s*agenouille. A la pierre noire. H. 10" 6'";
1. 8" 10'". Collections Antaldi et Lawrence. Oxford, n*" 162.
492. Le Couronnement de la Vierge.^ Beau dessin à la plume, qui semble
être une première esquisse pour ce sujet exécuté en tapisserie. A gauche,
sont debout l'apôtre saint Pierre, saint Jérôme et un troisième saint. A
droite, l'apôtre saint Paul et un autre saint. H. 13" 9"'; 1. 11" 6'". Col-'
lections Mariette, Bordage, Lempereur, Lawrence. Oxford, n® HO.
Gravé par le Maître au Dé, Bartsch, n*> 9, et par un élève de Marc-Antoine,
Bartsch , t. ÎIY, n" 56 , d'après la tapisserie et non d'après cette esquisse , avec
deux saints seulement, saint Jean-Baptiste et saint Jérôme.
*
493. Deux anges. — Étude pour le Couronnement de la Vierge, tableau
d'autel de 1502^ (pu est aujourd'hui au Vatican. Ce sont deux figures
EN ANGLETERRE. 505
d'hommes jeunes dessinées d'après nature. L'un d'eui^ tourné yers la
droite^ joue du tambourin; l'autre^ vu de face, du violon. A la pointe de
meta], sur papier teinté gris, et rehaussé de blanc. H. 7" 6"'; l. 9" iO"'.
Collections Ottley et Lawrence. Oxford, n** 61.
494. U Archange liaphtie! conduit le jeune Tohie. — La tête du dernier
est dessinée une seconde fois à part, ainsi que trois mains. Études d'après
nature et dans le costume du temps, pour un des tableaux qui accompa-
gnent le tableau principal représentant la Vierge, que le Pérugin a peint
pour la Chartreuse de Ravie, et qui a passé de la collection du duc Meizi,
de Milan, à la Galerie Nationale de Londres. A la pointe de métal , traité
dans la manière du Pérugin, mais avec un plus vif sentiment de la nature.
H. 9" 6"'; I. T A"\ Collections Wicar et Lawrence. Oxford, n« 75. Nous
avons vu, chez un marchand, en Angleterre, une bonne copie de ce dessin.
49o. Saint Jean-Baytiste, — H élève la main droite. Étude d'après na-
ture, à la pierre noire, rappelant encore le faire du Pérugin. H. 12" 4'";
1. 1" iC". Collections duc d'Alva et Woodburn. Oxford, n« 36.
496. Saint Jérôme, — 11 est à genoux , tenant dans la main droite une
pierre pour s'en frapper la poitrine. A gauche, on voit la ville de Pérouse.
La tête seule est terminée à la plume; le reste n'est que légèrement indi-
qué. H. iO"; 1. 8" 5'". Collections Antaldi et Woodburn. Oxford, n*» \%
497. Saint Etienne. — Étude à la pointe de métal, d'après un jeune
homme à genoux qui étend son bras et élève son regard vers le ciel. Très-
beau dessin, de la jeunesse de Raphaël. H. 10" 3'"; 1.7" 3"'. Ottley, auquel
ce dessin appartenait, l'a publié dans son ouvrage : The italian School of
design, p. 47. Catalogue d'Oxford, n« 103.
498. Saint George à cheval, — Il s'avance vers la gauche, vu un peu de
dos et portant au bras gauche un bouclier rond. Dessin lavé à la sépia et
rehaussé de blanc. U a été découpé et remis sur un autre papier. Collec-
tions Wicar et Woodburn. Oxford, n° 21.
499. Sainte Catherine, — Étude à la plume pour le tableau qui a été
gravé par le baron Desnoyers et qui se trouve actuellement dans la Galerie
Nationale à Londres. Ce n'est qu'une partie de la tête de la sainte. De
plus, cette feuille contient encore cinq croquis pour des génies ailés. Au
verso, se trouvent trois autres esquisses pour la même Sainte Catherine
et une étude de cou d'après nature. H. 7"; 1. 11". Collections B. West,
Dimsdale et Lawrence. Oxford, u^ 152. Publié dans la Laurence Gallery,
n«15.
La tôte seule de la sainte a été gravée par S. Paccini.
500. La Sibylle de Phrygie, — Elle s'appuie sur le cintre de l'architec-
ture. Étude pour la fresque dans Téglise S. Maria délia Pace à Rome. Dans
le haut, il y a une étude pour le bras de la même figure. Au verso, une
demi-figure et un ange de la même composition, magistralement exécutés
504 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
h la sanguine. H. U" 46'"; 1. 7" 6'". Collections Sir Josliua Reynolds et
Lawrence. Oxford, n» 46. Publié dans la Lawrence Gallery, n« 13.
501. Pour la Disjmte du Saint-Sacreinent. — Dessin de treize figures
qui sont dans la partie supérieure de la fresque du Vatican. Le Sauveur,
ayant â ses côtés la Vierge, saint Jean-Baptiste et deux autres figures;
deux autres saints sont au milieu, au-dessous de la figure du Christ, et
quatre autres à leurs côtés. Dessin à la plume, lavé à la sépia et rehaussé
de-blanc. H. 9" 3'"; 1. 10'". Collections Crozat, Mariette, Lagoy, Th. Dims-
dale et Lawrence. Oxford, n** 83.
502. Tour la même fresque. — Étude de l'apôtre saint Paul. 11 est assis,
ayant près de lui un génie ailé. La tête du saint est aussi répétée deux
fois : une plus grande, et l'autre pjus petite. A la pierre noire et rehaussé
de blanc; dans la manière de fra Bartolomeo. H. 15" 6'"; 1.10" 6'. Collec-
tions duc d'Alva, Duroveray et Lawrence. Oxford, n« 102.
503. Tour la même fresque. — Trois anges planant vers la gauche. Au
bas, plusieurs génies ailés. A la plume. H. 10" 6'"; 1. 7" 9"'. Collections
Antaldi et Lawrence. Oxford, n*» 96.
504. Pour la même fresque, — Deux feuilles^ qui primitivement n'en
formaient qu'une seule, contenant plusieurs esquisses, à la pointe de métal^
savoir : deux figures juvéniles en adoration , deux têtes d'évêques et une
main. Au verso, se trouvent les brouillons autographes des deux sonnets
de Raphaël. Us furent copiés pour la première fois par l'abbé Idichele Co-
lombo, bloque ces dessins étaient encore entre les mains de Gio. M. Ant.
Viti. Plus tard, lorsqu'ils passèrent en héritage au marquis Ântaldo An-
taldi, Seroux d'Agincourt et C. Fernow firent une nouvelle copie de ces
sonnets, et le dernier les a publiés dans le premier cahier du Mercure de
l'année 1804. Un fac-similé est dans le Catalogue des cent dessins de Ra-
phaël, que M. Woodburn a exposés à Londres en 1836. Celui de ces deux
sonnets qui commence ainsi : Corno non podde dir d'arcana deiy a subi
bien des changements; la fin s'en trouve sur l'autre feuille, avec le second
sonnet ; Amor tu m'e?ivescasti con doi lumi. Chaque feuille a 11" 3'" de haut
et 8" 6'" de large. Collections Timoteo Viti, Antaldi et Lawrence. Oxford,
n~ 8 et 9.
505. Pour l'École d'Athènes, — Études pour deux figures qui se trouvent
sur les degrés près de Diogène. La tête aux cheveux crépus, la main gau-
che et le pied droit du jeune homme qui monte sont dessinés une seconde
fois à part. On y voit aussi , au bas de l'esquisse, la tête de Méduse sur
le bouclier de Minerve. Étude à la pointe de métal,'sur papier teinté rose,
et rehaussé de blanc. H. 11" 3"/; 1. 8". Collections Wicar, Ottley,qui'les a
publiées dans The italian School of design, et Lawrence. Oxford, n® 93. La
collection de Florence possède une copie des deux figurés sur les degrés.
506. Pour r École d'Atfiénes, — Étude du groupe du Bramante avec quatre
EN ANGLETERRE. 505
de ses élèves et la figure couronnée. La tête du Bramante est dessinée une
seconde fois et plus exactement^ d'après nature. A la pointe de métal et
rehaussé de blanc. H. 9" 9"'; I. 42" 9'". Collections Ottley et Lawrence.
Oxford^ no i05. Ottley a publié ce beau dessin dans son ouvrage The ita-
tian Sekwl of design.
507. Pour l'École d'Athènes,^ L'architecture de la partie gauche de la
composition^ avec la statue d'Apollon dans une niche. Lavé à la sépia.
H. 9"; 1. S" 10'". Collections Arundel et Woodburn. Oxford, n«> 31.
508. Fgut l'École d'Athènes. — Étude à la sanguine pour le bas-relief
au-dessous de la statue d'Apollon. Ce sont quatre figures nues d'hommes
qui combattent, et l'indication d'une cinquième. Cette esquisse, faite d'après
DaUire, diffère un peu de l'exécution à fresque. H. i5"; 1. H" 42"'. Col-
lections Wicar, Ottley et Lawrence. Oxford, n" -49. Ottley en a fait un fac-
similé pour son ou>Tage déjà plusieurs fois cité.
509. Pour l'École d'Athènes, — L'architecture de la partie droite de la
composition, avec la statue de Minerve dans une niche. Dessin à la pointe
de métal, sur papier rougeâtre, et rehaussé de blanc. H. 10" 9'"; 1. 8".
Collections Wicar, Ottley et Lawrence. Oxford, n*» 50.
510. Le Parnasse. — Dessin légèrement exécuté à la plume pour la
fresque du Vatican. Apollon joue du violon et neuf Muses l'entourent.
Tout auprès, Homère, deux autres poêles, l'écrivain et le poète à gauche
sur le devant. A la droite, deux demi-figures. Toutes ces figures sont nues.
H. 12"; 1. 18" 9"'. Collections Wicar et Woodburn. Oxford, n» 59.
511. Pour le Parnasse. — La muse Meipomène, tenant un masque. Étude
à la plume. H. 13" 9'"; 1. 10". Collection Ottley, qui l'a publiée dans son
ouvrage, et Lawrence. Oxford, n^lSS. Une copie de ce dessin se trouve
dans la collection de Florence. Elle appartenait à Nie. Poussin.
Gravée par S. Malinari.
512. Pour la fresque d'Héliodore. — Étude à la pierre noire, pour la
femme vue de dos, qui est à genoux sur le devant. Au haut de la feuille se
trouve une étude plus précise du cou de celte femme, avec la tête indiquée,
et deux pieds au bas. Au verso, un dessin de la partie supérieure de la
femme à genoux, avec deux enfants; puis, encore une fois, la tête plus
étudiée. H. 16"; 1. 11". Collections Reynolds, Ottley, Dimsdale et Lawrence.
Oxford, n° 160. Les deux dessins ont été publiés dans The italian School
of design. La gravure de Mulinari , représentant la femme à genoux sur
le premier plan, a été faite d'après une copie qui est dans la collection de
Florence.
513. Tète de cheval. — Fragment du carton de l'Héliodore, dessiné à la
pierre noire. H. 27"; 1. 21". Vasari mentionne, dans la Vie de Raphaël,
des fragments de ce carton comme existant dans la maison Francesco Mas-
sini à Ceseua. Ce fragment vient de là probablement. M. Ottley l'acheta
1
506 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
au palais Albani à Rome, en 1804^ pour 40 livres sterling. Il passa en-
suite d&DS lacollectioD Lawrence. Oxford, n** 135.
514. Attila effrayé par l'apparition de saint Paul et saint Pierre, — Pre-
mière esquisse pour la fresque auVatican; dessinée à la plume et lavée à
la sépia. Le pape Léon l" est assis sur un siège porté par quelques hom-
mes. Sur le devant, deux hommes à genoux. A droite, on voit Attila à cheval,
entouré de cavaliers, dont l'un porte une enseigne. H. 15" 6'"; l. 23" 2"'.
Collections Wicar et Woodburn. Oxford, n<> 132-
51 5. La Messe de Bolséie. — Première esquisse, lavée à la sépia et rehaus-
sée de blanc. Elle diffère beaucoup de l'exécution à fresque. Le pape, à
gauche, est agenouillé; les figures de devant sont différemment disposées;
les suisses ou porteurs du pape ne s'y trouvent point. Cintré dans le haut.
H. 9" 10'"; 1. 16" 2"'. Collections Wicar et Woodburn. Oxford, nM6. La
collection d'Oxford possède encore deux autres dessinsdu même sujet , sous
les n°" 42 et 125. Le premier est une copie de celui que nous venons de
décrire et l'autre est fait d'après la fresque même. Tous les deux néan-
moins sont peu dignes d'être conservés dans une collection qui possède
l'original.
516. Le Buisson ardent. — Dessin à ia plume, représentant Dieu le Père
entouré d'anges, pour la fresque du Vatican. Cette figure, d'un grandiose
étonnant, offre un exemple de l'influence des peintures de la chapelle Six-
tine sur le génie de Raphaël. H. 11"; 1. 16" 6"'. Collections Wicar, Ottley
(qui l'a publié dans The italian School of design) et Lawrence. Oxford,
n«5.
517. Powr la fresque de la Défaite des Sarrasins. — Deux esquisses à la
plume, dessinées sur les deux côtés de la feuille. Dans l'une, neuf Ggures
nues ; dans l'autre, onze autres combattant. Ces groupes sont bien diffé-
rents de la fresque exécutée. H. 10" 9'"; 1. 15" 6'". Collections Timoteo
Viti, Crozat, Mariette» Brunet et Lawrence. Oxford, n"" 151.
Le comte de Caylas a gravé ces deax esquisses pour le Cabinet Crosat, n'^iS
et 46.
518. Pour la même fresque.— Ce&i le groupe de deux prisonniers, dont
l'un est couché par terre; l'autre, à genoux, au-dessus de lui, se défend
contre un guerrier, qui toutefois n'est pas même indiqué ici. Superbe étude
d'après nature, à la pierre noire. H. 40" 9'"; 1. 15" 6"'. Collections d'Ar-
genville et Woodburn (n" 79 du Catalogue Woodburn des cent dessins de
Raphaël). Oxford, n« 65.
519. Pour la Bataille de Constantin. — Deux soldats dans le fleuve ; l'un
se cramponne à un bateau pour y entrer, l'autre s'attache à son compa-
gnon. Étude a la pierre noire, rehaussée de blanc, sur papier brun.
H. 10" 3'"; 1. 14" 3'". Collections duc d'Alva et Lawrence. Oxford, n» 53.
520é Un homme assis sur une pierre. — Vu de dos, il élève le bras droit
EN ANGLETERRE. 507
eomme pour se garantir contre une attaque. Très-belle étude, à la pierre
Doire, diaprés un modèle du. La tête et le bras gauche avec lequel il s'ap-
puie sont une seconde fois dessinés à part. Cette étude paraît avoir été faite
pour la première esquisse de la Bataille de Constantin. H. KT 7"'; 1. 14" 1'".
Collections P. Lely, Reynolds et Lawrence. Oxford^ n^ 10.
521. Un homme tombé à terre. — Il s'appuie sur son bras gauche et re-
garde vers la gauche. Très-belle étude à la pierre noire pour une figure
de la Bataille de Constantin. Cette figure se trouve aussi sur la précieuse
esquisse copiée d'après celle de Rapbaêl par Perino del Vaga, et publiée
par C. Metz dans ses Imitations of ancient and modem drawings (London,
1798). H. 7" 3"*; 1. 12*' 6"'. Collections P, Lely, Woodburn. Oxford, w> 32.
522. Des Nymphes et des Tritons, — Superbe dessin à la plume pour une
partie d'un bord de plat, un de ceux vraisemblablement qui furent exé-
cutés en bronze par Cesare Rosetti de Pérouse pour Augustin Chigi. Le
dessin contient six figures: quatre hommes qui se terminent ou en poisson
ou en serpent, et deux femmes, dont l'une, couchée, est surtout d'une
grande beauté. H. 9"; 1. 14" 6'". Collections Wicar et Lawrence. Publié
dans la Lawrence Gallery, sous le n<> 10. Catalogue d'Oxford, n<* iùé.
523. Des TritonSy des Nymphes et de^ Génies. — Beau dessin à la plume,
qui cependant n'est pas de la main de Raphaël, mais, selon toute proba-
bilité, de Fr. Penni. H. 9" 6'"; 1. 16". Collections Wicar, Ottley (qui l'a
publié dans son ouvrage déjà cité) et Lawrence. Catalogue d'Oxford,
-n" lOi.
524. Mercure, d'après un bas-relief antique. — Il est debout, à gauche ;
une femme drapée comme une vestale doQne la main à un jeune homme*
A droite , un Amour près d'un bouc sonne du cor. Dessin à la plume.
EL 10" 7'"; 1. 14" 5'". Collections Ricbardson et Lawrence. Oxford, n» 22.
Le comte de Gaylus a gravé cette composition d'après un dessin qui était
dans le Cabinet du roi et qui se trouve encore au Louvre.
525. Hercule gaulois. — Il est assis au milieu de neuf auditeurs. De sa
bouche sortent autant de fils d'or qui vont aux oreilles des auditeurs. Au-
dessus de la tête est écrit : Eloquentia. Dessin lavé à la sépia et rehaussé
de blanc. Dans un rond de 9" 9'" de diamètre. Collections Timoteo Viti,
ÀDtaldi, Crozat, Lagoy, Dimsdale et Lawrence. Oxford, n® 115.
Gravé en clair-obscur parCh.-Nic. Cochin et Y. Lesueur, pour le Cabinet Croxat,
n« 38. — LandoD , "h*» 468.
526. Hercule domptant Cerbère. — Assis sur Cerbère, il est tourné vers
la droite, tenant sous son bras les trois têtes du chien infernal et une
massue dans la main droite. Beau dessin à la plume. Toutefois la jambe,
dessinée lourdement et sans goût, n'est pas digne de Rapbaêl. In-4<>
de 5" 9'". Collections Antaldi, Woodburn. Oxford, n« 73.
527. L'Efilèvemeni d'Uéléiu. — Figures nues. Deux hommes saisissent
508 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
Hélène qui résiste. A droite, un guerrier protège son compagnon; un autre
guerrier accourt du côté gauche. Très-beau dessin à la plume. H. 10**;
1. 16" 3'". Collections Ant. Rutgers, Ploos van Amstel, Jacob Comsz (vendu
en 1800, pour 28 florins 10, à M. Yersteg) et Lawrence. Oxford, b? 29.
Gravé en conlre-partie et d'un format plus petit, par B. Picart, pour ses /«pos-
turet innocentes. ~ Landon, n* 114.
528. Un etnpereur romain. — 11 est assis sur un trône, vêtu d*uae lu-
nique, vu de profil, tourné du côté droit et le bras étendu. A la plume.
H. 6*' 9"'; 1. 5". Collections Reynolds et Woodburn. Oxford, n» 137.
529. Études d'après des statues antiques. — Parmi les dix feuilles de ce
genre qui se trouvent dans la collection d'Oxford, il n'y en a qu'une seule
que l'on puisse, avec certaine raison, attribuer à Raphaël. C'est une Vénus,
et le fragment d'une ligure de femme sans tête. H. 13" 6'"; 1. 9" 9'". Ck)l-
lections duc d*Alva et Woodburn. Oxford, n* 3.
Les autres études d'après l'antique sont traitées dans des manières tout
à fait différentes. Ce sont : *
a.) Une figure de femme, vêtue en partie. — Catalogue d'Oxford, w* 20.
6.) Le Torse, du Belvédéi^e. — Catalogue d'Oxford, n® 28.
c.) Véîiu^ tenant la pomme d'or, — Catalogue d'Oxford, n*» 37.
d.) Milon portant le taureau. — Catalogue d'Oxford, n« 69.
e.) Ariane, dite Cléopàtre du Belvédère. — Catalogue d'Oxford, n» 74.
f.) Bacckus et Hercule. — Catalogue d'Oxford, n*> 140.
g.) Un adolescent. — Catalogue d'Oxford, w* 142.
h.) La Fortune. — Fragment. Catalogue d'Oxford, n* 143.
i.) Le vêtement d'une figure de femme. — Catalogue d'Oxford, n® 149.
530. Four V histoire d'Eneas Sylvius Piccolomini. — Cest un dessin
représentant quatre hommes de la fresque où l'empereur Frédéric III
couronne Énée. Belle étude d'après nature, à la pointe de métal. H. 9";
1. 8" 9'". Collections Ottley et Lawrence. Catalogue d'Oxford, n<> 122.
Ottley a publié ce dessin dans The italian School of design.
531 . Pour la même fresque. — Un jeune homme debout, le bras gauche
étendu, tenant un bâton dans cette main, et posant celle de droite sur la
hanche. Étude à la pierre noire. Cette figure a été exécutée, dans la
fresque, en sens inverse. H. 12" 3"' ; 1. 7" 10*". Collections du duc d'Alva,
Woodburn. Catalogue d'Oxford, n® 7.
532. Combat pour le drapeau. — D'après le carton de Léonard de Vinci.
C'estle groupe, si connu, des Cavaliers, que Raphaël semble avoir dessiné
de souvenir sur une feuille remplie d'autres esquisses, savoir : une tête
de vieillard vue de profil, dont le caractère se rapproche du style de
Léonard de Vinci, quoique le faire soit tout raphaélesque. Au côté droit
se trouve la tête d'un jeune moine semblable au saint Benoît de la fresque
de Tannée 1505, dans l'église S. Severo, à Pérouse, et deux mains, dont
EN ANGLETERRE. 509
Tune tient un livre. Beau dessin à la pointe de métal et rehaussé de blanc.
H. 10" 9'"; I. 8" 6'". Collections Duroveray, Dimsdale et Lawrence.
Catalogue d'Oxford, n^ 44.
533. Autre Combat pour le drapeau, — Quatre guerriers à pied se
disputent un étendard; un cinquième soutient le corps mort d'un de ses
compagnons qu'un soldat ennemi cherche à lui enlever. Beau dessin à la
plume. H. 11''; 1. 16" 6"'. Collections Antaldi, Ottley et Lawrence. Publié
dans The italian School of design. Dans le Catalogue de l'exposition des
cent dessins de Raphaël, par M. Woodbum, ce dessin est décrit sous le
n® 65, comme étant une étude pour la Victoire remportée sur les Sar-
rasins près d'Ostia ; erreur qui a été reproduite dans le Catalogue d'Ox-
ford, sous le n° 27.
534. Deux jeunes gens. — L'un est couché par terre, et l'autre, a
genoux, tient un drapeau de la main droite et paraît présenter quelque
chose avec la main gauche. Étude à la pointe de métal, rehaussée de
blanc et traitée dans la manière du Pérugin; H. 13"; 1. 9" 3"'. Collections
du duc d*Alva et Woodburn. Catalogue d'Oxford, no41.
535. Plusieurs études de figures d'après nature. — Un homme nu tient
un livre et une épée, comme si c'était un saint Paul ; puis deux jambes.
Au veirso, un homme nu tient un bouclier avec le bras droit, et une lance
de la main gauche. En outre, des études pour un torse , un bras et une
jambe. Dessin à la plume, du plus beau temps du maître. H. 10" 6"';
1. T 6'". Collect. Brunet, à Paris, et Woodburn. Catal. d'Oxford, n<» 453.
536. Un jeune homme jouant de la guitare. — Dessin à la plume, dans la
manière du Pérugin. Il est douteux qu'il soit de Raphaël. H. 6"; 1. 4" 9"'.
Collections Antaldi et Woodburn. Catalogue d'Oxford, n'' 114.
537. Un homme assis. — Élevant la main droite et tenant de la gauche
un livre sur son genou. A la pointe de métal, dans la manière florentine
du maître. H. 8" 2*^'; 1. 6'". Collections Antaldi et Woodburn. Catalogue
d'Oxford, no 45.
538. Étuderde deux figures d'hommes. — Celui à gauche, qui est nu,
lit dans un livre; l'autre à droite, qui est vêtu, vu de profil et tourné
vers la gauche, pose une main sur sa poitrine. Au bas de la feuille, il y a
une tête de jeune homme, deux mains pour la première Ogure et deux
têtes de lions. Exécuté à la pointe de métal, dans la manière de Léonard
de Vinci. H. 10" 9'"; 1. 8" 9"'. Collections Wicar et Lawrence. Catalogue
d'Oxford, n« 108.
539. Sept hommes à table. — Esquisse d'après nature, comme pour une
Cène, mais différente des compositions du même sujet que nous connais-
sons de Raphaël. A la pointe de métal, sur papier rougeâtre,et rehaussée
de blanc. H. 9"; 1. 13" 3'". Collections Timoteo Viti, Antaldi et Lawrence.
Catalogue d*Oxford, n<> 95. Publié dans la Lawfence Gallery, u? 4.
8i0 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
540. Vn homme debout. -^ Il écrit dans un livre. Dessin à la ploine.
H. 7" 9'"; 1. 3" T". Collection Wicar. Catalogue d*Oiford, n*54.
541 . Quutre guerriers debout. — Celui du milieu est le Saint George
de Donatello. Une des figures, à côté, est nue et porte un bouclier rood. A
droite, encore une tête. Au verso, des études pour un torse, un bras et une
jambe. Beau dessin à la plume. H. 10" KT"; 1. 8" 7'". Collections Berwick
etWoodburn. Catalogue d'Oxford, n** 154.
542. Trois figures qui font de la musique. — Une femme vêtue, assise
au milieu, pinçant de la harpe. Deux jeunes gens, debout à ses côtés;
l'un joue du violon, l'autre sonne de la trompette. Beau dessin à la plume.
Au verso, l'esquisse du Christ mort, avec une des figures qui le soutient,
pour la Mise au Tombeau du palais Borghèse. H. 9" 9'"; 1. 7" 6'". Collée*
tions Ottley et Lawrence. Catalogue d'Okford, n° i56.
- Lei trois figures qui font de la musique ont été gravées dans l'ouvrage : Th9
Ualiau Sehool ofduign.
543. Groupe de trois figures nues. — Un homme, vu de dos, debout
entre deux femmes qui élèvent en l'air des vases chargés de fleurs. Dessin
à la plume. H. 11"; 1. 8" 3"'. Collections du comte Baglione, de Pérouse,
et Lawrence. Catalogue d'Oxford, Vf* 66.
Un dessin semblable se trouvait dans la collection de M. Henry Reveley,
à Londres.
544. Figure de femme vêtue. — - Elle est debout et s'appuie sur le bras
gauche. A la plume. H. 10" 5'"; 1. 6" 11'". Collections du duc d'Alva et
Lawrence. Catalogue d'Oxford, vP\A.
545. Los d'homme. — Étude d'après nature, à la plume. H. 8" 5'";
1. 5" 6'". Collections Richardson, lord Hampden et Lawrence. Catalogue
d'Oxford, n" 30.
546. Vn homme nu et une tète de femme. — L'homme , vu de dos, est
tourné vers le côté droit. Étude à la plume. H. 9" 11"'; 1. 8" «"'. Collec-
tions du duc d'Alva et Woodhiim. Catalogue d'Oxford, n*81.
547. Demi' figure d'un jeune homme dans un nuage et soulevant les
bras. — Ce doit être une étude pour un Dieu le Père. Dessin à la pointe
de métal, exécuté vers l'année 1506. H. 9" 6'" 5 1. 7" 6'". Collections Wicar
et Woodburn. Catalogue d'Oxford, n* 48.
548. Femme assise. — fille est vue de face et indique quelque chose
avec la main droite. Dessin à la plume. H. 8" T'; I. 5" 10'". Collections
Antaldi et Woodburn. Catalogue d'Oxford, n' 99.
549. Les apjnéts d'un repas. ^ Dans une chambre où est une table,
avec d'autres meubles à l'antique, ou voit un homme tenant par la cuisse
un chevreau qu'un jeune homme nu porte à l'aide d'un linge. Une
jeune fille boit dans une coupe; à gauche, une femme met un vase auprès
du feu. Beau dessin cintré, lavé à la sépia et rehaussé de blanc. H. 5";
EN ANGLETERRE. ttli
L lu'' i"\ Collections du duc d*Al¥a et Lawrence. Catalogue d'Oxford,
n*» 79.
550. Sept enfants jouant. — Au milieu, deux garçons couchés à terre;
l'un d'eux joue avec un chien, qu'un troisième tire par la jambe. Un
quatrième apporte des fruits dans un panier, et un autre, placé vis-à-vis^
les répand par terre. Au côté droit, une jeune femme, portant un enfant
sur le bras, regarde ces jeux enfantins. Dans le haut sont dessinées deux
acanthes de chapiteaux. Au verso, une jeune femme debout, tenant quelque
chose dans son tablier. H. 8"; 1. 11". Collections Ottley et Lawrence.
Catalogue d'Oxford, n^ 6. Ottley a publié ces deux dessins à la plume dans
The italian School of design.
551. Onze enfants jouant. — - Ce dessin paraît être un calque très-en-
dommage. H. 10" 4'"; 1. 15"r'.Collections Anlaldi elWoodburn. Cata-
logue d'Oxford , n« 123.
5o2. Étude pour le costume de Léon X. — Avec l'indication du siège
pour le portrait qui est au palais Pitti. A la pierre noire. H. 16" 3"';
1. 10" 9'". Collections Wicar et Lawrence. Catalogue d'Oxford, n» 150.
553. Étude de draperie. — A la sépia et rehaussée de blanc. Elle est
très-retouchée. H. 16"; 1. 10" 5'". Collections Wicar et Woodburn. Cata-
logue d'Oxford. nM 46.
554. Deux études de draperie. — Pour une figure à genoux, et pour
une manche. A la pierre noire et rehaussé de blanc. H. 15" 6"'; 1. 40"
1"'. Collections du duc d'Alva et Woodburn. Catalogue d'Oxford, n^ 147.
555. Diverses études. — Réunies sur la même feuille ; seule la tête de
jeune homme, tournée vers la gauche et regardant vers le haut, est de la
main de Raphaël. Collections du prince Borghèse, à Rome, et Woodburn.
Catalogue d'Oxford, n° 52.
556. Arabesque pour les Loges du Vatican. — Au milieu, un cygne. La
manière dont ce dessin est traité nous permet de l'attribuer à Giovanni da
Udine plutôt qu'au maître. H. 12" 10"'; 1. 9" 1'". Collections Wicar et
Woodburn. Catalogue d'Oxford, n^ 13.
557. Des ornements. —Étude représentant un aigle, une chouette et
autres oiseaux, pour les arabesques des Loges du Vatican. Dessin à la
plume, exécuté de la même manière que le précédent. H. 1 0" i 0"' ; 1. 8" 5'".
Collections Antaldi et Woodburn. Catalogue d'Oxford, vfi 16.
558. Deux petits paysages. — Légèrement dessinés à la plume, d'après
nature. Ils sont du premier temps de Raphaël. L'un représente une ville
située près d'une montagne; l'autre, quelques habitations agrestes.
Ils ont été gravés par le comte de Caylus pour le CaHnel Crozaty n** 47.
Au verso se trouve encore un troisième paysage avec une maison entourée
d'arbres. Le fac-similé de ce paysage a été publié dans le Catalogue de
l'exposition des frères Woodburn, en 1836. H. 2" 9'"; I. 6" 3'*'; et
512 CATALOGUE DES DESSINS DE BAPHAEL
h. 2" 9'"; 1. 8" 3"'. ColléctioDS Vasari, Crozat, comte de Pries et Law-
rence. Catalogue d'Oxford^ n^ 161.
En Angleterre^ on rencontre assez souvent des copies de ces paysages.
659. Paysage avec une ville entourée de murailles avec quatre tours. —
Dessin traité de la même manière que les précédents^ et de la même
époque. H. 6" 6"; 1. 9" 3"'. Collections Timoteo Viti, Crozat et Wood-
burn. Catalogue d'Oxford, n« 71.
Gravé par le comte de Caylns pour le Cabinet du Roi.
560. Dessin pour une maison de campagne. — Le bâtiment du milieu,
avec une grande fenêtre divisée eu trois compartiments , est assez étroit
et flanqué de deux ailes à pignons, plus élevées. Ce corps de logis a un
portique de trois arches soutenues par deux colonnes. A côté, sont adossés
deux petits bâtiments. Au verso, plusieurs autres dessins pour cette mai-
son. Esquisse à la plume, avec quelques mots d'écriture. H. 14" 6'"; 1. 10".
Collections comte de Pries et LaAvrence. Catalogue d'Oxford, n"* 127.
Dans cette collection, on conserve encore trente-huit autres dessins
attribués à Raphaël. Ce sont, en général, des copies.
a.) TJ7îe jeune femme portant de Veau, — De l'Incendie du Bourg. N*» 107.
6.) Le jeune homme suspendu au mur. — De la même fresque. N" 33.
c.) Une cariatide. — N® 38.
d.) La Sainte Famille, — De Canigiani. A Munich. N* 80.
c.) Le Sacrifice d'Abraham, — Gravé par Augustin de Venise. N® 87.
f.) Moise frappant le rocher. — N® 88.
g.) La Cène, — N° 90.
h,) La Pèche miraculeuse. — N° 100.
i,) Une tète de femme, — Du Massacre des Innocents. A la pierre noire
et au pastel. N<> 130.
;.) Le bras du Christ qui donne la bénédiction, — Fragment d'un carton
pour le Christ donnant les clefs à saint Pierre. N« 134.
Les trois dessins suivants sont de Jules Romain :
k.) L'Adoration des Mages. — Pour la tapisserie. N° 24.
l.) Même sujet. — Traité dans la manière de Raphaël. N« 126.
fw.) Études pour des éléphants, — A la sanguine. Ce sont des études
faites pour la Bataille que Corn. Cort a gravée comme étant de l'invention
de Raphaël. Mais le dessin original de cette composition que possède
M. Gatteaux, à Paris, est incontestablement de Jules Romain; il est exé-
cuté au bistre, et de la même grandeur que la gravure. N« 23.
Les trois dessins suivants sont de Giovan Francesco Penni, dit le
Fattore :
n,) La Présentation au temple, — • Riche composition. N<» 144.
0.) La Charité, — Dessin pour la salle de Constantin. N® 47. Publié dans
la Laxorence Gallery, N» 30.
£N ANGLETERRE. 513
p.) Le cardinal Giavanni de Médicis. — Entre à Florence. Dessin au bistre
pour la frise des tapisseries représentant la Vie de Léon X. Collections
Zanetti^ Denon et Lawrence. N^ 70. Il y a deux répétitions de cette même
composition^ à Vienne et à Paris; la dernière paraît être l'original^ mais
elle est de Penni.
Autres dessins de l'école de Raphaël :
g.) Deux études pour l'enfant Jésus. *- Assis en diverses poses. N^ 15.
r.) Étude pour une femme assise. — N® 35.
s.) Un lit tréS'Orné. — Dessin à la plume. N° 39.
t.) La partie inférieure d'une Résurrection. — N* 57.
«.) Une femme allaitant son enfant. — Beau dessin au bistre. N® 63.
V.) Étude. — Au bistre; vêtement pour un Saint Michel. N** 64.
a?.) Salomon. — Adorant les idoles. N* 72.
y.) Un berger. — Avec sa cornemuse. N® 82.
z.) Deux évangélistes. — Et un saint à genoux. Beau dessin au bistre.
N«83.
aa.) Une tempête. — Des saints sont en prière dans une barque. N° 92.
bb.) Diverses études. — De Ggures et d'architecture^ avec de l'écriture;
faussement attribuées à Raphaël. N*' 94.
ce.) L'Adoration des bergers. — La sainte Vierge soulève le voile qui
couvre l'enfant Jésus couché à terre. Saint Joseph, tenant le petit saint
Jean. N« 117. Ce beau dessin à la plume a été publié par Ottley dans The
italian School of design.
dd.) La Mise au tombeau. — Composition différente de celle du tableau
qui est au palais Borghèse. Esquisse à la sanguine. N<^ 124.
ee.) Études pour trois Muses. — Au verso, un autre dessin à la plume :
une tête et un chat couché. N» 136.
tf.) Esquisse. — Pour un arc de triomphe, avec les armes de Médicis;
probablement pour le pape Clément VII. N*" 145.
gg.) Neuf têtes de monstres. ^' Pour des sculptures en bois. Beau dessin
à la plume, provenant de la collection Antaldi. Il a beaucoup de rapport
avec les sculptures des stalles de Pérouse, qui passent, sans aucun fonde-
ment, pour avoir été faites d'après les dessins de Raphaël. N"* 148.
hh.) La Vierge tenant un livre. — Comme pour une Annonciation. Au
verso, un intérieur d'architecture. Beau dessin à la plume. N"" 158.
tt.) L'Ange apparaissant à Joachim.— Au verso, sainte Anne et Joachini.
N*»159.
Les trois dessins suivants sont de différents élèves du Pérugin :
jj.) Études. — Pour une tête et une main; au bistre. Collection An-
taldi. N° 17.
kk.) Étude. — Pour un Saint Joseph s'appuyant sur un bâton. Le pied
gauche est très-mal dessiné. N<^ 62.
m
11. 33
S14 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
U.) Jésus et la Samaritaine, — Jésus est debout, à droite; la femme, à
gauche. On voit plusieurs tigures dans le paysage. Beau dessin à la pierre
noire, mais bien difTérent de la composition gravée dans l'ouvrage de
Landon, sous le n® 236, quoique le Catalogue d'Oxford cite cette compo-
sition comme étant semblable au dessin. N*" 1J6.
mm.) Saint Jérôme à genoux, — C'est un dessin d'un imitateur de Michel-
Ange. N« 18.
DA^'S LA COLLECTION DU GÉNÉRAL WILUAM GUISE ^ A CHRIST
CUURCH COLLEGE, A OXFORD.
561. Sept enfants jouant. — A gauche^ trois enfants en portent un qua-
trième vers un bassin où sont déjà des enfants qui en tiennent un autre.
Belle esquisse à la plume. H. 6"; 1. 8" 6'". Collection Richardson.
Gravé en fac-similé par A. Pond, pour l'ouvrage : Àrthitr Pond ané KnofUm.
Frinls from drawinçi, Londoa, 1734, in-fol.
La collection de Christ Church Collège possède encore quatre télés
dessinées à la pierre noire et colorées, fragments d'un carton qui appar-
tenait autrefois à Richardson et qui a été donné au collège par R. Mordant
Crachrode. Ce sont les suivants :
a.J Une tête de femme, plus grande que nature, — Cest celle de la femme
qui, dans le Massacre des Innocents, est assise au premier plan et qui
pleure son enfant mort. Ce sont plusieurs morceaux rajustés, mais du
reste bien conservés. On remarque assez généralement les contours et les
hachures au crayon noir sous les couleurs. L'exécution en est soignée, et
des tresses de cheveux blonds^ entourant le turban rouge« sont traitées
avec beaucoup d'élégance.
6.) Une seconde tête de femme, — Vue de trois quarts, est une étude pour
le carton de la tapisserie représentant Saint Pierre et Saint Jean guérissant
le paralytique, carton qui se trouve à Hampton-Court. C'est la tête de la
mère qui tient par la main son fils portant des pigeons. Un fragment
d'architecture ornée forme le fond. Ce dessin est mieux conservé que le
précédent, et d'une couleur claire et puissante. (Yoy. à ce sujet une note
du conseiller de cour Schorn, dans le Kunstblatt du 6 septembre 1832.)
c. et d.) Deux têtes d'hommes, — Dont l'une, vue de face, est barbue. Si
nous ne nous trompons pas, ces deux têtes font partie du carton de l'Ado-
ration des bergers. Nous sommes fortifié dans notre opinion par les dé-
tails que nous fournit sur la vente du cabinet de Richardson l'ouvrage de
R. W. Gunn : Curionensia, or an historical and tritical account of tke ta-
pestriesin the palace ofthe Vatican, etc. (London, 18o2, deuxième édition
iii-8°.) 11 est dit dans cet ouvrage : « N« 51 . La tète d'un berger en adoration
pour la Naissance du Christ. C'est celui de gauche dans l'étable. 5 I. 5 s. »
EN ANGLETERRE. »15
Puis ailleurs : « N^ 54. Rachel pleurant ses enfants. Groupe d'une mère
désolée avec son enfant sur les genoux. Vendu au D** Stark. 10 1. 15 s. »
J.Richardson possédait cinquante fragments de ce genre^ qui sont actuel-
lement dispersés, mais dont faisaient partie, selon toute apparence, ceux
que nous avons vus en France, en Angleterre et à La Haye. Ces fragments
ne reproduisent pas seulement des parties de la seconde suite des cartons
pour les tapisseries, mais encore ils correspondent à la première suite,
dont les originaux sont encore conservés en entier en Angleteri*e. 11 est
donc très-probable que dans les Pays-Bas on avait fait des copies d'après
des cartons originaux pour l'exécution des tapisseries. Or, il existait des
fabriques de tapisseries de haute lice ailleurs que dans les Pays-Bas,
depuis des époques reculées, et plusieurs de ces fabriques, dans la moitié
du seizième siècle, exécutèrent en France, en Italie et en Angleterre, des
compositions de Raphaël.
DANS LA COLLECTION DE FEU M. JOHNSON, A OXFORD.
562. Le Massacre des Innocents, — Esquisse de flgures nues, pour la
composition gravée par Marc-Antoine. Bartsch, n<*20. Ce sont neuf ligures,
sans compter les enfants, quatre hommes et cinq femmes. L'enfant mort,
couché à terre au premier plan, a été efTacé par le maître lui-même, qui,
en revanche, a dessiné a part la tète, sur le haut de la feuille. Beau dessin,
rempli de vie,exécuté largement à la plume. H. 9" 6'"; 1. 14" 9'". Collec-
tions Wicar, Lawrence et Woodburn.
Fac-simile dans la Lawrence Gallery, n<* 12.
DANS LA COLLECTION DU DUC DE DEVONSHIRE, A CHATSWORTH.
Le duc de Devonshire a fait photographier les dessins de Raphaël qu'il
possède dans sa collection. Ce recueil, exécuté par Thurston Thompson,
est la propriété du duc et ne se trouve pas dans le commerce.
56.'^, La figure de saint Faut, — Pour le sujet de Saint Paul et Saint
Barnabe, à Lystra. Dessin à la pointe de métal et rehaussé de blanc.
Collection de P. Lely.
561. Vierge légèrement agenouillée. —Avec deux enfants. Analogue au
tabfeau de la Vierge dite la Perle. 11 y a, en outre, les esquisses de trois
enfants^ dont l'un est dans l'attitude de l'enfant Jésus dans le tableau de
la Madone délia Tenda. Très-belle esquisse à la plume. Collection
P. Lely.
565. La Vierge^ — Demi-figure, avec l'Enfant lisant dans un livre.
Rapide esquisse à la plume. Collection P. Lely.
566. Femme assise. — Vue de profil et tournée à droite. Elle lit dans
516 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
un livre et enlace avec un bras un enfant debout à côté d'elle; ce dernier
regarde le spectateur. Dessin à la pointe de métal^ rehaussé de blanc.
Gravé par Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIY, n* 48. — Landon, n* 3^.
567. Tête d'enfant — Vue de profil. Étude d'après nature, aux deux
tiers de la grandeur naturelle. Très-beau dessin à la pierre noire. Collec-
tion P. Lely.
568. Sainte Catherine d'Alexandrie, —■ Première esquisse pour le tableau
de la National Gallery, à Londres, gravé par le baron Desnoyers. Cette
rapide esquisse à la plume nous montre presque la figure entière^ mais la
partie inférieure n'est point terminée. Au milieu de la même feuille est
une figure de femme se penchant en avant pour vider un vase. Sous cette
figure, un enfant portant deux vases et marchant. Enfin, dans le haut^ à
droite, la partie supérieure d'une autre figure de femme. Légères esquisses
à la plume. Feuille in-folio coupée en octogone. Collection P. Leiy.-
569. UEnîévement d'Hélène,-- Accompagnée de Paris et de plusieurs
guerriers ; elle est emmenée tout en pleurs vers le vaisseau. Deux servi-
teurs apportent divers objets qu'un troisième reçoit à bord. Les matelots
se préparent à partir; un d'eux relève Tancre et un autre détache des
cordages. Riche composition d'environ vingt figures, rapidement dessinée
à la plume. Ce dessin est estampillé d'un B. In-folio en largeur.
Une composition toute semblable se trouvait dans la collection de
l'Académie de Dusseldorf. H. 10'* 9'"; 1. 14" 6'". Elle a élé publiée dans
l'ouvrage du directeur Krahe , intitulé : Nouvelle collection d'estumpes,
contenant cinquante pièces eaux- fortes d'après les dessins originaux tirés
de la collection de l'Académie électorale palatine des Beaux-Arts, à Dus-
seldorf,
Gravé par Th. Bislinger et G. Huck. Dusseldorf, 1781, ia-fol.
Ce dessin ne figure plus, on ne sait pourquoi, parmi ceux que possède
l'Académie. Nous rencontrons encore cette même composition dans le
catalogue des dessins provenant de la succession de James Hazard
(Bruxelles, 1789). H. 9" 9'"; 1. 15" 3'". Cet amateur Ta aussi gravé lui-
même. Enfin nous avons vu encore une fois un dessin analogue chez un
marchand, en Angleterre.
570. Un empereur romain. — Dessin à la plume^ d'après une statue
antique. Il est tout à fait traité dans la spirituelle manière de Raphaël.
571. Allocution de l'empereur Constantin à ses soldats, — Esquisse
pour la fresque du Vatican. J. Richardson rapporte, dans son Traité de la
Peinture, etc., imprimé à Amsterdam, 1728, t. III, p. 416, que ce dessin
fut vendu pour 100 livres sterling, lors de la vente du cabinet Peter Lely,
à M. Bergstein de La Haye; qu'il fut plus tard possédé par M. Flinck, à
Rotterdam, et qu'il passa ensuite dans la collection du duc de Deyonshire.
EN ANGLETERRE. 517
Au dire de cet écrivain, le dessin était alors bien conservé ; esquissé à la
plume sur papier blanc, lavé et rehaussé de blanc. Les deux jeunes gens
qui, aux pieds de l'empereur, tiennent ses armes, le nain qui est en face
et toute la partie de la composition qui occupe les nuages dans la peinture
ne se trouvent point dans le dessin. Les soldats, qui dans la fresque sont
relégués au dernier plan, se voient au premier plan dans le dessin et à la
place même du nain.
Henry Rcveley, dans ses Notices oftke drawings and sketches ofsome
of the most distinguished masters in ail the principal schools of design
(London, 1820), cite ce dessin comme étant toujours, à cette époque, dans
la même collection ; mais il dit que, le blanc de lumière étant tombé,
son aspect général avait beaucoup perdu. Ce dessin ne se trouve plus
aujourd'hui a Ghatsworth, et nous ne l'avons pas retrouvé parmi ceux
que le duc eut la bonté de nous faire voir à Londres.
CHEZ LE COMTE DE LEICESTER, A HOLKHAM, NORFOLK.
572. Vn cahier avec des dessins raphaèlesques. — Cet intéressant cahier»
de format petit in-folio, était autrefois en la possession de Carie Maratte,
à Rome, ce qui est consigné sur une feuille servant de couverture. H con-
tient trente-cinq feuilles chargées de dessins, parmi lesquelles il y en a
dix-huit avec des études d'architecture, et trois représentant divers sujets
qui sont tout à fait traités dans la manière de Raphaël. Les quatorze
autres feuilles offrent des dessins de Jules Romain et d'autres d'artistes
moins habiles. Nous donnons ici une indication détaillée de tous ces des-
sins dans Tordre qu'ils occupent. Ceux que nous avons marqués d'une *
sont les plus beaux.
* a.) Une feuille avec douze soubassements à colonnes et onze chapi-
teaux^ ioniques en majeure partie, et d'autres richement ornés de feuil-
lages, mais qui n'appartiennent à aucun ordre précis. Le mot anticho se
trouve écrit auprès de la plupart de ces chapiteaux. De tous ces sujets
rangés sur quatre lignes» la moitié seulement est dessinée à la plume.
Feu W. Roscoe a fait graver un fac-similé de cette feuille, afîn de l'ajouter
au catalogue des manuscrits de la bibliothèque d'Holkham.
* 6.) Cinq chapiteaux de colonnes, richement ornés de feuilles, trois
bases, et une quatrième richement ornée. Une partie de ces dessins est
terminée à la plume. Puis, quelques autres ornements architectoniques,
quatre amphores et un plat antiques. Près de chaque objet, on a indiqué
que l'original se trouvait à Padoue. Raphaël n'a pas pu les dessiner dans
cette ville, où il n'est jamais allé. On peut donc admettre que ce sont
des imitations faites d'après les dessins d'un autre artiste ; cette suppo-
sition est justifiée en quelque sorte par la place assignée à chaque objet.
518 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
L'écriture, quoique ressemblant beaucoup à celle du roatlre, n'est pour-
tant pas absolument identique, ce qui provient peut-être de ce que Raphaël
a changé sa manière d'écrire dans les années postérieures. Quant au
dessin, il est tout à fait semblable au sien. ^
* c,) Treize corniches antiques richement ornementées, vues de profil
et dessinées en perspective. Le mot antkho est écrit auprès de plusieurs.
Dessins à la plume.
* d.) Compartiments ornementés d'un soffite, formés de grands octo-
gones et de carrés plus petits, au côté gauche de la feuille. Au côté droit,
trois vases posés sur des socles, comme pour jets d'eau. Dans le bas encore,
quelques ornements arcliitectoniques. Dessins d'aboix! traités à la pierre
noire, puis terminés à la plume. Les dessins de cette feuille ne sont pas
exécutés avec le même soin que ceux des trois feuilles précédentes; mais
c'est pourtant une œuvre du même artiste. L'écriture est presque totale-
ment efTacée.
* e.) Vingt bases de colonnes, dos chapiteaux, des consoles richement
ornementées et, pour la plupart, exécutées à moitié. Ensuite, un riche can-
délabre. Souvent, auprès de chaque objet, le mot anticho. Dessin à la
plume.
* f,) DitTcrents ornements antiques; deux bases de colonnes, un cha-
piteau et la moitié d'un autel, ^vec un bas-relief où l'on voit indiqués une
femme et un guerrier. Puis un fronton avec un quadrige, une aigle
romaine, une figure agenouillée, un vase avec une patène, et, dans le bas,
encore une frise avec des génies, des grilTons et des vases. Ce dessin n*esl
pas traité avec le même soin que le précédent. L'écriture est presque
effacée.
* g.) Quatre soubassements de colonnes, richement ornementé^; de
même, trois chapiteaux et deux consoles, ainsi que quelques socles pour
des vases. A gauche, une colonne cannelée. Dessin très-soigné, à la plume.
L'écriture est presque effacée.
* h.) Quatre corniches antiques, richement ornées; en perspective;
dessinées avec soin à la plume. Sans inscription.
* t.) Sept corniches antiques, richement ornementées; en perspectivç;
soigneusement dessinées avec une grosse plume. Une seule fois, le root
anticho,
" k.) Treize corniches richement ornementées, imitées de l'antique.
On y lit plusieurs fois le mot moderno. Dessin très-soigné, à la plume.
* L) Dix corniches différentes et richement ornementées, d'api-ès des
édifices antiques et modernes, ce qui est toujours indiqué. Puis une base
de colonne. Dessin très-soigné, à la plume.
* m.) Une corniche antique, richement ornementée, et l'esquisse d'un
ornement de feuillage. Légèrement dessiné à la plume. Les écritures.
EN ANGLETERnE. KIO
presque effacées^ commencent souvent avec les mots : sapiquesto. Cette
feuille a beaucoup souffert, et^ dans le bas^ il en manque un grand
morceau.
* n.) Base d'un édifice, un caisson de rosettes et quelques ornements
de feuillages dans des frises. Rapidement esquissés à la pierre noire et
terminés à la plume. Cette feuille aussi a souffert, et récriture est presque
effacée.
* 0.) Plusieurs corniclies richement ornementées, et autres détails
architectoniques, ainsi qu'une base de colonne. Légèrement esquissés à
la plume. Feuille endommagée. L'écriture est effacée.
