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4p
c^
HISTORIQUE
DU
15* RÉGIMENT D'INFANTERIE
DROITS DE REPRODUCTION ET DE TRADUCTION RESERVES.
HISTORIQUE
DO
is' HÉGiMEiiT mmm
BALAQNY — HAMBURES — FEUQUIÈRES
LEUVILLE — RICHELIEU — ROHAN — CHILLON
LA TOUR DU PIN — BOESGELIN — BÉARN
L'XJIT DES. SI3C FBTITa VIEXJ3C
1.0 Lieutenant DE TABRAOOH ^ c<- > > TL-
V O-lAt
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FABIS LIMOQES
II. Placs SAiMT-AsDa4-oBS-AHTa *6, Nouvellb noimt u'Aixb. 46
Hboti charles-lavauzelle
Éditeur militaire.
1SU&
;^0^K PUBOç
Lettre d'approbation du Ministre de la
guerre, relative à l'Historique du 15® ré-
giment d'infanterie^ adressée au colonel
commandant le régiment et datée du
24 août 1894.
Cet historique est le fruit d'un travail sérieux et consciencieux.
Mettant habilement à proOt les nombreuses pièces et les docu-
ments originaux qu'il a consultés, l'auteur a traité avec tous les
détails possibles les différentes campagnes auxquelles le régiment
a pris part, en donnant à chaque période le caractère du temps.
Il a donné ainsi des preuves de qualités littéraires et de connais-
sances historiques toutes particulières.
La filiation est correctement établie.
En résumé, le travail présenté est complet, intéressant et a une
valeur réelle. Il fait honneur à M. de Tarragon et, pour lui témoi-
gner ma satisfaction, je lui adresse la lettre ci-^]t)inte que je vous
prie de lui faire parvenir.
Paris, le 24 août 1894.
Le Ministre de la guerre,
à Monsieur DE TARRAGON, lieutenant au 15® régiment
d'infanterie, à Carcassonne.
Lieutenant, rhistoriqùeduïb^ régiment d'infanterie,
que vous avez rédigé, m* a été signalé comme très bien fait
et très intéressant.
Je tiens à vous exprimer toute ma satisfaction pour le
soin et le zèle dont vous avez fait preuve dans VétabUs-^
sèment de ce travail
Signé : A. MERCIER.
AU
COLONEL D'AMBOIX DE LARBONT,
AUX OFFICIERS,
AUX SOUS-OFFICIERS, CAPORAUX ET SOLDATS
DU
1S« RÉGIMENT d'infanterie
EST DÉDIÉ
CE MODESTE MONUMENT ÉRIGÉ A LA GLOIRE DE NOS AÎNÉS.
Tous ceux qui ont le culte des glorieux souvenirs,
tous ceux qui aiment à rencontrer sur leurs pas les
nobles natures, les cœurs vaillants, les grandes ac-
tions, tous ceux, en un mot, dont Tâme s'émeut au
souffle de l'héroïsme et de la vertu, voudront bien jeter
les yeux sur cet ouvrage, qui n'a d'autre prétention
que celle de la plus scrupuleuse sincérité.
Ils y trouveront, à défaut de talent, une œuvre émi-
nemment patriotique et morale, parce qu'elle n'a
qu'un but : celui d'exalter, par l'exemple, les senti-
ments de devoir, de sacrifice et d'abnégation, sans
lesquels rien de grand ne se fait parmi les hommes.
Et, selon le mot de Bdssuet, si les paroles nous man-
quent ou ne répondent pas à un tel sujet, les choses
parleront assez d'elles-mêmes.
Certes, notre histoire est assez belle pour tenter la
curiosité du lecteur. Et puis, en pénétrant ainsi dans
l'intimité de nos devanciers, nous serons plus fiers de
nous, parce que, après tout, leur gloire c'est la nôtre;
parce que le passé répond de l'avenir; parce que, enfin,
cet héritage d'honneur, qu'ils nous ont légué, nous
8 HISTORIQUE DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE
n'avons pas le droit de le méconnaître ni de Tamoin-
drir.
Ayant la rare fortune de trouver dans les annales
mêmes du 15® les plus beaux exemples de toutes les
vertus militaires, étudions-les sans cesse et méditons
leurs grandes leçons.
Ne craignons qu'une chose : c'est de ne pas valoir
nos aînés; ce sera le seul moyen de les égaler un jour.
D'ailleurs, en suivant leur trace, nous serons souvent
sur le chemin de la victoire, en tout cas toujours sur
celui de l' honneur.
Dépositaires de ces flères traditions, nous avons le
devoir d'en consacrer le souvenir et d'en perpétuer la
gloire.
N'oublions pas qu'il est encore des pages blanches
à notre histoire. A nous de les remplir dignement !
La tâche est lourde, c'est vrai. Mais, avec l'aide de
Dieu et le désir de bien faire, nous saurons encore,
espérons-le, maintenir haut et ferme le drapeau du
15® régiment d'infanterie, c'est-à-dire celui de la
France. '
A. DE Tarragon.
Carcassonne, le 10 janvier 1S94.
AVANT-PROPOS
Origine du régiment. ^ Différentes modifications qu'il a subies.
Division du travail.
« Honorer la grandoor da pMf4,
c'est préparer Ict déTooemeoti de
Tavenir. »
Peu de régiments peuvent s'enorgueillir d'une aussi
noble et ancienne origine que celle du 13«. Sans chercher
à dissiper les nuages qui voilent son berceau, nous nous
contenterons de donner la série de ses transformations,
depuis sa constitution régulière (1595) et son admission à
la solde du roi (6 mars 1597), jusqu'à nos jours.
Disons, toutefois, que, d'après une tradition admise
par le général Susane, le noyau de ce corps d'élite aurait
été formé des derniers éléments d'une ancienne compa-
gnie de gardes, levée- en 1376. pour la sûreté personnelle
de François de Valois, duc d'Alençon. Ce prince, soupçon-
neux et sans amis, avait choisi, pour chef de ses gardes,
son célèbre favori, le brave et redouté Bussy d'Amboise (1),
qui fut assassiné, le 10 août 1579, par un mari outragé (le
comte de Montsoreau). Le beau-frère du trop galant Bussy,
Jean de Montluc, seigneur de Balagny (2) lui succéda dans
son commandement et .fut bientôt chargé, par le duc
(1) Louis DE Clermont d'Amboise, seigneur de Bussy.
(2) Jean de Montluc, seigneur marquis de Balagny, qui avait épousé
une sœur de Bussy, était flls naturel de Jean de Montluc, évoque de
Valence, frère du maréchal Biaise de Montluc.
10 HISTORIQUE
d'Alençon, du gouvernement de la ville impériale de
Cambrai. L'année suivante, Alexandre Farnèse, duc de
Parme, tenta vainement de faire rentrer cette place impor-
tante sous la domination espagnole.
Balagny fut assez heureux pour faire échouer toutes
ses entreprises et sut conserver encore la possession et le
gouvernement de Cambrai pendant plus de onze années.
Aussi fin politique que brave capitaine, Jean de Mont-
Luc, jusque-là ligueur, sentit bien vite que la fortune
abandonnait son parti. Aussi, le voyons-nous, en 1593,
arriver sous les murs de Laon, amenant avec lui 500 cava-
liers et 800 fantassins, qui survinrent bien à propos pour
sauver la situation du roi Henri IV, alors fort compromise
par rapproche d'une armée espagnole menaçant de forcer
ses lignes. Pour prix de ce service, Balagny reçut le bâton
de maréchal et la principauté héréditaire de Cambrai.
Mais le nouveau maréchal ne sut se faire aimer ni de
ses troupes, ni des habitants de sa principauté. Aussi,
lorsqu'en 1595, le comte de Fuentès vint assiéger Cambrai,
Balagny, abandonné par une partie de la garnison, trahi
par les bourgeois, dut s'enfermer, avec un millier de
soldats fidèles, dans la citadelle, qui capitula le 9 octo-
bre 1595.
Création du régiment.
9
Ralliant alors à Péronne ce qui restait des défenseurs de
Cambrai, Jean de Montluc en forma un régiment d'infan-
terie qui prit son nom et fut admis à la solde du roi, le
6 mars 1597.
Voilà bien la véritable date de la naissance du régiment,
qui porta successivement le nom de tous ses mestres de
camp jusqu'en 1762. Nous verrons, en effet, qu'en exécu-
tion de l'ordonnance royale du 10 décembre de cette
DU 15® RÉGIMENT d'lNFANTERIB 11
année, les régiments de gentilshommes (!) durent aban-
donner ces désignations trop personnelles pour prendre le
nom d'une province. C'est ainsi que Boisgelin reçut le
nom de Béarn, déjà porté avant lui par deux régiments
disparus.
Au dédoublement du 11 juin 1776, les l«r et 3<» bataillons
conservèrent le drapeau et le nom de Béam, tandis que les
2® et 4^ bataillons formèrent le régiment d'Agenois. L'an-
née suivante (1777), une nouvelle ordonnance royale assi-
gnait au régiment de Béarn le 15^ rang dans l'ordre de
bataille.
Enfin, le i^^ janvier 1791, par suite de la suppression des
noms de province, la seule désignation qui lui resta fut
celle de 15® régiment d'infanterie.
Remarquons que, pendant toute la période de la Monar-
chie, le régiment avait et conserva le pas sur la plupart
des autres troupes françaises ou étrangères qui consti-
tuaient l'armée royale. Car, non seulement Balagny se
piquait d'être le plus ancien des régiments de gentilshom-
mes, mais il s'honora aussi de prendre rang, plus tard,
dans cette élite des vieux corps qui marchaient en tète de
toute l'armée, fiers de leurs traditions et de leurs servi-
ces, et réclamant partout, comme un privilège ou comme
un droit, le poste le plus dangereux dans les sièges et sur
les champs de bataille. Ils étaient douze qui avaient con-
quis et qui maintenaient comme un titre de noblesse leur
droit d'être appelés vulgairement les Vietu: et les Petits-
Vieux (2). N'a pas qui veut l'honneur de ces sobriquets
(1) Ainsi nommés, parce qu'ils portaient le nom de leurs colonels.
L'ordonnance du B novembre 1715 fixa le prix des régiments d'in-
fanterie ainsi qu'il suit : 65.000 livres pour les Vieux, 55.0001ivres pour
les Petits- Vieux, 50.000 livres pour les autres corps créés ayant 1684
et 40.000 livres pour les autres.
(2) Les six Vieux étaient : Picardie, Champagne, Navarre, Piémont,
Normandie, la Marine.
12 HISTORIQUE
illustres, de ces héroïques familiarités qui sont la consé-
cration populaire de la gloire. Aussi, n'est-on pas surpris
de voir constamment les plus grands seigneurs briguer
la faveur de marcher à la tête de ces corps d'élite.
Lorsque, à la fin du xviii® siècle, la Révolution française
bouleversa tout Tordre social, elle détermina aussi de
nombreuses modifications dans l'armée.
C'est ainsi qu'à la réforme de l'an II le 15« régiment
d'infanterie dut concourir à la constitution des 29® et 30^
demi-brigades de bataille.
Mais, par suite des changements apportés dans l'infan-
terie parle décret du 18 nivôse an IV (8 janvier 1796), la
IS® demi-brigade de ligne fut formée de la 68® demi-bri-
gade de bataille et redevint, à l'organisation de l'an XII,
le nouveau 15« régiment d'infanterie, qui fut licencié
en 1815.
Enfin, l'ordonnance royale du 23 octobre 1820 recons-
titua définitivement le 15« régiment d'infanterie de ligne
avec trois bataillons delà 27® légion (légion du Finistère).
Depuis cette époque, le 15® n'a pas cessé de continuer les
glorieuses traditions de ses aînés.
Du rapide aperçu qui précède, il résulte qu'il n'existe
pas toujours de filiation bien établie entre tous les corps
qui ont successivement représenté le 15® régiment d'in-
fanterie.
Il nous parait donc logique d'adopter pour cet histori-
que la division suivante, qui correspond à trois phases
bien distinctes de l'existence du corps :
ir® partie, de 1595 à 1796;
Les six Petits-Vieux étaient : Rambures (Béarn), Nérestang (Bourbon-
nais), Du Bourg (Auvergne), Sault (Flandre), Vaubecourt (Guyenne) et
du Roi.
Il n'y avait que Rambures, Nérestang et du Bourg qui roulassent
pour le premier rang.
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 13
t
2« partie, de 1796 à 1815 ;
3® partie, de 1816 à nos jours.
La première partie concernera ce qu'on peut appeler la
période monarchique. Elle nous montrera le rôle glorieux
qu'a joué le régiment dans les armées royales, depuis sa
formation jusqu'à la création des demi-brigades de ba-
taille.
La deuxième partie nous retracera l'histoire de la 13®
demi-brigade de ligne, puis du nouveau 15® régiment
d'infanterie, depuis l'année 1796 jusqu'au licenciement
de 1815.
La troisième partie nous permettra de suivre le régi-
ment depuis sa reconstitution, en 1820, jusqu'à nos jours.
Enfin, l'appendice comprendra :
lo Une notice sur les uniformes et drapeaux du régi-
ment ;
2o La légende de la marche du régiment;
3<> et 40 Des pièces justificatives ;
5» La table des officiers tués ou blessés dans les diffé-
rentes actions de guerre ;
6^ La liste des colonels et leurs états de services ;
7^ La liste dés lieutenants-colonels ;
8<> Les états de services d'un certain nombre de mili-
taires du corps, choisis parmi les plus curieux ou les
plus dignes d'intérêt;
90 L'état du régiment à différentes époques.
(«606-1^96)
• Fnbert «n avait fait on ré«
(piment modèle • {Mémoire du
XVI r êiieu.)
11
HISTORIQUE
DU
15^ RÉGIMENT D'INFANTERIE *
PREMIÈRE PARTIE (1595-1796)
HISTOIRE DU RÉGIMENT
DE
Balagny (1595). — Rambures (1612). — Feuquières (1676). — Leuville
(1700). — Richelieu (1718). — Rohan (1738). — Grillon (1745). — La
Tour du Pin (1746). — Boisgelin (1761). — Béarn (1762]. — 15« régi-
ment d'infanterie (1791). —29* demi-brigado de bataille (1794).
Jean DE MONTLUC, marquis DE BALAGNY
(premier mestre de camp)
Comme nous Tavons vu plus haut, le régiment, formé
le 7 octobre 1595 par Jean de Montluc, marquis de Bala-
gny, maréchal de France, avait été admis à la solde du roi
le 6 mars 1597, en même temps que les régiments de
Nérestang et du Bourg, qui s'appelèrent depuis Bourbon-
nais et Auvergne, et auxquels il ne voulut jamais céder le
pas.
Pour mettre fin à cette longue rivalité, il ne fallut rien
moins que Tautorité de Louis XIV, qui prescrivit, en 1666,
un roulement de préséance entre ces trois régiments.
Malgré ses protestations, le major de Rambures dut se
soumettre au tirage au sort et prit lui-même, dans le*cha-
Hist. 15' 1
18 HISTORIQUE
peau du. grand roi, Tordre qui accordait au corps le pre-
mier rang pendant le second semestre.
Nous verrons, par la suite, que, si ces vaillantes troupes
se disputaient ainsi la priorité dans les honneurs, c'était
pour mieux affirmer leur droit de réclamer, le jour de la
bataille, leur place au poste le plus dangereux, c'est-à-dire
le plus glorieux.
A son origine, l'effectif du régiment, comme celui de
tous les corps de l'ancienne armée, subit une foule de
variations, suivant le besoin des multiples expéditions
entreprises ou soutenues par les rois de France. Nous
n'entrerons pas dans le détail de cette longue et fastidieuse
énumération. Il nous suffira de suivre nos aînés sur tous
les champs de bataille où le devoir les appelait, et nous
verrons qu'ils surent toujours s'y marquer une place
d'honneur.
Après avoir pris part à quelques opérations sans impor-
tance sur la frontière du Hainaut, Balagny fut réformé et
réduit à la compagnie de son mestre de camp (6 mai 1598).
Remis sur pied, le 3 avril 1600, pour aller combattre en
Savoie, il fut encore condamné à l'inaction, après la con-
clusion de la paix, en 1603.
Dàmien de MONTLUC, marquis DE BALAGNY
MESTRE DE CAMP (1603)
Pourtant, en 1610, le nouveau mestre de camp, Damien
DE MoNTLUC, marquis de Balagny (1), reçut l'ordre de
réorganiser son régiment pour une importante campagne,
préparée dans le plus grand secret, mais dont l'exécution
fut arrêtée par le triste et odieux assassinat du roi Henri IV
(1610).
(1) Damien ou Damian de Montluc, fils du maréchal de Balagnt, lui
succéda, en 1603, à la tête du régiment. Il périt d'une façon tragique,
le 9 avrU 1612, à l'âge de 25 ou 26 ans.
DU 15« RiODIENT D'INFANTBRIE 19
Mort de Balagny (9 avrU 1612).
En ces années troublées, les fins tragiques n'étaient pas
rares. Deux ans plus tard, on releva, rue Neuve-des-Petits-
Champs, le corps de Balagny, assassiné, dit -on, tué en
duel, peut-être, de la main de Puy-Morin.
Charles, marquis DE RAMBURES
MESTRE DE CAMP (11 avrll 1612)
Ce fut Charles, marquis de Rambures (1), qui remplaça
son malheureux beau-frère, Damien de Montlug, dans sa
charge de mestre de camp.
Prise du Blavet (1614).
Sous l'active et habile impulsion de ce vaillant capi-
taine, dont le nom, depuis Ivry, était devenu synonyme de
bravoure, le régiment sut bientôt s'acquérir la plus bril-
lante réputation. Lorsque Louis XIII vint à Nantes, en
1614, pour y tenir les Etats de la province, il y trouva le
marquis de Rambures à la tête de 2.000 soldats bien équi-
pés, (( dont il fut si content qu'il les chargea d'aller, avec
les gardes françaises, soumettre et démanteler la ville du
Blavet, foyer de rebelles toujours prêts à livrer leur port
aux Espagnols. » (2).
(1) Le marquis Charles de Rambures avait épousé Marie, fille de
Jean de Montluc, marquis de Balagny, et de Renée de Clermont d'Am-
boise (sœur du brave Busst d'Am boise).
Maréchal de camp, 19 mars 1625; chevalier des ordres du roi, 31 dé*
cembre 1619. Il mourut à Paris, le 13 Janvier 1633, à la suite de l'am-
putation du bras droit, qui avait été nécessitée par deux anciennes bles-
sures, reçues à la bataille d'Ivry et au siège d'Amiens.
(2) Histoire de llnfanterie, par Susane.
20 HISTORIQUE
Siège de CreU (1615).
Après ce succès, les vainqueurs du Blavet passèrent à
l'armée du maréchal de Bois-Dauphin, pour prendre part
au siège de Creil-sur-Oise (1615), et se rendirent ensuite en
Poitou.
Mais, Tannée suivante (1616), le régiment de Rambures
fut rappelé dans le Nord, où il eut la satisfaction de déblo-
quer Péronne, assiégé par le duc de Guise.
Puis, il alla moissonner de nouveaux lauriers à l'armée
de Champagne. Richecourt, Rocroy, Château-Porcien,
cédèrent successivement à nos armes. Enfin, après la
marche forcée du 1®^ avril 1617, Rambures se distinguait
encore, sous les yeux du duc de Guise, à la surprise des
faubourgs de Laon (1) et, un peu plus tard, au siège de
Rethel.
Attaque des Ponts-de-Cé (7 août 1720).
Retiré en 1619 dans l'évôch^ de Metz, sous les ordres du
maréchal du Plessis-Praslin, le régiment n'en rejoint pas
moins, le 4 août 1620, l'armée du roi dans la plaine du
Gros-Châtaignier, près de la Flèche, pour se trouver, le 7,
à l'attaque des retranchements des Ponts-de-Cé (2).
Prise de Saint-Jean-d'Angély et de Bergerao (1621).
Au mois de juin suivant (3-23 juin 1621), Rambures
s'unit à Navarre pour assiéger et réduire la place de Saint-
(1) Le duc do Guise surprend un corps d'infanterie de l'armée des
princes et le force à abandonner précipitamment les faubourgs de
Laon.
(2) Bien que cette assertion soit appuyée par M. de Roussel, nous n'a-
vons aucune preuve de sa véracité.
Dans les relations que nous avons pu consulter au sujet de cette
affaire, nous n'avons rien vu qui puisse témoigner de la présence {du
régiment à ce combat.
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 21
Jean-d'Ângély (1) ; puis il termine sa victorieuse campagne
par la prise de Bergerac, dont le gouvernement est donné
à son mestre de camp. C'est là que le régiment devait tenir
garnison jusqu'à la paix de Montpellier (19 octobre 1622).
Mais il fallut bientôt aller au secours du duc d'Elbœuf, en
Basse- Guyenne. Cette mission lut confiée au marquis de
R'ambures, qui partit à la tète de 300 hommes de son régi-
ment et de 500 soldats de Piémont.
Opération en Baste-Guyenne (janvier 1622).
Attaqués le 31 janvier 1622, à trois heures du matin, par
les troupes du marquis de la Force, nos 800 braves soutin-
rent le choc avec la plus grande valeur et restèrent maî-
tres du champ de bataille, que l'adversaire dut abandon-
ner après avoir perdu 300 hommes (2).
Ce brillant succès permit à Rambures de revenir à Ber-
gerac, qu'il n'allait pas tarder à quitter. En 1624, nous le
rétrouvons à Saint-Maixent, et. Tannée suivante, en Pi-
cardie.
Pendant ce temps, de graves événements se préparaient
dans l'ouest. Le cardinal de Richelieu était déterminé à
poursuivre, par tous les moyens possibles, la réalisation
de son vaste programme politique, qui comportait, tout
d'abord, l'écrasement de la puissance protestante dans le
royaume de France. L'entreprise n'était pas sans difficul-
tés, car les Anglais paraissaient également décidés à sou-
tenir énergiquement d'aussi précieux alliés, qui comptaient
à leur tête des seigneurs considérables, comme le duc de
Rohan et le marquis de la Force.
Quand le roi fut certainflue la guerre allait recommencer
avec l'Angleterre, il donna l'ordre (1®' avril 1627) de porter
à 100 hommes l'effectif de toutes les compagnies des corps
entretenus.
(1) Ce siège coûta la vie au lieutenant Néaumer.
<2) Annales de France, par de Serre.
82 HISTORIQUE
Jean DE RÂMBURES
IIB8TRB DE CAMP (^ mal 1687)
Quelque temps après, le régiment de Rambures, qui
venait de passer sous le commandement de Jean Y de Ram-
bures, seigneur DE Dompierre(I), reçut Tordre d'aller re-
joindre à Marans les troupes qu'y concentrait le duc d'An-
gouléme.
Siège de la Roohelle (10 aodt 1627-16 octobre 162S).
Puis, dans la nuit du 9 au 10 août 1627, cette armée levait
son camp pour venir s'établir devant La Rochelle, dernier
boulevard de la religion réformée. Rambures et Piémont
furent chargés de garder l'embouchure du canal qui relie
la ville à la mer. Le régiment, cantonné à Angoulin, dut,
dès son arrivée, construire, à la pointe de Coureilles (2), une
batterie de six pièces, qu'il servit durant tout le siège. *
Cependant le marquis de Toiras étant vivement pressé
dans l'île de Ré, le roi décida qu'on tenterait une descente
dans cette île. Le maréchal de Schomberg eut le com -
mandement de cette expédition. Le régiment fournit un
détachement de 400 hommes (sous les ordres de son mes-
tre de camp) à l'armée de secours qui débarqua, le 7 no -
vembre, près du fort de la Prée (île de Ré) (3).
Après avoir opéré sa jonction avec les troupes de Toi-
(1) Jean de Rambures, précédemment capitaine au régiment, succé-
dait à son père (25 mai 1627), Charles, marquis de Rambures, nommé
maréchal de camp depuis le 19 mars 1625.
(2) A l'embouchure du canal.
(3) Le détachement de Rambures comptait 4 capitaines, 4 lieutenants
et 4 enseignes, donc quatre compagnies.
L'armée de secours se composait de détachements des Gardes, de
Piémont, de Navarre, de Ghappes, d'Estissac, de Rambures, de Beau-
mont, du Plessis-Praslin, de la Meilleraie, de Gacé, de Vaubecourt et de
Riberac.
DU 15® RiGIMENT d'iNFANTERIE 23
ras (1), le maréchal se dirigea sur la Couarde, précédé
par deux bataillons des Gardes, qui formaient Tavant-
garde (2).
L'ennemi présenta la bataille ; mais Scbomberg refusa
rengagement, croyant plus avantageux d'attaquer les An-
glais dans leur retraite.
Les faits lui donnèrent raison. Le lendemain, en efiet,
nos adversaires voulurent regagner leurs vaisseaux. Ils
commençaient  traverser le canal de Loix lorsqu'ils furent
si brusquement et si vivement abordés que leur cavalerie ,
culbutée sur Tinfanterie, vint s'embourber dans les marais
et qu'ils durent se replier en désordre,, abandonnant sur
le champ de bataille 40 drapeaux, tous leurs canons et,
pour le moins, 1.500 hommes.
Continuation du tiège de La Rochelle.
Débarrassé des Anglais, Richelieu entreprit de complé-
ter l'investissement de La Rochelle en fermant le port par
une digue. Les troupes furent chargées de mener à bien
cette œuvre gigantesque.
Le prix du travail fut réglé de façon à.procurer à chaque
homme un gain moyen de 20 sols par jour. Les soldats
étaient payés toutes les semaines et recevaient gratuite-
ment le pain (3).
Nos braves régiments supportèrent avec une admirable
constance toutes ces fatigues, rendues plus pénibles encore
par les rigueurs de l'hiver.
(1) Le marquis de Toiras commandait le régiment de Champagne
depuis la mort (1624) du mestre de camp Arnaud. Ce régiment tenait
garnison dans Tlle de Ré, dont il avait la garde. (Histoire de l'ancienne
infanterie française ^ par Susane.)
(2) Deux bataillons des Gardes formaient Tavant-garde. Champagne
et Navarre s'avançaient en arrière et à droite; Piémont, en arrière et
à gauche ; Rambures, au centre ; les autres corps, en seconde ligne.
(3) La ration comportait deux pains de 12 onces (un quart de farine
de seigle, trois quarts de froment sans blutage). (Histoire de Vin fan-
terie^ par le lieutenant-colonel Belhomme.)
24 HISTORIQUE
Outre les gardes et travaux de la digue, les hommes
étaient exercés le plus souvent possible (1) (2).
C'est à cette époque que Fabert vint de Bordeaux pour
prendre possession de sa charge de sergent-major (3) du
régiment de Rambures. 11 se mit de suite à Tœuvre et s'ac-
quitta si consciencieusement et si intelligemment de ses
nouvelles fonctions que Rambures eut bientôt éclipsé
Champagne, réputé jusqu'alors le meilleur manœuvrier(4).
« Fabert en avait fait un régiment modèle ». On répétait
partout que jamais troupe n'avait été ni mieux exercée ni
plus disciplinée.
On ne nous reprochera pas de nous arrêter un instant à
l'étude de cette grande et noble figure, qui s'offre à nous
dans l'histoire comme un modèle accompli de toutes les
vertus qui font le citoyen, le soldat, l'homme du devoir. Car
on ne saurait jamais assez connaître, assez honorer celui
que la reine Anne d'Autriche disait être « le plus grand
homme de bien du royaume » et dont le caractère antique
fait honneur, non seulement à son régiment et à sa patrie,
mais, on peut le dire, à l'humanité tout entière.
(1) De ce blocus date la disparition de l'arquebuse. Il ne resta dans
les régiments que des piquiers et des mousquetaires, à raison de trois
mousquets pour sept piques.
(2) Dès le mois de novembre, le cardinal avait demandé aux grandes
villes une fourniture de vêtements pour les troupes ; or, comme chacune
de ces villes envoya un lot d'étoffes de couleur particulière, chaque ^
régiment se vit affecter un de ces lots et se trouva provisoirement
pourvu de costumes de nuance uniforme.
(3) La charge de sergent-major correspondait, à peu près, à celle des
adjudants-majors de l'armée moderne, avec assimilation au grade de
capitaine. Le sergent-major assistait le mestre de camp et aidait le
sergent de bataille pour le tracé des lignes.
(4) Remarquons que Champagne gardait cette brillante réputation'
depuis qu'il avait été commandé par le brave mestre de camp Arnaud.
DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTERIE 25
ORIGINE DU MARÉCHAL DE FABERT
Abraham Fabert, qui devait écrire son nom en carac-
tères si brillants dans les annales de son temps, naquit à
Metz, le 11 novembre 1599. Il était le second des dix enfants
issus du mariage d'Abraham Fabert, seigneur de Mou-
lins (1), maître échevin de Metz, imprimeur juré de la ville
et du conseil, chevalier de Tordre de Saint-Michel, et de
Anne desBernards d'Allamont. Son père, qyii réservait pour
son aîné, François, les dignités et fonctions paternelles,
destinait le cadet au service de l'Eglise; il nourrissait
l'espoir qu'avec la haute protection du duc d'Epernon, le
fils du maître échevin Fabert pourrait facilement obtenir
un canonicat de. la cathédrale de Metz. Or, c'était un état
fort enviable que celui de membre de ce noble et riche cha-
pitre. Mais il fallait, pour en apprécier les charmes, une
certaine vocation pour l'état ecclésiastique, et c'était une
vocation tout autre qui, dès le premier âge, s'était mani-
festée chez l'enfant. Servir le roi de France était sa suprême
ambition.
Enfance de Fabert (15 février 1603).
Le premier trait que nous pouvons relever au sujet de
notre futur maréchal de France, est un trait enfantin, qui
appelle le sourire. Nous le voyons figurer, lors de la venue
d'Henri IV à Metz, en 1603, les armes à la main, dans les
rangs de la compagnie de jeunes enfants qui, sous le nom
de compagnie du Dauphin, présentent les armes au roi
dans le champ à Seille. Oui, le dernier des 120 petits soldats
qui représentent l'avenir de la bourgeoisie messine, c'est
Abraham Fabert, âgé de 3 ans et 3 mois. 11 est habillé,
(1) Abraham Fabert, auquel Henri IV avait conféré, en 1610, des
lettres de noblesse, conçues dans les termes les plus honorables, était
né en 1563, de Dominique Fabert, directeur de l'imprimerie ducale de
Nancy, et de Florentine de Fulaine.
26 HISTORIQUE
comme ses jeuneji camarades, de tafietas blanc rayé d'argent,
les souliers, les bas et les attaches de même couleur; sa
coiffure est une toque de velours noir, à cordon d'argent;
11 porte au côté une épée dorée, dans la main une javeline
argentée, dont le fer a la forme d'une fleur de lis. La reine,-
qui prit tant de plaisir à voir ces soldats en miniature et
les fit défiler deux fois devant elle, remarqua peut-être ce
petit parmi les petits, qui fermait gatment la marche. Elle
ne se doutait guère que ce minuscule compagnon serait un
jour un des plus illustres serviteurs de son fils.
Après avoir pSissé plusieurs années sur les bancs des
écoles, le jeune Abraham se rend cette justice a que de sa
vie, il n'a entendu un mot de latin ». La lecture des romans
de chevalerie, ou plutôt celle des antiques chansons de
geste, était son occupation favorite. Son enthousiasme
pour le métier des armes grandissait de jour en jour, au
grand détriment de son goût pour les honneurs ecclésias-
tiques.
Son père, désespérant de vaincre son entêtement, voulut
le détourner de ses aspirations guerrières en obtenant pour
lui la survivance du beau et fructueux privilège attaché au
titre (( d'imprimeur juré de la Cité ». Mais cette habile
combinaison n'eut d'autre résultat que celui de déterminer
notre jeune héros à brusquer sa décision, à un âge où les
vocations les plus déterminées ne vont pas ordinairement
plus loin que les projets et les rêves.
Un incident fortuit vint encore surexciter son goût pour
la profession des armes. En 1613, le duc d'Epernon obtint
pour son fils, le marquis de la Valette, la survivance du
gouvernement de Metz. Les Messins, voulant témoigner leur
attachement au duc, résolurent de faire le plus brillant
accueil à son fils.
Toutes les milices prirent les armes, et le jeune Fabert
reçut le commandement d'une compagnie d'enfants de 10 à
15 ans, vêtue aux couleurs de la maison d'Epernon (1).
Prenant son rôle au sérieux, le chef de cette troupe juvé-
(1) Chausses rouges, pourpoint blanc, bas verts.
DU 15* RÉGIMENT D'INPANTERIE 27
nile, âgé lui-même de 13 ans, réunissait chaque jour ses
jeunes camarades pour les exercer à bien manœuvrer.
Les fêtes terminées, il ne put se résoudre à abandonner
ses armes et vint offrir ses services au lieutenant de Cam-
pagnol, commandant une des deux compagnies des Gardes.
On imagine facilement la surprise et le mécontentement
du maître échevin, qui voulut immédiatement faire ren-
trer la nouvelle recrue à la maison paternelle. Mais M. de
Bonouvrier, lieutenant du duc d'Epernon, parvint à calmer
l'irritation du père et obtint de lui qu'il respectât une voca-
tion si fermement accusée.
Fabert cadet au régiment det Oardet.
C'est ainsi, qu'en dépit de tous les obstacles^ Abraham
Fabert devint cadet au régiment des Gardes. Il y demeura
de 1613 à 1618, s'y faisant aimer de tout le monde et se
montrant un modèle de zèle et d'exactitude dans l'accom-
plissement de ses devoirs.
Enseigne dans Piémont.
Les excellents services et la haute intelligence des choses
militaires, dont il donnait chaque jour des preuves, furent
récompensés, en 1618, par le grade d'enseigne au régiment
de Piémont, alors en garnison à Verdun. Après avoir été
envoyé à Metz, pendant les troubles, Fabert rejoignit l'ar-
mée du roi en Poitou et en Saintonge et prit part ensuite
au siège de Montpellier, où ses travaux et sa belle conduite
lui valurent les compliments du roi (1).
Pourtant le futur maréchal devait connaître aussi toute
l'amertume des déceptions et des mécomptes provenant de
l'imperfection de la justice humaine. Car, ayant été appelé
trois fois au commandement d'une compagnie dans le régi-
ment provisoire du chevalier de la Valette (2), il se retrou-
(1) Campagnes de Fabert, par P. Barre.
(2) FiU naturel du duc d'Epernon.
28 HISTORIQUE
vait encore, api^^s le licenciement de ce corps, enseigne au
régiment de Piémont. Ecoutons à ce sujet le colonel Cul-
mann(l).
(( Ceux, dit-il, qui ont vécu de cette vie de privations
continuelles que Thomme de guerre s'impose, ceux qui^ à
l'exemple du héros messin, mettent toutes leurs jouissances
à remplir leurs devoirs militaires, à courir au-devant du
danger, à s'y complaire, à se livrer aux travaux les plus
pénibles, à imposer un frein rigide aux passions vulgaires,
à n'en connaître qu'une seule, celle de la gloire, à l'exal-
ter au dernier degré, à lui sacrifier toutes les autres, mais
dans l'espoir légitime que ces nobles sacrifices auront leur
récompense, ceux-là seuls comprendront les tourments
que les passe-droits purent faire souffrir à Fabert ».
Par bonheur, d'Epernon, en sa qualité de colonel géné-
ral de l'infanterie française, put enfin consoler son excel-
lent serviteur : une charge de sergent-major étant vacante
dans le régiment de Rambures, par suite de la démission
du sieur d'Epinay, le duc la lui offrit.
Cette situation, que l'on pourrait comparer à celle de nos
adjudants-majors, était, comme grade, équivalente à celle
de capitaine ; mais les fonctions qu'elle imposait étaient
plus compliquées et chargeaient leur titulaire d'une assez
grande responsabilité. Fabert eût préféré le commande-
ment d'une compagnie ; cependant il ne crut pas devoir
refuser l'emploi qui lui était offort. Il servait depuis huit
ans avec le grade d'enseigne ; c'était un stage déjà bien
long (2).
Abraham Fabert, dont l'histoire va désormais se con-
fondre avec celle du régiment de Rambures, ne voulut pas
prendre possession de sa charge sans avoir demandé les
conseils de M. de la Hillière, brave officier, qui l'aimait
beaucoup et qui occupait le môme grade dans le régiment
des Gardes.
Fort des encouragements et des instructions de ce vieux
serviteur blanchi sous le harnais, notre jeune major rejoi-
(1) Discours à rinauguration de la statue de Fabert à Metz (1S42).
(2) Maréchal Fabert, par E. de Bouteillcr.
DU iS^ RÉGIMENT D'INFANTERIB 29
gnit son corps, où il se fit bien vite apprécier de la manière
la plus avantageuse.
Il apportait une véritable passion aux moindres intérêts
du corps et savait amener par Tardeur de son zèle les autres
officiers à servir, comme lui, avec toute la conscience et
l'abnégation qu'exige Taccomplissement des devoirs mili-
taires.
Le régiment de Rambures, gardant la batterie de Cou-
reilles, restait à Tétat de corps d'observation, privé de toute
occasion de {ft*endre une part brillante aux opérations du
siège (1). Malgré cette situation effacée et la modestie de
son caractère, Fabërt sut, en très peu de temps, se faire une
réputation exceptionnelle dans l'armée ; les maréchaux de
camp lui témoignaient une estime particulière et le citaient
comme le modèle des bons officiers. Son mestre de camp,
M. DE Rambures, lui portait une affection véritable, qui lui
était, du reste, cordialement rendue. Le roi lui même lui fit
l'honneur de le consulter plusieurs fois sur les meilleures
mesures à prendre pour mener le siège à bonne lin.
Sur ces entrefaites, le régiment de Rambures fut appelé
à renforcer l'armée de Condé et d'Epernon, qui ne pou-
vaient parvenir à soumettre les places calvinistes du Lan-
guedoc.
Mais, au bout de quelques semaines, la mission de
(1) Le régipient no fut cependant pas toujours maintenu dans Tinac-
tion. Un jour, lo cardinal ayant eu avis que le fort Tadon était négli-
gemment gardé, ordonna au marquis de Marillac (plus tard maréchal
de France) de prendre quelques compagnies des gardes et do Rambures
pour tenter la surprise de ce poste important. Malheureusement, les
Rochellois furent avertis à temps et nos troupes durent renoncer à leur
entreprilb après avoir subi des pertes sérieuses. {Histoire de l'ancienne
infanterie française^ par Susane.)
D'ailleurs, il ne faisait pas toujours bon à la batterie de Coureilles.
On en jugera par un exemple : « De tous les bastions de La Rochelle
partait un fou d'enfer. Un boulet vint à tomber à la pointe de Coureilles;
il y tua 5 hommes : les sieurs Defiriches, ordinaire de la maison du roi,
de Briqueville, Bourneuf, Berliffe, de Pienne et du Lac, ingénieur d'artil-
lerie. Le sang rejaillit sur le duc d'Angoulôme et sur le maréchal de
Schomberg. Ce fut un miracle que tous doux ne fussent pas tués. »
(Histoire du siège de La Rochelle, par Jurien de la (iravière.)
30 HISTORIQUE
d'Epemon étant remplie, Rambures revint au camp de
La Rochelle, pour assister aux dernières péripéties de ce
siège mémorable.
Le 28 octobre 1628, les héroïques défenseurs de la cita-
delle protestante, ayant perdu tout espoir d'être secourus
par les Anglais, durent ouvrir les portes d'une ville qui,
quelques jours plus tard, n'aurait été peuplée que de ca-
davres.
Fabert reçut l'honorable et douloureuse mission de pé-
nétrer le premier dans la place et de la recoifnaitre avant
que les troupes du roi en prissent possession. Il était, de
plus, chargé, chose douce à un cœur généreux comme le
sien, d'apporter les premiers secours à ces pauvres affamés.
Rien de navrant comme le tableau retracé par lui de la
misère en face de laquelle il se trouva (1).
Mais il y avait encore à redouter les menaces de la flotte
anglaise. Aussi, pendant que Jacques Dubois de Liège,
premier capitaine de Rambures, était nommé commandant
en second de La Rochelle, le régiment allait occuper le
fort de Tasdon et se rendait ensuite à Fouras, pour sur-
veiller les mouvements de l'escadre britannique (7 no-
vembre 1628).
CAMPAGNE D'ITALIE
A peine La Rochelle avait-elle ouvert ses portes au roi
qu'une grande partie de Tarmée de siège recevait l'ordre
de se transporter en Italie. Le régiment de Rambures était
du nombre.
La mort du duc de Mantoue donnait au cardinal de
Richelieu une nouvelle occasion de poursuivre la réalisa-
tion de son but suprême : l'abaissement de l'Espagfte.
En effet, lorsque notre allié Charles de Gonzague, duc
de Nevers, voulut prendre possession de son héritage, il
se vit disputer le Montferrat par le duc de Savoie, que
soutenaient les Espagnols.
Dès lors, le 14 janvier 1629, le roi de France, accom-
(i) Mémoires de Fabert
DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 31
«
pagné du cardinal, entrait en Italie, à la tête de ses trou-
pes, sans se laisser arrêter par les astucieuses négocia-
tions du duc de Savoie.
Combat du Pas-de-Suze (6 man 1629).
Trois mille Piémontais gardaient le passage des Alpes,
au Pas-de-Suze. Cette position, défendue par son escarpe-
ment naturel, avait encore été fortifiée par la construction
de trois retranchements successifs, hauts de 20 pieds et
munis de fossés profonds. La vaillance française eut
promptement raison de ces obstacles; mais il en restait
un à franchir, plus sérieux que les autres : c'était le fort
Saint-François-de-Saluces, bâti à droite du chemin, sur
un rocher à pic et presque inabordable.
Fabert, chargé par le roi de faire reconnaître les abords
de cette place, ne voulut confier à nul autre cette péril-
leuse mission. N'ayant amené avec lui que le fils de M. de
Vaubecourt, il ne revint au camp qu'après avoir fait sur
place un croquis détaillé indiquant toutes les dispositions
du fort et de ses environs.
Malheureusement, pendant son absence, le comte de
Nogent et le capitaine d'Orvilliers, jaloux de se distinguer
aux yeux du roi, obtinrent de Louis XIII l'autorisation de
brusquer l'attaque de front, que Fabert considérait comme
absolument impraticable.
Arrivant sur ces entrefaites, le major de Rambures fut
mis au courant de la question et s'en trouva fort piqué ;
mais il n'en fit rien paraître (1) et donna lui-même l'exem-
ple de la discipline en réclamant sa place à la tête du pre-
mier détachement, composé de 10 mousquetaires et d'un
sergent. Or, avant d'arriver au but, le sergent et 8 hommes
étaient déjà tués ou blessés. Le lieutenant, qui suivait avec
20 soldats, perdit la moitié de son monde et reçut une
balle dans l'épaule. La colonne d'attaque, décimée par les
projectiles et la chute des pierres, dut battre péniblement
(1) Nous empruntons ces détails au récit de Fabert lui-même. (Mé-
moires.)
32 HISTORIQUE
en retraite. On fut bien obligé de convenir que Fabert
avait raison de s'opposer à cette folle entreprise. Les sottes
paroles de Nogent avaient coûté cher au régiment de
Rambures. Quant au capitaine d'Orvilliers, il reçut trois
coups de mousquet dans ses habits et son chapeau.
Aussi le roi se rangea-t-il aux conseils du major de Ram-
bures (Fabert), qui préconisait un système de chemine-
ments vers les sommets voisins de la place pour y prépa-
rer contre elle une triple action simultanée.
Traité de Suze (11 mars 1629).
Mais, pendant les préparatifs, le duc de Savoie évacua
le fort ainsi que Suze et conclut un traité, d'après lequel il '
s'engageait à nous fournir des secours en Italie contre les
Espagnols.
Rien n'empêchait plus Louis XIII d'en finir avec les ré-
formés du Languedoc et de la haute Guyenne, encore une
fois soulevés par Henri de Rohan. La plus grande partie
des troupes françaises repassa les Alpes, sous le comman-
dement des ducs de Montmorency et de Schomberg, et, le
19 mai, le roi et son ministre se trouvaient avec l'armée
devant Privas, capitale du Vivarais protestant.
Attaque du 26 mai.
Louis XIII avait choisi son logement en face du point
d'attaque, afin d'être témoin de tout ce qui serait fait par
ses troupes. Après quelques jours de tranchée et de canon-
nade, on put donner l'assaut aux premiers ouvrages de la
défense. Le plus avancé était un ouvrage à cornes forte-
ment occupé. Le régiment de Picardie fut chargé de l'atta-
que du saillant de droite ; Normandie, de celui de gauche
et Rambures, de la courtine et de la demi-lune qui la
couvrait. Fabert, à la tête des enfants perdus, dirigeait
cette opération.
Rien ne peut résister à l'élan de ses volontaires, électri-
sés par son exemple et parla pensée qu'ils combattent sous
DU l0« RÉGIMENT D'iNFANTEUIE 33
les yeux du roi. Le major de Rambures parvient le premier
sur le rempart, écarte l'ennemi à coups d'épée et tient
ferme jusqu'à ce que ses soldats puissent le rejoindre.
Mais les vainqueurs trouvent devant eux un retranche-
ment intérieur bastionné et maçonné, dont le feu les fou-
droie (1). Il faut se mettre à couvert de ses coups. Fabeht,
qui a eu la cuisse traversée par une balle dès le début de
Tassant (2), donne rapidement le tracé d'un logement et
prend le premier la pioche pour le creuser. En quelques
heures, les volontaires sont à l'abri et travaillent, toute la
nuit, au chemin couvert qui se trouve terminé à la pointe
du jour. C'est alors qu'arrivent les troupes de remplace-
ment. Elles trouvent le vaillant blessé évanoui par la
perte de son sang et l'excès de la fatigue. Les chirurgiens
déclarent que sa blessure exige son envoi immédiat à Va-
lence. On l'y transporte en litière (3).
Malgré l'énergie de ses défenseurs, la ville de Privas fut
obligée de se soumettre, ce qui permit au roi d'entrer dans
les Cévennes. Le régiment contribua encore, celte année,
à la prise d'Alais. Richelieu avait atteint son but : la des-
truction de la puissance politique du parti protestant.
Aussitôt que Fabert put remonter à cheval, il rejoignit
l'armée. Louis XIII, qui n'avait point oublié son admirable
conduite, voulut que, tout en restant sergent major, il prit
rang de capitaine dans son régiment et commandât les
officiers de ce grade moins anciens que lui. Le marquis de
Rambures se chargea d'annoncer cette bonne nouvelle à
son cher convalescent.
Mais la droiture de Fabert s'effaroucha d'une pareille
faveur; il n'admettait pas qu'une modification aussi impor-
tante dans le service des officiers d'état-major de l'infan-
terie pût être adoptée sans le concours du colonel général
de l'arme, son révéré protecteur. « Comment, s'écria-t-il,
(1) Le régiment perdit ce jour-là le capitaine de Fouquerolles.
(2) Fabert bande sa blessure avec son mouchoir et a Ténergie de
rester à son poste jusqu'à la fin.
(3) Telle est sa faiblesse qu'il perd trois fois connaissance pendant le
trajet. (Maréchal Fabert, par E. de Bouteiller.)
Uist. !&• 3
34 HISTORIQUE
le roi croirait-il que, pour la vanité de prendre rang et de
monter parmi les capitaines, je perdrai le respect et la
considération que je dois à M. le duc d'Epernon? Il m'a
donné ma charge parce que la sienne lui donnait le pou-
voir de le faire et, au moyen de cette charge, qui n'est de
nulle importance, je laisserais ruiner la sienne qui lui
assure le droit de pourvoir aux charges de Tétat-major de
tous les régiments I Vraiment, le roi ne me traite pas en
honnête homme; il faut qu'il me croie un grand coquin
pour me faire une semblable proposition. ))(!).
Rambures lui représenta qu'il prenait les choses d'une
façon déraisonnable. En dépit de ces instances, l'entêté
major chargea son ami de refuser tout net la faveur qu'on
lui offrait. Le roi en fut, à juste titre, fort mécontent.
Reprises des hostilités aveo le duc de Savoie (1630).
Mais Tannée 1629 n'était pas terminée que Richelieu
reprenait le chemin de l'Italie. L'empereur, excité par
l'Espagne, avait sommé la France d'évacuer Mantoue et le
Montferrat. Pour répondre à cette insolence,' le cardinal
se mit en route, le 29 décembre 1629, avec les titres de
(( lieutenant-général, représentant la personne du roi, tant
dedans que dehors le royaume ».
Le régiment de Rambures faisait partie de l'expédi-
tion (2). Fabert, encore très sérieusement malade, et négli-
(i) Mémoires de Fabert^ page 20.
(2) On s'imagine volontiers que les corps de troupe n'avaient, à cette
époque, d'autres règlements que les prescriptions particulières de leurs
mestres de camp. C'est une erreur grossière dont on trouvera la
preuve dans cet extrait de l'Edit du io janvier 1629 sur le militaire :
(( Le soldat, par ses services, pourra monter aux charges et offices de
la compagnie, de degré en degré, jusqu'à celle de capitaine et plus avant,
s'il s'en rend digne.
)) Les officiers ne seront payés que lors des montres. Les troupes
toucheront la solde toutes les semaines.
» Pour le prêt, chaque compagnie sera assemblée au logis du capi-
taine. Chaque soldat sera appelé à tour de rôle, son signal vériOé et
sera payé en présence du commissaire à la conduite. La valeur du
DU 15® RÉGIMENT D*LNFANTERIE 3S
géant Tavis des médecins, vint réclamer sa place dans les
rangs des combattants. 11 retrouva chez Louis Xlll la plus
entière bienveillance. Le nuage qui s'était un moment
élevé entre eux n'avait pas laissé de traces.
L'armée royale, sous les ordres du maréchal de Créqui,
avait obtenu la soumission de la Savoie par la prise de
Pignerol et de Chambéry ; mais il restait quelques petites
places qui n'avaient pas ouvert leurs portes, entre autres
la Tour Carbonnières (ou Charbonnières) et Exiles (ou Les-
-guille).
Tandis que Champagne assiégeait la première, Rambu-
res devait enlever la seconde.
• Pendant une nuit sombre, Fabert alla seul opérer la
pain de munition sera retenue à chaque soldat, à raison d'un sol par
jour.
)) A l'étape il sera fourni, par Jour, au soldat : 2 livres do pain,
1 livre de chair et 1 pinte de vin, sans qu'il n'ait rion à payer.
» Mais, en garnison, les officiers et soldats devront acheter les vivres
au prix du marché du lieu.
)) Les capitaines seront tenus d'ôtre présents aux marches et sont
responsables des excès commis par leurs hommes.
» A la vue du quartier, le régiment se mettra en bataille, Jusqu'à
ce que les cantons des compagnies et les logements soient arrêtés.
» Le soldat ne doit entrer dans aucun autre logis que celui qui lui
est donné par l'étiquette.
» Le fourrier fera l'état des logis et le donnera au sergent-major.
» Dans le quartier, on mettra une garde au drapeau de chaque com-
pagnie.
» Le soldat a droit au logement, à un pot ou écucUe, un verre, une
place au feu et à la chandelle.
)) La garde durera jour et nuit, en temps de paix comme de guerre
pour exercer et discipliner le soldat.
» L'infanterie en garnison fera Texercice au moins une fois par
-semaine.
)) Le sergent-major y tiendra la main.
» Les bataillons manœuvreront sur dix et huit rangs, etc., etc.
)) Les appointements sont ainsi réglés : mestre de camp, 500 livres
par mois de trente-six Jours; sergent-major, 300 livres; aido-major,
iOO livres ; capitaine (d'une compagnie de 200 hommes), 300 livres ;
lieutenant, 100 livres; enseigne, 75 livres; sergent, 30 livres ; caporal,
20 livres ; anspessade, 17 livres ; tambour, 15 livres ; chacun des 100
plus vieux soldats, 12 livres ; les 37 cadets, 10 livres ; le chirurgien
15 livres; le fourrier, 15 livres. »
36 HISTORIQUE
reconnaissance de la position. Le fort était entouré d'une
ceinture de terre gazonnée descendant d'un côté vers un
précipice. Bien que la place fût très forte et la garnison
peu nombreuse, Tennemi avait eu Timprudence de n'y pas
mettre de sentinelle.
Le major descend dans le fossé, remonte le talus, esca-
lade la berme et le parapet et parvient, sans être vu, au
pied du donjon, qui était solidement gardé.
Le lendemain, notre héros fait donner Talarme par une
fausse attaque sur le front du château; puis, il se glisse,
avec une troupe munie d'échelles, par le chemin qu'il a
reconnu pendant la nuit et pénètre dans l'intérieur de la
place jusque sous les glacis du donjon.
Il fait alors rapidement construire une tranchée pour ses
hommes et un épaulement pour deux canons. Se voyant
menacé de si près, le gouverneur fait battre la chamade.
Fabert se rend à son appel et reçoit de ses mains le texte
de capitulation, dont les termes ridiculement emphatiques
eurent un immense succès d'hilarité lorsque le roi en prit
connaissance avec sa cour.
Sa Majesté combla d'éloges le marquis de Rambures (1),
son major et son régiment.
Prise de Pont-à-MafQré et du fort Saint-Michel.
Après avoir soutenu Champagne dans l'attaque de Car-
bonnières, quatre compagnies conduites par Fabert reçu-
rent la mission d'enlever deux fortins détachés, l'un ap-
pelé Pont-à-Maffré, et l'autre Saint-Michel.
Le premier, quoique avantageusement situé, se rendit
après avoir épuisé sa provision de poudre. Quant au se-
cond, Fabert ayant déclaré au gouverneur qu'il ne ferait
(i) Jcan*V, marquis de Rambures, un des plus vaillants et des plus
honnêtes hommes de guerre de son temps. En lui, bon sang ne pouvait
mentir, car il avait pour père ce glorieux soldat qu'on appelait le brave
Rambures, et pour mère Marie de Montluc, iillo du fameux maréchal
de ce nom.
DU 150 RÉGIMENT d'iNFANTERIE 37
pas de quartier à la garnison s*il avait un seul homme tué
ou blessé, il ne fit qu'un simulacre de résistance. La place
ne tira que des salves à poudre et capitula aussitôt que
rhonneur parut sauvé par cette inoffensive canonnade. Le
gouverneur ne voulait pas paraître avoir moins fait que
celui de Pont-à-Mafïré « qui n'était pas, disait-il, de si
bonne maison que lui », et auquel il ne voulait pas laisser
un avantage. Fabert fit bien rire le roi en lui racontant
cette histoire (1).
Pendant que l'armée assiégeait Montmélian, les régi-
ments de Rambures et de Picardie durent escorter le roi,
que la maladie forçait de rentrer à Lyon.
Mais, le 16 juillet, ces deux régiments repassaient les
Alpes, au Mont-Cenis, avec les troupes du duc de Mont-
morency et du marquis d'Effiat, qui devaient renforcer
le corps du maréchal de la Force à Pignerol.
Combat de Vegliana (10 Juillet 1630).
L'armée du duc de Savoie, commandée par le prince
Thomas, attendait les Français sur la forte position de Ve-
gliana (Veillane), dans le marquisat de Suze. Montmorency
et d'Effiat ne se laissèrent pas intimider par la redoutable
attitude de l'ennemi et donnèrent l'ordre à leurs troupes
de se mettre en mouvement à la première heure du jour.
Fabert, chargé selon l'usage de reconnaître le terrain,
avait remarqué un lieu dont l'importance stratégique l'avait
frappé.
C'était un espace découvert, en face de la montagne
occupée par l'ennemi, d'où l'on pouvait tenir ce dernier en
respect et couvrir le défilé de l'armée. Il avait demandé au
sergent de bataille que la défense de ce poste fût confiée à
Rambures (2).
(1) Mémoires de Fabert, page 22.
(2) Ce récit est emprunté au livre intitulé Le Maréchal Fabert diaprés
ses mémoires et sa correspondance, par E. de Bouteiller. C'est une
des plus belles pages de l'histoire du régiment. Nous n'avons pas cru
devoir en altérer le texte.
38 HISTORIQUE
Dès le commencement de Taction, il y mène deux compa-
gnies de mousquetaires commandées par les capitaine»
d'Orvilliers et de Bermont. Elles sont immédiatement
Tobjet d'une vive attaque. Après quelque temps de combat,
ces troupes, fort éprouvées et manquant de poudre, ont un
besoin pressant de renfort. Fabert en fait demander inuti-
lement : il part au galop pour aller le chercher lui-même ;
mais il ne trouve plus son régiment à sa place de bataille ;
il a été porté ailleurs par un maréchal de camp auquel il
court le réclamer sans en rien obtenir. Furieux d'un tel
contretemps, il repart à toute bride pour ramener en arrière
le premier détachement, incapable de tenir la place sans
secours. 11 le trouve en pleine retraite, par suite d'un échec
du régiment de Picardie qui a permis aux ennemis de le
tourner. Les soldats n'ont plus de munitions et les officiers
sont tous blessés.
M. DE Rambures, avec la compagnie du capitaine Hémont,
occupait une place voisine; à la vue de ce qui se passe,
craignant pour l'honneur de son régiment, il se précipite
avec ces 100 hommes pour ramener ses soldats. En même
temps, Fabert place de La vaux (ou de Lavause), son aide-
major, avec 23 mousquetaires (les derniers qui eussent un
peu de poudre), en un lieu abrité, pour arrêter l'ennemi.
Mais, au moment où tous deux essaient de rétablir quelque
ordre dans la poignée d'hommes qu'ils commandent, une
décharge des Piémontais met les soldats en fuite.
En les voyant abandonner ce chemin, dont il avait de-
mandé la défense comme un honneur, Fabert est au déses-
poir. Il crie à Rambures que son régiment est déshonoré,
que les^ troupes qui ne sont pas encore passées sont perdues
par suite de l'abandon du point confié à sa garde. La dou-
leurqu'il témoigne est telleque Rambures, homme d'ailleurs
d'un courage admirable, lui dit :
(( Au nom de Dieu I Que faut-il faire ? »
11 n'y avait plus, avec le mestre de camp et le major, que
HÉMONT, La VAUX, un brave sergent nommé Lenoble et 12
ou 13 soldats. Fabert répond :
« Il faut, l'épée à la main, chasser les ennemis.
— Allons I » dit Rambures.
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 39
Tous deux poussent leur cheval et les 13 hommes qui
sont avec eux les suivent. Les ennemis, en grand nombre,
mais dispersés, ne tiennent pas devant cette héroïque
folie. Us se troublent et reculent En même temps, le corps
principal du régiment qui a été placé par le maréchal
de camp sur une hauteur voisine, ne peut rester impas-
sible témoin de cette charge émouvante. Rien n'arrête
les soldats dans leur élan pour venir au secours de leur
colonel; en un instant, ils descendent, comme un tour-
billon, de la colline et viennent prendre part à l'action.
Les officiers soitt entraînés avec eux. Picardie se rallie et
vient se joindre à Rambures; Tennemi, bousculé, prend la
fuite dans le plus grand désordre et tout le terrain perdu
est bientôt reconquis. Il n'y a plus d'obstatle au passage
de rinfanterie.
Pendant ce temps-là, la cavalerie française, attaquée dans
une petite plaine par celle de l'ennemi, remportait sur
cette dernière une victoire complète. Le prince Doria était
fait prisonnier et un gros bataillon carré, attaqué par les
chevau-légers, se rendait sans résistance.
Les débris de l'armée piémontaise battaient en retraite
et l'armée victorieuse pouvait opérer sa jonction avec celle
qu'elle venait secourir (celle du maréchal de la Force).
Les généraux français, ainsi mis en situation de prendre
une vigoureuse offensive, allèrent sans retard assiéger Sa-
luées. Dès le premier jour, le faubourg fut enlevé, et Fabert,
marchant à la tête de la colonne d'attaque, reçut deux
balles dans son chapeau. ^
Le lendemain, chargé de garder avec son régiment un
poste voisin d'un passage par lequel on craignait de voir
le prince Thomas jeter des secours dans la place, il se trouva
incertain sur la distance où l'on pouvait sans danger dis-
poser les avant-postes. Pour s'en assurer, il alla, avec une
incroyable témérité, faire la reconnaissance des ouvrages
extérieurs et passa seul dans les lieux les plus périlleux,
sous le feu de l'ennemi. Puis il alla en rendre compte à Ram-
bures, lui expliquant les raisons pour lesquelles il conve-
nait de retirer tel poste et d'avancer tel autre.
Le mestre de camp, en officier consciencieux, lui répond
40 HISTORIQUE
qu'il va sur le terrain voir les choses de plus près avec lui.
Tout à coup, ce péril que Fabert a pour son compte affronté
avec tant d'indifférence, cette grêle de balles, au travers
de laquelle il a passé sans pâlir, vient frapper son esprit
de terreur, par la pensée que son chef, que son ami, peut
en être victime. Un pressentiment, dont il n'est pas maître,
l'avertit que, si Rambures s'y expose, quelque malheur
l'attend. Il faut, à tout prix, qu'il l'empêche d'y aller.
(( Je vous ai, ce me semble, lui dit-il, donné sujet d'avoir
confiance en moi, et vous pouvez sans crainte me laisser
disposer une garde. •
— Non, répond Rambures. Vous avez fait votre devoir
en allant inspecter toutes choses de près, et je ferai le mien
en les voyant avec vous.
— Excusez-moi, dit alors Fabert, mais je suis si fatigué
par cette marche de toute la nuit que je me sens incapable
de la recommencer.
— Je vous prendrai en croupe.
— Eh bien, dans quelques heures.
— Non, tout de suite. »
Il est impossible de résister davantage: les deux officiers
se mettent en route, l'un à cheval, l'autre à pied lui ser-
vant de guide. Ils font sans encombre une partie du trajet;
mais, arrivés à un certain point où il faut traverser une
vigne fort en vue de la place, Fabert sent son cœur se ser-
rer ; son pressentiment redouble et va jusqu'à l'angoisse.
(( N'entrons pas là-dedans, dit-il à Rambures; s'il faut
vous l'avouer, je me suis mis dans l'esprit que, si nous y
allons, il m'y arrivera malheur. Vous ne voudriez pas être
cause de ma perte.
— Si ce n'est que cela, dit Rambures, restez ici et j'irai
tout seul. »
En même temps, il met pied à terre et attache son che-
val à une branche. Le pauvre Fabert est forcé dans ses
derniers retranchements.
(( Eh bien I non, dit-il, je dois maintenant vous le dire, ce
n'est pas pour moi, mais pour vous seul que je tremble.
Puisse mon anxiété ne pas être justifiée ! »
Il prend les devants pour couvrir Rambures de son corps,
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 41
et ils montent jusqu'au sommet d*où ils ont les vues qu'ils
désiraient, puis se mettent à redescendre, Fabert marchant
cette fois en arrière, toujours dans la même pensée.
(( Eh bien I lui dit Rambures, vous n'êtes pas prophète :
vous voj^ez bien qu'il ne m'est pas arrivé malheur.
— Nous ne sommes pas encore hors de danger, répon-
dit-il, et ma crainte n'est pas passée. Dieu veuille qu'elle
soit vaine ! ))
A peine avait-il adressé ces paroles que les défenseurs
du fort leur adressaient une décharge de mousqueterie (les
vêtements blancs qu'ils portaient faisaient d'eux une cible
très apparente). Une balle passe entre le corps et le bras
gauche de Fabert, lui enlève deux bandes de passemente-
rie de son pourpoint et entre dans l'épaule droite de Ram-
bures, dont le sang jaillit aussitôt. Fabert est au désespoir;
il se reproche de n'avoir pas assez fait pour protéger ce
chef qu'il aime tant. Il le place sur son cheval et monte en
croupe derrière lui, pour le soutenir s'il était pris d'une fai-
blesse. Rambures, voyant sa douleur, lui dit de ne pas son-
ger à lui, sinon pour le mettre entre les mains des chirur-
giens ; et, que la meilleure manière de lui montrer son
amitié, c'est de faire donner son régiment avec vigueur en
son absence et d'ajouter à sa réputation.
