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Full text of "Lyon : guide historique et artistique"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2011  with  funding  from 

University  of  Toronto 


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http://www.archive.org/details/lyonguidehistoriOOIyon 


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LYON 

GUIDE 
HISTORIQUE    ET    ARTISTIQUE 


Université  d'Ottawa 
Cartotheque 

JAN  2  1  1577 

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GUIDF. 
HISTORIQUE    ET    ARTISTIQUE 


EDITE   l'AR   I.E 


COMITE  DE  PATRONAGE  DE  L'EXPOSITION 


de     1914 


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Préface    de    M.    EDOUARD    HERRIOT 


Sénateur  du   Rhône.   Maire  de   Lyon. 


BIBLIOTHÈQUE^ 


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L.BRARIES 


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Université  -Ottawa  -  University 
Mc!p  Library 

LYON 

IMPRIMERIE    A.    REY 
4,    Rue    Gentil,    4 


1914 


\  Qui 


COMITE  DE  KEDAC1  ION 

Président  :  M.  RIVOIKK  Antoinf..  Prc-sidrnl  du  Syndicat  d'Initiative. 
Membres  :  MM.    BOUIIIER   Marc.   Consrillrr    nmni<  ipal. 

KAMBAUD    Gabhikl,    Conseillrr    rmmidpal. 

DUCOIN   Emile,   Homme  de   lettres. 

ARMAND  CALLIAT   Joseph.    Orfèvre. 

LEVY-SCHNEIDER    Léon.    Professeur    à    la    1  acuité 
des   Lettres. 

ROCHEX  Paul,  Archiviste  de  la  Ville. 

MARSOT  LÉON.  Secrétaire  de  la  Section  des  Beaux- 
Arts  de  l'Exposition. 


COLLABORATEURS 

MM. 

BEGULE  Lucien,  Conservateur  des  Antiquités  et  Objets  d'art  du 
Département  du   Rhône. 

BIROT  Joseph,  Docteur,  Membre  de  l'Académie  des  Sciences, 
Belles-Lettres   et  Arts   de   Lyon. 

BOUDIER,  Proviseur  du  Lycée  Ampère. 

CANTINELLI   Richard,   Bibliothécaire  en   chef  de  la  Ville. 

CHALUMEAU  Camille,  Ingénieur  en  chef  de  la  Ville  de  Lyon, 
Ingénieur   des   Arts   et   Manufactures. 

CLERMONT  Francis,  Architecte. 

COSTILLE  J.-O.,  Directeur  de  l'Office  Municipal  du  Travail  de 
Lyon. 

COURMONT  Jules,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine,  Directeur 
de   l'Institut  Bactériologique. 

COX  Raymond,  Directeur  du  Musée  Historique  des  Tissus. 

CROZE  A,,  Archiviste  des  Hôpitaux. 

DESJARDINS  Paul,   Architecte  adjoint  des  Monuments  Historiques. 

DESVERNAY  Félix,  Vice-Président  de  la  Commission  Municipale 
du  Vieux  Lyon  et  Conservateur  désigné  du  Musée  Historique  de 
la  Ville. 

DUPLAIN   (Abbé   Louis),   Curé   de  Saint-Julien-sous-Montmelas. 


-(  VI  )- 

MM. 

FOCILLON  Hrnri.  Chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  Lettres.  Direc- 
teur  des   Musées. 

GAILLARD  ClaUDIUS,  Docteur  es  sciences,  Directeur  du  Muséum. 

GERARD  R..  Directeur  du  Service  des  Cultures  de  la  Ville.  Prési- 
dent de   la   Société   d'Horticulture   pratique   du   Rhône. 

GERMAIN  DE  MONTAUZAN.  Docteur  es  lettres,  Chargé  de  cours 
à   la   Faculté   des   Lettres. 

GUIMET  Emile,   Directeur  du  Musée  Guimet. 

JOSSERAND.    Inspecteur  primaire. 

JOUBIN,  Recteur  de  l'Académie  de  Lyon. 

HASSLER,  Médecin  Inspecteur,  Directeur  de  l'Ecole  du  Service  de 
Santé    militaire. 

HERRIOT  Edouard,  Sénateur  du  Rhône,   Maire  de  Lyon. 

HUGUET,    Architecte. 

LEVY-SCHNEIDER,   Docteur  es   lettres.   Professeur  à  l'Université. 

MEYSSON  Charles,  Architecte  de  la  Ville. 

OFFRET    A..    Professeur   à   la   Faculté   des   Sciences. 

PERRIN    Sainte-Marie,    Architecte,    Correspondant    de    l'Institut. 

PORCHER   Charles,   Professeur   à   l'Ecole   Vétérinaire. 

RAMBAUD   Gabriel,    Architecte,    Conseiller    municipal. 

RI  VOIRE  (A.),  Président  du  Syndicat  d'Initiative,  Vice-Président  de 
la  Fédération  des  Syndicats   horticoles   de  France 

ROCHEX  Paul,  Archiviste  de  la  Ville. 

ROGNIAT  Louis,  Architecte  des  Edifices  Départementaux,  Prési- 
dent du  Conseil  d'administration  de  l'Ecole  Nationale  des  Beaux- 
Arts  et  des  Ecoles   municipales  de  Dessin. 

SYLVESTRE  Jules,  Photographe. 

TESTENOIRE  Joseph,  Directeur  de  la  Condition  Publique  des 
Soies  de  Lyon,   Ingénieur  des  Arts  et  Manufactures. 

THEODORE  Olivier,  Rédacteur  en  chef  de  la  Construction  Lyon- 
naise. 

VANEL  (Chanoine  J.-B.),  Curé  de  Saint-Bonaventure,  Membre  de 
l'Académie   de   Lyon. 

VERMOREL  Jean,  Secrétaire  de  la  Société  «  les  Amis  de  Guignol  '». 

WIERNSBERGER  Paul,  Docteur  es  sciences,  Directeur  de  La  Mar- 
tinière. 


PREFACE 


A  l'occasion  de  l'Exposition  urbaine  internationale,  nous  avons 
jugé  nécessaire  de  mettre  à  la  disposition  de  nos  visiteurs  et  aussi 
de  nos  concitoyens,  un  Guide  historique  et  artistique  Je  Lyon.  Cette 
tentative  n'est  pas  sans  précédents.  Déjà,  lorsque  nous  avions, 
en  1906,  l'heureuse  fortune  de  recevoir  le  trente-cinquième  con- 
grès de  l'Association  française  pour  l'avancement  des  sciences,  un 
ouvrage  a  paru,  décrivant  toutes  les  institutions  essentielles  de 
notre  ville,  ses  principaux  efforts,  résumant  son  passé  et  laissant 
entrevoir  son  avenir.  Ces  deux  volumes  demeurent  le  plus  pré- 
cieux des  répertoires.  Pour  n'en  citer  qu'un  exemple,  l'histoire 
de  1  industrie  de  la  soie,  par  M.  Henry  Bertrand,  remontant  à  ledit 
célèbre  de  François  I^'^  pour  descendre  jusqu'à  nos  jours,  con- 
stitue un  document  de  première  valeur.  Le  sommaire  de  M.  Char- 
léty,  placé  en  tête  de  cet  ouvrage,  ressemble  beaucoup  à  un  chef- 
d'œuvre.  Rien  de  plus  utile  que  ces  monographies  de  nos  grandes 
cités  françaises.  La  ville  de  Bordeaux  a  voulu  avoir  la  sienne 
dont  elle  confia  la  rédaction  à  M.  Camille  Jullian,  au  moment 
où  elle  ouvrait  son  Exposition  universelle  de  1895. 

Par  malheur,  les  deux  tomes  de  Lyon  en  1906  (A.  Rey,  éditeur, 
914  et  672  pages),  outre  qu'ils  sont  devenus  rares,  demeurent 
d'un  maniement  assez  difficile  ;  on  ne  les  trouve  plus  guère  que 
dans  les  bibliothèques.  Notre  Comité  de  patronage  s'est  contenté 
d'un  programme  restreint  ;  il  a  voulu,  sans  plus,  condenser  les  ren- 
seignements indispensables  pour  une  visite  intelligente  de  Lyon. 
Quelques  très  brèves  pages  d'histoire  ;  une  description  générale  : 
le  chapitre  indispensable  sur  notre  Guignol;  une  revue  aussi 
rapide  que  possible  de  nos  institutions  ;  quelques  détails  sur  chacun 
<le  nos  monuments,  sur  nos  jardins,  sur  notre  Parc  ;  au  centre  de 
cette  étude,  notre  vieil  Hôtel  de  Ville,  âme  de  la  cité  ;  une  pro- 
menade en  nos  divers  musées  ;  l'explication  de  certains  établisse- 
ments spéciaux  comme  la  Condition  publique  des  soies  ;  un  com- 


— (  VIII  )— 

mentaire  succinct  et  vivant  de  nos  églises  ;  la  visite  à  nos  hôpitaux 
dont  les  traditions  sont  connues  dans  toute  l'Europe  ;  voilà  quel- 
ques-uns des  plaisirs  réservés  au  voyageur  curieux  par  les  auteurs 
de  ce  Guide  où  chacun  a  traité  le  sujet  pour  lequel  il  était  qualifié. 

Le  plan  de  cet  ouvrage  est  purement  topographique.  Cette 
disposition  nous  était  commandée  par  nos  intentions  elles-mêmes. 
Nous  en  sentons  l'inconvénient.  Dans  le  groupe  infiniment  varié 
des  villes  françaises,  Lyon  garde  ce  caractère  éminent  d'offrir  une 
profonde  unité,  soit  dans  le  présent,  soit  dans  le  passé.  D'autres 
villes  ne  sonl  que  des  villes  ;  celle-ci  est  une  cité.  Un  texte  illustre 
et  bien  souvent  repris,  que  nous  devons  à  l'imagination  de  Michelet, 
résume  Lyon  «  dans  la  grande  opposition  de  ses  deux  montagnes, 
la  montagne  mystique  et  la  montagne  qui  travaille  :  Fourvière  et 
la  Croix-Rousse  »'.  Vue  brillante  mais  superficielle  pour  qui  aime 
et  connaît  Lyon.  Il  n'y  a  pas  d'antinomie  irréductible  entre  ces 
deux  parties  de  la  cité.  A  Lyon,  le  travail,  qui  est  la  loi  de  tous,, 
riches  ou  pauvres,  garde  la  gravité  silencieuse  d'une  prière.  La 
prière  elle-même  n'est  que  l'accompagnement  du  labeur.  Et,, 
qu'ils  se  recueillent  dans  la  méditation  du  passé  ou  qu'ils  tournent 
vers  l'avenir  leurs  espérances,  nos  concitoyens  ont  droit  à  cet 
hommage  qu'ils  apportent  dans  leurs  idées  ou  dans  leurs  croyances 
ce  même  esprit  de  dignité  qui  fait  les  cités  robustes  et  leur  confère,, 
à  défaut  de  charme  apparent,  la  force  qui  traverse  les  siècles. 

Un  Guide  ne  saurait,  à  lui  seul,  donner  l'impression  de  cette 
grandeur  et  de  cette  unité.  Pour  comprendre  et  goûter  Lyon,  il 
faut  avoir  senti  tout  d'abord  l'influence  qu'exerça  sur  toute  l'his- 
toire lyonnaise  une  position  entre  toutes  privilégiée.  Le  géographe 
—  génial  selon  nous  —  qui  publiait,  il  y  a  dix  ans  environ,  le 
Tableau  de  la  géographie  de  la  France,  M.  Vidal  de  la  Blache,  a 
fortement  mis  en  lumière  les  raisons  qui  firent  de  notre  ville 
(  une  des  métropoles  commerciales  et  industrielles  du  mondo 
moderne  ».  Il  définit  Lyon  «  un  de  ces  centres  d'activités  diverses 
qui,  après  s'être  formés  sous  l'influence  des  conditions  locales, 
modifient  à  leur  tour,  par  le  rayonnement  qu'ils  exercent,  le  milieu 
ambiant  ^\  Au  début,  une  acropole  protégée  par  un  double  fossé  : 
sur  un  espace  restreint  mais  sûr,  une  sentinelle  vigilante  qui  domine 
et  commande  les  plus  grandes  routes,  fluviales  ou  terrestres.  Le 
point  de  rencontre  de  l'Occident  et  de  l'Orient.  Un  marché  pro- 
tégé. <(  Sur  la  périphérie  extérieure  des  Alpes,  des  bords  de  la 
Saône  à  ceux  du  Danube,  s'étend  une  bande  de  contrées  vers 
laquelle  affluent  les  routes  de  l'Europe.  A  distance  encore,  mais  à 
portée  des  passages,  combinant  les  avantages  de  la  plaine  avec  la 
surveillance  des  cols  internationaux,  une  brillante  ceinture  de 
villes  a  grandi  :  villes  de  commerce,  de  relations  lointaines,  d  entre- 


(  IX  )- 

prises,  sur  lesquelles  Tart  a  souvent  jeté  son  auréole.  Auj^shour^, 
Zurich.  Bâie.  Lyon,  entre  autres  cités  de  même  type,  font  partie 
(le  la  nirnu'  constellation  nrhanie.  "  Mais,  associét!  au  rnouv(!rn(!nt 
international  (|ui  se  noue  autour  des  Alpes.  Lyon  ^arde  son  relief 
propre  ;  les  voies  alpestres  s'y  relient  aux  routes  de  la  Loire,  du 
Rliône  inférieur  et  de  la  Saône.  Ces  données  naturelles,  si  éner- 
giques, ont  modelé  le  caractère  de  Lyon,  lui  ont  imposé  dans 
son  effort  une  logiciue  et  une  persévérance  remarcjuahlcs  et  lui 
ont  composé  sa  personnalité,   commerciale  avant  tout. 

Engagée  dans  le  même  sens  que  l'action  de  la  nature,  l'action 
des  hommes  compléta  ce  travail.  Réduite  à  ses  éléments  essen- 
tiels, débarrassée  de  ses  accidents,  l'histoire  de  Lyon  apparaît 
tout  à  fait  stable.  Sans  vouloir  manquer  d'égards  à  la  capitale 
moderne  de  la  France,  nous  pouvons  bien  rappeler  que.  sous  l  épo- 
que romaine,  Lvon,  par  l'excellence  de  sa  situation,  se  trouve 
être  à  la  fois  la  capitale  administrative  des  Gaules,  la  seule  ville 
de  l'Empire»  avec  Carthage,  qui  soit  dotée  d'une  garnison  et  aussi 
la  capitale  morale  et  religieuse  du  pays  entier.  Notre  esprit  s'émeut, 
lorsque,  sur  le  Forum  romain,  nous  apercevons  les  ruines  du  tem- 
ple de  Vesta  qui  symbolisait  le  foyer  national  jusque  dans  sa  forme 
ronde,  souvenir  de  l'ancienne  cabane  italienne  où  les  femmes 
entretenaient  le  feu  public.  Mais  l'autel  de  Rome  et  d'Auguste, 
sur  les  pentes  de  l'ancien  Condatc,  de  notre  actuelle  Croix-Rousse, 
est,  en  même  temps  que  le  symbole  de  l'unité  romaine,  le  symbole 
de  la  patrie  gauloise.  Les  historiens  s'accordent  sur  ce  fait  que 
les  députés  de  toutes  les  Gaules,  en  se  réunissant  autour  de  ces 
marbres,  sous  les  palmes  d'or  des  victoires  colossales,  ont  pris 
le  sentiment  de  leur  commune  nationalité,  et  c'est  un  assez  grand 
souvenir  pour  qu'il  ait  communiqué  à  notre  histoire  locale  une 
part  de  sa  grandeur.  Auguste,  dans  son  organisation  de  l'Empire, 
confie  à  Lyon,  de  parti  pris,  le  rôle  éminent  que  son  mérite  géo- 
graphique lui  réservait.  Il  lui  remet  la  surveillance  de  toutes  les 
provinces  ;  il  y  place  le  légat  des  trois  Gaules,  le  gouverneur 
général.  Lyon  est  une  clef.  ^^  La  colonie  de  Plancus  nous  apparaît, 
écrit  l'historien  Bloch,  comme  la  deuxième  ville  de  l'Empire. 
Seule  avec  Rome,  elle  peut  se  flatter  d'avoir  une  cour.  » 

Combien  nous  regrettons  de  ne  pouvoir  offrir  aux  étrangers 
qui  se  serviront  de  notre  Guide  le  spectacle  émouvant  de  l'ancienne 
ville  haute  reconstituée  !  Peut-être  un  jour  la  collaboration  de 
l'initiative  privée  et  de  l'intervention  publique  permettra-t-elle  de 
présenter  à  la  piété  du  passant  quelques  vestiges  un  peu  précis 
de  cette  grandeur  abolie!  Notre  Faculté  des  Lettres  n'attend  que 
des  ressources  pour  entreprendre  cette  œuvre,  plus  digne  peut- 
être   d'encouragement   que    telle   ou    telle   exploration    lointaine. 


-        X 


Pour  l'instant,  quelques  ruines  d'aqueducs,  quelques  tombeaux, 
quelques  pierres  nous  rappellent  seuls  cette  histoire.  Un  nom 
plein  de  sens,  Fourvière  —  Forum  vêtus  —  des  inscriptions,  certains 
débris,  voilà  tout  ce  qui  rappelle  aux  Français  d'aujourd'hui  la 
vieille  capitale  des  Gaules. 

Mais,  au  cours  des  âges,  attirée  doucement  vers  sa  plaine,  trans- 
formée peu  à  peu  par  le  caprice  de  ses  fleuves,  même  dépouillée 
de  son  grand  rôle  romain,  ensanglantée  par  le  martyre  des  chré- 
tiens, saccagée  et  presque  réduite  à  néant  par  les  querelles  politiques 
du  11^  siècle,  plongée  dans  la  nuit  du  moyen-âge,  soumise  plus 
tard  à  ses  archevêques,  annexée  au  royaume  de  France,  Lyon 
reparaît  au  XIV^'  siècle  et  ressuscite  sous  une  forme  neuve.  Elle  ne 
peut  plus  être  une  capitale  ;  elle  sera  désormais  une  commune, 
sous  la  tutelle  du  roi  de  France.  Je  ne  sais  si  les  historiens  me 
donneront  raison,  mais  c'est  au  XIV^'  siècle  que  je  vois  revivre  notre 
Lyon,  en  quête  de  son  rôle  moderne,  se  reformant  sur  de  nouvelles 
assises  et  réclamant,  sur  de  nouveaux  principes,  des  droits  que  la 
nature  ne  laissera  jamais  prescrire.  Lyon,  qui  eut  jadis  des  empereurs, 
ne  veut  plus  que  des  consuls  ou  des  échevins.  A  la  gloire  d'être 
traitée  comme  une  capitale,  elle  préfère  désormais  l'honneur  de 
s'administrer  elle-même.  Lyon  n'a  jamais  connu  d'autre  aristocratie 
que  sa  bourgeoisie  de  marchands.  Patiemment,  en  s'enrichissant 
eux-mêmes,  ces  marchands  lui  refont  une  grandeur.  Ce  qu'avait 
pressenti,  sans  pouvoir  l'exécuter,  la  clairvoyance  des  admi- 
nistrateurs romains,  les  circonstances,  jour  par  jour,  le  réali- 
sent. Une  fois  de  plus,  sa  merveilleuse  situation  géographique 
refait  à  Lyon  une  fortune.  M.MarcBrésard  nous  a,  tout  récemment- 
raconté  l'histoire  de  nos  foires  lyonnaises  ;  en  une  année  d'Exposi- 
tion universelle,  il  est  permis  de  rattacher  le  présent  à  ce  passé. 
Créées  en  1420,  «  criées  »  dans  tout  le  pays  voisin,  affranchies  d'aides 
•et  de  tailles,  elles  raniment  une  ville  appauvrie,  de  population 
réduite.  Lyon  ouvre  ses  portes  à  toute  l'Europe  du  XV^'  siècle, 
concentre  au  XVI^'  siècle  tout  le  commerce  des  soieries,  devient 
la  première  place  pour  le  change  et  la  banque.  Lyon,  dit  un  voya- 
geur, André  Navagero,  «  est  le  fondement  du  commerce  italien 
€t,  en  grande  partie,  du  commerce  espagnol  et  flamand  >\  La 
Renaissance,  ayant  accru  non  seulement  les  exigences  de  l'esprit 
mais  les  besoins  matériels,  ayant  développé  l'amour  du  luxe,  y 
forme,  au  milieu  d'une  riche  bourgeoisie,  son  premier  centre  fran- 
çais. L'imprimerie  s'y  installe.  Lyon  devient,  brusquement,  la 
première  ville  lettrée  de  France.  On  dira  que  notre  patriotisme 
local  nous  enivre  et  nous  égare.  Invoquons  donc  un  témoignage  : 
M.  Ferdinand  Brunetière,  juge  impartial  et  que  rien  ne  prévenait 
en  notre  faveur,  le  disait,  à  la  date  du  25  octobre  1894,  dans  la 


-(    XI    ) 

séance  |)ul)li(|iKî  annuelle  des  cincj  Académies:  Vous  savez  qu'en 
ce  temps-là,  Messieurs,  vous  ti  existiez,  point,  cl  la  métrof)ol(!  des 
Gaules  "  en  était  vraiment  aussi  la  capitale  intellectuelle.  Avec  le 
gcjt  du  négoce,  et  la  somptueuse  industrie  de  la  soie,  de  nom- 
breuses familles  italiennes,  exilées  de  ilorence  ou  de  (jênes,...  y 
avaient  importé  Tesprit  de  la  Renaissance,  Thahitude  du  luxe 
et  le  sentiment  de  I  art...  Il  ne  partait  cliacjue  année  d'aucune  ville 
du  monde,  si  ce  n'est  de  Venise,  plus  de  livres  que  de  Lyon.  Les 
hihiiophiles  conservent  pieusement  la  mémoire  des  Gryphius  et 
des  Jean  de  Tournes  ;  et  c'est  Lyon  qui,  la  première,  a  mis  au 
jour  F  Enfer  de  Marot  et  le  Carj^antua  de  Rabelais...  Le  nom 
de  Louise  Labé,  *  la  belle  Cordière  ',  brille...  aujourd'hui  d'un 
éclat  qui  durera  sans  doute  aussi  longtemps  que  la  langue  fran- 
çaise. ' 

Au  seuil  de  ce  Guide,  si  nous  invoquons  ce  témoignage  et  ces 
faits,  c'est  que  le  visiteur  *  intelligent  "  auquel  nous  nous  adressons 
ne  saurait  emporter  une  idée  exacte  de  notre  ville,  contemplée 
dans  ses  monuments,  s'il  n'éclaire  sa  promenade  par  ces  idées.  La 
grandeur  de  Lyon  ne  se  révèle  qu'à  l'homme  instruit  et  sous  l'effort 
de  la  réflexion.  Une  fois  de  plus,  au  XVI*'  siècle,  s'affirme  cette  unité 
que  nous  voulons  lui  faire  reconnaître  et  qui  s'établit  par  l'action 
commune  de  la  situation,  du  commerce  et  des  idées.  Le  génie 
lyonnais  s'affirmera  dans  l'art  lui-même.  Philibert  Delorme  est 
un  des  nôtres,  qui  fit  pour  Henri  II  les  plans  d'Anet  et  de  Meudon, 
pour  Catherine  de  Médicis  ceux  des  Tuileries.  Ses  Nouvelles  inven- 
tions pour  bien  bâtir  et  à  petits  frais  révèlent,  jusque  dans  leur 
titre,  l'origine  lyonnaise.  Et  que  ne  pouvons-nous  montrer  à  nos 
hôtes  les  beaux  ameublements,  par  malheur  dispersés,  qui  témoi- 
gnent de  notre  richesse  artistique  au  XVI^'  siècle  :  tables  à  cariatides 
et  à  balustres  moulurés  ;  chaires  à  pilastres  cannelés  et  à  riches 
médaillons  ;  crédences  décorées  à  perspective  ;  larges  armoires 
où  des  mascarons  s'inscrivent  sur  des  cuirs  découpés.  Notre 
Musée  du  Vieux  Lyon  n'est  que  rudimentaire.  En  tout  cas,  rien 
ne  peut  plus  reproduire  l'aspect  de  notre  ville  à  l'époque  où  elle  ne 
forme,  quatre  fois  par  an,  qu'un  vaste  marché  :  dans  les  rues,  sur 
les  places,  le  sol  s'encombre  de  marchandises  ;  les  piétons  circulent 
avec  peine  ;  des  toiles  se  tendent  au-dessus  des  passages  ;  les 
boutiques  regorgent,  signalées  par  leurs  enseignes  :  Aux  trois 
Croissons,  A  la  Cage,  A  Notre-Dame  de  Pitié.  Des  jongleurs  et 
bateleurs  augmentent  encore  le  désordre  ;  l'activité  ne  s'interrompt 
que  si  le  Consulat  organise  quelque  jeu  public,  à  l'arc,  à  la  coule- 
vrine,  ou  si  l'Aumône  générale  fait  circuler  dans  les  rues,  pour 
provoquer  la  charité  publique,  la  procession  pitoyable  de  tous  les 
pauvres    de    la    cité. 


-(    XII    ) 


* 
*    * 


Notre  histoire  moderne,  plus  connue,  confirme  notre  définition. 
Elle  montre  les  Lyonnais  attachés  aux  seules  institutions  qu'ils 
se  sont  données,  subissant  avec  résignation  les  exigences  et  la 
fiscalité  de  l'ancien  régime,  fort  maltraités  par  le  pouvoir  central, 
atteints  même  dans  leur  droit  au  travail,  menacés  dans  leurs 
libertés  commerciales  par  la  protection  étroite  d'un  Colbert.  Le 
XVIl^  et  le  XVIII^'  siècle  marquent,  pour  notre  ville,  une  période 
de  stagnation,  même  de  recul.  Chaque  fois  qu'elle  ne  peut  user 
de  son  indépendance,  elle  paraît  dépérir.  Réduit  à  un  rôle  de  luxe, 
le  Consulat  n'a  plus  ni  mérite  ni  dignité  ;  on  le  voit  impuissant  à 
tirer  la  cité  du  désordre  financier  et  moral  où  elle  est  plongée. 
Aussi,  ces  deux  siècles  ont-ils  laissé  peu  de  traces.  Le  dessin 
général  de  Lyon  s'est  bien  modifié  ;  on  élargit  les  places,  on  creuse 
des  ports,  on  construit  des  quais.  Soufflot  édifie  ou  inspire  le 
théâtre,  la  loge  des  Changes,  la  grande  façade  de  l'Hôtel-Dieu. 
Perrache  propose  et  l'on  réalise  la  transformation  de  l'île  Moignat 
en  presqu'île.  Morand  conçoit  un  agrandissement  sur  la  rive  gauche 
du  Rhône  et  lance  sur  le  fleuve  le  pont  de  bois  à  dix-sept  travées  qui 
perpétue  son  nom.  Malgré  ces  grandes  œuvres  qui  préparent  le  Lyon 
moderne,  il  ne  se  fait  rien  au  XVII^  et  au  XVIII^  siècle  que  d'assez 
impersonnel.  Un  seul  monument  atteste  la  persistance,  au  milieu 
de  ces  époques  pauvres  et  troublées,  de  l'esprit  local.  C'est  notre 
Hôtel  de  Ville,  dont  M.  Audin  vient  à  nouveau,  de  nous  raconter 
l'histoire.  L'Hôtel  de  Ville  de  maître  Simon  Maupin  a  pour  nous 
ce  charme,  parmi  beaucoup  d'autres,  qu'il  traduit  l'effort  de  notre 
Consulat,  amoindri  par  l'autorité  royale,  pour  affirmer  la  persis- 
tance de  nos  droits  communaux.  Gérard  Désargues,  Lyonnais 
établi  à  Paris,  «  enfant  de  cette  ville  et  notable  bon  patriote  >', 
revit  les  dessins  et  plans  du  voyer  Maupin.  Mais  cette  tentative 
elle-même  fut  frappée  de  malheur.  En  1674,  notre  Hôtel  de  Ville, 
achevé,  après  vingt-six  années  de  travail,  risque  de  périr  tout 
entier  dans  un  incendie.  Mansart,  qui  le  restaure  en  1 700,  le  trans- 
forme, le  charge  d'une  galerie  italienne,  remplace  les  beaux  toits 
en  trapèzes  par  des  combles  arrondis,  lui  impose  un  attique. 
Ainsi,  notre  maison  commune  elle-même,  aujourd'hui  encore  si 
pittoresque,  si  savoureuse,  porte  la  trace  des  servitudes  que  la 
monarchie  administrative  fit  peser  sur  les  œuvres  du  génie  lyonnais. 


Avec  le  XIX^  siècle,  Lyon  a  reconquis  son  indépendance  et  la 
libre  direction  de  ses  destinées.  Dès  les  premiers  jours  de  la  Révo- 


(    Mil    ) 

lulion.  dès  le  temps  des  élections  aux  Etats  généraux,  il  se  nnci*? 
Iiardiincnl  et  haiilciiiciit  aux  angoisses,  aux  (*sf)érances  d<-  la 
nation.  I3ans  l'aicicur  (jui,  peu  à  peu,  se  cornnujrn(|ue  à  toute  la 
France,  il  apporte  sa  note,  conforme  à  sa  tradition,  de  modération 
et  de  fermeté  tout  ensemble.  L'unité  morale  de  Lyon  se  reforme 
et  reparaît  dans  les  demandes  à  peu  près  scml)lal)les  des  trois 
Ordres.  Si  le  Conseil  général  de  la  Commune  remplac  e  avec  autant 
de  facilité  le  Consulat,  c*est  que  les  accidents  politiques  d*où 
naissait  le  nouveau  régime  navaient  fait  que  libérer  une  opinion 
publique  depuis  longtemps  préparée  à  son  nouveau  rôle.  Ces 
Lyonnais  de  1790  qui,  dans  un  élan  d  enthousiasme,  donnent  leur 
cœur  à  la  patrie,  ce  sont  bien  les  descendants  fidèles  des  Lyonnais 
qui,  de  tout  temps,  ont  préféré  à  la  parure  des  titres  la  vertu  fondée 
sur  le  travail.  Et,  sans  doute,  la  crise  qui  bouleverse  toute  la  France 
dissocie  les  esprits,  provoque,  autour  de  la  mairie,  des  conflits  et 
des  violences,  entretient  la  confusion,  crée  le  drame  célèbre  qui  a 
pour  épisode  principal  le  siège  de  Lyon.  Pendant  plusieurs  années, 
notre  histoire  est  celle  d'une  ville  affolée,  où  des  interventions  du 
dehors,  des  intrigues  bouleversent  la  succession  naturelle  des 
faits.  On  n'avait  plus  vu  de  convulsion  pareille  depuis  les  luttes 
religieuses  de  la  fin  du  XVI^'  siècle.  Au  lendemain  de  la  tempête, 
Lyon  expie,  par  une  longue  période  d'atome,  ces  quelques  années 
de  déséquilibre.  La  cité  n'obtient  l'ordre  qu'au  détriment  de  sa 
li'berté. 

Les  monuments  du  XIX^'  siècle  commerçant  que  le  visiteur 
rencontrera  dans  ses  promenades  à  travers  notre  ville  attestent,  au 
moins,  la  reprise,  vers  cette  date,  de  sa  vie  matérielle.  Elle  réclame 
et  obtient  les  institutions  ou  les  perfectionnements  nécessaires  à 
son  commerce  :  une  Bourse,  une  Chambre  de  Commerce  réor- 
ganisées, un  Conseil  des  prudhommes,  une  Condition  des  soies, 
un  Lycée.  Mais  ce  n'est  que  le  cadre.  Peu  à  peu,  Lyon  va  reconquérir 
ses  libertés,  car,  malgré  des  divergences  de  vues  et  des  nuances 
très  sensibles  d'opinion,  la  bourgeoisie  et  le  peuple  lyonnais  agissent 
dans  le  même  sens.  La  préoccupation  économique  domine  la 
préoccupation  politique.  Les  émeutiers  de  1831  et  de  1834  ne  sont 
pas  des  agités  qu'une  chimère  dirige  ;  ce  sont  des  hommes  libres 
qui  réclament  leur  droit  au  travail  dans  une  cité  plus  large  que 
l'ancienne,  mais  non  pas  différente.  Cet  effort  réfléchi  et  résolu 
vers  l'indépendance  est  la  loi  de  toute  l'histoire  lyonnaise 
au  XIX^  siècle  jusqu'au  jour  où  la  loi  du  28  mars  1882  rendra  à  notre 
ville  ses  franchises  municipales.  L'évolution  politique  de  Lyon,  au 
cours  de  ce  siècle,  reste  parallèle  à  l'évolution  politique  de  la  France. 
Cependant,  comme  le  remarque  fort  justement  M.  Charléty, 
Lyon   eut,   à   plusieurs   reprises,   une   attitude   divergente.   ^  La 


(  XIV  )— 

révolte  de  1793  contre  la  Convention,  les  insurrections  de  1831  et 
de  1834,  les  agitations  de  1848  et  de  1849,  les  initiatives  de  la  muni- 
cipalité de  1870  ont  un  caractère  commun  ;  ils  sont  nés  à  Lyon  ; 
ils  n'ont  jamais  été  le  résultat  d'un  mot  d'ordre  venu  de  l'extérieur. 
Au  contraire,  pour  la  plupart,  ils  ont  été  fortement  marqués  d'une 
tendance  à  réagir  contre  un  pouvoir  central  trop  absorbant.  ' 
Ainsi,  même  dans  ce  siècle  de  nivellement  général,  même  privée 
de  ses  vieilles  institutions,  de  ses  foires,  de  ses  changes  et  de  sa 
douane,  Lyon  conserve  encore  une  originalité,  une  unité  morale 
difficiles  à  définir  parce  qu'elles  lui  viennent  non  de  quelques 
chefs  entraînant  à  leur  suite  l'histoire  de  la  cité,  mais  d'un  ensemble 
de  citoyens  obéissant  aux  mêmes  lois  économiques  ;  originalité 
certaine  cependant.  Lyon  est  une  république  marchande,  fortifiée 
par  l'usage  de  l'association,  ennoblie  par  la  pratique  de  la 
générosité,  orientée  vers  les  œuvres  sociales  non  par  un  esprit 
théorique,  mais  par  l'importance  qu'elle  attache  au  travail,  réaliste 
et  sensible  au  chiffre,  passionnée  pour  l'enseignement  et  la  cul- 
ture moins  par  dilettantisme  que  par  raison,  unissant  constamment 
ridée  au  fait  et  le  fait  a  l'idée,  hostile  à  toute  improvisation,  réflé- 
chie, concentrée  et,  jusque  dans  ses  œuvres  d'art  ou  de  pensée, 
manifestant,  avec  un  certain  mépris  de  la  forme,  son  goût  pour  ce 
qui  est  solide  et  sain. 

Voilà  ce  que  les  monuments  ou  les  chronologies  ne  suffisent  pas 
à  dire  ;  voilà  pourquoi,  malgré  de  si  sensibles  divergences  d'opi- 
nions, nous  persistons  à  affirmer  l'unité  morale  de  cette  grande 
cité.  Et  ce  ne  sont  point  d'artificielles  défenses  qui  lui  conservent 
cet  esprit  ;  ouverte  à  tous,  elle  impose  à  qui  s'y  installe  ses  façons 
d'agir  et  de  penser.  Nous  voudrions  avoir  défini,  sans  trop  d'inexac- 
titude, le  rythme  et  le  sens  de  son  histoire.  Nous  voudrions  avoir 
expliqué,  du  même  coup,  pourquoi  notre  cité  passionne  les  esprits 
réfléchis  et  déconcerte  les  observateurs  distraits. 

Il  est  peut-être  des  cités,  au  premier  aspect,  plus  séduisantes.  H 
n'en  est  pas  de  plus  robuste,  ni  de  plus  utile  à  la  grandeur  de  la 
France. 


Edouard    Herriot, 

Sénateur  du  Rhône, 
Maire  de   Lyon, 


mm 


_^sr3i2ïSr=lx5^-^ 


Lyon  en   1553,  yravurc  de   Bernard  Salomon,  imprimée  par   Arnoiill«-t. 


LYON 


QUELQUES  PAGES  SUR  L'HISTOIRE  DE  LYON 


Autel  construit  à  Lyon  au  confluent  du 
Rhône  et  de  la  Saône  et  consacré  à 
l'empereur  Auguste  par  les  soixante 
nations  les  plus  puissantes  de  la  Gaule. 


née   l'Assemblée   provinciale    des   Gaul 


I.  Lyon  romain.—  Lyon  est  une  co- 
lonie romaine  fondée  en  43  avant 
Jésus-Christ,  par  Munatius  Plan- 
cus,  et  qui  fut  appelée  Lugdunum. 

Lyon  s'établit  sur  les  hauteurs 
de  Fcurvière.  dominant  la  rive 
droite  de  la  Saône,  et  sur  celles  de 
la  Croix-Rousse,  au  pied  desquel- 
les était  alors  le  confluent  de  la 
Saône  et  du  Rhône.  La  cité  ro- 
maine, avec  son  forum  (emplace- 
ment de  l'église  de  Fouvière),  le 
palais  du  gcuverneur  (emplace- 
ment de  l'Antiquaille),  l'amphi- 
théâtre, s'établit  à  Fourvière.  Une 
cité  gauloise,  d'abord  appelée  Con- 
date,  se  groupa  sur  les  pentes  de 
la  Croix-Rousse,  autour  de  l'autel 
colossal  élevé  à  Rome  et  à  Au- 
guste par  les  soixante  cités  gau- 
loises (emplacement  du  Jardin  des 
Plantes).  Là  se  tenait  chaque  an- 
Gaules.    Sur    la    riv«^    gauche    de    la 


~{  2  )- 

Saône,    au    confluent   et   clans    les   îles    qui    le    prolongeaient,    s'installa 
la  ville   commerçante. 

Le  climat,  aux  jours  de  brouillard,  n'évoque  point  les  pays  enso- 
leillés du  Midi.  Mais  il  y  a.  au  confluent  de  la  Saône  et  du  Rhône. 
un  merveilleux  carrefour  de  routes,  el  Lyon  se  trouve  proche  de  la 
vallée  de  la  Loire  et  du  Massif  Central,  entre  Europe  occidentale 
et  Europe  centrale,  entre  versant  atlantique  et  versant  méditer- 
ranéen, près  de  l'Italie.  Lyon  romain  fut  donc  la  capitale  politique 
et  le  centre  commercial  des  Gaules.  Cité  cosmopolite,  elle  reçut  d? 
l'Orient  les  éléments  d'une  communauté  chrétienne,  que  la  persécu- 
tion de  l'année  177  (martyre  de  saint  Pothin,  de  sainte  Blandine) 
n'empêcha  point  de  croître.  De  ce  fait,  Lyon  est  resté  le  siège  pri- 
matial   de   l'Eglise   de   Gauie. 


Château  de  Pierre  en  Seize  de  la  Ville  de   Lion. 
(Gravure  d'Israël   Silvestre.) 

Cité  superbe,  desservie  par  quatre  aqueducs,  notre  Musée  d^s 
Antiques  conserve  des  vestiges  de  ses  splendeurs.  Mais,  en  197,  Sep- 
time-Sévère  écrase,  à  la  bataille  de  Lyon,  Albin,  son  compétiteur  à 
l'Empire,  et  ses  soldats  pillent  la  ville.  Au  IV^  siècle,  Lyon  n'est  plus 
une    capitale    politique. 


II.  Le  Moyen  Age.  —  Viennent  alors  les  Barbares.  Lyon  est 
occupé  par  les  Burgondes  vers  46],  par  les  Francs  vers  534.  Lyon 
participe,  sous  Charlemagne  et  Louis  le  Pieux,  à  la  renaissance  des 
études,  avec  Leidrade,  Agobard,  Florus  et  le  monastère  de  l'Ile-Barbe. 

Puis    Lyon    est    ravagé,    au    X^    siècle,    par    les    Hongrois.    Oscillant 
entre   l'Empire   germanique   et   le   royaume   de   France,    à   la   suite   du 
traité    de    Verdun,    Lyon    est,    en     1033,    annexé    à    l'Empire    comme 
partie  intégrante  du  royaume  d'Arles.  Mais  les  empereurs  s'en  désin 
téressent. 

Frédéric  Barberousse  donne  à  l'archevêque  de  Lyon,  par  la  Bulle 
d'or  de  1157,  la  souveraineté  sur  la  ville.  En  Î173,  le  comte  de  Forez 
renonce   à   disputer   à   l'archevêque    cette   souveraineté.    L'archevêque 


-(3)- 

rsl  un  MciKiirur  frodal  (jui  pari.iu'r  1.»  dominntion  avec  \e  Chapitre 
drH  chanoincH  cofuteM  clr  Saint  Jriui.  Lr^liMc  nirtro(>r)litainr.  ou 
cathédrale  de  Suint  Jrun,  c«t  \r  HicKf  dr.la  domination  ti[)iriturllc  de 
rarrhcvcque.  et  le  château  de  Pierre  Seize  ewt  Ha  citadelle.  Le  cloître 
forlifir  df»  «Saint  Jean,  cjui  enwlohr  l'Archevêché,  eHl  la  rrsidence  de 
larchevrqur  et   du  Chapitre. 

Contre  les  danger»  de  1  époque.  Lyon  se  replie  sur  lui-même  :  il  a 
abandonné  le  sommet  de  lourvière  rt  les  pentes  de  la  Croix-Rousse  ; 
l'enceinte  des  fortifications  enserre  la  rive  droite  de  la  Saône,  ferme 
du   côté    (les    1  crrraux    la   presqu'île    qui    a'csl    formée   au    pied   de   la 


m 


La  cathédrale  Saint-Jean  vers  1550.  d'après  le  plan  scénographique. 


Croix-Rousse  et  qui  a  refoulé  le  confluent  jusqu'au  pied  du  monastère 
d'Ainay.  Un  pont  existe  sur  le  Rhône,  pont  où  passe  la  route  de 
l'Italie  (remplacé  par  le  pont  de  la  Guillotière),  et  ce  pont  est 
aussi  fortifié.  On  remarque  alors,  sur  la  rive  droits  de  la  Saône.  Is 
cloître  fortifié  :^e  Saint-Just  au  som.m.et  de  la  colline,  l'église  Saint- 
Paui,  le  cloître  Saint-Jean  :  dans  la  presqu'île,  l'abbaye  des  Béné- 
dictines de  Saint-Pierre,  l'église  Saint-Nizier,  primitivement  cathé- 
drale, le  cloître  des  Cordeliers,  où  est  mort  saint  Bonaventure,  1  ab- 
baye  d'Ainay. 

Lyon  abrite  les  Conciles  œcuméniques  de   1245  et   1274. 

A  la  fin  du  XII*^  siècle,  les  bourgeois  et  le  peuple  se  révoltent  contre 
l'archevêque  et  le  Chapitre  de  Saint-Jean.  Avec  l'appui  des  rois  de 
France,  les  Lyonnais  arrachent,  en  1320.  à  l'archevêque  Pierre  de 
Savoie,  la  reconnaissance  de  la  Commune  de  Lyon.  Lyon  s  admi- 
nistre  dès   lors   par    un   Consulat   élu  ;    Lyon   a   la    disposition   de    ses 


-(  4  )- 

impôts,  se  garde  par  sa  propre  milice.  Mais  le  roi  de  France  Philippe 
le  Bel.  en  1307  par  les  Philippines,  en  1312  par  le  traité  de  Vienne, 
enlève  à  Pierre  de  Savoie  la  souveraineté  de  Lyon  et  du  pays  de 
Lyonnais.  Les  habitants,  d'ailleurs,  souhaitaient  ardemment  devenir 
Français.  Lyon  est.  désormais,  ville  frontière  de  France,  du  côté  de 
la  Savoie  et  du  Dauphiné.  Gouvernée  par  le  Sénéchal  du  Lyonnais, 
c'est  en  réalité  une  cité  autonome,  administrée  par  ses  Consuls 
recrutés  dans  un  patriciat  bourgeois,  assez  analogue  aux  villes  libres 
d'Allemagne. 

Lors  de  la  guerre  de  Cent  Ans,  Lyon  est  menacé  par  les  bandes 
de  pillards  appelées  les  Compagnies.  Les  Compagnies  écrasent,  en 
1362,  à  Brignais,  une  armée  royale.  Mais  l'annexion  du  Dauphiné  à 
la  France   couvre  dès  lors  en   partie   Lyon. 

IH.  Lyon  au  XVr  siècle.  Du  milieu  du  XV  siècle  jusqu'au  milieu 
du  XVF,  Lyon  est  très  prospère.  Montagnards  des  Alpes  et  du  massif 
Central.  Italiens.  Suisses.  Allemands  y  affluent.  De  tous  ces  éléments 
se  forme  une  population  homogène,  sérieuse  et  pratique,  d'une  éner- 
gie silencieuse.  Les  Italiens  apportent  la  banque  et  la  soierie,  les 
Allemands  l'imprimerie  (en  1473),  les  uns  et  les  autres  les  idées  de 
la  Renaissance  et  de   la  Réforme. 

Dans  la  cité  autonome  qu'est  Lyon,  les  marchands  étrangers  for- 
ment des  nations  autonomes  :  florentine,  génoise,  allemande,  etc. 
Lyon  devient  la  capitale  économique  du  Sud-Est.  La  royauté  stimule 
cette  activité  par  des  foires  franches  d'impôt,  des  tarifs  de  douane 
privilégiés  (les  Foires  de  Lyon,  la  Douane  de  Lyon).  Lyon  est  un  des 
séjours  de  la  cour.  Les  quartiers  de  Saint-Paul  et  du  Change,  la  rue 
Juiverie,  sur  la  rive  droite  de  la  Saône»  sont  particulièrement  ani- 
més. Dç  même  dans  la  presqu'île,  la  rue  Mercière,  la  place  Confort 
(actuellement  place  des  Jacobins).  Les  maisons  se  pressent  jusqu'à 
Bellecour,  remontent  d'autre  part  avec  la  muraille  de  la  yille  jusque 
sur  la  Croix-Rousse  encore  mal  peuplée  ;  le  quartier  Saint-Nizier  est 
le  centre  politique  de  la  cité,  toujours  administrée  par  son  patriciat 
(les  familles  consulaires)  sous  le  contrôle  d'un  gouverneur  royal. 
L'Administration  royale  siège  au  Palais  de  Roanne  (emplacement  du 
Palais  de  Justice).  Lyon  est,  dès  lors,  et  jusqu'en  1789,  la  capitale 
d'un  Gouvernement  du  Lyonnais,   du  Forez  et  du   Beaujolais. 

De  ce  temps  sont  les  banquiers  Gadagne  et  Kléberger.  dit  le  Bon 
Allemand,  Turquet,  l'introducteur  de  la  soierie,  les  artistes  Jean 
Perréal.  Corneille  de  la  Haye,  Philibert  de  l'Orme,  les  imprimeurs 
Gryphe,  Dolet,  de  Tournes,  les  poètes  Maurice  Scève  et  Louise 
Labbé,  dite  la  Belle  Cordière.  Le  Collège  de  la  Trinité  est  fondé 
(emplacement  du  grand  Lycée  actuel).  Le  pont  du  Rhône  est  refait, 
l'Hôtel-Dieu  et  l'Aunnône  générale  organisés. 

Mais  des  troubles  sociaux  surviennent  (Rebeine  ou  émeute  de  1529), 
Les  rois  François  I*^^"  et  Henri  II  rançonnent  les  finances  municipales. 
Puis  ce  sont  les  guerres  de  religion.  Les  protestants  dominent  Lyon 
en  1562-63  (Lyon  sous  V Evangile).  La  Saint-Barthélémy  a  sa  réper- 
cussion dans  les  Vêpres  lyonnaises.  En  1589,  Lyon  passe  à  la  Ligue 
et  se  comporte  en  république. 

IV.  Le  XYII*^  siècle.  —  Avec  Henri  IV,  en  1594,  a  lieu  «  la  réduc- 
tion à  l'obéissance  ».  En  1595.  la  constitution  municipale  est  modifiée 
par  le  roi.  Dès  lors,  le  gouverneur  (bientôt  pris  dans  la  famille  des 
Villeroy)    et,    depuis    1635,    l'intendant    sont    les    maîtres.    En     1642, 


-(5)- 

Rirhrlirii  fuit  (Ir(  iipitrr  C'in(j  MnrH  rt  dr  Thon,  plnrr  dm  Trrrraux. 
Colbrrl  Mtifiiulr  la  Moirrir  lyonnainr.  Lyon,  rnt  orr  iinr  foin  proHpère. 
se  donne  un  Hôlrl  dr  Villr  (1646).  L'abbiiyr  dr  Snint  Pirrrr  est 
rrconMtruitr.  la  place  Bellrrour  rnt  rtahlir,  rt,  en  1713,  rllr  n'ornera 
d'une    statue    c\r    Loui.s    XiV    par    CouHtou.     Main    In    pernrt  ulion    dcn 


Lyon  et  le  confluent  vers   1650,  d'après  la  gravure  de  Boisfcau. 

protestants,    les   exactions    financières   de   Louis   XIV    ruinent   Lyon   à 
nouveau    vers    la    fin    du    règne. 

V.  Le  XVIIh"  SIÈCLE.  —  La  fabrique  de  soieries  est  alors  sans  rivales 
avec  le  dessinateur  de  Lassalle  (v.   au  Musée  des  Tiscus), 

La  ville  déborde  sur  la  Croix-Rousse,  sur  la  Guillotièrc  :  l'ingénieur 
Perrache  lui  donne  un  nouveau  quartier  en  reculant  le  confluent 
jusqu'à   la   Mulatière.    De    ce    temps   datent   le   pont   Morand,    le   quai 


iiitri^'illJtftîlliaJLX.iàii.. 


Cavalcade  faite  à  la  publication  de  la  paix. 

et  le  quartier  Saint-Clair,  résidences  des  riches  bourgeois,  la  Loge 
du  Change,  bâtie  par  Soufflot  (temple  protestant  actuel),  le  dôme 
de  l'Hôtel-Dieu.  Mais  des  grèves  en  1744  et  1786,  l'incapacité  du 
Consulat  irritent  les  esprits. 


VI.  La  Révolution  et  l'Empire.  —  Lyon  est  de  suite  acquis  à  la 


-  f  6  )- 

Révolution.  Après  le  M  juillet  1789.  les  Lyonnais  prennent  Pierre- 
Scize,  démoli  peu  après.  Une  Municipalité  conforme  au  nouveau 
régime  remplace  le  Consulat.  Lyon  devient  chef-lieu  du  département 
de  Rhône-et-Loire.  Une  fédération  est  célébrée  aux  Broteaux  le 
30  mai  1790.  Après  le  10  août  1792.  la  statue  de  Louis  XIV  est  ren- 
versée. Mais,  après  la  proclamation  de  la  République,  la  Munici- 
palité est  disputée  entre  bourgeois  Girondins  et  ouvriers  Montagnards 
(parti  de  Roland  et  parti  de  Châlier).  Le  30  mai  |793,  les  Girondins 
l'emportent,    et,    les    Montagnards    dominant    à    Paris    la    Convention. 


Camp  fédératlf  de  Lyon,  tenu  le  30  mai   1790   gravure  de  Bontant). 


Lyon  se  révolte  contre  la  Convention  sous  le  commandement  d'un 
officier  secrètement  royaliste,  Précy.  Assiégé  à  partir  du  8  août.  Lyon 
est  pris  par  l'armée  conventionnelle,  le  3  octobre  1793.  Lyon,  réduit 
au  département  du  Rhône  (la  Loire  en  étant  séparée),  est  débaptisé, 
nommé  V ille-Ajjranchie  ;  les  belles  maisons  de  Bellecour  sont  démo- 
lies. 

Lyon  se  relève  sous  le  Consulat  et  l'Empire.  Bonaparte,  après  la 
conclusion  du  Concordat,  nomme  son  oncle  Fesch  archevêque  de 
Lyon.  Bonaparte  restaure  Bellecour,  décore  Jacquard,  l'inventeur  du 
métier  à  tisser.  Lyon  reçoit  à  deux  reprises  le  pape  Pie  VII,  venu 
pour  le  sacre  en  1804.  Napoléon  fait  de  Lyon  un  entrepôt  privilégié, 
lui  commande  des  soieries  admirables.  Lyon  s'enorgueillit  alors 
d'Ampère  et  de  M'"^  Récamier.  Le  type  populaire  du  canut  (ouvrier 
en  soie)   apparaît  sur  le   théâtre   de   Guignol. 

Lors  de  l'invasion  de  1814.  après  un  simulacre  de  défense  par  Au- 
gereau  à  Limonest,  le  18  mars,  Lyon  est  occupé  par  les  Autrichiens 
et  Louis  XVIII  proclamé.  Mais,  en  1815,  Napoléon  est  reçu  en 
triomphe   par    les    ouvriers    et   leur    laisse    cet   adieu  :    «    Lyonnais,    je 


'  7  ) 

V0118  nime  !  >»  L.<»   I.^  juillrt    181 'j.  Ir*  Autrichiens  rrpnrniiis<»nl  et,  avrc 
riix.   Ira   roynliBtrH. 

VIL  Lr.  XIX'  .siici.l..  Dr  1815  h  1817  «rvii  la  Tr-rreur  Blanche. 
BourK^*"»»  ^t  oiivrirrH  rr^tciit  hostilrs  aux  Bf)url)f)nH.  nuilt^rr  <\rn  com- 
mandes du  Rurdr  mruhlr  royal  aux  fahri<|urH  de  soieries,  maigre 
réreclion  d'une  nouvelle  statue  de  Louis  XIV  à  Bellecour. 

La  [Révolution  de  1830  est  accueillie  avec  joie.  Mais  la  misère,  le 
20    uov<Mnl>rf    18^1.    d«'-t(  riniiir    rriiif-nlf    rjii    S.il.iriat.    victorieuse    pen- 


n 


Journée  du   1  '  ""  août  1830:  le  général  Verdier  arbore  le  drapeau  tricolore 
au  balcon  de  l'Hôtel  de  Ville  de  Lyon.  'Lithographie  de  Brunet  et  C '^. 


<Iant  trois  jours,  et,  en  avril  1834,  une  nouvelle  insurrection,  républi- 
caine celle-là.  Louis-Philippe  met  alors  la  ville  sous  le  canon  de 
nombreux  forts. 

Cependant,  la  Révolution  de  1848  triomphe  sans  peine  le  23  fé- 
vrier. Les  ouvriers,  communistes  pour  la  plupart,  organisés  soîis  le 
nom  de  Voraces,  sont  maîtres  de  la  cité  et  ne  montrent  de  violence 
qu'en  paroles.  Mais  le  trouble  permanent,  l'incapacité  des  commis- 
saires du  Gouvernement  facilitent  la  réaction,  et  les  Lyonnais  votent 
pour  le  prince  Louis-Napoléon  lors  de  l'élection  du  Président  de  la 
République.  Une  émeute,  le  15  juin  1849,  à  la  Croix-Rousse,  est 
comprimée.  Le  général  Castellane  assure  aisément  à  Lyon  le  succès 
du  coup  d'Etat  du  2  décembre    1851. 

Le  Second  Empire  est  une  période  d'activité,  à  laquelle  contribuent 
l'achèvement  du  chemin  de  fer  Paris-Lyon  et  les  grands  travaux  dus 
au  sénateur-préfet  Waïsse  :  quais  du  Rhône  et  de  la  Saône,  parc 
de  la  Tête-d'Or,  rues  Impériale  et  de  l'Impératrice  (aujourd'hui  de 
la  République  et  de  VHôtehde-Ville) .  Les  communes  suburbaines  de 
Vaise,    la    Guillotière,     la    Croix-Rousse    sont    annexées.    Mais    Lyon 


-(  8  )- 

nomme  des  députés  d'opposition  comme  Jules  Favre,  puis  Raspail,  et 
l'Internationale  s'y  implante. 

La  République  est  proclamée  à  l'Hôtel  de  Ville  dès  le  matin  du 
4  septembre  1870.  Un  Comité  de  Salut  Public  se  comporte  en  gou- 
vernement autonome  en  face  du  nouveau  préfet  Challemel-Lacour. 
Puis  une  Muniri[)alité.  élue  le  21  septembre,  organise  les  Légions  des 
Mobiles  du  Rhône.  La  Commune  de  Paris  n'a  que  de  faibles  réper- 
cussions à  Lyon,  la  journée  du  30  avril   1871  est  son  dernier  effort. 

VIII.  Lyon  de  nos  jours.  —  Depuis  lors.  Lyon  a  bien  changé 
d*aspect.  Le  tissage  mécanique  établi  dans  les  campagnes  a  fait 
délaisser  les  ateliers  de  famille  qui  peuplaient  la  Croix-Rousse.  Four- 
vière,  Saint-Jean,  Bellecour  demeurent  les  quartiers  ecclésiastiques  et 
le  séjour  des  vieilles  familles.  Mais  l'activité  commerciale  s'est  dé- 
placée, du  Change  et  de  la  rue  Mercière,  si  vivants  jusqu'au  XVIIl''  siè- 
cle, vers  les  quartiers  compris  entre  les  Terreaux  et  Bellecour,  et  le 
centre  de  l'activité  industrielle,  représentée  par  une  foule  d'indus- 
tries nouvelles,  s'est  porté  sur  la  rive  gauche  du  Rhône,  jusque  dans 
le  département  de  l'Isère.  Lyon,  toujours  colonisé  par  des  immigrés 
de  tout  le  Sud-Est,  de  l'Europe  centrale,  de  l'Italie,  Lyon  colonise 
par  ses  capitaux  et  ses  usines  tout  le  Sud-Est  et  même  au  delà  des 
mers.  Il  ne  prétend  plus,  comme  sous  l'Ancien  Régime,  a  une  vaine 
autonomie  politique,  mais  il  constitue  une  capitale  économique,  le 
type  de  la  grande  ville  ne  se  laissant  point  capter  par  l'attraction 
parisienne,  se  développant  d'elle-même  grâce  au  caractère  fortement 
trempé  de  sa  population,  grâce  à  ses  ressources  propres  et  à  sa  vita- 
lité. Sa  devise,  peut-être  ambitieuse,  est  du  moins  symbolique  de  ses 
tendances  :   «  Avant,  avant,  Lyon  le  melhor  ». 

L.    LÉVY-SCHNEIDER. 


Statue  équestre  de   Louis   XIV,  par  Coustou, 
érigée  en   1713.  détruite  en    1792. 


Vue  do  Icylise  de  S.iin»  Jean  et  tlu  coteau  di*  Fourvierc  en    1812, 
par  Michel  Grobon  < Musée  de  I.yon). 


LYON  ARTISTIQUE  ET  PITTORESQUE 


Je  parlerai  tout  d'abord  de  l'Hôtel  de  Ville,  de  la  Maison  commune, 
coinme  on  disait  autrefois. 

Cet  édifice,  construit  de  1646  à  1672  par  le  voyer  de  la  Ville,  Simon 
Maupin,  ingénieur  du  roi,  est  un  chef-d'œuvre  d'élégance  et  de 
proportions.  Sa  façade  occidentale,  endommagée  par  un  incendie  en 
1674,  a  été  restaurée  et  remaniée  en  1700  par  Jules  Harduin-^  lansart, 
mais  les  autres  parties  du  monument  sont  intactes,  et  c'est  de  la 
place  de  la  Comédie  que  l'oeil  embrasse  l'admirable  création  de 
Maupin,  qui  ce  montre,  à  travers  une  double  galerie  à  jour,  avec 
ses  perspectives  étagées  et  avec  son  beffroi  montant,  comme  un 
hymne,    dans   l'azur    du    ciel. 

Dans  le  vestibule  d'honneur  de  cet  édifice  se  trouvent  les  célèbres 
figures  du  Rhône  et  de  la  Saône,  des  frères  Nicolas  et  Guillaume 
Coustou,  Lyonnais  de  naissance,  établis  à  Paris  sous  Louis  XIV. 
Elles  flanquaient  autrefois  le  piédestal  de  l'ancienne  statue  de  ce 
roi  sur  la  place  Bellecour  et  faisaient  partie  d'un  ensemble  décoratif 
dont  Robert  de  Cotte,  premier  architecte  des  bâtiments  royaux,  avait 
fourni  les  plans  et  les  dessins. 

La  statue  du  Rhône  porte  l'inscription  suivante  :  a  Fait  et  fondu 
par  Guillaume  Coustou,  lionnois,  17 19  )).  Celle  de  la  Saône  n'est  pas 
signée,   mais  l'attribution  à  Nicolas  Coustou  est  certaine. 

L'éloge  de  ces  deux  morceaux  n'est  pas  à  faire.  La  Saône  a  la 
grâce  un  peu  molle  et  mièvre  de  la  femme  du  XVIII^  siècle  ;  le  Rhôney 
au  contraire,  reproduit  les  traits  de  l'homme  de  tous  les  temps  ;  il 
est  d'une  puissance  de  modelé,  d'une  ampleur  de  style  et  d'une  vi- 
gueur d'exécution  remarquables.  Néanmoins,  pour  bien  apprécier 
l'attitude   mouvementée  du   grand   flf  uve,   qui  semble  vouloir  se  sou- 


-'  10    - 

lever  avec  un  geste  de  surprise  et  dont  le  regard  dirigé  en  haut 
exprime  rétonnement,  il  faut  se  rappeler  la  première  destination  de 
cette  admirable  figure  et  la  rendre  par  la  pensée  a  son  ancien  em- 
placement. 


A  côté  de  1  Hôtel  de  Ville,  sur  la  place  des  Terreaux,  s'élève  le 
Palais  des  Arts,  qui  était,  avant  la  Révolution,  quoiqu'il  n'y  paraisse 
guère,    un  couvent  de   Bénédictines. 

Commencé  en  1659.  sous  l'administration  de  l'abbesse  Anne  d'Al- 
bert de  Chaulnes  (1649-1672).  qui  prit  à  sa  charge  une  partie  des  dé- 
penses, il  ne  fut  terminé  qu'en  1687,  sous  la  direction  de  sa  sœur, 
Antoinette  d'Albert  d'Ailly  de  Chaulnes,  aussi  abbesse  (1672-1708), 
et,  chose  curieuse,  ce  fut  un  petit  pauvre  âgé  de  six  ans  qui,  le 
18  mars    1659,   posa  la  première  pierre  de  ce  riche   monument. 

On  en  doit  les  plans  a  l'architecte  avignonnais  François  de  Royers 
de  la  Valfenière  (1575-1667)  et  a  son  fils.  Paul  de  la  Valfenière.  qui 
vint  habiter  Lyon  et  conduire  les  travaux.  La  façade  nord,  décorée  de 
pilastres  doriques  et  corinthiens,  entre  lesquels  s'ouvrent  des  fenêtres 
entourées  de  chambranles  d'un  profil  aussi  élégant  que  varié,  pré- 
sente une  belle  ordonnance.  Au-dessus  de  l'entablement  règne  une 
balustrade  d'où  se  détache,  au  centre,  un  belvédère  inspiré  des  meil- 
leurs  modèles   de   l'art   italien. 

La  porte  principale,  refaite  au  commencement  du  XIX^  siècle,  est 
flanquée  de  deux  colonnes  doriques  que  surmonte  un  fronton  trian- 
gulaire à  ressauts. 

Quatre  galeries,  dont  les  arcades  en  plein  cintre  ont  été  recon- 
struites, il  y  a  déjà  quelques  années,  entourent  la  cour  intérieure, 
toujours  accessible  au  public.  Dans  l'attique  des  arcades,  on  a  placé 
des  moulages  de  la  frise  du  Parthénon,  des  compositions  décoratives 
en  mosaïque  et  des  médaillons  en  bronze  —  par  Pagny,  Aubert, 
Textor  et  Fabisch  —  d'artistes  lyonnais  célèbres  :  Gérard  Audran, 
Pierre  Drevet  et  Jean-Jacques  de  Boissieu,  graveurs  ;  Antoine  Coyse- 
vox,  Guillaume  Coustou  et  Frédéric  Lemot,  sculpteurs  ;  Jacques 
Stella  et  Hippolyte  Flandrin,  peintres  d'histoire  ;  Antoine  Berjon 
et  Simon  Saint-Jean,  peintres  de  fleurs,  enfin  Philibert  Delorme  et 
Simon    Maupin,    architectes. 

Au  milieu  de  la  cour,  se  dresse,  sur  un  autel  contenant  un  vœu  à 
Apollon,  une  statue  de  ce  dieu  (copie  d'après  l'antique)  par  J.-B. 
Vietty.  Au-dessous,  un  sarcophage  transformé  en  fontaine,  flanqué 
de  deux  urnes  romaines  e'c  soutenu  de  deux  consoles  renversées 
émergeant  d'un  bassin  rempli  d'eau  vive  et  de  poissons  rouges.  Un 
saule  pleureur  couvre  de  son  ombre  fine  et  légère  cet  édicule  d'un  si 
ingénieux  arrangement. 

Autour,  des  arbres  de  différentes  essences,  des  arbustes,  des  par- 
terres peut-être  trop  symétriques,  des  statues  :  Faune  ivre,  par  Léon 
Cugnot  ;  Démocrite,  par  Alexandre  Delhomme  ;  le  Joueur  de  jlûle, 
par  Jean-André  Delorme  ;  Discobole  ramassant  son  disque,  par  Jean- 
Baptiste  Deschamps  ;  Gioilo  enjant,  par  Legendre-Héral  :  Chactas 
sur  la  tombe  d'Atola,  par  Joseph  Duret  ;  Jeune  athlète,  par  Jean 
Larrivé  ;  l'Age  de  bronze,  par  Rodin  ;  la  Centauresse,  d'Auguste 
Courtet,  et  le  monument  de  Gaspard  André,  par  Pascalon  et  Chorel, 
complètent  les  lignes  à  la  fois  douces  et  sévères  de  cet  admirable 
décor. 


-(Il)- 

Au  flrnHun  (lu  cloîtrr  r^i^nr  un  •  frrrnuMr  orné**  d'unr  hnluHtrndr 
nujourd'hui  rn  pirrrr.  autrrfoÏM  en  frr  forRc.  Cette  trrrusfir  drsHrrt 
Ira  «nllrs   c\rn   mu«rc»   de   peinture,    où   »e   voient    :   de»   Ruben»,    d':» 

jnrclarnH.    des   Se^llrrs.    un    I  luyHmnnH."   un     I  rnirrM.    un    Konlnç?.    un 


Hôtel  des  Pierrcvive.  commencement  du  XVP  siècle,  rue  Gadagnc.   14. 
'Cl.  J.  Sylvestre.) 


Terburg,  un  Beyeren,  un  Matsys,  un  Albert  Durer,  un  Memling.  des 
Huysum,  un  Wenix.  des  Véronèse,  des  Perugin.  un  Tintoret,  des 
Philippe  de  Champaigne.  des  Vouet,  un  Lebrun,  des  Desportes,  des 
Jouvenet,  des  Greuze,  un  David,  des  Delacroix,  un  Prudhon.  un 
Charlet,  des  Daubigny,  des  Berjon,  des  Grobon,  des  Bonnefond,  un 
Janmot,  des  Guichard.  des  Puvis  de  Chavanneo.  des  Flandrin.  ces 
Ricard,  des  Beilet  du  Poisat,   des  Chenavard.   des  Duclaux,   des  Tri- 


-( 12  )- 

molet,  des  Saint-Jean,  un  Lepagnez,  des  Carrand.  des  Ravier,  des 
Vernay.    etc. 

Le  Musée  de  Sculpture,  mal  installé  dans  l'ancienne  Salle  du  Cha- 
pitre de  l'Abbaye,  renferme  :  un  Guillaume  I"*  Coustou.  un  Fal- 
conet.  des  Canova,  des  Chinard,  un  J^yet.  un  Pradier.  des  hoyatier, 
un  Etex  (Ca'in  et  sa  hamille),  un  admirable  Barye  (Tigre  dévorant 
un  jeune  Cerj),  des  Legendre-Héral,  des  Vietty,  un  Degeorge,  un 
Bonnassieux,  un  Delaplanche.  des  Jean  Carriès,  un  Saint-Marceaux, 
des    Guillaume    Bonnet,    des    Dufraine,    des    Rodin,    etc. 

Trois  œuvres  célèbres  du  peintre  lyonnais  Puvis  de  Chavannes  : 
le  Bois  sacré  cher  aux  Muses,  la  Vision  antique  et  l'Inspiration  chré- 
tienne, décorent  le  nouvel  escalier  d'honneur  du  Palais.  Sous  les 
arcades  du  cloître  sont  rangées  les  plus  riches  collections  épigra- 
phiques  qui  soient  en  France  et,  dans  le  vestibule  de  la  salle  des 
Antiques,  est  placée  la  fameuse  table  de  bronze  contenant  en  ma- 
jeure partie  le  discours  prononcé  par  l'empereur  Claude  en  l'an  48 
de  notre  ère,  à  l'effet  d'obtenir  pour  les  citoyens  romains  de  la  Gaule 
Chevelue  le  droit  d'accès  au  Sénat  de  Rome  et  aux  fonctions  de  la 
carrière  sénatoriale.  Cette  table,  trouvée  en  1528  sur  le  versant  mé- 
ridional de  la  côte  Saint-Sébastien  (transept  occidental  de  l'église 
Saint-Polycarpe),  était  autrefois  affichée  dans  le  temple  des  trois 
Gaules,  dont  cette  église  paraît  occuper  l'emplacement. 


Les  Lyonnais  sont  jus- 
tement fiers  des  deux 
magnifiques  cours  d'eau 
qui  traversent  leur  ville, 
et  il  ne  faut  voir  qu'une 
forme  de  la  reconnais- 
sance qu'ils  leur  gar- 
dent dans  la  création 
des  quais  incomparables 
dont  ils  ont  bordé  ces 
deux  fleuves  et  des  ponts 
hardis  ou  monumentaux 
qu'ils  ont  jetés  entre 
leurs  rives. 

Chaque  quai,  chaque 
pont  a  son  histoire. 
Celle  du  quai  de  la  Cha- 
rité (Gailleton),  liée  à  la 
construction  de  la  pres- 
qu'île Perrache,  et  sur 
lequel  s'ouvrent  les  ponts  du  IVlidi  et  de  l'Université,  est  particulière- 
ment intéressante.  On  est  redevable  de  la  création  de  cette  superbe 
avenue  à  Antoine-Michel  Perrache,  sculpteur,  architecte  et  ingénieur, 
auteur  du  quartier  et  du  cours  qui  portent  encore  son  nom.  Com- 
mencée en  1773,  cette  chaussée,  ainsi  que  celle  qui  s'étend  du  cours 
du  Midi  a  la  Mulatière,   était  achevée  en    1777. 


Michel-Antoine  Perrache 

créateur  de  la  chaussée  et  du  quartier  qui  porte    son    nom 

(Mairie  du   IP  arrondissement^ 


*    * 


Le   pont   de   la   Guillotière,    auquel    aboutit   le    quai    de    la   Charité, 
œuvre  des  Frères  Pontifes  et  édifié  au  XIII^  siècle,  particulièrement  à 


-(  13  )- 

l'aide  des  dons  d'iiiir  (rlrhrr  Confrérie  iniitituce  soua  le  vocable  du 
Saint  Rsprit.  rt  (|iii  ( onipri'nait  <lrM  kchm  c\r  toiitcH  condition»,  ne  fut 
<  oniplctrnirnt  iu  hrvr  (ju'iin  XV'  Mir(  Ir.  Il  nvait  hik  <  rdr  à  drux  autrea 
ï)ontM  plus  anciens,  dont  I  nu  r« montait  à  l'rpocjur  roniainr,  C  rtail 
le  print  ipal  moyen  de*  t  onuiiunit  ation  du  Nord  \\hI  dr  la  l' rancc 
et  de  rAnK'Irlerre  avec  l'Italie  et  l'Orient.  Auiini.  lorHque  l'un  de  cca 
ponts  s'rcroiihi.  h  la  fin  du  XII'  sire  le.  mous  \r  poids  drs  l)a({at<es 
df's  C'roisrs.  Ki(  luird  C'(x*ur  dr  Lion  voulut,  (ornmr  la  [>liip<irt  de» 
grands  personnages  de  (e  trnips.  contribuer  h  son  rétablisHmimt. 
Ce  pont,  au  milieu  chujur'l  s'élevait,  avant  la  Révolution,  une  grande 
tour  carrée  prolé^<*ant  un  pont  levis,  est  aujourd'hui  moitié  moins 
louK  (ju'aulrefois.  La  majrur<'  partie  de  la  rue  de  la  Barre  et  tout  • 
la  portion  du  cours  Gamhetla  cjui  s'étend  juscju'à  la  plate  du  Pont 
(Mairie  du  \\h'  arrondissement)  sont  établies  sur  les  arches  suppri 
mées.  mais  non  démolies.  Par  contre,  il  est  deux  fois  plus  largîî.  En 
1840.  on  y  ajouté  un  double  rang  de  trottoirs  supportés  par  des 
arches  de  fonte. 

*  * 

En  amont  du  pont,  sur  un  quai  dont  celui  de  la  Charité  (Gailleton) 
est  la  continuation,  se  développe  la  majestueuse  façade  de  l'Hôtel- 
Dieu.  avec  son  dôme  enrichi  de  colonnes  et  de  statues.  Cette  magni- 
fique construction  date  du  milieu  du  XVIH'"  siècle  ;  Jacques-Germain 
Soufflot  en  fournit  les  plans  et  dessins,  et  ses  collaborateurs  Melchior 
Munet  et  Toussaint  Loyer  qui  modifia  la  coupe  du  dôme  tracée  par 
Soufflot.  en  dirigèrent  les  travaux.  Le  donne,  flanqué  de  quatre  tou- 
relles, qu'on  voit  plus  loin,  date  du  siècle  précédent  et  a  été  élevé,  en 
1622.  d'après  les  plans  et  dessins  des  recteurs.  Antoine  Picquet  et 
César  Laure.  Il  fait  partie,  ainsi  que  le  petit  dôme  construit  récem- 
ment par  M.  Pascalon.  des  bâtiments  de  l'hôpital  dont  on  attribue  la 
fondation,  vers  l'an  542.  au  roi  Childebert  et  à  la  reine  Ultrogothe. 

La  chapelle,  construite  en  1637.  par  Guillaume  Ducellet,  et  décorée 
par  Jacques  Mimerel,  auteur  d'une  superbe  Vierge  qui  se  voit 
encore  dans  cette  église,  renferme  une  chaire  de  Chabry  fils,  une 
Pietà  de  Thomas  Blanchet.  un  Bon  Samaritain  de  Chabord.  un  Christ 
en  croix  de  Serangeli.  une  Résurrection  de  Lazare  de  Loras.  des  pein- 
tures de  Sublet  et  de  Chatigny,  des  groupes  en  marbre  de  Fabisch 
et  de  Dufraine. 

L'entrée  de  l'hospice,  d'un  si  savant  et  si  pittoresque  arrangement, 
est    de   Jean    L'elamonce    (1706). 

Il  existe  à  l'intérieur  de  l'Hôtel-Dieu,  non  loin  du  second  dôme 
dont  je  viens  de  parler,  sous  une  galerie,  deux  pierres  tombales  avec 
■épitaphes  fixées  contre  la  muraille.  La  première  couvrait  les  restes 
d'Elisabeth  Danby,  fille  cadette  de  l'écuyer  Guillaume  Danby,  de 
Swinton,  dans  le  comté  d'York,  décédée  dans  notre  ville  le  23  sep- 
tembre 1786,  âgée  de  trente-deux  ans.  Son  frère,  désolé,  lui  avait 
élevé  ce  monument  de  son  amour  et  de  ses  regrets  (je  traduis  les 
dernières  lignes  de  l'épitaphe  qui  est  d'une  noble  simplicité).  La 
seconde  était  consacrée  à  la  mémoire  d'Elisabeth  Temple,  fille  du 
colonel  Lee,  épouse  du  chevalier  Henri  Temple,  morte  à  Lyon  le 
8  octobre  1736,  âgée  de  dix-huit  ans,  inhumée  à  l'Hôtel-Dieu,  dans 
le  cimetière  des  protestants,  le  10  octobre  1736,  sur  les  11  heures  du 
soir,  par  ordre  du  Prévôt  des  marchands.  C'était  la  belle-fille 
d'Edouard  Young,  l'auteur  des  Nuits. 


4  y- 


Au   delà   de   l'hôpital,   sur   un   quai   qui   fait   suite  à   celui   que   nous 
quittons,  et  qu'on  appelle  le  quai  de  Retz,  apparaît  l'ancienne  Biblio- 


Galerie  construite  par  Philibert  Delorme,  en  1536, 
arrière-cour  de  la  maison  de  la  rue  Juiverie,  8    Cl.  J.  Sylvestre 


thèque  de  la  Ville,  enclavée  dans  le  grand  îlot  du  Lycée.  Ces  bâti- 
ments, construits,  ainsi  que  la  chapelle,  au  XVIF  siècle,  par  Etienne 
Martellange,  sont  ceux  de  l'ancien  Collège  de  la  Trinité,  fondé  en 
1527  par  la  Confrérie  de  ce  nom.  Supprimé  a  la  Révolution,  ce  col- 
lège fut  rétabli,  en  1795.  sous  le  nom  d'Ecole  Centrale,  puis,  en 
1803,   sous   celui   de   Lycée. 


b  ) 


Ce  collr^c».  ciaiiH  le  |;)r-|  Air.lrr  Miirir  Aiuprrc  rtiulia  rt  profcnao.  i\ 
été  placé  MOUS  Hon  vorablr.  Amprrr.  qui  n  «jonué  n  la  «cirncc  \ch 
bflIeH  loin  qui  ont  rrru  hom  nom,  était  né  a  Lyon,  le  20  janviei  1775  ; 
il  décéda  n  MarHrillr  Ir  10  juin 
1836.  et  rrpoHO  au  ciinrtiérr  dr 
Monhnarlrt*.  à  côté  c\r  hou  fiJM. 
Jrau  Ja((juc's  /Xinprrf.  né  aussi  à 
Lyon.  La  ntatur  qu<-  la  Ville  dr 
Lyon  lui  a  élevée  «ur  l'ancienne 
place  t-lenri  IV.  et  qui  eHt  du 
sculpteur  lyonnais  Charles  I  extor. 
a  été  inaugurée,  en  octobre  I8HH. 
par  l'infortuné  président  Sadi  Car- 
not.  Le  Musée  de  Lyon  possède 
son  buste  par  Bonnassieux. 
* 

C'est   au    carrefour    formé   par   la 

rue  Puits-Gaillot  et  le  quai  de  Retz 

que    s'ouvre    la    place    Tolozan,    où 

se    dresse    la    statue    du     maréchal 

Suchet.    duc    d'Albuféra.    fils    d'un 

fabricant   de   soieries   de   Lyon.    Ce 

nom   lui   vient   d'Antoine   Tolozan, 

premier    propriétaire    de    la    grande 

et    belle    maison    à    fronton    qui    la 

décore,    maison    construite   en    1746 

par    Ferdinand    Delamonce.    Venu    d'un    village    du    Haut-Dauphiné, 

près  de   Briançon,    ce  personnage  acquit  dans   le   commerce  des   soies 

une  fortune  considérable,  et  mou- 
rut gentilhomme  et  seigneur  de 
Montfort.  Un  de  ses  fi!s,  Louis 
Tolozan,  dont  le  Musée  possède 
un  beau  portrait  peint  par  Louis- 
Gabriel  Blanchet,  fut  le  dernier 
Prévôt  des  marchands  que  Lyon 
ait  eu,  et  il  remplit  cette  charge 
de   1785  à    1789. 

Nous  sommes  ici  au  centre  même 
de  la  fabrique.  La  vie  y  est  fort 
active  et  rien  n'est  plus  pittoresque 
que  l'entrée  et  la  sortie  des  ate- 
liers, le  transport  et  l'expédition 
des  ballots  de  soie  et  le  va-et-vient 
des  voitures.  C'est  une  agitation  in- 
cessante. Naguère  encore,  la  Croix- 


\ndre-iViarie-Ampprp.  1775-1836.  buste 
en  marbre  par  Bonnassieux  i  Musée  de 
Lyon).  (Cl.  J.  Sylvestre.) 


Loui»  Tolozan  de  Montfort,  prévôt  des 
Marchands  de  Lyon,  1785-1789.  par 
Louis -Gabriel  Blanchet  (Musée  de 
Lyon) . 


Rousse,     qui     domine     le     quartier 


et  à  laquelle  on  accède  par  deux 
funiculaires,  suffisait  à  la  produc- 
tion des  étoffes  et  en  pourvoyait 
le  monde  entier.  Hélas  !  le  maître 
ouvrier  en  soie  ne  fait  plus  guère  d'apprentis,  et,  comme  le  consta- 
tait Puitspeiu,  c(  la  profession  ne  se  perpétue  plus,  elle  émigré  à  la 
campagne  ou  bien  l'atelier  disparaît  et  l'usine  le  remplace  ».  Mais 
le  mal  n'est  pas  sans  remède  ;  nous  en  avons  pour  garant  les  ateliers 


-(  16  1- 


|r-  :  ;  !  'Jtt  i  '  5  fM%;-       JUÉÊÊ 

m  iB^^^^fe  f^H 

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17 

cjui    rrHlrut    ri    d Où    horlriil    crn    rloffrH    noniptiirusm.    d  un    travail    à 
nul   iiutrr    par'»!!. 

Sur  la  pliu  r  c\r  la  Croix  Koummc.  nr  drrMHr  la  Hliiliir  (\r  JoMr|>li  Marir 
Jacquard,  iiivrntrur  d'un  inrtirr  pour  la  fithrii  ation  dm  rloffr»  de 
Itixr.  dans  lr(jurl  Hont  si  hruiruHrinruI  < omhifirH  Irn  iti^rnirux  pro- 
cédés du  tissrur  lyonnais  lalcon  rt  du  nir<  iirncirn  yrcnobloiM  Vau- 
canson.  Quoique  dur  au  ciNcnu  (\r  Foyatirr.  l'auteur  du  SpartacuB 
des   Tuileries,    rrltr    stat'"*    rst    l)irn    mrdiorrr. 

* 

Au  delà  de  la  place  lolo/.an.  en  aniont  du  jjont  Morand.  M'ctrn- 
denl  et  se  développent  le  quai  Saint  Clair  et  le  cours  d'Herbouvillr, 
Les  maisons  qui  bordent  le  cjuai  et  les  deux  côtés  de  la  rue  Royale 
font  encore  de  ce  quartier,  malgré  les  embellissements  que  Lyon  a 
reçus  depuis,  un  des  plus  dignes  de  fixer  1  attention  des  étrangers. 
De  la  balme,  le  panorama  est  superbe  :  la  ville  apparaît  sur  la  droite, 
s'allongeant  entre  les  deux  fleuves  qui  l'étreignent  ;  le  Rhône  ouvre 
sa  large  avenue  que  coupent  de  leurs  arches  audacieuses  le  nouveau 
pont  Morand,  l'élégante  passerelle  du  Collège,  les  ponts  Lafayette  et 
de  l'Hôtel-Dieu.  et.  sur  la  gaurhe.  le  parc  de  la  Tête-d'Or  et  les 
Broteaux  se  laissent  visiter  tout  entiers  du   regard. 

