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University of Toronto
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LYON
GUIDE
HISTORIQUE ET ARTISTIQUE
Université d'Ottawa
Cartotheque
JAN 2 1 1577
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GUIDF.
HISTORIQUE ET ARTISTIQUE
EDITE l'AR I.E
COMITE DE PATRONAGE DE L'EXPOSITION
de 1914
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Préface de M. EDOUARD HERRIOT
Sénateur du Rhône. Maire de Lyon.
BIBLIOTHÈQUE^
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L.BRARIES
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Université -Ottawa - University
Mc!p Library
LYON
IMPRIMERIE A. REY
4, Rue Gentil, 4
1914
\ Qui
COMITE DE KEDAC1 ION
Président : M. RIVOIKK Antoinf.. Prc-sidrnl du Syndicat d'Initiative.
Membres : MM. BOUIIIER Marc. Consrillrr nmni< ipal.
KAMBAUD Gabhikl, Conseillrr rmmidpal.
DUCOIN Emile, Homme de lettres.
ARMAND CALLIAT Joseph. Orfèvre.
LEVY-SCHNEIDER Léon. Professeur à la 1 acuité
des Lettres.
ROCHEX Paul, Archiviste de la Ville.
MARSOT LÉON. Secrétaire de la Section des Beaux-
Arts de l'Exposition.
COLLABORATEURS
MM.
BEGULE Lucien, Conservateur des Antiquités et Objets d'art du
Département du Rhône.
BIROT Joseph, Docteur, Membre de l'Académie des Sciences,
Belles-Lettres et Arts de Lyon.
BOUDIER, Proviseur du Lycée Ampère.
CANTINELLI Richard, Bibliothécaire en chef de la Ville.
CHALUMEAU Camille, Ingénieur en chef de la Ville de Lyon,
Ingénieur des Arts et Manufactures.
CLERMONT Francis, Architecte.
COSTILLE J.-O., Directeur de l'Office Municipal du Travail de
Lyon.
COURMONT Jules, Professeur à la Faculté de Médecine, Directeur
de l'Institut Bactériologique.
COX Raymond, Directeur du Musée Historique des Tissus.
CROZE A,, Archiviste des Hôpitaux.
DESJARDINS Paul, Architecte adjoint des Monuments Historiques.
DESVERNAY Félix, Vice-Président de la Commission Municipale
du Vieux Lyon et Conservateur désigné du Musée Historique de
la Ville.
DUPLAIN (Abbé Louis), Curé de Saint-Julien-sous-Montmelas.
-( VI )-
MM.
FOCILLON Hrnri. Chargé de cours à la Faculté des Lettres. Direc-
teur des Musées.
GAILLARD ClaUDIUS, Docteur es sciences, Directeur du Muséum.
GERARD R.. Directeur du Service des Cultures de la Ville. Prési-
dent de la Société d'Horticulture pratique du Rhône.
GERMAIN DE MONTAUZAN. Docteur es lettres, Chargé de cours
à la Faculté des Lettres.
GUIMET Emile, Directeur du Musée Guimet.
JOSSERAND. Inspecteur primaire.
JOUBIN, Recteur de l'Académie de Lyon.
HASSLER, Médecin Inspecteur, Directeur de l'Ecole du Service de
Santé militaire.
HERRIOT Edouard, Sénateur du Rhône, Maire de Lyon.
HUGUET, Architecte.
LEVY-SCHNEIDER, Docteur es lettres. Professeur à l'Université.
MEYSSON Charles, Architecte de la Ville.
OFFRET A.. Professeur à la Faculté des Sciences.
PERRIN Sainte-Marie, Architecte, Correspondant de l'Institut.
PORCHER Charles, Professeur à l'Ecole Vétérinaire.
RAMBAUD Gabriel, Architecte, Conseiller municipal.
RI VOIRE (A.), Président du Syndicat d'Initiative, Vice-Président de
la Fédération des Syndicats horticoles de France
ROCHEX Paul, Archiviste de la Ville.
ROGNIAT Louis, Architecte des Edifices Départementaux, Prési-
dent du Conseil d'administration de l'Ecole Nationale des Beaux-
Arts et des Ecoles municipales de Dessin.
SYLVESTRE Jules, Photographe.
TESTENOIRE Joseph, Directeur de la Condition Publique des
Soies de Lyon, Ingénieur des Arts et Manufactures.
THEODORE Olivier, Rédacteur en chef de la Construction Lyon-
naise.
VANEL (Chanoine J.-B.), Curé de Saint-Bonaventure, Membre de
l'Académie de Lyon.
VERMOREL Jean, Secrétaire de la Société « les Amis de Guignol '».
WIERNSBERGER Paul, Docteur es sciences, Directeur de La Mar-
tinière.
PREFACE
A l'occasion de l'Exposition urbaine internationale, nous avons
jugé nécessaire de mettre à la disposition de nos visiteurs et aussi
de nos concitoyens, un Guide historique et artistique Je Lyon. Cette
tentative n'est pas sans précédents. Déjà, lorsque nous avions,
en 1906, l'heureuse fortune de recevoir le trente-cinquième con-
grès de l'Association française pour l'avancement des sciences, un
ouvrage a paru, décrivant toutes les institutions essentielles de
notre ville, ses principaux efforts, résumant son passé et laissant
entrevoir son avenir. Ces deux volumes demeurent le plus pré-
cieux des répertoires. Pour n'en citer qu'un exemple, l'histoire
de 1 industrie de la soie, par M. Henry Bertrand, remontant à ledit
célèbre de François I^'^ pour descendre jusqu'à nos jours, con-
stitue un document de première valeur. Le sommaire de M. Char-
léty, placé en tête de cet ouvrage, ressemble beaucoup à un chef-
d'œuvre. Rien de plus utile que ces monographies de nos grandes
cités françaises. La ville de Bordeaux a voulu avoir la sienne
dont elle confia la rédaction à M. Camille Jullian, au moment
où elle ouvrait son Exposition universelle de 1895.
Par malheur, les deux tomes de Lyon en 1906 (A. Rey, éditeur,
914 et 672 pages), outre qu'ils sont devenus rares, demeurent
d'un maniement assez difficile ; on ne les trouve plus guère que
dans les bibliothèques. Notre Comité de patronage s'est contenté
d'un programme restreint ; il a voulu, sans plus, condenser les ren-
seignements indispensables pour une visite intelligente de Lyon.
Quelques très brèves pages d'histoire ; une description générale :
le chapitre indispensable sur notre Guignol; une revue aussi
rapide que possible de nos institutions ; quelques détails sur chacun
<le nos monuments, sur nos jardins, sur notre Parc ; au centre de
cette étude, notre vieil Hôtel de Ville, âme de la cité ; une pro-
menade en nos divers musées ; l'explication de certains établisse-
ments spéciaux comme la Condition publique des soies ; un com-
— ( VIII )—
mentaire succinct et vivant de nos églises ; la visite à nos hôpitaux
dont les traditions sont connues dans toute l'Europe ; voilà quel-
ques-uns des plaisirs réservés au voyageur curieux par les auteurs
de ce Guide où chacun a traité le sujet pour lequel il était qualifié.
Le plan de cet ouvrage est purement topographique. Cette
disposition nous était commandée par nos intentions elles-mêmes.
Nous en sentons l'inconvénient. Dans le groupe infiniment varié
des villes françaises, Lyon garde ce caractère éminent d'offrir une
profonde unité, soit dans le présent, soit dans le passé. D'autres
villes ne sonl que des villes ; celle-ci est une cité. Un texte illustre
et bien souvent repris, que nous devons à l'imagination de Michelet,
résume Lyon « dans la grande opposition de ses deux montagnes,
la montagne mystique et la montagne qui travaille : Fourvière et
la Croix-Rousse »'. Vue brillante mais superficielle pour qui aime
et connaît Lyon. Il n'y a pas d'antinomie irréductible entre ces
deux parties de la cité. A Lyon, le travail, qui est la loi de tous,,
riches ou pauvres, garde la gravité silencieuse d'une prière. La
prière elle-même n'est que l'accompagnement du labeur. Et,,
qu'ils se recueillent dans la méditation du passé ou qu'ils tournent
vers l'avenir leurs espérances, nos concitoyens ont droit à cet
hommage qu'ils apportent dans leurs idées ou dans leurs croyances
ce même esprit de dignité qui fait les cités robustes et leur confère,,
à défaut de charme apparent, la force qui traverse les siècles.
Un Guide ne saurait, à lui seul, donner l'impression de cette
grandeur et de cette unité. Pour comprendre et goûter Lyon, il
faut avoir senti tout d'abord l'influence qu'exerça sur toute l'his-
toire lyonnaise une position entre toutes privilégiée. Le géographe
— génial selon nous — qui publiait, il y a dix ans environ, le
Tableau de la géographie de la France, M. Vidal de la Blache, a
fortement mis en lumière les raisons qui firent de notre ville
( une des métropoles commerciales et industrielles du mondo
moderne ». Il définit Lyon « un de ces centres d'activités diverses
qui, après s'être formés sous l'influence des conditions locales,
modifient à leur tour, par le rayonnement qu'ils exercent, le milieu
ambiant ^\ Au début, une acropole protégée par un double fossé :
sur un espace restreint mais sûr, une sentinelle vigilante qui domine
et commande les plus grandes routes, fluviales ou terrestres. Le
point de rencontre de l'Occident et de l'Orient. Un marché pro-
tégé. <( Sur la périphérie extérieure des Alpes, des bords de la
Saône à ceux du Danube, s'étend une bande de contrées vers
laquelle affluent les routes de l'Europe. A distance encore, mais à
portée des passages, combinant les avantages de la plaine avec la
surveillance des cols internationaux, une brillante ceinture de
villes a grandi : villes de commerce, de relations lointaines, d entre-
( IX )-
prises, sur lesquelles Tart a souvent jeté son auréole. Auj^shour^,
Zurich. Bâie. Lyon, entre autres cités de même type, font partie
(le la nirnu' constellation nrhanie. " Mais, associét! au rnouv(!rn(!nt
international (|ui se noue autour des Alpes. Lyon ^arde son relief
propre ; les voies alpestres s'y relient aux routes de la Loire, du
Rliône inférieur et de la Saône. Ces données naturelles, si éner-
giques, ont modelé le caractère de Lyon, lui ont imposé dans
son effort une logiciue et une persévérance remarcjuahlcs et lui
ont composé sa personnalité, commerciale avant tout.
Engagée dans le même sens que l'action de la nature, l'action
des hommes compléta ce travail. Réduite à ses éléments essen-
tiels, débarrassée de ses accidents, l'histoire de Lyon apparaît
tout à fait stable. Sans vouloir manquer d'égards à la capitale
moderne de la France, nous pouvons bien rappeler que. sous l épo-
que romaine, Lvon, par l'excellence de sa situation, se trouve
être à la fois la capitale administrative des Gaules, la seule ville
de l'Empire» avec Carthage, qui soit dotée d'une garnison et aussi
la capitale morale et religieuse du pays entier. Notre esprit s'émeut,
lorsque, sur le Forum romain, nous apercevons les ruines du tem-
ple de Vesta qui symbolisait le foyer national jusque dans sa forme
ronde, souvenir de l'ancienne cabane italienne où les femmes
entretenaient le feu public. Mais l'autel de Rome et d'Auguste,
sur les pentes de l'ancien Condatc, de notre actuelle Croix-Rousse,
est, en même temps que le symbole de l'unité romaine, le symbole
de la patrie gauloise. Les historiens s'accordent sur ce fait que
les députés de toutes les Gaules, en se réunissant autour de ces
marbres, sous les palmes d'or des victoires colossales, ont pris
le sentiment de leur commune nationalité, et c'est un assez grand
souvenir pour qu'il ait communiqué à notre histoire locale une
part de sa grandeur. Auguste, dans son organisation de l'Empire,
confie à Lyon, de parti pris, le rôle éminent que son mérite géo-
graphique lui réservait. Il lui remet la surveillance de toutes les
provinces ; il y place le légat des trois Gaules, le gouverneur
général. Lyon est une clef. ^^ La colonie de Plancus nous apparaît,
écrit l'historien Bloch, comme la deuxième ville de l'Empire.
Seule avec Rome, elle peut se flatter d'avoir une cour. »
Combien nous regrettons de ne pouvoir offrir aux étrangers
qui se serviront de notre Guide le spectacle émouvant de l'ancienne
ville haute reconstituée ! Peut-être un jour la collaboration de
l'initiative privée et de l'intervention publique permettra-t-elle de
présenter à la piété du passant quelques vestiges un peu précis
de cette grandeur abolie! Notre Faculté des Lettres n'attend que
des ressources pour entreprendre cette œuvre, plus digne peut-
être d'encouragement que telle ou telle exploration lointaine.
- X
Pour l'instant, quelques ruines d'aqueducs, quelques tombeaux,
quelques pierres nous rappellent seuls cette histoire. Un nom
plein de sens, Fourvière — Forum vêtus — des inscriptions, certains
débris, voilà tout ce qui rappelle aux Français d'aujourd'hui la
vieille capitale des Gaules.
Mais, au cours des âges, attirée doucement vers sa plaine, trans-
formée peu à peu par le caprice de ses fleuves, même dépouillée
de son grand rôle romain, ensanglantée par le martyre des chré-
tiens, saccagée et presque réduite à néant par les querelles politiques
du 11^ siècle, plongée dans la nuit du moyen-âge, soumise plus
tard à ses archevêques, annexée au royaume de France, Lyon
reparaît au XIV^' siècle et ressuscite sous une forme neuve. Elle ne
peut plus être une capitale ; elle sera désormais une commune,
sous la tutelle du roi de France. Je ne sais si les historiens me
donneront raison, mais c'est au XIV^' siècle que je vois revivre notre
Lyon, en quête de son rôle moderne, se reformant sur de nouvelles
assises et réclamant, sur de nouveaux principes, des droits que la
nature ne laissera jamais prescrire. Lyon, qui eut jadis des empereurs,
ne veut plus que des consuls ou des échevins. A la gloire d'être
traitée comme une capitale, elle préfère désormais l'honneur de
s'administrer elle-même. Lyon n'a jamais connu d'autre aristocratie
que sa bourgeoisie de marchands. Patiemment, en s'enrichissant
eux-mêmes, ces marchands lui refont une grandeur. Ce qu'avait
pressenti, sans pouvoir l'exécuter, la clairvoyance des admi-
nistrateurs romains, les circonstances, jour par jour, le réali-
sent. Une fois de plus, sa merveilleuse situation géographique
refait à Lyon une fortune. M.MarcBrésard nous a, tout récemment-
raconté l'histoire de nos foires lyonnaises ; en une année d'Exposi-
tion universelle, il est permis de rattacher le présent à ce passé.
Créées en 1420, « criées » dans tout le pays voisin, affranchies d'aides
•et de tailles, elles raniment une ville appauvrie, de population
réduite. Lyon ouvre ses portes à toute l'Europe du XV^' siècle,
concentre au XVI^' siècle tout le commerce des soieries, devient
la première place pour le change et la banque. Lyon, dit un voya-
geur, André Navagero, « est le fondement du commerce italien
€t, en grande partie, du commerce espagnol et flamand >\ La
Renaissance, ayant accru non seulement les exigences de l'esprit
mais les besoins matériels, ayant développé l'amour du luxe, y
forme, au milieu d'une riche bourgeoisie, son premier centre fran-
çais. L'imprimerie s'y installe. Lyon devient, brusquement, la
première ville lettrée de France. On dira que notre patriotisme
local nous enivre et nous égare. Invoquons donc un témoignage :
M. Ferdinand Brunetière, juge impartial et que rien ne prévenait
en notre faveur, le disait, à la date du 25 octobre 1894, dans la
-( XI )
séance |)ul)li(|iKî annuelle des cincj Académies: Vous savez qu'en
ce temps-là, Messieurs, vous ti existiez, point, cl la métrof)ol(! des
Gaules " en était vraiment aussi la capitale intellectuelle. Avec le
gcjt du négoce, et la somptueuse industrie de la soie, de nom-
breuses familles italiennes, exilées de ilorence ou de (jênes,... y
avaient importé Tesprit de la Renaissance, Thahitude du luxe
et le sentiment de I art... Il ne partait cliacjue année d'aucune ville
du monde, si ce n'est de Venise, plus de livres que de Lyon. Les
hihiiophiles conservent pieusement la mémoire des Gryphius et
des Jean de Tournes ; et c'est Lyon qui, la première, a mis au
jour F Enfer de Marot et le Carj^antua de Rabelais... Le nom
de Louise Labé, * la belle Cordière ', brille... aujourd'hui d'un
éclat qui durera sans doute aussi longtemps que la langue fran-
çaise. '
Au seuil de ce Guide, si nous invoquons ce témoignage et ces
faits, c'est que le visiteur * intelligent " auquel nous nous adressons
ne saurait emporter une idée exacte de notre ville, contemplée
dans ses monuments, s'il n'éclaire sa promenade par ces idées. La
grandeur de Lyon ne se révèle qu'à l'homme instruit et sous l'effort
de la réflexion. Une fois de plus, au XVI*' siècle, s'affirme cette unité
que nous voulons lui faire reconnaître et qui s'établit par l'action
commune de la situation, du commerce et des idées. Le génie
lyonnais s'affirmera dans l'art lui-même. Philibert Delorme est
un des nôtres, qui fit pour Henri II les plans d'Anet et de Meudon,
pour Catherine de Médicis ceux des Tuileries. Ses Nouvelles inven-
tions pour bien bâtir et à petits frais révèlent, jusque dans leur
titre, l'origine lyonnaise. Et que ne pouvons-nous montrer à nos
hôtes les beaux ameublements, par malheur dispersés, qui témoi-
gnent de notre richesse artistique au XVI^' siècle : tables à cariatides
et à balustres moulurés ; chaires à pilastres cannelés et à riches
médaillons ; crédences décorées à perspective ; larges armoires
où des mascarons s'inscrivent sur des cuirs découpés. Notre
Musée du Vieux Lyon n'est que rudimentaire. En tout cas, rien
ne peut plus reproduire l'aspect de notre ville à l'époque où elle ne
forme, quatre fois par an, qu'un vaste marché : dans les rues, sur
les places, le sol s'encombre de marchandises ; les piétons circulent
avec peine ; des toiles se tendent au-dessus des passages ; les
boutiques regorgent, signalées par leurs enseignes : Aux trois
Croissons, A la Cage, A Notre-Dame de Pitié. Des jongleurs et
bateleurs augmentent encore le désordre ; l'activité ne s'interrompt
que si le Consulat organise quelque jeu public, à l'arc, à la coule-
vrine, ou si l'Aumône générale fait circuler dans les rues, pour
provoquer la charité publique, la procession pitoyable de tous les
pauvres de la cité.
-( XII )
*
* *
Notre histoire moderne, plus connue, confirme notre définition.
Elle montre les Lyonnais attachés aux seules institutions qu'ils
se sont données, subissant avec résignation les exigences et la
fiscalité de l'ancien régime, fort maltraités par le pouvoir central,
atteints même dans leur droit au travail, menacés dans leurs
libertés commerciales par la protection étroite d'un Colbert. Le
XVIl^ et le XVIII^' siècle marquent, pour notre ville, une période
de stagnation, même de recul. Chaque fois qu'elle ne peut user
de son indépendance, elle paraît dépérir. Réduit à un rôle de luxe,
le Consulat n'a plus ni mérite ni dignité ; on le voit impuissant à
tirer la cité du désordre financier et moral où elle est plongée.
Aussi, ces deux siècles ont-ils laissé peu de traces. Le dessin
général de Lyon s'est bien modifié ; on élargit les places, on creuse
des ports, on construit des quais. Soufflot édifie ou inspire le
théâtre, la loge des Changes, la grande façade de l'Hôtel-Dieu.
Perrache propose et l'on réalise la transformation de l'île Moignat
en presqu'île. Morand conçoit un agrandissement sur la rive gauche
du Rhône et lance sur le fleuve le pont de bois à dix-sept travées qui
perpétue son nom. Malgré ces grandes œuvres qui préparent le Lyon
moderne, il ne se fait rien au XVII^ et au XVIII^ siècle que d'assez
impersonnel. Un seul monument atteste la persistance, au milieu
de ces époques pauvres et troublées, de l'esprit local. C'est notre
Hôtel de Ville, dont M. Audin vient à nouveau, de nous raconter
l'histoire. L'Hôtel de Ville de maître Simon Maupin a pour nous
ce charme, parmi beaucoup d'autres, qu'il traduit l'effort de notre
Consulat, amoindri par l'autorité royale, pour affirmer la persis-
tance de nos droits communaux. Gérard Désargues, Lyonnais
établi à Paris, « enfant de cette ville et notable bon patriote >',
revit les dessins et plans du voyer Maupin. Mais cette tentative
elle-même fut frappée de malheur. En 1674, notre Hôtel de Ville,
achevé, après vingt-six années de travail, risque de périr tout
entier dans un incendie. Mansart, qui le restaure en 1 700, le trans-
forme, le charge d'une galerie italienne, remplace les beaux toits
en trapèzes par des combles arrondis, lui impose un attique.
Ainsi, notre maison commune elle-même, aujourd'hui encore si
pittoresque, si savoureuse, porte la trace des servitudes que la
monarchie administrative fit peser sur les œuvres du génie lyonnais.
Avec le XIX^ siècle, Lyon a reconquis son indépendance et la
libre direction de ses destinées. Dès les premiers jours de la Révo-
( Mil )
lulion. dès le temps des élections aux Etats généraux, il se nnci*?
Iiardiincnl et haiilciiiciit aux angoisses, aux (*sf)érances d<- la
nation. I3ans l'aicicur (jui, peu à peu, se cornnujrn(|ue à toute la
France, il apporte sa note, conforme à sa tradition, de modération
et de fermeté tout ensemble. L'unité morale de Lyon se reforme
et reparaît dans les demandes à peu près scml)lal)les des trois
Ordres. Si le Conseil général de la Commune remplac e avec autant
de facilité le Consulat, c*est que les accidents politiques d*où
naissait le nouveau régime navaient fait que libérer une opinion
publique depuis longtemps préparée à son nouveau rôle. Ces
Lyonnais de 1790 qui, dans un élan d enthousiasme, donnent leur
cœur à la patrie, ce sont bien les descendants fidèles des Lyonnais
qui, de tout temps, ont préféré à la parure des titres la vertu fondée
sur le travail. Et, sans doute, la crise qui bouleverse toute la France
dissocie les esprits, provoque, autour de la mairie, des conflits et
des violences, entretient la confusion, crée le drame célèbre qui a
pour épisode principal le siège de Lyon. Pendant plusieurs années,
notre histoire est celle d'une ville affolée, où des interventions du
dehors, des intrigues bouleversent la succession naturelle des
faits. On n'avait plus vu de convulsion pareille depuis les luttes
religieuses de la fin du XVI^' siècle. Au lendemain de la tempête,
Lyon expie, par une longue période d'atome, ces quelques années
de déséquilibre. La cité n'obtient l'ordre qu'au détriment de sa
li'berté.
Les monuments du XIX^' siècle commerçant que le visiteur
rencontrera dans ses promenades à travers notre ville attestent, au
moins, la reprise, vers cette date, de sa vie matérielle. Elle réclame
et obtient les institutions ou les perfectionnements nécessaires à
son commerce : une Bourse, une Chambre de Commerce réor-
ganisées, un Conseil des prudhommes, une Condition des soies,
un Lycée. Mais ce n'est que le cadre. Peu à peu, Lyon va reconquérir
ses libertés, car, malgré des divergences de vues et des nuances
très sensibles d'opinion, la bourgeoisie et le peuple lyonnais agissent
dans le même sens. La préoccupation économique domine la
préoccupation politique. Les émeutiers de 1831 et de 1834 ne sont
pas des agités qu'une chimère dirige ; ce sont des hommes libres
qui réclament leur droit au travail dans une cité plus large que
l'ancienne, mais non pas différente. Cet effort réfléchi et résolu
vers l'indépendance est la loi de toute l'histoire lyonnaise
au XIX^ siècle jusqu'au jour où la loi du 28 mars 1882 rendra à notre
ville ses franchises municipales. L'évolution politique de Lyon, au
cours de ce siècle, reste parallèle à l'évolution politique de la France.
Cependant, comme le remarque fort justement M. Charléty,
Lyon eut, à plusieurs reprises, une attitude divergente. ^ La
( XIV )—
révolte de 1793 contre la Convention, les insurrections de 1831 et
de 1834, les agitations de 1848 et de 1849, les initiatives de la muni-
cipalité de 1870 ont un caractère commun ; ils sont nés à Lyon ;
ils n'ont jamais été le résultat d'un mot d'ordre venu de l'extérieur.
Au contraire, pour la plupart, ils ont été fortement marqués d'une
tendance à réagir contre un pouvoir central trop absorbant. '
Ainsi, même dans ce siècle de nivellement général, même privée
de ses vieilles institutions, de ses foires, de ses changes et de sa
douane, Lyon conserve encore une originalité, une unité morale
difficiles à définir parce qu'elles lui viennent non de quelques
chefs entraînant à leur suite l'histoire de la cité, mais d'un ensemble
de citoyens obéissant aux mêmes lois économiques ; originalité
certaine cependant. Lyon est une république marchande, fortifiée
par l'usage de l'association, ennoblie par la pratique de la
générosité, orientée vers les œuvres sociales non par un esprit
théorique, mais par l'importance qu'elle attache au travail, réaliste
et sensible au chiffre, passionnée pour l'enseignement et la cul-
ture moins par dilettantisme que par raison, unissant constamment
ridée au fait et le fait a l'idée, hostile à toute improvisation, réflé-
chie, concentrée et, jusque dans ses œuvres d'art ou de pensée,
manifestant, avec un certain mépris de la forme, son goût pour ce
qui est solide et sain.
Voilà ce que les monuments ou les chronologies ne suffisent pas
à dire ; voilà pourquoi, malgré de si sensibles divergences d'opi-
nions, nous persistons à affirmer l'unité morale de cette grande
cité. Et ce ne sont point d'artificielles défenses qui lui conservent
cet esprit ; ouverte à tous, elle impose à qui s'y installe ses façons
d'agir et de penser. Nous voudrions avoir défini, sans trop d'inexac-
titude, le rythme et le sens de son histoire. Nous voudrions avoir
expliqué, du même coup, pourquoi notre cité passionne les esprits
réfléchis et déconcerte les observateurs distraits.
Il est peut-être des cités, au premier aspect, plus séduisantes. H
n'en est pas de plus robuste, ni de plus utile à la grandeur de la
France.
Edouard Herriot,
Sénateur du Rhône,
Maire de Lyon,
mm
_^sr3i2ïSr=lx5^-^
Lyon en 1553, yravurc de Bernard Salomon, imprimée par Arnoiill«-t.
LYON
QUELQUES PAGES SUR L'HISTOIRE DE LYON
Autel construit à Lyon au confluent du
Rhône et de la Saône et consacré à
l'empereur Auguste par les soixante
nations les plus puissantes de la Gaule.
née l'Assemblée provinciale des Gaul
I. Lyon romain.— Lyon est une co-
lonie romaine fondée en 43 avant
Jésus-Christ, par Munatius Plan-
cus, et qui fut appelée Lugdunum.
Lyon s'établit sur les hauteurs
de Fcurvière. dominant la rive
droite de la Saône, et sur celles de
la Croix-Rousse, au pied desquel-
les était alors le confluent de la
Saône et du Rhône. La cité ro-
maine, avec son forum (emplace-
ment de l'église de Fouvière), le
palais du gcuverneur (emplace-
ment de l'Antiquaille), l'amphi-
théâtre, s'établit à Fourvière. Une
cité gauloise, d'abord appelée Con-
date, se groupa sur les pentes de
la Croix-Rousse, autour de l'autel
colossal élevé à Rome et à Au-
guste par les soixante cités gau-
loises (emplacement du Jardin des
Plantes). Là se tenait chaque an-
Gaules. Sur la riv«^ gauche de la
~{ 2 )-
Saône, au confluent et clans les îles qui le prolongeaient, s'installa
la ville commerçante.
Le climat, aux jours de brouillard, n'évoque point les pays enso-
leillés du Midi. Mais il y a. au confluent de la Saône et du Rhône.
un merveilleux carrefour de routes, el Lyon se trouve proche de la
vallée de la Loire et du Massif Central, entre Europe occidentale
et Europe centrale, entre versant atlantique et versant méditer-
ranéen, près de l'Italie. Lyon romain fut donc la capitale politique
et le centre commercial des Gaules. Cité cosmopolite, elle reçut d?
l'Orient les éléments d'une communauté chrétienne, que la persécu-
tion de l'année 177 (martyre de saint Pothin, de sainte Blandine)
n'empêcha point de croître. De ce fait, Lyon est resté le siège pri-
matial de l'Eglise de Gauie.
Château de Pierre en Seize de la Ville de Lion.
(Gravure d'Israël Silvestre.)
Cité superbe, desservie par quatre aqueducs, notre Musée d^s
Antiques conserve des vestiges de ses splendeurs. Mais, en 197, Sep-
time-Sévère écrase, à la bataille de Lyon, Albin, son compétiteur à
l'Empire, et ses soldats pillent la ville. Au IV^ siècle, Lyon n'est plus
une capitale politique.
II. Le Moyen Age. — Viennent alors les Barbares. Lyon est
occupé par les Burgondes vers 46], par les Francs vers 534. Lyon
participe, sous Charlemagne et Louis le Pieux, à la renaissance des
études, avec Leidrade, Agobard, Florus et le monastère de l'Ile-Barbe.
Puis Lyon est ravagé, au X^ siècle, par les Hongrois. Oscillant
entre l'Empire germanique et le royaume de France, à la suite du
traité de Verdun, Lyon est, en 1033, annexé à l'Empire comme
partie intégrante du royaume d'Arles. Mais les empereurs s'en désin
téressent.
Frédéric Barberousse donne à l'archevêque de Lyon, par la Bulle
d'or de 1157, la souveraineté sur la ville. En Î173, le comte de Forez
renonce à disputer à l'archevêque cette souveraineté. L'archevêque
-(3)-
rsl un MciKiirur frodal (jui pari.iu'r 1.» dominntion avec \e Chapitre
drH chanoincH cofuteM clr Saint Jriui. Lr^liMc nirtro(>r)litainr. ou
cathédrale de Suint Jrun, c«t \r HicKf dr.la domination ti[)iriturllc de
rarrhcvcque. et le château de Pierre Seize ewt Ha citadelle. Le cloître
forlifir df» «Saint Jean, cjui enwlohr l'Archevêché, eHl la rrsidence de
larchevrqur et du Chapitre.
Contre les danger» de 1 époque. Lyon se replie sur lui-même : il a
abandonné le sommet de lourvière rt les pentes de la Croix-Rousse ;
l'enceinte des fortifications enserre la rive droite de la Saône, ferme
du côté (les 1 crrraux la presqu'île qui a'csl formée au pied de la
m
La cathédrale Saint-Jean vers 1550. d'après le plan scénographique.
Croix-Rousse et qui a refoulé le confluent jusqu'au pied du monastère
d'Ainay. Un pont existe sur le Rhône, pont où passe la route de
l'Italie (remplacé par le pont de la Guillotière), et ce pont est
aussi fortifié. On remarque alors, sur la rive droits de la Saône. Is
cloître fortifié :^e Saint-Just au som.m.et de la colline, l'église Saint-
Paui, le cloître Saint-Jean : dans la presqu'île, l'abbaye des Béné-
dictines de Saint-Pierre, l'église Saint-Nizier, primitivement cathé-
drale, le cloître des Cordeliers, où est mort saint Bonaventure, 1 ab-
baye d'Ainay.
Lyon abrite les Conciles œcuméniques de 1245 et 1274.
A la fin du XII*^ siècle, les bourgeois et le peuple se révoltent contre
l'archevêque et le Chapitre de Saint-Jean. Avec l'appui des rois de
France, les Lyonnais arrachent, en 1320. à l'archevêque Pierre de
Savoie, la reconnaissance de la Commune de Lyon. Lyon s admi-
nistre dès lors par un Consulat élu ; Lyon a la disposition de ses
-( 4 )-
impôts, se garde par sa propre milice. Mais le roi de France Philippe
le Bel. en 1307 par les Philippines, en 1312 par le traité de Vienne,
enlève à Pierre de Savoie la souveraineté de Lyon et du pays de
Lyonnais. Les habitants, d'ailleurs, souhaitaient ardemment devenir
Français. Lyon est. désormais, ville frontière de France, du côté de
la Savoie et du Dauphiné. Gouvernée par le Sénéchal du Lyonnais,
c'est en réalité une cité autonome, administrée par ses Consuls
recrutés dans un patriciat bourgeois, assez analogue aux villes libres
d'Allemagne.
Lors de la guerre de Cent Ans, Lyon est menacé par les bandes
de pillards appelées les Compagnies. Les Compagnies écrasent, en
1362, à Brignais, une armée royale. Mais l'annexion du Dauphiné à
la France couvre dès lors en partie Lyon.
IH. Lyon au XVr siècle. Du milieu du XV siècle jusqu'au milieu
du XVF, Lyon est très prospère. Montagnards des Alpes et du massif
Central. Italiens. Suisses. Allemands y affluent. De tous ces éléments
se forme une population homogène, sérieuse et pratique, d'une éner-
gie silencieuse. Les Italiens apportent la banque et la soierie, les
Allemands l'imprimerie (en 1473), les uns et les autres les idées de
la Renaissance et de la Réforme.
Dans la cité autonome qu'est Lyon, les marchands étrangers for-
ment des nations autonomes : florentine, génoise, allemande, etc.
Lyon devient la capitale économique du Sud-Est. La royauté stimule
cette activité par des foires franches d'impôt, des tarifs de douane
privilégiés (les Foires de Lyon, la Douane de Lyon). Lyon est un des
séjours de la cour. Les quartiers de Saint-Paul et du Change, la rue
Juiverie, sur la rive droite de la Saône» sont particulièrement ani-
més. Dç même dans la presqu'île, la rue Mercière, la place Confort
(actuellement place des Jacobins). Les maisons se pressent jusqu'à
Bellecour, remontent d'autre part avec la muraille de la yille jusque
sur la Croix-Rousse encore mal peuplée ; le quartier Saint-Nizier est
le centre politique de la cité, toujours administrée par son patriciat
(les familles consulaires) sous le contrôle d'un gouverneur royal.
L'Administration royale siège au Palais de Roanne (emplacement du
Palais de Justice). Lyon est, dès lors, et jusqu'en 1789, la capitale
d'un Gouvernement du Lyonnais, du Forez et du Beaujolais.
De ce temps sont les banquiers Gadagne et Kléberger. dit le Bon
Allemand, Turquet, l'introducteur de la soierie, les artistes Jean
Perréal. Corneille de la Haye, Philibert de l'Orme, les imprimeurs
Gryphe, Dolet, de Tournes, les poètes Maurice Scève et Louise
Labbé, dite la Belle Cordière. Le Collège de la Trinité est fondé
(emplacement du grand Lycée actuel). Le pont du Rhône est refait,
l'Hôtel-Dieu et l'Aunnône générale organisés.
Mais des troubles sociaux surviennent (Rebeine ou émeute de 1529),
Les rois François I*^^" et Henri II rançonnent les finances municipales.
Puis ce sont les guerres de religion. Les protestants dominent Lyon
en 1562-63 (Lyon sous V Evangile). La Saint-Barthélémy a sa réper-
cussion dans les Vêpres lyonnaises. En 1589, Lyon passe à la Ligue
et se comporte en république.
IV. Le XYII*^ siècle. — Avec Henri IV, en 1594, a lieu « la réduc-
tion à l'obéissance ». En 1595. la constitution municipale est modifiée
par le roi. Dès lors, le gouverneur (bientôt pris dans la famille des
Villeroy) et, depuis 1635, l'intendant sont les maîtres. En 1642,
-(5)-
Rirhrlirii fuit (Ir( iipitrr C'in(j MnrH rt dr Thon, plnrr dm Trrrraux.
Colbrrl Mtifiiulr la Moirrir lyonnainr. Lyon, rnt orr iinr foin proHpère.
se donne un Hôlrl dr Villr (1646). L'abbiiyr dr Snint Pirrrr est
rrconMtruitr. la place Bellrrour rnt rtahlir, rt, en 1713, rllr n'ornera
d'une statue c\r Loui.s XiV par CouHtou. Main In pernrt ulion dcn
Lyon et le confluent vers 1650, d'après la gravure de Boisfcau.
protestants, les exactions financières de Louis XIV ruinent Lyon à
nouveau vers la fin du règne.
V. Le XVIIh" SIÈCLE. — La fabrique de soieries est alors sans rivales
avec le dessinateur de Lassalle (v. au Musée des Tiscus),
La ville déborde sur la Croix-Rousse, sur la Guillotièrc : l'ingénieur
Perrache lui donne un nouveau quartier en reculant le confluent
jusqu'à la Mulatière. De ce temps datent le pont Morand, le quai
iiitri^'illJtftîlliaJLX.iàii..
Cavalcade faite à la publication de la paix.
et le quartier Saint-Clair, résidences des riches bourgeois, la Loge
du Change, bâtie par Soufflot (temple protestant actuel), le dôme
de l'Hôtel-Dieu. Mais des grèves en 1744 et 1786, l'incapacité du
Consulat irritent les esprits.
VI. La Révolution et l'Empire. — Lyon est de suite acquis à la
- f 6 )-
Révolution. Après le M juillet 1789. les Lyonnais prennent Pierre-
Scize, démoli peu après. Une Municipalité conforme au nouveau
régime remplace le Consulat. Lyon devient chef-lieu du département
de Rhône-et-Loire. Une fédération est célébrée aux Broteaux le
30 mai 1790. Après le 10 août 1792. la statue de Louis XIV est ren-
versée. Mais, après la proclamation de la République, la Munici-
palité est disputée entre bourgeois Girondins et ouvriers Montagnards
(parti de Roland et parti de Châlier). Le 30 mai |793, les Girondins
l'emportent, et, les Montagnards dominant à Paris la Convention.
Camp fédératlf de Lyon, tenu le 30 mai 1790 gravure de Bontant).
Lyon se révolte contre la Convention sous le commandement d'un
officier secrètement royaliste, Précy. Assiégé à partir du 8 août. Lyon
est pris par l'armée conventionnelle, le 3 octobre 1793. Lyon, réduit
au département du Rhône (la Loire en étant séparée), est débaptisé,
nommé V ille-Ajjranchie ; les belles maisons de Bellecour sont démo-
lies.
Lyon se relève sous le Consulat et l'Empire. Bonaparte, après la
conclusion du Concordat, nomme son oncle Fesch archevêque de
Lyon. Bonaparte restaure Bellecour, décore Jacquard, l'inventeur du
métier à tisser. Lyon reçoit à deux reprises le pape Pie VII, venu
pour le sacre en 1804. Napoléon fait de Lyon un entrepôt privilégié,
lui commande des soieries admirables. Lyon s'enorgueillit alors
d'Ampère et de M'"^ Récamier. Le type populaire du canut (ouvrier
en soie) apparaît sur le théâtre de Guignol.
Lors de l'invasion de 1814. après un simulacre de défense par Au-
gereau à Limonest, le 18 mars, Lyon est occupé par les Autrichiens
et Louis XVIII proclamé. Mais, en 1815, Napoléon est reçu en
triomphe par les ouvriers et leur laisse cet adieu : « Lyonnais, je
' 7 )
V0118 nime ! >» L.<» I.^ juillrt 181 'j. Ir* Autrichiens rrpnrniiis<»nl et, avrc
riix. Ira roynliBtrH.
VIL Lr. XIX' .siici.l.. Dr 1815 h 1817 «rvii la Tr-rreur Blanche.
BourK^*"»» ^t oiivrirrH rr^tciit hostilrs aux Bf)url)f)nH. nuilt^rr <\rn com-
mandes du Rurdr mruhlr royal aux fahri<|urH de soieries, maigre
réreclion d'une nouvelle statue de Louis XIV à Bellecour.
La [Révolution de 1830 est accueillie avec joie. Mais la misère, le
20 uov<Mnl>rf 18^1. d«'-t( riniiir rriiif-nlf rjii S.il.iriat. victorieuse pen-
n
Journée du 1 ' "" août 1830: le général Verdier arbore le drapeau tricolore
au balcon de l'Hôtel de Ville de Lyon. 'Lithographie de Brunet et C '^.
<Iant trois jours, et, en avril 1834, une nouvelle insurrection, républi-
caine celle-là. Louis-Philippe met alors la ville sous le canon de
nombreux forts.
Cependant, la Révolution de 1848 triomphe sans peine le 23 fé-
vrier. Les ouvriers, communistes pour la plupart, organisés soîis le
nom de Voraces, sont maîtres de la cité et ne montrent de violence
qu'en paroles. Mais le trouble permanent, l'incapacité des commis-
saires du Gouvernement facilitent la réaction, et les Lyonnais votent
pour le prince Louis-Napoléon lors de l'élection du Président de la
République. Une émeute, le 15 juin 1849, à la Croix-Rousse, est
comprimée. Le général Castellane assure aisément à Lyon le succès
du coup d'Etat du 2 décembre 1851.
Le Second Empire est une période d'activité, à laquelle contribuent
l'achèvement du chemin de fer Paris-Lyon et les grands travaux dus
au sénateur-préfet Waïsse : quais du Rhône et de la Saône, parc
de la Tête-d'Or, rues Impériale et de l'Impératrice (aujourd'hui de
la République et de VHôtehde-Ville) . Les communes suburbaines de
Vaise, la Guillotière, la Croix-Rousse sont annexées. Mais Lyon
-( 8 )-
nomme des députés d'opposition comme Jules Favre, puis Raspail, et
l'Internationale s'y implante.
La République est proclamée à l'Hôtel de Ville dès le matin du
4 septembre 1870. Un Comité de Salut Public se comporte en gou-
vernement autonome en face du nouveau préfet Challemel-Lacour.
Puis une Muniri[)alité. élue le 21 septembre, organise les Légions des
Mobiles du Rhône. La Commune de Paris n'a que de faibles réper-
cussions à Lyon, la journée du 30 avril 1871 est son dernier effort.
VIII. Lyon de nos jours. — Depuis lors. Lyon a bien changé
d*aspect. Le tissage mécanique établi dans les campagnes a fait
délaisser les ateliers de famille qui peuplaient la Croix-Rousse. Four-
vière, Saint-Jean, Bellecour demeurent les quartiers ecclésiastiques et
le séjour des vieilles familles. Mais l'activité commerciale s'est dé-
placée, du Change et de la rue Mercière, si vivants jusqu'au XVIIl'' siè-
cle, vers les quartiers compris entre les Terreaux et Bellecour, et le
centre de l'activité industrielle, représentée par une foule d'indus-
tries nouvelles, s'est porté sur la rive gauche du Rhône, jusque dans
le département de l'Isère. Lyon, toujours colonisé par des immigrés
de tout le Sud-Est, de l'Europe centrale, de l'Italie, Lyon colonise
par ses capitaux et ses usines tout le Sud-Est et même au delà des
mers. Il ne prétend plus, comme sous l'Ancien Régime, a une vaine
autonomie politique, mais il constitue une capitale économique, le
type de la grande ville ne se laissant point capter par l'attraction
parisienne, se développant d'elle-même grâce au caractère fortement
trempé de sa population, grâce à ses ressources propres et à sa vita-
lité. Sa devise, peut-être ambitieuse, est du moins symbolique de ses
tendances : « Avant, avant, Lyon le melhor ».
L. LÉVY-SCHNEIDER.
Statue équestre de Louis XIV, par Coustou,
érigée en 1713. détruite en 1792.
Vue do Icylise de S.iin» Jean et tlu coteau di* Fourvierc en 1812,
par Michel Grobon < Musée de I.yon).
LYON ARTISTIQUE ET PITTORESQUE
Je parlerai tout d'abord de l'Hôtel de Ville, de la Maison commune,
coinme on disait autrefois.
Cet édifice, construit de 1646 à 1672 par le voyer de la Ville, Simon
Maupin, ingénieur du roi, est un chef-d'œuvre d'élégance et de
proportions. Sa façade occidentale, endommagée par un incendie en
1674, a été restaurée et remaniée en 1700 par Jules Harduin-^ lansart,
mais les autres parties du monument sont intactes, et c'est de la
place de la Comédie que l'oeil embrasse l'admirable création de
Maupin, qui ce montre, à travers une double galerie à jour, avec
ses perspectives étagées et avec son beffroi montant, comme un
hymne, dans l'azur du ciel.
Dans le vestibule d'honneur de cet édifice se trouvent les célèbres
figures du Rhône et de la Saône, des frères Nicolas et Guillaume
Coustou, Lyonnais de naissance, établis à Paris sous Louis XIV.
Elles flanquaient autrefois le piédestal de l'ancienne statue de ce
roi sur la place Bellecour et faisaient partie d'un ensemble décoratif
dont Robert de Cotte, premier architecte des bâtiments royaux, avait
fourni les plans et les dessins.
La statue du Rhône porte l'inscription suivante : a Fait et fondu
par Guillaume Coustou, lionnois, 17 19 )). Celle de la Saône n'est pas
signée, mais l'attribution à Nicolas Coustou est certaine.
L'éloge de ces deux morceaux n'est pas à faire. La Saône a la
grâce un peu molle et mièvre de la femme du XVIII^ siècle ; le Rhôney
au contraire, reproduit les traits de l'homme de tous les temps ; il
est d'une puissance de modelé, d'une ampleur de style et d'une vi-
gueur d'exécution remarquables. Néanmoins, pour bien apprécier
l'attitude mouvementée du grand flf uve, qui semble vouloir se sou-
-' 10 -
lever avec un geste de surprise et dont le regard dirigé en haut
exprime rétonnement, il faut se rappeler la première destination de
cette admirable figure et la rendre par la pensée a son ancien em-
placement.
A côté de 1 Hôtel de Ville, sur la place des Terreaux, s'élève le
Palais des Arts, qui était, avant la Révolution, quoiqu'il n'y paraisse
guère, un couvent de Bénédictines.
Commencé en 1659. sous l'administration de l'abbesse Anne d'Al-
bert de Chaulnes (1649-1672). qui prit à sa charge une partie des dé-
penses, il ne fut terminé qu'en 1687, sous la direction de sa sœur,
Antoinette d'Albert d'Ailly de Chaulnes, aussi abbesse (1672-1708),
et, chose curieuse, ce fut un petit pauvre âgé de six ans qui, le
18 mars 1659, posa la première pierre de ce riche monument.
On en doit les plans a l'architecte avignonnais François de Royers
de la Valfenière (1575-1667) et a son fils. Paul de la Valfenière. qui
vint habiter Lyon et conduire les travaux. La façade nord, décorée de
pilastres doriques et corinthiens, entre lesquels s'ouvrent des fenêtres
entourées de chambranles d'un profil aussi élégant que varié, pré-
sente une belle ordonnance. Au-dessus de l'entablement règne une
balustrade d'où se détache, au centre, un belvédère inspiré des meil-
leurs modèles de l'art italien.
La porte principale, refaite au commencement du XIX^ siècle, est
flanquée de deux colonnes doriques que surmonte un fronton trian-
gulaire à ressauts.
Quatre galeries, dont les arcades en plein cintre ont été recon-
struites, il y a déjà quelques années, entourent la cour intérieure,
toujours accessible au public. Dans l'attique des arcades, on a placé
des moulages de la frise du Parthénon, des compositions décoratives
en mosaïque et des médaillons en bronze — par Pagny, Aubert,
Textor et Fabisch — d'artistes lyonnais célèbres : Gérard Audran,
Pierre Drevet et Jean-Jacques de Boissieu, graveurs ; Antoine Coyse-
vox, Guillaume Coustou et Frédéric Lemot, sculpteurs ; Jacques
Stella et Hippolyte Flandrin, peintres d'histoire ; Antoine Berjon
et Simon Saint-Jean, peintres de fleurs, enfin Philibert Delorme et
Simon Maupin, architectes.
Au milieu de la cour, se dresse, sur un autel contenant un vœu à
Apollon, une statue de ce dieu (copie d'après l'antique) par J.-B.
Vietty. Au-dessous, un sarcophage transformé en fontaine, flanqué
de deux urnes romaines e'c soutenu de deux consoles renversées
émergeant d'un bassin rempli d'eau vive et de poissons rouges. Un
saule pleureur couvre de son ombre fine et légère cet édicule d'un si
ingénieux arrangement.
Autour, des arbres de différentes essences, des arbustes, des par-
terres peut-être trop symétriques, des statues : Faune ivre, par Léon
Cugnot ; Démocrite, par Alexandre Delhomme ; le Joueur de jlûle,
par Jean-André Delorme ; Discobole ramassant son disque, par Jean-
Baptiste Deschamps ; Gioilo enjant, par Legendre-Héral : Chactas
sur la tombe d'Atola, par Joseph Duret ; Jeune athlète, par Jean
Larrivé ; l'Age de bronze, par Rodin ; la Centauresse, d'Auguste
Courtet, et le monument de Gaspard André, par Pascalon et Chorel,
complètent les lignes à la fois douces et sévères de cet admirable
décor.
-(Il)-
Au flrnHun (lu cloîtrr r^i^nr un • frrrnuMr orné** d'unr hnluHtrndr
nujourd'hui rn pirrrr. autrrfoÏM en frr forRc. Cette trrrusfir drsHrrt
Ira «nllrs c\rn mu«rc» de peinture, où »e voient : de» Ruben», d':»
jnrclarnH. des Se^llrrs. un I luyHmnnH." un I rnirrM. un Konlnç?. un
Hôtel des Pierrcvive. commencement du XVP siècle, rue Gadagnc. 14.
'Cl. J. Sylvestre.)
Terburg, un Beyeren, un Matsys, un Albert Durer, un Memling. des
Huysum, un Wenix. des Véronèse, des Perugin. un Tintoret, des
Philippe de Champaigne. des Vouet, un Lebrun, des Desportes, des
Jouvenet, des Greuze, un David, des Delacroix, un Prudhon. un
Charlet, des Daubigny, des Berjon, des Grobon, des Bonnefond, un
Janmot, des Guichard. des Puvis de Chavanneo. des Flandrin. ces
Ricard, des Beilet du Poisat, des Chenavard. des Duclaux, des Tri-
-( 12 )-
molet, des Saint-Jean, un Lepagnez, des Carrand. des Ravier, des
Vernay. etc.
Le Musée de Sculpture, mal installé dans l'ancienne Salle du Cha-
pitre de l'Abbaye, renferme : un Guillaume I"* Coustou. un Fal-
conet. des Canova, des Chinard, un J^yet. un Pradier. des hoyatier,
un Etex (Ca'in et sa hamille), un admirable Barye (Tigre dévorant
un jeune Cerj), des Legendre-Héral, des Vietty, un Degeorge, un
Bonnassieux, un Delaplanche. des Jean Carriès, un Saint-Marceaux,
des Guillaume Bonnet, des Dufraine, des Rodin, etc.
Trois œuvres célèbres du peintre lyonnais Puvis de Chavannes :
le Bois sacré cher aux Muses, la Vision antique et l'Inspiration chré-
tienne, décorent le nouvel escalier d'honneur du Palais. Sous les
arcades du cloître sont rangées les plus riches collections épigra-
phiques qui soient en France et, dans le vestibule de la salle des
Antiques, est placée la fameuse table de bronze contenant en ma-
jeure partie le discours prononcé par l'empereur Claude en l'an 48
de notre ère, à l'effet d'obtenir pour les citoyens romains de la Gaule
Chevelue le droit d'accès au Sénat de Rome et aux fonctions de la
carrière sénatoriale. Cette table, trouvée en 1528 sur le versant mé-
ridional de la côte Saint-Sébastien (transept occidental de l'église
Saint-Polycarpe), était autrefois affichée dans le temple des trois
Gaules, dont cette église paraît occuper l'emplacement.
Les Lyonnais sont jus-
tement fiers des deux
magnifiques cours d'eau
qui traversent leur ville,
et il ne faut voir qu'une
forme de la reconnais-
sance qu'ils leur gar-
dent dans la création
des quais incomparables
dont ils ont bordé ces
deux fleuves et des ponts
hardis ou monumentaux
qu'ils ont jetés entre
leurs rives.
Chaque quai, chaque
pont a son histoire.
Celle du quai de la Cha-
rité (Gailleton), liée à la
construction de la pres-
qu'île Perrache, et sur
lequel s'ouvrent les ponts du IVlidi et de l'Université, est particulière-
ment intéressante. On est redevable de la création de cette superbe
avenue à Antoine-Michel Perrache, sculpteur, architecte et ingénieur,
auteur du quartier et du cours qui portent encore son nom. Com-
mencée en 1773, cette chaussée, ainsi que celle qui s'étend du cours
du Midi a la Mulatière, était achevée en 1777.
Michel-Antoine Perrache
créateur de la chaussée et du quartier qui porte son nom
(Mairie du IP arrondissement^
* *
Le pont de la Guillotière, auquel aboutit le quai de la Charité,
œuvre des Frères Pontifes et édifié au XIII^ siècle, particulièrement à
-( 13 )-
l'aide des dons d'iiiir (rlrhrr Confrérie iniitituce soua le vocable du
Saint Rsprit. rt (|iii ( onipri'nait <lrM kchm c\r toiitcH condition», ne fut
< oniplctrnirnt iu hrvr (ju'iin XV' Mir( Ir. Il nvait hik < rdr à drux autrea
ï)ontM plus anciens, dont I nu r« montait à l'rpocjur roniainr, C rtail
le print ipal moyen de* t onuiiunit ation du Nord \\hI dr la l' rancc
et de rAnK'Irlerre avec l'Italie et l'Orient. Auiini. lorHque l'un de cca
ponts s'rcroiihi. h la fin du XII' sire le. mous \r poids drs l)a({at<es
df's C'roisrs. Ki( luird C'(x*ur dr Lion voulut, (ornmr la [>liip<irt de»
grands personnages de (e trnips. contribuer h son rétablisHmimt.
Ce pont, au milieu chujur'l s'élevait, avant la Révolution, une grande
tour carrée prolé^<*ant un pont levis, est aujourd'hui moitié moins
louK (ju'aulrefois. La majrur<' partie de la rue de la Barre et tout •
la portion du cours Gamhetla cjui s'étend juscju'à la plate du Pont
(Mairie du \\h' arrondissement) sont établies sur les arches suppri
mées. mais non démolies. Par contre, il est deux fois plus largîî. En
1840. on y ajouté un double rang de trottoirs supportés par des
arches de fonte.
* *
En amont du pont, sur un quai dont celui de la Charité (Gailleton)
est la continuation, se développe la majestueuse façade de l'Hôtel-
Dieu. avec son dôme enrichi de colonnes et de statues. Cette magni-
fique construction date du milieu du XVIH'" siècle ; Jacques-Germain
Soufflot en fournit les plans et dessins, et ses collaborateurs Melchior
Munet et Toussaint Loyer qui modifia la coupe du dôme tracée par
Soufflot. en dirigèrent les travaux. Le donne, flanqué de quatre tou-
relles, qu'on voit plus loin, date du siècle précédent et a été élevé, en
1622. d'après les plans et dessins des recteurs. Antoine Picquet et
César Laure. Il fait partie, ainsi que le petit dôme construit récem-
ment par M. Pascalon. des bâtiments de l'hôpital dont on attribue la
fondation, vers l'an 542. au roi Childebert et à la reine Ultrogothe.
La chapelle, construite en 1637. par Guillaume Ducellet, et décorée
par Jacques Mimerel, auteur d'une superbe Vierge qui se voit
encore dans cette église, renferme une chaire de Chabry fils, une
Pietà de Thomas Blanchet. un Bon Samaritain de Chabord. un Christ
en croix de Serangeli. une Résurrection de Lazare de Loras. des pein-
tures de Sublet et de Chatigny, des groupes en marbre de Fabisch
et de Dufraine.
L'entrée de l'hospice, d'un si savant et si pittoresque arrangement,
est de Jean L'elamonce (1706).
Il existe à l'intérieur de l'Hôtel-Dieu, non loin du second dôme
dont je viens de parler, sous une galerie, deux pierres tombales avec
■épitaphes fixées contre la muraille. La première couvrait les restes
d'Elisabeth Danby, fille cadette de l'écuyer Guillaume Danby, de
Swinton, dans le comté d'York, décédée dans notre ville le 23 sep-
tembre 1786, âgée de trente-deux ans. Son frère, désolé, lui avait
élevé ce monument de son amour et de ses regrets (je traduis les
dernières lignes de l'épitaphe qui est d'une noble simplicité). La
seconde était consacrée à la mémoire d'Elisabeth Temple, fille du
colonel Lee, épouse du chevalier Henri Temple, morte à Lyon le
8 octobre 1736, âgée de dix-huit ans, inhumée à l'Hôtel-Dieu, dans
le cimetière des protestants, le 10 octobre 1736, sur les 11 heures du
soir, par ordre du Prévôt des marchands. C'était la belle-fille
d'Edouard Young, l'auteur des Nuits.
4 y-
Au delà de l'hôpital, sur un quai qui fait suite à celui que nous
quittons, et qu'on appelle le quai de Retz, apparaît l'ancienne Biblio-
Galerie construite par Philibert Delorme, en 1536,
arrière-cour de la maison de la rue Juiverie, 8 Cl. J. Sylvestre
thèque de la Ville, enclavée dans le grand îlot du Lycée. Ces bâti-
ments, construits, ainsi que la chapelle, au XVIF siècle, par Etienne
Martellange, sont ceux de l'ancien Collège de la Trinité, fondé en
1527 par la Confrérie de ce nom. Supprimé a la Révolution, ce col-
lège fut rétabli, en 1795. sous le nom d'Ecole Centrale, puis, en
1803, sous celui de Lycée.
b )
Ce collr^c». ciaiiH le |;)r-| Air.lrr Miirir Aiuprrc rtiulia rt profcnao. i\
été placé MOUS Hon vorablr. Amprrr. qui n «jonué n la «cirncc \ch
bflIeH loin qui ont rrru hom nom, était né a Lyon, le 20 janviei 1775 ;
il décéda n MarHrillr Ir 10 juin
1836. et rrpoHO au ciinrtiérr dr
Monhnarlrt*. à côté c\r hou fiJM.
Jrau Ja((juc's /Xinprrf. né aussi à
Lyon. La ntatur qu<- la Ville dr
Lyon lui a élevée «ur l'ancienne
place t-lenri IV. et qui eHt du
sculpteur lyonnais Charles I extor.
a été inaugurée, en octobre I8HH.
par l'infortuné président Sadi Car-
not. Le Musée de Lyon possède
son buste par Bonnassieux.
*
C'est au carrefour formé par la
rue Puits-Gaillot et le quai de Retz
que s'ouvre la place Tolozan, où
se dresse la statue du maréchal
Suchet. duc d'Albuféra. fils d'un
fabricant de soieries de Lyon. Ce
nom lui vient d'Antoine Tolozan,
premier propriétaire de la grande
et belle maison à fronton qui la
décore, maison construite en 1746
par Ferdinand Delamonce. Venu d'un village du Haut-Dauphiné,
près de Briançon, ce personnage acquit dans le commerce des soies
une fortune considérable, et mou-
rut gentilhomme et seigneur de
Montfort. Un de ses fi!s, Louis
Tolozan, dont le Musée possède
un beau portrait peint par Louis-
Gabriel Blanchet, fut le dernier
Prévôt des marchands que Lyon
ait eu, et il remplit cette charge
de 1785 à 1789.
Nous sommes ici au centre même
de la fabrique. La vie y est fort
active et rien n'est plus pittoresque
que l'entrée et la sortie des ate-
liers, le transport et l'expédition
des ballots de soie et le va-et-vient
des voitures. C'est une agitation in-
cessante. Naguère encore, la Croix-
\ndre-iViarie-Ampprp. 1775-1836. buste
en marbre par Bonnassieux i Musée de
Lyon). (Cl. J. Sylvestre.)
Loui» Tolozan de Montfort, prévôt des
Marchands de Lyon, 1785-1789. par
Louis -Gabriel Blanchet (Musée de
Lyon) .
Rousse, qui domine le quartier
et à laquelle on accède par deux
funiculaires, suffisait à la produc-
tion des étoffes et en pourvoyait
le monde entier. Hélas ! le maître
ouvrier en soie ne fait plus guère d'apprentis, et, comme le consta-
tait Puitspeiu, c( la profession ne se perpétue plus, elle émigré à la
campagne ou bien l'atelier disparaît et l'usine le remplace ». Mais
le mal n'est pas sans remède ; nous en avons pour garant les ateliers
-( 16 1-
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nul iiutrr par'»!!.
Sur la pliu r c\r la Croix Koummc. nr drrMHr la Hliiliir (\r JoMr|>li Marir
Jacquard, iiivrntrur d'un inrtirr pour la fithrii ation dm rloffr» de
Itixr. dans lr(jurl Hont si hruiruHrinruI < omhifirH Irn iti^rnirux pro-
cédés du tissrur lyonnais lalcon rt du nir< iirncirn yrcnobloiM Vau-
canson. Quoique dur au ciNcnu (\r Foyatirr. l'auteur du SpartacuB
des Tuileries, rrltr stat'"* rst l)irn mrdiorrr.
*
Au delà de la place lolo/.an. en aniont du jjont Morand. M'ctrn-
denl et se développent le quai Saint Clair et le cours d'Herbouvillr,
Les maisons qui bordent le cjuai et les deux côtés de la rue Royale
font encore de ce quartier, malgré les embellissements que Lyon a
reçus depuis, un des plus dignes de fixer 1 attention des étrangers.
De la balme, le panorama est superbe : la ville apparaît sur la droite,
s'allongeant entre les deux fleuves qui l'étreignent ; le Rhône ouvre
sa large avenue que coupent de leurs arches audacieuses le nouveau
pont Morand, l'élégante passerelle du Collège, les ponts Lafayette et
de l'Hôtel-Dieu. et. sur la gaurhe. le parc de la Tête-d'Or et les
Broteaux se laissent visiter tout entiers du regard.
*
Mais rentrons dans les quartiers centraux en suivant cette magnifi-
que rue de la République, une des plus longues et des plus animées
de la ville. Elle est de création relativement récente ; ce fut l'entre-
preneur Benoît Poncet qui l'ouvrit, en 1855. d'après un tracé fourni
par l'architecte de la Ville, René Dardel.
