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Full text of "Historique du 15e régiment d'infanterie cidevant Balagny--Rambures--Feuquières--Leuville--Richelieu--Rohan--Crillon--La Tour du Pin--Boisgelin--Béarn, l'un des six Petits vieux"

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4p 






c^ 



HISTORIQUE 



DU 



15* RÉGIMENT D'INFANTERIE 



DROITS DE REPRODUCTION ET DE TRADUCTION RESERVES. 



HISTORIQUE 

DO 

is' HÉGiMEiiT mmm 



BALAQNY — HAMBURES — FEUQUIÈRES 

LEUVILLE — RICHELIEU — ROHAN — CHILLON 

LA TOUR DU PIN — BOESGELIN — BÉARN 

L'XJIT DES. SI3C FBTITa VIEXJ3C 



1.0 Lieutenant DE TABRAOOH ^ c<- > > TL- 



V O-lAt 



a Tna..\>.i^ Ci f 




FABIS LIMOQES 

II. Placs SAiMT-AsDa4-oBS-AHTa *6, Nouvellb noimt u'Aixb. 46 

Hboti charles-lavauzelle 

Éditeur militaire. 
1SU& 



;^0^K PUBOç 







Lettre d'approbation du Ministre de la 
guerre, relative à l'Historique du 15® ré- 
giment d'infanterie^ adressée au colonel 
commandant le régiment et datée du 
24 août 1894. 



Cet historique est le fruit d'un travail sérieux et consciencieux. 

Mettant habilement à proOt les nombreuses pièces et les docu- 
ments originaux qu'il a consultés, l'auteur a traité avec tous les 
détails possibles les différentes campagnes auxquelles le régiment 
a pris part, en donnant à chaque période le caractère du temps. 

Il a donné ainsi des preuves de qualités littéraires et de connais- 
sances historiques toutes particulières. 

La filiation est correctement établie. 

En résumé, le travail présenté est complet, intéressant et a une 
valeur réelle. Il fait honneur à M. de Tarragon et, pour lui témoi- 
gner ma satisfaction, je lui adresse la lettre ci-^]t)inte que je vous 
prie de lui faire parvenir. 

Paris, le 24 août 1894. 



Le Ministre de la guerre, 
à Monsieur DE TARRAGON, lieutenant au 15® régiment 
d'infanterie, à Carcassonne. 

Lieutenant, rhistoriqùeduïb^ régiment d'infanterie, 
que vous avez rédigé, m* a été signalé comme très bien fait 
et très intéressant. 

Je tiens à vous exprimer toute ma satisfaction pour le 
soin et le zèle dont vous avez fait preuve dans VétabUs-^ 
sèment de ce travail 

Signé : A. MERCIER. 



AU 

COLONEL D'AMBOIX DE LARBONT, 

AUX OFFICIERS, 
AUX SOUS-OFFICIERS, CAPORAUX ET SOLDATS 

DU 

1S« RÉGIMENT d'infanterie 

EST DÉDIÉ 

CE MODESTE MONUMENT ÉRIGÉ A LA GLOIRE DE NOS AÎNÉS. 



Tous ceux qui ont le culte des glorieux souvenirs, 
tous ceux qui aiment à rencontrer sur leurs pas les 
nobles natures, les cœurs vaillants, les grandes ac- 
tions, tous ceux, en un mot, dont Tâme s'émeut au 
souffle de l'héroïsme et de la vertu, voudront bien jeter 
les yeux sur cet ouvrage, qui n'a d'autre prétention 
que celle de la plus scrupuleuse sincérité. 

Ils y trouveront, à défaut de talent, une œuvre émi- 
nemment patriotique et morale, parce qu'elle n'a 
qu'un but : celui d'exalter, par l'exemple, les senti- 
ments de devoir, de sacrifice et d'abnégation, sans 
lesquels rien de grand ne se fait parmi les hommes. 
Et, selon le mot de Bdssuet, si les paroles nous man- 
quent ou ne répondent pas à un tel sujet, les choses 
parleront assez d'elles-mêmes. 

Certes, notre histoire est assez belle pour tenter la 
curiosité du lecteur. Et puis, en pénétrant ainsi dans 
l'intimité de nos devanciers, nous serons plus fiers de 
nous, parce que, après tout, leur gloire c'est la nôtre; 
parce que le passé répond de l'avenir; parce que, enfin, 
cet héritage d'honneur, qu'ils nous ont légué, nous 



8 HISTORIQUE DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 

n'avons pas le droit de le méconnaître ni de Tamoin- 
drir. 

Ayant la rare fortune de trouver dans les annales 
mêmes du 15® les plus beaux exemples de toutes les 
vertus militaires, étudions-les sans cesse et méditons 
leurs grandes leçons. 

Ne craignons qu'une chose : c'est de ne pas valoir 
nos aînés; ce sera le seul moyen de les égaler un jour. 
D'ailleurs, en suivant leur trace, nous serons souvent 
sur le chemin de la victoire, en tout cas toujours sur 
celui de l' honneur. 

Dépositaires de ces flères traditions, nous avons le 

devoir d'en consacrer le souvenir et d'en perpétuer la 

gloire. 
N'oublions pas qu'il est encore des pages blanches 

à notre histoire. A nous de les remplir dignement ! 

La tâche est lourde, c'est vrai. Mais, avec l'aide de 

Dieu et le désir de bien faire, nous saurons encore, 

espérons-le, maintenir haut et ferme le drapeau du 

15® régiment d'infanterie, c'est-à-dire celui de la 

France. ' 

A. DE Tarragon. 

Carcassonne, le 10 janvier 1S94. 



AVANT-PROPOS 



Origine du régiment. ^ Différentes modifications qu'il a subies. 

Division du travail. 



« Honorer la grandoor da pMf4, 
c'est préparer Ict déTooemeoti de 
Tavenir. » 



Peu de régiments peuvent s'enorgueillir d'une aussi 
noble et ancienne origine que celle du 13«. Sans chercher 
à dissiper les nuages qui voilent son berceau, nous nous 
contenterons de donner la série de ses transformations, 
depuis sa constitution régulière (1595) et son admission à 
la solde du roi (6 mars 1597), jusqu'à nos jours. 

Disons, toutefois, que, d'après une tradition admise 
par le général Susane, le noyau de ce corps d'élite aurait 
été formé des derniers éléments d'une ancienne compa- 
gnie de gardes, levée- en 1376. pour la sûreté personnelle 
de François de Valois, duc d'Alençon. Ce prince, soupçon- 
neux et sans amis, avait choisi, pour chef de ses gardes, 
son célèbre favori, le brave et redouté Bussy d'Amboise (1), 
qui fut assassiné, le 10 août 1579, par un mari outragé (le 
comte de Montsoreau). Le beau-frère du trop galant Bussy, 
Jean de Montluc, seigneur de Balagny (2) lui succéda dans 
son commandement et .fut bientôt chargé, par le duc 



(1) Louis DE Clermont d'Amboise, seigneur de Bussy. 

(2) Jean de Montluc, seigneur marquis de Balagny, qui avait épousé 
une sœur de Bussy, était flls naturel de Jean de Montluc, évoque de 
Valence, frère du maréchal Biaise de Montluc. 



10 HISTORIQUE 



d'Alençon, du gouvernement de la ville impériale de 
Cambrai. L'année suivante, Alexandre Farnèse, duc de 
Parme, tenta vainement de faire rentrer cette place impor- 
tante sous la domination espagnole. 

Balagny fut assez heureux pour faire échouer toutes 
ses entreprises et sut conserver encore la possession et le 
gouvernement de Cambrai pendant plus de onze années. 

Aussi fin politique que brave capitaine, Jean de Mont- 
Luc, jusque-là ligueur, sentit bien vite que la fortune 
abandonnait son parti. Aussi, le voyons-nous, en 1593, 
arriver sous les murs de Laon, amenant avec lui 500 cava- 
liers et 800 fantassins, qui survinrent bien à propos pour 
sauver la situation du roi Henri IV, alors fort compromise 
par rapproche d'une armée espagnole menaçant de forcer 
ses lignes. Pour prix de ce service, Balagny reçut le bâton 
de maréchal et la principauté héréditaire de Cambrai. 

Mais le nouveau maréchal ne sut se faire aimer ni de 
ses troupes, ni des habitants de sa principauté. Aussi, 
lorsqu'en 1595, le comte de Fuentès vint assiéger Cambrai, 
Balagny, abandonné par une partie de la garnison, trahi 
par les bourgeois, dut s'enfermer, avec un millier de 
soldats fidèles, dans la citadelle, qui capitula le 9 octo- 
bre 1595. 

Création du régiment. 

9 

Ralliant alors à Péronne ce qui restait des défenseurs de 
Cambrai, Jean de Montluc en forma un régiment d'infan- 
terie qui prit son nom et fut admis à la solde du roi, le 
6 mars 1597. 

Voilà bien la véritable date de la naissance du régiment, 
qui porta successivement le nom de tous ses mestres de 
camp jusqu'en 1762. Nous verrons, en effet, qu'en exécu- 
tion de l'ordonnance royale du 10 décembre de cette 



DU 15® RÉGIMENT d'lNFANTERIB 11 

année, les régiments de gentilshommes (!) durent aban- 
donner ces désignations trop personnelles pour prendre le 
nom d'une province. C'est ainsi que Boisgelin reçut le 
nom de Béarn, déjà porté avant lui par deux régiments 
disparus. 

Au dédoublement du 11 juin 1776, les l«r et 3<» bataillons 
conservèrent le drapeau et le nom de Béam, tandis que les 
2® et 4^ bataillons formèrent le régiment d'Agenois. L'an- 
née suivante (1777), une nouvelle ordonnance royale assi- 
gnait au régiment de Béarn le 15^ rang dans l'ordre de 
bataille. 

Enfin, le i^^ janvier 1791, par suite de la suppression des 
noms de province, la seule désignation qui lui resta fut 
celle de 15® régiment d'infanterie. 

Remarquons que, pendant toute la période de la Monar- 
chie, le régiment avait et conserva le pas sur la plupart 
des autres troupes françaises ou étrangères qui consti- 
tuaient l'armée royale. Car, non seulement Balagny se 
piquait d'être le plus ancien des régiments de gentilshom- 
mes, mais il s'honora aussi de prendre rang, plus tard, 
dans cette élite des vieux corps qui marchaient en tète de 
toute l'armée, fiers de leurs traditions et de leurs servi- 
ces, et réclamant partout, comme un privilège ou comme 
un droit, le poste le plus dangereux dans les sièges et sur 
les champs de bataille. Ils étaient douze qui avaient con- 
quis et qui maintenaient comme un titre de noblesse leur 
droit d'être appelés vulgairement les Vietu: et les Petits- 
Vieux (2). N'a pas qui veut l'honneur de ces sobriquets 



(1) Ainsi nommés, parce qu'ils portaient le nom de leurs colonels. 

L'ordonnance du B novembre 1715 fixa le prix des régiments d'in- 
fanterie ainsi qu'il suit : 65.000 livres pour les Vieux, 55.0001ivres pour 
les Petits- Vieux, 50.000 livres pour les autres corps créés ayant 1684 
et 40.000 livres pour les autres. 

(2) Les six Vieux étaient : Picardie, Champagne, Navarre, Piémont, 
Normandie, la Marine. 



12 HISTORIQUE 



illustres, de ces héroïques familiarités qui sont la consé- 
cration populaire de la gloire. Aussi, n'est-on pas surpris 
de voir constamment les plus grands seigneurs briguer 
la faveur de marcher à la tête de ces corps d'élite. 

Lorsque, à la fin du xviii® siècle, la Révolution française 
bouleversa tout Tordre social, elle détermina aussi de 
nombreuses modifications dans l'armée. 

C'est ainsi qu'à la réforme de l'an II le 15« régiment 
d'infanterie dut concourir à la constitution des 29® et 30^ 
demi-brigades de bataille. 

Mais, par suite des changements apportés dans l'infan- 
terie parle décret du 18 nivôse an IV (8 janvier 1796), la 
IS® demi-brigade de ligne fut formée de la 68® demi-bri- 
gade de bataille et redevint, à l'organisation de l'an XII, 
le nouveau 15« régiment d'infanterie, qui fut licencié 
en 1815. 

Enfin, l'ordonnance royale du 23 octobre 1820 recons- 
titua définitivement le 15« régiment d'infanterie de ligne 
avec trois bataillons delà 27® légion (légion du Finistère). 

Depuis cette époque, le 15® n'a pas cessé de continuer les 
glorieuses traditions de ses aînés. 

Du rapide aperçu qui précède, il résulte qu'il n'existe 
pas toujours de filiation bien établie entre tous les corps 
qui ont successivement représenté le 15® régiment d'in- 
fanterie. 

Il nous parait donc logique d'adopter pour cet histori- 
que la division suivante, qui correspond à trois phases 
bien distinctes de l'existence du corps : 

ir® partie, de 1595 à 1796; 



Les six Petits-Vieux étaient : Rambures (Béarn), Nérestang (Bourbon- 
nais), Du Bourg (Auvergne), Sault (Flandre), Vaubecourt (Guyenne) et 
du Roi. 

Il n'y avait que Rambures, Nérestang et du Bourg qui roulassent 
pour le premier rang. 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 13 

t 

2« partie, de 1796 à 1815 ; 

3® partie, de 1816 à nos jours. 

La première partie concernera ce qu'on peut appeler la 
période monarchique. Elle nous montrera le rôle glorieux 
qu'a joué le régiment dans les armées royales, depuis sa 
formation jusqu'à la création des demi-brigades de ba- 
taille. 

La deuxième partie nous retracera l'histoire de la 13® 
demi-brigade de ligne, puis du nouveau 15® régiment 
d'infanterie, depuis l'année 1796 jusqu'au licenciement 
de 1815. 

La troisième partie nous permettra de suivre le régi- 
ment depuis sa reconstitution, en 1820, jusqu'à nos jours. 

Enfin, l'appendice comprendra : 

lo Une notice sur les uniformes et drapeaux du régi- 
ment ; 

2o La légende de la marche du régiment; 

3<> et 40 Des pièces justificatives ; 

5» La table des officiers tués ou blessés dans les diffé- 
rentes actions de guerre ; 

6^ La liste des colonels et leurs états de services ; 

7^ La liste dés lieutenants-colonels ; 

8<> Les états de services d'un certain nombre de mili- 
taires du corps, choisis parmi les plus curieux ou les 
plus dignes d'intérêt; 

90 L'état du régiment à différentes époques. 



(«606-1^96) 



• Fnbert «n avait fait on ré« 
(piment modèle • {Mémoire du 
XVI r êiieu.) 



11 



HISTORIQUE 



DU 



15^ RÉGIMENT D'INFANTERIE * 



PREMIÈRE PARTIE (1595-1796) 



HISTOIRE DU RÉGIMENT 



DE 



Balagny (1595). — Rambures (1612). — Feuquières (1676). — Leuville 
(1700). — Richelieu (1718). — Rohan (1738). — Grillon (1745). — La 
Tour du Pin (1746). — Boisgelin (1761). — Béarn (1762]. — 15« régi- 
ment d'infanterie (1791). —29* demi-brigado de bataille (1794). 



Jean DE MONTLUC, marquis DE BALAGNY 

(premier mestre de camp) 

Comme nous Tavons vu plus haut, le régiment, formé 
le 7 octobre 1595 par Jean de Montluc, marquis de Bala- 
gny, maréchal de France, avait été admis à la solde du roi 
le 6 mars 1597, en même temps que les régiments de 
Nérestang et du Bourg, qui s'appelèrent depuis Bourbon- 
nais et Auvergne, et auxquels il ne voulut jamais céder le 
pas. 

Pour mettre fin à cette longue rivalité, il ne fallut rien 
moins que Tautorité de Louis XIV, qui prescrivit, en 1666, 
un roulement de préséance entre ces trois régiments. 
Malgré ses protestations, le major de Rambures dut se 
soumettre au tirage au sort et prit lui-même, dans le*cha- 

Hist. 15' 1 



18 HISTORIQUE 



peau du. grand roi, Tordre qui accordait au corps le pre- 
mier rang pendant le second semestre. 

Nous verrons, par la suite, que, si ces vaillantes troupes 
se disputaient ainsi la priorité dans les honneurs, c'était 
pour mieux affirmer leur droit de réclamer, le jour de la 
bataille, leur place au poste le plus dangereux, c'est-à-dire 
le plus glorieux. 

A son origine, l'effectif du régiment, comme celui de 
tous les corps de l'ancienne armée, subit une foule de 
variations, suivant le besoin des multiples expéditions 
entreprises ou soutenues par les rois de France. Nous 
n'entrerons pas dans le détail de cette longue et fastidieuse 
énumération. Il nous suffira de suivre nos aînés sur tous 
les champs de bataille où le devoir les appelait, et nous 
verrons qu'ils surent toujours s'y marquer une place 
d'honneur. 

Après avoir pris part à quelques opérations sans impor- 
tance sur la frontière du Hainaut, Balagny fut réformé et 
réduit à la compagnie de son mestre de camp (6 mai 1598). 

Remis sur pied, le 3 avril 1600, pour aller combattre en 
Savoie, il fut encore condamné à l'inaction, après la con- 
clusion de la paix, en 1603. 



Dàmien de MONTLUC, marquis DE BALAGNY 

MESTRE DE CAMP (1603) 

Pourtant, en 1610, le nouveau mestre de camp, Damien 
DE MoNTLUC, marquis de Balagny (1), reçut l'ordre de 
réorganiser son régiment pour une importante campagne, 
préparée dans le plus grand secret, mais dont l'exécution 
fut arrêtée par le triste et odieux assassinat du roi Henri IV 
(1610). 



(1) Damien ou Damian de Montluc, fils du maréchal de Balagnt, lui 
succéda, en 1603, à la tête du régiment. Il périt d'une façon tragique, 
le 9 avrU 1612, à l'âge de 25 ou 26 ans. 



DU 15« RiODIENT D'INFANTBRIE 19 



Mort de Balagny (9 avrU 1612). 

En ces années troublées, les fins tragiques n'étaient pas 
rares. Deux ans plus tard, on releva, rue Neuve-des-Petits- 
Champs, le corps de Balagny, assassiné, dit -on, tué en 
duel, peut-être, de la main de Puy-Morin. 



Charles, marquis DE RAMBURES 

MESTRE DE CAMP (11 avrll 1612) 

Ce fut Charles, marquis de Rambures (1), qui remplaça 
son malheureux beau-frère, Damien de Montlug, dans sa 
charge de mestre de camp. 

Prise du Blavet (1614). 

Sous l'active et habile impulsion de ce vaillant capi- 
taine, dont le nom, depuis Ivry, était devenu synonyme de 
bravoure, le régiment sut bientôt s'acquérir la plus bril- 
lante réputation. Lorsque Louis XIII vint à Nantes, en 
1614, pour y tenir les Etats de la province, il y trouva le 
marquis de Rambures à la tête de 2.000 soldats bien équi- 
pés, (( dont il fut si content qu'il les chargea d'aller, avec 
les gardes françaises, soumettre et démanteler la ville du 
Blavet, foyer de rebelles toujours prêts à livrer leur port 
aux Espagnols. » (2). 



(1) Le marquis Charles de Rambures avait épousé Marie, fille de 
Jean de Montluc, marquis de Balagny, et de Renée de Clermont d'Am- 
boise (sœur du brave Busst d'Am boise). 

Maréchal de camp, 19 mars 1625; chevalier des ordres du roi, 31 dé* 
cembre 1619. Il mourut à Paris, le 13 Janvier 1633, à la suite de l'am- 
putation du bras droit, qui avait été nécessitée par deux anciennes bles- 
sures, reçues à la bataille d'Ivry et au siège d'Amiens. 

(2) Histoire de llnfanterie, par Susane. 



20 HISTORIQUE 



Siège de CreU (1615). 

Après ce succès, les vainqueurs du Blavet passèrent à 
l'armée du maréchal de Bois-Dauphin, pour prendre part 
au siège de Creil-sur-Oise (1615), et se rendirent ensuite en 
Poitou. 

Mais, Tannée suivante (1616), le régiment de Rambures 
fut rappelé dans le Nord, où il eut la satisfaction de déblo- 
quer Péronne, assiégé par le duc de Guise. 

Puis, il alla moissonner de nouveaux lauriers à l'armée 
de Champagne. Richecourt, Rocroy, Château-Porcien, 
cédèrent successivement à nos armes. Enfin, après la 
marche forcée du 1®^ avril 1617, Rambures se distinguait 
encore, sous les yeux du duc de Guise, à la surprise des 
faubourgs de Laon (1) et, un peu plus tard, au siège de 
Rethel. 



Attaque des Ponts-de-Cé (7 août 1720). 

Retiré en 1619 dans l'évôch^ de Metz, sous les ordres du 
maréchal du Plessis-Praslin, le régiment n'en rejoint pas 
moins, le 4 août 1620, l'armée du roi dans la plaine du 
Gros-Châtaignier, près de la Flèche, pour se trouver, le 7, 
à l'attaque des retranchements des Ponts-de-Cé (2). 

Prise de Saint-Jean-d'Angély et de Bergerao (1621). 

Au mois de juin suivant (3-23 juin 1621), Rambures 
s'unit à Navarre pour assiéger et réduire la place de Saint- 



(1) Le duc do Guise surprend un corps d'infanterie de l'armée des 
princes et le force à abandonner précipitamment les faubourgs de 
Laon. 

(2) Bien que cette assertion soit appuyée par M. de Roussel, nous n'a- 
vons aucune preuve de sa véracité. 

Dans les relations que nous avons pu consulter au sujet de cette 
affaire, nous n'avons rien vu qui puisse témoigner de la présence {du 
régiment à ce combat. 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 21 



Jean-d'Ângély (1) ; puis il termine sa victorieuse campagne 
par la prise de Bergerac, dont le gouvernement est donné 
à son mestre de camp. C'est là que le régiment devait tenir 
garnison jusqu'à la paix de Montpellier (19 octobre 1622). 
Mais il fallut bientôt aller au secours du duc d'Elbœuf, en 
Basse- Guyenne. Cette mission lut confiée au marquis de 
R'ambures, qui partit à la tète de 300 hommes de son régi- 
ment et de 500 soldats de Piémont. 

Opération en Baste-Guyenne (janvier 1622). 

Attaqués le 31 janvier 1622, à trois heures du matin, par 
les troupes du marquis de la Force, nos 800 braves soutin- 
rent le choc avec la plus grande valeur et restèrent maî- 
tres du champ de bataille, que l'adversaire dut abandon- 
ner après avoir perdu 300 hommes (2). 

Ce brillant succès permit à Rambures de revenir à Ber- 
gerac, qu'il n'allait pas tarder à quitter. En 1624, nous le 
rétrouvons à Saint-Maixent, et. Tannée suivante, en Pi- 
cardie. 

Pendant ce temps, de graves événements se préparaient 
dans l'ouest. Le cardinal de Richelieu était déterminé à 
poursuivre, par tous les moyens possibles, la réalisation 
de son vaste programme politique, qui comportait, tout 
d'abord, l'écrasement de la puissance protestante dans le 
royaume de France. L'entreprise n'était pas sans difficul- 
tés, car les Anglais paraissaient également décidés à sou- 
tenir énergiquement d'aussi précieux alliés, qui comptaient 
à leur tête des seigneurs considérables, comme le duc de 
Rohan et le marquis de la Force. 

Quand le roi fut certainflue la guerre allait recommencer 
avec l'Angleterre, il donna l'ordre (1®' avril 1627) de porter 
à 100 hommes l'effectif de toutes les compagnies des corps 

entretenus. 



(1) Ce siège coûta la vie au lieutenant Néaumer. 
<2) Annales de France, par de Serre. 



82 HISTORIQUE 



Jean DE RÂMBURES 

IIB8TRB DE CAMP (^ mal 1687) 

Quelque temps après, le régiment de Rambures, qui 
venait de passer sous le commandement de Jean Y de Ram- 
bures, seigneur DE Dompierre(I), reçut Tordre d'aller re- 
joindre à Marans les troupes qu'y concentrait le duc d'An- 
gouléme. 

Siège de la Roohelle (10 aodt 1627-16 octobre 162S). 

Puis, dans la nuit du 9 au 10 août 1627, cette armée levait 
son camp pour venir s'établir devant La Rochelle, dernier 
boulevard de la religion réformée. Rambures et Piémont 
furent chargés de garder l'embouchure du canal qui relie 
la ville à la mer. Le régiment, cantonné à Angoulin, dut, 
dès son arrivée, construire, à la pointe de Coureilles (2), une 
batterie de six pièces, qu'il servit durant tout le siège. * 

Cependant le marquis de Toiras étant vivement pressé 
dans l'île de Ré, le roi décida qu'on tenterait une descente 
dans cette île. Le maréchal de Schomberg eut le com - 
mandement de cette expédition. Le régiment fournit un 
détachement de 400 hommes (sous les ordres de son mes- 
tre de camp) à l'armée de secours qui débarqua, le 7 no - 
vembre, près du fort de la Prée (île de Ré) (3). 

Après avoir opéré sa jonction avec les troupes de Toi- 



(1) Jean de Rambures, précédemment capitaine au régiment, succé- 
dait à son père (25 mai 1627), Charles, marquis de Rambures, nommé 
maréchal de camp depuis le 19 mars 1625. 

(2) A l'embouchure du canal. 

(3) Le détachement de Rambures comptait 4 capitaines, 4 lieutenants 
et 4 enseignes, donc quatre compagnies. 

L'armée de secours se composait de détachements des Gardes, de 
Piémont, de Navarre, de Ghappes, d'Estissac, de Rambures, de Beau- 
mont, du Plessis-Praslin, de la Meilleraie, de Gacé, de Vaubecourt et de 
Riberac. 



DU 15® RiGIMENT d'iNFANTERIE 23 

ras (1), le maréchal se dirigea sur la Couarde, précédé 
par deux bataillons des Gardes, qui formaient Tavant- 
garde (2). 

L'ennemi présenta la bataille ; mais Scbomberg refusa 
rengagement, croyant plus avantageux d'attaquer les An- 
glais dans leur retraite. 

Les faits lui donnèrent raison. Le lendemain, en efiet, 
nos adversaires voulurent regagner leurs vaisseaux. Ils 
commençaient  traverser le canal de Loix lorsqu'ils furent 
si brusquement et si vivement abordés que leur cavalerie , 
culbutée sur Tinfanterie, vint s'embourber dans les marais 
et qu'ils durent se replier en désordre,, abandonnant sur 
le champ de bataille 40 drapeaux, tous leurs canons et, 
pour le moins, 1.500 hommes. 

Continuation du tiège de La Rochelle. 

Débarrassé des Anglais, Richelieu entreprit de complé- 
ter l'investissement de La Rochelle en fermant le port par 
une digue. Les troupes furent chargées de mener à bien 
cette œuvre gigantesque. 

Le prix du travail fut réglé de façon à.procurer à chaque 
homme un gain moyen de 20 sols par jour. Les soldats 
étaient payés toutes les semaines et recevaient gratuite- 
ment le pain (3). 

Nos braves régiments supportèrent avec une admirable 
constance toutes ces fatigues, rendues plus pénibles encore 
par les rigueurs de l'hiver. 



(1) Le marquis de Toiras commandait le régiment de Champagne 
depuis la mort (1624) du mestre de camp Arnaud. Ce régiment tenait 
garnison dans Tlle de Ré, dont il avait la garde. (Histoire de l'ancienne 
infanterie française ^ par Susane.) 

(2) Deux bataillons des Gardes formaient Tavant-garde. Champagne 
et Navarre s'avançaient en arrière et à droite; Piémont, en arrière et 
à gauche ; Rambures, au centre ; les autres corps, en seconde ligne. 

(3) La ration comportait deux pains de 12 onces (un quart de farine 
de seigle, trois quarts de froment sans blutage). (Histoire de Vin fan- 
terie^ par le lieutenant-colonel Belhomme.) 



24 HISTORIQUE 



Outre les gardes et travaux de la digue, les hommes 
étaient exercés le plus souvent possible (1) (2). 

C'est à cette époque que Fabert vint de Bordeaux pour 
prendre possession de sa charge de sergent-major (3) du 
régiment de Rambures. 11 se mit de suite à Tœuvre et s'ac- 
quitta si consciencieusement et si intelligemment de ses 
nouvelles fonctions que Rambures eut bientôt éclipsé 
Champagne, réputé jusqu'alors le meilleur manœuvrier(4). 
« Fabert en avait fait un régiment modèle ». On répétait 
partout que jamais troupe n'avait été ni mieux exercée ni 
plus disciplinée. 

On ne nous reprochera pas de nous arrêter un instant à 
l'étude de cette grande et noble figure, qui s'offre à nous 
dans l'histoire comme un modèle accompli de toutes les 
vertus qui font le citoyen, le soldat, l'homme du devoir. Car 
on ne saurait jamais assez connaître, assez honorer celui 
que la reine Anne d'Autriche disait être « le plus grand 
homme de bien du royaume » et dont le caractère antique 
fait honneur, non seulement à son régiment et à sa patrie, 
mais, on peut le dire, à l'humanité tout entière. 



(1) De ce blocus date la disparition de l'arquebuse. Il ne resta dans 
les régiments que des piquiers et des mousquetaires, à raison de trois 
mousquets pour sept piques. 

(2) Dès le mois de novembre, le cardinal avait demandé aux grandes 
villes une fourniture de vêtements pour les troupes ; or, comme chacune 
de ces villes envoya un lot d'étoffes de couleur particulière, chaque ^ 
régiment se vit affecter un de ces lots et se trouva provisoirement 
pourvu de costumes de nuance uniforme. 

(3) La charge de sergent-major correspondait, à peu près, à celle des 
adjudants-majors de l'armée moderne, avec assimilation au grade de 
capitaine. Le sergent-major assistait le mestre de camp et aidait le 
sergent de bataille pour le tracé des lignes. 

(4) Remarquons que Champagne gardait cette brillante réputation' 
depuis qu'il avait été commandé par le brave mestre de camp Arnaud. 



DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTERIE 25 



ORIGINE DU MARÉCHAL DE FABERT 

Abraham Fabert, qui devait écrire son nom en carac- 
tères si brillants dans les annales de son temps, naquit à 
Metz, le 11 novembre 1599. Il était le second des dix enfants 
issus du mariage d'Abraham Fabert, seigneur de Mou- 
lins (1), maître échevin de Metz, imprimeur juré de la ville 
et du conseil, chevalier de Tordre de Saint-Michel, et de 
Anne desBernards d'Allamont. Son père, qyii réservait pour 
son aîné, François, les dignités et fonctions paternelles, 
destinait le cadet au service de l'Eglise; il nourrissait 
l'espoir qu'avec la haute protection du duc d'Epernon, le 
fils du maître échevin Fabert pourrait facilement obtenir 
un canonicat de. la cathédrale de Metz. Or, c'était un état 
fort enviable que celui de membre de ce noble et riche cha- 
pitre. Mais il fallait, pour en apprécier les charmes, une 
certaine vocation pour l'état ecclésiastique, et c'était une 
vocation tout autre qui, dès le premier âge, s'était mani- 
festée chez l'enfant. Servir le roi de France était sa suprême 
ambition. 



Enfance de Fabert (15 février 1603). 

Le premier trait que nous pouvons relever au sujet de 
notre futur maréchal de France, est un trait enfantin, qui 
appelle le sourire. Nous le voyons figurer, lors de la venue 
d'Henri IV à Metz, en 1603, les armes à la main, dans les 
rangs de la compagnie de jeunes enfants qui, sous le nom 
de compagnie du Dauphin, présentent les armes au roi 
dans le champ à Seille. Oui, le dernier des 120 petits soldats 
qui représentent l'avenir de la bourgeoisie messine, c'est 
Abraham Fabert, âgé de 3 ans et 3 mois. 11 est habillé, 



(1) Abraham Fabert, auquel Henri IV avait conféré, en 1610, des 
lettres de noblesse, conçues dans les termes les plus honorables, était 
né en 1563, de Dominique Fabert, directeur de l'imprimerie ducale de 
Nancy, et de Florentine de Fulaine. 



26 HISTORIQUE 



comme ses jeuneji camarades, de tafietas blanc rayé d'argent, 
les souliers, les bas et les attaches de même couleur; sa 
coiffure est une toque de velours noir, à cordon d'argent; 
11 porte au côté une épée dorée, dans la main une javeline 
argentée, dont le fer a la forme d'une fleur de lis. La reine,- 
qui prit tant de plaisir à voir ces soldats en miniature et 
les fit défiler deux fois devant elle, remarqua peut-être ce 
petit parmi les petits, qui fermait gatment la marche. Elle 
ne se doutait guère que ce minuscule compagnon serait un 
jour un des plus illustres serviteurs de son fils. 

Après avoir pSissé plusieurs années sur les bancs des 
écoles, le jeune Abraham se rend cette justice a que de sa 
vie, il n'a entendu un mot de latin ». La lecture des romans 
de chevalerie, ou plutôt celle des antiques chansons de 
geste, était son occupation favorite. Son enthousiasme 
pour le métier des armes grandissait de jour en jour, au 
grand détriment de son goût pour les honneurs ecclésias- 
tiques. 

Son père, désespérant de vaincre son entêtement, voulut 
le détourner de ses aspirations guerrières en obtenant pour 
lui la survivance du beau et fructueux privilège attaché au 
titre (( d'imprimeur juré de la Cité ». Mais cette habile 
combinaison n'eut d'autre résultat que celui de déterminer 
notre jeune héros à brusquer sa décision, à un âge où les 
vocations les plus déterminées ne vont pas ordinairement 
plus loin que les projets et les rêves. 

Un incident fortuit vint encore surexciter son goût pour 
la profession des armes. En 1613, le duc d'Epernon obtint 
pour son fils, le marquis de la Valette, la survivance du 
gouvernement de Metz. Les Messins, voulant témoigner leur 
attachement au duc, résolurent de faire le plus brillant 
accueil à son fils. 

Toutes les milices prirent les armes, et le jeune Fabert 
reçut le commandement d'une compagnie d'enfants de 10 à 
15 ans, vêtue aux couleurs de la maison d'Epernon (1). 
Prenant son rôle au sérieux, le chef de cette troupe juvé- 



(1) Chausses rouges, pourpoint blanc, bas verts. 



DU 15* RÉGIMENT D'INPANTERIE 27 

nile, âgé lui-même de 13 ans, réunissait chaque jour ses 
jeunes camarades pour les exercer à bien manœuvrer. 

Les fêtes terminées, il ne put se résoudre à abandonner 
ses armes et vint offrir ses services au lieutenant de Cam- 
pagnol, commandant une des deux compagnies des Gardes. 

On imagine facilement la surprise et le mécontentement 
du maître échevin, qui voulut immédiatement faire ren- 
trer la nouvelle recrue à la maison paternelle. Mais M. de 
Bonouvrier, lieutenant du duc d'Epernon, parvint à calmer 
l'irritation du père et obtint de lui qu'il respectât une voca- 
tion si fermement accusée. 

Fabert cadet au régiment det Oardet. 

C'est ainsi, qu'en dépit de tous les obstacles^ Abraham 
Fabert devint cadet au régiment des Gardes. Il y demeura 
de 1613 à 1618, s'y faisant aimer de tout le monde et se 
montrant un modèle de zèle et d'exactitude dans l'accom- 
plissement de ses devoirs. 

Enseigne dans Piémont. 

Les excellents services et la haute intelligence des choses 
militaires, dont il donnait chaque jour des preuves, furent 
récompensés, en 1618, par le grade d'enseigne au régiment 
de Piémont, alors en garnison à Verdun. Après avoir été 
envoyé à Metz, pendant les troubles, Fabert rejoignit l'ar- 
mée du roi en Poitou et en Saintonge et prit part ensuite 
au siège de Montpellier, où ses travaux et sa belle conduite 
lui valurent les compliments du roi (1). 

Pourtant le futur maréchal devait connaître aussi toute 
l'amertume des déceptions et des mécomptes provenant de 
l'imperfection de la justice humaine. Car, ayant été appelé 
trois fois au commandement d'une compagnie dans le régi- 
ment provisoire du chevalier de la Valette (2), il se retrou- 



(1) Campagnes de Fabert, par P. Barre. 

(2) FiU naturel du duc d'Epernon. 



28 HISTORIQUE 



vait encore, api^^s le licenciement de ce corps, enseigne au 
régiment de Piémont. Ecoutons à ce sujet le colonel Cul- 
mann(l). 

(( Ceux, dit-il, qui ont vécu de cette vie de privations 
continuelles que Thomme de guerre s'impose, ceux qui^ à 
l'exemple du héros messin, mettent toutes leurs jouissances 
à remplir leurs devoirs militaires, à courir au-devant du 
danger, à s'y complaire, à se livrer aux travaux les plus 
pénibles, à imposer un frein rigide aux passions vulgaires, 
à n'en connaître qu'une seule, celle de la gloire, à l'exal- 
ter au dernier degré, à lui sacrifier toutes les autres, mais 
dans l'espoir légitime que ces nobles sacrifices auront leur 
récompense, ceux-là seuls comprendront les tourments 
que les passe-droits purent faire souffrir à Fabert ». 

Par bonheur, d'Epernon, en sa qualité de colonel géné- 
ral de l'infanterie française, put enfin consoler son excel- 
lent serviteur : une charge de sergent-major étant vacante 
dans le régiment de Rambures, par suite de la démission 
du sieur d'Epinay, le duc la lui offrit. 

Cette situation, que l'on pourrait comparer à celle de nos 
adjudants-majors, était, comme grade, équivalente à celle 
de capitaine ; mais les fonctions qu'elle imposait étaient 
plus compliquées et chargeaient leur titulaire d'une assez 
grande responsabilité. Fabert eût préféré le commande- 
ment d'une compagnie ; cependant il ne crut pas devoir 
refuser l'emploi qui lui était offort. Il servait depuis huit 
ans avec le grade d'enseigne ; c'était un stage déjà bien 
long (2). 

Abraham Fabert, dont l'histoire va désormais se con- 
fondre avec celle du régiment de Rambures, ne voulut pas 
prendre possession de sa charge sans avoir demandé les 
conseils de M. de la Hillière, brave officier, qui l'aimait 
beaucoup et qui occupait le môme grade dans le régiment 
des Gardes. 

Fort des encouragements et des instructions de ce vieux 
serviteur blanchi sous le harnais, notre jeune major rejoi- 



(1) Discours à rinauguration de la statue de Fabert à Metz (1S42). 

(2) Maréchal Fabert, par E. de Bouteillcr. 



DU iS^ RÉGIMENT D'INFANTERIB 29 

gnit son corps, où il se fit bien vite apprécier de la manière 
la plus avantageuse. 

Il apportait une véritable passion aux moindres intérêts 
du corps et savait amener par Tardeur de son zèle les autres 
officiers à servir, comme lui, avec toute la conscience et 
l'abnégation qu'exige Taccomplissement des devoirs mili- 
taires. 

Le régiment de Rambures, gardant la batterie de Cou- 
reilles, restait à Tétat de corps d'observation, privé de toute 
occasion de {ft*endre une part brillante aux opérations du 
siège (1). Malgré cette situation effacée et la modestie de 
son caractère, Fabërt sut, en très peu de temps, se faire une 
réputation exceptionnelle dans l'armée ; les maréchaux de 
camp lui témoignaient une estime particulière et le citaient 
comme le modèle des bons officiers. Son mestre de camp, 
M. DE Rambures, lui portait une affection véritable, qui lui 
était, du reste, cordialement rendue. Le roi lui même lui fit 
l'honneur de le consulter plusieurs fois sur les meilleures 
mesures à prendre pour mener le siège à bonne lin. 

Sur ces entrefaites, le régiment de Rambures fut appelé 
à renforcer l'armée de Condé et d'Epernon, qui ne pou- 
vaient parvenir à soumettre les places calvinistes du Lan- 
guedoc. 

Mais, au bout de quelques semaines, la mission de 



(1) Le régipient no fut cependant pas toujours maintenu dans Tinac- 
tion. Un jour, lo cardinal ayant eu avis que le fort Tadon était négli- 
gemment gardé, ordonna au marquis de Marillac (plus tard maréchal 
de France) de prendre quelques compagnies des gardes et do Rambures 
pour tenter la surprise de ce poste important. Malheureusement, les 
Rochellois furent avertis à temps et nos troupes durent renoncer à leur 
entreprilb après avoir subi des pertes sérieuses. {Histoire de l'ancienne 
infanterie française^ par Susane.) 

D'ailleurs, il ne faisait pas toujours bon à la batterie de Coureilles. 
On en jugera par un exemple : « De tous les bastions de La Rochelle 
partait un fou d'enfer. Un boulet vint à tomber à la pointe de Coureilles; 
il y tua 5 hommes : les sieurs Defiriches, ordinaire de la maison du roi, 
de Briqueville, Bourneuf, Berliffe, de Pienne et du Lac, ingénieur d'artil- 
lerie. Le sang rejaillit sur le duc d'Angoulôme et sur le maréchal de 
Schomberg. Ce fut un miracle que tous doux ne fussent pas tués. » 
(Histoire du siège de La Rochelle, par Jurien de la (iravière.) 



30 HISTORIQUE 



d'Epemon étant remplie, Rambures revint au camp de 
La Rochelle, pour assister aux dernières péripéties de ce 
siège mémorable. 

Le 28 octobre 1628, les héroïques défenseurs de la cita- 
delle protestante, ayant perdu tout espoir d'être secourus 
par les Anglais, durent ouvrir les portes d'une ville qui, 
quelques jours plus tard, n'aurait été peuplée que de ca- 
davres. 

Fabert reçut l'honorable et douloureuse mission de pé- 
nétrer le premier dans la place et de la recoifnaitre avant 
que les troupes du roi en prissent possession. Il était, de 
plus, chargé, chose douce à un cœur généreux comme le 
sien, d'apporter les premiers secours à ces pauvres affamés. 
Rien de navrant comme le tableau retracé par lui de la 
misère en face de laquelle il se trouva (1). 

Mais il y avait encore à redouter les menaces de la flotte 
anglaise. Aussi, pendant que Jacques Dubois de Liège, 
premier capitaine de Rambures, était nommé commandant 
en second de La Rochelle, le régiment allait occuper le 
fort de Tasdon et se rendait ensuite à Fouras, pour sur- 
veiller les mouvements de l'escadre britannique (7 no- 
vembre 1628). 

CAMPAGNE D'ITALIE 

A peine La Rochelle avait-elle ouvert ses portes au roi 
qu'une grande partie de Tarmée de siège recevait l'ordre 
de se transporter en Italie. Le régiment de Rambures était 
du nombre. 

La mort du duc de Mantoue donnait au cardinal de 
Richelieu une nouvelle occasion de poursuivre la réalisa- 
tion de son but suprême : l'abaissement de l'Espagfte. 

En effet, lorsque notre allié Charles de Gonzague, duc 
de Nevers, voulut prendre possession de son héritage, il 
se vit disputer le Montferrat par le duc de Savoie, que 
soutenaient les Espagnols. 

Dès lors, le 14 janvier 1629, le roi de France, accom- 



(i) Mémoires de Fabert 



DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 31 

« 

pagné du cardinal, entrait en Italie, à la tête de ses trou- 
pes, sans se laisser arrêter par les astucieuses négocia- 
tions du duc de Savoie. 

Combat du Pas-de-Suze (6 man 1629). 

Trois mille Piémontais gardaient le passage des Alpes, 
au Pas-de-Suze. Cette position, défendue par son escarpe- 
ment naturel, avait encore été fortifiée par la construction 
de trois retranchements successifs, hauts de 20 pieds et 
munis de fossés profonds. La vaillance française eut 
promptement raison de ces obstacles; mais il en restait 
un à franchir, plus sérieux que les autres : c'était le fort 
Saint-François-de-Saluces, bâti à droite du chemin, sur 
un rocher à pic et presque inabordable. 

Fabert, chargé par le roi de faire reconnaître les abords 
de cette place, ne voulut confier à nul autre cette péril- 
leuse mission. N'ayant amené avec lui que le fils de M. de 
Vaubecourt, il ne revint au camp qu'après avoir fait sur 
place un croquis détaillé indiquant toutes les dispositions 
du fort et de ses environs. 

Malheureusement, pendant son absence, le comte de 
Nogent et le capitaine d'Orvilliers, jaloux de se distinguer 
aux yeux du roi, obtinrent de Louis XIII l'autorisation de 
brusquer l'attaque de front, que Fabert considérait comme 
absolument impraticable. 

Arrivant sur ces entrefaites, le major de Rambures fut 
mis au courant de la question et s'en trouva fort piqué ; 
mais il n'en fit rien paraître (1) et donna lui-même l'exem- 
ple de la discipline en réclamant sa place à la tête du pre- 
mier détachement, composé de 10 mousquetaires et d'un 
sergent. Or, avant d'arriver au but, le sergent et 8 hommes 
étaient déjà tués ou blessés. Le lieutenant, qui suivait avec 
20 soldats, perdit la moitié de son monde et reçut une 
balle dans l'épaule. La colonne d'attaque, décimée par les 
projectiles et la chute des pierres, dut battre péniblement 



(1) Nous empruntons ces détails au récit de Fabert lui-même. (Mé- 
moires.) 



32 HISTORIQUE 



en retraite. On fut bien obligé de convenir que Fabert 
avait raison de s'opposer à cette folle entreprise. Les sottes 
paroles de Nogent avaient coûté cher au régiment de 
Rambures. Quant au capitaine d'Orvilliers, il reçut trois 
coups de mousquet dans ses habits et son chapeau. 

Aussi le roi se rangea-t-il aux conseils du major de Ram- 
bures (Fabert), qui préconisait un système de chemine- 
ments vers les sommets voisins de la place pour y prépa- 
rer contre elle une triple action simultanée. 

Traité de Suze (11 mars 1629). 

Mais, pendant les préparatifs, le duc de Savoie évacua 
le fort ainsi que Suze et conclut un traité, d'après lequel il ' 
s'engageait à nous fournir des secours en Italie contre les 
Espagnols. 

Rien n'empêchait plus Louis XIII d'en finir avec les ré- 
formés du Languedoc et de la haute Guyenne, encore une 
fois soulevés par Henri de Rohan. La plus grande partie 
des troupes françaises repassa les Alpes, sous le comman- 
dement des ducs de Montmorency et de Schomberg, et, le 
19 mai, le roi et son ministre se trouvaient avec l'armée 
devant Privas, capitale du Vivarais protestant. 

Attaque du 26 mai. 

Louis XIII avait choisi son logement en face du point 
d'attaque, afin d'être témoin de tout ce qui serait fait par 
ses troupes. Après quelques jours de tranchée et de canon- 
nade, on put donner l'assaut aux premiers ouvrages de la 
défense. Le plus avancé était un ouvrage à cornes forte- 
ment occupé. Le régiment de Picardie fut chargé de l'atta- 
que du saillant de droite ; Normandie, de celui de gauche 
et Rambures, de la courtine et de la demi-lune qui la 
couvrait. Fabert, à la tête des enfants perdus, dirigeait 
cette opération. 

Rien ne peut résister à l'élan de ses volontaires, électri- 
sés par son exemple et parla pensée qu'ils combattent sous 



DU l0« RÉGIMENT D'iNFANTEUIE 33 

les yeux du roi. Le major de Rambures parvient le premier 
sur le rempart, écarte l'ennemi à coups d'épée et tient 
ferme jusqu'à ce que ses soldats puissent le rejoindre. 
Mais les vainqueurs trouvent devant eux un retranche- 
ment intérieur bastionné et maçonné, dont le feu les fou- 
droie (1). Il faut se mettre à couvert de ses coups. Fabeht, 
qui a eu la cuisse traversée par une balle dès le début de 
Tassant (2), donne rapidement le tracé d'un logement et 
prend le premier la pioche pour le creuser. En quelques 
heures, les volontaires sont à l'abri et travaillent, toute la 
nuit, au chemin couvert qui se trouve terminé à la pointe 
du jour. C'est alors qu'arrivent les troupes de remplace- 
ment. Elles trouvent le vaillant blessé évanoui par la 
perte de son sang et l'excès de la fatigue. Les chirurgiens 
déclarent que sa blessure exige son envoi immédiat à Va- 
lence. On l'y transporte en litière (3). 

Malgré l'énergie de ses défenseurs, la ville de Privas fut 
obligée de se soumettre, ce qui permit au roi d'entrer dans 
les Cévennes. Le régiment contribua encore, celte année, 
à la prise d'Alais. Richelieu avait atteint son but : la des- 
truction de la puissance politique du parti protestant. 

Aussitôt que Fabert put remonter à cheval, il rejoignit 
l'armée. Louis XIII, qui n'avait point oublié son admirable 
conduite, voulut que, tout en restant sergent major, il prit 
rang de capitaine dans son régiment et commandât les 
officiers de ce grade moins anciens que lui. Le marquis de 
Rambures se chargea d'annoncer cette bonne nouvelle à 
son cher convalescent. 

Mais la droiture de Fabert s'effaroucha d'une pareille 
faveur; il n'admettait pas qu'une modification aussi impor- 
tante dans le service des officiers d'état-major de l'infan- 
terie pût être adoptée sans le concours du colonel général 
de l'arme, son révéré protecteur. « Comment, s'écria-t-il, 



(1) Le régiment perdit ce jour-là le capitaine de Fouquerolles. 

(2) Fabert bande sa blessure avec son mouchoir et a Ténergie de 
rester à son poste jusqu'à la fin. 

(3) Telle est sa faiblesse qu'il perd trois fois connaissance pendant le 
trajet. (Maréchal Fabert, par E. de Bouteiller.) 

Uist. !&• 3 



34 HISTORIQUE 



le roi croirait-il que, pour la vanité de prendre rang et de 
monter parmi les capitaines, je perdrai le respect et la 
considération que je dois à M. le duc d'Epernon? Il m'a 
donné ma charge parce que la sienne lui donnait le pou- 
voir de le faire et, au moyen de cette charge, qui n'est de 
nulle importance, je laisserais ruiner la sienne qui lui 
assure le droit de pourvoir aux charges de Tétat-major de 
tous les régiments I Vraiment, le roi ne me traite pas en 
honnête homme; il faut qu'il me croie un grand coquin 
pour me faire une semblable proposition. ))(!). 

Rambures lui représenta qu'il prenait les choses d'une 
façon déraisonnable. En dépit de ces instances, l'entêté 
major chargea son ami de refuser tout net la faveur qu'on 
lui offrait. Le roi en fut, à juste titre, fort mécontent. 

Reprises des hostilités aveo le duc de Savoie (1630). 

Mais Tannée 1629 n'était pas terminée que Richelieu 
reprenait le chemin de l'Italie. L'empereur, excité par 
l'Espagne, avait sommé la France d'évacuer Mantoue et le 
Montferrat. Pour répondre à cette insolence,' le cardinal 
se mit en route, le 29 décembre 1629, avec les titres de 
(( lieutenant-général, représentant la personne du roi, tant 
dedans que dehors le royaume ». 

Le régiment de Rambures faisait partie de l'expédi- 
tion (2). Fabert, encore très sérieusement malade, et négli- 



(i) Mémoires de Fabert^ page 20. 

(2) On s'imagine volontiers que les corps de troupe n'avaient, à cette 
époque, d'autres règlements que les prescriptions particulières de leurs 
mestres de camp. C'est une erreur grossière dont on trouvera la 
preuve dans cet extrait de l'Edit du io janvier 1629 sur le militaire : 

(( Le soldat, par ses services, pourra monter aux charges et offices de 
la compagnie, de degré en degré, jusqu'à celle de capitaine et plus avant, 
s'il s'en rend digne. 

)) Les officiers ne seront payés que lors des montres. Les troupes 
toucheront la solde toutes les semaines. 

» Pour le prêt, chaque compagnie sera assemblée au logis du capi- 
taine. Chaque soldat sera appelé à tour de rôle, son signal vériOé et 
sera payé en présence du commissaire à la conduite. La valeur du 



DU 15® RÉGIMENT D*LNFANTERIE 3S 

géant Tavis des médecins, vint réclamer sa place dans les 
rangs des combattants. 11 retrouva chez Louis Xlll la plus 
entière bienveillance. Le nuage qui s'était un moment 
élevé entre eux n'avait pas laissé de traces. 

L'armée royale, sous les ordres du maréchal de Créqui, 
avait obtenu la soumission de la Savoie par la prise de 
Pignerol et de Chambéry ; mais il restait quelques petites 
places qui n'avaient pas ouvert leurs portes, entre autres 
la Tour Carbonnières (ou Charbonnières) et Exiles (ou Les- 
-guille). 

Tandis que Champagne assiégeait la première, Rambu- 
res devait enlever la seconde. 
• Pendant une nuit sombre, Fabert alla seul opérer la 



pain de munition sera retenue à chaque soldat, à raison d'un sol par 
jour. 

)) A l'étape il sera fourni, par Jour, au soldat : 2 livres do pain, 
1 livre de chair et 1 pinte de vin, sans qu'il n'ait rion à payer. 

» Mais, en garnison, les officiers et soldats devront acheter les vivres 
au prix du marché du lieu. 

)) Les capitaines seront tenus d'ôtre présents aux marches et sont 
responsables des excès commis par leurs hommes. 

» A la vue du quartier, le régiment se mettra en bataille, Jusqu'à 
ce que les cantons des compagnies et les logements soient arrêtés. 

» Le soldat ne doit entrer dans aucun autre logis que celui qui lui 
est donné par l'étiquette. 

» Le fourrier fera l'état des logis et le donnera au sergent-major. 

» Dans le quartier, on mettra une garde au drapeau de chaque com- 
pagnie. 

» Le soldat a droit au logement, à un pot ou écucUe, un verre, une 
place au feu et à la chandelle. 

)) La garde durera jour et nuit, en temps de paix comme de guerre 
pour exercer et discipliner le soldat. 

» L'infanterie en garnison fera Texercice au moins une fois par 
-semaine. 

)) Le sergent-major y tiendra la main. 

» Les bataillons manœuvreront sur dix et huit rangs, etc., etc. 

)) Les appointements sont ainsi réglés : mestre de camp, 500 livres 
par mois de trente-six Jours; sergent-major, 300 livres; aido-major, 
iOO livres ; capitaine (d'une compagnie de 200 hommes), 300 livres ; 
lieutenant, 100 livres; enseigne, 75 livres; sergent, 30 livres ; caporal, 
20 livres ; anspessade, 17 livres ; tambour, 15 livres ; chacun des 100 
plus vieux soldats, 12 livres ; les 37 cadets, 10 livres ; le chirurgien 
15 livres; le fourrier, 15 livres. » 



36 HISTORIQUE 



reconnaissance de la position. Le fort était entouré d'une 
ceinture de terre gazonnée descendant d'un côté vers un 
précipice. Bien que la place fût très forte et la garnison 
peu nombreuse, Tennemi avait eu Timprudence de n'y pas 
mettre de sentinelle. 

Le major descend dans le fossé, remonte le talus, esca- 
lade la berme et le parapet et parvient, sans être vu, au 
pied du donjon, qui était solidement gardé. 

Le lendemain, notre héros fait donner Talarme par une 
fausse attaque sur le front du château; puis, il se glisse, 
avec une troupe munie d'échelles, par le chemin qu'il a 
reconnu pendant la nuit et pénètre dans l'intérieur de la 
place jusque sous les glacis du donjon. 

Il fait alors rapidement construire une tranchée pour ses 
hommes et un épaulement pour deux canons. Se voyant 
menacé de si près, le gouverneur fait battre la chamade. 

Fabert se rend à son appel et reçoit de ses mains le texte 
de capitulation, dont les termes ridiculement emphatiques 
eurent un immense succès d'hilarité lorsque le roi en prit 
connaissance avec sa cour. 

Sa Majesté combla d'éloges le marquis de Rambures (1), 
son major et son régiment. 

Prise de Pont-à-MafQré et du fort Saint-Michel. 

Après avoir soutenu Champagne dans l'attaque de Car- 
bonnières, quatre compagnies conduites par Fabert reçu- 
rent la mission d'enlever deux fortins détachés, l'un ap- 
pelé Pont-à-Maffré, et l'autre Saint-Michel. 

Le premier, quoique avantageusement situé, se rendit 
après avoir épuisé sa provision de poudre. Quant au se- 
cond, Fabert ayant déclaré au gouverneur qu'il ne ferait 



(i) Jcan*V, marquis de Rambures, un des plus vaillants et des plus 
honnêtes hommes de guerre de son temps. En lui, bon sang ne pouvait 
mentir, car il avait pour père ce glorieux soldat qu'on appelait le brave 
Rambures, et pour mère Marie de Montluc, iillo du fameux maréchal 
de ce nom. 



DU 150 RÉGIMENT d'iNFANTERIE 37 

pas de quartier à la garnison s*il avait un seul homme tué 
ou blessé, il ne fit qu'un simulacre de résistance. La place 
ne tira que des salves à poudre et capitula aussitôt que 
rhonneur parut sauvé par cette inoffensive canonnade. Le 
gouverneur ne voulait pas paraître avoir moins fait que 
celui de Pont-à-Mafïré « qui n'était pas, disait-il, de si 
bonne maison que lui », et auquel il ne voulait pas laisser 
un avantage. Fabert fit bien rire le roi en lui racontant 
cette histoire (1). 

Pendant que l'armée assiégeait Montmélian, les régi- 
ments de Rambures et de Picardie durent escorter le roi, 
que la maladie forçait de rentrer à Lyon. 

Mais, le 16 juillet, ces deux régiments repassaient les 
Alpes, au Mont-Cenis, avec les troupes du duc de Mont- 
morency et du marquis d'Effiat, qui devaient renforcer 
le corps du maréchal de la Force à Pignerol. 

Combat de Vegliana (10 Juillet 1630). 

L'armée du duc de Savoie, commandée par le prince 
Thomas, attendait les Français sur la forte position de Ve- 
gliana (Veillane), dans le marquisat de Suze. Montmorency 
et d'Effiat ne se laissèrent pas intimider par la redoutable 
attitude de l'ennemi et donnèrent l'ordre à leurs troupes 
de se mettre en mouvement à la première heure du jour. 

Fabert, chargé selon l'usage de reconnaître le terrain, 
avait remarqué un lieu dont l'importance stratégique l'avait 
frappé. 

C'était un espace découvert, en face de la montagne 
occupée par l'ennemi, d'où l'on pouvait tenir ce dernier en 
respect et couvrir le défilé de l'armée. Il avait demandé au 
sergent de bataille que la défense de ce poste fût confiée à 
Rambures (2). 



(1) Mémoires de Fabert, page 22. 

(2) Ce récit est emprunté au livre intitulé Le Maréchal Fabert diaprés 
ses mémoires et sa correspondance, par E. de Bouteiller. C'est une 
des plus belles pages de l'histoire du régiment. Nous n'avons pas cru 
devoir en altérer le texte. 



38 HISTORIQUE 



Dès le commencement de Taction, il y mène deux compa- 
gnies de mousquetaires commandées par les capitaine» 
d'Orvilliers et de Bermont. Elles sont immédiatement 
Tobjet d'une vive attaque. Après quelque temps de combat, 
ces troupes, fort éprouvées et manquant de poudre, ont un 
besoin pressant de renfort. Fabert en fait demander inuti- 
lement : il part au galop pour aller le chercher lui-même ; 
mais il ne trouve plus son régiment à sa place de bataille ; 
il a été porté ailleurs par un maréchal de camp auquel il 
court le réclamer sans en rien obtenir. Furieux d'un tel 
contretemps, il repart à toute bride pour ramener en arrière 
le premier détachement, incapable de tenir la place sans 
secours. 11 le trouve en pleine retraite, par suite d'un échec 
du régiment de Picardie qui a permis aux ennemis de le 
tourner. Les soldats n'ont plus de munitions et les officiers 
sont tous blessés. 

M. DE Rambures, avec la compagnie du capitaine Hémont, 
occupait une place voisine; à la vue de ce qui se passe, 
craignant pour l'honneur de son régiment, il se précipite 
avec ces 100 hommes pour ramener ses soldats. En même 
temps, Fabert place de La vaux (ou de Lavause), son aide- 
major, avec 23 mousquetaires (les derniers qui eussent un 
peu de poudre), en un lieu abrité, pour arrêter l'ennemi. 
Mais, au moment où tous deux essaient de rétablir quelque 
ordre dans la poignée d'hommes qu'ils commandent, une 
décharge des Piémontais met les soldats en fuite. 

En les voyant abandonner ce chemin, dont il avait de- 
mandé la défense comme un honneur, Fabert est au déses- 
poir. Il crie à Rambures que son régiment est déshonoré, 
que les^ troupes qui ne sont pas encore passées sont perdues 
par suite de l'abandon du point confié à sa garde. La dou- 
leurqu'il témoigne est telleque Rambures, homme d'ailleurs 
d'un courage admirable, lui dit : 

(( Au nom de Dieu I Que faut-il faire ? » 

11 n'y avait plus, avec le mestre de camp et le major, que 
HÉMONT, La VAUX, un brave sergent nommé Lenoble et 12 
ou 13 soldats. Fabert répond : 

« Il faut, l'épée à la main, chasser les ennemis. 

— Allons I » dit Rambures. 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 39 

Tous deux poussent leur cheval et les 13 hommes qui 
sont avec eux les suivent. Les ennemis, en grand nombre, 
mais dispersés, ne tiennent pas devant cette héroïque 
folie. Us se troublent et reculent En même temps, le corps 
principal du régiment qui a été placé par le maréchal 
de camp sur une hauteur voisine, ne peut rester impas- 
sible témoin de cette charge émouvante. Rien n'arrête 
les soldats dans leur élan pour venir au secours de leur 
colonel; en un instant, ils descendent, comme un tour- 
billon, de la colline et viennent prendre part à l'action. 
Les officiers soitt entraînés avec eux. Picardie se rallie et 
vient se joindre à Rambures; Tennemi, bousculé, prend la 
fuite dans le plus grand désordre et tout le terrain perdu 
est bientôt reconquis. Il n'y a plus d'obstatle au passage 
de rinfanterie. 

Pendant ce temps-là, la cavalerie française, attaquée dans 
une petite plaine par celle de l'ennemi, remportait sur 
cette dernière une victoire complète. Le prince Doria était 
fait prisonnier et un gros bataillon carré, attaqué par les 
chevau-légers, se rendait sans résistance. 

Les débris de l'armée piémontaise battaient en retraite 
et l'armée victorieuse pouvait opérer sa jonction avec celle 
qu'elle venait secourir (celle du maréchal de la Force). 

Les généraux français, ainsi mis en situation de prendre 
une vigoureuse offensive, allèrent sans retard assiéger Sa- 
luées. Dès le premier jour, le faubourg fut enlevé, et Fabert, 
marchant à la tête de la colonne d'attaque, reçut deux 
balles dans son chapeau. ^ 

Le lendemain, chargé de garder avec son régiment un 
poste voisin d'un passage par lequel on craignait de voir 
le prince Thomas jeter des secours dans la place, il se trouva 
incertain sur la distance où l'on pouvait sans danger dis- 
poser les avant-postes. Pour s'en assurer, il alla, avec une 
incroyable témérité, faire la reconnaissance des ouvrages 
extérieurs et passa seul dans les lieux les plus périlleux, 
sous le feu de l'ennemi. Puis il alla en rendre compte à Ram- 
bures, lui expliquant les raisons pour lesquelles il conve- 
nait de retirer tel poste et d'avancer tel autre. 

Le mestre de camp, en officier consciencieux, lui répond 



40 HISTORIQUE 



qu'il va sur le terrain voir les choses de plus près avec lui. 
Tout à coup, ce péril que Fabert a pour son compte affronté 
avec tant d'indifférence, cette grêle de balles, au travers 
de laquelle il a passé sans pâlir, vient frapper son esprit 
de terreur, par la pensée que son chef, que son ami, peut 
en être victime. Un pressentiment, dont il n'est pas maître, 
l'avertit que, si Rambures s'y expose, quelque malheur 
l'attend. Il faut, à tout prix, qu'il l'empêche d'y aller. 

(( Je vous ai, ce me semble, lui dit-il, donné sujet d'avoir 
confiance en moi, et vous pouvez sans crainte me laisser 
disposer une garde. • 

— Non, répond Rambures. Vous avez fait votre devoir 
en allant inspecter toutes choses de près, et je ferai le mien 
en les voyant avec vous. 

— Excusez-moi, dit alors Fabert, mais je suis si fatigué 
par cette marche de toute la nuit que je me sens incapable 
de la recommencer. 

— Je vous prendrai en croupe. 

— Eh bien, dans quelques heures. 

— Non, tout de suite. » 

Il est impossible de résister davantage: les deux officiers 
se mettent en route, l'un à cheval, l'autre à pied lui ser- 
vant de guide. Ils font sans encombre une partie du trajet; 
mais, arrivés à un certain point où il faut traverser une 
vigne fort en vue de la place, Fabert sent son cœur se ser- 
rer ; son pressentiment redouble et va jusqu'à l'angoisse. 

(( N'entrons pas là-dedans, dit-il à Rambures; s'il faut 
vous l'avouer, je me suis mis dans l'esprit que, si nous y 
allons, il m'y arrivera malheur. Vous ne voudriez pas être 
cause de ma perte. 

— Si ce n'est que cela, dit Rambures, restez ici et j'irai 
tout seul. » 

En même temps, il met pied à terre et attache son che- 
val à une branche. Le pauvre Fabert est forcé dans ses 
derniers retranchements. 

(( Eh bien I non, dit-il, je dois maintenant vous le dire, ce 
n'est pas pour moi, mais pour vous seul que je tremble. 
Puisse mon anxiété ne pas être justifiée ! » 

Il prend les devants pour couvrir Rambures de son corps, 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 41 

et ils montent jusqu'au sommet d*où ils ont les vues qu'ils 
désiraient, puis se mettent à redescendre, Fabert marchant 
cette fois en arrière, toujours dans la même pensée. 

(( Eh bien I lui dit Rambures, vous n'êtes pas prophète : 
vous voj^ez bien qu'il ne m'est pas arrivé malheur. 

— Nous ne sommes pas encore hors de danger, répon- 
dit-il, et ma crainte n'est pas passée. Dieu veuille qu'elle 
soit vaine ! )) 

A peine avait-il adressé ces paroles que les défenseurs 
du fort leur adressaient une décharge de mousqueterie (les 
vêtements blancs qu'ils portaient faisaient d'eux une cible 
très apparente). Une balle passe entre le corps et le bras 
gauche de Fabert, lui enlève deux bandes de passemente- 
rie de son pourpoint et entre dans l'épaule droite de Ram- 
bures, dont le sang jaillit aussitôt. Fabert est au désespoir; 
il se reproche de n'avoir pas assez fait pour protéger ce 
chef qu'il aime tant. Il le place sur son cheval et monte en 
croupe derrière lui, pour le soutenir s'il était pris d'une fai- 
blesse. Rambures, voyant sa douleur, lui dit de ne pas son- 
ger à lui, sinon pour le mettre entre les mains des chirur- 
giens ; et, que la meilleure manière de lui montrer son 
amitié, c'est de faire donner son régiment avec vigueur en 
son absence et d'ajouter à sa réputation. 

Cette consolation fut refusée à Fabert. Après avoir remis 
son cher blessé aux soins des médecins, il alla entendre la 
messe pour demander à Dieu que ces soins fussent efflcaces. 
Mais il venait d'éprouver une émotion trop violente pour 
son tempérament encore imparfaitement rétabli; il s'éva- 
nouit pendant l'office. Une fièvre intense se déclara avec les 
symptômes les plus alarmants, et peu s'en fallut qu'il n'y 
succombât. Le lendemain, il fut porté dans la ville, qui 
venait de se rendre, et à la prise de laquelle son régiment 
avait eu la part la plus brillante. Là, il resta plusieurs jours 
entre la vie et la mort. Les remèdes réussirent enfin à 
triompher du mal. Fabert ne voulut pas attendre la fin de 
sa convalescence pour aller rejoindre le marquis de Ram- 
bures, qui, guéri avant lui, venait de reprendre son ser- 
vice. 



42 HISTORIQUE 



Pont de Cari^axL (7 août 1630). 

Le régiment, toujours digne de son brave mestrede camp 

et de son intrépide major, venait encore de se signaler de 

la façon la plus brillante dans les sanglantes affaires des 6 
et 7 août. 

Les Savoyards, chassés du bourg et du château, s'étaient 
retirés en arrière du pont de Carignan, qu'ils avaient rapi- 
dement couvert par une demi-lune et quelques flancs. Le 7, 
il fallut emporter ces retranchements. Pendant que le 
maréchal de la Force tentait l'attaque de droite avec les 
Gardes, Champagne et Piémont, 200 hommes de Picardie, 
commandés parle lieutenant-colonel de Miraumont et sou- 
tenus par 300 soldats de Rambures, craignant de se laisser 
distancer, se jetaient audacieusement dans le fossé, péné- 
' traient dans l'ouvrage en môme temps que leurs cama- 
rades de droite et culbutaient l'ennemi, qui dut aban- 
donner entre nos mains beaucoup de cadavres et de nom- 
breux prisonniers (entre autres Dom Martin d'Arragon). 

Il est à présumer que l'héroïque major, encore bien 
affaibli, n'eût pas supporté les fatigues d'une nouvelle cam- 
pagne, si la mort du duc de Savoie n'avait eu l'heureux 
résultat d'amener la fin des hostilités. 



Traité de Ratisbonne (16 octobre 1630). 

Le traité de paix fut signé à Ratisbonne, le 16 octobre 
1630. 

Sur ces entrefaites, le capitaine de Bizemont, capitaine 
dans Rambures, brave officier qui avait été blessé à Veglia- 
na, vint à mourir des suites de cette blessure. Louis XIII, 
voulant récompenser Fabert des éminents services qu'il 
avait rendus pendant la dernière campagne, lui offrit le 
commandement de la compagnie vacante, tout en conser- 
vant les fonctions de sergent-major, qu'il remplissait avec 
tant de distinction. De plus, afin de lever les scrupules qui 
avaient déterminé le vaillant major à refuser une première 
fois cette faveur. Sa Majesté s'entendit avec le duc d'Eper- 



DU 15^ RÉGIMENT D*INFANTERIE 43 

non pour prendre une mesure générale rompant avec la 
règle, jusque-là suivie, qui rendait les fonctions de sergent- 
major incompatibles avec le commandement d'une compa- 
gnie. Ajoutons que le roi augmentait le prix de cette faveur 
en donnant gratuitement à Fabert \€ commandement de 
cette compagnie. Ce fut une occasion pour le nouveau capi- 
taine de montrer la générosité de son caractère. Le due de 
Saint- Simon lui dit, en effet, que le frère de BizEMONT,chevau- 
léger de la garde, avait fait supplier le roi de lui accorder 
quelque dédommagement pour le tort que faisait à sa fa- 
mille la perte d'une compagnie, acquise autrefois au prix 
de 7.000 livres. Le duc ajoutait que Sa Majesté lui saurait 
un gré infini de gratifier ce gentilhomme de 100 ou 200 
pistoles. Mais Fabert fit mieux encore en adressant au frère 
de BizEMONT le montant intégra) de la valeur de la charge 
et lui disant que c'était de la part du roi. Aussi, Louis XIII 
fut-il très surpris de recevoir les remerciements de la fa- 
mille de Bizemont, auxquels il ne se sentait nul droit. Plus 
tard, ayant appris la vérité, Sa Majesté exprima haute- 
ment son admiration pour le noble et généreux procédé du 
capitaine Fabert (1). 

Le nouveau capitaine de Rambures profita de la paix 
pour aller à Metz mettre quelque ordre dans ses affaires. 
Son séjour en Lorraine fut marqué par un heureux événe- 
ment, qui devait enchaîner le bonheur à son foyer. C'est 
au mois d'octobre 1631 qu'il épousa Claude Richard de 
Clévant (2). Il résume ainsi le mérite de cette chère com- 
pagne : « Sa personne valait infiniment ». Cependant 
Fabert dut s'arracher bien vite aux douces joies de la 
famille. Le duc Charles de Lorraine avait levé une armée 
pour secourir l'Empereur, menacé par les rapides progrès 
de notre allié Gustave-Adolphe. 



(1) Maréchal Fabert, par E. de Bouteiller. 

(2) Fille de Dominique Richard, seigneur de Clévant, capitaine prévôt 
de Pont-à-Mousson. 



44 HISTORIQUE 



GUERRE CONTRE LE DUC DE LORRAINE (1631) 



Première invasion. 

En conséquence, le maréchal de la Force reçut Tordre 
de s'avancer sur la Seille et d'occuper les places fortes de 
C3 pays. Cette fois encore nous retrouvons le régiment à la 
frontière menacée. Le siège de Moyenvic fut pour lui une 
nouvelle occasion de se signaler. 

Prise de Moyenyic. 

Fabert, chargé par le roi de reconnaître la place, lui 
adresse sans retard son rapport accompagné d'un plan 
d'attaque. Puis, à la nuit tombante, il se met en marche, à 
la tête d'un petit corps de troupe, de manière à se trouver, 
dès le point du jour, aux portes de la ville. De sa personne, 
il prend l'avance avec 5 hommes déterminés qui, déguisés 
comme lui en voiturîers, sont munis de clous et de mar- 
teaux et conduisent deux charrettes chargées de légumes. 

Avant le lever du soleil, notre brave capitaine se pré- 
sente devant l'une des portes, qu'on lui ouvre sans diffi- 
cultés, au simple examen de la nature de son convoi. Sans 
perdre de temps, Fabert et ses compagnons se mettent à 
l'œuvre et, avant que la garde ait pu prévenir leur projet, 
ils ont cloué le tablier du pont-levis aux traverses du pont 
dormant, ce qui rend sa manœuvre impossible. 

La colonne d'attaque pourrait donc pénétrer aisément 
dans la place et surprendre la garnison. Pourtant, Fabert 
ne voit rien à l'horizon. Une abondante pluie, tombée la 
veille, a tellement détrempé les chemins que la marche est 
devenue très difficile. C'est en vain que l'actif capitaine se 
porte au-devant de la troupe, pour hâter son mouvement; 
elle n'arrive qu'une heure plus tard et trouve le pont-levis 
dégagé et la garnison sous les armes. On doit renoncer à 



DU lo« RÉGIMENT d'iNFANTEHIE /45 

surprendre rennemi, le coup est manqué. [1 fallut attendre 
le reste de l'armée, avec son artillerie, pour entamer les 
opérations d'un siège régulier qui dura une quinzaine de 
jours. Les défenseurs, commandés par l'illustre Mercy, 
obtinrent une capitulation honorable. 

Traité de Vie (6 Janvier 1632). 

Le 6 janvier 1632, le duc de Lorraine signait le traité de 
Vie, qui livrait au roi l'importante place de Marsal. (( Mais 
Charles de Lorraine s'était fait une loi de promettre tou- 
jours et de ne tenir jamais; et c'est le seul engagement 
auquel il s'est montré fidèle (1). » 

Aussi, la violation du traité de Vie ramènera bientôt les 
troupes françaises en Lorraine ; nous y retrouverons le 
régiment de Rambures. 



EN LORRAINE (JUIN 1832) 

L'occasion ne se fit pas attendre. Le duc Charles ayant 
renoué des intelligences avec l'Empereur et le roi d'Espagne, 
Richelieu donna l'ordre aux maréchaux delà Force et d'Ef- 
fiat de rentrer en Lorraine. 

La prise rapide de Nomeny, Pont-à-Mousson, Saint- 
Mihiel, contraignit Charles IV à signer un nouveau traité, 
à Liverdun(26 juin). 

Le roi put alors envoyer l'armée de la Force rejoindre 
celle de Schomberg, pour opérer contre Gaston d'Orléans. 
Quant au régiment de Rambures, il suivait le maréchal 
d'Effiat, chargé de reprendre Trêves, où le chapitre et la 
municipalité avaient appelé les Espagnols, contre la vo- 
lonté de l'Electeur. 



(1) Histoire de Lorraine, par Chénier, 



46^ HISTORIQUE 



Siège de Trêves (1632). 

La mort soudaine du maréchal, à la Petite-Pierre, laissa 
le commandement aux deux maréchaux de camp : le vi- 
comte d'Arpajonet le comte de la Suze. Le premier marcha 
droit sur Trêves, tandis que le second vint Ty rejoindre en 
longeant le cours de la Moselle. Malgré la faiblesse numé- 
rique de leur armée, ils résolurent de brusquer Tattaque. 

Le vicomte d*Arpajon put, en cette circonstance, admi- 
rer le zèle infatigable que déployait Fabert quand le régi- 
ment de Rambures était de garde à la tranchée, traçant 
des lignes à découvert et se multipliant partout pour accé- 
lérer le travail. 

Une nuit, les défenseurs de Trêves firent une sortie for- 
midable, dont le principal effort fut supporté par le régi- 
ment de Champagne. Celui de Rambures occupait alors la 
tranchée. 

Fabert demanda que son régiment se portât rapidement 
entre la place et le point d'attaque, pour couper la retraite 
aux ennemis ; m*ais on lui fit observer que la garde de 
tranchée ne pouvait quitter sans ordres le poste qui lui 
était confié. 

Pendant ce temps, les Espagnols, refoulés par la vigou- 
reuse résistance du régiment de Champagne, se voyaient 
obligés de rentrer dans la place. C'est alors que le marquis 
DE Rambures et Fabert, qui suivaient anxieusement les 
différentes phases du combat, s'élancent à la tête de la gar- 
de de tranchée, se jettent sur le flanc de l'ennemi et le 
taillent en pièces. 

Capitulation de Trêves (1632). 

La place se rendait le lendemain, et le vaillant major de 
Rambures recevait l'ordre d'en prendre possession et de 
veiller à la sortie de la garnison. 

Les bourgeois de la ville étaient exaspérés d'une reddi- 
tion si prompte, alors que le corps de place était encore 
intact. 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 47 

Celui chez qui Fabert devait loger le lui fit bien voir, en 
refusant de recevoir ses chevaux dans son écurie et même 
de vendre du fourrage pour leur nourriture. Enfin, lorsque 
le major rentra, vers minuit, après avoir disposé les gar- 
des et tout préparé pour Tévacuation de la ville, il ne put 
obtenir ni nourriture, ni literie et dut se reposer sur un 
matelas jeté dans un vestibule. Sans insister, pour son 
compte personnel, Fabert se vit obligé de forcer Técurie 
pour y abriter ses chevaux, qui se morfondaient à la pluie. 
Mais, le lendemain, il logea, à sa place, dans cette maison 
inhospitalière, une partie de sa compagnie, qui dut faire 
regretter à son hôte l'officier si désintéressé qu'il avait si 
mal accueilli. 



CAMPAGNE EN LANGUEDOC CONTRE MONSIEUR 
ET MONTMORENCY (1652) 



Après la prise de Trêves, le régiment dé Rambures reçut 
Tordre d'aller rejoindre, en Languedoc, l'armée du maré- 
chal de la Force, qui avait contraint le duc d'Orléans à 
chercher un asile dans les places de cette province, dont 
le duc de Montmorency se trouvait alors gouverneur. 

Bataille du 1er septembre (1632). 

Cette folle échaufïourée de Gaston devait se terminer par 
la sanglante journée de Castelnaudary, où le maréchal de 
Schomberg eut la bonne fortune de vaincre le brave Mont- 
morency (1). 

Une action particulière entraîna une bataille générale. 



(1) Quoi qu'en disent certains auteurs, le régiment de Rambures n'a 
dû assister qu'en spectateur à cette bataille. Car, pendant que Montmo- 
rency était opposé à Schomberg, le duc d'Orléans avait envoyé le duc 
d'Elbœuf contre le maréchal de la Force, qui se trouvait à une lieue et 
demie, vers Saint-Martin-Lalande et Lasbordes. Or, Rambures était 
sous les ordres de la Force. 



48 HISTORIQUE 



Le duc de Montmorency, voyant, dans une reconnaissance, 
les enfants perdus de Schomberg tirer sur ses gardes, en- 
gage le combat. N'écoutant que son ardeur, il s'élance lui- 
môme sur les retranchements de Tarmée royale. Emporté 
par sa bravoure, il franchit un fossé plein d'eau, suivi à 
peine d'une douzaine des siens. Le régiment des Gardes 
françaises est surpris par cette charge furieuse. Le capi- 
taine de Lauzières a son cheval tué sous lui. Son fils le 
croit mort, court pour venger son père et décharge son 
pistolet sur le duc, qui a la gorge traversée. Montmorency, 
entraîné par la chute de sa monture, se trouve à demi écrasé 
sous le poids d'un cheval qui s'est abattu sur lui. Réduit à 
l'impuissance, il est pris par les sergents Botillon et de 
Sainte-Marie, de la compagnie de Saint-Preuil (1). La cap- 
ture de Montmorency laissa son armée sans direction et 
elle se dispersa. 

On sait le reste : ni l'éclat des services, ni les vertus du 
maréchal, ni le souveçir de ses triomphes ne purent fléchir 
l'impitoyable rigueur de Richelieu. 

Malgré les larmes de latjour et de presque toute la France, 
la tète de cet illustre coupable, cette tête chargée de lau- 
riers, échappée par miracle-.^au glaive des batailles, était 
destinée à tomber, à Toulouse^, dans la cour du Capitole, 
sous la hache des bourreaux. ^. 

Pour punir un grand attentat, Richelieu voulait une 
grande victime, et Montmorency fut frappé. Le sang du pre- 
mier baron de France devait éteindre dans le cœur des 
grands la dernière étincelle de la révolte et cimenter à 
jamais l'autorité royale. 

Quant au duc d'Orléans, il implora pour lui et les siens 



(1) a Le duc de Montmorency montait un généreux cheval de poil 
gris pommelé, gascon, tout couvert de plumes d'Isabelle et bleu, et lui 
d'un simple corps de cuirasse et de son pot. Il portait deux pistolets, à 
l'arçon de sa selle, accompagnés de deux épées larges et courtes et 
d'une autre à la main droite ». {Histoire du Languedoc.) 

a Que j'aurais fait une belle escarre ! disait l'infortuné duc, si ceux qui 
étalent avec moi avaient voulu me suivre et me seconder ! 

— Oui, répondit un officier, si ceux que vous commandiez à Veillanc 
n'eussent pas combattu contre vous. » 



DU 15« RÉGIMENT D*INFANTERIE 49 

la clémence du roi. Louis XIII, écoutant plus son cœur que 
ses intérêts, n'eut pas la force de lui refuser sa grâce. Il ne 
tarda guère à s'en repentir. La paix intérieure étant désor- 
mais assurée, le régiment de Ram bures vint reprendre son 
poste sur les frontières de Lorraine, où de nouveaux trou- 
bles devaient bientôt lui donner de Toccupation. 

NOUVELLE INVASION EN LORRAINE (1633) 

Le duc de Lorraine, profitant de la mort de notre allié 
Gustave-Adolphe, tué à Lutzen le 30 novembre 1632, re- 
commençait ses folles provocations. M. de Saint-Chamond, 
à la tête de 4.000 hommes, parmi lesquels figurait le régi- 
ment de Rambures (1), recevait Tordre d'investir Nancy. 
Fabert fut, comme de coutume, chargé de diriger Tin- 
vestissement de la place et il y trouva une nouvelle occasion 
de faire apprécier son mérite et son intelligence. Les sol- 
dats de Rambures furent employés aux travaux d'approche 
et eurent la bonne fortune de capturer plusieurs convois 
qui tentaient de pénétrer dans les faubourgs. 

Reddition de Nancy (24 septembre 1633). 

Le duc Charles de Lorraine, effrayé par les succèS'de Tar- 
mée royale, dut se résoudre à livrer Nancy, Bù le rôi fit son 
entrée solennelle le 24 septembre. 

Lors de l'occupation de la ville par les troupes victorieu- 
ses, ce fut encore Fabert qui fut désigné pour rédiger un 
règlement de police, destiné à contenir les soldats dans les 
bornes d'une exacte discipline. Ajoutons que ces consignes 
furent empreintes de tant de sagesse et d'humanité que leur 
stricte application suffit pour éviter tout sujet de difficultés 
avec les habitants, pendant tout le séjour des troupes fran- 
çaises à Nancy. 



(1) Le 17 mars 1633, le marquis Jean de Rambures était appelé aux 
émlnentes fonctions de mestre de camp du régiment des Gardes. Son 
frère François lui succéda dans le commandement de son régiment. 
Hist. 15* 4 



50 HISTORIQUE 



Le roi, voulant témoigner toute sa satisfaction au vaillant 
major de Rambures, l'amena avec lui à la cour pendant 
que son régiment allait tenir garnison dans le Bugey (i). 



NOUVELLE INVASION EN LORRAINE (1634) 

Mais, dès Tannée 1634, le nouveau duc de Lorraine (2) 
témoignait des intentions les moins pacifiques à notre 
égard. En conséquence, le maréchal de la Force reçut Tor- 
dre de s'emparer de Bitche et de la Mothe, les deux seules 
places du duché qui ne fussent pas occupées par les Fran- 
çais. Fabert rejoignit au plus vite le régiment de Rambu 
res, appelé du Bugey pour renforcer Tarmée de Lorraine. 

 la fin du mois de mai, la petite forteresse de Bitche se 
rendait, après dix jours de tranchée ouverte. L'armée se 
portait alors devant la Mothe, pour en faire le siège qui 
commença le 5 juin 1634. 

Prise de la Mothe (28 Juillet 1634). 

Malgré la vaillance des défenseurs et Tadmirable cons- 
tance des habitants, la place dut capituler le 28 juillet. 
L'armée française était enfin maîtresse du dernier boule- 
vard de cette i^ationalité lorraine, si digne de respect et de 
sympathie, victime innocente et malheureuse de l'impru- 
dence de son souverain. 

n est bon que la postérité (3) sache, à la gloire du maréchal do la 
Force qui commandait Tarmée, que ses soldats vécurent avec tant d'or- 
dre que, dans les quartiers où ils étaient logés, à deux lieues à la ronde 
et plus, le peuple vivait de même qu'en temps de paix : les femmes, 
les filles travaillaient dans les rues à faire des bas, du fil ; les poules 



(1) Pendant tout le temps qu'il vécut à la cour, Fabert ne voulut rien 
toucher de ses appointements, tant il craignait que Ton crût qu'il avait 
de l'attachement à ses intérêts. 

(2) Le duc Charles avait abdiqué, le 19 janvier 1634, en faveur de son 
frère le cardinal, qui épousa la duchesse Claude, sa cousine. 

(3) Mémoires de Fabert, p. 34. 



DU 1S« RÉGIMENT D'INFANTERIE 51 

et les poulets se promenaient et les laboureurs faisaient leur ouvrage 
de campagne Jusque sous la portée du canon de la place (1). 

Nous retrouvons Rambures, à la fin de Tannée, en Artois. 
Son ancien colonel, le marquis de Rambures, avait pré- 
paré un hardi coup de main sur Arras, ville forte, impor- 
tante, occupée par les Espagnols. Un habitant avait promis 
de miner le rempart au moyen d'une <!ave qui y aboutis- 
sait, en laissant seulement les parements extérieurs, qu'on 
renverserait avec quelques coups de pioche, lorsque les 
troupes seraient prêtes à tenter l'attaque. 

Le marquis avait confié à Fabert la direction de cette 
dangereuse entreprise. 

Toutes les mesures furent arrêtées en attendant le retour 
d'un sergent du régiment, qu'on avait envoyé pour se ren- 
dre compte de la possibilité du succès. Malheureusement 
le sergent fut découvert, condamné à mort et pendu. On 
dut renoncer à la surprise (2). 

Surprise d'Heidelberg (23 décembre 1634). 

Quelque temps après, au mois de décembre 1634, Ram- 
bures, sous les ordres du maréchal de la Force, prit part 
avec Picardie, Piémont et quelques autres corps, à une 
audacieuse expédition. Après avoir passé le Rhin sur la 
glace (vis à'vis de Manheim), ces troupes se dirigèrent sur 
Heidelberg, traversèrent les montagnes malgré tous les 
obstacles de la nature et les difiicultés de la saison, et sur- 
prirent les ennemis, qui croyaient les chemins imprati- 
cables et se reposaient dans une trop confiante sécurité. 

Sans donner à leurs adversaires le temps de se recon- 
naître, nos braves soldats les dispersèrent, s'emparèrent 



(i) Le fait est remarquable et bien honorable quand on songe que, 
dans la plupart des guerres de ce temps, le pillage le plus éhontô et les 
plus brutales violences étaient à l'ordre du jour. 

(2) Tout le régiment ne semble pas avoir été destiné à cette expédi- 
tion. Le fait n'est relaté que dans l'Histoire de Fabert, par E. de Bon* 
leiller, p. 70. 



52 HISTORIQUE 



du château et chassèrent les Impériaux de la ville. Ils 
regagnèrent ensuite la rive gauche du Rhin, en repassant 
encore une fois le fleuve sur la glace. 

C'est vers cette époque que Fabert fut pris par les Espa- 
gnols, pendant qu'il étudiait un point d'attaque favorable 
pour emporter la place de Thionville. Au bout de six mois 
de captivité à Bruxelles, il eut enfin le bonheur d'être 
remis en liberté en échange de Dom Juan de Menezès. 

GUERRE DE TRENTE ANS (PÉRIODE FRANÇAISE) 

(1635-1648) 

L'empereur n'avait point désarmé. En 1635, il s'empa- 
rait de Trêves, massacrait la garnison et faisait prisonnier 
TElecieur, qui fut envoyé et enfermé en Belgique. 

Louis XIII ne pouvait avoir une cause plus légitime de 
déclarer la guerre à l'Espagne. Il le fait avec un cérémo- 
nial majestueux, en indiquant à l'Europe les motifs de sa 
rupture. 

Dans les premiers mois de l'année, le roi met sur pied 
100.000 hommes composant cinq armées* 

l'rise de Spire (mars 1635). 

Rambures, qui fait partie de l'armée d'Allemagne, se 
distingue à l'assaut du faubourg de Spire (19 mars) (1) et 
se dirige ensuite, avec le régiment de Piémont, sur Méziè- 
res, où s'assemblait le corps du maréchal de Chàtillon. 

Heureuse escorte d'un convoi. 

Au mois de mai, le baron de Marlimont, capitaine au 
régiment, chargé de conduire en France un convoi de cent 
vingt chariots, avec une escorte de 400 hommes, prit de si 
intelligentes dispositions que, malgré les attaques réité- 
rées de 2.000 Lorrains, il les battit toujours et put parve- 



- (1) Trois cents des assiégés périrent sur la broche; la ville se rendit 
le 21. 



DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 53 



nir à destination sans avoir perdu ni un homme ni un cha- 
riot (1). 

Après avoir assisté à la bataille d*Avein (2), Rambures 
retourne en Allemagne, à Tarmée de la Valette. 

Le cardinal passe le régiment en revue et le trouve un 
des plus beaux du royaume. 

Il devait d'ailleurs l'employer partout, au siège de Ham- 
bourg, à celui de Bingen (3) et enfin pendant sa fameuse 
retraite de Mayence sur Metz. 



Retraite de Mayence (septembre 1635). 

Ce fut le 15 septembre que l'armée française, fatiguée 
d'une longue et pénible campagne, entama cette marche 
rétrograde, qui lui fît tant d'honneur et qu'on a pu com- 
parer à la légendaire retraite des Dix-Mille. 

Commencée à la vue d'une armée de 30.000 ennemis, 
commandés par les plus fameux généraux de l'Empire, elle 
s'effectua en dépit de tous les obstacles et malgré les con- 
tinuelles attaques de la cavalerie croate sur les flancs et les 
derrières des colonnes. 

Le vendredi 23 septembre, comme le cardinal se portait 
sur Messenheim, le vicomte de Turenne, qui commandait 
l'avant-garde, se trouva tout à coup en présence d'un parti 
ennemi de 4.000 cavaliers accompagnés de seize pièces de 
canon et dirigés par le prince Casimir de Pologne et les 
ducs de Gonzague et de Florence. La Valette envoie immé- 
diatement contre eux un bataillon des Gardes et un de 
Rambures, soutenus par quelque cavalerie et deux canons. 

Les Impériaux, abordés avec un élan irrésistible, pren- 



(1) Journal manuscrit du Cardinal de la Valette. 

(2) Avein, village du Luxembourg où les maréchaux de Brézé et de 
Cbâtillon battirent le prince Thomas de Savoie, qui voulait empêcher 
leur jonction avec les troupes du prince d'Orange. Les Espagnols laissè- 
rent sur le champ de bataille 4.000 morts, 14 canons, 900 prisonniers et 89 
drapeaux. 

(3) Place prise après huit jours de tranchée ouverte. 



S4 HISTORIQUE 



nent la fuite en abandonnant entre nos mains presque toute 
leur artillerie et quelques prisonniers (1). 

Mais on apprît, par ces* prisonniers mêmes, que Messen- 
heim était déjà occupé par Gallas. Le cardinal se décida, 
en conséquence, à se diriger plus au nord, vers Vaudre- 
vange. 

Enfin, le 28, ayant passé à gué les deux Nied, on arrive, 
après des fatigues inouies, à Magny, dans la banlieue de 
Metz. 

Cette armée, dit le journal de J. Talon, avait achevé, en 
quatorze jours, la plus difficile et la plus honorable retraite 
qui se soit faite de nos jours. 

Le régiment de Rambures est établi à Château-Salins, où 
il demeure du i^^ au 26 novembre. 

Pendant ce temps, le duc Charles et Gallas avaient ras- 
semblé à Sarrebrûck les meilleures troupes de Tempire, 
pour envahir la Champagne par la vallée de la Moselle. 
Aussi, le duc de Weimar, le maréchal de la Force et le car- 
dinal de la Valette concentrèrent-ils leurs armées entre 
Nancy et Pont-à-Mousson, offrant à Gallas Toccasion d'une 
grande et décisive bataille. 

La rencontre n'eut pas lieu. Gallas voulut éviter une 
action hasardeuse, dont les suites eussent pu lui être fa- 
tales, et il s'enferma dans le camp retranché de Maizières- 
Marimont (2), d'où il eût été presque impossible de le dé- 
loger. 

Cependant, la mauvaise saison faisait son œuvre et, le 
20 novembre, on apprit que les Impériaux, ruinés par les 
plus affreuses misères, reprenaient le chemin de l'Alle- 
magne. 

Le cardinal et Weimar résolurent de les poursuivre. Le 
régiment de Rambures prit part à cette expédition et son 
brave major fut chargé d'aller, avec le sieur de la Frise, 



(1) L'armée de Weimar était réunie à celle de la Valette. 

(2) Entre Lunéville et Sarrebourg, le camp de Maizières-lès-Vic était 
défendu de deux côtés par Tétang de la Garde. 



DU iS^ RÉGIMENT D'iNFANTERIE S5 

lieutenant de chevau- légers , reconnaître le camp en' 
nemi(i). 

Cinquante maîtres et la plupart des gentilshommes de 
la maison du cardinal leur servaient d'escorte. 

Tous avaient résolu de faire main basse sur les traînards, 
pour venger tant de Français massacrés par les Croates 
pendant la retraite de Mayence. 

Or, en arrivant au camp, ils trouvèrent les tentes encore 
pleines de malades et de mourants et tous les chemins d'a- 
lentour encombrés de soldats exténués de fatigue et de 
faim. 

« Tuons tous ces gredins-làl s'écrie quelqu'un. 

— Silence, répond Fabert, on ne tue que les gens qui 
ont les armes à la main ; vengeons-nous plutôt d'une façon 
digne de notre nation I » 

Pour répondre à ces nobles paroles, chacun voulut aban- 
donner aux malheureux soldats les vivres qu'il avait 
apportés ; on envoya chercher des chariots de pain, et Ton 
fit transporter les malades au bourg de Maizières, où ils 
reçurent les soins indispensables. Beaucoup de ces étran- 
gers témoig^iërent leur reconnaissance, après leur réta- 
blissement, en prenant du service dans les troupes fran- 
çaises (2). . 

Le 15 septembre de cette même année 1635 est une date 
qui fait époque dans Texistence du régiment. 

C'est alors que s'eflectua, en eflet, une importante modifi- 
cation dans l'organisation de l'armée française : tous les ré- 
giments d'infanterie (3), qui ne comportaient généralement 
que quinze compagnies, furent uniformément constitués à 
vingt compagnies, sauf le régiment des Gardes, troupe 
d'élite et de réserve, qui fut porté à trente compagnies. Les 
compagnies, groupées par six, formèrent des bataillons 
sous le commandement du plus ancien capitaine. En outre. 



(1) Journal de Talon, V" 20. Talon était secrétaire du cardinal de la 
Valette. 

(2) Maréchal Fabert, par E. de Boutelller. 

(3) Entretenus en tout temps. Le régiment eut, un peu plus tard, 
trente compagnies. 



56 HISTORIQUE 



les six Petits-Vieux reçurent le drapeau blanc, ce qui en- 
traînait la création d'une compagnie colonelle. 

Richelieu leur imposait en même temps un nom de pro- 
vince. Le régiment de Rambures prit le nom d'Ile-de- 
France, mais il ne semble pas l'avoir longtemps porté. 

C'est aussi cette même année que Fabert reçut une 
nouvelle récompense pour ses éclatants services. Le roi lui 
donna la capitainerie du château d'Ennery, le gouverne- 
ment de Baccarat et une compagnie de chevau-légers. 

Voilà comment le vaillant capitaine abandonna le régi- 
ment à la gloire duquel il avait tant contribué. Mais, il 
devait poursuivre encore, pendant de longues années, cette 
magnifique carrière, qui l'amena, plus tard, au faite des 
dignités et des honneurs militaires. 

Abraham, marquis de Fabert et d'Esternay, comte de 
Sézanne, premier gouverneur, pour le roi, de la princi- 
pauté de Sedan, maréchal de France, mourut le 17 mai 
1662, entouré de l'estime publique et de la considération 
générale (1). 



CAMPAGNE D'ALSACE (1636) 

En 1636, les places de Golmar, Schlestadt et Haguenau, 
alors incapables de supporter un long blocus à cause de 
l'insuffisance de leurs approvisionnements, étaient inves- 
ties par les troupes de Gallas dont le quartier général se 



(1) En 1842, les Messins élevèrent une statue à leur illustre compa- 
triote. Le héros est représenté debout, la main sur la garde de son 
épée. Sur le socle en pierre de taille est incrustée une plaque de bronze 
portant Tinscription de nobles paroles où respire la grande âme du 
patriote et du soldat. Au-dessous, son nom, et rien de plus. 

Et, maintenant, la statue de Fabert est toujours à sa place. Un sou- 
venir de plus lui est à jamais attaché. Aucun de ceux qui étaient à 
Metz, dans' les derniers jours d'octobre 1870, n'oubliera jamais l'effet 
que produisit, en ces jours d'angoisse, cette grande figure voilée de noir 
et portant un drapeau tricolore à la main. Ce drapeau n'était pas, il est 
vrai, celui sous lequel Fabert vivant avait marché ; mais c'était tou- 
jours le drapeau de la France, de cette France qu'il avait tant aimée. 



DU 15<» RÉGIMENT D'iNFANTERIE til 

trouvait établi à Saverne. Il fallait, à bref délai, leur faire 
parvenir des secours, si Ton ne voulait s'exposer à les per- 
dre, elles et leurs défenseurs. 

Le comte de Soissons et Weimar n'osèrent se charger 
d'une entreprise aussi hasardeuse. Heureusement, le car- 
dinal de la Valette s'offrit pour la tenter. On lui donna 
1.600 chevaux et. 3.200 hommes, dont 1.000 Suédois. La 
troupe française était composée des régiments de Rambu- 
res, de Turenne et Uepburne (1). Fabert était chef d'état- 
major. 

C'est d'Epinal que partit le convoi formé de 600 chevaux 
chargés de farine et de blé. Rambures formait l'avant- 
garde. Il arrivait à Kaiseberg le 21 janvier 1636. Là, le 
gouverneur du château put donner des nouvelles de M. de 
Manicamp, commandant la place de Colnlar, qui se décla- 
rait dans la plus extrême détresse (2). 

Le corps expéditionnaire, précipitant son mouvement, 
eut la bonne fortune de débloquer Colmar et de ravitailler 
la ville et la garnison. 

Quatre jours après, les mêmes troupes chassaient les 
Impériaux du château de Guémar, grâce à la périlleuse 
reconnaissance préalablement faite par MM. de Sus, de 
Vantaux (3) et Fabert. Enfin, les deux autres convois purent 
pénétrer heureusement dans les places de Schlestadt (4)et 
Haguenau (5). 

La tâche du cardinal était accomplie, la colonne revint 
à Epinal le 16 février, puis, chacun regagna sa garnison. 
Mais l'armée ne jouit pas d'un long repos. Gallas avait re- 
pris ses quartiers après le départ des troupes françaises et 
le blocus était redevenu plus étroit que jamais. 



(1) Brave officier écossais, venu en France, où il avait formé un régi- 
ment que le roi avait pris à son service. . 

(2) Les gouverneurs de Colmar et de Kaiseberg communiquaient entre 
eux, grâce à un épagncul appartenant à M. de Manicamp, qui portait 
d'une place à l'autre des dépèches attachées dans son collier. 

(3) Aides de camp du cardinal et amis de Fabert. 

(4) Le gouverneur de Schlestadt était M. d'Hocquincourt. 

(5) M. d'Aiguebonne commandait Haguenau. 



58 HISTORIQUE 



Le 21 mai, le cardinal se disposait de nouveau à entrer 
en Alsace, en passant par Epinal et Sainte - Marie -aux- 
Mines, tandis que Weimar devait attirer l'attention de 
Tennemi en marchant sur Saverne, par Blamont et Phals- 
bourg. 

Le 3 juin, de la Valette se met en route avec un convoi 
considérable, escorté d'une cavalerie nombreuse, de 3.000 
fantassins (1) et de quatre régiments suédois sous les 
ordres du comte de Nassau. 

Après avoir emporté Saint-Dié et Sainte-Marie, battu les 
Croates à Molsheim, le cardinal rejette Tennemi sur Sa- 
verne, et, le 10 juin, fait rentrer l'abondance et l'espoir 
dans la ville d'Uaguenau, réduite au dernier degré de mi- 
sère (2). Enfin, le 14 juin, cette vaillante armée se remet en 
marche pour se* rapprocher de Weimar, qui assiège Sa- 
verne (3). 

Un premier assaut avait été tenté, le 21 juin, dans des 
conditions désastreuses. Le sièg« traînait en longueur ; il 
fallait en finir. 

Or, voici que le régiment de Rambures se propose pour 
enlever la place, à condition qu'on mettra deux canons à 
sa disposition et qu'on lui adjoindra 600 hommes pour 
défendre la tranchée. On devine qui se charge de trans- 
mettre cette proposition et d'en diriger l'exécution (4). 

Prise de Saverne (14 juillet 1636). 

D'ailleurs les soldats de Weimar veulent partager cet 
honneur avec ceux de Rambures. Tous escaladent la mu- 



(1) Dont 300 hommes du régiment de Rambures, car les régiments 
n'avaient pas encore eu le temps de se remettre en état. Aussi le cardinal 
n'avait-il pris dans chaque corps qu'un détachement de 300 soldats. 

(2) Le duc d'Angouléme était venu, le 10, au-devant du convoi avec le 
régiment d'Artois. (Voyez Essais sur les Régiments, par M. de Roussel.) 

(3) Saverne était une ville séparée en trois parties, toutes trois ren- 
fermées dans des enceintes. {Journal de Talon, p. 29.) 

(4) Fabert, chef d'état-major. Il y fut blessé de trois coups de feu. 
(Mémoire de Grammont, page 115.) 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 59 

raille, s'avancent pied à pied, brûlent les maisons, établis- 
sent des abris dans les décombres et se rendent maîtres de 
Saverne, après trois jours de lutte corps à corps. 

La capitulation de Saverne (14 juillet) détermina Gallas 
à repasser le Rhin. 

Jusqu'au 13 août, les deux partis restèrent en présence, 
séparés par le grand fleuve. Strasbourg servait à tous deux 
de centre commercial. C'était là que, de part et d'autre, on 
allait acheter toutes les provisions dont on avait besoin. 
« Dans la ville et les hostelleries se trouvaient ensemble des 
gens des deux partis et l'on vivait sans querelles (1). » 



Dévouement de Rambures. — Ordre et probité. 

Mais il fallait de nouveau ravitailler Haguenau avant de 
quitter l'Alsace. Les fertiles campagnes de la plaine of- 
fraient une récolte toute prête à être recueillie. Ce fut une 
nouvelle occasion pour les soldats de Rambures de donner 
un magnifique exemple de patriotisme et de dévouement. 

Au lieu de profiter du repos légitime qui leur était ac- 
cordé, ces braves gens s'offrirent à faire l'office de mois- 
sonneurs. Et voici qu'ils vont en bon ordre et en armes 
s'installer dans un canton.Une partie des hommes est dis* 
posée pour la garde. Les autres coupent, battent, vai^nent 
le blé, le mettent en sac et le chargent sur des voitures 
qui l'amènent le soir au magasin. Là il est mesuré et payé 
aux propriétaires du sol. Suivant ce bel exemple, les 
autres régiments y vont à leur tour et assurent ainsi l'ap- 
provisionnement des' défenseurs de Haguenau et du reste 
de l'armée d'Alsace (2). 

Cependant, au mois de septembre, on apprend que le 
duc Charles s'est emparé de Verdun, que Gallas a passé 
le Rhin à Brisach, pour le rejoindre et que le prince de 
Condé, contraint de lever le siège de Dôle, se retire sur 



(1) Le maréchal Fabert, par E. de Bouteiller, p. 110. 

(2) Histoire de Fahert, p. 110. 



60 HISTORIQUE 



Langres. Il faut à tout prix, sauver la Bourgogne. La mis- 
sion en est confiée à La Valette. Le 22 septembre, le car- 
dinal pénètre dans la plaine de Monsauge on, où Ton avait 
signalé la présence des Impériaux. 

L'armée ennemie s'était en effet portée jusqu'à Chamnite, 
entre Gray et Langres. Gallas dissimulait sa marche en se 
frayant des chemins à travers bois, pour éviter tout enga- 
gement. Mais le cardinal le surveillait d'aussi près que 
possible. 

Le 20 octobre, informé que les Croates étaient établis à 
Céfonds et jugeant cette position assez abordable, La 
Valette résolut de les surprendre. A la faveur d'un épais 
brouillard, il fit avancer ses troupes en trois colonnes con- 
vergentes. Lui-même prit le commandement de l'attaque 
sur Conflans, tandis que le duc de Weimar et le comte de 
Rantzau (1) devaient aborder L'ennemi par deux autres 
directions. Rambures marchait avec le cardinal. Le ré- 
giment était précédé et éclairé par un peloton de 100 
hommes. 

Le succès fut complet. Attaqués de tous côtés à la fois, 
les treize régiments croates ou polonais, qui se trouvaient 
campés en cet endroit, furent culbutés, enfoncés, dispersés 
de toutes parts. Leur camp, livré au pillage, fit tomber en 
nos mains plus d'un millier de chevaux de combat. Malheu- 
reusement, le régiment de Piccolomini, qui avait été fort 
maltraité parla colonne du cardinal, fit avertir Gallas, qui 
réunit desiorces imposantes pour arrêter notre poursuite. 

Malgré son infériorité numérique, de la Valette se prépa- 
rait à tenter la bataille quand il apprit la retraite de son 
adversaire. 

Ce premier succès devait assurer le salut de la Bourgogne. 
Richelieu en garda toujours une grande reconnaissance au 
cardinal de la Valette : « C'est lui, disait-il souvent, qui a 
arrêté Gallas avec une poignée de gens. » 



(l)Rantzau devint maréchal de France. II avait perdu à la guerre 
un bras, une jambe, un œil, une oreille, si bien qu'on disait de lui : « Il 
n'a rien d'entier que le cœur. » 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 61 

Ainsi finit la campagne pour le régiment qui prit ses 
quartiers d'hiver en Lorraine. 



CAMPAGNE EN FLANDRE (1637) 

En 4637, le régiment, sous son nouveau nom d'Isle-de- 
Franee, est appelé à faire partie de l'armée du Nord, qui 
se réunit à Château-Porcien à la fin de mai, sous les ordres 
du cardinal de la Valette (1). 

Après avoir contribué à la prise d'Ivoy et du (]âtelet, 
Isle-de-France est employé au siège de Damvilliers. Nous 
ne saurions mieux faire que de citer textuellement le pas- 
sage de la Gazette de France (2) relatif à ce siège. 

Le régiment de TIslerde-France, cy -devant Rambures, étant en garde 
la nuit du 1" au 2 octobre, les assiégés firent une sortie et pénétrèrent 
dans les travaux. Mais le lieutenant-colonel de Savelli, rassemblant 
son monde, les repoussa bravement. Le capitaine de Sicham y fut blessé 
d'une mousquetade à la tôte. 

C'est à Ivoy et Damvilliers que le régiment prit ses quar- 
tiers d'hiver jusqu'à l'année suivante. 

Vers la fin de décembre, deux déserteurs du régiment 
lorrain de Bronz viennent trouver Je colonel de Vallemont 
du régiment de même nom, et lui disent que ce corps (de 
Bronz), qui était à Moncantin, à 6 lieues de là, se gardait 
mal et serait facilement surpris. Vallemont part dans la 
nuit du 2 au 3 janvier 1638, avec 50 hommes du régiment 
de Rambures et 350 hommes du sien, arrive près de Moncan- 
tin à la pointe du jour, charge les soldats de Rambures de 
garder toutes les issues et, pénétrant dans le bourg avec 
300 hommes déterminés, dirigés par les capitaines de Lartez 



(1) Cette armée comprenait sept régiments français et deux allemands, 
et huit régiments étranger* de cavalerie. Le cardinal était assisté de 
son frère, le duc de Caudale et des maréchaux de camp comte de Guiche, 
vicomte de Turenne, marquis de Rambures. 

(2) Le plus ancien et le premier des journaux français. 



62 HISTORIQUE 



et de la Rivière, il s'en rend maître et force la garnison à 
demander quartier. 

Parmi le butin se trouvait, dit la chronique, une belle demoiselle de 
l'âge de 17 ans, fille d'un ofQcier lorrain ; mais la courtoisie française 
la fit rendre à l'instant à ses parents, voire sans rançon, mais non sans 
faire honte aux ennemis, qui ne rougissaient pas, quand ils le pouvaient, 
d'exiger rançon jusque des enfants (1). 

Année 1638 

Pendant les premiers mois de Tannée 1638, le régiment 
prend part à différentes opérations en Lorraine (2). 

Il retourne ensuite en Picardie et se signale particulière- 
ment au siège du Câtelet. Cette place, investie le 24 août 
1638, fut prise d'assaut le 14 septembre parles troupes fran- 
çaises. Le comte du Hallier (3), qui avait dirigé le siège et 
conduit les colonnes d'attaque, ne put empêcher le massa- 
cre d'une partie de la garnison qui ne se composait que 
d'environ 600 hommes. On fit cependant quartier au gou- 
verneur qui demeura prisonnier de guerre (4). 

Année 1639 

Le 1«' mai 1639, Rambures quittait le Câtelet, où il avait 
passé l'hiver, pour retourner en Lorraine. Il se trouvait, le 
26 mai, à l'investissement de Thionville avec la mission de 
garder le parc d'artillerie. Le 7 juin, les Impériaux for- 
cèrent les postes occupés par Navarre. Ils allaient pour- 
suivre leur succès lorsque le marquis de Feuquières, informé 
du danger, accourt au parc, rassemble à la hâte Picardie, 
Rambures et Grancey et les établit en bataille derrière un 



(1) V. Histoire de l'ancienne infanterie française, par Susane, article 
« Isle-de-France », t. V. 

(2) Histoire de Vancienne infanterie française, par Susane. 

(3) Le comte du Hallier, connu plus tard sous le nom de maréchal 
de L'Hôpital. 

(4) Histoire de Vancienne infanterie française, par Susane. 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 63 

ruisseau. Il était temps ; déjà deux bataillons ennemis s'élan- 
çaient à Ta ttaque de cet important quartier. Mais nos braves 
soldats les reçurent par un feu si nourri qu'ils durent se 
retirer en désordre (1). 

Deux autres bataillons, arrivant au secours des premiers, 
furent encore plus mal reçus. 

Bataille soui ThionTille (7 juin 1639). 

C'est alors que toute Tarmée ennemie, conduite par Pic- 
colomini en personne, tenta une troisième attaque. Nos 
trois vaillants régiments, obligés de supporter à eux seuls 
tout relïort de cette charge formidable, se montrèrent di- 
gnes de leur glorieuse réputation. Cependant, après avoir 
prolongé pendant plus d'une heure et au prix des plus 
durs sacrifices une résistance à toute épreuve, ces troupes 
héroïques, abandonnées par la cavalerie, sachant leur gé- 
néral prisonnier (2), comprenant alors que leur dévoue- 
ment ne pouvait plus rien sauver, se décidèrent enfm à 
se retirer sous le canon de Metz, pour échapper à l'ennemi 
et tâcher de réparer leurs pertes (3). 

Lorsque, plus tard, Rambures eut reconstitué ses cadres, 
il passa sous les ordres du maréchal duc de Châtillon, qui 
lui procura une revanche en forçant Piccolomini à lever le 
siège de Mouson. 

ANNÉE 1640 

La guerre durait depuis cinq ans sans donner de résultats 
bien appréciables; Richelieu voulut porter un coup décisif 
aux troupes impériales opérant dans le Nord. 

Les maréchaux de la Meilleraye et de Châtillon, après 



(1) Essais sur les régiments, par M. de Roussel. 

(2) Le marquis de Feuqulères, blessé de deux coups de feu, fut fait 
prisonnier et interné à Thionville, où il mourut le 13 mars 1640. 

* (3) V. Essais sur les régiments, ^at M. do Roussel, et Histoire de 
l'ancienne infanterie française, par Susano. 



64 HISTORIQUE 



avoir dérouté les Espagnols par quelques mouvements fic- 
tifs, concentrèrent rapidement leurs forces devant. Arras, 
avant que Tennemi ait eu le temps de renforcer la garni- 
son. 

La place fût investie, le 13 juin 1640, par 23.000 hommes 
et 9.000 cavaliers. Le régiment de Rambures figurait dans 
Tarmée du maréchal de la Meilleraye (1). 

Le 9 juin, le cardinal Infant, réunissant ses troupes à 
celles de Lamboy et du duc de Lorraine, s'établissait avec 
cette armée de 32.000 hommes, à 2 lieues d'Arras sur le 
mont Saint-Eloi. N'osant attaquer les lignes françaises, il 
résolut d'afïamer Tarmée de siège en interceptant tous les 
convois. 

Le 23 juillet, pendant que les Espagnols tentaient une 
furieuse attaque contre le maréchal de Châtillon, la Meille- 
raye protégeait l'entrée d'un important convoi conduit et 
escorté par les maréchaux du Hallier et de la Ferté, puis, il 
se portait au secours de Châtillon et mettait les troupes espa- 
gnoles en pleine déroute. 

Le régiment de Rambures concourut à ce brillant fait 
d'armes ; il se distingua encore d'une façon toute particu- 
lière à la reprise du fort Rantzau, dont les Espagnols avaient 
réussi à s'emparer. Mais ce fut surtout lé 27 juillet qu'il se 
couvrit de gloire en s'emparant de la demi-lune, dont la 
possession devait singulièrement hâter l'heureuse issue du 
siège. 

Prise d' Arras (9 août 1640). 

Sept jours après, une mine ouvrait une large brèche dans 
le corps de place et les assiégés demandaient à capituler. 
Le 9 août, en effet, la garnison sortait avec les honneurs de 
la guerre. La conquête de cet important boulevard espa- 
gnol faisait le plus grand honneur à nos armes. 



^1) Le régiment était établi derrière la Scarpe, entre Douai, Sailly et 
Vitry. (V. Essais sur les régiments par M. de Roussel.) 



DU 15<^ RÉGIMENT D*1NFANTERIE 65 

On sait que cette place était réputée imprenable, si bien 
que ses défenseurs avaient écrit sur une des portes : 

Quand les Français prendront Arras, 
Les souris prendront les chats. 

En entrant dans la ville, les vainqueurs n'eurent qu'à 
eQacer un P pour transformer ainsi Tancienne inscrip* 
tion : 

Quand les Français rendront Arras, 
Les souris prendront les chats (1). 



Année 1641. 

Les grands succès de Tarmée royale n'avaient pas inter- 
rompu les opérations en Artois. Il paraissait de toute né- 
cessité d'entreprendre le siège d'Aire. 



Siège d'Aire (1641). 

En conséquence, les places avoisinantes reçurent des 
approvisionnements considérables, pour que l'armée du 
maréchal de La Meilleraye trouvât à sa portée tout ce qui 
lui serait nécessaire. 

Et, sur l'ordre de Richelieu, son favori vint investir la 
place. 

Dans ce siège meurtrier, Rambures sut se faire remar- 
quer à côté de fameux régiments, tels que les Gardes-Fran- 
çaises, les Gardes-Suisses, Picardie, Navarre et Champagne, 

C'est lui qui parvint à pousser les travaux jusqu'au fossé 
de la demi-lune, ce que les autres corps avaient inutile- 
ment tenté. 



(1) Histoire militaire des Français, 

Hit. 15'. 



66 HISTORIQUE 



Prise d'Aire (1641). 

L'énergie des défenseurs dut enfin céder devant la cons- 
tance et la résolution de nos troupes et, le 26 juillet, après 
quarante-neuf jours de tranchée ouverte, la ville consentit 
à une capitulation honorable. Mais, à peine la place s'était- 
elle rendue, que le cardinal Infant, renforcé des troupes 
de Lamboy et du duc de Lorraine, reprenait une vigoureuse 
offensive. 

De la Meilleraye fut contraint à la retraite et les Espa- 
gnols entreprirent à leur tour le siège de la ville à demi 
ruinée. 

Prise de la Bassée et de Bapaume (1641). 

Après cette désastreuse affaire, le régiment fut employé 
au siège de la Bassée et acheva la campagne par la prise 
de Bapaume. Ces rapides conquêtes étaient bien faites pour 
consoler de la Meilleraye de son précédent échec. Pourtant, 
tous ces succès ne purent empêcher Aire, vaincue par la 
famine, de retomber aux mains des Espagnols, 

Année 1642 

L'année suivante, nous retrouvons Rambures à l'armée 
du maréchal de Gramont. 

Bataille de Honnecourt (26 mai 1642). 

• Le 26 mai 1642, le régiment fait des prodiges de valeur à 
la malheureuse bataille de Honnecourt, qui coûta la vie à 
son brave mestre de camp (1), glorieusement atteint au 
milieu de ses compagnies décimées, après avoir fait tout 
ce qu'il était humainement possible de tenter. 



(1) François de Rambures, fils du brave Charles de Rambures et de 
sa deuxième femme, Renée de Boulainvilliers, dame de Courtenay. 



DU i5^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 67 



Année 1643 

L'an 1643 marque une des plus grandes phases de notre 
histoire nationale. 

L'année précédente, la France avait appris presque coup 
sur coup et la mort de la reine-mère et celle du cardinal 
de Richelieu (1), le plus grand ministre qui eut existé jus- 
l^u'alors. Le 14 mai 1643, le roi Louis XIII disparaissait à 
son tour de la scène du monde, après trente-trois ans d'un 
règne laborieux, mais fécond en résultats. 