* p,) Base de colonne et chapiteau d'ordre composite , puis quelques
détails de quatre corniches. Esfiuissés à la pierre noire et terminés à la
plume. 1/écriture est presque effacée.
g.) Profil d'une corniche corinthienne, avec l'indication de la mesure,
qui est indiquée par un fil à plomb qui pend du rebord supérieur. On lit
auprès : Questa cornirhie enter la dello archio di chamiglano canata di
marmo. Légèrement dessiné à la plume. A gauche, sur la feuille, il y a
encore le dessin des deux jambes d'un enfant, à la pierre noire, et, plus
bas, une tête de femme; mais ces dessins ne se rapportent pas à la
manière de RaphaëL
* r.] Six corniches antiques, avec l'indication de la mesure. Esquisse à
la plume.
s.) Quatre corniches aux profils de mauvais goût. Faible dessin à la
sanguine.
* t.) Trois corniches antiques, puissamment dessinées avec une plume
un peu large. On y lit deux fois : anticho. Exécutées de la même main
que les quinze feuilles désignées ci-dessus par une étoile.
* u.) Cortège de Bacchus, sur grande feuille in-folio en largeur, d'après
un relief antique ; dessiné en deux parties superposées. En tête du cor-
tège est une femme couchée sur un char, semblable à une Ariane.
L'Amour est agenouillé derrière elle. Un homme conduit les tigres attelés
au char. Silène s'appuie sur un satyre. Un faune accompagne et protège
Ariane, tandis que deux bacchantes, avec des tambourins et des trom-
pettes, mêlent leurs danses à celle d'un satyre. A la fin du cortège»
Bacchus assis sur un bige traîné par deux centaures, dont l'un joue
de la lyre. Sur le revers, il y a une esquisse d'après un pied de candé-
labre à trois faces, orné de têtes de béliers dans le haut, et de sirènes
dan9 le bas. Le relief, sur la surface, montre une espèce de campagnard
qui porte un cochon de lait dans sa main droite, et, sur son épaule gauche,
un lièvre attaché à un bâton avec deux coqs. Ces deux légères esquisses
à la plume sont tout à l'ait traitées dans la manière de Raphaël.
V.) Deux bases de colonnes richement ornementées. Dessin très-beau
S20 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
et très-soignéy à la sanguiue, d'après des modèles antiques. Au verso se
trouve la cuirasse d'un chef romain, esquissée à la plume, dans la ina-
nière de Raphaël. Sur la même feuille, on a collé unef autre esquisse au
trait, diaprés une armure antique.
X,) Petit édifice antique ayant la forme d'un carré long, avec une porte
et des fenêtres. Très-péniblement dessiné à la plume, si bien que chaque
brique y est indiquée. Petit in-folio.
y,) Porte de ville, avec deux tours d'une architecture singulière.
z.) Quatre aigles en différentes positions ; un panier avec des fruits,
et quelques ornements. Sur le revers, encore quelques ornements de feuil-
lages. Bon dessin à la plume. Grande feuille in-folio.
aa.) Vue du temple de la Sibylle à Tivoli, avec les substructions. Sur
le verso, une vue de Tivoli avec la chute d'eau de l'Anio tombant dans la
grotte de Neptune. Dessin à la plume, dans la manière de RaphaëL
* bb,) Les groupes de droite et de gauche, de la composition du Ser-
pent d'airain de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine. Très-beau et très-
vigoureux dessin à la plume, qui est certainement de la main de Raphaël,
car on y remarque son goût dominant pour la beauté des formes, dans le
dessin du nu, et sa touche légère et spirituelle. Ge précieux dessin a un
peu soufTert. Petit in-folio en largeur.
W. Roscoe en a fait graver un fac-similé.
ce) Deux Amours assis sur des monstres marins. Légère esquisse à la
plume. Petit in-folio.
dd,) Huit monstres marins et deux figures d*hommes à queues de
poisson, dans la manière fantastique de Jules Romain. Esquisse à la
plume. Grand in-folio. Sur le revers, il y a \roïs dessins collés sur la
feuille, représentant des aigles et un tombeau, qui accusent une autre main
assez faible. "^
ee.) Douze monstres marins. Sur le dos de ces monstres sont assis de
petits génies. Au verso, il y a encore deux monstres marins, chassés par
un homme moitié poisson. Belles esquisses à la plume, dans la manière
de Jules Romain.
ff,) Monstres marins et génies. Faible imitation du dessin précédent.
Petite feuille.
* gg.) Cintre, avec deux esquisses de grotesques, dont chacune occupe
une moitié de la feuille. A gauche, on voit la partie supérieure d*un en-
fant qui est terminé en oiseau ; cette singulière créature tient une guir-
lande de fleurs sur laquelle se balance un perroquet. L'autre esquisse offre
un sphinx femelle et deux enfants sur un encadrement de feuillages.
hh.) Onze casques fantastiques, dans le goût du seizième siècle. A la
pierre noire et à la plume. Petit in-folio. .
tï.) Trois casques, dans un meilleur goût du seizième siècle ; esquisses
EN ANGLETERRE. 531
à la plume, un peu lavées. Une feuille à part, collée sur celle-ci, contient
une tête de femme, dessinée à la plume, dans la manière du Parmesan.
kk.) Figure de femme assise, d'après une statue antique, dont la tête
manque; elle a la jambe gauche croisée sur la droite, avec une draperie
sur les genoux. Dans le haut, on lit : In Borna, à droite : Anticho, et à
gauche : Questa femina ista inchiusa in queste chamere dirimpetto Messer
Lello délia Valle. En outre, la feuille contient dans le haut, à droite. Tes-
quisse d'un pied de candélabre à trois faces, au bas duquel on lit : Desi-
dero modemo. Ces mêmes mots se trouvent près d'une aile déployée, d'assez
mauvaise forme. Dans le bas, on lit la note qui suit : « Ancbora si trova
due figure grandissime di marmo, che quanto più le guardi, più ti pajon
vive. E Vè una che è 14 braccia. Sono ad jaciere. Sono intere, secbondo
la testa sono cbosi, l'altra è un pocbo minore, ma pichola chosa. Trovasi
molti palazi grandissimi istoriati, dinanzi e dirieto e dal lato. p. tutto di
buone chose, e in chasa Messer Lello della Yalle due Fauni 8 braccia
l'une, interi e saldi, fantacciatissimi» hanno un ciestone di frutta per uno
in chapo. Anchora si trova moltissime chose grandissime e degnie, chessele
chontasse un santo quasi nogli sarebbe chreduto, tante son chose mirabile
e trovasene tante, e poi anche e poi piii, in modo ch'io chello vedute,
et toche, e misurate di mia mano mi pajono chose da nollo dire, tante
son chose grandissime. Non si potrebe chontarle se V uno no'l l' andassi a
vedere, e a ognora m'era detto ch'io non aveva veduto nuUa apetto a
quelle poterô vedere, s'io vi stava. Anche pensa quel che vi è. »
Ni le dessin ni l'écriture n'ont rien qui permette de les attribuer à
Raphaël, ce qui se trouve confirmé d'ailleurs par la note transcrite ci-
dessus, dont l'auteur rapporte qu'on lui a dit que, s'il voulait séjourner
plus longtemps à Rome, il pourrait encore voir beaucoup d'autres sculp-
tures antiques. W. Roscoe a fait graver le fac-similé de cette feuille.
Au verso, est une esquisse de la même main, d'après un relief antique,
représentant un cavalier cuirassé et des piétons, un guerrier romain à
gauche, et la figure d'une Victoire derrière eux. Dans le haut, on lit : Fun-
datores quietis, et à gauche : Questa istoria si e allorche ditrast sono sotto
uno archo sono dirimpetto ail uno ail altro. — Anticho. Sur la feuille, à
gauche,, se trouvent encore deux rapides esquisses, d'après la statue de
bronze du Tireur d'épine, qui est au Capitole, avec ces mots : Questo e
longnudo dello grecho, che ista in Chan'^doglio, et près de la figure, vue de
dos : Chosi questo. Ensuite, à droite, est dessiné à la plume et lavé à
l'encre de Chine un torse de femme d'après une statue antique, avec ces
mots : Questa femina sta in chasa L'écriture est coupée au bord. Enfin,
notre artiste touriste dessina encore, à la plume, sur la même feuille, une
amazone assise sur un cheval abattu à terre, également d'après Tantique,
avec ces mots : Questa chanolle sta in casa de Santa Chrocie,
»22 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL
//.) Plan et élévation pour la restauration de l'Arc de triomphe de Titus
à Rome. L'élévation est dessinée en perspective, selon l'usée du trm[»s,
et lavée à la sépia. l^s fîgures de ce dessin sont mal dessinées, ce qui
laisse supposer que c'est Touvrage d'un architecte. Dans la plaque du
haut est reproduite au crayon l'inscription :
SENATUS
POPULUSQUE ROMANUS
DIVO. TITO. DIVI. VESPASIANI F.
YESPASIANO AUGUSTO.
573. Joseph reconnu par ses frères. — Ce sujet, dont la figure principale
rappelle, il est vrai, celle du Christ, est considéré par erreur comme
représentant le Sauveur avec les apôtres. Ce dessin, de la touche la plus
spirituelle, est contemporain de l'exécution des peintures hihiiques dans
les Loges du Vatican. 11 a été détaché du Livre de croquis et se trouve
dans le boudoir de lady Leicester. Voyez \fH^geu,Kunstwerhe und Kûnstler
in Emjland, t. II, p. 514.
DANS LA SUCCESSION DE M. WILUAM UOSCOE, A HVEnPOOL.
r>74. Fragment d'une Sainte Famille,— Le petit Saint Jean debout contre
les genoux de la Vierge. Très-spirituelle esquisse à la plume. L'honorai)le
auteur de la Vie de Laurent et de Jean de Médicis a fait graver ce de&sîu
pour orner l'édition de son Histoire du règne de Léon X.
DESSINS PROVENANT DE LA SUCCESSION DE SIR TIÎOMAS LAWRENCE ,
QUI SE TROUVENT ENCORE EN ANGUÎTEURE.
I^ plus riche collection de dessins qui, depuis celle de l'illustre ama-
teur rran<;ais Crozat, eût été réunie avec autant de connaissance que d'a-
mour de Tart, c'était sans contredit la collection du président de l'Académie
de Londres, Sir Thomas Lawrence. Les dessins de Raphaël qui s'y trou-
vaient en formaient la partie la plus précieuse. Ils provenaient surtout du
cabinet de feu W. Young Ottley, qui les avait acquis la plupart du peintre
Antonio Fedi à Florence. Ce n'était toutefois que la moitié de ceui que
Fedi avait, en concurrence avec un commissaire de la République fran-
çaise, le peintre Wicar de Lille, trouvés dans les palais d'Italie ; l'autre
moitié de cette collection fut acheU^ depuis par Wicar lui-même en i824,
comme nous l'avons raconté plus haut. La première collection de dessins
que posséda Wicar avait été acquise par les frères Woodburn de Londres,
en 1823, pour 4i,000 scudi romains; elle passa en majeure partie dans
la possession de Lawrence. 11 en fut de même des dessins que les mêmes
marchands achetèrent la même année du marcbese Antaldo Antaldi d'Ur-
EN ANGLETERRE. ^-^
bin, demeurant aujoùrdMiui à Pesaro. Purmi ces de?sins, il s'en trouva
quarante-cinq de Raphaël, qui restaient d'une collection plus nombreuse,
provenant de Timoteo-Viti, et dont une partie avait été vendue, en 1714,
au célèbre amateur Crozat. Beaucoup de ces derniers dessins entrèrent
également dans la collection Lawrence. D'autres sortaient des cabinets
Paignon-Dijonval, Vivant-Denon, Roger de Lagoy, Revil, Brunet et autres,
(le Paris, ou des collections de Fries, à Vienne, et Verstegh, à Amsterdam.
Plusieurs se trouvaient déjà depuis longtemps en Angleterre , et trois
avaient été donnés à Tillustre peintre par le duc de Devonshire.
En 4831, nous avons essayé de faire, dans notre édition allemande,
un -catalogue complet des dessins de Raphaël que possédait Thomas Law-
rence. Un catalogue de cent d'entre eux parut depuis, à l'occasion de leur
exposition dans la galerie des frères Woodburn, à Londres, on juin 1836.
Ces derniers avaient acheté pour 20,000 livres sterling toute la collection
des dessins de Lawrence, et ils avaient en vain proposé au Musée Britan-
nique de les acquérir.
En 4838, ils en vendirent seulement une partie au feu roi de Hollande,
qui était encore à cette époque prince d'Orange. Parmi les dessins vendus,
il se trouvait beaucoup d'originaux, qui, depuis la vente de 1850, a La
Haye, ont été dispersés, ainsi que nous l'indiquerons plus précisément en
parlant du catalogue de cette vente. Toutefois, la plus grande partie des
dessins de Raphaël, qui appartenaient à l'ancienne collection Lawrence,
passa dans la collection d'Oxford , comme nous l'avons rapporté. Néan-
moins, avant cette cession, quelques dessins furent vendus isolément a
différenU amateurs, en Angleterre , et la plupart ne nous sont pomt
connus. Au nombre des dessins vendus de la sorte, nous indiquerons
seulement les neuf qui suivent. Quant à tous les autres, qui ont été indi-
qués en leur lieu et place, nous n'avons plus besoin de les citer.
575. Abraham et Isaac. — Esquisse de ces deux ligures pour le plafond
de la salle d'Héliodore, au Vatican, représentant le Sacrifice d'Abraham.
Dessin à la plume. In-folio.
576. Joseph reconnu par ses frères. — Esquisse pour un des sujets en
forme de frise, qui sont au-dessous des fenêtres des Loges, au Vatican.
Dessin à la plume, lavé à la sépia et rehaussé de blanc. Petit in-foho en
larseur. "
Une copie de ce dessin se trouve dans la collection de Chatsworth.
Gravé par un élève de Marc-Antoine, 1540. Barlsch, t. XY, p. U, n" 6.
577. Le Christ. — Figure assise, tenant une couronne dans la main.
Esquisse pour le tableau du Couronnement de la Vierge, exécuté en 1503.
Actuellement dans la galerie du Vatican.
578. Deux études de draperie.-- Pour la Dispute du Saint-Sacrement;
524 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
Tune pour le Saint Grégoire, et Tautre pour la figure agenouillée derrière
ce saint. A la pierre noire et rehaussé de blanc.
579. Étude. — Pour l'École d'Athènes. L'homme portant des livres,
dans la partie gauche de la composition. Belle étude d'après nature.
580. Vn homme agenouiUé. — Les mains jointes et le regard tourné
▼ers le bas. Demi-ûgure ; de la jeunesse de Raphaël. Collection Antaldo
Antaldi.
581 . Étude anatomique, — Deux pieds et une tète. Dessin à la plume.
Collection Antaldo Antaldi.
582. Plusieurs esquisses d'enfants, — Un portrait, au verso. C'est peut-
être ce même dessin qui a passé, de la collection du roi des Pays^as
(catalogue n^ 6), dans celle de M. de La Salle, à Paris.
583. Tête de jeune femme. — On a cru reconnaître, dans ce dessin,
tantôt la sœur de Raphaël et tantôt sa maîtresse; mais ce portrait (si
c'est un portrait) ne ressemble point à cette dernière, et la première est
inconnue, ce qui fait que ces suppositions sont tout à fait arbitraires. Le
dessin est magistralement exécuté à la pierre noire. H. 12" ; 1. 9". Collec-
tion de lady Bentinck.
Pour ce qui est de quelques dessins de Raphaël, qui, à la vente de fen
le roi Guillaume de Hollande, furent achetés par MM. S. Woodburn et
Colnaghi, de Londres, et qui passèrent en Angleterre, nous renvoyons le
lecteur à ce que nous disons, à la fîn de ce Catalogue de dessins^ sur la
collection royale de La Haye et sur la vente qui en a été faite.
DESSINS DE RAPHAËL EN ESPAGNE.
Les collections royales, celle du duc d'Albe et autres, à Madrid, conte-
naient naguère de beaux dessins de Raphaël, qui ont tous été dispersés
lors de llnvasion française en Espagne. Les dessins du duc d'Albe sont
passés en Angleterre ; mais on ne sait ce que sont devenus ceux qui se
trouvaient dans les palais royaux. Autrefois, par exemple, on admirait à
Buen-Retiro, encadré et sous glace, le dessin de la Bataille de Constantin^
Cependant Richardson, qui cite ce dessin dans son Traité de la peinture^
t. III, p. i5, dit seulement qu'on Tattribue à Raphaël. Ant. Ponz croit
aussi qu'il avait été exécuté d'après la fresque. (Voyez Viage en Espafvay
t. VF, p. 121.)
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. S23
Madame de Humboidt, épouse de rancien ambassadeur de Prusse à
Madrid, a^ait vu au palais de S. lldefonsa un dessin de Raphaël, à la san-
guine, représentant une tête de femme, un peu inclinée^ de grandeur
naturelle. (Voyez le programme de la Jenaer Literaturzeitung de 1809,
p. v-yiil) On a perdu la trace de ces dessins. La seule collection, en
Espagne, où nous ayons vu des dessins authentiques de Raphaël est la
suivante.
DANS LA COLLECTION D£ FEU DON JOSÉ DE MADKAZO, DIRECTEUR
DES MUSÉES ROYAUX, A MADRID.
Cette collection a été formée par feu M. Madrazo, pendant son séjour en
Italie. Elle contient, parmi quelques dessins fort beaux, les deux suivants
qui sont bien de Raphaël.
584. La Vierge de la maison Staffa Conestabile, à Pérouse, — C'est une
première pensée pour le tableau. La Vierge est tournée vers le côté gauche,
tenant l'enfant Jésus dans ses bras; celui-ci regarde un globe qu'il tient
dans sa main droite. Au verso, une autre esquisse pour une Sainte Famille.
La Vierge tient l'enfant Jésus sur ses genoux et celui-ci reçoit une bande-
role que lui présente le petit saint Jean. A droite, saint Joseph. Au-dessus
de ce groupe^ on voit encore une tête d'ange. Ce dessin à la plume rap-
pelle encore la manière du Pérugin. Petit in-40.
585. La Vierge. — Avec plusieurs figures. La Vierge, assise, tient Ten-
fant Jésus sur ses genoux. Elle est tournée vers le côté gauche, ainsi que
plusieurs autres figures à peine reconnaissables. L'Enfant tourne sa tête
en arrière vers le petit saint Jean, debout à gauche. Figures entières, à la
plume. Ce dessin, qui se trouvait avec beaucoup d'objets d'art dans une
caisse tombée à la mer pendant un naufrage, a beaucoup souffert de cet
accident. In-folio.
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES.
DANS LA COLLECTION CROZAT.
Nous citerons seulement ceux qui nous sont connus par le catalogue de
vente et par l'ouvrage de Richardson, à l'exception de 66 feuilles que
nous avons déjà citées plus haut dans différentes collections.
»SâO CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
Une des plus riches coUectioos d'objels d'art en tous genres, qui ait
jamais existé, fut celle de Joseph-Antoine Crozat, à Paris. Il ne ce^sa de
l'augmenter avec un zèle infatigable, depuis Tannée t683 jusqu'à sa mort,
survenue en 1740. A l'exception des pierres taillées et des dessins, il la
légua au marquis du Châtel. Les dessins devaient être, selon sa volonté
testamentaire, vendus publiquement et la valeur distribuée aux pauvres.
Il résulte de cette vente que ces dessins sont dispersés aujourd'hui dans
le monde entier; beaucoup d'entre eux furent acquis par l'impératrice
Catherine 11, de Russie. P. J. Mariette cite, dans le catalogue de cette col-
lection , 1^)0 feuilles de Raphaël. Toutefois, il n'en décrit en détail pas
plus d'un tiers.
Quant à la façon dont M. Crozat avait formé sa splendide collection de
dessins, Mariette nous donne les renseignements suivants que nous em-
pruntons à la préface de sa Description sommaire des dessins des grands
maîtres d'Italie, des Pays-Bas et de France, du cabinet de feu M. Crozat
(Paris, 1741, in 8«) :
« Dès l'année 1683, c'est-à-dire dans le temps qu'il était encore à
Toulouse, il avait commencée acquérir des dessins de La Fage. Maif, quand
M. Crozat fut venu à Paris, et qu'il eut vu entre les mains des principaux
curieux les dessins des grands maîtres d'Italie, alors il n'épargna ni peines
ni dépenses pour se procurer des ouvrages de ces maîtres du dessin.
M. Jabach, dont le nom subsistera pendant longtemps avec honneur dans
la curiosité, en vendant au roi ses tableaux et ses dessins, s'était réservé
une partie des dessins, et ce n'étaient pas certainement les moins beaui ;
M. Crozat les acquit de ses héritiers. 11 eut encore une partie de ceui qui
avaient appartenu à M. de La Noue, l'un des plus grands curieux que la
France ait eus, et bientôt il réunit à son cabinet les dessins que l'illustre
mademoiselle Stella avait trouvés dans la succession de M. Stella, son
oncle, et qu'elle avait conservés précieusement toute sa vie. L'abbé Quesnel
avait acheté les dessins de M. Dacquin, évéque de Séez, parmi lesquels il
y en avait d'excellents de Jules Romain ; il avait eu les débris de la fameuse
collection de dessins du Vasari; il céda l'un et l'autre à M. Crozat, qui
acheta encore, des héritiers de M. Pierre Mignard, deux volumes de des-
sins des Carraches, que cet habile peintre avait rapportés de Rome. Après
la mort de M. Bourdaloue, de M. de Montarsis, de M. de Piles et de
M. Girardon, tous noms célèbres dans la curiosité, M. Crozat choisit à leur
vente ce qu'il y avait ^de plus singulier en dessins dans leurs cabinets.
S'il fallait suivre M. Crozat dans toutes les acquisitions de dessins qu'il
(it en France, on ne finirait point; car tout allait à lui, et il ne laissait
rien échapper.
a Le sieur Corneille Vermeulen, fameux graveur d'Anvers, faisait assez
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. bî7
régulièrement tous les ans le voyage de Paris et il ne n[)aDquait guère
d'apporter avec lui des dessins singuliers. Ces dessins étaient presque tou-
jours pour M. Crozat ; et c'est ainsi que sont entrés dans son cabinet plu-
sieurs dessins de Raphaël et d'autres grands maîtres, d'une singulière
beauté, et tous ces grands et superbes dessins de Rubensqui sortaient du
cabinet d'Antoine Triest, évêque de Gand.
c Si quelque vente considérable de dessins était indiquée dans les pays
étrangers, M. Crozat ne manquait pas d'y envoyer ses commissions. La
vente du cabinet de milord Sommers, à Londres, et celle de M. van der
Schelling, à Amsterdam, ont augmenté son cabinet d'une infinité de dessins
capitaux.
« Avec quel regret ceux qui ont connu particulièrement M. Crozat ne
lui ont-ils pas souvent entendu parler du célèbre cabinet de M. Flinck de
Rotterdam, que milord duc de Devonshire lui avait enlevé!
« Telles sont à peu près les acquisitions que M. Crozat a faites en France
et dans les Pays Bas; mais, tout importantes qu'elles sont, elles ne parais-
sent pas cependant encore comparables à celles qu'il a faites en Italie.
Dans le voyage qu'il y fit en l'année 1714, il rapporta de ce pay^^-là des
trésors en fait de dessins. En passant à Bologne, il acheta des héritiers
des sieurs Boschi leur cabinet tout entier, qui venait originairement du
comte Malvasia. Il trouva à Venise, chez M. Checkelsherg, des tttes au
pastel et d'autres dessins du Baroche qui sont sans prix. A Rome, il re-
cueillit la collection de dessins de Carie degli Occhiali, celle d'Augustin
Scilla, peiutre sicilien, qui contenait un grand nombre de dessins de
Polidor de Caravage, et celle du chanoine Vittoria, Espagnol, élève et
intime ami de Carie Maratte. Mais l'occasion où il fut, ce semble, le mieux
servi par la fortune, ce fut dans la découverte qu'il lit à Urbin d'une
partie considérable de dessins de Raphaël, tous d'une condition parfaite.
qui se trouvaient encore dans les mains d'un descendant de Timothée
Viti, l'un des plus habiles disciples de ce grand peintre. J'ignore en quel
temps M. Crozat vit passer dans son cabinet les dessins qui viennent des
sieurs Mozelli de Vérone, et le recueil qu'avait formé un cardinal de la
maison de Santa Croce, qui vivait à Rome dans le dernier siècle; mais
ce qui est certain, ces deux collections ne contenaient que des dessins
excellents. M. Crozat, de retour à Paris, continua d'entretenir des corres-
pondances eu Italie, et il en lit venir en différents temps la collection
entière du sieur Pio de Rome, celle du sieur Lazari de Venise, du cheva-
lier Ascagne délia Pennas de Pérouse, dont il est parlé avec éloge dans la
Description des peintures de cette ville, par le père Morelli, et enfin le
beau choix de dessins que Laurent Pasinelli, fameux peintre de Bologne,
s'était fait pour lui-même avec un goût digne de son savoir; à quoi il faut
ajout! r les dessins de don Livio Odescalchi^ qui furent donnés à M. Crozat
8S8 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
lorsque S. A. R, monseigneur le duc d'Orléans^ régent, acheta les tableaux
de ce prince, etc., etc. »
• Les dessins qui suivent sont probablement une partie de ceux qui ayaient
été acquis à la vente, par ordre de Catherine 11; ils doivent en grande
partie se trouver aujourd'hui dans la collection impériale à Saint-Péters-
bourg. Nous ajouterons à chaque article le numéro qu'il porte dans le ca>
talogue de P. Mariette.
Sqjcts de PJLnclen Vestament.
586. Jacob béni par son père Isaac. — Esquisse pour la peinture des
Loges. Exécutée au bistre et rehaussée de blanc. N<* 124, catalogue
Mariette.
587. Le Sacrifice d'Abraham, — Dessin en forme de frise, pour le
tableau des Loges. N"" 107. Un dessin semblable se trouve dans la coUec-
tion royale d'Angleterre.
SqJetB da NouTean Testament.
588. La Naissance du Christ. — Marie et Joseph en adoration. N* 120.
589. Le Massacre des Innocents, — Une des trois parties qui furent
exécutées en tapisserie. N"* 119.
590. Madeleine au festin de Simon. — N** 120.
Grav. en clair-obscur par Hugo da Carpi, Bartsch, t. XII, p. 40, n" 17, et
Marc-Antoine, Bartsch, t. XIY, n" 23.
591. Pietày ou le Christ mort sur les genoux de la Vierge, avec Joseph
d'Arimathie et Madeleine. — Première esquisse pour la predella du tableau
d'autel des religieuses de S. Antoine de Padoue. N* 101.
592. La Sainte Vierge au pied de la Croix, et des études de draperies.—
N<> 105. Mariette cite, sans aucune indication plus précise, une gravure
faite d'après ce dessin.
593. Sept têtes d'apôtres, pour la tapisserie de : Conduis mon troupeau. —
N** 110. Richardson dit que ce dessin est à la sanguine.
594. L'Apôtre saint Paul à Lystre. — Déchirant ses vêtements. Esquisse.
Au verso, un dessin d'Albert Durer, selon Richardson.
Madones.
595. Esquisse pour la Belle Jardinière, — Sur la même feuille, quelques
études pour la Mise au tombeau, du palais Borghèse. N** 104.
596. Pour la Vierge au Balduquin.—Ueux figures nues, debout, puis
une jambe et un pied pour les saints du même tableau.
Gravé par le comte de Caylus.
597. La Vierge avec l'Enfant et le petit saint Jean. — Au verso, l'es-
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. 529
quisse d'une ligure se tirant une;épine du pied. (Vraisemblablement d'après
la statue du Capitole.)
580. La Vierge assise, avec Tentant Jésus debout. Richardson avait vu
ce dessin ainsi que le précédent dans le cabinet Crozat.
581 . La Sainte Famille avec l'enfant Jésm assis sur un agneau* — Légère
esquisse. Peut-être est-ce la même qui fut vendue, en 1738, à la vente du
cabinet du comte de Fraula pour 16 florins. H. 1â"; 1. 8" 6'".
582. Une Sainte Famille. — A la plume. Ce dessin et le précédent se
retrouvent dans le catalogue de la collection de Pierre-Jean Mariette, con-
trôleur général de la grdnde cbancellerie de France, rédigé par Basan.
(Paris, 1775, in-S».)
583. La sainte Vierge apprenant à lire à Venfant Jésiis. — Petite com-
position légèrement dessinée à la plume et lavée.
584. Tète de la Vierge, ^ Étude pour la composition qui précède. A la
pierre noire.
Ces deux dessins sont décrits comme provenant du cabinet Crozat ,
dans le catalogue de la collection de M. Huquier de Paris. Vendus, le 14
septembre 1761, à Amsterdam (n«* 1 et 2;, pour 53 florins 10 st.
Sujets rellirteaz.
585. Saint Michel, — Dessin achevé pour le petit tableau, de la jeunesse
de Raphaël, qui est au musée du Louvre. Catalogue Mariette, n** 102.
Esiialsseft poar le» freMiaes aax Slanse do Vatiran.
586. Pour l'Incendie du Bourg, — La femme qui porte de l'eau, sur le
devant du .tableau, à droite (Richardson). C'est vraisemblablement le des-
sin duquel il se trouve une contre-épreuve dans la collection de l'Académie
de Dusseldorf.
Majeift mytholof^iqnes.
587. Tète de Jupiter, — Carton pour la composition de Jupiter embras-
sant TAmour, fresque de la Farnésine. N» 113.
588. Vénus montre Psyché à l'Amour, — Esquisse pour la fresque à la
Farnésine. N» i22,
EsqaUBC» et Étades.
589. Une figure de femme agenouillée, — Les mains jointes et le regard
douloureusement levé vers le ciel. Légère esquisse à la plume; la partie
inférieure n'est point terminée.
Grav. par le comte de Caylus.
590. Tête d'une femme âgée, — Carton. N» 112.
591. Tête de femme, — Carton. N® 113. Ce fragment, ainsi que le pré-
cédent^ pourraient avoir fait partie du carton de la TransUguration, d'au-
n. 54
530 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
tant plus que dans le catalogue ils sont c^tés parmi d'autres fragmenta de
ce carton.
S92. Trois enfants. — L'un, debout au milieu^ les autres, assis, s'ap-
puyant contre lui. Légère esquisse à la plume.
Gravé par le comte de Caylui.
993. Tln^enfant agenouillé, — Dessiné à la pierre noire et de grandeur
naturelle. (Richardson.)
594. Une figure portant un objet indistinguable. — (RiCHARDSoy.)
595. Esquisse pour l'église Saint-Piene à Rome. — Richardson^ qui
rapporte avoir vu ce dessin dans la collection Crozat, n'en donne malheu-
reusement aucune description. Peut-être est-ce le même qui est indiqué
comme offrant l'esquisse de la façade de l'église Saint-Laurent à Florence.
DESSINS QUI SK TAOUVAIENT DANS UL COLLECTION DE FEU
M. DE SAINT-HORYS, A PARIS.
Cet amateur avait recueilli une très-riche et précieuse collection de
dessins de grands maîtres. Il eut l'intention de la publier, en un recueil
in-folio, dont il fit les gravures lui-même à l'eau-forte, mais la Révolution
entrava ses projets. On ne possède qu'un très-petit nombre d'exemplaires
de ce Recueil, intitulé : Choix de dessins de la collection de M, de Saint-
MorySf gravés en imitation des originaux faisant à présent partie du Musée
national ^— Dans l'exemplaire que possède M. Frédéric Reiset, conserva-
teur des dessins du Louvre, qui a bien voulu nous permetUre d'en prendre
connaissance, on trouve la note manuscrite suivante :
« Il n'existe que cinq exemplaires de cette suite de gravures xl 'après des
dessius faisant partie de la collection de mon père. Les cuivres ont été pris
dans la maison, rue Vivicnne, à l'époque où on avait besoin de ce métal
pour fondre des canons.
« Le jeudi 10 mai 1810.
tt VULART SaINT-MoRYS. »
Ce volume contient J31 planches imitant des dessins, qui ne se trouvent
cependant pas tous dans la collection du Louvre. Ceux qui manquent ont
passé en Angleterre. Les gravures faites par M. de Saint-Morys sont toutes
en sens inverse, tandis que quelques-unes, exécutées par M. Lelu, ont été
gravées dans le sens du dessin. Voici ceux qui, dans ce recueil de fac-
similé, sont attribués à Raphaël.
* 11 existe encore une autre édition faite à Londres sous ce titre : Diiegtii originati d'et^
eellenli piltori ineisi ed imitali nella loro grandesza e colore, 4 parte, L^odon, 1 794, grand
in-folio. Ce volume doit contenir 175 sujets sur 95 feuilles, ayec deux Utres. Toy. R. WeigeU
EwMi-Caial.y n* 9800*
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. 551
Planûhe 7. ^Uoe femme légèrement vêtue» tenant la main droite d'un
enfant qui se presse contre elle. Elle parait avoir une courte épée dans sa
main gauche, tandis qu'elle regarde vers le bas, de l'autre côté^ et non
Ters un homme marchant au côté droit, qui regarde aussi, étonné, vers le
côté gauche en étendant son bras di:oit. Signé : Raffaello inveîiit, de SaifU-
Morys sculpsit, 1783. In-folio en largeur. Ce dessin se trouve à présent
dans la collection du Louvre.
8. La Philosophie. — Bas-relief qui est placé sous la statue de Minerve
dans rÉcole d'Athènes. In-4«. Un dessin semblable, qui peut-être est le
même, se trouve dans la collection du Louvre; mais il n'est point assuré-
ment de Raphaël.
9. Adam recevant des mains d'Eve le fruit défendu. — Au côté gauche,
il y a, en outre, un enfant couché par terre. Première esquisse à la plume
pour le Premier Péché.
Gravé par Marc-Antoine. Bartscb, n* 1. In-folio.
Ce dessin a passé, de la collection de Lawrence, dans celle d'Oxford.
10. La 'femme de l'Incendie du Bourg. — Qui est à genoux étendant
fies bras. In-folio.
11. Xa Mise au tombeau. — C'est la composition nommée la Mort
d'Adonis. Ce dessin se trouve au verso de la feuille n<* 9, avec l'Adam
qui est également dans la collection d'Oxford. La collection du Louvre
n'en possède qu'une copie.
12. Deux femmes assises. — L'une vis-à-vis de l'autre. Celle du côté
droit étend son bras. Ce dessin parait être de Michel-Ange. In-folio en
largeur.
13. Une jeune femme. — Demi-ligure vue de profil. Sa tête est cou-
verte d'une espèce de turban. Elle tient sur ses genoux un enfant dont le
mouvement est très-vif et qui pose sa main gauche sur le bras de sa mère.
Cette esquisse parait être une première pensée pour la Madone de la
galerie Bridgewaler. Au côté droit, est une jeune mère debout qui
regarde tendrement l'enfant qu'elle tient sur son bras et qui l'embrasse.
Beau dessin à la plume, actuellement au Louvre, in-folio. Signé : Bour-
goin Vialart de Saint-Morys se.
il. Un roi ou juge y assis. — Sur un siège élevé sur deux marches. 11
étend sa main gauche vers un homme qui est à genoux devant lui et
qui élève sa main pour parler; derrière lui se trouvout debout deux autres
figures d'hommes. Composition en largeur, dessinée à la plume, lavée et
rehaussée de blanc.
14 bis. Un juge assis sur un siège élevé. — Un jeune homme lui présente
un objet que l'on ne saurait distinguer, tandis qu'un scribe, le pied posé
sur une marche, écrit sur son genou. A droite, un homme barbu, qui
52 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
s'arrache les cheveux, se désole de la sentence prononcée contre lui, et
le juge semble protester contre la lâcheté de ce désespoir par le geste
qu'il fait de la main gauche. In-folio en largeur.
i 5. Tète de Dieu le Père, à longue barbe, la main élevée pour la bénédic-
tion» — Dessin à la pierre noire, de grandeur naturelle ; fragment d'un
carton qui est actuellement au Louvre. In-folio.
16. Deux femmes vues de profil, parlant ensemble ; Tune, à genoux, est
nue; l'autre, vêtue, ne pose qu'un genou à terre. In-folio en largeur.
17. Groupes pour l'École d' Athènes. — Côté gauche. Pythagore avec deux
de ses élèves, Averrhoès et le duc d*Urbin ; ensuite, Anaxagore debout et
Heraclite assis ; et enfin, dans le haut, du même côté gauche^ Platon avec
ses élèves. In-folio en largeur.
18. Groupe pour la Dispute du Saint-Saarment. — Etudes de trois
figures d'après un jeune homme nu. L*une pour saint Jérôme, l'autre
pour rhomme placé derrière lui, et une troisième pour un des hommes à
genoux. Petit in-folio.
1 9. Deux mères avec leurs enfants. — Un autre enfant, vu de dos, est
assis par terre. In-folio en largeur. Ce dessin à la plume se trouve au
Louvre, tome VII du Recueil de l'École Romaine.
20. Six femmes parlant ensemble. — Un enfant est derrière une d'elles,
qui est assise. Ce dessin à la plume, in-folio, est de Baccio Bandinelli. En
1852, nous le vîmes exposé au Louvre, avec le nom de ce maître, sous le
n^ 32.
21 . Vénus montre Psyché à V Amour. — Etude à la sanguine, pour la
fresque de la Farnésine ; elle a été faite par Raphaël, d'après sa maî-
tresse, dont une étoffe couvre la tête. De l'Amour, on* ne voit que l'indi-
cation de la tête. En haut de la feuille est dessinée plus exactement la
main étendue de Vénus. Feuille in-folio, provenant de la collection Crozat,
n^* 122 du catalogue.
22. Groupe i)our la Mise au tombeau, du palais Borglièse. — Ce sont trois
figures d'hommes et la Madeleine, librement dessinées à la plume. Feuille
in-folio , dans le tome V de l'École Romaine au I/)uvre.
23. Partie supérieure de la composition pour la Dispute du Saint-Sacre-
ment. — Le Père Eternel bénissant, avec trois anges à sa gauche et quatre
à sa droite. Un peu plus bas se trouve, de chaque côté, un groupe de deux
petits anges et un groupe de trois autres tenant des livres sous Dieu le
Père. La ligure principale est entourée de chérubins posés en demi-cercle.
Esquisse à la plume, lavée et rehaussée de blanc. Lelu sculps. In-folio en
largeur.
24. L'Annonciation, -^ Dans un demi-cercle. L'ange vient du côté gauche ;
la Vierge, à genoux devant un prie-Dieu, se tourne vers lui. Au haut, dans
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. 553
le milieu, la demi-figure du Père Éternel qui' bénit et la colontbe qui des-
cend. Dessin à la plume^ lavé et rehaussé de blanc. P. Lelu sculp. In-folio
en largeur. Cette composition a quelque analogie avec la gravure de Marc
de Ravenne. Bartsch, n® 15.
25. Uinhumation d'un vieillard daiis une égh'se, — Deux hommes le
descendent dans un caveau. Au premier plan, un homme, vu de dos,
debout, et un jeune homme altîigé, assis par terre, tandis que deux
hommes viennent de droite et de gauche. Esquisse à la plume, lavée et
rehaussée de blanc. Dessin cintré. Petit in-folio en largeur.
De Bourgoin Yialart de Saint-Morys sculp. — Houdainville, 10 juin 1787.
26. Un prophète ou apôtre. — A longue barbe, assis et vu de face. H
appuie sa main droite sur un livre; le bras gauche est enveloppé dans un
manteau. Belle esquisse à la plume, de 1504 ou 1505. Petit in-folio.
27. Une femme assise avec deux enfants qui se caressent. — La figure
principale est esquissée trois fois dans des mouvements différents. Ce
dessin paraît avoir servi pour un tableau représentant une Vierge avec
l'enfant Jésus et le petit saint Jean. Feuille eu largeur.
28. Tête de femme. — D'un certain âge, couverte d'une étoffe, tournée
vers la droite et vue de trois quarts. Presque de grandeur naturelle. Ce
dessin porte cette inscription : Portrait dç la mère de Raphaël Sanzio d^Vr-
bin, fait à la plume, de même grandeur, par lui. Au côté drott de la feuille
se trouve, en outre, le fragment d'une tête de femme qui regarde vers le
haut.
30 6t^. Le Triomphe du roi David. — Esquisse pour la fresque des
Loges du Vatican. In-folio en largeur.
3f . La coupe de Joseph trouvée dans le sac de Benjamin. — Trois hommes «
avec trois ânes, au côté gauche. Vis-à-vis, l'homme qui trouve la coupe, et
huit frères de Joseph. In-folio en largeur.
Cette composition a été gravée par Bonasone. Bartsch, n* 6. De môme, par le
Maître au monogramme P. V. 0. Bartsch, t. XV, p. 547.
76. Un pape porté en procession. — Comme il a une barbe, on peut
croire que c'est Jules 11. 11 est assis sur un siège porté par quatre hommes ;
deux suisses marchent à ses côtés et il est suivi par un cardinal monte
sur un mulet. En tout, dix figures. Nous avons vu ce dessin à la plume
dans le vol. V du Recueil de l'École Romaine au Louvre.
DANS LA COLLECTION APPARTENANT AU FEU ROI GUILLAUME 11,
Vendue à La Haye , au moi& d'août t850.
Le roi de Hollande, amateur passionné, était encore prince d'Orangé
lorsqu'il acheta, en 1838, des frères Woodburn de Londres, une quantité
coDsMérable de dessins de maîtres anciens, provenant en grande partie
53i CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
de la fameuse collection du célèbre peintre anglais sir Thomas Lawrence.
Parmi ces dessins , il y en avait 80 attribués à Raphaël ; mais plus de la
moitié, il faut le déclarer, n'étaient que des copies ou des ouvrages de sod
école, quoique parmi ces derniers quelques-uns soient d'une grande beauté.
De ceux qui, sans contredit, sont originaux du grand mattre, 15 furent
achetés pour l'Angleterre, 9 pour l'Allemagne, 7 pour la France et 3 res-
tèrent en Hollande. Le plus grand nombre de ces 80 dessins (38 feuilles)
fut racheté par M. Samuel Woodburn de Londres; 6 autres, par lentre-
mise d'autres acquéreurs, passèrent également en Angleterre. Parmi les
i3 feuilles qui restèrent en Hollande se trouvaient les cinq têtes, fragments
de cartons des Actes des Apôtres, qui ne furent point vendus, faute d'une
enchère suftisante. Comme il peut être intéressant pour l'étude des des-
sins de Raphaël d'avoir sous les yeux la description complète de ceux,
authentiques ou non, qui figuraient dans cette collection, nous donnons
donc ici cette nomenclature avec le renvoi aux numéros du catalogue de
vente. Quant aux acquéreurs de ces dessins, nous ne les avons nommés
que pour les dessins vraiment originaux de Raphaël.
a.) Dieu sépare la lumière des ténèbres, — Dessin à la sépia pour les
Loges du Vatican, ln-4^. N^ 29. C'est une copie ; l'original se trouve ches
le comte Ranghiasei à Gubbio. Vendu 75 florins.
6.) Le Premier Péché. — Dessin à la plume, d'après la fresque de Michel-
Ange, à la chapelle Sixtine. Collection Lawrence. N" 77. C'est à tort qu'on
attribue ce dessin a Raphaël ; il est traité d'une manière toute différente, et
bien plus timide que la sienne. Vendu 25 florins.
c.) Dieu montrant l'arc-en-ciel à Noé, — Beau dessin à la sépia et rehaussé
de blanc pour les Loges du Vatican. Catalogue, n» 115. Acheté pour l'Ins-
titut des Beaux-Arts à Francfort-sur-Mein. Vendu 510 florins.
d.) Le Sacrifice de Noé, — Dessin lavé à la sépia et rehaussé de blanc.
Collections Revil et Lawrence. N* 34. Vendu 120 florins. Une autre copie
de ce dessin, qui a été fait pour les Loges du Vatican^ se trouve à Vienne.
e.) La Fuite de Loth avec ses filles. — Esquisse à la sépia pour la fresque
des l^ges du Vatican. Collections de la reine Christine de Suède, Croiat^
Mariette, Rutgers (n» 452, vendu pour 66 florins), Willes, Duroveray,
Dimsdale, Lawrence. H. 8" 9'"; 1. 11". rs° 69. Vendu 120 florins à M. S.
\Voodbuni de Londres. -- Une copie de ce dessin se trouve dans la collée- '
tion Albertine à Vienne.
f.) Le Songe de Jacob, — N"* 58. Collection Lawrence. C'est une copie au
bistre. Vendu 200 florins.
g.) Joseph expliquant son rêve à ses frères, — Composition de la fresque
aux Loges du Vatican. Lavé à la sépia. Vendu 220 florins. ^^ 85 de la
collection-Lawrence. L'original se trouve dans la collection Albertine à
Vienne.
i ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. 535
h,) Moise enfant, sauvé tks eaux par la fille de Pharaon. — Esquisse
largement la?ée à la sépia pour les Loges du Vatican. Ce dessin fut donné,
en 172i, par le docteur Mead de Londres à Ant. Mar. Zanetti, qui le légua
à M. Flinck de Rotterdam. Ce fait est consigné par Zanetti lui-même au
Yerso du dessin. Plus tard, il passa dans la possession du cardinal Valenti
à Rome, et J. Strut l'a "gravé en 1747. N° 41. Acheté par M. Woodburn
au prix de 230 florins. ■— Il existe plusieurs copies de ce dessin ; Tune, de
Timoteo Viti, se trouve dans la collection de Stockholm ; nous en avons vu
une autre dans le cabinet de feu M. W. Roscoe, à Liverpool, et une troi-
sième chez madame Forster, à Paris.
t.) Le Passage de la mer Rouge. — Dessin à la sépia et rehaussé de blanc,
pour les Loges du Vatican. N° 76. Collections Jabach, Crozat, Willes,
Duroveray, Dimsdale, Lawrence. Acheté, pour la collection du Louvre,
. 400 florins.
jf.) Plusieurs sujets de la Vie de Joseph, — Très-beau dessin lavé au
bistre et rehaussé de blanc. N° 109 de la collection Lawrence. C'est l'ou-
vrage d'un élève de Raphaël, qui s'est servi, selon son bon plaisir, de
diverses compositions de son maître. Vendu 1,050 florins à M. Woodburn.
k.) Deux prophètes assis, — Ils tiennent des banderoles de parchemin.
Des anges, à leurs côtés, portent des tablettes. N" 31. Dessin à la plume,
très-hardiment exécuté dans la manière de Michel-Ange, par quelque élève
de Raphaël. Vendu 205 florins.
Publié dans la Lawrence Gallery, n* 24.
L) David et Bethsabé. — Composition des Loges du Vatican, lavée à U
sépia et rehaussée de blanc. Catalogue, n? 56. Vendu 60 florins.
m.) L* Annonciation. — Petit carton pour la peinture du gradin placé
souâ le Couronnement de la Vierge, de l'année 1503, actuellement au Vati-
can. Dessin à la plume et lavé. 11 a été piqué pour le calque. H. 11'* 3"';
1. 16" 9'". N» 79. Collections Otiley, Lawrence. Acheté, pour la collection
du Louvre, 1,075 florins.
n.) L'Adoration des bergers, — L'enfant Jésus, assis sur une selle d'âne,
est soutenu par un ange. La Vierge, agenouillée à droite, saint Joseph à
gauche, et derrière lui deux bergers en adoration. Très-beau dessin à la
plume, dans la manière pérugiuesque du maître. N° 22. H. 7" 3'"; 1. 10"
3"'. Collections Oltley, Lawrence. Acquis, par M. Weber, de Bonn, moyen-
nant 605 florins.
Publié dans The ilalian School ofdetign.
0.) UAdoration des Mages, — Riche composition de Jules Romain,
pour la tapisserie du Vatican. N® 78. Collection Lawrence. Vendu
100 florins.
:'»M\ CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
f),) Anfrp Adoration de.^ Mafjpx. — Composition de la fresque tlia
VatK^nn. Au bistre. N° 72. Vendu 30 florins.
7.) Le Bapt&me du Chrifif, — Dessin A la plume pour la fresque aux
Loges du Vatican. N* 110. Vendu 250 florins.
r.) Le Chriat assis. — De la composition des Cinq Saints. Dessin au
crayon noir. N' 55. Collections Ploos ?an Amstèl, Verstegh, Dimsdale,
Woodburn. Vendu 250 florins.
Publié dans la Lmrrenee Gallery, n» 18.
S.) Tète d'un apôtre, et deu.T mains. — Etude d'après nature pour
Tapôtre qui se trouve au centre du tableau de la Transfiguration. Magis-
Iralement dessiné à la pierre noire. H. 10" 6'"; 1. 8". N** 31. Collections
van Rover de Rotterdam, Lawrence. Acheté, par M. Piacatore, de Paris,
.160 florins.
Publié dans la Lawrence Gallery, n* 26.
U) Tête de l'apôtre saint André. — Dans le tableau de la Transtigu*
ration. Exécuté de la même manière que le précédent et piqué aux con-
tours pour le* calque. H. 15" 9'"; 1. 13" 9'". Au verso, est écrit : Frofn
the Duke ofDevonshire to Sir Thomas Laurence. June 1828. N*» 43. Acquis,
par M. Woodburn, de Londres, 310 florins.
Publié dans la Lawrenêe GalUry, n* 29.
u.) La femme à genoux. — Vue de dos, qui est sur le devant dans le
tableau de la Transfiguration. Faible dessin de la demi-figure, à la pierre
noire. N° 75. Collections Flinck, duc de Devonshire, Lawrence. Vendu
260 florins.
Publié dans la Lawrence Gallery, n* 28.
V.) Deux apôtres endormis. — Étude pour le tableau du Christ au mont
dès Olives, qui était autrefois dans la possession du prince Gabrieli, à
Rome, et qui est actuellement en Angleterre. Dessin à la pointe de métal
et rehaussé de blanc, sur papier jaune. Il est d'une exc'cution roide, et
parait être une copie de Timoteo Viti, d'après Raphaël. N^ 26. Collection
Lawrence. Vendu 100 florins.
X ) Études pour la Mise au tombeau. — Du palais Rorghèse. Deux feuilles,
contenant le groupe de trois femmes qui soutiennent la Vierge évanouie;
ensuite» du même groupe, la Vierge et la femme derrière elle, avec les
squelettes dessinés dans les figures. De plus, à part, trois têtes de femmes.
Dessin à la plume, d'un haut intérêt. H. 2"; 1. 8". N*»« 45 et 46. Collections
Antaidi, Lawrence. Acquis, par M. LeembruggCy'd'Amsterdam, 1,230 flor.
Publié dans la Lawrence Gallery, n^ 8 et 9.
y.) La Mise au tombeau. ~ Ce beau dessin à la plume, contenant neuf
ligures, paraît être une première pensée pour le tableau du palais Bor-
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. 537
ghèse, lequel toutefois en diffère dans plusieurs parties. La sainte Vierge
s'approche ici avec deux femmes, tandis que, dans le tableau, elle s'éva-
oouit, soutenue par plusieurs femmes. Le groupe des hommes est presque
le même^ et la Madeleine embrasse aussi la main du Sauveur. Au verso^
se trouve l'esquisse d'une figure d'Abraham pour la scène du Sacrifice.
H. rs"; l. 12" 6"'. Collections Crozat, Lagoy, Dimsdale, Lawrence.
N» 174. Acquis, par M. Charabers flall , de Londres, 2,000 florins.
-.) La Mise au tombeau. ^Lbl Vierge et Joseph d'Arimatliie tiennent le
corps du Christ pour le déposer dans un sarcophage. Madeleine est à
genoux à ses pieds ; deux hommes et deux femmes sont debout. Beau
dessin à la plume, légèrement lavé, et d'une ordonnance très-symétrique.
Il paraît être de l'année 1S03. H. 9" 6'"; I. 10" 9'". Collections de La
Noue, de Julienne et Lawrence. N® 178. Acquis, par M. Woodburn, de
Londres, 950 florins.
Une copie trompeuse, de Timoteo Viti, se trouve à l'Institut des Beaux-
Arts, à Francfort-sur-Mein.
au.) Le Christ pleuré par ses disciples et les trois^ Marie. — 11 repose
sur les genoux de la sainte Vierge, qui est évanouie et soutenue par deux
saintes femmes; une femme debout soulève le manteau qui couvre' sa
tête. Les jambes du Christ sont posées sur les genoux de sainte Made-
leine assise, qui les embrasse en tournant son regard vers la sainte
Vierge. Joseph d'Arimathie est debout à gauche, et saint Jean avec un
autre disciple de l'autre côté. Ce sont huit figures et une t^te. Ce dessin
à la plume, d'une beauté surprenante, paraît être de 1505, loi*sque
Raphaël n'avait pas encore complètement adopté la manière florentine.