La portion de cette rue qui s'étend de la rue Confort à la place
Le Viste s'appelait autrefois rue Belle-Cordière. Au moment de la
percée, ce nom fut appliqué à un^ rue voisine, la rue Bourgchanin.
Louise Labé. surnommée la Belle Cordière. y possédait une maison
avec jardin, dans laquelle elle habitait, maison aujourd'hui démolie.
L'immeuble n*^ 20. qui fait l'angle sud-est des rues Confort et de la
République, s'élève sur son emplacement. Il serait désirable qu'une
inscription fût placée sur la façade pour rappeler ce souvenir.
Le Palais du Commerce, dont une des façades donne sur la rue
de la République, a été construit par l'architecte René Dardel, qui
s'est efforcé d'imiter le style des édifices du XVII*^ siècle. La partie la
plus intéressante de cet édifice est la salle de la Bourse, d un effet
grandiose, et dont l'étage supérieur est supporté par des cariatides
d'un style magistral, exécutées par le sculpteur forézien Guillaume
Bonnet. On y remarque un plafond peint par Hesse et une horloge
monumentale due au ciseau de Bonnassieux, représentant les trois
heures du jour d'une manière très ingénieuse, mais qui a donné
lieu à de spirituelles et malicieuses interprétations à l'adresse des
hommes de finances.
Dans ce monument, est installé le Musée historique des tissus, créé
par la Chambre de Commerce, et organisé en dernier lieu de la façon
la plus intelligente par Antonin Terme, connaisseur éminent et d'un
goût éclairé, mort récemment. Les richesses de ce musée, dont
M. Raymond Cox est aujourd'hui directeur, s'accroissent sans cesse.
-( 18 )-
grâce aux dons qu'il reçoit et aux très belles acquisitions qui sont
faites chaque année.
*
Gagnons !a placr Bellecour, la plus belle et la plus vaste de Lyon.
Elle appartenait, au XIII' siècle, à la puissante abbaye d'Ainay, et,
en 1436. à Jean Le Visle, bourgeois de Lyon. La Ville n'en fit l'ac-
quisition que deux siècles plus tard. Les anciennes façades avaient
été construites par Robert de Cotte. Démolies en 1793, elles furent
relevées par le Premier Consul, Bonaparte, qui en posa la première
pierre. C'est ce que rappelle une inscription gravée sur une table de
marbre qu'on voit a 1 angle de la rue Bellecour et de la rue du Plat.
L'architecte Thibière fournit les plans et l'architecte Pascal Gay con-
duisit les travaux. La statue équestre de Louis XIV, qui se trouve
au milieu de la place, est le chef-d'œuvre du sculpteur lyonnais
Frédéric-Lemot (1771-1827), né rue Noire (aujourd'hui Stella, n'^ 4).
Cette statue, coulée en bronze par Lemot lui-même, dans son atelier
du Roule, fut inaugurée le 6 novembre 1825. Boscary de Villeplaine,
syndic des agents de change de Paris, membre de la Commission
mixte du monument, écrivait, le 1®'" juillet 1824, à son neveu, Sébas-
tien Desvernay, agent de change à Lyon : « Sous peu, nous fondrons
la statue équestre de Louis XIV. Le modèle est superbe. Si l'opéra-
tion réussit, comme il y a lieu de l'espérer, vous aurez le plus beau
monument en ce genre qui existe en Europe. » Les squares qui ornent
la partie méridionale de la place ont été tracés en 1855 ; les bassins
et les deux pavillons, dont l'un sert de corps de garde et l'autre est
occupé par un café, sont de la même année. Les marronniers de la
promenade furent plantés en 1850. Un marché aux fleurs égaie et
embaume les allées.
*
* *
Lyon possède de fort belles églises, qui sont des monuments histo-
riques appartenant a la Ville ou à l'Etat.
L'église Saint-Jean a son chevet tourné vers le quai, et c'est sous
ce point de vue qu'elle se présente de la manière la plus favorable.
Elle a été commencée dans le dernier quart du XII^ siècle (1165-1180).
C'est à cette époque qu'appartiennent le choeur et le flanc oriental du
transept, qui portent les caractères de l'architecture, toute romane
encore, du XII^ siècle. Les six travées suivantes datent du XIIT' siècle ;
les deux dernières, ainsi que le soubassement de la façade, dont les
sculptures (figurines et bas-reliefs des voussures, consoles des tru-
meaux) peuvent entrer en parallèle avec tout ce que l'art gothique
a produit de plus parfait, sont du premier tiers du XIV siècle.
La constitution de la Commune de Lyon, la chute du pouvoir poli-
tique des archevêques, remplacé par la souveraineté du roi de France,
arrêta les travaux. Ils ne furent repris que soixante ans plus tard et
achevés sous Louis XI.
C'est dans le collatéral sud de cette église que se trouve la cha-
pelle du Saint-Sacrement, aujourd'hui dédiée à saint Louis, bâtie
par le cardinal Charles de Bourbon, archevêque de Lyon, et par
son frère, Pierre 11 de Bourbon. Cette chapelle peut passer a juste
titre pour un des meilleurs modèles de l'art de la fin du XV siècle :
sa décoration, presque égale en richesse à celle de Brou, lui est
supérieure par la netteté brillante du style, l'heureux choix des motifs
( IV
rt la VfTvr i\r l'cxcrution. I.fM hjilnhtratlrH drs j^alrrirH. fouillées
nvri un art inrrvrill'Mix. non! «l'un rifrt rir( oratif udinirable.
Lr bâlirnrnt apprit- l'ancienne Manccanteric. et qui joint au midi
In Priinalialr. r.st t(»ul cr c|ui rrstr du < loîtrr intrrirur dr Saint Jr«n.
Quoicjur Muililr. < cHt un sprcinirn inlrrcHHanl rir l'art liilrc lurr lyon
naisr du XI' sirclr. c|ui. avrr hch in< ruHtationM dr Irrrr ruilr, nrnl
pas sans aualo^fir avrc Trcolr iiuvrr«<natr . il Mcrvit décolc pour Irn
chantres, d'où lui vint lr nom (ju'il conserve encore. A la fin du
xr" sirclr rt au ( oniuuiurinrnt du siècle Huivant. saint Anselme de
Cantorht-ry y trouva mif hosf.ilalitr ^^rnrrrusr, et rr fut là qu'il
Hôtel de la Chamarerie de l'Eglise de Lyon, commencement du XVT siècle,
rue Saint-Jean, 37. 'Cl. J. Sylvestre )
composa plusieurs de ses ouvrages. Depuis le VII'' siècle, des relations
étroites existaient entre Cantorbéry et Lyon, et cet échange de jeunes
gens, si fort à la mode aujourd'hui, se pratiquait dès cette époque
entre les deux villes amies. Jean de Bellesmes, archevêque de Lyon
(1181-1193). était né à Cantorbéry, comme son ami Thomas Becket,
sous le vocable duquel était placée l'ancienne chapelle de Fourvière,
dont le porche du XII*^ siècle se voyait encore il y a quelques années.
Le Palais de l'Archevêché, qui s'élève tout auprès de l'église, fut
bâti au XV*" siècle par le cardinal Charles de Bourbon. On ne peut
en apercevoir qu'une des tours carrées et la tourelle d'escalier dé-
passant sur la droite l'ensemble des constructions cachées par le
bâtiment qui paraît un peu en avant sur la gauche et se termine à
droite par une terrasse. Cette construction fut élevée au XVIII^ siècle
par Germain Soufflot, en empiétement sur la Saône, qui alors bai-
-( 20 )-
gnait les murs du palais et qui a été successivement repoussée par le
nouvel édifice et par le quai actuel.
Devenu une propriété de la Ville, ce palais est affecté aujourd'hui
à la Bibliothèque municipale, qui y a installé ses collections au mois
d octobre de 1 année dernière. Cette bibliothèque renferme un assez
Maison, dite Henri IV, du XVll' siècle, montée Saint-Barthélémy.
•CI. J. Sylvestre.)
grand nombre de livres rares des XV^ et XVF siècles, des manuscrits
d'un grand prix, des reliures, des estampes et gravures... On y
conserve le célèbre CODEX LUGDUNENSIS. mutilé par Libri, re-
connu par Léopold Delisle, reconstitué grâce à la générosté de lord
Ashburnham, possesseur des fragments dérobés et complété en 1895
par l'auteur de cette notice. On y montre encore un psautier, un
caint Hilaire. un saint Augustin du VI^ siècle un livre des Evangiles
-(21 )
du IX', '!>" »<>I>I><'lle In Bihl. d- ('hnrlcH Ir ( liauvr. tlilf cl» Saïul
DenJM, Uiir liixiuMisr l)il)lr de- l.i fin du XII' nir* Ir. Icm C hrttniqucn de
France ri un Ovidr ( Mctaiiutrf.ihoscH) provruaiit tlrn bihliotlu" f|ijrH dr
C'harlrs V r\ de* Jran. duc i\r Wrrty, drn oiivra^rH ayant apparlrnii à
Lridral. I^riny. A^ohard. Ainolon. cvr(|urM dr Lyon, ri portant dcH
notrH aiito^'raphfH <l ♦ cJrdicace. les miKHrU du cardinal Kfilin. dr
Jran dr lalaru. (I<* Jac (jurs dr Colivfny. dr (jiiic hard <\r Pavir. dr
Roland dr Nrufvillr. rtc. I\n 1842. Jran Baptislr C lirrvin \r\iua h la
Bil)li<)thr(jur un livrr d'iirurrs (|ui a|)partint à Louin XII. puis à un
Anglais, rnfin à Mnrir d' AnKlrlrrrr. rrinr de l'rance. qui l'offrit en
1530 n son frère Hrnri VIII, roi d'Angleterre. Ce manuscrit, d'exécu-
tion fran(.aisr, ronlirnt drs printiirrs d'un travail très soigné.
*
L'égliso Saint-Nizier. qui date du XV*' siècle, a été la première
cathédrale de Lyon. Elle ne pourrait cependant rivaliser avec Saint-
Jean. Le vaisseau est dune élévation hardie, mais d'un galbe lourd.
L'église n'était pas encore achevée au XVI' siècle ; le portail man
quait. Olivier Roland, beau-frère de Philibert Delorm^. donna les
dessins de la demi-coupole d'ordre dorique qui forme l'entré»^ et la
construisit. Au XVIT' siècle, il manquait encore la partie supérieure
de la façade et le portail méridional qui. commencé à cette époque
resta inachevé. C'est de nos jours seulement que l'œuvre a été ter-
minée et complétée, en 1856. par la construction d'une seconde flèche
sculptée à jour, sur les dessins d'Anthelme Benoit, architecte.
*
* *
L'église d'Ainay est un monument des plus remarquables. Com-
mencée dans le troisième tiers du Xl^ siècle, elle était achevée en
1107.
Extérieurement, elle présente la silhouette ordinaire des monu-
ments du Xir' siècle : trois absides semi-circulaires, une coupole sur
la croisée, et, sur la façade, le clocher, qui, originairement, était
isolé de trois côtés ; mais l'intérieur a tout l'aspect d'une basilique
latine, grâce aux colonnes monolithes qui garnissent la nef. Les colon-
nes sont antiques et proviennent de l'ancien temple d'Auguste, érigé
sur la pente de la colline Saint-Sébastien. Quatre de ces colonnes (cel-
les soutenant la coupole) sont de granit et de dimensions colossales.
Originairement, elles n'en formaient que deux et ne sont rien autre
que les deux monolithes qui flanquaient l'autel de Rome et d'Au-
guste et figurent sur les monnaies antiques.
Deux autres églises avaient précédé celle-ci. La première, con-
struite par Brunehaut au commencement du VII^ siècle, fut détruite
par les Sarrasins. Il en reste les blocs énormes qui forment le sou-
bassem.ent du clocher actuel. La seconde église, bâtie au milieu du
X*^ siècle, existe encore ; elle touche, du côté du midi, à l'église, et
elle communique par des arcades avec elle. Cette chapelle, qui a
servi longtemps de sacristie, a été placée sous le vocable de Sainte-
Blandine.
*
L'église Saint-Paul est un de ces nombreux monuments religieux
que le Clergé lyonnais, ayant atteint le plus haut degré de richesse
-( 22 )-
et de puissance, fit construire dans la seconde moitié du XI^ siècle.
L'extérieur seul s'est conservé en partie intact. 11 est remarquable
I^ar son dôme octogone, ses modillons semblables à ceux de Saint-
André-le-Bas et de Saint-Maurice de Vienne, et par une élégante
porte latérale dont les colonnes manquent, mais dont les archivoltes
offrent une admirable imitation des ornemt-nts romains les plus
élégants et les plus purs.
L'intérieur fut horriblement mutilé au XVIir siècle. Les pilastres
engagés qui soutiennent la nef, et dont les fijts étaient cannelés,
furent martelés pour recevoir un enduit de stuc modelé suivant le
goût alors en usage. On peut constater encore, malgré la restauration
qui a été faite, quelle perte l'art a éprouvée par cet acte de vanda-
lisme. Il existe, en effet, dans un des angles rentrants de la façade,
une élégante colonne monolithe dont le chapiteau est d'un admirable
dessin.
L'église Saint-Paul rappelle le souvenir du célèbre Gerson. Lorsque
les Bourguignons triomphèrent à Paris, il vint se réfugier à Lyon,
où vivait un de ses frères, religieux célestin. Il y mourut en 1429
et fut enterré dans une église contiguë à celle de Saint-Paul.
*
* *
L'église Saint-Bruno des Chartreux est une des productions les
plus parfaites de l'art religieux sous Louis XV. Construite, sauf le
chœur et la façade, de 1734 à 1745, sur les plans de Ferdinand-
Sigismond Delamonce (1678-1753), elle emprunte à l'ordre dorique
son architecture et sa décoration au style rocaille à son premier dé-
veloppement. De là, l'aspect à la fois sévère et gracieux qu'elle pré-
sente et l'excellent effet qui en est le résultat. L'arc en anse de
panier par lequel le chœur communique avec le dôme a été tracé
par Melchior Munet et sa construction passe pour un modèle de
stéréotomie. Le luxueux ciborium qui recouvre le maître-autel a été
dressé en 1737 par Germain Soufflot, d'après les dessins de l'archi-
tecte Servandoni, né à Florence, de parents lyonnais. Les stalles du
chœur, ainsi que le lutrin, d'un beau travail, ont été sculptées par
Marc Chabry fils et par François Venderheyde ; quant aux statues
trop vantées de la coupole, représentant saint Jean-Baptiste et saint
Bruno, elles sont de Jacques Sarrazin. On attribue à Pigalle les bas-
reliefs des pendentifs du dôme. Cette église possède plusieurs ta-
bleaux de valeur : une Ascension et une Assomption, par Pierre-
Charles Trémolières, dans des cadres en bois dessinés par Soufflot et
sculptés par François Vanderheyde ; un Miracle de saint Bruno, par
François Perrier ; un Ensevelissement du Christ et un Ex voto, par
Brenet ; un Baptême du Christ, par Noël Halle ; un Mariage de la
Vierge, par Challes, des copies du Guide et de Rubens par Frontier
et Chloé Dupasquier, des peintures de Sublet et des statues de
Joseph et de Philippe Fabisch.
*
* *
Désaffectée par décret du 22 avril 1907, l'église Saint-Pierre est
fermée depuis cette époque au public et elle sert aujourd'hui et pro-
visoirement d'entrepôt aux Musées de la Ville. Sa façade, enclavée
dans des maisons modernes, donne sur la rue Paul-Chenavard, et sa
nef s'étend sur une arrière-cour dans une direction parallèle à celle
( 23 )-
du Palait dei Artn. Bâtir cIumm \r troÏHirmr <|uart du Xll' Hirtlr. hiir
les ruines d'une chaprllr rrlrvrr par Lrydrnl. rvr(|ijr <\r Lyon.
cette* rptlisr n été h'\ (ornplrtnnrnt rcntaurrr rn 1746 par Inrchitrcte
.Anloinr (\c Cîrrando. <ju rllr a prrdii prrH(|iir rnlirrrrnrnt «on carac-
tère primitif. Unr fnirtrr (|iii <•( lairr la <lrnxiriiif Iravrr rf un
Porte d'une maison du XVIP siècle, rue du Bœuf, 16.
(Cl. J. Sylvestre.!
porche sur lequel s'élève le premier étage d'un clocher presque en
ruine, peut-être encore plus ancien, voilà tout ce qui reste des pre-
mières constructions. La porte extérieure du porche se compose
d'une arcade flanquée de colonnes et de pilastres surmontés de cha-
piteaux soutenant des imposes sur lesquelles retombent deux archi-
voltes en retraite l'une sur l'autre, garnies de trois rangs de billettes
et de deux tores très épais. La seconde porte, celle qui s'ouvre dans
la nef, est semblable à la précédente, mais elle est plus ornée. Aux
billettes et aux tores s'ajoutent des rais de cœur, des arcatures et,
-< 24 )-
sous ces arcatures, des têtes grimaçantes en marbre blanc du plus
riche effet. Les chapiteaux des colonnes et des pilastres, dont les
corbeilles chargées de rinceaux, de feuillages et de monstres sail-
lants sous les angles des tailloirs, imitent le galbe corinthien ou
composite, sont tous variés et tous d'un style grandiose et d'une
exécution magnifique. Un seul offre un ange vêtu à l'antique qui
fait penser à ces Victoires ailées que l'on remarque sur les monu-
ments romains, d'où sont tirés aussi les oves, les perles, les rais de
cœur et les bouquets d'acanthe qui forment les moulures des im-
postes de la première porte. On voyait dans cette église, avant sa
fermeture : un Ensevelissement de la Sainte Vierge, par Michel
Perrache. et une Visitation, par Nicolas Bidau, bas-reliefs en marbre ;
un autel de style napolitain du XVIir siècle, en stuc et en marbres
de couleur ; un autre autel en marbres de couleur, par Picaud, de
Roanne ; un Sacré-Cœur avec deux Anges agenouillés, par Charles
Duf raine ; des tableaux : une Visitation, par Charles Delafosse ; une
Adoration des Bergers, une Adoration des Rois mages, une Circon-
cision, une Assomption, par Trémolières ; une Cène d'Emmaiis et
un Saint Pierre repentant, par Louis Crétey ; un Serpent d'airain,
par Frontier ; une Exaltation de la Croix, par Restout, etc. La porte
de l'église Saint-Pierre date du milieu du XVlir siècle ; elle est en
bois sculpté et se fait remarquer par l'élégance mouvementée de ses
ornements et aussi par la perfection du travail.
*
* *
Ne quittons pas les édifices religieux sans mentionner l'église Saint-
Bonaventure. On rapporte à l'année 1220 l'établissement des Fran-
ciscains, dits Frères Mineurs ou Cordeliers, à Lyon. Ces religieux
L'ancienne Place des Cordeliers. avec la Colonne du Méridien,
surmontée dune statue d'Uranie. démolie en 1858. Cl. J, Sylvestre.
•-( 25 ) •
avaient rtr apprlrs daiiH noire villr par Humbcrt de Grôlée. sénéchal
de Lyon. (|ui Iriir < rtia Ir vaMtr rHpa< r ( oniprin aujourd'hui rntrr hi
plarr dfH C'ordrlirrN. le* (|uai t\r lliôpital. Irn rurn \ rTtuixdirir rt
(îrôlrr. où ils rtahhrrnt Irur couvent et leur premirre < hapellf-
Crtte chapelle, bâlie. ainsi <|U;- le ni:>naNtcre. aux frai» du iSénc-
chal. occupait l'einpl.iceuïent de la portion nord-ouest du Mont-dc-
F^iété. ancienne halle aux hlrs. dr. uolif «mj 1891 rt renif)la( r- fj.ir
l'îlôt limité par les rues Saint Bonaventure. Président C'arnot et (irô
\éc. Saint BonavtMiture. cjui mourut !<• 14 jiiilh-l 1274. pf-iuianl la
célébration du deuxièine Concile de Lyon, y fut enterré.
La construction de l'éj^lise actuelle remonte au commencement chi
XIV*' siècle, mais elh» ne fut terminée cju'en 1468. Simon de Pavie,
médecin des rois Charles VII et Louis XI. fit construira les troi»
dernières trivées de lé^ilise. ainsi cjue la façade qui a été complè-
tement reconstruite par l'architecte Anthelme Benoit en 1858.
Cette église a abrité pendant plusieur:; siècles les institutions popu-
laires de l'Ancien Régime. Les Confréries d'ouvriers s'y réunissaient
et la plupart des corporations y avaient leur chapelle.
* A-
Les amateurs de théâtre ont le choix, à Lyon, entre le Grand
Théâtre, où l'on joue le grand opéra, l opéra comique et le ballet,
et le Théâtre des Célestins, où l'on donne le drame, le vaudeville,
la comédie et l'opérette.
Le Grand-Théâtre a été construit par Antoine Chenavard en 1829,
dans le style classique qui était à la mode à cette époque. L'intérieur
a été entièrement remanié par Dardel. Ces restaurations ont altéré
le caractère de la salle, où se voit encore un beau plafond par
Abel de Pujol. La scène est vaste et bien disposée. L'ancien foyer
avait été décoré d'une façon curieuse par Perlet. On l'a refait, il
y a quelques années, et on lui a donné une décoration nouvelle.
Le plafond est orné de trois grands médaillons par Joanny Domer.
Le Théâtre des Célestins occupe l'emplacement de l'ancien monas-
tère des religieux de ce nom. fondé à Lyon en 1407 et sécularisé en
1778. 11 a été construit par l'architecte lyonnais Gaspard André, La
façade est d'une belle ordonnance et la salle est décorée avec autant
de richesse que de goût. Le plafond, superbement peint par Joanny
Domer, représente le Songe d' Aristophane.
*
N'ayons garde d'oublier un troisième théâtre, plus célèbre encore
que les précédents : le Théâtre Guignol, aussi populaire à Lyon que
peut l'être à Paris la Maison de Molière.
Guignol n'est pas. comme on l'a cru. la transformation d'une
marionnette italienne, et il n'est pas davantage de la famille des
Pierrots, à laquelle appartiennent les Gille, les Jocrisse, les Janot,
les Cadet-Roussel. Ce n'est pas non plus Figaro, auquel on le
com.pare trop facilement et avec exagération. Pour un point de res-
semblance, il y a dix contrastes. Cette petite figure n'a pas besoin de
frère aîné. Unique dans son genre, elle offre une des manifestations
les plus originales du génie populaire lyonnais, et l'on peut dire
que, semblable à la Minerve antique, elle est sortie tout armée du
cerveau de l'ouvrier en soie Laurent Mourguet (1769-1844), qui l'a
-{ 26 )-
sculp>tée lui-mênie et, en la façonnant, lui a donné ses propres traits.
En elle s'incarne l'âme spéciale de toute une classe ; en elle se réflé-
chissent les moeurs déterminées de toute une époque.
D'où vient le nom de Guignol > On s'est livré à ce sujet a de
savantes et inutiles dissertations. A en croire les érudits, le nom
est très ancien. Aux XIV^' et XV^' siècles, les cadets de la puissante
famille consulaire de Varey le portaient par surnom. Eh bien ! on
s'est trompé, et l'erreur provient d'une mauvaise lecture. Le « cogno-
men » des Varey n'est pas Guignol, mais Guignot, ce qui est très
différent. Dans un terrier de 1313, je trouve : Johannes de Varey,
dictus Guignot (il habite rue Bonnevaux, aujourd'hui rue de la Répu-
blique, n"'^ 33-43).
Quant à l'origine du mot, M. Onofrio. savant magistrat, éditeur
du Théâtre Guignol, prétend qu'elle se tire d'une expression qu'em-
ployait un vieux canut, ami de Mourguet. lorsqu'il avait bien ri :
« C'est guignolant ! » disait-il, et cette exclamation signifiait : c'est
très drôle, c'est très amusant.
Malheureusement, l'adjectif guignolant n'étant qu'une forme alté-
rée de guignonnant, qui veut dire ennuyeux, pénible, l'explication
est contradictoire et doit être rejetée.
Il y en a une autre à laquelle M. Onofrio n'a pas songé et que
fournissent ia physionomie et les yeux mêmes de Guignol. Sa figure
est légèrement asymétrique, il louche un peu et guigne de l'œil. De
là son nom ; Guignceil, puis, par corruption. Guignol. Les gamins
(les gones) l'appelaient ainsi dans les premiers temps, et aussi Belœil,
TorVoeil, Louch'œil, ce qui est concluant. En Provence, Guignol se
nomme aujourd'hui Tap'à-Vœil, et Gnafron Bastian.
*
* *
Parmi les statues que Lyon a élevées à ses grands hommes, il en
est quelques-unes qui méritent d'être signalées. J'ai déjà parlé de
la statue d'Ampère par Textor et de celle du maréchal Suchet par
Dumont ; il faut citer encore celles de Bourgelat (cour de l'Ecole
Vétérinaire) par Fabisch, du chirurgien Ollier (place de ce nom) par
Bouchet, de Claude Bernard (cour de la Faculté de Médecine) et de
Bernard de Jussieu (quai des Brotteaux) par Pierre Aubert, du sergent
Blandan, par Thomas Lamotte (place Sathonay).
Le sol qui s'élève en pente derrière cette statue (Jardin des Plantes)
et devant celle d'Auguste Burdeau, récèle le monument le plus
illustre de nos antiques origines nationales. Là gisent encore en
partie les ruines de l'Amphithéâtre, où se réunissaient les délégués
des soixante-quatre cités des trois Gaules et où se dressait l'autel
consacré à la divinité de Rome et d'Auguste. C'est dans cette
enceinte que la Gaule, en dépit du despotisme romain, a réalisé
pour la première fois cette unité que Vercingétorix. qui devait suc-
comber à Alésia, avait conçue dans ses rêves héroïques et patrio-
tiques.
La statue de YHonnme de la Roche, qui s'élève dans un enfonce-
ment de rocher, sur le quai Pierre-Scize, est le résultat d'une bévue
liistorique.
Depuis un temps immémorial, il existait au sommet du rocher une
statue de bois ayant remplacé celle d'une divinité antique et repré-
sentant un personnage vêtu à la romaine, s'appuyant d'une main
sur une lance et, de l'autre, tenant une bourse. Comme pour toutes
-( 27 )-
let figurationn de ce t^riirr. ri rllrn nr MonI puH nircM, il »r racontnil
h son Hujrt iinr ié^rnclr. tuujourH lu mrinr, molivrr pnr la boiirHr.
<t (jui fainait dr cr dirii deH rirhruMCH un prr»onna({r l>irnfaiManl
Perspective de la montée de l'Amphithéâtre. (Cl. Syndicat d'Initiative.)
ayant jadis doté les filles pauvres du quartier. Des gens bien inten-
tionnés, mais fort ignorants, s'imaginèrent un beau jour qu'il s agis-
sait de Jean Cléberger, riche négociant nurembergois établi à Lyon,
et dont les bienfaits ont conservé la mémoire sous le nom justement
mérité du Bon Allemand. Une souscription fut ouverte pour rem-
-( 28 )-
Façade de la maison des Thomassin, fin du XV' siècle, place du Change
ICI. J. Sylvestre.!
Cour de l'ancien Hôtel de Ville, fin du XV siècle, rue de la Poulaillerie. 13.
C\ J. Sylvestre.
-( 29 )-
placer la Mtaliir <lf ho: . p.u uiif <lr- |»if-rrf. rrprrarntant C IrLrryrr.
dont le portrait aulhrnti<)iir. pir Alhrrt Diirrr, eit cormervé au
Mus^e de Virmir ru Aiitri< l»r. Laru iriiiif Hliiliir fui drtrônrr dr \n
place (luVIle i)v {iii^ait rt. au cir.ssouH. on iiiHtalla ( rllr tir C IcbrrKer,
par TousHaiiit Ronnairr (1849).
Lyi>ii possrdt* plusirurs foulaiiu s monuiiuMitale» qui animent ses
places (*t contribuent à leur einhellisHenient : la fontaine de la plac*
Morand. f)ar Tony Desjardins, élevée aux frais des habitant» du
quartier <les Brotleaux. en souvenir de l'affranchissement des ponts
du Rhône, sous Napoléon 111 (la statue en marbre cjui la couronne
est du sculpteur Cjuillaume Bonnet) ; la jolie fontaine Renaissance
construite par René Dardel et décorée d'un vC^^'F^*' <'n bronze
représentant saint Jean baptisant le Christ, par Bonnassieux ; la fon-
taine en plomb martelé de la place des Terreaux, par Bartholdi ;
la fontaine de l'Hôtel de Ville, avec ime gracieusf statuette de
Mathurin Moreau ; enhn, l'admirable fontaine de la place des Jaco-
bins, chef-d'oeuvre de l'architecte Gaspard André (les sirènes sont
du sculpteur Delaplanche. et les statues de Philibert Delorme. Guil-
laume Coustou, Gérard Audran et Hippolyte Mandrin, qui la déco-
rent, sont du sculpteur lyonnais Charles Degeorge).
^:
^■. *
Au centre de la ville et surtout dans les quartiers Saint-Jean et
Saint-Paul, on voit beaucoup de maisons des XV et xvr siècles,
facilement reconnaissables à leur ordonnance et à leur décoration.
Citons :
L'hôtel de la Couronne, bâti au XV*" siècle par les de Varey. et
qui a servi d'Hôtel de Ville de 1604 à 1652 (rue Poulaillerie, n'^ 13) ;
la maison des du Perler, n*^ 4. rue Mercière ; celle de Guillaume de
Rouville, à l'enseigne de VAnge, et l'ancienne hôtellerie de Sainte-
Marthe, avec son joli puits Renaissance n''^ 54 et 58, même rue ; la
maison du libraire Hugues de la Porte, acquise plus tard par un
libraire non moins connu. Horace Cardon (n^ 68, même rue) ; la
maison de la Madeleine (aujourd'hui Chambre des Notaires, montée
du Gourguillon). construite par les frères Guichard et Pierre du
Choul, embellie et agrandie par leur fils et neveu, l'antiquaire,
Guillaume du Choul, bailli des montagnes du Dauphiné ; la maison
des Laurencin. place de la Trinité, celle du Soleil (fin du XVIF siè-
cle), même place : l'hôtel de la Chamarerie de l'Eglise de Lyon, où
logea M'"^ de Sévigné en juillet 1672 et en octobre 1673 (n° 57. rue
Saint-Jean) ; les maisons des Trois Maries et du Jeu de Paume (rue
Trois-Maries) ; les maisons de V Outarde, du Bœuj, du Crible, rue du
Bœuf ; les maisons n^^ 2. place de l'Ancien-Gouvernement, n"^ ! 1
et 9, rue Saint-Jean, modèles précieux de l'architecture civile au com-
mencement du xvr' siècle ; la façade de la maison n° 14, rue Lai-
nerie ; la maison dite Henri IV, montée Saint-Barthélémy (xvir' siè-
cle) ; les maisons Baronnat. Lentillon (xvir' siècle), Grolier, rue de
la Loge, montée du Change, rue Juiverie. et, dans l'arrière-cour du
n^ 8 de cette rue. la galerie construite en 1536 pour Antoine Bul-
lioud, receveur général des finances, par Philibert Delorme. à son
retour d'Italie ; la maison paternelle des Thomassin. place du
-( 30 )-
Change, n" 2 ; les maisons n'"" 14 et 12. rue de Gadagne. construites
par les frères de Pierrevive et possédées plus tard, la première par
La maison du Soleil, fin du XVI P siècle, place de la Trinité ;
la rue Saint-Georges à gauche, et à droite, perspective de la
montée du Gourguillon, (Cl. J. Sylvi'tre.)
les Gondi et la seconde par Thomas et Guillaume Gadagne. C'est
dans cette dernière demeure, acquise par la Ville, que sera installé
prochainement le Musée du Vieux Lyon.
*
* *
Je n'ai encore rien dit des rives de la Saône ; elles sont pourtant
ravissantes. Du quai Saint-Antoine, on jouit de la plus gracieuse vue
du monde. Voici le Palais de Justice, construit par Baltard en 1835,
et sa colonnade aux lignes majestueuses ; à gauche, les ponts du
Change et Ja Feuillée, la Croix-Rousse aux reliefs variés et que
couronne le dôme des Chartreux ; à droite, la Primatiale, Saint-
Georges, chef-d'œuvre de grâce et de légèreté ; l'Antiquaille et ses
blancs pavillons, l'ancien Grand-Séminaire, la Quarantaine que do-
mine le Puy d'Ainay, et, dans le lointain, les Etroits aux riantes
villas, où Jean-Jacques Rousseau passa une nuit délicieuse.
Que si l'on gravit la colline couverte de verdure et qui sert de
-f 31 )"
loiul à <r miiv^MjUf- lahlriiu. \r dvi or t luil^r n vur d ni rt. fjii liaul
du (otraii. < rst un vnHte panorama qur Icril rmbrafmr. Au pied
(lu «prclalrui . uiir villr iminrriMr. in«r<|urtrr <\r placcN, (\r rurs,
d avriuicH, conHlrllcf dr \\ri\\rn, dr dôiurs. dr < Icx lirrM, <ïr mninons,
rt dont Ir inurmurr Mrlrvrr hruisMiint cominf \r Wourfionnrrnrnt
d'une ruclu* v^i^antcnqur ; deux ^l'^^i^^^'^ llruvrH déroulant en repli»
ondulcMix Ifiir ruban argenté aux reflets d'opale et d'azur, et qui
vont se perd'r (ians l'Iiori/Dn lointain ; |)uiH. par delà, la plaine sanH
bornes se heurtant a.i mur infraiu ln.s.sal)lr des AlpeH ; iri. 1- Val
romey. la Clvirlreuse ; là. le Verrors. le Pelvoux semblant s'unir
avec le Pilât, mais si éloignes que tous ces monts de deux à trois
mille mètres paraissent de légers festons que domine le massif du
mont Blanc aux glaciers étincelants. Puis, ramenant le regard au
pied de la colline, on retrouve la ville de Lyon, non moins majes-
tueuse que la n.ilure. étalant ses splendeurs avec orgueil el montrant
tous ses édifices comme sci un plan merveilleux.
FÉLIX Desvernay.
Maison de la fin du XV'' siècle, rue Lainerie, 14
Cl. J. Sylvestre.)
— V J^
Laurent Mourguet, créateur de
Guignol, buste par Fr. Girardet,
surmontant le monument de la
place du Doyenné.
GUIGNOL ET SON THEATRE
Guignol ! Ce nom n'est inconnu
d'aucun Lyonnais, et il n'est pas un
enfant de notre vieille cité qui n'ait
vu jouer les pièces du répertoire gui-
fjnolesque.
Ceux qui n'ont pas vécu à Lyon ne
l'ignorent pas non plus. Ils ont en-
tendu vanter l'originalité de ce théâtre,
dont les œuvres ont un aspect si par-
ticulier qu'elles sont rarement inter-
prétées avec l'accent qui leur con-
vient, la vie qu'elles doivent rendre,
par les Parisiens.
Quel est donc ce Guignol, type clas-
sique de l'ancien artisan lyonnais, bon
garçon qui accueille joies et tristesses
de l'existence avec philosophie ?
C'est l'incarnation du canut lyon-
nais. Dans les luttes du capital et du
travail, nos ancêtres curent à souffrir
de nombreuses crises économiques.
mais ils les supportèrent avec cet
esprit narquois, railleur qui domine chez notre Guignol.
Le théâtre qui porte son nom n'est pas un de ces théâtres brillants
où la psychologie moderne et l'élégance raffinée de la forme s'effor-
cent d'unir des effets qu'apprécient dilettantes et décadents. C'est
un théâtre à l'image de la vie populaire, simple, ignorant l'outre-
cuidant désir d'étonner la galerie.
Le type de Guignol a été créé, au début du XIX'^ siècle, par Lau-
rent Mourguet.
M. Justin Godart a présenté Guignol, ainsi que les autres person-
nages de notre théâtre local, en une étude excellente (1). Nous ne
pouvons mieux faire que de laisser la parole au député de Lyon :
« Depuis cent ans qu'il amuse les Lyonnais et les Parisiens et
qu'il vit dans les coulisses, écrit M. Godart, il n'a pas cédé au cabo-
tinage facile et n'a cherché le succès qu'en restant lui-même. Quel
caractère dans cette tête de bois !
« Ne lui demandez peint les plaisanteries du jour, les chansons
grivoises, les moyens risqués pour vous amuser. Il est tel qu'il nous
apparut en 1808, et, s'il regarde avec curiosité cet auditoire auquel
il n'est point accoutumé, cette salle splendide (2), il n'en est guère
ému dans le fond ; quand, ce soir, il fera ses confidences à sa
Madelon - car il est fidèle, simplement — tout au plus souli-
gnera-t-il de son juron familier ses impressions et. lui dira-t-il, en
parlant avec admiration de son auditoire féminin : « Nom d'un rat,
« y avait tout de même de chenuses colombes. »
« 11 va vous jouer les plus vieilles pièces de son répertoire, qui est
(I) Guignol et l'esprit honnais, par M. Justin Godart — Lyon. A. Rey, 1912.
(2i M. Godart présentait ainsi Guignol dans une conférence organisée par les Annales a
Paris, et qui fut terminée par une représentation de pièces du théâtre lyonnais de Guignol.
33 )
inrpuisable. Si t|urlnurH uncM Hont rcritrH. rrnt cin(|imntr environ,
la plupart «ont rrHlrrn à l'rlnt de Himplr ( anrvaN Hur Ircjiirl, au «rc
de sa verve, il brodr (ha(|ur jour, NainiNHant l'actualité, la souli^tnant
d'un trait vif. on souinrMaiit au coiitrôlr cir lit lri(|iir Irn hoiniiirB
<lu inoinriil. Bi<*n avant Paris, dans son lljrâtrr rnfunir, (jui^nol a
lait \r journal parlr.
« Outre IrH fonirdirH iuMpircr» cira ( laMsIcjucH du tlirâlrr (\r la
foire. Guignol a toute une collection de parodirn, surtout de parodies
il'oprraH. A Lyon, où l'Oprra nr connaît point de rriMc. car il est
ircquenté rr^ulirrenit'iit par des ^rns cjui pairnt Irur place, après
avoir entendu les Hu^^ucnots ou haust, on ne manque point d'aller
applaudir Gui^^nol dans le rôle de Raoul de Nantis ou de laust.
« Un de nos auteurs «uij^nolesques lyonnais. Alexis Rousset.
excellait en l'art bouffon de ces parodies c|iii ont unv vrrve endiablée
et sont du meilleur comique.
u Je vous laisse à penser ce que peut être laust, devenu Guignol.
Je vous assure que le personnage y gagne beaucoup, au moins en
moralité, puisque Faust-Guignol, qui est foncièrement honnête. n<*
voit d'autre dénouement possible à la situation que vous connaissez,
que d'épouser Marguerite.
« Guignol est toujours correct. Point d'équivoques scabreuses, de
mots grossiers.
« La censure n'a jamais eu à lui faire de remontrances et à sévir.
J'ai feuilleté une centaine de manuscrits de pièces ; sur un seul
les censeurs ont joué de leurs ciseaux. Offusqués du nom d'un
personnage, ils ont fait changer Courtecuisse en Courtejambe. Il
faut reconnaître que. depuis, nous en avons entendu bien d'autres.
« Guignol a la répartie prompte.
c( Entendez-le discuter avec son propriétaire, qui voudrait bien
toucher ses termes en retard. C'est M. Canezou. « Je viens savoir »,
dit-il à Guignol — qu'il a pu enfin rejoindre grâce à un subter-
fuge — « je viens savoir quand nous finirorfs pour notre compte. »
« Guignol, bon apôtre : « Notre compte ?... Oh ! si vous me
a devez quèque p'tite chose, ne v's gênez pas ; je sis pas pressé. »
« Et cela dure sur ce ton, tellement, qu'impatienté, M. Canezou
finit par protester « Mais vous me faites des contes à dormir
« debout. « Guignol de saisir au vol l'occasion de s'esquiver : « Ah !
« v's avez ben raison... Allons nous coucher. »
M. Justin Godart a décrit le personnage, son visage, son accent,
son allure, son costume :
« Guignol a un accent. Il articule assez lentement, traînant sur
la dernière syllabe. C'est, vous le savez, dans le fracas des mé-
tiers, le seul moyen de se faire comprendre. Si l'on crie à tue-tête,
on participe uniquement au bruit général, et on n'est point
entendu. Guignol siffle un peu les S et parle du nez. ce qui serait
dû à nos brouillards porteurs de coryzas chroniques.
« Enfin, il a gardé ses habits d'autrefois. Son chapeau était à
cornes, mais comme Guignol est prompt à la bataille, cognant
volontiers de la tête, on lui a cloué son chapeau en rabattant lf.-s
cornes. Sans quoi on n'aurait pas pu lui en tenir.
(( Il a une physionomie expressive qu'anime encore le frétillement
de son sarsifis.
« L'intensité réelle de cette figure de bois vient de ce qu'elle
est légèrement asymétrique. Nos artistes locaux qui sculptent des
guignols les font un peu loucher, déséquilibrent les traits, ce qui
-( 34 )-
communique une vie particulière à ces
têtes qui. s'agitant avec vivacité, sem-
blent s'animer sous les lumières. D'ail-
leurs, le procédé est connu. C'est celui
qu'a employé Léonard de Vinci pour
donner a la Joconde son air énigmatique
et prenant. L'art aboutit ainsi à des rap-
prochements inattendus, la Joconde et
Guignol. Guignol n'en est pas plus fier
pour cela, d'autant que la Madelon pour-
rait être jalouse.
« La Madelon c'est sa femme. »
M. Godart nous la présente ainsi :
« Elle a une psychologie simple. La
domine, la préoccupation qui angoisse
tant de femmes dans certains intérieurs,
d'équilibrer le budget avec un maigre et
incertain salaire,
baret quelques
est-elle sans cesse
riâtre, débordée
du ménage qu'elle
complir avec or
« Elle a un dé
varde et quelque
gue. Au marché
chande d'herbes,
des légumes pour
cause volontiers
et le prochain
frais de la conver
suis laissé dire
passait pas autre
coup de salons de
Guignol a un
Gnafron.
M. Justin Go
lui un portrait pit
le reproduire tou»
Guignol.
de sauver du ca-
économies. Aussi
en défense, aca-
par les besognes
ne sait pas ac-
dre.
faut : elle est ba-
peu mauvaise lan-
ou chez la mar-
quand elle achète
sa soupe, elle
avec les voisines
fait en partie les
sation. Mais je me
que cela ne se
ment dans beau-
la bourgeoisie. »
compagnon : c'est
Gnafr
dart a tracé de
toresque : il faut
entier :
« Cordonnier en vieux, il répare les misères
de la chaussure humaine, et ce lui est sujet
à philosopher qu'une paire de souliers usa-
gés. Comme Guignol, il a l'empreinte pro-
fonde de son métier. Le savetier est un isolé
dans son travail. C'est un petit artisan qui,
tout le long du jour, clos en son étroite
échoppe, réfléchit. Il n'est point pris tout
entier par sa besogne. Alors que ses mains
œuvrent, son esprit vagabonde. Gnafron a
découvert que tout est vanité pour avoir, de
ses doigts gourds et poisseux, remis à neuf la
Les trois principaux personnages du Théâtre de Guignol ;
photographies des poupées originales de Laurent Mourguel-
Madelon.
-( 35 )-
bottinr rléj^antr et finr ; ri il [jrencl la vir commr elle vient, tant
80uci, iir HiïHiuiétnnt piiM du Inulrinain. ( f)ijtrnt s'il a <\r quoi licher.»
Car Gniifron affrctionnr la li< IniiHon. C VmI un iulrrpulr vide-
houtrillrs ri nul ii'ii plus (jur lui < omprlriu r pour vantrr Icm qun-
litt'H dr iiotrr drlicirux vin du Braujolai». LorMqu'il parle du JUH de
la treille. (|ui a vermillonné son viHage. et lorsqu'il en chante lei
vrrtiiH « avrf unr voix irrc'in('dial)lfmfut -iirourr ■■. il a des « accents
altrndris •• .
«' Ainsi, nous contr Ir drputr dt- Lyon \r mrtier de rrj^rol-
leur n allant plus, Gnafron chrr( lir un jour tjurllr profession avan-
tageuse il pourrait embrasser. Collf c\r rrnlirr lui conviendrait assez.
Et. dans les h rèrcs Coq, apprenant (\uc son interlocuteur est rentier,
il s'exclame : « Ah ! en voilà un fameux état... Monsieur n'aurait
« pas besoin d'un associr. par hasard? » Comme il reçoit une réponse
négative. Guignol lui conseille de se faire marchand de vin. Gnafron
de protester : u Marchand de vin ? Jamais ! Est-ce que ça se vend,
« le vin ? Si j'en avais, est-ce que je le vendrais ?
« Et qu'en ferais-tu donc ? » demande Guignol.
u - Je le boirais. Le vin, ça se boit, ça se donne aux amis,
« mais le vendre ? Abomination ! »
« Dans les Valets à la porte, Gnafron. à qui il est dû de l'argent,
accepte de l'intendant l'offre d'être payé en nature. Naturellemenc
Gnafron demande du vin. L'intendant s'excuse de ne pouvoir lui
en donner, la justice ayant mis les scellés sur le vin. L'indignation
de Gnafron ne connaît alors plus de bornes : « De quoi se mêle-
« t-elle, la justice ? Est-ce qu'on peut empêcher les honnêtes gens
« de boire ? Il ne devrait pas être permis de saisir le vin ! »
« Au fond, Gnafron est une bonne nature, bien que bambocheur.
détesté de la Madelon, parce qu'il a une mauvaise influence sur son
mari et l'entraîne boire. Il est grave, sentencieux, un peu lourd,
contrastant avec la vivacité de Guignol. Il a une sentimentalité
d'ivrogne et de bons mots bien nature. Dans les Tribulations de
Duroquet, suffoqué de ce que sa fille, la Dodon, lui déclare tout net
qu'elle ne se mariera jamais, Gnafron se lamente : « Ah ! mon
« Dieu ! mon Dieu ! ma fille que veut rester garçon. »
C'est cette trinité — ajoute M. Justin Godart — Guignol, Gnafron.
Madelon. qui, avec les autres comparses épisodiques créés par la
fantaisie des auteurs des pièces de Guignol, « tient notre scène et
excite notre joie ».
Ces types originaux sont chez nous, à Lyon, vraiment légendaires,
et, ainsi que je le disais tout a l'heure, il n'est aucun Lyonnais qui
ne se soit diverti aux représentations si comiques des théâtres dans
lesquels sont jouées les pièces de Laurent Mourguet et de ses suc-
cesseurs.
Guignol fait partie de nos traditions locales. Aussi, pour l'entre-
tenir, une Société s'est fondée récemment : les Amis de Guignol.
Cette Société organise des concours de pièces, afin d'enrichir
le répertoire si original des anciens auteurs lyonnais.
Jean VeRMOREL.
1 J
Groupe scolaire de \'aisc, façade sur le quai Jayr. Cl. J. Sylvestre./
L'ENSEIGNEMENT
ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
Porte de la Tourette, décorant aujourd'hui
l'entrée de l'Ecole normale d'institutrices.
bibliothèque, salle des
L'enseignement primaire est
donné à Lyon dans 2 écoles nor-
males, 6 écoles primaires supé-
rieures, 105 écoles primaires élé-
mentaires de garçons ou de filles
et 44 écoles maternelles.
I^jl^ i Ecoles Normales. — L'£co/e
normale d'Instituteurs est située
boulevard de la Croix-Rousse.
Elle reçoit 100 élèves. La durée
des études est de trois années. Une
section de quatrième année pré-
pare l'examen d'entrée à l'Ecole
normale supérieure de Saint-
Cloud. Les bâtiments ont été
construits en 1882-1885. Au de-
vant, en bordure du boulevard,
se trouve la cour d'honneur ; de
chaque côté et en arrière sont
disposées les salles de cours et
les services annexes : réfectoire,
professeurs, logement du directeur et
-( 38 )-
de l'économe. L'école possède un jardin où les élèves-maîtres sont
initiés a l'horticulture et à l'agriculture. Une vaste salle avec amphi-
théâtre (entrée rue de Chazières) peut réunir à la fois tous les élèves
et sert aux conférences et aux réunions des Sociétés scolaires du quar-
tier de la Croix-Rousse.
L'Eco/c normale d'Institutrices est située sur le boulevard de la
Croix-Rousse, à l'angle de la rue de la Tourette. Elle reçoit 120 élè-
ves. La durée normale des études est de trois années. Une section
de quatrième année prépare a l'entrée de l'Ecole normale supé-
rieure de Fontenay-aux-Roses. Construite en 1886-1888, l'Ecole do-
mine la ville. De la galerie qui se développe en arc de cercle, on
aperçoit toute la cité, ses monuments, ses deux fleuves, ses quais ;
plus loin, la plaine du Dauphiné, et même, par les jours clairs, la
chaîne des Alpes et le mont Blanc. Les salles de classe sont spa-
cieuses, baignées d'air et de lumière, et les services installés de
manière parfaite.
Ecoles Primaires Supérieures. — La Ville de Lyon possède six
écoles primaires supérieures : trois, spéciales aux garçons et situées
rue Chaponnay (3^ arrondissement), rue Neyret (1^^ arrondissement)
et rue Condé (2^ arrondissement) ; trois, spéciales aux filles, établies
place Guichard (3^ arrondissement), Palais des Arts (!*'' arrondisse-
ment) et rue d'Auvergne {2^ arrondissement). Les écoles de garçons
sont pourvues d'ateliers pour le travail du fer, du bois et pour le
modelage. Dans les écoles de filles est donné, ou!;:? l'enseignement
intellectuel et éducatif, un enseignement ménager et professionnel,
qui prépare les élèves à leur futur rôle de mères de famille.
L'installation des écoles supérieures de la place Guichard (filles)
et de l'écoie de garçons de la rue Chaponnay répond à tous les
desiderata de tels établissements, comme aussi l'installation de gar-
çons de la rue Neyret.
Ecoles Primaires Elémentaires. — Il y a à Lyon 105 écoles pri-
maires élémentaires : 53 écoles de garçons, 52 écoles de filles,
44 écoles maternelles.
L'installation matérielle laisse très peu à désirer. Si quelques écoles,
dans le centre même de la ville, sont encore établies dans des locaux
loués, une amélioration considérable a été réalisée dans ces dernières
années. En 1905, M. Herriot, maire de Lyon, a fait dresser les plans
et devis de construction de 14 groupes scolaires ou d'écoles. Ce pro-
gramme est presque entièrement réalisé. Le K'' arrondissement a vu
s'élever, au pied de la colline de la Croix-Rousse, le groupe de la
rue du Sergent-Blandan, complété par une école maternelle ; —
dans le 5^ arrondissement, au Point-du-Jour. un groupe, composé
d une école de filles et d'une école de garçons ; quai Jayr, un
groupe complet, qui, avec sa façade d'élégantes proportions, ses
cours spacieuses, ses salles de classe baignées d'air et de lumière,
ses cantines, ses préaux et, au sous-sol, ses salles de bains-douches,
étincelantes de faïences claires, constitue véritablement un modèle
parfait d'installation scolaire ; rue Tissot, une école maternelle qui
complète l important et spacieux groupe scolaire de la Duchère ; ~
dans le 3"^ arrondissement, le groupe de la rue Meynis, celui de la
Buire ; — dans le 7^, le groupe Jean-Macé, le groupe de la rue
Louis, qui sont des écoles où rien n'a été négligé pour une instal-
lation parfaite des classes : salles spacieuses, éclairage parfait.
-( 39 )-
mobilirr siolairr h la fois élégiint ri confortablr, vniitrH dctfa^r-
inents, sallrM dr drMMin. cl'cnMeiKurinrnt rnrnagrr. c\r haiiiH ri do
douche», rie.
On recoininaiwlf la visitr cirn Iroin ^r()iiprH NuivétntM : place Jean-
Macé (7** arrondiMBcmnit). quai Jayr (3'' arrondiMiiement) et rue du
Srrv^cnt Blandan (1' i'.rrondisarmrnt).
Quai Joyr. La la^adr chI sur la rivr gniirhr dr la Saône. On on
a une vue d'ensemble du quai de Serin, sur la rive droite. Sur le
quai Jayr est située, au rez-de-chaussée. Técole maternelle ; au pre-
mier et au deuxième rtaj^es. l'école de filles, A l'entrée de l'école
maternelle, un vestibule ; à gauche, le cabinet de la directrice ; à
droite, la salle d'exercices et les salles de classe. L'école de garçons
a son entrée rue de Saint-Cyr. Au rez-de-chaussée, un préau qui
précède la cour de récréation. Au premier et au second étages, les
salles de clasvse. le cabinet du directeur.
Il y a trois cours de récréation, autant de préaux couverts. Au
centre, s'élève le bâtiment des cantines scolaires, avec réfectoires et
cuisines.
Dans les sous-sols de l'école de filles, sont installés des bains-
douches, comprenant douze cabines. Un cabinet destiné aux visites
médicales complète cette installation.
Rue du Scrgent-Blandan. — Ce groupe, inauguré en octobre 1913,
renferme une école degarçons (6 classes) et une école de filles
(6 classes). L'école de filles occupe le premier étage, entrée rue
Fourret ; l'école de garçons, le deuxième étage, entrée rue du Ser-
gent-Blandan. Au rez-de-chaussée se trouvent les cours de récréa-
tion et les préaux couverts. Au sous-sol, la cantine scolaire, la cui-
sine et le réfectoire, une salle disposée pour les bains-douches. A
l'école de garçons existe un cabinet pour la visite médicale des
élèves.
Les salles de classe, les escaliers, les couloirs sont décorés de frises
au pochoir.
Rue Jacquard. — Ce groupe comprend une école de garçons
{7 classes), une école maternelle (3 classes), une école de filles
(6 classes).
L'école maternelle est située entre l'école de garçons et l'école de
filles. Au rez-de-chaussée, des préaux couverts et trois vastes cours
ombragées. Les salles de classe des trois écoles, les escaliers, les
corridors sont largement éclairés. A l'école des filles, l'intérieur a été
entièrement décoré de belles frises au pochoir d'un effet charmant
et d'un goût irréprochable.
Place Jean-Macé. — Ce groupe, achevé en septembre 1913. com-
prend une école de filles et une école de garçons, entrée rue de
l'Université, et une école maternelle, entrée rue Chevreul.
L'école de filles occupe le premier étage. Elle a six salles de
classe desservies par un large couloir bien éclairé. A côté du bureau
de la directrice a été ménagé un cabinet de consultations médicales.
Une vaste salle est destinée à l'ouvroir du jeudi.
^'école de garçons occupe le second étage ; elle possède six
salles de classe, d'éclairage parfait.
Les deux écoles sont pourvues du chauffage central à air chaud.
-( 40 )-
Au troisième étage ont été aménagées des salles destinées aux
réunions po;.tscolaires conférences populaires, patronage du di-
manche, réunions d anciens élèves, etc.
L'école maternelle, au rez-de-chaussée, comprend une salle d'exer-
cices et trois salles de classe.
Dans le sous-sol. e-rt aménagée une salle peur les bains-douches
tièdes.
Entre les cours de récréation s'élève le bâtiment des cantines
scolaires, avec réfectoires et cuisines.
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
A. — Garçons.
L'Enseignement secondaire est donné au Lycée Ampère, rue de la
Bourse, n'"* 29 et 31, et dans ses trois annexes, qui sont : le petit
Lycée de Saint-Rambert-nie-Barbe. à 7 kilomètres de Lyon, planté
sur un coteau dominant la Saône ; l'Annexe de l'avenue de Saxe,
n° 253, dans le quartier de la Guillotière ; l'Annexe de l'impasse
Catelin, n" 5, et de la rue de l'Abbaye-d'Ainay, n^ 1, dans le quar-
tier de Perrache.
Cet enseignement est des plus florissants, puisqu'il compte
2.070 élèves, ainsi répartis : Grand Lycée Ampère, 1.345 élèves ;
Petit Lycée de Saint-Rambert, 125 élèves ; Annexe de Saxe, 350 élè-
ves ; Annexe de Perrache, 225 élèves.
Les Annexes urbaines sont des externats : seuls les Lycées Ampère
et de Saint-Rambert sont des internats qui reçoivent en outre des
externes et des demi-pensionnaires.
Comme la population très dense du Lycée Ampère étouffait dans
des locaux insuffisants et incommodes, il a fallu construire un cin-
quième Ljcée. Il s'achève ; et la Ville de Lyon et l'Etat inaugure-
ront sans doute le 1"'" octobre 1914 le nouvel et magnifique établisse-
ment élevé par leurs soins dans le quartier des Brotteaux : ce Lycée
du Parc recevra tous les pensionnaires actuellement au Lycée Ampère
et les externes des quartiers environnants.
Les trois Annexes du Lycée Ampère reçoivent les élèves depuis
l'âge de quatre ans à quatorze ans ; toutes les petites classes y sont
parfaitement organisées : divisions primaires (classes de 9^, lO*" et
enfantine), divisions élémentaires (classes de 7*^ et 8^). classes du
premier cycle (4^ 5^ et 6*^ A et B).
Au Lycée Ampère, qui seul est un Lycée absolument complet,
sont centralisées toutes les classes du second cycle et toutes les
préparations aux divers baccalauréats des Sciences et des Lettres,
ainsi qu'aux grandes Ecoles du Gouvernement (Polytechnique. Cen-
trale, Saint-Cyr, Ecole Normale Supérieure, Ecoles des Mines de
Paris et de Saint-Etienne, Institut National Agronomique ).
Les succès du Lycée Ampère sont tels qu'ils lui ont acquis depuis
très longtemps une excellente réputation, que maîtres et élèves
tiennent à justifier et à maintenir. On peut affirmer en toute vérité
qu'il est à la tête des Lycées de province.
-( 41 )-
B. — Jf.unrs Fillf.s
/\ rLiisci^inriiu-nt sn oiulairt- (irs jriinc.s hllm est afîrc le un Mupnbr
rtablisHrmrnl .situr plncr EciRar-Quinet, ri portant \r nom cïc « Lyccr
Nntionnl drs J<MinrH fillrn ».
Le HiK'crH a (IrpasHr Irn prévisioiiH Ifs plus optimistes : car plus dr
six cents rlrvrs s'cMitassrnt rntrr 1rs niiirs de re Lycée neuf. Aussi
rommence-t-il à devenir trop étroit. 11 aurait besoin, comme son
antique doyen le Lycée Ampère, d'essaimer au dehors et de créer
une ou deux annexes dans (jueKjurs cjuarliers de Lyon.
Le Lycée de jeimes filles est un rxtfrnat (jui reçoit drs flemi-pen-
sionnaires. Les élèves, dont les parents habitent h* département du
Rhône ou les régions voisines, doivent prendrr pension dans des
familles de la ville.
L'enseignement du Lycée de jeunes filles ( oinprend I" Des
classes primaires et élémentaires, confiées à des institutrices de choix ;
2" Des classes secondaires, confiées à des agrégées de l'Université
et à des professeurs pourvues des grades les plus élevés. 11 y a cinq
années d'études, divisées en deux périodes : la première est de trois
ans ; le certificat d'études secondaires de troisième année la sanc-
tionne ; la deuxième est de deux ans ; le diplôme de fin d études la
sanctionne.
3'^ Enfin, une sixième année et des cours supérieurs et spéciaux
préparent. 1 une aux grandes Ecoles nationales, et les autres aux
diverses épreuves du baccalauréat.
L'UNIVERSITÉ DE LYON
L'Université de Lj'on cAi^te, sous ce titre officiel, depuis la loi du
10 juillet 1896. Auparavant, le décret du 28 décembre 1885, par
l'établissement du Conseil général des Facultés, avait bien groupé
les quatre Facultés, mais celles-ci seules avaient la personnalité
civile, dont l'Université a été dotée à son tour lors de sa création.
L'Université de Lyon est la plus importante des Universités de
province par le nombre des étudiants. Elle possède 4 Facultés, avec
76 professeurs titulaires, 10 professeurs adjoints, 22 agrégés en exer-
cice, 20 agrégés libres, 32 chargés de cours et maîtres de conférences.
En ajoutant à cet état-major de 160 personnes les chefs de travaux,
les chefs de laboratoire, les chefs de clinique, les préparateurs, les
prosecteurs, les moniteurs de travaux pratiques, etc., on arrive à un
total de plus de 250 personnes participant à la distribution de l'en-
seignement supérieur à Lyon. Les succès d'ordre scientifique, d'ordre
littéraire, d'ordre pédagogique, remportés par ce personnel d'élite,
ne se comptent plus.
Le nombre des étudiants s'est élevé, en 1913, à 3.109.
Les quatre Facultés et la Bibliothèque sont établies sur le bord du
Rhône, le long du quai Claude-Bernard, dans de superbes bâtiments
qui couvrent une superficie totale de 32.903 mètres, sans parler
des annexes, telles que l'Institut de Chimie, 1 Observatoire de Saint-
-( 42 )-
Genis-Laval et le Laboratoire de Physiologie maritime de Tamaris-
sur-Mer. Les dépenses de construction et d aménagement de l'Uni-
versité se sont élevées a une vingtaine de millions.
Faculté de Droit. — La Faculté de Droit, fondée en 1875, a pris
aussitôt un brillant essor ; à l'origine, elle comptait 123 étudiants ;
actuellement, le palais du quai Claude-Bernard abrite près de
900 élèves. L'enseignement est distribué à cette importante popula-
tion scolaire par 15 professeurs et 5 Directeurs de conférences ; il
porte sur toutes les branches des Sciences juridiques et sociales :
Grande salle de la Bibliothèque de l'Université. Cl. Serv. phot. Université.)
Droit privé, Droit public, Histoire du Droit, Economie politique, Lé-
gislation comparée. Dans ces dernières années, la Faculté s'est
efforcée d'accroître encore son rayonnement en orientant plus direc-
tement son enseignement sur les différentes carrières juridiques : de
cette préoccupation utilitaire sont nés l'Ecole de Notariat, l'Institut
des Sciences économiques et politiques, et l'Institut Pratique destiné
à la formation des futurs magistrats, avocats, avoués, etc.
Grâce à ces utiles créations, grâce à la clientèle qu'elle s'est assurée
à l'étranger, et tout spécialement en Egypte et en Orient, clientèle
que ne manquera pas d'accroître l'Ecole de Droit dont les pemières
assises viennent d'être posées à Beyrouth, la Faculté de Droit de
Lyon devient un des foyers juridiques les plus intenses qui soient
en France et en Europe : elle étend son influence sur des régions
lointaines et marque de son empreinte les disciplines les plus diverses.