Cette consolation fut refusée à Fabert. Après avoir remis
son cher blessé aux soins des médecins, il alla entendre la
messe pour demander à Dieu que ces soins fussent efflcaces.
Mais il venait d'éprouver une émotion trop violente pour
son tempérament encore imparfaitement rétabli; il s'éva-
nouit pendant l'office. Une fièvre intense se déclara avec les
symptômes les plus alarmants, et peu s'en fallut qu'il n'y
succombât. Le lendemain, il fut porté dans la ville, qui
venait de se rendre, et à la prise de laquelle son régiment
avait eu la part la plus brillante. Là, il resta plusieurs jours
entre la vie et la mort. Les remèdes réussirent enfin à
triompher du mal. Fabert ne voulut pas attendre la fin de
sa convalescence pour aller rejoindre le marquis de Ram-
bures, qui, guéri avant lui, venait de reprendre son ser-
vice.
42 HISTORIQUE
Pont de Cari^axL (7 août 1630).
Le régiment, toujours digne de son brave mestrede camp
et de son intrépide major, venait encore de se signaler de
la façon la plus brillante dans les sanglantes affaires des 6
et 7 août.
Les Savoyards, chassés du bourg et du château, s'étaient
retirés en arrière du pont de Carignan, qu'ils avaient rapi-
dement couvert par une demi-lune et quelques flancs. Le 7,
il fallut emporter ces retranchements. Pendant que le
maréchal de la Force tentait l'attaque de droite avec les
Gardes, Champagne et Piémont, 200 hommes de Picardie,
commandés parle lieutenant-colonel de Miraumont et sou-
tenus par 300 soldats de Rambures, craignant de se laisser
distancer, se jetaient audacieusement dans le fossé, péné-
' traient dans l'ouvrage en môme temps que leurs cama-
rades de droite et culbutaient l'ennemi, qui dut aban-
donner entre nos mains beaucoup de cadavres et de nom-
breux prisonniers (entre autres Dom Martin d'Arragon).
Il est à présumer que l'héroïque major, encore bien
affaibli, n'eût pas supporté les fatigues d'une nouvelle cam-
pagne, si la mort du duc de Savoie n'avait eu l'heureux
résultat d'amener la fin des hostilités.
Traité de Ratisbonne (16 octobre 1630).
Le traité de paix fut signé à Ratisbonne, le 16 octobre
1630.
Sur ces entrefaites, le capitaine de Bizemont, capitaine
dans Rambures, brave officier qui avait été blessé à Veglia-
na, vint à mourir des suites de cette blessure. Louis XIII,
voulant récompenser Fabert des éminents services qu'il
avait rendus pendant la dernière campagne, lui offrit le
commandement de la compagnie vacante, tout en conser-
vant les fonctions de sergent-major, qu'il remplissait avec
tant de distinction. De plus, afin de lever les scrupules qui
avaient déterminé le vaillant major à refuser une première
fois cette faveur. Sa Majesté s'entendit avec le duc d'Eper-
DU 15^ RÉGIMENT D*INFANTERIE 43
non pour prendre une mesure générale rompant avec la
règle, jusque-là suivie, qui rendait les fonctions de sergent-
major incompatibles avec le commandement d'une compa-
gnie. Ajoutons que le roi augmentait le prix de cette faveur
en donnant gratuitement à Fabert \€ commandement de
cette compagnie. Ce fut une occasion pour le nouveau capi-
taine de montrer la générosité de son caractère. Le due de
Saint- Simon lui dit, en effet, que le frère de BizEMONT,chevau-
léger de la garde, avait fait supplier le roi de lui accorder
quelque dédommagement pour le tort que faisait à sa fa-
mille la perte d'une compagnie, acquise autrefois au prix
de 7.000 livres. Le duc ajoutait que Sa Majesté lui saurait
un gré infini de gratifier ce gentilhomme de 100 ou 200
pistoles. Mais Fabert fit mieux encore en adressant au frère
de BizEMONT le montant intégra) de la valeur de la charge
et lui disant que c'était de la part du roi. Aussi, Louis XIII
fut-il très surpris de recevoir les remerciements de la fa-
mille de Bizemont, auxquels il ne se sentait nul droit. Plus
tard, ayant appris la vérité, Sa Majesté exprima haute-
ment son admiration pour le noble et généreux procédé du
capitaine Fabert (1).
Le nouveau capitaine de Rambures profita de la paix
pour aller à Metz mettre quelque ordre dans ses affaires.
Son séjour en Lorraine fut marqué par un heureux événe-
ment, qui devait enchaîner le bonheur à son foyer. C'est
au mois d'octobre 1631 qu'il épousa Claude Richard de
Clévant (2). Il résume ainsi le mérite de cette chère com-
pagne : « Sa personne valait infiniment ». Cependant
Fabert dut s'arracher bien vite aux douces joies de la
famille. Le duc Charles de Lorraine avait levé une armée
pour secourir l'Empereur, menacé par les rapides progrès
de notre allié Gustave-Adolphe.
(1) Maréchal Fabert, par E. de Bouteiller.
(2) Fille de Dominique Richard, seigneur de Clévant, capitaine prévôt
de Pont-à-Mousson.
44 HISTORIQUE
GUERRE CONTRE LE DUC DE LORRAINE (1631)
Première invasion.
En conséquence, le maréchal de la Force reçut Tordre
de s'avancer sur la Seille et d'occuper les places fortes de
C3 pays. Cette fois encore nous retrouvons le régiment à la
frontière menacée. Le siège de Moyenvic fut pour lui une
nouvelle occasion de se signaler.
Prise de Moyenyic.
Fabert, chargé par le roi de reconnaître la place, lui
adresse sans retard son rapport accompagné d'un plan
d'attaque. Puis, à la nuit tombante, il se met en marche, à
la tête d'un petit corps de troupe, de manière à se trouver,
dès le point du jour, aux portes de la ville. De sa personne,
il prend l'avance avec 5 hommes déterminés qui, déguisés
comme lui en voiturîers, sont munis de clous et de mar-
teaux et conduisent deux charrettes chargées de légumes.
Avant le lever du soleil, notre brave capitaine se pré-
sente devant l'une des portes, qu'on lui ouvre sans diffi-
cultés, au simple examen de la nature de son convoi. Sans
perdre de temps, Fabert et ses compagnons se mettent à
l'œuvre et, avant que la garde ait pu prévenir leur projet,
ils ont cloué le tablier du pont-levis aux traverses du pont
dormant, ce qui rend sa manœuvre impossible.
La colonne d'attaque pourrait donc pénétrer aisément
dans la place et surprendre la garnison. Pourtant, Fabert
ne voit rien à l'horizon. Une abondante pluie, tombée la
veille, a tellement détrempé les chemins que la marche est
devenue très difficile. C'est en vain que l'actif capitaine se
porte au-devant de la troupe, pour hâter son mouvement;
elle n'arrive qu'une heure plus tard et trouve le pont-levis
dégagé et la garnison sous les armes. On doit renoncer à
DU lo« RÉGIMENT d'iNFANTEHIE /45
surprendre rennemi, le coup est manqué. [1 fallut attendre
le reste de l'armée, avec son artillerie, pour entamer les
opérations d'un siège régulier qui dura une quinzaine de
jours. Les défenseurs, commandés par l'illustre Mercy,
obtinrent une capitulation honorable.
Traité de Vie (6 Janvier 1632).
Le 6 janvier 1632, le duc de Lorraine signait le traité de
Vie, qui livrait au roi l'importante place de Marsal. (( Mais
Charles de Lorraine s'était fait une loi de promettre tou-
jours et de ne tenir jamais; et c'est le seul engagement
auquel il s'est montré fidèle (1). »
Aussi, la violation du traité de Vie ramènera bientôt les
troupes françaises en Lorraine ; nous y retrouverons le
régiment de Rambures.
EN LORRAINE (JUIN 1832)
L'occasion ne se fit pas attendre. Le duc Charles ayant
renoué des intelligences avec l'Empereur et le roi d'Espagne,
Richelieu donna l'ordre aux maréchaux delà Force et d'Ef-
fiat de rentrer en Lorraine.
La prise rapide de Nomeny, Pont-à-Mousson, Saint-
Mihiel, contraignit Charles IV à signer un nouveau traité,
à Liverdun(26 juin).
Le roi put alors envoyer l'armée de la Force rejoindre
celle de Schomberg, pour opérer contre Gaston d'Orléans.
Quant au régiment de Rambures, il suivait le maréchal
d'Effiat, chargé de reprendre Trêves, où le chapitre et la
municipalité avaient appelé les Espagnols, contre la vo-
lonté de l'Electeur.
(1) Histoire de Lorraine, par Chénier,
46^ HISTORIQUE
Siège de Trêves (1632).
La mort soudaine du maréchal, à la Petite-Pierre, laissa
le commandement aux deux maréchaux de camp : le vi-
comte d'Arpajonet le comte de la Suze. Le premier marcha
droit sur Trêves, tandis que le second vint Ty rejoindre en
longeant le cours de la Moselle. Malgré la faiblesse numé-
rique de leur armée, ils résolurent de brusquer Tattaque.
Le vicomte d*Arpajon put, en cette circonstance, admi-
rer le zèle infatigable que déployait Fabert quand le régi-
ment de Rambures était de garde à la tranchée, traçant
des lignes à découvert et se multipliant partout pour accé-
lérer le travail.
Une nuit, les défenseurs de Trêves firent une sortie for-
midable, dont le principal effort fut supporté par le régi-
ment de Champagne. Celui de Rambures occupait alors la
tranchée.
Fabert demanda que son régiment se portât rapidement
entre la place et le point d'attaque, pour couper la retraite
aux ennemis ; m*ais on lui fit observer que la garde de
tranchée ne pouvait quitter sans ordres le poste qui lui
était confié.
Pendant ce temps, les Espagnols, refoulés par la vigou-
reuse résistance du régiment de Champagne, se voyaient
obligés de rentrer dans la place. C'est alors que le marquis
DE Rambures et Fabert, qui suivaient anxieusement les
différentes phases du combat, s'élancent à la tête de la gar-
de de tranchée, se jettent sur le flanc de l'ennemi et le
taillent en pièces.
Capitulation de Trêves (1632).
La place se rendait le lendemain, et le vaillant major de
Rambures recevait l'ordre d'en prendre possession et de
veiller à la sortie de la garnison.
Les bourgeois de la ville étaient exaspérés d'une reddi-
tion si prompte, alors que le corps de place était encore
intact.
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 47
Celui chez qui Fabert devait loger le lui fit bien voir, en
refusant de recevoir ses chevaux dans son écurie et même
de vendre du fourrage pour leur nourriture. Enfin, lorsque
le major rentra, vers minuit, après avoir disposé les gar-
des et tout préparé pour Tévacuation de la ville, il ne put
obtenir ni nourriture, ni literie et dut se reposer sur un
matelas jeté dans un vestibule. Sans insister, pour son
compte personnel, Fabert se vit obligé de forcer Técurie
pour y abriter ses chevaux, qui se morfondaient à la pluie.
Mais, le lendemain, il logea, à sa place, dans cette maison
inhospitalière, une partie de sa compagnie, qui dut faire
regretter à son hôte l'officier si désintéressé qu'il avait si
mal accueilli.
CAMPAGNE EN LANGUEDOC CONTRE MONSIEUR
ET MONTMORENCY (1652)
Après la prise de Trêves, le régiment dé Rambures reçut
Tordre d'aller rejoindre, en Languedoc, l'armée du maré-
chal de la Force, qui avait contraint le duc d'Orléans à
chercher un asile dans les places de cette province, dont
le duc de Montmorency se trouvait alors gouverneur.
Bataille du 1er septembre (1632).
Cette folle échaufïourée de Gaston devait se terminer par
la sanglante journée de Castelnaudary, où le maréchal de
Schomberg eut la bonne fortune de vaincre le brave Mont-
morency (1).
Une action particulière entraîna une bataille générale.
(1) Quoi qu'en disent certains auteurs, le régiment de Rambures n'a
dû assister qu'en spectateur à cette bataille. Car, pendant que Montmo-
rency était opposé à Schomberg, le duc d'Orléans avait envoyé le duc
d'Elbœuf contre le maréchal de la Force, qui se trouvait à une lieue et
demie, vers Saint-Martin-Lalande et Lasbordes. Or, Rambures était
sous les ordres de la Force.
48 HISTORIQUE
Le duc de Montmorency, voyant, dans une reconnaissance,
les enfants perdus de Schomberg tirer sur ses gardes, en-
gage le combat. N'écoutant que son ardeur, il s'élance lui-
môme sur les retranchements de Tarmée royale. Emporté
par sa bravoure, il franchit un fossé plein d'eau, suivi à
peine d'une douzaine des siens. Le régiment des Gardes
françaises est surpris par cette charge furieuse. Le capi-
taine de Lauzières a son cheval tué sous lui. Son fils le
croit mort, court pour venger son père et décharge son
pistolet sur le duc, qui a la gorge traversée. Montmorency,
entraîné par la chute de sa monture, se trouve à demi écrasé
sous le poids d'un cheval qui s'est abattu sur lui. Réduit à
l'impuissance, il est pris par les sergents Botillon et de
Sainte-Marie, de la compagnie de Saint-Preuil (1). La cap-
ture de Montmorency laissa son armée sans direction et
elle se dispersa.
On sait le reste : ni l'éclat des services, ni les vertus du
maréchal, ni le souveçir de ses triomphes ne purent fléchir
l'impitoyable rigueur de Richelieu.
Malgré les larmes de latjour et de presque toute la France,
la tète de cet illustre coupable, cette tête chargée de lau-
riers, échappée par miracle-.^au glaive des batailles, était
destinée à tomber, à Toulouse^, dans la cour du Capitole,
sous la hache des bourreaux. ^.
Pour punir un grand attentat, Richelieu voulait une
grande victime, et Montmorency fut frappé. Le sang du pre-
mier baron de France devait éteindre dans le cœur des
grands la dernière étincelle de la révolte et cimenter à
jamais l'autorité royale.
Quant au duc d'Orléans, il implora pour lui et les siens
(1) a Le duc de Montmorency montait un généreux cheval de poil
gris pommelé, gascon, tout couvert de plumes d'Isabelle et bleu, et lui
d'un simple corps de cuirasse et de son pot. Il portait deux pistolets, à
l'arçon de sa selle, accompagnés de deux épées larges et courtes et
d'une autre à la main droite ». {Histoire du Languedoc.)
a Que j'aurais fait une belle escarre ! disait l'infortuné duc, si ceux qui
étalent avec moi avaient voulu me suivre et me seconder !
— Oui, répondit un officier, si ceux que vous commandiez à Veillanc
n'eussent pas combattu contre vous. »
DU 15« RÉGIMENT D*INFANTERIE 49
la clémence du roi. Louis XIII, écoutant plus son cœur que
ses intérêts, n'eut pas la force de lui refuser sa grâce. Il ne
tarda guère à s'en repentir. La paix intérieure étant désor-
mais assurée, le régiment de Ram bures vint reprendre son
poste sur les frontières de Lorraine, où de nouveaux trou-
bles devaient bientôt lui donner de Toccupation.
NOUVELLE INVASION EN LORRAINE (1633)
Le duc de Lorraine, profitant de la mort de notre allié
Gustave-Adolphe, tué à Lutzen le 30 novembre 1632, re-
commençait ses folles provocations. M. de Saint-Chamond,
à la tête de 4.000 hommes, parmi lesquels figurait le régi-
ment de Rambures (1), recevait Tordre d'investir Nancy.
Fabert fut, comme de coutume, chargé de diriger Tin-
vestissement de la place et il y trouva une nouvelle occasion
de faire apprécier son mérite et son intelligence. Les sol-
dats de Rambures furent employés aux travaux d'approche
et eurent la bonne fortune de capturer plusieurs convois
qui tentaient de pénétrer dans les faubourgs.
Reddition de Nancy (24 septembre 1633).
Le duc Charles de Lorraine, effrayé par les succèS'de Tar-
mée royale, dut se résoudre à livrer Nancy, Bù le rôi fit son
entrée solennelle le 24 septembre.
Lors de l'occupation de la ville par les troupes victorieu-
ses, ce fut encore Fabert qui fut désigné pour rédiger un
règlement de police, destiné à contenir les soldats dans les
bornes d'une exacte discipline. Ajoutons que ces consignes
furent empreintes de tant de sagesse et d'humanité que leur
stricte application suffit pour éviter tout sujet de difficultés
avec les habitants, pendant tout le séjour des troupes fran-
çaises à Nancy.
(1) Le 17 mars 1633, le marquis Jean de Rambures était appelé aux
émlnentes fonctions de mestre de camp du régiment des Gardes. Son
frère François lui succéda dans le commandement de son régiment.
Hist. 15* 4
50 HISTORIQUE
Le roi, voulant témoigner toute sa satisfaction au vaillant
major de Rambures, l'amena avec lui à la cour pendant
que son régiment allait tenir garnison dans le Bugey (i).
NOUVELLE INVASION EN LORRAINE (1634)
Mais, dès Tannée 1634, le nouveau duc de Lorraine (2)
témoignait des intentions les moins pacifiques à notre
égard. En conséquence, le maréchal de la Force reçut Tor-
dre de s'emparer de Bitche et de la Mothe, les deux seules
places du duché qui ne fussent pas occupées par les Fran-
çais. Fabert rejoignit au plus vite le régiment de Rambu
res, appelé du Bugey pour renforcer Tarmée de Lorraine.
 la fin du mois de mai, la petite forteresse de Bitche se
rendait, après dix jours de tranchée ouverte. L'armée se
portait alors devant la Mothe, pour en faire le siège qui
commença le 5 juin 1634.
Prise de la Mothe (28 Juillet 1634).
Malgré la vaillance des défenseurs et Tadmirable cons-
tance des habitants, la place dut capituler le 28 juillet.
L'armée française était enfin maîtresse du dernier boule-
vard de cette i^ationalité lorraine, si digne de respect et de
sympathie, victime innocente et malheureuse de l'impru-
dence de son souverain.
n est bon que la postérité (3) sache, à la gloire du maréchal do la
Force qui commandait Tarmée, que ses soldats vécurent avec tant d'or-
dre que, dans les quartiers où ils étaient logés, à deux lieues à la ronde
et plus, le peuple vivait de même qu'en temps de paix : les femmes,
les filles travaillaient dans les rues à faire des bas, du fil ; les poules
(1) Pendant tout le temps qu'il vécut à la cour, Fabert ne voulut rien
toucher de ses appointements, tant il craignait que Ton crût qu'il avait
de l'attachement à ses intérêts.
(2) Le duc Charles avait abdiqué, le 19 janvier 1634, en faveur de son
frère le cardinal, qui épousa la duchesse Claude, sa cousine.
(3) Mémoires de Fabert, p. 34.
DU 1S« RÉGIMENT D'INFANTERIE 51
et les poulets se promenaient et les laboureurs faisaient leur ouvrage
de campagne Jusque sous la portée du canon de la place (1).
Nous retrouvons Rambures, à la fin de Tannée, en Artois.
Son ancien colonel, le marquis de Rambures, avait pré-
paré un hardi coup de main sur Arras, ville forte, impor-
tante, occupée par les Espagnols. Un habitant avait promis
de miner le rempart au moyen d'une <!ave qui y aboutis-
sait, en laissant seulement les parements extérieurs, qu'on
renverserait avec quelques coups de pioche, lorsque les
troupes seraient prêtes à tenter l'attaque.
Le marquis avait confié à Fabert la direction de cette
dangereuse entreprise.
Toutes les mesures furent arrêtées en attendant le retour
d'un sergent du régiment, qu'on avait envoyé pour se ren-
dre compte de la possibilité du succès. Malheureusement
le sergent fut découvert, condamné à mort et pendu. On
dut renoncer à la surprise (2).
Surprise d'Heidelberg (23 décembre 1634).
Quelque temps après, au mois de décembre 1634, Ram-
bures, sous les ordres du maréchal de la Force, prit part
avec Picardie, Piémont et quelques autres corps, à une
audacieuse expédition. Après avoir passé le Rhin sur la
glace (vis à'vis de Manheim), ces troupes se dirigèrent sur
Heidelberg, traversèrent les montagnes malgré tous les
obstacles de la nature et les difiicultés de la saison, et sur-
prirent les ennemis, qui croyaient les chemins imprati-
cables et se reposaient dans une trop confiante sécurité.
Sans donner à leurs adversaires le temps de se recon-
naître, nos braves soldats les dispersèrent, s'emparèrent
(i) Le fait est remarquable et bien honorable quand on songe que,
dans la plupart des guerres de ce temps, le pillage le plus éhontô et les
plus brutales violences étaient à l'ordre du jour.
(2) Tout le régiment ne semble pas avoir été destiné à cette expédi-
tion. Le fait n'est relaté que dans l'Histoire de Fabert, par E. de Bon*
leiller, p. 70.
52 HISTORIQUE
du château et chassèrent les Impériaux de la ville. Ils
regagnèrent ensuite la rive gauche du Rhin, en repassant
encore une fois le fleuve sur la glace.
C'est vers cette époque que Fabert fut pris par les Espa-
gnols, pendant qu'il étudiait un point d'attaque favorable
pour emporter la place de Thionville. Au bout de six mois
de captivité à Bruxelles, il eut enfin le bonheur d'être
remis en liberté en échange de Dom Juan de Menezès.
GUERRE DE TRENTE ANS (PÉRIODE FRANÇAISE)
(1635-1648)
L'empereur n'avait point désarmé. En 1635, il s'empa-
rait de Trêves, massacrait la garnison et faisait prisonnier
TElecieur, qui fut envoyé et enfermé en Belgique.
Louis XIII ne pouvait avoir une cause plus légitime de
déclarer la guerre à l'Espagne. Il le fait avec un cérémo-
nial majestueux, en indiquant à l'Europe les motifs de sa
rupture.
Dans les premiers mois de l'année, le roi met sur pied
100.000 hommes composant cinq armées*
l'rise de Spire (mars 1635).
Rambures, qui fait partie de l'armée d'Allemagne, se
distingue à l'assaut du faubourg de Spire (19 mars) (1) et
se dirige ensuite, avec le régiment de Piémont, sur Méziè-
res, où s'assemblait le corps du maréchal de Chàtillon.
Heureuse escorte d'un convoi.
Au mois de mai, le baron de Marlimont, capitaine au
régiment, chargé de conduire en France un convoi de cent
vingt chariots, avec une escorte de 400 hommes, prit de si
intelligentes dispositions que, malgré les attaques réité-
rées de 2.000 Lorrains, il les battit toujours et put parve-
- (1) Trois cents des assiégés périrent sur la broche; la ville se rendit
le 21.
DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 53
nir à destination sans avoir perdu ni un homme ni un cha-
riot (1).
Après avoir assisté à la bataille d*Avein (2), Rambures
retourne en Allemagne, à Tarmée de la Valette.
Le cardinal passe le régiment en revue et le trouve un
des plus beaux du royaume.
Il devait d'ailleurs l'employer partout, au siège de Ham-
bourg, à celui de Bingen (3) et enfin pendant sa fameuse
retraite de Mayence sur Metz.
Retraite de Mayence (septembre 1635).
Ce fut le 15 septembre que l'armée française, fatiguée
d'une longue et pénible campagne, entama cette marche
rétrograde, qui lui fît tant d'honneur et qu'on a pu com-
parer à la légendaire retraite des Dix-Mille.
Commencée à la vue d'une armée de 30.000 ennemis,
commandés par les plus fameux généraux de l'Empire, elle
s'effectua en dépit de tous les obstacles et malgré les con-
tinuelles attaques de la cavalerie croate sur les flancs et les
derrières des colonnes.
Le vendredi 23 septembre, comme le cardinal se portait
sur Messenheim, le vicomte de Turenne, qui commandait
l'avant-garde, se trouva tout à coup en présence d'un parti
ennemi de 4.000 cavaliers accompagnés de seize pièces de
canon et dirigés par le prince Casimir de Pologne et les
ducs de Gonzague et de Florence. La Valette envoie immé-
diatement contre eux un bataillon des Gardes et un de
Rambures, soutenus par quelque cavalerie et deux canons.
Les Impériaux, abordés avec un élan irrésistible, pren-
(1) Journal manuscrit du Cardinal de la Valette.
(2) Avein, village du Luxembourg où les maréchaux de Brézé et de
Cbâtillon battirent le prince Thomas de Savoie, qui voulait empêcher
leur jonction avec les troupes du prince d'Orange. Les Espagnols laissè-
rent sur le champ de bataille 4.000 morts, 14 canons, 900 prisonniers et 89
drapeaux.
(3) Place prise après huit jours de tranchée ouverte.
S4 HISTORIQUE
nent la fuite en abandonnant entre nos mains presque toute
leur artillerie et quelques prisonniers (1).
Mais on apprît, par ces* prisonniers mêmes, que Messen-
heim était déjà occupé par Gallas. Le cardinal se décida,
en conséquence, à se diriger plus au nord, vers Vaudre-
vange.
Enfin, le 28, ayant passé à gué les deux Nied, on arrive,
après des fatigues inouies, à Magny, dans la banlieue de
Metz.
Cette armée, dit le journal de J. Talon, avait achevé, en
quatorze jours, la plus difficile et la plus honorable retraite
qui se soit faite de nos jours.
Le régiment de Rambures est établi à Château-Salins, où
il demeure du i^^ au 26 novembre.
Pendant ce temps, le duc Charles et Gallas avaient ras-
semblé à Sarrebrûck les meilleures troupes de Tempire,
pour envahir la Champagne par la vallée de la Moselle.
Aussi, le duc de Weimar, le maréchal de la Force et le car-
dinal de la Valette concentrèrent-ils leurs armées entre
Nancy et Pont-à-Mousson, offrant à Gallas Toccasion d'une
grande et décisive bataille.
La rencontre n'eut pas lieu. Gallas voulut éviter une
action hasardeuse, dont les suites eussent pu lui être fa-
tales, et il s'enferma dans le camp retranché de Maizières-
Marimont (2), d'où il eût été presque impossible de le dé-
loger.
Cependant, la mauvaise saison faisait son œuvre et, le
20 novembre, on apprit que les Impériaux, ruinés par les
plus affreuses misères, reprenaient le chemin de l'Alle-
magne.
Le cardinal et Weimar résolurent de les poursuivre. Le
régiment de Rambures prit part à cette expédition et son
brave major fut chargé d'aller, avec le sieur de la Frise,
(1) L'armée de Weimar était réunie à celle de la Valette.
(2) Entre Lunéville et Sarrebourg, le camp de Maizières-lès-Vic était
défendu de deux côtés par Tétang de la Garde.
DU iS^ RÉGIMENT D'iNFANTERIE S5
lieutenant de chevau- légers , reconnaître le camp en'
nemi(i).
Cinquante maîtres et la plupart des gentilshommes de
la maison du cardinal leur servaient d'escorte.
Tous avaient résolu de faire main basse sur les traînards,
pour venger tant de Français massacrés par les Croates
pendant la retraite de Mayence.
Or, en arrivant au camp, ils trouvèrent les tentes encore
pleines de malades et de mourants et tous les chemins d'a-
lentour encombrés de soldats exténués de fatigue et de
faim.
« Tuons tous ces gredins-làl s'écrie quelqu'un.
— Silence, répond Fabert, on ne tue que les gens qui
ont les armes à la main ; vengeons-nous plutôt d'une façon
digne de notre nation I »
Pour répondre à ces nobles paroles, chacun voulut aban-
donner aux malheureux soldats les vivres qu'il avait
apportés ; on envoya chercher des chariots de pain, et Ton
fit transporter les malades au bourg de Maizières, où ils
reçurent les soins indispensables. Beaucoup de ces étran-
gers témoig^iërent leur reconnaissance, après leur réta-
blissement, en prenant du service dans les troupes fran-
çaises (2). .
Le 15 septembre de cette même année 1635 est une date
qui fait époque dans Texistence du régiment.
C'est alors que s'eflectua, en eflet, une importante modifi-
cation dans l'organisation de l'armée française : tous les ré-
giments d'infanterie (3), qui ne comportaient généralement
que quinze compagnies, furent uniformément constitués à
vingt compagnies, sauf le régiment des Gardes, troupe
d'élite et de réserve, qui fut porté à trente compagnies. Les
compagnies, groupées par six, formèrent des bataillons
sous le commandement du plus ancien capitaine. En outre.
(1) Journal de Talon, V" 20. Talon était secrétaire du cardinal de la
Valette.
(2) Maréchal Fabert, par E. de Boutelller.
(3) Entretenus en tout temps. Le régiment eut, un peu plus tard,
trente compagnies.
56 HISTORIQUE
les six Petits-Vieux reçurent le drapeau blanc, ce qui en-
traînait la création d'une compagnie colonelle.
Richelieu leur imposait en même temps un nom de pro-
vince. Le régiment de Rambures prit le nom d'Ile-de-
France, mais il ne semble pas l'avoir longtemps porté.
C'est aussi cette même année que Fabert reçut une
nouvelle récompense pour ses éclatants services. Le roi lui
donna la capitainerie du château d'Ennery, le gouverne-
ment de Baccarat et une compagnie de chevau-légers.
Voilà comment le vaillant capitaine abandonna le régi-
ment à la gloire duquel il avait tant contribué. Mais, il
devait poursuivre encore, pendant de longues années, cette
magnifique carrière, qui l'amena, plus tard, au faite des
dignités et des honneurs militaires.
Abraham, marquis de Fabert et d'Esternay, comte de
Sézanne, premier gouverneur, pour le roi, de la princi-
pauté de Sedan, maréchal de France, mourut le 17 mai
1662, entouré de l'estime publique et de la considération
générale (1).
CAMPAGNE D'ALSACE (1636)
En 1636, les places de Golmar, Schlestadt et Haguenau,
alors incapables de supporter un long blocus à cause de
l'insuffisance de leurs approvisionnements, étaient inves-
ties par les troupes de Gallas dont le quartier général se
(1) En 1842, les Messins élevèrent une statue à leur illustre compa-
triote. Le héros est représenté debout, la main sur la garde de son
épée. Sur le socle en pierre de taille est incrustée une plaque de bronze
portant Tinscription de nobles paroles où respire la grande âme du
patriote et du soldat. Au-dessous, son nom, et rien de plus.
Et, maintenant, la statue de Fabert est toujours à sa place. Un sou-
venir de plus lui est à jamais attaché. Aucun de ceux qui étaient à
Metz, dans' les derniers jours d'octobre 1870, n'oubliera jamais l'effet
que produisit, en ces jours d'angoisse, cette grande figure voilée de noir
et portant un drapeau tricolore à la main. Ce drapeau n'était pas, il est
vrai, celui sous lequel Fabert vivant avait marché ; mais c'était tou-
jours le drapeau de la France, de cette France qu'il avait tant aimée.
DU 15<» RÉGIMENT D'iNFANTERIE til
trouvait établi à Saverne. Il fallait, à bref délai, leur faire
parvenir des secours, si Ton ne voulait s'exposer à les per-
dre, elles et leurs défenseurs.
Le comte de Soissons et Weimar n'osèrent se charger
d'une entreprise aussi hasardeuse. Heureusement, le car-
dinal de la Valette s'offrit pour la tenter. On lui donna
1.600 chevaux et. 3.200 hommes, dont 1.000 Suédois. La
troupe française était composée des régiments de Rambu-
res, de Turenne et Uepburne (1). Fabert était chef d'état-
major.
C'est d'Epinal que partit le convoi formé de 600 chevaux
chargés de farine et de blé. Rambures formait l'avant-
garde. Il arrivait à Kaiseberg le 21 janvier 1636. Là, le
gouverneur du château put donner des nouvelles de M. de
Manicamp, commandant la place de Colnlar, qui se décla-
rait dans la plus extrême détresse (2).
Le corps expéditionnaire, précipitant son mouvement,
eut la bonne fortune de débloquer Colmar et de ravitailler
la ville et la garnison.
Quatre jours après, les mêmes troupes chassaient les
Impériaux du château de Guémar, grâce à la périlleuse
reconnaissance préalablement faite par MM. de Sus, de
Vantaux (3) et Fabert. Enfin, les deux autres convois purent
pénétrer heureusement dans les places de Schlestadt (4)et
Haguenau (5).
La tâche du cardinal était accomplie, la colonne revint
à Epinal le 16 février, puis, chacun regagna sa garnison.
Mais l'armée ne jouit pas d'un long repos. Gallas avait re-
pris ses quartiers après le départ des troupes françaises et
le blocus était redevenu plus étroit que jamais.
(1) Brave officier écossais, venu en France, où il avait formé un régi-
ment que le roi avait pris à son service. .
(2) Les gouverneurs de Colmar et de Kaiseberg communiquaient entre
eux, grâce à un épagncul appartenant à M. de Manicamp, qui portait
d'une place à l'autre des dépèches attachées dans son collier.
(3) Aides de camp du cardinal et amis de Fabert.
(4) Le gouverneur de Schlestadt était M. d'Hocquincourt.
(5) M. d'Aiguebonne commandait Haguenau.
58 HISTORIQUE
Le 21 mai, le cardinal se disposait de nouveau à entrer
en Alsace, en passant par Epinal et Sainte - Marie -aux-
Mines, tandis que Weimar devait attirer l'attention de
Tennemi en marchant sur Saverne, par Blamont et Phals-
bourg.
Le 3 juin, de la Valette se met en route avec un convoi
considérable, escorté d'une cavalerie nombreuse, de 3.000
fantassins (1) et de quatre régiments suédois sous les
ordres du comte de Nassau.
Après avoir emporté Saint-Dié et Sainte-Marie, battu les
Croates à Molsheim, le cardinal rejette Tennemi sur Sa-
verne, et, le 10 juin, fait rentrer l'abondance et l'espoir
dans la ville d'Uaguenau, réduite au dernier degré de mi-
sère (2). Enfin, le 14 juin, cette vaillante armée se remet en
marche pour se* rapprocher de Weimar, qui assiège Sa-
verne (3).
Un premier assaut avait été tenté, le 21 juin, dans des
conditions désastreuses. Le sièg« traînait en longueur ; il
fallait en finir.
Or, voici que le régiment de Rambures se propose pour
enlever la place, à condition qu'on mettra deux canons à
sa disposition et qu'on lui adjoindra 600 hommes pour
défendre la tranchée. On devine qui se charge de trans-
mettre cette proposition et d'en diriger l'exécution (4).
Prise de Saverne (14 juillet 1636).
D'ailleurs les soldats de Weimar veulent partager cet
honneur avec ceux de Rambures. Tous escaladent la mu-
(1) Dont 300 hommes du régiment de Rambures, car les régiments
n'avaient pas encore eu le temps de se remettre en état. Aussi le cardinal
n'avait-il pris dans chaque corps qu'un détachement de 300 soldats.
(2) Le duc d'Angouléme était venu, le 10, au-devant du convoi avec le
régiment d'Artois. (Voyez Essais sur les Régiments, par M. de Roussel.)
(3) Saverne était une ville séparée en trois parties, toutes trois ren-
fermées dans des enceintes. {Journal de Talon, p. 29.)
(4) Fabert, chef d'état-major. Il y fut blessé de trois coups de feu.
(Mémoire de Grammont, page 115.)
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 59
raille, s'avancent pied à pied, brûlent les maisons, établis-
sent des abris dans les décombres et se rendent maîtres de
Saverne, après trois jours de lutte corps à corps.
La capitulation de Saverne (14 juillet) détermina Gallas
à repasser le Rhin.
Jusqu'au 13 août, les deux partis restèrent en présence,
séparés par le grand fleuve. Strasbourg servait à tous deux
de centre commercial. C'était là que, de part et d'autre, on
allait acheter toutes les provisions dont on avait besoin.
« Dans la ville et les hostelleries se trouvaient ensemble des
gens des deux partis et l'on vivait sans querelles (1). »
Dévouement de Rambures. — Ordre et probité.
Mais il fallait de nouveau ravitailler Haguenau avant de
quitter l'Alsace. Les fertiles campagnes de la plaine of-
fraient une récolte toute prête à être recueillie. Ce fut une
nouvelle occasion pour les soldats de Rambures de donner
un magnifique exemple de patriotisme et de dévouement.
Au lieu de profiter du repos légitime qui leur était ac-
cordé, ces braves gens s'offrirent à faire l'office de mois-
sonneurs. Et voici qu'ils vont en bon ordre et en armes
s'installer dans un canton.Une partie des hommes est dis*
posée pour la garde. Les autres coupent, battent, vai^nent
le blé, le mettent en sac et le chargent sur des voitures
qui l'amènent le soir au magasin. Là il est mesuré et payé
aux propriétaires du sol. Suivant ce bel exemple, les
autres régiments y vont à leur tour et assurent ainsi l'ap-
provisionnement des' défenseurs de Haguenau et du reste
de l'armée d'Alsace (2).
Cependant, au mois de septembre, on apprend que le
duc Charles s'est emparé de Verdun, que Gallas a passé
le Rhin à Brisach, pour le rejoindre et que le prince de
Condé, contraint de lever le siège de Dôle, se retire sur
(1) Le maréchal Fabert, par E. de Bouteiller, p. 110.
(2) Histoire de Fahert, p. 110.
60 HISTORIQUE
Langres. Il faut à tout prix, sauver la Bourgogne. La mis-
sion en est confiée à La Valette. Le 22 septembre, le car-
dinal pénètre dans la plaine de Monsauge on, où Ton avait
signalé la présence des Impériaux.
L'armée ennemie s'était en effet portée jusqu'à Chamnite,
entre Gray et Langres. Gallas dissimulait sa marche en se
frayant des chemins à travers bois, pour éviter tout enga-
gement. Mais le cardinal le surveillait d'aussi près que
possible.
Le 20 octobre, informé que les Croates étaient établis à
Céfonds et jugeant cette position assez abordable, La
Valette résolut de les surprendre. A la faveur d'un épais
brouillard, il fit avancer ses troupes en trois colonnes con-
vergentes. Lui-même prit le commandement de l'attaque
sur Conflans, tandis que le duc de Weimar et le comte de
Rantzau (1) devaient aborder L'ennemi par deux autres
directions. Rambures marchait avec le cardinal. Le ré-
giment était précédé et éclairé par un peloton de 100
hommes.
Le succès fut complet. Attaqués de tous côtés à la fois,
les treize régiments croates ou polonais, qui se trouvaient
campés en cet endroit, furent culbutés, enfoncés, dispersés
de toutes parts. Leur camp, livré au pillage, fit tomber en
nos mains plus d'un millier de chevaux de combat. Malheu-
reusement, le régiment de Piccolomini, qui avait été fort
maltraité parla colonne du cardinal, fit avertir Gallas, qui
réunit desiorces imposantes pour arrêter notre poursuite.
Malgré son infériorité numérique, de la Valette se prépa-
rait à tenter la bataille quand il apprit la retraite de son
adversaire.
Ce premier succès devait assurer le salut de la Bourgogne.
Richelieu en garda toujours une grande reconnaissance au
cardinal de la Valette : « C'est lui, disait-il souvent, qui a
arrêté Gallas avec une poignée de gens. »
(l)Rantzau devint maréchal de France. II avait perdu à la guerre
un bras, une jambe, un œil, une oreille, si bien qu'on disait de lui : « Il
n'a rien d'entier que le cœur. »
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 61
Ainsi finit la campagne pour le régiment qui prit ses
quartiers d'hiver en Lorraine.
CAMPAGNE EN FLANDRE (1637)
En 4637, le régiment, sous son nouveau nom d'Isle-de-
Franee, est appelé à faire partie de l'armée du Nord, qui
se réunit à Château-Porcien à la fin de mai, sous les ordres
du cardinal de la Valette (1).
Après avoir contribué à la prise d'Ivoy et du (]âtelet,
Isle-de-France est employé au siège de Damvilliers. Nous
ne saurions mieux faire que de citer textuellement le pas-
sage de la Gazette de France (2) relatif à ce siège.
Le régiment de TIslerde-France, cy -devant Rambures, étant en garde
la nuit du 1" au 2 octobre, les assiégés firent une sortie et pénétrèrent
dans les travaux. Mais le lieutenant-colonel de Savelli, rassemblant
son monde, les repoussa bravement. Le capitaine de Sicham y fut blessé
d'une mousquetade à la tôte.
C'est à Ivoy et Damvilliers que le régiment prit ses quar-
tiers d'hiver jusqu'à l'année suivante.
Vers la fin de décembre, deux déserteurs du régiment
lorrain de Bronz viennent trouver Je colonel de Vallemont
du régiment de même nom, et lui disent que ce corps (de
Bronz), qui était à Moncantin, à 6 lieues de là, se gardait
mal et serait facilement surpris. Vallemont part dans la
nuit du 2 au 3 janvier 1638, avec 50 hommes du régiment
de Rambures et 350 hommes du sien, arrive près de Moncan-
tin à la pointe du jour, charge les soldats de Rambures de
garder toutes les issues et, pénétrant dans le bourg avec
300 hommes déterminés, dirigés par les capitaines de Lartez
(1) Cette armée comprenait sept régiments français et deux allemands,
et huit régiments étranger* de cavalerie. Le cardinal était assisté de
son frère, le duc de Caudale et des maréchaux de camp comte de Guiche,
vicomte de Turenne, marquis de Rambures.
(2) Le plus ancien et le premier des journaux français.
62 HISTORIQUE
et de la Rivière, il s'en rend maître et force la garnison à
demander quartier.
Parmi le butin se trouvait, dit la chronique, une belle demoiselle de
l'âge de 17 ans, fille d'un ofQcier lorrain ; mais la courtoisie française
la fit rendre à l'instant à ses parents, voire sans rançon, mais non sans
faire honte aux ennemis, qui ne rougissaient pas, quand ils le pouvaient,
d'exiger rançon jusque des enfants (1).
Année 1638
Pendant les premiers mois de Tannée 1638, le régiment
prend part à différentes opérations en Lorraine (2).
Il retourne ensuite en Picardie et se signale particulière-
ment au siège du Câtelet. Cette place, investie le 24 août
1638, fut prise d'assaut le 14 septembre parles troupes fran-
çaises. Le comte du Hallier (3), qui avait dirigé le siège et
conduit les colonnes d'attaque, ne put empêcher le massa-
cre d'une partie de la garnison qui ne se composait que
d'environ 600 hommes. On fit cependant quartier au gou-
verneur qui demeura prisonnier de guerre (4).
Année 1639
Le 1«' mai 1639, Rambures quittait le Câtelet, où il avait
passé l'hiver, pour retourner en Lorraine. Il se trouvait, le
26 mai, à l'investissement de Thionville avec la mission de
garder le parc d'artillerie. Le 7 juin, les Impériaux for-
cèrent les postes occupés par Navarre. Ils allaient pour-
suivre leur succès lorsque le marquis de Feuquières, informé
du danger, accourt au parc, rassemble à la hâte Picardie,
Rambures et Grancey et les établit en bataille derrière un
(1) V. Histoire de l'ancienne infanterie française, par Susane, article
« Isle-de-France », t. V.
(2) Histoire de Vancienne infanterie française, par Susane.
(3) Le comte du Hallier, connu plus tard sous le nom de maréchal
de L'Hôpital.
(4) Histoire de Vancienne infanterie française, par Susane.
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 63
ruisseau. Il était temps ; déjà deux bataillons ennemis s'élan-
çaient à Ta ttaque de cet important quartier. Mais nos braves
soldats les reçurent par un feu si nourri qu'ils durent se
retirer en désordre (1).
Deux autres bataillons, arrivant au secours des premiers,
furent encore plus mal reçus.
Bataille soui ThionTille (7 juin 1639).
C'est alors que toute Tarmée ennemie, conduite par Pic-
colomini en personne, tenta une troisième attaque. Nos
trois vaillants régiments, obligés de supporter à eux seuls
tout relïort de cette charge formidable, se montrèrent di-
gnes de leur glorieuse réputation. Cependant, après avoir
prolongé pendant plus d'une heure et au prix des plus
durs sacrifices une résistance à toute épreuve, ces troupes
héroïques, abandonnées par la cavalerie, sachant leur gé-
néral prisonnier (2), comprenant alors que leur dévoue-
ment ne pouvait plus rien sauver, se décidèrent enfm à
se retirer sous le canon de Metz, pour échapper à l'ennemi
et tâcher de réparer leurs pertes (3).
Lorsque, plus tard, Rambures eut reconstitué ses cadres,
il passa sous les ordres du maréchal duc de Châtillon, qui
lui procura une revanche en forçant Piccolomini à lever le
siège de Mouson.
ANNÉE 1640
La guerre durait depuis cinq ans sans donner de résultats
bien appréciables; Richelieu voulut porter un coup décisif
aux troupes impériales opérant dans le Nord.
Les maréchaux de la Meilleraye et de Châtillon, après
(1) Essais sur les régiments, par M. de Roussel.
(2) Le marquis de Feuqulères, blessé de deux coups de feu, fut fait
prisonnier et interné à Thionville, où il mourut le 13 mars 1640.
* (3) V. Essais sur les régiments, ^at M. do Roussel, et Histoire de
l'ancienne infanterie française, par Susano.
64 HISTORIQUE
avoir dérouté les Espagnols par quelques mouvements fic-
tifs, concentrèrent rapidement leurs forces devant. Arras,
avant que Tennemi ait eu le temps de renforcer la garni-
son.
La place fût investie, le 13 juin 1640, par 23.000 hommes
et 9.000 cavaliers. Le régiment de Rambures figurait dans
Tarmée du maréchal de la Meilleraye (1).
Le 9 juin, le cardinal Infant, réunissant ses troupes à
celles de Lamboy et du duc de Lorraine, s'établissait avec
cette armée de 32.000 hommes, à 2 lieues d'Arras sur le
mont Saint-Eloi. N'osant attaquer les lignes françaises, il
résolut d'afïamer Tarmée de siège en interceptant tous les
convois.
Le 23 juillet, pendant que les Espagnols tentaient une
furieuse attaque contre le maréchal de Châtillon, la Meille-
raye protégeait l'entrée d'un important convoi conduit et
escorté par les maréchaux du Hallier et de la Ferté, puis, il
se portait au secours de Châtillon et mettait les troupes espa-
gnoles en pleine déroute.
Le régiment de Rambures concourut à ce brillant fait
d'armes ; il se distingua encore d'une façon toute particu-
lière à la reprise du fort Rantzau, dont les Espagnols avaient
réussi à s'emparer. Mais ce fut surtout lé 27 juillet qu'il se
couvrit de gloire en s'emparant de la demi-lune, dont la
possession devait singulièrement hâter l'heureuse issue du
siège.
Prise d' Arras (9 août 1640).
Sept jours après, une mine ouvrait une large brèche dans
le corps de place et les assiégés demandaient à capituler.
Le 9 août, en effet, la garnison sortait avec les honneurs de
la guerre. La conquête de cet important boulevard espa-
gnol faisait le plus grand honneur à nos armes.
^1) Le régiment était établi derrière la Scarpe, entre Douai, Sailly et
Vitry. (V. Essais sur les régiments par M. de Roussel.)
DU 15<^ RÉGIMENT D*1NFANTERIE 65
On sait que cette place était réputée imprenable, si bien
que ses défenseurs avaient écrit sur une des portes :
Quand les Français prendront Arras,
Les souris prendront les chats.
En entrant dans la ville, les vainqueurs n'eurent qu'à
eQacer un P pour transformer ainsi Tancienne inscrip*
tion :
Quand les Français rendront Arras,
Les souris prendront les chats (1).
Année 1641.
Les grands succès de Tarmée royale n'avaient pas inter-
rompu les opérations en Artois. Il paraissait de toute né-
cessité d'entreprendre le siège d'Aire.
Siège d'Aire (1641).
En conséquence, les places avoisinantes reçurent des
approvisionnements considérables, pour que l'armée du
maréchal de La Meilleraye trouvât à sa portée tout ce qui
lui serait nécessaire.
Et, sur l'ordre de Richelieu, son favori vint investir la
place.
Dans ce siège meurtrier, Rambures sut se faire remar-
quer à côté de fameux régiments, tels que les Gardes-Fran-
çaises, les Gardes-Suisses, Picardie, Navarre et Champagne,
C'est lui qui parvint à pousser les travaux jusqu'au fossé
de la demi-lune, ce que les autres corps avaient inutile-
ment tenté.
(1) Histoire militaire des Français,
Hit. 15'.
66 HISTORIQUE
Prise d'Aire (1641).
L'énergie des défenseurs dut enfin céder devant la cons-
tance et la résolution de nos troupes et, le 26 juillet, après
quarante-neuf jours de tranchée ouverte, la ville consentit
à une capitulation honorable. Mais, à peine la place s'était-
elle rendue, que le cardinal Infant, renforcé des troupes
de Lamboy et du duc de Lorraine, reprenait une vigoureuse
offensive.
De la Meilleraye fut contraint à la retraite et les Espa-
gnols entreprirent à leur tour le siège de la ville à demi
ruinée.
Prise de la Bassée et de Bapaume (1641).
Après cette désastreuse affaire, le régiment fut employé
au siège de la Bassée et acheva la campagne par la prise
de Bapaume. Ces rapides conquêtes étaient bien faites pour
consoler de la Meilleraye de son précédent échec. Pourtant,
tous ces succès ne purent empêcher Aire, vaincue par la
famine, de retomber aux mains des Espagnols,
Année 1642
L'année suivante, nous retrouvons Rambures à l'armée
du maréchal de Gramont.
Bataille de Honnecourt (26 mai 1642).
• Le 26 mai 1642, le régiment fait des prodiges de valeur à
la malheureuse bataille de Honnecourt, qui coûta la vie à
son brave mestre de camp (1), glorieusement atteint au
milieu de ses compagnies décimées, après avoir fait tout
ce qu'il était humainement possible de tenter.
(1) François de Rambures, fils du brave Charles de Rambures et de
sa deuxième femme, Renée de Boulainvilliers, dame de Courtenay.
DU i5^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 67
Année 1643
L'an 1643 marque une des plus grandes phases de notre
histoire nationale.
L'année précédente, la France avait appris presque coup
sur coup et la mort de la reine-mère et celle du cardinal
de Richelieu (1), le plus grand ministre qui eut existé jus-
l^u'alors. Le 14 mai 1643, le roi Louis XIII disparaissait à
son tour de la scène du monde, après trente-trois ans d'un
règne laborieux, mais fécond en résultats.
Placé entre deux de nos rois les plus illustres, il eut la
gloire d'exécuter les grands desseins de son père et de pré-
parer les merveilles du règne triomphant de son fils.
Ce fils, qui devait être Louis le Grand, montait sur le
trône à l'âge de 5 ans^ sous le nom de Louis XIV.
En voyant le sceptre de France dans des mains si débiles,
les Espagnols crurent trouver en cette minorité l'occasion
inespérée d'avoir une seconde fois l'honneur de pénétrer
jusqu'aux portes de Paris.
Mais ils avaient compté sans le génie d'un Gondé, sans
la science impeccable d'un Turenne.
Quoi qu'il en soit, 26.000 Impériaux franchirent les fron-
tières du Hainaut, sous la conduite d'un de leurs plus vail-
lants capitaines, Don Francisco de Melo (2). Son premier
soin fut d'assiéger Rocroy, pour s'engager ensuite dans les
vallées de l'Oise et de l'Aisne.
Or, voici qu'apparaît tout à coup ce génie guerrier dont
la gloire éclatante va étonner l'Europe pendant près d'un
demi-siècle. G'est un jeune homme, Louis de Bourbon, duc
d'Enghien, que la postérité connaîtra sous le nom de Grand
Condé. Ce prince de 21 ans, avec une armée inférieure en
nombre, aura l'étemel honneur d'avoir vaincu ces vieilles
(1) 3 décembre 1642.
(2) Don Francisco de Melo de Braganza, descendant d'Alphonse P',
duc de Bragance (1442).
68 HISTORIQUE
bandes d'infanterie espagnole dont la réputation inquiétait
les plus braves.
A vrai dire, Melo, un peu grisé par les succès de la der-
nière campagne, se fiait trop à Témotion causée en France
par la mort de Louis XI [I.
Aussi fut -il très surpris en apprenant, dans la nuit du 16
au 17 mai, qu'on venait d'entendre des coups de feu aux
avant-postes (1). C'est qu'en effet, quelques cavaliers de
Gassion s'étaient jetés à l'improviste sur un poste espagnol
qui n'avait pu parvenir à les arrêter. L'armée français
était donc moins loin qu'on le croyait.
A cette nouvelle inattendue, don Francisco de Melo expé-
diait ses courriers à Beck, pour lui prescrire d'arriver
en toute hâte avec l'armée du Luxembourg.
Pendant ce temps, d'Anguien (2), en dépit des avis du
prudent de l'Hôpital, se décidait à prendre une énergique
offensive (3).
Malgré les conseils de son père, qui lui adressait lettre
sur lettre pour l'inviter à se rapprociier de Paris, le jeune
prince ne voulut point quitter le beau commandement dont
il était investi ; ce fut même peut-être une des raisons qui
précipitèrent son action.
En tous cas, le 17 mai, l'armée française quittait les envi-
rons de Vervins, remontait la riante vallée du Thon, et
s'arrêtait, vers midi, entre Aubenton, Bossu et Rumigny.
D'Anguien réunit aussitôt son conseil (4). Justement
(1) Nos cavaliers parvinrent même jusqu'au glacis de la place.
C'étaient les fusiliers à cheval (anciens dragons de Richelieu). Ils purent
Jeter 120 hommes dans la place et se replièrent ensuite pour aller au-
devant de l'armée française.
(2) C'était l'orthographe de l'époque.
(3) Pour exposer cette célèbre bataille, nous n'avons pas cru pouvoir
mieux faire que de résumer d'une façon succincte le magnifique récit
qu'en fait le duc d'Aumale dans son Histoire deê Princes de Condé.
(4) Là se trouvaient le lieutenant-général de l'Hôpital (comte du
Hallier), commandant en second; les maréchaux de camp d'Espenan et
de La Ferté; les mestres de camp baron de Sirot (delà cavalerie), mar*
quis de Persan (pour l'infanterie), M. de La Barre (pour l'a rtilleriej.
Dt: 15^ RÉGIMENT d'infanterie 69
Gassion (1) vient d'arriver. Il descend de cheval et rend
compte de sa minutieuse reconnaissance. « L'ennemi, dit-
il, est établi près de Rocroy qu'il assiège, mais il n'est
pas retranché; d'ailleurs il se^garde mal, j'ai réussi à péné-
trer jusqu'aux glacis de la place, où j'ai pu jeter le capi-
taine de Saint-Martin avec 120 cavaliers (2). »
Le prince en sait assez. Sa résolution est prise; on se
portera directement et le plus vite possible sur le camp des
Impériaux.
Bataille de Rocroy (18 ot 19 mai 1643).
Le lendemain 18, l'armée, laissant ses bagages à Au-
benton, s'avance vers la plaine de Rocroy. Elle est éclairée
par la cavalerie croate et par les compagnies d'enfants
perdus qui fouillent les hauteurs boisées.
Au débouché de ce dangereux défilé, les cuirassiers de
Gassion rencontrent et culbutent des postes espagnols et
s'établissent à la lisière des bois qui dominent le théâtre
éventuel de la lutte. Au même moment, les fusiliers à
cheval qui couvrent notre gauche apparaissent au-dessus
d'un petit étang, aujourd'hui desséché, mais alors envi-
ronné de nombreux marécages.
Pendant que l'avant-garde se déploie entre ces deux po-
sitions, le duc d'Anguien vient faire sa reconnaissance. Il
peut apercevoir distinctement, en face de lui, un groupe
d'officiers ennemis qui semblent vivement discuter. C'est
don Francisco de Melo qui cherche à se rendre compte de
la gravité du danger dont il est menacé. Car l'émoi est
(1) De Gassix)n, ûls du président de Pau et frère de rintendant du
Béarn, était huguenot quoique ayant fait ses études chez des religieux.
Né en 1609, il alla servir sous les ordres du roi de Suède, champion du
protestantisme en Europe; il s*y acquit une glorieuse réputation. Et
c'est comme Weimarien qu'il fut présenté à f^ouis XIII par le duc Ber-
nard. Il devint mestre de camp général de la cavalerie légère, en rem-
placement de René de Choiseul-Praslin.
(2) Ces détails sont empruntés à VHistoire des princes de Condé,
par le duc d'Aumale,
70 HISTORIQUE
grand au camp des Espagnols. Des troupes moins aguer-
ries eussent été prises de panique.
Vers midi, à Theure de la sieste, tous ces vieux braves
avaient appris llmminence dji péril. Us s'étaient jetés sur
leurs armes. Et déjà Ton pouvait contempler Taspect impo-
sant de ces bataillons maséés(l), présentant un front d'envi-
ron 800 mètres et postés sur une large crête qui conduit
de plain-pied jusqu'aux murs de Rocroy (2). On entend
même quelques coups de feu, dans la direction des deux
ailes.
Mais le prince, assisté de Gassion et de l'Hôpital, a rapi-
dement donné ses ordres. A mesure que les régiments
débouchent dans la plaine, .ils vont occuper l'emplacement
qui leur est indiqué. Enfin, vers 6 heures du soir, toute
l'armée française est établie presque parallèlement à la
ligne ennemie, occupant une étendue d'environ 2.500 mè-
tres, dont 1.000 pour « la bataille », c'est-à-dire pour l'infan-
terie. La cavalerie est disposée aux deux ailes. A droite,
elle est aux ordres de Gassion ; à gauche, elle est commandée
par La Ferté-Senectère.
Le centre obéit au maréchal de camp d'Espenan et com-
prend quatorze régiments d'infanterie formés sur deux
lignes, en échiquier. Rambures est, comme tous les vieux
corps, à sa place d'honneur, c'est à-dire au premier rang.
Enfin, d'Anguien a confié la réserve (quatre régiments de
cavalerie, trois d'infanterie) au baron de Sirot. Nous ver-
rons tout à l'heure de quelle façon brillante le brave mestre
de camp s'acquittera de sa mission (3).
(1) L'armée espagnole est établie, le dos à Rocroy, de la façon suivante :
au centre, les Tercios Viejos, en cinq gros bataillons ; derrière eux,
l'infanterie wallonne (cinq tercios) ; enfin, en troisième ligne, l'infanterie
allemande (cinq tercios).
Les 105 cornettes de cavalerie de Melo sont aux deux ailes.
(V. le tableau ci-joint donnant le détail de l'ordre de bataille.)
(2) Tous ces renseignements sont tirés des pages magistrales consa-
crées au récit de cette bataille dans l'Histoire des princes de Condé
par le duc d' Au maie.
(3) Consultez l'ordre de bataille dont nous donnons la figure ci-après.
DU l.'i' RÉGIMENT D'lNPA^TERIE
In^^riaux
'1
j
bOa
= a-s
r
1
t
BATAILLE DE BOCROT (1643)
Ordre de bataille d'aprtt l'Bigtotre des prince» de Condé parole duc d
72 HISTORIQUE
Les deux armées, ainsi déployées à environ 900 mètres
l'une de l'autre, n'étaient séparées que par un étroit val-
lon, couvert de landes à son origine et devenu maréca-
geux devant le front de notre aile gauche.
On en était encore à s'observer, lorsqu'un incident par-
ticulier faillit entraîner la bataille.
Voici ce qui s'était passé :
La Ferté, impatient de se signaler par une action d'éclat,
avait envoyé quelque troupe au delà des marais et déjà,
contournant l'étang, il cherchait à surprendre l'aile droite
ennemie lorsque, tout à coup, l'on entendit résonner la
charge. L'armée espagnole tout entière se portait en avant.
Le coup était manqué ; mais la témérité de La Ferté eût pu
coûter cher, si ce mouvement offensif se fût poursuivi. Il
n'en fut heureusement rien (1). Quoi qu'il en soit, notre
aile gauche, embarrassée dans sa retraite par les diffi-
cultés du terrain, était revenue fort maltraitée.
Le duc d'Anguien, très contrarié de cette fausse ma-
nœuvre, et jugeant qu'il est trop tard pour rien entre-
prendre, veut ranimer la confiance de ses troupes. Il
passe à cheval devant les rangs, pour communiquer lui-
même ses ordres aux officiers.
« Tous les officiers d'infanterie sont dans le rang. Les
mestres de camp et sergents-majors restent seuls en de-
hors (2), sur le Âanc de leur régiment, à pied et la pigue
à la main. ))
Partout le prince est salué par les acclamations des sol-
dats enthousiasmés de voir autant de résolution unie à
tant de jeunesse. On se bouscule pour le voir, pour en-
tendre ses paroles. Tous les regards brillent de cette allé-
gresse qui présage la victoire.
Après avoir longtemps conféré avec l'imprudent La
Ferté, encore tout ému de son échec, d'Anguien se porte
devant le front de l'infanterie. Il s'arrête un instant au-
(1) Don Francisco de Melo n'avait voulu gagner qu'une centaine de
mètres.
(2j Voir le récit du duc d'Aumale dans ïHistoire des princes de Condé,
DU 15» RÉGIMENT D'iNFANTERIE 73
près du sombre drapeau de Piémont, dont il connaît les
glorieux souvenirs; puis, en passant, il salue Rambures,
le premier des Petits-Vieux, dont le nom, déjà célèbre,
rappelle la bravoure. Après Rambures, le prince s'adresse
à Biscarras (1), jette quelques paroles flatteuses au régi-
ment suisse de Molondin, s'entretient une minute avec le
marquis de Persan (2), se fait ensuite présenter « la Ma-
rine », tout fier de Thonneur qui vient de lui être fait de
compter parmi les vieux corps (3) et parvient enfin au bi-
vouac de Picardie, le doyen des régiments d'infanterie.
Mais déjà les ombres de la nuit commencent à s'étendre
sur la vaste arène où vont se mesurer demain les plus
rudes champions de l'Europe.
D'Anguien a marqué sa place entre les cavaliers de Gas-
sion et les soldats de Picardie (4). C'est là qu'il va se
reposer. On dit, qu'à l'exemple d'Alexandre, il s'endormit
profondément. Pourtant, son sommeil ne devait guère se
prolonger.
Au milieu de la nuit, un cavalier (3) vint annoncer
qu'un millier de mousquetaires ennemis, embusqués dans
les bois, attendaient, couchés sur le ventre, l'apparition
de nos tètes de colonnes, pour les fusiller à bout portant.
Il fallait à tout prix conjurer ce danger. Le duc monte à
cheval, fait réveiller sans bruit les enfants perdus de Pi-
cardie et les charge de cette mission de confiance.
Pendant ce temps, Gassion se porte en avant avec toute
sa première ligne.
Le 19 mai 1643, à 3 heures du matin, avant les pre-
mières lueurs du jour, les mousquetaires espagnols sont
(1) En 1643, le régiment de Biscarras était commandé par Louis-Claude
du Bouzet, marquis de Roquépine, dont un descendant sera, en 1891,
lieutenant-colonel du 15' de ligne.
(2) Commandant le régiment de ce nom.
(3) Ce régiment, ancien Cardinal-Duc, avait pris, par brevet du 13
février 1643, le rang de sixième des Vieux Corps.
(4) Picardie occupait la droite de la ligne d'infanterie.
(5) Ce cavalier avait déserté, mais, pris de remords, il venait implo-
rer son pardon et racheter sa faute en donnant ces utiles renseigne-
ments.
74 HISTORIQUE
surpris, débusqués et poursuivis par nos intrépides ca-
valiers.
La bataille était engagée. En vain le duc d'Albuquerque
veut-il arrêter nos escadrons. Pris de flanc et tourné par
le duc d'Anguien, conduisant en personne la seconde ligne
de notre aile droite (cavalerie), il en est réduit à se replier
derrière l'infanterie wallonne. Au lever du jour, les deux
armées étaient aux prises.
Cependant, à l'autre extrémité du champ de bataille,
La Ferté avait failli, encore une fois, tout compromettre.