* 

Mais  rentrons  dans  les  quartiers  centraux  en  suivant  cette  magnifi- 
que rue  de  la  République,  une  des  plus  longues  et  des  plus  animées 
de  la  ville.  Elle  est  de  création  relativement  récente  ;  ce  fut  l'entre- 
preneur Benoît  Poncet  qui  l'ouvrit,  en  1855.  d'après  un  tracé  fourni 
par  l'architecte  de  la  Ville,   René   Dardel. 

La  portion  de  cette  rue  qui  s'étend  de  la  rue  Confort  à  la  place 
Le  Viste  s'appelait  autrefois  rue  Belle-Cordière.  Au  moment  de  la 
percée,  ce  nom  fut  appliqué  à  un^  rue  voisine,  la  rue  Bourgchanin. 
Louise  Labé.  surnommée  la  Belle  Cordière.  y  possédait  une  maison 
avec  jardin,  dans  laquelle  elle  habitait,  maison  aujourd'hui  démolie. 
L'immeuble  n*^  20.  qui  fait  l'angle  sud-est  des  rues  Confort  et  de  la 
République,  s'élève  sur  son  emplacement.  Il  serait  désirable  qu'une 
inscription  fût  placée  sur  la   façade  pour  rappeler  ce   souvenir. 

Le  Palais  du  Commerce,  dont  une  des  façades  donne  sur  la  rue 
de  la  République,  a  été  construit  par  l'architecte  René  Dardel,  qui 
s'est  efforcé  d'imiter  le  style  des  édifices  du  XVII*^  siècle.  La  partie  la 
plus  intéressante  de  cet  édifice  est  la  salle  de  la  Bourse,  d  un  effet 
grandiose,  et  dont  l'étage  supérieur  est  supporté  par  des  cariatides 
d'un  style  magistral,  exécutées  par  le  sculpteur  forézien  Guillaume 
Bonnet.  On  y  remarque  un  plafond  peint  par  Hesse  et  une  horloge 
monumentale  due  au  ciseau  de  Bonnassieux,  représentant  les  trois 
heures  du  jour  d'une  manière  très  ingénieuse,  mais  qui  a  donné 
lieu  à  de  spirituelles  et  malicieuses  interprétations  à  l'adresse  des 
hommes   de    finances. 

Dans  ce  monument,  est  installé  le  Musée  historique  des  tissus,  créé 
par  la  Chambre  de  Commerce,  et  organisé  en  dernier  lieu  de  la  façon 
la  plus  intelligente  par  Antonin  Terme,  connaisseur  éminent  et  d'un 
goût  éclairé,  mort  récemment.  Les  richesses  de  ce  musée,  dont 
M.  Raymond  Cox  est  aujourd'hui  directeur,   s'accroissent  sans   cesse. 


-(  18  )- 

grâce   aux   dons   qu'il    reçoit   et   aux    très   belles   acquisitions   qui    sont 
faites    chaque    année. 

* 

Gagnons  !a  placr  Bellecour,  la  plus  belle  et  la  plus  vaste  de  Lyon. 
Elle  appartenait,  au  XIII'  siècle,  à  la  puissante  abbaye  d'Ainay,  et, 
en  1436.  à  Jean  Le  Visle,  bourgeois  de  Lyon.  La  Ville  n'en  fit  l'ac- 
quisition que  deux  siècles  plus  tard.  Les  anciennes  façades  avaient 
été  construites  par  Robert  de  Cotte.  Démolies  en  1793,  elles  furent 
relevées  par  le  Premier  Consul,  Bonaparte,  qui  en  posa  la  première 
pierre.  C'est  ce  que  rappelle  une  inscription  gravée  sur  une  table  de 
marbre  qu'on  voit  a  1  angle  de  la  rue  Bellecour  et  de  la  rue  du  Plat. 
L'architecte  Thibière  fournit  les  plans  et  l'architecte  Pascal  Gay  con- 
duisit les  travaux.  La  statue  équestre  de  Louis  XIV,  qui  se  trouve 
au  milieu  de  la  place,  est  le  chef-d'œuvre  du  sculpteur  lyonnais 
Frédéric-Lemot  (1771-1827),  né  rue  Noire  (aujourd'hui  Stella,  n'^  4). 
Cette  statue,  coulée  en  bronze  par  Lemot  lui-même,  dans  son  atelier 
du  Roule,  fut  inaugurée  le  6  novembre  1825.  Boscary  de  Villeplaine, 
syndic  des  agents  de  change  de  Paris,  membre  de  la  Commission 
mixte  du  monument,  écrivait,  le  1®'"  juillet  1824,  à  son  neveu,  Sébas- 
tien Desvernay,  agent  de  change  à  Lyon  :  «  Sous  peu,  nous  fondrons 
la  statue  équestre  de  Louis  XIV.  Le  modèle  est  superbe.  Si  l'opéra- 
tion réussit,  comme  il  y  a  lieu  de  l'espérer,  vous  aurez  le  plus  beau 
monument  en  ce  genre  qui  existe  en  Europe.  »  Les  squares  qui  ornent 
la  partie  méridionale  de  la  place  ont  été  tracés  en  1855  ;  les  bassins 
et  les  deux  pavillons,  dont  l'un  sert  de  corps  de  garde  et  l'autre  est 
occupé  par  un  café,  sont  de  la  même  année.  Les  marronniers  de  la 
promenade  furent  plantés  en  1850.  Un  marché  aux  fleurs  égaie  et 
embaume  les  allées. 

* 

*  * 

Lyon  possède  de  fort  belles  églises,  qui  sont  des  monuments  histo- 
riques appartenant  a  la  Ville   ou  à  l'Etat. 

L'église  Saint-Jean  a  son  chevet  tourné  vers  le  quai,  et  c'est  sous 
ce  point  de  vue  qu'elle  se  présente  de  la  manière  la  plus  favorable. 
Elle  a  été  commencée  dans  le  dernier  quart  du  XII^  siècle  (1165-1180). 
C'est  à  cette  époque  qu'appartiennent  le  choeur  et  le  flanc  oriental  du 
transept,  qui  portent  les  caractères  de  l'architecture,  toute  romane 
encore,  du  XII^  siècle.  Les  six  travées  suivantes  datent  du  XIIT'  siècle  ; 
les  deux  dernières,  ainsi  que  le  soubassement  de  la  façade,  dont  les 
sculptures  (figurines  et  bas-reliefs  des  voussures,  consoles  des  tru- 
meaux) peuvent  entrer  en  parallèle  avec  tout  ce  que  l'art  gothique 
a  produit  de  plus  parfait,  sont  du  premier  tiers  du  XIV  siècle. 

La  constitution  de  la  Commune  de  Lyon,  la  chute  du  pouvoir  poli- 
tique des  archevêques,  remplacé  par  la  souveraineté  du  roi  de  France, 
arrêta  les  travaux.  Ils  ne  furent  repris  que  soixante  ans  plus  tard  et 
achevés  sous  Louis  XI. 

C'est  dans  le  collatéral  sud  de  cette  église  que  se  trouve  la  cha- 
pelle du  Saint-Sacrement,  aujourd'hui  dédiée  à  saint  Louis,  bâtie 
par  le  cardinal  Charles  de  Bourbon,  archevêque  de  Lyon,  et  par 
son  frère,  Pierre  11  de  Bourbon.  Cette  chapelle  peut  passer  a  juste 
titre  pour  un  des  meilleurs  modèles  de  l'art  de  la  fin  du  XV  siècle  : 
sa  décoration,  presque  égale  en  richesse  à  celle  de  Brou,  lui  est 
supérieure  par  la  netteté  brillante  du  style,  l'heureux  choix  des  motifs 


(   IV 

rt    la    VfTvr    i\r    l'cxcrution.     I.fM     hjilnhtratlrH    drs     j^alrrirH.     fouillées 
nvri    un  art   inrrvrill'Mix.   non!   «l'un  rifrt   rir(  oratif   udinirable. 

Lr  bâlirnrnt  apprit-  l'ancienne  Manccanteric.  et  qui  joint  au  midi 
In  Priinalialr.  r.st  t(»ul  cr  c|ui  rrstr  du  <  loîtrr  intrrirur  dr  Saint  Jr«n. 
Quoicjur  Muililr.  <  cHt  un  sprcinirn  inlrrcHHanl  rir  l'art  liilrc  lurr  lyon 
naisr  du  XI'  sirclr.  c|ui.  avrr  hch  in<  ruHtationM  dr  Irrrr  ruilr,  nrnl 
pas  sans  aualo^fir  avrc  Trcolr  iiuvrr«<natr .  il  Mcrvit  décolc  pour  Irn 
chantres,  d'où  lui  vint  lr  nom  (ju'il  conserve  encore.  A  la  fin  du 
xr"  sirclr  rt  au  (  oniuuiurinrnt  du  siècle  Huivant.  saint  Anselme  de 
Cantorht-ry    y    trouva     mif    hosf.ilalitr    ^^rnrrrusr,    et    rr    fut    là    qu'il 


Hôtel  de  la  Chamarerie  de  l'Eglise  de  Lyon,  commencement  du  XVT  siècle, 
rue  Saint-Jean,  37.  'Cl.  J.  Sylvestre  ) 


composa  plusieurs  de  ses  ouvrages.  Depuis  le  VII''  siècle,  des  relations 
étroites  existaient  entre  Cantorbéry  et  Lyon,  et  cet  échange  de  jeunes 
gens,  si  fort  à  la  mode  aujourd'hui,  se  pratiquait  dès  cette  époque 
entre  les  deux  villes  amies.  Jean  de  Bellesmes,  archevêque  de  Lyon 
(1181-1193).  était  né  à  Cantorbéry,  comme  son  ami  Thomas  Becket, 
sous  le  vocable  duquel  était  placée  l'ancienne  chapelle  de  Fourvière, 
dont  le  porche  du  XII*^  siècle  se  voyait  encore  il  y  a  quelques  années. 


Le  Palais  de  l'Archevêché,  qui  s'élève  tout  auprès  de  l'église,  fut 
bâti  au  XV*"  siècle  par  le  cardinal  Charles  de  Bourbon.  On  ne  peut 
en  apercevoir  qu'une  des  tours  carrées  et  la  tourelle  d'escalier  dé- 
passant sur  la  droite  l'ensemble  des  constructions  cachées  par  le 
bâtiment  qui  paraît  un  peu  en  avant  sur  la  gauche  et  se  termine  à 
droite  par  une  terrasse.  Cette  construction  fut  élevée  au  XVIII^  siècle 
par  Germain  Soufflot,    en   empiétement  sur   la   Saône,    qui   alors   bai- 


-(  20  )- 

gnait  les  murs  du  palais  et  qui  a  été  successivement  repoussée  par  le 
nouvel  édifice  et  par  le  quai  actuel. 

Devenu  une  propriété  de  la  Ville,  ce  palais  est  affecté  aujourd'hui 
à  la  Bibliothèque  municipale,  qui  y  a  installé  ses  collections  au  mois 
d  octobre   de   1  année   dernière.   Cette   bibliothèque   renferme   un   assez 


Maison,  dite  Henri  IV,  du  XVll'  siècle,  montée  Saint-Barthélémy. 
•CI.  J.  Sylvestre.) 

grand  nombre  de  livres  rares  des  XV^  et  XVF  siècles,  des  manuscrits 
d'un  grand  prix,  des  reliures,  des  estampes  et  gravures...  On  y 
conserve  le  célèbre  CODEX  LUGDUNENSIS.  mutilé  par  Libri,  re- 
connu par  Léopold  Delisle,  reconstitué  grâce  à  la  générosté  de  lord 
Ashburnham,  possesseur  des  fragments  dérobés  et  complété  en  1895 
par  l'auteur  de  cette  notice.  On  y  montre  encore  un  psautier,  un 
caint  Hilaire.   un  saint  Augustin  du  VI^  siècle     un  livre  des  Evangiles 


-(21  ) 

du  IX',  '!>"  »<>I>I><'lle  In  Bihl.  d-  ('hnrlcH  Ir  (  liauvr.  tlilf  cl»  Saïul 
DenJM,  Uiir  liixiuMisr  l)il)lr  de-  l.i  fin  du  XII'  nir*  Ir.  Icm  C  hrttniqucn  de 
France  ri  un  Ovidr  ( Mctaiiutrf.ihoscH)  provruaiit  tlrn  bihliotlu"  f|ijrH  dr 
C'harlrs  V  r\  de*  Jran.  duc  i\r  Wrrty,  drn  oiivra^rH  ayant  apparlrnii  à 
Lridral.  I^riny.  A^ohard.  Ainolon.  cvr(|urM  dr  Lyon,  ri  portant  dcH 
notrH  aiito^'raphfH  <l  ♦  cJrdicace.  les  miKHrU  du  cardinal  Kfilin.  dr 
Jran  dr  lalaru.  (I<*  Jac  (jurs  dr  Colivfny.  dr  (jiiic  hard  <\r  Pavir.  dr 
Roland  dr  Nrufvillr.  rtc.  I\n  1842.  Jran  Baptislr  C  lirrvin  \r\iua  h  la 
Bil)li<)thr(jur  un  livrr  d'iirurrs  (|ui  a|)partint  à  Louin  XII.  puis  à  un 
Anglais,  rnfin  à  Mnrir  d' AnKlrlrrrr.  rrinr  de  l'rance.  qui  l'offrit  en 
1530  n  son  frère  Hrnri  VIII,  roi  d'Angleterre.  Ce  manuscrit,  d'exécu- 
tion fran(.aisr,  ronlirnt  drs  printiirrs  d'un   travail   très  soigné. 

* 

L'égliso  Saint-Nizier.  qui  date  du  XV*'  siècle,  a  été  la  première 
cathédrale  de  Lyon.  Elle  ne  pourrait  cependant  rivaliser  avec  Saint- 
Jean.  Le  vaisseau  est  dune  élévation  hardie,  mais  d'un  galbe  lourd. 
L'église  n'était  pas  encore  achevée  au  XVI'  siècle  ;  le  portail  man 
quait.  Olivier  Roland,  beau-frère  de  Philibert  Delorm^.  donna  les 
dessins  de  la  demi-coupole  d'ordre  dorique  qui  forme  l'entré»^  et  la 
construisit.  Au  XVIT'  siècle,  il  manquait  encore  la  partie  supérieure 
de  la  façade  et  le  portail  méridional  qui.  commencé  à  cette  époque 
resta  inachevé.  C'est  de  nos  jours  seulement  que  l'œuvre  a  été  ter- 
minée et  complétée,  en  1856.  par  la  construction  d'une  seconde  flèche 
sculptée   à   jour,    sur    les    dessins    d'Anthelme    Benoit,    architecte. 

* 
*  * 

L'église  d'Ainay  est  un  monument  des  plus  remarquables.  Com- 
mencée  dans   le    troisième    tiers    du    Xl^    siècle,    elle    était   achevée    en 

1107. 

Extérieurement,  elle  présente  la  silhouette  ordinaire  des  monu- 
ments du  Xir'  siècle  :  trois  absides  semi-circulaires,  une  coupole  sur 
la  croisée,  et,  sur  la  façade,  le  clocher,  qui,  originairement,  était 
isolé  de  trois  côtés  ;  mais  l'intérieur  a  tout  l'aspect  d'une  basilique 
latine,  grâce  aux  colonnes  monolithes  qui  garnissent  la  nef.  Les  colon- 
nes sont  antiques  et  proviennent  de  l'ancien  temple  d'Auguste,  érigé 
sur  la  pente  de  la  colline  Saint-Sébastien.  Quatre  de  ces  colonnes  (cel- 
les soutenant  la  coupole)  sont  de  granit  et  de  dimensions  colossales. 
Originairement,  elles  n'en  formaient  que  deux  et  ne  sont  rien  autre 
que  les  deux  monolithes  qui  flanquaient  l'autel  de  Rome  et  d'Au- 
guste et  figurent  sur  les  monnaies  antiques. 

Deux  autres  églises  avaient  précédé  celle-ci.  La  première,  con- 
struite par  Brunehaut  au  commencement  du  VII^  siècle,  fut  détruite 
par  les  Sarrasins.  Il  en  reste  les  blocs  énormes  qui  forment  le  sou- 
bassem.ent  du  clocher  actuel.  La  seconde  église,  bâtie  au  milieu  du 
X*^  siècle,  existe  encore  ;  elle  touche,  du  côté  du  midi,  à  l'église,  et 
elle  communique  par  des  arcades  avec  elle.  Cette  chapelle,  qui  a 
servi  longtemps  de  sacristie,  a  été  placée  sous  le  vocable  de  Sainte- 
Blandine. 

* 

L'église  Saint-Paul  est  un  de  ces  nombreux  monuments  religieux 
que  le  Clergé  lyonnais,   ayant  atteint  le  plus  haut  degré   de   richesse 


-(  22  )- 

et  de  puissance,   fit  construire  dans  la  seconde   moitié   du   XI^   siècle. 

L'extérieur  seul  s'est  conservé  en  partie  intact.  11  est  remarquable 
I^ar  son  dôme  octogone,  ses  modillons  semblables  à  ceux  de  Saint- 
André-le-Bas  et  de  Saint-Maurice  de  Vienne,  et  par  une  élégante 
porte  latérale  dont  les  colonnes  manquent,  mais  dont  les  archivoltes 
offrent  une  admirable  imitation  des  ornemt-nts  romains  les  plus 
élégants  et  les  plus   purs. 

L'intérieur  fut  horriblement  mutilé  au  XVIir  siècle.  Les  pilastres 
engagés  qui  soutiennent  la  nef,  et  dont  les  fijts  étaient  cannelés, 
furent  martelés  pour  recevoir  un  enduit  de  stuc  modelé  suivant  le 
goût  alors  en  usage.  On  peut  constater  encore,  malgré  la  restauration 
qui  a  été  faite,  quelle  perte  l'art  a  éprouvée  par  cet  acte  de  vanda- 
lisme. Il  existe,  en  effet,  dans  un  des  angles  rentrants  de  la  façade, 
une  élégante  colonne  monolithe  dont  le  chapiteau  est  d'un  admirable 
dessin. 

L'église  Saint-Paul  rappelle  le  souvenir  du  célèbre  Gerson.  Lorsque 
les  Bourguignons  triomphèrent  à  Paris,  il  vint  se  réfugier  à  Lyon, 
où  vivait  un  de  ses  frères,  religieux  célestin.  Il  y  mourut  en  1429 
et  fut  enterré  dans   une  église   contiguë  à  celle  de   Saint-Paul. 

* 

*  * 

L'église  Saint-Bruno  des  Chartreux  est  une  des  productions  les 
plus  parfaites  de  l'art  religieux  sous  Louis  XV.  Construite,  sauf  le 
chœur  et  la  façade,  de  1734  à  1745,  sur  les  plans  de  Ferdinand- 
Sigismond  Delamonce  (1678-1753),  elle  emprunte  à  l'ordre  dorique 
son  architecture  et  sa  décoration  au  style  rocaille  à  son  premier  dé- 
veloppement. De  là,  l'aspect  à  la  fois  sévère  et  gracieux  qu'elle  pré- 
sente et  l'excellent  effet  qui  en  est  le  résultat.  L'arc  en  anse  de 
panier  par  lequel  le  chœur  communique  avec  le  dôme  a  été  tracé 
par  Melchior  Munet  et  sa  construction  passe  pour  un  modèle  de 
stéréotomie.  Le  luxueux  ciborium  qui  recouvre  le  maître-autel  a  été 
dressé  en  1737  par  Germain  Soufflot,  d'après  les  dessins  de  l'archi- 
tecte Servandoni,  né  à  Florence,  de  parents  lyonnais.  Les  stalles  du 
chœur,  ainsi  que  le  lutrin,  d'un  beau  travail,  ont  été  sculptées  par 
Marc  Chabry  fils  et  par  François  Venderheyde  ;  quant  aux  statues 
trop  vantées  de  la  coupole,  représentant  saint  Jean-Baptiste  et  saint 
Bruno,  elles  sont  de  Jacques  Sarrazin.  On  attribue  à  Pigalle  les  bas- 
reliefs  des  pendentifs  du  dôme.  Cette  église  possède  plusieurs  ta- 
bleaux de  valeur  :  une  Ascension  et  une  Assomption,  par  Pierre- 
Charles  Trémolières,  dans  des  cadres  en  bois  dessinés  par  Soufflot  et 
sculptés  par  François  Vanderheyde  ;  un  Miracle  de  saint  Bruno,  par 
François  Perrier  ;  un  Ensevelissement  du  Christ  et  un  Ex  voto,  par 
Brenet  ;  un  Baptême  du  Christ,  par  Noël  Halle  ;  un  Mariage  de  la 
Vierge,  par  Challes,  des  copies  du  Guide  et  de  Rubens  par  Frontier 
et  Chloé  Dupasquier,  des  peintures  de  Sublet  et  des  statues  de 
Joseph    et   de   Philippe    Fabisch. 

* 

*  * 

Désaffectée  par  décret  du  22  avril  1907,  l'église  Saint-Pierre  est 
fermée  depuis  cette  époque  au  public  et  elle  sert  aujourd'hui  et  pro- 
visoirement d'entrepôt  aux  Musées  de  la  Ville.  Sa  façade,  enclavée 
dans  des  maisons  modernes,  donne  sur  la  rue  Paul-Chenavard,  et  sa 
nef  s'étend   sur  une  arrière-cour  dans   une   direction  parallèle   à   celle 


(  23  )- 

du  Palait  dei  Artn.  Bâtir  cIumm  \r  troÏHirmr  <|uart  du  Xll'  Hirtlr.  hiir 
les  ruines  d'une  chaprllr  rrlrvrr  par  Lrydrnl.  rvr(|ijr  <\r  Lyon. 
cette*  rptlisr  n  été  h'\  (ornplrtnnrnt  rcntaurrr  rn  1746  par  Inrchitrcte 
.Anloinr  (\c  Cîrrando.  <ju  rllr  a  prrdii  prrH(|iir  rnlirrrrnrnt  «on  carac- 
tère    primitif.     Unr     fnirtrr     (|iii     <•(  lairr     la     <lrnxiriiif     Iravrr     rf     un 


Porte  d'une  maison  du  XVIP  siècle,  rue  du  Bœuf,   16. 
(Cl.  J.  Sylvestre.! 


porche  sur  lequel  s'élève  le  premier  étage  d'un  clocher  presque  en 
ruine,  peut-être  encore  plus  ancien,  voilà  tout  ce  qui  reste  des  pre- 
mières constructions.  La  porte  extérieure  du  porche  se  compose 
d'une  arcade  flanquée  de  colonnes  et  de  pilastres  surmontés  de  cha- 
piteaux soutenant  des  imposes  sur  lesquelles  retombent  deux  archi- 
voltes en  retraite  l'une  sur  l'autre,  garnies  de  trois  rangs  de  billettes 
et  de  deux  tores  très  épais.  La  seconde  porte,  celle  qui  s'ouvre  dans 
la  nef,  est  semblable  à  la  précédente,  mais  elle  est  plus  ornée.  Aux 
billettes   et  aux   tores   s'ajoutent   des   rais   de   cœur,    des   arcatures   et, 


-<  24  )- 

sous  ces  arcatures,  des  têtes  grimaçantes  en  marbre  blanc  du  plus 
riche  effet.  Les  chapiteaux  des  colonnes  et  des  pilastres,  dont  les 
corbeilles  chargées  de  rinceaux,  de  feuillages  et  de  monstres  sail- 
lants sous  les  angles  des  tailloirs,  imitent  le  galbe  corinthien  ou 
composite,  sont  tous  variés  et  tous  d'un  style  grandiose  et  d'une 
exécution  magnifique.  Un  seul  offre  un  ange  vêtu  à  l'antique  qui 
fait  penser  à  ces  Victoires  ailées  que  l'on  remarque  sur  les  monu- 
ments romains,  d'où  sont  tirés  aussi  les  oves,  les  perles,  les  rais  de 
cœur  et  les  bouquets  d'acanthe  qui  forment  les  moulures  des  im- 
postes de  la  première  porte.  On  voyait  dans  cette  église,  avant  sa 
fermeture  :  un  Ensevelissement  de  la  Sainte  Vierge,  par  Michel 
Perrache.  et  une  Visitation,  par  Nicolas  Bidau,  bas-reliefs  en  marbre  ; 
un  autel  de  style  napolitain  du  XVIir  siècle,  en  stuc  et  en  marbres 
de  couleur  ;  un  autre  autel  en  marbres  de  couleur,  par  Picaud,  de 
Roanne  ;  un  Sacré-Cœur  avec  deux  Anges  agenouillés,  par  Charles 
Duf raine  ;  des  tableaux  :  une  Visitation,  par  Charles  Delafosse  ;  une 
Adoration  des  Bergers,  une  Adoration  des  Rois  mages,  une  Circon- 
cision, une  Assomption,  par  Trémolières  ;  une  Cène  d'Emmaiis  et 
un  Saint  Pierre  repentant,  par  Louis  Crétey  ;  un  Serpent  d'airain, 
par  Frontier  ;  une  Exaltation  de  la  Croix,  par  Restout,  etc.  La  porte 
de  l'église  Saint-Pierre  date  du  milieu  du  XVlir  siècle  ;  elle  est  en 
bois  sculpté  et  se  fait  remarquer  par  l'élégance  mouvementée  de  ses 
ornements  et  aussi  par  la  perfection   du   travail. 

* 
*  * 

Ne  quittons  pas  les  édifices  religieux  sans  mentionner  l'église  Saint- 
Bonaventure.  On  rapporte  à  l'année  1220  l'établissement  des  Fran- 
ciscains,   dits    Frères    Mineurs    ou    Cordeliers,    à    Lyon.    Ces    religieux 


L'ancienne  Place  des  Cordeliers.  avec  la  Colonne  du   Méridien, 
surmontée  dune  statue  d'Uranie.  démolie  en    1858.    Cl.  J,    Sylvestre. 


•-(  25  )  • 

avaient  rtr  apprlrs  daiiH  noire  villr  par  Humbcrt  de  Grôlée.  sénéchal 
de  Lyon.  (|ui  Iriir  <  rtia  Ir  vaMtr  rHpa<  r  ( oniprin  aujourd'hui  rntrr  hi 
plarr  dfH  C'ordrlirrN.  le*  (|uai  t\r  lliôpital.  Irn  rurn  \  rTtuixdirir  rt 
(îrôlrr.    où    ils   rtahhrrnt    Irur   couvent   et    leur    premirre   <  hapellf- 

Crtte  chapelle,  bâlie.  ainsi  <|U;-  le  ni:>naNtcre.  aux  frai»  du  iSénc- 
chal.  occupait  l'einpl.iceuïent  de  la  portion  nord-ouest  du  Mont-dc- 
F^iété.  ancienne  halle  aux  hlrs.  dr. uolif  «mj  1891  rt  renif)la(  r-  fj.ir 
l'îlôt  limité  par  les  rues  Saint  Bonaventure.  Président  C'arnot  et  (irô 
\éc.  Saint  BonavtMiture.  cjui  mourut  !<•  14  jiiilh-l  1274.  pf-iuianl  la 
célébration   du   deuxièine   Concile   de    Lyon,    y    fut   enterré. 

La  construction  de  l'éj^lise  actuelle  remonte  au  commencement  chi 
XIV*'  siècle,  mais  elh»  ne  fut  terminée  cju'en  1468.  Simon  de  Pavie, 
médecin  des  rois  Charles  VII  et  Louis  XI.  fit  construira  les  troi» 
dernières  trivées  de  lé^ilise.  ainsi  cjue  la  façade  qui  a  été  complè- 
tement reconstruite   par   l'architecte   Anthelme   Benoit  en    1858. 

Cette  église  a  abrité  pendant  plusieur:;  siècles  les  institutions  popu- 
laires de  l'Ancien  Régime.  Les  Confréries  d'ouvriers  s'y  réunissaient 
et   la   plupart   des   corporations   y   avaient   leur   chapelle. 

*  A- 

Les    amateurs    de    théâtre    ont    le    choix,    à    Lyon,    entre    le    Grand 
Théâtre,    où    l'on   joue    le    grand    opéra,    l  opéra   comique   et    le    ballet, 
et  le  Théâtre   des   Célestins,   où   l'on   donne   le   drame,    le   vaudeville, 
la   comédie   et   l'opérette. 

Le  Grand-Théâtre  a  été  construit  par  Antoine  Chenavard  en  1829, 
dans  le  style  classique  qui  était  à  la  mode  à  cette  époque.  L'intérieur 
a  été  entièrement  remanié  par  Dardel.  Ces  restaurations  ont  altéré 
le  caractère  de  la  salle,  où  se  voit  encore  un  beau  plafond  par 
Abel  de  Pujol.  La  scène  est  vaste  et  bien  disposée.  L'ancien  foyer 
avait  été  décoré  d'une  façon  curieuse  par  Perlet.  On  l'a  refait,  il 
y  a  quelques  années,  et  on  lui  a  donné  une  décoration  nouvelle. 
Le   plafond   est  orné   de   trois   grands   médaillons   par   Joanny   Domer. 

Le  Théâtre  des  Célestins  occupe  l'emplacement  de  l'ancien  monas- 
tère des  religieux  de  ce  nom.  fondé  à  Lyon  en  1407  et  sécularisé  en 
1778.  11  a  été  construit  par  l'architecte  lyonnais  Gaspard  André,  La 
façade  est  d'une  belle  ordonnance  et  la  salle  est  décorée  avec  autant 
de  richesse  que  de  goût.  Le  plafond,  superbement  peint  par  Joanny 
Domer,    représente    le    Songe    d' Aristophane. 

* 

N'ayons  garde  d'oublier  un  troisième  théâtre,  plus  célèbre  encore 
que  les  précédents  :  le  Théâtre  Guignol,  aussi  populaire  à  Lyon  que 
peut  l'être  à  Paris  la  Maison   de  Molière. 

Guignol  n'est  pas.  comme  on  l'a  cru.  la  transformation  d'une 
marionnette  italienne,  et  il  n'est  pas  davantage  de  la  famille  des 
Pierrots,  à  laquelle  appartiennent  les  Gille,  les  Jocrisse,  les  Janot, 
les  Cadet-Roussel.  Ce  n'est  pas  non  plus  Figaro,  auquel  on  le 
com.pare  trop  facilement  et  avec  exagération.  Pour  un  point  de  res- 
semblance, il  y  a  dix  contrastes.  Cette  petite  figure  n'a  pas  besoin  de 
frère  aîné.  Unique  dans  son  genre,  elle  offre  une  des  manifestations 
les  plus  originales  du  génie  populaire  lyonnais,  et  l'on  peut  dire 
que,  semblable  à  la  Minerve  antique,  elle  est  sortie  tout  armée  du 
cerveau    de   l'ouvrier   en   soie   Laurent   Mourguet   (1769-1844),    qui    l'a 


-{  26  )- 

sculp>tée  lui-mênie  et,  en  la  façonnant,  lui  a  donné  ses  propres  traits. 
En  elle  s'incarne  l'âme  spéciale  de  toute  une  classe  ;  en  elle  se  réflé- 
chissent les   moeurs  déterminées  de   toute   une  époque. 

D'où  vient  le  nom  de  Guignol  >  On  s'est  livré  à  ce  sujet  a  de 
savantes  et  inutiles  dissertations.  A  en  croire  les  érudits,  le  nom 
est  très  ancien.  Aux  XIV^'  et  XV^'  siècles,  les  cadets  de  la  puissante 
famille  consulaire  de  Varey  le  portaient  par  surnom.  Eh  bien  !  on 
s'est  trompé,  et  l'erreur  provient  d'une  mauvaise  lecture.  Le  «  cogno- 
men  »  des  Varey  n'est  pas  Guignol,  mais  Guignot,  ce  qui  est  très 
différent.  Dans  un  terrier  de  1313,  je  trouve  :  Johannes  de  Varey, 
dictus  Guignot  (il  habite  rue  Bonnevaux,  aujourd'hui  rue  de  la  Répu- 
blique,   n"'^   33-43). 

Quant  à  l'origine  du  mot,  M.  Onofrio.  savant  magistrat,  éditeur 
du  Théâtre  Guignol,  prétend  qu'elle  se  tire  d'une  expression  qu'em- 
ployait un  vieux  canut,  ami  de  Mourguet.  lorsqu'il  avait  bien  ri  : 
«  C'est  guignolant  !  »  disait-il,  et  cette  exclamation  signifiait  :  c'est 
très   drôle,    c'est   très   amusant. 

Malheureusement,  l'adjectif  guignolant  n'étant  qu'une  forme  alté- 
rée de  guignonnant,  qui  veut  dire  ennuyeux,  pénible,  l'explication 
est  contradictoire  et  doit  être   rejetée. 

Il  y  en  a  une  autre  à  laquelle  M.  Onofrio  n'a  pas  songé  et  que 
fournissent  ia  physionomie  et  les  yeux  mêmes  de  Guignol.  Sa  figure 
est  légèrement  asymétrique,  il  louche  un  peu  et  guigne  de  l'œil.  De 
là  son  nom  ;  Guignceil,  puis,  par  corruption.  Guignol.  Les  gamins 
(les  gones)  l'appelaient  ainsi  dans  les  premiers  temps,  et  aussi  Belœil, 
TorVoeil,  Louch'œil,  ce  qui  est  concluant.  En  Provence,  Guignol  se 
nomme  aujourd'hui   Tap'à-Vœil,  et  Gnafron  Bastian. 

* 
*  * 

Parmi  les  statues  que  Lyon  a  élevées  à  ses  grands  hommes,  il  en 
est  quelques-unes  qui  méritent  d'être  signalées.  J'ai  déjà  parlé  de 
la  statue  d'Ampère  par  Textor  et  de  celle  du  maréchal  Suchet  par 
Dumont  ;  il  faut  citer  encore  celles  de  Bourgelat  (cour  de  l'Ecole 
Vétérinaire)  par  Fabisch,  du  chirurgien  Ollier  (place  de  ce  nom)  par 
Bouchet,  de  Claude  Bernard  (cour  de  la  Faculté  de  Médecine)  et  de 
Bernard  de  Jussieu  (quai  des  Brotteaux)  par  Pierre  Aubert,  du  sergent 
Blandan,  par  Thomas  Lamotte  (place  Sathonay). 

Le  sol  qui  s'élève  en  pente  derrière  cette  statue  (Jardin  des  Plantes) 
et  devant  celle  d'Auguste  Burdeau,  récèle  le  monument  le  plus 
illustre  de  nos  antiques  origines  nationales.  Là  gisent  encore  en 
partie  les  ruines  de  l'Amphithéâtre,  où  se  réunissaient  les  délégués 
des  soixante-quatre  cités  des  trois  Gaules  et  où  se  dressait  l'autel 
consacré  à  la  divinité  de  Rome  et  d'Auguste.  C'est  dans  cette 
enceinte  que  la  Gaule,  en  dépit  du  despotisme  romain,  a  réalisé 
pour  la  première  fois  cette  unité  que  Vercingétorix.  qui  devait  suc- 
comber à  Alésia,  avait  conçue  dans  ses  rêves  héroïques  et  patrio- 
tiques. 

La  statue  de  YHonnme  de  la  Roche,  qui  s'élève  dans  un  enfonce- 
ment de  rocher,  sur  le  quai  Pierre-Scize,  est  le  résultat  d'une  bévue 
liistorique. 

Depuis  un  temps  immémorial,  il  existait  au  sommet  du  rocher  une 
statue  de  bois  ayant  remplacé  celle  d'une  divinité  antique  et  repré- 
sentant un  personnage  vêtu  à  la  romaine,  s'appuyant  d'une  main 
sur  une  lance  et,   de  l'autre,   tenant  une   bourse.   Comme   pour  toutes 


-(  27  )- 

let  figurationn  de  ce  t^riirr.  ri  rllrn  nr  MonI  puH  nircM,  il  »r  racontnil 
h  son  Hujrt  iinr  ié^rnclr.  tuujourH  lu  mrinr,  molivrr  pnr  la  boiirHr. 
<t    (jui    fainait    dr    cr    dirii    deH    rirhruMCH    un    prr»onna({r    l>irnfaiManl 


Perspective  de  la  montée  de  l'Amphithéâtre.  (Cl.  Syndicat  d'Initiative.) 


ayant  jadis  doté  les  filles  pauvres  du  quartier.  Des  gens  bien  inten- 
tionnés, mais  fort  ignorants,  s'imaginèrent  un  beau  jour  qu'il  s  agis- 
sait de  Jean  Cléberger,  riche  négociant  nurembergois  établi  à  Lyon, 
et  dont  les  bienfaits  ont  conservé  la  mémoire  sous  le  nom  justement 
mérité    du    Bon    Allemand.    Une    souscription    fut    ouverte    pour    rem- 


-(  28  )- 


Façade  de  la  maison  des  Thomassin,  fin  du  XV'    siècle,  place  du   Change 
ICI.  J.  Sylvestre.! 


Cour  de  l'ancien  Hôtel  de  Ville,  fin  du  XV    siècle,  rue  de  la   Poulaillerie.  13. 

C\    J.  Sylvestre. 


-(  29  )- 

placer  la  Mtaliir  <lf  ho:  .  p.u  uiif  <lr-  |»if-rrf.  rrprrarntant  C  IrLrryrr. 
dont  le  portrait  aulhrnti<)iir.  pir  Alhrrt  Diirrr,  eit  cormervé  au 
Mus^e  de  Virmir  ru  Aiitri<  l»r.  Laru  iriiiif  Hliiliir  fui  drtrônrr  dr  \n 
place  (luVIle  i)v  {iii^ait  rt.  au  cir.ssouH.  on  iiiHtalla  (  rllr  tir  C  IcbrrKer, 
par  TousHaiiit   Ronnairr  (1849). 

Lyi>ii  possrdt*  plusirurs  foulaiiu  s  monuiiuMitale»  qui  animent  ses 
places  (*t  contribuent  à  leur  einhellisHenient  :  la  fontaine  de  la  plac* 
Morand.  f)ar  Tony  Desjardins,  élevée  aux  frais  des  habitant»  du 
quartier  <les  Brotleaux.  en  souvenir  de  l'affranchissement  des  ponts 
du  Rhône,  sous  Napoléon  111  (la  statue  en  marbre  cjui  la  couronne 
est  du  sculpteur  Cjuillaume  Bonnet)  ;  la  jolie  fontaine  Renaissance 
construite  par  René  Dardel  et  décorée  d'un  vC^^'F^*'  <'n  bronze 
représentant  saint  Jean  baptisant  le  Christ,  par  Bonnassieux  ;  la  fon- 
taine en  plomb  martelé  de  la  place  des  Terreaux,  par  Bartholdi  ; 
la  fontaine  de  l'Hôtel  de  Ville,  avec  ime  gracieusf  statuette  de 
Mathurin  Moreau  ;  enhn,  l'admirable  fontaine  de  la  place  des  Jaco- 
bins, chef-d'oeuvre  de  l'architecte  Gaspard  André  (les  sirènes  sont 
du  sculpteur  Delaplanche.  et  les  statues  de  Philibert  Delorme.  Guil- 
laume Coustou,  Gérard  Audran  et  Hippolyte  Mandrin,  qui  la  déco- 
rent,  sont  du   sculpteur   lyonnais   Charles  Degeorge). 

^: 

^■.    * 

Au  centre  de  la  ville  et  surtout  dans  les  quartiers  Saint-Jean  et 
Saint-Paul,  on  voit  beaucoup  de  maisons  des  XV  et  xvr  siècles, 
facilement  reconnaissables  à  leur  ordonnance  et  à  leur  décoration. 
Citons   : 

L'hôtel  de  la  Couronne,  bâti  au  XV*"  siècle  par  les  de  Varey.  et 
qui  a  servi  d'Hôtel  de  Ville  de  1604  à  1652  (rue  Poulaillerie,  n'^  13)  ; 
la  maison  des  du  Perler,  n*^  4.  rue  Mercière  ;  celle  de  Guillaume  de 
Rouville,  à  l'enseigne  de  VAnge,  et  l'ancienne  hôtellerie  de  Sainte- 
Marthe,  avec  son  joli  puits  Renaissance  n''^  54  et  58,  même  rue  ;  la 
maison  du  libraire  Hugues  de  la  Porte,  acquise  plus  tard  par  un 
libraire  non  moins  connu.  Horace  Cardon  (n^  68,  même  rue)  ;  la 
maison  de  la  Madeleine  (aujourd'hui  Chambre  des  Notaires,  montée 
du  Gourguillon).  construite  par  les  frères  Guichard  et  Pierre  du 
Choul,  embellie  et  agrandie  par  leur  fils  et  neveu,  l'antiquaire, 
Guillaume  du  Choul,  bailli  des  montagnes  du  Dauphiné  ;  la  maison 
des  Laurencin.  place  de  la  Trinité,  celle  du  Soleil  (fin  du  XVIF  siè- 
cle), même  place  :  l'hôtel  de  la  Chamarerie  de  l'Eglise  de  Lyon,  où 
logea  M'"^  de  Sévigné  en  juillet  1672  et  en  octobre  1673  (n°  57.  rue 
Saint-Jean)  ;  les  maisons  des  Trois  Maries  et  du  Jeu  de  Paume  (rue 
Trois-Maries)  ;  les  maisons  de  V Outarde,  du  Bœuj,  du  Crible,  rue  du 
Bœuf  ;  les  maisons  n^^  2.  place  de  l'Ancien-Gouvernement,  n"^  !  1 
et  9,  rue  Saint-Jean,  modèles  précieux  de  l'architecture  civile  au  com- 
mencement du  xvr'  siècle  ;  la  façade  de  la  maison  n°  14,  rue  Lai- 
nerie  ;  la  maison  dite  Henri  IV,  montée  Saint-Barthélémy  (xvir'  siè- 
cle) ;  les  maisons  Baronnat.  Lentillon  (xvir'  siècle),  Grolier,  rue  de 
la  Loge,  montée  du  Change,  rue  Juiverie.  et,  dans  l'arrière-cour  du 
n^  8  de  cette  rue.  la  galerie  construite  en  1536  pour  Antoine  Bul- 
lioud,  receveur  général  des  finances,  par  Philibert  Delorme.  à  son 
retour    d'Italie  ;     la     maison     paternelle     des     Thomassin.     place     du 


-(  30  )- 

Change,  n"  2  ;  les  maisons  n'""    14  et   12.  rue  de  Gadagne.  construites 
par   les   frères  de  Pierrevive  et   possédées  plus   tard,   la   première  par 


La  maison  du  Soleil,  fin  du  XVI P  siècle,  place  de  la  Trinité  ; 
la  rue  Saint-Georges  à  gauche,  et  à  droite,  perspective  de  la 
montée  du  Gourguillon,  (Cl.  J.  Sylvi'tre.) 


les  Gondi  et  la  seconde  par  Thomas  et  Guillaume  Gadagne.  C'est 
dans  cette  dernière  demeure,  acquise  par  la  Ville,  que  sera  installé 
prochainement   le    Musée    du    Vieux    Lyon. 


* 

*  * 

Je  n'ai  encore  rien  dit  des  rives  de  la  Saône  ;  elles  sont  pourtant 
ravissantes.  Du  quai  Saint-Antoine,  on  jouit  de  la  plus  gracieuse  vue 
du  monde.  Voici  le  Palais  de  Justice,  construit  par  Baltard  en  1835, 
et  sa  colonnade  aux  lignes  majestueuses  ;  à  gauche,  les  ponts  du 
Change  et  Ja  Feuillée,  la  Croix-Rousse  aux  reliefs  variés  et  que 
couronne  le  dôme  des  Chartreux  ;  à  droite,  la  Primatiale,  Saint- 
Georges,  chef-d'œuvre  de  grâce  et  de  légèreté  ;  l'Antiquaille  et  ses 
blancs  pavillons,  l'ancien  Grand-Séminaire,  la  Quarantaine  que  do- 
mine le  Puy  d'Ainay,  et,  dans  le  lointain,  les  Etroits  aux  riantes 
villas,    où    Jean-Jacques    Rousseau    passa    une    nuit    délicieuse. 

Que   si   l'on    gravit   la   colline    couverte    de   verdure   et   qui    sert   de 


-f  31  )" 

loiul  à  <r  miiv^MjUf-  lahlriiu.  \r  dvi  or  t  luil^r  n  vur  d  ni  rt.  fjii  liaul 
du  (otraii.  <  rst  un  vnHte  panorama  qur  Icril  rmbrafmr.  Au  pied 
(lu  «prclalrui .  uiir  villr  iminrriMr.  in«r<|urtrr  <\r  placcN,  (\r  rurs, 
d  avriuicH,  conHlrllcf  dr  \\ri\\rn,  dr  dôiurs.  dr  <  Icx  lirrM,  <ïr  mninons, 
rt  dont  Ir  inurmurr  Mrlrvrr  hruisMiint  cominf  \r  Wourfionnrrnrnt 
d'une  ruclu*  v^i^antcnqur  ;  deux  ^l'^^i^^^'^  llruvrH  déroulant  en  repli» 
ondulcMix  Ifiir  ruban  argenté  aux  reflets  d'opale  et  d'azur,  et  qui 
vont  se  perd'r  (ians  l'Iiori/Dn  lointain  ;  |)uiH.  par  delà,  la  plaine  sanH 
bornes  se  heurtant  a.i  mur  infraiu  ln.s.sal)lr  des  AlpeH  ;  iri.  1-  Val 
romey.  la  Clvirlreuse  ;  là.  le  Verrors.  le  Pelvoux  semblant  s'unir 
avec  le  Pilât,  mais  si  éloignes  que  tous  ces  monts  de  deux  à  trois 
mille  mètres  paraissent  de  légers  festons  que  domine  le  massif  du 
mont  Blanc  aux  glaciers  étincelants.  Puis,  ramenant  le  regard  au 
pied  de  la  colline,  on  retrouve  la  ville  de  Lyon,  non  moins  majes- 
tueuse que  la  n.ilure.  étalant  ses  splendeurs  avec  orgueil  el  montrant 
tous  ses  édifices  comme  sci    un   plan   merveilleux. 

FÉLIX  Desvernay. 


Maison  de  la  fin  du  XV''  siècle,  rue  Lainerie,   14 
Cl.  J.  Sylvestre.) 


— V   J^ 


Laurent     Mourguet,     créateur     de 
Guignol,    buste  par  Fr.  Girardet, 
surmontant    le    monument   de    la 
place  du   Doyenné. 


GUIGNOL   ET   SON   THEATRE 

Guignol  !  Ce  nom  n'est  inconnu 
d'aucun  Lyonnais,  et  il  n'est  pas  un 
enfant  de  notre  vieille  cité  qui  n'ait 
vu  jouer  les  pièces  du  répertoire  gui- 
fjnolesque. 

Ceux  qui  n'ont  pas  vécu  à  Lyon  ne 
l'ignorent  pas  non  plus.  Ils  ont  en- 
tendu vanter  l'originalité  de  ce  théâtre, 
dont  les  œuvres  ont  un  aspect  si  par- 
ticulier qu'elles  sont  rarement  inter- 
prétées avec  l'accent  qui  leur  con- 
vient, la  vie  qu'elles  doivent  rendre, 
par    les   Parisiens. 

Quel  est  donc  ce  Guignol,  type  clas- 
sique de  l'ancien  artisan  lyonnais,  bon 
garçon  qui  accueille  joies  et  tristesses 
de    l'existence    avec    philosophie  ? 

C'est  l'incarnation  du  canut  lyon- 
nais. Dans  les  luttes  du  capital  et  du 
travail,  nos  ancêtres  curent  à  souffrir 
de  nombreuses  crises  économiques. 
mais  ils  les  supportèrent  avec  cet 
esprit   narquois,    railleur    qui    domine   chez   notre   Guignol. 

Le  théâtre  qui  porte  son  nom  n'est  pas  un  de  ces  théâtres  brillants 
où  la  psychologie  moderne  et  l'élégance  raffinée  de  la  forme  s'effor- 
cent d'unir  des  effets  qu'apprécient  dilettantes  et  décadents.  C'est 
un  théâtre  à  l'image  de  la  vie  populaire,  simple,  ignorant  l'outre- 
cuidant désir   d'étonner   la   galerie. 

Le  type  de  Guignol  a  été  créé,  au  début  du  XIX'^  siècle,  par  Lau- 
rent  Mourguet. 

M.  Justin  Godart  a  présenté  Guignol,  ainsi  que  les  autres  person- 
nages de  notre  théâtre  local,  en  une  étude  excellente  (1).  Nous  ne 
pouvons  mieux  faire  que  de  laisser  la  parole  au  député  de  Lyon    : 

«  Depuis  cent  ans  qu'il  amuse  les  Lyonnais  et  les  Parisiens  et 
qu'il  vit  dans  les  coulisses,  écrit  M.  Godart,  il  n'a  pas  cédé  au  cabo- 
tinage facile  et  n'a  cherché  le  succès  qu'en  restant  lui-même.  Quel 
caractère  dans  cette  tête  de  bois   ! 

«  Ne  lui  demandez  peint  les  plaisanteries  du  jour,  les  chansons 
grivoises,  les  moyens  risqués  pour  vous  amuser.  Il  est  tel  qu'il  nous 
apparut  en  1808,  et,  s'il  regarde  avec  curiosité  cet  auditoire  auquel 
il  n'est  point  accoutumé,  cette  salle  splendide  (2),  il  n'en  est  guère 
ému  dans  le  fond  ;  quand,  ce  soir,  il  fera  ses  confidences  à  sa 
Madelon  -  car  il  est  fidèle,  simplement  —  tout  au  plus  souli- 
gnera-t-il  de  son  juron  familier  ses  impressions  et.  lui  dira-t-il,  en 
parlant  avec  admiration  de  son  auditoire  féminin  :  «  Nom  d'un  rat, 
«  y  avait  tout  de  même  de  chenuses  colombes.   » 

«  11  va  vous  jouer  les  plus  vieilles  pièces  de  son  répertoire,  qui  est 


(I)  Guignol  et  l'esprit  honnais,  par  M.  Justin  Godart   —   Lyon.   A.  Rey,    1912. 
(2i  M.  Godart  présentait  ainsi  Guignol  dans  une  conférence  organisée  par  les    Annales  a 
Paris,  et  qui  fut  terminée  par  une  représentation  de  pièces  du    théâtre  lyonnais  de  Guignol. 


33  ) 

inrpuisable.  Si  t|urlnurH  uncM  Hont  rcritrH.  rrnt  cin(|imntr  environ, 
la  plupart  «ont  rrHlrrn  à  l'rlnt  de  Himplr  (  anrvaN  Hur  Ircjiirl,  au  «rc 
de  sa  verve,  il  brodr  (ha(|ur  jour,  NainiNHant  l'actualité,  la  souli^tnant 
d'un  trait  vif.  on  souinrMaiit  au  coiitrôlr  cir  lit  lri(|iir  Irn  hoiniiirB 
<lu  inoinriil.  Bi<*n  avant  Paris,  dans  son  lljrâtrr  rnfunir,  (jui^nol  a 
lait     \r     journal     parlr. 

«  Outre  IrH  fonirdirH  iuMpircr»  cira  (  laMsIcjucH  du  tlirâlrr  (\r  la 
foire.  Guignol  a  toute  une  collection  de  parodirn,  surtout  de  parodies 
il'oprraH.  A  Lyon,  où  l'Oprra  nr  connaît  point  de  rriMc.  car  il  est 
ircquenté  rr^ulirrenit'iit  par  des  ^rns  cjui  pairnt  Irur  place,  après 
avoir  entendu  les  Hu^^ucnots  ou  haust,  on  ne  manque  point  d'aller 
applaudir  Gui^^nol   dans   le   rôle   de   Raoul   de    Nantis   ou   de    laust. 

«  Un  de  nos  auteurs  «uij^nolesques  lyonnais.  Alexis  Rousset. 
excellait  en  l'art  bouffon  de  ces  parodies  c|iii  ont  unv  vrrve  endiablée 
et    sont    du    meilleur    comique. 

u  Je  vous  laisse  à  penser  ce  que  peut  être  laust,  devenu  Guignol. 
Je  vous  assure  que  le  personnage  y  gagne  beaucoup,  au  moins  en 
moralité,  puisque  Faust-Guignol,  qui  est  foncièrement  honnête.  n<* 
voit  d'autre  dénouement  possible  à  la  situation  que  vous  connaissez, 
que  d'épouser  Marguerite. 

«  Guignol  est  toujours  correct.  Point  d'équivoques  scabreuses,  de 
mots    grossiers. 

«  La  censure  n'a  jamais  eu  à  lui  faire  de  remontrances  et  à  sévir. 
J'ai  feuilleté  une  centaine  de  manuscrits  de  pièces  ;  sur  un  seul 
les  censeurs  ont  joué  de  leurs  ciseaux.  Offusqués  du  nom  d'un 
personnage,  ils  ont  fait  changer  Courtecuisse  en  Courtejambe.  Il 
faut   reconnaître   que.    depuis,    nous   en   avons   entendu    bien   d'autres. 

«    Guignol    a   la    répartie    prompte. 

c(  Entendez-le  discuter  avec  son  propriétaire,  qui  voudrait  bien 
toucher  ses  termes  en  retard.  C'est  M.  Canezou.  «  Je  viens  savoir  », 
dit-il  à  Guignol  —  qu'il  a  pu  enfin  rejoindre  grâce  à  un  subter- 
fuge —   «  je  viens  savoir   quand   nous   finirorfs  pour   notre   compte.    » 

«  Guignol,  bon  apôtre  :  «  Notre  compte  ?...  Oh  !  si  vous  me 
a  devez  quèque  p'tite  chose,   ne  v's  gênez  pas  ;   je  sis  pas  pressé.    » 

«  Et  cela  dure  sur  ce  ton,  tellement,  qu'impatienté,  M.  Canezou 
finit  par  protester  «  Mais  vous  me  faites  des  contes  à  dormir 
«  debout.  «  Guignol  de  saisir  au  vol  l'occasion  de  s'esquiver  :  «  Ah  ! 
«  v's  avez  ben  raison...   Allons  nous  coucher.   » 

M.  Justin  Godart  a  décrit  le  personnage,  son  visage,  son  accent, 
son    allure,    son    costume    : 

«  Guignol  a  un  accent.  Il  articule  assez  lentement,  traînant  sur 
la  dernière  syllabe.  C'est,  vous  le  savez,  dans  le  fracas  des  mé- 
tiers, le  seul  moyen  de  se  faire  comprendre.  Si  l'on  crie  à  tue-tête, 
on  participe  uniquement  au  bruit  général,  et  on  n'est  point 
entendu.  Guignol  siffle  un  peu  les  S  et  parle  du  nez.  ce  qui  serait 
dû    à    nos    brouillards    porteurs    de    coryzas    chroniques. 

«  Enfin,  il  a  gardé  ses  habits  d'autrefois.  Son  chapeau  était  à 
cornes,  mais  comme  Guignol  est  prompt  à  la  bataille,  cognant 
volontiers  de  la  tête,  on  lui  a  cloué  son  chapeau  en  rabattant  lf.-s 
cornes.  Sans  quoi  on  n'aurait  pas  pu  lui  en  tenir. 

((  Il  a  une  physionomie  expressive  qu'anime  encore  le  frétillement 
de   son   sarsifis. 

«  L'intensité  réelle  de  cette  figure  de  bois  vient  de  ce  qu'elle 
est  légèrement  asymétrique.  Nos  artistes  locaux  qui  sculptent  des 
guignols    les    font   un    peu    loucher,    déséquilibrent    les    traits,    ce    qui 


-(  34  )- 

communique  une  vie  particulière  à  ces 
têtes  qui.  s'agitant  avec  vivacité,  sem- 
blent s'animer  sous  les  lumières.  D'ail- 
leurs, le  procédé  est  connu.  C'est  celui 
qu'a  employé  Léonard  de  Vinci  pour 
donner  a  la  Joconde  son  air  énigmatique 
et  prenant.  L'art  aboutit  ainsi  à  des  rap- 
prochements inattendus,  la  Joconde  et 
Guignol.  Guignol  n'en  est  pas  plus  fier 
pour  cela,  d'autant  que  la  Madelon  pour- 
rait  être   jalouse. 

«  La  Madelon    c'est  sa  femme.  » 
M.   Godart  nous   la  présente  ainsi    : 
«    Elle    a    une    psychologie    simple.    La 
domine,     la     préoccupation     qui     angoisse 
tant   de    femmes   dans   certains    intérieurs, 
d'équilibrer   le   budget  avec   un   maigre  et 
incertain      salaire, 
baret      quelques 
est-elle  sans  cesse 
riâtre,        débordée 
du  ménage  qu'elle 
complir     avec     or 
«    Elle    a    un    dé 
varde    et    quelque 
gue.     Au    marché 

chande     d'herbes, 

des  légumes  pour 

cause        volontiers 

et      le      prochain 

frais  de  la  conver 

suis      laissé      dire 

passait    pas    autre 

coup  de  salons  de 
Guignol     a      un 

Gnafron. 

M.      Justin      Go 

lui  un  portrait  pit 

le   reproduire   tou» 


Guignol. 

de  sauver  du  ca- 
économies.  Aussi 
en  défense,  aca- 
par  les  besognes 
ne  sait  pas  ac- 
dre. 

faut  :  elle  est  ba- 
peu  mauvaise  lan- 
ou  chez  la  mar- 
quand  elle  achète 
sa  soupe,  elle 
avec  les  voisines 
fait  en  partie  les 
sation.  Mais  je  me 
que  cela  ne  se 
ment  dans  beau- 
la  bourgeoisie.  » 
compagnon  :  c'est 


Gnafr 


dart  a  tracé  de 
toresque  :  il  faut 
entier    : 

«  Cordonnier  en  vieux,  il  répare  les  misères 
de  la  chaussure  humaine,  et  ce  lui  est  sujet 
à  philosopher  qu'une  paire  de  souliers  usa- 
gés. Comme  Guignol,  il  a  l'empreinte  pro- 
fonde de  son  métier.  Le  savetier  est  un  isolé 
dans  son  travail.  C'est  un  petit  artisan  qui, 
tout  le  long  du  jour,  clos  en  son  étroite 
échoppe,  réfléchit.  Il  n'est  point  pris  tout 
entier  par  sa  besogne.  Alors  que  ses  mains 
œuvrent,  son  esprit  vagabonde.  Gnafron  a 
découvert  que  tout  est  vanité  pour  avoir,  de 
ses  doigts  gourds  et  poisseux,  remis  à  neuf  la 


Les  trois  principaux  personnages  du  Théâtre  de  Guignol  ; 
photographies  des  poupées  originales  de  Laurent  Mourguel- 


Madelon. 


-(  35  )- 

bottinr  rléj^antr  et  finr  ;  ri  il  [jrencl  la  vir  commr  elle  vient,  tant 
80uci,  iir  HiïHiuiétnnt  piiM  du  Inulrinain.  (  f)ijtrnt  s'il  a  <\r  quoi  licher.» 

Car  Gniifron  affrctionnr  la  li<  IniiHon.  C  VmI  un  iulrrpulr  vide- 
houtrillrs  ri  nul  ii'ii  plus  (jur  lui  < omprlriu  r  pour  vantrr  Icm  qun- 
litt'H  dr  iiotrr  drlicirux  vin  du  Braujolai».  LorMqu'il  parle  du  JUH  de 
la  treille.  (|ui  a  vermillonné  son  viHage.  et  lorsqu'il  en  chante  lei 
vrrtiiH  «  avrf  unr  voix  irrc'in('dial)lfmfut  -iirourr  ■■.  il  a  des  «  accents 
altrndris    •• . 

«'    Ainsi,  nous   contr   Ir   drputr   dt-    Lyon  \r    mrtier   de    rrj^rol- 

leur  n  allant  plus,  Gnafron  chrr(  lir  un  jour  tjurllr  profession  avan- 
tageuse il  pourrait  embrasser.  Collf  c\r  rrnlirr  lui  conviendrait  assez. 
Et.  dans  les  h  rèrcs  Coq,  apprenant  (\uc  son  interlocuteur  est  rentier, 
il  s'exclame  :  «  Ah  !  en  voilà  un  fameux  état...  Monsieur  n'aurait 
«  pas  besoin  d'un  associr.  par  hasard?  »  Comme  il  reçoit  une  réponse 
négative.  Guignol  lui  conseille  de  se  faire  marchand  de  vin.  Gnafron 
de  protester  :  u  Marchand  de  vin  ?  Jamais  !  Est-ce  que  ça  se  vend, 
«   le  vin  ?  Si  j'en  avais,  est-ce  que  je  le  vendrais  ? 

«  Et   qu'en    ferais-tu   donc  ?    »    demande   Guignol. 

u  -  Je  le  boirais.  Le  vin,  ça  se  boit,  ça  se  donne  aux  amis, 
«   mais   le   vendre  ?    Abomination   !    » 

«  Dans  les  Valets  à  la  porte,  Gnafron.  à  qui  il  est  dû  de  l'argent, 
accepte  de  l'intendant  l'offre  d'être  payé  en  nature.  Naturellemenc 
Gnafron  demande  du  vin.  L'intendant  s'excuse  de  ne  pouvoir  lui 
en  donner,  la  justice  ayant  mis  les  scellés  sur  le  vin.  L'indignation 
de  Gnafron  ne  connaît  alors  plus  de  bornes  :  «  De  quoi  se  mêle- 
«  t-elle,  la  justice  ?  Est-ce  qu'on  peut  empêcher  les  honnêtes  gens 
«  de  boire  ?   Il   ne  devrait  pas  être   permis  de  saisir  le  vin   !    » 

«  Au  fond,  Gnafron  est  une  bonne  nature,  bien  que  bambocheur. 
détesté  de  la  Madelon,  parce  qu'il  a  une  mauvaise  influence  sur  son 
mari  et  l'entraîne  boire.  Il  est  grave,  sentencieux,  un  peu  lourd, 
contrastant  avec  la  vivacité  de  Guignol.  Il  a  une  sentimentalité 
d'ivrogne  et  de  bons  mots  bien  nature.  Dans  les  Tribulations  de 
Duroquet,  suffoqué  de  ce  que  sa  fille,  la  Dodon,  lui  déclare  tout  net 
qu'elle  ne  se  mariera  jamais,  Gnafron  se  lamente  :  «  Ah  !  mon 
«  Dieu   !   mon  Dieu   !   ma  fille  que  veut  rester  garçon.   » 

C'est  cette  trinité  —  ajoute  M.  Justin  Godart  —  Guignol,  Gnafron. 
Madelon.  qui,  avec  les  autres  comparses  épisodiques  créés  par  la 
fantaisie  des  auteurs  des  pièces  de  Guignol,  «  tient  notre  scène  et 
excite  notre  joie  ». 

Ces  types  originaux  sont  chez  nous,  à  Lyon,  vraiment  légendaires, 
et,  ainsi  que  je  le  disais  tout  a  l'heure,  il  n'est  aucun  Lyonnais  qui 
ne  se  soit  diverti  aux  représentations  si  comiques  des  théâtres  dans 
lesquels  sont  jouées  les  pièces  de  Laurent  Mourguet  et  de  ses  suc- 
cesseurs. 

Guignol  fait  partie  de  nos  traditions  locales.  Aussi,  pour  l'entre- 
tenir,   une   Société   s'est   fondée    récemment    :    les    Amis    de   Guignol. 

Cette  Société  organise  des  concours  de  pièces,  afin  d'enrichir 
le  répertoire  si  original  des  anciens  auteurs  lyonnais. 

Jean   VeRMOREL. 


1        J 


Groupe  scolaire  de  \'aisc,  façade  sur  le  quai  Jayr.      Cl.  J.  Sylvestre./ 


L'ENSEIGNEMENT 


ENSEIGNEMENT  PRIMAIRE 


Porte  de  la  Tourette,  décorant  aujourd'hui 
l'entrée  de  l'Ecole  normale  d'institutrices. 


bibliothèque,     salle     des 


L'enseignement  primaire  est 
donné  à  Lyon  dans  2  écoles  nor- 
males, 6  écoles  primaires  supé- 
rieures, 105  écoles  primaires  élé- 
mentaires de  garçons  ou  de  filles 
et  44  écoles  maternelles. 

I^jl^  i  Ecoles    Normales.    —    L'£co/e 

normale  d'Instituteurs  est  située 
boulevard  de  la  Croix-Rousse. 
Elle  reçoit  100  élèves.  La  durée 
des  études  est  de  trois  années.  Une 
section  de  quatrième  année  pré- 
pare l'examen  d'entrée  à  l'Ecole 
normale  supérieure  de  Saint- 
Cloud.  Les  bâtiments  ont  été 
construits  en  1882-1885.  Au  de- 
vant, en  bordure  du  boulevard, 
se  trouve  la  cour  d'honneur  ;  de 
chaque  côté  et  en  arrière  sont 
disposées  les  salles  de  cours  et 
les    services    annexes     :    réfectoire, 

professeurs,     logement     du     directeur     et 


-(  38  )- 

de  l'économe.  L'école  possède  un  jardin  où  les  élèves-maîtres  sont 
initiés  a  l'horticulture  et  à  l'agriculture.  Une  vaste  salle  avec  amphi- 
théâtre (entrée  rue  de  Chazières)  peut  réunir  à  la  fois  tous  les  élèves 
et  sert  aux  conférences  et  aux  réunions  des  Sociétés  scolaires  du  quar- 
tier de  la  Croix-Rousse. 

L'Eco/c  normale  d'Institutrices  est  située  sur  le  boulevard  de  la 
Croix-Rousse,  à  l'angle  de  la  rue  de  la  Tourette.  Elle  reçoit  120  élè- 
ves. La  durée  normale  des  études  est  de  trois  années.  Une  section 
de  quatrième  année  prépare  a  l'entrée  de  l'Ecole  normale  supé- 
rieure de  Fontenay-aux-Roses.  Construite  en  1886-1888,  l'Ecole  do- 
mine la  ville.  De  la  galerie  qui  se  développe  en  arc  de  cercle,  on 
aperçoit  toute  la  cité,  ses  monuments,  ses  deux  fleuves,  ses  quais  ; 
plus  loin,  la  plaine  du  Dauphiné,  et  même,  par  les  jours  clairs,  la 
chaîne  des  Alpes  et  le  mont  Blanc.  Les  salles  de  classe  sont  spa- 
cieuses, baignées  d'air  et  de  lumière,  et  les  services  installés  de 
manière  parfaite. 

Ecoles  Primaires  Supérieures.  —  La  Ville  de  Lyon  possède  six 
écoles  primaires  supérieures  :  trois,  spéciales  aux  garçons  et  situées 
rue  Chaponnay  (3^  arrondissement),  rue  Neyret  (1^^  arrondissement) 
et  rue  Condé  (2^  arrondissement)  ;  trois,  spéciales  aux  filles,  établies 
place  Guichard  (3^  arrondissement),  Palais  des  Arts  (!*''  arrondisse- 
ment) et  rue  d'Auvergne  {2^  arrondissement).  Les  écoles  de  garçons 
sont  pourvues  d'ateliers  pour  le  travail  du  fer,  du  bois  et  pour  le 
modelage.  Dans  les  écoles  de  filles  est  donné,  ou!;:?  l'enseignement 
intellectuel  et  éducatif,  un  enseignement  ménager  et  professionnel, 
qui  prépare  les  élèves  à  leur  futur  rôle  de  mères  de  famille. 

L'installation  des  écoles  supérieures  de  la  place  Guichard  (filles) 
et  de  l'écoie  de  garçons  de  la  rue  Chaponnay  répond  à  tous  les 
desiderata  de  tels  établissements,  comme  aussi  l'installation  de  gar- 
çons de  la  rue  Neyret. 

Ecoles  Primaires  Elémentaires.  —  Il  y  a  à  Lyon  105  écoles  pri- 
maires élémentaires  :  53  écoles  de  garçons,  52  écoles  de  filles, 
44    écoles    maternelles. 

L'installation  matérielle  laisse  très  peu  à  désirer.  Si  quelques  écoles, 
dans  le  centre  même  de  la  ville,  sont  encore  établies  dans  des  locaux 
loués,  une  amélioration  considérable  a  été  réalisée  dans  ces  dernières 
années.  En  1905,  M.  Herriot,  maire  de  Lyon,  a  fait  dresser  les  plans 
et  devis  de  construction  de  14  groupes  scolaires  ou  d'écoles.  Ce  pro- 
gramme est  presque  entièrement  réalisé.  Le  K''  arrondissement  a  vu 
s'élever,  au  pied  de  la  colline  de  la  Croix-Rousse,  le  groupe  de  la 
rue  du  Sergent-Blandan,  complété  par  une  école  maternelle  ;  — 
dans  le  5^  arrondissement,  au  Point-du-Jour.  un  groupe,  composé 
d  une  école  de  filles  et  d'une  école  de  garçons  ;  quai  Jayr,  un 
groupe  complet,  qui,  avec  sa  façade  d'élégantes  proportions,  ses 
cours  spacieuses,  ses  salles  de  classe  baignées  d'air  et  de  lumière, 
ses  cantines,  ses  préaux  et,  au  sous-sol,  ses  salles  de  bains-douches, 
étincelantes  de  faïences  claires,  constitue  véritablement  un  modèle 
parfait  d'installation  scolaire  ;  rue  Tissot,  une  école  maternelle  qui 
complète  l  important  et  spacieux  groupe  scolaire  de  la  Duchère  ;  ~ 
dans  le  3"^  arrondissement,  le  groupe  de  la  rue  Meynis,  celui  de  la 
Buire  ;  —  dans  le  7^,  le  groupe  Jean-Macé,  le  groupe  de  la  rue 
Louis,  qui  sont  des  écoles  où  rien  n'a  été  négligé  pour  une  instal- 
lation   parfaite    des     classes     :    salles    spacieuses,     éclairage    parfait. 


-(  39  )- 

mobilirr  siolairr  h  la  fois  élégiint  ri  confortablr,  vniitrH  dctfa^r- 
inents,  sallrM  dr  drMMin.  cl'cnMeiKurinrnt  rnrnagrr.  c\r  haiiiH  ri  do 
douche»,    rie. 

On  recoininaiwlf  la  visitr  cirn  Iroin  ^r()iiprH  NuivétntM  :  place  Jean- 
Macé  (7**  arrondiMBcmnit).  quai  Jayr  (3''  arrondiMiiement)  et  rue  du 
Srrv^cnt  Blandan   (1'    i'.rrondisarmrnt). 

Quai  Joyr.  La   la^adr  chI  sur   la  rivr   gniirhr   dr   la  Saône.   On  on 

a  une  vue  d'ensemble  du  quai  de  Serin,  sur  la  rive  droite.  Sur  le 
quai  Jayr  est  située,  au  rez-de-chaussée.  Técole  maternelle  ;  au  pre- 
mier et  au  deuxième  rtaj^es.  l'école  de  filles,  A  l'entrée  de  l'école 
maternelle,  un  vestibule  ;  à  gauche,  le  cabinet  de  la  directrice  ;  à 
droite,  la  salle  d'exercices  et  les  salles  de  classe.  L'école  de  garçons 
a  son  entrée  rue  de  Saint-Cyr.  Au  rez-de-chaussée,  un  préau  qui 
précède  la  cour  de  récréation.  Au  premier  et  au  second  étages,  les 
salles   de   clasvse.    le   cabinet   du    directeur. 

Il  y  a  trois  cours  de  récréation,  autant  de  préaux  couverts.  Au 
centre,  s'élève  le  bâtiment  des  cantines  scolaires,  avec  réfectoires  et 
cuisines. 

Dans  les  sous-sols  de  l'école  de  filles,  sont  installés  des  bains- 
douches,  comprenant  douze  cabines.  Un  cabinet  destiné  aux  visites 
médicales     complète     cette     installation. 

Rue  du  Scrgent-Blandan.  —  Ce  groupe,  inauguré  en  octobre  1913, 
renferme  une  école  degarçons  (6  classes)  et  une  école  de  filles 
(6  classes).  L'école  de  filles  occupe  le  premier  étage,  entrée  rue 
Fourret  ;  l'école  de  garçons,  le  deuxième  étage,  entrée  rue  du  Ser- 
gent-Blandan.  Au  rez-de-chaussée  se  trouvent  les  cours  de  récréa- 
tion et  les  préaux  couverts.  Au  sous-sol,  la  cantine  scolaire,  la  cui- 
sine et  le  réfectoire,  une  salle  disposée  pour  les  bains-douches.  A 
l'école  de  garçons  existe  un  cabinet  pour  la  visite  médicale  des 
élèves. 

Les  salles  de  classe,  les  escaliers,  les  couloirs  sont  décorés  de  frises 
au    pochoir. 

Rue  Jacquard.  —  Ce  groupe  comprend  une  école  de  garçons 
{7  classes),  une  école  maternelle  (3  classes),  une  école  de  filles 
(6  classes). 

L'école  maternelle  est  située  entre  l'école  de  garçons  et  l'école  de 
filles.  Au  rez-de-chaussée,  des  préaux  couverts  et  trois  vastes  cours 
ombragées.  Les  salles  de  classe  des  trois  écoles,  les  escaliers,  les 
corridors  sont  largement  éclairés.  A  l'école  des  filles,  l'intérieur  a  été 
entièrement  décoré  de  belles  frises  au  pochoir  d'un  effet  charmant 
et   d'un   goût   irréprochable. 

Place  Jean-Macé.  —  Ce  groupe,  achevé  en  septembre  1913.  com- 
prend une  école  de  filles  et  une  école  de  garçons,  entrée  rue  de 
l'Université,    et   une    école    maternelle,    entrée    rue    Chevreul. 

L'école  de  filles  occupe  le  premier  étage.  Elle  a  six  salles  de 
classe  desservies  par  un  large  couloir  bien  éclairé.  A  côté  du  bureau 
de  la  directrice  a  été  ménagé  un  cabinet  de  consultations  médicales. 
Une  vaste  salle  est  destinée  à  l'ouvroir  du  jeudi. 

^'école  de  garçons  occupe  le  second  étage  ;  elle  possède  six 
salles   de   classe,    d'éclairage   parfait. 

Les  deux   écoles  sont   pourvues   du   chauffage   central   à   air   chaud. 


-(  40  )- 

Au  troisième  étage  ont  été  aménagées  des  salles  destinées  aux 
réunions    po;.tscolaires  conférences     populaires,     patronage    du    di- 

manche,   réunions    d  anciens    élèves,    etc. 

L'école  maternelle,  au  rez-de-chaussée,  comprend  une  salle  d'exer- 
cices  et   trois   salles   de    classe. 

Dans  le  sous-sol.  e-rt  aménagée  une  salle  peur  les  bains-douches 
tièdes. 

Entre  les  cours  de  récréation  s'élève  le  bâtiment  des  cantines 
scolaires,    avec    réfectoires    et    cuisines. 


ENSEIGNEMENT  SECONDAIRE 

A.  —  Garçons. 

L'Enseignement  secondaire  est  donné  au  Lycée  Ampère,  rue  de  la 
Bourse,  n'"*  29  et  31,  et  dans  ses  trois  annexes,  qui  sont  :  le  petit 
Lycée  de  Saint-Rambert-nie-Barbe.  à  7  kilomètres  de  Lyon,  planté 
sur  un  coteau  dominant  la  Saône  ;  l'Annexe  de  l'avenue  de  Saxe, 
n°  253,  dans  le  quartier  de  la  Guillotière  ;  l'Annexe  de  l'impasse 
Catelin,  n"  5,  et  de  la  rue  de  l'Abbaye-d'Ainay,  n^  1,  dans  le  quar- 
tier de  Perrache. 

Cet  enseignement  est  des  plus  florissants,  puisqu'il  compte 
2.070  élèves,  ainsi  répartis  :  Grand  Lycée  Ampère,  1.345  élèves  ; 
Petit  Lycée  de  Saint-Rambert,  125  élèves  ;  Annexe  de  Saxe,  350  élè- 
ves ;    Annexe    de   Perrache,    225    élèves. 

Les  Annexes  urbaines  sont  des  externats  :  seuls  les  Lycées  Ampère 
et  de  Saint-Rambert  sont  des  internats  qui  reçoivent  en  outre  des 
externes    et    des    demi-pensionnaires. 

Comme  la  population  très  dense  du  Lycée  Ampère  étouffait  dans 
des  locaux  insuffisants  et  incommodes,  il  a  fallu  construire  un  cin- 
quième Ljcée.  Il  s'achève  ;  et  la  Ville  de  Lyon  et  l'Etat  inaugure- 
ront sans  doute  le  1"'"  octobre  1914  le  nouvel  et  magnifique  établisse- 
ment élevé  par  leurs  soins  dans  le  quartier  des  Brotteaux  :  ce  Lycée 
du  Parc  recevra  tous  les  pensionnaires  actuellement  au  Lycée  Ampère 
et    les   externes    des    quartiers    environnants. 

Les  trois  Annexes  du  Lycée  Ampère  reçoivent  les  élèves  depuis 
l'âge  de  quatre  ans  à  quatorze  ans  ;  toutes  les  petites  classes  y  sont 
parfaitement  organisées  :  divisions  primaires  (classes  de  9^,  lO*"  et 
enfantine),  divisions  élémentaires  (classes  de  7*^  et  8^).  classes  du 
premier  cycle  (4^   5^  et  6*^  A  et  B). 

Au  Lycée  Ampère,  qui  seul  est  un  Lycée  absolument  complet, 
sont  centralisées  toutes  les  classes  du  second  cycle  et  toutes  les 
préparations  aux  divers  baccalauréats  des  Sciences  et  des  Lettres, 
ainsi  qu'aux  grandes  Ecoles  du  Gouvernement  (Polytechnique.  Cen- 
trale, Saint-Cyr,  Ecole  Normale  Supérieure,  Ecoles  des  Mines  de 
Paris   et  de  Saint-Etienne,    Institut   National    Agronomique ). 

Les  succès  du  Lycée  Ampère  sont  tels  qu'ils  lui  ont  acquis  depuis 
très  longtemps  une  excellente  réputation,  que  maîtres  et  élèves 
tiennent  à  justifier  et  à  maintenir.  On  peut  affirmer  en  toute  vérité 
qu'il   est  à   la   tête   des   Lycées   de   province. 


-(  41  )- 
B.  —  Jf.unrs  Fillf.s 

/\  rLiisci^inriiu-nt  sn oiulairt-  (irs  jriinc.s  hllm  est  afîrc  le  un  Mupnbr 
rtablisHrmrnl  .situr  plncr  EciRar-Quinet,  ri  portant  \r  nom  cïc  «  Lyccr 
Nntionnl    drs    J<MinrH    fillrn    ». 

Le  HiK'crH  a  (IrpasHr  Irn  prévisioiiH  Ifs  plus  optimistes  :  car  plus  dr 
six  cents  rlrvrs  s'cMitassrnt  rntrr  1rs  niiirs  de  re  Lycée  neuf.  Aussi 
rommence-t-il  à  devenir  trop  étroit.  11  aurait  besoin,  comme  son 
antique  doyen  le  Lycée  Ampère,  d'essaimer  au  dehors  et  de  créer 
une    ou    deux    annexes    dans    (jueKjurs    cjuarliers    de    Lyon. 

Le  Lycée  de  jeimes  filles  est  un  rxtfrnat  (jui  reçoit  drs  flemi-pen- 
sionnaires.  Les  élèves,  dont  les  parents  habitent  h*  département  du 
Rhône  ou  les  régions  voisines,  doivent  prendrr  pension  dans  des 
familles  de  la  ville. 

L'enseignement     du     Lycée     de     jeunes     filles    (  oinprend  I"     Des 

classes  primaires  et  élémentaires,  confiées  à  des  institutrices  de  choix  ; 

2"  Des  classes  secondaires,  confiées  à  des  agrégées  de  l'Université 
et  à  des  professeurs  pourvues  des  grades  les  plus  élevés.  11  y  a  cinq 
années  d'études,  divisées  en  deux  périodes  :  la  première  est  de  trois 
ans  ;  le  certificat  d'études  secondaires  de  troisième  année  la  sanc- 
tionne ;  la  deuxième  est  de  deux  ans  ;  le  diplôme  de  fin  d  études  la 
sanctionne. 

3'^  Enfin,  une  sixième  année  et  des  cours  supérieurs  et  spéciaux 
préparent.  1  une  aux  grandes  Ecoles  nationales,  et  les  autres  aux 
diverses  épreuves  du  baccalauréat. 


L'UNIVERSITÉ  DE  LYON 


L'Université  de  Lj'on  cAi^te,  sous  ce  titre  officiel,  depuis  la  loi  du 
10  juillet  1896.  Auparavant,  le  décret  du  28  décembre  1885,  par 
l'établissement  du  Conseil  général  des  Facultés,  avait  bien  groupé 
les  quatre  Facultés,  mais  celles-ci  seules  avaient  la  personnalité 
civile,    dont   l'Université   a   été   dotée   à   son    tour   lors    de   sa    création. 

L'Université  de  Lyon  est  la  plus  importante  des  Universités  de 
province  par  le  nombre  des  étudiants.  Elle  possède  4  Facultés,  avec 
76  professeurs  titulaires,  10  professeurs  adjoints,  22  agrégés  en  exer- 
cice, 20  agrégés  libres,  32  chargés  de  cours  et  maîtres  de  conférences. 
En  ajoutant  à  cet  état-major  de  160  personnes  les  chefs  de  travaux, 
les  chefs  de  laboratoire,  les  chefs  de  clinique,  les  préparateurs,  les 
prosecteurs,  les  moniteurs  de  travaux  pratiques,  etc.,  on  arrive  à  un 
total  de  plus  de  250  personnes  participant  à  la  distribution  de  l'en- 
seignement supérieur  à  Lyon.  Les  succès  d'ordre  scientifique,  d'ordre 
littéraire,  d'ordre  pédagogique,  remportés  par  ce  personnel  d'élite, 
ne    se    comptent    plus. 

Le  nombre  des  étudiants  s'est  élevé,   en    1913,   à  3.109. 

Les  quatre  Facultés  et  la  Bibliothèque  sont  établies  sur  le  bord  du 
Rhône,  le  long  du  quai  Claude-Bernard,  dans  de  superbes  bâtiments 
qui  couvrent  une  superficie  totale  de  32.903  mètres,  sans  parler 
des  annexes,   telles  que  l'Institut  de  Chimie,   1  Observatoire  de  Saint- 


-(  42  )- 

Genis-Laval  et  le  Laboratoire  de  Physiologie  maritime  de  Tamaris- 
sur-Mer.  Les  dépenses  de  construction  et  d  aménagement  de  l'Uni- 
versité se  sont  élevées  a  une  vingtaine  de  millions. 

Faculté  de  Droit.  —  La  Faculté  de  Droit,  fondée  en  1875,  a  pris 
aussitôt  un  brillant  essor  ;  à  l'origine,  elle  comptait  123  étudiants  ; 
actuellement,  le  palais  du  quai  Claude-Bernard  abrite  près  de 
900  élèves.  L'enseignement  est  distribué  à  cette  importante  popula- 
tion scolaire  par  15  professeurs  et  5  Directeurs  de  conférences  ;  il 
porte    sur    toutes    les    branches    des    Sciences    juridiques    et    sociales    : 


Grande  salle  de  la  Bibliothèque  de  l'Université.    Cl.  Serv.  phot.  Université.) 


Droit  privé,  Droit  public,  Histoire  du  Droit,  Economie  politique,  Lé- 
gislation comparée.  Dans  ces  dernières  années,  la  Faculté  s'est 
efforcée  d'accroître  encore  son  rayonnement  en  orientant  plus  direc- 
tement son  enseignement  sur  les  différentes  carrières  juridiques  :  de 
cette  préoccupation  utilitaire  sont  nés  l'Ecole  de  Notariat,  l'Institut 
des  Sciences  économiques  et  politiques,  et  l'Institut  Pratique  destiné 
à   la   formation   des   futurs   magistrats,    avocats,    avoués,    etc. 