Faculté de Médecine. — Ouverte en 1877, la Faculté de Médecine
et de Pharmacie ne pouvait que recruter aisément, dans une région
de population aussi dense que la nôtre, un grand nombre d'étudiants,
appelés dans notre centre par le renom des maîtres lyonnais et par
-( 43 )-
les rrsHoiirccs incoiiipariihlrs cJr noM Hôpitaux, où «ont Moi|{nctt plu»
de 4.000 inulades.
Les Services srientifujurs dr la lanillr sonl inMiallcs dann im
véritable palais, qui |)jiraisHuit au cirhut trop ^rnrul pOiir les rlrv-*
qui devaient y trouver place. Ces élève»» y »ont aujourd'hui h l'étroit,
en raison des exigences toujour» pluH (grandes de l'mHeijînement. et
surtout de la recherche. Les Services de C'himie. transférés dans un
Institut spécial, ont fait place à un Laboratoire d'i^y^^irne frès bien
pourvu ; le Laboratoire de Médecine léyalr renferme des < ollectiona
et des matériaux d'études qu on ne trouverait nulle part ailleurs dan»
notre pny.v. Le Musée Anatomique, enrichi par des libéralités, est
Laboratoire d'Hygiène de la Faculté de Médecine. iCl. Serv. phot. Université.
aménagé avec luxe. Au Laboratoire d'Histologie, les travailleurs se
pressent nombreux et déjà a l'étroit. Le Service de Médecine expé-
rimentale évoque les grands noms de Chauveau et d'Arloing. Celui
de Physiologie, tout proche, est également un foyer d'activité scien-
tifique intense, et on en pourrait dire autant des autres Laboratoires,
où le travail se poursuit sans relâche et avec les résultats les plus
honorables.
Ce qui caractérise l'effort scientifique de la Faculté, c'est la direc-
tion essentiellement médicale des savants qui y travaillent, rattachés
qu'ils sont, pour la plupart, à la vie hospitalière.
Faculté des Sciences. — La Faculté des Sciences est organisée
pour enseigner, non pas toute la Science, mais presque toute la
Science, depuis les formes les plus élevées et les plus abstraites des
Mathématiques jusqu'aux Sciences d'expérimentation et d'observa-
tion. Suivant le courant qui a entraîné la plupart des autres Univer-
sités françaises, elle a fait un pas de plus du côté des applications
sociales en organisant une magnifique Ecole de Chimie industrielle
et un Institut des Sciences agronomiques. En dehors de son rôlrî
d'enseignement, la Faculté des Sciences tient un rang des plus im-
-( 44 )-
portants dans l'œuvre de recherche et de travail original qui consti-
tue sans doute la part la plus intéressante et la plus glorieuse de son
rôle de Faculté scientifique.
Faculté des Lettres. — La Faculté des Lettres possède tous l^s
enseignements relatifs aux Langues et Littératures classiques, aux
principales Langues modernes, aux différentes périodes de l'Histoire,
à la Géographie, à la Philosophie. Elle a une chaire d'Histoire de
Lyon et de la Région lyonnaise, une maîtrise de conférence d'An-
tiquités lyonnaises, deux chaires de l'Histoire de l'Art. Elle enseigne
l'Egyptologie, le Sanscrit, le Chinois, l'Arabe et le Turc. Elle a
Musée de rcoulages de la Faculté des Lettres. (Cl. Serv. phot. Université.)
organisé des Instituts de Géographie et de Pédagogie, un Musée-
Pédagogique, des collections de moulages d'œuvres égyptiennes,
grecques, médiévales. Elle prépare aux fonctions de l'enseignement
secondaire et aux grades supérieurs de l'enseignement primaire. Elle
a des cours spéciaux pour les étudiants étrangers et collabore aux
cours du Collège Oriental de l'Université et de l'Institut Lyonnais des
Sciences économiques et politiques. Outre les diplômes d'Etat, elle
confère les certificats et diplômes suivants : Doctorat de l'Université,
Diplôme d'études pédagogiques supérieures. Diplôme d'études chi-
noises. Certificat d'études supérieures. Certificat d'études françaises
pour les étrangers.
Bibliothèque de l'Université. — Les inventaires mentionnent
285.000 unités, ouvrages divers et thèses. Les vieux fonds de la
Bibliothèque sont importants, mais ce sont les ouvrages modernes
qui forment sa richesse principale et en font un instrument de tra-
vail de premier ordre, complété par 1.500 périodiques qui rensei-
gnent les lecteurs sur les travaux les plus récents et de tout ordre.
( 45 )■
ÉTAni.ISSF.Mr.NTS Dl^PFNnANT Dl I L'NlVLH.SIif.
OnSIHVATOIKK DV. SaINT-GKNIS LaVAI.. I/01)Hrrvntoirr- rir I .yon
est situé à environ 10 kiloii.ètrrs. au sud ourst du rrntrr <ir la villr.
sur la colline dr Braurrj^ard ft Saint GruiH-Laval. h 300 nirtrrM d'alti-
tudr. 11 a été édifié sous la dirrrtion c\r fru Ch. André, à laidr drn
subsides dr l'Etat, du Déj)arlcm(*nt et dr la Villr dr Lyon, (jui en
est propriétaire.
Les principaux instruments sont :
Un cercle méridien, don de M. R. Bischofsheim. de 0 m. 15 d'où
verture et 2 m. 20 de longueur focale, construit par Mie liens ;
Un écjuatorial coudé, de Gautier, de 0 m. 32 d'ouverture et 7 mè-
tres de foyer ;
Deux équatoriaux de 0 m. 16 d'ouverture et 2 m. 35 de foyer, cJt s
frères Brunner et d'Eichens-Gautier ;
Une lunette horizontale de 0 m. 32 d'ouverture et 7 mètres de
foyer, qui fonctionne avec un sidérostat dont le miroir en verre
argenté a 0 m. 40 de diamètre, installation due à Gautier ;
Le Service météorologique, bien complet, comprend deux sta-
tions secondaires, au Parc de la Tête-d'Or. à 175 mètres d'altitude,
et au mont Verdun, à l'altitude de 626 mètres.
L'Observatoire a été pourvu récennment d'un poste de T. S. F. qui
permet de recevoir les dépêches météorologiques de la Tour Eiffel.
Enfin, l'établissement, dont le développement se poursuit sans cesse,
possède une bibliothèque de plus de 5.000 volumes ou brochures.
En outre, on doit mentionner les services que l'Observatoire
compte très prochainement rendre à l'Aviation, par l'établissement
au mont Pilât d'un poste qui serait en mesure de faire connaître, h
tout instant, le régime en altitude des vents de la vallée du Rhône
et des vallées environnantes.
Institut de Chimie. — Le bâtiment spacieux qui abrite les quatre
chaires de Chimie de l'Université (deux pour la Faculté de Méde-
cine, deux pour la Faculté des Sciences) occupe un îlot situé dans
le voisinage immédiat des Facultés, de l'Ecole du Service de Santé
militaire, de l'Ecole Centrale, de l'Institut Bactériologique. Plus de
400 étudiants viennent y chercher un enseignement chiniique général
ou appliqué. Ils y trouvent de grands laboratoires, des salles de
cours, des collections, tout un appareillage leur permettant de s'ini-
tier aux recherches ou de poursuivre leur initiation chimique.
II faut citer en particulier l'Ecole de Chimie industrielle, qui
compte une centaine d'étudiants destinés à rendre les plus grands
services à l'industrie, à Lyon, dans la région et quelquefois dans
des pays étrangers, l'Ecole de Tannerie, les Laboratoires de Chimie
physiologique et pathologique, d'Analyse appliquée à la Médecine, à
la Toxicologie, à l'Hygiène, etc.
Institut de Géographie. — Près du Musée de Moulages s'ouvre la
grande Salle d'exposition de l'Institut de Géographie. Plusieurs
grands plans en relief, les Canons du Colorado, les Moraines du lac
de Garde, les Cirques glaciaires des Carpathes et un fragment du
Jura plissé, apparaissent tout d'abord. Des vitrines contiennent les
échantillons de roches et des armoires renferment la collection des
-( 46 )-
cartes des grands Services topographiques. Au mur ou sur pan-
neaux, on peut voir de nombreuses cartes de toutes provenances mé-
thodiquement choisies, dans un objet pédagogique ou scientifique.
Une brève promenade suffira à un visiteur, même profane, pour se
faire une idée des méthodes et de l'esprit de la Géographie mo-
derne. Beaucoup de documents présentés possèdent, en effet, une
grande valeur originale et n'ont été souvent obtenus qu'avec difficulté.
Institut de Pédagogie. - Cet Institut, qui comprend un Musée et
une Bibliothèque, réunit les enseignements relatifs à l'enfance et à
l'éducation : Psychologie et Physiologie de l'enfant. Hygiène et Lé-
gislation de l'enfance et de l'école. Hygiène de la parole. Pédagogie
théorique et pratique, Philosophie de l'éducation. Chaque année, est
organisée une Semaine pédagogique où sont étudiées, en une série
de conférences, les questions actuelles les plus importantes.
Institut des Sciences économiques et politiques. — Cet Institut,
dont l'existence a été reconnue par un arrêté ministériel du 27 no-
vembre 1912, a pour but « de donner aux étudiants français ou
étrangers un enseignement qui soit le couronnement d'une éducation
vraiment libérale, et à les préparer à certaines carrières administra-
tives, politiques ou financières », notamment aux carrières diploma-
tique et consulaire, à celle des banques et des assurances, à l'inspec-
tion du travail.
Aucun grade ni titre préalable n'est exigé des personnes qui
désirent se f-xire inscire ; la durée des études est de deux ans ; les
élèves qui ont satisfait aux deux examens de fin d'année obtiennent
un diplôme de « Sciences économiques et financières » ou de
« Sciences politiques et administratives ».
Institut Agronomique. — En raison de l'importance du centre agri-
cole, viticole et horticole de la région lyonnaise et de l'éloignement
des grandes Ecoles nationales d'Agriculture, la Faculté des Sciences
a organisé un enseignement agronomique complet, à la fois théo-
rique et pratique. Cet enseignement comprend trois années : les
deux premières, d'ordre surtout scientifique, sont consacrées à la
Chimie et Géologie agricoles, à la Botanique appliquée et Zootech-
nie. Ces enseignements donnent lieu à la délivrance de trois certi-
ficats d'études supérieures ou de trois diplômes spéciaux, constituant
une Licence ès-sciences complète, ou un Diplôme d'études agrono-
miques (pour les étudiants non pourvus du Baccalauréat).
Une troisième année, d'ordre plus pratique, est consacrée aux
procédés généraux de Culture, à la Viticulture, aux questions syndi-
cales et professionnelles, etc.
L'ensemble de ces études donne lieu à la délivrance d'un Diplôme
d'études agronomiques supérieures.
Collège Oriental. — Cet établissement, créé en 1911, a pour but
de donner aux étudiants orientaux un enseignement théorique et
pratique leur permettant :
I® De suivre les cours des Facultés près desquelles ils voudraient
acquérir des grades :
2" De devenir aptes aux fonctions d'enseignement dans leur pays.
L'enseignement comprend des cours, conférences, travaux pratiques
confiés à des personnes ayant une compétence spéciale ; il dure
~( 47 J-
fjuatrr nnnrrH. donl unr amu'r prcparatoirr ri troiu années d'étude»
liltrriurr.s ou se iriitiliijurH.
Station Makitimk m. Bioi.cx.ii. a I amakis-suk-Mf.k (Var). Cette
Station, annexr du Laboratoire c\r PhyHiologie de la Faculté de»
Sriences. se plate parmi les plus bcllrs Stations niarilirurM du
monde entier. On y étudie toutt-s 1rs cjurstions de Zoolo^ir. ''e Bota-
nique et de Physiologie marines et. en outre, le» questions intéres-
sant les Pêcheries, la Pisciculture. l'Ostréiculture et la Mytiliculture.
Les travailleurs y trouvent, en dehors des Services communs, une
Bihliothrcjuc des rolleclions (*t de {.grandes salles d'exposition et
d oiîservalion.
LaBORATOIRK DK PhoTOMJ^ÎTRIK. Ce Laboratoire est destiné aux ap-
plications dr la Photométrie à léclairaj^e par le gaz et l'électricité.
Laboratoire de Phoiograf^IIE. Ce Laboratoire possède un
outillage perfectionné qui lui permet de répondre à toutes les de-
mandes de travaux photographiques qui lui sont adressées par les
Laboratoires.
Ecole de Droit et Ecole Technique de Beyrouth. - Enfin. l'Uni-
versité a placé sous son patronage une Ecole de Droit et une Ecole
d'Ingénieurs que l'Association Lyonnaise pour le Développement à
l'Etranger de l'Enseignement supérieur et technique vient de fon-
der à Beyrouth (Syrie).
associations
Autour de l'Université se sont groupées un certain nombre d'.As-
sociations. savoir :
Amis de l'Université ;
Association Générale des Etudiants ;
Association Générale des Etudiantes ;
Association des Anciens Etudiants en Droit ;
Association des Anciens Elèves de la Faculté des Lettres ;
Association des Anciens Elèves de l'Ecole de Chimie industrielle.
Association Lyonnaise pour le Développement à l'Etranger de
l'Enseignement supérieur et technique ;
Comité Lyonnais d'Expansion universitaire.
Un Comité de tutelle, formé d'hommes de bonne volonté, sur-
veile, sur la demande des parents ou des Gouvernements, les étu-
diants étrangers, et supplée ainsi les parents absents.
ECOLE DU SERVICE DE SANTE MILITAIRE
L'inauguration de l'Exposition Internationale de Lyon se trouve
coïncider avec la cél^^bration du vingt-cinquième anniversaire de la
reconstitution de l'Ecole du Service de Santé militaire.
Il y a, en effet, vingt-cinq ans, que cette Ecole fut réorganisée et
installée à Lyon, pour remplacer celle de Strasbourg qui, jusqu'à
l'annexion et quatorze années durant, avait donné des médecins
-( 48 1-
instruits à l'Armée et de véritables savants a l'Enseignement et à
l'Académie de Médecine.
Avant d'exposer le but, l'organisation et le fonctionnement de
l'Ecole actuelle, il convient de donner un souvenir de patriotique
reconnaissance à sa glorieuse aînée, demeurée vivante dans le coeur
de ceux qui ont vécu ses derniers jours.
Création de l'Ecole de Strasbourg. — Jusqu'en 1850, le recrute-
ment des médecins militaires était compliqué et sans grand rende-
ment.
Les étudiants en médecine qui se destinaient au Corps de Santé
de l'Armée de terre étaient répartis pour deux années entre les trois
hôpitaux d'instruction : Metz, Lille, Strasbourg. Réunis ensuite pen-
dant un an à l'Hôpital de perfectionnement du Val-de-Grâce, ils
en partaient pour effectuer, en qualité de sous-aides, un temps va-
riable de service dans les Hôpitaux militaires de France et d'Algérie.
Ils revenaient alors, à nouveau, faire une quatrième année d'études
dans l'un des hôpitaux d'instruction. Enfin, pendant une cinquièrrxe
et dernière année passée au Val-de-Grâce, ils subissaient leurs exa-
mens et optaient alors, soit pour la Médecine, soit pour la Chirur-
gie, soit même pour la Pharmacie.
L'insuffisance et la complexité de ce recrutement inspirèrent à
Bégin l'idée de la création d'une Ecole. Ce fut Michel Lévy qui réa-
lisa la fondation de l'Ecole de Strasbourg (12 juin 1856).
Jusqu'en 1860, le recrutement se fit par un concours entre étu-
diants à huit et à douze inscriptions qui achevaient leurs études, au
titre militaire, sous les ordres directs des Agrégés de la Faculté.
En 1860, Sédillot fut placé à la tète de l'Ecole, où n'entrèrent
désormais par concours que des jeunes gens pourvus des diplômes
de bachelier es lettres et es sciences, ayant, par conséquent, à effec-
tuer à l'Ecole toute leur scolarité, qui durait quatre années.
Le nombre des élèves passa rapidement de 120 en 1860 à 290 en
1864 et à 390 en 1870.
L'Ecole de Strasbourg disparut en pleine prospérité, non sans que
les « Carabins » eussent inscrit pendant le siège une dernière page
à la tradition glorieuse du Corps de Santé militaire.
Aussi, le 16 septembre 1870, la Commission Municipale, présidée
par le vénéré professeur Kûss, leur vota des remerciements publics,
et l'immortel défenseur de Strasbourg, le général Uhrich, écrivit,
quelques jours après, dans sa proclamation :
« Où trouverai-je des expressions suffisantes pour dire à quel point
j'admire ces nobles jeunes gens qui ont accepté avec tant d'enthou-
siasme le poste périlleux des ambulances avancées ? ))
PÉRIODE INTERMÉDIAIRE. — La paix rétablie, le recrutement des
médecins militaires dut être modifié. Des étudiants en médecine à
quatre, huit, douze inscriptions, admis par concours, reçurent le
titre d'Elèves du Service de Santé.
Répartis entre les Facultés ou Ecoles de Médecine, attachés aux
Hôpitaux militaires de ces villes pendant les premières années de
scolarité, ils achevaient leurs études a Paris et passaient au Val-
de-Grâce deux années, dont la dernière était employée au stage
spécial.
De 1880 à 1889, la scolarité dut être achevée dans les Facultés de
province, et les jeunes docteurs en médecine étaient réunis au Val-
-{ 49 )-
yî
-'. 50 }-
de-Grâce uniquement po-jr le stage. Ce régime demeura en vigueur
jusqu au rétablissement, a Lyon, de l'Ecole du Service de Santé,
en 1889.
Création de l'Ecole de Lyon. — Dès 1872. le Ministre de la
Guerre avait invité le Conseil de Santé de l'Armée à lui présenter
un projet pour le rétablissement, dans une grande ville, d'une Ecole
semblable à celle qui avait disparu. Les pourparlers engagés avec
diverses villes aboutirent seulement en l888.
Lyon fut choisi à cause de ses richesses hospitalières, qui ne I2
cèdent en rien aux plus grands centres d'Europe, du renom de sa
Faculté, dont les maîtres ont conquis un rang éminent dans les
sciences médicales et enfin, aussi, en raison des libéralités consenties
par la Municipalité lyonnaise.
La loi portant création de l'Ecole est du 14 décembre 1888. Le 25
du même mois, un décret réglementa les conditions de son orga-
nisation.
En attendant la construction du magnifique établissement actueL
l'Ecole fut provisoirement installée dans les bâtiments de l'Hôpital
militaire Desgenettes, sur le quai Gailleton. Elle fut ouverte aux
élèves le 10 mars 1889.
L'Ecole occupe actuellement un groupe de bâtiments dont la pho-
tographie d'ensemble ci-jointe donne une idée exacte.
Elle abrite 478 élèves. Des agrandissements ont dû être effectués
en 1913, pour permettre de loger le supplément d'effectif imposé
par le nouveau régime des études médicales, qui augmente d'un an
la durée de la scolarité, et la loi du 7 août 1913 qui a supprimé
l'année de service accomplie par les futurs médecins militaires.
Avec les travaux récents, l'installation de l'Ecole de Lyon aura
coûté près de 4 millions à la Ville.
But. Organisation. Fonctionnement. — Le but de l'Ecole du Ser-
vice de Santé militaire est d'assurer le recrutement des médecins
et des pharmaciens des troupes métropolitaines, de les seconder dans
leurs études universitaires, de leur inculquer le sentiment du devoir,
de la discipline, du travail et de la solidarité, en même temps qu'ils
prennent conscience, par l'exemple de leurs chefs et de leurs
maîtres, de leur dignité physique et morale, ainsi que de la respon-
sabilité professionnelle.
Les élèves sont recrutés normalement parmi les étudiants à quatre
inscriptions, mais les promotions peuvent éventuellement être com-
plétées par l'admission, après concours, d'élèves à huit ou douze
inscriptions. La grande majorité des élèves à quatre inscriptions passent
quatre années à l'Ecole. Ils y continuent leurs études médicales au
même titre que les autres étudiants ; ils subissent leurs examens
universitaires devant la Faculté de Médecine.
Ils sont préparés aux divers actes de leur scolarité par des Méde-
cins-Majors répétiteurs, recrutés au concours, qui ont pour mission
de compléter l'enseignement donné, par une étude spéciale des
points du programme qui n'ont pu être traités dans les cours cor-
respondants de l'année scolaire.
L'emploi du temps est réglé de la façon suivante : lever à 6 heures
en été et à 6 h. 30 en hiver, suivi d'exercices d'assouplissement et
du petit déjeuner. Les deux promotions les plus jeunes se rendent
ensuite dans les services des Hôpitaux militaires Desgenettes et
( 51 ^
Villcmanzy, où ollrs sonl iiiilircH à l'ctucir cir lu bcinciologir, à la
ProptWlfuticjur ci au fom lionnnnrnt du Srrvitr de Santc.
EllcH vont rnsnilr. dr 9 heures n II li. iO. ainsi que IrH autres
proniotioiiH, daiiH les nomhrrux servicrs <\r» HoHpiceM riviU de l Hô-
tel-Dieu, de la C'harif(\ «Ir 1* Anti(|uaille. de la Croix-RousHe. de
Bron, suivant un tour rlabli d'avance et cjui les fait passer succès
siveinent par les C'iinicjues chirurj^ic aies, médicales et spéciales. Le
déjeuner a lieu à midi ; il est suivi d'une récréation et éventuelle-
ment de conférences avec interrogations.
De 14 heures à 18 heures, les élèves assistent aux ( ours et aux
Bibliothèque de l'Ecole du Service de Santé militaire.
divers travaux pratiques de la Faculté. Ils s'y rendent isolément ; les
entrées et les sorties sont contrôlées.
Le dîner est à 18 h. 30.
Après le dîner, une sortie est autorisée ; sa durée varie avec
chaque division et suivant le degré de scolarité. De 20 à 22 heures,
étude obligatoire pour les jeunes, facultative pour les anciens. Cou-
cher à 22 heures.
Deux fois par semaine, sorties facultatives, le jeudi de 19 à 22 ou
23 heures ; le dimanche, de 7 heures à 22 heures, 23 heures ou
minuit, suivant l'ancienneté du séjour à l'Ecole.
Des permissions diverses (théâtre, excursions, etc.) sont accordées
aux élèves qui les ont méritées.
Séances d'équitation tous les jeudis, au Quartier de cavalerie de
la Part-Dieu. A l'intérieur de l'Ecole, exercices d'escrime, pratique
de la bicyclette et des méthodes récentes d'éducation physique.
Chaque matin, deux élèves assistent, avec le Médecin de service,
à la réception des denrées alimentaires. Ils sont initiés ainsi aux
expertises de tous genres pour lesquelles ils seront souvent requis
dans le cours de leur carrière. Ils établissent eux-mêmes le projet
des menus de chaque semaine.
Ils sont enfin instruits sur toutes les parties des règlements mili-
-( 32 )-
taires dont la connaissance est indispensable au médecin militaire, et
plus spécialement sur les détails des règlements du Service de Santé
en temps de paix et en campagne. Ils sont exercés aux fonctions de
brancardiers militaires et assistent à des démonstrations du matériel
technique du Service régimenlaire et des Ambulances.
Ils suivent des conférences de langue allemande.
Le Personnel de l'Ecole comprend :
Un Médecin Inspecteur, Directeur ;
Un Médecin Principal, Sous-Directeur ;
Un Médecin-Major de l'"^ classe. Major ;
Sept Médecins-Majors de K^ ou de 2^ classes, répétiteurs, dont
quatre pour la partie médicale et trois pour la partie chirurgicale ;
Quatre Médecins-Majors de 2^ classe, surveillants ;
Un Officier d'Administration de K^ classe, Trésorier ;
Un Officier d'Administration de 2^ classe, chargé de l'Habille-
ment ;
Dix Adjudants (dont un Vaguemestre et un Maître d'armes) secon-
dent le personnel des Officiers de l'Etat-Major de l'Ecole.
Les Médecins-Majors Répétiteurs nommés au concours sont aussi
Médecins traitants dans les Hôpitaux militaires de la Ville.
La discipline de l'Ecole est libérale et tolérante ; elle s'inspire
de l'obligation de maintenir l'ordre et le bon fonctionnement d'un
établissement dont le nombre d'élèves, à l'heure actuelle, avoisine
cinq cents.
Les punitions consistent en arrêts simples et de rigueur, en répri-
mandes des diverses autorités de l'Ecole. Les faits graves, deux
échecs successifs à un même examen ont pour conséquence la
comparution devant un Conseil de Discipline, qui peut proposer
l'exclusion.
L'uniforme de l'Ecole est bien connu à Lyon ; il a été calqué
sur celui des Elèves de l'Ecole Polytechnique, à cette différence,
toutefois, que le képi et le pantalon sont en drap garance. Cet uni-
forme, très seyant, anime les réunions officielles et mondaines, où la
présence des Elèves est très appréciée, ce que justifient leur bonne
tenue et leur éducation.
Depuis vingt-cinq ans qu'elle existe, l'Ecole du Service de Santé
a donné au Val-de-Grâce 1 .490 médecins militaires.
L'Ecole de Lyon a contribué à relever encore le niveau scienti-
fique du Corps de Santé. Nombre de ses premiers élèves figurent
déjà parmi les Répétiteurs de l'Ecole, les Professeurs du Val-de-
Grâce, et parmi les Agrégés des diverses Facultés de Médecine.
Elle a entretenu l'esprit de solidarité, de discipline, de dévoue-
ment et d'abnégation qui sont l'honneur du Corps de Santé de
TArmée.
Gardienne fidèle des saines traditions et des généreux exemples,
elle les a transmis aux générations sorties de son sein. Les « San-
tards » ont montré, comme leurs aînés, qu'ils étaient prêts à tous
les dévouements et à tous les sacrifices. Ils n'ont eu d'autre objectif
que celui indiqué par leur illustre ancêtre Ambroise Paré, le Père de
la Médecine militaire : « Le gain étant éloigné, le seul honneur leur
est proposé avec l'amitié de tant de braves soldats auxquels ils
sauvent la vie. »
Us ont suivi la voie que le baron Percy traçait aux chirurgiens de
son époque : « Allez où la Patrie et l'Humanité vous appellent,
soyez toujours prêts à servir Tune et l'autre. S'il le faut, sachez
( 53 ^ •
imiter ceux de vos j^éncroux cornpaKHonH qui. nu même poste. Hont
morts, martyrs de vv dévour-ment intrrpidr ri mai^nanime qui est le
vt'-rital)le acte de foi des hommes <!<• notre t'iat. »»
Ils ont su se faire tuer au Maroc, romiiu» Aiiverl (combat <\r lOurd
Meknès). Peulot (au camp de TeddcrH). Mallet (fi Isali-Bou-Brahirn).
Ils ont su se dévouer juscju'à la mort, en soignant leur malades,
comme Christiany. Kollin. I.homer. I alpin, Laml)ros( Inni. Louis
et Maisonnave. ()ui ont succombé au typhus, à la fièvr<* typhr/ùle. h
la diphtérie, dans des circonstances qui en font cJe véritables héros.
Honneur à eux, ils ont bien mérité de l'Armée et de la Patrie en
faisant revivre le glorieux passé de leurs aînés.
L'LLcole. inaugurée solennellement en 1889 par le Ministre de la
Guerre, fêtera son vin^t cincjuième anniversaire au printemps de
l'année 1914.
Le Corps de Santé militaire et la Ville de Lyon se proposent de
donner le plus grand éclat à la cérémonie projetée, qui coïncidera
avec l'ouverture de l'Exposition Internationale.
ECOLE NATIONALE VETERINAIRE
L'Ecole de Lyon est le berceau de l'enseignement vétérinaire.
C'est de Lyon, peut-on dire, que s'étendit peu à peu chez plusieurs
nations européennes l'enseignement régulier de la médecine des
animaux domestiques. Notre cité peut être doublement fière, puisque
le novateur était un de ses enfants dont l'œuvre a déjà largement
contribué au progrès des Sciences médicales et de l'Hygiène pu-
blique et à la sauvegarde des intérêts agricoles.
Le fondateur fut Claude Bourgelat, né à Lyon, sur la paroisse de
Saint-Nizier, le II novembre 1712. Il était le plus jeune d'une famille
de sept enfants, dont le chef, Pierre Bourgelat, marchand de soie,
fut échevin de la Ville.
Dès l'année 1750, Bourgelat conçut le projet de créer une
Ecole Vétérinaire, et il se prépare à cette création en étudiant
l'organisation et les maladies des animaux, sous la direction de deux
membres du Collège de Chirurgie, Pouteau et Charmeton.
Lorsque sa préparation fut achevée, Bourgelat sollicita l'autorisa-
tion et le concours de l'Etat. Il finit par les obtenir grâce à son
savoir, à ses hautes relations, et, faut-il le dire, à l'intérêt que sa
situation précaire inspirait à ses puissants protecteurs.
Bertin, ancien intendant de la Généralité du Lyonnais, devenu
contrôleur des finances, qui avait connu Bourgelat pendant son
séjour à Lyon, fit signer à Louis XV, le 4 août 1761, un arrêt
autorisant l'ouverture d'une Ecole Vétérinaire dans la capitale du
Lyonnais et accordant au fondateur un secours de 50.000 livres,
payables par fractions en six années.
Dans le principe, la nouvelle Ecole devait être annexée à l'Aca-
démie d'Equitation. Les locaux de cet établissement étant insuffi-
sants, et quelques-uns en fort mauvais état, il fallut abandonner le
projet. Bourgelat découvrit, dans le faubourg de la Guillotière, sur
la grande route du Midi, des bâtiments et des dépendances assez
vastes servant à l'hôtellerie ayant pour enseigne « A l'Abondance ».
-( 54 )-
U les afferma pour six années aux Hospices Civils de Lyon et les
agença rapidement.
Le logis de V Abondance ne pouvant suffire aux besoins de l'Ecole,
il fallait songer à agrandir celle-ci.
C'est en 1840 que l'Ecole entra définitivement en possession de
ses limites actuelles, et qu à cette époque le Ministre des Travaux
publics et celui du Commerce décidèrent de la restaurer sur un
plan convenable. La restauration fut confiée à Chabrol, architecte
adjoint au Conseil des Bâtiments civils.
Si l'Ecole du quai Pierre-Scize n'est pas aussi spacieuse que le
serait une Ecole construite de nos jours, elle a été cependant par
faitement adaptée, dans ses dimensions relativement restreintes, aux
besoins de l'enseignement actuel.
L'enseignement est réparti entre dix chaires sur quatre années
d'études. Dans chaque chaire, on compte un professeur et un chef
de :ravaux auxquels sont adjoints quelques élèves. Ceux-ci prêtent
leur concours au personnel enseignant, soit pour la préparation des
leçons et des exercices pratiques, soit pour des recherches scien-
tifiques.
Les dix chaires portent les titres suivants :
/''^ Chaire. -- Physique, chimie et toxicologie, pharmacie ;
2^ Chaire. — Botanique, zoologie, matière médicale ;
3^ Chaire. — Anatomie descriptive des animaux domestiques, téra-
tologie, extérieur du cheval ;
4^' Chaire. — Physiologie des animaux domestiques, thérapeutique
générale ;
5'' Chaire. — Embryologie, histologie normale, anatomie patho-
logique ;
&" Chaire. — Pathologie générale, pathologie médicale, clinique ;
7^ Chaire. — Pathologie chirurgicale, médecine opératoire, ferrure,
clinique ;
8^^ Chaire. — Pathologie bovine, ovine, caprine et porcine, obsté-
trique, médecine opératoire, clinique ;
9^' Chaire. — Pathologie des maladies contagieuses, police sani-
taire, inspection des viandes de boucherie, médecine légale et légis-
lation commerciale en matière de vente des animaux ;
/O*' Chaire. — Hygiène et zootechnie.
L'Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon est toujours restée fidèle
au programme qu'avait tracé son fondateur.
Bourgelat voulait que l'Ecole Vétérinaire s'occupât de donner à
l'agriculture des hommes initiés à la médecine des animaux domes-
tiques, et, de plus, qu'elle tînt toujours ses portes largement ou-
vertes à toutes les personnes qui auraient acquis des droits à inter-
roger la nature ; c'est-à-dire que Bourgelat entendait que l'Ecole
Vétérinaire fût ouverte à l'expérimentation dans les domaines de
la médecine et de l'histoire naturelle.
A toutes les époques, ses maîtres furent ennemis des théories et
des hypothèses ; ils s'attachent à faire progresser la science par
Tobservation et l'expérimentation. A toutes les époques, l'Ecole fut
accueillante pour les médecins, pour les physiologistes qui avaient
besoin des ressources qu'elle possédait.
L'Ecole de Lyon a fourni trois inspecteurs généraux : Bourgelat.
Lecoq et M. Chauveau ; elle compta dans son sein plusieurs corres-
pondants de l'Institut, plusieurs membres associés de l'Académie de
iVlédrrinr. i\v la Société Nalioiialf <l Aj^ru nlliirr. Arloinj(. l'unr cir
sr» récrntrn j^loircM. y fui ciirrt Irur prixlaiil virit<t-cinc| ann (I8Wj 1911).
DcH MCH débulM, rllr a introduit danft Ir LyoniiaiH plunirurH plant-:*
fourra^rrcH. Ultrrirur<-mfnl . i>ar mou rnMrii^iiriiirul. par nrn < onfc-
rriu rs fallrs à la < iniipa^iH*. rllr /. vOlltVlbUc i 1 ariiéliorttion du
hrtail.
On doit à srs profcMHrurH nombrr d'ouvrai^m cla.sMÏqurs sur les
diverses brniu hrs de l'enseiKuement et une foule de nicmoires ori
finaux d'une haute valeur. Dans ces trente dernières années, elle a
nîar(|ué sa place dans la physiolo^ir et la < liiinir physiolo^^ique, la
pathologie expériînrntah*. la bartérioloj^ie.
il n'est peut-êtrr pas i\r Corps enseignant qui, eu égard à son
faible effectif, ait produit un plus grand nombre de travaux et obtenu
un si grand nombre de récompenses académiques.
LA MARIINIERE
La MaRTINIKRE est une institution établie en 1831 avec les capitaux
légués à la Ville de Lyon par le général Martin, né à Lyon en 1735,
mort à Lucknow (Inde anglaise) en 1800. Depuis lors, de nouvelles
fondations ont permis à l'institution de se développer, notamment
celle de M'"* de Cuzieu. en 1885. Elle reçoit encore actuellement de
nombreuses dotations ; la Ville de Lyon vient tout récemment de
lui faire don d'un immeuble important. La Martinière se compose
actuellement de deux écoles établies au centre de la ville, près de la
place des Terreaux : l'Ecole des Sciences et Arts Industriels, pour
les jeunes gens (500 élèves externes), l'Ecole Professionnelle et Ména-
gère, pour les jeunes filles (300 élèves externes). L'enseignement des
deux écoles est entièrement gratuit.
L'Ecole des Sciences et Arts Industriels (9, rue des Augustins)
a été la première école technique établie en France ; à ce titre,
elle jouit d'une grande renommée. Les noms de ses premiers pro-
fesseurs. Tabareau, Dupasquier, ont acquis une célébrité universelle ;
leurs méthodes se sont répandues dans le monde entier. Après bientôt
un siècle d'existence, l'Ecole des Sciences et Arts Industriels se place,
aujourd'hui encore, au premier rang parmi les institutions qui se
consacrent au développement de l'enseignement technique en
France. Elle est destinée à renseignement des sciences appliquées à
l'industrie et au commerce. Ses élèves diplômés, très recherchés par
le commerce et l'industrie de Lyon et de la région, ont su porter
sa réputation dans toute la France et dans les colonies les plus
éloignées. Pour faire l'éloge de l'enseignement qu'ils reçoivent, il
suffit de dire que, depuis quelques années, tous les élèves sortants
trouvent immédiatement des emplois rémunérés.
L'Ecole est établie dans un ancien couvent d' Augustins (datant
de l'Ancien Régime) dont on a conservé le cloître (curieuse cour
intérieure) et auquel des bâtiments nouveaux ont été ajoutés. D'im-
portantes transformations intérieures, encore actuellement poursui-
vies, l'ont dotée d'aménagements et d'installations modernes très
intéressantes.
-f 56 )-
Un curieux Musée Industriel, autrefois ouvert au public, et qui
contient des chefs-d oeuvre de mécanique remarquables, est en voie
de réorganisation.
L'Ecole P:^ofessionnelle et Ménagère (33, rue de La Martinière)
est établie depuis peu d'années dans un immeuble entièrement neuf
qui produit l'effet le plus gracieux, avec ses fenêtres garnies de
fleurs à profusion. En plus de l'instruction générale, les jeunes fille»
y reçoivent un enseignement professionnel (commerce, broderie, con-
fection) et un enseignement ménager (blanchissage, repassage, cui
sine) qui fait l'originalité de l'Ecole. La cuisine, le réfectoire, la
blanchisserie, les salles de classe et les ateliers sont des installations
modèles qui ont souvent été imitées par les écoles françaises ou
étrangères.
Pour visiter les deux Ecoles, s'adresser à M. le Directeur de La
Martinière, rue des Augustins, 9.
La place de La Martinière est ornée d'un joli monument élevé à la
mémoire du général Martin, dont une statue (par Foyatier) existe
aussi dans la cour de l'Ecole des Sciences et Arts Industriels.
P. WlERNSBERGER.
Ecole professionnelle et ménagère des jeunes filles.
Le Pont Lafayetle et la perspective sur la Colline de Fourvière.
^Cl. J. Sylvestre.)
LES PONTS
La Ville de Lyon, par sa situation sur les rives du Rhône et de
la Saône, est une véritable cité des ponts. On y comptait déjà, en
1871, dix-huit de ces ouvrages, et ce nombre s'est encore accru
depuis, par suite du développement constant de la ville.
D'autre part, plusieurs des anciens ponts ont été reconstruits, soit
parce qu'ils ne présentaient plus des conditions suffisantes de sécu-
rité, soit parce qu ils ne répondaient plus aux besoins croissants de
la circulation.
C'est particulièrement depuis 1880 qu'ont été entrepris des tra-
vaux importants de construction et de reconstruction de ponts, qui
ont doté Lyon d'ouvrages vraiment remarquables par leur diversité et
leurs caractéristiques propres.
PONTS SUR LE RHoNE
Le touriste qui suit les quais dans le sens du courant du
rencontre successivement les ponts suivants.
Rhô
Pont de la Boucle. — Situé à l'extrémité nord de la ville, ce pont
a été construit en 1899, en face de l'entrée principale du Parc de
la Tête-d'Or.
-( 58 )-
îl se compose de trois travées métalliques en acier s'appuvant eur
<les piles et culées en maçonnerie. L'arche centrale a 90 mètres de
portée et celles de rive ont chacune 84 mètres. Chaque arche est
formée de deux arcs métalliques dépassant de 10 m. 50 environ le
niveau du tablier dans sa partie médiane, ce qui donne à l'ouvrage
une allure assez imposante. Le tablier repose sur les deux arcs par
l'intermédiaire de montants verticaux sur 10 mètres environ de lon-
gueur pris des naissances ; il est suspendu ensuite aux arcs par des
barres rigides. La longueur totale du pont est de 279 m. 50 et sa
largeur de 10 m. 80.
Pont Saint-Clair. — Un premier pont suspendu à trois travées,
construit en 1844, par la Compagnie des Ponts sur le Rhône, fut
<létruit le 29 juin 1854, pendant une crue du Rhône, par un moulin
flottant qui se détacha de la rive du fleuve et alla heurter le tabliei
de la travée centrale.
Pont Lafayette.
Le pont actuel, également suspendu, a été construit en 1855-1856,
par la même Compagnie, et racheté en 1860 par la Ville, qui sup-
prima en même temps le péage. Ce pont comprend six travées indé-
pendantes dont l'ouverture moyenne est de 30 m. 50 seulement. Le
tablier est supporté de chaque côté par deux câbles formés chacun
<je 350 brins parallèles en fil de fer. L'ouvrage à 6 m. 60 de largeur
utile et 235 mètres de longueur.
Pont Morand. — L'ancien pont, construit en 1774, par un architecte
lyonnais (Morand), était complètement en bois. Il avait dix-sept
travées et mesurait 12 m. 90 de largeur entre garde-corps. Ce pont
constituait une entrave à la navigation et un danger pour la circula-
tion. Il fut remplacé, en 1888-1890, par un pont métallique à trois
arches de 63 mètres et 64 m. 50 d'ouverture, reposant sur des piles
et culées en maçonnerie. Chaque arche métallique est constituée par
huit arcs en acier en forme de caissons et à âme pleine. L'ouvrage
actuel a 214 m. 50 de longueur et 20 mètres de largeur.
Passerelle du Collège. — Cette passerelle, qui est suspendue, a
été construite en 1844, par la Compagnie des Ponts sur le Rhône, et
rachetée en 1860 par la Ville, qui supprima le péage.
-( 59 --
Elle se compoMr (\r troiH IravrrM ; Irn drux trnvéei» dr rive ont
chncunr 42 m. "JO (r(Hivrrliirr. ri la trnvrr rrnlralr 107 mètrrH Le
tublirr a 4 inrtrrH dr hir^rur rnlrr K«»rdr < orpH. La travrr crnlrale
ent Mupportrr par un Hriil cûblr ni fil <lr frr df H70 hrinn. Deux
râhlrt» infrrirur.s (ontrrvrntrnt Ir tablirr.
La i^aMHrrrllr. d'un < aractrrr élct^ant. rnl extrêmement légère.
PoNI Lai AYK.rn.. Un prfimrr poni avail été construit par \\
Compa^nir <lrs l^onls sur le l^hône en 1825 1828 ; il fut racheté par
In Ville rn 1860. et le péa^*" fut supprimé. Ce pont se composait
dr neuf arc hrs cintrées, en charprntr. rrposanl sur des piles en
pirrrr i\r taillr.
L état d affaissrnirnt rt de vétusté de.s charpentes devenant mena-
çant pour la sécurité publique, le pont Lafayette a été reconstruit en
1888-1890. en même temps que le pont Morand. Ces deux ouvrages,
du même type, ne difîrrent guère que par l'ornementation. Le pont
Lafayettr a 20 mrtres de largeur et 214 mètres de longueur.
Les piles du pont Lafayette ont reçu, comme motifs de décoration.
I I
Projet du Pont de l'Hôtel-Dieu actuellement en conslruclion-
des reproductions en fonte des statues, oeuvres des frères Coustou.
le Rhône et la Saône, qui ornent la Salle des Pas-Perdus de l'Hôtel
de Ville.
Pont de l'Hôtel-Dieu. — Le pont suspendu, qui vient d'être
démoli en vue de la reconstruction d'un pont fixe plus important,
datait de 1838 et était également l'œuvre de la Compagnie des
Ponts sur le Rhône. La Ville l'avait racheté en 1860 et avait sup-
primé le péage. Ce pont se composait de trois travées, d'ouvertures
presque égales. Le tablier mesurait 7 m. 10 de largeur utile.
Cet ouvrage étant devenu tout à fait insuffisant pour la circula-
tion, très active sur ce point entre les deux rives, son remplacement
-s'est imposé.
Le nouvel ouvrage, actuellement en cours de construction, aura
quatre grandes arches de 42 à 49 mètres de portée, plus daux
petites arches sous culées, dites « arches de décharge ». Il se
composera de deux ponts jumeaux en pierre, de 5 m. 05 de largeur
chacun, séparés par un espace libre de 10 m. 80 ; le tablier sera
constitué par une dalle en béton armé reposant sur les deux ponts
jumeaux. La largeur de l'ouvrage sera de 20 mètres entre parapets,
sa longueur de 220 m. 50 ; il est prévu pour être mis en service
en 1916.
Pont de la GuiLLOTIÈRE. — L'histoire de ce pont remonte à une
époque imprécise. D'après la chronique, l'ancien pont de bois qui
-( 60 )-
avait été construit antérieurement s'écroula en 1190. sous le poids
des chariots de bagages qui suivaient les armées de Philippe-Auguste
et de Richard Cœur de Lion partant pour la Croisade.
On ignore l'époque à laquelle un pont de pierre à l'aval de l'an-
cien fut élevé. On sait qu'Innocent IV y contribua. Cette entreprise
Pont de la Guillotière et perspective sur la colline de Fourvière.
(Cl. Syndicat d'Initiative, i
dura près de quatre siècles, l'ouvrage étant pour ainsi dire détruit
à mesure de sa construction, par chaque crue importante. Les tra-
vaux, conduits successivement par plusieurs Confréries, ne furent
terminés qu'en 1570.
Le pont actuel de la Guillotière comptait à l'origine vingt arches,
dont neuf jetées sur le fleuve même ; huit autres s'étendaient sur la
rive gauche jusqu'à la place du Pont, et trois prolongeaient l'ou-
vrage sur la rive droite, hors le lit du fleuve ; ces dernières furent
supprimées à une époque reculée. La longueur du pont était ainsi
-( 61 )-
con8iclcrable (650 m. rnviron) ; rllr n rtr fortrmrnt réduite vcri
1840. piir la création du cours de BroHHrn (actuellement cours Gam-
Ix'lta) t|iii a entraîne la MuppreHMion de hIx arrheH rive ^(nurhe. C'est
à cette «•p()(|ue (|ue le pont fut rlat^i par la ( réation rie trottoirs
en enc orhellement. pour remédier à liHMiiffiHarH r- fif* Toiivra^r, (\n
vaut l'importance de la circulation.
Enfin, la construction des quais de la rive gauche, en 1859, a
nécessité la suppression de trois nouvelles arc lies, ce qui en a réduit
le nombre à huit. Le* pont actuel a donc huit arches ; il mesure
275 mètres de lon^fueur et 10 m. 90 de largeur.
Cet ouvrage ne répond plus depuis longtemps aux besoins d une
circulation de jour en jour plus intense, et Ma reconstruction est
envisagée. Un projet a été dressé à cet effet ; il est .soumis artuellc-
m-^nt n l'approbation de l'autorité supérieure.
Pont de l'Université.
Pont de l'Université. — Ce pont a été construit en 1899, comme
le pont de la Boucle, pour répondre aux besoins créés par l'exten-
sion de l'agglomération sur la rive gauche.
Ce pont, qui a 267 m. 50 de longueur et 20 mètres de largeur,
est formé de trois arches métalliques en acier, et de deux arches
en maçonnerie dans les culées. L'arche centrale a 72 m, 50 d'ouver-
ture, les deux autres 67 m. 50. Chaque arche est constituée par huit
arcs en acier laminé, en forme de caissons et en treillis.
Le pont est orné de quatre pylônes en pierre formant candélabres
au-dessus des piles.
Pont du Midi. — Un ancien pont suspendu avait été construit en
1847, par la Compagnie dite « des Ponts Napoléon )>. Sa largeur.
qui était de 7 mètres, ne suffisant plus à la circualtion croissante, et
son état étant peu satisfaisant, il fut remplacé, en 1889-1891. p^r
un pont métallique à trois arches, sur piles et culées en maçonnerie.
L'arche centrale a 69 mètres d'ouverture et les deux arches de rive
ont chacune 63 mètres. Chaque arche est constituée par huit arcs
-( 62 )-
en acier laminé, en forme de triple T. Ce pont a 229 m. 50 de
longueur et 20 mètres de largeur.
Pont des Abattoirs. — L'établissement de ce pont s'est imposé
du jour où la création des nouveaux Abattoirs de la Mouche est
entrée en voie d'exécution. Sa construction, commencée dans le
second semestre 1913, subira un temps d'arrêt égal à la durée de
l'Exposition ; elle sera reprise aussitôt après.
Cet ouvrage sera en béton armé ; il aura trois grandes arches
mesurant : l'arche centrale 66 mètres, et les arches de rive chacune
62 mètres ; en outre, deux petites arches de décharge seront con-
struites sur bas-ports. Sa largeur sera de 20 mètres, se décomposant
en deux trottoirs latéraux de 3 m. 25 chacun, et deux chaussées de
5 m. 50 chacune, séparées par un trottoir axial de 2 m. 50. Sa lon-
gueur sera de 225 mètres environ,
PONTS ovJR LA SAÔNE
Etant arrivés au confluent du Rhône et de la Saône, nous pou-
vons continuer la visite des ponts de Lyon en remontant le cours
de la Saône.
Nous trouvons alors successivement les ponts suivants :
Pont de la MulaTIÈRE. — Le pont actuel, en fonte, construit en
1830, reconstruit en 1840 et 1858, est utilisé à la fois comme pont-
route (côté sud) et comme pont-rail (côté nord) (chemin de fer de
Lyon à Saint-Etienne).
Ce pont est en cours de reconstruction, et nous aurons, d'ici
quelques années, deux nouveaux ponts métalliques distincts, paral-
lèles, séparés par un intervalle de 10 mètres environ.
Chaque ouvrage comportera trois travées, dont une centrale de
89 m. 30 de portée, et deux travées de rive de 44 m. 70.
Pont du Midi. — Ce pont suspendu fut construit, en 1847. par
Ferdinand Seguin, pour le compte de la Compagnie « des Ponts
Napoléon ». En 1865, la Ville racheta ia concession et supprima
le péage. Ce pont, appelé autrefois pont Napoléon, fut reconstruit
en 1888, mais on conserva les maçonneries des piles et des culées
de l'ancien pont. L'ouvrage actuel, du type des ponts suspendus
rigides, a 6 m. 60 de largeur et 125 mètres de longueur.
Pont d'Ainay. — Un premier pont, en bois, de neuf arches et de
7 m. 50 de largeur, fut construit en 1748, par l'Hôpital Général de
la Charité ; il s'effondra en partie en 1793 et fut emporté par le
courant. Un deuxième pont, en charpente, de 8 m. 70 de largeur,
constitué par cinq arches cintrées, de 20 mètres d'ouverture moyenne,
fut commencé par l'Etat en 1811 et terminé par les Hospices de Lyon
en 1818.
Le pont actuel a été construit en 1897-1899. Il mesure 119 mètres
de longueur et 10 mètres de largeur, et est formé de trois arches
métalliques sur piles et culées en maçonnerie. L'arche centrale a
39 m. 20 et les arches de rive 35 m. 30 chacune. Chaque arche est
constituée par six arcs en fonte en forme de double T.
Les piles et culées sont surmontées des candélabres monumentaux
en fonte d'art.
( 63 ^■
'/i
u
-(64)-
PasseRELLE Saint-Georges. - La passerelle Saint-Georges a été
construite en 1852, par le concessionnaire Wedrichovosky. La Ville
l'a rachetée en 1865 et a supprimé le péage. Cette passerelle sus-
f>endue n'a qu'une seule travée, de 74 mètres, avec un arceau sur
chaque rive dans les maçonneries des culées. Le travée centrale est
soutenue par quatre câbles en fil de fer de 250 brins chacun, passant
sur des fléaux en fonte de 4 m. 85 de hauteur et s'infléchissant vers
les puits d'amarres des culées où ils sont attachés à des barres en
fer forgé. La largeur utile du tablier est de 3 m. 80.
Pont TiLSITT. Un premier pont en bois, à péage, construit vers
1636. fut emporté par une crue en 1711. Il fut reconstruit suivant 1*-*
même principe, mais, en 1780, on dut l'interdire à la circulation par
mesure de sécurité et établir un pont provisoire de bateaux.
Un nouveau pont, de cinq arches, en maçonnerie, fut commencé
en 1783 ; sa construction fut interrompue par la Révolution et il
ne put être terminé qu'en 1808. Le débouché de ce pont était insuf-
fisant, ce qui aggrava les ravages causés par l'inondation de 1840,
et on dut se décider, en 1863, à construire un nouvel ouvrage, qui est
le pont en pierre actuel.
Il se compose de cinq arches surbaissées, dont les ouvertures
varient de 21 m. 40 à 22 m. 80 ; les piles ont 2 m. 50 de largeur
aux naissances des arcs. Ce pont mesure 125 mètres de longueur
pour une largeur de 15 m. 25 entre parapets.
Pont du PaLAIS-DE-JusticE. — Construit en 1832-1834, par la Com-
pagnie Seguin, le pont suspendu du Palais-de-Justice fut racheté en
1865 par la Ville de Lyon, qui supprima le péage. Ce pont est
formé de cinq travées de longueurs inégales : la travée centrale
mesure 48 m. 70, les travées intermédiaires 33 mètres et les travées
de rive 20 mètres. Les piles sont en pierre de taille. L'ouvrage a
6 mètres de largeur utile. Il a été transformé et amélioré dans ses
parties secondaires en 1886 et 1894.
Pont du Change. — Un pont en maçonnerie, construit vers 1050
d'après la tradition, mettait en communication la Ville des Chanoines
(rive droite de la Saône) et la Ville des Bourgeois (rive gauche de
la Saône). Deux tours en flanquaient les extrémités, et, quoique très
étroit, il portait des maisons servant de boutiques ou de corps de
garde. Il comptait huit arches reposant sur des piles formées de
Wges empattem.ents qui obstruaient la rivière, et rendaient la naviga-
tion dangereuse, surtout vers la rive gauche, qu'on appelait du nom
significatif de « la Mort qui trompe ». Cet ancien ouvrage avait
6 mètres de largeur et était insuffisant pour la circulation, très active
Le pont actuel, qui est en pierre, a été construit en 1845 ; il com-
pend six arches surbaissées de 21 à 22 mètres d'ouverture. Sa lon-
gueur est de 163 m.ètres et sa largeur est de 14 m. 50.
Pont de la FeuillÉE. — L'ancien pont, qui avait été construit en
même temps que la passerelle Saint-Vincent, et par la même Com-
pagnie, était un pont suspendu à une seule travée de 67 mètres ; sa
largeur était de 6 m 90. Il vient d'être remplacé par un pont métal-
lique en acier, d'une seule arche de 75 mètres de portée, avec deux
î>etites arches en maçonnerie sur les bas-ports. Le nouvel ouvrage.
-( 65 )-
~{ 66 )-
d'une décoration très simple, a 16 mètres de largeur pour 97 mètres
de longueur totale.
Passerelle Saint-Vincent. — La passerelle Saint-Vincent est sus-
pendue ; elle a été construite par une Compagnie en 1830, et la
Ville a racheté la concession et supprimé le péage en 1865. Cette
passerelle n'a qu'une seule travée de 76 m. 50 d'ouverture ; elle est
soutenue par des chaînes dites à barres d'attelage en fer rond. C'es^
Pont de la Feuillée.
le seul pont de Lyon qui ait encore des am.arres noyées dans la
maçonnerie. Le tablier a 2 m. 80 de largeur pour une longueur de 82 m.
Pont de l'Homme de la Roche. — Ce pont, qui a été terminé
en 1912, a été construit pour couper l'intervalle trop long qui séparait
les deux ponts voisins ; il est situé sensiblement vers le milieu de cet
intervalle.
L'ouvrage, du type des ponts dits en cantilever (ou en console).
est formé de trois travées métalliques en acier sur piles en maçon-
nerie. La travée centrale mesure 46 mètres d'ouverture et les deux
travées de rive 24 mètres chacune. La longueur de ce pont est de
94 mètres et sa largeur de 7 m. 50, dont 5 mètres de chaussée et
deux trottoirs en encorbellement de 1 m 25 chacun.
Pont de Serin. — Un pont en bois, datant de 1745, fut remplacé,
en 1811, par un pont en pierre de taille, avec cintres en charpente,
que firent construire les Hospices de Lyon. A ces cintres furent
substituées, en 1843, des voiites en pierre de taille. La Ville racheta
l'ouvrage en 1865 et supprima le péage.
Le pont actuel, tout en maçonnerie, se compose de cinq arches
en arc surbaissé ; il a 9 m. 15 de largeur et 105 mètres de longueur.
-(67 )-
PoNI DU Pour Mouton. CV pont HiiMprudu fut construit par unr
Compagnie rn 1844 ; lu Villr rac lirtii la conrcHMion rt Miipj>rima l«
péage m 1865. CV ponl n'a (iniinr Hcule travée de 108 rnètreh de
Le F^ont de Serin et le Fort Saint-Jean
portée, entre des culées qui s'élèvent à 14 mètres au-dessus du
tablier et forment des portiques supportant les câbles. Le tablier a
6 m. 20 de largeur utile.
Pont de la Gare. — Ce pont suspendu a été construit en 1831, par
une Compagnie concessionnaire. La Ville de Lyon a racheté la con-
Font de la Gare
cession et supprimé le péage en 1865. L'ouvrage a deux travées
de 85 m. 20 d'ou;erture chacune, séparées par une pile en maçonnerie
formant un portique de 15 mètres de hauteur au-dessus du tablier :
il a 6 m. 60 de largeur entre garde-corps et 185 mètres de longueur
totale. C. Chalumeau,
-( 68 )-
:^
Cour intérieure du Palais des Arts.
LES TERREAUX
LES JARDINS
Le Jardin des Plantes, situé au bas de la colline de la Croix-Rousse,
porte ce nom parce que, avant la création du Parc de la Tête-d'Or,
il renfermait le Jardin Botanique.
Aujourd'hui, ce n'est plus qu'un très beau square illustré du
monument élevé à Burdeau et enrichi de belles rocaiiles formant
grottes.
Comme tous les Jardins publics de Lyon, il est magnifiquement
fleuri, mais c'est surtout dans sa partie basse que la décoration
florale est la plus abondante.
Le Jardin du Séminaire, situé sur une autre pente du coteau de
la Croix-Rousse, doit son nom à l'ancien Séminaire, qui fut ensuite
transféré à Saint-Just ; il en reste d'ailleurs quelques vestiges.
Sa partie haute forme une très jolie salle d'ombrages qu'abritent
de très vieux arbres, et où les amateurs de tranquillité se réfugient
avec plaisir. Dans le bas, un gracieux monument, consacré à Coste-
Labaume, le décore. Cette partie du Jardin est très fréquentée par
le public, qui préfère passer dans ses allées vertes et fleuries plutôt
que dans la rue qui le borde.
Enfin, la cour intérieure du Palais des Arts, très vaste, a été aussi
transformée en un jardin extrêmement agréable et orné de nom-
breuses statues ; ce jardin est fort recherché par les amateurs de
tranquillité.
-( 70 )-
L'HOIKL DE VILLE
L'Hôtel de Ville occupe le côté est de la place des Terreaux. 11
se présente sous l'aspect d'un monument à l'allure à la fois gran-
diose et élégante, dans lequel l'ampleur des masses s'allie heureuse-
ment à l'harmonie des lignes et à l'exactitude des proportions.
La Place des Terreaux et l'Hôtel de Ville
(Cl. Synd. Init.)
§ 1^^. Historique. — La première pierre en fut posée le 5 sep-
tembre 1646. Les travaux, exécutés sur les plans du voyer de la
Ville, Simon Maupin, durèrent plus de neuf ans ; le gros œuvre
n'était terminé qu'à la fin de 1655. Le Lyonnais Gérard Désargues,
mathématicien en grande réputation et architecte attaché aux Bâti-
ments de la Couronne, et le célèbre Lemercier, premier architecte
du Roi et auteur du pavillon de l'Horloge du Louvre, aidèrent Simon
Maupin de leurs conseils.
Les sculpteurs Martin Hendricy, Jacques Mimerel et Nicolas Lefeb-
vre exécutèrent les diverses sculptures tant intérieures qu'exté-
rieures ; Mimerel, spécialement, fut chargé des quatre statues du
portique en hémicycle terminant la cour d'honneur et représentant
la légende mythologique d'Acis et Galathée.
-( 71 )-
La dctoralion intrriciir*'. « oinmf-n /•<• m 1633. fui rxécutér pxr 1-
peintre et architecte I hoinas lil.mc lj»-l. (jue l'on fit venir de Home
sur les conHeils de Lebrun et dr PouMsin. de concert avec le peintre
ordinaire de la Ville. Germain Panthot.
Le monument «Mait c()mi)lrtrmrnt trrminr dfpuJH drux ann, lors-
que, le 15 scptrinhre 1674. in» inrcMidie drtruisit \r beffroi, la Grande
Salle et les combles en façade sur la place des Terreaux. La restau-
ration ne fut entreprise qu'au XVIir siècle ; Jules Hardouin Mansart,
le célèbre architecte du Palais de Versailles et des Invaliflrs. à partir
de la fm de 1700. la fit exécuter, d'abord par son beau-frère de Cotte,
intendant et architecte ordinaire des Bâtiments du Roi. puis en 1702
par Claude Simon, architecte du Roi, qui eurent la direction de»
travaux.
La restauration de Jules Hardouin-Mansart transforma l'allure pri
mitive de l'oeuvre de Maupin. Celle-ci présentait tous les caractères
du style Louis Xlll, mais avec l'empreinte bien manifeste de la
Renaissance italienne. Le corps central se terminait à la corniche qui
couronne le premier étage, puis une toiture aiguë a double pente
s'élevait au-dessus entre les deux pavillons, eux-mêmes couverts dr-
combles aigus, mais avec un deuxième étage terminé par une cor-
niche droite ; au-dessus du beffroi s'élevait un campanile.
Mansart suréleva le corps central d'un étage décoré à l'italienne
par une balustrade ornée de statues et destinée à dissimuler une
toiture basse. Le beffroi fut couronné par un dôme. Des frontons
triangulaires avec des trophées aux angles surmontèrent les pavillons
latéraux ; leur couverture perdit les combles aigus et fut arrondie. Le
fronton central contenant les armes de France fut remplacé, et un
vaste tympan contenant une statue équestre de Louis XIV, exécutée
par Ir statuaire Marc Chabry, vint découper le deuxième étage et se
profiler sur le bas du beffroi.
Cette transformation fit perdre à l'édifice son unité de style, mais
elle était imposée par la nécessité de ne pas laisser ie monument
municipal paraître écrasé par la façade longue et haute du Palais
des Dames de Saint-Pierre, terminé depuis quelques années. Cette
adjonction d'un deuxième étage, dans le style Louis XIV, a été
heureusement pratiquée et a réussi à communiquer à l'Hôtel de Ville
plus d'ampleur et un cachet plus grandiose, en harmonie avec le
mcnument voisin.
Depuis cette époque, signalons, comme restaurations importantes,
le remplacement, en 1829, de la statue équestre de Louis XIV,
oeuvre du sculpteur Marc Chabry, détruite par la Révolution, par
une statue équestre de Henri IV, exécutée par le sculpteur Legendre-
Héral ; la réparation générale des façades et des salons, commencée
en 1849, sous l'architecte Dardel, et continuée, de 1852 à 1868, sous
la direction de l'architecte Desjardins ; les travaux effectués depuis
deux ans, sous la direction de l'architecte de la Ville. M. Meysson.