Placé entre deux de nos rois les plus illustres, il eut la 
gloire d'exécuter les grands desseins de son père et de pré- 
parer les merveilles du règne triomphant de son fils. 

Ce fils, qui devait être Louis le Grand, montait sur le 
trône à l'âge de 5 ans^ sous le nom de Louis XIV. 

En voyant le sceptre de France dans des mains si débiles, 
les Espagnols crurent trouver en cette minorité l'occasion 
inespérée d'avoir une seconde fois l'honneur de pénétrer 
jusqu'aux portes de Paris. 

Mais ils avaient compté sans le génie d'un Gondé, sans 
la science impeccable d'un Turenne. 

Quoi qu'il en soit, 26.000 Impériaux franchirent les fron- 
tières du Hainaut, sous la conduite d'un de leurs plus vail- 
lants capitaines, Don Francisco de Melo (2). Son premier 
soin fut d'assiéger Rocroy, pour s'engager ensuite dans les 
vallées de l'Oise et de l'Aisne. 

Or, voici qu'apparaît tout à coup ce génie guerrier dont 
la gloire éclatante va étonner l'Europe pendant près d'un 
demi-siècle. G'est un jeune homme, Louis de Bourbon, duc 
d'Enghien, que la postérité connaîtra sous le nom de Grand 
Condé. Ce prince de 21 ans, avec une armée inférieure en 
nombre, aura l'étemel honneur d'avoir vaincu ces vieilles 



(1) 3 décembre 1642. 

(2) Don Francisco de Melo de Braganza, descendant d'Alphonse P', 
duc de Bragance (1442). 



68 HISTORIQUE 



bandes d'infanterie espagnole dont la réputation inquiétait 
les plus braves. 

A vrai dire, Melo, un peu grisé par les succès de la der- 
nière campagne, se fiait trop à Témotion causée en France 
par la mort de Louis XI [I. 

Aussi fut -il très surpris en apprenant, dans la nuit du 16 
au 17 mai, qu'on venait d'entendre des coups de feu aux 
avant-postes (1). C'est qu'en effet, quelques cavaliers de 
Gassion s'étaient jetés à l'improviste sur un poste espagnol 
qui n'avait pu parvenir à les arrêter. L'armée français 
était donc moins loin qu'on le croyait. 

A cette nouvelle inattendue, don Francisco de Melo expé- 
diait ses courriers à Beck, pour lui prescrire d'arriver 
en toute hâte avec l'armée du Luxembourg. 

Pendant ce temps, d'Anguien (2), en dépit des avis du 
prudent de l'Hôpital, se décidait à prendre une énergique 
offensive (3). 

Malgré les conseils de son père, qui lui adressait lettre 
sur lettre pour l'inviter à se rapprociier de Paris, le jeune 
prince ne voulut point quitter le beau commandement dont 
il était investi ; ce fut même peut-être une des raisons qui 
précipitèrent son action. 

En tous cas, le 17 mai, l'armée française quittait les envi- 
rons de Vervins, remontait la riante vallée du Thon, et 
s'arrêtait, vers midi, entre Aubenton, Bossu et Rumigny. 

D'Anguien réunit aussitôt son conseil (4). Justement 



(1) Nos cavaliers parvinrent même jusqu'au glacis de la place. 
C'étaient les fusiliers à cheval (anciens dragons de Richelieu). Ils purent 
Jeter 120 hommes dans la place et se replièrent ensuite pour aller au- 
devant de l'armée française. 

(2) C'était l'orthographe de l'époque. 

(3) Pour exposer cette célèbre bataille, nous n'avons pas cru pouvoir 
mieux faire que de résumer d'une façon succincte le magnifique récit 
qu'en fait le duc d'Aumale dans son Histoire deê Princes de Condé. 

(4) Là se trouvaient le lieutenant-général de l'Hôpital (comte du 
Hallier), commandant en second; les maréchaux de camp d'Espenan et 
de La Ferté; les mestres de camp baron de Sirot (delà cavalerie), mar* 
quis de Persan (pour l'infanterie), M. de La Barre (pour l'a rtilleriej. 



Dt: 15^ RÉGIMENT d'infanterie 69 

Gassion (1) vient d'arriver. Il descend de cheval et rend 
compte de sa minutieuse reconnaissance. « L'ennemi, dit- 
il, est établi près de Rocroy qu'il assiège, mais il n'est 
pas retranché; d'ailleurs il se^garde mal, j'ai réussi à péné- 
trer jusqu'aux glacis de la place, où j'ai pu jeter le capi- 
taine de Saint-Martin avec 120 cavaliers (2). » 

Le prince en sait assez. Sa résolution est prise; on se 
portera directement et le plus vite possible sur le camp des 
Impériaux. 

Bataille de Rocroy (18 ot 19 mai 1643). 

Le lendemain 18, l'armée, laissant ses bagages à Au- 
benton, s'avance vers la plaine de Rocroy. Elle est éclairée 
par la cavalerie croate et par les compagnies d'enfants 
perdus qui fouillent les hauteurs boisées. 

Au débouché de ce dangereux défilé, les cuirassiers de 
Gassion rencontrent et culbutent des postes espagnols et 
s'établissent à la lisière des bois qui dominent le théâtre 
éventuel de la lutte. Au même moment, les fusiliers à 
cheval qui couvrent notre gauche apparaissent au-dessus 
d'un petit étang, aujourd'hui desséché, mais alors envi- 
ronné de nombreux marécages. 

Pendant que l'avant-garde se déploie entre ces deux po- 
sitions, le duc d'Anguien vient faire sa reconnaissance. Il 
peut apercevoir distinctement, en face de lui, un groupe 
d'officiers ennemis qui semblent vivement discuter. C'est 
don Francisco de Melo qui cherche à se rendre compte de 
la gravité du danger dont il est menacé. Car l'émoi est 



(1) De Gassix)n, ûls du président de Pau et frère de rintendant du 
Béarn, était huguenot quoique ayant fait ses études chez des religieux. 
Né en 1609, il alla servir sous les ordres du roi de Suède, champion du 
protestantisme en Europe; il s*y acquit une glorieuse réputation. Et 
c'est comme Weimarien qu'il fut présenté à f^ouis XIII par le duc Ber- 
nard. Il devint mestre de camp général de la cavalerie légère, en rem- 
placement de René de Choiseul-Praslin. 

(2) Ces détails sont empruntés à VHistoire des princes de Condé, 
par le duc d'Aumale, 



70 HISTORIQUE 



grand au camp des Espagnols. Des troupes moins aguer- 
ries eussent été prises de panique. 

Vers midi, à Theure de la sieste, tous ces vieux braves 
avaient appris llmminence dji péril. Us s'étaient jetés sur 
leurs armes. Et déjà Ton pouvait contempler Taspect impo- 
sant de ces bataillons maséés(l), présentant un front d'envi- 
ron 800 mètres et postés sur une large crête qui conduit 
de plain-pied jusqu'aux murs de Rocroy (2). On entend 
même quelques coups de feu, dans la direction des deux 
ailes. 

Mais le prince, assisté de Gassion et de l'Hôpital, a rapi- 
dement donné ses ordres. A mesure que les régiments 
débouchent dans la plaine, .ils vont occuper l'emplacement 
qui leur est indiqué. Enfin, vers 6 heures du soir, toute 
l'armée française est établie presque parallèlement à la 
ligne ennemie, occupant une étendue d'environ 2.500 mè- 
tres, dont 1.000 pour « la bataille », c'est-à-dire pour l'infan- 
terie. La cavalerie est disposée aux deux ailes. A droite, 
elle est aux ordres de Gassion ; à gauche, elle est commandée 
par La Ferté-Senectère. 

Le centre obéit au maréchal de camp d'Espenan et com- 
prend quatorze régiments d'infanterie formés sur deux 
lignes, en échiquier. Rambures est, comme tous les vieux 
corps, à sa place d'honneur, c'est à-dire au premier rang. 
Enfin, d'Anguien a confié la réserve (quatre régiments de 
cavalerie, trois d'infanterie) au baron de Sirot. Nous ver- 
rons tout à l'heure de quelle façon brillante le brave mestre 
de camp s'acquittera de sa mission (3). 



(1) L'armée espagnole est établie, le dos à Rocroy, de la façon suivante : 
au centre, les Tercios Viejos, en cinq gros bataillons ; derrière eux, 
l'infanterie wallonne (cinq tercios) ; enfin, en troisième ligne, l'infanterie 
allemande (cinq tercios). 

Les 105 cornettes de cavalerie de Melo sont aux deux ailes. 
(V. le tableau ci-joint donnant le détail de l'ordre de bataille.) 

(2) Tous ces renseignements sont tirés des pages magistrales consa- 
crées au récit de cette bataille dans l'Histoire des princes de Condé 
par le duc d' Au maie. 

(3) Consultez l'ordre de bataille dont nous donnons la figure ci-après. 



DU l.'i' RÉGIMENT D'lNPA^TERIE 



In^^riaux 







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= a-s 



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1 
t 

BATAILLE DE BOCROT (1643) 

Ordre de bataille d'aprtt l'Bigtotre des prince» de Condé parole duc d 



72 HISTORIQUE 



Les deux armées, ainsi déployées à environ 900 mètres 
l'une de l'autre, n'étaient séparées que par un étroit val- 
lon, couvert de landes à son origine et devenu maréca- 
geux devant le front de notre aile gauche. 

On en était encore à s'observer, lorsqu'un incident par- 
ticulier faillit entraîner la bataille. 

Voici ce qui s'était passé : 

La Ferté, impatient de se signaler par une action d'éclat, 
avait envoyé quelque troupe au delà des marais et déjà, 
contournant l'étang, il cherchait à surprendre l'aile droite 
ennemie lorsque, tout à coup, l'on entendit résonner la 
charge. L'armée espagnole tout entière se portait en avant. 
Le coup était manqué ; mais la témérité de La Ferté eût pu 
coûter cher, si ce mouvement offensif se fût poursuivi. Il 
n'en fut heureusement rien (1). Quoi qu'il en soit, notre 
aile gauche, embarrassée dans sa retraite par les diffi- 
cultés du terrain, était revenue fort maltraitée. 

Le duc d'Anguien, très contrarié de cette fausse ma- 
nœuvre, et jugeant qu'il est trop tard pour rien entre- 
prendre, veut ranimer la confiance de ses troupes. Il 
passe à cheval devant les rangs, pour communiquer lui- 
même ses ordres aux officiers. 

« Tous les officiers d'infanterie sont dans le rang. Les 
mestres de camp et sergents-majors restent seuls en de- 
hors (2), sur le Âanc de leur régiment, à pied et la pigue 
à la main. )) 

Partout le prince est salué par les acclamations des sol- 
dats enthousiasmés de voir autant de résolution unie à 
tant de jeunesse. On se bouscule pour le voir, pour en- 
tendre ses paroles. Tous les regards brillent de cette allé- 
gresse qui présage la victoire. 

Après avoir longtemps conféré avec l'imprudent La 
Ferté, encore tout ému de son échec, d'Anguien se porte 
devant le front de l'infanterie. Il s'arrête un instant au- 



(1) Don Francisco de Melo n'avait voulu gagner qu'une centaine de 
mètres. 

(2j Voir le récit du duc d'Aumale dans ïHistoire des princes de Condé, 



DU 15» RÉGIMENT D'iNFANTERIE 73 

près du sombre drapeau de Piémont, dont il connaît les 
glorieux souvenirs; puis, en passant, il salue Rambures, 
le premier des Petits-Vieux, dont le nom, déjà célèbre, 
rappelle la bravoure. Après Rambures, le prince s'adresse 
à Biscarras (1), jette quelques paroles flatteuses au régi- 
ment suisse de Molondin, s'entretient une minute avec le 
marquis de Persan (2), se fait ensuite présenter « la Ma- 
rine », tout fier de Thonneur qui vient de lui être fait de 
compter parmi les vieux corps (3) et parvient enfin au bi- 
vouac de Picardie, le doyen des régiments d'infanterie. 
Mais déjà les ombres de la nuit commencent à s'étendre 
sur la vaste arène où vont se mesurer demain les plus 
rudes champions de l'Europe. 

D'Anguien a marqué sa place entre les cavaliers de Gas- 
sion et les soldats de Picardie (4). C'est là qu'il va se 
reposer. On dit, qu'à l'exemple d'Alexandre, il s'endormit 
profondément. Pourtant, son sommeil ne devait guère se 
prolonger. 

Au milieu de la nuit, un cavalier (3) vint annoncer 
qu'un millier de mousquetaires ennemis, embusqués dans 
les bois, attendaient, couchés sur le ventre, l'apparition 
de nos tètes de colonnes, pour les fusiller à bout portant. 

Il fallait à tout prix conjurer ce danger. Le duc monte à 
cheval, fait réveiller sans bruit les enfants perdus de Pi- 
cardie et les charge de cette mission de confiance. 

Pendant ce temps, Gassion se porte en avant avec toute 
sa première ligne. 

Le 19 mai 1643, à 3 heures du matin, avant les pre- 
mières lueurs du jour, les mousquetaires espagnols sont 



(1) En 1643, le régiment de Biscarras était commandé par Louis-Claude 
du Bouzet, marquis de Roquépine, dont un descendant sera, en 1891, 
lieutenant-colonel du 15' de ligne. 

(2) Commandant le régiment de ce nom. 

(3) Ce régiment, ancien Cardinal-Duc, avait pris, par brevet du 13 
février 1643, le rang de sixième des Vieux Corps. 

(4) Picardie occupait la droite de la ligne d'infanterie. 

(5) Ce cavalier avait déserté, mais, pris de remords, il venait implo- 
rer son pardon et racheter sa faute en donnant ces utiles renseigne- 
ments. 



74 HISTORIQUE 



surpris, débusqués et poursuivis par nos intrépides ca- 
valiers. 

La bataille était engagée. En vain le duc d'Albuquerque 
veut-il arrêter nos escadrons. Pris de flanc et tourné par 
le duc d'Anguien, conduisant en personne la seconde ligne 
de notre aile droite (cavalerie), il en est réduit à se replier 
derrière l'infanterie wallonne. Au lever du jour, les deux 
armées étaient aux prises. 

Cependant, à l'autre extrémité du champ de bataille, 
La Ferté avait failli, encore une fois, tout compromettre. 

Croyant la droite espagnole dégarnie, l'idée lui vint de 
recommencer son attaque malheureuse de la veille; mais, 
pendant qu'il contourne l'étang, voici qu'Isembourg dé- 
chaîne contre notre aile gauche tous ses escadrons. 

La Ferté, atteint de trois blessures, tombe aux mains 
de l'ennemi, qui bouscule notre cavalerie, la sépare de 
l'infanterie et se rue sur l'artillerie, dont il s'empare. C'est 
un désordre inexprimable. Voyant nos mousquetaires cul- 
butés dans les marécages, de l'Hôpital s'élance à leur se- 
cours. Bientôt il est lui-même blessé. On est obligé de l'em- 
porter pendant que ses bataillons, pris de panique, com- 
mencent à se débander. 

Heureusement, Piémont et Rambures résistent héroïque- 
ment ; pourtant, à la fin, écrasés par le feu de trente pièces 
d'artillerie, ces vaillants régiments sont obligés, eux 
aussi, de céder le terrain. En tout cas, s'ils reculent, au 
moins n'est-ce pas sans donner l'exemple de la plus admi- 
rable énergie. H est 6 heures du matin; la journée semble 
perdue. Déjà l'infanterie espagnole prononce son attaque 
décisive, la droite en avant, refoulant devant elle nos 
colonnes rompues et démoralisées. Ce mouvement de 
retraite va peut-être se changer en une affreuse déroute 
lorsque Sirot, qui commande la réserve, court au-devant 
des fuyards. 

« Que faites vous, leur crie-t-il, arrêtez! Sirot et ses 
compagnons n'ont pas encore donné. Sus à l'ennemi. C'est 
moi qui vous conduirai (1). » 



(1). V. Histoire des Princes de Condé par le duc d'Aumale. 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 75 

Et, tandis que Ténergique et intelligente intervention 
de ce brave mestre de camp rétablit le combat sur notre 
ligne de bataille, voici qu'apparaît, tout à coup, derrière 
Tennemi, le panache du duc d'Anguien. 

Aussitôt l'espoir renaît dans tous les cœurs. C'est que le 
prince a vu de loin le désordre de notre gauche. Pre- 
nant alors une résolution digne de son audace, il a laissé 
à Gassion le soin d'achever son premier succès; puis, 
après être passé comme un ouragan sur le dos des batail- 
lons allemands et wallons, il vient de charger les esca- 
drons de Melo qu'il a rompus, culbutés, dispersés, au 
moment même où Sirot (1), reprenant avec huit bataillons 
une vigoureuse offensive, arrachait à l'ennemi les douze 
pièces de canon que nous avions perdues. 

L'enthousiasme n'a plus de bornes. On entend déjà dire: 
« La victoire est à nous. » 

Néanmoins, la défaite des Impériaux n'est pas complète. 
Il reste encore à vaincre cette redoutable infanterie espa- 
gnole, que commande le vieux comte de Fontaine (ou de 
Fuentès) (2), et qui demeure inébranlable au milieu de la 
déroute générale. 

« Les Tercios Viejos sont toujours debout, massés en un 
seul et long rectangle. Ils ne peuvent plus manœuvrer, 
mais ils sauront mourir (3). » 

C'est contre ces murailles humaines qu'il faut mainte- 
nant donner l'assaut. 

Piémont, Rambures, tous nos plus vaillants régiments 
s'apprêtent à ce suprême effort. 



(1) Claude de Létouf, baron de Sirot, né en 1606 en Bourgogne, mes- 
tre de camp de cavalerie chargé du commandement de la réserve. 

(2) Ck)mte de Fontaine ou de Fuentès (Paul-Bernard), gentillâtre lor- 
rain, fils d'un maître d'hôtel du duc de Lorraine. Enrôlé très jeune, il 
mérite en 1626 le titre de comte que lui confère l'empereur Ferdi- 
nand II, et devient seigneur de FougeroUes en Franche-Comté. Il 
épousa Anne de Raigecourt. A Rocroy, il avait cinquante ans de ser- 
vice et le grade de maréchal de camp général. Il n'avait rien de com- 
mun avec Pedro Enriquez de Acevedo, comte de Fuentès, vainqueur à 
Doullens en 1595. 

(3) Voir l'Histoire des princes de Con^dë, par le duc d' Au maie. 



76 HISTORIQUE 



D'ailleurs, d'Anguien marche à leur tête, dans l'auréole 
de la victoire. 

En face de nous, l'on aperçoit une première ligne de 
mousquetaires, l'arme au bras; derrière eux, une forêt 
de piques. Enfin, au centre, il est facile de reconnaître le 
comte de Fontaine, porté sur une litière, immobile et la 
canne abaissée. 

Déjà nos bataillons parviennent à portée de fusil lorsque, 
soudain, Fontaine lève sa canne. « Aussitôt dix-huit bou- 
ches à feu sont démasquées, les mousquets s'abaissent et 
une grêle de balles et de mitraille balaye le glacis sur le- 
quel s'avance la ligne française, qui flotte et recule (1). » 

La terre est jonchée de cadavres, le duc est blessé. 

Deux fois encore , il ramène nos braves régiments à la 
charge. Deux fois, nos attaques sont repoussées. 

Cependant, le feu des Espagnols se ralentit. « On ne voit 
plus Fontaine. Il est là, gisant à terre, le corps criblé de 
balles (2). » 

 ce moment, des bataillon sennemis semblent demander 
merci. D'Anguien s'avance vers eux ; mais il est accueilli 
par une effroyable décharge de mousqueterie. Méprise ou 
trahison! Toujours est-il que nos soldats, ivres de ven- 
geance, se précipitent tête baissée sur les débris des hé- 
roïques tercios. C'est une épouvantable mêlée, un combat 
CQrps à corps et désespéré. Le duc se bat comme un soldat 
et désarme de sa main le mestre de camp Castelvi. 

Enfin, les Espagnols, abordés de trois côtés à la fois, à 
bout de forces et de munitions, sont décidément enfoncés, 
écrasés, massacrés. 

Il est 10 heures du matin. La victoire est complète. Beck 
n'a pu arriver à temps pour sauver l'armée de Melo, jusque- 
là invincible. 

« Le prince triomphant honora sa victoire en mettant 
autant de soin à épargner les ennemis qu'il en avait mis 
pour les vaincre (3). » 



(1 et 2) Voir dans ï Histoire des princes de Condé, par le duc d'Au- 
male, le magnifique récit de la bataille de Rocroy. 
(3j Voltaire, Siècle de Louis XIV. 



DU IH^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 77 

^^^^ii ^— — »— ^— ^^-. — ^■— ^— ^— — ^^^— ^^^— ^^»^^^^^^ 

Toute l'Europe retentit du bruit de cet éclatant succès, 
dont les Pays-Bas parurent être le prix. En France, ce fut 
un long cri d'allégresse, un immense concert de louanges 
à radresse de M. le Prince. « Partout -on célébra Rocroy 
délivré, les menaces d'un redoutable ennemi tournées à sa 
honte, et un règne, qui devait être si beau, commencé par 
un si heureux présage (1) )). 

Cette journée coûtait cher aux Espagnols : 8.000 morts, 
6.000 prisonniers. 24 pièces de canons, 30 drapeaux ou 
étendards, tous les bagages, un butin prodigieux, tels fu- 
rent les trophées de la victoire. 

Parmi leurs morts on pouvait compter presque tous les 
officiers d'infanterie (2) et ce glorieux comte de Fuentès, 
qu'on trouva percé de coups auprès de son brancard brisé. 

« Ahl s'écria le duc d'Enghien, en considérant le corps 
de ce grand homme, si je n'avais vaincu, je voudrais être 
mort comme lui (3). » 

Dans le camp des Français, il était, hélas, une ombre à 
la joie; car un triomphe aussi complet ne s'était obtenu 
qu'au prix de sacrifices considérables. Nous laissions sur 
le champ de bataille 2.000 hommes hors de combat. 

Le régiment (de Rambures), qui s'était si vaillamment 
comporté sous la conduite de son jeune colonel, René de 
Rambures (4), avait à déplorer la perte d'un grand nombre 
de soldats et de beaucoup d'officiers distingués, tels que les 
capitaines du Mesnil de Froyelle, de Villiers, de Bergues, 
DE Merle (5). - 



(1) Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé. 

(2) Entre autres, les mestres do camp de Velandia (commandant l'hé- 
roïque Tcrcio Viejo de ce nom), de Villalva, Visconti et Giovanni DelU 
Ponti. Don Francisco de Melo s'était réfugié dans un régiment italien et 
avait miraculeusement échappé à la mort. 

(3) Voltaire, Siècle de Louis XIV. 

(4) René de Rambures, qui devint maréchal de camp «le 16 septem-» 
bre 1651. 

(5) Le duc d'Enghien écrit à son père, le 22 mai 1643 : « M. de Merle, 
capitaine dans Rambures, a été tué à Rocroy. Il a au régiment un frère 
qui s'appelle Lair et que j'apprécie fort. Je vous supplie de lui faire 
donner la compagnie de son aîné. » 



78 HISTORIQUE 



Le capitaine de Saint-Aignan s'était signalé par dessus 
les plus braves. 

Prise de Thionville (22 août 1643). 

Mais la campagne n'était pas terminée. Le duc d'En- 
ghien, profitant de son avantage, résolut d'assiéger Thion- 
ville. 

Le 15 juin, la place était investie par une armée de 18 à 
20.000 hommes, établie sur les deux rives de la Moselle. 
Les communications furent assurées par la construction 
de deux ponts de bateaux, l'un en amont, l'autre en aval 
de la ville. Sous l'habile direction du prince, les travaux 
furent poussés avec la plus grande activité. Toutefois, la 
garnison se défendit avec la dernière énergie. Chaque jour, 
les Espagnols tentaient de nouvelles sorties, plus vigou- 
reuses les unes que les autres, si bien que le terrain com- 
pris entre les remparts et le camp devint une arène sans 
cesse arrosée de sang. Le régiment de Rambures s'y fit 
maintes fois remarquer par son audace et son infatigable 
ardeur dans la poursuite des travaux d'approche (1). 

Cependant, malgré tous les efforts des assiégés pour re- 
tarder les progrès de l'investissement, la garnison, réduite 
à la dernière extrémité, dut s'en remettre à la clémence du 
vainqueur. Le duc d'Enghien offrit aux braves défenseurs 
de Thionville une capitulation honorable, -et, le 22 août, 
après un siège de deux mois, les 1.200 Espagnols qui res- 
taient dans la place, presque tous malades ou blessés, sor- 
tirent de la ville qui n'était plus qu'un monceau de ruines. 



(1) Dans la nuit du 19 au 20 juin, Rambures; étant de tranchée avec 
La Couronne, ne se contente pas du logement qu'il avait fait, en établit 
un autre sur le chemin couvert, malgré le feu des ennemis, perce même 
la contrescarpe, perfectionne deux descentes dans le fossé, de sorte qu'on 
pouvait attacher le mineur la nuit suivante. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 79 



Prise de Sierk (2 septembre 1643). 

Ënfîn, pour être maître de la Moselle, il semblait indis- 
pensable de s'emparer de Sierk. Rambures s'acquit une 
nouvelle gloire en contribuant à la prise de, cette vieille for- 
teresse lorraine, qui se rendit le 2 septembre. 



Année 1644 

En 1644, le régiment figure au siège de Gravelines, sous 
Jes ordres du duc d'Orléans, assisté des maréchaux de 
Gassion et de la Meilleraye, Une armée espagnole, com- 
mandée par Melo (1), attendait à Bergues les renforts du 
comte dîsembourg, de Bucquoi, de Beck, du duc de Lor- 
raine et de Piccolomini. 

(( C'est une armée de capitaines que nous aurons à com- 
battre, dit un officier. 

— Ehl bien, répondit Gassion, nos soldats battront ces 
capitaines (2). » 

La valeur française ne fit pas mentir le maréchal. Après 
quarante-huit jours de siège et quatre assauts, la place fut 
obligée de céder à nos armes. 

C'est alors que le régiment de Navarre (3) faillit en venir 
aux mains avec le régiment des Gardes (4), auquel il dis- 
putait le droit exclusif d'entrer le premier dans les places 
conquises. 

Il fallut la 'ferme intervention du marquis de Lam- 
bert (5) pour empêcher l'effusion du sang et mettre un 
terme à ce déplorable conflit. 

Rambures perdit, à ce siège, deux braves officiers, le 
capitaine de Rouret et le lieutenant Guisbert de Bréda. 



(1) Providentiellement échappé au désastre de Rocroy. 

(2) Histoire militaire des Français. 

(3) Colonel : maréchal de Gassion. 

(4) Colonel : maréchal de la Meilleraye. 

(5) Le lieutenant général marquis de Lambert. 



80 HISTORIQUE 



Année 1645 

Après la prise de Gravelines, le régiment s'était retiré 
dans le Bourbonnais. Il quitte, au printemps, ses quar- 
tiers d'hiver pour rejoindre, avec Piémont (1), l'armée de 
Gassion. 



Belle oonduite du régiment au passage de la Colme 

(19 juin 1645). 

Le 19 juin, Rambures se*trouve arrêté par une crue 
subite de la Colme, dont tous les passages sont gardés par 
l'armée espagnole. Mais nos braves soldats n'hésitent pas 
longtemps. Ils se jettent résolument à la nage, chargent 
furieusement l'ennemi et soutiennent un combat opiniâtre 
qui leur permet d'attendre le passage des autres troupes 
et l'arrivée du maréchal sur le champ de bataille pour y 
décider la victoire. Après ce brillant fait d'armes, le régi- 
ment de Rambures regagne les Flandres. Il devait y faire 
une nouvelle et ample moisson de lauriers. 

Nous le trouvons toujours aux places d'honneur : à la 
*prise de Mardyck (2), défendu dix-sept jours par le général 
Lamboi et le marquis de Caracène, puis aux sièges de 
Gassel, Béthune, Saint-Vincent et Menin. On lui confia 
même la garde de cette dernière ville, qui paraissait plus 
exposée que les autres (3). 



(i) Ces troupes étaient commandées par le marquis de Villequier, 
connu depuis sous le nom de maréchal d'Aumont. 

(2) La place se rend le 11 juillet. 

(3) Rambures gardait la ville avec un régiment suisse. Cette petite 
brigade tint l'ennemi en respect pendant tout le reste de la campagne. 
{V. Essais sur les régiments, par M. de Roussel.) 



DU 15° RÉGIMENT D'iNFANTERIE 81 



Année 1646 

C'était une noble mais lourde tâche que de détruire la 
domination espagnole dans les provinces du Nord. Nous 
avions à lutter contre des adversaires dignes de nous. 
Vingt fois il fallut reprendre les mêmes villes, défendre 
ou attaquer les mêmes positions, disputées tour à tour par 
chacun des partis. 



Prise de Cambrai (1646). 

Le 13 juin 1646, c'est devant Cambrai que nous voyons 
Rambures. La plus grande partie des troupes de siège 
n'est pas encore arrivée. L'ennemi, qui connaît nos forces, 
tente de jeter dans la place un renfort de 3.000 mousque- 
taires et trois régiments de cavalerie. Heureusement, son 
entreprise est conjurée par les habiles dispositions et la 
ferme attitude du régiment (1). Pendant le siège, une sortie 
désespérée de la garnison vint encore se briser et s'anéantir 
contre l'inébranlable résistance de Rambures. La place 
épuisée, à bout de ressources, dut enfin capituler. Cette 
circonstance permit à nos soldats de faire une démonstra- 
tion sur Bruges. 

Mais le siège de Dunkerque réclamait leur concours. En 
conséquence, au mois de septembre, le régiment de Ram- 
bures s'embarque sur deux vaisseaux hollandais qui l'amè- 
nent à Mardyck, d'où il se rend sous Dunkerque, assez à 
temps pour prendre une brillante part au siège de la ville, 
qui capitule le 10 octobre. 



(1) Rambures, conduit par le maréchal de Gassion en personne se porto 
courageusement aux retranchements qu'à peine ii avait eu le temps 
d'achever, et fait un si grand feu pendant une heure que les ennemis 
86 retirent. La place se rend le 28. {Mémoires de Bussy-Rabutin.) 
Hist. 15*. 6 



82 HISTORIQUE 



Année 1647 

Au mois de février 1647, les Espagnols essayèrent de 
8*emparer de Courtrai par un hardi coup de main. Le régi- 
ment y avait pris ses quartiers d'hiver. Ce fut lui qui eut 
rhonneur de recevoir les Impériaux et de leur apprendre, 
par un sanglant échec, que le moment n'était pas encore 
venu de reprendre la place. 

Un peu plus tard, un détachement (1) de Rambures fut 
envoyé dans Armentières, pour concourir à la défense de 
la ville contre les troupes de Tarchiduc Léopold. 



Année 1648 

Cette année fut glorieuse pour nos armes. La fortune se 
plut à couronner nos drapeaux sur tous les points du 
théâtre de la guerre. Le régiment de Rambures commença 
la campagne par le siège dTpres. 

Peut-être assista-t-il à la bataille deLens ; c'est du moins 
ravis du général Susane (2) : Il nous a été impossible d'en 
avoir la preuve. 

La paix de Westphalie, signée le 24 octobre 1648, étei- 
gnit la moitié du feu qui embrasait l'Europe. L'Espagne 
seule voulut continuer la lutte. 



GUERRE DE LA FRONDE ET CONTINUATION DES HOSTILITÉS 

AVEC L'ESPAGNE (1648-1659) 

Dans les entr'actes de cette pièce sérieuse, dit Anquetil, 
se mêlèrent les actions d'une espèce de farce. Farce, si l'on 
veut, mais farce honteuse et sanglante. Cette fameuse que- 
relle est une vraie guerre civile allumée à Paris contre le 



(1) Un capitaine, un lieutenant, deux sergents et trente soldats. 

(2) Le régiment ne figure pas dans l'ordre de bataille complet publié 
par le duc d'Aumale dans son Histoire des princes de Condé. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 83 

roi, ou plutôt contre son ministre Mazarin. Tout y est ridi- 
cule : les moyens, les objets, la confusion, les changements 
de partis. Les principaux personnages sont Mazarin, Condé, 
les ducs de Beaufort, de Vendôme, de Nemours, de Bouil- 
lon, Turenne, le cardinal de Retz ; les duchesses de Lou- 
gueville, de Chevreuse, Mademoiselle; La Rochefoucauld, 
le maréchal de la Mothe. 

Le mouvement commence pendant qu'on chante le Te 
Deum, en Thonneur de la bataille de Lens. 

Le régiment deRambures, qui avait pris part en 1649 (1) 
au siège de Cambrai (2) et à la prise de Condé, est bientôt 
appelé à jouer un rôle actif dans cette lutte insensée. 

Les Espagnols avaient mis à profit les troubles de la 
France. Turenne, arraché à son devoir par des mécontente- 
ments, leur prétait le concours précieux de ses talents. On 
pouvait redouter une nouvelle invasion. 

Année 1650 

Prise de Rethel (14 décembre). 

. Le maréchal du Ple^sis-Praslin fut chargé de conjurer 
le danger. Il courut mettre le siège devant Rethel, défendue 
par Delli-Ponti (3). 

L'armée du maréchal se composait de solides régiments 
comme les Gardes, Picardie, Rambures, la Marine, Altesse, 
Montausier. Aussi l'opération ne traîna pas en longueur. 
Au bout de trois jours, l'assaut était donné et la ville prise 
(14 décembre). Restait encore l'armée que le vicomte de 
Turenne amenait au secours de la place ; il fallait l'arrê- 
ter (4}. 



(1) 27 août 1649. 

(2) On dut lever le siège. 

(3) Deux cents hommes de Rambures et autant de Navaillcs furent 
chargés d'attaquer une des portes de la ville. Ils s'y distinguèrent beau- 
coup. 

(4) Turenne commandait la gauche, don Estevan de Gamara comman- 
dait la droite des Espagnols. 



84 HISTORIQUE 



Le 15 décembre 1650, Rambures partage la gloire de 
Picardie et Piémont, contre la résistance desquels vien- 
nent se briser les charges furieuses des Espagnols (1). Dans 
cette mémorable journée, la loyauté l'emporta sur le génie. 
Turenne dut battre en retraite après avoir couru les plus 
grands dangers. Seul, avec M. de La Barge, lieutenant des 
Gardes, il'eut à soutenir le choc de cinq cavaliers français. 

« Je n'ai qu'un pistolet, dit La Barge au vicomte, que 
voulez-vous faire? 

— Mourir, répondit Turenne, plutôt que de recevoir des 
fers. » 

La Barge tue l'un des cavaliers d'un coup de pistolet, 
Turenne abat le second d'un coup d'épée. Les autres recu- 
lent épouvantés. La retraite des Espagnols laissait entre 
nos mains tous les bagages, huit pièces de canon et 4.000 
prisonniers. 

L'erreur de turenne ne fut pas de longue durée. L'année 
suivante (1651), il faisait sa soumission à la cour. Il arri- 
vait à temps pour soutenir l'armée du roi, car Condé venait 
de rallumer la révolte dans son gouvernement de Guyenne. 

Pendant qu'au midi se formaient des orage,s, on se bat- 
tait toujours dans le nord. Le régiment de Rambures était 
à l'armée de Flandre, sous les ordres du maréchal d'Au- 
monl. Il fit des prodiges de valeur au passage de l'Escaut, 
près du village de Neuville. Le lieutenant-colonel de Sa- 
VELLi, à la tête de nos braves soldats, fut assez heureux pour 
chasser l'ennemi de ses retranchements, ce qui permit à 
l'armée du maréchal de franchir la rivière. 



Année 1652 

Après avoir passé l'hiver en Bourgogne, Rambures rega- 
gne la Picardie et va occuper Ardres dont on lui confie la 
garde. 



(1) Avant la bataille, le maréchal avait commandé 50 hommes de 
chaque corps pour former des pelotons postés dans les intervalles de 
la cavalerie. 



DU 15*^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 85 

Ce^i à cette époque que, d'après le général Susane, le 
régiment aurait été appelé sous Paris pour renforcer Far- 
inée royale, commandée par Turenne, et prendre part à la 
sanglante bataille du faubourg Saint-Antoine (2 juillet) (1). 

Année 1653 

* 

Quoi qu'il en soit, un an après, jour pour jour (2 juillet), 
Rambures signalait sa présence à Ardres par une entre- 
prise dont les causes et le but sont restés entourés de mys- 
tère. La tradition nous apprend seulement qu'il voulut se 
rendre maître de la ville dont il avait la garde. D'ailleurs 
la tentative échoua, car les habitants se défendirent avec 
une telle énergie qu'ils nous tuèrent 700 hommes sur 1.400 
qui comptaient à l'effectif du corps. 

Année 1654 

On ignore ce que devint le régiment pendant la campa- 
gne de 1654. On peut supposer que M. de Rambures passa 
cette année à le reconstituer. On trouve, en effet, quelques- 
uns de ses officiers, servant en volontaires, aux sièges de 
Sainte-Menehould, de Stenay et du Quesnoy et, plus tard, 
à l'armée qui vint secourir et sauver Arras (2). 

Année 1655 

Rambures, jeté dans Saint -Quentin au commencement 
de la campagne, ouvrait la tranchée devant Gondé, le 
16 août 1655, et, après la reddition de la ville, était chargé 



(1) Nous devons à la vérité do dire que nous n'avons trouvé nulle 
trace de cette expédition dans les documents que nous avons pu con* 
sulter, et qu'aucune des relations de cette bataille ne fait mention du 
régiment de Rambures. Ajoutons cependant que la bataille de Saint- 
Antoine figure dans la nomenclature des campagnes du marquis René 
DE Rambures, sur ses états de services. 

(2) V. Histoire de l'ancienne infanterie française^ par Susane. 



86 HISTORIQUE 



d'en assurer la sécurité, conjointement avec les Ggrdes, 
sous le haut commandement du lieutenant-général mar- 
quis du Passage. 

Au mois de novembre, un détachement du régiment, 
conduit par le capitaine de Vassi, marche, avec une partie 
de la garnison, à la rencontre du prince de Ligne et taille 

en pièces le corps ennemi fort d'environ 3.500 hommes (!)• 

* 

Colonel Charles, 
Marquis DE RAMBURES et DE COURTENAY 

(10 mars 1656). 

Dans les premiers mois de Tannée suivante (mars 1656)^ 
la mort du colonel marquis René de Rambures faisait passer 
son commandement aux mains de son frère Charles, mar- 
quis DE Rambures et de Courtenay (par commission du 
10 mars). 

C'est sous les ordres de ce nouveau chef que notre brave 
régiment vint prendre part au siège de Valenciennes, puis 
à la prise de la Capelle. 

Enfin, en 1657, Rambures est encore au danger, c'est-à- 
dire à la gloire. On le trouve à toutes les expéditions, à tou» 
les sièges entrepris dans les Flandres (2). 

Année 1658 

Turenne et Condé allaient une fois de plusse mesurer (3). 
La fortune disputée par ces deux grands capitaines flot- 
tait depuis quelque temps entre les deux partis. Mais Tal- 



(1) Voir Essais sur les rëgifnents, par M. de Roussel. 

- (2) Siège de La Mothe-aux-Bois, prise de Saint-Venant, armée de sccour» 
d'Ardres, conquêtes de Watz, de Bourbourg et de Mardyck. 

(3) ({ Le sort de Turenne et de Condé, dit Voltaire, fut d'être toujours 
vainqueurs, quand ils combattaient ensemble à la tète des Français, et 
d'être battus toutes les fois qu'ils commandèrent les Espagnols ». {Siècle 
de Louis XIV.) 



DU 15e RÉGIMENT D'iNFANTERIE 87 



liance avec Cromwel, fruit de la politique de Mazarin, 
donna la supériorité aux armes françaises, qui, dirigées 
par le talent de Turenne, fixèrent enfin la victoire à Dun- 
kerque. 

Pendant que le régiment de Rambures poussait active- 
ment les travaux de siège, Tarmée espagnole, commandée 
par don Juan d'Autriche et le prince de Condé, s'avançait 
par le chemin de Furnes pour secourir la place. 

Bataille des Dunes (14 juin 1658). 

Turenne, voulant à tout lîrix l'arrêter, s'empara des 
plus hautes dunes qu'il couronna de retranchements. 
Condé comprit combien il serait dangereux d'attaquer 
dans des conditions aussi désavantageuses. On ne tint nul 
compte de son avis (1). 

(( Monsieur, dit-il au duc d'York, depuis le malheureux 
Jacques II, ne vous êtes-vous jamais trouvé à aucune ba- 
taille ? 

— Non, répondit l'Anglais. 

— Ëhbien! dans une demi-heure, vous verrez comment 
nous en perdrons une. » 

Le maréchal de Turenne, informé des mouvements des 
Impériaux, avait assuré ses travaux contre les sorties de 
l'ennemi et s'était porté à la rencontre de don Juan et de 
Condé. 

Son armée était disposée en trois lignes (2). Le canon 
français ne tarda pas à gronder. La valeur fit des deux 
côtés des prodiges (3). La victoire hésita longtemps entre 
les deux héros. Turenne, à la fin, l'emporta. 



(1) Don Juan commandait la droite espagnole Condé la gauche. 

(2) La première ligne se composait de dix bataillons d'infanterie, au 
centre, et de quatorze escadrons de cavalerie à chaque aile. La deuxième 
avait six bataillons au centre et 10 escadrons à chaque aile. Enfin, dix 
autres escadrons formaient la réserve. 

Castelnau commandait la gauche, Gréqui la droite, Gadague et Belle- 
fonds le corps de bataille. 

(3) Ck)ndé eut un cheval tué sous lui. H se battit comme un lion. 



88 HISTORIQUE 



Par suite des fatigues qu'il avait éprouvées à la tranchée, 
le régiment de Rambures se trouvait en seconde ligne et 
n'eut pas l'occasion de donner. Il eut cependant sa part de 
succès. Voici dans quelles circonstances : 

Le marquis de Rambures s'apercevant que, malgré la dé- 
route des Espagnols, un régiment du roi d'Angleterre te- 
nait encore ferme, devança la troupe de quelques pas pour 
le joindre et lui offrir bon quartier. Mais les officiers, qui 
avaient été placés dans ce poste par le duc d'York, lui 
répondirent qu'ils s'y maintiendraient le plus longtemps 
possible. 

Le marquis leur représenta que leur résistance était 
vaine puisqu'ils étaient abandonnés. Alors on convint qu'ils 
enverraient deux d'entre eux pour s'assurer de ce fait. 

Les capitaines Thomas Kook et Alton ne purent que cons- 
tater la sincérité de ces paroles, et leur régiment, perdant 
tout espoir d'être secouru, se rendit au marquis de Ram- 
bures (1). 

Modeste dans son triomphe, le vainqueur écrivit le soir 
même à la vicomtesse de Turenne ce simple billet : « Les 
ennemis sont venus à nous, ils ont été battus. Dieu en soit 
loué I » 

Onze jours après, la place de Dunkerque ouvrait ses 
portes. 

Le roi vint de Calais, avec son ministre, pour voir passer 
la garnison. 

La campagne s'acheva pour le régiment par les sièges de 
Bergues-Sâint-Vinoch, de Meniji et d'Upres (2). 

C'est alors que la France et l'Espagne, également fati- 
guées d'une guerre de vingt-cinq ans, songèrent sérieuse- 
ment à rétablir la paix. 



Mais son génie ne put rien contre les meilleures troupes de France et 
d'Angleterre. 

(1) Voir Essais sur les régiments, par M. de Roussel. 

(2) Le régiment demeura en garnison à Menin jusqu'à la ratification 
de la paix des Pyrénées. 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 89 



Traité des Pyrénées (7 novembre 1659). 

Le traité des Pyrénées mit le comble à la gloire et à la 
puissance du jeune roi, dont Mazarln disait : « Il y a en ce 
jeune prince l'étofle pour faire quatre rois et un honnête 
homme. » 

Nos soldats purent enfin goûter un peu de repos, après 
avoir assuré la tranquillité du royaume. 



EXPÉDITION DE LORRAINE (1663) 

Charles de Rambures établit son régiment dans la géné- 
ralité de Rouen. 

Mais, en 1663, il dut encore une fois quitter ses quartiers 
pour prendre part à Texpédition de Lorraine, qui se ter- 
mina par la prise de Marsal. 

■ 

Année 1667 

GUERRE DE DÉVOLUTION 

En 1667, la guerre recommença. Rambures, qui tenait 
garnison à Saint-Quentin, ne fut pas employé au siège de 
Lille (1). Pourtant, le marquis de Rambures et quatre offi • 
€iers de ce corps y servirent comme volontaires et s'y distin- 
guèrent particulièrement à l'attaque du chemin couvert. 

A la fin de Tannée, le régiment se rendit à Gourtrai, puis 
à Charleroi (janvier 1668). 

Année 1668 
Au siège de Gennappe, huit compagnies du régiment 



(1) V. Essais historiques sur les régiments par M. de Roussel. 



90 HISTORIQUE 



partagèrent avec Piémont (1) Thonneur de s'emparer de la 
place (2). 

Les années suivantes semblent s'être passées sans inci- 
dent. La paix d'Aix-la-Chapelle avait en effet lùis fin aux 
hostilités entre la France et l'Espagne (3). 

Année 1671 

Notons cependant qu'en 1671, Rambures quitta Calais 
pour se rendre au camp de Dunkerque où Louis XIV vint 
le passer en revue. 

Ce régiment fut un des quatre qui tinrent garnison à 
Dunkerque, après la levée du camp. 

C'est à cette époque (4 août 1671) que le marquis Louis- 
Alexandre DE Rambures devint propriétaire et mestre de 
camp du beau corps que son père avait si vaillamment 
commandé (4). 

Année 1672 

GUERRE DE HOLLANDE 

Cependant, au milieu des travaux de la paix, Louis XIV, 
mûrissait de grands projets de guerre contre la Hollande 
qui, en formant la Triple- Alliance, avait arrêté le char de 
ses triomphes. 



(1} Le régiment fait brigade avec Piémont pendant toute la campa- 
gne. C'est en 1639 qu'on avait commencé à former des brigades de quatre, 
cinq ou six bataillons. Le plus ancien mestre de camp présent avait le 
commandement de la brigade et était assisté par un major dé brigade 
chargé de la transmission des ordres et des détails du service. 

(2) Le brave capitaine Baillet s'y distingua entre tous et fut blessé. 

(3) C'est aussi à cette époque que le régiment fut réorganisé à trente- 
deux compagnies de 55 hommes chacune, formant deux bataillons. 
Parmi les cadets gentilshommes qui figuraient alors au régiment de 
Rambures se trouvait Louis deTarragon, chevalier, seigneur de Faus* 
SERViLLE, dont le nom se retrouvera deux siècles plus tard dans le cadre 
des officiers du 15". Il servait dans la compagnie du chevalier.DE Potin. 
(V. Rôle du ban et arrière-ban de la généralité d'Orléans.) 

(4) Charles, marquis de Rambures et de Courtenay, avait été fait bri- 
gadier le 27 mars 1668. Il mourut à Calais le 11 mai 1671, et fut enterré 
au couvent des Minimes, à Abbevillc. 



DU lo« RÉGIMENT O'iNFANTERIE 91 

L'année 1672 vit recommencer la lutte. Rambures ac- 
compagna le roi jusqu'à Tongres, où vingt compagnies fu- 
rent mises en garnison. Les douze autres suivirent Tarmée 
royale sur le Rhin et furent de toutes les expéditions. 

A la fin de la campagne, le régiment se réunit en entier 
pour prendre ses quartiers à Bombelles. 

Année 1673 

Le lieutenant de Gamares(I) occupait avec 30 hommes 
une redoute séparée de la ville par une rivière. C'est là 
que, le !«' août 1673, un parti de 500 ennemis vint l'atta- 
quer et le sommer de se rendre. Mais ce brave officier n'é- 
tait pas de ceux qui se laissent intimider. Il dépécha 
son sergent à Bombelles, pour y demander des secours, et 
se défendit si bien, en attendant, que l'ennemi dut battre 
en retraite, après avoir perdu son commandant. 

Quelque temps après, Rambures fut envoyé à l'armée 
de Condé, pour couvrir les opérations du siège de Maôs- 
tricht. 

Année 1674 

L'Europe avait entendu les cris de la Hollande éperdue. 
L'Empire et l'Espagne volèrent à son secours. Il fallut tenir 
tête à cette formidable coalition. 

Pendant que Turenne couvrait les bords du Rhin de ses 
' brillants trophées, Condé, avec 45.000 hommes, manœu- 
vrait en Flandre contre le prince d'Orange, qui disposait 
de forces bien supérieures. 

Bataille de Seneff (il août 1674). 

M. le prince observait avec soin tous les mouvements de 
l'ennemi. L'ayant vu passer le défilé de Seneff, près de 



(1) M. DE Gamares, lieutenant de la compagnie du chevalier d'Amours. 



"92 HISTORIQUE 



Mons, il résolut de tomber sur rarrière-garde, composée 
d'Espagnols: (( Il n'y a, dit-il, qu'à les charger pour les 
battre. » 

Pourtant la lutte fut terrible, opiniâtre, sanglante. « J'ai 
donc l'honneur de voir le grand Condé l'épée à la main )), 
disait Villars, qui faisait ce jour-là ses premières armes. 

Cette épée redoutable fut rougie jusqu'à la garde. 

Jamais Condé ne prodigua plus sa vie ni celle de ses sol- 
<îats. 

Le régiment de Rambures fut un des plus éprouvés. 
Placé à l'extrême gauche de l'infanterie, il fit des prodiges 
de valeur à l'attaque du village de Fay (1). 

Le combat, qui durait depuis douze heures, se ralluma 
dans les ténèbres et ne prit fin que vers minuit. 

Condé avait eu trois chevaux tués sous lui. 

La perte fut égale, la victoire indécise, le champ de ba- 
taille couvert de morts. 

Rambures, qui s'était maintenu avec une indomptable 
énergie sur ses positions, avait une part glorieuse du suc- 
cès. 

Mais au prix de quels sacrifices ! 

Le régiment, qui comptait 1.100 hommes, laissait plus 
de 200 soldats sur le champ de bataille. 

Parmi les morts se trouvaient le lieutenant - colonel 
HÉBERT, les capitaines de Brisseuil, de Campagne, de Bon- 
NiÊRE, de Pommereuil, Ics licuteuants ou sous-lieutenants 

DE LA VaRENNE, LE GrAND, DE CuLAN, DE VaRIMONT, LÉTEN- 

dard, de Sesseval, de Saint-Martin. Beaucoup d'officiers 
étaient blessés : les capitaines de Géronville, d'Amours, • 
Legrand, de Bruc, NoêL ; les lieutenants d'Ivenberteuille, 

HUYAS, DE FaYOLLE, DE LA MOTTE, DE POLOGNE, PiJART, DE 

Brassac, de Campagne (enseigne). 

La guerre n'avait pas que la Flandre pour théâtre, on 
combattait partout: en Allemagne, en Espagne, en Italie. 



(1) Le village possédait un bon château, une église solide et se trou- 
Tait défendu par des. houblonnières entourées de grosses haies. Notre 
infanterie surmonta tous ces obstacles. 



DU lo® RÉGIMENT D*INFANTER1E 93- 



Levée du siège de Haguenau. — Combat de Mulhausen 

(29 décembre 1674). 

Nous retrouvons le régiment le 11 novembre, à l'armée 
de Turenne, au camp de Detweiler. 

Le 2® bataillon, jeté dans Haguenau, contribua à faire 
lever le siège, entrepris par Piccolomini. 

Rambures termine Tannée par le combat de Mulhausen 
(29 décembre 1674), où il contraint 6.000 cavaliers enne- 
mis à repasser le Rhin. 

Année 1675 

Au mois de janvier 1675, toute la brigade s'était établie 
à Brisach. C'est ainsi que le régiment se trouva au premier 
rang à l'attaque de Neubourg (10 mars 1675) (1). Il mena 
si vigoureusement l'attaque que l'ennemi, chassé de palis- 
sade en palissade, fut obligé de demander quartier. 

Rambures suivit la fortune de Turenne pendant tout le 
reste de la campagne. 

Au mois de juin, il fut envoyé, avec trois régiments de 
cavalerie, à Altenheim pour y construire un pont sur le 
Rhin, pont qui devait assurer un paseage à Tarmée en cas 
de revers (2). 

Après la mort du maréchal, lorsque Piccolomini vint 
attaquer l'armée française à Altenheim (1®^ août), Rambures 
et Champagne combattirent pendant quatre heures avec la 
dernière énergie pour protéger le passage de ce ponjt, au- 
quel nos troupes durent leur salut (3). 



(1) Avec les régiments d'Eu et d'Orléans. 

(2) La brigade de Rambures travailla si bien que, en quatre jours et 
malgré mille difficultés, les communications furent établies et défendues 
par une bonne tête de pont. 

(3) Le régiment tint campagne en Alsace l'année suivante sous les 
ordres du maréchal de Luxembourg. 



94 HISTORIQUE 



Année 1676 

Le 29 juillet 1676, le régiment eut la douleur de perdre 
son jeune et vaillant colonel, Louis-Alexandre, marquis de 
Rambures qui, depuis quatre ans, avait prouvé à tous ses 
hommes que la valeur était héréditaire dans sa maison (1). 
Il périt à 18 ans d'un coup de feu, en plein front, échappé 
à rimprudence de quelques soldats qui déchargeaient 
leurs armes. 

Saluons ici le dernier rejeton d'une noble race sous le 
nom de laquelle le régiment s'illustrait depuis soixante 
ans (2). 

Colonel Antoine DE PAS, marquis DE FEUQUIÈRES 

(4 août 1676). 

f 

Ce corps d'élite devint alors la propriété du marquis de 
Feuquières (3) (4 août), qui laissa sur les guerres de son 
temps des mémoires intéressants, mais empreints de par- 
tialité à l'endroit du grand Turenne. 

Lorsque Rambures devint Feuquières, il ne dégénéra 
pas sans doute; cependant, il eut besoin de reconquérir 
l'attention publique déroutée par cette métamorphose. 

L'occasion s'en présenta bien vite. Avant la fin de l'an- 
née, il se signalait d'une façon brillante dans un engage- 
ment près de Bâle. 



{ij C'était le dernier descendant de cette illustre race, connue en Picar- 
die depuis le x' siècle et qui avait donné tant de preuves de sa valeur. 

Son cousin François de La Roche, marquis de Fontenilles, époux de 
Charlotte de Rambures, releva ce nom glorieux. Il est clignement porté 
de nos jours par Charles de La Roche, marquis de Rambures, frère de 
Léon-Alexandre de La Roche, marquis de Fontenilles. 

(2) Le régiment avait eu six mcstres de camp de cette famille : Char- 
les DE Rambures, ses quatre fils et son petit-fils. 

(3) Antoine de Pas, marquis de Feuquières, avait commandé un ré- 
giment de cavalerie et le régiment Royal-Marine avant celui-ci. Briga- 
dier, 15 mars 1668, maréchal de camp, 20 janvier 1689, lieutenant- 
général, 30 mars 1693. 



DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTëRIE 95 



Année 1677 

L'année suivante, toujours sur le Rhin, il soutenait 
encore sa vieille réputation au prix de pertes considéra- 
bles pendant le siège de Fribourg (novembre 1677). 

Année 1678 

Brillante conduite du régiment à l'affaire de Saint-Denis 

(14 août 1678). 

En 1678, Feuquières reparait dans cette Flandre qu'il a 
si souvent arrosée de son sang. Après avoir participé, sous 
les yeux de Louis XIV, aux sièges de Gand (1) et dTpres, 
il^ut la mission de couvrir, avec trois autres bataillons et 
un régiment de dragons, le quartier du roi établi près de 
Tabbaye de Saint-Denis (2). 

C'est là qu'il fut attaqué, le 14 août 1678, par le prince 
d'Orange, bien que la paix fut signée à Nimègue depuis 
le 10. 

Le régiment eut à soutenir tout l'effort des colonnes enne- 
mies. Mais son admirable résistance permit au quartier du 
roi de se retirer avec tous ses équipages. Il put alors son- 
ger à battre en retraite devant la supériorité des forces. Il 
le fit dans le plus grand ordre. En arrivant au pont de la 
rivière de Saint-Denis, Feuquières trouva les Hollandais, 
qui se disposaient à lui disputer le passage. Il leur marcha 
sur le ventre pour rejoindre l'armée de l'autre côté du cours 
d'eau. Puis, sans se laisser ébranler par le feu terrible de 
l'ennemi, le régiment s'arrêta au débouché du défilé, bien 
déterminé à vaincre ou à mourir, mais, en tous cas, à ne 
pas céder un pouce de terrain. Ces héroïques soldats furent 
enfin secourus par l'arrivée des Gardes françaises qui leur 
permit alors de repousser l'ennemi. 



(1) Gand, place importante qui devait ôtre le dépôt général de Tarmée 
ennemie. 

(2) Saint-Denis, près du Cateau. 



96 HISTORIQUE 



La gloire de cette affaire appartient en entier au régi- 
ment de Feuquières. Il la paya du reste assez cher: le colo- 
nel eut les deux cuisses traversées par une balle, le lieute- 
nant-colonel Baillet fut mis hors de combat, 4 capitaines 
étaient tués et 18 officiers blessés. 

Tel fut le dernier fait d'armes de cette campagne mémo- 
rable. 

Le prince d'Orange avait cherché la gloire ; il ne trouva 
que la honte. Sa perfidie est une tache imprimée à ses 
armes. L'humanité ne lui pardonnera pas le sang inutile- 
ment versé. 

Louis XIV, qui triomphait de tous côtés ou par lui-môme 
ou par ses généraux, devint l'arbitre de la paix. L'Europe 
dut se courber devant ses lois. 



Année 1688 

GUERRE DE LA LIGUE D'AUGSBOURG 

Pendant quelques années(l), le régiment put enfin goûter 
les douceurs d'un repos bien mérité. 

Mais le calme ne fut pas de longue durée. 

Par son orgueilleuse attitude, par ses entreprises inquié- 
tantes, par les mesures rigoureuses qu'il prit contre les 
calvinistes, Louis XIV se fit de presque tous les souverains 
de dangereux ennemis. 

Le plus redoutable de tous, le prince d'Orange, sonnant 
le tocsin dans toute l'Europe, sut rallumer les haines, 
réveiller les alarmes et put enfin réunir dans la fameuse 
ligue d'Augsbourg tous les confédérés de la dernière guerre. 

Loin d'attendre qu'on vint l'attaquer, Louis se hâta de 
porter les premiers coups. 

A la tête d'une armée de 450.000 hommes, le roi de France 
pouvait soutenir avec éclat l'honneur de ses armes. 

Le régiment de Feuquières était à Tournai lorsqu'il reçut 



(1) En 1680, le régiment était à Toul. 11 ne prit aucune part aux cam- 
pagnes de 1683-84. 



DU lo® RKGIMËNT D*1NFANTEHIE 97 



Tordre de se rendre au siège de Philisbourg, dirigé par le 
Dauphin en personne, assisté du maréchal de Duras et de 
Vauban (1). 

Sous les yeux du prince, nos soldats rivalisèrent d'audace 
et de vaillance, si bien qu'après vingt-quatre jours de dé- 
fense acharnée, la ville fut obligée d'ouvrir ses portes (2). 
Toujours digne de lui-même, le régiment ne s'était point 
ménagé. Il fallut encore creuser des tombes. Les capitaines 
DES Poix et de Contremoulins étaient tués ; le sous-lieutenant 
DuPUY avait été emporté d'un coup de canon. Parmi les 
blessés se trouvaient le lieutenant-colonel d'Amours et les 
capitaines de Campagnols et de Blaru. 

Feuquières fut ensuite envoyé à Heilbronn (3), pour dé- 
molir les fortifications de cette place. 

Sa mission terminée, il vint s'établir dans une forte posi- 
tion à Pforzei m. Mais à peine avait-il évacué Heilbronn, que 
200 dragons de Staremberg entrèrent dans la ville et mas- 
sacrèrent tous les malades français qu'on avait dû laisser 
dans la place. Le colonel de Feuquières se promit de leur 
faire payer cher cette barbarie allemande. Quelques jours 
après, il apprend que ces mêmes dragons sont à Neubourg 
(sur l'Enz). 

Année 1689 

Le 6 janvier, à 9 heures du soir, il part avec 600 hommes, 
arrive à minuit devant Neubourg, trompe une sentinelle en 



(1) Le Dauphin avait uno armôo de 100.000 hommes. Vauban et Cati- 
nat réglaient tous les détails. La place se rendit le 29 octobre, laissant 
entre nos mains 120 canons. 

(2) A cette occasion, le sage Montausier, gouverneur du Dauphin, lui 
écrivait : u Monseigneur, je ne vous fais pas de compliments sur la prise 
de Philisbourg; vous aviez une bonne armée, des bombes, du canon et 
Vauban ; je ne vous en fais point aussi sur ce que vous êtes bravo ; c'est 
une vertu héréditaire dans votre maison. Mais je me réjouis avec vous do 
ce que vous êtes libéral, généreux, humain, et faisant valoir les servi- 
ces de ceux qui font bien. » 

(3) Sur le Necker. 

Hisl. 15*. 7 



98 HISTORIQUE 



lui parlant allemand et fait sauter la porte à Taide d'un pé- 
tard. 

Tous les dragons, surpris, sont égorgés, à l'exception de 
sept. Leur commandaat est tué par le capitaine de Poussay, 
au moment où il ajustait de son pistolet le colonel de Feu- 

QUIÈRES. 

Années 1689-1690 
Colonel Jules DU PAS DE FEUQUIÈRES 

(21 janvier 1689). 

Le 21 janvier 1689, Jules du Pas de Feuquières rempla- 
çait, à la tête du régiment, ton frère, le marquis, promu 
maréchal de camp, le 20 janvier. 

Sous les ordres de son nouveau chef, le corps fut cons- 
tamment employé en Allemagne pendant les campagnes 
de 1689 et 1690. Les grenadiers du régiment se distinguè- 
rent d'une faço^ spéciale à Tattaque de Waldkirch, qui 
coûta la vie au brave capitaine de Moussy (1). 

Année 1691 

En 1691, Feuquières est envoyé en Piémont à Tarmée de 
Catinat. Il y moissonnera de nouveaux lauriers durant six 
campagnes consécutives. 

Prise de Veillane (30 mai). 

Il débute par la prise du château de Veillane, brillam- 
ment emporté, en vingt-quatre heures, dans une attaque 
de vive force exécutée avec le concours du régiment de la 
Marine et du régiment de Flandre. 



(1) Le capitaine de Moussy (ou de Moucy), commandait la 2' compa- 
gnie des grenadiers du régiment, qui faisait partie du corps de siège 
dirigé par le marquis de Nangis (brigadier). 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 99 

Les troupes montèrent si promptement jusqu'à la 
deuxième palissade, malgré les bombes, les grenades et 
les pots de feu, qu'elles coupèrent la retraite aux défen- 
seurs de la première palissade et ne leur firent aucun quar- 
tier. Le gouverneur demanda alors à capituler. Mais M. de 
Catinat Tobligea de se rendre à discrétion (1). 

Siège de Carmagnole (7 et 8 Juin). 

Le régiment prit part ensuite au siège et à la prise de 
Carmagnole. 

On ouvrit la tranchée à 100 pas de la contrescarpe, du 
côté de Carignan (2). Le feu des canons ennemis tua 50 sol- 
dats du corps pendant la nuit du 7 au 8 juin. Le lieute- 
nant-colonel, M. DE Vraignes (3) et deux capitaines furent 
blessés dans cet assaut. 

Feuquières n'eut plus d'occasion de se signaler pendant 
Tannée suivante. 

• 

Année 1693 

La Marsaille (4). 

Le 4 octobre 1693, nous retrouvons le régiment à la ba- 
taille de la Marsaille, où Vendôme et Catinat triomphèrent 



(1) Catinat avait confié au comte de Tcssé 250 hommes de Feuquicres, 
autant de la Marine et de Flandre avec quelques compagnies de grena- 
diers pour former trois attaques pendant que le régiment de Bretagne 
en tentait une fausse d'un autre côté. (V. Journal de la campagne du 
Piémont, par le capitaine Morcau, du régiment de la Sarre. 

(2) Ce poste était plus dangereux que celui do la Marine, mais le 
marquis de Feuquières, ancien colonel du régiment, dont son frère était 
alors titulaire, lui avait choisi exprès ce poste pour lui fournir l'occa- 
sion d'acquérir une nouvelle gloire. {Mémoires du marquis de Feu- 
quières.) 

(3) Henri de Pingre de Vraignes, lieutenant, 1663 ; major, iS février 
1685; lieutenant-colonel, 28 janvier 1689; brigadier, 3 janvier 1696; 
maréchal de camp, 26 octobre 1704. 

(4) Marsaglia. 



100 HISTORIQUE 



de la valeur d'Amédée de Savoie et du génie du prince 
Eugène. 

Feuquières eut la gloire d'achever la déroute de Tennemi 
en tournant et chargeant Tune de ses ailes. Le duc de 
Savoie dut abandonner et le champ de bataille et la vic- 
toire. Elle fut éclatante. 

L'ennemi laissait entre nos mains 5.000 tués, 2.000 pri- 
sonniers, 34 pièces de canon, 110 drapeaux ou étendards -,. 
et ces brillants avantages n'avaient coûté à l'armée fran- 
çaise que 2.000 hommes tués ou blessés. Le régiment, qui 
faisait brigade avec Beauce et La Marck, avait malheureu- 
sement à déplorer la perte de deux vaillants capitaines : 
MM. d'Antissanty et Degrez. Parmi les nombreux blessés 
se trouvaient le capitaine de Conty et le sous-lieuteuant 
d'Hemon(I). 

Années 1694-95-96 

Les trois campagnes suivantes se passèrent sur la défen- 
sive. Après la signature des préliminaires de la paix (2), 
l'empereur continua à tenter le sort des armes. Il fallut 
donc investir Valencia. Le 24 septembre 1796, les deux ba- 
taillons du régiment furent chargés d'ouvrir la tranchée 
de gauche. C'est pendant ce siège que fut blessé le capitaine 
de grenadiers de Boutteville. 

Année 1697 

Lorsque la paix fut enfin conclue avec le duc de Savoie 
(traité de Turin 1696), Feuquières fut envoyé sur la Moselle 
et le Rhin. Il ne revint qu'à la paix de Ryswick et prit ses 
quartiers à Briançon, où il demeura jusqu'à la guerre de la 
Succession d'Espagne. 



(1) La nuit suivante, pendant que Catinat dormait, ses soldats lui for- 
mèrent une tente avec trente-deux enseignes enlevées aux ennemis. 

(2) Avec le duc de Savoie. 



DU iii^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 101 

Cependant l'Europe ne devait pas jouir d'une longue 
tranquillité. Le testament de Charles II, roi d'Espagne, 
allait bientôt faire renaître les hostilités. 

Louis XIY, qui aimait les entreprises d'éclat et qui ne re- 
doutait pas les orages d'une guerre générale, accepta ce 
testament qui donnait au duc d'Anjou, second fils du Dau- 
phin, la couronne royale d'Espagne. 

Dans l'impossibilité de rompre subitement la paix, les 
puissances jalouses se préparaient à la guerre. Le roi de 
France prévint leurs entreprises. 



Année 1701 

Colonel Louis-Thomas DU BOIS DE TIENNES, 
Marquis DE LEUVILLE 

(27 avril 1700). 

C'est ainsi qu'en 1701, l'ordre fut donné au marquis de 
Leuville (1), nouveau colonel du régiment, d'embarquer 
ses hommes à Toulon, à destination de l'Italie. 

Le l^^ septembre 1701, à l'attaque des retranchements 
de Chiari, Leuville se distingua entre les plus braves. 

Quelque temps après, le régiment est bloqué dans Man- 
toue parle prince Eugène de Savoie. Etant le plus ancien 
corps de la garnison, il tient à honneur de se signaler 
d'une façon particulière dans toutes les sorties auxquelles 
il prend part. 

Année 1702 

Le 22 janvier 1702, le gouverneur de la place, comte de 
Tessé, ayant appris que l'ennemi avait d'importants maga- 



(1) Louis-Thomas du Bois de Fiennes, marquis de Leuville. Rriga« 
4ier, 19 Juin 1706; maréchal de camp, 8 mars 1718; lieutenant général, 
^22 décembre 1731. 



102 HISTORIQUE 



sins de fourrages à 7 milles de la ville, chez le comte de 
Capilucci, charge le capitaine de grenadiers de Boltte- 
VILLE d'aller détruire ces approvisionnements. 

L'intrépide capitaine s'embarque avec quatre compa- 
gnies de grenadiers, aborde près de Notre-Dame del Grazia^ 
enlève le poste ennemi, incendie le parc à fourrages et 
revient, après mille dangers, sans avoir à regretter la 
perte d'un seul homme. 

Lorsqu'au mois de mai, Mantoue fut débloquée, le régi- 
ment fut affecté à la garde de la place. C'est de là qu'il 
envoya un détachement de volontaires prendre part à la 
bataille de Luzzara (5 août), où le duc de Vendôme vain- 
quit le prince Eugène (1). La nuit seule sépara les combat- 
tants. 

Chacun s'attribua l'honneur delà journée, mais le champ- 
de bataille resta aux Français. 

Le capitaine d'Argenson, du régiment de Leuville, fut 
blessé dans cette journée. 

Année 1703 

En 1703, Leuville quitte Mantoue et va rejoindre le corps 
que Vendôme conduit dans le Tyrol pour tenter une jonc- 
tion îivec l'armée de Bavière. Cette entreprise échoua par 
la défection du duc de Savoie. Néanmoins, le régiment y 
trouva des occasions de se signaler à la prise de Bersello^ 
Nago, Orgo et au bombardement de Trente (septembre). 

Année 1704 

Au commencement de l'année 1704, Leuville dut aban- 
donner ses quartiers du Montferrat pour prendre part aux 
sièges de Verceil et d'Ivrée, puis à celui de Verue, qui sfr 
prolongea jusqu'au printemps de l'année suivante. 



t 

(1) Le prince Eugène était fils du comte de Soissons, gouverneur de 
Champagne, et d'Olympe Mancini, nièce de Mazarin. Trouvant que 
Louis XIV ne faisait pas assez de cas de ses talents, il se tourna contre / 
la France. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 103 



Année 1703 

Le i^^ mars 1705, le régiment se couvrit de gloire à côté 
de la Marine, à l'attaque du fort de Tlle, qui détermina le 
succès de ce long siège. Cette difficile et meurtrière opéra- 
tion avait coûté la vie aux capitaines d'Aché, de BmADiN et 
DE Fresne (1). 

A la fin du mois d'avril, Leuville rallia l'armée du Grand 
Prieur, duc de Vendôme, au camp de Moscolino, derrière 
la Ghiesa. 

La possession de la Gassine de laBoulina (Moscolino) de- 
vait occasionner un combat sanglant (31 mai), dont l'avan- 
tage fut disputé pendant vingt heures. L'issue de la journée 
fut tout à l'honneur des soldats de la Marine et de Leuville, 
dont l'héroïque attitude détermina la retraite des Impé- 
riaux (2). 

Le 16 août de la même année, le régiment assistait encore 
à la bataille de Gassano; mais n'ayant pas eu l'occasion 
d'entrer en ligne, il ne revendique aucune part de cette 
victoire. 

Ge succès ouvrait au duc de Vendôme les portes de la 
Lombardie. Leuville suivit le duc dans son expédition sur 
le Grémonais. Le 16 octobre, après une lutte acharnée de 
douze heures, le régiment contribuait à eaiporter les posi- 
tions du prince Eugène entre Gastel-Léone etGumbetto. 

Au mois d'avril 1706, Leuville, qui avait passé l'hiver à 
Mantoue, fut chargé de garder les passages de l'Adige. Puis, 
à la suite du combat de Galcinato (3), il vint rallier l'armée 
campée à Goïto. Bientôt après, il fut jeté dans Alexandrie, 



(1) Deux autres capitaines étaient blessés. Les grenadiers du régii 
ment s'étaient particulièrement distingués en s'emparant des ouvrages 
qui forment tête de pont et en s'y maintenant avec une indomptable 
énergie, malgré tous les efforts que Tennemi put faire pour reprendre 
ces retranchements. 

(2) La 1" compagnie de grenadiers du régiment, commandée par le 
capitaine des Roches, se couvrit de gloire dans cette glorieuse journée. 

(3) Victoire de Vendôme sur les Impériaux (19 avril 1706). 



i04 HISTORIQUE 



que le priace Eugène semblait menacer. Or, ce fut Tarmée 
de La Feuillade, assiégeant Turin, qui fut attaquée. Le ré- 
giment courut à son secours; malheureusement il était trop 
tard. Les lignes françaises avaient été forcées le 7 septembre. 

(( En apprenant cette nouvelle, Leuville s'enferme dans 
Chivasso, bien résolu à s*y défendre jusqu'à la dernière 
extrémité. Le prince Eugène arrive en effet et somme le 
colonel de rendre la place. Mais celui-ci répond que son 
régiment et lui tiennent trop à l'estime de l'ennemi pour 
en agir ainsi; puis, ouvrant un feu terrible sur les Impé- 
riaux, il force Eugène à entreprendre un siège régulier, 
Chivasso était sans défenses, les tranchées du dernier siège 
n'étaient pas encore comblées et, ce qui aggravait la situa- 
tion, c'est qu'on manquait de tout. Enfin, après huit jours 
de résistance énergique, Leuville obtint une capitulation 
qui lui accordait les honneurs de la guerre. » 

Reconduit à la frontière, le régiment, qui ne comptait 
plus que 400 hommes en état de porter les armes, se ren- 
dit àChambéry, pour y être passé en revue par le lieute- 
nant-général comte de Médavy. Afin de lui donner le temps 
de se reconstituer, on le chargea de garder les défilés des 
Alpes pendant l'année 1707. Mais, étant rétabli en 1708, il 
fut envoyé à l'armée du Rhin dont il se trouva le plus an- 
cien corps. 

Après s'être signalé dans plusieurs rencontres avec la 
cavalerie impériale, le régiment de Leuville demeura jus- 
qu'en 1713 à Wissembourg et Lauterbourg, pour la défense 
des lignes de la Lauter (1). Puis, il fut envoyé à l'armée du 
maréchal de Villars qui couvrait le siège de Landau (2) et 
eut ensuite l'honneur de participer, le 20 septembre 1713, à 
l'attaque des retranchements de Fribourg, où ses grena- 
diers, conduits par le capitaine de Nisas, culbutèrent tout 
ce qui se trouva devant eux et contribuèrent ensuite à la 



(1) Le 16 août 1712, vivement attaqué par rennemi, le régiment le 
repousse en lui faisant éprouver de grandes pertes. (Suzane, Histoire 
de Vinfanterie.) 

(2) Pris le 1" novembre malgré la belle défense du prince Alexandre 
de Vurtemberg. 



DU 15° RÉGIMENT D'INFANTERIE 108 

prise de la ville (16 novembre). Ce succès détermina la fin 
de la campagne (1). 

Rivaux de gloire à la guerre, le prince Eugène et Vil- 
lars unirent généreusement leurs efforts pour donner à 
TEurope la paix dont elle avait tant besoin depuis onze 
années que durait cette lutte ruineuse et sanglante. 

Les traités de Rastadt(16 mars 1714) et de Bade (7 sep- 
tembre 1714) consacrèrent encore une fois la puissance de 
la France et la gloire de son roi. 

D'ailleurs, Louis XÏV ne goûta pas longtemps les dou- 
<5eurs de la paix. Ce fut son dernier triomphe. 

Après un règne de soixante-douze années, le patriarche 
des souverains de l'Europe descendait dans la tombe à 
rage de 77 ans (l^r septembre 1715) (2). 



Rèffne de liouls XV. — Régence du due 

d^Orlëans. 



Colonel du Plessis duc DE RICHELIEU 

(15 mars 1718). 

Pendant les premières années du nouveau règne, Leu- 
ville put enfin jouir de quelque repos (3). Notons, en pas- 
sant que, le 15 mars 1718, le régiment quitte son nom de 
Leuville pour prendre celui de son nouveau colonel, Louis 



(1) Lo régiment se dislingua particulièment à l'attaque des lignes de 
Roscoff. 

(2) Nul prince n*a obtenu plus de louanges pendant sa vie ni essuyé 
plus de reproches après sa mort; mais la postérité, plus équitable, a 
•couvert ses fautes de tout le bien qu'il a fait. Son courage dans le mal- 
heur a expié l'orgueil de ses victoires et sa grandeur lui restera parce 
•qu'elle est attachée à la grandeur de la France, qui fut son ouvrage. 

(3) Le 10 avril 1715, le régiment est réorganisé à quinze compagnies 
de 40 hommes dont une de grenadiers (1 capitaine, 1 lieutenant, 2 ser- 
gents, 3 caporaux, 3 anspessades, 31 fusiliers ou grenadiers, 1 tam- 
t>our). 



106 HISTORIQUR 



François ArmaDd du Plessis duc de Richelieu (1), qui fut 
enfermé, Tannée suivante, à la Bastille, pour avoir prêté 
Toreille aux propositions de TEspagne, lors de la conspira- 
tion de Cellamare. 

En 1719, le Régent voulant en finir avec les menées du 
cardinal Albéroni (ministre d'Espagne), déclare la guerre 
à TEspagne. 

Le régiment quitte Rayonne, où il avait ses quartiers, 
pour prendre part, sous les ordres du maréchal de Berwick, 
au siège de Saint-Sébastien (2) et de Roses. Le capitaine de 
LA Mothe d*HuGUEs est blessé dans cette dernière opéra- 
tion. 

Revenu en France, le régiment de Richelieu fait de 
nombreuses garnisons (3) et se trouve établi à Schlestadt 
lorsqu'éclate une nouvelle guerre, en 1733. 

GUERRE DE LA SUCCESSION DE POLOGNE 

Le jeune roi Louis XV ne pouvait rester inactif devant 
Taffront fait k son beau-père, Stanislas Leczinski, chassé 
de son royaume de Pologne par les ititrigues de l'empe- 
reur Charles VI, fort de l'appui des Russes. 

En conséquence, le maréchal de Berwick reçut Tordre 
d'entrer en Allemagne, tandis que le maréchal de Villars, 
généralissime des troupes confédérées, pénétrait en Italie. 

Siège de Kehl (1733). 

La campagne s'ouvrit par le passage du Rhin et la prise 
du fort de Kehl, qui cQûta la vie au capitaine de grenadiers 



(1) Le duc de Richelieu. Brigadier, 20 février 1734; maréchal de camp, 
1" mai 1738; lieutenant général, 2 mai 1744; maréchal do France, 11 
octobre 1748. 

(2) Pris le 1*' octobre 1719. Le colonel était toujours à la Bastille. 

(3) Il se trouve en 1723 à Poitiers ; en 172u à Bayonne, en 1727 à 
Collioure, en 1728 à Poitiers, en 1730 à Cambrai et Bouchain, en 1731 
à Lille, en 1732 au camp de Barlcmont, en 1732-33 à Calais, en Juil- 
let 1733 à Maubeuge, en août 1733 à Schlestad. 



DU 15° RÉGIMENT d'INFANTERIE 107 

DE LA Serre (1). La reddition de cette place, qui ne capitula 
qu'après neuf jours de résistance, permit au régiment de 
Richelieu de se retirer à Besançon pour y passer Thiver. 
Mais Tannée suivante (1734), le maréchal de Berwick re- 
prend la campagne. Les opérations en Allemagne com- 
mencent le 8 avril (2). 

Siège de Phillpptbourg (1734). 

Richelieu, campé d'abord à Graben et Kupenheim. se 
trouve au passage du Rhin et participe ensuite au combat 
d'Ettlingen (4 mai 1734), où nos troupes forcent les lignes 
du prince Eugène. Un mois plus tard, le régiment se cou- 
vre de gloire au siège de Philippsbourg (3). 

Le 11 juin, pendant que le duc de Duras, le chevalier de 
Rocos et le comte de Bérenger font relever la tranchée, une 
compagnie de grenadiers de Richelieu exécute une péril- 
leuse reconnaissance sur une redoute (4) d'où partait un 
feu terrible. 

Sous les yeux du maréchal de Berwick, nos soldats font 
des prodiges et bravent tous les obstacles :. le canon, l'eau, 
la fatigue, n'ayant d'autre préoccupation que le succès de 
leur entreprise. Le capitaine de Gasc fut blessé dans cette 
journée. Le lendemain de ce beau fait d'armes, l'armée de 
siège eut la douleur de perdre le vaillant et illustre chef 
qui l'avait si souvent conduite à la victoire. 

Le maréchal de Berwick (5) visitait la batterie royale 
lorsqu'un boulet lui emporta la tète. 



[i) Siège de Kohi, octobre 1733. 

(2) Le 10 novembre 1733, le régiment fut organisé en trois bataillons 
de dix-sept compagnies. 

(3) Ck>mmencé le 2 Juin 1734, terminé par la capitulation du 18 juil- 
let 1734. 

(4) Etablie sur le Rhin. 

(5) Jacques Fitz- James, duc de Berwick, fils naturel de Jacques II 
d'Angleterre et de Arabello Churchill. Suivit en France son père détrôné 
en 1688. Naturalisé Français, 17 décembre 1703; maréchal de France, 
15 février 1706. 



408 HISTORIQUE 



Le comte Edouard, son fils, qui se trouvait à ses côtés, fut 
éclaboussé du sang de son père et le même boulet renversa 
un gabion sur le duc de Duras, qui eut les reins fra- 
•cassés. 

Quoi qu'il en soit, le siège se continua sans relâche sous 
rhabile direction du marquis d'Asfeld, créé maréchal de 
France. 

C'est ainsi que, le 23 juin, Richelieu s'acquit de nou- 
veaux lauriers en emportant brillamment les trois places 
d'armes du flanc de l'ouvrage à cornes. Mais ce beau suc- 
cès nous coûtait cher. Le régiment avait à déplorer la perte 
d'une centaine de soldats et dé trois officiers de mérite, les 
capitaines de Gasc, d'Angosse et de Npuziers. Au nombre 
•des blessés se trouvaient 14 ofiiciers, parmi lesquels le ca- 
pitaine DU Camp, blessé dans la tranchée, et le sergent 
Honoré, qui devint plus tard lieutenant au corps. 

Rentré à Schlestadt pour y prendre ses quartiers d'hiver 
après la capitulation de Philippsbourg (1), Richelieu fut 
cruellement éprouvé par une épidémie qui lui enleva 900 
hommes* 

Paix de Vienne (18 novembre 1738). 

L'année suivante (1735), occupant' Trêves, le régiment 
^ut à prendre part à différents engagements sans impor- 
tance. Puis, eii 1736, iî consacra ses loisirs au perfection- 
nement des fortifications de Metz, pendant que notre 
armée d'Italie remportait de nouvelles victoires qui déter- 
minèrent enfin le traité de paix conclu à Vienne le 18 no- 
vembre 1738 (2). La France honorait son triomphe par sa 
modération (3). Du reste, cette gloire et cette félicité 



(1) On trouva dans PhiUppsbourg 130 pièces de canon, 300 milliers de 
poudre et une assez grande quantité de vivres. 

(2) Les préliminaires avaient été signés le 3 octobre 1735. Le traité 
définitif fut signé à Vienne par le marquis de Mirepoix, ambassadeur 
•de France, les comtes de Zinzendorf, d'Hawack et de Metsch, pour 
TEmpire. 

(3) En 1737, le régiment tient garnison à Maubeuge; en 1738, il est 



• DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 109 

durèrent peu de temps; Tambition brisa bientôt les nœuds 
de la concorde. 

Deux ans après le traité de Vienne, la mort de Charles VI, 
dernier représentant de cette maison d'Autriche qui occu- 
pait le trône impérial depuis près de trois cents ans, allait 
rallumer la guerre aux quatre coins de TEurope. 

GUERRE DE LA SUCCESSION D'AUTRICHE (1740). 

Malgré les droits incontestables de Marie-Thérèse d'Au- 
triche, épouse de François de Lorraine duc de Toscane, 
presque tous les princes de TEurope lui disputèrent Thé- 
ritage de son père, garanti naguère par une pragmatique 
sanction reconnue de toutes les puissances européennes. 

Ce fut le roi Frédéric de Prusse, auquel personne ne son- 
geait, qui fut le premier et le plus audacieux agresseur. 

Le feu qui jaillit de ce premier choc détermina Tembra- 
sement général. La France, malgré Tamour du vieux 
Fleury pour la paix, fut entraînée à la guerre par des 
hommes ambitieux, ardents et désireux de réaliser enfin 
le plan de Henri IV et de Richelieu : Tanéantissement de la 
puissante maison d'Autriche. 

Louis XV se déclara le protecteur de son allié fidèle, 
rélecteur de Bavière, et bientôt une armée fut dirigée sur 
le Danube, pour soutenir les intérêts de ce prince. 

Le régiment fut donc appelé à prendre part à cette nou- 
velle expédition. 

Colonel Duc DE ROHAN-CHABOT 

(1738). 

Il se trouvait alors à Verdun, portant un nom illustre, 
celui de son nouveau colonel : Louis-Marie Bretagne-Domi- 



à Rocroy puis à Charlevillo, enQn, à Mézières ; en 1739, il retourne à 
Metz et, en septembre, 1740 à Verdun. 



110 HISTORIQUE 



nique, duc de Rohan-Chabot(I), qui remplaçait, depuis le 
16 avril 1738, le duc de Richelieu, promu maréchal de 
camp, le 1^' mai de la même année. 

Parti de Verdun le 7 septembre 1741, Rohan se rendit à 
Fort-Louis pour y rejoindre le reste de la brigade, qui fai- 
sait partie de la division du comte de Polastron, dans 
l'armée du comte de Gassion (2). 

On passa le Rhin, le 22 septembre, pour se diriger vers 
Lauwingen» sur le Danube. Mais, aussitôt son arrivée en 
Bavière, le régiment fut dirigé sur Fùssen, à la frontière 
du Tyrol, avec Souvré, Beauffremont-Dragons et Dragons 
Sainte-Mesme, afin de protéger la Bavière contre une 
invasion autrichienne par la haute vallée du Lech (3). 

Après avoir occupé plusieurs postes aux environs de 
Braunau, Rohan fut envoyé à Ens, sous les ordres du mar- 
quis du Ghâtel, pour défendre le passage de la rivière du 
même nom (4). D'ailleurs, bientôt menacé d'être tourné (5) 
par le général de Kewenhuller, il reçut l'ordre de se ren- 
fermer dans Lintz, où il fut investi le 1«' janvier 1742 par 
l'armée autrichienne. 

Belle défente de Lintz (1742). 

La place était commandée par le comte de Ségur (6). 
Après une sommation restée sans efiet (31 décembre 1741), 



(1) Le colonel duc de Rohan fut nommé brigadier le 20 février 1743. 
Le régiment avait alors pour lieutenant-colonel le comte Louis de la 
Motte d'Huaues : capitaine au corps depuis 1711; brigadier, 1743; 
maréchal de camp, 1745 ; lieutenant-général, 25 août 1749. 

(2) La division du comte do Polastron comprenait : trois bataillons de 
Rohan, deux de Souvré, un de Marsay et un bataillon d'artillerie (de la 
Bachelerie.) (Les guerres sous Louis XV, par le général comte Pajol.) 

(3) La brigade comptait 5 bataillons à Fûssen. 

(4) Les trois bataillons de Rohan avec quatre compagnies de dragons 
de Beauflremont sont établis aux environs de Steyer. 

(.1) M. de Mercy Argenteau,. commandant Tavant-garde de Kewen* 
huiler, avait passé TEnns à Ternbcrg dans la nuit du 30 au 31 décembre. 
{Guerres de Louis XV.) 

(6) Henri- François comte do Ségur. Né le 1«' Juin 1689; lieutenant* 
général, 1" mars 1733; mort le 18 juin 1751. 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 111 

le général de Kewenhuller chargea un tambour de se pré- 
senter devant Lintz pour annoncer à Ségur qu'il serait at- 
taqué dans la journée. « Mais, bien que la ville fût ouverte, 
le brave comte fit répondre au général autrichien qu'il 
serait le bienvenu, qu'on l'attendait de pied ferme et avec 
impatience; que les barrières de la ville lui seraient ou- 
vertes, mais que la garnison barricadée dans les maisons 
ferait feu par les fenêtres et que, tant qu'il y aurait une 
pierre l'une sur l'autre, on ne se rendrait pas. L'un et 
l'autre tinrent parole. » 

Le lendemain 2 janvier, entre 7 et 8 heures du matin, 
les Autrichiens, forts de leur nombre, attaquent par tous 
les points à la fois. Une de leurs colonnes tente d'enlever 
le faubourg au delà du Danube (1). Or, elle avait compté 
sans la vigilance et l'énergie de Rohan. Quarante soldats 
du régiment contiennent les efforts de l'ennemi, lui tuent 
57 hommes et permettent ainsi à leurs camarades d'arriver 
à leur secours. Le caporal Dartois se signale parmi les 
plus braves. Posté dans une salle basse de l'hôpital, il 
se défend avec la dernière énergie. Vingt fois l'ennemi 
essaye de le déloger : on dirige un feu roulant sur ses fe- 
nêtres; son chapeau est percé d'une balle; pourtant son 
héroïque résistance est enfin récompensée. On vient le 
dégager et l'on peut compter sept Autrichiens gisants, tués 
ou blessés, sous les fenêtres qu'il défendait (2). 

Pour se venger de son échec, Kewenhuller résolut de 
réduire la garnison par la famine. 

Les vivres, en effet, s'épuisaient à Lintz; le temps pres- 
sait; quelques jours après, les espérances s'évanouirent 
tout à fait quand on apprit l'insuccès de la tentative faite 
sur Scharding par M. de Tôrring. On était, du reste, sans 



(1) Une colonne de 800 fantassins et 300 cavaliers attaque ce faubourg 
en avant du pont de la route de Passau, faubourg défendu par un 
bataillon de Rohan. 

(2) D'Artois, ainsi nommé parce qu'il est originaire de Saint-Paul en 
Artois. Il fut nommé sergent à la suite de ce haut fait et soutint sa 
belle réputation jusqu'à la bataille de Dettingen, où il fut tué. (V. 
Roussel : Essais sur les Régiments.) 



112 HISTORIQUE 



nouvelle de M. de Boissoiinade(l), envoyé vers Piseck avec 
la mission d'informer le maréchal de Broglie de la situation 
désespérée dans laquelle se trouvaient le comte de Ségur 
et M. de Minutzi. Le gouverneur de Lintz résolut alors de 
tenter un coup de désespoir et de chercher à s'ouvrir lui- 
môme un passage soit sur la Bohême, soit sur la Bavière. 
Pour accomplir ce dessein, deux détachements, formés de 
troupes d'élite, s'avancèrenf dans les deux directions, Tun 
sur Gallnenkirchen, l'autre sur Epersberg. Le premier déta- 
chement se composait de presque tous les grenadiers de 
la garnison, sous le commandement de M. du Chatel. Il 
arrive au point du jour (2) devant Gallnenkirchen. Mais 
l'ennemi, prévenu par ses espions, s'est fortement établi 
dans les maisons et, lorsque les grenadiers de Rohan, qui 
forment tête de colonne, tentent de pénétrer dans le vil- 
lage, ils sont reçus par un feu si vif et si ajusté qu'en quel- 
ques minutes, les deux compagnies sont décimées. Soixante 
grenadiers trouvent une mort glorieuse auprès des cada- 
vres de leurs capitaines, MM. du Bochet et d'Houdan. L'at- 
taque sur Epersberg, à laquelle prirent part quelques 
compagnies de Rohan, fut encore plus désastreuse. Les 
capitaines des Haulles et oe Guichen y furent blessés. Le 
but était manqué, il fallut rentrer dans la ville (3). 

Enhardi par notre insuccès, l'archiduc Charles décide 
une attaque de vive force sur les abords de la place, dans 
la nuit du 22 janvier. Ses colonnes s'emparent de plusieurs 
couvents, détruisent et incendient tout ce qui se trouve à' 
leur portée, menaçant d'embraser toute la ville. 

Dans cette extrémité, la garnison, n'ayant plus de 
vivres, ayant perdu tout espoir de secours, menacée par 



(1) Capitaine au régiment de Roy al- Vaisseaux. 

(2) L'attaque eut lieu le 16 janvier. Ces renseignements sont tirés de 
l'Histoire de l'Infanterie française, par Susane et des Essais sur les 
Régiments y par M. de Roussel. 

(3) Dans ces sorties, les lieutenants Beaupoil, Deschambes, de la 
FoRGUE et DE FoNTENAY, lo sergeut Honoré (plus tard lieutenant) furent 
blessés. 



DU 15e RÉGIMENT D'INFANTERIE H3 



rhostilité des bourgeois rendus insolents depuis rapproche 
de Farmée autrichienne, dut se résigner à capituler. 

M. de Ségur obtint que la garnison entière sortirait 
avec les honneurs de la guerre, à condition de ne pas ser- 
vir pendant un an contre la reine de Hongrie. 

Année 1743 

Parti le 23 de Lintz, le régiment arriva en avril à Stras- 
bourg et fut dirigé sur Besançon. 

Au mois de février 1743, libre de son engagement, 
Rohan se rend. à Metz, d'où il va, peu après, rejoindre à 
Wissembourg Tarmée du Rhin, commandée par le maré- 
chal de Noailles. Ces forces étaient destinées à s'opposer à 
la marche des Autrichiens, des Hanovriens et des Anglais, 
soit sur Mayence et Francfort, soit sur le haut Palatinat. 

Il n'y avait pas de temps à perdre ; en conséquence, le 
maréchal avait fait jeter un pont à Lausheim, en face de 
Spire. Ce fut là que le régiment passa le fleuve, les 26 et 
27 avril 1743, pour aller cantonner à Heidelberg, avec 
trois autres régiments. Au mois de juin, cette division 
prit part à la malheureuse bataille de Dettingen. 

Bataille de Dettingen ;27 juin 1743). 

Dans la nuit du 26 au 27 juin, l'armée anglaise (1), qui 
se trouvait, pour ainsi dire, bloquée entre Aschafïenbourg 
et Dettingen, résolut de profiter des ténèbres pour nous 
échapper, en se retirant sur Hanau. 

La tentative était périlleuse. Le maréchal de Noailles, 
prévenu vers minuit du mouvement de l'ennemi, prend 
les plus habiles dispositions (2). Grâce à la rapidité de ses 



(1; Elle manquait de vivres et de fourrages ; c'est ce qui l'obligeait à 
quitter ses positions. 

(2) (( Georges Teut payé cher, à Dettingen, sur le Mayn, sans l'im- 
prudent mouvement du duc de Gramont, car les dispositions du maré- 
chal de Noailles étaient dignes du plus grand capitaine. » Frédéric II, 
Histoire de mon temps. 

Hist. 15-. B 



114 HISTORIQUE 



ordres, l'action fut bientôt engagée. Déjà Tennemi reculait 
sous le feu rapide et sûr de notre artillerie. La confusion 
se répandait de proche en proche dans les colonnes an- 
glaises, malgré la présence du roi Georges 11 et du duc de 
Gumberland, son second fils. Tous devaient y rester sans 
la fatale impatience du jeune duc de Gramont qui, ne 
pouvant résister au désir de se signaler, abandonna le vil- 
lage, brusqua son entrée en ligne (1) et dérangea ainsi 
tous les plans du maréchal, ce qui changea bien vite en 
affreuse déroute un triomphe presque assuré. 

Ce fufalors que Rohan fit preuve de la plus admirable 
fermeté. Après avoir vaillamment contenu Tennemi, pour 
permettre à nos brigades, refoulées en désordre, de se ral- 
lier dans le village, le régiment reçut Tordre de cliarger 
à son tour. Il le fit avec la plus grande valeur et la ligne 
ennemie reculait enfin lorsqu'elle s'entr'ouvrit, tout à coup, 
pour démasquer une batterie de réserve qui mitrailla nos 
colonnes à bout portant. Tourbillonnant sous ce feu, 
Rohan dut battre en retraite; mais, se repliant en bon 
ordre, il vint occuper les haies de Dettingen, qu'il ne 
quitta que pour soutenir avec Piémont le combat d'arrière- 
garde. 

Cette terrible journée fit d'épouvantables ravages dans 
les rangs de notre héroïque et malheureux régiment : 600 
hommes restèrent sur le champ de bataille (2). Parmi les 
morts se trouvaient les capitaines de Terson, de Riche- 
bourg, DE Charsé, de Vignacourt, Dunelle et de Vil- 
' HOUETTE ; les lieutenants : de Rouville, de la Croisille, 
Richard, de la Vorichaie, de Montplaisir, de Reauplan, 
Real et Raltier. Il faut ajouter à cette longue nécrologie 



(1) Malgré les ordres formels du maréchal, le duc de Gramont des- 
cendit de sa position avec le régiment de Noaillcs et celui des Gardes 
pour tomber sur Tennemi débandé dans le champ des Coqs. Mais il 
masqua ainsi les feux de nos batteries. 

r 

(2) Les deux nations mêlèrent la politesse et l'humanité aux horreurs 
de la guerre. Çxemplo : le duc de Gumberland, blessé, vit porter près 
de lui un mousquetaire nommé Girardeau : « Commencez, dit-il à son 
chirurgien, à soigner cet officier français. Il est plus blessé que moi et 
il manquerait de secours, tandis que moi je n'en manquerai pas. » 



DU 15° RÉGIMENT d'iNFANTERIB 115 

la liste des ofilciers blessés ; elle n'est pas moins édifiante. 
C'est d'abord le major de Luc-Majour, puis les comman- 
dants de bataillon de la Yiganière et Hiky, les capitaines 
DE Luc-Majour (1), de Hallebout, d'Artignos, de Najac, 
Dourlers, du Repaire, de Grincourt, de Mesnard, Duvi- 
CNAU, de Chantilly, de Mësmé, de Saillet, Damville, de 
Pioger ; les lieutenants d'Igoine, de Lescun, d'Adonville, 
d'Astorg, de Tanouarn, Rayne de Cantis, Daurée, de 
Kerniel, Manou, Dumesnil, de Farcy. Le colonel avait eu 
un cheval tué sous lui. 

Après une aussi grave épreuve, le régiment dut repasser 
le Rhin (2) pour se reconstituer. Mais il fut bientôt ap- 
pelé à remettre en état les lignes de la Lauter, ce qui lui 
donna l'occasion de repousser plusieurs attaques auda- 
cieuses de la cavalerie autrichienne. Dans une de ces ex- 
péditions, commandée par le baron de Brosse, le capitaine 
DuviGNAU et le lieutenant de Fontenai, attaqués par 50 
fantassins et plus de 800 hussards, quoique blessés tous 
les deux, ne se laissèrent point entamer et ramenèrent 
leur détachement dans le plus grand ordre jusqu'au camp 
de Landau, où l'armée avait pris ses quartiers (3). 

CAMPAGNE DE FLANDRE (1744) 

Louis XV, entraîné pas les circonstances, s'était décidé 
à agir pour soh propre compte. Ayant déclaré la guerre h 
la reine de Hongrie, il se mit en personne à la tôte de l'ar- 
mée qui devait attaquer, en Flandre, les forces de l'al- 
liance autrichienne. 

Prise de Menin (4 Juin J744). 

Le 15 mars 1744, Rohan quitta Sarrelouis, où il avait 
passé l'hiver, pour prendre part à l'investissement de Me- 

(1) Le chevalier do Luc-Majour. 

(2) Il le repassa à Worms. 

(3; La campagne terminée, Rohan se retira à Sarrelouis (octobre 1743) 



116 HISTORIQUE 



nin, que les troupes anglo -hollandaises n'osèrent secourir» 
Malgré sa vigoureuse résistance, la ville fut réduite à ca- 
pituler. 

Siège d'Tpres (juin 1744). 

Le lendemain même, le roi faisait entreprendre le siège 
dTpres par son armée victorieuse, sous la direction du 
prince de Clermont, arrière-petit-fils du grand Condé. 

Le 19 juin, les grenadiers de Rohan eurent l'honneur 
d'emporter la demi -lune, après une lutte acharnée au 
cours de laquelle deux compagnies de grenadiers perdi- 
rent la moitié de leur monde et trois officiers furent bles- 
sés : les capitaines de Danville et d'Hallebout et le lieu- 
tenant Beaupoil. 

La prise de la ville eut lieu le 27 juin; Rohan put alors 
se retirer au camp de Courtrai, puis à Sedan, pour y 
prendre ses quartiers. 

Année 1745 
Colonel marquis DE GRILLON 

(1745). 

L'année 1745 devait être glorieuse pour nos drapeaux. 
Louis XV, résolu de s'en tenir à la défensive en Alle- 
magne et en Italie, tourna contre la Flandre tout l'effort 
de ses armes. Le régiment, sous les ordres de son nou- 
veau-colonel, le marquis de Grillon (1), fit partie de l'ar- 
mée du maréchal de Saxe, forte de cent bataillons et de 
cent soixante-douze escadrons. La campagne commença 
par le siège de Tournai. Mais l'armée alliée envoya trois 



(1) Louis DE Balbi de Bertons, marquis de Grillon : d'abord colonel 
do Bretagne, puis colonel de Rohan, 1" Janvier 1745; brigadier, 1" mai 
1745; maréchal de camp, 2 octobre 1746; lieutenant général, 1*' mai 
1758. La charge de lieutenant-colonel fut donnée le 7 décembre 1745 à 
Louis Nicomède de Tristan, qui devint plus tard maréchal de camp 
(1758). 



DU i5^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE H7 

*■■■■"■■■■■ ■ -■■ ■ — - ■■ ■»■■■ ■■■^ ■ ■ I. I ■ ■ ■ ^^■^i^^ 

corps (1) pour secourir la place. Il fallait s'opposer à leur 
entreprise. 

Le 8 mai, le roi arrive avec le dauphin. Il laisse 18.000 
hommes devant Tournai et 6.000 pour garder les ponts de 
l'Escaut, et prescrit au maréchal de Saxe de prendre ses 
dispositions pour livrer bataille. « Depuis Poitiers, ajoute- 
t-il, aucun roi de France n'a combattu avec son fils contre 
les Anglais, j'espère être le premier. » 

Bataille de Fontenoy (11 mai 1745). 

Le 11 mai, dès 6 heures du matin, le canon se fait en- 
tendre. Le maréchal de Saxe avait tracé le plan de la ba- 
taille (2) et la valeur française remporta la victoire. 

Le régiment de Grillon, appuyant sa droite au village 
d'Antoing et sa gauche à l'une des redoute des Fontenoy, 
eut à soutenir, avec le régiment du roi, les attaques furieu- 
ses des Hollandais pendant la lutte définitive qui détermina 
la déroute des troupes anglaises. Toutefois, il ne fu^t point 
entamé et eut même le rare bonheur de s'emparer d'une 
batterie de huit pièces, sans éprouver de pertes considé- 
rables. 

Cette brillante victoire ne coûtait à Grillon que 50 hom- 
mes hors de combat, parmi lesquels se trouvait le capitaine 
DE Magnou (3). 

Cette action mémorable décida du sort de la guerre et 
en fit oublier les malheurs. Le roi ennoblit son triomphe 
par son humanité. Il voulut qu'on soignât, avec le même 
soin, les blessés des Français et ceux de l'ennemi. 
' (( Méditez, dit-il à son fils, au milieu des morts et des 
mourants, méditez ce spectacle affreux ; apprenez à ne pas 



(!) Un corps anglais (duc de Gumberland), un corps autrichien (Kœ- 
nigsek), un corps hollandais (prince de Waldeck). 

(2) L'armée française occupait une position très forte appuyée sur 
Antoing à droite, le village de Fontenoy au centre et^le bois de Bari à 
gauche. (Le tout fortifié et garni d'artillerie). 

(3) Ce capitaine eut la cuisse cassée. 



118 HISTORIQUE 



VOUS jouer de la vie de vos sujets et à ne jamais verser leur 
sang dans des guerres injustes. » 

L*armée victorieuse ne poursuivit pas les vaincus ; elle 
ne voulait pas s'éloigner de Tournai (1). Pourtant, la ville 
ayant capitulé douze jours après, deux colonnes furent diri- 
gées sur Gand, qui servait de magasin à Tarmée alliée. 



Combat de Mesle (9 juillet 1745). 

Le régiment de Grillon marchait, avec sa brigade et celle 
de Normandie, sous la conduite du comte du Chayla (2). 
L'ennemi avait envoyé 6.000 hommes au secours de Gand, 
Le 9 juillet, ce corps rencontra la colonne du Chayla sur la 
chaussée d'Alost, près de Tabbaye de Mesle. Le régiment 
formait Tavant-garde. Le marquis de Grillon s'était porté 
en avant avec ses éclaireurs. Il dut se replier devant les 
Anglais ; mais il le fit dans le plus grand ordre. Bientôt son 
régiment, qui était resté à un mille en arrière, arrive au 
pas de course, baïonnette au fusil, charge furieusement 
l'ennemi, reprend les canons et les pontons dont les An- 
glais s'étaient emparés, et les force à battre précipitam- 
ment en retraite, laissant entre nos mains plusieurs dra- 
peaux et 1.400 prisonniers. 

Ce beau fait d'armes, qui allait entraîner la prise de 
Gand, fut dû, en grande partie, à la valeur individuelle. .» 
C'est ainsi que deux soldats de Grillon, Pierre Chaumont et 
Pierre Loucheron, dit Sans-Quartier (3), voyant la cavale- 
rie française refoulée sur la chaussée, se jettent au milieu 
des escadrons anglais, attaquent un cornette, le tuent et 
rapportent en triomphe son étendard. 



(1) A Tattaque de la citadelle de Tournai (19 juin), le lieutenant dr 

ViLLEMARQUET fut bleSSé. 

(2) Le comte de Chayla avait trois brigades de cavalerie, deux d'in- 
fanterie, vingt pièces de canon et des pontons. 

(3) Pierre Chaumont, dit du Pont, né à Neuville-au-Pont, en Cham- 
pagne. Pierre Loucheron, dit Sans-Quartier, né à Etampes. (V. Essais 
sur les régiments, par M. de Roussel, et Science des personnes de la 
cour, tome III.) 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 119 

Malheureusement, la gloire coûte cher. Le capitaine de 
grenadiers Cochu avait trouvé une mort glorieuse dans le 
combat qui nous rendit notre artillerie surprise par Ten- 
nemi. Au nombre des blessés se trouvaient le commandant 
de bataillon de la Viganière et les lieutenants de Marve- 
LizE et DuFouR. Le régiment laissait 180 hommes sur le 
champ de bataille. 

Le roi lui témoigna sa satisfaction en lui accordant qua- 
torze croix de Saint-Louis et vingt-deux gratifications. 

Quelques jours après, la capitulation de Gand permit 
à Grillon de prendre part au siège d'Ostende. La place se 
rendit le 23 août après une sérieuse résistance qui coûta la 
vie aux lieutenants Ricard et de Gastelnau. Plusieurs offl- 
ciers avaient été blessés : le lieutenant-colonel de Les- 
TANG (1), le capitaine de Gastelnau, le lieutenant Dumesnil, 
le sous-lieutenant de la Marre. 

La campagne 3e termina par le siège de Nieuport, où le 
lieutenant Dumesnil fut encore blessé (septembre 1745) (2). 

Année 1746 

Au mois de juin 1746, le régiment se signale à la prise du 
fort de la Ilaisne qui défend les approches de Mons. Il per- 
dit 200 hommes à ce siège. Parmi les blessés se trouvaient 
le capitaine de Magenville et le lieutenant de Ghatenay. 

Envoyé, un peu plus tard, au corps de réserve du comte 
de Glermont, alors campé près d*Aôrschott, Grillon fournit 
plusieurs détachements destinés à éloigner les troupes légè- 
res qui troublaient la sécurité du camp. Dans une de ces 
rencontres, le capitaine de Magenville fut blessé, son lieu* 
tenant, M. d'Ille, fut tué. 



(1) Sans douto, le licutcnant-coloncl Hiky, qui portait peut-être aussi 
le nom de l'Etang. Nous ne trouvons ce nom que dans ïHintoire de 
l'ancienne infanterie française, par le général Susane. 

(2) De là, le régiment se rendit à Calais, où se préparait une expédi- 
tion contre l'Angleterre qui n'eut pas lieu. Au mois de janvier 1746, il 
vint se poster à Gand pendant le 6i^go do Bruxelles et retourna dans 
ses quartiers après la prise de cette ville. 



120 HISTORIQUE 



Une autre colonne, conduite par M. le capitaine de Kerni- 
SAN et le lieutenant de Thiersant, et forte de 50 hommes, 
fut surprise, près de Ramilles, par plus de 1.500 hussards 
qui la poursuivirent sans pouvoir Tentamer. Mais, arrêtés 
par Tarrivée d'un corps d'infanterie ennemie, nos braves 
soldats furent cernés et durent se rendre, après une glo- 
rieuse défense au cours de laquelle M. de Thiersant reçut 
un coup de sabre sur la tête. 

Au mois de novembre, le régiment est au siège de Na- 
mur. C'est pendant cette opération que le lieutenant de 
Petity, à la tête de 15 braves soldats, pénétra dans le fau- 
bourg de la Plante et en revint avec 37 prisonniers. Au 
bout de onze jours de vigoureuse, mais inutile résistance, 
Namur capitula (l). 

Colonel marquis DE LA TOUR DU PIN DE LA CHARCE 

(1746). 

Le marquis de Crillon, qui avait perdu 200 hommes à ce 
siège (2), fut chargé de porter au roi la nouvelle de son 
succès. Louis XV le nomma maréchal de camp et donna 
son régiment au comte de la Tour du Pin (3), sous le nom 
duquel il moissonna bientôt de nouveaux lauriers. 

Année 1747 

Attaque du fort de Zandsberg (5-6 mai 1747). 

L'année suivante, au mois d'avril, la Tour du Pin, fort de 
quatre bataillons (4), se trouve à Tarmée du marquis de 



(1) La ville capitula le 19 et la citadelle le 30 septembre 1746. 

(2) Blessés: capitaine Daurée, lieutenaDts de Montbrun et de la 
Marre. 

l3) Philippe-Antoine-Gabriel-Victor-Charles, marquis de la Tour du 
Pin et de la Charge : colonel, 19 octobre 1746 ; brigadier, 22 juillet 
1758; maréchal de camp, 20 février 1761. 

(4) Le 4*' bataillon avait été formé à Anvers. 



DU 15« REGIMENT d'iNFANTERIE 121 

Contades, qui devait emporter les forts de la Flandre hol- 
landaise. Celui de Zandberg, qui couvrait la place d'HuIst, 
n'était abordable que par une digue fort étroite. L'ennemi 
tenta de nous surprendre par une attaque de nuit. Le l^r 
bataillon était de garde à la tète de tranchée; il fut attaqué 
vers 1 heure du matin dans la nuit du 5 au 6 mai. 

Mais les grenadiers et les piquets, dirigés par le colo- 
nel en personne, opposèrent à l'ennemi une inébranlable 
résistance. 

Cependant, au bout d'une heure, la poudre vint à man- 
quer. Un sergent, aidé de quelques hommes, courut en 
chercher. Or, par suite de la précipitation, on négligea toute 
précaution. Le feu prit à une traînée de poudre, se com- 
muniqua aux sacs déposés sur les palissades et le bataillon 
presque tout entier fut brûlé. 

Un instant éloignés par l'efïroi de cette détonation , les 
Hollandais revinrent bientôt à la charge ; pourtant, le brave 
colonel, ralliant les débris de son malheureux bataillon, 
réussit à repousser l'ennemi (1). Une si belle attitude eut 
enfin sa récompense: Hulst capitula le 11 mai. 

Sa prise avait coûté la vie à trois officiers de mérite : le 
capitaine de Moussonvilliers, les lieutenants Jacquerie et 
Leclerc, et l'on^îomptait 11 officiers parmi les blessés. Voici 
leurs noms : le colonel marquis de la Tour du Pin (brûlu- 
res); les capitaines de Montbrun, de Cours, de Farcy, de 
Pioger-Chantradeux, d'Hallebout; les lieutenants Pen- 

NARD, GUYOT, Le FrANC DE SaGERRAN Ct LaBORDAVE. 

Bataille de Lawfeld' (2 juillet 1747). 

Malgré tout, le régiment ne se reposa guère ; il alla con- 
courir au siège d'Axel (16 mai) et se trouva dans les pre- 
miers jours de juillet à la célèbre bataille de Lawfeld. 

(( La paix, disait le maréchal de Saxe, est dans Maêstricht, 
et une bataille gagnée peut seule nous en ouvrir les portes. )) 



(1) Ces renseignements sont empruntés à V Histoire de l'ancienne 
infanterie française, par Susane, et aux Essais sur les régiments ^ par 
M. de Roussel. 



122 HISTORIQUE 



Pour couvrir la ville, l'armée des alliés occupait une po- 
sition formidable, en avant de Lawfeld, derrière des ouvra- 
ges en terre qui se flanquaient entre eux. Ces obstacles ne 
firent pas renoncer le maréchal à l'honneur de l'offensive. 
Louis XV donna lui-même le signal de la bataille. 

La Tour du Pin se trouvait à l'aile droite, où le combat 
fut le plus acharné. Trois attaques successives étaient ve- 
nues se briser contre les défenses de Lawfeld. Le maréchal 
de Saxe, considérant ce village comme la'clef de la posi- 
tion, résolut de s'en emparer à tout prix. C'est alors qu'il 
manda les brigades de La Tour du Pin, du Roi et d'Orléana 
pour tenter ce nouvel et suprême effort. Le moment était 
solennel, la victoire allait se décider. 

Le régiment, fier de sa mission, s'élance à la baïonnette 
avec une intrépidité sans égale. Il culbute la colonne en- 
nemie dans le ravin et lui passe sur le corps. Le roi, témoin 
de tant de valeur, lui accorda cinq brevets de lieutenant- 
colonel, treize croix de Saint-Louis (1) et vingt-sept grati- 
fications. Il avait perdu à cette bataille les capitaines de 
Mageinville et de Dreux et les lieutenants de Vaudry, de 
Sagerran, Le Franc et de la Durantie. Parmi les blessés 
se trouvaient les capits^ines d'Artignos, de Najac, de la 
Grèze, de Vandel, de Larmandie, de ' Montgrand , le 
chevalier capitaine adjudant -major de Montgrand, de 
Maillé, de la Tour Dejeax, de Tanouarn, de Grlxcourt, de 
Ferrand et d'Astorg et les lieutenants de Cheffontaines, 

JOURDAN, DE MaRDEVILLE, DE LA MaRRE, TerCIER, DE LA 

ViLOTTE, Deschênes, de Requeur et Fourneau, ainsi que 
MM. DE LossE, DE Lagoudre et DE Boislebon qui faisaient 
la campagne en volontaires. 

Malgré cette brillante victoire, il parut difficile d'enlever 
Maêstricht. Pour épargner ses troupes, Louis XV crut pré- 
férable d'en ajourner le siège. 

En conséquence, les régiments prirent leurs quartiers 
d'hiver. La Tour du Pin s'établit à Bruxelles. 



(1) Au sujet des croix de Saint-Louis, consulter Tappcndice n° 4. 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 123 



Année 1748 

Mais, Tannée suivante (1748), on apprit qu'un corps de 
25.000 Russes venait au secours de la Hollande (1). Le ma- 
réchal de Saxe, qui n'avait pas renoncé à prendre Maôs- 
tricht, voulut agir promptement pour s'assurer l'avantage. 
La ruse prépara et le courage acheva le triomphe de nos 
armes. L'ennemi, trompé par une fausse démonstration sur 
Bréda, dégarnit ses positions pour se porter au secours de 
cette place. Le maréchal, profitant de cette faute, brusqua 
son mouvement et vint investir Maêstricht. Le siège fut 
poussa avec une incroyable vigueur. 

Le 29 avril, à 9 heures du soir, deux compagnies de gre- 
nadiers de la Tour du Pin et trois de la Couronne, soute- 
nues par celles de Rohan et d'Alsace, s'élancèrent au cri de 
« Vive le Roi I » sur la flèche de gauche du front d'attaque 
et parvinrent à se loger sur le saillant gauche du chemin 
couvert de l'ouvrage à cornes. Cette action coûta la vie au 
capitaine de la Durantie, frère du lieutenant tué à Law- 
feld et au capitaine de Corneillan. Dix officiers avaient été 
blessés pendant le siège : le 20 avril, le capitaine de Cas- 
TELNAU, le lieutenant Legrand, le lieutenant Mézières ; le 
21, le lieutenant Ric ART ou Richart; le 29, le capitaine de 
RoGUESHAUTES, Ic Capitaine de Vandel, les lieutenants Ter- 
ciER et de la Marre; MM. de la Coudre et d'Articles (vo- 
lontaires). 

Paix d'Aix-la-Chapelle (1748). 

La place n'eût pu résister longtemps à de pareils assauts. 
Le maréchal de Saxe allait en forcer les portes lorsqu'ar- 
riva un courrier du duc de Cumberland annonçant la ces- 
sation des hostilités, ce qui justifiait le mot de Maurice de 
Saxe : « La paix est dans Maêstricht. » 

Louis XV la conclut à Aix la-Chapelle (18 octo^e 1748),. 



(1) Une armée de 80.000 hommes couvrait déjà Maêstricht. 



124 HISTORIQUE 



(( non en marchand, mais en roi )), selon Texpression de son 
plénipotentiaire au Congrès. 

A cette période de guerre, on vit succéder près de sept 
années de quiétude et de prospérité (1). 



GUERRE DE SEPT ANS 

Pourtant l'ambition des Anglais devait bientôt troubler 
le calme de TEurope. Us ne pouvaient voir sans jalousie le 
bonheur de la France. Ce lut du Canada que jaillit Tétin- 
celle qui allait bientôt embraser les deux mondes. L'An- 
gleterre, sans déclaration de guerre, attaquait nos colonies, 
capturait notre marine marchande et nous suscitait en Eu- 
rope de graves difficultés. Louis XV, qui n'aspirait qu'à la 
paix, fut forcé de faire la guerre. 

On vit tout à coup changer le système politique de l'Eu- 
rope : la Prusse unie à l'Angleterre et la France à l'Autriche. 

La guerre fut au début heureuse. Le régiment rejoignit 
en 1757 (25 août) l'armée du maréchal d'Estrées, qui devait 
attaquer les forces anglaises du Hanovre. 

Sous les ordres directs du duc de Richelieu, La Tour du 
Pin poursuivit jusqu'à Stade le duc de Cumberland. 11 se 
porta ensuite à Lunebourg, pour protéger la retraite de 
notre armée battue à Rosbach, puisse retira derrière l'Aller 
et prit ses quartiers d'hiver à Hanovre. La victoire semblait 
avoir abandonné nos drapeaux. 

La Tour du Pin fut très maltraité pendant la campagne 
de 1758. Etabli à Goch (2 lieues de Clèves), il dut se retirer 
précipitamment devant les progrès rapides du prince Fer- 
dinand. Continuellement harcelé par l'ennemi, le régiment 
perdit une partie de ses équipages et la moitié de son ha- 
billement neuf. 

Le lieutenant de grenadiers de Soulage, resté malade à 



(i) Le régiment tint garnison à Lille, février 1749; à Dunkorque, 1751 ; 
à Valenciennes, 17;32; au camp do Sarrelouis, 1754; ù Maubeuge, 1755; 
au Havre-dc-Grâco, Juillet 1750 ; au Mans, à Saumur, à La Flèche, sep- 
tembro*1756. 