Grâce  à  ces  utiles  créations,  grâce  à  la  clientèle  qu'elle  s'est  assurée 
à  l'étranger,  et  tout  spécialement  en  Egypte  et  en  Orient,  clientèle 
que  ne  manquera  pas  d'accroître  l'Ecole  de  Droit  dont  les  pemières 
assises  viennent  d'être  posées  à  Beyrouth,  la  Faculté  de  Droit  de 
Lyon  devient  un  des  foyers  juridiques  les  plus  intenses  qui  soient 
en  France  et  en  Europe  :  elle  étend  son  influence  sur  des  régions 
lointaines  et  marque  de  son  empreinte  les  disciplines  les  plus  diverses. 

Faculté  de  Médecine.  —  Ouverte  en  1877,  la  Faculté  de  Médecine 
et  de  Pharmacie  ne  pouvait  que  recruter  aisément,  dans  une  région 
de  population  aussi  dense  que  la  nôtre,  un  grand  nombre  d'étudiants, 
appelés  dans   notre   centre   par  le  renom  des   maîtres  lyonnais   et  par 


-(  43  )- 

les   rrsHoiirccs   incoiiipariihlrs   cJr    noM   Hôpitaux,    où    «ont    Moi|{nctt  plu» 
de  4.000  inulades. 

Les  Services  srientifujurs  dr  la  lanillr  sonl  inMiallcs  dann  im 
véritable  palais,  qui  |)jiraisHuit  au  cirhut  trop  ^rnrul  pOiir  les  rlrv-* 
qui  devaient  y  trouver  place.  Ces  élève»»  y  »ont  aujourd'hui  h  l'étroit, 
en  raison  des  exigences  toujour»  pluH  (grandes  de  l'mHeijînement.  et 
surtout  de  la  recherche.  Les  Services  de  C'himie.  transférés  dans  un 
Institut  spécial,  ont  fait  place  à  un  Laboratoire  d'i^y^^irne  frès  bien 
pourvu  ;  le  Laboratoire  de  Médecine  léyalr  renferme  des  <  ollectiona 
et  des  matériaux  d'études  qu  on  ne  trouverait  nulle  part  ailleurs  dan» 
notre    pny.v.    Le    Musée    Anatomique,    enrichi    par    des    libéralités,    est 


Laboratoire  d'Hygiène  de  la  Faculté  de  Médecine.   iCl.  Serv.  phot.  Université. 

aménagé  avec  luxe.  Au  Laboratoire  d'Histologie,  les  travailleurs  se 
pressent  nombreux  et  déjà  a  l'étroit.  Le  Service  de  Médecine  expé- 
rimentale évoque  les  grands  noms  de  Chauveau  et  d'Arloing.  Celui 
de  Physiologie,  tout  proche,  est  également  un  foyer  d'activité  scien- 
tifique intense,  et  on  en  pourrait  dire  autant  des  autres  Laboratoires, 
où  le  travail  se  poursuit  sans  relâche  et  avec  les  résultats  les  plus 
honorables. 

Ce  qui  caractérise  l'effort  scientifique  de  la  Faculté,  c'est  la  direc- 
tion essentiellement  médicale  des  savants  qui  y  travaillent,  rattachés 
qu'ils  sont,   pour  la  plupart,  à  la  vie  hospitalière. 


Faculté  des  Sciences.  —  La  Faculté  des  Sciences  est  organisée 
pour  enseigner,  non  pas  toute  la  Science,  mais  presque  toute  la 
Science,  depuis  les  formes  les  plus  élevées  et  les  plus  abstraites  des 
Mathématiques  jusqu'aux  Sciences  d'expérimentation  et  d'observa- 
tion. Suivant  le  courant  qui  a  entraîné  la  plupart  des  autres  Univer- 
sités françaises,  elle  a  fait  un  pas  de  plus  du  côté  des  applications 
sociales  en  organisant  une  magnifique  Ecole  de  Chimie  industrielle 
et  un  Institut  des  Sciences  agronomiques.  En  dehors  de  son  rôlrî 
d'enseignement,   la  Faculté  des  Sciences  tient  un  rang  des  plus   im- 


-( 44  )- 

portants  dans  l'œuvre  de  recherche  et  de  travail  original  qui  consti- 
tue sans  doute  la  part  la  plus  intéressante  et  la  plus  glorieuse  de  son 
rôle    de    Faculté    scientifique. 

Faculté  des  Lettres.  —  La  Faculté  des  Lettres  possède  tous  l^s 
enseignements  relatifs  aux  Langues  et  Littératures  classiques,  aux 
principales  Langues  modernes,  aux  différentes  périodes  de  l'Histoire, 
à  la  Géographie,  à  la  Philosophie.  Elle  a  une  chaire  d'Histoire  de 
Lyon  et  de  la  Région  lyonnaise,  une  maîtrise  de  conférence  d'An- 
tiquités lyonnaises,  deux  chaires  de  l'Histoire  de  l'Art.  Elle  enseigne 
l'Egyptologie,    le    Sanscrit,    le    Chinois,    l'Arabe    et    le    Turc.    Elle    a 


Musée  de  rcoulages  de  la  Faculté  des  Lettres.  (Cl.  Serv.  phot.  Université.) 


organisé  des  Instituts  de  Géographie  et  de  Pédagogie,  un  Musée- 
Pédagogique,  des  collections  de  moulages  d'œuvres  égyptiennes, 
grecques,  médiévales.  Elle  prépare  aux  fonctions  de  l'enseignement 
secondaire  et  aux  grades  supérieurs  de  l'enseignement  primaire.  Elle 
a  des  cours  spéciaux  pour  les  étudiants  étrangers  et  collabore  aux 
cours  du  Collège  Oriental  de  l'Université  et  de  l'Institut  Lyonnais  des 
Sciences  économiques  et  politiques.  Outre  les  diplômes  d'Etat,  elle 
confère  les  certificats  et  diplômes  suivants  :  Doctorat  de  l'Université, 
Diplôme  d'études  pédagogiques  supérieures.  Diplôme  d'études  chi- 
noises. Certificat  d'études  supérieures.  Certificat  d'études  françaises 
pour  les  étrangers. 


Bibliothèque    de    l'Université.    —    Les    inventaires    mentionnent 

285.000  unités,  ouvrages  divers  et  thèses.  Les  vieux  fonds  de  la 
Bibliothèque  sont  importants,  mais  ce  sont  les  ouvrages  modernes 
qui  forment  sa  richesse  principale  et  en  font  un  instrument  de  tra- 
vail de  premier  ordre,  complété  par  1.500  périodiques  qui  rensei- 
gnent les  lecteurs  sur  les   travaux   les  plus  récents  et  de   tout  ordre. 


(  45  )■ 


ÉTAni.ISSF.Mr.NTS     Dl^PFNnANT     Dl      I    L'NlVLH.SIif. 

OnSIHVATOIKK     DV.    SaINT-GKNIS  LaVAI..  I/01)Hrrvntoirr-     rir     I  .yon 

est  situé  à  environ  10  kiloii.ètrrs.  au  sud  ourst  du  rrntrr  <ir  la  villr. 
sur  la  colline  dr  Braurrj^ard  ft  Saint  GruiH-Laval.  h  300  nirtrrM  d'alti- 
tudr.  11  a  été  édifié  sous  la  dirrrtion  c\r  fru  Ch.  André,  à  laidr  drn 
subsides  dr  l'Etat,  du  Déj)arlcm(*nt  et  dr  la  Villr  dr  Lyon,  (jui  en 
est    propriétaire. 

Les  principaux  instruments  sont    : 

Un  cercle  méridien,  don  de  M.  R.   Bischofsheim.  de  0  m.    15  d'où 
verture  et   2  m.   20  de  longueur   focale,   construit   par   Mie  liens  ; 

Un  écjuatorial  coudé,  de  Gautier,  de  0  m.  32  d'ouverture  et  7  mè- 
tres  de   foyer  ; 

Deux  équatoriaux  de  0  m.  16  d'ouverture  et  2  m.  35  de  foyer,  cJt  s 
frères    Brunner   et   d'Eichens-Gautier  ; 

Une  lunette  horizontale  de  0  m.  32  d'ouverture  et  7  mètres  de 
foyer,  qui  fonctionne  avec  un  sidérostat  dont  le  miroir  en  verre 
argenté  a  0  m.  40  de  diamètre,  installation  due  à  Gautier  ; 

Le  Service  météorologique,  bien  complet,  comprend  deux  sta- 
tions secondaires,  au  Parc  de  la  Tête-d'Or.  à  175  mètres  d'altitude, 
et   au    mont   Verdun,    à    l'altitude    de   626    mètres. 

L'Observatoire  a  été  pourvu  récennment  d'un  poste  de  T.  S.  F.  qui 
permet  de  recevoir  les  dépêches  météorologiques  de  la  Tour  Eiffel. 
Enfin,  l'établissement,  dont  le  développement  se  poursuit  sans  cesse, 
possède  une  bibliothèque  de  plus  de  5.000  volumes  ou  brochures. 

En  outre,  on  doit  mentionner  les  services  que  l'Observatoire 
compte  très  prochainement  rendre  à  l'Aviation,  par  l'établissement 
au  mont  Pilât  d'un  poste  qui  serait  en  mesure  de  faire  connaître,  h 
tout  instant,  le  régime  en  altitude  des  vents  de  la  vallée  du  Rhône 
et    des    vallées    environnantes. 

Institut  de  Chimie.  —  Le  bâtiment  spacieux  qui  abrite  les  quatre 
chaires  de  Chimie  de  l'Université  (deux  pour  la  Faculté  de  Méde- 
cine, deux  pour  la  Faculté  des  Sciences)  occupe  un  îlot  situé  dans 
le  voisinage  immédiat  des  Facultés,  de  l'Ecole  du  Service  de  Santé 
militaire,  de  l'Ecole  Centrale,  de  l'Institut  Bactériologique.  Plus  de 
400  étudiants  viennent  y  chercher  un  enseignement  chiniique  général 
ou  appliqué.  Ils  y  trouvent  de  grands  laboratoires,  des  salles  de 
cours,  des  collections,  tout  un  appareillage  leur  permettant  de  s'ini- 
tier  aux   recherches   ou   de   poursuivre   leur    initiation    chimique. 

II  faut  citer  en  particulier  l'Ecole  de  Chimie  industrielle,  qui 
compte  une  centaine  d'étudiants  destinés  à  rendre  les  plus  grands 
services  à  l'industrie,  à  Lyon,  dans  la  région  et  quelquefois  dans 
des  pays  étrangers,  l'Ecole  de  Tannerie,  les  Laboratoires  de  Chimie 
physiologique  et  pathologique,  d'Analyse  appliquée  à  la  Médecine,  à 
la    Toxicologie,    à    l'Hygiène,    etc. 

Institut  de  Géographie.  —  Près  du  Musée  de  Moulages  s'ouvre  la 
grande  Salle  d'exposition  de  l'Institut  de  Géographie.  Plusieurs 
grands  plans  en  relief,  les  Canons  du  Colorado,  les  Moraines  du  lac 
de  Garde,  les  Cirques  glaciaires  des  Carpathes  et  un  fragment  du 
Jura  plissé,  apparaissent  tout  d'abord.  Des  vitrines  contiennent  les 
échantillons   de   roches   et  des   armoires   renferment  la   collection   des 


-(  46  )- 

cartes  des  grands  Services  topographiques.  Au  mur  ou  sur  pan- 
neaux, on  peut  voir  de  nombreuses  cartes  de  toutes  provenances  mé- 
thodiquement choisies,  dans  un  objet  pédagogique  ou  scientifique. 
Une  brève  promenade  suffira  à  un  visiteur,  même  profane,  pour  se 
faire  une  idée  des  méthodes  et  de  l'esprit  de  la  Géographie  mo- 
derne. Beaucoup  de  documents  présentés  possèdent,  en  effet,  une 
grande  valeur  originale  et  n'ont  été  souvent  obtenus  qu'avec  difficulté. 

Institut  de  Pédagogie.  -  Cet  Institut,  qui  comprend  un  Musée  et 
une  Bibliothèque,  réunit  les  enseignements  relatifs  à  l'enfance  et  à 
l'éducation  :  Psychologie  et  Physiologie  de  l'enfant.  Hygiène  et  Lé- 
gislation de  l'enfance  et  de  l'école.  Hygiène  de  la  parole.  Pédagogie 
théorique  et  pratique,  Philosophie  de  l'éducation.  Chaque  année,  est 
organisée  une  Semaine  pédagogique  où  sont  étudiées,  en  une  série 
de   conférences,   les  questions   actuelles   les  plus   importantes. 

Institut  des  Sciences  économiques  et  politiques.  —  Cet  Institut, 
dont  l'existence  a  été  reconnue  par  un  arrêté  ministériel  du  27  no- 
vembre 1912,  a  pour  but  «  de  donner  aux  étudiants  français  ou 
étrangers  un  enseignement  qui  soit  le  couronnement  d'une  éducation 
vraiment  libérale,  et  à  les  préparer  à  certaines  carrières  administra- 
tives, politiques  ou  financières  »,  notamment  aux  carrières  diploma- 
tique et  consulaire,  à  celle  des  banques  et  des  assurances,  à  l'inspec- 
tion  du   travail. 

Aucun  grade  ni  titre  préalable  n'est  exigé  des  personnes  qui 
désirent  se  f-xire  inscire  ;  la  durée  des  études  est  de  deux  ans  ;  les 
élèves  qui  ont  satisfait  aux  deux  examens  de  fin  d'année  obtiennent 
un  diplôme  de  «  Sciences  économiques  et  financières  »  ou  de 
«   Sciences   politiques   et   administratives    ». 

Institut  Agronomique.  —  En  raison  de  l'importance  du  centre  agri- 
cole, viticole  et  horticole  de  la  région  lyonnaise  et  de  l'éloignement 
des  grandes  Ecoles  nationales  d'Agriculture,  la  Faculté  des  Sciences 
a  organisé  un  enseignement  agronomique  complet,  à  la  fois  théo- 
rique et  pratique.  Cet  enseignement  comprend  trois  années  :  les 
deux  premières,  d'ordre  surtout  scientifique,  sont  consacrées  à  la 
Chimie  et  Géologie  agricoles,  à  la  Botanique  appliquée  et  Zootech- 
nie. Ces  enseignements  donnent  lieu  à  la  délivrance  de  trois  certi- 
ficats d'études  supérieures  ou  de  trois  diplômes  spéciaux,  constituant 
une  Licence  ès-sciences  complète,  ou  un  Diplôme  d'études  agrono- 
miques (pour  les  étudiants  non  pourvus  du  Baccalauréat). 

Une  troisième  année,  d'ordre  plus  pratique,  est  consacrée  aux 
procédés  généraux  de  Culture,  à  la  Viticulture,  aux  questions  syndi- 
cales  et   professionnelles,    etc. 

L'ensemble  de  ces  études  donne  lieu  à  la  délivrance  d'un  Diplôme 
d'études   agronomiques   supérieures. 

Collège  Oriental.  —  Cet  établissement,  créé  en  1911,  a  pour  but 
de  donner  aux  étudiants  orientaux  un  enseignement  théorique  et 
pratique    leur   permettant    : 

I®  De  suivre  les  cours  des  Facultés  près  desquelles  ils  voudraient 
acquérir   des    grades  : 

2"  De  devenir  aptes  aux  fonctions  d'enseignement  dans  leur  pays. 

L'enseignement  comprend  des  cours,  conférences,  travaux  pratiques 
confiés    à    des    personnes    ayant    une    compétence    spéciale  ;    il    dure 


~(  47  J- 

fjuatrr  nnnrrH.  donl  unr  amu'r  prcparatoirr  ri  troiu  années  d'étude» 
liltrriurr.s    ou    se  iriitiliijurH. 

Station  Makitimk  m.  Bioi.cx.ii.  a  I  amakis-suk-Mf.k  (Var).  Cette 
Station,  annexr  du  Laboratoire  c\r  PhyHiologie  de  la  Faculté  de» 
Sriences.  se  plate  parmi  les  plus  bcllrs  Stations  niarilirurM  du 
monde  entier.  On  y  étudie  toutt-s  1rs  cjurstions  de  Zoolo^ir.  ''e  Bota- 
nique et  de  Physiologie  marines  et.  en  outre,  le»  questions  intéres- 
sant les  Pêcheries,  la  Pisciculture.  l'Ostréiculture  et  la  Mytiliculture. 
Les  travailleurs  y  trouvent,  en  dehors  des  Services  communs,  une 
Bihliothrcjuc  des  rolleclions  (*t  de  {.grandes  salles  d'exposition  et 
d  oiîservalion. 

LaBORATOIRK  DK  PhoTOMJ^ÎTRIK.  Ce  Laboratoire  est  destiné  aux  ap- 
plications dr  la  Photométrie  à  léclairaj^e  par  le  gaz  et  l'électricité. 

Laboratoire     de     Phoiograf^IIE.  Ce     Laboratoire     possède     un 

outillage  perfectionné  qui  lui  permet  de  répondre  à  toutes  les  de- 
mandes de  travaux  photographiques  qui  lui  sont  adressées  par  les 
Laboratoires. 

Ecole  de  Droit  et  Ecole  Technique  de  Beyrouth.  -  Enfin.  l'Uni- 
versité a  placé  sous  son  patronage  une  Ecole  de  Droit  et  une  Ecole 
d'Ingénieurs  que  l'Association  Lyonnaise  pour  le  Développement  à 
l'Etranger  de  l'Enseignement  supérieur  et  technique  vient  de  fon- 
der  à    Beyrouth    (Syrie). 

associations 

Autour  de  l'Université  se  sont  groupées  un  certain  nombre  d'.As- 
sociations.  savoir   : 

Amis   de   l'Université  ; 

Association  Générale  des  Etudiants  ; 

Association   Générale    des   Etudiantes  ; 

Association   des   Anciens   Etudiants  en   Droit  ; 

Association  des  Anciens  Elèves  de  la  Faculté  des  Lettres  ; 

Association  des  Anciens  Elèves  de  l'Ecole  de   Chimie   industrielle. 

Association  Lyonnaise  pour  le  Développement  à  l'Etranger  de 
l'Enseignement  supérieur  et  technique  ; 

Comité  Lyonnais  d'Expansion   universitaire. 

Un  Comité  de  tutelle,  formé  d'hommes  de  bonne  volonté,  sur- 
veile,  sur  la  demande  des  parents  ou  des  Gouvernements,  les  étu- 
diants  étrangers,    et   supplée   ainsi   les   parents   absents. 


ECOLE  DU  SERVICE  DE  SANTE  MILITAIRE 

L'inauguration  de  l'Exposition  Internationale  de  Lyon  se  trouve 
coïncider  avec  la  cél^^bration  du  vingt-cinquième  anniversaire  de  la 
reconstitution   de   l'Ecole   du   Service   de   Santé    militaire. 

Il  y  a,  en  effet,  vingt-cinq  ans,  que  cette  Ecole  fut  réorganisée  et 
installée  à  Lyon,  pour  remplacer  celle  de  Strasbourg  qui,  jusqu'à 
l'annexion    et    quatorze    années    durant,    avait    donné    des    médecins 


-(  48  1- 

instruits   à    l'Armée   et    de    véritables    savants    a    l'Enseignement    et    à 
l'Académie   de   Médecine. 

Avant  d'exposer  le  but,  l'organisation  et  le  fonctionnement  de 
l'Ecole  actuelle,  il  convient  de  donner  un  souvenir  de  patriotique 
reconnaissance  à  sa  glorieuse  aînée,  demeurée  vivante  dans  le  coeur 
de  ceux  qui   ont  vécu  ses  derniers  jours. 

Création  de  l'Ecole  de  Strasbourg.  —  Jusqu'en  1850,  le  recrute- 
ment des  médecins  militaires  était  compliqué  et  sans  grand  rende- 
ment. 

Les  étudiants  en  médecine  qui  se  destinaient  au  Corps  de  Santé 
de  l'Armée  de  terre  étaient  répartis  pour  deux  années  entre  les  trois 
hôpitaux  d'instruction  :  Metz,  Lille,  Strasbourg.  Réunis  ensuite  pen- 
dant un  an  à  l'Hôpital  de  perfectionnement  du  Val-de-Grâce,  ils 
en  partaient  pour  effectuer,  en  qualité  de  sous-aides,  un  temps  va- 
riable de  service  dans  les  Hôpitaux  militaires  de  France  et  d'Algérie. 
Ils  revenaient  alors,  à  nouveau,  faire  une  quatrième  année  d'études 
dans  l'un  des  hôpitaux  d'instruction.  Enfin,  pendant  une  cinquièrrxe 
et  dernière  année  passée  au  Val-de-Grâce,  ils  subissaient  leurs  exa- 
mens et  optaient  alors,  soit  pour  la  Médecine,  soit  pour  la  Chirur- 
gie,  soit  même   pour  la  Pharmacie. 

L'insuffisance  et  la  complexité  de  ce  recrutement  inspirèrent  à 
Bégin  l'idée  de  la  création  d'une  Ecole.  Ce  fut  Michel  Lévy  qui  réa- 
lisa  la   fondation   de   l'Ecole   de  Strasbourg   (12  juin    1856). 

Jusqu'en  1860,  le  recrutement  se  fit  par  un  concours  entre  étu- 
diants à  huit  et  à  douze  inscriptions  qui  achevaient  leurs  études,  au 
titre  militaire,   sous  les  ordres  directs  des  Agrégés  de  la  Faculté. 

En  1860,  Sédillot  fut  placé  à  la  tète  de  l'Ecole,  où  n'entrèrent 
désormais  par  concours  que  des  jeunes  gens  pourvus  des  diplômes 
de  bachelier  es  lettres  et  es  sciences,  ayant,  par  conséquent,  à  effec- 
tuer   à   l'Ecole    toute    leur    scolarité,    qui    durait    quatre    années. 

Le  nombre  des  élèves  passa  rapidement  de  120  en  1860  à  290  en 
1864  et  à  390  en    1870. 

L'Ecole  de  Strasbourg  disparut  en  pleine  prospérité,  non  sans  que 
les  «  Carabins  »  eussent  inscrit  pendant  le  siège  une  dernière  page 
à  la   tradition   glorieuse   du   Corps   de   Santé   militaire. 

Aussi,  le  16  septembre  1870,  la  Commission  Municipale,  présidée 
par  le  vénéré  professeur  Kûss,  leur  vota  des  remerciements  publics, 
et  l'immortel  défenseur  de  Strasbourg,  le  général  Uhrich,  écrivit, 
quelques  jours   après,    dans  sa  proclamation    : 

«  Où  trouverai-je  des  expressions  suffisantes  pour  dire  à  quel  point 
j'admire  ces  nobles  jeunes  gens  qui  ont  accepté  avec  tant  d'enthou- 
siasme le  poste  périlleux   des  ambulances  avancées  ?   )) 

PÉRIODE  INTERMÉDIAIRE.  —  La  paix  rétablie,  le  recrutement  des 
médecins  militaires  dut  être  modifié.  Des  étudiants  en  médecine  à 
quatre,  huit,  douze  inscriptions,  admis  par  concours,  reçurent  le 
titre  d'Elèves  du  Service  de  Santé. 

Répartis  entre  les  Facultés  ou  Ecoles  de  Médecine,  attachés  aux 
Hôpitaux  militaires  de  ces  villes  pendant  les  premières  années  de 
scolarité,  ils  achevaient  leurs  études  a  Paris  et  passaient  au  Val- 
de-Grâce  deux  années,  dont  la  dernière  était  employée  au  stage 
spécial. 

De  1880  à  1889,  la  scolarité  dut  être  achevée  dans  les  Facultés  de 
province,  et  les  jeunes  docteurs  en  médecine  étaient  réunis  au  Val- 


-{  49  )- 


yî 


-'.  50  }- 

de-Grâce  uniquement  po-jr  le  stage.  Ce  régime  demeura  en  vigueur 
jusqu  au  rétablissement,  a  Lyon,  de  l'Ecole  du  Service  de  Santé, 
en    1889. 

Création   de   l'Ecole   de   Lyon.   —   Dès    1872.    le   Ministre   de   la 

Guerre  avait  invité  le  Conseil  de  Santé  de  l'Armée  à  lui  présenter 
un  projet  pour  le  rétablissement,  dans  une  grande  ville,  d'une  Ecole 
semblable  à  celle  qui  avait  disparu.  Les  pourparlers  engagés  avec 
diverses   villes   aboutirent   seulement   en    l888. 

Lyon  fut  choisi  à  cause  de  ses  richesses  hospitalières,  qui  ne  I2 
cèdent  en  rien  aux  plus  grands  centres  d'Europe,  du  renom  de  sa 
Faculté,  dont  les  maîtres  ont  conquis  un  rang  éminent  dans  les 
sciences  médicales  et  enfin,  aussi,  en  raison  des  libéralités  consenties 
par    la    Municipalité    lyonnaise. 

La  loi  portant  création  de  l'Ecole  est  du  14  décembre  1888.  Le  25 
du  même  mois,  un  décret  réglementa  les  conditions  de  son  orga- 
nisation. 

En  attendant  la  construction  du  magnifique  établissement  actueL 
l'Ecole  fut  provisoirement  installée  dans  les  bâtiments  de  l'Hôpital 
militaire  Desgenettes,  sur  le  quai  Gailleton.  Elle  fut  ouverte  aux 
élèves  le   10  mars    1889. 

L'Ecole  occupe  actuellement  un  groupe  de  bâtiments  dont  la  pho- 
tographie  d'ensemble   ci-jointe   donne   une   idée   exacte. 

Elle  abrite  478  élèves.  Des  agrandissements  ont  dû  être  effectués 
en  1913,  pour  permettre  de  loger  le  supplément  d'effectif  imposé 
par  le  nouveau  régime  des  études  médicales,  qui  augmente  d'un  an 
la  durée  de  la  scolarité,  et  la  loi  du  7  août  1913  qui  a  supprimé 
l'année   de   service   accomplie   par   les    futurs    médecins    militaires. 

Avec  les  travaux  récents,  l'installation  de  l'Ecole  de  Lyon  aura 
coûté  près   de  4  millions  à  la  Ville. 

But.  Organisation.  Fonctionnement.  —  Le  but  de  l'Ecole  du  Ser- 
vice de  Santé  militaire  est  d'assurer  le  recrutement  des  médecins 
et  des  pharmaciens  des  troupes  métropolitaines,  de  les  seconder  dans 
leurs  études  universitaires,  de  leur  inculquer  le  sentiment  du  devoir, 
de  la  discipline,  du  travail  et  de  la  solidarité,  en  même  temps  qu'ils 
prennent  conscience,  par  l'exemple  de  leurs  chefs  et  de  leurs 
maîtres,  de  leur  dignité  physique  et  morale,  ainsi  que  de  la  respon- 
sabilité   professionnelle. 

Les  élèves  sont  recrutés  normalement  parmi  les  étudiants  à  quatre 
inscriptions,  mais  les  promotions  peuvent  éventuellement  être  com- 
plétées par  l'admission,  après  concours,  d'élèves  à  huit  ou  douze 
inscriptions.  La  grande  majorité  des  élèves  à  quatre  inscriptions  passent 
quatre  années  à  l'Ecole.  Ils  y  continuent  leurs  études  médicales  au 
même  titre  que  les  autres  étudiants  ;  ils  subissent  leurs  examens 
universitaires    devant   la   Faculté    de    Médecine. 

Ils  sont  préparés  aux  divers  actes  de  leur  scolarité  par  des  Méde- 
cins-Majors répétiteurs,  recrutés  au  concours,  qui  ont  pour  mission 
de  compléter  l'enseignement  donné,  par  une  étude  spéciale  des 
points  du  programme  qui  n'ont  pu  être  traités  dans  les  cours  cor- 
respondants de  l'année  scolaire. 

L'emploi  du  temps  est  réglé  de  la  façon  suivante  :  lever  à  6  heures 
en  été  et  à  6  h.  30  en  hiver,  suivi  d'exercices  d'assouplissement  et 
du  petit  déjeuner.  Les  deux  promotions  les  plus  jeunes  se  rendent 
ensuite    dans    les    services    des    Hôpitaux     militaires    Desgenettes    et 


(  51  ^ 

Villcmanzy,    où    ollrs   sonl    iiiilircH   à    l'ctucir    cir    lu   bcinciologir,    à    la 
ProptWlfuticjur  ci  au   fom  lionnnnrnt   du  Srrvitr   de  Santc. 

EllcH  vont  rnsnilr.  dr  9  heures  n  II  li.  iO.  ainsi  que  IrH  autres 
proniotioiiH,  daiiH  les  nomhrrux  servicrs  <\r»  HoHpiceM  riviU  de  l  Hô- 
tel-Dieu, de  la  C'harif(\  «Ir  1*  Anti(|uaille.  de  la  Croix-RousHe.  de 
Bron,  suivant  un  tour  rlabli  d'avance  et  cjui  les  fait  passer  succès 
siveinent  par  les  C'iinicjues  chirurj^ic  aies,  médicales  et  spéciales.  Le 
déjeuner  a  lieu  à  midi  ;  il  est  suivi  d'une  récréation  et  éventuelle- 
ment   de    conférences    avec    interrogations. 

De    14    heures    à    18    heures,    les    élèves    assistent    aux    (  ours    et    aux 


Bibliothèque  de  l'Ecole  du  Service  de  Santé  militaire. 


divers  travaux  pratiques  de  la  Faculté.  Ils  s'y  rendent  isolément  ;  les 
entrées   et  les   sorties   sont  contrôlées. 

Le  dîner  est  à    18  h.  30. 

Après  le  dîner,  une  sortie  est  autorisée  ;  sa  durée  varie  avec 
chaque  division  et  suivant  le  degré  de  scolarité.  De  20  à  22  heures, 
étude  obligatoire  pour  les  jeunes,  facultative  pour  les  anciens.  Cou- 
cher  à   22   heures. 

Deux  fois  par  semaine,  sorties  facultatives,  le  jeudi  de  19  à  22  ou 
23  heures  ;  le  dimanche,  de  7  heures  à  22  heures,  23  heures  ou 
minuit,    suivant   l'ancienneté   du    séjour   à   l'Ecole. 

Des  permissions  diverses  (théâtre,  excursions,  etc.)  sont  accordées 
aux  élèves  qui  les  ont  méritées. 

Séances  d'équitation  tous  les  jeudis,  au  Quartier  de  cavalerie  de 
la  Part-Dieu.  A  l'intérieur  de  l'Ecole,  exercices  d'escrime,  pratique 
de   la   bicyclette   et   des    méthodes   récentes   d'éducation    physique. 

Chaque  matin,  deux  élèves  assistent,  avec  le  Médecin  de  service, 
à  la  réception  des  denrées  alimentaires.  Ils  sont  initiés  ainsi  aux 
expertises  de  tous  genres  pour  lesquelles  ils  seront  souvent  requis 
dans  le  cours  de  leur  carrière.  Ils  établissent  eux-mêmes  le  projet 
des  menus  de  chaque  semaine. 

Ils   sont  enfin    instruits   sur   toutes   les   parties   des   règlements   mili- 


-(  32  )- 

taires  dont  la  connaissance  est  indispensable  au  médecin  militaire,  et 
plus  spécialement  sur  les  détails  des  règlements  du  Service  de  Santé 
en  temps  de  paix  et  en  campagne.  Ils  sont  exercés  aux  fonctions  de 
brancardiers  militaires  et  assistent  à  des  démonstrations  du  matériel 
technique  du  Service  régimenlaire  et  des  Ambulances. 

Ils   suivent  des   conférences  de   langue   allemande. 

Le   Personnel    de    l'Ecole    comprend    : 

Un    Médecin    Inspecteur,    Directeur  ; 

Un  Médecin  Principal,   Sous-Directeur  ; 

Un   Médecin-Major   de    l'"^   classe.   Major  ; 

Sept  Médecins-Majors  de  K^  ou  de  2^  classes,  répétiteurs,  dont 
quatre  pour  la  partie  médicale  et  trois  pour  la  partie  chirurgicale  ; 

Quatre   Médecins-Majors    de    2^    classe,    surveillants  ; 

Un  Officier  d'Administration  de   K^  classe,  Trésorier  ; 

Un  Officier  d'Administration  de  2^  classe,  chargé  de  l'Habille- 
ment ; 

Dix  Adjudants  (dont  un  Vaguemestre  et  un  Maître  d'armes)  secon- 
dent le  personnel  des  Officiers  de  l'Etat-Major  de  l'Ecole. 

Les  Médecins-Majors  Répétiteurs  nommés  au  concours  sont  aussi 
Médecins  traitants  dans   les  Hôpitaux   militaires  de  la  Ville. 

La  discipline  de  l'Ecole  est  libérale  et  tolérante  ;  elle  s'inspire 
de  l'obligation  de  maintenir  l'ordre  et  le  bon  fonctionnement  d'un 
établissement  dont  le  nombre  d'élèves,  à  l'heure  actuelle,  avoisine 
cinq  cents. 

Les  punitions  consistent  en  arrêts  simples  et  de  rigueur,  en  répri- 
mandes des  diverses  autorités  de  l'Ecole.  Les  faits  graves,  deux 
échecs  successifs  à  un  même  examen  ont  pour  conséquence  la 
comparution  devant  un  Conseil  de  Discipline,  qui  peut  proposer 
l'exclusion. 

L'uniforme  de  l'Ecole  est  bien  connu  à  Lyon  ;  il  a  été  calqué 
sur  celui  des  Elèves  de  l'Ecole  Polytechnique,  à  cette  différence, 
toutefois,  que  le  képi  et  le  pantalon  sont  en  drap  garance.  Cet  uni- 
forme, très  seyant,  anime  les  réunions  officielles  et  mondaines,  où  la 
présence  des  Elèves  est  très  appréciée,  ce  que  justifient  leur  bonne 
tenue   et   leur    éducation. 

Depuis  vingt-cinq  ans  qu'elle  existe,  l'Ecole  du  Service  de  Santé 
a  donné   au   Val-de-Grâce    1 .490   médecins   militaires. 

L'Ecole  de  Lyon  a  contribué  à  relever  encore  le  niveau  scienti- 
fique du  Corps  de  Santé.  Nombre  de  ses  premiers  élèves  figurent 
déjà  parmi  les  Répétiteurs  de  l'Ecole,  les  Professeurs  du  Val-de- 
Grâce,   et  parmi  les  Agrégés  des  diverses  Facultés  de  Médecine. 

Elle  a  entretenu  l'esprit  de  solidarité,  de  discipline,  de  dévoue- 
ment et  d'abnégation  qui  sont  l'honneur  du  Corps  de  Santé  de 
TArmée. 

Gardienne  fidèle  des  saines  traditions  et  des  généreux  exemples, 
elle  les  a  transmis  aux  générations  sorties  de  son  sein.  Les  «  San- 
tards  »  ont  montré,  comme  leurs  aînés,  qu'ils  étaient  prêts  à  tous 
les  dévouements  et  à  tous  les  sacrifices.  Ils  n'ont  eu  d'autre  objectif 
que  celui  indiqué  par  leur  illustre  ancêtre  Ambroise  Paré,  le  Père  de 
la  Médecine  militaire  :  «  Le  gain  étant  éloigné,  le  seul  honneur  leur 
est  proposé  avec  l'amitié  de  tant  de  braves  soldats  auxquels  ils 
sauvent  la  vie.   » 

Us  ont  suivi  la  voie  que  le  baron  Percy  traçait  aux  chirurgiens  de 
son  époque  :  «  Allez  où  la  Patrie  et  l'Humanité  vous  appellent, 
soyez   toujours    prêts   à    servir    Tune   et   l'autre.    S'il    le    faut,    sachez 


(  53  ^  • 

imiter  ceux  de  vos  j^éncroux  cornpaKHonH  qui.  nu  même  poste.  Hont 
morts,  martyrs  de  vv  dévour-ment  intrrpidr  ri  mai^nanime  qui  est  le 
vt'-rital)le   acte   de   foi   des   hommes   <!<•    notre   t'iat.    »» 

Ils  ont  su  se  faire  tuer  au  Maroc,  romiiu»  Aiiverl  (combat  <\r  lOurd 
Meknès).   Peulot  (au  camp  de    TeddcrH).   Mallet   (fi   Isali-Bou-Brahirn). 

Ils  ont  su  se  dévouer  juscju'à  la  mort,  en  soignant  leur  malades, 
comme  Christiany.  Kollin.  I.homer.  I  alpin,  Laml)ros(  Inni.  Louis 
et  Maisonnave.  ()ui  ont  succombé  au  typhus,  à  la  fièvr<*  typhr/ùle.  h 
la  diphtérie,   dans  des  circonstances  qui   en   font  cJe   véritables   héros. 

Honneur  à  eux,  ils  ont  bien  mérité  de  l'Armée  et  de  la  Patrie  en 
faisant   revivre   le   glorieux    passé   de   leurs   aînés. 

L'LLcole.  inaugurée  solennellement  en  1889  par  le  Ministre  de  la 
Guerre,  fêtera  son  vin^t  cincjuième  anniversaire  au  printemps  de 
l'année    1914. 

Le  Corps  de  Santé  militaire  et  la  Ville  de  Lyon  se  proposent  de 
donner  le  plus  grand  éclat  à  la  cérémonie  projetée,  qui  coïncidera 
avec  l'ouverture  de  l'Exposition   Internationale. 


ECOLE  NATIONALE  VETERINAIRE 

L'Ecole  de  Lyon  est  le  berceau  de  l'enseignement  vétérinaire. 
C'est  de  Lyon,  peut-on  dire,  que  s'étendit  peu  à  peu  chez  plusieurs 
nations  européennes  l'enseignement  régulier  de  la  médecine  des 
animaux  domestiques.  Notre  cité  peut  être  doublement  fière,  puisque 
le  novateur  était  un  de  ses  enfants  dont  l'œuvre  a  déjà  largement 
contribué  au  progrès  des  Sciences  médicales  et  de  l'Hygiène  pu- 
blique et  à  la  sauvegarde  des   intérêts  agricoles. 

Le  fondateur  fut  Claude  Bourgelat,  né  à  Lyon,  sur  la  paroisse  de 
Saint-Nizier,  le  II  novembre  1712.  Il  était  le  plus  jeune  d'une  famille 
de  sept  enfants,  dont  le  chef,  Pierre  Bourgelat,  marchand  de  soie, 
fut  échevin  de  la  Ville. 

Dès  l'année  1750,  Bourgelat  conçut  le  projet  de  créer  une 
Ecole  Vétérinaire,  et  il  se  prépare  à  cette  création  en  étudiant 
l'organisation  et  les  maladies  des  animaux,  sous  la  direction  de  deux 
membres  du  Collège  de  Chirurgie,   Pouteau   et  Charmeton. 

Lorsque  sa  préparation  fut  achevée,  Bourgelat  sollicita  l'autorisa- 
tion et  le  concours  de  l'Etat.  Il  finit  par  les  obtenir  grâce  à  son 
savoir,  à  ses  hautes  relations,  et,  faut-il  le  dire,  à  l'intérêt  que  sa 
situation   précaire   inspirait  à   ses   puissants   protecteurs. 

Bertin,  ancien  intendant  de  la  Généralité  du  Lyonnais,  devenu 
contrôleur  des  finances,  qui  avait  connu  Bourgelat  pendant  son 
séjour  à  Lyon,  fit  signer  à  Louis  XV,  le  4  août  1761,  un  arrêt 
autorisant  l'ouverture  d'une  Ecole  Vétérinaire  dans  la  capitale  du 
Lyonnais  et  accordant  au  fondateur  un  secours  de  50.000  livres, 
payables  par   fractions   en   six   années. 

Dans  le  principe,  la  nouvelle  Ecole  devait  être  annexée  à  l'Aca- 
démie d'Equitation.  Les  locaux  de  cet  établissement  étant  insuffi- 
sants, et  quelques-uns  en  fort  mauvais  état,  il  fallut  abandonner  le 
projet.  Bourgelat  découvrit,  dans  le  faubourg  de  la  Guillotière,  sur 
la  grande  route  du  Midi,  des  bâtiments  et  des  dépendances  assez 
vastes  servant  à  l'hôtellerie  ayant  pour  enseigne  «  A  l'Abondance  ». 


-(  54  )- 

U    les   afferma   pour   six    années   aux    Hospices   Civils   de   Lyon   et   les 
agença    rapidement. 

Le  logis  de  V Abondance  ne  pouvant  suffire  aux  besoins  de  l'Ecole, 
il    fallait    songer    à    agrandir    celle-ci. 

C'est  en  1840  que  l'Ecole  entra  définitivement  en  possession  de 
ses  limites  actuelles,  et  qu  à  cette  époque  le  Ministre  des  Travaux 
publics  et  celui  du  Commerce  décidèrent  de  la  restaurer  sur  un 
plan  convenable.  La  restauration  fut  confiée  à  Chabrol,  architecte 
adjoint   au    Conseil    des    Bâtiments   civils. 

Si    l'Ecole    du    quai    Pierre-Scize    n'est    pas    aussi    spacieuse    que    le 
serait   une   Ecole   construite   de   nos   jours,    elle   a   été    cependant   par 
faitement  adaptée,   dans  ses  dimensions  relativement  restreintes,   aux 
besoins    de    l'enseignement    actuel. 

L'enseignement  est  réparti  entre  dix  chaires  sur  quatre  années 
d'études.  Dans  chaque  chaire,  on  compte  un  professeur  et  un  chef 
de  :ravaux  auxquels  sont  adjoints  quelques  élèves.  Ceux-ci  prêtent 
leur  concours  au  personnel  enseignant,  soit  pour  la  préparation  des 
leçons  et  des  exercices  pratiques,  soit  pour  des  recherches  scien- 
tifiques. 

Les   dix   chaires   portent   les   titres   suivants    : 

/''^   Chaire.    --   Physique,    chimie   et   toxicologie,    pharmacie  ; 

2^  Chaire.   —   Botanique,   zoologie,    matière   médicale  ; 

3^  Chaire.  —  Anatomie  descriptive  des  animaux  domestiques,  téra- 
tologie,  extérieur  du   cheval  ; 

4^'  Chaire.  —  Physiologie  des  animaux  domestiques,  thérapeutique 
générale  ; 

5''  Chaire.  —  Embryologie,  histologie  normale,  anatomie  patho- 
logique ; 

&"   Chaire.   —  Pathologie   générale,    pathologie   médicale,    clinique  ; 

7^  Chaire.  —  Pathologie  chirurgicale,  médecine  opératoire,  ferrure, 
clinique  ; 

8^^  Chaire.  —  Pathologie  bovine,  ovine,  caprine  et  porcine,  obsté- 
trique,   médecine   opératoire,    clinique  ; 

9^'  Chaire.  —  Pathologie  des  maladies  contagieuses,  police  sani- 
taire, inspection  des  viandes  de  boucherie,  médecine  légale  et  légis- 
lation commerciale  en  matière  de  vente  des  animaux  ; 

/O*'  Chaire.  —  Hygiène  et  zootechnie. 

L'Ecole  Nationale  Vétérinaire  de  Lyon  est  toujours  restée  fidèle 
au   programme   qu'avait   tracé   son   fondateur. 

Bourgelat  voulait  que  l'Ecole  Vétérinaire  s'occupât  de  donner  à 
l'agriculture  des  hommes  initiés  à  la  médecine  des  animaux  domes- 
tiques, et,  de  plus,  qu'elle  tînt  toujours  ses  portes  largement  ou- 
vertes à  toutes  les  personnes  qui  auraient  acquis  des  droits  à  inter- 
roger la  nature  ;  c'est-à-dire  que  Bourgelat  entendait  que  l'Ecole 
Vétérinaire  fût  ouverte  à  l'expérimentation  dans  les  domaines  de 
la   médecine   et   de   l'histoire   naturelle. 

A  toutes  les  époques,  ses  maîtres  furent  ennemis  des  théories  et 
des  hypothèses  ;  ils  s'attachent  à  faire  progresser  la  science  par 
Tobservation  et  l'expérimentation.  A  toutes  les  époques,  l'Ecole  fut 
accueillante  pour  les  médecins,  pour  les  physiologistes  qui  avaient 
besoin    des   ressources   qu'elle   possédait. 

L'Ecole  de  Lyon  a  fourni  trois  inspecteurs  généraux  :  Bourgelat. 
Lecoq  et  M.  Chauveau  ;  elle  compta  dans  son  sein  plusieurs  corres- 
pondants de  l'Institut,  plusieurs  membres  associés  de  l'Académie  de 


iVlédrrinr.    i\v    la   Société    Nalioiialf     <l  Aj^ru  nlliirr.    Arloinj(.    l'unr    cir 
sr»  récrntrn  j^loircM.  y  fui  ciirrt  Irur  prixlaiil  virit<t-cinc|  ann  (I8Wj  1911). 

DcH  MCH  débulM,  rllr  a  introduit  danft  Ir  LyoniiaiH  plunirurH  plant-:* 
fourra^rrcH.  Ultrrirur<-mfnl .  i>ar  mou  rnMrii^iiriiirul.  par  nrn  <  onfc- 
rriu  rs  fallrs  à  la  <  iniipa^iH*.  rllr  /.  vOlltVlbUc  i  1  ariiéliorttion  du 
hrtail. 

On    doit    à    srs    profcMHrurH    nombrr    d'ouvrai^m    cla.sMÏqurs    sur    les 
diverses   brniu  hrs    de    l'enseiKuement   et    une    foule    de    nicmoires    ori 
finaux   d'une   haute   valeur.    Dans  ces   trente   dernières   années,   elle    a 
nîar(|ué    sa    place    dans    la    physiolo^ir    et    la    <  liiinir    physiolo^^ique,    la 
pathologie    expériînrntah*.     la    bartérioloj^ie. 

il  n'est  peut-êtrr  pas  i\r  Corps  enseignant  qui,  eu  égard  à  son 
faible  effectif,  ait  produit  un  plus  grand  nombre  de  travaux  et  obtenu 
un  si   grand   nombre  de   récompenses  académiques. 


LA  MARIINIERE 

La  MaRTINIKRE  est  une  institution  établie  en  1831  avec  les  capitaux 
légués  à  la  Ville  de  Lyon  par  le  général  Martin,  né  à  Lyon  en  1735, 
mort  à  Lucknow  (Inde  anglaise)  en  1800.  Depuis  lors,  de  nouvelles 
fondations  ont  permis  à  l'institution  de  se  développer,  notamment 
celle  de  M'"*  de  Cuzieu.  en  1885.  Elle  reçoit  encore  actuellement  de 
nombreuses  dotations  ;  la  Ville  de  Lyon  vient  tout  récemment  de 
lui  faire  don  d'un  immeuble  important.  La  Martinière  se  compose 
actuellement  de  deux  écoles  établies  au  centre  de  la  ville,  près  de  la 
place  des  Terreaux  :  l'Ecole  des  Sciences  et  Arts  Industriels,  pour 
les  jeunes  gens  (500  élèves  externes),  l'Ecole  Professionnelle  et  Ména- 
gère, pour  les  jeunes  filles  (300  élèves  externes).  L'enseignement  des 
deux   écoles   est  entièrement   gratuit. 

L'Ecole  des  Sciences  et  Arts  Industriels  (9,  rue  des  Augustins) 
a  été  la  première  école  technique  établie  en  France  ;  à  ce  titre, 
elle  jouit  d'une  grande  renommée.  Les  noms  de  ses  premiers  pro- 
fesseurs. Tabareau,  Dupasquier,  ont  acquis  une  célébrité  universelle  ; 
leurs  méthodes  se  sont  répandues  dans  le  monde  entier.  Après  bientôt 
un  siècle  d'existence,  l'Ecole  des  Sciences  et  Arts  Industriels  se  place, 
aujourd'hui  encore,  au  premier  rang  parmi  les  institutions  qui  se 
consacrent  au  développement  de  l'enseignement  technique  en 
France.  Elle  est  destinée  à  renseignement  des  sciences  appliquées  à 
l'industrie  et  au  commerce.  Ses  élèves  diplômés,  très  recherchés  par 
le  commerce  et  l'industrie  de  Lyon  et  de  la  région,  ont  su  porter 
sa  réputation  dans  toute  la  France  et  dans  les  colonies  les  plus 
éloignées.  Pour  faire  l'éloge  de  l'enseignement  qu'ils  reçoivent,  il 
suffit  de  dire  que,  depuis  quelques  années,  tous  les  élèves  sortants 
trouvent    immédiatement    des    emplois    rémunérés. 

L'Ecole  est  établie  dans  un  ancien  couvent  d' Augustins  (datant 
de  l'Ancien  Régime)  dont  on  a  conservé  le  cloître  (curieuse  cour 
intérieure)  et  auquel  des  bâtiments  nouveaux  ont  été  ajoutés.  D'im- 
portantes transformations  intérieures,  encore  actuellement  poursui- 
vies, l'ont  dotée  d'aménagements  et  d'installations  modernes  très 
intéressantes. 


-f  56  )- 

Un  curieux  Musée  Industriel,  autrefois  ouvert  au  public,  et  qui 
contient  des  chefs-d  oeuvre  de  mécanique  remarquables,  est  en  voie 
de    réorganisation. 

L'Ecole  P:^ofessionnelle  et  Ménagère  (33,  rue  de  La  Martinière) 

est  établie  depuis  peu  d'années  dans  un  immeuble  entièrement  neuf 
qui  produit  l'effet  le  plus  gracieux,  avec  ses  fenêtres  garnies  de 
fleurs  à  profusion.  En  plus  de  l'instruction  générale,  les  jeunes  fille» 
y  reçoivent  un  enseignement  professionnel  (commerce,  broderie,  con- 
fection) et  un  enseignement  ménager  (blanchissage,  repassage,  cui 
sine)  qui  fait  l'originalité  de  l'Ecole.  La  cuisine,  le  réfectoire,  la 
blanchisserie,  les  salles  de  classe  et  les  ateliers  sont  des  installations 
modèles  qui  ont  souvent  été  imitées  par  les  écoles  françaises  ou 
étrangères. 

Pour  visiter  les  deux  Ecoles,  s'adresser  à  M.  le  Directeur  de  La 
Martinière,   rue  des  Augustins,   9. 

La  place  de  La  Martinière  est  ornée  d'un  joli  monument  élevé  à  la 
mémoire  du  général  Martin,  dont  une  statue  (par  Foyatier)  existe 
aussi  dans  la  cour  de  l'Ecole  des  Sciences  et  Arts  Industriels. 

P.    WlERNSBERGER. 


Ecole  professionnelle  et  ménagère  des  jeunes  filles. 


Le  Pont  Lafayetle  et  la  perspective  sur  la  Colline  de  Fourvière. 
^Cl.  J.  Sylvestre.) 


LES     PONTS 


La  Ville  de  Lyon,  par  sa  situation  sur  les  rives  du  Rhône  et  de 
la  Saône,  est  une  véritable  cité  des  ponts.  On  y  comptait  déjà,  en 
1871,  dix-huit  de  ces  ouvrages,  et  ce  nombre  s'est  encore  accru 
depuis,    par   suite   du   développement   constant   de   la   ville. 

D'autre  part,  plusieurs  des  anciens  ponts  ont  été  reconstruits,  soit 
parce  qu'ils  ne  présentaient  plus  des  conditions  suffisantes  de  sécu- 
rité, soit  parce  qu  ils  ne  répondaient  plus  aux  besoins  croissants  de 
la  circulation. 

C'est  particulièrement  depuis  1880  qu'ont  été  entrepris  des  tra- 
vaux importants  de  construction  et  de  reconstruction  de  ponts,  qui 
ont  doté  Lyon  d'ouvrages  vraiment  remarquables  par  leur  diversité  et 
leurs    caractéristiques    propres. 


PONTS  SUR  LE  RHoNE 

Le   touriste   qui   suit   les   quais   dans   le   sens   du   courant   du 
rencontre   successivement   les   ponts   suivants. 


Rhô 


Pont  de  la  Boucle.  —  Situé  à  l'extrémité  nord  de  la  ville,  ce  pont 
a  été  construit  en  1899,  en  face  de  l'entrée  principale  du  Parc  de 
la    Tête-d'Or. 


-(  58  )- 

îl  se  compose  de  trois  travées  métalliques  en  acier  s'appuvant  eur 
<les  piles  et  culées  en  maçonnerie.  L'arche  centrale  a  90  mètres  de 
portée  et  celles  de  rive  ont  chacune  84  mètres.  Chaque  arche  est 
formée  de  deux  arcs  métalliques  dépassant  de  10  m.  50  environ  le 
niveau  du  tablier  dans  sa  partie  médiane,  ce  qui  donne  à  l'ouvrage 
une  allure  assez  imposante.  Le  tablier  repose  sur  les  deux  arcs  par 
l'intermédiaire  de  montants  verticaux  sur  10  mètres  environ  de  lon- 
gueur pris  des  naissances  ;  il  est  suspendu  ensuite  aux  arcs  par  des 
barres  rigides.  La  longueur  totale  du  pont  est  de  279  m.  50  et  sa 
largeur  de    10  m.   80. 

Pont  Saint-Clair.  —  Un  premier  pont  suspendu  à  trois  travées, 
construit  en  1844,  par  la  Compagnie  des  Ponts  sur  le  Rhône,  fut 
<létruit  le  29  juin  1854,  pendant  une  crue  du  Rhône,  par  un  moulin 
flottant  qui  se  détacha  de  la  rive  du  fleuve  et  alla  heurter  le  tabliei 
de    la    travée    centrale. 


Pont  Lafayette. 


Le  pont  actuel,  également  suspendu,  a  été  construit  en  1855-1856, 
par  la  même  Compagnie,  et  racheté  en  1860  par  la  Ville,  qui  sup- 
prima en  même  temps  le  péage.  Ce  pont  comprend  six  travées  indé- 
pendantes dont  l'ouverture  moyenne  est  de  30  m.  50  seulement.  Le 
tablier  est  supporté  de  chaque  côté  par  deux  câbles  formés  chacun 
<je  350  brins  parallèles  en  fil  de  fer.  L'ouvrage  à  6  m.  60  de  largeur 
utile   et  235   mètres   de   longueur. 

Pont  Morand.  —  L'ancien  pont,  construit  en  1774,  par  un  architecte 
lyonnais  (Morand),  était  complètement  en  bois.  Il  avait  dix-sept 
travées  et  mesurait  12  m.  90  de  largeur  entre  garde-corps.  Ce  pont 
constituait  une  entrave  à  la  navigation  et  un  danger  pour  la  circula- 
tion. Il  fut  remplacé,  en  1888-1890,  par  un  pont  métallique  à  trois 
arches  de  63  mètres  et  64  m.  50  d'ouverture,  reposant  sur  des  piles 
et  culées  en  maçonnerie.  Chaque  arche  métallique  est  constituée  par 
huit  arcs  en  acier  en  forme  de  caissons  et  à  âme  pleine.  L'ouvrage 
actuel  a  214  m.   50  de  longueur  et  20  mètres  de  largeur. 


Passerelle  du  Collège.  —  Cette  passerelle,  qui  est  suspendue,  a 
été  construite  en  1844,  par  la  Compagnie  des  Ponts  sur  le  Rhône,  et 
rachetée  en   1860  par  la  Ville,   qui  supprima  le  péage. 


-(  59  -- 

Elle  se  compoMr  (\r  troiH  IravrrM  ;  Irn  drux  trnvéei»  dr  rive  ont 
chncunr  42  m.  "JO  (r(Hivrrliirr.  ri  la  trnvrr  rrnlralr  107  mètrrH  Le 
tublirr  a  4  inrtrrH  dr  hir^rur  rnlrr  K«»rdr  < orpH.  La  travrr  crnlrale 
ent  Mupportrr  par  un  Hriil  cûblr  ni  fil  <lr  frr  df  H70  hrinn.  Deux 
râhlrt»    infrrirur.s    (ontrrvrntrnt    Ir    tablirr. 

La    i^aMHrrrllr.    d'un    <  aractrrr    élct^ant.    rnl    extrêmement    légère. 

PoNI     Lai  AYK.rn..  Un    prfimrr    poni    avail    été    construit    par    \\ 

Compa^nir  <lrs  l^onls  sur  le  l^hône  en  1825  1828  ;  il  fut  racheté  par 
In  Ville  rn  1860.  et  le  péa^*"  fut  supprimé.  Ce  pont  se  composait 
dr  neuf  arc  hrs  cintrées,  en  charprntr.  rrposanl  sur  des  piles  en 
pirrrr   i\r    taillr. 

L  état  d  affaissrnirnt  rt  de  vétusté  de.s  charpentes  devenant  mena- 
çant pour  la  sécurité  publique,  le  pont  Lafayette  a  été  reconstruit  en 
1888-1890.  en  même  temps  que  le  pont  Morand.  Ces  deux  ouvrages, 
du  même  type,  ne  difîrrent  guère  que  par  l'ornementation.  Le  pont 
Lafayettr   a   20   mrtres   de   largeur   et   214    mètres   de   longueur. 

Les  piles  du  pont  Lafayette  ont  reçu,  comme  motifs  de  décoration. 

I  I 


Projet  du  Pont  de  l'Hôtel-Dieu  actuellement  en  conslruclion- 

des  reproductions  en  fonte  des  statues,  oeuvres  des  frères  Coustou. 
le  Rhône  et  la  Saône,  qui  ornent  la  Salle  des  Pas-Perdus  de  l'Hôtel 
de  Ville. 

Pont  de  l'Hôtel-Dieu.  —  Le  pont  suspendu,  qui  vient  d'être 
démoli  en  vue  de  la  reconstruction  d'un  pont  fixe  plus  important, 
datait  de  1838  et  était  également  l'œuvre  de  la  Compagnie  des 
Ponts  sur  le  Rhône.  La  Ville  l'avait  racheté  en  1860  et  avait  sup- 
primé le  péage.  Ce  pont  se  composait  de  trois  travées,  d'ouvertures 
presque   égales.   Le   tablier   mesurait  7   m.    10   de   largeur   utile. 

Cet  ouvrage  étant  devenu  tout  à  fait  insuffisant  pour  la  circula- 
tion, très  active  sur  ce  point  entre  les  deux  rives,  son  remplacement 
-s'est    imposé. 

Le  nouvel  ouvrage,  actuellement  en  cours  de  construction,  aura 
quatre  grandes  arches  de  42  à  49  mètres  de  portée,  plus  daux 
petites  arches  sous  culées,  dites  «  arches  de  décharge  ».  Il  se 
composera  de  deux  ponts  jumeaux  en  pierre,  de  5  m.  05  de  largeur 
chacun,  séparés  par  un  espace  libre  de  10  m.  80  ;  le  tablier  sera 
constitué  par  une  dalle  en  béton  armé  reposant  sur  les  deux  ponts 
jumeaux.  La  largeur  de  l'ouvrage  sera  de  20  mètres  entre  parapets, 
sa  longueur  de  220  m.  50  ;  il  est  prévu  pour  être  mis  en  service 
en    1916. 

Pont  de  la  GuiLLOTIÈRE.  —  L'histoire  de  ce  pont  remonte  à  une 
époque   imprécise.    D'après   la   chronique,    l'ancien   pont   de   bois    qui 


-(  60  )- 

avait  été  construit  antérieurement  s'écroula  en  1190.  sous  le  poids 
des  chariots  de  bagages  qui  suivaient  les  armées  de  Philippe-Auguste 
et  de   Richard   Cœur  de  Lion   partant  pour   la   Croisade. 

On   ignore  l'époque  à  laquelle   un   pont  de   pierre   à  l'aval   de   l'an- 
cien fut  élevé.   On  sait  qu'Innocent  IV  y  contribua.   Cette  entreprise 


Pont  de  la  Guillotière  et  perspective  sur  la  colline  de  Fourvière. 
(Cl.  Syndicat  d'Initiative,  i 


dura  près  de  quatre  siècles,  l'ouvrage  étant  pour  ainsi  dire  détruit 
à  mesure  de  sa  construction,  par  chaque  crue  importante.  Les  tra- 
vaux, conduits  successivement  par  plusieurs  Confréries,  ne  furent 
terminés   qu'en    1570. 

Le  pont  actuel  de  la  Guillotière  comptait  à  l'origine  vingt  arches, 
dont  neuf  jetées  sur  le  fleuve  même  ;  huit  autres  s'étendaient  sur  la 
rive  gauche  jusqu'à  la  place  du  Pont,  et  trois  prolongeaient  l'ou- 
vrage sur  la  rive  droite,  hors  le  lit  du  fleuve  ;  ces  dernières  furent 
supprimées   à   une   époque   reculée.    La   longueur   du   pont   était   ainsi 


-(  61  )- 

con8iclcrable  (650  m.  rnviron)  ;  rllr  n  rtr  fortrmrnt  réduite  vcri 
1840.  piir  la  création  du  cours  de  BroHHrn  (actuellement  cours  Gam- 
Ix'lta)  t|iii  a  entraîne  la  MuppreHMion  de  hIx  arrheH  rive  ^(nurhe.  C'est 
à  cette  «•p()(|ue  (|ue  le  pont  fut  rlat^i  par  la  (  réation  rie  trottoirs 
en  enc  orhellement.  pour  remédier  à  liHMiiffiHarH  r-  fif*  Toiivra^r,  (\n 
vaut   l'importance  de   la   circulation. 

Enfin,  la  construction  des  quais  de  la  rive  gauche,  en  1859,  a 
nécessité  la  suppression  de  trois  nouvelles  arc  lies,  ce  qui  en  a  réduit 
le  nombre  à  huit.  Le*  pont  actuel  a  donc  huit  arches  ;  il  mesure 
275  mètres  de  lon^fueur  et    10  m.  90  de  largeur. 

Cet  ouvrage  ne  répond  plus  depuis  longtemps  aux  besoins  d  une 
circulation  de  jour  en  jour  plus  intense,  et  Ma  reconstruction  est 
envisagée.  Un  projet  a  été  dressé  à  cet  effet  ;  il  est  .soumis  artuellc- 
m-^nt  n  l'approbation  de  l'autorité  supérieure. 


Pont  de  l'Université. 

Pont  de  l'Université.  —  Ce  pont  a  été  construit  en  1899,  comme 
le  pont  de  la  Boucle,  pour  répondre  aux  besoins  créés  par  l'exten- 
sion de  l'agglomération   sur  la   rive   gauche. 

Ce  pont,  qui  a  267  m.  50  de  longueur  et  20  mètres  de  largeur, 
est  formé  de  trois  arches  métalliques  en  acier,  et  de  deux  arches 
en  maçonnerie  dans  les  culées.  L'arche  centrale  a  72  m,  50  d'ouver- 
ture, les  deux  autres  67  m.  50.  Chaque  arche  est  constituée  par  huit 
arcs  en  acier  laminé,   en  forme   de  caissons  et  en   treillis. 

Le  pont  est  orné  de  quatre  pylônes  en  pierre  formant  candélabres 
au-dessus   des   piles. 


Pont  du  Midi.  —  Un  ancien  pont  suspendu  avait  été  construit  en 
1847,  par  la  Compagnie  dite  «  des  Ponts  Napoléon  )>.  Sa  largeur. 
qui  était  de  7  mètres,  ne  suffisant  plus  à  la  circualtion  croissante,  et 
son  état  étant  peu  satisfaisant,  il  fut  remplacé,  en  1889-1891.  p^r 
un  pont  métallique  à  trois  arches,  sur  piles  et  culées  en  maçonnerie. 
L'arche  centrale  a  69  mètres  d'ouverture  et  les  deux  arches  de  rive 
ont   chacune   63    mètres.    Chaque    arche    est    constituée    par    huit    arcs 


-(  62  )- 

en    acier    laminé,    en    forme    de    triple    T.    Ce    pont   a    229    m.    50   de 
longueur  et  20   mètres   de   largeur. 

Pont  des  Abattoirs.  —  L'établissement  de  ce  pont  s'est  imposé 
du  jour  où  la  création  des  nouveaux  Abattoirs  de  la  Mouche  est 
entrée  en  voie  d'exécution.  Sa  construction,  commencée  dans  le 
second  semestre  1913,  subira  un  temps  d'arrêt  égal  à  la  durée  de 
l'Exposition  ;    elle    sera    reprise    aussitôt    après. 

Cet  ouvrage  sera  en  béton  armé  ;  il  aura  trois  grandes  arches 
mesurant  :  l'arche  centrale  66  mètres,  et  les  arches  de  rive  chacune 
62  mètres  ;  en  outre,  deux  petites  arches  de  décharge  seront  con- 
struites sur  bas-ports.  Sa  largeur  sera  de  20  mètres,  se  décomposant 
en  deux  trottoirs  latéraux  de  3  m.  25  chacun,  et  deux  chaussées  de 
5  m.  50  chacune,  séparées  par  un  trottoir  axial  de  2  m.  50.  Sa  lon- 
gueur   sera    de    225    mètres    environ, 

PONTS    ovJR   LA   SAÔNE 

Etant  arrivés  au  confluent  du  Rhône  et  de  la  Saône,  nous  pou- 
vons continuer  la  visite  des  ponts  de  Lyon  en  remontant  le  cours 
de   la  Saône. 

Nous    trouvons    alors    successivement    les    ponts    suivants    : 

Pont  de  la  MulaTIÈRE.  —  Le  pont  actuel,  en  fonte,  construit  en 
1830,  reconstruit  en  1840  et  1858,  est  utilisé  à  la  fois  comme  pont- 
route  (côté  sud)  et  comme  pont-rail  (côté  nord)  (chemin  de  fer  de 
Lyon    à    Saint-Etienne). 

Ce  pont  est  en  cours  de  reconstruction,  et  nous  aurons,  d'ici 
quelques  années,  deux  nouveaux  ponts  métalliques  distincts,  paral- 
lèles, séparés  par  un  intervalle  de   10  mètres  environ. 

Chaque  ouvrage  comportera  trois  travées,  dont  une  centrale  de 
89   m.   30   de   portée,    et   deux   travées   de   rive   de   44   m.    70. 

Pont  du  Midi.  —  Ce  pont  suspendu  fut  construit,  en  1847.  par 
Ferdinand  Seguin,  pour  le  compte  de  la  Compagnie  «  des  Ponts 
Napoléon  ».  En  1865,  la  Ville  racheta  ia  concession  et  supprima 
le  péage.  Ce  pont,  appelé  autrefois  pont  Napoléon,  fut  reconstruit 
en  1888,  mais  on  conserva  les  maçonneries  des  piles  et  des  culées 
de  l'ancien  pont.  L'ouvrage  actuel,  du  type  des  ponts  suspendus 
rigides,  a  6  m.  60  de  largeur  et   125  mètres  de  longueur. 

Pont  d'Ainay.  —  Un  premier  pont,  en  bois,  de  neuf  arches  et  de 
7  m.  50  de  largeur,  fut  construit  en  1748,  par  l'Hôpital  Général  de 
la  Charité  ;  il  s'effondra  en  partie  en  1793  et  fut  emporté  par  le 
courant.  Un  deuxième  pont,  en  charpente,  de  8  m.  70  de  largeur, 
constitué  par  cinq  arches  cintrées,  de  20  mètres  d'ouverture  moyenne, 
fut  commencé  par  l'Etat  en  1811  et  terminé  par  les  Hospices  de  Lyon 
en    1818. 

Le  pont  actuel  a  été  construit  en  1897-1899.  Il  mesure  119  mètres 
de  longueur  et  10  mètres  de  largeur,  et  est  formé  de  trois  arches 
métalliques  sur  piles  et  culées  en  maçonnerie.  L'arche  centrale  a 
39  m.  20  et  les  arches  de  rive  35  m.  30  chacune.  Chaque  arche  est 
constituée   par   six   arcs   en   fonte   en    forme    de    double   T. 

Les  piles  et  culées  sont  surmontées  des  candélabres  monumentaux 
en  fonte  d'art. 


(  63  ^■ 


'/i 


u 


-(64)- 

PasseRELLE  Saint-Georges.  -  La  passerelle  Saint-Georges  a  été 
construite  en  1852,  par  le  concessionnaire  Wedrichovosky.  La  Ville 
l'a  rachetée  en  1865  et  a  supprimé  le  péage.  Cette  passerelle  sus- 
f>endue  n'a  qu'une  seule  travée,  de  74  mètres,  avec  un  arceau  sur 
chaque  rive  dans  les  maçonneries  des  culées.  Le  travée  centrale  est 
soutenue  par  quatre  câbles  en  fil  de  fer  de  250  brins  chacun,  passant 
sur  des  fléaux  en  fonte  de  4  m.  85  de  hauteur  et  s'infléchissant  vers 
les  puits  d'amarres  des  culées  où  ils  sont  attachés  à  des  barres  en 
fer   forgé.    La   largeur   utile   du    tablier   est   de   3   m.    80. 

Pont  TiLSITT.  Un  premier  pont  en  bois,  à  péage,  construit  vers 
1636.  fut  emporté  par  une  crue  en  1711.  Il  fut  reconstruit  suivant  1*-* 
même  principe,  mais,  en  1780,  on  dut  l'interdire  à  la  circulation  par 
mesure   de  sécurité   et  établir   un   pont   provisoire   de   bateaux. 

Un  nouveau  pont,  de  cinq  arches,  en  maçonnerie,  fut  commencé 
en  1783  ;  sa  construction  fut  interrompue  par  la  Révolution  et  il 
ne  put  être  terminé  qu'en  1808.  Le  débouché  de  ce  pont  était  insuf- 
fisant, ce  qui  aggrava  les  ravages  causés  par  l'inondation  de  1840, 
et  on  dut  se  décider,  en  1863,  à  construire  un  nouvel  ouvrage,  qui  est 
le  pont  en  pierre  actuel. 

Il  se  compose  de  cinq  arches  surbaissées,  dont  les  ouvertures 
varient  de  21  m.  40  à  22  m.  80  ;  les  piles  ont  2  m.  50  de  largeur 
aux  naissances  des  arcs.  Ce  pont  mesure  125  mètres  de  longueur 
pour    une   largeur   de    15    m.    25    entre    parapets. 

Pont  du  PaLAIS-DE-JusticE.  —  Construit  en  1832-1834,  par  la  Com- 
pagnie Seguin,  le  pont  suspendu  du  Palais-de-Justice  fut  racheté  en 
1865  par  la  Ville  de  Lyon,  qui  supprima  le  péage.  Ce  pont  est 
formé  de  cinq  travées  de  longueurs  inégales  :  la  travée  centrale 
mesure  48  m.  70,  les  travées  intermédiaires  33  mètres  et  les  travées 
de  rive  20  mètres.  Les  piles  sont  en  pierre  de  taille.  L'ouvrage  a 
6  mètres  de  largeur  utile.  Il  a  été  transformé  et  amélioré  dans  ses 
parties  secondaires  en    1886  et   1894. 

Pont  du  Change.  —  Un  pont  en  maçonnerie,  construit  vers  1050 
d'après  la  tradition,  mettait  en  communication  la  Ville  des  Chanoines 
(rive  droite  de  la  Saône)  et  la  Ville  des  Bourgeois  (rive  gauche  de 
la  Saône).  Deux  tours  en  flanquaient  les  extrémités,  et,  quoique  très 
étroit,  il  portait  des  maisons  servant  de  boutiques  ou  de  corps  de 
garde.  Il  comptait  huit  arches  reposant  sur  des  piles  formées  de 
Wges  empattem.ents  qui  obstruaient  la  rivière,  et  rendaient  la  naviga- 
tion dangereuse,  surtout  vers  la  rive  gauche,  qu'on  appelait  du  nom 
significatif  de  «  la  Mort  qui  trompe  ».  Cet  ancien  ouvrage  avait 
6  mètres  de  largeur  et  était  insuffisant  pour  la  circulation,  très  active 

Le  pont  actuel,  qui  est  en  pierre,  a  été  construit  en  1845  ;  il  com- 
pend  six  arches  surbaissées  de  21  à  22  mètres  d'ouverture.  Sa  lon- 
gueur est  de    163  m.ètres  et  sa  largeur  est  de    14  m.   50. 

Pont  de  la  FeuillÉE.  —  L'ancien  pont,  qui  avait  été  construit  en 
même  temps  que  la  passerelle  Saint-Vincent,  et  par  la  même  Com- 
pagnie, était  un  pont  suspendu  à  une  seule  travée  de  67  mètres  ;  sa 
largeur  était  de  6  m  90.  Il  vient  d'être  remplacé  par  un  pont  métal- 
lique en  acier,  d'une  seule  arche  de  75  mètres  de  portée,  avec  deux 
î>etites  arches   en   maçonnerie   sur   les   bas-ports.    Le   nouvel   ouvrage. 


-(  65  )- 


~{  66  )- 

d'une  décoration  très  simple,  a    16  mètres  de  largeur  pour  97  mètres 
de    longueur    totale. 

Passerelle  Saint-Vincent.  —  La  passerelle  Saint-Vincent  est  sus- 
pendue ;  elle  a  été  construite  par  une  Compagnie  en  1830,  et  la 
Ville  a  racheté  la  concession  et  supprimé  le  péage  en  1865.  Cette 
passerelle  n'a  qu'une  seule  travée  de  76  m.  50  d'ouverture  ;  elle  est 
soutenue  par  des  chaînes  dites  à  barres  d'attelage  en  fer  rond.  C'es^ 


Pont  de  la  Feuillée. 


le  seul  pont  de  Lyon  qui  ait  encore  des  am.arres  noyées  dans  la 
maçonnerie.  Le  tablier  a  2  m.  80  de  largeur  pour  une  longueur  de  82  m. 

Pont  de  l'Homme  de  la  Roche.  —  Ce  pont,   qui  a  été  terminé 

en  1912,  a  été  construit  pour  couper  l'intervalle  trop  long  qui  séparait 
les  deux  ponts  voisins  ;  il  est  situé  sensiblement  vers  le  milieu  de  cet 
intervalle. 

L'ouvrage,  du  type  des  ponts  dits  en  cantilever  (ou  en  console). 
est  formé  de  trois  travées  métalliques  en  acier  sur  piles  en  maçon- 
nerie. La  travée  centrale  mesure  46  mètres  d'ouverture  et  les  deux 
travées  de  rive  24  mètres  chacune.  La  longueur  de  ce  pont  est  de 
94  mètres  et  sa  largeur  de  7  m.  50,  dont  5  mètres  de  chaussée  et 
deux    trottoirs   en    encorbellement    de    1    m     25    chacun. 


Pont  de  Serin.  —  Un  pont  en  bois,  datant  de  1745,  fut  remplacé, 
en  1811,  par  un  pont  en  pierre  de  taille,  avec  cintres  en  charpente, 
que  firent  construire  les  Hospices  de  Lyon.  A  ces  cintres  furent 
substituées,  en  1843,  des  voiites  en  pierre  de  taille.  La  Ville  racheta 
l'ouvrage   en    1865   et  supprima   le   péage. 

Le  pont  actuel,  tout  en  maçonnerie,  se  compose  de  cinq  arches 
en  arc  surbaissé  ;  il  a  9  m.    15  de  largeur  et   105  mètres  de  longueur. 


-(67  )- 

PoNI    DU  Pour  Mouton.  CV   pont   HiiMprudu   fut  construit   par    unr 

Compagnie   rn    1844  ;   lu   Villr    rac  lirtii   la   conrcHMion    rt    Miipj>rima    l« 
péage   m    1865.    CV   ponl    n'a   (iniinr   Hcule    travée   de    108    rnètreh   de 


Le  F^ont  de  Serin  et  le  Fort  Saint-Jean 

portée,  entre  des  culées  qui  s'élèvent  à  14  mètres  au-dessus  du 
tablier  et  forment  des  portiques  supportant  les  câbles.  Le  tablier  a 
6    m.    20    de    largeur    utile. 

Pont  de  la  Gare.  —  Ce  pont  suspendu  a  été  construit  en   1831,  par 
une  Compagnie  concessionnaire.  La  Ville  de  Lyon  a  racheté  la  con- 


Font  de  la  Gare 


cession  et  supprimé  le  péage  en  1865.  L'ouvrage  a  deux  travées 
de  85  m.  20  d'ou;erture  chacune,  séparées  par  une  pile  en  maçonnerie 
formant  un  portique  de  15  mètres  de  hauteur  au-dessus  du  tablier  : 
il  a  6  m.   60  de  largeur  entre  garde-corps  et    185   mètres  de  longueur 

totale.  C.  Chalumeau, 


-(  68  )- 


:^ 


Cour  intérieure  du  Palais  des  Arts. 


LES    TERREAUX 


LES  JARDINS 


Le  Jardin  des  Plantes,  situé  au  bas  de  la  colline  de  la  Croix-Rousse, 
porte  ce  nom  parce  que,  avant  la  création  du  Parc  de  la  Tête-d'Or, 
il  renfermait  le  Jardin   Botanique. 

Aujourd'hui,  ce  n'est  plus  qu'un  très  beau  square  illustré  du 
monument  élevé  à  Burdeau  et  enrichi  de  belles  rocaiiles  formant 
grottes. 

Comme  tous  les  Jardins  publics  de  Lyon,  il  est  magnifiquement 
fleuri,  mais  c'est  surtout  dans  sa  partie  basse  que  la  décoration 
florale  est  la  plus  abondante. 

Le  Jardin  du  Séminaire,  situé  sur  une  autre  pente  du  coteau  de 
la  Croix-Rousse,  doit  son  nom  à  l'ancien  Séminaire,  qui  fut  ensuite 
transféré  à  Saint-Just  ;   il  en  reste  d'ailleurs  quelques  vestiges. 

Sa  partie  haute  forme  une  très  jolie  salle  d'ombrages  qu'abritent 
de  très  vieux  arbres,  et  où  les  amateurs  de  tranquillité  se  réfugient 
avec  plaisir.  Dans  le  bas,  un  gracieux  monument,  consacré  à  Coste- 
Labaume,  le  décore.  Cette  partie  du  Jardin  est  très  fréquentée  par 
le  public,  qui  préfère  passer  dans  ses  allées  vertes  et  fleuries  plutôt 
que  dans  la  rue  qui  le  borde. 

Enfin,  la  cour  intérieure  du  Palais  des  Arts,  très  vaste,  a  été  aussi 
transformée  en  un  jardin  extrêmement  agréable  et  orné  de  nom- 
breuses statues  ;  ce  jardin  est  fort  recherché  par  les  amateurs  de 
tranquillité. 


-(  70  )- 


L'HOIKL   DE  VILLE 


L'Hôtel  de  Ville  occupe  le  côté  est  de  la  place  des  Terreaux.  11 
se  présente  sous  l'aspect  d'un  monument  à  l'allure  à  la  fois  gran- 
diose et  élégante,  dans  lequel  l'ampleur  des  masses  s'allie  heureuse- 
ment à  l'harmonie  des  lignes  et  à  l'exactitude  des   proportions. 


La   Place  des  Terreaux  et  l'Hôtel  de  Ville 
(Cl.  Synd.  Init.) 


§  1^^.  Historique.  —  La  première  pierre  en  fut  posée  le  5  sep- 
tembre 1646.  Les  travaux,  exécutés  sur  les  plans  du  voyer  de  la 
Ville,  Simon  Maupin,  durèrent  plus  de  neuf  ans  ;  le  gros  œuvre 
n'était  terminé  qu'à  la  fin  de  1655.  Le  Lyonnais  Gérard  Désargues, 
mathématicien  en  grande  réputation  et  architecte  attaché  aux  Bâti- 
ments de  la  Couronne,  et  le  célèbre  Lemercier,  premier  architecte 
du  Roi  et  auteur  du  pavillon  de  l'Horloge  du  Louvre,  aidèrent  Simon 
Maupin   de    leurs    conseils. 

Les  sculpteurs  Martin  Hendricy,  Jacques  Mimerel  et  Nicolas  Lefeb- 
vre  exécutèrent  les  diverses  sculptures  tant  intérieures  qu'exté- 
rieures ;  Mimerel,  spécialement,  fut  chargé  des  quatre  statues  du 
portique  en  hémicycle  terminant  la  cour  d'honneur  et  représentant 
la  légende  mythologique  d'Acis  et  Galathée. 


-(  71  )- 

La  dctoralion  intrriciir*'.  « oinmf-n  /•<•  m  1633.  fui  rxécutér  pxr  1- 
peintre  et  architecte  I  hoinas  lil.mc  lj»-l.  (jue  l'on  fit  venir  de  Home 
sur  les  conHeils  de  Lebrun  et  dr  PouMsin.  de  concert  avec  le  peintre 
ordinaire   de   la   Ville.   Germain   Panthot. 

Le  monument  «Mait  c()mi)lrtrmrnt  trrminr  dfpuJH  drux  ann,  lors- 
que, le  15  scptrinhre  1674.  in»  inrcMidie  drtruisit  \r  beffroi,  la  Grande 
Salle  et  les  combles  en  façade  sur  la  place  des  Terreaux.  La  restau- 
ration ne  fut  entreprise  qu'au  XVIir  siècle  ;  Jules  Hardouin  Mansart, 
le  célèbre  architecte  du  Palais  de  Versailles  et  des  Invaliflrs.  à  partir 
de  la  fm  de  1700.  la  fit  exécuter,  d'abord  par  son  beau-frère  de  Cotte, 
intendant  et  architecte  ordinaire  des  Bâtiments  du  Roi.  puis  en  1702 
par  Claude  Simon,  architecte  du  Roi,  qui  eurent  la  direction  de» 
travaux. 

La  restauration  de  Jules  Hardouin-Mansart  transforma  l'allure  pri 
mitive  de  l'oeuvre  de  Maupin.  Celle-ci  présentait  tous  les  caractères 
du  style  Louis  Xlll,  mais  avec  l'empreinte  bien  manifeste  de  la 
Renaissance  italienne.  Le  corps  central  se  terminait  à  la  corniche  qui 
couronne  le  premier  étage,  puis  une  toiture  aiguë  a  double  pente 
s'élevait  au-dessus  entre  les  deux  pavillons,  eux-mêmes  couverts  dr- 
combles  aigus,  mais  avec  un  deuxième  étage  terminé  par  une  cor- 
niche  droite  ;   au-dessus   du   beffroi    s'élevait   un   campanile. 

Mansart  suréleva  le  corps  central  d'un  étage  décoré  à  l'italienne 
par  une  balustrade  ornée  de  statues  et  destinée  à  dissimuler  une 
toiture  basse.  Le  beffroi  fut  couronné  par  un  dôme.  Des  frontons 
triangulaires  avec  des  trophées  aux  angles  surmontèrent  les  pavillons 
latéraux  ;  leur  couverture  perdit  les  combles  aigus  et  fut  arrondie.  Le 
fronton  central  contenant  les  armes  de  France  fut  remplacé,  et  un 
vaste  tympan  contenant  une  statue  équestre  de  Louis  XIV,  exécutée 
par  Ir  statuaire  Marc  Chabry,  vint  découper  le  deuxième  étage  et  se 
profiler   sur   le   bas   du   beffroi. 

Cette  transformation  fit  perdre  à  l'édifice  son  unité  de  style,  mais 
elle  était  imposée  par  la  nécessité  de  ne  pas  laisser  ie  monument 
municipal  paraître  écrasé  par  la  façade  longue  et  haute  du  Palais 
des  Dames  de  Saint-Pierre,  terminé  depuis  quelques  années.  Cette 
adjonction  d'un  deuxième  étage,  dans  le  style  Louis  XIV,  a  été 
heureusement  pratiquée  et  a  réussi  à  communiquer  à  l'Hôtel  de  Ville 
plus  d'ampleur  et  un  cachet  plus  grandiose,  en  harmonie  avec  le 
mcnument  voisin. 