H. 1.3" 3'"; I. 15" 9'". Collections Mariette, Zanetti, comte de Fries,
l^wrence. N» 49. Acquit, pour la collection du Louvre, 6,900 florins.
Gravé par Agricola^n 1817, et dans la Lawrence Gallery, n" 25.
^6.) La Résurrection du Christ. — Riche composition à la plume, in-
folio. Ce dessin est tout au plus de l'invention d'un élève de Raphaël.
Collection Woodburn. N* 68. Vendu 170 florins.
Pabliô dans la Lawrence Gallery, n** 27.
rc) La Sainte Famille au Palmier. — Étude à la pointe de métal pour
la sainte Vierge et l'enfant Jésus, ainsi que pour la têie du saint Joseph
sans barbe, exécutés dans le tableau rond qui a passé de la galerie d'Or-
léans dans celle du duc de Bridgewater. H. 9"; I. 6". Collections Lagoy,
Dimsdale et Lawrence. N® 33. Acquis, pour la collection du Louvre, 690 fl.
Eau-forte de Roger-Lagoy. — Landon, n* 229.
dd.) La Belle Jardinière. — La sainte Vierge, tournée vers la droite,
tient l'enfant Jésus debout devant elle. Le petit saint Jean, à gauche,
l'adore à genoux et semble tenir un chien. Spirituelle esquisse à la plume.
!$38 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
Collections R. P. Knight et Lawrence. N» 30. Acquis par M. de Vo9,.d'Ain-
sterdam, pour 410 florins. Ce même dessin ou un autre tout semblable de
motif a figuré successivement dans Içs collections Crozat, Mariette et Revil.
C. Metz en a fait nne gravure en 1798. De même, Adam Bartsch. en contre-partie,
1787; et, en dernier lieu, Jos. Keller l'a gravé d'après un autre dessin.
ee,) La sainte Vierge avec l'enfant Jésus sur ses genoux, — Figures
entières. Beau dessin a la plume, dans la manière péruginesque du maître.
H. 8" 6'"; I. 5" 9"'. Colleclions Oltley et Lawrence. N» 81. Acquis, pour
l'Institut des Beaux-Arts de Francfort, 750 florins.
Publié dans la Lawrence Gallery, n" 2.
ff.) Sainte Famille, — La sainte Vierge est agenouillée à droite avec le
petit saint Jean ; saint Joseph est assis au côlé gauche, près de Tenfant
Jésus, qui est à terre et qui tend ses bras vers sa mère. Lavé au bistre et
rehaussé de blanc. H. T' 9'"; 1. 9" 9'". Collections Revil, Dirasdale,
Lawrence. N** 176. C'est un beau dessin de l'école de Raphaël. Vendu
773 florins.
gg.) Tète de Vierge. — Vue presque de face, le regard baissé, et cou-
verte d'un voile. Étude d'après nature, à la pointe de métal, faite pendant
les premiers temps du séjour de Raphaël à Florence. Selon le Catalogue
de M. Woodburn, ce serait le portrait de la sœur de Raphaël. Cette
assertion est dénuée de tout fondement, lors même que le dessin daterait
de 1506, car Elisabeth Sanzio n'était alors âgée que de douze ans. Au
verso se trouve une esquisse, non terminée, d'un jeune homme. H. 10" 3'" ;
1. 7" 6'". N» 42. Collections Ottley et Lawrence. Acquis, par M. Woodbura,
1,700 florins.
Publié dans The ilalian School ofàetign^ n" 47.
hh.) La Vierge de Fuligno, — Première pensée pour cette Madone.
L'enfant Jésus diffère ici, dans sa pose, de celui du tableau. Au crayon
noir et blanc, sur papier bleu. Ce dessin a beaucoup souffert et ne paraît
pas être original. H. 15" 9'"; 1. 10" 6"'. N* 39. Collections Wicar et Law-
rence. Vendu 470 florins.
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, n" 52 et 53.
ii.) L'enfant Jésus. — Pour la Grande Sainte Famille du Louvre. Dessin
à la sanguine. N° 23. Collection Woodburn. Vendu 193 florins.
* L'original est dans la collection de Florence.
jj.) La Vierge au Poisson. -- Ce dessin très-travaillé au bistre nous
offre la composition complète du tableau; mais rien n'y trahit la main
de Raphaël. Collections Gelosi de Turin et Woodburn. N» 32. Vendu
590 florins.
Publié dans la Lcwrence Gallery^ n« 20.
hh.) La Vierge et saint Nicolas de Tolentino. — Elle est assise sur un
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. 539
trône et tient l'enfant Jésus sur ses genoux. Celui-ci se retourne vers un
jeune saint à gauche et lui donne la bénédiction. Le fond offre une archi-
tecture semblable à celle du tableau que le Pérugin a peint pour Tbôtel
de Tille de Pérouse, et qui est actuellement au Vatican. Belle esquisse à
la plume, de la jeunesse de Raphaël. H. 9" 3'" ; l 6" 3'". N« 5. Collec-
tions P. H. Lankrinck, Dawson, Turner et Lawrence. Acquis^ pour l'Institut
des Beaux-Arts de Francfort/ 665 florins. '
Pablië dans la Lavrenee Gallery, n* 1.
II.) La Mort et le Couronnement de la Vierge. — Dans ki partie infé-
rieure du dessin, elle est couchée sur une litière, entourée des apôtres.
Un chœur d'anges se développe sur les côtés. Dans la partie' supérieure
cintrée, Jésus-Christ couronne la sainte Vierge; des saints sont assis à
ses côtés. Beau dessin à la plume, lavé à la sépia et rehaussé de hianc.
H. 15"; 1. 10" 6'". Collections Borghèse, à Rome, et Lawrence. N° 73.
On a supposé que ce dessin était la première pensée pour le tableau
d'autel que Raphaël s'était engagé à peindre pour les religieuses de
Monte Luce, à Pérouse; mais cette supposition n'est pas admissible, en
ce que ce dessin est seulement l'ouvrage d'un élève de Raphaël. Vendu
150 florins.
mm.) Tête de l'apôtre saint Jacques le Majeur. — Pour le Couronne-
ment de la Vierge, tableau de Tannée 1503. Etude, à la pierre noire, de
la tète d'un jeune homme, tournée vers la gauche et regardant en haut.
H. 10" 9'"; 1. 8" 6"'. Collections Ottiey et Lawrence. No 61. Acquis, par
M. Leerobrugge d'Amsterdam, 600 florins.
Publié dans The italian Sehool ofdetign, p. 50, sons la dénomination de c Tête
d'ange pour la Dispute du Saint-Sacrement. »
nn.) Étude pour un Christ. — A la pierre noire. N" 140. Collection
Woodburn. Vendue 120 florins.
00.) Trois anges. — Demi-figures. Planent en adoration. De plus, un
bras. Faible esquisse au crayon noir. N» 80. Collection Woodburn. Vendu
45 florins.
pp.) Saint Martin. — 11 est à cheval et, avec son épée, il partage son
manteau ; près de lui, un homme sauvage avec des cornes. Ce dessin est un
essai de la jeunesse du grand maître, peu de temps après son entrée chez
le Pérugin. Sur le verso, le Baptême du Christ, dessiné par le Pérugin lui-
même. H. 11"; 1. 8" 3'". N» 69. Collections du comte Baglione et Law-
rence. Acquis, pour l'Institut des Beaux-Arts de Francfort-sur-Mein ,
365 florins.
qq.) Saint Michel ten'assant Satan. — Dessin très-flni au bistre, d'après
le grand tableau du musée du Louvre. N<* 50. Collection Woodburn. Vendu
430 florins.
SiO CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
rr,) Sainte Cécile, — Même composition que celle gravée par Marc-
Antoine. Bartsch, n° 116. Dessin très-soigné, lavé au bistre et rehaussé de
blanc, sur papier pris. H. 10" 9"'; 1. 6" 6'". Catalogue, n*> 65. Collections
de Piles, Paignon-Dijonval, Morel de Yindé, Dimsdale et Lawrence.
Gravé par Elle Cheron en 1706 ; par Nie. Bruyn, dans le goût néerlandais.
Publié dans la Lawrence Gaileryy n* 21 .
Un dessin, d'un format un peu plus grand, également exécuté au bistre,
se trouve dans la collection Alberline à Vienne. Mais ni Tun ni l'autre ne
sont des originaux. Vendu 700 florins.
ss.) Étud^ pour la Dispute du Saint Sacrement. — Cest la tête de
rbomme qui est sur le devant, à gauche ; son vêtement et quelques mains.
Belle étude d*après nature, à la pointe de métal, mais qui a malheureuse-
ment un peu souflerl. C'est par erreur que l'on a cru y reconnaître le
portrait du Bramante. H. 16" 3"'; 1. H". Collections Wicar, Ollley et
Lawrence. N*» 67. Acquis, pour la collection du Louvre, 420 florins.
tt.) Autre étude pour la même fresque. — C'est la moitié de la partie
intérieure à gauche de la composition, mais un peu différente de l'exécu-
tion. Dix-sept ligures nues, spirituellement dessinées à la plume d'après
nature. H. 1 1"; 1. 16" 6"'. N« 70. Ce beau dessin a passé par les collections
Crozat, Mariette, Lagoy, Dimsdale et Lawrence. Acquis, pour l'Institut des
Beaux-Arts de Francfort, 1,510 florins.
U a été gravé en contre-partie par le comte de Caylus pour le Cabinet Crotat.
— Photographié par Schsefer.
uu,) Diogéne. — Élude pour l'École d'Athènes. C'est d'abord la figure
entière avec la draperie à côté d'elle ; en outre, dessinés plus exactement,
le bras droit et les jambes. A la pointe de métal, sur papier teinté rose.
H. 9' 9'"; 1. 1 i" 3'". N° 54. Collections Wicar, Otlley et Lawrence. Acquis,
pour rinstifut des Beaux-Arts à Francfort, 680 florins.
Publié dans The ilalian School of design.
vv.) L* empereur JustiJiien remettant les Pandectes à Tribunianus. —
Cette esquisse, pour une des fresques de la salle délia Segnatura au
Vatican, est dessinée à la pointe du pinceau, avec une couleur brunâtre,
et retouchée en quelques parties à la plume par le maître lui-même.
H. iS" 6"'; 1. 7" 9"'. N" 38. Collections W. Reveley et Lawrence. Acquis,
pour l'Institut des Beaux- Arts à Francfort, 390 florins.
XX ) Tête d'une Muse, — Pour le Parnasse. C'est celle qui est placée
dans le groupe à droite de l'Apollon, et qui porte une espèce de turban.
Presque de grandeur naturelle, vue de trois quarts et tournée vers la
droite. Dessin d'après nature, à la pierre noire, mais retouché en quel-
ques parties. N° 24. Collections Vilenbrock et Lawrence. Acquis, par
M. Colnaghi, de Londres, 500 florins.
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. 541
Gravé par B. Picart, en 1725, n" 8 de ses Imposluret inno€enîe$, et publié dans
la Lawrence Gallery, u" 22.
yy.) Aleicandre fait déposer les ceuvres d'Homère dans le sarcophage d'A-
rhille. — Dessin à la sanguine, répondant tout à fait à Ja gravure de Marc-
Antoine. Bartsch, n» 297. H. 10"; 1. 16" 9'". N'> 177. Collections Reynolds,
Randon de Boisset et Lawrence. Vendu 400 florins.
Publié dans la Lawrence Gallery^ n" 14.
yy bis.) Défaite des Sarrasins pi'és du port d'Ostie. — Dessin lavé à la
sépia, rehaussé de blanc, répondant, en toutes ses parties principales, à
l'exécution de la fresque. Paraît être une copie d'après -l'original que
Raphaël présenta au pape Léon X. H. 16'' 3'"; 1. 25". N» 53. Collection
Woodburn. Vendu 170 florins.
zz.) Attila effrayé par V apparition de saint Pierre et saint Paul, — Ce
dessin, qui diffère de l'exécution à fresque au Vatican, est copié du dessin
original que possède le musée du Louvre. A la sépia et rehaussé de blanc.
N** 44. Collections Dawson, Turner et Lawrence. Vendu 100 florins.
aaa.) Zoroastre, l'écrivain et luie troisième figure de l'École d'Athènes. —
Copie à la sanguine d'après un dessin original, aujourd'hui disparu. N® 63.
Collections Richardson et Woodburn. Vendu 200 florins.
bbb.) Mercure et Psyché. — Composition de la fresque de la Farnésine.
Dessin soigneusement traité à la sanguine. ^° 35. Collections Arundel et
Lawrence. Vendu 130 florins.
ccc.) Vénus assise au festin des Dieux. — Fresque de la Farnésine. Vénus
est vue de dos ; une autre déesse est aussi indiquée. Copie à la sanguine.
N® 23. Collections Anlaldi et Lawrence. Vendu 260 florins.
Publié dans la Lawreiue Gallery, n° 19.
ddd.) L'Amour vole, tenant un étendard. — De grandeur naturelle. Carton
exécuté à la pierre noire. Cet Amour ressemble à celui qui, dans une des
lunettes de la Farnésine, emporte les attributs de Mars. N° 7. Vendu
200 florins.
eee.) Timocléa, noble dame de Thèbes, amenée par des soldats devant
Alexandre le Grand. — Dessin à la plume, du dernier temps de Raphaël.
H. 11"; 1. 17". N° 71. Collection Lawrence. Acquis, pour l'Institut des
Beaux- Arts de Francfort, 280 florins. — Madame Forster, à Paris, fille
du sculpteur anglais Banks, de Londres, pf^ssède une belle copie de ce
dessin.
fff,) Alexandre et Roxane. — Cette composition a été exécutée à fresque
dans la villa dite de Raphaël, d'après un i/essin de ce maître, dessin qui
semble être celui qu'on voit aujourd'hui dans la collection, Albertine à
Vienne. Lavé au bistre et rehaussé de blanc. H. 9" 6"'; 1. 13" 6'". No 84.
Collections Lagoy, Dimsdale et Lawrence. Vendu 250 florins.
sut CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
Gravé par Jac. Caraglio. Bartich, t. XY, p. 96, n* 62.
ggg.) La PestCf dite il Morbetto. — C'est tout à fait la même compositioo
et dans le même senë que la gravure de Marc-Antoine. Bartsch, n^ 417.
Lavé à la sépia et rehaussé de blanc sur papier -gris. H. 7" 9"'; I. 10".
N» 6â. Collections Charles l"', Dimsdale et Lawrence. C'est vraisemblable-
ment le même dessin qui était dans la collection Ploos van Amstel, à
Amsterdam, et qui a été vendu^ en IBOO, 24 florins. Acquis, par M. Wood-
burn, 210 florins. — Un dessin à la plume , de la même composition, a
passé de la collection de Raphaël Morghen dans celle de la galerie de
Florence.
hhh.) Entrée de Jean de Mêdicis à Florence. — Ce dessin^ lavé au bistre,
est une copie, par Francesco Penni, du dessin qui se trouve au musée du
Louvre. Il y a encore deux autres copies, Tune dans la collection Alber-
tine, à Vienne, et l'autre à l'Université d'Oxford. N«> 175. Vendu 230 flor.
tït.) Deux cavaliers. — L'un est sur son cheval, qui galope; l'autre
est debout près du sien. Beau dessin à la sanguine, mais non traité dans la
manière de Raphaël. N<* 40. Vendu 130 florins.
jjj.) Un homme debout, tenant un livre à la main. — Étude d'après na-
ture, à la plume, par un élève de Raphaël. N® 47. Vendu 80 florins.
kkh.) Portrait d'un enfant âgé d'environ dix ans^ — Sa tête, tournée un
peu vers la gauche et couverte d'une barrette. Dessin à la pierre noire. On
a prétendu que ce portrait représentait Raphaël lui-même, mais il n'est
point croyable que, dans un âge si tendre, il ait pu exécuter ce dessin,
qui porte complètement le cachet des ouvrages de sa vingtième année.
H. 12" 6"'; 1. 7" 6'". N« 66. Collections Ottley et Uwrence. Acquis, par
M. Woodburn, de Londres, 500 florins.
Ottley l'a publié dans son Italian Sehool of design, comme éUnt le jeune Raphaël
dessiné par lui-même.
///.) Portrait d'une jeune femme. — Dessin à la pierre noire, de la manière
péruginesque du maître. Demi-figure, vue de trois quarts. La tête est gar-
nie d'un ruban de gaze qui tombe en avant et qui est lié sur la poitrine.
H. 14" 9'"; 1. 10" 4'". N« 37. Collections Ottley et Lawrence. Acquis, par
M. Woodburn, de Londres, 770 florins.
Publié dans la Lawrence Gallery, n" 16, comme étant le portrait de la sœur de
Raphaël; ce qui n'est guère possible, puisqu'elle était née en 1494 et qu'elle
mourut jeune.
mmm.) Portrait d'une jeune femme. — Demi-tigure sans mains, tournée
vers le côté gauche et vue de trois quarts. Très- beau dessin à la pierre
noire, dans la manière florentine de Raphaël. H. 10" 3"' ; 1. 7" 3'", n« 36.
Collections Ottley et Lav^rencc; Ce portrait passe également pour être
celui de la sœur de Raphaël, ce qui n'est admissible en aucune façon.
Acquis, par M. Woodburn, 670 florins.
..«.
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. »4S
win.) Portrait de Timoteo Viti. — De grandeur naturelle, tu de face,
^Tec la barbe, et couvert d'une barrette noire. Superbe dessin à la pierre
noire et un peu coloré à l'aquarelle. Ce dessin a été de fout temps con-
sidéré comme étant le portrait de Viti ; mais il est plus travaillé que ne le
sont généralement les dessins de Raphaël. H. ÎO" 6'"; 1. 15". N« 6.
Collections Ântaldo Antaldi et Lawrence. Acquis, par M. Woodburn,
3,200 florins.
Publié seulement dans la grande édition de la Lawrence Gallery. Ce dessin ne
se trouve point dans les éditions ordinaires.
000.) Tête d'un jeune homme. — Vue de profil, le regard dirigé vers le
haut, les cheveux tombant sur les épaules. Demi-grandeur naturelle.
Dessin à la pierre noire, d'une grande beauté, mais un peu retouché.
N«»Î7. Acquis, par M. Colnaghi, de Londres, 670 florins.
ppp.) Tête de moine y couverte d'un capuchon. — Le regard baissé vers
le côté gauche. On a prétendu, sans aucun fondement, que ce portrait
était celui de Savonarola. Beau dessin à la pierre noire, mais très-relouché.
N" 74. Collection Lawrence. Acquis, par M. Roos, 380 florins.
qqq.) Portrait d'un homme âgé. — Avec une longue barbe pointue, vu
de profil et tourné vers le côté droit. Faussement désigné comme le
portrait de Jules 11. Dessin à la pierre noire, n® 28. Vendu ISO florins.
rrr.) Portrait d'un homme à barbe. — Vu presque de trois quarts,
regardant vers le haut, et couvert d'une toque. Elude à la pierre noire. Ce
portrait passe, sans fondement, pour être celui de Giovan Francesco
Penni. N» 57. Collections Paignon-Dijonval, Morel de Vindé et Lawrence.
Vendu 100 florins.
Publié dans la Lawrence Gallery^ n» 17.
«««.) Portrait d'homme. — Vu de trois quarts, tourné vers le côté gauche.
Dessin à la sanguine, sur papier brun, et rehaussé de blanc. H. 8" 6'";
L 6" 6'". N« 59. Collections Wicar et Lawrence. Vendu 160 florins.
ttt. Tête d'homme âgé, sans barbe. — Vue de face et un peu inclinée
vers la droite. Demi-grandeur naturelle. Dessin à la pierre noire, dans la
manière de Léonard de Vmci. N® 21. Vendu 2t>0 florins.
uuu.) Tète d'homme àgè, sans barbe. — Couvert d'une toque» vu presque
de profil et regardant d'un air chagrin vers le bas du côté gauche. Faus-
sement désigné comme le portrait du Bramante. La même feuille contient
encore quelques études de draperies. Dessin de l'époque florentine, à la
pointe de métal, sur papier teinté rose, et rehaussé de blanc. Au verso
sont des croquis de Madones, à la plume. N® 60. Collection Woodburn.
Acquis, par M. de la Salle, à Paris, pour 360 florins. •
wv.) Tête et bras d'un jeune garçon. — Fragment d'un carton coloré.
L^enfant paraît effrayé et saisit le vêtement de sa mère. On ne sait pas à
544 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
quelle composition ce dessin a pu appartenir. Les contoure sont tracés
avec une couleur foncée. Le coloris et le procédé du coloriage rappellent
le faire de Francesco Penni. N"* 86. Collection Woodburo. Vendu
280 florins.
XXX.) Cinq ^étes. — De grandeur naturelle. Ce sont des études pour les
cartons de l'Histoire des Apôtres. Deux têtes appartiennent à la compo-
sition du Christ donnant les clefs à saint Pierre; ce sont celles du disciple
à barbe et du jeune disciple vu de profil. Ensuite, la tête d'homme cou-
verte d'une toque se trouve dans la Guérison du Paralytique. Enfin, deui
têtes, pour la Prédication de saint Paul à Athènes; ce sont celles de Denis
l'Aréopagite et de Damaris montant l'escalier. Ces têtes, dessinées à la
pierre noire, légèrement colorées, sont des copies d'après les cartons de
Raphaël qui se trouvent à Hampton-Court. Elles peuvent avoir servi dans
une fabrique de tapisseries. Le musée du Louvre possède trois têtes
copiées également d'après les mêmes cartons, sans doute pour servir
aussi à la confection de tapisseries; et comme ces trois têtes sont traitées
absolument de la même manière que les précédentes, on peut présumer
qu'elles appartenaient à la suite. Les cinq têtes de la collection de La
Haye ne furent point vendues, faute d'ofl'res satisfaisantes. N^»* 1 à 5.
DESSINS QUI FAISAIENT PARTIE DE LA COLLECTION JABACU.
Ce riche banquier de Cologne acheta en Angleterre une grande pai*tie
des plus beaux tableaux, dessins, bustes et reliefs en marbre et en bronze,
de la collection du roi Charles 1"^, qui fut vendue à l'enchère en 1650. II
en céda une partie au cardinal Mazarin en 1651, et l'autre partie, nom-
mée communément « la seconde collection Jabach, » à Louis XIV en 1671.
Le comte Léon de Laborde fut le premier qui, dans son bel ouvrage
intitulé « le Palais Mazarin, » donna sur cette seconde collection Jabach
quelques renseignements, tirés d'un manuscrit original, in-folio, n° 7,230,
de la Bibliothèque impériale à Paris. On y trouve non-seulement l'inven-
taire des desseins, mais aussi plusieurs lettres de Jabach et divers docu-
ment qui traitent de la vente des tableaux et des dessins cédés au roi
par Tentremise de Colbert.
Pour de plus amples informations à ce sujet, nous renvoyons nos lec-
teurs à la relation détaillée que M. Paul Lacroix a fait paraître dans « la
Revue universelle des arts, » Paris, 1855, tome I , p. 105-126. Nous nous
bornerons à reproduire ici textuellement l'inventaire des 134 dessins
attribués à Raphaël , qui auraient dû passer dans la collection du roi. Il
est cependant constaté que seulement quelques feuilles décrites dans cet
inventaire existent à présent dans la collection du Louvre, et déjà une note
jointe à l'inventaire établit que, sur les 640 dessins de l'école de Raphaël
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. .545
y mentionnés, on n'en avait trouvé que 266. De plus , Mariette rapporte ,
dans ie catalogue qu'il a publié de la collection Crozat en 1751 y que cet
amateur avait acheté des héritiers de Jabach la collection de dessins que
celui-ci s'était réservée lors de la vente faite au roi. Il est donc certain
qu'un grand nombre des dessins de Raphaël de la collection Jabach ne
sont pas entrés dans la collection royale^ et l'on peut même supposer que
plus d'une copie > de celles que Jabach avait fait faire avec tant de soin
< pour s'en servir un jour au défaut des originaux, )» comme il le dit lui-
même, a remplacé les dessins qui disparurent après la vente. Ces dessins
doivent être dispersés dans les collections hors de France; cependant nous
n'en avons retrouvé que très-peu dans ces collections.
Nous avons rangé les dessins de Raphaël de la collection Jabach d'après
les sujets, et selon le système que nous avons généralement adopté pour
faciliter les recherches, tout en y joignant les numéros de l'inventaire
originaJ.
flliU«tt da ITlen Testament.
1. Adam et Eve sortant du Paradis terrestre, figures entières, à la san-
guine sur du papier gris, de 11 pouces de long sur 15 p. de hault. No 113
de l'inventaire.
2. TJn Déluge, où il y a quantité de ligures entières, lavé et rehaussé
sur du papier gris, de 12 p. 1/2 de long sur 15 p. 1/2 de large. N^ 85.
3. Vn Déluge, où il y a quantité de figures entières, à la plume, lavé et
rehaussé sur du papier roux, de 13 p. de 1. sur 11 p. 1/2 de hault. N<> 110.
4.. Un Lot (sic) y sa Femme et ses deux Filles, figures entières, à la
pierre noire, lavé et rehaussé sur du papier roux, de 16 p. de 1. sur 12
p. 1/2 de hault. N» 47.
5. L'Ange qui lutte contre Jacob, où il y a plusieurs figures entières
et animaux , à la plume , lavé et rehaussé sur du papier verdastre , de
14 p. de 1. sur 6 p. 1/2 de hault. N"» 102.
6. Les Enfans de Jacob qui despouiilent leur frère Joseph pour le des-
cendre dans un puys, figures entières, à la plume et rehaussé sur du pa-
pier gris, de 11 p. de 1. sur 8 p.' de hault. f)<» 63.
7. Joseph qui explique les songes au roy Pharaon, où il y a plusieurs
personnes estodDées, figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du
papier roux, de 18 p. de 1. sur 8 p. de hault. N<> 108.
8. Un Joseph qui trouve la tasse dans le sac de Benjamin, où ses frères
prient pour luy, figures entières, à la plume, sur du papier roux, de 18 p.
de 1. sur 10 p. de hault. N<> 94.
9. Un Dieu le Père avec des a7iges , et Moyse en bas, figutes entières, à
la plume, lavé et rehaussé sur du papier roux, de 10 p. de 1. sur 12 p.
de hault. N» 93.
II. ôri
546 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
10. Un Moyse avec deux anges y figures entières, à la plume, sur du
papier gris, de 10 p. 1/2 de 1. sur 10 p. de hault. N« 109.
4 1 . Moyse passant la mer Rouge avec le peuple d' Israël, où 41 y a quan-
tité de figures entières, à la plum^, lavé et rehaussé sur du papier bleu,
de 13 p. de 1. sur 10 p. 1/2 de hault. N° 99.
12. Moyse qui présente la table au peuple, où il y a quantité de figures
entières, a la plume , lavé et rehaussé sur du papier gris , de 13 p. 1/S
de 1. sur 42 p. de hault. N« 124.
13. Plusieurs figures qui portent l'Arche d'alliance, figures entières, û
la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 12 p. de h sur 10 p. de
hault. N» 123.
14. David qui coupe la teste à Goliat, où toute son armée s'enf\iit,
figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier jaunastre, de
16 p. 1/2 de 1. sur 1 pied de hault. N» 34.
15. Un, Jugement de Salomon, où il y a plusieurs figures entières, à la
plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 13 p. de 1. sur 10 p. de
hault. N« 119.
16. Un Tobie qu*on ensevelit, où il y a plusieurs figures entières, pleu-
rant, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier roux, de 14 p. de 1. sur
10 p. 1/2 de hault. Nom.
HnSetê un IVottteatt ffestAflàenl.
. 17. Une Annonciation de VAnge à la Vierge, figures entières, à la
plume, lavé et rehaussé sur du papier gris à fond bleu, de 16 p. de 1.
sur 10 p. 1/2 de hault. N« 57.
18. L* Accouchement de saincte Elisabeth et où il y a des femmes qui
lavent l'enfant, et plusieurs autres figures entières, à la plume, lavé et
rehaussé sur du papier gris, de 18 p. 1/2 de 1. sur 2 pieds de hauJt.
No 72.
19. Une Nativité de Nostre Seigneur, où il y a quantité de figures en-
tières, à la plume et lavé sur du papier blanc, de 10 p. de 1. sur 10 1/2
de hault. N» 2.
20. Une Nativité de Nostre Seigneur, où il y a plusieurs figures entières,
à la plume, lavé et rehaussé sur du papier brun, de 10 p. 1/2 de l. sur
11 p. 1/2 de hault. N» 35.
21. Une Nativité, où il ^ a plusieurs figures entières et animaux, à la
plume, lavé et rehaussé sur du papier roux, de 17 p. de l. sur 42 p. de
hault. No 53.
22. Une Nativité de Nostre Seigneur, où il y a plusieurs anges, saincts
et sainctes, et quantité de figures entières, à la plume, lavé et rehaussé
sur du papier gris, de 12 p. 1/2 de 1. sur 12 p. 1/2 de hault. N» 97.
23. Dieu le Père dans sa gloire avec quantité d'anges et au bas une
ANCIENNES COLLECTIONS DISPEIUSÉES. 547
Nativité de Nostre Seigneur, où il y a plusieurs bergers et animaux , à la
plume, lavé et rehaussé sur du papier roux, de 17 p. 1/2 de 1. sur 21 p.
de hault. N« 129.
24. L'Adoration de trois Roys, où il y a plusieurs ligures entières, à la
plurce et lavé sur du papier roux, de 12 p. 1/2 de 1. sur 15 p. de hault.
N«52.
25 Une Adoration des trois JRoys, où il y a grand nombre de figures
entières et animaux, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de
M p. de l. sur 14 p. de large. N® 101.
26 Dieu h Vère regardant la cir^ncision de Nostre Seigneur, où il y a
cinq figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de
7 p. 1/2 de 1. sur 10 p. 1/2 de hault. N'> 78.
27. La Vierge portant Nostre Seigneur au Temple pour estre circoncis,
où il y a quantitr de ligures entières, à la plunif , lavé et rehaussé sur du
papier jaune, de 15 p. de 1. sur 13 p. de hault. N° 96.
28. Un petit Massacre des Innocents , où il y a plusieurs figures en-
tières, à la plume, lavé, ombré et rehaussé sur du papier roux, de 8 p.
1/2 de 1. sur 9 p. 1/2 de hault. N<» 91 .
29. Un Massacre des Innocents, où il y a plusieurs figures entières, à la
plume, sur du papier gris, de 7 p. de 1. sur 12 p. 1/2 de hault N<> 103.
30. Vn autre Massacre des Innocents, où il y a plusieurs ligures entières,
à la plume, sur du papier gris, de 10 p. 1/2 de l. sur 13 p. 1/2 de hault.
No 104.
31. Un autre Massacre des Innocents, où il y a plusieurs figures en-
tières, à la plume sur du papier gris, de 9 p. de 1. sur 12 p. 1/2 de hault.
N« 105.
Ces trois dessins du Massacre des Innocents paraisseiit appartenir à la
composition pour les tapisseries.
32. Nostre Seigneur preschant au Temple oii la Vierge le vient trouver,
avec plusieurs figures, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris à
fond bleu, de 17 p. de 1. sur 11 p. 1/2 de hault. N^ 95.
33. Nostre Seigneur sur la montagne du Thabor, entre Moysé et Élie et
ses apostres, et plusieurs autres figures entières au bas, à la plume,
lavé et rehaussé sur du papier jaunastre, de 13 p. de 1. sur 18 p. de
hault. N» 127.
34. Nostre Seigneur à la table avec ses apostres, oit Magdeleine lui lave
les pieds, figures entières, à la plume, lavé de sanguine sur du papier
gris, de 15 p. 1/2 de 1. sur 10 p. de hault. N» 120.
35. Une Cène de Nostre Seigneur, où il y a tous les apostres, figures
entières, à la plume et lavé sur du papier blanc, de 15 p. 1/2 de i. sur
il p. de hault. N*» 5.
36. Une Cène de Nostre Seigneur, avec tous ses apostres^ à la plume.
548 CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
lavé et rehaussé sur du papier gris^ de 18 p. de L sur 9 p. de hault.
N» 18.
37. Une Cène de Nostre Seigneur, avec tous ses apostres, figures en-
tières, à la plume et lavé sur du papier blanc , de 18 p. de 1. sur H p.
de hault. N» 26.
38. Une Cène de Nostre Seigneur, avec tous les apostres, ligures en-
tières, à la pluroe^ lavé et rehaussé sur du papier gris, de 19 p. de I. sur
12 p. de hault. N» 32.
39. Nostre Seigneur qui fait la Cène avec ses apostres, figures entières,
à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 14 p. de 1. sur 10 p.
de hault. N» 122. •
40. Nostre Seigneur portant la croix, où il y a quantité de figures en-
tières, à la plume, lavé, ombré et rehaussé sur du papier roux, de 18 p.
de 1. sur 21 p. 1/2 de hault. N» 126.
41. Une Descente de Croix, où il y a plusieurs figures entières, à la
plume et lavé sur du papier blanc, de 7 p. de 1. sur 8 p. 1/2 de hault.
N» 29. - .
42. Une Descente de Croix, où il y a huict figures entières, à la plume ,
lavé et rehaussé sur du papier roux, dé 1 pied de 1. sur 9 p. 1/2 de hault.
N» 43.
43. Une Descente de Croix, où la Vierge tient Nostre Seigneur sur ses
genouils, où il y a huict figures entières, à la plume, lavé et rehaussé
sur du papier gris, de 8 p. 1/2 de 1. sur 11 p. de hault. N» 58.
44. Une Vierge qui s'esvanouit auprès le sépulcre de Nostre Seigneur,
où il y a cinq figures entières, à 4a plume, lavé et rehaussé, de 13 p. de
1. sur 10 p. 1/2 de hault. N» 62.
45. IJn Christ mort et une Yi&'ge de pitié, figures entières, à la plume,
lavé et rehaussé sur du papier gris, de 11 p. de 1. sur 14 p. de hault.
N° 36.
Ce beau dessin se trouve à présent dans la collection du Louvre.
46. Nostre Seigneur qui sort du tombeau, où sont les trois Marie et
plusieurs soldats renversez, figures entières, à la plume, lavé et rehaussé
sur du papier gris, de 17 p. 1/2 de 1. sur 8 p de hault. N« 67.
Ce dessin paraît être le même qui se trouve à présent dans la collection
d'Oxford.
47. La Résurrection de Nostre Seigneur sortant du sépulcre , où il y a
beaucoup de soldats espouvuntez et autres figures entières, à la plume,
lavé et rehaussé sur du papier bleu, du 21 p. de 1. sur 13 p. i/2 de hault.
NO 107.
48. Nostre Seigneur qui impose la main sur la Magdelmne, figures en-
tières, lavé et rehaussé sur du papier jaunaslre, de 8 p. de 1. sur 8 p. de
hault. N« 77.
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSEES. 549
▼ieripes et SAlntes Familles.
49. Une Vierge qui prie devant le petit Jésitë, à la plume et lavé sur du
papier blanc, de 6 p. de 1. sur 6 p. 1/2 de haut. N"* 3.
50. Une Vierge avec le petit Jésus qui lit dans un livre, figure jusques à
geDOuils, à la plume, sur du papier gris, de 9 p. de 1. sur 10 p. de hault.
N» 9.
5i. Une Vierge qui lit dans i(n livre , tenant le petit Jésus sur ses ge-
nouils» figure jusques aux jambes, à la plume, sur du papier blanc, de
7 p. i/2 de I. sur 7 p. 1/2 de hault. N» 10.
52. Une Vierge, le petit Jésus et sainct Jean, figures entières, à la plume
et lavé sur du papier gris, de 9 p. de 1. sur 12 p. de hault. N<> 11.
53. Une Vierge avec le petit Jésus qui est monté sur un mouton, figure
entière, à la pierre de mine, lavé sur du papier ^ris, de 8 p. 1/2 sur 11 p.
de hault. N» 20.
54. Une Vierge, le petit Jésus et le sainct Jean, figures entières, à la
plume, sur du papier roux, de 9 p. de 1. sur 10 p. de hault. No2l.
55. Vne Vierge avec le petit Jésus, figure entière, lavé et rehaussé sur
du papier gris, de 9 p. 1/2 de 1. sur 12 p. de hault. N*" 25.
56. La Vierge avec le petit Jésus, figures entières, à la plume, lavé et
rehaussé sur du papier gris, de 11 p. de 1. sur 12 p. de hault. N"" 80.
57. Une Vierge qui regarde au ciel, portant le petit Jésus, où il y a
saint Joseph et saint Jean, figures entières, à la plume, sur du papier
blanc, de 40 p. de 1. sur 12 p. 1/2 de hault. N^" 1.
58. Vne Viei^ge avec le petit Jésus, où il y a 6 ligures entières, à la
pierre de mine, lavé et rehaussé sur du papier brun à fond bleu, de 1 pied
de 1. sur 13 p. de hault. N» 8.
59. Une Vierge, le petit Jésus, saincte Elisabeth et sainct Jean, figures
entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 8 p. 1/2 de 1.
sur 10 p. de hault. N'^ie.
60. Vne Vierge, le petit Jésus, sainct Jean, saincte Élizabeth et sainct Jo-
seph, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 10 p. 1/2 de 1.
sur 12 p. de hault. N^* 17.
61. La Vierge, le petit Jésus, avec plusieurs anges; au bas, plusieurs
saincts et sainctes, figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du
papier gris, de 14 p. de 1. sur 18 p. 1/2 de hault. N» 22.
62. La Vierge, le petit Jésus, sainct Joseph et plusieurs figures entières, à
la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 10 p. de 1. sur 10 p. 1/2
de hault. N° 23.
63. Une Vierge, le petit Jésitë, sainct Jean et sainct Joseph, figures entières^
à la pierre noire, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 12 p. de 1. sur
17 p. de hault. N» 48.
î>50 CATALOGUE DES DESSINS DE BAPHAEL.
Ci. Une Vierge avec le petit Jésvs et un sainct qui prie devant un pepitre
(sic), figure entière^ à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris^ de
6 p. «/2 de 1. sur 9 p! 1/2 de hault. N<» 12.
63. La Vierge, h petit Jésus et sainct Joseph, dans une église, où U y a
plusieurs Hgures entières, à ta plume, lavé et rehaussé sur du papier gris^
de 9 p. 1/2 de 1. sur 12 p. 1/2 de hault. N°24.
66. Une Vierge avec le petit Jésus, où il y a deux saincts et une saincte,
figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier roux, de
11 p. de 1. sur 16 p. de hault. N<> 56.
67. Une Vierge avec le petit Jésus, où il y a sainct François, sainct Gré-
goire et saincte Catherine, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris^
de 13 p. de 1. sur 16 p. 1/2 de hault. N° ô5.
68. Une Vierge, le petit Jésus, sainct Jean et sainct Joseph, figures à demy
jambes, à la plume et lavé sur du papier roux, de 11 p. de 1. sur 12 p.
de hault. N« 70.
69. Une Vierge, le petict Jésus, sainct Jean et saint Clément, et plusieurs
anges, et au bas plusieurs figures entières, à la plume, lavé et rehaussé
sur du papier gris, de 12 p. 1/2 de 1. sur 15 p. 1/2 de hault. N^^Si.
70. IJne Vierge avec d<mx anges, figures entières, à la plume^ sur du pa-
pier blanc, de 8 p. 1/2 de 1. sur 9 p. de hault. N*> 86.
71 . Le Couronnement de la Vierge, où il y a des anges, sainct Jean, au
nombre de six figures, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier jau-
naslre, de 9 p. 1/2 de 1. sur 12 p. de hault. N» 79.
72. Nostre Seigneur qui couronne la Vierge, où il y a plusieurs saincts,
figures entières, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 12 p. 1/2 de 1. sur
14 p. 1/2 de hault. N» 112.
73. Vn Dieu le Père, figure entière, à la plume, lavé et rehaussé sur du
papier roux, de 10 p. 1/2 de 1. sur 12 p. 1/2 de hault. N® 90.
74. Dieu le Père, Sainct -Esprit, avec plusieurs anges, à la plume, lavé et
rehaussé sur du papier gris, de 10 p. 1/2 de 1. sur 8 p. de hault. N<> 82.
75. Un Dieu le Père, assis sur des nues, où il y a quantité d'anges en-
tiers autour, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier verdaslre,de 17 p.
de 1. sur 8 p. de hault. N*» 106.
76. Une Trinité, où il y a plusieurs chérubins, figures entières, à la
plume, lavé et rehaussé sur du papier gris à tond bleu, de 14 p. de 1. sur
9 p. 1/2 de hault. N" 39.
77. Dieu le Père, Nostre Seigneur, la Vierge et sainct Jean, avec quan-
tité d'anges et prophètes représentant le triumpbe de l'Evangile, et au bas
grand nombre de figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du
papier roussâlre, de 3 pieds 1/2 de 1. sur 20 p. de hault. N» 132.
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. 551
78. Une Vision de sainct Pierre et sainct Paul qui déffend (à) un roy
(probablement Attila) de passer outre avec toute son armée, et grand
nombre de figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier
roux, de 2 pieds i p. de 1. sur 16 p. 1/2 de hault. N<> 128.
79. Un dessin d'autel^ où il y a un Dieu le Père et quantité d*anges qui
soDDent de la trompette et où il y a une saincte qui tient un encensoir
et au bas plusieurs saincts, figures entières, à la plume, lavé et rehaussé
sur du papier gris, de 17 p. 1/2 de 1. sur 12 p. de hault. N"* 211. — Ce
dessin se trouve à présent dans la collection du Louvre.
80. Un Crucifix où à costé est la Vierge avec sainct Jean^ sainct Paul et
sainct Laurent et la Magdeleine, figures entières, à la plume, sur du papier
gris, et rehaussé, de 13 p. de 1. sur 18 p. 1/2 de hault. N<^ 19.
81. Nostre Seigneur qui, par la prière de deux femmes^ faict délivrer un
prisonnier, où il y a quantité de figures entières, à la plume, lavé et re-
haussé sur du papier gris, de 17 p. de 1. sur 22 p. 1/2 de hault. N^ 30.
82. Un sainct Michel qui chasse le diable, figures entières, à la plume,
lavé et rehaussé sur du papier roux, de 10 p. 1/2 de 1. sur 13 p. de hault.
N°28.
83. Un sainct' Michel qui marche sur le diabk, figures entières , à la
plume, lavé et rehaussé sur du papier jaunastre^ de 13 p. de 1. sur 18 p.
de hault. N» 125.
84. Un sainct Paul qui guérit un possédé, où il y a grand nombre de
figures entières, à la pierre noire, rehaussé de blanc sur du papier brun,
de 18 p. 1/2 de L sur 13 p. de hault. N° 98.
85. Un sainct Jean qui donne sa bénédiction au peuple à genoux devant
luy, figures entières, lavé et rehaussé sur du papier bleu, de 13 p. de 1.
sur 9 p. de hault. N"" 73.
86. Un sainct qui prie pour un homme qui se meurt, où il y a quantité
de figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de
11 p. 1/2 de l. sur 9 p. de hault. N^ U.
87. Un sainct qui prie pour une femme possédée et qui faict sortir le dia-
ble, où il y a plusieurs figures entières, à la plume et lavé sur du papier
gris, de 11 p^ 1/2 de 1. sur 11 p. de hault. N® 15.
88. Nostre Seigneur, la Vierge, et sainct Jean, sainct Paul et saincte Car-
therine, figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris,
de 12 p. 1/2 de 1. sur 16 p. de hault. N° 89.
C*est la composition des Cinq Saints. Ce dessin se trouve à présent dans
la collection du Louvre.
89. UnjB saincte Marguerite qui marche sur le dragon, figure entière, à
la pierre noire, lavé, ombré et rehaussé sur du papier roux, 10 p. de 1.
sur 14 p. de hault. N° 64.
5»? CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
liiOeta de iiij(holo|rft«»
90. Vn Apollon, où il y a plusieurs figures entières, à la plume, re-
haussé sur du papier brun, de 7 p. de l- sur 2p. de hault. N» il6.
9 1 . Mars et Vénus, où il y a quantité de Cupidons et autres figures en-
tières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris^ 16 p. de I. sur
13 p. de large. N« 100.
92. Vn Jugement de Paris, où il y a plusieurs dieux et déesses, figures
entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier jaune à huisie, de
19 p. de 1. sur 11 p. de hault. N® 60.
93. Ln petit Cupidon dans un vaze, figure entière, à la plume et lavé
sur du papier roux, de 5 p. de 1. sur 6 p. de hault. N''^.
94. Un Adonis qui parle à deux hommes, figures entières, à la plume et
rehaussé, den p. i/2 de 1. et5 p. 1/âde hault. N» 114.
95. Un Baccanal, où Silenne est assis dans un charriot, en grand nom-
bre de figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier roux,
de 2 pieds de 1. sur 16 p. de hault N*' 7.
SiUets historiques» de la Tie commimey et étndes.
96. Le Pape assis dans son trosne, avec plusieurs figures entières, à la
plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 13 p. 1/2 de 1. sur 16 p. 1/2
de hault. N» 61.
97. Un Moine qui reçoit la Bulle dupape avec sa bénédiction, et où il y
a plusieurs autres moines, figures entières, à la plume et lavé sur du pa-
pier gris, de 11 p. 1/2 de 1. sur 9 p. de hault. N» 13. .
98. Un Pape priant, où il y a quantité de peuple et un cavallier qui
passe sur le corps d'un soldat et autres gens qui tiennent des verges à la
main, ligures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, à
fond bleu, de 18 p. de 1. sur 13 p. de hault. N<> 69.
99. Un Pape à qui on amène plusieurs captifs^ où il y a un grand nom-
bre de figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier roux,
de 3 pieds 1/2 p. de 1. sur 15 p. 1/2 de hault. N» 134.
100. Un Concile, où il y a plusieurs moines, ligures entières, à la plume,
lavé et rehaussé sur du papier gris, de 18 p. de 1. sur 11 p. 1/2 de hault.
N» 37.
101. Une Bataille de Constantin, où Maxance est dans la rivière et
grand nombre de figures entières à pied et à cheval, à la plume, lavé et
rehaussé sur du papier gris, de 19 p. 1/2 de 1. sur 14 p. 1/2 de hault.
N« 45.
102. Une grande Bataille de Constantin, à cheval et à pied, et où est le
roy Maxance dans la rivière, et grande multitude de figures entières, à la
plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 4 pieds 3 p. de 1. sur 17 p.
de hault. N» 131.
ANCIENNES COLLECTIONS DISPERSÉES. 555
i03. Une Bataille^ où il y a plusieurs cavalliers et piétons, Ggures en-
tières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 18 p. de 1. sur
i2 p. i/Sdehault.No4i.
iOi. Une Bataille, où il y a plusieurs figures entières, à la plume, sur du
papier blanc, de 20 p. de 1. sur 45 p. de bauit. N*" 49. .
105. Une autre Bataille, où il y a plusieurs ligures entières à pied et à
che?al, à la plume et lavé sur du papier blanc, de 15 p. de 1. sur 20 p. de
hault No 50.
106. Une autre Bataille où il y a plusieurs ligures entières à pied et à
ehevai, à la plume, sur du papier blanc, de âO p. de 1. sur 13 p. 1/2 de
hault. N» 51.
107. Qtumtité de fantassins qui se couvrent de leurs rondaches, avec
plusieurs cavaliers qui les suivent pour les secourir à l'assault, figures
entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 17 p. de 1. sur
1 8 p. de hault. N« 68.
Ce dessin paraît être celui de Francesco Penni pour la salle de Cons-
tantin. A présent dans la collection du Louvre.
108. Plusieurs gens qui se battent et d'autres qui sortent des vaisseaui,
qui portent du butin, figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du
papier bleuastre, de 9 p. 1/2 de 1. sur 7 p. 1/2 de hault. N<* 81.
109. Un Capitaine parlant à un soldat, luy montrant par les doigts ce
qu'il veut dire, un... à genoux devant luy, tenant un..., à la main, où il y
a quantité de figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier,
de 17 p. de 1. sur 12 p. de hault. N*" 83.
1 10. Une petite Armée, où il y a plusieurs cavaliers et fantassins qui ti-
rent des flesches et qui ont des rondaches devant eux et le genoux en
terre, figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris,
de 12 p. de 1. sur 7 p. de hault. N<> 87.
Ce dessin fait pendant au n^ 107.
ill. Une Bataille, où il y a un bateau où on tire une femnie dedans et
d'autres que l'on pesche, de plusieurs figures entières, à la plume, lavé et
rehaussé sur du papier roux, de 13 p. de 1. sur 13 p. 1/2 de hault. N^88.
112. Une Bataille, où il y a plusieurs figures entières à pied et à che-
val, à la pierre de mine, lavé et rehaussé sur du papier blanc, de 22 p.
de I. sur 17 p. de hault. N» 92.
113. Une Reyne avec toute sa suite qui s'humilie devant un roy assis dans
son trosne, où il y a quantité de figures entières, à la plume, lavé et re-
haussé sur du papier roux, de 2 pieds de 1. sur 17 p. de hault. N^ 6.
114. Une Reyne en son siège de justice, où il y a plusieurs figures en-
tières, à la plume, rehaussé sur du papier brun, de 5 p. 1/2 de I. sur
5 p. 1/2 de hault. N» 117.
115. Un Légat avec toute sa suite et autres figures entières, à la plume
bUA CATALOGUE DES DESSINS DE RAPHAËL.
et rehaussé sur du papier gris, de 18 p. 1/2 de L sur 7 p. de haalt.
116. JJn Evesque qui parle à un jeune homme qui escript êoubs luf/, figu*
res entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris^ d*uD pîed
de 1. sur 12 p. 1/2 de haqlt. N» 40.
117. Un Moine mort, où il y a quantité d'autres qui prient pour luy,
figures entières, à la pierre de mine, lavé et rehaussé sur du papier jaune,
de 10 p. deh sur 9 p. de hault. N" 27.
118. Un Prestre qui met la mistre sur la teste d'un évesque, où il y a plu-
sieurs autres évesques, figures entières et autres, à la plume, lavé et re-
haussé sur du papier gris, de 12 p. 1/2 de 1. sur 17 p. de hault. N<» 71.
119. TJn Baptesme, où il y a plusieurs personnes qui lèvent les hras au
ciel, en grande quantité, et figures entières etanimaux,à la pierre noire,
lavé et rehaussé sur du papier bleu, de 23 p. de 1. sur 18 p. de hault.
N« 133.
120. Un homme donnant sa bénédiction à des autres personnes, où il y a
plusieurs figures entières, à la plume, rehaussé sur du papier roux^ de
rî p. 1/2 de 1. sur 6 p. 1/2 de hault. N* 118.
121 . Un Berger tenant un baston à la main, où il y a quatre figures en-
tières, à la plume et rehaussé sur du papier roux, de 5 p. 1/2 de I. sur
5 p. 1/2 de hault. NM15.
122. Plusieurs personnes qui ouvrent des tombeaux, figures entières, à la
plume et lavé sur du papier blanc, de 18 p. de l. sur 12 p. de hault. N« 66.
123. Un Dessin où il y a plusieurs figures à table et une fille qui donne à
boire à un vieillard, figures entières, à la plume, et rehaussé sur du pa-
pier gris, de 13 p. 1/2 de 1. sur 16 p. 1/2 de hault. N° 59.
124. Un Cavalliei' qui passe par-dessus un homme, où il y a plusieurs
autres figures entières, à la plume, lavé et rehaussé sur un papier roux à
fond bleu, de 18 p. 1/2 de 1. sur 13 p. 1/2 de hault. N° 55.
125. Deux Femmes qui dévident du fil et un homme qui descend portant
une boiste et où il y a un petit enfant, figures entières, à la plume, lavé et
rehaussé sur du papier gris, de 14 p. de 1. sur 10 p. 1/2 de hault. N° 44.