Croyant la droite espagnole dégarnie, l'idée lui vint de
recommencer son attaque malheureuse de la veille; mais,
pendant qu'il contourne l'étang, voici qu'Isembourg dé-
chaîne contre notre aile gauche tous ses escadrons.
La Ferté, atteint de trois blessures, tombe aux mains
de l'ennemi, qui bouscule notre cavalerie, la sépare de
l'infanterie et se rue sur l'artillerie, dont il s'empare. C'est
un désordre inexprimable. Voyant nos mousquetaires cul-
butés dans les marécages, de l'Hôpital s'élance à leur se-
cours. Bientôt il est lui-même blessé. On est obligé de l'em-
porter pendant que ses bataillons, pris de panique, com-
mencent à se débander.
Heureusement, Piémont et Rambures résistent héroïque-
ment ; pourtant, à la fin, écrasés par le feu de trente pièces
d'artillerie, ces vaillants régiments sont obligés, eux
aussi, de céder le terrain. En tout cas, s'ils reculent, au
moins n'est-ce pas sans donner l'exemple de la plus admi-
rable énergie. H est 6 heures du matin; la journée semble
perdue. Déjà l'infanterie espagnole prononce son attaque
décisive, la droite en avant, refoulant devant elle nos
colonnes rompues et démoralisées. Ce mouvement de
retraite va peut-être se changer en une affreuse déroute
lorsque Sirot, qui commande la réserve, court au-devant
des fuyards.
« Que faites vous, leur crie-t-il, arrêtez! Sirot et ses
compagnons n'ont pas encore donné. Sus à l'ennemi. C'est
moi qui vous conduirai (1). »
(1). V. Histoire des Princes de Condé par le duc d'Aumale.
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 75
Et, tandis que Ténergique et intelligente intervention
de ce brave mestre de camp rétablit le combat sur notre
ligne de bataille, voici qu'apparaît, tout à coup, derrière
Tennemi, le panache du duc d'Anguien.
Aussitôt l'espoir renaît dans tous les cœurs. C'est que le
prince a vu de loin le désordre de notre gauche. Pre-
nant alors une résolution digne de son audace, il a laissé
à Gassion le soin d'achever son premier succès; puis,
après être passé comme un ouragan sur le dos des batail-
lons allemands et wallons, il vient de charger les esca-
drons de Melo qu'il a rompus, culbutés, dispersés, au
moment même où Sirot (1), reprenant avec huit bataillons
une vigoureuse offensive, arrachait à l'ennemi les douze
pièces de canon que nous avions perdues.
L'enthousiasme n'a plus de bornes. On entend déjà dire:
« La victoire est à nous. »
Néanmoins, la défaite des Impériaux n'est pas complète.
Il reste encore à vaincre cette redoutable infanterie espa-
gnole, que commande le vieux comte de Fontaine (ou de
Fuentès) (2), et qui demeure inébranlable au milieu de la
déroute générale.
« Les Tercios Viejos sont toujours debout, massés en un
seul et long rectangle. Ils ne peuvent plus manœuvrer,
mais ils sauront mourir (3). »
C'est contre ces murailles humaines qu'il faut mainte-
nant donner l'assaut.
Piémont, Rambures, tous nos plus vaillants régiments
s'apprêtent à ce suprême effort.
(1) Claude de Létouf, baron de Sirot, né en 1606 en Bourgogne, mes-
tre de camp de cavalerie chargé du commandement de la réserve.
(2) Ck)mte de Fontaine ou de Fuentès (Paul-Bernard), gentillâtre lor-
rain, fils d'un maître d'hôtel du duc de Lorraine. Enrôlé très jeune, il
mérite en 1626 le titre de comte que lui confère l'empereur Ferdi-
nand II, et devient seigneur de FougeroUes en Franche-Comté. Il
épousa Anne de Raigecourt. A Rocroy, il avait cinquante ans de ser-
vice et le grade de maréchal de camp général. Il n'avait rien de com-
mun avec Pedro Enriquez de Acevedo, comte de Fuentès, vainqueur à
Doullens en 1595.
(3) Voir l'Histoire des princes de Con^dë, par le duc d' Au maie.
76 HISTORIQUE
D'ailleurs, d'Anguien marche à leur tête, dans l'auréole
de la victoire.
En face de nous, l'on aperçoit une première ligne de
mousquetaires, l'arme au bras; derrière eux, une forêt
de piques. Enfin, au centre, il est facile de reconnaître le
comte de Fontaine, porté sur une litière, immobile et la
canne abaissée.
Déjà nos bataillons parviennent à portée de fusil lorsque,
soudain, Fontaine lève sa canne. « Aussitôt dix-huit bou-
ches à feu sont démasquées, les mousquets s'abaissent et
une grêle de balles et de mitraille balaye le glacis sur le-
quel s'avance la ligne française, qui flotte et recule (1). »
La terre est jonchée de cadavres, le duc est blessé.
Deux fois encore , il ramène nos braves régiments à la
charge. Deux fois, nos attaques sont repoussées.
Cependant, le feu des Espagnols se ralentit. « On ne voit
plus Fontaine. Il est là, gisant à terre, le corps criblé de
balles (2). »
 ce moment, des bataillon sennemis semblent demander
merci. D'Anguien s'avance vers eux ; mais il est accueilli
par une effroyable décharge de mousqueterie. Méprise ou
trahison! Toujours est-il que nos soldats, ivres de ven-
geance, se précipitent tête baissée sur les débris des hé-
roïques tercios. C'est une épouvantable mêlée, un combat
CQrps à corps et désespéré. Le duc se bat comme un soldat
et désarme de sa main le mestre de camp Castelvi.
Enfin, les Espagnols, abordés de trois côtés à la fois, à
bout de forces et de munitions, sont décidément enfoncés,
écrasés, massacrés.
Il est 10 heures du matin. La victoire est complète. Beck
n'a pu arriver à temps pour sauver l'armée de Melo, jusque-
là invincible.
« Le prince triomphant honora sa victoire en mettant
autant de soin à épargner les ennemis qu'il en avait mis
pour les vaincre (3). »
(1 et 2) Voir dans ï Histoire des princes de Condé, par le duc d'Au-
male, le magnifique récit de la bataille de Rocroy.
(3j Voltaire, Siècle de Louis XIV.
DU IH^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 77
^^^^ii ^— — »— ^— ^^-. — ^■— ^— ^— — ^^^— ^^^— ^^»^^^^^^
Toute l'Europe retentit du bruit de cet éclatant succès,
dont les Pays-Bas parurent être le prix. En France, ce fut
un long cri d'allégresse, un immense concert de louanges
à radresse de M. le Prince. « Partout -on célébra Rocroy
délivré, les menaces d'un redoutable ennemi tournées à sa
honte, et un règne, qui devait être si beau, commencé par
un si heureux présage (1) )).
Cette journée coûtait cher aux Espagnols : 8.000 morts,
6.000 prisonniers. 24 pièces de canons, 30 drapeaux ou
étendards, tous les bagages, un butin prodigieux, tels fu-
rent les trophées de la victoire.
Parmi leurs morts on pouvait compter presque tous les
officiers d'infanterie (2) et ce glorieux comte de Fuentès,
qu'on trouva percé de coups auprès de son brancard brisé.
« Ahl s'écria le duc d'Enghien, en considérant le corps
de ce grand homme, si je n'avais vaincu, je voudrais être
mort comme lui (3). »
Dans le camp des Français, il était, hélas, une ombre à
la joie; car un triomphe aussi complet ne s'était obtenu
qu'au prix de sacrifices considérables. Nous laissions sur
le champ de bataille 2.000 hommes hors de combat.
Le régiment (de Rambures), qui s'était si vaillamment
comporté sous la conduite de son jeune colonel, René de
Rambures (4), avait à déplorer la perte d'un grand nombre
de soldats et de beaucoup d'officiers distingués, tels que les
capitaines du Mesnil de Froyelle, de Villiers, de Bergues,
DE Merle (5). -
(1) Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
(2) Entre autres, les mestres do camp de Velandia (commandant l'hé-
roïque Tcrcio Viejo de ce nom), de Villalva, Visconti et Giovanni DelU
Ponti. Don Francisco de Melo s'était réfugié dans un régiment italien et
avait miraculeusement échappé à la mort.
(3) Voltaire, Siècle de Louis XIV.
(4) René de Rambures, qui devint maréchal de camp «le 16 septem-»
bre 1651.
(5) Le duc d'Enghien écrit à son père, le 22 mai 1643 : « M. de Merle,
capitaine dans Rambures, a été tué à Rocroy. Il a au régiment un frère
qui s'appelle Lair et que j'apprécie fort. Je vous supplie de lui faire
donner la compagnie de son aîné. »
78 HISTORIQUE
Le capitaine de Saint-Aignan s'était signalé par dessus
les plus braves.
Prise de Thionville (22 août 1643).
Mais la campagne n'était pas terminée. Le duc d'En-
ghien, profitant de son avantage, résolut d'assiéger Thion-
ville.
Le 15 juin, la place était investie par une armée de 18 à
20.000 hommes, établie sur les deux rives de la Moselle.
Les communications furent assurées par la construction
de deux ponts de bateaux, l'un en amont, l'autre en aval
de la ville. Sous l'habile direction du prince, les travaux
furent poussés avec la plus grande activité. Toutefois, la
garnison se défendit avec la dernière énergie. Chaque jour,
les Espagnols tentaient de nouvelles sorties, plus vigou-
reuses les unes que les autres, si bien que le terrain com-
pris entre les remparts et le camp devint une arène sans
cesse arrosée de sang. Le régiment de Rambures s'y fit
maintes fois remarquer par son audace et son infatigable
ardeur dans la poursuite des travaux d'approche (1).
Cependant, malgré tous les efforts des assiégés pour re-
tarder les progrès de l'investissement, la garnison, réduite
à la dernière extrémité, dut s'en remettre à la clémence du
vainqueur. Le duc d'Enghien offrit aux braves défenseurs
de Thionville une capitulation honorable, -et, le 22 août,
après un siège de deux mois, les 1.200 Espagnols qui res-
taient dans la place, presque tous malades ou blessés, sor-
tirent de la ville qui n'était plus qu'un monceau de ruines.
(1) Dans la nuit du 19 au 20 juin, Rambures; étant de tranchée avec
La Couronne, ne se contente pas du logement qu'il avait fait, en établit
un autre sur le chemin couvert, malgré le feu des ennemis, perce même
la contrescarpe, perfectionne deux descentes dans le fossé, de sorte qu'on
pouvait attacher le mineur la nuit suivante.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 79
Prise de Sierk (2 septembre 1643).
Ënfîn, pour être maître de la Moselle, il semblait indis-
pensable de s'emparer de Sierk. Rambures s'acquit une
nouvelle gloire en contribuant à la prise de, cette vieille for-
teresse lorraine, qui se rendit le 2 septembre.
Année 1644
En 1644, le régiment figure au siège de Gravelines, sous
Jes ordres du duc d'Orléans, assisté des maréchaux de
Gassion et de la Meilleraye, Une armée espagnole, com-
mandée par Melo (1), attendait à Bergues les renforts du
comte dîsembourg, de Bucquoi, de Beck, du duc de Lor-
raine et de Piccolomini.
(( C'est une armée de capitaines que nous aurons à com-
battre, dit un officier.
— Ehl bien, répondit Gassion, nos soldats battront ces
capitaines (2). »
La valeur française ne fit pas mentir le maréchal. Après
quarante-huit jours de siège et quatre assauts, la place fut
obligée de céder à nos armes.
C'est alors que le régiment de Navarre (3) faillit en venir
aux mains avec le régiment des Gardes (4), auquel il dis-
putait le droit exclusif d'entrer le premier dans les places
conquises.
Il fallut la 'ferme intervention du marquis de Lam-
bert (5) pour empêcher l'effusion du sang et mettre un
terme à ce déplorable conflit.
Rambures perdit, à ce siège, deux braves officiers, le
capitaine de Rouret et le lieutenant Guisbert de Bréda.
(1) Providentiellement échappé au désastre de Rocroy.
(2) Histoire militaire des Français.
(3) Colonel : maréchal de Gassion.
(4) Colonel : maréchal de la Meilleraye.
(5) Le lieutenant général marquis de Lambert.
80 HISTORIQUE
Année 1645
Après la prise de Gravelines, le régiment s'était retiré
dans le Bourbonnais. Il quitte, au printemps, ses quar-
tiers d'hiver pour rejoindre, avec Piémont (1), l'armée de
Gassion.
Belle oonduite du régiment au passage de la Colme
(19 juin 1645).
Le 19 juin, Rambures se*trouve arrêté par une crue
subite de la Colme, dont tous les passages sont gardés par
l'armée espagnole. Mais nos braves soldats n'hésitent pas
longtemps. Ils se jettent résolument à la nage, chargent
furieusement l'ennemi et soutiennent un combat opiniâtre
qui leur permet d'attendre le passage des autres troupes
et l'arrivée du maréchal sur le champ de bataille pour y
décider la victoire. Après ce brillant fait d'armes, le régi-
ment de Rambures regagne les Flandres. Il devait y faire
une nouvelle et ample moisson de lauriers.
Nous le trouvons toujours aux places d'honneur : à la
*prise de Mardyck (2), défendu dix-sept jours par le général
Lamboi et le marquis de Caracène, puis aux sièges de
Gassel, Béthune, Saint-Vincent et Menin. On lui confia
même la garde de cette dernière ville, qui paraissait plus
exposée que les autres (3).
(i) Ces troupes étaient commandées par le marquis de Villequier,
connu depuis sous le nom de maréchal d'Aumont.
(2) La place se rend le 11 juillet.
(3) Rambures gardait la ville avec un régiment suisse. Cette petite
brigade tint l'ennemi en respect pendant tout le reste de la campagne.
{V. Essais sur les régiments, par M. de Roussel.)
DU 15° RÉGIMENT D'iNFANTERIE 81
Année 1646
C'était une noble mais lourde tâche que de détruire la
domination espagnole dans les provinces du Nord. Nous
avions à lutter contre des adversaires dignes de nous.
Vingt fois il fallut reprendre les mêmes villes, défendre
ou attaquer les mêmes positions, disputées tour à tour par
chacun des partis.
Prise de Cambrai (1646).
Le 13 juin 1646, c'est devant Cambrai que nous voyons
Rambures. La plus grande partie des troupes de siège
n'est pas encore arrivée. L'ennemi, qui connaît nos forces,
tente de jeter dans la place un renfort de 3.000 mousque-
taires et trois régiments de cavalerie. Heureusement, son
entreprise est conjurée par les habiles dispositions et la
ferme attitude du régiment (1). Pendant le siège, une sortie
désespérée de la garnison vint encore se briser et s'anéantir
contre l'inébranlable résistance de Rambures. La place
épuisée, à bout de ressources, dut enfin capituler. Cette
circonstance permit à nos soldats de faire une démonstra-
tion sur Bruges.
Mais le siège de Dunkerque réclamait leur concours. En
conséquence, au mois de septembre, le régiment de Ram-
bures s'embarque sur deux vaisseaux hollandais qui l'amè-
nent à Mardyck, d'où il se rend sous Dunkerque, assez à
temps pour prendre une brillante part au siège de la ville,
qui capitule le 10 octobre.
(1) Rambures, conduit par le maréchal de Gassion en personne se porto
courageusement aux retranchements qu'à peine ii avait eu le temps
d'achever, et fait un si grand feu pendant une heure que les ennemis
86 retirent. La place se rend le 28. {Mémoires de Bussy-Rabutin.)
Hist. 15*. 6
82 HISTORIQUE
Année 1647
Au mois de février 1647, les Espagnols essayèrent de
8*emparer de Courtrai par un hardi coup de main. Le régi-
ment y avait pris ses quartiers d'hiver. Ce fut lui qui eut
rhonneur de recevoir les Impériaux et de leur apprendre,
par un sanglant échec, que le moment n'était pas encore
venu de reprendre la place.
Un peu plus tard, un détachement (1) de Rambures fut
envoyé dans Armentières, pour concourir à la défense de
la ville contre les troupes de Tarchiduc Léopold.
Année 1648
Cette année fut glorieuse pour nos armes. La fortune se
plut à couronner nos drapeaux sur tous les points du
théâtre de la guerre. Le régiment de Rambures commença
la campagne par le siège dTpres.
Peut-être assista-t-il à la bataille deLens ; c'est du moins
ravis du général Susane (2) : Il nous a été impossible d'en
avoir la preuve.
La paix de Westphalie, signée le 24 octobre 1648, étei-
gnit la moitié du feu qui embrasait l'Europe. L'Espagne
seule voulut continuer la lutte.
GUERRE DE LA FRONDE ET CONTINUATION DES HOSTILITÉS
AVEC L'ESPAGNE (1648-1659)
Dans les entr'actes de cette pièce sérieuse, dit Anquetil,
se mêlèrent les actions d'une espèce de farce. Farce, si l'on
veut, mais farce honteuse et sanglante. Cette fameuse que-
relle est une vraie guerre civile allumée à Paris contre le
(1) Un capitaine, un lieutenant, deux sergents et trente soldats.
(2) Le régiment ne figure pas dans l'ordre de bataille complet publié
par le duc d'Aumale dans son Histoire des princes de Condé.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 83
roi, ou plutôt contre son ministre Mazarin. Tout y est ridi-
cule : les moyens, les objets, la confusion, les changements
de partis. Les principaux personnages sont Mazarin, Condé,
les ducs de Beaufort, de Vendôme, de Nemours, de Bouil-
lon, Turenne, le cardinal de Retz ; les duchesses de Lou-
gueville, de Chevreuse, Mademoiselle; La Rochefoucauld,
le maréchal de la Mothe.
Le mouvement commence pendant qu'on chante le Te
Deum, en Thonneur de la bataille de Lens.
Le régiment deRambures, qui avait pris part en 1649 (1)
au siège de Cambrai (2) et à la prise de Condé, est bientôt
appelé à jouer un rôle actif dans cette lutte insensée.
Les Espagnols avaient mis à profit les troubles de la
France. Turenne, arraché à son devoir par des mécontente-
ments, leur prétait le concours précieux de ses talents. On
pouvait redouter une nouvelle invasion.
Année 1650
Prise de Rethel (14 décembre).
. Le maréchal du Ple^sis-Praslin fut chargé de conjurer
le danger. Il courut mettre le siège devant Rethel, défendue
par Delli-Ponti (3).
L'armée du maréchal se composait de solides régiments
comme les Gardes, Picardie, Rambures, la Marine, Altesse,
Montausier. Aussi l'opération ne traîna pas en longueur.
Au bout de trois jours, l'assaut était donné et la ville prise
(14 décembre). Restait encore l'armée que le vicomte de
Turenne amenait au secours de la place ; il fallait l'arrê-
ter (4}.
(1) 27 août 1649.
(2) On dut lever le siège.
(3) Deux cents hommes de Rambures et autant de Navaillcs furent
chargés d'attaquer une des portes de la ville. Ils s'y distinguèrent beau-
coup.
(4) Turenne commandait la gauche, don Estevan de Gamara comman-
dait la droite des Espagnols.
84 HISTORIQUE
Le 15 décembre 1650, Rambures partage la gloire de
Picardie et Piémont, contre la résistance desquels vien-
nent se briser les charges furieuses des Espagnols (1). Dans
cette mémorable journée, la loyauté l'emporta sur le génie.
Turenne dut battre en retraite après avoir couru les plus
grands dangers. Seul, avec M. de La Barge, lieutenant des
Gardes, il'eut à soutenir le choc de cinq cavaliers français.
« Je n'ai qu'un pistolet, dit La Barge au vicomte, que
voulez-vous faire?
— Mourir, répondit Turenne, plutôt que de recevoir des
fers. »
La Barge tue l'un des cavaliers d'un coup de pistolet,
Turenne abat le second d'un coup d'épée. Les autres recu-
lent épouvantés. La retraite des Espagnols laissait entre
nos mains tous les bagages, huit pièces de canon et 4.000
prisonniers.
L'erreur de turenne ne fut pas de longue durée. L'année
suivante (1651), il faisait sa soumission à la cour. Il arri-
vait à temps pour soutenir l'armée du roi, car Condé venait
de rallumer la révolte dans son gouvernement de Guyenne.
Pendant qu'au midi se formaient des orage,s, on se bat-
tait toujours dans le nord. Le régiment de Rambures était
à l'armée de Flandre, sous les ordres du maréchal d'Au-
monl. Il fit des prodiges de valeur au passage de l'Escaut,
près du village de Neuville. Le lieutenant-colonel de Sa-
VELLi, à la tête de nos braves soldats, fut assez heureux pour
chasser l'ennemi de ses retranchements, ce qui permit à
l'armée du maréchal de franchir la rivière.
Année 1652
Après avoir passé l'hiver en Bourgogne, Rambures rega-
gne la Picardie et va occuper Ardres dont on lui confie la
garde.
(1) Avant la bataille, le maréchal avait commandé 50 hommes de
chaque corps pour former des pelotons postés dans les intervalles de
la cavalerie.
DU 15*^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 85
Ce^i à cette époque que, d'après le général Susane, le
régiment aurait été appelé sous Paris pour renforcer Far-
inée royale, commandée par Turenne, et prendre part à la
sanglante bataille du faubourg Saint-Antoine (2 juillet) (1).
Année 1653
*
Quoi qu'il en soit, un an après, jour pour jour (2 juillet),
Rambures signalait sa présence à Ardres par une entre-
prise dont les causes et le but sont restés entourés de mys-
tère. La tradition nous apprend seulement qu'il voulut se
rendre maître de la ville dont il avait la garde. D'ailleurs
la tentative échoua, car les habitants se défendirent avec
une telle énergie qu'ils nous tuèrent 700 hommes sur 1.400
qui comptaient à l'effectif du corps.
Année 1654
On ignore ce que devint le régiment pendant la campa-
gne de 1654. On peut supposer que M. de Rambures passa
cette année à le reconstituer. On trouve, en effet, quelques-
uns de ses officiers, servant en volontaires, aux sièges de
Sainte-Menehould, de Stenay et du Quesnoy et, plus tard,
à l'armée qui vint secourir et sauver Arras (2).
Année 1655
Rambures, jeté dans Saint -Quentin au commencement
de la campagne, ouvrait la tranchée devant Gondé, le
16 août 1655, et, après la reddition de la ville, était chargé
(1) Nous devons à la vérité do dire que nous n'avons trouvé nulle
trace de cette expédition dans les documents que nous avons pu con*
sulter, et qu'aucune des relations de cette bataille ne fait mention du
régiment de Rambures. Ajoutons cependant que la bataille de Saint-
Antoine figure dans la nomenclature des campagnes du marquis René
DE Rambures, sur ses états de services.
(2) V. Histoire de l'ancienne infanterie française^ par Susane.
86 HISTORIQUE
d'en assurer la sécurité, conjointement avec les Ggrdes,
sous le haut commandement du lieutenant-général mar-
quis du Passage.
Au mois de novembre, un détachement du régiment,
conduit par le capitaine de Vassi, marche, avec une partie
de la garnison, à la rencontre du prince de Ligne et taille
en pièces le corps ennemi fort d'environ 3.500 hommes (!)•
*
Colonel Charles,
Marquis DE RAMBURES et DE COURTENAY
(10 mars 1656).
Dans les premiers mois de Tannée suivante (mars 1656)^
la mort du colonel marquis René de Rambures faisait passer
son commandement aux mains de son frère Charles, mar-
quis DE Rambures et de Courtenay (par commission du
10 mars).
C'est sous les ordres de ce nouveau chef que notre brave
régiment vint prendre part au siège de Valenciennes, puis
à la prise de la Capelle.
Enfin, en 1657, Rambures est encore au danger, c'est-à-
dire à la gloire. On le trouve à toutes les expéditions, à tou»
les sièges entrepris dans les Flandres (2).
Année 1658
Turenne et Condé allaient une fois de plusse mesurer (3).
La fortune disputée par ces deux grands capitaines flot-
tait depuis quelque temps entre les deux partis. Mais Tal-
(1) Voir Essais sur les rëgifnents, par M. de Roussel.
- (2) Siège de La Mothe-aux-Bois, prise de Saint-Venant, armée de sccour»
d'Ardres, conquêtes de Watz, de Bourbourg et de Mardyck.
(3) ({ Le sort de Turenne et de Condé, dit Voltaire, fut d'être toujours
vainqueurs, quand ils combattaient ensemble à la tète des Français, et
d'être battus toutes les fois qu'ils commandèrent les Espagnols ». {Siècle
de Louis XIV.)
DU 15e RÉGIMENT D'iNFANTERIE 87
liance avec Cromwel, fruit de la politique de Mazarin,
donna la supériorité aux armes françaises, qui, dirigées
par le talent de Turenne, fixèrent enfin la victoire à Dun-
kerque.
Pendant que le régiment de Rambures poussait active-
ment les travaux de siège, Tarmée espagnole, commandée
par don Juan d'Autriche et le prince de Condé, s'avançait
par le chemin de Furnes pour secourir la place.
Bataille des Dunes (14 juin 1658).
Turenne, voulant à tout lîrix l'arrêter, s'empara des
plus hautes dunes qu'il couronna de retranchements.
Condé comprit combien il serait dangereux d'attaquer
dans des conditions aussi désavantageuses. On ne tint nul
compte de son avis (1).
(( Monsieur, dit-il au duc d'York, depuis le malheureux
Jacques II, ne vous êtes-vous jamais trouvé à aucune ba-
taille ?
— Non, répondit l'Anglais.
— Ëhbien! dans une demi-heure, vous verrez comment
nous en perdrons une. »
Le maréchal de Turenne, informé des mouvements des
Impériaux, avait assuré ses travaux contre les sorties de
l'ennemi et s'était porté à la rencontre de don Juan et de
Condé.
Son armée était disposée en trois lignes (2). Le canon
français ne tarda pas à gronder. La valeur fit des deux
côtés des prodiges (3). La victoire hésita longtemps entre
les deux héros. Turenne, à la fin, l'emporta.
(1) Don Juan commandait la droite espagnole Condé la gauche.
(2) La première ligne se composait de dix bataillons d'infanterie, au
centre, et de quatorze escadrons de cavalerie à chaque aile. La deuxième
avait six bataillons au centre et 10 escadrons à chaque aile. Enfin, dix
autres escadrons formaient la réserve.
Castelnau commandait la gauche, Gréqui la droite, Gadague et Belle-
fonds le corps de bataille.
(3) Ck)ndé eut un cheval tué sous lui. H se battit comme un lion.
88 HISTORIQUE
Par suite des fatigues qu'il avait éprouvées à la tranchée,
le régiment de Rambures se trouvait en seconde ligne et
n'eut pas l'occasion de donner. Il eut cependant sa part de
succès. Voici dans quelles circonstances :
Le marquis de Rambures s'apercevant que, malgré la dé-
route des Espagnols, un régiment du roi d'Angleterre te-
nait encore ferme, devança la troupe de quelques pas pour
le joindre et lui offrir bon quartier. Mais les officiers, qui
avaient été placés dans ce poste par le duc d'York, lui
répondirent qu'ils s'y maintiendraient le plus longtemps
possible.
Le marquis leur représenta que leur résistance était
vaine puisqu'ils étaient abandonnés. Alors on convint qu'ils
enverraient deux d'entre eux pour s'assurer de ce fait.
Les capitaines Thomas Kook et Alton ne purent que cons-
tater la sincérité de ces paroles, et leur régiment, perdant
tout espoir d'être secouru, se rendit au marquis de Ram-
bures (1).
Modeste dans son triomphe, le vainqueur écrivit le soir
même à la vicomtesse de Turenne ce simple billet : « Les
ennemis sont venus à nous, ils ont été battus. Dieu en soit
loué I »
Onze jours après, la place de Dunkerque ouvrait ses
portes.
Le roi vint de Calais, avec son ministre, pour voir passer
la garnison.
La campagne s'acheva pour le régiment par les sièges de
Bergues-Sâint-Vinoch, de Meniji et d'Upres (2).
C'est alors que la France et l'Espagne, également fati-
guées d'une guerre de vingt-cinq ans, songèrent sérieuse-
ment à rétablir la paix.
Mais son génie ne put rien contre les meilleures troupes de France et
d'Angleterre.
(1) Voir Essais sur les régiments, par M. de Roussel.
(2) Le régiment demeura en garnison à Menin jusqu'à la ratification
de la paix des Pyrénées.
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 89
Traité des Pyrénées (7 novembre 1659).
Le traité des Pyrénées mit le comble à la gloire et à la
puissance du jeune roi, dont Mazarln disait : « Il y a en ce
jeune prince l'étofle pour faire quatre rois et un honnête
homme. »
Nos soldats purent enfin goûter un peu de repos, après
avoir assuré la tranquillité du royaume.
EXPÉDITION DE LORRAINE (1663)
Charles de Rambures établit son régiment dans la géné-
ralité de Rouen.
Mais, en 1663, il dut encore une fois quitter ses quartiers
pour prendre part à Texpédition de Lorraine, qui se ter-
mina par la prise de Marsal.
■
Année 1667
GUERRE DE DÉVOLUTION
En 1667, la guerre recommença. Rambures, qui tenait
garnison à Saint-Quentin, ne fut pas employé au siège de
Lille (1). Pourtant, le marquis de Rambures et quatre offi •
€iers de ce corps y servirent comme volontaires et s'y distin-
guèrent particulièrement à l'attaque du chemin couvert.
A la fin de Tannée, le régiment se rendit à Gourtrai, puis
à Charleroi (janvier 1668).
Année 1668
Au siège de Gennappe, huit compagnies du régiment
(1) V. Essais historiques sur les régiments par M. de Roussel.
90 HISTORIQUE
partagèrent avec Piémont (1) Thonneur de s'emparer de la
place (2).
Les années suivantes semblent s'être passées sans inci-
dent. La paix d'Aix-la-Chapelle avait en effet lùis fin aux
hostilités entre la France et l'Espagne (3).
Année 1671
Notons cependant qu'en 1671, Rambures quitta Calais
pour se rendre au camp de Dunkerque où Louis XIV vint
le passer en revue.
Ce régiment fut un des quatre qui tinrent garnison à
Dunkerque, après la levée du camp.
C'est à cette époque (4 août 1671) que le marquis Louis-
Alexandre DE Rambures devint propriétaire et mestre de
camp du beau corps que son père avait si vaillamment
commandé (4).
Année 1672
GUERRE DE HOLLANDE
Cependant, au milieu des travaux de la paix, Louis XIV,
mûrissait de grands projets de guerre contre la Hollande
qui, en formant la Triple- Alliance, avait arrêté le char de
ses triomphes.
(1} Le régiment fait brigade avec Piémont pendant toute la campa-
gne. C'est en 1639 qu'on avait commencé à former des brigades de quatre,
cinq ou six bataillons. Le plus ancien mestre de camp présent avait le
commandement de la brigade et était assisté par un major dé brigade
chargé de la transmission des ordres et des détails du service.
(2) Le brave capitaine Baillet s'y distingua entre tous et fut blessé.
(3) C'est aussi à cette époque que le régiment fut réorganisé à trente-
deux compagnies de 55 hommes chacune, formant deux bataillons.
Parmi les cadets gentilshommes qui figuraient alors au régiment de
Rambures se trouvait Louis deTarragon, chevalier, seigneur de Faus*
SERViLLE, dont le nom se retrouvera deux siècles plus tard dans le cadre
des officiers du 15". Il servait dans la compagnie du chevalier.DE Potin.
(V. Rôle du ban et arrière-ban de la généralité d'Orléans.)
(4) Charles, marquis de Rambures et de Courtenay, avait été fait bri-
gadier le 27 mars 1668. Il mourut à Calais le 11 mai 1671, et fut enterré
au couvent des Minimes, à Abbevillc.
DU lo« RÉGIMENT O'iNFANTERIE 91
L'année 1672 vit recommencer la lutte. Rambures ac-
compagna le roi jusqu'à Tongres, où vingt compagnies fu-
rent mises en garnison. Les douze autres suivirent Tarmée
royale sur le Rhin et furent de toutes les expéditions.
A la fin de la campagne, le régiment se réunit en entier
pour prendre ses quartiers à Bombelles.
Année 1673
Le lieutenant de Gamares(I) occupait avec 30 hommes
une redoute séparée de la ville par une rivière. C'est là
que, le !«' août 1673, un parti de 500 ennemis vint l'atta-
quer et le sommer de se rendre. Mais ce brave officier n'é-
tait pas de ceux qui se laissent intimider. Il dépécha
son sergent à Bombelles, pour y demander des secours, et
se défendit si bien, en attendant, que l'ennemi dut battre
en retraite, après avoir perdu son commandant.
Quelque temps après, Rambures fut envoyé à l'armée
de Condé, pour couvrir les opérations du siège de Maôs-
tricht.
Année 1674
L'Europe avait entendu les cris de la Hollande éperdue.
L'Empire et l'Espagne volèrent à son secours. Il fallut tenir
tête à cette formidable coalition.
Pendant que Turenne couvrait les bords du Rhin de ses
' brillants trophées, Condé, avec 45.000 hommes, manœu-
vrait en Flandre contre le prince d'Orange, qui disposait
de forces bien supérieures.
Bataille de Seneff (il août 1674).
M. le prince observait avec soin tous les mouvements de
l'ennemi. L'ayant vu passer le défilé de Seneff, près de
(1) M. DE Gamares, lieutenant de la compagnie du chevalier d'Amours.
"92 HISTORIQUE
Mons, il résolut de tomber sur rarrière-garde, composée
d'Espagnols: (( Il n'y a, dit-il, qu'à les charger pour les
battre. »
Pourtant la lutte fut terrible, opiniâtre, sanglante. « J'ai
donc l'honneur de voir le grand Condé l'épée à la main )),
disait Villars, qui faisait ce jour-là ses premières armes.
Cette épée redoutable fut rougie jusqu'à la garde.
Jamais Condé ne prodigua plus sa vie ni celle de ses sol-
<îats.
Le régiment de Rambures fut un des plus éprouvés.
Placé à l'extrême gauche de l'infanterie, il fit des prodiges
de valeur à l'attaque du village de Fay (1).
Le combat, qui durait depuis douze heures, se ralluma
dans les ténèbres et ne prit fin que vers minuit.
Condé avait eu trois chevaux tués sous lui.
La perte fut égale, la victoire indécise, le champ de ba-
taille couvert de morts.
Rambures, qui s'était maintenu avec une indomptable
énergie sur ses positions, avait une part glorieuse du suc-
cès.
Mais au prix de quels sacrifices !
Le régiment, qui comptait 1.100 hommes, laissait plus
de 200 soldats sur le champ de bataille.
Parmi les morts se trouvaient le lieutenant - colonel
HÉBERT, les capitaines de Brisseuil, de Campagne, de Bon-
NiÊRE, de Pommereuil, Ics licuteuants ou sous-lieutenants
DE LA VaRENNE, LE GrAND, DE CuLAN, DE VaRIMONT, LÉTEN-
dard, de Sesseval, de Saint-Martin. Beaucoup d'officiers
étaient blessés : les capitaines de Géronville, d'Amours, •
Legrand, de Bruc, NoêL ; les lieutenants d'Ivenberteuille,
HUYAS, DE FaYOLLE, DE LA MOTTE, DE POLOGNE, PiJART, DE
Brassac, de Campagne (enseigne).
La guerre n'avait pas que la Flandre pour théâtre, on
combattait partout: en Allemagne, en Espagne, en Italie.
(1) Le village possédait un bon château, une église solide et se trou-
Tait défendu par des. houblonnières entourées de grosses haies. Notre
infanterie surmonta tous ces obstacles.
DU lo® RÉGIMENT D*INFANTER1E 93-
Levée du siège de Haguenau. — Combat de Mulhausen
(29 décembre 1674).
Nous retrouvons le régiment le 11 novembre, à l'armée
de Turenne, au camp de Detweiler.
Le 2® bataillon, jeté dans Haguenau, contribua à faire
lever le siège, entrepris par Piccolomini.
Rambures termine Tannée par le combat de Mulhausen
(29 décembre 1674), où il contraint 6.000 cavaliers enne-
mis à repasser le Rhin.
Année 1675
Au mois de janvier 1675, toute la brigade s'était établie
à Brisach. C'est ainsi que le régiment se trouva au premier
rang à l'attaque de Neubourg (10 mars 1675) (1). Il mena
si vigoureusement l'attaque que l'ennemi, chassé de palis-
sade en palissade, fut obligé de demander quartier.
Rambures suivit la fortune de Turenne pendant tout le
reste de la campagne.
Au mois de juin, il fut envoyé, avec trois régiments de
cavalerie, à Altenheim pour y construire un pont sur le
Rhin, pont qui devait assurer un paseage à Tarmée en cas
de revers (2).
Après la mort du maréchal, lorsque Piccolomini vint
attaquer l'armée française à Altenheim (1®^ août), Rambures
et Champagne combattirent pendant quatre heures avec la
dernière énergie pour protéger le passage de ce ponjt, au-
quel nos troupes durent leur salut (3).
(1) Avec les régiments d'Eu et d'Orléans.
(2) La brigade de Rambures travailla si bien que, en quatre jours et
malgré mille difficultés, les communications furent établies et défendues
par une bonne tête de pont.
(3) Le régiment tint campagne en Alsace l'année suivante sous les
ordres du maréchal de Luxembourg.
94 HISTORIQUE
Année 1676
Le 29 juillet 1676, le régiment eut la douleur de perdre
son jeune et vaillant colonel, Louis-Alexandre, marquis de
Rambures qui, depuis quatre ans, avait prouvé à tous ses
hommes que la valeur était héréditaire dans sa maison (1).
Il périt à 18 ans d'un coup de feu, en plein front, échappé
à rimprudence de quelques soldats qui déchargeaient
leurs armes.
Saluons ici le dernier rejeton d'une noble race sous le
nom de laquelle le régiment s'illustrait depuis soixante
ans (2).
Colonel Antoine DE PAS, marquis DE FEUQUIÈRES
(4 août 1676).
f
Ce corps d'élite devint alors la propriété du marquis de
Feuquières (3) (4 août), qui laissa sur les guerres de son
temps des mémoires intéressants, mais empreints de par-
tialité à l'endroit du grand Turenne.
Lorsque Rambures devint Feuquières, il ne dégénéra
pas sans doute; cependant, il eut besoin de reconquérir
l'attention publique déroutée par cette métamorphose.
L'occasion s'en présenta bien vite. Avant la fin de l'an-
née, il se signalait d'une façon brillante dans un engage-
ment près de Bâle.
{ij C'était le dernier descendant de cette illustre race, connue en Picar-
die depuis le x' siècle et qui avait donné tant de preuves de sa valeur.
Son cousin François de La Roche, marquis de Fontenilles, époux de
Charlotte de Rambures, releva ce nom glorieux. Il est clignement porté
de nos jours par Charles de La Roche, marquis de Rambures, frère de
Léon-Alexandre de La Roche, marquis de Fontenilles.
(2) Le régiment avait eu six mcstres de camp de cette famille : Char-
les DE Rambures, ses quatre fils et son petit-fils.
(3) Antoine de Pas, marquis de Feuquières, avait commandé un ré-
giment de cavalerie et le régiment Royal-Marine avant celui-ci. Briga-
dier, 15 mars 1668, maréchal de camp, 20 janvier 1689, lieutenant-
général, 30 mars 1693.
DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTëRIE 95
Année 1677
L'année suivante, toujours sur le Rhin, il soutenait
encore sa vieille réputation au prix de pertes considéra-
bles pendant le siège de Fribourg (novembre 1677).
Année 1678
Brillante conduite du régiment à l'affaire de Saint-Denis
(14 août 1678).
En 1678, Feuquières reparait dans cette Flandre qu'il a
si souvent arrosée de son sang. Après avoir participé, sous
les yeux de Louis XIV, aux sièges de Gand (1) et dTpres,
il^ut la mission de couvrir, avec trois autres bataillons et
un régiment de dragons, le quartier du roi établi près de
Tabbaye de Saint-Denis (2).
C'est là qu'il fut attaqué, le 14 août 1678, par le prince
d'Orange, bien que la paix fut signée à Nimègue depuis
le 10.
Le régiment eut à soutenir tout l'effort des colonnes enne-
mies. Mais son admirable résistance permit au quartier du
roi de se retirer avec tous ses équipages. Il put alors son-
ger à battre en retraite devant la supériorité des forces. Il
le fit dans le plus grand ordre. En arrivant au pont de la
rivière de Saint-Denis, Feuquières trouva les Hollandais,
qui se disposaient à lui disputer le passage. Il leur marcha
sur le ventre pour rejoindre l'armée de l'autre côté du cours
d'eau. Puis, sans se laisser ébranler par le feu terrible de
l'ennemi, le régiment s'arrêta au débouché du défilé, bien
déterminé à vaincre ou à mourir, mais, en tous cas, à ne
pas céder un pouce de terrain. Ces héroïques soldats furent
enfin secourus par l'arrivée des Gardes françaises qui leur
permit alors de repousser l'ennemi.
(1) Gand, place importante qui devait ôtre le dépôt général de Tarmée
ennemie.
(2) Saint-Denis, près du Cateau.
96 HISTORIQUE
La gloire de cette affaire appartient en entier au régi-
ment de Feuquières. Il la paya du reste assez cher: le colo-
nel eut les deux cuisses traversées par une balle, le lieute-
nant-colonel Baillet fut mis hors de combat, 4 capitaines
étaient tués et 18 officiers blessés.
Tel fut le dernier fait d'armes de cette campagne mémo-
rable.
Le prince d'Orange avait cherché la gloire ; il ne trouva
que la honte. Sa perfidie est une tache imprimée à ses
armes. L'humanité ne lui pardonnera pas le sang inutile-
ment versé.
Louis XIV, qui triomphait de tous côtés ou par lui-môme
ou par ses généraux, devint l'arbitre de la paix. L'Europe
dut se courber devant ses lois.
Année 1688
GUERRE DE LA LIGUE D'AUGSBOURG
Pendant quelques années(l), le régiment put enfin goûter
les douceurs d'un repos bien mérité.
Mais le calme ne fut pas de longue durée.
Par son orgueilleuse attitude, par ses entreprises inquié-
tantes, par les mesures rigoureuses qu'il prit contre les
calvinistes, Louis XIV se fit de presque tous les souverains
de dangereux ennemis.
Le plus redoutable de tous, le prince d'Orange, sonnant
le tocsin dans toute l'Europe, sut rallumer les haines,
réveiller les alarmes et put enfin réunir dans la fameuse
ligue d'Augsbourg tous les confédérés de la dernière guerre.
Loin d'attendre qu'on vint l'attaquer, Louis se hâta de
porter les premiers coups.
A la tête d'une armée de 450.000 hommes, le roi de France
pouvait soutenir avec éclat l'honneur de ses armes.
Le régiment de Feuquières était à Tournai lorsqu'il reçut
(1) En 1680, le régiment était à Toul. 11 ne prit aucune part aux cam-
pagnes de 1683-84.
DU lo® RKGIMËNT D*1NFANTEHIE 97
Tordre de se rendre au siège de Philisbourg, dirigé par le
Dauphin en personne, assisté du maréchal de Duras et de
Vauban (1).
Sous les yeux du prince, nos soldats rivalisèrent d'audace
et de vaillance, si bien qu'après vingt-quatre jours de dé-
fense acharnée, la ville fut obligée d'ouvrir ses portes (2).
Toujours digne de lui-même, le régiment ne s'était point
ménagé. Il fallut encore creuser des tombes. Les capitaines
DES Poix et de Contremoulins étaient tués ; le sous-lieutenant
DuPUY avait été emporté d'un coup de canon. Parmi les
blessés se trouvaient le lieutenant-colonel d'Amours et les
capitaines de Campagnols et de Blaru.
Feuquières fut ensuite envoyé à Heilbronn (3), pour dé-
molir les fortifications de cette place.
Sa mission terminée, il vint s'établir dans une forte posi-
tion à Pforzei m. Mais à peine avait-il évacué Heilbronn, que
200 dragons de Staremberg entrèrent dans la ville et mas-
sacrèrent tous les malades français qu'on avait dû laisser
dans la place. Le colonel de Feuquières se promit de leur
faire payer cher cette barbarie allemande. Quelques jours
après, il apprend que ces mêmes dragons sont à Neubourg
(sur l'Enz).
Année 1689
Le 6 janvier, à 9 heures du soir, il part avec 600 hommes,
arrive à minuit devant Neubourg, trompe une sentinelle en
(1) Le Dauphin avait uno armôo de 100.000 hommes. Vauban et Cati-
nat réglaient tous les détails. La place se rendit le 29 octobre, laissant
entre nos mains 120 canons.
(2) A cette occasion, le sage Montausier, gouverneur du Dauphin, lui
écrivait : u Monseigneur, je ne vous fais pas de compliments sur la prise
de Philisbourg; vous aviez une bonne armée, des bombes, du canon et
Vauban ; je ne vous en fais point aussi sur ce que vous êtes bravo ; c'est
une vertu héréditaire dans votre maison. Mais je me réjouis avec vous do
ce que vous êtes libéral, généreux, humain, et faisant valoir les servi-
ces de ceux qui font bien. »
(3) Sur le Necker.
Hisl. 15*. 7
98 HISTORIQUE
lui parlant allemand et fait sauter la porte à Taide d'un pé-
tard.
Tous les dragons, surpris, sont égorgés, à l'exception de
sept. Leur commandaat est tué par le capitaine de Poussay,
au moment où il ajustait de son pistolet le colonel de Feu-
QUIÈRES.
Années 1689-1690
Colonel Jules DU PAS DE FEUQUIÈRES
(21 janvier 1689).
Le 21 janvier 1689, Jules du Pas de Feuquières rempla-
çait, à la tête du régiment, ton frère, le marquis, promu
maréchal de camp, le 20 janvier.
Sous les ordres de son nouveau chef, le corps fut cons-
tamment employé en Allemagne pendant les campagnes
de 1689 et 1690. Les grenadiers du régiment se distinguè-
rent d'une faço^ spéciale à Tattaque de Waldkirch, qui
coûta la vie au brave capitaine de Moussy (1).
Année 1691
En 1691, Feuquières est envoyé en Piémont à Tarmée de
Catinat. Il y moissonnera de nouveaux lauriers durant six
campagnes consécutives.
Prise de Veillane (30 mai).
Il débute par la prise du château de Veillane, brillam-
ment emporté, en vingt-quatre heures, dans une attaque
de vive force exécutée avec le concours du régiment de la
Marine et du régiment de Flandre.
(1) Le capitaine de Moussy (ou de Moucy), commandait la 2' compa-
gnie des grenadiers du régiment, qui faisait partie du corps de siège
dirigé par le marquis de Nangis (brigadier).
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 99
Les troupes montèrent si promptement jusqu'à la
deuxième palissade, malgré les bombes, les grenades et
les pots de feu, qu'elles coupèrent la retraite aux défen-
seurs de la première palissade et ne leur firent aucun quar-
tier. Le gouverneur demanda alors à capituler. Mais M. de
Catinat Tobligea de se rendre à discrétion (1).
Siège de Carmagnole (7 et 8 Juin).
Le régiment prit part ensuite au siège et à la prise de
Carmagnole.
On ouvrit la tranchée à 100 pas de la contrescarpe, du
côté de Carignan (2). Le feu des canons ennemis tua 50 sol-
dats du corps pendant la nuit du 7 au 8 juin. Le lieute-
nant-colonel, M. DE Vraignes (3) et deux capitaines furent
blessés dans cet assaut.
Feuquières n'eut plus d'occasion de se signaler pendant
Tannée suivante.
•
Année 1693
La Marsaille (4).
Le 4 octobre 1693, nous retrouvons le régiment à la ba-
taille de la Marsaille, où Vendôme et Catinat triomphèrent
(1) Catinat avait confié au comte de Tcssé 250 hommes de Feuquicres,
autant de la Marine et de Flandre avec quelques compagnies de grena-
diers pour former trois attaques pendant que le régiment de Bretagne
en tentait une fausse d'un autre côté. (V. Journal de la campagne du
Piémont, par le capitaine Morcau, du régiment de la Sarre.
(2) Ce poste était plus dangereux que celui do la Marine, mais le
marquis de Feuquières, ancien colonel du régiment, dont son frère était
alors titulaire, lui avait choisi exprès ce poste pour lui fournir l'occa-
sion d'acquérir une nouvelle gloire. {Mémoires du marquis de Feu-
quières.)
(3) Henri de Pingre de Vraignes, lieutenant, 1663 ; major, iS février
1685; lieutenant-colonel, 28 janvier 1689; brigadier, 3 janvier 1696;
maréchal de camp, 26 octobre 1704.
(4) Marsaglia.
100 HISTORIQUE
de la valeur d'Amédée de Savoie et du génie du prince
Eugène.
Feuquières eut la gloire d'achever la déroute de Tennemi
en tournant et chargeant Tune de ses ailes. Le duc de
Savoie dut abandonner et le champ de bataille et la vic-
toire. Elle fut éclatante.
L'ennemi laissait entre nos mains 5.000 tués, 2.000 pri-
sonniers, 34 pièces de canon, 110 drapeaux ou étendards -,.
et ces brillants avantages n'avaient coûté à l'armée fran-
çaise que 2.000 hommes tués ou blessés. Le régiment, qui
faisait brigade avec Beauce et La Marck, avait malheureu-
sement à déplorer la perte de deux vaillants capitaines :
MM. d'Antissanty et Degrez. Parmi les nombreux blessés
se trouvaient le capitaine de Conty et le sous-lieuteuant
d'Hemon(I).
Années 1694-95-96
Les trois campagnes suivantes se passèrent sur la défen-
sive. Après la signature des préliminaires de la paix (2),
l'empereur continua à tenter le sort des armes. Il fallut
donc investir Valencia. Le 24 septembre 1796, les deux ba-
taillons du régiment furent chargés d'ouvrir la tranchée
de gauche. C'est pendant ce siège que fut blessé le capitaine
de grenadiers de Boutteville.
Année 1697
Lorsque la paix fut enfin conclue avec le duc de Savoie
(traité de Turin 1696), Feuquières fut envoyé sur la Moselle
et le Rhin. Il ne revint qu'à la paix de Ryswick et prit ses
quartiers à Briançon, où il demeura jusqu'à la guerre de la
Succession d'Espagne.
(1) La nuit suivante, pendant que Catinat dormait, ses soldats lui for-
mèrent une tente avec trente-deux enseignes enlevées aux ennemis.
(2) Avec le duc de Savoie.
DU iii^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 101
Cependant l'Europe ne devait pas jouir d'une longue
tranquillité. Le testament de Charles II, roi d'Espagne,
allait bientôt faire renaître les hostilités.
Louis XIY, qui aimait les entreprises d'éclat et qui ne re-
doutait pas les orages d'une guerre générale, accepta ce
testament qui donnait au duc d'Anjou, second fils du Dau-
phin, la couronne royale d'Espagne.
Dans l'impossibilité de rompre subitement la paix, les
puissances jalouses se préparaient à la guerre. Le roi de
France prévint leurs entreprises.
Année 1701
Colonel Louis-Thomas DU BOIS DE TIENNES,
Marquis DE LEUVILLE
(27 avril 1700).
C'est ainsi qu'en 1701, l'ordre fut donné au marquis de
Leuville (1), nouveau colonel du régiment, d'embarquer
ses hommes à Toulon, à destination de l'Italie.
Le l^^ septembre 1701, à l'attaque des retranchements
de Chiari, Leuville se distingua entre les plus braves.
Quelque temps après, le régiment est bloqué dans Man-
toue parle prince Eugène de Savoie. Etant le plus ancien
corps de la garnison, il tient à honneur de se signaler
d'une façon particulière dans toutes les sorties auxquelles
il prend part.
Année 1702
Le 22 janvier 1702, le gouverneur de la place, comte de
Tessé, ayant appris que l'ennemi avait d'importants maga-
(1) Louis-Thomas du Bois de Fiennes, marquis de Leuville. Rriga«
4ier, 19 Juin 1706; maréchal de camp, 8 mars 1718; lieutenant général,
^22 décembre 1731.
102 HISTORIQUE
sins de fourrages à 7 milles de la ville, chez le comte de
Capilucci, charge le capitaine de grenadiers de Boltte-
VILLE d'aller détruire ces approvisionnements.
L'intrépide capitaine s'embarque avec quatre compa-
gnies de grenadiers, aborde près de Notre-Dame del Grazia^
enlève le poste ennemi, incendie le parc à fourrages et
revient, après mille dangers, sans avoir à regretter la
perte d'un seul homme.
Lorsqu'au mois de mai, Mantoue fut débloquée, le régi-
ment fut affecté à la garde de la place. C'est de là qu'il
envoya un détachement de volontaires prendre part à la
bataille de Luzzara (5 août), où le duc de Vendôme vain-
quit le prince Eugène (1). La nuit seule sépara les combat-
tants.
Chacun s'attribua l'honneur delà journée, mais le champ-
de bataille resta aux Français.
Le capitaine d'Argenson, du régiment de Leuville, fut
blessé dans cette journée.
Année 1703
En 1703, Leuville quitte Mantoue et va rejoindre le corps
que Vendôme conduit dans le Tyrol pour tenter une jonc-
tion îivec l'armée de Bavière. Cette entreprise échoua par
la défection du duc de Savoie. Néanmoins, le régiment y
trouva des occasions de se signaler à la prise de Bersello^
Nago, Orgo et au bombardement de Trente (septembre).
Année 1704
Au commencement de l'année 1704, Leuville dut aban-
donner ses quartiers du Montferrat pour prendre part aux
sièges de Verceil et d'Ivrée, puis à celui de Verue, qui sfr
prolongea jusqu'au printemps de l'année suivante.
t
(1) Le prince Eugène était fils du comte de Soissons, gouverneur de
Champagne, et d'Olympe Mancini, nièce de Mazarin. Trouvant que
Louis XIV ne faisait pas assez de cas de ses talents, il se tourna contre /
la France.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 103
Année 1703
Le i^^ mars 1705, le régiment se couvrit de gloire à côté
de la Marine, à l'attaque du fort de Tlle, qui détermina le
succès de ce long siège. Cette difficile et meurtrière opéra-
tion avait coûté la vie aux capitaines d'Aché, de BmADiN et
DE Fresne (1).
A la fin du mois d'avril, Leuville rallia l'armée du Grand
Prieur, duc de Vendôme, au camp de Moscolino, derrière
la Ghiesa.
La possession de la Gassine de laBoulina (Moscolino) de-
vait occasionner un combat sanglant (31 mai), dont l'avan-
tage fut disputé pendant vingt heures. L'issue de la journée
fut tout à l'honneur des soldats de la Marine et de Leuville,
dont l'héroïque attitude détermina la retraite des Impé-
riaux (2).
Le 16 août de la même année, le régiment assistait encore
à la bataille de Gassano; mais n'ayant pas eu l'occasion
d'entrer en ligne, il ne revendique aucune part de cette
victoire.
Ge succès ouvrait au duc de Vendôme les portes de la
Lombardie. Leuville suivit le duc dans son expédition sur
le Grémonais. Le 16 octobre, après une lutte acharnée de
douze heures, le régiment contribuait à eaiporter les posi-
tions du prince Eugène entre Gastel-Léone etGumbetto.
Au mois d'avril 1706, Leuville, qui avait passé l'hiver à
Mantoue, fut chargé de garder les passages de l'Adige. Puis,
à la suite du combat de Galcinato (3), il vint rallier l'armée
campée à Goïto. Bientôt après, il fut jeté dans Alexandrie,
(1) Deux autres capitaines étaient blessés. Les grenadiers du régii
ment s'étaient particulièrement distingués en s'emparant des ouvrages
qui forment tête de pont et en s'y maintenant avec une indomptable
énergie, malgré tous les efforts que Tennemi put faire pour reprendre
ces retranchements.
(2) La 1" compagnie de grenadiers du régiment, commandée par le
capitaine des Roches, se couvrit de gloire dans cette glorieuse journée.
(3) Victoire de Vendôme sur les Impériaux (19 avril 1706).
i04 HISTORIQUE
que le priace Eugène semblait menacer. Or, ce fut Tarmée
de La Feuillade, assiégeant Turin, qui fut attaquée. Le ré-
giment courut à son secours; malheureusement il était trop
tard. Les lignes françaises avaient été forcées le 7 septembre.
(( En apprenant cette nouvelle, Leuville s'enferme dans
Chivasso, bien résolu à s*y défendre jusqu'à la dernière
extrémité. Le prince Eugène arrive en effet et somme le
colonel de rendre la place. Mais celui-ci répond que son
régiment et lui tiennent trop à l'estime de l'ennemi pour
en agir ainsi; puis, ouvrant un feu terrible sur les Impé-
riaux, il force Eugène à entreprendre un siège régulier,
Chivasso était sans défenses, les tranchées du dernier siège
n'étaient pas encore comblées et, ce qui aggravait la situa-
tion, c'est qu'on manquait de tout. Enfin, après huit jours
de résistance énergique, Leuville obtint une capitulation
qui lui accordait les honneurs de la guerre. »
Reconduit à la frontière, le régiment, qui ne comptait
plus que 400 hommes en état de porter les armes, se ren-
dit àChambéry, pour y être passé en revue par le lieute-
nant-général comte de Médavy. Afin de lui donner le temps
de se reconstituer, on le chargea de garder les défilés des
Alpes pendant l'année 1707. Mais, étant rétabli en 1708, il
fut envoyé à l'armée du Rhin dont il se trouva le plus an-
cien corps.
Après s'être signalé dans plusieurs rencontres avec la
cavalerie impériale, le régiment de Leuville demeura jus-
qu'en 1713 à Wissembourg et Lauterbourg, pour la défense
des lignes de la Lauter (1). Puis, il fut envoyé à l'armée du
maréchal de Villars qui couvrait le siège de Landau (2) et
eut ensuite l'honneur de participer, le 20 septembre 1713, à
l'attaque des retranchements de Fribourg, où ses grena-
diers, conduits par le capitaine de Nisas, culbutèrent tout
ce qui se trouva devant eux et contribuèrent ensuite à la
(1) Le 16 août 1712, vivement attaqué par rennemi, le régiment le
repousse en lui faisant éprouver de grandes pertes. (Suzane, Histoire
de Vinfanterie.)
(2) Pris le 1" novembre malgré la belle défense du prince Alexandre
de Vurtemberg.
DU 15° RÉGIMENT D'INFANTERIE 108
prise de la ville (16 novembre). Ce succès détermina la fin
de la campagne (1).
Rivaux de gloire à la guerre, le prince Eugène et Vil-
lars unirent généreusement leurs efforts pour donner à
TEurope la paix dont elle avait tant besoin depuis onze
années que durait cette lutte ruineuse et sanglante.
Les traités de Rastadt(16 mars 1714) et de Bade (7 sep-
tembre 1714) consacrèrent encore une fois la puissance de
la France et la gloire de son roi.
D'ailleurs, Louis XÏV ne goûta pas longtemps les dou-
<5eurs de la paix. Ce fut son dernier triomphe.
Après un règne de soixante-douze années, le patriarche
des souverains de l'Europe descendait dans la tombe à
rage de 77 ans (l^r septembre 1715) (2).
Rèffne de liouls XV. — Régence du due
d^Orlëans.
Colonel du Plessis duc DE RICHELIEU
(15 mars 1718).
Pendant les premières années du nouveau règne, Leu-
ville put enfin jouir de quelque repos (3). Notons, en pas-
sant que, le 15 mars 1718, le régiment quitte son nom de
Leuville pour prendre celui de son nouveau colonel, Louis
(1) Lo régiment se dislingua particulièment à l'attaque des lignes de
Roscoff.
(2) Nul prince n*a obtenu plus de louanges pendant sa vie ni essuyé
plus de reproches après sa mort; mais la postérité, plus équitable, a
•couvert ses fautes de tout le bien qu'il a fait. Son courage dans le mal-
heur a expié l'orgueil de ses victoires et sa grandeur lui restera parce
•qu'elle est attachée à la grandeur de la France, qui fut son ouvrage.
(3) Le 10 avril 1715, le régiment est réorganisé à quinze compagnies
de 40 hommes dont une de grenadiers (1 capitaine, 1 lieutenant, 2 ser-
gents, 3 caporaux, 3 anspessades, 31 fusiliers ou grenadiers, 1 tam-
t>our).
106 HISTORIQUR
François ArmaDd du Plessis duc de Richelieu (1), qui fut
enfermé, Tannée suivante, à la Bastille, pour avoir prêté
Toreille aux propositions de TEspagne, lors de la conspira-
tion de Cellamare.
En 1719, le Régent voulant en finir avec les menées du
cardinal Albéroni (ministre d'Espagne), déclare la guerre
à TEspagne.
Le régiment quitte Rayonne, où il avait ses quartiers,
pour prendre part, sous les ordres du maréchal de Berwick,
au siège de Saint-Sébastien (2) et de Roses. Le capitaine de
LA Mothe d*HuGUEs est blessé dans cette dernière opéra-
tion.
Revenu en France, le régiment de Richelieu fait de
nombreuses garnisons (3) et se trouve établi à Schlestadt
lorsqu'éclate une nouvelle guerre, en 1733.
GUERRE DE LA SUCCESSION DE POLOGNE
Le jeune roi Louis XV ne pouvait rester inactif devant
Taffront fait k son beau-père, Stanislas Leczinski, chassé
de son royaume de Pologne par les ititrigues de l'empe-
reur Charles VI, fort de l'appui des Russes.
En conséquence, le maréchal de Berwick reçut Tordre
d'entrer en Allemagne, tandis que le maréchal de Villars,
généralissime des troupes confédérées, pénétrait en Italie.
Siège de Kehl (1733).
La campagne s'ouvrit par le passage du Rhin et la prise
du fort de Kehl, qui cQûta la vie au capitaine de grenadiers
(1) Le duc de Richelieu. Brigadier, 20 février 1734; maréchal de camp,
1" mai 1738; lieutenant général, 2 mai 1744; maréchal do France, 11
octobre 1748.
(2) Pris le 1*' octobre 1719. Le colonel était toujours à la Bastille.
(3) Il se trouve en 1723 à Poitiers ; en 172u à Bayonne, en 1727 à
Collioure, en 1728 à Poitiers, en 1730 à Cambrai et Bouchain, en 1731
à Lille, en 1732 au camp de Barlcmont, en 1732-33 à Calais, en Juil-
let 1733 à Maubeuge, en août 1733 à Schlestad.
DU 15° RÉGIMENT d'INFANTERIE 107
DE LA Serre (1). La reddition de cette place, qui ne capitula
qu'après neuf jours de résistance, permit au régiment de
Richelieu de se retirer à Besançon pour y passer Thiver.
Mais Tannée suivante (1734), le maréchal de Berwick re-
prend la campagne. Les opérations en Allemagne com-
mencent le 8 avril (2).
Siège de Phillpptbourg (1734).
Richelieu, campé d'abord à Graben et Kupenheim. se
trouve au passage du Rhin et participe ensuite au combat
d'Ettlingen (4 mai 1734), où nos troupes forcent les lignes
du prince Eugène. Un mois plus tard, le régiment se cou-
vre de gloire au siège de Philippsbourg (3).
Le 11 juin, pendant que le duc de Duras, le chevalier de
Rocos et le comte de Bérenger font relever la tranchée, une
compagnie de grenadiers de Richelieu exécute une péril-
leuse reconnaissance sur une redoute (4) d'où partait un
feu terrible.
Sous les yeux du maréchal de Berwick, nos soldats font
des prodiges et bravent tous les obstacles :. le canon, l'eau,
la fatigue, n'ayant d'autre préoccupation que le succès de
leur entreprise. Le capitaine de Gasc fut blessé dans cette
journée. Le lendemain de ce beau fait d'armes, l'armée de
siège eut la douleur de perdre le vaillant et illustre chef
qui l'avait si souvent conduite à la victoire.
Le maréchal de Berwick (5) visitait la batterie royale
lorsqu'un boulet lui emporta la tète.
[i) Siège de Kohi, octobre 1733.