Depuis  cette  époque,  signalons,  comme  restaurations  importantes, 
le  remplacement,  en  1829,  de  la  statue  équestre  de  Louis  XIV, 
oeuvre  du  sculpteur  Marc  Chabry,  détruite  par  la  Révolution,  par 
une  statue  équestre  de  Henri  IV,  exécutée  par  le  sculpteur  Legendre- 
Héral  ;  la  réparation  générale  des  façades  et  des  salons,  commencée 
en  1849,  sous  l'architecte  Dardel,  et  continuée,  de  1852  à  1868,  sous 
la  direction  de  l'architecte  Desjardins  ;  les  travaux  effectués  depuis 
deux  ans,  sous  la  direction  de  l'architecte  de  la  Ville.  M.  Meysson. 
Ces  divers  travaux  ont  permis  de  conserver  l'intégralité  du  monu- 
ment. 

§  2.  Les  Façades.  —  La  façade  principale,  à  Touest.  sur  la  place 
des  Terreaux,  se  compose  d'un  corps  central  flanqué  de  deux  pavil- 
lons ;  des  angles  de  ces  pavillons,  deux  ailes  perpendiculaires  se 
prolongent  à  l'est  le  long  des  rues  Puits-Gaillot  et  Lafont  jusqu'à 
la  place  de  la  Comédie.  Dans  l'intervalle  entre  la  façade  principale 
et   les   corps   latéraux,    une    galerie   en   hémicycle    supportée   par    trois 


-(  72  )- 


-f  73 

arcades  Hort  dr  Ht-priration  k  deux  cour»  ofFranl  unr  diffcrenc*  de 
niveau  de  près  de  2  mètreH,  ia  cour  d'honnn:-,  ia  plua  haute,  a 
l'ouest,  et  lu  cour  basse,  a  IVst.  Cntte  drrni«*rr?  r«t  hrparéiî  de  la 
place  de  la  Comédie  par  un  portique  de  trois  errades.  De  cette 
extrémité  du  monument,  la  prospective  des  cours  intérieures  en  gra- 
dins, de  la  galerie,  du  beffroi  au  fond,  présente  un  décor  ravissant. 
Le  corps  central  de  la  façade,  sur  la  place  des  Terreaux,  est  rem- 
pli par  un  grand  balcon  au  premier  étage.  Au-dessous  s'ouvre  une 
porte  élevée,  encadrée  par  deux  colonnes  de  porphyre  roug»*  suppor 
tant  un  entablement  sculpté  avec  des  lions,  des  aigles  et  des  génies. 
De  chaque  côté  de  ia  porte,  quatre  fenêtres  cintrées  à  la  partie  Eupé- 
rieure.  avec  un  maacaron  au  milieu  ;  entre  elles,  q-jatre  médaillons, 
œuvre  de  Fabisch  d'après  Cl.  Warin,  représentant  au  nord 
Louis  XllI  et  Anne  d'Autriche,  au  sud  Louis  XIV  enfant  et 
Henri  IV. 

Les  neuf  fenêtres  du  premier  étage  sont  couronnées  par  des  fron- 
tons triangulaires  dont  les  rampants  supportent  chacun  un  lion 
tenant  un  globe  entre  les  pattes  antérieures,  allusion  aux  relations 
de  Lyon  avec  le  monde  entier  par  son  commerce. 

Au-dessus  de  la  fenêtre  centrale,  un  tympan  monumental  soutenu 
par  deux  cariatides  renferme  la  statue  équestre  de  Henri  IV  en  pierre  ; 
ce  motif  est  terminé  par  un  écusson  aux  armes  de  la  Ville,  supporté 
par  deux  Renommées. 

Le  deuxième  étage,  de  chaque  côté  du  tympan,  comporte  quatre 
fenêtres  cintrées  encadrées  de  guirlandes  de  fleurs  et  de  fruits  ;  il 
est  couronné,  entre  le  tympan  et  les  pavillons,  par  une  balustrade  à 
l'italienne  décorée  des  statues  d'Hercule,  au  nord,  et  de  Minerve, 
au  sud,  dont  l'auteur  primitif  fut  le  sculpteur  Guillaume  Simon 
en    1703. 

Les  deux  pavillons  latéraux  sont  surmontés  de  frontons  triangu- 
laires avec  des  trophées  ;  sur  les  rampants  de  ces  frontons  sont 
assises  quatre  figures  représentant  les  quatre  vertus  cardinales  :  au 
nord,  la  Justice  et  la  Vérité,  au  sud,  la  Force  et  la  Prudence, 

Le  beffroi  s'élève  en  arrière  sur  la  ligne  de  la  façade  de  la  cour 
d'honneur,  et  sa  silhouette  se  détache  harmonieusement  au-dessus 
de  la  masse  de  l'édifice,  il  est  terminé  par  une  coupole  arrondie  au- 
dessous  de  laquelle  deux  figures  assises  du  Rhône  et  de  la  Saône 
entourent  le  cadran  de  l'horloge. 

§  3.  Le  Rez-de-chaussée.  —  Après  un  perron  de  quatorze  marches, 
on  franchit  une  porte  en  chêne  à  deux  vantaux  dans  lesquels  sont 
sertis  deux  médaillons  en  bronze  datant  de  1651,  puis  on  entre  dans 
le  grand  vestibule  dont  la  voûte  surbaissée  est  remarquable  de  har- 
diesse. 

A  signaler,  dans  ce  vestibule,  les  deux  grands  groupes  en 
bronze  le  Rhône  et  la  Saône,  des  frères  Guillaume  et  Nicolas  Cous- 
tou,  placés  autrefois  de  chaque  côté  de  la  statue  de  Louis  XIV, 
élevée  avant    1792  sur   la  place   Bellecour. 

En  face  de  l'entrée,  un  double  portique  à  trois  arcades,  symé- 
trique  aux   portiques   de   l'est,    s'ouvre   sur   la   cour   d'honneur. 

Dans  ce  portique,  deux  escaliers  ont  issue  :  à  gauche,  l'escalier 
elliptique  des  Archives,  dont  la  construction  et  la  forme  en  hélice 
firent  l'admiration  des   contem.porains  ;   à  droite,   le   grand  escalier. 

Les  bureaux  de  la  Mairie  centrale,  les  cabinets  du  maire  et  des 
adjoints,    la    s?A\e    des    séances    du    Conseil    municipal    occupent    tout 


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le  rez-de-chaussée.  Une  seule  salle,  dans  cette  partie  de  l'édifice,  a 
conservé  sa  physionomie  ancienne,  celle  dite  autrefois  de  V Abon- 
dance et  affectée  aux  séances  des  magistrats  chargés  de  pourvoir  à 
la  subsistance  de  la  ville.  Cette  salle  est  ornée  d'une  haute  cheminée 
sculptée  en  pierre  et  d'un  plafond  à  poutrelles  apparentes, '*dit  à  la 
française,  supporté  par  des  cariatides.  Cette  pièce  paraît  être  la  plus 
ancienne  de  1  édifice,  la  plus  rapprochée  de  l'époque  de  Louis  Xlll. 
Sa  position  a  l'entrée  permet  de  supposer  qu'elle  a  dû  être  amé- 
nagée  la    première. 


Le  Rhône  »  M719\  par  Guillaume  Coustou, 
dans   le  vestibule  de  l'Hôtel   de  Ville. 


A  visiter  la  nouvelle  salle  du  Conseil  municipal,  aménagée  en 
1897.  Cette  salle,  disposée  en  hémicycle  avec  gradins,  est  voiîtée 
«dans  le  style  du  vestibule  d'entrée  ;  elle  contient  sept  grands  pan- 
neaux décoratifs  de  M^^^  Cornillac.  A  remarquer,  au-dessus  de  la 
porte  d'entrée,  l'imposte  en  fer  forgé  datant  du  commencement  du 
XVIIIP    siècle. 

Le  grand  escalier  d'honneur  s'ouvre  sous  le  double  portique  du 
vestibule  d'entrée  dans  l'aile  sud  ;  il  conduit  aux  salons  du  premier 
étage.  11  est  constitué  par  un  rampant  de  près  de  4  mètres  de 
largeur,  posé  sans  appui  en  dehors  des  murs  qui  lui  servent  de  cage, 
autour  desquels  il  est  disposé  en  carré  à  trois  retours  et  un  balcon  ; 
une   coupole    plafonnée   le    recouvre. 

Les  plans  de  cet  escalier,  dont  l'architecture  est  fort  remarquable, 
auraient  pour  auteur  Gérard  Désargues,  d'après  la  tradition.  La  déco- 
ration picturale,  oeuvre  de  Thomas  Blanchet,  consiste  en  une  colos- 
sale composition  comprenant  trois  parties  en  coloris  ;  les  deux  pan- 
neaux latéraux  et  la  grande  voûte  à  canne  dont  le  vaisseau  a  13  mè- 
tres sur    l  1    mètres  ;   et  des   grisailles    :   figures,   lions   et   guirlandes. 

Cette   œuvre    a    beaucoup    souffert  ;    une    couche    épaisse    de    pous- 


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sière  et  de  fuimée.  (\\u'  l'on  a  pu  nettoyer  récemment,  a  laissé 
cependant  son  emprrintr.  f)iir  iinr  tonalité  Honihrr  H'rXmdnni  mut 
toute  la  composition,   cl  HrnHihlr  Hurtout  au   plafond. 

Lr  printrr  a  voulu  rr|)rrMfntrr.  tlauH  \r  Htyjr  allrKoricjue  très 
coniplit|ur  cir  l'rixxjur.  l  Incendie  Je  Lyon,  souh  Nrron.  en  l'an- 
née 64  de   notre  ère.   dont  Srnrcjuf  a   fait   mention. 

La  grande  face  de  l'escalirr.  au  drHHUH  du  premier  rampant,  ren- 
ferme la  partie  la  mieux  conserver  ;  <-llr  représente  la  scène  même 
de    l'incendie.     Des    I  nries.     avec     des    tisons    allumés,     entourent     le 


«  La  Saône  »  '1719).  par  Nicolas  Coustou, 
dans  le  vestibule  de  l'Hôtel  de  Ville. 


temple  d'Auguste  frappé  par  la  foudre  et  en  flammes  ;  Minerve 
cherche  à  le  garantir  et  à  mettre  en  fuite  les  Furies  ;  Mercure 
presse  une  Nue  pour  en  faire  jaillir  de  l'eau  ;  Vénus  effrayée  est 
entourée  de  ses  pigeons  et  de  ses  Amours.  Au  bas  du  tableau,  le 
Rhône,  d'un  côté,  la  Saône,  de  l'autre,  semblent  épouvantés  ;  les 
habitants  ont  des  attitudes  de  désespoir  et  de  terreur.  Cette  grande 
composition  aux  figures  colossales  est  peinte  dans  une  savante  com- 
binaison de  clairs  et  d'obscurs. 

En  face,  un  panneau  m.oins  considérable  montre  des  marchands, 
des  paysans  venant  à  Lyon  le  lendemain  et  n  y  trouvant  que  des 
ruines. 

Une  dernière  partie  tient  la  voûte  tout  entière.  Tout  près  de  la 
corniche,  du  côté  nord,  le  Sommeil  dort  sous  le  voile  de  la  Nuit 
parsemé  d'étoiles.  En  se  rapprochant  du  centre,  on  voit  l'Aurore 
qui  éclaire  la  composition,  puis  le  Char  du  Soleil.  Le  Conseil  des 
dieux,  tout  autour,  est  réuni  pour  s'entretenir  du  désastre  ;  l'Amour 
supplie  Jupiter  et  Junon  d'arrêter  l'incendie  ;  la  Gloire,  dans  l'éloi- 
gnement,   présage  le  rétablissement  et  la   grandeur  de  la  ville.   Dans 


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» 


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les  cintres  do  la  voûte,  sont  Ir»  quatrr  parties  du  monde,  en  rela- 
tion avec  Lyon  par  Ir  comnicrcr  :  l'Afrique  sous  le  voile  àr  la 
>Juit.  rAHi.^  avec  un  encrnHoir  n  la  main  ri  un  chameau  à  non  côté, 
rAmrricjue  coiffer  d«-  plimirs,  riùjroi>e  Hur  ui»  lrc)f)hre,  f-.rr»entenl 
leur»  produits. 

Au  rez-cIe-chauHsrr.  (jiiatrc  ^^randes  fn<ureH  en  Krisaill'*n  repré- 
sentent le»  Gaules  ;  des  lions  ft  i\rs  v^uirlandcH  décorent  !'•  dessouH  de 
la   rampe. 


Hôtel  de  Ville 

Paroi  ouest  du  grand  escalier  (1662-1667) 

par  Thomas  Blanchet. 

Cette  grande  décoration  n'est  pas  une  fresque,  mais  une  peinture 
à  l'huile  appliquée  directement  sur  le  mur  nu  ;  elle  fut  exécutée 
de  1662  à  1667. 

§  4.  Les  Salons.  —  \^  La  Loge  :  L'entrée  en  est  à  droite,  à  l'extré- 
mité du  balcon  du  grand  escalier.  C'est  une  loggia  ouverte  par  trois 
grandes  baies  et  un  balcon  central  sur  la  cour  d'honneur.  Ancienne 
chapelle  de  l'Hôtel  de  Ville,  actuellement  elle  sert  de  galerie  d'entrée 
à  la  Grande  Salle  des  Fêtes.  En  face  de  la  porte  de  l'escalier,  une 
tapisserie  de  Flandre  du  XVII^  siècle  couvre  l'ouverture  d'une  fenêtre. 

2°  La  Grande  Salle  des  Fêtes,  à  l'extrémité  du  balcon  du  grand 
escalier.  La  décoration  actuelle  a  été  exécutée  de  1862  à  l868.  La 
salle  primitive,  complètement  détruite  par  l'incendie  de  1674,  était 
d'une  richesse  extrême  et  comportait  de  vastes  compositions  d^ 
Blanchet  ayant  pour  sujet  :  le  Temple  d'Auguste,  hâti  par  les  soixante 
nations   gauloises.    La   décoration    actuelle,    dans   le    style    des    grands 


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o 


> 


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yaloMH  uorfl  flf  Vrdiixrc  a  rie  trCH  hahilniimt  rxr(  utrr.  L-i  r  Ijrrninrr, 
en  inarbrr  blaiu  ,  rst  du  statuaire  Cmllaumr  lioimrt,  ri  rrprr»ente 
une  allégorie  dr  la  Ville  de  Lyon.  En  fac  r  »!<■  la  cheminée,  une 
tapiHHerlr  inodrriir  d'Aubusaon.  dite  le  Jardin  des  Amazoncn,  renn- 
plil  un  Krand  i)aiinrau.  Au  <c*nlrr  i\r  la  Hall'*,  (juiilff  rnrdailjon» 
DvalrH,  en  caniaïru  blru.  dr  Jobbr  Du  val,  Ich  Quatre  SaiHortH.  Du 
côte  est.  deux  grands  nirdaillous  peints,  de  Jobbc  Duval.  la  Pru- 
dence et  la  horcc,  tjui  dtvairnl  être  exécutera  en  tapisserie  ;  sur  les 
côtés  nord  et  sud.  des  copies  m  peinture  des  médaillons  de  bronze 
de  la   façade. 

3"  Le  Salon  Louis  XIIL  dan.s  le  pavillon  sud-ouest,  présente  une 
grande  analo^çie  avec  la  Salle  de  l'Abondance,  située  au-dessous  : 
plafond  à  la  française,  formé  de  poutrelles  à  rosaces  supportées  par 
des  poutres  décorées,  celles  ci  soutenues  par  des  contre-fiches  dissi- 
mulées par  les  cariatides  inclinées  ;  haute  cheminée  en  pierre  sculp- 
tée. Cette  salle  fut  épargnée  par  l'incendie  de  1674  et  conserve  le 
cachet  du  style  Louis  Xlll.  alors  que  les  salons  de  l'aile  sud  se 
réfèrent  exclusivement  au   style  Louis   XIV. 

4"  Salon  Henri  IV,  de  l'autre  côté  de  la  Salle  des  Fêtes,  dans  le 
pavillon  nord-ouest,  faisant  pendant  au  Salon  Louis  Xlll.  Les  boise- 
ries, la  cheminée  monumentale,  les  sculptures  du  plafond,  toute  l^ 
décoration  enfin,  date  des  années  1670  a  1675  et  appartient  à  la  pr!î- 
mière  période  du  règne  de  Louis  XIV.  La  brocatelle  tendue  sur  les 
murs,  de  style  de  l'époque,  a  été  placée  en  1868.  Le  plafond  est 
constitué  par  une  toile  de  Thomas  Blanchet.  que  l'on  regarde  comme 
son  chef-d'œuvre.  L'allégorie  qu'il  représente  peut  être  déterminée  : 
la  Gloire  de  Louis  XIV .  La  composition  est  divisée  en  deux  parties  : 
en  haut,  une  femme  couronnée,  la  Royauté,  assise  sur  un  lion,  tient 
un  sceptre  d'une  main  et.  de  l'autre,  une  fleur  de  lis  ;  elle  est 
entourée  d'une  couronne  de  feuillage  se  liant  avec  des  figures 
représentant  les  vertus  cardinales.  Au  bas,  une  figure  rayonnante 
de  lumière,  debout  sur  le  globe  terrestre,  tenant  dans  ses  mains 
le  cercle  de  l'Infini,  la  Religion,  domine  les  dieux  de  la  mythologie 
qui  disparaissent  dans  le  bas  de  la  composition.  Au  milieu,  le  chceur 
des  Muses  se  déroule  autour  et  au  bas  du  premier  groupe  et  se 
termine  par  Erato,  qui  se  confond  avec  le  groupe  des  dieux,  tandis 
qu'en  avant,  Polymnie  peint,  sur  un  bouclier  soutenu  par  un  Génie, 
le    portrait   de   Louis   XIV. 

Charles  Blanc,  dans  son  Histoire  des  Peintres  de  toutes  les  écoles^ 
s'exprime  ainsi  au  sujet  de  cette  composition  :  «  L'aisance,  le  natu- 
rel et  la  grâce  de  l'Ecole  française  y  sont  mêlés  à  la  science  acadé- 
mique des  Bolonais  et  heureusement  la  corrigent.  Le  dessin  est 
ferme,  les  reccourcis  en  sont  justes  et  si  peu  cherchés  que  ion  s'en 
aperçoit  à  peine.  Rien  de  tourmenté  dans  les  mouvements,  rien  de 
forcé  dans  les  gestes.  Cela  est  bien  supérieur  à  tous  les  plafonds  de 
Mignard  et  moins  lourd  que  les  plafonds  de  Lebrun.  Le  ton  des 
chairs  rappelle  La  Hire.  Les  draperies  sont  d'un  beau  choix  et 
moins  chargées  que  celles  de  Poussin.  Les  couleurs  en  sont  habile- 
ment rompues  et  harmonisées  par  quelque  fine  transition  partout 
où  elles  sont  vives.  Quoique  ce  grand  morceau  soit  peint  à  l'huile, 
il  a  encore  tout  le  blond,  toute  la  transparence  d'une  fresque  ;  l'éclat 
en  est  tempéré  et  la  perspective  aérienne  le  creuse  et  l'agrandit  ;  les 
figures  des  plans  éloignés  s'effacent  dans  une  vaguesse  qui  fait 
penser  à  Lesueur.  Çà  et  là  ressortent  quelques  têtes  charmantes, 
morbides   et   toutes   françaises.    »    (T.    III,    Appendice.) 


-(  80 


Hôtel  de  Ville  :  Plafond  du  Salon  Henri  IV    1675) 
par  Thomas  Blanchet. 


-(  81  )- 

5"  /-u  Salle  des  ArnioiricH,  situer  daiiH  lajlr  iinul,  à  la  HUitr  ri  h 
l'est  dr  la  Salir  Hrnri  IV.  était  lantichambrr  dr»  Salira  du  Connulat 
et  dr  la  C'ouHrrvation.  l-rs  inur.s  rtairrit  rrinplin  autrrfoiM  p.ir  Irn 
portraitM  drs  I"*rrvôtM  dr.s  marc  liandH  rt  d*Il(  hrviiiM,  dr Iriiits  rn  1792  ; 
on  IrH  a  rrinpla(  r.s  dans  Irurs  ancimn  cadrrM  par  Irurn  iirinoirirs. 
Crtlr  salir  rrnfrrinr  (\r  brllrs  boiseries  anciennes  et  un  plafrmfl  k 
la    française. 

6"  I.c  Sulon  du  C  ansulat,  dans  lecniel  le  Consulat,  ('est  à-dire 
l'Administration    inunicipalr    antérieure    h    la    Révolution,     tenait    «es 


Hôtel  de  Ville  :  Salon  du  Consulat 


séances.  La  décoration  très  riche  de  ce  salon  a  inspiré  toute  la 
restauration  effectuée  à  l'Hôtel  de  Ville  de  1858  à  1866.  Une  toile 
de  Thomas  Blanchet.  peinte  en  1660,  forme  le  centre  d'un  plafond 
à  motifs  sculptés  et  dorés  ;  son  sujet  est  :  la  Grandeur  consulaire  de 
Lyon  ;  la  Ville  de  Lyon  tend  la  main  droite  à  Mercure  qui  lui 
remet  un  globe  d'or  symbolisant  le  Monde  ;  de  sa  main  gauche, 
elle  s'appuie  sur  un  lion  ;  elle  est  entourée  de  figures  allégoriques  : 
à  sa  droite,  la  Justice,  le  Change  et  l'Industrie  ;  au-dessous  la  Force 
et  l'Eloquence  ;  à  sa  gauche,  la  Noblesse  consulaire,  la  Charité  et 
la  Piété  ;  au  milieu,  la  Magnijicence  présente  un  plan  de  la  Ville 
soutenu  par  deux  Génies  ;  deux  Renommées  sonnent  de  la  trom- 
pette. 

La  cheminée,  charmante  de  composition,  est  surmontée  de  deux 
statues  en  bois,  la  Philosophie  et  la  Vérité,  exécutées  par  le  sta- 
tuaire Nicolas  Lefebvre  en  1660.  Les  boiseries,  restaurées  en  1863, 
sont  recouvertes  par  d'exquises  peintures,  œuvre  d'Alexandre  De- 
nuelle,  qui  reconstitua  avec  une  rare  habileté  les  décorations  an- 
ciennes. En  1793  et  1794,  le  Tribunal  dit  Commission  révolvJ.ionnaire» 

6 


-(  82  )- 

chargé   de   juger    les    personnes    poursuivies    pendant    la   Terreur   à    la 
suite   du  siège   de   Lyon,   tint  ses  séances   dans   cette   salle. 

7"  Le  Salon  de  la  Conservation,  a  l'est  du  précédent,  servait,  avant 
la  Révolution,  aux  audiences  du  Tribunal  de  la  Conservation,  ou 
Tribunal  de  Commerce  de  l'Ancien  Régime,  qui  était  une  dépen- 
dance du  Consulat.  Le  plafond,  représentant  la  Justice  poursuivant 
les  Vices,  a  été  peint  par  Thomas  Blanchet  dans  les  années  1668  et 
1669.  En  haut,  une  figure  voilée  (la  Loi)  tient  à  la  mam  droite  un 
sceptre  avec  un  œil,   et  de  la   main   gauche   une  lampe  ardente  ;   au- 


Hôtel  de  Ville  :   Salle  des  Anciennes  Archives. 


dessous,  une  figure  couronnée  tient  un  glaive  d'une  main  et  de 
l'autre  un  bouclier  sur  lequel  est  le  Soleil  ;  de  chaque  côté,  des 
Génies  tiennent  des  balances,  des  palmes  et  des  miroirs.  En  bas,  les 
Vices,  tels  que  la  Chicane,  la  Fraude,  le  Mensonge,  l'Envie,  la 
Rage.  Aux  quatre  coins,  dans  quatre  panneaux  circulaires,  la  l  idé- 
lité,  l'Abondance,  l'Agriculture  et  le  Commerce.  Au-dessus  des 
portes,  quatre  plaques  de  marbre  portent  des  inscriptions  en  latin 
relatives  à  l'installation  du  Tribunal  de  la  Conservation  (1669),  à  la 
guerre  de  Hollande  (1672),  à  l'application  de  l'ordonnance  royale 
sdr  le  commerce  (1674)  et  à  la  restauration  de  la  salle  (1706). 

Sur  les  murs,  quatre  tableaux  représentent  les  portraits  de  l'archi- 
tecte Philibert  Delorme,  des  sculpteurs  Coysevcx  et  Guillaume  Cous- 
tou,  de  Jacquard  ;  sur  la  cheminée,  un  tableau  de  fleurs  du  peintre 
Chabal-Dussurget,  et,  en  face,  un  tableau  de  Jacques  Martin,  Fruc- 
tidor. Dans  les  angles,  quatre  bustes  d'anciens  Maires  de  Lyon.  La 
cheminée,    en   marbre,    date    de    1865. 

8^  La  Salle  des  Anciennes  Archives,  vaste  pièce  voiitée,  fait  suite 
à  la  précédente.  Destinée  à  contenir  les  Archives  de  la  Ville,  elle 
est  voijtée  au-dessus  aussi  bien  qu'au-dessous.  Les  murs  sont  couverts, 


■  -(  83  )-  - 

sur  une  hauteur  i\r  plus  de:  2  mètrcH.  dr  boiHrrirg  ancirnnrs  rn  noyrr 
fort  rernarcjual>l<*M.  l.a  drcoration.  à  lit  voûlr  rt  aux  [Jiiroih.  n  rtr 
exécuter    par    Drnurllr   m    IH()4.    tra|)rrH    Irn    uuAtin   cJu    XVIT    nict  Ir. 

A  l'est  de  la  Salir  drs  Ar<  liivrM.  ou  trouvr  un  prtil  <  ahinrt  orné 
de  boiseries  ancienne»  et  d'un  plafond  peint,  représentant,  dan»  un 
lurdaillcju  criilral.  deux  Amours  entourés  d'un  cadre  de  t^rotesqur» 
j^enrr  Brraiii.  datanl  cir  la  fin  du  XVII'  siècle  ou  du  (  orninriK  rrnent 
du  XVIir  ,  et  dont  l'attribution  probable  doit  rtrr  faitr  au  Lyonnais 
Claude  Audran  tjui  se  spécialisa  dans  ce  t^enre  de  peinture  et  qui 
mourut    en    1734. 

9'*  Appartements  Impériaux  :  Ici  se  termine  la  série  drs  Salons 
historiques  et  roininrncrnt  1rs  appartements  préparés  en  1859  pour 
Napoléon  III.  Ils  comprennent  :  a)  la  Salle  des  dardes,  dans  larjurllr 
on  a  placé  une  réduction  en  bronze  de  la  statue  du  sergent  Blan- 
dan,  de  Lamothe.  élevée  sur  la  place  Sathonay,  et  un  tableau  du 
peintre  Bonnardel.  représentant  une  séance  du  Conseil  municipal 
en  1899  ;  h)  la  Chambre  de  Napoléon  111.  tendue  en  damas  vert  ; 
c)  le  Boudoir,  dont  le  plafond  de  grotesques  est  analogue  à  celui  du 
cabinet  dont  il  vient  d'être  parlé  quelques  lignes  plus  haut.  Dans 
le  médaillon  central.  Denuelle  a  peint  l'Aurore.  Sur  les  boiseries,  le 
même  artiste  a  reporté  des  décorations  anciennes  fort  .curieuses 
retrouvées  sur  le  mur  nu  sous  des  couches  de  badigeon  ;  d)  la 
Chambre  de  l  Impératrice  Eugénie,  tendue  de  lampas  bleu  ciel  ; 
au  plafond,  un  médaillon  de  Denuelle.  le  Jour  et  la  Nuit,  et,  dans 
les  angles,  des  têtes  de  satyres  ;  e)  le  Salon  impérial,  a  l'extrémité 
est  de  l'Hôtel  de  Ville,  sur  la  place  de  la  Comédie,  tendu  de  bro- 
card à  fond  grenat,  est  décoré  sur  les  panneaux  des  boiseries  d  em- 
blèmes impériaux  par  Denuelle,  et.  au  plafond,  d'une  toile  du  peintre 
lyonnais  Janmot  représentant  une  allégorie  de  la  Ville,  sous  les 
traits  de  la  Souveraine  entourée  de  diverses  figures  :  la  Soierie,  les 
Arts,  les  Lettres,  etc.  Signalons,  sur  la  cheminée,  une  allégorie  du 
Sujjrage  universel,  par  le  peintre  Domer  ;  au  milieu  de  l'entable- 
ment de  cette  cheminée,  une  réduction  en  bronze  de  la  statue  de 
Michel-Ange,  le  Penseur  ;  au-dessous  de  l'entablement,  quatre  caria- 
tides en   marbre   blanc   représentent  les  quatre   Saisons. 

10^  Salons  de  l'aile  sud  :  Ils  constituaient  autrefois  les  apparte- 
ments destinés  aux  Préfets  du  Rhône  et  furent  réparés  en  1858  et 
1859.   Ils  sont  réunis  à  l'aile  nord  par  deux  galeries. 

La  décoration  de  ces  salons  est  toute  moderne  ;  nous  nous  bor- 
nerons à  indiquer,  en  commençant  à  l'est  :  a)  le  Salon  jaune,  en 
bois  des  îles  et  damas  or  ;  h)  une  Antichambre  aux  boiseries  an- 
ciennes, dans  laquelle  se  trouve  un  grand  coffre  en  bois  de  chêne 
du  XVI*^  siècle,  destiné  à  contenir  autrefois  les  tapisseries  de  la  Ville  ; 
c)  la  Salle  à  manger,  au  plafond  à  caissons,  qui  renferme  un  tableau 
de  fleurs  du  peintre  Saint-Jean  placé  sur  la  cheminée  et  quatre 
panneaux  au-dessus  des  portes  représentant  des  Vues  de  la  Cam- 
pagne Romaine  par  le  peintre  Ponthus-Cinier  ;  d)  le  Salon  blanc, 
qui  tire  son  nom  d'un  superbe  lampas  a  fond  clair  dont  il  est  entiè- 
rement tendu  ;  au  plafond  et  sur  les  boiseries,  m.otifs  délicats  et 
exquis  de  décoration  ;  e)  les  Salons  rouges  qui  terminent  à  l'ouest 
les  salons  de  l'aile  sud  ;  ils  sont  au  nombre  de  deux,  le  grand  à  l'est 
et  ^le  petit  à  l'ouest  ;  leur  dénomination  provient  des  tentures  en 
lampas  rouge,  aux  motifs  différents  pour  chacun  d'eux,  dont  leurs 
murs  sont  garnis.  Dans  le  grand,  quatre  médaillons  de  Denuelle 
au   plafond    :   la  Peinture,   la   Musique,    la  Poésie,   la   Science  ;   dans 


■(  84  )- 


Hôtel  de  Ville  :  Plafond  de  Boudoir, 
peintures  d'un  artiste    r.connu  du  XV H'  siècle  et  de  Denuelle     I86C) 
(  D'après  la  «  Monographie  »  de  T«  Desjardins. j 


-(  85  )- 

l-E  petit,  (|uatrc  .uitrrH  mrtlaillonM  du  mcmr  printrr,  rrprrMrntant  les 
qiiatrr  ï)l»asf'.s  de-  la  proflin  lion  dr  la  soierie  :  Récolte  Je»  jcuillca  de 
mûrier.    Mintlinam-,   l' ilatitrc   r\     I  issafic 

L«*  |)ftit  Salon  rou^^f  H'oiivrr  sur  Ir  balcon  du  ({rand  cHcalier,  à 
pru    c\r    dislaruc*    f\r    la    Cirandc    Salir    den    IcrtrM. 

î^  5.  Li:  DlUXlf-MI.  iviACiK  r.st  occupr  en  jurande  partir  par  \tn 
Archives  muni(  ifDalcr.  ;  on  y  accrdr  par  leHcalifr  elli[)tif|ue  faisant 
synit'trie  aver  le  ^rand  escalier.  A  Hi^çn{»ler.  dans  la  montée,  une 
grille  de  fenêtre  en  fer  forgé,  du  XVII*  siècle,  fermant  unf*  ouverture 
sur    la    Lojîe. 

P.    KOCHKX. 


PALAIS  DES  ARTS 

ANCIENNE    ABBAYE   DLIS    BÉNÉDICTINES    DE    SAINT-PIERRE 

L'Abbaye  des  Dames  de  Saint-Pierre  est  une  des  plus  anciennes 
fondations  religieuses  de  la  ville  de  Lyon.  Aux  termes  d'un  diplôme, 
daté  de  la  vingt-sixième  année  du  règne  de  Contran,  cette  Abbaye 
aurait  été  fondée  vers  la  fin  du  V-  siècle,  par  Godegisèle,  quatrième 
fils  de  Gundioc,  roi  des  Burgondes,  et  par  sa  femme  Teudelinde. 
Recherchée  jusqu'au  VIII'-'  siècle  pour  la  sépulture  des  grands  per- 
sonnages, elle  fut,  à  cette  époque,  complètement  détruite  par  les 
Sarrasins.  L'Abbaye  comptait  alors  trente-deux  religieuses  et  n'oc- 
cupait qu'une  partie  de  l'emplacement  du  Palais  des  Arts  actuel. 
Ce  fut  l'archevêque  Leydrade  qui,  en  799-814.  la  releva  de  ses 
ruines  et  fit  construire  le  Monastère  sur  un  périmètre  beaucoup  plus 
étendu  ;    dès   cette   époque,    l'Abbaye    fut   richement   dotée. 

De  toutes  ces  constructions,  il  ne  reste  absolument  rien.  Les  bâti- 
ments que  nous  voyons  aujourd'hui  furent  élevés  d'après  les  plans 
et  les  dessins  de  François  de  Royers  de  La  Valfenière,  gentilhomme 
d'Avignon,  architecte  du  Roi,  sous  l'administration  et  par  les  soins 
des  abbesses  Anne  et  Antoinette  d'Ailly  de  Chaulnes.  La  première 
pierre  fut  posée  le  18  mars  1659  ;  l'ensemble  des  travaux  ne  parait 
avoir  été  terminé  qu'en   1687. 

Cette  Abbaye  abrita  les  Dames  Bénédictines  de  Saint-Pierre  jusqu'à 
la  Révolution.  Utilisée  comme  entrepôt  pendant  la  période  révolu- 
tionnaire, elle  fut  ensuite  cédée  à  la  Ville  par  décret  en  date  du 
12   avril    1803. 

La  Ville  y  installa  successivement  les  Musées,  la  Bourse  du  Com- 
merce, l'Ecole  des  Beaux-Arts,  la  Bibliothèque,  l'Académie  de  Lyon 
et  les  Sociétés  Savantes,  puis,  en  1865,  dans  une  nouvelle  aile  con- 
struite sur  la  rue  de  l'Hôtel-de-Ville,  les  Facultés  des  Sciences  et  des 
Lettres. 

A  la  suite  du  transfert  dans  des  édifices  spéciaux  de  la  Bourse  du 
Commerce  en  1862  et  de  la  Faculté  des  Sciences  en  1884,  la  Ville 
fit  exécuter,  de  1875  à  1890,  de  nombreux  et  importants  travaux  de 
transformation  et  de  restauration  intérieures,  afin  de  doter  les  Musées 
d  installations  plus  vastes  et  plus  appropriées  à  la  richesse  et  à 
l'importance   de   leurs   collections   artistiques. 


(  86  )- 


-(  87  ;~ 

Tc\  qu'il  Hc  prt^Mrntr*  aiijoiirf llnii.  If  Palais  dcM  ArU  est  un  vaste 
édifier  carre-  dont  la  If  il-  nr  la  phwr  dr-s  Trrrraux  prcHrnIr  unr 
mnarquablc  «up<rpo,sii  k.h  <lfM  orclrr»  dorujur  rt  corinthirn.  Au 
contre  de  ce  bâtiment  «^  trouve  une  cour  charmante.  ombragc«*. 
ornée  de  statues  et  de  fleurs  et  entourée  de  «nleries  h  portique», 
précieux   restrs  de  l'aiu  ien  C  loîlre  des  Daines   Bt-nédirtines. 

l'.n  1840.  Tari  hit«(  t«»  Dardel  (it  plat  er  dans  Irs  panneaux  rectan- 
gulaires qui  surnionleiU  les  arcades  des  porticjues.  des  moulage»  en 
plâtre  pris  au  British  Muséum,  de  Londres,  et  représentant  un  cer- 
tain nombre  de  motifs  répétés  de  la  trise  du  Parthénon  ;  ces  mou- 
lages, qui  subirrnt  liu  lion  des  intempéries  et  qui  se  décomposèrent 
rapidement,  furent  remplacés  en  1883  par  d'aulr~s  moulages  en 
plâtre  silicate,  représentant  les  mêmes  sujets.  L'architecte  Hirtci» 
profita  de  cette  restauration  pour  disposer  trois  sujets  en  couleur  sur 
chacune  des  faces  de  la  cour,  sur  un  fond  en  mosaïque  remplissant 
le  panneau,  il  fixa  au  centre  un  médaillon  en  bronze,  représentant 
les  portraits  d'anciens  artistes  lyonnais  célèbres  dans  l'architectur'*, 
la  sculpture,  la  peinture  et  la  gravure  :  Philibert  Delorme.  Coustou. 
Stella.  Coysevox.  Flandrin.  Saint-Jean.  Drevet.  de  Boissieu,  Lemot. 
Audran.    Berjon.    Simon    Maupin. 

A  l'intérieur,  îa  seule  pièce  historique  rappelant  l'ancienne  desti- 
nation du  Palais  qui  nous  ait  été  conservée  est  le  Réfectoire.  Cette 
salle  fut  décorée,  vers  1681.  sous  les  ordres  de  Thomas  Blanchet  ; 
son   plafond   est   en   voûtes   d'arêtes. 

A  chaque  retombée  des  arcs  doubleaux  a  été  placé  un  groupe  en 
stuc  de  trois  figures  de  Simon  Guillaume,  représentant  la  Charité. 
la   Pudicité.    la   Pénitence   et   la  Tempérance. 

La  porte  d'entrée  du  Réfectoire  est  surmontée  d'un  fronton  aux 
armes    d'Albert    d'Ailly. 

Le  peintre  Pierre-Louis  Crétey  a  peint  aux  deux  extrémités,  ainsi 
qu'aux  voûtes,  les  sujets  religieux  suivants  :  la  Cène,  la  Multipli- 
cation des  Pains,  V Assomption  de  la  Sainte  Vierge,  V Ascension,  le 
Prophète    Elie. 

Le  mur  faisant  face  aux  fenêtres  est  orné  de  groupes  ou  d^ 
bustes  en  stuc  de  Guillaume  Simon,  placés  soit  dans  des  niches, 
soit  sur  des  frontons  :  saint  Benoît  dans  le  rocher  de  Siabuco.  sainte 
Madeleine,  le  buste  d'Esther.  saint  Jean  l'Evangéliste,  saint  Pierre, 
le  Baptême  de  Jésus-Christ,  la  Vierge,  saint  Antoine,  sainte  Mar- 
guerite, le  buste  de  Judith,  saint  Ennemond.  Au-dessus  des  trois 
niches  renfermant  saint  Pierre,  le  Baptême  de  Jésus-Christ  et  ia 
Vierge,  est  une  décoration  formée  d'un  pavillon  frangé  porté  et 
retroussé  par  cinq  Génies  qui  soutiennent  une  banderole  et  des 
pièces  aux  armes  et  au   chiffre   de  l'Abbesse. 

Entre  chaque  fenêtre  se  trouvent  sainte  Catherine,  sainte  Barbe,  le 
buste  de  Débora  et  celui  de  ia  Mère  des  Macchabées. 

Le  grand  escalier  situé  côté  rue  Paul-Chenavard.  est  décoré  d'après 
les  dessins  de  Thomas  Blanchet  :  les  balustres  et  la  rampe  sont  en 
marbre  noir.  Les  deux  portes  placées  sur  le  palier  d'arrivée  suppor- 
tent chacune  deux  Génies  ;  la  corniche  supérieure,  d'ordre  corin- 
thien, sert  de  base  à  huit  Vertus.  Toutes  ces  figures,  en  stuc  poli, 
furent    exécutées    par    Nicolas    Bidan    et   Simon    Guillaume. 

C.  Meysson. 


(  88 


EGLISE  SAINT-PIERRE 

Seul,    le    porche    de    cette    ancienne    chapelle    des    Dames    Bénédic 
Cnes  de  l'Abbaye  Royale  de  Saint-Pierre  mérite   une  attention  parti- 


Porte  de  l'ancienne  Eglise  Saint-Pierre.  IX'   siècle. 

cuiière.  Les  colonnes,  les  chapiteaux,  la  voûte  et  tous  les  détails  de 
ce  porche  du  IX^  siècle  sont  d'une  très  grande  pureté,  et  cet  antique 
débris  est  un  des  plus  beaux  fragments  de  l'architecture  romane 
ayant  survécu  dans  notre  ville  aux  injures  du  temps  et  des  hommes. 
Quant  à  l'église  qui  fait  suite  à  ce  porche,  construite  une  première 
fois  à  la  fin  du  V*^  siècle,  détruite  ensuite  par  les  Sarrasins,  recon- 
struite une  seconde  fois  à  la  fin  du  XII^  siècle,  elle  fut  réédifiée  une 
troisième  fois,  vers  les  XVIF  et  XVIII^  siècles.  Banale,  mais  somp- 
tueuse,   elle    renferme    quelques    bons    tableaux    de    Trémolières    et 

Restout.  C.  Meysson. 


-(  8'^ 


Musi:i:  1)1  :s  antiques 

Ln  Ville*  cl<*  Lyon  po.ssrdc.  rrunir  au  P*  lais  Saint  Pirrr<*.  une 
richr  collfction  cranlicjuitt'H.  prin<  ipalrnit-nt  ^allo  roinainr-i,  qui  pro- 
viennent surtout  cir  son  pro[)rr  .sol  ri  altrHtrnt  avrc  rrlat  l'irnfifjrtanc  r 
et  la  gloire  de  la  cité  aux  premiers  sièrle.s  de  notre  ère,  quanrl  elle 
était  la  capitale  des  Gaules  et  lu  seconde  ville  de   1  f'impire. 

Ces  collections  ne  (onstituent  pas  un  ens<Mnl)le  unifjue.  Au  rez-de- 
chaussée,  sous  les  porticjues  formant  le  pourtour  de  la  cour  inté- 
rieure, sont  disposés  les  monuments  épi^^raphiques.  presque  dans 
leur  totalité  :  cette  y;alerie  est,  en  ce  genre,  la  plus  belle  que  pos- 
sède la  France.  Dans  une  des  salles  du  musée  de  sculpture,  sont 
rangés,  avec  quelfjues  autres  inscriptions,  de  beaux  sarcophages  de 
marbre.  Au  premier  étage,  faisant  suite  à  la  salle  des  Médailles,  où 
les  monnaies  grecques  et  romaines  occupent  une  série  de  vitrines, 
s'étend  la  grande  salle  dite  proprement  des  Antiques,  où  sont  réunis 
bronzes,  terres  cuites,  vases  peints  et  sigillés,  bijoux  et  objets 
divers,  d'ornementation  ou  de  mobilier.  Enfin,  de  grandes  et  belles 
mosaïques  de  l'époque  romaine,  à  sujets  figurés,  garnissent  le  sol 
de  plusieurs  salles  du   musée,   aux   divers  étages. 

I.  Musée  EpiGRAPHIQUE.  —  Les  inscriptions  romaines  gravées  sur 
des  pierres  sculptées  (autels,  piédestaux,  sarcophages,  stèles,  etc.) 
comprennent  cinq  catégories,  d'ailleurs  mélangées  dans  la  disposi- 
tion :  les  inscriptions  relatives  aux  empereurs,  aux  sénateurs  et  che- 
valiers, aux  dignitaires  et  fonctionnaires  de  tous  ordres,  civils,  mili- 
taires et  religieux  ;  les  inscriptions  municipales,  ayant  rapport  à  la 
colonie  lyonnaise  et  à  ses  fonctionnaires  spéciaux  ;  les  inscriptions 
relatives  à  des  dieux  ou  à  des  déesses  ;  enfin  les  inscriptions  sim- 
plement   funéraires,    et    les    inscriptions    chrétiennes. 

Dans  la  première  catégorie,  il  faut  signaler  d'abord,  sous  les 
arcades  (arcade  XXVIll),  des  débris  colossaux  de  l'autel  dédié  à 
Rome  et  à  Auguste  sur  le  penchant  de  la  colline  Saint-Sébastien  : 
ils  sont  ornés  de  guirlandes  de  feuilles  de  chêne,  et  l'un  porte  les 
deux  premières  lettres  de  l'inscription  Romae  et  Augusto,  gravée  à 
la  base  du  monument.  Un  intérêt  particulier  s'attache  aussi  aux  autels 
tauroboliques,  au  nombre  de  six,  monuments  ornés  presque  tous 
d'une  tête  de  taureau,  d'une  tête  de  bélier  et  d'un  couteau  de 
sacrificateur,  et  rappelant  par  leurs  inscriptions  les  sacrifices  offerts 
à  la  Mère  des  dieux  pour  le  salut  des  empereurs   Antonin   le  Pieux 

—  (cet  autel-ci  est  placé  dans  la  salle  de  Sculpture)  — ,  Commode, 
Septime-Sévère,  Caracalla  et  Géta.  Puis  ce  sont  de  nombreux  pié- 
destaux ayant  jadis  supporté  les  statues  d'anciens  gouverneurs,  pro- 
curateurs financiers  de   la  province,   curateurs   et  patrons   de  la   cité  ; 

—  des  monuments  votifs  et  des  épitaphes  de  soldats,  vétérans  de 
légions   retraités   à   Lugdunum,    etc. 

Il  faut  ranger  dans  la  seconde  catégorie  les  inscriptions  mention- 
nant des  décurions  et  autres  magistrats  municipaux,  des  sévirs  au- 
gustaux,  et  de  nombreux  citoyens  lyonnais,  appartenant  aux  corpo- 
rations diverses,  négociants  en  vins,  bateliers  du  Rhône  et  de  la 
Saône,  charpentiers,  ouvriers  et  marchands  de  toute  espèce.  On  en 
tire  des  renseignements  précieux  sur  l'organisation  commerciale  de 
Lyon  a  cette  époque.  Ici.  l'on  trouvera  les  nom?!  de  plusieurs  de  ces 


Palais  des  Arts. 

I.es  portiques  formant 
pourtour  de  la  cour 
intérieure. 


Le  long  des  parois  sont 
disposés  tous  les  mo- 
numents épigraphi  - 
ques  découverts  sui 
l'emplacement  de 
Lugdunum. 

Cl.  J.  Sylvestre.' 


-(91  )- 

prêtres  cIuh  (un  sml  pour  <  Ii.kjiu-  année)  parmi  Irn  députés  des 
soixuntr  nutionH  Kaiiloist'H.  jxnir  crlrbrrr  le  cultr  dr  Kornr  ri 
d'Au^^iiHlf  :  au  nom  i\r  <  1im<  un  rst  joint  rrlui  de  ht  rite  à  laf}urli<- 
il  appartenait.  Là  .sont  mrntionnrrH.  par  drn  inN(  rifitionH  voliveii,  de» 
divinités  de  toutes  sortrs  ;  on  sr  rend  (  oniptr  ainsi  de  la  diver»fi((' 
des  rulles  ()ui  s'étaient  répandus  dans  1  Empire  romain,  avant  \r 
triomphe  du  C'hristianismr,  à  côté  de  la  rrli^ion  trarlitionnrllr  d*^H 
grands  dieux  de  rOlymixv  Knfin.  cjurhjurs  strlrs  funrrairfs  d. 
simples  particuliers,  disséniinées  soit  sous  les  arradrs.  soit  dans  Irs 
salles  de  sculpture,  ont  encore  de  quoi  intéresser  le  visiteur,  surtout 
celles  qui,  en  petit  nombre,  portent  les  traits  des  personnages  sculp- 
tés en  bas-reliefs. 


II.  Salles  de  Sculpture.  -  La  sculpture  antique  est  représentée, 
en  fait  de  pièces  originales,  au  rez-de-chaussée  surtout,  par  quelques 
beaux  sarcophages.  Le  plus  remarquable  a  été  trouvé  à  Lyon,  au 
XVIIï'"  siècle.  H  est  en  marbre  de  Paros  et  décoré  d'un  magnifique 
bas-relief  qui  représente  le  triomphe  de  Bacchus  revenant  de  sa 
conquête  de  l'Inde.  Le  dieu  est  sur  un  char  traîné  par  deux  panthères 
et  conduit  par  des  Amoars  ;  dans  le  cortège  figurent  Ariane,  Her- 
cule, des  satyres,  des  bacchantes,  en  tout  vingt-neuf  personnages  et 
de  nombreux  animaux.  Des  sujets  ayant  également  trait  à  la  légende 
de  Bacchus  (mariage  d'Arir-ne,  mort  et  résurrection  du  dieu,  cortège 
de  Silène)  sont  figurés  sur 
un  autre  sarcophage  en 
marbre,  qui  est  aussi  de 
toute     beauté.     Moins     beau 

assurément,      mais      intéres- 
sant     par      son      originalité, 

est     le     devant     de      sarco- 
phage,   en    simple    calcaire, 

fixé    sous    l'arcade    VII     du 

portique,    et    qui    représente 

une     course     de     chars. 

Comme  tous  les  autres,   il  a 

été    découvert   à   Lyon.    Des 

masques    funèbres,     ou    lar- 
ves, de  grandes  dimensions. 

exposées    dans    la    salle    des 

Médailles,  proviennent  aussi 

de    Lyon.    Un    bas-relief   en 

marbre    blanc,    représentant 

le    sacrifice    connu    sous    le 

suovetaurilia         (im.molation 

d'un   porc,   d'un   mouton   et 

d'un     taureau),     orne     cette 

dernière     salle.     Il     provient 

de  Beau  jeu. 


III.       Grande      Salle      des      Musée  du  Palais  des  Arts  :  grande  Salle  des  Antiques; 
Antiques.   —  L'époque   pré-  ^^^  bronzes.    Cl.  J.  Sylvestre. I 

historique  y  est  représentée 

par  des  haches  et  instruments  divers  en  silex  taillés  ou  polis  ;  l'âge 
du  Bronze  par  les  quatre  roues  d'un  chariot  qui  devait  figurer  jadis 
dans  des  cortèges  religieux,  eu  égard  aux  débris  qui  y  étaient  joints, 


(  92  }- 


au  lieu  de  la  découverte,  a  la  Côte-Saint- André  (Isère),  en  1888. 
C'est  une  précieuse  rareté.  Une  autre  pièce,  également  très  originale, 
consiste   en   une  série   de   fragments   d'une   grande   plaque   de   bronze, 

sur  laquelle  était  gravé  un 
calendrier  gaulois.  Ces  frag- 
ments, trouvés  en  1897,  à 
Coligny  (Ain),  sont  disposés 
dans  une  vitrine  du  V2st.'- 
bule  de  la  salle,  --'cns  ce 
même  vestibule,  appliquée 
contre  la  muraille,  se  voit 
la  fameuse  table  de  bronze, 
dite  Table  Claudienney  sur 
laquelle  est  inscrite,  en 
deux  colonnes,  une  partie 
du  discours  prononcé  par 
l'empereur  Claude  devant 
le  Sénat  de  Rome,  en  l'an 
48,  à  l'effet  d'obtenir  pour 
les  citoyens  romains  de  la 
Gaule  Chevelue  le  droit 
d'accès  au  Sénat  et  aux 
fonctions  de  la  carrière  sé- 
natoriale. Cette  pièce  uni- 
que, d'une  incalculable  va- 
leur, fut  trouvée  à  Lyon,  en 
1528,  sur  le  versant  de  la 
colline  Saint-Sébastien,  à 
l'emplacement  de  la  rue  ap- 
Musée  du  Palais  des  Arts:  grande  Salle  des  Antiques,  pelée,  en  souvenir  de  cette 
le  bois  sculpté.  (Cl.  J.  Sylvestre. j  découverte,   rue  des  Tables- 

Claudiennes. 
Dans  la  salle  m.ême,   une  statue  d'Aphrodite,   en  marbre  blanc,  de 
style   archaïque,   précieux  spécimen   de   l'art  grec  du  VI^'  siècle   avant 
notre  ère,   compte  aussi  parmi  les  plus  intéressants  objets  du  musée. 
Elle  provient  de  Marseille,   où  elle  a  été   trouvée  au  XVIIT   siècle. 

On  ne  saurait  ici  fournir  le  détail  de  tout  ce  qui  est  exposé  dans 
cette  salle.  Nous  nous  contenterons  de  signaler  spécialement  :  de 
beaux  vases  peints  (hydries,  canthares,  lécythes,  etc.)  ;  une  inté- 
ressante collection  de  figurines  de  terre  cuite,  dont  beaucoup  sont  de 
Tanagra  ;  une  grande  quantité  de  statuettes  de  bronze,  d'art  gréco- 
romain,  provenant  pour  une  bonne  part  du  sol  de  Lyon,  entre  autres 
une  Victoire  ailée,  un  Mercure,  une  Fortune,  un  satyre  criophore, 
etc.  ;  une  superbe  tête  de  Junon,  en  bronze  aussi,  un  beau  foyer 
portatif  du  même  m.étal.  Tout,  enfin,  dans  ces  vitrines,  depuis  les 
riches  parures  jusqu'aux  simples  ustensiles,  offre  aux  visiteurs  un. 
intérêt  artistique   ou   documentaire   de   premier   ordre. 


IV.  Mosaïques.  —  Les  mosaïques  ornant  le  sol  de  plusieurs  salles 
du  musée  sont  au  nombre  de  sept.  Dans  la  galerie  Chenavard 
(H^'  étage)  se  voient  deux  exemplaires  du  même  sujet  (Lutte  de 
r Amour  et  du  dieu  Pan),  traité  un  peu  différemment  dans  chacun 
d'eux,  et  accosté  de  sujets  accessoires  différents  ;  Orphée  au  milieu 
des  animaux  ;  l'Ivresse  de  Bacchus,  sujet  environné  de  beaux 
décors    ornementaux,    le    tout    constituant    un    ensemble    de    plus    de 


40  nu  Ires  carrés.  Dans  la  galerir  drs  Bustes,  au  rez-de-chaussée,  la 
mosaïciur  fiitr  des  Poinnons  rt  '  rllr  (Irn  Exercices  (le  la  palcêtrc. 
La  pluH  {  iiririiHC.  sinon  la  pluH  Krilr.  (  rllr  dm  Jeux  du  Cirque,  se 
troiivf   dans  la   K«»l<*r'**   ''»•   ^'•^'    .sir<  !r,   au   premier  étage.   Découverte 


Musée  du  Palais  des  Arts  :  grande  Salle  des  Antiques. 
(Cl.  J.  Sylvestre.) 


à  Lyon  vers    1815,   dans  le  quartier  d'Ainay,   elle  a  été  bien   souvent 
citée   et   reproduite    par   la   gravure. 

Enfin,  deux  têtes,  Cérès  et  Bacchus  (l'Eté  et  l'Automne)  apparte- 
nant à  une  grande  mosaïque  qui  représentait  les  Quatre  Saisons, 
et  qui  fut  trouvée  vers  la  même  époque  dans  le  quartier  des  Terreaux, 
ornent  la  muraille  du  vestibule  de  la  salle  des  Antiques,  de  chaque 
côté   de   l'entrée   de   celle-ci. 

C.  Germain  de  Montauzan, 


-(  94  )- 
LES  MUSEES 

DE  PEINTURE  ET  DE  SCULPTURE 

Entre  les  vieilles  pierres  charmantes  du  Palais  des  Arts,  autour 
d'un  jardin  paisible  dont  les  feuillages  dessinent  sur  les  murs  des 
ombres  pleines  de  grâce  et  de  majesté,  les  Musées  de  Lyon  dévelop- 
pent un  ensemble  de  galeries  d'une  richesse,  d'une  harmonie  paj- 
ticulièrement  significatives  et  rares.  L'histoire  de  l'antique  cité  est 
là,  et  aussi  le  résultat  d'un  long  effort,  d'un  goijt  passionné  ponr 
les  arts.  Sous  les  voiJtes  du  cloître,  qui  jadis  abritait  les  méditations 
et  les  entretiens  des  Dames  de  Saint-Pierre,  les  belles  inscriptions 
latines,  funéraires  ou  votives,  noircies  par  les  âges,  se  succèdent 
avec  une  sorte  de  tristesse  auguste.  Elles  rendent  ce  promenoir  pa- 
reil aux  voies  de  Rome  ancienne,  que  les  monuments  des  morts 
escortaient  de  leçons  et  d'exemples.  Les  blocs,  de  formidable  car- 
rure, les  textes  gravés  qui  les  décorent  attestent,  en  même  temps  que 
le  génie  des  civilisateurs  venus  du  Sud,  l'union  intime  des  races 
établies  sur  les  deux  collines,  au  confluent  des  deux  fleuves,  et 
dont  l'histoire  associa  les  destinées.  Nul  vestibule  de  musée  plus 
émouvant  que  celui-ci.  Michelet  l'eijt  aimé.  Son  pas,  foulant  les 
dalles  sonores,  en  eût  fait  surgir  de  grandes  ombres  et  de  grandes 
leçons.  De  ces  pierres  mutilées,  dressées  par  les  anciens,  aux  arbies 
verts  qui  balancent  une  cime  pleine  de  profondeurs  et  de  transpa- 
rences, s'établit  une  pénétrante  harmonie  où  la  nature  et  ihistoii^ 
ont  leur  part,  et  qui  prépare  à  sentir  et  a  aimer,  dans  les  galeries 
elles-mêmes,  tant  de  chefs-d'œuvre  de  tous  les  temps. 

Ici,  comme  ailleurs,  ce  sont  les  hommes  de  la  Révolution  qui,  les 
premiers,  ont  songé  à  grouper  et  à  conserver  les  richesses  d'art  de 
la  ville  pour  les  faire  servir  à  l'éducation  du  peuple.  Les  représen- 
tants en  mission  Borel,  Boisset  et  Cadroy  décidèrent  d'affecter  au 
«  Muséunri  )>  une  partie  du  Palais  Saint-Pierre,  dont  on  suspendit 
l'aliénation.  Les  artistes  lyonnais  associèrent  leurs  efforts  à  ceux  de 
la  Municipalité  pour  recueillir  les  oeuvres  destinées  aux  collections 
publiques.  Un  arrêté  des  Consuls  (avril  1802),  suivi  de  plusieurs 
autres  dans  le  cours  de  la  même  année  et  de  l'année  suivante, 
donna  une  existence  officielle  aux  Musées  Depuis  cette  date,  sons 
divers  régimes  administratifs,  ils  n'ont  cessé  de  s'accroître,  et, 
si  l'on  peut  dire,  d'évoluer.  Loin  de  constituer  une  sorte  de  dépôt 
inerte,  de  poudreuse  réserve  où  s'entassent  confusément  les  déchels 
des  générations  et  les  souvenirs  démodés  de  leurs  préférences,  ils 
ont  bénéficié  de  transformations  nombreuses.  Ils  obéissent,  non  à 
des  impulsions  mal  fondées,  non  aux  caprices  de  la  mode,  mais  aux 
nécessités  de  renouvellement  et  de  méthode  qu'implique  l'éconoinie 
d'un  organisme  vivant.  Dès  à  présent  —  et  depuis  longtemps  déjà  — 
les  Musées  de  Lyon  comptent  parmi  les  plus  belles,  les  plus  riches 
et  les   plus   harmonieuses   galeries   d'art   de   l'Europe. 

Les  maîtres  du  Moyen  Age,  de  la  Renaissance  et  des  temps 
modernes,  les  peintres  et  les  statuaires  des  grandes  écoles  sont  lar- 
gement et  glorieusement  représentés  dans  le  vieux  palais,  et  aussi 
les  artisans  obscurs  qui  surent  tailler,  polir  et  caresser  la  matière, 
assouplir  le  bois  et  l'ivoire,  associer  la  lueur  des  reflets  solaires  aux 
caprices   du   feu,    en   faisant   rayonner   les   émaux   et   les   verres.   Mais 


-(  95  )- 

l'on  rriulra  iin  Ir^iiiiiw  hommage  k  la  grande  cité  qui  les  a  réunit 
dans  son  Miiscf.  à  I  iiHlivitlualilr.  à  hx  piiiMMaïur  créatrice  dr  «on 
ctranyr  ^rnir.  .ipir  à  la  fois  à  la  hataillr  (jiioticiirnnr  <\r  l'nrlion  rt 
aux  formrs  Ks  |)Iiim  contrniplativrH  clr  rid«*alitr,  en  commrnçant  la 
visite  dcH  ^alfri*  s  par  les  sallcH  coiiHacrcrH  aux  printrrM  lyonridiN.  A 
une  époque  où  tous  les  hommes  de  pensée  sont  sollicités  par  le 
dévrlopprmrnt  c\r  l'activité  locale,  nullr  leçon  n'est  p\uH  intéres- 
sante ni  plus  précieuse  à  retenir  que  celle  d'une  jurande  écolr  cornrnc 
celle-ci.  j^roupe  forteni<iil  homogène  à  travers  les  générations  et  les 
changements  du  goût,  cl  où  l'on  peut  reconnaître  tous  les  traits 
mcuaux  de  la  ciié  qui  l'a  enfanté  et  qui  l'inspira. 

Dos  le  XVr'  siorle,  l'école  compte  des  maîir<*s.  avec  Corneille, 
expressif  et  patient  observateur  de  la  physionomie  humaine,  printre 
généreux  et  délicat.  Et  ce  sont  de  probes  artistes,  habiles  et  sobres 
exécutants,  d'une  sagesse  aimable  et  d  un  charme  savamment  mo- 
déré, que  les  portraitistes  Blanchet,  Grandon  et  Grognard.  Mais 
quelle  jolie  caresse  pour  les  yeux  que  les  fleurs  et  les  fruits  de 
Berjon.  dont  les  siècles  ont  respecté  les  veloutés  fragiles,  l'impondé- 
rable harmonie  !  Celui-là  savait  que  l'atmosphère  existe,  baigne, 
caresse  et  pénèlre  la  pulpe  des  chairs  odorantes  et  les  tissus  légers. 
Dans  le  magnifique  parterre  que  les  maîtres  lyonnais  ont  su  com- 
poser, parmi  tant  de  fleurs  charmantes  ou  somptueuses,  peintes  et 
dessinées  pour  la  décoration  des  étoffes,  les  fleurs  de  Berjon,  ses 
fruits  juteux,  pesants  et  tendres,  dorés  d'une  fine  lumière  blonde, 
ont  pour  eux  la  rareté  d'un  admirable  savoir  sans  fracas,  une  sorte 
de  bonne  grâce  familière  et  plaisante  (le  Cadeau).  Il  semble  qu'on 
les  respire,  retrouvés,  sur  le  rayon  d'un  cellier  campagnard,  sous 
le  rayon  d'un  soleil  d'automne,  bourdonnant  de  guêpes.  Michel 
Grobon  aima  sa  patrie,  dont  il  nous  a  laissé  quelques  clairs  aspects 
véridiques,  adroitement  établis,  d'un  pittoresque  aimable  et  vivant, 
d'une  égale  et  large  lumière  (le  Pigeonnier  de  Roche-Cardon,  Vue 
de  la  Cathédrale  de  Lyon).  Son  Portrait  par  lui-même  révèle  une 
âme  honnête  et  patiente,  une  finesse  rustique,  une  science  et  un 
sentiment  qui  sont  d'un  peintre.  A  la  fin  du  siècle,  l'habile,  spirituel 
et  fécond  de  Boissieu,  peintre  et  dessinateur,  mais  surtout  graveur, 
produisit  un  nombre  considérable  d'estampes  :  ses  dessins,  d'un 
faire  minutieux  et  léger  à  la  fois,  ont  la  grâce  —  parfois  un  peu 
lourde   —   de    leur    gamme    argentée. 

L'art  de  David,  qui  devait  trouver  plus  tard  en  Victor  Orsel 
(Moïse  sauvé  des  eaux)  un  continuateur  de  ses  austérités,  de  sa 
tension  pénible,  de  son  savoir,  n'eut  sur  l'école  qu'une  action  indi- 
recte et  à  longue  échéance.  Mais  l'éveil  du  sens  historique  en  France, 
au  début  du  XIX''  siècle,  les  discussions  esthétiques  et  la  découverte 
du  Moyen  Age  déterminèrent  à  Lyon  des  recherches  originales 
et  les  premières  manifestations  romantiques.  Richard  et  Révoil, 
peintres  très  médiocres,  il  faut  le  reconnaître,  eurent  le  mérite  de 
s'intéresser  au  passé  de  notre  race.  Le  Tournoi  au  XIV^  siècle,  de 
Pierre  Révoil.  est  bien  mauvais,  mais  le  peintre  était  en  même 
temps  un  habile  et  savant  collectionneur  :  ses  richesses,  acquises 
par  Charles  X  en  1828,  formèrent  le  fond  du  département  du 
Moyen  Age  et  de  la  Renai-sance  au  Louvre.  Par  là,  Révoil  est  sans 
doute  à  l'origine  du  précieux  et  amusant  bric-à-brac  qui  allait  dé- 
sormais intervenu   si  souvent  dans  l'inspiration  de  nos  artistes. 

Le  XIX^  siècle  est  la  belle  et  significative  époque  de  l'art  lyonnais, 
avec    les    grands    idéalistes    et    les    grands    paysagistes.    De    la    leçon 


-(  96  )- 

d'Ingres,  Hippolyte  Flandrin  (Le  Dante  aux  Enfers)  a  retenu  le 
sens  d'une  ligne  un  peu  sèche,  mais  simple,  mais  volontaire,  éner- 
gique, expressive.  A  ses  origines  il  doit  ce  don  d'austérité  pathé- 
tique et  cette  élévation  dans  le  sentiment  qui  le  classent  parmi  les 
grands  peintres   religieux   de   l'école   française.   Je  sais   que  sa  palette 


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Musée  du  Palais  des  Arts  :  «  La  Vierge  et  l'Enfant  Jésus  ». 
Ecole  flamande,    Maitre  inconnu. 


abonde  en  tonalités  louches,  plombées,  mais  ces  sortes  de  médita- 
tions ascétiques  répugnent  aux  agréments  et  aux  fanfares.  Chena- 
vard,  l'intelligent,  confus  et  ardent  Chenavard,  apparaît  dans  les 
Cartons  des  décorations  projetées  pour  le  Panthéon  (que  l'on  s'oc- 
cupe d'exposer  dans  un  local  à  la  fois  digne  et  capable  de  les  con- 
tenir) comme  un  de  ces  esprits  bouillonnants,  fumeux  et  féconds  qui 
font  craquer  les  arts  sous  l'abondance  des  intentions.  Lyonnais  avec 
sincérité,  homme  de  48  avec  passion,  il  fut  une  victime  de  l'idéalité 
de  sa  race  et  de  son  temps.  Mais  la  noblesse  des  aspirations  demeure 


-  (  97  )- 

intacte*    dans    (  rs    ^'raiuls    r\    larges   desflinH,    composés    avec    audace 
par   le»   plus   philoHophiqur   rt   Ir   moins  doué   des  peintres. 

L'arlislr  dr  «rnir  (jur  Lyon  a  donné  à  la  peinture  française.  Puvis 
dt*  C'havannrs,  est  rc*f)rrsrntr  par  un  rnHrrnble  d  une  ampleur  et 
d'une  qualité  exceijti()nn<-llfs.  Au  .sommet  du  ^rand  rscalirr.  se 
déploie  une  admirable  suite  décorative,  et  l'on  pénètre  flans  \ry. 
régions    sereines.    Par    delà    les    temps,    l'âge    d'or    renaît,    peuplé    de 


Musée  du  Palais  des  Arts  :  «  Fleurs  et  Fruits  »,  par   François  Vernay. 


formes  solennelles.  Les  demi-dieux,  les  héros,  les  poètes,  les  pâtres, 
les  muses  dressent,  sous  des  cieux  où  rayonne  un  soleil  éternel,  des 
corps  intacts  que  les  ans  rajeunissent.  Entre  les  arceaux  du  cloître  où 
s'exerce  et  se  purifie  la  Méditation  chrétienne,  surtout  sous  les  fron- 
daisons immortelles  du  Bois  sacré,  traversées  par  le  vol  prodigieux 
des  muses,  dans  le  décor  de  mer  et  de  rochers,  bâti  comm.e  un  temple 
qui  encadre  la  Vision  antique,  nos  aspirations,  nos  fièvres,  nos 
inquiétudes  trouvent  leur  repos  et  leur  contentement.  Dans  les  salles 
lyonnaises,  l'Automne  met  aux  murailles  la  tapisserie  magnifique  et 
délicate  d'un  verger  chargé  de  fruits,  vers  lesquels  se  dressent  pour 
les  cueillir  de  grandes  jeunes  femmes  dont  la  nudité  paisible  rayonne. 
Et  quel  émouvant  chef-d'œuvre  que  le  Portrait  de  la  femme  du 
peintre,  où  se  lit,  dans  les  traits  d'un  visage  vieilli,  patient,   attentif, 

7 


-f  98  )- 

la  flamme  discrète  des  tendresses  silencieuses,  toute  la  poésie  de 
la   vie   écoulée   ! 

Cependant  l'école  lyonnaise  produisait,  au  cours  du  XIX^"  siècle,  des 
artistes  d'une  inspiration  moins  élevée  et  moins  ample,  mais  doués 
de  talent  ou  de  curiosité  :  Soumy,  peintre  et  graveur  (le  Dédain, 
Tête  de  moine),  Bellet  du  Poisat,  élève  de  Drolling,  mais  hanté 
par  les  souvenirs  de  Delacroix  (les  Hébreux  conduits  en  captivité) 
ou  par  l'influence  de  Manet,  charmant  et  personnel  dans  la  Liseuse, 
le  populaire  Meissonier,  illustrateur  pointu,  romantique  sans  roman- 
tisme, mais  mieux  qu'habile  et  vraiment  peintre  dans  ses  esquisses 
(le  Général  Championnet  au  kord  de  la  mer).  Surtout,  à  l'ombre 
des  coteaux  modérés  du  pays  lyonnais,  dans  la  buée  qui  monte 
doucement  des  grands  fleuves  et  que  le  soleil  peuple  de  paillettes 
d'or,  au  bord  des  marais  mélancoliques,  naissait  une  école  de 
paysagistes  longtemps  obscurs,  aujourd'hui  célèbres  :  Vernay,  déli- 
cieux poète  des  campagnes  hum.ides,  verdoyantes  et  molles  ;  Car- 
rand,  dont  les  œuvres  généreusement  peintes  et  bâties  avec  une 
solidité  rude,  sont  pourtant  pénétrées  d'atmosphère,  humides  de 
fraîcheur  matinale  et,  par  la  justesse  et  la  sincérité,  atteignent  au 
style  ;  Ravier,  enfin,  dont  le  soleil  trouble  laisse  palpiter  des  rayons 
tremblants  à  traverG  des  soirs  gorgés  de  vapeurs,  Ravier  qui,  dans  la 
solitude  de  Morestel,  devant  la  même  petite  mare  triste,  fut,  à 
l'exemple  du  grand  Turner,  un  éperdu  de  la  lumière.  Tous  avaient 
subi  plus  ou  moins  l'amicale  influence  d'un  maître  qui  les  aida  à 
se  débarrasser  des  formules  et  qui  leur  fit  aimer  la  belle  matière 
peinte,  la  franchise  de  la  facture,  l'éclat  ou  la  subtilité  de  la  cou- 
leur, Joseph  Guichard  (les  Noces  de  Gamache,  le  Bal  à  la  Préfec- 
ture). Peintre  de  figures  et  paysagiste,  Seignemartin,  mort  tout 
jeune,  était  peut-être  le  plus  doué  de  sa  génération  :  la  salle  qui  lui 
est  consacrée  contient  des  oeuvres  de  premier  ordre,  où  brille,, 
vibre  et  resplendit,  avec  un  éclat  velouté,  avec  une  richesse  char- 
mante,   une   lueur   de   poésie   qui   est   d'un   maître. 

Au  centre  de  la  salle  où  sont  exposées  les  oeuvres  des  artistes 
lyonnais  vivants,  toutes  dignes,  à  des  titres  divers,  de  figurer  dans 
un  grand  musée,  rayonne  l'im.age  de  M"^^  Récamier.  Lyon,  qui  vit 
naître  tant  d'artistes,  produisit  aussi  ce  chef-d'œuvre  humain.  L'on 
voudrait  associer  plus  étroitement  le  nom  de  cette  belle  à  l'histoire 
de  l'école  et  parler  d'elle  comme  les  historiens  de  la  Renaissance 
parlent  de  Renée  de  Ferrare  ou  d'Isabelle  d'Esté.  Mais  il  suffit 
qu'elle  ait  été  Juliette  et  qu'elle  ait  servi  de  modèle  à  Chinard. 
L'excellent  maître,  qui  est  souvent  susceptible  de  quelque  séche- 
resse (le  buste  de  M^"^  Chinard,  dont  le  Musée  possède  la  terre  cuite 
originale,  n'en  est  pas  exempt,  bien  qu'il  soit  plein  de  grâce),  révèle 
ici  un  talent  souple,  élégant  et  ferme,  une  suavité,  une  qualité 
voluptueuse  et  féminine  dignes  de  Houdon.  Il  a  caressé  avec  une 
sorte  d'amour  tous  les  divins  détails  de  son  œuvre,  —  ce  beau 
sein  que  la  famille  du  modèle  jugeait  immodeste  et  sur  lequel  le 
vieil  ami  de  Brillât-Savarin,  admis  à  contempler  la  terre  cuite  ori- 
ginale, posait  un  baiser  éperdu.  Chinard  se  rattache  ainsi  à  la 
grande  tradition  de  la  sculpture  française  et  lyonnaise,  déjà  illustrée 
par  le  nom  de  Coysevcx,  et  à  laquelle  le  XIX*"  siècle  devait  ajouter 
encore  de  la  gloire  :  par  le  beau  talent  de  Dufraine,  par  exemple, 
et  par  les  bustes  de  Legendre-Héral,  sans  doute  les  meilleurs  de  ceux 
que  Lyon  a  justement  consacrés  à  la  mémoire  de  ses  plus  illustres 
enfants. 


Les  driix  ^îraiulrs  Kaltrri<*«  Hr  VraAt  française  et  des  maîtres  an- 
ciens sont  célèbrrs.  Au  centre  dune  collection  de  primitifs  de 
toutes  les  écolr.s.  un  petite  Vierge  flamande  d'un  maître  inconnu 
se  présente  conunc  l'inia^e  de  la  vertu  morlrsle,  de  la  j^râce  sérieuse. 
Elle  est  atteMilivr  <'l  sereine  et.  le  corps  noyé  dans  les  plis  d'un 
ample  manteau  trop  lourd  pour  ses  épaules  minces,  elle  semble 
une  apparition  légère  retenue  près  de  nous  par  le  seul  poids  de  ses 
voiles.     Œuvre     précieuse,     oeuvre     charmante    et    d'une     rare    poésie 


Musée  du  Palais  des  Arts  :  «  Une  Folle  »,  par  Géricault. 

d'exécution.  Tous  les  aspects  du  génie  italien  se  succèdent  avec 
magnificence.  Voici  Ferrare,  avec  une  Sainte  Camille,  onctueuse, 
profonde,  dorée,  de  Lorenzo  Costa.  Voici  l'Ombrie,  avec  l'^lscen- 
sion  de  Jésus-Christ,  du  Pérugin,  oeuvre  capitale,  peut-être  la  plus 
importante  du  Musée  de  peinture,  et,  du  même  maître,  un  groupe 
de  deux  saints  (Saint  Herculan  et  Saint  Jacques  le  Majeur),  d'une 
lumière  plus  calme,  d'une  sonorité  plus  sourde,  mais  peut-être  plus 
émouvante.  Voici  Venise,  depuis  Palma  Vecchio  ju-qu'à  Canaletto. 
Les  grandes  nudités  hardies  de  Tintoret  (Danaé)  s'abandonnent 
avec  une  gracieuse  audace  ;  YEx-voto  a  la  largeur,  la  plénitude, 
l'accent  des  plus  nobles  tableaux  du  maître  :  sainte  Catherine,  à 
genoux,  attend  son  supplice,  la  Vierge  s'incline  légèrement  vers 
elle  et,  malgré  la  tragédie  de  l'effet,  malgré  l'élan  des  deux  saints 
dont    la    puissante    carrure    s'enlève    sur    l'orage    du    ciel,    ces    deux 


-(  100  )- 

belles  femmes  heureuses  appartiennent,  comme  leurs  sœurs  païennes, 
au  peuple  des  dieux.  La  Bethsabée  de  Véronèse  semble,  non  se 
refuser,  mais  s'offrir,  avec  une  mollesse  paisible,  dans  la  tiédeur 
de  lair.  La  Lucrèce  de  Canlassi,  vaillamment  peinte,  un  charmant 
Panini,    et    bien    d'autres    œuvres    encore,    attestent    la    richesse    et    la 


Musée  du  Palais  des  Arts  :   «  La  Rue  des  Saules  »,  par  Corot 


qualité  de  la  série  italienne.  L'Espagne  a  Ribera,  Alonso  Cano, 
le  Greco,  surtout  un  Saint  François  d'Assise  de  Zurbaran  d'une 
simplicité  et  d'une  puissance  d'expression  extraordinaires.  A  de 
pareils  modèles,  dévorés  par  la  vie  intérieure  et  desséchés  encore 
par  la  flamme  d'un  art  brûlant  et  concentré,  la  Hollande  oppose 
les  fraîcheurs  d'une  peinture  ombreuse  et  profonde.  Au  bord  des 
flots,  sous  des  feuillages  qu'a  ployés  pour  toujours  le  vent  de  la 
mer,  s'élève  la  Maison  rustique  de  Van  Goyen,  et  je  n'en  sais  pas  de 
plus  belle,  même  au  Louvre,  même  au  Musée  Jacquemart-André. 
Des    nuées    d'argent    filent    à    grands    traits    au-dessus    de    la    Marée 


in  r1  fi  aVn_r-\  r-j  c;^  —  g^n  "c3:B;j^  ^^ 


?  f^   -«Hr^^^^ 


-(  101  )- 

basse  dp  Vai»  cir  Vrlde.  Les  torrrnts  d'Evcrdin^rn  bondiHHent  et 
HcintilU'nt  rntrt  cIph  rorhcr8  noirH  et  des  pins  dr  Norvct<r.  Trrburg 
(le  Mcssufic)  fait  palpiter  douer mrnt  sur  les  vrlourH  ft  sur  1«*h  linyr» 
If  jour  tainist'  drs  parloir».  L<'h  i^aHMauls  dr  rcH  payMaj^rs.  Icm  hôtrs 
de  ces  demrurrs  sont  là.  tout*'  uiu*  hourv^roisic  solidr.  d'une  gravité 
bonhomme  ou  rct  ufillir  ;  \rn  dames  de  Miereveldt,  dont  le  frais 
visaK<'  repose  coinine  un  boucuiet  sur  la  collerette  en  toile  raide 
ajoure:  de  d<'nl<*lles.  la  souriante  quincjuagénaire  de  Van  der  Helst, 
le  Jeune  Garçon  de  Van  Oost.  tout  pétri  d'innocence,  le  Jeune 
Scifincur    de    Van    Noordt,    jusqu'à    cette    physionomie    puissante    et 


Musée  du  Palais  des  Arts  :  «  Un  Quai  »,  par  Carrand. 


tourmentée  peinte  par  un  maître  flamand  inconnu  avec  une  autorité 
qui  fait  penser  à  la  plus  grande  époque  de  Franz  Hais  :  le  Portrait  de 
Jacques  Stella.  Rubens  et  Jordaens  imposent  leur  généreuse  santé, 
leur  verve  héroïque.  Saint  François,  saint  Dominique  et  plusieurs 
autres  saints  préservent  le  monde  de  la  colère  de  Jésus-Christ  : 
l'élan  d'un  cinquième  acte  emporte  ces  beaux  acteurs  athlétiques, 
l'ardeur  et  la  légèreté  du  ton  semblent  faire  courir  une  flamm.e 
subtile    à    travers    toute    l'action. 

Entre  la  galerie  des  maîtres  anciens  et  les  salles  de  l'école  fran- 
çaise, un  choix  de  tableaux  de  fleurs  fait  voir  quelques  oeuvres 
intéressantes  de  Monnoyer,  de  Daniel  Seghers,  d'Abraham  Mignon. 
Des  fruits  de  Van  Son,  grassement  peints,  évoquent  le  souvenir  du 
Lyonnais  Vollon,  bien  représenté  parmi  ses  compatriotes  (les  Œujs, 
une  Vallée).  Quelques  bouquets  de  Van  Spaendonck  montrent  aux 
élèves  peintres,  aux  copistes  et  au  public  un  exemple  des  défauts 
où  peut  conduire  une  grande  habileté,  quand  on  oublie  que  la  fleur 
est  matière  souple  et  vivante,  née  des  souffles  légers  qui  courent 
au-dessus  de  la  terre,  et  non  pas  quelque  dur  bijou  ciselé  dans  le 
porphyre.    Les    œuvres    de    la     grande     galerie     française    présentent 


-(  102  )- 

les  aspects  successifs  de  notre  génie  pittoresque.  Les  beaux  Por- 
traits de  Rigaud  affirment  la  force,  la  libéralité,  la  carrure  intel- 
lectuelle et  morale  de  l'élite  réaliste  et  bourgeoise  ;  les  visages 
colorés  et  pleins  des  robins  parvenus  prennent  un  air  de  sei- 
gneurie ;  Pierre  Drevet,  Lyonnais  et  graveur,  porte,  sur  sa  phy- 
sionomie de  bonhomme  attentif,  souriant  et  fin,  le  secret  de  sa 
maîtrise  et  l'énergie  qu'il  faut  pour  conduire  et  pour  nuancer  toutes 
les  patiences  de  son  art.  Sur  les  flots  assombris  d'une  mer  pacifique 
resplendit  un  soir  de  légende  :  le  rayon  de  Claude  (Embarquement 
de  sainte  Pauline  à  Ostie)  frappe  d'une  lueur  mourante  et  triomphale 
encore  des  palais,  des  jardins  conçus  pour  des  rêveries  sereines.  Un 
art  austère  sans  âpreté.  plein  de  caractère  et  de  sentiment  tout 
ensemble,  donne  une  note  singulièrement  grave  aux  tableaux  consa 
crés  par  Le  Sueur  et  Philippe  de  Champaigne  à  la  légende  de 
saint  Gervais  et  saint  Protais,  modèles  des  tapisseries  de  l'église 
Saint-Gervais.  Puis  la  feinme  impose  à  l'art  le  prestige  de  sa  beauté, 
la  frivolité  de  ses  goûts,  son  ardeur  pour  le  luxe  et  sa  préférence 
pour  le  joli,  la  vogue  des  charmantes  niaiseries  sentimentales  ou 
libertines.  Mais  la  violence  de  l'histoire  semble  transformer  l'univers 
et  l'homme  même.  Avec  la  Maraîchère  de  David  paraît  une  race 
nouvelle,  rudement  bâtie  pour  des  luttes  sans  merci.  La  grâce 
renaît,  plus  sérieuse,  plus  lointaine  et  plus  mystérieuse,  et  le  doux 
visage  enfantin  de  Madame  Anthrny,  de  Pierre-Paul  Prud'hon,  bai- 
gné d'une  lueur  argentée,  modelé  de  fossettes  et  de  jolis  plans 
souples,  évoque  la  délicate  beauté  des  chairs  lombardes,  l'onction 
et  la  poésie  des  adolescents  du  Corrège.  Géricault  va  chercher  plus 
loin  et  descend  plus  bas  :  à  l'hébétude  de  la  déchéance  morale  et 
de  la  folie,  il  demande  une  sorte  de  poésie  funèbre  (la  Folle). 
Cependant,  l'épopée  emporte  les  hommes  et  entrechoque  les  na- 
tions. De  l'anecdote  militaire,  de  l'historiette  de  bivouac,  Charlet 
s'élève  à  la  grande  et  tragique  pemture  de  la  guerre  avec  VEpisode  de 
la  Retraite  de  Russie.  L'art  romantique,  l'art  moderne,  de  Delacroix 
(représenté  par  sept  toiles)  à  Daumier  et  à  Manet,  se  déploient  en 
séries  imposantes.  Daubigny,  fin  et  mélancolique,  Diaz,  Courbet, 
Millet  mettent  aux  murailles  du  Musée  la  force  émouvante  et  la 
persuasive  sincérité  de  leur  génie.  Corot,  entre  tous,  Corot,  naïf  et 
tendre,  révèle  la  diversité,  naguère  encore  méconnue,  de  ses  dons, 
avec  un  ensemble  qui  va  de  la  Femme  à  Vatelier  à  la  célèbre  et 
charmante   Rue   des  Saules. 