126. Plusieurs figures nues qui portent des paquets, où il y en a d'autres
qui regardent un homme mort par terre, figures entières, à la plume,
lavé et rehaussé sur du papier jaunastre, de 16 p. 1/2 de 1. sur 12 p. de
hault. N» 33.
127. Un Plat Fonds {sic), où il y a cinq figures entières, à la plume, lavé
et rehaussé sur du papier gris, de 16 p. de 1. sur 13 p. de hault. N<> 46.
128. Plusieurs figures entières, qui portent des vases et des trophées, à la
plume, lavé, ombré et rehaussé sur du papier gris, de 13 p. 1/2 de 1. sur
15 p. de hault. N« 74.
129. Plusieurs eiifants, où il y en a qui mangent des pommes, figures
ANCIENNES COLLECTIONS DISI»ERSÉES.
nm -
entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris^ de 15 p. i/2 de 1.
garl2p. de hault. N°31.
430. Deux Enfants qui dorment et U7i autre qui joue, où il y a un arbre
et des oyseaux dessus et un feston, Ggures entières, à la plume, lavé et
rehaussé sur du papier gris, de 13 p. 1/2 de 1. sur 10 p. 1/2 de hault. N»54.
131. Huict petits enfants qui jouent à la paulme, figures entières, à la
plume, lavé et rehaussé sur du papier gris a fond bleu, de 18 p. de 1. sur
13 p. 1/2 de hault. No 75.
132. Plvtëieia's petits enfants qui sont montez sur des signes (sic), figures
entières, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris à fond bleu, de
18p. del. surl3p. l/2dehaul(. N» 76.
133. Une Rivière, Du il y a plusieurs figures entières, moulins et ani-
maux, à la plume, lavé et rehaussé sur du papier gris, de 18 p. j/2 de 1.
sur 8 p. de hault. N»38.
134. Un Mausolée d^un empereur sur un cheval, où il y a au bas plusieurs
figures entières et une bataille en bas-relief, à la plume, peint et rehaussé
sur du papier roux, de 14 p. 1/2 de 1. sur 22 p. de hault. N<> 130.
GRAVURES
D'APRÈS DIFFÉRENTS PORTRAITS DE RAPHAËL
Quoique noua ayons déjà indiqué, à leur place, tous les portraits au-
thentiques de Raphaël, nous allons passer en revue ici non-seulement les
gravures faites d'après des portraits classés par ordre chronologique, mais
encore celles qui passent, à tort, pour offrir les traits du peintre d'Urbin,
et dont nous n'avons pas encore fait mention.
i . Raphaël à Vàge de neuf ans. — Peint par son père, dans une fresque,
à Cagli.
Gravé par Anton. Kniger, pi. III de notre édition allemande.
2. A Vâge de douze ans. — Vraisemblablement peint par Timoteo
Viti; en buste, tourné à gauche, avëb une barrette noire et un vêtement
brun autour du cou que déborde un peu la chemise blanche.
Lith. par F. Rebberg, in-fol., et grav. par C. Kappes dans le tome III de l'édi-
tion allemande de notre ouvrage. Ce tableau est au palais Borghése, à Rome.
3. A l'âge d'environ quinze a7is. — Fac-similé d'après un dessin de lui-
même qui était autrefois chez M. J. Harmann, à Londres, et qui est
aujourd'hui dans la collection d'Oxford.
Lith. par Ludwig Zôllner, in-fol., pi. IT de notre édition allemande.
4. A Vâge d'environ vingt-trois ans. — D'après le portrait peint par
lui-même, à la galerie de Florence. Buste tourné à droite, la tête très-
légèrement renversée en arrière, Une barrette noire couvre ses longs
cheveux tombant sur la nuque. Son vêtement, qui est noir aussi, est
sérié autour du cou.
Grav. par G. M. Preisler, 1741, petit in-fol. — Jac. Frey, petit in-fol. — Anl.
Morghen, petit in-fol. — S. Coing, in-8*. -> Copie dans le Livre d'esquisses du
Carrache, in-8». — Le même, par J. C. D. (Dietzch fec), in-12. — F. Mulier, in-8*.
— V. Biondi, 1816, in-8». — F. Forster, 1836, in-folio. — V. H. Schnorr von
Kardsfeld se, 1809, eau-forte en médaillon in-S"». — Dans l'Almanach de Rome
GRAVURES D'APRÈS DIFFERENTS PORTRAITS DE RAPHAËL. 857
pour les artistes (en allemand), par Sickler et Reinhard, 1810. — Comme frontis-
pice dans l'ouTrage de M. Quatremère de Qnincy, 1824. — Lndwig Grnner, in>8*,
pi. Y de l'édition allemande de cet ouvrage.
5. A l'âge d'environ vingt-six ans. — D'après un portrait peint par
lui-même, qu'il envoya au Francia. Jusqu'aux genoux. Tourné à gauche.
Il pose le bras droit sur une table en laissant pencher sa main droite^ et
tenant, avec la gauche, la fourrure de son vêtement. Les cheveux tombent
amplement sur les épaules et sont couverts d'une barrette noire.
Gravé par Paulns Pontias, tourné à droite ; petit in-fol. — Ant. Gransignani,
dans un ovale, in-12. — A Paris, chez Odieuvre, tourné à gauche, in-8*. — Chez
B. Moncomet, tourné à gauche, in-8<'. — G. W. Knorr, à Nuremberg, n* 9, seu-
lement le buste. Petit in-fol. — Au trait, par Feiice Zeliani, Venezia, d'après un
tableau qui était chez Niccola Antonioli, et qui se trouve à présent dans la collec-
tion du prince Adam Czartorisky, à Paris. — P. Pejroleij , seulement en buste,
avec une main tenant une tablette, in-8*. Pendant pour le portrait de la Maîtresse
de Raphaël , tableau qui est à Vérone. ~ Souvent employé comme frontispice ,
par exemple pour l'ouvrage des sept Cartons, de Th. Bowles et de S. Gribelin ;
gravé par Boutrois, pour la Vie et œuvres de Raphaël, par Landon. — D'après un
portrait qui se trouvait dans les Pays-Bas, gravé par P. Devlamynck, gr. in-fol.
6. A l'âge de vingt-huit ans, — Dans l'École d'Athènes, à côté de sou
maître le Pérugin. Tournée gauche^ avec une barrette sur la tête.
Grav. par F. Dien, avec le Pérugin, in-4*. — Paolo Fidanza, de même, n* 1, de
la grandeur de l'original. — Lith. de même, par Piloti, à Munich. — Raphaël seul,
par P. Fidanza, 1785, in-fol. — Dom. Cunego, dans la collection de Mengs, petit
in-fol. — Biepenhausen , in-fol. — Mich. Bisi, dans un petit ovale. — P. Fon-
tana se., in-fol. — Gravure sur bois dans la seconde édition de Vasari.
7. Dans le tableau de saint Luc qui se trouve à l'Académie de Saint-
Luc^ à Rome.
Grav. par C. Bloemaert, in-fol. — S. Langlois, in-fol. — Prccioni.
8. Baphaèl méditant dans son atelier, — Il est tourné à gauche^ assis
sur un escabeau et jetant son regard à droite. Trois godets de couleurs
et une palette sont à gauche, et, à droite, un tableau appuyé contre le
mur. Son visage, qui a une certaine ampleur, est accompagné d'un peu
de barbe. Ses cheveux séparés tombent sur ses épaules et sont couverts
d'une barrette posée en arrière. '
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIY, n* 496. — Copie A, en contre-partie. —
Copie B, de môme, un peu plus petite. Au lieu de trois godets de couleurs, x>n n'en
voit ici que deux. — Copie avec cette inscription : Rafaël Saneiio Urb. pkior emi-
netU,^, in-8". — Copie, ad exemplwm Marei Àntanii Raimondi, ÀnUmnu Eruger «e.,
in-8''. — Landon, n« 214.
9. Raphaèl et soîi maitre d'armes, — Raphaël, le visage plein, la barbe
courte, âgé d'environ trente-six ans, est debout, vu de face, derrière un
homme qui se tourne vers lui comme en parlant et tirant son épée.
Voyez ce qui a été dit sur ce tableau, qui est au musée du Louvre.
Grav. par N. Larmessin, pour le Cabinet Crozat, in-fol. — P. Audoin, pour le
558 GUAVURES
Mwée Napoiéon. — Seulement le bnste de Raphaël, par J.-L. Poutrelle, petit io-
fol. — De même, mauvaise eau-forte, par DIC, 1696, dans un ovale. Yoy. ce mo-
nogramme dans Bruiliot, tome 1, n« 1182.
iO. Seulement la tète vue presque de face. — Avec une barbe courte et
le visage très-plein. Les cheveux, s<^parés sur le front comme il les porta
toujours, tombant et coupés droit à la nuque.
Gravé par GiuUo Bonasone, avec cette inscription : BaphaelU Sanctii Vrbinatis,
pielorit eminentit^ ffflgiem Juliui Bonasoniut Bofionien, ah exemplari Mtampiam tttU
ewpreitU. Petit in- fui. Bartsch, t. XV, p. 171, n* 847. Les épreuves postérieures
portent l'adresse de Giambatista*de Bossi. — Copie un peu plus petite de format;
au-dessous, on lit : Haphael Sanrtitu Urbinoi^pictorel arehUeelortmtiienlii,^ a», œtal.
iuœ XJll //, el le distique de fiembo : Itle hie e«l, etc. Avec l'adresse : Peiri de
NobilUmi formis.
il. D'après un dessin de Carlo Marattl*, Paolo Naldini exécuta^ en
1674, un J3uste en marbre de Raphaël, lequel était dans la chapelle
sépulcrale de Raphaël, au Panthéon; mais il a été transporté, depuis
quelques années, dans la collection des bustes au Capitule.
Il existe une gravure de 1695, d'après ce buste, avec ces mots: Cariu MaraiU
ine. Bi de/., et le distique de Bembo sous l'ovale. — Krey, dans un ovale, in-8*.
— P. Bartolus del., Secundus Blanchi se, dans un rond. — Giov. Brunetti da
Ravenna, in Borna, in-b«.
iâ. Au musée Casali, à Rome, est une médaille qui fut frappée eu
l'honneur de Raphaël au commencen^ent du siècle dernier. Sur une des
faces est le buste de Raphaël, vu de profil, tourné à gauche, avec cette
inscription : Raphaël Sanctius Urbinas, et, sur le revers, la Diane
d'Éphèse entre deui cerfs accroupis, avec cette inscription : Timuit quv
sospite Vinci.
On trouve la gravure de cette médaille dans le Muséum Maszueheliianum , seu
numismaia rirorum doelrind prœttanimm^ etc. (Veneliis, 1761, tav. LU, fig. 1). Puis
dans le cinquième volume de Vasari, édition de Sienne, 1792, et dans l'ouvrage
de Fr. Rebberg, Raphaël d'Urbin CMunich, 1«24}.
13. Des portraits représentant Raphaël se trouvent encore dans les
ouvrages de Vasari et Sandrart, ainsi que sur le frontispice de l'ouvrage
intitulé : jBi&/e de Tiaphael, gravée par Chapron. Dans ce dernier portrait,
il a une barbe. Voy. aussi : Rudolph Weigel's Kunst-Catalogue, année
1836, p. 310, n» 2,764, où se trouvent mentionnés plusieurs autres portraits
du même genre.
Gravé par P. Woeriot, avec une barbe, sur un fond noir et entouré d'enca*
drements. Inscription : ^'icolao Bailwo lolaringo pinganl tola alii, referantq, eolorib.
ora. Natwrœ os Haphaelium alq. animum explicwU, Cwn privilegio régie, ad anno
m
i. Il parait que Cario Marattl fit ce dessin d'après un masque de plAtre dont on trootc
encore des épreuTcs trèSHisées en Italie. Mengs en avait envoyé un de œ genre à Dresde. On
toit que les yeux sont ouverts; en général ce masque a été retravaillé; il n'y a que la mous-
tache qui laisse supposer que l'empreinte a été prise sur Raphaël virant.
D'APRÈS DIFFÉRENTS PORTRAITS DE RAPHAËL. 559
Dam. 1559, in-8''. — Toarné à gauche, la tète couverte d'une barrette, de TËcole
d'Athènes, et ressemblant au portrait de l'édition de Vasari. inscription : RAF-
FAELLO da VRBINO. FIT. ARCH. Petit in-4». - Très-faible gravure de Malham,
1630, petit in-fol., de même que celle de Barois, petit in-i". — Raphaël est re-
présenté aussi avec une grande perruque dans une gravure de M. Pool, petit
in-fol.
Il existe, en outre, quelques anciennes gravures qui sont censées repro-
duire le portrait de Raphaël, mais qui n'offrent pas la moindre ressem-
blance avec le peintre d'Urbin. Nous ne les décrivons ici que pour ne
rien omettre de ce qui se rapporte à notre sujet.
a.) Jeune homme à barbe, les cheveux séparés, vu presque de face. Il
pose la main droite sur la poitrine. Un rideau dans le fond à droite.
Souscription : Raphaël d'Urbix.
Ipse Raphaël pinxit. W. JloUar fecit, 1651.
F. van d^n Wyngarde exe, petit in-fol. — Copie en contre-partie. C. Stens exe;
vraisemblablement par Gaywood, in-4''.
6.) Jeune faomme avec une légère moustache, tourné à droite. Il a sur
la tête une barrette à crevés , et il pose sa main gauche sur sa poitrine.
Pour fond, un paysage avec un pilastre à gauche. Souscription : Raphaël
dTrbin.
Pictorem hune tantum solus meruisse Apelles.
Pingere in tanto pictvs Apelle foret.
Titianus pinxit.
C'est une mauvaise eau-forte, dans le genre de Hollar.
c.) Portrait d'un jeune homme, tourné à gauche; ses amples cheveux
tombent sur les épaules, et il est coiffé dune barrette. Buste sans mains.
Gravé à l'eau-forte comme portrait de Raphaël lui-même, par W. Hollar, d'après
un dessin attribué à Léonard de Vinci et conservé dans la collection Arundel.
d,) Un homme debout devant une femme. Connu sous le nom de :
Raphaël avec sa maîtresse.
En clair-obscur, par Hugo da Carpi. Yoy. Bartsch, t. XII, p. 140, n**' 2 et 3.
e.) Aiitre, analogue : un homme avec une femme qui se regarde dans
une glace.
Voyez notre Catalogue, n® 03.
CATALOGUE
D'ESTAMPES ANCIENNES
GRAVEES
D'APRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL
MAIS NON CITEES DANS LES PRECEDENTS CATALOGUES DES TABLEAUX
ET DES DESSINS DU MAÎTRE.
SiU^ts du TiewL Testament.
1. Le Fremier Péché. — Adam, à gauche^ s*appuie contre un arbre et
tient deux pommes dans la main gauche. Eve, debout de l'autre côlé,
Tue presque de face, touche de la main gauche l'arbre autour duquel
s'est enroulé le serpent à tête humaine.
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, t. XV, n** 1. — Copies de NF. Baitsch, p. 3.
» Rare copie ancienne, signée RP. on AP.; la première lettre n'est pas recon-
naissable. H. 6" 4'"; 1. 4". — Jos. Strut, au pointillé. L'esquisse originale pour
la figure d'Adam est à l'Université d'Oxford.
2. Noé sort de l'arche avec sa famille , entouré de beaucoup d'animaux.
— C'est Yraîsemblablement une esquisse non employée pour les Loges du
Vatican.
Grav. par Giulto Bonasone, 1544. Bartsch, t. XY, p. 113, n* 4 — Joh. Bapl. da
CaTalleriis, in-fol. en larg.
3. La coupe de Joseph retrouvée dans le sac de Benjamin. — Douze
figures et trois ânes.
Giav. par Giulio Bonasone. Bartscb, t. XY, p. 113, n" 6. — Copie, par P. V. 0.
Bartsch, t. XY, p. 547. •— Le dessin de cette composition, qui se trouve au Louvre,
n'est pas de Raphaël, mais d'un de ses élèves.
11. 36
562 CATALOGUE D*ESTAHPES ANCIENNES
4. Même sujet, onze figures et sii ânes, dans ud paysage à montagnes.
Au centre, uï[ des frères de Joseph déchire ses vêtements, de désespoir.
Par uo élève de Marc-Antoine. Bartsch, t. XV, p. 11, n*" 7. — Composition sem-
blable , onze figures et six ânes. Un des frères se couvre le visage de ses' mains.
Sans marque. H. 6" 4'"; 1. 10" 2'". Tauriicus, p. 87, n" 28.
5. Judith, — Elle est à gauche et va mettre la tête d'Holopheme dans
un sac, qu'une servante lui présente à genoux. Derrière elle on voit le
corps d'Holopherne.
Orav. par Giulio Bonasone. Bartsch, t. XV, p. 114, d" 8.
6. David vainqueur de Goliath. — Il se penche pour soulever la tête de
Goliath posée sur une pierre carrée. Le corps du géant est étendu à terre.
Deui tentes dans le fond. H est douteux que cette estampe soit gravée
d'après un dessin de Raphaël.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 11.
7. La reine de Saba chez le roi Salomon. — Le roi est assis à gauche ;
la reine s'avance, avec sa suite qui apporte les présents, du côté droit. La
partie supérieure de la planche, à gauche, est restée inachevée.
Grande feuille. Bartsch, t. XIV, p. 13, n* 18. Selon Vasari, ce serait une gra-
vure de Marco da Ravenna. — Landon, n* 305.
Une peinture à fresque de cette composition se trouve dans la partie
cintrée d'une salle de la Chancellerie à Rome. A en juger par les pein-
tures qui ornent le plafond de cette même salle, l'exécution daterait du
milieu du seizième siècle. Le dessin original est dans la possession de
M. Bethmann HoUweg, à Bonn.
CompotitioBB Urées de l'Anelen Testament,
ATTRlBUéES PAR KRRSnR À RAPHAËL.
a.) La Création d'Adam. — Dieu le Père est devant Adam debout.
A l'eau-forte, par L. Duplessis-Bertaux. U. 7''; 1. ô". — Le même sujet, de plas
petit format, par un artiste français.
6.) Sept planches d'après des tapisseries que l'on conserve à Mantoae et
qui sont vraisemblablement d'après les cartons de Jules Romain : l^" Moïse
avec les magiciens devant Pharaon; 2® le Passage de la mer Rouge;
3» Moïse recevant les tables de la Loi ; 4» la Récolte de la manne ; S® le
Serpent d'airain ; 6* la Fête de la Pentecôte ; V six Génies avec une guir-
lande de fruits.
Tous ces sujets ont une bordure de feuillages et de gibier. Les planches
portent souvent les armes des ducs de Mantoue et le nom de Gulielmus
Dux Mantuae.
A Teau-forte, par G. Lepoer. Les trois premiôres planches, in-folio en larg..
les quatre dernières. in-4°é
GRAVÉES D'APnÈS DES DESSINS DE RAPHaEL. 565
c.) Quatre planches : Bxiphaélf p. — Af . C. sculp. (Mich. Corneille). Trois
sujets de l'histoire d'Abraham, et le Songe de Jacob. Voyez Heinecken, t. H,
p. 376 et Eubœus Tauriscus, p. 83. L'auteur de ces sujets s'est en partie
servi de différentes compositions de Raphaël.
d.) Lotk et ses filles.
Grav. par J. M. Preislcr, d*aprés un tableau qui appartenait à J. E. Gotzkowski,
et qui est actuellement au musée de Berlin. Ce tableau , faussement attribué à
fiaphaël, est un ouvrage de Fraos Floris. — Landon, n" 381.
e.) L'ange Raphaël conduisant le jeune Tobie.
Grav. par Aug. Garrache, 1581 , Raphaël d'Vrhin ino., in-fol. L'invention paratt
appartenir à Tun des Zuccheri.
ft^leto du IVonvean Veatament.
8. Le Massacre des Innocents. — Cinq soldats, huit mères et neuf enfants.
Le fond représente une ville avec un pont. Cette magnifique composition
est trop connue pour qu'une description en soit ici nécessaire.
Gravé par Marc-Antoine. Barisch, n" 20. — Répétition. Bartsch, n« 18. Nous la
croyons de George Pencz. Voyez notre ouvrage sur les Gravures anciennes, pour
servir de supplément au livre de Barlsch. Dans celte planche, il y a un petit sapin
à droite (fougère, chicot, sapin, felce, felceUa^ poinied iree). Deuxièmes épreuves,
légèrement retouchées, Ânt. Sal. exe. Troisièmes épreuves, in Homa^ pressa Malleo
de' Rotsi. Quatrièmes épreuves, chez Gio. Batt. de' fiossi. Cinquièmes épreuves,
planche tout usée , presso Carlo Losi, 1773- Carlo del Maino vendit cette planche
à Giuib Longhi, à Milan ; en 1820, elle fut acquise par le marchese L. Malaspina
de Sannazaro, à Pavie. — Copie, avec cette marque : Rome. ad. s. m. — Copies :
J. B. de Cavaleriis. — Mich. Lucchese, en contre-partie. — Jac. Binck. Bartsch,
t. VIII, p. 265, n" 11. — Copie médiocre, en contre-partie, sans lettres. H. 10" î'";
1. 15" 3"'. Deuxièmes épreuves. Monogramme : F. if . ArU, et Haphael Urb, inventor,
— Copie attribuée à Yiilamena; inscription et monogramme comme l'indique
BarUch. Seulement, au lieu de RAPHA.. il faut lire RAHA. H. 10" 5'"; 1. 15" T\
— P. Lelu sculp., 1792, à l'eau-forte. H. 10" 7"'; 1. 15" 9"'. — A l'eau-forte, en
contre-partie, par Piale, 1793. ~ Aurelio Colombo da Milano, avec^le mono-
gramme ACF. chez Àrlaria, à Vienne. H. 10" 5"'; 1. 15" 10'". — D'après le dessin
qui est dans la collection royale de Dresde, par £. Steinla. 1836, in-fol. en larg.
— £n clair-obscur, par Hugo da Carpi. Barlsch, t. XU, p. 35, n« 8. — Agostino
Veneziano, petite planche. H. 3" 8'"; 1. 5" 7'", Barlsch. t. XIV, n» 19. — Copie, de la
même grandeur, par Hier. Hopfer, dans la collection de Mannheim. — Etienne
de Laulne. H. 3" 9'"; 1. 5" 8"'. — Landou, n*» 415. — La femme agenouillée et
Tenfant seuls, gravés sur pierre par Nie. Strixner.
Des esquisses de cette composition se trouvent dans la collection Alber-
tiiie à Vienne. Une autre chez M. Johnson^ à Oxford^ de laquelle il y a un
fac-similé dans la Lawrence GaJlery, n^ 13. E. Wright^ dans Travelling
France, Italy, etc., cite un dessin du Massacre des Iimocents qui était au
palais Bonfigliuoli à Bologne ; ce dessin^ à la sanguine, passa avec d'au-
tres dessins dans la collection royale d'Angleterre ; mais ce n'est point un
original. — Pungileoni (p. 218) en cite un autre qui se trouvait chez le
564 CATALOGUE D*ESTAliPES>NCIENNES
marchese Porcinari à Naples. mais que nous n'avons point vu. — Le dessin
que possède la comtesse de Reich, à Dresde^ est un amaigaoîe de cette
composition avec celle qui représente le même sujet dans les tapisseries
de Raphaël.
9. Le Chnst chez Simon, — Cinq personnes sont assises à table ; Made-
leine verse des parfums sur les pieds du Sauveur et les essuie avec ses
cheveux. A gauche, le maître d'hôtel avec un jeune garçon portant un
plat.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 23. — Copie A, attribués à Dom.
Zenoni. -^ Copie B, par J. F. (Jacouio Francia). — GopieC, en contre-partie, dans
la manière de Corn. Gorl. — Copie D, en contre-partie, Gf>U. Syhùu Bute cceiobt»
— En clair-obscar, par Hugo da Carpi. — De même, par Andréa Andreani, 1609.
Bartscb, t. XII, n" 17. — De même, par Alessandro Ghandini. Bartsch , t. XII,
n* 18. — Landon, n" 387. — Le dessin original était dans le cabinet Crozat, si
l'on en croit le Catalogue de cette collection, n« 120.
10. La Cène, — Le Christ, assis au milieu, avec six apôtres de chaque
côté.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n» 25. >- Copie A, Job. Bapt. de Caval-
leriis ; deuxièmes épreuves, de 1582. — Copie B , de Nie. BeaU'izet. En contre-
partie. Bartscb, t. XY, p. 248, n* 18. — Marco da Ravenna. Bartscb, t. IIY, n* 26.
Copie par un anonyme, tn Bolog.^ 1572; deuxièmes épreuves, Dwiaii RateioUi
formù. H. 3" 1"'; 1. 15" 2'". - Mario Kartori, 1573. H. 3" 1"'; 1. 3" 9"'. — Sur
bois, par le même graveur qui a copié la Sainte Cécile, en contre-partie. H. 14" 4'";
l. 19" 10*". —A Paris, chez P. Drcvet, en contre-partie, avec l'adjonction de deux
vases et cette inscription : Pan DH fs( qu,i d» eœ/o, etc. In-fol. en larg. — A Paris,
chez J. Nolin, graveur, etc. Pour fond, une toile tendue et deux lampes. Une
cruche et une coupe sur le devant. H. 13"; 1. 16" 7"'. — Mazotexc, etc. Saint
Pierre, à gauche du Sauveur, n'a pas de couteau. H. 10" 9"'; 1. 14" 9'". — B^
faello Sanzio d'Urbino dipinte; Gio. Mauelli tnc., 1818, in-fol. en larg. Peut-être
d'après le tableau de Hougbton Hall, lequel est actuellement à l'Ermitage, à Saint-
Pétersbourg. — A l'Académie de Pérouse se trouve aussi un petit tableau de cette
composition ; il est peint dans la manière de Berto di Giovanni. — Landon, n*152.
— Le dessin original se trouve dans la collection royale d'Angleterre.
11. La Descente de croia». — Quatre apôtres^ montés sur deux échelles,
sont occupés à enlever le corps du Christ. La Vierge, évanouie, soutenue
par trois femmes.
Grav. par Marc-Antoine. Bartscb, t. XJY, n** 32. — Copie A, avec la souscription :
Mortuui e cruee detrahilur deicendere virtu y etc. Deuxièmes épreuves, avec : Ànt.
Sût. exe, — Copie B, avec deux petites maisons auprès de la montagne. — Copie C,
le bras droit du Christ est seulement au trait, sans ombres, et seulement deux
clous a terre. Deuxièmes épreuves , avec le bras terminé : Ronue , Ant. Lafrerij-
Troisièmes épreuves, Nie. van Aelit for, — Quatrièmes épreuves, m Roma^ pretso
HfaUeo de' Roui, etc., et en dernier lieu : preuo Carlo Loti, 1774. — En clair-ob-
scur, par Hugo da Carpi. Baru»ch, t. XII, p. 43, n" 2i. — Zani cite encore deux
gravures de Sebastiano a Regibus et de Stefano Laulne. — 11 indique aussi deux
faibles eaux-fortes, infol. et petit in-fol. — Lnndon, u"233. — D'après un dessin
du cabinet de Praun, gruv. par J. Th. Prestel.
GRAVÉES D'APRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL. 5G^
Don Gicciodi Lucca, à Naples, possédait, dit-on, un dessin à la plume et
lavé de cette composition, qui dilTère quelque peu de l'original. H. 13" 6"*;
l- 10" 3'". Voyez YEncyclapédie de Zani, t. VIII, seconde partie, p. 167.
Nous avons vu plusieurs petits tableaux qui répètent cette composition ;
l'aD^ par un Néerlandais du seizième siècle, se trouve dans la galerie Man-
frini, à Venise ; un autre, attribué à Andréa da Salemo, est au musée de
Naples.
12. Mater dolorosa, — La Vierge, debout au milieu, derrière le corps
du Christ, lève ses regards avec douleur vers le ciel. Le bras droit est
couvert d'une manche si collante, qu'on a souvent cru qu'il était nu,
quoique le bord du vêtement soit indiqué au poignet.
Attribué à Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n" 34. Cette gravure surpasse, sinon
en style magistral, du moins en délicatesse de burin, tout ce que nous connais-
sons de Marc-Antohie ; l'expression de douleur, dans la tôte de la Vierge . est
pleine de sentiment, ce qui nous fait supposer que cette estampe est d'un grand
artiste qui a aussi gravé la Philosophie (Bartsch, n* 381) et la Vierge assise sur
des nues (Bartsch, n" 47), dont le seul exemplaire est dans la collection de Dus-
seldorf. Le dessin original se trouve au Louvre. — La même composition, la Vierge
à droite, avec des manches à plis, gravée par Marc- Antoine. Bartsch, t. XIV,
n* 35. — Copie A, sans tablette et sans les deux petites figures de l'original. —
Copie B, sans la tablette et avec cette inscription : Ovos omneg, qui irantUig, etc.
— Copie C, par Jérôme W. (Wierx). — Copie D, pareille à la copie B, seule-
ment sans bord dans le bas. H. 10" 6'"; 1. 7" 6'". — Copie E, d'après la copie C,
en contre-partie. Bant Liefrinek exe. H. 8" 2'"; 1. 5" 9'". — Copie F , d'après
l'original : Lorenzo Pennis de paris, F. Marco Ant. di brandi exeudebat. H. 11" 9'";
incL 5" bord; J. 8" 6'". Très-rare (chez Durazzo). — Copie G, avec l'oreille du
Christ apparente. Dans le bas est écrit sur une pierre : Ovot omnei^ etc. — Copie
H, en contre-partie, sans tablette. H. 11" 5'"; 1. 8" 2"'. — Copie J, dans la ma-
nière de Marco da Ravenna , sans tablette et avec un autre paysage , la Vierge
plus jeune et sans manches ; l'oreille du Christ est tout à fait couverte de che-
veux ; dix soldais derrière, dont l'un à cheval. H. 11" 5"'; I. 8". — Copie K, sem-
blable à la précédente, la Vierge encore plus jeune, en contre-partie. H. 10" T";
1. 7" 9"'. — Copie L, comme l'avanl-dernière , mais la Vierge âgée. H. 11" 6'";
1. 8" 2'". — Copie M, d'après l'original, mais avec moins de fond. H. 9" 10"'; 1. 7";
rognée. — Landon, n» 227. — Giulio Bonasone. Le Christ couché sur une table.
Bartsch, t. XV, p. 126, n" 60 Landon, n« 388. — Le dessin de cette composi-
tion se trouve dans la collection royale d'Angleterre, à Windsor-Castle.
13. Le Christ pleuré par les apôtres et les saintes femmes. — Le Christ
mort repose sur les genoux de la Vierge évanouie et soutenue par deux
femmes. Les pieds du Sauveur se trouvent sur les genoux de la Madeleine,
qui se tord les mains. Un apôtre est debout contre le rocher à gauche^
derrière les femmes, et saint Jean, avec deux autres apôtres, à droite. Dans
le fond^ on voit le Calvaire avec les trois croix.
Gravé par Marc Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 37. — Copie A, en contre-partie.
— Copie B, de même, avec un peu d'herbe sur le terrain. — Copie , par Agostino
Veneziano. Bartsch, t. XIV, n* 38. ~ Encore une fois gravé par le même A. V.,
1516. BarUch, t. XIV, n<» 39. — Copie, en contre-partie. H. T 7"'i l. 6 ' l". -
S66 CATALOGUE D'ESTAMPES ANCIENNES
Copie. La tablette au-dessous du bras droit est blanche. Sans nimbes. — Copie
dans la manière de Marco da Ravenna, signé d'un R. H. 7" 10'"; 1. 6". ^ Copie,
en contre- partie, par Gasparo Osello Palarinus, NN. ËXC. (Nie. Nelli exe.) et
signée des lettres renversées 6. P. F. H. 8" 11"'; 1. 6" 11'". —Copie, la ubiette
sous le bras gauche est blanche, avec les nimbes. H. 8"; 1. 6" 3'". — Copie, le
groupe du centre seulement, par un graveur plus moderne, en contre-partie.
Quatre vers dans le bord : Chritie, etc., sans nimbes. — H. 8", 7'"; 1. 5" 1'". —
Gravure sur bois, copiée d'après l'estampe de Marc-Antoine, par Hugo da Carpi;
sur la tablette il y a VGO. H. 7" 11'" ; 1. 6" 3'". C'est par erreur que Zani a indi.
que l'épreuve qui se trouvait dans le cabinet Burati comme un clair-obscur.
Le dessin original i la plume, contenant 10 fig.. passa de la collection Denon
dans celle d'Oxford. Fac-similé dans la Lawrence Gallery, n<> 11. — Landon,
n* 397. — M- John Bamard, à Londres, possédait un dessin semblable, qui est
reproduit dans l'ouvrage de Rogers.
14. Le Christ pleuré au tombeau. — Joseph d*Arimathie soulève par-
dessous les bras le corps du Christ à terre. La Vierge, évanouie, soutenue
par de saintes femmes et par saint Jean. La Madeleine se penche sur les
pieds du Sauveur. Vu tombeau, semblable à une tour, dans le fond.
Gravé par Enea Yico, 1548. Bartsch, t. ÎV, p. 384, n« 8. —Copie, dans la
manière de Bonasone , en contre-partie. — L'esquisse originale de Raphaël se
trouve dans la collection du château de Gotha.
Compositions Ûm Monveaa Testament
FAUSSEMENT ATTRIBU^BS A RAPHAËL.
a.) L'Annonciation, — La Vierge, agenouillée devant un prie-Dieu, près
de son lit, paraît surprise de ce que lui annonce Tange arrivant par un
escalier de gauche. Dieu le Père, dans le haut, avec le Saint-Esprit qui
descend. Sur le devant, à droite, un rouet. Cette composition paraît être
de Jules Romain.
Gravé par Jac. Caraglio. Bartsch, t. ZY, p. 67, n* 3. — Landon, n* 417.
b.) L'Adoration des bergers. — Saint Joseph, soulevant le voile, montre
l'enfant Jésus endormi à quatre bergers, dont le quatrième est agenouillé
sur le devant. Pour fond, une étable avec une fenêtre, à travers laquelle
on voit le paysage.
Gravé par un élève de Marc-Antoine, signé R. Y. Quoique cette marque doive
se rapporter à Raphaël, toute la composition, et surtout la pose disgracieuse de
l'Enfant, prouve que c'est seulement l'ouvrage d'un de ses élèves. Bartsch, t. XY,
p. 14, n" 2. — Copie, à l'eau-forte, par un anonyme. Faible planche. — Copie, à
i'eau-forte, en contre-partie. — Landon , n« 293.
c.) The Birth of our Saviour. — R. pinx. A la manière noire, par B. Lens.
Soîd by John Boivles. Cette composition ne rappelle en rien la manière
de Raphaël, ni celle de son école,
d.) L Adoration des bergers. — Avec une gloire composée de plusieurs
petits anges.
GRAVÉES DÂPRËS DES DESSINS DE RAPHAËL. 567
Grav. par F. Poilly, chez H. Bonnart. Grand in*fol. en larg. A la première vue,
on reconnaît que ce n'est point un ouvrage de Raphaël.
e,) La Fuite en Egypte. — Saint Joseph, marchant du côté droit vers la
gauche, dirige l'âne et lui fait traverser un pont. La Vierge, assise sur
l'âne, tient l'enfant Jésus qui étend ses petits bras vers des dattes que lui
présentent deux anges en abaissant une palme. Cette composition, quoique
signée R Y, est seulement une imitation maladroite d'une gravure de Martin
Schœngauer. Bartsch, t. VI, p. 123, n» 7.
Grav. dans la manière de G. Bonasone. Bartsch, t. XV, p. 16, n* 4. — Au clair-
obscur, par un anonyme qui, selon Zani, pourrait être Nie. Boldrini. Bartsch,
t. III, p. 35, n" 9. ^ Landon, n* 231.
Une autre Fuite en Egypte, dans laquelle trois enfants sont couchés au
premier plan, attribuée à Raphaël et gravée par Leondini da S. Gemi-
niano, n'est pas plus que la précédente une composition du maître.
/.) La Samaritaine à la fontaine.
Grav. par de Hoy, petit In-fol. — Landon, n* 236.
Le tableau d'après lequel fut faite cette gravure se trouve au Belvédère,
à Vienne ; c'est un ouvrage de Ben. Garofalo.
Un dessin de cette composition, également attribué à Raphaël, se trouve
dans la collection d'Oiford.
g.) Le Repas miraculeux. — Grande composition, avec beaucoup de
figures, qui n'est pas de Raphaël et peut être tout au plus attribuée à un
de ses plus faibles élèves. Le dessin se trouve dans la collection du
Louvre.
Grav. par J. B. de Gavalleriis, Longherinus inc. Deux planches, grand format.
Adresse antérieure: Ant. Lafrerij; postérieure: J.ÀfU. de Paulit. — Nolin, à
Paris, grand in-fol. en larg. — Landon, n« 300.
h.) Le Christ dans la barque. — Composition de cinquante et une figures,
qui peut être d'un élève de Raphaël.
Grav. par un anonyme. Jean Audran exe. Grande feuille en larg. — De même,
à Parit, ehe% Herissani, etc. Raphaël pinx. H. 21"; 1. 27". — Landon, n» 303.
t.) Descente de croix. — Riche composition dans un ovale, mais qui n'a
nullement le cachet de l'école de Raphaël.
Planche à l'eau-forte. H. in. J. Sic. Vitcher exe. Monogramme dans Bmlliot,
1. 1, n* 1,344. -^ Ant. Fantuzzi a aussi gravé, en 1543, une Descente de Croix, avec
18 figures, comme étant de Raphaël. Le bon larron est porté en terre; le mauvais
est encore attaché à la croix. Selon toute apparence , c'est l'ouvrage d'un élève
de Raphaël.
k.) Le Christ, assis sur son tombeau. — Est soutenu par deux anges.
A ses côtés, la Vierge et saint Jean. Cette faible composition paratt être
d'un élève de Raphaël.
Gravé par le Maître au Dé, 1532, Bartsch, t. ^Y, p, 187^ n* 5. — Lapdoii,
p-340.
368 CATALOGUE D ESTAMPES ANCIENNES
/.) Le Christ mort. — Debout dans un sarcophage, est soutenu par la
Vierge et saint Jean. Nicoroède et Joseph d'Arimathie, tenant le marteau
et les tenailles, sont auprès. Mi-figures. Cette composition paraît être de
Giovanni Bellini.
Grav. par Agostioo Yeneziano. Bartsch, t. XIV, n* 36.
m.) La Mise au tombeau. — Joseph d'Arimathie soutient le corps du
Christ près de la grotte. En face, à gauche, quatre femmes dans raflliction,
deux à genoux et deux debout l'une à côté de l'autre. Le caractère du des^
sin, les cheveux, les draperies^ tout dans cette composition caractérise une
œuvre du Parmesan.
Grav. par Enea Yico, 1543. Bartsch, t. XV, p. 384, n* 7. •— Le dessin origioal
se trouvait dans la collection Arundel. Grav. par H. van der Borcht jan., 1645.
Ex coll. Arundelliana. Raph. Vrb. inn. Franc. Parmi, delin. Avec une dédicace au
baron Abraham de Neufville. En contre-partie. H. 10" 8'"; 1. 7" 6'*'. — J. Record,
from a drawing by Pamtêçianino after Raphaël tn the Arundel eolleeUon. En contre-
partie. Petit in-fol. — Nie. de Larmessin. En contre-partie. In-S*.
n.) Sujets de VHistoire des Apôtres. — 20 feuilles, commençant par l'As-
cension du Christ et se terminant par la Mort de la Vierge.
La première planche est signée GDW. Heinecke, t. Il, p. 343, croit que ce gra-
veur est un élève de Lambert Suavius. Voy. Brulliot, t. II, n" 981. Ces belles
compositions ne sont pas de Raphaël, mais d'un de ses meilleurs élèves ou imi-
tateurs. In-8« en largeur.
0.) SaiJit Pierre et saint Jean guérissant un paralytique.
Grav. par le môme GDW et d'après le même maître. In-fol. en larg.
SAtntofl FaatlUes et Madones.
15. Sainte Famille au Bassin. — La Vierge , assise au milieu d'une
chambre^ tient des deux mains l'enfant Jésus sur ses genoux. A gauche,
une vieille femme se penche sur un berceau et étend le bras vers l'Enfant.
Sainte Anne^ ouvrant les bras, est derrière la Vierge. A droite, un petit
ange debout près d'un bassin.
Gravé par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 63. — Copie A , selon toute appa- .
rence par Marco da Raveuna ; le bassiiva quelques traits d'ombres sur le rebord.
— Copie B, gravure froide. — Copie C, sans tablette ni marque. — Copie, en
contre-partie, avec quatre vers latins, qui commencent : Anna paremmagnœ, etc.
A. stait Romœ. 1567. — A l'eau-forte, en contrepartie, in-fol. avec le monogramme
DIC. Brulliot, 1. 1, n* 3,182. Heinecke b-^n"* 14.— A la manière noire, pet. in-fol.
— La Vierge et l'Enfant seuls, lilbogr. sur planche teintée, par N. Strixner, in-8*.
— Landon, n** 442. ~ Les peintres néerlandais se sont souvent servis de cette
composition pour leurs tableaux, comme, par exemple, avec quelques variantes,
le tableau qui est à Wilton-House, résidence du comte de Pembrocke. Voy. notre
Kuntlreige dureh England^ etc., p. 143.
16. Vierge à la longue cuisse. — La Vierge, assise à droite, à côté du
berceau, tient l'enfant Jésus sur ses genoux; le petit saint Jean est âge-
GRAVÉES D'APRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL. 569
nouille en face^ avec une banderole de parchemin à la main, et, derrière
lui, saint Joseph, les bras croisés sur son bâton. Un jeune homme sort
des bâtiments du fond.
Grav. par Marc-Antoine et Marc de Ravenne. Bartsch, t. XIY, n*« 57 et 58. —
Zani, t. YI, seconde partie, p. 36, cite une copie faite d'après la planche de
Marc de Ravenne. — Landon, n« 420.
17. La Vierge allaitant le petit Jésus. — Jusqu'aux genoux. La sainte
Vierge, de la main droite, presse son sein sur lequel l'Enfant met la
main en regardant le spectateur. Saint Joseph, debout à droite. Toutes
les figures ont des auréoles.
Grav. par Marc- Antoine. Bartsch, t. XIY, n" 60. — Marc de Ravenne, sans le
saint Joseph et sans les auréoles. Bartsch, n» 61. — Copie d'après Marc de Ra-
venne. par Jérôme Hopfer. Bartsch, t. YUI, p. 507, n* 7. — Copie d'après Marc-
Antoine, en contre-partie, avec la souscription : Ineipe, parre puer, ritu, etc. —
Copie, par Claudine Bouzonnet Stella. H. 2" 8"'; 1. 2".
18. la Vierge sur un siège aux griffes de lion. — La Vierge est assise
sur un siège dont les pieds se terminent en griffes de lion. C'est une
esquisse d'un élève de Raphaël.
Grav. par Marc-Anloine. Bartsch, t. XIY, n* 46. — Copie à l'eau-forte, par DC.
H. 6" 7'"; I. 4" 6'". Yoy. Brulliot, 1. 1, n» 1,182.
19. La Vierge as^se sur des nuages. — Elle tient Tenfant Jésus appuyé
contre elle à sa gauche. Quatre petits anges dans les nuages. C'est peut-
Atre une première esquisse pour la Madone de Fuligno.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIY, n* 47. — Copie A, en contre-partie ,
signée RAPH. YRBI. — Copie B , en contre-partie ; un château fort sur la mon-
tagne, dans le paysage. — Copie C, en contre-partie, dans un ovale. — Copie D ,
en contre-partie, signée d'un R. — Copie E, par Eoea Yico, 1542. Bartsch, t. XY,
p. 284, n* 6. — Landon, n« 230.
La collection de Dusseldorf possède , d'après la même composition ,
une estampe dans laquelle la tête de la Vierge et les enfants ont une
beauté et une finesse d'expression qui surpassent la gravure de Marc-
Antoine. On a cru pouvoir attribuer cette estampe à Raphaël lui-même.
Nous avons déjà remarqué que la Vierge des Douleurs (Bartsch, n®» 34 et
12 de notre catalogue) et la Philosophie (Bartsch, n« 381) présentent le
même caractère de supériorité dans l'exécution.
20. La Vierge couronnée par un ange. — La Vierge, vue jusqu'aux
genoux, tient des deux mains l'enfant Jésus sur ses genoux. Le petit saint
Jean, vu de profil à droite, présente des raisins à l'Enfant. Un ange plane
dans le haut, à gauche, en tenant une couronne de laurier au-dessus de
la tête de la Vierge.
Gravé par Agostino Yeneziano. Bartsch, t. XIY, n* 49. ^
21 . La Vierge couronnée par deux anges. — La Vierge, assise sur des
570 CATALOGUE D'ESTAMPES ANCIENNES
nuageg et portée par pluaieure petits anges, soutient de la main droite
l'enfant Jésus qui l'enlace dans ses bras. Deux anges, qui ?olent de chaque
côté dans le haut, tiennent une couronne royale au-dessua de la tête de
la Vierge.
Gravé par le Mattre au Dé. Bartsch, t. XY, p. 188, n* 8.
22. La Vierge avec l'enfant Jésus bénissant — Elle est assise sur un
banc, vue de face et jusqu'aux genoux. Sa tête est un peu penchée à
droite, ses yeux sont baissés; elle tient des deux mains l'enfant Jésus^
assis sur ses genoux, lequel élève la main droite pour bénir. La main
gauche est posée sur son genou droit. Le caractère des têtes rappelle la
manière de Francesco Francia, que le graveur a peut-être transformé en
Raphaël.
Gravé par un élève de Harc-Antoioe. Bartsch, t. XY, p. 19, n* 10.
23. La Vierge avec l'Oiseau, — Jusqu'aux genoux. La Vierge soutient
atec son bras droit l'enfant Jésus, lequel semble elTrayé par un oiseau
qui vient se percher sur l'épaule de sa mère. Cette composition paraît
être de Jules Romain.
Gravé par Giulio Bonasone. BarUch, t. lY, p. 135, n« 56.
24. Sainte Famille. — La Vierge soutient l'enfant Jésus assis à gauche
sur une table et tenant un livre ouvert. Saint Joseph à gauche. Cette
composition, selon toute apparence, est de Jules Romain.
Gravé par Chérubin Alberli. Bartscb, t. XYII, p. 61, n« 33.
25. La Vierge embrassant Venfant Jésus. — La Vierge, vue de profil, est
assise sur une chaise, et se penche à droite vers l'enfant Jésus debout
devant elle pour l'embrasser. Celui-ci pose sa main gauche sur sa tête.
C'est une étude d'après nature.
Grav. dans la manière de Caraglio. Bartsch, t. XY, p. 20, n« 11. — A l'ean-forte,
par P.-A. Robert, 1729, d'après un dessin attribué à Giulio Bonasone, petit in-4*.
— A l'eau-forte, en contre-partie , par Y. Denon, petit in-fol.
Le dessin original passa de la collection Lawrence dans celle d'Oxford.
26. La Vierge lisant dans un livre. — Vue de profil et tournée à droite,
elle est assise sur une chaise et tient de la main gauche un livre dans
lequel elle lit ; de la main droite, elle enlace le petit enfant Jésus, qui
regarde le spectateur. Dessinée par Raphaël d'après nature.
Grav. par Marco da Ravenna ou par un autre élèvo de Marc-Antoine. Bartsch,
t. XIY, p. 48. — Copie A, en contre-partie. —Copie B, à l'eau- forte, signée d'un R.
— A l'eau-forte, par Denon, petit in-4''. — Tauriscus (p. 179) cite encore cinq
autres copies, gravées du même côté que l'original, savoir : Raph. Urba. inven.
F. Bourlier exe. H. 8" 3'"; l. 5" 6"'. — Signé dans le haut avec un R. H. 7" T";
1. 3" 5'". .—'Signé R. Y. au-dessus de la tête de la Vierge. •— Grav. par Mandol^
^ ^n contre-partie par Bergeret* — Landon, n" 8^,
GRAVÉES D*APRËS DES DESSINS DE RAPHAËL. 571
Le dessin original se trouve dans la collection du duc de DeTonshire, i
Cbatsinrortb.
ATTRIBUÉES A RAPHAËL.
a.) Sainte Famille avec deux anges. — Large planche. La Vierge tient
sur ses genoux Tenfant Jésus, auquel le petit saint Jean, tenu par sainte
Elisabeth, et deux anges présentent des fruits. Dans le haut se trouve le
nom de Giov. Bapt. del Moro. Heinecken, p. 413, n^ 2. In-folio en largeur.
Cette composition semble être du Parmesan.
ô.) La Vierge assise sous un arbre» — Elle tient sur ses genoux l'enfant
Jésus, que le petit saint Jean veut embrasser. Sainte Elisabeth à droite^
debout, près du berceau.
Gravé dans la manière de Paolo Tarinati. H. 7" 9'"; 1. 10" 3"'. Voy. Heinecken,
p. 435, 2S a. ~ Copie par M. Corneille. — Cette composition paraît être d'un élève
de Raphaël.
c.) La Vierge accroupie. — Elle enlace dans ses bras le petit Jésus, qui,
debout à sa droite , étend la main gauche vers une grappe de raisin que
lui présente le petit saint Jean, debout à gauche. Cette composition, peu
gracieuse, est sans doute d'un élève de Raphaël.
Grav. par nn ancien maître italien. Faible planche. H. 6" 2'"; 1. 5".
d.) Sainte Famille. — Jusqu'aux genoux. La Vierge tient , devant elle,
assis sur un coussin, l'enfant Jésus, qui feuillette un livre. Saint Joseph
est debout derrière elle, à gauche.
Grav. par Sebastiano a Regibas. Très-dure. Petit in-fol. — Cos. Mogalli. In-fol.
— Yoy. Heinecken, p. 434, n* 44.
e.) La Vierge. — Tournée à gauche, tient sur ses genoux l'enfant Jésus^
qui étend ses deux bras et regarde le spectateur.
A la manière noire, par R. Houston. In-fol.
f.) La Vierge assise. — Tient l'enfant Jésus; derrière lui, est agenouillé
le petit saint Jean auprès de saint Joseph. Selon Tauriscus (p. 165, n** 29),
le tableau se trouverait en Espagne.
A la manière noire, par Sommer; Raphaël pinx. In-4o. H. 8" 11'".
g,) L'enfant Jésm endormi. — Derrière lui, trois têtes d'enfants.
Dessiné par Desnoyers, gravé au pointillé par Castel, 1808. In-4*.
h.) Même sujet. — Dans le haut, à gauche, apparaît une croix. D'après
l'enfant Jésus de la Vierge au Diadème, en contre-partie.
Grav. par Gius. Dala. Yenezia, 1834. Petite planche.
Sqjets de la ITIe de la Tlerf^e.
27. Les Maries sur V escalier. -—C'est ainsi que l'on nomme une estampe
qui représente sainte Marthe conduisant la Madeleine auprès de Jésus
572 CATALOGUE D*ESTAMPES ANCIENNES
dans le temple. ( Voy. la légende de sainte Marie -Madeleine. ) Jésus est
assis à droite, entouré de quatre apôtres, entre deux colonnes du temple^
auquel conduit un grand escalier. Le peuple se tient à gauche.
Grav. par Marc -Antoine. Bartsch, t. XlVf n* 45. — Copie A. presque semblable
à l'original. ~ Copie B, faible, mais reproduisant fidèlement l'original. ~ En
clair-obscur, signé M, vraisemblablement par George Hatheis, graveur sur bois»
à Augsbourg. Bartscb, t. XII, p. 37.
Deux dessins douteux de cette composition se trouvent dans les collec-
tions de Vienne et de Paris.
28. L'Assomption de la Vierge, — Onze apôtres entourent le tombeau
Tide de la Vierge; les uns regardent au fond de ce tombeau et les autrœ
élèvent leurs yeux vers le haut, où la Vierge est assise sur un croissant,
entourée de petits anges^ deux desquels tiennent des torches. Cette com-
position paraît être une première esquisse de Raphaël pour le tableau
qu'il destinait au couvent de Monte Luce , lorsqu'il passa un nouveau
marché avec les nonnes de ce couvent en 1516.