Ces divers travaux ont permis de conserver l'intégralité du monu-
ment.
§ 2. Les Façades. — La façade principale, à Touest. sur la place
des Terreaux, se compose d'un corps central flanqué de deux pavil-
lons ; des angles de ces pavillons, deux ailes perpendiculaires se
prolongent à l'est le long des rues Puits-Gaillot et Lafont jusqu'à
la place de la Comédie. Dans l'intervalle entre la façade principale
et les corps latéraux, une galerie en hémicycle supportée par trois
-( 72 )-
-f 73
arcades Hort dr Ht-priration k deux cour» ofFranl unr diffcrenc* de
niveau de près de 2 mètreH, ia cour d'honnn:-, ia plua haute, a
l'ouest, et lu cour basse, a IVst. Cntte drrni«*rr? r«t hrparéiî de la
place de la Comédie par un portique de trois errades. De cette
extrémité du monument, la prospective des cours intérieures en gra-
dins, de la galerie, du beffroi au fond, présente un décor ravissant.
Le corps central de la façade, sur la place des Terreaux, est rem-
pli par un grand balcon au premier étage. Au-dessous s'ouvre une
porte élevée, encadrée par deux colonnes de porphyre roug»* suppor
tant un entablement sculpté avec des lions, des aigles et des génies.
De chaque côté de ia porte, quatre fenêtres cintrées à la partie Eupé-
rieure. avec un maacaron au milieu ; entre elles, q-jatre médaillons,
œuvre de Fabisch d'après Cl. Warin, représentant au nord
Louis XllI et Anne d'Autriche, au sud Louis XIV enfant et
Henri IV.
Les neuf fenêtres du premier étage sont couronnées par des fron-
tons triangulaires dont les rampants supportent chacun un lion
tenant un globe entre les pattes antérieures, allusion aux relations
de Lyon avec le monde entier par son commerce.
Au-dessus de la fenêtre centrale, un tympan monumental soutenu
par deux cariatides renferme la statue équestre de Henri IV en pierre ;
ce motif est terminé par un écusson aux armes de la Ville, supporté
par deux Renommées.
Le deuxième étage, de chaque côté du tympan, comporte quatre
fenêtres cintrées encadrées de guirlandes de fleurs et de fruits ; il
est couronné, entre le tympan et les pavillons, par une balustrade à
l'italienne décorée des statues d'Hercule, au nord, et de Minerve,
au sud, dont l'auteur primitif fut le sculpteur Guillaume Simon
en 1703.
Les deux pavillons latéraux sont surmontés de frontons triangu-
laires avec des trophées ; sur les rampants de ces frontons sont
assises quatre figures représentant les quatre vertus cardinales : au
nord, la Justice et la Vérité, au sud, la Force et la Prudence,
Le beffroi s'élève en arrière sur la ligne de la façade de la cour
d'honneur, et sa silhouette se détache harmonieusement au-dessus
de la masse de l'édifice, il est terminé par une coupole arrondie au-
dessous de laquelle deux figures assises du Rhône et de la Saône
entourent le cadran de l'horloge.
§ 3. Le Rez-de-chaussée. — Après un perron de quatorze marches,
on franchit une porte en chêne à deux vantaux dans lesquels sont
sertis deux médaillons en bronze datant de 1651, puis on entre dans
le grand vestibule dont la voûte surbaissée est remarquable de har-
diesse.
A signaler, dans ce vestibule, les deux grands groupes en
bronze le Rhône et la Saône, des frères Guillaume et Nicolas Cous-
tou, placés autrefois de chaque côté de la statue de Louis XIV,
élevée avant 1792 sur la place Bellecour.
En face de l'entrée, un double portique à trois arcades, symé-
trique aux portiques de l'est, s'ouvre sur la cour d'honneur.
Dans ce portique, deux escaliers ont issue : à gauche, l'escalier
elliptique des Archives, dont la construction et la forme en hélice
firent l'admiration des contem.porains ; à droite, le grand escalier.
Les bureaux de la Mairie centrale, les cabinets du maire et des
adjoints, la s?A\e des séances du Conseil municipal occupent tout
-( 74 )-
le rez-de-chaussée. Une seule salle, dans cette partie de l'édifice, a
conservé sa physionomie ancienne, celle dite autrefois de V Abon-
dance et affectée aux séances des magistrats chargés de pourvoir à
la subsistance de la ville. Cette salle est ornée d'une haute cheminée
sculptée en pierre et d'un plafond à poutrelles apparentes, '*dit à la
française, supporté par des cariatides. Cette pièce paraît être la plus
ancienne de 1 édifice, la plus rapprochée de l'époque de Louis Xlll.
Sa position a l'entrée permet de supposer qu'elle a dû être amé-
nagée la première.
Le Rhône » M719\ par Guillaume Coustou,
dans le vestibule de l'Hôtel de Ville.
A visiter la nouvelle salle du Conseil municipal, aménagée en
1897. Cette salle, disposée en hémicycle avec gradins, est voiîtée
«dans le style du vestibule d'entrée ; elle contient sept grands pan-
neaux décoratifs de M^^^ Cornillac. A remarquer, au-dessus de la
porte d'entrée, l'imposte en fer forgé datant du commencement du
XVIIIP siècle.
Le grand escalier d'honneur s'ouvre sous le double portique du
vestibule d'entrée dans l'aile sud ; il conduit aux salons du premier
étage. 11 est constitué par un rampant de près de 4 mètres de
largeur, posé sans appui en dehors des murs qui lui servent de cage,
autour desquels il est disposé en carré à trois retours et un balcon ;
une coupole plafonnée le recouvre.
Les plans de cet escalier, dont l'architecture est fort remarquable,
auraient pour auteur Gérard Désargues, d'après la tradition. La déco-
ration picturale, oeuvre de Thomas Blanchet, consiste en une colos-
sale composition comprenant trois parties en coloris ; les deux pan-
neaux latéraux et la grande voûte à canne dont le vaisseau a 13 mè-
tres sur l 1 mètres ; et des grisailles : figures, lions et guirlandes.
Cette œuvre a beaucoup souffert ; une couche épaisse de pous-
( 75 )-
sière et de fuimée. (\\u' l'on a pu nettoyer récemment, a laissé
cependant son emprrintr. f)iir iinr tonalité Honihrr H'rXmdnni mut
toute la composition, cl HrnHihlr Hurtout au plafond.
Lr printrr a voulu rr|)rrMfntrr. tlauH \r Htyjr allrKoricjue très
coniplit|ur cir l'rixxjur. l Incendie Je Lyon, souh Nrron. en l'an-
née 64 de notre ère. dont Srnrcjuf a fait mention.
La grande face de l'escalirr. au drHHUH du premier rampant, ren-
ferme la partie la mieux conserver ; <-llr représente la scène même
de l'incendie. Des I nries. avec des tisons allumés, entourent le
« La Saône » '1719). par Nicolas Coustou,
dans le vestibule de l'Hôtel de Ville.
temple d'Auguste frappé par la foudre et en flammes ; Minerve
cherche à le garantir et à mettre en fuite les Furies ; Mercure
presse une Nue pour en faire jaillir de l'eau ; Vénus effrayée est
entourée de ses pigeons et de ses Amours. Au bas du tableau, le
Rhône, d'un côté, la Saône, de l'autre, semblent épouvantés ; les
habitants ont des attitudes de désespoir et de terreur. Cette grande
composition aux figures colossales est peinte dans une savante com-
binaison de clairs et d'obscurs.
En face, un panneau m.oins considérable montre des marchands,
des paysans venant à Lyon le lendemain et n y trouvant que des
ruines.
Une dernière partie tient la voûte tout entière. Tout près de la
corniche, du côté nord, le Sommeil dort sous le voile de la Nuit
parsemé d'étoiles. En se rapprochant du centre, on voit l'Aurore
qui éclaire la composition, puis le Char du Soleil. Le Conseil des
dieux, tout autour, est réuni pour s'entretenir du désastre ; l'Amour
supplie Jupiter et Junon d'arrêter l'incendie ; la Gloire, dans l'éloi-
gnement, présage le rétablissement et la grandeur de la ville. Dans
-( 76 )-
»
-( 77 )-
les cintres do la voûte, sont Ir» quatrr parties du monde, en rela-
tion avec Lyon par Ir comnicrcr : l'Afrique sous le voile àr la
>Juit. rAHi.^ avec un encrnHoir n la main ri un chameau à non côté,
rAmrricjue coiffer d«- plimirs, riùjroi>e Hur ui» lrc)f)hre, f-.rr»entenl
leur» produits.
Au rez-cIe-chauHsrr. (jiiatrc ^^randes fn<ureH en Krisaill'*n repré-
sentent le» Gaules ; des lions ft i\rs v^uirlandcH décorent !'• dessouH de
la rampe.
Hôtel de Ville
Paroi ouest du grand escalier (1662-1667)
par Thomas Blanchet.
Cette grande décoration n'est pas une fresque, mais une peinture
à l'huile appliquée directement sur le mur nu ; elle fut exécutée
de 1662 à 1667.
§ 4. Les Salons. — \^ La Loge : L'entrée en est à droite, à l'extré-
mité du balcon du grand escalier. C'est une loggia ouverte par trois
grandes baies et un balcon central sur la cour d'honneur. Ancienne
chapelle de l'Hôtel de Ville, actuellement elle sert de galerie d'entrée
à la Grande Salle des Fêtes. En face de la porte de l'escalier, une
tapisserie de Flandre du XVII^ siècle couvre l'ouverture d'une fenêtre.
2° La Grande Salle des Fêtes, à l'extrémité du balcon du grand
escalier. La décoration actuelle a été exécutée de 1862 à l868. La
salle primitive, complètement détruite par l'incendie de 1674, était
d'une richesse extrême et comportait de vastes compositions d^
Blanchet ayant pour sujet : le Temple d'Auguste, hâti par les soixante
nations gauloises. La décoration actuelle, dans le style des grands
■( 78 )
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>
"{ 79
yaloMH uorfl flf Vrdiixrc a rie trCH hahilniimt rxr( utrr. L-i r Ijrrninrr,
en inarbrr blaiu , rst du statuaire Cmllaumr lioimrt, ri rrprr»ente
une allégorie dr la Ville de Lyon. En fac r »!<■ la cheminée, une
tapiHHerlr inodrriir d'Aubusaon. dite le Jardin des Amazoncn, renn-
plil un Krand i)aiinrau. Au <c*nlrr i\r la Hall'*, (juiilff rnrdailjon»
DvalrH, en caniaïru blru. dr Jobbr Du val, Ich Quatre SaiHortH. Du
côte est. deux grands nirdaillous peints, de Jobbc Duval. la Pru-
dence et la horcc, tjui dtvairnl être exécutera en tapisserie ; sur les
côtés nord et sud. des copies m peinture des médaillons de bronze
de la façade.
3" Le Salon Louis XIIL dan.s le pavillon sud-ouest, présente une
grande analo^çie avec la Salle de l'Abondance, située au-dessous :
plafond à la française, formé de poutrelles à rosaces supportées par
des poutres décorées, celles ci soutenues par des contre-fiches dissi-
mulées par les cariatides inclinées ; haute cheminée en pierre sculp-
tée. Cette salle fut épargnée par l'incendie de 1674 et conserve le
cachet du style Louis Xlll. alors que les salons de l'aile sud se
réfèrent exclusivement au style Louis XIV.
4" Salon Henri IV, de l'autre côté de la Salle des Fêtes, dans le
pavillon nord-ouest, faisant pendant au Salon Louis Xlll. Les boise-
ries, la cheminée monumentale, les sculptures du plafond, toute l^
décoration enfin, date des années 1670 a 1675 et appartient à la pr!î-
mière période du règne de Louis XIV. La brocatelle tendue sur les
murs, de style de l'époque, a été placée en 1868. Le plafond est
constitué par une toile de Thomas Blanchet. que l'on regarde comme
son chef-d'œuvre. L'allégorie qu'il représente peut être déterminée :
la Gloire de Louis XIV . La composition est divisée en deux parties :
en haut, une femme couronnée, la Royauté, assise sur un lion, tient
un sceptre d'une main et. de l'autre, une fleur de lis ; elle est
entourée d'une couronne de feuillage se liant avec des figures
représentant les vertus cardinales. Au bas, une figure rayonnante
de lumière, debout sur le globe terrestre, tenant dans ses mains
le cercle de l'Infini, la Religion, domine les dieux de la mythologie
qui disparaissent dans le bas de la composition. Au milieu, le chceur
des Muses se déroule autour et au bas du premier groupe et se
termine par Erato, qui se confond avec le groupe des dieux, tandis
qu'en avant, Polymnie peint, sur un bouclier soutenu par un Génie,
le portrait de Louis XIV.
Charles Blanc, dans son Histoire des Peintres de toutes les écoles^
s'exprime ainsi au sujet de cette composition : « L'aisance, le natu-
rel et la grâce de l'Ecole française y sont mêlés à la science acadé-
mique des Bolonais et heureusement la corrigent. Le dessin est
ferme, les reccourcis en sont justes et si peu cherchés que ion s'en
aperçoit à peine. Rien de tourmenté dans les mouvements, rien de
forcé dans les gestes. Cela est bien supérieur à tous les plafonds de
Mignard et moins lourd que les plafonds de Lebrun. Le ton des
chairs rappelle La Hire. Les draperies sont d'un beau choix et
moins chargées que celles de Poussin. Les couleurs en sont habile-
ment rompues et harmonisées par quelque fine transition partout
où elles sont vives. Quoique ce grand morceau soit peint à l'huile,
il a encore tout le blond, toute la transparence d'une fresque ; l'éclat
en est tempéré et la perspective aérienne le creuse et l'agrandit ; les
figures des plans éloignés s'effacent dans une vaguesse qui fait
penser à Lesueur. Çà et là ressortent quelques têtes charmantes,
morbides et toutes françaises. » (T. III, Appendice.)
-( 80
Hôtel de Ville : Plafond du Salon Henri IV 1675)
par Thomas Blanchet.
-( 81 )-
5" /-u Salle des ArnioiricH, situer daiiH lajlr iinul, à la HUitr ri h
l'est dr la Salir Hrnri IV. était lantichambrr dr» Salira du Connulat
et dr la C'ouHrrvation. l-rs inur.s rtairrit rrinplin autrrfoiM p.ir Irn
portraitM drs I"*rrvôtM dr.s marc liandH rt d*Il( hrviiiM, dr Iriiits rn 1792 ;
on IrH a rrinpla( r.s dans Irurs ancimn cadrrM par Irurn iirinoirirs.
Crtlr salir rrnfrrinr (\r brllrs boiseries anciennes et un plafrmfl k
la française.
6" I.c Sulon du C ansulat, dans lecniel le Consulat, ('est à-dire
l'Administration inunicipalr antérieure h la Révolution, tenait «es
Hôtel de Ville : Salon du Consulat
séances. La décoration très riche de ce salon a inspiré toute la
restauration effectuée à l'Hôtel de Ville de 1858 à 1866. Une toile
de Thomas Blanchet. peinte en 1660, forme le centre d'un plafond
à motifs sculptés et dorés ; son sujet est : la Grandeur consulaire de
Lyon ; la Ville de Lyon tend la main droite à Mercure qui lui
remet un globe d'or symbolisant le Monde ; de sa main gauche,
elle s'appuie sur un lion ; elle est entourée de figures allégoriques :
à sa droite, la Justice, le Change et l'Industrie ; au-dessous la Force
et l'Eloquence ; à sa gauche, la Noblesse consulaire, la Charité et
la Piété ; au milieu, la Magnijicence présente un plan de la Ville
soutenu par deux Génies ; deux Renommées sonnent de la trom-
pette.
La cheminée, charmante de composition, est surmontée de deux
statues en bois, la Philosophie et la Vérité, exécutées par le sta-
tuaire Nicolas Lefebvre en 1660. Les boiseries, restaurées en 1863,
sont recouvertes par d'exquises peintures, œuvre d'Alexandre De-
nuelle, qui reconstitua avec une rare habileté les décorations an-
ciennes. En 1793 et 1794, le Tribunal dit Commission révolvJ.ionnaire»
6
-( 82 )-
chargé de juger les personnes poursuivies pendant la Terreur à la
suite du siège de Lyon, tint ses séances dans cette salle.
7" Le Salon de la Conservation, a l'est du précédent, servait, avant
la Révolution, aux audiences du Tribunal de la Conservation, ou
Tribunal de Commerce de l'Ancien Régime, qui était une dépen-
dance du Consulat. Le plafond, représentant la Justice poursuivant
les Vices, a été peint par Thomas Blanchet dans les années 1668 et
1669. En haut, une figure voilée (la Loi) tient à la mam droite un
sceptre avec un œil, et de la main gauche une lampe ardente ; au-
Hôtel de Ville : Salle des Anciennes Archives.
dessous, une figure couronnée tient un glaive d'une main et de
l'autre un bouclier sur lequel est le Soleil ; de chaque côté, des
Génies tiennent des balances, des palmes et des miroirs. En bas, les
Vices, tels que la Chicane, la Fraude, le Mensonge, l'Envie, la
Rage. Aux quatre coins, dans quatre panneaux circulaires, la l idé-
lité, l'Abondance, l'Agriculture et le Commerce. Au-dessus des
portes, quatre plaques de marbre portent des inscriptions en latin
relatives à l'installation du Tribunal de la Conservation (1669), à la
guerre de Hollande (1672), à l'application de l'ordonnance royale
sdr le commerce (1674) et à la restauration de la salle (1706).
Sur les murs, quatre tableaux représentent les portraits de l'archi-
tecte Philibert Delorme, des sculpteurs Coysevcx et Guillaume Cous-
tou, de Jacquard ; sur la cheminée, un tableau de fleurs du peintre
Chabal-Dussurget, et, en face, un tableau de Jacques Martin, Fruc-
tidor. Dans les angles, quatre bustes d'anciens Maires de Lyon. La
cheminée, en marbre, date de 1865.
8^ La Salle des Anciennes Archives, vaste pièce voiitée, fait suite
à la précédente. Destinée à contenir les Archives de la Ville, elle
est voijtée au-dessus aussi bien qu'au-dessous. Les murs sont couverts,
■ -( 83 )- -
sur une hauteur i\r plus de: 2 mètrcH. dr boiHrrirg ancirnnrs rn noyrr
fort rernarcjual>l<*M. l.a drcoration. à lit voûlr rt aux [Jiiroih. n rtr
exécuter par Drnurllr m IH()4. tra|)rrH Irn uuAtin cJu XVIT nict Ir.
A l'est de la Salir drs Ar< liivrM. ou trouvr un prtil < ahinrt orné
de boiseries ancienne» et d'un plafond peint, représentant, dan» un
lurdaillcju criilral. deux Amours entourés d'un cadre de t^rotesqur»
j^enrr Brraiii. datanl cir la fin du XVII' siècle ou du ( orninriK rrnent
du XVIir , et dont l'attribution probable doit rtrr faitr au Lyonnais
Claude Audran tjui se spécialisa dans ce t^enre de peinture et qui
mourut en 1734.
9'* Appartements Impériaux : Ici se termine la série drs Salons
historiques et roininrncrnt 1rs appartements préparés en 1859 pour
Napoléon III. Ils comprennent : a) la Salle des dardes, dans larjurllr
on a placé une réduction en bronze de la statue du sergent Blan-
dan, de Lamothe. élevée sur la place Sathonay, et un tableau du
peintre Bonnardel. représentant une séance du Conseil municipal
en 1899 ; h) la Chambre de Napoléon 111. tendue en damas vert ;
c) le Boudoir, dont le plafond de grotesques est analogue à celui du
cabinet dont il vient d'être parlé quelques lignes plus haut. Dans
le médaillon central. Denuelle a peint l'Aurore. Sur les boiseries, le
même artiste a reporté des décorations anciennes fort .curieuses
retrouvées sur le mur nu sous des couches de badigeon ; d) la
Chambre de l Impératrice Eugénie, tendue de lampas bleu ciel ;
au plafond, un médaillon de Denuelle. le Jour et la Nuit, et, dans
les angles, des têtes de satyres ; e) le Salon impérial, a l'extrémité
est de l'Hôtel de Ville, sur la place de la Comédie, tendu de bro-
card à fond grenat, est décoré sur les panneaux des boiseries d em-
blèmes impériaux par Denuelle, et. au plafond, d'une toile du peintre
lyonnais Janmot représentant une allégorie de la Ville, sous les
traits de la Souveraine entourée de diverses figures : la Soierie, les
Arts, les Lettres, etc. Signalons, sur la cheminée, une allégorie du
Sujjrage universel, par le peintre Domer ; au milieu de l'entable-
ment de cette cheminée, une réduction en bronze de la statue de
Michel-Ange, le Penseur ; au-dessous de l'entablement, quatre caria-
tides en marbre blanc représentent les quatre Saisons.
10^ Salons de l'aile sud : Ils constituaient autrefois les apparte-
ments destinés aux Préfets du Rhône et furent réparés en 1858 et
1859. Ils sont réunis à l'aile nord par deux galeries.
La décoration de ces salons est toute moderne ; nous nous bor-
nerons à indiquer, en commençant à l'est : a) le Salon jaune, en
bois des îles et damas or ; h) une Antichambre aux boiseries an-
ciennes, dans laquelle se trouve un grand coffre en bois de chêne
du XVI*^ siècle, destiné à contenir autrefois les tapisseries de la Ville ;
c) la Salle à manger, au plafond à caissons, qui renferme un tableau
de fleurs du peintre Saint-Jean placé sur la cheminée et quatre
panneaux au-dessus des portes représentant des Vues de la Cam-
pagne Romaine par le peintre Ponthus-Cinier ; d) le Salon blanc,
qui tire son nom d'un superbe lampas a fond clair dont il est entiè-
rement tendu ; au plafond et sur les boiseries, m.otifs délicats et
exquis de décoration ; e) les Salons rouges qui terminent à l'ouest
les salons de l'aile sud ; ils sont au nombre de deux, le grand à l'est
et ^le petit à l'ouest ; leur dénomination provient des tentures en
lampas rouge, aux motifs différents pour chacun d'eux, dont leurs
murs sont garnis. Dans le grand, quatre médaillons de Denuelle
au plafond : la Peinture, la Musique, la Poésie, la Science ; dans
■( 84 )-
Hôtel de Ville : Plafond de Boudoir,
peintures d'un artiste r.connu du XV H' siècle et de Denuelle I86C)
( D'après la « Monographie » de T« Desjardins. j
-( 85 )-
l-E petit, (|uatrc .uitrrH mrtlaillonM du mcmr printrr, rrprrMrntant les
qiiatrr ï)l»asf'.s de- la proflin lion dr la soierie : Récolte Je» jcuillca de
mûrier. Mintlinam-, l' ilatitrc r\ I issafic
L«* |)ftit Salon rou^^f H'oiivrr sur Ir balcon du ({rand cHcalier, à
pru c\r dislaruc* f\r la Cirandc Salir den IcrtrM.
î^ 5. Li: DlUXlf-MI. iviACiK r.st occupr en jurande partir par \tn
Archives muni( ifDalcr. ; on y accrdr par leHcalifr elli[)tif|ue faisant
synit'trie aver le ^rand escalier. A Hi^çn{»ler. dans la montée, une
grille de fenêtre en fer forgé, du XVII* siècle, fermant unf* ouverture
sur la Lojîe.
P. KOCHKX.
PALAIS DES ARTS
ANCIENNE ABBAYE DLIS BÉNÉDICTINES DE SAINT-PIERRE
L'Abbaye des Dames de Saint-Pierre est une des plus anciennes
fondations religieuses de la ville de Lyon. Aux termes d'un diplôme,
daté de la vingt-sixième année du règne de Contran, cette Abbaye
aurait été fondée vers la fin du V- siècle, par Godegisèle, quatrième
fils de Gundioc, roi des Burgondes, et par sa femme Teudelinde.
Recherchée jusqu'au VIII'-' siècle pour la sépulture des grands per-
sonnages, elle fut, à cette époque, complètement détruite par les
Sarrasins. L'Abbaye comptait alors trente-deux religieuses et n'oc-
cupait qu'une partie de l'emplacement du Palais des Arts actuel.
Ce fut l'archevêque Leydrade qui, en 799-814. la releva de ses
ruines et fit construire le Monastère sur un périmètre beaucoup plus
étendu ; dès cette époque, l'Abbaye fut richement dotée.
De toutes ces constructions, il ne reste absolument rien. Les bâti-
ments que nous voyons aujourd'hui furent élevés d'après les plans
et les dessins de François de Royers de La Valfenière, gentilhomme
d'Avignon, architecte du Roi, sous l'administration et par les soins
des abbesses Anne et Antoinette d'Ailly de Chaulnes. La première
pierre fut posée le 18 mars 1659 ; l'ensemble des travaux ne parait
avoir été terminé qu'en 1687.
Cette Abbaye abrita les Dames Bénédictines de Saint-Pierre jusqu'à
la Révolution. Utilisée comme entrepôt pendant la période révolu-
tionnaire, elle fut ensuite cédée à la Ville par décret en date du
12 avril 1803.
La Ville y installa successivement les Musées, la Bourse du Com-
merce, l'Ecole des Beaux-Arts, la Bibliothèque, l'Académie de Lyon
et les Sociétés Savantes, puis, en 1865, dans une nouvelle aile con-
struite sur la rue de l'Hôtel-de-Ville, les Facultés des Sciences et des
Lettres.
A la suite du transfert dans des édifices spéciaux de la Bourse du
Commerce en 1862 et de la Faculté des Sciences en 1884, la Ville
fit exécuter, de 1875 à 1890, de nombreux et importants travaux de
transformation et de restauration intérieures, afin de doter les Musées
d installations plus vastes et plus appropriées à la richesse et à
l'importance de leurs collections artistiques.
( 86 )-
-( 87 ;~
Tc\ qu'il Hc prt^Mrntr* aiijoiirf llnii. If Palais dcM ArU est un vaste
édifier carre- dont la If il- nr la phwr dr-s Trrrraux prcHrnIr unr
mnarquablc «up<rpo,sii k.h <lfM orclrr» dorujur rt corinthirn. Au
contre de ce bâtiment «^ trouve une cour charmante. ombragc«*.
ornée de statues et de fleurs et entourée de «nleries h portique»,
précieux restrs de l'aiu ien C loîlre des Daines Bt-nédirtines.
l'.n 1840. Tari hit«( t«» Dardel (it plat er dans Irs panneaux rectan-
gulaires qui surnionleiU les arcades des porticjues. des moulage» en
plâtre pris au British Muséum, de Londres, et représentant un cer-
tain nombre de motifs répétés de la trise du Parthénon ; ces mou-
lages, qui subirrnt liu lion des intempéries et qui se décomposèrent
rapidement, furent remplacés en 1883 par d'aulr~s moulages en
plâtre silicate, représentant les mêmes sujets. L'architecte Hirtci»
profita de cette restauration pour disposer trois sujets en couleur sur
chacune des faces de la cour, sur un fond en mosaïque remplissant
le panneau, il fixa au centre un médaillon en bronze, représentant
les portraits d'anciens artistes lyonnais célèbres dans l'architectur'*,
la sculpture, la peinture et la gravure : Philibert Delorme. Coustou.
Stella. Coysevox. Flandrin. Saint-Jean. Drevet. de Boissieu, Lemot.
Audran. Berjon. Simon Maupin.
A l'intérieur, îa seule pièce historique rappelant l'ancienne desti-
nation du Palais qui nous ait été conservée est le Réfectoire. Cette
salle fut décorée, vers 1681. sous les ordres de Thomas Blanchet ;
son plafond est en voûtes d'arêtes.
A chaque retombée des arcs doubleaux a été placé un groupe en
stuc de trois figures de Simon Guillaume, représentant la Charité.
la Pudicité. la Pénitence et la Tempérance.
La porte d'entrée du Réfectoire est surmontée d'un fronton aux
armes d'Albert d'Ailly.
Le peintre Pierre-Louis Crétey a peint aux deux extrémités, ainsi
qu'aux voûtes, les sujets religieux suivants : la Cène, la Multipli-
cation des Pains, V Assomption de la Sainte Vierge, V Ascension, le
Prophète Elie.
Le mur faisant face aux fenêtres est orné de groupes ou d^
bustes en stuc de Guillaume Simon, placés soit dans des niches,
soit sur des frontons : saint Benoît dans le rocher de Siabuco. sainte
Madeleine, le buste d'Esther. saint Jean l'Evangéliste, saint Pierre,
le Baptême de Jésus-Christ, la Vierge, saint Antoine, sainte Mar-
guerite, le buste de Judith, saint Ennemond. Au-dessus des trois
niches renfermant saint Pierre, le Baptême de Jésus-Christ et ia
Vierge, est une décoration formée d'un pavillon frangé porté et
retroussé par cinq Génies qui soutiennent une banderole et des
pièces aux armes et au chiffre de l'Abbesse.
Entre chaque fenêtre se trouvent sainte Catherine, sainte Barbe, le
buste de Débora et celui de ia Mère des Macchabées.
Le grand escalier situé côté rue Paul-Chenavard. est décoré d'après
les dessins de Thomas Blanchet : les balustres et la rampe sont en
marbre noir. Les deux portes placées sur le palier d'arrivée suppor-
tent chacune deux Génies ; la corniche supérieure, d'ordre corin-
thien, sert de base à huit Vertus. Toutes ces figures, en stuc poli,
furent exécutées par Nicolas Bidan et Simon Guillaume.
C. Meysson.
( 88
EGLISE SAINT-PIERRE
Seul, le porche de cette ancienne chapelle des Dames Bénédic
Cnes de l'Abbaye Royale de Saint-Pierre mérite une attention parti-
Porte de l'ancienne Eglise Saint-Pierre. IX' siècle.
cuiière. Les colonnes, les chapiteaux, la voûte et tous les détails de
ce porche du IX^ siècle sont d'une très grande pureté, et cet antique
débris est un des plus beaux fragments de l'architecture romane
ayant survécu dans notre ville aux injures du temps et des hommes.
Quant à l'église qui fait suite à ce porche, construite une première
fois à la fin du V*^ siècle, détruite ensuite par les Sarrasins, recon-
struite une seconde fois à la fin du XII^ siècle, elle fut réédifiée une
troisième fois, vers les XVIF et XVIII^ siècles. Banale, mais somp-
tueuse, elle renferme quelques bons tableaux de Trémolières et
Restout. C. Meysson.
-( 8'^
Musi:i: 1)1 :s antiques
Ln Ville* cl<* Lyon po.ssrdc. rrunir au P* lais Saint Pirrr<*. une
richr collfction cranlicjuitt'H. prin< ipalrnit-nt ^allo roinainr-i, qui pro-
viennent surtout cir son pro[)rr .sol ri altrHtrnt avrc rrlat l'irnfifjrtanc r
et la gloire de la cité aux premiers sièrle.s de notre ère, quanrl elle
était la capitale des Gaules et lu seconde ville de 1 f'impire.
Ces collections ne (onstituent pas un ens<Mnl)le unifjue. Au rez-de-
chaussée, sous les porticjues formant le pourtour de la cour inté-
rieure, sont disposés les monuments épi^^raphiques. presque dans
leur totalité : cette y;alerie est, en ce genre, la plus belle que pos-
sède la France. Dans une des salles du musée de sculpture, sont
rangés, avec quelfjues autres inscriptions, de beaux sarcophages de
marbre. Au premier étage, faisant suite à la salle des Médailles, où
les monnaies grecques et romaines occupent une série de vitrines,
s'étend la grande salle dite proprement des Antiques, où sont réunis
bronzes, terres cuites, vases peints et sigillés, bijoux et objets
divers, d'ornementation ou de mobilier. Enfin, de grandes et belles
mosaïques de l'époque romaine, à sujets figurés, garnissent le sol
de plusieurs salles du musée, aux divers étages.
I. Musée EpiGRAPHIQUE. — Les inscriptions romaines gravées sur
des pierres sculptées (autels, piédestaux, sarcophages, stèles, etc.)
comprennent cinq catégories, d'ailleurs mélangées dans la disposi-
tion : les inscriptions relatives aux empereurs, aux sénateurs et che-
valiers, aux dignitaires et fonctionnaires de tous ordres, civils, mili-
taires et religieux ; les inscriptions municipales, ayant rapport à la
colonie lyonnaise et à ses fonctionnaires spéciaux ; les inscriptions
relatives à des dieux ou à des déesses ; enfin les inscriptions sim-
plement funéraires, et les inscriptions chrétiennes.
Dans la première catégorie, il faut signaler d'abord, sous les
arcades (arcade XXVIll), des débris colossaux de l'autel dédié à
Rome et à Auguste sur le penchant de la colline Saint-Sébastien :
ils sont ornés de guirlandes de feuilles de chêne, et l'un porte les
deux premières lettres de l'inscription Romae et Augusto, gravée à
la base du monument. Un intérêt particulier s'attache aussi aux autels
tauroboliques, au nombre de six, monuments ornés presque tous
d'une tête de taureau, d'une tête de bélier et d'un couteau de
sacrificateur, et rappelant par leurs inscriptions les sacrifices offerts
à la Mère des dieux pour le salut des empereurs Antonin le Pieux
— (cet autel-ci est placé dans la salle de Sculpture) — , Commode,
Septime-Sévère, Caracalla et Géta. Puis ce sont de nombreux pié-
destaux ayant jadis supporté les statues d'anciens gouverneurs, pro-
curateurs financiers de la province, curateurs et patrons de la cité ;
— des monuments votifs et des épitaphes de soldats, vétérans de
légions retraités à Lugdunum, etc.
Il faut ranger dans la seconde catégorie les inscriptions mention-
nant des décurions et autres magistrats municipaux, des sévirs au-
gustaux, et de nombreux citoyens lyonnais, appartenant aux corpo-
rations diverses, négociants en vins, bateliers du Rhône et de la
Saône, charpentiers, ouvriers et marchands de toute espèce. On en
tire des renseignements précieux sur l'organisation commerciale de
Lyon a cette époque. Ici. l'on trouvera les nom?! de plusieurs de ces
Palais des Arts.
I.es portiques formant
pourtour de la cour
intérieure.
Le long des parois sont
disposés tous les mo-
numents épigraphi -
ques découverts sui
l'emplacement de
Lugdunum.
Cl. J. Sylvestre.'
-(91 )-
prêtres cIuh (un sml pour < Ii.kjiu- année) parmi Irn députés des
soixuntr nutionH Kaiiloist'H. jxnir crlrbrrr le cultr dr Kornr ri
d'Au^^iiHlf : au nom i\r < 1im< un rst joint rrlui de ht rite à laf}urli<-
il appartenait. Là .sont mrntionnrrH. par drn inN( rifitionH voliveii, de»
divinités de toutes sortrs ; on sr rend ( oniptr ainsi de la diver»fi(('
des rulles ()ui s'étaient répandus dans 1 Empire romain, avant \r
triomphe du C'hristianismr, à côté de la rrli^ion trarlitionnrllr d*^H
grands dieux de rOlymixv Knfin. cjurhjurs strlrs funrrairfs d.
simples particuliers, disséniinées soit sous les arradrs. soit dans Irs
salles de sculpture, ont encore de quoi intéresser le visiteur, surtout
celles qui, en petit nombre, portent les traits des personnages sculp-
tés en bas-reliefs.
II. Salles de Sculpture. - La sculpture antique est représentée,
en fait de pièces originales, au rez-de-chaussée surtout, par quelques
beaux sarcophages. Le plus remarquable a été trouvé à Lyon, au
XVIIï'" siècle. H est en marbre de Paros et décoré d'un magnifique
bas-relief qui représente le triomphe de Bacchus revenant de sa
conquête de l'Inde. Le dieu est sur un char traîné par deux panthères
et conduit par des Amoars ; dans le cortège figurent Ariane, Her-
cule, des satyres, des bacchantes, en tout vingt-neuf personnages et
de nombreux animaux. Des sujets ayant également trait à la légende
de Bacchus (mariage d'Arir-ne, mort et résurrection du dieu, cortège
de Silène) sont figurés sur
un autre sarcophage en
marbre, qui est aussi de
toute beauté. Moins beau
assurément, mais intéres-
sant par son originalité,
est le devant de sarco-
phage, en simple calcaire,
fixé sous l'arcade VII du
portique, et qui représente
une course de chars.
Comme tous les autres, il a
été découvert à Lyon. Des
masques funèbres, ou lar-
ves, de grandes dimensions.
exposées dans la salle des
Médailles, proviennent aussi
de Lyon. Un bas-relief en
marbre blanc, représentant
le sacrifice connu sous le
suovetaurilia (im.molation
d'un porc, d'un mouton et
d'un taureau), orne cette
dernière salle. Il provient
de Beau jeu.
III. Grande Salle des Musée du Palais des Arts : grande Salle des Antiques;
Antiques. — L'époque pré- ^^^ bronzes. Cl. J. Sylvestre. I
historique y est représentée
par des haches et instruments divers en silex taillés ou polis ; l'âge
du Bronze par les quatre roues d'un chariot qui devait figurer jadis
dans des cortèges religieux, eu égard aux débris qui y étaient joints,
( 92 }-
au lieu de la découverte, a la Côte-Saint- André (Isère), en 1888.
C'est une précieuse rareté. Une autre pièce, également très originale,
consiste en une série de fragments d'une grande plaque de bronze,
sur laquelle était gravé un
calendrier gaulois. Ces frag-
ments, trouvés en 1897, à
Coligny (Ain), sont disposés
dans une vitrine du V2st.'-
bule de la salle, --'cns ce
même vestibule, appliquée
contre la muraille, se voit
la fameuse table de bronze,
dite Table Claudienney sur
laquelle est inscrite, en
deux colonnes, une partie
du discours prononcé par
l'empereur Claude devant
le Sénat de Rome, en l'an
48, à l'effet d'obtenir pour
les citoyens romains de la
Gaule Chevelue le droit
d'accès au Sénat et aux
fonctions de la carrière sé-
natoriale. Cette pièce uni-
que, d'une incalculable va-
leur, fut trouvée à Lyon, en
1528, sur le versant de la
colline Saint-Sébastien, à
l'emplacement de la rue ap-
Musée du Palais des Arts: grande Salle des Antiques, pelée, en souvenir de cette
le bois sculpté. (Cl. J. Sylvestre. j découverte, rue des Tables-
Claudiennes.
Dans la salle m.ême, une statue d'Aphrodite, en marbre blanc, de
style archaïque, précieux spécimen de l'art grec du VI^' siècle avant
notre ère, compte aussi parmi les plus intéressants objets du musée.
Elle provient de Marseille, où elle a été trouvée au XVIIT siècle.
On ne saurait ici fournir le détail de tout ce qui est exposé dans
cette salle. Nous nous contenterons de signaler spécialement : de
beaux vases peints (hydries, canthares, lécythes, etc.) ; une inté-
ressante collection de figurines de terre cuite, dont beaucoup sont de
Tanagra ; une grande quantité de statuettes de bronze, d'art gréco-
romain, provenant pour une bonne part du sol de Lyon, entre autres
une Victoire ailée, un Mercure, une Fortune, un satyre criophore,
etc. ; une superbe tête de Junon, en bronze aussi, un beau foyer
portatif du même m.étal. Tout, enfin, dans ces vitrines, depuis les
riches parures jusqu'aux simples ustensiles, offre aux visiteurs un.
intérêt artistique ou documentaire de premier ordre.
IV. Mosaïques. — Les mosaïques ornant le sol de plusieurs salles
du musée sont au nombre de sept. Dans la galerie Chenavard
(H^' étage) se voient deux exemplaires du même sujet (Lutte de
r Amour et du dieu Pan), traité un peu différemment dans chacun
d'eux, et accosté de sujets accessoires différents ; Orphée au milieu
des animaux ; l'Ivresse de Bacchus, sujet environné de beaux
décors ornementaux, le tout constituant un ensemble de plus de
40 nu Ires carrés. Dans la galerir drs Bustes, au rez-de-chaussée, la
mosaïciur fiitr des Poinnons rt ' rllr (Irn Exercices (le la palcêtrc.
La pluH { iiririiHC. sinon la pluH Krilr. ( rllr dm Jeux du Cirque, se
troiivf dans la K«»l<*r'** ''»• ^'•^' .sir< !r, au premier étage. Découverte
Musée du Palais des Arts : grande Salle des Antiques.
(Cl. J. Sylvestre.)
à Lyon vers 1815, dans le quartier d'Ainay, elle a été bien souvent
citée et reproduite par la gravure.
Enfin, deux têtes, Cérès et Bacchus (l'Eté et l'Automne) apparte-
nant à une grande mosaïque qui représentait les Quatre Saisons,
et qui fut trouvée vers la même époque dans le quartier des Terreaux,
ornent la muraille du vestibule de la salle des Antiques, de chaque
côté de l'entrée de celle-ci.
C. Germain de Montauzan,
-( 94 )-
LES MUSEES
DE PEINTURE ET DE SCULPTURE
Entre les vieilles pierres charmantes du Palais des Arts, autour
d'un jardin paisible dont les feuillages dessinent sur les murs des
ombres pleines de grâce et de majesté, les Musées de Lyon dévelop-
pent un ensemble de galeries d'une richesse, d'une harmonie paj-
ticulièrement significatives et rares. L'histoire de l'antique cité est
là, et aussi le résultat d'un long effort, d'un goijt passionné ponr
les arts. Sous les voiJtes du cloître, qui jadis abritait les méditations
et les entretiens des Dames de Saint-Pierre, les belles inscriptions
latines, funéraires ou votives, noircies par les âges, se succèdent
avec une sorte de tristesse auguste. Elles rendent ce promenoir pa-
reil aux voies de Rome ancienne, que les monuments des morts
escortaient de leçons et d'exemples. Les blocs, de formidable car-
rure, les textes gravés qui les décorent attestent, en même temps que
le génie des civilisateurs venus du Sud, l'union intime des races
établies sur les deux collines, au confluent des deux fleuves, et
dont l'histoire associa les destinées. Nul vestibule de musée plus
émouvant que celui-ci. Michelet l'eijt aimé. Son pas, foulant les
dalles sonores, en eût fait surgir de grandes ombres et de grandes
leçons. De ces pierres mutilées, dressées par les anciens, aux arbies
verts qui balancent une cime pleine de profondeurs et de transpa-
rences, s'établit une pénétrante harmonie où la nature et ihistoii^
ont leur part, et qui prépare à sentir et a aimer, dans les galeries
elles-mêmes, tant de chefs-d'œuvre de tous les temps.
Ici, comme ailleurs, ce sont les hommes de la Révolution qui, les
premiers, ont songé à grouper et à conserver les richesses d'art de
la ville pour les faire servir à l'éducation du peuple. Les représen-
tants en mission Borel, Boisset et Cadroy décidèrent d'affecter au
« Muséunri )> une partie du Palais Saint-Pierre, dont on suspendit
l'aliénation. Les artistes lyonnais associèrent leurs efforts à ceux de
la Municipalité pour recueillir les oeuvres destinées aux collections
publiques. Un arrêté des Consuls (avril 1802), suivi de plusieurs
autres dans le cours de la même année et de l'année suivante,
donna une existence officielle aux Musées Depuis cette date, sons
divers régimes administratifs, ils n'ont cessé de s'accroître, et,
si l'on peut dire, d'évoluer. Loin de constituer une sorte de dépôt
inerte, de poudreuse réserve où s'entassent confusément les déchels
des générations et les souvenirs démodés de leurs préférences, ils
ont bénéficié de transformations nombreuses. Ils obéissent, non à
des impulsions mal fondées, non aux caprices de la mode, mais aux
nécessités de renouvellement et de méthode qu'implique l'éconoinie
d'un organisme vivant. Dès à présent — et depuis longtemps déjà —
les Musées de Lyon comptent parmi les plus belles, les plus riches
et les plus harmonieuses galeries d'art de l'Europe.
Les maîtres du Moyen Age, de la Renaissance et des temps
modernes, les peintres et les statuaires des grandes écoles sont lar-
gement et glorieusement représentés dans le vieux palais, et aussi
les artisans obscurs qui surent tailler, polir et caresser la matière,
assouplir le bois et l'ivoire, associer la lueur des reflets solaires aux
caprices du feu, en faisant rayonner les émaux et les verres. Mais
-( 95 )-
l'on rriulra iin Ir^iiiiiw hommage k la grande cité qui les a réunit
dans son Miiscf. à I iiHlivitlualilr. à hx piiiMMaïur créatrice dr «on
ctranyr ^rnir. .ipir à la fois à la hataillr (jiioticiirnnr <\r l'nrlion rt
aux formrs Ks |)Iiim contrniplativrH clr rid«*alitr, en commrnçant la
visite dcH ^alfri* s par les sallcH coiiHacrcrH aux printrrM lyonridiN. A
une époque où tous les hommes de pensée sont sollicités par le
dévrlopprmrnt c\r l'activité locale, nullr leçon n'est p\uH intéres-
sante ni plus précieuse à retenir que celle d'une jurande écolr cornrnc
celle-ci. j^roupe forteni<iil homogène à travers les générations et les
changements du goût, cl où l'on peut reconnaître tous les traits
mcuaux de la ciié qui l'a enfanté et qui l'inspira.
Dos le XVr' siorle, l'école compte des maîir<*s. avec Corneille,
expressif et patient observateur de la physionomie humaine, printre
généreux et délicat. Et ce sont de probes artistes, habiles et sobres
exécutants, d'une sagesse aimable et d un charme savamment mo-
déré, que les portraitistes Blanchet, Grandon et Grognard. Mais
quelle jolie caresse pour les yeux que les fleurs et les fruits de
Berjon. dont les siècles ont respecté les veloutés fragiles, l'impondé-
rable harmonie ! Celui-là savait que l'atmosphère existe, baigne,
caresse et pénèlre la pulpe des chairs odorantes et les tissus légers.
Dans le magnifique parterre que les maîtres lyonnais ont su com-
poser, parmi tant de fleurs charmantes ou somptueuses, peintes et
dessinées pour la décoration des étoffes, les fleurs de Berjon, ses
fruits juteux, pesants et tendres, dorés d'une fine lumière blonde,
ont pour eux la rareté d'un admirable savoir sans fracas, une sorte
de bonne grâce familière et plaisante (le Cadeau). Il semble qu'on
les respire, retrouvés, sur le rayon d'un cellier campagnard, sous
le rayon d'un soleil d'automne, bourdonnant de guêpes. Michel
Grobon aima sa patrie, dont il nous a laissé quelques clairs aspects
véridiques, adroitement établis, d'un pittoresque aimable et vivant,
d'une égale et large lumière (le Pigeonnier de Roche-Cardon, Vue
de la Cathédrale de Lyon). Son Portrait par lui-même révèle une
âme honnête et patiente, une finesse rustique, une science et un
sentiment qui sont d'un peintre. A la fin du siècle, l'habile, spirituel
et fécond de Boissieu, peintre et dessinateur, mais surtout graveur,
produisit un nombre considérable d'estampes : ses dessins, d'un
faire minutieux et léger à la fois, ont la grâce — parfois un peu
lourde — de leur gamme argentée.
L'art de David, qui devait trouver plus tard en Victor Orsel
(Moïse sauvé des eaux) un continuateur de ses austérités, de sa
tension pénible, de son savoir, n'eut sur l'école qu'une action indi-
recte et à longue échéance. Mais l'éveil du sens historique en France,
au début du XIX'' siècle, les discussions esthétiques et la découverte
du Moyen Age déterminèrent à Lyon des recherches originales
et les premières manifestations romantiques. Richard et Révoil,
peintres très médiocres, il faut le reconnaître, eurent le mérite de
s'intéresser au passé de notre race. Le Tournoi au XIV^ siècle, de
Pierre Révoil. est bien mauvais, mais le peintre était en même
temps un habile et savant collectionneur : ses richesses, acquises
par Charles X en 1828, formèrent le fond du département du
Moyen Age et de la Renai-sance au Louvre. Par là, Révoil est sans
doute à l'origine du précieux et amusant bric-à-brac qui allait dé-
sormais intervenu si souvent dans l'inspiration de nos artistes.
Le XIX^ siècle est la belle et significative époque de l'art lyonnais,
avec les grands idéalistes et les grands paysagistes. De la leçon
-( 96 )-
d'Ingres, Hippolyte Flandrin (Le Dante aux Enfers) a retenu le
sens d'une ligne un peu sèche, mais simple, mais volontaire, éner-
gique, expressive. A ses origines il doit ce don d'austérité pathé-
tique et cette élévation dans le sentiment qui le classent parmi les
grands peintres religieux de l'école française. Je sais que sa palette
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Musée du Palais des Arts : « La Vierge et l'Enfant Jésus ».
Ecole flamande, Maitre inconnu.
abonde en tonalités louches, plombées, mais ces sortes de médita-
tions ascétiques répugnent aux agréments et aux fanfares. Chena-
vard, l'intelligent, confus et ardent Chenavard, apparaît dans les
Cartons des décorations projetées pour le Panthéon (que l'on s'oc-
cupe d'exposer dans un local à la fois digne et capable de les con-
tenir) comme un de ces esprits bouillonnants, fumeux et féconds qui
font craquer les arts sous l'abondance des intentions. Lyonnais avec
sincérité, homme de 48 avec passion, il fut une victime de l'idéalité
de sa race et de son temps. Mais la noblesse des aspirations demeure
- ( 97 )-
intacte* dans ( rs ^'raiuls r\ larges desflinH, composés avec audace
par le» plus philoHophiqur rt Ir moins doué des peintres.
L'arlislr dr «rnir (jur Lyon a donné à la peinture française. Puvis
dt* C'havannrs, est rc*f)rrsrntr par un rnHrrnble d une ampleur et
d'une qualité exceijti()nn<-llfs. Au .sommet du ^rand rscalirr. se
déploie une admirable suite décorative, et l'on pénètre flans \ry.
régions sereines. Par delà les temps, l'âge d'or renaît, peuplé de
Musée du Palais des Arts : « Fleurs et Fruits », par François Vernay.
formes solennelles. Les demi-dieux, les héros, les poètes, les pâtres,
les muses dressent, sous des cieux où rayonne un soleil éternel, des
corps intacts que les ans rajeunissent. Entre les arceaux du cloître où
s'exerce et se purifie la Méditation chrétienne, surtout sous les fron-
daisons immortelles du Bois sacré, traversées par le vol prodigieux
des muses, dans le décor de mer et de rochers, bâti comm.e un temple
qui encadre la Vision antique, nos aspirations, nos fièvres, nos
inquiétudes trouvent leur repos et leur contentement. Dans les salles
lyonnaises, l'Automne met aux murailles la tapisserie magnifique et
délicate d'un verger chargé de fruits, vers lesquels se dressent pour
les cueillir de grandes jeunes femmes dont la nudité paisible rayonne.
Et quel émouvant chef-d'œuvre que le Portrait de la femme du
peintre, où se lit, dans les traits d'un visage vieilli, patient, attentif,
7
-f 98 )-
la flamme discrète des tendresses silencieuses, toute la poésie de
la vie écoulée !
Cependant l'école lyonnaise produisait, au cours du XIX^" siècle, des
artistes d'une inspiration moins élevée et moins ample, mais doués
de talent ou de curiosité : Soumy, peintre et graveur (le Dédain,
Tête de moine), Bellet du Poisat, élève de Drolling, mais hanté
par les souvenirs de Delacroix (les Hébreux conduits en captivité)
ou par l'influence de Manet, charmant et personnel dans la Liseuse,
le populaire Meissonier, illustrateur pointu, romantique sans roman-
tisme, mais mieux qu'habile et vraiment peintre dans ses esquisses
(le Général Championnet au kord de la mer). Surtout, à l'ombre
des coteaux modérés du pays lyonnais, dans la buée qui monte
doucement des grands fleuves et que le soleil peuple de paillettes
d'or, au bord des marais mélancoliques, naissait une école de
paysagistes longtemps obscurs, aujourd'hui célèbres : Vernay, déli-
cieux poète des campagnes hum.ides, verdoyantes et molles ; Car-
rand, dont les œuvres généreusement peintes et bâties avec une
solidité rude, sont pourtant pénétrées d'atmosphère, humides de
fraîcheur matinale et, par la justesse et la sincérité, atteignent au
style ; Ravier, enfin, dont le soleil trouble laisse palpiter des rayons
tremblants à traverG des soirs gorgés de vapeurs, Ravier qui, dans la
solitude de Morestel, devant la même petite mare triste, fut, à
l'exemple du grand Turner, un éperdu de la lumière. Tous avaient
subi plus ou moins l'amicale influence d'un maître qui les aida à
se débarrasser des formules et qui leur fit aimer la belle matière
peinte, la franchise de la facture, l'éclat ou la subtilité de la cou-
leur, Joseph Guichard (les Noces de Gamache, le Bal à la Préfec-
ture). Peintre de figures et paysagiste, Seignemartin, mort tout
jeune, était peut-être le plus doué de sa génération : la salle qui lui
est consacrée contient des oeuvres de premier ordre, où brille,,
vibre et resplendit, avec un éclat velouté, avec une richesse char-
mante, une lueur de poésie qui est d'un maître.
Au centre de la salle où sont exposées les oeuvres des artistes
lyonnais vivants, toutes dignes, à des titres divers, de figurer dans
un grand musée, rayonne l'im.age de M"^^ Récamier. Lyon, qui vit
naître tant d'artistes, produisit aussi ce chef-d'œuvre humain. L'on
voudrait associer plus étroitement le nom de cette belle à l'histoire
de l'école et parler d'elle comme les historiens de la Renaissance
parlent de Renée de Ferrare ou d'Isabelle d'Esté. Mais il suffit
qu'elle ait été Juliette et qu'elle ait servi de modèle à Chinard.
L'excellent maître, qui est souvent susceptible de quelque séche-
resse (le buste de M^"^ Chinard, dont le Musée possède la terre cuite
originale, n'en est pas exempt, bien qu'il soit plein de grâce), révèle
ici un talent souple, élégant et ferme, une suavité, une qualité
voluptueuse et féminine dignes de Houdon. Il a caressé avec une
sorte d'amour tous les divins détails de son œuvre, — ce beau
sein que la famille du modèle jugeait immodeste et sur lequel le
vieil ami de Brillât-Savarin, admis à contempler la terre cuite ori-
ginale, posait un baiser éperdu. Chinard se rattache ainsi à la
grande tradition de la sculpture française et lyonnaise, déjà illustrée
par le nom de Coysevcx, et à laquelle le XIX*" siècle devait ajouter
encore de la gloire : par le beau talent de Dufraine, par exemple,
et par les bustes de Legendre-Héral, sans doute les meilleurs de ceux
que Lyon a justement consacrés à la mémoire de ses plus illustres
enfants.
Les driix ^îraiulrs Kaltrri<*« Hr VraAt française et des maîtres an-
ciens sont célèbrrs. Au centre dune collection de primitifs de
toutes les écolr.s. un petite Vierge flamande d'un maître inconnu
se présente conunc l'inia^e de la vertu morlrsle, de la j^râce sérieuse.
Elle est atteMilivr <'l sereine et. le corps noyé dans les plis d'un
ample manteau trop lourd pour ses épaules minces, elle semble
une apparition légère retenue près de nous par le seul poids de ses
voiles. Œuvre précieuse, oeuvre charmante et d'une rare poésie
Musée du Palais des Arts : « Une Folle », par Géricault.
d'exécution. Tous les aspects du génie italien se succèdent avec
magnificence. Voici Ferrare, avec une Sainte Camille, onctueuse,
profonde, dorée, de Lorenzo Costa. Voici l'Ombrie, avec l'^lscen-
sion de Jésus-Christ, du Pérugin, oeuvre capitale, peut-être la plus
importante du Musée de peinture, et, du même maître, un groupe
de deux saints (Saint Herculan et Saint Jacques le Majeur), d'une
lumière plus calme, d'une sonorité plus sourde, mais peut-être plus
émouvante. Voici Venise, depuis Palma Vecchio ju-qu'à Canaletto.
Les grandes nudités hardies de Tintoret (Danaé) s'abandonnent
avec une gracieuse audace ; YEx-voto a la largeur, la plénitude,
l'accent des plus nobles tableaux du maître : sainte Catherine, à
genoux, attend son supplice, la Vierge s'incline légèrement vers
elle et, malgré la tragédie de l'effet, malgré l'élan des deux saints
dont la puissante carrure s'enlève sur l'orage du ciel, ces deux
-( 100 )-
belles femmes heureuses appartiennent, comme leurs sœurs païennes,
au peuple des dieux. La Bethsabée de Véronèse semble, non se
refuser, mais s'offrir, avec une mollesse paisible, dans la tiédeur
de lair. La Lucrèce de Canlassi, vaillamment peinte, un charmant
Panini, et bien d'autres œuvres encore, attestent la richesse et la
Musée du Palais des Arts : « La Rue des Saules », par Corot
qualité de la série italienne. L'Espagne a Ribera, Alonso Cano,
le Greco, surtout un Saint François d'Assise de Zurbaran d'une
simplicité et d'une puissance d'expression extraordinaires. A de
pareils modèles, dévorés par la vie intérieure et desséchés encore
par la flamme d'un art brûlant et concentré, la Hollande oppose
les fraîcheurs d'une peinture ombreuse et profonde. Au bord des
flots, sous des feuillages qu'a ployés pour toujours le vent de la
mer, s'élève la Maison rustique de Van Goyen, et je n'en sais pas de
plus belle, même au Louvre, même au Musée Jacquemart-André.
Des nuées d'argent filent à grands traits au-dessus de la Marée
in r1 fi aVn_r-\ r-j c;^ — g^n "c3:B;j^ ^^
? f^ -«Hr^^^^
-( 101 )-
basse dp Vai» cir Vrlde. Les torrrnts d'Evcrdin^rn bondiHHent et
HcintilU'nt rntrt cIph rorhcr8 noirH et des pins dr Norvct<r. Trrburg
(le Mcssufic) fait palpiter douer mrnt sur les vrlourH ft sur 1«*h linyr»
If jour tainist' drs parloir». L<'h i^aHMauls dr rcH payMaj^rs. Icm hôtrs
de ces demrurrs sont là. tout*' uiu* hourv^roisic solidr. d'une gravité
bonhomme ou rct ufillir ; \rn dames de Miereveldt, dont le frais
visaK<' repose coinine un boucuiet sur la collerette en toile raide
ajoure: de d<'nl<*lles. la souriante quincjuagénaire de Van der Helst,
le Jeune Garçon de Van Oost. tout pétri d'innocence, le Jeune
Scifincur de Van Noordt, jusqu'à cette physionomie puissante et
Musée du Palais des Arts : « Un Quai », par Carrand.
tourmentée peinte par un maître flamand inconnu avec une autorité
qui fait penser à la plus grande époque de Franz Hais : le Portrait de
Jacques Stella. Rubens et Jordaens imposent leur généreuse santé,
leur verve héroïque. Saint François, saint Dominique et plusieurs
autres saints préservent le monde de la colère de Jésus-Christ :
l'élan d'un cinquième acte emporte ces beaux acteurs athlétiques,
l'ardeur et la légèreté du ton semblent faire courir une flamm.e
subtile à travers toute l'action.
Entre la galerie des maîtres anciens et les salles de l'école fran-
çaise, un choix de tableaux de fleurs fait voir quelques oeuvres
intéressantes de Monnoyer, de Daniel Seghers, d'Abraham Mignon.
Des fruits de Van Son, grassement peints, évoquent le souvenir du
Lyonnais Vollon, bien représenté parmi ses compatriotes (les Œujs,
une Vallée). Quelques bouquets de Van Spaendonck montrent aux
élèves peintres, aux copistes et au public un exemple des défauts
où peut conduire une grande habileté, quand on oublie que la fleur
est matière souple et vivante, née des souffles légers qui courent
au-dessus de la terre, et non pas quelque dur bijou ciselé dans le
porphyre. Les œuvres de la grande galerie française présentent
-( 102 )-
les aspects successifs de notre génie pittoresque. Les beaux Por-
traits de Rigaud affirment la force, la libéralité, la carrure intel-
lectuelle et morale de l'élite réaliste et bourgeoise ; les visages
colorés et pleins des robins parvenus prennent un air de sei-
gneurie ; Pierre Drevet, Lyonnais et graveur, porte, sur sa phy-
sionomie de bonhomme attentif, souriant et fin, le secret de sa
maîtrise et l'énergie qu'il faut pour conduire et pour nuancer toutes
les patiences de son art. Sur les flots assombris d'une mer pacifique
resplendit un soir de légende : le rayon de Claude (Embarquement
de sainte Pauline à Ostie) frappe d'une lueur mourante et triomphale
encore des palais, des jardins conçus pour des rêveries sereines. Un
art austère sans âpreté. plein de caractère et de sentiment tout
ensemble, donne une note singulièrement grave aux tableaux consa
crés par Le Sueur et Philippe de Champaigne à la légende de
saint Gervais et saint Protais, modèles des tapisseries de l'église
Saint-Gervais. Puis la feinme impose à l'art le prestige de sa beauté,
la frivolité de ses goûts, son ardeur pour le luxe et sa préférence
pour le joli, la vogue des charmantes niaiseries sentimentales ou
libertines. Mais la violence de l'histoire semble transformer l'univers
et l'homme même. Avec la Maraîchère de David paraît une race
nouvelle, rudement bâtie pour des luttes sans merci. La grâce
renaît, plus sérieuse, plus lointaine et plus mystérieuse, et le doux
visage enfantin de Madame Anthrny, de Pierre-Paul Prud'hon, bai-
gné d'une lueur argentée, modelé de fossettes et de jolis plans
souples, évoque la délicate beauté des chairs lombardes, l'onction
et la poésie des adolescents du Corrège. Géricault va chercher plus
loin et descend plus bas : à l'hébétude de la déchéance morale et
de la folie, il demande une sorte de poésie funèbre (la Folle).
Cependant, l'épopée emporte les hommes et entrechoque les na-
tions. De l'anecdote militaire, de l'historiette de bivouac, Charlet
s'élève à la grande et tragique pemture de la guerre avec VEpisode de
la Retraite de Russie. L'art romantique, l'art moderne, de Delacroix
(représenté par sept toiles) à Daumier et à Manet, se déploient en
séries imposantes. Daubigny, fin et mélancolique, Diaz, Courbet,
Millet mettent aux murailles du Musée la force émouvante et la
persuasive sincérité de leur génie. Corot, entre tous, Corot, naïf et
tendre, révèle la diversité, naguère encore méconnue, de ses dons,
avec un ensemble qui va de la Femme à Vatelier à la célèbre et
charmante Rue des Saules.