(2) Le 10 novembre 1733, le régiment fut organisé en trois bataillons
de dix-sept compagnies.
(3) Ck>mmencé le 2 Juin 1734, terminé par la capitulation du 18 juil-
let 1734.
(4) Etablie sur le Rhin.
(5) Jacques Fitz- James, duc de Berwick, fils naturel de Jacques II
d'Angleterre et de Arabello Churchill. Suivit en France son père détrôné
en 1688. Naturalisé Français, 17 décembre 1703; maréchal de France,
15 février 1706.
408 HISTORIQUE
Le comte Edouard, son fils, qui se trouvait à ses côtés, fut
éclaboussé du sang de son père et le même boulet renversa
un gabion sur le duc de Duras, qui eut les reins fra-
•cassés.
Quoi qu'il en soit, le siège se continua sans relâche sous
rhabile direction du marquis d'Asfeld, créé maréchal de
France.
C'est ainsi que, le 23 juin, Richelieu s'acquit de nou-
veaux lauriers en emportant brillamment les trois places
d'armes du flanc de l'ouvrage à cornes. Mais ce beau suc-
cès nous coûtait cher. Le régiment avait à déplorer la perte
d'une centaine de soldats et dé trois officiers de mérite, les
capitaines de Gasc, d'Angosse et de Npuziers. Au nombre
•des blessés se trouvaient 14 ofiiciers, parmi lesquels le ca-
pitaine DU Camp, blessé dans la tranchée, et le sergent
Honoré, qui devint plus tard lieutenant au corps.
Rentré à Schlestadt pour y prendre ses quartiers d'hiver
après la capitulation de Philippsbourg (1), Richelieu fut
cruellement éprouvé par une épidémie qui lui enleva 900
hommes*
Paix de Vienne (18 novembre 1738).
L'année suivante (1735), occupant' Trêves, le régiment
^ut à prendre part à différents engagements sans impor-
tance. Puis, eii 1736, iî consacra ses loisirs au perfection-
nement des fortifications de Metz, pendant que notre
armée d'Italie remportait de nouvelles victoires qui déter-
minèrent enfin le traité de paix conclu à Vienne le 18 no-
vembre 1738 (2). La France honorait son triomphe par sa
modération (3). Du reste, cette gloire et cette félicité
(1) On trouva dans PhiUppsbourg 130 pièces de canon, 300 milliers de
poudre et une assez grande quantité de vivres.
(2) Les préliminaires avaient été signés le 3 octobre 1735. Le traité
définitif fut signé à Vienne par le marquis de Mirepoix, ambassadeur
•de France, les comtes de Zinzendorf, d'Hawack et de Metsch, pour
TEmpire.
(3) En 1737, le régiment tient garnison à Maubeuge; en 1738, il est
• DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 109
durèrent peu de temps; Tambition brisa bientôt les nœuds
de la concorde.
Deux ans après le traité de Vienne, la mort de Charles VI,
dernier représentant de cette maison d'Autriche qui occu-
pait le trône impérial depuis près de trois cents ans, allait
rallumer la guerre aux quatre coins de TEurope.
GUERRE DE LA SUCCESSION D'AUTRICHE (1740).
Malgré les droits incontestables de Marie-Thérèse d'Au-
triche, épouse de François de Lorraine duc de Toscane,
presque tous les princes de TEurope lui disputèrent Thé-
ritage de son père, garanti naguère par une pragmatique
sanction reconnue de toutes les puissances européennes.
Ce fut le roi Frédéric de Prusse, auquel personne ne son-
geait, qui fut le premier et le plus audacieux agresseur.
Le feu qui jaillit de ce premier choc détermina Tembra-
sement général. La France, malgré Tamour du vieux
Fleury pour la paix, fut entraînée à la guerre par des
hommes ambitieux, ardents et désireux de réaliser enfin
le plan de Henri IV et de Richelieu : Tanéantissement de la
puissante maison d'Autriche.
Louis XV se déclara le protecteur de son allié fidèle,
rélecteur de Bavière, et bientôt une armée fut dirigée sur
le Danube, pour soutenir les intérêts de ce prince.
Le régiment fut donc appelé à prendre part à cette nou-
velle expédition.
Colonel Duc DE ROHAN-CHABOT
(1738).
Il se trouvait alors à Verdun, portant un nom illustre,
celui de son nouveau colonel : Louis-Marie Bretagne-Domi-
à Rocroy puis à Charlevillo, enQn, à Mézières ; en 1739, il retourne à
Metz et, en septembre, 1740 à Verdun.
110 HISTORIQUE
nique, duc de Rohan-Chabot(I), qui remplaçait, depuis le
16 avril 1738, le duc de Richelieu, promu maréchal de
camp, le 1^' mai de la même année.
Parti de Verdun le 7 septembre 1741, Rohan se rendit à
Fort-Louis pour y rejoindre le reste de la brigade, qui fai-
sait partie de la division du comte de Polastron, dans
l'armée du comte de Gassion (2).
On passa le Rhin, le 22 septembre, pour se diriger vers
Lauwingen» sur le Danube. Mais, aussitôt son arrivée en
Bavière, le régiment fut dirigé sur Fùssen, à la frontière
du Tyrol, avec Souvré, Beauffremont-Dragons et Dragons
Sainte-Mesme, afin de protéger la Bavière contre une
invasion autrichienne par la haute vallée du Lech (3).
Après avoir occupé plusieurs postes aux environs de
Braunau, Rohan fut envoyé à Ens, sous les ordres du mar-
quis du Ghâtel, pour défendre le passage de la rivière du
même nom (4). D'ailleurs, bientôt menacé d'être tourné (5)
par le général de Kewenhuller, il reçut l'ordre de se ren-
fermer dans Lintz, où il fut investi le 1«' janvier 1742 par
l'armée autrichienne.
Belle défente de Lintz (1742).
La place était commandée par le comte de Ségur (6).
Après une sommation restée sans efiet (31 décembre 1741),
(1) Le colonel duc de Rohan fut nommé brigadier le 20 février 1743.
Le régiment avait alors pour lieutenant-colonel le comte Louis de la
Motte d'Huaues : capitaine au corps depuis 1711; brigadier, 1743;
maréchal de camp, 1745 ; lieutenant-général, 25 août 1749.
(2) La division du comte do Polastron comprenait : trois bataillons de
Rohan, deux de Souvré, un de Marsay et un bataillon d'artillerie (de la
Bachelerie.) (Les guerres sous Louis XV, par le général comte Pajol.)
(3) La brigade comptait 5 bataillons à Fûssen.
(4) Les trois bataillons de Rohan avec quatre compagnies de dragons
de Beauflremont sont établis aux environs de Steyer.
(.1) M. de Mercy Argenteau,. commandant Tavant-garde de Kewen*
huiler, avait passé TEnns à Ternbcrg dans la nuit du 30 au 31 décembre.
{Guerres de Louis XV.)
(6) Henri- François comte do Ségur. Né le 1«' Juin 1689; lieutenant*
général, 1" mars 1733; mort le 18 juin 1751.
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 111
le général de Kewenhuller chargea un tambour de se pré-
senter devant Lintz pour annoncer à Ségur qu'il serait at-
taqué dans la journée. « Mais, bien que la ville fût ouverte,
le brave comte fit répondre au général autrichien qu'il
serait le bienvenu, qu'on l'attendait de pied ferme et avec
impatience; que les barrières de la ville lui seraient ou-
vertes, mais que la garnison barricadée dans les maisons
ferait feu par les fenêtres et que, tant qu'il y aurait une
pierre l'une sur l'autre, on ne se rendrait pas. L'un et
l'autre tinrent parole. »
Le lendemain 2 janvier, entre 7 et 8 heures du matin,
les Autrichiens, forts de leur nombre, attaquent par tous
les points à la fois. Une de leurs colonnes tente d'enlever
le faubourg au delà du Danube (1). Or, elle avait compté
sans la vigilance et l'énergie de Rohan. Quarante soldats
du régiment contiennent les efforts de l'ennemi, lui tuent
57 hommes et permettent ainsi à leurs camarades d'arriver
à leur secours. Le caporal Dartois se signale parmi les
plus braves. Posté dans une salle basse de l'hôpital, il
se défend avec la dernière énergie. Vingt fois l'ennemi
essaye de le déloger : on dirige un feu roulant sur ses fe-
nêtres; son chapeau est percé d'une balle; pourtant son
héroïque résistance est enfin récompensée. On vient le
dégager et l'on peut compter sept Autrichiens gisants, tués
ou blessés, sous les fenêtres qu'il défendait (2).
Pour se venger de son échec, Kewenhuller résolut de
réduire la garnison par la famine.
Les vivres, en effet, s'épuisaient à Lintz; le temps pres-
sait; quelques jours après, les espérances s'évanouirent
tout à fait quand on apprit l'insuccès de la tentative faite
sur Scharding par M. de Tôrring. On était, du reste, sans
(1) Une colonne de 800 fantassins et 300 cavaliers attaque ce faubourg
en avant du pont de la route de Passau, faubourg défendu par un
bataillon de Rohan.
(2) D'Artois, ainsi nommé parce qu'il est originaire de Saint-Paul en
Artois. Il fut nommé sergent à la suite de ce haut fait et soutint sa
belle réputation jusqu'à la bataille de Dettingen, où il fut tué. (V.
Roussel : Essais sur les Régiments.)
112 HISTORIQUE
nouvelle de M. de Boissoiinade(l), envoyé vers Piseck avec
la mission d'informer le maréchal de Broglie de la situation
désespérée dans laquelle se trouvaient le comte de Ségur
et M. de Minutzi. Le gouverneur de Lintz résolut alors de
tenter un coup de désespoir et de chercher à s'ouvrir lui-
môme un passage soit sur la Bohême, soit sur la Bavière.
Pour accomplir ce dessein, deux détachements, formés de
troupes d'élite, s'avancèrenf dans les deux directions, Tun
sur Gallnenkirchen, l'autre sur Epersberg. Le premier déta-
chement se composait de presque tous les grenadiers de
la garnison, sous le commandement de M. du Chatel. Il
arrive au point du jour (2) devant Gallnenkirchen. Mais
l'ennemi, prévenu par ses espions, s'est fortement établi
dans les maisons et, lorsque les grenadiers de Rohan, qui
forment tête de colonne, tentent de pénétrer dans le vil-
lage, ils sont reçus par un feu si vif et si ajusté qu'en quel-
ques minutes, les deux compagnies sont décimées. Soixante
grenadiers trouvent une mort glorieuse auprès des cada-
vres de leurs capitaines, MM. du Bochet et d'Houdan. L'at-
taque sur Epersberg, à laquelle prirent part quelques
compagnies de Rohan, fut encore plus désastreuse. Les
capitaines des Haulles et oe Guichen y furent blessés. Le
but était manqué, il fallut rentrer dans la ville (3).
Enhardi par notre insuccès, l'archiduc Charles décide
une attaque de vive force sur les abords de la place, dans
la nuit du 22 janvier. Ses colonnes s'emparent de plusieurs
couvents, détruisent et incendient tout ce qui se trouve à'
leur portée, menaçant d'embraser toute la ville.
Dans cette extrémité, la garnison, n'ayant plus de
vivres, ayant perdu tout espoir de secours, menacée par
(1) Capitaine au régiment de Roy al- Vaisseaux.
(2) L'attaque eut lieu le 16 janvier. Ces renseignements sont tirés de
l'Histoire de l'Infanterie française, par Susane et des Essais sur les
Régiments y par M. de Roussel.
(3) Dans ces sorties, les lieutenants Beaupoil, Deschambes, de la
FoRGUE et DE FoNTENAY, lo sergeut Honoré (plus tard lieutenant) furent
blessés.
DU 15e RÉGIMENT D'INFANTERIE H3
rhostilité des bourgeois rendus insolents depuis rapproche
de Farmée autrichienne, dut se résigner à capituler.
M. de Ségur obtint que la garnison entière sortirait
avec les honneurs de la guerre, à condition de ne pas ser-
vir pendant un an contre la reine de Hongrie.
Année 1743
Parti le 23 de Lintz, le régiment arriva en avril à Stras-
bourg et fut dirigé sur Besançon.
Au mois de février 1743, libre de son engagement,
Rohan se rend. à Metz, d'où il va, peu après, rejoindre à
Wissembourg Tarmée du Rhin, commandée par le maré-
chal de Noailles. Ces forces étaient destinées à s'opposer à
la marche des Autrichiens, des Hanovriens et des Anglais,
soit sur Mayence et Francfort, soit sur le haut Palatinat.
Il n'y avait pas de temps à perdre ; en conséquence, le
maréchal avait fait jeter un pont à Lausheim, en face de
Spire. Ce fut là que le régiment passa le fleuve, les 26 et
27 avril 1743, pour aller cantonner à Heidelberg, avec
trois autres régiments. Au mois de juin, cette division
prit part à la malheureuse bataille de Dettingen.
Bataille de Dettingen ;27 juin 1743).
Dans la nuit du 26 au 27 juin, l'armée anglaise (1), qui
se trouvait, pour ainsi dire, bloquée entre Aschafïenbourg
et Dettingen, résolut de profiter des ténèbres pour nous
échapper, en se retirant sur Hanau.
La tentative était périlleuse. Le maréchal de Noailles,
prévenu vers minuit du mouvement de l'ennemi, prend
les plus habiles dispositions (2). Grâce à la rapidité de ses
(1; Elle manquait de vivres et de fourrages ; c'est ce qui l'obligeait à
quitter ses positions.
(2) (( Georges Teut payé cher, à Dettingen, sur le Mayn, sans l'im-
prudent mouvement du duc de Gramont, car les dispositions du maré-
chal de Noailles étaient dignes du plus grand capitaine. » Frédéric II,
Histoire de mon temps.
Hist. 15-. B
114 HISTORIQUE
ordres, l'action fut bientôt engagée. Déjà Tennemi reculait
sous le feu rapide et sûr de notre artillerie. La confusion
se répandait de proche en proche dans les colonnes an-
glaises, malgré la présence du roi Georges 11 et du duc de
Gumberland, son second fils. Tous devaient y rester sans
la fatale impatience du jeune duc de Gramont qui, ne
pouvant résister au désir de se signaler, abandonna le vil-
lage, brusqua son entrée en ligne (1) et dérangea ainsi
tous les plans du maréchal, ce qui changea bien vite en
affreuse déroute un triomphe presque assuré.
Ce fufalors que Rohan fit preuve de la plus admirable
fermeté. Après avoir vaillamment contenu Tennemi, pour
permettre à nos brigades, refoulées en désordre, de se ral-
lier dans le village, le régiment reçut Tordre de cliarger
à son tour. Il le fit avec la plus grande valeur et la ligne
ennemie reculait enfin lorsqu'elle s'entr'ouvrit, tout à coup,
pour démasquer une batterie de réserve qui mitrailla nos
colonnes à bout portant. Tourbillonnant sous ce feu,
Rohan dut battre en retraite; mais, se repliant en bon
ordre, il vint occuper les haies de Dettingen, qu'il ne
quitta que pour soutenir avec Piémont le combat d'arrière-
garde.
Cette terrible journée fit d'épouvantables ravages dans
les rangs de notre héroïque et malheureux régiment : 600
hommes restèrent sur le champ de bataille (2). Parmi les
morts se trouvaient les capitaines de Terson, de Riche-
bourg, DE Charsé, de Vignacourt, Dunelle et de Vil-
' HOUETTE ; les lieutenants : de Rouville, de la Croisille,
Richard, de la Vorichaie, de Montplaisir, de Reauplan,
Real et Raltier. Il faut ajouter à cette longue nécrologie
(1) Malgré les ordres formels du maréchal, le duc de Gramont des-
cendit de sa position avec le régiment de Noaillcs et celui des Gardes
pour tomber sur Tennemi débandé dans le champ des Coqs. Mais il
masqua ainsi les feux de nos batteries.
r
(2) Les deux nations mêlèrent la politesse et l'humanité aux horreurs
de la guerre. Çxemplo : le duc de Gumberland, blessé, vit porter près
de lui un mousquetaire nommé Girardeau : « Commencez, dit-il à son
chirurgien, à soigner cet officier français. Il est plus blessé que moi et
il manquerait de secours, tandis que moi je n'en manquerai pas. »
DU 15° RÉGIMENT d'iNFANTERIB 115
la liste des ofilciers blessés ; elle n'est pas moins édifiante.
C'est d'abord le major de Luc-Majour, puis les comman-
dants de bataillon de la Yiganière et Hiky, les capitaines
DE Luc-Majour (1), de Hallebout, d'Artignos, de Najac,
Dourlers, du Repaire, de Grincourt, de Mesnard, Duvi-
CNAU, de Chantilly, de Mësmé, de Saillet, Damville, de
Pioger ; les lieutenants d'Igoine, de Lescun, d'Adonville,
d'Astorg, de Tanouarn, Rayne de Cantis, Daurée, de
Kerniel, Manou, Dumesnil, de Farcy. Le colonel avait eu
un cheval tué sous lui.
Après une aussi grave épreuve, le régiment dut repasser
le Rhin (2) pour se reconstituer. Mais il fut bientôt ap-
pelé à remettre en état les lignes de la Lauter, ce qui lui
donna l'occasion de repousser plusieurs attaques auda-
cieuses de la cavalerie autrichienne. Dans une de ces ex-
péditions, commandée par le baron de Brosse, le capitaine
DuviGNAU et le lieutenant de Fontenai, attaqués par 50
fantassins et plus de 800 hussards, quoique blessés tous
les deux, ne se laissèrent point entamer et ramenèrent
leur détachement dans le plus grand ordre jusqu'au camp
de Landau, où l'armée avait pris ses quartiers (3).
CAMPAGNE DE FLANDRE (1744)
Louis XV, entraîné pas les circonstances, s'était décidé
à agir pour soh propre compte. Ayant déclaré la guerre h
la reine de Hongrie, il se mit en personne à la tôte de l'ar-
mée qui devait attaquer, en Flandre, les forces de l'al-
liance autrichienne.
Prise de Menin (4 Juin J744).
Le 15 mars 1744, Rohan quitta Sarrelouis, où il avait
passé l'hiver, pour prendre part à l'investissement de Me-
(1) Le chevalier do Luc-Majour.
(2) Il le repassa à Worms.
(3; La campagne terminée, Rohan se retira à Sarrelouis (octobre 1743)
116 HISTORIQUE
nin, que les troupes anglo -hollandaises n'osèrent secourir»
Malgré sa vigoureuse résistance, la ville fut réduite à ca-
pituler.
Siège d'Tpres (juin 1744).
Le lendemain même, le roi faisait entreprendre le siège
dTpres par son armée victorieuse, sous la direction du
prince de Clermont, arrière-petit-fils du grand Condé.
Le 19 juin, les grenadiers de Rohan eurent l'honneur
d'emporter la demi -lune, après une lutte acharnée au
cours de laquelle deux compagnies de grenadiers perdi-
rent la moitié de leur monde et trois officiers furent bles-
sés : les capitaines de Danville et d'Hallebout et le lieu-
tenant Beaupoil.
La prise de la ville eut lieu le 27 juin; Rohan put alors
se retirer au camp de Courtrai, puis à Sedan, pour y
prendre ses quartiers.
Année 1745
Colonel marquis DE GRILLON
(1745).
L'année 1745 devait être glorieuse pour nos drapeaux.
Louis XV, résolu de s'en tenir à la défensive en Alle-
magne et en Italie, tourna contre la Flandre tout l'effort
de ses armes. Le régiment, sous les ordres de son nou-
veau-colonel, le marquis de Grillon (1), fit partie de l'ar-
mée du maréchal de Saxe, forte de cent bataillons et de
cent soixante-douze escadrons. La campagne commença
par le siège de Tournai. Mais l'armée alliée envoya trois
(1) Louis DE Balbi de Bertons, marquis de Grillon : d'abord colonel
do Bretagne, puis colonel de Rohan, 1" Janvier 1745; brigadier, 1" mai
1745; maréchal de camp, 2 octobre 1746; lieutenant général, 1*' mai
1758. La charge de lieutenant-colonel fut donnée le 7 décembre 1745 à
Louis Nicomède de Tristan, qui devint plus tard maréchal de camp
(1758).
DU i5^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE H7
*■■■■"■■■■■ ■ -■■ ■ — - ■■ ■»■■■ ■■■^ ■ ■ I. I ■ ■ ■ ^^■^i^^
corps (1) pour secourir la place. Il fallait s'opposer à leur
entreprise.
Le 8 mai, le roi arrive avec le dauphin. Il laisse 18.000
hommes devant Tournai et 6.000 pour garder les ponts de
l'Escaut, et prescrit au maréchal de Saxe de prendre ses
dispositions pour livrer bataille. « Depuis Poitiers, ajoute-
t-il, aucun roi de France n'a combattu avec son fils contre
les Anglais, j'espère être le premier. »
Bataille de Fontenoy (11 mai 1745).
Le 11 mai, dès 6 heures du matin, le canon se fait en-
tendre. Le maréchal de Saxe avait tracé le plan de la ba-
taille (2) et la valeur française remporta la victoire.
Le régiment de Grillon, appuyant sa droite au village
d'Antoing et sa gauche à l'une des redoute des Fontenoy,
eut à soutenir, avec le régiment du roi, les attaques furieu-
ses des Hollandais pendant la lutte définitive qui détermina
la déroute des troupes anglaises. Toutefois, il ne fu^t point
entamé et eut même le rare bonheur de s'emparer d'une
batterie de huit pièces, sans éprouver de pertes considé-
rables.
Cette brillante victoire ne coûtait à Grillon que 50 hom-
mes hors de combat, parmi lesquels se trouvait le capitaine
DE Magnou (3).
Cette action mémorable décida du sort de la guerre et
en fit oublier les malheurs. Le roi ennoblit son triomphe
par son humanité. Il voulut qu'on soignât, avec le même
soin, les blessés des Français et ceux de l'ennemi.
' (( Méditez, dit-il à son fils, au milieu des morts et des
mourants, méditez ce spectacle affreux ; apprenez à ne pas
(!) Un corps anglais (duc de Gumberland), un corps autrichien (Kœ-
nigsek), un corps hollandais (prince de Waldeck).
(2) L'armée française occupait une position très forte appuyée sur
Antoing à droite, le village de Fontenoy au centre et^le bois de Bari à
gauche. (Le tout fortifié et garni d'artillerie).
(3) Ce capitaine eut la cuisse cassée.
118 HISTORIQUE
VOUS jouer de la vie de vos sujets et à ne jamais verser leur
sang dans des guerres injustes. »
L*armée victorieuse ne poursuivit pas les vaincus ; elle
ne voulait pas s'éloigner de Tournai (1). Pourtant, la ville
ayant capitulé douze jours après, deux colonnes furent diri-
gées sur Gand, qui servait de magasin à Tarmée alliée.
Combat de Mesle (9 juillet 1745).
Le régiment de Grillon marchait, avec sa brigade et celle
de Normandie, sous la conduite du comte du Chayla (2).
L'ennemi avait envoyé 6.000 hommes au secours de Gand,
Le 9 juillet, ce corps rencontra la colonne du Chayla sur la
chaussée d'Alost, près de Tabbaye de Mesle. Le régiment
formait Tavant-garde. Le marquis de Grillon s'était porté
en avant avec ses éclaireurs. Il dut se replier devant les
Anglais ; mais il le fit dans le plus grand ordre. Bientôt son
régiment, qui était resté à un mille en arrière, arrive au
pas de course, baïonnette au fusil, charge furieusement
l'ennemi, reprend les canons et les pontons dont les An-
glais s'étaient emparés, et les force à battre précipitam-
ment en retraite, laissant entre nos mains plusieurs dra-
peaux et 1.400 prisonniers.
Ce beau fait d'armes, qui allait entraîner la prise de
Gand, fut dû, en grande partie, à la valeur individuelle. .»
C'est ainsi que deux soldats de Grillon, Pierre Chaumont et
Pierre Loucheron, dit Sans-Quartier (3), voyant la cavale-
rie française refoulée sur la chaussée, se jettent au milieu
des escadrons anglais, attaquent un cornette, le tuent et
rapportent en triomphe son étendard.
(1) A Tattaque de la citadelle de Tournai (19 juin), le lieutenant dr
ViLLEMARQUET fut bleSSé.
(2) Le comte de Chayla avait trois brigades de cavalerie, deux d'in-
fanterie, vingt pièces de canon et des pontons.
(3) Pierre Chaumont, dit du Pont, né à Neuville-au-Pont, en Cham-
pagne. Pierre Loucheron, dit Sans-Quartier, né à Etampes. (V. Essais
sur les régiments, par M. de Roussel, et Science des personnes de la
cour, tome III.)
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 119
Malheureusement, la gloire coûte cher. Le capitaine de
grenadiers Cochu avait trouvé une mort glorieuse dans le
combat qui nous rendit notre artillerie surprise par Ten-
nemi. Au nombre des blessés se trouvaient le commandant
de bataillon de la Viganière et les lieutenants de Marve-
LizE et DuFouR. Le régiment laissait 180 hommes sur le
champ de bataille.
Le roi lui témoigna sa satisfaction en lui accordant qua-
torze croix de Saint-Louis et vingt-deux gratifications.
Quelques jours après, la capitulation de Gand permit
à Grillon de prendre part au siège d'Ostende. La place se
rendit le 23 août après une sérieuse résistance qui coûta la
vie aux lieutenants Ricard et de Gastelnau. Plusieurs offl-
ciers avaient été blessés : le lieutenant-colonel de Les-
TANG (1), le capitaine de Gastelnau, le lieutenant Dumesnil,
le sous-lieutenant de la Marre.
La campagne 3e termina par le siège de Nieuport, où le
lieutenant Dumesnil fut encore blessé (septembre 1745) (2).
Année 1746
Au mois de juin 1746, le régiment se signale à la prise du
fort de la Ilaisne qui défend les approches de Mons. Il per-
dit 200 hommes à ce siège. Parmi les blessés se trouvaient
le capitaine de Magenville et le lieutenant de Ghatenay.
Envoyé, un peu plus tard, au corps de réserve du comte
de Glermont, alors campé près d*Aôrschott, Grillon fournit
plusieurs détachements destinés à éloigner les troupes légè-
res qui troublaient la sécurité du camp. Dans une de ces
rencontres, le capitaine de Magenville fut blessé, son lieu*
tenant, M. d'Ille, fut tué.
(1) Sans douto, le licutcnant-coloncl Hiky, qui portait peut-être aussi
le nom de l'Etang. Nous ne trouvons ce nom que dans ïHintoire de
l'ancienne infanterie française, par le général Susane.
(2) De là, le régiment se rendit à Calais, où se préparait une expédi-
tion contre l'Angleterre qui n'eut pas lieu. Au mois de janvier 1746, il
vint se poster à Gand pendant le 6i^go do Bruxelles et retourna dans
ses quartiers après la prise de cette ville.
120 HISTORIQUE
Une autre colonne, conduite par M. le capitaine de Kerni-
SAN et le lieutenant de Thiersant, et forte de 50 hommes,
fut surprise, près de Ramilles, par plus de 1.500 hussards
qui la poursuivirent sans pouvoir Tentamer. Mais, arrêtés
par Tarrivée d'un corps d'infanterie ennemie, nos braves
soldats furent cernés et durent se rendre, après une glo-
rieuse défense au cours de laquelle M. de Thiersant reçut
un coup de sabre sur la tête.
Au mois de novembre, le régiment est au siège de Na-
mur. C'est pendant cette opération que le lieutenant de
Petity, à la tête de 15 braves soldats, pénétra dans le fau-
bourg de la Plante et en revint avec 37 prisonniers. Au
bout de onze jours de vigoureuse, mais inutile résistance,
Namur capitula (l).
Colonel marquis DE LA TOUR DU PIN DE LA CHARCE
(1746).
Le marquis de Crillon, qui avait perdu 200 hommes à ce
siège (2), fut chargé de porter au roi la nouvelle de son
succès. Louis XV le nomma maréchal de camp et donna
son régiment au comte de la Tour du Pin (3), sous le nom
duquel il moissonna bientôt de nouveaux lauriers.
Année 1747
Attaque du fort de Zandsberg (5-6 mai 1747).
L'année suivante, au mois d'avril, la Tour du Pin, fort de
quatre bataillons (4), se trouve à Tarmée du marquis de
(1) La ville capitula le 19 et la citadelle le 30 septembre 1746.
(2) Blessés: capitaine Daurée, lieutenaDts de Montbrun et de la
Marre.
l3) Philippe-Antoine-Gabriel-Victor-Charles, marquis de la Tour du
Pin et de la Charge : colonel, 19 octobre 1746 ; brigadier, 22 juillet
1758; maréchal de camp, 20 février 1761.
(4) Le 4*' bataillon avait été formé à Anvers.
DU 15« REGIMENT d'iNFANTERIE 121
Contades, qui devait emporter les forts de la Flandre hol-
landaise. Celui de Zandberg, qui couvrait la place d'HuIst,
n'était abordable que par une digue fort étroite. L'ennemi
tenta de nous surprendre par une attaque de nuit. Le l^r
bataillon était de garde à la tète de tranchée; il fut attaqué
vers 1 heure du matin dans la nuit du 5 au 6 mai.
Mais les grenadiers et les piquets, dirigés par le colo-
nel en personne, opposèrent à l'ennemi une inébranlable
résistance.
Cependant, au bout d'une heure, la poudre vint à man-
quer. Un sergent, aidé de quelques hommes, courut en
chercher. Or, par suite de la précipitation, on négligea toute
précaution. Le feu prit à une traînée de poudre, se com-
muniqua aux sacs déposés sur les palissades et le bataillon
presque tout entier fut brûlé.
Un instant éloignés par l'efïroi de cette détonation , les
Hollandais revinrent bientôt à la charge ; pourtant, le brave
colonel, ralliant les débris de son malheureux bataillon,
réussit à repousser l'ennemi (1). Une si belle attitude eut
enfin sa récompense: Hulst capitula le 11 mai.
Sa prise avait coûté la vie à trois officiers de mérite : le
capitaine de Moussonvilliers, les lieutenants Jacquerie et
Leclerc, et l'on^îomptait 11 officiers parmi les blessés. Voici
leurs noms : le colonel marquis de la Tour du Pin (brûlu-
res); les capitaines de Montbrun, de Cours, de Farcy, de
Pioger-Chantradeux, d'Hallebout; les lieutenants Pen-
NARD, GUYOT, Le FrANC DE SaGERRAN Ct LaBORDAVE.
Bataille de Lawfeld' (2 juillet 1747).
Malgré tout, le régiment ne se reposa guère ; il alla con-
courir au siège d'Axel (16 mai) et se trouva dans les pre-
miers jours de juillet à la célèbre bataille de Lawfeld.
(( La paix, disait le maréchal de Saxe, est dans Maêstricht,
et une bataille gagnée peut seule nous en ouvrir les portes. ))
(1) Ces renseignements sont empruntés à V Histoire de l'ancienne
infanterie française, par Susane, et aux Essais sur les régiments ^ par
M. de Roussel.
122 HISTORIQUE
Pour couvrir la ville, l'armée des alliés occupait une po-
sition formidable, en avant de Lawfeld, derrière des ouvra-
ges en terre qui se flanquaient entre eux. Ces obstacles ne
firent pas renoncer le maréchal à l'honneur de l'offensive.
Louis XV donna lui-même le signal de la bataille.
La Tour du Pin se trouvait à l'aile droite, où le combat
fut le plus acharné. Trois attaques successives étaient ve-
nues se briser contre les défenses de Lawfeld. Le maréchal
de Saxe, considérant ce village comme la'clef de la posi-
tion, résolut de s'en emparer à tout prix. C'est alors qu'il
manda les brigades de La Tour du Pin, du Roi et d'Orléana
pour tenter ce nouvel et suprême effort. Le moment était
solennel, la victoire allait se décider.
Le régiment, fier de sa mission, s'élance à la baïonnette
avec une intrépidité sans égale. Il culbute la colonne en-
nemie dans le ravin et lui passe sur le corps. Le roi, témoin
de tant de valeur, lui accorda cinq brevets de lieutenant-
colonel, treize croix de Saint-Louis (1) et vingt-sept grati-
fications. Il avait perdu à cette bataille les capitaines de
Mageinville et de Dreux et les lieutenants de Vaudry, de
Sagerran, Le Franc et de la Durantie. Parmi les blessés
se trouvaient les capits^ines d'Artignos, de Najac, de la
Grèze, de Vandel, de Larmandie, de ' Montgrand , le
chevalier capitaine adjudant -major de Montgrand, de
Maillé, de la Tour Dejeax, de Tanouarn, de Grlxcourt, de
Ferrand et d'Astorg et les lieutenants de Cheffontaines,
JOURDAN, DE MaRDEVILLE, DE LA MaRRE, TerCIER, DE LA
ViLOTTE, Deschênes, de Requeur et Fourneau, ainsi que
MM. DE LossE, DE Lagoudre et DE Boislebon qui faisaient
la campagne en volontaires.
Malgré cette brillante victoire, il parut difficile d'enlever
Maêstricht. Pour épargner ses troupes, Louis XV crut pré-
férable d'en ajourner le siège.
En conséquence, les régiments prirent leurs quartiers
d'hiver. La Tour du Pin s'établit à Bruxelles.
(1) Au sujet des croix de Saint-Louis, consulter Tappcndice n° 4.
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 123
Année 1748
Mais, Tannée suivante (1748), on apprit qu'un corps de
25.000 Russes venait au secours de la Hollande (1). Le ma-
réchal de Saxe, qui n'avait pas renoncé à prendre Maôs-
tricht, voulut agir promptement pour s'assurer l'avantage.
La ruse prépara et le courage acheva le triomphe de nos
armes. L'ennemi, trompé par une fausse démonstration sur
Bréda, dégarnit ses positions pour se porter au secours de
cette place. Le maréchal, profitant de cette faute, brusqua
son mouvement et vint investir Maêstricht. Le siège fut
poussa avec une incroyable vigueur.
Le 29 avril, à 9 heures du soir, deux compagnies de gre-
nadiers de la Tour du Pin et trois de la Couronne, soute-
nues par celles de Rohan et d'Alsace, s'élancèrent au cri de
« Vive le Roi I » sur la flèche de gauche du front d'attaque
et parvinrent à se loger sur le saillant gauche du chemin
couvert de l'ouvrage à cornes. Cette action coûta la vie au
capitaine de la Durantie, frère du lieutenant tué à Law-
feld et au capitaine de Corneillan. Dix officiers avaient été
blessés pendant le siège : le 20 avril, le capitaine de Cas-
TELNAU, le lieutenant Legrand, le lieutenant Mézières ; le
21, le lieutenant Ric ART ou Richart; le 29, le capitaine de
RoGUESHAUTES, Ic Capitaine de Vandel, les lieutenants Ter-
ciER et de la Marre; MM. de la Coudre et d'Articles (vo-
lontaires).
Paix d'Aix-la-Chapelle (1748).
La place n'eût pu résister longtemps à de pareils assauts.
Le maréchal de Saxe allait en forcer les portes lorsqu'ar-
riva un courrier du duc de Cumberland annonçant la ces-
sation des hostilités, ce qui justifiait le mot de Maurice de
Saxe : « La paix est dans Maêstricht. »
Louis XV la conclut à Aix la-Chapelle (18 octo^e 1748),.
(1) Une armée de 80.000 hommes couvrait déjà Maêstricht.
124 HISTORIQUE
(( non en marchand, mais en roi )), selon Texpression de son
plénipotentiaire au Congrès.
A cette période de guerre, on vit succéder près de sept
années de quiétude et de prospérité (1).
GUERRE DE SEPT ANS
Pourtant l'ambition des Anglais devait bientôt troubler
le calme de TEurope. Us ne pouvaient voir sans jalousie le
bonheur de la France. Ce lut du Canada que jaillit Tétin-
celle qui allait bientôt embraser les deux mondes. L'An-
gleterre, sans déclaration de guerre, attaquait nos colonies,
capturait notre marine marchande et nous suscitait en Eu-
rope de graves difficultés. Louis XV, qui n'aspirait qu'à la
paix, fut forcé de faire la guerre.
On vit tout à coup changer le système politique de l'Eu-
rope : la Prusse unie à l'Angleterre et la France à l'Autriche.
La guerre fut au début heureuse. Le régiment rejoignit
en 1757 (25 août) l'armée du maréchal d'Estrées, qui devait
attaquer les forces anglaises du Hanovre.
Sous les ordres directs du duc de Richelieu, La Tour du
Pin poursuivit jusqu'à Stade le duc de Cumberland. 11 se
porta ensuite à Lunebourg, pour protéger la retraite de
notre armée battue à Rosbach, puisse retira derrière l'Aller
et prit ses quartiers d'hiver à Hanovre. La victoire semblait
avoir abandonné nos drapeaux.
La Tour du Pin fut très maltraité pendant la campagne
de 1758. Etabli à Goch (2 lieues de Clèves), il dut se retirer
précipitamment devant les progrès rapides du prince Fer-
dinand. Continuellement harcelé par l'ennemi, le régiment
perdit une partie de ses équipages et la moitié de son ha-
billement neuf.
Le lieutenant de grenadiers de Soulage, resté malade à
(i) Le régiment tint garnison à Lille, février 1749; à Dunkorque, 1751 ;
à Valenciennes, 17;32; au camp do Sarrelouis, 1754; ù Maubeuge, 1755;
au Havre-dc-Grâco, Juillet 1750 ; au Mans, à Saumur, à La Flèche, sep-
tembro*1756.
DU 13® RÉGIMENT D*1NFANTERIE 125
* ■ • Il
Gocb, reçut un coup de sabre sur la tête et un coup de pis-
tolet à la jambe; il parvint cependant* à s'échapper.
Un détachement de 50 hommes fut moins heureux ; surpris
et entourés par les coureurs de Ferdinand, nos soldats firent
bravement leur devoir; mais après une héroïque défense,
les survivants de cette vaillante colonne furent faits pri-
sonniers avec leur lieutenant M. d*Epinay.
Bataille de Crewelt ou Crefeld {23 juin 1758).
Malgré toutes ces épreuves, La Tour du Pin assiste, quel-
ques jours plus tard, à la malheureuse bataille de Crefeld,
où le comte de Clermont fut battu par le prince de Bruns-
wick. Le régiment fit preuve, en cette journée, de la plus
étonnante fermeté. Exposés pendant cinq heures au feu
meurtrier de trois batteries, nos soldats, inébranlables
sous la mitraille, ne se plaignirent que de leur inaction et
de la nécessité de battre en retraite. Un courage aussi
calme est plus rare et plus méritoire que Tardeur dans
la lutte (i). On en a peu d'exemples. Sans avoir eu de
toute la journée Toccasion de tii*er un coup de fusil, La
Tour du Pin avait perdu plus de 500 hommes dont cinq
capitaines : MM. de Roques-Hautes, du Halgouet (2), Duvi-
GNY, d'HouRMELiN et DE LA BouRDONNAYE. Parmi les blessés,
il fallait compter les capitaines de Montbrun, Delon, de
CONFLANS, DE LA MoTHE-FeRRAND, DE DiANOUS Ct DE MÉMAR-
QUES ainsi que les lieutenants d'Astier, de Saint-Germain
et DU Seigneur, et le sergent Desroulins, qui devint lieu-
tenant et fut tué en 1762.
Enfin, après diverses opérations autour de Cologne, le
régiment prit ses quartiers d'hiver à Xanten (2 lieues de
Wesel) près de Wesel.
(1) Le capitaine Delon faisait le service de l'artillepie. Le régiment
souffrit tant parce qu'il était pris en écharpe par trois batteries. Son
audacieuse retraite en imposa à la cavalerie ennemie, qui n'osa l'in-
quiéter. (V. Essais sur les régiments, par E. de Roussel.)
(2) Agathe-Luc-Jean-Baptiste de Poulpiquet, chevalier du Halgoèt, né
il Rennes en 1729, chevalier do Malte en 1747, avait un frère aîné ca-
pitaine au régiment (1& comte du Halgoèt).
126 HISTORIQUE
Prise de Munster (25 Juillet 1759).
En 1759, La Tour du Pin figure dans le corps de réserve
du marquis d'Armentières, qui fut chargé d'investir Muns-
ter.
Dans la nuit du 11 au 12 juillet, le régiment tenta une
audacieuse attaque sur la porte Saint-Maurice.
Il eut à soutenir le choc de toute la garnison et ne se
retira qu'au jour. C'est dans cette glorieuse affaire que
périt le lieutenant de Souvolles. On ramassa parmi les
blessés le capitaine de Chassignoles (1), le commandant de
bataillon de Larmandie, les capitaines de la Tour-Dejean
et DE Farcy, les lieutenants de Lustrac et de Siry, ainsi
que les sergents Desroulins, Richart et Pagnon, devenus
plus tard officiers au corps (2).
D'aussi grands sacrifices furent enfin récompensés par
la capitulation du 25 juillet, qui nous livra 3.000 soldats
prussiens, ainsi que le lieutenant général de Zastrow.
Après quelques expéditions sans importance, La Tour du
Pin vint jouir à Gologne'd'un repos qu'il avait bien gagné
(21 janvier 1760).
Bataille de Corbach (10 juillet 1760).
Le régiment fit la campagne de 1760 sous les ordres du
comte de Saint-Germain (3).
Appelées au secours du maréchal de Broglie, les brigades
La Tour du Pin et La Couronne arrivent fort à propos, le
10 juillet, sur le champ de bataille de Corbach et sontbien-
(1) Le capitaine de Chassignoles, grièvement blessé au genou droit,
devint lieutenant-colonel en 1784.
(2) Le régiment devait attirer sur lui le feu de la place pour faciliter
l'attaque de droite, mais cette attaque s'étant égarée, l'ennemi craignit
d'être forcé par la porte Saint-Maurice, que canonnaient nos quatre
pièces de campagne. Il y porta toutes ses forces. Le régiment se main-
tint sous une grôie de bombes, pots-à-feu, grenades et mousqueterio.
(3) Corps de réserve assemblé à Dusseldorf.
DU 15° RÉGIMKNT d'iNFANTEIUE 127
tôt suivies des brigades de Royal- Suédois et de Casteilas,
qui permettent de prononcer l'attaque décisive et de déga-
ger les volontaires de Flandre. Malgré le feu meurtrier de
l'ennemi, celui-ci se voit obligé de battre en retraite après
quatre heures de combat.
Les capitaines de Kernisan et Duserre, les lieutenants de
RouvROY, DU Luc, d'Osmont, de la Villaudrey (enseigne)
et de la Vernosse furent blessés à Corbach, où le régiment
avait perdu 29 hommes et comptait 115 blessés.
Warbourg (31 juiHot 1760).
Cependant, le maréchal deBroglie, qui occupait la Hesse
et le Hanovre, avait été obligé de diviser ses forces. Le
prince de Brunswick, profitant de cette occasion, résolut
de surprendre le corps du chevalier du Muy. Le 31 juillet,
à la faveur du brouillard, deux colonnes ennemies débou-
chent subitement sur la gauche de l'armée française. La
brigade de La Tour du Pin (1), qui était à droite du village
de Warbourg, vole au secours de l'aile menacée. Mais le
chevalier du Muy s'aperçoit bien vile que l'ennemi me-
nace les ponts de la Dymel, qui seuls assurent sa ligne de
retraite. Pour parer à ce danger, il choisit La Tour du Pin
étTouraine(2).
Le 2<3 bataillon du régiment passe la rivière à gué, sous
le feu de l'ennemi, protège la retraite, forme l'arrière-garde
de la réserve et se retire en bon ordre devant la supério-
rité des forces. Sept officiers avaient été blessés dans
cette glorieuse affaire. C'étaient les capitaines de La Tour-
Ferrand, de Guintrand et de L'Enfernat ; les lieutenants
d'AsTiER, Dupuis, de Chantepie, chevalier de Chassignoles,
(1) La Tour du Pin cl Tourainc.
(2) La Tour du Pin et Touraino, conduits par lo lieutenant gt^néral
de Meaupou et lo maréchal de camp marquis de Roquépine, se portent
au secours de Bourbonnais, Roucrguo et La Couronne. Le Si" bataillon,
un moment coupé par notre cavalerie, est chargé iUi front ot do Hanc
par celle de l'ennemi, mais 11 l'arrête par son feu et passe la rivière
avec de l'eau Jusqu'à la ceinture.
128 historique:
DE Plats, et les sous-lieutenants Beaupoil, Pagnon et
Matheron. Quelque temps après, le régiment fut envoyé
au secours de Wesel, menacé par le prince héréditaire et
se trouva ainsi au combat de Ciostercamps, célèbre par le
dévouement du chevalier d*Assas. Immobilisé pendant une
partie de Faction, par suite de la blessure de son colonel,
la Tour du Pin eut cependant l'honneur de prendre part
aux charges qui repoussèrent définitivement les troupes
hanovriennes. Le régiment comptait 73 hommes hors de
combat, parmi lesquels le colonel (1), les capitaines du Sei-
gneur et des Favières, les lieutenants de Plats et de la
ViLLAUDRAY et Ic sous-lieuteuant de la Feuillade.
Colonel comte DE BOISGELIN
(1761).
Le 20 février 1761, le comte de La Tour du Pin fut nommé
maréchal de camp. Il fut remplacé par le colonel comte de
BoisGELiN, qui commandait précédemment le régiment de
Saintonge (2) (3).
Boisgelin, qui faisait partie du corps de réserve com-
mandé par le prince de Gondé, ne cessa guère de combattre.
Il prit part à la bataille de Villingshausen (4) (15 et 16 juil-
let). Quelques jours plus tard (28 juillet), dans une ren-
contre particulière, près de Neuheim (sur la Roër), il per-
dait un brave officier, le lieutenant de Saint-Paul, tué à la
tête de ses grenadiers. Nous le retrouvons encore, le 30
(1) Le colonel de La Tour du Pin reçut un coup de feu à la cuisse dès
le début de Faction.
(2) René Gabriel comte de Boisgelin, fut fait brigadier le 25 JuiN
let 1762. Le lieutenant-colonel Marc Antoine de Hallebout, servait au
corps en 1724 comme lieutenant; lieutenant-colonel, 18 janvier 1760;
brigadier, 20 février 1761 ; maréchal de camp, 1767.
(3) Le corps était alors à Cologne et y passa l'hiver.
(4) Villingshausen. Combat perdu par la faute du maréchal de Sou^
bise.
DU 15« RÉGIMENT D*L\FANTERIE 129
août, à l*affaire de Roxel. Puis il va prendre ses quartiers
d'hiver à Cologne et Dusseldorf .
Année 1762
Pourtant la guerre n'était point terminée. Le régiment
dut bientôt reprendre la campagne. Au mois de juin 1762,
un détachement de la compagnie de Cambefort eut la bonne
fortune de capturer à Ippenburen deux aides de camp du
prince Ferdinand : le colonel Ligonier et le capitaine an-
glais de Medos. D'ailleurs, cette année devait être parti-
culièrement glorieuse pour Boisgelin.
Combat de Gxûningen-Johannsberg ou Johannisberg
(25 août 1762).
Le 25 août, il se signala de la façon la plus honorable
au combat de Grùningen-Johannsberg, où le prince de
Condé repoussa Tarmée deux fois plus nombreuse du prince
héréditaire. Dès le commencement de l'action, un brave
soldat, nommé Jean Troury (1) s'était placé en vigie sur
un arbre très exposé au feu de Tartillerie adverse. En dépit
du danger, il se maintint ferme à son poste et put ainsi
donner avis du mouvement de retraite de Tennemi, ce qui
détermina dans nos troupes un nouvel et irrésistible élan.
C'est alors que le capitaine de Serre-Durival (2), à la tête
de 30 hommes déterminés, tenta une audacieuse attaque
sur le moulin de Grûningen, où il eut la gloire de s'em-
parer de trois pièces de canon.
Les vainqueurs campèrent sur le terrain, puis ils se di-
rigèrent sur le Johannsberg pour se rapprocher de MM. les
maréchaux.
(4) Jean Troury, dit du Raisin, né à Paris, paroisse de Saint-Jean-de-
Latran.
(2) Joseph DE Serre Durival, né à Gap en 1737; capitaine en 1758.
Blessé à Corbach. S'est distingué au moulin de Grûningen (25 août 1762)
en s'em parant de trois pièces de canon (Etats de service).
Uist. 15». 9
130 HISTORIQUE
Nous allons voir que la journée du 30 août devait être
plus brillante encore que celle du 25. Boisgelin s'y couvrit
d'une gloire incomparable. Le prince de Condé s'y montra
vraiment digne du grand nom qu'il portait.
Bataille de Friedberg-Johannisberg (30 août 1762).
L'armée française se trouvait établie dans une forte posi-
tion, près de Salines de Friedberg, quand son avant-garde
fut attaquée sur la moatagne du Johannsberg par dix-neuf
bataillons ennemis, sous la conduite du prince de Bruns-
wick en personne.
Cependant tous leurs efforts venaient se briser contre
l'inébranlable résistance du marquis deLévis (1) lorsqu'on
apprit que Lùckner, avec quarante escadrons, opérait un
mouvement tournant par Niedermelle, afin de tomber sur
notre flanc. Pour parer à ce danger, il fallait agir au plus
vite et brusquer la victoire. Le prince de Condé confia cette
noble tâche à la brigade de Boisgelin. Il s'agissait de se
rendre maître d'un bois situé vers notre gauche et défendu
par 3.000 Anglais et 3.000 Hanovriens. Entraînée par le
lieutenant-général comte de la Guiche et les maréchaux de
camp de Chantilly et Jenner, cette troupe généreuse s'é-
lance au pas de course contre l'ennemi, dont elle essuie
deux décharges sans riposter, et se jette à la baïonnette sur
les 6.000 Anglo-Hanovriens qu'elle enfonce et disperse en
un clin d'œil. Dans la poursuite, un caporal de la compagnie
DE BoRDENAVE, nommé Michel Roussillac (2), emporté par
son ardeur, parvient seul au delà d'un ruisseau que les
ennemis traversent avec peine, en tue plusieurs et ramène
onze prisonniers (3).
(1) Le marquis de Lévis commandait Favant-garde. Il avait été ren-
forcé par les grenadiers royaux du comte de Stainville.
(2) Michel Roussillac, dit Augustin, originaire de Saint-Augustin,
près Brives, en Limousin. (Ces détails sont empruntés à Touvrage de
M. de Roussel : Essais sur les régiments.
(3) Le prince de Soubise, témoin de ce haut fait d'armes, voulut l'en
récompenser sur-le-champ en lui donnant quatre louis d'or.
DU 15^ RÉGIMENT D*1NFANTERJE 131
Pendant ce temps, les charges vigoureuses du comte
de Stainville achevaient la déroute du prince de Bruns-
wick (1), dont les troupes repassèrent précipitamment le
Weser, laissant entre nos mains 600 morts, 1.500 prison-
niers, 1.200 chevaux, 2 étendards et 15 pièces de canon.
Ce beau fait d'armes couronnait dignement la dernière
campagne de la guerre de Sept ans, qui n'aboutit malheu-
reusement qu'au traité de Paris (10 lévrier 1763), si désa-
vantageux pour la France.
En raison du rôle glorieux joué par le régiment dans
cette action mémorable (2), le comte de Boisgëlin, son
colonel, fut chargé de porter au roi la nouvelle de la vic-
toire. 11 en fut récompensé par le grade de brigadier. D'au-
tre part. Sa Majesté chargea spécialement le maréchal
d'Estrées de transmettre au corps tous ses compliments
pour sa brillante conduite à Friedberg; il en donna d'ail-
leurs un éclatant témoignage en accordant à Boisgeiin qua-
torze croix de chevalier de Saint-Louis et 15.J0J livras de
gratification (Y. les pièces justificatives à l'appendice
no 3.)
Le régiment pouvait être fier de sa gloire ; mais il l'avait
payée bien cher : 28 soldats avaient été tué.s sur place,
256 étaient blessés. Le corps d'officiers ne s'était guère mé-
nagé; 8 d'entre eux avaient trouvé la mort au champ
d'honneur: c'étaient les capitaines de Saint Sauveur (3),
d'Autteville (4), Dumas (5) et de Ranchin (6); les lieule-
(!) Le prince héréditaire de Brunswick avait été dangereusement
blessé.
(2) « Les troupes ont fait des prodiges, écrit le prince de Condé à
M. de Choiseul, particuli^^ftment le régiment de Boisg-lin, conduit par
MM. de Chantilly et Jonncr, maréchaux de camp. » i our ce qui con-
cerne la croix de Saint-Louis, voir la note de l'appcnlice n" 3.
(3) Louis-Victor Pocquet de Saint-Sauveur, né à 1 1 Martinique, on
4736.
(4) Louis-Augustin-Jeannln d'Autteville, né à Valericienncs, en 1740.
(5) Jean-César Dumas, né à Bordeaux.
(6; Jean-Philippe chevalier de Ranchin, né à Puylaurens le 2 octo-
bre 1733; chevalier de Saint-Louis, 9 septembre 17ôi; mort de ses
blessures le 10 octobre 1762.
132 HISTORIQUE
nants Rogon, Oldet et Desroulins, le sous-lieutenant de
LoRGERiL. Plus longue encore était la liste des blessés : en
tète, le commandant de bataillon (1) chevalier du Mesnil^
puis les capitaines delà Forgue, de Sarrant, de la Tour,
DE Ferrand, de Roye de l'Enfernat, Mézières, Collet des
Favières, de Mémarque, Navette de Chassignoles, de la
Barrière, de Champbruslard, delà Vergnhe, de Siry, Dou-
ville; le lieutenant de grenadiers Beaupoil et les sous-
lieutenants Ricard, Chantepie, Bourguisson, d'Osmont, de
LA Feuillade, Matheron, de Berne, enfin le porte-drapeau
Bagué.
Nous n'aurions garde d'omettre ici un fait assez signifi-
catif à une époque où l'esprit de corps entretenait entre
les divers régiments une si vive et continuelle rivalité :
Boisgelin reçut les félicitations les plus flatteuses de la
part de plusieurs autres corps sur sa brillante attitude dans
l'affaire de Friedberg,
Mentionnons tout particulièrement la lettre adressée par
les officiers de La Couronne à ceux de Boisgelin, document
qui demeurera toujours honorable pour les deux régiments.
(V. pièces justificatives, appendice 3, )
Colonel marquis DE CRÉNOLLE
(30 novembre 1764).
Rentré en France après la signature delà paix, Boisgelin
se rendit à Calais. Il y tenait encore garnison lorsque l'or-
donnance du 10 décembre 1762 lui imposa le nom de
Béarn (2). Nous n'entrerons pas dans le détail des nom-
breuses garnisons qu'occupa le régiment de Béarn pendant
cette période de paix (3). Disons cependant qu'il se trouvait
(1) Germain-Nicolas du Mousset, chevalier du Mesnil, né dans le Per-
che; réformé en 1763 comme commandant de bataillon.
(2) Cette ordonnance substituait le nom permanent d'une province
aux noms essentiellement variables des colonels, qui servaient, jusqu'à
cette époque, à la désignation des régiments des gentilshommes.
(3) Mars 1763, Calais; novembre 1764, Dunkerque; août 17fô, Thion-
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 133
à Dunkerque lorsqu'il passa sous les ordres du colonel
marquis de Crénolle (30 novembre 1764) (1).
Le règne de Louis XV s'acheva dans la tranquillité.
Mais Tambition de la marine anglaise entretenait un
sourd mécontentement.
La révolte de l'Amérique du Nord fut le signal de la dé-
tente. Le roi de France (Louis XVI) dut veiller à la sûreté
de ses colonies, car tout faisait présager une rupture avec
l'Angleterre.
En conséquence, Béarn, comme tant d'autres régiments,
reçut l'ordre d'envoyer son 4® bataillon aux Antilles.
Il fut embarqué à Brest, le 20 novembre 1775, à desti-
nation de Saint-Domingue.
L'année suivante, en vertu de l'ordonnance du 25 mars,
Béarn se dédoubla pour former deux régiments : les l^r et
3<^ bataillons constituèrent Béarn (le nouveau), en conser-
vant le drapeau et l'uniforme de l'ancien corps, tandis que
les 2® et 4® bataillons formèrent le régiment d'Agénois.
Enfin, en 1777, le régiment de Béarn prit le numéro 15
dans l'ordre de bataille, par suite de l'ordonnance royale
qui supprimait le roulement entre les régiments à semes-
tre (2).
Colonel marquis DE BARTILLAT
(1780).
En 1780, la promotion du marquis de Crénolle au grade
de maréchal de camp (l^r mars) fit donnerie commande-
ment de Béarn au marquis de Bartillat (nommé à la date
du 13 avril 1780) (3).
vUle; juin 1767, Sarrelouis; octobre 1767, Brest ; novembre 1769, Metz;
octobre 1771, Thionville; septembre 1772, Valenciennes ; novembre 1774,
Metz; 1777, Verdun; 1778, Meaux; 1779, en Picardie; 1781, Saint-Omer,
novembre 1781, Brest; juin 1784, Metz; novembre 1787, Dieppe; septem-
bre 1789, Le Havre; janvier 1792, Arras; 15 juin 1792, Lille.
(1) Anne-Louis de Quingo de Crénolle; brigadier, 3 Janvier 1770;
maréchal de camp, 1" mars 1780.
(2) Bourbonnais, Béarn et Auvergne.
(3) Louis-François-Jules-Jeannot, marquis de Bartillat ; brigadier, 5
décembre 1781 ; maréchal de camp, 9 mars 1788.
134 HISTORIQUE
Le régiment, qui avait été envoyé plusieurs fois dans le»
ports du nord de la France pour protéger les côtes contre
les tentatives de la marine anglaise, revint à Metz, au mois
de juin 1784, lorsque la paix fut assurée par le traité signé
à Versailles -3 septembre 1783) entre les Etats-Unis, la
France, TEspagne et TAngleterre.
Colonel DE BOISGELIN DU KERDU
(1788).
Cependant, la crainte d'une nouvelle guerre maritime le
fît envoyer à Dieppe en octobre 1787, et, deux ans après,
au Havre (septembre 1789), où nous le trouvons sous les
ordres d'un nouveau colonel, le vicomte de Boisgelin de
Kerdu (1) (2).
Quoi qu'il en soit, le régiment n'eut l'occasion de pren-
dre part à aucune action de guerre. Il est môme à supposer
qu'il ne quitta point sa garnison, car il était encore au
Havre au moment où l'Assemblée nationale substitua aux
noms de province, que portaient les régiments, la seule dé-
signation de leur numéro dans l'ordre de bataille (le^ jan-
vier 1791).
Béarn deTlent le 15^ Rég^lment d'Infanterie.
A partir de cette époque, Béarn ne porta plus que la dé-
nomination de": (( 15« Régiment d'infanterie ».
Colonel comte DE CASTELLANE
(25 Juillet 1791).
Le 30 juin de la môme année, le colonel de Boisgelin fut
retraité avec le grade de maréchal de camp. Il eut pour
(1) Gille-Dominique-Jean-Maric de Boisgelin, nommé le 1'' mars 1788;
retraité avec le grade de maréchal de camp le 30 Juin 1791.
(2) M. Jean-Charles de Myon fut lieutenant-colonel de Béarn de 1789
à 1791.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 135
successeur le comte de Castellane (1), qui ne fit que pas-
ser au régiment.
Sur ces entrefaites, le 2« bataillon recevait Tordre de par-
tir à son tour pour Saint-Domingue. Il s'embarqua au
Havre, le 1®' novembre, et ne revint jamais en France.
Colonel DE MYON
(1791).
Quelques jours plus tard, le colonel de Castellane était
remplacé par M. de Myon (7 novembre 1791), qui avait le
grade de lieutenant-colonel au corps depuis le 7 mai 1789.
Au mois de janvier suivant (2), ce qui restait du régiment
fut envoyé à Arras. Oji l'y trouve, le 1®' mars, à l'effectif de
347 hommes.
Colonel DE VARENNES
(7 mars 1792).
Deux mois après (juin), le 15® régiment d'infanterie était
en garnison à Lille, sous les ordres de son nouveau colonel
M. de Varennes (3). Il eut bientôt l'occasion de montrer
qu'il avait pieusement conservé les traditions de ses aînés.
Les grandes commotions politiques qui déchiraient alors
le cœur de la France avaient eu un grave retentissement dans
toute l'Europe. L'orage commençait à gronder à l'horizon.
L'Assemblée législative résolut de brusquer les choses et
força Louis XVI à déclarer solennellement la guerre à l'em-
pereur d'Autriche (20 avril 1792).
(1 ) Michel-Ange-Bonifacc-Marie, Ck}mte de Castellane, colonel du 15%
le 25 juillet 1791.
(2) Le 1" bataillon arrive le 27 janvier 1792 -à Arras.
(3) Marie-Louis de Varennes, colonel du 15" le 7 mars 1792.
136 HISTORIQUE
Siège de Lille (24 septembre - 8 octobre 1792). «
C'est en Flandre qu'on tira les premiers coups de canon.
Le régiment, qui faisait partie de l'armée du Nord, com-
mandée par Luckner, puis par Dumouriez, eut l'insigne
honneur de prendre part à la glorieuse défense de Lille (1).
Le duc Albert de Saxe-Teschen s'avançait à la tête d'une
armée de 25.000 fantassins, 8.000 cavaliers avec 50 pièces
de canon et 12 mortiers. De pareilles forces semblaient pro-
mettre un facile triomphe. Mais la place de Lille brava son
adversaire. Le général Ruault, qui commandait la garnison,
n'avait sous ses ordres que 4.412 hommes d'infanterie, 1.128
cavaliers, deux compagnies bourgeoises de canonniers sé-
dentaires (2) et 132 hommes du 3® régiment d'artillerie. Le
patriotisme et la vaillance devaient suppléer au nombre.
Cependant, dès le Commencement de septembre, les trou-
pes autrichiennes avaient passé la frontière et «comme un
torrent qui rompt ses digues » elles avaient envahi la Flan-
dre française. Le général Ruault diposait de si peu de monde
(5.678 hommes, dont 666 du 15® de ligne) qu'il n'avait pu
envoyer que de faibles détachements à Lannoy et à Roubaix.
L'ennemi s'en rendit maître le 5 septembre. Dans ces enga-
gements, le capitaine Louis Deseutre, du 15® de ligne, qui
commandait la garnison de Roubaix, eut un cheyal tué sous
lui (Etats de service).
Le 23 septembre, les têtes des colonnes ennemies parais-
saient en vue de Lille et le duc Albert établissait différents
camps dans le voisinage de la ville.
Le lendemain, nos avant postes du faubourg de Fives
étaient refoulés jusque dans le chemin couvert. En sorte
que, dès le 24, l'investissement était aussi complet qu'il
devait l'être jamais. La place n'avait plus d'autre porte
(1) Siège de Lille (24 septembre-8 octobre).
(2) Ces forces furent ensuite doublées par les renforts qui arrivèrent
dans les premiers jours d'octobre.
DU 15« RÉGIMENT D*INFANTERIE 137
libre que celle d'Armentières et d'autres communications
que celles de la ligne de Dunkerque (1).
Les premières opérations de la défense furent dirigée» par
le lieutenant général Duhoux (2).
Le 25, pour se donner de Tair, il tenta d'arracher à
Tennemi les positions perdues la veille. Cette entreprise
fut confiée à 600 hommes de différents piquets (3), com-
mandés par les lieutenants-colonels de Pierre, du 24® de
ligne et Valhubert, des- volontaires de la Manche. Lui-
même se mit à la tète des tfoupes avec le maréchal de camp
de Champmorin. Mais les Autrichiens occupaient tous les
points du faubourg. Aussi nos efforts vinrent-ils se briser
contre leur opiniâtre résistance. Enfin, après trois heures
de cette lutte acharnée, le général dut ordonner la retraite.
Elle se fit en bon ordre et pas à pas, sous la protection
du feu de la place, grâce aux heureuses dispositions prises
par le général Ruault. C'est dans cette sortie que le 45® ré-
giment d'infanterie perdit un de ses meilleurs officiers, le
capitaine Philippe Chabot (4), qui mourut le jour môme.