Grav. par le Mattre au Dé. Barlscb, t. XY, p. 188, n" 7. — Copie A, en contre-
partie; saint Jean est debout, à gauche. — Tauriscus (p. 192, n* 6) cite une
autre copie par P. A. Pazzi. — Landon, n* iSTl,
29. Le Couronnement de la Vierge, — La Vierge, assise sur des nuages,
est couronnée par le Christ, assis à sa droite. Au-dessus d'eux, entre
quatre anges, Dieu le Père dans l'attitude de la bénédiction, et au-dessus
de lui le Saint-Esprit. Quatre anges , deux de chaque côté , sont en ado-
ration auprès de la Vierge et du Christ. Cette composition semble être
une première esquisse pour la partie supérieure du tableau d'autel de
Monte Luce.
Gravé par le Maître au Dé, 1532. Bartsch, t. XV, p. 190, n* 10. — Copie A, en
contre-partie, dans la manière d'Ant. Wierx. — Copie B, àTeau-forte, avec le
monogramme SR enlacés, et à gauche, Rafaël Urbanut m. A droite, P. Bowrlier
exe. (Mm pri* Régit C, à Paris.
30. La Vierge et trois saints. — Au-dessus de la Vierge , entourée de
rayons, plane le Saint-Esprit; et dans le haut, de chaque côté , on voit
un ange en adoration. Marie-Madeleine lui baise les pieds. A gauche^
sainte Catherine, et à droite saint François, à genoux.
Grav. par un élève de Marc-Antoine. Bartsch, t. XV, p. 22, n« 13.
31 . Le Mariage mystique de sainte Catherine, — La Vierge, assise sur
un siège élevé , et tournée à gauche , tient l'enfant Jésus sur son genou
droit. Sainte Catherine, vue de profil, agenouillée à gauche, présente sa
main droite, et l'enfant Jésus lui met une bague au doigt. Sainte Barbe
est debout, à droite, la tête entourée d'une espèce de turban. Le fond est
un motif d'architecture à deux arcades au travers desquelles on voit un
paysage montagneux.
GRAVÉES D*APRËS DES DESSINS DE RAPHAËL. 573
Cette belle composition nous a été conservée dans ane ancienne gravure sur
bois par un maitre inconnu. H. 9" 9'"; 1. 7". Heinecken, p. 459, n» 32. — Copie
par Abr. Bioteling. Petit in-fol. — Il en existerait aussi une petite planche en
contre -partie , par un élève de Marc- Antoine, mais nous ne l'avons jamais
rencontrée.
Ud petit tableau de la grandeur de la gravure sur bois^ attribué à Benv.
Garofalo, se trouvait en 1835, chez le comte Bailli de Tatischeff^ ambas-
sadeur russe à Viemie.
A Raphaël sont encore attribuées les compositions suivantes :
«.) LaFrésmtation de la Vierge au temple. — Marie monte les degré*
du temple, au-dessus desquels l'attend le grand prêtre. Sur le devant, à
droite des marches, est assis un vieillard estropié.
Grav. par Gio. Ant. da Brescia, signé R. VR.. quoique rien ne permette d'attri-
buer celte composition a Raphaël. Bartsch, t. XIII, p. 319, n* 4.
6.) Le Mariage de la Vierge. — Le prêtre, debout sous le vestibule du
temple de Jérusalem, unit les mains des deux époux. Us sont entourés
d'hommes et de femmes; dans le haut plane le Saint-Esprit, et Ton voit,
dans le fond, le chandelier à sept branches. Sur les marches du temple,
au premier plan, à droite, est couché un homme à moitié nu, demandant
l'aumône à un jeune couple qui monte les degrés.
Gravé par Giulio Sannuti. Bartsch. t. XV, p. 499, n» 1. Quoique cette estampe
soit signée d'un R, tout dans la composition et le dessin caractérise un ouvrage
de Jules Romain. — Landon, n» 402.
c.) La Vierge avec trois archanges. — Elle est assise sur des nuages.
Dans le bas sont les trois archanges, saint Michel au milieu avec Satan
vaincu sous ses pieds. A gauche, l'ange de l'Annonciation, Gabriel, et, à
droite, Raphaël, l'ange protecteur.
Le dessin original de Jules Romain est dans la possession de M. Gat-
teaux, à Paris.
Grav. par Diana Ghisi. Bartsch, t. XV, p. 446, n» 31. Celte planche, signée
H. V. l. à droite, a été attribuée à Raphaël dans l'ouvrage de M. Qualremère de
Quincy. — Landon , n* 431.
32. L'Archange saint Michel. — Il pose le pied droit sur la gorge de
SaUn, qu'il menace de sa lance en saisissant son épée de la main gauche.
Des rochers au fond. Cette composition n'a pas cette simplicité de con-
ception que nous admirons dans les œuvres de Raphaël. Nous croyons
donc pouvoir l'attribuer à un de ses bons élèves.
Grav. par Agostino Veneziano et Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIV. n- 105
574 CATALOGUE D*ESTAMPES ANCIENNES
et 106* — Copie faible par ud anonyme. — Landon, n* 392. — Imi talion : Tange
a ane couronne de lauriers. Gravé dans la manière de Jean Duvet. Bartsch,
t. XIV, n* 107.
33. Saint Jérôme. — II est à genoux , tourné à gauche , appuyant son
front sur sa main droite, et il touche de la gauche une tête de mort auprès
de laquelle est un crucifix attaché à un arbre. A gauche^ on voit le lion.
Pour fond, un paysage inculte avec une ville en ruine.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 101. — Copie à l'aqaatinta, par
Strutt. — Cette composition est peut-être la même que celle du petit tabieaa à
l'huile que l'Anonyme de Morelli (p. 24) dit avoir vue, en 1537, chez le D"* Marco
Benavides, de Mantoue, à Pavie.
Il existe encore deux autres compositions représentant saÎDt Jérôme,
attribuées à Raphaël : Tune gravée par Marc-Antoine et Augustin de
Venise (Bartsch, n^' 102 et 103); nous Tavons déjà citée comme étant
l'ouvrage d'un maître vénitien ; l'autre, avec le saint mort, couché devant
sa grotte, tandis que son âme est portée au ciel par des anges. Gravée
par Lucas Ciamberlanus, signée L. C, 1604. In-folio. Elle n'a rien qui
puisse la faire attribuer à Raphaël ; nous signalerons même à l'attention
des connaisseurs le caractère du petit ange, qui accuse vraisemblablement
une œuvre de Girolamo Mutiano. — Landon, n^ 391.
Nous devons encore citer ici une gravure au clair-obscur, signée YHS,
dans laquelle on s'est servi de la figure du Diogène de l'Ecole d'Athènes,
pour en faire un saint Jérôme. Bartsch, t. XII, p. 82, la? 32.
34. Saint George. — Lancé au galop, il élève sa lance pour frapper le
dragon étendu aux pieds de son cheval. A gauche, la princesse s'enfuit.
Une ville, avec un château fort, au fond. Cette composition paraît être
une première esquisse pour le tableau peint par Raphaël pour le roi
d'Angleterre.
Grav. dans la première manière de Marc-Antoine, mais non pas par lui-même.
Barlsch, t. XY, p. 24, n« 3.
Il existe encore un fac-siraile gravé par Ruchmaun d'après un dessin du
même sujet faussement attribué à Raphaël. Saint George galope ici vers
le côté droit et perce le dragon de sa lance. La princesse est agenouillée
en prière à droite.
35. Les Quatre Saints. — C'est ainsi que Bartsch désigne cette estampe,
dans laquelle une sainte femme s'entretient avec deux apôtres et un jeune
homme.
Grav. k l'eau-forte, d'après un dessin de Raphaël, par Rafaël Sciaminossi.
Signé : R. Y. L — R. S. B. INCU). Bartsch, t. X Yil, p. 233, n* 94.
GRAVÉES D*APRÈS DES DESSINS DE RAPHAFX. 57S
11 y a, eD outre ^ de nombreux sujets religieux qui ont été souvent
attribués faussement à Raphaël. Nous nous bornerons à citer les suivants.
a.) Saint Jean dans le désert, — Il est assis sur un rocher^ d'où sort une
source à gauche. Il tient une écaille de la main droite et de la gauche
on bâton, à Textrémité duquel est attachée une croix avec une banderole
portant l'inscription : Parate viam Domini. On s'est servi, pour cette
com|K>sition, du Saint Jean dans la Tribune de Florence.
Grav. dans la manière de GiuUo Bonasone. Bartsch, t. XV, p. 27, n« 5.
6.) Les apôtres saint Pierre et saint Paul. — Deux planches avec des
figures isolées, dans le style de Michel-Ange. Faussement attribué à
Raphaël.
J. B. de Gavalleriis incid., 1571. Grand in-fol.
Les mêmes apôtres, d'après un dessin du comte de Caylus, semblent
être de l'invention d'un élève de Raphaël. Landon, n^'^OO.
c.) Saùit Louis armé. •— Il est debout, tourné à gauche et tenant une
lance dans la main droite. A côté de lui, ua bouclier ovale, orné d'une
croix et de quatre lis.
Grav. par Michel Lasne, signé : R. Vrb. pinx. Jf. L'aine fe. atmprw. R. C. —
'Malbouré, ex. in aula Àlbreliaca pr. S. Uilarium. In-fol. — Le même Michel Lasne
a encore une fois gravé ce sujet, mais en contre-partie, et avec cette variante que
le saint s'appuie de la main droite sur son bouclier. Petit in-fol.
Nous avons vu, dans la collection Neeld, à Londres, un petit tableau
représentant un Saint George tout à fait semblable à ce Saint Louis, et,
selon toute apparence, peint par le Giorgion. Le saint, dans le tableau,
lient un étendard dans la main; le dragon est à ses pieds. La tête n'est
que légèrement indiquée; mais l'armure, au contraire, est exécutée avec
grand soin d'après nature.
d.) Sainte Barbe. — Mi-figure, vue de profil ^ tournée à droite. Elle
tient dans sa main une petite tour.
Vraisemblablement gravé d'après un tableau vénitien, par J. da Bois. Petit in-
fol. — W. Vaillant, à la manière noire , in-8*. — G. Valk eic. En contre-partie.
Grand in-4'>. — Lan don, n" 396.
e.) Le Mariage mystique de sainte Catherine. — Mi-figures, avec saint
Jean-Baptiste derrière sainte Catherine, et saint Joseph en face, à droite.
Grav. par Cornélius Bloemaert.
Cette composition ne rappelle pas, le moins du monde, la manière et
le génie de Raphaël.
f.) Un petit ange. — Portant la croix, debout sur des nuages, avec cette
inscription : Foetus est pro nobis obediens usq. ad mortem, autcm crucis*
PMI. 2. Raphaël Sanctius pinxit. N« 1.
Grav. par Luca Giamberlano. Bartsch, t. XX, p. SS, n* 30.
576 ^CATALOGUE D'ESTAMPES ANCIENNES
Cette petite planche fait partie d'une suite de cinq petits anges avec
les instruments de la Passion. La planche n*» Y est^ comme nous TaTons
déjà indiqué^ empruntée du petit génie agenouillé dans la fresque des
Sibylles, à S. Maria délia Pace. Mais nous ne savons pas de quelle com-
position de Raphaël a pu être tiré le petit ange de la planche que nous
décrivons ici. Nous doutons que cet ange soit de lui.
Le capitaine William Baillie a gravé un ange volant, attribué aussi à
Raphaël. Cette planche est imprimée en rouge. Tauriscus^ p. 144, n<> 37.
Sibylles.
36. Les deiix Sibylles avec k Zodicu^ue. — Toutes deux sont debout;
celle de droite tient un livre et regarde vers le- ciel , tandis que l'autre
écrit sur un livre ouvert et posé sur ses genoux.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. IIV, n* 397. — Copie A, en contre-partie,
faible planche. — Copie B, en contre-partie. Honogra^mme HAT. Brnlliol, n* 487.
Plus faible encore. — Copie. Monogramme HA. BraUiot, n*> 594. — Gravé par
Giulio Bonasone dans les Bmblemala de Bocchius, en contre-partie, avec un vieil-
lard et l'inscription: Virtuti merilo iedes qvMdrata dictUur, Bartsch, t. XY, p. 166,
n« 304. — Landon, n« 160,
37. La Sibylle de Cumes. — Le sable qu'elle porte est changé par le
soleil en grains d'or. Elle est vue de profil et marche vers le côté droit.
Un chien la suit. Cette tigure est aussi considérée comme une allégorie de
l'Instabilité.
Grav. par Agostino Veneziano, 1516. Bartsch, t. XIV, n* l'23. — Copie, en contre-
partie, signée D. S. ~ Landon, n<^ 394.
38. La Sibylle avec le llambeau. — Une jeune femme^ assise dans une
chambre, lit dans un livre qu'elle tient de la main droite. Devant elle» un
enfant l éclaire avec une torche. Belle étude d'après nature par Raphaël.
Grav. par un élève de Marc-Antoine. Bartsch, t. XV, p. 37, n* 6. Cette estampe
est signée BB dans le haut, à droite, mais elle est erronément attribuée à B. Beham
par Huber et Rost (t. I , p. 165). Bartscli , t. XV, p. 548, cite une autre estampe
du maître ci-dessus. Une troisième est citée par BruUiot (t. II, n" 221). — Eu
contre-partie, faible planche. Bartsch, t. XV, p. 28, W"! . —En clair-obscur, par
Hugo da Carpi. Bartsch , t. XII, p. 89, n^ 6. — Copie, a\ec trois lignes autour de
la torche. — Copie, en contre-partie, avec l'R à droite. — Copie, en contre-partie,
avec l'ft à gauche. Il existe aussi des épreuves où la lettre R ne se trouve pas.
H. 9" 6'" ; 1. 7" 3'". — Landon, n« 455.
SiU^ts Btjtholoirlqnes.
39. Neptune apaisant la tempête. — Éole a excité cette tempête contre
la flotte d'Énée. Planche nommée aussi le : Quos ego. Neuf écussons avec
des sujets tirés de VÉnêide de Virgile. Cette magnifique estampe est trop
connue pour qu'une description détaillée soit nécessaire.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n" 352. — Landon, n*" 237.
! GRAVEES D'APRES DES DESSINS DE RAPHAËL. 577
i H. Reveley {Notices ilhtstrative, etc., écrites en 1787,) dit que le dessin
' original se trouve dans la collection de lord Hampton. Cet écrivain avait
! trop peu de connaissances eu matière d'art pour que Ton puisse se fier à
ses indications. Nous n'avons rien pu découvrir relativement à l'existence
de ce dessin en Angleterre.
Les parties suivantes de cette composition furent gravées isolément :
Neptune maîtrisant la tempête, en contre-partie. Neptune tourné à
gauche.
Grav. par Gio. Ant. da Brescla. Signé 10. AN. B. H. 8" T"; 1. 5" 8'".
Du même, Jupiter assis dans le Zodiaque. Il envoie, à la prière de
Vénus, Mercure à Didon, avec Tordre d'empêcher les Troyens de quitter
Carthage.
Signé 10. AN. BX. H. 3" 9"'; 1. 12" 8"'.
Énée montre à Achate les peintures du temple de Junon.
Grav. par Giulio Bonasone, pour les Emblemata de Bocchius. Bartsch, t. XV,
p. 164, n- 273.
40. L'Amour et Véntis sur la mer. — L'Amour, assis sur son carquois^ '
se sert de son arc comme d'une rame. Vénus le suit debout sur une
conque et tenant un voile dans sa main gauche. A gauche, un jeune
homme livré à la douleur, assis contre un rocher; trois Amours voltigent
dans les airs. La figure de l'Amour est empruntée à la gravure que nous
décrivons ci-après, u° 41. Tout le reste annonce un élève de Raphaël^
qui s'est efforcé d'imiter un peu Michel- Ange dans le jeune homme assis
contre le rocher.
Grav. par Agostino Veneziano. Barlsch, t. XIV, n» 234. Dans le bas, huit vers
qui commencenl ainsi : Con loi destrezsa Amnr irappaua et arle, etc., et qui finis-
sent : Tifki el Jason ienza maestro Amore. — Copie, en contre-partie, avec les
mêmes vers. — Voy. le Catalogue de la collection du comte de Sternbcrg, par
Prenzel,n«» 2,866.
41. L'Amour fuyant sur la mer,
Grav. par Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIV, n** 219, avec cette souscription :
Sic fktga violenta monet. — Copie trés-lrompeuse, qui ne difTère que par la dispo-
sition de l'inscription. Voy. Bartsch, p. 180.
42. Vénus assise sur un dauphin j voguant sur la mer y ajccompa^née de
V Amour. — Celui-ci tient un flamheau des deui mains. Un papillon voie
dans le haut. Ce doit être l'ouvrage d'un élève de Raphaël.
Grav. par Agostino Veneziano. Bartsch, t. XIV, n" 239, ~ Landon, n*d80.
43. Vénus sortant du bain. — Elle essuie son pied humide. L'Amou
debout auprès d'elle, tient son arc de la main gauche et poee sa mnin
droite sur sa tête.
Grav. par Murc-Anluinc. Bartsch, t. XIV, n° 207. — Copie A. £lle semblo êtic
11. 57
.178 CATALOGUE D'ESTAMPES ANCIENNES
d0 Harc-AntoÎDe lui-même. — Copie B, en contre-partie. Trôs-belle. — Copie C,
par un des Wierx, 1563. AE. 14. — Copie D, en contre-partie, avec un fond de
paysage et la marque d'AIbrecht Diirer. — Copie E , faible petite plancbe, sans
marque. -> Copie par Albrecht Altdorfer, en contre-partie. Petite planche. Bartsch,
t. VIII, p. 53, n* 34. — Avec quelques changements, pour un sujet de Didon, par
Hans Sehald Beham, 1520. Bartsch, t. VIU, p. 148, n* 80. — A l'eau-forte, belle
planche signée F. C. I. In'4" — Landon. n** 214. — La planche de cuivre, gravée
par Marc-Antoine y existe encore dans la collection du marchese Malaspina, à
Pavie. Voy. le Catalogue de cette collection, vol. IV, p. 339.
Un tableau à l'huile de cette composition^ avec des figures de grandeur
naturelle^ attribué à Raphaël, se trouve au musée de La Haye. N<> 249 K —
Un autre, sur toile, de 3' 7'* de haut sur 2' i" de large, est gravé dans l'ou-
irrage intitulé : Collection d'estampes d'après quelques tableaux de la galerie
de S. E, le comte A. Strogonoff, etc. (Saint-Pétersbourg, 1807.J
44. Vénus essuyant ses pieds mouillés. ^ Elle est assise sur une grande
draperie; l'Amour, debout à droite, porle des linges sur son épaule. Une
chambre pour fond.
Grav. par Enea Vico, 1546. Bartsch, t. XV, p. 291, n« 19. — Copie, en contre*
partie. Faible et sans marque. — Copie par Albrecht Altdorfer. Petite planche.
Bartsch , t. VIII, p. 53, n» 33.
Une esquisse à la sanguine, pour la figure de l'Amour, est dans la
collection Teyler, à Haarlera; mais elle a été très-retravaillée.
45. Vénus debout dans U7ie niche, — Elle se penche vers l'Amour, debout
à gauche sur le socle.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch , t. XIV, n" 311. — Copie A , en contre-partie.
— Copie B, par Hier. Hopfer. Bartsch, t. VIII, p. 512, n" 24. — Copie C , J. Epis-
copus fec, in-8^ — Copie D, Gottfried Millier exe. — Landon, n» 183.
Le dessin original à la pierre noire est dans la collection de M. Grahl,
à Dresde. — Il existe plusieurs tableaux de cette composition par des
peintres de ré4;ole de Raphaël. 11 s'en trouve un dans la galerie de Flo-
rence ; un autre est dans la possession de M. Beck, à Dessau.
46. Vénus et Vulcain. — Elle est assise à gauche, auprès de Vulcain,
qui Tenlace avec un bras en plaçant une flèche dans le carquois de l'Amour,
qui, debout devant elle, essaie son arc en le tendant. A gauche, deux petits
Amours tiennent un plat avec des fruits ; à droite, un autre Amour portant
une coupe de vin, et un quatrième Amour, assis, jouant avec son arc.
Dans le fond, on voit trois petits Amours qui forgent des dards. On croit
que Raphaël dessina, pour son compatriote Gio. Battiferri, cette belle
composition, qui devait être exécutée à fresque sur la façade de sa maison
dans le bourg du Vatican, à Rome, par Vincenzo da San Gemiuiano.
Grav. par Agoslino Veneziano, 1530. Bartsch, t. XIV, n** 349.
1 . Ce tableau c^t porté ai;yourd'hui, daus le catalogue du musée de La Uaye, comme copie,
u* 253. Voir W. fiurger, Mutéet de la Hollande, p. 310. [Note de l'éditeur.)
GRAVEES D'APRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL. 57^
Un beau dessin, qui cependant n'est qu'une copie, se trouve dans la
collection royale d'Angleterre. — Un petit tableau, du côté opposé, attri-
bué à Jules Romain, était dans la possession de Jabach de Cologne (Voyez
Cabinet des singularités, etc., par Florent Lecomte, t. II, p. 55), qui le
céda, avec d'autres tableaux, à Louis XIV. Dans le Catalogue du Louvre
de i820^ il est inscrit sous le n"" 974.
Grav. jpar E. Horace pour le Mutée Napoléon.
47. Vénus debout sur des nuages, auprès de TAmour qui lui saisit le
bras gauche.
Cray, par Giulio Bonasone , vraisemblablement d'après un dessin de Raphaël.
Bartsch, t. XV, p. 149, n» 145.
48. Vénus et les Amours, — Elle vient du côté gauche; les Amours jouent
avec un lapin, cueillent des fruits ou bien essayent leurs armes. Raphaël
a fait cette charmante composition d'après le sujet que Philostrate a décrit
dans son livre des Images, sous le titre des Amours. Exécuté à fresque
dans le vestibule de la villa Madama, et, selon toute apparence, par Gio-
vanni da Udine.
En clair-obscur, sur quaUre planches, dans un ovale, par Hugo da Carpi. Bartsch,
t. XII, p. 107, n» 3.
Une première esquisse pour les Amours sans la Vénus, dessin à la
plume et lavé à la sépia, se trouve dans la collection de Dûsseldorf.
49. Bacchus à la vendange. — Il est assis sur une tonne et tient une
coupe dans la main gauche. Devant lui, un homme nu jette un panier plein
de raisins dans une cuve. A gauche, une jeune femme, marchant derrière
deux enfants, porte un panier de raisins.
Grav. par Marc*Ântoine. Bartsch, t. XIY, n" 306. — Copie B, p. 332. — Variante
de cette composition, avec adjonction, à gauche, du pape bénissant; petite figure
par J. Hopfer. Bartsch, t. Vlll, p. 512, n« 27.
Un dessin de la composition de Raphaël, exécuté au bistre, se trouvait,
en 1776, dans la succession de Neymann, à Amsterdam.
50. Lycaon, au moment de tuer Jupiter, son hôte, est métamorphosé en
loup. — A droite, le dieu est couché dans un lit ; à gauche, Lycaon s'ap-
proche, une hache à la main ; sa tête est déjà celle d'un loup.
Grav. par Agostino Veneziano, 1523. Deuxièmes épreuves, 1524. Bartsch, t. XIV,
n« 244.
M. Hercule étmffant Anthée. — Le premier, vu de face, enlace dans
ses deux bras Anthée, qui se tord de douleur. Un temple en ruine , au
fond.
Grav. par Marc-Antoine et Augustin de Venise. Barlsch, t. XIV, n*** 346 et 347. —
Copie d'après Marc-Antoine, par Gaspar ab Avibus Patavinus , signée G. A. P. F.
-^ £n clair-obscur, par Hugo da Carpi. Bartsch, t. XII, p. 117, n** 14. — Landon,
n*446.
580 CATALOGUE D'ESTAMPES AiNCIENNES
L'étude d'après nature pour les deux ligures se trouve dans la collec-
tion royale d'Angleterre, à Windsor-Casile.
52. Même sujet, avec la figure de la Terre pleurant son (ils. Cette der-
nière, sous les traits d'une vieille femme, est assise à droite. Cette compo-
sition semble être d'un élève de Raphaël.
Grav. par Agostino Veneziano, 1533. Bartsch, t. XIV, n" 316. — Landon, n*d73.
53. Uei'cule étouffe le lion de Némee. — Il est vu de face ; le Ho», vu de
dos, saisit avec ses griiïes la cuisse et le genou de son adversaire. Pour
fond, un paysage avec trois arbres auprès d'un fleuve.
En clair-obscar, par un anonyme. Bartsch, t. ÎIl, p. 118, d** 16.
11 existe encore deux autres compositions du même sujets faussement
attribuées à Raphaël, car elles sont de Jules Romain^ qui les a exécutées
dans le palais del Te, près de Mantoue. Celle où l'on voit Hercule enlaçant
des deux bras le cou d\i lion, qui pose ses pattes de derrière sur le genou
droit de son ennemi^ se trouve au nombre des six Travaux d'Hercule, peints
en camaïeu dans ce palais.
Gravé par Agoslino Yencziano, 1528. Bartsch, t. ÎIV, n« 287. — Copie, en
contre-partie, par P. B.
La même composition, seulement Hercule tourné à gauche et avec uu
autre paysage, dans lequel on voit un second lion.
En clair-obscur, par Jos. Nie. Vicenlino. Ëpruuves postérieures?, par Andréa
Andreani. Bartsch, t. XII, p. 119, n" 17. — Grande feuille par un anonyme.
Bartsch, t. XII, p. 120, n» 18.
Même sujet. Composition dilTérente. Hercule, vu de profil, tourné à
droite, enlace le cou du lion, appuie le genou gauche à terre et le genou
droit sur le ventre de Tanimal, qui a posé une patte de devant et une de
derrière sur la cuisse droite de son antagoniste. L'n rocher au fond.
F*eint à fresque au palais del Te, sala dei Cavaili, au-dessus de la
porte.
En clair-obscur, dans la manière Je Hugo da Carpi. Bartsch, t. XII, p. 117,
n-15.
54. Le Jugement de Paris. — Paris, assis à gauche, présente la pomme
d'or à Vénus; Junon, irritée, le menace; Pallas, honteuse, reprend ses
vêtements. Deux figures allégoriques de fleuves et une naïade sont assis à
droite ; derrière Paris, à gauche, trois nymphes. Au-dessus de Vénus, plane
un génie, une couronne à la main. Le dieu du Soleil et les dioscures tra-
versent roiympe, du haut duquel regardent Jupiter, Diane et Cérès. Com-
position d'une extrême beauté.
Grav. par Marc-Antoine et Marc de Kaxounc. Bartsch, t. XiV, n** 245 et 240.
Le Cabinet des Estampes de Paris possède luio première épreuve de
lestanipe de Maic-Anloitie. Dans lello épreuve, la planche a été légère-
ORAVÉKS D'APRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL. 581
ment et horizontalement passée à la pierre ponce; sur rc fond lempéré,
ont ensuite été enlevées les lumières du premier plan, ce qui donne à
Tensemble de la gravure un aspect de clair-obscur.
Copie un peu plus grande que l'original, à Teau-Forte, par Etienne du
Pérac, signée S. D. P. I. Monogramme, Brulliot, t. I, n° 1611.
Ancienne gravure sur bois, italienne, très-habilement exéculée, par un
anonyme. Deux planches. H. J6"; I. 26". Ces deux planches tiennent à
deux autres planches, du même auteur, qui représentent l'Enlèvement
d'Hélène, faisant suite au Jugement de Paris. Les deux sujets sont séparés
par un arbre desséché. — Landon, n* 188. — Quelques parties détachées
de celte composition : Vénus, l'Amour et Pallas.
Grav. par un élève de Marc-Antoine. Bartsch, t. XIY, n<* 310.
La naïade, du côté opposé, assise, tournée à gauche, tenant de la main
droite un vase placé auprès d elle.
Grav. dans la manière de Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIY, n** 357.
Le fleuve y couché au premier plan, tenant une rame de la main
gauche.
Grav. dans la manière d'Agostino Yeneziano. Bartsch, t. XIY, n» 214.
La figure de Minerve, avec l'Amour, qui, dans l'original, est placée près
de Vénus. Le terrain est remplacé par un plancher. Médiocre gravure,
ancienne, sans marque, du côté opposé. H. 6" 10"*; 1. 3" 7'".
Le dessin gravé dans l'ouvrage de Malaspina (t. IV, p. :Ui ) n'est point
original.
Un petit tableau de la grandeur de Testampe, qui, dans la galerie Cor-
sini à Rome, est attribué à Jules Romain, oiïre au fond un paysage néer-
landais.
55. Apollon fait écorcher Marsyas, — Apollon, assis sur un tertre et
tenant sa lyre, ordonne à un homme, qui aiguise un couteau, à genoux
devant lui, d'écorcher Marsyas, attaché contre un arbre à gauche. Une
Muse, à droite, derrière Apollon.
Grav. par le Maître au Dé. Bartsch, t. XY, p. 206, n" 31. — Copie dans laquelle
n'est pas indiqué le lointain derrière l'arbre. — Landon, n° 155.
56. Apollon, Minerve, les neuf Muses et encore cinq autres Hgures de
femmes, toutes debout dans des niches.
Seize feuilles isolées, grav. par Marc- Antoine. Bartsch, t. XIY, n»» 263-278, où
se trouve aussi l'indication de quatre estampes qui sont des copies.
Nous croyons que ces figures sont de l'invention de Marc-Antoine lui-
mêpfie.
57. Quatre figures de femmes debout dans des 7iiches, — Ce sont vrai-
semblablement des Muses.
Grav. par S. K. Monogramme^ Brulliot, 1. 1, n''2,77ô.
583 CATALOGUIS D'ESTAMPES ANCIENNES
Nous ne connaissons que les planches de format \n-%^, qui peuvent
passer pour des raretés.
58. Histoire de l'Amour et de Psyché, — 32 planches. Agostino Vene-
ziano en a gravé trois, et le Mattre au Dé toutes les autres. Ces composi-
tions sont empruntées au récit d'Apulée. Sur le bord inférieur, il y a
toujours huit vers italiens, pour l'explication du sujet. — Yasari, dans
la Vie de Marc-Antoine, t. VII, p. 165, en attribue l'invention à Michel
Cocxie; comme Vasari a perFonnellement connu cet artiste en 1532,
époque à laquelle le Mattre au Dé travaillait à Rome, ce témoignage a
beaucoup de poids. On remarque en effet plusieurs des sujets traitée
dans la manière néerlandaise; par exemple, le poêle, qui figure dans
la chambre de bain n^ 7, était alors tout à fait inconnu en Italie. On
y remarque aussi quelques indécences, que l'on n'a jamais pu reprocher
à Raphaël. Le dessin du nu est, en général, un peu lourd ; les bras da
femmes sont la plupart trop longs et trop forts, leur ventre d'une am-
pleur toute néerlandaise ; en somme, on n'y retrouve pas la grâce qui
appartient aux figures de Raphaël. On y cherche en vain aussi les autres
caractères des œuvres du maître, son sentiment si délicat de la beauté,
son étude scrupuleuse de la nature dans le nu, sa riche ordonnance des
draperies. Enfin, la composition affecte quelquefois une certaine maigreur.
Il nous parait donc de toute probabilité que Michel Cocxie a possédé sans
doute quelques rapides esquisses de Raphaël pour l'Histoire de Psyché,
et qu'il les aura employées en y ajoutant beaucoup du sien. Les graveurs
italiens, en les traduisant dans le style de Marc-Antoine, ont pu contribuer
aussi pour leur part à leur dter le cachet de l'école néerlandaise et à y
remettre celui de Raphaël. S'il existait quelques dessins originaux de ces
compositions, il serait facile de se prononcer sur leur véritable auteur,
mais on ne connaît pas la moindre esquisse qui ait pu servir à l'exécution
de ces trente-deux estampes. A la vérité, Bottari, dans une note ajoutée à
la Vie de Raphaël par Vasari, rapporte qu'en 1735 un peintre anglais,
nommé Carlo Jatris, avait acheté à Florence huit esquisses de ces compo-
sitions. Mais, en Angleterre, il ne nous a pas été possible, malgré toutes
nos recherches, d'y découvrir ces dessins, ni même de rien apprendre à
leur égard ; le nom même de Carlo Jatris y est tout à fait inconnu. On
peut supposer que Bottari aura voulu parler, sous le nom déguisé de
JatriSf d'un mauvais peintre, nommé Charles Jervas (f 4740), qui séjourna
longtemps en Italie, il est vrai, et qui devint plus tard la risée de Londres
par son orgueil et ses hâbleries. Au reste. Ton ne doit pas trop se fier à
un renseignement fourni par Bottari, qui s'est trop souvent laissé tromper.
Trois planches gravées par Agostino Yeneziano. Bartsch, t. XIV, n** 935>338. —
20 planches du Maître au Dé. Bartsch, t. XV, p. 211, n* 39-70.
11 existe vraisemblablement plus de copies de ces planches que Bartsch
GBAYÉES D'APRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL. 683
et Heinecken n'en ont indiqué, puisque l'examen attentif d'un grand
nombre d'épreuves y a fait reconnaître une multitude de yariantes ; toute-
fois , il faudrait avoir sous les yeux à la fois ces épreuves différentes ,
afin de les comparer entre elles^ pour pouvoir indiquer des copies non
encore signalées.
Copies par Jacques Androuet du Cerceau, architecte et graveur; en contre-
partie, 31 planches, dures et mal comprises, avec des vers italiens. — Avec des
vers français, par Léonard Gaultier, 41 planches et un titre ainsi conçu : L'amour
de Cupido et de Ptyché, mère de la volupté , prise det cinq et sixième litres de la Mita-
wwrphou de Lucien Apuletus^ exposée en vers fonçais. Leonar Galter fée. et excu.
In-] 2 en largeur. Les figures, Irôs-allongées , semblent empruntées aux vitraux
de Bernard Palissy. — Les copies, publiées en 1650 à Augsbourg, ont quatre
vers latins et quatre vers allemands sur une planche. C'est erronément que Murr
{Journal^ t. XIY, p 17) dit que ces estampes ont été tirées sur les planches origi-
nales avec un autre texte. — 31 feuilles, avec des vers allemands, publiées en
1575, par Franz Hogenbergh. — Seulement au trait, avec textes latin et français ,
par Dubois et Marchais. Roma, 1811. — Landon, n'^ 73 à 103.
Feuille isolée : Psyché reconnaît l'Amour^ à la lueur de la lampe.
Grav. par J. B. Brïihl.
L'Amour couché avec Psyché. A la manière noire.
Grav. par P. Schenk.
Le Rosso (maître Roux)^ de Florence, s'est servi de ces compositions
pour 45 dessins qui furent exécutés en 1545 en grisaille, sur vitraux, par
Bernard Paiissy,- pour Anne de Montmorency. Ils passèrent, à l'époque
de la Révolution française, du château d'Écouen au musée des Ifonu-
ments français à Paris, dont le directeur, Alexandre Lenoir, exposa seu-
lement 22 de ces vitraux ; mais il en fit graver au trait toute la suite pour
la Description de son musée, publiée en d803. — Ces vitraux furent resti-
tués en 1818 au duc de Bourbon, dernier prince de la maison de Gondé.
M. le duc d'Aumale, son héritier, les trouva au château de Chantilly, où
il flt construire une galerie pour leur exposition. Voyez, dans YEistoire
de la vie et des ouvrages de Raphaély par M. Quatremère de Quincy, l'ap-
pendice de M. le baron Desnoyers. (Seconde édition, 1853, p. «GQ.)
Lithographies très-faihles , publiées à Paris, en 1825, sous la direction de
M. Hipp. Castel Courval, avec le poëme des Amours de Psyché ^ par Lafontaioe.
33 planches pet. in fol.
Une tapisserie, longue de 106 aunes, i^eprésentant 26 sujets de cette
Histoire de Psyché, se trouvait, ainsi que le rapporte Félibien, dans le
garde-meubles du roi de France. Nous en avons vu deux pièces tendues,
à l'occasion d'une cérémonie solennelle sous le règne de Napoléon l^^, sur
le portail de l'église Notre-Dame de Paris.
59. Psyché reçoit de Vénus l'ordre d'aller chercher de l'eau dans la
grotte gardée par un dragon. — A droite, on voit encore Psyché, sur le
(laut du rocher, avec l'aigle de Jupiter, qui vient à sofi aide.
ri8i CATALOr.UE D'ESTAMPER ANCIENNES
Urav. par le Maître au Dé. Barisch, t. XV, p. 224. irTi. — Landon, n* HîïR.
i\oMi» gravure est traitée de môme que les trente-deux précédentes.
CO. Le satyre avec un enfant, — Assis contre un arbre, il porte un vase
dans la main droite et pose la main gauche sur Tépaule de Tenfaot.
Celui-ci tient une grappe de raisin et en met un grain dans la bouche du
satyre.
(«rav. par Marc-Antoine. Barfsch, t. XIY, n» 281. — Copie par Cornélius Met.
fil. Vn faune avec un enfant. — Le faune, assis sur une élévation de
terrain, près d'un arbre, tourné à droite, tient d'une main un petit rouleau
de papier et de l'autre une flûte, vers laquelle l'enfant, debout entre ses
jambes, étend les bras.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 296.
62. Europe enlevée par Jupiter sous la figure d'un taureau.
Grav. par Giulio Bonasone, 1546. — Rafaël. Vrbin. invenlar. Vraisemblablement
d'après une rapide esquisse que le graveur a très-librement traitée. Bartsch ,
t. XIV, p. 142, n« 109.
63. Le vietuc et le jeune bacchant. — Le premier, qui est ivre, enlace du
bras gauche le jeune homme, qui le conduit en le soutenant. Celui-ci
porte un bâton recourbé, garni de pampres. A gauche, deux masques sur
un piédestal. Ce beau groupe, s'il n'est pas antique, en a tout à fait le
caractère.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 294. — Copie A, en contre-partie.
— Copie B, de même, et signée AA. — Landon, n* 378.
Sujets mylholoi^l^aes
FAUSSEMENT ATTRIBUES A RAPHAËL.
a.) Vénus tient un flambeau de la main gauche, et deux Amours sont
près d'elle, dont l'un l'aide à soutenir le flambeau, tandis que l'autre, dont
elle touche la tête, tend son bras vers elle. Une niche pour fond. — Cette
composition est trop inférieure, sous le rapport de beauté dans les lignes,
pour qu'on puisse l'attribuer au maître lui-même, mais ce peut être l'ou-
vrage d'un de ses élèves.
Grav. par Marc-Antoine. Bartscb, n''251.
6.) Vèwus parée par les Gràres. — Elle est assise dans 'une chambre.
I/esquisse originale de celte composition, avec quelques autres dessins
sur la m^iTie feuille, de la main du Parmesan, se trouve dans la collection
de Florence.
Grav. par Giulio Bonasone. Bartsch, t. XV, p. 153, n** 167.
c.) Bacchus ivre. — Couché à terre sur une outre, tandis que de petits
génies lui donnent à boire; un autre génie pose un insecte sur ses parties
génitales. A droite, un Priape, en hermès, soulève un rideau. Cette com-
r.RAVÉES D*APRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL. r>8;)
position, qu'on a suraommée VOiinhie des malmliea vènmenne^, semble
être l'ouvrage d'un élève de Raphaël.
(irav. par le Maître au Dé. Bartsch, t. XY, p. 199, n* 23. — Landon, n'> 374.
Suite de quatre planches
d'aPBES les compositions d'DN BLBVE de RAPHAËL.
d.) Jupiter fait enlever Ganymède par un aigle. — Dans le bas, sont assis
Vénus, l'Amour et les trois Grâces. Mercure vole à gauche.
Gray. par le Maître au Dé. Au bas , deux vers qui commencent ainsi : Giove
vibrafido U folfforaïue strate, etc. Bartsch, t. XV, p. 201, n"* 25. — Copie, du même
coté que l'original. — Copie, en contre-partie. — Landon, n* 365.
e.) Junon et Vénus. — Sur un char dans les airs, l'Amour au milieu.
Dans le bas, sur un petit arbre, sont perchés une colombe, un paon et un
faucon. Cette scène passe pour une allégorie sur l'Amour et le Mariage.
Grav. par le Maître au Dé, avec des vers qui commencent : Luno miprende, e
l'aliro mi tien siretto, etc. Bartsch, t. XV, p. 202, n» 26.
f.) Apollon et Vénus. — Dans des chars. Le char de Vénus est attelé
d'un aigle, d'un paon, d'un cheval marin et de Cerbère. Dans le haut, à
gauche, Jupiter avec la foudre, et, à droite, un Amour voltigeant au-
dessus de Vénus.
Grav. par le Maître au Dé, avec des vers commençant ainsi : Venere è belia ed
è madré d'amore, etc. Bartsch, t. XV. p. 200, n* 24. — Copie trompeuse. Vénus tient
en main cinq rênes au lieu de deux.
g.) Le Phénix. — Paisiblement perché sur un arbre en feu, entouré
d'oiseaux et de quadrupèdes : une colombe auprès de deux faucons, à
gauche, un lièvre auprès de plusieurs chiens, un taureau auprès de plu-
sieurs ours ; à droite, un agneau auprès de plusieurs loups, et des cerfs
auprès d'une lionne.
Grav. par le Maître au Dé , avec des vers commençant par : Chi porta al nido
tuoj etc. Bartsch, t. XV, p. 227, n" 76 — Copie, en contre-partie ^ avec d'autres
vers qui commencent ainsi : Chi eon iue pêne fa ti bei lavorij etc. — Landon, n? 407.
k.) Une nymphe. — Conduite par un Amour voltigeant, s'approche d'un
jeune homme assis, à droite, sous un arbre entre des roseaux. Cette
composition paraît être d'un élève de Raphaël.
Gravé par un excellent imitateur de Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n<* 252.
i.) Léda. — • Assise sur une pierre. Elle enlace le cou du cygne avec le
hras gauche et s'appuie sur son bras droit. Cette composition, qui n'est
certainement pas de Raphaël, peut être de Jules Romain ou d'un autre
de SCS élèves.
Gravé par Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIV, n<* 283.
M. C. Metz, dans ses Imitations, etc., d'après un dessin de Benj. West,
580 CATALOGUE D*ËSTAMPËS ANCIENNES
et s. Mulioariy dans son Recueil d'estampes d'après les dessins de la collec-
tion de Florence, ont chacun publié une Léda, sous le nom de Raphaël.
Ces deux compositions sont à peine dignes de son école.
Jl) Phaéton. — Avec une torche à la main, tombe du char du Soleil.
Dans le bas, on voit la figure d'un fleuve avec une naïade. Les premières
épreuves sont accompagnées de huit vers italiens, qui commencent ainsi :
Toccai del sol la chiara et vaga fronte, etc. Ce dessin semble être de
Perino del Vaga.
Grav. par Agostino Yeneziano. — Bartsch, 1. XIV, n* 298.
/.) Sacrifice à Priape. — Des faunes, des satyres et des bacchantes font
un sacrifice devant un bermès de ce dieu. Feuille en largeur. Composition
de Jules Romain.
Gravé par le Mattre au Dé. Bartsch, t. XY, p. 203, n* 27. -» Copie en contre-
partie* SiléDe à droite.
m.) Grande Bacchanale. — Avec plus de 50 figures. Le cortège s'avance
vers un temple de Bacchus, au son de la musique, en dansant, etc. Cette
composition s'annonce, à première vue, comme étant de Jules Romain.
Grav. par Cornelias Bos, 1543. Grande feuille en larg. — Martino Rota, 1594.
Ces deux estampes sont publiées avec le nom de Raphaël. — Le Blond, à Paria,
avec : Juliut Romanus inventor, Romœ.
n.) La Flagellation de Psyc/ié. — Six figures et quatre enfants. Adroite,
une vieille saisit Psyché tombée à terre. Signé : R. Y. L
A l'eau-forte, par Nie. Franc. Maffei. In-fol. en larg.
La composition paraît être de Jules Romain.
o.J Apollon avec les quatre Saisons, — Le dessin original, exécuté dans
la manière de Jules Romain, fait partie de la collection de Stockholm.
Gravé, comme étant une composition de Raphaël, par Gibertus Yenius, 1589,
avec cette souscription : Quatttor anni lempora.
p.) L'Amour assis sur un dauphin, — Tient une coquille dans sa main
droite. Un bateau à gauche. Petite planche. H. 4" 3'"; 1. 6". Cette com-
position semble dessinée par un maître allemand dans la manière
italienne.
Copie à l'eau-forte, en contre-partie, sans le bateau.
g.) L'Amour assis, les ailes déployées. — Teoant une flèche.
Gravure à la manière noire, par A. Long, 1829, d'après un tableau conservé en
Angleterre, lequel n'est point de Raphaël.
Amours et enfanis Joaant.
64. Danse de d^ux Amours et de sept enfants. — Ils se tiennent les
mains et dansent en cercle. Les deux Amours au premier plan; celui de
gauche regarde son compagnon de droite, qui baisse les yeux,
GRAVÉES D'APRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL. »87
Grav. par Marc^ADloine. Bartsch, t. XIY, n* 217. — Copie A, dans la manière
de Marco da Ravenna. — Copie B, différente dans la forme des ailes. — Copie G,
avec DD fond blanc. — Copie D, en contre-partie. — Copie par Wierx, signée Ae.
11. 1565. — Copie de Pietro Stefanoni, signée P. S. F. Gontrepartie. — Copie,
signée d'un R, dans une tablette. — Copie à l'eau-forte, en contre-partie, signée
W. London, 20 Xbr. 1793. — Une belle gravure ancienne sur bois, in-fol. en lar-
geur, dans la collection Albertine, à Vienne. — Landon, n* 219.
Un très- beau petit tableau analogue à l'estampe, peint par un élève de
Raphaël^ se trouve dans la collection du comte Harras, à Vienne.
Cette composition a été utilisée dans une gravure de Heinrich Aldegraver, qui
y a ajouté six autres enfants. Bartsch. t. VIII, p. 483, n* 40. — David Hopfer.
Ici les enfants dansent devant la Vierge, assise à gauche. Bartsch, t. VllI, p. 483,
B* 40. ^ Blanchard , grande feuille à Teau-forte , avec l'adjonction de deux
Amours; celui de gauche jouant du claveciUi celui de droite de la cornemuse.
— Landon, n"* 309.
Une esquisse de cette composition se trouvait dans le cabinet d'Ant.
Rutgers, sous le n'' 516. Elle a passé dans celui de Ploos van Amstel, a
Amsterdam^ i800,n<> 41.
65. Deux Amours. — L'un se penche, tandis que l'autre lui verse de
Teau sur la tête. Des arbres et des maisons au fond. Dans la manière de
Giovanni da Udine.
Gravé par Agostino Veneziano. Bartsch, t. XIV, u? 280.
66. Huit Amours. — Ils jouent^ pendant que quatre autres tressent des
couronnes; dans le milieu^ il y en a un qui regarde dans un globe de
verre, et le second, à droite, tient une flèche à la main. Cette composition
a été exécutée en tapisserie. Nous en avons déjà parlé.
Grav. par le Maître au Dé. Bartsch, t. XV, p. 206, D<* 30, -— Copie en contre-
partie par F. H. — Landon, n" 134.
67. Deux Amours. — Jouant avec deux lions. C'est vraisemblablement
une allégorie de la Force vaincue par l'Amour. Petite feuille en largeur,
qui pourrait bien être de l'école de Raphaël.
m
Grav. par G. F. 1537. Bartsch, t. IX, p. 27, n» 8.
68. Le Triomphe de l'Amour. — En forme de frise. L'Amour assis sur
un char tiré par deux chèvres ; trois Amours le poussent par derrière,
deux sonnent dans des cornets, un enfant porte un chat et un autre un
agneau. Sur le devant, en tête du cortège, huit Amours et un lion.
Grav. par le Maître au Dé. Bartsch, t. XV, p. 210, n» 37. — Une copie est indi-
quée dans la collection du comte de Sternherg, sous le n* 2,928. — Landon,
n- 133.
69. Un enfant assis sur un bouc. -* En forme de frise. Il est couronné
de lauriers et suivi de trois enfants, dont deux portent une cage avec
deux colombes. Us sont précédés de quatre enfants faisant de la musique,
588 r.ATALOOlJK D'KSTAMPRS ANCIENNES
et, plus loin, on en voit encore deux, le visage couvert de masques^ qui
effrayent d'autres enfants ; l'un d'eux est tombé à terre.
Grav. par le Maître au Dé. Bartscli, t. XV, p. 209, n" 36. — Copie, eu contra-
partie. — Landon, n" 133.
70. La Vendange. — En forme de frise, avec vingt enfants. A gauche,
plusieurs enfants portent des paniers pleins de raisins quHs vont jeter
dans une cuve. Un bouc au milieu, et, à droite, deu\ enfants en portent
un troisième sur leurs bras.
Grav. par IB., 1520. Barlsch, t. VIIl, p. 311, n» 53.
71. Vn bouc reiivei'sant un enfant, — En forme de frise, avec dix
Amours et enfants. A gauche^ deux Amours tirent une corde fixée à la
jambe gauche du bouc. A droite, un enfant cherche à relever celui qui
est tombé à tefre.
Grav. par le Maître au Dé. — Copie en contre-partie. Bartsch, t. lY, p. 205,
n»29.
Dans la collection Ambroisienne , à Milan, il y a de cette composition
un dessin à la plume attribué au Parmesan.
72. Dix-neuf Amours et enfanta jouant. — ils se jettent des pommes et
luttent ensemble; d'autres sont couchés à terre, sur la droite, ayant un
lapin au milieu d'eux.
En clair-obscur, par NDB. In-fol. Bartsch, t. XII, p. 107, n" 4 — Copie à l'eaa-
forte, par un anonyme, en contre-partie.
Le beau dessin original se trouve à T Académie de Dfisseldorf.
73. Amours jouant dans un paysage, — Un, à gauche, va faire partir
sa flèche. Un autre est assis au premier plan et montre un grand papillon.
Deux autres jouent avec une pomme ; cinq grimpent sur des arbres, et
d'autres encore dansent en rond autour d'un arbre.
En clair-obscur, par N. D. B.. 1544, Bartsch, t. XII, p. 109, n« 5.
a.) Tauriscus (p. 257, n» 2) et Landon (n'' ^56) attribuent encore à
Raphaël cinq enfants qui jouent sur un terrain en pente avec des ruines;
mais cette composition ne rappelle en rien le style du maître.
Grav. par un anonyme. Pétri de NobUibut fopnit, H. 4" 3'"; I. 6" 4'
■ !>'
Sqjets alléfforlqaes*
74. Marche de la sorcière nommée Stregozza et aussi la Carcasse. — Une
vieille femme ou sorcière, assise sur le squelette colossal de quelque
animal fantastique, est tramée comme en triomphe par quatre hommes
nus. Trois autres suivent, dont l'un chevauche sur le squelette d'un bé-
lier. Sous la carcasse qui porte la sorcière se trouvent deux boucs ; un
GRAVËES D'APRES DES DESSINS DE RAPHAËL. S89
troisième bouc est monté par un enfant. Des canards sauvages s'envolent
des roseaux.
Grav. par Agostino Veneziano. In-fol. Bartsch, t. XIV, n*> 426.
Cette planche égale en beauté celles de Marc-Antoine; aussi n'est-ce
pas sans raison qu'on suppose que Marc-Anloine aura commencé la gra-
Ture et qu'Agostino^ ^Eiprès Tavoir termin^^ y aura mis sa marque.
La planche gravée est actuellement dans la collection de Cobourg.
Lomazzo (deUArte délia pittura, p. 078) attribue cette composition à
Michel-Ange; mais, quoique l'idée soit, en effet, dans le goût de ce
maître ou de Léonard de Vinci plutôt que dans celui de Raphaël, le
dessin du nu porte trop bien le cachet du maître pour qu'on puisse
hésiter à lui en faire honneur. 11 semble qu*il aura voulu s'essayer ici dans
la manière bizarre et fantastique des Florentins, afin de donner une
preuve nouvelle de sa facilité à imiter les manières les plus disparates et
à traiter les sujets les plus différents. Du reste, on a de tout temps attribué
cet ouvrage à Raphaël, comme le prouve un petit tableau qui reproduit
exactement la gravure, et qui porte, avec le nom de Ribera et. la date de
1641, cette indication qu'il a été copié d'après Raphaël. Cette intéressante
peinture, provenant du palais royal de Madrid, se trouve à présent dans
la collection du duc de Wellington, à Londres.