Et  puis,  des  maîtres  audacieux  sont  venus  et  nous  ont  fait  une 
fois  encore  découvrir  la  lumière,  la  subtilité  du  plein  air  ou  ses 
ardentes  franchises.  Dans  les  galeries  de  l'école  moderne,  on  peut 
suivre  l'histoire  et  les  nuances  de  cette  transformation  féconde. 
Renoir,  Monet,  Sisley,  Berthe  Morizot  font  resplendir,  sous  l'hiver 
des  Gaules,  un  soleil  qui  diapré  les  apparences  de  reflets  chan- 
geants. Non  loin  d'eux,  Henner,  Fantin-Latour  (la  Lecture),  Carrière 
continuent  la  leçon  des  maîtres  d'autrefois,  en  la  pénétrant  d'une 
note  nouvelle  et  profonde.  Gauguin,  qui  s'exila  volontairement  ds 
la  vie  contemporaine  pour  retrouver  aux  Iles  Bienheureuses  l'inno- 
cence des  anciens  âges,  groupe  des  Barbares  étranges,  d'une  supé- 
rieure beauté,  dans  un  paysage  des  Hespérides  (Papeete) .  Les  sta- 
tues de  Rodin  (Eve,  VOmhre)  concentrent  les  souffrances  d'une 
humanité  colossale,  douloureuse,  puissante,  ployée  sous  un  châti- 
ment formidable,  mais  prête  encore  à  bâtir  des  Babels  et  à  injurier 
le  tonnerre.   Elles  ont  quelque  chose  de  bestial  et  de  divin  à  la  fois 


-(  103  )- 

Ellf^s  sont  pnrrntcH  des  géants  cIp  PrrKamr»  et  nn  mcmr  trrnps  dr» 
fauvcE  dr  Baryr,  jailliH  drs  sauva^rrirn  primitive»  avec  leurs  beaux 
muscK^p  birn  t<*iiduH.  c  oinine  ce  K^'oupr  de  pierre,  Tif^rc  clcvorant 
un    jeune    ccrS,    honneur    du    MiiHee. 

Mais  cjue  dduvrc;;  riKor»*  où  la  vif  pasflrc  a  laissé  sa  poésie  et  qi'i 


Musée  du  Palais  des  Arts  :  «  Madame  Récamier  »,  marbre  de  Chinard. 

communiquent  mille  suggestions  instructives  !  La  leçon  d'histoire  et 
de  goût  donnée  par  Lyon  n'est  pas  complète,  si  l'on  néglige  les 
salles  où  sont  groupés  les  bois,  les  émaux,  les  verreries,  la  céramique, 
ies  ivoires,  les  armes  du  Moyen  Age  et  de  la  Renaissance.  A  la  suite 
du  cabinet  des  médailles,  où  M.  Dissard  a  réuni  une  exceptionnelle 
collection  sigillographique,  à  la  suite  d'une  galerie  d'antiques,  où 
se  succèdent,  dans  le  bronze,  l'os,  l'argile  et  le  verre,  mille  aspects 
séculaires  de  la  vie,  s'ouvre  un  domaine  particulièrement  riche,  où 
s'exercèrent   longtemps    le   savoir   et   le    goût   d'un    charmant    «    anti- 


(  104  ) 


Musée  du  Palais  des  Arts  :  «  La  Lecture  »,  par  Fanlin-Latour. 


quaire  »,  à  la  manière  et  selon  l'expression  des  hommes  d'autrefois, 
l'éminent  Giraud.  Toute  une  salle  est  consacrée  aux  sculpteurs  en 
bois,  et  l'on  peut  y  comparer  les  productions  élégantes,  fermes  sans 
dureté,  riches  sans  profusion,  de  la  Renaissance  lyonnaise,  au  génie 
des  artistes  d'Auvergne,  de  Normandie  et  d'Ile-de-France.  Une 
patine  charmante  les  revêt  et  leur  éclat  atténué  est  une  volupté  pour 
les  yeux.  La  grande  vitrine  des  verreries  étincelle  de  lueurs  rares  : 
les  bleus  profonds  et  les  verts  aquatiques  des  gourdes,  des  coupes, 
des  bassins  élaborés  dans  les  ateliers  vénitiens  s'associent  à  la  trans- 
parence onctueuse  de  la  matière  incolore.  Les  crosses,  les  navettes  à 
encens,  les  pieds  de  croix,  le  beau  reliquaire  quadrilobé  de  la  vente 
Odiot,  deux  plaques  d'évangéliairc  où  le  Christ  dans  sa  gloire  et  le 
Christ  en  croix  s'enlèvent  sur  un  fond  diapré  de  rinceaux,  retracent, 
avec  une  fraîcheur  et  une  pureté  délicieuses,  l'histoire  des  émaux 
sur  champlevé  dans  les  cités  rhénanes  et  à  Limoges.  La  collection 
des  émaux  peints  est  illustrée  par  les  signatures  de  Pierre  Courteys, 
Léonard  Limosin,  Pierre  et  Jean  Reymond,  par  celles  des  Penicaud. 
Un  beau  calice  d'argent  doré  décoré  d'émaux  translucides  sur  relief 
atteste  le  savoir  technique,  le  rareté  de  goiit  et  le  sentiment  décoratif 
des  maîtres  siennois.  Nulle  technique  qui  ne  soit  significative  des 
aspirations  et  des  mœurs,  qui  ne  reflète  le  génie  des  races  et  des 
âges  :  la  délicatesse  précieuse  de  l'ivoire  traduit  le  génie  austère,  la 
sobriété  vigoureuse  des  Byzantins  du  XI^  siècle,  avec  les  quatre  bas- 
reliefs  des  Evangélistes,  ornés  d'attributs  et  de  branchages  fleuris, 
les  élégances  profanes  du  XIV^  siècle  français,  avec  une  charmante 
tablette  à  écrire  sur  laquelle  une  jeune  femxme  et  ses  amis  jouent  à 
la  main  chaude.  La  céramique  est  riche  en  oeuvres  hispano-mores- 
ques, italiennes,  françaises,  orientales  :  le  souffle  naturaliste  de 
notre  Renaissance  anime  et  vivifie,  sur  les  plats  de  l'école  de  Palissy, 
aux  flancs  de  ses  aiguières,  la  faune  des  vergers,  des  ruisseaux  et 
des   fontaines   rustiques.    Les   décorateurs   de    Damas,    de   Lindos,    de 


-(  105  )- 

Brousse,  <!«•  li  I*  i  '  dislrihiimt  8ur  le  fond  laiteux  dfM  faïe;»icet 
un  univers  nu.nàtt  de  nolcn  dclicate»»  ou  puissanteH,  de  tcMcIh  vi- 
brants ou  paisibirs.  Avec  eux,  nouH  sommes  encore  dan*  le  royaume 
de's  i)rintreH  :  mais.  maKi<">enH  plus  subtils,  ils  nous  appr^-nnr  nt  à 
chérir  à  la  fois  la  t<*rrr,  d'où  niujiiircnt  tnuf  de  rnfrvrillr.4.  Ir  f  u  qui 
leo  durcit  et  qui  les  colora,  la  Imiùrrc  (|ui  Irs  fait  briller  cornino  un 
étincelant  parterre. 

De»  honinies  excell(Mits  ont  aidr  la  Vill<*  d«-  Lyon  à  rruiur  ccê 
trécors.  Les  cabinets  Lambert  et  Bernard,  légués  aux  Musrrs  muni- 
cipaux, sont  les  durables  lomoiynagt's  du  Koût  r»  d<*  la  i<<-ri*'*''<^^Jtc 
des  amateurs  lyonnais.  L'importance  pécuniaire  et  les  dispositions 
Intelligentes  du  legs  Chazières,  joint  au  budget  général  des  Musées, 
leur  assurent  des  revenus  assez  considérables  pour  leur  permettre 
d'acquérir  thatiue  année  des  œuvres  de  premier  ordre.  La  créa*ion 
d'une  salle  destinée  à  1  exposition  des  achats  et  des  dons,  avant 
qu'ils  soient  répartis  dans  leurs  séries,  tient  le  public  au  courant 
des  efforts  faits  pour  enrichir  les  collections.  Une  salle  de  iravail 
accueille  les  chercheurs.  Les  Musées  de  Lyon  ne  sont  pas  seulement 
une  belle  galerie  de  chefs-d'œuvre  et  de  raretés,  constituée  pour  la 
joie  d'une  élite  :  ils  sont  organisés  pour  contribuer  à  l'éducation 
publ'que,  pour  faire  aimer  la  cité,  pour  éclairer  et  pour  informer 
l'histoire. 

Henri    FociLLON. 


Le  Grand-Théâtre.     Cl.   Synd.  Inii. 


-(  106  )- 


GRAND-THEATRE 

Le  Grand-Théâtre  a  été  construit  de  1828  à  1832,  d'après  les  plans 
et  sous  la  direction  de  l'architecte  Chenavard.  qui  en  fut  chargé 
à  la  suite  d'un  concours  public  ouvert  en  1827.  Un  collaborateur, 
M.  Follet,  lui  fut  imposé,  mais  celui-ci  ne  semble  pis  avoir  pris 
une   grande  part  à  l'édification  de  ce   monument. 

Complètement  isolé,  séparé  de  l'Hôtel  de  Ville  par  la  place  de  la 
Comédie,  où  aboutit  la  rue  de  la  République,  l'édifice  forme  un 
quadrilatère    d'une    surface    de    2.908    mètres    carrés. 

La  façade  principale,  donnant  sur  la  place  de  la  Comédie,  est 
d'une  noble  simplicité.  Sa  composition,  du  plus  pur  style  classique, 
avec  ses  huit  Muses  couronnant  l'attique,  est  d'un  très  bel  effet.  Le 
plafond  du  foyer  a  été  peint  par  Domer  ;  celui  de  la  salle  a  été 
peint  à  la  colle  par  Abel  de  Pujol. 

Il  est  donné  dans  ce  Théâtre,  qui  peut  contenir  1.800  personnes, 
l'opéra    et    l'opéra    comique. 

C.  Meysson. 


PALAIS  DU  COMMERCE 
MUSEE  HISTORIQUE  DES  TISSUS 

Le  Palais  du  Commerce.  —  Le  Palais  du  Commerce  est  une  œuvre 
marquante  caractéristique  de  l'époque  de  Napoléon  III.  Le  projet 
Au  monument  faisait  partie  du  plan  général  de  rénovation  du  centre 
de  la  ville  que  Vaïsse,  préfet-maire  de  Lyon,  se  proposait  de  réa- 
liser par  1=1  percée  de  la  rue  Impériale  entre  l'Hôtel  de  Ville  et  la 
place  Bellecour.  Le  premier  rapport  fut  présenté  à  la  Commission 
municipale  de  27  décembre  1853.  Les  travaux  commencèrent  en 
1835,  sous  la  direction  de  Dardel,  architecte  de  la  Ville  L'inaugu- 
ration officielle  eut  lieu  le  25  août  1860,  en  présence  de  l'Empereur 
•et  de  l'Impératrice. 

Diverses  Institutions  sont  installées  au  Palais  du  Commerce.  C'est 
<l'abord  la  Chambre  de  Commerce,  qui  d'ailleurs  avait  contribué 
pour  moitié  aux  dépenses  de  la  construction  ;  puis  la  Bourse  et  la 
Compagnie  des  Agents  de  Change,  le  Tribunal  de  Commerce,  celui 
des  Prud'hommes,  avec  leurs  dépendances,  des  salles  de  cours  pour 
l'Ecole  Coloniale.  A  côté  de  ces  Services  publics,  certaines  parties 
du   rez-de-chaussée   et  des  sous-sols  sont  louées  au   Crédit   Lyonnais. 

Le  plan  général  a  la  figure  d'un  vaste  rectangle  de  65  mètres  sur 
57  mètres,  et  les  façades  s'orientent  à  peu  près  exactement  :  nord, 
est,   sud,   ouest.   La  construction  est  en  pierre  de   Cruas. 

L'entrée  principale  est  au  nord  (place  de  la  Bourse).  Elle  est 
surm.ontée  d'un  fronton  dont  l'exécution  avait  été  confiée  au  sculp- 
teur Bonnet.   Une  autre  entrée  solennelle  est  au  sud  (place  des  Cor- 


-  (  107  )  - 

déliera).  C'eat  nu  perron  de  celte  façade  c|iie,  en  1902,  a  été  place  le 
bas-relief  di*  Verniare  rrf)rrsentant  le  Rhône  et  la  Saône. 

Par  l'entrre  nord,  on  fx-nrlrr  dans  un  vantr  vrstihulr  don  partent 
à  gauche  et  à  droite-  d<*  ^{rands  rHralirrH  inonnrnrniaiix  dont  les 
voûtes  portent  des  plafond»  prints  par   Dorrter   et   Brncliol. 

Au  centre  du  rez-de-chaussée,  le  visiteur  rencontre  la  Salle  de  la 
Bourse,  de  25  mrtroH  de  hauteur.  Rlle  est  rouronnre  par  un  beau 
plafond  d'Alexandrt'  He.ss.  i)fintre  d'histoire  rt  mrmhrr  de  l'InHtitut. 
11  y  a  représente  une  alh-Korie  <^hi  Commerce  mondial.  I*.n  avant  et  en 
arrière  du  panneau  central,  des  écuBsons  aux  armes  et  au  mono- 
gramme de  Lyon  sont  dus  au  pinceau  de  Denuelle.  Le  plafond  repose 
sur  vingt-quatre  cariatides  en  bois,  de  Bonnet  ;  elles  séparent  les 
verrières    d'éclairage.    A    droite    et    à    gauche.    deR    portiques    bordent 


Le  Palais  du  Commerce  et  la  perspective  du  Pont  Lafayette. 
(Cl.  Synd.  Init.) 


le  hall  central.  Ils  sont  ornés  de  statues  par  Bonnassieux  et  Roubaux. 
Autour  de  ce  hall  sont  les  aménagements  de  la  Compagnie  des 
Agents  de  Change  et  certaines  bureaux  du  Crédit  Lyonnais,  dont 
l'accès    est    indépendant. 

Au  premier  étage,  sur  la  façade  sud,  la  Chambre  de  Commerce 
tient  ses  réunions  dans  un  magnifique  salon.  Le  plafond  et  les  pan- 
neaux décoratifs  y  sont  de  Beuchot.  Un  grand  portrait  de  Jacquard 
est  de  Bonnefond.  De  superbes  soieries  tendent  les  murs,  complé- 
tant un  luxueux  mobilier.  De  chaque  côté,  s'ouvrent  les  bureaux 
qui  débordent  sur  la  façade  est,  et  se  lient  à  une  riche  Bibliothèque 
accessible  aux  travailleurs.  Le  Tribunal  des  Prud'hommes  occupe  le 
centre  de  la  façade  est.  A  l'ouest,  tout  est  réservé  au  Tribunal  de 
Commerce  :  salles  d'audience,  bureaux,  greffe.  Enfin,  au  centre  de 
la  façade  nord,  une  grande  salle,  dite  Salle  des  Réunions  Indus- 
trielles, peut  être  mise  à  la  disposition  des  Sociétés  qui  en  font 
la  demande.  On  y  fait  également  de  nombreuses  Conférences.  La 
plupart  de  ces  services  communiquent  par  une  galerie  donnant  sur 
le  hall.  On  y  voit  une  belle  horloge  où  Bonnassieux  a  groupé  autour 


-(  108  )- 

du  cadran  trois  élégantes  figures  de  femmes  représentant  l'heure  pro- 
chaine, l'heure  du  moment,  l'heure  passée.  Dans  des  niches,  Fabisch 
a  sculpté  des  figures  symbolisant  les  Quatre  Parties  du  Monde. 

Dès  maintenant,  nous  mentionnons  qu'en  passant  par  le  grand 
escalier  a  droite  de  la  façade  nord,  on  peut  monter  dans  une  partie 
des  combles  où  la  Chambre  de  Commerce  entretient  son  Musée 
Colonial.  Pour  le  visiter,  il  faut  s'adresser  au  Secrétariat  de  la 
Chambre. 

Musée  Historique  des  Tissus.  -  Tout  le  deuxième  étage  du 
Palais  est  réservé  au  Musée  Historique  des  Tissus  de  la  Chambre  de 
Commerce  de  Lyon.   Ce  Musée  si  spécia^     unique  en  son   genre,   est 


Palais  du  Commerce  :  façade  sur  la  Place  de  la  Bourse. 


incontestablement  la  principale  des  attractions  lyonnaises.  !1  est  de 
fondation  relativement  récente.  C'est  l'éminent  et  regretté  Edouard 
Aynard,  alors  qu'il  était  Président  de  la  Chambre  de  Commerce,  qui 
en  eut  l'initiative.  Sa  conviction  entraînante  sut  vaincre  toutes  les 
hésitations.  Le  Musée  lui  doit  ses  plus  belles  pièces.  Leur  prix,  si 
élevé  parut-il  alors,  s'est  trouvé  depuis  majoré  dans  de  telles  pro- 
portions qu'il  serait  impossible  de  rêver  de  les  acquérir  aujourd'hui. 
Jusqu'à  sa  fin,  Aynard  se  préoccupa  du  Musée  qu'il  avait  fondé  à 
la  place  d'un  autre  Musée,  dit  Musée  Industriel,  créé  lors  de  la 
construction  du  Palais,  dont  le  programme  était  trop  vaste  pour  les 
locaux  et  les  ressources  dont  pouvait  disposer  la  Chambre.  D'ailleurs, 
en  spécialisant  le  Musée  à  la  Soie,  le  nouveau  programme  corres- 
pondait plu3  directement  aux  besoins  de  l'Industrie  maîtresse  dont 
Lyon  tire  sa  plus  grande  gloire  et  son  profit  depuis  des  siècles. 
Chaque  année,  la  Chambre  de  Commerce  dépense  des  sommes 
importantes,  régulièrement  inscrites  à  son  budget,  pour  entretenir  et 
enrichir   ses   collections. 

Le  Musée  est  largement  ouvert.  La  Chambre  de  Commerce  a  voulu 


-(  109  )- 

qu'il  m  soit  ainsi,  parce  «ni flN-  Ir  considère  avant  tout  comme 
un  instrunirnl  <lr  travail  rt  non  iint*  <  fxjiu-ttrrie.  Mais  journellement 
tout   le   niondr   prut   visiter   1rs   ( ollrrtions. 

Le  Musée  Historique  des  lissus  devient  .unique  si  l'on  ronsidère 
son  parti-pris  de  classements  rationnels,  ses  efforts  de  clarté.  La 
grande  figure  cl'Ldonarc^  Aynard  reparaît  ici.  C'est  lui  qui  voulut 
que.  de  l'entassrnirnt  d<*s  richesses  acquises,  se  déga(.îeât  un  ensei- 
gnement, où  le  chert  heur  rrudit  pût  s'imprégner  des  diverses  mé- 
thodes dont  usèrent  les  Ecoles  de  toutes  les  époques  et  de  tous  les 
pays.  Ainsi,  érudits  et  artistes  profitent  de  la  grande  leçon  de 
l'expérience  des  siècles.  C'est  là  un  appoint  d'art  pour  la  I  abrique 
dont   l'importance    ne    saurait   échapper   à    personne. 


Palais  du  Commerce   :  la  Salle  de  la  Bourse.  (Cl.  Synd.  Init.) 


L'entrée  est  au  haut  de  l'escalier  de  gauche,  sur  la  façade  nord. 
C'est  également  par  là  que  sort  le  visiteur  après  avoir  fait  le  tour 
complet  de  l'étage.  Chaque  côté  comporte  une  grande  salle,  reliée 
à  celle  qui  la  suit  par  des  couloirs,  des  galeries  ou  des  pièces  de 
moindre  surface.  La  grande  salle  Est,  celle  dans  laquelle  on  pénètre 
d'abord,  présente  une  première  série  didactique,  comprenant  la 
suite  des  échantillons  se  rapportant  aux  trois  premières  périodes  de 
l'Histoire  des  Soieries  :  périodes  Romano-Byzantine,  Musulmane,  Ita- 
lienne. La  quatrième,  la  période  Française,  est  installée  à  part,  salle 
Ouest. 

La  période  Romano-Byzantine  est  étudiée  au  moyen  des  tissus 
coptes  exposés  dans  la  première  travée.  Ces  vénérables  reliques  sont 
des  huit  premiers  siècles  de  notre  ère  environ.  Les  tissus  coptes 
proviennent  de  nécropoles  égyptiennes  du  commencement  de  notre 
ère.  Alternativement,  ils  évoquent  l'influence  de  Rome,  de  Byzance 
ou  de  l'Arabe,  premier  conquérant  de  l'Islam.  La  Perse  Sassanide  y 
marque  aussi  sa  trace.  L'art  Romano-Byzantin  est  essentiellement 
architectural.   Le   motif   principal   du    décor   y   est   toujours   nettement 


(  110  )- 


présenté    dans    un    compartiment    qui    fait    cadre.    Ainsi    le    veut    un 
art  ayant  son  point  de  départ  à  l'Occident. 

Dans  la  seconde  travée  est  exposé  l'art  Musulman.  Cet  art  d'Orient 
cherche,  au  contraire,  les  inextricables  combinaisons  ornementaltrs. 
Les  motifs  décoratifs  s'enchevêtrent  les  uns  dans  les  autres,  avec  le 
parti  pris  du   hiératisme  et  de  l'irréalité  des  formes.   L'Islann  de  l'Est 

exploite  les  êtres  animés  autant 
qu'une  flore  idéale.  Vers  le 
XIV*'  siècle,  sous  diverses  in- 
fluences, chinoise  et  occiden- 
tale, il  exploite  quatre  fleuis  : 
tulipe,  oeillet,  jacinthe,  églan- 
tine.  L'Islam  de  l'Ouest  re- 
jette les  êtres  animés,  son  décor 
est  a  base  de  géométrie.  Des 
inscriptions  et  un  genre  parti- 
culier d'arabesques  s'y  mêlent. 
Le  Centre  de  l'Islam  est  moins 
créateur.  Grâce  aux  pèlerina- 
ges de  la  Mecque,  il  s'inspire 
de  ce  qui  lui  vient  de  l'Est  et 
de  l'Ouest.  A  partir  du  XV«  siè- 
cle, l'art  Musulman  s'isole  et 
s'immobilise. 

Les  vitrines  qui  suivent,  à 
gauche  de  la  salle,  sont  réser- 
vées à  la  période  italienne. 
L'Ecole  palermitaine  prépare 
l'évolution.  Après  les  Vêpres 
siciliennes  (1282),  les  ouvriers, 
chassés  de  Sicile  par  la  persé- 
cution, sont  recueillis  par  les 
villes  italiennes  qui  ont  fait  for- 
tune pendant  les  Croisades  et 
vont  fabriquer  pour  tout  l'Occi- 
dent. L'art  est  ici  réaliste  suivant  la  compréhension  occidentale.  Il 
évolue  sans  cesse,  en  quête  de  progrès  indéfinis.  Au  XIV-  siècle,  il  se 
ressent  encore  de  l'influence  de  l'Islam,  tout  en  inaugurant  la  copie  de 
la  Nature  à  la  suite  des  imagiers  français  et  du  maître  Giotto.  Au 
XV*^  siècle,  la  fantaisie  savante  des  artistes  italiens  crée  des  mer- 
veilles qui  s'imposent  à  tout  le  monde  chrétien.  C'est  Tâge  d'or  du 
tissu  italien.  Le  XVI*"  siècle  vit  des  belles  créations  du  XV*^  aux  mains 
d'ouvriers  et  non  plus  d'artistes.  A  la  fin  du  siècle  et  au  commence- 
ment du  XVîI^,  on  invente  à  nouveau,  grâce  à  l'art  Jésuite.  C'est  la 
décadence  d'une  période,  si  pure  et  si  claire  à  ses  débuts,  versant 
à  sa  fin  dans  un  décor  infiniment  chargé. 

Dans  la  dernière  travée  de  la  salle  Est  ont  été  rassemblés  divers 
spécimens  de  broderies  occidentales  du  Moyen  Age  et  de  la 
Renaissance. 

La  salle  qui  suit  est  réservée  à  l'Extrême-Orient  :  Chine  et  Japon. 
Au  centre  de  la  partie  sud,  se  trouve  le  Salon  d'Honneur  du 
Musée.  On  y  a  rassemblé  d'incomparables  monuments.  Toutes  les 
pièces  demanderaient  une  mention  spéciale.  Elles  sont  de  deux 
sortes  :  aux  murs  et  sur  le  sol,  d'admirables  tapis  d'Orient  ;  dans 
quatre  vitrines  d'angle,   des   costumes  liturgiques  et  des   broderies. 


Horloge  monumentale  de  la  Salle  de  la  Bourse, 


-(III)- 

Après    le   couloir    qui    Huit    sont   place»    Ich    Bureaux    de    l'Adminis- 
tration du   Musée,  sa   ri(  lu-   Rihliothffjnr-   dart,   ses   Archives. 


Musée  historique  des  Tissus  :  la  Salle  d'entrée, 

Passant   de    la    Salle    d'Extrême-Orient    a    celle    des    Archives,    une 
longue    galerie    de    30    mètres    renferme    une    superbe    collection    de 


Musée  historique  des  Tissus  :  une  Vitrine  de  Costumes, 


dentelles    où    sont    représentés    tous    les    genres,    et    parfois    par    des 
spécimens    de    tout    premier    ordre. 


-(  112  )- 

Après  cette  galerie,  le  visiteur  pénètre  dans  la  salle  Ouest,  réservée 
à  la  période  Française  :  c'est  là  l'histoire  même  de  la  Fabrique  Lyon- 
naise. Son  Ecole  est  surtout  florale.  Sous  Louis  XIV,  le  détail  déco- 
ratif est  énorme,  plus  grand  que  nature,  sous  Louis  XV  environ 
grandeur  nature,  sous  Louis  XVI  plus  petit  que  nature.  Lyon  in- 
vente des  compoistions  où  le  relief  est  nettement  exprimé  par  des 
jeux  d'ombres  et  de  lumières.  Jusque-là,  les  aplats  étaient  unique- 
ment   employés. 

Le  milieu  de  la  salle  est  entièrement  consacré  à  une  grande 
vitrine  cloche  où  sont  réunis  quantité  de  costumes  exposés  sur  man- 
nequins. 

La  production  de  l'Ancien  Régime  se  trouve  couronnée  par  l'œu- 
vre du  grand  Philippe  de  Lassalle,  dont  le  Musée  possède  une 
incomparable  collection. 

Les  soireies  Napoléoniennes  sont  représentées  par  des  échantillons 
parfois  uniques.  Dans  le  trésor  du  Mobilier  National,  en  effet,  les 
mêmes   tissus   ont   reçu   de   fâcheuses   ajoutures   sous   la   Restauration. 

Une  dernière  salle,  celle  du  Nord,  est  consacrée  aux  évolutions  du 
XIX^  siècle  :  Restauration,  Napoléon  III,  Troisième  République.  Dans 
cette  salle  également  est  exposée  une  suite  intéressante  de  petits 
modèles  de   métiers. 

Nous  ne  saurions  trop  recommander  aux  étrangers  venus  à  Lyon 
à  l'occasion  de  l'Exposition  la  visite  du  Musée  Historique  des 
Tissus.  Rien  ne  peut  mieux  faire  comprendre  le  succès  persistant 
de  ses   Fabricants. 

C'est  l'honneur  de  la  Chambre  de  Commerce  d'avoir  pris  l'ini- 
tiative d'un  tel  Musée,  qu'elle  ne  cesse  d'enrichir.  Ainsi,  elle  écrit 
une  superbe  page  de  l'Histoire  de  l'Art  intime  et  utile  des  soieries, 
elle  élève  le  plus  beau  des  monuments  à  la  gloire  et  à  la  prospérité 
des  travailleurs  de  Lyon. 

R.   C. 


«  Le  Rhône  et  la  Saône  »,  par  A    Vermare 
Jardin  du  Palais  du  Commerce,  Place  des  Cordeliers 


(  113  )- 


coNunioN  i^UBiJQUi:  DES  sc)ii;s  1)1  :  lyon 

l'onclcc    par    décret    du    2i    ^crn^indl    an    XIII    (5    avril    1805). 
ADMINISTHr^.r:   PAR    LA    CIIAMHKK    1)1.    CCJMMI.HCK    DK    LYON 

ORICINF.  r.T  Ol^JLT   I)K  CLITI.   INSTITUTION.  Les    fibres    textiles   végé- 

tales ou  animales  possèdent  un  (.^rand  pouvoir  hygrométrique,  qui 
leur  permet  d'absorber  des  quantités  d'eau  très  variables  suivant  les 
influences   extérieures   auxquelles   elles   sont    soumises. 

Chaque  catégorie  de  ces  fibres  à  l'état  naturel  contient  une  cer- 
taine proportion  d'eau  de  constitution  cjui  lui  est  propre,  mais  il  est 
impossible  aux  intéressés  d'apprécier  eux-mêmes,  par  les  moyens 
dont  ils  disposent,  dans  quelles  limites  ce  coefficient  est  dépassé. 
L'expérience  a  démontré  que  cette  détermination  ne  pouvait  'ttr'î 
laissée  au  libre  arbitre  des  vendeurs  ou  des  acheteurs,  que  seules 
des  Institutions  désintéressées  pouvaient  donner  les  garanties  dési- 
rables  d'impartialité    et    d'indépendance. 

Actuellement,  en  France,  les  établissements  chargés  de  ce  con- 
trôle sont  désignés  sous  les  noms  de  Condition  des  Soies  ou  Bureau 
de  Conditionnement  des  lextiles.  Ils  sont  sous  la  surveillance  des 
Chambres  de  Commerce  ou  des  Municipalités  et  constituent  des 
Services  publics  dont  les  méthodes  et  règlements  doivent  être  ap- 
prouvés par  décret.  La  loi  du  21  août  1900,  qui  est  venue  réglementer 
d'une  manière  plus  complète  les  attributions  de  ces  établissements, 
leur  a  donné  un  caractère  officiel  et  a  interdit  de  créer  une  Condi- 
tion privée,  en  vue  de  la  mettre  à  la  disposition  du  public,  sur  les 
territoires  des  communes  et  dans  les  circonscriptions  des  Chambres 
de  Commerce  où  il  existe  déjà  un  Bureau  public  de  Conditionne- 
ment autorisé  par  décret. 

Le  rôle  de  ces  établissements  est  de  fixer,  pour  chaque  transac- 
tion, les  conditions  normales  d'humidité  de  la  marchandise,  d'en 
déterminer  le  poids  légal  et  marchand,  c'est-à-dire  bien  conditionné. 
Bien  que  le  recours  aux  opérations  des  Conditions  ne  soit  pas  obli- 
gatoire, il  se  fait  peu  de  contrats  qui  ne  soient  pas  réglés  par  leur 
contrôle. 

La  première  Condition  des  Soies  remonte  à  la  fin  du  XVII®  siècle  ; 
elle  a  été   établie   en    1684,    à   Turin. 

Celle  de  Lyon,  la  seconde  en  date,  fonctionnait  comme  établisse- 
ment privé  dès  1779,  puis  est  devenue,  par  décret  du  23  germinal 
an  XIII  (5  avril  1805),  la  Condition  unique  et  publique,  administrée 
depuis  cette  époque  par  la  Chambre  de  Commerce  de  Lyon,  qui  en 
perçoit  tous  les   produits. 

Tous  les  établissements  analogues  créés  depuis  en  France  et  à 
l'Etranger  ont  uniformément  adopté  les  méthodes  de  la  Condition  de 
Lyon,   qui  leur  a  servi  de  modèle. 

Les  Conditions,  établissements  publics  de  poids  et  mesures  pour 
la  soie,  fournissent  au  commerce  tous  les  renseignements  suscep- 
tibles de  l'éclairer  sur  la  valeur  marchande  des  textiles. 

C*est  ainsi  qu'à  Lyon,  outre  le  pesage  et  le  conditionnement,  qui 
est  le  dosage  de  l'humidité  des  textiles,  la  Condition  établit,  par  le 
décreusage  de  la  soie,  en  un  résultat  d'ensemble,  le  dosage  du  grès 
et  des  matières  étrangères  solubles  ajoutées  ;  par  Y  analyse  chimique, 

8 


-(  114  )- 

elle    isole    ces    matières    étrangères    solubles    et    insolubles  ;    par    le 
titrage  ou  le  numérotage,  elle  détermine  la  grosseur  des  fils. 

Enfin,  le  Laboratoire  d'Etudes  de  la  Soie  complète  ces  renseigne- 
ments par  des  recherches  scientifiques  et  pratiques  sur  les  vers  à 
soie  et  sur  la  soie   qu  ils  produisent. 

Bâtiment  de  la  Condition  (Ses  transformations  successives  de  1814 
à  1913).  -  La  Condition  fut  établie  le  20  octobre  1805,  au  deuxième 
étage  de  la  maison  d'Ambérieu,  place  Saint-Pierre,  aujourd'hui 
place  Meissonier,  1.  Cette  installation  fut  provisoire  jusqu'en  1814, 
époque  à  laquelle  fut  terminé  le  bâtiment  qu'elle  occupe  encore 
aujourd'hui,  7,  rue  Saint-Polycarpe.  Les  travaux  de  cette  construc- 
tion, faite  spécialement  pour  sa  destination,  avaient  été  commencés 
en  1809.  L'architecte  Joseph  Gay  semble  s'être  inspiré  de  l'archi- 
tecture massive  des  anciens  palais  florentins  ;  en  ce  qui  concerne 
la  porte  principale,  qui  n'est  pas  sans  cachet  artistique,  il  n'est  pas 
douteux  qu'il  a  voulu  rappeler  la  contribution  toscane,  dont  a  si 
largement  bénéficié  l'industrie  de  la  soie  à  Lyon,  en  prenant  comme 
motif  décoratif  les  armoiries  de  VArte  délia  Seta,  à  Florence,  que 
l'Ecole  Donatello  et  plus  tard  Andréa  délia  Robbia  ont  représentées 
par  une  porte  Por  Santa  Maria  entourée  d'angelots  évoquant  par 
leurs  ailes  les  papillons  du  ver  à  soie. 

Rien  ne  fut  changé  aux  plans  primitifs  avant  1856.  A  cette  date, 
on  dut  surélever  l'édifice  d'un  étage  pour  l'installation  du  Bureau 
public  de  Titrage.  Le  développement  toujours  croissant  des  opéra- 
tions nécessita  dans  la  suite  des  travaux  coûteux,  successivement  en 
1884  et  1895  ;  depuis,  chaque  année,  on  s'est  efforcé  d'apporter  les 
agrandissements  que  réclamait  la  création  de  services  nouveaux.  Il 
n'est  plus  possible  de  s'étendre  sur  place,  il  n'est  même  pas  raison- 
nable d'y  songer,  étant  donné  les  difficultés  d'accès.  La  •>.  gestion  du 
transfert  était  à  l'étude  à  la  Chambre  de  Commerce  depuis  de 
longues  années  ;  elle  est  à  la  veille  de  recevoir  une  solution  défi- 
nitive. La  Chambre  de  Commerce  vient  d'acquérir,  dans  ce  but,  de 
l'Administration  des  Hospices,  de  vastes  terrains  situés  aux  Bro- 
teaux,  sur  la  rive  gauche  du  Rhône,  à  proximité  de  la  place  Morand. 
En  attendant  la  construction  de  la  nouvelle  Condition,  une  annexe  a 
été  installée  cette  année,  place  Tolozan  ;  elle  sert  actuellement  à 
dégager  le  siège  principal,  dont  les  services  sont  de  plus  en  plus 
encombrés.  Cette  annexe  est  appelée  à  devenir  un  point  central 
de  liaison  entre  l'installation  future  et  sa  clientèle  de  la  rive  droite 
du   Rhône. 

A  l'origine,  le  mouvement  annuel  ne  dépassait  pas  400.000  kilo- 
grammes ;  à  partir  de  1842,  il  s'éleva  au-dessus  de  1.000.000  de  kilo- 
grammes. 

Les  chiffres  résumés  dans  le  tableau  suivant  montrent  le  dévelop- 
pement pris  par  la  Condition,  et  témoignent  de  la  nécessité  dans 
laquelle   on  se   trouve  de  lui   donner  une  installation  plus  vaste    : 


Conditionnement 

Nombre  de 

Nombre  de 

Moyenne 

annuelle 

et  Pesage 

décreusages 

titrages 

Kilos 

— 

— 

De  1856  à 

1860.     .     . 

2.791.000 

4.121 

2.861 

De  1876  à 

1880,     .     . 

4.566.000 

1 1 .675 

29.220 

De  1896  à 

1900.     .     . 

6.589.000 

28.260 

22.205 

1912     .     . 

. 

8.222.000 

38.129 

38.564 

1913      .     . 

8.414.341 

33.108 

42.467 

-{  115  )- 


Porte  de  'a  Condition  des  Soies  de  Lyon  (Cl.  J.  Sylvestre  , 

et  les  deux  sources  florentines  d'inspiration  de  son  architecture  :  emblèmes 

de  l'art  de  la  Soie. 


m 

Façade  du  Palais  Capaccio  a  Florence 

(Cl.  Alinari.) 


Extérieur  de  l'Église  Saint-Michel 

à  Florence 

(Cl.    Alinari.) 


-(  116  )- 
Description  de  ces  différentes  Opérations  :  Conditionnement  des 

textiles.  On   entend    par   conditionnement   d'un    textile,    soie,    laine 

ou  coton,  la  détermination  de  son  poids  marchand,  c'est-à-dire  de 
son  poids  ne  contenant  que  la  proportion  normale  d'eau  de  constitu- 
tion qui  leur  est  propre.  Suivant  son  degré  d  humidité,  le  poids  net 
de   ce   textile   sera   diminué   ou   augmenté. 

La  méthode  universellement  adoptée  encore  aujourd'hui  est  celle 
établie  à  la  Condition  de  Lyon,  en  1842,  par  l'ingénieur  Léon  Tala- 
bot.  Cette  méthode  qui  porte  son  nom  est  aussi  appelée  méthode  a 
l'absolu  :  elle  consiste  à  ramener,  par  une  dessiccation  absolue,  ie 
textile  à  l'état  anhydre,  puis  on  ajoute  au  poids  sec  ainsi  obtenu  la 
proportion  d'eau  à  laquelle  il  a  droit.  Cette  quantité  varie  suivant  la 
nature  des  textiles  et  s'appelle  taux  de  reprise  ;  ce  coefficient  conven- 
tionnel est,  pour  la  soie  de  11  pour  100,  pour  la  laine  de  18  1/4 
pour    100  et  8    1/2   pour    100  pour   le   coton. 

On  ne  dessèche  pas  le  ballot  entier,  mais  on  détermine  par  calcul 
son  poids  sec  en  se  basant  sur  les  résultats  fournis  par  des  lots 
d'épreuve  judicieusement  prélevés  dans  toutes  les  parties  de  ballot. 
Ces  échantillons  sont  pesés  tels  quels  et  sont  considérés  comme  repré- 
sentant l'état  moyen  d'humidité  du  reste  du  ballot  ;  ils  sont  dessé- 
chés à  l'absolu  et  le  rapport  entre  leur  poids  primitif  et  leur  poids 
sec  permet  de  fixer  le  poids  sec  du  ballot  tout  entier  ;  le  poids 
conditionné  est  obtenu  en  ajoutant  par  calcul  au  poids  sec  le  taux 
de   reprise   du   textile. 

Mode  de  l'Opération.  —  Les  échantillons  sont  divisés  en  trois 
lots  d'épreuve  qui  sont  prélevés  dans  la  proportion  de  1,5  pour  100 
du  poids  du  ballot  ;  deux  lots  sont  immédiatement  desséchés  chacun 
dans  des  étuves  séparées  et  sont  pesés  dans  l'intérieur  même  des 
étuves  lorsqu'ils  ont  atteint  l'état  anhydre. 

Pour  la  soie,  on  emploie  depuis  quelques  années  un  mode  de 
dessiccation  très  rapide,  dans  lequel  on  utilise  le  maximum  de 
température  que  peut  supporter  la  soie  en  lui  appliquant  une  venti- 
lation forcée.  La  température  est  de  140  degrés  et  la  quantité  d'air 
soufflé  par  minute  est  de  2  m.  c.  5.  Ce  perfectionnement  de  la 
méthode  Talabot  est  dû  à  M,  G.  Corti,  directeur  de  la  Condition  de 
Milan. 

Toute  l'eau  est  enlevée  en  quinze  minutes,  et  le  poids  des  échan- 
tillons, qui  est  relevé  au  bout  de  vingt  minutes,  représente  donc  bien 
leur  poids  anhydre.  La  reprise  en  eau  de  11  pour  100  que  Ton 
ajoute  est  aussi  accordée  à  la  schappe  de  soie  et  aux  fils  de  tussah. 

On  opère  de  la  même  manière  pour  la  laine  et  le  coton,  on  se 
sert  des  mêmes  appareils  en  diminuant  la  ventilation  et  en  réduisant 
la  température  de  l'air  à    110  degrés  centigrades. 

Emploi  commercial  du  Conditionnement.  —  Les  Conditions  four- 
nissent sur  un  bulletin  tous  les  détails  de  l'opération,  et  le  poids 
conditionné  qui  y  figure  sert  au  vendeur  à  établir  sa  facture.  L'opé- 
ration du  conditionnement  n'est  pas  moins  nécessaire  lorsqu'il  s'agit 
d'un  contrat  d'ouvraison  ou  de  la  remise  à  un  tisseur  d'une  certaine 
quantité  de  soie  écrue  qu'il  doit  transformer  en  tissu  écru.  Dans  l'un 
et  l'autre  cas,  la  comparaison  du  poids  conditionné  de  la  soie  permet 
de  faire  le  règlement  de  comptes  des  façons  d'ouvraison  ou  de 
tissage. 

Matériel.    —   Le    matériel    employé    comprend    36    étuves    chauffées 


-(  117  )- 

par  la  vajxMir.  Dai.s  craulrcs.  la  chalrur  est  fournie  par  rénergie 
éleclri(iur  :  c-nfin.  tout  rrc  rmmrnt.  la  Condition  a  installe  de  nou- 
velles rtuvrs  (laMH  IcHciurllc-H  l'air  est  chauffe  n  la  fois  par  des  serpen- 
tins à  vap<Mir  r[   par  (1rs  rraistances  électriques. 


Salle 

de 

Conditionnement 

Groupe  de 

24  étuves 

chauffées  à  la 

vapeur 

1907 


Services  de  la  Condition  des  Soies. 


DÉCREUSAGE  DE  LA  SoiE.  —  Le  fîl  de  soie,  tel  qu'il  est  sécrété  par 
le  ver,  se  compose  de  deux  parties  :  une  partie  intérieure  solide, 
blanche  et  brillante,  connue  sous  le  nom  de  jihroïne,  et  une  enve- 
loppe extérieure  blanche  ou  colorée  en  jaune,  suivant  la  provenance, 
sorte  de  matière  gommeuse.  qu'on  appelle  grès.  Le  grès  est  soluble 
dans  les  solutions  alcalines  même  étendues  ou  dans  l'eau  de  savon 
bouillante. 


-(  118  )- 

L'expérience  a  démontré  que  les  soies  renferment  une  quantité  de 
grès  variable  suivant  leur  provenance  et  leur  couleur.  Les  soies 
blanches  en  contiennent  moins   que  les  soies  jaunes. 

Le  décreusage  a  pour  but  de  dépouiller  la  soie  de  son  grès  ainsi 
que  des  matières  étrangères  qui  y  auraient  été  ajoutées,  celles  solu- 
bles  dans  l'eau   de   savon  bouillante. 

La  proportion  pour  100  de  la  perte  ainsi  obtenue  constitue  la 
perte  au  décreusage.  Pour  faire  cette  opération,  on  prélève  sur  les 
balles   des   échantillons   d'épreuve   dont   on   détermine   le    poids   abso- 


Musée  du  Laboratoire  d'Etudes  de  la  Soie. 


lument  sec.  Ces  échantillons  sont  soumis  à  l'action  de  deux  bains 
successifs  d'eau  de  savon  bouillante,  contenant  chacun  un  poids 
de  savon  égal  à  25  pour  100  du  poids  de  la  soie.  La  durée  de  chaque 
bain   est  de    trente    minutes. 

Les  soies  sont  alors  lavées  à  l'eau  tiède  pour  les  débarrasser  de 
leur  savon  et  du  grès  en  dissolution  ;  elles  sont  ensuite  séchées, 
puis  pesées  à  l'état  anhydre.  La  perte  au  décreusage  résulte  de  la 
différence  des  poids  absolument  secs  des  échantillons  avant  et  après. 

A  Lyon,  on  se  sert,  pour  les  cuites  et  le  rinçage,  de  l'eau  du 
Rhône  corrigée  ;  à  dater  de  1914,  toutes  les  Conditions  qui  font  des 
opérations  de  décreusage  emploieront,  d'un  commun  accord,  l'eau 
distillée,  pour  éviter  les  différences  provenant  de  la  composition 
variable  des  eaux   naturelles   de   chaque   localité. 

La  perte  pour  100  au  décreusage  fixe  l'acheteur  sur  le  poids  de  soie 
vraiment  utilisable,  car,  pour  être  teinte,  la  soie  doit  généralement 
être  décreusée.  De  plus,  une  perte  au  décreusage  dépassant  les  limites 
habituelles  indique  la  présence  de  matières  étrangères  à  la  soie. 
Les  ventes  de  soies  ouvrées  se  font  avec  la  garantie  d'une  perte  au 
décreusage  de  tant  pour  100,  généralement  celle  indiquée  par  un 
tableau  qui  fixe,  pour  chaque  provenance  de  soie,  la  perte  moyenne. 


-(  II9>- 

Dans  la  plupart  des  contrats  d'ouvraison.  la  tolérance  de  mouillage 
est  contrôlrr  par  la  comparaison  entre  les  pertes  au  dccreusat<<-  de 
la  grrt^r  <*t  de  mou  ouvrée.  Les  mêmes  dispositions  sont  ace  ordrrs  aux 
soies  de  tussali. 

En    1912.   le   nonil)r('   fi'op»  rations   (le   décreusuije  a  ctc   dv    5H.I29. 

En    1913,   le  nombre  d'opérations  de  décreusage  a  été  de  33,108. 

Analyse    CiIIMIQUK    DI.    la    Son..  On    sait    cju»-.    pour    farilitf-r    Ir 

dévidage  de  la  soir  h  l'ouvraison.  on  la  bai^-^nr  dans  des  solutions 
de  savon,  de  vaseline  ou  autres  matières,  suivant  les  cas.  Ce  mouil- 
lage doit  être  fait  dans  certaines  conditions,  il  ne  doit  pas  avoir  uni- 
quement comme  résultat  de  donner  du  poids,  il  ne  faut  pas  non  plus 
que  les  produits  ajoutés  puissent  altérer  la  fibre.  Or,  le  décreusage 
fournit,  dans  un  résultat  d'ensemble,  la  perte  de  poids  provenant  du 
grès  et  des  matières  solubles  ajoutées.  L'analyse  permet  de  déter- 
miner la  proportion  de  ces  dernières,  elle  révèle  aussi  les  produits 
minéraux    ajoutés    qui    échappent    au    décreusage. 

On  isole  ces  matières  en  lavant  les  soies  a  1  aide  de  réactifs  appro- 
priés, on  se  sert  pour  cela  d'appareils  d'épuisement  spéciaux  ;  la 
comparaison  entre  les  poids  absolus,  avant  et  après,  donne  la  pro- 
portion des  produits   ajoutés  à  la  soie. 

Au  point  de  vue  qualitatif,  on  procède  comme  pour  les  recherches 
analytiques. 

En  ce  qui  concerne  les  matières  miinérales  insolubles,  on  se  rend 
compte  de  leur  présence  par  l'incinération  de  la  soie,  et  on  analyse 
les  cendres  lorsque  leur  poids  dépasse  un  quantum  déterminé. 

En    1912,   le   nombre   des   analyses   a   été   de   3.778. 

En    1913,   le   nombre   des   anaylses  a   été   de   3.246. 

Titrage  de  la  Soie.  Numérotage  des  Textiles.  —  Pour  déterminer 
la  grosseur  d'un  fil,  on  peut  recourir  aux  deux  méthodes  suivantes  : 
la  première,  désignée  sous  le  nom  de  titrage,  qui  est  spécialement 
appliquée  à  la  soie,  consiste  à  peser  une  longueur  fixe  de  fil  ;  la 
seconde,  dans  laquelle  on  cherche  la  longueur  nécessaire  pour  pro- 
duire un  poids  donné,  est  connue  sous  le  nom  de  numérotage  ;  elle 
est  employée  pour  les  fils  de   laine,   coton  et  autres   filés. 

Il  y  a  quelques  années  encore,  la  soie  était  titrée  à  Lyon  par  le 
poids  en  gr.  0,0531  d'une  longueur  fixe  de  476  mètres  ;  en  Italie,  le 
titre  était  exprimé  en  poids  en  demi-décigramme  et  la  longueur  fixe 
était  de  450  mètres.  A  la  suite  du  Congrès  de  Numérotage  de  1900, 
tenu  à  Paris,  le  titre  a  été  unifié  et  le  commerce  a  adopté  le  titre 
italien,  qui  est,  depuis  le  1^^'  janvier  1903,  le  titre  international  de 
la  soie. 

Une  soie  du  titre  20  est  deux  fois  plus  grosse  qu'une  soie  du 
titre    10. 

Pour  les  autres  matières  textiles,  on  a  recours,  comme  il  a  été  dit 
plus  haut,  au  numérotage.  Le  numéro  est  donné  par  le  nombre  de 
1.000  mètres   au   kilogramme. 

Cette  méthode  est  l'inverse  de  celle  employée  pour  la  soie  ;  le 
poids  est  constant  et  la  longueur  est  variable.  Un  numéro  40  est 
un  fil  de  40.000  mètres  au  kilogramme  ;  il  est  deux  fois  plus  fin 
qu'un  numéro  20,  qui  donne  20.000  mètres  au  kilogramme. 

Le  Bureau  de  Titrage  indique  aussi  l'élasticité  et  la  ténacité  des 
fibres  textiles.  Pour  les  soies  ouvrées,  on  recherche  les  torsions 
données  aux   fils   dans   les   opérations   de   moulinage,    soit  à   la   grège 


-(  120  )- 

séparément,  soit  après  son  doublage  avec  un  autre  fil.  Les  rensei- 
gnements de  dévidage  des  grèges  sont  également  fournis  pour  indi- 
quer   leur   valeur. 

En   1912,  le  nombre  des  opérations  de  titrage  a  été  de  38.564. 

En   1913,  le  nombre  des  opérations  de  titrage  a  été  de  42.467. 

Laboratoire  d'Etudes  de  la  Soie.  —  Depuis  1884,  la  Chambre  de 
Commerce  a  annexé  aux  services  de  la  Condition  un  Laboratoire 
d'Etudes  de  la  Soie,  destiné  a  fournir  à  l'industrie  de  la  soie  les 
renseignements   dont   elle    a    besoin. 

Ce  Laboratoire  possède  un  matériel  de  filature  expérimentale  qui 
lui  permet  d'étudier  la  valeur  comparative  des  différentes  races  de 
cocons,  et  de  rechercher  les  qualités  inhérentes  à  chaque  nature  de 
soie.  Il  possède  aussi  un  vaste  musée  sérique  dans  lequel  ont  été 
réunis  tous  les  spécimens  des  Lépidoptères  producteurs  de  soie, 
domestiques  ou  sauvages.  Cette  collection,  qui  comprend  un  très 
grand  nombre  de  papillons  de  tous  les  pays,  unique  au  monde,  a 
permis  au  Laboratoire  d'entreprendre  des  études  nouvelles,  intéres- 
santes au  point  de  vue  scientifique,  utiles  dans  la  pratique  par  les 
indications  qu'elles  donnent  à  la  sériciculture.  Les  travaux  du  Labo- 
ratoire sont  publiés  et  forment  aujourd'hui  un  ensemble  de  publica- 
tions très  appréciées. 

Statistique.  —  Le  tableau  de  statistique  donné  plus  haut,  qui 
justifie  l'importance  des  services  rendus  par  l'établissement,  met 
aussi  en  relief  l'étendue  du  développement  du  marché  local.  Les 
relevés  de  la  Condition  Publique  peuvent,  en  effet,  être  considérés 
comme  la  reproduction  fidèle  du  mouvement  des  transactions  soyeuscS 
à  Lyon.  Il  ressort  de  l'examen  de  l'ensemble  des  opérations  faites 
par  la  Condition,  depuis  sa  création,  en  1805,  qu'elle  a  eu  à  exercer 
son  contrôle  sur  330  millions  de  kilogrammes  de  soie.  En  attribuant 
un  prix  moyen  de  50  francs  par  kilogramme,  le  chiffre  des  affaires 
en  soie  écrue  représenterait,  pour  cette  période  de  plus  de  cent 
années,   une  valeur  de  plus  de    16  milliards  de  francs. 

Institutions  Patronales.  —  Les  Personnels  de  la  Condition  et  du 
Bureau  de  Titrage  bénéficient  des  avantages  des  Institutions  de  pré- 
voyance que  la  Chambre  de  Commerce  a  organisées  :  Caisse  de 
Retraites  des  Employés  de  la  Condition  et  Société  de  Secours  mutuels 
des  Ouvriers  en  Soie,  à  laquelle  sont  associés  un  certain  nombre 
d'employés.  Depuis  l'application  de  la  loi  du  5  avril  1910,  ceux 
des  employés  assujettis  à  ses  prescriptions  statutaires  ont  été  autorisés 
à  continuer  en  même  temps  le  versement  de  leur  cotisation  aux 
Œuvres  de  prévoyance  de  la  Condition.  Ils  auront  droit  ainsi,  au 
moment  voulu,  à  leur  pension  légale  et  participeront  aussi  aux 
avantages  accordés  par  les  statuts  de  ces  Institutions  de  prévoyance. 

récompenses 

Exposition  de  Paris   1889,  Médaille  d'or. 
Exposition   de   Lyon    1894,   Médaille   d'or. 
Exposition  de  Paris    1909.    Grand  Prix. 

Joseph   TesteNOIRE, 


-(    121 


La  balle   Rameau.  'Cl.  «  Construction  Lyonnaise  ».J 

SALLE  RAiMEAU 
Rue  de  la  Martinière,  29  et  31 . 

Edifiée  en  1907-1908,  spécialement  pour  les  auditions  de  la  Société 
des  Grands  Concerts  de  Lyon,  mais  destinée  aussi  aux  grandes  Con- 
férences, aux  Congrès,  aux  Concerts  de  Sociétés,  Bals,  Séances  de 
Cinéma,   etc 

La  construction  fut  faite  avec  la  collaboration  de  la  Ville  de  Lyon 
et  de  la  Société  des  Grands  Concerts,  par  la  Compagnie  Immobilière 
du  I^^*  Arrondissement,  qui  resta  chargée  de  la  direction  de  l'exploi- 
tation. 

Les  planchers,  galeries  sur  consoles,  sans  colonnes,  la  toiture  sont 
entièrement  e?i  ciment  armé  ;  c'est  une  des  premières  applications  de 
ce   genre   de   construction. 


-(  122  j- 

La  disposition  particulière  de  cette  salle  est  que.  sur  la  scène, 
les  instrumentistes  sont  groupés  en  bas,  les  choristes  sont  groupés 
sur  une  galerie  au-dessus,  de  sorte  que  les  exécutants,  au  nombre  de 
225,  occupent  un  espace  très  restreint  sous  l'œil  du  chef. 

Le  nombre  des  places  est  de  !  .800.  divisé  en  fauteuils  et  deux 
galeries. 

En  dehors  des  douze  ou  quinze  grands  concerts  annuels,  la  salle 
est  à  la  disposition  des  Sociétés  ou  des  particuliers,  moyennant  un 
prix  de  location,  par  séance  ou  par  jour,  variable  suivant  les  saisons. 


EGLISE   SAINT-BONAVENTURE 

L'église  Saint-Bonaventure  fut  bâtie  par  des  Religieux  Francis 
cains,  dits  Coroeliers,  au  cours  de  Tannée  1325  et  des  suivantes. 
Il  y  avait  à  peu  près  un  siècle  que  ces  moines  mendiants,  envoyés 
par  le  Patriarche  d'Assise,  avaient  été  installés  par  le  Sénéchal 
Jacques  de  Grôlée,  sur  l'emplacement  que  leur  couvent  occupa  jus- 
qu'à la  Révolution.  Leur  popularité  s'était  accrue  avec  leur  nombre 
et  leurs  services,  lorsqu'ils  songèrent  à  remplacer,  par  ce  second 
édifice,  plus  somptueux  et  plus  vaste,  celui  dont  ils  avaient  usé 
jusqu'alors.  Une  pierre  tombale,  encastrée  dans  la  muraille  de  la 
chapelle  du  Crucifix,  primitivement  sous  le  vocable  de  Notre-Dame, 
au  chevet  de  la  nef  latérale  de  droite,  mentionne  que  l'autel  en  fut 
consacré  le  4  mai  1331  et  Jean  Ogier  enseveli  sous  sa  dalle  ;  sept 
ans  plus  tard,  l'Archevêque  de  Lyon,  Pierre  de  Savoie,  procéda  à 
la    bénédiction    totale    du    monument. 

Au  XV^  siècle,  grâce  à  la  générosité  d'un  médecin  célèbre,  Simon 
Rovedis,  ou  de  Pavie,  l'étendue  de  la  construction  fut  presque  dou- 
blée par  l'adjonction  de  trois  travées  et  du  porche.  La  consécration 
en  fut  célébrée  deux  ans  après  l'achèvement  des  travaux,  en  1484, 
par  le  sufîragant  Etienne  de  la  Chassagne. 

Pendant  l'occupation  des  Protestants,  l'édifice  subit  les  plus 
cruelles  dévastations  ;  ses  autels  furent  renversés  ;  ses  chapelles 
pillées  et  éventrées  ;  ses  reliques  briilées  ;  le  gardien  du  monastère, 
après  une  horrible  captivité,  jeté  dans  la  Saône  du  haut  du  Pont  de 
Pierre.  Les  réparations  de  ce  vandalisme  durèrent  de  1572  à  la  nn 
du  siècle  ;  on  en  fut  en  partie  redevable  au  R.  P.  Roux  Murgat  :  il 
restaura  statues  et  tableaux,  posa  des  stalles  neuves  au  choeur,  en 
agrandit  les  fenêtres  et  les  orna  de  vitraux  ;  éleva  une  tribune  inté- 
rieure au-dessus  du  grand  portail  et  l'enrichit  d'orgues  longtemps 
estimées  comme  les  meilleures  de  la  ville.  Le  millésime  de  1587, 
gravé  sur  la  colonne  du  dernier  arceau,  rappelle  la  fin  de  ces  diverses 
améliorations    et    de    ces    aménagements    opportuns. 

Bientôt  après  les  Pénitents  du  Gonfalon,  qui  faisaient  remonter 
leur  origine  au  séraphique  cardinal  saint  Bonaventure,  un  nombre 
important  de  Confréries  et  de  Corporations  vinrent  fixer  leur  siège 
aux  Cordeliers  ;  d'illustres  morts  leur  demandèrent  la  sépulture  ; 
citons,  parmi  ceux  dont  la  mémoire  a  survécu  à  leur  épitaphe  : 
l'insigne  bienfaiteur  Simon  de  Pavie,  Symphorien  Champier,  Lazare 
Meissonnier,  médecin  et  chanoine  de  Saint-Nizier,  le  peintre  Fran- 
çois   Stella,    le    sculpteur    Michel    Perrache. 


(  123  / 

Franciscain  par  se»  origines  et  Ma  dcHtination,  crt  antique  «anc 
tuaire  est  du  style  le  plus  sévère  :  i^othifjiie  par  hch  arcraux  briHCs 
et  les  nervures  ogivales  dr  ses  voûlrH.  il  rst  drpriuillr  d^  Imitr  rspcce 
d'oriieinrnt  :  ses  colonnrs  s  rrifonc^nl  direc  Irrurul  dans  \r  sol  <;t 
leurs  chapiteaux  n  ()ffr<*nt  au  regard  que  des  cubes  rectangulaires 
sans  souci  d'art  et  sans  essai  de  variété.  Les  trois  rétables  que  l'on 
admire  aux  chapelles  du  Sacré  Cri  ur.  d<-  la  Saint»-  Vierge  et  de 
Saint-Joseph  appartiennent  à  la  seconde  moitié  du  XIX'  siècle,  la 
façade    a    été    reconstruite    des    fondements    à    son    sommet    avec    un 


L'Eglise  Saint- Bonaventure.  'Cl.  Synd.   Init.) 


pignon  surélevé  par  M.  Benoit  en  1861,  et,  à  l'intérieur,  tout  ce  qui 
sent  un   peu   l'élégance   remonte   à   une   époque   contemporaine. 

Ce  n'est  que  le  K^'  mars  1807  que  Saint-Bonaventure  fut  rendu 
au  culie  ;  la  Révolution  l'avait  désaffecté  et  l'avait  transformé  en 
une  halle  au  blé  ;  les  chapelles  des  bas-côtés  étaient  devenues  des 
habitations  privées  et  les  puantes  échoppes  qui  les  environnaient 
s'étaient  encore  multipliées.  Les  ruines  étaient  si  considérables,  d'as- 
pect si  lamentable  qu'un  instant  le  cœur  manqua  aux  hommes  de 
bonne  volonté  auxquels  le  cardinal  Fesch  imposa  cette  restauration. 
Depuis  six  mois,  on  nettoyait,  on  nivelait,  on  déblayait,  on  pavait, 
on  blanchissait,  lorsque  Son  Emànence  y  entra  le  troisième  dimanche 
de  Carême  et  y  dit  la  messe  sur  un  autel  de  planches  disjointes, 
clouées  à  la  hâte,  au-dessus  de  baies  sans  vitrages,  bouchées  avec 
des  toiles  transparentes.  Le  Prélat  y  bénit  une  cloche,  offerte  par  les 
maîtres  des  boucheries  de  l'Hôtel-Dieu,  et  donna  la  confirmation  à 
plus   d'un   millier   de   personnes. 

Désormais,  après  cette  prise  de  possession  si  impressionnante  et  si 
courageuse,  pendant  tout  le  siècle  qui  suivit,  le  zèle  des  curés  appe- 
lés au  gouvernement  de  la  paroisse  n'a  cessé  de  se  dépenser  et  de 
provoquer  la  charité  catholique,   afin  de  rendre  au  monument  mutilé 


-(  124  )- 

et  déshonoré  ce  que  l'impiété,  le  schisme,  des  usages  vulgaires  lui 
avaient  enlevé.  Les  efforts  des  Pascal,  des  Jordan,  des  Pater,  des 
Méchin,    des  Protière,   ont  été   couronnés  de   succès. 

Maintenant,  grâce  à  sa  situation,  placée  au  centre  de  la  ville,  entre 
les  Terreaux  et  Bellecour,  au  débouché  du  pont  Lafayette,  qui  la 
met  en  communication  directe  et  commode  avec  les  populeux  quar- 
tiers doutre-Rhône,  à  proximité  de  la  tête  de  ligne  de  plusieurs 
tramways,  en  face  de  la  Halle  et  du  Palais  de  la  Bourse,  l'église  des 
Cordeliers  est  fréquentée  par  un  incessant  concours  de  fidèles  ;  selon 
un  dicton  passé  en  proverbe,  tout  Lyonnais  a  deux  paroisses,  la 
sienne  et  Saint-Bonaventure,  la  première  où  il  habite,  où  il  baptise 
et  marie  ses  enfants,  où  il  sera  probablement  enterré  ;  la  seconde 
où  il  vient,  en  passant,  prier,  se  confesser,  entendre  la  messe  et 
brûler  des  cierges. 

La  dévotion  à  saint  Antoine  de  Padoue,  le  thaumaturge  débon- 
naire des  pauvres  et  des  affligés,  entretient  et  accroît  cette  série 
ininterrompue  de  visiteurs  ;  elle  achève  de  donner  au  vieil  et  sombre 
édifice  un  caractère  d'originalité  et  une  procession  de  clients  qui 
ne    se    rencontrent   nulle    part    ailleurs. 


EGLISE  DE  SAINT-NIZIER 

L'église  de  Saint-Nizier,  à  l'origine,  ne  comportait  qu'une  crypte 
où  les  premiers  Chrétiens  s'assemblaient  secrètement.  A  la  fin  du 
11^  siècle,  on  éleva  sur  cette  crypte  une  basilique  qui  fut  réédifiée 
par  saint  Eucher  au  mJieu  du  V^  siècle.  Ruinée  de  nouveau  au 
VIII*^  siècle,  la  basilique  fut  reconstruite  par  Leidrade  vers  1  an  800. 
Au  XIV^  siècle,  l'église  de  Leidrade  chancelait  à  son  tour  et  il  fallait 
la  rebâtir  ;  mais,  malgré  les  efforts  de  Villars  de  Tours,  les  travaux 
de  construction  furent  ajournés.  Au  XV^  siècle,  les  Chanoines  de 
Saint-Nizier  enteprirent  et  poussèrent  avec  activité  la  construction  de 
l'église  actuelle  :  en  1454,  après  l'achèvement  des  nefs,  on  com- 
mença l'érection  du  clocher  septentrional.  Pour  ces  travaux,  le  Cha- 
pitre de  Saint-Nizier  fut  autorisé  à  employer  des  blocs  de  pierres 
extraits  de  la  colline  de  Fourvière  et  provenant  des  ruines  de  mo- 
numents romains.  Pierre  Renouard,  échevin  en  1499,  1509  et  1513, 
mourut  avant  l'achèvement  de  l'église  qu'il  poursuivait  avec  ardeur. 
Ses  héritiers  s'employèrent  à  cette  oeuvre  et  firent  rebâtir  la  chapelle 
souterraine  de  Saint-Ennemond,  où  ils  placèrent  les  tombeaux  de 
plusieurs   saints. 

En  1536,  Philibert  Delorme,  natif  de  Lyon,  revenant  d'Italie,  où  il 
avait  étudié  l'architecture,  fut  chargé  de  la  construction  du  porche 
et  de  l'entrée  sur  la  façade  à  l'ouest.  Il  la  commença  sur  un  plan 
nouveau  entièrement  étranger  aux  formes  adoptées  dans  le  r^ste 
du  monument.  Le  porche  était  élevé  jusqu'à  la  corniche  lorsque  le 
maître  de  l'œuvre  fut  appelé  à  Paris  par  le  cardinal  Dubellay  pour 
être  présenté  au  Roi.  Delorme  laissa  inachevée  son  œuvre,  qui  fut 
continuée  par  la  construction  d'un  fronton  et  d'un  entablement  peu 
en  rapport  avec  l'architecture  du  porche.  Notre  égoïsme  provincial 
n'ira  pas  jusqu'à  maudire  l'ambition  du  plus  illustre  des  architectes 


-(  125  ^- 

Ivonnais,  puisque  le  dclaissemc-ut  dr  Saint-Nizicr  a  valu  à  la  I  rance 
le  Palairt  drs  1  uilrrirH.  Irs  Châtraux  d'Anrt,  i\r  Saint  Maur  -•»  tant 
dV.iilreH  (  hrfs d'ii'uvrr   con(,ii8  ri   rxt-c  ulrs   f)ar    Plnlihrrt    i.>r-lorrnr-. 

Après  avo'r  subi  dt*  noinhrruHrH  mutilatioriH  m  1562,  pr.idant  \rz 
luttes  avec  les  HuKuenotH,  rr^lise  de  Saint  Nizier  fut  restaurée,  mai» 
les  statuettes  du  portail  nord  n'ont  jamais  été  remplacées. 


Eglise  de  Saint-Nizier.  iNeurdein  frères,  phot.) 


En  1646,  une  délibération  consulaire  autorisa  la  construction  de 
boutiques  adossées  aux  chapelles  latérales  sur  la  façade  au  nord  et 
autour  du   chevet  de   l'église. 

Au  milieu  du  XIX^'  siècle,  on  procéda  à  la  démolition  d'une  partie 
de  la  porte  méridionale,  édifiée  en  1585,  pour  la  mettre  en  rapport 
avec  les  premières  assises  établies  au  XV^  siècle,  et  l'on  construisit 
le  clocher  et  la  flèche  au  sud-ouest,  ainsi  que  le  pignon  sur  la 
façade  principale,  d'après  les  plans  et  sous  la  direction  de  C.-A.  Be- 
noit,   architecte    lyonnais. 

L'église  de  Saint-Nizier,  régulièrement  orientée,  dont  le  vaisseau 
a  été  établi  en  forme  de  croix  latine,  se  compose  de  trois  nefs  et  de 
deux  rangs  de  chapelles  latérales  avec  une  grande  abside  pentago- 
nale.  La  longueur  de  l'édifice  est  de  74  mètres  pour  une  largeur  de 


-(  126  )- 

28  mètres  et  29  mètres  de  hauteur  sous  clef  de  voûte.  Les  proportions 
de  l'église  sont  bien  équilibrées  et  la  décoration  sculpturale  est 
remarquable  par  la  finesse  et  la  variété  des  motifs,  notamment  dans 
les  chapiteaux,  les  gables  surmontant  les  arcatures  du  triforium  et 
les  nervures  des  voûtes  enrichies  de  clefs  portant  les  armoiries  des 
donateurs  de   l'église. 

Dans  le  transept  sud,  on  peut  admirer  la  statue  de  la  Vierge  à 
l'Enfant,  d'Antoine  Coysevox  ;  cette  statue  est  placée  sur  un  socle, 
au  centre  d'un  rétable  du  XVIlT  siècle.  Dans  le  transept  nord,  on 
remarque  une  statue  de  saint  Pothin.  due  au  ciseau  de  Chinard, 
sculpteur  lyonnais.  Les  chapelles  latérales  ont  été  édifiées  en  grande 
partie  avec  les  fonds  fournis  par  des  corporations,  et  leur  histoire  se 
trouve  intimement  liée  à  celle  de  la  Cité.  La  chapelle  Saint-Jacques, 
aujourd'hui  démolie,  avait  été  le  premier  lieu  de  réunion  des  élec- 
teurs consulaires  avant  que  Simon  Maupin  eût  construit  l'Hôtel  de 
Ville  actuel.  Tous  les  ans,  la  cloche  de  Saint-Nizier  appelait  les 
citoyens  à  l'élection  des  conseillers,  et  les  proclamations  se  faisaient 
dans   l'église    même    de   Saint-Nizier. 


MONUMENT   BURDEAU 

Dominant  une  série  de  rampes  et  d'escaliers,  dans  le  cadre  char- 
mant du  Jardin  des  Plantes,  au  milieu  des  groupes  de  verdure  qui 
ornent  si  heureusement  cette  pente  de  la  Croix-Rousse,  a  été  élevé 
en   1903  un  monument  à  Burdeau. 

Burdeau,  né  à  Lyon  le  8  septembre  1851,  était  le  fils  d'un  menui- 
sier. Elève  boursier  du  Lycée  de  Lyon,  puis  de  l'Ecole  Noimale,  il 
fut  décoré  de  la  Légion  d'honneur  pour  sa  brillante  conduite  en 
1870.  Agrégé  de  philosophie  après  la  guerre,  il  fut  successivement 
professeur  aux  Lycées  de  Saint-Etienne  et  de  Nancy  et  au  Lycée 
Louis-le-Grand.  En  1880,  Paul  Bert  le  prit  pour  chef  de  cabinet. 
Puis  élu  député  en  1884,  ses  qualités  d'inlassable  travailleur  et  sa 
haute  compétence  dans  les  questions  scolaires,  économiques  et  so- 
ciales, le  firent  successivement  nommer  membre  de  la  Commission 
du  Budget,  rapporteur  de  l'Instruction  Publique,  rapporteur  général 
en  1889.  En  mars  1892,  la  Chambre  le  choisit  pour  son  Vice-Prési- 
dent. Enfin,  le  15  juillet  1893,  il  prit  le  Ministère  de  la  Marine.  Réélu 
ensuite  député,  il  mourut  en   1894. 

Burdeau,  outre  ses  nombreux  travaux  politiques  et  administratifs, 
collabora  activement  à  la  Revue  des  Deux  Mondes  et  divers  autres 
journaux,  et  a  laissé  des  ouvrages  importants  :  l'Instruction  morale 
à  r Ecole  (1883),  l'Economie  politique  à  l'Ecole,  la  Question  Sociale 
et  Contemporaine  (1889). 

L'architecture  du  monument,  élevé  avec  le  produit  d'une  souscrip- 
tion publique  et  d'une  subvention  de  la  Ville  de  Lyon,  est  de  l'archi- 
tecte Trélat.  Un  haut  soubassement  précédé  d'une  vasque  et  encadré 
de  deux  lions  supporte  une  arcade  où  Burdeau  est  représenté  parlant 
à  la  tribune  de  la  Chambre.  Sur  la  face  postérieure,  une  jeune  femme 
d'une  fine  exécution  sculpturale  inscrit  le  nom  de  ses  principales 
œuvres.  Les  deux  figures  sont  du  sculpteur  Alfred  Boucher. 


-(  127  )- 


FONTAINE  DR  LA  PLACE  DES  TERREAUX 

A  r^xtrémité  ouest  dr  Li  plut  <-  iU-n  Terreaux,  et  faisant  fare  à 
l'Hôtel  de  Villo,  a  été  placée  une  fontaine  monumentale  dur  au 
sculpteur    alsacien     Bartholdi.    Crtt<-    fontaine    fi^^iirait    à     l'I^xposition 


Fontaine  Bartholdi  place  des  Terreaux.     Cl.  Synd.  Init. 

Universelle  de  1889,  où  elle  décorait  le  rond-point  de  la  Galerie  de 
30  mètres.  Acquise  par  la  Ville  de  Lyon,  elle  fut  érigée,  en  1892,  a 
la    place    qu'elle    occupe. 

Le  groupe,  en  plomb  martelé  et  repoussé,  représente,  sur  un  char 
formé  de  coquillages,  une  jeune  femm.e  et  des  enfants,  la  Rivière  et 
ses  Affluents,  entraînés  vers  la  mer  par  quatre  chevaux  marins,  ma- 
gnifiques d'aîluïe,  aux  rênes  tressées  d'algues  marines.  Ce  monu- 
ment, d'une  large  composition  et  d'une  grande  fougue  de  mouve- 
ment, atteint  toute  la  puissance  de  son  effet  décoratif  par  la  masse 
des  eaux  qui  se  déversent  à  profusion  de  ses  conques  et,  par  un 
dispositif  ingénieux,  jaillissent  même  en  vapeurs  des  naseaux  des 
chevaux. 

La  disposition  des  parties  architecturales  entourant  la  fontaine  est 
de  l'architecte  Abraham  Hirsch. 


MONUMENT  COSTE-LABAUME 


Dans  le  Jardin  de  TA^ncien  Séminaire,  a  été  élevé,  en  1911.  un 
monument  à  la  mémoire  de  Jules  Coste-Labaume,  publiciste  lyon- 
nais,   né   en    1840,   mort  en    1910. 

Coste-Labaume,  qui  fut  fondateur  et  président  de  l'Association  de 
la   Presse   Lyonnaise,    a   laissé   la   réputation   d'uTi   des   plus    spirituels 


-(  128  ;- 

^t  des  plus  sages  écrivains  lyonnais  de  notre  époque.  Conseiller 
municipal  de  1892  à  1896.  il  fut  ensuite  nonr.mé  au  Conseil  Général, 
qu'il  présida  pendant  plusieurs  années. 

La   partie  architecturale   du   monument   est  de   Louis  Rogniat  et   le 
buste   de   Jean   Chorel. 


MONUMENT  PLENEY 
Place  Meissonier. 

Lyon  a  tenu  à  marquer  par  un  nnonument  sa  reconnaissance  au 
philanthrope  Pléney,  dont  la  généreuse  prévoyance  est  un  précieux 
encouragement  pour  l'élite  de  la  classe  laborieuse  et  ouvrière. 

Jean-Pierre  Pléney,  né  à  Lyon  en  1784,  notable  commerçant  du 
quartier  de  la  Platière,  légua,  à  sa  mort,  en  1862,  une  somme  dont 
les  arrérages,  s'élevant  à  46.000  francs,  «  doivent  être  employés 
chaque  année,  le  jour  de  la  Fête  de  Lyon,  en  livrets  de  Caisse 
d'Epargne  de  500  francs  chacun  ;  ces  livrets  devant  être  distribués 
à  autant  de  garçons  et  filles  âgés  de  vingt  ans  au  moins,  qui  seront 
indiqués  par  le  Tribunal  des  Prud'hommes  et  la  Commission  des 
Hospices  de  la  Ville,  comme  ayant  soutenu,  par  leur  travail  et  leur 
dévouement  prolongé,  leurs  frères  et  sœurs  orphelins  ou  leurs  parents 
malheureux   ». 

Le  monument,  dessiné  par  l'architecte  Abraham  Hirsch,  se  com- 
pose d'une  petite  fontaine  surmontée  d'un  piédestal  supportant  le 
buste  de  Pléney,  par  Charles  Bourgeot.  A  la  base  du  piédestal  est 
une  figure  d'enfant  tenant  une  palme,  par  le  sculpteur  Fontan.  Ce 
monument    a    été    inauguré    en    1897. 


STATUE  DU  SERGENT  BLANDAN 

La  statue  du  Sergent  Blandan  sélève  sur  la  place  Sathonay.  Elle 
est  l'œuvre  du  sculpteur  lyonnais  Lamothe  et  de  l'architecte  Du- 
buisson. 

Blandan,  né  en  1819,  était  un  enfant  du  quartier.  Sergent  dans 
Tarmée  d'Afrique,  au  26^  de  ligne,  il  commandait,  le  11  avril  1842, 
un  détachement  de  vingt-deux  hommes,  porteurs  de  la  correspon- 
dance entre  Blidah  et  Boufarik,  qui  furent  attaqués  en  plaine,  à 
Beni-Mered,  par  plus  de  trois  cents  Arabes.  Sommé  de  se  rendre, 
Blandan  renverse  d'un  coup  de  fusil  le  parlementaire  et  soutient, 
avec  sa  faible  troupe,  un  conibat  acharné.  Atteint  de  trois  coups  de 
feu,  il  s'écrie  en  tombant  :  «  Courage,  mes  amis,  défendez-vous 
jusqu'à  la  mort  !  »  Ses  hommes,  fidèles  à  sa  voix,  continuent  leur 
héroïque  résistance,  et,  lorsque  des  renforts  viennent  les  dégager, 
ils  ne  restent  plus  debout  que  cinq,  défendant  leurs  camarades  bles- 
sés  ou    morts. 

La  Ville  de  Lyon  s'est  honorée  en  élevant  une  statue  à  ce  modeste 
héros  et  en  donnant  son  nom  à   une  rue  de  ce   quartier. 


Monuincni 
Biirdrau 


Jarciin 
dn  I  Mantes 


Monument 

Coste-Labaume 

Jardin  de  l'Ancien 

Séminaire. 


Statue  du  Maréchal  Suchet 
Place  Tolozan. 


(Clichés  J.  Sylvestre.) 

9 


-C  130  )■ 


STATUE  DU  MARECHAL  SUCHET 

Louis-Gabriel  Suchet,  duc  d'Albuféra,  maréchal  de  France,  naquit 
à  Lyon  en  1772.  11  était  fils  d'un  fabricant  de  soieries.  Engagé  à 
vingt  ans  dans  les  armées  de  la  République,  il  gagna  ses  grades 
en  halie.  où  il  se  distingua  notamment  à  Marengo  comme  major 
général.  11  contribua  puissamment  aux  victoires  d'Austerlitz  et  d'iéna 
et  au  succès  de  la  campagne  de  Pologne.  Mis,  en  1808,  a  la  tête  du 
V''  corps  de  l'Armée  d'Espagne,  les  victoires  de  Lérida,  Tarragone, 
la  prise  de  Valence  lui  valurent  le  bâton  de  maréchal  et  le  titre  de 
duc  d'Albuféra.  Sa  justice  et  sa  modération  lui  concilièrent  l'affection 
même  de  ses  ennemis.  Lors  des  revers  de  l'armée  française,  il  fit 
sur  les  Pyrénées  une  retraite  admirable.  Pair  de  France  en  1814,  il 
prit  part  à  l'expédition  d'Espagne  de    1823  et  mourut  en    1825. 

Sa  statue  en  bronze,  offerte  à  la  Ville  de  Lyon  par  l'Etat,  a  été 
érigée  en  1854,  sur  la  place  Tolozan.  Elle  est  d'Augustin  Dûment. 
Le  Maréchal  est  représenté  en  grande  tenue,  le  manteau  sur  l'épaule. 
Sur  le  piédestal,  oeuvre  de  Desjardins,  sont  gravés  les  titres  du  soldat. 


MONUMENT  JOSEPHIN  SOULARY 

Au  milieu  de  la  verdure  du  jardin  qui  orne  la  place  Saint-Clair, 
s'élève  le  monument  à  la  mémoire  de  Joséphin  Soulary,  édifié  en 
1895.  Au  pied  de  la  stèle,  surmontée  du  buste  du  poète,  médite  une 
jeune  Muse. 

Joséphin  Soulary,  né  à  Lyon  en  1815,  était  d'origine  génoise.  Sa 
famille,  fixée  à  Lyon  vers  1763,  fut  une  de  celles  qui  contribuèrent  à 
importer  dans  notre  ville  l'industrie  des  étofïes  de  soie  enrichies  de 
métaux  précieux.  Longtemps  fonctionnaire,  il  consacrait  tous  ses 
loisirs  à  la  poésie.  Ce  fut  un  des  plus  fins  et  plus  délicats  poètes  du 
XIX^  siècle.  Ses  dernières  œuvres  (Sonnets  Humoristiques,  Figulines, 
Pendant  l'Invasion,  Chasse  aux  Mouches  d'or,  Rimes  Ironiques)  lui 
acquirent  une  juste  renommée. 