Le duc Albert employa les journées des 26, 27 et 28 à
construire de formidables batteries, destinées à bombarder
la ville. Tel était Tétat des choses lorsque, le 29, vers il
heures, on vint annoncer au conseil de guerre qu'un offi-
cier supérieur autrichien, accompagné d'un trompette, se
présentait à la porte Saint-Maurice. Le général Ruault char-
gea aussitôt son aide de camp (le capitaine Morand) d'aller
avec le colonel de Varennes, du 15® régiment d'infanterie,
recevoir le parlementaire étranger. On lui fit traverser la
ville en voiture, les yeux bandés, pour l'introduire au con-
(1) Voir Le siège de Lille en 1792, par Désiré Lacroix.
(2) Mais le 29 septembre, par suite de son rappel à Paris, il dut re-
mettre le commandement au maréchal de camp Ruault, qui l'exerça
jusqu'à la fin du siège.
(3) Parmi lesquels celui du 15' régiment d'infanterie.
(4) Philippe-François Chabot, né le 13 avril 1756 ; gendarme du roi
en 1772 ; sous-lieutenant le 5 octobre 1782, au bataillon du Poitou ; capi-
taine au 15% le 31 mai 1792, officier d'avenir.
Son frère, Louis-François, capitaine à la même date et au môme ré-
giment, devint chef de brigade le 20 août 1793. (Etats de services.)
138 HISTORIQUE
seil. C'est là qu*il remit une dépêche du capitaine général
Albert de Saxe portant sommation de rendre la ville et la
citadelle à Tempereu^et roi. On sait la magnifique réponse
que lui fit le brave gouverneur (1).
Mais à peine l'envoyé du duc Albert eut-il regagné les
postes de l'armée ennemie qu'une effroyable détonation se
fit entendre. Douze mortiers et vingt-quatre pièces de gros
calibre, tirant à boulets rouges, vomissaient leurs projec-
tiles sur les différents quartiers de la fière cité.
Cependant rien ne put vaincre la patriotique constance
des défenseurs de la place et ce sera l'éternel honneur de
la population lilloise que d'avoir, en cette circonstance,
donné l'exemple du plus pur héroïsme et de la plus entière
abnégation.
Tandis que le soldat, par principe et par devoir, fidè-
lement dévoué à son poste, y déployait comme au milieu
des flammes une valeur peu commune, le citoyen, in-
sensible à ses pertes, jurait de mourir, non seulement sqr
les restes fumants de son habitation, mais encore sur la
brèche de ses remparts, où l'ennemi ne portait que d'im:
puissants efforts (2).
Une aussi admirable résistance devait avoir sa juste ré-
compense. Le 8 octobre, en effet, les Autrichiens, qui avaient
épuisé leurs munitions, se hâtèrent de lever le siège en ap*
(1) Réponse du général Ruault :
« Monsieur le Commandant général,
(( La garnison que ]*ai l'honneur de commander et moi sommes réso-
lus de nous ensevelir sous les ruines de cette place, plutôt que de la
rendre à nos ennemis ; et les citoyens, fidèles comme nous à leur ser-
ment de « vivre libres ou mourir », partagent nos sentiments et nous
seconderont de tous leurs efforts.
» Lille, le 29 septembre 1792.
» Le maréchal de camp commandant à Lille.
» Ruault. »
(2) Le capitaine Deseutre, du 15" de ligne, dont nous avons parlé
plus haut, avait pu rentrer à Lille. Il eut la bonne fortune de sauver
plusieurs femmes et enfants menacés parles flammes. (Etats de services.)
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 139
m
prenant que Dumouriez s'avançait à la tête d'une armée de
30.000 hommes.
Pour s'assurer de la retraite de l'ennemi et détruire ses
ouvrages, le maréchal de camp de Champmorin exécuta
une reconnaissance au delà du faubourg de Fives. Il avait
sous ses ordres 300 volontaires nationaux, un bataillon du
15® conduit par son lieutenant-colonel Daurières, un ba-
taillon du 87® commandé par le lieutenant-colonel O'Keefe
et un détachement de hussards.
La ville était définitivement sauvée : (( La magnifique
défense des Lillois, publiée dans toute la France, excita
l'enthousiasme général '> (1).
CAMPAGNE DU NORD
Profitant de cette heureuse diversion, Dumouriez voulut
entreprendre la conquête de la Belgique.
Entre temps, le 13® régi ment d'infanterie avait été affecté
à la 2® division (maréchal de camp de Canolle) du i^^ corps
d'armée (lieutenant général de la Bourdonnaye).
Le 8 novembre, nous le trouvons campé à Cysoing, d'où
il va rejoindre, à Tournai, le premier corps qui marche sur
Anvers.
L'avant-garde se présente le 18 devant la place et la
somme inutilement de se rendre. Le lieutenant général de
la Bourdonnaye prend alors ses dispositions pour s'emparer
de la citadelle de Berchem.
Pendant la nuit du 23 au 26 novembre, nos travailleurs,
conduits par le capitaine Deseutre, ouvraient la tranchée
(1) Le 12 octobre 1792, la Convention nationale, après avoir entendu
la lecture d'une lettre de ses commissaires à l'armée du Nord, et sur la
proposition d'un de ses membres, décrète que les habitants de Lille ont
bien mérité de la patrie.
Au commencement de septembre, la garnison de Lille ne comprenait
que 2.018 hommes des volontaires nationaux, 666 du 15' de ligne, 576
du 24«, 645 du 56% 513 du 90% 132 dii 3« régiment d'artUlerie, 356 cava-
liers du 60 régiment, 450 du 13', 322 du 1" hussards.
140 HISTORIQUE
dans le plus grand ordre. (( Le silence fut si bien observé
que Tennemi ne s'aperçut pas de ce travail. »
Les cheminements furent poussés très activement,, et, le
30, à une heure de l'après-midi, la garnison, forte de 1.100
hommes, mettait bas les armes et restait prisonnière de
guerre (1).
« Le lendemain, on distribua des secours aux corps de
troupe pour acheter des efïets^ et Ton donna aux soldats
un jour de sold^en numéraire. »
Au mois de décembre 1792, les armées du Nord, des Ar-
dennes et de Belgique sont réunies sous les ordres du gé-
néral Dumouriez.
Le 4, Tarmée tout entière se dirige sur Diest et prend
ses cantonnements le long de la Meuse. Puis, au commen-
cement de Tannée suivante, le 15®, à Tefïectif de 780 hom
mes, vient s'établir à Rûremonde (30 janvier). Il en part
au printemps pour servir sous les ordres du général La
Marlière, à l'avant-garde de Tarmée du Nord (Dumouriez).
Année 1793
Mais nous sommes bientôt obligés de rétrograder devant
la marche des Prussiens de Brunswick et des Impériaux,
commandés par le prince Charles et le prince de Wurtem-
berg.
Vivement attaquée, le l^r mars, en avant de Rûremonde,
Tavant-garde se voit contrainte d'abandonner cette ville et
de se replier sur Diest. La retraite s'exécute en bon ordre
et sans précipitation.
Plus tard, sur l'ordre de la Convention, Dumouriez
fait évacuer la Hollande. La division La Marlière (2) est
établie, le 13 mars, à Aerschott et à Lier, pour couvrir
Louvain.
(1) Le 26 novembre, le général Miranda avait remplacé la Bourdon-
naye.
(2) Elle se compose des !"• bataillons des 2* et 15* régiments d'infan-
terie, de quatre bataillons de volontaires, cinq escadrons de cavalerie
DU 1JJ« RÉGIMENT D'iNFANTEHIE 141
Toutefois, réchec de Nerwinden (18 mars} détermine
Tarmée du Nord à continuer son mouvement rétrograde
sur Courtrai.
Le 30 mars, elle est réunie aux camps de Bruille, Orchies,
Saint-Amand et Famars. Quelques jours après, le général
de Dampierre succédait à Dumouriez (1). Il entama les
opérations en Flandre, mais ne fut pas heureux et, s'il
n*avait eu la gloire de périr au champ d'honneur, il eût eu,
sans doute, le même sort que ses successeurs Custine et
Houchard (2), qui durent expier sur Téchafaud la faute
d'avoir été vaincus.
Quoi qu'il en soit, le 13®, qui se trouvait sous les ordres
du général Béru depuis la destitution de La Marliëre (juil-
let 1793), termina la campagne sans avoir eu l'occasion de
prendre part à aucune action de guerre importante (3).
<
Année 1794
Enfin, le 23 janvier 1794, en exécution de la loi du 21 fé-
vrier 1793, le régiment fut amalgamé avec le 14« bataillon
de fédérés et le 4® bataillon de la Sarthe, pour former la29o
demi-brigade de bataille.
Le 2« bataillon du 13« régiment d'infanterie avait disparu
tout entier à Saint-Domingue.
La 30^ demi-brigade de bataille, à la formation de laquelle
il devait concourir, n'a jamais existé que sur le papier (4).
Quant au dépôt de l'ancien Béarn, qui était resté dans les
garnisons de Bretagne, il entra directement dans la compo-
(5* chasseurs et 3' régiment do cavalerie de ligne), en tout 5.300 hom-
mes.
(1) Le 4 avril, Dumouriez avait une entrevue avec Mack et se ré-
fugiait dans le camp autrichien.
(2) Custine fut exécuté le 2S Juillet, après la prise de Valenciennes ;
Houchard après avoir été battu sous Courtrai.
(3) 11 avait été successivement cantonné au camp de la Madeleine, à
Frelinghem, aux Ecluses, à Luiselle, aux Ecluses de Deulemont, à Ula-
ton près de Lille. Son effectif, le 1" octobre 1793, est de 524 hommes.
(4) La demi-brigade de bataille, qui devait porter le numéro 15, n'a
Jamais été non plus organisée.
142 HISTORIQUE DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE.
sitioa de la- 40® demi-brigade de ligne, à la réorganisation
du 5 avril 1796.
Il est intéressant de savoir ce qu'est devenue cette 29®
demi-brigade, dont les anciens soldats du 15® constituaient
le meilleur et le plus solide élément.
Nous la trouvons, au mois de janvier 1794, établie au
Quesnoy, comptant un effectif de 1.132 hommes et conser-
vant à Aire un dépôt qui fut plus tard transporté à Hesdin.
Réorganisation dn 5 avril 1 700.
Après avoir contribué, avec Tarmée du Nord, à la seconde
conquête de la Belgique et à celle de la Hollande, la 29® demi-
brigade de bataille fut réunie à l'ancienne demi-brigade de
la Seine-Inférieure (volontaires) pour former la 14® demi-
brigaâe de ligne, qui fut depuis surnommée « la Brave ».
Cette transformation ne fut pas la dernière, car, à l'orga-
nisation de 1803, la 14® demi-brigade de ligne devint le 14®
régiment de ligne (le Brave), dont les fastes égalent, s'ils
ne les surpassent, ceux de ses devanciers.
DEUXIÈME PARTIE
(1996-1815)
DE LA FORMATION DES DEMI-BRIGADES DE LIGNE JUSQU'AU
LICENCIEMENT DE 1815
DEUXIÈME PARTIE (1796-1815)
PERIODE DE LA RÉVOLUTION « DE L'EMPIRE
Histoire de la 15' demi-brigade de ligne (ancienne 68* demi-brigade
de bataille;, devenue, en 1803, 15* régiment d'infanterie.
Le 18 nivôse an IV (8 janvier 1796), le Directoire prescri-
vait une nouvelle organisation des unités administratives
de Tarmée.
L'arrêté définitif du 19 janvier constituait cent dix demi-
brigadès d'infanterie de ligne et trente demi-brigades d'in-
fanterie légère.
Il fallut donc procéder encore à des transformations. C'est
ce qui explique comment la 15® demi-brigade d'infanterie
de ligne se trouva presque entièrement constituée par l'an-
cienne 68® demi-brigade de bataille (1), dont les trois ba-
taillons figuraient, à cette époque, dans la i^^ division de
l'armée du Nord (en Hollande).
Le nouveau corps fut organisé sur place, à la date du
20 mars 1796 (30 ventôse an IV) et, quelques mois plus tard,
(10 thermidor) il se trouva tout entier réuni au camp de
Gorselle, à l'effectif de 2.563 hommes.
C'est là que le général Macdonald, profitant des loisirs de
la campagne, avait résolu de façonner ses troupes à la ma-
nœuvre, à l'ordre et à la discipline; car,jusque-là, il n'avait
(i) La 68« demi-brigade de bataille avait été formée, en exécution du
décret du 21 février 1793, par le 2" bataillon du 34" régiment d'infanterie
(ci-devant Angoulême) , le 2« bataillon des volontaires de Loir-et-Cber
(formation du 19 août 1792), et le 3' bataillon des réserves (volontaires
dedifférents départements ; formation du 15 septembre 1792). Cette demi-
brigade comprenait, au complet, 2.437 bommes et six pièces de canon
du calibre 4.
Le costume était celui des gardes nationales : habit bleu et pantalon
rayé, sans autre marque dis tinctive que le numéro porté sur le collet.
Hist. 15*. • 10
146 HISTORIQUE
supporté qu'avec peine le laisser-aller de toutes ces légions
remuantes et tapageuses, nées des amalgames les plus di-
vers et composées des éléments les plus disparates.
Mais, sous son habile et active impulsion, la l^^ division
eut bientôt .acquis une juste renommée pour sa bonne tenue,
et son esprit militaire.
Lorsque le général Augereau, arrivant d'Italie, vint pren-
dre le commandement des provinces bataves, il fut obligé
d'en convenir. Pourtant, comme il était souvent de trèsi
maussade humeur, il ne trouva, pour exprimer son éton-
nement, qu'une boutade assez méchante à l'adresse du gé-
néral Macdonald ( 1 ) :
« Ces troupes, dit il, ont été dressées à la prussienne. »
Cependant les belles qualités qui faisaient l'orgueil de
l'armée du Nord ne furent pas inutiles. Car, si ces braves
demi-brigades n'avaient pas l'occasion de prendre part à
des actions éclatantes, comme celles qui fixaient alors l'at-
tention de l'Europe sur l'Italie, elles n'en conservaient pas
moins une double et difficile mission : celle de s'opposer à
toutes les entreprises de l'Angleterre en Hollande et celle,
plus délicate encore, d'assurer l'ordre et la tranquillité dans
le Brabant (2).
Le 16 octobre 1798, le général Brune venait prendre le
commandement en chef de l'armée française aux Pays-
Bas.
De graves nouvelles circulaient alors : il n'était question
partout que du prochain débarquement des Anglais dans
les îles de la Meuse; et, d'autre part, il y avait lieu de se
préoccuper de la sourde agitation qui naissait et se propa-
geait rapidement dans toutes les lirovinces bataves.
Le mouvement insurrectionnel, habilement mené par
les comités occultes de Bruxelles et d'Anvers, se révéla
subitement un peu partout.
(1) Histoire du maréchal Macdonald.
(2) Kn 1797 (an V), la 15" domi-brigado fut envoyée à Dusseldorf; mais
dès que les préliminaires do la paix furent signés à Léobon (i" avril),
elle revint à Arnheim, Doësbourg et Zutphen, et fut afTectée à la division
Desjardins, puis à la division Collaud (prairial an V).
DU to® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 147
CAMPAGNE CONTRE LES RÉVOLTÉS DU BRABLNT
Brumaire an VII (octobre et novembre 1798).
Durant la première quinzaine de brumaire (an VII), la
révolte se manifesta dans le département des Deux-Nettes
et dans ceux de la Dyle et de l^Escaut, et s'étendit bientôt
jusqu'à celui de Sambre-et-Meuse (1).
Mais le général Brune, mis au courant de la situation
par les généraux Desjardins et Collaud, avait heureuse-
ment pris ses précautions.-
Dès le 23 vendémiaire an VII (16 octobre 1798), la 15»
demi-brigade avait reçu Tordre d'envoyer le 3« bataillon et
quatre compagnies du !«' d'Utrecht à Bréda (2).
Arrivées le 29 vendémiaire à Bréda, ces treize compagnies
furent ensuite dirigées sur Berg-op-Zoom.
Enfin, le 2 brumaire au. VII (23 octobre 1798), le général
Desjardins était informé que des séditieux armés venaient
de se présenter devant Anvers. Il y dépêcha, dans la nuit
du 2 au 3, huit compagnies de la 15« demi-brigade avec
deux pièces de 4.
Confiant alors à l'adjudant général Durutte le soin de
poursuivre les perturbateurs vers Axel, Lier et Malines, le
général Desjardins laissait un détachement de la 15® demi-
brigade à la garde du pont de Walew et se portait, avec le
reste de ses troupes, dans la commune de Boom, où il at-
teignit et battit complètement les révoltés.
Cependant, du côté de la Dyle, le tocsin sonnait de toutes
parts.
(1) Ces renseignements sont tirés de la Correspondance journalière
de l'armée du Nord et de Batavie (1798-1799) (documents officiels du
ministère de la guerre).
(2) Chaque bataillon comprenait neuf compagnies, dont huit de fusi-
liers et une de grenadiers. La compagnie de grenadiers se composait de
62 grenadiers et 3 officiers. La compagnie de fusiliers avait un effectif
de 86 hommes et 3 officiers. A chaque demi-brigade était attachée une
compagnie de canonniers volontaires avec six pièces de 4 et tous les ^
attirails nécessaires à leur service.
148 HISTORIQUE
11 était bien évident que l'Angleterre, en fomentant l'in-
surrection, n'avait qu'un but : celui de favoriser un débar-
quement dans l'Ile Walcheren ou au Texel.
C'est ce qui détermina le général Desjardins à prendre
huit compagnies de la 15® demi-brigade à Schowen pour
les porter à Flessingue.
 la fin du même mois, huit autres compagnies de la
même demi-brigade étaient rappelées de Grave à Bois-le-
Duc et Tilburg (30 brumaire).
Pendant ce temps, les autres compagnies de la 15® demi-
brigade avaient été détachées sous les ordres du général
Collaud, commandant les départements réunis, et opéraient
dans la Campine (1).
Le l®"^ frimaire, le général Collaud apprend que d'impor-
tants rassemblements de révoltés se sont formés aux envi-
rons de Mool. 11 charge aussitôt le général Rivaud de les
surprendre, les disperser ou les détruire.
A cet effet, le général Rivaud, «rompant avec les disposi-
tions des journées précédentes, forme ses troupes en deux
colonnes (2) :
La première, commandée par le chef d'escadrons Cha-
bert, se compose de deux escadrons du 16® chasseurs et d'un
bataillon de la 72® demi-brigade. Elle doit se porter de West-
Mool à Ghel;
La seconde, comprenant quinze compagnies de la 15^
demi-brigade, sept compagnies du 5® chasseurs à cheval et
deux escouades d'artillerie à pied, est sous les ordres du
chef d'escadrons Hébert et doit se diriger de Wesslaer sur
Meerhout, Mool et Baten (3).
(1) V. Correspondance des armées du Nord et de Batdvie, 1798-99.
Documents du dépôt de la guerre.
(2 )V. Rapport officiel du général de brigade Rivaud, daté du 6 fri-
maire an VII. (Dépét de la guerre.)
(3) Tous ces détails proviennent de la Correspondance journalière
des armées du nord et de Batavie. (Documents officiels du dépôt de la
guerre.)
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 149
Combat de Mool (2 frimaire an VII. — 22 novembre 1798).
Le 2 frimaire, ia colonne Hébert rencontre, à une demi-
lieue en deçà de Mool, 7 à 800 séditieux rangés en bataille
à rentrée d'une lande. Us ont à dos un marais et un bois
et c'est là qu'ils tentent de nous arrêter. Mais le feu de la
iS^ demi brigade a bientôt raison de leur résistance et,
pendant que nos fantassins les pourchassent à travers bois,
notre cavalerie les poursuit par les routes, les tourne et
les accule, après trois heures de lutte, dans la lande maré-
cageuse.
Les insurgés ne songent plus à disputer la victoire; ils
n'ont qu'un seul souci, celui de vendre chèrement leur vie.
Un misérable hameau se trouve non loin de là. Us s'y
replient en toute hâte, se postent dans le cimetière et les
jardins et s'y défendent en désespérés.
C'est en vain, car les compagnies de la 15® demi-brigade
arrivent sur leurs talons, les débusquent et s'emparent du
petit village.
Les révoltés cherchent alors leur salut dans la fuite;
mais les charges du 5« chasseurs à cheval achèvent leur
déroute. Ceux qui ne peuvent s'échapper à travers les ma-
rais tombent sous les balles de nos soldats (1).
Dure et terrible répression, qui devait porter un coup
mortel à la sédition. En effet, les vaincus laissaient sur le
terrain 200 hommes hors de combat et abandonnaient
entre nos mains tout leur convoi, composé d'une voiture de
poudre et de quatre chariots de vivres.
Dans la même journée, le chef de bataillon Villard, de
la 15« demi-brigade, qui commandait une colonne de flan-
queurs à notre gauche, eut la bonne fortune de capturer,
dans les bois de Portels, neuf brigands redoutables, parmi
lesquels on reconnut les fameux chefs Neulemans et
(1) V. Rapport officiel du général de brigade Rivaud daté du 6
frimaire au VII. (Dépôt de la guerre.)
150 HISTORIQUE
Coxbey, qui fomentaient partout le désordre et la ré-
volte (1).
Le lendemain, 3 frimaire, le commandant Hébert se ra-
battit sur Dessel et Arendouck, en fouillant les forêts.
Puis, après trois jours de repos, il fît une nouvelle dé-
monstration sur Mool (6 frimaire). On put se convaincre
que les insurgés avaient complètement disparu de la ré-
gion. L'insurrection était définitivement domptée (2).
Aussiy dans la première décade de frimaire, les quinze
compagnies de la 15^ demi-brigade, détachées jusque-là
sous les ordres du général Collaud, furent autorisées à re-
joindre leur division normale.
Pendant Tannée 1799, les trois bataillons continuèrent à
garder les îles de Tembouchure de la Meuse. Leurs princi-
paux postes furent Ferwer, Flessingue, Middelbourg, Wis-
senkerke, Goès, Berg-op-Zoom.
Le 17 septembre 1799, la 15® demi-brigade, forte de 2.753
hommes, concourait à la formation provisoire de la nouvelle
armée du Nord. Mais, à la date du 23 septembre, toutes
ces troupes, cantonnées dans la République batave, prirent
le nom d'armée de Batavie.
Bien que la 15® demi-brigade ne paraisse pas avoir pris
part aux batailles de Zyp, de Bergen et de Gastricum,
nous avons lieu de croire que ses détachements ont eu plu-
sieurs engagements isolés avec les Anglais ; car, le 23 octo-
bre 1799, on procéda à l'échange de quelques officiers pri-
sonniers. Le lieutenant Delignac et le sous-lieutenant
(1) Renseignement tiré du rapport officiel du général de brigade Ri-
vaud, daté du 6 frimaire an VII. (Documents du dépôt de la guerre.)
(2) Pendant toute cette période de trouble intérieur, la 15* demi-bri-
gade eut à regretter la perte d'un certain nombre de braves soldats
surpris isolément et assassinés par les insurgés, dont la plupart étaient
des brigands.
Le 4 brumaire an VII nous perdîmes un homme dans ces conditions ,*
le 21 brumaire, un caporal fut blessé, un grenadier du 1" bataillon
tué.
Le 22 brumaire, un soldat fut blessé. Le 6 frimaire, la 15' demi-bri-
gade eut un homme tué et un mortellement blessé.
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 151
Teytus (1) (ou Fétu) sont remis en liberté moyennant la
délivrance de MM. J. Staffort, lieutenant au 31^ régiment
anglais, et A. Brown, enseigne au 4<) régiment.
Cependant, après avoir fourni tant de preuves de sa
discipline et de son dévouement durant cette longue pé-
riode d'escarmouches contre les insurgés ou les Anglais,
la 15^ demi-brigade avait hâte de donner la mesure de sa
valeur dans la grande guerre.
L'occasion ue s'en fit guère attendre.
CAMPAGNE DE 1800 SUR LE RHIN ET LE DANUBE
Les foudroyantes victoires de Bonaparte en Italie avaient
épouvanté la cour impériale de Vienne, qui s'était vue ré-
duite à signer le traité de Gampo-Formio (17 octobre 1797).
Mais cette paix n'était qu'apparente et c'est les armes
à la main qu'il fallut en imposer les clauses à l'Europe tou-
jours surexcitée par les sourdes menées de l'Angleterre.
Profitant de l'éloignement de Bonaparte et de notre meil-
leure armée, qu'on croyait alors perdus dans les sables de
l'Egypte, le cabinet britannique avait su réveiller les ran-
cunes des vaincus et coaliser contre nous l'Autriche, là
Russie, une partie de l'Allemagne, Naples, le Portugal et
la Turquie.
Nos armées durent pénétrer encore une fois dans les val-
lées du Rhin, du Danube et du Pô, si souvent illustrées par
leurs glorieux exploits.
Le 9 novembre 1799, la 15® demi-brigade, qui comptait
toujours à l'armée de Batavie, reçut l'ordre de se diriger
sur Cologne et de gagner ensuite l'Alsace, pour être em-
ployée à l'armée du Rhin, dont le rôle allait être si consi-
dérable.
(1) Renseignements empruntés à la Correspondance de l'armée de
Batavie (Dépôt de la guerre) :
On lit dans les rapports de l'armée de Batavie : « sous-lieutenant
Fétu et lieutenant Deligne ». Mais les contrôles de la 15" demi-brigade
portent : « lieutenant Delignac et sous-lieutenant Teytus «> ; aucun des
autres noms du corps ne ressemble à ceux-là.
152 HISTORIQUE
En conséquence, elle quitta Berg-op-Zoom le 20 novem-
bre 1799 (10 frimaire an VIII) et arriva, le 22 décembre
1799 (2 nivôse an VIII), à Strasbourg, où elle demeura sous
les ordres du général Tbareau.
Le premier consul avait confié au général Moreau la di-
rection suprême de nos opérations militaires en Allema-
gne.
Il lui avait donné pour mission de rejeter sur Ulm et
Donauwerth toutes les forces du général Kray. La tâche
n'était pas sans difficulté, car les troupes impériales, fortes
de 150.000 hommes, occupaient toute la rive droite du
Rhin depuis le lac de Constance jusqu'à Mayence.
Moreau partagea son armée en cinq grands corps : la
premier, sous les ordres de Lecourbe, formait Taile droite;
le 2®, sous le commandement immédiat de Moreau, formait
la réserve; le 3®, commandé par Gouvion Saint-Cyr, cons-
tituait le centre et comprenait les divisions Ney, Baraguey-
d'Hilliers, Tbareau et Sahuc (cavalerie). Un 4® corps, celui
de Sainte-Suzanne, était établi à Taile droite, tandis que
le 5^ corps restait à la disposition du commandant en chef.
La 15® demi-brigade de ligne figurait dans le corps du
centre et comptait à la 2® division (Baraguay-d'Hilliers) (1).
Moreau, pressé par le premier consul, ouvrit les hosti-
lités le 25 avril, en franchissant le Rhin entre Strasbourg
et Bàle.
Le centre, sous les ordres de Saint-Cyr, déboucha de
Vieux-Brisach et s'avança vers Fribourg, menaçant la val-
lée de la Kintzig pour persuader à l'ennemi que ce serait
là le véritable débouché de l'armée du Rhin.
(( Kray, trompé par le mouvement offensif de Sainte-
Suzanne vers Offenbourg (25 au 27 avril), a successivement
dégarni son centre et sa droite ; mais, revenant bientôt de
son erreur, il ordonnait une retraite générale sur Stockach
et Lipptingen » (2).
(1) Le 4 floréal an VIII (29 avril 1800), les capitaines Lemaire et Pra-
DiER, de la 15* demi-brigade, sont nommés chefs de bataillon.
(2) Pajol, général en chef, t. II, p. 113.
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 153
Cependant Moreau, voulant surprendre l'armée enne-
mie pendant l'exécution de cette marche de flanc, dirige
Saint-Cyr sur Tengen et Engen en même temps qu'il donne
l'ordre au général Lecourbe de se porter sur Steifflingen et
Stockach.
On se heurta au même instant à Stockach et à Engen ;
des deux côtés l'action se soutint avec vigueur (1).
Batailles d' Engen et de StoclLach
(13 floréal an VIII. — 3 mai 1800).
Tandis que le général Lecourbe abordait le prince de
Lorraine- Vaudémont et le rejetait en désordre sur le Da-
nube, le général Moreau attaquait, vers Engen, la majeure
partie des forces de l'armée autrichienne, commandée par
le maréchal Kray en personne.
La division Baraguay-d'Hilliers, à laquelle appartenait la
15® demi-brigade, après avoir traversé la Vutach à Zimetz-
hofen, s'était trouvée en présence des troupes légères du
prince Ferdinand. Immédiatement formée en bataille, elle
eut bientôt enlevé la Chapelle- Sainte -Ostilia, le Zollhaus
et les hauteurs de Riedoschingen. Mais, l'ennemi s'étant
déployé sur la forte position de Leipfertingen, il fallut s'en
emparer.
La brigade Roussel, qui devait longer la lisière des bois
de Stetten pour se porter au secours de Richepanse, fut
aussitôt assaillie par les troupes du prince Ferdinand ; ce
fut en vain, car tous leurs efforts vinrent se briser contre
l'inébranlable résistance de cette belle brigade (15® et 23®),
et l'arrivée du général Ney permit alors au général Roussel
de continuer sa marche. Il était temps : la division Riche-
panse était à bout de forces.
Vers 4 heures du soir, le 15® et le 23® de ligne, débou-
chant parla gauche des bois, abordaient avec une rare im-
(1) Jominif Histoire critique et militaire des guerres de la Révolu-
tion, t. XIII% liv. XVI, chap. CI, p. 137.
154 HISTORIQUE
pétuosité Textrôme droite ennemie, commandée par le
comte de Nauendorf .
Enfin, après six heures d'un combat acharné, le prince
Ferdinand, informé des événements de Stockach, se vit
contraint à se replier sur Tutlingen. La divîsion Baraguey-
d'Hilliers restait maîtresse de la position.
Les soldats de la 15® demi-brigade campèrent vers Stettep;
ils pouvaient revendiquer une juste part de ce glorieux
succès (1). Nous nous ferions un scrupule de ne pas signaler
ici la mâle et fîère conduite du fusilier Renaud et du ser-
gent major Dernoncourt. Se trouvant en tirailleur sur le
plateau d'Engen, Renaud (2) est assailli par trois uhlans;
mais, abattant d'un coup de feu, à vingt pas, le plus me-
naçant, il se débarrasse du second par un vigoureux coup
de baïonnette et s'élance sur le dernier, qui prend la fuite
devant lui.
Le premier consul reconnut la virile attitude du soldat
RENAUD en lui décernant, le 28 brumaire an IX, un fusil
d'honneur.
Dans la même journée, le sergent-major Dernoncourt se
distinguait de la façon la plus brillante en capturant, pen-
dant le combat, 9 Autrichiens, dont 2 officiers. Ce haut fait
fut récompensé par un brevet d'honneur, qui lui fut accordé
un peu plus tard (10 prairial an XI) (3).
Notre victoire coûtait aux Impériaux 3.000 morts, 7.000
prisonniers, 3 drapeaux et 9 pièces de canon.
Sur ces entrefaites, Moreau ayant appris que Kienmayer
s'avançait à marches forcées au secours de Kray, résolut
d'empêcher à tout prix la jonction de ces deux armées.
(1) Le capitaine Augeard fut blessé dans cette bataille. Nous avons
relevé sur les contrôles du dépôt de la guerre 24 tués dont 2 sergents,
et 73 blessés dont 1 sergent (13 floréal an VIII).
(2) RENAUD (Jean), fils de Marin et d'Anne Renaud, né en 1775 dans
la Creuse; soldat à la 27" demi-brigade, prisonnier de guerre en Angle-
terre, incorporé le 2 brumaire an VI dans la 15' demi-brigade, 2* ba-
taillon, 8' compagnie. Retraité en 1806. {Fastes de la Légion d'Honneur,)
(3) Dernoncourt (Louis), sergent-major à la 15" demi-brigade; promu
adjudant sous-offlcier en 1806. (Fastes de la Légion d'Honneur.)
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 155
Bataille de Mœskirch.
G*estce qui amena la bataille de Mœskirch (6 mai 1800)
(16 floréal an VIll), à laquelle le corps de Saint-Cyr ne put
prendre aucune part.
La victoire fut encore une fois fidèle à nos drapeaux.
Cependant, le maréchal Kray, qui avait précipitamment
gagné la rive gauche du Danube, comprit bientôt le danger
que couraient ses magasins établis à Biberach. Aussi se
hâta-t-il de repasser le fleuve à Riedlingen, pour nous offrir
la bataille sur les hauteurs voisines de Biberach.
m
L'événement ne se fit pas attendre. La rencontre eut
lieu le 9 mai 1800.
Bataille de Biberach (9 mai 1800, — 19 floréal an VIII).
Moreau, qui croyait toujours les Autrichiens sur le Da-
nube, s'était porté auprès de Sainte-Suzanne pour mieux
observer Tennemi ; il n'en avait pas moins donné Tordre à
son armée d'aller occuper la ligne de Tlller. Nous verrons
que rhabileté de Saint-Cyr devait suppléer à la présence
du général en chef (1).
Dans la matinée du 9, la division Thareau se heurtait
contre la forte position d'Oberndorf, défendue par dix
bataillons et quinze pièces d'artillerie. Il lui fallut le con-
cours de la division Baraguay-d'Hilliers pour en débus-
quer l'ennemi.
Après ce premier succès, nos braves soldats traversèrent
audacieusement le ravin de la Riss et se jetèrent avec une
impétuosité sans égale sur les Autrichiens décontenancés,
qui s'enfuirent devant eux en abandonnant leurs armes.
Malgré tout, la lutte n'était pas terminée : le corps de
Gouvion Saint-Cyr devait encore avoir l'honneur d'écraser
la dernière résistance des Impériaux sur le plateau de Met-
tenberg.
(l) Jomini, Histoire des guerres de la Révolution, chap. CI, liv. XVI,.
p. 164.
156 HISTORIQUE
(( Ce beau fait d'armes est tout à la louange des divi-
sions Thareau et Baraguey-d*Hilliers.
(( Tous les officiers, tous les corps de troupe méritèrent
des éloges.
« La 15® demi-brigade s'est souvenue de la gloire dont
elle s'était couverte à Engen (1). »
Si tous nos vaillants soldats se conduisirent de la façon la
plus brillante, nous devons honorer d'un souvenir tout spé-
cial l'héroïque trépas du volontaire Etienne Dominique (2),
de la 4« compagnie du 3® bataillon. Au plus fort de l'action,
pendant la lente retraite des Autrichiens, cet intrépide
jeune homme, emporté par son ardeur, s'élançait tête bais-
sée sur une batterie ennemie et s'emparait d'une pièce de
canon ; mais, aussitôt entouré par un parti de cavaliers,
refusait de se rendre, et ne cessait de combattre qu'en
perdant la vie (3).
La 15® demi-brigade comptait au nombre de ses blessés
les capitaines Villemant, adjudant-major du 3® bataillon,
Daudinot et Lemoine du 2® bataillon (4).
L'ennemi avait été bien autrement éprouvé : laissant
4.000 hommes sur le champ de bataille; il avait perdu
ses magasins de Biberach, et dut se replier sur le Danube
pour se renfermer derrière l'immense camp retranché
d'Ulm.
(( Ainsi se trouvait exécuté en quinze jours l'ordre du
premier consul de refouler Kray sur Ulm (5). »
Cependant, la cour d'Autriche n'avait pas perdu tout
(1) Rapport du général Gouvlon Saint-Cyr.
(2) Les contrôles conservés au dépôt de la guerre portent la mention
suivante : « Etienne Dominique, de la 4* compagnie du 3* bataillon, n6
l9 15 février 1776, à Vertuzet (Meuse), fils de Jean et de Jeanne-Marie
Bedet; arrivé au corps le 23 ventôse an Vlll. Tué le 19 floréal an VIII ».
(3) Ce fait est relaté dans les Fastes de la Gloire, t. V, chap. III, p. 507.
(4) Nous avons pu relever en outre, sur les contrôles du dépôt de la
guerre, 53 blessés dont 2 sergents, et 3 caporaux, et 6 tués dont 1 ser-
gent et 1 caporal, à la date du 19 floréal an VIII.
(5) Pajol, général en chef, t. II, p. 113.
DU 1S« RÉGIMENT D'INFANTERIE 157
espoir. Durant quarante jours, les deux adversaires (Mo-
reau et le baron de Kray) firent assaut de stratagèmes,
d'alertes, de démonstrations, Tun pour s'emparer d'Ulm,
l'autre pour conserver ce solide point d'appui (1).
Le 11 prairial an Ylll (31 mai 1800), au combat d'iller-
cheim, Jean-Baptiste Châtelain, sergent de la veille (10
prairial), signala son adresse et son intrépidité en arra-
chant un officier aux mains de l'ennemi et en faisant pri-
sonniers ceux qui l'avaient pris. Son dévouement lui valut
une blessure. Nous eûmes d'ailleurs, dans cette affaire,
14 blessés, dont 2 caporaux, et 7 tués.
Enfin Moreau, voulant forcer les Impériaux à quitter
leur camp, prit la résolution de gagner le bas Danube et de
menacer ainsi leur dernière communication avec Vienne.
Avant de commencer son mouvement, le général en chef
donna une nouvelle organisation à son armée, que ve-
naient de quitter les généraux Sainte-Suzanne, Souham,
Saint-Cyr, Vandamme et Thareau, les deux premiers pour
aller former un corps sur le bas Rhin, les trois autres à la
suite de difficultés avec le général Moreau.
Le 8 juin, l'armée du Danube était constituée de la façon
suivante :
1® Aile droite, sous les ordres de Lecourbe;
2® Centre, sous la direction immédiate du général en chef;
3® Aile gauche, commandée par Grenier et composée des
divisions Legrand, Ney, Baraguey-d'Hilliers (2).
Un corps de blocus était en outre formé, sous l'autorité
du général Richepanse.
Un mois plus tard, le 5 août, le général Baraguay-d'Hil-
liers était remplacé par le général Fauconnet et, le lende-
(1) C'est dans un de ces engagements particuliers que, le 26 floréal
an VIII (16 mai 1800), le capitaine Thomas, du 3' bataillon, attaqué par
des partisans autrichiens, fut atteint de cinq blessures : une balle dans
le ^enou gauche, une au-dessus, une à la cuisse droite, une autre qui
traverse le haut des deux cuisses.
(2) La brigade Roussel, de la division Baraguay-d'Hillicrs, comprenait
tes 15% 23* et 103' demi-brigades.
188 HISTORIQUE
main, le général Roussel quittait le commandement de W
l'e brigade (1).
L'armistice de Parsdorf avait momentanément inter-
rompu les opérations ; mais les mauvais résultats des confé-
rences de Lunéville déterminèrent une nouvelle campagne
en Bavière.
Moreau avait 140.000 hommes à opposer aux 130.000 com-
battants de Tarchiduc Jean. Les deux armées se heurtèrent
dans la vallée de Tlsen (2).
Dès le 27 novembre 1800, Tarmée impériale avait quitté
les bords de Tlnn pour entamer sa marche offensive sur
Landshut.
Par un hasard extraordinaire, le général français ne sa-
vait rien du mouvement dessiné par Tennemi. Cependant,
ayant eu connaissance de quelques rassemblements du côté
de Muhldorf, il se décida à pousser de fortes reconnaissances
devant lui (3).
L'exécution de ces ordres amena le général Grenier à"
porter la division Ney (à laquelle appartenait alors la 15®)
vers Haun, sur la route d'Ampfîngen.
Bataille d'Ampflngen (1" décembre 1800, — 10 frimaire an IX).
Le lendemain, l^r décembre, Tarchiduc Jean, parti
d'Ampfingen, s'avançait sur trois colonnes pour enlever les
hauteurs de Haun. La division de Ney, disposée en trois
échelons, fit bonne contenance, bien que n'étant pas de force
à soutenir le choc de masses aussi considérables. Quoi qu'il
en soit, cet intrépide et audacieux général, après avoir fait
(1) Le 18 août 1800, le 2« bataillon de la 15' demi-brigade de lîgjne
allait tenir garnison à Ratisbonne.
(2) D'après la situation du 22 novembre 1800, les trois bataillons de
la 15' demi-brigade, formant un effectif de 2.003 hommes, appartenaient
à la 2" division (général Ney) de l'aile gauche, commandée par Grenier»
(Archives du dépôt de la guerre.)
(3) V. Jomini, liv. XVII, p. 89.
DU li)*î RÉGIMENT d'iNFANTEHIET 159
replier ses avant-postes jusque sur la ligne de bataille (1),
osa reprendre Toffensive. Cette tentative hardie fut d'abord
couronnée de succès et Ton vit dans ce combat inégal, nos
braves demi-brigades refouler devant elles huit batail-
lons autrichiens et les rejeter à une demi-lieue de là, en
leur enlevant une pièce de canon, 2 caissons et nombre de
prisonniers (2). Mais un nouveau danger surgit bientôt :*
l'archiduc Jean faisait filer de fortes colonnes sur notre
gauche, en remontant la Vils vers Dorfen.
C'est alors que Moreau, qui ne^désirait point engager ce
jour-là une grande bataille, donna Tordre de battre en re-
traite. Il caressait depuis longtemps l'idée d'attirer l'ennemi
dans les défilés de la forêt d'Ebersberg et de l'attendre à la
sortie des bois, pour l'écraser dans la plaine d'Anzing, qu'il
avait reconnue à l'avance et dont il espérait tirer quelque
avantage.
L'archiduc Jean, au contraire, semblait décidé à pour-
suivre à tout prix une lutte dont les chances lui paraissaient
assurées.
Aussi fut-ce à grand peine que le général Ney put opérer
son difficile mouvement de retraite.
Déjà les tirailleurs ennemis allaient lui barrer la route
de Saxenstetten, lorsqu'une charge furieuse du 2^ dragons
vint conjurer ce péril. Enfin, après avoir défendu le terrain
pied à pied contre les efforts répétés de toute la colonne
du centre, notre brave division put faire sa jonction avec
celle du général Grandjean, dont les troupes fraîches arrê-
tèrent les progrès de l'ennemi.
Grâce à ce secours, la retraite s'effectua dans le plus grand
ordre et par échelons jusqu'à l'embranchement du chemin
de Vasserbourg. Le général Ney s'arrêta, à l'entrée de la
nuit, sur les hauteurs de Haag ; le général Grandjean entre
Ramsau et Saxenstetten.
(1) Hagerloc-Rameringen-Haun. V. Campagne d'Allemagne, par de
Carrion-Nisas.
(2) V. Jomini, liv. XVIl, p. 91, et Campagne de 1800 en Allemagne,
par le marquis de Carrion-Nisas. V. aussi la correspondance de cette
armée. (Dépôt de la guerre.)
160 * HISTORIQUE
Dans cette dure journée (1), la 15^ demi-brigade avait fait
des prodiges (2). Nous devons une mention toute spéciale
au sergent Cuirot, qui, au cours du magnifique retour
offensif de la 2® division, eut la bonne fortune de faire pri-
sonniers onze Autrichiens et fut proposé par le général
Ney pour une arme d'honneur (3). ,
Mais ce fut surtout pendant la pénible et meurtrière re-
traite sur Saxenstetten que nos braves soldats se signalèrent
par leur sang-froid, leur dévouement, leur.héroïsme.
La poursuite de l'ennemi était si pressante qu'à un mo-
ment donné le drapeau de la IS^^ demi-brigade courut le plus
grand danger et ce n'est qu'à la valeur du sergent Châtelain
que ce noble emblème dut d'échapper aux Autrichiens.
Châtelain n'en était d'ailleurs pas à sou premier haut
fait (4). Nous avons déjà eu l'occasion d'applaudir à ses
prouesses le 11 prairial, à lllercheim, et surtout le 16 juillet
sur les rives de l'Ilm, lorsqu'il s'empara d'une pièce de
canon.
Aussi, le général Ney, qui s'y connaissait en bravoure,
voulut-il récompenser sa valeur en le proposant pour une
arme d'honneur.
(1 ) Le corps avait été bien éprouvé. Il comptait 4 officiers blessés (les
lieutenants Dumas, Grégoire, Aucher, Prévost, qui furent nommés ca-
pitaines la même année), 1 sergent-major, 2 sergents, 4 caporaux, 98
soldats blessés, 4 sergents et 25 hommes tués.
(2) Le rapport du général Grenier cite comme ayant fait des prodiges
de valeur, le 10 frimaire à Ampflngen, la 15% la 23«, la 103*, la 73% la 53*
et la 89* demi-brigades, (Correspondance de l'armée du Rhin, dépét de
la guerre.)
(3) CumoT (Jean- Baptiste), né le 22 mars 1772 à la Haye-du-Puits, dé-
partement de la Manche; caporal, 11 pluviôse an IV; sergent, 28 floréal
an VIII; sergent-major, 1*' nivéso an IX; sous-lieutenant, 21 fructidor
an XI ; capitaine, juin 1812. (V. archives de la guerre. Les contréles rela-
tent cette action d'éclat.)
(4) Châtelain (Jean-Baptiste), né à Autreville (Vosges), le 19 août 1774;
soldat en 1792; caporal, an VII; sergent, 10 prairial an VIII; sergent-
i major, 17 fructidor an IX; sous-lieutenant, 11 ventése an XIH ; décoré,
I 26 frimaire an XII. S'est déjà signalé on arrachant un officier aux mains
' de Tennemi, le 11 prairial an VIII.
•
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 161
Bataille de Hohenlinden (12 frimaire an IX, — 3 décembre 1800).
Cependant, l'archiduc Jean s'était exagéré les avantages
de cette rencontre. La confiance qu'il tira de ce demi-suc-
cès devait le conduire à sa perte, en le faisant tomber dans
le piège où Moreau cherchait à l'attirer. En effet, le 12 fri-
maire an IX (3 décembre 1800), l'armée autrichienne
s'ébranlait en quatre colonnes parallèles, pour gagner la
plaine d'Anzing.
Le gros des troupes impériales s'était engagé sur la
chaussée conduisant de Mùhldorf à Munich par Hohen-
linden.
Cette route traverse, sur une longueur de 2 lieues,
l'épaisse forêt d'Ebersberg, dont les voies de communica-
tion, peu praticables en temps ordinaire, étaient devenues
plus difficiles encore par suite de la pluie des jours précé-
dents et de la neige qui tombait à gros flocons ce jour-là.
Or, dans la soirée du 2 décembre, Moreau, qui semble
avoir prévu toutes ces fautes, a donné l'ordre à la divi-
sion Richepanse de se porter rapidement d'Ebersberg à
Mattenpoêt, pour y prendre position et tomber ensuite
sur les derrières de Tennemi lorsqu'il serait complètement
engagé dans le dangereux défilé.
Le général Decaen devait suivre et appuyer ce mouve-
ment.
Le 3, au matin, le corps de (Grenier, après avoir reculé
systématiquement devant les éclaireurs autrichiens, s'éta-
blit parallèlement à la forêt, la droite à Hohenlinden, la
gauche à Harthof, gardant les débouchés d'Isen et de I.en-
dorf.
La division Ney (1), postée en face de Krainaker, reHait
les troupes de Grenier à celles de Grouchy, déployées à l'est
de Hohenlinden.
(1) Le 15« de ligne, fort de trois bataiUons à l'effectif de 2.003 hommes,
faisait partie de la 1'* brigade (Bonnet) de la 2» division (Ney). (Situa-
tion du 22 novembre 1800.)
Hi8l. 15'. Il
I
i
162 HISTORIQUE
Telle était la situation respective des deux armées lors-
que, vers 9 heures du matin, Tavant-garde de Kollovrath,
parvenue à la sortie du défilé, vint se heurter contre les bri-
gades Grandjean et Boyer.
Bientôt après, l'ennemi commençait à déboucher sur
la division Ney, parles hauteurs de Mittbach et de Krai-
naker.
Mais, voici que tout à coup le canon retentit au centre
de la forêt. C'est Richepanse qui aborde intrépidement
Tescorte du grand parc. Moreau, jugeant alors le moment
arrivé, donne le signal de l'attaque. Elle est exécutée par
Ney et Grouchy.
Le général Ney fond sur l'ennemi avec une telle impétuo-
sité qu'il culbute en un clin d'œil tout ce qui se présente
devant lui, enlève 2 pièces de canon et fait 1.000 prison-
niers. Grouchy, de son côté, accable la gauche de Kollov-
rath.
Enfin, pendant que Richepanse, avec les grenadiers de
la 48®, enfonce les grenadiers hongrois, Ney, dont rien ne
peut arrêter l'ardeur, pousse les Impériaux devant lui et
pénètre, à leur suite, dans la forêt. Dès lors le désordre est
inexprimable : la colonne ennemie, pressée de toutes parts,
prise de panique, tourbillonne et se débande pour fuir à
travers bois.
Au milieu de cette scène d'horreur, les soldats de Riche-
panse et de Ney, passant sur les débris de leurs ennemis,
parviennent à se rejoindre. Les deux généraux tombent
dans les bras de l'un l'autre, aux acclamations de leurs trou-
pes victorieuses (1).
Cependant, le général Grenier, aux prises avec les co-
lonnes de Kienmayer et de Baillet-Latour, ne contenait
(1) Tous ces renseignements ont été puisés aux sources suivantes :
Correspondance de l'armée du Rhin, campagne de 1800. (Dépôt de la
guerre.) — Campagne d'Allemagne de 1800, par M. de Carrion-Nisas.
Rapport officiel sur la bataille de Hohenlinden. (Dépôt de la guerre.) —
Bataille de Hohenlinden (Spectateur militaire). — Jomlni, 11 v. XVII,
chap. CVI. — Histoire militaire de la France, par P. Giguet.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 163
qu'avec peine Tattaque de ces masses formidables, qui dé-
bouchaient sur lui.
Une partie de la division Ney, maîtresse du bois de
Krainaker, put heureusement seconder le général Bastoul
«t lui permettre de se maintenir dans Preissendorf .
Au même instant, la brigade Bonnet (dont était la IS^
demi-brigade) culbutait une colonne autrichienne surisen,
après lui avoir fait bon nombre de prisonniers, et se rabat-
tait ensuite à droite, pour tomber sur le flanc de Baillet-
Latour. Il était temps, car la division Bastoul commençait
à plier malgré le secours des grenadiers réunis de Ney et
de la cavalerie de d'Hautpoul.
Ce dernier acheva la victoire. Les Autrichiens, inquiets
pour leur retraite, se hâtèrent de regagner les défilés de
Weyer et de Lendorf. Ils laissaient 6.000 cadavres sur le
champ de bataille. Nous leur avions pris 100 pièces de
canon et 1.100 prisonniers. Mais cette action mémorable
nous coûtait 10.000 hommes hors de combat (1) (2).
Si Moreau, par ses habiles dispositions, avait préparé
cet éclatant succès, les véritables triomphateurs de la jour-
née furent Richepanse et Ney. D'ailleurs la gloire de ce
dernier rejaillit singulièrement sur la 15® demi-brigade,
dont la brillante conduite a contribué pour une bonne part
à l'honneur de son chef.
Nous n'en citerons pour exemple que deux faits particu-
(1) Nous avons pu relever dans les contrôles (conservés aux archives
de la guerre), à la date du 12 frimaire an IX : 17 tués, dont 1 capi-
taine (M. Bouché), et 61 blessés dont 3 sergents, 3 caporaux, 2 capitai-
nes (MM. Blot et Piednoir). Le capitaine Piednoir (Etienne), né à
Cloyes (Eure-et-Loir) le 25 juin 1766, capitaine le 29 août 1792, reçut
ce Jour-là un coup de feu qui a traversé les parties génitales et la cuisse
gauche. Pris par les Autrichiens, il fut abandonné par eux, le 23 fri-
maire an IX, à Neurtingen.
(2) Pour réparer les pertes de la 15' demi-brigade à Engen et Biberach,
ordre avait été donné au dépôt de rejoindre les bataillons actifs. Mais,
le 3 décembre, le Ministre prévenait le chef d'état-major de l'armée du
Rhin que le dépôt de la 15' de ligné ne pouvait rejoindre avant d'avoir
été remplacé à Luxembourg, où son service était indispensable. (Cor-
respondance de l'armée du Rhin; archives de la guerre.)
164 HISTORIQUE
liers, dont la mémoire est bien digne d'enrichir le précieux
trésor de nos souvenirs.
C'est d'abord le hardi coup de main du lieutenant Cha-
VANY, qui, détaché avec 18 hommes pour interdire un pas-
sage à l'ennemi, eut le rare bonheur de faire mettre bas les
armes à toute une compagnie de grenadiers autrichiens,
qu'il ramena prisonniers avec leurs quatre officiers (1).
Puis, c'est la vaillance et le sang-froid du tambour-major
Manissier, qui, au cours d'une charge à la baïonnette exé-
cutée par la 15® demi-brigade sous la mitraille ennemie,
remarquant un léger mouvement d'hésitation dans les
rangs, rassemble quelques tambours, leur fait battre la
charge et ranime ainsi l'ardeur de nos braves soldats, dont
l'élan devient alors irrésistible (2) (3).
Avec de tels hommes, Moreau pouvait tout entreprendre.
Mais l'armée impériale, entièrement désorganisée, ne put
nous arrêter nulle part.
Le vainqueur de Hohenlinden, forçant les passages de
risen, de la Salza, de la Traun et de l'Ënns, parvenait à 16
lieues de Vienne (4) lorsque l'armistice de Steyer (25 dé-
cembre 1800) suspendit son mouvement.
L'armée française, établie tout entière dans de bons
cantonnements, allait enfin jouir, jusqu'à la conclusion de
la paix, d'un repos indispensable à la suite de sa brillante
et pénible campagne d'hiver (5) (6).
(1) Ce fait est relaté dans les états de services du lieutenant André
Chavany. (Archives administratives du ministère de la guerre.)
(2) Manissier (Louis), tambour-major à la l^*" demi-brigade de ligne,
servit aux armées gallo-bataves et du Rhin (1799-1800) et à Hohenlin-
den. Fut récompensé de sa belle conduite par un sabre d'honneur, qui
lui fut accordé le 10 prairial an XI. Entra en 1805 dans la gendarme-
rie d'élite de la garde impériale. (V. Fastes de la Légion d'honneur,)
;3) Cette charge est sans doute celle qui culbuta les Autrichiens sur
isen.
(4) A Saint-Poelten.
(5) Pajol, général en chef, T. II, p. 151.
(6) Les troupes restées sur rAltmûhl et à Ingolstadt sont le 8' chas-
seurs à cheval et 1 bataUlon de la 15* demi-brigade. (Correspondance de
l'armée du Rhin.)
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 165
Traité de Lunôville (9 février 1800;. — Retour en France.
Le 9 mars, TEmpire germanique approuvait le traité con-
clu le 9 février, à Lunéville, par l'empereur d'Autriche.
La 15® demi-brigade rentre en France et arrive à Poitiers
(le 1«' prairial), où elle est affectée à la 21® division mili-
taire (20 mai 1801).
EXPÉDITION DES ANTILLES (1802)
Le continent était pacifié, mais le feu de la guerre allait
bientôt se rallumer au delà des mers (1).
Saint-Domingue, la reine des Antilles, le plus riche
joyau de notre empire colonial, menaçait de nous échap-
per. Le noir Toussaint-Louverture, après sa victoire sur
les mulâtres, s'était déclaré indépendant, et le « Bonaparte
des noirs » (comme il s'appelait lui-même) avait créé en
sa faveur une véritable dictature (2).
Le premier consul, tranquillisé du côté de l'Europe, put
enfin tourner ses regards vers nos malheureuses colonies,
qui réclamaient avec tant d'instance le secours de la
métropole.
Car, tandis qu'une armée de 15.000 hommes, commandée
par le général Leclerc (3), s'embarquait à destination de
(1) Tous les renseignements qui ont servi à rétablissement de cette
partie de l'historique proviennent des sources suivantes : !• Campagne
des Français à Saint-Domingue, par Albert Delattre; 2* Histoire de la
Guadeloupe, par Lacour; 3** Les Antilles françaises (principalement la
Guadeloupe) par le colonel Boyer-Peyreleau ; 4** Ck>rrespondance géné-
rale pour la Guadeloupe (ministère de la marine) ; 5° Historique du
82* de ligne et Historigue du 66» de ligne.
(2) Historique du 74% p. 71.
(3) Cette armée fut transportée sur la flotte de l'amiral Villaret-
Joyeuse. Le général Victor-Emmanuel Leclerc avait épousé Pauline de
Bonaparte, sœur du premier consul, devenue depuis princesse Bor-
ghèse. Le général Leclerc mourut de la fièvre Jaune, le 2 novembre
1802, à la Basse-Terre.
166 HISTORIQUE
Saint-Domingue pour y rétablir Tordre et la domination
française, l'esprit d'indépendance se manifestait un peu
partout dans nos îles.
A la Guadeloupe, en particulier, l'émancipation des noirs
avait eu pour résultat d'amener l'insurrection de la popu-
lation entière et l'on pouvait prévoir que bientôt cette
colonie se détacherait de la France.
En effet, le capitaine général Lacrosse, menacé par les
rebelles, n'avait dû son salut qu'au dévouement du colonel
mulâtre Pelage, et, s'étant réfugié sur un navire danois,
était tombé aux mains des Anglais, qui le débarquèrent à
la Dominique à la nouvelle de la paix d'Amiens (1).
Lorsque Bonaparte apprit les difficultés que le général
Leclerc rencontrait à Saint-Domingue, il résolut d'inter-
venir sans retard dans les affaires de la Guadeloupe (2).
Le 9 janvier 1802, l'ordre fut donné par le ministre de
rassembler de suite, à Brest, un corps de troupe destiné à
dompter la révolte dans les îles.
Le général Gobert fut chargé d'organiser ces forces,
sous la direction de Bernadette, général en chef de l'armée
de l'Ouest. Quatre frégates et trois vaisseaux de guerre
devaient transporter cette petite armée aux Antilles (3).
Le 4 mars, le général Richepanse, dont le nom rappe-
lait des souvenirs de gloire et de désintéressement, était
nommé général en chef du corps expéditionnaire de la
Guadeloupe.
Enfin, le 11 germinal (1®^ avril 1802), l'escadre, comman-
dée par l'amiral Bouvet, mettait à la voile pour arriver, le
16 floréal (6 mai), en vue de la Pointe-à-Pitre.
Elle avait à son bord :
(1) Le capitaine général amiral Lacrosse avait été fait prisonnier par
l'escadre de l'amiral Duckworth.
(2) V. Histoire des Batailles navales, par 0. Troude.
(3) Le 3* bataillon du 15" de ligne, désigné pour Texpédition, était
prêt le 30 janvier 1802. Il comptait, le Jour de l'embarquement, 30 offi-
ciers et 654 hommes. (Voir correspondance de l'armée d'expédition des
Antilles, Archives historiques de la guerre.)
DU 15° RÉGIMENT d'iNFANTERIE 167
Le 3^ bataillon de la 15® demi-brigade, sous les ordres du
commandant Merlen ;
Les 2® et 3® bataillons de la 66«, commandés par les chefs
de bataillon Cambriels et Brunet ;
Le bataillon expéditionnaire du commandant Pillet(l);
Les généraux de brigade Gobert et Dumontier, Tadju-
dant-com mandant Ménard.
La flottille pénétra dans le petit cul-de-sac, précédée par
la frégate la Pensée, venue de Marie-Galante avec le géné-
ral Sériziat et 200 militaires qui s'étaient réunis à lui (2).
Elle fut accueillie par le capitaine du. port et douze
pilotes, qui vinrent protester de leur dévouement et des
bonnes dispositions de tous les esprits.
Le débarquement s'effectua effectivement en toute sécu-
rité. Les troupes furent reçues avec des cris d'allégresse
par toute la population, qui demandait comme une faveur
de les loger (3).
Le chef de brigade Pelage (4), qui se dévouait au main-
tien de l'ordre dans la Pointe-à-Pitre depuis le commence-
ment des troubles, vint recevoir, sur le quai, les officiers
et la troupe, qui prenaient terre pour aller s'assembler
place de la Victoire.
Cependant, le général Richepanse, qui avait été très pré-
venu contre les indigènes, crut prudent de leur enlever la
garde des points fortifiés.
(1) Bataillon composé de cinq compagnies de la 37' conduites par le
commandant Grenier, de deux compagnies de la S2* (capitaine Monne-
rot), d'un détachement de 40 chasseurs à cheval du 1'' régiment (lieu-
tenant Charamant), et d'une compagnie du 6' d'artillerie (capit. Geliou).
(2) Presque tous avaient dû fuir, avec l'amiral Lacrosse, devant les
rei)elles ; aussi gardaient-ils une profonde rancune contre les indigènes
de la Guadeloupe, et ce furent eux qui trompèrent Richepanse sur les
véritables dispositions du pays.
(3) V. Les Antilles françaises, par le colonel Eugène-Edouard Boyer-
Peyreleau.
(4) Pelage, qui était à la Pointe-à-Pitre, avait accepté le commande-
ment des troupes coloniales dans le but de les maintenir dans la disci-
pline. Sa fermeté put en effet éviter bien des écarts, des crimes et des
malheurs.
168 HISTORIQUE
Au fort de la Victoire, en particulier, le relèvement de la
garnison se fit avec tant de brutalité que les hommes de
couleur en furent profondément humiliés et froissés et que
leur capitaine (Ignace) courut semer Talarme parmi les
nègres (1).
Le désarmement des bataillons coloniaux mit le combte
à Tagitation. La lutte allait bientôt commencer.
En effet, le 7 mai, Pelage adresse au général Richepanse
une négresse (2), qui dit avoir rencontré, dans la nuit,
Ignace, Massoteau, Palème et Codon avec 150 soldats noirs,
armés, se dirigeant vers le petit canal pour s'embarquer à
destination de la Basse-Terre, où le mulâtre Delgrès (3),
instruit de ce qui se passait, venait de relever Tétendard de
la révolte.
Ces graves nouvelles déterminèrent le général Riche-
panse à faire, sans plus tarder, une démonstration sur la
Basse-Terre.
En conséquence, Tescadre, ayant à son bord le général
en chef, vint prendre, au petit port du Gosier, les deux
bataillons de la 66® et mit barre sur la deuxième capitale
de la Guadeloupe (4).
En môme temps, le commandant Merlen recevait Tordre
de se porter, avec les 600 hommes de la 13® demi-brigade,
au village des Trois-Rivières.
Malheureusement, contrariée par les vents, la flottille
ne parut devant la ville que le 10 mai, vers midi. Elle fut
accueillie par le feu des batteries de la côte. Après une
inutile tentative de négociation (3), Richepanse fit procé-
(1) Le capitaine Ignace avait également servi sous les ordres du
capitaine général Lacrosse. Son orgueil froissé le Jeta dans le parU de
la révolte.
(2) Tous les détails sont empruntés à Touvrage du colonel Boyer-
Peyreleau.
(3) Il avait appartenu autrefois à l'état-major de l'amiral Lacrosse,
capitaine général de la Guadeloupe.
(4) Le général Richepanse avait laissé les généraux Seriziat et Du-
montier à la Pointe-à-Pitre pour garder la Grande-Terre.
(5) Le général Richepanse avait envoyé aux rebelles le capitaine
DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTERIE 169
der au débarquement, sous la protection de nos frégates.
Il fallut cependant combattre jusqu'à la nuit.
Le lendemain, à la pointe du jour, Tennemi, retiré sur
la rive gauche de la rivière des Pères, nous forçait à livrer
une nouvelle bataille. Mais les mouvements combinés de
Richepanse, Gobert et Pelage nous rendirent maîtres de
la Basse-Terre le 22 floréal (11 mai) (1).
Il restait à s'emparer du fort Saint-Cbarles.