DU 13® RÉGIMENT D*1NFANTERIE 125 

* ■ • Il 

Gocb, reçut un coup de sabre sur la tête et un coup de pis- 
tolet à la jambe; il parvint cependant* à s'échapper. 

Un détachement de 50 hommes fut moins heureux ; surpris 
et entourés par les coureurs de Ferdinand, nos soldats firent 
bravement leur devoir; mais après une héroïque défense, 
les survivants de cette vaillante colonne furent faits pri- 
sonniers avec leur lieutenant M. d*Epinay. 

Bataille de Crewelt ou Crefeld {23 juin 1758). 

Malgré toutes ces épreuves, La Tour du Pin assiste, quel- 
ques jours plus tard, à la malheureuse bataille de Crefeld, 
où le comte de Clermont fut battu par le prince de Bruns- 
wick. Le régiment fit preuve, en cette journée, de la plus 
étonnante fermeté. Exposés pendant cinq heures au feu 
meurtrier de trois batteries, nos soldats, inébranlables 
sous la mitraille, ne se plaignirent que de leur inaction et 
de la nécessité de battre en retraite. Un courage aussi 
calme est plus rare et plus méritoire que Tardeur dans 
la lutte (i). On en a peu d'exemples. Sans avoir eu de 
toute la journée Toccasion de tii*er un coup de fusil, La 
Tour du Pin avait perdu plus de 500 hommes dont cinq 
capitaines : MM. de Roques-Hautes, du Halgouet (2), Duvi- 
GNY, d'HouRMELiN et DE LA BouRDONNAYE. Parmi les blessés, 
il fallait compter les capitaines de Montbrun, Delon, de 

CONFLANS, DE LA MoTHE-FeRRAND, DE DiANOUS Ct DE MÉMAR- 

QUES ainsi que les lieutenants d'Astier, de Saint-Germain 
et DU Seigneur, et le sergent Desroulins, qui devint lieu- 
tenant et fut tué en 1762. 

Enfin, après diverses opérations autour de Cologne, le 
régiment prit ses quartiers d'hiver à Xanten (2 lieues de 
Wesel) près de Wesel. 



(1) Le capitaine Delon faisait le service de l'artillepie. Le régiment 
souffrit tant parce qu'il était pris en écharpe par trois batteries. Son 
audacieuse retraite en imposa à la cavalerie ennemie, qui n'osa l'in- 
quiéter. (V. Essais sur les régiments, par E. de Roussel.) 

(2) Agathe-Luc-Jean-Baptiste de Poulpiquet, chevalier du Halgoèt, né 
il Rennes en 1729, chevalier do Malte en 1747, avait un frère aîné ca- 
pitaine au régiment (1& comte du Halgoèt). 



126 HISTORIQUE 



Prise de Munster (25 Juillet 1759). 

En 1759, La Tour du Pin figure dans le corps de réserve 
du marquis d'Armentières, qui fut chargé d'investir Muns- 
ter. 

Dans la nuit du 11 au 12 juillet, le régiment tenta une 
audacieuse attaque sur la porte Saint-Maurice. 

Il eut à soutenir le choc de toute la garnison et ne se 
retira qu'au jour. C'est dans cette glorieuse affaire que 
périt le lieutenant de Souvolles. On ramassa parmi les 
blessés le capitaine de Chassignoles (1), le commandant de 
bataillon de Larmandie, les capitaines de la Tour-Dejean 
et DE Farcy, les lieutenants de Lustrac et de Siry, ainsi 
que les sergents Desroulins, Richart et Pagnon, devenus 
plus tard officiers au corps (2). 

D'aussi grands sacrifices furent enfin récompensés par 
la capitulation du 25 juillet, qui nous livra 3.000 soldats 
prussiens, ainsi que le lieutenant général de Zastrow. 

Après quelques expéditions sans importance, La Tour du 
Pin vint jouir à Gologne'd'un repos qu'il avait bien gagné 
(21 janvier 1760). 

Bataille de Corbach (10 juillet 1760). 

Le régiment fit la campagne de 1760 sous les ordres du 
comte de Saint-Germain (3). 

Appelées au secours du maréchal de Broglie, les brigades 
La Tour du Pin et La Couronne arrivent fort à propos, le 
10 juillet, sur le champ de bataille de Corbach et sontbien- 



(1) Le capitaine de Chassignoles, grièvement blessé au genou droit, 
devint lieutenant-colonel en 1784. 

(2) Le régiment devait attirer sur lui le feu de la place pour faciliter 
l'attaque de droite, mais cette attaque s'étant égarée, l'ennemi craignit 
d'être forcé par la porte Saint-Maurice, que canonnaient nos quatre 
pièces de campagne. Il y porta toutes ses forces. Le régiment se main- 
tint sous une grôie de bombes, pots-à-feu, grenades et mousqueterio. 

(3) Corps de réserve assemblé à Dusseldorf. 



DU 15° RÉGIMKNT d'iNFANTEIUE 127 

tôt suivies des brigades de Royal- Suédois et de Casteilas, 
qui permettent de prononcer l'attaque décisive et de déga- 
ger les volontaires de Flandre. Malgré le feu meurtrier de 
l'ennemi, celui-ci se voit obligé de battre en retraite après 
quatre heures de combat. 

Les capitaines de Kernisan et Duserre, les lieutenants de 
RouvROY, DU Luc, d'Osmont, de la Villaudrey (enseigne) 
et de la Vernosse furent blessés à Corbach, où le régiment 
avait perdu 29 hommes et comptait 115 blessés. 

Warbourg (31 juiHot 1760). 

Cependant, le maréchal deBroglie, qui occupait la Hesse 
et le Hanovre, avait été obligé de diviser ses forces. Le 
prince de Brunswick, profitant de cette occasion, résolut 
de surprendre le corps du chevalier du Muy. Le 31 juillet, 
à la faveur du brouillard, deux colonnes ennemies débou- 
chent subitement sur la gauche de l'armée française. La 
brigade de La Tour du Pin (1), qui était à droite du village 
de Warbourg, vole au secours de l'aile menacée. Mais le 
chevalier du Muy s'aperçoit bien vile que l'ennemi me- 
nace les ponts de la Dymel, qui seuls assurent sa ligne de 
retraite. Pour parer à ce danger, il choisit La Tour du Pin 
étTouraine(2). 

Le 2<3 bataillon du régiment passe la rivière à gué, sous 
le feu de l'ennemi, protège la retraite, forme l'arrière-garde 
de la réserve et se retire en bon ordre devant la supério- 
rité des forces. Sept officiers avaient été blessés dans 
cette glorieuse affaire. C'étaient les capitaines de La Tour- 
Ferrand, de Guintrand et de L'Enfernat ; les lieutenants 
d'AsTiER, Dupuis, de Chantepie, chevalier de Chassignoles, 



(1) La Tour du Pin cl Tourainc. 

(2) La Tour du Pin et Touraino, conduits par lo lieutenant gt^néral 
de Meaupou et lo maréchal de camp marquis de Roquépine, se portent 
au secours de Bourbonnais, Roucrguo et La Couronne. Le Si" bataillon, 
un moment coupé par notre cavalerie, est chargé iUi front ot do Hanc 
par celle de l'ennemi, mais 11 l'arrête par son feu et passe la rivière 
avec de l'eau Jusqu'à la ceinture. 



128 historique: 



DE Plats, et les sous-lieutenants Beaupoil, Pagnon et 
Matheron. Quelque temps après, le régiment fut envoyé 
au secours de Wesel, menacé par le prince héréditaire et 
se trouva ainsi au combat de Ciostercamps, célèbre par le 
dévouement du chevalier d*Assas. Immobilisé pendant une 
partie de Faction, par suite de la blessure de son colonel, 
la Tour du Pin eut cependant l'honneur de prendre part 
aux charges qui repoussèrent définitivement les troupes 
hanovriennes. Le régiment comptait 73 hommes hors de 
combat, parmi lesquels le colonel (1), les capitaines du Sei- 
gneur et des Favières, les lieutenants de Plats et de la 
ViLLAUDRAY et Ic sous-lieuteuant de la Feuillade. 



Colonel comte DE BOISGELIN 

(1761). 

Le 20 février 1761, le comte de La Tour du Pin fut nommé 
maréchal de camp. Il fut remplacé par le colonel comte de 
BoisGELiN, qui commandait précédemment le régiment de 
Saintonge (2) (3). 

Boisgelin, qui faisait partie du corps de réserve com- 
mandé par le prince de Gondé, ne cessa guère de combattre. 
Il prit part à la bataille de Villingshausen (4) (15 et 16 juil- 
let). Quelques jours plus tard (28 juillet), dans une ren- 
contre particulière, près de Neuheim (sur la Roër), il per- 
dait un brave officier, le lieutenant de Saint-Paul, tué à la 
tête de ses grenadiers. Nous le retrouvons encore, le 30 



(1) Le colonel de La Tour du Pin reçut un coup de feu à la cuisse dès 
le début de Faction. 

(2) René Gabriel comte de Boisgelin, fut fait brigadier le 25 JuiN 
let 1762. Le lieutenant-colonel Marc Antoine de Hallebout, servait au 
corps en 1724 comme lieutenant; lieutenant-colonel, 18 janvier 1760; 
brigadier, 20 février 1761 ; maréchal de camp, 1767. 

(3) Le corps était alors à Cologne et y passa l'hiver. 

(4) Villingshausen. Combat perdu par la faute du maréchal de Sou^ 
bise. 



DU 15« RÉGIMENT D*L\FANTERIE 129 

août, à l*affaire de Roxel. Puis il va prendre ses quartiers 
d'hiver à Cologne et Dusseldorf . 

Année 1762 

Pourtant la guerre n'était point terminée. Le régiment 
dut bientôt reprendre la campagne. Au mois de juin 1762, 
un détachement de la compagnie de Cambefort eut la bonne 
fortune de capturer à Ippenburen deux aides de camp du 
prince Ferdinand : le colonel Ligonier et le capitaine an- 
glais de Medos. D'ailleurs, cette année devait être parti- 
culièrement glorieuse pour Boisgelin. 

Combat de Gxûningen-Johannsberg ou Johannisberg 

(25 août 1762). 

Le 25 août, il se signala de la façon la plus honorable 
au combat de Grùningen-Johannsberg, où le prince de 
Condé repoussa Tarmée deux fois plus nombreuse du prince 
héréditaire. Dès le commencement de l'action, un brave 
soldat, nommé Jean Troury (1) s'était placé en vigie sur 
un arbre très exposé au feu de Tartillerie adverse. En dépit 
du danger, il se maintint ferme à son poste et put ainsi 
donner avis du mouvement de retraite de Tennemi, ce qui 
détermina dans nos troupes un nouvel et irrésistible élan. 
C'est alors que le capitaine de Serre-Durival (2), à la tête 
de 30 hommes déterminés, tenta une audacieuse attaque 
sur le moulin de Grûningen, où il eut la gloire de s'em- 
parer de trois pièces de canon. 

Les vainqueurs campèrent sur le terrain, puis ils se di- 
rigèrent sur le Johannsberg pour se rapprocher de MM. les 
maréchaux. 



(4) Jean Troury, dit du Raisin, né à Paris, paroisse de Saint-Jean-de- 
Latran. 

(2) Joseph DE Serre Durival, né à Gap en 1737; capitaine en 1758. 
Blessé à Corbach. S'est distingué au moulin de Grûningen (25 août 1762) 
en s'em parant de trois pièces de canon (Etats de service). 

Uist. 15». 9 



130 HISTORIQUE 



Nous allons voir que la journée du 30 août devait être 
plus brillante encore que celle du 25. Boisgelin s'y couvrit 
d'une gloire incomparable. Le prince de Condé s'y montra 
vraiment digne du grand nom qu'il portait. 

Bataille de Friedberg-Johannisberg (30 août 1762). 

L'armée française se trouvait établie dans une forte posi- 
tion, près de Salines de Friedberg, quand son avant-garde 
fut attaquée sur la moatagne du Johannsberg par dix-neuf 
bataillons ennemis, sous la conduite du prince de Bruns- 
wick en personne. 

Cependant tous leurs efforts venaient se briser contre 
l'inébranlable résistance du marquis deLévis (1) lorsqu'on 
apprit que Lùckner, avec quarante escadrons, opérait un 
mouvement tournant par Niedermelle, afin de tomber sur 
notre flanc. Pour parer à ce danger, il fallait agir au plus 
vite et brusquer la victoire. Le prince de Condé confia cette 
noble tâche à la brigade de Boisgelin. Il s'agissait de se 
rendre maître d'un bois situé vers notre gauche et défendu 
par 3.000 Anglais et 3.000 Hanovriens. Entraînée par le 
lieutenant-général comte de la Guiche et les maréchaux de 
camp de Chantilly et Jenner, cette troupe généreuse s'é- 
lance au pas de course contre l'ennemi, dont elle essuie 
deux décharges sans riposter, et se jette à la baïonnette sur 
les 6.000 Anglo-Hanovriens qu'elle enfonce et disperse en 
un clin d'œil. Dans la poursuite, un caporal de la compagnie 
DE BoRDENAVE, nommé Michel Roussillac (2), emporté par 
son ardeur, parvient seul au delà d'un ruisseau que les 
ennemis traversent avec peine, en tue plusieurs et ramène 
onze prisonniers (3). 



(1) Le marquis de Lévis commandait Favant-garde. Il avait été ren- 
forcé par les grenadiers royaux du comte de Stainville. 

(2) Michel Roussillac, dit Augustin, originaire de Saint-Augustin, 
près Brives, en Limousin. (Ces détails sont empruntés à Touvrage de 
M. de Roussel : Essais sur les régiments. 

(3) Le prince de Soubise, témoin de ce haut fait d'armes, voulut l'en 
récompenser sur-le-champ en lui donnant quatre louis d'or. 



DU 15^ RÉGIMENT D*1NFANTERJE 131 

Pendant ce temps, les charges vigoureuses du comte 
de Stainville achevaient la déroute du prince de Bruns- 
wick (1), dont les troupes repassèrent précipitamment le 
Weser, laissant entre nos mains 600 morts, 1.500 prison- 
niers, 1.200 chevaux, 2 étendards et 15 pièces de canon. 

Ce beau fait d'armes couronnait dignement la dernière 
campagne de la guerre de Sept ans, qui n'aboutit malheu- 
reusement qu'au traité de Paris (10 lévrier 1763), si désa- 
vantageux pour la France. 

En raison du rôle glorieux joué par le régiment dans 
cette action mémorable (2), le comte de Boisgëlin, son 
colonel, fut chargé de porter au roi la nouvelle de la vic- 
toire. 11 en fut récompensé par le grade de brigadier. D'au- 
tre part. Sa Majesté chargea spécialement le maréchal 
d'Estrées de transmettre au corps tous ses compliments 
pour sa brillante conduite à Friedberg; il en donna d'ail- 
leurs un éclatant témoignage en accordant à Boisgeiin qua- 
torze croix de chevalier de Saint-Louis et 15.J0J livras de 
gratification (Y. les pièces justificatives à l'appendice 
no 3.) 

Le régiment pouvait être fier de sa gloire ; mais il l'avait 
payée bien cher : 28 soldats avaient été tué.s sur place, 
256 étaient blessés. Le corps d'officiers ne s'était guère mé- 
nagé; 8 d'entre eux avaient trouvé la mort au champ 
d'honneur: c'étaient les capitaines de Saint Sauveur (3), 
d'Autteville (4), Dumas (5) et de Ranchin (6); les lieule- 



(!) Le prince héréditaire de Brunswick avait été dangereusement 
blessé. 

(2) « Les troupes ont fait des prodiges, écrit le prince de Condé à 
M. de Choiseul, particuli^^ftment le régiment de Boisg-lin, conduit par 
MM. de Chantilly et Jonncr, maréchaux de camp. » i our ce qui con- 
cerne la croix de Saint-Louis, voir la note de l'appcnlice n" 3. 

(3) Louis-Victor Pocquet de Saint-Sauveur, né à 1 1 Martinique, on 
4736. 

(4) Louis-Augustin-Jeannln d'Autteville, né à Valericienncs, en 1740. 

(5) Jean-César Dumas, né à Bordeaux. 

(6; Jean-Philippe chevalier de Ranchin, né à Puylaurens le 2 octo- 
bre 1733; chevalier de Saint-Louis, 9 septembre 17ôi; mort de ses 
blessures le 10 octobre 1762. 






132 HISTORIQUE 



nants Rogon, Oldet et Desroulins, le sous-lieutenant de 
LoRGERiL. Plus longue encore était la liste des blessés : en 
tète, le commandant de bataillon (1) chevalier du Mesnil^ 
puis les capitaines delà Forgue, de Sarrant, de la Tour, 
DE Ferrand, de Roye de l'Enfernat, Mézières, Collet des 
Favières, de Mémarque, Navette de Chassignoles, de la 
Barrière, de Champbruslard, delà Vergnhe, de Siry, Dou- 
ville; le lieutenant de grenadiers Beaupoil et les sous- 
lieutenants Ricard, Chantepie, Bourguisson, d'Osmont, de 
LA Feuillade, Matheron, de Berne, enfin le porte-drapeau 
Bagué. 

Nous n'aurions garde d'omettre ici un fait assez signifi- 
catif à une époque où l'esprit de corps entretenait entre 
les divers régiments une si vive et continuelle rivalité : 
Boisgelin reçut les félicitations les plus flatteuses de la 
part de plusieurs autres corps sur sa brillante attitude dans 
l'affaire de Friedberg, 

Mentionnons tout particulièrement la lettre adressée par 
les officiers de La Couronne à ceux de Boisgelin, document 
qui demeurera toujours honorable pour les deux régiments. 
(V. pièces justificatives, appendice 3, ) 

Colonel marquis DE CRÉNOLLE 

(30 novembre 1764). 

Rentré en France après la signature delà paix, Boisgelin 
se rendit à Calais. Il y tenait encore garnison lorsque l'or- 
donnance du 10 décembre 1762 lui imposa le nom de 
Béarn (2). Nous n'entrerons pas dans le détail des nom- 
breuses garnisons qu'occupa le régiment de Béarn pendant 
cette période de paix (3). Disons cependant qu'il se trouvait 



(1) Germain-Nicolas du Mousset, chevalier du Mesnil, né dans le Per- 
che; réformé en 1763 comme commandant de bataillon. 

(2) Cette ordonnance substituait le nom permanent d'une province 
aux noms essentiellement variables des colonels, qui servaient, jusqu'à 
cette époque, à la désignation des régiments des gentilshommes. 

(3) Mars 1763, Calais; novembre 1764, Dunkerque; août 17fô, Thion- 






DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 133 

à Dunkerque lorsqu'il passa sous les ordres du colonel 
marquis de Crénolle (30 novembre 1764) (1). 

Le règne de Louis XV s'acheva dans la tranquillité. 

Mais Tambition de la marine anglaise entretenait un 
sourd mécontentement. 

La révolte de l'Amérique du Nord fut le signal de la dé- 
tente. Le roi de France (Louis XVI) dut veiller à la sûreté 
de ses colonies, car tout faisait présager une rupture avec 
l'Angleterre. 

En conséquence, Béarn, comme tant d'autres régiments, 
reçut l'ordre d'envoyer son 4® bataillon aux Antilles. 

Il fut embarqué à Brest, le 20 novembre 1775, à desti- 
nation de Saint-Domingue. 

L'année suivante, en vertu de l'ordonnance du 25 mars, 
Béarn se dédoubla pour former deux régiments : les l^r et 
3<^ bataillons constituèrent Béarn (le nouveau), en conser- 
vant le drapeau et l'uniforme de l'ancien corps, tandis que 
les 2® et 4® bataillons formèrent le régiment d'Agénois. 

Enfin, en 1777, le régiment de Béarn prit le numéro 15 
dans l'ordre de bataille, par suite de l'ordonnance royale 
qui supprimait le roulement entre les régiments à semes- 
tre (2). 

Colonel marquis DE BARTILLAT 

(1780). 

En 1780, la promotion du marquis de Crénolle au grade 
de maréchal de camp (l^r mars) fit donnerie commande- 
ment de Béarn au marquis de Bartillat (nommé à la date 
du 13 avril 1780) (3). 



vUle; juin 1767, Sarrelouis; octobre 1767, Brest ; novembre 1769, Metz; 
octobre 1771, Thionville; septembre 1772, Valenciennes ; novembre 1774, 
Metz; 1777, Verdun; 1778, Meaux; 1779, en Picardie; 1781, Saint-Omer, 
novembre 1781, Brest; juin 1784, Metz; novembre 1787, Dieppe; septem- 
bre 1789, Le Havre; janvier 1792, Arras; 15 juin 1792, Lille. 

(1) Anne-Louis de Quingo de Crénolle; brigadier, 3 Janvier 1770; 
maréchal de camp, 1" mars 1780. 

(2) Bourbonnais, Béarn et Auvergne. 

(3) Louis-François-Jules-Jeannot, marquis de Bartillat ; brigadier, 5 
décembre 1781 ; maréchal de camp, 9 mars 1788. 



134 HISTORIQUE 



Le régiment, qui avait été envoyé plusieurs fois dans le» 
ports du nord de la France pour protéger les côtes contre 
les tentatives de la marine anglaise, revint à Metz, au mois 
de juin 1784, lorsque la paix fut assurée par le traité signé 
à Versailles -3 septembre 1783) entre les Etats-Unis, la 
France, TEspagne et TAngleterre. 

Colonel DE BOISGELIN DU KERDU 

(1788). 

Cependant, la crainte d'une nouvelle guerre maritime le 
fît envoyer à Dieppe en octobre 1787, et, deux ans après, 
au Havre (septembre 1789), où nous le trouvons sous les 
ordres d'un nouveau colonel, le vicomte de Boisgelin de 
Kerdu (1) (2). 

Quoi qu'il en soit, le régiment n'eut l'occasion de pren- 
dre part à aucune action de guerre. Il est môme à supposer 
qu'il ne quitta point sa garnison, car il était encore au 
Havre au moment où l'Assemblée nationale substitua aux 
noms de province, que portaient les régiments, la seule dé- 
signation de leur numéro dans l'ordre de bataille (le^ jan- 
vier 1791). 

Béarn deTlent le 15^ Rég^lment d'Infanterie. 

A partir de cette époque, Béarn ne porta plus que la dé- 
nomination de": (( 15« Régiment d'infanterie ». 

Colonel comte DE CASTELLANE 

(25 Juillet 1791). 

Le 30 juin de la môme année, le colonel de Boisgelin fut 
retraité avec le grade de maréchal de camp. Il eut pour 



(1) Gille-Dominique-Jean-Maric de Boisgelin, nommé le 1'' mars 1788; 
retraité avec le grade de maréchal de camp le 30 Juin 1791. 

(2) M. Jean-Charles de Myon fut lieutenant-colonel de Béarn de 1789 
à 1791. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 135 



successeur le comte de Castellane (1), qui ne fit que pas- 
ser au régiment. 

Sur ces entrefaites, le 2« bataillon recevait Tordre de par- 
tir à son tour pour Saint-Domingue. Il s'embarqua au 
Havre, le 1®' novembre, et ne revint jamais en France. 

Colonel DE MYON 

(1791). 

Quelques jours plus tard, le colonel de Castellane était 
remplacé par M. de Myon (7 novembre 1791), qui avait le 
grade de lieutenant-colonel au corps depuis le 7 mai 1789. 

Au mois de janvier suivant (2), ce qui restait du régiment 
fut envoyé à Arras. Oji l'y trouve, le 1®' mars, à l'effectif de 
347 hommes. 

Colonel DE VARENNES 

(7 mars 1792). 

Deux mois après (juin), le 15® régiment d'infanterie était 
en garnison à Lille, sous les ordres de son nouveau colonel 
M. de Varennes (3). Il eut bientôt l'occasion de montrer 
qu'il avait pieusement conservé les traditions de ses aînés. 

Les grandes commotions politiques qui déchiraient alors 
le cœur de la France avaient eu un grave retentissement dans 
toute l'Europe. L'orage commençait à gronder à l'horizon. 
L'Assemblée législative résolut de brusquer les choses et 
força Louis XVI à déclarer solennellement la guerre à l'em- 
pereur d'Autriche (20 avril 1792). 



(1 ) Michel-Ange-Bonifacc-Marie, Ck}mte de Castellane, colonel du 15% 
le 25 juillet 1791. 

(2) Le 1" bataillon arrive le 27 janvier 1792 -à Arras. 

(3) Marie-Louis de Varennes, colonel du 15" le 7 mars 1792. 



136 HISTORIQUE 



Siège de Lille (24 septembre - 8 octobre 1792). « 

C'est en Flandre qu'on tira les premiers coups de canon. 

Le régiment, qui faisait partie de l'armée du Nord, com- 
mandée par Luckner, puis par Dumouriez, eut l'insigne 
honneur de prendre part à la glorieuse défense de Lille (1). 

Le duc Albert de Saxe-Teschen s'avançait à la tête d'une 
armée de 25.000 fantassins, 8.000 cavaliers avec 50 pièces 
de canon et 12 mortiers. De pareilles forces semblaient pro- 
mettre un facile triomphe. Mais la place de Lille brava son 
adversaire. Le général Ruault, qui commandait la garnison, 
n'avait sous ses ordres que 4.412 hommes d'infanterie, 1.128 
cavaliers, deux compagnies bourgeoises de canonniers sé- 
dentaires (2) et 132 hommes du 3® régiment d'artillerie. Le 
patriotisme et la vaillance devaient suppléer au nombre. 

Cependant, dès le Commencement de septembre, les trou- 
pes autrichiennes avaient passé la frontière et «comme un 
torrent qui rompt ses digues » elles avaient envahi la Flan- 
dre française. Le général Ruault diposait de si peu de monde 
(5.678 hommes, dont 666 du 15® de ligne) qu'il n'avait pu 
envoyer que de faibles détachements à Lannoy et à Roubaix. 
L'ennemi s'en rendit maître le 5 septembre. Dans ces enga- 
gements, le capitaine Louis Deseutre, du 15® de ligne, qui 
commandait la garnison de Roubaix, eut un cheyal tué sous 
lui (Etats de service). 

Le 23 septembre, les têtes des colonnes ennemies parais- 
saient en vue de Lille et le duc Albert établissait différents 
camps dans le voisinage de la ville. 

Le lendemain, nos avant postes du faubourg de Fives 
étaient refoulés jusque dans le chemin couvert. En sorte 
que, dès le 24, l'investissement était aussi complet qu'il 
devait l'être jamais. La place n'avait plus d'autre porte 



(1) Siège de Lille (24 septembre-8 octobre). 

(2) Ces forces furent ensuite doublées par les renforts qui arrivèrent 
dans les premiers jours d'octobre. 



DU 15« RÉGIMENT D*INFANTERIE 137 

libre que celle d'Armentières et d'autres communications 
que celles de la ligne de Dunkerque (1). 

Les premières opérations de la défense furent dirigée» par 
le lieutenant général Duhoux (2). 

Le 25, pour se donner de Tair, il tenta d'arracher à 
Tennemi les positions perdues la veille. Cette entreprise 
fut confiée à 600 hommes de différents piquets (3), com- 
mandés par les lieutenants-colonels de Pierre, du 24® de 
ligne et Valhubert, des- volontaires de la Manche. Lui- 
même se mit à la tète des tfoupes avec le maréchal de camp 
de Champmorin. Mais les Autrichiens occupaient tous les 
points du faubourg. Aussi nos efforts vinrent-ils se briser 
contre leur opiniâtre résistance. Enfin, après trois heures 
de cette lutte acharnée, le général dut ordonner la retraite. 
Elle se fit en bon ordre et pas à pas, sous la protection 
du feu de la place, grâce aux heureuses dispositions prises 
par le général Ruault. C'est dans cette sortie que le 45® ré- 
giment d'infanterie perdit un de ses meilleurs officiers, le 
capitaine Philippe Chabot (4), qui mourut le jour môme. 

Le duc Albert employa les journées des 26, 27 et 28 à 
construire de formidables batteries, destinées à bombarder 
la ville. Tel était Tétat des choses lorsque, le 29, vers il 
heures, on vint annoncer au conseil de guerre qu'un offi- 
cier supérieur autrichien, accompagné d'un trompette, se 
présentait à la porte Saint-Maurice. Le général Ruault char- 
gea aussitôt son aide de camp (le capitaine Morand) d'aller 
avec le colonel de Varennes, du 15® régiment d'infanterie, 
recevoir le parlementaire étranger. On lui fit traverser la 
ville en voiture, les yeux bandés, pour l'introduire au con- 



(1) Voir Le siège de Lille en 1792, par Désiré Lacroix. 

(2) Mais le 29 septembre, par suite de son rappel à Paris, il dut re- 
mettre le commandement au maréchal de camp Ruault, qui l'exerça 
jusqu'à la fin du siège. 

(3) Parmi lesquels celui du 15' régiment d'infanterie. 

(4) Philippe-François Chabot, né le 13 avril 1756 ; gendarme du roi 
en 1772 ; sous-lieutenant le 5 octobre 1782, au bataillon du Poitou ; capi- 
taine au 15% le 31 mai 1792, officier d'avenir. 

Son frère, Louis-François, capitaine à la même date et au môme ré- 
giment, devint chef de brigade le 20 août 1793. (Etats de services.) 



138 HISTORIQUE 



seil. C'est là qu*il remit une dépêche du capitaine général 
Albert de Saxe portant sommation de rendre la ville et la 
citadelle à Tempereu^et roi. On sait la magnifique réponse 
que lui fit le brave gouverneur (1). 

Mais à peine l'envoyé du duc Albert eut-il regagné les 
postes de l'armée ennemie qu'une effroyable détonation se 
fit entendre. Douze mortiers et vingt-quatre pièces de gros 
calibre, tirant à boulets rouges, vomissaient leurs projec- 
tiles sur les différents quartiers de la fière cité. 

Cependant rien ne put vaincre la patriotique constance 
des défenseurs de la place et ce sera l'éternel honneur de 
la population lilloise que d'avoir, en cette circonstance, 
donné l'exemple du plus pur héroïsme et de la plus entière 
abnégation. 

Tandis que le soldat, par principe et par devoir, fidè- 
lement dévoué à son poste, y déployait comme au milieu 
des flammes une valeur peu commune, le citoyen, in- 
sensible à ses pertes, jurait de mourir, non seulement sqr 
les restes fumants de son habitation, mais encore sur la 
brèche de ses remparts, où l'ennemi ne portait que d'im: 
puissants efforts (2). 

Une aussi admirable résistance devait avoir sa juste ré- 
compense. Le 8 octobre, en effet, les Autrichiens, qui avaient 
épuisé leurs munitions, se hâtèrent de lever le siège en ap* 



(1) Réponse du général Ruault : 

« Monsieur le Commandant général, 

(( La garnison que ]*ai l'honneur de commander et moi sommes réso- 
lus de nous ensevelir sous les ruines de cette place, plutôt que de la 
rendre à nos ennemis ; et les citoyens, fidèles comme nous à leur ser- 
ment de « vivre libres ou mourir », partagent nos sentiments et nous 
seconderont de tous leurs efforts. 

» Lille, le 29 septembre 1792. 

» Le maréchal de camp commandant à Lille. 

» Ruault. » 

(2) Le capitaine Deseutre, du 15" de ligne, dont nous avons parlé 
plus haut, avait pu rentrer à Lille. Il eut la bonne fortune de sauver 
plusieurs femmes et enfants menacés parles flammes. (Etats de services.) 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 139 

m 

prenant que Dumouriez s'avançait à la tête d'une armée de 
30.000 hommes. 

Pour s'assurer de la retraite de l'ennemi et détruire ses 
ouvrages, le maréchal de camp de Champmorin exécuta 
une reconnaissance au delà du faubourg de Fives. Il avait 
sous ses ordres 300 volontaires nationaux, un bataillon du 
15® conduit par son lieutenant-colonel Daurières, un ba- 
taillon du 87® commandé par le lieutenant-colonel O'Keefe 
et un détachement de hussards. 

La ville était définitivement sauvée : (( La magnifique 
défense des Lillois, publiée dans toute la France, excita 
l'enthousiasme général '> (1). 



CAMPAGNE DU NORD 

Profitant de cette heureuse diversion, Dumouriez voulut 
entreprendre la conquête de la Belgique. 

Entre temps, le 13® régi ment d'infanterie avait été affecté 
à la 2® division (maréchal de camp de Canolle) du i^^ corps 
d'armée (lieutenant général de la Bourdonnaye). 

Le 8 novembre, nous le trouvons campé à Cysoing, d'où 
il va rejoindre, à Tournai, le premier corps qui marche sur 
Anvers. 

L'avant-garde se présente le 18 devant la place et la 
somme inutilement de se rendre. Le lieutenant général de 
la Bourdonnaye prend alors ses dispositions pour s'emparer 
de la citadelle de Berchem. 

Pendant la nuit du 23 au 26 novembre, nos travailleurs, 
conduits par le capitaine Deseutre, ouvraient la tranchée 



(1) Le 12 octobre 1792, la Convention nationale, après avoir entendu 
la lecture d'une lettre de ses commissaires à l'armée du Nord, et sur la 
proposition d'un de ses membres, décrète que les habitants de Lille ont 
bien mérité de la patrie. 

Au commencement de septembre, la garnison de Lille ne comprenait 
que 2.018 hommes des volontaires nationaux, 666 du 15' de ligne, 576 
du 24«, 645 du 56% 513 du 90% 132 dii 3« régiment d'artUlerie, 356 cava- 
liers du 60 régiment, 450 du 13', 322 du 1" hussards. 



140 HISTORIQUE 



dans le plus grand ordre. (( Le silence fut si bien observé 
que Tennemi ne s'aperçut pas de ce travail. » 

Les cheminements furent poussés très activement,, et, le 
30, à une heure de l'après-midi, la garnison, forte de 1.100 
hommes, mettait bas les armes et restait prisonnière de 
guerre (1). 

« Le lendemain, on distribua des secours aux corps de 
troupe pour acheter des efïets^ et Ton donna aux soldats 
un jour de sold^en numéraire. » 

Au mois de décembre 1792, les armées du Nord, des Ar- 
dennes et de Belgique sont réunies sous les ordres du gé- 
néral Dumouriez. 

Le 4, Tarmée tout entière se dirige sur Diest et prend 
ses cantonnements le long de la Meuse. Puis, au commen- 
cement de Tannée suivante, le 15®, à Tefïectif de 780 hom 
mes, vient s'établir à Rûremonde (30 janvier). Il en part 
au printemps pour servir sous les ordres du général La 
Marlière, à l'avant-garde de Tarmée du Nord (Dumouriez). 



Année 1793 

Mais nous sommes bientôt obligés de rétrograder devant 
la marche des Prussiens de Brunswick et des Impériaux, 
commandés par le prince Charles et le prince de Wurtem- 
berg. 

Vivement attaquée, le l^r mars, en avant de Rûremonde, 
Tavant-garde se voit contrainte d'abandonner cette ville et 
de se replier sur Diest. La retraite s'exécute en bon ordre 
et sans précipitation. 

Plus tard, sur l'ordre de la Convention, Dumouriez 
fait évacuer la Hollande. La division La Marlière (2) est 
établie, le 13 mars, à Aerschott et à Lier, pour couvrir 
Louvain. 



(1) Le 26 novembre, le général Miranda avait remplacé la Bourdon- 
naye. 

(2) Elle se compose des !"• bataillons des 2* et 15* régiments d'infan- 
terie, de quatre bataillons de volontaires, cinq escadrons de cavalerie 



DU 1JJ« RÉGIMENT D'iNFANTEHIE 141 

Toutefois, réchec de Nerwinden (18 mars} détermine 
Tarmée du Nord à continuer son mouvement rétrograde 
sur Courtrai. 

Le 30 mars, elle est réunie aux camps de Bruille, Orchies, 
Saint-Amand et Famars. Quelques jours après, le général 
de Dampierre succédait à Dumouriez (1). Il entama les 
opérations en Flandre, mais ne fut pas heureux et, s'il 
n*avait eu la gloire de périr au champ d'honneur, il eût eu, 
sans doute, le même sort que ses successeurs Custine et 
Houchard (2), qui durent expier sur Téchafaud la faute 
d'avoir été vaincus. 

Quoi qu'il en soit, le 13®, qui se trouvait sous les ordres 
du général Béru depuis la destitution de La Marliëre (juil- 
let 1793), termina la campagne sans avoir eu l'occasion de 

prendre part à aucune action de guerre importante (3). 

< 

Année 1794 

Enfin, le 23 janvier 1794, en exécution de la loi du 21 fé- 
vrier 1793, le régiment fut amalgamé avec le 14« bataillon 
de fédérés et le 4® bataillon de la Sarthe, pour former la29o 
demi-brigade de bataille. 

Le 2« bataillon du 13« régiment d'infanterie avait disparu 
tout entier à Saint-Domingue. 

La 30^ demi-brigade de bataille, à la formation de laquelle 
il devait concourir, n'a jamais existé que sur le papier (4). 

Quant au dépôt de l'ancien Béarn, qui était resté dans les 
garnisons de Bretagne, il entra directement dans la compo- 



(5* chasseurs et 3' régiment do cavalerie de ligne), en tout 5.300 hom- 
mes. 

(1) Le 4 avril, Dumouriez avait une entrevue avec Mack et se ré- 
fugiait dans le camp autrichien. 

(2) Custine fut exécuté le 2S Juillet, après la prise de Valenciennes ; 
Houchard après avoir été battu sous Courtrai. 

(3) 11 avait été successivement cantonné au camp de la Madeleine, à 
Frelinghem, aux Ecluses, à Luiselle, aux Ecluses de Deulemont, à Ula- 
ton près de Lille. Son effectif, le 1" octobre 1793, est de 524 hommes. 

(4) La demi-brigade de bataille, qui devait porter le numéro 15, n'a 
Jamais été non plus organisée. 



142 HISTORIQUE DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE. 

sitioa de la- 40® demi-brigade de ligne, à la réorganisation 
du 5 avril 1796. 

Il est intéressant de savoir ce qu'est devenue cette 29® 
demi-brigade, dont les anciens soldats du 15® constituaient 
le meilleur et le plus solide élément. 

Nous la trouvons, au mois de janvier 1794, établie au 
Quesnoy, comptant un effectif de 1.132 hommes et conser- 
vant à Aire un dépôt qui fut plus tard transporté à Hesdin. 

Réorganisation dn 5 avril 1 700. 

Après avoir contribué, avec Tarmée du Nord, à la seconde 
conquête de la Belgique et à celle de la Hollande, la 29® demi- 
brigade de bataille fut réunie à l'ancienne demi-brigade de 
la Seine-Inférieure (volontaires) pour former la 14® demi- 
brigaâe de ligne, qui fut depuis surnommée « la Brave ». 

Cette transformation ne fut pas la dernière, car, à l'orga- 
nisation de 1803, la 14® demi-brigade de ligne devint le 14® 
régiment de ligne (le Brave), dont les fastes égalent, s'ils 
ne les surpassent, ceux de ses devanciers. 



DEUXIÈME PARTIE 

(1996-1815) 



DE LA FORMATION DES DEMI-BRIGADES DE LIGNE JUSQU'AU 

LICENCIEMENT DE 1815 



DEUXIÈME PARTIE (1796-1815) 



PERIODE DE LA RÉVOLUTION « DE L'EMPIRE 



Histoire de la 15' demi-brigade de ligne (ancienne 68* demi-brigade 
de bataille;, devenue, en 1803, 15* régiment d'infanterie. 

Le 18 nivôse an IV (8 janvier 1796), le Directoire prescri- 
vait une nouvelle organisation des unités administratives 
de Tarmée. 

L'arrêté définitif du 19 janvier constituait cent dix demi- 
brigadès d'infanterie de ligne et trente demi-brigades d'in- 
fanterie légère. 

Il fallut donc procéder encore à des transformations. C'est 
ce qui explique comment la 15® demi-brigade d'infanterie 
de ligne se trouva presque entièrement constituée par l'an- 
cienne 68® demi-brigade de bataille (1), dont les trois ba- 
taillons figuraient, à cette époque, dans la i^^ division de 
l'armée du Nord (en Hollande). 

Le nouveau corps fut organisé sur place, à la date du 
20 mars 1796 (30 ventôse an IV) et, quelques mois plus tard, 
(10 thermidor) il se trouva tout entier réuni au camp de 
Gorselle, à l'effectif de 2.563 hommes. 

C'est là que le général Macdonald, profitant des loisirs de 
la campagne, avait résolu de façonner ses troupes à la ma- 
nœuvre, à l'ordre et à la discipline; car,jusque-là, il n'avait 



(i) La 68« demi-brigade de bataille avait été formée, en exécution du 
décret du 21 février 1793, par le 2" bataillon du 34" régiment d'infanterie 
(ci-devant Angoulême) , le 2« bataillon des volontaires de Loir-et-Cber 
(formation du 19 août 1792), et le 3' bataillon des réserves (volontaires 
dedifférents départements ; formation du 15 septembre 1792). Cette demi- 
brigade comprenait, au complet, 2.437 bommes et six pièces de canon 
du calibre 4. 

Le costume était celui des gardes nationales : habit bleu et pantalon 
rayé, sans autre marque dis tinctive que le numéro porté sur le collet. 
Hist. 15*. • 10 



146 HISTORIQUE 



supporté qu'avec peine le laisser-aller de toutes ces légions 
remuantes et tapageuses, nées des amalgames les plus di- 
vers et composées des éléments les plus disparates. 

Mais, sous son habile et active impulsion, la l^^ division 
eut bientôt .acquis une juste renommée pour sa bonne tenue, 
et son esprit militaire. 

Lorsque le général Augereau, arrivant d'Italie, vint pren- 
dre le commandement des provinces bataves, il fut obligé 
d'en convenir. Pourtant, comme il était souvent de trèsi 
maussade humeur, il ne trouva, pour exprimer son éton- 
nement, qu'une boutade assez méchante à l'adresse du gé- 
néral Macdonald ( 1 ) : 

« Ces troupes, dit il, ont été dressées à la prussienne. » 

Cependant les belles qualités qui faisaient l'orgueil de 
l'armée du Nord ne furent pas inutiles. Car, si ces braves 
demi-brigades n'avaient pas l'occasion de prendre part à 
des actions éclatantes, comme celles qui fixaient alors l'at- 
tention de l'Europe sur l'Italie, elles n'en conservaient pas 
moins une double et difficile mission : celle de s'opposer à 
toutes les entreprises de l'Angleterre en Hollande et celle, 
plus délicate encore, d'assurer l'ordre et la tranquillité dans 
le Brabant (2). 

Le 16 octobre 1798, le général Brune venait prendre le 
commandement en chef de l'armée française aux Pays- 
Bas. 

De graves nouvelles circulaient alors : il n'était question 
partout que du prochain débarquement des Anglais dans 
les îles de la Meuse; et, d'autre part, il y avait lieu de se 
préoccuper de la sourde agitation qui naissait et se propa- 
geait rapidement dans toutes les lirovinces bataves. 

Le mouvement insurrectionnel, habilement mené par 
les comités occultes de Bruxelles et d'Anvers, se révéla 
subitement un peu partout. 



(1) Histoire du maréchal Macdonald. 

(2) Kn 1797 (an V), la 15" domi-brigado fut envoyée à Dusseldorf; mais 
dès que les préliminaires do la paix furent signés à Léobon (i" avril), 
elle revint à Arnheim, Doësbourg et Zutphen, et fut afTectée à la division 
Desjardins, puis à la division Collaud (prairial an V). 



DU to® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 147 



CAMPAGNE CONTRE LES RÉVOLTÉS DU BRABLNT 

Brumaire an VII (octobre et novembre 1798). 

Durant la première quinzaine de brumaire (an VII), la 
révolte se manifesta dans le département des Deux-Nettes 
et dans ceux de la Dyle et de l^Escaut, et s'étendit bientôt 
jusqu'à celui de Sambre-et-Meuse (1). 

Mais le général Brune, mis au courant de la situation 
par les généraux Desjardins et Collaud, avait heureuse- 
ment pris ses précautions.- 

Dès le 23 vendémiaire an VII (16 octobre 1798), la 15» 
demi-brigade avait reçu Tordre d'envoyer le 3« bataillon et 
quatre compagnies du !«' d'Utrecht à Bréda (2). 

Arrivées le 29 vendémiaire à Bréda, ces treize compagnies 
furent ensuite dirigées sur Berg-op-Zoom. 

Enfin, le 2 brumaire au. VII (23 octobre 1798), le général 
Desjardins était informé que des séditieux armés venaient 
de se présenter devant Anvers. Il y dépêcha, dans la nuit 
du 2 au 3, huit compagnies de la 15« demi-brigade avec 
deux pièces de 4. 

Confiant alors à l'adjudant général Durutte le soin de 
poursuivre les perturbateurs vers Axel, Lier et Malines, le 
général Desjardins laissait un détachement de la 15® demi- 
brigade à la garde du pont de Walew et se portait, avec le 
reste de ses troupes, dans la commune de Boom, où il at- 
teignit et battit complètement les révoltés. 

Cependant, du côté de la Dyle, le tocsin sonnait de toutes 
parts. 



(1) Ces renseignements sont tirés de la Correspondance journalière 
de l'armée du Nord et de Batavie (1798-1799) (documents officiels du 
ministère de la guerre). 

(2) Chaque bataillon comprenait neuf compagnies, dont huit de fusi- 
liers et une de grenadiers. La compagnie de grenadiers se composait de 
62 grenadiers et 3 officiers. La compagnie de fusiliers avait un effectif 
de 86 hommes et 3 officiers. A chaque demi-brigade était attachée une 
compagnie de canonniers volontaires avec six pièces de 4 et tous les ^ 
attirails nécessaires à leur service. 



148 HISTORIQUE 



11 était bien évident que l'Angleterre, en fomentant l'in- 
surrection, n'avait qu'un but : celui de favoriser un débar- 
quement dans l'Ile Walcheren ou au Texel. 

C'est ce qui détermina le général Desjardins à prendre 
huit compagnies de la 15® demi-brigade à Schowen pour 
les porter à Flessingue. 

 la fin du même mois, huit autres compagnies de la 
même demi-brigade étaient rappelées de Grave à Bois-le- 
Duc et Tilburg (30 brumaire). 

Pendant ce temps, les autres compagnies de la 15® demi- 
brigade avaient été détachées sous les ordres du général 
Collaud, commandant les départements réunis, et opéraient 
dans la Campine (1). 

Le l®"^ frimaire, le général Collaud apprend que d'impor- 
tants rassemblements de révoltés se sont formés aux envi- 
rons de Mool. 11 charge aussitôt le général Rivaud de les 
surprendre, les disperser ou les détruire. 

A cet effet, le général Rivaud, «rompant avec les disposi- 
tions des journées précédentes, forme ses troupes en deux 
colonnes (2) : 

La première, commandée par le chef d'escadrons Cha- 
bert, se compose de deux escadrons du 16® chasseurs et d'un 
bataillon de la 72® demi-brigade. Elle doit se porter de West- 
Mool à Ghel; 

La seconde, comprenant quinze compagnies de la 15^ 
demi-brigade, sept compagnies du 5® chasseurs à cheval et 
deux escouades d'artillerie à pied, est sous les ordres du 
chef d'escadrons Hébert et doit se diriger de Wesslaer sur 
Meerhout, Mool et Baten (3). 



(1) V. Correspondance des armées du Nord et de Batdvie, 1798-99. 
Documents du dépôt de la guerre. 

(2 )V. Rapport officiel du général de brigade Rivaud, daté du 6 fri- 
maire an VII. (Dépét de la guerre.) 

(3) Tous ces détails proviennent de la Correspondance journalière 
des armées du nord et de Batavie. (Documents officiels du dépôt de la 
guerre.) 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 149 



Combat de Mool (2 frimaire an VII. — 22 novembre 1798). 

Le 2 frimaire, ia colonne Hébert rencontre, à une demi- 
lieue en deçà de Mool, 7 à 800 séditieux rangés en bataille 
à rentrée d'une lande. Us ont à dos un marais et un bois 
et c'est là qu'ils tentent de nous arrêter. Mais le feu de la 
iS^ demi brigade a bientôt raison de leur résistance et, 
pendant que nos fantassins les pourchassent à travers bois, 
notre cavalerie les poursuit par les routes, les tourne et 
les accule, après trois heures de lutte, dans la lande maré- 
cageuse. 

Les insurgés ne songent plus à disputer la victoire; ils 
n'ont qu'un seul souci, celui de vendre chèrement leur vie. 

Un misérable hameau se trouve non loin de là. Us s'y 
replient en toute hâte, se postent dans le cimetière et les 
jardins et s'y défendent en désespérés. 

C'est en vain, car les compagnies de la 15® demi-brigade 
arrivent sur leurs talons, les débusquent et s'emparent du 
petit village. 

Les révoltés cherchent alors leur salut dans la fuite; 
mais les charges du 5« chasseurs à cheval achèvent leur 
déroute. Ceux qui ne peuvent s'échapper à travers les ma- 
rais tombent sous les balles de nos soldats (1). 

Dure et terrible répression, qui devait porter un coup 
mortel à la sédition. En effet, les vaincus laissaient sur le 
terrain 200 hommes hors de combat et abandonnaient 
entre nos mains tout leur convoi, composé d'une voiture de 
poudre et de quatre chariots de vivres. 

Dans la même journée, le chef de bataillon Villard, de 
la 15« demi-brigade, qui commandait une colonne de flan- 
queurs à notre gauche, eut la bonne fortune de capturer, 
dans les bois de Portels, neuf brigands redoutables, parmi 
lesquels on reconnut les fameux chefs Neulemans et 



(1) V. Rapport officiel du général de brigade Rivaud daté du 6 
frimaire au VII. (Dépôt de la guerre.) 



150 HISTORIQUE 



Coxbey, qui fomentaient partout le désordre et la ré- 
volte (1). 

Le lendemain, 3 frimaire, le commandant Hébert se ra- 
battit sur Dessel et Arendouck, en fouillant les forêts. 

Puis, après trois jours de repos, il fît une nouvelle dé- 
monstration sur Mool (6 frimaire). On put se convaincre 
que les insurgés avaient complètement disparu de la ré- 
gion. L'insurrection était définitivement domptée (2). 

Aussiy dans la première décade de frimaire, les quinze 
compagnies de la 15^ demi-brigade, détachées jusque-là 
sous les ordres du général Collaud, furent autorisées à re- 
joindre leur division normale. 

Pendant Tannée 1799, les trois bataillons continuèrent à 
garder les îles de Tembouchure de la Meuse. Leurs princi- 
paux postes furent Ferwer, Flessingue, Middelbourg, Wis- 
senkerke, Goès, Berg-op-Zoom. 

Le 17 septembre 1799, la 15® demi-brigade, forte de 2.753 
hommes, concourait à la formation provisoire de la nouvelle 
armée du Nord. Mais, à la date du 23 septembre, toutes 
ces troupes, cantonnées dans la République batave, prirent 
le nom d'armée de Batavie. 

Bien que la 15® demi-brigade ne paraisse pas avoir pris 
part aux batailles de Zyp, de Bergen et de Gastricum, 
nous avons lieu de croire que ses détachements ont eu plu- 
sieurs engagements isolés avec les Anglais ; car, le 23 octo- 
bre 1799, on procéda à l'échange de quelques officiers pri- 
sonniers. Le lieutenant Delignac et le sous-lieutenant 



(1) Renseignement tiré du rapport officiel du général de brigade Ri- 
vaud, daté du 6 frimaire an VII. (Documents du dépôt de la guerre.) 

(2) Pendant toute cette période de trouble intérieur, la 15* demi-bri- 
gade eut à regretter la perte d'un certain nombre de braves soldats 
surpris isolément et assassinés par les insurgés, dont la plupart étaient 
des brigands. 

Le 4 brumaire an VII nous perdîmes un homme dans ces conditions ,* 
le 21 brumaire, un caporal fut blessé, un grenadier du 1" bataillon 
tué. 

Le 22 brumaire, un soldat fut blessé. Le 6 frimaire, la 15' demi-bri- 
gade eut un homme tué et un mortellement blessé. 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 151 

Teytus (1) (ou Fétu) sont remis en liberté moyennant la 
délivrance de MM. J. Staffort, lieutenant au 31^ régiment 
anglais, et A. Brown, enseigne au 4<) régiment. 

Cependant, après avoir fourni tant de preuves de sa 
discipline et de son dévouement durant cette longue pé- 
riode d'escarmouches contre les insurgés ou les Anglais, 
la 15^ demi-brigade avait hâte de donner la mesure de sa 
valeur dans la grande guerre. 

L'occasion ue s'en fit guère attendre. 

CAMPAGNE DE 1800 SUR LE RHIN ET LE DANUBE 

Les foudroyantes victoires de Bonaparte en Italie avaient 
épouvanté la cour impériale de Vienne, qui s'était vue ré- 
duite à signer le traité de Gampo-Formio (17 octobre 1797). 

Mais cette paix n'était qu'apparente et c'est les armes 
à la main qu'il fallut en imposer les clauses à l'Europe tou- 
jours surexcitée par les sourdes menées de l'Angleterre. 

Profitant de l'éloignement de Bonaparte et de notre meil- 
leure armée, qu'on croyait alors perdus dans les sables de 
l'Egypte, le cabinet britannique avait su réveiller les ran- 
cunes des vaincus et coaliser contre nous l'Autriche, là 
Russie, une partie de l'Allemagne, Naples, le Portugal et 
la Turquie. 

Nos armées durent pénétrer encore une fois dans les val- 
lées du Rhin, du Danube et du Pô, si souvent illustrées par 
leurs glorieux exploits. 

Le 9 novembre 1799, la 15® demi-brigade, qui comptait 
toujours à l'armée de Batavie, reçut l'ordre de se diriger 
sur Cologne et de gagner ensuite l'Alsace, pour être em- 
ployée à l'armée du Rhin, dont le rôle allait être si consi- 
dérable. 



(1) Renseignements empruntés à la Correspondance de l'armée de 
Batavie (Dépôt de la guerre) : 

On lit dans les rapports de l'armée de Batavie : « sous-lieutenant 
Fétu et lieutenant Deligne ». Mais les contrôles de la 15" demi-brigade 
portent : « lieutenant Delignac et sous-lieutenant Teytus «> ; aucun des 
autres noms du corps ne ressemble à ceux-là. 



152 HISTORIQUE 



En conséquence, elle quitta Berg-op-Zoom le 20 novem- 
bre 1799 (10 frimaire an VIII) et arriva, le 22 décembre 
1799 (2 nivôse an VIII), à Strasbourg, où elle demeura sous 
les ordres du général Tbareau. 

Le premier consul avait confié au général Moreau la di- 
rection suprême de nos opérations militaires en Allema- 
gne. 

Il lui avait donné pour mission de rejeter sur Ulm et 
Donauwerth toutes les forces du général Kray. La tâche 
n'était pas sans difficulté, car les troupes impériales, fortes 
de 150.000 hommes, occupaient toute la rive droite du 
Rhin depuis le lac de Constance jusqu'à Mayence. 

Moreau partagea son armée en cinq grands corps : la 
premier, sous les ordres de Lecourbe, formait Taile droite; 
le 2®, sous le commandement immédiat de Moreau, formait 
la réserve; le 3®, commandé par Gouvion Saint-Cyr, cons- 
tituait le centre et comprenait les divisions Ney, Baraguey- 
d'Hilliers, Tbareau et Sahuc (cavalerie). Un 4® corps, celui 
de Sainte-Suzanne, était établi à Taile droite, tandis que 
le 5^ corps restait à la disposition du commandant en chef. 

La 15® demi-brigade de ligne figurait dans le corps du 
centre et comptait à la 2® division (Baraguay-d'Hilliers) (1). 

Moreau, pressé par le premier consul, ouvrit les hosti- 
lités le 25 avril, en franchissant le Rhin entre Strasbourg 
et Bàle. 

Le centre, sous les ordres de Saint-Cyr, déboucha de 
Vieux-Brisach et s'avança vers Fribourg, menaçant la val- 
lée de la Kintzig pour persuader à l'ennemi que ce serait 
là le véritable débouché de l'armée du Rhin. 

(( Kray, trompé par le mouvement offensif de Sainte- 
Suzanne vers Offenbourg (25 au 27 avril), a successivement 
dégarni son centre et sa droite ; mais, revenant bientôt de 
son erreur, il ordonnait une retraite générale sur Stockach 
et Lipptingen » (2). 



(1) Le 4 floréal an VIII (29 avril 1800), les capitaines Lemaire et Pra- 
DiER, de la 15* demi-brigade, sont nommés chefs de bataillon. 

(2) Pajol, général en chef, t. II, p. 113. 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 153 

Cependant Moreau, voulant surprendre l'armée enne- 
mie pendant l'exécution de cette marche de flanc, dirige 
Saint-Cyr sur Tengen et Engen en même temps qu'il donne 
l'ordre au général Lecourbe de se porter sur Steifflingen et 
Stockach. 

On se heurta au même instant à Stockach et à Engen ; 
des deux côtés l'action se soutint avec vigueur (1). 

Batailles d' Engen et de StoclLach 

(13 floréal an VIII. — 3 mai 1800). 

Tandis que le général Lecourbe abordait le prince de 
Lorraine- Vaudémont et le rejetait en désordre sur le Da- 
nube, le général Moreau attaquait, vers Engen, la majeure 
partie des forces de l'armée autrichienne, commandée par 
le maréchal Kray en personne. 

La division Baraguay-d'Hilliers, à laquelle appartenait la 
15® demi-brigade, après avoir traversé la Vutach à Zimetz- 
hofen, s'était trouvée en présence des troupes légères du 
prince Ferdinand. Immédiatement formée en bataille, elle 
eut bientôt enlevé la Chapelle- Sainte -Ostilia, le Zollhaus 
et les hauteurs de Riedoschingen. Mais, l'ennemi s'étant 
déployé sur la forte position de Leipfertingen, il fallut s'en 
emparer. 

La brigade Roussel, qui devait longer la lisière des bois 
de Stetten pour se porter au secours de Richepanse, fut 
aussitôt assaillie par les troupes du prince Ferdinand ; ce 
fut en vain, car tous leurs efforts vinrent se briser contre 
l'inébranlable résistance de cette belle brigade (15® et 23®), 
et l'arrivée du général Ney permit alors au général Roussel 
de continuer sa marche. Il était temps : la division Riche- 
panse était à bout de forces. 

Vers 4 heures du soir, le 15® et le 23® de ligne, débou- 
chant parla gauche des bois, abordaient avec une rare im- 



(1) Jominif Histoire critique et militaire des guerres de la Révolu- 
tion, t. XIII% liv. XVI, chap. CI, p. 137. 



154 HISTORIQUE 



pétuosité Textrôme droite ennemie, commandée par le 
comte de Nauendorf . 

Enfin, après six heures d'un combat acharné, le prince 
Ferdinand, informé des événements de Stockach, se vit 
contraint à se replier sur Tutlingen. La divîsion Baraguey- 
d'Hilliers restait maîtresse de la position. 

Les soldats de la 15® demi-brigade campèrent vers Stettep; 
ils pouvaient revendiquer une juste part de ce glorieux 
succès (1). Nous nous ferions un scrupule de ne pas signaler 
ici la mâle et fîère conduite du fusilier Renaud et du ser- 
gent major Dernoncourt. Se trouvant en tirailleur sur le 
plateau d'Engen, Renaud (2) est assailli par trois uhlans; 
mais, abattant d'un coup de feu, à vingt pas, le plus me- 
naçant, il se débarrasse du second par un vigoureux coup 
de baïonnette et s'élance sur le dernier, qui prend la fuite 
devant lui. 

Le premier consul reconnut la virile attitude du soldat 
RENAUD en lui décernant, le 28 brumaire an IX, un fusil 
d'honneur. 

Dans la même journée, le sergent-major Dernoncourt se 
distinguait de la façon la plus brillante en capturant, pen- 
dant le combat, 9 Autrichiens, dont 2 officiers. Ce haut fait 
fut récompensé par un brevet d'honneur, qui lui fut accordé 
un peu plus tard (10 prairial an XI) (3). 

Notre victoire coûtait aux Impériaux 3.000 morts, 7.000 
prisonniers, 3 drapeaux et 9 pièces de canon. 

Sur ces entrefaites, Moreau ayant appris que Kienmayer 
s'avançait à marches forcées au secours de Kray, résolut 
d'empêcher à tout prix la jonction de ces deux armées. 



(1) Le capitaine Augeard fut blessé dans cette bataille. Nous avons 
relevé sur les contrôles du dépôt de la guerre 24 tués dont 2 sergents, 
et 73 blessés dont 1 sergent (13 floréal an VIII). 

(2) RENAUD (Jean), fils de Marin et d'Anne Renaud, né en 1775 dans 
la Creuse; soldat à la 27" demi-brigade, prisonnier de guerre en Angle- 
terre, incorporé le 2 brumaire an VI dans la 15' demi-brigade, 2* ba- 
taillon, 8' compagnie. Retraité en 1806. {Fastes de la Légion d'Honneur,) 

(3) Dernoncourt (Louis), sergent-major à la 15" demi-brigade; promu 
adjudant sous-offlcier en 1806. (Fastes de la Légion d'Honneur.) 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 155 



Bataille de Mœskirch. 

G*estce qui amena la bataille de Mœskirch (6 mai 1800) 
(16 floréal an VIll), à laquelle le corps de Saint-Cyr ne put 
prendre aucune part. 

La victoire fut encore une fois fidèle à nos drapeaux. 

Cependant, le maréchal Kray, qui avait précipitamment 
gagné la rive gauche du Danube, comprit bientôt le danger 
que couraient ses magasins établis à Biberach. Aussi se 
hâta-t-il de repasser le fleuve à Riedlingen, pour nous offrir 
la bataille sur les hauteurs voisines de Biberach. 

m 

L'événement ne se fit pas attendre. La rencontre eut 
lieu le 9 mai 1800. 

Bataille de Biberach (9 mai 1800, — 19 floréal an VIII). 

Moreau, qui croyait toujours les Autrichiens sur le Da- 
nube, s'était porté auprès de Sainte-Suzanne pour mieux 
observer Tennemi ; il n'en avait pas moins donné Tordre à 
son armée d'aller occuper la ligne de Tlller. Nous verrons 
que rhabileté de Saint-Cyr devait suppléer à la présence 
du général en chef (1). 

Dans la matinée du 9, la division Thareau se heurtait 
contre la forte position d'Oberndorf, défendue par dix 
bataillons et quinze pièces d'artillerie. Il lui fallut le con- 
cours de la division Baraguay-d'Hilliers pour en débus- 
quer l'ennemi. 

Après ce premier succès, nos braves soldats traversèrent 
audacieusement le ravin de la Riss et se jetèrent avec une 
impétuosité sans égale sur les Autrichiens décontenancés, 
qui s'enfuirent devant eux en abandonnant leurs armes. 

Malgré tout, la lutte n'était pas terminée : le corps de 
Gouvion Saint-Cyr devait encore avoir l'honneur d'écraser 
la dernière résistance des Impériaux sur le plateau de Met- 
tenberg. 



(l) Jomini, Histoire des guerres de la Révolution, chap. CI, liv. XVI,. 
p. 164. 



156 HISTORIQUE 



(( Ce beau fait d'armes est tout à la louange des divi- 
sions Thareau et Baraguey-d*Hilliers. 

(( Tous les officiers, tous les corps de troupe méritèrent 
des éloges. 

« La 15® demi-brigade s'est souvenue de la gloire dont 
elle s'était couverte à Engen (1). » 

Si tous nos vaillants soldats se conduisirent de la façon la 
plus brillante, nous devons honorer d'un souvenir tout spé- 
cial l'héroïque trépas du volontaire Etienne Dominique (2), 
de la 4« compagnie du 3® bataillon. Au plus fort de l'action, 
pendant la lente retraite des Autrichiens, cet intrépide 
jeune homme, emporté par son ardeur, s'élançait tête bais- 
sée sur une batterie ennemie et s'emparait d'une pièce de 
canon ; mais, aussitôt entouré par un parti de cavaliers, 
refusait de se rendre, et ne cessait de combattre qu'en 
perdant la vie (3). 

La 15® demi-brigade comptait au nombre de ses blessés 
les capitaines Villemant, adjudant-major du 3® bataillon, 
Daudinot et Lemoine du 2® bataillon (4). 

L'ennemi avait été bien autrement éprouvé : laissant 
4.000 hommes sur le champ de bataille; il avait perdu 
ses magasins de Biberach, et dut se replier sur le Danube 
pour se renfermer derrière l'immense camp retranché 
d'Ulm. 

(( Ainsi se trouvait exécuté en quinze jours l'ordre du 
premier consul de refouler Kray sur Ulm (5). » 

Cependant, la cour d'Autriche n'avait pas perdu tout 



(1) Rapport du général Gouvlon Saint-Cyr. 

(2) Les contrôles conservés au dépôt de la guerre portent la mention 
suivante : « Etienne Dominique, de la 4* compagnie du 3* bataillon, n6 
l9 15 février 1776, à Vertuzet (Meuse), fils de Jean et de Jeanne-Marie 
Bedet; arrivé au corps le 23 ventôse an Vlll. Tué le 19 floréal an VIII ». 

(3) Ce fait est relaté dans les Fastes de la Gloire, t. V, chap. III, p. 507. 

(4) Nous avons pu relever en outre, sur les contrôles du dépôt de la 
guerre, 53 blessés dont 2 sergents, et 3 caporaux, et 6 tués dont 1 ser- 
gent et 1 caporal, à la date du 19 floréal an VIII. 

(5) Pajol, général en chef, t. II, p. 113. 



DU 1S« RÉGIMENT D'INFANTERIE 157 

espoir. Durant quarante jours, les deux adversaires (Mo- 
reau et le baron de Kray) firent assaut de stratagèmes, 
d'alertes, de démonstrations, Tun pour s'emparer d'Ulm, 
l'autre pour conserver ce solide point d'appui (1). 

Le 11 prairial an Ylll (31 mai 1800), au combat d'iller- 
cheim, Jean-Baptiste Châtelain, sergent de la veille (10 
prairial), signala son adresse et son intrépidité en arra- 
chant un officier aux mains de l'ennemi et en faisant pri- 
sonniers ceux qui l'avaient pris. Son dévouement lui valut 
une blessure. Nous eûmes d'ailleurs, dans cette affaire, 
14 blessés, dont 2 caporaux, et 7 tués. 

Enfin Moreau, voulant forcer les Impériaux à quitter 
leur camp, prit la résolution de gagner le bas Danube et de 
menacer ainsi leur dernière communication avec Vienne. 

Avant de commencer son mouvement, le général en chef 
donna une nouvelle organisation à son armée, que ve- 
naient de quitter les généraux Sainte-Suzanne, Souham, 
Saint-Cyr, Vandamme et Thareau, les deux premiers pour 
aller former un corps sur le bas Rhin, les trois autres à la 
suite de difficultés avec le général Moreau. 

Le 8 juin, l'armée du Danube était constituée de la façon 
suivante : 

1® Aile droite, sous les ordres de Lecourbe; 

2® Centre, sous la direction immédiate du général en chef; 

3® Aile gauche, commandée par Grenier et composée des 
divisions Legrand, Ney, Baraguey-d'Hilliers (2). 

Un corps de blocus était en outre formé, sous l'autorité 
du général Richepanse. 

Un mois plus tard, le 5 août, le général Baraguay-d'Hil- 
liers était remplacé par le général Fauconnet et, le lende- 



(1) C'est dans un de ces engagements particuliers que, le 26 floréal 
an VIII (16 mai 1800), le capitaine Thomas, du 3' bataillon, attaqué par 
des partisans autrichiens, fut atteint de cinq blessures : une balle dans 
le ^enou gauche, une au-dessus, une à la cuisse droite, une autre qui 
traverse le haut des deux cuisses. 

(2) La brigade Roussel, de la division Baraguay-d'Hillicrs, comprenait 
tes 15% 23* et 103' demi-brigades. 



188 HISTORIQUE 



main, le général Roussel quittait le commandement de W 
l'e brigade (1). 

L'armistice de Parsdorf avait momentanément inter- 
rompu les opérations ; mais les mauvais résultats des confé- 
rences de Lunéville déterminèrent une nouvelle campagne 
en Bavière. 

Moreau avait 140.000 hommes à opposer aux 130.000 com- 
battants de Tarchiduc Jean. Les deux armées se heurtèrent 
dans la vallée de Tlsen (2). 

Dès le 27 novembre 1800, Tarmée impériale avait quitté 
les bords de Tlnn pour entamer sa marche offensive sur 
Landshut. 

Par un hasard extraordinaire, le général français ne sa- 
vait rien du mouvement dessiné par Tennemi. Cependant, 
ayant eu connaissance de quelques rassemblements du côté 
de Muhldorf, il se décida à pousser de fortes reconnaissances 
devant lui (3). 

L'exécution de ces ordres amena le général Grenier à" 
porter la division Ney (à laquelle appartenait alors la 15®) 
vers Haun, sur la route d'Ampfîngen. 



Bataille d'Ampflngen (1" décembre 1800, — 10 frimaire an IX). 

Le lendemain, l^r décembre, Tarchiduc Jean, parti 
d'Ampfingen, s'avançait sur trois colonnes pour enlever les 
hauteurs de Haun. La division de Ney, disposée en trois 
échelons, fit bonne contenance, bien que n'étant pas de force 
à soutenir le choc de masses aussi considérables. Quoi qu'il 
en soit, cet intrépide et audacieux général, après avoir fait 



(1) Le 18 août 1800, le 2« bataillon de la 15' demi-brigade de lîgjne 
allait tenir garnison à Ratisbonne. 

(2) D'après la situation du 22 novembre 1800, les trois bataillons de 
la 15' demi-brigade, formant un effectif de 2.003 hommes, appartenaient 
à la 2" division (général Ney) de l'aile gauche, commandée par Grenier» 
(Archives du dépôt de la guerre.) 

(3) V. Jomini, liv. XVII, p. 89. 



DU li)*î RÉGIMENT d'iNFANTEHIET 159 



replier ses avant-postes jusque sur la ligne de bataille (1), 
osa reprendre Toffensive. Cette tentative hardie fut d'abord 
couronnée de succès et Ton vit dans ce combat inégal, nos 
braves demi-brigades refouler devant elles huit batail- 
lons autrichiens et les rejeter à une demi-lieue de là, en 
leur enlevant une pièce de canon, 2 caissons et nombre de 
prisonniers (2). Mais un nouveau danger surgit bientôt :* 
l'archiduc Jean faisait filer de fortes colonnes sur notre 
gauche, en remontant la Vils vers Dorfen. 

C'est alors que Moreau, qui ne^désirait point engager ce 
jour-là une grande bataille, donna Tordre de battre en re- 
traite. Il caressait depuis longtemps l'idée d'attirer l'ennemi 
dans les défilés de la forêt d'Ebersberg et de l'attendre à la 
sortie des bois, pour l'écraser dans la plaine d'Anzing, qu'il 
avait reconnue à l'avance et dont il espérait tirer quelque 
avantage. 

L'archiduc Jean, au contraire, semblait décidé à pour- 
suivre à tout prix une lutte dont les chances lui paraissaient 
assurées. 

Aussi fut-ce à grand peine que le général Ney put opérer 
son difficile mouvement de retraite. 

Déjà les tirailleurs ennemis allaient lui barrer la route 
de Saxenstetten, lorsqu'une charge furieuse du 2^ dragons 
vint conjurer ce péril. Enfin, après avoir défendu le terrain 
pied à pied contre les efforts répétés de toute la colonne 
du centre, notre brave division put faire sa jonction avec 
celle du général Grandjean, dont les troupes fraîches arrê- 
tèrent les progrès de l'ennemi. 

Grâce à ce secours, la retraite s'effectua dans le plus grand 
ordre et par échelons jusqu'à l'embranchement du chemin 
de Vasserbourg. Le général Ney s'arrêta, à l'entrée de la 
nuit, sur les hauteurs de Haag ; le général Grandjean entre 
Ramsau et Saxenstetten. 



(1) Hagerloc-Rameringen-Haun. V. Campagne d'Allemagne, par de 
Carrion-Nisas. 

(2) V. Jomini, liv. XVIl, p. 91, et Campagne de 1800 en Allemagne, 
par le marquis de Carrion-Nisas. V. aussi la correspondance de cette 
armée. (Dépôt de la guerre.) 



160 * HISTORIQUE 



Dans cette dure journée (1), la 15^ demi-brigade avait fait 
des prodiges (2). Nous devons une mention toute spéciale 
au sergent Cuirot, qui, au cours du magnifique retour 
offensif de la 2® division, eut la bonne fortune de faire pri- 
sonniers onze Autrichiens et fut proposé par le général 
Ney pour une arme d'honneur (3). , 

Mais ce fut surtout pendant la pénible et meurtrière re- 
traite sur Saxenstetten que nos braves soldats se signalèrent 
par leur sang-froid, leur dévouement, leur.héroïsme. 

La poursuite de l'ennemi était si pressante qu'à un mo- 
ment donné le drapeau de la IS^^ demi-brigade courut le plus 
grand danger et ce n'est qu'à la valeur du sergent Châtelain 
que ce noble emblème dut d'échapper aux Autrichiens. 

Châtelain n'en était d'ailleurs pas à sou premier haut 
fait (4). Nous avons déjà eu l'occasion d'applaudir à ses 
prouesses le 11 prairial, à lllercheim, et surtout le 16 juillet 
sur les rives de l'Ilm, lorsqu'il s'empara d'une pièce de 
canon. 

Aussi, le général Ney, qui s'y connaissait en bravoure, 
voulut-il récompenser sa valeur en le proposant pour une 
arme d'honneur. 



(1 ) Le corps avait été bien éprouvé. Il comptait 4 officiers blessés (les 
lieutenants Dumas, Grégoire, Aucher, Prévost, qui furent nommés ca- 
pitaines la même année), 1 sergent-major, 2 sergents, 4 caporaux, 98 
soldats blessés, 4 sergents et 25 hommes tués. 

(2) Le rapport du général Grenier cite comme ayant fait des prodiges 
de valeur, le 10 frimaire à Ampflngen, la 15% la 23«, la 103*, la 73% la 53* 
et la 89* demi-brigades, (Correspondance de l'armée du Rhin, dépét de 
la guerre.) 

(3) CumoT (Jean- Baptiste), né le 22 mars 1772 à la Haye-du-Puits, dé- 
partement de la Manche; caporal, 11 pluviôse an IV; sergent, 28 floréal 
an VIII; sergent-major, 1*' nivéso an IX; sous-lieutenant, 21 fructidor 
an XI ; capitaine, juin 1812. (V. archives de la guerre. Les contréles rela- 
tent cette action d'éclat.) 

(4) Châtelain (Jean-Baptiste), né à Autreville (Vosges), le 19 août 1774; 
soldat en 1792; caporal, an VII; sergent, 10 prairial an VIII; sergent- 

i major, 17 fructidor an IX; sous-lieutenant, 11 ventése an XIH ; décoré, 

I 26 frimaire an XII. S'est déjà signalé on arrachant un officier aux mains 

' de Tennemi, le 11 prairial an VIII. 






• 

DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 161 



Bataille de Hohenlinden (12 frimaire an IX, — 3 décembre 1800). 

Cependant, l'archiduc Jean s'était exagéré les avantages 
de cette rencontre. La confiance qu'il tira de ce demi-suc- 
cès devait le conduire à sa perte, en le faisant tomber dans 
le piège où Moreau cherchait à l'attirer. En effet, le 12 fri- 
maire an IX (3 décembre 1800), l'armée autrichienne 
s'ébranlait en quatre colonnes parallèles, pour gagner la 
plaine d'Anzing. 

Le gros des troupes impériales s'était engagé sur la 
chaussée conduisant de Mùhldorf à Munich par Hohen- 
linden. 

Cette route traverse, sur une longueur de 2 lieues, 
l'épaisse forêt d'Ebersberg, dont les voies de communica- 
tion, peu praticables en temps ordinaire, étaient devenues 
plus difficiles encore par suite de la pluie des jours précé- 
dents et de la neige qui tombait à gros flocons ce jour-là. 

Or, dans la soirée du 2 décembre, Moreau, qui semble 
avoir prévu toutes ces fautes, a donné l'ordre à la divi- 
sion Richepanse de se porter rapidement d'Ebersberg à 
Mattenpoêt, pour y prendre position et tomber ensuite 
sur les derrières de Tennemi lorsqu'il serait complètement 
engagé dans le dangereux défilé. 

Le général Decaen devait suivre et appuyer ce mouve- 
ment. 

Le 3, au matin, le corps de (Grenier, après avoir reculé 
systématiquement devant les éclaireurs autrichiens, s'éta- 
blit parallèlement à la forêt, la droite à Hohenlinden, la 
gauche à Harthof, gardant les débouchés d'Isen et de I.en- 
dorf. 

La division Ney (1), postée en face de Krainaker, reHait 
les troupes de Grenier à celles de Grouchy, déployées à l'est 
de Hohenlinden. 



(1) Le 15« de ligne, fort de trois bataiUons à l'effectif de 2.003 hommes, 
faisait partie de la 1'* brigade (Bonnet) de la 2» division (Ney). (Situa- 
tion du 22 novembre 1800.) 

Hi8l. 15'. Il 



I 
i 



162 HISTORIQUE 



Telle était la situation respective des deux armées lors- 
que, vers 9 heures du matin, Tavant-garde de Kollovrath, 
parvenue à la sortie du défilé, vint se heurter contre les bri- 
gades Grandjean et Boyer. 

Bientôt après, l'ennemi commençait à déboucher sur 
la division Ney, parles hauteurs de Mittbach et de Krai- 
naker. 

Mais, voici que tout à coup le canon retentit au centre 
de la forêt. C'est Richepanse qui aborde intrépidement 
Tescorte du grand parc. Moreau, jugeant alors le moment 
arrivé, donne le signal de l'attaque. Elle est exécutée par 
Ney et Grouchy. 

Le général Ney fond sur l'ennemi avec une telle impétuo- 
sité qu'il culbute en un clin d'œil tout ce qui se présente 
devant lui, enlève 2 pièces de canon et fait 1.000 prison- 
niers. Grouchy, de son côté, accable la gauche de Kollov- 
rath. 

Enfin, pendant que Richepanse, avec les grenadiers de 
la 48®, enfonce les grenadiers hongrois, Ney, dont rien ne 
peut arrêter l'ardeur, pousse les Impériaux devant lui et 
pénètre, à leur suite, dans la forêt. Dès lors le désordre est 
inexprimable : la colonne ennemie, pressée de toutes parts, 
prise de panique, tourbillonne et se débande pour fuir à 
travers bois. 

Au milieu de cette scène d'horreur, les soldats de Riche- 
panse et de Ney, passant sur les débris de leurs ennemis, 
parviennent à se rejoindre. Les deux généraux tombent 
dans les bras de l'un l'autre, aux acclamations de leurs trou- 
pes victorieuses (1). 

Cependant, le général Grenier, aux prises avec les co- 
lonnes de Kienmayer et de Baillet-Latour, ne contenait 



(1) Tous ces renseignements ont été puisés aux sources suivantes : 
Correspondance de l'armée du Rhin, campagne de 1800. (Dépôt de la 
guerre.) — Campagne d'Allemagne de 1800, par M. de Carrion-Nisas. 
Rapport officiel sur la bataille de Hohenlinden. (Dépôt de la guerre.) — 
Bataille de Hohenlinden (Spectateur militaire). — Jomlni, 11 v. XVII, 
chap. CVI. — Histoire militaire de la France, par P. Giguet. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 163 



qu'avec peine Tattaque de ces masses formidables, qui dé- 
bouchaient sur lui. 

Une partie de la division Ney, maîtresse du bois de 
Krainaker, put heureusement seconder le général Bastoul 
«t lui permettre de se maintenir dans Preissendorf . 

Au même instant, la brigade Bonnet (dont était la IS^ 
demi-brigade) culbutait une colonne autrichienne surisen, 
après lui avoir fait bon nombre de prisonniers, et se rabat- 
tait ensuite à droite, pour tomber sur le flanc de Baillet- 
Latour. Il était temps, car la division Bastoul commençait 
à plier malgré le secours des grenadiers réunis de Ney et 
de la cavalerie de d'Hautpoul. 

Ce dernier acheva la victoire. Les Autrichiens, inquiets 
pour leur retraite, se hâtèrent de regagner les défilés de 
Weyer et de Lendorf. Ils laissaient 6.000 cadavres sur le 
champ de bataille. Nous leur avions pris 100 pièces de 
canon et 1.100 prisonniers. Mais cette action mémorable 
nous coûtait 10.000 hommes hors de combat (1) (2). 

Si Moreau, par ses habiles dispositions, avait préparé 
cet éclatant succès, les véritables triomphateurs de la jour- 
née furent Richepanse et Ney. D'ailleurs la gloire de ce 
dernier rejaillit singulièrement sur la 15® demi-brigade, 
dont la brillante conduite a contribué pour une bonne part 
à l'honneur de son chef. 

Nous n'en citerons pour exemple que deux faits particu- 



(1) Nous avons pu relever dans les contrôles (conservés aux archives 
de la guerre), à la date du 12 frimaire an IX : 17 tués, dont 1 capi- 
taine (M. Bouché), et 61 blessés dont 3 sergents, 3 caporaux, 2 capitai- 
nes (MM. Blot et Piednoir). Le capitaine Piednoir (Etienne), né à 
Cloyes (Eure-et-Loir) le 25 juin 1766, capitaine le 29 août 1792, reçut 
ce Jour-là un coup de feu qui a traversé les parties génitales et la cuisse 
gauche. Pris par les Autrichiens, il fut abandonné par eux, le 23 fri- 
maire an IX, à Neurtingen. 

(2) Pour réparer les pertes de la 15' demi-brigade à Engen et Biberach, 
ordre avait été donné au dépôt de rejoindre les bataillons actifs. Mais, 
le 3 décembre, le Ministre prévenait le chef d'état-major de l'armée du 
Rhin que le dépôt de la 15' de ligné ne pouvait rejoindre avant d'avoir 
été remplacé à Luxembourg, où son service était indispensable. (Cor- 
respondance de l'armée du Rhin; archives de la guerre.) 



164 HISTORIQUE 



liers, dont la mémoire est bien digne d'enrichir le précieux 
trésor de nos souvenirs. 

C'est d'abord le hardi coup de main du lieutenant Cha- 
VANY, qui, détaché avec 18 hommes pour interdire un pas- 
sage à l'ennemi, eut le rare bonheur de faire mettre bas les 
armes à toute une compagnie de grenadiers autrichiens, 
qu'il ramena prisonniers avec leurs quatre officiers (1). 

Puis, c'est la vaillance et le sang-froid du tambour-major 
Manissier, qui, au cours d'une charge à la baïonnette exé- 
cutée par la 15® demi-brigade sous la mitraille ennemie, 
remarquant un léger mouvement d'hésitation dans les 
rangs, rassemble quelques tambours, leur fait battre la 
charge et ranime ainsi l'ardeur de nos braves soldats, dont 
l'élan devient alors irrésistible (2) (3). 

Avec de tels hommes, Moreau pouvait tout entreprendre. 
Mais l'armée impériale, entièrement désorganisée, ne put 
nous arrêter nulle part. 

Le vainqueur de Hohenlinden, forçant les passages de 
risen, de la Salza, de la Traun et de l'Ënns, parvenait à 16 
lieues de Vienne (4) lorsque l'armistice de Steyer (25 dé- 
cembre 1800) suspendit son mouvement. 

L'armée française, établie tout entière dans de bons 
cantonnements, allait enfin jouir, jusqu'à la conclusion de 
la paix, d'un repos indispensable à la suite de sa brillante 
et pénible campagne d'hiver (5) (6). 



(1) Ce fait est relaté dans les états de services du lieutenant André 
Chavany. (Archives administratives du ministère de la guerre.) 

(2) Manissier (Louis), tambour-major à la l^*" demi-brigade de ligne, 
servit aux armées gallo-bataves et du Rhin (1799-1800) et à Hohenlin- 
den. Fut récompensé de sa belle conduite par un sabre d'honneur, qui 
lui fut accordé le 10 prairial an XI. Entra en 1805 dans la gendarme- 
rie d'élite de la garde impériale. (V. Fastes de la Légion d'honneur,) 

;3) Cette charge est sans doute celle qui culbuta les Autrichiens sur 
isen. 

(4) A Saint-Poelten. 

(5) Pajol, général en chef, T. II, p. 151. 

(6) Les troupes restées sur rAltmûhl et à Ingolstadt sont le 8' chas- 
seurs à cheval et 1 bataUlon de la 15* demi-brigade. (Correspondance de 
l'armée du Rhin.) 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 165 



Traité de Lunôville (9 février 1800;. — Retour en France. 

Le 9 mars, TEmpire germanique approuvait le traité con- 
clu le 9 février, à Lunéville, par l'empereur d'Autriche. 

La 15® demi-brigade rentre en France et arrive à Poitiers 
(le 1«' prairial), où elle est affectée à la 21® division mili- 
taire (20 mai 1801). 



EXPÉDITION DES ANTILLES (1802) 

Le continent était pacifié, mais le feu de la guerre allait 
bientôt se rallumer au delà des mers (1). 

Saint-Domingue, la reine des Antilles, le plus riche 
joyau de notre empire colonial, menaçait de nous échap- 
per. Le noir Toussaint-Louverture, après sa victoire sur 
les mulâtres, s'était déclaré indépendant, et le « Bonaparte 
des noirs » (comme il s'appelait lui-même) avait créé en 
sa faveur une véritable dictature (2). 

Le premier consul, tranquillisé du côté de l'Europe, put 
enfin tourner ses regards vers nos malheureuses colonies, 
qui réclamaient avec tant d'instance le secours de la 
métropole. 

Car, tandis qu'une armée de 15.000 hommes, commandée 
par le général Leclerc (3), s'embarquait à destination de 



(1) Tous les renseignements qui ont servi à rétablissement de cette 
partie de l'historique proviennent des sources suivantes : !• Campagne 
des Français à Saint-Domingue, par Albert Delattre; 2* Histoire de la 
Guadeloupe, par Lacour; 3** Les Antilles françaises (principalement la 
Guadeloupe) par le colonel Boyer-Peyreleau ; 4** Ck>rrespondance géné- 
rale pour la Guadeloupe (ministère de la marine) ; 5° Historique du 
82* de ligne et Historigue du 66» de ligne. 

(2) Historique du 74% p. 71. 

(3) Cette armée fut transportée sur la flotte de l'amiral Villaret- 
Joyeuse. Le général Victor-Emmanuel Leclerc avait épousé Pauline de 
Bonaparte, sœur du premier consul, devenue depuis princesse Bor- 
ghèse. Le général Leclerc mourut de la fièvre Jaune, le 2 novembre 
1802, à la Basse-Terre. 



166 HISTORIQUE 



Saint-Domingue pour y rétablir Tordre et la domination 
française, l'esprit d'indépendance se manifestait un peu 
partout dans nos îles. 

A la Guadeloupe, en particulier, l'émancipation des noirs 
avait eu pour résultat d'amener l'insurrection de la popu- 
lation entière et l'on pouvait prévoir que bientôt cette 
colonie se détacherait de la France. 

En effet, le capitaine général Lacrosse, menacé par les 
rebelles, n'avait dû son salut qu'au dévouement du colonel 
mulâtre Pelage, et, s'étant réfugié sur un navire danois, 
était tombé aux mains des Anglais, qui le débarquèrent à 
la Dominique à la nouvelle de la paix d'Amiens (1). 

Lorsque Bonaparte apprit les difficultés que le général 
Leclerc rencontrait à Saint-Domingue, il résolut d'inter- 
venir sans retard dans les affaires de la Guadeloupe (2). 

Le 9 janvier 1802, l'ordre fut donné par le ministre de 
rassembler de suite, à Brest, un corps de troupe destiné à 
dompter la révolte dans les îles. 

Le général Gobert fut chargé d'organiser ces forces, 
sous la direction de Bernadette, général en chef de l'armée 
de l'Ouest. Quatre frégates et trois vaisseaux de guerre 
devaient transporter cette petite armée aux Antilles (3). 

Le 4 mars, le général Richepanse, dont le nom rappe- 
lait des souvenirs de gloire et de désintéressement, était 
nommé général en chef du corps expéditionnaire de la 
Guadeloupe. 

Enfin, le 11 germinal (1®^ avril 1802), l'escadre, comman- 
dée par l'amiral Bouvet, mettait à la voile pour arriver, le 
16 floréal (6 mai), en vue de la Pointe-à-Pitre. 

Elle avait à son bord : 



(1) Le capitaine général amiral Lacrosse avait été fait prisonnier par 
l'escadre de l'amiral Duckworth. 

(2) V. Histoire des Batailles navales, par 0. Troude. 

(3) Le 3* bataillon du 15" de ligne, désigné pour Texpédition, était 
prêt le 30 janvier 1802. Il comptait, le Jour de l'embarquement, 30 offi- 
ciers et 654 hommes. (Voir correspondance de l'armée d'expédition des 
Antilles, Archives historiques de la guerre.) 



DU 15° RÉGIMENT d'iNFANTERIE 167 

Le 3^ bataillon de la 15® demi-brigade, sous les ordres du 
commandant Merlen ; 

Les 2® et 3® bataillons de la 66«, commandés par les chefs 
de bataillon Cambriels et Brunet ; 

Le bataillon expéditionnaire du commandant Pillet(l); 

Les généraux de brigade Gobert et Dumontier, Tadju- 
dant-com mandant Ménard. 

La flottille pénétra dans le petit cul-de-sac, précédée par 
la frégate la Pensée, venue de Marie-Galante avec le géné- 
ral Sériziat et 200 militaires qui s'étaient réunis à lui (2). 

Elle fut accueillie par le capitaine du. port et douze 
pilotes, qui vinrent protester de leur dévouement et des 
bonnes dispositions de tous les esprits. 

Le débarquement s'effectua effectivement en toute sécu- 
rité. Les troupes furent reçues avec des cris d'allégresse 
par toute la population, qui demandait comme une faveur 
de les loger (3). 

Le chef de brigade Pelage (4), qui se dévouait au main- 
tien de l'ordre dans la Pointe-à-Pitre depuis le commence- 
ment des troubles, vint recevoir, sur le quai, les officiers 
et la troupe, qui prenaient terre pour aller s'assembler 
place de la Victoire. 

Cependant, le général Richepanse, qui avait été très pré- 
venu contre les indigènes, crut prudent de leur enlever la 
garde des points fortifiés. 



(1) Bataillon composé de cinq compagnies de la 37' conduites par le 
commandant Grenier, de deux compagnies de la S2* (capitaine Monne- 
rot), d'un détachement de 40 chasseurs à cheval du 1'' régiment (lieu- 
tenant Charamant), et d'une compagnie du 6' d'artillerie (capit. Geliou). 

(2) Presque tous avaient dû fuir, avec l'amiral Lacrosse, devant les 
rei)elles ; aussi gardaient-ils une profonde rancune contre les indigènes 
de la Guadeloupe, et ce furent eux qui trompèrent Richepanse sur les 
véritables dispositions du pays. 

(3) V. Les Antilles françaises, par le colonel Eugène-Edouard Boyer- 
Peyreleau. 

(4) Pelage, qui était à la Pointe-à-Pitre, avait accepté le commande- 
ment des troupes coloniales dans le but de les maintenir dans la disci- 
pline. Sa fermeté put en effet éviter bien des écarts, des crimes et des 
malheurs. 



168 HISTORIQUE 



Au fort de la Victoire, en particulier, le relèvement de la 
garnison se fit avec tant de brutalité que les hommes de 
couleur en furent profondément humiliés et froissés et que 
leur capitaine (Ignace) courut semer Talarme parmi les 
nègres (1). 

Le désarmement des bataillons coloniaux mit le combte 
à Tagitation. La lutte allait bientôt commencer. 

En effet, le 7 mai, Pelage adresse au général Richepanse 
une négresse (2), qui dit avoir rencontré, dans la nuit, 
Ignace, Massoteau, Palème et Codon avec 150 soldats noirs, 
armés, se dirigeant vers le petit canal pour s'embarquer à 
destination de la Basse-Terre, où le mulâtre Delgrès (3), 
instruit de ce qui se passait, venait de relever Tétendard de 
la révolte. 

Ces graves nouvelles déterminèrent le général Riche- 
panse à faire, sans plus tarder, une démonstration sur la 
Basse-Terre. 

En conséquence, Tescadre, ayant à son bord le général 
en chef, vint prendre, au petit port du Gosier, les deux 
bataillons de la 66® et mit barre sur la deuxième capitale 
de la Guadeloupe (4). 

En môme temps, le commandant Merlen recevait Tordre 
de se porter, avec les 600 hommes de la 13® demi-brigade, 
au village des Trois-Rivières. 

Malheureusement, contrariée par les vents, la flottille 
ne parut devant la ville que le 10 mai, vers midi. Elle fut 
accueillie par le feu des batteries de la côte. Après une 
inutile tentative de négociation (3), Richepanse fit procé- 



(1) Le capitaine Ignace avait également servi sous les ordres du 
capitaine général Lacrosse. Son orgueil froissé le Jeta dans le parU de 
la révolte. 

(2) Tous les détails sont empruntés à Touvrage du colonel Boyer- 
Peyreleau. 

(3) Il avait appartenu autrefois à l'état-major de l'amiral Lacrosse, 
capitaine général de la Guadeloupe. 

(4) Le général Richepanse avait laissé les généraux Seriziat et Du- 
montier à la Pointe-à-Pitre pour garder la Grande-Terre. 

(5) Le général Richepanse avait envoyé aux rebelles le capitaine 



DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTERIE 169 

der au débarquement, sous la protection de nos frégates. 
Il fallut cependant combattre jusqu'à la nuit. 

Le lendemain, à la pointe du jour, Tennemi, retiré sur 
la rive gauche de la rivière des Pères, nous forçait à livrer 
une nouvelle bataille. Mais les mouvements combinés de 
Richepanse, Gobert et Pelage nous rendirent maîtres de 
la Basse-Terre le 22 floréal (11 mai) (1). 

Il restait à s'emparer du fort Saint-Cbarles. 

Tandis que le général en chef remportait ce succès, le 
commandant Merlen, de la 15® demi-brigade, se présentait 
devant le morne Dolé. 

Ce poste était défendu par les nègres Palème et Jaquet. 

Excité par le canon de Richepanse, qu'on entendait 
gronder dans la montagne, le commandant Merlen vou- 
lut aborder la position de front. Il échoua et dut tourner 
l'ennemi en débouchant sur le Palmiste par les bois (10 
mai) (2). 

D'ailleurs, la nuit venue, le chef de bataillon de la 15® 
demi-brigade revenait sur ses pas, installait ses blessés 
dans l'église des Trois-Rivières et, se confiant aux guides 
Geanty et Jospite, se jetait à travers bois, en laissant à 
Dolé le capitaine Crabe avec 83 hommes et un canon 
pour masquer et protéger son mouvement. 

Le lendemain, 11 mai, pendant que le détachement 
Crabe reculait lentement jusqu'au Trou-du-Chien devant 
les forces supérieures de Palème et de Jaquet, le com- 
mandant Merlen parvenait au Palmiste, en délogeait un 
détachement de rebelles et s'établissait à Ânglet (3). 



Prud'homme et renseigne Losach, pour tenter un accord. Mais ces deux 
officiers et les matelots de leur chaloupe furent jetés dans les cachots 
du fort. 

(1) Richepanse forçait le pont de Nozières avec tous les grenadiers do 
rarmée pendant que Gobert et Pelage passaient à gué la rivière des 
Pères avec la 66" demi-brigade et s'emparaient de la batterie des Irois. 
Notre succès sauva les blessés de la Basse-Terre, barricadés dans leurs 
malsons pour échapper au massacre et au pillage. 

(2) C'est dans ce combat du Palmiste que le capitaine Etienne Pied- 
noir, de Cloyes (Eure-et-Loir), fut blessé. 

(3) Après avoir inquiété le détachement Crabe à Dolé, Palème laissa 



170 HISTORIQUE 



C'est là qu'il fut rejoint, le 13 mai, par le général Seri- 
ziat, arrivant à marches forcées de la Pointe-à-Pitre avec 
le bataillon expéditionnaire (1). 

Notre brave colonne; ainsi renforcée, put s'emparer du 
morne Houêl, défendu par deux pièces de 18, déloger les 
révoltés de l'habitation Legraët et prendre position sur les 
hauteurs qui dominent la Basse-Terre. 
, Dès lors, toute l'armée de la Guadeloupe se trouvait con- 
centrée autour du fort Saint-Charles. 

Le général Seriziat, avec le bataillon expéditionnaire et 
là 15® demi-brigade, fut chargé de garder le secteur com- 
pris entre la rivière des Pères et celle des Galions. 

Le commandant Merlen cantonna ses compagnies à 
l'Espérance, à Belost et Monrepos (2). 

Les travaux du siège furent activement poussés (3) et, 
le 1®^ prairial (21 mai), nos trente bouches à feu vomirent 
leurs projectiles sur les bastions ennemis. 

Le lendemain au soir, toutes les pièces des rebelles 
étaient démontées ou enterrées sous les décombres. 

Aussi, vers 8 heures (soirée du 2 prairial), Delgrès, sen- 
tant qu'il ne pouvait plus tenir, évacua le fort par la po- 
terne des Galions et gagna les hauteurs de Matouba, suivi 
de 400 hommes de troupe régulière et d'une foule de 
noirs en armes (4). 



Jaquct pour continuer la lutte et courut attaquer le commandant Mer- 
len au Palmiste. Sa présomption fut châtiée, et, battu, il se vengea en 
allumant partout des incendies. 

(1) Le 11, le général Seriziat rencontre Crabe à Capesterre. Le len- 
demain ils atteignent ensemble Trois- Rivières et y trouvent les blessés 
de Merlen égorgés ou horsiblement mutilés (pieds, mains, nez coupés) ; 
ils se vengèrent en passant par les armes les nègres qui se trouvaient là. 

(2) V. Histoire de la Guadeloupe, par M. A. Lacour. 

(3j Le 18 mai, les assiégés tentèrent une sortie sur l'habitation Le- 
graèt et les tranchées, mais ils furent ramenés tambour battant. 

(4) Delgrès avait tout préparé pour faire sauter la poudrière du fort, 
afin d'y ensevelir les 15 prisonniers qu'il y avait enfermés. Mais le ca- 
pitaine Prud'homme avait pu se ménager des intelligences avec des 
officiers mulâtres demeurés par force avec Delgrès. Ces officiers lui 
ouvrirent la porte du cachot. Il courut à la poudrière, enleva la mèche, 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 171 

Pendant ce temps, Ignace se dirigeait sur la Pointe-à- 
Pitre, pour surprendre et incendier la ville. 

Mais une partie des insurgés s'était sauvée dans les 
mornes de la Pointe du Vieux Fort. Ils y furent cernés par 
300 hommes de la 15® demi-brigade. 

Enfin, quelques jours plus tard, le 8 prairial (28 mai), 
les révoltés, se voyant forcés dans leur dernier refuge (l'ha- 
bitation d'Anglemont), se firent sauter au nombre de 3 ou 
400, parmi lesquels on reconnut les cadavres de Delgrès 
et de ses officiers. 

Cette dernière affaire, précédée de la victoire du général 
Gobert à la redoute de Braimbridge, anéantit le parti de 
l'insurrection. 

Le général Richepanse n'eut plus à donner ses soins 
qu'au rétablissement du bon ordre et de la tranquillité. 

Par malheur, la fin des travaux du commandant en 
chef devait être aussi le terme de son honorable carrière. 

Il succomba le 3 septembre 1802 à la maladie du climat, 
ayant assez vécu pour sa gloire, mais trop peu pour le 
bonheur de la Guadeloupe, dont il regretta de ne pouvoir 
réparer les désastres (1) (2). 

Les troupes eurent cependant encore à poursuivre les 
nègres insoumis dans l'intérieur de l'île. Puis le fléau du 
pays s'abattit lourdement sur nos malheureux bataillons. 
Rendons justice à nos braves soldats en disant que ni la 
fièvre jaune, ni les fatigues, ni les privations ne purent 
émousser leur courage ni lasser leur constance. 

Il fallut bien souvent combler les vides creusés par le 
mal. Le 2 mai 1803, les débris du 82® furent incorporés 



délivra les prisonniers, abaissa le pont-levis et s'arma pour résister à 
la rentrée des révoltés. Le général en chef le combla d'éloges. 

(1) Tous ces détails et ce passage sont empruntés au remarquable 
ouvrage du colonel Boyer-Peyreleau sur les Antilles françaises. 

(2) Voulant éterniser le souvenir des exploits de ce général, le gou- 
vernement décréta, le 30 mars 1803, que le fort Saint-Charles, où ses 
restes avaient été déposés, porterait désormais le nom de fort Riche- 
panse. 



172 HISTORIQUE 



dans le 3» bataillon de la 15« demi-brigade, qui avait été 
installée à Tabago ( 1 ). 

Enfin, au mois de septembre 1803, ce qui restait de la 
15® demi -brigade et de la 79« fut versé dans la 66®, qui 
occupait alors la Guadeloupe, sous les ordres du comman- 
dant Cambriels (2). 

Une bonne partie de ces survivants de la IS® devaient 
plus tard (6 février 1806) trouver une mort glorieuse sur les 
navires du contre-amiral de Lesseigues, dans le désastre 
naval de Santo-Dominguo (3). 



Année 1803 

La 15e demi-brigade ne comprenait plus que deux ba- 
taillons (le 1er et le 2^), qui tenaient garnison à Brest. 

Le décret du 23 septembre 1803 (vendémiaire an XII) 
supprima les demi-brigades et reconstitua les régiments. 

L'infanterie fut alors composée de quatre-vingt-dix 
régiments de ligne (dont dix-neuf à quatre .bataillons et 
soixante et onze à trois bataillons) et de vingt-sept régi- 
ments d'infanterie légère. 

Chaque régiment était commandé par un colonel. 

La 15® demi-brigade réunit ses deux bataillons aux deux 
de la 107® demi-brigade, et le nouveau corps ainsi formé 
prit le nom de : 15® régiment d'infanterie de ligne. 



(1) V. Historique du 82* de ligne. 

(2) Nous avons relevé, sur le contrôle des archives de la guerre, 20 
tués pendant Texpédition (du 19 floréal au 30 prairial). Le 3* bataillon 
de la 15" demi-brigade (commandant Merlen) comptait à sa formation 
(an X) 729 hommes. Il en avait, au débarquement 678, on en avait incor- 
poré, depuis, 778 venant de différents corps ; total, 1.456 hommes. Au 1" 
vendémiaire an XII (23 septembre 1803), époque de l'amalgame avec la 
66% on comptait 802 morts et 46 disparitions. Le bilan des officiers est 
également édifiant. Us étaient 25 au débarquement. On en incorpora, de 
divers corps, 44; enfin 12 sous-offlciers furent promus officiers; to- 
tal 81. Au 1" vendémiaire, 30 étaient morts et 2 réformés. Parmi les 
morts, le capitaine adJudant-maJor Trotin (21 thermidor an X) et le 
capitaine Prévost (18 messidor an X). 

(3) V. Batailles navales, par 0. Troude. 



DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 173 

Le 23 octobre 1803, le général Darmagnac signait le 
procès-verbal d'organisation du régiment, dont le com- 
mandement fut confié au colonel Faure (Jean-Baptiste- 
Raymond), ancien chef de la 15® demi-brigade. 

Chaque bataillon comprenait neuf compagnies dont une 
de grenadiers. 

Les quatre bataillons furent tout d'abord maintenus à 
Brest (1) et affectés à la 13« division militaire, rassemblée 
en décembre 1803 et destinée à prendre part à la grande 
expédition projetée contre l'Angleterre, 

Le 15® régiment d'infanterie, cantonné sur les vaisseaux 
pendant les années 1803 et 1804, fut occupé aux travaux 
de l'arsenal de Brest. 



Colonel BENOÎT-HiLAmE REYNAUD 

(6 avril 1804). 

Au mois de décembre 1804, son nouveau colonel (2) reçut 
l'ordre d'envoyer une députation de 16 hommes aux fêtes 
du couronnement de l'empereur. Le 5 décembre, troisième 
jour des fêtes, eut lieu la distribution solennelle des dra- 
peaux. La cérémonie fut très imposante. Les représen- 
tants de tous les corps vinrent recevoir les aigles au pied 
d'un trône magnifique, élevé devant l'Ecole militaire. 

« Vous jurez de sacrifier votre vie pour le défendre, s'é- 
cria Napoléon, et de le maintenir constamment par votre 
courage sur le chemin de la victoire I Vous le jurez I... 

— Nous le jurons! » répondirent aussitôt les colonels et 
les délégués des régiments, en élevant les aigles dans les 



(1) Les quatre chefs de bataillon étaient MM. Jeannot, Plazanet, 
LiMOUziN, Langlois. Le commandant Lemaire, arrivant des Antilles, fut 
mis à la suite. Le major (création nouvelle correspondant au grade ac- 
tuel de lieutenant-colonel) ne fut nommé que quelques Jours après 
(11 brumaire an XIl); ce fut M. Dein. Le commandant Merlen était 
passé au 66' de ligne. 

(2) Benott-Hilaire Reynaud remplace, le 6 avril 1804, le colonel Fadrk 
admis à la retraite. 



174 HISTORIQUE 



airs et en mêlant leurs acclamations à la voix du canon et 
au bruit des fanfares (1). 

Ces drapeaux ne devaient pas tarder à recevoir la con- 
sécration des victoires. 

On se croyait encore, en 1804, à la veille de la grande 
entreprise contre TAngleterre. Pourtant, pendant Tété de 
1805, tout changeait subitement de face. 

Le cabinet britannique avait préparé une nouvelle et 
formidable coalition en Europe, n'attendant qu'une oc- 
casion pour se dresser devant le nouvel empereur. Napo- 
léon lui fournit le prétexte en posant sur sa tête la couronne 
d'Italie et en annexant Gênes à la France. 

Les puissances coalisées prirent alors une attitude réso- 
lument hostile, sans chercher à dissimuler plus longtemps 
leurs armements. 

Mais Napoléon fut prompt à prendre ses mesures ; il 
n'était pas surpris. Pendant la période de paix continen- 
tale, les camps d'instruction avaient admirablement pré- 
paré ces troupes superbes qui formèrent la grande armée 
et qui allaient s'acquérir une gloire incomparable pendant 
la campagne de 1805. 

Année 1805 

(( A vrai dire, cette campagne, qui ramenait subitement 
Napoléon de la Manche sur le Danube, n'était pas seule- 
ment la compensation éclatante d'une expédition contra- 
riée. Déjà elle portait en elle tout l'empire. C'était l'évolu- 
tion instantanée, décisive, d'une politique qui, après avoir 
voulu saisir l'Angleterre corps à corps jusque dans son île 
et ayant été détournée de son but, allait poursuivre, pen- 
dant dix ans, la grande ennemie à travers une série de 
coalitions et de guerres européennes. 

« C'est la clef de l'histoire de l'Empire (2). v 



(1) Souvenirs intimes d'un volontaire de 1791 (publication de la 
Réunion des officiers). 

(2) Correspondance du maréchal Da/oout, par Charles de Mazade, 
de rAcadémie française. 



DU J5e RÉGIMENT D'INFANTERIE 175 

Le 15® régiment d'infanterie devait ignorer les brillants 
triomphes de cette mémorable campagne. 

Pendant que la Grande Armée abandonnait les côtes 
pour se porter au cœur du continent, le régiment restait 
à Brest, avec le 37® de ligne, pour mettre le port et l'es- 
cadre à l'abri d'un coup de main (ordre du jour de sep- 
tembre 1805). 

Année 1806 

Enfm, l'année suivante, les vainqueurs d'Austerlitz en- 
treprenaient une nouvelle et foudroyante campagne (1806) 
qui allait aboutir au coup de foudre de léna-Àuerstaedt 
(14 octobre). 

En un mois il ne resta plus rien des 160.000 hommes de 
l'armée prussienne : tout était désorganisé, dispersé ou dé- 
truit. 

Cependant, si la victoire s'était plue à couronner nos ai- 
gles sur tous les champs de bataille, les privations, les fati- 
gues et la mort avaient creusé bien des vidçs dans les 
rangs de ceux qu'on pouvait justement nommer « les pre- 
miers soldats du monde ». 

Napoléon, d'ailleurs, ne songeait pas à la paix. 

Exalté par le sentiment de sa puissance, il publiait à 
Berlin, le 21 novembre, le fameux décret du Blocus con- 
tinental, et, sans se laisser arrêter par les difiicultés d'une 
campagne d'hiver, il entrait résolument en Pologne. 
C'était déclarer la guerre à la Russie. Une nouvelle cam- 
pagne allait commencer. 

En prévision de ces graves événements, l'empereur avait 
pris des mesures pour renforcer la Grande Armée (1). 



(1) Dès le 22 septembre 1806, Napoléon écrivait au général Lacuée : 
« Je vais apppeler une réserve de 30.000 hommes, il faut que le décret 
soit prêt, etc. » On ferait partir en plus le 15% le 47% le 70* et le 
86% ainsi que les 5% 25« et 26« divisions. 



1 



176 HISTORIQUE 



Année 1807 

Au mois de janvier 1807, le colonel du 15® régiment de 
ligne recevait Tordre de partir pour Paris avec les deux 
premiers bataillons (1), que Ton devait transporter en 
poste jusqu'à Mayence. 

De Mayence nos soldats furent acheminés sur Berlin. 

Peu de temps après, au commencement d'avril, le géné- 
ral Clarke (gouverneur de Berlin) envoyait le colonel 
Reynaud et ses deux bataillons à Zehdenick, pour gagner 
ensuite Passewalk, où se trouvait déjà le général Grand- 
jean attendant la réunion de tout le 8« corps (Mortier) (2). 
C'est qu'en effet le duc de Trévise allait entreprendre de 
chasser les Suédois au delà de la Peene (3). 

L'ennemi était établi entre l'Oder et Friedland; il avait 
concentré la plus grande partie de ses forces au centre, 
et ses têtes de colonne se montraient partout : à Fal- 
kenwald, Stolzembourg, Stadsfort, Billing et Dargnitz. 

Combat de Billing et Ferdinandshoff-Anklam (16 avril 1807). 

Le commandant du 8» corps résolut de se porter en 
masse sur le centre de son adversaire, sans s'inquiéter 
de ses derrières (4). 

En conséquence, le 16 avril, à la pointe du jour, toutes 
les troupes du maréchal Mortier furent dirigées sur Bil- 
ling. Le 15® de ligne formait l'avant-garde. 

Le village fut facilement enlevé ; mais les Suédois, qui 
s'étaient faiblement défendus jusque-là, avaient solide- 
ment organisé la position de Ferdinandshoff, à laquelle 



(1) Les 3^ et 4' bataiUons restèrent à Brest. 

(2) Le 11 avril, le général Clarke donnait au général Vergés rordre 
de Joindre les deux bataillons du 15' (à l'effectif de 1 .800 hommes) à la 
division du général Grandjean. 

(3) Quatorze mille Suédois, qui tentaient une diversion sur Stettin 
sous les ordres du baron d'Essen. 

(4) Voy. Rapport officiel du maréchal Mortier, duc de Trévise ; Cor- 
respondance de la campagne de 1807. (Archives historiques du misistère 
de la guerre.) 



{ 
\ 



i 

DU 15<^ RÉGIMENT D*INFAXTERIE 177 l 



on ne peut accéder qu'en suivant une route bordée, des 
deux côtés, par d'immenses marais. 

Sans se laisser intimider par le danger, le IS^ de ligne, 
ne pouvant se déployer sur cet étroit défilé, se forme en 
colonne par pelotons et se lance avec une étonnante intré- 
pidité à Tassant des retranchements ennemis (i). 

Les Suédois se défendent avec une énergie peu com-^ 
mune. La lutte est acharnée. Nos jeunes soldats, conduits 
par de vaillants officiers, se montrent dignes de leurs 
aînés de Biberach, d'Ampfingen et de Hohenlinden. 

Défiant une véritable pluie de balles et de mitraille, ils 
chargent audacieusement les vieux bataillons suédois. 

A leur tête se distinguent le capitaine de grenadiers 
BouRSiN (2), donnant à tous l'exemple du courage et du 
sang-froid, et le brave sergent Rey de Vissec (3), dont la 
brillante conduite entraine les moins ardents. 

Enfin le succès répond à nos efforts. Le village est à 
nous, avec 400 prisonniers. 

Cependant, l'ennemi résiste encore en arrière de Lang- 
dam : il faut livrer un nouveau et sanglant combat pour 
le rejeter sur Alt-Cosenen. 

Malgré tout, les Suédois, qui espèrent toujours voir le 
corps de Gardell arriver à leur secours, cherchent à nous 
arrêter le plus longtemps possible. 

Sous un ouragan de pluie et de grêle, la division Grand- 
jean, harassée de fatigue, se déploie une troisième fois 
pour l'attaque. 



(1) « L'attaque du 16 s'est faite par le 15* de ligne, en colonne, sur 
la grand'route d'Anklam. Ce corps s'^st très bien montré, ainsi que 
Nassau. » (Rapport du général Clarko à Tempereur.) Voir aussi le rap- 
port du maréchal Mortier ,lduc de Trévise, rapport très élogieux, auquel 
nous avons emprunté tous ces détails. 

(2) « Le capitaine de grenadiers Boursin a constamment donné 
Texemple du sang-froid et du courage, en tête de sa compagnie, et 
principalement à l'attaque de Ferdinandshofl. » (Citation du général 
Mortier.) — Etat des officiers qui se sont le plus distingués aux affaires 
des 16 et 17 avril 1807. 

(3) (( Le jeune sergent Rey de Vissec, de la 1'* compagnie du 1*' ba- 
taillon, sest conduit avec distinction. » (Rapport du maréchal Mortier.) 

Hist. 15*. 12 



178 HISTORIQUE 



Après un engagement très vif, nos adversaires durent 
reculer jusqu'à Ancklam ; mais, comme le duc de Trévise 
y parvenait en même temps qu'eux, ils ne purent s*y ins- 
taller. 

Le baron d'Essen, craignant d'être coupé de sa ligne de 
retraite, se hâta de repasser la Peene, pendant que son 
arrière-garde se faisait sabrer par nos cavaliers (1). 

Il était 9 heures du soir et le combat durait depuis deux 
heures du matin. 

« Je ne puis assez me louer des troupes, écrivait le maré- 
chal Mortier. Elles ont supporté avec la plus grande rési- 
gnation les marches forcées qu'elles viennent de faire. 

» Le 15<», entre autres, composé d'hommes qui, pour la 
plupart, n'avaient pas encore vu le feu, a fait avec beau- 
coup d'impétuosité et de sang-froid l'attaque de Billing et 
de Ferdinandshoff (2). » 

Le lendemain, 17, la brigade Veaux (3) vint attaquer 
dans Ukermonde le corps de Gardell, le sépara du reste de 
l'armée ennemie et le rejeta à la mer. 

Les Suédois ne durent leur salut qu'à la présence de 
leur flottille, qui croisait- dans le Kleine-Hafï et put les 
recueillir. 

Le baron d'Essen, comprenant alors le danger de sa 
situation, demanda un armistice. Le maréchal Mortier le 
lui accorda. Il fut signé le 18 avril et complété, le 29 avril, 
par un article additionnel. 

Notre succès nous avait livré 1.200 prisonniers, 6 pièces 
de canon et les îles d'Usedom et de Wollin. De plus, les 
Suédois s'engageaient formellement à ne plus secourir ni 
Colberg, ni Dantzig. 



(1) Les hussards hollandais et le 3^ chasseurs à cheval français. 

(2) Correspondance officielle de la campagne de 1807. Rapport du maré- 
chal Mortier. Archives historiques du ministère de la guerre. 

(3) A laquelle appartenait le 15*» de ligne. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 179 



BATAILLE DE FRIEDLANO (14 juin 1807) 
Inscrite au drapeau du IS®. 

Le 15^ était cantonné à Stettin lorsque Tempereur forma 
le corps d'observation du maréchal Brune. 

Le 8® corps, ainsi remplacé en Poméranie, fut tapproché 
du grand théâtre de la guerre. 

Il avait subi-, entre temps, d'importantes modifica- 
tions (1). 

L'organisation du 8 mai affecta le 15® et le 58® de ligne à 
la 2® brigade (Veaux) de la i^^ division (Dupas). 

Cette brigade quitta Stettin Je 12 mai et s'établit,*le 25, 
à Tabbaye d'Oliva (2), près de Dantzig, pour s'opposer aux 
entreprises d'une escadre anglo-russe qui se montrait en 
vue de la côte. 

Cependant, des événements plus graves se préparaient 
d'autre part : l'armée russe et l'armée française étaient à 
la veille d'une terrible collision. 

Le général Benningsen, confiant dans les renforts qu'il 
avait reçus, voulait profiter de la belle saison pour 
reprendre l'offensive. 

Mais ses premières attaques échouèrent partout contre 
les retranchen\pnts que chaque division française avait 
élevés pour protéger son camp. 

Napoléon, d'ailleurs, voulait en finir d'un seul coup avec 
cette armée russe, qui ne recherchait que les engagements 
partiels. Il résolut, en conséquence, de concentrer toutes 
ses forces en une masse imposante qui s'ébranlerait, vers 
le 10 juin, se porterait sur l'Aile, en descendrait le cours. 



(1) Le 8^ corps se composait, à Torigine, de la division Dupas (quatre 
régiments français) et de deux régiments hollandais, avec quatre 
compagnies d'artillerie. Le 31 mai, il s'augmenta de la division polo- 
naise Dombrowski. 

(2) La ville de Dantzig avait capitulé la veille (24 mai). 



180 HISTORIQUE 



et tâcherait de couper Benningsen de Kœnigsberg, pour 
rejeter son armée sur le Niémen. 

Or, tandis que Napoléon se préparait, les Russes, décidés 
à nous prévenir, devançaient de cinq jours le mouvement 
des Français (1). 

Le duc de Trévise avait reçu Tordre de presser sa marche 
sur Mohrungen, afin de s'y trouver le 7 juin. L'empereur 
avait, en outre, prescrit que chaque corps fût pourvu de 
quatorze jours de vivres à la date du 10 juin (quatre dans 
le sac, dix sur les caissons). 

Le 8, en effet, la division Dupas bivouaque à Mohrun- 
gen. Le lendemain, elle suit le corps de Lannes ; mais, 
retardée par plus de 6.000 voitures qui encombrent la 
route, elle n'arrive qu'à 7 h. 1/2 du soir à Kwetz (près 
de GWttau), où elle établit son camp. Le 10 juin, notre 
tête de colonne rencontre l'ennemi près d'Heilsberg. Cet 
engagement peut être le début d'une grande bataille. Aussi 
Napoléon, arrivé le soir sur la position, se prépare-t-il à 
une lutte décisive pour le lendemain. 

Cependant, les Russes profitent de la nuit pour décam- 
per. Benningsen craignait de perdre à la fois une journée 
et une bataille et ne voulait pas s'exposer avenir trop tard 
au secours de Kœnigsberg, peut-être à moitié détruit (2). 