Et puis, des maîtres audacieux sont venus et nous ont fait une
fois encore découvrir la lumière, la subtilité du plein air ou ses
ardentes franchises. Dans les galeries de l'école moderne, on peut
suivre l'histoire et les nuances de cette transformation féconde.
Renoir, Monet, Sisley, Berthe Morizot font resplendir, sous l'hiver
des Gaules, un soleil qui diapré les apparences de reflets chan-
geants. Non loin d'eux, Henner, Fantin-Latour (la Lecture), Carrière
continuent la leçon des maîtres d'autrefois, en la pénétrant d'une
note nouvelle et profonde. Gauguin, qui s'exila volontairement ds
la vie contemporaine pour retrouver aux Iles Bienheureuses l'inno-
cence des anciens âges, groupe des Barbares étranges, d'une supé-
rieure beauté, dans un paysage des Hespérides (Papeete) . Les sta-
tues de Rodin (Eve, VOmhre) concentrent les souffrances d'une
humanité colossale, douloureuse, puissante, ployée sous un châti-
ment formidable, mais prête encore à bâtir des Babels et à injurier
le tonnerre. Elles ont quelque chose de bestial et de divin à la fois
-( 103 )-
Ellf^s sont pnrrntcH des géants cIp PrrKamr» et nn mcmr trrnps dr»
fauvcE dr Baryr, jailliH drs sauva^rrirn primitive» avec leurs beaux
muscK^p birn t<*iiduH. c oinine ce K^'oupr de pierre, Tif^rc clcvorant
un jeune ccrS, honneur du MiiHee.
Mais cjue dduvrc;; riKor»* où la vif pasflrc a laissé sa poésie et qi'i
Musée du Palais des Arts : « Madame Récamier », marbre de Chinard.
communiquent mille suggestions instructives ! La leçon d'histoire et
de goût donnée par Lyon n'est pas complète, si l'on néglige les
salles où sont groupés les bois, les émaux, les verreries, la céramique,
ies ivoires, les armes du Moyen Age et de la Renaissance. A la suite
du cabinet des médailles, où M. Dissard a réuni une exceptionnelle
collection sigillographique, à la suite d'une galerie d'antiques, où
se succèdent, dans le bronze, l'os, l'argile et le verre, mille aspects
séculaires de la vie, s'ouvre un domaine particulièrement riche, où
s'exercèrent longtemps le savoir et le goût d'un charmant « anti-
( 104 )
Musée du Palais des Arts : « La Lecture », par Fanlin-Latour.
quaire », à la manière et selon l'expression des hommes d'autrefois,
l'éminent Giraud. Toute une salle est consacrée aux sculpteurs en
bois, et l'on peut y comparer les productions élégantes, fermes sans
dureté, riches sans profusion, de la Renaissance lyonnaise, au génie
des artistes d'Auvergne, de Normandie et d'Ile-de-France. Une
patine charmante les revêt et leur éclat atténué est une volupté pour
les yeux. La grande vitrine des verreries étincelle de lueurs rares :
les bleus profonds et les verts aquatiques des gourdes, des coupes,
des bassins élaborés dans les ateliers vénitiens s'associent à la trans-
parence onctueuse de la matière incolore. Les crosses, les navettes à
encens, les pieds de croix, le beau reliquaire quadrilobé de la vente
Odiot, deux plaques d'évangéliairc où le Christ dans sa gloire et le
Christ en croix s'enlèvent sur un fond diapré de rinceaux, retracent,
avec une fraîcheur et une pureté délicieuses, l'histoire des émaux
sur champlevé dans les cités rhénanes et à Limoges. La collection
des émaux peints est illustrée par les signatures de Pierre Courteys,
Léonard Limosin, Pierre et Jean Reymond, par celles des Penicaud.
Un beau calice d'argent doré décoré d'émaux translucides sur relief
atteste le savoir technique, le rareté de goiit et le sentiment décoratif
des maîtres siennois. Nulle technique qui ne soit significative des
aspirations et des mœurs, qui ne reflète le génie des races et des
âges : la délicatesse précieuse de l'ivoire traduit le génie austère, la
sobriété vigoureuse des Byzantins du XI^ siècle, avec les quatre bas-
reliefs des Evangélistes, ornés d'attributs et de branchages fleuris,
les élégances profanes du XIV^ siècle français, avec une charmante
tablette à écrire sur laquelle une jeune femxme et ses amis jouent à
la main chaude. La céramique est riche en oeuvres hispano-mores-
ques, italiennes, françaises, orientales : le souffle naturaliste de
notre Renaissance anime et vivifie, sur les plats de l'école de Palissy,
aux flancs de ses aiguières, la faune des vergers, des ruisseaux et
des fontaines rustiques. Les décorateurs de Damas, de Lindos, de
-( 105 )-
Brousse, <!«• li I* i ' dislrihiimt 8ur le fond laiteux dfM faïe;»icet
un univers nu.nàtt de nolcn dclicate»» ou puissanteH, de tcMcIh vi-
brants ou paisibirs. Avec eux, nouH sommes encore dan* le royaume
de's i)rintreH : mais. maKi<">enH plus subtils, ils nous appr^-nnr nt à
chérir à la fois la t<*rrr, d'où niujiiircnt tnuf de rnfrvrillr.4. Ir f u qui
leo durcit et qui les colora, la Imiùrrc (|ui Irs fait briller cornino un
étincelant parterre.
De» honinies excell(Mits ont aidr la Vill<* d«- Lyon à rruiur ccê
trécors. Les cabinets Lambert et Bernard, légués aux Musrrs muni-
cipaux, sont les durables lomoiynagt's du Koût r» d<* la i<<-ri*'*''<^^Jtc
des amateurs lyonnais. L'importance pécuniaire et les dispositions
Intelligentes du legs Chazières, joint au budget général des Musées,
leur assurent des revenus assez considérables pour leur permettre
d'acquérir thatiue année des œuvres de premier ordre. La créa*ion
d'une salle destinée à 1 exposition des achats et des dons, avant
qu'ils soient répartis dans leurs séries, tient le public au courant
des efforts faits pour enrichir les collections. Une salle de iravail
accueille les chercheurs. Les Musées de Lyon ne sont pas seulement
une belle galerie de chefs-d'œuvre et de raretés, constituée pour la
joie d'une élite : ils sont organisés pour contribuer à l'éducation
publ'que, pour faire aimer la cité, pour éclairer et pour informer
l'histoire.
Henri FociLLON.
Le Grand-Théâtre. Cl. Synd. Inii.
-( 106 )-
GRAND-THEATRE
Le Grand-Théâtre a été construit de 1828 à 1832, d'après les plans
et sous la direction de l'architecte Chenavard. qui en fut chargé
à la suite d'un concours public ouvert en 1827. Un collaborateur,
M. Follet, lui fut imposé, mais celui-ci ne semble pis avoir pris
une grande part à l'édification de ce monument.
Complètement isolé, séparé de l'Hôtel de Ville par la place de la
Comédie, où aboutit la rue de la République, l'édifice forme un
quadrilatère d'une surface de 2.908 mètres carrés.
La façade principale, donnant sur la place de la Comédie, est
d'une noble simplicité. Sa composition, du plus pur style classique,
avec ses huit Muses couronnant l'attique, est d'un très bel effet. Le
plafond du foyer a été peint par Domer ; celui de la salle a été
peint à la colle par Abel de Pujol.
Il est donné dans ce Théâtre, qui peut contenir 1.800 personnes,
l'opéra et l'opéra comique.
C. Meysson.
PALAIS DU COMMERCE
MUSEE HISTORIQUE DES TISSUS
Le Palais du Commerce. — Le Palais du Commerce est une œuvre
marquante caractéristique de l'époque de Napoléon III. Le projet
Au monument faisait partie du plan général de rénovation du centre
de la ville que Vaïsse, préfet-maire de Lyon, se proposait de réa-
liser par 1=1 percée de la rue Impériale entre l'Hôtel de Ville et la
place Bellecour. Le premier rapport fut présenté à la Commission
municipale de 27 décembre 1853. Les travaux commencèrent en
1835, sous la direction de Dardel, architecte de la Ville L'inaugu-
ration officielle eut lieu le 25 août 1860, en présence de l'Empereur
•et de l'Impératrice.
Diverses Institutions sont installées au Palais du Commerce. C'est
<l'abord la Chambre de Commerce, qui d'ailleurs avait contribué
pour moitié aux dépenses de la construction ; puis la Bourse et la
Compagnie des Agents de Change, le Tribunal de Commerce, celui
des Prud'hommes, avec leurs dépendances, des salles de cours pour
l'Ecole Coloniale. A côté de ces Services publics, certaines parties
du rez-de-chaussée et des sous-sols sont louées au Crédit Lyonnais.
Le plan général a la figure d'un vaste rectangle de 65 mètres sur
57 mètres, et les façades s'orientent à peu près exactement : nord,
est, sud, ouest. La construction est en pierre de Cruas.
L'entrée principale est au nord (place de la Bourse). Elle est
surm.ontée d'un fronton dont l'exécution avait été confiée au sculp-
teur Bonnet. Une autre entrée solennelle est au sud (place des Cor-
- ( 107 ) -
déliera). C'eat nu perron de celte façade c|iie, en 1902, a été place le
bas-relief di* Verniare rrf)rrsentant le Rhône et la Saône.
Par l'entrre nord, on fx-nrlrr dans un vantr vrstihulr don partent
à gauche et à droite- d<* ^{rands rHralirrH inonnrnrniaiix dont les
voûtes portent des plafond» prints par Dorrter et Brncliol.
Au centre du rez-de-chaussée, le visiteur rencontre la Salle de la
Bourse, de 25 mrtroH de hauteur. Rlle est rouronnre par un beau
plafond d'Alexandrt' He.ss. i)fintre d'histoire rt mrmhrr de l'InHtitut.
11 y a représente une alh-Korie <^hi Commerce mondial. I*.n avant et en
arrière du panneau central, des écuBsons aux armes et au mono-
gramme de Lyon sont dus au pinceau de Denuelle. Le plafond repose
sur vingt-quatre cariatides en bois, de Bonnet ; elles séparent les
verrières d'éclairage. A droite et à gauche. deR portiques bordent
Le Palais du Commerce et la perspective du Pont Lafayette.
(Cl. Synd. Init.)
le hall central. Ils sont ornés de statues par Bonnassieux et Roubaux.
Autour de ce hall sont les aménagements de la Compagnie des
Agents de Change et certaines bureaux du Crédit Lyonnais, dont
l'accès est indépendant.
Au premier étage, sur la façade sud, la Chambre de Commerce
tient ses réunions dans un magnifique salon. Le plafond et les pan-
neaux décoratifs y sont de Beuchot. Un grand portrait de Jacquard
est de Bonnefond. De superbes soieries tendent les murs, complé-
tant un luxueux mobilier. De chaque côté, s'ouvrent les bureaux
qui débordent sur la façade est, et se lient à une riche Bibliothèque
accessible aux travailleurs. Le Tribunal des Prud'hommes occupe le
centre de la façade est. A l'ouest, tout est réservé au Tribunal de
Commerce : salles d'audience, bureaux, greffe. Enfin, au centre de
la façade nord, une grande salle, dite Salle des Réunions Indus-
trielles, peut être mise à la disposition des Sociétés qui en font
la demande. On y fait également de nombreuses Conférences. La
plupart de ces services communiquent par une galerie donnant sur
le hall. On y voit une belle horloge où Bonnassieux a groupé autour
-( 108 )-
du cadran trois élégantes figures de femmes représentant l'heure pro-
chaine, l'heure du moment, l'heure passée. Dans des niches, Fabisch
a sculpté des figures symbolisant les Quatre Parties du Monde.
Dès maintenant, nous mentionnons qu'en passant par le grand
escalier a droite de la façade nord, on peut monter dans une partie
des combles où la Chambre de Commerce entretient son Musée
Colonial. Pour le visiter, il faut s'adresser au Secrétariat de la
Chambre.
Musée Historique des Tissus. - Tout le deuxième étage du
Palais est réservé au Musée Historique des Tissus de la Chambre de
Commerce de Lyon. Ce Musée si spécia^ unique en son genre, est
Palais du Commerce : façade sur la Place de la Bourse.
incontestablement la principale des attractions lyonnaises. !1 est de
fondation relativement récente. C'est l'éminent et regretté Edouard
Aynard, alors qu'il était Président de la Chambre de Commerce, qui
en eut l'initiative. Sa conviction entraînante sut vaincre toutes les
hésitations. Le Musée lui doit ses plus belles pièces. Leur prix, si
élevé parut-il alors, s'est trouvé depuis majoré dans de telles pro-
portions qu'il serait impossible de rêver de les acquérir aujourd'hui.
Jusqu'à sa fin, Aynard se préoccupa du Musée qu'il avait fondé à
la place d'un autre Musée, dit Musée Industriel, créé lors de la
construction du Palais, dont le programme était trop vaste pour les
locaux et les ressources dont pouvait disposer la Chambre. D'ailleurs,
en spécialisant le Musée à la Soie, le nouveau programme corres-
pondait plu3 directement aux besoins de l'Industrie maîtresse dont
Lyon tire sa plus grande gloire et son profit depuis des siècles.
Chaque année, la Chambre de Commerce dépense des sommes
importantes, régulièrement inscrites à son budget, pour entretenir et
enrichir ses collections.
Le Musée est largement ouvert. La Chambre de Commerce a voulu
-( 109 )-
qu'il m soit ainsi, parce «ni flN- Ir considère avant tout comme
un instrunirnl <lr travail rt non iint* < fxjiu-ttrrie. Mais journellement
tout le niondr prut visiter 1rs ( ollrrtions.
Le Musée Historique des lissus devient .unique si l'on ronsidère
son parti-pris de classements rationnels, ses efforts de clarté. La
grande figure cl'Ldonarc^ Aynard reparaît ici. C'est lui qui voulut
que. de l'entassrnirnt d<*s richesses acquises, se déga(.îeât un ensei-
gnement, où le chert heur rrudit pût s'imprégner des diverses mé-
thodes dont usèrent les Ecoles de toutes les époques et de tous les
pays. Ainsi, érudits et artistes profitent de la grande leçon de
l'expérience des siècles. C'est là un appoint d'art pour la I abrique
dont l'importance ne saurait échapper à personne.
Palais du Commerce : la Salle de la Bourse. (Cl. Synd. Init.)
L'entrée est au haut de l'escalier de gauche, sur la façade nord.
C'est également par là que sort le visiteur après avoir fait le tour
complet de l'étage. Chaque côté comporte une grande salle, reliée
à celle qui la suit par des couloirs, des galeries ou des pièces de
moindre surface. La grande salle Est, celle dans laquelle on pénètre
d'abord, présente une première série didactique, comprenant la
suite des échantillons se rapportant aux trois premières périodes de
l'Histoire des Soieries : périodes Romano-Byzantine, Musulmane, Ita-
lienne. La quatrième, la période Française, est installée à part, salle
Ouest.
La période Romano-Byzantine est étudiée au moyen des tissus
coptes exposés dans la première travée. Ces vénérables reliques sont
des huit premiers siècles de notre ère environ. Les tissus coptes
proviennent de nécropoles égyptiennes du commencement de notre
ère. Alternativement, ils évoquent l'influence de Rome, de Byzance
ou de l'Arabe, premier conquérant de l'Islam. La Perse Sassanide y
marque aussi sa trace. L'art Romano-Byzantin est essentiellement
architectural. Le motif principal du décor y est toujours nettement
( 110 )-
présenté dans un compartiment qui fait cadre. Ainsi le veut un
art ayant son point de départ à l'Occident.
Dans la seconde travée est exposé l'art Musulman. Cet art d'Orient
cherche, au contraire, les inextricables combinaisons ornementaltrs.
Les motifs décoratifs s'enchevêtrent les uns dans les autres, avec le
parti pris du hiératisme et de l'irréalité des formes. L'Islann de l'Est
exploite les êtres animés autant
qu'une flore idéale. Vers le
XIV*' siècle, sous diverses in-
fluences, chinoise et occiden-
tale, il exploite quatre fleuis :
tulipe, oeillet, jacinthe, églan-
tine. L'Islam de l'Ouest re-
jette les êtres animés, son décor
est a base de géométrie. Des
inscriptions et un genre parti-
culier d'arabesques s'y mêlent.
Le Centre de l'Islam est moins
créateur. Grâce aux pèlerina-
ges de la Mecque, il s'inspire
de ce qui lui vient de l'Est et
de l'Ouest. A partir du XV« siè-
cle, l'art Musulman s'isole et
s'immobilise.
Les vitrines qui suivent, à
gauche de la salle, sont réser-
vées à la période italienne.
L'Ecole palermitaine prépare
l'évolution. Après les Vêpres
siciliennes (1282), les ouvriers,
chassés de Sicile par la persé-
cution, sont recueillis par les
villes italiennes qui ont fait for-
tune pendant les Croisades et
vont fabriquer pour tout l'Occi-
dent. L'art est ici réaliste suivant la compréhension occidentale. Il
évolue sans cesse, en quête de progrès indéfinis. Au XIV- siècle, il se
ressent encore de l'influence de l'Islam, tout en inaugurant la copie de
la Nature à la suite des imagiers français et du maître Giotto. Au
XV*^ siècle, la fantaisie savante des artistes italiens crée des mer-
veilles qui s'imposent à tout le monde chrétien. C'est Tâge d'or du
tissu italien. Le XVI*" siècle vit des belles créations du XV*^ aux mains
d'ouvriers et non plus d'artistes. A la fin du siècle et au commence-
ment du XVîI^, on invente à nouveau, grâce à l'art Jésuite. C'est la
décadence d'une période, si pure et si claire à ses débuts, versant
à sa fin dans un décor infiniment chargé.
Dans la dernière travée de la salle Est ont été rassemblés divers
spécimens de broderies occidentales du Moyen Age et de la
Renaissance.
La salle qui suit est réservée à l'Extrême-Orient : Chine et Japon.
Au centre de la partie sud, se trouve le Salon d'Honneur du
Musée. On y a rassemblé d'incomparables monuments. Toutes les
pièces demanderaient une mention spéciale. Elles sont de deux
sortes : aux murs et sur le sol, d'admirables tapis d'Orient ; dans
quatre vitrines d'angle, des costumes liturgiques et des broderies.
Horloge monumentale de la Salle de la Bourse,
-(III)-
Après le couloir qui Huit sont place» Ich Bureaux de l'Adminis-
tration du Musée, sa ri( lu- Rihliothffjnr- dart, ses Archives.
Musée historique des Tissus : la Salle d'entrée,
Passant de la Salle d'Extrême-Orient a celle des Archives, une
longue galerie de 30 mètres renferme une superbe collection de
Musée historique des Tissus : une Vitrine de Costumes,
dentelles où sont représentés tous les genres, et parfois par des
spécimens de tout premier ordre.
-( 112 )-
Après cette galerie, le visiteur pénètre dans la salle Ouest, réservée
à la période Française : c'est là l'histoire même de la Fabrique Lyon-
naise. Son Ecole est surtout florale. Sous Louis XIV, le détail déco-
ratif est énorme, plus grand que nature, sous Louis XV environ
grandeur nature, sous Louis XVI plus petit que nature. Lyon in-
vente des compoistions où le relief est nettement exprimé par des
jeux d'ombres et de lumières. Jusque-là, les aplats étaient unique-
ment employés.
Le milieu de la salle est entièrement consacré à une grande
vitrine cloche où sont réunis quantité de costumes exposés sur man-
nequins.
La production de l'Ancien Régime se trouve couronnée par l'œu-
vre du grand Philippe de Lassalle, dont le Musée possède une
incomparable collection.
Les soireies Napoléoniennes sont représentées par des échantillons
parfois uniques. Dans le trésor du Mobilier National, en effet, les
mêmes tissus ont reçu de fâcheuses ajoutures sous la Restauration.
Une dernière salle, celle du Nord, est consacrée aux évolutions du
XIX^ siècle : Restauration, Napoléon III, Troisième République. Dans
cette salle également est exposée une suite intéressante de petits
modèles de métiers.
Nous ne saurions trop recommander aux étrangers venus à Lyon
à l'occasion de l'Exposition la visite du Musée Historique des
Tissus. Rien ne peut mieux faire comprendre le succès persistant
de ses Fabricants.
C'est l'honneur de la Chambre de Commerce d'avoir pris l'ini-
tiative d'un tel Musée, qu'elle ne cesse d'enrichir. Ainsi, elle écrit
une superbe page de l'Histoire de l'Art intime et utile des soieries,
elle élève le plus beau des monuments à la gloire et à la prospérité
des travailleurs de Lyon.
R. C.
« Le Rhône et la Saône », par A Vermare
Jardin du Palais du Commerce, Place des Cordeliers
( 113 )-
coNunioN i^UBiJQUi: DES sc)ii;s 1)1 : lyon
l'onclcc par décret du 2i ^crn^indl an XIII (5 avril 1805).
ADMINISTHr^.r: PAR LA CIIAMHKK 1)1. CCJMMI.HCK DK LYON
ORICINF. r.T Ol^JLT I)K CLITI. INSTITUTION. Les fibres textiles végé-
tales ou animales possèdent un (.^rand pouvoir hygrométrique, qui
leur permet d'absorber des quantités d'eau très variables suivant les
influences extérieures auxquelles elles sont soumises.
Chaque catégorie de ces fibres à l'état naturel contient une cer-
taine proportion d'eau de constitution cjui lui est propre, mais il est
impossible aux intéressés d'apprécier eux-mêmes, par les moyens
dont ils disposent, dans quelles limites ce coefficient est dépassé.
L'expérience a démontré que cette détermination ne pouvait 'ttr'î
laissée au libre arbitre des vendeurs ou des acheteurs, que seules
des Institutions désintéressées pouvaient donner les garanties dési-
rables d'impartialité et d'indépendance.
Actuellement, en France, les établissements chargés de ce con-
trôle sont désignés sous les noms de Condition des Soies ou Bureau
de Conditionnement des lextiles. Ils sont sous la surveillance des
Chambres de Commerce ou des Municipalités et constituent des
Services publics dont les méthodes et règlements doivent être ap-
prouvés par décret. La loi du 21 août 1900, qui est venue réglementer
d'une manière plus complète les attributions de ces établissements,
leur a donné un caractère officiel et a interdit de créer une Condi-
tion privée, en vue de la mettre à la disposition du public, sur les
territoires des communes et dans les circonscriptions des Chambres
de Commerce où il existe déjà un Bureau public de Conditionne-
ment autorisé par décret.
Le rôle de ces établissements est de fixer, pour chaque transac-
tion, les conditions normales d'humidité de la marchandise, d'en
déterminer le poids légal et marchand, c'est-à-dire bien conditionné.
Bien que le recours aux opérations des Conditions ne soit pas obli-
gatoire, il se fait peu de contrats qui ne soient pas réglés par leur
contrôle.
La première Condition des Soies remonte à la fin du XVII® siècle ;
elle a été établie en 1684, à Turin.
Celle de Lyon, la seconde en date, fonctionnait comme établisse-
ment privé dès 1779, puis est devenue, par décret du 23 germinal
an XIII (5 avril 1805), la Condition unique et publique, administrée
depuis cette époque par la Chambre de Commerce de Lyon, qui en
perçoit tous les produits.
Tous les établissements analogues créés depuis en France et à
l'Etranger ont uniformément adopté les méthodes de la Condition de
Lyon, qui leur a servi de modèle.
Les Conditions, établissements publics de poids et mesures pour
la soie, fournissent au commerce tous les renseignements suscep-
tibles de l'éclairer sur la valeur marchande des textiles.
C*est ainsi qu'à Lyon, outre le pesage et le conditionnement, qui
est le dosage de l'humidité des textiles, la Condition établit, par le
décreusage de la soie, en un résultat d'ensemble, le dosage du grès
et des matières étrangères solubles ajoutées ; par Y analyse chimique,
8
-( 114 )-
elle isole ces matières étrangères solubles et insolubles ; par le
titrage ou le numérotage, elle détermine la grosseur des fils.
Enfin, le Laboratoire d'Etudes de la Soie complète ces renseigne-
ments par des recherches scientifiques et pratiques sur les vers à
soie et sur la soie qu ils produisent.
Bâtiment de la Condition (Ses transformations successives de 1814
à 1913). - La Condition fut établie le 20 octobre 1805, au deuxième
étage de la maison d'Ambérieu, place Saint-Pierre, aujourd'hui
place Meissonier, 1. Cette installation fut provisoire jusqu'en 1814,
époque à laquelle fut terminé le bâtiment qu'elle occupe encore
aujourd'hui, 7, rue Saint-Polycarpe. Les travaux de cette construc-
tion, faite spécialement pour sa destination, avaient été commencés
en 1809. L'architecte Joseph Gay semble s'être inspiré de l'archi-
tecture massive des anciens palais florentins ; en ce qui concerne
la porte principale, qui n'est pas sans cachet artistique, il n'est pas
douteux qu'il a voulu rappeler la contribution toscane, dont a si
largement bénéficié l'industrie de la soie à Lyon, en prenant comme
motif décoratif les armoiries de VArte délia Seta, à Florence, que
l'Ecole Donatello et plus tard Andréa délia Robbia ont représentées
par une porte Por Santa Maria entourée d'angelots évoquant par
leurs ailes les papillons du ver à soie.
Rien ne fut changé aux plans primitifs avant 1856. A cette date,
on dut surélever l'édifice d'un étage pour l'installation du Bureau
public de Titrage. Le développement toujours croissant des opéra-
tions nécessita dans la suite des travaux coûteux, successivement en
1884 et 1895 ; depuis, chaque année, on s'est efforcé d'apporter les
agrandissements que réclamait la création de services nouveaux. Il
n'est plus possible de s'étendre sur place, il n'est même pas raison-
nable d'y songer, étant donné les difficultés d'accès. La •>. gestion du
transfert était à l'étude à la Chambre de Commerce depuis de
longues années ; elle est à la veille de recevoir une solution défi-
nitive. La Chambre de Commerce vient d'acquérir, dans ce but, de
l'Administration des Hospices, de vastes terrains situés aux Bro-
teaux, sur la rive gauche du Rhône, à proximité de la place Morand.
En attendant la construction de la nouvelle Condition, une annexe a
été installée cette année, place Tolozan ; elle sert actuellement à
dégager le siège principal, dont les services sont de plus en plus
encombrés. Cette annexe est appelée à devenir un point central
de liaison entre l'installation future et sa clientèle de la rive droite
du Rhône.
A l'origine, le mouvement annuel ne dépassait pas 400.000 kilo-
grammes ; à partir de 1842, il s'éleva au-dessus de 1.000.000 de kilo-
grammes.
Les chiffres résumés dans le tableau suivant montrent le dévelop-
pement pris par la Condition, et témoignent de la nécessité dans
laquelle on se trouve de lui donner une installation plus vaste :
Conditionnement
Nombre de
Nombre de
Moyenne
annuelle
et Pesage
décreusages
titrages
Kilos
—
—
De 1856 à
1860. . .
2.791.000
4.121
2.861
De 1876 à
1880, . .
4.566.000
1 1 .675
29.220
De 1896 à
1900. . .
6.589.000
28.260
22.205
1912 . .
.
8.222.000
38.129
38.564
1913 . .
8.414.341
33.108
42.467
-{ 115 )-
Porte de 'a Condition des Soies de Lyon (Cl. J. Sylvestre ,
et les deux sources florentines d'inspiration de son architecture : emblèmes
de l'art de la Soie.
m
Façade du Palais Capaccio a Florence
(Cl. Alinari.)
Extérieur de l'Église Saint-Michel
à Florence
(Cl. Alinari.)
-( 116 )-
Description de ces différentes Opérations : Conditionnement des
textiles. On entend par conditionnement d'un textile, soie, laine
ou coton, la détermination de son poids marchand, c'est-à-dire de
son poids ne contenant que la proportion normale d'eau de constitu-
tion qui leur est propre. Suivant son degré d humidité, le poids net
de ce textile sera diminué ou augmenté.
La méthode universellement adoptée encore aujourd'hui est celle
établie à la Condition de Lyon, en 1842, par l'ingénieur Léon Tala-
bot. Cette méthode qui porte son nom est aussi appelée méthode a
l'absolu : elle consiste à ramener, par une dessiccation absolue, ie
textile à l'état anhydre, puis on ajoute au poids sec ainsi obtenu la
proportion d'eau à laquelle il a droit. Cette quantité varie suivant la
nature des textiles et s'appelle taux de reprise ; ce coefficient conven-
tionnel est, pour la soie de 11 pour 100, pour la laine de 18 1/4
pour 100 et 8 1/2 pour 100 pour le coton.
On ne dessèche pas le ballot entier, mais on détermine par calcul
son poids sec en se basant sur les résultats fournis par des lots
d'épreuve judicieusement prélevés dans toutes les parties de ballot.
Ces échantillons sont pesés tels quels et sont considérés comme repré-
sentant l'état moyen d'humidité du reste du ballot ; ils sont dessé-
chés à l'absolu et le rapport entre leur poids primitif et leur poids
sec permet de fixer le poids sec du ballot tout entier ; le poids
conditionné est obtenu en ajoutant par calcul au poids sec le taux
de reprise du textile.
Mode de l'Opération. — Les échantillons sont divisés en trois
lots d'épreuve qui sont prélevés dans la proportion de 1,5 pour 100
du poids du ballot ; deux lots sont immédiatement desséchés chacun
dans des étuves séparées et sont pesés dans l'intérieur même des
étuves lorsqu'ils ont atteint l'état anhydre.
Pour la soie, on emploie depuis quelques années un mode de
dessiccation très rapide, dans lequel on utilise le maximum de
température que peut supporter la soie en lui appliquant une venti-
lation forcée. La température est de 140 degrés et la quantité d'air
soufflé par minute est de 2 m. c. 5. Ce perfectionnement de la
méthode Talabot est dû à M, G. Corti, directeur de la Condition de
Milan.
Toute l'eau est enlevée en quinze minutes, et le poids des échan-
tillons, qui est relevé au bout de vingt minutes, représente donc bien
leur poids anhydre. La reprise en eau de 11 pour 100 que Ton
ajoute est aussi accordée à la schappe de soie et aux fils de tussah.
On opère de la même manière pour la laine et le coton, on se
sert des mêmes appareils en diminuant la ventilation et en réduisant
la température de l'air à 110 degrés centigrades.
Emploi commercial du Conditionnement. — Les Conditions four-
nissent sur un bulletin tous les détails de l'opération, et le poids
conditionné qui y figure sert au vendeur à établir sa facture. L'opé-
ration du conditionnement n'est pas moins nécessaire lorsqu'il s'agit
d'un contrat d'ouvraison ou de la remise à un tisseur d'une certaine
quantité de soie écrue qu'il doit transformer en tissu écru. Dans l'un
et l'autre cas, la comparaison du poids conditionné de la soie permet
de faire le règlement de comptes des façons d'ouvraison ou de
tissage.
Matériel. — Le matériel employé comprend 36 étuves chauffées
-( 117 )-
par la vajxMir. Dai.s craulrcs. la chalrur est fournie par rénergie
éleclri(iur : c-nfin. tout rrc rmmrnt. la Condition a installe de nou-
velles rtuvrs (laMH IcHciurllc-H l'air est chauffe n la fois par des serpen-
tins à vap<Mir r[ par (1rs rraistances électriques.
Salle
de
Conditionnement
Groupe de
24 étuves
chauffées à la
vapeur
1907
Services de la Condition des Soies.
DÉCREUSAGE DE LA SoiE. — Le fîl de soie, tel qu'il est sécrété par
le ver, se compose de deux parties : une partie intérieure solide,
blanche et brillante, connue sous le nom de jihroïne, et une enve-
loppe extérieure blanche ou colorée en jaune, suivant la provenance,
sorte de matière gommeuse. qu'on appelle grès. Le grès est soluble
dans les solutions alcalines même étendues ou dans l'eau de savon
bouillante.
-( 118 )-
L'expérience a démontré que les soies renferment une quantité de
grès variable suivant leur provenance et leur couleur. Les soies
blanches en contiennent moins que les soies jaunes.
Le décreusage a pour but de dépouiller la soie de son grès ainsi
que des matières étrangères qui y auraient été ajoutées, celles solu-
bles dans l'eau de savon bouillante.
La proportion pour 100 de la perte ainsi obtenue constitue la
perte au décreusage. Pour faire cette opération, on prélève sur les
balles des échantillons d'épreuve dont on détermine le poids abso-
Musée du Laboratoire d'Etudes de la Soie.
lument sec. Ces échantillons sont soumis à l'action de deux bains
successifs d'eau de savon bouillante, contenant chacun un poids
de savon égal à 25 pour 100 du poids de la soie. La durée de chaque
bain est de trente minutes.
Les soies sont alors lavées à l'eau tiède pour les débarrasser de
leur savon et du grès en dissolution ; elles sont ensuite séchées,
puis pesées à l'état anhydre. La perte au décreusage résulte de la
différence des poids absolument secs des échantillons avant et après.
A Lyon, on se sert, pour les cuites et le rinçage, de l'eau du
Rhône corrigée ; à dater de 1914, toutes les Conditions qui font des
opérations de décreusage emploieront, d'un commun accord, l'eau
distillée, pour éviter les différences provenant de la composition
variable des eaux naturelles de chaque localité.
La perte pour 100 au décreusage fixe l'acheteur sur le poids de soie
vraiment utilisable, car, pour être teinte, la soie doit généralement
être décreusée. De plus, une perte au décreusage dépassant les limites
habituelles indique la présence de matières étrangères à la soie.
Les ventes de soies ouvrées se font avec la garantie d'une perte au
décreusage de tant pour 100, généralement celle indiquée par un
tableau qui fixe, pour chaque provenance de soie, la perte moyenne.
-( II9>-
Dans la plupart des contrats d'ouvraison. la tolérance de mouillage
est contrôlrr par la comparaison entre les pertes au dccreusat<<- de
la grrt^r <*t de mou ouvrée. Les mêmes dispositions sont ace ordrrs aux
soies de tussali.
En 1912. le nonil)r(' fi'op» rations (le décreusuije a ctc dv 5H.I29.
En 1913, le nombre d'opérations de décreusage a été de 33,108.
Analyse CiIIMIQUK DI. la Son.. On sait cju»-. pour farilitf-r Ir
dévidage de la soir h l'ouvraison. on la bai^-^nr dans des solutions
de savon, de vaseline ou autres matières, suivant les cas. Ce mouil-
lage doit être fait dans certaines conditions, il ne doit pas avoir uni-
quement comme résultat de donner du poids, il ne faut pas non plus
que les produits ajoutés puissent altérer la fibre. Or, le décreusage
fournit, dans un résultat d'ensemble, la perte de poids provenant du
grès et des matières solubles ajoutées. L'analyse permet de déter-
miner la proportion de ces dernières, elle révèle aussi les produits
minéraux ajoutés qui échappent au décreusage.
On isole ces matières en lavant les soies a 1 aide de réactifs appro-
priés, on se sert pour cela d'appareils d'épuisement spéciaux ; la
comparaison entre les poids absolus, avant et après, donne la pro-
portion des produits ajoutés à la soie.
Au point de vue qualitatif, on procède comme pour les recherches
analytiques.
En ce qui concerne les matières miinérales insolubles, on se rend
compte de leur présence par l'incinération de la soie, et on analyse
les cendres lorsque leur poids dépasse un quantum déterminé.
En 1912, le nombre des analyses a été de 3.778.
En 1913, le nombre des anaylses a été de 3.246.
Titrage de la Soie. Numérotage des Textiles. — Pour déterminer
la grosseur d'un fil, on peut recourir aux deux méthodes suivantes :
la première, désignée sous le nom de titrage, qui est spécialement
appliquée à la soie, consiste à peser une longueur fixe de fil ; la
seconde, dans laquelle on cherche la longueur nécessaire pour pro-
duire un poids donné, est connue sous le nom de numérotage ; elle
est employée pour les fils de laine, coton et autres filés.
Il y a quelques années encore, la soie était titrée à Lyon par le
poids en gr. 0,0531 d'une longueur fixe de 476 mètres ; en Italie, le
titre était exprimé en poids en demi-décigramme et la longueur fixe
était de 450 mètres. A la suite du Congrès de Numérotage de 1900,
tenu à Paris, le titre a été unifié et le commerce a adopté le titre
italien, qui est, depuis le 1^^' janvier 1903, le titre international de
la soie.
Une soie du titre 20 est deux fois plus grosse qu'une soie du
titre 10.
Pour les autres matières textiles, on a recours, comme il a été dit
plus haut, au numérotage. Le numéro est donné par le nombre de
1.000 mètres au kilogramme.
Cette méthode est l'inverse de celle employée pour la soie ; le
poids est constant et la longueur est variable. Un numéro 40 est
un fil de 40.000 mètres au kilogramme ; il est deux fois plus fin
qu'un numéro 20, qui donne 20.000 mètres au kilogramme.
Le Bureau de Titrage indique aussi l'élasticité et la ténacité des
fibres textiles. Pour les soies ouvrées, on recherche les torsions
données aux fils dans les opérations de moulinage, soit à la grège
-( 120 )-
séparément, soit après son doublage avec un autre fil. Les rensei-
gnements de dévidage des grèges sont également fournis pour indi-
quer leur valeur.
En 1912, le nombre des opérations de titrage a été de 38.564.
En 1913, le nombre des opérations de titrage a été de 42.467.
Laboratoire d'Etudes de la Soie. — Depuis 1884, la Chambre de
Commerce a annexé aux services de la Condition un Laboratoire
d'Etudes de la Soie, destiné a fournir à l'industrie de la soie les
renseignements dont elle a besoin.
Ce Laboratoire possède un matériel de filature expérimentale qui
lui permet d'étudier la valeur comparative des différentes races de
cocons, et de rechercher les qualités inhérentes à chaque nature de
soie. Il possède aussi un vaste musée sérique dans lequel ont été
réunis tous les spécimens des Lépidoptères producteurs de soie,
domestiques ou sauvages. Cette collection, qui comprend un très
grand nombre de papillons de tous les pays, unique au monde, a
permis au Laboratoire d'entreprendre des études nouvelles, intéres-
santes au point de vue scientifique, utiles dans la pratique par les
indications qu'elles donnent à la sériciculture. Les travaux du Labo-
ratoire sont publiés et forment aujourd'hui un ensemble de publica-
tions très appréciées.
Statistique. — Le tableau de statistique donné plus haut, qui
justifie l'importance des services rendus par l'établissement, met
aussi en relief l'étendue du développement du marché local. Les
relevés de la Condition Publique peuvent, en effet, être considérés
comme la reproduction fidèle du mouvement des transactions soyeuscS
à Lyon. Il ressort de l'examen de l'ensemble des opérations faites
par la Condition, depuis sa création, en 1805, qu'elle a eu à exercer
son contrôle sur 330 millions de kilogrammes de soie. En attribuant
un prix moyen de 50 francs par kilogramme, le chiffre des affaires
en soie écrue représenterait, pour cette période de plus de cent
années, une valeur de plus de 16 milliards de francs.
Institutions Patronales. — Les Personnels de la Condition et du
Bureau de Titrage bénéficient des avantages des Institutions de pré-
voyance que la Chambre de Commerce a organisées : Caisse de
Retraites des Employés de la Condition et Société de Secours mutuels
des Ouvriers en Soie, à laquelle sont associés un certain nombre
d'employés. Depuis l'application de la loi du 5 avril 1910, ceux
des employés assujettis à ses prescriptions statutaires ont été autorisés
à continuer en même temps le versement de leur cotisation aux
Œuvres de prévoyance de la Condition. Ils auront droit ainsi, au
moment voulu, à leur pension légale et participeront aussi aux
avantages accordés par les statuts de ces Institutions de prévoyance.
récompenses
Exposition de Paris 1889, Médaille d'or.
Exposition de Lyon 1894, Médaille d'or.
Exposition de Paris 1909. Grand Prix.
Joseph TesteNOIRE,
-( 121
La balle Rameau. 'Cl. « Construction Lyonnaise ».J
SALLE RAiMEAU
Rue de la Martinière, 29 et 31 .
Edifiée en 1907-1908, spécialement pour les auditions de la Société
des Grands Concerts de Lyon, mais destinée aussi aux grandes Con-
férences, aux Congrès, aux Concerts de Sociétés, Bals, Séances de
Cinéma, etc
La construction fut faite avec la collaboration de la Ville de Lyon
et de la Société des Grands Concerts, par la Compagnie Immobilière
du I^^* Arrondissement, qui resta chargée de la direction de l'exploi-
tation.
Les planchers, galeries sur consoles, sans colonnes, la toiture sont
entièrement e?i ciment armé ; c'est une des premières applications de
ce genre de construction.
-( 122 j-
La disposition particulière de cette salle est que. sur la scène,
les instrumentistes sont groupés en bas, les choristes sont groupés
sur une galerie au-dessus, de sorte que les exécutants, au nombre de
225, occupent un espace très restreint sous l'œil du chef.
Le nombre des places est de ! .800. divisé en fauteuils et deux
galeries.
En dehors des douze ou quinze grands concerts annuels, la salle
est à la disposition des Sociétés ou des particuliers, moyennant un
prix de location, par séance ou par jour, variable suivant les saisons.
EGLISE SAINT-BONAVENTURE
L'église Saint-Bonaventure fut bâtie par des Religieux Francis
cains, dits Coroeliers, au cours de Tannée 1325 et des suivantes.
Il y avait à peu près un siècle que ces moines mendiants, envoyés
par le Patriarche d'Assise, avaient été installés par le Sénéchal
Jacques de Grôlée, sur l'emplacement que leur couvent occupa jus-
qu'à la Révolution. Leur popularité s'était accrue avec leur nombre
et leurs services, lorsqu'ils songèrent à remplacer, par ce second
édifice, plus somptueux et plus vaste, celui dont ils avaient usé
jusqu'alors. Une pierre tombale, encastrée dans la muraille de la
chapelle du Crucifix, primitivement sous le vocable de Notre-Dame,
au chevet de la nef latérale de droite, mentionne que l'autel en fut
consacré le 4 mai 1331 et Jean Ogier enseveli sous sa dalle ; sept
ans plus tard, l'Archevêque de Lyon, Pierre de Savoie, procéda à
la bénédiction totale du monument.
Au XV^ siècle, grâce à la générosité d'un médecin célèbre, Simon
Rovedis, ou de Pavie, l'étendue de la construction fut presque dou-
blée par l'adjonction de trois travées et du porche. La consécration
en fut célébrée deux ans après l'achèvement des travaux, en 1484,
par le sufîragant Etienne de la Chassagne.
Pendant l'occupation des Protestants, l'édifice subit les plus
cruelles dévastations ; ses autels furent renversés ; ses chapelles
pillées et éventrées ; ses reliques briilées ; le gardien du monastère,
après une horrible captivité, jeté dans la Saône du haut du Pont de
Pierre. Les réparations de ce vandalisme durèrent de 1572 à la nn
du siècle ; on en fut en partie redevable au R. P. Roux Murgat : il
restaura statues et tableaux, posa des stalles neuves au choeur, en
agrandit les fenêtres et les orna de vitraux ; éleva une tribune inté-
rieure au-dessus du grand portail et l'enrichit d'orgues longtemps
estimées comme les meilleures de la ville. Le millésime de 1587,
gravé sur la colonne du dernier arceau, rappelle la fin de ces diverses
améliorations et de ces aménagements opportuns.
Bientôt après les Pénitents du Gonfalon, qui faisaient remonter
leur origine au séraphique cardinal saint Bonaventure, un nombre
important de Confréries et de Corporations vinrent fixer leur siège
aux Cordeliers ; d'illustres morts leur demandèrent la sépulture ;
citons, parmi ceux dont la mémoire a survécu à leur épitaphe :
l'insigne bienfaiteur Simon de Pavie, Symphorien Champier, Lazare
Meissonnier, médecin et chanoine de Saint-Nizier, le peintre Fran-
çois Stella, le sculpteur Michel Perrache.
( 123 /
Franciscain par se» origines et Ma dcHtination, crt antique «anc
tuaire est du style le plus sévère : i^othifjiie par hch arcraux briHCs
et les nervures ogivales dr ses voûlrH. il rst drpriuillr d^ Imitr rspcce
d'oriieinrnt : ses colonnrs s rrifonc^nl direc Irrurul dans \r sol <;t
leurs chapiteaux n ()ffr<*nt au regard que des cubes rectangulaires
sans souci d'art et sans essai de variété. Les trois rétables que l'on
admire aux chapelles du Sacré Cri ur. d<- la Saint»- Vierge et de
Saint-Joseph appartiennent à la seconde moitié du XIX' siècle, la
façade a été reconstruite des fondements à son sommet avec un
L'Eglise Saint- Bonaventure. 'Cl. Synd. Init.)
pignon surélevé par M. Benoit en 1861, et, à l'intérieur, tout ce qui
sent un peu l'élégance remonte à une époque contemporaine.
Ce n'est que le K^' mars 1807 que Saint-Bonaventure fut rendu
au culie ; la Révolution l'avait désaffecté et l'avait transformé en
une halle au blé ; les chapelles des bas-côtés étaient devenues des
habitations privées et les puantes échoppes qui les environnaient
s'étaient encore multipliées. Les ruines étaient si considérables, d'as-
pect si lamentable qu'un instant le cœur manqua aux hommes de
bonne volonté auxquels le cardinal Fesch imposa cette restauration.
Depuis six mois, on nettoyait, on nivelait, on déblayait, on pavait,
on blanchissait, lorsque Son Emànence y entra le troisième dimanche
de Carême et y dit la messe sur un autel de planches disjointes,
clouées à la hâte, au-dessus de baies sans vitrages, bouchées avec
des toiles transparentes. Le Prélat y bénit une cloche, offerte par les
maîtres des boucheries de l'Hôtel-Dieu, et donna la confirmation à
plus d'un millier de personnes.
Désormais, après cette prise de possession si impressionnante et si
courageuse, pendant tout le siècle qui suivit, le zèle des curés appe-
lés au gouvernement de la paroisse n'a cessé de se dépenser et de
provoquer la charité catholique, afin de rendre au monument mutilé
-( 124 )-
et déshonoré ce que l'impiété, le schisme, des usages vulgaires lui
avaient enlevé. Les efforts des Pascal, des Jordan, des Pater, des
Méchin, des Protière, ont été couronnés de succès.
Maintenant, grâce à sa situation, placée au centre de la ville, entre
les Terreaux et Bellecour, au débouché du pont Lafayette, qui la
met en communication directe et commode avec les populeux quar-
tiers doutre-Rhône, à proximité de la tête de ligne de plusieurs
tramways, en face de la Halle et du Palais de la Bourse, l'église des
Cordeliers est fréquentée par un incessant concours de fidèles ; selon
un dicton passé en proverbe, tout Lyonnais a deux paroisses, la
sienne et Saint-Bonaventure, la première où il habite, où il baptise
et marie ses enfants, où il sera probablement enterré ; la seconde
où il vient, en passant, prier, se confesser, entendre la messe et
brûler des cierges.
La dévotion à saint Antoine de Padoue, le thaumaturge débon-
naire des pauvres et des affligés, entretient et accroît cette série
ininterrompue de visiteurs ; elle achève de donner au vieil et sombre
édifice un caractère d'originalité et une procession de clients qui
ne se rencontrent nulle part ailleurs.
EGLISE DE SAINT-NIZIER
L'église de Saint-Nizier, à l'origine, ne comportait qu'une crypte
où les premiers Chrétiens s'assemblaient secrètement. A la fin du
11^ siècle, on éleva sur cette crypte une basilique qui fut réédifiée
par saint Eucher au mJieu du V^ siècle. Ruinée de nouveau au
VIII*^ siècle, la basilique fut reconstruite par Leidrade vers 1 an 800.
Au XIV^ siècle, l'église de Leidrade chancelait à son tour et il fallait
la rebâtir ; mais, malgré les efforts de Villars de Tours, les travaux
de construction furent ajournés. Au XV^ siècle, les Chanoines de
Saint-Nizier enteprirent et poussèrent avec activité la construction de
l'église actuelle : en 1454, après l'achèvement des nefs, on com-
mença l'érection du clocher septentrional. Pour ces travaux, le Cha-
pitre de Saint-Nizier fut autorisé à employer des blocs de pierres
extraits de la colline de Fourvière et provenant des ruines de mo-
numents romains. Pierre Renouard, échevin en 1499, 1509 et 1513,
mourut avant l'achèvement de l'église qu'il poursuivait avec ardeur.
Ses héritiers s'employèrent à cette oeuvre et firent rebâtir la chapelle
souterraine de Saint-Ennemond, où ils placèrent les tombeaux de
plusieurs saints.
En 1536, Philibert Delorme, natif de Lyon, revenant d'Italie, où il
avait étudié l'architecture, fut chargé de la construction du porche
et de l'entrée sur la façade à l'ouest. Il la commença sur un plan
nouveau entièrement étranger aux formes adoptées dans le r^ste
du monument. Le porche était élevé jusqu'à la corniche lorsque le
maître de l'œuvre fut appelé à Paris par le cardinal Dubellay pour
être présenté au Roi. Delorme laissa inachevée son œuvre, qui fut
continuée par la construction d'un fronton et d'un entablement peu
en rapport avec l'architecture du porche. Notre égoïsme provincial
n'ira pas jusqu'à maudire l'ambition du plus illustre des architectes
-( 125 ^-
Ivonnais, puisque le dclaissemc-ut dr Saint-Nizicr a valu à la I rance
le Palairt drs 1 uilrrirH. Irs Châtraux d'Anrt, i\r Saint Maur -•» tant
dV.iilreH ( hrfs d'ii'uvrr con(,ii8 ri rxt-c ulrs f)ar Plnlihrrt i.>r-lorrnr-.
Après avo'r subi dt* noinhrruHrH mutilatioriH m 1562, pr.idant \rz
luttes avec les HuKuenotH, rr^lise de Saint Nizier fut restaurée, mai»
les statuettes du portail nord n'ont jamais été remplacées.
Eglise de Saint-Nizier. iNeurdein frères, phot.)
En 1646, une délibération consulaire autorisa la construction de
boutiques adossées aux chapelles latérales sur la façade au nord et
autour du chevet de l'église.
Au milieu du XIX^' siècle, on procéda à la démolition d'une partie
de la porte méridionale, édifiée en 1585, pour la mettre en rapport
avec les premières assises établies au XV^ siècle, et l'on construisit
le clocher et la flèche au sud-ouest, ainsi que le pignon sur la
façade principale, d'après les plans et sous la direction de C.-A. Be-
noit, architecte lyonnais.
L'église de Saint-Nizier, régulièrement orientée, dont le vaisseau
a été établi en forme de croix latine, se compose de trois nefs et de
deux rangs de chapelles latérales avec une grande abside pentago-
nale. La longueur de l'édifice est de 74 mètres pour une largeur de
-( 126 )-
28 mètres et 29 mètres de hauteur sous clef de voûte. Les proportions
de l'église sont bien équilibrées et la décoration sculpturale est
remarquable par la finesse et la variété des motifs, notamment dans
les chapiteaux, les gables surmontant les arcatures du triforium et
les nervures des voûtes enrichies de clefs portant les armoiries des
donateurs de l'église.
Dans le transept sud, on peut admirer la statue de la Vierge à
l'Enfant, d'Antoine Coysevox ; cette statue est placée sur un socle,
au centre d'un rétable du XVIlT siècle. Dans le transept nord, on
remarque une statue de saint Pothin. due au ciseau de Chinard,
sculpteur lyonnais. Les chapelles latérales ont été édifiées en grande
partie avec les fonds fournis par des corporations, et leur histoire se
trouve intimement liée à celle de la Cité. La chapelle Saint-Jacques,
aujourd'hui démolie, avait été le premier lieu de réunion des élec-
teurs consulaires avant que Simon Maupin eût construit l'Hôtel de
Ville actuel. Tous les ans, la cloche de Saint-Nizier appelait les
citoyens à l'élection des conseillers, et les proclamations se faisaient
dans l'église même de Saint-Nizier.
MONUMENT BURDEAU
Dominant une série de rampes et d'escaliers, dans le cadre char-
mant du Jardin des Plantes, au milieu des groupes de verdure qui
ornent si heureusement cette pente de la Croix-Rousse, a été élevé
en 1903 un monument à Burdeau.
Burdeau, né à Lyon le 8 septembre 1851, était le fils d'un menui-
sier. Elève boursier du Lycée de Lyon, puis de l'Ecole Noimale, il
fut décoré de la Légion d'honneur pour sa brillante conduite en
1870. Agrégé de philosophie après la guerre, il fut successivement
professeur aux Lycées de Saint-Etienne et de Nancy et au Lycée
Louis-le-Grand. En 1880, Paul Bert le prit pour chef de cabinet.
Puis élu député en 1884, ses qualités d'inlassable travailleur et sa
haute compétence dans les questions scolaires, économiques et so-
ciales, le firent successivement nommer membre de la Commission
du Budget, rapporteur de l'Instruction Publique, rapporteur général
en 1889. En mars 1892, la Chambre le choisit pour son Vice-Prési-
dent. Enfin, le 15 juillet 1893, il prit le Ministère de la Marine. Réélu
ensuite député, il mourut en 1894.
Burdeau, outre ses nombreux travaux politiques et administratifs,
collabora activement à la Revue des Deux Mondes et divers autres
journaux, et a laissé des ouvrages importants : l'Instruction morale
à r Ecole (1883), l'Economie politique à l'Ecole, la Question Sociale
et Contemporaine (1889).
L'architecture du monument, élevé avec le produit d'une souscrip-
tion publique et d'une subvention de la Ville de Lyon, est de l'archi-
tecte Trélat. Un haut soubassement précédé d'une vasque et encadré
de deux lions supporte une arcade où Burdeau est représenté parlant
à la tribune de la Chambre. Sur la face postérieure, une jeune femme
d'une fine exécution sculpturale inscrit le nom de ses principales
œuvres. Les deux figures sont du sculpteur Alfred Boucher.
-( 127 )-
FONTAINE DR LA PLACE DES TERREAUX
A r^xtrémité ouest dr Li plut <- iU-n Terreaux, et faisant fare à
l'Hôtel de Villo, a été placée une fontaine monumentale dur au
sculpteur alsacien Bartholdi. Crtt<- fontaine fi^^iirait à l'I^xposition
Fontaine Bartholdi place des Terreaux. Cl. Synd. Init.
Universelle de 1889, où elle décorait le rond-point de la Galerie de
30 mètres. Acquise par la Ville de Lyon, elle fut érigée, en 1892, a
la place qu'elle occupe.
Le groupe, en plomb martelé et repoussé, représente, sur un char
formé de coquillages, une jeune femm.e et des enfants, la Rivière et
ses Affluents, entraînés vers la mer par quatre chevaux marins, ma-
gnifiques d'aîluïe, aux rênes tressées d'algues marines. Ce monu-
ment, d'une large composition et d'une grande fougue de mouve-
ment, atteint toute la puissance de son effet décoratif par la masse
des eaux qui se déversent à profusion de ses conques et, par un
dispositif ingénieux, jaillissent même en vapeurs des naseaux des
chevaux.
La disposition des parties architecturales entourant la fontaine est
de l'architecte Abraham Hirsch.
MONUMENT COSTE-LABAUME
Dans le Jardin de TA^ncien Séminaire, a été élevé, en 1911. un
monument à la mémoire de Jules Coste-Labaume, publiciste lyon-
nais, né en 1840, mort en 1910.
Coste-Labaume, qui fut fondateur et président de l'Association de
la Presse Lyonnaise, a laissé la réputation d'uTi des plus spirituels
-( 128 ;-
^t des plus sages écrivains lyonnais de notre époque. Conseiller
municipal de 1892 à 1896. il fut ensuite nonr.mé au Conseil Général,
qu'il présida pendant plusieurs années.
La partie architecturale du monument est de Louis Rogniat et le
buste de Jean Chorel.
MONUMENT PLENEY
Place Meissonier.
Lyon a tenu à marquer par un nnonument sa reconnaissance au
philanthrope Pléney, dont la généreuse prévoyance est un précieux
encouragement pour l'élite de la classe laborieuse et ouvrière.
Jean-Pierre Pléney, né à Lyon en 1784, notable commerçant du
quartier de la Platière, légua, à sa mort, en 1862, une somme dont
les arrérages, s'élevant à 46.000 francs, « doivent être employés
chaque année, le jour de la Fête de Lyon, en livrets de Caisse
d'Epargne de 500 francs chacun ; ces livrets devant être distribués
à autant de garçons et filles âgés de vingt ans au moins, qui seront
indiqués par le Tribunal des Prud'hommes et la Commission des
Hospices de la Ville, comme ayant soutenu, par leur travail et leur
dévouement prolongé, leurs frères et sœurs orphelins ou leurs parents
malheureux ».
Le monument, dessiné par l'architecte Abraham Hirsch, se com-
pose d'une petite fontaine surmontée d'un piédestal supportant le
buste de Pléney, par Charles Bourgeot. A la base du piédestal est
une figure d'enfant tenant une palme, par le sculpteur Fontan. Ce
monument a été inauguré en 1897.
STATUE DU SERGENT BLANDAN
La statue du Sergent Blandan sélève sur la place Sathonay. Elle
est l'œuvre du sculpteur lyonnais Lamothe et de l'architecte Du-
buisson.
Blandan, né en 1819, était un enfant du quartier. Sergent dans
Tarmée d'Afrique, au 26^ de ligne, il commandait, le 11 avril 1842,
un détachement de vingt-deux hommes, porteurs de la correspon-
dance entre Blidah et Boufarik, qui furent attaqués en plaine, à
Beni-Mered, par plus de trois cents Arabes. Sommé de se rendre,
Blandan renverse d'un coup de fusil le parlementaire et soutient,
avec sa faible troupe, un conibat acharné. Atteint de trois coups de
feu, il s'écrie en tombant : « Courage, mes amis, défendez-vous
jusqu'à la mort ! » Ses hommes, fidèles à sa voix, continuent leur
héroïque résistance, et, lorsque des renforts viennent les dégager,
ils ne restent plus debout que cinq, défendant leurs camarades bles-
sés ou morts.
La Ville de Lyon s'est honorée en élevant une statue à ce modeste
héros et en donnant son nom à une rue de ce quartier.
Monuincni
Biirdrau
Jarciin
dn I Mantes
Monument
Coste-Labaume
Jardin de l'Ancien
Séminaire.
Statue du Maréchal Suchet
Place Tolozan.
(Clichés J. Sylvestre.)
9
-C 130 )■
STATUE DU MARECHAL SUCHET
Louis-Gabriel Suchet, duc d'Albuféra, maréchal de France, naquit
à Lyon en 1772. 11 était fils d'un fabricant de soieries. Engagé à
vingt ans dans les armées de la République, il gagna ses grades
en halie. où il se distingua notamment à Marengo comme major
général. 11 contribua puissamment aux victoires d'Austerlitz et d'iéna
et au succès de la campagne de Pologne. Mis, en 1808, a la tête du
V'' corps de l'Armée d'Espagne, les victoires de Lérida, Tarragone,
la prise de Valence lui valurent le bâton de maréchal et le titre de
duc d'Albuféra. Sa justice et sa modération lui concilièrent l'affection
même de ses ennemis. Lors des revers de l'armée française, il fit
sur les Pyrénées une retraite admirable. Pair de France en 1814, il
prit part à l'expédition d'Espagne de 1823 et mourut en 1825.
Sa statue en bronze, offerte à la Ville de Lyon par l'Etat, a été
érigée en 1854, sur la place Tolozan. Elle est d'Augustin Dûment.
Le Maréchal est représenté en grande tenue, le manteau sur l'épaule.
Sur le piédestal, oeuvre de Desjardins, sont gravés les titres du soldat.
MONUMENT JOSEPHIN SOULARY
Au milieu de la verdure du jardin qui orne la place Saint-Clair,
s'élève le monument à la mémoire de Joséphin Soulary, édifié en
1895. Au pied de la stèle, surmontée du buste du poète, médite une
jeune Muse.
Joséphin Soulary, né à Lyon en 1815, était d'origine génoise. Sa
famille, fixée à Lyon vers 1763, fut une de celles qui contribuèrent à
importer dans notre ville l'industrie des étofïes de soie enrichies de
métaux précieux. Longtemps fonctionnaire, il consacrait tous ses
loisirs à la poésie. Ce fut un des plus fins et plus délicats poètes du
XIX^ siècle. Ses dernières œuvres (Sonnets Humoristiques, Figulines,
Pendant l'Invasion, Chasse aux Mouches d'or, Rimes Ironiques) lui
acquirent une juste renommée.
Soulary est mort en 189L
L'architecture du monument est de Bréasson, la sculpture de Su-
chetet.
Les Bassins de la Place Bellecour. (Cl. J. Sylvestre.»
BELLECOUR-PERRACHE
LES JARDINS
Le premier des Jardins que renferme la presqu'île est situé
sur la place Bellecour, que tous les Guides reconnaissent pour être
une des plus belles de l'Europe. Une large bande, du côté sud, a été
réservée pour le contenir.
Le peu de largeur de ce Jardin n'a pas permis de faire autre
chose qu'une grande plate-bande gazonnée et coupée par de vastes
allées, mais, dans ce gazon, de nombreux massifs ont été réservés,
et ces massifs sont entretenus toujours parfaitement fleuris.
Deux bassins, qu'animent des cygnes, entourés de gazon et em-
bellis de puissants jets d'eau, limitent ce Jardin du côté de la place.
Le tout est ombragé par des marronniers, abritant aussi un kiosque
à musique, un espace réservé pour les jeux des enfants et le marché
aux fleurs.
C'est un des endroits les plus jolis et les plus agréables de Lyon ;
il ne faut donc pas s'étonner d'y voir la foule s'y porter constam-
ment et consliLuer ainsi l'un des points les plus animés de Lyon.
L'autre Jardin public situé dans ce quartier est remarquable : c'est
le Jardin qui embellit la place Carnot et que le voyageur arrivant
-( 132 )
CQ
~{ 133 )-
fir la gare de Prrrachc aperçoit drvant lui .ivre, en son milieu, le
inonument t^levr à la Répiibliquf.
CVhI un (1rs plus jolis Jardins i\r l'ri oie française, il a été tracé
avec un art consomnir.