Tandis que le général en chef remportait ce succès, le
commandant Merlen, de la 15® demi-brigade, se présentait
devant le morne Dolé.
Ce poste était défendu par les nègres Palème et Jaquet.
Excité par le canon de Richepanse, qu'on entendait
gronder dans la montagne, le commandant Merlen vou-
lut aborder la position de front. Il échoua et dut tourner
l'ennemi en débouchant sur le Palmiste par les bois (10
mai) (2).
D'ailleurs, la nuit venue, le chef de bataillon de la 15®
demi-brigade revenait sur ses pas, installait ses blessés
dans l'église des Trois-Rivières et, se confiant aux guides
Geanty et Jospite, se jetait à travers bois, en laissant à
Dolé le capitaine Crabe avec 83 hommes et un canon
pour masquer et protéger son mouvement.
Le lendemain, 11 mai, pendant que le détachement
Crabe reculait lentement jusqu'au Trou-du-Chien devant
les forces supérieures de Palème et de Jaquet, le com-
mandant Merlen parvenait au Palmiste, en délogeait un
détachement de rebelles et s'établissait à Ânglet (3).
Prud'homme et renseigne Losach, pour tenter un accord. Mais ces deux
officiers et les matelots de leur chaloupe furent jetés dans les cachots
du fort.
(1) Richepanse forçait le pont de Nozières avec tous les grenadiers do
rarmée pendant que Gobert et Pelage passaient à gué la rivière des
Pères avec la 66" demi-brigade et s'emparaient de la batterie des Irois.
Notre succès sauva les blessés de la Basse-Terre, barricadés dans leurs
malsons pour échapper au massacre et au pillage.
(2) C'est dans ce combat du Palmiste que le capitaine Etienne Pied-
noir, de Cloyes (Eure-et-Loir), fut blessé.
(3) Après avoir inquiété le détachement Crabe à Dolé, Palème laissa
170 HISTORIQUE
C'est là qu'il fut rejoint, le 13 mai, par le général Seri-
ziat, arrivant à marches forcées de la Pointe-à-Pitre avec
le bataillon expéditionnaire (1).
Notre brave colonne; ainsi renforcée, put s'emparer du
morne Houêl, défendu par deux pièces de 18, déloger les
révoltés de l'habitation Legraët et prendre position sur les
hauteurs qui dominent la Basse-Terre.
, Dès lors, toute l'armée de la Guadeloupe se trouvait con-
centrée autour du fort Saint-Charles.
Le général Seriziat, avec le bataillon expéditionnaire et
là 15® demi-brigade, fut chargé de garder le secteur com-
pris entre la rivière des Pères et celle des Galions.
Le commandant Merlen cantonna ses compagnies à
l'Espérance, à Belost et Monrepos (2).
Les travaux du siège furent activement poussés (3) et,
le 1®^ prairial (21 mai), nos trente bouches à feu vomirent
leurs projectiles sur les bastions ennemis.
Le lendemain au soir, toutes les pièces des rebelles
étaient démontées ou enterrées sous les décombres.
Aussi, vers 8 heures (soirée du 2 prairial), Delgrès, sen-
tant qu'il ne pouvait plus tenir, évacua le fort par la po-
terne des Galions et gagna les hauteurs de Matouba, suivi
de 400 hommes de troupe régulière et d'une foule de
noirs en armes (4).
Jaquct pour continuer la lutte et courut attaquer le commandant Mer-
len au Palmiste. Sa présomption fut châtiée, et, battu, il se vengea en
allumant partout des incendies.
(1) Le 11, le général Seriziat rencontre Crabe à Capesterre. Le len-
demain ils atteignent ensemble Trois- Rivières et y trouvent les blessés
de Merlen égorgés ou horsiblement mutilés (pieds, mains, nez coupés) ;
ils se vengèrent en passant par les armes les nègres qui se trouvaient là.
(2) V. Histoire de la Guadeloupe, par M. A. Lacour.
(3j Le 18 mai, les assiégés tentèrent une sortie sur l'habitation Le-
graèt et les tranchées, mais ils furent ramenés tambour battant.
(4) Delgrès avait tout préparé pour faire sauter la poudrière du fort,
afin d'y ensevelir les 15 prisonniers qu'il y avait enfermés. Mais le ca-
pitaine Prud'homme avait pu se ménager des intelligences avec des
officiers mulâtres demeurés par force avec Delgrès. Ces officiers lui
ouvrirent la porte du cachot. Il courut à la poudrière, enleva la mèche,
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 171
Pendant ce temps, Ignace se dirigeait sur la Pointe-à-
Pitre, pour surprendre et incendier la ville.
Mais une partie des insurgés s'était sauvée dans les
mornes de la Pointe du Vieux Fort. Ils y furent cernés par
300 hommes de la 15® demi-brigade.
Enfin, quelques jours plus tard, le 8 prairial (28 mai),
les révoltés, se voyant forcés dans leur dernier refuge (l'ha-
bitation d'Anglemont), se firent sauter au nombre de 3 ou
400, parmi lesquels on reconnut les cadavres de Delgrès
et de ses officiers.
Cette dernière affaire, précédée de la victoire du général
Gobert à la redoute de Braimbridge, anéantit le parti de
l'insurrection.
Le général Richepanse n'eut plus à donner ses soins
qu'au rétablissement du bon ordre et de la tranquillité.
Par malheur, la fin des travaux du commandant en
chef devait être aussi le terme de son honorable carrière.
Il succomba le 3 septembre 1802 à la maladie du climat,
ayant assez vécu pour sa gloire, mais trop peu pour le
bonheur de la Guadeloupe, dont il regretta de ne pouvoir
réparer les désastres (1) (2).
Les troupes eurent cependant encore à poursuivre les
nègres insoumis dans l'intérieur de l'île. Puis le fléau du
pays s'abattit lourdement sur nos malheureux bataillons.
Rendons justice à nos braves soldats en disant que ni la
fièvre jaune, ni les fatigues, ni les privations ne purent
émousser leur courage ni lasser leur constance.
Il fallut bien souvent combler les vides creusés par le
mal. Le 2 mai 1803, les débris du 82® furent incorporés
délivra les prisonniers, abaissa le pont-levis et s'arma pour résister à
la rentrée des révoltés. Le général en chef le combla d'éloges.
(1) Tous ces détails et ce passage sont empruntés au remarquable
ouvrage du colonel Boyer-Peyreleau sur les Antilles françaises.
(2) Voulant éterniser le souvenir des exploits de ce général, le gou-
vernement décréta, le 30 mars 1803, que le fort Saint-Charles, où ses
restes avaient été déposés, porterait désormais le nom de fort Riche-
panse.
172 HISTORIQUE
dans le 3» bataillon de la 15« demi-brigade, qui avait été
installée à Tabago ( 1 ).
Enfin, au mois de septembre 1803, ce qui restait de la
15® demi -brigade et de la 79« fut versé dans la 66®, qui
occupait alors la Guadeloupe, sous les ordres du comman-
dant Cambriels (2).
Une bonne partie de ces survivants de la IS® devaient
plus tard (6 février 1806) trouver une mort glorieuse sur les
navires du contre-amiral de Lesseigues, dans le désastre
naval de Santo-Dominguo (3).
Année 1803
La 15e demi-brigade ne comprenait plus que deux ba-
taillons (le 1er et le 2^), qui tenaient garnison à Brest.
Le décret du 23 septembre 1803 (vendémiaire an XII)
supprima les demi-brigades et reconstitua les régiments.
L'infanterie fut alors composée de quatre-vingt-dix
régiments de ligne (dont dix-neuf à quatre .bataillons et
soixante et onze à trois bataillons) et de vingt-sept régi-
ments d'infanterie légère.
Chaque régiment était commandé par un colonel.
La 15® demi-brigade réunit ses deux bataillons aux deux
de la 107® demi-brigade, et le nouveau corps ainsi formé
prit le nom de : 15® régiment d'infanterie de ligne.
(1) V. Historique du 82* de ligne.
(2) Nous avons relevé, sur le contrôle des archives de la guerre, 20
tués pendant Texpédition (du 19 floréal au 30 prairial). Le 3* bataillon
de la 15" demi-brigade (commandant Merlen) comptait à sa formation
(an X) 729 hommes. Il en avait, au débarquement 678, on en avait incor-
poré, depuis, 778 venant de différents corps ; total, 1.456 hommes. Au 1"
vendémiaire an XII (23 septembre 1803), époque de l'amalgame avec la
66% on comptait 802 morts et 46 disparitions. Le bilan des officiers est
également édifiant. Us étaient 25 au débarquement. On en incorpora, de
divers corps, 44; enfin 12 sous-offlciers furent promus officiers; to-
tal 81. Au 1" vendémiaire, 30 étaient morts et 2 réformés. Parmi les
morts, le capitaine adJudant-maJor Trotin (21 thermidor an X) et le
capitaine Prévost (18 messidor an X).
(3) V. Batailles navales, par 0. Troude.
DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 173
Le 23 octobre 1803, le général Darmagnac signait le
procès-verbal d'organisation du régiment, dont le com-
mandement fut confié au colonel Faure (Jean-Baptiste-
Raymond), ancien chef de la 15® demi-brigade.
Chaque bataillon comprenait neuf compagnies dont une
de grenadiers.
Les quatre bataillons furent tout d'abord maintenus à
Brest (1) et affectés à la 13« division militaire, rassemblée
en décembre 1803 et destinée à prendre part à la grande
expédition projetée contre l'Angleterre,
Le 15® régiment d'infanterie, cantonné sur les vaisseaux
pendant les années 1803 et 1804, fut occupé aux travaux
de l'arsenal de Brest.
Colonel BENOÎT-HiLAmE REYNAUD
(6 avril 1804).
Au mois de décembre 1804, son nouveau colonel (2) reçut
l'ordre d'envoyer une députation de 16 hommes aux fêtes
du couronnement de l'empereur. Le 5 décembre, troisième
jour des fêtes, eut lieu la distribution solennelle des dra-
peaux. La cérémonie fut très imposante. Les représen-
tants de tous les corps vinrent recevoir les aigles au pied
d'un trône magnifique, élevé devant l'Ecole militaire.
« Vous jurez de sacrifier votre vie pour le défendre, s'é-
cria Napoléon, et de le maintenir constamment par votre
courage sur le chemin de la victoire I Vous le jurez I...
— Nous le jurons! » répondirent aussitôt les colonels et
les délégués des régiments, en élevant les aigles dans les
(1) Les quatre chefs de bataillon étaient MM. Jeannot, Plazanet,
LiMOUziN, Langlois. Le commandant Lemaire, arrivant des Antilles, fut
mis à la suite. Le major (création nouvelle correspondant au grade ac-
tuel de lieutenant-colonel) ne fut nommé que quelques Jours après
(11 brumaire an XIl); ce fut M. Dein. Le commandant Merlen était
passé au 66' de ligne.
(2) Benott-Hilaire Reynaud remplace, le 6 avril 1804, le colonel Fadrk
admis à la retraite.
174 HISTORIQUE
airs et en mêlant leurs acclamations à la voix du canon et
au bruit des fanfares (1).
Ces drapeaux ne devaient pas tarder à recevoir la con-
sécration des victoires.
On se croyait encore, en 1804, à la veille de la grande
entreprise contre TAngleterre. Pourtant, pendant Tété de
1805, tout changeait subitement de face.
Le cabinet britannique avait préparé une nouvelle et
formidable coalition en Europe, n'attendant qu'une oc-
casion pour se dresser devant le nouvel empereur. Napo-
léon lui fournit le prétexte en posant sur sa tête la couronne
d'Italie et en annexant Gênes à la France.
Les puissances coalisées prirent alors une attitude réso-
lument hostile, sans chercher à dissimuler plus longtemps
leurs armements.
Mais Napoléon fut prompt à prendre ses mesures ; il
n'était pas surpris. Pendant la période de paix continen-
tale, les camps d'instruction avaient admirablement pré-
paré ces troupes superbes qui formèrent la grande armée
et qui allaient s'acquérir une gloire incomparable pendant
la campagne de 1805.
Année 1805
(( A vrai dire, cette campagne, qui ramenait subitement
Napoléon de la Manche sur le Danube, n'était pas seule-
ment la compensation éclatante d'une expédition contra-
riée. Déjà elle portait en elle tout l'empire. C'était l'évolu-
tion instantanée, décisive, d'une politique qui, après avoir
voulu saisir l'Angleterre corps à corps jusque dans son île
et ayant été détournée de son but, allait poursuivre, pen-
dant dix ans, la grande ennemie à travers une série de
coalitions et de guerres européennes.
« C'est la clef de l'histoire de l'Empire (2). v
(1) Souvenirs intimes d'un volontaire de 1791 (publication de la
Réunion des officiers).
(2) Correspondance du maréchal Da/oout, par Charles de Mazade,
de rAcadémie française.
DU J5e RÉGIMENT D'INFANTERIE 175
Le 15® régiment d'infanterie devait ignorer les brillants
triomphes de cette mémorable campagne.
Pendant que la Grande Armée abandonnait les côtes
pour se porter au cœur du continent, le régiment restait
à Brest, avec le 37® de ligne, pour mettre le port et l'es-
cadre à l'abri d'un coup de main (ordre du jour de sep-
tembre 1805).
Année 1806
Enfm, l'année suivante, les vainqueurs d'Austerlitz en-
treprenaient une nouvelle et foudroyante campagne (1806)
qui allait aboutir au coup de foudre de léna-Àuerstaedt
(14 octobre).
En un mois il ne resta plus rien des 160.000 hommes de
l'armée prussienne : tout était désorganisé, dispersé ou dé-
truit.
Cependant, si la victoire s'était plue à couronner nos ai-
gles sur tous les champs de bataille, les privations, les fati-
gues et la mort avaient creusé bien des vidçs dans les
rangs de ceux qu'on pouvait justement nommer « les pre-
miers soldats du monde ».
Napoléon, d'ailleurs, ne songeait pas à la paix.
Exalté par le sentiment de sa puissance, il publiait à
Berlin, le 21 novembre, le fameux décret du Blocus con-
tinental, et, sans se laisser arrêter par les difiicultés d'une
campagne d'hiver, il entrait résolument en Pologne.
C'était déclarer la guerre à la Russie. Une nouvelle cam-
pagne allait commencer.
En prévision de ces graves événements, l'empereur avait
pris des mesures pour renforcer la Grande Armée (1).
(1) Dès le 22 septembre 1806, Napoléon écrivait au général Lacuée :
« Je vais apppeler une réserve de 30.000 hommes, il faut que le décret
soit prêt, etc. » On ferait partir en plus le 15% le 47% le 70* et le
86% ainsi que les 5% 25« et 26« divisions.
1
176 HISTORIQUE
Année 1807
Au mois de janvier 1807, le colonel du 15® régiment de
ligne recevait Tordre de partir pour Paris avec les deux
premiers bataillons (1), que Ton devait transporter en
poste jusqu'à Mayence.
De Mayence nos soldats furent acheminés sur Berlin.
Peu de temps après, au commencement d'avril, le géné-
ral Clarke (gouverneur de Berlin) envoyait le colonel
Reynaud et ses deux bataillons à Zehdenick, pour gagner
ensuite Passewalk, où se trouvait déjà le général Grand-
jean attendant la réunion de tout le 8« corps (Mortier) (2).
C'est qu'en effet le duc de Trévise allait entreprendre de
chasser les Suédois au delà de la Peene (3).
L'ennemi était établi entre l'Oder et Friedland; il avait
concentré la plus grande partie de ses forces au centre,
et ses têtes de colonne se montraient partout : à Fal-
kenwald, Stolzembourg, Stadsfort, Billing et Dargnitz.
Combat de Billing et Ferdinandshoff-Anklam (16 avril 1807).
Le commandant du 8» corps résolut de se porter en
masse sur le centre de son adversaire, sans s'inquiéter
de ses derrières (4).
En conséquence, le 16 avril, à la pointe du jour, toutes
les troupes du maréchal Mortier furent dirigées sur Bil-
ling. Le 15® de ligne formait l'avant-garde.
Le village fut facilement enlevé ; mais les Suédois, qui
s'étaient faiblement défendus jusque-là, avaient solide-
ment organisé la position de Ferdinandshoff, à laquelle
(1) Les 3^ et 4' bataiUons restèrent à Brest.
(2) Le 11 avril, le général Clarke donnait au général Vergés rordre
de Joindre les deux bataillons du 15' (à l'effectif de 1 .800 hommes) à la
division du général Grandjean.
(3) Quatorze mille Suédois, qui tentaient une diversion sur Stettin
sous les ordres du baron d'Essen.
(4) Voy. Rapport officiel du maréchal Mortier, duc de Trévise ; Cor-
respondance de la campagne de 1807. (Archives historiques du misistère
de la guerre.)
{
\
i
DU 15<^ RÉGIMENT D*INFAXTERIE 177 l
on ne peut accéder qu'en suivant une route bordée, des
deux côtés, par d'immenses marais.
Sans se laisser intimider par le danger, le IS^ de ligne,
ne pouvant se déployer sur cet étroit défilé, se forme en
colonne par pelotons et se lance avec une étonnante intré-
pidité à Tassant des retranchements ennemis (i).
Les Suédois se défendent avec une énergie peu com-^
mune. La lutte est acharnée. Nos jeunes soldats, conduits
par de vaillants officiers, se montrent dignes de leurs
aînés de Biberach, d'Ampfingen et de Hohenlinden.
Défiant une véritable pluie de balles et de mitraille, ils
chargent audacieusement les vieux bataillons suédois.
A leur tête se distinguent le capitaine de grenadiers
BouRSiN (2), donnant à tous l'exemple du courage et du
sang-froid, et le brave sergent Rey de Vissec (3), dont la
brillante conduite entraine les moins ardents.
Enfin le succès répond à nos efforts. Le village est à
nous, avec 400 prisonniers.
Cependant, l'ennemi résiste encore en arrière de Lang-
dam : il faut livrer un nouveau et sanglant combat pour
le rejeter sur Alt-Cosenen.
Malgré tout, les Suédois, qui espèrent toujours voir le
corps de Gardell arriver à leur secours, cherchent à nous
arrêter le plus longtemps possible.
Sous un ouragan de pluie et de grêle, la division Grand-
jean, harassée de fatigue, se déploie une troisième fois
pour l'attaque.
(1) « L'attaque du 16 s'est faite par le 15* de ligne, en colonne, sur
la grand'route d'Anklam. Ce corps s'^st très bien montré, ainsi que
Nassau. » (Rapport du général Clarko à Tempereur.) Voir aussi le rap-
port du maréchal Mortier ,lduc de Trévise, rapport très élogieux, auquel
nous avons emprunté tous ces détails.
(2) « Le capitaine de grenadiers Boursin a constamment donné
Texemple du sang-froid et du courage, en tête de sa compagnie, et
principalement à l'attaque de Ferdinandshofl. » (Citation du général
Mortier.) — Etat des officiers qui se sont le plus distingués aux affaires
des 16 et 17 avril 1807.
(3) (( Le jeune sergent Rey de Vissec, de la 1'* compagnie du 1*' ba-
taillon, sest conduit avec distinction. » (Rapport du maréchal Mortier.)
Hist. 15*. 12
178 HISTORIQUE
Après un engagement très vif, nos adversaires durent
reculer jusqu'à Ancklam ; mais, comme le duc de Trévise
y parvenait en même temps qu'eux, ils ne purent s*y ins-
taller.
Le baron d'Essen, craignant d'être coupé de sa ligne de
retraite, se hâta de repasser la Peene, pendant que son
arrière-garde se faisait sabrer par nos cavaliers (1).
Il était 9 heures du soir et le combat durait depuis deux
heures du matin.
« Je ne puis assez me louer des troupes, écrivait le maré-
chal Mortier. Elles ont supporté avec la plus grande rési-
gnation les marches forcées qu'elles viennent de faire.
» Le 15<», entre autres, composé d'hommes qui, pour la
plupart, n'avaient pas encore vu le feu, a fait avec beau-
coup d'impétuosité et de sang-froid l'attaque de Billing et
de Ferdinandshoff (2). »
Le lendemain, 17, la brigade Veaux (3) vint attaquer
dans Ukermonde le corps de Gardell, le sépara du reste de
l'armée ennemie et le rejeta à la mer.
Les Suédois ne durent leur salut qu'à la présence de
leur flottille, qui croisait- dans le Kleine-Hafï et put les
recueillir.
Le baron d'Essen, comprenant alors le danger de sa
situation, demanda un armistice. Le maréchal Mortier le
lui accorda. Il fut signé le 18 avril et complété, le 29 avril,
par un article additionnel.
Notre succès nous avait livré 1.200 prisonniers, 6 pièces
de canon et les îles d'Usedom et de Wollin. De plus, les
Suédois s'engageaient formellement à ne plus secourir ni
Colberg, ni Dantzig.
(1) Les hussards hollandais et le 3^ chasseurs à cheval français.
(2) Correspondance officielle de la campagne de 1807. Rapport du maré-
chal Mortier. Archives historiques du ministère de la guerre.
(3) A laquelle appartenait le 15*» de ligne.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 179
BATAILLE DE FRIEDLANO (14 juin 1807)
Inscrite au drapeau du IS®.
Le 15^ était cantonné à Stettin lorsque Tempereur forma
le corps d'observation du maréchal Brune.
Le 8® corps, ainsi remplacé en Poméranie, fut tapproché
du grand théâtre de la guerre.
Il avait subi-, entre temps, d'importantes modifica-
tions (1).
L'organisation du 8 mai affecta le 15® et le 58® de ligne à
la 2® brigade (Veaux) de la i^^ division (Dupas).
Cette brigade quitta Stettin Je 12 mai et s'établit,*le 25,
à Tabbaye d'Oliva (2), près de Dantzig, pour s'opposer aux
entreprises d'une escadre anglo-russe qui se montrait en
vue de la côte.
Cependant, des événements plus graves se préparaient
d'autre part : l'armée russe et l'armée française étaient à
la veille d'une terrible collision.
Le général Benningsen, confiant dans les renforts qu'il
avait reçus, voulait profiter de la belle saison pour
reprendre l'offensive.
Mais ses premières attaques échouèrent partout contre
les retranchen\pnts que chaque division française avait
élevés pour protéger son camp.
Napoléon, d'ailleurs, voulait en finir d'un seul coup avec
cette armée russe, qui ne recherchait que les engagements
partiels. Il résolut, en conséquence, de concentrer toutes
ses forces en une masse imposante qui s'ébranlerait, vers
le 10 juin, se porterait sur l'Aile, en descendrait le cours.
(1) Le 8^ corps se composait, à Torigine, de la division Dupas (quatre
régiments français) et de deux régiments hollandais, avec quatre
compagnies d'artillerie. Le 31 mai, il s'augmenta de la division polo-
naise Dombrowski.
(2) La ville de Dantzig avait capitulé la veille (24 mai).
180 HISTORIQUE
et tâcherait de couper Benningsen de Kœnigsberg, pour
rejeter son armée sur le Niémen.
Or, tandis que Napoléon se préparait, les Russes, décidés
à nous prévenir, devançaient de cinq jours le mouvement
des Français (1).
Le duc de Trévise avait reçu Tordre de presser sa marche
sur Mohrungen, afin de s'y trouver le 7 juin. L'empereur
avait, en outre, prescrit que chaque corps fût pourvu de
quatorze jours de vivres à la date du 10 juin (quatre dans
le sac, dix sur les caissons).
Le 8, en effet, la division Dupas bivouaque à Mohrun-
gen. Le lendemain, elle suit le corps de Lannes ; mais,
retardée par plus de 6.000 voitures qui encombrent la
route, elle n'arrive qu'à 7 h. 1/2 du soir à Kwetz (près
de GWttau), où elle établit son camp. Le 10 juin, notre
tête de colonne rencontre l'ennemi près d'Heilsberg. Cet
engagement peut être le début d'une grande bataille. Aussi
Napoléon, arrivé le soir sur la position, se prépare-t-il à
une lutte décisive pour le lendemain.
Cependant, les Russes profitent de la nuit pour décam-
per. Benningsen craignait de perdre à la fois une journée
et une bataille et ne voulait pas s'exposer avenir trop tard
au secours de Kœnigsberg, peut-être à moitié détruit (2).
Enfin, dans la nuit du 13 au 14, l'empereur, installé à
Preussich-Eylau, ordonne au maréchal Lannes de s'avancer
sur Friedland.
Le duc de Trévise (8® corps) doit se porter sans retard à
Domnau pour le soutenir.
Il est à peine jour et déjà le duc de Montebello se bute
contre l'ennemi, vers Posthenen.
L'armée russe s'était déployée, pendant la nuit, sur un
front d'environ 2. 000 toises (de StortlachàHeinrichsdorf),
ayant, sur toute la longueur, une rivière à dos (l'Aile) et^
pour unique retraite, une ville étroite (Friedland), avec un
(1) Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire, t. VII, p. 583.
(2) Dominique Ravy, Journal d'un engagé volontaire pendant les
campagnes de 1805, 1806, 1807.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 181
pont à franchir (1). Cette armée manifestait une grande
confiance dstns la victoire.
Quoi qu'il en soit, tandis que les grenadiers d'Oudinot
attaquent les bois de Stortlach et que les batteries de sa
division ouvrent le feu, le maréchal Lannes prend ses dis-
positions pour tenir, coûte que coûte, jusqu'à l'arrivée des
renforts.
« A 8 heures du matin, Napoléon, qui a entendu le
canon, passe au milieu de ses troupes. Il a sa capote grise,
« Oudinot et Lannes, dit-il aux soldats, ont toute l'armée
russe sur les bras. Vous serez là pour la bataille; je compte
sur vous. C'est aujourd'hui l'anniversaire de Marengo. »
Puis, s'adressant au général commandant l'artillerie:
« Combien de pièces avez-vous, Sénarmont ?
— Trente-six, sire.
— C'est bien ; il faudra chauffer ; le Russe aime les bou-
lets » (1).
En arrivant sur le champ de bataille, l'empereur ren-
contre Oudinot.
(( Je vous amène l'armée, lui dit-il ; elle me suit. Où donc
est l'Aile? (Elle était alors cachée à sa vue par les mou-
vements du terrain.)
— Là, derrière l'ennemi », répond le général. Puis,
dans son rude langage de soldat :
« Je lui mettrais le cul à l'eau, si j'avais du monde
mais j'ai usé mes grenadiers » (2).
Enfin, vers 9 heures, voici la division Dupas qui arrive
en toute hâte ; elle comprend le 4® léger, le 15« et le 58« de
ligne, qui s'établissent entre Posthenen et Heinrichs-
dorfï (3).
A peine déployés, ces braves régiments sont attaqués
(1) Campagnes de Napoléon.
(S) Ibid.
(3) Le 15« est posté vers Heinrichsdorff. La division Verdier, retardée
dans sa marche, ne put arriver qu'une heure après. Le 8' corps avait
quitté Lampach à 1 heure du matin et se trouva exposé au feu depuis
5 heures du matin jusqu'à 10 h. i/2 du soir. (V. Rapport du général
MorUer. Archives de la guerre.;
182 HISTORIQUE
par une forte colonne d'infanterie. Le maréchal Mortier,
qui vient de les rejoindre, a son cheval tué par un
boulet.
Cependant, les bataillons, de Gortschakofï, décimés par
le feu terrible de nos fantassins, tourbillonnent et reculent,
harcelés par la cavalerie de Grouchy.
La situation n'en est pas moins critique. Malgré la bril-
lante intervention de la division Dupas, le corps du maré-
chal Lannes, qui lutte depuis Taurore, est à bout de forces.
Le duc de Montebello envoie dépêche sur dépêche pour
demander du secours.
Du reste Napoléon, qui a reconnu le champ de bataille,
vient de donner ses ordres. Il est midi.
« Le maréchal Ney prendra la droite, appuyant la posi-
tion actuelle du duc de Reggio. Son point de direction
sera le clocher de Friedland. Le maréchal Lannes se main-
tiendra au centre et le maréchal Mortier formera Taile
gauche, tenant Heinrichsdorfï et la route de Kœnigsberg^
« Le corps du duc de Bellune et la garde seront en
réserve.
(( Le mouvement se fera par la droite en pivotant sur la
gauche.
(( Ce sera donc le duc d'Elchingen qui aura l'initiative
du mouvement. Il ne commencera que sur Tordre de l'em-
pereur.
(( Toutes les montres sont réglées sur celle de Napoléon.
(( A 5 heures précises, un premier coup de canon donne
le signal, répété par trois salves d'une batterie de vingt
pièces (1). »
Alors s'engage un furieux combat d'artillerie.
Le village de Friedland est en flammes.
Le duc d'Elchingen continue d'avancer malgré la charge
héroïque de la garde impériale russe, qui arrête un ins-
tant son mouvement.
(i) Dominique Ravy, Journal d'un engagé volontaire pendant les
campagnes de 1805, 1806, et 1807.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 183
. Pourtant, Gortscliakofif, qui sent le danger, tente d'en-
foncer notre gauche, vers Heinrichsdorf! (1).
Mais le maréchal Mortier, avec le 15® de ligne et les fusi-
liers de la garde, leur oppose une muraille de fer (2).
L'aile droite russe est forcée de rétrograder sur Fried-
land.
Malheureusement pour ces braves, la ville est déjà occu-
pée par les Français. C'est une épouvantable mêlée. Les
rues sont jonchées de cadavres.
Et voici que le 8® corps, à son tour, s'élance au pas de
charge sur les débris de ces infortunés bataillons et les
rejette dans l'Aile, où plusieurs milliers d'hommes péris-
sent. Quelques détachements seulement parviennent à
s'échapper par les gués et par la route de Kœnigsberg.
Le feu ne cesse qu'à la nuit, vers 10 heures.
Tels sont les épisodes les plus marquants de cette jour-
née fameuse, où le 15® s'acquit une si juste réputation de
vaillance et de fermeté.
« Tous les régiments du 8« corps se sont couverts de
gloire, écrivait à l'empereur le maréchal Mortier.
« Et l'on doit, peut-être, à la résistance opiniâtre du
15® de ligne, qui a particulièrement souffert, d'avoir pu
conserver notre position contre l'attaque réitérée de nom-
breuses colonnes de cavalerie et d'infanterie russes (3) ».
D'ailleurs, dans cette lutte gigantesque de deux armées
si dignes l'une de l'autre par leur valeur et leur cons-
tance, les troupes du duc de Trévise avaient été singuliè-
rement éprouvées.
Faut-il donner des chiffres? Ils sont, hélas! bien élo-
quents.
(1) Le 15" de ligne défendait ce village. L'empereur avait donné Tor-
dre d'y tenir jusqu'à la dernière extrémité.
(2) Thieps, Histoire du Consulat et de VEmpire, t. VIL Rapport du
maréchal Mortier à l'empereur.
(3) Rapport du maréchal Mortier à l'empereur, 16 juin. (Correspon-
dance officielle de la campagne de 1807.) (Archives historiques du
ministère de la guerre.)
184 HISTORIQUE
On dut compter au 8« corps 14 officiers tués, 91 blessés ; -
411 hommes tués, 2.094 blessés.
Le 15® régiment d'infanterie avait, pour sa part, la
moitié des morts (8 officiers et 205 hommes) et plus du
tiers des blessés (32 officiers et 707 hommes) (1).
Du reste, le rapport du maréchal Mortier ne tarit pas
d'éloges pour les hauts faits de ses officiers et de ses sol-
dats.
Il cite, au, premier rang, le général Dupas et l'intrépide
colonel Reynaud, du 15® de ligne, qui fut blessé à la tête
de son brave régiment (2).
C'était, à vrai dire, une victoire complète, qui retrouvait
tout l'éclat de Marengo, d'Austerlitz et d'Iéna (3).
L'armée russe avait laissé, sur le champ de bataille,
25 généraux, près de 20,000 hommes et 80 pièces de canon.
A la nouvelle de ce désastre, Kœnigsberg fut abandonné
et le maréchal Soult put entrer dans la place, où l'on
trouva d'immenses approvisionnements.
L'ennemi s'était réfugié derrière le Niémen, lorsque
s'ouvrirent les négociations qui amenèrent l'armistice du
22 juin et le traité de paix de ïilsitt, signé le 8 juillet.
L'entrevue de Tilsitt avait cimenté une intime alliance
entre la France et la Russie; mais la Prusse était sacrifiée.
Nous en subirons les conséquences en 1813.
Quoi qu'il en soit, le rôle de la Grande Armée paraissait
terminé.
(1) Voici les noms des officiers tués ou mortellement blessés : capi-
taine Laine; capitaine adjudant-major Arau; capitaines Trefcon,
Fauré, Seroux; lieutenant Fririon, mort le 22; sous-lieutenant Gestas,
mort le 6 juillet; lieutenant Thouret, mort le 24 décembre. (On lira la
liste des blessés à l'appendice.)
(2) L'armée française coucha sur le champ de bataille; la plus grande
partie bivouaqua, près de Friedland, sur la rive gauche de l'Albe.
(3) Pour établir ce récit, nous avons puisé aux sources suivantes :
Histoire du Consulat et de l'Empire, par A. Thiers; Histoire des cam-
pagnes de Napoléon, par Charles Picquet; Journal d'un engagé volon-
taire pendant les campagnes de 1805, 1806 et 1807, par Dominique
Ravy; Correspondance officielle de la campagne de 1807 (Archives his-
toriques de la guerre). Correspondance de Napoléon le**. Rapport du
maréchal Mortier (Archives de la guerre).
DU 15<) RÉGIMENT D'iNFANTERIE 185
En exécution d'une convention dite d'évacuation, signée
le 12 juillet, la division Dupas, tout d'abord cantonnée en
Pologne, est dirigée sur Stettin, et, de là, sur la Hollande.
Au mois de décembre 1807, elle est établie à Wesel. Le
15® de ligne reçoit Tordre de rentrer à Brest. Le régiment
n'arrive dans cette ville qu'à la fin de février 1808. Il n'y
trouve plus les deux bataillons qu'il y avait laissés (3^ et ifi).
Voyons ce qu'ils sont devenus.
CAMPAGNE DE PORTUGAL (1807-1808)
a* bataillon du 1 5».
Nous avons dit plus haut que Napoléon s'était juré de
détruire la puissance de l'Angleterre partout oùil pour-
rait la rencontrer.
Cette fois-ci ce sera le Portugal qui deviendra le théâtre
de la lutte.
La cour de Lisbonne se trouvait alors sous l'entière
domination du cabinet britannique. C'est là que l'empe-
reur résolut d'atteindre son irréconciliable ennemie.
Charles IV d'Espagne, fléchissant devant le vainqueur
de l'Europe, promit de ne point inquiéter une armée
française qui traverserait son royaume pour entrer en Por-
tugal.
Il s'engagea même à soutenir notre expédition par la
coopération de ses propres troupes.
Napoléon n'avait pas attendu ces conven tiens ^ avanta-
geuses pour préparer son action.
Depuis le mois d'août 1807, une armée de 25.000 hommes,
commandée par Junot, était réunie en Béarn, sous le nom
de corps d'observation de la Gironde (1).
Le dépôt du 15® régiment d'infanterie était toujours
(1) P.Giguet, Histoire militaire de la France, t. II, p. 218.
186 HISTORIQUE
demeuré à Brest ; mais les 3® et 4« bataillons, qui avaient
d'abord figuré au camp volant de Pontivy, se séparèrent au
mois d'août. Le 4« bataillon reçut Tordre de rejoindre le dé-
pôt, tandis que le 3® (Lecouvreur) fut dirigé sur Bayonne,
pour être affecté à la 1'® brigade, général Avril, de la
l'e division (Delaborde) du corps d'observation (1).
Le 18 octobre, d'après l'ordre de l'empereur, le général
Junot met son armée en mouvement, sur six colonnes, se
suivant à un Jour de dislance (2), et entre en Espagne.
On se fait difficilement une idée des souffrances qui
accablèrent nos troupes durant cette longue et pénible
marche sur Salamanque, Ciudad-Rodrigo, Alcantara, So-
breira.
Les deux tiers des hommes étaient de jeunes conscrits :
ils eurent à supporter toutes les misères. Les vivres man-
quaient souvent, les chemins étaient affreux, et il fallait
avancer sans prendre un jour de repos.
« Ces troupes, dit le général Thiébaut, venaient de faire
la marche la plus pénible et la plus affreuse que jamais
une armée, s'avançant pour combattre, ait osé entre-
prendre, j)
Néanmoins, Junot arrive le 30 novembre 1807 devant
Lisbonne. Il n'est accompagné que de 1.500 hommes*
Entrée à Lisbonne (novembre-décembre 1807).
Pourtant, la cour s'est réfugiée la veille sur la flotte bri-
tannique, et cette ville de 200.000 âmes, gardée par 12.000
soldats, ne tente aucune résistance. Le général français
prend possession du gouvernement et organise le pays.
Le bataillon du 15®, arrivé à Lisbonne le 1«' décembre,
(1) Cette division comprenait : le 2« bataillon du 47' de ligne, deux
bataillons du 86% deux bataillons du lO^^ le 3^ bataillon du 15«, un ba-
taillon du 4* régiment suisse. Chaque bataillon devait être complété à
1.260 hommes (140 par compagnie). Les brigades étaient commandées
par les généraux Brenier et Avril.
(2) Le 15* marche à la quatrième colonne avec l'artillerie de division.
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 187
va tenir garnison au château. 11 devait y demeurer tout
rhiver.
Pendant ce temps, Napoléon commettait la plus grande
faute politique de son règne en s'aliénant TËspagne par
une inique et inexplicable agression dont les conséquences
lui furent, plus tard, si fatales.
Le commencement de Tannée 1808 avait été calme en
Portugal. Mais les premiers événements de la guerre d'Es-
pagne encouragèrent les habitants à céder aux excitations
des Anglais. La population se souleva tout entière contre
nous. Les régiments espagnols firent cause commune avec
les Portugais, tandis que la flotte anglaise menaçait les
côtes. Il fallut lutter contre Tinsurrection qui cherchait à
couper nos communications avec la France.
En conséquence, Junot forma deux régiments d'élite
avec les voltigeurs et grenadiers de divers corps. Les gre-
nadiers du 15® (130 hommes et 3 officiers) firent partie du *
2« régiment.
Ces groupes provisoires furent confiés au général Loison
pour la répression des rebelles.
Le 29 juillet, le général attaquait Evora, qu'il emportait
d'assaut après un combat sanglant. L'ordre du jour du
général Loison cite la belle conduite du capitaine Goubé,
qui commandait les grenadiers du 15® dans cette affaire,
où les insurgés laissèrent 500 morts et 2.000 prisonniers,
tandis que nous n'avions perdu que 90 hommes dont 3 offi-
ciers (1).
Pendant ce temps, 16.000 Anglais débarquaient à
l'embouchure du Mondégo et se trouvaient bientôt ren-
forcés de tous les bataillons insurgés, qui vinrent se con-
centrer auprès d'eux.
Junot, isolé dans un pays soulevé contre lui, ne put
réunir que 10 à 12.000 combattants pour se défendre
contre les troupes anglaises, portugaises et espagnoles,
qui le menaçaient de toutes parts.
(1) Le lieutenant Richard fut blessé dans cette affaire. H devait Têtre
encore un mois plus tard à la bataille de Vimeiro.
188 HISTORIQUE
C'en était fait de notre armée d'occupation. On com-
battit cependant; on combattit pour Thonneur.
Ce fut la bataille de Vimeiro (20 août), échec, c'est vrai,
mais échec glorieux. A 2 heures de l'après-midi, l'armée
française battait en retraite dans un ordre parfait, se diri-
geant sur Lisbonne (1) pour s'y renfermer et s'y défendre
jusqu'à la mort.
« Les plus jeunes ont mérité ce jour-là le titre de vieux
soldats (2). »
Or, sur ces entrefaites, notre adversaire (3), rendant
hommage à la fière attitude de nos troupes, signait avec
Junot la convention de Cintra (22 août), qui réglait l'éva-
cuation du Portugal, tout en sauvant l'honneur de nos
armes (4).
Le corps expéditionnaire, rapatrié par la flotte anglaise,
fut débarqué à La Rochelle.
Le bataillon du i6^ (3« bataillon) fut alors dirigé sur
Bordeaux, où se formait le 8® corps de l'armée d'Espagne,
dont l'empereur se proposait de partager le commande-
ment avec Junot duc d'^brantès.
Mais, à peine entré en Espagne, ce corps était dissous
(2 janvier 1809) et ses éléments allaient renforcer les autres
€orps, en particulier le 2® qui fut porté à cinq divisions.
Le bataillon du 15© reçut l'ordre de rejoindre le gros du
régiment, qui faisait partie de la l'« division (Merle) du
2® corps d'armée (Soult).
Avant de suivre le régiment dans cette nouvelle cam-
pagne, voyons ce que sont devenus les trois autres batail-
(1) Les lignes de Torrès-Vedras avaient été forcées par les Anglais.
(2) Rapport du général Loison.
(3) Le général en chef Dalrymple.
(4) La convention de Cintra, ratifiée le 1*' septembre, arrête que :
« l'armée française sera transportée par mer en France, avec ses armes,
ses chevaux, ses bagages, ses munitions, par les soins de la marine
anglaise, et qu'à aucun titre elle ne sera considérée comme prison-
nière de guerre ».
DU 15® REGIMENT d'iNFANTERIE 18&
Ions, pendant que le 3® se comportait si vaillamment en
Portugal.
Nous avons laissé le 4® bataillon (commandant Tan-
crède) à Brest, au mois d'août 1805; quant aux deux pre-
miers, ils figuraient encore au 8« corps de la Grande
Armée.
Cependant, Tempereur ne tardait pas à concentrer de
nouvelles forces sur la frontière espagnole.
Aussi, le 4® bataillon du 13® fut-il bientôt appelé à la
division d'observation des Pyrénées-Occidentales, qui se
réunissait aux environs de Bordeaux, sous les ordres
du général Mouton (1).
Peu de temps après, ceite division était dirigée sur
Saint-Jean-Pied-de-Port (décembre 1807) pour rejoindre le
reste du corps d'armée de Dupont, qui avait reçu Tordre
de pénétrer en Espagne et de s'établir entre Vittoria et
Burgos.
C'était le prélude de cette longue et funeste campagne
dont l'amer souvenir hantera plus tard, comme un doulou-
reux cauchemar, les longues veilles du prisonnier de
Sainte-Hélène.
CAMPAGNE D'ESPAGNE (1808)
Napoléon, qui venait de vaincre et d'humilier l'Europe,
se croyait déjà maître de la péninsule ibérique.
Les plus graves dissentiments régnaient alors à la cour
de Madrid. Sous prétexte de protéger l'autorité royale de
Charles IV, singulièrement menacée par les coupables
agissements de son fils Ferdinand, l'empereur investit
Murât du commandement en chef des armées françaises
en Espagne et lui prescrit de marcher sur Madrid avec les
corps de Dupont et de Moncey (1®' mars 1808).
(i) Cette division était ainsi composée: 3« bataillon du 70% 3» bataillon
du 86', 4« bataillon du 15% un bataillon suisse et douze pièces de
canon, enfin 1'' et 3' bataillons du 47*.
190 HISTOUIQUE
Le désordre est à son comble ; Murât parvient cependant
à étouffer l'insurrection dans la capitale; mais le peuple
commence à s'inquiéter de Tintervention française et, lors-
qu'on apprend tout à coup Tentrevue de Bayonne et l'abdi-
cation des princes entre les mains de Napoléon, toute
l'Espagne est debout pour défendre son indépendance ou
mourir glorieusement pour elle (mai 1808).
Le 6 juin, l'empereur proclame Joseph Bonaparte « roi
d'Espagne et des Indes ». Il faudra une armée pour le
conduire jusqu'à son trône,
La junte de Sévillea prêté serment à Ferdinand VII,
et n'a pas craint de déclarer la guerre à l'empereur des
Français. •
Le maréchal Bessières est chargé d'assurer les commu-
nications, entre Bayonne et Madrid, avec les divisions
Merle, Verdieret Lasalle.
Quoi qu'il en soit. Napoléon, irrité de rencontrer une
pareille résistance, a résolu de châtier ce peuple héroïque
qui brave sa colère. Il a déjà mandé, soit de Paris, soit des
camps établis sur les côtes, le 4® léger, les l®^ et 2« batail-
lons du 15® de ligne, le 2« et le 12® léger, les 14« et 44® de
ligne (1).
Lorsque le roi Joseph partit pour Madrid (le 9 juillet),
le 15® avait donc trois bataillons de guerre à l'armée d'Es-
pagne et un bataillon en Portugal.
Un 5® bataillon (dépôt) avait été formé à Brest. Les ba-
taillons de guerre comprenaient six compagnies : une de
grenadiers, quatre de fusiliers, une de voltigeurs.
Le dépôt était à quatre compagnies (2). Chaque compa-
(1) Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire.
(2) Un capitaine désigné par le Ministre, sur la présentation de trois
candidats faite par le colonel, commande le dépôt, sous les ordres du
major, et, en môme temps, une des quatre compagnies. Il y a en outre
au dépét un adjudant-major et deux adjudants sous-offîciers chargés
d'instruire les recrues.
Le f bataillon (commandant Langlois) et le 2' bataillon (commandant
Plazanet), revenus de la Grande Armée, avaient été dirigés sur Brest
en février, puis affectés au camp de Brest, lorsqu'ils reçurent l'ordre
(15 juin) de partir en poste pour Bordeaux. Ils arrivent le 26 dans cette
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 191
gnie avait un effectif de 140 hommes; 1 capitaine, 1 lieute-
nant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 ca-
poral fourrier, 8 caporaux, 2 tambours, 121 soldats.
L'état-major du régiment comportait le nombre signifi-
catif de : 1 chirurgien-major, 4 aides-chirurgiens, 5 sous-
aides-chirurgiens.
Il n'y avait plus qu'un drapeau par régiment.
Colonel Paul-Louis DEIN
(28 juin 1808).
Le colonel Reynaud, promu général le 11 mai 1808, a été
remplacé à la tête du régiment par le major Dein (28 juin).
Le commandant Plazanet est son successeur dans le grade
de major.
Nous n'entreprendrons pas de raconter par le détail cette
guerre terrible et sans merci, dont tous les jours sont mar-
qués par une escarmouche, un combat, une bataille.
Nous nous efforcerons seulement de suivre le 15® dans
les actions où il s'est le plus particulièrement distingué.
Dès le 5 juin, Napoléon avait prescrit au général Lefeb-
vre-Desnouettes de se porter à tire d'ailes sur Saragosse avec
une colonne mobile d'environ 5.000 hommes (1).
Le 4« bataillon du 15®, qui se trouvait alors à Pampelune,
reçut l'ordre de quitter cette ville pour entrer dans la for-
mation de la 2® brigade (général Habert) de cette armée
légère, q^ui allait bientôt entreprendre le premier siège de
Sarragosse (2).
ville et se trouvent à Rayonne le 30 juin, pour entrer dans la composi-
tion d'une division d'élite réunie sous les ordres du général Mouton et
comprenant, outre ces deux bataillons, le 4° léger, le 6* bataillon de la
garde de Paris et six pièces de canon.
(1) Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire.
(2) Le général Lefebvre-Desnouettes était parti de Pampelune le 7 juin
avec 4.200 hommes (dont 900 cavaliers), six canons, sept caissons. L'in-
fanterie, commandée par le général Habert, comprenait le 2' régiment
supplémentaire des légions de réserve, un bataillon du 15% un du 47*
et un du 70" de ligne.
192 HISTORIQUE
Colonne mobile Eiefebvre-Desnonettes.
(Jsin-Jumet-août 1806).
Il fallut se battre le 8 juin, à Tudela, pour forcer le pas-
sage de TËbre défendu par les Espagnols du colonel Obispo.
Mais, après un engagement assez vif, au cours duquel fut
blessé le capitaine Bigot, du 15« de ligne, l'ennemi dut
renoncer à nous arrêter. D'ailleurs, il ne fit qu'ajourner son
projet, car, quelques jours plus tard (15 juin), la colonne
mobile Lefebvre se heurtait contre 3.000 soldats indigènes
appuyés par du canon et retranchés à la Maison-Blanche,
près des Grandes-Ecluses, à une demi-lieue de Saragosse.
Bien que le terrain fût difficile, couvert d'oliviers, coupé
de jardins clos de murs, le général Lefebvre-Desnouettes
n'hésita pas à attaquer son adversaire. Le succès couronna
son audace et l'ennemi, culbuté, fut obligé de se replier en
désordre sur la ville où les habitants se hâtèrent de se bar-
ricader.
Ce combat opiniâtre avait coûté la vie (1) au capitaine
Antoine et au sous-lieutenant Lapaire, deux officiers de
mérite de notre 4« bataillon.
Affaire d'Epila (22 Juin).
Cependant Palafox, voulant conjurer le danger qui me-
naçait Saragosse, résiolut de tenter une diversion en nous
coupant nos communications. C'est dans ce but qu'il di-
rigea (le 22 juin) un corps d'environ 4.000 hommes sur la
route de Madrid à Epila.
On envoya contre eux le l^^f régiment de la Vistule, le ba-
taillon du 15«, 50 cavaliers et une pièce de canon.
Ce faible détachement, commandé par le colonel Chlo-
(1) Ces renseignements sont tirés d'un excellent ouvrage qui porte
pour titre : Sièges de la guerre d'Espagne, 1807-10, par Belmas.
DU IS^' REGIMENT d'iNFANTERIE 193
piski (1), aborda si impétueusement rennemi que celui-ci
dut lâcher pied, laissant entre nos mains 600 hommes hors
de^combat et quatre pièces de canon.
Premier siège de Sarragosse (août 1808).
Néanmoins, malgré tous ces combats partiels, la capi-
tale de TAragon ne put échapper aux émouvantes péri-
péties d'un siège régulier. Un premier assaut, tenté le
2 juillet, resta sans résultat, en dépit des sacrifices énor-
mes qu*il nous causa. C'est dans cette meurtrière journée
que périt glorieusement le capitaine Frégier du 15« régi-
ment d'infanterie.
Il fallut donc reprendre les travaux d'approche avec une
nouvelle activité pour hâter la chute de la place.
Enfin, le 3 août, notre artillerie étant approvisionnée, le
général Verdier, qui conduisait les opérations du siège, fit
une dernière démarche auprès du gouverneur de Saragosse
pour obtenir un accord. Mais son parlementaire fut re-
poussé par les avant-postes espagnols.
En conséquence, le lendemain (4 août), aux premières
lueurs du jour, on entendit tonner nos quarante-trois bou-
ches à feu.
Leur effet fut merveilleux. Dès midi une grande partie
des pièces de la défense étaient démontées et trois brèches
praticables étaient ouvertes dans l'enceinte (2).
Les troupes destinées à donner l'assaut furent partagées
en trois colonnes :
Celle de droite était confiée à la direction du général
Habert. Elle comprenait une avant-garde commandée par
le colonel Robert et formée par les grenadiers et volti-
geurs des 15® et 16® de ligne i^enforcés par ceux du 1®' régi-
ment de la Vistule, et une colonne d'attaque composée du
1er régiment de la Vistule.
(1) Le colonel Chlopiski commandait le 1*' régiment de la Vistule.
(2) Ces renseignements proviennent de Touvrage déjà cité plus haut :
Sièges de la guerre d'Espagne, 1807, 1808, 1809, 1810, par Eelmas.
Hist. 1»*. 13
194 HISTORIQUE
Elle avait pour mission de pénétrer dans la place, par le
couvent de Santa Engracia, et de s'assurer du débouché de
la rue conduisant de ce couvent au Cosso. •
Ce mouvement devait être soutenu par le 44® placé en
réserve, tandis que le bataillon du 15® et celui du 16«
avaient ordre d'attaquer le verger du couvent pour couvrir
la droite du général Habert.
A 1 heure de l'après-midi, au signal de Tassant, chaque
colonne s*élance sur son objectif.
Celle du généralHabert parvient à s'emparer du Cosso,
et s'avance môme jusqu'à la place de la Madeleine ; mais,
là, devant un brusque retour oflensif des défenseurs, elle
est ol3ligée de reculer. Elle se replie alors en arrière du
Cosso, pour se barricader dans Thôpital-général (1) et
dans les jardins des Filles de Jérusalem. C'est à peine si
la nuit peut interrompre la bataille. Le lendemain, le com-
bat recommence de maison à maison. Tout soldat français
qui paraît dans une rue tombe immédiatement sous les
balles espagnoles. Les coups de feu partent de partout:
des tours, des fenêtres, des balcons (2). Chaque mur est
un rempart, chaque maison une citadelle.
On en était encore là le 6 août, lorsqu'on apprit, tout à
coup, l'évacuation de Madrid par nos troupes.
La lutte se prolongea néanmoins, les jours suivants,
sans grand avantage pour personne, malgré l'arrivée dans
la ville d'un secours de 4.000 hommes, amenés par Pala-
fox (3).
Enfin, le 13 août, le général Lefebvre recevait du roi
Joseph l'ordre formel de lever le siège, dans la nuit même,
et de gagner Tudela, puis Milagro (4), pour couvrir la
(1) V. Sièges de la guerre d*Espagne, par Belmas.
(2) C'est dans ces circonstances que fut blessé le capitaine Etienne
Dominique (5 août).
(3) Palafox avait quitté Saragosse, le 4, dès le commencement de
l'action, en traversant le Gallcgo à gué, pour gagner Osera. l\ amena
bientôt, par la route de Lerida, un renfort de 4;. 000 hommes, et, malgré
un échec à Villa-Mayor, il put les introduire, le 9, dans la place.
(4) Derrière la rivière de l'Aragon.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 195
gauche de Tarmée française, qui se repliait sur l'Ebre (1).
C'est ainsi que le 4® bataillon du 15® de ligne se trouvait,
à la fin du mois, autour de Pampelune, lorsqu'il fut appelé
à Miranda, où il arriva le 11 septembre. Là, ses compa-
gnies furent disloquées. Trois d'entre elles furent affectées
au 47® de ligne, tandis que les trois autres allèrent com-
pléter les bataillons de guerre du 15®, qu'on réorganisait
en attendant l'arrivée de l'empereur.
IHTisloii d'élite Mouton. — 1'' et 9* batolUoM
du «5%
Pendant que le 4® bataillon se conduisait si brillamment
à Saragosse, les deux premiers n'étaient pas restés inactifs.
Victoire de Médina del Rio Secco (14 juillet 1808).
Nous avons vu plus haut qu'ils appartenaient à la divi-
sion d'élite confiée au général Mouton (2).
Ces bataillons prirent une part glorieuse à la victoire de
Médina del Rio Secco, qui permit au roi Joseph d'entrer
dans Madrid.
L'histoire en a gardé le souvenir :
(( Avec de vieux régiments comme le 4*^ léger et le 15® de
ligne, dit M. Thiers, le maréchal Bessières se sentait
capable d'enfoncer tout ce qu'il avait devant lui (3). »
Ces vaillantes troupes n'ont certes pas trompé sa con-
fiance. On le vit bien quand il s'agit d'exécuter l'attaque
(1) Le 21 août, le bataillon, fort do 411 hommes, était à Caporoso,
«ouvrant Pampelune. (Tous ces détails sont empruntés aux Sièges de
la guerre d'Espagne^ par Belmas.)
(2) Cette division appartenait au 2" corps (maréchal Bessières). « La
•division infernale, que commande Mouton, écrit Belliard à Grouchy, le
6 juillet, sera demain à Burgos. »
(3) Histoire du Consulat et de l'Empire, liv. XXXI, p. 114.
196 HISTORIQUE
décisive. Ce fut le capitaine Rouvre, du 15® de ligne (1),
qui pénétra le premier dans Rio Secco, avec sa compagnie
de voltigeurs, malgré le feu de 7 à 800 hommes qui en
défendaient énergiquement l'entrée.
D'ailleurs, si tous ne purent se signaler d'une manière
aussi brillante, tous méritèrent les éloges du général en
chef. Laissons-lui la parole :
« L'ennemi, dit Bessières (2), a tenu assez longtemps.
Le 4® d'infanterie légère s'est couvert de gloire. Le 15® de
ligne, dont les voltigeurs ont beaucoup contribué à enlever
la ville, a manœuvré, l'arme au bras, avec beaucoup de
sang-froid.
« J'ai parcouru hier les bivouacs. On n'entend que les
cris de : « Vive l'empereur ! » Les soldats du 4® et du 15®
me. demandent si le courrier est parti, et disent qu'ils ont
fait tout leur possible pour tenir parole à l'eippereur. Ils
ne parlent que des bienfaits dont Sa Majesté les a comblés
à leur passage à Rayonne. »
A la suite de ce beau fait d'armes le chef de bataillon
AuGEARD, commandant le 1®^ bataillon du 15®, fut proposé
par le général Reynaud pour la croix d'officier de la Légion
d'honneur (3).
Le lieutenant adjudant-major Fages, blessé dans cette
journée, fut également désigné parmi les plus dignes de
recevoir les insignes de chevalier du même ordre. Mais
chacun eût mérité une récompense, car chacun avait noble-
ment fait son devoir.
Napoléon, ravi de ce succès (4), accorda au corps de
Bessières cent nominations dans la Légion d'honneur,
(1) Capitaine Rouyre (Jean), né dans l'Ariège le 18 septembre 1772.
Cette citation élogieuse figure sur ses états de services. (Archives admi-
nistratives du dépôt de la guerre
(2) Voyez rapport du maréchal Bessières au major général Berlhier.
(Archives historiques du dépôt de la guerre.)
(3) n était chevalier du 1" octobre 1807.
(4) L'ennemi avait laissé sur le champ de bataille 5.000 morts, 1.200
prisonniers et 18 pièces de canon.
L'armée espagnole était commandée par Blake et le marquis de
la Cuesta.
DU 15» RÉGIMENT d'jNFANTERIE 197
^
ainsi réparties : cinquante pour les officiers et cinquante
pour les sous-officiers, caporaux et soldats, dont quinze
réservées aux conscrits de 1809 qui s'étaient le plus dis-
tingués (1).
Cependant Tempereur, s'exagérant les conséquences de
cette victoire, crut toute résistance abï^ttue et retourna
bien vite à Paris. Ses espérances devaient être cruellement
déçues. La guerre était loin d'être terminée.
Lorsque la malheureuse capitulation de Baylen forcera
Joseph à quitter sa capitale, cette nouvelle exaltera singu-
lièrement l'enthousiasme des Espagnols et doublera les
forces de l'insurrection.
En effet, dès le mois d'août, l'armée française n'occupait
plus que la ligne de l'Ebre.
Il était temps que Napoléon prît en personne la direction
des opérations en Espagne.
« Je leur ai envoyé des agneaux qu'ils ont dévorés, s'é-
criaitil; je vais leur envoyer des loups qui les dévoreront
à leur tour (2). »
La grande armée traversa la France pour porter au delà
des Pyrénées ses redoutables colonnes.*
Seul avec Duroc, l'empereur quitte Mont-de-Marsan pour
(1) La promotion du 12 novembre 1808 dans l'ordre impérial de la
Légion d'honneur comprit les nominations suivantes en faveur du 15* :
capitaines Jacob, Baron, Chevallier, Desmarets; lieutenants Skvin,
Narjot; adjudant-major Pages ; sous-lieutenant Guilhem; sergent-
major Decamp; sergents Lecerf, Doyen, Darmay, Amiot, Gauiot,
Braconnier, Maurin, Venaud, David; caporal fourrier Bruet; caporal
Garoux ; grenadier Dumay.
La promotion des 26 et 28 jnin de la même année avait décerné la
même distinction aux militaires du régiment dont les noms suivent :
Chef de bataillon Tancrède ; capitaines Rouvre, Dehargue, Maré-
chaux, Mongrolle; sergents Dureuil, Lesaux, Han; grenadier Michel
Le 17 janvier 1808, 200 hommes du 15" furent embarqués à Saint-
Malo, à bord de la frégate l'Italienne, à destination de la Martinique. Ils
étaient commandés p|ir le capitaine Aucher, le lieutenant Georges Blon-
DEAU et le sous-lieutenant Dominique Châtelain. Arrivés à la Marti-
nique le 12 février 1808, ils ont été incorporés aux 26« et 82» de ligne et
aux 3* et 4« régiments d'artillerie à pied.
(2) Correspondance de Napoléon I".
198 HISTORIQUE
^—
gagner Bayonne à franc étrier. Il arrive dans cette ville le
3 novembre, à 3 heures du matin.
Son plan est de marcher rapidement sur Madrid afin
d'empêcher la jonction des armées ennemies.
En conséquence, Soult, qui a remplacé Bessières à la
tête du 2« corps, reçoit Tordre de se porter sans retard sur
Burgos et de culbuter Tarmée espagnole.
Bataille de Gamonal (10 novembre 1808).
La première rencontre a lieu le 10 novembre 1808, à
Gamonal (près Burgos).
Pendant que le général Lasalle attire l'attention de l'en-
nemi, la division Mouton, à laquelle appartient le 15®, s'é-
lance au pas de charge sur le bois de Gamonal, renversant
tout sur son passage, poursuit l'épée dans les reins les
troupes du général Belveder et arrive en même temps
qu'elles à Burgos (1).
L'ennemi laisse sur le champ de bataille 2.500 hommes,
900 prisonniers, 4.000 fusils, 6 drapeaux, 30 pièces de ca-
non. Après un nouveau succès, remporté le 19 novembre
à San Vincente, le général Mouton était rappelé auprès de
l'empereur, pour y reprendre ses fonctions d'aide de camp.
Ce fut -alors le général Merle qui prit le commandement de
la division d'élite (division n» 1).
Le 1er janvier, l'empereur rejoignit le maréchal Soult à
Astorga.
C'est à cette époque (2 janvier) que la dissolution du
8® corps (Junot) permit enfin de réunir les quatre batail-
lons de guerre du 15® sous un même commandement.
(1) Le commandant Aubry, du 15* de ligne, fut ce Jour-là l'objet d'une
rare distinction. L'empereur, témoin de sa belle conduite, le nomma
officier de la Légion d'bonneur sur le cbamp de bataille même. Le capi-
taine Gruzé fut tué; les capitaines Bigot etTREFCoN blessés.
DU 1S« RÉGIMENT D'iNFANTERIE 199
CAMPAGNE DE 1809 EN GALICE ET PORTUGAL
Le régiment continua de figurer à la l'® division (Merle)
du 2© corps (Soult).
Sur ces entrefaites, Napoléon, rappelé en France par les
événements qui se préparent en Autriche, donne au maré-
chal Soult Tordre de poursuivre l'armée anglaise dans sa
retraite sur la Galice et d'empêcher, s'il est possible, son
embarquement à la Corogne.
Combats de Pierros et Carcabellos (3 janvier 1809).
• Le 3 janvier 1809, le 2« corps rencontre l'arrière-garde
du général Moore. Après l'enlèvement du pont de Carca-
bellos, le généra^ Merle, chargé de s'emparer du village de
Pierros, prescrit au 4® léger d'attaquer la droite de cette
forte position pendant que le 15® prononce son mouvement
sur la gauche et détermine la prise du village.
Nous avions malheureusement perdu dans cette glorieuse
journée un des plus brillants officiers de cavalerie de l'ar-
mée, le général Colbert, qui fut tué en dirigeant nos tètes
de colonne dans les rues de Pierros.
Combat et pris» de la Corogne (16 janvier).
L'armée britannique se retirait lentement sur la Corogne.
On la combattit encore à EJl-Corgo, le 7 janvier, puis à la
Corogne, le 16 janvier.
Ce jour-là, le 15^ régiment d'infanterie, posté au pied de
la montagne qui domine la ville, devait rester en soutien ;
mais il fut obligé de donner pour repousser une colonne
ennemie menaçant le flanc droit de la division Mermet. On
se battit avec un acharnement incroyable jusqu'à la nuit,
q ui permit aux vaincus d'échapper à nos poursuites et de
200 HISTORIQUE
se réfugier à bord de leur flotte embossée dans le port (1).
Quoi qu'il en soit, le départ de Tarmée anglaise nous
rendait maîtres de tout le pays et, trois jours plus tard, la
Corogne capitulait.