Enfin, dans la nuit du 13 au 14, l'empereur, installé à 
Preussich-Eylau, ordonne au maréchal Lannes de s'avancer 
sur Friedland. 

Le duc de Trévise (8® corps) doit se porter sans retard à 
Domnau pour le soutenir. 

Il est à peine jour et déjà le duc de Montebello se bute 
contre l'ennemi, vers Posthenen. 

L'armée russe s'était déployée, pendant la nuit, sur un 
front d'environ 2. 000 toises (de StortlachàHeinrichsdorf), 
ayant, sur toute la longueur, une rivière à dos (l'Aile) et^ 
pour unique retraite, une ville étroite (Friedland), avec un 



(1) Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire, t. VII, p. 583. 

(2) Dominique Ravy, Journal d'un engagé volontaire pendant les 
campagnes de 1805, 1806, 1807. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 181 

pont à franchir (1). Cette armée manifestait une grande 
confiance dstns la victoire. 

Quoi qu'il en soit, tandis que les grenadiers d'Oudinot 
attaquent les bois de Stortlach et que les batteries de sa 
division ouvrent le feu, le maréchal Lannes prend ses dis- 
positions pour tenir, coûte que coûte, jusqu'à l'arrivée des 
renforts. 

« A 8 heures du matin, Napoléon, qui a entendu le 
canon, passe au milieu de ses troupes. Il a sa capote grise, 

« Oudinot et Lannes, dit-il aux soldats, ont toute l'armée 
russe sur les bras. Vous serez là pour la bataille; je compte 
sur vous. C'est aujourd'hui l'anniversaire de Marengo. » 

Puis, s'adressant au général commandant l'artillerie: 

« Combien de pièces avez-vous, Sénarmont ? 

— Trente-six, sire. 

— C'est bien ; il faudra chauffer ; le Russe aime les bou- 
lets » (1). 

En arrivant sur le champ de bataille, l'empereur ren- 
contre Oudinot. 

(( Je vous amène l'armée, lui dit-il ; elle me suit. Où donc 
est l'Aile? (Elle était alors cachée à sa vue par les mou- 
vements du terrain.) 

— Là, derrière l'ennemi », répond le général. Puis, 
dans son rude langage de soldat : 

« Je lui mettrais le cul à l'eau, si j'avais du monde 
mais j'ai usé mes grenadiers » (2). 

Enfin, vers 9 heures, voici la division Dupas qui arrive 
en toute hâte ; elle comprend le 4® léger, le 15« et le 58« de 
ligne, qui s'établissent entre Posthenen et Heinrichs- 
dorfï (3). 

A peine déployés, ces braves régiments sont attaqués 



(1) Campagnes de Napoléon. 

(S) Ibid. 

(3) Le 15« est posté vers Heinrichsdorff. La division Verdier, retardée 
dans sa marche, ne put arriver qu'une heure après. Le 8' corps avait 
quitté Lampach à 1 heure du matin et se trouva exposé au feu depuis 
5 heures du matin jusqu'à 10 h. i/2 du soir. (V. Rapport du général 
MorUer. Archives de la guerre.; 



182 HISTORIQUE 



par une forte colonne d'infanterie. Le maréchal Mortier, 
qui vient de les rejoindre, a son cheval tué par un 
boulet. 

Cependant, les bataillons, de Gortschakofï, décimés par 
le feu terrible de nos fantassins, tourbillonnent et reculent, 
harcelés par la cavalerie de Grouchy. 

La situation n'en est pas moins critique. Malgré la bril- 
lante intervention de la division Dupas, le corps du maré- 
chal Lannes, qui lutte depuis Taurore, est à bout de forces. 
Le duc de Montebello envoie dépêche sur dépêche pour 
demander du secours. 

Du reste Napoléon, qui a reconnu le champ de bataille, 
vient de donner ses ordres. Il est midi. 

« Le maréchal Ney prendra la droite, appuyant la posi- 
tion actuelle du duc de Reggio. Son point de direction 
sera le clocher de Friedland. Le maréchal Lannes se main- 
tiendra au centre et le maréchal Mortier formera Taile 
gauche, tenant Heinrichsdorfï et la route de Kœnigsberg^ 

« Le corps du duc de Bellune et la garde seront en 
réserve. 

(( Le mouvement se fera par la droite en pivotant sur la 
gauche. 

(( Ce sera donc le duc d'Elchingen qui aura l'initiative 
du mouvement. Il ne commencera que sur Tordre de l'em- 
pereur. 

(( Toutes les montres sont réglées sur celle de Napoléon. 

(( A 5 heures précises, un premier coup de canon donne 
le signal, répété par trois salves d'une batterie de vingt 
pièces (1). » 

Alors s'engage un furieux combat d'artillerie. 

Le village de Friedland est en flammes. 

Le duc d'Elchingen continue d'avancer malgré la charge 
héroïque de la garde impériale russe, qui arrête un ins- 
tant son mouvement. 



(i) Dominique Ravy, Journal d'un engagé volontaire pendant les 
campagnes de 1805, 1806, et 1807. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 183 

. Pourtant, Gortscliakofif, qui sent le danger, tente d'en- 
foncer notre gauche, vers Heinrichsdorf! (1). 

Mais le maréchal Mortier, avec le 15® de ligne et les fusi- 
liers de la garde, leur oppose une muraille de fer (2). 

L'aile droite russe est forcée de rétrograder sur Fried- 
land. 

Malheureusement pour ces braves, la ville est déjà occu- 
pée par les Français. C'est une épouvantable mêlée. Les 
rues sont jonchées de cadavres. 

Et voici que le 8® corps, à son tour, s'élance au pas de 
charge sur les débris de ces infortunés bataillons et les 
rejette dans l'Aile, où plusieurs milliers d'hommes péris- 
sent. Quelques détachements seulement parviennent à 
s'échapper par les gués et par la route de Kœnigsberg. 

Le feu ne cesse qu'à la nuit, vers 10 heures. 

Tels sont les épisodes les plus marquants de cette jour- 
née fameuse, où le 15® s'acquit une si juste réputation de 
vaillance et de fermeté. 

« Tous les régiments du 8« corps se sont couverts de 
gloire, écrivait à l'empereur le maréchal Mortier. 

« Et l'on doit, peut-être, à la résistance opiniâtre du 
15® de ligne, qui a particulièrement souffert, d'avoir pu 
conserver notre position contre l'attaque réitérée de nom- 
breuses colonnes de cavalerie et d'infanterie russes (3) ». 

D'ailleurs, dans cette lutte gigantesque de deux armées 
si dignes l'une de l'autre par leur valeur et leur cons- 
tance, les troupes du duc de Trévise avaient été singuliè- 
rement éprouvées. 

Faut-il donner des chiffres? Ils sont, hélas! bien élo- 
quents. 



(1) Le 15" de ligne défendait ce village. L'empereur avait donné Tor- 
dre d'y tenir jusqu'à la dernière extrémité. 

(2) Thieps, Histoire du Consulat et de VEmpire, t. VIL Rapport du 
maréchal Mortier à l'empereur. 

(3) Rapport du maréchal Mortier à l'empereur, 16 juin. (Correspon- 
dance officielle de la campagne de 1807.) (Archives historiques du 
ministère de la guerre.) 



184 HISTORIQUE 



On dut compter au 8« corps 14 officiers tués, 91 blessés ; - 
411 hommes tués, 2.094 blessés. 

Le 15® régiment d'infanterie avait, pour sa part, la 
moitié des morts (8 officiers et 205 hommes) et plus du 
tiers des blessés (32 officiers et 707 hommes) (1). 

Du reste, le rapport du maréchal Mortier ne tarit pas 
d'éloges pour les hauts faits de ses officiers et de ses sol- 
dats. 

Il cite, au, premier rang, le général Dupas et l'intrépide 
colonel Reynaud, du 15® de ligne, qui fut blessé à la tête 
de son brave régiment (2). 

C'était, à vrai dire, une victoire complète, qui retrouvait 
tout l'éclat de Marengo, d'Austerlitz et d'Iéna (3). 

L'armée russe avait laissé, sur le champ de bataille, 
25 généraux, près de 20,000 hommes et 80 pièces de canon. 

A la nouvelle de ce désastre, Kœnigsberg fut abandonné 
et le maréchal Soult put entrer dans la place, où l'on 
trouva d'immenses approvisionnements. 

L'ennemi s'était réfugié derrière le Niémen, lorsque 
s'ouvrirent les négociations qui amenèrent l'armistice du 
22 juin et le traité de paix de ïilsitt, signé le 8 juillet. 

L'entrevue de Tilsitt avait cimenté une intime alliance 
entre la France et la Russie; mais la Prusse était sacrifiée. 
Nous en subirons les conséquences en 1813. 

Quoi qu'il en soit, le rôle de la Grande Armée paraissait 
terminé. 



(1) Voici les noms des officiers tués ou mortellement blessés : capi- 
taine Laine; capitaine adjudant-major Arau; capitaines Trefcon, 
Fauré, Seroux; lieutenant Fririon, mort le 22; sous-lieutenant Gestas, 
mort le 6 juillet; lieutenant Thouret, mort le 24 décembre. (On lira la 
liste des blessés à l'appendice.) 

(2) L'armée française coucha sur le champ de bataille; la plus grande 
partie bivouaqua, près de Friedland, sur la rive gauche de l'Albe. 

(3) Pour établir ce récit, nous avons puisé aux sources suivantes : 
Histoire du Consulat et de l'Empire, par A. Thiers; Histoire des cam- 
pagnes de Napoléon, par Charles Picquet; Journal d'un engagé volon- 
taire pendant les campagnes de 1805, 1806 et 1807, par Dominique 
Ravy; Correspondance officielle de la campagne de 1807 (Archives his- 
toriques de la guerre). Correspondance de Napoléon le**. Rapport du 
maréchal Mortier (Archives de la guerre). 



DU 15<) RÉGIMENT D'iNFANTERIE 185 

En exécution d'une convention dite d'évacuation, signée 
le 12 juillet, la division Dupas, tout d'abord cantonnée en 
Pologne, est dirigée sur Stettin, et, de là, sur la Hollande. 

Au mois de décembre 1807, elle est établie à Wesel. Le 
15® de ligne reçoit Tordre de rentrer à Brest. Le régiment 
n'arrive dans cette ville qu'à la fin de février 1808. Il n'y 
trouve plus les deux bataillons qu'il y avait laissés (3^ et ifi). 
Voyons ce qu'ils sont devenus. 



CAMPAGNE DE PORTUGAL (1807-1808) 



a* bataillon du 1 5». 

Nous avons dit plus haut que Napoléon s'était juré de 
détruire la puissance de l'Angleterre partout oùil pour- 
rait la rencontrer. 

Cette fois-ci ce sera le Portugal qui deviendra le théâtre 
de la lutte. 

La cour de Lisbonne se trouvait alors sous l'entière 
domination du cabinet britannique. C'est là que l'empe- 
reur résolut d'atteindre son irréconciliable ennemie. 

Charles IV d'Espagne, fléchissant devant le vainqueur 
de l'Europe, promit de ne point inquiéter une armée 
française qui traverserait son royaume pour entrer en Por- 
tugal. 

Il s'engagea même à soutenir notre expédition par la 
coopération de ses propres troupes. 

Napoléon n'avait pas attendu ces conven tiens ^ avanta- 
geuses pour préparer son action. 

Depuis le mois d'août 1807, une armée de 25.000 hommes, 
commandée par Junot, était réunie en Béarn, sous le nom 
de corps d'observation de la Gironde (1). 

Le dépôt du 15® régiment d'infanterie était toujours 



(1) P.Giguet, Histoire militaire de la France, t. II, p. 218. 



186 HISTORIQUE 



demeuré à Brest ; mais les 3® et 4« bataillons, qui avaient 
d'abord figuré au camp volant de Pontivy, se séparèrent au 
mois d'août. Le 4« bataillon reçut Tordre de rejoindre le dé- 
pôt, tandis que le 3® (Lecouvreur) fut dirigé sur Bayonne, 
pour être affecté à la 1'® brigade, général Avril, de la 
l'e division (Delaborde) du corps d'observation (1). 

Le 18 octobre, d'après l'ordre de l'empereur, le général 
Junot met son armée en mouvement, sur six colonnes, se 
suivant à un Jour de dislance (2), et entre en Espagne. 

On se fait difficilement une idée des souffrances qui 
accablèrent nos troupes durant cette longue et pénible 
marche sur Salamanque, Ciudad-Rodrigo, Alcantara, So- 

breira. 

Les deux tiers des hommes étaient de jeunes conscrits : 
ils eurent à supporter toutes les misères. Les vivres man- 
quaient souvent, les chemins étaient affreux, et il fallait 
avancer sans prendre un jour de repos. 

« Ces troupes, dit le général Thiébaut, venaient de faire 
la marche la plus pénible et la plus affreuse que jamais 
une armée, s'avançant pour combattre, ait osé entre- 
prendre, j) 

Néanmoins, Junot arrive le 30 novembre 1807 devant 
Lisbonne. Il n'est accompagné que de 1.500 hommes* 



Entrée à Lisbonne (novembre-décembre 1807). 

Pourtant, la cour s'est réfugiée la veille sur la flotte bri- 
tannique, et cette ville de 200.000 âmes, gardée par 12.000 
soldats, ne tente aucune résistance. Le général français 
prend possession du gouvernement et organise le pays. 

Le bataillon du 15®, arrivé à Lisbonne le 1«' décembre, 



(1) Cette division comprenait : le 2« bataillon du 47' de ligne, deux 
bataillons du 86% deux bataillons du lO^^ le 3^ bataillon du 15«, un ba- 
taillon du 4* régiment suisse. Chaque bataillon devait être complété à 
1.260 hommes (140 par compagnie). Les brigades étaient commandées 
par les généraux Brenier et Avril. 

(2) Le 15* marche à la quatrième colonne avec l'artillerie de division. 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 187 

va tenir garnison au château. 11 devait y demeurer tout 
rhiver. 

Pendant ce temps, Napoléon commettait la plus grande 
faute politique de son règne en s'aliénant TËspagne par 
une inique et inexplicable agression dont les conséquences 
lui furent, plus tard, si fatales. 

Le commencement de Tannée 1808 avait été calme en 
Portugal. Mais les premiers événements de la guerre d'Es- 
pagne encouragèrent les habitants à céder aux excitations 
des Anglais. La population se souleva tout entière contre 
nous. Les régiments espagnols firent cause commune avec 
les Portugais, tandis que la flotte anglaise menaçait les 
côtes. Il fallut lutter contre Tinsurrection qui cherchait à 
couper nos communications avec la France. 

En conséquence, Junot forma deux régiments d'élite 
avec les voltigeurs et grenadiers de divers corps. Les gre- 
nadiers du 15® (130 hommes et 3 officiers) firent partie du * 
2« régiment. 

Ces groupes provisoires furent confiés au général Loison 
pour la répression des rebelles. 

Le 29 juillet, le général attaquait Evora, qu'il emportait 
d'assaut après un combat sanglant. L'ordre du jour du 
général Loison cite la belle conduite du capitaine Goubé, 
qui commandait les grenadiers du 15® dans cette affaire, 
où les insurgés laissèrent 500 morts et 2.000 prisonniers, 
tandis que nous n'avions perdu que 90 hommes dont 3 offi- 
ciers (1). 

Pendant ce temps, 16.000 Anglais débarquaient à 
l'embouchure du Mondégo et se trouvaient bientôt ren- 
forcés de tous les bataillons insurgés, qui vinrent se con- 
centrer auprès d'eux. 

Junot, isolé dans un pays soulevé contre lui, ne put 
réunir que 10 à 12.000 combattants pour se défendre 
contre les troupes anglaises, portugaises et espagnoles, 
qui le menaçaient de toutes parts. 



(1) Le lieutenant Richard fut blessé dans cette affaire. H devait Têtre 
encore un mois plus tard à la bataille de Vimeiro. 



188 HISTORIQUE 



C'en était fait de notre armée d'occupation. On com- 
battit cependant; on combattit pour Thonneur. 

Ce fut la bataille de Vimeiro (20 août), échec, c'est vrai, 
mais échec glorieux. A 2 heures de l'après-midi, l'armée 
française battait en retraite dans un ordre parfait, se diri- 
geant sur Lisbonne (1) pour s'y renfermer et s'y défendre 
jusqu'à la mort. 

« Les plus jeunes ont mérité ce jour-là le titre de vieux 
soldats (2). » 

Or, sur ces entrefaites, notre adversaire (3), rendant 
hommage à la fière attitude de nos troupes, signait avec 
Junot la convention de Cintra (22 août), qui réglait l'éva- 
cuation du Portugal, tout en sauvant l'honneur de nos 
armes (4). 

Le corps expéditionnaire, rapatrié par la flotte anglaise, 
fut débarqué à La Rochelle. 

Le bataillon du i6^ (3« bataillon) fut alors dirigé sur 
Bordeaux, où se formait le 8® corps de l'armée d'Espagne, 
dont l'empereur se proposait de partager le commande- 
ment avec Junot duc d'^brantès. 

Mais, à peine entré en Espagne, ce corps était dissous 
(2 janvier 1809) et ses éléments allaient renforcer les autres 
€orps, en particulier le 2® qui fut porté à cinq divisions. 

Le bataillon du 15© reçut l'ordre de rejoindre le gros du 
régiment, qui faisait partie de la l'« division (Merle) du 
2® corps d'armée (Soult). 

Avant de suivre le régiment dans cette nouvelle cam- 
pagne, voyons ce que sont devenus les trois autres batail- 



(1) Les lignes de Torrès-Vedras avaient été forcées par les Anglais. 

(2) Rapport du général Loison. 

(3) Le général en chef Dalrymple. 

(4) La convention de Cintra, ratifiée le 1*' septembre, arrête que : 
« l'armée française sera transportée par mer en France, avec ses armes, 
ses chevaux, ses bagages, ses munitions, par les soins de la marine 
anglaise, et qu'à aucun titre elle ne sera considérée comme prison- 
nière de guerre ». 



DU 15® REGIMENT d'iNFANTERIE 18& 

Ions, pendant que le 3® se comportait si vaillamment en 
Portugal. 

Nous avons laissé le 4® bataillon (commandant Tan- 
crède) à Brest, au mois d'août 1805; quant aux deux pre- 
miers, ils figuraient encore au 8« corps de la Grande 
Armée. 

Cependant, Tempereur ne tardait pas à concentrer de 
nouvelles forces sur la frontière espagnole. 

Aussi, le 4® bataillon du 13® fut-il bientôt appelé à la 
division d'observation des Pyrénées-Occidentales, qui se 
réunissait aux environs de Bordeaux, sous les ordres 
du général Mouton (1). 

Peu de temps après, ceite division était dirigée sur 
Saint-Jean-Pied-de-Port (décembre 1807) pour rejoindre le 
reste du corps d'armée de Dupont, qui avait reçu Tordre 
de pénétrer en Espagne et de s'établir entre Vittoria et 
Burgos. 

C'était le prélude de cette longue et funeste campagne 
dont l'amer souvenir hantera plus tard, comme un doulou- 
reux cauchemar, les longues veilles du prisonnier de 
Sainte-Hélène. 



CAMPAGNE D'ESPAGNE (1808) 

Napoléon, qui venait de vaincre et d'humilier l'Europe, 
se croyait déjà maître de la péninsule ibérique. 

Les plus graves dissentiments régnaient alors à la cour 
de Madrid. Sous prétexte de protéger l'autorité royale de 
Charles IV, singulièrement menacée par les coupables 
agissements de son fils Ferdinand, l'empereur investit 
Murât du commandement en chef des armées françaises 
en Espagne et lui prescrit de marcher sur Madrid avec les 
corps de Dupont et de Moncey (1®' mars 1808). 



(i) Cette division était ainsi composée: 3« bataillon du 70% 3» bataillon 
du 86', 4« bataillon du 15% un bataillon suisse et douze pièces de 
canon, enfin 1'' et 3' bataillons du 47*. 



190 HISTOUIQUE 



Le désordre est à son comble ; Murât parvient cependant 
à étouffer l'insurrection dans la capitale; mais le peuple 
commence à s'inquiéter de Tintervention française et, lors- 
qu'on apprend tout à coup Tentrevue de Bayonne et l'abdi- 
cation des princes entre les mains de Napoléon, toute 
l'Espagne est debout pour défendre son indépendance ou 
mourir glorieusement pour elle (mai 1808). 

Le 6 juin, l'empereur proclame Joseph Bonaparte « roi 
d'Espagne et des Indes ». Il faudra une armée pour le 
conduire jusqu'à son trône, 

La junte de Sévillea prêté serment à Ferdinand VII, 
et n'a pas craint de déclarer la guerre à l'empereur des 
Français. • 

Le maréchal Bessières est chargé d'assurer les commu- 
nications, entre Bayonne et Madrid, avec les divisions 
Merle, Verdieret Lasalle. 

Quoi qu'il en soit. Napoléon, irrité de rencontrer une 
pareille résistance, a résolu de châtier ce peuple héroïque 
qui brave sa colère. Il a déjà mandé, soit de Paris, soit des 
camps établis sur les côtes, le 4® léger, les l®^ et 2« batail- 
lons du 15® de ligne, le 2« et le 12® léger, les 14« et 44® de 
ligne (1). 

Lorsque le roi Joseph partit pour Madrid (le 9 juillet), 
le 15® avait donc trois bataillons de guerre à l'armée d'Es- 
pagne et un bataillon en Portugal. 

Un 5® bataillon (dépôt) avait été formé à Brest. Les ba- 
taillons de guerre comprenaient six compagnies : une de 
grenadiers, quatre de fusiliers, une de voltigeurs. 

Le dépôt était à quatre compagnies (2). Chaque compa- 



(1) Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire. 

(2) Un capitaine désigné par le Ministre, sur la présentation de trois 
candidats faite par le colonel, commande le dépôt, sous les ordres du 
major, et, en môme temps, une des quatre compagnies. Il y a en outre 
au dépét un adjudant-major et deux adjudants sous-offîciers chargés 
d'instruire les recrues. 

Le f bataillon (commandant Langlois) et le 2' bataillon (commandant 
Plazanet), revenus de la Grande Armée, avaient été dirigés sur Brest 
en février, puis affectés au camp de Brest, lorsqu'ils reçurent l'ordre 
(15 juin) de partir en poste pour Bordeaux. Ils arrivent le 26 dans cette 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 191 

gnie avait un effectif de 140 hommes; 1 capitaine, 1 lieute- 
nant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 ca- 
poral fourrier, 8 caporaux, 2 tambours, 121 soldats. 

L'état-major du régiment comportait le nombre signifi- 
catif de : 1 chirurgien-major, 4 aides-chirurgiens, 5 sous- 
aides-chirurgiens. 

Il n'y avait plus qu'un drapeau par régiment. 

Colonel Paul-Louis DEIN 

(28 juin 1808). 

Le colonel Reynaud, promu général le 11 mai 1808, a été 
remplacé à la tête du régiment par le major Dein (28 juin). 
Le commandant Plazanet est son successeur dans le grade 
de major. 

Nous n'entreprendrons pas de raconter par le détail cette 
guerre terrible et sans merci, dont tous les jours sont mar- 
qués par une escarmouche, un combat, une bataille. 

Nous nous efforcerons seulement de suivre le 15® dans 
les actions où il s'est le plus particulièrement distingué. 

Dès le 5 juin, Napoléon avait prescrit au général Lefeb- 
vre-Desnouettes de se porter à tire d'ailes sur Saragosse avec 
une colonne mobile d'environ 5.000 hommes (1). 

Le 4« bataillon du 15®, qui se trouvait alors à Pampelune, 
reçut l'ordre de quitter cette ville pour entrer dans la for- 
mation de la 2® brigade (général Habert) de cette armée 
légère, q^ui allait bientôt entreprendre le premier siège de 
Sarragosse (2). 



ville et se trouvent à Rayonne le 30 juin, pour entrer dans la composi- 
tion d'une division d'élite réunie sous les ordres du général Mouton et 
comprenant, outre ces deux bataillons, le 4° léger, le 6* bataillon de la 
garde de Paris et six pièces de canon. 

(1) Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire. 

(2) Le général Lefebvre-Desnouettes était parti de Pampelune le 7 juin 
avec 4.200 hommes (dont 900 cavaliers), six canons, sept caissons. L'in- 
fanterie, commandée par le général Habert, comprenait le 2' régiment 
supplémentaire des légions de réserve, un bataillon du 15% un du 47* 
et un du 70" de ligne. 



192 HISTORIQUE 



Colonne mobile Eiefebvre-Desnonettes. 

(Jsin-Jumet-août 1806). 

Il fallut se battre le 8 juin, à Tudela, pour forcer le pas- 
sage de TËbre défendu par les Espagnols du colonel Obispo. 
Mais, après un engagement assez vif, au cours duquel fut 
blessé le capitaine Bigot, du 15« de ligne, l'ennemi dut 
renoncer à nous arrêter. D'ailleurs, il ne fit qu'ajourner son 
projet, car, quelques jours plus tard (15 juin), la colonne 
mobile Lefebvre se heurtait contre 3.000 soldats indigènes 
appuyés par du canon et retranchés à la Maison-Blanche, 
près des Grandes-Ecluses, à une demi-lieue de Saragosse. 

Bien que le terrain fût difficile, couvert d'oliviers, coupé 
de jardins clos de murs, le général Lefebvre-Desnouettes 
n'hésita pas à attaquer son adversaire. Le succès couronna 
son audace et l'ennemi, culbuté, fut obligé de se replier en 
désordre sur la ville où les habitants se hâtèrent de se bar- 
ricader. 

Ce combat opiniâtre avait coûté la vie (1) au capitaine 
Antoine et au sous-lieutenant Lapaire, deux officiers de 
mérite de notre 4« bataillon. 



Affaire d'Epila (22 Juin). 

Cependant Palafox, voulant conjurer le danger qui me- 
naçait Saragosse, résiolut de tenter une diversion en nous 
coupant nos communications. C'est dans ce but qu'il di- 
rigea (le 22 juin) un corps d'environ 4.000 hommes sur la 
route de Madrid à Epila. 

On envoya contre eux le l^^f régiment de la Vistule, le ba- 
taillon du 15«, 50 cavaliers et une pièce de canon. 

Ce faible détachement, commandé par le colonel Chlo- 



(1) Ces renseignements sont tirés d'un excellent ouvrage qui porte 
pour titre : Sièges de la guerre d'Espagne, 1807-10, par Belmas. 



DU IS^' REGIMENT d'iNFANTERIE 193 



piski (1), aborda si impétueusement rennemi que celui-ci 
dut lâcher pied, laissant entre nos mains 600 hommes hors 
de^combat et quatre pièces de canon. 



Premier siège de Sarragosse (août 1808). 

Néanmoins, malgré tous ces combats partiels, la capi- 
tale de TAragon ne put échapper aux émouvantes péri- 
péties d'un siège régulier. Un premier assaut, tenté le 
2 juillet, resta sans résultat, en dépit des sacrifices énor- 
mes qu*il nous causa. C'est dans cette meurtrière journée 
que périt glorieusement le capitaine Frégier du 15« régi- 
ment d'infanterie. 

Il fallut donc reprendre les travaux d'approche avec une 
nouvelle activité pour hâter la chute de la place. 

Enfin, le 3 août, notre artillerie étant approvisionnée, le 
général Verdier, qui conduisait les opérations du siège, fit 
une dernière démarche auprès du gouverneur de Saragosse 
pour obtenir un accord. Mais son parlementaire fut re- 
poussé par les avant-postes espagnols. 

En conséquence, le lendemain (4 août), aux premières 
lueurs du jour, on entendit tonner nos quarante-trois bou- 
ches à feu. 

Leur effet fut merveilleux. Dès midi une grande partie 
des pièces de la défense étaient démontées et trois brèches 
praticables étaient ouvertes dans l'enceinte (2). 

Les troupes destinées à donner l'assaut furent partagées 
en trois colonnes : 

Celle de droite était confiée à la direction du général 
Habert. Elle comprenait une avant-garde commandée par 
le colonel Robert et formée par les grenadiers et volti- 
geurs des 15® et 16® de ligne i^enforcés par ceux du 1®' régi- 
ment de la Vistule, et une colonne d'attaque composée du 
1er régiment de la Vistule. 



(1) Le colonel Chlopiski commandait le 1*' régiment de la Vistule. 

(2) Ces renseignements proviennent de Touvrage déjà cité plus haut : 
Sièges de la guerre d'Espagne, 1807, 1808, 1809, 1810, par Eelmas. 

Hist. 1»*. 13 



194 HISTORIQUE 



Elle avait pour mission de pénétrer dans la place, par le 
couvent de Santa Engracia, et de s'assurer du débouché de 
la rue conduisant de ce couvent au Cosso. • 

Ce mouvement devait être soutenu par le 44® placé en 
réserve, tandis que le bataillon du 15® et celui du 16« 
avaient ordre d'attaquer le verger du couvent pour couvrir 
la droite du général Habert. 

A 1 heure de l'après-midi, au signal de Tassant, chaque 
colonne s*élance sur son objectif. 

Celle du généralHabert parvient à s'emparer du Cosso, 
et s'avance môme jusqu'à la place de la Madeleine ; mais, 
là, devant un brusque retour oflensif des défenseurs, elle 
est ol3ligée de reculer. Elle se replie alors en arrière du 
Cosso, pour se barricader dans Thôpital-général (1) et 
dans les jardins des Filles de Jérusalem. C'est à peine si 
la nuit peut interrompre la bataille. Le lendemain, le com- 
bat recommence de maison à maison. Tout soldat français 
qui paraît dans une rue tombe immédiatement sous les 
balles espagnoles. Les coups de feu partent de partout: 
des tours, des fenêtres, des balcons (2). Chaque mur est 
un rempart, chaque maison une citadelle. 

On en était encore là le 6 août, lorsqu'on apprit, tout à 
coup, l'évacuation de Madrid par nos troupes. 

La lutte se prolongea néanmoins, les jours suivants, 
sans grand avantage pour personne, malgré l'arrivée dans 
la ville d'un secours de 4.000 hommes, amenés par Pala- 
fox (3). 

Enfin, le 13 août, le général Lefebvre recevait du roi 
Joseph l'ordre formel de lever le siège, dans la nuit même, 
et de gagner Tudela, puis Milagro (4), pour couvrir la 



(1) V. Sièges de la guerre d*Espagne, par Belmas. 

(2) C'est dans ces circonstances que fut blessé le capitaine Etienne 
Dominique (5 août). 

(3) Palafox avait quitté Saragosse, le 4, dès le commencement de 
l'action, en traversant le Gallcgo à gué, pour gagner Osera. l\ amena 
bientôt, par la route de Lerida, un renfort de 4;. 000 hommes, et, malgré 
un échec à Villa-Mayor, il put les introduire, le 9, dans la place. 

(4) Derrière la rivière de l'Aragon. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 195 

gauche de Tarmée française, qui se repliait sur l'Ebre (1). 
C'est ainsi que le 4® bataillon du 15® de ligne se trouvait, 
à la fin du mois, autour de Pampelune, lorsqu'il fut appelé 
à Miranda, où il arriva le 11 septembre. Là, ses compa- 
gnies furent disloquées. Trois d'entre elles furent affectées 
au 47® de ligne, tandis que les trois autres allèrent com- 
pléter les bataillons de guerre du 15®, qu'on réorganisait 
en attendant l'arrivée de l'empereur. 



IHTisloii d'élite Mouton. — 1'' et 9* batolUoM 

du «5% 

Pendant que le 4® bataillon se conduisait si brillamment 
à Saragosse, les deux premiers n'étaient pas restés inactifs. 



Victoire de Médina del Rio Secco (14 juillet 1808). 

Nous avons vu plus haut qu'ils appartenaient à la divi- 
sion d'élite confiée au général Mouton (2). 

Ces bataillons prirent une part glorieuse à la victoire de 
Médina del Rio Secco, qui permit au roi Joseph d'entrer 
dans Madrid. 

L'histoire en a gardé le souvenir : 

(( Avec de vieux régiments comme le 4*^ léger et le 15® de 
ligne, dit M. Thiers, le maréchal Bessières se sentait 
capable d'enfoncer tout ce qu'il avait devant lui (3). » 

Ces vaillantes troupes n'ont certes pas trompé sa con- 
fiance. On le vit bien quand il s'agit d'exécuter l'attaque 



(1) Le 21 août, le bataillon, fort do 411 hommes, était à Caporoso, 
«ouvrant Pampelune. (Tous ces détails sont empruntés aux Sièges de 
la guerre d'Espagne^ par Belmas.) 

(2) Cette division appartenait au 2" corps (maréchal Bessières). « La 
•division infernale, que commande Mouton, écrit Belliard à Grouchy, le 
6 juillet, sera demain à Burgos. » 

(3) Histoire du Consulat et de l'Empire, liv. XXXI, p. 114. 



196 HISTORIQUE 



décisive. Ce fut le capitaine Rouvre, du 15® de ligne (1), 
qui pénétra le premier dans Rio Secco, avec sa compagnie 
de voltigeurs, malgré le feu de 7 à 800 hommes qui en 
défendaient énergiquement l'entrée. 

D'ailleurs, si tous ne purent se signaler d'une manière 
aussi brillante, tous méritèrent les éloges du général en 
chef. Laissons-lui la parole : 

« L'ennemi, dit Bessières (2), a tenu assez longtemps. 
Le 4® d'infanterie légère s'est couvert de gloire. Le 15® de 
ligne, dont les voltigeurs ont beaucoup contribué à enlever 
la ville, a manœuvré, l'arme au bras, avec beaucoup de 
sang-froid. 

« J'ai parcouru hier les bivouacs. On n'entend que les 
cris de : « Vive l'empereur ! » Les soldats du 4® et du 15® 
me. demandent si le courrier est parti, et disent qu'ils ont 
fait tout leur possible pour tenir parole à l'eippereur. Ils 
ne parlent que des bienfaits dont Sa Majesté les a comblés 
à leur passage à Rayonne. » 

A la suite de ce beau fait d'armes le chef de bataillon 
AuGEARD, commandant le 1®^ bataillon du 15®, fut proposé 
par le général Reynaud pour la croix d'officier de la Légion 
d'honneur (3). 

Le lieutenant adjudant-major Fages, blessé dans cette 
journée, fut également désigné parmi les plus dignes de 
recevoir les insignes de chevalier du même ordre. Mais 
chacun eût mérité une récompense, car chacun avait noble- 
ment fait son devoir. 

Napoléon, ravi de ce succès (4), accorda au corps de 
Bessières cent nominations dans la Légion d'honneur, 



(1) Capitaine Rouyre (Jean), né dans l'Ariège le 18 septembre 1772. 
Cette citation élogieuse figure sur ses états de services. (Archives admi- 
nistratives du dépôt de la guerre 

(2) Voyez rapport du maréchal Bessières au major général Berlhier. 
(Archives historiques du dépôt de la guerre.) 

(3) n était chevalier du 1" octobre 1807. 

(4) L'ennemi avait laissé sur le champ de bataille 5.000 morts, 1.200 
prisonniers et 18 pièces de canon. 

L'armée espagnole était commandée par Blake et le marquis de 
la Cuesta. 



DU 15» RÉGIMENT d'jNFANTERIE 197 

^ 

ainsi réparties : cinquante pour les officiers et cinquante 
pour les sous-officiers, caporaux et soldats, dont quinze 
réservées aux conscrits de 1809 qui s'étaient le plus dis- 
tingués (1). 

Cependant Tempereur, s'exagérant les conséquences de 
cette victoire, crut toute résistance abï^ttue et retourna 
bien vite à Paris. Ses espérances devaient être cruellement 
déçues. La guerre était loin d'être terminée. 

Lorsque la malheureuse capitulation de Baylen forcera 
Joseph à quitter sa capitale, cette nouvelle exaltera singu- 
lièrement l'enthousiasme des Espagnols et doublera les 
forces de l'insurrection. 

En effet, dès le mois d'août, l'armée française n'occupait 
plus que la ligne de l'Ebre. 

Il était temps que Napoléon prît en personne la direction 
des opérations en Espagne. 

« Je leur ai envoyé des agneaux qu'ils ont dévorés, s'é- 
criaitil; je vais leur envoyer des loups qui les dévoreront 
à leur tour (2). » 

La grande armée traversa la France pour porter au delà 
des Pyrénées ses redoutables colonnes.* 

Seul avec Duroc, l'empereur quitte Mont-de-Marsan pour 



(1) La promotion du 12 novembre 1808 dans l'ordre impérial de la 
Légion d'honneur comprit les nominations suivantes en faveur du 15* : 
capitaines Jacob, Baron, Chevallier, Desmarets; lieutenants Skvin, 
Narjot; adjudant-major Pages ; sous-lieutenant Guilhem; sergent- 
major Decamp; sergents Lecerf, Doyen, Darmay, Amiot, Gauiot, 
Braconnier, Maurin, Venaud, David; caporal fourrier Bruet; caporal 
Garoux ; grenadier Dumay. 

La promotion des 26 et 28 jnin de la même année avait décerné la 
même distinction aux militaires du régiment dont les noms suivent : 

Chef de bataillon Tancrède ; capitaines Rouvre, Dehargue, Maré- 
chaux, Mongrolle; sergents Dureuil, Lesaux, Han; grenadier Michel 

Le 17 janvier 1808, 200 hommes du 15" furent embarqués à Saint- 
Malo, à bord de la frégate l'Italienne, à destination de la Martinique. Ils 
étaient commandés p|ir le capitaine Aucher, le lieutenant Georges Blon- 
DEAU et le sous-lieutenant Dominique Châtelain. Arrivés à la Marti- 
nique le 12 février 1808, ils ont été incorporés aux 26« et 82» de ligne et 
aux 3* et 4« régiments d'artillerie à pied. 

(2) Correspondance de Napoléon I". 



198 HISTORIQUE 

^— 



gagner Bayonne à franc étrier. Il arrive dans cette ville le 
3 novembre, à 3 heures du matin. 

Son plan est de marcher rapidement sur Madrid afin 
d'empêcher la jonction des armées ennemies. 

En conséquence, Soult, qui a remplacé Bessières à la 
tête du 2« corps, reçoit Tordre de se porter sans retard sur 
Burgos et de culbuter Tarmée espagnole. 

Bataille de Gamonal (10 novembre 1808). 

La première rencontre a lieu le 10 novembre 1808, à 
Gamonal (près Burgos). 

Pendant que le général Lasalle attire l'attention de l'en- 
nemi, la division Mouton, à laquelle appartient le 15®, s'é- 
lance au pas de charge sur le bois de Gamonal, renversant 
tout sur son passage, poursuit l'épée dans les reins les 
troupes du général Belveder et arrive en même temps 
qu'elles à Burgos (1). 

L'ennemi laisse sur le champ de bataille 2.500 hommes, 
900 prisonniers, 4.000 fusils, 6 drapeaux, 30 pièces de ca- 
non. Après un nouveau succès, remporté le 19 novembre 
à San Vincente, le général Mouton était rappelé auprès de 
l'empereur, pour y reprendre ses fonctions d'aide de camp. 
Ce fut -alors le général Merle qui prit le commandement de 
la division d'élite (division n» 1). 

Le 1er janvier, l'empereur rejoignit le maréchal Soult à 
Astorga. 

C'est à cette époque (2 janvier) que la dissolution du 
8® corps (Junot) permit enfin de réunir les quatre batail- 
lons de guerre du 15® sous un même commandement. 



(1) Le commandant Aubry, du 15* de ligne, fut ce Jour-là l'objet d'une 
rare distinction. L'empereur, témoin de sa belle conduite, le nomma 
officier de la Légion d'bonneur sur le cbamp de bataille même. Le capi- 
taine Gruzé fut tué; les capitaines Bigot etTREFCoN blessés. 



DU 1S« RÉGIMENT D'iNFANTERIE 199 



CAMPAGNE DE 1809 EN GALICE ET PORTUGAL 



Le régiment continua de figurer à la l'® division (Merle) 
du 2© corps (Soult). 

Sur ces entrefaites, Napoléon, rappelé en France par les 
événements qui se préparent en Autriche, donne au maré- 
chal Soult Tordre de poursuivre l'armée anglaise dans sa 
retraite sur la Galice et d'empêcher, s'il est possible, son 
embarquement à la Corogne. 

Combats de Pierros et Carcabellos (3 janvier 1809). 

• Le 3 janvier 1809, le 2« corps rencontre l'arrière-garde 
du général Moore. Après l'enlèvement du pont de Carca- 
bellos, le généra^ Merle, chargé de s'emparer du village de 
Pierros, prescrit au 4® léger d'attaquer la droite de cette 
forte position pendant que le 15® prononce son mouvement 
sur la gauche et détermine la prise du village. 

Nous avions malheureusement perdu dans cette glorieuse 
journée un des plus brillants officiers de cavalerie de l'ar- 
mée, le général Colbert, qui fut tué en dirigeant nos tètes 
de colonne dans les rues de Pierros. 



Combat et pris» de la Corogne (16 janvier). 

L'armée britannique se retirait lentement sur la Corogne. 
On la combattit encore à EJl-Corgo, le 7 janvier, puis à la 
Corogne, le 16 janvier. 

Ce jour-là, le 15^ régiment d'infanterie, posté au pied de 
la montagne qui domine la ville, devait rester en soutien ; 
mais il fut obligé de donner pour repousser une colonne 
ennemie menaçant le flanc droit de la division Mermet. On 
se battit avec un acharnement incroyable jusqu'à la nuit, 
q ui permit aux vaincus d'échapper à nos poursuites et de 



200 HISTORIQUE 



se réfugier à bord de leur flotte embossée dans le port (1). 
Quoi qu'il en soit, le départ de Tarmée anglaise nous 
rendait maîtres de tout le pays et, trois jours plus tard, la 
Corogne capitulait. 

Cependant, après avoir expulsé de Galice les troupes 
du général Moore, il fallait maintenant se tourner contre 
les frontières portugaises, où les généraux Freire et Sil- 
veira organisaient une nouvelle résistance. 

En conséquence, le duc de Dalmatie dirigea ses colonnes 
sur Oporto par la route de San Yago et de Vigo. 

Dans la nuit du 15 au 16 février, Tarmée française 
essaya de traverser le Minho, près de son embouchure. 
Pour protéger ce mouvement, le général Thomières voulut 
jeter sur la rive opposée 300' voltigeurs de la division 
Merle; mais Tattaque inopinée de 1.500 ennemis fit 
échouer cette tentative hardie, malgré le courage et le 
dévouement de nos voltigeurs, dont 30 à peine purent 
débarquer et furent immédiatement cernés par les par- 
tisans portugais (2). 

On se détermina donc à remonter le Minho pour cher- 
cher un autre point de passage, vers Orense. 

Cette circonstance obligea plus tard le maréchal Soult 
à engager nos troupes (3) dans le dangereux défilé de 
Chaves-Ruivaens. Ce fut à la brigade Raynaud (à laquelle 
appartenait le 15^) qu'incomba la mission de protéger 
l'artillerie pendant son écoulement à travers ces mon- 
tagnes, si souvent visitées par les guérillas ennemies. 

Le pays s'était soulevé derrière nous. Il fallut combattre 
presque tous les jours. 



(1) Le 15' n'eut, dans cette bataille, que 2 hommes tués et 15 blessés, 
parmi lesquels le capitaine Rouyre, et le capitaine Marié, qui mourut 
le 3 juin. 

(2) Il fut impossible de leur porter secours, les embarcations étant 
entraînées à la dérive par le reflux du fleuve. Deux barques se perdi- 
rent dans les flots, où beaucoup de braves se noyèrent, entre autres 
le lieutenant Narjot du 15" de ligne. 

(3) Divisions Merle, Mermet, Heudelet, Delabordc, pour l'infanterie; 
divisions La Houssaye, Lorge et Franceschi pour la cavalerie. 



DU 15® RÉGIMENT D*iNFANTERIE 201 

Le 7 mars, le général Thoraières dut se porter à 
Orense, avec un bataillon du lo^ de ligne et un du 4® léger, 
pour escorter un convoi de 700 malades ou blessés évacués 
sur Monterey. 

Enfin, le 27 mars, toutes les divisions étaient dirigées 
sur Oporto. 

Bataille et prise d'Oporto (29 mars 1809). 

Cette grande ville avait fait les mêmes apprêts que Sa- 
ragosse (1); mais nos intrépides soldats n'en furent point 
intimidés. 

Le 28, la division Merle (15^ de ligne), débouchant par 
la route d'infesta, prononce une vigoureuse attaque contre 
la gauche des Portugais. 

En un clin d*œil, elle enlève les postes de la défense et 
s'établit dans des chemins creux et des enclos dont Tad- 
versaire ne peut la déloger. 

Le lendemain, tandis que le général Delaborde se porte 
sur la droite, le général Mermet sur le centre, la division 
Merle a Tordre de se jeter sur les retranchements de la 
gauche ennemie. 

Elle s'engage, vers 6 heures du matin, avec tellement 
d'entrain qu'elle reçoit bientôt avis de ralentir son mouve- 
ment (2). 

Cependant les défenseurs, se voyant attaqués sur leurs 
ailes, dégarnissent leur centre, ce qui permet au général 
Mermet de gagner du terrain de ce côté. 

C'est alors que la division Merle, achevant son mouve- 
ment tournant, déborde la gauche ennemie et s'empare 
des forts de la Foz et de la Mathosinos, dont presque tous 
les défenseurs, poursuivis jusqu'au Douro, se jettent dans 



(1) Ville de 70.000 habitants, entourée d'une enceinte récemment 
réparée, défendue par plus de 200 pièces de canon et couverte par une 
armée de 60.000 hommes. 

(2) Tous ces renseignements sont tirés de la correspondance du maré- 
chal Soult sur cette campagne. (Archives historiques du ministère de 
la guerre.) 



202 HISTORIQUE 



le fleuve et s'y noient malgré Thumanité de nos soldats^ 
émus de pitié, qui cherchent à les sauver (1). 

Néanmoins, Tennemi, refoulé dans la ville, s'enferma 
dans révôché, dans les couvents, dans les maisons. 

il fallut encore écraser cette résistance désespérée avant 
que la population épouvantée consentit à se soumettre. 

(( Dans Tattaque générale du 29 mars, dit le maréchal 
Soult, la division Merle enleva plus de soixante canons (2). 

» La défense avait établi des obstacles si considérables 
qu*on fut plus étonné de les avoir franchis le lendemain 
que le jour même (3) ». 

D'ailleurs, le duc de Dalmatie se plut à rendre justice à 
tous en attribuant son succès à l'éclatante valeur de se& 
troupes. 

La brillante conduite du colonel Dein avait été fort 
remarquée; mais combien d'autres se signalèrent à ses 
côtés I II faudrait citer-tous les officiers, tous les soldats du 
15® de ligne. 

Comment faire un choix ? 

Le capitaine Dumas pénètre de vive force, à la tête de sa 
compagnie, dans une des principales redoutes, où l'en- 
nemi, se défendant jusqu'à la mort, fut passé au fil de 
l'épée (4). 

Un peu plus loin, le capitaine TEissEmÉ, conduisant ses 
hommes à l'assaut d'un ouvrage et se trouvant arrêté par 



(1) Ces malheureux se Jetaient dans des barques qui chaviraient 
bicnti^t sous le poids d'un chargement excessif. Nos soldats se jettent 
à l'eau pour en retirer des Portugais de tout âge et de tout sexe. 
(Voyez Lenoble.) 

(2) V. Rapport général sur Texpédition de Portugal par le maréchal 
Soult. (Archives historiques du ministère de la guerre.) 

(3) V. rapport général sur l'expédition du Portugal, par le maréchal 
Soult. fArchives historiques du ministère de la guerre.) 

(4) Ce haut fait est cité dans les états de services du capitaine Dumas. 
Charles Dumas était né à Versailles le 23 septembre 1775. Lieutenant 
le 7 nivése an H à la 68' demi-brigade, capitaine au 15' le 14 floréal 
an VIII ; chevalier de la Légion d'honneur le 26 prairial an XII. A la 
suite de la bataille d'Oporto, 11 fut proposé par le colonel Dein au duc 
de Dalmatie pour la croix d'officier. 



DV 15<^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 203 

./■ ' ..... 

une barricade, monte le premier par une embrasure, tue 
le canopnier qui continuait à pointer sa pièce, et ouvre 
ainsi le chemin à sa compagnie qui se jette dans le retran- 
chement et s'en empare (1). 

Pendant ce temps, le sous-lieutenant Perret, du 15® de 
ligne, se couvrait de gloire en enlevant de sa propre main 
un drapeau à Tennemi (2). 

Enfin, le lieutenant Souque se signalait également par 
son entrain et son intrépidité, en pénétrant, Tun des pre- 
miers, dans une redoute énergiquement défendue. 

En somme, peu de journées furent aussi brillantes pour 
les armes françaises que celle du 29 mars 1809. 

Malheureusement, le 15® de ligne avait chèrement payé 
sa gloire. Il comptait 3 officiers tués (capitaines Baron et 
Valet, sous-lieutenant Cotterelle) et 8 blessés (comman- 
dant Molin; capitaines Teisseire et Pron; lieutenants 
Delarue, Fages et Perret; sous-lieutenants Guilhëm et 
Colsin). 

Les pertes de la troupe n'étaient pas moins cruelles. 

Cependant, ce succès n'avait pas désarmé l'insurrection. 
La route que le maréchal Soult avait si laborieusement 
frayée se referma derrière lui. 

Ney, aux prises avec le marquis de la Romana, ne put 
rien faire pour sauver les faibles détachements que nous 
avions laissés dans les postes les plus importants (3). 

C'est ainsi que, le 27 mars, la garnison française de 
Vigo, bloquée par l'ennemi, s'était trouvée réduite à capi- 
tuler. Notons à ce sujet que, parmi les vingt-trois officiers 
appelés à donner leur avis sur la nécessité de cette reddi- 



(1) Pierre Teisseire, né à Narbonne le 15 septembre 1766; capitaine 
au 15* do ligne (citation portée sur les contrôles des officiers déposés 
aux archives administratives du ministère de la guerre). 

(2) Pi( rrc Perret, né à Moulins-sur-Allier le 5 octobre 1785 : sous- 
lieutonant au 15" de ligne, 7 janvier 1806 ; lieutenant au corps, 31 août 
1810; capitaine, 8 février 1813; décoré le 22 juillet 1813. Blessé à la 
cuisse à Oporto. (Etats de services.) 

(3)^ Presque tous ces détails sont empruntés à la correspondance du 
maréchal Soult. (Rapport général sur Tcxpédition de Portugal.) 



204 HISTORIQUE 



lion, le lieutenant Jouannique, officier payeur du 15« de 
ligne, fut un des sept qui s'opposèrent énergiquement à 
cette douloureuse extrémité. 

Ajoutons qu'à cette époque le commandement en chef de 
Tarmée anglaise passait aux mains de sir Arthur Wellesley 
(Wellington), qui devait porter à nos armes les plus terri- 
bles coups. . 

Son influence s'était rapidement manifestée un peu par- 
tout dans le Portugal. 

Siège de Tuy (19 février-10 août 1809). 

Les hostilités reprirent bien vite une nouvelle intensité. 

On avait de mauvaises nouvelles de la ville de Tuy, où le 
dépôt du 2« corps se trouvait cerné par un corps anglo- 
portugais. 

Le 26 février, le capitaine Ganeau, avec 100 hommes du 
15® de ligne, parvint à pénétrer dans la place, malgré 
mille difficultés. Ce renfort ne resta pas inactif (1). 

Le 9 mars, le capitaine Ganeau exécutait une reconnais- 
sance sur Port-Marin, lorsqu'il fut subitement assailli par 
le feu de trois navires anglais. Il tomba glorieusement 
frappé par un boulet ennemi, à la tète de son brave déta- 
chement (2). 

D'ailleurs, la malheureuse garnison de Tuy, décimée 
par les privations et les maladies (3), était réduite à la 
dernière misère, lorsque son gouverneur, le général de 
Lamartinière, eut la joie de voir les assiégeants se retirer 
à l'approche de la division française Heudelet (10 avril). 



(1) Il accompagna lo commandant Nagonne dans son expédition sur 
Pontevedra. 

(2) Voir états de services. 

(3) M. Laugier, officier payeur du 15^ de ligne, fut emporté le 22 mars 
par la fièvre putride qui désolait la ville. (Contrôles des officiers, Con- 
servés au dépôt de la guerre.) 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 205 



Surprise d'Oporto (12 mai 1809). 

Toutefois, l'heure des plus dures épreuves n'était pas 
éloignée. 

Voici que, dans la nuit du 11 au 12 mai, Wellington, 
avec 26.000 hommes, surprend le passage du Douro, au- 
dessus d'Oporto, et se jette à Timproviste sur la ville. Les 
premiers Anglais débarqués se cachent dans Tenclos du 
Prado. Le général Foy, placé sur uneéminence, en face du 
couvent de la Serra, avait remarqué des barques chargées 
de soldats (1); il en donna avis au maréchal Soult et se 
rendit à la caserne du 17® pour faire prendre les armes. 

Puis il se porta en toute hâte avec le 17® léger au fau- 
bourg de Vallongo, où le 70® vint bientôt l'aider à conte- 
nir les Anglais. 

Peu d'instants après, le 4® léger et le 15® de ligne débou- 
chèrent de la place d'armes, en colonne serrée, la gauche 
en tète. Guidés parle général de la Borde (aliàs Delaborde), 
ces braves régiments chargent les Anglais à outrance et 
les repoussent jusqu'au bord du fleuve, sans cependant 
pouvoir les déloger des bâtiments qui leur servent d'ap- 
pui (2). 

Du reste, en ce moment, les mariniers portugais amè- 
nent des barques aux Anglais restés sur la rive droite du 
Douro. 

La retraite est dès lors nécessaire et c'est à la brigade 
Raynaud (15® de ligne et 4® léger) qu'incombe le soin de 
la protéger en tenant tête à l'ennemi dans la ville même. 

Grâce à son énergique résistance, le mouvement put 
s'opérer en bon ordre. Le combat ne cessa qu'à une demi- 
lieue d'Oporto. 

Dans cette difficile circonstance, le 15® de ligne fut digne 
de ce qu'on attendait de lui. 



(1) Les soldats anglais avalent ôté leurs vestes pour n'être pas recon> 
nus. (V. Mémoires sur les opérations des Français en Galice et Por^ 
tugal, par M. Lenoble.) 

(2) Thiers, Uv. XXXVI. 



206 HISTORIQUE 



Pendant que Tarrière-garde se portait de Vallongo à 
Baltar, 25 à 30 dragons anglais vinrent se jeter en furieux 
sur nos soldats. Mais cette aventureuse galopade leur 
devint funeste. Reçus de pied ferme par la compagnie du 
capitaine Teisseiré, aucun d'eux ne put échapper. 

Malgré tout, cette charge inopinée avait causé quelques 
ravages dans nos rangs. 

Le capitaine Teisseiré (1), blessé lui-môme au genou, 
vit tomber à ses côtés son sous-lieutenant, M. Cavirot (2), 
deux sergents et plusieurs caporaux, sans compter de 
nombreux soldats tués ou blessés. 

D'ailleurs, le 15® de ligne ne s'était guère ménagé dans 
cette laborieuse retraite. Le chef de bataillon Aubry avait 
reçu deux blessures ; le capitaine Aucher et le lieutenant 
Agnel étaient aussi mais moins grièvement atteints. 

Quoi qu'il en soit, il nous avait fallu abandonner cette 
belle place d'Oporto, dont la conquête comme la perte 
avaient donné tant de gloire et coûté tant de sang. 

En tout cas, le maréchal Soult sauva son armée par la 
promptitude et l'à-propos de ses mesures. Il sacrifia sans 
hésitation matériel, munitions, approvisionnements. 

La brigade Raynaud (15® de ligne et 4® léger), on s'en 
souvient, avait reçu l'ordre de former l'arrière-garde avec 
la division de cavalerie Francheschi. La tâche était lourde ; 
mais elle fut noblement accomplie. 

En deux jours, le duc de Dalmatie (Soult), échappant 
à Wellington et à Silveira, avait amené toutes ses troupes 
à Ruivaens, à l'entrée de la gorge profonde du Cavado," 
dans la sierra Santa Cathalina (13 mai). 

Le 15, l'armée entière se dirigeait sur Montalègre par un 
sentier étroit, où deux hommes pouvaient à peine passer 
de front. A ses pieds, le Cavado, gonflé par une pluie vio- 
lente, roulait, en mugissant, au fond d'un précipice. 



(1) Le capitaine Teisseiré, à cause de sa double blessure, fut, quel- 
ques instants après, fait prisonnier par les Anglais. (V. Matricules 
des officiers. Archives administratives du ministère de la guerre. 

(2) Le sous-lieutenant Cavirot mourut de ses blessures. 



DU 15* liÉOIMKNT d'infantehik 207 



De l*autre côté, c*étaiont des rocherH h pic et des tinu- 
teur» inacceHHibleA, d*où partait une fuHiliade continuelle. 

Enfin, le chemin déjà ni pénible He trouvait rompu en 
plusieurH points par den ruisseaux débordés de leurs lits 
escarpés. 

Tant d'obstacles retardaient inévitablement la marche, 
et Tennemi arrivait à grands pas sur nos traces. 



Affaire de Salamonde (10 mai). 

Pour protéger la colonne, le général Hkvnai;», qui com- 
mandait Tarri^^regarde, avait établi sur le plateau de Sala* 
monde (au-dessus du pont de Mizarella) le 15" de ligne, le 
fh^ léger et deux escadrons de cavalerie légcre. Il allait 
s'engager à son tour dans la gorge du (lavado, lors(|u'il 
fut attaqué par 8 h 10.000 hommes, ((ui débouchaient en 
même temps de la route de Draga et de celle de Basto. 
La soudaineté de Tatlaque, Timminencu; du péril et la 
grande confusion produite par un orage d'une extrême vio- 
lence amen^.rent ({uclque désordre dans nos troupes. Mais 
le général Hkv.\ai;i), ralliant derri^îrc lui 5 h 000 braves, 
s'élance au cri de : a Vive l'empereurl » sur la tête de . 
colonne ennemie, qui s'arrête net sous le coup de cette 
charge impétueuse. L'armée angio [portugaise, dé(;oncerlée 
par cette attitude résolue, n'osa nous poursuivre dans la 
montagne. C'est dans cette sanglante mêlée que fut tué le 
capitaine RrooLr.KT, du 15". 

Le 17 mai, le 2" corps parvenait lu'esque en entier li 
MontaWtgre et, le lendemain, le maréchal Soult rentrait 
en Galice. La seconde armée de Portugal était sauvée.^ 

La retraite qu'elle venait de faire mérite d'être placée à 
côté des plus célèbres. 

A l'approche des Français, le marquis de la llomana 
lève le siège de Lugo, où s'était enfermé le général Four- 
nier. 

Le maréchal Soult gagne ensuite la province de Zamora. 

Le 1 1 juin, le 4« et le ili^ de ligne, avec l'aide du 15^ dra- 



208 HISTOniQCR 



gong, délogent 6.000 Portugais des hauteurs de Montefu- 
rado (route de Laronco). 

Le général Loison a encore recours ce jour-là à la bri* 
gade Reynaud pour s'emparer de Ponte-Cigarosa et chasser 
Tennemi du village de la Rua, où il se défend jusque dans 
réglise. 

Arrivés au commencement de juillet à Zamora, nos sol- 
dats purent enfin goûter un peu de repos. 



Rë«rgAnlMti«n du 9« eorp« 

(15 JuiUet 1809.) 

Ce temps fut d'ailleurs mis à profit pour réorganiser le 
2« corps. 

Le 25 juillet 1809, le IS^" de ligne et le i^ léger consti- 
tuent la 2"^ brigade (général Graindorge) de la 1'' division 
(général Merle) du 2^ corps. 

Le maréchal Soult reçoit le commandement de trois 
corps d'armée (2'^, S^» et 6"^) qui sont destinés à opérer en 
Portugal. 

Talavera (27-28 Juillet 1800). 

Après la bataille indécise de Talavera de la Reyna, cette 
armée se mit à la poursuite de Grégorio de la Cuesta, 
qu'elle battit, le 8 août, au pont de l'Arzobispo. Le duc de 
Dalmatie établit ensuite ses troupes en Estramadure, où 
elles demeurèrent jusqu'à l'année suivante. 



CAMPAGNE DE 1810 

Pendant que l'empereur remportait, en Autriche, la 
retentissante victoire de Wagram, ses lie t nants, livrés à 
eux-mêmes, ne pouvaient parvenir à dompter la résistance 
des patriotes espagnols et portugais. 



DU 15® RÉGIMENT d'lNFANTERIE 209 

Mais, lorsque la paix fut signée avec TAutriche (14 octo- 
bre 1809), Napoléon ramena son attention vers la pénin- 
sule ibérique. 

Il résolut de faire un puissant effort pour jeter les An- 
glais à la mer et forma, dans ce but, une nouvelle armée, 
dite de Portugal, dont le commandement fut confié au 
maréchal Masséna, duc de Rivoli, prince d'Essling. 

Le décret du 17 avril 1810 affectait à cette armée les 2®, 
6® et 8® corps (Reynier (1), Ney, Junbt), de l'ancienne 
armée d'Espagne. 

« Masséna ne voulait pas accepter cette lourde charge. 
Il avait entendu parler du caractère difficile du duc d'El- 
chingen, et Tamour-propre du duc d'Abrantès était prover- 
bial. 

(( Napoléon détruisit, une à une, les craintes du maréchal 
et lui fit accepter le beau commandement qui lui était des- 
tiné (2). » 

Voyons quelle était la situation du io^ de ligne à cette 
époque. 

Le régiment avait cinq bataillons en Espagne. Les 1®', 2« 
et 3® bataillons (commandants Fermlni, Moxtfort et Aubry), 
sous les ordres du colonel Dein (3), appartenaient à la 2® 
brigade (de Graindorge) de la 1'® division (Merle) du 
2® corps (Reynier). 

Les 4® et 5® bataillons (4), sous le commandement du 
chef de bataillon Fabre, figuraient dans la 1'® brigade 
(Gratien) de la 2® division (Solignac) du 8® corps d'armée 
(Junot) (o). 



(1) Depuis le mois de janvier 1810, le général Reynier remplaçait à 
la tôte du 2* corps le maréchal Soult, appelé aux fonctions de chef 
d'état-major du roi Joseph. 

(2) Mémoires de Masséna, par le général Koch, t. VII. 

(3) A reffeclif de 59 officiers et 1.224 hommes. 

(4) Le 4* bataillon avait été reconstitué, en France ; le 5« n'avait que 
trois compagnies. Ils fournissaient, à eux deux, un effectif de 25 offi- 
ciers et 721 hommes. 

(5) Le 8* corps avait été reformé en vue de cette nouvelle expédition 
de Portugal. 

Hist. 15*. 14 



. 210 HISTORIQUE 



Les esprits étaient trop surexcités de part et d'autre 
pour que Ton n'en vînt pas bientôt aux mains (1). 

Junot fut chargé de désarmer les Asturies, pendant que 
le général Reynier devait s'assurer de la rive droite du 
Tage. 

Assaut et prise d'Astorga (21-23 avril 1810). 

Le 8« corps eut bientôt affirmé son triomphe par la prise 
d'Astorga. Le capitaine Trefcon et le sous-lieutenant Beau 
furent blessés à l'assaut de cette place (21 avril). Leur 
camarade, le lieutenant Mongrolle, se signala d'une façon 
particulière en parvenant l'un des premiers sur la brèche 
pratiquée dans les remparts (2). 

Affaire de Ferla (8 juin). 

De son côté, le 2® corps passait la Guadiana le 10 mai, à 
Mérîda, dirigeant ses reconnaissances sur Badajoz et Oli- 
venza. 

Le 8 juin, le général Merle, avec le 4® léger et le 15® de 
ligne, dégage le fort de FerisP assailli par 3.000 Espagnols, 
fait sauter le château et s'établit, le 11, à Almendralijo (3). 

Bataille de Xérès de les Caballeros (5 juillet 1810). 

Quelques jours plus tard, le 5 juillet, la 1^® division se 
porte sur Xérès de los Caballeros, où 7 à 8.000 insurgés ont 
été signalés. La rencontre a lieu près de Salvatierra. Après 



(1) Le 10 avril, M. Lassalle, chirurgien sous-aide-maJor du 15' de 
ligne, avait été blessé près de Rodrigo. 

(2) V. Registres matricules des officiers (Archives administratives 
du ministère de la guerre). Le lieutenant Mongrolle fut nommé capi- 
taine de grenadiers le 29 mai 1810. Astorga avait subi quinze jours de 
tranchée ouverte. 

(3) Presque tous ces détails sont empruntés aux mémoires de Masséna 
et à la correspondance officielle du général Reynier. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 211 



avoir chassé rennemi de deux fortes positions, le général 
Merle arrête ses troupes pour leur faire reprendre haleine 
et donner le temps au général en chef de prononcer son 
mouvement tournant avec la cavalerie légère et la division 
Heudelet. Mais Tardeur de nos voltigeurs, qui se sont em- 
parés d'un mamelon où les Espagnols étaient venus les 
inquiéter, entraine le général Merle à précipite» l'attaque. 
11 fait battre la charge et toutes les positions sont enle- 
vées à la baïonnette par les 2® et 4® régiments d'infanterie 
légère, suivis des 15® et 36® de ligne. L'ennemi prend alors 
la fuite, laissant 3.000 hommes sur le champ de bataille. 

Affaire de Plasencia (7 août). 

Presque aussitôt la prise de Ciudad-Rodrigo par le 6® 
corps (1) (10 juillet), le général Reynier reçoit l'ordre de 
s'établir entre Alcantara et Plasencia. 

Le 4 août, le colonel Dein avait réparti son régiment de 
la façon suivante: un bataillon à Coda, un bataillon à 
Galisteo, un bataillon à Plasencia. 

Quatre oiTiciers et 51 hommes étaient, en outre, détachés 
sur le Tiétar pour assurer la correspondance. 

Le 7 août, une bande de guérillas tente d'enlever Plasen- 
cia. Un de nos postes est bousculé ; mais l'assaillant est 
heureusement arrêté par les défenseurs du pont de la 
Xerte. 

Le commandant Montfort accourt avec le reste de son 
bataillon, culbute les Espagnols et les disperse dans tous 
les sens. 

Le 15® de ligne conserve ses positions jusqu'au 10 sep- 
tembre, pour escorter les convois, protéger l'évacuation 
des malades et garder les communications (2). 



(1) Le 8« corps, en quittant la province de Léon (fin de mai) était venu 
appuyer le ^ corps devant Ciudad-Rodrigo. La ville, assiégée depuis 
le 26 mai, fut prise le 10 juillet. Le 2^ corps était resté en observation 
pendant ce temps. 

^2) Renseignements tirés de la correspondance ofllcielle du général 
Reynier. (Archives historiques du ministère de la guerre.) 



212 HISTORIQUE 



Puis, après avoir rallié ses détachements, il va rejoindre 
le 2® corps, qui se porte, avec toute Tarmée de Masséna, à 
la recherche de Wellington. 

Le 20 septembre, les trois premiers bataillons du 15* 
régiment de ligne passent au 8® corps ( Junot) et forment, 
avec le 65« de ligne, la l''^ brigade (général Gratien) de la 
2^ division (général de Solignac). 

Le 4® et le 5® bataillon du régiment faisaient partie du 8» 
corps depuis sa création. Toutefois, le 30 juillet, ces 
deux bataillons avaient été fondus en un seul et distraits, 
le 5 août, de la division Solignac pour constituer, avec 
trois autres bataillons provenant du 47^, du 70« et du 86® 
de ligne, la garnison de Ciudad -Rodrigo; on sait que cette 
ville formait, avec Almeida, la base d'opérations de l'armée 
française en Portugal. 

Bataille d'Alcoba ou de Busaco (27 septembre 1810;. 

Cependant, Wellington continuait à battre en retraite 
avec ordre et fermeté, couvrant l'émigration des habitants, 
achevant la dévastation du pays et ne nous livrant que des 
combats d'arrière-garde. 

Le maréchal Masséna ne put l'atteindre que le 27 sep- 
tembre, vers Busaco, dans la sierra d'Alcoba. 

Mais, la bravoure de nps soldats ne put triompher de 
l'âpreté des lieux, de la rapidité des pentes, du nombre et 
de la solidité des troupes anglaises établies syr les rochers 
abrupts de Busaco. 

La situation de Masséna eût été fort compromise si l'au- 
dacieuse démonstration de Montbrun, sur les derrières de 
l'ennemi, n'eût pas décidé Wellington à continuer sa mar- 
che rétrograde vers Coïmbre et Lisbonne. 

Le 29 septembre, le 8® corps, qui n'avait guère fait qu'as- 
sister à la bataille d'Alcoba, fut placé à l'avant-garde et se 
lança à la poursuite des Anglais. 11 eut à combattre pres- 
que tous les jours avec les arrière-gardes ennemies. 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 213 



Bataille de Coxeiras sous Sobral (13 octobre 1810). 

Enfin arrivé à Coïmbre le 1®'' octobre, le général Junot 
marche, le 12, sur Sobral, qu'il emporte. 

Néanmoins, le lendemain, les Portugais tentent de tour- 
ner la droite du 8® corps par Coxeiras. Le général Soli- 
gnac, chargé de parer à ce danger, est sur le point d*être 
accablé par rentrée en ligne d'une division anglaise, lors- 
que le général Gratien accourt, à la tête du 15® de ligne, 
tombe brusquement sur Tennemi et rétablit, le combat. 
C'est là que le capitaine Rouvre, dont la réputation n'est 
plus à faire, se distingue encore une fois en s'emparant, 
avec 60 voltigeurs, d'une importante position ennemie 
défendue par 300 Anglais (1). 

Surprises par une attaque aussi vigoureuse, les troupes 
anglo- portugaises se retirent précipitamment derrière Villa- 
franca. 

Cette petite ville était déserte lorsque l'armée du maré- 
chal Masséna y entra. L'ennemi tirait de ses lignes pour 
empêcher les Français de s'y établir. Un enfant de 16 mois 
y avait été abandonné. Un des grenadiers français le 
recueillit. Dans le bivouac ce fut à qui prendrait soin de 
Fanfan (ainsi l'avait-on baptisé). Lorsque nos soldats quit- 
tèrent Villafranca, ils confièrent le petit abandonné à une 
vieille femme, à qui ils donnèrent tout l'argent qu'ils 
avaient. 

Les exemples d'une aussi noble conduite ne sont heureu- 
sement pas rares dans l'armée française. 

Mais nous arrivons à l'une des plus tristes périodes de 
cette pénible campagne. 



(1) Cette citation est portée sur les états de services du capitaine 
RouTRE (matricule du dépôt de la guerre), dont nous avons déjà signalé 
un brillant fait d'armes à Médina del Rio-Secco. Dans cette sanglante 
affaire, le capitaine Rouyre et les lieutenants Gauthier et Lerouxeau 
furent blessés. Le lieutenant Delarue et le sous-lieutenant Legendre 
furent tués. Citons aussi parmi ceux qui firent preuve du plus brillant 
courage, le sergent O'Neill, qui fut blessé d'un coup de feu à la tête. 
(V. Etats de services.) 



214 HISTORIQUE 



Wellington s*est renfermé dans les lignes de Torres- 
Vedras, camp inexpugnable, flanqué par le Tage et la mer, 
couvert d'une muraille de rochers et de 106 redoutes 
armées de 400 bauches à feu. 

Masséna est obligé de s'arrêter devant ce formidable 
obstacle, dont il ne soupçonnait pas l'existence. Il attend 
vainement des secours. Cependant, au bout de six se- 
maines, sentant son impuissance et ne pouvant plus faire 
vivre son armée dans une contrée aussi ruinée, le maré- 
chal se résout à ordonner la retraite et va s'établir entre 
Santarem et Thomar, où il restera tout l'hiver en face des 
forces alliées. 

(( Les misères de l'armée deviennent insupportables. 
Les troupes sont obligées d'enlever des troupeaux le fusil 
à la main. Pendant le mois de janvier 1811, ni un officier 
ni un soldat ne peut se procurer du pain. Si les Anglais 
avaient pris nettement l'offensive, c'en était fait des 
nôtres; ils tombaient d'inanition. » (Historique du 70e.) 

Aux approches du printemps, l'armée de Portugal ne 
comptait plus que 28.000 fantassins en état de com- 
battre (1). 

Malgré tout, Masséna ne voulait pas abandonner le 
Portugal et s'avouer vaincu. Pourtant l'épuisement de ses 
troupes autant que l'esprit d'indépendance de ses lieute- 
nants le déterminèrent à se diriger sur Célérico pour 
prendre position derrière l'Agueda. 
• Cette retraite commença le 5 mars et fut conduite avec 
tant d'habileté que l'armée n'abandonna ni canon, ni ba- 
gage, ni malade, en dépit des nombreux combats qu'eut à 
livrer l'arrière/garde. 



(1) Cette armée comprenait à l'origine 72.000 hommes. Le général 
Drouet venait, il est vrai, d'arriver avec 12.000 hommes; mais ce 
secours était complètement insuffisant. 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 215 



Bataille de Fuentes de Onoro (5 mai lôll). 

Wellington s'était aperçu trop tard des mouvements du 
maréchal. Il fallut cependant livrer encore une bataille 
sanglante avant de sortir du Portugal. 

Cette dernière rencontre eut lieu, le 5 mai, à Fuentes de 
Onoro. La victoire fut indécise, mais Tarmée française 
garda ses positions pendant cinq jours, ce qui lui permit 
de recueillir les défenseurs d'Almeida, qui avaient pu 
sortir de la place après avoir fait sauter une partie des 
retranchements. 



Marmont succède à Masséna. 

Le 7 mai, Masséna remettait le commandement à Mar- 
mont, et Tarmée se retirait à Ciudad-Rodrigo, où elle fut 
réorganisée. 



Réorganisation de Farmëe de Portagal 

(16 mai 1811.) 

Le 16 mai 1811, en exécution d'un ordre impérial daté du 
8, le 15® régiment d'infanterie de ligne, qui a rallié son 
4® bataillon à Ciudad-Rodrigo, reçoit en incorporation les 
4es bataillons des 46® et 23® de ligne et constitue, avec le 66» 
régiment, la l^e brigade (général Thomières) de la 5» divi- 
sion (général de Maucune). 

Il reste cantonné jusqu'à la fin de l'année 1811 en Estra- 
madure, sur la frontière portugaise, luttant contre les 
dangers et les privations de toutes sortes, dans un pays 
hostile et à bout de ressources (1). 



(1) Au mois d'octobre 1811, le quintal de blé se vend à Plasencia 60 
francs. Un mois plus tard, U atteindra le prix de 70 francs, et même 
de 88 francs en certains centres de cette contrée. 



216 HISTORIQUE 



Tout homipe qui s'écarte isolément des cantonnements 
s'expose à être assassiné. 

C'est ainsi que, dans la première quinzaine d'octobre, le 
15« a la douleur d'apprendre successivement la disparition 
du capitaine Chavany (11 octobre), d'un caporal et d'un 
soldat, en l'espace de quelques jours, aux environs de Villa- 
nuevade la Vera (1). 

Commandement du major DORNIER 

• (14 novembre.) 

Sur ces entrefaites, le colonel Dein, rentré en France 
pour y jouir d'un congé de convalescence, est provisoire- 
ment remplacé par le major Dornier, du 69® de ligne. 

Année 1812 

Au commencement de l'année 1812, Wellington, se pré- 
valant de sa supériorité numérique, s'emparait brusque- 
ment de Ciudad-Rodrigo (20 janvier 1812). 

Le maréchal Marmont, qui n'avait pu prévenir ce hardi 
coup de main, résolut d'attendre la belle saison pour re- 
prendre l'offensive. 

Malgré ce calme apparent, il fallut, presque chaque jour, 
échanger des coups de fusil (2). 

Belle conduite du sous-lieutenant Renard. 

Le 16 janvier 1812, le sous-lieutenant Renard (3), officier 
payeur du 15® de ligne, commandait, avec son camarade 



(1) V. Mémoires du duc de Raguse. 

(2) Le 29 février, le 15' avait détaché 150 hommes pour la garnison du 
fort d'Alba de Termes et 150 à Rabila-Fuente, pour la correspondance. 
Au commencement de février (8), le 4* bataillon du régiment était fondu 
dans les trois autres, et le cadre (130 hommes) rentrait en France. Le 
sous-lieutenant Desalneuve fut blessé, le 18 février, à Alba de Termes. 

(3) V. Matricules des officiers (archives administratives du minis- 



DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 217 

du 66®, un convoi de 60 convalescents sortant des hôpitaux 
de Valladolid, lorsqu'il fut tout à coup enveloppé, près de 
Pedrosa del Rey, par un parti de 200 cavaliers; avec les 
35 hommes de Tescorte, il résista victorieusement, pendant 
deux lieues, en rase campagne, à tous les efforts de ses 
nombreux adversaires et fut assez heureux pour sauver sa 
comptabilité sur le point d'être prise par Tennemi. 

Au mois d'avril, après une inutile tentative pour reprendre 
Ciudad-Rodrigo, l'armée de Portugal fut ramenée dans ses 
cantonnements (l). Elle y demeura jusqu'au mois de juin, 
époque à laquelle elle dut reprendre les armes pour s'op- 
poser à un nouveau mouvement offensif de Wellington. 

Perte de Salamanque (28 juin 1812). 

Le maréchal Marmont voulant, sauver Salamanque, jeta 
700 hommes (dont 250 du 15^) dans les forts à peine achevés 
de cette place et prit position derrière le Douro. 

Mais les habiles dispositions du duc de Raguse ne purent 
conjurer la perte de la ville. Le 28 juin, le couvent fortifié 
de Salamanque, le fort de Saint-Vincent, vivement pressé 
par les Anglais, capitulait après avoir supporté douze 
jours de siège et trois assauts furieux, qui avaient coûté 
1.300 hommes à l'assiégeant. Cette reddition livra, aux 
mains de l'ennemi, 233 soldats du 15^ (2). 



tère de la guerre), état des services du sous-lieutenant Renard (Jean- 
Jacques), né le 7 août 1782 à Coulombs (Eure-et-Loir), officier payeur 
depuis le 20 septembre 1809. Le détachement eut 5 hommes tués et 17 
blessés,, sans compter le sous-lieutenant Renard, atteint lui-môme d'une 
blessure. 

(1) Le 1" bataillon du 15« à Fuente el Santo, le 2« à Bailla, le 3« à 
Albarco. C'est à Albarco que le sous-lieutenant Picard du Chambon fut 
blessé, le 4 mai 1812. Dans ce même mois, le général Barbot remplace 
le général Thomières à la tète de la 1" brigade. 

(2) Le 27, un incendie, d'une violence extrême, allumé par les boulets 
rouges des Anglais, avait détruit les bâtiments et tous les approvisionne- 
ments du fort Saint-Vincent. Le capitaine Victor, du 15% fut blessé dans 
rassaut du 28 juin. La veille, 27, le sergent-major O'Neill, dont nous 
avons déjà cité la belle conduite, avait été blessé d'un coup de feu à la 
cuisse droite et fait prisonnier par les Anglais. 



218 HISTORIQUE 



Bataille de Salamanque ou des Arapiles (22 juillet 1812). 

A la suite de ce triste événement, la division Maucune 
regagna la- rive droite du Douro. 

Fort lieureusement, l'arrivée d'un renfort important 
devait bientôt permettre à Tarmée française de reprendre 
l'ofiensive (1) (2). 

En effet, le 21 juillet nos troupes passent la Tormès, aux 
gués de Huerta et d'Eneina, pour couper la ligne de re- 
traite de Wellington sur Giudad-Hodrigo. 

La rencontre a lieu le 22. Les Anglais semblent vouloir 
tenir sur la position de Téjares. 

De notre côté, la 1^® division, soutenue par la 3®, a Tor- 
dre de défendre le plateau de Calvarossa, tandis que les 2®, 
4® et 5® divisions se rassemblent en masse derrière les 
deux mamelons des Arapiles. 

Vers midi, Wellington, se rendant compte de nos dispo- 
sitions, veut refuser le combat et commence son mouve- 
ment de retraite en dégarnissant sa gauche (3). 

C'est alors que la 5® division (à laquelle appartient le 
15®) est envoyée à l'extrémité droite du plateau, avec mis- 
sion de se relier aux défenseurs des Arapiles (division 
Bonnet). 

Selon son habitude, le général Maucune se laisse entraî- 
ner par son ardeur. Le maréchal Marmont s'efforçait en 
vain de ralentir son mouvement lorsqu'il fut blessé et dut 
remettre le commandement au général Bonnet. Quelques 
instants après, le général Bonnet, atteint lui-môme, fut 
remplacé par le général Glausel. Il résulta de ces fâcheu- 
ses circonstances un certain décousu dans les opérations, 
ce qui encouragea Wellington à tenter un retour offensif. 

Vers 4 heures, la S® division se trouvant trop en l'air fut 



(1) Le 15 Juillet, Marmont reçoit un renfort de 6.000 fantassins, 
800 cavaliers et 8 pièces de canon. Depuis le 2 Juillet, le général Barbot 
était remplacé par le général Darnaud. 

(2) Se reporter aux Mémoires du duc de Raguse. 

(3) Mémoires de Marmont, duc de Raguse. 



DU 1S<' RÉGIMENT d'INFANTERIK 219 

attaquée et culbutée par les Anglais, qui ne purent ce- 
pendant s'emparer de la forte position des Arapiles. 

 la nuit, nos troupes se retirèrent en bon ordre par la 
route d'Alba de Tormès (1). 

Cette sanglante bataille nous coûtait 6.000 hommes tués, 
blessés ou prisonniers. Le 15®, pour sa part, comptait 
23 morts et 321 prisonniers. Citons, parmi les morts, le 
commandant Vuxemant, le capitaine Pron ; les sous-lieu- 
tenants Leroy, de Cressac (mort le 14 novembre) et Massuc 
(mort le 25 mars 1813 de ses blessures) ; et, parmi les bles- 
sés, les capitaines Marié, Guis, Déhargue, Pan-Lacroix et 
Chevallier; les lieutenants Colsin, Perret et âlibert; le 
sous-lieutenant Loyer; le chirurgien sous - aide - major 
Grand VOINET (2). 

Le lendemain, 23 juillet, l'armée française rétrogradait 
sur Burgos. 

Le 4 août, dans un engagement près de cette ville, le 
capitaine Briois et le lieutenant Buchmeller, du 15<», furent 
blessés mortellement (3). 

Enfin, le général Clausel, laissant au général Dubreton 
la garde de Burgos, remit son commandement au général 
Souham, qui conduisit ses troupes à Briviesca, dans la 
vallée de TEbre , où nos soldats purent enfin se reposer 
un peu de leurs fatigues (4). 

Un peu plus tard, dans la seconde quinzaine d'octobre, 
le corps de Souham, renforcé de deux divisions de l'armée 



(1) V. Correspondance de l'armée de Portugal et Mémoires du duc de 
Raguse. 

(2) Ces renseignements sont puisés dans les Matricules du Dépôt de 
la guerre et dans l'excellent recueU établi par M. Martinien, dont les 
indications nous ont souvent été d'une grande utilité. 

(3) Le premier mourut le 9 août, le second le 19 août. Le 15* fut 
constamment à l'arrlère-garde pendant cette retraite. 

Au mois d'août, le 3^ bataillon fut versé dans les deux premiers. Les 
cadres furent rapatriés. L'effectif était, au 1*' octobre, de 1.646 hommes, 
dont seulement 31 officiers et 934 soldats valides. Le 4e bataillon re- 
constitué en France à l'effectif de 18 officiers , 736 hommes, fut égale- 
ment fondu dans les deux premiers au mois d'octobre. 

(4) Le général Clausel souffrait de sa blessure reçue aux Arapiles. 



220 HISTORIQUE 



du Nord, tente un vigoureux effort sur Burgos, force les 
Anglais à lever le siège de cette place (21 octobre), et les 
poursuit, répée dans les reins, jusqu'à Tordesilla. 



Combat de Villamuriel (25 octobre 1812). 

Le 15® de ligne, toujours à Tavant-garde avec la division 
Maucune, combat presque tous les jours. Il se distingue 
d'une façon particulière, le 25 octobre, près de Villamuriel. 

Pendant qu'un aide de camp du général de Maucune (1) 
s'assurait que le Garrion était guéable pour l'infanterie, le 
lieutenant Souque, à la tète des voltigeurs du 15® (2), se 
jetait résolument à l'eau et parvenait le premier sur la 
rive opposée, sous le feu d'un bataillon de chasseurs bri- 
tanniques. 

Les Anglais qui défendaient le pont, à gauche de ce pas- 
sage, se voyant tournés, se retirèrent dans le village de 
Villamuriel. 

Mais ils en furent bientôt délogés par nos intrépides 
soldats. 

Le 15°, avec une partie de la brigade Pinoteau, se main- 
tint jusqu'à la nuit dans Villamuriel. 

Ce brillant fait d'armes ainsi que divers engagements 
près de Cabeçon, de Valladolid et de Ponte-Duero étaient 
chèrement payés par le régiment, qui avait perdu 65 morts 
et 28 blessés. 

Le 25 octobre, en particulier, le capitaine Lafitte avait 
été tué ; le lieutenant Perret, les sous-lieutenants Paré, 
Maury et Dazé figuraient au nombre des blessés. 



(DM. Lesueur, dit Lachapelle, qui devint chef de bataillon au 153 le 
4 juillet 1813. En arrivant sur la rive opposée du Carrion, suivi seule- 
ment de deux officiers, dont l'un fut tué, il chargea Tennemi et fit 
20 prisonniers, dont 2 officiers. 

(2) Le lieutenant André Souque fut proposé et admis dans la Légion 
d'honneur en récompense de ce fait, qui est consigné sur ses états de 
services. (V. Matricule des officiers. Archives administratives du minis- 
tère de la guerre.) 



DU 15° RÉGIMENT d'iNFANTERIE 221 

Malheureusement, un violent orage retarda la marche 
de la colonne, ce qui permit à Wellington de nous échap* 
per et de regagner ses camps du Portugal. 

De part et d'autre on se répandit alors dans ses quar- 
tiers (l*hiver, en attendant l'issue des grands événements 
qui se passaient ^lu nord de l'Europe. 

Année 1813. 
Colonel LEVAVASSEUR 

(28 Janvior 1813.) 

Le 28 janvier 1813, le colonel Levavasseur vient prendre 
le commandement du régiment (1), qui présente à cette 
époque un effectif de 37 ofTiciers et 1.87S hommes, dont 35 
officiers et 1.189 soldats réellement présents aux canton- 
nements. 

Au printemps, une nouvelle démonstration de l'armée 
alliée nous détermine à entamer un mouvement rétro- 
grade vers le nord. 

Combat d'Estepar (12 Juin 1813). 

Le 12 juin, le 15° de ligne (2), vivement attaqué, près 
d'Estepar, par la cavalerie anglaise, la reçoit par un feu 
nourri et bien ajusté qui la disperse après lui avoir fait 
subir des pertes considérables. 

Affaire de Frias (18 Juin). 

A quelques jours de là (18 juin), la division Maucune, 
en marche de Frias sur Bilbao, est assaillie par trois co- 



(1) Lo colonel Levavasseuh succédait au colonel Dein, retraité depuis 
le 20 août 1812 et suppléé depuis par le major Dornier. 

(2) Au mois do mars 1813, Tarméo ayant été réduite à six divisions, 
le 15' comptait à la 1" brigade (Pinoteau) de la 5* division (Maucune). 



222 HISTORIQUE 



lonnes ennemies et contrainte, à la retraite. Elle se retire 
'dans les montagnes après une résistance acharnée qui lui 
coûte 400 hommes. C'est dans cette afiaire que furent 
blessés les lieutenants Farin et Descamps, du 15® régiment 
d'infanterie. 

La 5® division ne prit aucune part à la bataille de Vit- 
toria (21 juin), étant partie ce jour-là, à 3 heures du matin, 
d'Alava, pour escorter un énorme convoi dirigé sur la 
France. 

Le 23, elle atteignait la Bidassoa, ayant continuellement 
fait le coup de feu. 



OPÉRATIONS DU MARÉCHAL SOULT (1) 

(Espagne 1813.) 

Le 12 juillet 1813, toutes les troupes françaises concen- 
trées sur la Bidassoa passaient sous le commandement du 
maréchal Soult, duc de Dalmatie. 

D'après la formation ordonnée par le décret impérial du 
6 juillet, le 15® de ligne constituait, avec le 66® de ligne et 
le 17® léger, la 1^^ brigade (Pinoteau) de la 7® division 
(Maucune) de Taile droite (général Reille). 

Le 27 juillet, le maréchal Soult, encouragé par un pre- 
mier succès près du rocher d'Arola, se portait sur Pàm- 
pelune pour en faire lever le siège. 

Les divisions Maucune et Lamartinière avaient ordre 
d'attaquer de front la position d'Ozacani, tandis que le gé- 
néral Glauzel chercherait à la tourner par Sorauren. 

Bataille sous Pampelune (28 juillet 1813). 

L'action s'engagea le 28, vers 1 heure de l'après-midi; 
mais l'arrivée de deux divisions anglaises, envoyées au 



(1) Les détails de ces opérations sont empruntés à la correspondance 
officielle du maréchal Soult. (Archives historiques du ministère de la 
guerre.) 



DU 1S« RÉGIMENT d'INFANTERIE 223 

secours de Tarmée de siège, força le duc de Dalmatie à 
battre en retraite sur Saint-Jean-Pied-de-Port. Ce mouve- 
ment, exécuté dans un pays difficile et devant des forces 
très supérieures, ne put s'achever qu'au prix des plus 
durs sacrifices. Le 15® de ligne fut un des régiments les 
plus éprouvés. Trois capitaines avaient payé de leur vie 
leur dévouement au drapeau : MM. Dermoncourt, Ber- 
trand et Roche. Le colonel Levavasseur était atteint d'un 
coup de feu à la jambe gauche. Huit officiers étaient plus 
ou moins grièvement blessés; c'étaient : le chef de bataillon 
Lesueur dit Lachapelle; les capitaines Martin, Francq et 
MouNET (1); le lieutenant Monneau, les sous-lieutenants 
Geneste, Grenier, Gabaudan (2). 

Combat près du pont d'Irun (31 août). 

Le 31 août, l'armée française, rassemblée entre Saint- 
Jean -de- Luz et Saint -Jean -Pied -de -Port, voulut re- 
prendre l'offensive. Le général Reille passa la Bidassoa 
aux gués de Biriatou et s'empara d'une .première position. 

Malheureusement, la division Lamartinière et la brigade 
Pinoteau (15®, 66<^ et 17® de ligne) s'épuisèrent en héroï- 
ques efforts sans pouvoir enlever le camp de Saint-Martial. 
Il fallut encore une fois céder à la supériorité numérique 
de l'ennemi. C'est au cours de ce combat que furent bles- 
sés le capitaine Francq et le lieutenant Richard (3). 

A la suite de ces échecs les corps les plus éprouvés du- 
rent réduire le nombre de leurs bataillons. En consé- 
quence le 2® bataillon du 15® fut fondu dans le premier et 
son cadre rejoignit le dépôt. Lors de cette réforme l'empe- 



(1) Le capitaine Mounet mourut do ses blessures le 30 septembre 1813. 

(2) Cette retraite fut très pénible et marquée par de sanglants enga- 
gements. Le 31 juillet, la division Maucune soutint beaucoup ù Glane. 
Le 2 août, il fallut ouvrir un passage les armes à la main, au col 
d'Echalar. Le 3, la division, réduite à un millier d'hommes, arrivait à 
Saint-Jean-de-Luz. 

(3) Tous ces détails sont empruntés à la correspondance officielle du 
maréchal Soult. (Archives historiques du ministère de la guerre.) 



224 HISTORIQUE 



reur ne laissa plus qu'une aigle et une musique par bri- 
gade. Ce fut notre régiment qui conserva Taigle et la 
musique pour la l^e brigade de la 7^ division (1). 

Second combat du pont d'Irun (7 octobre 1813). 

Cependant, lord Wellington ne restait pas inactif. Dans 
la matinée du 7 octobre, les Anglais forçaient le passage 
de la Bidassoa et parvenaient à se rendre maîtres des posi- 
tions de la Croix-des-Bouquets et de Bayonnette, malgré 
Topiniâtre résistance des 7® el S^ divisions. La lutte fut 
acharnée de part et d'autre et causa bien des vides dans les 
rangs du 15®. 

Le capitaine Grellet, grièvement blessé dans cette 
affaire, mourut le 11 janvier suivant. Un capitaine (M. Le- 
ROUXEAu) et trois sous-lieutenants (MM. Hamelin, Benard 
et Vannier) furent également blessés ce jour-là. 

Enfin, après plusieurs sanglantes rencontres sur la Nive, 
le duc de Dalmatie (2) fut obligé de reculer jusqu'à l'Adour 
(novembre). , . 

On combattit encore pendant tout le mois de décembre ; 
mais la fortune de la France subissait de terribles épreu- 
ves. , 

100.000 Anglais, Portugais et Espagnols envahirent notre 
territoire, pendant que 400.000 coalisés pesaient sur la 
frontière du Nord. 

L'heure des grandes catastrophes avait sonné. 

Les revers de l'armée d'Espagne étaient le prélude des 
désastres de Leipzig et de Paris. 



(1) A la date du 15 septembre, le régiment n'a plus, à l'armée d'Es- 
pagne, que 650 hommes présents. 

(2) Le 10 novembre les Anglais nous attaquent sur toute la ligne. Les 
7» et 9* divisions, placées à la droite, vers Saint-Jean-de-Luz, ont parfai- 
tement défendu leurs positions et n'ont pu être entamées. Le lieutenant 
Maury et le sous-lieutenant Hamelin ont été blessés dans cette affaire. 
Pendant le mouvement rétrograde, le 15* fut appelé à défendre succes- 
sivement le fortin de Belchenca, celui de Sainte-Anne, la redoute de 
Bordaguin et le plateau de Beyritz. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 225 

. « Néanmoins, la France se montra admirable d'héroïsme 
et de dévouement. Elle se sacrifia tout entière aux intérêts 
de son souverain, sans calcul, sans espoir de compensa- 
tion : on eût dit qu'elle avait épousé ses destinées et qu'elle 
était heureuse et fière de mourir pour lui (1). » 

Le 16 janvier suivant (1814), la 7« division (2) reçut 
Tordre de partir en poste pour Paris. Nous verrons plus 
loin ce qu'elle devint par la suite. 

Promotions dans l'ordre de la Ijéylon d'honnenr. 

29 mai 1810 : capitaine Silberling; sous-lieutenants Beau et Cav ail- 
ler ; sergent Couturier ; grenadiers Castanet et Guyard. 

26 août 1811 : chef de bataillon Fremin; capitaines Ghavany, Ledi- 
NEUR, Blondeau et Lamotte; porte-aigle Martin; sous-lieutenant Ga- 
nabet; sergents Liotet et Conget. 

9 janvier 1813 : capitaine Souque; fusilier Lemoine. 

15 mars 1813 : capitaine Gaspard. 

19 mars 1813 : capitaine Marié. 



CAMPAGNE D'ALLEMAGNE (1813). 



Mil huit cent treize I C'est bien Tannée la plus tragique 
du siècle. 

Le fameux 29® Bulletin avait appris brusquement à la 
France la destruction de la Grande Année. L'empereur 
n'était plus invincible. Pendant que nous succombions en 
Russie, une autre armée périssait lentement en Espagne 
et, à Paris même, un obscur conspirateur avait pensé s'em- 
parer du pouvoir (4). 

La campagne de 1813 s'ouvrait dans les conditions les 



(1) Mémoires de Masséna, par le général Koch. 

(2) Le général Levai avait remplacé, à la tête de la 7* division, le 
général Maucune, envoyé à l'armée d'Italie. 

(3) Extrait de l'état général de l'ordre de la Légion d'honneur. 

(4) Souvenirs militaires du duc de Fezensac, p. 387. 

Hist. 15*. 15 



226 ^ HISTORIQUE 



plus inquiétantes. L'Europe, humiliée, ruinée, ensanglan- 
tée, se cabrait enfin contre l'ambition démesurée de l'im- 
périal conquérant. Les défections se préparaient de toutes 
parts ; celle de la Prusse n'était plus douteuse. L'alliance 
de l'Autriche restait bien incertaine et l'épuisement de la 
France s'aôcroissaifr avec le nombre de ses ennemis. 

L'empereur, qui avait encore foi dans son étoile, utilisa 
son séjour à Paris d'une manière admirable et digne de son 
génie. Une nouvelle armée parut à sa voix. Nos revers 
avaient réveillé l'orgueil national ; la France voulut faire 
un dernier effort pour obtenir une paix honorable. 

On appelait, depuis six ans, les conscrits à 19 ans ; en 
1813, Napoléon les appelle à 18. Au mois de février, le 
ministre de la guerre peut ainsi disposer de 350.000 hom- 
mes (1). Cette armée de conscrits, qui marche si gaiement 
à la rencontre des batailles, va bientôt s'acquérir une 
gloire incomparable dans cette sanglante et gigantesque 
épopée d'Allemagne. 

(( Nos troupes sont jeunes, disait l'empereur (2), je les 
formerai dans un camp, sur la Saalel... » 

Les événements ne le lui permirent pas. 

Vers la fin d'avril, toute l'armée était en mouvement. 

Les 3® et 4® bataillons du 15®, reconstitués à Brest en 
1812, avaient quitté cette ville le 15 février 1813, pour être 
dirigés sur Mayence, où ils furent bientôt incorporés dans 
la 2« brigade (général Buquet) de la 3® division (3) Friede- 
ricks, du 6® corps, qui se réunissait à Eisenach, sous les 
ordres du maréchal Marmont, duc de Raguse (H avril). 

Quelques jours après. Napoléon arrivait à Mayence et 
en repartait le 24 avril, pour rejoindre l'armée qui s'avan- 
çait sur Leipzig. 

Le 1®' mai, le 6« corps, ayant passé la Saale, reçut l'ordre 



(1) Provenant des conscriptions de 1809, 1810, 1811, 1812, 1813 et du 
premier ban de la garde nationale, qui avait été formée en cohortes en 
1812 et fut mobilisée en régiments provisoires. 

(2) Un jour qu'il se promenait sur la terrasse du palais de Mayence. 

(3) Le 6*' corps comprenait les divisions Compans, Bonnet et Friede- 
ricks. La division Friedericks portait le n"" 22. 



DU 18« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 227 

de prendre position au défilé de Ripach, à hauteur de 
Weissenfels. 

Le lendemain, l'empereur lui prescrivit de se porter sur 
Pégau (1). 

Bataille de Lutzen (2 mai). 

L'ennemi se montra bientôt sur le plateau de Starfield. 
Une partie de la division Friedericks fut employée à la 
défense de ce village, tandis que l'autre restait en réserve, 
sous la main du maréchal. 

Les alliés tentèrent inutilement de s'emparer de cette 
position. Tous leurs efforts échouèrent devant la fermeté 
de nos troupes. 

Vers 5 h. 1/2, l'arrivée du 4® corps détermina l'empe- 
reur (2) à ordonner une charge générale. 

En exécution de cet ordre, la division Friedericks se 
porta entre la division Gompans (à sa droite) et la division 
Bonnet (à sa gauche). 

L'ennemi ne put tenir nulle part devant cette formidable 
poussée. L'obscurité seule arrêta notre poursuite. 

Néanmoins, au moment où nos troupes commençaient 
à se reposer, la cavalerie adverse se présenta inopinément; 
mais elle fut rapidement dispersée. 

« A la suite de cet iimident, les carrés furent rapprochés 
et échelonnés de façon à pouvoir tirer par deux côtés. La 
précaution n'était pas inutile, car, vers 10 heures du soir, 
quatre régiments de cavalerie tentèrent encore une fois 
de surprendre nos soldats fatigués par la lutte. Heureu- 
sement, chacun était à son poste, et l'ennemi enveloppa 
nos carrés de ses morts, sans pouvoir en enfoncer un 
seul (3). » 



(1) Il se mit en marche sur neuf colonnes, en échelons, et suivit la 
rive droite du ravin. 

(2) L'empereur était à Kaya, où se livrait une lutte acharnée pour la 
possession du village, qui fut cinq fois pris et repris. 

(3) Mémoires de Marmont. 



228 HISTORIQUE 



C'est le 6® corps qui, dans cette mémorable bataille, a 
tiré les premiers coups de canon et les derniers coups de 
fusil. 

(( Je ne saurais, écrivait Marmont, donner trop d'éloges 
aux troupes dont Sa Majesté m'a confié le commande- 
ment (1). )) 

Car, en effet, les conscrits de 1813 s'étaient montrés di- 
gnes des héros de la Grande Armée. 

« Depuis vingt ans que je commande les armées fran- 
çaises, disait Napoléon, je n*ai jamais vu plus de bravoure 
et de dévouement. Mes jeunes soldats, l'honneur et le cou- 
rage leur sortaient par tous les pores. » 

Cette victoire nous rendait maîtres de la ligne de l'Elbe. 
Les alliés se hâtèrent de se retirer sur la Sprée. Mais, pen- 
dant que l'empereur rentrait à Dresde avec le roi de Saxe, 
auquel ce succès venait de rendre sa couronne, Blûcher 
et Wittgenstein se retranchaient à Bautzen dans une posi- 
tion formidable, couverte par la rivière et appuyée, d'une 
part, aux monts des Géants, de l'autre, aux mamelons de 
Némschûtz. 



Bataille de Bautzen (20 mai 1813). 

Le 20 mai, au matin, le 6® corps, dont fait partie le 15®, 
traverse la Sprée sur un pont de chevalets, vis-à-vis de 
Nimschûtz, pour attaquer le corps de Kleist sur les hau- 
teurs de Seydau. 

A 7 heures du soir, après cinq heures d'un combat 
acharné, le duc de Raguse a chassé l'ennemi de Bautzen et 
s'est rendu maître de tout le centre de la position (2). 

Cependant, l'aile gauche, sous les ordres de Wittgenstein, 
se maintenait inébranlable derrière ses retranchements. 



(1) Le 6' corps essuya pendant cette journée le feu de cent cinquante 
pièces de canon. 

(2) La division Gompans s'était emparée de Bautzen; la division Bon- 
net avait pris le village de Niederkayna ; la division Friedericks était 
en réserve. 



DU IS^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 229 



BataUle de Wûrtzen (21 mai 1813). 

Il fallut encore combattre le lendemain 21. Vers 11 
heures, le 6« corps, ayant franchi le Bloôsser-Wasser, en- 
gageait une effroyable canonnade contre les redoutes de 
Bœschutz et, au bout de quatre heures de lutte, en délo- 
geait les alliés, qu'il poursuivait jusqu'à Wûrtzen (1) (2). 

Malheureusement, cette sanglante victoire, qui coûtait 
30.000 hommes aux deux partis, ne semblait devoir ame- 
ner aucun résultat. On ne parlait pas encore de solution 
pacifique. 

Mais, sur ces entrefaites, Tintervention de l'Autriche 
assura le salut des armées alliées en obtenant de l'empe- 
reur l'armistice de Plesswitz (4 juillet). 

Le 15« fut alors cantonné à Eichberg, puis, un peu plus 
tard, à Niederschœnfeld. 

D'ailleurs, les espérances de paix disparurent bien vite. 

Le congrès de Prague n'avait été qu'une duperie. 

Le 11 août, les alliés dénoncèrent l'armistice et, au mé- 
pris de toutes les conventions, les Prussiens recommen- 
cèrent les hostilités dès le lendemain. Ils se sentaient plus 
forts depuis que le concours de l'Autriche leur était ac- 
quis. 

A cette nouvelle. Napoléon dépêche immédiatement à 
tous ses corps d'armée l'ordre de se rapprocher de Dresde. 



(1) C'est dans cette bataille que fut blessé le sous-Ueutenant Marc, 
du 15*. Il nous a été difficile de trouver trace des officiers tués ou bles- 
sés pendant les campagnes de 1813 et 1814, les bataillons étant souvent 
renouvelés à l'aide d'éléments étrangers au corps et les matricules ne 
portant le plus souvent que la mention (( disparu ». 

(2) Le 6* crpso se lança les Jours suivants à la poursuite de l'ennemi, 
par Reichenbach, Gorbitz, Essendorf. C'est à Reichenbach que fut tué 
le grand maréchal du palais, Géraud-Christophe de Michel, baron 
Duroc, duc de Frioul, ami intime de l'empereur. Quelques instants 
avant sa mort, dont 11 avait le pressentiment, il s'en ouvrait ainsi à 
Marmont : « Mon ami, l'empereur est insatiable de combats; nous y 
resterons t'^us : voilà notre destinée. » (Mémoires de Marmont.) 



230 HISTORIQUE 



Bataille de Dresde (26 et 27 août 1813). 



Par malheur, les ennemis ont pris l'avance. Le 26, 
200.000 hommes des nations coalisées sont concentrés aux 
alentours de la ville. <( Ils se sont emparés du faubourg de 
Pima et crient déjà Paris! Paris I lorsque, tout à coup, la 
scène change.' A 10 heures, l'empereur, arrivant au galop 
sur le pont de Dresde, produit une impression profonde. 
Depuis ce moment jusqu'au soir, ses troupes, qui le sui- 
vent, ne cessent de défiler. L'infanterie marche au pas de 
charge. Ces braves, passant sur le pont la tète haute, les 
yeux tournés vers les collines où l'ennemi se montre de 
toutes parts, frappent d'admiration la foule, qui les salue 
par des acclamations (1). » 

Bientôt après, les alliés, surpris par deux attaques simul- 
tanées sur leurs flancs, sont obligés de rétrograder, lais- 
sant sur le terrain 4.000 morts et 2.000 prisonniers. 

Le lendemain, 27 août, le prince de Schwartzemberg 
veut réparer son échec. La bataille recommence. 

Le 6« corps, formant avec la jeune garde le centre de la 
ligne française, prend position au pied des hauteurs de 
Rœchnitz et de Schernitz, où l'ennemi s'est fortement 
retranché. 

C'est là que nos soldats ont à supporter les plus pénibles 
conséquences de la tactique moderne en restant des heures 
entières immobiles sous l'incessante menace des boulets 
échangés entre les deux lignes. 

Il fait un temps horrible; la pluie tombe à torrents. On 
peut à peine se servir des fusils; il faut combattre à l'arme 
blanche. Mais la baïonnette est le triomphe des Français. 
Aussi, vers 10 heures du soir, l'ennemi, en pleine déroute, 
abandonne entre nos mains 10.000 hommes hors de com- 
bat, 15.000 prisonniers, 40 bouches à feu.* 



(1) V. Manusmrit de 1813, par le baron Fain. 



I)TJ 15<» RÉGIMENT d'iNFANTERIE 231 



L'empereur vient de gagner une de ses plus belles ba- 
tailles. C'est le. dernier sourire de la victoire (1). 

À la tombée de la nuit, le maréchal Marmont, qui s'ap- 
prêtait à emporter le village de Rœchnitz, fut invité à se 
lancer à la poursuite des alliés, dans la direction de Dippo- 
diswald et d'Altenbourg. 

Il culbuta leur arrière-garde successivement à Possen- 
dorfl, à Vindiskarsdoril, à Falkenheim, et prit, dans ces 
divers combats, 30 pièces de canon et 7 à 800 voitures (2). 

Enfin, le !«' septembre, le 6® corps, parvenu à'Alten- 
bourg, était rappelé à Dresde. Il arriva dans cette ville le 
10 septembre et y demeura jusqu'au 13. Il fut ensuite en- 
voyé à Grossenheim pour surveiller l'armée de Berlin, 
dont les avant-postes étaient sur l'Elster noir. 

Le 23 septembre, le duc de Raguse reçut l'ordre de 
franchir l'Elbe à Meissen, pour prendre position à Wante- 
witz. 

Or, deux jours plus tard, l'empereur lui prescrivait 
de repasser le fleuve et de se diriger sur Wûrtzen. 

L'ennemi, s'étant aperçu de ce mouvement, résolut de 
l'entraver par un hardi coup de main sur la tête de pont^ 
Mal lui en prit, car il fut prestement dispersé par la bri- 
gade Cohorn. ^ 

Affaires du pont de Meissen (27 cl 28 septembre 1813). ^*é T^O' r/7. 

Cependant les alliés n'avaient pas renoncé à nous dis- 
puter cette issue. Le lendemain, 28 septembre, une forte 
colonne, appuyée par douze pièces de canon, parvenait à 



(1) Détails tirés de la correspondance officielle et des Mémoires de 
Marmont. 

Le 6' corps fut un de ceux qui donnèrent le moins dans cette bataille. 
Nous n'avons pas trouvé trace des pertes du 15*. 

(2) Le corps avait mis hors de combat 9 à 10.000 ennemis dans ces 
diverses rencontres. A son retour à Dresde, après vingt-deux Jours de 
marche et de nombreux engagements, il n'avait perdu ni un canon ni 
une voiture. (V. Mémoires de Marmont.) 



232 HISTORIQUE 



s'établir sur la rive droite du fleuve et tentait de nous 
barrer le chemin. Il fallut lui passer sur le corps. Le capi- 
taine Blondeau, du 15® de ligne, à la tête de sa compagnie 
de grenadiers, aborda la position avec une telle intrépidité 
qu'il réussit à forcer la ligne adverse, fut assez heureux 
pour éteindre Tincendie qui commençait à consumer le 
pont et se défendit si énergiquement qu'il permit au reste 
de nos troupe^ d'utiliser ce précieux passage, à défaut 
duquel notre ligne de retraite eût été coupée (1). 

Le général Friedericks, témoin de cette action d'éclat, 
proposa immédiatement le capitaine Blondeau pour la 
croix d'officier de la Légion d'honneur (2). 

Arrivé à Vûrtzen (29 septembre), le 6® corps prit la direc- 
tion de Dûben et de Leipzig et manœuvra autour de cette 
ville jusqu'au 16 octobre. 

Bataille de Leipzig (16-19 octobre 1813). 

Napoléon, sentant la nécessité d.e s'assurer la route de 
France, était arrivé le 14 octobre à Leipzig, où se trou- 
vaient déjà les corps de Marmont et d'Augereau. Il pensait 
encore avoir le temps d'écraser Schwartzemberg avant 
l'arrivée des autres armées alliées. 

Mais le général autrichien, qui avait conscience de sa 
supériorité- numérique, brusqua son offensive pour pré- 
venir la jonction de toutes nos forces. On était à la veille de 
la plus efiroyable catastrophe. ' 

Le 16 octobre, au matin, le duc de Raguse prescrit à ses 
troupes de traverser Leipzig pour aller s'établir en réserve 
au delà de la ville. 



(1) Ce haut fait est relaté dans les états de services du capitaine Blon- 
deau.. (Matricule des officiers du 15* de ligne; archives administratives 
du ministère de la guerre.) 

Le capitaine Chazbaut et le sous-lieutenant Déft turent blessés dans 
le combat du 28. Le lendemain, pendant la retraite, le sous-lieutenant 
Descombes fut aussi blessé. 

(2) Il était chevalier depuis le 26 aoÀt 1811. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 233 

A peine le mouvement est-il commencé que l'ennemi dé- 
bouche sur nos derrières. 

Pour ne pas découvrir le flanc droit du 14® corps, reslé 
à Lindenau, le maréchal Marmont rallie son arrière-garde 
et prend position aux villages de Mœkern et d'Eustritz, ap- 
puyant sa gauche à TElster et sa droite au ravin. 

Pendant que les deux premières divisions luttent avec 
acharnement, à Mœkern, contre les colonnes d'York et de 
Langeron, la division Friedericks, placée en réserve, tient 
tête à plusieurs attaques sur la gauche (1). 

Malheureusement, Texplosion subite de quatre caissons 
de 12 éteint en partie le feu de notre artillerie, ce qui nous 
force à rétrograder. La brigade Cohorn soutient énergique- 
ment la retraite (2). 

Le lendemain, 17, dès le matin, le 6® corps, qui s'était 
arrêté à Eustritz et Gohlis, s'ébranle pour repasser la 
Partha. L'ennemi tente vainement de s'opposer à ce mou- 
vement. 

Tandis'que la division Lagrange résiste avec une admi- 
rable constance à tous les efforts du général York dans le 
village de Gohlis, les divisions Compans et Friedericks, 
formées en cariées, repoussent tous les assauts des hussards 
russes, des cosaques de Wassilischikow et des cavaliers 
prussiens, et nos troupes s'établissent sur la rive gauche 
de la rivière, entre Schœnfeld et Sellerhausen. 

La bataille se termine par une longue canonnade, qui se 
prolonge jusqu'à la nuit. 

Mais c'est le 18 que se décide véritablement le sort de 
cette terrible bataille, qui devait prendre dans l'histoire le 
nom de « bataille des Nations » (3). 



(1) Le 6' corps était disposé en six échelons, la 3* division en réserve 
(ce corps d'armée perdit environ 6.000 hommes ce jour-là). 

(2) Pour décrire cette sanglante bataille de Leipzig, nous avons eu 
recours aux documents suivants : Correspondance officielle de la Grande 
Armée (Archives historiques de la guerre) ; Rapport du maréchal Mar- 
mont (Archives historiques de la guerre) ; Relation autrichienne et alle- 
mande de la bataille de Leipzig, Manuscrit de 1813 du baron Fain. 

(3) Autrichiens, Prussiens, Russes, Suédois, Wurtembergeois, Saxons, 
Français. 



^4 HISTORIQUE 



En effet, vers 10 heures du matin, 330.000 ennemis atta- 
quaient les 140.000 hommes que l'empereur avait réunis 
autour de Leipzig. 

La journée commence par une trahison. En voyant dé- 
boucher par Taucha les armées du Nord et de Silésiô, la 
cavalerie wurtembergeoise et Tinfanterie saxonne hésitent 
d'abord, puis abandonnent résolument Marmont pour faire 
cause commune avec l'ennemi. Cette hideuse défection 
force le général Reynier à évacuer Paunsdorf , de sorte que 
le 6® corps reste seul en présence de ces deux énormes 
colonnes. 

En conséquence, le duc de Raguse dispose ses troupes 
en échiquier, la gauche à Schœnfeld, la droite à Volk- 
mansdorf, le front bordé par toute son artillerie (1). 11 sera 
soutenu par le 3® corps. 

Bientôt 130 pièces de canon ouvrent le feu sur nous, et 
l'armée de Silésie dirige déjà son attaque sur Schœnfeld 
lorsque apparaît tout à coup sur notre gauche Bernadette, 
à la tète de l'armée suédoise. * 

Malgré tout, le courage de nos soldats ne se laisse point 
abattre. Sept fois les alliés s'emparent du beau et grand 
village de Schœnfeld; sept fois nos braves bïitaillons le leur 
enlèvent. 

Enfin, à la tombée de la nuit, nous restons maîtres de la 
position, mais au prix de quelles pertes I 

« C'est à la division Lagrange et à une partie de la divi- 
sion Friedericks que revient toute la gloire de la défense 
de Schœnfeld (2). 

» Le reste de la 3« division (Friedericks), qui occupait la 
plaine, fut exposé au feu de mitraille le plus épouvan- 
table, sans imaginer, pendant neuf heures, de faire un pas 
rétrograde. 

» Je ne connais pas d'éloges, écrit Marmont, dont ne 
soient dignes des troupes aussi braves, aussi dévouées et 



(1) On se souvient que notre artillerie avait été en partie détruite 
lors de l'explosion du 16 octobre, à Mokern. 

(2) V. Mémoires de Marmont. 



DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 235 

qui, malgré les pertes subies ravant- veille, n'en combat- 
taient pas avec moins de courage (1). )) 

Cependant, le cercle des ennemis allait bientôt nous en- 
velopper de toutes parts : il fallut songer à la retraite. 
D'ailleurs, nous n'avions plus de munitions. Et, pour 
protéger le passage de TElster, une troisième bataille était 
inévitable. Elle eut lieu le 19. 

Durant la nuit, le 6® corps s'était retiré dans le fau- 
bourg de Halle, qu'il avait mission de défendre. 

Une partie des troupes s'établit à la porte de Halle, der- 
rière la Partha, pour couvrir la ligne de retraite sur Lin- 
denau; le reste fut déployé à la gauche du H« corps (2), 
dans les vergers situés entre la barrière de Schœnfeld et la 
porte de Halle. 

On était à peine formé que les alliés, encouragés par le 
succès, prononcèrent une vigoureuse attaque sur les 11« 
et 6« corps. 

Nos braves soldats soutinrent vaillamment le choc de 
l'ennemi. Quoi qu'il en soit, Blûcher parvint à pénétrer 
entre les deux corps d'armée. 

C'est alors que Marmont, se voyant d'autre part menacé 
par les Badois et les Saxons, qui occupaient une partie de 
Leipzig, dut entamer la retraite, au milieu de la plus 
effroyable confusion, par les boulevards de la ville déjà 
encombrés de troupes et de voitures. Le torrent entraîna 
tout le monde vers le débouché commun, la chaussée de 
Lindenau. 

L'affolement n'eut plus de bornes lorsque le pont de 
l'Elster vint à sauter, laissant 12 à 15.000 hommes sur la 
rive droite (3). 



(1) Rapport de Marmont (correspondance ofificieUe), archives histo- 
riques du ministère de la guerre. Le général Friedericks fut blessé 
mortellement ce jour-là. Il passait, dit le général Marbot, pour le plus 
bel homme de l'armée. Le 15* fut fort éprouvé : le capitaine Feydeau 
fut blessé et mourut le lendemain ; le capitaine Blondeau et le sous- 
lieutenant Taboureau furent blessés. 

(2) Le 11' corps, commandé par Macdonald, était à la barrière de Dresde. 

(3) Renseignements tirés de la correspondance officielle et du rapport 
de Marmont. (Archives historiques du ministère de la guerre.) 



236 HISTORIQUE 



Avec ce qui lui restait de combattants, le duc de Raguse 
prit position à Markranstadt, sous les yeux de l'empereur 
atterré d'un tel désastre. 

Ainsi se termina cette bataille de trois jours, la plus ter- 
rible des temps modernes. 

Napoléon laissait sur le terrain 50.000 hommes, dont 
20.000 morts, et les alliés comptaient 60.000 hommes 
hors de combat. 

Les deux bataillons du 15« de ligne avaient perdu la 
moitié de leurs officiers (1). 

Sept étaient tués ou mortellement blessés. C'étaient le 
major Rougé (mort le 19); les capitaines Feydeau (mort 
le 19), Paillard (mort le 19), Colsin (présumé mort), Sou- 
TOUL (mort le 26) ; le lieutenant Decherville (mort le 6 jan- 
vier 1814), le sous-lieutenant Martin (tué le 19); étaient 
moins grièvement atteints : le capitaine Blondeau (blessé 
le 18), le lieutenant Julia (blessé le 19), le sous-lieutenant 
Tafoureau (blessé le 18). 

Dans ces circonstances, pour sauver les débris de la 
Grande Armée (2), il fallait à tout prix gagner la rive gau- 
che du Rhin, car le roi de Bavière envoyait, à marches 
forcées, 80.000 hommes, commandés par de Wrède, pour 
nous couper la retraite. 



Bataille de Hanau (30 octobre 1813). 

Ce fut le 30 octobre que la colonne se heurta contre 
l'armée bavaroise, défendant, à Hanau, les défilés de la 
Kintzig. 