La place n'est pas ubsolunwnt rr( tanj^ulairc rt. cependant, il fal
lait obtenir un effet de parfaite régularité ; cela constituait une diffi-
culté que l'arc hitecte-paysaRiste a su vaincre aver une si grande
habileté que peu de personn<'s s'en sont aperçues.
Ajoutons à cela que ce sf|uarr est toujours parfaitement entretenu
et fleuri. On peut d'ailleurs remarquer, en visitant les nombreux
Jardins de Lyon, que bien peu de villes, françaises ou étrangères,
peuvent être comparées à la nôtre pour la perfection avec laquelle
les Jardins publics sont tenus. Il faut en attribuer tout le mérite au
Service municipal des Cultures, sous l'habile direction de M. René
Gérard, que l on ne saurait trop louer.
L'HOTEL-DIEU ET LA CHARITE
La Ville de Lyon, que ses nombreuses Œuvres philanthropiques
ont fait surnommer Ville des Aumônes et Ville de la Charité, compte^
au nombre de ses établissements hospitaliers, deux grands hôpitaux
qui ont un passé remarquable : l'Hôtel-Dieu et la Charité.
La dotation exceptionnelle de ces deux établissements, constituée
au cours des siècles par les effets d'une bienfaisance admirable,
indique que le nombre des donateurs est considérable : des tables
de marbre et un livre d'or perpétuent le nom et consacrent la mé-
m.oire de tous les généreux bienfaiteurs des hôpitaux lyonnais.
HôTEL-DiEU. — L'Hôtel-Dieu est un des plus vieux bôpitaux de
France. Toutefois, c'est à tort que la tradition l'a identjhé cLVi-::
l'hôpital fondé à Lyon, en l'an 542, par le roi Chiidebert et la reine
Ultrogothe : l'hôpital mérovingien, qu'il . .ut reconnaître dans l'un
des anciens petits hôpitaux du quartier Saint-Paul, a disparu au
commencement du XVI^ siècle.
L'Hôtel-Dieu actuel est le descendant de deux petits asiles de
minime importance, créés par les citoyens de la ville, sous le nom
de deux Confréries différentes, pour l'assistance des pauvres voya-
geurs et pèlerins : le premier, l'Aumônerie du Saint-Esprit, érigé à
une époque imprécise par les Confrères du Saint-Esprit Lyonnais ;
le deuxième, l'Hôpital du Pont-du-Rhône, édifié vers 1184-1185, à
titre d'annexé hospitalière du pont entrepris à cette époque à Lyon
par les Frères Pontifes.
Ces deux asiles furent réunis, vers la fin du XII^ siècle, sous la
seule administration des Frères Pontiles ; dès lors, l'Hôpital du
Pont-du-Rhône continua seul à assurer le service d'assistance. l'Au-
mônerie ne servant plus que de maison administrative chargée de
centraliser et de répartir les fonds propres à chacune des deux
Œuvres du Pont et de l'Hôpital, dont les Frères Pontifes demeurèrent
-( 134 )-
chargés jusqu'en 1308. A cette date, la double direction passa aux
Religieux de Hautecombe, qui, moins de six ans après, en 1314,
devant les obstacles présentés par la construction du pont, la cédè-
rent à leur tour aux Moines de Chassagne-en-Bresse. Ceux-ci se
heurtèrent aux mêmes difficultés et, sur leur demande, les deux
Œuvres furent scindées en 1334 : celle du pont fut confiée aux
Consuls de la Ville, celle de l'Hôpital continuée par les Moines de
Chassagne jusqu'en 1478, où, devant leur incurie, l'établissement fut
également remis au Consulat.
Pendant toute cette période, l'Hôpital, réservé à peu près aux seuls
pauvres passants et écrasé par l'Œuvre du pont, avait une impor-
tance des plus minimes : il était simplement desservi par deux reli-
gieux et trois domestiques. Les malades étaient alors reçus dans les
nombreux hôpitaux qui florissaient dans la ville, notamment à
Saint-Eloi, l'Hôpital de Childebert.
Sous l'administration consulaire, l'Etablissement commence véri-
tablement à se développer : une organisation nouvelle lui est donnée,
des constructions nouvelles sont entreprises. A ce cycle remonte
l'origine des Sœurs Hospitalières Lyonnaises, qui, on le sait, forment
une organisation unique en France : ne dépendant d'aucune Congré-
gation, ne prononçant pas de vœux, ne relevant que de l'Adminis-
tration des Hospices, libres de se retirer et susceptibles d'être congé-
diées, ces admirables servantes des pauvres, « quasi-religieuses »,
ainsi qu'on les a souvent appelées, ne se sont pour ainsi dire jamais
départies de ce qu'elles considèrent comme la plus haute expression
de leur devoir : un dévouement absolu et sans conditions aux souf-
frances humaines.
En 1583, les Consuls, qui ont pris le nom de Consuls-Recteurs,
absorbés par la multiplicité des affaires communales et ne pouvant
plus, par suite, s'occuper avec tout le soin désirable des affaires de
l'Hôpital, confient la direction de l'Hôtel-Dieu à des notables de la
ville, dont le nombre s'élèvera progressivement de six à quatorze.
Ces nouveaux Recteurs sont élus pour deux ans et rééligibles ; les
fonctions sont obligatoires : nul ne peut s'en dispenser sans dé-
chéance ou sans verser une somme d'argent importante dans la
caisse de l'Hôpital ; astreints à des avances de fonds sans intérêt,
faisant, à leur sortie du Rectorat, un don proportionné à leur for-
tune, consacrant au service hospitalier un temps considérable, les
Recteurs de l'Hôtel-Dieu, comme du reste ceux de la Charité, en
donnant le grand exemple de la générosité envers les Hôpitaux, ont
bien mérité leur dénomination de « Pères des Pauvres ».
Cependant, en même temps que, d'une part, par ses foires et sa
soie, son commerce et son industrie, Lyon devient l'un des plus
grands marchés du monde et voit sa population marquer un accrois-
sement considérable, de l'autre, tous les petits hôpitaux spéciaux
déclinent et se déchargent peu à peu de leurs obligations hospi-
talières sur l'Hôtel-Dieu qui, seul désormais pour assurer l'assis-
tance des malades, va bientôt ajouter à son nom celui d'Hôpital Gé-
néral. Aussi, devant l'insuffisance des anciens bâtiments, va-t-il
s'agrandir de plus en plus jusqu'à devenir l'imposant édifice que
nous connaissons aujourd'hui.
Mais à des besoins nouveaux correspondent des charges nou-
velles : de tous côtés, l'Hôtel-Dieu trouve l'aide et le soutien qui lui
sont nécessaires. Les Rois de France, les Papes, le Consulat, 1 Arche-
vêché l'entourent d'une sollicitude particulière. Entre temps, les
-( 135 ) -
donations affluf^nt : toutes les «rancIrH famillcH lyonnaises, et beau-
coup (Ir prhirs, ont à honneur d'inscrire leur nom dans les Annales
de l'Hôpital ; les Dames de Lyon font pour lui des qucteh d'argent
et de lin^e et. n tour dt rôle, viennent visiter et re'-r onforter les
pauvres malades : M""" Lambert. Dunoir. de Servient lui lèguent
îmccessivemenî ces vastes terrains de l.i rive gauche tlu Rhône, qui
Portail de l'Hôpital Général, par Jean Delamonce (1706).
(Cl. J. Sylvestre.)
ne vont pas tarder à devenir le plus beau fleuron du patrimoine
hospitalier.
L'Administration des Recteurs se poursuit avec grandeur jusqu'à
la Révolution : le 8 mai 1791, les Administrateurs en exercice don-
nent leur démission et sont remplacés, d'abord par la Municipalité
aidée de douze citoyens, puis, en vertu de la loi du 16 vendémiaire
an V (7 octobre 1796), réunissant l'Hôtel-Dieu et la Charité sous la
même Direction, par une Commission administrative qui fonctionne
jusqu'en 1802.
L'organisation moderne, établie par l'arrêté du 18 janvier 1802,
modifié et complété par l'ordonnance du 30 juin 1845, a placé
-( 136 )-
les Hospices Civils de Lyon sous la direction d'un Conseil Général
d'Administration composé du Maire. Président-né, et de vingt-cinq
membres nommés par le Préfet, ayant à leur tête un Président élu
parmi eux. Comme leurs devanciers, les Administrateurs modernes
ont su gérer le bien des pauvres avec une prévoyance, une habileté
et un dévouement remarquables ; de grands noms ont illustré cette
période, et, tout particulièrement, c'est avec admiration et respect
qu'il convient de s'incliner devant ceux des Présidents Hermann
Sabran et Caillemer.
Les constructions les plus anciennes de l'Hôtel-Dieu actuel sont du
XVIF siècle : ces bâtiments, dits du Petit-Dôme, disposés en forme
de croix, furent édifiés de 1623 à 1631, sur les dessins d'Antoine
Picquet et César Laure, bourgeois de Lyon. Le cloître de la Cour
d'entrée, primitivement établi par les Confrères de la Croix, en 1540,
fut reconstruit à la même époque. Quant au portail, avec son vesti-
bule octogne, œuvre de Delamonce, il date de 1708.
Le Palais du quai, ave:: le grand dôme qui le surmonte, conçu
par Soufflot et commencé par lui en 1741, a été continué par Tous-
saint Loyer, qui, pour le dôme (1756-1761), a malheureusement
modifié les plans du maître ; cette façade du quai n'a été terminée
qu'au XIX^ siècle, par la construction, toujours suivant la conception
de Soufflot, des deux ailes septentrionale (1821-1822) et méridionale
(1837-1838). Les statues de Childebert et d'Ultrogothe, renversées en
1793 et rétablies en 1816, sont, la première de Prost. la seconde de
Charles ; quant aux deux groupes des balustres, placés en 1843, ils
sont l'œuvre de Carie Elshoect.
Le passage de l'Hôtel-Dieu a été édifié en 1840, sur l'emplacement
de l'ancienne boucherie de l'Hôpital, qui datait de 1578 ; et les
bâtiments sur la rue de la Barre ont été également reconstruits de
1887 à 1893.
L'Hôtel-Dieu, ouvert aux malades indigents domiciliés à Lyon et
aux malades payants, quel que soit leur domicile de secours, possède
actuellement 1.034 lits et 50 berceaux.
Charité. — L'Hospice de la
Charité, qui, comme l'Hôtel-Dieu,
est né de l'esprit d'initiative bien-
faisante de nos pères, a, suivant
l'expression des lettres patentes
de Louis XIV et de Louis XV,
servi de modèle à tous les hôpi-
taux de France, y compris le
Grand Hôpital Général de Paris.
C'est à une calam.ité publique
que l'Hospice de la Charité doit
son origine. En 1531, une forte di-
sette désolant la région lyonnaise
e': les provinces voisines, une foule
d'affamés accourt à Lyon. Les
m.esures imm.édiates que comporte
la situation sont prises : un Bu-
reau de Bienfaisance est installé
au Couvent des Cordeliers de
Saint-Bonaventure, des quêtes sont
organisées et les secours répartis avec tant d'ordre et d'abondance
Ecusson de l'Hospice de la Charité.
-( 137 )-
qu'à la reddition des comptfH. !»• IH janvier 1533. un Moirir dt-
3% livrrs 2 houm 7 drnirrH rr.stf <ljsj>(>niblr. Devant ce rcBultat, un
des inrmbreH du Burrau, Jean Bro(|uin. proponr. pour enrayer dcfi-
nilivrinent à Lyon la niriHli< it«'- rt la iniHrre. (\r transformer le
Burrau provisoire m un Bureau prrujanrnt : la proposition est
accurillir av<M- cntliouHia.suïc. Irs statuts votrs à l' unanimité, et
rCMuvro nouvelle, sous le nom significatif d'Aumône Générale, com-
mence sur-le-champ la lon^ix* série de ses bienfaits.
L'extinction d«' la mendi. ilé étant le but de l'Aumône, ses nruvres
de début furent la distrihnlion de pain aux habitants pauvrss et
Les boiseries de la Salle des Archives de la Charité. Cl. Synd. Init.
invalides, l'expulsion ou 1* incarcération des mendiants étrangers à la
ville et enfin l'hospitalisation des enfants orphelins légitimes, les
garçons à l'Hôpital La Chanal, les filles à l'Hôpital Sainte-Catherins.
L'administration, confiée aux soins de neuf Recteurs — nombre pro-
gressivement porté à dix-huit — établit son Bureau aux Terreaux,
en plein centre de son champ d'action, dans l'immeuble connu plus
tard sous le nom d'Hôtel du Parc.
L'extension rapide de l'Œuvre primitive et l'adjonction d'Œuvres
nouvelles rendirent bientôt ces bâtiments insuffisants, et, en 1617,
avec le concours du Consulat, des Notables, du Clergé et des Négo-
ciants étrangers, furent entrepris, sur les plans d'Etienne Martel-
lange, et sous le nom d'Hôpital de la Charité et Aumône Générale
de Lyon, les bâtiments de l'Hospice actuel, agrandis encore, en
1745, de tous les terrains et locaux du Monastère Sainte-Elisabeth.
L'Œuvre continua à progresser, et, en 1787. l'Hospice de la
Charité avait atteint une importance exceptionnelle et soulageait une
population considérable.
L'Administration ancienne dura jusqu'en 1792 ; le 15 décembre
1791, les Recteurs en exercice donnèrent leur démission, mais ne
-( 138 )-
furent remplacés que le 2 juillet 1792, par des Administrateurs nom-
més par le Directoire du département ae Rhône-et-Loire, et le
Conseil Général de la Commune de Lyon. Cette organisation fut
éphémère, et, à partir du 16 vendémiaire an V (7 octobre 1796),
l'histoire générale de la Charité se confond avec celle de l'Hôtel-
Dieu.
L'Hospice de la Charité, en tant qu'édifice, n'offre pas de qualité
Eglise de la Charité, Place Bellecour. (Cl. Synd. Init.)
artistique ; tout au plus peut-on signaler les bas-reliefs de Legendre-
Héral et de Prost, qui ornent, l'un la porte d'entrée, l'autre le portail
de la chapelle. A l'intérieur, cette chapelle, et surtout la Salle du
Conseil, la Salle des Archives et la Pharmacie, avec leurs bois2ries et
leurs œuvres d'art, sont, à juste titre, fort admirées des connaisseurs.
L'Hospice de la Charité, destiné aux enfants et aux femmes en
couches ou atteintes d'affections gynécologiques, comprend 952 lits
et 193 berceaux.
A. Croze.
-( 139 )-
LA CHAPRLU: l)i: I.HOTRLDIEU
La chapellr (!<• Il lôtrl-Diru H'e'lcvr uir la pffitf plac f <\i- l'Hôpital.
Commencée t^n dr* mihrr 1637. elle ne fut tmiiiiif'-c- cju" *n I6S0 ;
l'architecte Diicellrt m cirrsHa Irs planH. La façaflr, partir la pliiH
Chapelle de l'Hôtel-Dieu. (Cl. J. Sylvestre.
intéressante du monument, fut dessinée en exécutée par Jacques
Mimerel, l'un des sculpteurs de l'Hôtel de Ville ; elle est particuliè-
rement remarquable parce qu'elle offre tous les caractères du style
Louis XIII, et du style le plus pur : ligne verticale dominante,
construction en bossages, grands bas-reliefs, pilastres, etc., alors que
les autres édifices religieux du XVII^ siècle sont généralement con-
struits dans le style dit Jésuite.
La porte, ornée de deux palmes en sautoir, est surmontée d'un
-( 140 )-
tympan dans lequel est placé un groupe en ronde-bosse représen-
tant Notre-Dame de Pitié, reconstitué par Fabisch. Au-dessus, une
demi-rosace découpée de meneaux s'arrondissant en volutes sert à
éclairer le fond de la grande nef. Puis, le fronton de la façade est
rempli par les armes accolées de France et de Navarre, timbrées de
la couronne royale et soutenues par deux figures aux ailes déployées.
De ces deux écussons s'échappe une double guirlande de branches
de chêne et de fleurs. Cette partie centrale est encadrée de deux
pilastres, de deux trophées de fleurs et de fruits suspendus à des
têtes de lions, et de bossages aux angles.
L'intérieur du monument renferme deux oeuvres dignes d'être si-
gnalées : une statue de la Vierge, en marbre blanc, de Jacques
Mimerel, l'auteur de la façade, et une chaire. La statue avait été
placée autrefois dans un édicule construit en 1659 au milieu du
pont du Change, sur les plans de Simon Maupin, architecte de
l'Hôtel de Ville ; elle en fut retirée en 1674 ; l'édicule de Simon
Maupin a été transféré au bas de la montée du Chemin-Neuf, où il
couvre une fontaine. La chaire, en marbres de diverses couleurs, de
Marc Chabry le fils, décorait, avant la Révolution, l'église des
Carmes-Déchdussés. Ajoutons un Christ en croix, de Sérangeli.
P. ROCHEX.
Théâtre des Célestins. Cl. J. Sylvestre.)
THEATRE DES CELESTINS
Acheté par la Ville de Lyon, en 1838, à la famille Saint-Rousset
de Vauxonne, le Théâtre des Variétés ou des Célestins fut détruit
-{ 141 )-
par un incendie dans la nuit du 1"* au 2 avril 1871. A la suite d'un
concours ouvert, en 1873, pour sa reconstruction, Gaspard André,
architecte, lauréat du concourH, fut char^^é de l'exéc utifin <\r «on
projet. CoiiiinrMu é en 1874, le Théâtre était terminé en 1877.
"I rois ans plu.s lard, un kiouvel in(•e^di^ détruisit la scène et l.i
salle jusqu'à la toiture. André rec on.stitua .son (i-uvre tellr qu'il
l'avait primitivement connue, et, le 18 fx tohre 1881. le Ihé'itre
rouvrait ses portes.
Isolé sur trois faces, le Théâtre occupe une superficie de 1.188 mè-
tres carrés et contient I .bOO places assises.
Les trois grandes baies, à l'étape de la première galerie et du
foyer, richement décorées et de belles proportions, la corniche vigou-
reu.semenl développée, le soubassement simple, les côtés presque nus
faisant valoir le motif cenlral. forment un très bel et très complet
ensemble,
A droite et à gauche des grands balcons, entre deux colonnea
accouplées, se trouvent les statues de la Comédie et de la Tragédie,
par Roiibaud jeune.
Le plafond de la salle a été peint par Domer, ainsi que le tableau
qui représente Molière et qui décore la cheminée du foyer du public.
On joue dans ce Théâtre le drame, la comédie et l'opérette.
C. Meysso.n.
La Basilique d'Ainay et le confluent vers 1650,
d'après la gravure d'Israël Silvestre.
AINAY. — SAINT-MARTIN-D'AINAY (I).
Le visiteur, en présence de Vtsle occupée de nos jours par l'église
de Saint-Martin-d'Ainay, ses chapelles et dépendances, entourée de
rues (place d'Ainay, rue des Remparts-d'Ainaj% Adélaïde-Perrin et
Bourgelat) ne peut avoir une id?ée de ce qu'était jadis la célèbre
Abbaye. Le cours des âges lui a été funeste : tout a été bouleversé.
Non seulement l'église, ses chapelles ont subi des modifications et
destructions, les bâtiments claustraux ont disparu, mais, ce qui est
étonnant et plus regrettable, le site lui-même n'est plus ce qu'il
^tait jadis.
L'Abbaye, à ses débuts, fut édifiée dans une île. L'île d'Ainay
( l Extrait d une monographie d'Ainay en préparation.
( 142 )-
Insula Athanacense, à la période gallo-romaine, fut occupée par des
ïTiarchands, négociants, surtout en vins, qui, a côté de leurs maga-
sins ou entrepôts, s'étaient fait construire de riches villas dont les
magnifiques mosaïques (et particulièrement celle des Jeux du Cirque)
ont été mises au jour au cours des âges et en ont montré le luxe.
Surviennent des époques troublées : destruction totale de Lyon par
Septime-Sévère, succession d'invasions, guerres, etc.
Au Moyen Age, à une époque que l'on n'a pu encore déterminer,
une Abbaye fut fondée dans cette île. Par qui ? On a parlé de
laint Badulphe, mais son existence, jusqu'à ce jour, n'a pu être
démontrée.
A la fin du XII- siècle, a la suite des apports constants du Rhône
et de la Saône, l'île est rattachée au continent et le confluent des
deux fleuves, qui primitivement se
trouvait au-dessous de la colline
de la Croix-Rousse, est transporté
au-dessous des bâtiments de l'Ab-
baye. L'Abbaye, baignée par les
fleuves, entourée d'arbres touffus,
dressait, par dessus la verdure, le
clocher si original de son église»
les toits de ses bâtiments, de sas
chapelles et annexes, le tout de-
vait présenter un aspect particuliè-
rement pittoresque.
Au XVIII^ siècle, l'ingénieur Per-
rache eut l'idée de réunir toutes
les îles qui s'égrenaient jusqu'à
la Mulatière et de transporter le
confluent du Rhône et de la Saône
à l'endroit où il se trouve actuel-
lem.ent : le quartier Perrache est
créé, Lyon agrandi, mais l'origi-
nalité d'Ainay est perdue.
De l'Abbaye primitive, il ne
reste plus que Yéglise bénédictine,
la chapelle Sainte-Blandine et la
chapelle Saint-Michel. Du palais abbatial reconstruit par Villeroy,
une porte du XVII® siècle est conservée dans la cour du numéro 15 de
la rue Vaubecour. Tout le reste a disparu : le Baron des Adrets, en
1562, en avait commencé la ruine ; les Chanoines, pour se créer des
ressources, la continuèrent par le lotissement de terrains ; la Révolu-
tion compléta le tout. Les bâtiments claustraux furent vendus, des
chapelles furent détruites, les jardins qui, jusqu'au XVI^ siècle, s'éten-
daient de la place Saint-Michel (place Antoine-Vollon) au confluent,
servirent à édifier les énormes bâtisses sans caractère qui encerclent
et étouffent Ainay.
Passons en revue Vlntérieur des divers édifices.
Base de pilastre cla l'abside.
EgUSE de SainT-MartiN-d' Ainay. — D'abord abbatiale bénédictine,
puis collégiale et paroissiale de 1685 à la Révolution, enfin paroissiale
depuis 1803.
Elle fut consacrée en 1107 par le pape Pascal II. ce qui permet
de fixer sa construction par Gaucerand ou Josserand, abbé d'Ainay
de 1102 à 1107.
- ( 14^
Plan basilical. Irob nefs 1« liautriirH t'j<alrH. cjualrr lrave*r»M, tran-
sept avec coupole octogonal»-, abside et deux abnidiolcs. Saint
Martin est un bon spécimen d'église romane avec unité de style.
Le porche a sa ports Intérieure surmontée d'une 8culf)liir*- de
HiiHiiHiiiÉ
Eglise Saint-Martin d'Ainay. (.Cl. Synd. Init.
Fabisch : le Christ de Majesté et les symboles des quatre Evangé-
listes.
Les nefs, jadis recouvertes en charpente, sont, depuis 1830, voiitées
de briques, à plein cintre. Les fenêtres, percées dans les murs laté-
raux, ont été changées, remaniées à la même époque. Entre elles,
des pilastres supportent des chapiteaux anciens très intéressants.
Leur ornementation, consistant en animaux affrontés (lions, biches),
en végétaux (palmiers, acanthes), etc., donne l'impression d'une
influence orientale indéniable.
Les nefs sont séparées par des arcades à plein cintre surhaussé
•( 144 )-
reposant sur des colonnes en très beau calcaire jaune et provenant
d'édifices romains.
Le transept présente quatre énormes colonnes monolithes en syé-
nite d'Egypte. Ont-elles été sciées et primitivement ne formaient-
elles que deux colonnes ? Les Romains en avaient cantonné les deux
côtés de l'autel de Rome et d'Auguste, élevé l'an 12 avant Jésus-
Christ à la Croix-Rousse, derrière l'église Saint-Polycarpe. Leurs
chapiteaux, ainsi que ceux des colonnes de la nef, sont une rémi-
niscence très simplifiée du chapiteau corinthien.
Ces quatre colonnes soutiennent une coupole octogonale sur
trompes. Le tambour, percé de quatre fenêtres, est orné de colon-
nettes et chapiteaux très variés provenant d'édifices antérieurs.
L'abside, voûtée en cul-de-four, est soutenue par des pilastres
richement sculptés ; trois fenêtres à plein cintre servent à l'éclairage.
Les pieds-droits soutenant leurs archivoltes moulurées sont sculptés.
Toutes ces sculptures demandent à être examinées de près et en
détail : elles offrent un heureux mélange d'animaux réels ou fan-
tastiques, de rinceaux, d'oves
et rais de coeur, formant un
ensemble décoratif dans lequel
on retrouve le gréco-romain,
l'art oriental, l'art barbare au
milieu desquels l'artiste donne
une note personnelle et réa-
liste, exemple parfait des élé-
ments divers qui, par leur fu-
sion, ont créé l'art roman, si
plein de saveur et d'originalité.
Enfin, notons encore tout
particulièrement les chapiteaux
des pilastres de la travée du
choeur, sculptures importantes
pour l'histoire de l'art de notre
région. Du côté droit : Tenta-
tion et faute d'Adam et Eve, Annonciation, Christ de Majesté en-
touré des quatre animaux symboliques. Du côté gauche : Dieu bénis-
sant l'offrande d'Abel se détourne de Caïn, Saint Michel terrasse le
Démon, Caïn tue Abel, Saint Jean, montrant le Christ, annonce sa
venue.
Les objets dignes d'attirer l'attention sont :
Le Pavage en mosaïque du choeur, restauré d'après quelques
fragments conservés et, devant l'autel, la Mosaïque dite du pape
Pascal 11, du XII^ siècle. Le personnage mitre, tenant entre ses mains
une réduction de l'église d'Ainay, n'est point un pape, mais l'abbé
Gaucerand, édificateur de l'église ; à droite et à gauche, deux in-
scriptions de la même époque, en vers léonins, contiennent une invo-
cation à l'Eucharistie.
Fresques du cul-de-four de i abside, dues à Hippolyte Flandrin en
1855 : au centre, le Christ ; à droite, la Vierge lui présente sainte
Blandine et sainte Clotilde ; à gauche, saint Michel, saint Pothin et
saint Martin.
Fresques de V ahsidiole de droite : saint Badulphe bénissant l'Ab-
baye, dont la fondation lui serait attribuée.
Fresques de Vahsidiole de gauche : saint Benoît donne sa règle
aux Religieux d'Ainay.
Chapiteau de pilastre, fond de l'église,
côté de l'épître.
-( 145 )-
Les vitraux c\i\ chfriir, triivrr modrrnr (\r 1 liihaucj. dr Clrrmont-
Ferrand, ne hoiiI point sans mrritr.
Le mattrc-autcl fut oxccuté <*n 1855 par PoiisHirl^/iir Hiisand,
inspiré du rolchre maître-autel de Bâle (au MuHcr de- C luuy).
La coupole a reçu, il y a peu de temps, une décoration du peintre
Lanicrrc.
l.ustrc, rrniinisrence d<" (rlni d Aix l.i ( l>apfll<-. par Poussiel^ue.
Chemin de Croix cl* Arniand-Calliat et Chaire de labisch, 1867.
Chapelle SainiK-Blandini:. Sur le côte'; droit de l'église de Saint-
Martin. La nef est voûtée à plein cintre, les murs décorés d'arcades.
L'abside, élevée au-dessus de la nef, carrée, est voûtée en cul-de-
four ; ce dernier repose sur trois arcs soutenus par huit colonnettes
dont quatre sont accouplées deux à deux. Au milieu, une fenêtre
en plein cintre. L'arc triomphal repose sur deux colonnes.
Cette chapelle, à laquelle on a attribué une origine très ancienne,
et que quelques auteurs font remonter au VI^' siècle, et même au
delà, paraît être de la même époque que la grande église, c'est-
à-dire de la fin du xr ou du début du XIT" siècle. Ce qui a pu im-
poser pour un édifice très ancien, ce sont peut-être les chapiteaux et
colonnettes de l'abside, qui sont rapportés et ont dû provenir d'un
autre édifice. Mais, d'autre part, ces chapiteaux à dessins géomé-
triques (entrelacs et feuillages), rappelant l'époque carolingienne,
sont semblables à ceux des chapiteaux de la chapelle du Prieuré de
Saint-Romain-du-Puy, près Montbrison, du XII^ siècle.
Crypte. — Petite salle rectangulaire sous l'abside de Sainte-Blan-
dine. La voûte en berceau est supportée aux quatre angles par des
pilastres ornés de simples billettes. Sur les murs latéraux, deux
petites ouvertures donnant accès chacune à un petit réduit. Aucun
renseignement pour déterminer l'âge de cette crypte, ni son usage.
A-t-elle servi à déposer les restes des Martyrs de 177, saint Pothin,
sainte Blandine et leurs compagnons ?
Chapelle de la Vierge. — Fait suite à Sainte-Blandine. Récente.
Sur l'autel, la Vierge Immaculée, œuvre de Bonnassieux, 1851, et
bas-relief de Fabisch, le Couronnement de la Vierge.
Chapelle Saint-Michel. — Sur le côté gauche de la grande église.
Edifiée sous le vocable de la Vierge, en 1485, aux frais de Guichard
de Pavis de Rovedis, infirmier d'Ainay. Plan rectangulaire. Voûte
très élevée et soutenue par des arcs multiples (liernes, tiercerons, etc.)
s'entrecroisant et se perdant dans des colonnes sans chapiteaux. La
paroi Est est ornée de verrières, œuvre de M. L. Bégule. Sur les
murs, fresques à ornements géométriques de J. Raguret. Piscine
dans l'angle Sud-Est.
Chapelle Saint-Joseph. — Adossée au bas-côté gauche de l'église
Saint-Martin. Construction moderne. Les colonnes et chapiteaux de
Tabside, de style roman, proviennent de l'ancienne église parois-
siale de Saint-Pierre-le-Vieux, sise au numéro 3 de la rue du
Doyenné, et démolie en 1867.
Chapelle des Fonts Baptismaux. — Termine la chapelle Saint-
Joseph, avec laquelle elle communique par une large porte rectan-
gulaire, en marbre, dont les matériaux proviendraient de débris an-
ciens de l'Abbaye. A remarquer le linteau décoré d'une grecque
10
-( 146
L'Abside de Saint-Martin d'Ainay. (Cl. Synd. Init.
portant au centre la main de Dieu bénissant, et les chapiteaux du
Xll^ siècle, dont la partie antérieure seule est ancienne. A gauche,
suite d'animaux fabuleux, griffons, serpents, et un berger ; à droite,
la Naissance de Jésus, la Vierge dans son lit est assistée d'une
ventrière qui ferme les rideaux. Adoration des Bergers.
L'intérieur de l'édicule présente sur les murs des arcades dont les
chapiteaux proviennent d'une éghse détruite de l'Ile-Barbe (XIF siècle)
L'Extérieur de ces édifices présente les particularités suivantes.
Le Clocher-Porche est accosté de deux porches latéraux de
construction récente. Primitivement, le clocher-porche faisait saillie
sur le mur de la nef dégagé de toute construction.
La hase est construite au moyen de blocs de pierre énormes (pierres
de choin) ayant appartenu aux monuments romains, ainsi qu'on le
retrouve à la base de tous nos anciens édifices. A la fin du XII^ siè-
cle, la porte primitive romane fut reconstruite en tiers-point. Au-
dessus du porche, trois étages percés de fenêtres simples ou gémi-
nées, cantonnées de colonnettes. Les murs sont décorés d'incrusta-
tions de briques rouges et blanches. Au troisième étage, une grande
crozx grecque avec incrustations. Au-dessous, frise sculptée repré-
sentant les signes du zodiaque et autres sujets.
Le clocher est terminé par une pyramide quadrangulaire et une
croix dorée ; aux quatre angles, quatre petits pyramidons.
Sur la place, à gauche de l'église Saint-Martin, sur le mur des
fonts baptismaux, sont encastrés :
1° Un tympan provenant d'une porte de l'Abbaye, orné d'une
sculpture du XI® siècle environ, représentant des scènes de la vie
de saint Jean-Baptiste : Festin d'Hérode et Hérodiade, Danse de
Salomé, Décollation du Précurseur, son ensevelissement ; à droite»
un Ange le transporte au Ciel ; à gauche, un Diable.
2° Une dalle funéraire d'un chantre d'Ainay, Bonnet.
-i 147 ;
En pénétrant dans la petite cour donnant à IVst et lont?<*ant la
rue Adélaïde Perrin, on peut voir de prca, à {gauche \ abaidc carrée
de la chapelle Saintc-Blandine, avec fenêtre plein cintre et, au-dessuH
un oculua, le mu»- ent orné d'incruHtaticinH de britjiieH comme cellen
du clocher de Saint Martin, formant damrer.s et épis. Le rampant
du toit est soutenu par des modillons à copeaux comme ceux de
l'Auvergne et les pierres de ce rampant sont ornées à leur partie
inférieure d'ornements géométriques, en léger relief, partant d'une
cupule centrale.
Au nriilieu de la courette, se dresse Vabsidc demi-circulaire de la
grande église, avec ses trois fenêtres plein cintre, cantonnées de
colonnettes, et soutenue par deux contreforts ; de chaque côté, absi-
dioles carrées, percées d'une fenêtre. Dominant les toits de Saint-
Martin, s'élève le clocher-lanterne du transept, abritant la coupole,
carré, trapu, aux quatre faces percées de baies géminées.
A droite, Vahside de la chapelle Saint-Michel.
Sur la rue des Remparts-d'Ainay. une porte a plein cintre dont
le linteau, les chapiteaux et l'archivolte sont des débris antiques.
MONUMENT CARNOT
Place de la République.
Le 24 juin 1894, le Président Sadi Carnet, sortant du Palais du
Commerce, où il venait d'assister à un banquet, tomba sous le
poignard d'un anarchiste étranger.
Place et rue de la République et rue Président-Carnot. iCl. Synd. Init.)
-( 148 )-
Une souscription nationale fut immédiatement ouverte pour élevai*
à Lyon un monument à cet auguste martyr.
A la suite d'un concours, le statuaire Gauquié et l'architecte
Naudin furent chargés de l'exécution de cette œuvre. L'inauguration
eut lieu en 1900.
La statue, en marbre, de Carnot debout, est placée en avant d'un
haut obélisque, sur lequel se détache en haut-relief un génie tenant
un drapeau abaissé, et personnifiant la Patrie. A la base, la Ville
de Lyon éplorée semble recouvrir d'un voile le souvenir de l'horrible
forfait. A gauche et à droite, des génies tenant des écussons rap-
pellent les événements historiques de Toulon et de Cronstadt. Sur la
face nord, un superbe lion couché.
L'ensemble s'élève sur une esplanade en avant de laquelle une
vasque toujours fleurie sert de motif principal à une chute d'eau
entourée d'un parterre descendant en pente douce jusqu'au niveau
de la place.
FONTAINE DES JACOBINS
Avant rérection de ce monument, trois fontaines avaient succes-
jsivement été élevées sur son emplacement. Tout d'abord une pompe
à balancier, que les gens du quartier agitaient à tour de bras pour
avoir l'eau nécessaire à leurs besoins. Les grincements de cette pompe
portèrent si bien sur les nerfs d'un nommé Danton, tranquille habi-
tant du voisinage, qu'il légua à la Ville une somme importante pour
édifier, à sa place, une fontaine monumentale permettant de s'ap-
provisionner à toute heure d'eau jaillissante. La condition de ce legs
ne fut pas réalisée immédiatement, et la pompe fut d'abord rem-
placée par une fontaine en fonte du modèle commercial. Puis, un
jour, on songea au legs laissé sans emploi, et l'architecte Tony Des
jardins fut chargé d'étudier et d'édifier un monument avec fontaine
dont le centre était réservé à une statue du sénateur Vaïsse, ancien
préfet du Rhône, sous l'administration duquel furent exécutés la
plupart des grands travaux de transformation de la ville. Malgré sa
belle ordonnance décorative, on reprochait à ce monument, dont la
statue, œuvre du sculpteur Guillaume Bonnet, ne fut jamais placée,
d'être de dimensions démesurées pour le place dont il occupait la
plus grande partie. A la suite de nombreuses et acrimonieuses péti-
tions, on le transféra sur la place Perrache, aujourd'hui place Car-
not, où il sert de base et d'encadrement au monument de la Répu-
blique qui y a été élevé depuis.
La Fontaine actuelle des Jacobins, œuvre la plus parfaite de l'émi-
nent architecte lyonnais Gaspard André (1840-1896), est aussi admi-
rable par sa composition que par les harmonieuses et originales re-
cherches de son ornementation. Reproduisant, sans l'imiter, le thème
du grand tombeau de l'antique Glanum (Saint-Rémi-de-Provence),
elle se compose essentiellement d'une base carrée émergeant de deux
bassins superposés. Le bassin supérieur est divisé en quatre parties
qu'encadrent quatre Sirènes tenant des poissons qui lancent des
gerbes d'eau par leurs gueules entr' ouvertes. Elles sont du sculpteur
' 149 i
Delaplan( hr. Au drusuH. cjiialrr vaaqii<»s entourrnt un ratage à arcade
que rouronnt* un petit rdiruir rond recouvrant un trépied. Autour de
la vasque supérieure court unr frise clr rOfjuilla^fH. de < rustarés et
d'algues marines, délicatement traitée, arrêtée par quatre vases aux
anses traversées de poissons du Rhône crçichant des jets d'eau.
Dans les (juatre arradrs sont 1rs statues des artistes lyonnais per-
sonnifiant \r mieux les arts de notre ville : FMnlihert de l'Orme, archi-
tecte (1518-1577). Gérard Anclran. graveur (1640 1703). Ciuilliume
Coustou. sculpteur (1670 1740) et Hippolyte l'iandrin (1807 1864). Ces
statues sont du sculpteur lyonnais Desgeorges.
Cette fontaine achevée en 1886. est entièrement, ainsi que !'--
statues, en marbre blanc de Carrare.
Fontaine de la Place des Jacobins. Cl. J. Sylvestre.)
-( 150 )
STATUE DE LOUIS XIV
La Statue équestre de Louis XIV, chef-doeuvre du sculpteur lyon-
nais François Lemot (1773-1827) peut être classée parmi les plus
remarquables des oeuvres de ce genre. Sur un cheval aux lignes
magnifiques, le Roi Soleil est représenté, vêtu, dans une majestueuse
simplicité, d'une cuirasse à l'antique, le manteau flottant sur ses
épaules, sans étriers et chaussé de brodequins. Cette statue fut érigée
en 1825. avec le produit d'une souscription ouverte dans tout le
département du Rhône, pour remplacer, sur la place Bellecour, une
précédente statue équestre de Louis XIV, fondue en 1701 par les
frères Keler, sur les modèles de Martin Desjardins, sculpteur du Roi,
et qui, placée sur un haut piédestal, s'élevait à une hauteur de
14 mètres. En 1714, on avait placé, à droite et à gauche de ce
piédestal, les deux magnifiques figures en bronze, le Rhône et la
Saône, des frères Nicolas et Guillaume Coustou, sculpteurs lyonnais.
Ces deux figures sont actuellement dans le vestibule de l'Hôtel de
Ville.
MONUMENT D'AMPERE
Ampère est un des hommes dont la région lyonnaise a le plus de
raisons de s'enorgueillir. C'est à ce savant, dont le vaste cerveau em-
brassait toutes les branches des connaissances humaines, que l'on
doit une partie des théories dont l'application a permis les immenses
progrès scientifiques qui ont caractérisé le XIX*" siècle.
André-Marie Ampère, né en 1775, à Poleymieu, charmant petit
village du Mont-d'Or Lyonnais, se passionna de bonne heure pour
les mathématiques, qu'il enseigna d'abord à Bourg et à Lyon. Répé-
titeur à l'Ecole Polytechnique en 1805, membre de l'Institut en 1814,
il fut nommé, en 1820, professeur de physique au Collège de France,
puis inspecteur général de l'Université. Ses ouvrages ont trait aux
mathématiques aussi bien qu'à la philosophie de la science, mais ce
qui fait surtout sa célébrité, c'est le développement qu'il donna à la
découverte d'Oerstœdt sur l' électro-magnétisme, en démontrant que,
sans intervention de l'aimant, deux fils parcourus par l'électricité agis-
sent l'un sur l'autre, et en indiquant, en 1822, l'emploi de la pile
pour la transmission des dépêches.
Un monument à sa mémoire a été élevé, en 1887, sur la place qui
porte son nom, d'après les projets de MM. Textor, statuaire (1835-
1905) et Dubuisson, architecte. La statue est en bronze. Ampère est
assis, dans une attitude méditative, ayant à ses pieds ses principaux
ouvrages. A la base du piédestal, deux sphinx de bronze dominent
les vasques de deux fontaines.
Un autre monument, œuvre du sculpteur Vermare, vient d'être
élevé par souscription à Poleymieu, pays natal du savant.
Slatu«- (!«• I.oui» XIV. place Bcllecour,
CI. J. SylvrMre.)
Monument Carnot
place de la Républiau*».
i;Cl. Synd. InitJ
Monument
de la République
place Carnot.
Cl. J. Sylvestre.
Monument Gailleton tCl. J. Sylvestre.)
-( 152 )-
MONUMENT DE LA REPUBLIQUE
Situé au milieu des beaux jardins de la place Carnot, dont il
complète heureusement l'ensemble, ce monument est le premier
qu'aperçoit le visiteur arrivant à Lyon par la gare de Perrache. Sur
son emplacement s'élevait autrefois une statue équestre de Napo-
léon I*' .
La première pierre du monument actuel fut posée en 1888, par
le Président Carnot. Il fut terminé en 1890.
L'architecture du motif central est de Blavette, et la statuaire du
sculpteur Peynot. Le soubassement, les quatre fontaines et les
balustrades qui l'entourent faisaient partie de l'ancienne fontaine
édifiée place des Jacobins par l'architecte Tony Desjardins.
Un pylône en pierre, de 15 mètres de hauteur, supporte la statue
de la République, appuyée sur un lion, un rameau d'oiivier à la
main. Au bas du pylône, sur la face sud, un très remarquable
groupe représente la Ville de Lyon, flère et calme, la tête ceinte
de la couronne murale, assise et portée par une proue de navire
qu'encadrent et soutiennent le Rhône et la Saône. A l'est, à l'ouest
et au nord, trois autres groupes, d'une magnifique composition,
personnifient la Liberté, l'Egalité et la Fraternité.
MONUMENT GAILLETON
Ce monument, élevé par souscription publique, avec le concours
de l'Etat, du Département du Rhône et de la Ville de Lyon, est
l'œuvre de MM. Lucas et Marion, architectes, et Vermare, sta-
tuaire. Son inauguration a eu lieu le 14 juillet 1913.
Sur un fond d'architecture d'une haute tenue décorative se dé-
tache le buste de Gailieton. Au-dessous, un groupe allégorique
du plus bel effet sculptural : un jeune artisan présente à ia Ville.
de Lyon, qui les étudie, les projets d'embellissement de la cité.
L'ensemble est surélevé en haut d'un perron dont les balustrades
se prolongent en pente douce jusqu'à l'extrémité de la place, de
chaque côté d'un parterre fleuri.
Sur les façades latérales, deux bas-reliefs rappellent les faits
principaux de l'administration du Maire de Lyon, l'approvisionne-
ment de la ville pendant l'Année Terrible, et la fondation des
Facultés.
Charles Gailieton naquit à Lyon le 17 novembre 1829.
Chirurgien en chef de l'Hospice de l'Antiquaille en 1858, sa
carrière politique commença en 1870 ; il fut nommé conseiller muni-
cipal le 22 novembre. Constamment réélu, Maire de Lyon depuis le
rétablissement de la Mairie Centrale, en 1881, il exerça ses fonc-
tions jusqu'en 1930. Il mourut le 9 octobre 1904.
Ce fut sous son administration vigilante et féconde que furent
-( 153 )-
créées les Facultés de Lyon rt qur l'on construiHit les monumrnts
où elles sont installées, ainsi cjur rF*.co!e du Service dr Santé Mili-
taire, les mat/nificjnes ponts Morand. Lafayrtte et du Midi sur le
Rhône, le pont d'Ainay sur la Saônr. Il fut pour unr IrrH larj<r part
l'artisan de la r/'or^^anisation c\r l' Administation muni< ipalr rt l'r
promoteur d'ini[:)ortants et nombreux travaux d«- voirie ayant j^ran-
dement contribué n l'embellissement de la ville.
iiU
Façade' de l'Hôlel-Dieu sur le Quai. Cl. J. Sylvestre.
■( 154 )-
u
Mairie du VU' arror.dissen-ent, place Jean-Macé. (CI. J. Sylvestre.
LA GUILLOTIÈRE
LES JARDINS
Ce quartier renferme trois Jardins.
L'un, situé place Jean-Macé, devant la Mairie du VIî- arrondisse-
ment, est simplement constitué par deux larges plates-bandes. On ne
peut que regretter que, dans un quartier tout neuf, où l'on pouvait
faire grand, on n'ait pas consacré un plus large espace à ce Jardin,
qui eût dû être un parc.
L'autre, situé au bout du pont Lafayette, et qui encadre la statue
du célèbre botaniste Bernard de Jussieu, est dans le style de la
place Morand et peut supporter les mêmes critiques. Il a d'ailleurs
été créé par le même ingénieur, qui ne connaissait certainement pas
l'art du paysagiste.
Par contre, nous devons admirer sans réserves le Jardin de la
place Raspail, dessiné dans le style paysager que l'on appelle im-
proprement anglais, puisqu'il a été inventé par des Français.
L'architecte-paysagiste a su tirer un parti merveilleux d'un terrain
assez ingrat par sa form.e, et il a ménagé dans toute sa longueur
une coulée, savamment encadrée d'arbres, qui conduit le regard de
façon attrayante. Cet effet est d'autant plus grand depuis la restau-
ration faite, en 1912, par le Service des Cultures de la Ville.
Citons encore le Jardin sur lequel la Préfecture élève sa façade
et celui qui décore la place Guichard.
( 156 ^-
« Le Rhône et la Saône », par Commerre, tympan de la Salle des Fêtes
de la Préfecture. <C1. J. Sylvestre.)
HOTEL DE PREFECTURE
Cet édifice a été construit d'après les plans et sous la direction
d'Antonin-Georges Louvier, architecte en chef du Département du
Rhône, professeur d'architecture à l'Ecole Nationale des Beau s- Arts
de Lyon, membre correspondant de l'Institut (1818-1892).
Il occupe un vaste îlot de terrain entre le cours de la Liberté, la
rue de Bonnel, la rue Servient et la rue Pierre-Corneille, sur la rive
gauche du Rhône. Commencés en 1883, les travaux furent achevés
en 1890.
Sur la façade principale du monument, parallèle au cours de la
Liberté, une double rampe d'accès avec vaste perron central conduit
piétons et voitures au niveau de la Salle des Pas-Perdus, entrée
principale du monument. Cette façade est ornée de sculptures orne-
mentales et de figures décoratives, oeuvres de divers artistes lyon-
nais : les figures assises sui montant le fronton, par Duf raine (1827-
1900) ; celles du Jour et de la Nuit, encadrant l'Horloge, par Pagny
(1827-1898) ; les lions des tympans des grandes baies, par Aubert,
ainsi que les têtes décorant les clefs dcs ouvertures du rez-de-chaussée,
dont les trois principales représentent le Rhône, la Saône et l'Azer-
gue. Les cariatides épaulant les grandes lucarnes, ainsi que les motifs
d'enfants de l'acrotère sont de Martin.
La voûte de la Salle des Pas-Perdus est supportée par douze
colonnes en pierre polie, d'une belle coloration jaune, provenant des
montagnes du Haut-Bugey. Cette salle, de vastes dimensions, donne
accès au Grand Escalier, à la Salle du Conseil Général, aux deux
Salles du Conseil de Préfecture et de l'Instruction Publique et aux
diverses galeries de circulation.
Le Grand Escalier, l'une des parties les plus monumentales de
l'Hôtel de Préfecture, est cité comme l'un des beaux escaliers de
I 157 )
nos moniimrntH pul)li( h françaiH. La diHposilioii liardir rt on^iimir dr
ses rnini)Ps, Hiipf){)rlr<-H par drn arcs iMolrs, la brllr rolonimcif *'n
marbre rose de l'Kc ljaillt)n entourant la Cale-rir du Premier état^r.
donnent n l'ensemble dr cette composition un caractère de lé^^-ft**
et de richesse décorative (|u<* vi«Tinent encore accroître, les soirs
de fête, de belleH décorations llorales <•! 1 étin» rllrriient d<* rnillr-
feux électricjues. Des ij;roupes d'enfants [)ortant den rorbeillrH <\r
fruits lumineux, bronzes du sculpteur lyonnais Vermare, surmontent
les piédestaux des rampes. A mi-étajçe, dans une niche, face h
l'escalier, la Soie, figure allégoricjue du scul[)t<Mir lyonnais Charle«
Bourgeot.
Au premier étage, la Salle des I êtes, les divers Salons qui l'envi-
ronnent et la Grande Salle à Manger forment un somptueux ensem-
ble occupant toute la longueur de la façade principale.
La Salle des h êtes a 34 mètres de long et 14 mètres de hauteur. Sa
décoration architecturale et ornementale est l'œuvre des décorateurs
Flachat et Bardey ; les peintures allégoriques du plafond et ses
tympans sont de Léon Commerre. Le grand tympan nord est parti-
culièrement remarquable par sa composition originale et charmante :
le Rhône et la Saône. Divers artistes ont collaboré à la décoration
des Salons à la suite et de la Grande Salle à Manger : Aubert sculp-
teur, les peintres Sicard, Tollet, Jacques Martin, Castex-Desgranges,
Bauer et Lequesne. Le Salon Sud possède un superbe plafond, la
Chasse de Diane, du peintre lyonnais Joanny Domer, dont c'est une
des œuvres capitales. Dans la Salle à Manger, on remarque un buste
de Jules Favre, par Barrias.
La Salle du Conseil Général, au rez-de-chaussée, occupe toute la
hauteur du monument. Elle est entourée d'une colonnade d'ordre
ionique en pierre de l'Echaillon. En arrière, les tribunes du Public
et de la Presse. C'est du peintre Louis-Edouard Fournier qu'est toute
»
Galerie à l'arrivée de l'escalier d'honneur de la Préfecture.
(Cl. J. Sylvestre.)
-( 158 )--
îa décoration picturale de cette salle. Dans l'hémicycle, les Gloires
Lyonnaises, magistrale composition, dans laquelle l'artiste, en un
groupement harmonieux, a réuni, au confluent du Rhône et de la
Saône, les personnages de tous ordres ayant, à toutes les époques,
illustré la Cité, depuis les chefs rhodiens Atepomarus et Momorus,
créateurs, en l'an 200 avant Jésus-Christ, de la première Cité établie
en ces lieux, depuis Munatius Plancus. fondateur de l'antique Lug-
dunum, jusqu'à Claude Bernard, Ampère, Jacquard, Meissonier.
Puvis de Chavannes, Chenavard et Burdeau, que la région lyon-
naise est fîère de compter parmi ses enfants.
Salle des Fêtes de la Préfecture. (Cl. J. Sylvestre.
Les voussures sont~ occupées par des allégories où le peintre a
représenté les différentes branches des Sciences, des Arts, de l'In-
dustrie et du Commerce qui ont fait la réputation du département du
Rhône.
Une verrière de Lucien Bégule, le Lyonnais et le Beaujolais, sert
de plafond lumineux. Dans l'acrotère, une série d'enfants supportent
les armoiries de tous les cantons du département. Face au fauteuil
du Président, est la magnifique figure de la République, par Coutan.
L'ensemble de cette salle, simple et d'une grande dignité dans
ses lignes et sa décoration, produit un effet d'une noblesse remar-
quable.
Sur la façade Est du monument, et en retour sur les façades laté-
rales, sont groupés au rez-de-chaussée : le Cabinet du Président du
Conseil Général et le Cabinet du Préfet, avec tous les services qui
s'y rattachent. Le premier étage est réservé aux appartements pri-
vés. Les bureaux placés sur les façades latérales, dans les ailes et
à l'entresol, ont leurs entrées particulières, pour l'Administration
rue de Bonnel, pour la Police rue Servient.
En bordure sur la rue Pierre-Corneille, un vaste bâtiment isolé de
-( 159 )-
toutes parts renfermait les Archives départementales. Devenu trop
exJKU pour cette destination, il est affecte actuellement aux Bureaux
de l'Inspection ara<lrini(|ue. au Service des Enfants assistés et aux
Archives administratives. Les Ar( liivrs d«'i>artemfnt;»leH ont été trans-
férées, en 1910. dans les vaste-s hâtinwuts du (ouvrnt des C'armes
Déchaussés, chemin de Montauhan.
Dc»ns les jardins de la Préfecture se tronvr. à gauche en entrant
par le cours de la Liberté, le monument élevé à la mémoire de lélix
Mangini, économiste et philanthrope lyonnais, mort en 1902. prési-
Un coin des Salons de la Préfecture.
(Cl. J. Sylvestre.)
dent et l'un des fondateurs de la Société d'Enseignement Profes-
sionnel du Rhône. Il est dû au statuaire Alfred Boucher. A droite,
et en face, la Muse de Pierre Dupont, le poète chansonnier lyon-
nais, groupe allégorique du statuaire Chorel.
Dans les parterres longeant les façades latérales, on voit, à gauche,
la statue du poète Victor de Laprade (1812-1883), que la grandeur
de sentiments et l'élévation de pensée de ses oeuvres (Odes et Poè-
mes, Permette, Psyché, etc.) firent appeler un second Lamartine.
Cette statue est de Démaillé.
Du côté opposé, le général Daphot, par Bailly. Duphot, né à
Lyon en 1770, conquit rapidement tous ses grades dans les armées
de la République, et mourut assassiné à Rome, à l'âge de vingt-
huit ans. Le sculpteur l'a représenté au moment où il va livrer à un
chef espagnol un combat singulier qui devait mettre fin à la lutte
acharnée des deux armées ennemies.
Félix
Mangini
Victor
Laprade
Général
Duphot
La Muse
de
Pierre Dupont
Monuments ornant les jardins de la Préfecture. ^Cl. J. Sylvestre.)
- r 161 ) -
C'est dans unr pic* c tK-s apparlrinmls dr la Prrfr( turr qur
mourut Carnot, Ir 24 juin 1894, k la suite du lûchc attentat dont il
fut la vi( linir.
Une porte des Salons de la Préfecture.
(Cl. J. Sylvestre.)
INSTITUT BACTERIOLOGIQUE DE LYON
L'Institut Bactériologique de Lyon est organisé sur le modèle des
Instituts Pasteur de Paris ou de Lille. On pourrait l'appeler : Institut
Pasteur de Lyon.
Cet établissement est entièrement indépendant et n'a rien d'offi-
ciel ; il est administré par une Association de philanthropes lyon-
nais, sous la présidence du Maire de Lyon. Cette Association a été
reconnue d'utilité publique en 1903.
L'Institut Bactériologique de Lyon a été fondé, en 1900, par le
regretté S. Arloing et le Directeur actuel, le professeur Jules Cour-
mont.
Il est édifié, sur un terrain en partie concédé par la \^ille de Lyon,
à Taide de donations provenant de la Ville de Lyon, de la Caisse du
Pari Mutuel et de généreux bienfaiteurs.
Il se compose de deux bâtiments situés rue Pasteur et rue Che-
vreul, dans le quartier universitaire, derrière les Palais des Facultés.
Il comprend les sections suivantes :
1° Section antirabique. — Depuis 1900, l'Institut applique le trai-
tement pastorien aux personnes mordues des quatorze départements
qui entourent Lyon. L'Institut est, à l'heure actuelle, celui qui
traite en France le plus grand nombre de personnes. A certaines
H
-{ 162 )-
années, par exemple en 1906, plus de 1.000 personnes mordues ont
subi les injections pastoriennes.
Le traitement appliqué est rigoureusement celui de l'Institut Pas-
teur. Les résuitcts ont été remarquables.
C'est ainsi que de 1907 à 1912, aucune mort n'est survenue sur les
2.400 personnes injectées.
2*> Section Sérothérapique. — Dans cette section sont fabriqués
les sérums antidiphtérique et antitétanique, destinés au traitement
ou à la prévention contre la diphtérie ou le tétanos. Cette section
fournit les sérums nécessaires aux Hospices civils de Lyon. En
outre, elle fabrique le « sérum de la veine rénale )), employé pou^
le traitement de certaines néphrites.
L'Institut bactériologique, iCl. Service phot. Université.)
La Section Sérothérapique est en réalité plus ancienne que l'Insti-
tut lui-même. Elle a commencé à fonctionner dès 1894, dans le
laboratoire de S. Arloing, avec une subvention des Hospices civils
de Lyon.
3^ Section des Diagnostics. — Elle est outillée pour pratiquer les
diagnostics bactériologiques de toutes les maladies infectieuses, soit
pour les Institutions, soit pour les Hôpitaux, soit pour les particuliers.
4° Section de la Syphilis. — Cette section, purement expérimen-
tale, a pour objet l'étude de tous les problèmes scientifiques con-
cernant la lutte contre la syphilis, notam^ment l'étude des moyens
de diagnostic et de thérapeutique, grâce à l'inoculation de la syphilis
à certains animaux pouvant la contracter, comme les singes.
5° Section du Cancer. — Là encore, la section est purement scien-
tifique, elle s'occupe de l'étude du cancer expérimentai.
On sait que l'étude du cancer expérimental a donné, ces dernières
années, de grandes espérances, en vue de la découverte des moyens
de diagnostiquer et de guérir le cancer. Actuellement, c'est surtout
163
I rliKlf (\rH inoyrnH phyMiques dr
i{urri.v(>ii. rayonM X. radium, etc.,
(|iii fait robjrl dm recherches
lyonnaiMfM.
6" PtHpcnaairc antituberculeux.
Dès 1905. ririHtitiit Barl.'riolo-
giqur a crcc unr annrxr d^Htinc^r
à truitrr Ich tuberculeux indiKcnti*
dr la ville de Lyon et à prc»erver
leurs familles de la contagion. Ce
Dis[)ensaire « g^nre Calmette .> a
été inspiré et prescjue calqué sur
le Dispensaire Emile Roux fondé
à Lille par Calmette. Ce Dispen-
saire reçoit tous les tuberculeux de
la ville de Lyon qui lui sont en-
voyés par le Bureau de Bienfai-
sance, et également quelques tu-
berculeux de la commune de Vil-
leurbanne.
Grâce aux consultations, aux en-
quêteurs, à la buanderie du linge,
à la distribution des crachoirs, à
l'éducation antituberculeuse, des
familles, aux consultations de nour-
rissons, etc., l'Œuvre a donné des
résultats remarquables. Le graphique montre, par exemple, la dimi-
nution de la tuberculose dans deux quartiers ouvriers de la ville.
Ce graphique démontre que, dans un quartier ouvrier, on peut,
en sept ans. faire tomber la mortalité par tuberculose de 38.4 pour
10.000 habitants à 24,3, soit 13,9, soit d'un tiers. Ce résultat est d'au-
tant plus remarquable qu'il est acquis avec des ressources très mini-
mes. La lutte antituberculeuse peut donc être poursuivie à peu de frais.
Pour une agglomération de 600.000 habitants, le Dispensaire de
Lyon fonctionne avec une dépense annuelle m.oyenne de 35.000 fr.
seulement. ï. CoURMONT.
Avuntla àtsptnBair»
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22
0
21
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_
_
_
_
Mortalité par tuberculose dans les HT et 1 V
arrondissements de Lyon '276.000 habi-
tants\ avant et après le dispensaire.
L'Institut bactériologique.
-( 164 )-
HOTEL DE LA MUTUALITE
Place Raspail.
Cet édifice a été construit par la Ville de Lyon, sur les plans de
M, Clermont, architecte, pour servir de siège aux Sociétés de Secours
mutuels et de retraites placées sous le régime de la loi du 1^^ avril
1898.
Hôtel de la Mutualité. (Cl. J. Bioletto.)
Il comprend une salle de conférences pouvant contenir 1 .000 per-
sonnes ; des salles de consultations pour les services de la Mutualité
maternelle ; une bibliothèque mutualiste ; deux salons d'honneur
pour les Assemblées générales des Sociétés et trente et une salles
pour leurs réunions de Bureau. Chaque Société dispose d'une armoire
Dour ses archives.
La façade principale est placée en pan coupé à un angle de la
place Raspail. Les larges baies des trois étages de cette façade sont
surmontées d'un fronton décoratif symbolisant la Mutualité, œuvre
du sculpteur Aubert, et d'un campanile.
L'Office municipal du Travail a été installé à l'Hôtel de la Mutua-
-( 165 )-
litc. LfH attributionH de ce service comprennrnl toute» le» questions
relatives à l'application des loiM sociaieH (Retraitrn ouvrièreH, Habita-
tions h bon inart lu'*, i^rlatif)nH avec les or({aniHation:i mutualisteM et
syndicales. 1 r.ivail dans l'induslrir. CaisHes de chômaj^r. l^rMlaur ints
iniini( ipaux gratuits pour nirres nourrice», 'etc., etc.). La Bibliothèque
<!«• l'Office du Traviiil. (jui contient de nombreuse» publications sur
Ifs cjuestiona socialrs. rv t à la disposition du |)ublir.
Ainsi organisé, l'Hôtel de la Mutualité constitue un véritable centre
d'études 80( ial< s.
J.-O. CosTIIIX.
STATUE DE BERNARD DE JUSSIEU
Bernard de Jussieu. né à Lyon en 1699, mort en 1777. appartenait
à une famille de savants et de botanistes, tels ses deux frères Anto nj
et Joseph. Reçu docteur en 1720, nommé en 1722 démonstrateur de
botanique au Jardin du Roi, il exerça sur l'Histoire naturelle une
influence qui fait époque dans la Science. C'est lui qui fonda la
classification naturelle des plantes basée sur l'ensemble de leurs
rapports. Aucun botaniste de son temps n'a plus ni mieux su. 11
accrut considérablement le Muséum d'Histoire naturelle. Membre de
l'Académie des Sciences dès l'âge de vingt-six ans, des Académies
de Londres, Berlin, Upsal et autres Instituts savants, chargé, en 1738,
par Louis XV, de la plantation du Jardin Botanique de Trianon,
sa renommée et son autorité scientifiques étaient universelles.