Soulary  est  mort  en   189L 

L'architecture  du  monument  est  de  Bréasson,  la  sculpture  de  Su- 
chetet. 


Les  Bassins  de  la  Place  Bellecour.  (Cl.  J.  Sylvestre.» 


BELLECOUR-PERRACHE 


LES  JARDINS 


Le  premier  des  Jardins  que  renferme  la  presqu'île  est  situé 
sur  la  place  Bellecour,  que  tous  les  Guides  reconnaissent  pour  être 
une  des  plus  belles  de  l'Europe.  Une  large  bande,  du  côté  sud,  a  été 
réservée    pour    le    contenir. 

Le  peu  de  largeur  de  ce  Jardin  n'a  pas  permis  de  faire  autre 
chose  qu'une  grande  plate-bande  gazonnée  et  coupée  par  de  vastes 
allées,  mais,  dans  ce  gazon,  de  nombreux  massifs  ont  été  réservés, 
et  ces  massifs  sont  entretenus  toujours  parfaitement  fleuris. 

Deux  bassins,  qu'animent  des  cygnes,  entourés  de  gazon  et  em- 
bellis de  puissants  jets  d'eau,  limitent  ce  Jardin  du  côté  de  la  place. 

Le  tout  est  ombragé  par  des  marronniers,  abritant  aussi  un  kiosque 
à  musique,  un  espace  réservé  pour  les  jeux  des  enfants  et  le  marché 
aux    fleurs. 

C'est  un  des  endroits  les  plus  jolis  et  les  plus  agréables  de  Lyon  ; 
il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  d'y  voir  la  foule  s'y  porter  constam- 
ment et  consliLuer  ainsi  l'un  des   points  les  plus   animés   de   Lyon. 

L'autre  Jardin  public  situé  dans  ce  quartier  est  remarquable  :  c'est 
le   Jardin   qui    embellit   la   place   Carnot   et   que    le   voyageur    arrivant 


-(  132  ) 


CQ 


~{  133  )- 

fir    la   gare   de   Prrrachc  aperçoit   drvant    lui   .ivre,   en   son    milieu,   le 
inonument   t^levr   à   la   Répiibliquf. 

CVhI  un  (1rs  plus  jolis  Jardins  i\r  l'ri oie  française,  il  a  été  tracé 
avec    un    art    consomnir. 

La  place   n'est   pas   ubsolunwnt    rr(  tanj^ulairc   rt.    cependant,    il    fal 
lait  obtenir  un  effet  de  parfaite  régularité  ;  cela  constituait  une  diffi- 
culté   que    l'arc  hitecte-paysaRiste    a    su    vaincre    aver    une    si    grande 
habileté    que    peu    de    personn<'s   s'en    sont    aperçues. 

Ajoutons  à  cela  que  ce  sf|uarr  est  toujours  parfaitement  entretenu 
et  fleuri.  On  peut  d'ailleurs  remarquer,  en  visitant  les  nombreux 
Jardins  de  Lyon,  que  bien  peu  de  villes,  françaises  ou  étrangères, 
peuvent  être  comparées  à  la  nôtre  pour  la  perfection  avec  laquelle 
les  Jardins  publics  sont  tenus.  Il  faut  en  attribuer  tout  le  mérite  au 
Service  municipal  des  Cultures,  sous  l'habile  direction  de  M.  René 
Gérard,   que   l  on   ne   saurait   trop   louer. 


L'HOTEL-DIEU  ET   LA  CHARITE 


La  Ville  de  Lyon,  que  ses  nombreuses  Œuvres  philanthropiques 
ont  fait  surnommer  Ville  des  Aumônes  et  Ville  de  la  Charité,  compte^ 
au  nombre  de  ses  établissements  hospitaliers,  deux  grands  hôpitaux 
qui  ont  un  passé  remarquable   :  l'Hôtel-Dieu  et  la  Charité. 

La  dotation  exceptionnelle  de  ces  deux  établissements,  constituée 
au  cours  des  siècles  par  les  effets  d'une  bienfaisance  admirable, 
indique  que  le  nombre  des  donateurs  est  considérable  :  des  tables 
de  marbre  et  un  livre  d'or  perpétuent  le  nom  et  consacrent  la  mé- 
m.oire    de    tous    les    généreux    bienfaiteurs    des    hôpitaux    lyonnais. 

HôTEL-DiEU.  —  L'Hôtel-Dieu  est  un  des  plus  vieux  bôpitaux  de 
France.  Toutefois,  c'est  à  tort  que  la  tradition  l'a  identjhé  cLVi-:: 
l'hôpital  fondé  à  Lyon,  en  l'an  542,  par  le  roi  Chiidebert  et  la  reine 
Ultrogothe  :  l'hôpital  mérovingien,  qu'il  .  .ut  reconnaître  dans  l'un 
des  anciens  petits  hôpitaux  du  quartier  Saint-Paul,  a  disparu  au 
commencement  du  XVI^  siècle. 

L'Hôtel-Dieu  actuel  est  le  descendant  de  deux  petits  asiles  de 
minime  importance,  créés  par  les  citoyens  de  la  ville,  sous  le  nom 
de  deux  Confréries  différentes,  pour  l'assistance  des  pauvres  voya- 
geurs et  pèlerins  :  le  premier,  l'Aumônerie  du  Saint-Esprit,  érigé  à 
une  époque  imprécise  par  les  Confrères  du  Saint-Esprit  Lyonnais  ; 
le  deuxième,  l'Hôpital  du  Pont-du-Rhône,  édifié  vers  1184-1185,  à 
titre  d'annexé  hospitalière  du  pont  entrepris  à  cette  époque  à  Lyon 
par  les  Frères  Pontifes. 

Ces  deux  asiles  furent  réunis,  vers  la  fin  du  XII^  siècle,  sous  la 
seule  administration  des  Frères  Pontiles  ;  dès  lors,  l'Hôpital  du 
Pont-du-Rhône  continua  seul  à  assurer  le  service  d'assistance.  l'Au- 
mônerie ne  servant  plus  que  de  maison  administrative  chargée  de 
centraliser  et  de  répartir  les  fonds  propres  à  chacune  des  deux 
Œuvres  du  Pont  et  de  l'Hôpital,  dont  les  Frères  Pontifes  demeurèrent 


-(  134  )- 

chargés  jusqu'en  1308.  A  cette  date,  la  double  direction  passa  aux 
Religieux  de  Hautecombe,  qui,  moins  de  six  ans  après,  en  1314, 
devant  les  obstacles  présentés  par  la  construction  du  pont,  la  cédè- 
rent à  leur  tour  aux  Moines  de  Chassagne-en-Bresse.  Ceux-ci  se 
heurtèrent  aux  mêmes  difficultés  et,  sur  leur  demande,  les  deux 
Œuvres  furent  scindées  en  1334  :  celle  du  pont  fut  confiée  aux 
Consuls  de  la  Ville,  celle  de  l'Hôpital  continuée  par  les  Moines  de 
Chassagne  jusqu'en  1478,  où,  devant  leur  incurie,  l'établissement  fut 
également  remis  au   Consulat. 

Pendant  toute  cette  période,  l'Hôpital,  réservé  à  peu  près  aux  seuls 
pauvres  passants  et  écrasé  par  l'Œuvre  du  pont,  avait  une  impor- 
tance des  plus  minimes  :  il  était  simplement  desservi  par  deux  reli- 
gieux et  trois  domestiques.  Les  malades  étaient  alors  reçus  dans  les 
nombreux  hôpitaux  qui  florissaient  dans  la  ville,  notamment  à 
Saint-Eloi,     l'Hôpital    de    Childebert. 

Sous  l'administration  consulaire,  l'Etablissement  commence  véri- 
tablement à  se  développer  :  une  organisation  nouvelle  lui  est  donnée, 
des  constructions  nouvelles  sont  entreprises.  A  ce  cycle  remonte 
l'origine  des  Sœurs  Hospitalières  Lyonnaises,  qui,  on  le  sait,  forment 
une  organisation  unique  en  France  :  ne  dépendant  d'aucune  Congré- 
gation, ne  prononçant  pas  de  vœux,  ne  relevant  que  de  l'Adminis- 
tration des  Hospices,  libres  de  se  retirer  et  susceptibles  d'être  congé- 
diées, ces  admirables  servantes  des  pauvres,  «  quasi-religieuses  », 
ainsi  qu'on  les  a  souvent  appelées,  ne  se  sont  pour  ainsi  dire  jamais 
départies  de  ce  qu'elles  considèrent  comme  la  plus  haute  expression 
de  leur  devoir  :  un  dévouement  absolu  et  sans  conditions  aux  souf- 
frances  humaines. 

En  1583,  les  Consuls,  qui  ont  pris  le  nom  de  Consuls-Recteurs, 
absorbés  par  la  multiplicité  des  affaires  communales  et  ne  pouvant 
plus,  par  suite,  s'occuper  avec  tout  le  soin  désirable  des  affaires  de 
l'Hôpital,  confient  la  direction  de  l'Hôtel-Dieu  à  des  notables  de  la 
ville,  dont  le  nombre  s'élèvera  progressivement  de  six  à  quatorze. 
Ces  nouveaux  Recteurs  sont  élus  pour  deux  ans  et  rééligibles  ;  les 
fonctions  sont  obligatoires  :  nul  ne  peut  s'en  dispenser  sans  dé- 
chéance ou  sans  verser  une  somme  d'argent  importante  dans  la 
caisse  de  l'Hôpital  ;  astreints  à  des  avances  de  fonds  sans  intérêt, 
faisant,  à  leur  sortie  du  Rectorat,  un  don  proportionné  à  leur  for- 
tune, consacrant  au  service  hospitalier  un  temps  considérable,  les 
Recteurs  de  l'Hôtel-Dieu,  comme  du  reste  ceux  de  la  Charité,  en 
donnant  le  grand  exemple  de  la  générosité  envers  les  Hôpitaux,  ont 
bien  mérité  leur  dénomination  de   «  Pères  des  Pauvres  ». 

Cependant,  en  même  temps  que,  d'une  part,  par  ses  foires  et  sa 
soie,  son  commerce  et  son  industrie,  Lyon  devient  l'un  des  plus 
grands  marchés  du  monde  et  voit  sa  population  marquer  un  accrois- 
sement considérable,  de  l'autre,  tous  les  petits  hôpitaux  spéciaux 
déclinent  et  se  déchargent  peu  à  peu  de  leurs  obligations  hospi- 
talières sur  l'Hôtel-Dieu  qui,  seul  désormais  pour  assurer  l'assis- 
tance des  malades,  va  bientôt  ajouter  à  son  nom  celui  d'Hôpital  Gé- 
néral. Aussi,  devant  l'insuffisance  des  anciens  bâtiments,  va-t-il 
s'agrandir  de  plus  en  plus  jusqu'à  devenir  l'imposant  édifice  que 
nous  connaissons  aujourd'hui. 

Mais  à  des  besoins  nouveaux  correspondent  des  charges  nou- 
velles :  de  tous  côtés,  l'Hôtel-Dieu  trouve  l'aide  et  le  soutien  qui  lui 
sont  nécessaires.  Les  Rois  de  France,  les  Papes,  le  Consulat,  1  Arche- 
vêché   l'entourent    d'une    sollicitude    particulière.    Entre    temps,    les 


-(  135  )  - 

donations  affluf^nt  :  toutes  les  «rancIrH  famillcH  lyonnaises,  et  beau- 
coup (Ir  prhirs,  ont  à  honneur  d'inscrire  leur  nom  dans  les  Annales 
de  l'Hôpital  ;  les  Dames  de  Lyon  font  pour  lui  des  qucteh  d'argent 
et  de  lin^e  et.  n  tour  dt  rôle,  viennent  visiter  et  re'-r  onforter  les 
pauvres  malades  :  M"""  Lambert.  Dunoir.  de  Servient  lui  lèguent 
îmccessivemenî  ces  vastes   terrains   de   l.i   rive   gauche   tlu    Rhône,   qui 


Portail  de  l'Hôpital  Général,  par  Jean  Delamonce  (1706). 
(Cl.  J.  Sylvestre.) 


ne  vont  pas  tarder  à  devenir  le  plus  beau  fleuron  du  patrimoine 
hospitalier. 

L'Administration  des  Recteurs  se  poursuit  avec  grandeur  jusqu'à 
la  Révolution  :  le  8  mai  1791,  les  Administrateurs  en  exercice  don- 
nent leur  démission  et  sont  remplacés,  d'abord  par  la  Municipalité 
aidée  de  douze  citoyens,  puis,  en  vertu  de  la  loi  du  16  vendémiaire 
an  V  (7  octobre  1796),  réunissant  l'Hôtel-Dieu  et  la  Charité  sous  la 
même  Direction,  par  une  Commission  administrative  qui  fonctionne 
jusqu'en    1802. 

L'organisation  moderne,  établie  par  l'arrêté  du  18  janvier  1802, 
modifié    et    complété    par    l'ordonnance    du    30    juin     1845,     a    placé 


-(  136  )- 

les  Hospices  Civils  de  Lyon  sous  la  direction  d'un  Conseil  Général 
d'Administration  composé  du  Maire.  Président-né,  et  de  vingt-cinq 
membres  nommés  par  le  Préfet,  ayant  à  leur  tête  un  Président  élu 
parmi  eux.  Comme  leurs  devanciers,  les  Administrateurs  modernes 
ont  su  gérer  le  bien  des  pauvres  avec  une  prévoyance,  une  habileté 
et  un  dévouement  remarquables  ;  de  grands  noms  ont  illustré  cette 
période,  et,  tout  particulièrement,  c'est  avec  admiration  et  respect 
qu'il  convient  de  s'incliner  devant  ceux  des  Présidents  Hermann 
Sabran    et    Caillemer. 

Les  constructions  les  plus  anciennes  de  l'Hôtel-Dieu  actuel  sont  du 
XVIF  siècle  :  ces  bâtiments,  dits  du  Petit-Dôme,  disposés  en  forme 
de  croix,  furent  édifiés  de  1623  à  1631,  sur  les  dessins  d'Antoine 
Picquet  et  César  Laure,  bourgeois  de  Lyon.  Le  cloître  de  la  Cour 
d'entrée,  primitivement  établi  par  les  Confrères  de  la  Croix,  en  1540, 
fut  reconstruit  à  la  même  époque.  Quant  au  portail,  avec  son  vesti- 
bule octogne,  œuvre  de  Delamonce,   il  date  de    1708. 

Le  Palais  du  quai,  ave::  le  grand  dôme  qui  le  surmonte,  conçu 
par  Soufflot  et  commencé  par  lui  en  1741,  a  été  continué  par  Tous- 
saint Loyer,  qui,  pour  le  dôme  (1756-1761),  a  malheureusement 
modifié  les  plans  du  maître  ;  cette  façade  du  quai  n'a  été  terminée 
qu'au  XIX^  siècle,  par  la  construction,  toujours  suivant  la  conception 
de  Soufflot,  des  deux  ailes  septentrionale  (1821-1822)  et  méridionale 
(1837-1838).  Les  statues  de  Childebert  et  d'Ultrogothe,  renversées  en 
1793  et  rétablies  en  1816,  sont,  la  première  de  Prost.  la  seconde  de 
Charles  ;  quant  aux  deux  groupes  des  balustres,  placés  en  1843,  ils 
sont   l'œuvre    de    Carie    Elshoect. 

Le  passage  de  l'Hôtel-Dieu  a  été  édifié  en  1840,  sur  l'emplacement 
de  l'ancienne  boucherie  de  l'Hôpital,  qui  datait  de  1578  ;  et  les 
bâtiments  sur  la  rue  de  la  Barre  ont  été  également  reconstruits  de 
1887   à    1893. 

L'Hôtel-Dieu,  ouvert  aux  malades  indigents  domiciliés  à  Lyon  et 
aux  malades  payants,  quel  que  soit  leur  domicile  de  secours,  possède 
actuellement  1.034  lits  et  50  berceaux. 


Charité.  —  L'Hospice  de  la 
Charité,  qui,  comme  l'Hôtel-Dieu, 
est  né  de  l'esprit  d'initiative  bien- 
faisante de  nos  pères,  a,  suivant 
l'expression  des  lettres  patentes 
de  Louis  XIV  et  de  Louis  XV, 
servi  de  modèle  à  tous  les  hôpi- 
taux de  France,  y  compris  le 
Grand    Hôpital    Général    de    Paris. 

C'est  à  une  calam.ité  publique 
que  l'Hospice  de  la  Charité  doit 
son  origine.  En  1531,  une  forte  di- 
sette désolant  la  région  lyonnaise 
e':  les  provinces  voisines,  une  foule 
d'affamés  accourt  à  Lyon.  Les 
m.esures  imm.édiates  que  comporte 
la  situation  sont  prises  :  un  Bu- 
reau de  Bienfaisance  est  installé 
au  Couvent  des  Cordeliers  de 
Saint-Bonaventure,  des  quêtes  sont 
organisées   et  les   secours   répartis   avec    tant   d'ordre   et   d'abondance 


Ecusson  de  l'Hospice  de  la  Charité. 


-(  137  )- 

qu'à  la  reddition  des  comptfH.  !»•  IH  janvier  1533.  un  Moirir  dt- 
3%  livrrs  2  houm  7  drnirrH  rr.stf  <ljsj>(>niblr.  Devant  ce  rcBultat,  un 
des  inrmbreH  du  Burrau,  Jean  Bro(|uin.  proponr.  pour  enrayer  dcfi- 
nilivrinent  à  Lyon  la  niriHli<  it«'-  rt  la  iniHrre.  (\r  transformer  le 
Burrau  provisoire  m  un  Bureau  prrujanrnt  :  la  proposition  est 
accurillir  av<M-  cntliouHia.suïc.  Irs  statuts  votrs  à  l' unanimité,  et 
rCMuvro  nouvelle,  sous  le  nom  significatif  d'Aumône  Générale,  com- 
mence  sur-le-champ    la    lon^ix*    série    de   ses   bienfaits. 

L'extinction  d«'  la  mendi.  ilé  étant  le  but  de  l'Aumône,   ses  nruvres 
de    début    furent    la    distrihnlion    de    pain    aux    habitants    pauvrss    et 


Les  boiseries  de  la  Salle  des  Archives  de  la  Charité.    Cl.  Synd.  Init. 


invalides,  l'expulsion  ou  1* incarcération  des  mendiants  étrangers  à  la 
ville  et  enfin  l'hospitalisation  des  enfants  orphelins  légitimes,  les 
garçons  à  l'Hôpital  La  Chanal,  les  filles  à  l'Hôpital  Sainte-Catherins. 
L'administration,  confiée  aux  soins  de  neuf  Recteurs  —  nombre  pro- 
gressivement porté  à  dix-huit  —  établit  son  Bureau  aux  Terreaux, 
en  plein  centre  de  son  champ  d'action,  dans  l'immeuble  connu  plus 
tard  sous  le  nom  d'Hôtel  du  Parc. 

L'extension  rapide  de  l'Œuvre  primitive  et  l'adjonction  d'Œuvres 
nouvelles  rendirent  bientôt  ces  bâtiments  insuffisants,  et,  en  1617, 
avec  le  concours  du  Consulat,  des  Notables,  du  Clergé  et  des  Négo- 
ciants étrangers,  furent  entrepris,  sur  les  plans  d'Etienne  Martel- 
lange,  et  sous  le  nom  d'Hôpital  de  la  Charité  et  Aumône  Générale 
de  Lyon,  les  bâtiments  de  l'Hospice  actuel,  agrandis  encore,  en 
1745,  de  tous  les  terrains  et  locaux  du  Monastère  Sainte-Elisabeth. 

L'Œuvre  continua  à  progresser,  et,  en  1787.  l'Hospice  de  la 
Charité  avait  atteint  une  importance  exceptionnelle  et  soulageait  une 
population    considérable. 

L'Administration  ancienne  dura  jusqu'en  1792  ;  le  15  décembre 
1791,    les   Recteurs    en    exercice    donnèrent    leur    démission,    mais    ne 


-(  138  )- 

furent  remplacés  que  le  2  juillet  1792,  par  des  Administrateurs  nom- 
més par  le  Directoire  du  département  ae  Rhône-et-Loire,  et  le 
Conseil  Général  de  la  Commune  de  Lyon.  Cette  organisation  fut 
éphémère,  et,  à  partir  du  16  vendémiaire  an  V  (7  octobre  1796), 
l'histoire  générale  de  la  Charité  se  confond  avec  celle  de  l'Hôtel- 
Dieu. 

L'Hospice  de  la  Charité,   en   tant  qu'édifice,   n'offre  pas  de  qualité 


Eglise  de  la  Charité,  Place  Bellecour.   (Cl.  Synd.  Init.) 


artistique  ;  tout  au  plus  peut-on  signaler  les  bas-reliefs  de  Legendre- 
Héral  et  de  Prost,  qui  ornent,  l'un  la  porte  d'entrée,  l'autre  le  portail 
de  la  chapelle.  A  l'intérieur,  cette  chapelle,  et  surtout  la  Salle  du 
Conseil,  la  Salle  des  Archives  et  la  Pharmacie,  avec  leurs  bois2ries  et 
leurs  œuvres  d'art,  sont,  à  juste  titre,  fort  admirées  des  connaisseurs. 
L'Hospice  de  la  Charité,  destiné  aux  enfants  et  aux  femmes  en 
couches  ou  atteintes  d'affections  gynécologiques,  comprend  952  lits 
et    193    berceaux. 

A.  Croze. 


-(  139  )- 


LA  CHAPRLU:  l)i:  I.HOTRLDIEU 

La  chapellr  (!<•  Il  lôtrl-Diru  H'e'lcvr  uir  la  pffitf  plac  f  <\i-  l'Hôpital. 
Commencée  t^n  dr* mihrr  1637.  elle  ne  fut  tmiiiiif'-c-  cju"  *n  I6S0  ; 
l'architecte    Diicellrt    m    cirrsHa    Irs    planH.    La    façaflr,    partir    la    pliiH 


Chapelle  de  l'Hôtel-Dieu.  (Cl.  J.  Sylvestre. 


intéressante  du  monument,  fut  dessinée  en  exécutée  par  Jacques 
Mimerel,  l'un  des  sculpteurs  de  l'Hôtel  de  Ville  ;  elle  est  particuliè- 
rement remarquable  parce  qu'elle  offre  tous  les  caractères  du  style 
Louis  XIII,  et  du  style  le  plus  pur  :  ligne  verticale  dominante, 
construction  en  bossages,  grands  bas-reliefs,  pilastres,  etc.,  alors  que 
les  autres  édifices  religieux  du  XVII^  siècle  sont  généralement  con- 
struits dans  le  style  dit  Jésuite. 

La    porte,    ornée    de    deux    palmes    en    sautoir,    est   surmontée    d'un 


-(  140  )- 

tympan  dans  lequel  est  placé  un  groupe  en  ronde-bosse  représen- 
tant Notre-Dame  de  Pitié,  reconstitué  par  Fabisch.  Au-dessus,  une 
demi-rosace  découpée  de  meneaux  s'arrondissant  en  volutes  sert  à 
éclairer  le  fond  de  la  grande  nef.  Puis,  le  fronton  de  la  façade  est 
rempli  par  les  armes  accolées  de  France  et  de  Navarre,  timbrées  de 
la  couronne  royale  et  soutenues  par  deux  figures  aux  ailes  déployées. 
De  ces  deux  écussons  s'échappe  une  double  guirlande  de  branches 
de  chêne  et  de  fleurs.  Cette  partie  centrale  est  encadrée  de  deux 
pilastres,  de  deux  trophées  de  fleurs  et  de  fruits  suspendus  à  des 
têtes  de  lions,  et  de  bossages  aux  angles. 

L'intérieur  du  monument  renferme  deux  oeuvres  dignes  d'être  si- 
gnalées :  une  statue  de  la  Vierge,  en  marbre  blanc,  de  Jacques 
Mimerel,  l'auteur  de  la  façade,  et  une  chaire.  La  statue  avait  été 
placée  autrefois  dans  un  édicule  construit  en  1659  au  milieu  du 
pont  du  Change,  sur  les  plans  de  Simon  Maupin,  architecte  de 
l'Hôtel  de  Ville  ;  elle  en  fut  retirée  en  1674  ;  l'édicule  de  Simon 
Maupin  a  été  transféré  au  bas  de  la  montée  du  Chemin-Neuf,  où  il 
couvre  une  fontaine.  La  chaire,  en  marbres  de  diverses  couleurs,  de 
Marc  Chabry  le  fils,  décorait,  avant  la  Révolution,  l'église  des 
Carmes-Déchdussés.  Ajoutons  un  Christ  en  croix,  de  Sérangeli. 

P.    ROCHEX. 


Théâtre  des  Célestins.    Cl.  J.  Sylvestre.) 


THEATRE  DES  CELESTINS 


Acheté  par  la  Ville  de  Lyon,   en    1838,    à  la  famille  Saint-Rousset 
de  Vauxonne,    le   Théâtre   des   Variétés   ou   des   Célestins   fut  détruit 


-{  141  )- 

par  un  incendie  dans  la  nuit  du  1"*  au  2  avril  1871.  A  la  suite  d'un 
concours  ouvert,  en  1873,  pour  sa  reconstruction,  Gaspard  André, 
architecte,  lauréat  du  concourH,  fut  char^^é  de  l'exéc  utifin  <\r  «on 
projet.    CoiiiinrMu  é  en    1874,    le     Théâtre   était    terminé   en    1877. 

"I  rois  ans  plu.s  lard,  un  kiouvel  in(•e^di^  détruisit  la  scène  et  l.i 
salle  jusqu'à  la  toiture.  André  rec  on.stitua  .son  (i-uvre  tellr  qu'il 
l'avait  primitivement  connue,  et,  le  18  fx  tohre  1881.  le  Ihé'itre 
rouvrait  ses   portes. 

Isolé  sur  trois  faces,  le  Théâtre  occupe  une  superficie  de  1.188  mè- 
tres  carrés   et   contient    I  .bOO   places   assises. 

Les  trois  grandes  baies,  à  l'étape  de  la  première  galerie  et  du 
foyer,  richement  décorées  et  de  belles  proportions,  la  corniche  vigou- 
reu.semenl  développée,  le  soubassement  simple,  les  côtés  presque  nus 
faisant  valoir  le  motif  cenlral.  forment  un  très  bel  et  très  complet 
ensemble, 

A  droite  et  à  gauche  des  grands  balcons,  entre  deux  colonnea 
accouplées,  se  trouvent  les  statues  de  la  Comédie  et  de  la  Tragédie, 
par  Roiibaud  jeune. 

Le  plafond  de  la  salle  a  été  peint  par  Domer,  ainsi  que  le  tableau 
qui  représente  Molière  et  qui  décore  la  cheminée  du  foyer  du  public. 

On  joue   dans   ce  Théâtre   le  drame,    la   comédie   et   l'opérette. 

C.  Meysso.n. 


La  Basilique  d'Ainay  et  le  confluent   vers   1650, 
d'après  la  gravure  d'Israël  Silvestre. 


AINAY.  —  SAINT-MARTIN-D'AINAY  (I). 

Le  visiteur,  en  présence  de  Vtsle  occupée  de  nos  jours  par  l'église 
de  Saint-Martin-d'Ainay,  ses  chapelles  et  dépendances,  entourée  de 
rues  (place  d'Ainay,  rue  des  Remparts-d'Ainaj%  Adélaïde-Perrin  et 
Bourgelat)  ne  peut  avoir  une  id?ée  de  ce  qu'était  jadis  la  célèbre 
Abbaye.  Le  cours  des  âges  lui  a  été  funeste  :  tout  a  été  bouleversé. 
Non  seulement  l'église,  ses  chapelles  ont  subi  des  modifications  et 
destructions,  les  bâtiments  claustraux  ont  disparu,  mais,  ce  qui  est 
étonnant  et  plus  regrettable,  le  site  lui-même  n'est  plus  ce  qu'il 
^tait   jadis. 

L'Abbaye,    à   ses   débuts,    fut   édifiée   dans   une   île.   L'île   d'Ainay 

(  l     Extrait  d  une  monographie  d'Ainay  en  préparation. 


(  142  )- 


Insula  Athanacense,  à  la  période  gallo-romaine,  fut  occupée  par  des 
ïTiarchands,  négociants,  surtout  en  vins,  qui,  a  côté  de  leurs  maga- 
sins ou  entrepôts,  s'étaient  fait  construire  de  riches  villas  dont  les 
magnifiques  mosaïques  (et  particulièrement  celle  des  Jeux  du  Cirque) 
ont  été  mises  au  jour  au  cours  des  âges  et  en  ont  montré  le  luxe. 
Surviennent  des  époques  troublées  :  destruction  totale  de  Lyon  par 
Septime-Sévère,    succession    d'invasions,    guerres,    etc. 

Au  Moyen  Age,  à  une  époque  que  l'on  n'a  pu  encore  déterminer, 
une  Abbaye  fut  fondée  dans  cette  île.  Par  qui  ?  On  a  parlé  de 
laint  Badulphe,  mais  son  existence,  jusqu'à  ce  jour,  n'a  pu  être 
démontrée. 

A  la  fin  du  XII-  siècle,  a  la  suite  des  apports  constants  du  Rhône 
et   de   la   Saône,    l'île   est   rattachée   au    continent   et   le    confluent   des 

deux  fleuves,  qui  primitivement  se 
trouvait  au-dessous  de  la  colline 
de  la  Croix-Rousse,  est  transporté 
au-dessous  des  bâtiments  de  l'Ab- 
baye. L'Abbaye,  baignée  par  les 
fleuves,  entourée  d'arbres  touffus, 
dressait,  par  dessus  la  verdure,  le 
clocher  si  original  de  son  église» 
les  toits  de  ses  bâtiments,  de  sas 
chapelles  et  annexes,  le  tout  de- 
vait présenter  un  aspect  particuliè- 
rement pittoresque. 

Au  XVIII^  siècle,  l'ingénieur  Per- 
rache  eut  l'idée  de  réunir  toutes 
les  îles  qui  s'égrenaient  jusqu'à 
la  Mulatière  et  de  transporter  le 
confluent  du  Rhône  et  de  la  Saône 
à  l'endroit  où  il  se  trouve  actuel- 
lem.ent  :  le  quartier  Perrache  est 
créé,  Lyon  agrandi,  mais  l'origi- 
nalité d'Ainay  est  perdue. 

De  l'Abbaye  primitive,  il  ne 
reste  plus  que  Yéglise  bénédictine, 
la  chapelle  Sainte-Blandine  et  la 
chapelle  Saint-Michel.  Du  palais  abbatial  reconstruit  par  Villeroy, 
une  porte  du  XVII®  siècle  est  conservée  dans  la  cour  du  numéro  15  de 
la  rue  Vaubecour.  Tout  le  reste  a  disparu  :  le  Baron  des  Adrets,  en 
1562,  en  avait  commencé  la  ruine  ;  les  Chanoines,  pour  se  créer  des 
ressources,  la  continuèrent  par  le  lotissement  de  terrains  ;  la  Révolu- 
tion compléta  le  tout.  Les  bâtiments  claustraux  furent  vendus,  des 
chapelles  furent  détruites,  les  jardins  qui,  jusqu'au  XVI^  siècle,  s'éten- 
daient de  la  place  Saint-Michel  (place  Antoine-Vollon)  au  confluent, 
servirent  à  édifier  les  énormes  bâtisses  sans  caractère  qui  encerclent 
et   étouffent   Ainay. 

Passons  en  revue  Vlntérieur  des  divers  édifices. 


Base  de  pilastre  cla  l'abside. 


EgUSE  de  SainT-MartiN-d' Ainay.  —  D'abord  abbatiale  bénédictine, 
puis  collégiale  et  paroissiale  de  1685  à  la  Révolution,  enfin  paroissiale 
depuis    1803. 

Elle  fut  consacrée  en  1107  par  le  pape  Pascal  II.  ce  qui  permet 
de  fixer  sa  construction  par  Gaucerand  ou  Josserand,  abbé  d'Ainay 
de    1102   à    1107. 


-  (   14^ 

Plan  basilical.  Irob  nefs  1«  liautriirH  t'j<alrH.  cjualrr  lrave*r»M,  tran- 
sept avec  coupole  octogonal»-,  abside  et  deux  abnidiolcs.  Saint 
Martin  est   un   bon   spécimen   d'église   romane   avec   unité   de   style. 

Le    porche    a    sa    ports    Intérieure    surmontée    d'une    8culf)liir*-    de 


HiiHiiHiiiÉ 


Eglise  Saint-Martin  d'Ainay.  (.Cl.  Synd.  Init. 


Fabisch  :  le  Christ  de  Majesté  et  les  symboles  des  quatre  Evangé- 
listes. 

Les  nefs,  jadis  recouvertes  en  charpente,  sont,  depuis  1830,  voiitées 
de  briques,  à  plein  cintre.  Les  fenêtres,  percées  dans  les  murs  laté- 
raux, ont  été  changées,  remaniées  à  la  même  époque.  Entre  elles, 
des  pilastres  supportent  des  chapiteaux  anciens  très  intéressants. 
Leur  ornementation,  consistant  en  animaux  affrontés  (lions,  biches), 
en  végétaux  (palmiers,  acanthes),  etc.,  donne  l'impression  d'une 
influence  orientale  indéniable. 

Les    nefs   sont   séparées   par   des   arcades    à   plein    cintre   surhaussé 


•(  144  )- 


reposant  sur   des   colonnes   en   très   beau   calcaire   jaune   et   provenant 
d'édifices   romains. 

Le  transept  présente  quatre  énormes  colonnes  monolithes  en  syé- 
nite  d'Egypte.  Ont-elles  été  sciées  et  primitivement  ne  formaient- 
elles  que  deux  colonnes  ?  Les  Romains  en  avaient  cantonné  les  deux 
côtés  de  l'autel  de  Rome  et  d'Auguste,  élevé  l'an  12  avant  Jésus- 
Christ  à  la  Croix-Rousse,  derrière  l'église  Saint-Polycarpe.  Leurs 
chapiteaux,  ainsi  que  ceux  des  colonnes  de  la  nef,  sont  une  rémi- 
niscence très  simplifiée  du  chapiteau  corinthien. 

Ces  quatre  colonnes  soutiennent  une  coupole  octogonale  sur 
trompes.  Le  tambour,  percé  de  quatre  fenêtres,  est  orné  de  colon- 
nettes   et  chapiteaux   très   variés   provenant   d'édifices   antérieurs. 

L'abside,    voûtée    en    cul-de-four,    est    soutenue    par    des    pilastres 
richement  sculptés  ;  trois  fenêtres  à  plein  cintre  servent  à  l'éclairage. 
Les  pieds-droits   soutenant   leurs  archivoltes   moulurées   sont  sculptés. 
Toutes   ces   sculptures   demandent  à   être   examinées   de   près   et  en 
détail    :    elles    offrent    un    heureux    mélange    d'animaux    réels    ou    fan- 
tastiques,   de    rinceaux,    d'oves 
et    rais    de    coeur,    formant    un 
ensemble  décoratif  dans  lequel 
on     retrouve     le     gréco-romain, 
l'art    oriental,    l'art    barbare    au 
milieu   desquels   l'artiste   donne 
une     note     personnelle    et    réa- 
liste,   exemple    parfait   des    élé- 
ments  divers   qui,    par   leur   fu- 
sion,   ont    créé    l'art    roman,    si 
plein  de  saveur  et  d'originalité. 
Enfin,      notons     encore      tout 
particulièrement  les   chapiteaux 
des    pilastres    de    la    travée    du 
choeur,     sculptures    importantes 
pour  l'histoire  de  l'art  de  notre 
région.    Du   côté   droit   :  Tenta- 
tion  et   faute   d'Adam   et  Eve,    Annonciation,    Christ   de   Majesté    en- 
touré des  quatre  animaux  symboliques.  Du  côté  gauche  :  Dieu  bénis- 
sant l'offrande  d'Abel  se  détourne  de  Caïn,   Saint  Michel   terrasse  le 
Démon,   Caïn   tue  Abel,   Saint  Jean,    montrant  le   Christ,    annonce   sa 
venue. 

Les   objets   dignes   d'attirer   l'attention   sont    : 

Le  Pavage  en  mosaïque  du  choeur,  restauré  d'après  quelques 
fragments  conservés  et,  devant  l'autel,  la  Mosaïque  dite  du  pape 
Pascal  11,  du  XII^  siècle.  Le  personnage  mitre,  tenant  entre  ses  mains 
une  réduction  de  l'église  d'Ainay,  n'est  point  un  pape,  mais  l'abbé 
Gaucerand,  édificateur  de  l'église  ;  à  droite  et  à  gauche,  deux  in- 
scriptions de  la  même  époque,  en  vers  léonins,  contiennent  une  invo- 
cation  à   l'Eucharistie. 

Fresques  du  cul-de-four  de  i  abside,  dues  à  Hippolyte  Flandrin  en 
1855  :  au  centre,  le  Christ  ;  à  droite,  la  Vierge  lui  présente  sainte 
Blandine  et  sainte  Clotilde  ;  à  gauche,  saint  Michel,  saint  Pothin  et 
saint  Martin. 

Fresques  de  V ahsidiole  de  droite  :  saint  Badulphe  bénissant  l'Ab- 
baye,  dont  la  fondation   lui   serait  attribuée. 

Fresques  de  Vahsidiole  de  gauche  :  saint  Benoît  donne  sa  règle 
aux    Religieux    d'Ainay. 


Chapiteau  de  pilastre,  fond  de  l'église, 
côté  de  l'épître. 


-(  145  )- 

Les  vitraux  c\i\  chfriir,  triivrr  modrrnr  (\r  1  liihaucj.  dr  Clrrmont- 
Ferrand,    ne   hoiiI    point    sans    mrritr. 

Le  mattrc-autcl  fut  oxccuté  <*n  1855  par  PoiisHirl^/iir  Hiisand, 
inspiré   du   rolchre    maître-autel   de    Bâle   (au    MuHcr   de-   C  luuy). 

La  coupole  a  reçu,  il  y  a  peu  de  temps,  une  décoration  du  peintre 
Lanicrrc. 

l.ustrc,    rrniinisrence    d<"    (rlni    d  Aix  l.i  (  l>apfll<-.    par    Poussiel^ue. 

Chemin   de  Croix  cl* Arniand-Calliat   et   Chaire  de   labisch,    1867. 

Chapelle  SainiK-Blandini:.  Sur  le  côte';  droit  de  l'église  de  Saint- 
Martin.  La  nef  est  voûtée  à  plein  cintre,  les  murs  décorés  d'arcades. 
L'abside,  élevée  au-dessus  de  la  nef,  carrée,  est  voûtée  en  cul-de- 
four  ;  ce  dernier  repose  sur  trois  arcs  soutenus  par  huit  colonnettes 
dont  quatre  sont  accouplées  deux  à  deux.  Au  milieu,  une  fenêtre 
en    plein    cintre.    L'arc    triomphal    repose    sur    deux    colonnes. 

Cette  chapelle,  à  laquelle  on  a  attribué  une  origine  très  ancienne, 
et  que  quelques  auteurs  font  remonter  au  VI^'  siècle,  et  même  au 
delà,  paraît  être  de  la  même  époque  que  la  grande  église,  c'est- 
à-dire  de  la  fin  du  xr  ou  du  début  du  XIT"  siècle.  Ce  qui  a  pu  im- 
poser pour  un  édifice  très  ancien,  ce  sont  peut-être  les  chapiteaux  et 
colonnettes  de  l'abside,  qui  sont  rapportés  et  ont  dû  provenir  d'un 
autre  édifice.  Mais,  d'autre  part,  ces  chapiteaux  à  dessins  géomé- 
triques (entrelacs  et  feuillages),  rappelant  l'époque  carolingienne, 
sont  semblables  à  ceux  des  chapiteaux  de  la  chapelle  du  Prieuré  de 
Saint-Romain-du-Puy,    près    Montbrison,    du    XII^    siècle. 

Crypte.  —  Petite  salle  rectangulaire  sous  l'abside  de  Sainte-Blan- 
dine.  La  voûte  en  berceau  est  supportée  aux  quatre  angles  par  des 
pilastres  ornés  de  simples  billettes.  Sur  les  murs  latéraux,  deux 
petites  ouvertures  donnant  accès  chacune  à  un  petit  réduit.  Aucun 
renseignement  pour  déterminer  l'âge  de  cette  crypte,  ni  son  usage. 
A-t-elle  servi  à  déposer  les  restes  des  Martyrs  de  177,  saint  Pothin, 
sainte  Blandine  et  leurs  compagnons  ? 

Chapelle  de  la  Vierge.  —  Fait  suite  à  Sainte-Blandine.  Récente. 
Sur  l'autel,  la  Vierge  Immaculée,  œuvre  de  Bonnassieux,  1851,  et 
bas-relief  de  Fabisch,  le  Couronnement  de  la   Vierge. 

Chapelle  Saint-Michel.  —  Sur  le  côté  gauche  de  la  grande  église. 
Edifiée  sous  le  vocable  de  la  Vierge,  en  1485,  aux  frais  de  Guichard 
de  Pavis  de  Rovedis,  infirmier  d'Ainay.  Plan  rectangulaire.  Voûte 
très  élevée  et  soutenue  par  des  arcs  multiples  (liernes,  tiercerons,  etc.) 
s'entrecroisant  et  se  perdant  dans  des  colonnes  sans  chapiteaux.  La 
paroi  Est  est  ornée  de  verrières,  œuvre  de  M.  L.  Bégule.  Sur  les 
murs,  fresques  à  ornements  géométriques  de  J.  Raguret.  Piscine 
dans    l'angle    Sud-Est. 

Chapelle  Saint-Joseph.  —  Adossée  au  bas-côté  gauche  de  l'église 
Saint-Martin.  Construction  moderne.  Les  colonnes  et  chapiteaux  de 
Tabside,  de  style  roman,  proviennent  de  l'ancienne  église  parois- 
siale de  Saint-Pierre-le-Vieux,  sise  au  numéro  3  de  la  rue  du 
Doyenné,    et   démolie   en    1867. 

Chapelle  des  Fonts  Baptismaux.  —  Termine  la  chapelle  Saint- 
Joseph,  avec  laquelle  elle  communique  par  une  large  porte  rectan- 
gulaire, en  marbre,  dont  les  matériaux  proviendraient  de  débris  an- 
ciens   de    l'Abbaye.    A    remarquer    le    linteau    décoré    d'une    grecque 

10 


-(  146 


L'Abside  de  Saint-Martin  d'Ainay.  (Cl.  Synd.  Init. 


portant  au  centre  la  main  de  Dieu  bénissant,  et  les  chapiteaux  du 
Xll^  siècle,  dont  la  partie  antérieure  seule  est  ancienne.  A  gauche, 
suite  d'animaux  fabuleux,  griffons,  serpents,  et  un  berger  ;  à  droite, 
la  Naissance  de  Jésus,  la  Vierge  dans  son  lit  est  assistée  d'une 
ventrière  qui   ferme  les  rideaux.   Adoration   des   Bergers. 

L'intérieur  de  l'édicule  présente  sur  les  murs  des  arcades  dont  les 
chapiteaux  proviennent  d'une  éghse  détruite  de  l'Ile-Barbe  (XIF  siècle) 

L'Extérieur    de    ces    édifices    présente    les    particularités    suivantes. 

Le  Clocher-Porche  est  accosté  de  deux  porches  latéraux  de 
construction  récente.  Primitivement,  le  clocher-porche  faisait  saillie 
sur  le   mur  de   la  nef   dégagé  de  toute   construction. 

La  hase  est  construite  au  moyen  de  blocs  de  pierre  énormes  (pierres 
de  choin)  ayant  appartenu  aux  monuments  romains,  ainsi  qu'on  le 
retrouve  à  la  base  de  tous  nos  anciens  édifices.  A  la  fin  du  XII^  siè- 
cle, la  porte  primitive  romane  fut  reconstruite  en  tiers-point.  Au- 
dessus  du  porche,  trois  étages  percés  de  fenêtres  simples  ou  gémi- 
nées, cantonnées  de  colonnettes.  Les  murs  sont  décorés  d'incrusta- 
tions  de  briques  rouges  et  blanches.  Au  troisième  étage,  une  grande 
crozx  grecque  avec  incrustations.  Au-dessous,  frise  sculptée  repré- 
sentant les  signes  du  zodiaque  et  autres  sujets. 

Le  clocher  est  terminé  par  une  pyramide  quadrangulaire  et  une 
croix    dorée  ;    aux    quatre    angles,    quatre    petits    pyramidons. 

Sur  la  place,  à  gauche  de  l'église  Saint-Martin,  sur  le  mur  des 
fonts    baptismaux,    sont    encastrés     : 

1°    Un    tympan    provenant    d'une    porte    de    l'Abbaye,    orné    d'une 
sculpture    du    XI®    siècle    environ,    représentant   des    scènes    de    la    vie 
de    saint    Jean-Baptiste    :    Festin    d'Hérode    et    Hérodiade,    Danse    de 
Salomé,    Décollation   du   Précurseur,  son   ensevelissement  ;    à   droite» 
un   Ange   le   transporte  au  Ciel  ;   à   gauche,    un   Diable. 

2°    Une   dalle  funéraire   d'un   chantre   d'Ainay,    Bonnet. 


-i  147  ; 

En  pénétrant  dans  la  petite  cour  donnant  à  IVst  et  lont?<*ant  la 
rue  Adélaïde  Perrin,  on  peut  voir  de  prca,  à  {gauche  \  abaidc  carrée 
de  la  chapelle  Saintc-Blandine,  avec  fenêtre  plein  cintre  et,  au-dessuH 
un  oculua,  le  mu»-  ent  orné  d'incruHtaticinH  de  britjiieH  comme  cellen 
du  clocher  de  Saint  Martin,  formant  damrer.s  et  épis.  Le  rampant 
du  toit  est  soutenu  par  des  modillons  à  copeaux  comme  ceux  de 
l'Auvergne  et  les  pierres  de  ce  rampant  sont  ornées  à  leur  partie 
inférieure  d'ornements  géométriques,  en  léger  relief,  partant  d'une 
cupule    centrale. 

Au  nriilieu  de  la  courette,  se  dresse  Vabsidc  demi-circulaire  de  la 
grande  église,  avec  ses  trois  fenêtres  plein  cintre,  cantonnées  de 
colonnettes,  et  soutenue  par  deux  contreforts  ;  de  chaque  côté,  absi- 
dioles  carrées,  percées  d'une  fenêtre.  Dominant  les  toits  de  Saint- 
Martin,  s'élève  le  clocher-lanterne  du  transept,  abritant  la  coupole, 
carré,    trapu,    aux    quatre    faces    percées    de    baies    géminées. 

A   droite,    Vahside   de   la   chapelle  Saint-Michel. 

Sur  la  rue  des  Remparts-d'Ainay.  une  porte  a  plein  cintre  dont 
le  linteau,  les  chapiteaux  et  l'archivolte  sont  des  débris  antiques. 


MONUMENT  CARNOT 
Place  de  la  République. 


Le  24  juin  1894,  le  Président  Sadi  Carnet,  sortant  du  Palais  du 
Commerce,  où  il  venait  d'assister  à  un  banquet,  tomba  sous  le 
poignard   d'un   anarchiste   étranger. 


Place  et  rue  de  la  République  et  rue  Président-Carnot.  iCl.  Synd.  Init.) 


-(  148  )- 

Une  souscription  nationale  fut  immédiatement  ouverte  pour  élevai* 
à  Lyon  un  monument  à  cet  auguste  martyr. 

A  la  suite  d'un  concours,  le  statuaire  Gauquié  et  l'architecte 
Naudin  furent  chargés  de  l'exécution  de  cette  œuvre.  L'inauguration 
eut   lieu   en    1900. 

La  statue,  en  marbre,  de  Carnot  debout,  est  placée  en  avant  d'un 
haut  obélisque,  sur  lequel  se  détache  en  haut-relief  un  génie  tenant 
un  drapeau  abaissé,  et  personnifiant  la  Patrie.  A  la  base,  la  Ville 
de  Lyon  éplorée  semble  recouvrir  d'un  voile  le  souvenir  de  l'horrible 
forfait.  A  gauche  et  à  droite,  des  génies  tenant  des  écussons  rap- 
pellent les  événements  historiques  de  Toulon  et  de  Cronstadt.  Sur  la 
face  nord,   un  superbe  lion  couché. 

L'ensemble  s'élève  sur  une  esplanade  en  avant  de  laquelle  une 
vasque  toujours  fleurie  sert  de  motif  principal  à  une  chute  d'eau 
entourée  d'un  parterre  descendant  en  pente  douce  jusqu'au  niveau 
de    la    place. 


FONTAINE  DES   JACOBINS 

Avant  rérection  de  ce  monument,  trois  fontaines  avaient  succes- 
jsivement  été  élevées  sur  son  emplacement.  Tout  d'abord  une  pompe 
à  balancier,  que  les  gens  du  quartier  agitaient  à  tour  de  bras  pour 
avoir  l'eau  nécessaire  à  leurs  besoins.  Les  grincements  de  cette  pompe 
portèrent  si  bien  sur  les  nerfs  d'un  nommé  Danton,  tranquille  habi- 
tant du  voisinage,  qu'il  légua  à  la  Ville  une  somme  importante  pour 
édifier,  à  sa  place,  une  fontaine  monumentale  permettant  de  s'ap- 
provisionner à  toute  heure  d'eau  jaillissante.  La  condition  de  ce  legs 
ne  fut  pas  réalisée  immédiatement,  et  la  pompe  fut  d'abord  rem- 
placée par  une  fontaine  en  fonte  du  modèle  commercial.  Puis,  un 
jour,  on  songea  au  legs  laissé  sans  emploi,  et  l'architecte  Tony  Des 
jardins  fut  chargé  d'étudier  et  d'édifier  un  monument  avec  fontaine 
dont  le  centre  était  réservé  à  une  statue  du  sénateur  Vaïsse,  ancien 
préfet  du  Rhône,  sous  l'administration  duquel  furent  exécutés  la 
plupart  des  grands  travaux  de  transformation  de  la  ville.  Malgré  sa 
belle  ordonnance  décorative,  on  reprochait  à  ce  monument,  dont  la 
statue,  œuvre  du  sculpteur  Guillaume  Bonnet,  ne  fut  jamais  placée, 
d'être  de  dimensions  démesurées  pour  le  place  dont  il  occupait  la 
plus  grande  partie.  A  la  suite  de  nombreuses  et  acrimonieuses  péti- 
tions, on  le  transféra  sur  la  place  Perrache,  aujourd'hui  place  Car- 
not, où  il  sert  de  base  et  d'encadrement  au  monument  de  la  Répu- 
blique qui  y  a  été  élevé  depuis. 

La  Fontaine  actuelle  des  Jacobins,  œuvre  la  plus  parfaite  de  l'émi- 
nent  architecte  lyonnais  Gaspard  André  (1840-1896),  est  aussi  admi- 
rable par  sa  composition  que  par  les  harmonieuses  et  originales  re- 
cherches de  son  ornementation.  Reproduisant,  sans  l'imiter,  le  thème 
du  grand  tombeau  de  l'antique  Glanum  (Saint-Rémi-de-Provence), 
elle  se  compose  essentiellement  d'une  base  carrée  émergeant  de  deux 
bassins  superposés.  Le  bassin  supérieur  est  divisé  en  quatre  parties 
qu'encadrent  quatre  Sirènes  tenant  des  poissons  qui  lancent  des 
gerbes  d'eau  par  leurs  gueules  entr' ouvertes.  Elles  sont  du  sculpteur 


'   149  i 

Delaplan(  hr.  Au  drusuH.  cjiialrr  vaaqii<»s  entourrnt  un  ratage  à  arcade 
que  rouronnt*  un  petit  rdiruir  rond  recouvrant  un  trépied.  Autour  de 
la  vasque  supérieure  court  unr  frise  clr  rOfjuilla^fH.  de  <  rustarés  et 
d'algues  marines,  délicatement  traitée,  arrêtée  par  quatre  vases  aux 
anses  traversées  de  poissons  du   Rhône   crçichant  des  jets  d'eau. 

Dans  les  (juatre  arradrs  sont  1rs  statues  des  artistes  lyonnais  per- 
sonnifiant \r  mieux  les  arts  de  notre  ville  :  FMnlihert  de  l'Orme,  archi- 
tecte (1518-1577).  Gérard  Anclran.  graveur  (1640  1703).  Ciuilliume 
Coustou.  sculpteur  (1670  1740)  et  Hippolyte  l'iandrin  (1807  1864).  Ces 
statues   sont   du    sculpteur    lyonnais    Desgeorges. 

Cette  fontaine  achevée  en  1886.  est  entièrement,  ainsi  que  !'-- 
statues,  en  marbre  blanc  de  Carrare. 


Fontaine  de  la  Place  des  Jacobins.    Cl.  J.  Sylvestre.) 


-(  150  ) 


STATUE  DE  LOUIS  XIV 

La  Statue  équestre  de  Louis  XIV,  chef-doeuvre  du  sculpteur  lyon- 
nais François  Lemot  (1773-1827)  peut  être  classée  parmi  les  plus 
remarquables  des  oeuvres  de  ce  genre.  Sur  un  cheval  aux  lignes 
magnifiques,  le  Roi  Soleil  est  représenté,  vêtu,  dans  une  majestueuse 
simplicité,  d'une  cuirasse  à  l'antique,  le  manteau  flottant  sur  ses 
épaules,  sans  étriers  et  chaussé  de  brodequins.  Cette  statue  fut  érigée 
en  1825.  avec  le  produit  d'une  souscription  ouverte  dans  tout  le 
département  du  Rhône,  pour  remplacer,  sur  la  place  Bellecour,  une 
précédente  statue  équestre  de  Louis  XIV,  fondue  en  1701  par  les 
frères  Keler,  sur  les  modèles  de  Martin  Desjardins,  sculpteur  du  Roi, 
et  qui,  placée  sur  un  haut  piédestal,  s'élevait  à  une  hauteur  de 
14  mètres.  En  1714,  on  avait  placé,  à  droite  et  à  gauche  de  ce 
piédestal,  les  deux  magnifiques  figures  en  bronze,  le  Rhône  et  la 
Saône,  des  frères  Nicolas  et  Guillaume  Coustou,  sculpteurs  lyonnais. 
Ces  deux  figures  sont  actuellement  dans  le  vestibule  de  l'Hôtel  de 
Ville. 


MONUMENT  D'AMPERE 

Ampère  est  un  des  hommes  dont  la  région  lyonnaise  a  le  plus  de 
raisons  de  s'enorgueillir.  C'est  à  ce  savant,  dont  le  vaste  cerveau  em- 
brassait toutes  les  branches  des  connaissances  humaines,  que  l'on 
doit  une  partie  des  théories  dont  l'application  a  permis  les  immenses 
progrès  scientifiques  qui  ont  caractérisé  le  XIX*"  siècle. 

André-Marie  Ampère,  né  en  1775,  à  Poleymieu,  charmant  petit 
village  du  Mont-d'Or  Lyonnais,  se  passionna  de  bonne  heure  pour 
les  mathématiques,  qu'il  enseigna  d'abord  à  Bourg  et  à  Lyon.  Répé- 
titeur à  l'Ecole  Polytechnique  en  1805,  membre  de  l'Institut  en  1814, 
il  fut  nommé,  en  1820,  professeur  de  physique  au  Collège  de  France, 
puis  inspecteur  général  de  l'Université.  Ses  ouvrages  ont  trait  aux 
mathématiques  aussi  bien  qu'à  la  philosophie  de  la  science,  mais  ce 
qui  fait  surtout  sa  célébrité,  c'est  le  développement  qu'il  donna  à  la 
découverte  d'Oerstœdt  sur  l' électro-magnétisme,  en  démontrant  que, 
sans  intervention  de  l'aimant,  deux  fils  parcourus  par  l'électricité  agis- 
sent l'un  sur  l'autre,  et  en  indiquant,  en  1822,  l'emploi  de  la  pile 
pour  la  transmission  des  dépêches. 

Un  monument  à  sa  mémoire  a  été  élevé,  en  1887,  sur  la  place  qui 
porte  son  nom,  d'après  les  projets  de  MM.  Textor,  statuaire  (1835- 
1905)  et  Dubuisson,  architecte.  La  statue  est  en  bronze.  Ampère  est 
assis,  dans  une  attitude  méditative,  ayant  à  ses  pieds  ses  principaux 
ouvrages.  A  la  base  du  piédestal,  deux  sphinx  de  bronze  dominent 
les  vasques   de   deux   fontaines. 

Un  autre  monument,  œuvre  du  sculpteur  Vermare,  vient  d'être 
élevé  par  souscription  à  Poleymieu,   pays   natal   du  savant. 


Slatu«-  (!«•   I.oui»  XIV.  place   Bcllecour, 
CI.  J.  SylvrMre.) 


Monument  Carnot 
place  de  la  Républiau*». 
i;Cl.  Synd.  InitJ 


Monument 

de    la  République 

place  Carnot. 

Cl.  J.  Sylvestre. 


Monument  Gailleton    tCl.  J.  Sylvestre.) 


-(  152  )- 


MONUMENT  DE  LA  REPUBLIQUE 

Situé  au  milieu  des  beaux  jardins  de  la  place  Carnot,  dont  il 
complète  heureusement  l'ensemble,  ce  monument  est  le  premier 
qu'aperçoit  le  visiteur  arrivant  à  Lyon  par  la  gare  de  Perrache.  Sur 
son  emplacement  s'élevait  autrefois  une  statue  équestre  de  Napo- 
léon   I*' . 

La  première  pierre  du  monument  actuel  fut  posée  en  1888,  par 
le   Président  Carnot.    Il   fut   terminé   en    1890. 

L'architecture  du  motif  central  est  de  Blavette,  et  la  statuaire  du 
sculpteur  Peynot.  Le  soubassement,  les  quatre  fontaines  et  les 
balustrades  qui  l'entourent  faisaient  partie  de  l'ancienne  fontaine 
édifiée   place   des  Jacobins   par  l'architecte   Tony   Desjardins. 

Un  pylône  en  pierre,  de  15  mètres  de  hauteur,  supporte  la  statue 
de  la  République,  appuyée  sur  un  lion,  un  rameau  d'oiivier  à  la 
main.  Au  bas  du  pylône,  sur  la  face  sud,  un  très  remarquable 
groupe  représente  la  Ville  de  Lyon,  flère  et  calme,  la  tête  ceinte 
de  la  couronne  murale,  assise  et  portée  par  une  proue  de  navire 
qu'encadrent  et  soutiennent  le  Rhône  et  la  Saône.  A  l'est,  à  l'ouest 
et  au  nord,  trois  autres  groupes,  d'une  magnifique  composition, 
personnifient  la  Liberté,   l'Egalité  et  la  Fraternité. 


MONUMENT  GAILLETON 

Ce  monument,  élevé  par  souscription  publique,  avec  le  concours 
de  l'Etat,  du  Département  du  Rhône  et  de  la  Ville  de  Lyon,  est 
l'œuvre  de  MM.  Lucas  et  Marion,  architectes,  et  Vermare,  sta- 
tuaire.  Son   inauguration  a  eu   lieu  le    14  juillet    1913. 

Sur  un  fond  d'architecture  d'une  haute  tenue  décorative  se  dé- 
tache le  buste  de  Gailieton.  Au-dessous,  un  groupe  allégorique 
du  plus  bel  effet  sculptural  :  un  jeune  artisan  présente  à  ia  Ville. 
de  Lyon,   qui  les  étudie,  les  projets  d'embellissement  de  la  cité. 

L'ensemble  est  surélevé  en  haut  d'un  perron  dont  les  balustrades 
se  prolongent  en  pente  douce  jusqu'à  l'extrémité  de  la  place,  de 
chaque    côté    d'un    parterre    fleuri. 

Sur  les  façades  latérales,  deux  bas-reliefs  rappellent  les  faits 
principaux  de  l'administration  du  Maire  de  Lyon,  l'approvisionne- 
ment de  la  ville  pendant  l'Année  Terrible,  et  la  fondation  des 
Facultés. 

Charles  Gailieton   naquit  à  Lyon  le    17  novembre    1829. 

Chirurgien  en  chef  de  l'Hospice  de  l'Antiquaille  en  1858,  sa 
carrière  politique  commença  en  1870  ;  il  fut  nommé  conseiller  muni- 
cipal le  22  novembre.  Constamment  réélu,  Maire  de  Lyon  depuis  le 
rétablissement  de  la  Mairie  Centrale,  en  1881,  il  exerça  ses  fonc- 
tions  jusqu'en    1930.    Il    mourut   le   9    octobre    1904. 

Ce    fut    sous    son    administration    vigilante    et    féconde    que    furent 


-(  153  )- 

créées  les  Facultés  de  Lyon  rt  qur  l'on  construiHit  les  monumrnts 
où  elles  sont  installées,  ainsi  cjur  rF*.co!e  du  Service  dr  Santé  Mili- 
taire, les  mat/nificjnes  ponts  Morand.  Lafayrtte  et  du  Midi  sur  le 
Rhône,  le  pont  d'Ainay  sur  la  Saônr.  Il  fut  pour  unr  IrrH  larj<r  part 
l'artisan  de  la  r/'or^^anisation  c\r  l' Administation  muni<  ipalr  rt  l'r 
promoteur  d'ini[:)ortants  et  nombreux  travaux  d«-  voirie  ayant  j^ran- 
dement  contribué   n   l'embellissement   de   la   ville. 


iiU 


Façade'  de  l'Hôlel-Dieu  sur  le  Quai.     Cl.  J.  Sylvestre. 


■(  154  )- 


u 


Mairie  du  VU'    arror.dissen-ent,  place  Jean-Macé.  (CI.  J.  Sylvestre. 


LA    GUILLOTIÈRE 


LES  JARDINS 


Ce   quartier   renferme   trois  Jardins. 

L'un,  situé  place  Jean-Macé,  devant  la  Mairie  du  VIî-  arrondisse- 
ment, est  simplement  constitué  par  deux  larges  plates-bandes.  On  ne 
peut  que  regretter  que,  dans  un  quartier  tout  neuf,  où  l'on  pouvait 
faire  grand,  on  n'ait  pas  consacré  un  plus  large  espace  à  ce  Jardin, 
qui  eût  dû  être   un  parc. 

L'autre,  situé  au  bout  du  pont  Lafayette,  et  qui  encadre  la  statue 
du  célèbre  botaniste  Bernard  de  Jussieu,  est  dans  le  style  de  la 
place  Morand  et  peut  supporter  les  mêmes  critiques.  Il  a  d'ailleurs 
été  créé  par  le  même  ingénieur,  qui  ne  connaissait  certainement  pas 
l'art  du  paysagiste. 

Par  contre,  nous  devons  admirer  sans  réserves  le  Jardin  de  la 
place  Raspail,  dessiné  dans  le  style  paysager  que  l'on  appelle  im- 
proprement   anglais,    puisqu'il    a    été    inventé    par    des    Français. 

L'architecte-paysagiste  a  su  tirer  un  parti  merveilleux  d'un  terrain 
assez  ingrat  par  sa  form.e,  et  il  a  ménagé  dans  toute  sa  longueur 
une  coulée,  savamment  encadrée  d'arbres,  qui  conduit  le  regard  de 
façon  attrayante.  Cet  effet  est  d'autant  plus  grand  depuis  la  restau- 
ration  faite,    en    1912,    par   le  Service   des   Cultures    de   la   Ville. 

Citons  encore  le  Jardin  sur  lequel  la  Préfecture  élève  sa  façade 
et  celui  qui  décore  la  place  Guichard. 


(  156  ^- 


«  Le  Rhône  et  la  Saône  »,  par  Commerre,  tympan  de  la  Salle  des  Fêtes 
de  la  Préfecture.   <C1.  J.  Sylvestre.) 


HOTEL  DE  PREFECTURE 


Cet  édifice  a  été  construit  d'après  les  plans  et  sous  la  direction 
d'Antonin-Georges  Louvier,  architecte  en  chef  du  Département  du 
Rhône,  professeur  d'architecture  à  l'Ecole  Nationale  des  Beau  s- Arts 
de    Lyon,    membre    correspondant    de    l'Institut    (1818-1892). 

Il  occupe  un  vaste  îlot  de  terrain  entre  le  cours  de  la  Liberté,  la 
rue  de  Bonnel,  la  rue  Servient  et  la  rue  Pierre-Corneille,  sur  la  rive 
gauche  du  Rhône.  Commencés  en  1883,  les  travaux  furent  achevés 
en    1890. 

Sur  la  façade  principale  du  monument,  parallèle  au  cours  de  la 
Liberté,  une  double  rampe  d'accès  avec  vaste  perron  central  conduit 
piétons  et  voitures  au  niveau  de  la  Salle  des  Pas-Perdus,  entrée 
principale  du  monument.  Cette  façade  est  ornée  de  sculptures  orne- 
mentales et  de  figures  décoratives,  oeuvres  de  divers  artistes  lyon- 
nais :  les  figures  assises  sui montant  le  fronton,  par  Duf raine  (1827- 
1900)  ;  celles  du  Jour  et  de  la  Nuit,  encadrant  l'Horloge,  par  Pagny 
(1827-1898)  ;  les  lions  des  tympans  des  grandes  baies,  par  Aubert, 
ainsi  que  les  têtes  décorant  les  clefs  dcs  ouvertures  du  rez-de-chaussée, 
dont  les  trois  principales  représentent  le  Rhône,  la  Saône  et  l'Azer- 
gue.  Les  cariatides  épaulant  les  grandes  lucarnes,  ainsi  que  les  motifs 
d'enfants   de   l'acrotère   sont   de   Martin. 

La  voûte  de  la  Salle  des  Pas-Perdus  est  supportée  par  douze 
colonnes  en  pierre  polie,  d'une  belle  coloration  jaune,  provenant  des 
montagnes  du  Haut-Bugey.  Cette  salle,  de  vastes  dimensions,  donne 
accès  au  Grand  Escalier,  à  la  Salle  du  Conseil  Général,  aux  deux 
Salles  du  Conseil  de  Préfecture  et  de  l'Instruction  Publique  et  aux 
diverses    galeries    de    circulation. 

Le  Grand  Escalier,  l'une  des  parties  les  plus  monumentales  de 
l'Hôtel    de   Préfecture,    est   cité    comme    l'un    des   beaux    escaliers   de 


I   157  ) 

nos  moniimrntH  pul)li(  h  françaiH.  La  diHposilioii  liardir  rt  on^iimir  dr 
ses  rnini)Ps,  Hiipf){)rlr<-H  par  drn  arcs  iMolrs,  la  brllr  rolonimcif  *'n 
marbre  rose  de  l'Kc  ljaillt)n  entourant  la  Cale-rir  du  Premier  état^r. 
donnent  n  l'ensemble  dr  cette  composition  un  caractère  de  lé^^-ft** 
et  de  richesse  décorative  (|u<*  vi«Tinent  encore  accroître,  les  soirs 
de  fête,  de  belleH  décorations  llorales  <•!  1  étin»  rllrriient  d<*  rnillr- 
feux  électricjues.  Des  ij;roupes  d'enfants  [)ortant  den  rorbeillrH  <\r 
fruits  lumineux,  bronzes  du  sculpteur  lyonnais  Vermare,  surmontent 
les  piédestaux  des  rampes.  A  mi-étajçe,  dans  une  niche,  face  h 
l'escalier,  la  Soie,  figure  allégoricjue  du  scul[)t<Mir  lyonnais  Charle« 
Bourgeot. 

Au  premier  étage,  la  Salle  des  I  êtes,  les  divers  Salons  qui  l'envi- 
ronnent et  la  Grande  Salle  à  Manger  forment  un  somptueux  ensem- 
ble  occupant   toute   la   longueur   de    la    façade   principale. 

La  Salle  des  h  êtes  a  34  mètres  de  long  et  14  mètres  de  hauteur.  Sa 
décoration  architecturale  et  ornementale  est  l'œuvre  des  décorateurs 
Flachat  et  Bardey  ;  les  peintures  allégoriques  du  plafond  et  ses 
tympans  sont  de  Léon  Commerre.  Le  grand  tympan  nord  est  parti- 
culièrement remarquable  par  sa  composition  originale  et  charmante  : 
le  Rhône  et  la  Saône.  Divers  artistes  ont  collaboré  à  la  décoration 
des  Salons  à  la  suite  et  de  la  Grande  Salle  à  Manger  :  Aubert  sculp- 
teur, les  peintres  Sicard,  Tollet,  Jacques  Martin,  Castex-Desgranges, 
Bauer  et  Lequesne.  Le  Salon  Sud  possède  un  superbe  plafond,  la 
Chasse  de  Diane,  du  peintre  lyonnais  Joanny  Domer,  dont  c'est  une 
des  œuvres  capitales.  Dans  la  Salle  à  Manger,  on  remarque  un  buste 
de  Jules  Favre,   par   Barrias. 

La  Salle  du  Conseil  Général,  au  rez-de-chaussée,  occupe  toute  la 
hauteur  du  monument.  Elle  est  entourée  d'une  colonnade  d'ordre 
ionique  en  pierre  de  l'Echaillon.  En  arrière,  les  tribunes  du  Public 
et  de  la  Presse.  C'est  du  peintre  Louis-Edouard  Fournier  qu'est  toute 


» 


Galerie  à  l'arrivée  de  l'escalier  d'honneur  de  la  Préfecture. 
(Cl.  J.  Sylvestre.) 


-(  158  )-- 

îa  décoration  picturale  de  cette  salle.  Dans  l'hémicycle,  les  Gloires 
Lyonnaises,  magistrale  composition,  dans  laquelle  l'artiste,  en  un 
groupement  harmonieux,  a  réuni,  au  confluent  du  Rhône  et  de  la 
Saône,  les  personnages  de  tous  ordres  ayant,  à  toutes  les  époques, 
illustré  la  Cité,  depuis  les  chefs  rhodiens  Atepomarus  et  Momorus, 
créateurs,  en  l'an  200  avant  Jésus-Christ,  de  la  première  Cité  établie 
en  ces  lieux,  depuis  Munatius  Plancus.  fondateur  de  l'antique  Lug- 
dunum,  jusqu'à  Claude  Bernard,  Ampère,  Jacquard,  Meissonier. 
Puvis  de  Chavannes,  Chenavard  et  Burdeau,  que  la  région  lyon- 
naise est  fîère  de  compter  parmi  ses  enfants. 


Salle  des  Fêtes  de  la  Préfecture.  (Cl.  J.  Sylvestre. 


Les  voussures  sont~  occupées  par  des  allégories  où  le  peintre  a 
représenté  les  différentes  branches  des  Sciences,  des  Arts,  de  l'In- 
dustrie et  du  Commerce  qui  ont  fait  la  réputation  du  département  du 
Rhône. 

Une  verrière  de  Lucien  Bégule,  le  Lyonnais  et  le  Beaujolais,  sert 
de  plafond  lumineux.  Dans  l'acrotère,  une  série  d'enfants  supportent 
les  armoiries  de  tous  les  cantons  du  département.  Face  au  fauteuil 
du  Président,  est  la  magnifique  figure  de  la  République,  par  Coutan. 

L'ensemble  de  cette  salle,  simple  et  d'une  grande  dignité  dans 
ses  lignes  et  sa  décoration,  produit  un  effet  d'une  noblesse  remar- 
quable. 

Sur  la  façade  Est  du  monument,  et  en  retour  sur  les  façades  laté- 
rales, sont  groupés  au  rez-de-chaussée  :  le  Cabinet  du  Président  du 
Conseil  Général  et  le  Cabinet  du  Préfet,  avec  tous  les  services  qui 
s'y  rattachent.  Le  premier  étage  est  réservé  aux  appartements  pri- 
vés. Les  bureaux  placés  sur  les  façades  latérales,  dans  les  ailes  et 
à  l'entresol,  ont  leurs  entrées  particulières,  pour  l'Administration 
rue   de   Bonnel,   pour   la   Police   rue  Servient. 

En  bordure  sur  la  rue  Pierre-Corneille,   un  vaste  bâtiment  isolé  de 


-(  159  )- 

toutes  parts  renfermait  les  Archives  départementales.  Devenu  trop 
exJKU  pour  cette  destination,  il  est  affecte  actuellement  aux  Bureaux 
de  l'Inspection  ara<lrini(|ue.  au  Service  des  Enfants  assistés  et  aux 
Archives  administratives.  Les  Ar(  liivrs  d«'i>artemfnt;»leH  ont  été  trans- 
férées, en  1910.  dans  les  vaste-s  hâtinwuts  du  (ouvrnt  des  C'armes 
Déchaussés,    chemin    de    Montauhan. 

Dc»ns  les  jardins  de  la  Préfecture  se  tronvr.  à  gauche  en  entrant 
par  le  cours  de  la  Liberté,  le  monument  élevé  à  la  mémoire  de  lélix 
Mangini,   économiste   et   philanthrope   lyonnais,    mort   en    1902.    prési- 


Un  coin  des  Salons  de  la  Préfecture. 
(Cl.  J.  Sylvestre.) 


dent  et  l'un  des  fondateurs  de  la  Société  d'Enseignement  Profes- 
sionnel du  Rhône.  Il  est  dû  au  statuaire  Alfred  Boucher.  A  droite, 
et  en  face,  la  Muse  de  Pierre  Dupont,  le  poète  chansonnier  lyon- 
nais,   groupe   allégorique   du   statuaire   Chorel. 

Dans  les  parterres  longeant  les  façades  latérales,  on  voit,  à  gauche, 
la  statue  du  poète  Victor  de  Laprade  (1812-1883),  que  la  grandeur 
de  sentiments  et  l'élévation  de  pensée  de  ses  oeuvres  (Odes  et  Poè- 
mes, Permette,  Psyché,  etc.)  firent  appeler  un  second  Lamartine. 
Cette  statue  est  de  Démaillé. 

Du  côté  opposé,  le  général  Daphot,  par  Bailly.  Duphot,  né  à 
Lyon  en  1770,  conquit  rapidement  tous  ses  grades  dans  les  armées 
de  la  République,  et  mourut  assassiné  à  Rome,  à  l'âge  de  vingt- 
huit  ans.  Le  sculpteur  l'a  représenté  au  moment  où  il  va  livrer  à  un 
chef  espagnol  un  combat  singulier  qui  devait  mettre  fin  à  la  lutte 
acharnée   des    deux    armées    ennemies. 


Félix 
Mangini 


Victor 
Laprade 


Général 
Duphot 


La  Muse 

de 

Pierre  Dupont 


Monuments  ornant  les  jardins  de  la  Préfecture.  ^Cl.  J.  Sylvestre.) 


-  r  161  )  - 

C'est  dans  unr  pic* c  tK-s  apparlrinmls  dr  la  Prrfr(  turr  qur 
mourut  Carnot,  Ir  24  juin  1894,  k  la  suite  du  lûchc  attentat  dont  il 
fut    la    vi(  linir. 


Une  porte  des  Salons  de  la  Préfecture. 

(Cl.  J.  Sylvestre.) 


INSTITUT  BACTERIOLOGIQUE  DE  LYON 


L'Institut  Bactériologique  de  Lyon  est  organisé  sur  le  modèle  des 
Instituts  Pasteur  de  Paris  ou  de  Lille.  On  pourrait  l'appeler  :  Institut 
Pasteur   de   Lyon. 

Cet  établissement  est  entièrement  indépendant  et  n'a  rien  d'offi- 
ciel ;  il  est  administré  par  une  Association  de  philanthropes  lyon- 
nais, sous  la  présidence  du  Maire  de  Lyon.  Cette  Association  a  été 
reconnue   d'utilité   publique   en    1903. 

L'Institut  Bactériologique  de  Lyon  a  été  fondé,  en  1900,  par  le 
regretté  S.  Arloing  et  le  Directeur  actuel,  le  professeur  Jules  Cour- 
mont. 

Il  est  édifié,  sur  un  terrain  en  partie  concédé  par  la  \^ille  de  Lyon, 
à  Taide  de  donations  provenant  de  la  Ville  de  Lyon,  de  la  Caisse  du 
Pari  Mutuel   et   de   généreux   bienfaiteurs. 

Il  se  compose  de  deux  bâtiments  situés  rue  Pasteur  et  rue  Che- 
vreul,   dans  le  quartier  universitaire,   derrière  les  Palais  des  Facultés. 

Il   comprend   les   sections   suivantes    : 

1°  Section  antirabique.  —  Depuis  1900,  l'Institut  applique  le  trai- 
tement pastorien  aux  personnes  mordues  des  quatorze  départements 
qui  entourent  Lyon.  L'Institut  est,  à  l'heure  actuelle,  celui  qui 
traite   en    France    le    plus    grand    nombre    de    personnes.    A    certaines 

H 


-{  162  )- 

années,  par  exemple  en  1906,  plus  de  1.000  personnes  mordues  ont 
subi    les    injections    pastoriennes. 

Le  traitement  appliqué  est  rigoureusement  celui  de  l'Institut  Pas- 
teur.  Les  résuitcts  ont  été   remarquables. 

C'est  ainsi  que  de  1907  à  1912,  aucune  mort  n'est  survenue  sur  les 
2.400  personnes   injectées. 

2*>  Section  Sérothérapique.  —  Dans  cette  section  sont  fabriqués 
les  sérums  antidiphtérique  et  antitétanique,  destinés  au  traitement 
ou  à  la  prévention  contre  la  diphtérie  ou  le  tétanos.  Cette  section 
fournit  les  sérums  nécessaires  aux  Hospices  civils  de  Lyon.  En 
outre,  elle  fabrique  le  «  sérum  de  la  veine  rénale  )),  employé  pou^ 
le    traitement   de   certaines   néphrites. 


L'Institut  bactériologique,  iCl.  Service  phot.  Université.) 


La  Section  Sérothérapique  est  en  réalité  plus  ancienne  que  l'Insti- 
tut lui-même.  Elle  a  commencé  à  fonctionner  dès  1894,  dans  le 
laboratoire  de  S.  Arloing,  avec  une  subvention  des  Hospices  civils 
de  Lyon. 

3^  Section  des  Diagnostics.  —  Elle  est  outillée  pour  pratiquer  les 
diagnostics  bactériologiques  de  toutes  les  maladies  infectieuses,  soit 
pour  les  Institutions,  soit  pour  les  Hôpitaux,  soit  pour  les  particuliers. 

4°  Section  de  la  Syphilis.  —  Cette  section,  purement  expérimen- 
tale, a  pour  objet  l'étude  de  tous  les  problèmes  scientifiques  con- 
cernant la  lutte  contre  la  syphilis,  notam^ment  l'étude  des  moyens 
de  diagnostic  et  de  thérapeutique,  grâce  à  l'inoculation  de  la  syphilis 
à   certains  animaux   pouvant  la  contracter,    comme   les   singes. 

5°  Section  du  Cancer.  —  Là  encore,  la  section  est  purement  scien- 
tifique,  elle  s'occupe   de  l'étude   du   cancer  expérimentai. 

On  sait  que  l'étude  du  cancer  expérimental  a  donné,  ces  dernières 
années,  de  grandes  espérances,  en  vue  de  la  découverte  des  moyens 
de   diagnostiquer  et  de   guérir   le  cancer.    Actuellement,   c'est  surtout 


163 


I  rliKlf  (\rH  inoyrnH  phyMiques  dr 
i{urri.v(>ii.  rayonM  X.  radium,  etc., 
(|iii  fait  robjrl  dm  recherches 
lyonnaiMfM. 

6"  PtHpcnaairc  antituberculeux. 
Dès  1905.  ririHtitiit  Barl.'riolo- 
giqur  a  crcc  unr  annrxr  d^Htinc^r 
à  truitrr  Ich  tuberculeux  indiKcnti* 
dr  la  ville  de  Lyon  et  à  prc»erver 
leurs  familles  de  la  contagion.  Ce 
Dis[)ensaire  «  g^nre  Calmette  .>  a 
été  inspiré  et  prescjue  calqué  sur 
le  Dispensaire  Emile  Roux  fondé 
à  Lille  par  Calmette.  Ce  Dispen- 
saire reçoit  tous  les  tuberculeux  de 
la  ville  de  Lyon  qui  lui  sont  en- 
voyés par  le  Bureau  de  Bienfai- 
sance, et  également  quelques  tu- 
berculeux de  la  commune  de  Vil- 
leurbanne. 

Grâce  aux  consultations,  aux  en- 
quêteurs, à  la  buanderie  du  linge, 
à  la  distribution  des  crachoirs,  à 
l'éducation  antituberculeuse,  des 
familles,  aux  consultations  de  nour- 
rissons, etc.,  l'Œuvre  a  donné  des 
résultats  remarquables.  Le  graphique  montre,  par  exemple,  la  dimi- 
nution  de   la  tuberculose  dans  deux   quartiers   ouvriers   de    la    ville. 

Ce  graphique  démontre  que,  dans  un  quartier  ouvrier,  on  peut, 
en  sept  ans.  faire  tomber  la  mortalité  par  tuberculose  de  38.4  pour 
10.000  habitants  à  24,3,  soit  13,9,  soit  d'un  tiers.  Ce  résultat  est  d'au- 
tant plus  remarquable  qu'il  est  acquis  avec  des  ressources  très  mini- 
mes. La  lutte  antituberculeuse  peut  donc  être  poursuivie  à  peu  de  frais. 
Pour  une  agglomération  de  600.000  habitants,  le  Dispensaire  de 
Lyon  fonctionne  avec  une  dépense  annuelle  m.oyenne  de  35.000  fr. 
seulement.  ï.     CoURMONT. 


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Mortalité  par  tuberculose  dans  les  HT  et  1 V 
arrondissements  de  Lyon  '276.000  habi- 
tants\  avant  et  après  le  dispensaire. 


L'Institut  bactériologique. 


-(  164  )- 
HOTEL  DE  LA  MUTUALITE 

Place   Raspail. 

Cet  édifice  a  été  construit  par  la  Ville  de  Lyon,  sur  les  plans  de 
M,  Clermont,  architecte,  pour  servir  de  siège  aux  Sociétés  de  Secours 
mutuels  et  de  retraites  placées  sous  le  régime  de  la  loi  du  1^^  avril 
1898. 


Hôtel  de  la  Mutualité.  (Cl.  J.  Bioletto.) 


Il  comprend  une  salle  de  conférences  pouvant  contenir  1 .000  per- 
sonnes ;  des  salles  de  consultations  pour  les  services  de  la  Mutualité 
maternelle  ;  une  bibliothèque  mutualiste  ;  deux  salons  d'honneur 
pour  les  Assemblées  générales  des  Sociétés  et  trente  et  une  salles 
pour  leurs  réunions  de  Bureau.  Chaque  Société  dispose  d'une  armoire 
Dour  ses  archives. 

La  façade  principale  est  placée  en  pan  coupé  à  un  angle  de  la 
place  Raspail.  Les  larges  baies  des  trois  étages  de  cette  façade  sont 
surmontées  d'un  fronton  décoratif  symbolisant  la  Mutualité,  œuvre 
du    sculpteur    Aubert,    et    d'un    campanile. 