Cependant, de Wrède avait si mal pris ses mesures 
qu'il fut honteusement culbuté ; ce qui fit dire à Tempe- 



(1) Il nous a été impossible de relever les tués et blessés de la troupe. 
Les contrôles portent à chaque ligne la mention « disparu à Leipzig ». 
Souvent ces soldats ont été versés dans d'autres régiments en 1813 et 
1814, et c'est sur les matricules de ces corps que Ton trouverait trace 
de leurs blessures. 

(2) Elle était réduite à environ 60.000 hommes. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 237 

reur : « J'ai bien pu faire de de Wrède un baron, mais 
jamais un général (1). » 

Le lendemain, TenViemi tenta encore une fois de nous 
inquiéter; il n'eut pas plus de succès. Le capitaine L'Hon- 
gre, du 15®, fut blessé dans cet engagement. 

Grâce à cet avantage, les restes de l'armée française pu- 
rent enfin gagner Mayence pour y repasser le Rhin. 

Quel triste retour I La Grande Armée n'existait plus. 

Les 3« et 4« bataillons du 15® régiment d'infanterie, qui 
possédaient, le 10 août précédent, un effectif de 42 oiBciers 
et 870 hommes, se trouvaient réduits à 11 officiers et 227 
hommes. 

Il fallut donc procéder à une nouvelle réorganisation. 
Le 9 novembre, les deux bataillons furent réunis pour 
n'en former qu'un seul, à l'effectif de 22 officiers et 212 
hommes, sous les ordres du commandant Schouler. Ce 
bataillon lut affecté à la 1'® brigade (baron Pelleport) de 
la 20« division (général comte Lagrange), qui fut établie 
à Frankenthal pour couvrir Strasbourg. 



1814 

Nous avons vu plus haut que, moins de trois mois après 
la grande victoire de Dresde, non seulement nous avions 
perdu toute l'Allemagne, mais notre frontière même était 
menacée, notre intégrité nationale en danger. Tout le passé 
glorieux de l'Empire devenait inutile. 

« C'est alors que commença la plus mémorable campa- 
gne que présente l'histoire militaire, campagne où l'on vit 
Napoléon, avec des forces tellement disproportionnées par 
le nombre que toute résistance semblait impossible, avec 
des soldats encore inexpérimentés, des lieutenants décou- 
ragés et vieillis, repousser et vaincre des ennemis nom- 



(1) Le général de Wrède avait servi sous Napoléon à la tète des con- 
tingents bavarois. 



238 HISTORIQUE 



breux, aguerris, se renouvelant sans cesse et combattant 
avec l'enthousiasme du patriotisme et Tacharnement de la 
haine (1). » ' • J 

Sltnatlen da i 5« en i 9 1 4. 

Voyons quelle était la situation du 15« régiment d'infan- 
terie au début d'une année qui devait être si célèbre. 

!«' bataillon du 15®. — On se souvient que le !«' batail- 
lon avait quitté l'armée d'Espagne, dans le courant de jan- 
vier 1814, pour être dirigé en poste sur Paris. ' 

Le 7 février, il se trouvait à Provins sous les ordres du 
colonel Levavasseur et du commandant Gruat. C'est là qu'il 
fut définitivement attaché à la 1'® brigade (Pinoteau) de la 
l'« division (Levai) du 7« corps d'armée, commandé par le 
maréchal Oudinot, duc de Reggio. 

2® bataHlon, — Le 2« bataillon, dont le cadre^'était rentré 
en France à la fin d'août 1813, avait été reconstitué à la 
hâte et tenait garnison à Strasbourg. i 

3« batailbn. — Le 3« bataillon était sous Metz avec tout le I 

6® corps (Marmont, duc de Raguse) (2). 

4« bataillon, — Le 4® bataillon, refolrmé pendant le mois 
de janvier, fut plus tard affecté à la brigade Veaux, du 
corps de flanqueurs confié au général de division Allix. 

5« et 6« bataillons, — Enfin le 5® bataillon était toujours , 

au dépôt, à Brest, tandis que le 6® (3) se trouvait enfermé 
dans Erfurth. 



(1) V. Napoléon, par Roger Peyre (campagne de 1814). 

(2) Le 6^ corps porta provisoirement le nom de 20' division, après 
la réorganisation de janvier 1814. Le bataillon du 15*, à l'effectif de 340 
hommes, faisait partie de la division Lagrange (2* de ce corps), bri? 
gade Joubert. 

(3) Les 6'* bataillons avaient été formés pour la garde des places 
fortes. Le chef de bataillon Chevallier, commandant le 6' bataillon du 
15", fut blessé d'un coup de feu au bras droit dans une sortie sous 
Erfurth, le 9 avril 1814. Le sous-licu tenant Nanterne, du 15% qui se 
trouvait, on ne sait comment, à Dantzig, fut blessé le 25 novembre 1813, 
au cours de la défense de cette place. 



i 



• 



DU iH^ RÉGIMENT D INFANTERIE 239 

Nous allons nous efforcer de retracer ici le rôle glorieux 
de chacun de ces détachements du régiment. 

Suivons d'abord le 3<» bataillon, qui fut le plus éprouvé 
de tous. 

A la an de janvier, l'armée alliée avait passé le Rhin 
à Bâle et s'avançait sur Chaumont par Joinville (Wittgens- 
tein) et par SaintDizier (Sacken et York). 

Pendant ce temps, Marmont quittait la ligne de la Meuse 
et se dirigeait sur Vitry, pour se rapprocher de l'Empe- 
reur (1). 

Le 30 janvier, après un engagement à SaintDizier avec 
l'avant-garde d'York, le 6« corps se porte sur Brienne, où 
il arrive non sans avoir échappé miraculeusement aux 
trois corps ennemis qui avaient bousculé notre arrière- 
garde à'Montier-en-Der. 

Bataille de la Rothière (1" février). 

Le !«' février, Napoléon attaque, à la Rothière, les forces 
réunies de Schwartzemberg et de Blûcher. La division 
Lagrange défend énergiquement la position de Chau- 
mesnil. La brigade Joubert {15« de ligne) se couvre de 
gloire par sa belle résistance à la ferme de la Chaise. 
Abordée par quatre bataillons ennemis, elle ne recule que 
devant l'entrée en ligne de toute la division Rechberg (2), 
débouchant de la forêt de Soulaines, et se replie en bon 
ordre sur le bois d'Ajou, malgré les charges furieuses de 
la cavalerie de Spleny, qui ne peut parvenir à l'entamer. 

Combat de Roinay (2 février). 

Le lendemain, le 6® corps reçoit l'ordre de se diriger sur 
les villages de Perthes et de Rosnay. Le passage de la 



(1) Qui n'avait avec lui que les corps de Victor et de Ney. 

(2) V. Mémoires et rapports de Marmont, ainsi que le Journal des 
marches et opérations du 6* corps, par le général Fabvier. 



240 HISTORIQUE 



Voire, au pont de Rosnay, est inquiété par la poursuite de 
la colonne de Wrède. Mais nos troupes, retranchées dan!^ 
les maisons et Téglise, tiennent vaillamment tête à l'en- 
nemi, qui n'ose plus trop s'avancer. 

Profitant alors du brouillard qui commence à obscurcir 
rhorizon, le duc de Raguse se retire sur Ramerupt. Le 5 il 
.arrive à Méry, le 6, à Nogent- sur- Seine. 

Bataille de Champaubert (10 février 1814). 

Deux jours après, le maréchal Marmont fait une démons- 
tration sur Sézanne et se retrouve, le 10, en présence de 
Tarmée de Silésie, près de Champaubert. 

Le corps russe d'Olsouvief occupait le village de Bayes, 
reliant les troupes de Sacken, établies à Monhnirail, à 
celles de Kleist, arrêtées à Vertus. 

La division Lagrange, à laquelle appartenait le 3® batail- 
lon du 15® de ligne, ayant traversé pendant la nuit la forêt 
de Traconne et les marais de Saint-Gond, s'emparait, dès le 
matin, du pont de Saint-Prix et refoulait la première ligne 
russe jusqu'à Bayes; puis, comme l'ennemi se ralliait et 
se défendait opiniâtrement dans deux fermes et un petit 
bois, le général Lagrange, attaquant son flanc droit, le 
rejetait en désordre sur Champaubert et complétait ainsi 
le succès de la journée en coupant en deux l'armée de 
Blùcher. 

Napoléon crut avoir ressaisi la victoire. 

« Si demain, disait-il, nous avons encore un succès 
comme celui-là contre Sacken, l'ennemi repassera le Rhin 
plus vite qu'il ne l'a passé. » 

Cependant, la véritable position défensive était à Etoges. 
Aussi Marmont se hâta-t-il de l'occuper (1) (2). 



(1) Les sources auxquelles nous avons puisé nos renseignements 
pour écrire cette campagne sont : 1" le Journal de la marche du 
6e corps, par le général Fabvier; 2" Campagne de 1814, par Koch; 3* 
Journal historique delà division Levai, par le général Maulmont ; 4» La 
correspondance officielle (archives historiques de la guerre) ; 5' Mé- 
moires de Marmont. 

(2) Le 15" perdit dans cette bataille deux officiers : le capitaine Gruzè 



DU 15<^ nÉGIMENT D*L\FANTEIIIK 241 



Les choses en étaient là lorsque, le 13 février, le duc de 
Raguse vit paraître devant lui 20.000 hommes de Blû- 
cher. 

Ne se sentant pas en force, il se retira lentement sur 
Montmirail, sous la protection de la cavalerie de Grouchy. 

Mais, à njjoitié chemin, le 6« corps recevait de Tempe- 
reur Tordre de s'établir sur le plateau, en arrière de Vau- 
champs. 

Victoire de Vauchamps (14 février 1814). 

Le 14 février, Tennemi, ne croyant-plus à une résistance 
sérieuse, s'engage dans le village et commence à en dé- 
boucher quand il est, tout à coup, arrêté par le feu 
meurtrier de nos bataillons. 

Marmont profite immédiatement de l'hésitation de l'ad- 
versaire pour reprendre franchement l'offensive. En un 
clin d'œil Vauchamps est enveloppé, les Prussiens et les 
Russes en pleine déroute. 

La division Lagrange se lance alors à la poursuite des 
alliés, qui s'enfuient vers Etoges, rudement accompagnés 
par les cavaliers de Grouchy (1). 

Enfin, pendant la nuit, le 6<^ corps, renforcé de la divi- 
sion Levai, traverse la forêt de Champaubert, surprend et 
détruit la division du prince Ourousof, qui bivouaquait à 
Etoges (2). 

Les jours suivants se passent en marchés entre Montmi- 
rail et Sézanne. 



et le sous-lieutenant Lecoeuvre. Le lieutenant Guyot de Ferrandière 
fut blessé. 

(1) Le 15" eut, à notre connaissance, un officier blessé, le capitaine 
Normand. La division Levai était venue soutenir les divisions La- 
grange et Ricard. La division Lagrange était en colonne par régiments, 
à droite de la route. 

(2) La division Levai, détachée par Oudinot, n'avait pas vu l'ennemi 
depuis son départ d'Espagne. Elle était impatiente de se signaler. Ce 
fut elle qui fut chargée de l'attaque de nuit. On n'a pas oublié que le 
1«' bataillon du 15" faisait partie de cette division. 

Hist. lu*. 16 



242 HISTORIQUE 



Pourtant, le 23, Blûcher se représente devant [nous (près 
de Sézanne). 

Le duc de Raguse recule sur Jouarre, pour se relier au 
duc de Trévise. 

A partir de ce moment, les deux maréchaux se tour- 
nent contre le corps de Kleist, isolé sur la rive droite de 
rOurcq, et le mènent tambour battant jusque sous les 
murs de Soissons (1). 

Par malheur, la capitulation de cette ville (5 mars) 
fait perdre tout le fruit d'une aussi belle manœuvre. 

C'est le moment critique de la campagne. De ce jour la 
fortune abandonne définitivement l'empereur. 

Le 10 mars, le 6® corps, très maltraité la veille au cours 
du combat de nuit d'Athies, se retire à Bery-au-Bac et se 
dirige ensuite sur Fismes et Reims. 



Bataille de Reims (13 mars). 

Le 13, vers 4 heures du soir, Marmont rencontre l'en- 
nemi posté sur les hauteurs de Tinqueux et couvert, à sa 
droite, par la Vésle. Le maréchal dispose alors ses troupes 
en colonne par bataillon sur la chaussée, surprend et en- 
lève deux bataillons russes, force la gauche de la ligne 
adverse et parvient à s'emparer des premières maisons du 
faubourg (2). 

Bataille de Sommesons, près la Fère-Champenoise (25 mars). 

Le lendemain matin, les alliés avaient évacué la ville. 
Après ce succès, le 6® corps se replia sur Bery-au-Bac et 
Fismes. C'est là qu'il reçut l'ordre de rejoindre Napoléon 
vers Sommesous. 



(1) Le 5 mai, le capitaine Leprêtre fut blessé pendant la démonstra- 
tion sur Soissons. 

(2) Le sous-lieutenant L'Heureux fut blessé, le 13 mars, devant 
Reims. 



DU 15« RÉGIMENT D'iNFAPITERIE 243 

Or, le 25 mars, le duc de Raguse, au lieu de trouver 
Tempereur, se heurtait à rarmée de Bohême sur le plateau 
de Soudé-Sainte Croix. 

Surpris et culbuté dans le ravin de Connautray, le 6® 
corps fut sauvé par la diversion de la division Pacthod et 
put s'échapper, avec le corps de Mortier, par le village et 
le bois d'Allemant pour gagner la route de la Ferté-Gau- 
cher. 



Combat de Moutils. — Retraite sur ProYlns (26 mars). 

Cependant, en arrivant à quelque distance de cette ville, 
on apprit la présence des troupes de ^rk et de Kleist sur 
la rive droite du grand Morin. Il fallut se rabattre sur 
Provins; mais la retraite ne se fit pas sans difficulté. 

La brigade Joubert (à laquelle appartenait le 3® bataillon 
du 15^) se dévoua pour assurer le salut du reste de Tarmée 
(Mortier et Marmont). 

Furieusement attaquée dans le village de Moutils par 
6.000 Bavarois et vingt pièces de canon, elle eut la gloire 
de repousser tous leurs assauts et profita des ténèbres de 
la nuit pour courir à Provins, où elle entra même avant le 
gros de la colonne. (( On revit avec joie ces mille braves 
et leurs deux canons, car on les croyait assurément per- 
dus (1) ». C'est dans cet héroïque combat que le sous-lieu- 
tenant Trubert fut blessé à mort. 

Echappant ainsi aux poursuites de l'ennemi, les ducs de 
Raguse et de Trévise se dirigèrent en toute hâte sur Paris. 
Malheureusement, les alliés arrivèrent en même temps 
qu'eux sous les murs de la capitale. 

Avec une armée d'à peine 24.000 hommes, les maré- 
chaux Mortier et Marmont allaient avoir à lutter contre 
plus de 150.000 coalisés. 



(1) Ces renseignements sont empruntés au Journal des opérations du 
6* corps, par le colonel Fabvier. (Archives du ministère de la guerre.) 



244 HISTORIQUE 



B6le do 1er bataillon da 15" pendant la campaf^ne 

de 1814. 

Avant de rappeler les gloires et les tristesses de la ba- 
taille de Paris, recherchons les traces de notre i^^ batail- 
lon, que nous savons figurer à la 1'® brigade de la 7® divi- 
sion (Levai) (1). 

Le il février, cette division reçoit Tordre de quitter 
Provins pour se porter sur Montmirail. La retraite du duc 
de Tarente Tempôche d'exécuter son mouvement. 

Nous la retrouvons quelques jours plus tard, le 14, à 
Etoges, où elle complète la victoire de Vauchamps en tom- 
bant, au milieu de la nuit, sur les bivouacs de la division 
russe Ourouzof , qu'elle culbute et taille en pièces. 

Après ce beau fait d'armes, elle va rejoindre, près de 
Bar-sur-Aube, le corps d'armée du maréchal Oudinot, qui 
refoule de Wrède derrière l'Aube (26 février), au pont de: 
Dolancourt. 

Bataille de Bar-sur- Aabe (27 février 1814j. 

Néanmoins le lendemain, 27, Schwartzemberg reprend 
l'offensive. Le comte de Wrède doit attaquer Bar, tandis 
que Wittgenstein s'efforcera de tourner notre gauche par 
Arentières, Vernonfays, Arsonval. Vers 10 heures, le mou- 
vement se dessine nettement. C'est alors que, pour parer 
à ce danger, la division Levai opère un changement de 
front par brigade et s'avance, par bataillons en masse, sur 
les pentes de Vernonfays. 

La journée commence par un succès. La brigade Mont- 
fort bouscule les chasseurs russes et les rejette dans le 
ravin deLévigny, pendant que la brigade Chassé débouche 
sur le plateau de Vernonfays. 



(1) Bien que cette division fût devenue la !'• du 1* corps (Oudinot), 
bn continua longtemps à la désigner sous le nom de 7^ division. L» 
brigade Pinoteau comprenait un bataillon du 66^, un du 15<^ et le 17^ 
léger. 

Cette division était à Provins depuis le 7 février. 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 245 

L'avantage nous semble assuré lorsqu'un retour offensif 
du prince Gortchakoff refoule nos deux brigades dans le 
bois de la « Tête-à-Cerf ». 

Mais la brigade Pinoteau (15« de ligne), tenue jusque-là 
en réserve, s'élance à leur secours et charge l'ennemi avec 
un tel entrain qu'en un clin d'œil le combat est rétabli (1). 

Malgré ce succès, il fallut céder au nombre et la division 
Levai dut repasser l'Aube, au pont de Dolancourt, pour 
gagner Vendeuvres et Magnifouchard. Le 1®' bataillon du 
15® de ligne, qui avait si vaillamment lutté contre les 
Russes de Gortchakoff, avait chèrement payé sa gloire. 
Il comptait, à la fin de la bataille, 7 officiers blessés: 
MM. le capitaine Lerouxeau; le lieutenant adjudant-major 
Pelletier; les lieutenants Girault et Salviat; les sous* 
lieutenants Bidard, Lecomte et Favart. 

Le 2 mars, le duc de Reggio rejoignait à Troyes le duc 
de Tarente (Macdonald) (2). 

Deux jours après (le 4), la marche en avant du prince 
Schwartzemberg nous obligeait à évacuer cette ville. 

Ce fut au 7® corps (Oudinot) qu'incomba la mission de 
protéger la retraite. Il le fit avec sa valeur ordinaire. 

Le 6 mars, l'armée du duc de Tarente avait repassé la 
Seine et s'échelonnait jusqu'à Provins. 

Elle conserva pendant huit jours les mêmes positions. 

Combat de Cormeron, près Provins (16 mars 1814). 

■ 

Enfin, le 15, l'ennemi sembla vouloir nous attaquer. En 
conséquence, la division Levai fut déployée au nord de 
Provins, en arrière des villages de Léchelle et de Cor- 
meron. 

Le lendemain, les Russes enlèvent Cormeron; mais la 



(1) Ces renseignements ont pour source les documents suivants : 
1« Journal historique de la division Levai, par le général Maulmont ; 
2* 1814, par Koch; 3"* Correspondance officielle (Archives delà guerre). 

(2) Le maréchal Macdonald prit le commandement en chef des deux 
corps d'armée ainsi réunis. 



246 HISTORIQUE 



l'« division (Levai) les déloge du village et se replie lente- 
ment devant le prince de Wurtemberg, dont elle arrête la 
poursuite (1). 

Le 17, Macdonald prend position entre Cucharmoy et 
Donnemarie. L'armée de Bohême ne tente rien contre 
nous. 

Les choses en sont encore là lorsque Schwartzemberg, 
apprenant l'arrivée de l'empereur, disparaît subitement et 
rétrograde vers TAube. 

Napoléon, qui vient en effet d'amener 16.000 hommes au 
duc de Tarente, lance toutes ses forces sur les traces de 
l'armée de Bohème. 

Malheureusement, Blûcher a pu opérer sa jonction avec 
Schvyrartzemberg; de sorte que, le 21, on se heurte à toute 
l'armée alliée, établie d'une façon formidable entre la 
Barbuisseet l'Aube. 

Défense d'Arcis-sar-Aube (21 mars 1814). 

C'eût été une folie que d'aborder ces 100.000 coalisés. U 
était donc urgent de reculer derrière l'Aube. Mais nous 
n'avions qu'une seule ligne de retraite, le pont d'Arcis. 

Le duc de Reggio fut, encore une fois, chargé de tenir 
tète à l'ennemi pendant l'exécution de ce difficile mouve- 
ment. 

Après une belle résistance contre les trois colonnes du 
prince royal de Wurtemberg, le maréchal Oudinot fut con- 
traint de repasser la rivière (2). 

Le lendemain, 22, le comte Giulay tenta de forcer le pont. 
La brigade Maulmont, retranchée sur la rive gauche^ 
repoussa toutes ses attaques (3). 



(1) On se souvient que la 7" division dont faisait partie le io" (1" ba- 
taillon) était devenue 1'" division du T corps (Oudinot). C'est ce jour-là 
que fut blessé le lieutenant Richard. 

(2) Le général Levai fut blessé sur le pont, à six pas de l'ennemi. Le 
général Maulmont eut un cheval tué sous lui. 

(3) Le général Maulmont remplaçait le général baron Pinoteau, blessé, 
le 27 février, à Bar-sur-Aube. Le lo'^ était donc sous ses ordres. 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 247 

Cependant, Tempereur avait résolu de faire une auda- 
cieuse démonstration sur les derrières deSchwartzemberg. 

Le 7« corps le suivit dans la direction de Saint-Dizier et 
de Vassy, continuellement harcelé par les coureurs alliés. 

Le 29 mars, ce fut la division Levai qui délogea Tennemi 
de Saint-Dizier, en lui faisant 3.000 prisonniers (1). 

D'ailleurs, on ne s'attarda pas dans ces régions. Il fallait 
en toute hâte reprendre la route de Paris, dont les nou- 
velles s'aggravaient de jour en jour. 

Le 5 avril, le duc de Reggio , arrivé à Fontainebleau, 
apprenait l'abdication de l'empereur. 



ROLE DU 4» BATAILLO.M OU 15» OURANT LA CAMPAGNE 

OE 1814 



Pendant que les l«i* et 3» bataillons du 15® de ligne ac- 
complissaient si noblement leur tâche, qu'était devenu 
le 4« ? 

D'abord destiné à la 2® division de réserve, formée à 
Paris, ce bataillon fut, plus tard, dirigé sur Troyes, où il 
arriva le 27 janvier, pour être attaché à la brigade Veaux 
du corps de flanqueurs commandé par le général Allix (2). 

La colonne Allix avait été chargée de défendre la ligne 
de l'Yonne. 

Bataille de Sent (11 février 1814). 

Le 11 février, elle était établie à Sens, lorsqu'elle fut 
attaquée, vers 5 heures du matin, par toute l'avant-garde 
autrichienne composée d'environ 10.000 hommes et de 15 
pièces de canon. La lutte fut acharnée, mais, à 6 h. 1/2 du 



(1) V. Journal historique de la division Levai, par le général Maul- 
mont. • 

(2) Ce corps comprenait quatre bataillons et un escadron, au total 
1.450 hommes. Il devait avoir Auxorre pour centre d'opérations, .aûn de 
couvrir le flanc droit des armées françaises. 



248 HISTORIQUE 



soir, la trahison d'un indigne citoyen permit aux alliés de 
pénétrer dans la place (1). 

Force nous fut d'évacuer la ville. Du moins la retraite se 
fit-elle dans le plus grand ordre. 

Les braves défenseurs de Sens se retirèrent sur Pont- 
sur-Yonne, ne laissant aucun prisonnier aux mains de 
Tennemi. 

Le rapport du général Allix est fort élogieux pour Tin- 
fanterie de la brigade Veaux, dont il se plaît à reconnaître 
la brillante conduite dans ces périlleuses circonstances. 

Le 4® bataillon du 15« de ligne, à qui revenait une partie 
de la gloire de cette honorable défense, avait deux offlciers 
hors de combat : le sous-lieutenant Soûlas, tué sur place, 
et le sous-lieutenant Bailly, blessé. 

Ce fut, d'ailleurs, le seul engagement sérieux auquel la 
division Allix fut appelée à prendre part. Elle demeura 
presque constamment immobilisée derrière ITonne, entre 
Auxerre et Montereau, pour interdire aux Autrichiens 
tout mouvement tournant de ce côté. 

Elle s'y trouvait encore à la fin mars, au moment de la 
crise finale de la campagne. 

Pendant ce temps, le 6® bataillon se défendait dans Er- 
furth (2), le 2® dans Strasbourg; quant auS®, il n'avait pas 
quitté Brest (dépôt). 



« (1) On aurait pu conserver la vHIe si quelqu'un n'avait indiqué à 
Fennemi une entrée cachée, donnant accès dans le collège qui est adossé 
au mur d'enceinte. Ces renseignements sont tirés de la Correspondance 
officielle du ministère de la guerre (Correspondance dé Pajol et rap- 
port du général Allix). Le pillage de Sens dura neuf jours, du 11 au ^ 
février, u «Suprême ironie ! En quittant cette ville, où il avait présidé 
au pillage, le prince héritier de Wurtemberg, beau comme un jeune 
dieu, réquisitionnait vingt-quatre paires de gants blancs. » (La France 
en 1814, par Henri Houssaye.) • 

(2) Nous avons dit plus haut que le chef do bataillon Chevallier, 
commandant le 6* bataillon du 15% avait reçu un coup de feu au bras 
droit, dans une sortie autour d'Erfurlh, le 9 avril 1814. 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 249 



Bataille de Paris. 

• • 

En arrivant à Charenton, le 29 mars, ver^ midi, les ma- 
réchaux Marmont et Mortier avaient reçu du roi Joseph 
Tordre de prendre immédiatement leurs dispositions pour 
disputer la capitale aux 150.000 alliés qui se ruaient sur 
elle. 

Le duc de Raguse devait défendre tout le secteur com- 
pris entre la Marne, Ëelleville et Romainville(l). 

 cet effet, dès le lendemain matin, la division Lagrange 
était déployée à cheval sur la route de Belleville à Romain- 
ville : la brigade Fournier à droite, la brigade Joubert 
{lo® de ligne) à gauche. La division Ricard restait en 
réserve, massée en colonnes derrière 1» butte des Tou- 
relles. 

Après avoir tout d*abord chassé Rajefsky du plateau de 
Romainville et l'avoir repoussé jusque vers Pantin et 
Noisy, les 1.200 hommes de Lagrange durent reculer 
devant l'écrasante Supériorité numérique de l'ennemi; de 
sorte qu'à midi, les troupes d'Helfreich et de Mezenzofï 
reprenaient pied sur le plateau et s'emparaient de Ménil- 
montant. Quelques bataillons russes parvenaient même à 
tourner le parc des Bruyères. 

Dans cet instant critique le maréchal Marmont n'hésite 
pas à se mettre en personne à la tête de la brigade Clavel 
et fond sur les grenadiers russes; mais, pris en flanc par 
les chevaliers-gardes de Miloradowitch, il est décidément 
obligé de rétrograder jusqu'à Belleyille. 

C'est là que, ralliant les débris des divisions Lagrange, 
Ricard et Padoue, il contient, avec une indomptable 
énergie, tous les efforts des masses ennemies débouchant 
sur lui. 



(1) Les documents sur lesquels nous avons établi ce récit sont les sui- 
vants : Thiers, Histoire de l'Empire; Mémoires de Marmont, livre XX; 
Journal historique du 6* corps, par le colonel Fabvier ; Napoléon, par 
Roger Peyre ; Correspondance générale (Archives historiques du mi- 
nistère de la guerre). 



250 HISTORIQUE 



Cependant, dans la soirée, les grenadiers russes pénè- 
trent, par le boulevard extérieur, entre Belleville et la 
barrière de ce nom. Le duc de Raguse, comprenant l'im- 
minence du danger, réunit à la hâte une centaine d'hom- 
mes autour de' lui et, ayant à ses côtés les généraux PfeUe- 
port et Meynadier, entraîne cette poignée de braves dans 
une charge furieuse qui bouscule les tètes de colonnes des 
alliés, les refoule dans la rue haute de Belleville et rétablit 
ainsi le combat. 

La brigade Joubert reprend alors sa première position 
pour protéger le mouvement du reste de la division 
Lagrange, qui organise une nouvelle ligne de résistance 
dans les rues basses entourant la butte du Moulin. 

Mais, comment lutter contre cette marée humaine qui 
monte, qui se répand, qui envahit tous les faubourgs et se 
glisse par toutes les issues? 

La catastrophe est fatale. 

L'admirable défense des maréchaux Mortier et Marmont 
ne peut désormais conjurer ni la perte de la capitale, ni 
l'écroulement de cet empire, devant lequel tremblaient^ 
naguère encore, tous lés peuples de l'Europe. 

D'ailleurs, l'impératrice et le roi de Rome ont déjà 
quitté Paris. Le roi Joseph ne tarde pas à les suivre, lais- 
sant au duc de Raguse l'autorisation de capituler entre les 
mains de l'empereur de Russie. ^ 

Ainsi devait se terminer à la lueur sinistre d'un désastre 
cette glorieuse et magnifique campagne de d814. 

La bataille de Paris était le soixante-septième engage- 
ment du 6® corps, depuis le 1®^ janvier (1). Aussi que de 
vides dans ses rangs I Le 3® bataillon du 15® de ligne, qui 
comptait 340 hommes le 25 janvier, ne présentait plus, à 
la date du 1®' avril, que 13 officiers et 30 hommes (2) (3). 



(1) V. Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse. 

(â) Situations du 25 janvier et du 1" avril (Archives de la guerre). 

(3) D'après les conventions de l'armistice, le 3* bataillon du 15* 
(6** corps) se retira d'abord à Essonne, puis à Rouen; le 1'' bataillon 
(7* corps) à Villers-en-Brie, puis à Evreux; le 4« bataillon (division 
Allix) à Sens, puis à Chartres ; le 6' bataillon, venant d'Erfurth, et le 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 251 

Ces chiffres se passent de commentaires, ils affirment 
assez que, si les alliés sont entrés dans la capitale, ce n'est 
qu'en franchissant des monceaux de cadavres. 



1815 (Gent-Jours : 20 mars- 22 juin). 



L'épopée napoléonienne touche à sa fin. 

En 1815, elle trouble encore une fois la paix du vieux 
continent pour disparaître définitivement dans le sanglant 
et glorieux épilogue de Waterloo. 

Lorsqu'au mois de mars 1815, la nouvelle de l'auda-, 
cieux retour de Tempereur retentit en France comme un 
coup de foudre, le 15® régiment d'infanterie, qui tenait 
alors garnison à Saint-Malo, reçut l'ordre de diriger deux 
bataillons sur Paris; mais ce renfort dut s'arrêter à Alen- 
çon, en apprenant l'arrivée de Napoléon aux Tuileries 
(20 mars). 

Comme on pouvait le prévoir, la guerre allait bientôt 
recommencer. 

Le régiment fut affecté au corps d'observation du comte 
de Lobau (6® corps); c'est ce qui l'empêcha de prendre 
part à la campagne de Belgique. 

Au mois de septembre, le colonel Levavasseur était avec 
son l«r bataillon à Brissac; le 2® occupait Erigné, tandis 
que le 3® se trouvait à Nantes. 

C'est là que fut licencié le 15« régiment d'infanterie, qui 
ne survécut pas ainsi aux institutions de cet empire pour 
lequel il n'avait marchandé son sang ni dans les enivre- 
ments de la victoire, ni dans les heures sombres de la 
défaite. 



!2% parti de Strasbourg, ne rejoignirent qu'à la fin d'août les débris 
des quatre autres, alors réunis à Brest. 

D'ailleurs, dès le mois de juin, le régiment, qui avait reçu en incor- 
poration le 140" de ligne et les dépôts des 1", 2" et 3' régiments «de 
tirailleurs, avait été réorganisé à trois bataillons. 



TROISIÈME PARTIE 

Depuis la formation des légions départementales (1816) 

jusqu'à nos jours. 



LÉOION DU FINISTÈRE OU 27' 1.Ê0I0N ( I *' MARS 1 8 1 6-2S OCTOBRE 1 82 0) 

16* RÉOIMCNT D'INFANTERIE DE UONE 
DEPUIS LE 25 OCTOBRE 1 820 JUSQU'A NOS JOURS 



TROISIEME PARTIE 



Histoire du i5' régiment d'infanterie depuis la formation des légions 
départementales (1816) Jusqu'à nos Jours. — L^égion du Finistère ou 
27« légion (1" mars 1816-23 octobre 1820). — 15« régiment d'infante- 
rie de ligne (depuis le 23 octobre 1820 Jusqu'à nos Jours). 



Après le licenciement de l'ancienne armée impériale, il 
fallut songer à réorganiser les forces du royaume sur de 
nouvelles bases. 

S'inspirant à la fois des plus vieux souvenirs de la mo- 
narchie et du principe républicain du mélange des diffé- 
rentes armes, le gouvernement, qui supprimait les régi- 
ments, les remplaça par des légions, où devaient se 
trouver, réunies en un seul corps, cavalerie, artillerie, 
infanterie (1). 

Chacune de ces légions fut constituée dans un départe- 
ment dont elle prit le nom, et qui lui fournit exclusive- 
ment son contingent. Les ofTiciers seuls étaient dispensés 
de Tobligation d'appartenir à la région. 



(1) Deux bataillons d'infanterie de ligne, un bataillon de chasseurs à 
pied, trois cadres de compagnie de dépôt, une compagnie d'éclaireurs 
à cheval (qui ne fut pas formée), une compagnie d'artillerie. 



256 HISTORIQUE 



Création de la lésion du Finistère 

(1" mars 1816.) 

Colonel DE LA FRUGLAYE 

(11 octobre 1815). 

Colonel DE RASCAS DE CHATEAUREDON 

(25 décembre 1816). 

C'est ainsi qu'en exécution de l'ordonnance royale du 
3 août 1815 (1), de l'instruction ministérielle du 5 sep- 
tembre et des lettres dé Son Excellence le Ministre de la 
guerre, la légion du Finistère, portant le numéro 27, fut 
formée à Quimper le 1^^ mars 1816, à l'effectif de 402 
hommes (2), sous le commandement du comte de La Fru- 
GLAYE, qui fut remplacé, le 25 décembre suivant (3), par le 
baron de Rascas de Chateauredon. 

Trois ans plus tard, la 27® légion fut enfin portée au 
complet normal déterminé par l'ordonnance du 3 août 
1815. L'opération se fit à l'aide de contingents fournis par 
les classes 1816 et 1817. Cette réorganisation entraîna le 
rétablissement de la musique. 

Depuis la première formation (1816), le dépôt seul res- 
tait à Quimper; les i^^ et 2® bataillons tenaient garnison 
à Belle-Isle-en-Mer, tandis que le 3® était caserne à Port- 
Louis. 

Au mois d'octobre 1819, le 1®^ bataillon fut envoyé à 



(1) Ordonnance fixant l'organisation de l'infanterie en légions dépar- 
tementales. 

(2) On ne forma à cette date qu'un seul bataillon. Le chiffre de 402 
hommes était le complet déterminé, pour l'année 1816, par une décision 
royale, certiflée, le 23 janvier 1816, par le Ministre de la guerre. Presque 
tous les hommes provenaient de l'ancienne armée impériale licenciée. 
Pour l'uniforme de cette légion, voyez l'appendice n» 1. 

(3) Le colonel de La Fruglaye fut retraité, le 18 décembre 1816, avec 
le grade honorifique de maréchal dé camp. 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 257 

i « i I I ■ 

Dieppe, les deux autres au Havre, Ils n'y demeurèrent pas 
longtemps, car, au mois de février 1820, les trois batail- 
lons de la légion du Finistère vinrent se réunir à Valen- 
ciennes. C'est là qu'ils apprirent la promulgation de l'or- 
donnance royale du 23 octobre 1820, qui supprimait ces 
corps hétérogènes et décrétait la reconstitution des régi- 
ments. 

La nouvelle organisation comportait soixante régiments 
d'infauterie de ligne (1) et vingt régiments d'infanterie 
légère. 



Formation du 15® rë^lment d^nfanterie de limite 

(25 décembre 18â0.) 

Colonel baron DE RASGAS 

D'après les ordres du Ministre de la guerre, le lieute- 
nant général comte Barrois présida lui-même à la méta- 
morphose de la 27o légion, qui devint dès lors 15® régiment 
d'infanterie de ligne, ainsi qu'il appert du procès-verbal 
signé à Valenciennes, le 25 décembre 1820 (2). 

Un an plus tard (octobre 1821), le régiment fut dirigé 
sur Givet (3), qu'il quitta au mois de mars 1822 pour re- 
joindre son dépôt en formation à Paris. 



(1) Les quarante premiers avaient trois bataillons; chacun de ces 
trois bataillons comportait huit compagnies, dont deux d'élite et six de 
fusiliers. 

(2) V. Procès-verbal de formation (Archives de la guerre.) 

(3) Le 15" arriva à Givet avec un effectif de 72 officiers et 1.208 hom- 
mes. Il n'est pas sans intérêt de citer ici le cas du lieutenant Richard, 
de la 27' légion, qui était entré au service dans la i^' demi-brigade, 
avait conquis tous ses grades dans ce corps devenu 15' régiment d'in< 
fanterie de ligne, et se trouvait encore faire partie de cette légion du 
Finistère qui devait bientôt reprendre le nom de son ancien régiment. 
En 1823 nous retrouvons cet officier capitaine adjudant-major au 15' ré- 
giment d'infanterie de ligne. 

Hist. 15« 17 



258 HISTORIQUE 



GUERRE D'ESPAGNE (1823) (i). 

Le 15® régiment d'infanterie de ligne était encore en 
garnison à Paris lorsque éclata la guerre d'Espagne. 

L'anarchie la plus complète régnait alors dans ce .pays. 
L'impopularité croissante de Ferdinand VII menaçait de 
lui faire perdre encore une fois sa couronne. 

La monarchie française, huit ans après sa restauration, 
avait reconquis sa place dans les conseils de l'Europe; 
elle voulait la reconquérir aussi sur les champs de bataille, 
car elle avait hâte de rendre au drapeau blanc son prestige 
évanoui. 

Voilà pourquoi, le 28 janvier 1823, à l'ouverture de la 
session législative, le discours du trône annonça « qu'une 
armée de 100.000 hommes, commandée par un prince de 
la famille royale, allait au secours du petit-fils d'Henri IV, 
pour lui conserver sa couronne d'Espagne, préserver son 
beau royaume de la ruine et le réconcilier avec l'Europe ». 

» Ces paroles furent acclamées par la grande majorité 
des pairs et des députés. Elles comblaient les vœux des 
royalistes, qui n'auraient pas toléré plus longtemps que 
le ministère abandonnât la cause de la légitimité (2). » 

En, conséquence, le duc d'Angoulôme quitta Paris le 
14 mars pour aller prendre le commandement de l'expé- 
dition. 

L'armée d'Espagne, qui se concentrait depuis un mois à 
Bayonne, franchit la frontière le 7 avril 1823. 

Le IS^ régiment d'infanterie (3), affecté à la 2® brigade 



(1) Les renseignements sur cette campagne proviennent du Rapport 
historique sur les mouvements opérés par le corps et les affaires aux- 
quelles la troupe a pris part. (Arcliives historiques du ministère de la 
guerre.) 

(2) Ernest Daudet, Histoire de la Restauration, p. 297. 

(3) Le régiment était parti de Paris le 31 janvier 1823 pour se rendre 
à Bayonne, où il séjourna un mois. En passant à Limoges, le dépôt, com- 
mandé par le major de La vit, reçut l'ordre d'y rester. 

Le 15" entra en campagne avec un effectif do 66 officiers et 1.599 sous- 
oificiers et soldats. 



DU 15« RÉGIMENT D*1NFANTERIE 259 

(maréchal de camp, baron d*Albignac) de la 2® division 
(lieutenant-général comte Bourck) du 1®' corps d'armée 
(maréchal Oudinot, duc de Reggio), fut, dès le premier 
jour, chargé d'une mission spéciale. Après avoir traversé 
la Bidassoa sur un pont de bateaux, il fut dirigé, avec 100 
cavaliers du 1®' hussards, sur la ville de Passage pour en 
déloger un parti ennemi. Mais la petite colonne n'eut pas 
à combattre. 

Les cloches des villages, en saluant de leurs joyeux ca- 
rillons l'arrivée de nos troupes, donnèrent l'éveil aux cons- 
titutionnels, qui s'embarquèrent à la hâte et s'éloignèrent 
rapidement de la côte. 

Le lendemain, 8 avril, le colonel deRascas, ayant appris 
que quelques détachements espagnols parcouraient la 
campagne et enlevaient le bétail pour approvisionner 
Saint-Sébastien, envoya l'ordre à sa 1^® compagnie de vol- 
tigeurs de donner la chasse à ces partisans et de les refou- 
ler jusque sur la montagne qui domine la ville. 

Le régiment suivait d'ailleurs la même direction. 11 
parut, le 9 avril, à 8 heures du soir, devant la place de 
Saint-Sébastien, y demeura jusqu'au 15, et fut, à cette 
date, dirigé sur Vittôria. 

Du reste, il ne devait y faire qu'une courte halte et se 
porter rapidement sur Santander. 

Ergonas (27 avril 1823). 

Le 27 avril, à Ergonas, les voltigeurs du 15® (3® compa- 
gnie et une partie de la 2®) se heurtent aux avant-postes 
de la garnison de Santona ; ils les bousculent et les refoulent 
jusqu'à l'arsenal de cette place, qui se trouve, dès lors, pri- 
vée de toute communication avec les campagnes environ- 
nantes. 

La marche se continue ensuite sur Santander (1), où le 



(i) Les pluies torrentielles du 30 avril avaient grossi plusieurs torrents 
que les troupes durent passer à gué. 



260 HISTORIQUE 



régiment arrive le 1®' mai, pour en repartir, quatre jours 
après, à destination de Burgos (3). 

La division s'y trouvait concentrée. Le 21 mai, le général 
comte Bourck fit, avec toutes ses forces, une démonstration 
sur Léon; mais les troupes constitutionnelles qui gardaient 
cette place se retirèrent à rapproche de la division fran- 
çaise, qui séjourna dans la ville jusqu'au 20 juin. 

C'est à cette époque (21 juin) que le régiment, réuni tout 
entier à Casabajal de la Lena, reçut Tordre de poursuivre, 
par la route d'Oviédo, le corps ennemi qui s'était jeté 
dans les Asturies. 



Combat de Pajarès (nuit du 22 au 23 Juin). 

Le lendemain (22 juin), le 15«, établi à Pajarès, avait déta- 
ché sa première compagnie de voltigeurs au village de 
Flordaceos, situé à une lieue plus loin. Pendant la nuit, 
cette compagnie d'avant-postes fut vivement, mais vaine- 
ment attaquée par une reconnaissance espagnole. Celle-ci 
dut battre en retraite devant l'énergique attitude de nos 
voltigeurs. 

Combats de Campomanès et Ponte de Hiero (23 juin). 

Le combat de Flordaceos n'était que le prélude de la 
rencontre générale qui devait avoir lieu dans la journée. 

Tandis que le 2® bataillon, formant la colonne de gauche, 
tourne et enlève la position de Campomanès, les deux 
autres bataillons (i^^ et 2«) délogent l'ennemi de Ponte de 
Hiero, malgré la résistance acharnée des défenseurs, qui 
ont coupé la chaussée et barricadé le village (2). 

La déroute des Espagnols est complète. C'est avec bien 



(1) Arrive à Burgos le 13 mai et en part le 22 mai ; arrive à Léon le 
5 Juin. 

(2) Les forces ennemies, commandées par le général Palaréa, se com- 
posaient de 1.600 hommes. 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 261 

j I 

de la peine que le général Palaréa parvient à rallier 300 
bommes, avec lesquels il ^s'enfonce dans la Galice. 

Ce beau lait d'armes, tout à Thonneur du régiment, est 
mentionné dans le Bulletin du 30 juin. Le même document 
mentionne également les noms des militaires du corps qui 
se sont le plus particulièrement distingués ce jour-là. Nous 
nous ferions un scrupule d'en omettre la liste : 

C'est d'abord le lieutenant-colonel baron de Montchoisy ; 
puis les capitaines Allain, Cousin et Balza; les sergents- 
majors Chevalier et Pages (1); les sergents Revoale, Le- 
PEULE, Saunier, Amiot ; le caporal Favier ; enfin, le gre- 
nadier Masson. 

Rien ne s'opposait plus à notre marche sur Oviédo : le 
15® arriva dans cette ville le 27 juin. Toutefois, dès le 5 
juillet, le régiment se remettait en marche avec la colonne 
mobile du maréchal de camp baron Hubert pour faire une 
expédition en Galice. 

Lorsque les défenseurs du Ferrol apprirent l'approche 
de cette colonne, ils renoncèrent à toute résistance et s'em- 
pressèrent de capituler. 

Le 15® fit son entrée dans la place le* 15 juillet. Il y de- 
meura, pendant tout le siège de la Corogne, pour surveiller 
la côte et empêcher toute communication par mer avec 
cette ville. 

Cependant, la garnison ayant mis bas les armes dans les 
premiers jours de septembre, le régiment vint rejoindre, à 
la Corogne, le reste de la division (10 septembre). 

Quelque temps après, le général comte Bourck recevait 
l'ordre de quitter la Galice pour aller assiéger Ciudad- 
Rodrigo. En route, par suite d'instructions nouvelles, la 
2e division dut modifier son itinéraire et se diriger sur 
Madrid, où elle arriva le 22 octobre (2). 



(1) François P>gès, né dans l'Aveyron, cité dans ce Bulletin n» 17 pour 
sa belle conduite à Campomanès (^ juin), fut nommé sous-licutcnant 
au corps le 25 novembre 1823. 

(2) Le régiment se portait à Ciudad-Rodrigo par Astorga, Zamora, 
Salamanca. A Baccara (2 lieues de Ciudad-Rodrigo), il reçoit Tordre 
de reprendre la route de Salamanca (7 octobre) . Il séjourne à Ségovie 



262 HISTORIQUE 



Pendant son séjour dans la capitale, le 15«, qui avait été 
affecté à la division du lieutenant général baron Ordonneau, 
fut chargé d'escorter le roi Ferdinand VIT à Tolède, à Aran- 
juez et à Sacédon (1). 

Lorsque, au mois de septembre 1824, la division de Ma- 
drid fut rappelée en France, le régiment fut envoyé à 
Cadix (2) pour renforcer la 3® brigade (3) de la division 
Foissac-Latour. 



Rentrée en France (1828). 

En 1828, le corps d'occupation devait être rapatrié. Le 
15® partit de Cadix avec la 2® colonne de marche, le 23 sep- 
tembre, se dirigeant sur Bayonne, puis sur Nantes, où il 
réjoignit son dépôt le 20 décembre, après quatre-vingt- 
neuf jours de marche (4). 

Bien que cette expédition d'Espagne n'ait pas été meur- 
trière, elle fut cependant très pénible ; mais nos troupes 
donnèrent, en toute occasion, l'exemple de l'énergie, du 
courage et de la plus exacte discipline. 



les 16 et 17 et gagne ensuite Madrid. A partir du 15 novembre 1823» le 
15° fait partie du corps d'occupation. 

(1) Le 5 mars 1824, le cadre du 2« bataillon désigné par le sort pour 
rentrer en France, partit de Madrid.pour se rendre à Auch, où le dép^t, 
venu de Limoges, resta jusqu'au 6 décembre de la même année et fut 
ensuite envoyé au Château (île d'Oléron). 

(2) Le régiment, parti de Madrid le 7 septembre, arrive à Cadii le 7 
octobre. 

(3) Commandée par le maréchal de camp Mouton. L'année suivante le 
lieutenant général Gudin remplaça le lieutenant général Foissac-Latour. 

(4) Le 22 mars 1827, le 2 bataillon et le dép^t avaient reçu l'ordre de 
quitter l'Ile d'Oléron pour se rendre à Pérîgueux, où ils arrivèrent le 31 
mars. Ils se remirent en marche le 24 mai de la même année à desti- 
nation de Nantes, où ils arrivèrent le 6 juin. 



DU 15® RÉGIMENT d' INFANTERIE 263 



CONQUÊTE D'ALGER 

Une question bien autrement brûlante préoccupait alors 
tous les esprits sérieux, reléguant au second plan les 
incessantes discussions auxquelles donnaient lieu, depuis 
déjà deux ans, les affaires algériennes (1). * 

Après avoir gravement outragé notre consul, M. Deval 
(avril 1827), le dey d'Alger, Hussein, venait de mettre le 
comble à Tinsulte en faisant canonner, au mépris du droit 
des gens, le vaisseau la Provence, emportant, sous pavil- 
lon parlementaire, le contre-amiral de la Bretonnière, qui 
venait de faire une dernière mais infructueuse tentative 
de conciliation. 

En présence de tels événements, toute hésitation dis- 
parut. Il s'agissait de venger Tinjure faite à la France. Le 
gouvernement royal résolut d'agir directement par ses 
armes, sans faire appel à aucun secours étranger (2). A la 
fin de janvier 1830, l'expédition était décidée. Les prépa- 
ratifs en furent poussés avec la plus grande activité. 



(1) Nous avons puisé, pour cette campagne, aux sources suivantes : 
1<* Journal historique du corps (pour cette campagne), rapports; 2* His- 
toire manuscrite de cette expédition (auteur anonyme), conservée aux 
Archives historiques de la guerre, ouvrage presque entièrement repro- 
duit dans la Conquête d* Alger, de Camille Rousset ; 3» Conquête d'Alger, 
par Alfred Nettement ; 4» Histoire de la Restauration, par E. Daudet ; 
5» Histoire de la Restauration, par E. Hamel ; 6» Journal d'un officier 
supérieur de la 2« division de l'armée d'Afrique; 7» Journal d'un offi* 
cierde l'armée d'Afrique (Desprez). 

(2) L'Angleterre voyait avec jalousie la France entreprendre cette 
expédition. Dans un entretien entre l'ambassadeur d'Angleterre, lord 
Stuart, et le baron d'Haussez, l'ambassadeur ayant donné à entendre 
que son gouvernement pourrait s'opposer à notre expédition, le minis- 
tre français s'emporta et lui répondit : 

(( Mylord, la France se f.... de l'Angleterre! » Enfin, lord Aberdeen, 
qui s'était fait, auprès du duc de Laval, l'interprète de ces griefs, reçut 
de lui cette fière réponse : 

« J'ignore, mylord, ce que vous pouvez espérer de la générosité delà 
France, mais ce que Je sais, c'est que vous n'obtiendrez jamais rien par 
les menaces. » 

Le Grande Bretagne se le tint pour dit. 



264 HISTORIQUE 



L*arinée, composée de 37,000 hommes et de 4.000 che- 
vaux, comprenait trois divisions commandées parles lieu- 
tenants généraux baron Berthezène, comte de Loverdo, et 
duc des Gars. Chaque division était à trois brigades. 

Le commandement en chef fut donné au général de Bour- 
mont, ministre de la guerre. M. de Bourmont n'avait pas 
sollicité cet honneur, ce fut Charles X qui le lui offrit; il 
Taccepta avec la reconnaissance d'un soldat qui espérait 
racheter, par un triomphe militaire, Timpopularité atta- 
chée à son nom. 

« L'histoire, qui, dans le passé, avait été sévère pour ce 
général, doit à sa mémoire de rappeler que, dans l'expédi- 
tion d'Alger, il se couvrit de gloire, révéla d'incontesta- 
bles qualités militaires et de patriotiques vertus, (^ui ne 
faillirent pas, môme le jour où il eut la douleur de voir 
l'un de s^s fils mortellement blessé à ses côtés (1). » 

Le 10 mai, le commandant en chef adressait à ses trou- 
pes une proclamation chaleureuse : 

« Soldats, l'insulte faite au pavillon français vous appelle 
au delà des mers. C'est pour le venger qu'au signal donné 
du haut du trône vous avez tous brûlé de courir aux ar- 
mes.... 

» Les nations civilisées des deux mondes ont les yeux 
fixés sur vous; leurs vœux vous accompagnent. 

» La cause de la France est celle de l'humanité. 

» Montrez-vous dignes de votre noble mission. » 

Ils le furent en effet. 

Colonel Anatole MANGIN 

(28 mars 1830). 

Les deux bataillons de guerre (2) du 15® régiment d'in- 



(1) Histoire de la Restauration, par Ernest Daudet, p. 421. 

(2) Le lieutenant général comte d'Espinois, présida lui-même à l'or- 
ganisation de ces deux bataillons de guerre. « Le choix des régiments des- 
tinés à passer en Afrique n'eut rien d'arbitraire, dit Camille Roussel ; 
Les services rendus en Espagne et en Morée, les qualités acquises et 
prouvées dans les camps d'instruction furent les titres les plus sérieux 
à la préférence du ministre. » 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 266 

■ ' ' li n . , , , 

fanterie avaient quitté Nantes les 26 et 27 mars, à l'effectif 
de 61 officiers et 1.450 hommes. Ils passèrent à Lyon les 20 
et 21 avril. C'est là que le colonel de Rascas reçut Tordre 
de rentrer dans ses foyers pour y attendre la fixation de sa 
retraite. Il fut remplacé, dans son commandement, par le 
colonel Mangin. 

Arrivé à Toulon le 13 mai, le régiment s'embarqua le 
même jour. 11 fut réparti sur le Trident, la Guerrière, la 
Didon et VHerminie (1). 

Le 15ô était affecté à la brigade Monck d'Uzer de la divi- 
sion Loverdo (2® division) (2). 

Retenue par des vents contraires, la flotte ne mit à la 
voile que le 25 mai. 

« La rade de Toulon offrit, ce jour-là, un spectacle ad- 
mirable : ces centaines de navires, les uniformes, l'éclat des 
armes, les clameurs enthousiastes de la population grou- 
pée sur le port, le mouvement d'une armée qui s'ébranle, 
et le ciel méridional sur une mer vermeille, tel fut le ma- 
gique décor que les habitants de Toulon purent contem- 
pler (3). » 

Dispersée d'abord par une bourrasque, l'escadre jeta 
Tancre, le 13 juin, dans la baîe de Sidi-Ferruch, à 5 lieues 
d'Alger. 

Le vice-amiral Duperré s'était fort exagéré les difficultés 
du débarquement des troupes. Son habileté pratique les 
surmonta si bien qu'en moins d'une demi-journée tout fut 
terminé. 

Le mouvement commença, dès 4 heures du matin, par 
la division Berthezène, bientôt suivie de la division Lo- 
verdo. 



(1) Le Tridenty commandé par lamiral de Rosamel; la Didon, par 
le capitaine de Villeneuve-Bargemont ; la Guerrière^ par le capltâii^e 
Rabaudy. 

(2) Chaque division comprenait trois brigades. La division Loverdo se 
composait ainsi : 1'" brigade, maréchal de camp Monck d'Uzer; 2" bri- 
gade, maréchal de camp de Damrémont; 3' brigade, maréchal de camp 
Collomb d' Arcine. La flotte et la flottille de débarquement comprenaient 
124 bâtiments. 

' (3) Histoire de la Restauration par E. Daudet, page 423. 



266 HISTORIQUE 



Combat de Sidi-Ferruoh (14 Juin 1830). 

Vers 5 heures, les premiers coups de fusil se font enten- 
dre. Ce sont les Arabes embusqués dans les broussailles 
qui nous envoient quelques balles et disparaissent. 

Peu d'instants après, un combat d'artillerie s'engage 
entre une batterie turque (1) et les douze pièces de mon- 
tagne que notre infanterie a traînées à bras. 

Le général de Kourmont vient de prendre lerre à la 
pointe de Torre-Chica ; il donne immédiatement l'ordre 
au général Berthezène de se porter sur la batterie enne- 
mie. 

Sans se laisser intimider par les charges furieuses de 
5 ou 600 cavaliers arabes, au teint fauve, aux vêtements 
flottants, galopant et hurlant, debout sur leurs étriers, et 
faisant feu sans ralentir l'allure de leurs chevaux, nos co- 
lonnes gravissent résolument, baïonnette au canon, les 
pentes du mamelon, que les canonniers turcs se hâtent 
d'abandonner pour s'enfuir en désordre vers le plateau de 
Staouëli (2). 

Cette manœuvre dégarnissait notre flanc gauche ; aussi, 
vers 10 heures, la brigade Monck d'Uzer fut-elle dirigée 
de ce côté pour surveiller la plage de l'est, pendant que la 
brigade d'Arcine gardait l'artillerie. 

Le 15® couvrait sa marche d'un rideau d'éclaireurs fournis 
par les compagnies d'élite. Bien qu'il n'y eût pas d'attaque 
sérieuse de ce côté, quelques balles ennemies firent des 
victimes dans nos rangs ; c'est ainsi que furent blessés les 
grenadiers Bourlés et Lionzou, le voltigeur Dolonais et le 
fusilier Rivière (3). 



(1) Cette batterie se composait de pièces de gros calibre et de mortiers 
disposés sur un mamelon distant d'environ 1.200 mètres de la plage. 

(2) Détails empruntés à l'ouvrage de Camille Rousset et à l'histoire 
manuscrite (anonyme) conservée au ministère de la guerre et dont s'est 
inspiré l'auteur de la Conquête de l'Algérie, 

(3) Nous avons relevé le nom de ces quatre blessés sur les registres 
matricules du corps. 



DU 15® RÉQIMENT d'iNFANTERIE 267 

Cependant, les Arabes ayant disparu, la division Lo- 
verdo vint rejoindre, en avant de la position conquise, les 
deux brigades du général Berthezène. 

Tel fut notre premier succès sur cette terre d'Afrique, 
où notre armée aura l'éternel honneur d'avoir planté, avec 
le drapeau de la France, le premier jalon de la civilisation 
moderne. 

Dans l'après-midi, la 3® division, qui avait aussi achevé 
son débarquement, s'installa dans la presqu'île môme, 
tandis que les deux premières établissaient leurs bivouacs 
sur les emplacements qu'elles occupaient depuis la retraite 
de l'ennemi, c'est-à-dire à plus d'un kilomètre vers le 
sud-est. 

Le 15® de ligne disposa ses tentes à l'extrôme droite 
de la ligne française. » 

Jusqu'au 18 juin, la campagne consista en une longue 
série d'escarmouches entre nos soldats et les cavaliers ara- 
bes, qui se jetaient à tout instant sur les avant-postes (1). 

Beau trait du sergent Philip, du 16e de ligne. 

« Dans la journée du 18, dit Camille Rousset, de gros 
nuages de poussière signalèrent l'arrivée de fortes colon- 
nes mêlées de cavaliers et de fantassins. Vers le soir, cinq 
Arabes se présentèrent aux avant-postes du régiment (2). 
Le principal d'entre eux était le cheik de la tribu des 
Beni-Mediah (3). On lui envoya un interprète. » 

Mais, comme ces indigènes ne semblaient pas oser s'ap- 
procher, le sergent Philip, de la 6® compagnie du 1®' ba- 
taillon du 15® de ligne, s'offrit en otage et vainquit ainsi la 
défiance des Arabes. 



(1) Le 15 Juin Fadjudant Merveilleux, ^u 15^ reçut dans une de ces 
attaques un coup de feu au Jarret gauche qui lui coupa l'artère. Il fut 
décoré de la Légion d'honneur le 27 décembre suivant. 

(2) Camille Rousset écrit : « aux avant-postes du 15() ». 

(3) Le cheik des Beni-Mediah, accompagné de son fils et de trois ca- 
valiers arabes. (Journal d'un ojfficier supérieur de la 2^ division de Var- 
mée d'Afrique.) 



268 HISTORIQUE 



Ceux-ci se dirent envoyés par leur tribu pour traiter 
avec les Français et promettaient de se retirer dans la mon- 
tagne si nous prenions l'engagement de respecter leur reli- 
gion, leurs femmes et leurs troupeaux. 

Le dévouement du sergent Philip est d'autant plus mé- 
ritoire qu'il avait tout à craindre d'ennemis aussi bar- 
bares. 

Ce cheik et ses compagnons ne firent d'ailleurs aucune 
difficulté pour donner au général de Loverdo les rensei- 
gnements les plus précis sur les dispositions des Turcs (1). 
. L'agha Ibrahim, dirent-ils, venait d'appeler au camp de 
Staouêli 5.000 janissaires, autant de Coulouglis, 10.000 
Maures d'Alger, 30.000 Arabes des beys de Tittery, de 
€onstantine et d'Oran, enfin 8 ou 10.000 Kabyles. 

On n'allait pas tarder, à s'en apercevoir. 



Bataille de Staouêli (i9 juin 1830). 

Les positions prises, dès le 14, par les divisions Berthe- 
2ène et Loverdo n'avaient pas été sensiblement modifiées. 

Le 15® de ligne, toujours à l'extrême droite, se reliait à 
gauche avec le 48®. Cette brigade, placée dans un coude de 
l'oued Bridja, se trouvait couverte sur son front et son 
flanc par le ravin au fond duquel coule ce ruisseau. Mais 
un espace d'environ 800 mètres restait accessible à l'en- 
nemi, entre les bivouacs du 15® et la mer. On le fit heureu- 
sement garder par une batterie de montagne (2). 

Le 19 juin, dès l'aube, les Arabes, profitant d'un épais 
brouillard, se rapprochent lentement de nos positions. A 
3 heures du matin, quelques coups de feu retentissent du 



(1) On put constater le lendemain l'exactitude de ces renseignements. 
Tous ces faits sont relatés dans l'excellent ouvrage, manuscrit et 

anonyme, sur la. conquête d'Alger, qui est conservé aux archives liis- 
toriques du ministère de la guerre. 

(2) Cette batterie de montagne était commandée par le capitaine 
Lelièvre. 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 26^ 

côté de la brigade d'Uzer (15« et 48«). La fusillade s'anime 
rapidement et s'étend bientôt sur toute la ligne des avant- 
postes. 

Pendant que les tirailleurs ennemis attirent ainsi notre 
attention, Tagha charge deux fortes colonnes de sur- 
prendre et de tourner nos deux ailes. 

En effet, vers 5 heures, le brouillard commence à tomber 
et Ton peut apercevoir sur les pentes des hauteurs voi- 
sines une nuée d'ennemis qui s'avance rapidement contre 
notre droite. Ce sont les troupes du bey de Constantine. 

Cette colonne, laissant 2 à 3.000 hommes aux prises 
avec la brigade Damrémont, se jette résolument sur la 
brigade Monck d'Uzer, que l'absence de la brigade d'Arcine 
laisse sans appui (1). 

En un instant, les Kabyles, escaladant les escarpements 
du ravin, se dressent devant le front du 48«, pendant que 
les janissaires et les Arabes, bravant le feu de notre artil- 
lerie, cherchent à tourner la droite du 15® et à s'emparer 
de la batterie de montagne. Dans ce danger pressant, le 
colonel Mangin réunit à la hâte deux compagnies du 45® et 
du 48®, qui se ruent à la baïonnette sur les masses enne- 
mies à peine arrêtées par une dernière salve à mitraille de 
nos canons (2). 

L'attaque est menée avec un tel entrain qu'en un clin 
d'oeil les soldats du bey sont culbutés dans le ravin et re- 
jetés au delà de l'oued Bridja. 

Mais les Arabes se rallient sur le plateau en avant de la 
kouba de Staouêli. Le général de Loverdo envoie immé- 
diatement l'ordre aux colonels Mangin (15®) et Leridan 
(48®) de les débusquer de cette position. A 9 heures, le 15® 



(1) La 3» brigade (Collomb d'Arcine) de la division Loverdo avait été 
envoyée en réserve générale derrière la gauche de la division Berthe- 
zène, que l'on croyait devoir supporter les plus grands efforts de l'en- 
nemi. 

(2) Les compagnies du 48* sont commandées par le commandant 
Blanchard-Duval, celles du 15» par le commandant Allain. Ces deux 
colonnes sont commandées par le colonel Mangin, du 15*. 



270 HISTORIQUE 



elle 48<) ont accompli leur tâche; les indigènes sont obligés 
de nous abandonner le terrain. 

La division Loverdo s'arrête sur place, attendant vaine- 
ment des ordres. 

C'est que, pendant ce temps, Tagha Ibrahim, à la tête 
des meilleures troupes de la Régence, livre un combat ter- 
rible à notre extrême gauche. 

La brigade Clouet n'est sauvée que par l'énergique et 
intelligente intervention du général Collomb d'Arcine, qui 
rétablit le combat et entraine toute la division Bertbezène 
à reprendre une vigoureuse offensive (i). 

Enfin, vers 10 heures, le général de Bourmont fait pré- 
venir le comte de Loverdo qu'on va attaquer les batteries 
et le camp ennemis et lui prescrit de se conformer .au 
mouvement général en exécutant une grande conversion 
à gauche. 

Les deux brigades s'ébranlent en colonnes par division, 
à distance de peloton. Mais la brigade d'Uzer, qui se trouve 
à l'aile marchante, a beaucoup de peine à suivre, étant 
obligée d'emmener avec elle les obusiers de montagne, 
qu'il faut faire traîner par des hommes, à la bricole, faute 
de chevaux (2). 

Le 48® et le 13® longent, l'un la rive droite, l'autre la 
rive gauche du ruisseau encaissé descendant des hauteurs 
de Sidi-Khalef. Le colonel Mangîn couvre son flanc droit 
à l'aide de ses compagnies de voltigeurs. 

On arrive ainsi, après mille difficultés, à gagner une posi- 



(1) Le 28% débordé de toutes parts, allait être écrasé lorsque le gé- 
néral d'Arcine, sans attendre d'ordre, comprenant, malgré la brume 
qui cachait ce spectacle, qu'une lutte terrible se livrait de ce côté, 
court au colonel du 29-, lui donne l'ordre do marcher avec tout son 
monde et, sans plus attendre, enlevant au pas de course les voltigeurs 
du 1^' bataillon, il les guide lui-même, au galop de son cheval, vers le 
lieu du combat et dégage le 28«, à bout de forces. (L'auteur de cet his- 
torique s'honore d'être le petit-neveu du général comte Collomb d'Ar« 
cine.) 

(2) Les pièces et les affûts, démontés, sont .traînés à la bricole; les 
caisses de munitions sont portées à dos d'homme. 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 271 

tîon avantageuse, sur la gauche du camp de Staouéli, dont 
le général en chef conduit l'attaque en personne. 

Nos obusiers ouvrent alors le feu et, bientôt après, nous 
sommes complètement maîtres du terrain. Vers midi , 
Tarmée de Tagha, en pleine déroute, s'enfuit en désordre 
dans la direction d'Alger, laissant derrière elle son camp 
rempli de richesses et de munitions. 

Il faut dire à l'honneur de nos soldats que, dans la prise 
du camp de Staouéli, on n'eut à regretter aucun acte de 
pillage. Lorsque le comte de Bourmont vint le visiter, il 
y trouva tout ce qu'avaient abandonné les vaincus, tout ce 
qu'avaient respecté les vainqueurs. 

Cette belle victoire, qui décida, pour ainsi dire, du succès 
de l'expédition, eut d'ailleurs des résultats immédiats, qui, 
pour être plus prosaïques, n'en furent pas moins goûtés. 

« Depuis un mois, les troupes n'avaient mangé que de 
la viande salée. Le soir de la bataille, chaque compagnie 
reçut deux moutons, du riz, du café, dépouilles opimes de 
l'ennemi. On célébra joyeusement la victoire, on but aux 
succès futurs, et, le lendemain, quand l'ordre du jour 
adressé à l'armée par le général en chef fut lu devant les 
régiments, ils applaudirent particulièrement ce passage : 
(( La milice turque avait cru qu'il était aussi facile de 
» nous vaincre que de nous outrager ; une entière défaite 
» l'a désabusée; c'est désormais dans l'enceinte d'Alger 
» que nous aurons à combattre (1). » 

La belle conduite du colonel Mangin (2) avait été très 
remarquée. 11 eut l'honneur d'être cité, avec le lieutenant 
Lévêque, dans le bulletin du comte de Bourmont. 11 en 
attribua d'ailleurs tout le mérite à son brave régiment. 

« Le colonel du 15®, écrit-il dans son rapport, se loue 
particulièrement de la manière dont MM. les capitaines 
LoDOYER et BissoN ont dirigé leurs compagnies de volti- 
geurs; ils ont été dignement secondés par leurs officiers 



(1) Camille Roussel, Conquête d* Alger. 

(2) L'état-major du 15« comprenait le colonel Mangin, le lieutenant- 
colonel DuRis, les chefs de bataillon Laurent et Allain. 



272 HISTORIQUE 



et, notamment, par MM. Lévêque et Ducos de la Hitte 
Chacun a fait son devoir. Cependant, au milieu de tant de 
braves, le voltigeur Sauvage a trouvé moyen de faire re- 
marquer son intrépidité. Il a tué de sa main plusieurs 
ennemis et, déjà dans une affaire précédente, il avait eu 
Toccasion de se distinguer. Le voltigeur Noaillac, les fusi- 
liers BoDiLis et GuiBON méritent aussi d'être cités : quoi- 
que blessés, ils n'ont pas cessé de combattre et de donner 
l'exemple du courage et du dévouement (1). » 

Le régiment s'était en effet montré digne de son intré- 
pide colonel, et s'il n'eut qu'une cinquantaine d'hommes 
hors de combat, c'est qu'en dehors de l'attaque furieuse 
du matin, les Arabes, démoralisés, reculèrent constamment 
devant nous et n'entretinrent plus la lutte que par une 
fusillade à longue portée assez mal ajustée (2). 

La nouvelle de la bataille de Staouëli jeta l'épouvante 
dans Alger. Hussein Dey était terrifié. Il redoutait de voir 
apparaître les vainqueurs aux portes de la ville, protégées 
seulement par le fort l'Empereur (Sultan Kalassi), vieille 
construction du XI v® siècle qu'il jugeait, il est vrai, im- 
prenable. 

L'armée française et son chef n'avaient effectivement qu'un 
désir, ôelui de se porter, le plus vite possible, sur Alger; 
mais il fallut attendre, sur le théâtre de la victoire, les 
chevaux, l'artillerie de siège, les vivres et les munitions, 
dont le débarquement avait été jusque-là rendu impos- 
sible par de violentes tempêtes. 

Quoi qu'il en soit, deux brigades par division furent 
chargées d'occuper les hautes croupes de la Bouzaréah et 
tout le massif montagneux qui domine Alger et Fort-l'Em- 
pereur. 

Quant à la brigade Monck d'Uzer (15® et 48®), elle reçut 



(1) Rapport du colonel Mangin. 

(2) Sur les 533 hommes hors de combat du côté des Français, le i^* en 
avait 40, presque tous voltigeurs ou grenadiers, et 2 caporaux (Duten 
et Destephen), ainsi qu'un sergent (Labarbe). Nous avons relevé ces 
tioms sur les registres matricules du corps (Archives administratives 
de la guerre). 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 273 

■ » » ■ Il I 'I ■ 

l'ordre (25 juin) d'aller garder le camp retranché de Sidl 
Ferruch (1). 

Cependant, Tennemi, revenu de sa première stupeur, 
devint plus entreprenant. Chaque jour il fallut combat- 
tre (2). 

Enfin, le i^^ juillet, le comte de Bourmont prescrivit aux 
15® et 48® de ligne de rejoindre le reste de la division 
Loverdo, pour prendre part aux travaux de siège. 

Le général Monck d'Uzer établit sa brigade en avant du 
consulat de Hollande (3). 

Prise de Fort-PEmpereur (4 juillet 1330). 

Dans la soirée du 3, les troupes furent averties qu'à la 
pointe du jour une fusée, tirée du quartier général, signi- 
fierait aux batteries l'ordre de commencer le feu toutes 
ensemble. 

Or, voici que, vers 3 heures du matin, des bruits de 
combat éclatent au milieu de la ligne. Ce sont les Turcs 
qui tentent une surprise sur la batterie du Dauphin. Heu- 
reusement, l'éveil est donné par les canonniers et les gar- 
des de tranchée. On se bat déjà corps à corps sur le para- 
pet, lorsque le lieutenant Perrier, arrivant avec un piquet 
du 15®, fond sur l'ennemi à la baïoiinette, le culbute et le 
poursuit à coups de fusil jusqu'au fort (4). 



(1) De son côté, la brigade Collomb d'Arcine était préposée à la 
garde du camp de Staouëli, de sorte que les trois brigades de la divi- 
sion Loverdo se trouvèrent séparées. 

(2) Au combat de Sidi Khalef, le lieutenant Amédée de Bourmont 
tomba frappé à mort d'une balle en pleine poitrine et succomba quel- 
ques Jours après (le 7 juillet). C'était le second des quatre ûls qui avaient 
suivi leur père dans cette expédition. 

(3) Ces renseignements proviennent du Journal historique du corps 
de cette campagne. A partir du 3, chaque régiment envoya un certain 
nombre de travailleurs et de gardes à la tranchée, en proportion de son 
effectif. Le 3, le colonel Mangin releva le colonel du ^9^ à la tranchée. 

(4) Le Journal historique du corps mentionne le sang-froid et la belle 
conduite du lieutenant Yves Perrier dans cette affaire. Il existait un 
autre lieutenant du 15' qui s'appelait Auguste Perrier. 

Hist. 15* 18 



274 HISTORIQUE 



La lutte avait été tellement acharnée que notre petit 
détachement comptait 6 hommes hors de combat, dont 3 
tués sur place. 

Une journée si bien commencée devait finir encore 
mieux. 

En effet, toute Tarmée salua de ses joyeuses clameurs 
la diane matinale, battue par le canon. 

La véritable partie se jouait entre Tartillerie de terre et 
la vieille forteresse de Sultan Kalassi (fort TEmpereur). 

Pourtant, à 10 heures du matin, le château demeura 
silencieux. On allait le battre en brèche, lorsque, tout à 
coup, une flamme jaillit, une puissante détonation secoua 
la terre, puis on ne vit plus rien. Enfin, au-dessous du 
nuage de fumée noire qui continuait à s'élever et à s'éten- 
dre, on commença d'apercevoir le fort l'Empereur ruiné 
par l'explosion de son magasin à poudre (i). 

La brigade Monck d'Uzer se trouvait, à ce moment, en 
arrière de la batterie du Roi. 

Le colonel Mangin, du 15®, et le capitaine d'état-major 
Conrad se précipitèrent aussitôt hors des tranchées et 
entrèrent les premiers dans les débris fumants du fort (2). 

Le principal point d'appui de la défense était anéanti. 

Reddition d'Alger (4 Juillet 1830). ~ Nom inscrit 

sur le drapeau. 

Pendant que l'artillerie française achevait la victoire en 
éteignant le feu du fort Bab-Azoum, Hussein-Dey tentait 



(1) Le khaznadj avait pris la réjsolution viotente d'enlever à Fassié- 
géant le prix de sa victoire en ne lui laissant que des ruines. 

(2) Ces renseignements sont tirés de Thistorique de la campagne, du 
Journal d*un officier supérieur de la 2* division de l'armée d'Afrique, 
de la Conquête d'Alger, par Nettement, de celle de Camille Roussct, du 
Journal d'un officier de l'armée d'Afrique (Desprez) et de l'histoire 
manuscrite, conservée aux archives historiques do la guerre. <( Un 
artilleur, en entrant dans le fort, enleva sa chemise, la hissa au som- 
met d'un dattier resté debout dans le fort, improvisant ainsi on dra- 
peau qui apprit à l'armée et à la flotte que Sultan-Kalassi était en 
notre possession. » {Histoire de la Restauration, par E. Hamel.) 



DU 18® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 275 

vainement de négocier. Enfin, à 3 heures du soir, se sentant 
définitivement vaincu, il se rendait à discrétion(l). 

Le lendemain, à midi, les portes de la ville s'ouvraient 
devant notre armée triomphante, et, à 2 heures, le drapeau 
de la France flottait sur le palais du dey. 

« Les richesses trouvées dans la kasbah compensaient 
au delà les frais de l'expédition. La nouvelle de cet écla- 
tant succès causa en France une joie universelle. Il n'en 
pouvait être autrement dans un pays où, plus que partout 
ailleurs, on est sensible à la gloire des armes (2). )) 

D'abord campé près de la kasbah, le régiment fut bien- 
tôt caserne dans la ville (25 juillet). Cinq compagnies du 
2® bataillon occupèrent le fort Bab-Azoum. 

Le 15® conserva ses positions jusqu'au 10 novembre. 

Pendant ce temps, de graves événements se passaient en 
France. Le roi Charles X, obligé de se retirer en Angleterre, 
avait pour successeur le duc d'Orléans, appelé au trône 
parles deux Chambres, sous le titre de Louis-Philippe l^^, 
roi des Français (2-9 août 1830). 

Le 2 septembre, le vaisseau de guerre VAlgésiras débar- 
quait à Alger le général Clausel, désigné par le nouveau 
gouvernement pour remplacer le maréchal de Bourmont 
à la tête de l'armée d'Afrique (3). 

Le lendemain, l'ancien commandant en chef s'embar- 
quait, avec deux de ses fils, sur un petit bâtiment autri- 
chien, à destination de Malaga (4), quittant pour toujours 



(1) Le régiment ne ût ce Jour-là que des pertes insignifiantes. Nous 
n'avons pu relever sur les contrôles que les noms suivants d'hommes 
mis hors de combat du 3 au 4 janvier 1830 : caporal Priou ; voltigeurs 
Legall et Taquet; fusiliers Métain, Furaud, Bourdil, Mengelle, 
Bernard, Bonneau, Choloux, Neveu et Lemée. 

(2) V. Histoire de la Restauration, par E. Hamel. 

(3) M. le comte de Bourmont avait été élevé à la dignité de maréchal 
de France, par ordonnance royale du 14 juillet. 

(4) Le maréchal désirait se retirer à l'étranger, b'amiral Duperré lui 
refusa un navire de l'Etat pour le conduire ailleurs qu'en France. 

« Ce fut un spectacle étrange, écrit J.-J.-E. Roy dans son Histoire 
de V Algérie, que celui de ce vieux soldat abandonnant pour jamais le 
sol qu'il venait de conquérir, et quittant avec si peu d'éclat la ville 



276 HISTORIQUE 



cette terre, qui lui avait valu tant de gloire et causé de si 
poignantes et inconsolables douleurs. 

PREMIÈRE EXPÉDITION DE MÉDÉAH 

(Novembre 1830.) 

Le général Clausel était arrivé en Algérie très décidé, 
non seulement à garder notre conquête, mais encore à 
rétendre en soumettant les tribus indociles qui venaient 
audacieusement menacer nos troupes jusqu'aux portes 
d'Alger. 

Or, depuis le commencement d'octobre, des bruits in- 
quiétants circulaient dans la ville. On savait, en efiet, que 
le bey de Titteri s'était déjà montré, à la tète de forces, 
considérables, au cœur même de la Métidja. Pour rendre 
au pays l'ordre, et aux Européens la sécurité, c'était à 
Médéah même qu'il fallait atteindre et châtier l'insolent 
Mustapha bou Mezrag (1). 

Un premier corps expéditionnaire fut organisé dans ce 
but (12 novembre), sous le commandement du général 
Boyer. 

11 comprenait trois brigades (2). Chaque régiment fournit 
un bataillon de 520 hommes. Le bataillon du 15« et celui 
du 29^ formaient le 2^ régiment de marche (colonel Man- 
,gin) de la 2® brigade (Monck d'Uzer). 

Parties de leurs cantonnements le 17 novembre, à la 
pointe du jour, nos troupes établirent leur bivouac sur 
l'emplacement du marché de Bou-Farik. Il plut toute la 
nuit ; le silence ne fut troublé que par le glapissement 
des chacals. 



dans laquelle il était entré en triomphateur peu de Jours aupara* 
vant. » 

(1) Un premier eqgagement avait eu lieu le 4 octobre; le bey avait été 
refoulé sur Blidah. 

(2) Achard, Monck d'Uzer et Hurel. 

Le dépôt et le 3" bataillon du 15' se trouvaient depuis le mois de novem- 
bre à Angoulème, où le maréchal de camp Revest organisa le 4* bataUlon 
(15 novembre). 



DU 15« RÉGIMENT D'INFANTERIE 277 

Le lendemain, 18, les feux de cuisine eurent de la peine 
à s'allumer ; les hommes ne purent manger la soupe que 
très tard, de sorte que la marche ne fut reprise que vers 
midi. 

Il fallut enlever Blidah de vive force. Ce fut TaHaire de 
la 1'^ brigade, soutenue par les bataillons du général 
Monck d*Uzer. 

Les troupes victorieuses pillèrent la ville pour punir les 
habitants de leur mauvaise foi. 

Le 20 novembre, la colonne (1) s'avança vers TAtlas. 
S'étant arrêtée sur les bords de la Chifia, elle ne reprit son 
mouvement que le lendemain, à 6 heures du matin. 

Deux heures après, ravant-garde.débouchait sur un pla- 
teau d'où les regards émerveillés découvraient à Thorizon 
le bleu profond de la mer. 

Devant ce spectacle grandiose, le général Clausel fait mas* 
ser ses troupes, déployer les drapeaux et saluer la France 
d'une salve de vingt-cinq coups de canon. Puis, l'ascension 
se continue. 

Attaque du col ou Ténia de Mouzaïa (21 novembre 1830). 

Bientôt se présente devant nous la formidable position 
du col de Mouzaïa. Les forces réunies du bey de Tittery 
veulent nous en disputer le passage. Contenir l'ennemi de 
front, le débusquer par sa droite en s'élevant résolument 
par les crêtes jusqu'aux mamelons qu'il occupe, c'est l'uni- 
que manœuvre que permette le terrain. 

Le bataillon du 37® et celui du 15® sont chargés d'attaquer 
directement le col. 

Après avoir dégagé la compagnie Lafare, du 37®, re- 
poussée dans une attaque sur le flanc gauche de l'ennemi, 
les soldats du 18«, entendant tout à coup battre la charge, 
se précipitent sur les traces du 37® qui escalade le col sous 
une grêle de balles (2). En un instant, le bey, ses Turcs, 



(1) Diminuée de deux bataillons laissés à Blidah. 

(2) Le bataUlon du 37« était conduit par le commandant Ducros. Le 



278 HISTORIQUE 



ses Arabes, sont abordés, refoulés, culbutés, aux acclama- 
tions des bataillons du 20<^, du 28® et du 14^ qui viennent 
d'apparaître sur la gauche. 

Il est 4 heures. Désormais la route de Médéah nous est 
ouverte. 

Le bataillon du 15^ passe la nuit sur les positions dont il 
s'est emparé. 

A la suite de ce beau fait d'armes, le commandant 
Allain, du 15® de ligne, est nommé ofQcier de la Légion 
d'honneur, deux sous-offîciers reçoivent la croix de che- 
valier et le colonel Mangin a l'honneur d'une élogieuse cita- 
tion dans le rapport du général en chef (1). 

Pendant que la colonne continuait son mouvement sur 
Médéah, la brigade Monck d'Uzer fut chargée de garder ce 
col de Ténia, qui devait être si souvent arrosé du sang 
français. 

Lorsque le général Clausel revint, le 26 novembre, rame- 
nant sous bonne escorte le fameux bey Bou-Mezrag, il 
trouva nos braves soldats épuisés de fatigue et de faim : 
depuis deux jours, ils ne vivaient guère que de glands 
doux cuits dans la cendre. La brigade Hurel dut partager 
ses vivres avec les bataillons du général Monck d'Uzer avant 
de continuer sa marche sur Blidah. 

Au milieu de la nuit Tordre arriva de quitter le col et 
de rejoindre, au plus vite, le reste du corps expédition- 
naire, qui se retirait rapidement sur Alger. Le colonel 
Mangin commandait l'arrière garde, formée par le 45^ 
Le 28, tandis qu'il protégeait la traversée et l'évacuation 
de Blidah, il dut^détacher le commandant Allain avec trois 



premier Français arrivé au col était un jeune officier d'état-major, aide 
de camp du général Achard, le lieutenant de Mac-Mahon. 

Pour tous ces détails, voir Thistoire anonyme et manuscrite du minis- 
tère de la guerre, qui se trouve presque en entier reproduite dans l'ou- 
vrage de M. Camille Rousset. 

(1) Nous n'avons pu relever sur les contrôles que le nom de quatre bles- 
sés : le sergent Boivin, blessé à la cuisse; le caporal Gibertand (coup de 
sabre à la jambe) ; les soldats Thibault et Soubrié. En raison de l'achar- 
nement du combat nous pensions trouver trace de victimes plus nom- 
breuses. 



DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 279 

compagnies de voltigeurs (dont celle du 15^), pour tenir en 
respect les partis de Bédouins à allure hostile qui se mon- 
traient tantôt à un point, tantôt à un autre. Grâce à ces 
mesures la retraite s'effectua sans incident 

Le 29 novembre, vers midi, nos troupes rentraient dans 
leurs cantonnements. La population juive d'Alger s'était 
portée à leur rencontre, avec des acclamations pour les 
vainqueurs et des injures pour les vaincus (1 ). 

Mais, quelques jours après, le général Clausel recevait 
les nouvelles les plus inquiétantes de la garnison de Mé- 
déah. Il était indispensable de secourir et de ravitailler cette 
place dans le plus bref délai (2). 

On en confia la mission, au général Boyer. Sa division 
comprenait deux brigades (Achard et d'Uzer). Le2® bataillon 
du 15« fut affecté à la 2^ brigade. Il formait, avec un batail- 
lon du 6® de ligne, le régiment de marche commandé par 
le colonel Mangin. 

La colonne avait ordre de franchir en trois jours la dis- 
tance qui sépare Alger de Médéah (3). 

Elle se mit en marche le 7 décembre, par un temps 
épouvantable. Une pluie torrentielle (la pluie d'Afrique) 
n'avait pas cessé de tomber depuis le 20 novembre. La 
route fut extrêmement pénible. Le convoi avait été confié 
à la brigade Monck d'Uzer. Le 6® de ligne marchait en tête, 
le 23« en queue, et le 15« formait le gros de l'escorte. 

Retardée par le mauvais état du chemin, cette malheu- 
reuse brigade ne put arriver à Médéah que le 11 au matin, 
après avoir échappé aux plus grands dangers. Ce fut mi- 
racle qu'elle ait pu amener son convoi jusqu'à destina- 
tion (4). 



(1) Se reporter à Conquête de l'Algérie, par Camille Roussel. 

(2) Le bruit courait que les Kabyles devaient faire, le 9 décembre, 
une nouvelle tentative contre nos bataillons laissés à Médéah. 

(3) Chaque homme avait sur lui 80 cartouches. On emportait, en 
outre, une réserve de 250.000 cartouches. Le convoi portait du vin, de 
Teau-de-vie, de l'argent, des armes, deux obusiers de montagne, un 
matériel d'hépital. 

(4) Pendant cette marche épouvantable, par une nuit obscure et dans 



280 HISTORIQUE 



Le 15® de ligne établit son bivouac en avant et à gauche 
de Taqueduc. 

Enfin, après deux jours de repos, la division se remit 
en mouvement pour regagner Alger. Elle y parvint sans 
avoir été inquiétée par Tennemi, mais non sans avoir 
supporté les plus grandes fatigues et des souffrances 
inouïes (1). 

Le 16 décembre, 80 sous-ofiiciers ou soldats du 15® étaient 
déclarés incapables de faire aucun service pendant plu- 
sieurs jours par suite de leur complet épuisement. 

Durant ce temps, le général Clausel s'efforçait d'entre- 
tenir les relations les plus amicales avec le bey de Tunis 
et celui d'Oran. Il eut même la courtoisie d'envoyer la mu- 
sique du 15® de ligne à Tunis, où elle se fit entendre pen- 
dant près de trois semaines (2). C'est à la même époque 
qu'une compagnie du régiment fut embarquée pour Mers 
el Kébir, où elle occupa le fort Saint-Grégoire. 

Quoi qu'il en soit, notre conquête était encore bien mal 
assise. L'illusion n'était pas possible : en dehors d'Alger, 
où nos troupes étaient en force, nous n'étions maîtres nulle 
part. Et voici qu'on parlait de rappeler en France une 
partie de l'armée d'Afrique ! Cette nouvelle avait jeté la 
panique dans la ville. Les Juifs tremblaient, les Maures 
relevaient la tête. 

Sur ces entrefaites, le général Danlion, commandant la 
place de Médéah, réduit à la dernière extrémité, inquiet 
même pour sa retraite, demandait qu'on vint à sa rencon- 
tre, au moins jusqu'au Ténia de Mouzaïa. 

Une colonne s'organisa dans ce but, sous le commande- 
ment du général Achard. Le 1®' bataillon du 15« en fit par- 



les chemins défoncés, les hommes égarés erraient par pelotons épars, 
marchant au hasard sur des feux qui se trouvèrent, par bonheur, être 
ceux des bivouacs de Médéah. 

(1) Dans la nuit du 12 au 13 décembre 1830, le thermomètre était 
subitement descendu à 2 degrés, tandis qu'arrivait une bourrasque 
furieuse accompagnée de pluie et de grêle. 

(2) EUe avait été amenée à Tunis par M. l'adjudant-major Bousquet. 



DU 15« RÉGIMENT D*INFANTERIE 281 

tie (1). Grâce à cette escorte, la malheureuse garnison de 
Médéah put se retirer sans encombre. La brigade Achard 
était de retour à Alger le 4 janvier 1831. 

Toutes nos troupes se trouvaient alors concentrées au- 
tour de la ville. Leur composition allait bientôt subir de 
graves modifications. 

En eflet, le 21 février, l'armée d'Afrique cessait d'exis- 
ter. Elle devait être remplacée par une division d'occu- 
pation confiée au commandement du lieutenant général 
Berthezène, qui arrivait le jour même à bord de la cor- 
vette Perle (2). 

En conséquence, une partie des troupes dut se disposer 
à rentrer en France. 

Le corps d'occupation restait ainsi composé : 

1'® brigade (maréchal de camp Danlion) : 15® et 28® de 
ligne; 1®' bataillon de zouaves. 

2® brigade (maréchal de camp de Feuchères) : 20® et 30® 
de ligne. 

Il y avait en outre trois escadrons de cavalerie, sept bat- 
teries d'artillerie, une compagnie du train, une compagnie 
de sapeurs. 

Chacun des régiments de ligne devait être complété à 
trois bataillons (3) et compter environ 2.500 hommes à 
l'effectif. 

Le 3® bataillon du 15® arriva de France le 1®^^ mars. 

Le même jour, les deux bataillons du régiment pas- 
saient sous les ordres du maréchal de camp Buchet, pour 
prendre part à une reconnaissance, dirigée par le général 
Berthezène, à travers la plaine de la Métidja. Le 5 mars, 
la colonne rentra dans ses cantonnements sans avoir tiré 
un coup de fusil. Cependant, le 15® avait éprouvé la perte 
du voltigeur Berry. On sut, plus tard, que cet infortuné, 



(1) C'était une brigade de quatre bataillons. Elle partit d'Alger le 29 dé- 
cembre. 

(2) Le général Clausel s'embarqua le lendemain sur la frégate Armide, 

(3) Le 3« bataillon du 15% parti de Tarascon, où se trouvait alors le 
dépôt, le 12 février 1831, s'embarquait le 20 à Toulon sur le Rhône et 
la Dordogne et arrivait à Alger le 1" mars. 



282 HISTORIQUB 



s'étant écarté pendant une halte, sur la rive droite de la 
Ghiffa, avait été surpris et massacré par les indigènes. On 
peut juger par cet exemple de la sécurité qui régnait 
alors dans la contrée. 

D'ailleurs, les brigandages des Bédouins aussi bien que 
les audacieuses incursions de la turbulente tribu des Béni 
Sala glaçaient de terreur les peuplades fidèles aux Fran- 
çais. 

Reconnaissance de la Chi£fa (7-13 mai 1831). 

Le 2® bataillon du 15^ fut bientôt appelé à marcher de 
nouveau contre ces bandes de pillards et d'assassins (7-13 
mai) ; mais, comme toujours, Talarme était donnée : l'en- 
nemi nous échappa (1). 

Malgré ces incessantes reconnaissances, le colonel Man- 
GiN ne négligeait aucune occasion d'entretenir le zèle et la 
bonne instruction de ses hommes. 

C'est ainsi que nous voyons, le 15 juin, les soldats qui 
se sont le plus distingués au tir se disputer, à la cible, 
les trois prix accordés par le gouvernement (2). 

TROISIÈME EXPÉDITION SUR MÉDÉAH 

(Juin-Jumet 1831.) 

Vers cette époque, le général Berthezène apprenait que 
le jeune Ouled bou Mezrag, fils aîné de l'ancien bey de 
Tittery, relevant insolemment l'étendard de la révolte, 



(1) C'est au cours de cette expédition qu'on trouva, dans un mara- 
bout, les restes du malheureux voltigeur Berry, assassiné le 2 mars. 

(2) Ce détail nous est donné par le journal historique du corps pen- 
dant l'expédition d'Algérie. Voici les noms des vainqueurs de ce con- 
cours : 1" prix, AuDEBRAND (1'" compagnie du 1" bataillon) ; 2' prix, 
HouQUET (4* compagnie du 2" bataillon); 3" prix ex œquo, Toula- 
RASTEL, grenadier du 2^ bataillon, et Menard, grenadier du 3' bataillon. 

On lit, d'autre part, dans ce journal que, du 16 au 19 mai, le lieute« 



DU 15o RÉGIMENT D'INFANTERIE 283 

prêchait partout la guerre sainte et venait de planter ses 
tentes chez les Rhigha, la plus puissante des tribus in- 
soumises. 

Des ordres sont immédiatement donnés pour Torgani- 
sation d'une colonne expéditionnaire (1). 

Le 15<5 fournit six compagnies d'élite, qui forment, avec 
quatre autres compagnies du 28®, le bataillon d'élite com- 
mandé par le chef de bataillon Dufour et affecté à la bri- 
gade Buchet. 

On se met en marche le 25 juin. Le bataillon Dufour 
est à l'avant-garde. Il arrive le 29 à Médéah sans incident 
et s'installe dans la ville avec le quartier général. 

Pendant ce temps, l'insurrection gagnait, s'étendait, 
prenait feu comme une traînée de poudre. Le 30 au soir, 
l'illusion n'était pluâ possible : pour ne pas être bloqué et 
affamé dans la place, il faudra combattre. 

Combat du plateau de Aouara (!«' Juillet 1831). 

Le 1®' juillet, à 3 heures du matin, la division quitte 
Médéah, ne laissant pour garder la ville qu'un détache- 
ment de trois compagnies, sous les ordres du capitaine de 

CoNDÉ, du 130(2). 

La direction générale de l'attaque est la ruine romaine 
qui signale le plateau de Aouara. On s'y porte en trois co- 
lonnes. 



nant Godard fait une reconnaissance topographique avec 40 hommes 
de la 5" compagnie du 1" bataillon. Du 24 au 28 mal, nouvelle recon- 
naissance topographique exécutée par le sous-lieutenant Walsii avec 
40 hommes de la 6* compagnie du 1" bataillon. 

Enûn, le 27 mai, un capitaine, un sous-lieutenant et 60 hommes vont 
couper les foins de Staouëll et rentrent le 10 mai. 

(1) La colonne fut organisée en deux brigades (Buchet et de Feu* 
chôres). Elle comprenait 4.500 hommes. On emportait huit jours de 
vivres. Le général Berthezône prenait lui-môme le commandement. 

(2) La 3' compagnie de voltigeurs et la 3" compagnie de grenadiers 
du 15% ainsi qu'une compagnie du 28". 11 ne reste donc dans la colonne 
que les deux 1'" compagnies de grenadiers et les deux 1'" de volti- 
geurs. 



284 HISTORIQUE 



Le bataillon Dufour, qui constitue la colonne du centre, 
est sous la direction immédiate du général en chef. Il brûle 
et détruit tout sur son passage, d'après les prescriptions 
formelles qui lui ont été données. 

Tant que nous avançons en plaine, l'ennemi se retire 
lentement devant nous ; mais il semble décidé à nous arrê- 
ter sur les hauteurs de Aouara. 

Bientôt, en effet, la fusillade s'engage. La 1" compagnie 
de grenadiers du 15», éclairant le bataillon d'élite, prend 
pied sur le plateau assez à temps pour soutenir les chas- 
seurs algériens, qui chargent les Arabes et viennent ensuite 
se reformer derrière elle. D'ailleurs, la colonne du centre 
se rapproche au pas de course. En attendant, le capitaine 
Leveling, couvert à droite par une compagnie de volti- 
geurs du 28®, détache sur sa gauche une section sous les 
ordres de son lieutenant (1). Enfin, le commandant Dufour 
arrive heureusement à l'aide de nos braves, grenadiers, 
qui tiennent tête à des forces dix fois supérieures. La com- 
pagnie Leveling (du 15») est alors relevée par une compa- 
gnie du 20®. 

Toutefois, nos deux compagnies de grenadiers restent en 
échelons à droite, pour appuyer les voltigeurs du 28®. 

Cette masse d'Arabes et de Kabyles, quoique rejetée sur 
l'autre versant, ne se disperse pas. Ne pouvant les suivre 
indéfiniment, nous devons songer à la retraite. Il est 
3 heures du soir. 

Le bataillon d'élite a, cette fois-ci, les honneurs de l'ar- 
rière-garde. 

Or, voici que le tableau change subitement : 

Le mouvement est à peine commencé que les compa- 
gnies d'arrière-garde sont assaillies par des hordes d'enne- 
mis, bondissant, refluant, tourbillonnant autour d'elles, 
comme les flots autour d'un récif. Les voltigeurs et grena- 
diers du 28®, qui sont à l'extrême arrière-garde, courent les 



(1) Ces détails sont empruntés au Journal historique des opérations 
du régiment en 1831. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 285 

t 

plus grands dangers et ne doivent leur salut qu'à Tinter- 
vention de deux compagnies du 15« (1). 

On regagne ainsi Médéah, tant bien que mal. 

Le but de* l'expédition n'en est pas moins manqué. Il 
faut même se replier sans retard sur Alger. 

Retraite et combat de nuit au Ténia de Mouzaïa 

(2 et 3 Juillet 1831). 

La colonne se remet en marche, le 2 juillet, à 4 heures 
du soir. Elle est précédée par deux compagnies du 15® et 
protégée, sur sa droite, par une compagnie de grenadiers 
eh flanc-garde (2). 

Le bruit court que les Arabes doivent attaquer notre 
bivouac au milieu de la nuit. Pour les tromper, on allume 
des feux à Zeboudj Azara et l'on reprend la route du Ténia 
dans le plus grand silence. 

« Tout à coup, vers minuit, un cri strident, prolongé, 
lugubre, fait tressaillir les plus braves ; c'est un cri de 
femme, un signal ; des hurlements y répondent, puis des 
coups de fusil éclatent. Ce sont les Arabes ; mais, trompés 
par notre fausse manœuvre, ils ne sont pas encore en nom- 
bre. Tout en combattant nous gagnons le col (3). » 

Pourtant, au jour naissant, les hauteurs avoisinantes 
sont envahies par une nuée de burnous. 

Une lutte des plus vives s'engage alors dans l'étroit 
défilé. La confusion est extrême. On se bat* corps à corps. 
Le capitaine La vie, le capitaine Lodoyer, le lieutenant 
Proust, le sergent HoupiN, le grenadier Praud se distin- 
guent parmi les plus braves. 

Un moment de panique menace de changer la retraite 



(1) 1'" et 2* compagnies de voltigeurs du 15' détachées à Tarrière- 
garde, l'une à droite, l'autre à gauche. 

(2) La 1'" compagnie de grenadiers est en tête et à gauche ; la 3" com- 
pagnie de voltigeurs en tête et à droite ; le 3' compagnie de glrenadiers 
observe l'ennemi sur le flanc droit. (V. Journal historique du 15«.) 

(3) Se reporter à Thistoire de Camille Gousset, Conquête de l'Algérie- 



286 HISTORIQUE 



en désastre. L'énergie du général en chef parvient à con- 
jurer ce danger. Enfin, vers midi, la colonne épuisée arrive 
à Haoucli Mouzaîa, où elle peut se reformer et se reposer 
sous la protection d'un bataillon du 30^. 

Malgré tout, les Bédouins nous suivaient toujours en 
nous harcelant sans cesse ; il fallut échanger des coups de 
feu jusqu'aux portes d'Alger, où le général Berthezène fit 
sa rentrée le 4 juillet. 

A la suite de ces trois journées de fatigue et de combat, 
le commandant en chef se plut à reconnaître la bonne 
contenance de nos compagnies d'élite et voulut bien citer à 
l'ordre de la division la brillante conduite du lieutenant 
Proust, des voltigeurs du 15® (1). 

A côté de cet officier, nous devons mentionner tout par- 
ticulièrement l'intrépide grenadier Praud (2), qui s'est 
signalé par son indomptable courage. Quoique déjà blessé 
deux fois, dans la nuit du 2 au 3 juillet, ce vaillant soldat 
ne consentit à se retirer à l'ambulance qu'après avoir reçu 
une troisième blessure pendant la traversée de la Métidja 
(4 juillet). 

Mais, hélas! les tristes résultats de cette dernière et 
malheureuse expédition ne se firent pas attendre. Née der 
vaut Médéah, l'insurrection atteignit bientôt l'Atlas et, 
comme une avalanche, s'abattit sur la plaine. 

La Métidja fut envahie, à l'est, par le fameux Ben Za- 
moun et, à l'ouest, par le jeune et remuant Ouled bou 



(1) Les états de service du lieutenant Proust ne donnent pas le détail 
de cette citation. Pierre-Michel-Eugène Proust, né à Vendôme, le 9 juin 
1802 : engagé au 15% 4 février 1823; caporal fourrier, 9 février 1824; 
sergent fourrier en 1825; sergent-major en 1826; adjudant en 1830; 
sous-lieutenant, 12 octobre 1830. 

(2) Praud reçut un coup de feu à la jambe gauche le 2 juillet, un autre 
à la môme jambe dans la matinée du 3 et un coup de feu à la tôte le 4, 
dans la Métidja. Furent également blessés : le capitaine Lavie (cuisse 
droite traversée par une balle) ; le capitaine Lodoyer, qui eut un œil em- 
porté par une balle ; le sergent Boudin ; les grenadiers Lebreton, Pour- 
QUERY, Enot, Bertrand, Fageuille ; les voltigeurs Carrière, Toullec, 
Grosbois, Grimard, Labat, Léauté, Leclerc, Lefrioc, Blanchet. 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 287 

Mezrag. Il ne s'agissait plus de soumettre les tribus indo- 
ciles, il fallait se défendre aux portes mêmes d'Alger. 

Affaires de la ferme modèle et de Sidi-Arzine (18 Juillet 1331), 

Le 17 juillet, le bataillon Cassaigne, du 30®, se trouva 
bloqué dans la ferme modèle. 

Le lendemain, une colonne fut envoyée pour le dégager. 

Le colonel Mangin, le chef de bataillon Kolb et la plus 
grande partie du 15® de ligne faisaient partie de cette bri- 
gade, commandée par le général de Feuchères (1). 

Les Kabyles ne purent résister à l'élan de nos troupes. 
Leurs bandes, rompues et décimées, se rallièrent au camp 
de Sidi Ârzine, puis s'enfoncèrent précipitamment dans 
la montagne. 

Combat de Birtouta et de Boufarick (22 Juillet 1831). 

Rien n'était fini cependant; après les Kabyles de Ben 
Zamoun, ce furent les Arabes de Ouled bou Mezrag qui 
vinrent planter leurs tentes jusqu'à Boufarick. 

Le 22 juillet, un bataillon du régiment, sous les ordres 
du commandant Dufour et du colonel Mangin, fut encore 
appelé à l'honneur de marcher contre l'ennemi. Ce fut la 
dernière de ses glorieuses prises d'armes sur la terre 
d'Afrique. 

Culbutés par l'infanterie, terrifiés par l'artillerie, pour- 
suivis par la cavalerie, les Arabes vaincus, mais non sou- 
mis, se dispersèrent et disparurent derrière l'Atlas (2). 



(1) La compagnie de voltigeurs du 1" bataillon, les grenadiers et vol- 
tigeurs du 2" bataillon et sept compagnies du 3' bataillon du 15' pre- 
naient part à cette expédition. Le 2 août, le 4* bataillon du régiment 
s'était embarqué sur la Bellone et le Finistère; il arrivait le 9 à Alger. 
n ne restait donc alors en France que la compagnie hors rang, le major 
et deux ofliciers comptables. (V. Journal historique du corps.) 

(2) Dans la colonne du 22 juillet, l'excessive chaleur et l'usage immo- 
déré de Teau causèrent la mort subite du soldat Halgand. 



288 HISTORIQUE 



La fin de l'année fut plus tranquille. La lutte prit un 
autre caractère et ne se traduisit plus que par des agres- 
sions particulières, hélas 1 trop souvent réitérées. C'est 
ainsi que le sous- lieutenant Querné fut blessé, le 6 dé- 
cembre 1831, étant de garde à Tune des portes d'Alger (1). 

Sur ces entrefaites, d'importants cliangements survin- 
rent dans le gouvernement d'Alger : chef, troupes, admi- 
nistration, tout fut renouvelé de fond en comble. 

Retour en France (décembre 1831 -Janvier 1832). 

Tandis que le lieutenant général Savary, duc de Rovigo, 
remplaçait le général Berthezène à la tête du corps d'occu- 
pation, trois régiments (le 15®, le 28® et le 30® de ligne) 
recevaient l'ordre de rentrer directement en France. 

L'embarquement commença le 25 décembre. Le 15® de 
ligne, transporté en cinq détachements successifs, se 
trouva tout entier réuni, au mois de février 1832, à Toulon 
et à la Seyne. 

Années 1832-1833 

Le 15^ reçoit un nouveau drapeau (29 mal 1832). 

Au commencement de mars, le régiment fut dirigé sur 
Grenoble, où de regrettables désordres troublaient alors 
la tranquillité publique. 

A peine arrivé dans cette garnison, le colonel Mangin 
dut se rendre à Lyon, accompagné de sa musique et de 
quatre compagnies d'élite, pour y recevoir des mains de 
Son AltessQ Royale le duc d'Orléans le nouveau drapeau 



(1) Querné (François), blessé d'un coup de feu à la jambe gauche, étant 
de garde à Alger le 6 décembre 1831. 11 était sous-lieutenant depuis 
le 7 septembre 1831. (V. Etats de services, matricules des offlclers. Dépôt 
de la guêtre.) 



DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 289 

du 13®, qui lut rapporté à Grenoble sous cette escorte 
d'honneur. 

Enfin, au mois de novembre, deux compagnies de gre- 
nadiers (3® et 4®) et deux compagnies de voltigeurs (3® et 4«) 
du régiment lurent envoyées à Tarmée de TEst, qui se ras- 
semblait sur la Meuse. Mais la dislocation de ce corps d'ob- 
servation leur permit de rejoindre leur garnison dès le 
mois de février 1833 (1). 



Année 1834 



ÉVÉNEMENTS DE LYON ET DE GRENOBLE 

Pendant l'hiver de l'année 1834, le 15® fut désigné pour 
fournir des détachements à Pontcharra et Chapareillan, 
afin d'assurer la neutralité du territoire français à l'occa- 
sion d'une tentative faite sur les frontières de Savoie par 
des réfugiés piémontais (2). 

Insurrection de Lyon (9-15 avrU 1834). 

Peu de temps après (avril 1834), le lieutenant général 
baron Aymard (3) prescrivait au colonel Mangin de mettre 
immédiatement en route deux bataillons avec ordre de se 
porter, à marches forcées, sur Lyon, pour aider à la ré- 
pression d'un mouvement insurrectionnel, dont la gravité 



(1) Le 1*' septembre 1833, le général baron Aymard procéda à la 
suppression de quatre compagnies du 4*^ bataillon (ordonnance royale 
du 5 juillet 1833) et à la formation du 4*" demi-bataillon, qui fut com- 
mandé par le chef de bataillon Leveling et prit le nom de bataillon de 
réserve et de recrutement du département de l'Isère. Ce bataillon fut 
d'ailleurs aussi supprimé le 5 avril 1834. 

(2) Ces détachements étaient de retour le 8 février. 

(3) Commandant la 7^ division militaire. 

Hist. 15- 19 



290 HISTORIQUE 



pouvait, à juste titre, inquiéter les esprits les plus cal- 
mes (1). 

Les agitateurs avaient espéré que la sédition de Lyon 
amènerait un soulèvement général en France. Tout avait 
été mis en œuvre pour corrompre Tesprit de Tarmée. 
Des proclamations et des pamphlets incendiaires avaient 
été répandus dans les rangs. Le 11 avril, à Vienne, au pas- 
sage de notre détachement, un parti d'ouvriers tenta môme 
d*entraver la marche de la troupe. Toutefois, après deux 
sommations, ce rassemblement se dispersa et notre co- 
lonne se dirigea en toute hâte sur le faubourg de la Guil- 
lotière, où elle arriva à 11 heures du soir (2). On se battait 
dans les rues dejiuis trois jours et, si la garnison avait 
reconquis une partie de la ville, les émeutiers conser- 
vaient encore de solides points d'appui. 

Le 13, il fallut leur enlever Fourvières, et Ton mit 
ensuite quarante-huit heures à les déloger de la Croix- 
Rousse (14 et 15 avril). Nos soldats furent partout admi- 
rables de calme et de patience, malgré les fatigues, les 
insultes et les dangers auxquels ils restèrent exposés pen- 
dant ces lugubres journées (3). Deux grenadiers du régi- 
ment furent blessés par les balles des factieux. 



(1) Les chefs des mutuellistes devaient être jugés le 5 avril. La salle 
fut envahie et 2.000 personnes firent lever la séance. Le 9, le procès 
reprit; un service d'ordre avait été organisé. Mais, pendant la séance, 
les factieux élevèrent des barricades et, quand on voulut les faire éva- 
cuer, un coup de pistolet tiré sur un commissaire de police fut le 
signal de l'insurrection. (V. rapport du ministre de la guerre au roi.) 

(2) Le 11 avril, à 6 heures du soir, le sous-préfet de Vienne écrivait 
au général gouverneur de Lyon ce qui suit : 

(( Un demi-bataillon du i^' de ligne a passé à 4 heures. Je l'ai dirigé 
sur la Guillotière en lui indiquant les obstacles et le prévenant que je 
vous avertissais de son arrivée par là, vers 11 heures. Une trentaine 
d'ouvriers de Lyon et des serruriers de Vienne ont tenté d'entraver la 
marche de la troupe. J'ai fait les sommations; mais, à la deuxième, 
tout s'est dispersé. » (Correspondance générale, avril 1834, Dépôt de la 
guerre.) 

Il n'y eut que le 2" bataillon du 15" qui vint à Lyon, car le colonel 
Mangin dut garder les autres pour contenir les émeutiers de Grenoble. 

(3) On lit dans le rapport du Ministre de la guerre (maréchal duc de 



DU 15« RÉGIMENT D*INFANTERIE 291 

Quand la tranquillité fut enfin assurée à Lyon, le 2« ba- 
taillon du 15® put regagner ses garnisons (1). 

Troubles à Grenoble (11-12 avril 1834). 

Malheureusement, ces tristes événements avaient eu un 
grave retentissement à Grenoble. Les troubles commen- 
cèrent le 11 avril (2) et prirent, dès le lendemain, des pro- 
portions inattendues. 

En effet, le 12, à 7 heures du matin, des coups de feu 
partirent du faubourg Saint-Michel et le plomb vint à 
pleuvoir sur les remparts de la porte de Bonne. Le sous- 
lieutenant QuERNÉ (du 15e), quj était de garde à ce poste, 
et qui se trouvait déjà exposé à la fusillade du dehors, vit, 
tout à coup, déboucher de Tintérieur de la ville une foule 
d'environ 200 insurgés, accourant vers lui avec des vocifé- 
rations et des cris de mort, dans le but évident de Tinti- 
mider et de désarmer son poste. Pour toute réponse, cet 
officier ferme et vigoureux fit charger les armes de sa 
troupe et la tint prête à faire feu (3). 

Les émeutiers, intimidés par cette mâle contenance, 
s'arrêtèrent court. Pendant ce temps, le fusilier Andral (4), 



Dalmatie) : « Dans la lutte sanglante du 9 au 15, il faut mettre en pa- 
rallèle la patience et le calme de la troupe avec la conduite des insurgés, 
qui n'ont pas craint, retranchés derrière une barricade, de tirer sur 
un convoi de blessés, que le commandant Gussac escortait à l'hôtel de 
ville. (Il y eut dans ce convoi un sergent et un grenadier tués et deux 
soldats blessés.) Cette hypocrite pitié des fauteurs de faction pour le 
.sang français quand ce sang est celui des rebelles, semble se changer 
en cruelle indifférence quand le sang qui coule est celui de soldats tués 
à bout portant ou visés du haut des fenêtres et des toits. » 

(1) Ce bataillon n'était pas à Grenoble avec le gros du régiment. 11 
occupait Valence et Montélimar. 

(2) Le 11, des militaires isolés furent désarmés par des séditieux. 

(3) Ce fait et le suivant sont empruntés au rapport du Ministre de la 
guerre sur les événements de Lyon et Grenoble. On se souvient que le 
sous-lieutenant Querné avait déjà été Tobjet d'une attaque étant de 
garde à l'une des portes d'Alger, en 1831. 

(4) Le soldat Andral appartenait au 15". 



292 HISTORIQUE 



du 15®, en faction au-dessus de la porte de Bonne, était 
assailli par une trentaine de misérables qui s'eQorcèrent de 
lui arracher son fusil. 

Mais ce jeune soldat se défendit avec une telle intrépi- 
dité qu'il put conserver son arme jusqu'à ce qu'on vînt le 
dégager (1). 

Informé de ces tentatives criminelles, le général Saint- 
Michel envoya immédiatement secourir le poste du lieute- 
nant QUERNÉ. 

Enfin, vers le soir, les moyens employés par l'autorité 
militaire pour éviter les collisions ramenèrent le calme à 
Grenoble (2). 

(( Dans ces difficiles circonstances, écrit le Ministre de la 
guerre, le 15® et le 21® de ligne ont rivalisé de zèle et de 
dévouement. 

» L'armée a vaillamment défendu les lois, l'Etat, la paix 
publique et tous les intérêts sociaux attaqués à force ou- 
verte. » 

A l'automne (octobre 1834), tout le régiment, réuni à 
Grenoble, quitta cette ville pour aller tenir garnison dans 
les Alpes (3). 



(1) Tous ces renseignements proviennent du rapport au roi par le 
duc de Dalmatie, ministre de la guerre. 

(2) M. Mângin, colonel du IS'' de ligne, a été constamment à la tête 
de son régiment, se trouvant partout où il y avait des factieux à con- 
tenir. « M. Mangin se distingua par une grande capacité jointe à une 
énergie et à une présence d'esprit remarquables. II a de nombreux titres 
à l'avancement. » (Rapport du préfet de l'Isère sur les événements de 
Grenoble.) (V. Correspondance générale, 26 avril 1834, Dépôt do la 
guerre.) 

(3) A Briançon, Embrun, Montdauphin et Gap. (Ordre du 4 octobre 

1834.) 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 293 



1835- 1864 

Colonel Etienne MARCEL 

(11 janvier 1836.) 

Le 31 décembre 1835, le colonel Mangin reçut la juste 
récompense de son mérite et de ses talents. Le 15® apprit 
presque en même temps sa promotion au grade de maré- 
chal de camp et son remplacement par M. Marcel, qui exer- 
çait depuis cinq ans le commandement en second (1). 

Six mois après, le régiment s'éloigna de la frontière 
italienne pour se rendre à Phalsbourg. Il y arriva au com- 
mencement de juillet, avec un effectif de 61 officiers et 
1.648 hommes. 

Le 2« bataillon fut détaché à Bitche et une partie du 3« à 
Marsal. 

Colonel Jean-André-Louis BRUNET 

(26 octobre 1845). 

Colonel Amédée ALAIS 

(2 avril 1851). 

A partir de cette époque, nous ne trouvons plus qu'une 
interminable série de changements de garnison (2). Il 



(1) Marcel (Etienne) était lieutenant-colonel du 15' depuis le 27 jan- 
vier 1831 (venant du 48'"). Il fut nommé colonel du 41* de ligne le 31 
décembre 1845 et permuta de ce commandement à celui du 15* le 11 
Janvier 1836. H devint plus tard général de division. (V. Appendice.) 

(2) Do Phalsbourg, le régiment se rendit à Nancy et Toul (novembre 
1836) ; puis au camp de Compiègne (août 1837) ; à Sedan (mai 1838) ; à 
Paris, Versailles et Vincenncs (1839) ; enfin à Tours, au Mans et Laval 
de 1839 à 1841 ; à Périgueux (décembre 1841) ; à Cahors et Rodez (dé- 
cembre 1842); à Grenoble (mai 1845). Retour au camp de Compiègne 
(août 1847) ; à Rueil et Montrouge (décembre 1847) ; à Metz, à Longwy, 



294 HISTORIQUE 



serait fastidieux d*accompagoer nos soldats dans leurs in- 
cessantes pérégrinations à travers la France et de suivre 
leur trace de Lorraine en Bretagne, de Bretagne en Gas- 
cogne, de Gascogne en Dauphiné, de Dauphinéen Lorraine, 
de Lorraine en Normandie et de Normandie en Berry, pour 
les retrouver à Lyon vers la fin de Tannée J854; disons 
seulement que, au cours de cette longue période de paix 
continentale, le 15®, qui avait changé deux lois de colonel ( 1 ), 
n'eut l'occasion de prendre les armes que pour aller rétablir 
Tordre à Paris, pendant les journées de juin 1848. Le sous- 
lieutenant Arthuis lut blessé à Tenlèvement de la barri- 
cade de Saint-Ambroise, à Popincourt (2). 

CAMPAGNE DE CRIMÉE (3) 

(1854-1856.) 

L'avènement de l'Empire, avec ses traditions de gloire 
militaire, devait ouvrir une nouvelle carrière à l'activité 
de nos troupes. 

Toutes les puissances avaient alors les yeux fixés sur 



à Montmédy et Stenay (printemps 1848); à Paris (juin 1848); à Laval et 
Caen (jpin 1850) ; à Châteauroux (juin 1852) ; à Bourges, Nevers et la* 
soudun avec détachements à Moulins, Clamecy, Saint-Amand et Vichy 
(1852-1854) ; à Lyon et Privas (juin 1854). ^ 

(1) Le colonel Brun et avait été nommé général de brigade. (V. Appen- 
dice.) 

(2) Les sous-liculenants Berger, et Arthuis méritèrent une mention 
honorable pour le courage, le dévouement et l'énergie dont ils firent 
preuve en combattant pour la défense de Tordre pendant les journées 
des 23, 24, 25 et 26 juin 1848. (Certifié par le Ministre de la guerre le 
30 mars 1850.) 

(3) Nous avons consulté pour cette campagne les ouvrages et docu* 
ments suivants : Historique du corps, établi succinctement, à Brest, le 
11 janvier 1863; Journal des marches et opérations de la division d'An- 
relie (atlas du Dépôt de la guerre, campagne d'Orient); Happort du gé- 
néral d'Aurelle sur Tassant de Sébastopol (correspondance officielle de 
la campagne) ; la guerre de Crimée^ par Camille Rousset ; Journal hu- 
moristique du siège de Sébastopol, par un artilleur; Souvenirs de la 
guerre de Crimée, par le général Fay. 