Cependant, après avoir expulsé de Galice les troupes
du général Moore, il fallait maintenant se tourner contre
les frontières portugaises, où les généraux Freire et Sil-
veira organisaient une nouvelle résistance.
En conséquence, le duc de Dalmatie dirigea ses colonnes
sur Oporto par la route de San Yago et de Vigo.
Dans la nuit du 15 au 16 février, Tarmée française
essaya de traverser le Minho, près de son embouchure.
Pour protéger ce mouvement, le général Thomières voulut
jeter sur la rive opposée 300' voltigeurs de la division
Merle; mais Tattaque inopinée de 1.500 ennemis fit
échouer cette tentative hardie, malgré le courage et le
dévouement de nos voltigeurs, dont 30 à peine purent
débarquer et furent immédiatement cernés par les par-
tisans portugais (2).
On se détermina donc à remonter le Minho pour cher-
cher un autre point de passage, vers Orense.
Cette circonstance obligea plus tard le maréchal Soult
à engager nos troupes (3) dans le dangereux défilé de
Chaves-Ruivaens. Ce fut à la brigade Raynaud (à laquelle
appartenait le 15^) qu'incomba la mission de protéger
l'artillerie pendant son écoulement à travers ces mon-
tagnes, si souvent visitées par les guérillas ennemies.
Le pays s'était soulevé derrière nous. Il fallut combattre
presque tous les jours.
(1) Le 15' n'eut, dans cette bataille, que 2 hommes tués et 15 blessés,
parmi lesquels le capitaine Rouyre, et le capitaine Marié, qui mourut
le 3 juin.
(2) Il fut impossible de leur porter secours, les embarcations étant
entraînées à la dérive par le reflux du fleuve. Deux barques se perdi-
rent dans les flots, où beaucoup de braves se noyèrent, entre autres
le lieutenant Narjot du 15" de ligne.
(3) Divisions Merle, Mermet, Heudelet, Delabordc, pour l'infanterie;
divisions La Houssaye, Lorge et Franceschi pour la cavalerie.
DU 15® RÉGIMENT D*iNFANTERIE 201
Le 7 mars, le général Thoraières dut se porter à
Orense, avec un bataillon du lo^ de ligne et un du 4® léger,
pour escorter un convoi de 700 malades ou blessés évacués
sur Monterey.
Enfin, le 27 mars, toutes les divisions étaient dirigées
sur Oporto.
Bataille et prise d'Oporto (29 mars 1809).
Cette grande ville avait fait les mêmes apprêts que Sa-
ragosse (1); mais nos intrépides soldats n'en furent point
intimidés.
Le 28, la division Merle (15^ de ligne), débouchant par
la route d'infesta, prononce une vigoureuse attaque contre
la gauche des Portugais.
En un clin d*œil, elle enlève les postes de la défense et
s'établit dans des chemins creux et des enclos dont Tad-
versaire ne peut la déloger.
Le lendemain, tandis que le général Delaborde se porte
sur la droite, le général Mermet sur le centre, la division
Merle a Tordre de se jeter sur les retranchements de la
gauche ennemie.
Elle s'engage, vers 6 heures du matin, avec tellement
d'entrain qu'elle reçoit bientôt avis de ralentir son mouve-
ment (2).
Cependant les défenseurs, se voyant attaqués sur leurs
ailes, dégarnissent leur centre, ce qui permet au général
Mermet de gagner du terrain de ce côté.
C'est alors que la division Merle, achevant son mouve-
ment tournant, déborde la gauche ennemie et s'empare
des forts de la Foz et de la Mathosinos, dont presque tous
les défenseurs, poursuivis jusqu'au Douro, se jettent dans
(1) Ville de 70.000 habitants, entourée d'une enceinte récemment
réparée, défendue par plus de 200 pièces de canon et couverte par une
armée de 60.000 hommes.
(2) Tous ces renseignements sont tirés de la correspondance du maré-
chal Soult sur cette campagne. (Archives historiques du ministère de
la guerre.)
202 HISTORIQUE
le fleuve et s'y noient malgré Thumanité de nos soldats^
émus de pitié, qui cherchent à les sauver (1).
Néanmoins, Tennemi, refoulé dans la ville, s'enferma
dans révôché, dans les couvents, dans les maisons.
il fallut encore écraser cette résistance désespérée avant
que la population épouvantée consentit à se soumettre.
(( Dans Tattaque générale du 29 mars, dit le maréchal
Soult, la division Merle enleva plus de soixante canons (2).
» La défense avait établi des obstacles si considérables
qu*on fut plus étonné de les avoir franchis le lendemain
que le jour même (3) ».
D'ailleurs, le duc de Dalmatie se plut à rendre justice à
tous en attribuant son succès à l'éclatante valeur de se&
troupes.
La brillante conduite du colonel Dein avait été fort
remarquée; mais combien d'autres se signalèrent à ses
côtés I II faudrait citer-tous les officiers, tous les soldats du
15® de ligne.
Comment faire un choix ?
Le capitaine Dumas pénètre de vive force, à la tête de sa
compagnie, dans une des principales redoutes, où l'en-
nemi, se défendant jusqu'à la mort, fut passé au fil de
l'épée (4).
Un peu plus loin, le capitaine TEissEmÉ, conduisant ses
hommes à l'assaut d'un ouvrage et se trouvant arrêté par
(1) Ces malheureux se Jetaient dans des barques qui chaviraient
bicnti^t sous le poids d'un chargement excessif. Nos soldats se jettent
à l'eau pour en retirer des Portugais de tout âge et de tout sexe.
(Voyez Lenoble.)
(2) V. Rapport général sur Texpédition de Portugal par le maréchal
Soult. (Archives historiques du ministère de la guerre.)
(3) V. rapport général sur l'expédition du Portugal, par le maréchal
Soult. fArchives historiques du ministère de la guerre.)
(4) Ce haut fait est cité dans les états de services du capitaine Dumas.
Charles Dumas était né à Versailles le 23 septembre 1775. Lieutenant
le 7 nivése an H à la 68' demi-brigade, capitaine au 15' le 14 floréal
an VIII ; chevalier de la Légion d'honneur le 26 prairial an XII. A la
suite de la bataille d'Oporto, 11 fut proposé par le colonel Dein au duc
de Dalmatie pour la croix d'officier.
DV 15<^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 203
./■ ' .....
une barricade, monte le premier par une embrasure, tue
le canopnier qui continuait à pointer sa pièce, et ouvre
ainsi le chemin à sa compagnie qui se jette dans le retran-
chement et s'en empare (1).
Pendant ce temps, le sous-lieutenant Perret, du 15® de
ligne, se couvrait de gloire en enlevant de sa propre main
un drapeau à Tennemi (2).
Enfin, le lieutenant Souque se signalait également par
son entrain et son intrépidité, en pénétrant, Tun des pre-
miers, dans une redoute énergiquement défendue.
En somme, peu de journées furent aussi brillantes pour
les armes françaises que celle du 29 mars 1809.
Malheureusement, le 15® de ligne avait chèrement payé
sa gloire. Il comptait 3 officiers tués (capitaines Baron et
Valet, sous-lieutenant Cotterelle) et 8 blessés (comman-
dant Molin; capitaines Teisseire et Pron; lieutenants
Delarue, Fages et Perret; sous-lieutenants Guilhëm et
Colsin).
Les pertes de la troupe n'étaient pas moins cruelles.
Cependant, ce succès n'avait pas désarmé l'insurrection.
La route que le maréchal Soult avait si laborieusement
frayée se referma derrière lui.
Ney, aux prises avec le marquis de la Romana, ne put
rien faire pour sauver les faibles détachements que nous
avions laissés dans les postes les plus importants (3).
C'est ainsi que, le 27 mars, la garnison française de
Vigo, bloquée par l'ennemi, s'était trouvée réduite à capi-
tuler. Notons à ce sujet que, parmi les vingt-trois officiers
appelés à donner leur avis sur la nécessité de cette reddi-
(1) Pierre Teisseire, né à Narbonne le 15 septembre 1766; capitaine
au 15* do ligne (citation portée sur les contrôles des officiers déposés
aux archives administratives du ministère de la guerre).
(2) Pi( rrc Perret, né à Moulins-sur-Allier le 5 octobre 1785 : sous-
lieutonant au 15" de ligne, 7 janvier 1806 ; lieutenant au corps, 31 août
1810; capitaine, 8 février 1813; décoré le 22 juillet 1813. Blessé à la
cuisse à Oporto. (Etats de services.)
(3)^ Presque tous ces détails sont empruntés à la correspondance du
maréchal Soult. (Rapport général sur Tcxpédition de Portugal.)
204 HISTORIQUE
lion, le lieutenant Jouannique, officier payeur du 15« de
ligne, fut un des sept qui s'opposèrent énergiquement à
cette douloureuse extrémité.
Ajoutons qu'à cette époque le commandement en chef de
Tarmée anglaise passait aux mains de sir Arthur Wellesley
(Wellington), qui devait porter à nos armes les plus terri-
bles coups. .
Son influence s'était rapidement manifestée un peu par-
tout dans le Portugal.
Siège de Tuy (19 février-10 août 1809).
Les hostilités reprirent bien vite une nouvelle intensité.
On avait de mauvaises nouvelles de la ville de Tuy, où le
dépôt du 2« corps se trouvait cerné par un corps anglo-
portugais.
Le 26 février, le capitaine Ganeau, avec 100 hommes du
15® de ligne, parvint à pénétrer dans la place, malgré
mille difficultés. Ce renfort ne resta pas inactif (1).
Le 9 mars, le capitaine Ganeau exécutait une reconnais-
sance sur Port-Marin, lorsqu'il fut subitement assailli par
le feu de trois navires anglais. Il tomba glorieusement
frappé par un boulet ennemi, à la tète de son brave déta-
chement (2).
D'ailleurs, la malheureuse garnison de Tuy, décimée
par les privations et les maladies (3), était réduite à la
dernière misère, lorsque son gouverneur, le général de
Lamartinière, eut la joie de voir les assiégeants se retirer
à l'approche de la division française Heudelet (10 avril).
(1) Il accompagna lo commandant Nagonne dans son expédition sur
Pontevedra.
(2) Voir états de services.
(3) M. Laugier, officier payeur du 15^ de ligne, fut emporté le 22 mars
par la fièvre putride qui désolait la ville. (Contrôles des officiers, Con-
servés au dépôt de la guerre.)
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 205
Surprise d'Oporto (12 mai 1809).
Toutefois, l'heure des plus dures épreuves n'était pas
éloignée.
Voici que, dans la nuit du 11 au 12 mai, Wellington,
avec 26.000 hommes, surprend le passage du Douro, au-
dessus d'Oporto, et se jette à Timproviste sur la ville. Les
premiers Anglais débarqués se cachent dans Tenclos du
Prado. Le général Foy, placé sur uneéminence, en face du
couvent de la Serra, avait remarqué des barques chargées
de soldats (1); il en donna avis au maréchal Soult et se
rendit à la caserne du 17® pour faire prendre les armes.
Puis il se porta en toute hâte avec le 17® léger au fau-
bourg de Vallongo, où le 70® vint bientôt l'aider à conte-
nir les Anglais.
Peu d'instants après, le 4® léger et le 15® de ligne débou-
chèrent de la place d'armes, en colonne serrée, la gauche
en tète. Guidés parle général de la Borde (aliàs Delaborde),
ces braves régiments chargent les Anglais à outrance et
les repoussent jusqu'au bord du fleuve, sans cependant
pouvoir les déloger des bâtiments qui leur servent d'ap-
pui (2).
Du reste, en ce moment, les mariniers portugais amè-
nent des barques aux Anglais restés sur la rive droite du
Douro.
La retraite est dès lors nécessaire et c'est à la brigade
Raynaud (15® de ligne et 4® léger) qu'incombe le soin de
la protéger en tenant tête à l'ennemi dans la ville même.
Grâce à son énergique résistance, le mouvement put
s'opérer en bon ordre. Le combat ne cessa qu'à une demi-
lieue d'Oporto.
Dans cette difficile circonstance, le 15® de ligne fut digne
de ce qu'on attendait de lui.
(1) Les soldats anglais avalent ôté leurs vestes pour n'être pas recon>
nus. (V. Mémoires sur les opérations des Français en Galice et Por^
tugal, par M. Lenoble.)
(2) Thiers, Uv. XXXVI.
206 HISTORIQUE
Pendant que Tarrière-garde se portait de Vallongo à
Baltar, 25 à 30 dragons anglais vinrent se jeter en furieux
sur nos soldats. Mais cette aventureuse galopade leur
devint funeste. Reçus de pied ferme par la compagnie du
capitaine Teisseiré, aucun d'eux ne put échapper.
Malgré tout, cette charge inopinée avait causé quelques
ravages dans nos rangs.
Le capitaine Teisseiré (1), blessé lui-môme au genou,
vit tomber à ses côtés son sous-lieutenant, M. Cavirot (2),
deux sergents et plusieurs caporaux, sans compter de
nombreux soldats tués ou blessés.
D'ailleurs, le 15® de ligne ne s'était guère ménagé dans
cette laborieuse retraite. Le chef de bataillon Aubry avait
reçu deux blessures ; le capitaine Aucher et le lieutenant
Agnel étaient aussi mais moins grièvement atteints.
Quoi qu'il en soit, il nous avait fallu abandonner cette
belle place d'Oporto, dont la conquête comme la perte
avaient donné tant de gloire et coûté tant de sang.
En tout cas, le maréchal Soult sauva son armée par la
promptitude et l'à-propos de ses mesures. Il sacrifia sans
hésitation matériel, munitions, approvisionnements.
La brigade Raynaud (15® de ligne et 4® léger), on s'en
souvient, avait reçu l'ordre de former l'arrière-garde avec
la division de cavalerie Francheschi. La tâche était lourde ;
mais elle fut noblement accomplie.
En deux jours, le duc de Dalmatie (Soult), échappant
à Wellington et à Silveira, avait amené toutes ses troupes
à Ruivaens, à l'entrée de la gorge profonde du Cavado,"
dans la sierra Santa Cathalina (13 mai).
Le 15, l'armée entière se dirigeait sur Montalègre par un
sentier étroit, où deux hommes pouvaient à peine passer
de front. A ses pieds, le Cavado, gonflé par une pluie vio-
lente, roulait, en mugissant, au fond d'un précipice.
(1) Le capitaine Teisseiré, à cause de sa double blessure, fut, quel-
ques instants après, fait prisonnier par les Anglais. (V. Matricules
des officiers. Archives administratives du ministère de la guerre.
(2) Le sous-lieutenant Cavirot mourut de ses blessures.
DU 15* liÉOIMKNT d'infantehik 207
De l*autre côté, c*étaiont des rocherH h pic et des tinu-
teur» inacceHHibleA, d*où partait une fuHiliade continuelle.
Enfin, le chemin déjà ni pénible He trouvait rompu en
plusieurH points par den ruisseaux débordés de leurs lits
escarpés.
Tant d'obstacles retardaient inévitablement la marche,
et Tennemi arrivait à grands pas sur nos traces.
Affaire de Salamonde (10 mai).
Pour protéger la colonne, le général Hkvnai;», qui com-
mandait Tarri^^regarde, avait établi sur le plateau de Sala*
monde (au-dessus du pont de Mizarella) le 15" de ligne, le
fh^ léger et deux escadrons de cavalerie légcre. Il allait
s'engager à son tour dans la gorge du (lavado, lors(|u'il
fut attaqué par 8 h 10.000 hommes, ((ui débouchaient en
même temps de la route de Draga et de celle de Basto.
La soudaineté de Tatlaque, Timminencu; du péril et la
grande confusion produite par un orage d'une extrême vio-
lence amen^.rent ({uclque désordre dans nos troupes. Mais
le général Hkv.\ai;i), ralliant derri^îrc lui 5 h 000 braves,
s'élance au cri de : a Vive l'empereurl » sur la tête de .
colonne ennemie, qui s'arrête net sous le coup de cette
charge impétueuse. L'armée angio [portugaise, dé(;oncerlée
par cette attitude résolue, n'osa nous poursuivre dans la
montagne. C'est dans cette sanglante mêlée que fut tué le
capitaine RrooLr.KT, du 15".
Le 17 mai, le 2" corps parvenait lu'esque en entier li
MontaWtgre et, le lendemain, le maréchal Soult rentrait
en Galice. La seconde armée de Portugal était sauvée.^
La retraite qu'elle venait de faire mérite d'être placée à
côté des plus célèbres.
A l'approche des Français, le marquis de la llomana
lève le siège de Lugo, où s'était enfermé le général Four-
nier.
Le maréchal Soult gagne ensuite la province de Zamora.
Le 1 1 juin, le 4« et le ili^ de ligne, avec l'aide du 15^ dra-
208 HISTOniQCR
gong, délogent 6.000 Portugais des hauteurs de Montefu-
rado (route de Laronco).
Le général Loison a encore recours ce jour-là à la bri*
gade Reynaud pour s'emparer de Ponte-Cigarosa et chasser
Tennemi du village de la Rua, où il se défend jusque dans
réglise.
Arrivés au commencement de juillet à Zamora, nos sol-
dats purent enfin goûter un peu de repos.
Rë«rgAnlMti«n du 9« eorp«
(15 JuiUet 1809.)
Ce temps fut d'ailleurs mis à profit pour réorganiser le
2« corps.
Le 25 juillet 1809, le IS^" de ligne et le i^ léger consti-
tuent la 2"^ brigade (général Graindorge) de la 1'' division
(général Merle) du 2^ corps.
Le maréchal Soult reçoit le commandement de trois
corps d'armée (2'^, S^» et 6"^) qui sont destinés à opérer en
Portugal.
Talavera (27-28 Juillet 1800).
Après la bataille indécise de Talavera de la Reyna, cette
armée se mit à la poursuite de Grégorio de la Cuesta,
qu'elle battit, le 8 août, au pont de l'Arzobispo. Le duc de
Dalmatie établit ensuite ses troupes en Estramadure, où
elles demeurèrent jusqu'à l'année suivante.
CAMPAGNE DE 1810
Pendant que l'empereur remportait, en Autriche, la
retentissante victoire de Wagram, ses lie t nants, livrés à
eux-mêmes, ne pouvaient parvenir à dompter la résistance
des patriotes espagnols et portugais.
DU 15® RÉGIMENT d'lNFANTERIE 209
Mais, lorsque la paix fut signée avec TAutriche (14 octo-
bre 1809), Napoléon ramena son attention vers la pénin-
sule ibérique.
Il résolut de faire un puissant effort pour jeter les An-
glais à la mer et forma, dans ce but, une nouvelle armée,
dite de Portugal, dont le commandement fut confié au
maréchal Masséna, duc de Rivoli, prince d'Essling.
Le décret du 17 avril 1810 affectait à cette armée les 2®,
6® et 8® corps (Reynier (1), Ney, Junbt), de l'ancienne
armée d'Espagne.
« Masséna ne voulait pas accepter cette lourde charge.
Il avait entendu parler du caractère difficile du duc d'El-
chingen, et Tamour-propre du duc d'Abrantès était prover-
bial.
(( Napoléon détruisit, une à une, les craintes du maréchal
et lui fit accepter le beau commandement qui lui était des-
tiné (2). »
Voyons quelle était la situation du io^ de ligne à cette
époque.
Le régiment avait cinq bataillons en Espagne. Les 1®', 2«
et 3® bataillons (commandants Fermlni, Moxtfort et Aubry),
sous les ordres du colonel Dein (3), appartenaient à la 2®
brigade (de Graindorge) de la 1'® division (Merle) du
2® corps (Reynier).
Les 4® et 5® bataillons (4), sous le commandement du
chef de bataillon Fabre, figuraient dans la 1'® brigade
(Gratien) de la 2® division (Solignac) du 8® corps d'armée
(Junot) (o).
(1) Depuis le mois de janvier 1810, le général Reynier remplaçait à
la tôte du 2* corps le maréchal Soult, appelé aux fonctions de chef
d'état-major du roi Joseph.
(2) Mémoires de Masséna, par le général Koch, t. VII.
(3) A reffeclif de 59 officiers et 1.224 hommes.
(4) Le 4* bataillon avait été reconstitué, en France ; le 5« n'avait que
trois compagnies. Ils fournissaient, à eux deux, un effectif de 25 offi-
ciers et 721 hommes.
(5) Le 8* corps avait été reformé en vue de cette nouvelle expédition
de Portugal.
Hist. 15*. 14
. 210 HISTORIQUE
Les esprits étaient trop surexcités de part et d'autre
pour que Ton n'en vînt pas bientôt aux mains (1).
Junot fut chargé de désarmer les Asturies, pendant que
le général Reynier devait s'assurer de la rive droite du
Tage.
Assaut et prise d'Astorga (21-23 avril 1810).
Le 8« corps eut bientôt affirmé son triomphe par la prise
d'Astorga. Le capitaine Trefcon et le sous-lieutenant Beau
furent blessés à l'assaut de cette place (21 avril). Leur
camarade, le lieutenant Mongrolle, se signala d'une façon
particulière en parvenant l'un des premiers sur la brèche
pratiquée dans les remparts (2).
Affaire de Ferla (8 juin).
De son côté, le 2® corps passait la Guadiana le 10 mai, à
Mérîda, dirigeant ses reconnaissances sur Badajoz et Oli-
venza.
Le 8 juin, le général Merle, avec le 4® léger et le 15® de
ligne, dégage le fort de FerisP assailli par 3.000 Espagnols,
fait sauter le château et s'établit, le 11, à Almendralijo (3).
Bataille de Xérès de les Caballeros (5 juillet 1810).
Quelques jours plus tard, le 5 juillet, la 1^® division se
porte sur Xérès de los Caballeros, où 7 à 8.000 insurgés ont
été signalés. La rencontre a lieu près de Salvatierra. Après
(1) Le 10 avril, M. Lassalle, chirurgien sous-aide-maJor du 15' de
ligne, avait été blessé près de Rodrigo.
(2) V. Registres matricules des officiers (Archives administratives
du ministère de la guerre). Le lieutenant Mongrolle fut nommé capi-
taine de grenadiers le 29 mai 1810. Astorga avait subi quinze jours de
tranchée ouverte.
(3) Presque tous ces détails sont empruntés aux mémoires de Masséna
et à la correspondance officielle du général Reynier.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 211
avoir chassé rennemi de deux fortes positions, le général
Merle arrête ses troupes pour leur faire reprendre haleine
et donner le temps au général en chef de prononcer son
mouvement tournant avec la cavalerie légère et la division
Heudelet. Mais Tardeur de nos voltigeurs, qui se sont em-
parés d'un mamelon où les Espagnols étaient venus les
inquiéter, entraine le général Merle à précipite» l'attaque.
11 fait battre la charge et toutes les positions sont enle-
vées à la baïonnette par les 2® et 4® régiments d'infanterie
légère, suivis des 15® et 36® de ligne. L'ennemi prend alors
la fuite, laissant 3.000 hommes sur le champ de bataille.
Affaire de Plasencia (7 août).
Presque aussitôt la prise de Ciudad-Rodrigo par le 6®
corps (1) (10 juillet), le général Reynier reçoit l'ordre de
s'établir entre Alcantara et Plasencia.
Le 4 août, le colonel Dein avait réparti son régiment de
la façon suivante: un bataillon à Coda, un bataillon à
Galisteo, un bataillon à Plasencia.
Quatre oiTiciers et 51 hommes étaient, en outre, détachés
sur le Tiétar pour assurer la correspondance.
Le 7 août, une bande de guérillas tente d'enlever Plasen-
cia. Un de nos postes est bousculé ; mais l'assaillant est
heureusement arrêté par les défenseurs du pont de la
Xerte.
Le commandant Montfort accourt avec le reste de son
bataillon, culbute les Espagnols et les disperse dans tous
les sens.
Le 15® de ligne conserve ses positions jusqu'au 10 sep-
tembre, pour escorter les convois, protéger l'évacuation
des malades et garder les communications (2).
(1) Le 8« corps, en quittant la province de Léon (fin de mai) était venu
appuyer le ^ corps devant Ciudad-Rodrigo. La ville, assiégée depuis
le 26 mai, fut prise le 10 juillet. Le 2^ corps était resté en observation
pendant ce temps.
^2) Renseignements tirés de la correspondance ofllcielle du général
Reynier. (Archives historiques du ministère de la guerre.)
212 HISTORIQUE
Puis, après avoir rallié ses détachements, il va rejoindre
le 2® corps, qui se porte, avec toute Tarmée de Masséna, à
la recherche de Wellington.
Le 20 septembre, les trois premiers bataillons du 15*
régiment de ligne passent au 8® corps ( Junot) et forment,
avec le 65« de ligne, la l''^ brigade (général Gratien) de la
2^ division (général de Solignac).
Le 4® et le 5® bataillon du régiment faisaient partie du 8»
corps depuis sa création. Toutefois, le 30 juillet, ces
deux bataillons avaient été fondus en un seul et distraits,
le 5 août, de la division Solignac pour constituer, avec
trois autres bataillons provenant du 47^, du 70« et du 86®
de ligne, la garnison de Ciudad -Rodrigo; on sait que cette
ville formait, avec Almeida, la base d'opérations de l'armée
française en Portugal.
Bataille d'Alcoba ou de Busaco (27 septembre 1810;.
Cependant, Wellington continuait à battre en retraite
avec ordre et fermeté, couvrant l'émigration des habitants,
achevant la dévastation du pays et ne nous livrant que des
combats d'arrière-garde.
Le maréchal Masséna ne put l'atteindre que le 27 sep-
tembre, vers Busaco, dans la sierra d'Alcoba.
Mais, la bravoure de nps soldats ne put triompher de
l'âpreté des lieux, de la rapidité des pentes, du nombre et
de la solidité des troupes anglaises établies syr les rochers
abrupts de Busaco.
La situation de Masséna eût été fort compromise si l'au-
dacieuse démonstration de Montbrun, sur les derrières de
l'ennemi, n'eût pas décidé Wellington à continuer sa mar-
che rétrograde vers Coïmbre et Lisbonne.
Le 29 septembre, le 8® corps, qui n'avait guère fait qu'as-
sister à la bataille d'Alcoba, fut placé à l'avant-garde et se
lança à la poursuite des Anglais. 11 eut à combattre pres-
que tous les jours avec les arrière-gardes ennemies.
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 213
Bataille de Coxeiras sous Sobral (13 octobre 1810).
Enfin arrivé à Coïmbre le 1®'' octobre, le général Junot
marche, le 12, sur Sobral, qu'il emporte.
Néanmoins, le lendemain, les Portugais tentent de tour-
ner la droite du 8® corps par Coxeiras. Le général Soli-
gnac, chargé de parer à ce danger, est sur le point d*être
accablé par rentrée en ligne d'une division anglaise, lors-
que le général Gratien accourt, à la tête du 15® de ligne,
tombe brusquement sur Tennemi et rétablit, le combat.
C'est là que le capitaine Rouvre, dont la réputation n'est
plus à faire, se distingue encore une fois en s'emparant,
avec 60 voltigeurs, d'une importante position ennemie
défendue par 300 Anglais (1).
Surprises par une attaque aussi vigoureuse, les troupes
anglo- portugaises se retirent précipitamment derrière Villa-
franca.
Cette petite ville était déserte lorsque l'armée du maré-
chal Masséna y entra. L'ennemi tirait de ses lignes pour
empêcher les Français de s'y établir. Un enfant de 16 mois
y avait été abandonné. Un des grenadiers français le
recueillit. Dans le bivouac ce fut à qui prendrait soin de
Fanfan (ainsi l'avait-on baptisé). Lorsque nos soldats quit-
tèrent Villafranca, ils confièrent le petit abandonné à une
vieille femme, à qui ils donnèrent tout l'argent qu'ils
avaient.
Les exemples d'une aussi noble conduite ne sont heureu-
sement pas rares dans l'armée française.
Mais nous arrivons à l'une des plus tristes périodes de
cette pénible campagne.
(1) Cette citation est portée sur les états de services du capitaine
RouTRE (matricule du dépôt de la guerre), dont nous avons déjà signalé
un brillant fait d'armes à Médina del Rio-Secco. Dans cette sanglante
affaire, le capitaine Rouyre et les lieutenants Gauthier et Lerouxeau
furent blessés. Le lieutenant Delarue et le sous-lieutenant Legendre
furent tués. Citons aussi parmi ceux qui firent preuve du plus brillant
courage, le sergent O'Neill, qui fut blessé d'un coup de feu à la tête.
(V. Etats de services.)
214 HISTORIQUE
Wellington s*est renfermé dans les lignes de Torres-
Vedras, camp inexpugnable, flanqué par le Tage et la mer,
couvert d'une muraille de rochers et de 106 redoutes
armées de 400 bauches à feu.
Masséna est obligé de s'arrêter devant ce formidable
obstacle, dont il ne soupçonnait pas l'existence. Il attend
vainement des secours. Cependant, au bout de six se-
maines, sentant son impuissance et ne pouvant plus faire
vivre son armée dans une contrée aussi ruinée, le maré-
chal se résout à ordonner la retraite et va s'établir entre
Santarem et Thomar, où il restera tout l'hiver en face des
forces alliées.
(( Les misères de l'armée deviennent insupportables.
Les troupes sont obligées d'enlever des troupeaux le fusil
à la main. Pendant le mois de janvier 1811, ni un officier
ni un soldat ne peut se procurer du pain. Si les Anglais
avaient pris nettement l'offensive, c'en était fait des
nôtres; ils tombaient d'inanition. » (Historique du 70e.)
Aux approches du printemps, l'armée de Portugal ne
comptait plus que 28.000 fantassins en état de com-
battre (1).
Malgré tout, Masséna ne voulait pas abandonner le
Portugal et s'avouer vaincu. Pourtant l'épuisement de ses
troupes autant que l'esprit d'indépendance de ses lieute-
nants le déterminèrent à se diriger sur Célérico pour
prendre position derrière l'Agueda.
• Cette retraite commença le 5 mars et fut conduite avec
tant d'habileté que l'armée n'abandonna ni canon, ni ba-
gage, ni malade, en dépit des nombreux combats qu'eut à
livrer l'arrière/garde.
(1) Cette armée comprenait à l'origine 72.000 hommes. Le général
Drouet venait, il est vrai, d'arriver avec 12.000 hommes; mais ce
secours était complètement insuffisant.
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 215
Bataille de Fuentes de Onoro (5 mai lôll).
Wellington s'était aperçu trop tard des mouvements du
maréchal. Il fallut cependant livrer encore une bataille
sanglante avant de sortir du Portugal.
Cette dernière rencontre eut lieu, le 5 mai, à Fuentes de
Onoro. La victoire fut indécise, mais Tarmée française
garda ses positions pendant cinq jours, ce qui lui permit
de recueillir les défenseurs d'Almeida, qui avaient pu
sortir de la place après avoir fait sauter une partie des
retranchements.
Marmont succède à Masséna.
Le 7 mai, Masséna remettait le commandement à Mar-
mont, et Tarmée se retirait à Ciudad-Rodrigo, où elle fut
réorganisée.
Réorganisation de Farmëe de Portagal
(16 mai 1811.)
Le 16 mai 1811, en exécution d'un ordre impérial daté du
8, le 15® régiment d'infanterie de ligne, qui a rallié son
4® bataillon à Ciudad-Rodrigo, reçoit en incorporation les
4es bataillons des 46® et 23® de ligne et constitue, avec le 66»
régiment, la l^e brigade (général Thomières) de la 5» divi-
sion (général de Maucune).
Il reste cantonné jusqu'à la fin de l'année 1811 en Estra-
madure, sur la frontière portugaise, luttant contre les
dangers et les privations de toutes sortes, dans un pays
hostile et à bout de ressources (1).
(1) Au mois d'octobre 1811, le quintal de blé se vend à Plasencia 60
francs. Un mois plus tard, U atteindra le prix de 70 francs, et même
de 88 francs en certains centres de cette contrée.
216 HISTORIQUE
Tout homipe qui s'écarte isolément des cantonnements
s'expose à être assassiné.
C'est ainsi que, dans la première quinzaine d'octobre, le
15« a la douleur d'apprendre successivement la disparition
du capitaine Chavany (11 octobre), d'un caporal et d'un
soldat, en l'espace de quelques jours, aux environs de Villa-
nuevade la Vera (1).
Commandement du major DORNIER
• (14 novembre.)
Sur ces entrefaites, le colonel Dein, rentré en France
pour y jouir d'un congé de convalescence, est provisoire-
ment remplacé par le major Dornier, du 69® de ligne.
Année 1812
Au commencement de l'année 1812, Wellington, se pré-
valant de sa supériorité numérique, s'emparait brusque-
ment de Ciudad-Rodrigo (20 janvier 1812).
Le maréchal Marmont, qui n'avait pu prévenir ce hardi
coup de main, résolut d'attendre la belle saison pour re-
prendre l'offensive.
Malgré ce calme apparent, il fallut, presque chaque jour,
échanger des coups de fusil (2).
Belle conduite du sous-lieutenant Renard.
Le 16 janvier 1812, le sous-lieutenant Renard (3), officier
payeur du 15® de ligne, commandait, avec son camarade
(1) V. Mémoires du duc de Raguse.
(2) Le 29 février, le 15' avait détaché 150 hommes pour la garnison du
fort d'Alba de Termes et 150 à Rabila-Fuente, pour la correspondance.
Au commencement de février (8), le 4* bataillon du régiment était fondu
dans les trois autres, et le cadre (130 hommes) rentrait en France. Le
sous-lieutenant Desalneuve fut blessé, le 18 février, à Alba de Termes.
(3) V. Matricules des officiers (archives administratives du minis-
DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 217
du 66®, un convoi de 60 convalescents sortant des hôpitaux
de Valladolid, lorsqu'il fut tout à coup enveloppé, près de
Pedrosa del Rey, par un parti de 200 cavaliers; avec les
35 hommes de Tescorte, il résista victorieusement, pendant
deux lieues, en rase campagne, à tous les efforts de ses
nombreux adversaires et fut assez heureux pour sauver sa
comptabilité sur le point d'être prise par Tennemi.
Au mois d'avril, après une inutile tentative pour reprendre
Ciudad-Rodrigo, l'armée de Portugal fut ramenée dans ses
cantonnements (l). Elle y demeura jusqu'au mois de juin,
époque à laquelle elle dut reprendre les armes pour s'op-
poser à un nouveau mouvement offensif de Wellington.
Perte de Salamanque (28 juin 1812).
Le maréchal Marmont voulant, sauver Salamanque, jeta
700 hommes (dont 250 du 15^) dans les forts à peine achevés
de cette place et prit position derrière le Douro.
Mais les habiles dispositions du duc de Raguse ne purent
conjurer la perte de la ville. Le 28 juin, le couvent fortifié
de Salamanque, le fort de Saint-Vincent, vivement pressé
par les Anglais, capitulait après avoir supporté douze
jours de siège et trois assauts furieux, qui avaient coûté
1.300 hommes à l'assiégeant. Cette reddition livra, aux
mains de l'ennemi, 233 soldats du 15^ (2).
tère de la guerre), état des services du sous-lieutenant Renard (Jean-
Jacques), né le 7 août 1782 à Coulombs (Eure-et-Loir), officier payeur
depuis le 20 septembre 1809. Le détachement eut 5 hommes tués et 17
blessés,, sans compter le sous-lieutenant Renard, atteint lui-môme d'une
blessure.
(1) Le 1" bataillon du 15« à Fuente el Santo, le 2« à Bailla, le 3« à
Albarco. C'est à Albarco que le sous-lieutenant Picard du Chambon fut
blessé, le 4 mai 1812. Dans ce même mois, le général Barbot remplace
le général Thomières à la tète de la 1" brigade.
(2) Le 27, un incendie, d'une violence extrême, allumé par les boulets
rouges des Anglais, avait détruit les bâtiments et tous les approvisionne-
ments du fort Saint-Vincent. Le capitaine Victor, du 15% fut blessé dans
rassaut du 28 juin. La veille, 27, le sergent-major O'Neill, dont nous
avons déjà cité la belle conduite, avait été blessé d'un coup de feu à la
cuisse droite et fait prisonnier par les Anglais.
218 HISTORIQUE
Bataille de Salamanque ou des Arapiles (22 juillet 1812).
A la suite de ce triste événement, la division Maucune
regagna la- rive droite du Douro.
Fort lieureusement, l'arrivée d'un renfort important
devait bientôt permettre à Tarmée française de reprendre
l'ofiensive (1) (2).
En effet, le 21 juillet nos troupes passent la Tormès, aux
gués de Huerta et d'Eneina, pour couper la ligne de re-
traite de Wellington sur Giudad-Hodrigo.
La rencontre a lieu le 22. Les Anglais semblent vouloir
tenir sur la position de Téjares.
De notre côté, la 1^® division, soutenue par la 3®, a Tor-
dre de défendre le plateau de Calvarossa, tandis que les 2®,
4® et 5® divisions se rassemblent en masse derrière les
deux mamelons des Arapiles.
Vers midi, Wellington, se rendant compte de nos dispo-
sitions, veut refuser le combat et commence son mouve-
ment de retraite en dégarnissant sa gauche (3).
C'est alors que la 5® division (à laquelle appartient le
15®) est envoyée à l'extrémité droite du plateau, avec mis-
sion de se relier aux défenseurs des Arapiles (division
Bonnet).
Selon son habitude, le général Maucune se laisse entraî-
ner par son ardeur. Le maréchal Marmont s'efforçait en
vain de ralentir son mouvement lorsqu'il fut blessé et dut
remettre le commandement au général Bonnet. Quelques
instants après, le général Bonnet, atteint lui-môme, fut
remplacé par le général Glausel. Il résulta de ces fâcheu-
ses circonstances un certain décousu dans les opérations,
ce qui encouragea Wellington à tenter un retour offensif.
Vers 4 heures, la S® division se trouvant trop en l'air fut
(1) Le 15 Juillet, Marmont reçoit un renfort de 6.000 fantassins,
800 cavaliers et 8 pièces de canon. Depuis le 2 Juillet, le général Barbot
était remplacé par le général Darnaud.
(2) Se reporter aux Mémoires du duc de Raguse.
(3) Mémoires de Marmont, duc de Raguse.
DU 1S<' RÉGIMENT d'INFANTERIK 219
attaquée et culbutée par les Anglais, qui ne purent ce-
pendant s'emparer de la forte position des Arapiles.
 la nuit, nos troupes se retirèrent en bon ordre par la
route d'Alba de Tormès (1).
Cette sanglante bataille nous coûtait 6.000 hommes tués,
blessés ou prisonniers. Le 15®, pour sa part, comptait
23 morts et 321 prisonniers. Citons, parmi les morts, le
commandant Vuxemant, le capitaine Pron ; les sous-lieu-
tenants Leroy, de Cressac (mort le 14 novembre) et Massuc
(mort le 25 mars 1813 de ses blessures) ; et, parmi les bles-
sés, les capitaines Marié, Guis, Déhargue, Pan-Lacroix et
Chevallier; les lieutenants Colsin, Perret et âlibert; le
sous-lieutenant Loyer; le chirurgien sous - aide - major
Grand VOINET (2).
Le lendemain, 23 juillet, l'armée française rétrogradait
sur Burgos.
Le 4 août, dans un engagement près de cette ville, le
capitaine Briois et le lieutenant Buchmeller, du 15<», furent
blessés mortellement (3).
Enfin, le général Clausel, laissant au général Dubreton
la garde de Burgos, remit son commandement au général
Souham, qui conduisit ses troupes à Briviesca, dans la
vallée de TEbre , où nos soldats purent enfin se reposer
un peu de leurs fatigues (4).
Un peu plus tard, dans la seconde quinzaine d'octobre,
le corps de Souham, renforcé de deux divisions de l'armée
(1) V. Correspondance de l'armée de Portugal et Mémoires du duc de
Raguse.
(2) Ces renseignements sont puisés dans les Matricules du Dépôt de
la guerre et dans l'excellent recueU établi par M. Martinien, dont les
indications nous ont souvent été d'une grande utilité.
(3) Le premier mourut le 9 août, le second le 19 août. Le 15* fut
constamment à l'arrlère-garde pendant cette retraite.
Au mois d'août, le 3^ bataillon fut versé dans les deux premiers. Les
cadres furent rapatriés. L'effectif était, au 1*' octobre, de 1.646 hommes,
dont seulement 31 officiers et 934 soldats valides. Le 4e bataillon re-
constitué en France à l'effectif de 18 officiers , 736 hommes, fut égale-
ment fondu dans les deux premiers au mois d'octobre.
(4) Le général Clausel souffrait de sa blessure reçue aux Arapiles.
220 HISTORIQUE
du Nord, tente un vigoureux effort sur Burgos, force les
Anglais à lever le siège de cette place (21 octobre), et les
poursuit, répée dans les reins, jusqu'à Tordesilla.
Combat de Villamuriel (25 octobre 1812).
Le 15® de ligne, toujours à Tavant-garde avec la division
Maucune, combat presque tous les jours. Il se distingue
d'une façon particulière, le 25 octobre, près de Villamuriel.
Pendant qu'un aide de camp du général de Maucune (1)
s'assurait que le Garrion était guéable pour l'infanterie, le
lieutenant Souque, à la tète des voltigeurs du 15® (2), se
jetait résolument à l'eau et parvenait le premier sur la
rive opposée, sous le feu d'un bataillon de chasseurs bri-
tanniques.
Les Anglais qui défendaient le pont, à gauche de ce pas-
sage, se voyant tournés, se retirèrent dans le village de
Villamuriel.
Mais ils en furent bientôt délogés par nos intrépides
soldats.
Le 15°, avec une partie de la brigade Pinoteau, se main-
tint jusqu'à la nuit dans Villamuriel.
Ce brillant fait d'armes ainsi que divers engagements
près de Cabeçon, de Valladolid et de Ponte-Duero étaient
chèrement payés par le régiment, qui avait perdu 65 morts
et 28 blessés.
Le 25 octobre, en particulier, le capitaine Lafitte avait
été tué ; le lieutenant Perret, les sous-lieutenants Paré,
Maury et Dazé figuraient au nombre des blessés.
(DM. Lesueur, dit Lachapelle, qui devint chef de bataillon au 153 le
4 juillet 1813. En arrivant sur la rive opposée du Carrion, suivi seule-
ment de deux officiers, dont l'un fut tué, il chargea Tennemi et fit
20 prisonniers, dont 2 officiers.
(2) Le lieutenant André Souque fut proposé et admis dans la Légion
d'honneur en récompense de ce fait, qui est consigné sur ses états de
services. (V. Matricule des officiers. Archives administratives du minis-
tère de la guerre.)
DU 15° RÉGIMENT d'iNFANTERIE 221
Malheureusement, un violent orage retarda la marche
de la colonne, ce qui permit à Wellington de nous échap*
per et de regagner ses camps du Portugal.
De part et d'autre on se répandit alors dans ses quar-
tiers (l*hiver, en attendant l'issue des grands événements
qui se passaient ^lu nord de l'Europe.
Année 1813.
Colonel LEVAVASSEUR
(28 Janvior 1813.)
Le 28 janvier 1813, le colonel Levavasseur vient prendre
le commandement du régiment (1), qui présente à cette
époque un effectif de 37 ofTiciers et 1.87S hommes, dont 35
officiers et 1.189 soldats réellement présents aux canton-
nements.
Au printemps, une nouvelle démonstration de l'armée
alliée nous détermine à entamer un mouvement rétro-
grade vers le nord.
Combat d'Estepar (12 Juin 1813).
Le 12 juin, le 15° de ligne (2), vivement attaqué, près
d'Estepar, par la cavalerie anglaise, la reçoit par un feu
nourri et bien ajusté qui la disperse après lui avoir fait
subir des pertes considérables.
Affaire de Frias (18 Juin).
A quelques jours de là (18 juin), la division Maucune,
en marche de Frias sur Bilbao, est assaillie par trois co-
(1) Lo colonel Levavasseuh succédait au colonel Dein, retraité depuis
le 20 août 1812 et suppléé depuis par le major Dornier.
(2) Au mois do mars 1813, Tarméo ayant été réduite à six divisions,
le 15' comptait à la 1" brigade (Pinoteau) de la 5* division (Maucune).
222 HISTORIQUE
lonnes ennemies et contrainte, à la retraite. Elle se retire
'dans les montagnes après une résistance acharnée qui lui
coûte 400 hommes. C'est dans cette afiaire que furent
blessés les lieutenants Farin et Descamps, du 15® régiment
d'infanterie.
La 5® division ne prit aucune part à la bataille de Vit-
toria (21 juin), étant partie ce jour-là, à 3 heures du matin,
d'Alava, pour escorter un énorme convoi dirigé sur la
France.
Le 23, elle atteignait la Bidassoa, ayant continuellement
fait le coup de feu.
OPÉRATIONS DU MARÉCHAL SOULT (1)
(Espagne 1813.)
Le 12 juillet 1813, toutes les troupes françaises concen-
trées sur la Bidassoa passaient sous le commandement du
maréchal Soult, duc de Dalmatie.
D'après la formation ordonnée par le décret impérial du
6 juillet, le 15® de ligne constituait, avec le 66® de ligne et
le 17® léger, la 1^^ brigade (Pinoteau) de la 7® division
(Maucune) de Taile droite (général Reille).
Le 27 juillet, le maréchal Soult, encouragé par un pre-
mier succès près du rocher d'Arola, se portait sur Pàm-
pelune pour en faire lever le siège.
Les divisions Maucune et Lamartinière avaient ordre
d'attaquer de front la position d'Ozacani, tandis que le gé-
néral Glauzel chercherait à la tourner par Sorauren.
Bataille sous Pampelune (28 juillet 1813).
L'action s'engagea le 28, vers 1 heure de l'après-midi;
mais l'arrivée de deux divisions anglaises, envoyées au
(1) Les détails de ces opérations sont empruntés à la correspondance
officielle du maréchal Soult. (Archives historiques du ministère de la
guerre.)
DU 1S« RÉGIMENT d'INFANTERIE 223
secours de Tarmée de siège, força le duc de Dalmatie à
battre en retraite sur Saint-Jean-Pied-de-Port. Ce mouve-
ment, exécuté dans un pays difficile et devant des forces
très supérieures, ne put s'achever qu'au prix des plus
durs sacrifices. Le 15® de ligne fut un des régiments les
plus éprouvés. Trois capitaines avaient payé de leur vie
leur dévouement au drapeau : MM. Dermoncourt, Ber-
trand et Roche. Le colonel Levavasseur était atteint d'un
coup de feu à la jambe gauche. Huit officiers étaient plus
ou moins grièvement blessés; c'étaient : le chef de bataillon
Lesueur dit Lachapelle; les capitaines Martin, Francq et
MouNET (1); le lieutenant Monneau, les sous-lieutenants
Geneste, Grenier, Gabaudan (2).
Combat près du pont d'Irun (31 août).
Le 31 août, l'armée française, rassemblée entre Saint-
Jean -de- Luz et Saint -Jean -Pied -de -Port, voulut re-
prendre l'offensive. Le général Reille passa la Bidassoa
aux gués de Biriatou et s'empara d'une .première position.
Malheureusement, la division Lamartinière et la brigade
Pinoteau (15®, 66<^ et 17® de ligne) s'épuisèrent en héroï-
ques efforts sans pouvoir enlever le camp de Saint-Martial.
Il fallut encore une fois céder à la supériorité numérique
de l'ennemi. C'est au cours de ce combat que furent bles-
sés le capitaine Francq et le lieutenant Richard (3).
A la suite de ces échecs les corps les plus éprouvés du-
rent réduire le nombre de leurs bataillons. En consé-
quence le 2® bataillon du 15® fut fondu dans le premier et
son cadre rejoignit le dépôt. Lors de cette réforme l'empe-
(1) Le capitaine Mounet mourut do ses blessures le 30 septembre 1813.
(2) Cette retraite fut très pénible et marquée par de sanglants enga-
gements. Le 31 juillet, la division Maucune soutint beaucoup ù Glane.
Le 2 août, il fallut ouvrir un passage les armes à la main, au col
d'Echalar. Le 3, la division, réduite à un millier d'hommes, arrivait à
Saint-Jean-de-Luz.
(3) Tous ces détails sont empruntés à la correspondance officielle du
maréchal Soult. (Archives historiques du ministère de la guerre.)
224 HISTORIQUE
reur ne laissa plus qu'une aigle et une musique par bri-
gade. Ce fut notre régiment qui conserva Taigle et la
musique pour la l^e brigade de la 7^ division (1).
Second combat du pont d'Irun (7 octobre 1813).
Cependant, lord Wellington ne restait pas inactif. Dans
la matinée du 7 octobre, les Anglais forçaient le passage
de la Bidassoa et parvenaient à se rendre maîtres des posi-
tions de la Croix-des-Bouquets et de Bayonnette, malgré
Topiniâtre résistance des 7® el S^ divisions. La lutte fut
acharnée de part et d'autre et causa bien des vides dans les
rangs du 15®.
Le capitaine Grellet, grièvement blessé dans cette
affaire, mourut le 11 janvier suivant. Un capitaine (M. Le-
ROUXEAu) et trois sous-lieutenants (MM. Hamelin, Benard
et Vannier) furent également blessés ce jour-là.
Enfin, après plusieurs sanglantes rencontres sur la Nive,
le duc de Dalmatie (2) fut obligé de reculer jusqu'à l'Adour
(novembre). , .
On combattit encore pendant tout le mois de décembre ;
mais la fortune de la France subissait de terribles épreu-
ves. ,
100.000 Anglais, Portugais et Espagnols envahirent notre
territoire, pendant que 400.000 coalisés pesaient sur la
frontière du Nord.
L'heure des grandes catastrophes avait sonné.
Les revers de l'armée d'Espagne étaient le prélude des
désastres de Leipzig et de Paris.
(1) A la date du 15 septembre, le régiment n'a plus, à l'armée d'Es-
pagne, que 650 hommes présents.
(2) Le 10 novembre les Anglais nous attaquent sur toute la ligne. Les
7» et 9* divisions, placées à la droite, vers Saint-Jean-de-Luz, ont parfai-
tement défendu leurs positions et n'ont pu être entamées. Le lieutenant
Maury et le sous-lieutenant Hamelin ont été blessés dans cette affaire.
Pendant le mouvement rétrograde, le 15* fut appelé à défendre succes-
sivement le fortin de Belchenca, celui de Sainte-Anne, la redoute de
Bordaguin et le plateau de Beyritz.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 225
. « Néanmoins, la France se montra admirable d'héroïsme
et de dévouement. Elle se sacrifia tout entière aux intérêts
de son souverain, sans calcul, sans espoir de compensa-
tion : on eût dit qu'elle avait épousé ses destinées et qu'elle
était heureuse et fière de mourir pour lui (1). »
Le 16 janvier suivant (1814), la 7« division (2) reçut
Tordre de partir en poste pour Paris. Nous verrons plus
loin ce qu'elle devint par la suite.
Promotions dans l'ordre de la Ijéylon d'honnenr.
29 mai 1810 : capitaine Silberling; sous-lieutenants Beau et Cav ail-
ler ; sergent Couturier ; grenadiers Castanet et Guyard.
26 août 1811 : chef de bataillon Fremin; capitaines Ghavany, Ledi-
NEUR, Blondeau et Lamotte; porte-aigle Martin; sous-lieutenant Ga-
nabet; sergents Liotet et Conget.
9 janvier 1813 : capitaine Souque; fusilier Lemoine.
15 mars 1813 : capitaine Gaspard.
19 mars 1813 : capitaine Marié.
CAMPAGNE D'ALLEMAGNE (1813).
Mil huit cent treize I C'est bien Tannée la plus tragique
du siècle.
Le fameux 29® Bulletin avait appris brusquement à la
France la destruction de la Grande Année. L'empereur
n'était plus invincible. Pendant que nous succombions en
Russie, une autre armée périssait lentement en Espagne
et, à Paris même, un obscur conspirateur avait pensé s'em-
parer du pouvoir (4).
La campagne de 1813 s'ouvrait dans les conditions les
(1) Mémoires de Masséna, par le général Koch.
(2) Le général Levai avait remplacé, à la tête de la 7* division, le
général Maucune, envoyé à l'armée d'Italie.
(3) Extrait de l'état général de l'ordre de la Légion d'honneur.
(4) Souvenirs militaires du duc de Fezensac, p. 387.
Hist. 15*. 15
226 ^ HISTORIQUE
plus inquiétantes. L'Europe, humiliée, ruinée, ensanglan-
tée, se cabrait enfin contre l'ambition démesurée de l'im-
périal conquérant. Les défections se préparaient de toutes
parts ; celle de la Prusse n'était plus douteuse. L'alliance
de l'Autriche restait bien incertaine et l'épuisement de la
France s'aôcroissaifr avec le nombre de ses ennemis.
L'empereur, qui avait encore foi dans son étoile, utilisa
son séjour à Paris d'une manière admirable et digne de son
génie. Une nouvelle armée parut à sa voix. Nos revers
avaient réveillé l'orgueil national ; la France voulut faire
un dernier effort pour obtenir une paix honorable.
On appelait, depuis six ans, les conscrits à 19 ans ; en
1813, Napoléon les appelle à 18. Au mois de février, le
ministre de la guerre peut ainsi disposer de 350.000 hom-
mes (1). Cette armée de conscrits, qui marche si gaiement
à la rencontre des batailles, va bientôt s'acquérir une
gloire incomparable dans cette sanglante et gigantesque
épopée d'Allemagne.
(( Nos troupes sont jeunes, disait l'empereur (2), je les
formerai dans un camp, sur la Saalel... »
Les événements ne le lui permirent pas.
Vers la fin d'avril, toute l'armée était en mouvement.
Les 3® et 4® bataillons du 15®, reconstitués à Brest en
1812, avaient quitté cette ville le 15 février 1813, pour être
dirigés sur Mayence, où ils furent bientôt incorporés dans
la 2« brigade (général Buquet) de la 3® division (3) Friede-
ricks, du 6® corps, qui se réunissait à Eisenach, sous les
ordres du maréchal Marmont, duc de Raguse (H avril).
Quelques jours après. Napoléon arrivait à Mayence et
en repartait le 24 avril, pour rejoindre l'armée qui s'avan-
çait sur Leipzig.
Le 1®' mai, le 6« corps, ayant passé la Saale, reçut l'ordre
(1) Provenant des conscriptions de 1809, 1810, 1811, 1812, 1813 et du
premier ban de la garde nationale, qui avait été formée en cohortes en
1812 et fut mobilisée en régiments provisoires.
(2) Un jour qu'il se promenait sur la terrasse du palais de Mayence.
(3) Le 6*' corps comprenait les divisions Compans, Bonnet et Friede-
ricks. La division Friedericks portait le n"" 22.
DU 18« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 227
de prendre position au défilé de Ripach, à hauteur de
Weissenfels.
Le lendemain, l'empereur lui prescrivit de se porter sur
Pégau (1).
Bataille de Lutzen (2 mai).
L'ennemi se montra bientôt sur le plateau de Starfield.
Une partie de la division Friedericks fut employée à la
défense de ce village, tandis que l'autre restait en réserve,
sous la main du maréchal.
Les alliés tentèrent inutilement de s'emparer de cette
position. Tous leurs efforts échouèrent devant la fermeté
de nos troupes.
Vers 5 h. 1/2, l'arrivée du 4® corps détermina l'empe-
reur (2) à ordonner une charge générale.
En exécution de cet ordre, la division Friedericks se
porta entre la division Gompans (à sa droite) et la division
Bonnet (à sa gauche).
L'ennemi ne put tenir nulle part devant cette formidable
poussée. L'obscurité seule arrêta notre poursuite.
Néanmoins, au moment où nos troupes commençaient
à se reposer, la cavalerie adverse se présenta inopinément;
mais elle fut rapidement dispersée.
« A la suite de cet iimident, les carrés furent rapprochés
et échelonnés de façon à pouvoir tirer par deux côtés. La
précaution n'était pas inutile, car, vers 10 heures du soir,
quatre régiments de cavalerie tentèrent encore une fois
de surprendre nos soldats fatigués par la lutte. Heureu-
sement, chacun était à son poste, et l'ennemi enveloppa
nos carrés de ses morts, sans pouvoir en enfoncer un
seul (3). »
(1) Il se mit en marche sur neuf colonnes, en échelons, et suivit la
rive droite du ravin.
(2) L'empereur était à Kaya, où se livrait une lutte acharnée pour la
possession du village, qui fut cinq fois pris et repris.
(3) Mémoires de Marmont.
228 HISTORIQUE
C'est le 6® corps qui, dans cette mémorable bataille, a
tiré les premiers coups de canon et les derniers coups de
fusil.
(( Je ne saurais, écrivait Marmont, donner trop d'éloges
aux troupes dont Sa Majesté m'a confié le commande-
ment (1). ))
Car, en effet, les conscrits de 1813 s'étaient montrés di-
gnes des héros de la Grande Armée.
« Depuis vingt ans que je commande les armées fran-
çaises, disait Napoléon, je n*ai jamais vu plus de bravoure
et de dévouement. Mes jeunes soldats, l'honneur et le cou-
rage leur sortaient par tous les pores. »
Cette victoire nous rendait maîtres de la ligne de l'Elbe.
Les alliés se hâtèrent de se retirer sur la Sprée. Mais, pen-
dant que l'empereur rentrait à Dresde avec le roi de Saxe,
auquel ce succès venait de rendre sa couronne, Blûcher
et Wittgenstein se retranchaient à Bautzen dans une posi-
tion formidable, couverte par la rivière et appuyée, d'une
part, aux monts des Géants, de l'autre, aux mamelons de
Némschûtz.
Bataille de Bautzen (20 mai 1813).
Le 20 mai, au matin, le 6® corps, dont fait partie le 15®,
traverse la Sprée sur un pont de chevalets, vis-à-vis de
Nimschûtz, pour attaquer le corps de Kleist sur les hau-
teurs de Seydau.
A 7 heures du soir, après cinq heures d'un combat
acharné, le duc de Raguse a chassé l'ennemi de Bautzen et
s'est rendu maître de tout le centre de la position (2).
Cependant, l'aile gauche, sous les ordres de Wittgenstein,
se maintenait inébranlable derrière ses retranchements.
(1) Le 6' corps essuya pendant cette journée le feu de cent cinquante
pièces de canon.
(2) La division Gompans s'était emparée de Bautzen; la division Bon-
net avait pris le village de Niederkayna ; la division Friedericks était
en réserve.
DU IS^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 229
BataUle de Wûrtzen (21 mai 1813).
Il fallut encore combattre le lendemain 21. Vers 11
heures, le 6« corps, ayant franchi le Bloôsser-Wasser, en-
gageait une effroyable canonnade contre les redoutes de
Bœschutz et, au bout de quatre heures de lutte, en délo-
geait les alliés, qu'il poursuivait jusqu'à Wûrtzen (1) (2).
Malheureusement, cette sanglante victoire, qui coûtait
30.000 hommes aux deux partis, ne semblait devoir ame-
ner aucun résultat. On ne parlait pas encore de solution
pacifique.
Mais, sur ces entrefaites, Tintervention de l'Autriche
assura le salut des armées alliées en obtenant de l'empe-
reur l'armistice de Plesswitz (4 juillet).
Le 15« fut alors cantonné à Eichberg, puis, un peu plus
tard, à Niederschœnfeld.
D'ailleurs, les espérances de paix disparurent bien vite.
Le congrès de Prague n'avait été qu'une duperie.
Le 11 août, les alliés dénoncèrent l'armistice et, au mé-
pris de toutes les conventions, les Prussiens recommen-
cèrent les hostilités dès le lendemain. Ils se sentaient plus
forts depuis que le concours de l'Autriche leur était ac-
quis.
A cette nouvelle. Napoléon dépêche immédiatement à
tous ses corps d'armée l'ordre de se rapprocher de Dresde.
(1) C'est dans cette bataille que fut blessé le sous-Ueutenant Marc,
du 15*. Il nous a été difficile de trouver trace des officiers tués ou bles-
sés pendant les campagnes de 1813 et 1814, les bataillons étant souvent
renouvelés à l'aide d'éléments étrangers au corps et les matricules ne
portant le plus souvent que la mention (( disparu ».
(2) Le 6* crpso se lança les Jours suivants à la poursuite de l'ennemi,
par Reichenbach, Gorbitz, Essendorf. C'est à Reichenbach que fut tué
le grand maréchal du palais, Géraud-Christophe de Michel, baron
Duroc, duc de Frioul, ami intime de l'empereur. Quelques instants
avant sa mort, dont 11 avait le pressentiment, il s'en ouvrait ainsi à
Marmont : « Mon ami, l'empereur est insatiable de combats; nous y
resterons t'^us : voilà notre destinée. » (Mémoires de Marmont.)
230 HISTORIQUE
Bataille de Dresde (26 et 27 août 1813).
Par malheur, les ennemis ont pris l'avance. Le 26,
200.000 hommes des nations coalisées sont concentrés aux
alentours de la ville. <( Ils se sont emparés du faubourg de
Pima et crient déjà Paris! Paris I lorsque, tout à coup, la
scène change.' A 10 heures, l'empereur, arrivant au galop
sur le pont de Dresde, produit une impression profonde.
Depuis ce moment jusqu'au soir, ses troupes, qui le sui-
vent, ne cessent de défiler. L'infanterie marche au pas de
charge. Ces braves, passant sur le pont la tète haute, les
yeux tournés vers les collines où l'ennemi se montre de
toutes parts, frappent d'admiration la foule, qui les salue
par des acclamations (1). »
Bientôt après, les alliés, surpris par deux attaques simul-
tanées sur leurs flancs, sont obligés de rétrograder, lais-
sant sur le terrain 4.000 morts et 2.000 prisonniers.
Le lendemain, 27 août, le prince de Schwartzemberg
veut réparer son échec. La bataille recommence.
Le 6« corps, formant avec la jeune garde le centre de la
ligne française, prend position au pied des hauteurs de
Rœchnitz et de Schernitz, où l'ennemi s'est fortement
retranché.
C'est là que nos soldats ont à supporter les plus pénibles
conséquences de la tactique moderne en restant des heures
entières immobiles sous l'incessante menace des boulets
échangés entre les deux lignes.
Il fait un temps horrible; la pluie tombe à torrents. On
peut à peine se servir des fusils; il faut combattre à l'arme
blanche. Mais la baïonnette est le triomphe des Français.
Aussi, vers 10 heures du soir, l'ennemi, en pleine déroute,
abandonne entre nos mains 10.000 hommes hors de com-
bat, 15.000 prisonniers, 40 bouches à feu.*
(1) V. Manusmrit de 1813, par le baron Fain.
I)TJ 15<» RÉGIMENT d'iNFANTERIE 231
L'empereur vient de gagner une de ses plus belles ba-
tailles. C'est le. dernier sourire de la victoire (1).
À la tombée de la nuit, le maréchal Marmont, qui s'ap-
prêtait à emporter le village de Rœchnitz, fut invité à se
lancer à la poursuite des alliés, dans la direction de Dippo-
diswald et d'Altenbourg.
Il culbuta leur arrière-garde successivement à Possen-
dorfl, à Vindiskarsdoril, à Falkenheim, et prit, dans ces
divers combats, 30 pièces de canon et 7 à 800 voitures (2).
Enfin, le !«' septembre, le 6® corps, parvenu à'Alten-
bourg, était rappelé à Dresde. Il arriva dans cette ville le
10 septembre et y demeura jusqu'au 13. Il fut ensuite en-
voyé à Grossenheim pour surveiller l'armée de Berlin,
dont les avant-postes étaient sur l'Elster noir.
Le 23 septembre, le duc de Raguse reçut l'ordre de
franchir l'Elbe à Meissen, pour prendre position à Wante-
witz.
Or, deux jours plus tard, l'empereur lui prescrivait
de repasser le fleuve et de se diriger sur Wûrtzen.