L'Office  municipal  du  Travail  a  été  installé  à  l'Hôtel  de  la  Mutua- 


-(  165  )- 

litc.  LfH  attributionH  de  ce  service  comprennrnl  toute»  le»  questions 
relatives  à  l'application  des  loiM  sociaieH  (Retraitrn  ouvrièreH,  Habita- 
tions h  bon  inart  lu'*,  i^rlatif)nH  avec  les  or({aniHation:i  mutualisteM  et 
syndicales.  1  r.ivail  dans  l'induslrir.  CaisHes  de  chômaj^r.  l^rMlaur  ints 
iniini(  ipaux  gratuits  pour  nirres nourrice», 'etc.,  etc.).  La  Bibliothèque 
<!«•  l'Office  du  Traviiil.  (jui  contient  de  nombreuse»  publications  sur 
Ifs  cjuestiona  socialrs.    rv  t  à   la   disposition   du    |)ublir. 

Ainsi  organisé,  l'Hôtel  de  la  Mutualité  constitue  un  véritable  centre 
d'études    80(  ial<  s. 

J.-O.    CosTIIIX. 


STATUE  DE  BERNARD  DE  JUSSIEU 

Bernard  de  Jussieu.  né  à  Lyon  en  1699,  mort  en  1777.  appartenait 
à  une  famille  de  savants  et  de  botanistes,  tels  ses  deux  frères  Anto  nj 
et  Joseph.  Reçu  docteur  en  1720,  nommé  en  1722  démonstrateur  de 
botanique  au  Jardin  du  Roi,  il  exerça  sur  l'Histoire  naturelle  une 
influence  qui  fait  époque  dans  la  Science.  C'est  lui  qui  fonda  la 
classification  naturelle  des  plantes  basée  sur  l'ensemble  de  leurs 
rapports.  Aucun  botaniste  de  son  temps  n'a  plus  ni  mieux  su.  11 
accrut  considérablement  le  Muséum  d'Histoire  naturelle.  Membre  de 
l'Académie  des  Sciences  dès  l'âge  de  vingt-six  ans,  des  Académies 
de  Londres,  Berlin, Upsal  et  autres  Instituts  savants,  chargé,  en  1738, 
par  Louis  XV,  de  la  plantation  du  Jardin  Botanique  de  Trianon, 
sa  renommée  et  son  autorité  scientifiques  étaient  universelles. 

La  statue  de  Bernard  de  Jussieu,  en  marbre  blanc,  s'élève  dans 
un  jardin,  à  l'entrée  du  cours  de  la  Liberté  ;  elle  est  l'œuvre  du 
sculpteur  Pierre  Aubert.  L'artiste  a  représenté  le  botaniste  tenant  à 
la  main  un  rameau  de  Cèdre  du  Liban,  qu'il  rapporta  en  1734,  dans 
son  chapeau,  dit-on,  et  qui  est  maintenant  le  plus  grand  arbre  du 
Jardin    des    Plantes    de    Paris. 


MONUMENT  RASPAIL 

Monument  élevé  dans  le  square   nord   de  la   place  du   même   nom. 

Le   buste   en   bronze   est   l'œuvre    du   sculpteur    Damé. 

François-Vincent  Raspail,  né  en  1794,  a  publié  de  nombreuses 
études  sur  les  Sciences  physiques  et  spécialement  la  Botanique  et 
la  Médecine  légale.  Il  fut  un  des  précurseurs  des  méthodes  antisep- 
tiques. Un  Manuel  de  la  Santé,  qu'il  fît  paraître  en  1842,  le  rendit 
populaire.  Partisan  déclaré  de  la  République,  il  combattit  et  fut 
blessé  pendant  les  journées  de  juillet  1830.  Candidat  à  la  Présidence 
de  la  République  en  1851,  il  siégea  plus  tard  à  l'Assemblée  Natio- 
nale et  à  ia  Chambre  des  députés.  Il  mourut  en   1878. 


-(  166  )- 
MONUMENT  THIERS 

Une  souscription  publique  a  permis  d'élever,  à  l'extrémité  du 
square  sud  de  la  place  Raspail,  ce  monument  en  souvenir  du  Lyon- 
nais Edouard  Thiers,  ancien  capitaine  d'artillerie,  qui  commandait 
les  Mobiles  du  Rhône  au  siège  de  Belfort  (1870-71)  et  fut  un  des 
lieutenants  les  plus  valeureux  du  colonel  Denfert-Rochereau  dans 
la  défense  héroïque  de  cette  place.  Lyon  le  nomma  député  après 
la    guerre. 

Le  buste  est  du  sculpteur  lyonnais  Pierre  Devaux,  et  le  socle  de 
l'architecte    Adolphe    Coquet. 


STATUE  DE  CLAUDE  BERNARD 

Cette  statue  en  bronze,  placée  au  centre  de  la  Cour  d'Honneur 
de  la  Faculté  de  Médecine,  est  l'œuvre  du  sculpteur  lyonnais  Pierre 
Aubert.  Elle  caractérise  bien,  par  sa  haute  stature  et  sa  belle  figure, 
la  grande  dignité  et  l'extrême  bonté  de  cet  illustre  savant,  représenté 
en  costume  de  travail,   préparant  une  expérence   de   physiologie. 

Claude  Bernard  naquit  a  Saint-Julien,  près  de  Villefranche,  le 
12  juillet  1813.  Après  des  études  classiques  faites  au  Lycée  de  Lyon, 
il  se  destina  d'abord  à  la  Pharmacie,  puis  alla  étudier  la  Médecine  à 
Paris.  Reçu  docteur  en  1843,  il  était,  un  an  après,  nommé  professeur 
de  Physiologie  générale,  puis  successivement  membre  de  l'Académie 
des  Sciences  (1854),  professeur  de  Physiologie  expérimentale  au  Col- 
lège de  France  (1855),  membre  de  l'Académie  de  Médecine  1861)  et 
de  l'Académie  Française  (1869).  Claude  Bernard  exerça  une  grande 
influence  sur  la  Physiologie.  C'est  lui  qui  a  établi  les  règles  défini- 
tives de  la  méthode  expérimentale.  En  lui,  le  savant  était  doublé 
d'un  philosophe.  Sa  réputation  est  mondiale.  A  sa  mort  (1878),  on  lui 
fit   des   funérailles   nationales. 


MONUMENT  DU  CHIRURGIEN  OLLIER 

Sur  un  haut  piédestal  de  granit  des  Vosges,  Ollier,  tenant  un 
scalpel  à  la  main,  est  représenté  vêtu  de  la  robe  universitaire.  Une 
ceinture  de  feuilles  de  chêne  et  de  laurier  en  bronze,  arrêtée  par  des 
têtes  de  lions,  entoure  la  partie  haute.  La  statue  est  l'œuvre  du 
sculpteur  Alfred  Boucher,  et  le  piédestal  est  de  l'architecte  Louis 
Rogniat. 

Lécpold  Ollier,  né  le  2  décembre  1830,  aux  Vans  (Ardèche),  est 
mort  à  Lyon,  le  25  novembre    1900. 

Ancien   chirurgien-major    de    i'Hôtel-Dieu   de   Lyon,    professeur    de 


F.-V     Raspail. 


(Clichés     .  Sylvestre.) 


-(  168  )- 

clinique  chirurgicale,  il  fut  l'un  des  plus  illustres  chirurgiens  de  son 
siècle.  Son  oeuvre  immense,  basée  sur  la  clinique  et  l'expérimenta- 
tion, est,  par  cela  même  impérissable  ;  elle  est  condensée  dans  deux 
ouvrages  :  le  Fraité  de  la  Régénération  des  Os  et  le  Traité  des  Ré- 
sections. 

En  face  de  la  Chirurgie  mutilante,  il  fut  l'apôtre  infatigable  des 
opérations  conservatrices  et  restauratrices,  dent  il  avait  été  le  créateur. 
Ses  travaux,  ceux  de  ses  élèves,  ont  trait,  pour  la  plupart,  aux  mala- 
dies des  os  et  des  articulations  ;  leur  ensemble  fait  la  gloire  de 
l'Ecole  Lyonnaise. 

Ce  monument,  élevé  par  souscription  publique,  a  été  inauguré  en 
1904.  Une  réplique  de  cette  statue  a  été  érigée  aux  Vans. 


Le  Chirurgien  L.  OUier 


Un  rond-point  des  grandes  serres  du   Parc. 
(CI.  J.  Sylvestre  ) 


LES    BROTEAUX 


LES  JARDINS 


Le  principal  Jardin  de  ce  quartier  est  celui  de  la  place  Morand, 
mais  nous  avons  beaucoup  hésité  à  lui  donner  ce  nom,  car  il 
ne  peut  vraiment  pas  être  cité  comme  modèle  d'art  paysagiste. 
Il  est  plutôt  constitué  par  de  larges  plate-bandes,  qui  ont  toutefois 
le  mérite  d'être  entretenues  parfaitement  fleuries.  Il  est  regrettable 
de  penser  que  l'on  n'a  pas  su  tirer  de  ce  merveilleux  emplacement 
tout  l'effet  qu'il  eiit  été  aisé  d'en  obtenir.  Sa  grande  superficie  aurait 
permis  d'en  faire  un  parc  splendide,  en  adoptant  simplement  la 
disposition  utilisée  sur  la  place  Carnot,  c'est-à-dire  en  faisant  dispa- 
raître la  rue  centrale  pour  la  reporter  sur  les  côtés. 

Le  Jardin  de  la  place  Puvis-de-Chavannes,  devant  l'église  de  la 
Rédemption,  est,  par  contre,  fort  bien  dessiné  dans  le  style  fran- 
çais. Il  a  complètement  et  agréablement  embelli  cette  place,  que 
l'on  avait  jadis  dénommée  place  des  Graviers,  et  qui  constitue 
aujourd'hui    un   des   plus    jolis    coins    de    la   ville. 

Enfin,  devant  la  gare  des  Broteaux,  est  un  petit  jardin  de  dessin 
assez  simple,  mais,  vu  l'exiguïté  de  l'emplacement,  il  était  vrai- 
ment impossible  de  faire  mieux,  et  le  Service  des  Cultures  de  la 
Ville  a  tiré  le  meilleur  parti  de  la  bande  étroite  de  terrain  qu'on  lui 
avait  confiée. 


(  170  )- 


MUSEE  GUIMET 


Le  Musée  Guimet,  fondé  a  Lyon,  en  1879,  par  M.  Emile  Guimet, 
au  retour  de  la  Mission  scientifique  que  lui  avait  confiée  le  Ministre 
de  l'Instruction  Publique  pour  étudier  les  Religions  de  l'Extrême- 
Orient,   a  été   transféré   à   Paris,    en    1888.    en   exécution   de   la   loi   du 


Le  Musée  Guimet  :  rotonde  de  façade  sur  le  boulevard  du  Nord, 
(Cl.  Synd.  InitJ 


7  août  1885,  ratifiant  la  cession  qu'en  avait  faite  M.  Guimet  à  l'Etat 
et  le  classant  au  nombre  des  Institutions  nationales. 

Depuis  cette  translation,  l'Institution  s'est  développée  sans  cesse. 
Les  dons,  les  collections  sont  arrivés  avec  une  telle  abondance  que 
le  Musée  —  ainsi  qu'une  industrie  prospère  est  amenée  à  créer  des 
filiales  —  se  voit  forcé  d'organiser  des  succursales  en  province. 

Le  Musée  Archéologique  de  Toulouse  bénéficie  du  trop-plein  des 
objets  préhistoriques,  et  la  Faculté  de  Médecine  de  Bordeaux  a  in- 
stallé avec  beaucoup  de  goiit  et  de  science,  dans  une  suite  de  salles 
nombreuses  qui  remplissent  plusieurs  étages,  un  véritable  Musée 
tout  à  fait  somptueux,  rien  qu'avec  des  prêts  du  Musée  Guimet.  A 
son  tour,  la  Ville  de  Nantes  profite  de  ses  excédents  et  le  Havre 
garnira  bientôt  une  salle  entière  avec  ses  doubles. 

En  1910,  grâce  à  la  générosité  de  S.  M.  l'Impératrice  de  Chine, 
M.  Guimet  organisa  une  Exposition  de  Peintures  chinoises  dans  sa 
Salle  des  Conférences.  Mais,  l'hiver  venant,  il  fallut  laisser  la  place 
aux  conférenciers,  et,  pour  installer  les  peintures  dans  une  galerie, 
on  fut  obligé  de  déloger  les  estampes  japonaises  qui  vinrent  au 
magasin  de  réserve. 


171 


M.isre  Gui  met  : 

rotonde  du  premier  étage. 

•C.   L.  Morfaux 


Musée  Guimei  '• 

salle  de  réception 

du  Shiogoun  Taïko. 

(Cl.  L.  Morfaux.) 


-(  172  )- 

L'année  suivante.  M.  Pelliot  fit  don  au  Musée  d'une  partie  de  la 
collection  qu'il  avait  rapportée  de  sa  Mission  au  Turfan,  et  M.  J.  Ba- 
cot  donna  une  importante  série  recueillie  au  cours  de  ses  deux  explo- 
rations  des   Marches   tibétaines. 

Le  tout  fut  exposé  temporairement  et,  lorsqu'il  fallut  installer  ces 
documents  dans  les  galeries,  l'importante  collection  de  Grcot  dut 
déménager    à    son    tour    et    rejoindre    les    estampes    japonaises. 

Sur  ces  entrefaites,  la  Ville  de  Lyon,  qui  venait  de  racheter  les 
bâtiments  de  l'ancien  Musée  Guimet,  proposa  a  son  fondateur  de  les 
remplir   à   nouveau   avec   les  séries  qu'il   avait  en   réserve  à  Paris. 

Cette  offre  fut  acceptée,  et  les  pourparlers  s'engagèrent  immédia- 
tement entre  le  Maire  de  Lyon,  M.  Herriot.  et  M.  Guimet,  amenant 
ainsi   la   réinstallation  d'un   nouveau   Musée   Guimet  à  Lyon. 

Alors,   des  dons   importants  se   présentèrent  de   tous  côtés. 

Les  Habitants  de  la  Ville  de  Kiôtô  offrirent  la  reproduction  de  la 
célèbre  Salle  du  Shiogoun  Taïko,  qui  avait  fait  l'ornement  de  l'Expo- 
sition   Japonaise    de    Londres. 

MM.  R.  Weill  et  Ad.  Reinach  donnèrent  l'importante  collection 
d'antiquités  égyptiennes  provenant  des  fouilles  faites  par  eux  pen- 
dant deux  hivers  sur  l'emplacement  de  la  ville  de  Koptos  (Haute- 
Egypte). 

IV|me  Maindron  envoya  une  série  des  plus  complètes  de  toutes  les 
divinités   de   l'Inde   brahmanique. 

Et  M.  Dôhring  arriva  de  Bangkok  en  apportant  des  panneaux  reli- 
gieux,  des   Bouddhas  anciens   et  des  porcelaines   du  Siam, 

Le  Musée  du  Louvre  mit  en  dépôt  des  moulages  assyriens,  une 
vingtaine  de  sarcophages  égyptiens  et  les  superbes  copies  des  pein- 
tures du  tombeau  de  Ramsès   h^'. 

Si  on  ajoute  des  séries  prises  au  Musée  de  Paris,  dans  la  collection 
rapportée  du  Cambodge  par  M.  Aymonier,  dans  celles  rapportées  de 
Perse  par  MM.  Ujfalvy  et  Ed.  Blanc,  de  Pékin  par  M.  Frandon. 
dans  les  excédents  de  la  collection  égyptienne  et  parmi  les  docu- 
ments provenant  des  fouilles  d'Antinoë  et  d'Abydos,  on  voit  avec 
quelle  facilité  le  Musée  de  Lyon  a  été  constitué. 

Ce  Musée  a  pour  objet  de  propager  la  connaissance  des  civilisa- 
tions de  l'Orient  et  de  l'Antiquité  classique,  de  faciliter  les  études 
religieuses,  artistiques  et  historiques  au  moyen  des  images,  des  objets 
du  culte  et  des  oeuvres  d'art  qui  composent  ses  collections,  mais 
l'Histoire  des  Religions,  but  primitif  de  sa  fondation,  reste  son 
objectif  principal. 

11  se  compose  d'un  corps  de  bâtiment  comprenant  un  rez-de-chaus- 
sée  et   deux   étages.    Une   tour   précède   la   construction. 

La  galerie  du  rez-de-chaussée  est  consacrée  à  l'Egypte. 

Le   premier  étage   comprend    : 

1  °   La    rotonde    affectée    au    Japon  ; 

2^  La  galerie  nord,  divisée  entre  la  Perse,  l'Inde,  l'Indo-Chine,  la 
Chine    et    le    Japon. 

Au  second  étage,  consacré  entièrement  à  l'art  japonais,  on  voit, 
dans  la  salle  circulaire,  des  peintures,  estampes,  grès  de  bizen,  céra- 
miques, porcelaines,  et  la  galerie  nord,  divisée  en  trois  salles, 
montre   des   dessins,    croquis,    estampes,    peintures,    laques,    etc. 

Le  Musée  est  situé  près  le  Parc  de  la  Tête-d'Or,  boulevard  du 
Nord,   28-30,    et  ansle   de   la   rue    Boileau. 


-{  I7j> 


MUSEUM  D'HISTOIRE  NATURELLE  DE  LYON 

« 

Ct  l  c'iahlissrmrnl.  fonde*  en  1772,  a  subi.  drpuiH  «on  ori$?inf.  dru 
trunsforniatioiis  iinjjortaulcs.  cjui  l'ont  mi.s  au  rany  dm  prrmicrH 
Musées  d'Europe.  Jus(|n Cii  1913,  il  était  situé  au  Palais  Saint  Pierre, 
dans  des  ^alrries  d<*v<*mic.s  trop  étroitrs  pour  placer  bien  en  vue  les 
superbes  documents  (ju'il  renferme.  Arluellement.  K^^ce  à  M.  Her- 
riot,  maire  de  Lyon,  et  au  Conseil  municipal,  j^râre  à  leur  dévoue- 
ment pour  l'instruction  publique,  le  Muséum  d'histoire  naturelle 
est  installé  dans  des  salles  spacieuses  et  bien  éclairées,  en  rapport 
avec  limportance  toujours  plus  considérable  des  collections  scienti- 
fiques   et    le    nombre    croissant    de    leurs    visiteurs. 

Le  Muséum  occupe  la  plus  grande  partie  des  bâtiments  de  l'ancien 
Palais  de  Glace,  dans  le  voisinage  du  Parc  de  la  Téte-d'Or.  Ses 
galeries  ont  été  aménagées  aux  premier  et  deuxième  étages,  en 
bordure  de  la  rue  Boileau  et  de  la  rue  Montbernard.  La  même  entrée, 
boulevard  du  Nord.  28.  donne  accès  aux  galeries  du  Muséum  et  à 
celles     du     Musée     Guimet. 

Au  premier  étage  est  la  GRANDE  SaLLE,  dans  laquelle  ont  été  placés, 
au-dessous  du  plafond  lumineux,  des  documents  hors  série  concer- 
nant la  Zoologie  et  la  Géologie.  Autour  de  cette  salle  sont  disposées 
les  vitrines  de  la  Galerie  Minéralogique,  ainsi  que  les  collections  se 
rapportant  à  la  Géologie  des  terrains  primaires  et  secondaires. 

Dans  la  partie  centrale  de  la  Grande  Salle,  sont  exposées  des  collec- 
tions d'organismes  inférieurs,  de  madrépores,  d'échinodermes,  de 
crustacés,  de  poissons  et  d'oiseaux.  Parmi  ceux-ci,  on  doit  signaler 
de  belles  séries  d'oiseaux-mouches,  de  perroquets,  de  faisans,  de 
paradisiers,  etc.  Au  milieu  de  la  salle  se  dresse  la  charpente  osseuse 
de  plusieurs  grands  animaux  contemporains  de  l'homme  de  l'âge  de 
la  Pierre,  entre  autres  celle  du  mammouth  découvert  à  Lyon 
en  1859  ;  du  cerf  à  bois  gigantesques  des  tourbières  d'Irlande  ;  du 
cheval  préhistorique  de  Solutré  (Saône-et-Loire)  et  du  grand  ours 
des  cavernes,  de  la  grotte  de  l'Herm  (Ariège).  Enfin,  un  très  rare 
spécimen  de  la  rhytine  de  Steller,  grand  mammifère  marin  qui 
vivait  encore  au  siècle  dernier,  dans  le  détroit  de  Behring. 

Galerie  de  Minéralogie.  —  Lorsqu'on  pénètre  dans  la  Grande 
Salle,  les  minéraux  sont  à  droite  de  l'entrée.  La  collection  générale 
est  contenue  dans  des  meubles  verticaux.  Chaque  échantillon  porte 
une  étiquette  indiquant  le  nom  de  l'espèce  minéralogique.  sa  com- 
position chimique,  le  lieu  d'origine  et  le  nom  du  donateur.  La  classi- 
fication, adoptée  récemment,  est  celle  en  usage  au  Muséum  d'His- 
toire   naturelle    de    Paris. 

En  dehors  de  cette  collection  générale,  on  doit  signaler  diverses 
séries  locales  de  minéraux,  notamment  les  admirables  échantillons 
dazurite  et  de  malachite,  de  Chessy  (Rhône),  ainsi  que  la  collection 
de   minéraux   et   roches   du   Puy-de-Dôme. 

Galerie  de  Géologie.  —  Les  roches  et  fossiles  des  terrains  pri- 
maires et  secondaires  font  suite  à  la  collection  minéralogique.  Ils 
se    composent    d'échantillons    de    roches    anciennes    des    environs    de 


-(  174  )- 

Lyon  et  du  massif  des  Alpes  ;  de  végétaux  du  bassin  houiller  de 
la  Loire  ;  de  très  nombreux  fossiles  du  Mont-d'Or  lyonnais  et  des 
couches  à  minerai  de  fer  de  la  Verpillière  (Isère)  ;  enfin,   surtout,   de 


Galeries  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  :  mammouth  découvert  à  Lyon  en    1859. 


l'admirable  collection  de  poissons  et  reptiles  du  calcaire  lithogra- 
phique exploité  autrefois  aux  environs  de  Lhuis,  à  Marchamp  (Ain). 
Les  fossiles  des  terrains  crétacés,  représentés  par  des  séries  prove- 
nant soit  du  bassin  du  Rhône,  soit  du  Liban  (Syrie),  sont  placés  dans 
la  Grande  Salle  à  gauche  de  l'entrée. 


-'  175  )- 

En  cf*  (jui  couLfriic-  1rs  iioiiiljrcnix  dot  uinrnlM  palc:ontoloi(iqurH  d*§ 
terrainH  tertiaires  et  quaternaireH.  iU  ne  trouvent  dan»  une  «alerle 
au  8ud-eHt  de  la  Grande  Salle,  inimrdiatrment  à  côté  de  la  Galerie 
des  Terrains  crrtacrH.  LeM  rrMir.s  osHnix  dr»  vertéhreH  tertiaires  et 
<|iialrrnaireH  proviriinent  en  Kf^'^'^**  partie  de»  environM  de  Lyon,  ci»- 
Villefrandje  (Kliône).  de  la  Grive  Saint  Alban  (Isère),  de  Viljerever- 
aure  (Ain),  de  Saint  Gérand-le-Puy  (Allier),  de  Gardas  (Vaucluse),  etc. 

Galerie    de    Zoologie.  Outre    le«    collections    déjà    citées,     qui 

occupent   une   i^artic   Ar   1.»   (îrande  Salir,    la   Galerie   Zoologique  pré- 


Galeries  du  Muséum  :  reptile  de  l'époque  Jurassique,  découvert  dans  la  pierre 
lithographique  des  environs  de  Lhuis,  à  Marchamp  'Ain). 

sente,  au  deuxième  étage,  une  riche  collection  d'insectes,  de  papillons 
surtout,    souvent  étudiés   par   les  artistes   de   la   Fabrique   lyonnaise. 

Elle  compte  également  plusieurs  vitrines  de  coquilles  et  des  séries, 
locales  ou  générales,  d  animaux  vertébrés  .  poissons,  reptiles,  oiseaux 
et  mammifères.  Au  nombre  de  ceux-ci.  il  convient  de  citer  de  beaux 
spécimens  de  capridés  sauvages  de  la  Syrie,  du  Caucase  et  des 
Alpes,  ainsi  que  divers  anthropoïdes  :  gibbons,  orangs,  chimpanzés 
et    gorilles. 

Galerie  d'Anthropologie.  —  Située  au-dessus  de  la  Salle  de 
Géologie  des  terrains  tertiaires  et  quaternaires,  la  Galerie  Anthropo- 
logique est  consacrée  à  l'Ethnographie  et  à  la  Préhistoire.  Elle  se 
compose,  en  particulier  d'une  collection  des  âges  de  la  Pierre, 
du  Bronze  et  du  début  de  l'âge  du  Fer,  ainsi  que  d'antiquités  pro- 
venant, soit  des  Alpes,  soit  des  nécropoles  du  Caucase  et  de  la 
Corse. 

L'Egypte  des  Pharaons  et  l'Egypte  Préhistorique  sont  représentées 
par  des  séries  d'instruments  en  silex  taillé,  des  vases  en  pierre  ou 
en  terre  cuite,  des  sarcophages  et  différentes  momies  couvertes  d'in- 
scriptions ou  ornées  de  cartonnages  dorés. 


Enfin,  une  Galerie  d'Anatomie  COMPARÉE  est  en  voie  d'installation, 


-(  I7Ô  >- 

au  rez-de-chaussée  de  la  rue  Boileau  et  de  la  rue  Montbernard. 
Dans  cette  salle,  les  squelettes,  crânes,  mollusques,  préparations  di- 
verses intéressant  les  anatomistes,  seront  mis  directement  a  la  portée 
des   étudiants    et   de    tous    les    travailleurs. 

Cl.  Gaillard, 


NOUVEAU  LYCEE  DE  GARÇONS 

Jusqu'à  ces  dernières  années,  Lyon  ne  possédait,  comme  établis- 
sement d'instruction  secondaire  pour  les  garçons,  que  le  Lycée  Am- 
père. Celui-ci,  installé  en  1803  dans  les  bâtiments  de  l'ancien  Col- 
lège de  la  Trinité,  entre  la  rue  de  la  Bourse  et  le  quai  de  Retz,  ne 
subit  depuis  lors  presque  aucune  amélioration.  L'état  de  vétusté  de 
ses  bâtiments  sombres  et  mal  aérés  ne  répondait  plus  aux  condi- 
tions actuellement  exigées.  De  plus,  en  raison  de  l'extension  tou- 
jours croissante  de  la  ville,  et  surtout  des  quartiers  de  la  rive  gauche 
du  Rhône,  le  Lycée  Ampère  était  devenu  absolument  insuffisant  pour 
la  population  scolaire  de  plus  en  plus  nombreuse  qu'il  devait  conte- 
nir, malgré  la  création,  depuis  1902,  de  deux  annexes  à  Perrache  et 
à  la  Guillotière,  pour  recevoir  les  externes  de  ces  quartiers,  jusqu'à 
la     classe     de     quatrième. 

On  décida  donc  la  construction  d'un  nouvel  établissement  destiné  à 
recevoir,  outre  une  partie  des  externes  habitant  la  rive  gauche,  tous 
les  internes  actuellement  logés  au  Lycée  Ampère  et  au  Lycée  de 
Saint-Rambert    (classes    inférieures). 

L'étude  des  plans  et  la  construction  du  nouveau  Lycée  furent 
confiés   à   l'architecte   lyonnais   Louis   Rogniat. 

Construit  sur  l'emplacement  de  l'ancien  Fort  des  Brotteaux,  le 
Lycée  occupe  un  vaste  terrain,  d'une  surface  de  24.000  mètres  carrés, 
en  bordure  du  Parc  de  la  Tête-d'Or,  et  compris  entre  la  rue  Tron- 
chet,  le  boulevard  du  Lycée,  la  rue  Montgolfier,  le  boulevard  Pom- 
merol  et  la  ligne  du  chemin  de  fer  de  Genève. 

Il  a  été  prévu  pour  recevoir  1.200  élèves,  dont  224  internes,  avec 
tous  leurs  services. 

Commencé  en  juillet   1909,   il  a  été  terminé  à  la  fin  de   1913. 

La  nature  du  sol  a  nécessité  l'établissement  de  toutes  les  fonda- 
tions  sur    pilotis    en    ciment. 

La  façade  principale  sur  le  boulevard  du  Lycée,  en  moellons  de 
la  Grive  et  pierre  blanche,  a  200  mètres  de  long.  Elle  comporte,  de 
chaque  côté  du  pavillon  central,  deux  étages  de  hautes  et  larges 
baies  éclairant  les  classes  et  études  ;  elle  est  terminée  à  chaque 
extrémité   par   un   autre   pavillon   pourvu   d'une   entrée   secondaire. 

Au  fronton  du  pavillon  central,  une  horloge  monumentale  s'orne 
d'un  groupe  dû  au  sculpteur  Jean  Ploquin,  et  dont  les  deux  figures 
représentent  la  Science  et  l'Etude.  Un  campanile  surmontant  la  toi- 
ture abrite  les  cloches  de  cette  horloge,  reliée  électriquement  à  d'au- 
tres cadrans  répartis  dans  les  diverses  cours. 

L'entrée  principale,  surmontée  d'un  motif  décoratif  à  tête  de  lion, 
du  sculpteur  Guy,  donne  accès  à  un  vaste  vestibule,  à  la  voûte  et  aux 
murs  revêtus  de  céramiques  bleues  et  jaunes,  dont  les  couleurs  se 
répètent  dans  la  décoration  de  tout  l'édifice.  A  droite  la  Conciergerie, 


-(  177  }- 


12 


-  f  178  )- 

à  gauche  le  Parloir,  dont  le  plafond  est  orné  de  motifs  lumineux  et 
des  écussons  de  Lyon,  Villefranche,  Tarare  et  Givors.  Ce  vestibule 
s'ouvre  sur  la  Cour  d'honneur,  qu'égaient  un  jardin  et  une  fontaine 
aux  vasques  fleuries.  Autour  de  la  cour,  un  double  étage  de  légères 
arcades  en  pierre  de  Saint-Martin  abrite  des  galeries  sur  lesquelles 
s'ouvrent,  au  rez-de-chaussée,  la  Bibliothèque,  les  bureaux  de  l'Eco- 
nomat et  des  divers  fonctionnaires,  au  premier,  les  logements  des 
fonctionnaires    et   des    répétiteurs. 

De  larges  circulations  conduisent  aux  cours  des  externes,  petits 
et  moyens  au  nord,  grands  au  sud.  Les  classes,  d'accès  direct,  sont 
rangées  au  rez-de-chaussée  autour  de  ces  cours  ;  les  études  sont  au- 
dessus,  desservies  par  des  galeries  métalliques.  Les  classas,  au  nombre 
de  36,  sont  prévues  pour  36  élèves  ;  les  études  pour  40  élèves,  rangés 
dans  les  unes  et  les  autres  par  tables  de  2.  Des  groupes  de  lavabos 
continuellement  accessibles  accompagnent  chaque  série  de  classes 
ou  d'études.  Les  classes  élémentaires  ont  leur  entrée  particulière  au 
nord. 

A  l'extrémité  sud  de  la  Cour  des  Grands,  un  bâtiment  spécial, 
en  façade  sur  la  rue  Tronchet,  est  réservé  à  l'enseignement  des 
sciences  :  Histoire  naturelle  au  rez-de-chaussée,  avec  salles  de  col- 
lections. Physique  au  premier.  Chimie  au  deuxième,  chacun  de 
ces  deux  étages  pourvu  de  deux  amphithéâtres  bien  éclairés,  de 
salles  de  préparations  pour  les  professeurs  et  de  manipulations  pour 
les  élèves,  avec  eau,  gaz,  courants  électriques  triphasés  et  continus 
sur  chaque  table  de  travail  en  lave.  Au  deuxième  étage,  une  galerie 
vitrée  est  affectée   aux  manipulations  en  plein  air. 

Une  seconde  ligne  de  bâtiments  sépare  les  Cours  de  l'Externat 
de  celle  des  Internes  et  contient  :  au  rez-de-chaussée  une  autre  série 
de  classes,  aux  premier  et  deuxième  étages  les  dortoirs. 

Ces  dortoirs,  au  nombre  de  7,  et  prévus  chacun  pour  32  élèves, 
longs  de  33  ou  42  mètres,  larges  de  7  mètres,  sont  peints  de  couleurs 
claires  et  éclairés  sur  leurs  deux  côtés  par  de  hautes  fenêtres.  Ceux 
des  petits  sont  d'une  seule  teneur  sans  séparations,  ceux  des  moyens 
divisés  en  box  qui,  tout  en  donnant  aux  pensionnaires  plus  de 
confort  et  d'indépendance,  permettent  néanmoins  une  surveillance 
facile.  Aux  extrémités  et  à  la  suite  de  chaque  dortoir  se  trouvent  la 
chambre  du  surveillant  avec  baie  vitrée,  un  vestiaire,  des  water- 
closets  et  un  groupe  de  32  lavabos,  un  par  élève,  dans  une  salle 
blanche  aux  murs  revêtus  de  faïence.  Enfin,  les  deux  dortoirs  des 
grands,  réservés  aux  élèves  des  classes  supérieures,  sont  divisés  cha- 
cun en  32  chambres,  indépendantes,  rangées  des  deux  côtés  d'un 
couloir  central,  et  où  chaque  élève  trouve,  outre  son  lit  et  sa  table, 
son  lavabo  entouré  de  faïence,  son  placard  grillagé  pour  l'aération  et 
son    radiateur. 

Quatre  larges  escaliers  desservent  ce  bâtiment.  En  haut  de  la 
partie  centrale,  un  troisième  étage  contient  trois  salles  de  dessin 
éclairées  par  le  haut,  avec  leurs  séries  de  lavabos  et  leurs  pièces 
annexes. 

La  Cour  de  l'Internat,  plantée  d'arbres,  a  130  mètres  de  long  sur 
53  mètres  de  large.  Divisée  en  trois  parties  par  de  légères  galeries 
métalliques,  elle  est  bordée  d'un  côté  par  une  galerie  de  180  mètres 
longeant  les  bâtiments,  de  l'autre  par  de  vastes  préaux  couverts  pour 
les  jours  de  pluie. 

Au  nord  de  cette  cour,  un  bâtiment  en  façade  sur  la  rue  Montgolfier 
et   en    communication    directe    avec    ceux    de    l'Internat,    contient    les 


-i  179  )- 

réfectoires.  Ceux-ci.  an  nomhrf  <!♦•  troiM,  Hont  dinponcH  autour  d'un 
petit  rrffctoirr  (riitr.il.  rrHcTvr  aux  inaîirrM  rt  vitrr  Hur  toutrM  nrn 
farr.s.  C  hatuii  <l  <mix.  Ioîik  cir  18  inrtrrM,  lar^r  dr  7  nirtrrH  rt  pourvu 
d'un  officr,  contient  104  rlcveH,  réparti»  par  tablcn  cjr  8.  Lourfi  lar^fes 
bairs  donnant  .sur  Ir  Parc,  leur  rrvctrmi*nt  de  ccramiqurs  drcorces 
df  fruitH.  IcMirs  murs  lacjurH  chiirM  donnrnt  à  ccm  réfrctoircM  un 
asprct  propre  rt  j^ai.  l'ar  (\r  lar^rs  circuiationH.  la  nourriturr  arrive 
dos  cuisinrH.  si)a<  iru.srH  rt  hitrn  rclairc'vs.  rntourcea  de  leUfH  nrrvif  rn 
et    de    ceux    àr    l'Economat. 

Au-dessous  des  réfectoires  sont  1rs  salles  <\r  bains-douchrH  rt  cir* 
bains  de  pieds.  Au-dessus,  la  linK^rio.  le  taillrur,  etc.  Une  cour  de 
service  avec  entrée  sur  la  rue  Moiit^nlfier  donne  accès  aux   provisions, 

A  l'autre  extrémité  de  la  Cour  de  1  Internat,  l'infirmerie  constitue 
un  bâtiment  isolé,  occupé  au  rez-de-chaussée  par  les  services  de 
visite,  aux  étages  par  deux  petits  dortoirs  et  des  chambres  d'isolé 
ment.  Le  tout  entièrement  revêtu  de  faïences  et  peint  en  blanc,  avec 
toutes  les  dispositions  et  aménaj^ements  assurant  une  hygiène  ab- 
solue.  Un   petit  jardin,   devant   l'Infirmerie,   est   réservé   aux    malades. 

Enfin,  un  autre  bâtiment,  au  sud-est  du  terrain,  complète  Ten- 
semble.  C'est  la  Salle  des  Fêtes,  destinée  aux  conférences,  réunions 
et  cérémonies  et  aux  exercices  de  gymnastique.  Elle  se  compose 
d'une  unique  grande  nef,  recouverte  d'une  voûte  en  ciment  armé 
d'une  seule  portée.  Dans  une  grande  niche,  au  fond,  l'estrade  fait 
face  à  une  tribune.  Un  perron  extérieur  donne  accès  à  l'entrée  du 
public,    en    façade    sur   la    rue    Tronchet. 

Le  chauffage  du  Lycée  est  assuré  par  cinq  groupes  de  chaudières 
répartis  dans  les  sous-sols.  Tous  les  planchers  sont  en  ciment  armé. 
Les  dispositions  intérieures  des  locaux  d'études  et  des  services  ont 
été  étudiées  pour  répondre  à  toutes  les  exigences  de  l'hygiène  mo- 
derne. 


LE  PARC  DE  LA  TETE-D'OR 

Le  Parc  de  la  Tête-d'Or  est  situé  sur  la  rive  gauche  du  Rhône, 
aux  confins  nord  de  la  ville  de  Lyon,  sur  les  terrains  qu'elle  a  em- 
pruntés au  Dauphiné.  Plusieurs  des  lignes  de  tramways  qui  sillon- 
nent la  ville  conduisent,  soit  directement  à  l'une  de  ses  portes 
(Portes  des  Légionnaires  et  Tête-d'Or),  soit  à  proximité  de  l'une 
d'elles  (Porte  du  Lycée).  Rien  n'est  donc  plus  facile  que  de  s'y 
rendre.  La  visite  s'impose,  tant  le  Parc  présente  d'attraits  pour  les 
amateurs  de  la  nature,  pour  ceux  des  jardins,  et,  enfin,  pour  les  bota- 
nistes. 

Son  nom  lui  vient  de  celui  de  l'antique  domaine  qui  lui  a  fourni  ses 
terrains.  Une  très  ancienne  tradition  veut  qu'un  trésor  ait  été  caché 
en  quelque  point  de  son  étendue,  et,  parmi  les  pièces  qui  en  faisaient 
partie,  on  citait  une  tête  de  Christ  en  or,  qui  a  été  patiemment 
recherchée   à   plusieurs   reprises,    sans   succès   du   reste. 

Le  domaine  de  la  Tête-d'Or,  beaucoup  plus  étendu  que  le  Parc 
actuel,  se  composait  surtout  de  plusieurs  îles  du  Rhône  ;  il  s'étendait 
jusqu'à  Vassieux  sur  la  rive  droite.  Il  appartenait  au  XVI-  siècle  à 
la    famille    Lambert.    Les   Jésuites    de    la   Maison    de    Saint-Joseph    en 


-  '  180  )- 

acquirent  une  partie  en  1574  ;  l'autre  fut  donnée  par  testament  à 
l'Hôtel-Dieu,  par  Catherine  Lambert,  femme  de  Jacques  de  Villiers, 
le  14  février  1637.  Les  Echevins  de  Lyon  achetèrent  (pour  la  pre- 
mière fois)  la  part  des  Pères  Jésuites  le  10  juin  1735.  et  la  revendi- 
rent, quatre  jours  après,  avec  le  domaine  contigu  de  lEmeraude,  à 
l'Hôtel-Dieu,  au  prix  de  53.700  livres,  la  Ville  restant  débitrice  aux 
Pères  Jésuites  d'une  rente  annuelle  et  perpétuelle  de  2.520  livres. 

C'est  de  ce  domaine  que  furent  distraits,  en  1856.  pour  y  établir 
le  Parc  de  la  Tête-d'Or.  100  hectares  environ,  moyennant  l  .250.003  fr. 
qui  furent  versés  à  l'Administration  des  Hospices  de  Lyon. 

Les  parties  acquises   comprenaient   notamment   le  bois  et   la   ferme 


Le  Chalet  des  Gardes  du  Parc.   iCl.  Synd.   Init.j 


de  la  Tête-d'Or.  Le  bois  était  situé  dans  une  île  séparée  de  la  terre 
ferme  par  un  large  bras  du  Rhône,  qui  fut  fermé  par  la  digue  du 
Grand-Camp  (Grand-Champ,  disaient  nos  devanciers),  il  était  planté 
de  saules  et  de  broutilles  (d'où  dérive  le  nom  de  Broteaux,  qui 
désigne  le  VI*^  arrondissement  de  Lyon,  celui  dont  relève  le  Parc), 
s'élevant  sur  un  sol  accidenté  par  de  légers  plis,  parsemé  de  petits 
marécages,  au  milieu  desquels  croissaient  des  joncs  gigantesques.  Le 
corps  principal  de  la  ferme,  approprié  à  des  besoins  nouveaux, 
abrite  aujourd'hui  plusieurs  familles  d'employés  de  la  Ville,  le 
Conservatoire  de  Botanique  et  le  Laboratoire  de  Météorologie  (dit 
improprement  Observatoire) ,  après  avoir  longtemps  logé  des  qua- 
drupèdes au  rez-de-chaussée,   gens  et  fourrage   au-dessus. 

La  création  d'une  nouvelle  promenade  s  imposait,  ainsi  que  le 
faisait  entendre  au  Conseil  municipal,  le  14  mars  1856,  M.  le  Séna- 
teur Waïsse,  préfet-maire,  à  la  suite  des  am.putations  répétées  qu'avait 
dû  subir  le  Jardin  des  Plantes,  la  principale  promenade  de  Lyon  à 
cette  époque.  L'endroit  semblait  d'autant  mieux  choisi  que  le  public 
avait  depuis  longtemps  l'habitude  de  prendre  ses  ébats,  les  dimanches 
surtout,  dans  le  bois  de  la  Tête-d'Or,  dont  il  usait,  et  même  abusait 
(certains   regrettent  ce   temps)   en   toute   liberté. 

Le  projet  approuvé,  l'Administration  fit  choix  de  MM.  Buhler, 
architectes  paysagistes  des  plus  renommés,  pour  l'exécution  d'un 
plan  répondant  aux  desiderata  formulés  par  M.  Gustave  Bonnet, 
ingénieur  en  chef  de  la  Ville  de  Lyon,  grand  amateur  de  fines 
plantes  et   de   beaux   jardins. 


-(  181 

Drs  mains  àrn  Biihlrr  «ortit  un  l'arc  maKnifiqiir  clf  105  hrt  larrs, 
dont  rélablisMrinrnl  a  < oûtr  pluMirurH  rnillioiiH  ri  dont  1  rntrriirn 
dcniaïuK-  anniirllrnirnl  pins  de-  lOO.OOO  francH.  On  \r  trouvr  (  itr 
conmu'  un  niodMr  dr  l'art  du  paysaKinle  rt  du  trace  dit  anglaiê 
dans  touH  Irs  IraitrH  claHHiciurH  à  ru;;^.»^^  <^f^  arrhitrctr»  de  jardins. 
Si  elle  a  .subi  (|url<|n<*H  niodificalions  dan»  !'•«  détaiU  depuis  sa  créa- 
tion. r<ïuvrr  dc-s  BuIjNt  a  (  rpcndanl  t*tr  rrupriU-r  dans  son  en- 
semble, et  il  faut  espérrr  (pi  rll«'  srra  traiter  dans  l'avenir  comme  le 
mrritr    tout    rhrf  d'(ï*uvre. 


Allées  des  Grandes  Serres  du  Parc.  (Cl.  J.  Sylvestre.) 


La  principale  de  ces  modifications  est  la  conséquence  de  la  sup- 
pression de  la  partie  des  fortifications  de  Lyon  qui  bordaient  le  Parc 
du  côté  de  la  ville,  suppression  qui  a  permis  l'édification,  sur  le 
terrain  des  fossés  comblés  et  des  glacis,  d'une  suite  de  riches  et 
coquettes  villas  ornées  de  jardins  luxueux,  qui  forme  à  la  promenade, 
et  sur  sa  face  la  plus  en  vue,  la  plus  belle  clôture  qu'on  puisse 
désirer.  La  reconstruction  des  serres,  en  1880  et  1900,  a  également 
modifié  l'aspect  primitif  de  l'angle  sud-est  où  elles  s'élèvent,  près 
de   la    nouvelle   Porte   du   Lycée. 

Dans  la  partie  nord  du  Parc,  s'étend,  derrière  la  grille  monumen- 
tale, voisine  du  Monument  élevé  à  la  Gloire  des  Enjants  au  Rhône 
morts  pour  la  Patrie,  un  superbe  lac  de  16  hectares,  égayé  par  deux 
masses  de  verdure  :  les  îles  des  Cygnes  et  des  Tamaris.  Les  eaux 
en  sont  fort  belles  et  les  plantations  qui  le  bordent  présentent  des 
scènes  charmantes,  surtout  entre  la  rive  nord  du  lac  et  le  Rhône, 
partie  vallonnée  où  abondent  les  arbres  verts  encadrant  de  riantes 
prairies,    ce   qui   lui   a  valu   le   nom   de   Petite   Suisse. 

Au  fond  du  lac  et  limitant,  ou  presque,  la  promenade  à  l'est.^  se 
trouve   la   Grande   Ile,    ceinte   par   un   large   bras   de    rivière   que   l'on 


-(  182  )- 

franchit   en   plusieurs   endroits   sur   des   ponts   rustiques   d'une   facture 
artistique. 

La  partie  sud  du  lac  est  plus  vaste  que  les  précédentes.  C'est  aussi 
la  partie  la  plus  fréquentée,  en  raison  de  son  rapprochement  de  la 
ville.  On  y  accède  par  les  deux  Portes  de  la  Tête  d'Or  et  du  Lycée 
(faisant  face  aux  voies  des  mêmes  noms).  On  y  trouve,  en  outre  de 
vastes  pelouses  agrémentées  de  bosquets  et  de  fleurs  (le  Pré  jleuri 
en  façade  du  Jardin  Botanique,  en  est  le  point  le  plus  charmant),  un 
petit  Jardin  Zoologique  et  un  très  vaste  Jardin  Botanique.   A  ce  der- 


Embarcadère  du  Lac,  au  Parc  de  la  Tête-d'Or.  (Cl.  Synd.  Init.) 


nier  sont  rattachées  de  très  importantes  collections  de  végétaux  culti- 
vés, les  uns  en  pleine  terre,  les  autres  sous  verre  ;  par  leurs  richesses, 
elles  classent  cet  établissement  parmi  les  similaires  de  premier  ordre. 
Là,  encore,  se  trouve  le  Conservatoire  de  Botanique,  dont  la  très 
modeste  installation  ne  donne  point  l'idée  des  choses  précieuses,  au 
point  de  vue  scientifique,  qu'il  renferme  ;  enfin,  le  Fleuriste  de  la 
Ville  de  Lyon,  établissement  d'horticulture  où  sont  créés  les  végétaux 
nécessaires  à  la  décoration  des  squares,  jardins  et  palais  de  la  Cité  ; 
la   réputation   de   ce   dernier   n'est   plus   à   faire. 

Les  serres  couvrent  plus  d'un  hectare.  Les  plus  remarquables  sont 
les  Grandes  Serres,  qui,  à  elles  seules,  occupent  le  tiers  de  cette 
superficie.  Elles  sont  constituées  par  cinq  pavillons,  parallèlement 
disposés,  réunis  en  un  Jardin  d'Hiver.  Le  pavillon  médian  mesure 
21  mètres  de  hauteur,  les  intermédiaires  14  mètres,  les  latéraux  10  mè- 
tres. Palmiers,  Cycadacées,  Pandanus,  Camellias,  Fougères  s'y  cou- 
doient en  un  beau  désordre,  effet  de  l'art,  et  dont  la  figure  ci-jointe 
ne   donne   qu'une   idée   insuffisante. 

Les  Petites  Serres,  presque  aussi  étendues  en  surface  que  les  précé- 
dentes, sont  divisées  en  une  vingtaine  de  compartiments  inégalement 
chauffés,  dans  lesquels  se  rencontre  l'élite  des  plantes  ornementales 
qui  croissent  dans  les  régions  tempérées  et  chaudes  du  globe,  ou 
bien  qui  sont  dues  au   génie  de  l'homme.   Les  Orchidées,   Bromélia- 


-(  183  )- 

cées,  Cactées  et  aulrr»  plante»  grasses.  Irn  AzalécH  rt  Crotoriw  y  «ont 
particulièrement  rrprrsf-ntrH  par  de  nombreux  Mujet»  ;  du  reste,  ici, 
les  efforts  triidriU  surtmit  à  faire  connaître  le»  végétaux  ayant  un 
mérite    décoratif. 

Le  public  a  librement  «k  <  ch  aux  CirainK-s  Serres  tnuf«-  la  journée  ; 
aux    f^etites   Serres,    les    après-midi. 

Une  des  serres  du  Jardin  Botanitjue,  consacrée  aux  arnialiqurs  c'en 
pays  chauds,  renferme  la  fameuse  reine  de»  eaux  :  la  Victoria  rcf^ia, 
dont  les  feuilles  ont  Z  mètres  de  diamètre,  et  les  fleurs  30  renti- 
mètres. 

Le  Jardin  Botanique  pro[)rement  dit.  présentant  les  végétaux  dis- 
posés en  un  ordre  méthodic|ue,  contient  près  de  six  mille  plantes 
distinctes.  Parmi  ses  dépendances,  beaucoup  plus  riches  encore  en 
sujets,  citons  :  le  Ri>sariun},  <  omprenant  f)luH  de  douze  cents  variétés 
de  roses,  V  AJpinurn.  le  l^inctuni,  le  h  rultcctum,  la  Collection  clca 
Vignes,  avec  plus  de  qur  tre  cent  cincjuante  espèces  ou  variétés, 
V Arhorctum,  enfin  V Ecole  jloralc,  enchantement  des  yeux,  où  se  suc- 
cèdent sans  interruption,  dans  leur  floraison,  pendant  toute  la  belle 
saison,  près  de  huit  cents  espèces  ou  variétés  propres  k  la  décora- 
tion des  parterres  et  choisies  parmi  les  meilleures  et  les  plus  nou- 
velles. 

En  été,  les  plantes  grasses  (Cactées,  Agaves,  Aloès.  etc.).  rassem- 
blées en  plein  air,  disposées  en  massifs,  constituent  un  Jardin  Mexi- 
cain d'un  effet  surprenant,  et  qui  n'a  point,  croyons-nous,  son  sem- 
blable en  Europe. 

R.     GÉRARD. 


FONTAINE  DE  LA  PLACE  MORAND 

Cette  fontaine  fut  élevée  en  1865,  au  moyen  d'une  souscription 
publique  et  d'une  subvention  de  la  Ville  de  Lyon.  Elle  avait  pour 
but  de  perpétuer  le  souvenir  de  l'afîranchissemert  des  ponts,  jus- 
qu'alors payants.  Elle  est  l'œuvre  de  Tony  Desjardins  (1814-1882), 
architecte  de  la  Ville,  de  Guillaume  Bonnet  (1820-1882),  sculpteur 
lyonnais,  et  de  l'ornemaniste  Clauses.  Sa  disposition  pentagonale 
s'explique  par  la  raison  qu'à  cette  époque  Lyon  était  divisé  en  cinq 
arrondissements,  que  personnifient  les  cinq  enfants  séparant  les  vas- 
ques supérieures  et  entourant  la  figure  de  la  Ville  de  Lyon,  le  front 
ceint  de  la  couronne  murale  et  appuyée  sur  un  bouclier.  Située  sur 
Tune  des  plus  belles  places  de  la  ville,  cette  fontaine  complète,  par 
ses  lignes  harmonieuses  et  son  heureuse  composition,  la  remarquable 
perspective  du  pont  et  du  cours  Morand. 


MONUMENT  DES  ENFANTS   DU  RHONE 

On  connaît  la  part  héroïque  que  les  Mobiles  et  Mobilisés  du 
Rhône  prirent  à  la  funeste  guerre  de  1870-71.  Les  Mobiles  avaient 
défendu  Neuf-Brisach,   combattu  à  Paris,   et.   par  leur  opiniâtre  résis- 


-(  184  )- 


Monument 

des  Enfant: 

du  Rhône 

à  l'entrée 

du   Parc. 

Cl    J.  Sylvestre.) 


La    gare  P,-L.-M. 

des  Broteaux 

ICI.  Synd.  InitJ 


Fontaine 
del 
place  Morand. 
(Cl.  J.  Sylvestre 


(  185  )- 

tance  souh  Drnfrrl  Ktx  lirrraii.  contribué  k  conaervrr  Brlforl  à  la 
France.  Lrs  IVlobilist-s  h  rtairiit  cliMlin^ués  À  NuitM.  à  Villrrnrxrl,  k 
Hérirourt . 

Avant  le  dt'pail  de  Lyon.  (  liacjiic  bataillon  oxi  Ic^iou  avait  reçu 
un  drapeau  offrrl  i>ar  1rs  Darurn  lyonnaiMCM  AprcM  la  guerre,  ce» 
drapotUix  fun*nt  < onfirs  à  la  Municipalité*  L»*  préfet-maire  Ducrol. 
80U8  on  ne  sait  (juel  mauvais  prrtfxtr.  (it  brûl«-r  ceH  précieux  em- 
blèmes. Une  protestation  unanime  s'élrva.  Une  sou  .rription  fut 
immédiatement  ouverte  pour  ériger  un  monument  remplaçant  le* 
drapeaux  détruits.  La  Ville  de  Lyon  et  le  Département  du  Rhône 
s'associèrent  à  l'tx'uvrr.  à  la  condition  que  ce  rnonumrnt  >rrait  consa- 
cré à  tous  les  Lnfants  du  Rhône  ayant  combattu  pendant  l'Année 
Terrible. 

L'exécution  en  fut  confiée  à  deux  Lyonnais,  l'architecte  Adolphe 
Coquet  et  le  sculpteur  Claude  Pagny.  L'inauguration  eut  lieu  en 
1887   et   donna    lieu   à    une    très   émouvante    manifestation    patriotique. 

Situé  à  l'extrémité  du  Parc  de  la  Têlc-d'Or,  le  monument  as 
détache   heureusement  sur  les   masses  de   verdure. 

Sur  un  socle  orné  d'attributs,  un  lion  tenant  une  épée  brisée 
(œuvre  de  Textor)  précède  un  haut  piédestal,  sur  lequel,  en  un  beau 
groupe  de  bronze,  la  France,  dans  un  geste  des  plus  nobles  et  des 
plus  énergiques,  montre  l'ennemi  à  de  jeunes  soldats  groupés  autour 
d'elle  dans  un  geste  de  défense.  Le  monument  est  encadré  par  une 
colonnade  en  hémicycle,  tei minée  à  chaque  extrémité  par  un  pylône 
surmonté  d'un  trépied.  Des  inscriptions  rappellent  tous  les  combats 
auxquels  prirent  part  les  contingents  originaires  du   Rhône. 


-(  186  )- 


LA    CROIX-ROUSSE 

ET    lA'.S    PF.NTES 


LES  JARDINS 

Ce   quartier  possède   deux   grands  Jardins. 

L'un,  appelé  Jardin  des  Chartreux,  occupe  une  très  grande  Ion 
gueur  sur  le  cours  des  Chartreux.  Aux  deux  bouts  de  ce  Jardin,  on 
jouit  d'une  vue  splendide.  Du  côté  sud,  on  aperçoit  le  beau  pano- 
rama de  Lyon,  dominé  par  le  merveilleux  coteau  de  Fourvière,  et, 
du  côté  nord,  la  vue  embrasse  une  des  parties  les  plus  charmantes 
du  cours  de  la  Saône.  Un  gracieux  monument,  élevé  au  grand 
chansonnier  lyonnais,  Pierre  Dupont,  contribue  à  l'embellissement  de 
ce   Jardin. 

L'autre  Jardin,  par  son  étendue,  constitue  un  véritable  parc  :  c  est 
le  Jardin   des  Esses. 

Placé  à  l'extrémité  ouest  du  boulevard  de  la  Croix-Rousse,  il  ne 
peut,  de  par  sa  position  même,  être  aussi  fleuri  que  les  autres 
squares  de  la  ville,  mais  c'est  surtout  un  passage  ombragé  et  enca 
dré  de  verdure  entre  la  Croix-Rousse  et  le  quartier  de  Serin,  situé 
au  bas,  sur  le  bord  de  la  Saône.  Sa  pente  très  accentuée  a  obligé 
l'architecte-paj'sagiste  à  établir  les  allées  en  lacets  nombreux,  el 
c'est  cette  particularité  qui  lui  a  fait  donner  son  nom. 

Enfin,  l'autre  extrémité  du  boulevard  de  la  Croix-Rousse,  côté  est, 
possède  aussi  un  Jardin  d'où  l'on  jouit  d'une  vue  immense  sur  la 
ville  et  sur  la  plaine  du  Dauphiné.  Cette  plaine  est  bordée  dans  le 
lointain  par  la  magnifique  chaîne  des  Alpes,  dominée  elle-même 
par  le  Mont-Blanc  majestueux,  que  l'on  aperçoit  très  distinctement 
lorsque  le  temps  est  clair. 


EGLISE  SAINT-BRUNO  DES  CHARTREUX 

En  i584,  les  Chartreux  s'établissent  à  Lyon,  sur  le  plateau  élevé 
au  nord  de  la  ville,  et  dont  les  pentes  s'inclinent  au  couchar^  sur  la 
vallée   de   la  Saône. 

En  1615,  le  chœur  de  l'église  actuelle  est  achevé  d'après  les  plans 
de  Jehan  Maignan.  C'est  un  beau  vaisseau  de  22  mètres  de  longueur 
sur   1 1    mètres  de  largeur,  couvert  d'une  voûte  en  berceau  aux  péné- 


-(  188    - 

trations  élégantes.  De  riches  stalles  aux  sculptures  délicates,  stupide- 
ment mutilées,  tapissent  les  murs  latéraux.  En  1733,  l'architecte  Fer- 
dinand Delamonce  reprend  les  travaux  suspendus.  Il  construit  le 
dôme  et  la  nef.  La  façade  ne  devait  se  construire  qu'en  1871,  sur 
les  plans  de  l'architecte  Sainte-Marie-Perrin.  Le  dôme  de  Delamonce 
est  remarquable.  Elevé  sur  plan  octogonal,  il  présente  au  dehors  huit 
fenêtres  elliptiques  du  plus  bel  effet.  C'est  le  point  de  mire  d'un  des 
rspects  les  plus  pittoresques  de  notre   ville. 


Eglise  Saint-Bruno  des  Chartreux.    Cl.  J.  Sylvestre.) 


A  l'intérieur,  Saint-Bruno  nous  offre  un  des  exemplaires  les  plus 
intéressants,  les  plus  complets  de  l'architecture  religieuse  du  XVIII^  siè- 
cle. La  vue  photographique  que  nous  donnons  ici  exprime,  mieux  que 
toute  description  ne  saurait  le  faire,  les  dispositions  élégantes  des 
arcs  et  des  trompes  de  la  coupole,  des  voûtes  en  berceaux  de  la  nef. 
de  leurs  pénétrations,  et,  dans  le  fond,  des  fenêtres  qui  éclairent  le 
chœur. 

Cette  vue  nous  donne  aussi  le  morceau  capital  de  la  décoration 
intérieure  :  c'est  le  baldaquin  ou  ciborium  qui  surmonte  l'autel,  bel 
ouvrage   de  Servandoni.   Cet  édicule   est  d'un   grand   effet.   Sans   en- 


189  ' 

combrrr  Ir  noblr  vnis;.c*au,  il  »'éi>vr  jumcju'A  la  naiHsancr  du  tjônie  ; 
il  s'harmonisr  Irts  hfiirrusrmrnt  .ivre  IrH  li^nrH  dr  rarrhitrrttirr  cl 
laisse  voir  \ca  brllrs  voule:4  du  virux  Hnnctunirr. 

Nous  devons  signaler   t»ous  le  dôme   le   grand   autel   à   doublr   fac  r, 
en    rnarbrop-   précieux,    dessinr   par  Souffla,   et,   à   droite   r-t   à   (ra^ichc 


La  nef  et  l'autel  de  l'église  Saint-Bruno  des  Chartreux. 
(Cl.  J.  Sylvestre.)  .r 

1 


du  ciborium,  deux  tableaux  de  Trémolières,  l'Ascension  de  /S'ofre- 
Seigneur  et  VAssompticn  de  Notre-Dame.  Ces  très  belles  toiles  sont 
enchâssées  dans  des  cadres  de  bois  doré  d'une  grande  richesse,  de 
la  composition  du  sculpteur  Chabry.  Mentionnons  aussi,  à  l'entrée  du 
vieux  sanctuaire,  les  statues  de  saint  Jean-Baptiste  et  de  saint  Bruno, 
de  J.  Sarazin,  puis,  au  centre  de  ce  vieux  sanctuaire,  un  très  beau 
lutrin   du   XVIII^  siècle,   en   bois   doré,    surmonté   d'un   aigle   aux   ailes 


-'  190  )- 

éployées.  enfin,  dans  la  troisième  chapelle  a  droite,  la  Mise  du  Christ 
au  tombeau,  de  Breuet,  et,  dans  la  chapelle  du  baptistère  à  gauche, 
un  beau  Baptême  de  Notre-Seigneur  non   signé. 

A  consulter  :  L'Eglise  de  Saint-Bruno-des-Chartreux ,  par  M.  Forest, 
Supérieur  honoraire  des  Missionnaires  diocésains,  Lyon.  Librairie  Ca- 
tholique Emmanuel  Vitte. 

Sainte-Maril-Perrin, 


MONUMENT  DE  PIERRE  DUPONT 

Cet  hommage,  rendu  à  la  mémoire  du  chansonnier  populaire,  est 
placé  dans  le  Jardin  public  des  Chartreux,  en  un  point  élevé  d'où  la 
vue  s'étend  à  travers  les  échappées  de  la  Saône  et  sur  les  collines 
qui  la  dominent.  Gaspard  André,  l'auteur  du  projet,  avait  lui-même 
choisi  ce  site,  où  le  poète,  dans  une  solitude  propice,  semble  s'élever 
au-dessus  de  1  agitation  des  foules  en  pensant  aux  ouvriers  et  aux 
paysans   qu'il   sut  si   bien  chanter. 

Le  buste  en  marbre  de  Pierre  Dupont  émerge  d'une  haute  gaine, 
contre  laquelle  s'appuie  sa  Muse  favorite,  tandis  qu'un  jeune  enfant 
assis  à  ses  pieds  joue  d'un  instrument  champêtre,  et  qu'une  chèvre, 
se  hissant,  broute  les  brindilles  d'une  guirlande  de  feuillage.  Autour 
du  socle  se  groupent,  en  un  bas-relief  circulaire,  les  personnages  des 
principales  œuvres  du  poète  :  les  Bœujs,  les  Sapins,  les  Carriers,  etc. 
Au  pied  du  monument  murmure  une  discrète  fontaine. 

Gaspard  André  ne  vit  pas  la  réalisation  de  son  idée,  toute  d'har- 
monie et  de  poésie.  Une  souscription  organisée  par  le  Caveau  Lyon- 
nais, et  à  laquelle  participa  la  Ville  de  Lyon,  permit  l'exécution  de 
l'œuvre.  Le  sculpteur  Suchetet  en  fut  chargé.  L'inauguration  eut  lieu 
en    1899. 


STATUE  DE  JACQUARD 

Cette  statue,  du  sculpteur  Denis  Foyatier  (1793-1863),  fut  érigée  en 
1840.  sur  la  place  Sathonay.  Elle  fut  transférée  à  l'emplacement 
qu'elle  occupe  actuellement,  sur  la  grande  place  de  la  Croix-Rousse, 
au  centre  du  quartier  de  la  Soierie,  par  les  soins  de  la  Municipalité 
lyonnaise,    en    1901. 

Jacquard  est  représenté  debout,  dans  le  costume  de  son  temps, 
méditant   sur   les   recherches    qui   devaient   immortaliser   son   nom. 

Né  à  Lyon  le  7  juillet  1732,  mort  à  Oullins  (Rhône),  le  7  août  1834, 
Joseph-Marie  Jacquard  apporta  au  métier  à  tisser  la  soie  des  transfor- 
mi^tions  et  des  perfectionnements  qui  furent  une  véritable  révolution 
pour  l'industrie  lyonnaise.  Mais,  comme  son  invention  produisait  une 


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diminution  de  la  main-d'œuvre,  il  fut,  au  début,  victime  de  l'hostilité 
des  tisseurs,  qui  finirent  cependant  par  reconnaître  tous  les  mérites 
de  ses  découvertes.  Jacquard  fut,  pendant  de  longues  années,  attaché 
au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers  de  Paris.  Lyon  se  devait  d'être 
reconnaissant  à  cet  inventeur  de  génie,  qui  fut  en  même  temps  un 
homme  de  bien. 


Un  canut  de  la  Croix- Rousse 

travaillant  au  métier  perfectionné  par  Jacquard. 

(Cl.  L.   Lebreton.) 


LA  RlVt:  DROITE  DE  LA  SAONE 


EGLISE   DE   SAiNMRENEE 

L'église  de  Saint-Irénée  se  compose  de  deux  parties  distinctes  : 
l'église    supérieure    et    l'église    souterraine    ou    la    crypte. 

Cet  édifice  est  isolé  par  des  cours  à  l'ouest  et  au  nord,  ainsi  que 
par   une   terrasse  à   l'est,   où   se   trouve   un   calvaire   dominant   la   ville. 

La   cour  à   l'ouest  est   limitée   par   un   portail   du   XVIII'    siècle,   attri- 
bué à  Soufflot  ;  un  perron,  édifié  en  partie  avec  des   matériaux   pro 
venant    de    monuments    romains,    conduit    à    l'entrée    principale. 

Construite  dans  la  première  moitié  du  XIX^  siècle,  l'église  haute 
de  Saint-lrénée  présente  les  dispositions  d'une  basilique  ayant  une 
certaine  ampleur,  mais  les  matériaux  employés  sont  de  qualités  infé- 
rieures, les  décorations  intérieures  sont  en  plâtre  et  les  colonnes  de 
la  nef  sont  en  stuc   imitant  le   marbre. 

Dans  ces  conditions,  l'église  de  Saint-lrénée  ne  mériterait  pas 
de  retenir  l'attention  des  visiteurs  ;  cependant,  son  histoire  est  digne 
d'intérêt,  car  elle  remonte  à  l'origine  de  notre  ville  édifiée  sur  les 
ruines   de   la   cité   romaine. 

Crypte  de  Saint-Irénée.  —  En  effet,  pendant  l'occupation  romaine, 
Tévêque  Pothin  fit  construire  dans  ces  lieux  une  église  souterraine 
dans  laquelle  les  premiers  Chrétiens  se  réunissaient  comme  dans  la 
crypte  de  Saint-Nizier  devenue  insuffisante.  L'évêque  Irénée,  succes- 
seur de  Pothin,  dont  le  nom  est  resté  attaché  à  l'édifice,  s'étant  mis 
à  la  tête  d'un  soulèvement  militaire  dirigé  par  Albin  contre  Sévère, 
un  combat  terrible  s'engagea  dans  les  murs  mêmes  de  Lugdunum. 
Sévère,  ayant  été  vainqueur  dans  cette  lutte,  poursuivit  les  rebelles 
avec  acharnement,  confisquant  leurs  biens  et  les  envoyant  aux  sup- 
plices. Sous  Sévère,  la  persécution  à  Lyon  eut  donc  une  cause  poli- 
tique et  la  religion  chrétienne  fut  un  motif  plutôt  apparent  que  réel 
derrière  lequel  vint  s'abriter  la  satisfaction  des  haines  du  vainqueur. 

L'évêque  Zacharie,  successeur  d  Irenee,  ht  placer  dans  la  crypte 
le  corps  de  son  prédécesseur,  victime  de  la  persécution  romaine,  et 
ce  temple  devint  le  tombeau  des  martyrs  dont  les  restes  furent  ap- 
portés de  toutes  parts  pour  être  joints  aux  corps  d'Irénée,  d  Alexan- 
dre et  d'Epipode,   placés  plus  tard  sous  trois  autels  séparés. 

Vers  le  IV^  siècle,  après  la  conversion  de  Constantin,  on  construi- 
sit une  basilique  au-dessus  de  la  crypte  de  Saint-Irénée.  Ce  temple, 
détruit  au  VIII^  siècle,  pendant  l'Invasion  des  Barbares,  fut  reconstruit 
au  IX*^  siècle,   mais  il  fut  mis  en  ruines,   au  XVI^  siècle,   par  le  Baror 

13 


-(  194  )- 


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des  AdrrtH.  <|ui  boulrvrrsa  aiiHHi  la  (  ry[>tr  rt  lit  iiiclrr.  dit  la  Irvî^nd*. 
des  o88ein<*nl.s  d'aniinaiix  aux  rrHlrs  dcM  [)rriiiirrM  Chrrtifiih  ndtjui» 
dans  ce  temple.  Claude  Grolier  h'efforça  de  iiéparer  le»  ossements 
profanes  d'avec  leH  restes  d«*H  Martyrs,  puis  il  répara  en  partie  le» 
(Ic'^âts  o(  taHionnés  par  les  KrforinatejirM.  Plus  tartl.  dans  la  seconde 
nioilir  tlu  XIX  Hir(  le.  des  travaux  importants  furent  entrepris  par 
1.  Desjardins,  architecte  des  Monuments  l  listoruiurs,  pour  restaurer 
la  crypte  de  Saint-Irénée  et  lui  donner  l'aspect  qu'elle  conserve 
actuellement.  Près  de  l'entrée  latérale,  au  nord,  on  peut  voir  l»; 
caveau  fermé  par  une  t<rille  où  ont  été  placés  les  restes  des  victimes 
de     la     persécution     romaine*. 

Les  enfants  de  la  Cité  Lyonnaise  peuvent  donc  considérer  la  crypte 
de  Saint-lrénée  comme  le  tombeau  des  premiers  citoyens  qui  ont 
essayé  de  secouer  le  joug  de  la  domination  romaine  pour  fonder  la 
ville   de  Lyon,   destinée  à   remplacer   l'antique   Luj^dunum. 

P.  Desjardins. 


CAVEAU   DE   L'ANTIQUAILLE 

L'Hospice  de  l'Antiquaille,  ainsi  nommé  à  cause  des  nombreux 
vestiges  de  l'antiquité  gallo-romaine,  qui  furent  trouvés  au  xvr-  siè- 
cle, sur  scn  emplacement,  par  le  Lyonnais  Pierre  Sala,  propriétaire 
du  domaine,  porte  aussi  le  nom  d'Hôpital  Saint-Pothin,  en  souvenir 
du  premier  évêque  de  Lyon,  martyrisé  avec  ses  compagnons,  en 
l'an  177,  sur  la  colline  de  Fourvière.  Une  pieuse  croyance,  dont 
l'origine  remonte  d'ailleurs  seulement  au  XVIT"  siècle,  à  l'époque 
où  les  religieuses  Visitandines  occupèrent  ces  bâtiments,  veut  qu'un 
caveau  fort  ancien,  creusé  dans  le  roc,  sous  la  cour  d'entrée  de 
l'établissement,  ait  été  la  prison  où  furent  enfermés  les  martyrs.  Ce 
caveau  se  composait,  il  y  a  quelques  années,  de  trois  chambres  iné- 
gales, de  pourtour  irrégulier,  La  plus  grande,  où  l'on  pénétrait 
d'abord,  a  comme  dimensions  6  mètres  sur  3,  et  3  mètres  de  hau- 
teur. Elle  est  consolidée  par  un  pilier  central,  auquel  sont  scellés 
des  anneaux  de  fer,  qui  servirent,  dit-on,  à  attacher  les  martyrs 
pour  les  torturer.  Dans  un  coin,  une  étroite  niche  passe  pour  avoir 
été  le  réduit  où  saint  Pothin  était  enchaîné.  Cette  cham.bre  est 
demeurée  intacte,  ainsi  qu'une  autre  plus  basse  et  beaucoup  plus 
exiguë,  communiquant  avec  la  première.  Quant  à  la  troisième,  elle 
a  été  considérablement  agrandie,  récemment,  ou  plutôt  remplacée 
par  une  chapelle  souterraine,  qu'on  a  décorée  de  peintures  murales 
représentant  le  cortège  des  quarante-huit  martyrs,  saint  Pothin  et 
ses  compagnons.  Les  fidèles  s'y  réunissent  à  certains  jours  de 
l'année,  entre  autres  le  jour  de  la  fête  du  saint,  pour  y  entendre  la 
messe,   que  l'on  célèbre  à  l'autel  érigé   dans  la  première   chambre. 

Il  y  avait  jadis  communication  entre  ces  caveaux  et  une  galerie 
souterraine,  à  présent  éboulée  en  plusieurs  endroits,  mais  dans 
laquelle  on  peut  encore  pénétrer  par  quelques  points  de  son 
parcours.  Les  religieuses  y  avaient  installé  deux  petits  réservoirs  pour 
recueillir  les  eaux  d'infiltration.  Cette  galerie  se  prolonge  sous  la  rue 


-i  196  )- 

Cléberg  et  au  delà,  en  montant,  mais  on  n'en  connaît  pas  l'extrémiié, 
en  raison  des  effondrements.  Datant  de  l'époque  romaine,  elle  ser- 
vait sans  doute  alors  de  conduite  d'eau.  La  même  croyance  d'après 
laquelle  le  caveau  était  la  prison  de  saint  Pothin  faisait  de  ce  souter- 
rain une  galerie  de  communication  de  la  prison  avec  le  palais  impé- 
rial, où  les  martyrs  auraient  subi  l'interrogatoire  et  la  question.  1  out 
cela   n'est   que   légendaire. 

C.  Germain  de  Montauzan. 


Porte  de  la  Crypte  de  Fourvière. 


BASILIQUE    DE    NOTRE-DAME-DE-FOURVIERE 

La  Basilique  de  Four- 
vière, au  sommet  de  la  col- 
line du  vieux  Lugdunum, 
a  été  érigée  en  exécution 
d'un  vœu  fait  à  Notre- 
Dame,  le  8  octobre  1870, 
pour  obtenir  l'éloignement 
des  arn-.ées  allemandes  qui 
menaçaient  la  région  lyon- 
naise. Le  H^'  mars  1871.  la 
paix  était  signée,  l'ennemi 
n'avait  pas  foulé  le  territoire 
du  diocèse  :  le  vœu  était 
ixaucé. 

Dès     le     7     décembre     de 
.'année     suivante,     l'Arche- 
vêque de  Lyon,  Mgr  Ginoulhiac,  bénissait  solennellement  la  première 
pierre   de  l'édifice,   dont  les   plans   étaient,   depuis   vingt  ans,    dressés 
par    l'architecte    lyonnais    Pierre    Bossan    (1). 

L'église  est  orientée  suivant  la  tradition  :  son  abside  fait  face  au 
levant,  sa  façade  principale  legarde  le  couchant.  Du  pied  du  perron 
occidental  au  pied  du  perron  oriental,  l'édifice  mesure  86  mètres.  Sa 
largeur,  les  tours  comprises,  est  de  35  mètres.  A  l'intérieur,  la 
longueur  est  de  67  mètres  et  la  largeur  de    19   mètres. 

La  façade  principale  est  encadrée  de  deux  tours  octogonales  de 
48  mètres  de  hputeur.  Quatre  colonnes  de  granit  poli,  des  carrières 
de  Baveno,  au  lac  Majeur,  se  dressent  sur  des  socles  de  granit  éga- 
lement poli  et  supportent  les  arcatures  d'un  porche  qui  s'étend  d'une 
tour  à  l'autre.  Au-dessus  de  ces  arcatures,  huit  anges  cariatides,  du 
sculpteur  Millefaut,  forment  une  galerie  ouverte  que  couronne  le 
fronton.  Dans  ce  fronton  se  développe  une  imposante  composition 
en  haut-relief  :  sur  un  trône  que  protègent  deux  anges  est  assise 
Notre-Dame,  patronne  de  la  Cité.  L'Enfant  Jésus,  sur  ses  genoux, 
élève  sa  petite  main  bénissante.  A  sa  droite  sont  agenouillés  les 
Echevins  du  Vœu  de  la  Peste  (1643),  à  sa  gauche  les  Archevêques  du 


(I)   Dès   le    commencement    des    travaux     (1871),    Pierre    Bossan   s'adjoignit    l'architecte 
Sainte-Marie  Perrin.  Bossan  est  mort  en   1888. 


-(  197 

Vœu  dr  la  Currrr  (1870).  CVltr  noble  sculpture  Ml  de  Dufraine. 
statuaire    lyonnais. 

Sou»  le  porche  s'ouvrent  les  portes  de  bronze,  magnifique  ouvrage 
orné  de  rinceaux  et  de  figures  en  haut  relief  (I). 

Le  seuil  franchi,  le  vaste  vaisseau  apparaît  lumineux,  tout  ctincc- 
lant  d'or.  Seize  (  olonnes  de  marbre  «ris  bleu  des  Alpes  s'élèvent  ilir 


Basilique  de  Notre-Dame  de  Fourvière.    Cl.  Synd.   Init.) 


de  hauts  socles  de  marbre  blanc  de  Carrare  el:  portent  les  voûtes  des 
trois  nefs.  D'un  premier  regard,  l'œil  a  bien  vite  saisi  la  simplicité 
de    ce   plan. 

Le  Sanctuaire,  surélevé  de  huit  marches,  renferme,  sous  un  Cibo- 
rium  de  marbres  et  de  bronzes  dorés.  la  statue  de  Notre-Dame,  en 
marbre  statutaire  de  Carrare  (Millefaut,  sculpteur)  et  l'autel  majeur 
décoré  de   bas-reliefs  et  de   mosaïques  vénitiennes. 


(1)   Composition  de  l'architecte  Sainte-Marie  Perrin,  figures  de  Millefaut,  sculpteur. 


-(  198  )- 

Un  riche  pavement  de  mosaïques  de  marbres  divers  entoure  l'autel. 
Ce  sont,  dans  dix  médaillons  reliés  par  des  rinceaux,  les  hérésies 
vaincues,  que  symbolisent  des  animaux  malfaisants.  Les  statues  de 
sainte  Anne  et  de  saint  Joachim  décorent  le  ciborium.  dont  les  six 
colonnes  sont  en  porphyre  vert  des  Vosges.  Sept  verrières  éclairent  le 
sanctuaire  ;  les  vingt-huit  Vierges  qui  les  animent  sont  du  peintre 
lyonnais  Gaspard  Poncet.  Une  clef  de  voiite  en  pendentif  d'une 
grande    richesse   clôt   la   voûte   couverte    d'émaux    brillants. 

On  remarquera  à  droite  le  siège  archiépiscopal  aux  colonnettes 
d'onyx  vert.  En  regard  est  le  Chandelier  pascal,  bel  ouvrage  de 
bronze   sorti   des   ateliers   de   l'orfèvre   Armand   Calliat   (1). 

Dans  lavant-chœur  sont  disposées  trente  stalles  en  chêne  scuipLé, 
incrusté  d'ébène  et  d'ivoire.  Cet  avant-chœur  est  séparé  de  la  nef 
par  une  table  de  communion  en  marbre,  dunt  les  portes  somptueusts 
sont  en   bronze   doré   (atelier   Armand   Calliat)    (1). 

Huit  chapelles,  dans  les  bas-côtés,  présentent  au-dessus  de  l'autel 
des  bas-reliefs  de  marbre.  Quatre  de  ces  compositions  sont  en  place. 
Ce  sont,  à  droite  :  les  Noces  de  Cana,  par  Guillaume  de  l'Institut,  le 
Calvaire  et  V Assomption,  de  Dufraine,  —  à  gauche,  la  Présentation, 
de  Millefaut.  Les  frontons  de  ces  chapelles,  portés  par  des  coionres 
de  marbre  vert  des  Pyrénées,  sont  enrichis  d'emblèmes  et  d'inscrip- 
tions. 

Entre  chaque  chapelle,  au-dessus  d'un  haut  soubassement  en 
marbre  rouge  de  Mâcon,  de  vastes  surfaces  de  10  mètres  de  long 
sur  5  mètres  de  haut  sont  revêtues  de  compositions  historiques  en 
mosaïques  d'émail.  Ce  sont,  à  droite  en  entrant  :  Saint  Pothin  arri- 
vant à  Lyon  pour  y  prêcher  l'Evangile,  par  le  peintre  Lameire. 
Vient  ensuite  l'épopée  de  Jeanne  d'Arc  (Décôte)  et  enfin  le  Vœu  de 
Louis  XIII  (Lameire).  Du  côté  gauche  :  le  Concile  d'Ephèse  (non  exé- 
cuté), puis  la  Bataille  de  Lépante  et  la  Proclamation  du  Dogme  de 
r  Immaculée  Conception  (Lameire).  Ces  ouvrages  délicats  ont  été 
exécutés  dans  les  ateliers  de  M.  René  Martin,   à  Saint-Denis. 

Dans  la  grande  nef,  six  verrières,  par  M.  Décôte,  peintre,  et  Ader, 
verrier,    distribuent   une  très  douce  lumière   blonde. 

Avant  de  quitter  l'église  supérieure,  on  remarque,  au-dessus  du 
tam.bour  de  marbre  rouge,  le  tableau  de  Victor  Orsel.  C'est  VEx-Vo^o 
de  Lyon   épargné   par  le   choléra   en    1832. 

A  l'autre  extrémité,  dans  le  bas-côté  droit,  une  porte  de  chêne, 
ébène  et  ivoire  introduit  dans  la  sacristie.  La  porte  symétrique  à 
gauche  conduit  au  grand  escalier  monumental  qui  dessert  les  tribunes, 
le  grand  comble  et  la  tour  de  l'Observatoire. 

Crypte.  —  Nous  descendrons  dans  la  crypte  en  passant  par  le 
vestibule  Saint-Joseph,  au  midi  de  la  nef.  Les  portes  de  Saint-Luc  et 
Saint-Marc  y  donnent  accès.  Entre  ces  deux  portes,  sur  le  palier,  la 
figure  de  la  Sagesse  est  assise  (Dufraine,  sculpteur).  Un  escalier  de 
granit  à  double  rampe  conduit  dans  l'église  souterraine.  L'architec- 
ture puissante  de  ce  beau  vaisseau  n'est  pas  ravalée,  et  les  parois 
nues  des  murs  laissent  voir  les  moellons  grossiers  de  la  maçonnerie. 
Cependant,  quelques  parties  sont  déjà  revêtues  de  plaques  de 
marbre  destinées  à  recevoir  les  ex-voto  des  fidèles.  Les  robustes 
piliers,    en    pierre    d'Hauteville    polie,    qui    portent    les    voûtes,    sont 


(1,'   Composition  de  l'architecte  Sainte-Marie  Perrin. 


'(  199 

enrichis    <lf*    /ours    <!«•    in.irLrt-    nm^r    mut    Ic-Mcjut-llcH    honi    ^ravrH    Ich 
nom»  clr  loiitr»   Ifs   paroJAScs  du   cliocrMr. 

DanH  Ir   HaiK  tu  urr*   »-sl   la   Htafiu-   < oloHHalf   (]<'   wairH    joHrpli   fj,    |jif-rff 


Intérieur  de  la  Basilique  de  Notre-Dame  de  Fourvière, 


dorée  (Millefaut,  sculpteur).  A  ses  pieds,  sous  la  table  de  l'autel,  est 
figurée  en  haut-relief  la  mort  du  saint  Patriarche  ;  on  a  donné  au 
saint   les   traits   de   l'architecte   Pierre    Bossan. 