»• 



DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 295 

■ ■-■■ ■■■ .. - _-■- ■■ _- ■ ^ j 

rOrient, d'où venait de jaillir rétincelle qui rallumait le 
feu de la guerre en Europe. 

Déjà I5 question des « Lieux Saints » avait fait pressentir 
les plus graves complications, lorsque Tinvasion des trou- 
pes russes dans les provinces danubiennes et surtout le 
désastre de la flotte turque à Sinope (1) firent évanouir 
tout espoir de solution pacifique. 

Le 27 mars 1854, la guerre était déclarée à la Russie. On 
réunit à la hâte un corps d'armée, qui comprenait deux 
divisions d'infanterie et une brigade de cavalerie (2). Il fut 
immédiatement transporté à Gallipoli. Ce n'était d'ailleurs 
que le petit noyau de l'armée qui, l'année, suivante, à la 
prise de Sébastopol, se composait de plus de 120.000 
hommes. 

A la vérité, la Turquie ne pouvait être qu'une étape sur 
le chemin de Crimée, car c'était à Sébastopol qu'il fallait 
aller détruire l'influence de la Russie sur la mer Noire. 

Le gouvernement impérial le comprit bien vite, et, le 
14 septembre, le corps expéditionnaire débarquait sur la 
plage d'Old-Fort (3). 

Au commencement d'octobre 1854, on entama devant 
Sébastopol les travaux préparatoires de ce siège, qui ne 
devait manquer ni de difficultés ni de grandeur. 

Départ pour la Crimée (1855). 

Le 15® régiment d'infanterie ne fut appelé sur le théâtre 
de la guerre qu'au dernier acte de ce drame sanglant. 
Il se trouvait à Lyon lorsqu'il fut avisé de se rendre à 



(1) L'amiral russe Nakhimof venait de surprendre et de détruire la 
flotte turque, à l'ancre dans la rade de Sinope (mer Noire), 30 novem- 
bre 1853. 

(2) Le maréchal Leroy de Saint-Arnaud commandait ce corps d'ar- 
mée. Les généraux Canrobert et Bosquet commandaient les deux divi- 
sions d'infanterie et le général comte d'Allonville avait sous ses ordres 
la brigade de cavalerie. 

(3) A 4 lieues au sud d'Eupatoria et à 14 au nord de Sébastopol. 



296 HISTORIQUE 



Toulon, pour s'embarquer à destination de Constanti- 
nople. 

Transportés sur Vléna, le Lucifer, le Jupiter et VUlloa, 
tous nos détachements débarquent du 14 au 17 mars et 
sont immédiatement dirigés sur le camp de Moslak(l), où 
le régiment est incorporé dans la 2*^ brigade (Perrin de 
Jonquières) de la 2« division (d'Aurelle de Paladines) de 
Tarmée de réserve provisoirement commandée par le gé- 
néral Regnault de Saint-Jean-d'Ângély. 

C'est là que le colonel Alais organisait son régiment à 
quatre bataillons dont un de dépôt. 

Les trois bataillons actifs ne tardèrent pas à partir pour 
la Crimée, car, le 4 mai, le général Regnault de Saint-Jean 
d'Angely recevait par dépêche l'ordre d'embarquer ses 
troupes et de les diriger sur Kamiesh, 



Débarquement à Kamiesh (15 mai 1S55). 

Onze jours plus tard, le 15« prenait terre sur cette pres- 
qu'île de Grimée, que devaient également illustrer la vail- 
lance des vainqueurs et l'héroïsme des vaincus (2). 

Aussitôt débarqué le régiment s'occupa d'installer son 
camp sur la plage môme, au fond de la baie de Kamiesh. 
Les jours suivants, il fut employé à l'établissement des 
retranchements destinés à couvrir le camp et le port, sur 
une étendue d'environ 7 kilomètres 



Siège de Sébastopol (1855). 

Enfin, le 16 juin, de nouvelles instructions prescrivaient 
aux 2° et 3® bataillons du 15® de se rapprocher de Sébasto- 



(1) Moslak, à 5 kilomètres de Constantinople. 

(2) Le 15" s'était embarqué le 12 mai sur le Jupiter, le Donaûwerth, 
le Christophe-Colomb, ïOrënoque et le Berthollet, Il comptait alors à 
l'eilectif 52 ofiiciers et 1.532 hommes. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 297 

pol pour prendre part aux travaux du siège (1), tandis que 
le 1^^^ bataillon resterait à Kamiesh, chargé de la garde des 
magasins. 

A la fin du mois, Tétat-major et la partie principale du 
régiment se trouvaient fixés au camp du Moulin. C'est là 
que nos soldats, entre deux tours de garde (2) ou de ser- 
vice, venaient se reposer et même se divertir, parce que 
dans le camp français la bonne humeur avait reconquis 
tous ses droits. Qui n'a pas entendu parler du légendaire 
« Théâtre des zouaves » et de ces programmes de comédie 
dont chaque rature semble tracée par le sang d'un héros? 

« Lundi, 11 juin 1855, représentation extraordinaire au 
bénéfice des blessés des 7 et 8 juin (3). 

» Nota. — D' nx amateurs ayant été tués et plusieurs blessés, on a 
été obligé de changer le spectacle qu'on se proposait de donner. » 

Combien de fois les applaudissements de ce parterre de 
braves ne furent-ils pas couverts par la voix grave du ca- 
non? 

Car, en réalité, si la lutte traînait en longueur, elle n'en 
continuait pas moins avec un égal acharnement dans les 
deux camps. 

Cependant, le général Pélissier venait de succéder au 
général Canrobert (4) dans le commandement en chef. En 



(1) Chargé d'abord de la gauche de la ligne, le 15" est envoyé le 21 
juin au camp du Moulin, pour prendre le service aux attaques de droite 
(ouvrages Lavarande n* 1 et n* 2, parallèles avancées) et pour garder la 
rade de Sébastopol depuis la baie du Carénage jusqu'à la poudrière. 

(2) Le tour do garde de chaque bataillon revenait tous les cinq jours. 

(3) Un peu plus tard, pendant l'hiver de 1855 à lifô6, le lieutenant 
HoFFET, du 15" de ligne (tué en 1870, à Saint-Privat), se fit connaître 
dans tout le camp français par des dessins humoristiques que l'on fai- 
sait autographier et distribuer dans tous les régiments. Ces dessins 
amusants et spirituels paraissaient chaque semaine et servaient souvent 
à orner le programme des représentations ou des petites fêtes que l'on 
organisait çà et là. 

(Ce détail nous a été gracieusement communiqué par M. le général 
de Vanteaux, commandant la G4" brigade.) 

(4) Le général Canrobert, successeur de Saint-Arnaud, avait demandé 
à être relevé de son commandement . 



298 HISTORIQUE 



voyant à la tête de Tarmée d'Orient celui qu'on surnom- 
mait familièrement « Tête de fer blanc », autant pour ca- 
ractériser sa volonté que par allusion à ses cheveux blancs» 
chacun comprit que Ton allait riposter avec vigueur aux 
entreprises audacieuses de Tennemi. 

Le général avait un plan bien arrêté. « Je veux, écri- 
vait-il, (1) d'abord et avant tout m'attaquer corps à corps 
à la place et conquérir, pièce par pièce, sa partie sud, à 
tout prix. » 

Dès le commencement de juin, le nouveau commandant 
préparait Texécution de son programme décisif. 



Colonel Félix-Achille GUERIN 

(11 JuilleH855). 

Le colonel Guérin, qui remplaçait (2) le colonel Alais à 
la tête du régiment, attendait avec une légitime impatience 
l'occasion de prouver aux vétérans de Grimée que le 15* 
était toujours digne de son glorieux passé. 

Il eut le regret de ne pouvoir prendre aucune part effec- 
tive à la bataille de Traktir (ou de la Tchernaïa), la divi- 
sion d'Aurelle ayant reçu l'ordre de rester à la garde du 
camp (3). 

Le lendemain même de notre victoire sur l'armée de 
secours, le cinquième bombardement de Sébastopol com- 
mençait. 

De part et d'autre on sentait que le dénouement était 
proche. Tout fut préparé en prévision de cette crise finale. 



(1) Noie du 20 mai 1855, adressée au général Boyer. 

(2) Le colonel Guérin était précédemment lieutenant-colonel au il* 
léger et au 9' de ligne. Le colonel Alais, en non-activité pour infirmités 
temporaires, avait été admis à faire valoir ses droits à la retraite le 
11 juillet 1855. 

(3) Malgré son inaction apparente, le 15" avait souvent à repousser 
les attaques des Russes dans les combats partiels et journaliers soutenus 
dans les tranchées mêmes. C'est ainsi que fut blessé le commandant 
Kléber le 15 juillet. 



DU 15® REGIMENT D'iNFANTERIE 299 

Le 24 août, le l^r bataillon du 15® vint rejoindre le gros 
du régiment au camp du Moulin, où se trouvait réunie 
toute la 2e brigade, commandée depuis la veille par le gé- 
néral de Marolles (1). 

Enfin arriva l'heure depuis si longtemps désirée. Dans 
une conférence réunie le 3 septembre, à la demande des 
généraux en chef Pélissier et Simpson, il était décidé 
qu'un nouveau bombardement aurait lieu le 5 et que Tas- 
saut serait donné le 8 septembre. 

Le feu s'ouvrit dans la journée du 5 avec une violence 
extraordinaire. La place répondit aussitôt. « Ce fut un ef- 
froyable vacarme. Deux milles bouches à feu tonnaient 
de part et d'autre. Jour et nuit ce bombardement furieux, 
sans précédent, fut continué, interrompu, repris, jetant 
par son intermittence les assiégés, qui ne connaissaient 
plus ni sommeil ni repos, dans de continuelles et éner- 
vantes inquiétudes (2) ». 

Le secret le plus rigoureux avait été recommandé sur le 
jour et l'heure fixés pour l'assaut. 

Le vendredi 7 septembre, le général Bosquet, chargé de 
l'attaque principale, réunit tous ses généraux et leur 
donna communication des ordres pour le lendemain. 

L'ennemi devait être abordé sur tout le périmètre de la 
vaste enceinte (3). 

Le général Bosquet dirigerait tous ses efforts sur Ma- 
lakofï et le Petit-Redan. En conséquence, l'attaque de 
gauche, sur Malakofï, serait confiée au général de Mac- 
Mahon, tandis que l'attaque de droite, ^ur le Petit-Redan, 
serait tentée par le général Dulac, avec le concours de la 



(1) Le général de Marolles fut nommé à ce commandement le 2^ 
août, on remplacement du général Ferrin de Jonquières, décédé le 
31 juillet. 

(2) Histoire militaire contemporaine y par Frédéric Canonge, 
t. I, p. 5. 

(3) La brigade piémontaise et le 1" corps français attaqueraient le 
secteur de gauche (le bastion central et le bastion du Mât) ; les Anglais 
avaient pour mission de marcher sur le Grand-Redan quand nous se- 
rions maîtres de Malakoff. 



300 HISTORIQUE 



brigade de Marolles et des chasseurs à pied de la garde. 
Enfin le général de la Motterouge aurait pour mission 
de se jeter sur la courtine unissant Malakoil au Petit- 
Redan. 

Tout le service de la division d*Aurelle devait être fourni 
par des hommes malingres ou convalescents, de manière 
à conserver le plus de monde possible sous les armes (1). 

Afin de prévenir toute méprise, les montres avaient été 
réglées sur celle du général en chef, et il était demeuré 
convenu qu'à midi précis on s'élancerait à Tassant. 



Assaut et prise deSôbastopol (nom inscrit au drapeau du 15«). 

(8 septembre 1855). 

Le lendemain, à 8 heures, après avoir mangé la soupe, 
les soldats du 2® corps et de la réserve accueillaient par 
de longues acclamations les mâles paroles du général 
Bosquet : 

(( C'est un assaut général, armée contre armée; c'est 
une immense et mémorable victoire dont il s'agit de cou- 
ronner les jeunes aigles de la France. En avant donc, 
enfants! A nous Malakofî et Sébastopol 1 Et vive l'em- 
pereur I » 

A 9 heures, nos batteries essoufflées ralentissent leur feu 
pour le reprendre, un peu plus tard, avec une nouvelle 
intensité. 

Chœur de guerre sans pareil, dont les échos se répercu- 
tent jusqu'aux rivéfe du Bosphore. 

D'ailleurs, la place ne tarde pas à accepter noblement 
le défi. 

Pendant ce temps, le général de Marolles conduit sa 
brigade (15® et 96®) derrière la division Dulac, en face de 
son objectif, le Petit-Redan, que les Russes eux-mêmes 
ont baptisé du nom significatif de (( bastion d'Enfer )). 



(î) Dans la soirée, le bataillon du 15* qui se trouvait à la redouta 
Canrobert fut relevé par le 3" bataillon du 32* de ligne (de la 1'* di- 
vision). 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 301 



Vers il heures, tout le monde est en silei^îe à son 
poste; les tranchées regorgent de vaillants soldats, dont 
un grand nombre, hélas ! aura bientôt payé de sa vie le 
triomphe de nos armes, 

(( Dans les solitudes du camp, il ne reste que les ma- 
lades et les éclopés, qui oublient leurs douleurs pour 
prêter une oreille inquiète aux bruits du -champ de ba- 
taille. Çà et là, des chevaux infirmes, à la chaîne, hennis- 
sent de peur, comme s'ils craignaient que leurs maîtres ne 
revinssent plus. 

» Au loin, les moines de Saint-Georges invoquent à ge- 
noux la vierge moscovite (1) ». 

« Tout à coup, les 800 pièces de canon qui tonnaient 
sur Sébastopol se taisent. « En avant ! » s'écrie le général 
Bosquet. Une immense clameur retentit soudain; les clai- 
rons jettent fièrement dans les airs les sons aigus et sac- 
cadés de la charge ; les tambours la battent avec furie. 

» En un instant, nos têtes de colonnes, franchissant le 
fossé, s'élancent avec un irrésistible élan jusque sur les pa- 
rapets. Les Russes, surpris, accourent au devant d'elles et 
la sanglante et dernière mêlée de ce long drame s'engage 
avec une incomparable énergie (2). 

Après avoir emporté le Petit-Redan, la division Dulac 
veut tourner la deuxième ligne de défense. Mais les bat- 
teries du Nord et les canons de l'escadre ouvrent un feu 
terrible sur nos bataillons, qui sont définitivement rejetés 
dans les fossés par une charge suprême des héroïques dé- 
fenseurs. 

Il est environ 1 heure de l'après-midi. C'est alors que la' 
2® brigade (15® et 96®) reçoit l'ordre de reprendre à tout 
prix le bastion d'Enfer. 

Le général de Marolles et le colonel Guérin (du 15») 
s'élancent les premiers hors des parallèles, communiquant 
à tous leur magnifique entrain. Trois tranchées séparent 



(1) Journal humoristique du siège de Sébastopol ^ par un artilleur. 

(2) Ce passage est emprunté à l'ouvrage du général Fay, intitulé : 
Souvenirs de la guerre de Crimée. 



302 HISTORIQUE 



encore les assaillants du but de leur attaque. Il faut les 
franchir sous un ouragan de mitraille et de mousquete- 
rie partant des embrasures aussi bien que des vaisseaux 
russes embossés dans la rade (1). 

Néanmoins nos braves soldats parviennent jusqu'au pied 
môme de l'ouvrage. Cependant, malgré des prodiges de 
bravoure et de constance, il leur est impossible de pénétrer 
plus avant. C'est en vain que le général de Marolles veut 
tenter l'escalade ; le commandant Lamarque, du 15®, est 
tué à ses côtés ; lui-même tombe frappé à mort au pied 
d'une embrasure. Nos tètes de colonnes, écrasées par une 
grêle de projectiles, tourbillonnent sur elles-mêmes et 
perdent leur élan. 

A ce moment, le colonel Guérin, qui voyait flotter le 
drapeau français sur la tour de Malakoff, puisait une 
nouvelle force dans cet encouragement. Mais nos troupes 
avaient éprouvé de telles pertes qu'il était difficile de les 
relancer à l'assaut. 

Les pelotons étaient rompus et n'avaient plus la cohé- 
sion nécessaire. 

En dépit de tant d'obstacles, le colonel du 15® réussit à 
rallier ses soldats et tente une deuxième fois l'escalade du 
bastion d'Enfer. 

Refoulé encore par l'inébranlable fermeté des Russes, 
il ne se décourage pas et demande un troisième et dernier 
effort à son brave régiment pour s'emparer de ce terrible 
Redan. Hélas I toute l'énergie de nos troupes devait se bri- 
ser contre la résistance des masses ennemies rassemblées 
derrière ces formidables retranchements I 

En tout cas, si la brigade de Marolles (15*^ et 96«) n'avait 
pu couronner les crêtes, elle n'en resta pas moins, pendant 
cinq heures et sous une pluie de plomb, dans les fossés 
mêmes du bastion, pour interdire à l'ennemi toute tentative 
de sortie dirigée sur Malakoff. La lutte se prolongea jus- 
qu'à la nuit, interrompue seulement vers 4 heures, par 



(1) Le feu des batteries de la flotte nous prenait d'écharpe et causait 
beaucoup de mal. 



DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 303 

Texplosion du magasin à poudre de la Courtine, qui en- 
gloutit une partie du 91®. Le fossé était encombré de morts 
et de blessés. 

En somme, dans cette journée meurtrière, les alliés n'a- 
vaient pu s'emparer que de Touvrage de Malakofï; mais 
cela suffisait : nous possédions dès lors la clef de la partie 
sud de la place. 

A 5 heures la fusillade se ralentit et, une heure plus tard, 
le colonel de Malherbe, qui commandait la 2® brigade en 
remplacement du général de Marolles, reçut l'ordre de 
faire opérer la retraite en utilisant les parallèles et de ral- 
lier ses deux régiments dans le ravin du Carénage, où ils 
passeraient la nuit. 

C'est à peine si le colonel du 15® put grouper 100 hommes 
autour de lui. 

Le régiment s'était présenté à l'attaque avec 900 hom- 
mes, dont 44 officiers ; il en revenait singulièrement réduit. 
On comptait, en effet, 18 officiers tués ou mortellement 
blessés (1) et 13 blessés, 42 sous-officiers, 37 caporaux et 
475 soldats hors de combat. 

Pendant qu'on procédait dans chaque corps à l'appel 
des disparus, les Russes, comprenant qu'ils ne pouvaient 
plus tenir, ni dans la ville, ni dans le faubourg, que domi- 
nait également le canon de Malakofï, se décidèrent à éva- 
cuer toute la partie sud de la rade. 

A minuit, on entendit de formidables explosions dans 
Sébastopol. Les valeureux défenseurs ne voulaient nous 
laisser que des ruines. Trente-cinq magasins à poudre 
sautèrent successivement, et bientôt le feu s'allumait dans 
toute la ville, dévorant le peu qui restait intact après onze 
mois de siège presque ininterrompu. 



(1) Officiers tués : MM. Lamarque, chef de bataillon (tué aux côtés du , 
général de Marolles); Gahard, capitaine adjudant-major; Develey et 
DuMAY, capitaines; Castan, Rodet, Netter, Preux, Londigné et Billy, 
lieutenants; Tisserand-Delange et Chaubert, sous-lieutenants. 

Officiers mortellement blessés : MM. Gibiers et Garalon, capitaines » 
Etienne, Pellat, de FoucHer et Tastaire, sous-lieutenants. 

Les deux autres chefs do bataillon avaient été blessés auparavant. 
D'ailleurs, pour les blessés, se reporter à l'appendice. 



304 HISTORIQUE 



Aux lueurs rougeâtres de Tincendie, on put voir les vais- 
seaux ennemis s'abîmer dans les flots, coulés par la main 
des marins russes eux-mêmes. 

La brigade de Marolles pouvait revendiquer une bonne 
part de ce glorieux succès. Elle s'était montrée la digne 
rivale des vieilles divisions de siège (1). 

(( Au cours de cette mémorable journée, où chacun a fait 
fait preuve du plus brillant courage, dit le rapport du 
général de division, il est difficile de faire un choix parmi 
ceux qui méritent d'être signalés. Cependant, je crois 
devoir citer les noms de quelques officiers, sous-officiers 
et soldats qui se sont particulièrement fait remarquer dans 
cette vaillante brigade. 

» Ce sont, au 15« régiment d'infanterie : MM. le capitaine 
Clausener (mort depuis des suites de ses blessures) ; le 
lieutenant Davoust-Langotière (blessé de trois balles) ; le 
lieutenant Jalustre, blessé ; le sous-lieutenant Tastaire 
(grièvement blessé); les sous- lieutenants Hoffet (blessé) 
et DE FoucHER (blessé et amputé) ; les sergents Faure et 
Lallemand (blessés); les fusiliers Schmidt et Dumay (bles- 
sés). » 

La belle conduite du régiment fut d'ailleurs bientôt 
récompensée (2). 

Le colonel Guérin se vit nommer officier de la Légion 
d'honneur, et le corps eut en partage huit croix de cheva- 
lier et vingt-quatre médailles militaires. 

Le 9, quand le jour se fit, un nuage de fuméç roussâtre, 
épaisse, nauséabonde, planait lourdement au-dessus de la 
cité détruite (3). 

Tandis que quelques détachements pénétraient avec 



(1) V. Journal dos marches et opérations de la division d'Aurelle 
(Dépôt do la guerre). 

(2) Le 17 septembre, le capitaine Clausener est nommé chef de batail- 
lon au 96"; le 22 septembre le lieutenant-colonel Capriolde Péchassant 
est nommé colonel du 52" ; le 25 septembre le capitaine Dupré est nommé 
chef de bataillon au 2' régiment de la légion étrangère. 

Les décorations furent accordées par arrêté du 14 septembre. 

(3) La guerre de Crimée, par Camille Rousset. 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 305 

prudence dans rintérieur de la ville, les débris du 15® se 
retiraient au camp d'Inkermann. 

On s'occupa aussitôt de fournir des corvées pourl'enterT 
rement des morts. 

Le lendemain, à 4 heures, en présence du général d'Au- 
relle, la 2® brigade rendait les derniers honneurs à son 
ancien chef (général de MaroUes) et à 24 officiers tués glo- 
rieusement pendant Tassant. 

Puis, le service reprit comme précédemment, avec cette 
différence qu'en raison des pertes, chaque régiment ne 
forma plus qu*un bataillon (1). 

Lorsque Toccupation et la défense de Sébastopol furent 
assurées, les troupes disponibles furent réparties dans 
les camps. 

Le 15® fut envoyé successivement aux camps de Traktir, 
deKadikoï, de Mordvinolï et de,Baïdar. Enfin, au milieu 
d'octobre, il dut retourner, avec toute la division, à son 
ancien emplacement, près de KadikoL 

C'est là qu'il passa l'hiver sous la tente. 

La saison d'automne avait été belle; mais elle changea 
brusquement, à la suite d'une tempête qui éclata du 6 au 
8 décembre, et nous amena beaucoup de pluies suivies 
bientôt d'un froid très rigoureux. 

Installé sur un mamelon exposé au vent du nord, le 
régiment fut particulièrement éprouvé par cette tempéra- 
ture humide et glaciale, rendue plus insupportable encore 
par la violence des bourrasques, qui renversaient parfois 
les tentes, au milieu de la nuit, laissant nos malheureux 
soldats sans abri contre la pluie, la neige et ce vent sibé- 
rien. 

Toutes ces misères engendrèrent bien vite les bronchites, 
les diarrhées, le scorbut et le typhus. 

Malgré les soins qu'on put prendre, malgré l'installation 



(1) Le 14 septembre, le 15* avait reçu 117 hommes du 1" de Ugne; 
le lendemain, 289 de son propre dépôt et 289 du 37« do ligne. Enfin, 
quelques Jours après, arrivaient encore 180 hommes du 101". 

Hist. 15* ao 



306 HISTORIQUE 



des chaufïoirs et des infirmeries régimentaires, les ambu- 
lances se trouvèrent encombrées (1). 

Chaque jour, par un temps glacial, plus de cent malades 
attendaient la visite à la porte de Tinfirmerie. 

Si bien qu'à la fin de Thiver, le 15<^ avait sous les armes 
mille hommes de moins qu'au mois d'octobre (2). 

Signature de la paix (30 mars 1856). 

Cependant, depuis le 16 janvier, les relations diploma- 
tiques avaient été reprises entre la France et la Russie. 
Enfin, le 2 avril, la voix du canon, qui avait si souvent 
grondé dans les combats, apportait à l'armée le message 
de paix. Elle était signée depuis le 30 mars 1856. 

C'est alors que s'établirent entre les soldats russes et 
français ces rapports de bonne et franche camaraderie qui 
ne se démentirent jamais depuis et qui font le plus grand 
honneur aux deux armées, parce que cette sympathie 
repose sur une base solide : l'estime réciproque née du sein 
même de la lutte. 

Revue en présence des officiers russes (17 avrU). 

Le 13 avril, le général Luders, commandant en chef les 
forces russes, invitait le maréchal Pélissier et ses officiers 
généraux à honorer de leur présence une revue de l'armée 
moscovite. Pour répondre à cet acte de haute courtoisie, 
le maréchal ordonna, quatre jours après (17 avril), une 
revue de toutes les troupes françaises laissées en Crimée 
(55.000 hommes) et les présenta au général Luders. Pen- 
dant le défilé, nos drapeaux, noircis par la poudre, déchi- 



(1) On avait cependant distribué, au mois de]anyier,à chaque soldat, 
une criméenne, un capuchon, une chéchia, une paire de guêtres bul- 
gares et une paire de sabots. Beaucoup reçurent, en outre, des gilets de 
laine et des chaussettes provenant de dons nationaux. 

(2) Renseignements tirés du Journal historique du 15'^ de ligne (rédigé 
en 1871). 



DU 15<^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 307 

rés par les projectiles russes, s'inclinèrent successivement 
devant le général, et notre ennemi d'hier les saluait avec 
respect, applaudissant surtout ceux qui n'avaient arra- 
ché au combat que la hampe et quelques lambeaux. 

Au mois de mai, le 15® eut la satisfaction de quitter 
l'insalubre camp de Kadikoï pour aller s'établir aux envi- 
rons du monastère de Saint-Georges. Là, grâce à la pureté 
de l'air et au retour de la belle saison, on vit rapidement 
disparaître l'épidémie qui décimait nos malheureux batail- 
lons depuis le commencement de l'année. 

L'ère des souffrances était passée : on ne se souvint plus 
que de' la gloire. 

Retour en France (26 Juin 1S56). 

Le 15 juin le régiment s'embarqua sur le Fleurus, Onze 
jours plus tard (le 26), il prenait terre à Marseille, d'où 
il fût envoyé à Lyon pour se reconstituer (1). 

(( Près d'un demi-siècle s'est écoulé depuis ces mémora- 
bles événements. Aujourd'hui, il ne reste de cette guerre 
que des noms de victoire, des souvenirs héroïques, des 
réputations noblement acquises, et les ossuaires que con- 
serve là-bas le plateau de Ghersonèse » (2). 

1856-1858 

Gomme il a été dit plus haut, le lo« utilisa son séjour à 
Lyon pour reformer ses trois bataillons à huit compa- 
gnies (3). 

Après cette opération, il reprit ses longs voyages à tra- 



(1) Le régiment s'embarqua à Kamiesh. Il avait un effectif de 32 offi- 
ciers et 1.006 hommes. 

(2) V. Histoire militaire contemporaine^ par le commandant Frédéric 
Canonge. 

(3) Le 4* bataillon, constitué pour la campagne de Crimée, avait été 
supprimé depuis 



308 HISTORIQUE 



vers la France. Nous le trouvons successivement à Nevers 
(juillet 1856), à Sathonay (novembre 1856), à Saint-Etienne 
(janvier 1857), à Lyon (juillet 1857), à Strasbourg (octobre 
1857), à Châlons (mai 1858), à Melun et Romainville 
(décembre 1858). 

CAMPAGNE D'ITALIE 

(1859). 



Causes et débuts de la gnerre. 

Dès la fin de Tannée 1858, la question italienne se dres- 
sait menaçante à Milan, à Venise et à Paris (1). 

Le l«r janvier 1859, à la réception du corps diplomatique, 
Tempereur Napoléon III exprimait à l'ambassadeur d'Au- 
triche le regret que ses relations avec la cour de Vienne 
« ne fussent pas aussi bonnes que par le passé ». 

L'orage allait d'ailleurs grandissant ; de graves compli- 
cations ne tardèrent pas à surgir. 

L'empereur, dont toutes les sympathies étaient acquises 
depuis longtemps à la cause italienne, promit son appui 
au roi de Sardaigne, dans le cas où l'Autriche l'attaque- 
rait (2). 

Or, le 23 avril, François-Joseph adressait au comte de 
Gavour un ultimatum catégorique, par lequel il accordait 
trois jours au gouvernement sarde pour faire savoir s'il 
consentait à mettre, sans délai, son armée sur le pied de 
paix. 

C'était la guerre. 

Le 3 mai, l'empereur des Français annonçait aux Cham- 
bres la déclaration de guerre. 

Ajoutons que, depuis le mois de février, le ministre de 
la guerre avait pris ses mesures pour être à même de parer 
aux différentes éventualités. 



(1) Canongc, Histoire militaire contemporaine ^ page 113. 

(2) Même auteur, page 114. 



DU 15® RÉGIMENT I)*INFANTERIE 309 

Le 21 avril, Napoléon III avait prescrit le rappel sous les 
armes de tous les hommes en congé renouvelable, avec or- 
dre de les diriger immédiatenient sur leurs dépôts par les 
voies rapides. 

Enfin, trois jours après, Sa Majesté décidait la formation 
de l'armée des Alpes, qui devint bientôt Tarmée d'Italie et 
qui comprenait quatre corps d'armée, sans compter la garde 
impériale (1). L'empereur se réservait le commandement 
en chef. 

A la fin d'avril, les 3«et 4° corps franchissaient les Alpes 
au mont Genèvre et au mont Cenis, tandis que les deux 
premiers s'embarquaient à Toulon et à Marseille, à desti- 
nation de Gènes. 

L'état-major et les trois bataillons actifs du 15« de ligne, 
partis de Paris le 25 avril, prirent passage à bord du 
Magellan, du Governolo, du Philippe- Auguste et du lihin, et 
débarquèrent à Gènes dans les journées du 29 et du 30. 

Le régiment formait, avec le 21® de ligne et le 10® ba- 
taillon de chasseurs à pied, la première brigade (provi- 
soirement sous les ordres du colonel Guérin) de la 2® di- 
vision (général de Ladmirault), du l^r corps d'armée, 
commandé par le maréchal Baraguay-d'Hilliers. 

Aussitôt à terre (30 avril), les deux divisions du 1®^ corps 
furent poussées en avant. 

Le 16^, constamment à l'extrême droite, était détaché, 
le 3 mai, à Cassano. Il y recueillit bon nombre d'habitants 
de Tortone qui, pris de peur, se sauvaient à l'approche 
d'un parti autrichien du corps de Benedeck. 

Nos soldats se retranchèrent dans le village, pendant que 
de fortes patrouilles battaient le terrain dans la direction 
de l'ennemi (2). 



(1) 1" corps, maréchal comte Baraguay-d^IIillicrs; 2' corps, général 
comte de Mac-Mahon ; 3' corps, maréchal Canrobcrt ; 4' corps, général 
Niel ; garde, général Regnault de Saint-Jean-d'Angely. 

Un 5" corps fut bientôt formé (prince Napoléon;. Les 1", 3' et 4' corps 
étaient à trois divisions. De plus, il y avait deux divisions de cavalerie 
(Partonneaux et Desvaux). 

(2) Le général de Ladmirault avait envoyé, dans la Journée au colo- 



310 HISTORIQUE 



La panique se prolongea jusqu'au 6 mai. 

Pour rassurer les populations, le colonel Guérin ( du 15® ), 
auquel on avait envoyé un officier et une section du génie, 
fit mettre la localité en état de défense. 

On crénela les maisons, on pratiqua des coupures sur 
les routes et Ton fit partir, sous les yeux des paysans sar- 
des, de nombreuses patrouilles, qui circulèrent devant le 
front des vedettes autrichiennes (1). 

Le lendemain, la l^^ division ayant relevé la 2®, le régi- 
ment repassa sur la rive gauche de la Scrivia. 

Cantonné d'abord à Spinola, puis à Serravale et à Novi, 
il fut rappelé, le 16, à Castelnovo de la Scrivia, où la divi- 
sion arriva, par une pluie battante, vers 10 heures du 
matin. 

On s'attendait à un mouvement offensif du feld-zeug- 
mestre Gyulay (2); mais ce fut en vain. Abrités derrière 
le Pô et la Sésia, nos adversaires ne bougeaient plus de- 
puis le 13. 

Quant à nos troupes, elles brûlaient d'impatience de 
déployer leur valeur sous les yeux de Napoléon III, qui 
venait de signaler par une éloquente proclamation sa prise 
de possession du commandement en chef. 

(( Soldats, 
(( Je n'ai pas besoin de stimuler votre ardeur; chaque 



nel Guérin deux chasseurs à cheval pour le prévenir en cas de besoin, 
et dix paires de cacolets, à tout hasard. 

Le 5, le général de Ladmirault vint en personne faire une recon- 
naissance à Gassano. 

(i) V. Journal de marche de la 2" division et de la 2' brigade. — 
Pour cette campagne nous avons en outre puisé nos renseignements 
aux sources suivantes : i* Historique du corps établi le 11 janvier 1863; 
2^ Rapport des généraux sur les différentes batailles (correspondance 
officielle, archives historiques de la guerre) ; 3* Campagne de l'empe- 
reur Napoléon III en Italie, rédigée au dépôt de la guerre ; 4» Rensei- 
gnements dus à l'obligeance du lieutenant-colonel de Jouffroy d'Abbans, 
commandant le 61" territorial, qui servait au 15" pendant la campagne 
d'Italie. 

(2) Le 21 mai, le général Niol avait pris le commandement de la 1'* 
brigade (15« et 21«). 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 3U 

étape vous rappelle une victoire Défiez-vous d*un trop 

grand élan, c*est la seule chose que je redoute 

» Déjà, d'un bout à l'autre de la France, retentissent ces 
paroles d'un heureux augure : La nouvelle armée d'Italie 
sera digne de sa sœur aînée I )) 

Cependant, l'inaction des Autrichiens ne devait pas être 
de longue durée. 

Le 20 mai, l'armée française apprit avec joie le brillant 
succès remporté, par la division Forey, sur le terrain déjà 
célèbre de Montebello. 

Quelques jours après, l'empereur faisait entamer la 
grande marche de flanc qui amena toutes ses forces sur 
la ligne de la Sésia. Le 1®' corps d'armée fut spécialement 
chargé de couvrir les derrières de l'armée et de détourner 
l'attention de l'ennemi pour assurer l'exécution de ce dan- 
gereux mouvement. 

Enfin, le 31 mai, le maréchal Baraguay-d'Hilliers se 
transportait sur la rive gauche du Pô, en traversant le 
fleuve à Casale, et, le 2 juin, dans la soirée, il établissait 
ses troupes à la droite des positions occupées par le 4« 
corps (Niel). 

Les glorieux combats de Turbigo, Bufïalora et Magenta 
nous eurent bientôt ouvert la route de Milan. Pourtant 
Giulay, en se repliant sur la ligne de l'Adda, avait laissé 
à Melegnano la brigade Rôden avec ordre de retarder à 
tout prix la poursuite des alliés. 

Le 15® de ligne, qui n'avait pas tiré un coup de fusil 
depuis le commencement de la campagne, allait, de nou- 
veau reprendre sa place sur les champs de bataille. 

Le 7 juin au soir, le maréchal Baraguay-d'Hilliers rece- 
vait l'ordre de se porter, le lendemain, au delà de Milan 
pour aller camper sur la route de Melegnano à San-Giuliano. 

En conséquence, le 8, à 5 heures du matin, la division 
Ladmirault quitte Magenta pour gagner Milan. 

Le défilé du 1®' corps d'armée dans les rues de 1^ ville 
est une véritable marche triomphale. Nos troupes sont ac- 
cueillies par les acclamations de la foule, qui jette à pro- 
fusion les fleurs, les bouquets, les cigares : on n'avance 



312 HISTORIQUE 



qu'avec peine. Les voies sont tellement encombrées qu*il 
faut près de trois heures pour arriver à la porte Romana. 
Melegnano est encore à 7 kilomètres. 

Combat de Melegnano (8 juin 1859). 

Cependant Tempereur vient de recueillir à Milan même 
de nouvelles informations, qui le décident à se rendre 
maître de Melegnano sans plus tarder. 

Aussi le maréchal Baraguay-d'Hilliers n*accorde-t-il à 
ses divisions qye le repos indispensable pour préparer et 
prendre un peu de nourriture (1) et les remet en marche, 
vers 4 heures, afin de brusquer Tattaque du village, qu'on 
dit occupé par deux brigades ennemies (2). 

Arrivée à San-Giuliano, la 2® division (Ladmirault), à 
laquelle appartient le 15®, reçoit Tordre de déboîter à gau- 
che, par San-Brera et Rocca-Brivia, et de diriger ses efforts 
sur le flanc droit des Autrichiens. 

Pendant ce temps, la P^ division devra faire une démons- 
tration sur la ligne de retraite de Tennemi, en passant par 
Mezzano et Pedriano, tandis que la 3® restera chargée de 
Tattaque directe par la grande route. 

Vers 6 heures du soir, tout le corps d'armée est en vue 
de Melegnano; mais voici qu'éclate un orage épouvan- 
table, qui paralyse tout mouvement en avant. Heureuse- 
ment, cette effroyable averse se calme assez vite. 

Bientôt, deux coups de canon se font entendre sur notre 
droite. C'est la division Bazaine qui engage la lutte. Sans 
attendre la fin d'un court combat d'artillerie, le l«r zouaves 
et le 33e ^q ligne s'élancent au pas de course sur le village. 



(1) La marche avait été très pénible, à cause delà poussière. On était 
parti à 5 heures du matin, dans l'ordre suivant ; 10' bataillon de chas- 
seurs, 15* de ligne, 21* de ligne; puis 2" brigade (Négrier). La halte eut 
lieu près de San-Donato, à gauche de la route. On fit le café et l'on 
cuisit un peu de viande. 

(2) La brigade Rôden de la division Berger, et la brigade Boèr de la 
division Lang. 

V. Campagne de Napoléon III en Italie, rédigée au dépôt de la 
guerre. 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE ' 313 

De leur côté, le 15® de ligne et le 10® bataillon de chas- 
seurs s'emparent de Rocca-Brivia, et, couverts par une 
ligne de tirailleurs, gagnent rapidement les berges de la 
Vestabia (ruisseau encaissé). Comme les ponts sont rom- 
pus, tout le monde, colonel en tête, se jette résolument à 
l'eau. Enfin, après avoir franchi cet obstacle, les soldats 
du lo« commencent à donner la main aux zouaves de la 3® 
division et parviennent aux premières clôtures extérieures 
de la ville. 

Le colonel Guérin fait alors exécuter à ses trois batail- 
lons un changement de direction à droite, qui a pour 
résultat de déborder Tennemi et de menacer son flanc. Les 
Autrichiens défendent le terrain pied à pied, utilisant suc- 
cessivement chaque mur, chaque fossé, chaque maison et 
toutes les barricades préparées à Tavance. Chacun de ces 
obstacles devient un retranchement qu'il faut emporter à 
la baïonnette. Mais, malgré la résistance acharnée de la 
brigade de Rôden, nos braves soldats, cheminant de jardin 
en jardin et de rue en rue, s'emparent peu à peu de tout 
le secteur compris entre la route et la rivière, faisant 
partout de nombreux prisonniers. Le 15«^, les chasseurs, les 
zouaves, se rejoignent et se confondent, poussant devant 
eux les vaillants défenseurs du village. 

A ce moment, le maréchal Baraguay-d'Hilliers, voyant 
l'impossibilité de traverser le Lambro, précipite ses trou- 
pes sur l'unique point de retraite des Autrichiens, le pont. 
Une effroyable mêlée s'engage ici entre les derniers ba- 
taillons ennemis, qui tentent vainement de conserver ce 
passage, et la colonne française, composée des zouaves, des 
chasseurs, de deux bataillons du 15^ et de deux bataillons 

du 33e (1). 

Après une lutte sanglante, opiniâtre, corps à corps, 

l'arrière-garde de la brigade Roden est dispersée, noyée 

ou faite prisonnière. Nous sommes définitivement maîtres 

de Melegnano. 



(1) Tous ces renseignements proviennent du Journal des marches et 
opérations de la division Ladmirault, ainsi que de la Relation de la cam- 
pagne rédigée par le dépôt de la guerre. 



314 HISTORIQUE 



Cependant, pour achever la victoire il faudrait empê- 
cher l'adversaire d'occuper une seconde position ; car on a 
dû déjà sacrifier bien du monde pour le déloger de celle-ci. 

Dans ce but, le général de Ladmirault rallie rapidement 
quelques compagnies de chasseurs et deux bataillons du 
15®, qu'il lance sur la route de Mulazzano; mais deux piè- 
ces de canon y sont déjà établies et tirent à mitraille sur 
nos compagnies de tête. On est obligé d'arrêter la pour- 
suite et de s'abriter derrière les arbres, les fossés et les 
maisons qui bordent la chaussée, en attendant des renforts. 
Enfin leur arrivée entraîne une vigoureuse offensive, et 
une nouvelle charge à la baïonnette force les Autrichiens 
à se replier sous la protection de la brigade Boêr, qui inter- 
vient trop tard pour conjurer la défaite. 

Tout à coup, un nouvel orage, encore plus violent que 
le premier, éclate sur le champ de bataille, l'inonde d'une 
pluie torrentielle et met ainsi fin à la lutte. 

(( En exécutant ces différents mouvements, dit le rapport 
du général de division, le général commandant la l'« bri- 
gade (Niol) et le colonel du 15« ont fait preuve d'habileté, 
de résolution et d'une grande intelligence. 

Le régiment s'était, en effet, signalé de la façon la plus 
brillante à côté de corps réputés comme les chasseurs et 
les zouaves. Il avait fait, aux abords du village, 7 à 800 
prisonniers. D'ailleurs, son succès lui coûtait cher: 30 
hommes tués, 5 officiers, 50 sous-officiers et soldats hors 
de combat. 

Au premier rang, le lieutenant-colonel Schneider, puis le 
commandant Ardouin, les capitaines Lochner et Perrier, 
et le sous lieutenant Patriarche (1). 

Comme nos soldats avaient besoin de repos, l'empereur 
les maintint jusqu'au 11 juin sur les positions conquises. 



(1) Le Journal de marche du 15" (Journal reconstitué en 1871) porte 
que le régiment eut à Melegnano 4 ofilcicrs tués. Cette assertion doit 
provenir d'une erreur de copiste, car les matricules des ofTiciers ne 
font mention d'aucun oiïicier tué ce Jour-là et signalent, en revanche, 
5 officiers blessés. Si 4 de ces officiers ont pu mourir de leurs blessures, 
ce n'est que bien après, car nous avons les prouves que le colonel 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 315 

Bataille de Solferino (24 Juin 1859). 
(Inscrite au drapeau du régiment.) 

Pendant ce temps, le comte Giulay, ne se sentant plus 
assez fort pour tenir tête à Napoléon III dans les plaines 
de Lombardie, avait résolu de se retirer derrière la Chiese, 
pour attendre Tattaque des alliés sur la ligne Lonato- 
Castiglione. Mais Tempereur François-Joseph, qui venait 
de prendre le commandement des forces autrichiennes, 
lui ordonna de se replier jusqu'au Mincio. 

La rencontre n'en fut que différée. De nombreuses re- 
connaissances avaient appris au grand état-major français 
que de forts détachements autrichiens occupaient Solferino, 
Cavriana et Médole. 

En conséquence, les ordres donnés pour la journée du 
24 fixaient les objectifs suivants : 

A Tarmée piémontaise, Pozzolengo ; 
Au 1*^^" corps, Solferino ; 
Au 2® corps, Cavriana; 
Au 3® corps, Médole ; 
Au 4« corps, Guidizzolo. 

Quant à la garde, elle devait s'établir à Castiglione jus- 
qu'à nouvel ordre. 

Donc, le 24 juin, à la pointe du jour, le maréchal Bara- 
guay-Ki'Hilliers met ses troupes en mouvement. 

La 2® division (de Ladmirault) part la première, à 3 heu- 
res, après avoir mangé la soupe. Elle traverse Esenta et se 
dirige, parles crêtes (1), sur le village de Solferino, qu'on 
croit occupé par 5 à 6.000 ennemis. 



Schneider fut nommé, le 30 Juin 1859, colonel du 56' de llj^ne ; que le 
capitaine Lochner devint chef de bataillon ,* que le sous-lieutenant 
Patriarche fut nommé lieutenant en 1860, et que le capitaine Perrier fut 
tué à Solferino. Citons, parmi ceux qui se firent remarquer par le plus 
brillant courage, le Jeune Gastal, enfant de troupe du 15% récemment 
nommé tambour de grenadiers (16 mai 1859), qui bravait le feu pour la 
première fois et qui, voyant sa caisse hors de service, s'arma d'un fusil 
et se battit comme un lion. (V. Appendice n» 8.) 

(1) Avec quatre pièces de canon. 



316 HISTORIQUE 



La !'« brigade (IS®, 21« de ligne, 10® bataillon de chas- 
seurs) marche en tôte(l). 

Vers 6 h. 1/2, legénéralde Ladmirault aperçoit l'ennemi 
couronnant toutes les positions qui s'étagent jusqu'à Sol- 
ferino. Il rassemble sa division dans la vallée de Padercini 
et la dispose immédiatement en trois colonnes. Celle de 
droite, composée du 21« de ligne, d'un bataillon du 15® (1«') 
et de deux compagnies de chasseurs, est confiée au général 
Félix Douai; elle doit agir à droite, par les hauteurs qui 
aboutissent au cimetière. 

La moitié du 3® bataillon du 15® de ligne est détachée à 
la colonne de gauche (général de Négrier), destinée à la dé- 
monstration du côté de l'église. 

Le reste du régiment (2« bataillon et la moitié du 3®), sous 
les ordres du colonel Guérin, forme, avec deux bataillons 
du 100«, quatre compagnies de chasseurs et quatre pièces 
d'artillerie, la colonne du centre, dont le général de divi- 
sion se réserve le commandement pour soutenir les deux 
autres et tenter, au moment voulu, l'attaque directe et dé 
cisive. 

A 8 heures, notre petite batterie ouvre le feu. 

Mais l'ennemi, débusqué des premiers contreforts, ré- 
siste opiniâtrement sur les mamelons suivants. Il faut plu- 
sieurs charges à la baïonnette pour l'en déloger. 

Au lieu d'un combat d'avant-postes, c'est une bataille 
rangée qui commence, car les Autrichiens, en se repliant, 
démasquent tout à coup de nouveaux bataillons dont le tir 
meurtrier cause d'énormes ravages dans nos rangs. 

Cependant, l'attaque des ailes parvient, peu à peu, jus- 
qu'aux premiers retranchements du village, refoulant pé- 
niblement l'ennemi, qui ne cède le terrain que pas à pas. 

Le général de Ladmirault, qui vient d'être blessé (2), en- 
voie quelques renforts à ses bataillons les plus menacés. 



(1) La V* brigade n'est plus commandée par le général Mol; le gé- 
néral Félix Douai lui a succédé depuis le 19 Juin. Cette brigade doit 
suivre le chemin de Santa-Maria, Barche-di-Castiglione, Barche-di- 
Solferino. 

(2) Une balle dans Tépaule. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 317 

Puis, au bout de quelques instants, voyant racharnement 
de la lutte, il se décide à faire avancer ses réserves. 

C*est au moment où il prescrit aux colonels Guérin (du 
15®) et Mathieu (du 100") de se porter en avant [avec 
toutes leurs forces qu*il est de nouveau et plus grièvement 
blessé (1), 

Il est 10 h. 1/2. Le général de Négrier prend alors le 
commandement de la division. 

Il ordonne à la colonne Douai d'accentuer son mouve- 
ment tournant, en reliant son action à celle de la 3® divi- 
sion. Lui-môme, avec les deux autres colonnes, attaquera 
de front les formidables positions où se sont retranchés les 
défenseurs de Solferino. 

En effet, tandis que le 61® va dégager le 17® chasseurs 
fort compromis, le colonel Guérin, à la tête des 15® (deux 
bataillons) et 100® (deux bataillons), se porte résolument en 
avant, gravissant les pentes sous le feu roulant et meurtrier 
des Autrichiens (2). 

On progresse difficilement, car il faut enlever chaque pli 
de terrain à la baïonnette. 

Néanin'oins, en dépit de tant d'obstacles, nos soldats 
couronnent bientôt la crête des hauteurs qui aboutissent 
au village. 

Il reste maintenant à s'emparer du cimetière. 

(( Entraînés par leurs officiers, les deux bataillons du 15® 
s'élancent vers la position en colonne serrée, par pelotons, 
dans un ordre admirable. Mais, arrivés à environ 250 mè- 
tres du mur de clôture, ils sont accueillis par une grêle de 
balles qui couche à terre une quarantaine d'hommes des 
pelotons de tête (3) ». 



(1) Une baUe dans l'aine. Le général de Négrier réunit sa colonne à 
celle du centre. 

(2) Tous ces détails ont été puisés dans le Journal des marches et 
opérations de la division Ladmirault, dans rHistoriquo du corps et 
dans la Campagne de Napoléon III en Italie, rédigée au dépôt de la 
guerre. 

(3) Voyez le Journal historique du corps, pour cotte campagne. 
(Archives de la guerre.) 



318 HISTORIQUE 



Parmi ces premières victimes on remarque un capitaine 
de tirailleurs : c*est M. Groult de Saint-Paer, récem- 
ment nommé chef de bataillon au 15«, qui vient de trouver 
la mort des braves devant les compagnies dont il a pris le 
commandement le matin même (1). 

Un instant rompue par cette avalanche de plomb, la 
colonne tourbillonne et recule pour reformer ses rangs et 
reprendre son élan; puis elle charge de nouveau avec un 
incomparable entrain. Vains efforts I La vigueur et Télan 
de nos vaillants soldats viennent se briser contre les murs 
fortifiés et crénelés, d*où part la plus effroyable fusillade. 
Officiers, sous-officiers et soldats font des prodiges de va- 
leur et d'audace. Là, tombent glorieusement sous les balles 
ennemies le commandant Kléber, les capitaines deLatour 
et Perrier, le sous-lieutenant Tomasi, les sergents-majors 
Labié et Lallemand, le fourrier Lépine. 

Saluons aussi avec respect cet intrépide tambour Gas- 
TAL (2), à peine âgé de 18 ans, qui bat énergiquement la 
charge sous la mitraille ennemie jusqu'à ce qu'une blessure 
au flanc gauche le mette dans l'impossibilité de continuer. 
Rejetant alors sur son dos la caisse autrichieniïe dont il 
s'était emparé à Melegnagno, il s'arme de la carabine d'un 
chasseur à pied tombé à ses côtés et contribue par sa bra- 
voure à l'enlèvement de la colline des Cyprès. C'est là 
qu'une nouvelle balle l'étend à terre, lui brisant l'épaule et 
l'omoplate gauches. En dépit de la gravité de sa blessure, il 
trouve encore assez de force pour se relever et suivre ses 
camarades à l'assaut. Honneur à cet humble héros I 

Cependant, on demande instamment du canon, car il 



(1) Le commandant de Saint-Paer avait été reconnu devant son ba- 
taillon, le matin même, pendant le rassemblement de la division au 
pied des hauteurs. Nous tenons ces détails de l'obligeance du lieutenant- 
colonel DE JouFFROY d'Abbans, qui faisait en Italie ses débuts dans la 
carrière, comme officier du 15° de ligne. Quoique faisant partie du 
dépôt, le lieutenant de Jouffroy eut à conduire un détachement au delà 
des Alpes et obtint de rester aux bataillons de guerre pour faire la 
campagne. 

(2) Voir ses états de service et la notice. (Appendice n" 8.) 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 319 



faut, à tout prix, faire brèche dans ces retranchements ou 
renoncer à s'en emparer. 

En attendant, le colonel Guérin disperse ses hommes en 
tirailleurs et les fait coucher, tâchant de les défiler le plus 
possible à la terrible mousqueterie des Autrichiens (1). 

Enfin, vers midi, Tartillerie parvient à se mettre en bat- 
terie, sur une hauteur, à 300 mètres du cimetière. 

En un instant, le feu est ouvert et les murs de clôture 
volent en éclats. 

Tout le monde est debout baïonnette au clair, et pour la 
troisième fois, nos bataillons tentent Tassant delà redou- 
table position, qu'ils enlèvent au cri de : « Vive l'Empe- 
reur I » 

Au même moment, la colonne Douai (21® de ligne et 
J«r bataillon du 15^) pénètre aussi dans Solferino, pendant 
que la 3® division, soutenue par les voltigeurs de la garde, 
achève notre succès en délogeant l'ennemi de toute la par- 
tie sud du village 

Dès lors, les Autrichiens, débordés de toutes parts, se 
retirent précipitamment sur Cavriana, laissant entre nos 
mains 14 pièces de canon et 1.500 prisonniers. - 

Ordre est immédiatement donné aux 1'® et 3® divisions 
de se lancer à leur poursuite. 

Quant aux troupes du général de Ladmirault, qui ont 
beaucoup souffert pendant l'attaque, elles sont chargées 
d'occuper Solferino. 

Malgré notre avantage, l'empereur François-Joseph n'a 
pas encore perdu tout espoir, et, vers trois heures, il 
ordonne un retour offensif contre la droite de l'armée alliée ; 
mais le succès ne répond guère à son attente. D'ailleurs, 
voici qu'éclate soudain une violente tempête, bientôt suivie 
d'une pluie diluvienne qui suspend complètement la lutte. 
• Les Autrichiens profitent de cette diversion pour se replier 
derrière le Mincip (2). 



(1) A la suite de ces différents mouvements les unités du 15** et du 
100' de ligne se trouvèrent un peu mélangées; mais la valeur et Ten- 
train n'eurent point à en soufirir. 

(2) L'armée autrichienne se retira sans être poursuivie. Ses pertes 



320 HISTORIQUE 



Nos hommes n'avaient rien mangé depuis 2 h. 1/2 du 
matin. Aussi Napoléon prescrivit-il d'installer incontinent 
les bivouacs sur les positions conquises. 

A 9 h. 1/2 du soir, la division de Ladmirault était établie 
sur le chemin de Pozzolengo, à la gauche de la 1'^, qui 
campait au pied même de Solferino. 

Telle fut cette sanglante victoire, dont le glorieux sou- 
venir est pieusement conservé au 15® de ligne. Toutefois, 
si le nom de Solferino se détache aujourd'hui en lettres 
d'or sur le drapeau du régiment, c'est que nos aînés l'y 
ont inscrit d'abord avec leur sang. 

Lorsqu'on se rassembla au bivouac, combien de braves 
manquaient à l'appel I On comptait 2 chefs de bataillon, 

2 capitaines, 2 sous-lieutenants tués; 1 chef cie bataillon» 

3 capitaines et 4 lieutenants blessés. 

En outre, plus de 250 sous-officiers, caporaux ou soldats 
se trouvaient hors de combat (1) (2). 

Le rapport du général de division reconnut avec un 
légitime orgueil la belle contenance de ses régiments 
dans cette meurtrière journée. 

(( Toutes les troupes, dit-il, ont fait preuve d'un entrain 
et d'un courage admirables. Le colonel Guérin, du 15®, et 
le colonnel de Fontanges, du 21®, ont déployé une intel- 
ligence et une fermeté remarquables. » 

Colonel Martin-Edouard DAUDEL 

(30 juin 1859). 

L'effet de cette élogieuse citation ne se fit pas longtemps 
attendre, car, le 30 juin 1859, S. M. l'Empereur accordait 

s*élevaient à 22.000 hommes tués, blessés ou prisonniers. De son côté, 
l'armée alliée avait perdu 17.000 hommes. 

(1) Dont 73 tués. 

(2) Les officiers tués étaient le commandant Kléber, le commandant 
Groult de Saint-Paer, les capitaines de Latour et Perrier, les sous- 
lieutenants ToMASi et Beaucousin. 

Officiers blessés : commandant Lesèble , capitaines Ghareyre, Tel- 
mat et Ballet; lieutenants Schgeffer, Duroy, Lagrange et Garnier. 
Le commandant Lesèble dut se faire désarticuler Tépaule. 



Dr 15« RÉGiMKNT d'infanteiuk 321 



au colonel Guérin les étoiles de général de brigade et lui 
donnait pour digne successeur Tancien lieutenant-colonel 
du 3® voltigeurs de la garde, M. Daudel. 

Le lendemain de la bataille de Sollerino, Tarmée autri- 
chienne avait, en presque totalité, franchi le Mincio. A 
la fin du mois, elle allait s'établir sur la rive gauche de 
l'Adige. 

Le lor juillet, Tempereur Napoléon III reprend la pour- 
suite de Tennemi. Le 15« de ligne, sous la conduite de 
son nouveau colonel, M. Daudel, passe le Mincio à Moz- 
zambano et va s'installer avec toute la drvision à Castel- 
nuovo del Torre, près de Peschiera. Le siège de cette place 
avait été résolu et devait être fait par Tarmée sarde et le 
1®' corps d'armée (Baraguay-d'Hilliers). 

Signature de la paix (12 juillet 1859). 

C'est là que nos soldats apprirent, coup sur coup, la si- 
gnature de l'armistice (8 juillet) et la conclusion de la paix 
à Villafranca (12 juillet). 

Ainsi finit cette campagne d'Italie, qui, malgré son im- 
provisation et le décousu de son exécution, fut incontes- 
tablement glorieuse pour l'armée française et pour l'em- 
pereur Napoléon III. 

Retour en France. 

Le 23 juillet, les troupes françaises, à l'exception du 
corps d'occupation, recevaient l'ordre de quitter l'Italie. 

Transporté à Suze en chemin de fer, le 15« de ligne (1) 
traversa le Mont-Cenis et fut ensuite dirigé sur le camp de 
Saint-Maur, près de Charenton. 

Le 14 août, il prit part au défilé triomphal de l'armée 
d'Italie. Son drapeau mutilé fut salué par les acclamations 
de la foule enthousiaste, qui rendait ainsi un éclatant et 
légitime hommage aux vaillants soldats de Melegnano et 
de Solferino. 



(1) Le 3* bataillon no partit que plus tard. 

Hist. 15*. 21 



322 HISTORIQUE 



Quelques jours après, le 15« fut acheminé sur Rouen, 
où il fit une entrée solennelle (23 août). 

Jamais régiment ne fut accueilli avec tant de magnifi- 
cence : 3.000 hommes de garde nationale formaient la haie 
à 2 kilomètres de la ville. Toute la population était aux 
fenêtres, d'où partait une tempête d'applaudissements et 
de vivats. Ce fut un véritable déluge de couronnes et de 
bouquets. Le soir, un banquet, offert par le conseil muni- 
cipal, réunissait 400 invités dans les salons de Thôtel de 
ville, pendant que les jardins et les rues de Rouen offraient 
le spectacle d'uùe magnifique illumination (1). 

1860-1869 

Le 15® régiment d'infanterie devait rester à Rouen et 
Elbeuf jusqu'en 1862. A cette époque, il fut envoyé à 
Brest, puis successivement à Lyon (1865), Saint-Etienne 
(1865), Chàlons (1867), Soissons, Laon et Reims (1867). 

Il se trouvait au camp de Ghâlons lorsque son colonel, 
M. Daudel, fut nommé général de brigade (2 août 1869) et 
remplacé dans son commandement par le colonel Fra- 

BOULET DE KeRLÉADEC (2). 



GUERRE FRANCO-ALLEMANDE (1870-71) (3). 

En 1870, la France gênait seule la Prusse dans Tac 
complissement de ses desseins d'unification allemande. 



(1) Détails empruntés au Journal historique du corps, rédigé à Brest 
en 1863. 

(2) Au mois de septembre 1869, le régiment revint occuper Soissoûs, 
Laoh, Reims et Guise. 

(3) Nous avons puisé aux sources suivantes : Journal de marche de la 
3' division ; Journal historique du 15% établi en 1871 ; Relation de la 
campagne par le grand état-major allemand; Français et Allemands, 
par Dick de Lonlay (après en avoir contrôlé l'exactitude au moyen des 
archives de la guerre); Notes manuscrites venant du commandant 
ÂcuET ; Renseignements obligeamment fournis par M. le lieutenant- 
colonel DE JouFFROY d'Abbans, alors ca{)itaine au 15' de ligne. 



DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTERIB 323 

Depuis 1866, les rapports entre Paris et Berlin se ten- 
daient de plus en plus, et ropinion publique s'était juste- 
ment émue des incidents successifs connus sous les noms 
de : (( Question du Luxembourg », « Intervention française 
à Mentana », « Candidature HohenzoUern ». 

« Ce fut celui-ci, le plus futile en quelque sorte, qui mit 
le feu aux poudres » (1). 

Le 15 juillet, en effet, S. M. TEmpereur faisait connaître 
au Corps législatif « qu'il était décidé à recourir à la force 
pour sauvegarder les droits de la France ». 

La concentration de Tarmée s'opéra par les cinq grandes 
lignes qui reliaient Paris aux bassins de la Meuse, de la 
Moselle et du Rhin. 

Du 21 au 23 juillet, les trois bataillons du 15® furent 
rassemblés à Thionville. Le régiment était affecté, avec 
le 2® bataillon de chasseurs à pied et le 33® de ligne, à 
la l'« brigade (général Pajol) de la 3® division (général 
de Lorencez) du 4® corps d'armée (général de Ladmirault). 

Parti de Thionville le 28 juillet, le 15® fut successivement 
envoyé à Kédange, à Colmen, à Coume (2), à Bouzonville, 
Halstrof, Sainte-Barbe et Chieulles. 

Bataille de Bomy (14 août). 

C'est là qu'était campée la 3® division lorsque, le 14 août, 
à 9 heures du matin, elle reçut l'ordre de se rendre, par 
Longeville, à Moulins-lesMetz. 

La brigade Pajol, qui accompagnait l'artillerie, se mit 
en mouvement vers midi, passa la Moselle sur les ponts 
de bateaux établis à l'île Chambière (à 4 heures), puis, 
par suite de nouveaux ordres, dut se porter à hauteur de 



(1) V. Histoire militaire contemporaine, par le lieutenant-colonol 
Canonge. 

(2) Le 2 août, la 3" division pousse une reconnaissance offensive de 
Ck)ume à Merten, vers Sarrelouis. Le général Pajol, avec deux bataillons 
du 15' et une section 'du génie, s'avance jusqu'au plateau qui domine 
Berus, qu'on dit être fortement organisé et muni d'une puissante artil- 
lerie. Mais l'ennemi n'y fut point rencontré. 



324 HISTORIQUE 



Woippy, pour bivouaquer. Mais à peine le régiment com- 
mençait-il à s'installer près de Maisonneuve qu'un coup- 
de canon se fît entendre du côté de Borny. Sans autre 
avertissement, la l'<^ brigade, laissant ses sacs au camp, se 
hâta de repasser la rivière, gravit au pas de course le» 
pentes de Saint- Julien et vint se former en réserve derrière 
le bois de Grimont. 

Vers 6 heures, l'ennemi fit une démonstration sur notre 
gauche. C'est alors que le général Pajol, chargé de conjurer 
ce danger, prit positiou près du pigeonnier de Grimont. 

Le 15® se déploya en seconde ligne, à la gauche du bois,, 
sous un feu nourri mais mal ajusté, qui ne lui tua heureu- 
sement qu'un seul homme. 

Néanmoins, l'entrée en ligne de la 1'® brigade arrêta le 
mouvement tournant des Prussiens. 
11 était environ 7 heures du soir. 
Après avoir ainsi dégagé la division Grenier, le général 
de Ladmirault attendit vainement des ordres pour pro- 
longer son mouvement offensif. Ils ne vinrent pas. 

D'ailleurs, la nuit commençait à s'étendre sur le champ 

de bataille ; peu à peu le combat prit fin sur toute la ligne. 

Si le régiment n'avait pas eu de pertes sérieuses, il n'en 

avait pas moins fait preuve de beaucoup de sang-froid et 

de résolution. Aussi eut-il sa part dans les récompenses. 

Le commandant Chapot reçut la croix d'officier de la 
Légion d'honneur et le capitaine Royer celle de chevalier. 
Cinq médailles militaires furent en outre accordées à des 
militaires du corps. 

Dès que la lutte fut terminée, le maréchal Bazaine donna 
l'ordre aux troupes qui avaient été engagées de reprendre 
leur marche sur Metz. 

A 2 heures du matin, la division de Lorencez était réins- 
tallée dans ses bivouacs de la Maison-Neuve, sur la rive 
gauche de la Moselle. Mais, à 3 heures de l'après-midi, 
elle se remettait en mouvement dans la direction de Don- 
court. Malheureusement, il fallut s'arrêter à Plappeville 
pour laisser passer les troupes et les convois envoyés de 
Metz à Ghâtel-Saint-Germain, de sorte qu'on ne put dépas- 
ser Lessy, où l'on arriva vers 9 heures du soir. Le 2® batail- 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 325 

Ion de chasseurs et 2 bataillons du 15'^ campèrent sur le 
plateau (entre Lessy et Lorry) (1). 

Le lendemain, 16 août, devait se livrer Tune des batailles 
les plus meurtrières du siècle. 



Bataille de Rezonville-Gravelotte ou Mars-la-Tour (16 août). 

La colonne de droite de Tarmée française (2) avait été 
tellement retardée la veille, comme nous venons de le 
voir, que le 4® corps n'avait pu atteindre l'emplacement 
qui lui était assigné. En conséquence, il devait partir pour 
Doncourt, dès 4 heures du matin, le 16. L'encombrement 
des routes ne permit pas d'exécuter cet ordre. C'est pour- 
quoi le général de Ladmirault prit le parti de faire suivre 
à la division Lorehcez la route de Briey par Sainte-Marie- 
aux-Chênes, tandis que les deux autres se dirigeaient sur 
Amanvillers, Vernéville et Doncourt. 

Pourtant la 3® division se trouva encore arrêtée par les 
«envois. Concentrée, depuis 6 heures du matin, autour de 
Lessy, elle dut passer toute la matinée sur le plateau de la 
Sapinière (3). 

« Soudain, vers 9 heures et demie, le grondement du 
canon se fait entendre du côté de Rezonville. Cette canon- 
nade durera toute la journée (4). » 

Enfin, à 2 heures du soir, après une longue attente, le 
général de Lorencez prescrit à ses troupes de se remettre 
en marche sur Amanvillers. La division y arrive vers 
S heures. Pendant ce temps, le combat d'artillerie parait 
redoubler d'intensité. C'est, à n'en pas douter, une véri- 



(1) V. Journal de marche de la 3' division. 

(2) L'armée française, après avoir pas^é la Moselle, s'était formée, à 
partir de Gravelotte, en deux colonnes pour se porter sur la Meuse. La 
colonne de gauche comprenait les 2' et 6* corps, la colonne de droite se 
composait AesS' et 4' corps, suivis de la garde et des parcs. 

(3) Le 15% le H* et le 65* étaient entre Lessy et Lorry, le 33" au mou- 
lin Longeau, l'artillerie entre les deux brigades (V. Journal de marche 
de la 3« division). 

(4) V. Français et Allemands, par Dick de Lonlay, p. 418. 



326 HISTORIQUE 



table bataille. Il faut donc, sans plus tarder, se rapprocher 
du théâtre de la lutte. 

On accélère Fallureet bientôt on traverse Doncourt, puis 
on arrive à Bru vil le. Ce village est plein de blessés qui 
donnent quelques renseignements sur les événements de 
la journée. Il est 7 heures; nos soldats sont exténués (1). 
D'ailleurs, la nuit tombe et la canonnade cesse peu à peu. 
Néanmoins, la brigade Pajol gagne Gravelotte et va s'éta- 
blir au bivouac, sur le coteau de Rozerieulles, en face du 
bois de Vaux. 

(( Un profond silence s'étend alors sur ce terrain où, 
depuis douze heures, s'entre-tuaient 300.000 combattants, 
où tonnaient 1.200 bouches à feu et où la mort avait fait 
une si riche moisson. 

» Dans la paix solennelle de la nuit, il semble qu'une 
plainte immense monte vers le ciel, la plainte de plus de 
30.000 hommes qui dorment là, rigides (1) ». Sous la tente 
on ne sommeilla guère, malgré la fatigue, car chacun s'at- 
tendait à reprendre dès l'aube une vigoureuse offensive. 

On sait ce qu'il en advint. 

Et ce fut avec un douloureux étonnement que l'armée 
française apprit qu'elle devait se replier jusqu'aux collines 
dominant la Moselle (2). 

Le 4® corps (de Ladmirault) avait ordre de s'établir entre 
le 3« et le 6®, vers Montigny-la-Grange et Amanvillers. 

Après avoir pris position entre Bruville et Doncourt, 
pour protéger ce mouvement rétrograde, la division Lo- 
rencez vint s'installer au bivouac, à 7 heures du soir, près 
de la ferme Saint-Vincent. 

Cependant, le prince Frédéric-Charles, informé de notre 
retraite volontaire, en avait rendu compte au roi. 

A cette nouvelle, le grand état-major allemand avait 
décidé qu'il fallait tenter de nous couper de notre ligne 
de retraite sur Verdun. En effet, vers la fin de la journée, 



(1) Voir le renvoi 4 de la page 325. 

(2) Bazaine établissait son armée entre les deux ravins de la Mance 
et de Chatel-Saint-Germain, sur un mouvement de terrain dépendant 
des hauteurs qui séparent l'Orne de la Moselle. 



DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTERIE 327 

d'épais nuages de poussière signalent déjà la marche des 
colonnes allemandes. 

Malgré tout, comme on n'a reçu aucune instruction en 
vue d'un combat, chacun profite de la douce température 
de la nuit pour se reposer. Entre 1 heure et 2 du matin, 
deux alertes successives causent bien un moment d'émo- 
tion, maïs le calme est vite rétabli. 

On constate qu'il n'y a rien et l'on se recouche sous la 
tente. 

(( Bientôt après, tout le monde se réveille aux accords 
vibrantg d'une diane générale, saluant l'aube de ce jour 
fatal, qui aurait dû éclairer une victoire de la France et qui 
n'éclaira malheureusement qu'une retraite (1). ^) 

D'ailleurs, personne ne bouge; il semble que l'on ne 
s'attende pas à une bataille. 



Bataille de Saint-Privat. — - Défense des lignes d'Amanvillers 

(18 août 1870). 



Depuis les premières heures du jour, l'armée allemande, 
rompant par échelons, la gauche en avant, exécute une 
convjBrsion à droite pour se porter sur un front parallèle 
au nôtre. 

Cependant rien ne trouble encore la tranquillité de nos 
bivouacs. 

A 10 heures du matin, le 3^ bataillon du 15® (comman- 
dant DE Lespinâsse) est envoyé aux avant- postes à la pointe 
des bois de Fèves, près des carrières de la Croix (2). 

« Tout à coup, vers 11 h. 1/2, une détonation retentit du 
côté de Vernéville, et. en même temps un obus éclate dans 
le camp du 4® corps (de Ladmirault). C'est le premier coup 
de canon d'une batterie allemande qui a eu l'audace de 



(1) V. Français et Allemands, par Dick de Lonlay. 

(2) Ce bataiUon, qui ne retrouva les deux autres que le lendemain, 
près de Woippy, fut employé d'abord à la défense de la lisière des bois 
de Fèves, puis envoyé en soutien d'artillerie en avant de la ferme de 
Marengo. 



32S HISTOUIQUK 



s'établir à 1.500 mètres d'Amanvillers et qui vomit aussitôt 
une gréle de projectiles sur Téglise et le village (1). » 

La division Lorencez, qui vient justement de prendre les 
armes pour l'appel réglementaire, dépose immédiatement 
ses sacs et se porte au pas gymnastique' vers Amanvillers, 
où les divisions Grenier et de Cissey sont déjà aux prises 
avec l'ennemi (2). 

Les deux premiers bataillons du 15^ restent, ainsi 
qu'une batterie, au bivouac, pour garder les sacs et les 
bagages. Nos braves soldats rongent silencieusement leur 
frein. Ils prêtent une oreille attentive aux échos du champ 
de bataille. Le canon gronde toujours et la fusillade crépite 
sur tout le front. 

Enfin, le géiiéral de Ladmirault, qui a besoin de toutes 
ses forces pour résister aux attaques réitérées du 9® corps 
allemand, fait appeler ses dernières réserves. 

Donc, vers 1 heure du soir, le 15« de ligne et la batterie 
du camp débouchent à leur tour sur le plateau d'Aman- 
villers. 

Le régiment se déploie en seconde ligne à la gauche du* 
65®, entre le village (3) et la ferme de Montigny-la-Grange. 

Un grondement épouvantable et continu domine tous 
les bruits dont retentit cette immense et sanglante arène, 
où se mesurent deux armées formidables. C'est un duel 
acharné, terrible, entre les deux artilleries adverses. 

Quoique couchés, nos bataillons souffrent considérable- 
ment du feu de ces quatre-vingts pièces de canon braquées 
contre eux. 

Mais l'ennemi ne peut faire aucun progrès. Nos vaillants 
soldats restent de longues heures impassibles sous une 



(1) V. Français et Allemands^ par Dick de Lonlay. Nous avons con- 
trôlé l'exactitude de ce renseignement à l'aide des journaux de marche. 
Cotte artillerie allemande se déploya au nord de la ferme de Champe- 
nois. 

• (2) La division Lorencez avait laissé les sacs et les bagages au bi- 
vouac. 

(3) Le village d'Amanvillers. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 329 



pluie de projectiles et tiennent partout leurs positions avec 
la plus grande fermeté. 

A 4 heures tous les officiers supérieurs du 15® sont hors 
de combat. C'est le capitaine adjudant-major Bonnet qui 
prend le commandement du régiment. Bien que blessé 
lui-môme d'un éclat d'obus au visage, il donne à tous 
l'exemple de la plus rare énergie. 

Cependant, vers 5 heures, nos batteries épuisées, se 
taisent et, faute de munitions, sont obligées de se retirer. 

Bientôt après, le général de Ladmirault, voyant que la 
division Grenier contient à grand peine les attaques fu- 
rieuses des Allemands (1), prescrit à la division Lorencez 
de se porter à son secours. En conséquence, les 15®, 65® et 
54® de ligne reçoivent l'ordre de relever les régiments de 
droite de la division Grenier. 

Le 15®, renforcé d'un bataillon du 13®, s'avance alors au 
pas de course, sous une grêle de mitraille, et le combat 
recommence avec un acharnement sans exemple (2). 

Trois fois les Hessois se lancent à l'assaut. Malgré l'ap- 
pui de la 25® division tout entière, ils sont obligés de re- 
culer. Tous leurs efforts se brisent contre l'indomptable 
résistance de nos troupes. 

Combien d'actes héroïques I combien de dévouements 
obscurs ne faudrait-il pas citer ici I II en est un qu'il est 
impossible de passer sous silence. 

Le fourrier de la compagnie Achet, transmettant un 
renseignement à son capitaine, roule soudain à ses pieds, 
mortellement frappé par une balle probablement destinée 
à son chef. Mais, pendant que celui-ci adresse au blessé 



(1) Vers 6 heures, une brigade de la garde prussienne et la brigade 
de gauche du 3' corps de la 2' armée sont presque détruites devant 
Amanvillers par le feu des défenseurs du village. 

(2) (c A ce moment, écrit Dick de Lonlay, un régiment prussien pro- 
fitant de répaisse fumée de la canonnade, s'approche à couvert en 
criant : « Ne tirez pas, nous sommes Français. » Mais le commandant 
Commercon, du 13% n'a pas oublié l'odieuse manœuvre de Borny. « Ce 
sont des Prussiens » crie-t-il au 15% feu à 200 mètres I » La supercherie 
des Prussiens leur coûta cher. » 



330 HISTORIQUE 



quelques mots de compassion, voici que de nouveau ré- 
sonne la charge : 

« Mon capitaine, s'écrie Tintrépide fourrier, je ne suis 
pas encore mort. Vive la France 1 » Et, ramassant tout ce 
qui lui reste d'énergie, le voilà qui se relève et qui court à 
l'ennemi. 

Hélas 1 vingt pas plus loin, ses forces le trahissent et, 
jetant un long regard sur ces lignes prussiennes qu'il ne 
peut atteindre, il tombe à la renverse. 11 est mort. Honneur 
à ce noble jeune homme qui a voulu donner à la patrie jus- 
qu'au dernier battement de son cœur, jusqu'à la dernière 
goutte de son sang (1)1 

D'ailleurs, ici, tous les officiers, tous les gradés donnent 
l'exemple de la plus admirable constance. Et le brave régi- 
ment se maintient inébranlable sous la mitraille. Cepen- 
dant, à notre droite, le 6« corps (Canrobert), débordé par 
les Saxons, priyé de tout secours, est obligé de se replier 
par les bois de Jaumont et de Fèves. Le 4® corps (Ladmi- 
rault) se trouve ainsi découvert de ce côté. 

Néanmoins, la division Lorencez conserve ses positions 
et étend même ses lignes plus à droite du village d'Aman- 
villers. 

En conséquence, deux bataillons du 33® passent de la 
gauche à la droite de Montigny-la-Grange, pour ne pas 
perdre leur liaison avec le 15® (2). 

Le capitaine Bonnet, qui commande si brillamment le 
régiment depuis 4 heures du soir,* interdit les feux à vo- 
lonté et n'autorise que des feux de salve, qui causent d'é- 
pouvantables ravages dans les rangs prussiens (3). 



(1) Cotte anecdote est empruntée aux notes laissées par le comman- 
dant AcHET, que sa famille nous a très gracieusement communiquées, 
par l'intermédiaire de M. le capitaine Destré, officier d'ordonnance de 
M. le général de Vanteaux. Nous regrettons de ne pas savoir le nom de 
ce vaillant fourrier. 

(2) Détails empruntés au Journal de marche de la division et à l'His- 
torique du 33*. 

(3) V. la citation du capitaine Bonnet sur ses états de services ; pour 
les feux, ce détail nous a été fourni par les Notes et Souvenirs du 
commandant Achet, qui dit avoir constaté des effets étonnants de des- 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 331 

Quoi qu'il en soit, les masses ennemies affluent et se ré- 
pandent en une immense marée humaine. 

Un moment le 15®, épuisé, seipble prêt à faiblir. 

Dans ce danger pressant, le capitaine Bonnet se souvient 
qu'en tombant le colonel de Kerléadeg lui a recommandé 
son cher drapeau. Saisissant alors la hampe de ce précieux 
emblème, il l'élève et Tagite comnie pour en signaler la 
détresse, et voici qu'à cet appel d'alarme nos braves soldats 
se rallient et se groupent autour de lui', opposant de nou- 
veau un rempart inexpugnable aux assauts répétés des Al- 
lemands (1). 

Du reste, un bataillon du 64®, conduit par le colonel 
Léger, accourt leâ soutenir (2). 

On attend l'arrivée de la garde pour reprendre l'offen- 
sive, et bien que l'ordre ait été donné, à 7 heures, de rentrer 
au bivouac, le général de Lorencez, ne se sentant pas me- 
nacé, maintient encore ses troupes dans leurs emplace- 
ments. 

Pourtant, vers 8 heures, la situation devient des plus 
critiques. Amanvillers est en flammes. Trois batteries 
prussiennes labourent de projectiles tout le terrain qui 
borde le village. 

Le lo®, à bout de forces, n'ayant presque plus de cartou- 
ches, résiste avec peine aux terribles attaques de l'infante- 
rie ennemie, qui tourne insensiblement notre droite. 

«Heureusement, le 41®, conduit par le colonel Saussier, 
arrive au pas de course à Montigny-la-Grange. L'entrée en 
ligne de ce régiment, par l'obscurité, fait croire à un ren- 
fort plus considérable et relève le courage de nos soldats 
harassés. Un brusque retour offensif est aussitôt résolu 
pour reprendre les positions emportées parles Allemands. 

Les tambours battent la charge et deux bataillons du 



traction. Le capitaine Bonnet, avait été, au commencement de 1870, 
capitaine de tir au camp de Ghâlons. 

(1) Ce ralliement est cité comme fait remarquable dans le rapport du 
général de division. 

(2) Détails empruntés à Français et Allemands, par Dick de Lonlay, 
p. 263. 



332 HISTORIQUE 



M^ se jettent à la baïonnette sur les colonnes prussiennes 
aux cris de : Vive la France ! Vive TEmpereur I pendant que 
les compagnies du 15® brjilent leurs dernières cartouches 
en des salves nourries et meurtrières (i). » 

Au bout d'un quart d'heure, nous avons reconquis tout 
le plateau compris entre Amanvillers et Montigny-la- 
Grange. 

Mais bientôt les ténèbres de la nuit couvrent le champ 
de bataille, planant au-dessus des plaines ensanglantées 
comme un immense voile de deuil. 

La fusillade cesse de toutes parts. A 9 h. 1/2 on n'entend 
plus rien. . 

Vers 10 heures, le régiment, qui a conservé sa place de 
bataille, reçoit l'ordre de regagner son camp de Saint- 
Vincent (2). Il y arrive à 11 heures et trouve tout en désor- 
dre. Les obus y sont tombés en si grand nombre qu'une 
partie des hommes de la garde de police ont été tués ou 
blessés et que beaucoup de tentes ont été renversées ou 
lacérées par les projectiles. 

(( La nuit est fort sombre, cependanM'horizon est éclairé 
par deux énormes torches : c'est Saint-Privat et Amanvil- 
lers que les flammes dévorent (1). » 

Comme il fait froid et que chacun s'attend à une nou- 
velle attaque, nos malheureux soldats, exténués par dix 
heures de lutte, s'allongent autour des feux. 

D'ailleurs, on ne se reposa guère, car vers une heure du 
matin de nouvelles instructions prescrivaient à la division 
Lorencez (3® et 4° corps) de se replier sous Metz. 

Dans cette meurtrière journée du 18 août, le 4® corps 
(Ladmirault) s'était maintenu sur toutes ses positions, re- 
poussant avec une indomptable énergie les attaques vingt 



(1) Français et Allemands, par Dick dcLonlay. 

(2) (( Le capitaine Bonnet, assis sur un tambour, fut averti que le 
général le demandait ; c'était pour lui donner cet ordre. Grisé par le 
.succès de son régiment, qui avait si bien conservé ses positions, le ca- 
pitaine n'ordonna qu'à regret la retraite. Il eût cependant été témé- 
raire de rester plus longtemps là. D'ailleurs on n'avait ni vivres ni 
eau. tt (Souvenirs du capitaine Àchet.) 



DU 15® nÉGiMÉ;NT d'infanterie 333 

fois répétées de Tinfanterie allemande et supportant avec 
une admirable constance le feu écrasant de plus de deux 
cents pièces de canon tonnant à la fois contre les défenseurs 
d'Amanvillers et de Montigny-la-Grange. 

La magnifique attitude du 15® de ligne, au cours de cette 
terrible bataille, rappelle les jours les plus glorieux de 
l'histoire du régiment. 

Le corps entier a fait noblement son devoir ; mais, s'il 
s'est couvert d'une gloire incomparable, c'est au prix des 
plus durs sacrifices ; la mort a largement moissonné dans 
ses rangs. 

Cinq cent quarante sous-olfîciers et soldats sont hors de 
combat. 

Le vaillant colonel Fraboulet de Kerléadec (1) est mor- 
tellement atteint. « Mes amis I s'est il écrié en tombant, je 
vous recommande le drapeau 1 » 

Non loin de lui, cinq autres officiers ont payé de la vie 
leur dévouement à la patrie ; ce sont : MM. le lieutenant- 
colonel MAQUAmE ; le chef de bataillon Paron ; les capitai- 
nes de la Vallière (2) et Creusvaux ; le sous-lieutenant 
Gourdel. 

Douze officiers sont blessés; ce sont : MM. le comman- 
dant Chapot ; les capitaines de Foerster, Pouyaud, de Pe- 
RETTi, AcHET ct HoFFET (mort le 8 septembre des suites de ses 
blessures); les lieutenants Corlieu, DuBARnet Augier; les 
sous-lieutenants Huguet, Cartier et Rigolage. 

Cette rude et mémorable journée valut aux sous-lieute- 
nants Rigolage et Huguet la croix de chevalier de la Légion 
d'honneur et, à (Jix-neuf sous-officiers ou soldats, la mé- 
daille militaire. 

Notre récit serait incomplet si nous ne mentionnions ici 
le nom des officiers dont la brillante conduite fut particu- 
lièrement remarquée. 

En voici la liste : 

M. le colonel Fraboulet de Kerléadec; les commandants 



(1) Il mourut le 11 septembre à Metz. 

(2) De Boisguéret de la Vallière. 



334 HISTORIQUE 



Chapot et DE Lespinasse; les capitaines adjudants majors 
Bonnet (1) et Forest; les capitaines Hoffet, Pouyaud, 

RiGOLAGE, SOUMARD DE VILLENEUVE, DE PoUSARGUES, AcHET; 

les médecins-majors Clntrat et Jacquez; les lieutenants 
DuBARD, Hazard, DE Chaptal, Thomas, DE Saint-Aulaire ; 
le sous-lieutenant Huguet (2). 

Le 19, dès l'aube, en exécution des ordres donpés par le 
maréchal Bazaine, le 4« corps (de Ladmirault), si éprouvé 
la veille, va se rallier sur le plateau de PlappeviUe. La 
brigade Pajol (15® et 33®) arrive à Devant-les-Ponts vers 
4 heures du matin et prend position, dans la soirée, à Ti- 
gnomont, entre Lorry et PlappeviUe. Elle devait y rester 
jusqu'au 26 août. 

Dans les dernières heures du jour, nos troupes reçurent 
le dernier courrier de Paris. 

C'est donc du 19 août que date le blocus de l'armée de 
Metz, qui devait se terminer d'une façon si lamentable. 



Fausse attaque du 26 août. 

Cependant, le 26 août, nos soldats ont un instant l'espoir 
de prendre leur revanche. Des ordres ont été donnés pour 
que tous les corps d'armée se mettent en mouvement dès 
le matin et se portent sur la rive droite de la Moselle. 

Le ciel est nuageux ; la journée parait devoir être bru- 
meuse. Le soldat n'en a pas moins bouclé son sac avec 
joie. 

Une amère déception l'attendait. 

Vers 1 heure de l'après-midi, la division de Lorencez (3) 



(1) Non seulement le capitaine Bonnet fut cité à Tordre de Tarmée 
pour avoir commandé, depuis 4 heures du soir, le 15* avec la plus 
grande énergie, mais il fui nommé chef de bataillon (3* bataillon) en 
remplacement du commandant de l'Espinasse, appelé à un autre com- 
mandement. Cette nomination date du 24 août 1870. 

(2) Tous ces officiers sont cités à l'ordre de l'armée, ainsi que 16 sous- 
olHciers et soldats du corps. 

(3) Journal de marche de la 3" division (la division est partie à 6 h. 1/2 
du matin, l'« brigade en tête, par les ponts de l'Ile Ghambière). 



DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 335 

prend position sur le plateau de Saint-Julien, près du bois 
de Grimont. 

Le 15® de ligne est à la lisière du bois, un peu en avant 
du château. Les bataillons sont rangés en bataille, à 50 mè- 
tres les uns des autres (1). 

Une heure, deux heures se passent sous une pluie bat- 
tante. Qu'attend-on? Aucun ordre n'arrive, aucune nou- 
velle ne circule. 

Pourtant, vers 4 heures du soir, on apprend avec sur- 
prise qu'il faut repasser la Moselle. La troisième division, 
consternée, désappointée, se remet en marche à 7 heures. 
Le 15® de ligne n'arrive à son camp qu'à 8 heures du matin, 
le 27. 

Sur ces entrefaites, le bruit se répand que le maréchal 
de Mac-Mahon arrive au secours de Metz avec l'armée de 
Châlons. Pour calmer l'impatience des troupes, le maré- 
chal Bazaine prescrit de recommencer l'opération avortée 
du 26. 

Bataille de NoisseTille (1'' septembre). 

En conséquence, le 31 août, à 6 heures du matin, le 15® 
de ligne, sous les ordres du lieutenant-colonel Guillemain, 
nouvellement promu, passe la Moselle et va s'établir, en 
seconde ligne, en avant du château de Grimont. Le4<' corps 
doit aborder la position de Sainte-Barbe par sa droite. 

Enfin, la bataille s'engage. Bien que la division Loren- 
cez n'ait pour ainsi dire pas combattu ce jour-là, la com- 
pagnie de partisans du ib^, commandée par le lieutenant 
DE CouESBouc, a pu pénétrer dans le village de Servigny 
et s'y maintenir jusqu'au milieu de la nuit. 

Dès l'aube, la 3® division va relever en première ligne 
la division de Cissey, qui a beaucoup souffert la veille. 

A 4 heures du matin, la fusillade recommence, le 



(1) V. Journal de marche de la division Lorencez. « Depuis vingt- 
quatre heures ces hommes n'ont pris que du café. On leur alloue une 
ratioi^ extraordinaire d'eau-de-vie pour le lendemain. .» 



336 HISTORIQUE 



canon gronde sur la droite, du côté de Noisseville. Le 
brouillard est si épais qu'il est impossible de distinguer 
Tensemble du champ de bataille. Le 15® de ligne se fait 
remarquer par son calme et son sang-froid sous la grêle 
des obus prussiens (1). 

Mais, vers H heures, les progrès de l'ennemi forcent le 
3® et le 6e corps à battre en retraite. Bientôt le 4® doit ré- 
trogader à son tour. 

Les divisions Lorencez et de Cissey opèrent ce mouve- 
ment par échelons et dans le plus grand ordre. Le 15® régi- 
ment d'infanterie s'établit au bois de Grimont et s'y main- 
tient, jusqu'à une heure, sous le feu des batteries prus- 
siennes. 

Il exécute des salves qui arrêtent les colonnes ennemies. 
Pourtant, les troupes françaises repassent encore une fois 
la Moselle. 

Le régiment reprend, à 7 heures du soir, son campement 
de Plappeville. 

Tel fut le dernier grand combat de l'armée de Metz. 
C'était fini. Elle allait bientôt mourir, étouffée dans le 
cercle de fer qui l'entourait. Néanmoins l'agonie devait 
durer encore cinquante-huit jours. 

Dans cette bataille de quarante huit heures, le 15® de 
ligne ne perdit heureusement qu'une cinquantaine d'hom- 
mes. 

L'ordre de l'armée rendit hommage à la belle conduite 
du commandant Bonnet, des capitaines Roslin, Giraud, 
Legeay, Jaclot, des lieutenants Bourguignon et de Cou- 

ESBOUG. 

Plusieurs de ces officiers eurent immédiatement la ré- 
compense due à leur patriotisme et à leur dévouement. 

Le médecin-major Cintrât et le commandant de Lespi- 
NASSE reçurent la rosette d'officier de la Légion d'honneur; 
les capitaines Roslin et Girault, ainsi que les lieutenants 



(1) Le 3* bataiUon du 15% envoyé dans la direction de Viller-l'Orme, 
occupe la gauche de la division. 

Tout ce récit est emprunté au Journal do marche du corps d'armée 
et de la division, et à Français et Allemands^ de Dick de Lonlay 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 337 

Klein et de Couesbouc, la croix de chevalier. Enfin, six 
sous-ofiiciers et soldats furent décorés de la médaille mili- 
taire (1). 

Quelques jours plus tard (le li septembre), le régiment 
avait le regret d'apprendre la mort de son vaillant colonel, 
Théodore-Eugène Fraboulet de Kerléadec, décédé à Metz 
des suites de ses blessures. 

Colonel Joseph-Barthélemy-Xavier DERROJA 

(12 septembre 1870). 

Le lendemain (12 septembre), le commandement du 15® 
fut donné au colonel Derroja, précédemment lieutenant- 
colonel du 33® de ligne. 

Les journées suivantes s'écoulèrent sans incidents di- 
gnes d'intérêt. 

Rappelons cependant que, le 21 septembre, notre com- 
pagnie de partisans fut chargée d'une audacieuse recon- 
naissance dans le bois de Vigneulles. Ses trois officiers 
furent blessés dans cette périlleuse affaire (2). 

Il y eut encore, le 1®' octobre, une prise d'armes partielle. 
La compagnie franche et la 3® compagnie (de Jouffroy) du 
3® bataillon avaient été seules désignées pour prendre part 
à l'opération. 

A 3 heures du matin, les sous-officiers, prévenus par 
les capitaines, réveillèrent leurs hommes, et le détache- 
ment quitta le bivouac sans bruit pour ne pas attirer l'at- 
tention (3). . 

Notre petite colonne fut ensuite établie en flanc-garde 
avec mission de protéger la droite du 33®, qui attaquait le 
bois de Lessy. 



(1) Le commandant de Lespinasse fut nommé Ucuicnnnt-coloncl, mais 
J'ignore la date de sa promotion. 

(2) Capitaine Roslin, lieutenant de Couesbouc et sous-lieutenant 
GuiNDORF (ce dernier succomba à ses blessures). 

(3) Ces détails nous ont été très gracieusement fournis par le lieute- 
nant-colonel DE Jouffroy d'Abdans, alors capitaine au 15'. 

Uist. 15*. 22 



338 HISTORIQUE 



Mais les Allemands ne tentèrent rien de ce côté. 

Enfin, le 29 octobre, la belle armée de Metz, <( vaincue par 
la faim, n'ayant perdu sur les champs de bataille ni un 
drapeau ni un canon, mais y ayant laissé 42.483 hommes, 
tués, blessés ou disparus, apprenait avec une immense 
et muette douleur la nouvelle de la capitulation. Le jour 
même, à midi, les Prussiens prenaient possession des forts 
delà ville, vierge jusqu'alors du joug de l'étranger (1) ». 

Les officiers avaient à choisir entre la signature du re- 
vers ou la captivité. 

Fuite duoolonel et du commandant Bonnet. 

Le colonel Derroja, le commandant Bonnet, les capi- 
taines AcHET, DE PousARGUES et bien d'autres (2) ne voulu- 
rent point accepter cette alternative. La possibilité de 
gagner le Luxembourg, en cheminant par les bois, les 
potfssa à tenter une évasion que plusieurs ont payée de 
leur vie. 

D'ailleurs, l'espoir de servir et de défendre encore la 
France ou de mourir pour elle leur fit braver tous les 
périls. 

Il fut donc convenu qu'on tâcherait de franchir les lignes 
prussiennes, soit séparément, soit deux par deux, suivant 
les occasions qui pourraient se présenter. On se donna 
rendez-vous à Lille (3). 



(1) Histoire militaire contemporaine, par le commandant Canonge, 
p. 257. 

(2) Nous regrettons de n'avoir pu nous procurer leurs noms. 

(3) Tous ces détails nous ont été révélés par les « Souvenirs du com- 
mandant AcHET ». Le capitaine Achet, qui réussit à s'évader, vint 
remettre sa vaillante épéo au service de la patrie. On lui donna le 
commandement d'un bataillon du 56^ Il commanda même son régi- 
ment pendant la retraite du Mans. Chef de bataillon en 1870, chevalier 
de la Légion d'honneur en 1873, le commandant Achet fut nommé 
officier en 1886 et mourut à Imphy (Nièvre) le 29 mars 18i89, entouré 
de l'estime publique. Le témoignage de cet homme d'honneur ne peut 
être suspect. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 339 

Nous ne pouvons exposer ici tous les dangers qu'ont 
courus ces nobles fugitifs. On nous permettra cependant 
d'en citer pour exemple les circonstances particulièrement 
émouvantes et dramatiques qui marquèrent la fuite du 
colonel Derroja et du commandant Bonnet. Il est bon que 
les jeunes générations sachent jusqu'où a pu aller le cou- 
rage, la résolution et le dévouement des héros qui ont tant 
contribué à la gloire du 15®. 

Donc, le colonel et le commandant Bonnet profitent des 
ténèl>res de la nuit pour se glisser sous bois. Il sont con- 
duits par ttu zouave qui se dit du pays et prétend connaî- 
tre parfaitement les percées des forêts. 

Tous les trois marchent avec précaution, Tœil au guet, 
l'oreille tendue. Bientôt ils se trouvent à proximité d'une 
maison de garde ; mais à peine les fugitifs ont-ils fait quel- 
ques pas de ce côté qu'un cri rauque, énergique, les arrête 
net. 

« Wer da!)) répète la sentinelle prussienne. Que faire? 
L'obscurité est profonde ; il faut prendre rapidement un 
parti, car l'alarme est donnée, le poste prend les armes et 
va s'élancer à leur recherche. Déjà le zouave s'est enfui. 
Le commandant Bonnet n'hésite pas longtemps: sa déci- 
sion est bien arrêtée. 

« Mon colonel, dit il à voix basse, je sais l'allemand, 
vous ne le savez pas, sauvez-vous... Tous les deux nous se- 
rions fusillés. Seul, je m'en tirerai peut-être. D'ailleurs, 
vous vous devez à vos officiers. Pas de générosité, pas de 
sacrifice inutile... Fuyez, je vous en supplie, pendant que 
je parlemente avec les Allemands. Ils ignorent que nous 
sommes deux. Ils arrêteront là leur poursuite, et qui sait! 
je m'en tirerai peut être... Adieu, mon colonel, bonne 
chance ! éloignez vous I » 

Sur ce dernier mot, l'intrépide officier sort du fourré 
où il s'était blotti et va droit à l'ennemi. 

Les Prussiens l'entourent immédiatement et le ramènent. 
Ils sont tout fiers de leur prisonnier. 

Conduit à la maison du garde, le commandant est pré- 
senté à l'officier du poste. 

« Ah I ah I dit celui-ci, un officier français qui s'évade ! 



340 HISTORIQUE 



C'est bien. A 6 heures du matin, on lui réglera son affaire. 
Gardez-le dans la chambre du milieu (1). )) 

La situation est singulièrement inquiétante. Néanmoins^ 
le brave chef de bataillon ne désespère pas encore. En tout 
cas, il a conscience d'avoir fait son devoir, et la conviction 
que son dévouement n'a pas été inutile est un adoucisse- 
ment à ses angoisses 

Les heures se passent ainsi, dans une longue et énervante 
attente. Et c'est à six heures que doit avoir lieu cette exé- 
cution sommaire. 

Voici qu'on relève la sentinelle. Le gardien et le prison- 
nier se considèrent mutuellement avec une certaine curio- 
sité. D'ailleurs, le commandant a fait le sacrifice de sa vie ; 
. maintenant il se résigne stoïquement à son sort. N'étant pas 
mort sur le champ de bataille, il tombera quand même sous 
les balles ennemies. C'était sa destinée. 

Ne sachant que faire pour tromper le temps, le vaillant 
officier prend sa pipe et se met à la bourrer, lentement, 
silencieusement, comme s'il voulait dire adieu à cette 
fidèle compagne des jours de fatigues et d'épreuves. 

Et l'Allemand jette un long regard de convoitise sur ce 
tabac français. Le commandant Bonnet n'est pas sans s'en 
apercevoir. 

« Camarade, dit-il à voix basse, vous n'en avez pas de 
pareil, hein 1 

— Non certes. 

— En voulez- vous une pipe ? 

— Il est défendu de fumer sous les armes. 

— Sous les armes, oui; mais après I Tenez, dans quel- 
ques minutes je n'en aurai plus besoin; allons, vite, bour- 
rez votre blague de cet excellent tabac français ; personne 
ne vous verra ; les portes sont fermées. » 

La sentinelle hésite un peu, examinant tantôt les portes, 



(1) La maison du garde comportait trois pièces et un couloir. A droite 
et à gauche du couloir, la chambre de l'officier et celle du poste ; au 
fond du couloir, celle du prisonnier. La porte de cette dernière pièce 
reste ouverte et une sentinelle circule de cette porte à celle qui donne 
sur la lisière du bois et qui n'est fermée que par un verrou. 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 341 

tantôt Tobjet de son envie ; enfin, la tentation l'emporte. 
Posant doucement son arme contre la muraille, le soldat 
tend au prisonnier sa blague, qu'il tient grande ouverte 
avec les deux mains. 

Mais, prompt comme l'éclair, l'officier se jette sur le fusil 
et, d'un coup de pointe en pleine poitrine, envoie rouler 
son gardien au fond du couloir ; puis, franchissant le cada- 
vre, il ouvre la porte et disparait sous bois. 

Au bruit de la chute du corps, les hommes du poste ac- 
courent et trouvent leur camarade étendu dans une mare 
de sang. Le drame n'est pas difficile à reconstituer. 

Aussi, le premier moment d'émotion passé, tout le 
monde se lance à la poursuite du fugitif. Il est trop tard I 
Grâce à l'obscurité, le commandant est sauvé. 

Cependant, il faut s'éloigner au plus vite pour échap- 
per aux recherches des Pruseiens, car l'alarme doit être 
donnée et l'aube commence à poindre à l'horizon. 

Or, après une course folle, l'intrépide Bonnet parvient à 
la lisière de la forêt, et quel n'est pas son étonnement en 
reconnaissant, à quelques pas de lui, le camp du 15® I 

Que faire ? La fuite est désormais impossible. Une en- 
quête sera certainement ouverte, et quelle odieuse ven- 
geance les Allemands n'exerceront-ils pas sur le camp 
français s'ils ne retrouvent l'officier évadé ! 

Tout en réfléchissant à la gravité de la situation, le mal- 
heureux chef de bataillon prend le parti de regagner sa 
tente. 

Enfin, après avoir mûrement interrogé sa conscience, 
convaincu qu'il n'avait pas le droit d'exposer tout un camp 
aux conséquences de sa témérité, ne connaissant d'ailleurs 
aucun autre moyen de conjurer le danger, le commandant 
Bonnet se présente au bureau spécial, pour y signer, la 
rage dans le cœur, la feuille de revers (1). 

(1) Une fois libre, le commandant Bonnet put faire savoir aux Prus- 
siens que le prisonnier recherché c'était lui. Ces rensefgïiements sent 
dus, comme je l'ai dit plus haut, aux Souvenirs du commandant Achet, 
qui, lui aussi, s'était enfui déguisé en meunier. 

Le commandant Bonnet (Jacques-Marie-Aristide) fut nommé chevalier 
de la Légion d'honneur le 1" .mai 1871 , lieutenant-colonel le 17 no* 



342 HISTORIQUE 



Pendant ce temps, le colonel Derroja, sauvé par le dé- 
vouement de son héroïque compagnon, atteignait la 
frontière du Luxembourg et retrouvait, bientôt après, 
quelques-uns de ses officiers à Lille. Le gouvernement lui 
confia le commandement d'une brigade (1), ce qui lui 
permit de reparaître avec honneur sur les champs de ba- 
taille, dont la capitulation de Bazaine a^ait failli l'éloigner 
pour longtemps. 

Voyons ce qu'était devenu le dépôt du 15® tandis que ces 
dramatiques événements se déroulaient autour de Metz. 



Histoire da dëpét da 1 5» de Hiçiie en 1 S 70. 

Parties de Laon, le 21 août, les deux compagnies de 
dépôt, commandées par le major Denis, étaient arrivées le 
même jour à Soissons. 

Au commencement de septembre, ces deux compagnies 
avaient chacune un effectif d'environ 1.200 hommes. Aussi 
le général commandant la 4® division militaire mit-il à la 
disposition du corps les officiers et les sous-officiers du 
recrutement de la Meuse (2). 

A partir du 11 septembre, la place se trouva investie. 
Néanmoins, nos soldats ne restèrent pas inactifs. 

Le 22 septembre, en effet, nous voyons le capitaine 
Ballet (3) quitter la ville, avec 200 hommes, pour aller 



yembre 1876, colonel le 30 novembre 1880, officier de la Légion 
d'honneur le 28 décembre 1885. Il avait encore été blessé le 23 mai 1871 
en combattant contre les insurgés de Paris. (V. appendice n* 8.) 

(1) Général de brigade, au titre provisoire, le 25 décembre 1870. (Voir 
l'appendice n* 6. ) 

(2) Nous avons consulté, pour cette partie, le Journal de marche du 
régiment, établi le 21 juin 1871. Le 9 septembre, formation d'une com- 
pagnie provisoire, sous le commandement du capitaine Gondalier de 
TcGNY (ex-capitaine au 15') ; le 5 octobre, formation de trois compagnies 
provisoires confiées au capitaine Fleurent (du 25*"), au capitaine Gillon 
(du recrutement de l'Aisne), au lieutenant Ferlet, du 15* (nommé ca- 
pitaine provisoire). 

(3) Le capitaine Ballet était capitaine trésorier du 15* de ligne. 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 343 

détruire les ponts de Foûtenoy et de Vic-sur-Aisne . La 
petite colonne revint, quatre jours plus tard, après avoir 
heureusement exécuté sa mission. 

Combat dans les faubourgs de Soissons. 

A la même époque (54 septembre) le major Denis arrê- 
tait par une vigoureuse offensive l'audacieuse tentative de 
l'ennemi sur le faubourg de Reims; mais ce beau fait 
d'armes nous coûtait 2 tués et 15 blessés. Citons parmi 
ceux qui se distinguèrent le plus dans ce combat : 

MM. le major Denis (grièvement blessé) ; les sous-lieu- 
tenants Pretel (blessé) etDuTOCQ ; les sergents-majors For- 
tin et Marsan (lîlessés); les sergents Barré et Ahmed-ben- 
BoGDHA (blessés) ; le sergent Durand, les soldats Mignard 

et DUFRESNOY. 

Le 26 septembre, un détachement de 200 hommes chasse 
les Prussiens du faubourg de Villeneuve et incendie leurs 
abris. 

Protection d'un convoi (3 octobre). 

L'attaque sur la gare fut moins heureuse. En revanche, 
quelques jours après, le capitaine Ballet, à la tète de 300 
hommes, enlève au pas de course les positions qui domi- 
nent la route de Laon et favorise ainsi l'entrée d'un convoi 
venant de La Fère. 

Nos soldats ramenèrent avec eux 7 prisonniers. 

Leurs pertes se montaient à 9 hommes, dont 1 tué et 8 
blessés. 

Le capitaine Ballet; les lieutenants Ferlet et Garnier ; 
le sous-lieutenant Dutocq ; le sergent-major Félon ; les ser- 
gents Cuzin et Durand; les caporaux Madrène et Robin; les 
soldats FoY, Dubois, Perret, Perroud et Mignard se signa- 
lèrent d'une façon particulière dans ce hardi coup de 
main. 

Enfin, le 9 octobre, le capitaine Fleurent, conduisant un 
détachement de prisonniers à Saint-Quentin, fut attaqué 



344 HISTORIQUE DU 15^ RÉGIMENT D'INFANTERIE 

par un ennemi supérier en nombre, qui ne put ni lui cou- 
per la retraite, ni délivrer les prisonniers. Cependant, le 
11 octobre, un parlementaire se présentait au nom du 
grand-duc de Mecklembourg et sommait la place de se ren- 
dre (1). 

Bombardement de Soisson^ (12-15 octobre). 

Sur le refus énergique des défenseurs, le bombardement 
commença dès le lendemain. La caserne fut criblée de pro- 
jectiles. 

Pendant la journée du 13, nous eûmes 14 soldats blessés 
et 1 sous-ofïicier tué. Les jours suivants, nos hommes ne 
savaient où se reposer : on faisait la soupe, la nuit, dans 
les' caves. 

Telle était la situation lorsque le 16, à 7 heures du matin, 
le capitaine Ballet, commandant le dépôt du 13®, réunit 
les officiers pour leur apprendre que la ville venait de ca- 
pituler et qu'ils étaient prisonniers ainsi que toute la gar- 
nison. 



(1) Le 9 octobre, nous eûmes 1 homme tué et 2 blessés. Citons la belle 
conduite du lieutenant DmiER, du sergent Cuzin, du tambour Roy et des 
soldats DuFRESNOY, FoY, Vosi et Cadouz-ben-Kazous tirailleur algérien 
servant au 15* de ligne. 



nM£ DO i5« mm de iârche 

créé le 22 août 1870 et devenu 

115' RÉGIMENT DE LIGNE 

(1" novembre 1870) 

AMALGAMÉ DEPUIS AVEC LES RESTES DE l' ANCIEN 15** DE LIGNE 

POUR RECONSTITUER LE 

15® RÉGIMENT D'INFANTERIE DE LIGNE 

(1« avril 1871) (1) 



Le 15® régiment de marche avait été formé par décision 
du 22 août 1870, à Taide des 4^8 bataillons des 10«, 14«et 26« 
de ligne (2). 

Le 30 août, ces trois bataillons étaient rassemblés et 
campés au Champ-de-Mars, à Paris. 

Lieutenant-colonel BONNET 

(30 août 1870). 

Le commandant Bonnet (3) fut placé à la tête du nou- 
veau corps^avec le grade de lieutenant-colonel. 

Les premiers jours de septembre avaient été consacrés 
aux détails d'organisation. 

Enfin, le 13, le régiment, qui comptait à la 1^^® brigade 



(1) Les sources auxquelles nous avons puisé pour cette partie de 
l'historique sont les suivantes : 1** Journal de marche du corps, Jour- 
naux de marche de la division, etc. ; 2* Historique du 115' ; 3® Journal 
des Sciences militaires (combat de Châtillon, rôle du 15') ; Combats 
de Châtillon, Bagneux, par Alfred Duquet. 

(2) 1" bataillon, commandant Angamarre du 10' ; 2' bataillon, com- 
mandant Lourde-Laplace du 14'; 3' bataillon commandant, Gravis. 
Chaque bataillon est à l'eflectif de 800 hommes. 

(3) N'est pas le même que celui qui figurait au 15', à Metz. Celui-ci 
venait du 37'. 



346 HISTORIQUE 



(Ladreit de la Charrière) de la l^^® division (de Caussade) 
du 14« corps (général Renault), alla bivouaquer en avant du 
fort dlssy. 

C'est là que chaque bataillon constitua une section de 
30 francs- tireurs (1). 

Combat de ChAtillon (18-19 septembre). 

La première prise d*armes sérieuse eut lieu le 18 sep- 
tembre. 

Le 15®, qui fournissait les avant-poste^ à Clamart, fut 
renforcé d'une compagnie et demie de chasseurs (2) pour 
éclairer la marche de la division et appuyer la reconnais- 
sance du général Ducrot. 

Vers 6 heures du matin, après avoir traversé le village 
du Plessis-Piquet, le régiment se massait en arrière du 
moulin, déjà occupé par les sections franches et les chas- 
seurs. . ' 

Peu d'instants après, Tordre arriva de garnir tous les 
abords du Plessis-Piquet, en faisant face au bois de Ver- 
rières (3). 

Ce front est constitué, à l'ouest, par un vaste enclos, et, 
à l'est, par un grand parc entouré de murs solides. Une 
rue, qui descend du village, sépare ces deux enceintes. 

Le commandant Angàmarre est chargé de défendre la 
face sud de l'enclos, tandis que le bataillon Lourde-La- 
PLACE se retranche dans le parc Hachette et que le 3® 
bataillon s'établit face à la direction de Sceaux, gardant 
la porte, les grilles et les brèches du parc. 

Les murs sont immédiatement crénelés et des banquettes 
sont construites pour permettre d'exécuter des feux étages. 
De plus, on barricade solidement l'entrée des rues. 



(1) 1" section, commBodée pas le sous-lieutenant Peltier; 2* section, 
commandée par le sous-lieutenant Meyras; 3' section, commandée par 
le lieutenant Deflandre. 

(2) Capitaine Battisti et lieutenant Soultz. 

(3) A 500 mètres en arrière du moulin. Les constructions du moulin 
se prêtaient à la défense. 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 347 

Apeine ces travaux sont-ils terminés qu'une courte fusil- 
lade s'engage entre le 1^^ bataillon et quelques éclaireursr 
allemands. D'ailleurs, Tobscurité met fin à cette escarmou- 
che et la nuit se passe d'une façon assez calme. 

Cependant, le lendemain, au lever du jour, on peut 
distinguer de grands mouvements de troupes en avant de 
nos lignes, et bientôt Tartillerie ennemie entame la lutte. 
Nos batteries de Châtillon lui répondent sur-le-champ. II 
est 8 heures du matin. La mousqueterie s'anime sensible- 
ment. 

Voici que les francs-tireurs se replient sur le Plessis- 
Piquet. C'est que l'infanterie allemande dessine son atta- 
que et que la position du moulin n'est plus tenable. 

En effet, les Bavarois sortent des bois de Malabry et 
refoulent nos postes les plus avancés. 

Le canon tonne avec fureur. 

Vers midi, les bataillons ennemis, quittant leurs abris, 
s'avancent résolument sur le village et tentent de l'abor- 
der à la fois par l'ouest, le sud et l'est. 

Mais, écrasés par le feu roulant du 15®, ils se retirent 
précipitamment, abandonnant à l'artillerie le soin d'é- 
branler notre résistance. 

Et, tout à coup, une grêle de projectiles s'abat sur tout le 
front du Plessis-Piquet. En un instant, le mur sud du parc 
Hachette est renversé, détruit, et la colonne ennemie, 
pénétrant par la brèche, s'empare de tout l'enclos (du parc) 
ainsi que du Château-Rouge. Déjà l'assaillant se réjouit de 
son succès lorsqu'il se trouve de nouveau arrêté devant 
les clôtures sud du village. Nos braves soldats se défen- 
dent avec une fermeté digne des vieilles troupes (1). 

Pourtant, le colonel Bonnet s'aperçoit que les Allemands 
s'étendent vers la droite. Ils dépassent déjà Châtillon. Le 
15® va donc se trouver trop isolé. Dans cette fâcheuse situa- 



Il) Vers 9 heures, au moment de la retraite de la division d'Hugues, 
la résistance du 15' de marche permit à l'artillerie de se replier lente- 
ment et sans désordre, en prenant quatre positions successives, pour 
répondre aux dix batteries allemandes établies du Pavé-Blanc à la 
porte de Trivaux. 



348 HISTORIQUE 



tion, il dépêche au général Ducrot le capitaine adjudant- 
major Tarrigo, qui rapporte bientôt Tordre de rétrograder 
immédiatement. 

Il est alors environ 2 h. 1/2. Le mouvement s'effectue 
successivement par bataillon et dans le plus grand ordre, 
sous la protection des francs-tireurs et chasseurs, qui tien- 
nent énergiquement tète aux Bavarois dans la grande rue 
du Plessis-Piquet. 

Le régiment, contournant la redoute de Chàtillon, gagne 
Vanves et rentre à Paris par la route de Versailles. 

« Ce beau lait d'armes, dit M. Alfred Duquet, est tout 
à rhonneur et rien qu'à l'honneur du lieutenant-colonel 
Bonnet et de ses soldats, ce qui démontre que les. Alle- 
mands, si nombreux qu'ils aient été, se sont arrêtés devant 
une poignée d'hommes déterminés, fussent-ils de nouvelle 
formation comme ceux du 15® de ligne. )) 

C'était, en effet, la première fois que le nouveau corps 
voyait l'ennemi. Il s'était très honorablement comporté. 

Voici en quels termes le colonel Bonnet en rendit compte 
au général : 

(( Le régiment est demeuré sans faiblesse dans une posi- 
tion très avancée. Tous les mouvements se sont faits avec 
ordre. Le lieutenant-colonel attribue ce résultat au calme 
et au dévouement de ses officiers (1). » 

Le 15® de marche eut, dans ce premier engagement, 1 offi- 
cier et 69 hommes hors de combat (2). 

De retour au Champ-de-Mars, à 9 heures du soir, nos 3 
bataillons en repartirent le lendemain (20 septembre) pour 
surveiller le cours de la Seine entre Saint-Ouen et Clichy. 
Puis, le 29, ils prirent part à une reconnaissance offensive 
surRueil(3). 

Enfin, au commencement d'octobre, la division de Caus- 
sade passa au lO corps, ce qui ramena le régiment du côté 
d'Arcueil. 



(1) V. Rapport du colonel Bonnet et Journal de marche. 

(2) Le sous-lieutenant Goepp fut blessé; 11 y eut 31 hommes tués et 38 
blessés. 

(3) L'ennemi ne fut pas rencontré. 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 349 



Combat de Bagneux (13 octobre). 

C'est à cette circonstance qu'il dut d'assister au combat 
de Bagneux, le 13 octobre. La l^^^ brigade fut chargée de 
soutenir l'attaque exécutée par les gardes mobiles de l'Aube 
et de la Côte d'Or. 

Se trouvant en réserve, le 15« fut maintenu, de 9 heures 
du matin à 3 heures du soir, dans les retranchements orga- 
nisés près de la maison Plichon. 

Le 3^ bataillon, placé tout à fait à la gauche, eut seul 
l'occasion d'échanger quelques coups de feu avec les tirail- 
leurs ennemis (1). 

Dans la soirée, l'artillerie allemande s'acharna sur la 
maison Plichon, point d'appui de la brigade La Charrière. 
Une batterie fut spécialement pointée sur le 15®; mais le 
colonel Bonnet défila si bien son monde qu'il n'eut que 
4 hommes atteints par les obus. 

La retraite s'effectua ensuite très régulièrement, sous la 
protection du bataillon Angamarre, dont les salves arrêtè- 
rent la poursuite des Allemands. 

Le régiment passa les jours suivants à Bicôtre, puis, à la 
fin du mois, il fut transporté à Levallois-Perret et enfin à 
Neuilly (le 18 à Levallois, le 29 à Neuilly ). 

C'est là que, en exécution d'un décret du 28 octobre, il 
devint 115« régiment d'infanterie (2). 

Nous verrons plus loin qu'après la campagne il dut con- 
tribuer à la reconstitution du 15*^. C'est pourquoi nous sui- 
vrons ses traces jusqu'à cette transformation définitive. 



(1) Le bataillon n'eut que 2 hommes blessés; 4 autres furent ensuite 
atteints par les obus. 

(2) La transformation s'opéra le 1" novembre 1870. Quelques Jours 
avant, des récompenses avaient été accordées à plusieurs militaires du 
corps. Le 28 octobre, le commandant Angamarre avait été nommé ofll- 
cier de la Légion d'honneur; de plus, la médaille militaire avait été 
donnée aux sergents Varennes et Coblants, ainsi qu'aux soldats Stein- 
METz et Riffev, en raison de leur belle conduite aux affaires dos 18 et 
19 septembre et 13 octobre. 



350 HISTORIQUE 



WMmém il&« fMvlMlre en 1S70-1S71. 



Lieutenant-colonel BENEDETTT 

(5 novembre 1870). 

Lieutenant-colonel CAJARD 

' ^ (20 novembre 1870). 

Le 5 novembre, le lieutenant-colonel Bonnet est nommé 
colonel du 35®. Il a pour successeur le lieutenant-colonel 
Benedetti (1), bientôt remplacé par le lieutenant-colonel 
Cajard, qui commandait précédemment le. bataillon de 
francs- tireurs de la division. 

Entre temps, le 115^ avait été désigné pour former avec 
le 116** la 1^® brigade (la Gharrière) de la i^^ division (de Sus- 
bielle) du 2^ corps (Renault) de la 2° armée (Ducrot). 