Un autre tableau représentant le même sujet, et attribué à Jules
Romain, se trouve au musée Fabre, à Montpellier.
75. La Méditation.— Une jeune femme, vue de profil, tournée à droite,
est assise, pensive, enveloppée dans un manteau, et elle lit dans un livre
posé sur ses genoux. Le fond est formé de lignes horizontales. Cette
belle composition est toute raphaélesque.
Grav. par Marc-Antoine. Bartscb , t. XIV, n° 443. — Faible répétition par nn
anonyme ; le fond, à droite, est laissé en blanc. Bartscb, n" 444. — Belle répéti-
tion , en contre-partie. Au fond , à gauche , les hachures sont perpendiculaires.
Barlsch, n** 445. — Copie A, en contre-partie, semblable au n* 445, sauf quelques
points sur le manteau qui manquent ici. — Copie B. en contre-partie. A droite,
à terre, un petit pot de fleurs, et à gauche cette inscription : COGNITIO D£I.
76. La Pureté. — Une jeune fille, vêtue, assise et tournée à gauche,
montre de la main gauche une licorne qu^elle tient avec une bride. Le
fond est un mur orné de colonnes et d'un bas-relief, avec un peu de
paysage à gauche. Cette composition ne saurait être attribuée, du moins
avec certitude, à Raphaël.
Grav. par Agostino Veneziano, 1516. Les premières épreuves sont très-fines;
les secondes épreuves, retouchées, ont beaucoup perdu. Bartsch , t. XIV, n« 379.
— Copie en contre-partie. — Landon, n° 454.
77. Les Vertus tMologaks : la Foi, la Charité et l'Espérance; et les
iiuatre Vertm cardinales : la Force, la Tempérance, la Prudence et la
Justice. Sept ligures isolées, debout dans des niches.
590 CATALOGUE U'ËSTAMPËS ANCIENNES
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, 1. 11 V, n** 386-392, où se trouve aussi l'in—
dication de quelques copies.
78. La Paix. — Une femme^ vêtue, posant sa main gauche sur sa poi-
trine, saisit de la droite un petit génie qui lui présente une branche
d'olivier.
Grav. par Marc-Antoine. Bartscb, n* 393. — Copie A, avec cette différence que
la figure a les cheveux flottants. — Copie B. Dans le bas : RA. VR. INYEN. —
Copie C. Faible. Signée L. M. — Copie D, en contre* partie. — Répétition, par
un anonyme , sans l'arbre qui est derrière le petit génie. Bartsch , t. XT, n* 3d4.
— • Landon, n** 183.
A Raphaël sont encore attribués les sujets allégoriques suivants :
a.) La Force. — Une femme conduisant par la bride un lion vere un
brasier. Un paysage à rochers^ pour fond. La composition et le caractère
du dessin répondent parfaitement à la manière de Jules Romain.
Grav. par Marco da Ravenna. Bartsch, t. XIV, n* 395. — Landon, n* 452.
b.) La Prudence. — Assise sur un lion, elle tient de la main droite un
miroir rond dans lequel elle se regarde. De la main gauche^ elle s'appuie
sur un dragon. Cette composition n'est certainement pas de Raphaël^
mais elle paraît être d'un de ses élèves. Peut-être serait-ce une composi-
tion de Marc-Antoine lui-même.
Bartsch, t. XIY, n* 371. — Copie par un burin sec et maigre.
c.) La Constance. — Une femme aux longs cheveux et à la draperie
flottante se cramponne des deux mains contre une colonne à gauche.
Grav. par un élève de Marc-Antoine. H. 5" 1'"; 1. 2" 9"'. -~ Copie par Hier.
Hopfer. Bartsch, t. Ylll, p. 516, n« 38.
d.) La Fortune. — Elle promet à un jeune homme de le rendre heureux
en amour, s'il veut être courageux et entreprenant. La Fortune, avec de
grandes ailes, debout sous im portique, portant dans ses bras l'Amour et
un globe, semble encourager un jeune homme debout près d'un cheval
et qui regarde de son côté. Dans le bas, on lit : lo son Fortuna buona, ho
meco Amore, se mi conosci, ti farô signore.
La pensée exprimée dans cette composition et la manière dont elle est
traitée ne permettent pas de l'attribuer à RaphaêL
Grav. dans la manière d'Enea Yico. Bartsch, t. XV, p. 369.
e.) Les sept Arts libéraux. — Attribué à Raphaël, mais c'est à peine
l'ouvrage d'un de ses élèves.
Grav. par B., 1644. Bartsch, t. XV, p. 504.
Sojete de L'HUiotre profaae.
79. L'Enlèvement d'Hélène. — Deux Troyens, dans une barque, s'ef-
forcent d'arracher, à un jeune homme coiffé d'un bonnet phrygien, Hélène
GRAVÉES D* APRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL. 591
qui est tombée sur ]es genoux; le jeune bomroe cherche à la retenir par
un pan de son irêtement. Dans le fond, on voit un combat acharné ; à
gauche, des vaisseaux sur la mer; à droite, un palais.
Grav. par Marc-Antoine et Marc de Ravenne. Bartsch, t. XIY, n**" 209, 210. —
Copie un peu plus petite» signée d'un petit R à droite. — Copie en contre partie,
sans marque, par Etienne de Laulne. H. 4" 6"'; 1. 6" 9'". — Copie par Jacques
Grandhomme, signée I. G. Petite planche. — Ancienne gravure italienne sur bois,
en deux feuilles in-foi. H. 19"; 1 26''. Ces deux feuilles accompagnent deux autres
feuilles représentant le Jugement de Paris. Un arbre noirci et desséché sépare les
deux sujets. — Landon, n" 413.
^o\x% avons vu, en 18S0, un petit tableau à fresque de l'Enlèvement
d'Hélène, par un élève de Raphaël, chez le chevalier Camuccini à Rome.
Ce tableau était d'ailleurs en très-mauvais état de conservation. On disait
qu'il avait figuré autrefois au-dessus d'une porte à la loggia de la villa
Rafaele, et, en effet, on y voyait encore une place vide à l'endroit même
où cette fresque avait été détachée du mur. Cette fresque se trouve à pré-
sent dans la collection du marquis de Caropana, à Rome K
80. Énée sauvant son père Anchise, — Énée, vu de profil, tourné à
gauche; le petit Ascanias suit Énée et le tient par son vêtement. Dans le
fond, la ville de Troie en flammes.
Grav. par le Maître au Dé. Sur le bord« il y a huit vers qui commencent ainsi :
Falto Sinon^ Junon crudele, e fera^ etc. Bartsch, t. XV, p. 224, n** 72. — En clair-
obscur, par Hugo da Carpi. A droite, cette inscription : Baphael Vrbinas, Qvûqtis
kat iabellat, etc., 1518. Bartsch, t. XIl, p. 104, n" 12. — Copie. On a corrigé dans
les vers deux fautes qui sont dans Testampe originale : exeominiciato et peTua. ^
Il existe aussi une mauvaise gravure sur bois, copie d'après Hugo da Carpi, sans
planche teintée. — A la manière noire, en contre-partie, avec cette inscription :
imitando ewlavU E. Kirkall, 1722, in-fol. — Encore une fois, par le même, avec
des changements dans le paysage, à la manière des gravures sur bois. Gr. in-foi.
— Landon, n" 323.
Un dessin à la plume de cette composition (H. 16"; 1. 2â"), qui était
dans la collection Job. van der Mark, à Amsterdam, fut vendu 20 florins
en 1773.
81. Bidon. — Debout près d'un feu, elle tient un poignard de la main
droite et étend l'autre main vers le bûcher.
Grav. par Marc-Antoine. Une tablette suspendue à un arbre porte cette inscrip-
tion : AràHEiz eANATOi ZûH (Vive la célèbre mort). Bartsch, t. XIV, n* 187. —
Copie A, en contre-partie. Épreuves postérieures de 1580. — Copie B, faible
planche, sans l'arbre et sans l'inscription.
82. Tarquin et Lucrèce. — Tarquin, l'épée à la main, monte sur le lit
où est couchée Lucrèce. Dans le fond, on voit accourir son père. Sur le
devant, deux chiens qui s'accouplent. Composition de Jules Romain.
Cette admirable coUeetion d' antiques , découverts dam les Etats romains , et surtout à
Rome, vicut d'être acquise par le pape Pie IX, et ne sera pas dispersée comme on le craignait.
[Note de l'éditeur.)
502 CATALOGUE D'ESTAMPES ANCIENNES
Grav. par Agostino Veneziano, 1523. Deuxièmes épreuves de 1524. — Planche
retouchée par Enea Yico. Dans les secondes épreuves, les chiens sont grattés ; ils
ne se trouvent pas non plus dans le dessin qui fait partie de la collection royale
d'Angleterre. Bartsch, t. XIY, n» 208, et t. XY, p. 287, n* 15. — Landoo, n* 34».
83. Lucrèce. — Elle est debout, tenant le poignard de la main droite et
Tautre main étendue en avant. Sur le mur, ou lit : ameinon AnoeNH2K£iK
H Aisxpnc ZHN. (Mieux vaut mourir que de vivre sans honneur.)
Selon Yasari, ceUe planche serait la première que Marc-Antoine a gravée d'a-
près Raphaël. Bartsch, t. XIY, n** 192. — Copie A. Faible- — Copie B, en contre-
partie, dans la manière de Wierx, avec une inscription qui commence : PBOH
DOLOR, etc. — Copie C, en contre-partie. Très-faible. — Copie D, par Enea Yico,
en contre-partie. — A la manière noire, par un anonyme. — Landon, n* 161.
Le dessin qui se trouve dans la collection Ambroisienne , à Milan,
n'est point un original.
84. L'empereur Adrien affranchissant l'esclave Afidroclés. — L'empe-
reur, à cheval, sort de l'amphithéâtre; l'esclave condui la lionne; un
jeune guerrier admire la clémence de l'empereur. La composition semble
être de F. Penni.
Grav. par Agostino Yeneziano. Bartsch, t. XIY, n*" 196.
85. Cléopàtre, — La vipère sur le sein, meurt, appuyée contre un pilier.
L'Amour, debout à gauche, déplore cette mort. Nous croyons pouvoir
attribuer cette composition à un élève de RaphaëL
Grav. par Agostino Yeneziano, 1528. Bartsch, t. XIY, n« 198. — Copie en contre-
partie.
86. Il Morbetto ou la Peste en Fhrygie. — A gauche, un homme regarde
à la lueur d*une torche trois brebis mortes. Dans une chambre du haut, un
pestiféré soigné par deux femmes. Sur un rayon de lumière qui tombe
par la fenêtre, on lit : EFFIGIES SACRAE DIVOM PHRIGI. A droite, dans
la cour, devant la maison, est étendue une femme morte, dont l'enfant
veut sucer le lait, malgré un jeune homme qui l'en empêche.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIY. n" 417. — Copie en contre-partie.
Belle gravure. Catalogue de la collection de Sternberg, n*" 3,955. — Copie par
Cornélius Met, avec son nom et celui de Raphaël. — Landon, n* 385.
Le dessin original de cette composition était dans la collection Lawrence.
Le cardinal Albani, qui s*étaitsi souvent laissé tromper en achetant de faux
dessins de Raphaël, possédait un dessin très-soigné de cette composition,
exécuté d'après la gravure même; il est actuellement dans la collection
de Florence.
Grav. en contre-partie par Francesco Aquiia. — Raphaël Morghen avait aussi
commencé à graver cette composition. Yoy. le catalogue de ses ouvrages, u* 950.
87. Les (iladiateurs, —■ Entelle de la Sicile et Darès de Troie, deux gla-
diateurs célèbres 9 combattent au ceste, dans un cirque eu ruine. Cette
GRAVÉES nWPRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL. 505
composition est imit(''e d'un relief antique de la Villa Aldobrandini, actuel-
lement au musée Chiaramonti.
Grav. par Marco da Ravenna. Bartsch, t. IIV, n" 195. — Landon, n<* 31 J.
a.) Vempereur Constantin à cheval, — D'après un dessin de la collection
de Praun , à Nuremberg,
Grav. en 1777, à l'aquatinta, par Har. Cath. Prestel. Vraisemblablement d'après
one esquisse de Jules Romain.
Batailles
FAUSSEMENT ATTRIBUÉES A RAPHAËL.
a.) Bataille des Perses, avec des éléphants, contre les Romains, — Au côté
droit de cette composition^ quatre éléphants^ dont celui du milieu porte
une tour avec quatre guerriers; mais des ennemis, accourant du côté
gaucbe, effrayent Tanimal avec des torches enflammées. Au fond, un
éléphant, marchant ù reculons, arrache avec sa trompe la tour qu'il a
sur le dos. — Le dessin original de Jules Romain, au bistre et piqué pour
le calque, est dans la possession de M. Gatteaux, à Paris. Un petit tableau
de cette composition, attribué à Raphaël, appartient à M. le marquis de
Ribeyra, qui habitait aux environs de Hombourg en 1853.
Grav. par Corn. Cort, 1567^ avec cette inscription : Ex arehetypo Raphaelis Urbi-
natU quodest apud Thomam Cavalerium Palrieiwn Romanwn. Excudebat RomœAnlo-
niut Lafrermt Seovani. Les premières épreuves ne portent pas le nom de Corn.
Cort. Des épreuves postérieures ont l'adresse : /. Orlandi formi* Romœ , 1602.
Grande feuille in-folio en lar^. — Copie, en contre-partie, sans nom, mais, selon
tonte apparence, de Cavaleriis. — Selon Heinecken, encore une fois par Corn.
Cort. Gr. in-folio en larg., sur deux planches, chacune de 16" 2'" sur 10" 9"'.
Corneliut Cort fe. J. A. Paris, chez P. Mariette. — Par un anonyme, in-folio en
larg., avec des vers latins commençant : Àccv,mulat cladet tubifo, etc. — Par C.
Luyken, in-S" en larg. — 11 existe une grande planche à l'eau-forte, d'après une
étude des quatre éléphants, avec un lion et un sanglier. Nous ignorons où se
trouve le dessin original.
b.) La Bataille avec le bouclier et la lance. — Au milieu de cette riche
'composition, un cavalier romain passe à cheval sur le corps d'un Barbare
tombé à terre. Devant lui, est un bouclier et une lance ; de là le nom sous
lequel est connue cette estampe. ^
Cette belle composition, digne de Raphaël, trahit pourtant, dans quel-
ques parties, le crayon de Jules Romain ; il est impossible de ne pas le
reconnaître dans le caractère des têtes de Barbares, et surtout dans le Bar-
bare de gauche, qui s'efl'raye à l'approche d'un cavalier galopant vers lui.
La pose des jambes du cavalier arrivant du côté droit et le Barbare tombé
à terre portent incontestablement le cachet de cet élève de Raphaël.
Grav. par Jac. Caraglio, gr. in-folio en larg. Bartsch, t. XV, p. 93, n» 59.
c.) La Bataille au coutelas. — C'est ainsi que l'on nomme cette bataille
11. 38
59i CATALOGUE D'ESTAMPES ANCIENNES
des Romains contre les Cartbaginois. Dans le milieu^ on voit un cavalier
avec un étendard qui flotte au vent. A droite, est couché un jeune guer-
rier, et, à terre, auprès de lui, une courte épée. Dans le fond, une ville
d'où s'élèvent des flammes d'incendie. Cette composition, qui est aussi
de Jules Romain, a été exécutée en tapisserie.
Gr»v. dans )a manière de Marco da Ravenna, in-folio en larg. Bartsch, U XIV,
n*> 211. — En contre-parlie, par Agostinu Veneziano. Bartscb, t XiY, n* 212.
d.) La Bataille arec le cheval qui regimbe. — Des cavaliers et des piétons
combattent ensemble. Vers le côté gauche, un cheval, non monté, regimbe
contre un soldat qui cherche à se défendre avec sa lance.
Quoique cette coropositjpn ait souvent été attribuée à Raphaël, on ne
peut douter qu'elle ne soit de Jules Romain.
Grav. par Marco da bavenna. Pet. in-fol. en larg. Burtsch* l. IIV, n* 420. •»
Copie, en contre-partie, dans la maoiéro de Tbéoiiore de Bry; sans marque —
Copie de Hier. Hopfer, 1533, en conUe-parlie, petit iu-folio eu largear. Barisch,
t. Vlil, p. 518, n» 46.
e.) La Bataille des Amazones. — Dans un ovale en largeur.
De l'invention de Jules Romain, qui l'a exécutée à fresque au palais del
Te, à Mantoue.
Grav. par Ënée Vico, 1543. Barlsch, t. XV, p. 287, n« 14.
/.) Le Débarquement des Sarrasins. — Fac-similé de J. Th. Prestel ,
d'après un dessin du cabinet Schmidt, à Hambourg. Cette composition, un
peu maniérée, peut être de Timoteo Viti.
ÊiMdea et Scèmet de la vie privée.
88. L homme knant une femme par la main. — Un homme d'un certain
âge, couvert d'un manteau court, debout à gauche en face d'une jeune
femme, tous deux vus de profil.
YraisemblablemeDt gravé, d'après une esquisse de Raphaël, par Agostino
Veneziano. Bartsch, t. XIV, n* 471.
89. La femme debout frés d'un vase. — Elle est à demi vêtue ; elle s'ap-
puie du bras droit sur un piédestal et pose sa main gauche sur un vase.
De l'école du maître.
Apparemment gravé par Agoslino Veneziano. Bartsch, t. XIV, n? 478. — Landon,
r 204.
90. La femme debout près d'un beau vase. — Elle pose sa main droite sur
le vase, tandis que de la gauche elle arrange son manteau qui lui couvre
le dos et la jambe droite. Une ville pour fond. De l'école du maître.
Gravé, sans doute, par Agoslino Veneziano. Bartsch, t. XIV, n"* 474. —Landon,
n» 204.
91 . Vn guerrier ;iw. — Vu presque de face, il lient un étendard fortement
GRAVÉES DIAPRÉS DES DESSINS DE RAPHAËL. 595
agité par le vent. Un lion couché à ses pieds. De l'école du maître, et peut-
être par Jules Romain.
Grav. par Alarc-Antoine et Augustin dé Yeuise. Bartsch, r. îiT, n*'481 et 482.
— LandoQ, n« 394.
92. Un jeune homme portant une lanterne. — Il marche vivement vers la
^uche et fait de la main droite un signe vers le ciel, tandis qu'il retourne
la tête vers un bélier qui le suit. C'est ^ à ce qu'il paraît^ une composi-
tion du graveur lui-même.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. ÎIV, n« 384.
93. Une femme qui se regarde dans un miroir, en posant la main droite
sur sa poitrine. — A gauche, derrière elle, un homme coiffé d'une toque.
Mitigures.
Cest peut être la maîtresse de Raphaël, qui, au moment de poser pour
une Vierge, se regarde complaisamment dans un miroir. L'homme-por-
trait qui est derrière elle et qui regarde aussi dans le miroir pourrait bien
être Baviera, son domestique. 11 paraîtrait que Raphaël, auquel avait plu
ce motif accidentel, a voulu le conserver dans un croquis. Toutefois, il
faut admettre que le croquis était très-léger et que le graveur fut obligé
de compléter lui-même les parties accessoires faiblement indiquées par le
maître. Voilà pourquoi le mouvement des figures, la tête et les mains de
la jeune femme sont raphaélesques, tandis que les draperies sont plus
faibles de style et que le rideau du coin est tout à fait mauvais.
Gravé par un élève de Marc-Anloine. H. 5" 8"'; 1. 4" 5"'. Bartsch aUribue cette
estampe au Maître au Dé, t. XY, p.. 226, n*> 75. — Heinecken {Dictionnaire det
Ariitletj p. 381, n<* 14}, après avoir décrit cette planche, cile une gravure originale
de Marc-Antoine, en contre-partie, de 5" de haut sur 5" 5'" de large.
94. Un homme debout devant une femme assise, — Désignée sans aucun
fondement sous le nom de : Raphaël et sa maîtresse. L'homme à barbe,
en tunique courte, est debout à droite et vu de profil; en face, une jeune
femme vêtue, le pied gauche posé sur un globe, a l'air de l'écouter.
En clair-obscur, par Hugo da Carpi, in-8. Bartsch, t. XII, p. 140, n^ 2. — Autre
clair-obscur de quatre planches. En contre-partie, in-fol. Barlsch, t. Xll, p. 141,
n'3. — Les épreuves en trois planches, sur lesquelles manque l'ombre derrière
la femme, semblent être une autre gravure sur bois qui peut-être a servi de modèle
4 la précédente.
Aatret compotiiions
FAUSSEMENT ATTRIBUÉES A RAPHAËL.
a.) Une femme, — Vue de dos, couchée sur une peau d'animal. Elle
caresse un enfant qu'elle tient sur le bras gauche. Cet enfant est le même
que celui de la femme agenouillée dans le Massacre des Innocents, gravé
par Marc-Antoine. Le paysage est vénitien.
596 CATALOGUE D'ESTAMPES ANCIENNES
Grav. par Agoslino Veneziano, dans sa première manière. Bartsch, t. Xt\\
n« 410.
b.) Vue femme f vêtue, portant un vase sur la tête et allant du côté
gauche. Le vent agite sa large draperie. D'après le dessin d'un élève de
Raphaël.
Grav. par Agostino Veneziano, 1528. Bartsch, t. IIV, n" 470.— Landon, n* 453.
c.) Le vieux et le jeune berger, — Le premier est assis, tenant un bâton
de la main gauche et montrant au jeune homme une étoile qui est à gauche
sur le zodiaque, dans le haut. L'autre, debout vis-à-vis de lui, tient de la
main droite un vase, duquel il semble répandre un liquide. Cette compo-
sition ne répond pas au génie de Raphaël ; peut-être est-elle du graveur
lui-même.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n« 366. — Copie sans marque, en
contre-partie.
d.) Un homme portant la base d'une colonne, — Il est nu et marche vers
le côté droit.
Grav. par Marc-Antoine et Augustin de Venise, en contre-partie. Bartsch,
t. XIV, n« 476 el 477. - Landon, n» 394.
e.) Les bœufs à l'abreuvoir. — Un jeune berger, appuyé sur sa houlette,
s'entretient avec un autre qui fait boire un veau. A droite, un réservoir
d'eau où s'abreuvent deux bœufs. Fond de paysage. Cette composition
paraît imitée d'une peinture antique.
Gravé par un élève de Marc-Antoine. Bartsch, t. XV, p. 51, n* 8.
f) Le cardinal avec le docteur, — Us s'entretiennent ensemble. Le der-
nier montre un livre qu'il a sous le bras. Les figures sont comme des
statues debout sur des socles.
En clair-obscur, attribué à Hugo da Carpi. Bartsch, t. XII, p. 144, n<*6. Cette
planche paraît avoir été exécutée d'après le dessin d'un élève de Raphaël.
g,) Le Bain commun. — Des hommes et des femmes dans un bain. Signé :
Bonasone t. Bartsch, t. XV, p. 157, n« 177. Les premières épreiives n'ont
point de signature , mais sont marquées d'un serpent à gauche. — La
même composition a aussi été publiée, sous la marque du Maître au
Caducée, avec l'inscription : lo. Georgius sculp, Baph. Vrb. pinxity et
une dédicace de M. Bolzetta à Hier. Scala. — Des épreuves postérieures
offrent la marque AV. et Baph. Vrbi. pinxit 1516, conjointement'avec Je
Caducée.
h.) Un Sacrifice antique. — Fac-similé de C. Metz, d'après un dessin de
la collection R. Cosway. On y a introduit le saint Paul emprunté du tableau
de la Sainte Cécile, un prophète tiré des fresques de S. Mana délia Pace,
le Ganymède du Festin des Dieux à la Farnésine, etc.
i.) Vn Sacrifice. — Avec douze ligures, parmi lesquelles un enfant por-
GIIAVÉES D'APRÈS DES DESSINS DE RAPHAËL. 507
tant une brebis. L'autel est au milieu. D'après un dessin d*un élève de
Raphaël.
Grav. à l'eaa-forte par Bourgevin Yialart de Sainl-Morys, 1793. — Landon,
»• 15.
j.) Quatre feuilles à Teau-forte. Graiid in-S®. Raph. inv. et deî, N. H,
sculp, (N. Haussart. Voyez BruUiot, t. II, n« 2120.) i" Un jeune homme à
longue draperie, vu.de dos. 11 tient un livre dans la main droite; 2" Quatre
femmes à demi vêtues, dont deux sont assises ; 3* Un jeune homme assis, la
tète penchée, vu de côté et tourné à droite ; Â^ Deux laveuses. Une femme,
penchée, avec un paquet, sur la tête. On voit l'autre derrière un monti-
cule. Raphaël n'a rien à faire avec ces figures, qu'on a osé lui attribuer.
h.) Une mère avec trois enfants. — Elle marche vers la droite et porte,
suspendu à son cou , un berceau contenant un enfant emmaijlotté. Un
autre enfant est assis sur ses épaules, et elle en conduit un troisième par
la main. On lit en haut, à gauche, Rafaël inv. J. S. sculps. 1783.
Clair-obscur de quatre planches, par J. Skippe, amateur anglais. In-folio.
Portraits et Têtes.
93. Jérôme Aleander, — Archevêque de Brindisi et d'Oria. Vu presque
de trois quarts et tourné à droite. 11 tient de la main droite un livre sur
lequel il pose sa main gauche dont l'index est étendu. Une chambre pour
fond.
Ce prélat fut créé, en 1519, bibliothécaire du pape; sous Clément VII
(1525), archevêque de Brindisi et d'Oria, et cardinal, sous Paul lll, en
1538. Il mourut en 1542. L'exécution de ce portrait ne rappelle pas ab-
solument la manière large de Raphaël, à qui on veut pourtant l'attribuer:
ce que semblerait indiquer la marque M. R., qu'on ne trouve sur aucune
autre des gravures de Marc-Antoine.
Grav. par Agostino Yeneziano, avec Tinscription : Hierouimui Aleander
arehiepiteopui Brundusinus et Orilanut, eic. MDXXXVI. Pet. in~fol. Bartsch,
t. XIY, n'^ôH, où il est erronément nommé Hier. Alexandre.
96. Tête d'homme. — Tirée de la Transfiguration.
Gravé par Alexandre de Humboldt.. Raphaël pinxît. À . t>. Hwnboldl fee, aequa
forlij 1788. Imprimé en rouge, in-fol.
97. Huit portraits cfe femmes. — En médaillons, sous chacun desquels
on lit : Partrait d'uji modèle de Raphaël.
Grav. par Godefroy et Aubert, pour l'ouvrage intitulé : Recueil d'etlampet gravéet
d'aprèt des peintwei antiqaei UalienneSy par A.-B. Desnoyers, dessinées en 1818 et
1819 (Paris, 1821).
Quatre de ces portraits étaient peints à fresque dans la villa Lante ;
seulement le n° 6 (la maîtresse de Raphaël) peut être, jusqu'à un certain
SM CATALOGUE D'ESTAHPES ANCIENNEti
point, conaidéri; comme une- œuvre du mallre, puisque c'est une imitatioa
du portrait qu'on voit au palais Barbehni.
S8. Tète d'komme. ~~ A barbe , penchée eu avant, me de profil et
coiiïée d'un turban.
Grav. par A. Bioulîiigh.
De tatme aussi, une autre tête d'homme
droite, et dont on ne voit que la partie aotéi
Petite reuille, à l'eaa-forle, par Rjchardsop.
Toutes deux sont des fragments emprunté
1) est reconnu que Richardson avait apport
fragments, près de cinquante, en Angleterre
99. Tête de femme. — Seulement la face,
pour la Sainte Catherine, dans la Galerie Na
Fac-similé d'après un dessin, à présent à Oifo
100. P;usi«ur« (eles. — Tirées des fresque
Crav. à l'eau-forie par Jos. C. Biirde; Prague, 1795, sur de peliles planches
101. Têtes H /Igures. — Tirées des fresques de Raphaël, au Vatican, et
d'autres peintures de ce maître.
Viagl-lrois feuilJes in*8°, in-4° et in-tol., gravées par 1. Drdï, d'après des
dessins do Bergler. Voy. le Catalogne de la colleclion du comie de Sternberg,
n- 3,037,
102. Têtes. — TIri'es des peintures de la salle de Constantin et de la
Farnésinc, de la grandeur des originaui.
flrav. pur Ridlnger et Saiter. Voy. Heioacken : fiadniehtttt cm Kaiultern, tW-,
p. 353, n= 1.
103. Livre de tètes et de ^wres. — Tirées des plus beaux ouvrages de
Raphaël.
Grav. par mademoiselle de La Haye, à Paris, à l'Acadimie royale, au Louvre,
1706. 40 feuilles gr. ia-fol.
10*. Différentes grandes tites. — D'après Raphaël. Trente plaocbes
numérotées.
Grav. à Paris par dd anonyme.
105. Diffémaet tètes. — D'après des calques des fresques de Raphaël.
Grav. par Siefano délia Bella, 1751.
106. Teste scelle di permmaggi ilhistri, etc., dipint» in Taticaaa da
Raffaelie, etc. — Divise tn due tomi, da Paolo Fidanza piltore, Roina,
1757, in-folio.
Les volumes llf et IV ne parurent qu'en 1763; pabliés aussi avec le
litre en français. Ce sont cent quarante-quatre tètes, parmi lesquelles dii
GRAVÉES DIAPRÉS DES DESSINS DE RAPHAËL. 590
d'après Guido Reni. Seulement les têtes de la première partie sont
gravées par Fidanza lui-même ; les autres sont beaucoup plus faibles.
D. Bach a calqué douze de ces têtes et les a gravées au trait sur bois.
107. Baccoîta délie teste dei Fûosop., dei Pœti colle nove Mitse ed
ApoUo, etc., al Vaticano. — Dis. da !.. Agricola, inc. da diversi. Num. îjO,
a 30baj. Tuna. Roma, presse Agapito Franzetti.
108. Suite d'études calquées et dessinées, d'après cinq tableaux de Ra-
phaël. — Accompagnées de la gravure au trait de ces tableaux et de
notices historiques et critiques composées par M. Ëméric David , etc.
Paris^ 1822, chez M. Bonnemaison. 24 feuilles gravées, in-folio, d'après
les tableaux : lo Spasimo di Sicilia, la Visitation, la Vierge dite la Perle,
la Vierge dite au Poisson et la Sainte Famille sous le chêne. Publiées en
six livraisons, de 1818 à 1820.
Têtes de Christ
FAUSSEMENT ATTRIBUÉES A RAPHAËL.
a.) Buste du Sauveur dans sa jeunesse.
Boulanger ic. Poilly exe. In-folio ovale.
6.) Tête du Sauveur.
Grav. par J. Lenfant. In-folio ovale.
c) Le même, encore jeune, tenant un globe terrestre^
Grav. par Faitbome sen. In-folio ovale.
d,) Le même, avec la barbe, vu de face. Salvator Mundi,
Grav. à la manière noire par £. Kirkall. Gr. in-fol.
e.) Le même; Ecce Homo, d'après le tableau de la galerie Ciustiniani,
à Berlin.
Lith. par G. E. Muller.
11 existe encore beaucoup d'autres gravures et lilhol^rapbies d'après
des têles de divers tableaux de Raphaël. Les unes ont déjà été citées, et
les autres sont trop faibles pour qu'il soit utile de les énumérer ici.
GRAVURES
DE MONUMENTS ET DE SCULPTURES ANTIQUES
d'après des dessins de RAPHAËL.
Bien qu'il 8oit impossible de prouver que les gravures suivantes aienl
toutes été exécutées diaprés des dessins de Raphaël, ou même d'après des
dessins qu'il aurait possédés, nous les citerons cependant^ car on est
habitué à les ranger dans Tœuvre du maître.
j09. Le Temple de la Fortune^ à Home.
«
Grav. par Nie. Bealrizetto, avec l'inscription : Templum Forlunœ virilit, ad ripai
Teberit in foro piscario nunc Mariœ jSgypliacœ taeralum JV. B. F, Tomasius Barl.
exe. MDL.Romœ. Raphaël Urbinat. ex lapide coctili Romœ extriKtum, In-fol. en larg.
Bartsch, t. XV, p. 268, n«99.
Ce temple antique aurait-il été restauré par Raphaël?
UO. La façade avec les cariatides. — Quatre esclaves dans le bas, et,
au-dessus, quatre cariatides. Le milieu de la partie supérieure est orné
d'une tête de femme colossale, nommée Aspasie. A la porte du monu-
ment se tiennent deux hommes qui la mesurent et qui, par leur hauteur,
en indiquent en même temps la proportion. Elle se trouve dans la villa
Mattei, à Rome.
Grav. par Marc-Antoine, in-fol. Barlsch, t. XIY, n* 538.
111. La base de la colonne de Théodose ^ à Constantinople. — I>eux
Victoires adossées contre un bouclier rond, avec les lettres : S. P. Q. R.
Plus bas, trois génies ailés, tenant des guirlandes.
Grav. dans la manière d'Agostino Veneziano. In-folio , avec l'inscription :
Boêamento de la colonna di Conttanlinopoli mandalo a RaffaeloaaUrbino. Bartscb,
l. XV, p. 57, n» 4.
Antels antlqaes.
Trois planches, dont le dessin a été faussement attribué à Raphaël,
gravées par un inconnu, de Técole de Marc-Antoine.
GRAVUKES DE MONUMENTS ET DE SCUPLTURES ANTIQUES. 601
a.) Autel de Jupiter, au Capitok. — La statue devant une niche. Le
dieu représenté tient un long sceptre de la main gauche. Le bras droit
est mutilé. Au bas, on lit : Primum Templum Jovis in Capitolio,
Grav. attribuée à AgostiDO Yeneziano. Pet. in-foL Bartsch, t. XIY, n"* 535.
6.) Le même, mais avec la figure vétue^ tenant une lance. On lit dans
le bas : SECONDO TEMPIO. DE GIOVE. IN CAMPITOLIO, IN. RO.
Bartsch, t. XV, p. 56, n» 3.
c.) r Autel de l'Amour. — La statue du dieu est dans une niche. 11
tient un arc de la main gauche^ et son bras droit est couvert d*une dra-
perie. L'autel est orné d'un bas-relief représentant une bataille.
Bartsch, t. XIV, n» 536.
112. Ana?ic. — Nommée aussi Cléopâtre, d'après la statue qui est au
musée du Vatican.
Grav. par Marc-Anloine. Bartsch, t. XIV, n" 199. Tros-délicale gravure, libre-
ment traitée d'après Tantique.
Un dessin de celte iigui'e, attribué à Raphaël, se trouvait dans la collec-
tion de Lawrence.
Bartsch indique quatre copies d'après la gravure, dont deux en contre-partie.
— La même statue, gravée encore une fois, mais d'un burin moins délicat, par
Marc-Antoine, avec quelques changements. Bartsch, n'* 200. — Copie en contre-
partie.
113. Flore. — Statue colossale du palais Farnèse, actuellement au
musée à Naples.
Grav. par El. Cheron, d'après un prétendu dessin de Raphaël qui était dans le
cabinet de Piles. In-foi.
114. Deux faunes portent un enfant dans un panier. — Le plus jeune,
à gauche, tient un thyrse de la main droite, et le plus vieux une torche
enflammée. Reproduit dans les Monuments inédits, de Winkelmann.
N« 53.
Superbe gravure de Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n" 230.
115. Silène monté sur un âne, — Il est soutenu par deux satyres; un
troisième conduit Tâne par la bride. D'après un bas-relief antique.
Landon, m 377, attribue faussement ce dessin à Raphaël.
Grav. par Marc-Antoine. Bartsch, t. XIV, n* 222.
Cette planche fait partie d'une suite de huit sujets.
Différents Grotesques
ATTRIBUÉS QUELQUEFOIS A RAPHAËL.
116. Deux enfants. — Tenant un temple dans lequel on voit Vénus et
l'Amour. Us sont assis sur des dragons dont les ailes se terminent en
rinceaux et sont réunies par un Amour debout sur le temple.
603 GRAVURES DE MONUMENTS ET DE SCULPTURES ANTIQUES.
Grav. par un élève de Marc-AntoiDe. Barlsch, t IV, p. 56, n* 1.
Ml, Ornements de pilastres. — * Sept grandes feuilles in-folio d'après
des ornements gravés sur bois, trois par trois sur chaque feuille, arec cm
mots : Opus patavivi. Sur deux tablettes, la date de I94i. On s'est servi,
il est vrai, dans ces ornements, des compositions de Raphaël et uom-
mément de ses figures allégoriques.
Quant aux gravures suivantes, elles sont toutes de l'inventioD de
Giovanni da Udine :
a.) Frise avec TAmour et une sirène.
Grav. par Afostino Yeoeziano, 1530. Barisch, t. XIY, n* 539.
6.) Grotesque avec deux satyres et deux sphinx ; dans le haut , la
tête d'un taureau.
Grav. par Agostioo Yeneziano. Bartsch, t. IIY, n« 559.
c.) Grotesque avec un satyre et un triton. Dans le haut, des hommes,
des enfants et des animaux.
Grav. par Agostino Yeneziano. Bartsch, t. XIY, n* 561.
d.) Vingt planches de grotesques.
Dix-hait gravées par Agostino Yeneziano, denx par GiaooiDO Franeia. Bartsch,
l. XIV, n- 564-583.
6.) Six planches de grotesques, un peu plus grandes que les précé-
dentes.
Gravées par le Maître au Dé. Bartsch, t. XY, p. 230, n<** 80-85.
118. Deux kermès, — Ce sont des demi-figures : l'une représente un
homme barbu , l'autre une femme drapée. La première est signée :
R. V. inv, J. S. sculpsit. 1781.
Clair-obscur de deux planches, in-8* étroit, par J. Skipper, d'après qq dessin
qui répond à la manière de PoUdoro da Caravaggio.
FIN DE L*(SUVRK DE RàPHAEL.
APPENDICE
• I
APPENDICE
CATALOGUE
PEINTURES DE GIOVANNI SANTI
Ce catalogue contient la description de tous les tnblenui du maître exé-
cutés soit à la détrempe , soit à fresque, que nous avons pu voir nous-
même. surtout durant le voyage que nous fîmes en Italie dans le cours de
l'aDoée 1S3S pour réunir les matériaux de ce livre. De plus, on y trouvera
des notices sur plusieurs ouvrages de ce peintre , qui ont disparu ou qui
lui sont faussement attribués. Nous ajoutons à la description de chaque
tableau quelques remarques spéciales; quant à noire jugement
nière, les qualités et le mérite du peintre, nous renvoyons le
chapitre que nous avons consacré à la vie de Giovanni Santi,
l'histoire de son fils llapbaêl d'Urbio.
Pcintare* à la détrempe.
1. L'Annonciation, tableau d'autel, à la Brera, à Milan.
Sous un portique, dont la perspective ne manque pas d'h; , ._
Vienne est représentée se soulevant à la vue de l'ange qui vient lui an-
noncer sa divine mission; au-dessus, dans une gloire circulaire. Dieu
le Père envoie sur la terre le petit Jésus portant une croix, tin paysage
608 CATALOr.UE DES PEINTURES
pour Tond. Sur une des marches du porlique est i^cril : lOHANNES. SANTI.
VRB. P. Kigures de grandeur naturelle. La lëte de la Vierge se distingue
par une expression de candeur admirable, mais la léte de l'ange est insi-
gnilianle : le dessin en est dur et la couleur peu harmonieuse. Pungileoni
croit que. ce tableau , qui a él^ fait pour lïglise de Sainte-Madeleine, à
Sinigaplia, pourrait avoir été commandé par Giovanna Feltria et par son
mari Gioranni dclla Roiiere, seigneur de Siuigaglia, préfet de Rome, à
l'occasiou de la naissance de leur lils Francesco Uaria, le jour de l'An-
nonciation de l'année 1490.
2. La Visitation de la Vierge, tableau d'aulel, dans l'église Santa Maria
Nuoïa, à Fano.
Sainte Elisabeth reçoit la sainte Vierge; saint Joseph, ayant la barbe
grise, et deux femmei^, dont l'une est jeune et l'autre vieille, se tiennent
à droite i de l'autre côlé, so trouTent deux autres femmes, dont l'une
vêtue de blanc rappelle la uiauière de Cosimo Doselli. Pour fond, une
jolie maison et un paysage. Sur le terrain de l'avant-plan, brun de ton, on
lit, sur une pelite feuille blanche pliée, l'inscription suirante : lOHANHES.
SANTIS. Dl. VRBINO. PI?<XIT. Ce tableau paraît être une œuvre de la
jeunesse de Giovanni , d'autant plus que l'eiéculion a quelque chose de
timide et que les draperies manquent d'ampleur. Les figures, quoique
élancées de forme, sout un peu moins grandes que uature ; les mains et
les pieds, d'ailleurs corrects de dessin, sont très-efiilês. Les têtes ont une
expression digne et Traie ; celle de la Vierge est même admirable par Je
sentiment d'humilité qu'elle exprime; celles des autres femmes sont
pleines de charme. Le tableau occupe à présent le premier autel à gauche
de l'église S. Maria Nuuva, à Fano. Rosini, dans sa Storia délia pittura
italiana , en a donné une gravure. PI. CCVI.
3. La Viei'ji avec quatre saints, tableau d'autel dans l'église S. Croce,
à Fano.
La Vierge, assise sur un Irône, a sur ses genoux l'enfant Jésus. Celui-ci
j 1. "lénédiclion, en regardant le spectateur; il lient un œillet de la
be. Il est presque nu, avec un bandeau rouge au-dessous de la
une chaîne de corail au cou. Sa mère te contemple, la télé in-
levant la main gauche , mouvement assez fréquent chez les
le Giovanni. A gauche, l'impératrice sainte Hélène, couverle
eau pourpre, ayant sur la lêle un voile jaune que surmonte une
le forme pointue, lient la croix et montre un des clojis de la
^trière elle, le patriarche Zacharie, de Constanlinople, vieillanl
larbe blanche, enveloppé dans un manteau vert; il tient une
peuie croii et Un livre. Vis à-vis, à droite, saint Roch, avec son bourdon,
montrant douloureusement ses ulcères. Plus en arrière kdSlé de lut, saint
Sébastien, dont le profil est d'une finesse rarissante et d'une expretstw
DE GIOVANNI SANTI. 607
vraiment rapbaélesque. Deui charmantes ligures d'anges sur des nuages
soutiennent le tapis derrière la Vierge; Tun regarde en haut, l'autre en
bas. Le fond offre un paysage avec des collines, et dans l'azur du ciel cou-
rent de petits nuages fortement éclairés et comme frisés , si l'on peut
s'eiprimer ainsi. Sur la première marche du trône on lit : lOHANES.
SANTIS. YRBI. F. Ce tableau, bien supérieur au précédent, doit dater
d'une époque postérieure. Les draperies sont disposées en grandes
masses; la couleur des chairs estTive, d'un brun clair dans les ombres,
rosée dans lès demi-teintes, avec des lumières blanchâtres, tout à fait
daoB la manière de Raphaël. Il n'y a que le corps du saint Sébastien qui
fasse exception ; car les ombres y sont accusées avec un ton gris et lourd,
ton qui se retrouve assez souvent dans les peintures de Giovanni. Les
figures très-élancées sont d'un assez beau dessin, quoique les contours en
soient noirs et durs. Les auréoles ne sont pas dorées, mais peintes en cou-
leur jaune; celle de Tenfant Jésus a trois rayons. Ce tableau est très-bien
conservé, sauf quelques légers dégâts faciles à réparer.
4. La Vierge de la Miséricorde, dans l'oratoire de l'hospice à Monte-
fiore.
La Vierge, debout dans une niche richement ornementée, tient sur ses
bras Penfant Jésus qui donne la bénédiction de la main droite et porte le
globe terrestre de sa main gauche. Deux anges étendent le manteau de
la Vierge , sous lequel sont agenouillés à gauche quatre hommes de la
confrérie , à droite trois autres hommes et une femme qui fait adorer à
son enfant la sainte Vierge, en la lui indiquant du geste. Toutes ces
figures-portraits sont prises sur la nature, et leur expression naïve est si
bien rendue, que l'on ne peut s'empêcher de sourire en les voyant. Quant
à la femme avec l'enfant, c'est un groupe qui ne manque ni de beauté ni
de grâce. A gauche, l'apôtre saint Paul et révangéliste saint Jean, et à droite
saint Sébastien et saint François. Au haut , dans les coins , deux anges,
d'une physionomie ravissante, sont agenouillés sur de petits nuages.
5. La Vierge avec des saints, dans l'église de Gradara, près de Pesaro.
La Vierge, assise sur un trône élevé, a sur ses genoux l'enfant Jésus.
Celui-ci, à demi nu, avec un collier de corail, regarde gaiement un char-
donneret qu'il tient de la main gauche. Le tapis qui forme le dossier
du trône est soutenu par deux petites figures d'anges; un autre ange au
milieu contemple cette scène. A gauche, saint Etienne, eu costume de
diacre, tissu d'or; derrière lui, sainte Sophie, patronne de Gradara, tenant
dans la main le modèle de cette église. De l'autre côté, saint Jean-Baptiste
montrant le Sauveur, et l'archange saint Michel, armé avec l'épée et le
bouclier. Les figures, presque de grandeur naturelle, ont ce caractère
grave et doux qui convient^à la peinture religieuse. Le terrain, du même
ton brun qui reparaît dans tous les tableaux de Giovanni, est semé de
608 CATALOGUE DES PEINTURES
quelques brins d'herbe. Un tond de monlagnes se dessine entre les
rochers escarpés qui s'élèvent des deux côtés. Snr la marche du trône
est écrit : GRADARIE. SPKCTANDA FVIT IMPENSA ET JNDVSTRIA VIRI
D. DOMINICl DE DOMINICIS VICARII ANNO D. WCCCCLXXXHII DIE X
APRILIS ET PER DVOS PRIVS TEMPORE D. 10. CANOCI RECTORIS EC«
CLIE SVPHIE. lOANNES. SAN. VRB. PINXIT.
Ce tableau, qui tut un don pieux du vicaire Doraenico de' Dominici à sa
paroisse^ est couvert de crevasses ; mais sa conservation était néanmoins
assez satisfaisante lorsque nous le vîmes dans l'église pour laquelle il a
été peint et dont il faisait encore le plus bel ornement en 1835. Depuis^ on
Dous a dit qu'il avait été enlevé par un amateur français, en échange de
douze écus romains et d'une figure en cire de sainte Philomène, cette
sainte de date récente qui a eu tant de vogue en Italie dans ces derniers
temps! Ainsi une précieuse et vénérable relique de l'art a été remplacée
dans l'église de Gradara par une ridicule poupée de cire !
6. La Vierge avec des saints, des anges et le comte Carlo Oliva, au cou-
vent de Monte Fiorentino.
Ce grand tableau d'autel se trouve dans l'église du couvent des Mino-
rités, situé dans un endroit sauvage des Apennins, près d'Urbanla. La Vierge,
assise sur un trône formant niche, a sur ses genoux l'enfant Jésus et lui
soutient la tête avec sa main droite. A gauche du tableau^ saint Crescentius
est représenté jeune, couvert d'une armure brillante, avec une chaîne d'or
richement décorée de pierres précieuses ; son heaume, surmonté d'une
plume de paon, est posé à terre devant lui. Près de ce saint, on recon-
naît saint François portant un crucitix et, derrière eux, deux anges en
adoration, dont l'un oITre une grande ressemblance avec le petit Raphaël,
quoique ce ne puisse être un portrait proprement dit; car le fils de Gio-
vanni avait à peine cinq ans à l'époque où ce tableau fut achevé, tandis
que l'ange en question accuse au moins le double de cet âge. A droite,
saint Jérôme et saint Antoine de Padoue, derrière lesquels on voit aussi
deux anges en adoration. Devant eux est agenouillé le comte Carlo Oliva,
vu de profil, couvert d'armes d'acier. De chaque côté du trône s'étendent
des parois de marbre blanc, au-dessus desquelles on aperçoit des anges
jouant de divers instruments de musique, et des têtes ailées de chérubins
voltigeant dans l'air. Sur un écriteau, au bas du tableau, on lit : CAROLYS
OLIVVS PLANIANI COMES DIVAE VIRGINI AC RELIQVIS CELESTIBVS.
lOANNE SANCTO PICTORE DEDICAVIT. MCCCCLXXXVHII.
La predella contient deux médaillons eiitiers et deux moitiés de médail-
lons, dans lesquels sont figurés trois franciscains et saint Pierre martyr.
Par sa disposition générale ce tableau rappelle des sujets analogues de
l'école florentine du même temps. Mais la couleur en est bien différente,
car elle tire vers le gris dans les carnations, tandis que les draperies ont
DE GIOVANNI SANTI. 609
une teinte très-foncée dans les ombres. Le dessin du nu n'est pas toujours
heureux; ainsi les pieds et les mains de l'Enfant sont très-négligés : on
n'y sent pas l'étude d'après nature; mais^ en revanche, l'imitation est
admirable dans la plume de paon et dans les armures, surtout dans celle
du saint Crescentius, qui reflète tous les objets environnants. Quoi qu'il en
soit, ce tableau est une belle œuvre du maître ; son état de conservation
ne laisse rien à désirer. La chapelle où il se trouve appartient à présent
au noble Federico Gozzi de Marino, héritier des comtes Cliva.
7. Tableau d'autel de la famille £u;^, dans l'église des Franciscains àUrbin.
La Yiei^e, assise sur un trône de marbre blanc en forme de niche, a sur
ses genoux l'enfant Jé^us, qui lève la main comme pour bénir. A gauche,
saint Jean-Baptiste, belle fîgure pleine de caractère, montrant le Sauveur,
et derrière lui, saint François, contemplant l'enfant divin. Vis-à-vis, à
droite, saint Sébastien, lié à un arbre, jette un regard douloureux vers le
ciel, et derrière lui saint Jérôme en méditation, tenant un livre et une
plume : cette figure est d*un grandiose vraiment surprenant. Tout près
de ces deux saints, sont agenouillés les époux BufG avec leur enfant qui a
les mains jointes. Dans le haut du tableau on a supprimé le cintre pour
rendre le tableau carré. Dieu le Père, demi-figure de grandeur presque
colossale, donne la bénédiction : il est entouré d'une gloire formée de douze
têtes de chérubins. Deux petits anges se balancent sur des nuages, en te-
nant d'une main des branches d'olivier et de l'autre main les banderoles
d'une couronne qui plane au-dessus de la têle de la Vierge. Un paysage au
fond. Une petite feuille de papier blanc, qu'on voit attachée à la marche
du trône, était destinée vraisemblablement à recevoir une inscription con-
cernant le donataire ; on avait supposé, en l'absence de cette inscription ,
que les ligures-portraits représentaient Giovanni Santi , son épouse et son
fils Raphaël, mais une pareille supposition n'est plus admissible depuis la
découverte d'une note inscrite dans le livre A des archives de l'église, note
ainsi conçue : a Altare S. Sebastianii : imago lignas perpulchra, ornatum
mediocriter, fuit erectum a familia de Buffis, anno i<489. n Ce beau tableau
est d'une couleur plus puissante que la plupart de ceux du maître; le des-
sin y a plus d'ampleur et plus de correction, quoique les figures soient,
comme toujours, très-élancées ; les draperies et surtout celle de saint Jean-
Baptiste sont dans le goût du Mantegna, que Giovanni paraît avoir étudié
vers cette époque. Les petits anges sur des nuages rappellent, au contraire,
la manière du Pérugin ; mais on reconnaît le caractère propre à Giovanni
Santi dans les têtes des enfants et des saints, les unes si gracieuses, les
autres si sévères.