Riche  mosaïque  des  Péchés  Capitaux  sur  le  sol  du  sanctuaire. 


-(  200  ^- 

Noiis  sortons  de   la  crypte   par  l'escalier  du   couchant.   Cet  escalier 
aboutit  au  dehors  à  un  édicule  en  granit  dans  l'axe  du  grand  perron 
Sur  l'édicule  est  majestueusement  assis  le  Lion  de  Juda,   bel   animal 
ailé  de  Dufraine. 

Les  façades  extérieures  sont  inachevées.  Nous  nous  bornerons  à 
indiquer  sommairement  la  distribution  prévue  des  scènes  symboliqu.'rs 
qui  doivent  les  animer.  Les  deux  tours  occidentales,  dites  tour  de 
la  Justice  et  tour  de  la  Force,  seront  illustrées,  l'une  du  Jugement  de 
Salomon,  l'autre  de  la  Lutte  de  Jacoh  et  de  l'Ange.  Les  tours  de 
1  abside  recevront  les  emblèmes  de  la  Prudence  et  de  la  Tempérance. 


Le  Sanctuaire  de  Fourvière  et  la  Ville,  vue  prise  de  la  Tour  méiallique. 
(Neurdein  frères,  phot.) 

Les  trois  travées  de  la  façade  latérale  nord,  que  séparent  de  puis- 
sants contreforts,  sont  consacrées  aux  trois  Vertus  Théologales.  La  Foi, 
assi;:-e  dans  une  niche  centrale  dont  on  voit  l'ébauche  au-dessus  des 
baies  de  la  crypte,  sera  accompagnée  de  deux  scènes  bibliques  : 
Marie,  sœur  de  Moïse,  chante  un  cantique  de  joie  et  de  reconnais- 
sance après  le  passage  de  la  mer  Rouge  ;  Débora  chante  la  délivrance 
d'Israël  après  la  mort  de  Sisara. 

A  droite  et  à  gauche  de  l'Espérance,  dans  la  travée  suivante  : 
Esther  devant  Assuérus  ;  Judith  victorieuse.  Enfin,  dans  la  troisième 
travée,  la  Charité  voit  à  sa  droite  Rébecca  et  ses  troupeaux,  à  sa 
gauche  Rachel  et  Jacob. 

Ainsi  sont  glorifiées  les  Saintes  Femmes  de  l'Ancien  Testamen^, 
nobles  images  de  la  Vierge  attendue. 

Ce  résumé  du  symbolisme  de  Fourvière  est  très  incomplet  (1).  Il 
suffit  cependant  pour  donner  une  idée  des  richesses  bibliques  et 
liturgiques  que  renferme  notre  Basilique. 

Panorama.  —  Dans  la  tour  nord-est,  avons-nous  dit,  est  un  escalier 


(I)  Une  étude  plus  étendue  a  été  publiée  à  la  librairie  catholique  Emmanuel  Vitte,  3 
place  Bellecour,  Lyon  :  la  Basilique  de  Fourvière,  son  Symbolisme,  par  Sainte- Marie 
Perrin,  architecte. 


I  201  ) 


-(  202  )- 

monumental  qui  conduit  à  la  terrasse  de  Saint-Michel.  Là,  on  peut 
visiter   le    grand   comble   et   le   beffroi   du    bourdon. 

Plus  haut,  au  sommet  de  la  tour,  d'où  la  vue  s'étend  sur  un 
immense  horizon,  une  table  circulaire  de  lave  émaillée  reproduit 
le  panorama  des  Alpes  et  des  montagnes  du  Lyonnais,  avec  indi- 
cation des  altitudes  et   des   noms  des   sommets  principaux. 

Ce  panorama  a  été  déterminé  du  haut  de  l'ancien  clocher  par 
M.    Emile    Charvériat   (1870-1880). 

Publiée  en  1881,  à  l'échelle  de  10  millimètres  par  degré,  cette 
belle  étude  a  été  mise  au  point  à  l'échelle  de  70  millimètres,  par 
M.  le  professeur  Onofrio,  de  la  Faculté  Catholique  des  Sciences  de 
Lyon  (1885)   et  peinte  sur  émail   par  M.    d'Argence   (1886). 

Sainte-Marie  Perrin. 


LES  TOMBEAUX  DE  SAIN'l  -JUST 

Sur  la  place  de  Choulans,  à  Saint-Just,  se  voient  un  certain  nombre 
de  mausolées,  datant  de  l'époque  romaine,  et  dont  quelques-uns 
sont  de  grandes  dimensions.  Cet  emplacement  n'est  pas  celui  qu'ils 
occupaient  jadis.  Ils  furent  découverts  en  1885,  à  Trion,  dans  la 
tranchée  creusée  pour  le  passage  du  chemin  de  fer  de  Saint-Just  à 
Vaugneray  ;  il  a  donc  fallu  les  déplacer,  et  l'on  s'est  judicieusement 
déterminé  à  ne  les  transporter  qu'à  peu  de  distance  du  lieu  de 
leur    découverte. 

Le  mieux  conservé  est  celui  d'un  sévir  augustal,  c'est-à-dire  d'un 
membre  d'une  confrérie  instituée  pour  le  culte  des  dieux  domes- 
tiques, sous  les  auspices  divins  de  l'empereur.  Ce  sévir  se  nommait 
Calvius  Turpion.  De  son  tombeau  il  reste  la  base,  haute  de  plus 
de  4  mètres,  ornée  de  pilastres  ioniques  aux  quatre  angles,  et  sur- 
montée d'un  entablement  avec  frise  à  rinceaux  très  élégants.  Cette 
base  était  surmontée  d'un  petit  édicule,  dont  un  côté  subsiste 
encore  en  partie,  et  qui  devait  abriter  la  statue  du  personnage.  On 
a  placé  devant  le  mausolée,  à  Choulans,  une  statue  découverte  dans 
le  voisinage,  comme  si  elle  était  effectivement  celle  de  Turpion 
Mais  elle  paraît  avoir  plutôt  fait  partie  d'un  autre  monument,  le 
tombeau  des  Salonius,  restitué  à  côté  du  premier,  et  qui,  à  l'état 
intact,  était  sans  doute  plus  considérable  et  peut-être  plus  orné  que 
celui-ci  ;  parmi  les  débris  qui  en  subsistent,  il  faut  remarquer  un 
superbe  chapiteau  de  pilastre  corinthien,  une  chimère  ailée  et 
quatre  grands  masques  funèbres  (larves).  Les  autres  tombeaux,  moins 
remarquables  et  beaucoup  plus  mutilés,  portent  les  noms  de  Satrius, 
Julia,  Quintus  Valerius  et  Julius  Severianus  ;  d'autres  sont  ano- 
nymes. 

La  décoration  de  ces  tombeaux,  ainsi  que  la  forme  des  lettres  qui 
s'y  trouvent  gravées,  indiquent  que,  pour  la  plupart,  ils  datent  du 
l^^  siècle   de   notre   ère. 

C.  Germain  de  Montauzan. 


203 


EGLISE  SAINT-GFOKCES 

L'église  Saint-Georges  fnt  foiulf*'  au  VI  siècle,  en  547.  dit  on  :  a 
cette  époque.  Childehert.  rapportant  d'EHpagne  les  reliques  de 
sainte  Èulalie.  les  offrit  à  SacerdoH.  évêque  de  Lyon.  Celui-ci  fit 
construire,  vers  550.  sur  les  bords  de  la  Saône,  un  monastère  de 
religieuses    et    y    joignit    une    petite    église    qui    fut    dédiée    à    saintî 


L'église  Saint-Georges.  (Cl.  Victoire.) 


Eulalie  et  dans  laquelle  furent  déposées  les  reliques  de  la  sainte. 
Deux  siècles  plus  tard,  cet  ensemble  conventuel  fut  ravagé  par  les 
Sarrasins,  et  c'est  sur  ses  ruines  que  l'archevêque  Leidrat,  en  802. 
fit  réédifîer  l'église,  qu'il  plaça  sous  le  vocable  de  saint  Georges. 
Vers  1492,  les  chevaliers  de  Malte  firent  construire,  tout  près  de 
là  leur  hôtel  —  qui  prit  le  nom  de  Commanderie  —  et  restaurer 
l'église  ancienne.  Celle-ci,  fort  exiguë,  reçut  successivement  les 
tombeaux  de  la  famille  de  Langes  :  Nicolas  i-^'  et  Nicolas  II  et  leurs 
femmes.  En  1822,  il  subsistait  encore  quelques  superstructions  de  la 
clôture  du  cimetière  qui  avait  entouré  l'église.  Devenue  paroissiale 
en  1806,  celle-ci  eut  sa  façade  restaurée  en  1829,  par  Jean  Pollet. 
Vers  1845,  l'église  actuelle  fut  édifiée  par  Louis  Bresson,  sur  les 
plans  et  dessins  de  Pierre  Bossan.  C'est  un  élégant  édifice,  dans  le 
style  <^othique  ogival  du  XV^  siècle,  qui  vient  d'être  heureusement 
dégagé  des  constructions  qui  en  masquaient  la  vue  sur  le  quai. 
Rien  de  remarquable  à  l'intérieur  qu'un  beau  confessionnal  du 
XVir'  siècle,  provenant  de  l'abbaye  de  l'Ile-Barbe.  et  un  cénotaphe 
tout   moderne,    du    travail    d'Etienne   Pagny. 

M.  A. 


204 


LA    CATHEDRALE    DE    LYON 


*<   Le   f^rintemps  d3  la   Vie  ». 

Sculpture  de  la  façade  dessous  des  consoles. 

(Phoî.   L.  Bégule.) 


La  Cathédrale,  Primatiala  des 
Gaules,  s'élève  sur  la  rive 
droite  de  la  Saône,  au  pied 
même  de  la  colline  de  Four- 
vière,  et  ne  se  présente  que 
par  son  abside  flanquée  de 
deux  tours  massives  et  carrées. 
Elle  faisait  partie  d'un  groupe 
de  trois  églises  enfermées  dans 
un  même  cloître,  le  Cloître 
Saint-Jean,  qui  formait  une 
véritable  cité  ecclésiastique  : 
Saint-Etienne,  qui  fut  la  ca- 
thédrale primitive,  Sainte- 
Croix,  église  paroissiale,  et  le 
baptistère  dédié  à  saint  Jean, 
qui  devint  cathédrale  au  XIll*^  siècle.  Sainte-Croix  et  Saint-Etienne 
furent  démolis  à  la  Révolution. 

Une  première  église,  sous  le  vocable  de  Saint-Jean,  existait  déjà 
au  IX-  siècle  ;  elle  fut  réparée  par  l'archevêque  Leydrade,  puis  réédi- 
fiée, dans  le  courant  du  XI-  siècle  et  terminée  par  Gaucerand  de 
1107  à  1117,  avec  une  grande  richesse  de  matériaux.  A  la  fin  du 
Xir^  siècle,  la  Cathédrale  est  de  nouveau  reconstruite  par  l'archevêque 
Guichard,  qui  édifia  l'abside  actuelle,  entre  1160  et  1189,  puis 
continuée  au  XIII'^  siècle  par  le  transept  et  la  nef,  et,  en  1245,  Inno- 
cent IV  consacrait  le  maître-autel  et  présidait  le  treizième  Concile 
Œcuménique. 

En  1274,  le  vaisseau  était  assez  vaste  pour  contenir  la  foule  énorme 
du  Concile  convoqué  par  Grégoire  X  pour  prononcer  la  réunion 
des  Eglises  grecque  et  latine.  Au  commencement  du  XIV^  siècle, 
on  achève  les  quatre  dernières  travées,  et  Pierre  de  Savoie  com- 
mence la  façade,  qui  fut  terminée  vers  1480.  A  peine  achevée,  la 
Cathédrale  subit  de  nombreuses  mutilations  par  le  Baron  des  Adre's. 
à  la  tête  des  hordes  calvinistes,  en  1362.  Ce  vandalisme  devait  se 
renouveler    sous    la    Terreur. 

La  Cathédrale  de  Lyon,  régulièrement  orientée,  a  la  forme  d'une 
croix  latine.  Elle  comprend  une  abside  en  hémicycle,  un  chœur  de 
deux  travées,  flanqué  de  deux  chapelles  latérales,  un  transept  de 
deux  travées  à  chaque  bras  de  croix  et  une  nef  de  huit  travées,  accom- 
pagnée de  bas-côtés.  Quatre  tours  cantonnent  le  vaisseau  :  deux 
Gur  les  bras  du  transept,  deux  autres,  moins  robustes  dominent  la 
façade. 

La  longueur  du  vaisseau  est  de  79  mètres,  sa  largeur  de  13  mètres 
et  sa  hauteur   de  32   mètres. 


L'Intérieur.  —  Toute  la  base  de  l'abside,  comme  celle  du  tran- 
sept, a  été  construite  avec  des  matériaux  rcmains  provenant  du 
forum  de  Trajan.  Au-dessus  d'un  soubassement  en  marbre,  décoré 
d'arcatures   et   de    chapiteaux   historiés,    s'ouvre   un   premier   rang   de 


-(  205  )- 

«ept  «randrH  feiutrrs  rn  arc  «  hriHCH.  dcc  orcr»  dr  Bupcrbe»  y^'ij^'^'''* 
du  XIII"  siècle.  Crs  vitraux,  composcn  chacun  de  sept  mednilloni 
IruriidairrH.  pruvrnt  Hontrnir  la  (omparainon  avrc  Im  cruvre»  !?• 
plus  rl,lc,inH8antrs  rt   Irs  plus  parfailrH  dr  (  l.artrrM.   BoururM  rt  Smn. 


Intérieur  de  la  Cathédrale  Saint-Jean.    Phot.  L.  Bégule. 

Ils  reproduisent,  de  droite  à  gauche  :  les  fondateurs  de  l'Eglise  de 
Lyon,  la  vie  de  saint  Jean  Evangéliste,  de  saint  Jean-Baptiste,  pa- 
tron de  la  cathédrale.  Au  centre  de  l'abside,  le  mystère  de  la 
Rédemption  présente  un  très  ingénieux  rapprochement  entre  l  An- 
cien et  le  Nouveau  Testament.  A  la  suite,  la  vie  de  saint  Etienne, 
les  principaux  faits  de  l'Enfance  de  Notre-Seigneur  et  la  vie  de 
saint  Lazare  complètent  cet  admirable  ensemble.   Au  deuxième  étage 


-{  206  }- 

rcgne  un  triforium  aveugle  en  plein  cintre,  surmonté  d'un  secona 
rang  de  baies  qui  éclairent  largement  le  chceur  et  se  prolongent 
dans   le    transept. 

Un  élément  décoratif  d'une   insigne   rareté  en   France,   et  d'origine 
orientale,  contribue  a  la  décoration  de  l'abside.  Ce  sont  des  frises  de 
marbres    incrustés    de    ciment    brun,    composées    de    feuillages,    d'ani- 
maux,   d'ornements    divers,    qui    se    développent    sur    trois    rangs    au- 
dessus     du     soubassement,     au- 
dessus    et    au-dessous    du    trifo- 
rium.   Ces    incrustations    jouent 
également     un     rôle     important 
dans     le     décor     du     trône     du 
Xir    siècle    des    archevêques    de 
Lyon,     qui     occupe     encore     la 
partie      centrale      de      l'abside, 
mais    toujours    enfoui    sous    des 
boiseries    modernes    et    intangi- 
bles. 

Le  transept  voûté  sur  croisées 
d'ogives  est  éclairé  au  nord  et 
au  midi  par  deux  magnifiques 
roses  rayonnantes  qui  l'illumi- 
nent des  feux  multicolores  de 
leurs  vitraux  du  XIII^'  siècle. 
Au-dessus  s'élèvent  les  deux 
tours,  dont  celle  du  nord  ren- 
ferme la  grosse  cloche,  fondue 
en  1662,  si  populaire  à  Lyon, 
qui  pèse  8.300  kilogrammes  et 
mesure  2  m.  19  de  diamètre. 
La  nef,  dont  les  lignes  sont 
d'une  si  parfaite  harmonie, 
comporte  trois  divisions  en 
hauteur  :  les  grandes  arcade? 
reposant  sur  d'élégants  piliers, 
le  triforium  qui  se  développe 
tout  autour  de  l'édifice,  et  les 
fenêtres  hautes. 

Parmi  les  nombreuses  cha- 
pelles qui  s'ouvrent  sur  les 
bas-côtés,  il  faut  surtout  men- 
tionner la  célèbre  chapelle  dite  «  des  Bourbons  »,  fondée  en  1486 
par  le  cadinal-archevêque  de  Lyon,  Charles  de  Bourbon.  Sa  déco- 
ration sculptée  est  une  merveille  de  l'art  décoratif  du  XV^  siècle.  On 
reconnaît  à  la  balustrade  de  la  galerie  le  monogramme  et  le  cerf  ailé 
des  Bourbons  avec  la   devise   «  Espérance   ». 

La  partie  supérieure  des  deux  verrières,  représentant  un  concert 
d'anges,  d'une  admirable  harmonie  de  couleur,  est  une  œuvre 
intacte  et  contemporaine  de  la  construction  de  la  chapelle. 

C'est  dans  le  transept  septentrional  que  se  trouve  la  fameuse 
horloge  astronom.ique  conctruite  en  1598,  par  N.  Lippius,  de  Baie, 
et  considérablement  augmentée  en  1660  par  G.  Nourrisson,  si 
curieuse  par  son   mécanisme   et  ses  automates. 


Horloge  astronomique  de  l'église  Saint-Jean. 
(Cl.  Synd.  Init.) 


L'Extérieur.    —    L'abside,     qui    se    reflète    dans    les    eaux    de    la. 


'  2U7 

Saône.  rap|jcll(:  rorduniMiK  f  dr  1  intérieur ,  ï.aHi>f<A  de»  éléva- 
tions l<itérale*H  est  en  grande  partie  mauquc  du  côté  méridional  par 
un  vaste*  hâtiinrnt  cir  lu  (m  <lii  XVIII'  Mièrlr.  ronnu  «oum  le  nom 
dr*  j<raiulr  Manrc  aiitrrir.  (|iii  laissr  à  priiir  rntrcvoir  le»  arcH- 
boulants  appuycM  sur  <!<•  piiiMManlM  conlrrforlM  circoirn  cir  ({randcM 
slalucM.  Au  nord,  la  Calhcdralo  nrvi  Arfiarrr  rlrs  niaisonM  vriisitr-M 
que    par    uiu-    rue    étroite. 

La   façade  .srlrvr  lar^r  et  sévère  au  df-ssus  fl  un   lar^jf   i)arvis  rt   nr 
divise   en    trois    rta^rs     A    la    hase    s'ouvrrnt    Ifs    trois    pfirtails    fjui    ré- 


Façade  de  la  Cathédrale  Saint-Jean  et  la   Manécanterie.  '  Phot.   L.  Bégule  ' 


pondent  à  la  nef  et  aux  ccllatéraux.  Les  trente-deux  grandes  statues 
des  ébrasements  ont  disparu,  mais  les  innombrables  figures  des 
voussures,  et  surtout  les  trois  cent  cinquante  petits  bas-reliefs  du 
soubassement  présentent  un  incomparable  ensemble  iconographique, 
véritable  catéchisme  en  images  qui  n'a  d'équivalent  qu'aux  portails 
de  la  Cathédrale  de  Rouen.  On  y  trouve  les  principaux  faits  de  la 
Bible,  des  légendes  pieuses,  les  travaux  des  mois,  des  fantaisies 
décoratives,  les  animaux  des  Bestiaires  plus  ou  moins  moralises,  etc. 
Les  dessous  des  consoles  qui  portaient  de  grandes  statues  entre  les 
portails  sont  de  véritables  merveilles,  entre  autres  le  Printemps  de 
la  Vie  et  le  Lai  d'Aristote.  Au-dessus  d'une  première  galerie  corres- 
pondant au  niveau  du  triforium  s'ouvre  la  grande  rose  qui  éclaire 
la  nef,  dont  les  vitraux  furent  exécutés  par  Henriet  de  Nivelle  en 
1393.  Une  seconde  balustrade  termine  l'étage  intermédiaire  et  sert 
de  base  au  grand  pignon  et  aux  deux  tours  qui  se  détachent  de  la 
façade    à    ce    niveau. 


-(  208  )- 

La  MaNÉCANTERIE.  —  Au  sud-ouest  de  la  Cathédrale,  on  voit  un 
bâtiment  sombre  et  sévère,  avec  arcatures  et  statues  très  mutilées  et 
décoré  d'imbrications.  C'était  le  mur  extérieur  du  Cloître  du  Cha- 
pitre, édifié  dans  les  dernières  années  du  XI*'  siècle,  en  même  temps 
que    l'église    d'Ainay. 

Lucien   BÉGULE. 


L'Abside  de  Saint-Jean  et  la  Bibliothèque  municipale.  (Cl.  J.  Sylvestre.) 


BIBLIOTHEQUE  DE  LA  VILLE  DE  LYON 


On  peut  faire  remonter  aux  premiers  temps  de  notre  histoire  la 
fondation  de  la  Bibliothèque  de  Lyon,  puisque  certains  de  ses  ma- 
nuscrits appartinrent  à  Leidrade,  évêque  de  Lyon,  qui,  dans  une 
lettre  à  Charlemagne,  rapporte  «  qu'il  érigea  des  écoles  de  lecteurs 
pour  lire  les  leçons  de  l'office  et  expliquer  les  livres  saints  )>. 

La  Bibliothèque  proprement  dite  fut  constituée  par  les  Jésuites 
dans  le  Collège  de  la  Trinité.  Elle  occupait  une  magnifique  salle, 
encore  existante,  et  dont  Etienne  Martellange  commença  la  construc- 
tion en  1641.  Depuis  cette  époque,  la  Bibliothèque  s'enrichit,  grâce 
à  une  subvention  annuelle  du  Consulat.  Elle  a  été  transférée  depuis 
deux  ans  dans  les  locaux  de  l'ancien  Archevêché. 

Installée  suivant  les  données  les  plus  récentes  de  l'architecture, 
pourvue  des  derniers  perfectionnements,  elle  est  aujourd'hui  la  plus 
moderne  des  bibliothèques  françaises  et  répond  aisément  aux  de- 
■mandes   de   près   de   70.000   lecteurs   par   an. 


i  209  I 

V()i(  i   un  l>if*f  ap<*rçii  (\vh  fliv<*rH  drpartrmrntH  dr  la  Biljliotlicque:   : 
ImI'KIMKs.  Environ   430.000   voliiinrM.    couvrant    14   kilornctrrs   de 

rayons.    Un    grand    nornbri*    d'éditionM    prccirnHrii,    de    reliures    histo 
riques    ou    arti»ti(jurH    ci    un    millier    d'inrunal)lrM.    CatalogurN    alplta 
bétique  et   m('tlu)di()uc*.   sur   rcKistreM  et- Mur   fie  hr».   F^our   Ich  Hrirncë. 
calal(JV(ue  sur   firlirs   «uivant   le   HyHtrnir   dérimal    dr   l'InMlituI    interna- 
tional de  Biblio^?raplne.    Bibliothèque  lyonnaii-   ir- ^   ri' lif 


Bibliothèque  municipale  :  le  Grand  Salon.    Cl.  J    Sylvestre.^ 


Manuscrits.  —  Plus  de  5.000  manuscrits,  dont  25  datant  de  iépo- 
que  précarolingienne  et  carolingienne  (le  Codex  Lugdunensis  contient 
un  texte  de  la  Bible  antérieur  à  la  version  de  la  Vulgate).  Manuscrits 
à  riches  enlunninures,  latins,  français,  italiens  et  orientaux,  du  IX^  au 
XVIII*^  siècle. 

Estampes.  —  Environ  25.003  gravures,  formant  un  Cabinet  et  un 
Musée  d'Estampes,  où  sont  organisées  des  Expositions  temporaires. 
Collection  de  beaux  dessins  de  Maîtres  anciens.  Collection  de  por- 
traits lyonnais,   de  plans  et  de  vues   de  Lyon. 

Publications.  —  La  Bibliothèque  a  édité  un  Catalogue  des  Incu- 
nables, un  Album  de  25  Dessins  de  Maîtres  anciens,  une  Bibliogra- 
phie Iconographique  du  Lyonnais,   en  cours   de   publication. 

Dans   un   grand   salon   du   XVIII^   siècle,    à   boiseries   sculptées,    sont 

14 


-(210  )- 

exposés  les  principaux  ouvrages  imprimés  à  Lyon  de  l'année    1473  à 
nos   jours, 

La  Bibliothèque  est  ouverte  tous  les  jours,  sauf  les  dimanches  et 
les  jours  fériés,  de  10  heures  à  midi,  de  14  heures  a  18  heures  et  de 
19    h.     1/2    à    22    heures. 


Bibliothèque  municipale  :  Salle  de  la  Réserve. 
(Cl.  J.  Sylvestre.) 


L'ANCIENNE  LOGE  DU  CHANGE 


La  Loge  (mot  dérivé  de  l'espagnol  lonja,  marché,  bourse,  bazar) 
existe  toujours,  mais  elle  a  changé  de  destination.  Attribuée,  par 
arrêté  préfectoral  du  17  janvier  1803,  à  l'Eglise  réformée,  elle  lui 
sert  aujourd'hui  de  temple,  et  c'est  ainsi  que  le  petit  édifice  autrefois 
rempli  des  clameurs  des  marchands  n'entend  plus  que  le  chant  pai- 
sible des  psaumes   sacrés. 

Sur  l'emplacement  qu'elle  occupe  s'élevaient  jadis  des  maisons 
et  une  plus  ancienne  Loge  bâtie  en  1605,  reconstruite  en  1634  et 
depuis    plusieurs    fois    remaniée. 

L'édifice  actuel,  admirable,  avec  son  rez-de-chaussée  à  pilastres 
doriques,  son  premier  étage  à  colonnes  ioniques,  sa  frise,  sa  balus- 
trade, ses  frontons  et  son  couronnement  aux  armes  de  la  Ville,  date 
du  milieu  du  XVIII®  siècle  (1747-1749).  Jacques-Germain  Souffîot  en 
fournit  les  dessins,  et  Jean-Baptiste  et  Charles-Antoine  Roche  en 
conduisirent  les  travaux. 

Deux  estampes  du  XVIII®  siècle,  l'une  gravée  par  Charles  Bellicard 
et  l'autre  par  François-Noël  Sellier,  d'après  un  dessin  même  de 
Soufflot,  donnent  une  idée  très  exacte  de  l'aspect  pittoresque  et 
si  animé  qu'offrait  ce  petit  monument  à  cette  époque.  Au  bas  de  ces 
estampes  se  trouvent  des  légendes  contenant  des  détails  instructifs 
sur  la  part  prise  par  chacun  des  architectes  à  sa  construction.  Est-il 
besoin  d'ajouter   que  Soufflot  a  la  plus   grande  ? 

Les  statues  de  l'Europe  et  de  l'Asie,  qu'on  voyait  aux  angles  du 
petit   édifice,    étaient   du   sculpteur   Antoine-Michel   Perrache,    auteur 


211 

df  la  i  haUMMcr  rt  du  (|ii.irlirr  fjiii.  claiiH  notrr  villf.  portr  mou  noni. 
Elle»  furent  deMcriulurs  ri  briHee»  en  1793,  ainni  (|ur  la  tahlr  (\f 
marbre  où  se  liHaienI  Ic-m  brllrH  pnroleM  tirée»  d'une  lettre  de  Ciccron 
à     LiH  ius     MunaliuM    PlaïuiiM.     fondateur     de     Lyon  Virtutc    duce, 

comilc  jortuna  (la  vrrtu  pour  «uidr,  la  forltinr  pour  rompa^nr). 
parolcH  c|ui  pourraient  servir  de  devine  aujourd'hui  comme  aulrefoin 
au  commerce  lyonnais.  Le  fronton.  Mur  lr(|iifl  étaient  wculptéeH  le» 
armes  de   Tranc»'.    porte   a(  tuellerneiit    le   lion   byrnholicjtie. 

f-ermée  pendant   la  Kévolution.   la  Bour8<*  qu'elle  abritait   fut   iuHtal 
lée.    en    vrrtu    d'un    a'^rcfc    du    rcpré»entant    c\u    pruplr    Poulain    de 


La  Loge  du  Changé.    Cl.  Synd.  Init.) 

Grandpray  (10  novembre  1795),  dans  l'ancien  réfectoire  du  Monas- 
tère des  Dames  de  Saint-Pierre  (aujourd'hui  Palais  des  Arts),  où 
elle  resta  jusqu'au  19  août  1861,  époque  de  son  transfert  au  Palais 
du   Commerce. 

Ce  fut,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  un  arrêté  préfectoral  du  17  jan- 
vier 1803  qui  affecta  au  service  de  l'Eglise  réformée  l'ancienne  Loge 
du  Change,  qu'on  convertit  aussitôt  en  temple,  et  dont  l'inaugura- 
tion se  fit  la  même  année,  en  présence  des  autorités  civiles  et 
militaires.  Le  préfet  Jean-Xavier  Bureaux  de  Puzy  prononça  un 
discours,    auquel    répondit   le   pasteur   Pierredon-Martin. 

En  1822,  l'architecte  de  la  Ville,  Louis-Cécile  Flachéron,  établit 
des  tribunes  au  pourtour  de  la  salle.  Ces  tribunes,  disposées  circu- 
lairement,  sont  supportées  par  douze  colonnes  d'ordre  ionique  dont 
le  fût  est  en  pierre   de  Villebois. 

Telle  est,  en  quelques  mots,  l'histoire  de  ce  remarquable  petit 
édifice,  que  l'Administration  des  Beaux-Arts  vient  de  classer  au 
nombre  des  monuments  historiques.  Excellente  mesure  qui  assure 
sa   conservation    et   à   laquelle    tous    les    Lyonnais    ont   applaudi. 

FÉLIX   DeSVERNAYc 


14' 


-(  212  )- 


PALAIS  DE  JUSTICE 

C'est  sur  l'emfjlacement  du  vieux  Palais  de  Roanne,  résidence 
des  Comtes  du  Forez  avant  la  domination  des  Archevêques,  qu'a  été 
édifié  le  Palais  de  Justice  de  Lyon.  Le  Palais  de  Roanne  était  depuis 
1435  le  siège  de  la  Justice  de  Lyon.  Divers  agrandissements  succes- 
sifs  furent   faits  à   cet   édifice   aux    XVT    et   XVH*    siècles,    mais,    malgré 


Le  Palais  de  Justice.   (Cl.  Synd.  Init.) 


cela,    au   XVIir   siècle,    il   était   déjà    tout  à   fait    insuffisant   pour   loger 
les  divers  services  auxquels  il  était  afïecté.   En    1765,   l'Hôtel  de  Fié 
chères,    qui    était    contigu,    lui    fut   annexé  ;    par    la   suite,    une    partie 
des   anciens    bâtiments   fut   démolie   et   remplacée   par   la    Prison   dite 
de   Roanne,    termiinée   en    1793. 

Au  commencement  du  XIX^  siècle,  on  songea  à  réunir  dans  un 
seul  monument  tous  les  services  de  la  Justice  lyonnaise,  sur  l'em- 
placement des  anciennes  constructions.  A  la  suite  d'un  concours 
ouvert  en  1828,  l'architecte  Louis-Pierre  Baltard  fut  désigné  pour 
construire,  d'après  ses  plans,  le  nouveau  Palais  de  Justice.  L'édifice, 
dont  la  première  pierre  avait  été  posée  le  28  juillet  1835,  fut  inauguré 
le  24   décembre    1845. 

La  haute  colonnade  corinthienne  composant  la  façade  de  ce  palais 
et  dominant  le  cours  de  la  Saône  est  d'un  grand  caractère  de  ma- 
jesté. 

Par  un  vaste  perron,  on  accède  à  la  Salle  des  Pas-Perdus,  spa- 
cieuse et  d'une  belle  ordonnance  architecturale.  Des  colonnes  isolées 
d'ordre  corinthien,  supportant  des  arcs  plein  cintre,  la  divisent  en 
trois  nefs  ;  trois  coupoles  sur  pendentifs  couvrent  la  partie  mé- 
diane. Au  fond,  surmontée  par  un  beau  bas-relief  du  sculpteur 
lyonnais    Guillaume    Bonnet,    s'ouvre    la    porte    monumentale    de    la 


-  (  213 

Salir  clrs  AsaiHeH.  [Jt-  cliatjur  (otr.  t^roiijM-rM  par  Ihhh,  moiiI  diHpottcci». 
a  gauche,  les  troiH  ChambrcM  prinripalrH  dr  la  Cour  d'appel,  à 
droite,   les   IroÎM  ChambreM   du    Tribunal   civil. 

La  Salir  drn  AsHiseH,  drcorrr  d'unr  ordonnatu  r  dr  pilaiitreN  en 
marbre  blanc  et  de  Muprrbrn  boJHrrieM  en  noyer  et  thuya,  a  nrn 
pann(*aux  tenduH  c\r  Hoierie»  lyonnaiHeN.  magnifi(|ueN  c(  hantillons  de 
l'induHtrie  locale.  Dnns  leH  diverseM  SalleH  d'audiences  de  la  Cour  et 
du  Tribunal,  il  existe  des  cruvres  des  arlisteH  lyonnaiH  Ihornafl  Blan- 
chet.     Legendrc*  Hrral.     Baréta.     Plautard     ri     Ja<  (|urH    Sarrazin. 

Par  8uitr  dvH  rxi^fMire.s  du  «rrvice.  on  a  dû  créer  dernièrement, 
au  rez-de  chausHcr  de  l'aile  gauche  du  PalaiH,  une  quatrième  Cham- 
bre pour  la  Cour  d'appel.  C'est  également  dans  cet  étage  en  sou- 
bassrmrnt  que  se  trouve  la  Salle  daudienc.»  de  la  Police  correc- 
tioiinrllr,  ainsi  que  celle  du  f'^rlit  Parcjuet.  Les  différents  services 
de  la  Cour  d'apprl  ont  leurs  entrées  spéciales  sur  la  rue  de  la 
Bombarde,  au  sud  ;  ceux  du  Tribunal  civil,  de  la  Police  correction- 
nelle et  du  Parquet,  sur  la  rue  du  Palais-de-Justice.  au  nord.  La 
partie  postérieure  des  bâtiments  était,  lors  de  la  construction  de 
l'édifice,  disposée  pour  une  prison.  Un  dépôt  de  peu  d'importance 
y  a  été  seul  conservé.  Les  bâtiments  ont  été  transformés  et  affectés, 
soit  au  Service  de  la  Sûreté,  soit  à  l'extension  de  divers  autres 
services,  tels  que  la  Bibliothèque  des  Avocats,  les  locaux  affectés  à 
cet  ordre,  les  Délégations  judiciaires  et  les  Services  anthropométriques 
et   photographiques. 


Bœuf  du  milieu  du  XVl'    siècle,  rue  du  Bœut. 
(CI.  Synd.  Init.) 


-:  214 


EGLISE  SAINT-PAUL 


Les  formes  variées  que  présente  au  premier  aspect  l'église  Saint- 
Paul  ,ie  dissimulent  pas  longtemps  au  regard  attentif  la  date  prin- 
cipale de  sa  construction,   le   XII^  siècle,   et  le  caractère  de  son   style. 


Eglise  Saint-Paul.  (Cl.  Synd.  Init.) 


le  romano-byzantin.  Ce  monument,  construit  par  l'archevêque  de 
Lyon  Hugues  I^^'  (1084-1106),  ôuzcédait  à  l'édifice  religieux  que 
saint  Sacerdos  avait  élevé  pour  un  monastère  d'hommes  en  545,  et 
que  l'invasion  des  Arabes,  vers  l'an  730,  avait  sérieusement  endom- 
magé. 

Par  sa  coupole,  le  mélange  du  plein-cintre  roman  et  de  l'ogive 
dans  les  arcs,  par  l'ornementation  de  la  porte  Saint-Laurent  (qui 
s'ouvre  sur  la  place  Gerson),  l'église  Saint-Paul  appartient  au  style 
romano-ogival  ou  de  transition,  et  révèle  la  main  déjà  souple  des 
ouvriers  du  XII^  siècle,  qui,  sur  la  sévérité  du  pur  roman,  savaient 
jeter  de  gracieuses  broderies  de  pierres,   à  la  fois  riches  et  élégantes. 


(  213  i  - 

La  flr<lir  ^{otl)i(|nr.  ni  hoin.  nr  clatr  fjur  <\r  IB?*),  r\  Ir  urnnfl 
portail  cl  fiilrrr  dr  1877.  I)  atn  uiih  rr^rrllmt  <\\ïr  irn  travaux  n  airnt 
pas  été  exéculcH  claiiH  \r  ntylr  (Irn  virillrn  particH  dr  rédifice.  Nou» 
aurions  ru  aiiiHJ  unr  portr  priiu  ipalr  roinano  byzantine  avrr  (\r 
belles    vouHHurrH    ri    unr    ornrnwMitiitioii    du    plu«    lirurrux    rffrl. 

En  soniiuf.  au  point  dr  vur  j^rurral,  la  partir  la  pluM  rrrriarcpiahlr 
de  1  rdificr  <*xtrrirur.  crst  la  coupolr.  avrc  Ha  nohlr  fiinipliritc.  la 
ferme  ordonnance  dr  srn  lignes.  Elle  comprend  deux  dômes  octo- 
gones superposés.  Le  ({rand  dôme  a  deux  séries  d'arcatures  placées 
l'une  au-dessus  de  l'autre  ;  ces  arcaturrs  sont  irrrKulières  et  dissem- 
blables. 

Le  petit  dônir  ou  lantrrncau,  surinoulc  d  une  croix,  offre  fiuit 
petites  arcades  à  jour  ;  il  a  été  placé  en    1835. 

Une  nef  principale,  composée  de  quatre  travées,  deux  bas-côtés, 
deux  rangs  de  chapelles  latérales,  un  transept  et  un  chfx*ur,  consti- 
tuent l'intérieur  de  l'église,  qui  a  45  mètres  de  longueur  dans 
œuvre.  Le  transept  a  32  mètres  de  large  et  la  hauteur  sous  voûte 
est  de   16  m.  28. 

La  nef  est  éclairée  par  des  baies  romanes,  les  croisillons  par  deux 
œils-de-bceuf,  le  choeur  par  les  ouvertures  du  dôme,  enfin  les  bas- 
côtés  par   les   baies   ogivales   des   chapelles. 

Dans  l'ornementation  intérieure  de  l'église,  les  visiteurs  admirent 
les  boiseries  du  choeur,   d'un   travail   artistique. 

L'église  renferme  seize  chapelles,  dont  trois  ne  servent  plus  au 
culte.  Elles  sont  groupées  le  long  des  bas-côtés,  depuis  le  transept 
jusqu'au  portail.  On  peut  y  observer  les  diverses  étapes  de  l'archi- 
tecture ogivale.  En  effet,  la  chapelle  de  la  Croix,  avec  ses  fenêtres 
accouplées,  très  étroites  et  très  allongées,  dont  l'ogive  ressemble 
à  un  fer  de  lance,  représente  le  gothique  à  lancettes  du  XIIl^'  siècle. 
Les  chapelles  dédiées  aujourd'hui  à  saint  François  de  Sales  et  à 
Notre-Dame  des  Sept-Douleurs  rappellent  le  gothique  rayonnant  ; 
les  fenêtres,  devenues  très  larges,  sont  terminées  dans  leur  partie 
supérieure  par  des  rosaces  ou  des  quatre-feuilles.  Enfin,  dans  la 
chapelle  des  fonts  baptismaux,  de  hautes  fenêtres,  aux  meneaux 
affectant  la  forme  de  flammes  et  terminées  par  des  cœurs,  marquent 
le   style    flamboyant. 

Dans  la  chapelle  qui  est  sous  le  vocable  de  saint  François-Xavier 
(à  droite  en  entrant),  on  remarque,  sur  la  voussure  de  l'arc  ogival, 
une  série  de  huit  médaillons  elliptiques  où  l'on  voit  six  anges 
musiciens  jouant  chacun  d'un  instrument  :  trompette,  guitare,  violon, 
harpe,    orgue    à    main    et    cornemuse. 

Avant  la  Révolution,  il  y  avait,  là  où  est  aujourd'hui  la  place 
Gerson,  une  église  Saint-Laurent,  parallèle  à  l'église  Saint-Paul, 
dont  un  cloître  la  séparait.  Elle  servait  habituellement  d'église  pa- 
roissiale. 

Dans  le  XIX®  siècle,  l'œuvre  architecturale  d'entretien,  de  restau- 
ration et  d'embellissement  de  la  vieille  collégiale  Saint-Paul  a  été 
confiée  successivement,  de  grand-père  à  petit-fils,  à  MM.  Anthelme, 
Frédéric   et   Louis   Benoit. 

En  1836,  M.  Anthelme  Benoit  couronna  le  dôme  par  le  lanterneau 
que  surmonte  une  croix,  décora  le  sanctuaire,  fît  exécuter  la  tribune, 
la  boiserie  du  chœur,  la  table  de  communion,  installer  le  maître- 
autel,  œuvre  du  sculpteur  Prost.  On  admire  le  coffre  harmonieux 
du  maître-autel,  ornementé  avec  grâce.  Sous  le  pavé  du  sanctuaire, 
on  découvrit  des  restes  de  mosaïque  romaine.   D'ailleurs,   même  dans 


-(  216  )- 

l'édifice  actuel,  au-dessus  et  a  droite  de  la  porte  Saint-Laurent,  on  lit 
une  inscription  latine  reconstituée  par  M.  Dissard  et  dont  voici  la 
traduction 

Aux  dieux  mânes  et  à  la  mémoire  de  Cœlia  Rustica 
T.   Secundius    Titianus,   son   jils,    à   sa   mère   très   pieuse. 

De  1875  a  1877.  M.  Frédéric  Benoit  refit  la  partie  supérieure  de 
la  tour  du  clocher,  éleva  la  flèche  octogonale  en  bois  de  chêne, 
qui  a  24  mètres  de  hauteur  et  qui  est  ornée  de  lucarnes  accouplées 
et  de  fleurons.  On  construisit  ensuite  le  portail  principal  avec  la 
galerie    à   jour   et   la    rosace    qui    le   surmontent. 

1897-1900.  Le  zèle  entreprenant  de  M.  le  curé  Boiron  rendit 
possible  cette  restauration  importante,  mais  coûteuse  et  difficile,  qui 
donne  au  monument  vénérable  un  intérêi:  nouveau.  En  1897,  on 
répara  intégralement  l'extérieur  de  l'église  ;  en  1898,  on  répara 
l'intérieur  et,  en  piquant  la  couche  de  plâtre  qui  avait  été  étendue 
au  XVIII"  siècle  comme  un  linceul  de  laideur  sur  toute  la  surface  de 
l'église,  on  mit  au  jour  de  beaux  chapiteaux  fleuris,  des  pilastres 
cannelés,  etc.  Le  chœur  fut  décoré  par  M.  Blain,  pendant  que  le 
pinceau  de  M.  Borel  fixait  dans  l'abside  trois  scènes  de  la  vie  du 
patron  de  l'antique  collégiale  :  Saint  Paul  devant  V Aréopage,  la 
Conversion,  la  Mort,  où  l'on  retrouvait  la  peinture  franchement  reli- 
gieuse qui  touche  l'esprit  et  le  cœur  plus  encore  qu'elle  ne  parle 
aux    yeux. 

Enfin,  vers  1908,  la  chapelle  des  fonts  baptismaux  a  été  heureu- 
sement restaurée,  complétant  l'ensemble  d'un  travail  qui  restera  à 
l'honneur   de   l'architecte,    M.    Louis    Benoit 

L.    DUPLAIN. 


Statue  de  Jean  Gerson, 

Chancelier  de  l'Université  de  Paris, 

mort  à  Lyon  en  1429. 

ICI.  J.  Sylvestre.; 


217  >- 


l'ALAIS  DU  QUAI   DE  BONDY 

Construit  sous  la  dirrt  tion  i\r  l'arcintertr  \L.  Hu^nrl.  cet  édifice 
coinpmul  Ir  C'oiiHrrvatoirr  dr  MiiHiqur.  avr<  rntrrr  Mpcrialc  fur  de 
l'AnKilr,  une  salle  de  concert  dépendant  du  Conservatoire  et  un 
ensemble  de  salles  aménagées  pour  les  F,xp)ositions  annuelleH  des 
Beaux-Arts. 

Le  v^r^nd  veslihiiN*.  décoré  par  \r  p<'intrr  I"*aul  Monta^^non.  donne 
accès  aux  différrnles  placrs  de  la  salir  de  concert  et  à  drux  grands 
escaliers  (décoration  d'A'exandre  Baudin)  desservant  les  salles  d'ex- 
position  occupant    le   premier    étage. 

La  salle  de  concert  contient  900  places  assises  (loges  et  fauteuils), 
réparties  en  im  parterre,  une  galerie  et  un  amphithéâtre.  Ce  nombre 
de  places  peut  être  considérablement  augmenté  par  l'adjonction  de 
deux  salles  latérales  souvrant  largement  sur  la  salle,  au-dessus  des 
galeries,   par   le   moyen   de   rideaux   mobiles. 

Au-dessus  des  orgues  de  la  maison  Cavaillé-Coll,  peinture  symbo- 
lique de  M'"*'  et  M.  Bardey  ;  à  ce  dernier  a  été  en  outre  confiée  la 
décoration    peinte    de    la    salle. 

Les  deux  grands  bas-reliefs  décorant  la  façade  principale,  symbo- 
lisant l'un  la  Musique,  l'autre  la  Peinture  et  la  Sculpture,  sont 
Tceuvre   du    sculpteur    Lamctte. 

A  l'angle  sud,  doit  être  érigé  un  petit  monument  destiné  à 
commémorer  le  séjour  que  fit  Molière  à  Lyon  et  rappeler  que  c'est 
à  proximité  de  cet  emplacement  que  fut  joué  l'Etourdi  pour  la  pre- 
mière  fois,   dans  la  salle  du  Jeu   de   Paume  de  Saint-Paul. 


L'HOMME  DE  LA  ROCHE 

Dans  une  grotte  souvrant  à  la  base  de  la  masse  de  rocher  dont  est 
formée  la  colline  de  Fourvière,  et  que  recouvrent  les  lianes  d'une 
abondante  végétation,  est  la  statue  élevée  à  Jean  Kléberger,  dit  «  le 
Bon  Allemand  ».  originaire  de  Nuremberg. 

Ce  Bon  Allemand  vivait  au  temps  de  François  1^^'.  Il  guerroya 
longtemps  en  Italie.  Fixé  à  Lyon,  il  obtint  le  droit  de  Cité  lyonnaise 
et  fut  un  des  premiers  administrateurs  de  TAumône  Générale,  au- 
jourd'hui Hospices  Civils  de  Lyon.  D'après  la  tradition,  il  était  fort 
charitable  et  dotait  les  filles  pauvres  et  sages  de  Bourgneuf,  son 
quartier. 

Cette  statue  fut  érigée  en  1849.  Antérieurement,  il  y  avait  à  la 
même  place  une  autre  statue  habillée  en  héros  romain,  tel  qu'on  le 
concevait  alors,  et  bizarrement  coloriée.  Certains  historiens  affirment 
qu'à  l'époque  romaine,  existait,  en  cet  endroit,  une  image  d'Hercule 
ou  de  Mars,  élevée  en  commémoration  de  la  route  taillée  dans  le 
roc,   le  long  de   la  Saône,   par  les  Légions   d'Agrippa. 


Fontaine  du  Chemin-Neuf  lia 
niche  a  abrité  autrefois  la 
Vierge  de  Jacques  Mimerel. 
précieusement  conservée  dans 
la  chapelle  de  l'Hotel-Dieu 
(XVir   siècle'. 


Maison  et  tour  de  Tancienne' 
hôtellerie  de  Sainte-Cathe- 
rine,  montée  Saint-Barthé- 
lémy   fin  du  XV'^  siècle'. 


Statue  de  Jean  Kléberger,  dit  l'Homme 
de  la  Roche,  dit  le  Bon  Allemand, 
par  Toussaint  Bonnaire,   1849. 


(Clichés  Synd.  Inir.^ 


-l  219 


EGLISL  DL  L'ANNONCIATION 


Autrefois  simplr   rominniif   rur.ilr,   av^nt   d'rtrr   annexé   h  la  Vill^, 
le  cjuartirr  dr  Vaist*  rr.t  clrpruirvu   fie   monumrnln  nnciena. 

Doté  récfMiirn   nt  ri' un  yroupr 
81  olairr  d'un   b«*l  <*ffrt   arrhil«"( 
Inral.    il    n'avait   comme    édifice 
relij^'ieux      que      l'é^lisj      Saint 
Pirirt:-aux-Lirns.     de     style     ro 
man,   avec   un   magnifKjue  aul  -1 
sculpté   par   Bonnet  et   Fabisch. 

Sor.  plus  important  monu 
nrient.  bien  cju'encore  de  di- 
mensions modestes,  est  1  églis-^ 
de  l'Annonciation,  proche  de 
la  sortie  de  la  gare  de  Vaise. 
construite  de  1891  à  1897.  sur 
les  plans  de  l'architecte  T.  Bour- 
bon, dans  le  style  ogival  sim- 
ple du  XHI^'  siècle.  La  façade, 
sur  la  place  de  Paris,  sans 
avoir  d'imposantes  propor- 
tions, est  l'une  des  ceuvres  ar- 
chitecturales les  plus  intéres- 
santes de  notre  époque  ;  elle 
est  précédée  d'un  porche  avec 
perron  abrité,  ayant  à  son  fron- 
ton un  haut-relief  du  sculpteur 
lyonnais  Fontan.  Le  clocher  en 
pierre  est  élégant  et  se  ter- 
mine par  un  édicule  ajouré 
abritant  une  statue  de  la  Vierge. 

L'ensemble  est  décoratif  et  a  la  beauté  tranquille  que  donnent  tou- 
jours les  bonnes  proportions  et  un  savant  arrangement  des  lignes. 
C'est  un  des  rares  édifices  religieux  de  notre  époque  dont  l'archi- 
tecte ait  pu  réaliser  le  complet  achèvement,  y  compris  les  détails  de^ 
l'intérieur  et  tous   les   objets   d'ameublemenl. 


Eglise  de  l'Annonciation,  à  Vaise. 
'Cl.  J.  Sylvestre.» 


STATUE    DE    BOURGELAT 


La  statue  de  Bourgelat,  bronze  du  sculpteur  lyonnais  Fabisch 
(1812-1886)  fut  érigée,  en  1876.  au  m.ilieu  de  la  Cour  d'Honneur  de 
l'Ecole   Vétérinaire. 

Claude  Bourgelat  naquit  à  Lyon  en  1712.  Son  père,  marchand  de 
soie,  était  échevin  de  la  Ville.  Le  jeune  homme  se  signala  par  ses 
connaissances  remarquables  de  l'art  de  l'équitation  et  de  tout  ce  qui 
se  rapporte  au  cheval.  En  1740,  il  fut  placé  à  la  tête  de  l'Académie 
de  Lyon  ;  on  appelait  ainsi  les  établissements  où  les  jeunes  gentils- 
hommes achevaient  leur  éducation.  En  cette  qualité,  il  jouissait  d'une 
réputation  considérable  en  France  et  à  l'Etranger  et  publia  de  nom- 


-(  220  )- 

breux  ouvrages.  C'est  en  1750  qu'il  proposa  ia  création  d'une  Ecole 
Vétérinaire.  11  y  fut  autorisé  par  un  arrêté  du  roi  Louis  XV,  daté  du 
4  août  1761.  Cette  Ecole,  d'abord  annexée  à  l'Académie  d'Equita- 
tion,  acquit  toute  son  importance  en  1764,  époque  à  laquelle  Bour- 
gelat  fut  nommé  directeur  et  inspecteur  de  l'Ecole  Vétérinaire  de 
Lyon  et  de  toutes  les  Ecoles  Vétérinaires  créées  ou  a  créer  dans  le 
Royaume.  C'est  sur  le  modèle  de  l'Ecole  de  Lyon  que  furent  établies 
toutes  les  Ecoles  Vétérinaires,  non  seulement  en  France,  mais  à 
l'Etranger.    Bourgelat    mourut    à    Paris    en    1779. 


MONUMENT  MOURGUET 

Non  loin  de  la  montée  du  Gourguillon,  qui  sert  de  cadre  à  mainte 
pièce  de  l'ancien  répertoire  de  Guignol,  a  été  inauguré,  le  21  avril 
1912,  sur  la  place  du  Doyenné,  le  monument  à  Laurent  Mourguet 
(1769-1844),   créateur  du  Théâtre   Guignol. 

Dû  à  l'initiative  d'un  groupe  de  vrais  gones,  ce  monument  glo- 
rifie un  brave  homme  qui  sut  synthétiser  l'esprit  local,  quelque  peu 
gouailleur  et  frondeur,  et  qui,  en  dépit  des  allusions  politiques  émail- 
lant   certaines   de   ses   œuvres,    plane    au-dessus    de    tous    les   partis. 

La  composition  architecturale,  d'une  élégante  simplicité,  est  due  à 
l'architecte  en  chef  de  la  Ville,  M.  Ch.  Meysson.  Le  sculpteur 
F.  Girardet  a  fait  spirituellement  revivre  la  physionomie  fine  de 
Mourguet  dans  le  buste  qui  figure  à  la  page  32  de  cet  ouvrage,  et 
l'habile  ciseau  du  regretté  Pierre  Aubert  a  donné  un  pittoresque 
bas-relief  montrant  en  pleine  action  les  deux  pi^incipaux  compères 
du  théâtre  de  Guignol. 


Monument  Laurent  Mourguet. 
iCl,  Victoire.) 


RENSKIGNLMKNTS   SUR    I.YON 


LYON  (520.795  hab.).  chef-lieu  du  département  du  Rhonc.  siège 
d'une  Cour  d  appel,  d'une  Université,  du  XIV  corps  d  armée  et 
d'un  Archevêché.  C'est  la  ville  capitale  de  France  pour  la  fabri- 
cation et   le   marché   des  soieries. 

ADMINISTRATION    MILITAIRE.  Bureaux    de    la    Place    :    cours 

du   Midi.    31. 

ARCHIVES    DEPARTEMENTALES.    -   Chemin   de   Montauban.    2. 

ARCHIVES  MUNICIPALES.  -  Hôtel  de  Ville. 

AUTOMOBILES.  Location   dans    tous   les    garages.  Voir   aussi, 

plus  loin,  l'article    Voitures  de  place. 

BANQUES  CENTRALES.  -  Banque  de  France  (succursale)  :  14.  rue 
de  la  République.  —  Crédit  Lyonnais  (siège  social)  :  18,  rue  de 
la  République,  et  Palais  du  Commerce  (en  face).  —  Société 
Générale  (succursale)  :  6,  rue  de  la  République.  —  Comptoir 
National    d'Escompte    de    Paris    (succursale)  11,     rue    du    Bât- 

d' Argent.  —  Banque  Générale  Française  (succursale)  1,  rue 
Gentil.  —  Banque  Privée  (siège  social)  :  41,  rue  de  l'Hôtel-de- 
Ville.  —  Société  Lyonnaise  de  Dépôts  et  de  Comptes  courants 
(siège  social)  :  8,  rue  de  la  République.  —  Aynard  et  jils  (siège 
social)  :  19,  rue  de  la  République.  —  Saint-Olive,  Cambejort 
et  de  (siège  social)  :  13,  rue  de  la  République.  —  Veuve  Morin- 
Pons  et  de  (siège  social)  :  12,  rue  de  la  République.  —  Banque 
Nationale  de  Crédit  :  10,  quai  de  Retz.  —  Comptoir  d'Escompte 
de  Lyon  (Daniel  Mercier  et  Cie)    :  6,  place  Saint-Nizier. 

BATEAUX  A  VAPEUR.  —  Service  de  Tourisme  sur  le  Rhône.  — 
Ce  service  est  assuré  par  un  superbe  bateau  de  luxe,  le  Ville 
de  Lyon,  de  56  mètres  de  long,  pouvant  contenir  jusqu'à 
1 .200  personnes.  La  recherche  du  confortable  y  est  particulière- 
ment poussée  et  on  peut  affirmer  sans  crainte  que,  sur  aucun 
lac  ni  rivière,  il  n'y  a  mieux.  Un  pont-prom-enade  spacieux,  de 
superbes  salles  à  manger,  une  cuisine  de  premier  ordre  assure- 
ront aux  voyageurs  des  heures  d'un  repos,  d'un  confortable  et 
d'un  attrait  complets.  Quelques  cabines  (avec  salles  de  bains) 
pernnettront  aux  touristes  qui  désireront  coucher  a  bord  de  le 
faire  dans  les  conditions  les  plus  confortables.  Le  Ville  de  Lyon 
sera,  en  outre,  entièrement  éclairé  à  l'électricité  et  muni  d'un 
excellent  restaurant.  —  Horaire  :  Le  départ  aura  lieu  à  8  h.  1/2 
du  niatin,  de  Lyon,  quai  Tilsitt  (rue  Alphonse-Fochier)  et  à 
9  heures,  à  l'écluse  de  la  Mulatière,  pour  arriver  vers  5  heures 
du  soir  à  Avignon.  Au  retour,  le  départ  aura  lieu  à  5  heures  du 
matin    d'Avignon,    pour    être    vers    7    ou    8    heures    à    Lyon.    Les 


-(  222  )- 

départs  auront  lieu  deux  ou  trois  fois  par  semaine  dans  chaque 
sens  .  les  jeudi,  dimanche  et  éventuellement  le  mardi,  de  Lyon  ; 
les  vendredi,  lundi  et  éventuellement  le  mercredi.  d'Avignon. 
Les  voyageurs  partant  d'Avignon  le  matin  pourront  donc  rentrer 
coucher  a  Lyon  3'ils  le  désirent  ;  au  contraire,  partant  de  Lyon 
le  soir,  ils  pourront  coucher  à  Avignon  et  être  à  Lyon  le  lende- 
main soir  vers  7  ou  8  heures.  Nul  doute  que  cette  voie,  aux 
aspects  si  nouveaux  et  si  intéressants,  ne  soit  bientôt  une  des 
plus  fréquentées  des  touristes  et  ne  fasse  voir  le  plus  beau  fleuve 
de  notre  admirable  pays  !...  Pour  tous  renseignements,  s'adresser 
à  la  Compagnie  Lyonnaise  de  Navigation  de  Plaisance,  4,  rue 
Sala.    Lyon. 

Service  des  Parisiens,  de  Chalon  à  Lyon  (sur  la  Saône).  Dé- 
parts à  7  heures  du  matin,  de  Lyon,  tous  les  lundis,  mercredis  et 
vendredis  ;  de  Chalon,  tous  les  mardis,  jeudis  et  samedis. 

BIBLIOTHEQUES  PUBLIQUES.  —  De  la  Ville,  avenue  de  la  Biblio- 
thèque, 450.000  volumes,  LOOO  incunables,  6.000  manuscrits, 
25.000  estampes. 

De  V Université,  quai  Claude-Bernard. 

Du  Musée  Historique  des  Tissus,  Palais  du  Commerce. 

Coloniale,  Palais   du   Commerce. 

BOURSE  (Palais  de  la),  place  de  la  Bourse. 

CHAMBRE  DE  COMMERCE.  —  Palais  du  Commerce,  place  de? 
Cordeliers. 

CHEMINS  DE  FER  FUNICULAIRES.  —  1°  rue  Octavio-Mey  ; 
2^  avenue  de  la  Bibliothèque,  pour  hourvière.  —  3*^  rue  Terme  ; 
4^  place  Croix-Paquet,  pour  la  Croix-Rousse.  —  5°  avenue  de  la 
Bibliothèque,    pour  Saint-Just. 

CONSULATS  ETRANGERS.  —  Allemagne  :  6,  quai  des  Broteaux. 
Angleterre  :  9  quai  de  Retz,  9  heures  à  midi  et  demi.  —  Argen- 
Une  :  125,  rue  Garibaldi.  —  Autriche-Hongrie  :  6,  rue  Bât- 
d'Argent,    10  h.  à   11    h.  3/4.  —  Belgique  :  287,  avenue  de  Saxe. 

—  Bolivie  :  4,  rue  des  Prêtres,  —  Brésil  :  8,  rue  Lafont,  de  9  h> 
à  5  h.  —  Chili  :  1,  rue  de  la  République.  —  Colombie  :  45,  rue 
de  la  République,  —  Espagne  :  2.  rue  du  Bât-d' Argent,  10  h,  à 
midi.  —  Etats-Unis  de  l'Amérique  du  Nord  :  2,  place  de  la 
Bourse.  —  Grèce  :  7,  rue  Thomassin,  —  Guatemala  :  42,  rue 
Maiesherbes.  —  Italie  :  62,  rue  Pierre-Corneille,  1  1  h.  à  midi  et 
2  h,  à  4  h,  —  Japon  :  18,  place  Tolozan.  —  Mexique  :  55,  cours 
de  la  Liberté.  —  Norvège  :  5,  quai  de  Retz,  4  h.  à  5  h,  ^ — 
Pays-Bas   :  5,   rue  Grôlée.  —  Pérou   :  50,   rue  de  l'Hôtel-de-Ville. 

—  Portugal  :  50,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville,  2  h.  à  3  h,  —  Russie  : 
9,  rue  Grôlée,  —  Serbie  .11,  rue  Gentil.  —  Suède  :  67.  chemin 
de  Baraban,  midi  à  2  h,  —  Suisse  :  7,  rue  du  Bât-d' Argent,  9  h. 
à  11  h,  1/2  et  I  h,  1/2  à  4  h,  -  Turquie  :  15,  rue  de  la  Répu- 
blique. 9  h,  à  6  h.  —  Uruguay  :  24,   cours  Lafayette, 

CULTES,  --  Culte  catholique.  Nombreuses  églises  sur  tous  les  points 
de   la  ville.   Cathédrale  à  Saint-Jean. 

Siège  de  V Archevêché,   place   de   Fourvière. 

Temples  protestants,  à  l'extrémité  du  pont  du  Change,  rive 
droite  de  la  Saône  ;  quai  de  la  Guillotière,  vers  le  pont  Lafayette. 


!  223  ) 

Temple  évun^cliiiuc,   rue    Laiilrrnr.    10. 
Chapelle  anglicane,  quai  dr  ILLst.   3. 
Synai^ot^ue,   (juai    I  ilMill.    13. 

ENSKIC^NMMI.N  I  .         i:Nhr.i(.Ni.Mi.NT   sui'r^.uiKUH.         L  L.sivKPMif.   oE 

Lyon  (bureaux,  rut*  Cavrnnr,  30)  ( oiiiprrncl  unr  l'acuité  de» 
LcUrea,  une  Faculté  de  Droit  (occupant  rrMprrtivrment  le»  partirn 
siiifl  rt  nord  d'un  va.str  bâtiment  rectangulaire  coniitruit  nur  le 
K]\.Mki  Claude  Bï-rnard).  un*-  l'acuité  dca  Sciences  <-f  une  l'acuité 
tclc  Médecine  (groupées  également  dans  une  Heule  construction). 
Plus    de    2.500    «'-tudiants    y    sont    in.scrit.s. 

Institut  de  Chimie  et  Ecole  de  Chimie  industrielle,  rue  Pas- 
leur.   63   (Faculté   des  Sciences). 

ilnsUtut  Hactériolofiique  de  Lyon  et  du  Sud-Est.  rue  Pasteur,  61. 
'  Bibliothèque  de  l'Université  :  135.000  volumes  r>t  115.000  thètes. 

Enseignement  secondaire.  —  Lycée  Ampère,  rue  de  la  Bourse, 
avec  succursales  avenue  de  Saxe  et  rue  Sainte-Hélène. 

Petit  Lycée,  k  Saint-Rambert,  sur  la  colline  riveraine  de  la 
Saône,   dans   un  paysage  enchanteur. 

Lycée  de  jeunes  jilles,   place  Edgar-Quinet. 

En'SEIGNEMENT    primaire.  Ecole    Normale    primaire    d'Institu- 

teurs,   rue    Deschazelles. 

Ecole  Normale  primaire  d'Institutrices,  boulevard  de  la  Croix- 
Rousse,  80. 

Enseignement  spécial.  —  Ecole  Supérieure  de  Commerce,  rue 
de  la  Charité,  34. 

Ecole  de  Commerce  pour  les  jeunes  jilles,  rue  de  l'Hôtel-de- 
Ville,    16. 

Enseignement  Colonial,   Palais  du  Commerce. 

Ecole  Centrale  Lyonnaise,  rue  Chevreul,    16. 

Société  d'Enseignement  projessionnel  du  Rhône,  place  des 
Terreaux,    1. 

Ecole  Régionale  d' Architecture,  Palais  des  Arts. 

Ecole  Nationale   Vétérinaire,   quai  Pierre-Scize.    1. 

Ecole  Française  de  Tannerie,  Faculté  des  Sciences. 

Ecole  de  Notariat,   Faculté   de   Droit. 

Ecole   Dentaire,    quai    de    la   Guillotière,    20. 

Ecole  Pratique  d' Agriculture  du  Rhône,  à  Ecully. 

Ecole  de  la  Martinière  (professionnelle),   rue  des  Augustins,   9. 

Ecole  de  la  Martinière  des  jilles,  rue  de  la  Martinière. 

Ecole    Municipale    de    Tissage,    place    Belfort,    2. 

Ecole  Projessionnelle  d'Horlogerie,  rue   Duguesclin,    175. 

Ecole  militaire.  —  Ecole  du  Service  de  Santé  militaire,  ave- 
nue   Berthelot,    18. 

Enseignement  libre.  —  Facultés  Catholiques  de  Lyon,  rue  du 
Plat,   25-35.    (Lettres,   Droit,   Sciences   et  Médecine.'» 

Enseignement   supérieur   municipal.   —   Cet  Enseignement  est 

l'œuvre  de  la  Municipalité.  Il  a  pour  but  de  mettre  à  la  Dortée 
-de  tous,  ou  du  plus  grand  noinbre.  la  culture  scientifique  la  plus 
haute.  C'est  la  pensée  réalisée  de  Michelet  et  de  Quinet.  dans 
la  ville  même  où  ce  dernier  joignit  l'exemple  au  précepte.  Les 
cours,  faits  par  les  plus  distingués  professeurs  de  l'Université  et 
du  Lycée,   ont  lieu   au   Palais  Saint-Pierre. 


-(  224     - 

Musique.  —  Conservatoire  National  de  Musique,  qu^i  de 
Bondy. 

Beaux-Arts.  —  Ecole  Nationale  des  Beaux-Arts,  Paiais  des 
Arts. 

ESPERANTO.  -  Groupe  Espérantiste  de  Lyon.  —  Secrétariat  et 
Bibliothèque,  a  la  Faculté  des  Sciences,  quai  Claude-Bernard,  le 
jeudi,  de  5  à  7  heures.  Réunions  le  mercredi,  à  8  h.  1/2,  au 
«  Foyer  Espérantiste  »,  78,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville.  Renseigne- 
ments et  réception  des  étrangers  tous  les  jours,  de  5  à  6  heures, 
dans  le  même  local,  par  le  Délégué  de  l'Universala-Esperanto 
Associo    (U.    E.    A.). 

GARES.  Lyon-P errache  (P.-L.-M.),  cours  du  Midi,  pour  les  lignes 
de  Paris,  Marseille,  Nîmes,  Grenoble,  Saint-Etienne  (c'est  la  vraie 
gare  centrale  de  Lyon  où  se  trouvent  réunis  tous  les  services  de 
voitures). 

Lyon-Vaise  (P.-L.-M.),  première  station  depuis  Lyon-Perrache 
sur  la  ligne  de  Paris;  cette  gare  est  à  l'extrémité  de  la  rue  de  Paris. 

Lyon-Saini-Paul  (P  -L.-M.),  place  Saint-Paul,  pour  les  cirec- 
tions  de  Montbrison,  Roanne,  l'Arbresle,   Tarare. 

Lyon-Croix-Rousse  (P.-L.-M.),  boulevard  de  la  Croix-Rousse, 
contiguë  au  funiculaire  de  la  rue  Terme.  Lignes  de  Bourg  et 
Trévoux. 

Lyon-Broteaux  (P.-L.-M.),  appelée  encore  gare  de  Genève,  à 
l'extrémité  du  cours  Vitton,  en  arrière  du  boulevard  des  Bro- 
teaux.  Ligne  de  Genève  et  des  embranchements,  Annecy  et 
Aix-les-Bains,   Modane   et  l'Italie   (arrêt  du   train   Berlin-Nice) 

Lyon-Saini-Clair  (P.-L.-M.),  première  station  sur  la  ligne  de 
Genève,    depuis    Perrache. 

Lyon-G orge-de-Loup  (P.-L.-M.),  première  station  sur  la  ligne 
de   Montbrison. 

L'Est  de  Lyon  (Compagnie  de  ce  nom),  avenue  Félix-Faure. 
Ligne  de  Crémieu  et  de  Saint-Genis-d'Aoste,  avec  embranche- 
ment   par    Sablonnières    et    Montalieu    (P.-L.-M.)    sur    Ambérieu. 

h ourvière-Ouest-Lyonnais  (Compagnie  de  ce  nom),  située  au 
terminus  du  funiculaire  de  Saint-Just.  Lignes  de  Mornant  et  Vau- 
gneray. 

MAIRIE  CENTRALE.  —  Place  des  Terreaux. 
Sept   mairies   d'arrondissement. 

MUSEES.  —  Muséum  des  Sciences  naturelles  (minéralogie,  géologie, 
zoologie,    anthropologie),    boulevard   du   Nord.    28-30. 

Musée  de  Peinture,  Sculpture  et  Gravure,   au  Paiais   des   Arts. 

Musée  d'Epigraphie,  de  Numismatique,  de  Sigillographie,  au 
Palais  des   Arts. 

Musée  des  Antiques,  au  Palais  des  Arts. 

Musée  Archéologique  du  Moyen  Age  et  de  la  Renaissance,  au 
Palais   des   Arts. 

Musée  Historique  des  Tissus,  au  Palais  du  Commerce. 

Musée  Colonial,  au  Palais  du  Commerce. 

Musée  de  Géographie,  à  la  Faculté  des  Sciences,  quai  Claude- 
Bernard. 

Musée  des  Moulages,  à  la  Faculté  des  Lettres,  quai  Claude- 
Bernard. 

Musée  de  Botanique,  au  Parc  de  la  Tête-d'Or. 


-(•  225  )- 

Musée  Ciitimcl,    houlrvard   du    Nr>r(l. 

Musée  de  la  Condition  des  Soica,  7,   rur  Saint  Polycarpe. 

Musée  Industriel,  h  VV.co\r  c\r  la  Martinirrr .  riir  Hippolyte- 
I  landriii. 

Muser   (le   la    l^tofjdi^tition    de   la   l'oi,    rur    Sala.     12. 

Cri  <-n.sriul)lr  (le  iMiisrr.s  <sl  Ir  pluH  iinporlaiil  <\r  I"  ran<  r  a[)rc« 
Paris. 

OMNIBUS    DM    1  AMI  LU-;    P.-L.  M.    (à    rlu-vaux).  Zone    apâcialc. 

I  ou  2  prrsonnrH.  I  fr.  50  ;  3  ou  4  prr.sonnrH,  2  fr.  ;  5  ou  6  per 
sonnes,  3  fr.  /"  zone  .  I  ou  2  personnes,  2  fr.  50  ;  3  ou  4  p«r 
sonnr.s  3  fr     50  ;  5  ou  6  prrHonnrs.   4  fr.  2*'  zone   :    I    ou  2  per- 

sonnrs.    4    fr.    50  ;    3    ou    4    prr.sonnrs.    5    fr.  ;    5    ou    6    prrsonnes, 

6  fr.  i'^  zone   :    I    ou  2  personne.s.   6   fr.    50  ;   3  ou   4   pr.sronnes. 

7  fr.  ;  5  ou  6  personnes.  7  fr.  50.  Ces  prix  comprennant  le 
transport  de  200  kil.  de  ba^a^rs  pour  jusqu'à  4  personnes  et 
300   kil.   pour   5   ou   6   personnes. 

PREFECTURE.  Cours  de   la   Liberté. 

POSTES.  —  Bureau  principal,  rue  de  l'Hôtel-de-Ville,  angle  rur  des 
Archers. 

Bureaux  auxiliaires  :  place  Ampère,  8  (Perrache)  ;  rue  Grôlée, 
angle  rue  Président-Carnot  ;  rue  de  l  Hôtel-de-Ville.  3  ;  quai 
Fulchiron,  1  ;  rue  Duguesclin,  109  (Broteaux)  ;  place  de  la 
Croix-Rousse,  2  ;  avenue  de  Saxe,  285  (Guillotière)  ;  rue  de  la 
Pyramide,  2  (Vaise)  ;  rue  Bonnel,  15  (Préfecture)  ;  grande  rue 
de  Monplaisir,  116  ;  place  de  Trion,  3  (Saint-Just).  Les  bureaux 
sont  ouverts  de  7  heures  du  matin  à  9  heures  du  soir,  sauf  du 
K^"  novembre  à  fin  février  ;  fermés  les  dimanches  et  jours  fériés, 
à    1 1    heures   du   matin. 

TELEGRAPHES.  —  Station  centrale,  rue  de  la  Barre,  7,  jour  et  nuit; 
bureaux  de  quartier  dans  tous  les  bureaux  de  poste  ci-dessus,  de 
7  heures  du  matin  à  9  heures  du  soir,  et  dans  toutes  les  gares, 
la  nuit,  pour  les  voyageurs  munis  de  billets. 

TELEPHONES.  —  Bureau  central,  rue  de  la  Barre,  7.  Cabines  à  la 
disposition  du  public  dans  tous  les  bureaux  de  poste. 

TRAMWAYS.  —  33  lignes  desservant  tous  les  points  de  la  ville  et 
de  ses  environs.  Prix  de  tous  les  trajets  en  ville,  10  centimes 
(supplément  de  5  centimes  pour  la  première  classe).  Sur  la 
plupart,  la  correspondance  est  gratuite  avec  les  lignes  rencon- 
trées.   La   réclamer   au   conducteur   en   payant   sa   place. 

VOITURES  D'EXCURSION.  —  Mail-Coachs,  Cars  alpins  et  Auto- 
mobiles. S'adresser  au  Syndicat  d'Initiative,   place   Bellecour,    19. 

VOITURES  DE  PLACE.  —  Voitures  à  deux  places  :  la  course, 
1  fr.  50  ;  l'heure,  2  fr.  —  Voilures  à  quatre  places  :  la  course, 
1  fr.  75  ;  l'heure,  2  fr.  50.  —  De  minuit  à  6  heures  du  matin, 
augmentation  de  0  fr.  50.  —  Bagages  :  1  colis,  0  fr.  25  ;  2  colis, 
0  fr.  50  ;  3  colis  et  au-dessus,   0  fr.   75. 

Taximètres  :  les  800  premiers  mètres.  0  fr.  65  ;  chaque  400  mè- 
tres supplémentaires,  0  fr.  10  ;  l'heure  (à  l'arrêt),  1  fr.  50.  — 
On   ne  doit  payer  que  les  sommes   indiquées  au   cadran. 

Automobiles  :  l'heure,  3  fr.  (divisible  par  quart  d'heure),  plus 
0  fr.  40  par  kilomètre  parcouru  ;  au  delà  d'un  périmètre  de 
10  kilomètres,   le  prix  du  kilomètre  est  porté  à  0  fr.   50. 


-(  226  )- 

Automobiles  à  taximètres.  —  Tarif  1  :  dans  la  ville,  de  6  h. 
<lu  matin  à  minuit,  jusqu'à  750  mètres  ou  7  min.  12  sec,  0  ir.  75; 
par  250  mètres  supplémentaires  ou  2  min.  24  sec,  0  fr.  10.  — 
Tarif  2  :  Hors  de  la  ville  ou  bien  dans  la  ville,  de  minuit  à  6  h. 
du  matin,  jusqu'à  600  mètres  ou  7  min.  12  sec,  0  fr.  75  ;  par 
200  mètres  supplémentaires  ou  2  min.  24  sec,  0  fr.  10.  Pendant 
l'attente  ou  la  marche  lente,  le  prix  progresse  à  raison  de  2  fr.  50 
l'heure  par  fractions  de  0  fr.  10  équivalentes  à  2  min.  24  sec 
En  cas  de  réclamation,  s'adresser  à  l'Inspection  des  Voiture*, 
20,    rue    Gentil,    Halle    des    Cordeliers. 


THÉÂTRES,    CONCERTS,    ATTRACTIONS 


'GRAND-THEATRE  (municipal),  place  de  la  Comédie  (grand 
opéra,  drame  lyrique,  traduction,  opéra  comique,  ballets). 

THEATRE  DES  CELESTINS  (municipal),  place  des  Célestins  (co- 
médie,  drame,    opérette). 

NOUVEAU-THEATRE,   cours  Gambetta,  33  (drame,  comédie). 

THEATRE-FEMINA,  rue  Garibaldi,  angle  cours  Lafayette  (drame, 
comédie). 

CASINO-KURSAAL,  rue  de  la  République,  79  (concert,  attractions). 

CONCERT  DE  L'HORLOGE,  cours  Lafayette,  139  (concert,  attrac- 
tions,  pièces  et  revues). 

OLYMPIA,  rue  Duquesne,  68,  en  face  l'entrée  du  Parc  (concert, 
étoiles,   attractions,  pièces  à  spectacle).  —  Concert  d'été. 

PALAIS  RAMEAU,  salle  de  concerts,   rue  de  la  Martinière. 

HOTEL  DE  LA  CHANSON,   rue  Montesquieu. 

"CASINO  de  Charbonnières,  à  15  minutes  de  Lyon  par  la  gare  Saint- 
Paul. 

THEATRES  DU  GUIGNOL  LYONNAIS  (patois  lyonnais).  - 
1°   quai  Saint-Antoine,   30  ;  2^  passage  de  l'Argue. 

CONCERTS  DE  BELLECOUR,  kiosque  de  la  place  Bellecour,  tous 
les   soirs   d'été. 

HARMONIE  MUNICIPALE,  concerts  publics  tous  les  jeudis  d'été,  à 
8  h.    1/2  du  soir. 

MUSIQUE  MILITAIRE,  place  Bellecour. 

SALON  de  peinture,  sculpture,  architecture  et  art  décoraiij,  Palais 
des  Expositions,  quai  de  Bondy,  de  janvier  en  avril  et  à  l'au- 
iomne,  —  Salon  exceptionnel  d'été  en   1914,  de  mai  à  juillet. 


LCOENDE    DES    MoNU 


LlONB»    DE    TrAMVATS 


TABLE 


PrKFAΠVII 

Quelques  pages  sur  l'Histoire  de  Lyon 1 

Lyon  artistique  et  pittoresque 9 

Guignol  ET  SON  THÉÂTRE 32' 

L'Enseignement 37 

Enseignement     primaire 37 

Enseignement  secondaire 40 

L'Université   de   Lyon 41 

Ecole  du  Service  do  Santé   militaire 47 

Ecole     Nationale     \/étérinaire 53 

La  Martinière   .            55 

Les  Ponts 57 

Ponts  sur  le  Rhône 57 

Ponts  sur  la  Saône 62 

Les   Quartiers  de  Lyon. 

Les  Terreaux 69 

Les    Jardins 69 

L'Hôtel  de  Ville 70 

Palais    des    Arts    .      .      c 85 

Eglise   Saint-Pierre 88 

Musée    des    Antiques 89 

Les  Musées   de   peinture   et   de   sculpture    .......  94 

Grand-Théâtre       .            106 

Palais   du   Commerce  ;    Musée    historique    des    tissus    .      .      .  106 

Condition    publique    des    soies 113 

Salle  Rameau 121 

Eglise  Saint-Bonaventure 122 

Eglise    Saint-Nizier    . 124 

Monument  Burdeau,  128.  —  Fontaine  de  la  place  des  Ter- 
reaux, 127.  —  Monument  Coste-Labaume,  127.  —  Mo- 
nument Pléney,   128.  —  Statue  du  Sergent  Blandan,   128. 

—  Statue  du  Maréchal  Suchet,    130.  —  Monument  José- 
phin  Soulary,    130. 

Bellecour-Perrache 129 

Les    Jardins 129 

L'Hôtel-Dieu   et  la   Charité 133 

La    Chapelle    de    l'Hôtel-Dieu 138 

Théâtre  des  Célestins '^0 

Ainay.    —   Saint-Martin-d'Ainay .141 

Monument  Carnot,  147.  —  Fontaine  des  Jacobins,  148.  — 
Statue  de  Louis  XIV,   150.—  Monument  d'Ampère,   150. 

—  Monument  de  la  République,  152.  —  Monument  Gail- 
leton,    152. 


\ 


-(  228  )- 


La  Guillotière 155 

Les    Jardins 155 

Hôtel  de  Préfecture 156 

Institut     Bactériologique 161 

Hôtel  de  la  Mutualité 164 

Statue   de   Bernard   de   Jussieu,    165,  Monument   Raspail. 

165.    —    Monument    Thiers,     166.  Statue    de    Claude 

Bernard,    166.  —  Monument  du  chirurgien  Ollier,    166. 

Les   Broteaux 169 

Les    Jardins       .      .  169 

Musée    Guimet \7j 

Muséum    d'Histoire    naturelle 173 

Nouveau  Lycée  de   garçons 176 

Le  Parc  de  la  Tête-d'Or 179 

Fontaine   de   la   place   Morand,    183.    —  Monument  des   En- 
fants du  Rhône,    183. 

La  Croix-Rousse  et  les  Pentes 187 

Les    Jardins 187 

Eglise    Saint-Bruno    des    Chartreux,     187.    —    Monument    de 
Pierre   Dupont,    190.    —   Statue    de   Jacquard,    190. 

La  Rive  droite  de  la  Saône 193 

Eglise   Saint-Irénée    .  193 

Caveau    de   l'Antiquaille 195 

Basilique   de   Notre-Dame   de   Fourvière 196 

Les  tombeaux  de  Saint-Just 202 

Eglise    Saint-Georges 203 

La   Cathédrale    de    Lyon 204 

Bibliothèque  de  la  Ville  de  Lyon  . 208 

L'ancienne    Loge    du    Change 210 

Palais  de  Justice - 212 

Eglise    Saint-Paul  214 

Palais    du    quai    de    Bondy 217 

L'Homme   de   la   Roche,   217.   —  Eglise   de   l'Annonciation, 

219.   —  Statue  de   Bourgelat,   219.   —  Monument  Mour- 

guet,   220. 

Renseignements  sur  Lyon 221 

Théâtres,  Concerts,  Attractions 226 


Enseigne    satirique    '^1715), 
rue  Saint-Pierre-de-Vaise 


Imp.  A.  Rey,  Lyon. 


Bibliothèques 

Université  d'Ottawa 

Echéance 


U  2  AOUT  1991 
'540(/r  1991 

fl  3  DEC  Ja93 


OCT  î  7  u 

CCT  3  1  1995 
»0V  0  6 1995 


Libraries 

University  of  Ottawa 

Date  Due 


WÛV  2  3  1995 
0  8  JAÎl  1998 

DEC  Vl  ' 

0  5  AVR.  m% 

MAI  0  5  1998 
MAY  2  8  1998 

05MAM998 


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3    0093564*516 


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