La statue de Bernard de Jussieu, en marbre blanc, s'élève dans
un jardin, à l'entrée du cours de la Liberté ; elle est l'œuvre du
sculpteur Pierre Aubert. L'artiste a représenté le botaniste tenant à
la main un rameau de Cèdre du Liban, qu'il rapporta en 1734, dans
son chapeau, dit-on, et qui est maintenant le plus grand arbre du
Jardin des Plantes de Paris.
MONUMENT RASPAIL
Monument élevé dans le square nord de la place du même nom.
Le buste en bronze est l'œuvre du sculpteur Damé.
François-Vincent Raspail, né en 1794, a publié de nombreuses
études sur les Sciences physiques et spécialement la Botanique et
la Médecine légale. Il fut un des précurseurs des méthodes antisep-
tiques. Un Manuel de la Santé, qu'il fît paraître en 1842, le rendit
populaire. Partisan déclaré de la République, il combattit et fut
blessé pendant les journées de juillet 1830. Candidat à la Présidence
de la République en 1851, il siégea plus tard à l'Assemblée Natio-
nale et à ia Chambre des députés. Il mourut en 1878.
-( 166 )-
MONUMENT THIERS
Une souscription publique a permis d'élever, à l'extrémité du
square sud de la place Raspail, ce monument en souvenir du Lyon-
nais Edouard Thiers, ancien capitaine d'artillerie, qui commandait
les Mobiles du Rhône au siège de Belfort (1870-71) et fut un des
lieutenants les plus valeureux du colonel Denfert-Rochereau dans
la défense héroïque de cette place. Lyon le nomma député après
la guerre.
Le buste est du sculpteur lyonnais Pierre Devaux, et le socle de
l'architecte Adolphe Coquet.
STATUE DE CLAUDE BERNARD
Cette statue en bronze, placée au centre de la Cour d'Honneur
de la Faculté de Médecine, est l'œuvre du sculpteur lyonnais Pierre
Aubert. Elle caractérise bien, par sa haute stature et sa belle figure,
la grande dignité et l'extrême bonté de cet illustre savant, représenté
en costume de travail, préparant une expérence de physiologie.
Claude Bernard naquit a Saint-Julien, près de Villefranche, le
12 juillet 1813. Après des études classiques faites au Lycée de Lyon,
il se destina d'abord à la Pharmacie, puis alla étudier la Médecine à
Paris. Reçu docteur en 1843, il était, un an après, nommé professeur
de Physiologie générale, puis successivement membre de l'Académie
des Sciences (1854), professeur de Physiologie expérimentale au Col-
lège de France (1855), membre de l'Académie de Médecine 1861) et
de l'Académie Française (1869). Claude Bernard exerça une grande
influence sur la Physiologie. C'est lui qui a établi les règles défini-
tives de la méthode expérimentale. En lui, le savant était doublé
d'un philosophe. Sa réputation est mondiale. A sa mort (1878), on lui
fit des funérailles nationales.
MONUMENT DU CHIRURGIEN OLLIER
Sur un haut piédestal de granit des Vosges, Ollier, tenant un
scalpel à la main, est représenté vêtu de la robe universitaire. Une
ceinture de feuilles de chêne et de laurier en bronze, arrêtée par des
têtes de lions, entoure la partie haute. La statue est l'œuvre du
sculpteur Alfred Boucher, et le piédestal est de l'architecte Louis
Rogniat.
Lécpold Ollier, né le 2 décembre 1830, aux Vans (Ardèche), est
mort à Lyon, le 25 novembre 1900.
Ancien chirurgien-major de i'Hôtel-Dieu de Lyon, professeur de
F.-V Raspail.
(Clichés . Sylvestre.)
-( 168 )-
clinique chirurgicale, il fut l'un des plus illustres chirurgiens de son
siècle. Son oeuvre immense, basée sur la clinique et l'expérimenta-
tion, est, par cela même impérissable ; elle est condensée dans deux
ouvrages : le Fraité de la Régénération des Os et le Traité des Ré-
sections.
En face de la Chirurgie mutilante, il fut l'apôtre infatigable des
opérations conservatrices et restauratrices, dent il avait été le créateur.
Ses travaux, ceux de ses élèves, ont trait, pour la plupart, aux mala-
dies des os et des articulations ; leur ensemble fait la gloire de
l'Ecole Lyonnaise.
Ce monument, élevé par souscription publique, a été inauguré en
1904. Une réplique de cette statue a été érigée aux Vans.
Le Chirurgien L. OUier
Un rond-point des grandes serres du Parc.
(CI. J. Sylvestre )
LES BROTEAUX
LES JARDINS
Le principal Jardin de ce quartier est celui de la place Morand,
mais nous avons beaucoup hésité à lui donner ce nom, car il
ne peut vraiment pas être cité comme modèle d'art paysagiste.
Il est plutôt constitué par de larges plate-bandes, qui ont toutefois
le mérite d'être entretenues parfaitement fleuries. Il est regrettable
de penser que l'on n'a pas su tirer de ce merveilleux emplacement
tout l'effet qu'il eiit été aisé d'en obtenir. Sa grande superficie aurait
permis d'en faire un parc splendide, en adoptant simplement la
disposition utilisée sur la place Carnot, c'est-à-dire en faisant dispa-
raître la rue centrale pour la reporter sur les côtés.
Le Jardin de la place Puvis-de-Chavannes, devant l'église de la
Rédemption, est, par contre, fort bien dessiné dans le style fran-
çais. Il a complètement et agréablement embelli cette place, que
l'on avait jadis dénommée place des Graviers, et qui constitue
aujourd'hui un des plus jolis coins de la ville.
Enfin, devant la gare des Broteaux, est un petit jardin de dessin
assez simple, mais, vu l'exiguïté de l'emplacement, il était vrai-
ment impossible de faire mieux, et le Service des Cultures de la
Ville a tiré le meilleur parti de la bande étroite de terrain qu'on lui
avait confiée.
( 170 )-
MUSEE GUIMET
Le Musée Guimet, fondé a Lyon, en 1879, par M. Emile Guimet,
au retour de la Mission scientifique que lui avait confiée le Ministre
de l'Instruction Publique pour étudier les Religions de l'Extrême-
Orient, a été transféré à Paris, en 1888. en exécution de la loi du
Le Musée Guimet : rotonde de façade sur le boulevard du Nord,
(Cl. Synd. InitJ
7 août 1885, ratifiant la cession qu'en avait faite M. Guimet à l'Etat
et le classant au nombre des Institutions nationales.
Depuis cette translation, l'Institution s'est développée sans cesse.
Les dons, les collections sont arrivés avec une telle abondance que
le Musée — ainsi qu'une industrie prospère est amenée à créer des
filiales — se voit forcé d'organiser des succursales en province.
Le Musée Archéologique de Toulouse bénéficie du trop-plein des
objets préhistoriques, et la Faculté de Médecine de Bordeaux a in-
stallé avec beaucoup de goiit et de science, dans une suite de salles
nombreuses qui remplissent plusieurs étages, un véritable Musée
tout à fait somptueux, rien qu'avec des prêts du Musée Guimet. A
son tour, la Ville de Nantes profite de ses excédents et le Havre
garnira bientôt une salle entière avec ses doubles.
En 1910, grâce à la générosité de S. M. l'Impératrice de Chine,
M. Guimet organisa une Exposition de Peintures chinoises dans sa
Salle des Conférences. Mais, l'hiver venant, il fallut laisser la place
aux conférenciers, et, pour installer les peintures dans une galerie,
on fut obligé de déloger les estampes japonaises qui vinrent au
magasin de réserve.
171
M.isre Gui met :
rotonde du premier étage.
•C. L. Morfaux
Musée Guimei '•
salle de réception
du Shiogoun Taïko.
(Cl. L. Morfaux.)
-( 172 )-
L'année suivante. M. Pelliot fit don au Musée d'une partie de la
collection qu'il avait rapportée de sa Mission au Turfan, et M. J. Ba-
cot donna une importante série recueillie au cours de ses deux explo-
rations des Marches tibétaines.
Le tout fut exposé temporairement et, lorsqu'il fallut installer ces
documents dans les galeries, l'importante collection de Grcot dut
déménager à son tour et rejoindre les estampes japonaises.
Sur ces entrefaites, la Ville de Lyon, qui venait de racheter les
bâtiments de l'ancien Musée Guimet, proposa a son fondateur de les
remplir à nouveau avec les séries qu'il avait en réserve à Paris.
Cette offre fut acceptée, et les pourparlers s'engagèrent immédia-
tement entre le Maire de Lyon, M. Herriot. et M. Guimet, amenant
ainsi la réinstallation d'un nouveau Musée Guimet à Lyon.
Alors, des dons importants se présentèrent de tous côtés.
Les Habitants de la Ville de Kiôtô offrirent la reproduction de la
célèbre Salle du Shiogoun Taïko, qui avait fait l'ornement de l'Expo-
sition Japonaise de Londres.
MM. R. Weill et Ad. Reinach donnèrent l'importante collection
d'antiquités égyptiennes provenant des fouilles faites par eux pen-
dant deux hivers sur l'emplacement de la ville de Koptos (Haute-
Egypte).
IV|me Maindron envoya une série des plus complètes de toutes les
divinités de l'Inde brahmanique.
Et M. Dôhring arriva de Bangkok en apportant des panneaux reli-
gieux, des Bouddhas anciens et des porcelaines du Siam,
Le Musée du Louvre mit en dépôt des moulages assyriens, une
vingtaine de sarcophages égyptiens et les superbes copies des pein-
tures du tombeau de Ramsès h^'.
Si on ajoute des séries prises au Musée de Paris, dans la collection
rapportée du Cambodge par M. Aymonier, dans celles rapportées de
Perse par MM. Ujfalvy et Ed. Blanc, de Pékin par M. Frandon.
dans les excédents de la collection égyptienne et parmi les docu-
ments provenant des fouilles d'Antinoë et d'Abydos, on voit avec
quelle facilité le Musée de Lyon a été constitué.
Ce Musée a pour objet de propager la connaissance des civilisa-
tions de l'Orient et de l'Antiquité classique, de faciliter les études
religieuses, artistiques et historiques au moyen des images, des objets
du culte et des oeuvres d'art qui composent ses collections, mais
l'Histoire des Religions, but primitif de sa fondation, reste son
objectif principal.
11 se compose d'un corps de bâtiment comprenant un rez-de-chaus-
sée et deux étages. Une tour précède la construction.
La galerie du rez-de-chaussée est consacrée à l'Egypte.
Le premier étage comprend :
1 ° La rotonde affectée au Japon ;
2^ La galerie nord, divisée entre la Perse, l'Inde, l'Indo-Chine, la
Chine et le Japon.
Au second étage, consacré entièrement à l'art japonais, on voit,
dans la salle circulaire, des peintures, estampes, grès de bizen, céra-
miques, porcelaines, et la galerie nord, divisée en trois salles,
montre des dessins, croquis, estampes, peintures, laques, etc.
Le Musée est situé près le Parc de la Tête-d'Or, boulevard du
Nord, 28-30, et ansle de la rue Boileau.
-{ I7j>
MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DE LYON
«
Ct l c'iahlissrmrnl. fonde* en 1772, a subi. drpuiH «on ori$?inf. dru
trunsforniatioiis iinjjortaulcs. cjui l'ont mi.s au rany dm prrmicrH
Musées d'Europe. Jus(|n Cii 1913, il était situé au Palais Saint Pierre,
dans des ^alrries d<*v<*mic.s trop étroitrs pour placer bien en vue les
superbes documents (ju'il renferme. Arluellement. K^^ce à M. Her-
riot, maire de Lyon, et au Conseil municipal, j^râre à leur dévoue-
ment pour l'instruction publique, le Muséum d'histoire naturelle
est installé dans des salles spacieuses et bien éclairées, en rapport
avec limportance toujours plus considérable des collections scienti-
fiques et le nombre croissant de leurs visiteurs.
Le Muséum occupe la plus grande partie des bâtiments de l'ancien
Palais de Glace, dans le voisinage du Parc de la Téte-d'Or. Ses
galeries ont été aménagées aux premier et deuxième étages, en
bordure de la rue Boileau et de la rue Montbernard. La même entrée,
boulevard du Nord. 28. donne accès aux galeries du Muséum et à
celles du Musée Guimet.
Au premier étage est la GRANDE SaLLE, dans laquelle ont été placés,
au-dessous du plafond lumineux, des documents hors série concer-
nant la Zoologie et la Géologie. Autour de cette salle sont disposées
les vitrines de la Galerie Minéralogique, ainsi que les collections se
rapportant à la Géologie des terrains primaires et secondaires.
Dans la partie centrale de la Grande Salle, sont exposées des collec-
tions d'organismes inférieurs, de madrépores, d'échinodermes, de
crustacés, de poissons et d'oiseaux. Parmi ceux-ci, on doit signaler
de belles séries d'oiseaux-mouches, de perroquets, de faisans, de
paradisiers, etc. Au milieu de la salle se dresse la charpente osseuse
de plusieurs grands animaux contemporains de l'homme de l'âge de
la Pierre, entre autres celle du mammouth découvert à Lyon
en 1859 ; du cerf à bois gigantesques des tourbières d'Irlande ; du
cheval préhistorique de Solutré (Saône-et-Loire) et du grand ours
des cavernes, de la grotte de l'Herm (Ariège). Enfin, un très rare
spécimen de la rhytine de Steller, grand mammifère marin qui
vivait encore au siècle dernier, dans le détroit de Behring.
Galerie de Minéralogie. — Lorsqu'on pénètre dans la Grande
Salle, les minéraux sont à droite de l'entrée. La collection générale
est contenue dans des meubles verticaux. Chaque échantillon porte
une étiquette indiquant le nom de l'espèce minéralogique. sa com-
position chimique, le lieu d'origine et le nom du donateur. La classi-
fication, adoptée récemment, est celle en usage au Muséum d'His-
toire naturelle de Paris.
En dehors de cette collection générale, on doit signaler diverses
séries locales de minéraux, notamment les admirables échantillons
dazurite et de malachite, de Chessy (Rhône), ainsi que la collection
de minéraux et roches du Puy-de-Dôme.
Galerie de Géologie. — Les roches et fossiles des terrains pri-
maires et secondaires font suite à la collection minéralogique. Ils
se composent d'échantillons de roches anciennes des environs de
-( 174 )-
Lyon et du massif des Alpes ; de végétaux du bassin houiller de
la Loire ; de très nombreux fossiles du Mont-d'Or lyonnais et des
couches à minerai de fer de la Verpillière (Isère) ; enfin, surtout, de
Galeries du Muséum d'Histoire naturelle : mammouth découvert à Lyon en 1859.
l'admirable collection de poissons et reptiles du calcaire lithogra-
phique exploité autrefois aux environs de Lhuis, à Marchamp (Ain).
Les fossiles des terrains crétacés, représentés par des séries prove-
nant soit du bassin du Rhône, soit du Liban (Syrie), sont placés dans
la Grande Salle à gauche de l'entrée.
-' 175 )-
En cf* (jui couLfriic- 1rs iioiiiljrcnix dot uinrnlM palc:ontoloi(iqurH d*§
terrainH tertiaires et quaternaireH. iU ne trouvent dan» une «alerle
au 8ud-eHt de la Grande Salle, inimrdiatrment à côté de la Galerie
des Terrains crrtacrH. LeM rrMir.s osHnix dr» vertéhreH tertiaires et
<|iialrrnaireH proviriinent en Kf^'^'^** partie de» environM de Lyon, ci»-
Villefrandje (Kliône). de la Grive Saint Alban (Isère), de Viljerever-
aure (Ain), de Saint Gérand-le-Puy (Allier), de Gardas (Vaucluse), etc.
Galerie de Zoologie. Outre le« collections déjà citées, qui
occupent une i^artic Ar 1.» (îrande Salir, la Galerie Zoologique pré-
Galeries du Muséum : reptile de l'époque Jurassique, découvert dans la pierre
lithographique des environs de Lhuis, à Marchamp 'Ain).
sente, au deuxième étage, une riche collection d'insectes, de papillons
surtout, souvent étudiés par les artistes de la Fabrique lyonnaise.
Elle compte également plusieurs vitrines de coquilles et des séries,
locales ou générales, d animaux vertébrés . poissons, reptiles, oiseaux
et mammifères. Au nombre de ceux-ci. il convient de citer de beaux
spécimens de capridés sauvages de la Syrie, du Caucase et des
Alpes, ainsi que divers anthropoïdes : gibbons, orangs, chimpanzés
et gorilles.
Galerie d'Anthropologie. — Située au-dessus de la Salle de
Géologie des terrains tertiaires et quaternaires, la Galerie Anthropo-
logique est consacrée à l'Ethnographie et à la Préhistoire. Elle se
compose, en particulier d'une collection des âges de la Pierre,
du Bronze et du début de l'âge du Fer, ainsi que d'antiquités pro-
venant, soit des Alpes, soit des nécropoles du Caucase et de la
Corse.
L'Egypte des Pharaons et l'Egypte Préhistorique sont représentées
par des séries d'instruments en silex taillé, des vases en pierre ou
en terre cuite, des sarcophages et différentes momies couvertes d'in-
scriptions ou ornées de cartonnages dorés.
Enfin, une Galerie d'Anatomie COMPARÉE est en voie d'installation,
-( I7Ô >-
au rez-de-chaussée de la rue Boileau et de la rue Montbernard.
Dans cette salle, les squelettes, crânes, mollusques, préparations di-
verses intéressant les anatomistes, seront mis directement a la portée
des étudiants et de tous les travailleurs.
Cl. Gaillard,
NOUVEAU LYCEE DE GARÇONS
Jusqu'à ces dernières années, Lyon ne possédait, comme établis-
sement d'instruction secondaire pour les garçons, que le Lycée Am-
père. Celui-ci, installé en 1803 dans les bâtiments de l'ancien Col-
lège de la Trinité, entre la rue de la Bourse et le quai de Retz, ne
subit depuis lors presque aucune amélioration. L'état de vétusté de
ses bâtiments sombres et mal aérés ne répondait plus aux condi-
tions actuellement exigées. De plus, en raison de l'extension tou-
jours croissante de la ville, et surtout des quartiers de la rive gauche
du Rhône, le Lycée Ampère était devenu absolument insuffisant pour
la population scolaire de plus en plus nombreuse qu'il devait conte-
nir, malgré la création, depuis 1902, de deux annexes à Perrache et
à la Guillotière, pour recevoir les externes de ces quartiers, jusqu'à
la classe de quatrième.
On décida donc la construction d'un nouvel établissement destiné à
recevoir, outre une partie des externes habitant la rive gauche, tous
les internes actuellement logés au Lycée Ampère et au Lycée de
Saint-Rambert (classes inférieures).
L'étude des plans et la construction du nouveau Lycée furent
confiés à l'architecte lyonnais Louis Rogniat.
Construit sur l'emplacement de l'ancien Fort des Brotteaux, le
Lycée occupe un vaste terrain, d'une surface de 24.000 mètres carrés,
en bordure du Parc de la Tête-d'Or, et compris entre la rue Tron-
chet, le boulevard du Lycée, la rue Montgolfier, le boulevard Pom-
merol et la ligne du chemin de fer de Genève.
Il a été prévu pour recevoir 1.200 élèves, dont 224 internes, avec
tous leurs services.
Commencé en juillet 1909, il a été terminé à la fin de 1913.
La nature du sol a nécessité l'établissement de toutes les fonda-
tions sur pilotis en ciment.
La façade principale sur le boulevard du Lycée, en moellons de
la Grive et pierre blanche, a 200 mètres de long. Elle comporte, de
chaque côté du pavillon central, deux étages de hautes et larges
baies éclairant les classes et études ; elle est terminée à chaque
extrémité par un autre pavillon pourvu d'une entrée secondaire.
Au fronton du pavillon central, une horloge monumentale s'orne
d'un groupe dû au sculpteur Jean Ploquin, et dont les deux figures
représentent la Science et l'Etude. Un campanile surmontant la toi-
ture abrite les cloches de cette horloge, reliée électriquement à d'au-
tres cadrans répartis dans les diverses cours.
L'entrée principale, surmontée d'un motif décoratif à tête de lion,
du sculpteur Guy, donne accès à un vaste vestibule, à la voûte et aux
murs revêtus de céramiques bleues et jaunes, dont les couleurs se
répètent dans la décoration de tout l'édifice. A droite la Conciergerie,
-( 177 }-
12
- f 178 )-
à gauche le Parloir, dont le plafond est orné de motifs lumineux et
des écussons de Lyon, Villefranche, Tarare et Givors. Ce vestibule
s'ouvre sur la Cour d'honneur, qu'égaient un jardin et une fontaine
aux vasques fleuries. Autour de la cour, un double étage de légères
arcades en pierre de Saint-Martin abrite des galeries sur lesquelles
s'ouvrent, au rez-de-chaussée, la Bibliothèque, les bureaux de l'Eco-
nomat et des divers fonctionnaires, au premier, les logements des
fonctionnaires et des répétiteurs.
De larges circulations conduisent aux cours des externes, petits
et moyens au nord, grands au sud. Les classes, d'accès direct, sont
rangées au rez-de-chaussée autour de ces cours ; les études sont au-
dessus, desservies par des galeries métalliques. Les classas, au nombre
de 36, sont prévues pour 36 élèves ; les études pour 40 élèves, rangés
dans les unes et les autres par tables de 2. Des groupes de lavabos
continuellement accessibles accompagnent chaque série de classes
ou d'études. Les classes élémentaires ont leur entrée particulière au
nord.
A l'extrémité sud de la Cour des Grands, un bâtiment spécial,
en façade sur la rue Tronchet, est réservé à l'enseignement des
sciences : Histoire naturelle au rez-de-chaussée, avec salles de col-
lections. Physique au premier. Chimie au deuxième, chacun de
ces deux étages pourvu de deux amphithéâtres bien éclairés, de
salles de préparations pour les professeurs et de manipulations pour
les élèves, avec eau, gaz, courants électriques triphasés et continus
sur chaque table de travail en lave. Au deuxième étage, une galerie
vitrée est affectée aux manipulations en plein air.
Une seconde ligne de bâtiments sépare les Cours de l'Externat
de celle des Internes et contient : au rez-de-chaussée une autre série
de classes, aux premier et deuxième étages les dortoirs.
Ces dortoirs, au nombre de 7, et prévus chacun pour 32 élèves,
longs de 33 ou 42 mètres, larges de 7 mètres, sont peints de couleurs
claires et éclairés sur leurs deux côtés par de hautes fenêtres. Ceux
des petits sont d'une seule teneur sans séparations, ceux des moyens
divisés en box qui, tout en donnant aux pensionnaires plus de
confort et d'indépendance, permettent néanmoins une surveillance
facile. Aux extrémités et à la suite de chaque dortoir se trouvent la
chambre du surveillant avec baie vitrée, un vestiaire, des water-
closets et un groupe de 32 lavabos, un par élève, dans une salle
blanche aux murs revêtus de faïence. Enfin, les deux dortoirs des
grands, réservés aux élèves des classes supérieures, sont divisés cha-
cun en 32 chambres, indépendantes, rangées des deux côtés d'un
couloir central, et où chaque élève trouve, outre son lit et sa table,
son lavabo entouré de faïence, son placard grillagé pour l'aération et
son radiateur.
Quatre larges escaliers desservent ce bâtiment. En haut de la
partie centrale, un troisième étage contient trois salles de dessin
éclairées par le haut, avec leurs séries de lavabos et leurs pièces
annexes.
La Cour de l'Internat, plantée d'arbres, a 130 mètres de long sur
53 mètres de large. Divisée en trois parties par de légères galeries
métalliques, elle est bordée d'un côté par une galerie de 180 mètres
longeant les bâtiments, de l'autre par de vastes préaux couverts pour
les jours de pluie.
Au nord de cette cour, un bâtiment en façade sur la rue Montgolfier
et en communication directe avec ceux de l'Internat, contient les
-i 179 )-
réfectoires. Ceux-ci. an nomhrf <!♦• troiM, Hont dinponcH autour d'un
petit rrffctoirr (riitr.il. rrHcTvr aux inaîirrM rt vitrr Hur toutrM nrn
farr.s. C hatuii <l <mix. Ioîik cir 18 inrtrrM, lar^r dr 7 nirtrrH rt pourvu
d'un officr, contient 104 rlcveH, réparti» par tablcn cjr 8. Lourfi lar^fes
bairs donnant .sur Ir Parc, leur rrvctrmi*nt de ccramiqurs drcorces
df fruitH. IcMirs murs lacjurH chiirM donnrnt à ccm réfrctoircM un
asprct propre rt j^ai. l'ar (\r lar^rs circuiationH. la nourriturr arrive
dos cuisinrH. si)a< iru.srH rt hitrn rclairc'vs. rntourcea de leUfH nrrvif rn
et de ceux àr l'Economat.
Au-dessous des réfectoires sont 1rs salles <\r bains-douchrH rt cir*
bains de pieds. Au-dessus, la linK^rio. le taillrur, etc. Une cour de
service avec entrée sur la rue Moiit^nlfier donne accès aux provisions,
A l'autre extrémité de la Cour de 1 Internat, l'infirmerie constitue
un bâtiment isolé, occupé au rez-de-chaussée par les services de
visite, aux étages par deux petits dortoirs et des chambres d'isolé
ment. Le tout entièrement revêtu de faïences et peint en blanc, avec
toutes les dispositions et aménaj^ements assurant une hygiène ab-
solue. Un petit jardin, devant l'Infirmerie, est réservé aux malades.
Enfin, un autre bâtiment, au sud-est du terrain, complète Ten-
semble. C'est la Salle des Fêtes, destinée aux conférences, réunions
et cérémonies et aux exercices de gymnastique. Elle se compose
d'une unique grande nef, recouverte d'une voûte en ciment armé
d'une seule portée. Dans une grande niche, au fond, l'estrade fait
face à une tribune. Un perron extérieur donne accès à l'entrée du
public, en façade sur la rue Tronchet.
Le chauffage du Lycée est assuré par cinq groupes de chaudières
répartis dans les sous-sols. Tous les planchers sont en ciment armé.
Les dispositions intérieures des locaux d'études et des services ont
été étudiées pour répondre à toutes les exigences de l'hygiène mo-
derne.
LE PARC DE LA TETE-D'OR
Le Parc de la Tête-d'Or est situé sur la rive gauche du Rhône,
aux confins nord de la ville de Lyon, sur les terrains qu'elle a em-
pruntés au Dauphiné. Plusieurs des lignes de tramways qui sillon-
nent la ville conduisent, soit directement à l'une de ses portes
(Portes des Légionnaires et Tête-d'Or), soit à proximité de l'une
d'elles (Porte du Lycée). Rien n'est donc plus facile que de s'y
rendre. La visite s'impose, tant le Parc présente d'attraits pour les
amateurs de la nature, pour ceux des jardins, et, enfin, pour les bota-
nistes.
Son nom lui vient de celui de l'antique domaine qui lui a fourni ses
terrains. Une très ancienne tradition veut qu'un trésor ait été caché
en quelque point de son étendue, et, parmi les pièces qui en faisaient
partie, on citait une tête de Christ en or, qui a été patiemment
recherchée à plusieurs reprises, sans succès du reste.
Le domaine de la Tête-d'Or, beaucoup plus étendu que le Parc
actuel, se composait surtout de plusieurs îles du Rhône ; il s'étendait
jusqu'à Vassieux sur la rive droite. Il appartenait au XVI- siècle à
la famille Lambert. Les Jésuites de la Maison de Saint-Joseph en
- ' 180 )-
acquirent une partie en 1574 ; l'autre fut donnée par testament à
l'Hôtel-Dieu, par Catherine Lambert, femme de Jacques de Villiers,
le 14 février 1637. Les Echevins de Lyon achetèrent (pour la pre-
mière fois) la part des Pères Jésuites le 10 juin 1735. et la revendi-
rent, quatre jours après, avec le domaine contigu de lEmeraude, à
l'Hôtel-Dieu, au prix de 53.700 livres, la Ville restant débitrice aux
Pères Jésuites d'une rente annuelle et perpétuelle de 2.520 livres.
C'est de ce domaine que furent distraits, en 1856. pour y établir
le Parc de la Tête-d'Or. 100 hectares environ, moyennant l .250.003 fr.
qui furent versés à l'Administration des Hospices de Lyon.
Les parties acquises comprenaient notamment le bois et la ferme
Le Chalet des Gardes du Parc. iCl. Synd. Init.j
de la Tête-d'Or. Le bois était situé dans une île séparée de la terre
ferme par un large bras du Rhône, qui fut fermé par la digue du
Grand-Camp (Grand-Champ, disaient nos devanciers), il était planté
de saules et de broutilles (d'où dérive le nom de Broteaux, qui
désigne le VI*^ arrondissement de Lyon, celui dont relève le Parc),
s'élevant sur un sol accidenté par de légers plis, parsemé de petits
marécages, au milieu desquels croissaient des joncs gigantesques. Le
corps principal de la ferme, approprié à des besoins nouveaux,
abrite aujourd'hui plusieurs familles d'employés de la Ville, le
Conservatoire de Botanique et le Laboratoire de Météorologie (dit
improprement Observatoire) , après avoir longtemps logé des qua-
drupèdes au rez-de-chaussée, gens et fourrage au-dessus.
La création d'une nouvelle promenade s imposait, ainsi que le
faisait entendre au Conseil municipal, le 14 mars 1856, M. le Séna-
teur Waïsse, préfet-maire, à la suite des am.putations répétées qu'avait
dû subir le Jardin des Plantes, la principale promenade de Lyon à
cette époque. L'endroit semblait d'autant mieux choisi que le public
avait depuis longtemps l'habitude de prendre ses ébats, les dimanches
surtout, dans le bois de la Tête-d'Or, dont il usait, et même abusait
(certains regrettent ce temps) en toute liberté.
Le projet approuvé, l'Administration fit choix de MM. Buhler,
architectes paysagistes des plus renommés, pour l'exécution d'un
plan répondant aux desiderata formulés par M. Gustave Bonnet,
ingénieur en chef de la Ville de Lyon, grand amateur de fines
plantes et de beaux jardins.
-( 181
Drs mains àrn Biihlrr «ortit un l'arc maKnifiqiir clf 105 hrt larrs,
dont rélablisMrinrnl a < oûtr pluMirurH rnillioiiH ri dont 1 rntrriirn
dcniaïuK- anniirllrnirnl pins de- lOO.OOO francH. On \r trouvr ( itr
conmu' un niodMr dr l'art du paysaKinle rt du trace dit anglaiê
dans touH Irs IraitrH claHHiciurH à ru;;^.»^^ <^f^ arrhitrctr» de jardins.
Si elle a .subi (|url<|n<*H niodificalions dan» !'•« détaiU depuis sa créa-
tion. r<ïuvrr dc-s BuIjNt a ( rpcndanl t*tr rrupriU-r dans son en-
semble, et il faut espérrr (pi rll«' srra traiter dans l'avenir comme le
mrritr tout rhrf d'(ï*uvre.
Allées des Grandes Serres du Parc. (Cl. J. Sylvestre.)
La principale de ces modifications est la conséquence de la sup-
pression de la partie des fortifications de Lyon qui bordaient le Parc
du côté de la ville, suppression qui a permis l'édification, sur le
terrain des fossés comblés et des glacis, d'une suite de riches et
coquettes villas ornées de jardins luxueux, qui forme à la promenade,
et sur sa face la plus en vue, la plus belle clôture qu'on puisse
désirer. La reconstruction des serres, en 1880 et 1900, a également
modifié l'aspect primitif de l'angle sud-est où elles s'élèvent, près
de la nouvelle Porte du Lycée.
Dans la partie nord du Parc, s'étend, derrière la grille monumen-
tale, voisine du Monument élevé à la Gloire des Enjants au Rhône
morts pour la Patrie, un superbe lac de 16 hectares, égayé par deux
masses de verdure : les îles des Cygnes et des Tamaris. Les eaux
en sont fort belles et les plantations qui le bordent présentent des
scènes charmantes, surtout entre la rive nord du lac et le Rhône,
partie vallonnée où abondent les arbres verts encadrant de riantes
prairies, ce qui lui a valu le nom de Petite Suisse.
Au fond du lac et limitant, ou presque, la promenade à l'est.^ se
trouve la Grande Ile, ceinte par un large bras de rivière que l'on
-( 182 )-
franchit en plusieurs endroits sur des ponts rustiques d'une facture
artistique.
La partie sud du lac est plus vaste que les précédentes. C'est aussi
la partie la plus fréquentée, en raison de son rapprochement de la
ville. On y accède par les deux Portes de la Tête d'Or et du Lycée
(faisant face aux voies des mêmes noms). On y trouve, en outre de
vastes pelouses agrémentées de bosquets et de fleurs (le Pré jleuri
en façade du Jardin Botanique, en est le point le plus charmant), un
petit Jardin Zoologique et un très vaste Jardin Botanique. A ce der-
Embarcadère du Lac, au Parc de la Tête-d'Or. (Cl. Synd. Init.)
nier sont rattachées de très importantes collections de végétaux culti-
vés, les uns en pleine terre, les autres sous verre ; par leurs richesses,
elles classent cet établissement parmi les similaires de premier ordre.
Là, encore, se trouve le Conservatoire de Botanique, dont la très
modeste installation ne donne point l'idée des choses précieuses, au
point de vue scientifique, qu'il renferme ; enfin, le Fleuriste de la
Ville de Lyon, établissement d'horticulture où sont créés les végétaux
nécessaires à la décoration des squares, jardins et palais de la Cité ;
la réputation de ce dernier n'est plus à faire.
Les serres couvrent plus d'un hectare. Les plus remarquables sont
les Grandes Serres, qui, à elles seules, occupent le tiers de cette
superficie. Elles sont constituées par cinq pavillons, parallèlement
disposés, réunis en un Jardin d'Hiver. Le pavillon médian mesure
21 mètres de hauteur, les intermédiaires 14 mètres, les latéraux 10 mè-
tres. Palmiers, Cycadacées, Pandanus, Camellias, Fougères s'y cou-
doient en un beau désordre, effet de l'art, et dont la figure ci-jointe
ne donne qu'une idée insuffisante.
Les Petites Serres, presque aussi étendues en surface que les précé-
dentes, sont divisées en une vingtaine de compartiments inégalement
chauffés, dans lesquels se rencontre l'élite des plantes ornementales
qui croissent dans les régions tempérées et chaudes du globe, ou
bien qui sont dues au génie de l'homme. Les Orchidées, Bromélia-
-( 183 )-
cées, Cactées et aulrr» plante» grasses. Irn AzalécH rt Crotoriw y «ont
particulièrement rrprrsf-ntrH par de nombreux Mujet» ; du reste, ici,
les efforts triidriU surtmit à faire connaître le» végétaux ayant un
mérite décoratif.
Le public a librement «k < ch aux CirainK-s Serres tnuf«- la journée ;
aux f^etites Serres, les après-midi.
Une des serres du Jardin Botanitjue, consacrée aux arnialiqurs c'en
pays chauds, renferme la fameuse reine de» eaux : la Victoria rcf^ia,
dont les feuilles ont Z mètres de diamètre, et les fleurs 30 renti-
mètres.
Le Jardin Botanique pro[)rement dit. présentant les végétaux dis-
posés en un ordre méthodic|ue, contient près de six mille plantes
distinctes. Parmi ses dépendances, beaucoup plus riches encore en
sujets, citons : le Ri>sariun}, < omprenant f)luH de douze cents variétés
de roses, V AJpinurn. le l^inctuni, le h rultcctum, la Collection clca
Vignes, avec plus de qur tre cent cincjuante espèces ou variétés,
V Arhorctum, enfin V Ecole jloralc, enchantement des yeux, où se suc-
cèdent sans interruption, dans leur floraison, pendant toute la belle
saison, près de huit cents espèces ou variétés propres k la décora-
tion des parterres et choisies parmi les meilleures et les plus nou-
velles.
En été, les plantes grasses (Cactées, Agaves, Aloès. etc.). rassem-
blées en plein air, disposées en massifs, constituent un Jardin Mexi-
cain d'un effet surprenant, et qui n'a point, croyons-nous, son sem-
blable en Europe.
R. GÉRARD.
FONTAINE DE LA PLACE MORAND
Cette fontaine fut élevée en 1865, au moyen d'une souscription
publique et d'une subvention de la Ville de Lyon. Elle avait pour
but de perpétuer le souvenir de l'afîranchissemert des ponts, jus-
qu'alors payants. Elle est l'œuvre de Tony Desjardins (1814-1882),
architecte de la Ville, de Guillaume Bonnet (1820-1882), sculpteur
lyonnais, et de l'ornemaniste Clauses. Sa disposition pentagonale
s'explique par la raison qu'à cette époque Lyon était divisé en cinq
arrondissements, que personnifient les cinq enfants séparant les vas-
ques supérieures et entourant la figure de la Ville de Lyon, le front
ceint de la couronne murale et appuyée sur un bouclier. Située sur
Tune des plus belles places de la ville, cette fontaine complète, par
ses lignes harmonieuses et son heureuse composition, la remarquable
perspective du pont et du cours Morand.
MONUMENT DES ENFANTS DU RHONE
On connaît la part héroïque que les Mobiles et Mobilisés du
Rhône prirent à la funeste guerre de 1870-71. Les Mobiles avaient
défendu Neuf-Brisach, combattu à Paris, et. par leur opiniâtre résis-
-( 184 )-
Monument
des Enfant:
du Rhône
à l'entrée
du Parc.
Cl J. Sylvestre.)
La gare P,-L.-M.
des Broteaux
ICI. Synd. InitJ
Fontaine
del
place Morand.
(Cl. J. Sylvestre
( 185 )-
tance souh Drnfrrl Ktx lirrraii. contribué k conaervrr Brlforl à la
France. Lrs IVlobilist-s h rtairiit cliMlin^ués À NuitM. à Villrrnrxrl, k
Hérirourt .
Avant le dt'pail de Lyon. ( liacjiic bataillon oxi Ic^iou avait reçu
un drapeau offrrl i>ar 1rs Darurn lyonnaiMCM AprcM la guerre, ce»
drapotUix fun*nt < onfirs à la Municipalité* L»* préfet-maire Ducrol.
80U8 on ne sait (juel mauvais prrtfxtr. (it brûl«-r ceH précieux em-
blèmes. Une protestation unanime s'élrva. Une sou .rription fut
immédiatement ouverte pour ériger un monument remplaçant le*
drapeaux détruits. La Ville de Lyon et le Département du Rhône
s'associèrent à l'tx'uvrr. à la condition que ce rnonumrnt >rrait consa-
cré à tous les Lnfants du Rhône ayant combattu pendant l'Année
Terrible.
L'exécution en fut confiée à deux Lyonnais, l'architecte Adolphe
Coquet et le sculpteur Claude Pagny. L'inauguration eut lieu en
1887 et donna lieu à une très émouvante manifestation patriotique.
Situé à l'extrémité du Parc de la Têlc-d'Or, le monument as
détache heureusement sur les masses de verdure.
Sur un socle orné d'attributs, un lion tenant une épée brisée
(œuvre de Textor) précède un haut piédestal, sur lequel, en un beau
groupe de bronze, la France, dans un geste des plus nobles et des
plus énergiques, montre l'ennemi à de jeunes soldats groupés autour
d'elle dans un geste de défense. Le monument est encadré par une
colonnade en hémicycle, tei minée à chaque extrémité par un pylône
surmonté d'un trépied. Des inscriptions rappellent tous les combats
auxquels prirent part les contingents originaires du Rhône.
-( 186 )-
LA CROIX-ROUSSE
ET lA'.S PF.NTES
LES JARDINS
Ce quartier possède deux grands Jardins.
L'un, appelé Jardin des Chartreux, occupe une très grande Ion
gueur sur le cours des Chartreux. Aux deux bouts de ce Jardin, on
jouit d'une vue splendide. Du côté sud, on aperçoit le beau pano-
rama de Lyon, dominé par le merveilleux coteau de Fourvière, et,
du côté nord, la vue embrasse une des parties les plus charmantes
du cours de la Saône. Un gracieux monument, élevé au grand
chansonnier lyonnais, Pierre Dupont, contribue à l'embellissement de
ce Jardin.
L'autre Jardin, par son étendue, constitue un véritable parc : c est
le Jardin des Esses.
Placé à l'extrémité ouest du boulevard de la Croix-Rousse, il ne
peut, de par sa position même, être aussi fleuri que les autres
squares de la ville, mais c'est surtout un passage ombragé et enca
dré de verdure entre la Croix-Rousse et le quartier de Serin, situé
au bas, sur le bord de la Saône. Sa pente très accentuée a obligé
l'architecte-paj'sagiste à établir les allées en lacets nombreux, el
c'est cette particularité qui lui a fait donner son nom.
Enfin, l'autre extrémité du boulevard de la Croix-Rousse, côté est,
possède aussi un Jardin d'où l'on jouit d'une vue immense sur la
ville et sur la plaine du Dauphiné. Cette plaine est bordée dans le
lointain par la magnifique chaîne des Alpes, dominée elle-même
par le Mont-Blanc majestueux, que l'on aperçoit très distinctement
lorsque le temps est clair.
EGLISE SAINT-BRUNO DES CHARTREUX
En i584, les Chartreux s'établissent à Lyon, sur le plateau élevé
au nord de la ville, et dont les pentes s'inclinent au couchar^ sur la
vallée de la Saône.
En 1615, le chœur de l'église actuelle est achevé d'après les plans
de Jehan Maignan. C'est un beau vaisseau de 22 mètres de longueur
sur 1 1 mètres de largeur, couvert d'une voûte en berceau aux péné-
-( 188 -
trations élégantes. De riches stalles aux sculptures délicates, stupide-
ment mutilées, tapissent les murs latéraux. En 1733, l'architecte Fer-
dinand Delamonce reprend les travaux suspendus. Il construit le
dôme et la nef. La façade ne devait se construire qu'en 1871, sur
les plans de l'architecte Sainte-Marie-Perrin. Le dôme de Delamonce
est remarquable. Elevé sur plan octogonal, il présente au dehors huit
fenêtres elliptiques du plus bel effet. C'est le point de mire d'un des
rspects les plus pittoresques de notre ville.
Eglise Saint-Bruno des Chartreux. Cl. J. Sylvestre.)
A l'intérieur, Saint-Bruno nous offre un des exemplaires les plus
intéressants, les plus complets de l'architecture religieuse du XVIII^ siè-
cle. La vue photographique que nous donnons ici exprime, mieux que
toute description ne saurait le faire, les dispositions élégantes des
arcs et des trompes de la coupole, des voûtes en berceaux de la nef.
de leurs pénétrations, et, dans le fond, des fenêtres qui éclairent le
chœur.
Cette vue nous donne aussi le morceau capital de la décoration
intérieure : c'est le baldaquin ou ciborium qui surmonte l'autel, bel
ouvrage de Servandoni. Cet édicule est d'un grand effet. Sans en-
189 '
combrrr Ir noblr vnis;.c*au, il »'éi>vr jumcju'A la naiHsancr du tjônie ;
il s'harmonisr Irts hfiirrusrmrnt .ivre IrH li^nrH dr rarrhitrrttirr cl
laisse voir \ca brllrs voule:4 du virux Hnnctunirr.
Nous devons signaler t»ous le dôme le grand autel à doublr fac r,
en rnarbrop- précieux, dessinr par Souffla, et, à droite r-t à (ra^ichc
La nef et l'autel de l'église Saint-Bruno des Chartreux.
(Cl. J. Sylvestre.) .r
1
du ciborium, deux tableaux de Trémolières, l'Ascension de /S'ofre-
Seigneur et VAssompticn de Notre-Dame. Ces très belles toiles sont
enchâssées dans des cadres de bois doré d'une grande richesse, de
la composition du sculpteur Chabry. Mentionnons aussi, à l'entrée du
vieux sanctuaire, les statues de saint Jean-Baptiste et de saint Bruno,
de J. Sarazin, puis, au centre de ce vieux sanctuaire, un très beau
lutrin du XVIII^ siècle, en bois doré, surmonté d'un aigle aux ailes
-' 190 )-
éployées. enfin, dans la troisième chapelle a droite, la Mise du Christ
au tombeau, de Breuet, et, dans la chapelle du baptistère à gauche,
un beau Baptême de Notre-Seigneur non signé.
A consulter : L'Eglise de Saint-Bruno-des-Chartreux , par M. Forest,
Supérieur honoraire des Missionnaires diocésains, Lyon. Librairie Ca-
tholique Emmanuel Vitte.
Sainte-Maril-Perrin,
MONUMENT DE PIERRE DUPONT
Cet hommage, rendu à la mémoire du chansonnier populaire, est
placé dans le Jardin public des Chartreux, en un point élevé d'où la
vue s'étend à travers les échappées de la Saône et sur les collines
qui la dominent. Gaspard André, l'auteur du projet, avait lui-même
choisi ce site, où le poète, dans une solitude propice, semble s'élever
au-dessus de 1 agitation des foules en pensant aux ouvriers et aux
paysans qu'il sut si bien chanter.
Le buste en marbre de Pierre Dupont émerge d'une haute gaine,
contre laquelle s'appuie sa Muse favorite, tandis qu'un jeune enfant
assis à ses pieds joue d'un instrument champêtre, et qu'une chèvre,
se hissant, broute les brindilles d'une guirlande de feuillage. Autour
du socle se groupent, en un bas-relief circulaire, les personnages des
principales œuvres du poète : les Bœujs, les Sapins, les Carriers, etc.
Au pied du monument murmure une discrète fontaine.
Gaspard André ne vit pas la réalisation de son idée, toute d'har-
monie et de poésie. Une souscription organisée par le Caveau Lyon-
nais, et à laquelle participa la Ville de Lyon, permit l'exécution de
l'œuvre. Le sculpteur Suchetet en fut chargé. L'inauguration eut lieu
en 1899.
STATUE DE JACQUARD
Cette statue, du sculpteur Denis Foyatier (1793-1863), fut érigée en
1840. sur la place Sathonay. Elle fut transférée à l'emplacement
qu'elle occupe actuellement, sur la grande place de la Croix-Rousse,
au centre du quartier de la Soierie, par les soins de la Municipalité
lyonnaise, en 1901.
Jacquard est représenté debout, dans le costume de son temps,
méditant sur les recherches qui devaient immortaliser son nom.
Né à Lyon le 7 juillet 1732, mort à Oullins (Rhône), le 7 août 1834,
Joseph-Marie Jacquard apporta au métier à tisser la soie des transfor-
mi^tions et des perfectionnements qui furent une véritable révolution
pour l'industrie lyonnaise. Mais, comme son invention produisait une
' ( 191 )-
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-( 192 )-
diminution de la main-d'œuvre, il fut, au début, victime de l'hostilité
des tisseurs, qui finirent cependant par reconnaître tous les mérites
de ses découvertes. Jacquard fut, pendant de longues années, attaché
au Conservatoire des Arts et Métiers de Paris. Lyon se devait d'être
reconnaissant à cet inventeur de génie, qui fut en même temps un
homme de bien.
Un canut de la Croix- Rousse
travaillant au métier perfectionné par Jacquard.
(Cl. L. Lebreton.)
LA RlVt: DROITE DE LA SAONE
EGLISE DE SAiNMRENEE
L'église de Saint-Irénée se compose de deux parties distinctes :
l'église supérieure et l'église souterraine ou la crypte.
Cet édifice est isolé par des cours à l'ouest et au nord, ainsi que
par une terrasse à l'est, où se trouve un calvaire dominant la ville.
La cour à l'ouest est limitée par un portail du XVIII' siècle, attri-
bué à Soufflot ; un perron, édifié en partie avec des matériaux pro
venant de monuments romains, conduit à l'entrée principale.
Construite dans la première moitié du XIX^ siècle, l'église haute
de Saint-lrénée présente les dispositions d'une basilique ayant une
certaine ampleur, mais les matériaux employés sont de qualités infé-
rieures, les décorations intérieures sont en plâtre et les colonnes de
la nef sont en stuc imitant le marbre.
Dans ces conditions, l'église de Saint-lrénée ne mériterait pas
de retenir l'attention des visiteurs ; cependant, son histoire est digne
d'intérêt, car elle remonte à l'origine de notre ville édifiée sur les
ruines de la cité romaine.
Crypte de Saint-Irénée. — En effet, pendant l'occupation romaine,
Tévêque Pothin fit construire dans ces lieux une église souterraine
dans laquelle les premiers Chrétiens se réunissaient comme dans la
crypte de Saint-Nizier devenue insuffisante. L'évêque Irénée, succes-
seur de Pothin, dont le nom est resté attaché à l'édifice, s'étant mis
à la tête d'un soulèvement militaire dirigé par Albin contre Sévère,
un combat terrible s'engagea dans les murs mêmes de Lugdunum.
Sévère, ayant été vainqueur dans cette lutte, poursuivit les rebelles
avec acharnement, confisquant leurs biens et les envoyant aux sup-
plices. Sous Sévère, la persécution à Lyon eut donc une cause poli-
tique et la religion chrétienne fut un motif plutôt apparent que réel
derrière lequel vint s'abriter la satisfaction des haines du vainqueur.
L'évêque Zacharie, successeur d Irenee, ht placer dans la crypte
le corps de son prédécesseur, victime de la persécution romaine, et
ce temple devint le tombeau des martyrs dont les restes furent ap-
portés de toutes parts pour être joints aux corps d'Irénée, d Alexan-
dre et d'Epipode, placés plus tard sous trois autels séparés.
Vers le IV^ siècle, après la conversion de Constantin, on construi-
sit une basilique au-dessus de la crypte de Saint-Irénée. Ce temple,
détruit au VIII^ siècle, pendant l'Invasion des Barbares, fut reconstruit
au IX*^ siècle, mais il fut mis en ruines, au XVI^ siècle, par le Baror
13
-( 194 )-
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des AdrrtH. <|ui boulrvrrsa aiiHHi la ( ry[>tr rt lit iiiclrr. dit la Irvî^nd*.
des o88ein<*nl.s d'aniinaiix aux rrHlrs dcM [)rriiiirrM Chrrtifiih ndtjui»
dans ce temple. Claude Grolier h'efforça de iiéparer le» ossements
profanes d'avec leH restes d«*H Martyrs, puis il répara en partie le»
(Ic'^âts o( taHionnés par les KrforinatejirM. Plus tartl. dans la seconde
nioilir tlu XIX Hir( le. des travaux importants furent entrepris par
1. Desjardins, architecte des Monuments l listoruiurs, pour restaurer
la crypte de Saint-Irénée et lui donner l'aspect qu'elle conserve
actuellement. Près de l'entrée latérale, au nord, on peut voir l»;
caveau fermé par une t<rille où ont été placés les restes des victimes
de la persécution romaine*.
Les enfants de la Cité Lyonnaise peuvent donc considérer la crypte
de Saint-lrénée comme le tombeau des premiers citoyens qui ont
essayé de secouer le joug de la domination romaine pour fonder la
ville de Lyon, destinée à remplacer l'antique Luj^dunum.
P. Desjardins.
CAVEAU DE L'ANTIQUAILLE
L'Hospice de l'Antiquaille, ainsi nommé à cause des nombreux
vestiges de l'antiquité gallo-romaine, qui furent trouvés au xvr- siè-
cle, sur scn emplacement, par le Lyonnais Pierre Sala, propriétaire
du domaine, porte aussi le nom d'Hôpital Saint-Pothin, en souvenir
du premier évêque de Lyon, martyrisé avec ses compagnons, en
l'an 177, sur la colline de Fourvière. Une pieuse croyance, dont
l'origine remonte d'ailleurs seulement au XVIT" siècle, à l'époque
où les religieuses Visitandines occupèrent ces bâtiments, veut qu'un
caveau fort ancien, creusé dans le roc, sous la cour d'entrée de
l'établissement, ait été la prison où furent enfermés les martyrs. Ce
caveau se composait, il y a quelques années, de trois chambres iné-
gales, de pourtour irrégulier, La plus grande, où l'on pénétrait
d'abord, a comme dimensions 6 mètres sur 3, et 3 mètres de hau-
teur. Elle est consolidée par un pilier central, auquel sont scellés
des anneaux de fer, qui servirent, dit-on, à attacher les martyrs
pour les torturer. Dans un coin, une étroite niche passe pour avoir
été le réduit où saint Pothin était enchaîné. Cette cham.bre est
demeurée intacte, ainsi qu'une autre plus basse et beaucoup plus
exiguë, communiquant avec la première. Quant à la troisième, elle
a été considérablement agrandie, récemment, ou plutôt remplacée
par une chapelle souterraine, qu'on a décorée de peintures murales
représentant le cortège des quarante-huit martyrs, saint Pothin et
ses compagnons. Les fidèles s'y réunissent à certains jours de
l'année, entre autres le jour de la fête du saint, pour y entendre la
messe, que l'on célèbre à l'autel érigé dans la première chambre.
Il y avait jadis communication entre ces caveaux et une galerie
souterraine, à présent éboulée en plusieurs endroits, mais dans
laquelle on peut encore pénétrer par quelques points de son
parcours. Les religieuses y avaient installé deux petits réservoirs pour
recueillir les eaux d'infiltration. Cette galerie se prolonge sous la rue
-i 196 )-
Cléberg et au delà, en montant, mais on n'en connaît pas l'extrémiié,
en raison des effondrements. Datant de l'époque romaine, elle ser-
vait sans doute alors de conduite d'eau. La même croyance d'après
laquelle le caveau était la prison de saint Pothin faisait de ce souter-
rain une galerie de communication de la prison avec le palais impé-
rial, où les martyrs auraient subi l'interrogatoire et la question. 1 out
cela n'est que légendaire.
C. Germain de Montauzan.
Porte de la Crypte de Fourvière.
BASILIQUE DE NOTRE-DAME-DE-FOURVIERE
La Basilique de Four-
vière, au sommet de la col-
line du vieux Lugdunum,
a été érigée en exécution
d'un vœu fait à Notre-
Dame, le 8 octobre 1870,
pour obtenir l'éloignement
des arn-.ées allemandes qui
menaçaient la région lyon-
naise. Le H^' mars 1871. la
paix était signée, l'ennemi
n'avait pas foulé le territoire
du diocèse : le vœu était
ixaucé.
Dès le 7 décembre de
.'année suivante, l'Arche-
vêque de Lyon, Mgr Ginoulhiac, bénissait solennellement la première
pierre de l'édifice, dont les plans étaient, depuis vingt ans, dressés
par l'architecte lyonnais Pierre Bossan (1).
L'église est orientée suivant la tradition : son abside fait face au
levant, sa façade principale legarde le couchant. Du pied du perron
occidental au pied du perron oriental, l'édifice mesure 86 mètres. Sa
largeur, les tours comprises, est de 35 mètres. A l'intérieur, la
longueur est de 67 mètres et la largeur de 19 mètres.
La façade principale est encadrée de deux tours octogonales de
48 mètres de hputeur. Quatre colonnes de granit poli, des carrières
de Baveno, au lac Majeur, se dressent sur des socles de granit éga-
lement poli et supportent les arcatures d'un porche qui s'étend d'une
tour à l'autre. Au-dessus de ces arcatures, huit anges cariatides, du
sculpteur Millefaut, forment une galerie ouverte que couronne le
fronton. Dans ce fronton se développe une imposante composition
en haut-relief : sur un trône que protègent deux anges est assise
Notre-Dame, patronne de la Cité. L'Enfant Jésus, sur ses genoux,
élève sa petite main bénissante. A sa droite sont agenouillés les
Echevins du Vœu de la Peste (1643), à sa gauche les Archevêques du
(I) Dès le commencement des travaux (1871), Pierre Bossan s'adjoignit l'architecte
Sainte-Marie Perrin. Bossan est mort en 1888.
-( 197
Vœu dr la Currrr (1870). CVltr noble sculpture Ml de Dufraine.
statuaire lyonnais.
Sou» le porche s'ouvrent les portes de bronze, magnifique ouvrage
orné de rinceaux et de figures en haut relief (I).
Le seuil franchi, le vaste vaisseau apparaît lumineux, tout ctincc-
lant d'or. Seize ( olonnes de marbre «ris bleu des Alpes s'élèvent ilir
Basilique de Notre-Dame de Fourvière. Cl. Synd. Init.)
de hauts socles de marbre blanc de Carrare el: portent les voûtes des
trois nefs. D'un premier regard, l'œil a bien vite saisi la simplicité
de ce plan.
Le Sanctuaire, surélevé de huit marches, renferme, sous un Cibo-
rium de marbres et de bronzes dorés. la statue de Notre-Dame, en
marbre statutaire de Carrare (Millefaut, sculpteur) et l'autel majeur
décoré de bas-reliefs et de mosaïques vénitiennes.
(1) Composition de l'architecte Sainte-Marie Perrin, figures de Millefaut, sculpteur.
-( 198 )-
Un riche pavement de mosaïques de marbres divers entoure l'autel.
Ce sont, dans dix médaillons reliés par des rinceaux, les hérésies
vaincues, que symbolisent des animaux malfaisants. Les statues de
sainte Anne et de saint Joachim décorent le ciborium. dont les six
colonnes sont en porphyre vert des Vosges. Sept verrières éclairent le
sanctuaire ; les vingt-huit Vierges qui les animent sont du peintre
lyonnais Gaspard Poncet. Une clef de voiite en pendentif d'une
grande richesse clôt la voûte couverte d'émaux brillants.
On remarquera à droite le siège archiépiscopal aux colonnettes
d'onyx vert. En regard est le Chandelier pascal, bel ouvrage de
bronze sorti des ateliers de l'orfèvre Armand Calliat (1).
Dans lavant-chœur sont disposées trente stalles en chêne scuipLé,
incrusté d'ébène et d'ivoire. Cet avant-chœur est séparé de la nef
par une table de communion en marbre, dunt les portes somptueusts
sont en bronze doré (atelier Armand Calliat) (1).
Huit chapelles, dans les bas-côtés, présentent au-dessus de l'autel
des bas-reliefs de marbre. Quatre de ces compositions sont en place.
Ce sont, à droite : les Noces de Cana, par Guillaume de l'Institut, le
Calvaire et V Assomption, de Dufraine, — à gauche, la Présentation,
de Millefaut. Les frontons de ces chapelles, portés par des coionres
de marbre vert des Pyrénées, sont enrichis d'emblèmes et d'inscrip-
tions.
Entre chaque chapelle, au-dessus d'un haut soubassement en
marbre rouge de Mâcon, de vastes surfaces de 10 mètres de long
sur 5 mètres de haut sont revêtues de compositions historiques en
mosaïques d'émail. Ce sont, à droite en entrant : Saint Pothin arri-
vant à Lyon pour y prêcher l'Evangile, par le peintre Lameire.
Vient ensuite l'épopée de Jeanne d'Arc (Décôte) et enfin le Vœu de
Louis XIII (Lameire). Du côté gauche : le Concile d'Ephèse (non exé-
cuté), puis la Bataille de Lépante et la Proclamation du Dogme de
r Immaculée Conception (Lameire). Ces ouvrages délicats ont été
exécutés dans les ateliers de M. René Martin, à Saint-Denis.
Dans la grande nef, six verrières, par M. Décôte, peintre, et Ader,
verrier, distribuent une très douce lumière blonde.
Avant de quitter l'église supérieure, on remarque, au-dessus du
tam.bour de marbre rouge, le tableau de Victor Orsel. C'est VEx-Vo^o
de Lyon épargné par le choléra en 1832.
A l'autre extrémité, dans le bas-côté droit, une porte de chêne,
ébène et ivoire introduit dans la sacristie. La porte symétrique à
gauche conduit au grand escalier monumental qui dessert les tribunes,
le grand comble et la tour de l'Observatoire.
Crypte. — Nous descendrons dans la crypte en passant par le
vestibule Saint-Joseph, au midi de la nef. Les portes de Saint-Luc et
Saint-Marc y donnent accès. Entre ces deux portes, sur le palier, la
figure de la Sagesse est assise (Dufraine, sculpteur). Un escalier de
granit à double rampe conduit dans l'église souterraine. L'architec-
ture puissante de ce beau vaisseau n'est pas ravalée, et les parois
nues des murs laissent voir les moellons grossiers de la maçonnerie.
Cependant, quelques parties sont déjà revêtues de plaques de
marbre destinées à recevoir les ex-voto des fidèles. Les robustes
piliers, en pierre d'Hauteville polie, qui portent les voûtes, sont
(1,' Composition de l'architecte Sainte-Marie Perrin.
'( 199
enrichis <lf* /ours <!«• in.irLrt- nm^r mut Ic-Mcjut-llcH honi ^ravrH Ich
nom» clr loiitr» Ifs paroJAScs du cliocrMr.
DanH Ir HaiK tu urr* »-sl la Htafiu- < oloHHalf (]<' wairH joHrpli fj, |jif-rff
Intérieur de la Basilique de Notre-Dame de Fourvière,
dorée (Millefaut, sculpteur). A ses pieds, sous la table de l'autel, est
figurée en haut-relief la mort du saint Patriarche ; on a donné au
saint les traits de l'architecte Pierre Bossan.
Riche mosaïque des Péchés Capitaux sur le sol du sanctuaire.
-( 200 ^-
Noiis sortons de la crypte par l'escalier du couchant. Cet escalier
aboutit au dehors à un édicule en granit dans l'axe du grand perron
Sur l'édicule est majestueusement assis le Lion de Juda, bel animal
ailé de Dufraine.
Les façades extérieures sont inachevées. Nous nous bornerons à
indiquer sommairement la distribution prévue des scènes symboliqu.'rs
qui doivent les animer. Les deux tours occidentales, dites tour de
la Justice et tour de la Force, seront illustrées, l'une du Jugement de
Salomon, l'autre de la Lutte de Jacoh et de l'Ange. Les tours de
1 abside recevront les emblèmes de la Prudence et de la Tempérance.
Le Sanctuaire de Fourvière et la Ville, vue prise de la Tour méiallique.
(Neurdein frères, phot.)
Les trois travées de la façade latérale nord, que séparent de puis-
sants contreforts, sont consacrées aux trois Vertus Théologales. La Foi,
assi;:-e dans une niche centrale dont on voit l'ébauche au-dessus des
baies de la crypte, sera accompagnée de deux scènes bibliques :
Marie, sœur de Moïse, chante un cantique de joie et de reconnais-
sance après le passage de la mer Rouge ; Débora chante la délivrance
d'Israël après la mort de Sisara.
A droite et à gauche de l'Espérance, dans la travée suivante :
Esther devant Assuérus ; Judith victorieuse. Enfin, dans la troisième
travée, la Charité voit à sa droite Rébecca et ses troupeaux, à sa
gauche Rachel et Jacob.