Originairement ce tableau d'autel avait deux autres tableaux à ses côtés,
mais on les a enlevés pour les placer à l'entrée du chœur de l'église. Le
premier représente l'Archange Raphaël conduisant le jeune Tobie ; le se-
II. 59
•!• CATAlOGinS i^eS PEINTfJBËS
•ondy Saisi Rodir \t pied wr une pierre et nontruit ses oloères. Centime
ravisMQte figure déjeune korame ; m tête est pleine d'expressiany et les
koiictes de «s beaus cheveux blondsi tombent JMqoe sur les épaules. Soi-
¥aDt une anoèane tradition, ces peintures auraieal été exéeutées siiind-
lanénient par GioTanni et par son jeune fits Raphaël; nais ce denoier^
akirs â^ de six ans, ne savait pas encore nanier le pinceau.
a. la Vierge de ta fkmnUe Maitarozzi, à présent au sitisée de SerKa.
Giovianni peignit ce tableau pour la ebâpelle de la maisofl du eenite
MaltaroBi, àGaatel Darasle» nomoié i présent Urbania. Par suite de siic-
cession et d'après ud d^torable système de partage, on avait ^visé ce
tableau en trois morseaux, fui échurent i dfffêreiites branekeo de la la-
Bille et passèrent en drffêraiti lieux. Nous viaies, en i^as; k jmhie ém
■ùUeu dain mada— e MaddaleqaMattarorai Batellt, à Fossembrone; une
autre parlKdlea 11. Lconardi Mattarooi Seoondioi, àryMaro, et la troi-
sièfloe chei le coaste Matlaroon, à Urbania. M. le doeteur Waagea « eu
rfaonoeur de rassefabler et de réunir anenible ce» trcw fragOMUts pour
k Bpusée ;àe Berlin. -» Mai» reveiiona au tableau tel qu'il a été resCitoé
dans son ensenMe. ta Vierge assise et Tenfant Jésu» pafraissent être des
paetraits; ik diftitnt eompléleflnent des types oréinatres de Ùi&wtmL
Noua avons à regretter seutesaent tpie k peistre s*ait pas eu de pks
bean& Bssdèka. A gancbe, son« deboot saint Tk)ttas d'Aquin et un jeme
saâBt tensnt k nssdèk d"an* église ; auprès d'eux est agenouillé k jesae
csnts Ma^tatosâ. As-dsssnadTetti apparaît une tête dTange- A droite sont
dema Hgsres pknca de dignité, smt Tbomas Fapétre et k Père de YÈr
gliae^ saint Jéfème. Les eootoursdii dessi» ont une dureté reniaiqii«bk«
keooknr est grise dans k» cbairs et manqua de viguenr dans les autres
parâesy de soxk qti^ knt es eonekire qne Texéention de ee tableau ap*
pnrtient à k prenâère époqae dta peiffftre.
9. La ^teVtergêj au musée de Bierti».
La Y'kr^ deaf-fi^re^ tifnrt devant eHe l^enknt Jésus debooi sur us
asek de pkrre, tandk fve eeki-ci se suspend as nmnlesNi de sa mère.
IkBB ks coins ém ikmà, qui est vigoureux de Ion, us rides» rouge. C'est
une oeuvre tout à fait insigniâante.
i& LtkYierfieeisamiSébasMen.
La Vierge, a^paat fenknt Jésus ssr ko bras, est debout dans am payasse.
A gawbev une petiie igwo dTuHe sainaa bergère es adoratk» et entosK
sis de ses brebis. A dssite, saint Sébastien attaché à un arbre. Ce petit
tafoieas, d*esivia(» ^ pieds, de baotetir, était auarefeia dans k maison
Corboli à Urbin, et fut envoyé par Pietro Buonajuti à M, Ceesarin» à
fiiome, chez ^uit nous Ka^pona vu es f 845.
ii. Fetite Véerqe de la maison Bartohni, à Urka.
La Vier^, deni^riguve, a devant eMe son Fik qui donne la bénédietion
e« tfént on cmsèàtt de M titàhf gHoche. Le «oti «Ft le^ rtvalÀfs âe rÈnfanf sont
ornés <ie cbaiAfeif de cefail. Lé fîmê, fermé fMrr uif tafii»^ laisse voir lé ^iel
Iles deux eMés. €e petit tableau, d'enWfofl 18 ftoioces de haaleur, prove-
«MDt de la thiàmn Bartoltni, à Urfoifr, se f rôtirait^ ett isas, cbez M. Cec-
carivii, à Rome.
12. La Vierge de lu maisùn Antaldo , k iYbin.
La Vierge se tourne ters l'enfant lésoâ coucbé à terf e et dont la tête est
posée sur MD coussin. Deux anges jouent avec lui. Le fond est un pay-
sage. — .nous empruntons cette description au P. Ptmgileoni , qui loue
beaucoup la composition du tableau et qui nous apprend aussi que cette
peinture, en assez mauvais état, se troutaif dans la maison du marquis
Raimondo Antaldo^ à Urbiii.
13. Le Christ au tombeau, soutenu par deux anges.
Le Christ mort est soirtenu sur la pierre de son sépulcre pai^ deux anges
qui le pleurent. Ce petit tableau, bien composé et très-soigné, paraît avoir
été exécuté dans les dernières années du maître. !l se trouve sur une des
liées de la chaire, dans f église S. Bernardino (autrefois S. Donato) à
Urbhi.
i4. Saint Jérôme.
Ce Père de l'Église^ assis dans un siège de marbre richement ohiementé,
<^ttêtu de violet et porte sur \vl tête un chapeau rouge de cardinal, lia un
livre ouvert sur ses genoux et fient une plume dans la madn. A ses pieds,
it gauche, est couché un Yton, qui ressemble à une sculpture difibrme du
Moyen-âge. Aux côtés, dans Kair, suf de petits nuages on voit de petits
anges en demi-figure et une tète de ehérubin au milieu. Dans le lointain-,
le même saint est encore une fois représenté à genoux devant un crucifix,
et se frappant la poitrine avec une pierre. Sur le degré dtr siège, on lit
éette inscription : ÏORANNES. SANTIS. DE VRBmO. P. — Cet intéressant
tableau, peint à la colle sur une toile préparée dTun ton roufiçeâtre, a
beaucoup souffert de Thumidité, mais heureusement la figure principale
est encore assez bien conservée. Les ombres de la tête du saint sont d'un
gris froid, tandis que les charmantes tètes d'anges sont d'un excellent et
chaud coloris. Cette peinture, provenant de l'église de S. Barlolo à Pesaro,
se trouve à présent dans la collection de tableaux du palais Latran à
Rome.
15. Le Martyre de saint Sébastien.
Le saint, attaché à un arbre, lève son regard inspiré vers le ciel, où
fon voit un ange qui lui présente la couronne des martyrs. Trois archers
k droite, dans des attitudes très-mouvementées, lui lancent des flèches.
Au côté gauche, sont agenouillés huit personnages des deux sexes, de la
confrérie de Saint-Sébastien, donataires de ce tableau. On a cru recon-
naître dans ces portraits ceux de la famille Santi et Ciarla, mais les
ai2 CATALOGUE DES PEINTURES
membres de ces deui familles faisaient partie de la confrérie de S. Maria
délia Misericordia, ce qui explique comment avait pu s'établir cette er-
ronée supposition. 11 faut remarquer principalement dans cette composi-
tion la hardiesse des raccourcis dans les figures d'archers : GioTanni
avait voulu imiter en cela son ami Melozzo da Forli. 11 a triomphé assez
heureusement des difficultés dans les figures du bas, mais pour celle de
range il a complètement échoué. Cependant on ne doit passe dispenser de
dire que le tableau» ayant beaucoup souffert, a été presque entièreoient
repeint. 11 se trouve sur l'autel de l'oratoire de la confrérie de Saint-Sé-
bastien, à Urbin.
16. Saint François recevant les stigmates.
Le saint est à genoux, tandis que le frère Rufino, ébloui par l'éclat de
la lumière^ tient sa main devant son visage. C'est Pungileoni qui dé-
crit ainsi ce tableau, qu'il avait vu dans la Marche d'Ancône, mais dont
l'état était tout à fait déplorable.
17. Le portrait de Guidobaldo, d'JJrbin.
Ce jeune prince, fils de Federico, duc d'Urbin, est i^eprésenté à l'âge
d'environ dix ans. Vu de profil et tourné vers le c6té gauche. Demi-figure
de grandeur presque naturelle. Son costume rouge est magnifique ; sa
coifiure est une toque rouge ornée d'une perle et d'un rubis. Cette
peinture, quoique traitée avec le plus grand soin, est d'un faire naïf et
simple. Dans la maison Vincenzo Piccini, à Urbania, où ce tableau
se trouvait autrefois, on le regardait comme le portrait de Raphaël,
peint par son père, mais ni les traits du personnage, ni la richesse de son
habillement, ne peuvent autoriser cette attribution. Ce tableau sur bois
est à présent dans la galerie du palais Colonna, à Rome.
18. Portrait d'un petit garçon.
Vu de profil et tourné vers le côté gauche, il a le nez fin, les lèvres un
peu minces et les cheveux d'un blond très-clair. Il porte sous un vêtement
très-large, de couleur foncée, un justaucorps de brocard d'or. Au
bas, on lit cette inscription : Rafaello Sanzi d'anni set nato di 6 apr. 1483.
— Sanzi padre dipinse. Cette inscription n'est certes pas authentique, et
d'ailleurs le fond sur lequel elle se trouve est tout à fait repeint. Ce por-
trait ne saurait représenter Raphaël à Tâge de six ans : un profil chétif,
une bouche maigre, des cheveux d'un blond très-clair, ne s'accordent pas
avec l'idée que nous nous sommes faite de Raphaël, qui avait des formes
plus amples et des cheveux châtains ; de plus, cet habillement de brocard
d'or ne convient nullement à l'enfant d*un simple artiste. Cet intéressant
portrait, peint sur bois, a été acheté à Città di Castello, en 1838, par
M. James Dennistoun de Deunistoun. Deux gravures en ont été faites :
l'uue, au trait, par C. Wilson; l'autre, anonyme, ombrée et terminée, est
entourée d'un riche cadre, dans le goût du dix-septième siècle.
DE GIOVANNI SANTI. 615
Peintures à free^ve.
i9. La Vierge de la maison de Giovanni,
La Vierge, assise sur un banc, tournée à gauche, et tenant l'enfant Jésus
endormi devant elle, lit dans un livre posé sur un pupitre. Sa tête est cou-
verte d'un voile dans la manière de Giovanni, et son profil est tellement
caractérisé, que nous avons tout lieu de croire qu'il nous offre les traits
de Magia, femme du peintre, de même que l'Enfant pourrait bien être
le petit Raphaël. Cette fresque se trouvait autrefois dans la cour de la
maison de Giovanni ; mais, comme elle avait beaucoup souffert, on l'a
enlevée pour la placer dans l'intérieur de la maison, qui appartenait, en
1835, à M. Buonifoschi. Dans le Journal du pape Clément IX, lors de son
séjouràUrbin, journal qu'on dit avoir été rédigé par les monsignori Origo
et Lancisi, en 1703, cette fresque est mentionnée ainsi : « Alla pendice
della contrada del monte vedranno la casa dove nacque il gran RafTaello
Entreranno in detta casa e vi osserveranno una piccola immagine di-
pinta nel muro da Raffaello allora Giovanetto. » Mais cette indication n*est
pas plus exacte que la plupart de celles qu'on trouve, dans le même jour-
nal. L'auteur de VAlmanacco del Metauro (Ancona, 1813) était mieux ren-
seigné^ quand il a écrit ce passage : «L'immagine di una Madonna a fresco
ben conservata cbe dicesi opéra del padre di Raffaello e ricorda la forza
deH'antica scuola. » Nous en avons donné une gravure dans le t. III de
notre édition allemande.
20. Fresque de la chapelle de la famille Tiranni, à Cagli.
Cette chapelle, le second autel à gauche de l'église Saint-Jean des Domi-
nicains, à Cagli, petite ville dans les Apennins, à vingt milles d'Urbin,
forme un arc fortement avancé, porté par deux gracieuses colonnes. Selon
Pungileoni, c'est un patricien, du nom de Pietro Tiranni, qui fit élever
cette chapelle et qui en commanda les peintures. La peinture principale, qui
se trouve sur le mur derrière l'autel, représente la Vierge assise sur un
trône en forme de niche, et tenant l'enfant Jésus debout devant elle, dans
une attitude que le Pérugin lui a donnée plusieurs fois'. La tête de la
Vierge, cependant, a tout à fait le caractère particulier aux Madones
de Giovanni. De chaque côté du trône est un ange ; celui de gauche
rappelle vivement les traits du jeune Raphaël et semble être son portrait
à l'âge de neuf ans ; telle a été du moins une tradition constante, que nous
avons adoptée nous-même en publiant une gravure d'après ce portrait.
t . Le premier exemple de cette attitude que nous puissions signaler avec une date certaine
parmi les compositions du Pérugin se trouve dans le tableau d'autel de l'église S. Maria Nuova ,
à Fano, avec le millésime de 1497. Mais le petit tableau de Madone , à la galerie de Berlin,
•ffre une composition semblable et paraît être d'une date antérieure.
«t4 CATALOGUE DES PEINTURE!!
Auprès de cet ange, un voit saiot François d'Assise, tenitnt dd crucifix, et
l'api^lre saint Pierre , et de l'autre c6lé saint Dominique et saint Jean-
Baptiste, qui a beaucoup de ressemblance avec la fiijure du même saint,
dans le tableau d'autel de la Tainille Burii à Urliin. Au-dessus d'un rnur
en marbre blanc, on aperçoit une oiontagneaTecla R&urrectioD du Chrifitf
sin soldats qui gardent le si'pulcn
sitions très-variées et dans des raci
ici encore une fuis l'imitateur et h
admirait surtout comme passé ma
milieu de l'arc, un médaillon coni
blanœ avec la tête du Christ est rt
peints de petits anges, deux àdei
lesangles de la façade, l'Annoncial
flgures dans des médaillons. Cette
plus importante et la plus belle qui
bien plus habile dans ce genre de
trempe : ici, gon dessin est plus libn
monieuse et surtout pluschauded
de la Vierge, de l'Enfant et des anges, y sont ravissants; leurs attitudes
sont des plus gracieuses. En somme, c'est une œuvre satisfaisante daas
loutes ses parties, et il est bien à regretter que l'on n'ait pas pris plus
de précautions pour la conserver.
H . L'Homme de douleur, dans la même église, & Cagir.
A côté de la chapelle de la famille Tirannî, dans l'église des Domini-
cains à Cagli, se trouve la sépulture de Battisia, épouse de Pietro Tiranni.
Au-dessus du sarcophage, dans une espèce de niche, Giovanni Santi a
peint une autre fresque représentant un Christ à mi-corps, debout dans
son tombeau, ayant à gauche saint Jérûme et à sa droite saint Bonaven-
ture qui tient un livre. Au bas, un lit l'inscription suivante : BAPTIST.C
CONIVGl PIENTISSIM.E PETRVS CALI.IENSIS SALVTEM DEPRECATVR.
ANNO MCCCCLXXXI. Cette fresque n'est pas aussi parfaite d'exécution
que celle di^ l'autel, cependant la léte du Christ est très-belle dans soa
expression de douleur.
Voici maintenant, sur diverses peintures de QiQT4uni Santi. qui ont dis-
paru, quelques détails, avec des observations critiques sur d'autres pein-
tures qui lui ont été faussement attribuées.
Taliteau d'autel de S. Blaiitu et S. Vicenltw, qui ÉUit kulrefoi; dfps
la cathédrale d'Urbin.
DB GIOVANNI SANTL 615
On lit dans «d maouecrit intitulé : Chorographia txw Theatrum métro-
politieutn Vrbinatense, par Antonio Vaonuccid'Urbin, éetrit en iVOO^ lequel
se trou Te dans la bibliothèque Albaili à Rome : < Metropôlitana Ecelecia.
tabulam (S. Blasii) prœstants Joannis Sanctii Urbinatig divint Raphaelifi
genitoris, roanusjucundioribusarchitectoiiico ordioe distributia ductisque
lineis, ingenti studio et vigilantia auîs pinniculis coloribus oonspersit et
ipsam S. Blasii imaginem formayit, multaque laude e fatna ptnpria ae
patrise gloria immortali pandidit et S. Basilicam èxomafit inter nobi-'-
liores tabulas coliocata. » — Dans un Catalogue de tableaux et autres
^ets remarquables qui se troutaient à Urbin^ catalogue dressé pair ra?o-
cat Fraacesco Maria de Praetis> on lit : t Quadri deila navàta a coma
Ei^angeiii : Il S. Biagio ed il San Yincenzo è di Giovanni SAntio, padre di
Rafiaello. d Michèle Doici donne également les mêmes indications daiil
seo oufrage manuscrit, intitulé : Quida in TJrbino^ et Tomassd Marelii,
dans un rapport daté de 1749, le décrit de la sorte : « Tabellà repraeaeil^
tans sacrum Praesepe sanctosque martyres Blasium et Yicentium, in quà
B. Virgo simul cum divino ejus puero coronis argenteis sunt redemitî,
est Joannis Sancti^ genitoris celebris Raphaelis. » Ascanio Maffei, dans sa
Description de la cathédrale d'Urbin, rédigée en 1643, attribue pourtant
ce tableau à Tiraoteo Viti; l'Anonyme de la famille Antaldi veut que ce
soit un ouvrage de Galeazzo Sanzio, qui figure seulement dans une fausse
généalogie de la famille Santi , laquelle se conserve au palais Albani à
Rome. Lazzari donne ce tableau à un certain Antonio Sanzio, tout aussi
problématique que Galeazzo Sanzio , mais il afoue pourtant que quel-
ques personnes le croient de Giovanni Santi ^
Le manuscrit, ci-dessus cité, de Ant. Vannucci nous donne le rensei-
gnement suivant sur un autre tableau de Giovanni, qu'on voyait en 1709
i Urbin, dans l'église S. Domenico : « Ecclesia S. Dominici. Alia mensa
S. Tbomœ Aquinati ascriptà et sanctà ejus effigie in decenti tabula peûl-
cillis suaviter composita, illumioata ab eruditissima Joannis Saotis Urbi-
Bâtis manu aocurate, lineisque architeotonice ductis^ non modica sui fama
et patriae gloria distributa, et in lucem aperta. Qui Oiium summum pa-
triœ splendorem et divini nomine toto orbe prsdicabilem habere picturs
renovatorero meruit. » Pungileoni, en parlant de ce tableau, s'étonnait
de ce qu'on l'eût coupé en plusieurs petits morceaux pour les suspendre
dans la sacristie, attendu, dit-il, qu'ils représentent plusieurs des lils du
patriarche Gusmano. Nous n'avons cependant pu découvrir le plus pelk
morceau d'un tableau de Giovanni dans la sacristie de S. Domenico, pas
plus que le moindre renseignement verbal à l'égard de ce tableau. Peui-
t. Voy. plus loin, p. 6(8, 6e que nous avons dit d*iin iablé«ri d'aotel qui se trouré dans la
616 CATALOGUE DES PEINTURES
être l'indication erronée , qui nous a fait faire des recherches inutiles
dans l'église de S. Domenico, a-t-elle* rapport à un passage de Lazzari ]
ainsi conçu : a Dans la sacristie de S. Domenico se trouvent plusieurs petits
tableaux sur bois de Galeazzo Sanzio d'Urbin , qui furent enlevés d'un
autel. 9 Galeazzo Sanzio ne ligure, comme nous l'avons dit, que dans la
fausse généalogie de la famille Santi, qui a été déjà mentionnée plus
haut, mais nous devons laisser à Lazzari la responsabilité de ce rensei-
gnement et de tant d'autres non moins fautifs.
Il y avait certainement un tableau d'autel de Giovanni dans l'oratoire de
la confrérie del Corpo di Cristo. L'archevêque Benedetto, dans la relation de
la visite qu'il fit des églises d'Urbin en 1612, rapporte ce qui suit : « Habet
imagines beatissimœ Virginis et S. Francisci, sancti Joannis Baptistse et
S. Joannis Evangelistœ cum muhis imaginibus angelorum in tela depictis,
quœ sunt eicellentis artificis et ut fuit dictum depictae a pâtre excellentis
Raphaelis de Urbino, qus imagines sunt inclusse in quodam ornemento
ligneo et inaurato, in cujus summitate sunt inscripta haïc verba : Ange-
lorum Reginœ dicata. » En effet, dans la Descrizione délia antica chiesa
fatta d'ordine del Sig. D. Lattanzio Valeîitini Priore, e di tiUta la sua
suppellettile, pièce écrite en 1708 avant que cette église ne fût démolie, il
est fait mention de notre tableau en ces termes : a Degli altari laterali
due Icône in tela, alla destra, di mano del padre di Raffaelle, con Cristo
e la B. Vergine, S. S. Giovanni Battista ed Evangelista, un coro d'an-
geli, e S. Antonio da Padova. » — L*auteur anonyme d'un Catalogue ma-
nuscrit des peintures les plus distinguées qu'on voyait dans la ville
d'Urbin, s'exprime de la sorte au sujet du même tableau : « Al secondp
altare y* è una tavola di Gioan-Sanzi ; dentro v' è un Cristo a sedere
che tiene il mondo in mano e molti SS. et angeli intorno. »
Nous avons peu de renseignements sur les tableaux qui étaient autre-
fois à S. Francesco dans la chapelle de la famille Galli. Le livre de la
sacristie marqué H nous fournit ce passage : « Altare de* S. S. Galli. Il sud
quadro è in tavola rappresentante la Vergine col Bambino, di sopra il
Padre Eterno, da un lato S. Cristoforo e S. Caterina, dall* altro S. Giro-
lamo et altri. » — Dans un manuscrit de la bibliothèque Biancalana, que
Pungileoni croit être du seizième siècle , on lit ce qui suit : a 11 quadro
délia cappella de'Signori Galli in tavola è di mano di Vincenzl Sanzi, rap-
presentante la B. Vergine con S. Onofrio ed altri S.S.» Puis, dans un autre
manuscrit de la même bibliothèque: «Nella cappella de* Sig. Galli Rafaele
quand' era putto vi disegnè moite cose. » Après avoir mis en présence
tous ces documents si contradictoires et si douteux, ce qui nous parait
le plus vraisemblable, c'est que Giovanni Santi peignit la chapelle de la
famille Galli, et que son jeune Uls Raphaël l'aida dans ce travail.
Autel de Pier Antonio Paltroni. Dans le livre A de la sacristie de
DE GIOVANNI SANTl. 617
S. Francesco, od lit : « Altare S. Michaelis, etc. Imagines ligne8&...€ODce8-
8um famiiiae de Paltronis. » — De même^ dans le livre G, p. ii : « Altare
detto di S. Michèle Archangelo cod figure io ta?ola antiche. m — Dans le
livre H de la même église : « Pittura in legno con la effigie délia B. V.
col Bambino, S. Gio. Battista, S. Francesco e altri santi, e di sotto pitture
délia Pasfiione di N. S. Altare de* Paltroni. » L'auteur de cette description
a confondu, sans aucun doute, ce tableau d'autel avec celui de la famille
BufG, comme on peut en juger par cet extrait du manuscrit à la biblio-
thèque Biancalana : « Il quadro délia cappella de' Sign. Paltroni è pari-
mente in tavola rappresentante S. Michèle Archangelo e sotto vi sono li
misteri délia Passione di N. S. Opéra di Gio. Sanzi. »
Dans ce dernier fkrit, un autre tableau, peint par Vincenzo Sanzio, se
trouve encore indiqué comme étant à l'église des Franciscains : « Sopra
la porta di detta chiesa vi è un GroceOsso di N. S. Opéra da Vincenzo
Sanzi. » — On ne saurait aujourd'hui fournir des renseignements plus
précis à l'égard de ce tableau.
Tableaux des volets de l'ancien orgue de S. Franscesco. Dans la Choro-
graphia manuscrite d'Antonio Vannucci, déjà citée plus d'une fois , on
trouve la note ci-jointe : « Duse aliae in eodem choro parique subiimitate
ab earum antiquitate ad haec usque tempera pendentes a Joanne Sanctio
antedicto nobili certamine picturatse tutabantur tabulœ S. S. Assisiatem
Franciscum et Bonaventuram, Episc. Conf. et Ecclesiœ Doctorem fide-
lium venerationi templique apparatui exponentes : nuper inde amotae
commodiorique loco aptatœ, ut a mortalium oculis rectius frui valeant:
exemplar referunt. » Dans un autre manuscrit de la biblothèque du palais
Albani, qui porte pour titre : Abbozzamento délia Cxttàd'Vrbino, on lit ce
qui suit sur le même objet : a S. Francesco. Si vedono anche nel coro dis-
posti a proporzione quattro quadri di Santi Francescani dipinti da Rafaël
d'Urbino mentr' era ragazzo, e prima che arrivasse alla perfezione, che
l'opère fatte da lui in Roma e fuori nella gioventù dimostrano ; e detti
quadri servivano di coperta alF organo antico di detta chiesa , onde più
per il nome che ritengono di lui, che per la pittura sono tenuti cari, d
Le passage suivant, extrait du manuscrit de la bibliothèque Biancalana,
semble se rapporter aussi aux mêmes tableaux : «Nella cappella delF altar
maggiore vi sono attaccati al muro in alto due quadri di RafTaello e due
altri quadri di Giovanni Santio suo padre. » Comme le même auteur a
précédemment attribué à Raphaël lui-même les peintures latérales de
l'autel Buff], représentant l'Ange et Tobie, ainsi qu'un Saint Roch, tan-
dis que ces peintures sont évidemment de son père Giovanni, il témoigne
par là qu'il n'est pas trop habile connaisseur; car ces quatre tableaux
ont bien pu être exécutés par Giovanni Santi.
Dans l'église iNunziata extra muros, près d'Urbin, on trouve un tableau
6IS CATALOGUE DfiS PEINTURES
d« Mfuione tellement noir et endommagé, qu'on peatàpeine di«tinguer la
tête de la Vierge etoelledeTEnfant. Elles sont fortement repeintes, mais,
néanmoins, on peut y reconnaître la main de Giovanni. D'après une do*
tice communiquée au P. Pungileoni par Farchidiacre Luca Allegrini. tirée
de l'inventaire de l'église paroissiale de Cella di pietra, lequel fut dressé
par i'arehidiacre Joseph Iftiuger, ce tableau se trouvait alors placé au-
dessus du tmssin du baptême : l'auteur de l'inventaire l'attribue à un
certain Antonio Sanzio, et dit que la fabrique le reçut en présent de Tar-
chidiacre Palma. Antérieurement, il aurait été« dil-on, apporté en grand
honneur, recouvert de velours vert, dans l'église des Dominicains.
On n'est pas encore d'accord sur la question de savoir si le tableau dd
Mariage mystique de sainte Catherine de Sienne, à Téglise des Domini-
cains à Pesaro, peut être attribué à Giovanni Santi; dans le cas où cette
attribution pourrait être prouvée, il faudrait regarder ce tableau comme
une des premières créations de la jeunesse de l'auteur, car le style du
maître y est encore moins caractérisé que dans son tableau de la Visita-
tion à Fano; le jet de plis y est aussi plus maladroit, et l'on n'y trouve
pas cette grâce et cette originalité qu'on remarque dans ses autres ou-
vrages. Mais, en revanche, les accessoires, tels que les plantes, les nuages
frisés et les roches du paysage, ainsi que l'aspect total de la peinture, pré-
sentent une véritable analogie avec les ouvrages de Giovanni. Au côté du
groupe principal on voit saint lean-Baptiste, et saint Dominique à gauche;
l'apAtre saint Jean et saint Thomas d'Aquin à droite. Les figures sont de
demi-grandeur naturelle. Il y a peu d'années, ce tableau ayant été res-
titué à l'église par la famille Macchinelli qui le possédait, quelques con-
naisseurs l'attribuèrent alors, mais sans raison, à un certain peintre Gin-
liano Preciuto de Fano, quoique le faire de ce peintre du seizième siècle
différât entièrement de la manière de Giovanni, et que le tableau fût
d'une époque bien antérieure à celle ou vivait Giulino Preciuto, ce qui
se trouve attesté par l'inscription d'un tableau représentant Tlncrédutité
de saint Thomas, tableau qu'on voit encore dans Téglise de cet apôtfe, à
Fano î IVLÎAN. PSVTIS. FANI. ORIVNDVS. FACIEBAT. MDILVI. C'est,
au reste, un tableau de mince importance, mais curieut pourtant à cer-
tains égards, en raison de l'époque à laquelle il appartient et do style
maniéré qui commençait à être en vogue.
On a souvent attribué, par erreur, à Giovanni, jine Nativité qui est
conservée dans la maison Liera à Urbin. Saint Joseph et saint Biaise sont
d'un côté ; saint Vincent, martyr, et saint Pierre Diimiano, de l^autre côté.
Dans le haut plane le Saint-Esprit entouré d'anges et de chérubins. Le
tableau, provenant de la cathédrale, pourrait être le même ^ue cèloi
qui est mentionné au commencement de ce Catalogue, et qui à été décrit
suecesàifeoMM pat Miefa. Dotei , Tomfttiaso Marelli, Lassari el autres.
DE GIOVANNI SANTI. 619
comme étant de Giovanni, et se trouvant alors à la cathédrale d'Urbin.
Mais il est peint à Thuile^ dans la manière du seizième siècle ; la Vierge
accroupie^ qui soulève le voile de Tenfant Jésus endormi, est même em-
pruntée à une composition de Raphaël, qui se trouve au musée du Louvre,
connue sous les noms de : Sommeil de Jésus et de la Vierge au Diadème,
Il ne faut donc pas s'arrêter à la supposition du P. Pungileoni, qui fait
provenir ce tableau de Tabbaye de Pietra Pertusa, située au pied du Furlo,
Don sans douter toutefois de son authenticité.
Dans la maison du comte Materozzi Brancaleoni, à Cagli, un Saint Fran-
çois qut contemple un crucifix passe pour être une œuvre de Giovanni ;
mais il est peint à l'huile *. Le P. Luigi Pungileoni rapporte qu'un autre
tableau de Giovanni Santi se trouvait autrefois dans la petite église délia
Umiltà, et que ce tableau, après la suppression de cette église, entra dans
la cabinet d'un amateur, mais qu*il en disparut lors de l'invasion des
Français en Italie. Le savant écrivain semble regretter beaucoup la perte
de ce tableau pour la ville d'Urbin, quoiqu'il ne l'eût jamais vu.
Un tableau que l'on croyait de Giovanni Santi, parce qu'il était signé de
son nom, passa au musée de Berlin. Ce tableau repi^ente une Madone
sur un trône, l'enfant Jésus, le petit saint Jean et un autre enfant, en-
tourés des deux apôtres, saint Jacques le Majeur et saint Jacques le Mi-
neur. Le troisième enfant qui figure dans cette composition avait été con-
sidéré comme étant le petit Raphaël lui-même, ainsi que pouvait le faire
présumer cette inscription : 10. [SANCTIS. VRBl. P.; mais l'inscription,
reconnue fausse, fut enlevée du tableau : avec elle disparut la prétendue
attribution du portrait. Aujourd'hui cette peinture est attribuée avec plus
de raison à Timoteo Viti d'Urbin.
i. 5ous ferons remarquer que bien des tableaux du quinzième siècle, peints orifrinaireroent à
l'flBuf ou à la détrempe, ont été restaun» et vernis à l'huile, de telle sorte que le caractère pri-
mitif de la peinture n'est plus appcéciable à l'eiamen. (Note de l'éditeur.)
FIN DE L*APPEND1CE.
ADDITIONS DE ^EDITEUR
SUR LA
RESTAURATION DES TABLEAUX DE RAPHAËL
EN FRANCE
On ne sait point assex la recounaisBance que les amis des arts doÎTeal à
la France, qui peut avec orgueil s'attribuer l'honaeur d'avoir Tëritabtement
sauTé plusieurs cliefs-d'œuTre de la peiolure, lorsque ces chefs -d'ceavre
furent enToyés a Paris, par suite des conventions que le sort des armes
avait dictées pendent les guerres d'Italie. Les tableaux, qui arrivèrent au
musée du Louvre comme des trophées de victoire, étaient la plupart dans
l'état le plus, déplorable ; tous altérés, endommagés par l'action alternative
de la sécheresse et de l'humidité; les uns encrassés, ensevelis sous des
veruis saccessirs; les autres tombant par écailles; ceux-ci, pei
prêts à se déchirer en lambeaux ; ceux-là, peints sur bois, à dei
de vélusté, presque réduits en poussière : ici, le panneau cribl
vers; là, une toile usée soulcnaut à peine les couleurs.
A cette époque, l'art de la restauration des vieux tableaux n
àjrai dire; il fallut le créer, cl le gouvernement de laRépubli(
chargea l'iuslitut national de chercher les meilleurs moyens p
la perle totale des tableaux de Raphaël. Une commission de
nommée, et celte commission, après des recherches mnltipli
nombreux essais, eut le bonheur de résoudre le problème qui n avan jus
été résolu encore : la conservation perpétuelle des tableaux à l'iiuile par
6^ ADDITIONS DE L*ÉDITE(!R.
le transport de la peinture sur nouvelle toile ou nouyeau panneau. Grâce
à ce procédé merveilleux , on n*a plus à craindre maintenant les ravages
do temps pour des monuments plus ou moins fragiles, que leur nature
même condamnait à une destruction véritable. Il suffira de renoureler de
loin en loin , tous les cent ans peut-être , le bois ou la toile que recouvre
l'œuvre du peintre, fK>ur que cette œuvre vive et sub^ste.
L'art de restaurer les vieux tableaux a fait sans doute beaucoup de pro-
grès depuis cinquante ans ; nous croyons néanmoins qu'on doit s'intéresser
à l'origine de cet art, que la France a trouvé et qu'elle a ensuite appris à
l'Europe artistique. 11 est donc important de connaître comment a été res-
tauré pour la première fois un tableau de Raphaél, confié aux soins des
quatre membres de la commission choisie dans le seiu de l'Institut : Guyton
de Morveau, Vincent, Taunay et BerthoUet, deux chimistes et deux peintres.
Le rapport que les quatre commissaires présentèrent à la classe des Sciences
HMfethénatiques et physiques, amsi qfn*à ht classe de Litténrtire etdeffBetiu:*
Arts, et qui fut adopté dans les séances des \*^ et 3 nivôse an X, doit être
imprimé dans les Mémoires de Tlustitut, mais on ne songe pas à l'y aller
chercher. Voilà pourquoi nous réimprimons ici ce curieux document, qui
mérite à tant d'égards d'être recueilli dans l'histoire des œuvres de Raphaël.
SUR LA RESTAURATION DU TABLEAU DE RAPHAËL
CONNU SOUS LB NOM DE
LA YIER6E DE FOLIGKO,
PAR LES CITOYENS GUYTON, VINCEin:, TAUNAY KT BERTHOLLST.
La peinturé a un grand désavantagef aiipfès de h pO!(€érit^ : i&ê autres
productions du génie peuvent traverarer les siècles ; mais elle confié des
créations à une toile périssable. Le soleil, fhumidité, les exhalaisons aut-
fuetles Fineupie les abandonne, ef même mie négligence inaperçue dans
les f remiers appftts^ nottcait promptement des ehefe^cBOtre de dfgpa-
mitre pour tot^oiirs. Si une puissance proteetrice ne s'élail dMtrgée de
pkisieura* nMMioiDeiit» de ringénieiise Italie^ le nom de Raphaël n'aaraft
bientôt élè Iransiiiia^ dai» sa patrie rnène^ que comme celui d'Apelles.
h» art» doiveol donc une grande reconnaissance au génie de ki Tictoire
^i a recueilli ces rnoonment» épnrs et négligés^ pour le» réunir au centre
de la Bépublique, les confier à une administration éclairée et ? filante,
elles présenter^ conuoe dan» un tasie sanctuaire, à fadmiration de ÏEnh
fope et à rétude de tous eeua qui aspirent aux palmen desarta.
Le mal avait fait de grands progrè» dans plosieur» tableaux des pkis
piécienx^ l'adoiinistntiott du Musé», qui regarde tes fonctions dont efle
est chargée comme une magistrature qu'elle exerce au nom des arts, a
cherché à concilier, et la solMude ^i s'inquiète dès qu'on ose toucher
aux productions des grands maîtres, et l'irrésistible conviction d'une dé-
gradation rapide^
Le désir de réparer le» outrages du temps a nhafbeureuseroenl aggravé
le dépérissemenjt de plusieurs tableaux par des repeints grossiers et de
mauvais nernis dom on a recouvert pkisieura traits du premier pinceau.
I^'autre» motif!» encore ont conspiré conti*e la pi;rreté des ptus belles< com-
position»; on a vu un prélat faire couvrir d'une chevelure dâscocdanAe ks
charmes d'une Madeleine.
Cependant on est parvenu i de» moyen» efficaces de restauration : on
transporte sur une toile nouvelle une peidature dont la toile se détruit^ on
dont le bois est vermoulu; on fait disparaître les touche» profanes d'un
pinceau étranger; on supplée avec scrupule aux traits effacé», et on rend
la vie i un tableaui cpû fuiissait ou qui était défiguré. Cet art a surtout fait
des progrès à Parie, et il en a fait de nouveaux sous ta surveillance même
del'adiniQstrationduMueée; mai» ce n'est qu'avec un respect religieux
qu'on peut se permettre une opéralioa qaii peut toujours faire craindre
qjuelque aitération dans le dessin et dans le coloris, surtout ^piand il
s'agit d'un tableau de Raphaël.
Parai les plus iiamewx tableaux de Raphaël était celui de Folignoy et
il se trouvait dans le dernier état de dégradation;, mais il fallait constater
«et état, pouc mettre l'administration du Musée en règle avec ses commet
taats, e'esuà-dire avec tous ceux qui aiment les arts : il fallait, de plas>
constater la sûreté des procédés, pour pouvoir, sans donner d'aJarme»,
en faire l'application aux autre» tableaux qm le» réclament.
Sur la demande de Fadmioistrationdu Musée, le ministre de l'intérieur
invita l'kistitut à nommer une commission pour suivre la restauration
projetée ; la classe des Sciences pbysiques et mathématique» de TkiBtitut
chargea le» citoyens Guyton et BerthoUet de cette commission , et la
dasse de Littérature et Beaux-Arts nomma le» citoyens Vincent et Taunay.
au ADDITIONS DE L'ÉDITEUR.
La restauration peut ôtre divisée en deux parties : l'une qui se com-
pose des opérations mécaniques, dont le but est de détacher )a peinture
du fond où elle était fixée, pour la transporter sur un nouveau ; l'autre
qui consiste à nettoyer la surface de la peinture de tout ce qui peut U
ternir, à rendre le véritable coloris au tableau, et à réparer les parties
détruites, par des teintes habilement ménagées et fondues avec les traits
primitifs : de là, la division distincte des opérations mécaniques, et de
celles de Tart de peindre, qui seront l'objet des deux parties de ce rap-
port. Les premières ont surtout lixé l'attention des commissaires de la
classe des Sciences ; et les autres, qui exigeaient l'habitude de manier un
savant pinceau, se sont trouvées départies aux commissaires de la classe
des Beaux-Arts.
PREMIÈRE PARTIE.
Quoique le travail mécanique se sous-divise en plusieurs opérations, il
a été confié en entier au citoyen Hacquin, dont nous devons nous em-
presser de louer l'intelligence, l'adresse et l'habileté.
Nous avons d'abord constaté, en présence de Tadministration, l'état
caduc du tableau et la nécessité de le soumettre à la restauration; nous
avons ensuite été appelés à chaque époque où il fallait varier les manipu-
lations : l'habile artiste chargé de cette partie de la restauration nous
faisait connaître les détails du procédé qu'il allait exécuter, et nous ras-
surait sur chaque opération par les précautions dont il l'environnait.
Nous joignons à ce rapport l'extrait des procès- verbaux des séances où
nous nous sommes réunis; on ne fera qu'en indiquer ici le sommaire.
Le tableau représente la Vierge, l'enfant Jésus, saint Jean et plusieurs
autres figures de différentes grandeurs. 11 était peint sur un fond de bois
blanc, de 0'°,032 d'épaisseur; une fente s'étendait depuis le cintre jus-
qu'au pied gauche de Tenfant Jésus; elle avait 0°',010 d'écartement à son
extrémité supérieure, et diminuait progressivement jusqu'à la partie in-
férieure ; depuis cette fracture jusqu'au bord droit, la surface formait
une courbe dont la plus grande flèche était de 0'",067, et, de la fracture
jusqu'à l'autre bord, une autre ligne de 0"',054 de flèche. Le tableau s'é-
caillait dans plusieurs parties, et un grand nombre d'écaillés s'étaient
déjà détachées; la peinture était, de plus, piquée de vers dans plusieurs
endroits.
H fallait d'abord rendre la surface plane ; pour y parvenir, on a collé
une gaze sur la peinture, et on a retourné le tableau ; après cela, le ci-
toyen Hacquin a pratiqué dans l'épaisseur du bois de petites tranchées
à quelque distance les unes des autres, et prolongées depuis l'extrémité
supérieure du cintre jusqu'à l'endroit où le fond de bois présentait une
surface plus droite; il a introduit dans ces tranchées des petits coins
ADDITIONS DE L'ÉDITEUR. 625
de bois ; il a couvert ensuite toute la surface avec des linges mouillés
qu'il a eu soin de renouveler ; l'action des coins qui se gonflaient par
l'humidité, contre le bois ramolli, a obligé celui-ci à reprendre sa pre-
mière forme : les deux bords de la fente dont on a parlé se sont rap-
prochés ; Tartiste y a introduit de la colle forte, pour réunir tes deux
parties séparées; il a fait appliquer des barres de chêne en travers, pour
maintenir le tableau, pendant la dessiccation^ dans la forme qu'il venait
de prendre.
La dessiccation étant opérée lentement, l'artiste a appliqué une se-
conde gaze sur la première, puis successivement^ deux papiers gris
spongieux.
Cette préparation, qu'on appelle cartonnage, étant sèche, il a renversé
le tableau sur une table, sur laquelle il Ta assujetti avec soin ; il a enauite
procédé à la séparation du bois sur lequel était fixée la peinture.
La première opération a été exécutée au moyen de deux scies , dont
Tune agissait perpendiculairement, et l'autre horizontalement; le travail
des scies terminé, le fond de bois s'est trouvé réduit à 0",OiO d'épais-
seur ; l'artiste s'est servi alors d'un rabot d'une forme convexe sur la lar-
geur ; il le faisait marcher obliquement sur le bois, afin de n'enlever que
des copeaux très-courts, et d'éviter le fil du bois; il a réduit par ce
moyen le bois à 0^,002 d'épaisseur; il a pris ensuite un rabot plat, à fer
dentelé, dont l'efi'et est à peu près celui d'une râpe qui réduit le bois en
poussière ; il est parvenu par là à n'en laisser que l'épaisseur d'une feuille
de papier.
Dans cet état, le bois a été successivement mouillé avec de l'eau pure
par petits compartiments, ce qui le disposait à se détacher ; alors l'ar-
tiste le séparait avec la pointe arrondie d'une lame de couteau.
Le tableau, ainsi dépouillé de tout le bois, a présenté à l'œil tous les
symptômes de sa dégradation. Il avait été restauré anciennement ; et, pour
réappliquer les parties qui menaçaient de tomber, on avait introduit des
huiles et des vernis ; mais ces ingrédients, passant par les intervalles que
laissaient les parties de la peinture réduites en coquilles, s'étaient éten-
dus dans l'impression à la colle sur laquelle reposait la peinture et
avaient rendu la véritable restauration plus difficile, sans produire l'effet
avantageux qu'on en avait attendu.
Le même procédé n'a pu servir à séparer les parties de l'impression
qui avaient été ainsi durcies par les vernis, et celles où la colle était res-
tée sans mélange : les premières ont dû être humectées pendant quelque
temps par petits compartiments; lorsqu'elles étaient assez ramollies,
l'artiste les séparait avec sa lame de couteau ; les autres ont été plus faci-
lement séparées, en les humectant avec une flanelle, et en les frottant
légèrement. 11 n'a fallu rien moins que l'adresse et la patience du ci-
11. 40
626 ADDITIONS DE L*ÉDITEUR.
toyen Hacquim pour ne laisser rien d'étranger au travail du peintre
enQa l'ébauche de Raphaël a été découverte entièrement et laisiée
intacte.
Pour rendre un peu de soupleflse à la peinture trop desséchée, elle «
été frottée partout avec de la carde de coton imbibée d'huile, et essuyée
avec de la vieille mousseline; ensuite » de la céruse broyée d'huile a été
substituée à l'impression à la colle» et (ixée par le moyen d'une brosse
douce.
Après trois mois de dessiccation » une gaie a été collée sur Timpression
à l'huile^ et sur celle-ci une toile One.
Lorsque cette toile a été sèche, le tableau a été détaché de dessus la
^ie, et retourné pour en 6ter le cartonnage avec de Teau ; cette opéra-
tion laite, on a procédé à faire disparaître les inégalités de la surface qui
provenaient du recoquillemeat de ses parties; pour cela, Tartiste a appli-
qué successivement, sur les inégalités, de la colle de farine délayée ; puis,
ayant mis un papier gras sur la partie humectée, il a appuyé un fer
échauffé sur les recoquillages, qui se sont aplanis; mais ce n'est qu'après
avoir employé les indices les moins trompeurs pour s'assurer du degré
de chaleur convenable, qu'on se permet d'approcher le fer de la pein-
ture.
Nous avons vu qu'on avait fiié la peinture, débarrassée de son impres-
sion i la colle et de toute substance étrangère, sur une impression à
l'huile, et qu'on avait rendu une forme plane aux parties recoquillées de
la surface ; le chef-d'œuvre devait encore être appliqué solidement sur un
nouveau fond ; pour cela, il a fallu le cartonner de nouveau, le dégager
de la gaze provisoire qui avait été mise sur l'impression , ajouter une
nouvelle couche d'oxyde de plomb et d'huile, y appliquer une gaze, ren-
due très-souple, et sur celle-ci» également enduite de la préparation de
plomb, une toile écrue, tissée tout d'une pièce, et imprégnée, à la sur-
face extérieure, d'un mélange résineux qui devait Tassujettir à une toile
pareille, fixée sur le châssis. Cette dernière opération a exigé qu'on ap-
pliquât exactement, à la toile enduite de substances résineuses, le corps
du tableau débarrassé de son cartonnage, et muni d'un fond nouveau, en
évitant tout ce qui pouvait lui nuire par une extension trop forte ou iné-
gale, et cependant en obligeant tous les points de sa vaste étendue d'adhé-
rer à la toile dressée sur le châssis. C'est par tous ces procédés que le
tableau a été incorporé à une base plus durable que la première même,
et prémuni contre les accidents qui en avaient produit la dégradation;
puis il a été livré à la restauration, qui est l'objet de la seconde partie de
ce rapport.
Nous avons été obligés de nous borner à indiquer les opérations suc-
cessives dont nous avons suivi les détails nombreux; nous n'avons cherché
ADDITIONS DE L^ÉDITEUR. 027
à donner une idée de Tart intéressant par lequel on peut perpétuer indé-
finiment les productions du pinceau, que pour motiver la confiance qu'il
nous a paru mériter.
SBœNDE PARTIE.
Après avoir rendu compte des opérations mécaniques employées avec
tant de succès à la première partie de la restauration du tableau de Ra-
phaël^ il nous reste à vous entretenir de la seconde : la reeiuuration pit-
toresque. Cette partie n'est pas moins intéressante que la première; c'est
à elle que nous devons la réparation des ravages du temps et de l'igno-
rance des hommes, qui, par leur impéritie, avaient encore ajouté à la dé-
térioration de ce chef-d'œuvre.
Cette partie essentielle de la restauration des ouvrages de peinture,
demande, dans ceux qui en sont chargés, une grande délicatesse d'œil
pour savoir accorder les teintes nouvelles avec les anciennes, une con-
naissance approfondie des procédés employés par les maîtres, et une
longue expérience pour prévoir, dans le choix et l'emploi des couleurs, ce
que le temps peut apporter de changements dans ces teintes nouvelles,
et, par conséquent, prévenir la discordance qui serait le résultat de ces
changements.
L'art de la restauration pittoresque exige encore le plus grand scrupule
à ne recouvrir seulement que les parties endommagées, et une adresse
extraordinaire pour accorder le travail de la restauration avec celui du
maître, et, pour ainsi dire, restituer la pâte première dans toute son inté-
grité, et faire disparaître à tel point le travail, que l'œil, même exercé, ne
puisse distinguer ce qui est de la main de l'artiste restaurateur d'avec ce
qui est de celle du maître.
C'est surtout dans un ouvrage de l'importance de celui dont nous par-
lons qu'on a droit d'exiger, pour sa restauration, tous les soins de la
prudence et l'habileté des premiers talents. Cest avec une véritable satis-
faction que nous vous rendons compte de l'heureux résultat de la pré-
voyante sagesse de l'administration du Musée central des arts, qui, après
avoir dirigé et surveillé la première partie de la restauration, a employé
à la seconde (celle que nous appelons pittoresque) le citoyen Roeser, dont
les talents en ce genre lui étaient connus depuis longtemps, et dont les
succès multipliés ont motivé la confiance.
Après vous avoir assuré que nous regardons la partie pittoresque de
la restauration du tableau de Raphaël comme aussi pure qu'il était
possible de le désirer, la tâche que vous nous avez imposée semblerait
remplie; mais nous avons pensé que quelques détails relatifs à ce
chef-d'œuvre ne vous paraîtraient pas déplacés ici et pourraient vous
intéresser.
ee» ADDITIONS DE L ÉDITEUR.
Au premier aspect, toutes les parties de cet admirable ouvrage sem-
blent actuellement être sorties de la main de Raphaël ; cependant, en le
considérant attentivement^ on pourrait être surpris de voir que la portion
de la draperie bleue qui couvre le genou gauche de la Yieige ne soit
point en parfait accord de ton avec les autres parties de la même dra-
perie. Nous* sommes portés à croire que quelque glacis' qui lui donnait
plus de force de ton en aura été enlevé; cependant nous n'oserions l'af-
firmer. Quoi qu'il en soit, le tableau nous ayant offert la même discor-
dance avant qu'il eut été soumis à aucune des opérations de la restau-
ration, on ne peut en accuser les artistes qui y ont été employés.
Une remarque d'une plus grande importance , et que nous ne tous
présentons qu'avec la plus grande défiance de nous-mêmes, est celle-ci :
La tête du saint François offre à l'œil un trait, une qualité de teinte et
une p&te qui diffèrent d'une manière sensible de toutes les autres parties
de l'ouvrage, à tel point que nous oserions presque douter que cette
tête soit entièrement de la main de Raphaël. Nous avons cru n'y pas
retrouver la simplicité grande et le faire moelleux et vrai qui brillent si
éminemment dans l'ensemble et les détails de ce bel ouvrage.
Nous n'osons pas nous permettre de tirer des conséquences absolues
de ces remarques ; mais nous avons cru devoir vous les présenter pour
prévenir les doutes qui pourraient naître dans Tesprit des observateurs,
et qui pourraient leur donner à penser que la restauration aurait en
quelque manière altéré l'ouvrage de Raphaël. Toute espèce de doute à ce
sujet doit être détruite par l'énoncé des faits suivants. Cette tête était
telle que nous la voyons actuellement, au moment où nous vîmes, pour la
première fois, le tableau lorsqu'il fut arrivé d'Italie. Nous limes alors les
mêmes remarques dont nous venons de vous faire part.
Nous devons ajouter, comme chose fort singulière et qui semble même
devoir détruire tous nos soupçons sur Toriginalité de cette tête, que
lorsque, par la première opération {celle de Venlevage), l'ébauche et même
le trait de Raphaël furent à découvert, nous remarquâmes que le trait de
cette même tête, qui était dessinée sur la première impression à la colle,
était véritablement d'un caractère de dessin très-différent de celui des
autres parties, également au trait, et conforme, au moins pour la masse,
au caractère de la même tête terminée.
11 résulte de ces observations que, malgré la dissemblance entre cette
partie de l'ouvrage et les autres qui en forment l'ensemble, on ne sau-
rait, sans témérité, affirmer que cette tête n'est pas de la main de
Raphaël.