Combat de Montmesly (30 novembre 1870). 

A cette époque, on projetait de tenter une grande sortie 
destinée à rompre les lignes d'investissement vers le sud- 

€St. 

Les ordres ne tardèrent pas à arriver. 

Le 27 novembre, le régiment vint camper sur le plateau 
de Gharenton et, deux jours plus tard, toute la division se 
portait sur la Marne, vers Greteil. 

Le général Susbielle était chargé de faire une diversion 
sur Montmesly, pendant que l'armée de Ducrot exécuterait 
son grand mouvement par Ghampigny, Villiers et Noisy-le- 
Grand. 

En conséquence, le 30, à 4 heures du matin, le 115® fran 
chit la Marne sur un pont de bateaux établi à Port-Greteil 
et prend une position d'attente près de la route de Paris. 

Vers 9 heures, la 2® brigade s'ébranle pour l'attaque des 



(1) Le lieutenant-colonel Benedetti, retenu à l'ambulance par une 
récente blessure, n'a jamais paru au corps. Il fut mis hors cadre. 



DU 15® RéGTMLENT D 'INFANTERIE 351 

hauteurs de Montmesly. La brigade la Charrière (115* et 
116®) reçoit Tordre d'appuyer cette démonstration. 

Le 3® bataillon du 115® (Gravis) reste en réserve dans les 
tranchées qui bordent le parc de Creteil, tandis que les deux 
autres se portent en avant, formant un échelon à 60 pas en 
arrière et à droite du 116® (1). 

Bientôt, la 1'® brigade débouche entre Mesly et Mont- 
mesly. 

Elle est accueillie par une violente canonnade, qui fait 
beaucoup de victimes dans nos rangs (2). Dans ces condi- 
tions, il faut, à tout prix, brusquer Tattaque. Aussi le gé- 
néral de la Charrière fait-il battre la charge et, prenant la 
tète du 116®, entraine ce brave régiment sur le plateau de 
Montmesly. Pendant ce temps, le 115®, vigoureusement en- 
levé par son colonel, se jette sur Pompadour et en débus- 
que Tennemi. 

Après ce premier avantage, le 2® bataillon se déploie sur 
la route de Bonneuil à Mesly, et le 1®^ complète le succès 
en s'emparant du petit bois situé à 500 mètres en avant. 

Mais, sur ces entrefaites, les Allemands prononcent un 
soudain retour offensif. Le 1®^ bataillon, qui est trop en 
flèche, court à ce moment les plus grands dangers et se 
replie sous la protection du 2®. 

D'ailleurs, le 116® se défend péniblement contre les 
masses ennemies qui paraissent de toutes parts. Notre 
gauche va se trouver débordée. La retraite devient alors 
inévitable; elle s'effectue par échelons et sans confusion. 
Notre division s'arrête à Creteil pour y passer la nuit. Le 
régiment fournit une compagnie de grand'garde en avant 
du parc. 

Le 115®, qui s'était brillamment montré dans cette chaude 
affaire, était fort éprouvé. Il comptait une trentaine de 



(1) Les deux bataillons sont l'un derrière l'autre, en colonne à dis- 
tance entière, par section, prêts à se former en colonne contre la cava- 
lerie qui est signalée au carrefour de Pompadour. 

(2) Le 115% plus découvert que le 116% est aussi plus éprouvé par 
les projectiles ennemis. 



352 HISTORIQUE 



morts et environ 250 blessés, parmi lesquels 13 officiers 
dont voici les noms (1) : 

Le chef de bataillon Angamarre: les capitaines Gaurin, 
Bertrand, Tarrigo, Gardien et Billaud ( ce dernier mou- 
rut le 6- décembre ) ; les lieutenants Rouget, Gros, Sutter 
(mort le 24 décembre), Dombret et Bigot; les sous-lieute- 
nants de la Personne et Lemaire. 

La nuit se passa sans incident. 

Bataille de Champigny (!'' et 2 décembre 1870). 

Le lendemain, 1»^ décembre, d'après les ordres arrivés 
le matin, le colonel Cajard laisse à son 1®' bataillon le 
soin de garder Creteil et se porte, avec les deux autres, 
sur la route de Champigny, en traversant la Marne au- 
dessus de Joinville (2). 

Au débouché du pont, le général Ducrot ordonne au 115* 
de se porter en avant des fours à • plâtre, sur le plateau 
d'Avron (entre la ligne de Mulhouse et Champigny), pour 
relier la division Berthaut (à Bry) à la brigade de la Ma- 
riouse, tenant Champigny. 

En conséquence, le commandant Gravis déploie le 2* 
bataillon à droite des fours à plâtre, tandis que le lieute- 
nant-colonel conduit le 3® vers les tranchées creusées à 
gauche de ces fours. 

Le mouvement s'exécute sous une grêle de balles. Aus- 
sitôt organisés dans leurs abris nos soldats ouvrent le feu 
et Tentretiennent jusqu'au soir. 

A la nuit, le régiment relève les 121® et 122® et fournit le 
service de grand'garde. Il fait un froid excessif. 



(1) Il faut ajouter à ces chiffres 132 disparus, ce qui donne un déchet 
de 400 hommes dans l'effectif du 115. Le 3*" bataillon, d'abord soutien 
d'artillerie, avait ensuite occupé Mesly et avait battu en retraite vers 
3 heures. Pendant la retraite sur Creteil, l'arrière-garde du 115% s'é- 
tant attardée à tenir tète à l'attaque des Wurtembergeois et de la 7" 
brigade prussienne, fut assaillie de toutes parts par les Allemands et 
une compagnie presque entière resta prisonnière. 

(2) Sur un pont de bateaux. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 353 

Cependant, le 2, dès 5 heures du matin, tout le monde est 
debout dans les retranchements, si bien que les Allemands, 
qui pensaient nous surprendre vers 6 h. 30, sont reçus 
par une fusillade meurtrière et obligés de se retirer (1). 
Néanmoins, la mousqueterie continue sans interruption. 

Enfin, à 2 heures du soir, le général Ducrot, comprenant 
qu'il ne pouvait plus rien tenter de ce côté, profite d'un 
épais brouillard pour faire commencer la retraite. 

Les 2e et 3® bataillons du 115® gagnent, par le pont de 
Joinville, les bois de Vincennes et s'y installent au bi- 
vouac. 

Durant ces deux journées, nous avions eu 50 hommes 
hors de combat dont 15 tués. Nous avions, en outre, 4 
officiers blessés : MM. les capitaines RiCHAunet Thienot; 
le lieutenant Baille, et le sous -lieutenant Audemarre 
(mort le 6 décembre). Aussi, le commencement du mois 
fut-il employé à refaire les troupes et à reconstituer le 
matériel. Le 1^^ bataillon resta détaché à Creteil, tandis 
que les deux 1®" allèrent occuper Clichy et Saint-Ouen. 

En récompense de sa belle conduite, le régiment eut en 
partage une croix d'officier de la Légion d'honneur, onze 
croix de chevalier (dont six pour les sous-officiers ou sol- 
dats) et sept médailles militaires. 

Depuis la bataille de Champigny, le 115® ne prit une part 
active à aucun engagement important. 

Disons pourtant que, pendant la sortie des 19 et 20 jan- 
vier sur Rueil, il fut établi en réserve au château de Bois- 
Préau, et dut ensuite couvrir la retraite de la première 
division. 

Cette dernière affaire ne nous coûta d'ailleurs que 8 hom- 
mes, dont 2 morts. 

Enfin, le 28 janvier, la capitulation de Paris fut officiel- 
lement annoncée aux troupes. 



(1) a 10 heures, une batterie française s'installe au milieu des posi- 
tions du 115^ Mais, assaillie par le feu de l'artillerie ennemie, elle est 
forcée de quitter cet emplacement. 

His . 15* t3 



354 HISTORIQUE DU 1K« RÉGIMENT D'INFANTERIE 



Armiitioe (28 Janvier 1871). 

Lors de Tarmistice, le régiment vint cantonner le long 
des remparts, entre les bastions 46 et 48. 

Puis, le 15 mars, tous les hommes libérables du 115^ 
furent dirigés sur Evreux et renvoyés dans leurs foyers. 

Il ne restait plus que le cadre d'officiers (1). . 

Le Ministre décida qu'il serait fondu avec celui de Tan- 
cien 15« revenant de captivité. 

En conséquence, à la date du 27 mars, le 115® est sup- 
primé. Tous ses officiers reçoivent une feuille de route pour 
rejoindre leur nouveau corps, au camp de Caudale (ou St- 
Médard), près de Bordeaux. 



(1) Le régiment avait livré ses armes à l'artillerie le 14 février. 

I^ 26 février, il passa 179 sous-ofliciers et soldats au 42% resté armé 
et, le 7 mars, 500 sous-offlciers et soldats au 135% auquel on avait 
rendu ses armes pour le maintien de l'ordre. 



HISTOIRE 

DU 15' RÉGilHENT DMNFANTERIE DE LIGNE RECONSTITUÉ 



Lorsque Tancien 15® fut tout entier prisonnier de guerre, 
par suite des capitulations de Metz et de Soissons, le Mi- 
nistre de la guerre en prescrivit la reconstitution. 

Le major Pannetier (1) fut chargé de ce soin. Le dépôt, 
formé à Bayonne, comprit tout d'abord trois compagnies 
seulement. Puis quelques détachements provenant d'autres 
corps vinrent grossir son effectif, ce qui lui permit d'en- 
voyer successivement des renforts au 39® de marche (1 of- 
ficier et 231 hommes), au 78« de marche (3 officiers et 206 
hommes, et au 90® de marche (3 officiers et 203 hommes). 

Enfin, le 10 mars, le major Pannetier quittait Bayonne 
et dirigeait le dépôt sur le camp de Caudale, où devait 
s'opérer la fusion du 13® et du 113®. 

Reconstitatlon da 15® régiment d^infanterle 
de ligne (!•>- avril fH7f). 



Colonel DE BEAUFORT 

(20 avril 1871). 

Le 1®' avril, en effet, en exécution des prescriptions du 
général commandant la 14® division militaire, le 13® régi- 
ment d'infanterie de ligne est réorganisé sous les ordres 
de M. le lieutenant-colonel Cajard, qui allait remettre, 
quelques jours plus tard (22 avril), le commandement du 
régiment au colonel de Beaufout. 

Quand les deux premiers bataillons furent reconstitués 



(1) Venant du 2' régiment étranger, licencié. 



356 HISTORIQUE 



le 15®, qui était demeuré jusqu'à la fin de juin à Bordeaux 
ou aux environs, dut partir pour Perpignan, où se termina 
sa formation (1), ainsi qu'il appert du procès-verbal si- 
gné le 21 avril par le général commandant la 11® division, 
inspecteur général. 

En 1872, le régiment, qui occupait les principales places 
de guerre des Pyrénées-Orietitales, fournit une partie des 
éléments du cordon de sûreté établi sur la frontière pen- 
dant les troubles de la guerre civile espagnole. 

Au printemps de Tannée 1873, le 15® est chargé d'as- 
surer Tordre à Rivesaltes (26 mars) et Perpignan (mai 73), 
au moment des événements qui amenèrent la démission 
de M. Thiers. 

Puis, ayant séjourné durant cinq mois (11 septembre 
1873 -fin janvier 1874) à Narbonne, le régiment revient 
de nouveau à Perpignan. Et, comme il fallait constam- 
ment sauvegarder la neutralité de notre frontière menacée 
par le^ opérations de Tarmée carliste en Catalogne, le '15® 
fut encore employé à cette mission. 

1875-1876 

Enfin, au commencement de janvier 1875, la portion 
centrale du régiment fut transférée de Perpignan à Carcas- 
sonne (3 janvier), où le corps devait subir les nouvelles 
modifications prescrites par la loi du 13 mars 1875. 

A partir de cette époque, le 15® comprit quatre batail- 
lons à quatre compagnies et un dépôt à 2 compagnies. 

Colonel RABOT-DESPORTES 

(24 mars 1877). 

Deux ans après, M. le colonel de Beaufort était élevé au 
grade de général de brigade et remplacé par le colonel 
Rabot-Desportes. 

Un bataillon du régiment était toujours détaché à Mont- 



(1) A quatre bataillons de six compagnies. 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 357 

Louis et Villefranche. Lors de Tépidémie de petite vérole 
noire qui désola cette contrée (1878), le docteur Bienvenue, 
du 15® de ligne, se dévoua généreusement aux soins des 
malheureux. Sa belle conduite lui valut les félicitations 
publiques du colonel Rabot-Desportes, qui devait bientôt 
quitter son beau régiment. 

Colonel MAGANZA 

(22 août 1878). 

Il eut pour successeur le colonel Maganza. 

L'année suivante (avril 1879), trois bataillons reçoivent 
Tordre de partir avec Tétat-major pour la nouvelle garni- 
son de Gastelnaudary (1). 

En 1881, lorsque éclata Tinsurrection du sud oranais, le 
bataillon disponible (4®) fut désigné pour prendre part à 
Texpédition organisée contre les tribus révoltées. 

Embarqué à Marseille, le 13 avril, sur VAbd-el-Kader,' 
ce bataillon, commandé par le chef de bataillon Trutié de 
Vaucresson, arrivait à Oran le 15 du même mois. 

Après avoir occupé le Village Nègre, Mostaganem et le 
camp de Saint- Philippe (près d'Oran), le bataillon, qui avait 
détaché une compagnie à Arzew (la 1^®), se dirigea, en che- 
min de fer, d'abord sur Saïda (15 juillet), puis sur Marhoum 
(16 juillet). 

C'est de là que partireat (29 et 31 juillet) les colonnes 
qui durent exécuter au prix des plus grandes fatigues deux 
pénibles reconnaissances vers Sidi-Chaîb. 

Au mois de novembre, le bataillon du 15®, commandé, 
depuis le 14 septembre, par le commandant Blanc, se 
transporte au camp de Sfid. 

Des reconnaissances sont quotidiennement lancées dans 
la région des chotts. 

Enfin, après un séjour au Kreider et à Bou-Gtoub, les 

quatre compagnies du régiment furent envoyées à Mas- 
cara (30 octobre 1882). 



(1) Un bataillon et le dépôt restent à Carcassonne. 



358 HISTORIQUE 



Elles devaient bientôt y recevoir Tordre de rentrer en 
France (21 novembre 1882). 

Colonel BOITARD 

(29 mai 18S1). 

Colonel Jules-Charles NOËL 
(10 Juillet 1881). 

En conséquence, le bataillon Blanc débarquait à Port* 
Vendres le 27 novembre et arrivait, le lendemain, à Cas- 
telnaudary 

Il y fut reçu par son nouveau colonel, M. Noël, qui 
remplaçait le colonel Boitard depuis le 10 juillet 1881 (1). 

Troubles de DeoazeYille (1886). 

Le 15« fut encore appelé à fournir un bataillon lorsque, 
en 1886, il fallut envoyer des troupes à Decazeville pour 
rassurer l'opinion publique vivement émue par les graves 
désordres auxquels s'était livrée la population surexcitée 
de ce centre ouvrier. 

Ce fut le 3^ bataillon qui fut désigné pour cette mission. 
Parti dans la nuit du 14 au 15 février, il ne rentra à Cas- 
telnaudary que le 7 juillet. 

L'année suivante (1887), en exécution de la loi du 2S 
juillet, le régiment est réduit à trois bataillons de quatre 
compagnies, tout en conservant un cadre destiné au 4® 
bataillon, dit complémentaire (formation de mobilisation). 

Colonel LEBRUN 

(9 mai 1888). 

Le colonel Noël, nommé général de brigade, fut rem- 
placé à la tête du 15^ régiment d'infanterie par le colonel 
Lebrun (9 mai 1889). 



(1) Le colonel Boitard avait succédé, le 29 mal 1881, au colonel Ma- 
•ANZA, atteint par la limite d'âge. 



DU 15« RÉGIMENT D'INFANTERIB 359 

Du reste, ce dernier, maintenu au corps d'occupation du 
Tonkin, obtint bien vite le grade supérieur. 

Colonel DESSIRIER 

(9 Juillet 1888). 

Colonel COMOY 

(7 août 1888) 

Il eut pour successeur M. Dessirier, lieutenant-colonel du 
ifi zouaves, qui passa, quelque temps après, au 34® de ligne, 
tandis que le colonel Comoy (du 81®) était nommé, à sa 
place, à Castelnaudary. 

Colonel DUTHEIL DE LA ROCHÈRE 

(10 Juillet 1892). 

Mais, le 28 mai 1892, le colonel Comoy était appelé au 
commandement du 149®, en garnison à Epinal. 

Ce fut le colonel Dutheil delaRochère (Charles-Edouard- 
Marie-Victor), breveté d'état-major, qui fut désigné pour 
succéder au colonel Comoy. 11 ne demeura d'ailleurs que 
fort peu de temps à la tête du régiment, car, au commen- 
cement de 1893, il alla remplacer son frère au 55® de ligne, 
à Nice. 

Colonel D'AMBOIX DE LARBONT 

(22 mars 1893). 

Aujourd'hui, sous l'énergique et habile impulsion de 
son chef, M. le colonel d'Amboix de Larbont (Denis-Henri- 
Alfred), breveté d'état-major, le 15® de ligne se recueille et 
travaille. Fier de son passé, confiant dans l'avenir, il 
attend avec calme les événements de demain. 

FIN. 



PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTÉS 



Histoire des grands officiers de la couronne, par le P. Anselme. 

Histoire de V ancienne infanterie française. (Susane.) 

Essais historiques sur les régiments, par M. de Roussel. 

Histoire de Vinfanterie en France, par le lieutenant-colonel Bel- 
homme. 

Histoire du régiment de Champagne, 

Annales de France, par de Serre. 

Siège de La Rochelle, par Tamiral Jurien de la Gravière. 

Campagnes de Fabert, par le P. Barre. 

Le maréchal Fabert d'après sa correspondance et ses mémoires, 
par E. de Bouteiller. 

Mémoires de Fabert. 

Histoire de Louis XIII, par Dupleix. 

Journal manuscrit du cardinal de la Valette. 

Journal de Talon, secrétaire du cardinal de la Valette. 

Histoire de Lorraine, par Chénier. 

Mémoire pour servira V histoire du cardiual de Richelieu. 

Histoire du Languedoc, par dom Vaissette. 

Relation manuscrite de la bataille de Castelnaudary. 

Mémoires de Grammont. 

Histoire des princes de Condé, par le duc d'AuMALE. 

Siècle de Louis XIV, par Voltaire. 

Mémoires de Bussy-Rabutin. 

Mémoires de Turenne. 

Mémoires du maréchal de Berwick. 

Science des personnes de cour. 

Mémoires du marquis de Feuquiéres. 

Campagnes du règne de Louis XIV. (Archives historiques du dépôt 
de la guerre.) 

Journal de la campagne du Piémont (1691), par le capitaine Moreau, 
du régiment de la Sarre. 

Histoire de mon temps. (Frédéric II.) 

Siège de Lille en 1792, par Désiré Lacroix. 

Histoire de la Révolution française, par A. Thiers. 

Guerres de Louis XV, par le général Comte Pajol. 

Correspondance de l'armée du Nord. (Archives historiques de la 
guerre.) 

Correspondance et rapports des armées du Nord et de Batavie. (Id.) 

Histoire d/u maréchal Macdonald. 



362 HISTORIQUE 



Guerres de la Révolution. (Jomini.) 

Campagne d'Allemagne (1800), par le marquis de Garrion-Nisas. 

Pajol général en chef. 

Gorrespondanee de rarmée du Rhin. 

Mémoires de Gouvion Saint-Gyr. 

Histoire militaire de la France^ par P. Giguet. 

Victoires et conquêtes. 

Souvenirs intimes d'un volontaire de 1791 (publieation de la Réu- 
nion des officiers, \ 

Les Antilles françaises, principalement la Guadeloupe (colonel Boter- 
Pktiibleau.) 

Sisi&ire de la Guadeio^e, par A. Lacour, 

Registre des correspondances des raioistres de la guerre et de la 
marine (1802-1804). (Archives de la marine). 

Bataille de Hohenlinden. (Extrait du Spectateur militaire.) 

Rapport officiel sur la bataille de Hohenlinden. (Archives historiques 
de la guerre.) 

Vie du général et maréchal Ney. (Id.) 

Précis historique sur le lieutenant général Grenier. 

Mémoire histOTique (armée du Rhin et Moselle). (Dép6t delà guerre.) 

Journal d'un volontaire pendant les campagnes de 1805-1806-1807 
(Dominique Ravt). 

Gorrespondanee et rapports du maréchal Mortier. (Gampagne de 
1807.) 

Rapports du général Glarke à l'empereur. (Dépôt de la guerre.) 

Campagnes de Napoléon I". 

Sièges de la guerre d'Espagne (1807-8-9-10), par Belmas. 

Gorrespondanee du maréchal Soult (1809-1813). (Dépôt de la guerre). 

Correspondance du général Reynier. (Id.) 

Correspondance de Junot, duc d'Abrantès. (Id.) 

Notes du colonel Brahaut. (Id.) 

Correspondance du maréchal Masséna. (Id.) 

Mémoires du général de Marbot. 

Correspondance du 6* corps de la Grande Armée (1813). (Dépôt de la 
guerre.) 

Journal historique du 6* corps (1814), par le colonel Fabvier. (Id.) 

Journal historique de la T division (Levai) en 1814, par le général 
Maulmont, 

Campagne de 1814, par le capitaine d'état-major Kock. 

Manuscrit de 1813, par le baron Fain. 

Expédition de Portugal, par Lenoble. 

Relations autrichienne et allemande de la bataille de Leipzig. 

Mémoires de Masséna, par le général Kock. 

Mémoires de Marmont. 

Souvenirs militaires, du duc de Fezbnsac. 

Napoléon, par Roger Peyre. 

4814^ par Henri Houssaye. 

Correspondance et rapports du général AUix (1814). 



DU 18® RÉGIMENT d'INFANTERIB 363 



Situations de quinzaine. (Archives historiques du dépôt de la guerre.) 

Journal historique du 15* de ligne (guerre d'Espagne de 1823). 

Journal historique du 15* pour Texpédition d'Alger. (Archives de la 
guerre.) 

Histoire manuscrite de cette expédition. (Id.) 

Conquête d'Alger, par Alfred Nettement. 

Conquête de V Algérie, par Camille Rousset. 

Histoire de la Restauration, par Ernest Daudet. 

Histoire de la Restauration, par E. Hamel. 

Journal d'tm officier supérieur de la 2* division de Varmée 
d'Afrique. 

Journal d'wn officier de Varmée d'Afrique (Dbsprez). 

SovAjenirs du lieutenant-général Berthezène. 

Rapport du Ministre de la guerre, duc de Dalmatie, au Roi, sur les 
événements de Lyon et de Grenoble. (Dépôt de la guerre .) 

Rapports du préfet de l'Isère sur le même objet, (Id.) 

Journal de marche de la division d'Aurelle (1855). (Id.) 

Rapport du général d'Aurelle sur l'assaut du 8 septembre. 

Guerre de Crimée, par Camille Rousset. 

Souvenirs de la guerre de Crimée, par le général Fay. 

Journal humoristique du siège de Séhastopol, par un artilleur. 

Histoire militaire contemporaine, par le lieutenant-colonel Ganonoe. 

Campagne de l'empereur Napoléon III en Italie. (Dépôt de la guerre.) 

Journaux de marche et Rapports de la division de Ladmirault et du 
corps Baraguay-d'Hilliers (guerre d'Italie, 1859). (Id.) 

Journal de marche de la division Lorencez (1870). (Id.) 

Journal de marche de la brigade Pajol (1870). (Id.) 

Historique du 15*, établi d'une façon succincte en 1871. 

Différentes relations françaises et allemandes de la campagne franco- 
allemande de 1870-71. 

Français et Allemands, Par Dick de Lonlay. 

Souvenirs du commandant Achet (manuscrits). 

Paris-Châtillon-Bagneux, par Alfred Duqubt. 

Historique du 115* de ligne. 

Historique du 33' de ligne. 

Historique du 66* de ligne. 

Historique du 82* de ligne. , 

Historique du 32* de ligne. 

Historique du 70* de ligne. 

Historique du 16* de Ugne. 

L'Armée sous l'ancien régime, par Babeau. 

L'Armée royale, par Dussieux. 

Registres matricules du régiment de la Tour -du -Pin. (Dépôt de la 
guerre.) 

Registres matricules du régiment de Béam. (Id.) 

Registres matricules de la 15* demi-brigade. (Id.) * 

Registres matricules du 15* régiment d'infanterie. (Id.) 

Contrôles et états de services des officiers. (Id.) 



364 HISTORIQUE DU 18« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 



Comptes de rextraordinaire des guerres. (Id.) 
Etat militaire de la France (à différentes époques). (Id.) 
Annuaires militaires de la France. 
Histoire des chevaliers de Saint-Louis, par Alex. Mazas. 
Histoire de Varmée, par Adrien Pascal. 
Fastes de la gloire. 
Fastes de la Légion d'honneur. 

Etat général de la Légion d'honneur, depuis son origine Jusqu'en 
1814. 
Recueil des olflciers tués et blessés [établi par M. Martinien). 

{Ministère de la guerre) . 



APPENDICES 



APPENDICE N*> 1 



Drapeanx et nnlformes dn fl 5® Régiment d'Infanterie 
depuis son origine Jusqu'à nos Jours. 



L'ordonnance royale du 15 septembre 1635 donna le drapeau blanc 
et la compagnie colonelle aux régiments de Nércstang, de Rambures, 
de Maugiron, de Sault, de Vaubecourt-Vaudémont (Lorraine), de Belle- 
navc, Hebburne (écossais), du Plessis-Praslin et d'Alincourt. 

De sorte que le régiment possédait plusieurs drapeaux (1), dont 
un blanc (comme les vieux corps) et les autres d'ordonnance, écartelés 
de quatre cantons ou quartiers alternés (violet et feuille morte, ou 
aurore) et séparés par une croix blanche, brochant sur le tout. 

On sait que tous les corps d'infanterie, remis sur pied en 1610 (année 
de la mort du roi Henri IV), adoptèrent dans leurs drapeaux la couleur 
violette (généralement deux quartiers), en signe de deuil. 



Régiments de Richelieu, Rohan, Crillony La Tour-du-Pin, 

Boisgelio, Béarn. 

En 1720, le régiment de Richelieu avait l'uniforme suivant : 

Uniforme. — Habit, doublure, parements, culotte et bas gris blancs, 
piqués de bleu ; boutons de cuivre Jaune ; veste rouge avec boutonnières 
de laine blanche, des deux côtés ; collet blanc doublé de rouge à Thabit ; 
chapeau noir bordé d'or faux {sio. 

1735-1762. — Habit, parements, revers, culotte et veste blancs piqués 
de bleu ; collet rouge ; poches en travers. 

1764-1774. — Habit, veste, parements, revers et culotte gris blanc ; 
passepoil violet ; collet rouge ; guêtres noires ; boutons de cuivre ronds 
(trois sur chaque parement, trois sur chaque poche de l'habit, cinq 
aux revers et quatre au-dessous) ; chapeau noir, bordé d'un galon d'or. 

Le régiment de Béarn avait une prévôté, une pension de 600 livres 
pour le lieutenant-colonel, une de 500 livres pour le plus ancien capi- 
taine, une de 400 livres pour les deux capitaines suivants. 

Drapeaux. — Les mêmes que précédemment. 



(1) Le régiment eut pendant longtemps autant de drapeaux que de compagnies; 
or, à la lin du règne de Louis XIU, il comptait trente compagnies. Plus tard, il^ 
n y eut plus qu^un drapeau par bataillon. 



368 HISTORIQUE 



Nouveau Régiment de Béarn. 
(Après le dédoublement de 1776.) 

Uniforme, — Habit, veste et culotte gris blanc ; collet, revers et pare- 
ments rouge rose ; boutons de cuivre Jaune. 

Drapeaux, — Les mêmes que Béarn ancien. 



15e Demi-brigade de ligne. 

Uniforme. — Habit national bleu, à revers blancs, col Jaune ; pare- 
ments rouges; culotte bleue; guêtres noires; cbapeau noir avec un 
pompon rouge pour les fusiliers, un panache de crin rouge pour les 
grenadiers. 

Drapeau. — Tricolore. Les couleurs sont disposées d'une façon parti- 
culière pour chaque demi-brigade. 



15e Régiment d'Infanterie de ligne. 

Uniforme. — Habit bleu avec col et parements rouges, culotte blanche, 
guêtres noires ; shako de feutre noir, avec tresses blanches ; Jugulaire 
de cuivre; plaque de cuivre représentant l'aigle impérial. 

Dans les compagnies du centre, une patte d'épaule rouge remplace 
les épaulettes ; le pompon du shako est rouge. 

Les grenadiers portent le bonnet à poil, avec plumet, et épaulettes 
rouges. 

Les voltigeurs ont le collet, le plumet et les épaulettes couleur Jon- 
quille. 

Le galon de leur shako est également Jonquille. 

Drapeau. — Le drapeau se compose d'un carré inscrit, blanc, bordé 
de quatre coins trianguls^res, bleus et rouges (alternant par opposition). 
Le carré blanc porte la légende suivante : 

(( L'Empereur des Français au 15* Héoiment de ugne », 

Le coin supérieur attenant à la hampe est rouge. Chacun des coins 
triangulaires est orné d'une broderie d'or représentant le numéro du 
régiment encadré d'une couronne de lauriers. 

La cravate du drapeau est tricolore et la hampe est surmontée de 
Taigle aux ailes déployées. 

Au retour de l'île d'Elbe, Napoléon I" adopte le drapeau tricolore 
avec une nouvelle disposition des couleurs. Le drapeau est divisé en 
trois bandes verticales : bande bleue à la hampe, bande blanche au 
milieu, bande rouge à l'extérieur. 

La cravate et l'aigle demeurent les mêmes qu'au drapeau précédent. 



• DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 369 



Légion du Finistère (N* 27). 

Uniforme. — Habit blanc, collet blanc, passepoil écarlate; revers et 
parements écarlates, passepoil blanc; pattes de parements blanches, 
passepoil écarlate; boutons blancs; pantalon blanc; shako de feutre 
noir, avec plaque aux armes de France, portant le numéro de la lé- 
gion (27). 

Le 3* bataillon (de chasseurs) a Thabit vert, boutonné sur la poitrine, 
avec collet blanc, passepoil écarlate, épaulettes vertes, pantalon vert. 

Le shako est le même que dans les autres bataillons, avec addition 
d'un cor de chasse sur la plaque. 

Drapeau. — Le drapeau est partagé diagonalement en deux parties, 
l'une blanche et l'autre verte. Sur une face se détachent les armes de 
France, entourées des colliers de Saint-Michel et du Saint-Esprit, et 
accompagnées du sceptre et de la main de Justice. Sur l'autre face est 
brodée l'inscription suivante : 

(( Le Roi a la Légion du Finistère ». 

Cette légende est entourée de deux branches de laurier (brodées en 
vert) au-dessous desquelles pendent les insignes de l'ordre de Saint- 
Louis et de l'ordre de la Légion d'honneur. 

De plus, l'ordonnance royale du 27 novembre 1816 institue le drapeau 
de batailloi^, mi-partie blanc et rouge (en diagonale) pour les 2** ba- 
taillons ; blanc et Jonquille pour les 3" bataillons. 

D'autre part, la décision du 24 avril 1818 rétablit le drapeau blanc, 
tout en conservant les drapeaux de bataillon, qui marchent pour rendre 
les honneurs. 

Le drapeau blanc ne doit rendre les honneurs qu'au roi ; il est orné 
d'une bordure de fleurs de lis d'or et porte d'un côté les armes de 
France et, de l'autre, l'inscription habituelle : 

(( Le Roi au 15" Régiment d'Infanterie », 

avec les mêmes attributs qu'au drapeau précédent. 
La cravate est blanche et la hampe surmontée d'une lance dorée (1). 



15e Régiment d'Infanterie» 

Uniforme. — Habit bleu de roi, collet, revers, pattes de parements et 
parements blancs, avec passepoil bleu; retroussis de l'habit bleus, à 



(1) Ce drapeau portail primitivement rinscription «c Légion du Finistère v qui 
fut modifiée quand cette légion devint i5* régiment dUnfanterie, dont Tuniforme 
est décrit à Tarticle suivant (transformation en 1S20). 

Hist. 15* 24 



370 HISTORIQUE 



passepoil blanc ; capote en drap beige, pantalon de tricot blanc, gilet 
blanc; bonnet de police en drap bleu de roi. 

Les fusiliers ont l'épaulette en drap, sans franges; les grenadiers 
portent l'épaulette écarlate à franges; les voltigeurs l'épaulette aurore, 
à franges. 

Le shako est de feutre noir; la plaque, aux armes de France, porte 
le numéro du régiment. 

Les Jugulaires sont en cuivre, et le bandeau supérieur, rouge pour 
les grenadiers, est Jonquille pour les voltigeurs. 

Le pompon, en olive, porte le numéro de la compagnie pour les 
fusiliers, une fleur de lys pour l'état-major, une grenade pour les gre- 
nadiers, un cor de chasse pour les voltigeurs; il est blanc pour 
l'état-maJor, bleu de roi pour le 1" bataillon, cramoisi pour le 2* et 
vert foncé pour le 3*. 

Drapeaux. — Les drapeaux sont les mêmes que ceux décrits dans la 
décision du 24 avril 1818. 



# # 

Après 1830, le gouvernement du roi Louis-Philippe rétablit le dra- 
peau tricolore: bleu à la hampe, blanc au centre, rouge à la bande 
extérieure. 

La hampe est surmontée du coq dit « gaulois ». 

Au centre se trouve l'inscription suivante : 

« Le Roi des Français au 15* Régiment d'Infanterie ». 

C'est sous le même règne qu'on adopta pour toute l'armée l'habit à 
la française, bleu de roi, sans revers, et le pantalon rouge, tombant sur 
le soulier. 

Le shako prit la forme cylindrique; les insignes particuliers des 
grenadiers et voltigeurs demeurèrent les mêmes. 

En 1848, la tunique bleu de roi, à une rangée de boutons, avec passe- 
poil et collet rouges, remplace l'habit. 

Le pompon double en laine est donné aux grenadiers et voltigeurs. 

Les compagnies du centre portent une contre-épaulette en drap bleu 
avec torsade rouge. 

Le drapeau est de nouveau modifié (1848). Aux quatre angles se 
trouve le numéro du régiment, encadré d'une couronne de lauriers. Au 
centre est brodée l'inscription suivante : 

« République Française. — 15" Régiment d'Infanterie ». 

Cette inscription est accompagnée des quatre mots]: 

« Unité, Liberté, Egalité, Fraternité », 

placés symétriquement vers les angles. 



~ g jijiij 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 371 

^^"■~"" 1, .... . . , , a 

Au revers, on a porté la devise : 

(( Valeur et Discipline ». 

La hampe est surmontée d'un fer de lance doré, avec cravate trico- 
lore. 



# # 



SECOND EMPIRE 

Le drapeau reste le même, avec cette différence que les suscriptions 
«ont les suivantes : « Napoléon III au 15* Régiment d'Infanterie de 
LIGNE », et que les mots « Unité, Liberté, Egalité, Fraternité » sont 
remplacés par des aigles au bas des bandes bleues et rouges, et par 
des couronnes Impériales au sommet de ces môme bandes qui portent 
l'initiale « N » au centre. 

En 1859, nouvelle transformation de l'uniforme : la tunique est rem- 
placée par une veste à pans courts, à une rangée de boutons, avec col 
«t passepoil Jonquille. 

Le pantalon devient bouffant, fixé sur le mollet par une molletière 
•en cuir, peinte en couleur jonquille. 

La chaussure est le soulier dit « godillot », avec guêtres en cuir ou 
.:guêtres blanches. La capote est d'un gris bleuté, avec col de même 
«couleur. Le shako, en cuir bouilli, est orné de la cocarde tricolore et 
il'une plaque représentant l'aigle de l'Empire. Cette coiffure est rehaussée 
d'une aigrette en crin rouge. Jaune ou vert, sortant d'une tulipe en 
cuivre, pour la grande tenue. La tenue du Jour comporte un pompon 
olive, en drap de même couleur pour les compagnies du centre, et un 
pompon double en laine pour les grenadiers et voltigeurs. 

L'épaulette, donnée à toute l'infanterie, reste rouge ou Jaune pour les 
grenadiers ou voltigeurs, et verte à torsade rouge pour les compagnies 
du centre. 

En 1867, l'infanterie fut dotée de la tunique à deux rangées de bou- 
lons et du pantalon tombant droit sur le cou- de-pied. Les autres détails 
de l'uniforme ne furent pas modifiés. 

Enfin, en 1868, les compagnies de grenadiers et voltigeurs furent sup- 
primées et toute l'infanterie reçut les épaulettes rouges. Dans chaque 
compagnie, les soldats de 1'* classe furent distingués par un galon de 
Jaine, Jaune d'abord, rouge ensuite. 

Le shako de cuir boaiUi fut ea même temps remplacé par un shako 
rouge à bourdaloue noir. 

Depuis 1870, l'uniforme n'a guère varié. Disons eependant que le 
shako rouge disparut d'abord pour faire place à un shako bleu, bordé 
de bourdaloues Jaunes, qui fut aussi supprimé vers 1886. On lui siil)stio 



372 HISTORIQUE 



tua un képi rigide rouge, orné d'une cocarde tricolore, d'une grenade 
en cuivre et d'un pompon de couleur différente pour chaque bataillon. 

Les drapeaux que possèdent actuellement les régiments leur ont été 
distribués, le 14 Juillet 1880, dans la plaine de Longçhamps (Paris) par 
le Président de la Réqublique. 

Ce drapeau tricolore a sa hampe surmontée d'une couronne, portant 
elle-même un fer de lance doré. A chaque angle est brodé le numéro 
du régiment, entouré d'une couronne de lauriers. Sur une face se dé- 
tache l'inscription habituelle : 

« République Française — 15' bégiment d'infanterie ». 

Au revers, on a porté le nom des sièges ou batailles où le régiment 
s'est particulièrement illustré.' 

Le drapeau du 15* perpétue dans le corps le souvenir de quatre des 
plus glorieux triomphes dont les armes françaises puissent s'honorer : 



FRIBDLAND, SÉBASTOPOL, 



ALaER (i), SOLFERINO. 



(1) Alger ne veut pas dire « Prise d'Alger », mais bien « Conquête ou Expédition 
d* Alger ». En eflet, la prise d^ Alger ne fut guère qu^un combat d^artillerie, où le 
régiment n^eut pas grand effort à faire. Pour préciser, il serait désirable que ce nom 
fût changé en celui de « Staouêli », car, dans cette bataille, le 15* eut à jouer un 
rôle véritablement important et fit preuve des brillantes qualités qui lui ont 
acquis, de tout temps, une si juste et si honorable réputation. 



DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTERIE 



373 



APPENDICE No 2. 



liëgende de la marche du ré^menf • 

(clairons.) 









JJJIMJJ J J l f ^^ 



#-hri I i i | I ini^ I I II 



D'après le récit des vétérans du 15% le refrain du régiment daterait 
•de la guerre de Crimée. 

On sait que la musique en est empruntée à la vieille chanson populaire 
^îonnue sous le titre de Sire de Framboisy. 

Si l'on en croit la tradition, ce chant était le plus en vogue parmi 
ceux dont les soldats du 15" égayaient leurs marches durant cette péni- 
ble, mais glorieuse campagne. 

La plaisanterie s'était même emparée de ce détail et Ton s'amusait à 
donner au régiment le surnom de « 15' Framboisy ». 

Ce sobriquet fut, dit-on, la cause de plusieurs duels avec des soldats 
•d'autres corps. 

En tout cas, le chef de musique aurait eu l'idée d'orchestrer ce chant 
•et de le faire agréer comme marche du régiment. 

C'est au camp d'Inkermann (camp du Moulin) que la musique du 
corps fit entendre pour la première fois ce refrain définitivement adopté 
jpour le 15' de ligne. 



374 HISTORIQUE 



APPENDICE No 3 



Pièces Jnsflfleaflves. 



Ordre du Roi. 

De par le Roi, 

Trésorier général de l'extraordinaire des guerres, — Jean-Bat)fîste 
Thomas de Pange, — nous voulons et vous mandons que, des deniers 
qui sont entre vos mains, vous ayez à en payer comptant au sieur 
comte DE BoisGELiN, brigadier et colonel du régiment dlnfanlerie de 
son nom, la somme de quinze mille livres que nous ordonnons être 
mise en ses mains pour être par lui distribuée sur le pied de sept 
mille livres aux officiers de ce régiment, pour être indemnisés des 
pertes qu'ils ont faites à l'affaire de Friedberg, le 30 août dernier; et sur 
celui de huit mille livres, aux sergents, caporaux, anspessades (et sol- 
dats dudit régiment ; laquelle somme nous leur accordons par gratifi- 
cation extraordinaire, en considération de la distinction avec laquelle 
ils se sont comportés dans cette journée; et rapportant par vous le 
présent etc. 

Donné à Versailles, le 8 septembre 1762. 

Signé : LOUIS. 

et, plus bas : 

Duc DE Ghoiseul. 



Lettre adressée par les officiers de la Couronne (1) aux 
officiers du régiment de Boisgelln. 

Messieurs, 

C'est avec la plus grande satisfaction que nous apprenons le succès 
que vous venez d'avoir et la façon dont vous avez contribué à la gloire 
de Monseigneur le prince de Gondé dans cette dernière affaire. La part 
que nous y prenons. Messieurs, ne nous fait regretter que de n'avoir 
pas pu partager avec vous les moments brillants de cette action, où 



(1) Le régiment de la Couronne, créé sous le nom de « Reine Mère », prit le 
nom de la Couronne au siège de Maêstricht, par ordre du roi Louis XIY, pour 
marquer Testime qu^l avait de ce corps, dont il avait pu éprouver la valeur. 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 375 



VOUS avez si bien soutenu votre réputation. Nous nous flattons que les 
liaisons anciennes, qui doivent vous assurer de notre attachement et de 
toute notre estime, vous feront recevoir )es témoignages que nous vous 
en donnons comme un gage nouveau de tous les sentiments et de Ta- 
mitié la plus inviolable avec laquelle nous avon» l'honneur d'être, etc. 

Signé : Blangy, La Salle, Saint-Vaast, chev. 

DE MlRMAN, chev. DE CURSOL, GUICHARD, 
DE HiLLERIN. 



Du camp sous Dunkerque, le 11 septembre 1762. 



Réponse des officiers de Boisgelin. 



Messieurs, 

La victoire, qui nous a favorisés, nous est bien glorieuse dès qu'elle 
mérite vos suffrages. 

Qui peut mieux que vous donner un prix à la valeur ? 

D'elle seule vous tenez votre nom (1) et elle fut toujours votre carac- 
tère. 

Quels auraient donc été nos succès si, vous ayant pour compagnons, 
nous avions pu frapper de concert ? 

La gloire que nous nous sommes acquise vous aurait été commune et 
nous vous en aurions fait part avec d'autant plus de plaisir que nous 
ne pouvons ignorer combien vous sçavez la mériter. 

La présence du Prince, pour lequel vous vous intéressez, et qui le 
mérite à plus d'un titre, aurait également animé votre audace, et les 
mêmes lauriers auraient ceint votre front. 

Tels sont nos sentiments. Messieurs. Sensibles, autant que nous devons 
'être, à ceux que vous nous témoignez, nous ne désirons que l'occasion 
de vous prouver avec combien d'estime et d'attachement nous avons 
l'honneur d'être, Messieurs, vos très humbles et obéissants serviteurs. 

Signé : Boisgelin, Larmandie, chev. du Mesnil, 
Gantis, La Forgue, Marvelize, Sarrant, 
DuvAUROux, Deshaulles, Petity. 



(1) Voir la note concernant la lettre précédente. 



376 



HISTORIQUE 



Offioien nonunôt chevalien de Saint-LouiSy 
à la suite de oe beau fait d'armes de Frledberg-Johannlsberg. 



De Razes, 
Du Plessis, 
Le Brun, 

De La Barrière (Barthélémy), 
De L'Enfernat, 
Mezières, 

De Mémaaques, * 

De Ranchin (mourut de ses bles- 
sures quelques Jours après), 



Chevalier de Sarran (ou de Sar- 

rant), 
De Gharost de Saint-Sulpice (ou 

DE GhANAUT), 

Duserre-Durival (Pierre-Gabriel- 
Louis), 
De Tristan d'Houssoy, 
Duserre-Du Rival (Joseph), 
De Guintrand. 



D'après MM. de Roussel et Susane, en 1747, à la suite de la bataille 
de Lamfeld, où le régiment s'était si bien comporté, le Roi avait accordé 
au corps cinq brevets de lieutenant-colonel, treize croix de chevalier 
de Saint-Louis et 27 gratifications. 

V Histoire des chevaliers de Saint-Louis, par Alex. Mazas (basée 
sur les registres de d'Aspect), conteste ces treize croix de 1747. Elle 
n'admet que M. de Larmandie, les deux frères de Montgrand et M. de 

GOURS. 

Mazas croit que les autres n'ont pas eu cette distinction à la même épo- 
que : ce sont MM. de Gastelnau, de Bermondes, de la Salle, de Pioger 

DE GhANTRADEUX, DE MONT0RUN, DE MaILLÉ, DE FaRCY, DE NaJAC, DE 

Vandel. 

Ge désaccord vient, sans doute, de ce que, malgré la nomination, les 
chevaliers de Saint-Louis n'étaient considérés comme admis que lors- 
qu'ils avaient été reçus (cérémonie qui n'avait quelquefois lieu que 
plusieurs années après). 

D'ailleurs, les registres de Tordre étaient aussi mal tenus que possi- 
ble, et ce qu'il en reste est fort incomplet. 

Nous donnons mention de cette controverse pour ne pas nous exposer 
à altérer la vérité. 



DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 377 



APPENDICE N» 4, 



Quelques noms et surnoms de soldats du régiment 

de la Tour-dn-Pin. 

(Extrait des contrôles de 1717 à 1750:) 

Mcolas Dubois, dit La Sonde (perruquier). •— Enrôlé le 5 sept. 1747. 

Pierre Loiseau, dit La Jeunesse. — Enrôlé le 2 mars 1748 pour six ans. 

Gilbert-Monique Gueloit, dU Sans-Chagrin. — Enrôlé le 2 mars 1748 
pour six ans. 

André Coquet, dit Bontemps. — Enrôlé le 2 mars 1748 pour six ans. 

Gabriel Janain, dit Va-de-hon-cœur. — Enrôlé le 2 mars 1748, déserté 
le 3 mars 1749. 

Philippe Goulet, dit Bellerose. — Enrôlé le 3 mars 1749. 

Pierre Marchand, dit La Violette. — Enrôlé le 30 mars 1745. 

Mathieu Blondard, dit la Douceur. — Enrôlé le 21 octobre 1742. 

Jean-Baptiste Roche van, dit La Branche (de Paris). — Enrôlé le 11 jan- 
vier 1747. 

André-Auguste Philippart, dit Beausoleil. — Enrôlé le 24 janvier 1741. 

Pierre Blondain, dit Sans-Regret. — Enrôlé le 14 avril 1741. 

Joseph Chanfort, dit La Fortune. — Enrôlé le 16 avril 1741. 

François Vautier, dit la Giroflée. — Enrôlé le 24 avril 1746. 

Jacques Leduc, dit Printemps (cordonnier). — Enrôlé le 18 sept. 1746. 

Jean Boyer, dit La Forge (maréchal). — Enrôlé le 31 mars 1747. 

François Scavel, dit La France (tambour), compagnie du chevalier de 
Bellaflaire. — Enrôlé le 6 Janvier 1734. 

Jean-Louis Héret, dit Bellefleur [i*^ sergent). — Enrôlé le 26 mars 1731 
pour six ans, rengagé pour neuf ans. 

Joseph Guigné, dit Poitevin (de Montmorillon en Poitou). ~ Enrôlé le 
9 février 1741. Compagnie de Cheflontaine. 

Jean Sadrant, dit Sans-Quartier. — Enrôlé le 13 mars 1747. 

Joseph RosANY, dit La Couture (tailleur). — Enrôlé le 20 août 1742. 

Nicolas Ernedurand, dit La Lancette^ 2* caporal. Compagnie de Cernières ; 
chirurgien. — Enrôlé le 26 mars 1735. 

René Dudoit, dit La Grenade (compagnie Delosse). — Enrôlé le 18 février 
1748. 

Hurbin Sertier, dit Brindamour. — Enrôlé le 22 mars 1747. 

Louis Drot, dit Prêt-à-boire (compagnie Delosse). — Enrôlé le 18 février 
17U. 

Léonard François, dit Frappe-d'abord (compagnie lieutenant-colonelle), 
— Enrôlé le 28 février 1747. 

Jean Caillou, dit Divertissant (compagnie lieutenant-colonelle). — En- 
rôlé le 22 février 1744. 



378 HISTORIQUE 



APPENDICE N» 5. 



lilftte des officiers do rëgimeaf toës on blesses dans les 
nombreuses actions de goerre auxquelles le corps prit 
part. 

Vouloir dire quelque chose, ne fût-ce qu'un mot, de tous ceux qui 
figurent sur ce sanglant martyrologe de la patrie, serait trop long. 

Nous nous contenterons de les nommer, et cette liste funèbre, si laco- 
nique qu'elle soit, fera plus pour leur gloire que toutes nos paroles (1). 

Prise de Saint-Jean-d'Angely (1621). 
Tué. — Lieutenant Néaumer. 

Siège de Privas (26 mai 1629). 

Tué. — Capitaine de Fouquerolle. 
Blessé. — Major de Fabert. 

Combat deVeiUane (10 juillet 1630). 

Blessé à mort. — Capitaine de Bizemont. 

Blessés. — Colonel marquis de Rambures et plusieurs autres officiers 
dont nous n'avons pu trouver tous les noms. Citons, en tout cas, MM. les 
capitaines d'ORViLUERS et de Bermont. 

Prise de Saverne (14 juillet 1636). 
Blessé. — Major de Fabert (3 blessures). 

Siège de DamviUiers (1637). 
Blessé. — Capitaine de Sicham. 



(1) SUI existe encore de nombreuses omissions dans ce tableau, déjà si long, 
c^est quUl nous a été impossible de trouver les pièces qui pourraient combler ces 
lacunes. 

Avant la Révolution, et surtout an xvii* siècle, les bulletins ne donnent sou- 
vent que Tétat numérique des pertes, ou ne mentionnent que les capitaines et 
officiers supérieurs. De plus, ces pièces mêmes manquent dans bien des cas. La 
période de la Révolution et celle de l^Empire comportent aussi d^énormes lacu- 
nes à ce sujet, aux archives de la guerre. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 379 



Bfttaille de Honneoourt (26 mai 1642). 
Tué, — Colonel marquis de Rambures. 

BataiUe de Bocroy (1643). 

Tués. — Capitaines du Mesnil, de Froyelle, Villiers, Bergues, de 
Merle. 

Quelques autres officiers furent encore tués ce Jour-là, ainsi que beau- 
coup de soldats; mais nous n'avons pu nous procurer leurs noms. 

Siège de Oravelines ti644). 
Tués. — • Capitaine de Rouret; lieutenant Guisbert de Bréda. 

Siège de Genappe (10 • 13 mars 1668). 
Blessé, — Capitaine Baillet. 

Bataille de Seneff (il août 1674). 

Ti^^8. —Lieutenant-colonel Hébert ; major Villers ; capitaines de Bris- 
seuil, Campagne, de Bonnière, de Pommereuil; lieutenants La Varenne, 
Le Grand, de Culan, de Yarimont, L'Étendard; sous-lieutenants de 
Sesseyal, de Saint-Martin. 

Blessés, — Capitaines Geronyille, chevalier d'Amours, Noël, Le 
Grand, de Bruc ; lieutenants Huyas, dIyemberteuille ; sous-lieutenants 
DE laMotte,Pologne,du Fayol, Pijart, de Brassac ; enseigne Campagne. 

Bataille de r Abbaye de Saint-Denis (14 août 1678). 

Tués. — 4 capitaines. 

Blessés,— OAoneX marquis de Feuquières ; lieutenant-colonel Baillet ; 
9 capitaines, 18 lieutenants ou sous-lieutenants (nous n'avons pu trou- 
ver leurs noms). 

Siègd de Philippsbotirg (septembre • octobre 1688). 
Nuit du 12 au 13 octobre : 

Blessé, — Lieutenant-colonel chevalier d'Amours. 

20 octobre : 

Tués. — Capitaines Despoix, de Contremoulins ; sous-lieutenant 
DupuY (emporté d'un coup de canon). 

Blessés, — Capitaines de Campagnols, Le Blaru. 



380 HISTORIQUE 



Siège de "Waldlciroli. 
Tué. -^ Capitaine de Moucy. 

'Siège de Carmagnoles (Juin 1691). 
Blessés, — Lieutenant-colonel de Vraignes et 2 capitaines. 

Marsaille (4 octobre 4693). 

Tués, — Capitaines d'Antissanty, Deorez. 

Blessés, — Capitaine de Conty ; sous-lieutenant d'Hémon. 

Siège de Valence (Milanais) (septembre 1696). 
Blessé, — Capitaine de Bouteyille. 

Siège de Vèrue (mars • avril 1705). 

Tués. — Capitaines d'Aché, de Birabin, du Fresne. 
Blessés, — 2 capitaines. 

Siège de Roses (1719). 
Blessé, — Capitaine de la Motte d'Huoues. 

Siège de Kehl. 
Nuit du 23 au 24 octobre 1733 : 

Tué, — CSapitaine de la Serre. 

Siège de Philippsbourg (23 juin 1734). 

Tués. — Capitaines de Gasques, d'Angosse, de Nouziers. 

Blessés. — Capitaine du Camp ; sergent Honoré, et 13 autres olficiers 
dont nous n'avons pu trouver les noms. 

Sorties autour de Lintz (16 Janvier 1742). 

Tués. •— Capitaines du Boschet, d'Houdan. 

Blessés. — Capitaines des Haulles, de Guichen; lieutenants de la 
Foroue, de Fonte MAY, Beaupoil, Deschambes; sergent Honoré (depuis 
lieutenant au corps). 



DU 13® RÉGIMENT D*INFANTERIE 381 



Bataille de Dettlngen«(27 juin 1743). 

Tués, — Capitaines de Terson, de Richebourg, Charsé, chevalier de 
ViGNAGouRT, chevaller Dunelle, Villouette ; lieutenants de Rouville> 

DE LA GrOISILLE, RiCHARD, DE LA VORICHAIE, MONPLAISIR, DE BSAUPLAN, 
REAL, BaLTIER. 

Blessés. — Major de Luc-Majour ; commandants de bataillon Le Las- 
SEUR DE LA ViGANiÈRE, HiKY ; Capitaines de Hallebout, chevalier de Luc- 
Majour, chevalier d'Artignos, de Najac, Dourlers, du REPAmE, Grin- 
GOURT, DE Mesnard, Duvignau, chevalicr de ^Chantilly, de Mesmé, de 
Saillet(I), Banville, de Pioger; lieutenants Bigoine, de Lescun, d'Adon- 
ville, d'Astorg, de Tanouarn, Rayne de Gantis, Daurée, Kerniel, 
Manou (ou du Magnou), du Mousset, chevalier du Mesnil, de Farcy, 
600 hommes hors de combat. 

Combat sur la Lauter. 
Blessés. — Capitaine Duvignau (2) ; lieutenant de Fontenay. 

Siège d*Ypre8 (juin 17U). 

Blessés. — Capitaines Banville, d'Hallebout ; lieutenant Beaupoil ; 
deux compagnies de grenadiers décimées. 

Bataille de Fontenoy (1745). 
Blessés. — Capitaine du Magnou ; 50 hommes hors de combat. 

Attaque de la citadelle de Tournai (19 juin 1745). 
Blessé. — Lieutenant de Villemarquet. 

Affaire de Mesle (juillet 1745). 

Tué. — Capitaine Cochu. 

Blessés. — Commandant Le Lasseur de la Viganière ; capitaine de 
Marvelize; lieutenants Bufour, Honoré; 180 hommes hors de combat. 

Siège d'Ostende (août 1745). 

Tués. — Lieutenants chevalier de Castelnau, Ricard. 
Blessés. — Capitaine de Castelnau ; lieutenant chevaller du Mesnil ; 
sous-lieutenant de la Marre ; 180 hommes hors de combat. 



(1) De Saillet (de Paris), retiré en 1759, chevalier de Saint-Louis, avec la com- 
mission de lieutenant-colonel. 

(2) Retiré à Aiguillon, en 1759, avec le grade de lieutenant-colonel de la légion 
du Uainaut. 



382 HISTORIQUE 



Siège de nieuport (septembre 1745). 
Blessé, -^ Chevalier du Mesnil 

Siège de la Hayne et de Mons (Juin-Juillet 1746). 

Blessés, — Capitaine de Maoeinville; lieutenant de Cbatbnat; 
2Û0 hommes hors de combat. 

Aeraohot (10 Juillet 1746). 

Tué, -r Lieutenant d'Ille. 

Blessé. -^ Capitaine de Maoeinville. 

Dètaotiement attaqué à Bamiliet* 
Blessé, — Lieutenant du Tbiersant. 

Siège de Namur (5 septembre -3 octobre 1746). 

Blessés, — Capitaine Dauréb; lieutenant de Montbrun; M. de la 
Marre ; 2O0 hommes hors de combat. 

Fort de Sansberg (5-6 mai 1747). 

Tués, — Capitaine de Mousson villibrs; lieutenant Jacquerie; sous- 
lieutenant Le Clerc. 

Blessés, — Capitaines de Montbrun, de Cours, de Farct, de Pioger 
de Chantradeux, d'Hallebout ; lieutenants Pennard, Guyot, Le Franc, 
DE Sagerran, Labordave ; (colonel marquis de la Tour du Pin, brûlure). 

Bataille de Lawfeld (2 juillet 1747). 

Tués. — Capitaines de Maoeinville, de Dreux ; lieutenants Yaudrt, 
Sagerran, Le Franc, de la Durantie (atné). 

Blessés. — Capitaines d'Artignos, de Najac, de la Grèze, de Vandel, 
de Larmandie, de Montgrand, chevalier de Montgrand, chevalier de 
Maillé, de la Tour de Jean, de Tanouarn, Grincourt, de Ferrand,. 
d'Astorg; lieutenants de Cheffontaine, Jourdan, Mardeville, de la 
Mare, Tercier, la Vilotte, chevalier des Chênes, Requeur, Fourneau; 
Lagoudre, de Losse et de Boislebon (gentilshommes volontaires). 

Siège de MaSstricht (15 - 29 avril 1748). 

Le 20 avril. 
Blessés. — CSapitaine de Castelnau; lieutenants Méziëres, Legrand. 



DU 15« RÉGIMENT d'jNFÀNTERIE 383 

Le 21 avril. 
Blessé, — Lieatenant Rigart. 

Le 29 avril. 

Tués, -— Capitaine de Gorneillan, mort de ses blessares ; lieutenant 
DE LA Durant», mortellement blessé. 

Blessés, — Capitaines de Rooueshautes, de Vandel ; lieutenants Ter- 
ciER, DE Lamarre, Le Grand ; volontaires de la Coudre, d'Article. 

Juin 1758 à Goch. 
Blessé, — lieutenant de Soulage, (2 blessures). 

Orewelt (23 juin 1758). 

Tués, — Capitaines de Rogueshautes, chevalier du Haloouet, Duvi- 
ONT, d'Hourmelin, chevalier de la Bourdonnate. 

Blessés. — Capitaines de Montbrun, Delon, de Gonflans, de la Motte 
Ferrand, de Dianous, de Mémarques; lieutenants d'Astier, de Saint- 
Germain, chevalier du Seigneur ; sergent Desroulins (devint lieutenant 
et fut tué en 1762). 

Siège de Munster (nuit du 11 au 12 juillet 1759). 
Attaque de la porte Saint-Maurice. 

Tué, — Lieutenant de Souvoles. 

Blessés, — Commandant de bataillon de Larmandie; capitaines de 
Tour de Jean, de Farct, de Chassignoles ; lieutenants de Lustrag, de 
Siry; sergents Desroulins, Richard, Pagnon (devenus ofiQciers au corps). 

Corbach (10 juillet 1760). 

Blessés, — Capitaines. DE Kernizan, Duserre; lieutenants deFournes 
de Rouvroy, du Luc, d'Osmont, Pagnon de la Yernosse; enseigne de 
LA Villaudray; 29 soldats tués et 115 blessés. 

"Warbotirg (31 juillet 1760). 

Tué, — Lieutenant Beaupoil. 

Blessés, — Capitaines de la Tour Perrand, de Guintrand, de l'In- 
FERNAT; lieutenants Dupuy, d'Astier, de Chantepie, chevalier de Chas- 
signoles, de Plas; sous-lieutenants Beaupoil, Paignon de la Vernosb, 
Matberon. 



384 HISTORIQUE 



Olosieroamps (16 octobre 1760). 

Blessés, — Colonel marquis de la Tour du Pin ; capitaines du Seigneur, 
DE Favières ; lieutenants Desplats, de Chevaux (ou Thayaux) de la 
ViLLAUORAY ; sous-lieutenaut de la Feuillade (Wittier dit). 

Détachement en Allemagne (28 Juillet 1761). 
Blessé, — lieutenant de Saint-Paul. 

Bataille deFriedberg-Jolumnisberg (30 août 1762). 

Tv4s. — Capitaines de Saint-Sauveur, d'Autteville, Dumas (blessé à 
mort) ; lieutenants de Ranchin (blessé à mort), Desroulins, Rooon ; sous- 
lieutenants OUDET, DE LORGERIL. 

Blessés. — Commandant de bataillon chevalier du Mesnil; capi- 
taines DE LA FORGUE, DE SaRRANT, DE LA ToUR FeRRAND, MÉZIÈRES, DE 
ROYE DE L'EnFERNAT, CoLLET DES FaVIËRES, DE MÉMARQUE, NaVETTE DR 

Chassignoles, de la Barrière, Champbruslard, de la Veronhe, de 
SiRY, d'Ouville (ou Douville) ; lieutenant Beaupoil (grenadiers) ; sous- 
lieutenants RicART, DE Chantepie, Bourouisson, d'Osmont, de la Feuil- 
lade, Matheron (grenadiers), de Berne, Bagué (porte-drapeau). 

Siège de Lille (25 septembre 1792). 
Tué. — Capitaine Chabot (Philippe-François). 

Siège de Courtray (23 floréal an II). 
Blessé. — Capitaine Deseutre (Louis). 

Engen (3 mai 1800). 
Blessé. — Capitaine Augeard. 

Biberaoh. (9 mai 1800). 
Blessés. — Capitaines Villemant, Daudinot, Lemoinb. 

(16 mai 1800) près Biberach. 
Blessé. — Capitaine Thomas (5 blessures). 

Ampfingen (10 frimaire an IX). 
Blessés. — Lieutenants Dumas, Grégoire, Augher, Prévost. 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 385 



HohenUnden. 

Tué. — Capitaine Bouché. 

Blessés. — Capitaines Blot, Piednoir. 

Affaire du Palmiste (AutiUes) (11 mai 1802). 
Blessé. — Capitaine Piednoir. 

Billing (16 avril 1807). 

Blessé. — Sergent Rey de Vissec (nommé sous-lieutenant au corps le 
7 Janvier suivant). 

Bataille de Friedland (14 juin 1807). 

Tués. — Capitaines Laine, adjudant-major Aran, Seroux (mort le 15 
juillet), Trefcon, Faure; lieutenants Feuvrais, Fririon (mort le 22); 
sous-lieutenant Gestas (mort le 6 juillet) ; lieutenant Thouret (mort le 
24 décembre). 

Blessés. — Colonel Reynaud ; chef de bataillon Lanolois ; capitaines 
Vigier, Molin, Boursin, Cazanave, Gruzé, Fabre, Beaurain, Auoeard, 
Guis, Larazière, Longefay; lieutenants Guillaume, Pan Lacroix; sous- 
lieutenants Mongrolle, Delaunois, Chauvin, Pernon. 

Tudela (8 juin 1808). 
Blessé. — Capitaine Bigot. 

Saragosse (15 juin 1808). 
Tués. — Capitaine Antoine ; sous-lieutenant Lapaire. 

Saragosse (2 juillet 1808). 
Tué. — Capitaine Fréoier. 

. Bataille de Rio Seoco (14 juillet 1806). 

Blessés. — Capitaines Augeard, Rouyre ; lieutenant adjudant-major 
Pages. 

Combat d'Evora (29 juillet 1808). 

Blessé. — Lieutenant Richard. 

Hist. 15* • 25 



386 HISTORIQUE 



Saragosse (5 août 1808). 
Blessé, — Capitaine Etienne (Dominique). 

Vlmeiro (21 août 1806). 
Blessé, — Lieutenant Richard. 

Combat devant Oamonal-Burgos (10 novembre 1806). 

Tué, — Capitaine Gruzé. 

Blessés. — Capitaines Bigot, Trepcon. 

Devant Burgos (12 novembre (1808). 
Blessé, — Capitaine Aubry. 

Bataille de la Corogne (16 janvier 1809). 

Tué — Capitaine Marie (mort 3 Juin). 
Blessé, ^ Capitaine Rocyre. 

Passage du Minho (16 février 1809). 
Tué, — Lieutenant Narjot (noyé). 

Port Marin (9 mars 1809). 
Tué, — Capitaine Ganeau. 

Prise d'Oporto (29 mars 1809). 

Tués. — Capitaines Valet, Baron; sous-lieutenant Cotterelle. 

Blessés. — Chef de bataillon Molin ; capitaines Teisseiré, Pron, Dumas ; 
lieutenants Delarue, Souque, Fages ( F. ) ; sous-lieutenants Perret, 

GUILHEM, COLSIN. 

Affaire de Tuy (9 avril 1809). 
Blessés. — Capitaines Dumas, Teisseiré ; sous-lieutenant Gourdon. 

Retraite d'Oporto (12 mai 1809). 

Tué, — Sous-lieutenant Cayirot. 

Blessés, — Chef de bataillon Aubry; capitaines Teisseiré, Aucher; 
lieutenant Agnel. 



DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 387 



Salamonde (16 mai 1809). 
Tti4, — Capitaine Rigollet. 

Près Rodrigo (10 avril 1810). 
Blessé. •— Lasalle, chirurgien SAM. 

Siège d'Astorga (21 avril 1810) 

B/ess^s. — Capitaine Trefcon ; lieutenant Mongrolle; sous-lieutenant 
Beau. 

Combat de Sobral (13 octobre 1810). 

Tués. — Lieutenant Delarue; sous-lieutenant Legendre. 
. Blessés. — Capitaine Rouyre; lieutenants Gautier, Lerouxeau (t). 

m 

(11 octobre 1811). 
Tué. — Capitaine Chavany (assassiné) à Villanueva de la Véra. 

Pedrosa del Rey (16 février 1812). 
Blessé. — Sous-lieutenant Renard. 

Alba de Tormès (18 lévrier 1812). 
Blessé. — Sous-lieutenant Désalneuve. 

Albarco (4 mai 1812). 
Blessé. — Sous-lieutenant Picard du Chambon. 

Salamanque (28 juin 1812). 
Blessé. — Capitaine Victor; lieutenant Perret (2). 



(1) Citons aussi, parmi les blessés du combat de Sobral, le sergent O^Neill, du 
15* de ligne, appartenant à une noble race d'origine irlandaise qui a donné à la 
France de glorieux officiers et qui est représentée de nos jours par M. le géné- 
ral O^Neill, commandant le IG* corps d^armée, à Montpellier. 

(2) La veille, 27 juin, le sergent-major O'Neill, du 15* de ligne, avait été blessé 
d^un coup de feu à la cuisse droite, au cours de la défense du fort de Salamanque 



388 HISTORIQUE 



Bataille des Arapiles (22 jaillet 1812). 

* 

Tués. — Chef de bataillon Villemant ; capitaine Pron ; sous-lieutenants 
Leroy, de Cressac (mort le 14 novembre), Massuc (mort le 25 mars 
1813). 

Blessés. — Capitaines Guis, Marié, Débarque, Pan Lacroix, Cheval- 
lier ; lieutenants Alibert, Colsin; sous-lieutenant Loyer; Grandvoinet 
(chirurgien S. A. M.). 

Près de Burgos (4 août 1812). 

Tués. -— Capitaine Briois (mort le 9) ; lieutenant Buchmeller (mort 
le 19). 

Buenos, Villa-Muriel (25 octobre 1812). 

Tué. — Capitaine Lafitte. 

B^ess^s. —Lieutenant Perret ; sous-lieutenants Paré (ou Dazé), Maury. 

Bautzen (21 mai 1813). 
Blessé. — Sous-lieutenant Marc. 

Prias (Espagne) (18 juin 1813). 
Blessés. «^ Lieutenants Descamps, Farin. 

Retraite de Pampelune (28 juillet 1813). 

Tv^s. — Capitaines Dermoncourt, Bertrand, Mounet (mort 30 sep- 
tembre). Roche. 

Blessés. — Colonel Levavasseur ; chef de bataillon Lesueur dit La- 
chapelle; capitaines Martin, Francq (Adrien); lieutenant Monneau; 
sous-lieutenants Geneste, Grenier, Gabaudan. 

Pont d'Irun (31 août 1813). 
Blessés. — Capitaine Francq (Adrien) ; lieutenant Richard. 

Combat de Meissen (28 et 29 septembre 1813). 
Blessés. — Capitaine Chazbaut ; sous-lieutenants Defy» Descombes (29). 

Pont d*Irun (7 octobre 1813). 
Tué. — Capitaine Grelet (mort 11 Janvier 1814). 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 389 



Blessés. — Capitaine Lerouxeau ; sous-lieutenants Hamelin, Benard. 
Vannier. 



Leipzig (16-17-18-19 octobre 1813). 

Tués, — Major Rougé (19); capitaines Feydeau (19), Soutoul (mort 
le 26), Paillard (19), Ck>LsiN (présumé mort); lieutenant Decherville 
(mort 6 Janvier 1814); sous-lieutenant Martin (19). 

Blessés. — Capitaine Blondeau; lieutenant Julia; sous-lieutenant 
Tapoureau (19). 



Bataille dp Hanau (!*' novembre (1813). 
Blessé. — Lieutenant L'Hongre: 

8aint-Jean-de-Luz (10 novembre 1813). 
Blessés. — Lieutenant Maury; sous-lieutenant Hamelin. 

Défense de Dantzig (25 novembre 1813). 
Blessé. — Sous-lieutenant Nanterne. 

Champaubert (10 février 1814). 

Tués. — Capitaine Gruzé (blessé à mort) ; sous-lieutenant Lecobuvre. 
Blessé. — Lieutenant Guyot de Ferrandière. 

Combat de Sens (il février 1814). 

Tué. — Sous-lieutenant Soulas. 
Blessé. — > Sous-lieutenant Bailly. 

Vauchamps (14 février 1814). 
Blessé. — Capitaine Normand. 

Combat de Bar-sur- Aube (27 février 1814). 

B/es9^8. -—Capitaine Lerouxeau; lieutenants Girault, A.-M. Pelletier, 
Salyut; sous-lieutenants Bidart, Lecomte, Favart. 

Devant Boissons (5 mars 1814). 
Blessé. — Capitaine Leprêtre. 



390 HISTORIQUE 



Reims (13 mars 1814). 
Blessé. -— Sous-lieutenant L'Heureux. 

Près de Provins (16 mars 1814). 
Blessé. — Lieutenant Richard. 

(26 mars 1814.) 
Tué. — Sous-lieutenant Trubert. 

Erfurtli (9 avril' 1814). 
Blessé. — Chef de bataillon Chevallier. 

[Combat au Ténia de Mouzaîa (3 juillet 1831). 
Blessés. — Capitaines Lavie, Lodoyer. 

Alger (6 décembre 1831). 

Blessé. — Sous-lieutenant François Querné (blessé étant de garde à 
Tune des portes d'Alger). 

Siège de Sèbastopol (15 jaillet 1855). 

Blessés. — Commandant Kléber ; (5 Juillet 1855) lieutenant Jalustre, 
(Tous deux aux ouvrages de Lavarande.) 

Assaut de Sèbastopol (8 septembre 1855). 

Tués. — Commandant Lamarque ; capitaine adjudant-major Gabard ; 
capitaines Develey, Dumay ; lieutenants Castan, Rodet, Netter, Preux, 
LoNDiGNÉ, BiLLY ; sous-Ueutonants Delange-Tisserand, Chaubert. 

Blessés mortellement. — Capitaines Gibiers, Garalon; sous-lieute- 
nants Etienne, Pellat, de Foucher, Tastayre (1). 
Blessés. — Capitaines Belitrand, Chareyre, Logeais, Clausener (2) ; 



(1) Il faut ajouter à cette longue liste : 

Les sous-lieutenants Delprat, mort, du choléra à Kamiesch (21 mai 55) ; Trinchê, 
mort du choléra le 6 juin 1855 ; Hiblot, mort du typhus le 3 décembre 55 ; les 
officiers dont les noms suivent, nommés sous-lieutenants à la suite de Tassaut 
du 8 septembre et qui avaient été blessés dans [cette affaire : sous-lieutenants 
Destombes, mort le 25 septembre 1855 ; Carcy, blessé ; Yuidard, blessé ; Mathieu, 
blessé; Pipelier, mort le 10 septembre; Lhuillier, mort le 21 septembre; 
Delcour, mort le 2 décembre. 

(2) Le capitaine Clausener mourut plus tard de là suite de ses blessures. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 391 



lieutenants Bonamy, Lallemand, Perrier, Davoust-Langotière ; Jalus- 
tre; sous-lieutenants Larroque, Hoffet, Garnier, Bonnet. 

Combat de Melegnano (8 juin 1859). 

Blessés. — Capitaine adjudant-major Lochener; capitaine Perrier; 
sous-lieutenant Patriarche; lieutenant-colonel Schneider (1); chef de 
bataillon Ardouin. 

Solferino. 

Tués. — Commandants Kléber, Groult de Saint-Paer ; capitaines de 
Latour, Perrier; sous-lieutenants Beaucousin (mort le 16 juillet), Tho- 
MASY (Tomasi). 

Blessés. — Chef de bataillon Lesèble ; capitaines Charetre, Ballet, 
Telmat; lieutenants Schefer (Schaefer), Duroy, Lagrange, Garnier. 

Bataille de Saint-Privat-AmanTillers (18 août 1870). 

Tués. — Colonel de Kerléadec (blessé à mort); lieutenant-colonel 
Macquaire (ou Maquaire) ; chef de bataillon Paron ; capitaines Creus- 
VAux, DE BoisGUERET DE LA Vallière, Hoffet (mort le 8 septembre); 
sous-lieutenant Gourdel. 

Blessés. — Commandant Chapot; capitaines de Foerster, Pouyaud, 
DE Peretti, Achet; lieutenants Corlieu, Dubard, Augier; sous-lieute- 
nants Huguet, Cartier ; lieutenant Rigolage (Hippoly te). 

Beconnaissanoe dans les bois de Vigneules (21 septembre 1870). 

Tué. — Sous-lieutenant Guindorf (mourut de ses blessures). 
Blessés. — Capitaine Roslin ; lieutenant de Couesboug. 

Combat de Villers-Bretonneux (28 novembre 1870). 

Tué. — Lieutenant Barbier de Villeneuve (blessé mortellement ; il 
s'était sans doute échappé de Metz). 

Défense de Soissons (24 septembre). 
Blessés. — Major Denis; sous-lieutenant Pretel. 



(1) Le journal de marche du 15*, reconstitué en 1871, dit que le régiment eut 4 
officiers tués à Melegnano. Je pense que cela est une erreur, car les contrôles des 
officiers n^accusent que des blessés. Le lieutenant-colonel Schneider fut nommé, 
le 30 juin 1859, colonel du 56* de ligne. Le sous-lieutenant Patriarche fut nommé 
lieutenant en 1860. Le capitaine Perrier fut tué à Solferino. Le capitaine Lochner 
devint chef de bataillon. Le chef de bataillon Ardouin devint lieutenant-colonel 
du 23" de ligne, le 18 juin 1SS9. 



392 HISTORIQUE 



DÉFENSE DE PARIS 

(la' de marche et 115'.) 



Combat de Cliàtillon (19 septembre 1870). 
Blessé. — Sous-licutenant Gukpp. 

Combat de la Malmaison et de Buzenval (21 octobre 1870) 
Blessé. — Capitaine Garnier (1). 

Combat de Montmesly (30 novembre 1870). 

Tués. — Capitaine Billaud (mort le G décembre) ; sous-lieutenant 
SuTTER (mort le 24 décembre). 

Blessés. — Chef de bataillon Angamarre; capitaines A.-M. Tarrigo, 
A.-M. Bertrand, Gardien, Gaurin; lieutenants Rouget, Gros, Dombret, 
Bigot (ou Bigo); sous-licutenants de La Personne, Baille, Lemaire. 

Bataille de Champigny (2 décembre 1870). 

Tué. — Sous-lieutenant Audemard (mort le 6 décembre). 
Blessés. -^ Capitaines A.-M. Thienot, Richaud; lieutenant Baille. 



(1) Le régiment occupait à cette époque Leyallois-Perret. BienquUl n^ait pas prti 
part à la bataille de Buzenval, il a dû cependant échanger quelques coups de fea 
avec des partis ennemis, puisque le capitaine Garnier y fut blessé. 



DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 



393. 



APPENDICE N° 6 



liiste des Colonels du régiments 



DATES. 



1595 

1603 
1612 
1627 
1633 
1642 
1656 
1671 
1676 

1689 
1700 

1718 

1738 

1745 

1746 

1761 
1764 



1776 



NOMS. 



OBSERVATIONS. 



Jean DE MoNTLUC, seigneur DE BALA-JEtait maréchal de 
GN Y , S France. 

Damien de Montluc de Balagny... 

Charles, marquis de Rambures ^^^^X ifils''*'"^ 

Jean, marquis de Rambures 

François de Rambures 1^".», * ^* bataille 

( d'Honnecourt. 

René de Rambures (Maréchal de camp 16 

) septembre Ifôl. 

Charles, marquis de Rambures ^'ïllg*^^ ^ mars 

Louis-Alexandre de Rambures 

Antoine du Pas, marquis de Feu- iDevint lieu tenant gé- 
QUiÈRES \ néral 1693. 

Jules du Pas de Feuquières 

Louis-Thomas du Bois de Fiennes, ..^xt^u^^uau^ ^^ti^^oi 
marquis de Leu ville \ 22 décembre 1731. 

Louls-François-Armand du Plessis,) Maréchal de France 
duc de Richelieu \ H octobre 1748. 

Louis - Marie - Bretagne - Dominique , ) Brigadier 10 février 
duc de Rohan Chabot \ 1743. 

Louis des Balbi de Bertons, marquis {Lieutenant général 
de Crillon S 1" mai 1758. 

Philippe - Antoine- Gabriel - Victor-)., x u i ^ 
Charles, marquis de la Tour DU^^JÇlf *^ ^® ^"^^ 
Pin de la Charge j 



Lieutenant général 



René-Gabriel, comte de Boisgelin. . 

Aimé-Louis de Quingo, marquis de 
Crenolle 



Régiment de Béam après le 
dédoublement. 

Aimé-Louis de Quingo, marquis de 
Crenolle 



Brigad. 30 août 1762. 



394 



HISTORIQUE 



DATES. 



1780 

1788 

1791 

1791 
1792 



20 mars 1796 



23 oct. 1803 
6 avril 1804 
28 Juin 1808 
28 Janv. 1813 



1" mars 1816 
25 déc. 1816 



25 déc. 1820 
28 mars 1830 
11 Janv. 1836 

26 oct. 1845 

2 avril 1851 
11 juil. 1855 
30 juin 1859 

3 août 1869 

16 sept. 1870 
^ avril 1871 



NOMS. 



OBSERVATIONS. 



Louis-François- Jules Jeannot, mar-iMarèchal de camp 
quis DE Bartillat \ 1788. 



Gilles-Dominiq.-Jean-Marie, vicomte 

DE BOISOELIN DE KeRDU 

Michel- Ange-Boniface- Marie, comte 
DE Castellane 



Jean-Charles de Mton. . . . 
Marie-Louis de Varennes, 



15* demi-brigade d'infanterie. 

Faure 

15* régiment d*infanterie. 

Jean-Baptiste- Raymond Faure 

Benolt-Hilaire Retnaud 

Paul-Marie-Louis Dein 

Levavasseur 



Légion du Finistère. 

De la Fruolate 

Baron de Rascas de Chateauredon . 

15* régiment d'infanterie. 



Baron de Rascas de Chateauredon . Retraité mars 1830. 

Anatole Mangin l^fm^""^ ^^ "^""^ 

Maréchal de camp 



Marcel 

Jean-André Brunet. . 

Amédée Alais 

Félix- Achille Guérin. 



Maréchal de camp 
1791. 



Retraité en 1804. 
Général 11 mail808. 

Retraité 13 août 1812 

Jusqu'au licencie- 
ment de 1815. 






Retraité mars 1830. 



1845. 
Général de brigade 

5 mars 1851. 
{Retraité 11 juillet 

1855. 
Général de brigade 

1859. 

Martin-Edouard Daudel {^f^lùi 1869.'*''**^*'*^ 

Théodore - Eugène Fraboulet DE|Mortdessuit*'deses 
Kerléadec ) bless. 11 sept. 1870. 

T\««««,. f Devint command. de 

DERROJA \ corpg d'arm., 1881. 

De Beaufort f Génér. de brig. 1877. 

(Génér. de div. 1884. 



DU 13® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 



395 



DATES. 



24 mars 1877 
22 août 1878 

29 mai 1881 
10 Juil. 1881 
9 mai 1888 

9 Juil. 1888 

7 août 1888 

10 Juil. 1892 

22 mars 1893 



NOMS. 



Rabot-Desportes . 
Maganza 



BOITARD, 



OBSERVATIONS. 



Jules-Charles Noël. 



Charles-Aimé Lebrun, 



Dessirier 



Qaude-Romain-Marie- Alexis Comoy 
Charles- Edouard- Marie- Victor Du- 

THEIL DE LA ROCHÈRE 



Retraité. 

Général de brigade 
21 oct. 1887, officier 
i de la Légion dUion* 
' neur. 

(Général de brigade 
\ 5 juillet 1888. 
(Détoché au Tonkin, 
; général en juillet, 
j devint général de 
f division, 
(liasse au 3i*, août 
I 188». 

Passé au 149% 17 mai 
1892. 

Général de brigade 
26 décembre 1893. 

Passé au 55% 3 fév- 
S 1893. 



Denis-Henri-Alfred d'Amboixde Lar- 
BONT 



Etats de serviees des Colonels* 

Jean DE MONTLUC, seigneur DE BALAGNY, prince DE CAMBRAI, 
fils naturel de Jean de Montesquieu- Lasseran de Massencûme de Mont- 
luc, évéque de Valence, et d'Anne Martin, légitimé par lettres du mois 
de Janvier 1567. 

Lève un régiment de son nom, admis à la solde du roi le 6 mars 
1597. 

Maréchal de France, 31 mai 1594. Il avait été envoyé en Pologne, en 
1572, pour ménager cette couronne au duc d'Anjou. Il suivit ce prince 
dans son royaume et revint avec lui, à 4a mort de Charles IX. C'est 
alors qu'il s'attacha au duc d'Alençon, qu'il suivit dans les Pays-Bas. 

S'étant emparé de Cambrai, 11 en eut le gouvernement et la princi- 
pauté. 

Il mourut en 1603, laissant des enfants de ses deux mariages (l'un 
avec Renée de Qermont d'Amboise, sœur du brave Bussy d'Amboise, 
le second avec Diane d'Estrées, fille du marquis de Cœuvres). 



Damian ou Damien de MONTLUC, fils du maréchal de Montluc, lui 
succéda en 1603, à la tête de son régiment. 
Il mourut le 9 avril 1612, à l'âge de 25 ou 26 ans. 



396 HISTORIQUE 



Charles marquis DR BAMBURES. -> Commanda d'abord une com- 
pagnie de chevau -légers. 

Il était tellement connu pour sa valeur qu'il mérita le surnom de 
brave Rambures. 

Cest lui qui commanda le régiment à partir du 11 avril 1612, à la 
mort de son boau-frère Montluc. 

Il devint maréchal de camp le 19 mars 1625. 

Gouvei^neur de DouUens et du Crotoy en 1627, chevalier des ordres 
du roi le 31 décembre 1619. 

Campagnes : Bataille d'Ivry; sièges d'Amiens, de Creil (1615), et de 
Péronne (1616); armée de Champagne (1617) ; sur la Moselle (1619) ; atta- 
que des Ponts-dc-Cé (1620;; sièges de Saint- Jean-d'Angely, de Clérac et 
de Montauban (1621); Guyenne (1622). 

Blessures : Il fut obligé de se faire amputer le bras droit à cause des 
blessures qu'il avait reçues à la bataille d'Ivry et qui lui amenèreiit 
plus tard de graves complications. 

Il ne survécut d'ailleurs que quelques jours à cette douloureuse opé- 
ration et mourut à Paris le 13 Janvier 1633, laissant des enfants de ses 
deux mariages successifs (le premier avec Marie de Montluc. fille du 
maréchal de Montluc de Balagny ; le second avec Renée de Boulainvii- 
liers, dame de Courtenay). 



Jean V DE RAMBURES, seigneur iDE DOMPIERRE. — Leva en 1616 
une compagnie dans le régiment de son père, auquel, il succéda par 
commission du 25 mai 1627. 

Maréchal de camp, le 3 octobre 1634, commandant le régiment des 
Gardes. 

Campagnes : Siège de la Rochelle ; combat du Pas de Suze ; sièges de 
Privas et d'Alais; combat de Veillane (1630); Saluées; prise de Vie, 
Moyenvic et Marsal (1631); Siège de Nancy (1633); levée du siège de 
Deux-Ponts (1635); prise de Bingen (1635); combat de Vaudrevanges 
(1635); sièges de Corbie (1636), de Landrecies (1637) et de la Capelle 
(1637). 

Blessures : Balle dans l'épaule devant Saluées (1630). Pendant le siège 
de la Capelle, il allait reconnaître une redoute qui venait d'être ache- 
vée, lorsqu'il fut enveloppé par sept mousquetaires ennemis, qui, voyant 
qu'on venait à son secours, cherchèrent à l'achever. Il vécut cependant 
encore vingt-huit jours et mourut au mois d'octobre. 

11 n'était pas marié. 



François, marquis DE RAMBURES. — Issu du second mariage de 
Charles, marquis de Rambures; succéda à son frère Jean, en mars 
1633, dans le commandement du régiment. 

Campagnes : armée de Lorraine (1634) ; siège de Spire, prise de Bin- 
gen (1635); Colmar (1636); sièges d'Ivoy et de Damviliiers (1637); siège 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 397 



du Catclot (1638); siège et bataille de Thionville (1639); siège d'Arras 
(1640); sièges d'Aire, de la Bassée, de Bapaume (1641); armée du maré- 
chal de Grammont (1641). 

Blessures : tué à la bataille d*Honnecourt (26 mai 1641), après avoir 
fait des prodiges de valeur, à la tête de son régiment. 
Il n'était pas marié. 



René, marquis DE RAMBURES. — Troisième fils de Charles, marquis 
de Rambures. Etait capitaine dans le régiment de son frère depuis 1638. 
Il lui succéda par commission du 24 juin 1642. 

Maréchal de camp, 16 septembre 1651. 

Campagnes : sièges de Saint-Omer (1638), Thionville (1639), Arras 
(1640), Aire, la Bassée, Bapaume (1641), Honnecourt (1642); bataille de 
Rocroy (1643); sièges de Thionville et de Sierck (1643); siège de Grave- 
lines (1644) ; prises deCassel, Béthune, Saint-Venant, Menin (1645) ; prises 
de Courtray et Dunkerque (1646) ; siège d'Ypres, bataille de Lens (1648) ; 
siège de Cambrai, prise de Condé (1649); bataille du faubourg Saint- 
Antoine (1652) ; siège de Sainte-Monchould (1653) ; siège de Stenay (1654) ; 
sièges de Landrecies, Condé Saint-Ghislain (1655). 

Il mourut dans les premiers jours de mars 1656. 



Charles, marquis DE RAMBURES et DE COURTENAY, — frère du 
précédent, prit le commandement du régiment après la moft de son 
frère (commission du 10 mars 1656). 

Brigadier des armées du roi (16i58). 

Campagnes : siège de Valencicnnes (1656); siège de la Motte (1657); 
siège de Dunkerque (1658); bataille des Dunes (1658); siège de Lille 
(1667). 

Le marquis de Rambures mourut en 1671, à Calais. Il fut inhumé 
avec ses ancêtres, dans le couvent des Minimes d'Abbeville. 

Il avait épousé, le 5 avril 1656 , Marie de Nogent, fille du comte 
Nicolas de Nogent. 

Un fils et trois filles naquirent de cette union. 



Louis-Alexandre, marquis DE RAMBURES. — Fils du précédent. Etait 
fort jeune quand il prit le commandement du régiment de son père. Il 
ne le conserva que quatre ans, car il fut enlevé, le 29 juillet 1676, à 
raflection de son beau régiment dans les plus fâcheuses circonstances. 
Quelques hommes s'occupaient à décharger leurs armes lorsqu'un coujy 
de fou vint le frapper en plein visage. 

C'était le dernier rejeton de cette illustre race, qui avait donné au 
régiment et à la France tant de preuves de sa valeur. 



398 HISTORIQUE 



ANTOINE DU PAS, marquis DE FEUQUIÈRES. — Né à Paris le lôavril 
16i8. Volontaire au régiment du Roi, 1666; enseigne, mars 1667; lieute- 
nant, novembre 1667; capitaine réformé, 20 mars 1671; capitaine en 
pied, 18 juin 1671; aide de camp des armées du roi, 15 avril 1672; 
mestrede camp d'un régiment de cavalerie do son nom, 17 juillet 1672; 
mestre de camp de Royal-Marine, 1" novembre 1674; mestre de camp 
du régiment de Ramburos, 4 août 1676; gouverneur de Verdun, 15 mars 
1688; brigadier des armées du roi, 24 août 1688; maréchal de camp, 20 
janvier 1689 ; lieutenant général, 30 mars 1693. 

Campagnes : Siège de Voôrdon (1673) ; sièges de Besançon, Dûle et 
Salins (1674) ; bataille de Senef (1674) ; Altenhoim (1675) ; sièges de Condé 
etBouchain (1676), Bâle et Fribourg (1677) ; bataille de Saint-Denis (1678) ; 
Hcilbronn (1688); combat de Neubourg (1689); armée d'Italie (Staflarde) 
(1690); combat du château de Vénasque (janvier 1691); Luzerna (avril 
1691); expédition contre les Barbets (mai 1691); sièges de Carmagnole 
et do Coni (1691); Allemagne (1692); bataille de Nerwinden (1693); Alle- 
magne (1694); armée du maréchal de Villeroy (1695-1696-1697); armée 
d'Italie (1701). 

Blessures : Près de Bâle. 1677 (contusion à la jambe) ; Saint-Denis, 1678 
(coup de feu au haut des cuisses) ; expédition des Barbets (cheval tué 
sous lui). 

Le marquis DE FEUQUIÈRES mourut le 27 janvier 1711. Il avait 
épousé, en 1674, Madeleine-Thérèse do Mouchi, fille du marquis d'Hoc* 
quincourt. 

Il en eut plusieurs enfants. 

Le marquis DE FEUQUIÈRES est l'auteur de mémoires fort inté- 
ressants. 



Jules DU PAS, comte DE FEUQUIÈRES, obtint en 1689, le comman- 
dement du régiment, sur la démission de son frère. 

Lieutenant général de Toul (27 avril 1700). 

Il avait épousé Catherine Mignard, fille de Pierre Mignard, premier 
peintre du roi. 

Campagnes: Siège do Lille (1667); Guerre de Hollande (1671); Alle- 
magne (1689-1690); prise de Veillane et Carmagnole (1691); la Marsaille 
(1693); Italie (1694-1695-1696). 

Le marquis et le comte du Pas de Feuquières appartenaient à Tune 
des plus anciennes maisons du comté d'Artois; ils descendaient, au 
vingt-deuxième degré, de Walon du Pas, qui vivait en 1060. 

Plusieurs de leurs ancêtres sont morts au champ d'honneur : Jean du 
Pas ou de Pas, au siège de la Charité; Daniel de Pas, devant Paris; 
François de Pas, à Ivry ; Manassès de Pas, à Thionville, etc., etc. 



I 



Louis-Thomas DU BOIS DE TIENNES, marquis DE LEUVILLE. — Né le 
24 septembre 1668. Page du roi, 1685 ; mousquetaire, 1688 ; cornette au 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE. 399 



régiment Dauphin-Etranger, 15 janvier 1689; capitaine, 19 décem- 
bre 1689 ; grand bailli de Touraine, 26 janvier 1700 ; mestre de camp 
du régiment, 27 avril 1700; brigadier, 19 juin 1708; maréchal de camp, 
8 mars 1718; lieutenant général, 22 décembre 1731; gouverneur de 
Charlemont, 6 juin 1738. 

Campagnes : Siège de Mons (1690) ; siège deNamur, bataille de Stein- 
kerque (1692) ; sièges de Huy et de Charleroi (1693) ; bataille de Ner- 
winde (1693); Flandre (1694); sur la Meuse (1695-1696-1697); Italie (1701- 
1707). [Bloqué dans Mantoue pendant près de six mois, prit part à plu- 
sieurs sorties, dans lesquelles il combattit en volontaire, n'étant pas 
commandé]; armée du Rhin 11733-1738); Bavière (1741); siège d'Egra 
(1742). 

Il mourut au camp devant la ville d'Egra, qu'il était chargé d'assié- 
ger (3 avril 1742). 

Il avait épousé: 1« en 1703, Louise Thomé; 2% le 5 juin 1725, Marie 
Voisin (fille de Daniel Voisin, chancelier et garde des sceaux), dont pos- 
térité. 



Louis-François-Armand DU PLESSIS, duc DE RICHELIEU et DE 
FRONSAC, pair de France. —Né le 13 mars 1696. Mousquetaire en 1712; 
capitaine dans Royal-Cavalerie, 18 janvier 1713; colonel du régiment, 
15 mars 1718 ; brigadier, 20 février 1734 ; maréchal de camp, 1" mai 1738 ; 
lieutenant général gouverneur du Languedoc, lieutenant-général des 
armées du roi, 2 mai 1744; maréchal de France, 11 octobre 1748; gou- 
verneur général de la Guyenne, 24 décembre 17^. 

Le maréchal de Richelieu était membre de l'Académie française 
(12 octobre 1720). Il avait été, en 1724, ambassadeur extraordinaire à 
Vienne. 

Chevalier des Ordres du roi, 1728 ; membre honoraire de l'Académie 
des sciences, 1731 ; premier gentilhomme de la chambre du roi. 

Campagnes : Dcnain (1712) ; prises de Marchiennes, Donzy, du Quesnoy 
et de Bouchain (1712) ; siège de Landau (1713) ; prise de Fribourg (1713) ; 
siège de ïCehl (1733); Allemagne (1733-1737) ; Flandre (1742) ; armée du 
Rhin (1743); Flandre, Alsace (1744); Flandre (1745-1746-1747); batailles 
de Fontenoy, Raucoux, Lawfeld; armée d'Italie (1747-1748) ; défense de 
Gônes; commande en chef l'expédition de Minorque; prise de Mahon 
(1756); commande l'armée d'Allemagne (1757). 

Blessures à la prise de Fribourg (1713). ^ 

Pour lui témoigner sa reconnaissance, le sénat de la république gé- 
noise ordonna, le 17 octobre 1748, qu'il serait inscrit lui et ses descen- 
dants sur le livre d'or de la noblesse génoise. 

Il avait épousé : 1" en 1716, Anne Catherine de Noailles, morte sans 
enfants ; 2°, en 1754, Elisabeth-Sophie de Lorraine, sœur du dernier duc 
de Guise. 



400 HISTORIQUE 



Louis-Marie-Bretagne-DominiqueDE ROHAN-CHABOT, duc DE ROHAN, 
prince DE LÉON, pair de France. — Né le 17 janvier 1710. Capitaine de 
cavalerie à la suite du régiment de Lorraine, 1" mai 1727 ; mousque- 
taire, 19 décembre 1729; colonel du régiment de Vermandois, 20 février 
1734; donne sa démission pour devenir colonel du régiment, 16 avril 
1738; brigadier par brevet du 10 février 1743. 

Campagnes : Bavière et Tyrol (1740-1741); défense de Lintz (1742); 
armée du baut Rhin (1743) ; bataille de Dettingen (1743) ; armée de 
Flandre (1744); sièges de Menin et d'Ypres (1744). 

Il avait épousé : 1" en 1735, Charlotte- Rosalie de Châtillon, fille du duc 
de Châtillon; 2% le 23 mai 1758, Emilie de Crussol, sœurdu ducd'Uzès. 



Louis DE BALBE DE BERTON, marquis DE CRILLON, duc à AVIGNON. 
—Lieutenant en second au régiment du Roi Infanterie, 7 septembre 1733; 
lieutenant en premier, i" août 1734; colonel du régiment de Bretagne, 
16 avril 1738; du régiment, 1" janvier 1745; maréchal de camp, 2 oc- 
tobre 1746; lieutenant général, 1'' mai 1758. 

Campagnes : Défense de Colorno ; batailles de Palerme et de Guas- 
talla; Allemagne (1742); défense d'Egenfelden et Degendorfl; prise de 
Fribourg (1744); bataille de Fontonoy (1745); siège de Tournay, prise 
de Gand (1745); prises d'Ostende et de Nieuport (1745); sièges de Mons 
et de Namur (1746) ; conquête de Nice et Villefranche, Mont-Alban et Vin- 
timille (1747); armée d'Allemagne (1757); batailles de Weissenfels et 
de Rosbach; bataille de Lutzelberg (1758); côtes de Flandre (1759); Pi- 
cardie (1760).' 

Blessures : Blessé à Rosbàch (où il eut un cheval tué sous lui). 

Actions d'éclat : En 1742, étant détaché du camp de Nider-Altach avec 
dix piquets dlnfanterle, il fut attaqué par des troupes légères de l'en- 
nemi qui tentèrent de lui couper la retraite. Il se défendit pendant trois 
heures, se fit jour à travers les ennemis et rentra au camp n'ayant perdu 
que 30 hommes. 

Le 31 octobre 1757, commandant quatre bataillons impériaux et dix- 
sept compagnies de grenadiers français, il fut attaqué dans Weissenfels 
et se défendit avec la plus grande valeur. 

Le marquis de Crillon eut un fils de son premier mariage avec Eli- 
sabeth Couvray. Ce fils s'illustra sous les yeux de son père en Allemagne, 
pendant la campagne de 1758, en s'emparant du château de Spangenberg. 



Philippe-Antoine-Gabriel-Victor-Charles, marquis DE LA TOUR DU 
PIN DE LA CHARGE. — Né le 27 février 1723 au château de la Colom- 
bière, en Champagne. Mousquetaire, 1*' mars 1735; capitaine de cava- 
lerie au régiment d'Artois, 24 avril 1738; colonel du régiment, 19 octobre 
1746; lieutenant général gouverneur du Maine, du Perche et de Laval, 15 
octobre 1749; brigadier, 22 Juillet 1758; maréchal de camp, 10 février 



. DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE. 401 



1761 ; gouverneur des pays de Bourgogne, Bresse, Bugey, Valromey, 
avril 1765. 

Il avait épousé, le 7 février 17i8, Jeanne-Magdeleine Berlin, marquise 
de Mérenville, dont il a eu des enfants. 

Campagnes : ti'landre (1742); Bavière (1743) î Rhin (1744); siège de 
Mons, bataille de Raucoux (1746) ; bataille de Lawfeld (1747) ; siège de 
Maèslricht (1748) ; armée d'Allemagne (1757) ; bataille de Crewelt (1758) ; 
siège de Munster (1759) ; Corback, Warbourg, CUostercamps (1760) ; Fi- 
linghauBen et Roxel (1761); Espagne (1762). 

Blessufe. — Coup de feu à la cuisse, à Clostercamps. Mort sur Técha- 
faud révolutionnaire, le 28 avril 1794. 



René-Gabriel, comte DE BOISGÈLIN. — Né le 30 août 1726. Lieutenant 
au régiment du Roi, 1743 ; enseigne au régiment des Gardes, 1743; sous- 
lieutenant, février 1745 [servit, à partir de 1757, dans l'armée de l'im- 
pératrice-reine] ; brevet de colonel, 1757; colonel de Saintonge, août- 
1759; du régiment, 20 février 1761; brigadier, 30 août 1762. 

Il mourut le 24 novembre 1764. 

Décoration : Chevalier de Saint-Louis, 1757. 

Il ne laissa pas d'enfants de son mariage avec M"** Turgot de Sainte- 
Claire (mais il avait deux frères). 

Campagnes : Bataille de Dettingen (1743) ; sièges de Menin, Ypres, 
Fribourg (1744); siège de Tournay (1745); bataille de Fontenoy (1745); 
bataille de Lawfeld (1747); siège de Maèstricht (1748); Bohème (1757- 
1759); en mer (escadre de M. de Conflans, 1760); Filinghausen (1761); 
Johannisberg et Friedberg (1762). 

Actions d'éclat : Sa conduite à la prise de Schwednitz lui valut l'hon- 
neur d'être choisi par le prince Charles pour porter au roi de France 
la nouvelle de la prise de cette place. 

Le comte de Boisgelin se distingua encore, au mois d'août 1762, en 
dégageant, par une manœuvre hardie, l'avant-garde de l'armée, com- 
mandée par le marquis de Lévis et fortement bousculée au village de 
Bemsfeld. 

Mais c'est surtout le 30 août que le comte de Boisgelin se couvrit de 
gloire, lui et son régiment. Il s'y montra véritable homme de guerre. 

Blessures : Il eut, dans cette journée du 30 août 1762 (bataille des Sa- 
lines de Friedberg), sa cuirasse coupée d'un coup de feu. 



Aimé-Louis DE QUENGO DE CRÉNOLLE. — Fils de Joseph de Quengo 
et de Thérèse-Charlotte-Dorothée de Beauvau ; né en novembre 1734 ; 
chevalier, puis marquis de Crénolle à la mort de son frère, tué à 
Minden; lieutenant en second au régiment du Roi, 27 mai 1749; enseigne, 
1753; sous-aide-major, 1755;* aide-major, 1757; capitaine, 1759; major, 
Hist. 15- 26 



402 HISTORIQUE 



1760; colonel du régiment de la Marche, 1761 ; de T Ile-de-France, 1762; 
de Béarn, 1764. 

Il eut un fils de son union (1763) avec Françoise-Marguerite Mégret 
d'Etigny, fille de l'intendant d'Auch. 

Campagnes : Batailles d'Haslembeck (1757), Crewelt (1758), Minden 
(1759), Corback (1760), Filinghausen et Neuhauf (1760). 



Louis-François-Jules JEHANNOT, marquis DE BARTILLAT. — Colo- 
nel du 15' régiment d'infanterie, 13 avril 1780; brigadier, 5 décembre 
1781 ; maréchal de camp, 9 mars 1788. 



Gilles-Dominique-Jean-Marie, vicomte DE BOIGESLIN DU KERDU. — 
Né à Plélo, en Bretagne, le 1" décembre 1749. Sous-lieutenant au régi- 
ment de Lorraine, 28 mars 1766; rang de capitaine dans le régiment 
de Piémont, 7 avril 1773; capitaine réformé, 1776; colonel en second du 
régiment de Forez, 7 août 1778; colonel du 15*' régiment d'infanterie 
(Béarn), 10 mars 1788; maréchal de camp, 30 juin 1791. 

Décoration : Chevalier de Saint-Louis, 21 avril 1784, 



Michel-Ange-Boniface-Marie, comte DE CASTELLANE. — Né le 11 
septembre 1751. Sous-lieutenant au régiment Dauphin-Dragons, 22 fé- 
vrier 1768; réformé, 16 juin 1776; rang de capitaine, 28 février 1778; 
sous-lieutenant des gendarmes écossais, avec rang de lieutenant-colo- 
nel, 18 janvier 1779; second lieutenant des gendarmes de la reine, 
11 novembre 1782; rang de mcstre de camp, 11 novembre 1882; second 
lieutenant des gendarmes bourguignons, 16 août 1785; colonel du 58* 
régiment d'infanterie Rouergue, 17 mars 1788; du 15' régiment d'infan- 
terie, 25 juillet 1791; démissionnaire, 7 novembre 1791. 

Décoration : Chevalier de Saint-Louis, 1786. 



Jean-Charles DE MYON. — Né le 8 novembre 1746. Elève à l'Ecole 
royale militaire ; sous-lieutenant au régiment d'infanterie de la Sarre, 
8 mai 1764; lieutenant, 24 mars 1769; sous-aide-major, 19 juin ,1771; 
capitaine en second, 30 janvier 1778; major aux grenadiers royaux 
de Picardie, 24 juin 1780, et au régiment do Penthièvre, 31 [anvier 1783; 
lieutenant-colonel du !5', 17 mai 1789; colonel du 23' régiment d'infan- 
terie, 21 octobre 1791 , du 15' régiment d'infanterie, 7 novembre 1791 ; 
démissionnaire, 13 janvier 1792. 

Décoration : Chevalier de Saint-Louis, 14 mars 1786. 

Gratifications extraordinaires : de 800 livres, 1" mars 1784; de 500 
livres, 27 février 1785; de 800 livres, 25 avril 1786; de 800 livres, 12 
avril 1787 ; de 600 livres, 3 février 1788. * 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE. 403 



Marie-Louis DE VARENNES. — Né le 18 août 4736. Garde du corps, 
20 février 1753; lieutenant dans Bourbon, 20 mai 1756; volontaire aux 
grenadiers de France, 20 mai 1761 ; lieutenant en second, 21 décembre 
1762; réformé en même temps que ce corps, 1771; capitaine au régi- 
ment provincial d'Alençon, 4 août 1771; major du régiment provincial 
d'artillerie de Metz, 28 avril 1778; lieutenant-colonel du 18' régiment 
d'infanterie, 25 juillet 1791 ; colonel du 15' d'infante ie, 7 mars 1792 
^pour prendre rang du 5 février 1792). 

Campagnes : Avec le régiment de Bourbon (1758-1759) ; avec les gre- 
nadiers de France (1761-1762); avec le 15' (siège de Lille 1792). 
A obtenu sa retraite le 7 mars 1793. 



Jean-Baptiste DAURIÈRE. — Né le 19 octobre 1741, Mousquetaire à 
la 1" compagnie, 28 juin 1770; sous-brigadier, 11 juin 1774 (rang de 
capitaine de cavalerie, 16 août 1774) ; lieutenant-colonel du 15', 18 ma 
1792 ; chef de brigade du corps, 7 mars 1793.1 

Campagnes : De 1792-93, avec le 15' de ligne (1). 



Jean-Baptiste-Raymond FAURE. — Né à Périgueux le 5 octobre 1760w 
Capitaine au 13' bataillon de volontaires nationaux, 15 août 1792; chef 
de bataillon de ce bataillon, 15 septembre 1792 ; chef de la 68' demi-bri- 
gade de bataille, 10 nivôse an II ; de la 15' demi-brigade de ligne, à sa 
formation; retraité le 8 floréal an XII (1804). 

Campagnes : Armée du Nord (1792-1793, an II, an III, an IV, an V, 
an VI et an VII) ; armée du Rhin (ans VIII et IX) ; armée de l'Ouest 
<anX). 



Hilaire-Benoit, baron REYNAUD. — Né le 9 juin 1772 à Agde (Hé- 
rault) ; ûls d'un contrôleur des fermes du roi. Chasseur aux volontaires 
du Midi; sergent-major, 12 août 1791; sous-lieutenant au régiment ci- 
devant Méd c^ décembre 1792 ; lieutenant à la 129' demi-brigade, 23 ger 
minai an III; aide de camp du général Sérurier, 13 fructidor an III; 
capitaine, 13 ventôse ml V ; chef d'escadrons à la garde des consuls, 3 
ventôse an VIII ; adjudant cMomandant, 22 fructidor an XI ; colonel du 
15' de ligne, 16 germinal an XII ; ad^nt au grand maréchal du palais 
Duroc ; général de brigade, 11 mai 1808 ; emfiloyé sous les ordres du 
général Darricau, commandant les bataillons de tirailleurs de la garde 
nationale de Paris, 31 mai 1815 ; inspecteur d'infanterie, 30 décembre 
1818 ; commandant la 1" brigade de la 4' division d'infanterie de l'ar- 
mée du Nord, 1832; retraité le H octobre 1834. 



(1) Les registres matricules [du corps ne 'donnent pas [d^autres] détails sur co 
chef de brigade. 



404 HISTORIQUE 



Décorations : Commandeur de la Légion d'honneur, 14 juin 1804; che- 
valier de Saint-Louis, 19 Juillet 1814. 

Campagnes : De 1792-1793 et de Tan IV comme aide de camp du géné- 
ral Kellermam; de Tan V et de Tan VI comme aide de camp de Bona- 
parte; Marengo (an VIII); Friedland (1807); Espagne jusqu'en 1811. 

Blessures : Friedland (biscalen à la jambe droite) ; sortie d'Oporto 
(coup de mitraille). 

Fait prisonnier à Giudad-Rodrigo (15 octobre 1811), pendant qu'il 
opérait une reconnaissance, il ne quitta les prisons d'Angleterre que le 
2 mai 1814. 



Paul-Louis-Marie DEIN. — Né le 30 janvier 1774 dans l'Ille-et-Vilaine. 
Volontaire au il* bataillon de volontaires nationaux; adjudant-major 
et capitaine. 21 septembre 1792; capitaine des grenadiers, 1" octobre 
1793 ; chef de bataillon au 1" de ligne, 12 messidor an VII ; major du 
15% 11 brumaire an XII; colonel du 15% 28 juin 1808; retraité à Brest, 
13 août 1812. 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 4 germinal an XII ; 
officier, 12 novembre 1812. 

Blessures et actions d'éclat: Le 5 prairial an VII, devant Zurich, a 
sauvé deux pièces de canon. Des tirailleurs ennemis menaçaient la 
route par laquelle les pièces pouvaient se retirer d'une redoute occupée 
par le commandant Dein. Or, l'officier d'artillerie voulait dételer les 
chevaux et enclouer ses canons ; mais le commandant Dein s'y opposp 
et ordonne à cet officier de les tenir prêts à partir; puis, laissant un 
détachement pour défendre la redoute, il sort avec le reste de ses hom- 
mes, balaye la route et fait passer les deux pièces d'artillerie. Pendant 
ce temps, l'ennemi s'empare de la redoute; alors le commandant Dein 
revient à la charge, reprend l'ouvrage, le perd, et le reprend définili'- 
vement. Il fut blessé, ce jour-là, à la jambe droite. 



LEVAVASSEUR. — Né à Rouen le 22 juin 1769. Fusilier dans la 
garde royale, 21 décembre 1791 ; sous-lieutenant au 61* régiment (Ver- 
mandois), 25 avril 1792; lieutenant au même corps, 1" octobre 1792; 
adjoint aux adjudants généraux, 1*' vendémiaire an IV ; aide de camp 
du général Baraguey d'Hilliers, 5 ventôse an IV ; capitaine aide de camp, 
1«' germinal an V; chef de bataillon aide de camp du général de divi- 
sion Levavasseur, 26 messidor an XI; chef de bataillon au 17' léger, 
5 ventôse an XIII; major à la suite, 12 janvier 1807; du 65' de ligne, ^ 
12 février 1807; colonel du 15' de ligne, 28 janvier 1813; retiré à Rouen. 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 26 prairial an XII ; 
officier, 25 novembre 1813, chevalier de Saint-Louis sous la Restauration. 

Campagnes : Armée d'Italie, de 1792 au traité de Campo-Formio ; 



DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE. 405 



% 

siège de Bastia ; retourne en Italie, à Fétat-ma|or du général Duhesme^ 
Jusqu'après Marengo ; camps d'Amiens et do Versailles ; retourne en Italie 
(armée d'observation du Midi, sous les ordres de Murât) ; assiste aux 
combats d'Ulm, à la bataille d'Austerlitz, à celle d'Iéna, aux combats 
d'Ostrolenka et de Pultusk; Espagne (1813); France (1814). 

Blessures : Coup de feu à la jambe gauche, le 28 juillet 1813, près de 
Pampelune. 

Paul-Emile-Louis-Marie DE LA FRUGLAYE. — Né à Qùimper le 13 
mars 1766; cadet gentilhomme à l'école royale militaire, 7 avril 1780; 
sous-lieutenant à Royal-Cravates, 13 mars 1782 ; capitaine dans Royal- 
Dragons, 8 février 1786; émigré en 1791 ; oflQcier à l'armée des princes, 
1791 ; officier supérieur à l'armée de basse Normandie, 1797; lieutenant- 
colonel, 3 mars 1815 (rang du 7 septembre 1799) ; colonel de la légion 
du Finistère (11 octobre 1815); retraité le 18 décembre 1816, avec le 
grade honoriGque de maréchal de camp. 

Décoration ; Chevalier de Saint-Louis, 1" avril 1796. 

Campagnes : Armée des Princes (1792) ; armée de lord Moira (1795) ; 
armée de basse Normandie (1799-1800); armée de la rive droite de la 
Loire (1815). 



Joseph-Paul-Hyacinthe-Raymond, baron DE RASGAS DECHATEAURE- 
DON. — Né à Béziers, le 22 mars 1776, de Jean-François-Xavier et de 
Marie- Rose-Dorothée de Portalon. Chasseur, 1" mars 1792; fourrier, !•' 
août 1792; sergent-major à la compagnie franche de l'Hérault, 28 juillet 
1793; sous-lieyatenant à la 4' légère, 21 mai 1800; lieutenant au 4* léger, 
15 décembre 1803; aide de camp des généraux Miquel, le Dru et Glapa- 
rède; capitaine, 8 mars 1807; chef de bataillon au 30* de ligne, 22 juin 
1811; major du 5* de ligne, 2 avril 1813; lieutenant-colonel du 1" régi- 
ment de la garde royale, 23 octobre 1815; colonel, 30 octobre 1816; de la 
légion du Finistère, 25 décembre 1816; du 15" de ligne, 17 novembre 1820; 
admis à la retraite, 28 mars 1830. 

Campagnes : Pyrénées-Orientales (1792-17^); Italie (ans VIII et IX); 
observation du Midi (an X) ; camp do Boulogne (1803-1804) ; Prusse (1806) ; 
Pologne (1807-1808) ; Autriche (1809) ; Russie (1812) ; Espagne (1823-1828). 

< Blessures : Coup de feu à la jambe gauche, à Eylau, 8 février 1807; 
contusion au testicule droit, à Essling, 22 mai 1809 ; pied droit gelé pen- 
dant la retraite de Russie. 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 21 avril 1809; officier, 
14 octobre 1812; chevalier de Saint-Louis, 19 octobre 1814; baron, 12 fé- 
vrier 1817. 



Anatole MANGIN. — Né à Xermamenil (Meurthe), le 7 mars 1788, de 
Joseph-François et de Marie-Christine Jeanpierre. Elève à l'école de 



406 HISTORIQUE 



Fontainebleau, 14 décembre 1806; sous-lieutenant au 105' do ligne, 
5 mars 1807; lieutenant, 23 avril 1809; capitaine au 36' léger, 26 mars 
1811; chef de bataillon, 22 septembre 1813; lieutenant-colonel du 58' de 
ligne, 13 août 1823; colonel du 15' de ligne, 28 mars 1830; maréchal de 
camp, 31 décembre 1835; lieutenant général, 22 avril 1846; section de 
réserve, 8 mars 1853; décédé, 18 février 1855. 

Campagnes : Grande Armée (1807-1808) ; Allemagne (1809) ; côtes de 
rOcéan (1810-1811); Russie (1812-1813); Grande Armée (1814); France 
(1815); Morée (1828-1829); Afrique (1830-1832). 

Blessures : Coup de feu à la jambe gauche et au menton, à Essling^ 

22 mai 1809; coup de feu à la cuisse et à la fesse gauche, dans une sortie 
au siège de Dresde, 13 octobre 1813. 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 14 juin 1813; officier, 

23 mai 1825 ; chevalier de Saint-Louis, 20 août 1823 ; commandeur de la 
Légion d'honneur, 27 décembre 1830; grand officier, 18 septembre 1847- 



Etienne MARCEL. — Né le 31 janvier 1792 à Gien (Loiret) ; fils de 
Germain Marcel et de Marie-Anselme Bonneville. Marié le 8 janvier 1834 
à demoiselle Julie Devoise, veuve Odru. Capitaine au 3' bataillon des 
gardes nationales du Loiret, 25 août 1809 ; lieutenant au 7' régiment 
de voltigeurs de la garde, 1" mars 1810; lieutenant au 116° de ligne, 
1" juin 1812; capitaine adjudant- major, 26 juillet 1813; non-activité 
par suite de [licenciement, 23 septembre 1815; capitaine à la légion dé- 
partementale du (Loiret, 1" janvier 1816 ; chef de bataillon au 48' de 
ligne, 11 juin 1823; lieutenant-colonel du 15' de ligne, 27 janvier 1831; 
colonel du 41' de ligne, 31 décembre 1835; du 15' de ligne, 11 janvier 
1836; maréchal de camp, 22 octobre 1845; général de division, 28 dé- 
cembre 1852; inspecteur général du 13' arrondissement d'infanterie, 
30 juin 1855 ; admis dans la 2' section (réserve) du cadre de Tétat-maJor 
général, 1" février 1857. Décédé au château de l'Ormette, commune de 
Saint-Goudon, 8 avril 1880. 

Campagnes : Armée du Nord (1809); Brabant et Espagne (1810); 
Aragon (1811-1812); Espagne (1813-1814); France (1815); Guadeloupe 
(1825-1826-1827); Algérie (1830-1831-1832). 

Blessures : Coup de feu au genou gauche à la bataille de Sagonte, 
25 octobre 1811. 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 27 janvier 1815 ; che- 
valier de Saint-Louis, 29 octobre 1826; officier de la Légion d'honneur, 
17 mai 1832; commandeur, 2 décembre 1850; grand officier, 28 janvier 
1857. 



Jean-André-Louis BRUNET. — Né à Valence (Drôme), le 3 février 1803. 
Elève à l'École spéciale militaire, 10 septembre 1819 ; sous-lieutenant au 
51* de ligne, 1" octobre 1821 ; lieutenant, 9 octobre 1825; capitaine, 28 



DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 407 



février 1832; chef de bataillon au 7* d'infanterie légère, 28 juillet 1840: 
au 48° de ligne, 30 juillet 1840; lieutenant-colonel du 71" de ligne, 31 
décembre 1841 ; colonel du 15" de ligne, 26 octobre 1845 ; général de 
brigade, 5 mars 1851 ; commandant une brigade de Tarméc d'occupa- 
tion de Rome, 20 octobre 1852; général de division, 29 août 1854; com- 
mandant la 9" division d'infanterie de l'armée d'Orient, 2 décembre 
1854. Tué à l'attaque de la tour de Malakofl, d'une balle en pleine poi- 
trine, 18 juin 1855. 