Ainsi sont glorifiées les Saintes Femmes de l'Ancien Testamen^,
nobles images de la Vierge attendue.
Ce résumé du symbolisme de Fourvière est très incomplet (1). Il
suffit cependant pour donner une idée des richesses bibliques et
liturgiques que renferme notre Basilique.
Panorama. — Dans la tour nord-est, avons-nous dit, est un escalier
(I) Une étude plus étendue a été publiée à la librairie catholique Emmanuel Vitte, 3
place Bellecour, Lyon : la Basilique de Fourvière, son Symbolisme, par Sainte- Marie
Perrin, architecte.
I 201 )
-( 202 )-
monumental qui conduit à la terrasse de Saint-Michel. Là, on peut
visiter le grand comble et le beffroi du bourdon.
Plus haut, au sommet de la tour, d'où la vue s'étend sur un
immense horizon, une table circulaire de lave émaillée reproduit
le panorama des Alpes et des montagnes du Lyonnais, avec indi-
cation des altitudes et des noms des sommets principaux.
Ce panorama a été déterminé du haut de l'ancien clocher par
M. Emile Charvériat (1870-1880).
Publiée en 1881, à l'échelle de 10 millimètres par degré, cette
belle étude a été mise au point à l'échelle de 70 millimètres, par
M. le professeur Onofrio, de la Faculté Catholique des Sciences de
Lyon (1885) et peinte sur émail par M. d'Argence (1886).
Sainte-Marie Perrin.
LES TOMBEAUX DE SAIN'l -JUST
Sur la place de Choulans, à Saint-Just, se voient un certain nombre
de mausolées, datant de l'époque romaine, et dont quelques-uns
sont de grandes dimensions. Cet emplacement n'est pas celui qu'ils
occupaient jadis. Ils furent découverts en 1885, à Trion, dans la
tranchée creusée pour le passage du chemin de fer de Saint-Just à
Vaugneray ; il a donc fallu les déplacer, et l'on s'est judicieusement
déterminé à ne les transporter qu'à peu de distance du lieu de
leur découverte.
Le mieux conservé est celui d'un sévir augustal, c'est-à-dire d'un
membre d'une confrérie instituée pour le culte des dieux domes-
tiques, sous les auspices divins de l'empereur. Ce sévir se nommait
Calvius Turpion. De son tombeau il reste la base, haute de plus
de 4 mètres, ornée de pilastres ioniques aux quatre angles, et sur-
montée d'un entablement avec frise à rinceaux très élégants. Cette
base était surmontée d'un petit édicule, dont un côté subsiste
encore en partie, et qui devait abriter la statue du personnage. On
a placé devant le mausolée, à Choulans, une statue découverte dans
le voisinage, comme si elle était effectivement celle de Turpion
Mais elle paraît avoir plutôt fait partie d'un autre monument, le
tombeau des Salonius, restitué à côté du premier, et qui, à l'état
intact, était sans doute plus considérable et peut-être plus orné que
celui-ci ; parmi les débris qui en subsistent, il faut remarquer un
superbe chapiteau de pilastre corinthien, une chimère ailée et
quatre grands masques funèbres (larves). Les autres tombeaux, moins
remarquables et beaucoup plus mutilés, portent les noms de Satrius,
Julia, Quintus Valerius et Julius Severianus ; d'autres sont ano-
nymes.
La décoration de ces tombeaux, ainsi que la forme des lettres qui
s'y trouvent gravées, indiquent que, pour la plupart, ils datent du
l^^ siècle de notre ère.
C. Germain de Montauzan.
203
EGLISE SAINT-GFOKCES
L'église Saint-Georges fnt foiulf*' au VI siècle, en 547. dit on : a
cette époque. Childehert. rapportant d'EHpagne les reliques de
sainte Èulalie. les offrit à SacerdoH. évêque de Lyon. Celui-ci fit
construire, vers 550. sur les bords de la Saône, un monastère de
religieuses et y joignit une petite église qui fut dédiée à saintî
L'église Saint-Georges. (Cl. Victoire.)
Eulalie et dans laquelle furent déposées les reliques de la sainte.
Deux siècles plus tard, cet ensemble conventuel fut ravagé par les
Sarrasins, et c'est sur ses ruines que l'archevêque Leidrat, en 802.
fit réédifîer l'église, qu'il plaça sous le vocable de saint Georges.
Vers 1492, les chevaliers de Malte firent construire, tout près de
là leur hôtel — qui prit le nom de Commanderie — et restaurer
l'église ancienne. Celle-ci, fort exiguë, reçut successivement les
tombeaux de la famille de Langes : Nicolas i-^' et Nicolas II et leurs
femmes. En 1822, il subsistait encore quelques superstructions de la
clôture du cimetière qui avait entouré l'église. Devenue paroissiale
en 1806, celle-ci eut sa façade restaurée en 1829, par Jean Pollet.
Vers 1845, l'église actuelle fut édifiée par Louis Bresson, sur les
plans et dessins de Pierre Bossan. C'est un élégant édifice, dans le
style <^othique ogival du XV^ siècle, qui vient d'être heureusement
dégagé des constructions qui en masquaient la vue sur le quai.
Rien de remarquable à l'intérieur qu'un beau confessionnal du
XVir' siècle, provenant de l'abbaye de l'Ile-Barbe. et un cénotaphe
tout moderne, du travail d'Etienne Pagny.
M. A.
204
LA CATHEDRALE DE LYON
*< Le f^rintemps d3 la Vie ».
Sculpture de la façade dessous des consoles.
(Phoî. L. Bégule.)
La Cathédrale, Primatiala des
Gaules, s'élève sur la rive
droite de la Saône, au pied
même de la colline de Four-
vière, et ne se présente que
par son abside flanquée de
deux tours massives et carrées.
Elle faisait partie d'un groupe
de trois églises enfermées dans
un même cloître, le Cloître
Saint-Jean, qui formait une
véritable cité ecclésiastique :
Saint-Etienne, qui fut la ca-
thédrale primitive, Sainte-
Croix, église paroissiale, et le
baptistère dédié à saint Jean,
qui devint cathédrale au XIll*^ siècle. Sainte-Croix et Saint-Etienne
furent démolis à la Révolution.
Une première église, sous le vocable de Saint-Jean, existait déjà
au IX- siècle ; elle fut réparée par l'archevêque Leydrade, puis réédi-
fiée, dans le courant du XI- siècle et terminée par Gaucerand de
1107 à 1117, avec une grande richesse de matériaux. A la fin du
Xir^ siècle, la Cathédrale est de nouveau reconstruite par l'archevêque
Guichard, qui édifia l'abside actuelle, entre 1160 et 1189, puis
continuée au XIII'^ siècle par le transept et la nef, et, en 1245, Inno-
cent IV consacrait le maître-autel et présidait le treizième Concile
Œcuménique.
En 1274, le vaisseau était assez vaste pour contenir la foule énorme
du Concile convoqué par Grégoire X pour prononcer la réunion
des Eglises grecque et latine. Au commencement du XIV^ siècle,
on achève les quatre dernières travées, et Pierre de Savoie com-
mence la façade, qui fut terminée vers 1480. A peine achevée, la
Cathédrale subit de nombreuses mutilations par le Baron des Adre's.
à la tête des hordes calvinistes, en 1362. Ce vandalisme devait se
renouveler sous la Terreur.
La Cathédrale de Lyon, régulièrement orientée, a la forme d'une
croix latine. Elle comprend une abside en hémicycle, un chœur de
deux travées, flanqué de deux chapelles latérales, un transept de
deux travées à chaque bras de croix et une nef de huit travées, accom-
pagnée de bas-côtés. Quatre tours cantonnent le vaisseau : deux
Gur les bras du transept, deux autres, moins robustes dominent la
façade.
La longueur du vaisseau est de 79 mètres, sa largeur de 13 mètres
et sa hauteur de 32 mètres.
L'Intérieur. — Toute la base de l'abside, comme celle du tran-
sept, a été construite avec des matériaux rcmains provenant du
forum de Trajan. Au-dessus d'un soubassement en marbre, décoré
d'arcatures et de chapiteaux historiés, s'ouvre un premier rang de
-( 205 )-
«ept «randrH feiutrrs rn arc « hriHCH. dcc orcr» dr Bupcrbe» y^'ij^'^'''*
du XIII" siècle. Crs vitraux, composcn chacun de sept mednilloni
IruriidairrH. pruvrnt Hontrnir la (omparainon avrc Im cruvre» !?•
plus rl,lc,inH8antrs rt Irs plus parfailrH dr ( l.artrrM. BoururM rt Smn.
Intérieur de la Cathédrale Saint-Jean. Phot. L. Bégule.
Ils reproduisent, de droite à gauche : les fondateurs de l'Eglise de
Lyon, la vie de saint Jean Evangéliste, de saint Jean-Baptiste, pa-
tron de la cathédrale. Au centre de l'abside, le mystère de la
Rédemption présente un très ingénieux rapprochement entre l An-
cien et le Nouveau Testament. A la suite, la vie de saint Etienne,
les principaux faits de l'Enfance de Notre-Seigneur et la vie de
saint Lazare complètent cet admirable ensemble. Au deuxième étage
-{ 206 }-
rcgne un triforium aveugle en plein cintre, surmonté d'un secona
rang de baies qui éclairent largement le chceur et se prolongent
dans le transept.
Un élément décoratif d'une insigne rareté en France, et d'origine
orientale, contribue a la décoration de l'abside. Ce sont des frises de
marbres incrustés de ciment brun, composées de feuillages, d'ani-
maux, d'ornements divers, qui se développent sur trois rangs au-
dessus du soubassement, au-
dessus et au-dessous du trifo-
rium. Ces incrustations jouent
également un rôle important
dans le décor du trône du
Xir siècle des archevêques de
Lyon, qui occupe encore la
partie centrale de l'abside,
mais toujours enfoui sous des
boiseries modernes et intangi-
bles.
Le transept voûté sur croisées
d'ogives est éclairé au nord et
au midi par deux magnifiques
roses rayonnantes qui l'illumi-
nent des feux multicolores de
leurs vitraux du XIII^' siècle.
Au-dessus s'élèvent les deux
tours, dont celle du nord ren-
ferme la grosse cloche, fondue
en 1662, si populaire à Lyon,
qui pèse 8.300 kilogrammes et
mesure 2 m. 19 de diamètre.
La nef, dont les lignes sont
d'une si parfaite harmonie,
comporte trois divisions en
hauteur : les grandes arcade?
reposant sur d'élégants piliers,
le triforium qui se développe
tout autour de l'édifice, et les
fenêtres hautes.
Parmi les nombreuses cha-
pelles qui s'ouvrent sur les
bas-côtés, il faut surtout men-
tionner la célèbre chapelle dite « des Bourbons », fondée en 1486
par le cadinal-archevêque de Lyon, Charles de Bourbon. Sa déco-
ration sculptée est une merveille de l'art décoratif du XV^ siècle. On
reconnaît à la balustrade de la galerie le monogramme et le cerf ailé
des Bourbons avec la devise « Espérance ».
La partie supérieure des deux verrières, représentant un concert
d'anges, d'une admirable harmonie de couleur, est une œuvre
intacte et contemporaine de la construction de la chapelle.
C'est dans le transept septentrional que se trouve la fameuse
horloge astronom.ique conctruite en 1598, par N. Lippius, de Baie,
et considérablement augmentée en 1660 par G. Nourrisson, si
curieuse par son mécanisme et ses automates.
Horloge astronomique de l'église Saint-Jean.
(Cl. Synd. Init.)
L'Extérieur. — L'abside, qui se reflète dans les eaux de la.
' 2U7
Saône. rap|jcll(: rorduniMiK f dr 1 intérieur , ï.aHi>f<A de» éléva-
tions l<itérale*H est en grande partie mauquc du côté méridional par
un vaste* hâtiinrnt cir lu (m <lii XVIII' Mièrlr. ronnu «oum le nom
dr* j<raiulr Manrc aiitrrir. (|iii laissr à priiir rntrcvoir le» arcH-
boulants appuycM sur <!<• piiiMManlM conlrrforlM circoirn cir ({randcM
slalucM. Au nord, la Calhcdralo nrvi Arfiarrr rlrs niaisonM vriisitr-M
que par uiu- rue étroite.
La façade .srlrvr lar^r et sévère au df-ssus fl un lar^jf i)arvis rt nr
divise en trois rta^rs A la hase s'ouvrrnt Ifs trois pfirtails fjui ré-
Façade de la Cathédrale Saint-Jean et la Manécanterie. ' Phot. L. Bégule '
pondent à la nef et aux ccllatéraux. Les trente-deux grandes statues
des ébrasements ont disparu, mais les innombrables figures des
voussures, et surtout les trois cent cinquante petits bas-reliefs du
soubassement présentent un incomparable ensemble iconographique,
véritable catéchisme en images qui n'a d'équivalent qu'aux portails
de la Cathédrale de Rouen. On y trouve les principaux faits de la
Bible, des légendes pieuses, les travaux des mois, des fantaisies
décoratives, les animaux des Bestiaires plus ou moins moralises, etc.
Les dessous des consoles qui portaient de grandes statues entre les
portails sont de véritables merveilles, entre autres le Printemps de
la Vie et le Lai d'Aristote. Au-dessus d'une première galerie corres-
pondant au niveau du triforium s'ouvre la grande rose qui éclaire
la nef, dont les vitraux furent exécutés par Henriet de Nivelle en
1393. Une seconde balustrade termine l'étage intermédiaire et sert
de base au grand pignon et aux deux tours qui se détachent de la
façade à ce niveau.
-( 208 )-
La MaNÉCANTERIE. — Au sud-ouest de la Cathédrale, on voit un
bâtiment sombre et sévère, avec arcatures et statues très mutilées et
décoré d'imbrications. C'était le mur extérieur du Cloître du Cha-
pitre, édifié dans les dernières années du XI*' siècle, en même temps
que l'église d'Ainay.
Lucien BÉGULE.
L'Abside de Saint-Jean et la Bibliothèque municipale. (Cl. J. Sylvestre.)
BIBLIOTHEQUE DE LA VILLE DE LYON
On peut faire remonter aux premiers temps de notre histoire la
fondation de la Bibliothèque de Lyon, puisque certains de ses ma-
nuscrits appartinrent à Leidrade, évêque de Lyon, qui, dans une
lettre à Charlemagne, rapporte « qu'il érigea des écoles de lecteurs
pour lire les leçons de l'office et expliquer les livres saints )>.
La Bibliothèque proprement dite fut constituée par les Jésuites
dans le Collège de la Trinité. Elle occupait une magnifique salle,
encore existante, et dont Etienne Martellange commença la construc-
tion en 1641. Depuis cette époque, la Bibliothèque s'enrichit, grâce
à une subvention annuelle du Consulat. Elle a été transférée depuis
deux ans dans les locaux de l'ancien Archevêché.
Installée suivant les données les plus récentes de l'architecture,
pourvue des derniers perfectionnements, elle est aujourd'hui la plus
moderne des bibliothèques françaises et répond aisément aux de-
■mandes de près de 70.000 lecteurs par an.
i 209 I
V()i( i un l>if*f ap<*rçii (\vh fliv<*rH drpartrmrntH dr la Biljliotlicque: :
ImI'KIMKs. Environ 430.000 voliiinrM. couvrant 14 kilornctrrs de
rayons. Un grand nornbri* d'éditionM prccirnHrii, de reliures histo
riques ou arti»ti(jurH ci un millier d'inrunal)lrM. CatalogurN alplta
bétique et m('tlu)di()uc*. sur rcKistreM et- Mur fie hr». F^our Ich Hrirncë.
calal(JV(ue sur firlirs «uivant le HyHtrnir dérimal dr l'InMlituI interna-
tional de Biblio^?raplne. Bibliothèque lyonnaii- ir- ^ ri' lif
Bibliothèque municipale : le Grand Salon. Cl. J Sylvestre.^
Manuscrits. — Plus de 5.000 manuscrits, dont 25 datant de iépo-
que précarolingienne et carolingienne (le Codex Lugdunensis contient
un texte de la Bible antérieur à la version de la Vulgate). Manuscrits
à riches enlunninures, latins, français, italiens et orientaux, du IX^ au
XVIII*^ siècle.
Estampes. — Environ 25.003 gravures, formant un Cabinet et un
Musée d'Estampes, où sont organisées des Expositions temporaires.
Collection de beaux dessins de Maîtres anciens. Collection de por-
traits lyonnais, de plans et de vues de Lyon.
Publications. — La Bibliothèque a édité un Catalogue des Incu-
nables, un Album de 25 Dessins de Maîtres anciens, une Bibliogra-
phie Iconographique du Lyonnais, en cours de publication.
Dans un grand salon du XVIII^ siècle, à boiseries sculptées, sont
14
-(210 )-
exposés les principaux ouvrages imprimés à Lyon de l'année 1473 à
nos jours,
La Bibliothèque est ouverte tous les jours, sauf les dimanches et
les jours fériés, de 10 heures à midi, de 14 heures a 18 heures et de
19 h. 1/2 à 22 heures.
Bibliothèque municipale : Salle de la Réserve.
(Cl. J. Sylvestre.)
L'ANCIENNE LOGE DU CHANGE
La Loge (mot dérivé de l'espagnol lonja, marché, bourse, bazar)
existe toujours, mais elle a changé de destination. Attribuée, par
arrêté préfectoral du 17 janvier 1803, à l'Eglise réformée, elle lui
sert aujourd'hui de temple, et c'est ainsi que le petit édifice autrefois
rempli des clameurs des marchands n'entend plus que le chant pai-
sible des psaumes sacrés.
Sur l'emplacement qu'elle occupe s'élevaient jadis des maisons
et une plus ancienne Loge bâtie en 1605, reconstruite en 1634 et
depuis plusieurs fois remaniée.
L'édifice actuel, admirable, avec son rez-de-chaussée à pilastres
doriques, son premier étage à colonnes ioniques, sa frise, sa balus-
trade, ses frontons et son couronnement aux armes de la Ville, date
du milieu du XVIII® siècle (1747-1749). Jacques-Germain Souffîot en
fournit les dessins, et Jean-Baptiste et Charles-Antoine Roche en
conduisirent les travaux.
Deux estampes du XVIII® siècle, l'une gravée par Charles Bellicard
et l'autre par François-Noël Sellier, d'après un dessin même de
Soufflot, donnent une idée très exacte de l'aspect pittoresque et
si animé qu'offrait ce petit monument à cette époque. Au bas de ces
estampes se trouvent des légendes contenant des détails instructifs
sur la part prise par chacun des architectes à sa construction. Est-il
besoin d'ajouter que Soufflot a la plus grande ?
Les statues de l'Europe et de l'Asie, qu'on voyait aux angles du
petit édifice, étaient du sculpteur Antoine-Michel Perrache, auteur
211
df la i haUMMcr rt du (|ii.irlirr fjiii. claiiH notrr villf. portr mou noni.
Elle» furent deMcriulurs ri briHee» en 1793, ainni (|ur la tahlr (\f
marbre où se liHaienI Ic-m brllrH pnroleM tirée» d'une lettre de Ciccron
à LiH ius MunaliuM PlaïuiiM. fondateur de Lyon Virtutc duce,
comilc jortuna (la vrrtu pour «uidr, la forltinr pour rompa^nr).
parolcH c|ui pourraient servir de devine aujourd'hui comme aulrefoin
au commerce lyonnais. Le fronton. Mur lr(|iifl étaient wculptéeH le»
armes de Tranc»'. porte a( tuellerneiit le lion byrnholicjtie.
f-ermée pendant la Kévolution. la Bour8<* qu'elle abritait fut iuHtal
lée. en vrrtu d'un a'^rcfc du rcpré»entant c\u pruplr Poulain de
La Loge du Changé. Cl. Synd. Init.)
Grandpray (10 novembre 1795), dans l'ancien réfectoire du Monas-
tère des Dames de Saint-Pierre (aujourd'hui Palais des Arts), où
elle resta jusqu'au 19 août 1861, époque de son transfert au Palais
du Commerce.
Ce fut, comme je l'ai dit plus haut, un arrêté préfectoral du 17 jan-
vier 1803 qui affecta au service de l'Eglise réformée l'ancienne Loge
du Change, qu'on convertit aussitôt en temple, et dont l'inaugura-
tion se fit la même année, en présence des autorités civiles et
militaires. Le préfet Jean-Xavier Bureaux de Puzy prononça un
discours, auquel répondit le pasteur Pierredon-Martin.
En 1822, l'architecte de la Ville, Louis-Cécile Flachéron, établit
des tribunes au pourtour de la salle. Ces tribunes, disposées circu-
lairement, sont supportées par douze colonnes d'ordre ionique dont
le fût est en pierre de Villebois.
Telle est, en quelques mots, l'histoire de ce remarquable petit
édifice, que l'Administration des Beaux-Arts vient de classer au
nombre des monuments historiques. Excellente mesure qui assure
sa conservation et à laquelle tous les Lyonnais ont applaudi.
FÉLIX DeSVERNAYc
14'
-( 212 )-
PALAIS DE JUSTICE
C'est sur l'emfjlacement du vieux Palais de Roanne, résidence
des Comtes du Forez avant la domination des Archevêques, qu'a été
édifié le Palais de Justice de Lyon. Le Palais de Roanne était depuis
1435 le siège de la Justice de Lyon. Divers agrandissements succes-
sifs furent faits à cet édifice aux XVT et XVH* siècles, mais, malgré
Le Palais de Justice. (Cl. Synd. Init.)
cela, au XVIir siècle, il était déjà tout à fait insuffisant pour loger
les divers services auxquels il était afïecté. En 1765, l'Hôtel de Fié
chères, qui était contigu, lui fut annexé ; par la suite, une partie
des anciens bâtiments fut démolie et remplacée par la Prison dite
de Roanne, termiinée en 1793.
Au commencement du XIX^ siècle, on songea à réunir dans un
seul monument tous les services de la Justice lyonnaise, sur l'em-
placement des anciennes constructions. A la suite d'un concours
ouvert en 1828, l'architecte Louis-Pierre Baltard fut désigné pour
construire, d'après ses plans, le nouveau Palais de Justice. L'édifice,
dont la première pierre avait été posée le 28 juillet 1835, fut inauguré
le 24 décembre 1845.
La haute colonnade corinthienne composant la façade de ce palais
et dominant le cours de la Saône est d'un grand caractère de ma-
jesté.
Par un vaste perron, on accède à la Salle des Pas-Perdus, spa-
cieuse et d'une belle ordonnance architecturale. Des colonnes isolées
d'ordre corinthien, supportant des arcs plein cintre, la divisent en
trois nefs ; trois coupoles sur pendentifs couvrent la partie mé-
diane. Au fond, surmontée par un beau bas-relief du sculpteur
lyonnais Guillaume Bonnet, s'ouvre la porte monumentale de la
- ( 213
Salir clrs AsaiHeH. [Jt- cliatjur (otr. t^roiijM-rM par Ihhh, moiiI diHpottcci».
a gauche, les troiH ChambrcM prinripalrH dr la Cour d'appel, à
droite, les IroÎM ChambreM du Tribunal civil.
La Salir drn AsHiseH, drcorrr d'unr ordonnatu r dr pilaiitreN en
marbre blanc et de Muprrbrn boJHrrieM en noyer et thuya, a nrn
pann(*aux tenduH c\r Hoierie» lyonnaiHeN. magnifi(|ueN c( hantillons de
l'induHtrie locale. Dnns leH diverseM SalleH d'audiences de la Cour et
du Tribunal, il existe des cruvres des arlisteH lyonnaiH Ihornafl Blan-
chet. Legendrc* Hrral. Baréta. Plautard ri Ja< (|urH Sarrazin.
Par 8uitr dvH rxi^fMire.s du «rrvice. on a dû créer dernièrement,
au rez-de chausHcr de l'aile gauche du PalaiH, une quatrième Cham-
bre pour la Cour d'appel. C'est également dans cet étage en sou-
bassrmrnt que se trouve la Salle daudienc.» de la Police correc-
tioiinrllr, ainsi que celle du f'^rlit Parcjuet. Les différents services
de la Cour d'apprl ont leurs entrées spéciales sur la rue de la
Bombarde, au sud ; ceux du Tribunal civil, de la Police correction-
nelle et du Parquet, sur la rue du Palais-de-Justice. au nord. La
partie postérieure des bâtiments était, lors de la construction de
l'édifice, disposée pour une prison. Un dépôt de peu d'importance
y a été seul conservé. Les bâtiments ont été transformés et affectés,
soit au Service de la Sûreté, soit à l'extension de divers autres
services, tels que la Bibliothèque des Avocats, les locaux affectés à
cet ordre, les Délégations judiciaires et les Services anthropométriques
et photographiques.
Bœuf du milieu du XVl' siècle, rue du Bœut.
(CI. Synd. Init.)
-: 214
EGLISE SAINT-PAUL
Les formes variées que présente au premier aspect l'église Saint-
Paul ,ie dissimulent pas longtemps au regard attentif la date prin-
cipale de sa construction, le XII^ siècle, et le caractère de son style.
Eglise Saint-Paul. (Cl. Synd. Init.)
le romano-byzantin. Ce monument, construit par l'archevêque de
Lyon Hugues I^^' (1084-1106), ôuzcédait à l'édifice religieux que
saint Sacerdos avait élevé pour un monastère d'hommes en 545, et
que l'invasion des Arabes, vers l'an 730, avait sérieusement endom-
magé.
Par sa coupole, le mélange du plein-cintre roman et de l'ogive
dans les arcs, par l'ornementation de la porte Saint-Laurent (qui
s'ouvre sur la place Gerson), l'église Saint-Paul appartient au style
romano-ogival ou de transition, et révèle la main déjà souple des
ouvriers du XII^ siècle, qui, sur la sévérité du pur roman, savaient
jeter de gracieuses broderies de pierres, à la fois riches et élégantes.
( 213 i -
La flr<lir ^{otl)i(|nr. ni hoin. nr clatr fjur <\r IB?*), r\ Ir urnnfl
portail cl fiilrrr dr 1877. I) atn uiih rr^rrllmt <\\ïr irn travaux n airnt
pas été exéculcH claiiH \r ntylr (Irn virillrn particH dr rédifice. Nou»
aurions ru aiiiHJ unr portr priiu ipalr roinano byzantine avrr (\r
belles vouHHurrH ri unr ornrnwMitiitioii du plu« lirurrux rffrl.
En soniiuf. au point dr vur j^rurral, la partir la pluM rrrriarcpiahlr
de 1 rdificr <*xtrrirur. crst la coupolr. avrc Ha nohlr fiinipliritc. la
ferme ordonnance dr srn lignes. Elle comprend deux dômes octo-
gones superposés. Le ({rand dôme a deux séries d'arcatures placées
l'une au-dessus de l'autre ; ces arcaturrs sont irrrKulières et dissem-
blables.
Le petit dônir ou lantrrncau, surinoulc d une croix, offre fiuit
petites arcades à jour ; il a été placé en 1835.
Une nef principale, composée de quatre travées, deux bas-côtés,
deux rangs de chapelles latérales, un transept et un chfx*ur, consti-
tuent l'intérieur de l'église, qui a 45 mètres de longueur dans
œuvre. Le transept a 32 mètres de large et la hauteur sous voûte
est de 16 m. 28.
La nef est éclairée par des baies romanes, les croisillons par deux
œils-de-bceuf, le choeur par les ouvertures du dôme, enfin les bas-
côtés par les baies ogivales des chapelles.
Dans l'ornementation intérieure de l'église, les visiteurs admirent
les boiseries du choeur, d'un travail artistique.
L'église renferme seize chapelles, dont trois ne servent plus au
culte. Elles sont groupées le long des bas-côtés, depuis le transept
jusqu'au portail. On peut y observer les diverses étapes de l'archi-
tecture ogivale. En effet, la chapelle de la Croix, avec ses fenêtres
accouplées, très étroites et très allongées, dont l'ogive ressemble
à un fer de lance, représente le gothique à lancettes du XIIl^' siècle.
Les chapelles dédiées aujourd'hui à saint François de Sales et à
Notre-Dame des Sept-Douleurs rappellent le gothique rayonnant ;
les fenêtres, devenues très larges, sont terminées dans leur partie
supérieure par des rosaces ou des quatre-feuilles. Enfin, dans la
chapelle des fonts baptismaux, de hautes fenêtres, aux meneaux
affectant la forme de flammes et terminées par des cœurs, marquent
le style flamboyant.
Dans la chapelle qui est sous le vocable de saint François-Xavier
(à droite en entrant), on remarque, sur la voussure de l'arc ogival,
une série de huit médaillons elliptiques où l'on voit six anges
musiciens jouant chacun d'un instrument : trompette, guitare, violon,
harpe, orgue à main et cornemuse.
Avant la Révolution, il y avait, là où est aujourd'hui la place
Gerson, une église Saint-Laurent, parallèle à l'église Saint-Paul,
dont un cloître la séparait. Elle servait habituellement d'église pa-
roissiale.
Dans le XIX® siècle, l'œuvre architecturale d'entretien, de restau-
ration et d'embellissement de la vieille collégiale Saint-Paul a été
confiée successivement, de grand-père à petit-fils, à MM. Anthelme,
Frédéric et Louis Benoit.
En 1836, M. Anthelme Benoit couronna le dôme par le lanterneau
que surmonte une croix, décora le sanctuaire, fît exécuter la tribune,
la boiserie du chœur, la table de communion, installer le maître-
autel, œuvre du sculpteur Prost. On admire le coffre harmonieux
du maître-autel, ornementé avec grâce. Sous le pavé du sanctuaire,
on découvrit des restes de mosaïque romaine. D'ailleurs, même dans
-( 216 )-
l'édifice actuel, au-dessus et a droite de la porte Saint-Laurent, on lit
une inscription latine reconstituée par M. Dissard et dont voici la
traduction
Aux dieux mânes et à la mémoire de Cœlia Rustica
T. Secundius Titianus, son jils, à sa mère très pieuse.
De 1875 a 1877. M. Frédéric Benoit refit la partie supérieure de
la tour du clocher, éleva la flèche octogonale en bois de chêne,
qui a 24 mètres de hauteur et qui est ornée de lucarnes accouplées
et de fleurons. On construisit ensuite le portail principal avec la
galerie à jour et la rosace qui le surmontent.
1897-1900. Le zèle entreprenant de M. le curé Boiron rendit
possible cette restauration importante, mais coûteuse et difficile, qui
donne au monument vénérable un intérêi: nouveau. En 1897, on
répara intégralement l'extérieur de l'église ; en 1898, on répara
l'intérieur et, en piquant la couche de plâtre qui avait été étendue
au XVIII" siècle comme un linceul de laideur sur toute la surface de
l'église, on mit au jour de beaux chapiteaux fleuris, des pilastres
cannelés, etc. Le chœur fut décoré par M. Blain, pendant que le
pinceau de M. Borel fixait dans l'abside trois scènes de la vie du
patron de l'antique collégiale : Saint Paul devant V Aréopage, la
Conversion, la Mort, où l'on retrouvait la peinture franchement reli-
gieuse qui touche l'esprit et le cœur plus encore qu'elle ne parle
aux yeux.
Enfin, vers 1908, la chapelle des fonts baptismaux a été heureu-
sement restaurée, complétant l'ensemble d'un travail qui restera à
l'honneur de l'architecte, M. Louis Benoit
L. DUPLAIN.
Statue de Jean Gerson,
Chancelier de l'Université de Paris,
mort à Lyon en 1429.
ICI. J. Sylvestre.;
217 >-
l'ALAIS DU QUAI DE BONDY
Construit sous la dirrt tion i\r l'arcintertr \L. Hu^nrl. cet édifice
coinpmul Ir C'oiiHrrvatoirr dr MiiHiqur. avr< rntrrr Mpcrialc fur de
l'AnKilr, une salle de concert dépendant du Conservatoire et un
ensemble de salles aménagées pour les F,xp)ositions annuelleH des
Beaux-Arts.
Le v^r^nd veslihiiN*. décoré par \r p<'intrr I"*aul Monta^^non. donne
accès aux différrnles placrs de la salir de concert et à drux grands
escaliers (décoration d'A'exandre Baudin) desservant les salles d'ex-
position occupant le premier étage.
La salle de concert contient 900 places assises (loges et fauteuils),
réparties en im parterre, une galerie et un amphithéâtre. Ce nombre
de places peut être considérablement augmenté par l'adjonction de
deux salles latérales souvrant largement sur la salle, au-dessus des
galeries, par le moyen de rideaux mobiles.
Au-dessus des orgues de la maison Cavaillé-Coll, peinture symbo-
lique de M'"*' et M. Bardey ; à ce dernier a été en outre confiée la
décoration peinte de la salle.
Les deux grands bas-reliefs décorant la façade principale, symbo-
lisant l'un la Musique, l'autre la Peinture et la Sculpture, sont
Tceuvre du sculpteur Lamctte.
A l'angle sud, doit être érigé un petit monument destiné à
commémorer le séjour que fit Molière à Lyon et rappeler que c'est
à proximité de cet emplacement que fut joué l'Etourdi pour la pre-
mière fois, dans la salle du Jeu de Paume de Saint-Paul.
L'HOMME DE LA ROCHE
Dans une grotte souvrant à la base de la masse de rocher dont est
formée la colline de Fourvière, et que recouvrent les lianes d'une
abondante végétation, est la statue élevée à Jean Kléberger, dit « le
Bon Allemand ». originaire de Nuremberg.
Ce Bon Allemand vivait au temps de François 1^^'. Il guerroya
longtemps en Italie. Fixé à Lyon, il obtint le droit de Cité lyonnaise
et fut un des premiers administrateurs de TAumône Générale, au-
jourd'hui Hospices Civils de Lyon. D'après la tradition, il était fort
charitable et dotait les filles pauvres et sages de Bourgneuf, son
quartier.
Cette statue fut érigée en 1849. Antérieurement, il y avait à la
même place une autre statue habillée en héros romain, tel qu'on le
concevait alors, et bizarrement coloriée. Certains historiens affirment
qu'à l'époque romaine, existait, en cet endroit, une image d'Hercule
ou de Mars, élevée en commémoration de la route taillée dans le
roc, le long de la Saône, par les Légions d'Agrippa.
Fontaine du Chemin-Neuf lia
niche a abrité autrefois la
Vierge de Jacques Mimerel.
précieusement conservée dans
la chapelle de l'Hotel-Dieu
(XVir siècle'.
Maison et tour de Tancienne'
hôtellerie de Sainte-Cathe-
rine, montée Saint-Barthé-
lémy fin du XV'^ siècle'.
Statue de Jean Kléberger, dit l'Homme
de la Roche, dit le Bon Allemand,
par Toussaint Bonnaire, 1849.
(Clichés Synd. Inir.^
-l 219
EGLISL DL L'ANNONCIATION
Autrefois simplr rominniif rur.ilr, av^nt d'rtrr annexé h la Vill^,
le cjuartirr dr Vaist* rr.t clrpruirvu fie monumrnln nnciena.
Doté récfMiirn nt ri' un yroupr
81 olairr d'un b«*l <*ffrt arrhil«"(
Inral. il n'avait comme édifice
relij^'ieux que l'é^lisj Saint
Pirirt:-aux-Lirns. de style ro
man, avec un magnifKjue aul -1
sculpté par Bonnet et Fabisch.
Sor. plus important monu
nrient. bien cju'encore de di-
mensions modestes, est 1 églis-^
de l'Annonciation, proche de
la sortie de la gare de Vaise.
construite de 1891 à 1897. sur
les plans de l'architecte T. Bour-
bon, dans le style ogival sim-
ple du XHI^' siècle. La façade,
sur la place de Paris, sans
avoir d'imposantes propor-
tions, est l'une des ceuvres ar-
chitecturales les plus intéres-
santes de notre époque ; elle
est précédée d'un porche avec
perron abrité, ayant à son fron-
ton un haut-relief du sculpteur
lyonnais Fontan. Le clocher en
pierre est élégant et se ter-
mine par un édicule ajouré
abritant une statue de la Vierge.
L'ensemble est décoratif et a la beauté tranquille que donnent tou-
jours les bonnes proportions et un savant arrangement des lignes.
C'est un des rares édifices religieux de notre époque dont l'archi-
tecte ait pu réaliser le complet achèvement, y compris les détails de^
l'intérieur et tous les objets d'ameublemenl.
Eglise de l'Annonciation, à Vaise.
'Cl. J. Sylvestre.»
STATUE DE BOURGELAT
La statue de Bourgelat, bronze du sculpteur lyonnais Fabisch
(1812-1886) fut érigée, en 1876. au m.ilieu de la Cour d'Honneur de
l'Ecole Vétérinaire.
Claude Bourgelat naquit à Lyon en 1712. Son père, marchand de
soie, était échevin de la Ville. Le jeune homme se signala par ses
connaissances remarquables de l'art de l'équitation et de tout ce qui
se rapporte au cheval. En 1740, il fut placé à la tête de l'Académie
de Lyon ; on appelait ainsi les établissements où les jeunes gentils-
hommes achevaient leur éducation. En cette qualité, il jouissait d'une
réputation considérable en France et à l'Etranger et publia de nom-
-( 220 )-
breux ouvrages. C'est en 1750 qu'il proposa ia création d'une Ecole
Vétérinaire. 11 y fut autorisé par un arrêté du roi Louis XV, daté du
4 août 1761. Cette Ecole, d'abord annexée à l'Académie d'Equita-
tion, acquit toute son importance en 1764, époque à laquelle Bour-
gelat fut nommé directeur et inspecteur de l'Ecole Vétérinaire de
Lyon et de toutes les Ecoles Vétérinaires créées ou a créer dans le
Royaume. C'est sur le modèle de l'Ecole de Lyon que furent établies
toutes les Ecoles Vétérinaires, non seulement en France, mais à
l'Etranger. Bourgelat mourut à Paris en 1779.
MONUMENT MOURGUET
Non loin de la montée du Gourguillon, qui sert de cadre à mainte
pièce de l'ancien répertoire de Guignol, a été inauguré, le 21 avril
1912, sur la place du Doyenné, le monument à Laurent Mourguet
(1769-1844), créateur du Théâtre Guignol.
Dû à l'initiative d'un groupe de vrais gones, ce monument glo-
rifie un brave homme qui sut synthétiser l'esprit local, quelque peu
gouailleur et frondeur, et qui, en dépit des allusions politiques émail-
lant certaines de ses œuvres, plane au-dessus de tous les partis.
La composition architecturale, d'une élégante simplicité, est due à
l'architecte en chef de la Ville, M. Ch. Meysson. Le sculpteur
F. Girardet a fait spirituellement revivre la physionomie fine de
Mourguet dans le buste qui figure à la page 32 de cet ouvrage, et
l'habile ciseau du regretté Pierre Aubert a donné un pittoresque
bas-relief montrant en pleine action les deux pi^incipaux compères
du théâtre de Guignol.
Monument Laurent Mourguet.
iCl, Victoire.)
RENSKIGNLMKNTS SUR I.YON
LYON (520.795 hab.). chef-lieu du département du Rhonc. siège
d'une Cour d appel, d'une Université, du XIV corps d armée et
d'un Archevêché. C'est la ville capitale de France pour la fabri-
cation et le marché des soieries.
ADMINISTRATION MILITAIRE. Bureaux de la Place : cours
du Midi. 31.
ARCHIVES DEPARTEMENTALES. - Chemin de Montauban. 2.
ARCHIVES MUNICIPALES. - Hôtel de Ville.
AUTOMOBILES. Location dans tous les garages. Voir aussi,
plus loin, l'article Voitures de place.
BANQUES CENTRALES. - Banque de France (succursale) : 14. rue
de la République. — Crédit Lyonnais (siège social) : 18, rue de
la République, et Palais du Commerce (en face). — Société
Générale (succursale) : 6, rue de la République. — Comptoir
National d'Escompte de Paris (succursale) 11, rue du Bât-
d' Argent. — Banque Générale Française (succursale) 1, rue
Gentil. — Banque Privée (siège social) : 41, rue de l'Hôtel-de-
Ville. — Société Lyonnaise de Dépôts et de Comptes courants
(siège social) : 8, rue de la République. — Aynard et jils (siège
social) : 19, rue de la République. — Saint-Olive, Cambejort
et de (siège social) : 13, rue de la République. — Veuve Morin-
Pons et de (siège social) : 12, rue de la République. — Banque
Nationale de Crédit : 10, quai de Retz. — Comptoir d'Escompte
de Lyon (Daniel Mercier et Cie) : 6, place Saint-Nizier.
BATEAUX A VAPEUR. — Service de Tourisme sur le Rhône. —
Ce service est assuré par un superbe bateau de luxe, le Ville
de Lyon, de 56 mètres de long, pouvant contenir jusqu'à
1 .200 personnes. La recherche du confortable y est particulière-
ment poussée et on peut affirmer sans crainte que, sur aucun
lac ni rivière, il n'y a mieux. Un pont-prom-enade spacieux, de
superbes salles à manger, une cuisine de premier ordre assure-
ront aux voyageurs des heures d'un repos, d'un confortable et
d'un attrait complets. Quelques cabines (avec salles de bains)
pernnettront aux touristes qui désireront coucher a bord de le
faire dans les conditions les plus confortables. Le Ville de Lyon
sera, en outre, entièrement éclairé à l'électricité et muni d'un
excellent restaurant. — Horaire : Le départ aura lieu à 8 h. 1/2
du niatin, de Lyon, quai Tilsitt (rue Alphonse-Fochier) et à
9 heures, à l'écluse de la Mulatière, pour arriver vers 5 heures
du soir à Avignon. Au retour, le départ aura lieu à 5 heures du
matin d'Avignon, pour être vers 7 ou 8 heures à Lyon. Les
-( 222 )-
départs auront lieu deux ou trois fois par semaine dans chaque
sens . les jeudi, dimanche et éventuellement le mardi, de Lyon ;
les vendredi, lundi et éventuellement le mercredi. d'Avignon.
Les voyageurs partant d'Avignon le matin pourront donc rentrer
coucher a Lyon 3'ils le désirent ; au contraire, partant de Lyon
le soir, ils pourront coucher à Avignon et être à Lyon le lende-
main soir vers 7 ou 8 heures. Nul doute que cette voie, aux
aspects si nouveaux et si intéressants, ne soit bientôt une des
plus fréquentées des touristes et ne fasse voir le plus beau fleuve
de notre admirable pays !... Pour tous renseignements, s'adresser
à la Compagnie Lyonnaise de Navigation de Plaisance, 4, rue
Sala. Lyon.
Service des Parisiens, de Chalon à Lyon (sur la Saône). Dé-
parts à 7 heures du matin, de Lyon, tous les lundis, mercredis et
vendredis ; de Chalon, tous les mardis, jeudis et samedis.
BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES. — De la Ville, avenue de la Biblio-
thèque, 450.000 volumes, LOOO incunables, 6.000 manuscrits,
25.000 estampes.
De V Université, quai Claude-Bernard.
Du Musée Historique des Tissus, Palais du Commerce.
Coloniale, Palais du Commerce.
BOURSE (Palais de la), place de la Bourse.
CHAMBRE DE COMMERCE. — Palais du Commerce, place de?
Cordeliers.
CHEMINS DE FER FUNICULAIRES. — 1° rue Octavio-Mey ;
2^ avenue de la Bibliothèque, pour hourvière. — 3*^ rue Terme ;
4^ place Croix-Paquet, pour la Croix-Rousse. — 5° avenue de la
Bibliothèque, pour Saint-Just.
CONSULATS ETRANGERS. — Allemagne : 6, quai des Broteaux.
Angleterre : 9 quai de Retz, 9 heures à midi et demi. — Argen-
Une : 125, rue Garibaldi. — Autriche-Hongrie : 6, rue Bât-
d'Argent, 10 h. à 11 h. 3/4. — Belgique : 287, avenue de Saxe.
— Bolivie : 4, rue des Prêtres, — Brésil : 8, rue Lafont, de 9 h>
à 5 h. — Chili : 1, rue de la République. — Colombie : 45, rue
de la République, — Espagne : 2. rue du Bât-d' Argent, 10 h, à
midi. — Etats-Unis de l'Amérique du Nord : 2, place de la
Bourse. — Grèce : 7, rue Thomassin, — Guatemala : 42, rue
Maiesherbes. — Italie : 62, rue Pierre-Corneille, 1 1 h. à midi et
2 h, à 4 h, — Japon : 18, place Tolozan. — Mexique : 55, cours
de la Liberté. — Norvège : 5, quai de Retz, 4 h. à 5 h, ^ —
Pays-Bas : 5, rue Grôlée. — Pérou : 50, rue de l'Hôtel-de-Ville.
— Portugal : 50, rue de l'Hôtel-de-Ville, 2 h. à 3 h, — Russie :
9, rue Grôlée, — Serbie .11, rue Gentil. — Suède : 67. chemin
de Baraban, midi à 2 h, — Suisse : 7, rue du Bât-d' Argent, 9 h.
à 11 h, 1/2 et I h, 1/2 à 4 h, - Turquie : 15, rue de la Répu-
blique. 9 h, à 6 h. — Uruguay : 24, cours Lafayette,
CULTES, -- Culte catholique. Nombreuses églises sur tous les points
de la ville. Cathédrale à Saint-Jean.
Siège de V Archevêché, place de Fourvière.
Temples protestants, à l'extrémité du pont du Change, rive
droite de la Saône ; quai de la Guillotière, vers le pont Lafayette.
! 223 )
Temple évun^cliiiuc, rue Laiilrrnr. 10.
Chapelle anglicane, quai dr ILLst. 3.
Synai^ot^ue, (juai I ilMill. 13.
ENSKIC^NMMI.N I . i:Nhr.i(.Ni.Mi.NT sui'r^.uiKUH. L L.sivKPMif. oE
Lyon (bureaux, rut* Cavrnnr, 30) ( oiiiprrncl unr l'acuité de»
LcUrea, une Faculté de Droit (occupant rrMprrtivrment le» partirn
siiifl rt nord d'un va.str bâtiment rectangulaire coniitruit nur le
K]\.Mki Claude Bï-rnard). un*- l'acuité dca Sciences <-f une l'acuité
tclc Médecine (groupées également dans une Heule construction).
Plus de 2.500 «'-tudiants y sont in.scrit.s.
Institut de Chimie et Ecole de Chimie industrielle, rue Pas-
leur. 63 (Faculté des Sciences).
ilnsUtut Hactériolofiique de Lyon et du Sud-Est. rue Pasteur, 61.
' Bibliothèque de l'Université : 135.000 volumes r>t 115.000 thètes.
Enseignement secondaire. — Lycée Ampère, rue de la Bourse,
avec succursales avenue de Saxe et rue Sainte-Hélène.
Petit Lycée, k Saint-Rambert, sur la colline riveraine de la
Saône, dans un paysage enchanteur.
Lycée de jeunes jilles, place Edgar-Quinet.
En'SEIGNEMENT primaire. Ecole Normale primaire d'Institu-
teurs, rue Deschazelles.
Ecole Normale primaire d'Institutrices, boulevard de la Croix-
Rousse, 80.
Enseignement spécial. — Ecole Supérieure de Commerce, rue
de la Charité, 34.
Ecole de Commerce pour les jeunes jilles, rue de l'Hôtel-de-
Ville, 16.
Enseignement Colonial, Palais du Commerce.
Ecole Centrale Lyonnaise, rue Chevreul, 16.
Société d'Enseignement projessionnel du Rhône, place des
Terreaux, 1.
Ecole Régionale d' Architecture, Palais des Arts.
Ecole Nationale Vétérinaire, quai Pierre-Scize. 1.
Ecole Française de Tannerie, Faculté des Sciences.
Ecole de Notariat, Faculté de Droit.
Ecole Dentaire, quai de la Guillotière, 20.
Ecole Pratique d' Agriculture du Rhône, à Ecully.
Ecole de la Martinière (professionnelle), rue des Augustins, 9.
Ecole de la Martinière des jilles, rue de la Martinière.
Ecole Municipale de Tissage, place Belfort, 2.
Ecole Projessionnelle d'Horlogerie, rue Duguesclin, 175.
Ecole militaire. — Ecole du Service de Santé militaire, ave-
nue Berthelot, 18.
Enseignement libre. — Facultés Catholiques de Lyon, rue du
Plat, 25-35. (Lettres, Droit, Sciences et Médecine.'»
Enseignement supérieur municipal. — Cet Enseignement est
l'œuvre de la Municipalité. Il a pour but de mettre à la Dortée
-de tous, ou du plus grand noinbre. la culture scientifique la plus
haute. C'est la pensée réalisée de Michelet et de Quinet. dans
la ville même où ce dernier joignit l'exemple au précepte. Les
cours, faits par les plus distingués professeurs de l'Université et
du Lycée, ont lieu au Palais Saint-Pierre.
-( 224 -
Musique. — Conservatoire National de Musique, qu^i de
Bondy.
Beaux-Arts. — Ecole Nationale des Beaux-Arts, Paiais des
Arts.
ESPERANTO. - Groupe Espérantiste de Lyon. — Secrétariat et
Bibliothèque, a la Faculté des Sciences, quai Claude-Bernard, le
jeudi, de 5 à 7 heures. Réunions le mercredi, à 8 h. 1/2, au
« Foyer Espérantiste », 78, rue de l'Hôtel-de-Ville. Renseigne-
ments et réception des étrangers tous les jours, de 5 à 6 heures,
dans le même local, par le Délégué de l'Universala-Esperanto
Associo (U. E. A.).
GARES. Lyon-P errache (P.-L.-M.), cours du Midi, pour les lignes
de Paris, Marseille, Nîmes, Grenoble, Saint-Etienne (c'est la vraie
gare centrale de Lyon où se trouvent réunis tous les services de
voitures).
Lyon-Vaise (P.-L.-M.), première station depuis Lyon-Perrache
sur la ligne de Paris; cette gare est à l'extrémité de la rue de Paris.
Lyon-Saini-Paul (P -L.-M.), place Saint-Paul, pour les cirec-
tions de Montbrison, Roanne, l'Arbresle, Tarare.
Lyon-Croix-Rousse (P.-L.-M.), boulevard de la Croix-Rousse,
contiguë au funiculaire de la rue Terme. Lignes de Bourg et
Trévoux.
Lyon-Broteaux (P.-L.-M.), appelée encore gare de Genève, à
l'extrémité du cours Vitton, en arrière du boulevard des Bro-
teaux. Ligne de Genève et des embranchements, Annecy et
Aix-les-Bains, Modane et l'Italie (arrêt du train Berlin-Nice)
Lyon-Saini-Clair (P.-L.-M.), première station sur la ligne de
Genève, depuis Perrache.
Lyon-G orge-de-Loup (P.-L.-M.), première station sur la ligne
de Montbrison.
L'Est de Lyon (Compagnie de ce nom), avenue Félix-Faure.
Ligne de Crémieu et de Saint-Genis-d'Aoste, avec embranche-
ment par Sablonnières et Montalieu (P.-L.-M.) sur Ambérieu.
h ourvière-Ouest-Lyonnais (Compagnie de ce nom), située au
terminus du funiculaire de Saint-Just. Lignes de Mornant et Vau-
gneray.
MAIRIE CENTRALE. — Place des Terreaux.
Sept mairies d'arrondissement.
MUSEES. — Muséum des Sciences naturelles (minéralogie, géologie,
zoologie, anthropologie), boulevard du Nord. 28-30.
Musée de Peinture, Sculpture et Gravure, au Paiais des Arts.
Musée d'Epigraphie, de Numismatique, de Sigillographie, au
Palais des Arts.
Musée des Antiques, au Palais des Arts.
Musée Archéologique du Moyen Age et de la Renaissance, au
Palais des Arts.
Musée Historique des Tissus, au Palais du Commerce.
Musée Colonial, au Palais du Commerce.
Musée de Géographie, à la Faculté des Sciences, quai Claude-
Bernard.
Musée des Moulages, à la Faculté des Lettres, quai Claude-
Bernard.
Musée de Botanique, au Parc de la Tête-d'Or.
-(• 225 )-
Musée Ciitimcl, houlrvard du Nr>r(l.
Musée de la Condition des Soica, 7, rur Saint Polycarpe.
Musée Industriel, h VV.co\r c\r la Martinirrr . riir Hippolyte-
I landriii.
Muser (le la l^tofjdi^tition de la l'oi, rur Sala. 12.
Cri <-n.sriul)lr (le iMiisrr.s <sl Ir pluH iinporlaiil <\r I" ran< r a[)rc«
Paris.
OMNIBUS DM 1 AMI LU-; P.-L. M. (à rlu-vaux). Zone apâcialc.
I ou 2 prrsonnrH. I fr. 50 ; 3 ou 4 prr.sonnrH, 2 fr. ; 5 ou 6 per
sonnes, 3 fr. /" zone . I ou 2 personnes, 2 fr. 50 ; 3 ou 4 p«r
sonnr.s 3 fr 50 ; 5 ou 6 prrHonnrs. 4 fr. 2*' zone : I ou 2 per-
sonnrs. 4 fr. 50 ; 3 ou 4 prr.sonnrs. 5 fr. ; 5 ou 6 prrsonnes,
6 fr. i'^ zone : I ou 2 personne.s. 6 fr. 50 ; 3 ou 4 pr.sronnes.
7 fr. ; 5 ou 6 personnes. 7 fr. 50. Ces prix comprennant le
transport de 200 kil. de ba^a^rs pour jusqu'à 4 personnes et
300 kil. pour 5 ou 6 personnes.
PREFECTURE. Cours de la Liberté.
POSTES. — Bureau principal, rue de l'Hôtel-de-Ville, angle rur des
Archers.
Bureaux auxiliaires : place Ampère, 8 (Perrache) ; rue Grôlée,
angle rue Président-Carnot ; rue de l Hôtel-de-Ville. 3 ; quai
Fulchiron, 1 ; rue Duguesclin, 109 (Broteaux) ; place de la
Croix-Rousse, 2 ; avenue de Saxe, 285 (Guillotière) ; rue de la
Pyramide, 2 (Vaise) ; rue Bonnel, 15 (Préfecture) ; grande rue
de Monplaisir, 116 ; place de Trion, 3 (Saint-Just). Les bureaux
sont ouverts de 7 heures du matin à 9 heures du soir, sauf du
K^" novembre à fin février ; fermés les dimanches et jours fériés,
à 1 1 heures du matin.
TELEGRAPHES. — Station centrale, rue de la Barre, 7, jour et nuit;
bureaux de quartier dans tous les bureaux de poste ci-dessus, de
7 heures du matin à 9 heures du soir, et dans toutes les gares,
la nuit, pour les voyageurs munis de billets.
TELEPHONES. — Bureau central, rue de la Barre, 7. Cabines à la
disposition du public dans tous les bureaux de poste.
TRAMWAYS. — 33 lignes desservant tous les points de la ville et
de ses environs. Prix de tous les trajets en ville, 10 centimes
(supplément de 5 centimes pour la première classe). Sur la
plupart, la correspondance est gratuite avec les lignes rencon-
trées. La réclamer au conducteur en payant sa place.
VOITURES D'EXCURSION. — Mail-Coachs, Cars alpins et Auto-
mobiles. S'adresser au Syndicat d'Initiative, place Bellecour, 19.
VOITURES DE PLACE. — Voitures à deux places : la course,
1 fr. 50 ; l'heure, 2 fr. — Voilures à quatre places : la course,
1 fr. 75 ; l'heure, 2 fr. 50. — De minuit à 6 heures du matin,
augmentation de 0 fr. 50. — Bagages : 1 colis, 0 fr. 25 ; 2 colis,
0 fr. 50 ; 3 colis et au-dessus, 0 fr. 75.
Taximètres : les 800 premiers mètres. 0 fr. 65 ; chaque 400 mè-
tres supplémentaires, 0 fr. 10 ; l'heure (à l'arrêt), 1 fr. 50. —
On ne doit payer que les sommes indiquées au cadran.
Automobiles : l'heure, 3 fr. (divisible par quart d'heure), plus
0 fr. 40 par kilomètre parcouru ; au delà d'un périmètre de
10 kilomètres, le prix du kilomètre est porté à 0 fr. 50.
-( 226 )-
Automobiles à taximètres. — Tarif 1 : dans la ville, de 6 h.
<lu matin à minuit, jusqu'à 750 mètres ou 7 min. 12 sec, 0 ir. 75;
par 250 mètres supplémentaires ou 2 min. 24 sec, 0 fr. 10. —
Tarif 2 : Hors de la ville ou bien dans la ville, de minuit à 6 h.
du matin, jusqu'à 600 mètres ou 7 min. 12 sec, 0 fr. 75 ; par
200 mètres supplémentaires ou 2 min. 24 sec, 0 fr. 10. Pendant
l'attente ou la marche lente, le prix progresse à raison de 2 fr. 50
l'heure par fractions de 0 fr. 10 équivalentes à 2 min. 24 sec
En cas de réclamation, s'adresser à l'Inspection des Voiture*,
20, rue Gentil, Halle des Cordeliers.
THÉÂTRES, CONCERTS, ATTRACTIONS
'GRAND-THEATRE (municipal), place de la Comédie (grand
opéra, drame lyrique, traduction, opéra comique, ballets).
THEATRE DES CELESTINS (municipal), place des Célestins (co-
médie, drame, opérette).
NOUVEAU-THEATRE, cours Gambetta, 33 (drame, comédie).
THEATRE-FEMINA, rue Garibaldi, angle cours Lafayette (drame,
comédie).
CASINO-KURSAAL, rue de la République, 79 (concert, attractions).
CONCERT DE L'HORLOGE, cours Lafayette, 139 (concert, attrac-
tions, pièces et revues).
OLYMPIA, rue Duquesne, 68, en face l'entrée du Parc (concert,
étoiles, attractions, pièces à spectacle). — Concert d'été.
PALAIS RAMEAU, salle de concerts, rue de la Martinière.
HOTEL DE LA CHANSON, rue Montesquieu.
"CASINO de Charbonnières, à 15 minutes de Lyon par la gare Saint-
Paul.
THEATRES DU GUIGNOL LYONNAIS (patois lyonnais). -
1° quai Saint-Antoine, 30 ; 2^ passage de l'Argue.
CONCERTS DE BELLECOUR, kiosque de la place Bellecour, tous
les soirs d'été.
HARMONIE MUNICIPALE, concerts publics tous les jeudis d'été, à
8 h. 1/2 du soir.
MUSIQUE MILITAIRE, place Bellecour.
SALON de peinture, sculpture, architecture et art décoraiij, Palais
des Expositions, quai de Bondy, de janvier en avril et à l'au-
iomne, — Salon exceptionnel d'été en 1914, de mai à juillet.
LCOENDE DES MoNU
LlONB» DE TrAMVATS
TABLE
PrKFAŒ VII
Quelques pages sur l'Histoire de Lyon 1
Lyon artistique et pittoresque 9
Guignol ET SON THÉÂTRE 32'
L'Enseignement 37
Enseignement primaire 37
Enseignement secondaire 40
L'Université de Lyon 41
Ecole du Service do Santé militaire 47
Ecole Nationale \/étérinaire 53
La Martinière . 55
Les Ponts 57
Ponts sur le Rhône 57
Ponts sur la Saône 62
Les Quartiers de Lyon.
Les Terreaux 69
Les Jardins 69
L'Hôtel de Ville 70
Palais des Arts . . c 85
Eglise Saint-Pierre 88
Musée des Antiques 89
Les Musées de peinture et de sculpture ....... 94
Grand-Théâtre . 106
Palais du Commerce ; Musée historique des tissus . . . 106
Condition publique des soies 113
Salle Rameau 121
Eglise Saint-Bonaventure 122
Eglise Saint-Nizier . 124
Monument Burdeau, 128. — Fontaine de la place des Ter-
reaux, 127. — Monument Coste-Labaume, 127. — Mo-
nument Pléney, 128. — Statue du Sergent Blandan, 128.
— Statue du Maréchal Suchet, 130. — Monument José-
phin Soulary, 130.
Bellecour-Perrache 129
Les Jardins 129
L'Hôtel-Dieu et la Charité 133
La Chapelle de l'Hôtel-Dieu 138
Théâtre des Célestins '^0
Ainay. — Saint-Martin-d'Ainay .141
Monument Carnot, 147. — Fontaine des Jacobins, 148. —
Statue de Louis XIV, 150.— Monument d'Ampère, 150.
— Monument de la République, 152. — Monument Gail-
leton, 152.
\
-( 228 )-
La Guillotière 155
Les Jardins 155
Hôtel de Préfecture 156
Institut Bactériologique 161
Hôtel de la Mutualité 164
Statue de Bernard de Jussieu, 165, Monument Raspail.
165. — Monument Thiers, 166. Statue de Claude
Bernard, 166. — Monument du chirurgien Ollier, 166.
Les Broteaux 169
Les Jardins . . 169
Musée Guimet \7j
Muséum d'Histoire naturelle 173
Nouveau Lycée de garçons 176
Le Parc de la Tête-d'Or 179
Fontaine de la place Morand, 183. — Monument des En-
fants du Rhône, 183.
La Croix-Rousse et les Pentes 187
Les Jardins 187
Eglise Saint-Bruno des Chartreux, 187. — Monument de
Pierre Dupont, 190. — Statue de Jacquard, 190.
La Rive droite de la Saône 193
Eglise Saint-Irénée . 193
Caveau de l'Antiquaille 195
Basilique de Notre-Dame de Fourvière 196
Les tombeaux de Saint-Just 202
Eglise Saint-Georges 203
La Cathédrale de Lyon 204
Bibliothèque de la Ville de Lyon . 208
L'ancienne Loge du Change 210
Palais de Justice - 212
Eglise Saint-Paul 214
Palais du quai de Bondy 217
L'Homme de la Roche, 217. — Eglise de l'Annonciation,
219. — Statue de Bourgelat, 219. — Monument Mour-
guet, 220.
Renseignements sur Lyon 221
Théâtres, Concerts, Attractions 226
Enseigne satirique '^1715),
rue Saint-Pierre-de-Vaise
Imp. A. Rey, Lyon.
Bibliothèques
Université d'Ottawa
Echéance
U 2 AOUT 1991
'540(/r 1991
fl 3 DEC Ja93
OCT î 7 u
CCT 3 1 1995
»0V 0 6 1995
Libraries
University of Ottawa
Date Due
WÛV 2 3 1995
0 8 JAÎl 1998
DEC Vl '
0 5 AVR. m%
MAI 0 5 1998
MAY 2 8 1998
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