11 en résulte encore que tout soupçon désavantageux à l'administration
du Musée central et aux artistes qu'elle a employés dans cette restaura-
tion n'aurait aucun fondement
ADDITIONS DE L'ÉDITEUR. 629
Nous terminons notre rapport en nous félicitant d'avoir enfin y\x ce
chef-d'œuvre de l'immortel Raphaël rendu à la vie, brillant de tout son
éclat, et par des moyens tels, qu'il ne doit plus rester aucune crainte sur
le retour des accidents dont les ravages menaçaient de l'enlever pour
toujours à l'admiration générale.
L'administration du Musée central des arts, qui par ses lumières a
perfectionné l'art de la restauration, ne négligera, sans doute, rien pour
conserver l'art réparateur dans toute son intégrité; et, malgré des succès
réitérés, elle ne permettra l'application de cet art qu'aux objets tellement
dégradés, qu'il y a plus d*avantages à leur faire courir quelques hasards
inséparables d'opérations délicates et multipliées, que de les abandonner
à la destruction qui les menace.
L'invitation que l'administration du Musée a faite à llnstitut national
de suivre les procédés de la restauration du tableau de Raphaël nous est
un sûr garant que les hommes éclairés qui la composent ont senti qu'ils
doivent compte de leur vigilance à toute l'Europe éclairée.
FIN DES ADDITIONS DB L'ÉDITEUR.
TABLE
DES
OEUVRES DE RAPHAËL
CLASSÉES DANS I'QRDRE DES SUJETS.
Notre grand catalogue des œuvres de Ikpbaël est classé dans Tordre
chronologique. Pour faciliter les recherches, nous donnons ici la
nomenclature des œuvres classées selon les sujets qu'elles représen-
tent, sorte de catalogue aussi, mais succinct, qui renvoie aux numéros
4kl grand catalogue, et même aux pages du premier volume pour
compléter les renseignements.
Les catégories que nous avons adoptées sont : Sujets de la Bible (An-
cien et Nouveau Testament), — Sujets relatifs au Christ, — Saintes
Familles et Madones, — Sujets relatifs à la Vierge, — Saints et Saintes,
— Sujets mythologiques et allégoriques, — Sujets antiques, — Sujets re-
latifs à r Église, — Sujets historiqties, — Batailles, — < Portraits, —
Sujets divers f Ornements, etc.
Viennent ensuite les ouvres relatives h la Ciselure, à la Sculpture et
à V Architecture.
Pour les Dessins, le môme travail de classement n'était p«s néces-
saire, puisqu'ils sont classés d'après les sujets dans chaque collection
importante.
Nous donnons d'abord dans leur ensemble les grands travaux de
décoration au Vatican :
Peinture» à fresque et à Tballe.
La obambre deUa Beffnatiini, au Tatiean.
La Théologie, ou la Dispute du Saint-Sacre-
ment, n* 57 du catalogue chroaolngique.
Le Parnasse, n* 58.
L'École d'Albènea, n* 59.
Les troii Figures allégoriques, n* 60.
L*enipereur Justinien donnant les Pandevtes.
n« 61.
Grégoire IX donnant les Déerétales, n*9S.
Figure allégorique de la Théologie, n* 63.
— -* 4e la Poésie, b« 64
TABLE DES OEUVflES DE RAPHAËL.
Le JuiemcDl d'IpolLon r
L'empereur Aupiite délendut de
brdi»
l'Éii«idod.Tirgllft,u*7î.
Lei petiU Khleani deu let embntu
tldei
Blrengue
Le Bapl^n
T^rpour l« déulli, t. H, p. Tî
1.1-, p. 110-137.
«3 et
Le Doneli
n' Î15.
Ue huit F
SUta appareil i Noé, n* 94.
Us fuittbi
LeSacHRee d'Abrehiir. n'es.
de On,
Le Songe de Jecob. n* 96.
Dieu ipp*»» i Nulle, n» »T.
Tirir po
BéliodoK ebeué du Icmpte, n> SS.
Le HeiK de Bnltèae, n' M.
Le RCDCDDln dei bord*» d'Allil», n' 1
0.
U MIlTrliwe de unit Pierre, b' 101.
Feinliirei ia hkI« et Gprei elUgo
iq«l,
51 frtiq..
J'Aoeiei
n* iOÎ.
5î'
Kdêtaili, t. Il, p. II7-iaTe(
m de Cbarlemigne, n' 115.
a mr let Serruini,
ir pour lei d«I«il«, t. H, p. I
SDjet» de la I
ibimbre de l'Htliodore, eu TaUcin,
I da Jaoob, fresque au plafond de le
'ËTe,»CitUdi bille
iD plifond de le cbJ
1 LeaPropfaétai, trfi
Dlao appintt i Mo*, rreiqae eg plafood d<
chambre de nWLiodorï, au ïaiicin, n- ! . , „. . ., ._.
La turUe* d'Almbam, treique au plafond | Vliiaa d-iitobKl, palai* FiUi,
, fretqiH <laiit l'if'iM
TABLE DES OEUVRES DE RAPHAËL .
653
Sujets relatifii an Christ.
H«teMiie« da Ghrict (disparu), n* 111.
Adoration det Borg ers, autrefois à Bologne,
n» 36.
L'Entent Jësos caressé pur le petit saint
Jean, à Pérouse, n* 1.
Tapisseries de Raphaël, au Vatican, deuxième
série, tirée de la Vie du Christ, 12 sujets
et ua treizième représentant des Figures
allégoriques (la plupart d*après G. Romano
et autres élèves de Raphaël), n" 197-207.
Tapisseries de lUphaèl, au Vatican, première
série, tirée de THistoire des Apôtres: 10 su-
jets, n~ 1 86-1 95.
I>es sept oartons de Raphaël, pour les ta-
pisseries ( trois sont perdus ) , à Hampton
Court, en Angleterre.
Voir pour les tapisseries et les cartons,
t. Il, p. 189-211 et t. !«', p. 222-230.
Répétition de ces tapisseries (voir t. Il,
p. 212-215).
Le Christ et les Apëtres, fresque dans la
sala Veochia de* Palafrenieri, à Rome (re-
peinte par Taddeo Zucchero), n^ 120.
Le Christ et ses Apôtres , dans Tembrasore
d'une fenêtre, chambre délia Segnatura,au
Vatican, n° 73.
Le Christ sur le mont des Oliviers, coll.
Futler Maitland, eu Angleterre, n* 17.
Le Portement de la Croix (lo Spasimo dl
UGilia), musée de Madrid, n** 224.
Le Christ en oroiz et quatre saints (de la
galerie Fesch), coll. lord Ward, eu Angle-
terre, n* 6.
Le Christ mis ao tombeau, palais Borghèse,
à Kome, n" 48.
Trois petits tableaux ronds : le Christ assis
sur un sarcophage, saint Lodovicus et saint
Herculanus, musée de Berlin, n** 20.
La Résorreotion da Christ , au Vatican ,
n" 2.
Fax Tobis, coll. Tosi, à Brescia, n* 27.
La Transfiguration, au Vatican, n" 24 1 .
Voir pour les détails, t. II, p. 290-298 et
t. l»Sp. 260, 276-278.
Bcjets relatifli au Christ, dans les embrasures
des fenêtres de la chambre de l'Incendie du
Bourg, n* 119.
Saintes Familles et Madones.
Irfi Sainte PamlUe de Naplei , musée de Na- '
pies, n* 91.
Sainte PamlUe nommée la Ferle , musée de
Madrid, u* 227.
lia Sainte Famille sons le chêne, musée de
Madrid, n" 226.
Sainte Famille avec TEnfluit Jësns assis
snr on agneau, musée de Madrid, n* 46.
La Ctoande Sainte Famille de 1518, au
Louvre, n* 229.
La Petite Sainte Famille , au Lourre ,
n* 232.
Sainte Famille de la maison Canigiani,
musée de Munich, u* 45.
Sainte Famille aveo saint Joseph sans barbe,
à l'Ermitage, vfi 38.
Sainte Famille an Palmier , Bridgewater
Galiery, à Londres, n* 33.
Madone de Fnligno, au Vatican, n* S4.
L2 Vierge à la Chaise, galerie de Florence,
n* i2l.
▼ierge an Chardonneret , galerie de Flo-
rence, n* 30.
Madone dn giand-dno de Toscane, palais
Pitti, n» 21.
Tlerge an Baldaqoin, palais Pitti, n** 54.
Tableau d'autel pour le monastère de Saint-
Antoine dePadoue, à Pérouse : tableau prin-
cipal. Madone avec des saints; le tympan,
avec le Père Éternel ; tous deux au musée
de Naples; — les peintures du gradin :
Christ aux Oliviers, Portement de croix.
Christ mort, Saint François et Saint Antoine
de Padoue, dispersées dans les coll. an-
ghises, n'* 25.
Madone de la comtesse AlCanl , coll. Al-
faiii, à Përousc, u* 9.
Madone A l'Œillet , coll. Spada, à Lucques,
u* 49.
Madone da comte Staflk , coll. délia Staffa,
u* 12.
Vierge an Poisson , musée de Madrid ,
n* 92.
Vierge A la Rose, musée de Madrid, n* 273.
La Belle Jardinière, au Louvre, u» 53.
Vierge an Diadème, au Louvre, n* 83.
Petite Madone de la galerie d'Orléans,
coll. Delessert. à Paris, ii" 39.
Vierge aveo saint Jèrdme et saint Fran«
çois, musée de Berlin, u** 10.
Madone da dao Terranuova , musée de
Berlin, u» 22.
634
TABLE DES OEUVRES DE RAPHAËL.
Bladone d« U eoU. Bolly , mutée de Berlin ,
n» 7.
aUdon« de la maison Goloana, mutée de Ber-
lin, n* 5Î.
La Bladone d« Salot-Slzto, mutée de Dretde,
n» 238.
La ▼large dalla Tanda , mutée de Huoieb,
!!• iii.
Madone de la maison Templ, mutée de Mu-
nich, n* 32.
▼lerfe dans la rralrie , mutée de Vienne ,
n* 31,
La Vlerfo avec les deux Snfuitt, galerie
Etterhazy, à Vienne, n* 55.
Bladone de la maison d'Albe, à TErmitage,
n« 8!.
Madone de la galerie Bridf ewater (autre-
foit à la galerie d'Orléans), Bridgewater
Galieryi k Londret, n* 89.
Madone de la ftndlle Auldel, coll. due da
]lar|bor<nigfa, en Angleterre, n* 26.
Madone de lord Gowper, 1508, coU. lord
Co'wper, en Angleterre, n* 51.
Petite audone de lord Gowper, Ters i SOS,
eoll. Iprd Cowper, en Angleterre, n* S3.
Madone de la maison Aldobrandlni , coU«
lord Gravagh. en Angleterre, n* 82.
La Tlerge aux Candélabres, coU. Monro, t
Londret, u* 223.
Madone avec l'Enflant debout , autrefois à la
galerie d'Orléaat, aujourd'hui ea Angle-
terrf, n** 90.
yierge aveo rBnteni Jésus iHBdoraal ^lîft*
paru), n* 50.
audonna di Loreto (dltpara); répétitions;
«• 80.
Sujets rdUitifii à la Vierge.
Mariage de la Vierge (le Spotalisio), à la
Breraà Milan, n" 15.
L'Annonolatlon , embrature de fenêtre dant
la chambre de THéltodore, n* 103.
La Tlaltatlon, musée de Madrid, n" 225.
Gonronnement de la Vierge , au Vatican
(peint en 1503?}, u» 11.
Le Georonnement de la Vierge, au Vatican
(terminé par G. Romano et F. Peoni),
«• 248.
Le Gonronnement de la Vierge, tapisterie
(ditparue^ pour Tautel de la chapelle Six-
tiue, n° 196.
Saints et Saintes.
Saint Angottln an bord de la mer, au ton-
battement de la chambre délia Segnatura, au
Vatican, n* 74.
Saint George aTOC l'épée, au Louvre, n** 18.
Saint George armé de la lanoe , à PEnni-
tage, n* 37.
Saint Jea»-Baptiste , galerie de Florence,
n* 240.
L'Archange saint Michel, au Lourre, n^ 228.
Peut Saint Michel, au Louvre, n** 19.
Les Archanges Michel et Raphaël , Natio-
nal Gallery, n* 3.
Gonronnement de saint Mloolas de Tolen-
tino, autr«;roia à Città di Casteilo, n" 5.
La DéllTrance de saint Pierre, fretque dant
la chambre de i'Iiéliodore, au Vatican,
n« 101.
Saint Sébastien, coll. Lochit, à Bergame*
n« 16.
Fres<ine A san Severo : Bénnion de saints
Camaldulet autour de la Sainte-Trinité,
n» 29.
Sainte Gatherlne d'Alexandrie, National
Gallery, n" 47.
Sainte Géolle, musée de Bologne, n° 109.
Martyre de sainte Gécfle , fresque dans le
chapelle de la maison de chas«e do pape
(aujourd'hui courent des relifieotes de
Sainte-Cécile, à Transtevere), n*> 208.
Marie-Madeleine et sainte Oatherlne, eoll.
Cumuccini (en 1845), à Borne, n* 8.
Sainte Marguerite, au Louvre, n* 230.
La Sainte Margoerite de la galerie de
Vienne, répétition de celle de LooTre, f[a«
lerie de Vienne, n* 231.
Sujets mytboloiclqnes et aliéfforlqnes.
Le Pamaase , fretque dant la chambre délia
Segnatura, au Vatican, n' 58.
Le Jugement d'ApoUén contre Marsyas,
au plafond de la chambre délia Segnatura,
au Vatican, n* 68.
Figure allégorique de la Poésie, au plofond de
la chambre délia Segnatura, au Vatican, n* 64.
Figure allégorique 4e la Théologie, an
plafond de la chambre délia Segnatura, an
Vatican, n* 63.
TABLE DES OEUVRES DE RAPHAËL.
655
allëforlque de la Philosophie, au
plafond de la chambre deila Segnatura,
n»65.
Vlffttre allégoriqae de la Jariaprtidence, au
plafond de la chambre délia Segnaiura, au
Vatican, n" 66.
laes trois Flffores alléffoultoes, la Prudence,
la Force , la Modération , fresque dans la
chambre délia Segnatura , au Vatican,
»• 60.
r^ CSontemplation des astres , ou l'Astrono-
mie, au plafond de la chambre délia Segna-
tura, au Vatican, n" 69.
I>a Philosophie spéculative, au soubassement
de la chambre délia Segnatura, au Vatican,
n» 74.
lA Science des choses divines, au soubas-
sement de la chambre délia Segnatura, au
Vatican, n* 74.
Douze rifures allégoriques et douze petites
oonapositions symboliques, dans les socles
de la chambre de l'Héliodore, au Vatican,
u» 102.
La ca&ambre de bain pour le cardinal da
Bibiena , ah Vatican , sept sujets mytholo-
giques, à fresques, u" 209-215, six Amours
victorieux, au-dessous des fresques princi-
pales, n" 2t6, et Cupidon et Pan, au pla-
fond, n*> 217.
Voir pour les détails, t. II, p. 228-233 et
t. 1", p. 235-239.
Oalatée, fresque k la Farnesina, à Rome,
n» 106,— Voir t. 1", p. 192.
XfOges delà Farnesina, sujets tirés de la fable
de rAmoar et Psyché, fresques, n*> 239.
Voir pour les détails, t. II, p. 281-287 et
1. 1« p. 238.
Les trois OrAoet, coll. lord Ward, en Angle-
terre, n° 42.
Tapisseries (disparues) avec des Amours
Jouant, cinq sujets, sans n**, t. Il, p. 225-
226.
Vision d'un Chevalier , National Gallery,
n- 13.
Sujets iintiqnes.
Les Sibylles, fresques à Santa Maria délia
Pace, à Rome : la Sibylle de Cumes, la'Per-
sique, la Phrygienne et la Tiburtine, d" 1 05.
— Voir t. I«r,p, 156.
La Sibylle de Tibur, au soubassement de la
chambre delU Segnatura, au Vatican,
v9 74.
Discours de Solon an peuple grec, au sou-
bassement de la chambre délia Segnatura,
au Vatican, u° 74.
Le HEariage d'Alexandre et Roxane, fresque
à la \illa Raphacl, à Rome, n** 218.
Alexandre le Grand faisant déposer les
œuvres d'Homère dans le tombeau
d'Achille, grisaille sous le Parnasse, dans
la chambre délia Segnatura, au Vatican,
no 71.
Z« luffement de Séleocus, dans Tembrasure
d*une fenêtre, chambre della Segnatura, au
Vatican, n»73.
Siège de Syracuse , au soubassement de la
chambre della Segnatura, au Vatican, n** 74.
La Mort d'Archimède , au soubassement de
la chambre della Segnatura, au Vatican,
u* 74.
L'école d'Athènes, fresque dans la chambre
della Segnatura, au Vatican, n'* 5'.>.
L'Empereur Auguste défendant de brûler
l'énéide de Virgile , grisaille sous le Par-
nasse, dans la chambre della Segnatura, an
Vatican, n« 72.
Un SacrlSce païen , au soubassement de la
chambre della Segnatura, au Vatican, n* 74.
Savants orientaux et Magiciens, au soubas-
sement de la chambre della Segnatura, au
Vatican, u** 74.
Sa|eÉ» relatifs à l'Église.
La Théologie, ou la Dispute du Saint'
Sacrement, fresque dans la chambre deila
Segnatura, au Vatican, n"* 57.
Béliodore chassé du Temple, fresque dans la
chambre dite de THéliodore, au Vatican,
n« 98.
La Messe de Bolsène, fresque dans la chambre
de rHcliodore, au Vatican, n* 99.
Le Baptême de Constantin, dans la salle de
Constantin, au Vatican, n* 244.
Harangue de Constantin à ses soldats, dans
la salle de Constantin, au Vatican, n** 242.
La Donation de la ville de Rome au pape,
salle de Constantin, au Vatican, n*> 245.
Oonstantin donnant la ville de Rome au
pape, embrasure de fenêtre dans la salle de
rileliodore, n« 103.
Sujets de l'Histoire de Constantin, pein-
tures des socles, dans la salle de Constantin,
au Vatican, n* 247.
CÔB
TABLE DES OEUVRES DE RAPHAËL.
Ck»nroAB«m«ni d« Gharlenufno, Tresque dans
la chambre de l'Iocendie du Boarg, au Yati-
caDf n*
li5.
Oréfolr* DE donnant les Déorétalet, fres-
que dam la chambre délia Segnatura, au
Vatican, n* 62.
Le Serment de Léon m , fresque dans la
chambre de T Incendie du Bourg, au Vati-
can, n** 114.
L'Incendie do Bonrf , fresque dans la chambre
qui porte ce nom, au Valican^ u** 116.
Six Frotecteore de rifUae Romaiae, dent
les socles de la chambre de rinoendfe de
Bourg, au Vatican, n* 118.
Les hait Papes «Tec les lifores elléco-
rlqnes , salle de Constantin , au Tatieon,
n
0 4
46.
Un Pape célébrant la Messe, embrasure de
fenêtre dans la chanibro de l'Uéiiodore,
n« 103.
La Bataille de Constantin, salle de Constan-
tin, au Vatican, n* 243.
La Rencontre des hordes d'Attila, fresque
dans la chambre de rHéliodore, aa Vatican,
»• 100.
La Victoire remportée sur les SarraaiBs,
fresque dans la chambre de riuocudie du
Bourg, au Vatican, n' 117.
Portraits.
Portrait de Raphaël, par lui-même, galerie
de Florence, n* 4 1 .
Portrait de Raphaël (disparu), deux répéti-
tions, n" 77.
Portrait dn pape Jnles n , palais Pitti,
n» 75.
Portrait de Léon Z, avec les cardinaux Jules
de Médicis et Luuis de Rossi, palais Pitti,
n" 2J4.
Portrait de Lanrent de Médlcls , duc d'Ur-
bin (disparu), u» 235.
Portrait de Qlollano de' Medlol, galerie de
Florence, n* 107 (?).
Portrait de Bemardo DotIxIo da BlMena,
musée de Madrid, n** 108.
Portrait de Ouldubaldo , duc d*Urbia (dis-
paru), n® 40.
Portrait do comte Baldassare Gastlgllone,
au Louvre, n" 112.
Portrait du Marchese Federico de Man-
toue, coll. Lucy, en Angleterre, n^ 76.
Portraits d'Andréa Navagero et d' Afostino
Beassano (disparus), copie à la galerie
Doria, à Rome, où ils passent pour Bartolus
et Baldus, n" 220.
Portrait d'Antonio Tebaldeo (disparu),
II» 219.
Portrait de Blndo Altoviti , musée de Mu-
nich, n» 89.
Portrait de Phaodra Inghlrami, palais PitU,
n» 104.
Portraits d'Angelo Donl.et de Maddaleaa
Btroszl, sa femme, palais Pitti, n° 34.
Portraits de deux moines, don Blasio et don
Ballasar , du monastère de Vatlombrosa,
Académie de Florence, n" 43.
Portrait do Violoniste , palais Seiarra Co-
louna, à Rome, n** 236.
Portrait d'un Jeune homme de la maieoa
Rlcoio, musée de Munich, n" 24.
Portrait d'un Jeune homme , au Lou-rre,
n" 79.
Portrait d'un Jeune homme , Kensingfoo
Uallerv, à Londres, u° 14.
La Blattresse de Raphaël, palais Pitti, n* 237.
La Maltrease de Raphaël, galerie Barbe-
rini, à Ri»me, n* 78.
Portrait de Jeanne d'Aragon, an Lourre,
n« 233.
Portrait d'une Jeune femme, palais Pitfi,
n" 44.
Portrait de femme , galerie de Florence,
n" 87.
Portrait de femme, galerie de Florence,
u" 35.
Sajet» dlTers, Ornements, etc.
L'empereur Justinien donnant les Pan-
dectes , fresque dans la chambre dcUa
Segnatura, au Vatican, n" Çl.
Deux Enfants avec les armes de Jules n,
peints dans la chambre d'Innocent Vlli, au
Vatican : un des Enfants à l'Académie de
S. Lue , à Rome ; Tautre , en Angleterre,
n»86.
Six petits paysages , an soubassement de la
chambre délia S^natura, au Vatican, n<* 74.
TABLE DES OEUVRES DE UAPHAEL.
637
Clselare et Scalptare.
Aessins pour deux pUta, n*' 1 .
Dessins pour une médaille, n** 2.
Les statues des Prophètes ^onas et élie,
en marbre, par Lorenzetto, u" 3.
L'Enfant mort porté par on Daophin ,
groupe en marbre, n" 4.
Destin poor un vase i parflims, n" 5.
Modèle ponr une fontaine (la Fontaua délie
Tartarughe), o" 6.
Dessin ponr le ooin d'une monnaie, n*' 7.
Autres dessins pour des ouTrafes de soulp-
ture, p. 377-379.
ArchlÉectare.
Plan pour l'èf Usa Saint-Pierre, à Rome, n* 1. | Plan de la maison de Raphaél, n« 6.
Plan pour la ohapelle COilgi, 2i Rome, n" 2. pian pour la oour de 8. Damaso, au '
Paçade pour l'éffllse San Lorenxo, à Flo-
rence, n** 3.
Plan pour l'éf lise San Giovanni Battista
dei FiorenUni, à Rome, n" 4.
Plan pour la restauration de l'éfllae S.
Maria In Domenloa, à Rome, n** 5.
"Vatican,
n» 7.
Plan pour différentes maisons partionllères,
n» 8.
Voir pour les détails, t. II, p. 391-397.
TABLEAUX ATTRIBUÉS A RAPHAËL
SojetA tirés de rHifttoIre «alnte.
et Eve (par Hariotto Albertinelli?),
n» Î49.
Le SaoriAce de Oaïn et d'Abel, en Angle-
terre, n* 250.
Hoé entrant dans l'Arobe (par un peintre
néerlandais), n** 251.
Elisée ressusoite trois jeunes f ens (par le
Pinturicchio?), no252.
Judith (par le Moreto?), à T Ermitage, n» 253.
L'Annonoiation (disparu), n** 254.
La Halssanoe du Christ (par Lorenzo di Credi),
n» 255.
La Valssanoe du Ghriit (par le Spagna)^
n" 256.
L'Adoration des Matea (par le Spagna?),
acheté par le musée de Berlin, n** 257.
La Sainte Gène (par le Spagna?), ancien
courent des nonnes de S. Onofrio, à Flo-
rence, n"
258.
Le Christ aux Oliviers, en Angleterre,
n" 259.
Le Baptême du Christ et la Résurreotion,
deux petits tableaux (école du Pérugin?),
musée de Municb,n* 260.
Deux petits tableaux, autrefois dans Téglise
S. Pietro Maggiore, à Pérouse, une Madone
et le Christ mort (disparus), n» 261.
Petit tableau dans la maison paternelle de
Raphaël (disparu), n« 262.
Divers tableaux représentant le Christ en
Croix, n" 263.
Jésus-Christ en prière (école du Pérugin?),
n° 264.
Les runéraUlM de U Vlergo (disparu),
ne 265.
L' Assomption de la Tierce, en Angleterre,
n« 266.
Le Jugement dernier (disparu), n** 267.
Les Martyrs, eu Angleterre? n* 268.
«38
TABLE DES OEUVRES DE RAPHAËL.
Sainte» familles et Madones.
d«ll'
n» 269.
paUit PilU j
!•• BApos en Éfypte , mutée de Vienne,
n- Î70.
Madonna del pMieffCio, répétitions ou copies
à Bridgewater Gailery, à Londres, au musée
de Naples, etc., n** 271.
La Vierge dans les Ralnea, autrefois dans la
sacristie de l'Escurial, n** 272.
Madooe de la maison DiotUevl, musée de
Berlin, n» 274.
Madone dn oomto Biaenso, Stfldeische bo-
litul à Francfort -sur-peîn, n» 275.
La Vierge donnant Ém fleurs à l'Bnftat
Jésos , Kateritf de Florence , palais Ber-
gbèfte, etc.. n'
La Vierge
0*277.
La Vierge aveo des Ba:ato, ooU. de eomle de
Waiwiclc, en Angleterre, n" 278.
Diverses Madones attribuées à Raphaâ, t. U,
p. 337-345.
i76.
la Prairie, à rEnnitage,
Sojeta religieux.
Les Cinq Saints (par Giulio Romano?), à l'A-
cadémie de Parme, n** 279.
Saint Lno faisant le portrait de la Vierge, &
l'Académie de Rome, n** 280.
Saint Jérôme (di^aru), n« 281.
Saint Jean révangéllste, musée de Marseille,
n" 282.
Les ApAtres saint Herre et sifAt Penl (pv
fra Bartoloroeo?), au palais da Qinrinal, i
Rome, n" 2B3.
Marie-Madeleine (disparu), n« 284.
Divers tableaux de Saints , attribués à Ra-
phaël, t. II, p. 351-352.
Sujets mytbolosiqnea et allésoriqnes.
La Charité et l'Bspéranee, deux petits ta-
bleaux (par F. Penni?}, autrefois galerie
Borghèse, aujourd'hui en Angleterre, n** 235.
La raix (par Timoteo Viti?}, n» 286.
Les Heures du Jour et de la nuit , douze
figures de femmes sur fond noir, n** 287.
Apollon, la Lune, oinq Planélea, et quatre
étoiles du sodiaque, onze sujets au plafond
de la salle Borgia, au Yalican (par G. da
Udine et P. del Yaga), n" 288.
Quatre sujets mythologiques, tirés du vesti-
bule de la villa Hadama (2 par G. Romano,
2 par G. da Udine?}, n<* 289.
Achille â Scyros et Aohille reoonnn par
Ulysse , 2 peintures murales dans la Tilla
Madama (école de Raphaël!, n* 290.
Diane et Gallsto, Saturne, Vénus, figures au
plafond de la salle du rez-de-chaussée de la
Famesina (par Baldassare Peruzzi), n" 291.
Heptune et Amymone , en Angleterre,
n* 292.
Apollon et Marsyas (par Timoteo Titi?),eoil.
Moris Moore, en Angleterre, n** 293.
Portraits.
Raphaël et son maître d'armes, au Louvre,
nȕ94.
Portrait de Frédéric Garondelet, coll. des
ducs de Grafton, à Londres, n" 295.
Portrait de monsignore Lorenao Puooi ,
coll. de lord Aberdeeu , en Angleterre,
n» 296.
Portratt du cardinal BorgU, palais Borghèse,
a Rome, n" 297.
Portrait du cardinal Antonio del Monte?
de la galerie du cardinal Fesch, no 298 .
mato^nU portraiU de cardinaux, attribués
a Raphaël, p. 359-360.
Portrait* 4e la M8iltr«see de Rapba«l, eofl.
Harlborough, en Angleterre, et à l'Ermitage,
n« 299.
Portrait d'une Jeune dame, musée Kestaer,
à Hanovre, n** 300.
Portrait de O. F. Pennl, le Fattore, de la
galerie du. roi de Hollande Guillaume II,
n''301.
Portrait du Parmesan, en Angleterre, n*302.
Portrait de Giovanni deluaasa(parSalviati?),
à Rome, 303.
Portraito de César Borgia, palais BorgbèfS
et coll. Castelbarco, à Milan, u" 304.
TABLE DES CfiUVRES DE RAt>UAËL.
639
Fortrattg de F. Baïunaro, coll. Lancelotti, à
Naplea et à rBrmilage, ii« 305.
Portrait d'un Chartreux , coll. Spieker, à
Berlin, n** 306.
Portrait d'où Jeune homme, au Loovre (ca-
talogué comme Francia), n* 307.
Portrait d'un hoBuno en manteau roufe,
n* 308.
Portrait d*un jeune homme ( par R. Ghir*
landajo?), musée de Montpellier, n* 309.
Portrait d'un Jeune homme , au palais
d'Albe, il Madrid, n« 310.
Portrait de femme , galerie de Modèoe,
n" 311.
Portraita de Blaro Antoine Ralmondi, coll.
Parade de l'Estang, à Âix, et Vallardi, à
Milan, n« 312.
Portrait de U Mère de Raphadl, musée de
Naples, n^ 313.
Portrait d'un Jeune aeigneur, musée de
Naples, n" 314.
Portrait de l'Apothicaire de Raphaël, musée
de Copenhague, n* 315.
Portrait d'un Jeune homme, eu Angleterre,
n«3l6.
Portrait d*un Jeune homme, musée de Bruns-
-wick. »• 317.
Portrait d'un Jeune homme , de la galerie
d'Orléans (disparu), u** 318.
Portrait d'une femme ifée , de la galerie
d'Orléans, n" 319.
Portrait d'Alphonae d'Bate, duc de Ferrare
(c'est un puriiait du Giorgione , par le
Titien), n« 320.
Portrait de Françola I*'', roi de France,
n» 321.
Portrait d'un chanoine, n** 322.
Portrait d'une ducheate italienne, n* 323.
Portrait de Taddeo Taddei , coll. Manni, à
Rome, u* 324.
FIN DE LA TABLE DES OEUVRES DE RAFRAEL.
Paris. — Imprimerie de P.-A. BOURDIER et C'\ rue Maxarine, 30.
ADDITIONS PT CORRECTIONS.
PagM. làpm,
S^, 13, aiouiqt : te cartoo dd la Prédicatioa de saint /ean-Baptiste doit se
trouver dans la collection dv capitaine Stirling, à Lon-
dres. (Voyez Waageo, Treaptrei of arlt in Great Britain,
I. Il, p. 316.)
41, 30, t^mUt* à la note 3 : Le tableau de l'Aiioration des Bergers, qui est à
Madrid, a été reconnu aonaaie étant une peinture d'un des
dlèves de Raphaël , dont la manière se rapproche de celle
de Jules Romain.
66, 8, OM Uoâ 4e : Paiishangar, li$ex : Penshan^^r.
83, 3, > Du Propylée, lises : des Propylieen.
138, 5, 0jouki : Une répétition du même portrait se voyait autrefois dan^
la maison Xnghirami , à YoUerra, où elle passait pour l'o-
riginal. Ce tableau se trouve à présent à Florence. On le
dit bien supérieur à celui du paJais Pitti.
I^, SO, » Un tableau qui représente la figure seule de la sainte Cécile
a été acheté à Bologne pour le roi Louis de Qavière. Les
connaisseurs 4e considèrent x<omJ)fie une ancienne copie.
217, 8, » Le comte RacKynski, dans son Oirtionnaire historique et
priisiique eu Porluçajl, p. 134, rapporte ce qui suit:
Dans un exemplaire de Vasari, édition de Florence.
1568, qui a appartenu à François de Hollande 'né en Por-
tugal eu 1517 AU 1518, mort en 1584). et qui se trouve au-
jourd'hui encor;B à la Bibliothèque publique de Lisbonne,
p. 83 , article de ia vie d^ AçLphaël d'jUrbin , là où il est fait
mention des riches tapisseries que Je pape Léon X com-
manda en Flandre d'après les dessins de Raphaël, pour la
somme de 70,000 scudi, on lit en marge, et de la main même
de Français de Hollande, la note suivante : « Bolonha (Vin-
c cidore da Bologna) alla en Flandre faire exécuter ces tapis
« d'après les dessins de moB père Antoine de Hollande, avec
c lequel il se trouvait en concurrence relativement à cette
/ commande. » Plus loii^^ au commencement de la vie de
jGiov! Francesco (Âl Fatj^ç^e), p. 145, on trouve cette autre
note : c Celui-ci s'appelait Bolonha, et s'étant rendu en
< F^uadre afi^n d'y /^irç cgjt^t^çlionnw les tapis du pi^e
II. 41
6i2 ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Pagca« Lignw.
« Léon X d'après les dessins de Raphaël et d'après les siens,
c et ayant vu les dessins de mon père, que l'infant D. Fer-
< nando faisait alors enluminer par Simon de Bruges, il en
« fit d'autres en concurrence avec ceux-ci, mais Simon
« choisit ceux de mon père et les enlumina parfaitement
« bien. » Ces assertions de François de Hollande sont pen
certaines et même fautives. D'abord, il confond Vincidora
da Bologna avec Giovanni Francesco Penni , qui jamais n'a
visité les Pays-Bas. Puis, les tapisseries représentant les
Actes des Apôtres, déjà exposées en 1519 dans la chapelle
Sixtine, à Kome, ne peuvent guère avoir été exécutées sons
la surveillance de Vincidore da Bologna, qui se trouvait, à
la vérité, en Flandre en 1530 ou 1531, ainsi que nous l'ap-
prend le journal d'Albert Diirer, mais rien ne prouve qu'il
fût déjà en Flandre vers 1516, époque à laquelle les cartons
de Raphaël y ont été envoyés. Si réellement il avait été
chargé d'une pareille mission à cette époque, il est pins
probable qu'il aurait surveillé l'exécution de la seconde
suite des tapisseries, représentant des sujets de la vie da
Christ, suite exécutée pour François I**, roi de France, d'a-
près des esquisses de Raphaël et de ses élèves. On peut
même supposer que Vincidore, sinon Antoine de Hollande ,
a fait quelques cartons de cette suite: ce qui semble d'autant
plus vraisemblable que quelques-unes de ces tapisseries'
trahissent dans leurs accessoires la manière néerlandaise.
En outre, il parait qu'il y a confusion dans les souvenirs do
François de Hollande lorsqu'il parle des tapisseries que le
pape Léon X fit faire en Flandre d'après les dessins de
Raphaël , et qu'il dit ensuite que l'infant D. Fernando en
avait fait dessiner les cartons par Antoine de Hollande pour
qu'ils fussent enluminés par Simon de Bruges. Ces circon-
stances prouvent évidemment qu'il s'agit ici de tapisseries
tout à fait différentes de celles qui furent exécutées d'après
les esquisses de Raphaël. ïl ressort d'une lettre de l'an
1530, adressée d'Anvers à l'infant par Damien de Goes,
alors ambassadeur en Flandre, que ce prince a fait faire des
tapisseries cette année-là, mais nous ne savons s'il s'agit
ici de celles que cite François de Hollande. (Voyez Ut Ârtt
en Portugal f par M. le comte A. Raczynski. Paris, 1846,
p. 200.)
225 , 3 , ajoules : L'Adoration des Mages, gravée par Banzo, et la Présentation
au Temple, gravée par Persichini, sont des estampes qui
reproduisent les compositions du gradin appartenant au
Couronnement de la Vierge de 1503, lequel fait partie de
la galerie du Vatican.
239 , 36 , «1* Keu de : NAVGERIVS , litex : NAVAGERIVS.
ADDITIONS ET CORRECTIONS. 643
Pages. Ligues.
245, 34, ai* lieu de : Orviétains , liiez : Olivctains.
254, 37, » M. D. XVlI.iiicz.M. D.XYIII.
259, 26, > Rafaele délie Colle, lUez : Rafaele del Colle.
284, 23^ » Se trouvait, lisez : se trouve dans la collection de M. Jules
Canonge, qui aurait, dit-on, la bonne pensée de la léguer
à la collection du Louvre par testament.
322, 41, > Ghesi , fûe2 : Jesi.
326 , 31 , ajoutes : Ce petit Ubleau de l'Assomption de la Vierge est oblong en
largeur. Le style du dessin et de la peinture rappelle la
manière de l'école lombardo -vénitienne au commence-
ment du seizième siècle. L'exécution en est très-soignée,
et les têtes des apôtres sont pleines d'expression.
344, 14, » La Madone dite de la maison Taddei n'a aucun rapport
avec Raphaël. C'est un tableau insignifiant de l'école du
Pérugin.
351 , 36, au lieu de: Qui est à Munich , lises : et qui est à Munich.
391, 3, » Giuliano da Mariano , ZûM : Giuliano da Maiano.
412, 39, ajoutes ; Ces peintures sont devenues la propriété du gouvernement
pontifical ; elles doivent se trouver à présent dans la col-
lection de Saint-Jean de Latran.
424, 1 , fltt (tett de : Est un joli ouvrage de Filippino Lippi, lises : rappelle la
composition de la petite Madone de lord Cowper.
456 , 30, » '^ Verstolk van Zoel*n , lises : Verstolk van Soelen.
458, 37, » Hollwey, lises : Hollweg.
530, 35, ajoutes : Cette édition de Londres contient 176 eaux -fortes d'après
des dessins que M. de Saint-Morys avait emportés avec
lui en Angleterre. Ces eaux-fortes sont tout à fait dijffé-
rentes de celles de l'édition de Paris. Parmi elles se
trouvent sept pièces dont les dessins ont été attribués à
Qaphaël, mais qui paraissent tons apocryphes. Ces pièces,
inarquées pour la plupart du chiffre de M. de Saint-Morys,
avec la date de 1793, sont les suivantes : 1 , un Sacrifice
antique avec douze figures (voyez p. 596 de ce volume) ;
2, un antre Sacrifice antique où deux hommes tien*
nentune chèvre; 3, une Procession avec des évéques,
des suisses et autres personnages ; 4, une Danse de deux
Amours et de sept enfants (voyez p. 586 de ce volume);
5, un jeune Homme nu, debout et vu de dos ; 6, un Bar-
bare d'après l'antique , vu de profil ; 7, une Femme qui
tient son enfant sur les genoux, tous deux ayant les re-
gards tournés vers un enfant assis à terre. Ce groupe est
le même que celui qu'on voit avec d'autres figures dans
un dessin du Louvre, n" 349 de notre Catalogue.
550, après la signature de M. de Montaiglon, ajoutes :
« M. Passavant, ayant eu communication de cette curieuse
lettre qui nous était adressée , a voulu y ajouter une note ,
641 ADDITIONS ET C0RIIBCTI0N9.
que nous donnons textuetlemenl, c'dst-à-dire telle qu'il l'a
écrite lui-même en français, {ffcêe ée PMitnur.)
c Tout en reconnaissant le mértle et la justesse des ob-
servations de M. Anatole de IfoQtaiglon» et en le reoiereiant
des documents qu'il met an jour à propos de la fontaîoe
délie Tartarugbe, nous avons cependant à ajouter que si le
sculpteur Taddeo Landini a fait l'esquisse pour cette fon-
taine , il a néanmoins en tout point pris la statue do Jonas
de Raphaël pour ses quatre figures juvéniles qui en foat
le principal ornement. Nous disons prû, parce qu'il a non-
seulement imité les figures du maître d'Urbin dans ses
moindres mouvements , mais les tètes mêmes ont en entier
le cachet particulier de celles de Raphaél. De la sorte donc,
si ce dernier n'a pas pu lui-même prendre une part directe
à cette œuvre, indirectement néanmoins il en est le maître
pour la partie la plus importante, puisque c'est d'après li|^
que les figures ont été exécutées. »
FIN DRS ADDITIOXS ET CORRECTIONS.
Vans.— baiMiBari* éc 9^k, ûOWUMUk aiO«, M»«im Misaiioe,
cloïC
^o^
LlBflftlRlE DE V* JULES REIIOUABO, 6, RUE OE TOURNOI.
HISTOIRE DES PEINTRES
DE TOUTF.S LRS RCOLES, DKPUIS LA RENAISSANCE JI.'KQu'a NOS J>tl Rn
Toxie par U. Clinrh s Blakc, ancien dircrlctir des BeiUiX-Arts, vt par divei-s ûcrhaiits a»|iéi iatix.
litusliiiiions par les plus liuhiici altistes, dessiiiaieiirs vt gravcuni
('lini|iic livra;s(iii cuiiliciii un texte île 8 p'iges grand in-A**, ptpier rèlm, imprimé avec le plus granJ
lii\r. 4 iiii 5 gri\urr0 rcpioduisml U*8 plus beaux lablraox tlf- loiilc» les Ecoles; l'tutrails, Fnc-ftimile.
C.-ilalouno (1f^ OEuvrL'A, t'rix do» Tablmux dan» h-s rrnlcs,d<i>
Vallrcs publiés
t OU FMA'.ÇAiSE.
niaiirii«pl . .
lion Itiiuingnt*.
ilouclicr . .
llouiioiigu^^L.
Biiiinlon -S.;.
« allul (J.l. .
(la^nnuTB
de).
2Î2
ÛÔ
2.i6
86-87
88^9
66
(:i.aiiipat:ucirii.df). 205-200
«".l.ttrrin 27-2S
«liai M (T.). . .-Î8H-290
«:i.»uel I J tlF.j .■257-258
(iourloiv ....
(louKiii J.}. . « .
('.o>pei ;a.). . .
Co>pel Ml.) . .
(Io\p«i (NoM) .
(;o\j.«"l 'N.-,\,;. ,
Dtivnl (I..J . . .
Iirinanic (J.>L.) .
I)i fporleii. . ...
|)i Iroj- (l'Viiiicnis) .
l>uTr»,\ (J.-F.j. .
l>n)Uiii» (J.-(î.) . .
Durrfsnny (r,.-A.} .
I)u;;li«t |(j.}. . .
Pra};oniiid. . . .
ifûricaull. . .
Il rndi't (btiron). ,
Gmuci; J.-]).}. ,
Gr>* (buron). . ,
(iui'r'n (baron) . .
Fréninict (M.) . ,
lln« l
Iljrr (lie La) , .
Joauial {E.) . .
JoUTl'IK't , • .
I.ancnt. . . .
I.antara
I.ar;:illicre (N. di).
I.< lirini [II.] . . .
I.ifr-trr (Cl.) . .
I.i'iiinuif . . .
l.rplcic |N.-B.). .
I.*'hu«-(ir . . . .
l.niTain idiaudcj .
I.ouIIk rbouF);. . .
M'mIiii (Vandi-rJ.
Il cliullnit . . .
MciianI |N.). . .
Ki-snard (V., . .
M;il.l(l'r.) .
245
ilA
208
225
253
1V)9
1it4-105
ItSHC
U\
209
247-248
267
-268
76
19()
2y-S(i
8-9
211
281-282
ôO-*l
262ii26â
272-273
261
90
230
276
17
91
40
18«)
179-180
U6
221-222
21*4
/.2-43
2.)-2')
67
157
233
250
i3ui;^3
•25)
)|(iiiiio>cr. . , , <^^
iNaiii (Le) frcn-a . 33
Prix t UN frane 1» llvraluoii.
jusqu*à la Livraison 294, avec leur K"* dMre de publicaiimi
Palti (J..B.). . . 127
l».fmr(J. B.\ . .116
roii»*in (N.) . . 48i50
i'rincc Le). . .214
Prud'bni m 13
Itnoux J.j. . . .260
Ki-»lnijt (Jean, . 211
BiTalU(A) . . .266
Rigaud (IL). . . 142
Uubirl (II.) . . 9
Sanlcire (J.-B.). . 2.iO
Milla (J.). ... 106
Bubîryraa. . . .224
Teslelin (L. illl.}. 26i
Tri'iiiiilièrc.
Vnteulin.
Vaiiloo (C).
Vefdi.|-{P..).
VVriiet (Carie*.
Vernel (i.)
Vicn (M.4.). .
Youct (S.) . ,
Waltcau • ,
290
23-24
182
270
ÎO-21
7tu71
201
112
1
ECOLE UOLLANbAiSB.
AlMvlyU 114
BakliuiMu (L.). . 161
lUpa (C). ... 51
Bvrçbi-Mi. ... 2
l(lo4 niiiert (A ) . . 221
«ni (F.) • . . .183
UoUi (A.). ... 73
lioUi (J.) .... 10
Bramer (L ) . . 217
Brauwpf .... 97
Brcciiberg (H.). . 138
Cabel (Vandrr) . 234
(:.i>p (A.) . . . 74-76
Deckir (C). . . I.i2
Doei (Vauder) . 107
Dow ((J.l. . . . 139-140
Dujardhi (K.) • • 46-47
Ihisarl (C). . . 124
D^ck (Pb. Ynii). . 268
l^rckboul (Van] . 234
KvrnlinKfn (A.Vun^ 184
Flint-k (G ; . .
(MUini (11.1 .
IImj»-» ( , /an) .
llA>«il<'in ('• {',.„
Ilia-ni d i ..
llecniskcrke. .
ll.lst (Barlh.) .
ll<u»cli (<Î.J. .
Hrydi-ii (Van drr*.
Ilnlibciiia. . .
I loin lierai. . ,
H.ioplif (P. de). .
Ilojsuin (J. Vaiii ■
Knir . . . . ,
ICoiuiick rPbil.;
Koiiînck (Sal.j . ,
285
251-232
96
245
220
241
280
28.»
213
10M09
254
1.9
9! 93
7
275
275
6!-J3
Natoirv C). . . 2(t3
Nallier (J.-IL) . . 27.1
Oudrj 66- )7
P-irroctl (Ml.} . . 271
P..ir..rrl |J.l. . . 2-:8
l'..ul .1'.^ ... 1S3 l.air(!\ de).
Titus U nidl rti oal une paginaliao ii«lrp.'o4i»lr. — Ttaies lei lifriisafls se v«a«leil irparéHMi
Laireiix' (>•. de) . 95
Lrjde (Lucas de) . 216-217
LieTcus (J.). . . 220
Lingen.ack (J.) . 119
Mais (Ntc.i ... 268
IKiBuJG.) . . . 44^5
Miéris{P.) . . . 98 à 1(10
Mîrri» :G.) . . '. 177
MircT.K (Uiciirl). 24d
Moucberoii (F.l . 1.^0
N.er (Vaii dei-i . 110-1 11
Necr (K. Van der). 294
NfUrbcr. . . .151-152
Oslade fUaae). . 120-1 1
0»lad«{l. Van) . 51-32
Poè'lemburg . . . 94
Poiler fPJ . . 37-38
Pynaeker (A.) .14»
Rembrandt ... Sà6
Ruysdaël. . . . 64-55
Ri)sdaë1(S.1 . .185
SariUv.ii (H.) . . 269
ScbaIckciL ... 101
SchooriKJ.]. . . 291
8lùif(tlaiidt. . . .165
Sieen (J.). . . . 82-89
S«anetelt (fl.). . 134
Terbuiiç (G.) ^ . 146-147
Troo»t:C.) . . , 287
Vcide (A. Vau de). 64^1
VildeCÎ. VandeJ. 72-73
\.lde {I. Van de). 249
Vlirger S. de,. . 244
Wiiierloo (A.) . . K6
Weeiiix (J B.) . . 204
VrerlT(Vand r). . 123
Wonwerniaiif. . . 6-7
W.>ck (Th.). . . 244
Wynauts(J.) . . 118
Zorft 109
ÉCOLE RAlillDE. .
Breufcbel ( Pierre] . 2.^9
BiruglieldeVtloura 113
Brîl (P ) . . . . 77
Crai-fbekc . . . 168
Orayer (G. di-) . . 229
l)\ck (A. Vun] . . 1664168
Faieiis (Vaii). . . 227
Fuuquiérc*. . . . 215
Genocis (A.) . . 210
liais (F.). . . 107
Jiirdanni . . ,
il ut «mail*. . . .
)laù>s (Q.). . .
Sllrl (J.). . . .
Nerf» (P.) . . .
Piters (B ) . . .
Ilubeiis. ....
Se^bers (G }. . .
Sne^'dfrs. . .
Stcriiwjck . • .
rcincrs/«Ci*«iJ !).>
44
14
226-127 1
117
218
]5U
68 à 61
202
160
14
tl8
Triiîfr» (l).*
LMrn (I. Van).
Vrnîu- (Odi'O
Vo» (M. «il).
18-1?
200
219
181
enoiE AmAL't.
Coiutablf ij }. .
. 292-2M
Gaii»^bnn>u;:b (T.
} 174
Il<i|eaitb (G.) .
. 186-187
l.a«iViu.-r. . .
. 15-16
Morland G.) .
274
RevimMf (J.) .
. 191-191
lluiiiiicy »•;.), .
. ÎJ»
Turn.r (J -Jl.-W.
j 25l-2à2
Wp>t.'B. . .
. 242-243
Wdkic (II.) . .
. 1Î5-Î26
Wîlaun. .
. 16
ÉCOLE ESrAGIOLE
r«i»o (A.) . .
. 171
Juan de ioiuit .
. Î6»
3ilurtlio. . . .
. 102-103
Ribcra.
. 22
Vél;i5(|iiet. . .
. 6&-69
Zurbaran (F.) .
.1Î2
ECOLES iTALlE)i\E:$.
Alliaiie (F. L*;
Alliirî. . . .
ViiMan (J.l.
Canal (A.) . .
Carara;:e \L>)
Carra<'l>i-. ..
Carrache [\.)
Carracbf (Anii.).
Corr^pa fL^y. .
Cortiiue (P tiv).
Dolri {il.) . .
Doniiiuyiiiii (L*)
Prlî, ....
Frauda ',].•■ I. .
Giordano (L.^.
l*ior(cinii .
(iucff biii (Le) .
Guide (Le) .
.Uaralti (C j . .
P-iiini ;J.-P } .
B-ipliaèl . . .
Roinaiu \i )
lUvnf (SaUalnr).
Sebidoi>e(B.) .
T.lîuu VucvUi .
V«roi>ète (P.) .
141
l-S
IdU
ISd
1»)
I4H
M-y
13^-156
î77i27J
ITii
li7
I2S-I29
I^S
286
IW
193
178
159-159
I.V>
\i^
194à!98
163-16^
ITU176
173
I.t5a137
256»23»
ECOLE ALLE1A\0E
Dié(r'.cl 78 79
Durer (Albert). . 34 a M
KIcbeîiuir (A.). .172
Ferp (F. de P^ula, . 79
RoM(J.-U..lTli.). 161
Paris. — Imprimerie' P.-.\. Bocrdier et C'*, rue Mazapae, 30.
I
RETURN TO: CIRCULATION DEPARTMENT
198 Main Stacks
LOAN PERIOD 1
Home Use
2
3
4
5
6
ALL BOOKS MAY BE RECALLED AFTER 7 DAYS.
Renewals aïKl Recharges may be made 4 days prior to the due date.
Books may be renewed by calling 642-3405.
DUE AS STAMPED BELOW.
niL 19ZDC
UUU * • '-'"'"
FORM NO. DD6
50M 6-00
UNIVERSITY OF CALIFORNIA, BERKELEY
Berkeley. Caltfornia 94720-6000
xffWf A •• IBDC
LD 21A-60m-10.'e5
(F77638l0)476B
General Library ^
Uoivcrtity of Califorma
Berkeler
-;i>
Qjj
IF THE VIIIER
U.C. BERKELEY LIBRARIES
CQaaS35103
QM
riFTHE URiVEi
> W !•
I BVTHE OKIVER