Campagnes : Espagne (1823); la Guadeloupe (1825-1832); Afrique 
(1840-1841); Rome (1852-1853); Orient 1854-1855). 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 6 octobre 1837; oflS- 
cler, 18 septembre 1847 ; commandeur, 10 août 1853 ; grand croix de l'or- 
dre pontifical de Saint-Grégoire le Grand, 12 août 1853. 



Amédke ALAIS. — Né le 3 août 1795, à Villers-Rocage (Calvados) ; fils 
de Michel et de Marie-Geneviève Viel de Précaré; marié en novembre 
1837 à demoiselle Rose-Augustine Lalanne. Garde au 1" régiment des 
gardes d'honneur, 9 mai 1813; soldat aux grenadiers éclaireurs (garde), 
6 janvier 1814; sous-lieutenant au 4* d'infanterie légère, 24 janvier 1814; 
à la légion départementale du Cher, 13 janvier 1816 ; au 9" régiment de 
ligne, 22 décembre 1820; lieutenant, 21 septembre 1823; capitaine, 16 
décembre 1830; chef de bataillon au 10' de ligne, 19 mars 1841; lieute- 
nant-colonel du 20" d'infanterie légère, 22 septembre 1847 ; colonel du 
15" de ligne, 2 avril 1851; admis à faire valoir ses droits à la retraite 
pour cause d'infirmités; retraité, 11 juillet 1855. 

Campagnes : Grande Armée (1813); France (1814); Belgique (1815); 
Espagne (1823-1827) ; Orient (1855). 

Blessure : Coup de feu au pied droit à Paris, 30 mars 1814. 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 13 novembre 1832; 
officier, 15 avril 1846; commandeur, 9 août 1854. 



Félix-Achille GUÉRIN. — Né le 12 janvier 1807 à Fontainebleau ; fils 
de Fiacre-Roch et de Marie-Catherine Lelarge; marié le 7 février 1835 
à demoiselle Justinc-Rose-Léontine Deboux. Elève à l'Ecole spéciale 
militaire, 10 novembre 1825; caporal, 10 décembre 1826; sergent, 31 dé- 
cembre 1826; sous-lieutenant au 12" d'infanterie légère, 1" octobre 1827; 
lieutenant, 16 octobre 1831 ; capitaine, 25 avril 1836; chef de bataillon au 
26" de ligne, 23 mai 1847; lieutenant-colonel du 17" d'infanterie légère, 
30 décembre 1852; du 9" de ligne, 15 mars 1855; colonel du 15" de ligne» 
11 juillet 1855; général de brigade, 30 juin 1859; passe dans la section de 
réserve pour cause de santé le 21 août 1870; décédé à Theurteville-Bo- 
cage, près Cherbourg. 

Campagnes: Orient (1855-1856); Italie (1859). 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 1"' Juin 1850 ; officier, 



408 HISTORIQUE 



24 septembre 1855; commandeur, 23 août 1861; médaille de Crimée; 
médaille d'Italie; médaille de la Valeur militaire de Sardaigne, 10 Juin 
1857; officier de l'ordre des Saints Maurice et Lazare de Sardaigne, 
2 août 1860. 



Martin-Edouard DAUDEL. — Né le 13 novembre 1812, à Suze-la- 
Rousse (Drôme) ; fils de Pierre et de Marie-Rose Deserres ; marié le 2i 
février 1850, à Antoinette-Thérèse Guide. Elève à l'Ecole spéciale mili- 
taire, 2 décembre 1830; sous-lieutenant au 28* régiment d'infanterie, 
1" octobre 1832; lieutenant, 11 novembre 1837; capitaine, 22 janvier 
1843; chef de bataillon au 31' de ligne, 10 juillet 1848; lieutenant-co- 
lonel du 33' de ligne, 13 octobre 1855; du 3« voltigeurs de la garde, 18 
mars 1858; colonel du 15' de ligne, 30 juin 1859; général de brigade, 2 
août 1869; retraité sur sa demande, 5 septembre 1878. 

Campagnes : France (décembre 1851) ; Orient (1855-1856) ; Italie (1859); 
guerre d'Allemagne, siège de Paris (30 août 1870-7 mars 1871);. à l'in- 
térieur (9 mars-8 avril 1871). 

Décorations: Chevalier de la Légion d'honneur, 26 décembre 1852; 
officier, 27 décembre 1861; commandeur, 12 mars 1866; grand officier, 
16 décembre 1870 (rang du 8 décembre); médaille d'Italie; chevalier 
des Saints Maurice et Lazare do Sardaigne, 10 février 1857 ; officier dé 
l'ordre militaire de Savoie (autorisation du 16 janvier 1860). 



Théodore-Eugènb FRABOULET DE KERLÉADEG. — Né Le 5 octobre 
1826 à Bitche (Moselle)^ fils de François- Joseph- Jean-Marie et de Jény 
Thomson ; marié, le 15 septembre 1859, à demoiselle Joséphine- Rosalie- 
Adrienne-Elvire de Sprimont. Elève à l'Ecole spéciale militaire, 18 
novembre 1843 (engagé le 2 novembre 1843, ses services ne comptent 
que du 5 octobre 1844, époque à laquelle il a atteint sa 18' année) ; sous- 
lieutenant au 41' de ligne, 1" octobre 1845; lieutenant, 2 octobre 1848^; 
au 42' de ligne, 28 Juin 1853; capitaine au 6' bataillon de chasseurs à 
pied, 29 décembre 1853; capitaine adjudant-major au 3' bataillon de 
chasseurs, 31 décembre 1854 ; chef de bataillon au 83' de ligne, 14 mars 
1859; 21' de ligne, 11 Juillet 1859; 5' bataillon de chasseurs, 2 Juillet 1860 ; 
lieutenant-colonel du 54' de ligne, 12 août 1864; au 48' de ligne, 1864 (20 
septembre 1864) ; colonel du 15' de ligne, 3 août 1869. Décédé, le 11 sep- 
tembre 1870, à Metz, par suite des blessures qu'il avait reçues le 18 
août à Saint-Privat. 

Campagnes : Afrique (1846-1847); Orient (1854-1856); Italie (1859); 
Afrique (1864-1868); armée du Rhin (1870). 

Blessures : Brûlé à la face par l'explosion d'une poudrière, le 7 juin 
1855, devant Sébastopol ; blessé mortellement au combat du 18 août 1870 
sous Metz. 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 10 mai 1852; officier, 



DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 409 



16 avril 1861; médaille de S. M. la reine d'Angleterre (Crimée); mé- 
daille de la Valeur militaire de Sardaigne; médaille d'Italie. 



Joseph-Barthélemy-Xavieh DERROJA. — Né le 9 octobre 1822, à 
Saint-Hippolyte (Pyrénées-Orientales) ; ûls de Jacques et de Rose Guiter ; 
marié : 1° le 24 septembre 1872, à demoiselle Stéphanie Espinas, veuve 
Pivent; 2<> le 9 juin 1885, à madame de Robert du Chatelet, veuve 
Boussemart. Soldat au 51* de ligne, 22 septembre 1841 ; élève à l'Ecole 
spéciale militaire, 12 novembre 1841 (numéro de sortie de l'Ecole : 56 sur 
113) ; sous-lieutenant au 32* de ligne, 1"' octobre 1843; lieutenant, 10 juillet 
1847; capitaine, 30 septembre 1853; chef de bataillon au 45' de ligne, 5 
mai 1859; lieutenant-colonel du 33* de ligne, 10 août 1868; colonel du 
15* de ligne, 12 septembre 1870 ; général de brigade, à titre auxiliaire, 
25 décembre 1870; à titre définitif, 7 mars 1871 ; général de brigade, 16 
septembre 1871 (décision de la commission des grades) ; général do divi- 
sion, 4 mars 1879; général commandant le 2* corps d'armée, 2 avril 
1881; membre du comité consultatif d'état-major ; admis, sur sa demande, 
à la retraite, 13 octobre 1887. 

Campagnes: Afrique (1843-1844 et 1845-1848); Rome -(1849-1853); 
Orient (1855-1856) ; Italie (1859); contre l'Allemagne (1870-1871); à l'in- 
térieur (1871). 

Citations : Cité à l'ordre général du 4* corps d'armée de l'armée du 
Rhin (n* 20), en date du 25 août 1870, pour s'être particulièrement dis- 
tingué dans les journées des 14, 16 et 18 août. 

Cité à l'ordre général du 4* corps de l'armée du Rhin (n* 24), en date 
du 6 septembre 1870, pour s'être fait particulièrQment remarquer dans 
les journées dos 31 août et 1*' septembre 1870. 

Décorations: Chevalier de la Légion d'honneur, 1*' octobre 1861; offi- 
cier, 9 avril 1871; commandeur, 30 juillet 1878; médaille d'Italie; che- 
valier de Saint-Grégoire le Grand (autorisé 10 février 1853) ; grand- 
croix de l'ordre de la couronne de Roumanie (9 décembre 1882). 



Pierre-Philippe-Léonce PE BEAUFORT. — Fils de Stanislas et de Qô- 
mence Bernard. Né le 1*' août 1825, à Saint-Benolt-du-Sault (Indre); 
élève à l'Ecole spéciale militaire, 4 décembre 1845; engagé, 25 août 1846; 
sous-lieutenant au 58* de ligne, 1*' octobre 1847; lieutenant au 56* de 
ligne, 3 mars 1852; ofificior d'ordonnance du général Chapuis, août 1854; 
capitaine, 27 décembre 1854 ; chef de bataillon au 13* de ligne, 26 dé- 
cembre 1864; au 6* bataillon de chasseurs, 3 août 1867; lieutenant- 
colonel commandant le 18* de marche, 2 août 1870; commandant le 
118* régiment d'infanterie, 1*' novembre 1870; colonel à la suite du 18*, 
24 mars 1871 ; du 15* de ligne, 20 avril 1871 ; général de brigade (15 
mars 1877; général de division (17* division), 29 décembre 1884; passé 
sur sa demande, pour raison de santé, dans le cadre de réserve, 18 no" 



410 HISTORIQUE 



vembre 1887; retraité, 1" février 1889; décédé à la Châtre, le 23 jan- 
vier 1890. 

Campagnes: Intérieur (1851); Afrique (1856-59); Italie (1859); Rome 
(1867-70); guerre franco-allemande 1870-1871). 

Blessure : Coup de feu à la jambe gauche, à Solférino, 24 juin 1859. 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 25 juin 1859 ; oflBcier, 
11 décembre 1874; commandeur, 28 décembre «83; grand officier, 17 
novembre 1887; médaille d'Italie; commandeur de Saint-Grégoire le 
Grand (autorisation du 4 juillet 1868). 



Charles-Auguste RABOT-DESPORTES. — Néle22 février 1829, à Saint- 
Malo (Il le-et- Vilaine) ; fils de Gabriel-Mario et de Louise Marquer; marié 
le 12 avril 1869, à demoiselle Maria-Adelaide Leffort. Elève à l'Ecole spé- 
ciale militaire, 5 décembre 1847; caporal, 6 avril 1849; sous-lieutenant 
au 11« de ligne, 1" octobre 1849; lieutenant, 29 décembre 1853; capi- 
taine, 12 mars 1857; capitaine-adjudant-major, 15 décembre 1860; chef 
de bataillon au 16' de marche, 15 juillet 1870; lieutenant-colonel du 138" 
de ligne, 4 janvier 1871 ; du 95« de ligne, 27 mars 1871 ; du 95« de ligne, 
16 septembre 1871 (décision de la commission des grades) ; du Wà" de 
ligne, 31 décembre 1872; colonel du 15« de ligne, 24 mars 1877; passé 
au 136« de ligne, 22 août 1878. 

Campagnes : Orient (1855-1856) ; Rome (1867-1870) ; guerre contre l'Al- 
lemagne (1870-1871). 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 28 décembre 1867 ; 
officier, 8 décembre 1870; médaille de la reine d'Angleterre; chevalier 
de l'ordre de S. S. Pie IX, 28 novembre 1868. 



Antoine-Etienne-Alphonse MAGANZA. — Né le 24 avril 1821, à Lodève ; 
fils de Genis et de Rosalie Futiran-Vigourel. Elève à l'Ecole spéciale mi- 
litaire, 15 novembre 1839; sous-lieutenant au 57" de ligne, 1" octobre 
1841 ; lieutenant au 45« de ligne, 15 mai 1848; aux tirailleurs indigènes 
d'Alger, 25 avril 1854; capitaine au 1" bataillon de tirailleurs, à Constan- 
tine, 5 juillet 1854; au 2*' régiment de tirailleurs, 7 novembre 1855; au 
72' de ligne, 19 novembre 1857; chef de bataillon au 1" bataillon d'in- 
fanterie légère d'Afrique, 12 août 1866; au 28» régiment d'infanterie de 
ligne, 12 août 1866; lieutenant-colonel du 127« de ligne, 28 octobre 1874; 
du 28" de ligne, 28 octobre 1874; du 143« de ligne, 15 novembre 1874; co- 
lonel du 136" de ligne, 22 août 1878; du 15« de ligne, 22 août 1878; re- 
traité le 16 mai 1881. 

Blessures : Coup de feu à la face, à Solférino ; blessé à la main droite 
et à la région sourcillière par un éclat d'obus, à Gravelotte, 16 août 1870. 

Campagnes : Afrique (1854-1859) ; Italie (1859) ; contre l'Allemagne 

(1870-1871). 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 15 juin 1859; officier, 



DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 411 



25 Juin 1869; commandeur, 12 juillet 1880;' médaille d'Italie; médaille 
de la Valeur militaire de Sardaigne, 2 aoét 1860; décoration de 1" classe 
de Saint-Michel de Bavière, 28 novembre 1868. 



Jules-Charles NOËL.— Né le 28 février 1830, à Port-Louis (Morbihan); 
fils de Charles-Joseph et de Mattel Kann. Elève à TEcoIe spéciale mili- 
taire, 7 décembre 1848; sous-lieutenant au 69" de ligne, 1" octobre 1850; 
lieutenant, 30 septembre 1853; au 3" régiment de voltigeurs de la garde, 
13 avril 1856; capitaine, 20 juin 1859; capitaine adjudant-major, 24 dé- 
cembre 1866; chef de bataillon au 29' de ligne, 24 août 1870; lieutenant- 
colonel du 57" de ligne, 30 janvier 1877; colonel du 15" de ligne, 10 juil- 
let 1881 ; général de brigade (décret du 5 mai 1 888) ; retraité à Toulouse. 

Campagnes: Orient (1855-1856); Italie (1859); contre l'Allemagne 

(1870-1871). 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 26 juin 1867; officier 
7 juillet 1885; commandeur; médaille d'Italie. 



Claude-Romain-Marie-Alexis COMOY. — Né le 24 novembre 1836, à 
Nevers; fils d'Alexis-Auguste et de dameEdmée Elisa Commoy; marié, 
le 31 décembre 1876, à demoiselle Thérèse-Louise-Angèlo Largey. Elève 
à l'Ecole spéciale militaire, 5 novembre 1856; sous-lieutenant au 57" de 
ligne, 1" octobre 1858; lieutenant, 23 janvier 1864; capitaine au 67" de 
ligne, 9 août 1870; au 75" de ligne, 27 octobre 1870; chef de bataillon 
(état-major), 19 décembre 1870; capitaine au 67" de ligne, 16 mars 1872; 
au 3" bataillon d'infanterie légère d'Afrique, 8 février 1873 ; chef de ba- 
taillon au 83" de ligne, 18 mai 1876; major, 18 juillet 1877; au 1"' régi- 
ment de tirailleurs algériens, 8 juillet 1879; chef de bataillon, ,9 juillet 
1882; au 2" de marche (Tonkin), 22 novembre 18^4; au 1"' de marche 
(Tonkin), 12 mai 1885; lieutenant-colonel du 34" de ligne, 2 juillet 1885; 
du 18" de ligne, 2 juillet 1885; du 143" de ligne, 20 septembre 1886; colo- 
nel du 81" de ligne, 9 juillet 1888; du 15" de ligne, 7 août 1888; du 149" 
de ligne, 28 mai 1892; général do brigade, 26 décembre 1893. 

Campagnes : Contre l'Allemagne (1870-1871); troubles de Lyon (1871); 
Afrique (1873-1876 et 1879-1884); Tonkin (1884-1886). 

Bleasiires : A la main droite, à Gravelotte, 16 août 1870; coup de feu 
à la poitrine (même jour) ; plaie contuse au pied gauche, par suite d'un 
coup de feu à la bataille de Bac-Viay (Tonkin). 

Actions d'éclat ei citations : Ordre général n" 74 de l'armée du Ton- 
kin; (combat d'Hoa-Moc, 2-3 mars 1885) : « Le 3 mars, dès la pointe du 
jour, et de sa propre initiative, a fait sonner la charge et donné le si- 
gnal de la reprise de la lutte acharnée, que Tobscurité seule avait sus- 
pendue. Par l'impétuosité de son attaque a déterminé la déroute de 
l'adversaire. S'était déjà signalé dans le combat du 12 février. » 



412 HISTORIQUE 



Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 13 mai 1871 ; officier, 
28 décembre 1885 ; décoration eu roi d'Annam (quatre perfections), 18 
mai 1885; officier de Tordre du Cambodge, 15 Juin 1885; commandeur 
du Dragon de l'Annam, 14 Juillet 1886. 



Charles-Edouard-Marie- Victor DUTHEIL DE LA ROCHÈRE. — Né ie 
29 novembre 1840, à Bastia (Corse) ; fils d'Alexis-Charles et de Marie- 
Claire-Eugénie Mistral ; marié, le 27 Janvier 1870, à demoiselle Augus- 
tine-Caroline- Louise Aubert du Petit-Thouars. Elève à l'Ecole spéciale 
militaire, 3 novembre 1858; caporal, 21 août 1859; sergent fourrier, 1" 
novembre 1859; sous-lieutenant au 82* de ligne, 1" octobre 1860; élève 
à l'Ecole d'application d'état-major, 1" Janvier 1861 ; lieutenant du corps 
d'état-major, 8 Janvier 1863; stagiaire au 5' hussards, aux chasseurs de 
la garde, au 36* de ligne, au 1" zouaves, au 19" d'artillerie; capitaine 
de 2' classe (état-major, 19' division). Janvier 1868; aide de camp du 
général Sol, mars 1868; 9« division militaire, février 1869; 19' division 
militaire. Janvier 1870; aide de camp du général Halna du Fretay, 14 
août 1870; 'prisonnier de guerre, à Metz, 29 octobre 1870; état-major de 
la 2' division de l'armée de réserve, 22 mars 1871 ; aide de camp du gé- 
néral Halna du Fretay, avril 1871 ; capitaine de 1" classe, 18 novembre 
1871; 29« division d'infanterie 1877; chef d'escadron, 25 mai 1880; 
chef de bataillon au 40' de ligne, 7 septembre 1880 ; état-major, 30' divi- 
sion d'infanterie, 4 février 1884; chef d'état-major, 4 février 1884; chef 
de bataillon au 55' de ligne, 8 septembre 1887; lieutenant-colonel, 22 
décembre 1888; colonel du 15' de ligne, 10 Juillet 1892; du 55' de ligne, 
3 février 1893. 

Campagnes : Algérie (1865-1867); contre l'Allemagne (1870-1871); in- 
térieur (mars-Juin 1871); Tunisie (avril-Juin 1881). 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 2 septembre 1871; 
officier, 12 Juillet 1890. 

Citations : Quatre lettres de félicitations ministérielles (1868, 1872, 
1879, 1880), celle du 23 février 1880, en témoignage de satisfaction à la 
suite du voyage d'état-major exécuté en 1879. 



Denis-Henri-Alfred D'AMBOIX DE LARBONT. — Fils de Louis-Jean- 
Paul-Albert et de dame Thérèse- Inès-Marie de Chapel. Né le 5 mars 
1841 au Mas-d'Azil (Ariège); marié, le 29 octobre 1872, à demoiselle 
Cécile-Célestine de Pourtalès. Elève à l'Ecole spéciale militaire, 6 novem- 
bre 1861; caporal, 22 mai 1863; sous-lieutenant au 1" régiment de chas-* 
seurs, 1" octobre 1863; Ecole d'application d'état-major, 1" Janvier 1864; 
lieutenant (état-major), 6 Janvier 1866; stagiaire au 5* dragons, 1866; 
au 59* de ligne, 1868; capitaine de 2' classe, 24 décembre 1869; stagiaire 
au 20' d'artillerie, 6 Janvier 1870; état-major, 1" division, 6' corps, 
armée du Rhin, 16 Juillet 1870; prisonnier de guerre à Noisseville, près 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 413 



Metz, 1" septembre 1870; état-jna}or, 13* division militaire, 23 mai 1871 ; 
aide de camp du général Lefort, inspecteur de cavalerie, 26 juin 1872 ; 
du général Lefort, commandant la 13' division militaire, 3 mai 1873; du 
général Lefort, inspecteur permanent des remontes, 13 novembre 1873 ; 
capitaine de 1'" classe, 9 novembre 1874; état-major général du Mi- 
nistre, 1" bureau, 18 septembre 1878; passé ;avec son grade dans l'in- 
fanterie, par application de la loi du 20 mars 1880; chef de bataillon 
au 6« régiment d'infanterie, 20 décembre 1880; au 20« de ligne, 23 dé- 
cembre 1880; commandant supérieur du cercle des Hamadas (Tunisie), 
25 novembre 1882-30 novembre 1883; chef de bataillon au 3" régiment 
de zouaves, 28 octobre 1885; chef d'état-major de la 32« division, 17 dé- 
cembre 1885 ; lieutenant-colonel du 126** de ligne, 28 décembre 1889 ; du 
15* de ligne, 8 mars 1893; colonel du 15* de ligne, 22 mars 1893. 

Campagnes : Contre l'Allemagne (1870-1871); Tunisie (1881-1884). 

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 15 octobre 1872; of- 
ficier, 27 décembre 1884; commandeur du Nicham Iftikhar, 14 juillet 
1882. 



414 HISTORIQUE 



APPENDICE N» 7 



lilste des llentenants-eolonels on des titulaires de grades 

eerrespendants • 

De Chatelier, 1" capitaine, commandant en second le ré- 
giment 1610 

De Marcillac, capitaine-commandant en second le régi- 
ment 1612 

Jacques Dubois du Liège (maréclial de camp 1635) 1629 

SUILLY 1635 

Savelli 1641 

Boutteville 1663 

Hébert (tué à Senef 1674) 1670 

Géronville (ou Gironville) 1674 

Baillet 1676 

Chevalier d'Amours 1682 

Henri de Pingre de Vraignes (maréchal de camp 1704). . 1689 

Grusel 1704 

DuRY 1714 

D'EsGUiLLE (ou Desquille) 1728 

Comte DE LA Motte d'Hugues (lieutenant général, 1749) . . . 1735 

Le Lasseur de la Viganière mai 1745 

HiKY (gentilhomme irlandais). août 1745 

De Tristan de Latour (Louis-Nicodème), maréchal de 

camp (1748) déc. 1745 

Danville (Louis), chevalier 1749 

De Hallebout (Marc- Antoine), brigadier, 1761 1760 

Le marquis de Chaviony (était colonel en second en 1777) J .^^ 

D'EsTERNo (était lieuten.-colonel à la même époque) ) 

Navette de Chassignoles (Charles) 15 avril 1784 

Jean-Charles de Myon et de Payen du Chavoy 17 mai 1789 

Daccary (Jean-Dominique) 6 nov. 1791 

CoMARQUEs (Pierre) 13 nov. 1791 

Daurière (devint chef de brigade) 18 mai 1792 

Prévost (André-Nicolas) 7 mars 1793 

Dein (major faisant fonctions de lieutenant-colonel) llbru".anXII 

Plazanet (major faisant fonctions de lieutenant-colonel) . 28 Juin 1806 
RouGÉ (François) (major faisant fonctions de lieut. -colonel) 28 mal 1813 

Légion du Finistère. 

De Quesnay (René-Jacques-Guilhaume) 15 juillet 1815 

Choin de Montchoisy (Joseph-Marie- Antoine) 17 nov. 1820 



DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 415 



15e régiment d'infanterie. 

Maurin (Jean-Jacques) 3 sept. 1823 

Blain 28 octob. 4827 

DuRis 1830 

Lapeyre 31 déc. 1835 

Drouel 11 octob. 1840 

BiNET 23 mal 1847 

Breton ( Alexandre-Hippolyte-Félicité) 2 janv. 1851 

Gapriol de Péchassant 29 octob. 1853 

De Tryon 22 sept. 1855 

Schneider (dit Lux) 30 déc. 1857 

Bouvet juin 1859 

Paris 13 avril 1863 

Barrué 24 déc. 1869 

Maquaire 23 févr. 1870 

GuiLLEMAiN. 29 août 1870 

Oajar 15 mars 1871 

DECk)ULANGE 29 déc. 1874 

Lamiraux (François-Gustave), devint général de division. 18 mai 1876 

Raynal (Jean-Baptiste) 30 janv. 1877 

Patier (L.-L.-Odulph) 25 janv. 1879 

Alessandri (Jean-Baptiste), devint général. 8 juin 1881 

ViVENSANG (V.) 1" juil. 1882 

Barberet (P.-F.) 6 juil. 1883 

Spezino (F.) 30 déc. 1884 

De Pourquery de Péchalvès (Henri) 11 juil. 1889 

Sériot (Marie-François) 7 févr. 1890 

Du BouzET (Marie- Joseph-Adolphe) (1) 23 mars 1891 

Baudic (Joseph-Louis) 22 mars 1893 



(1) De la même famille que le maréchal de camp du Bouzet, marquis de Roqué- 
pine, qui commandait le régiment de Biscaras en 1643. 



416 HISTORIQUE 



APPENDICE No 8 



Etat de serviees d^nn eertaln nombre de militaires dn 
régiment dont la earrlëre on la personnalité nans ant 
para être dignes d^lntérét (i). 

Abraham FABERT, seigneur DE MOULINS, marquise DE FABERT et 
D'ESTERNAY, comte DE SÉZANiNE, major du régiment de Rambures en 
1627, maréchal de France en 1658. Né à Metz, 11 octobre 1599. Cadet 
aux gardes, 1613; enseigne à Piémont, 1618; capitaine au régiment du 
chevalier de la Valette, 1619; redevenu enseigne à Piémont, 16f9; capi- 
taine au régiment de la Valette, 1620; enseigne à Piémont, 1621; ser- 
gent-major au régiment de Rambures, 1627 ; capitaine au môme régi- 
ment 1630; capitaine honoraire de cbevau-légers, 1635; capitaine à 
Picardie, janvier 1637; sergent de bataille, armée d'Italie, 16 janvier 
1639; capitaine au régiment des gardes, 18 octobre 1839; maréchal de 
bataille, armée d'Italie, 20 novembre 1639; colonel propriétaire du régi- 
ment la, Valette-Cavalerie, 1640; maréchal de camp, 1641 ; aide de camp 
général des armées du roi, 1641 ; gouverneur de Sedan, 21 septembre 1642; 
colonel propriétaire du régiment Fabert- Infanterie, 10 janvier 1644; 
maréchal de camp breveté, 4 février 1644; lieutenant général des ar- 
mées du roi, 20 septembre 1650; colonel propriétaire de Petit Fabert- 
Infanterie, 1653; commandant en chef des armées de Liège etStenay, 
1654; commandant en chef de l'armée, 1654; colonel propriétaire de 
Lorraine-Infanterie, 1655; maréchal de France, 28 juin 1658; refuse le 
cordon bleu, 1661; marquis DE FABERT 1650; mort, 17 mai 1662. 

Blessures: 1627, siège de Royan; 1629, siège de Privas; 1636, siège 
de Saint-Avold ; 1639, siège de Turin. 

Actions d'éclat : Siège de Landrecies ; se jette dans les fossés et con- 
duit lui-même les mineurs, qui percent la muraille malgré le feu de 
la garnison. 

En 1642 : Charge, à la tête d'un bataillon des gardes, un parti de 
3.000 Espagnols, les rompt et s'empare de Collioure. 

Campagnes : Sièges de Nérac, Saint-Jean d'Angely, Montauban (1621, 
Béarn et Saintonge) ; sièges de Royan et Tonneins (1622) ; siège de Mont- 
pellier (1623); siège de La Rochelle (1627); campagne de Rouergue et 



(1) Nous avions recueilli plus de trois cents dossiers d^offlciers ; mais, devant le 
volume d'une pareille publication, nous avons dû nous arrêter au choix des plus 
curieux. Dans cette sorte de livre d'or, nous avons suivi, autant que possible. Tor- 
dre chronologique. 

On y rencontrera d*humbles mais héroïques soldats à cAté d^offlciers parvenus 
aux plus hauts grades de Parmée. Tous ont contribué pour leur part à la gloire 
du régiment. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 417 



siège de La Rochelle (1628) ; prise du fort Gelase, de Suse; siège de Pri- 
vas (1629, Piémont); sièges de la Tour-Carbonnière, dExiles, de Saluées, 
combat do Vegliana (Veillane) (1630) ; sièges de Moyenvic et de Marsal 
(1631); siège de Trêves, blocus de Nancy, campagne contre Monsieur, 
frère du roi (1632); sièges de Bitche, de la Mothe; reconnaissance de 
Thionville (1633); captivité à Bruxelles, commandant du pays Messin 
(1634) ; siège de Bingen, défense de Mayence, retraite de l'armée, com- 
bats de Vaudrevange et de Boulay, siège de Dieuze (1635); sièges de 
Clemery et Saverne, défense de Saint-Jean-de-Losne, siège de Saint- 
Avold (1636); sièges dé Bouchain, Cateau-Cambrésis, Landrecies, La 
Gapelle ; combat de Pont-sur-Sambre (1637); commandement du pays 
Messin; défense de Verceil; combat de Pomaro (1638); sièges de Chivas 
et de Turin; défense de Turin, bataille de Guiers (1639); campagne de 
Flandre, siège d'Arras (1640) ; bataille de Mariée, sièges de Donchéry 
et de Bapaume (1641); campagne du Roussillon, siège de Collioure, sur- 
prise de Trévoux, siège de Perpignan (1642); siège de Roses, en Cata- 
logne (1643); campagne de Toscane, siège de Plombino et de Porto* 
Longonc (1646); campagne de Liège, siège de Stenay (1654). 

Le maréchal avait eu trois 01s et trois filles ; aucun de ses enfants ne 
perpétua sa descendance directe. 

Les trois filles épousèrent : 

Dieudonnéc : 1» Louis de Comminges, marquis de Vervins ; 2' Claude- 
François de Mérode, marquis de Trelon, prince de Montglars. 

Claude: Charles-Henry de Tubières-Grimard de Pestels de Lévis, 
marquis de Caylus. 

Angélique: 1° Claude Brulard, marquis de Genlis; 2*> François III 
d'Harcourt, marquis de Beuvron. 

Mais la descendance de son frère atné, François, porta longtemps 
avec honneur un nom aussi illustre. 

• Le petit-flls de ce François de Fabert, seigneur de Moulins, Abraham- 
Alexandre de Fabert, eut trois filles, dont Tune a laissé postérité jus- 
qu'à nos jours. 

Anne-Antoinette-Maximilienne de Fabert épousa M. de Buat, chef de 
bataillon d'artillerie, chevalier de saint Louis. Elle mourut en 1840, lais- 
sant une fille: Françoise-Appoline née en 1799 et mariée au marquis 
de Marguerie, maréchal de camp. La marquise de Marguerio eut trois 
fils : M. le marquis Gustave de Marguerie, le comte Evrard de Mar- 
guerie, le vicomte Maurice de Marguerie, et deux filles : M"" la ba- 
ronne de Benoist et Aimée de Lemud, qui sont les derniers héritiers de 
la race des Fabert. 

Son corps fut inhumé dans l'église des Capucins hibernois et déposé, 
sous le mattre-auiel, à côté de celui de Claude de Clévant. 



Jacques DUBOIS DU LIÈGE. — Premier capitaine du régiment, 1627; 
commandant de La Rochelle, 1628; commandant en second du régiment, 
Hist. 15'. 27 



418 HISTORIQUE 



1629; lieutenant-colonel (1" titulaire), 1635; maréchal de camp, 16^. 
Eut deux flls, officiers, tués au service du roi. 



BAILLET. — Major, novembre 1672; capitaine commandant du 2* ba- 
taillon; lieutenant-colonel, 1676. 

Se Jeta, avec un détachement du régiment, dans Haguenau et contri- 
bua par sa valeur à forcer Piccol.omini d'en lever le siège. 

Blessé à Saint-Denis (1678) ; se retira en 1682. 



Henri DE PINGRE DE VRAIGNES. — Lieutenant au corps, 1666; 
capitaine, 24 août 1669; capitaine de grenadiers, 29 mai 1685; major, 
18 février 1687; lieutenant-colonel, 28 Janvier 1689; brigadier, 3 Janvier 
1696; maréchal de camp, 28 octobre 1704. 

Se distingua à la défense de Mayence et au siège de Carmagnoles, 
où il fut blessé. 



Ck)mte DE LA MOTTE D'HUGUES. — Servait dès 1711 dans le régi- 
ment de son frère. Il passe en 1714 au régiment, comme capitaine. Major 
22 août 1731; lieutenant-colonel, 19 Juin 1735; brigadier, 20 février 1743; 
maréchal do camp, 1" mai 1745; lieutenant-général, 25 août 1749. 
Se distingua à la défense de Lintz à Fontenoy. Mort à Paris (30 avril 
1765). 



Louis-NicoDÈME DE TRISTAN DE LA TOUR. — Né vers 1700; lieute- 
nant au régiment, 30 décembre 1722; aide-major 13 janvier 1729; aide- 
major général de l'infanterie de l'armée de Bohême, 20 juillet 1741 ; 
capitaine de grenadiers, 10 Juin 1742; continue ses fonctions d'aide-major 
général à la défense de Prague; rang de colonel, 22 mars 1743; aide- 
major général de l'infanterie à l'armée de Moselle, 1" avril 1744; lieu- 
tenant-colonel du régiment, 7 décembre 1745; aide-major général de^ 
l'armée du roi, 1746; brigadier, 1" Juin 1746; major-général de l'infan- 
terie de l'armée d'Italie, 10 novembre 1747; maréchal de camp, 18 mai 
1748. 

Commandant de Dunkerque, Bergues et Gra vélines (novembre 1753). 

Se distingua à la défense de Prague, à Saverne, à Fontenoy, au siège 
d'Anvers. Mourut le 1" septembre 1754 (1). 



(1) M. de Tristan était neveu du colonel Dury. A la même famille appartenait 
encore Jérôme de Tristan de Saint- Amand, né en janvier (1738) à Hoassoy, près 
Beauvais : enseigne au régiment, 1755; lieutenant, mars 1756; capitaine sep- 
tembre 1758 ; réformé, 1763. 



DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 419 



Marc-Antoine DE HALLEBOUT. — Né près deConches (Normandie), 
le 27 Janvier 1708. Lieutenant au régiment, 3 décembre 1724; capitaine, 
7 septembre 1733; capitaine de grenadiers, 14 Juin 1744; major, 26 dé- 
cembre 1745 ; rang de lieutenant-colonel, 27 Juillet 1747 ; commandant 
de bataillon, 25 août 1748; aide-major général de l'armée de Gènes, 16 
août 1748; rang de colonel, 1*' février 1749; lieutenant-colonel du régi- 
ment (en titre), 18 Janvier 1860; brigadier des armées du roi, 20 février 
1761; ^evalier de' saint Louis, 13 octobre 1743. 

Blessé de trois coups de feu à Dettingen; blessé au siège d'Ypres; 
blessé deux fois au siège d'Hulst. 



François DE CRIQUEBCEUF M ROISSY (ou BOISSY). — Lieutenant 
au régiment, 15 Juillet 1682 ; capitaine, 15 mars 1684; major, 1695; major 
général de l'infanterie à l'armée d'Italie, 1706; brigadier, 29 mars 1710; 
marécbal de camp, 1" février 1719. 

Mort commandant du Cbâteau -Trompette, 3 mai 1724, à Bordeaux. 



Comte Pierre DE BÉRENGER DU GUA. — Enseigne au corps en 1703; 
succéda à son frère dans le commandement de sa compagnie, en 1704 ; 
aide de camp de M. le duc de Vendôme, 1705; colonel du régiment de 
Bugey, 4 octobre 1710; colonel du régiment de Vivarais, 1" mai 1731 ; 
brigadier, 1734; marécbal de camp; 1" mars 1738; lieutenant général; 
1744 ; chevalier des ordres du roi. Janvier 1746. 

Mort le 24 juillet 1751 

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 1743, 3.000 ennemis ayant passé le 
Rhin, le comte de Bérenger, à la tète de deux régiments de cavalerie, 
les charge par la droite, tandis que le marquis de Balincourt les atta- 
que par la gauche. 

Tout fut tué ou fait prisonnier. 



Marquis DE GRASSE. — Lieutenant, puis capitaine au régiment. Retiré 
en 1725. 



Louis- FÉLICIEN DE BOFFIN-ARGENSON , marquis DE PUSIGNIEU. 
— Lève une compagnie au régiment en 1733; colonel du régiment de 
Guyenne, 1745; brigadier, 1748; maréchal do camp, 1759; lieutenant 
général, 1762. 



François-Martial DE CHOISEUL-BEAUPRÉ. — Né le 8 octobre 17*7. 
Capitaine au régiment Jusqu'en 1740; colonel de Royal-Navarre, 1743; 
brigadier, 1747 ; colonel des grenadiers de France, 1752 ; maréchal de 
camp, 1759; lieutenant général, 25 Juillet 1762. 



420 HISTORIQUE 



Albert SOUSBIRAN-DARRIFFAT. — Né en 1715. Mousquetaire^ 
1729; lieutenant 1733; capitaine, 1743; passe aux gardes françaises en> 
1743, en qualité d'enseigne ; brigadier, 1762. 

Mort à Versailles 1763. 



Armand DE BEAUMONT, seigneur DU REPAIRE, comte DE LA RO- 
QUE, frère de l'arclievêque de Paris. — Lieutenant et capitaine au ré* 
giment. 

Fut blessé k Dcttingen et se retira en 1744. 



Louis-Joseph DES ESCOTTAIS DE CHANTILLY. — Né à Tours en 1713. 
Cadet au régiment, 1719; lieutenant, 1731; capitaine, 1735; colonel de» 
grenadiers royaux, 1746; brigadier, 1758; maréchal de camp, 1761. * 



ANFRYE DE CHAULIEU (de Normandie). — Cadet au régiment, 1729; 
lieutenant en second, 1734; capitaine, 1740; capitaine de grenadiers, 1745; 
aide-maréchal général des logis dé l'armée d'Allemagne, 1757; briga* 
dier, 1758; maréchal de camp, 176i. 



Joseph DU SERRE DURIVAL. — Né à Gap en 1737; capitaine, 1758. 
Blessé à Corbach, 1760. 

S'est distingué, au mpulin de Grûningen, en s'emparant de trois piëces^ 
de canon (25 août 1762j. 
Chevalier de Saint-Louis, 9 septembre 1762. 
Retiré en octobre 1763. 



Agathe-Luc-Jean-Baptiste DE POULPIQUET, chevalier DU HALGOÊT, 
tué à Crewelt, était né à Rennes le 15 novembre 1729. Il fut nommé 
lieutenant au régiment en 1743 et capitaine en 1746. Son frère Louis- 
Constant, comte DU Halgoét, fut aussi lieutenant au régiment en 1743, 
capitaine en 1746, chevalier de Saint* Louis en 1759, démissionnaire en 
1759. Ils étaient tous deux chevaliers de Malte (1747), et fils de Fran- 
çois comte du Halgoët, conseiller au Parlement de Bretagne, et de 
Marie-Gabrielle de l'Escu de Runfao. 



D'ASTORG (originaire de Montbardier en Guyenne). — Lieutenant en 
second, 4735; chevalier de Saint-Louis, 28 décembre 1749. 

Blessé à Dettingen et à Lawfeld. 

Retiré en 1756 avec 400 livres de pension, en considération des bles- 
sures qui l'empêchaient de rester au service. 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 421 



Pierre-Jean-Baptiste-Charles D'AMBOIX DE LARBONT. — Né le 
8 février 1766. Sous-lieutenant de remplacement, 10 septembre 1784; 
réformé, 17 mars 1788; cadet-gentilhomme, 1'' mai 1788; sous-lieute- 
nant, 1" novembre 1789; lieutenant, 1" avril 1791. 



Philippe-François CHABOT. — Né le 13 avril 1756. Gendarme du roi, 
1772; sous-lieutenant au bataillon du Poitou, 5 octobre 1782; capitaine 
au 15« de ligne, 31 mai 1792. 

Tué au siège de Lille. 



Louis-François CHABOT, frère du précédent. — Né le 27 avril 1757. , 
Gendarme de la garde du roi , 10 avril 1773 ; sous-lieu tenant au ba- 
taillon du Poitou ; capitaine au i^^ régiment d'infanterie, 31 mai 1792 ^ 
chef de brigade, 20 août 1793. 



Caporal D'ARTOIS. -- Le 1" janvier 1742, lors de l'attaque tentée 
par Kœvenhûller sur la tète de la route de Passau (défense de Lintz), le 
caporal d'Artois (ainsi nommé de son pays d'origine, Saint-Paul en 
Artois) se retranche seul dans] une chambre basse de l'hépital et s'y 
défend avec la dernière énergie. On lui tire plusieurs coups de feu par 
les fenêtres ; son chapeau est percé d'une balle : rien ne l'ébranlé. Il 
continue à tirer, en s'abritant dans un coin pour charger. Il se défend 
ai bien qu'on vient le délivrer. Sept cadavres gisaient devant la fenêtre 
qu'il défendait. Ce caporal fut nommé sergent la même année. Il sou- 
tint toujours sa belle réputation et trouva une mort glorieuse à la ba- 
taille de Dettingen. 



Jean TROURY (dit Du Raisin), soldat au régiment. ~ Né à Paris, en 
la paroisse de Saint- Jean-de-Ldtran. 

Au combat de Grûningen près de Johannlsberg (25 août 1762), ce brave 
soldat s'était installé, en avant du régiment, sur un arbre très exposé 
au feu de l'artillerie ennemie. Il s'y tint constamment, donnant d'utiles 
renseignements sur les dispositions de l'ennemi et n'en descendit que 
lorsque celui-ci commença sa retraite. Il se jeta alors en bas et appela, 
en annonçant que l'adversaire se sauvait. 



Pierre CHAUMONT (dit Du Pont), né à Neuville-au-Pont, en Cham- 
pagne, et Pierre LOUCHERON (dit Sans-Quartier), né à Etampes. 

Le 9 juillet 1745, au combat de Mesle, ces deux braves soldats du ré* 
giment, voyant la cavalerie française refoulée sur la chaussée, se jettent 
au milieu d'un escadron anglais, attaquent un cornette, le tuent et 
rapportent en triomphe son étendard. 



422 HISTORIQUE 



MiCHBL ROUSSILLAC (dit Àuguêtin). — Né à Saint-AugUBtin en Li- 
mousin, pr6H Brivos. Caporal à la compagnie Bordenave. 

Au combat do Kriodborg-Jobannisbergf le caporal Roussillac se porta 
au delà d'un ruisseau que les ennemis traversaient dans leur retraite, 
en tua plusieurs et ramena onze prisonniers. 



André-Nicolas PRÉVOST. — Soldat au régiment, 25 février 1761 ; 
sergent, 176G; sergont-major, 1777; adjudant, 1784; sous-lieutenant, 
4 mars 1788; lioutonant, KS novembre 1791; capitaine de grenadiers, 
8 mars 1792; chef do bataillon, 7 mars 1793 (faisant fonctions de lieu- 
tonant-colonol). 



Jacques LEFRANC. — Né à Mont-de-Marsan le 4 novembre 1750. 
Soldat au régiment de Béarn (15* d'infanterie), 26 février 1760. 

Congédié le 11 novembre 1775, sont goût pour la carrière des armes 
le ramona bientôt sous les drapeaux. 

Le 13 mai 1776, il redevient soldat au régiment de Dauphiné; gre- 
nadier, 1'' Juin 1776; caporal, 1777; sergent, 1'' mai 1780; adjudant 
sous-oHicier, 31 mai 1784; porte-drapeau, 22 Juillet 1786; sous-lieutenant 
de grenadinrs, 1787. 

11 passe dans la gendarmerie en 1791. Mais ses concitoyens le nomment 
bientôt chef do bataillon au 3" bataillon des Landes (15 Janvier 1793). 

Devenu chef de la 40' demi-brigade, il s'illustre a la tôte de ce corps 
dans tous les combats des Pyrénées-Orientales. 

Chef de la 27" domi-brlgado, il fait l'expédition d'Irlande ; puis passe 
à l'armée du Rhin, où il se fait remaniuor par les généraux Moreau, 
Sainte-Suzanne et Richepanso. 11 se signale à Hohonlindcn. 

Général de brigade, 3 germinal an XI. 

Député au Corps législatif (môme année.) 

Grièvement blessé à Golymin (26 décembre 1806). 

Le 7 mai 1808, on dut à sa fermeté la prise de l'arsenal de Madrid, 
qu'il emporta de vive force, à la tète de ses grenadiers, après avoir tué 
(le sa main le commandant espagnol. 

Ce trait de courage sauva la vie à des milliers de Français qu'on mi- 
traillait dans les rues. 

Prisonnier à Baylcn, il mourut de la fièvre pestilentielle dans les 
prisons de Malaga (1). 



François ROUGË. ^ Né à Prades le 7 février 1775. Sous-lieutenant 



(1) Nous avons cru intéressant de retracer Ici la brillante carrière d'an ancien 
soldat du régiment. 



DU lâ« RÉGIMENT d'INFANTERIE 4S3 



au régiment de Cambrésis, Janvier 1792; lieutenant, octobre 1792; ca- 
pitaine, 17 nivôse an II; cbef de bataillon au 65% 16 septembre 1806; 
major en second du 15' de ligne, 28 Janvier 1813; major en premier, 
28 mai 1813. 

Mort le 19 octobre 1813, par suite des blessures reçues à la bataille de 
Leipzig. 

Officier de la Légion d'honneur, 14 septembre 1813. 

Etant capitaine à la 27" demi-brigade, il fut chargé ^vec sa compa- 
gnie de relier les divisions Ney et Baraguey d'Hilliers pendant la ba- 
taille de Hohenlinden. Attaqué par un escadron de hussards et chargé 
plusieurs fois, il repoussa Tennemi avec de grandes pertes et conserva 
sa position. 

Il fut félicité, sur le champ de bataille même, par le général Bara- 
guey d'Hilliers et décoré pour ce fait en Tan XII. 



Louis DESEUTRE. — Né le 1" Juin 1757. Capitaine au 15« régiment 
d'infanterie (31 mai 1792). 

Commandait la garnison de Roubaix lors de l'attaque du 5 sep- 
tembre 1792. Il eut dans cette affaire un cheval tué sous lui. 

Il s'est trouvé ensuite au siège de Lille et a sauvé plusieurs femmes 
et enfants menacés par les flammes. 

Il a commandé les travaux de la première tranchée au siège du châ- 
teau d'Ajivers, et il fut blessé d'un éclat d'obus le 23 floréal an II de- 
vant Courtray. 



Charles DUMAS. ~ Né à Versailles le 23 septembre 1775. Lieutenant 
le 7 nivôse an II, à la 68* demi-brigade de bataille; capitaine au 15% 
14 floréal an VIII. 

Le 29 mars 1809, à la prise d'Oporto, il entra de vive force, à la tète 
de sa compagnie, dans une des principales redoutes, où l'ennemi, qui 
se défendait avec acharnement, fut passé au fil de l'épée. A la suite de 
ce haut fait, il fut proposé par le colonel Dein pour la croix d'officier 
de la Légion d'honneur. Il était chevalier depuis le 26 prairial an XII. 



Pierre MAILLARD. — Caporal le 6 frimaire an VIII. 

Se fit si brillamment remarquer qu'il fut nommé sergent le 8 ventôse 
an IX, par ordre du général en chef Morcau. (Fastes de la Légion 
d'honneur,) 



André CHAVANY, lieutenant au 15«. 

Commandant un détachement de 18 hommes en tirailleurs, a contenu 
le choc de l'ennemi et fait prisonnière une compagnie de grenadiers 



424 HISTORIQUE 



autrichiens et quatre officiers (12 frimaire an IX, bataille do Hohen- 
iindcn). 

Le capitaine Ghavany fut assassiné, le 11 octobre 1811, à ViUanueva- 
de-la-Vera. 



Jean RENAUD. — Né en 1775, dans la Creuse; flls de Marin et de 
Anne Renaud. Soldat à la 27* demi-brigade ; incorporé dans la 15' demi- 
brigade (8« compagnie du 2* bataillon) le 2 brumaire an VI. 

Reçut, le 28 brumaire an IX, un brevet d'honneur pour une action 
d'éclat à la bataille d'Kngen (13 floréal an VIII). Se trouvant le matin en 
tirailleur sur les hauteurs d'Kngcn, il fut assailli par trois cavaliers 
ennemis. Mais, faisant feu à vingt pas sur l'un d'eux, il abattit le second 
d'un coup de baïonnette et mit le dernier en fuite. U fut retraité en 
1806. 



PiEHHE EMERY. — Né le 5 mai 1764, à Grignon (Céte-dOr). Soldat au 
régiment de Béarn, 22 mars 1782; volontaire dans la garde nationale 
soldée do Paris, 16 avril 1791. 

Se signale par son intrépidité à Toulon, au pont d'Arcole, à Saint- 
Jean-d'Acre, au Caire, à Aboukir. 

Le capitaine Emery reçut un sabre d'honneur le 1" pluviôse an X. 

Nommé chef de bataillon (16 nivôse an XI), il fut retraité le 28 mai 
1811. Il était officier de la Légion d'honneur et avait douze blcsâure8(l). 



Louis MANISSIER. ~ Tambour-major à la 15* demi-brigade de ligne; 
servit aux armées gallo-bataves et du Rhin (1799-1800). 

A la bataille de Hohenlinden, dans une charge à la baïonnette exé- 
cutée par son régiment sous la mitraille ennemie, il remarque un 
moment d'hésitation dans les rangs et réunit aussitôt quelques tam- 
bours, auxquels il fait battre la charge, ranimant ainsi l'ardeur de nos 
soldats. Il eut un sabre d'honneur le 10 prairial an XL II passa ensuite 
dans la gendarmerie d'élite de la garde impériale (1805). 



Jean-Baptiste CUIROT. — Né le 22 mars 1772, à la Haye-du-PuiU 
(Manche). Caporal à la 15* demi-brigade, 11 pluviôse an IV ; sergent, 
28 floréal an Vlll; sergent-major, 1" nivôse an IX; sous-lieutenant, 
28 fructidor an XI; capitaine, juin 1812. 

Le 10 frimaire an IX, à l'aiïaire de Haag, flt prisonniers onze Autri- 
chiens et fut désigné par le général Ncy pour un sabre d'honneur. 



(1) Voilà encore un autre simple soldat du régiment de Béarn dont la carrière 
est singulièrement honorable. 



DU 15» RÉGIMENT D'iNFâNTERIE 425 



Jean-Baptiste CHATELAIN. *- Né le 19 avril 1774, à Aulreville 
(Vosges). Soldat, 1792 ; caporal, an Vil; sergent, 10 prairial an VIII; ser- 
gent-major, 17 fructidor an IX ; sous-lieutenant, 11 ventôse an XIII. 

Décoré le 26 frimaire an XII. 

A l'aflaire d'illercheim (11 prairial an VIII), retira un officier des mains 
de Tennemi et fit prisonnier ceux qui l'avalent pris. Il fut blessé dans 
cette affaire. 

Le 10 frimaire an IX, il sauva le drapeau, pendant la retraite. A 
l'affaire d'Ilm, il prit une pièce de canon et fut proposé par le général 
Ney pour un sabre d'honneur. 

Le 13 floréal an XIII, il entra un des premiers au camp de l'ennemi et 
lui fit plusieurs prisonniers. 



Etienne DOMINIQUE. — Né le 15 février 1776, à Vertuzet (Meuse) ; 
fils de Jean et de Jeanne-Marie Bedet. Arrivé au corps le 23 ventése an 
VIII. 

Le 19 floréal an VIII (9 mai 1800), à la bataille de Biberach, le volon- 
taire Etienne Dominique, pendant la retraite des Autrichiens, se laisse 
entraîner par son ardeur et s'élance tête baissée sur une batterie enne- 
mie: il s'empare d'une pièce de canon; entouré aussitôt par un parti 
de cavaliers, il refuse de se rendre et ne cesse de combattre qu'en per- 
dant la vie. 



Louis DERNONCOURT. — Sergent-major a la 15» demi-brigade. 

Le 13 floréal an VIII (3 mai 1800), à la bataille d'Engen, le sergent- 
major Dernoncourt se distingue de la façon la plus brillante, en captu- 
rant, pendant le combat, neuf Autrichiens, dont deux officiers. 

Ce haut fait fut récompensé un peu plus tard par un brevet d'honneur 
daté du 10 prairial an XI. 

Il fut nommé adjudant sous-ofiicler en 1806. 



Pierre TEISSEIRÉ, capitaine. — Né à Narbonne, le 15 septembre 1766. 

Le 29 mars 1809, à la prise d'Oporto, le capitaine Teisseiré, du 15' de 
ligne, se trouvant devant une redoute ennemie, flt marcher sa compa- 
gnie pour la prendre d'assaut; mais, ayant trouvé le passage barricadé, 
11 monta le premier, par une des embrasures, tua le canonnicr qui poin- 
tait sa pièce et refusait de se rendre et réussit à prendre la redoute. 

Le 12 mai 1809, pendant la retraite d'Oporto, il soutint avec sa com- 
pagnie le choc d'une eharge de cavalerie ennemie. Son sous-lieutenant 
fut tué, deux sergents et plusieurs caporaux et soldats tombèrent à ses 
côtés. Blessé lui-môme au genou, il fut fait prisonnier dans la soirée du 
môme jour. 



426 HISTORIQUE 



Jean ROUVRE, capitaine. — Né le 18 septembre 1772 dans TAriège. 

Le 14 juillet 1808, il entrait le premier avec sa compagnie de volti- 
geurs dans le village de Rio-Secco, malgré le feu de 700 à 800 hommes, 
qui en défendaient rentrée. 

Le 13 octobre 1806, à Sobral, il s'emparait, avec 60 de ses voltigeurs 
d'une position importante défendue par 900 Anglais. 

Blessé dans cette affaire à l'épaule droite, il le fut encore à La Coro- 
gne (16 janvier 1809). 



André SOUQUE. ~ Lieutenant au 15' de ligne. 

Le 25 octobre 1812, à l'affaire de Villa-Muriel, il passa le premier le 
guet, à droite du pont du Carrion -(défendu par l'ennemi) , et prit pied 
sur la rive opposée, malgré le feu des Anglais. Il fut proposé, à cause de 
ce fait, pour la croix de chevalier de la Légion d'honneur et obtint cette 
récompense. 



Commandant LESUEUR (dit Lachapelle). — Né à Epinay (Calvados), 
le 3 novembre 1781. Chef de bataillon au 15% 4 juillet 1813. 

Lors de la reconnaissance faite par le duc de Raguse sur Guardo (Por- 
tugal), le lieutenant Lesueur, obéissant aux ordres de ce maréchal, 
chargea l'ennemi dans le village, le poursuivit, avec les sous-ofiiciers 
du 13* chasseurs les mieux montés, jusqu'au défilé du Mondégo, prit un 
drapeau et 50 Portugais, dont 4 officiers. Il fut cité à l'ordre de l'ar- 
mée. 

A l'affaire de Villa-Muriel (25 ocUbre 1812), étant lieutenant aide de 
camp du général de Maucune, il fut chargé par ce général de s'assurer 
que le Carrion était guéable pour l'infanterie. Il le traversa sous le feu 
d'un bataillon de chasseurs britanniques. Arrivé de l'autre cété et suivi 
seulement de deux officiers, dont l'un fut tué à ses côtés, il chargea 
l'ennemi au moment où les voltigeurs du 15* passaient la rivière, fit 20 
prisonniers dont 2 officiers, qu'il ramena, en présence de toute l'armée, 
au général en chef Souham. 



Jean- Jacques RENARD. — Né le 7 août 1782, à Coulombs (Eure-et- 
Loir). Sous-lieutenant officier payeur du 15* de ligne, 20 septembre 1809. 

S'est distingué, le 16 février 1812, à l'affaire de Pedrosa-del-Rey, où, 
avec 35 hommes qu'il commandait, ainsi que l'officier payeur du 66*, il 
s'est battu pendant deux lieues, en rase campagne, contre 200 cavaliers 
ennemis qui l'enveloppaient. A sauvé sa comptabilité, sur le point d'être 
prise par l'ennemi, et a été blessé le même jour. 



Capitaine BLONDEAU. — Le 22 septembre 1813, M. le capitaine 
Blondeau, à la tête de sa compagnie de grenadiers, se conduisit avec 



DU IS^' REGIMENT D'INFANTERIE 427 



une telle intrépidité, au pont de Meissen (rive droite de l'Elbe), qu'il en 
chassa l'ennemi, qui y était passé avec douze pièces de canon. Il put 
aussi éteindre l'incendie qui commençait à consumer le pont, et, malgré 
une gréle de balles qui lui tua plusieurs grenadiers, il put conserver 
ce point de passage essentiel pour l'armée française. 

Le général de division Friedriks, témoin de ce haut fait, proposa le 
capitaine Blondeau pour la croix d'officier de la Légion d'honneur. Il 
était chevalier de cet ordre depuis le 26 août 1811. 



Gustave-Adolphe O'NEILL. — Né à Josselin (Morbihan), le 1" février 
1792; fils de François et de Anne-Marie Ropert. Enrôlé volontaire au 
15« régiment d'infanterie dé ligne, 23 avril 1807 ; fourrier, 27 Juillet 1807 ; 
sergent, 1" janvier 1810; sergent-major, 10 décembre 1810; prisonnier 
de guerre le 27 juin 1812, faisant partie de la garnison du fort de Sala- 
manque; rentré des prisons d'Angleterre le 27 février 1814; nommé 
sous-lieutenant au kl" régiment de ligne, 13 mars 1814; confirmé dans 
son grade par décision du 9 janvier 1815 ; licencié et mis en demi-solde, 
4 octobre 1815; sous-lieutenant à la légion de l'Oise (3' bataillon), 24 dé- 
cembre 1817; sous-lieutenant titulaire par décision du 18 février 1818; 
sous-lieutenant au 46" de ligne à la formation, 25 janvier 1821 ; démis- 
sionnaire, 31 mai 1822. 

Campagnes : Espagne (1808-1809); Portugal (1810); Portugal et Es- 
pagne (1811); Espagne (1812). 

Blessures : Coup de feu à la tète à Sobral (13 octobre 1810) ; coup de 
feu à la cuisse droite à la défense du fort de Salamanque (27 juin 1812). 

Nota : Le sous-lieutenant O'Neill, qui avait si brillamment débuté au 
15' de ligne, appartenait à la môme famille que : Jean O'Neill, colonel 
propriétaire du régiment de Walsh-Serrant (8 janvier 1792), devenu 
brigadier le 15 mai 1793; — M. O'Neill, major du 47" do ligne (13 août 
1813); lieutenant-colonel de la légion de l'Hérault (7 février 1816), puis 
du 30' de ligne (novembre 1820), et colonel du 27' de ligne (14 décembre 
1821), retraité en 1834; — Charles O'Neill, qui fit toute sa carrière au 
47' de ligne (1) et devint lieutenant-colonel de la légion de l'Oise. 

Aujourd'hui, cette vieille race militaire est noblement représentée en 
France par M. le général O'Neill, commandant le 16' corps d'armée à 
Montpellier (corps d'armée auquel appartient le 15' régiment d'infan- 
terie). 



Jean- Jacques MAURIN. — Né à Montpellier le 29 septembre 1779. 
Canonnier au 1" régiment d'artillerie, 1799; dragon, 1" juillet 1800; 
sous-lieutenant, 7 septembre 1800; lieutenant, 22 septembre 1800; capi- 



(1) Le 1" bataillon du régiment de Walsh-Serrant était entré dans la compo- 
sition de la 47' demi-brigade, devenue plus tard 47* régiment de ligne. 



428 HisToniQUB 



taine, 26 juin 1807; aide de camp du général Maurin, 30 juin 1807; chef 
d'escadrons, 1814; chef de bataillon (état-major), 24 juin 1818; lieute- 
nant-colonel du 15' de ligne, 3 septembre 1823. 
Réformé le 4 novembre 1827. 

Blessure : Une. 

Décorations : Chevalier de saint Louis; chevalier de la Légion 
d'honneur; chevalier de Saint-Ferdinand d'Espagne. 



Joseph-Joachim-Bruno-Barnadé de LAVIT. — Né à Marseille le 11 juin 
1785. Major du 15' (1'' juillet 18â0- octobre 1827). Chevalier de Saint- 
I^uis, 1823. 

S'est défendu pendant trois jours, avec 100 hommes, dans une maison 
de Ouentc-Fierros, en Espagne, contre 600 hommes, qui le sommèrent 
vainement de se rendre, en menaçant de ne lui faire aucun quartier 
s'il continuait la lutte. Attendit ainsi qu'on vint le délivrer. 

(Les états de service ne donnent pas la date de ce haut fait.) 



Sergent-major François PAGES. — Né dans l'Aveyron. 
Fut cité dans le Bulletin n' 27 de la guerre d'Espagne pour sa belle 
conduite à l'affaire de Campo-Manës (23 juin 1823). 
Fut nommé sous-lieutenant au corps le 25 novembre 1823. 



SAUVAGE, voltigeur au 15» régiment d'infanterie. — Le 19 juin 1830, 
à la bataille de Staouèli, le voltigeur Sauvage a trouvé moyen de faire 
remarquer son intrépidité, au milieu de tant de braves : il a tué de sa 
main plusieurs ennemis. Il s'était déjà distingué d'une façon particu- 
lière dans l'affaire de Sidi-Ferruch. 



ANDRAL, soldat au 15« régiment d'infanterie. — Le 12 avril 1834, 
pendant les troubles de Grenoble, le fusilier Andral, en faction au-dessus 
de la porte de Bonne (à Grenoble), est subitement assailli par une tren- 
taine de misérables qui s'efforcent de lui arracher son fusil ; mais ce 
jeune et brave soldat se défend avec une telle vigueur qu'il peut con- 
server son arme jusqu'à ce que l'on vienne le dégager. (Rapport du 
Ministre de la guerre au roi sur les événements de Grenoble.) 



Jean GASTAL. — Né le 27 février 1842, à Périgueux; fils de Jean, 
sergent au 15' de ligne, et de Madeleine Lotz (domiciliés au corps). 
Enfant de troupe, 15 septembre 1849 ; engagé volontaire à Melun, 16 
mars 1859; tambour, 23 février 1857; tambour de grenadiers, 16 mai 
1859; caporal {V* compagnie du l'*" bataillon), 22 juillet 1860. 



DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 429 



Pourvu (l'une pension de retraite de 400 francs par décret du 6 mar» 
1861 pour perte de l'usage d'un membre. 
A reçu la médaille d'Italie. 

CShevalier de la Légion d'honneur par brevet du 5 août 1859. 
Mort le 8 Juillet 1893, à Narbonne. A laissé trois enfants. 

Campagne : Italie (28 avril 1859-21 janvier 1860). 

Blessures : Balle à l'épaule gauche et au flanc gauche, à Solferino. Au 
combat du 8 Juin 1859, à Melegnano, ayant perdu sa caisse, le tambour 
Gastal s'arme d'un fusil et donne, en faisant le coup de feu, plus d'une 
preuve de son éclatante intrépidité. 

A la bataille de Solferino, après avoir, à travers la mitraille, énergi- 
quement battu la charge, se trouvant blessé au flanc gauche, le tam- 
hour Gastal relègue sur son dos la caisse autrichienne dont il s'était 
pourvu à Melegnano (Marignan), prend en main la carabine d'un chas- 
seur à pied tombé à ses cétés et se fait remarquer par une rare valeur 
à l'attaque du monticule des Cyprès. 

Cest là qu'une nouvelle balle Tétend à terre, lui brisant l'épaule et 
l'omoplate gauche. Mais, malgré la gravité de cette blessure, il trouve 
encore assez de courage et d'énergie pour se relever et chercher à 
suivre ses camarades. 

Après la victoire, il fut recueilli par de charitables habitants de 
Ghedi, qui lui donnèrent les premiers soins en attendant qu'il fût trans- 
porté à rhûpital de Brescia. 

(V. Journal de Rouen du 25 juin 1860.) 



Sous-lieutenants BERGER et ARTHUIS, du 15» de ligne. —Ont mérité 
une mention honorable pour le courage, le dévouement et l'énergie 
dont ils ont fait preuve en combattant piur la défense de l'ordre pen- 
dant les journées des 23, 24, 25 et 26 juin 1848. 

Le sous-lieutenant Arthuis avait été blessé à l'attaque de la barri- 
cade de Saint-Ambroise (à Popincourt). (Certificat du 5 avril 1850.) 



Charles-Philippe-Louis-Léopold GROULT DE SAINT-PAÈR. — Né en 
1823. Entré au service en 1842. 

Blessé le 12 mai 1851 (balle à la nuque), chez les Beni-Orskars (Afri- 
que). 

Chevalier de la Légion d'honneur, 12 décembre 1851. 

Chef de batailon au 15' . 

Tué à Solferino. 



Jacques-Marie-Aristide BONNET. — Né le 24 août 1833, à Castelnau- 
dary (Aude). Elève à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, 22 novembre 
1852; sous-lieutenant, 1" octobre 1854; lieutenant, 20 novembre 1855; 



430 HISTORIQUE 



capitaine, 90 août 1859; chef de bataillon, Si aoât fSVft; Uautenant- 
colonel, 17 novembre 1876; colonel, 30 novembre 1880. 

Campagnes: Orient (1855-1856); Italie (1859); contre TAllemagne 
(1870); intérieur (3 avrU-22 mai 1871); Tunisie (1881). 

blessures ; Eclat d^obus à la tète, le 8 septembre 1855, devant Sébas- 
topol; éclat d'obus au visage, le 18 août 1870, à la bataille d'Aman- 
villers ; coup de feu à la Jambe droite, le 23 mai 1871 (insurrection de 
Paris). 

Citation : Cité à Tordre de l'armée, le 18 août 1870, pour avoir com- 
mandé son régiment (comme capitaine), à partir de 4 heures du soir 
(tous les officiers supérieurs étant hors de combat) et avoir fait preuve 
en cette circonstance de la plus grande énergie, quoique blessé. 

Décorations : Médaille de S. M. la reine d'Angleterre ; médaille d'Italie; 
médaille de la Valeur militaire de Piémont ; chevalier de la Légion 
d'honneur, 1*' mai 1871 ; officier, 28 décembre 1885. 



A.-L.-M. BIENVENUE. — Médecin aide-major de 1" classe au 15* 
(rang du 31 décembre 1873). 

Alors qu'une épidémie de petite vérole noire désolait les environs de 
Montlouis et de Villefranche (Pyrénées-Orientales), se dévoua généreu- 
sement aux soins des malheureux (1878). 



Sylvain-Léon-Gamille AGHET. — Né à Bourges, le 25 décembre 1834; 
fils de Louis et de Lucie-Camille Goy-Villeneuve. Elève à l'Ecole de 
Saint-Cyr, 10 novembre 1854; sous-lieutenant au 15*' de ligne, 1" octobre 
1855; lieutenant, 14 mars 1859; capitaine, 24 Juin 1865; échappé de Metz 
le 29 octobre 1870; capitaine au 2* de marche, 15 novembre 1870; au 
56% 17 novembre 1870; chef de bataillon (rang du 14 novembre 1870); 
au 101% 1" avril 1871 ; au 56% 6 septembre 1871. 

Blessures : Au jarret droit et à la jambe droite par un éclat d'obus, 
le 18 août 1870, à Amanvillers. 

Campagnes : Orient (1855-1856); contre l'Allemagne (1870-1871). 



Etienne-Alexandre-Jean FALIEU. — Né à Béziers le 7 juillet 1831, 
Soldat au 8' de ligne, 3 août 1848; sous-lieutenant au régiment de ti- 
railleurs algériens, 24 mars 1855; lieutenant au 1" tirailleurs algériens, 
29 juin 1855; capitaine, 20 juin 1859; capitaine adjudant-major au 15* 
de ligne, 15 octobre 1869; chef de bataillon au 8« de ligne, 16 janvier 1872; 
lieutenant-colonel, 7 juin 1879; colonel, 5 septembre 1884; général 
commandant la 66* brigade, 21 mars 1891. 

Commandeur de la Légion d'honneur. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 431 



Marie-Antoine-Victor-Henri DE POUSARGUES. — Né le 15 août 1832, 
à Parnac (Lot) ; fils de Jean- Pierre- Marie* Joseph et de Joséphine 
Saunhac du Fossat. Soldat au 15*" de ligne, 16 mai 1852; sous-lieutenant, 
31 décembre 1855; lieutenant, 24 mai 1859; capitaine, 17 juillet 1867; 
chef de bataillon commandant le 17° bataillon de chasseurs à pied, 
4 Janvier 1871 ; lieutenant^colonel, 22 octobre 1879; colonel au 144% 
13 mai 1885 ; général commandant la 34' brigade, 26 mai 1890. 

Campagnes : Orient (1855-1856); Italie (1859); contre l'Allemagne 
(1870-1871). 

Décorations : Médaille de la reine d'Angleterre ; médaille de la valeur 
militaire de Sardalgne; médaille d'Italie; chevalier de la Légion d'hon- 
neur; oflBcier. 

Marié le 12 Juillet 1869 à Marie-Thérèse de Boussots de Bazillac de 
Campels. 



François-Gustave LAMIRAUX. — Né le 26 mai 1830, à Strasbourg; 
fils d'Antoine- Pierre et de Julie Barbier. Elève à Saint-Cyr, 6 décembre 
1848; sous-lieutenant au 10' de ligQe, 1" octobre 1850; lieutenant au 
41* de ligne, 10 Juillet 1854; capitaiQe, 24 mai 1859; chef de bataillon, 
24 août 1870; chef de bataillon au 17* bataillon de chasseurs, 25 février 
1875 ; lieutenant-colonel au 15' de ligne, 18 mai 1876 ; au 41' de ligne, 
4 décembre 1876; colonel, 30 novembre 1880; général de brigade (à 
Tours), 6 Juillet 1886; général de division, 29 décembre 1891; comman- 
dant l'Ecole supérieure d^ guerre,'' 1893; membre du comité d'état- 
major. 

Campagnes : France (1851); Afrique (1856-1859); Italie (1859); contre 
l'Allemagne (1870-1871). 

Décorations : Médaille d'Italie, 17 décembre 1860; médaille des 
Saints Maurice et Lazare (de Sardaigne) ; chevalier de la Légion d'hon- 
neur, 11 août 1867; officier; commandeur. 



432 HISTORIQUE 



APPENDICE N« 9 



Etat de Ve&éeîlt (offlelers) du rëgiment à différente» 

ëpoqnes. 



Etat du régiment de Balagny en 1610. 

(Diaprés les comptes de Textraordinaire des guerres.) 

Mestre de camp : Balagny (1). 

Capitaines : de Chatellier, de Marcillac, de Mazade, de Lorme, 
Despinoy. 

Sergent-major {Major) : d'Ivory. 

Etat du régiment dé Rambures en 1614. 

Mestre de camp : Marquis de Rambures. 

Capitaines : de Marcillac, Despinoy, des Rosières, de Lambercourt, 
de Ghatelus, de Courbon, de la 1>»ur. • 

Sergent-major : Julien de Gampis. 

En 1615. 

Mestre de camp : de Rambures. 

Capitaines : de Marcillac, d'Espinoy, des Rosières, de Lambercourt, 
DE Ghatelus, de Gourbon, de la Tour, Jean de Rambures (seigneur 
do Dompierre) Jacques Dubois du Liège, Hercule de Ghatellier, An- 
toine DE Mazade, François Mousquarel de Fouquerolle, Antoine Mou- 
sure DE GUÉRICOURT, GlaudO GALLAflD, Sieur DE BOURON. 

Sergent-major : Julien de Gampis. 



(1) On s^étonnera peut-être de trouver dans cette nomenclature des noms écrits 
tantôt d'une façon, tantôt d'une aulrej ici avec la particule, là sans particule, 
quelquefois même deux frères inscrits d'une manière dissemblable. C'est que 
nous avons reproduit l'orthographe des pièces originales. Or, avant 1789, l'or- 
thographe était fort fantaisiste, et la qualité de gentilhomme était si répandue 
dans l'armée qu'on négligeait couramment d'énoncer la particule. D'ailleurs 
cette particule n'était pas nécessairement signe de noblesse. Lorsque les noms 
nous ont paru trop déformés nous avons inscrit en regard la véritable ortho- 
graphe. 



DU 15<^ RÉGIMENT D*1NFANTERIE 433 



En 1630. 

Mestre de camp : Sire de Rambures. 

Sergent-major : Sieur du Moulin (Abraham Fabert). 

Aide-major : La Vaux. 

Premier capitaine commandant : du Liège. 

Capitaines : d'Offeu, de Suilly, Nargonne, Prasgnan^ de Moren- 
COURT, Balbranne, Hémont, Saint-Serre, du Menil, baron de Martinon 
(ou Marimont), du Burianne. 

En Janvier 1643. 

Mestre de camp : Marquis de Rambures.' 

JAeutenant-colonel : Savelli. 

Sergent-major : Hugues-Jean de Pontier. 

Capitaines : Hémont, de Saint-Aionan, de Gomiac, de Fontenille, de 
Baromenil, du Menil, de Bernonville, Marin, Touilli, de Fayette, de 
Merle, Sinet, de Maulde, Ruère, de Froyelle, de Villiers, de Bergues, 
Lucars, Hébert, du Mont, du Liège, de Boute ville, de Saint-Romain, 
Calvimont. 

En janvier 1647. 

Mestre de camp : Marquis de Rambures. 

Lieutenant-colonel : Savelli. 

Sergent-major : Povennes. 

Capitaines : Hémont, de Saint-Aignan, de Fontenille, Hébert, de 
Baromenil, de Maulde, Bouteville, Saint-Romain. Galyimon, de Bour- 
cuisson, Guaires, d'Hauteroque, de Candale, Dargeville, de Franque- 
ville, Antresante (d'Antissanti), de Marcilli, Varimon, de Pomeri, de 
Maigremont, du Buisson, de Grandcourt. 

En 1652. 

Mestre de camp : Marquis de Rambures. 

Lieutenant-colonel : de Savelli. 

Major : Bouteville. 

Aide-major : de Saint-George. 

Capitaines : de Bouteville, Hébert, d'Hauteroque, Candale, Darge- 
ville, de Bourguison, Antresante, de Varimon, de Saint-André, Bri- 
guemart, Geron ville, de Montbrian, de Prellac, de Caumont, Des- 
tailleux, de Vassi, du Rocq, Lacars, de Beaulieu, Langlois, de Brisseuil. 
Hisl. 15-. 28 



434 HISTORIQUE 



En 1663. 

Colonel : Marquis de Rambi'res. 

Lieutenant-colonel : Bouteville. 

Capitaines en pied : Hémon et Forestel. 

Capitaines réformés : Destaillei-x, de Vassi, de Ricarville, du 
RoTHOis, DU Frêne, du Marq, du Cock, Verger, d'Hanou, Valmorin, 
Cuves, Saint-Jean. 

Le l^r août 1670. 

Colonel : Marquis de Rambures. 

Lieutenant-colonel : Hébert. 

Capitaines en pied : Géronyille, Brisseuil, Baillet, Campagne, 
d'Amours, Pingre de Vraignes, de Coste-Coste. 

Capitaines : Darleu, de Vienne, de Blerancourt, de Murq (de Marq), 
BoiSMiNARD, DU Bruan, Saint-Hilaire, La Rivière, Saint-Martin, Fro- 

YENNE, DeLAFOSSE, SeYIN, LaUNOY, DE BONNIÈRES, POMMEREUIL, DE CaU- 

MONT, Le Grand, Saint-Val, Noël, Hunique, de Vie. 

Lieutenants en pied : du Tillet, Bouteville, Mantuel, Condê- 
CosTE (i), Saint-George, Moucy, Gernari, Bourneau, des Roches, uu 
Tronquoy. 

Lieutenants et enseignes réformés : Dioville, de la Touche, Antis- 
SANTi, Taufflet, Marianval, Campagne, de la Barre, de Toermont, de 
Blamont, Poussardière, de Coussi, de Burancourt, Dupuy, du Mesnil, 
DE Franqueville, Guimont, la Motte, de Potin, Hunique, Chalons. 

En 1672. 

Colonel : Marquis de Rambures. 

Lieutenant-colonel : Hébert. 

Major : Villers. 

Capitaines : Geronville, Brisseuil, Baillet, Campagne, chevalier 
d'Amours, Vienne, Blerancourt, Boisminard, du Bruan, de la Fosse, 
de Sevin, Pommereuil, Le Grand, Hunique, de Vie, Condé-Coste, Lan- 
doste, Broyonne, Bouteville, Montemer, Streigne, du Fort, de Bruc. 

Compagnies détachées en Hollande : Capitaines de Vraignes, du 
Faux, Coste-Coste, Bonnières, Noël, Duthil. 

Etat du régiment de Richelieu au mois d'août 1733. 

Colonel : Duc de Richelieu. 
Lieutenant-colonel : d'Esguille. 



(1) Probablement « de Caude-Coste ». 



DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 435 



Major : de la Motte d'Hugues. 

Commandant du 2« bataillon : de Tourville. 

Capitaines aides-m,ajors : Hiky et de Terson. 

Capitaines : de Terson, de la Serre, de la Garmanière, marquis de 
Lancosme, Dt GuASQUEs, NouziERs, Vaudin, de la Senne, chevalier 
d'Ancosse (d'Angosse), de Vallerave, Gamusel, de Luc-Majour, de 
QuAY, de Tristan, la Roussette, Dupuy, de Sailhas, de Mognac, du 
LoMBOS, d'Antoine, de la Viganière, bu Bochet, d'Houdan, Pioger 
DE Chantradeux, chovalier de Luc-Majour, de la Landelle, de la 
Tour, du Camp, de Laage, marquis de Lesperoux, chevalier Dan- 
ville. 

Lieutenants : Bertrand, Tourtat, de la Grèse, Danville, chevalier 
d'Esguille, de la Boularderie, de la Hitte, de Vaugelas, d'Heu, de 

HaLLEBOUT, CaRDOU, de RlCHEBOURG, DU TiLLOY, COCHARD, DU MeSNIL, 
DE LOSSE, DE VaNDEL, COCHU, DE MaGEINVILLE, DE MONBARDIER, DE 

Maillé, chevalier d'Artignos, de Najeac, de Corneillan, des Haulles, 
DE Salha, de Villouet, Mousson de Villiers, chevalier de Chantilly, 
de la Noblaye, de Beaumont, de Guichen, chevalier de Vignacourt. 

Etat du régiment de Rohan en 1741. 

Colonel : Prince de Rohan. 

Lieutenant-colonel : de la Motte d'Hugues. 

Major : de Luc-Majour. 

Commandants de bataillon : de la Roussette et de la Viganière. 

Capitaines aides-majors : de Tristan de la Tour, de Tersan et 
Dariffat. 

Capitaines : du Boschet, d'Houdan, Pioger de Chantradeux, de la 
Landelle, de Crémainville, Hiky, chevalier Danville, de Hallebout, 
Cardou, de Mageinville, de Chateauvert, de Vaugelas, chevalier de 
Luc-Majour, de Mesmé, du Repaire, Dourlers, de Guichen, de Riche- 
bourg, DE Charsé, chevalier de Vignacourt, chevalier Dunelle, Vil- 
louette, Mesnard, Gerint, de Brasse, marquis de Pusignieu, Legras, 
Duvignau, Pilan, Digoine, comte de Maillé-Brézé, du Mesnil, d'Arti- 
gnos, DE Corneillan, de Najac, des Haulles, chevalier de Chantilly, 
de Rogueshautes, de Belleaffaire, de Vandel, de Losse, de Baynast, 
DE Chaulieu, de Saillet. 

Etat du régiment de La Tour du Pin en 1758. 

Colonel : Marquis de La Tour du Pin. 
Lieutenant-colonel : Chevalier Danville. 
Major : de Rayne. 

4 bataiHons; pension de 600 livres au lieutenant-colonel, de 500 li« 
vres au premier capitaine et de 400 à chacun des deux qui suivent. 



436 HISTORIQUE 



En 17dO. 

Colonel : Marquis de La Touti du Pin (brigadier). 

Lieutenant-colonel : Da>* ville. 

Major : de Rayne (rang de lieutenant-colonel). 

Commandant du 2* bataillon : d'Hallebout. 

Commandant du 3' bataillon : Comte de Maillé-Brézé. 

Commandant du 4* bataillon : de Montbrun. 

Capitaines aides-majors : de Fabre, Petity, d'Houssoy (de Tristan), 

SARAN de POMPIÉTAIN. 

En 1762. 

Colonel : Comte de Boisgelin. 

Lieutenant-colonel : d'Hallebout. 

Major : Rayne de Cantis. 

Commandant du 2* bataillo7i : Comte de Maillé-Brézé. 

Commandant du 3*> bataillon : de Montbrun. 

Commandant du 4' bataillon : de Larmandie. 

Capitaines aides-majors : de Petity, d'Houssoy, Saran de Pompié- 
tain, Quinson de Serdon (ou Serdron). 

Etat du régiment de Béarn en 1765. 

Colonel : Marquis de Crénolle (Aimé-Louis de Quengo). 
Lieutenant-colonel : de Hallebout (Marc-Antoine), de Normandie. 
Major : Joseph RÀyne de Cantis (de Marmande). 

Aides-majors : de Petity (de Trois-Châteaux, on Dauphiné), de Sar- 
RANP (de Moncontour en Bretagne), de Tristan (de Beauvais), Serdon de 
Quinson (de Lyon). 

Sous-aides-majors : Fourneau (de Chasmont, en Poitou), Richard (de 
Rennes), de Bar (de Fouras, en Aunis), marquis de Boisgelin (de 
Kersa, en Bretagne). 

Quartier-maître : LeVasseur. 

Porte-drapeau : Deschambes (de Ruffec), Broguerre (de Begua, en 
Guyenne), Ouel (d'Arras), Rasquin (de Charleville), Prévôt (de la Châ- 
tre), Rivierre (de Querville, en Normandie), Bagué (de Bondrac, en 
Gascogne), Guary (d'Agen). 

Aumônier : P. Besson (cordelier). 

Tambour-major : Piroiset, dit Pitois (de Chaume, en Bourgogne). 

Capitaines de grenadiers : de la Forgue (d'Auch), Baveux de Mar- 

VELisE (de Salins), de Sarrant (de Ponlivy), de la Tour Ferrand (de 

*Lavaur), capitaines du Vauroux (de Dancé, en Perche), chevalier Des- 

haulles (de Conchcs), de Hallebout (de Loupversé, près Conches), de 



i 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 437 



Cheffontaine (de Kerverguin, en Bretagne), de Serre Durival (de Gap), 
Chanaut de Saint-Sulpice (de Chéran, Périgord), Duplessis (de Bor- 
deaux), DE Razes (de Poitiers), Le Brun (de Rians, en Bretagne), de 
Saint-Genises de Guintrand (de Marseille), de Conflans (de Pertuy, 
près Montargis), d'Aigremont (de Valognes), Durand de Carabelles (de 
Villeneuve d'Agen), Tranchant de Durret (de Châteaubriant), d'Esbert 
de la Motte (bouviers), des Mazis (de Crèvent, près Vernon), Gocaud 
de Hamonières (de Blain, en Bretagne), de la Motte-Ferrand (de La- 
vaur), de la Roche-Cocquet (d'Agen), Mézières (de Bayonne), Borde- 
nave (de Mont-de-Marsan), de Bonfils (de Paris), de Roye de l'Enferna 
(de Saint-Florentin), NAVErrE de Chassignoles (de Brioude), de Flottes 
(Sain t-Etienne-d' Argent), Piagier des Loges (Saint-Sulpice, en Poitou), 
Prioult de Hautchemin (Rennes), Collet des Favières 'ySaifit-Dizier), 
de Séguier (de Castres), de Saint-Cyr (de Brioude). 

Lieutenants : de la Marre «de Rouen), Cachet (de Montbrun), Beau- 
poil (de Poitiers), Pagnon (de la Vernose, près Toulouse), chevalier de 
FussEY (de Mortagne, en Poitou), de Villeneuve de Tourelle (d'Anti- 
bes), Raveneau (de Landrecies), Rouvroy (de Lille) (de Foitrne de Rou- 
vroy). Charpentier de Cossigny (de Gaillac), de Soustras (deDax),DupuY 
(de Marsigby-sur-Loire), Desplats (du Quercy), Lespès (de Gascogne), 
Ricard (d'Avignon), de Chantepie (de Saint-LÔ), Pezard (de Dôle), Ga- 
laup (de Villeneuve-d'Agen), l'Aust de la Voûte (de Constantinople), 
PuzERARD de LA Chapelle (do Lyou), DE Lescoubles (de Vannes), de 
Saint-Germain (de Condé,en Normandie), de Bourguisson (de Tourraine), 
de Bonnefoy (de Lavaur), d'Imbert du Barry (de Puylaurens), cheva- 
lier d'Ypres (d'Eu), chevalier de la Housse (de Saint-Sever, en Gasco- 
gne), Poteaux (de Lille), Comarque (de Sauterne, en Gascogne), Pagnon 
de la Vernose (de Toulouse), Pujol de Labatut (d'Auch), de Mirambet 
(de Bazas), chevalier de Dianous (d'Orange), Marge de la Barbelaye (de 
Chalans, en Poitou), Séran d'Andrieux (de Caen), Guillard (de Fou- 
gères), Desmaretz (d'Arras). 

Sous-lieutenants : Gouyon de Vaurouault (Saint-Brieuc), , Caire 
(Embrun), Vittier, dit La Feuillade (Champagne), Matheron (Gap), 
Lejeune de Créquy (Duretal), de Marans (du Brouage), Marouil de 
Cuissard (Caen), Truchet (d'Arles), Testard (de Paris), de la Houssaye 
(Vannes), chevalier de Mirambet (Bazas), Deshentiques (Provence), de 
Larmandie (Bergerac), Camp-Domère (de Castres), de Quélo (de Redon), 
du Parc (de Plounevé, en Bretagne), de Gouyon-Rochefort (Nantes), du 
Puy de Chatelard (Roanne), de la Corbière (Normandie), Le Saige de 
Villebrune (Saint-Malo), Godard deBussy (Bayeux), Dumignot d'Houdan 
(Thouars), Prioult, chevalier du Hautchemin (Rennes), Gautier, cheva- 
lier DE LA ViLLAUDRAY (Laval), DE Berne (de Montreuil-sur-Mer), du Serre 
Durival (de Gap), d'Imbert (de Puylaurens), des Corches des Moulines 
(Mortagne), Drouilhet de Sigalas (Marmande), Aignan, chevalier de 
LA Corbière (Normandie), du Mignot d'Houdan (Thouars), Le Gras (de 
Dunkerque), Ruffe (Guyenne), Langlois de Rézy (Pontivy), Bizien du 
Lézard (Lorraine), de Thumery de Jousserand (Poitou). 



438 HISTORIQUE 



Etat du Nouveau Béarn (aprôs le dédoublement), A Metz, 1777» 

Colonel: Marquis de Crenolle. 

Colonel en second: Marquis de Chavigny. 

Lieutenant-colonel : d'Esterno. 

Major: de Larbourlerie (de Lauourlerie), rang delieutenant*colonel. 

Quartier-maître : Le Vasseur. 

Capitaines-Commandants . Ferrand {vàns de lieutenant-colonel), de 
Gheffontaine (rang de major), Dutret (grenadiers), des Mazis, Mézières, 
de Chassignoles (chasseurs), de Saint-Cyr, de Pagy, chevalier de 
Tristan (compagnie colonelle) , Dianous (compagnie lieutenant-colonelle). 

Capitaines en second : Chevalier Lebrun (grenadiers), de Scizy, 
chevalier de Chassignoles, d'Astier de Monnessargues, de Laverghne, 
Raveneau, Villeneuve (chasseurs), L'Escouble, La Voûte, de Ricari> 
(compagnie lieutenant-colonelle) . 

Lieutenants en premier : Beaupoil (rang de capitaine) (grenadiers)» 
Comarque, de la Vernose (auxiliaire), Crequi, de Truchet, Testard de 
Saint-Guy, Duparc, de Rochefort, de Chatelard (chasseurs), d'Houdan, 
DE Hautchemin. 

Lieutenants en second : Matheron, chevalier de la Corbière, d'Im- 
BERT, chevalier d'Houdan, Le Gras (chasseurs), de Grouslard, de Pujot, 

DE NaJAC, DE CaRDAILLAC, DE RaIZEUX. 

Sous-Lieutenants : Lambert (grenadiers,) Vincent (grenadiers), che- 
valier DE Bocozelle ( chasseurs ) , chevalier de Barry , d'Houdetot 
(chasseurs), de Herret, Mignot d'Houdan, de Menibus, de Lestang, de 
Larmandie, d'Escaibles (d'Esclaibes), de Marnières, de Vauchaussade, 
chevalier du Saillant, de Ferrand, de Lentivy, de Goyon, de Foucquet, 

DE SiLLY, DE LA TOURNELLE. 



Etat de Béarn en 1791 (au Havre). 

Colonel : de Boisgelin. 

Lieutenants-Colonels : de Myon, de Payen de Chavoy. 

Quartier-maître trésorier : Baudoin. 

Adjudants-majors : d'Esclaibes, de Vauchaussade. 

Capitaines : Le Brun, Comarque, de Truchet, Testard de Saint-Guy,. 
DU Parc, chevalier Legras, de Pujo, Gineste de Najac, de Raizeux de 
la Broise, du Hautchemin, d'Imbert, d'Houdan, de Grouslard, Laboulay 
(de Bierres), Hellouin de Ménibus, Le Loureux de Marnière, Lambert, 
de Bocozel. 

Lieutenants : de Silly, de Ferrand, de Gouyon, chevalier Gineste» 
de Langourla, de Sartiges, de Sobiratz, du Peyroux, de Lamberville» 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 439 



DE ViLMARETZ, f^dOUarclJ^EGRAS, DU BOUAYS (1), TeSTARD DE LA NEUVILLE, 
BUSNEL DE MONTORAY, PoiRSON, DE PaRNAY, d'AmBOIX DE LaRBONT (2), 

Hugues DE Payen. 

Sous-lieutenants : Leroy de Lenchères, de Martigny, de Couêssin, 
DE Laboulay de Bierres, d'Erneville de Poligny, Alexis Le Loureux, 
Prévost, de Maussac, de la Bellière, Maurice de Cossette, de Mire- 
mont (DE Combes), de Torcy, Pouzergue, du Garreau de Grésignac, 
Beauregard, de l'Enferna, Quatre Solz de Marolles. 



Etat de la IB^ demi-brigade de ligne (an VIII). 

Chef de brigade: Ciolonel Faure. 

Chef du 1" bataillon: Villard. 

Chef du 2« bataillon: N. 

Chef du 3« bataillon: Dacigné. 

Adjudant- major du 1" bataillon: Labruyère. 

. Adjudant-major du 2« bataillon: Godron. 

Adjudant-major du 3* bataillon: Villemant. 

Quartiers-maîtres-trésoriers : Maugeon et Trefcon. 

Capitaines : i^^ bataillon: Pradier (grenadiers), Triboulet, Pradeau, 
Bertrand, Briois (ou Briais), Valette, Glaise, Vially ; 2* bataillon : 
Boursier (ou Boursin) (grenadiers), Haudiquet, Lemoine, Desormeau, 
Perrot, Daudinot, Pied-Noir, La Peyre, Prévost ; 3« bataillon : Lamaire 
(grenadiers), Trappier, Tessier, Gaullier, Limousin, Thomas, Mousset, 
Prey-Berty, De vertus. 

Lieutenants : Trotin, Bougardier, Bleumortier, Job, Chavany, 
Uamar, Demougeot, Aucher, Rigollet, Faure, Martin, Tetit, Guey, 
Cornu, Etienne, Leviau, Fleury, Truguet, Delignac, Grégoire, Pe- 
RUssoN, PouGAT, Berger, Leglerc, Brunel, DuxMas, Seroux. 

Sous-lieutenants : Clapier, Boyer, Teytus, Bonnet, Petit, Chéron, 
Dujai, Bardete, Dehugues, Dufresnois, Rénaux, Agnel, Replat, Bègue, 
Arnould, Belhade, Moyer, Brimeur, Borisset, Guffroy, Prieur, Guenet, 
Laroque, Armand, Andriot. 

15» régiment d'infanterie à Brest (13*) division militaire) 

(an XIII, 1805). 

Colonel : Reynaud (16 germinal an XII). 
Major : Dein. 



(1) Sans doute de la môme famille que le lieutenant Dubouays de Couësbouc^ 
qui se distingua sous Metz en 1870 (étant ailecté à la compagnie franche du 15*). 

(2) Un siècle plus tard, le 15* de ligne a pour colonel M. d'Amboix de Larbont 
(Denis-Henri-Alfred.) 



440 HISTORIQUE 



Chefs de bataillon : Jannot, Plaza.net, Limouzin, Langlois. 

Capitaines-adjudants-majors: Labruyère, Aubry, Villemant, Aran, 

Chirurgien-major : Couraud. 

Aide-major : Lymen. 

' Sous-aides-majors : Meilhac, Lapeyre. 

Capitaines : Oudaille, Molin, Thomas, Boursin, Devertu, Doudinot, 
Vially, Perrot, Claude, Frigier, Cazanave, Bouery, Gruzé, Fabre, 
Goubet, Louiche, Baurin, Valet, Lapeyre, Glaize, Sagazan, Peyrat, 
Augeard, Seroux, Dumas, Trefcon, Grégoire, Guis, Gillet, Reinaudt, 
Etienne, Antoine, Faure, Rigollet, Larazide. 

Lieutenants : Leclerc, Venou, Barthe, Garnier, Leviaux, Truguet, 
Laprêe, Aucher, Chavany, Ray, Marie, Lafite, Teisseiré, Desmar- 
quettes, Petit dit Brantôme, Moyer, Rénaux, Rouyre, Vigier, Briois, 
GouRDOT, Deuogues, Lainé, Dufresnoy, Mouton, Bournier, Agnel, 
Lafontaine, Ledineur, Griot, Bardët, Moreau, Delignac, Bernardin, 
Jacob. 

Sous-lieutenanls : Puthoste, Meisseix, Maréchaux, Baron, Feuyrais, 
Guillaume, Doucet, Rolland, Cotterelle, Laporterie, Kuhn, Déhar- 
OUES, Mahuzier, Pan (dit Lacroix), Poulle, Tranchant, Thouret, Blon- 
DEAu, Morin, Trefcon, Desmarest, Guirot, Labro, Malet, Fririon, 
Alexandre, Sevin, Pron, Richard, Jouanique, Bouxin, Bourquin, 
Truault, Augier. 

Etat de la légion du Finistère (n* 27 en 1816.) 
(Etat-major et 3* baUlUon à Lorient, 1" et 2* bataillons à Belle-Isle.) 

Colonel : Baron de Rascas (Joseph-Paul-Hyacinthe-Raymond). 

Lieutenant-colonel: de Quesnay (René-Jacques-Guillaume). 

Chefs de bataillon : Robinet, Fleury-Bourkholtz. 

Capitaines-adjudants-majors : Vincent, Barbé. 

Major : Bernelle (Joseph-Nicolas). 

Capitaine-trésorier : Varlet. 

Capitaine d'habillement : Allain. 

Sous-lieutenant-porte-drapeau : Barbe. 

Chirurgien aide-major : Icard. 

Capitaines : Feron, Coliny, Kpaen de Kersallo (1), Garnier, de Tre- 
DERN, Eudel (2), Chevalier, Cousin, Guyet, Rêve, Peyrard, Guillotou 
DE Kerever, du Chatellier, Laurençot, Dubruehl, de Condé, Scordel. 

Lieutenants : Chapelle, Berthier, Harlet, Richard, Plessis, Junot, 
DE Bermon, Dubut, Gauttier, Capitaine, Bouriqueu, Feilla, de Blois- 
Lacalande, Rousselot, Frely, Barbe. 



(1) De Kerpaên de Kersallo. 

(2) Un officier de la même famille figure dans les cadres du 15* de ligne en 
1893. 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 441 



Sous-lieutenants : Levaillant, du Plessis-Parscau, Barazer, Sacllbr 
(Saclier), Raoux, Gouyon de Vaucouleurs, Jacquelot de Boisrouvray , 
Kerguern, Bousquet, de Rascas (J.-Ph.-H.), Beens, Perrier,de Mauduit, 
Lebègue. 



Etat du 15* régiment d'infanterie (3 bataillons à Paris) en 1823 

Colonel : Baron de Rascas de Chateauredon. 

Lieutenant-colonel : Baron de Montchoisi. 

Chefs de bataillon : Secourgeon, de Roger, de Ponchalon. 

Capitaines adjudants-majors : Vincent, Richard, Plessis. 

Major : de La vit. 

Capitaine-trésorier : Mouquin. ^ 

Capitaine d'habillement : Leveling. 

Sous-lieutenamt porte-drapeau : Perrier. 

Aumônier : Abbé Seuli. 

Aides-majors : Lanaud et Dubois. 

Capitaines : Goliny, Kerpaen de Kersallo, Fabre, de Trédern, 
DupRÉ, Allain, Sempé, Ollivier, Chevalier, Aubert, Couzin, Guyet, 
Balza (ou Balzac), Duval, Simon, Lodoyer, Leduc, Choiselet, Guillo- 
Tou de Kereyer, Laurençot, Barbe, de Condé, Leclercq, Bougerel. 

Lieutenants : Harlet, Ferro, Rousseau, Bisson, Terrin, Letard, Tri" 
quet, Sacomant, Meyer, Degarly, Bermon, Dubut, Doucet, Feilla, de 
Blois-Lacalande, Rousselot, Frely, Barbe, Magrez, Levaillant, Dour- 
DiN, Bellier. 

Sous-lieutena7its : Joigneant, Laugénie, Ducoing, Fhançois, Minard, 
Havard, Panzani (ou Pauzani), Pistre, Busson de la Vêvre, Martin, 
Barazer, Raoux, Gouyon de Vaucouleurs, Jacquelot de Boisrouvray, 
Bousquet, Beens, Perrier, de Gumpertz, Geffroy, Morizot, Villeme* 
JEANNE, Godard, Legay d'Arcy. 

• En 1823, le duc d'Angoulème nomma dans Tordre de Saint-Louis : le 
major de La vit, le commandant de Ponchalon, les capitaines Balzac, 
Cousin et Leveling ; ces nominations furent confirmées par ordonnance 
du roi. 

En 1829, la croix de Saint-Louis fut accordée au capitaine Louis-Jo- 
sepb DE Condé. 

En 1830. 

(1" et 2' bataillons, Afrique ; 3* et dépôt, Périgueux.) 

Colonel : Manoin, officier de la Légion d'honneur, chevalier de Saint- 
Louis. 

Lieutenant-colonel : Duris, officier de la Légion d'honneur, chevalier 
de Saint-Ix>ul8. 

Hist. 15*. 28. 



442 HISTORIQUE 



Chefs de bataillon : Laurens, Allain, Fabre. 

Major : Chambon. 

Aumônier : Monaham. 

Capitaines adjudants-majors .'Vincent, Bougerel, Housseau. 

Capitaine-trésorier : Petin. 

Capitaine d^habiltement : Vidal. 

Sous-lieutenant porte-drapeau : Zens. 

Chirurgien-major : Marchal. 

Aides-majors : Mallet, Martin. 

Capitaines : Olivier, Chevalier, Leveling, Aubert, Du val, Lodoyer, 
Choiselat, Laurençot, Cebert, de Condé, Plessis, de Macoonin de la 
Pierre, Leclercq, de Belly de Bussy, Bisson, Groff, Meyer, Dubois 
DE Beauregard, Fontaine, Lavie, Létard, Sacomant, Bousquet. 

Lieutenants : Decarly, Bermon, Doucet, Feilla, Frely, Magrez, 
Levaillant, Dourdin, Lévêque, Cabanes, Laugénie, Dccoing, François, 
Barazer, Minard, Pistre, Jacquelot de Boisrouvray, Perrier, de ' 
Laroque, Lepelletier, de Gumpertz, Geffroy, Legay d'Arcy, Perrier 

(Yves). 

Sous-lieutenants : Magon de Boiscarein, Godard, Gabriel, Gresser, 
Ducos DE la Hitte, de Kerguern, Ollivier (Am.), Salaun, Palauquet, 
Gazon, Frémon, Pages (François), Lemaire, Saint- Jean de Pointis, 
Mulet, Blanc de Moline, de Ghaisne de Bourmont (sous-Ueutenant, 
état-major) (Ad. Ph. A. E.), Massé dit Nestier, Maillard, Fournier, 
Walsch, Fiéreck, de CoUasnon, Potard, Vale.ntini. 



En 1854 (Nevers). 

Colonel : Alais (Amédée), officier delà Légion d'honneur, 2 avril 1851. 
Lieutenant-colonel : Capriol de Péchassant (Auguste<Gaspard-Ga* 
mille-Gustave), 29 octobre 1853. 

Chefs de bataillon : Lama'rque (Jean-Charles-Stanislas-Kotska), Le 
Vicomte (Alexandre-Charles), Girard (Clair-Benoit). 
Major : de Sauville (dit de Lapresle). 
Capitaines adjudants-majors : Becq, Clausener, Gabard. 
Capitaine- trésorier ; Maître. 
Capitaine d*habillement : Rabany. 
Adjoint au trésorier : Sous-lieutenant Tavelet. 
Porte-drapeau : Sous-lieutenant Vigneron. 
Médecin-major de 2* classe : Beylot. 
Médecin aide-major de 1" classe : Carabin. 
Médecin aide-major 2» classe : Colonna. 



DU 15<^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 443 



Capitaines : Castan, Mangin, Labarthe, Marsal, Giraud, Belitrand, 
Devaux, Angelini, Gauche, Garralon, de Latour, Jullien, Mailhebiau, 
DupRÉ, Gibier, Brice-Deville, Giiareyre, Bordenave, Favier, Telmat, 

BaRBARIN, LiNÉ, LOCHNER. 

Lieutenants : Virissel, Logeais, Carles, Lhuillier, Dumay, Langlois, 
Develey, Bubsières, Pillard, Pernot, Desnouveaux, Jalus'tre, Pineton 
de Chambrun, Jourda, Cistan, Lallemand, Reyé, Bonnamy, DavoiJst- 
Langotière, Hodet, Adeline, Londigné, Netter. 

Som-lieutenanls : Arthuis, Labitte, Toujan, Lodoyer, Sègue, Mouy, 
Vigneron, Tavelet, Geoffroy, Perrier (Julien), Mouly, Hoffet, Del- 
PRAT, Lafette, Preux, Lochner, Desrouzieres, Heisser, Kollen, Ma- 
RiNOT, Larroque, Freydier, Etienne, de Foucher, Bourgoin-Lagrange. 



En 1859. 

(Armée de Paris. Dépôt de Dieppe.) 

Colonel : Guérin (Félix- Achille), officier de la Légion d'honneur. 

Lieutenant-colonel : Schneider, dit Lux, officier de la Légion d'hon- 
neur. 

Chefs de bataillon : Klèber, chevalier de ia Légion d'honneur; Ar- 
douin, officier do la Légion d'honneur; Lesèble, chevalier de la Légion 
d'honneur. 

Major : Pollet. 

Capitamet adjudants-majors : Brice-Deville, Lochner, Mouly. 

Capitaine-trésorier : Maître. 

Capitaine d* habillement * Rêvé . 

Adjoint au trésorier : Sous-lieutenant Bailly. 

Porte-drapeau : Souslioutenant Lalmant. 

Lieutenant d*état-major : Heilmann, 

Médecin-m^jor : Peytral. 

Aide-major de V classe : Réeb. 

Aide-major de 2' classe : Golonna. 

Chef de musique : Bodin. 

Capitaines : Gauche, Rabany, de Latour, Mailheblau, Gharbyre , 
Bordenave, Favier , Telmat, Tbnneguy, Virissel , Logeais , Garles , 
Pernot, Desnouveaux, Jourda, Lallemand, Geoffroy, Adeline, Toujan, 
Labitte, Perrier, Hoffet, Marinot, Larroque. 

Lieutenants : Derouzières, Heisser, Bourgoin-Lagrange, Aubry , 
Gahnier, Bonnet, Ferry, Ballet, Mairet, Maillebiau (Auguste-Louis) , 
Dufort, $Cheffer, Baradez, Duroy, Jeanpierre, Charles, dit La ville, 
Ghassepot, Carcy, Cholet, Vuidart, Legeay, Mathieu, Delcour, Achet. 

Sous-lieutenants : Lalmant, Beaucousin, Martin, Pillard, Ghapays, 
DE Pûusaroues, de Mesniladelée, Math y, Patriarche, Bertheaume, 



444 HISTORIQUE 



Millet, Royer, Tomasi, Jaclot, Mathieu, Soumaro de Villeneuve, de 

BOISGUÉRET DE LA VaLLIÈRE, BaILLY, GlRAULT, LBUILLIER, RiGOLAOE, DE 

Feretti, de Jouffroy d'Abbans, Platel. 



En 1870. 

* (SoiBsons. Dépôt à Laon.) 

Colonel : Fraboulet de Kerléadec (Th.*Eugène), officier do la Légion 
d'honneur. 

Lieutenant-colonel : Barrué. 

Chefs de bataillon : Parron, Ghapot, de l'Espinasse (Auguste). 

Major : Denis. 

Capitaines adjudants-majors : Falieu, Bonnet, Forest. 

Capitaine instructeur de tir : Daguillon (Félix-Auguste-François). 

Capitaine-trésorier : Ballet. 

Capitaine d'habillement : Rêvé. 

Adjoint au trésorier : Creusvaux, sous-lieutenant. 

Porte-drapeau : Hazard, sous-lieutenant. 

Médecin-major : Cintrât. 

Aide-major de 1" classe : Luzv. 

Aide-major de 2" cla,sse : Jacquez. 

Chef de musique : Morel. 

Capitaines : Geoffroy, Toujan, Labitte, Hoffet, Ferry, Bourgoin- 
Lagrange, Garnier, Dufort, Jeanpierre, Jacques, Baradez, Garcy, 
Ghassepot, Achet, Legeay, Roslin, de Pocsargues, Jaclot, Bertheaume, 
Pillard, Royer, Mathy, Soumard de Villeneuve, Bonneau. 

Lieutenants : Lhuillier, de Boisguéret de la Vallière, Bailly, de 
Jouffroy d'Abbans, de Foerster, Girault, Platel, Rigolage, de Peretti, 
Greusvaux, Ferlet, Pouyaud, Fatoux, Protat, Magné, Cardot, Coffi- 
gnèris, Claudin, Bourguignon, Merlet, Millet, Aubry, Garnier, Beau- 
poil de Saint-Aulaire. 

Sous-lieutenants : Klein, Jadot, Hazard, Lefranc, Dubouhays de 
CouESBOuc, NicoLAÎ, AuGiER, DE Chaptal-Lamure, Royer, Dubard, Bar- 
bier de Villeneuve, Mézard, Huguet, Lucas, Lesquilbet, Thomas, 
Ahreiner, Brun, Greusveaux (Lazare), Corlieu, Dutocq, Didier, Pastou- 
reau, Veron-Duverger et Gartier. 

En 1871. 

Colonel : de Beaufort. ^^ 

Lieutenant-colonel : Guillemain. 
Chefs de bataillon : Ghapot, Denis, Angamarre, Gravis. 
Capitaines adjudants-majors : Forest, Falieu, Tarrigo, Porri. 



I 



I 

I 



DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 445 



Major : Pannetier. 
Capitaine-trésorier: Ballet. 
Capitaine d'habillement : Millet. 
Sous-lieutenant adjoint au trésorier ; Pothelet. 
Sous-lieutenant porte-drapeau : Telmat. 
Médecin-major de 1" classe : Cintrât. 
Médecin-major de 2^ classe: André. 
Médecin-aide-major de 2^ classe : Michaud. 
Chef de musique : Morel. 

1" bataillon. 

Capitaines : Ferry, Soumard de Villeneuve, Baradez, de Jouffroy 
d'Abbans, Legeay, Périnet. 

Lieutenants : du Bouays de Ck)UESBOuc, Levy dit Valdteufel, Pinet, 
Jadot, Pelletier, Bourguignon. 

Sous-lieutenants : Chaudron, Léjolliot, Cuginaud, Martel, Judeaux, 
Guio^î. 

2* 'bataillon. 

Capitaines : Bourgoin-Lagrange, Bessonnet, Carcy, de Foerster, 
Salles, Maurice. 

Lieutenants : Brunet, Dutocq, Dubard, Thomas, Corlieu, Mayras. 

Sous-lieutenants : Chevalier, Marty, Cartier, Pastoureau, Grilliat, . 

GUTH. 

3* bataillon. 

Capitaines : Cattyn, Riu, Favier, Giraud, Bertheaume, Rigolage. 

Lieutenants : Garnier, Gauzy, Mézard, Hazard, Protat, Klein. 

Sous-lieutenants : Renaud, Durand, Biguet, Igier, Giron-Rochefort, 
DE LA Vaulx. 

4* bataillon. 

Capitaines : Deheurles, Prévost, Dufourcq, Platel, Pillard, de 
Perretti. 

Lieutenants : Baille, Lefranc, Poirson, Lesquilbet, Claudin, Hu- 
guet. 

Sous-lieutenants: Ray, Bascou, Rebière, Magnin, Meyer, André. 

Les ofiQciers dont les noms suivent étaient placés à la suite: 

Lieutenant-colonel : Cajard. 

Commandants : de Lespinasse. Morin. 

Capitaine adjudant-major : Grimmeissen. 

Capitaines : Lambert, Rignot, Gardien, Ferlus, Desjardins, Fatûux, 
Richaud, de RoccA'Serra, Ferlet, Lapra, Rouget, Mathieu. 



4i6 HISTORIQUE 



Lieutenants : Crei-svaix, Sarrête, Descvmps, Dubois^ Gueit, de La- 
personne, Gni-ipp, Garot, (iRANniDiER, Bigot, Gros, Pellet, Boisson, 
Pezilla, Lemairk, Akermann. 

Sous-lieutenants: Doranijec, Jkandin, Bailly^ Suera, Duval» 
Chrétien, Presleir, Flammarion, Khehlino, Deranque, Coupette. 

En 1882. 

Colonel : Noël (J.-C.), 10 Juillet 1881. 

Lieutenant-colonel : Alessanori (J.-B.), 8 Juin 1881. 

Chefs de bataillon : Caillemer, Blanc (P.-H.), Barnave, Bertrand. 

Capitaines adjudants- majors : Claldin, Dubouhays de Coubsbouc, 

DUBARD, GrILLIAT. 

Major : Chagnaud. 

Capitaine-trésorier : Legrand. 

Capitaine d'habillement : Biouet. 

Adjoint au trésorier : Bloise. 

Porte-drapeau: Sous-lieutenant: Bigin. 

Médecin-major de 1" classe : Arnaud. 

Médecin-major de 2^ clause: Cabanié. 

Médecin-aide- major de 1" classe: Lobit. 

Chef de musique: N... 

Capitaines : Boluix, Garnier, Baissas, Delor, Figié, de Pouzols db 
Saint-Maurice, Roger, Pommier, Gouillon, Mellinger de Bouzonville, 
Verain, Picard, Lallement, Barrier, Gabrielli, Berveiller, Schaeffer» 

CUNY. 

Lieutenants : Cordier, Noullet, Charbonneau, Massonnaud, Richard 
d'Abnour, La vigne. Bigot, Rouayrenc, Courtois, Burgely, Bloise, Le 

TÉTOUR, FrÉMONT, SaRROLA, ZlMMERMATiN, DaRDOIZE, MiNSMER, ToURAI. 

Sous-lieutenants : Bergeron, Coupiau, Goulut, Hublé, de Robien, 
Boullier, Aymerich, Colas, Bigin, Jochum, Hamant, Cancel, Pellet, 
Albar, Larobertie-Sarlandie. 

En janvier 1894. 

Colo7iel : d'Amboix de Larbont. 

Lieutenant-colonel : Baudic. 

Chefs de bataillon : Le Bouvier, d'Abzac, Vaudein, Lang. 

Major : Sigaud. 

Médecin-major de 1" classe : Fourcade. 

Médecin-major de 2« classe : Sudour (1). 



. (1) Remplacé par M. Frilet, lorsqu'il fut nommé médecin-major de 1'* classe 
en janvier 189i. 



DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 447 



Médecin aide-major de V classe : Pous. 

Capitaines : Nol'llet, Laponterique, de MALi^:ziEU, Massonnaud, Sa- 
viN, BoESCH, Lavigne, Bazinet, Courtois, Bloise, Zimmermann, Souil- 
LARD, Minet, Goulut, André, Fouasse, d'Uston de Villereglan, Zuc;:a- 

RELLI, DUBLAIX, DUPECH, ROL. 

Lieutenants : Thouraud de Lavignère, du Bernard, Fourneaux, 
ViNçoN, Bransoulié, Duchêne, de Tarragon, Travers, Laguerre, Pra- 
DiNES, PuJOL, Passerieux, Bessan, Delmas, Pouech, Péri (porte-drapeau), 
GiRAUD, Ramone, Natucci, de Pallarës, Lajeunesse, Desnos, Llobet. 

Sous-lieutenants : Eudel, Vidal, Clémenson, Richaud, Dézarnaud, 
Testory, Roques, Vergé. 

Chef de musique : Almcot. 



Officiers de réserTe du i5<> de llg^Be* 

Capitaines : Costeplane, Delmas, Garceau, Andrieu, Viviers. 

Lieutenants : de Pastre de Bousquet, Cazanave, Capelle, Daudé. 

Sous-lieutenants : Falcou, Reillat, Reboul, Galy, Montagne, 
Faure, Marty, Laborde, Moloh, Canavy, Michelon, Gempp, Cruvellié, 
Bachelay, de Molènes, Saugrain, Mercier, .Janty, Alland, Bauzil, 
Blin, Soupat, Versaud, Oucharières, Berniés, Amigues, Galvié, 
Sénescail, Girard, Escudié, Brossette, Delprat, Pioch, Vanal, [mmé- 
NARDiE, Grossard, Ricard, Escourrou, Lirou, Touren, Lapeyre, Bais- 
bette, ViRENQUE, ReY. 



Armée territoriale* 

Capitaines : Fonrouge, d'Hébrail, Fil, Bertrand, Déoux, Lanet. 
Lieutenants : Barthès, Mercadier, Seube, Gaubert, Dulac. 
Sous-lieutenants : Foissag, hk Capella, Palau. 



TABLE DES MATIÈRES 



Pages. 

Avant-propos 9 

Régiment de Balagny sous le règne de Henri IV 17 

Régiment de Rambures sous Louis XIII (le brave Rambures) 19 

Siège de La Rochelle 22 

Histoire de Fabert au régiment de Rambures 25 

Rambures à Veillane, au pas de Suze 31 

Bataille de Gastelnaudary 47 

Guerre de Trente ans 52 

Bataille de Rocroy . . . , 69 

Bataille des Dunes 87 

Bataille de Senef 91 

Bataille de l'abbaye de Saint-Denis (1678) 95 

Défense de Lintz, 1742 (caporal Dartois) 110 

Bataille de Dettingen (1743) 113 

Bataille de Fontenoy (1745) : . 117 

Combat de Mesle, 1745 (Pierre Loucheron et Pierre Chaumont).. 118 
Bataille de Lawfeld (belle conduite du régiment de La Tour-du- 

Pin) 121 

Bataille de Crewelt (1758), fermeté du régiment 125 

Bataille de Corbach (1760) 126 

Bataille de Friedberg-Johannisberg (magnifique conduite du ré- 
giment de Boisgelin, — Michel Roussillac) 130 

Siège de Lille (1792) 136 

15" demi-brigade de ligne 145 

Campagne du Brabant 147 

Campagne de 1800 [Engen (Renaud), Mœskirch, Biberacb (Etienne 

Dominique), Hohenlinden] 151 

Expédition des Antilles - La Guadeloupe (1802) 165 

Campagne de 1807, Billing-Friedland (colonel Reynaud) 176 

Campagne de Portugal (1807-1808) 185 

Espagne : Saragosse, Rio-Secco, Sobral (capitaine Rouyre) 189 

Campagne de Portugal (1809) : Oporto (capitaines Teisseiré et Du- 
mas) 199 

Espagne et Portugal (1810) 208 

Campagne d'Espagne (1811) 215 

Bataille des Arapiles (1812) 218 

Campagne de 1813 : Lutzen, Bautzen, Dresde, Meissen (capitaine 

Blondeau), Leipzig, Hanau 225 



450 HISTORIQUE DU 15<^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 



Campagne de 1814 : La Rothièrc, Rosnay, Champaubert, Vau- 
champs, Reims, La-Fère-Champonoise, Bar-sur-Aubc, Arcis-sur* 

Aubo, Sens, Paris 237 

Légion du Finistère (1816) , 236- 

Reconstitulion du 15' régiment d'infanterie de ligne ^7 

Guerre d'Espagne (1823) : Campomanès, Ponte-de-Hicro 2ô8 

Conquête d'Alger (1830), Staouêii 263 

Combat de Mouzala, Aouara, combat do nuit de Mouzala 277 

Troubles de Lyon et Grenoble (soldat Andral), 1834 289 

Siège de Sébastopol, assaut du 8 septembre (opiniâtreté du 15' de 

ligne). Relations courtoises et cordiales avec Tarmée russe. . . . 296 

Campagne d'Italie: Melegnano, Solferino (tambour Gastal) 308 

Guerre de 1870-71 322 

Borny, 14 août 323 

Rezonville, 16 août 325 

Saint-Privat, 18 août (colonel de Kerléadec, capitaine Bonnet; fer- 
meté du 15» de ligne) 327 

Bataille de Noisseville 335 

Evasion du colonel Derroja et du commandant Bonnet 338 

Défense de Soissons 343 

15* de marche à Paris 345 

Belle résistance au Plessis-Piquet (Châtillon) 346 

Combat de Montmesly 350 

Bataille de Champigny 352 

Reconstitution du régiment en 1871 355 

Expédition du Sud-Oranais (1882) 357 

Principaux ouvrages et documents consultés 361 

Uniformes et drapeaux du régiment 367 

Légende de la marche du régiment 373 

Lettre des officiers de la Couronne à ceux de Boisgelin 374 

Extrait des contrôles du régiment de La Tour-du-Pin 377 

Table des officiers tués ou blessés 378 

Liste des colonels du régiment ^. 393 

Etats des services des colonels 395 

Liste des lieutenants-colonels 414 

Etats des services et actions d'éclat d'officiers ou de militaires du 

régiment 416 

Etat des officiers du régiment à différentes époques 432 



Paris et Limoges. — Imp. milit. Henri Charles-L^yaihelle. 



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