L'ennemi, s'étant aperçu de ce mouvement, résolut de
l'entraver par un hardi coup de main sur la tête de pont^
Mal lui en prit, car il fut prestement dispersé par la bri-
gade Cohorn. ^
Affaires du pont de Meissen (27 cl 28 septembre 1813). ^*é T^O' r/7.
Cependant les alliés n'avaient pas renoncé à nous dis-
puter cette issue. Le lendemain, 28 septembre, une forte
colonne, appuyée par douze pièces de canon, parvenait à
(1) Détails tirés de la correspondance officielle et des Mémoires de
Marmont.
Le 6' corps fut un de ceux qui donnèrent le moins dans cette bataille.
Nous n'avons pas trouvé trace des pertes du 15*.
(2) Le corps avait mis hors de combat 9 à 10.000 ennemis dans ces
diverses rencontres. A son retour à Dresde, après vingt-deux Jours de
marche et de nombreux engagements, il n'avait perdu ni un canon ni
une voiture. (V. Mémoires de Marmont.)
232 HISTORIQUE
s'établir sur la rive droite du fleuve et tentait de nous
barrer le chemin. Il fallut lui passer sur le corps. Le capi-
taine Blondeau, du 15® de ligne, à la tête de sa compagnie
de grenadiers, aborda la position avec une telle intrépidité
qu'il réussit à forcer la ligne adverse, fut assez heureux
pour éteindre Tincendie qui commençait à consumer le
pont et se défendit si énergiquement qu'il permit au reste
de nos troupe^ d'utiliser ce précieux passage, à défaut
duquel notre ligne de retraite eût été coupée (1).
Le général Friedericks, témoin de cette action d'éclat,
proposa immédiatement le capitaine Blondeau pour la
croix d'officier de la Légion d'honneur (2).
Arrivé à Vûrtzen (29 septembre), le 6® corps prit la direc-
tion de Dûben et de Leipzig et manœuvra autour de cette
ville jusqu'au 16 octobre.
Bataille de Leipzig (16-19 octobre 1813).
Napoléon, sentant la nécessité d.e s'assurer la route de
France, était arrivé le 14 octobre à Leipzig, où se trou-
vaient déjà les corps de Marmont et d'Augereau. Il pensait
encore avoir le temps d'écraser Schwartzemberg avant
l'arrivée des autres armées alliées.
Mais le général autrichien, qui avait conscience de sa
supériorité- numérique, brusqua son offensive pour pré-
venir la jonction de toutes nos forces. On était à la veille de
la plus efiroyable catastrophe. '
Le 16 octobre, au matin, le duc de Raguse prescrit à ses
troupes de traverser Leipzig pour aller s'établir en réserve
au delà de la ville.
(1) Ce haut fait est relaté dans les états de services du capitaine Blon-
deau.. (Matricule des officiers du 15* de ligne; archives administratives
du ministère de la guerre.)
Le capitaine Chazbaut et le sous-lieutenant Déft turent blessés dans
le combat du 28. Le lendemain, pendant la retraite, le sous-lieutenant
Descombes fut aussi blessé.
(2) Il était chevalier depuis le 26 aoÀt 1811.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 233
A peine le mouvement est-il commencé que l'ennemi dé-
bouche sur nos derrières.
Pour ne pas découvrir le flanc droit du 14® corps, reslé
à Lindenau, le maréchal Marmont rallie son arrière-garde
et prend position aux villages de Mœkern et d'Eustritz, ap-
puyant sa gauche à TElster et sa droite au ravin.
Pendant que les deux premières divisions luttent avec
acharnement, à Mœkern, contre les colonnes d'York et de
Langeron, la division Friedericks, placée en réserve, tient
tête à plusieurs attaques sur la gauche (1).
Malheureusement, Texplosion subite de quatre caissons
de 12 éteint en partie le feu de notre artillerie, ce qui nous
force à rétrograder. La brigade Cohorn soutient énergique-
ment la retraite (2).
Le lendemain, 17, dès le matin, le 6® corps, qui s'était
arrêté à Eustritz et Gohlis, s'ébranle pour repasser la
Partha. L'ennemi tente vainement de s'opposer à ce mou-
vement.
Tandis'que la division Lagrange résiste avec une admi-
rable constance à tous les efforts du général York dans le
village de Gohlis, les divisions Compans et Friedericks,
formées en cariées, repoussent tous les assauts des hussards
russes, des cosaques de Wassilischikow et des cavaliers
prussiens, et nos troupes s'établissent sur la rive gauche
de la rivière, entre Schœnfeld et Sellerhausen.
La bataille se termine par une longue canonnade, qui se
prolonge jusqu'à la nuit.
Mais c'est le 18 que se décide véritablement le sort de
cette terrible bataille, qui devait prendre dans l'histoire le
nom de « bataille des Nations » (3).
(1) Le 6' corps était disposé en six échelons, la 3* division en réserve
(ce corps d'armée perdit environ 6.000 hommes ce jour-là).
(2) Pour décrire cette sanglante bataille de Leipzig, nous avons eu
recours aux documents suivants : Correspondance officielle de la Grande
Armée (Archives historiques de la guerre) ; Rapport du maréchal Mar-
mont (Archives historiques de la guerre) ; Relation autrichienne et alle-
mande de la bataille de Leipzig, Manuscrit de 1813 du baron Fain.
(3) Autrichiens, Prussiens, Russes, Suédois, Wurtembergeois, Saxons,
Français.
^4 HISTORIQUE
En effet, vers 10 heures du matin, 330.000 ennemis atta-
quaient les 140.000 hommes que l'empereur avait réunis
autour de Leipzig.
La journée commence par une trahison. En voyant dé-
boucher par Taucha les armées du Nord et de Silésiô, la
cavalerie wurtembergeoise et Tinfanterie saxonne hésitent
d'abord, puis abandonnent résolument Marmont pour faire
cause commune avec l'ennemi. Cette hideuse défection
force le général Reynier à évacuer Paunsdorf , de sorte que
le 6® corps reste seul en présence de ces deux énormes
colonnes.
En conséquence, le duc de Raguse dispose ses troupes
en échiquier, la gauche à Schœnfeld, la droite à Volk-
mansdorf, le front bordé par toute son artillerie (1). 11 sera
soutenu par le 3® corps.
Bientôt 130 pièces de canon ouvrent le feu sur nous, et
l'armée de Silésie dirige déjà son attaque sur Schœnfeld
lorsque apparaît tout à coup sur notre gauche Bernadette,
à la tète de l'armée suédoise. *
Malgré tout, le courage de nos soldats ne se laisse point
abattre. Sept fois les alliés s'emparent du beau et grand
village de Schœnfeld; sept fois nos braves bïitaillons le leur
enlèvent.
Enfin, à la tombée de la nuit, nous restons maîtres de la
position, mais au prix de quelles pertes I
« C'est à la division Lagrange et à une partie de la divi-
sion Friedericks que revient toute la gloire de la défense
de Schœnfeld (2).
» Le reste de la 3« division (Friedericks), qui occupait la
plaine, fut exposé au feu de mitraille le plus épouvan-
table, sans imaginer, pendant neuf heures, de faire un pas
rétrograde.
» Je ne connais pas d'éloges, écrit Marmont, dont ne
soient dignes des troupes aussi braves, aussi dévouées et
(1) On se souvient que notre artillerie avait été en partie détruite
lors de l'explosion du 16 octobre, à Mokern.
(2) V. Mémoires de Marmont.
DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 235
qui, malgré les pertes subies ravant- veille, n'en combat-
taient pas avec moins de courage (1). ))
Cependant, le cercle des ennemis allait bientôt nous en-
velopper de toutes parts : il fallut songer à la retraite.
D'ailleurs, nous n'avions plus de munitions. Et, pour
protéger le passage de TElster, une troisième bataille était
inévitable. Elle eut lieu le 19.
Durant la nuit, le 6® corps s'était retiré dans le fau-
bourg de Halle, qu'il avait mission de défendre.
Une partie des troupes s'établit à la porte de Halle, der-
rière la Partha, pour couvrir la ligne de retraite sur Lin-
denau; le reste fut déployé à la gauche du H« corps (2),
dans les vergers situés entre la barrière de Schœnfeld et la
porte de Halle.
On était à peine formé que les alliés, encouragés par le
succès, prononcèrent une vigoureuse attaque sur les 11«
et 6« corps.
Nos braves soldats soutinrent vaillamment le choc de
l'ennemi. Quoi qu'il en soit, Blûcher parvint à pénétrer
entre les deux corps d'armée.
C'est alors que Marmont, se voyant d'autre part menacé
par les Badois et les Saxons, qui occupaient une partie de
Leipzig, dut entamer la retraite, au milieu de la plus
effroyable confusion, par les boulevards de la ville déjà
encombrés de troupes et de voitures. Le torrent entraîna
tout le monde vers le débouché commun, la chaussée de
Lindenau.
L'affolement n'eut plus de bornes lorsque le pont de
l'Elster vint à sauter, laissant 12 à 15.000 hommes sur la
rive droite (3).
(1) Rapport de Marmont (correspondance ofificieUe), archives histo-
riques du ministère de la guerre. Le général Friedericks fut blessé
mortellement ce jour-là. Il passait, dit le général Marbot, pour le plus
bel homme de l'armée. Le 15* fut fort éprouvé : le capitaine Feydeau
fut blessé et mourut le lendemain ; le capitaine Blondeau et le sous-
lieutenant Taboureau furent blessés.
(2) Le 11' corps, commandé par Macdonald, était à la barrière de Dresde.
(3) Renseignements tirés de la correspondance officielle et du rapport
de Marmont. (Archives historiques du ministère de la guerre.)
236 HISTORIQUE
Avec ce qui lui restait de combattants, le duc de Raguse
prit position à Markranstadt, sous les yeux de l'empereur
atterré d'un tel désastre.
Ainsi se termina cette bataille de trois jours, la plus ter-
rible des temps modernes.
Napoléon laissait sur le terrain 50.000 hommes, dont
20.000 morts, et les alliés comptaient 60.000 hommes
hors de combat.
Les deux bataillons du 15« de ligne avaient perdu la
moitié de leurs officiers (1).
Sept étaient tués ou mortellement blessés. C'étaient le
major Rougé (mort le 19); les capitaines Feydeau (mort
le 19), Paillard (mort le 19), Colsin (présumé mort), Sou-
TOUL (mort le 26) ; le lieutenant Decherville (mort le 6 jan-
vier 1814), le sous-lieutenant Martin (tué le 19); étaient
moins grièvement atteints : le capitaine Blondeau (blessé
le 18), le lieutenant Julia (blessé le 19), le sous-lieutenant
Tafoureau (blessé le 18).
Dans ces circonstances, pour sauver les débris de la
Grande Armée (2), il fallait à tout prix gagner la rive gau-
che du Rhin, car le roi de Bavière envoyait, à marches
forcées, 80.000 hommes, commandés par de Wrède, pour
nous couper la retraite.
Bataille de Hanau (30 octobre 1813).
Ce fut le 30 octobre que la colonne se heurta contre
l'armée bavaroise, défendant, à Hanau, les défilés de la
Kintzig.
Cependant, de Wrède avait si mal pris ses mesures
qu'il fut honteusement culbuté ; ce qui fit dire à Tempe-
(1) Il nous a été impossible de relever les tués et blessés de la troupe.
Les contrôles portent à chaque ligne la mention « disparu à Leipzig ».
Souvent ces soldats ont été versés dans d'autres régiments en 1813 et
1814, et c'est sur les matricules de ces corps que Ton trouverait trace
de leurs blessures.
(2) Elle était réduite à environ 60.000 hommes.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 237
reur : « J'ai bien pu faire de de Wrède un baron, mais
jamais un général (1). »
Le lendemain, TenViemi tenta encore une fois de nous
inquiéter; il n'eut pas plus de succès. Le capitaine L'Hon-
gre, du 15®, fut blessé dans cet engagement.
Grâce à cet avantage, les restes de l'armée française pu-
rent enfin gagner Mayence pour y repasser le Rhin.
Quel triste retour I La Grande Armée n'existait plus.
Les 3« et 4« bataillons du 15® régiment d'infanterie, qui
possédaient, le 10 août précédent, un effectif de 42 oiBciers
et 870 hommes, se trouvaient réduits à 11 officiers et 227
hommes.
Il fallut donc procéder à une nouvelle réorganisation.
Le 9 novembre, les deux bataillons furent réunis pour
n'en former qu'un seul, à l'effectif de 22 officiers et 212
hommes, sous les ordres du commandant Schouler. Ce
bataillon lut affecté à la 1'® brigade (baron Pelleport) de
la 20« division (général comte Lagrange), qui fut établie
à Frankenthal pour couvrir Strasbourg.
1814
Nous avons vu plus haut que, moins de trois mois après
la grande victoire de Dresde, non seulement nous avions
perdu toute l'Allemagne, mais notre frontière même était
menacée, notre intégrité nationale en danger. Tout le passé
glorieux de l'Empire devenait inutile.
« C'est alors que commença la plus mémorable campa-
gne que présente l'histoire militaire, campagne où l'on vit
Napoléon, avec des forces tellement disproportionnées par
le nombre que toute résistance semblait impossible, avec
des soldats encore inexpérimentés, des lieutenants décou-
ragés et vieillis, repousser et vaincre des ennemis nom-
(1) Le général de Wrède avait servi sous Napoléon à la tète des con-
tingents bavarois.
238 HISTORIQUE
breux, aguerris, se renouvelant sans cesse et combattant
avec l'enthousiasme du patriotisme et Tacharnement de la
haine (1). » ' • J
Sltnatlen da i 5« en i 9 1 4.
Voyons quelle était la situation du 15« régiment d'infan-
terie au début d'une année qui devait être si célèbre.
!«' bataillon du 15®. — On se souvient que le !«' batail-
lon avait quitté l'armée d'Espagne, dans le courant de jan-
vier 1814, pour être dirigé en poste sur Paris. '
Le 7 février, il se trouvait à Provins sous les ordres du
colonel Levavasseur et du commandant Gruat. C'est là qu'il
fut définitivement attaché à la 1'® brigade (Pinoteau) de la
l'« division (Levai) du 7« corps d'armée, commandé par le
maréchal Oudinot, duc de Reggio.
2® bataHlon, — Le 2« bataillon, dont le cadre^'était rentré
en France à la fin d'août 1813, avait été reconstitué à la
hâte et tenait garnison à Strasbourg. i
3« batailbn. — Le 3« bataillon était sous Metz avec tout le I
6® corps (Marmont, duc de Raguse) (2).
4« bataillon, — Le 4® bataillon, refolrmé pendant le mois
de janvier, fut plus tard affecté à la brigade Veaux, du
corps de flanqueurs confié au général de division Allix.
5« et 6« bataillons, — Enfin le 5® bataillon était toujours ,
au dépôt, à Brest, tandis que le 6® (3) se trouvait enfermé
dans Erfurth.
(1) V. Napoléon, par Roger Peyre (campagne de 1814).
(2) Le 6^ corps porta provisoirement le nom de 20' division, après
la réorganisation de janvier 1814. Le bataillon du 15*, à l'effectif de 340
hommes, faisait partie de la division Lagrange (2* de ce corps), bri?
gade Joubert.
(3) Les 6'* bataillons avaient été formés pour la garde des places
fortes. Le chef de bataillon Chevallier, commandant le 6' bataillon du
15", fut blessé d'un coup de feu au bras droit dans une sortie sous
Erfurth, le 9 avril 1814. Le sous-licu tenant Nanterne, du 15% qui se
trouvait, on ne sait comment, à Dantzig, fut blessé le 25 novembre 1813,
au cours de la défense de cette place.
i
•
DU iH^ RÉGIMENT D INFANTERIE 239
Nous allons nous efforcer de retracer ici le rôle glorieux
de chacun de ces détachements du régiment.
Suivons d'abord le 3<» bataillon, qui fut le plus éprouvé
de tous.
A la an de janvier, l'armée alliée avait passé le Rhin
à Bâle et s'avançait sur Chaumont par Joinville (Wittgens-
tein) et par SaintDizier (Sacken et York).
Pendant ce temps, Marmont quittait la ligne de la Meuse
et se dirigeait sur Vitry, pour se rapprocher de l'Empe-
reur (1).
Le 30 janvier, après un engagement à SaintDizier avec
l'avant-garde d'York, le 6« corps se porte sur Brienne, où
il arrive non sans avoir échappé miraculeusement aux
trois corps ennemis qui avaient bousculé notre arrière-
garde à'Montier-en-Der.
Bataille de la Rothière (1" février).
Le !«' février, Napoléon attaque, à la Rothière, les forces
réunies de Schwartzemberg et de Blûcher. La division
Lagrange défend énergiquement la position de Chau-
mesnil. La brigade Joubert {15« de ligne) se couvre de
gloire par sa belle résistance à la ferme de la Chaise.
Abordée par quatre bataillons ennemis, elle ne recule que
devant l'entrée en ligne de toute la division Rechberg (2),
débouchant de la forêt de Soulaines, et se replie en bon
ordre sur le bois d'Ajou, malgré les charges furieuses de
la cavalerie de Spleny, qui ne peut parvenir à l'entamer.
Combat de Roinay (2 février).
Le lendemain, le 6® corps reçoit l'ordre de se diriger sur
les villages de Perthes et de Rosnay. Le passage de la
(1) Qui n'avait avec lui que les corps de Victor et de Ney.
(2) V. Mémoires et rapports de Marmont, ainsi que le Journal des
marches et opérations du 6* corps, par le général Fabvier.
240 HISTORIQUE
Voire, au pont de Rosnay, est inquiété par la poursuite de
la colonne de Wrède. Mais nos troupes, retranchées dan!^
les maisons et Téglise, tiennent vaillamment tête à l'en-
nemi, qui n'ose plus trop s'avancer.
Profitant alors du brouillard qui commence à obscurcir
rhorizon, le duc de Raguse se retire sur Ramerupt. Le 5 il
.arrive à Méry, le 6, à Nogent- sur- Seine.
Bataille de Champaubert (10 février 1814).
Deux jours après, le maréchal Marmont fait une démons-
tration sur Sézanne et se retrouve, le 10, en présence de
Tarmée de Silésie, près de Champaubert.
Le corps russe d'Olsouvief occupait le village de Bayes,
reliant les troupes de Sacken, établies à Monhnirail, à
celles de Kleist, arrêtées à Vertus.
La division Lagrange, à laquelle appartenait le 3® batail-
lon du 15® de ligne, ayant traversé pendant la nuit la forêt
de Traconne et les marais de Saint-Gond, s'emparait, dès le
matin, du pont de Saint-Prix et refoulait la première ligne
russe jusqu'à Bayes; puis, comme l'ennemi se ralliait et
se défendait opiniâtrement dans deux fermes et un petit
bois, le général Lagrange, attaquant son flanc droit, le
rejetait en désordre sur Champaubert et complétait ainsi
le succès de la journée en coupant en deux l'armée de
Blùcher.
Napoléon crut avoir ressaisi la victoire.
« Si demain, disait-il, nous avons encore un succès
comme celui-là contre Sacken, l'ennemi repassera le Rhin
plus vite qu'il ne l'a passé. »
Cependant, la véritable position défensive était à Etoges.
Aussi Marmont se hâta-t-il de l'occuper (1) (2).
(1) Les sources auxquelles nous avons puisé nos renseignements
pour écrire cette campagne sont : 1" le Journal de la marche du
6e corps, par le général Fabvier; 2" Campagne de 1814, par Koch; 3*
Journal historique delà division Levai, par le général Maulmont ; 4» La
correspondance officielle (archives historiques de la guerre) ; 5' Mé-
moires de Marmont.
(2) Le 15" perdit dans cette bataille deux officiers : le capitaine Gruzè
DU 15<^ nÉGIMENT D*L\FANTEIIIK 241
Les choses en étaient là lorsque, le 13 février, le duc de
Raguse vit paraître devant lui 20.000 hommes de Blû-
cher.
Ne se sentant pas en force, il se retira lentement sur
Montmirail, sous la protection de la cavalerie de Grouchy.
Mais, à njjoitié chemin, le 6« corps recevait de Tempe-
reur Tordre de s'établir sur le plateau, en arrière de Vau-
champs.
Victoire de Vauchamps (14 février 1814).
Le 14 février, Tennemi, ne croyant-plus à une résistance
sérieuse, s'engage dans le village et commence à en dé-
boucher quand il est, tout à coup, arrêté par le feu
meurtrier de nos bataillons.
Marmont profite immédiatement de l'hésitation de l'ad-
versaire pour reprendre franchement l'offensive. En un
clin d'œil Vauchamps est enveloppé, les Prussiens et les
Russes en pleine déroute.
La division Lagrange se lance alors à la poursuite des
alliés, qui s'enfuient vers Etoges, rudement accompagnés
par les cavaliers de Grouchy (1).
Enfin, pendant la nuit, le 6<^ corps, renforcé de la divi-
sion Levai, traverse la forêt de Champaubert, surprend et
détruit la division du prince Ourousof, qui bivouaquait à
Etoges (2).
Les jours suivants se passent en marchés entre Montmi-
rail et Sézanne.
et le sous-lieutenant Lecoeuvre. Le lieutenant Guyot de Ferrandière
fut blessé.
(1) Le 15" eut, à notre connaissance, un officier blessé, le capitaine
Normand. La division Levai était venue soutenir les divisions La-
grange et Ricard. La division Lagrange était en colonne par régiments,
à droite de la route.
(2) La division Levai, détachée par Oudinot, n'avait pas vu l'ennemi
depuis son départ d'Espagne. Elle était impatiente de se signaler. Ce
fut elle qui fut chargée de l'attaque de nuit. On n'a pas oublié que le
1«' bataillon du 15" faisait partie de cette division.
Hist. lu*. 16
242 HISTORIQUE
Pourtant, le 23, Blûcher se représente devant [nous (près
de Sézanne).
Le duc de Raguse recule sur Jouarre, pour se relier au
duc de Trévise.
A partir de ce moment, les deux maréchaux se tour-
nent contre le corps de Kleist, isolé sur la rive droite de
rOurcq, et le mènent tambour battant jusque sous les
murs de Soissons (1).
Par malheur, la capitulation de cette ville (5 mars)
fait perdre tout le fruit d'une aussi belle manœuvre.
C'est le moment critique de la campagne. De ce jour la
fortune abandonne définitivement l'empereur.
Le 10 mars, le 6® corps, très maltraité la veille au cours
du combat de nuit d'Athies, se retire à Bery-au-Bac et se
dirige ensuite sur Fismes et Reims.
Bataille de Reims (13 mars).
Le 13, vers 4 heures du soir, Marmont rencontre l'en-
nemi posté sur les hauteurs de Tinqueux et couvert, à sa
droite, par la Vésle. Le maréchal dispose alors ses troupes
en colonne par bataillon sur la chaussée, surprend et en-
lève deux bataillons russes, force la gauche de la ligne
adverse et parvient à s'emparer des premières maisons du
faubourg (2).
Bataille de Sommesons, près la Fère-Champenoise (25 mars).
Le lendemain matin, les alliés avaient évacué la ville.
Après ce succès, le 6® corps se replia sur Bery-au-Bac et
Fismes. C'est là qu'il reçut l'ordre de rejoindre Napoléon
vers Sommesous.
(1) Le 5 mai, le capitaine Leprêtre fut blessé pendant la démonstra-
tion sur Soissons.
(2) Le sous-lieutenant L'Heureux fut blessé, le 13 mars, devant
Reims.
DU 15« RÉGIMENT D'iNFAPITERIE 243
Or, le 25 mars, le duc de Raguse, au lieu de trouver
Tempereur, se heurtait à rarmée de Bohême sur le plateau
de Soudé-Sainte Croix.
Surpris et culbuté dans le ravin de Connautray, le 6®
corps fut sauvé par la diversion de la division Pacthod et
put s'échapper, avec le corps de Mortier, par le village et
le bois d'Allemant pour gagner la route de la Ferté-Gau-
cher.
Combat de Moutils. — Retraite sur ProYlns (26 mars).
Cependant, en arrivant à quelque distance de cette ville,
on apprit la présence des troupes de ^rk et de Kleist sur
la rive droite du grand Morin. Il fallut se rabattre sur
Provins; mais la retraite ne se fit pas sans difficulté.
La brigade Joubert (à laquelle appartenait le 3® bataillon
du 15^) se dévoua pour assurer le salut du reste de Tarmée
(Mortier et Marmont).
Furieusement attaquée dans le village de Moutils par
6.000 Bavarois et vingt pièces de canon, elle eut la gloire
de repousser tous leurs assauts et profita des ténèbres de
la nuit pour courir à Provins, où elle entra même avant le
gros de la colonne. (( On revit avec joie ces mille braves
et leurs deux canons, car on les croyait assurément per-
dus (1) ». C'est dans cet héroïque combat que le sous-lieu-
tenant Trubert fut blessé à mort.
Echappant ainsi aux poursuites de l'ennemi, les ducs de
Raguse et de Trévise se dirigèrent en toute hâte sur Paris.
Malheureusement, les alliés arrivèrent en même temps
qu'eux sous les murs de la capitale.
Avec une armée d'à peine 24.000 hommes, les maré-
chaux Mortier et Marmont allaient avoir à lutter contre
plus de 150.000 coalisés.
(1) Ces renseignements sont empruntés au Journal des opérations du
6* corps, par le colonel Fabvier. (Archives du ministère de la guerre.)
244 HISTORIQUE
B6le do 1er bataillon da 15" pendant la campaf^ne
de 1814.
Avant de rappeler les gloires et les tristesses de la ba-
taille de Paris, recherchons les traces de notre i^^ batail-
lon, que nous savons figurer à la 1'® brigade de la 7® divi-
sion (Levai) (1).
Le il février, cette division reçoit Tordre de quitter
Provins pour se porter sur Montmirail. La retraite du duc
de Tarente Tempôche d'exécuter son mouvement.
Nous la retrouvons quelques jours plus tard, le 14, à
Etoges, où elle complète la victoire de Vauchamps en tom-
bant, au milieu de la nuit, sur les bivouacs de la division
russe Ourouzof , qu'elle culbute et taille en pièces.
Après ce beau fait d'armes, elle va rejoindre, près de
Bar-sur-Aube, le corps d'armée du maréchal Oudinot, qui
refoule de Wrède derrière l'Aube (26 février), au pont de:
Dolancourt.
Bataille de Bar-sur- Aabe (27 février 1814j.
Néanmoins le lendemain, 27, Schwartzemberg reprend
l'offensive. Le comte de Wrède doit attaquer Bar, tandis
que Wittgenstein s'efforcera de tourner notre gauche par
Arentières, Vernonfays, Arsonval. Vers 10 heures, le mou-
vement se dessine nettement. C'est alors que, pour parer
à ce danger, la division Levai opère un changement de
front par brigade et s'avance, par bataillons en masse, sur
les pentes de Vernonfays.
La journée commence par un succès. La brigade Mont-
fort bouscule les chasseurs russes et les rejette dans le
ravin deLévigny, pendant que la brigade Chassé débouche
sur le plateau de Vernonfays.
(1) Bien que cette division fût devenue la !'• du 1* corps (Oudinot),
bn continua longtemps à la désigner sous le nom de 7^ division. L»
brigade Pinoteau comprenait un bataillon du 66^, un du 15<^ et le 17^
léger.
Cette division était à Provins depuis le 7 février.
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 245
L'avantage nous semble assuré lorsqu'un retour offensif
du prince Gortchakoff refoule nos deux brigades dans le
bois de la « Tête-à-Cerf ».
Mais la brigade Pinoteau (15« de ligne), tenue jusque-là
en réserve, s'élance à leur secours et charge l'ennemi avec
un tel entrain qu'en un clin d'œil le combat est rétabli (1).
Malgré ce succès, il fallut céder au nombre et la division
Levai dut repasser l'Aube, au pont de Dolancourt, pour
gagner Vendeuvres et Magnifouchard. Le 1®' bataillon du
15® de ligne, qui avait si vaillamment lutté contre les
Russes de Gortchakoff, avait chèrement payé sa gloire.
Il comptait, à la fin de la bataille, 7 officiers blessés:
MM. le capitaine Lerouxeau; le lieutenant adjudant-major
Pelletier; les lieutenants Girault et Salviat; les sous*
lieutenants Bidard, Lecomte et Favart.
Le 2 mars, le duc de Reggio rejoignait à Troyes le duc
de Tarente (Macdonald) (2).
Deux jours après (le 4), la marche en avant du prince
Schwartzemberg nous obligeait à évacuer cette ville.
Ce fut au 7® corps (Oudinot) qu'incomba la mission de
protéger la retraite. Il le fit avec sa valeur ordinaire.
Le 6 mars, l'armée du duc de Tarente avait repassé la
Seine et s'échelonnait jusqu'à Provins.
Elle conserva pendant huit jours les mêmes positions.
Combat de Cormeron, près Provins (16 mars 1814).
■
Enfin, le 15, l'ennemi sembla vouloir nous attaquer. En
conséquence, la division Levai fut déployée au nord de
Provins, en arrière des villages de Léchelle et de Cor-
meron.
Le lendemain, les Russes enlèvent Cormeron; mais la
(1) Ces renseignements ont pour source les documents suivants :
1« Journal historique de la division Levai, par le général Maulmont ;
2* 1814, par Koch; 3"* Correspondance officielle (Archives delà guerre).
(2) Le maréchal Macdonald prit le commandement en chef des deux
corps d'armée ainsi réunis.
246 HISTORIQUE
l'« division (Levai) les déloge du village et se replie lente-
ment devant le prince de Wurtemberg, dont elle arrête la
poursuite (1).
Le 17, Macdonald prend position entre Cucharmoy et
Donnemarie. L'armée de Bohême ne tente rien contre
nous.
Les choses en sont encore là lorsque Schwartzemberg,
apprenant l'arrivée de l'empereur, disparaît subitement et
rétrograde vers TAube.
Napoléon, qui vient en effet d'amener 16.000 hommes au
duc de Tarente, lance toutes ses forces sur les traces de
l'armée de Bohème.
Malheureusement, Blûcher a pu opérer sa jonction avec
Schvyrartzemberg; de sorte que, le 21, on se heurte à toute
l'armée alliée, établie d'une façon formidable entre la
Barbuisseet l'Aube.
Défense d'Arcis-sar-Aube (21 mars 1814).
C'eût été une folie que d'aborder ces 100.000 coalisés. U
était donc urgent de reculer derrière l'Aube. Mais nous
n'avions qu'une seule ligne de retraite, le pont d'Arcis.
Le duc de Reggio fut, encore une fois, chargé de tenir
tète à l'ennemi pendant l'exécution de ce difficile mouve-
ment.
Après une belle résistance contre les trois colonnes du
prince royal de Wurtemberg, le maréchal Oudinot fut con-
traint de repasser la rivière (2).
Le lendemain, 22, le comte Giulay tenta de forcer le pont.
La brigade Maulmont, retranchée sur la rive gauche^
repoussa toutes ses attaques (3).
(1) On se souvient que la 7" division dont faisait partie le io" (1" ba-
taillon) était devenue 1'" division du T corps (Oudinot). C'est ce jour-là
que fut blessé le lieutenant Richard.
(2) Le général Levai fut blessé sur le pont, à six pas de l'ennemi. Le
général Maulmont eut un cheval tué sous lui.
(3) Le général Maulmont remplaçait le général baron Pinoteau, blessé,
le 27 février, à Bar-sur-Aube. Le lo'^ était donc sous ses ordres.
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 247
Cependant, Tempereur avait résolu de faire une auda-
cieuse démonstration sur les derrières deSchwartzemberg.
Le 7« corps le suivit dans la direction de Saint-Dizier et
de Vassy, continuellement harcelé par les coureurs alliés.
Le 29 mars, ce fut la division Levai qui délogea Tennemi
de Saint-Dizier, en lui faisant 3.000 prisonniers (1).
D'ailleurs, on ne s'attarda pas dans ces régions. Il fallait
en toute hâte reprendre la route de Paris, dont les nou-
velles s'aggravaient de jour en jour.
Le 5 avril, le duc de Reggio , arrivé à Fontainebleau,
apprenait l'abdication de l'empereur.
ROLE DU 4» BATAILLO.M OU 15» OURANT LA CAMPAGNE
OE 1814
Pendant que les l«i* et 3» bataillons du 15® de ligne ac-
complissaient si noblement leur tâche, qu'était devenu
le 4« ?
D'abord destiné à la 2® division de réserve, formée à
Paris, ce bataillon fut, plus tard, dirigé sur Troyes, où il
arriva le 27 janvier, pour être attaché à la brigade Veaux
du corps de flanqueurs commandé par le général Allix (2).
La colonne Allix avait été chargée de défendre la ligne
de l'Yonne.
Bataille de Sent (11 février 1814).
Le 11 février, elle était établie à Sens, lorsqu'elle fut
attaquée, vers 5 heures du matin, par toute l'avant-garde
autrichienne composée d'environ 10.000 hommes et de 15
pièces de canon. La lutte fut acharnée, mais, à 6 h. 1/2 du
(1) V. Journal historique de la division Levai, par le général Maul-
mont. •
(2) Ce corps comprenait quatre bataillons et un escadron, au total
1.450 hommes. Il devait avoir Auxorre pour centre d'opérations, .aûn de
couvrir le flanc droit des armées françaises.
248 HISTORIQUE
soir, la trahison d'un indigne citoyen permit aux alliés de
pénétrer dans la place (1).
Force nous fut d'évacuer la ville. Du moins la retraite se
fit-elle dans le plus grand ordre.
Les braves défenseurs de Sens se retirèrent sur Pont-
sur-Yonne, ne laissant aucun prisonnier aux mains de
Tennemi.
Le rapport du général Allix est fort élogieux pour Tin-
fanterie de la brigade Veaux, dont il se plaît à reconnaître
la brillante conduite dans ces périlleuses circonstances.
Le 4® bataillon du 15« de ligne, à qui revenait une partie
de la gloire de cette honorable défense, avait deux offlciers
hors de combat : le sous-lieutenant Soûlas, tué sur place,
et le sous-lieutenant Bailly, blessé.
Ce fut, d'ailleurs, le seul engagement sérieux auquel la
division Allix fut appelée à prendre part. Elle demeura
presque constamment immobilisée derrière ITonne, entre
Auxerre et Montereau, pour interdire aux Autrichiens
tout mouvement tournant de ce côté.
Elle s'y trouvait encore à la fin mars, au moment de la
crise finale de la campagne.
Pendant ce temps, le 6® bataillon se défendait dans Er-
furth (2), le 2® dans Strasbourg; quant auS®, il n'avait pas
quitté Brest (dépôt).
« (1) On aurait pu conserver la vHIe si quelqu'un n'avait indiqué à
Fennemi une entrée cachée, donnant accès dans le collège qui est adossé
au mur d'enceinte. Ces renseignements sont tirés de la Correspondance
officielle du ministère de la guerre (Correspondance dé Pajol et rap-
port du général Allix). Le pillage de Sens dura neuf jours, du 11 au ^
février, u «Suprême ironie ! En quittant cette ville, où il avait présidé
au pillage, le prince héritier de Wurtemberg, beau comme un jeune
dieu, réquisitionnait vingt-quatre paires de gants blancs. » (La France
en 1814, par Henri Houssaye.) •
(2) Nous avons dit plus haut que le chef do bataillon Chevallier,
commandant le 6* bataillon du 15% avait reçu un coup de feu au bras
droit, dans une sortie autour d'Erfurlh, le 9 avril 1814.
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 249
Bataille de Paris.
• •
En arrivant à Charenton, le 29 mars, ver^ midi, les ma-
réchaux Marmont et Mortier avaient reçu du roi Joseph
Tordre de prendre immédiatement leurs dispositions pour
disputer la capitale aux 150.000 alliés qui se ruaient sur
elle.
Le duc de Raguse devait défendre tout le secteur com-
pris entre la Marne, Ëelleville et Romainville(l).
 cet effet, dès le lendemain matin, la division Lagrange
était déployée à cheval sur la route de Belleville à Romain-
ville : la brigade Fournier à droite, la brigade Joubert
{lo® de ligne) à gauche. La division Ricard restait en
réserve, massée en colonnes derrière 1» butte des Tou-
relles.
Après avoir tout d*abord chassé Rajefsky du plateau de
Romainville et l'avoir repoussé jusque vers Pantin et
Noisy, les 1.200 hommes de Lagrange durent reculer
devant l'écrasante Supériorité numérique de l'ennemi; de
sorte qu'à midi, les troupes d'Helfreich et de Mezenzofï
reprenaient pied sur le plateau et s'emparaient de Ménil-
montant. Quelques bataillons russes parvenaient même à
tourner le parc des Bruyères.
Dans cet instant critique le maréchal Marmont n'hésite
pas à se mettre en personne à la tête de la brigade Clavel
et fond sur les grenadiers russes; mais, pris en flanc par
les chevaliers-gardes de Miloradowitch, il est décidément
obligé de rétrograder jusqu'à Belleyille.
C'est là que, ralliant les débris des divisions Lagrange,
Ricard et Padoue, il contient, avec une indomptable
énergie, tous les efforts des masses ennemies débouchant
sur lui.
(1) Les documents sur lesquels nous avons établi ce récit sont les sui-
vants : Thiers, Histoire de l'Empire; Mémoires de Marmont, livre XX;
Journal historique du 6* corps, par le colonel Fabvier ; Napoléon, par
Roger Peyre ; Correspondance générale (Archives historiques du mi-
nistère de la guerre).
250 HISTORIQUE
Cependant, dans la soirée, les grenadiers russes pénè-
trent, par le boulevard extérieur, entre Belleville et la
barrière de ce nom. Le duc de Raguse, comprenant l'im-
minence du danger, réunit à la hâte une centaine d'hom-
mes autour de' lui et, ayant à ses côtés les généraux PfeUe-
port et Meynadier, entraîne cette poignée de braves dans
une charge furieuse qui bouscule les tètes de colonnes des
alliés, les refoule dans la rue haute de Belleville et rétablit
ainsi le combat.
La brigade Joubert reprend alors sa première position
pour protéger le mouvement du reste de la division
Lagrange, qui organise une nouvelle ligne de résistance
dans les rues basses entourant la butte du Moulin.
Mais, comment lutter contre cette marée humaine qui
monte, qui se répand, qui envahit tous les faubourgs et se
glisse par toutes les issues?
La catastrophe est fatale.
L'admirable défense des maréchaux Mortier et Marmont
ne peut désormais conjurer ni la perte de la capitale, ni
l'écroulement de cet empire, devant lequel tremblaient^
naguère encore, tous lés peuples de l'Europe.
D'ailleurs, l'impératrice et le roi de Rome ont déjà
quitté Paris. Le roi Joseph ne tarde pas à les suivre, lais-
sant au duc de Raguse l'autorisation de capituler entre les
mains de l'empereur de Russie. ^
Ainsi devait se terminer à la lueur sinistre d'un désastre
cette glorieuse et magnifique campagne de d814.
La bataille de Paris était le soixante-septième engage-
ment du 6® corps, depuis le 1®^ janvier (1). Aussi que de
vides dans ses rangs I Le 3® bataillon du 15® de ligne, qui
comptait 340 hommes le 25 janvier, ne présentait plus, à
la date du 1®' avril, que 13 officiers et 30 hommes (2) (3).
(1) V. Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse.
(â) Situations du 25 janvier et du 1" avril (Archives de la guerre).
(3) D'après les conventions de l'armistice, le 3* bataillon du 15*
(6** corps) se retira d'abord à Essonne, puis à Rouen; le 1'' bataillon
(7* corps) à Villers-en-Brie, puis à Evreux; le 4« bataillon (division
Allix) à Sens, puis à Chartres ; le 6' bataillon, venant d'Erfurth, et le
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 251
Ces chiffres se passent de commentaires, ils affirment
assez que, si les alliés sont entrés dans la capitale, ce n'est
qu'en franchissant des monceaux de cadavres.
1815 (Gent-Jours : 20 mars- 22 juin).
L'épopée napoléonienne touche à sa fin.
En 1815, elle trouble encore une fois la paix du vieux
continent pour disparaître définitivement dans le sanglant
et glorieux épilogue de Waterloo.
Lorsqu'au mois de mars 1815, la nouvelle de l'auda-,
cieux retour de Tempereur retentit en France comme un
coup de foudre, le 15® régiment d'infanterie, qui tenait
alors garnison à Saint-Malo, reçut l'ordre de diriger deux
bataillons sur Paris; mais ce renfort dut s'arrêter à Alen-
çon, en apprenant l'arrivée de Napoléon aux Tuileries
(20 mars).
Comme on pouvait le prévoir, la guerre allait bientôt
recommencer.
Le régiment fut affecté au corps d'observation du comte
de Lobau (6® corps); c'est ce qui l'empêcha de prendre
part à la campagne de Belgique.
Au mois de septembre, le colonel Levavasseur était avec
son l«r bataillon à Brissac; le 2® occupait Erigné, tandis
que le 3® se trouvait à Nantes.
C'est là que fut licencié le 15« régiment d'infanterie, qui
ne survécut pas ainsi aux institutions de cet empire pour
lequel il n'avait marchandé son sang ni dans les enivre-
ments de la victoire, ni dans les heures sombres de la
défaite.
!2% parti de Strasbourg, ne rejoignirent qu'à la fin d'août les débris
des quatre autres, alors réunis à Brest.
D'ailleurs, dès le mois de juin, le régiment, qui avait reçu en incor-
poration le 140" de ligne et les dépôts des 1", 2" et 3' régiments «de
tirailleurs, avait été réorganisé à trois bataillons.
TROISIÈME PARTIE
Depuis la formation des légions départementales (1816)
jusqu'à nos jours.
LÉOION DU FINISTÈRE OU 27' 1.Ê0I0N ( I *' MARS 1 8 1 6-2S OCTOBRE 1 82 0)
16* RÉOIMCNT D'INFANTERIE DE UONE
DEPUIS LE 25 OCTOBRE 1 820 JUSQU'A NOS JOURS
TROISIEME PARTIE
Histoire du i5' régiment d'infanterie depuis la formation des légions
départementales (1816) Jusqu'à nos Jours. — L^égion du Finistère ou
27« légion (1" mars 1816-23 octobre 1820). — 15« régiment d'infante-
rie de ligne (depuis le 23 octobre 1820 Jusqu'à nos Jours).
Après le licenciement de l'ancienne armée impériale, il
fallut songer à réorganiser les forces du royaume sur de
nouvelles bases.
S'inspirant à la fois des plus vieux souvenirs de la mo-
narchie et du principe républicain du mélange des diffé-
rentes armes, le gouvernement, qui supprimait les régi-
ments, les remplaça par des légions, où devaient se
trouver, réunies en un seul corps, cavalerie, artillerie,
infanterie (1).
Chacune de ces légions fut constituée dans un départe-
ment dont elle prit le nom, et qui lui fournit exclusive-
ment son contingent. Les ofTiciers seuls étaient dispensés
de Tobligation d'appartenir à la région.
(1) Deux bataillons d'infanterie de ligne, un bataillon de chasseurs à
pied, trois cadres de compagnie de dépôt, une compagnie d'éclaireurs
à cheval (qui ne fut pas formée), une compagnie d'artillerie.
256 HISTORIQUE
Création de la lésion du Finistère
(1" mars 1816.)
Colonel DE LA FRUGLAYE
(11 octobre 1815).
Colonel DE RASCAS DE CHATEAUREDON
(25 décembre 1816).
C'est ainsi qu'en exécution de l'ordonnance royale du
3 août 1815 (1), de l'instruction ministérielle du 5 sep-
tembre et des lettres dé Son Excellence le Ministre de la
guerre, la légion du Finistère, portant le numéro 27, fut
formée à Quimper le 1^^ mars 1816, à l'effectif de 402
hommes (2), sous le commandement du comte de La Fru-
GLAYE, qui fut remplacé, le 25 décembre suivant (3), par le
baron de Rascas de Chateauredon.
Trois ans plus tard, la 27® légion fut enfin portée au
complet normal déterminé par l'ordonnance du 3 août
1815. L'opération se fit à l'aide de contingents fournis par
les classes 1816 et 1817. Cette réorganisation entraîna le
rétablissement de la musique.
Depuis la première formation (1816), le dépôt seul res-
tait à Quimper; les i^^ et 2® bataillons tenaient garnison
à Belle-Isle-en-Mer, tandis que le 3® était caserne à Port-
Louis.
Au mois d'octobre 1819, le 1®^ bataillon fut envoyé à
(1) Ordonnance fixant l'organisation de l'infanterie en légions dépar-
tementales.
(2) On ne forma à cette date qu'un seul bataillon. Le chiffre de 402
hommes était le complet déterminé, pour l'année 1816, par une décision
royale, certiflée, le 23 janvier 1816, par le Ministre de la guerre. Presque
tous les hommes provenaient de l'ancienne armée impériale licenciée.
Pour l'uniforme de cette légion, voyez l'appendice n» 1.
(3) Le colonel de La Fruglaye fut retraité, le 18 décembre 1816, avec
le grade honorifique de maréchal dé camp.
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 257
i « i I I ■
Dieppe, les deux autres au Havre, Ils n'y demeurèrent pas
longtemps, car, au mois de février 1820, les trois batail-
lons de la légion du Finistère vinrent se réunir à Valen-
ciennes. C'est là qu'ils apprirent la promulgation de l'or-
donnance royale du 23 octobre 1820, qui supprimait ces
corps hétérogènes et décrétait la reconstitution des régi-
ments.
La nouvelle organisation comportait soixante régiments
d'infauterie de ligne (1) et vingt régiments d'infanterie
légère.
Formation du 15® rë^lment d^nfanterie de limite
(25 décembre 18â0.)
Colonel baron DE RASGAS
D'après les ordres du Ministre de la guerre, le lieute-
nant général comte Barrois présida lui-même à la méta-
morphose de la 27o légion, qui devint dès lors 15® régiment
d'infanterie de ligne, ainsi qu'il appert du procès-verbal
signé à Valenciennes, le 25 décembre 1820 (2).
Un an plus tard (octobre 1821), le régiment fut dirigé
sur Givet (3), qu'il quitta au mois de mars 1822 pour re-
joindre son dépôt en formation à Paris.
(1) Les quarante premiers avaient trois bataillons; chacun de ces
trois bataillons comportait huit compagnies, dont deux d'élite et six de
fusiliers.
(2) V. Procès-verbal de formation (Archives de la guerre.)
(3) Le 15" arriva à Givet avec un effectif de 72 officiers et 1.208 hom-
mes. Il n'est pas sans intérêt de citer ici le cas du lieutenant Richard,
de la 27' légion, qui était entré au service dans la i^' demi-brigade,
avait conquis tous ses grades dans ce corps devenu 15' régiment d'in<
fanterie de ligne, et se trouvait encore faire partie de cette légion du
Finistère qui devait bientôt reprendre le nom de son ancien régiment.
En 1823 nous retrouvons cet officier capitaine adjudant-major au 15' ré-
giment d'infanterie de ligne.
Hist. 15« 17
258 HISTORIQUE
GUERRE D'ESPAGNE (1823) (i).
Le 15® régiment d'infanterie de ligne était encore en
garnison à Paris lorsque éclata la guerre d'Espagne.
L'anarchie la plus complète régnait alors dans ce .pays.
L'impopularité croissante de Ferdinand VII menaçait de
lui faire perdre encore une fois sa couronne.
La monarchie française, huit ans après sa restauration,
avait reconquis sa place dans les conseils de l'Europe;
elle voulait la reconquérir aussi sur les champs de bataille,
car elle avait hâte de rendre au drapeau blanc son prestige
évanoui.
Voilà pourquoi, le 28 janvier 1823, à l'ouverture de la
session législative, le discours du trône annonça « qu'une
armée de 100.000 hommes, commandée par un prince de
la famille royale, allait au secours du petit-fils d'Henri IV,
pour lui conserver sa couronne d'Espagne, préserver son
beau royaume de la ruine et le réconcilier avec l'Europe ».
» Ces paroles furent acclamées par la grande majorité
des pairs et des députés. Elles comblaient les vœux des
royalistes, qui n'auraient pas toléré plus longtemps que
le ministère abandonnât la cause de la légitimité (2). »
En, conséquence, le duc d'Angoulôme quitta Paris le
14 mars pour aller prendre le commandement de l'expé-
dition.
L'armée d'Espagne, qui se concentrait depuis un mois à
Bayonne, franchit la frontière le 7 avril 1823.
Le IS^ régiment d'infanterie (3), affecté à la 2® brigade
(1) Les renseignements sur cette campagne proviennent du Rapport
historique sur les mouvements opérés par le corps et les affaires aux-
quelles la troupe a pris part. (Arcliives historiques du ministère de la
guerre.)
(2) Ernest Daudet, Histoire de la Restauration, p. 297.
(3) Le régiment était parti de Paris le 31 janvier 1823 pour se rendre
à Bayonne, où il séjourna un mois. En passant à Limoges, le dépôt, com-
mandé par le major de La vit, reçut l'ordre d'y rester.
Le 15" entra en campagne avec un effectif do 66 officiers et 1.599 sous-
oificiers et soldats.
DU 15« RÉGIMENT D*1NFANTERIE 259
(maréchal de camp, baron d*Albignac) de la 2® division
(lieutenant-général comte Bourck) du 1®' corps d'armée
(maréchal Oudinot, duc de Reggio), fut, dès le premier
jour, chargé d'une mission spéciale. Après avoir traversé
la Bidassoa sur un pont de bateaux, il fut dirigé, avec 100
cavaliers du 1®' hussards, sur la ville de Passage pour en
déloger un parti ennemi. Mais la petite colonne n'eut pas
à combattre.
Les cloches des villages, en saluant de leurs joyeux ca-
rillons l'arrivée de nos troupes, donnèrent l'éveil aux cons-
titutionnels, qui s'embarquèrent à la hâte et s'éloignèrent
rapidement de la côte.
Le lendemain, 8 avril, le colonel deRascas, ayant appris
que quelques détachements espagnols parcouraient la
campagne et enlevaient le bétail pour approvisionner
Saint-Sébastien, envoya l'ordre à sa 1^® compagnie de vol-
tigeurs de donner la chasse à ces partisans et de les refou-
ler jusque sur la montagne qui domine la ville.
Le régiment suivait d'ailleurs la même direction. 11
parut, le 9 avril, à 8 heures du soir, devant la place de
Saint-Sébastien, y demeura jusqu'au 15, et fut, à cette
date, dirigé sur Vittôria.
Du reste, il ne devait y faire qu'une courte halte et se
porter rapidement sur Santander.
Ergonas (27 avril 1823).
Le 27 avril, à Ergonas, les voltigeurs du 15® (3® compa-
gnie et une partie de la 2®) se heurtent aux avant-postes
de la garnison de Santona ; ils les bousculent et les refoulent
jusqu'à l'arsenal de cette place, qui se trouve, dès lors, pri-
vée de toute communication avec les campagnes environ-
nantes.
La marche se continue ensuite sur Santander (1), où le
(i) Les pluies torrentielles du 30 avril avaient grossi plusieurs torrents
que les troupes durent passer à gué.
260 HISTORIQUE
régiment arrive le 1®' mai, pour en repartir, quatre jours
après, à destination de Burgos (3).
La division s'y trouvait concentrée. Le 21 mai, le général
comte Bourck fit, avec toutes ses forces, une démonstration
sur Léon; mais les troupes constitutionnelles qui gardaient
cette place se retirèrent à rapproche de la division fran-
çaise, qui séjourna dans la ville jusqu'au 20 juin.
C'est à cette époque (21 juin) que le régiment, réuni tout
entier à Casabajal de la Lena, reçut Tordre de poursuivre,
par la route d'Oviédo, le corps ennemi qui s'était jeté
dans les Asturies.
Combat de Pajarès (nuit du 22 au 23 Juin).
Le lendemain (22 juin), le 15«, établi à Pajarès, avait déta-
ché sa première compagnie de voltigeurs au village de
Flordaceos, situé à une lieue plus loin. Pendant la nuit,
cette compagnie d'avant-postes fut vivement, mais vaine-
ment attaquée par une reconnaissance espagnole. Celle-ci
dut battre en retraite devant l'énergique attitude de nos
voltigeurs.
Combats de Campomanès et Ponte de Hiero (23 juin).
Le combat de Flordaceos n'était que le prélude de la
rencontre générale qui devait avoir lieu dans la journée.
Tandis que le 2® bataillon, formant la colonne de gauche,
tourne et enlève la position de Campomanès, les deux
autres bataillons (i^^ et 2«) délogent l'ennemi de Ponte de
Hiero, malgré la résistance acharnée des défenseurs, qui
ont coupé la chaussée et barricadé le village (2).
La déroute des Espagnols est complète. C'est avec bien
(1) Arrive à Burgos le 13 mai et en part le 22 mai ; arrive à Léon le
5 Juin.
(2) Les forces ennemies, commandées par le général Palaréa, se com-
posaient de 1.600 hommes.
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 261
j I
de la peine que le général Palaréa parvient à rallier 300
bommes, avec lesquels il ^s'enfonce dans la Galice.
Ce beau lait d'armes, tout à Thonneur du régiment, est
mentionné dans le Bulletin du 30 juin. Le même document
mentionne également les noms des militaires du corps qui
se sont le plus particulièrement distingués ce jour-là. Nous
nous ferions un scrupule d'en omettre la liste :
C'est d'abord le lieutenant-colonel baron de Montchoisy ;
puis les capitaines Allain, Cousin et Balza; les sergents-
majors Chevalier et Pages (1); les sergents Revoale, Le-
PEULE, Saunier, Amiot ; le caporal Favier ; enfin, le gre-
nadier Masson.
Rien ne s'opposait plus à notre marche sur Oviédo : le
15® arriva dans cette ville le 27 juin. Toutefois, dès le 5
juillet, le régiment se remettait en marche avec la colonne
mobile du maréchal de camp baron Hubert pour faire une
expédition en Galice.
Lorsque les défenseurs du Ferrol apprirent l'approche
de cette colonne, ils renoncèrent à toute résistance et s'em-
pressèrent de capituler.
Le 15® fit son entrée dans la place le* 15 juillet. Il y de-
meura, pendant tout le siège de la Corogne, pour surveiller
la côte et empêcher toute communication par mer avec
cette ville.
Cependant, la garnison ayant mis bas les armes dans les
premiers jours de septembre, le régiment vint rejoindre, à
la Corogne, le reste de la division (10 septembre).
Quelque temps après, le général comte Bourck recevait
l'ordre de quitter la Galice pour aller assiéger Ciudad-
Rodrigo. En route, par suite d'instructions nouvelles, la
2e division dut modifier son itinéraire et se diriger sur
Madrid, où elle arriva le 22 octobre (2).
(1) François P>gès, né dans l'Aveyron, cité dans ce Bulletin n» 17 pour
sa belle conduite à Campomanès (^ juin), fut nommé sous-licutcnant
au corps le 25 novembre 1823.
(2) Le régiment se portait à Ciudad-Rodrigo par Astorga, Zamora,
Salamanca. A Baccara (2 lieues de Ciudad-Rodrigo), il reçoit Tordre
de reprendre la route de Salamanca (7 octobre) . Il séjourne à Ségovie
262 HISTORIQUE
Pendant son séjour dans la capitale, le 15«, qui avait été
affecté à la division du lieutenant général baron Ordonneau,
fut chargé d'escorter le roi Ferdinand VIT à Tolède, à Aran-
juez et à Sacédon (1).
Lorsque, au mois de septembre 1824, la division de Ma-
drid fut rappelée en France, le régiment fut envoyé à
Cadix (2) pour renforcer la 3® brigade (3) de la division
Foissac-Latour.
Rentrée en France (1828).
En 1828, le corps d'occupation devait être rapatrié. Le
15® partit de Cadix avec la 2® colonne de marche, le 23 sep-
tembre, se dirigeant sur Bayonne, puis sur Nantes, où il
réjoignit son dépôt le 20 décembre, après quatre-vingt-
neuf jours de marche (4).
Bien que cette expédition d'Espagne n'ait pas été meur-
trière, elle fut cependant très pénible ; mais nos troupes
donnèrent, en toute occasion, l'exemple de l'énergie, du
courage et de la plus exacte discipline.
les 16 et 17 et gagne ensuite Madrid. A partir du 15 novembre 1823» le
15° fait partie du corps d'occupation.
(1) Le 5 mars 1824, le cadre du 2« bataillon désigné par le sort pour
rentrer en France, partit de Madrid.pour se rendre à Auch, où le dép^t,
venu de Limoges, resta jusqu'au 6 décembre de la même année et fut
ensuite envoyé au Château (île d'Oléron).
(2) Le régiment, parti de Madrid le 7 septembre, arrive à Cadii le 7
octobre.
(3) Commandée par le maréchal de camp Mouton. L'année suivante le
lieutenant général Gudin remplaça le lieutenant général Foissac-Latour.
(4) Le 22 mars 1827, le 2 bataillon et le dép^t avaient reçu l'ordre de
quitter l'Ile d'Oléron pour se rendre à Pérîgueux, où ils arrivèrent le 31
mars. Ils se remirent en marche le 24 mai de la même année à desti-
nation de Nantes, où ils arrivèrent le 6 juin.
DU 15® RÉGIMENT d' INFANTERIE 263
CONQUÊTE D'ALGER
Une question bien autrement brûlante préoccupait alors
tous les esprits sérieux, reléguant au second plan les
incessantes discussions auxquelles donnaient lieu, depuis
déjà deux ans, les affaires algériennes (1). *
Après avoir gravement outragé notre consul, M. Deval
(avril 1827), le dey d'Alger, Hussein, venait de mettre le
comble à Tinsulte en faisant canonner, au mépris du droit
des gens, le vaisseau la Provence, emportant, sous pavil-
lon parlementaire, le contre-amiral de la Bretonnière, qui
venait de faire une dernière mais infructueuse tentative
de conciliation.
En présence de tels événements, toute hésitation dis-
parut. Il s'agissait de venger Tinjure faite à la France. Le
gouvernement royal résolut d'agir directement par ses
armes, sans faire appel à aucun secours étranger (2). A la
fin de janvier 1830, l'expédition était décidée. Les prépa-
ratifs en furent poussés avec la plus grande activité.
(1) Nous avons puisé, pour cette campagne, aux sources suivantes :
1<* Journal historique du corps (pour cette campagne), rapports; 2* His-
toire manuscrite de cette expédition (auteur anonyme), conservée aux
Archives historiques de la guerre, ouvrage presque entièrement repro-
duit dans la Conquête d* Alger, de Camille Rousset ; 3» Conquête d'Alger,
par Alfred Nettement ; 4» Histoire de la Restauration, par E. Daudet ;
5» Histoire de la Restauration, par E. Hamel ; 6» Journal d'un officier
supérieur de la 2« division de l'armée d'Afrique; 7» Journal d'un offi*
cierde l'armée d'Afrique (Desprez).
(2) L'Angleterre voyait avec jalousie la France entreprendre cette
expédition. Dans un entretien entre l'ambassadeur d'Angleterre, lord
Stuart, et le baron d'Haussez, l'ambassadeur ayant donné à entendre
que son gouvernement pourrait s'opposer à notre expédition, le minis-
tre français s'emporta et lui répondit :
(( Mylord, la France se f.... de l'Angleterre! » Enfin, lord Aberdeen,
qui s'était fait, auprès du duc de Laval, l'interprète de ces griefs, reçut
de lui cette fière réponse :
« J'ignore, mylord, ce que vous pouvez espérer de la générosité delà
France, mais ce que Je sais, c'est que vous n'obtiendrez jamais rien par
les menaces. »
Le Grande Bretagne se le tint pour dit.
264 HISTORIQUE
L*arinée, composée de 37,000 hommes et de 4.000 che-
vaux, comprenait trois divisions commandées parles lieu-
tenants généraux baron Berthezène, comte de Loverdo, et
duc des Gars. Chaque division était à trois brigades.
Le commandement en chef fut donné au général de Bour-
mont, ministre de la guerre. M. de Bourmont n'avait pas
sollicité cet honneur, ce fut Charles X qui le lui offrit; il
Taccepta avec la reconnaissance d'un soldat qui espérait
racheter, par un triomphe militaire, Timpopularité atta-
chée à son nom.
« L'histoire, qui, dans le passé, avait été sévère pour ce
général, doit à sa mémoire de rappeler que, dans l'expédi-
tion d'Alger, il se couvrit de gloire, révéla d'incontesta-
bles qualités militaires et de patriotiques vertus, (^ui ne
faillirent pas, môme le jour où il eut la douleur de voir
l'un de s^s fils mortellement blessé à ses côtés (1). »
Le 10 mai, le commandant en chef adressait à ses trou-
pes une proclamation chaleureuse :
« Soldats, l'insulte faite au pavillon français vous appelle
au delà des mers. C'est pour le venger qu'au signal donné
du haut du trône vous avez tous brûlé de courir aux ar-
mes....
» Les nations civilisées des deux mondes ont les yeux
fixés sur vous; leurs vœux vous accompagnent.
» La cause de la France est celle de l'humanité.
» Montrez-vous dignes de votre noble mission. »
Ils le furent en effet.
Colonel Anatole MANGIN
(28 mars 1830).
Les deux bataillons de guerre (2) du 15® régiment d'in-
(1) Histoire de la Restauration, par Ernest Daudet, p. 421.
(2) Le lieutenant général comte d'Espinois, présida lui-même à l'or-
ganisation de ces deux bataillons de guerre. « Le choix des régiments des-
tinés à passer en Afrique n'eut rien d'arbitraire, dit Camille Roussel ;
Les services rendus en Espagne et en Morée, les qualités acquises et
prouvées dans les camps d'instruction furent les titres les plus sérieux
à la préférence du ministre. »
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 266
■ ' ' li n . , , ,
fanterie avaient quitté Nantes les 26 et 27 mars, à l'effectif
de 61 officiers et 1.450 hommes. Ils passèrent à Lyon les 20
et 21 avril. C'est là que le colonel de Rascas reçut Tordre
de rentrer dans ses foyers pour y attendre la fixation de sa
retraite. Il fut remplacé, dans son commandement, par le
colonel Mangin.
Arrivé à Toulon le 13 mai, le régiment s'embarqua le
même jour. 11 fut réparti sur le Trident, la Guerrière, la
Didon et VHerminie (1).
Le 15ô était affecté à la brigade Monck d'Uzer de la divi-
sion Loverdo (2® division) (2).
Retenue par des vents contraires, la flotte ne mit à la
voile que le 25 mai.
« La rade de Toulon offrit, ce jour-là, un spectacle ad-
mirable : ces centaines de navires, les uniformes, l'éclat des
armes, les clameurs enthousiastes de la population grou-
pée sur le port, le mouvement d'une armée qui s'ébranle,
et le ciel méridional sur une mer vermeille, tel fut le ma-
gique décor que les habitants de Toulon purent contem-
pler (3). »
Dispersée d'abord par une bourrasque, l'escadre jeta
Tancre, le 13 juin, dans la baîe de Sidi-Ferruch, à 5 lieues
d'Alger.
Le vice-amiral Duperré s'était fort exagéré les difficultés
du débarquement des troupes. Son habileté pratique les
surmonta si bien qu'en moins d'une demi-journée tout fut
terminé.
Le mouvement commença, dès 4 heures du matin, par
la division Berthezène, bientôt suivie de la division Lo-
verdo.
(1) Le Tridenty commandé par lamiral de Rosamel; la Didon, par
le capitaine de Villeneuve-Bargemont ; la Guerrière^ par le capltâii^e
Rabaudy.
(2) Chaque division comprenait trois brigades. La division Loverdo se
composait ainsi : 1'" brigade, maréchal de camp Monck d'Uzer; 2" bri-
gade, maréchal de camp de Damrémont; 3' brigade, maréchal de camp
Collomb d' Arcine. La flotte et la flottille de débarquement comprenaient
124 bâtiments.
' (3) Histoire de la Restauration par E. Daudet, page 423.
266 HISTORIQUE
Combat de Sidi-Ferruoh (14 Juin 1830).
Vers 5 heures, les premiers coups de fusil se font enten-
dre. Ce sont les Arabes embusqués dans les broussailles
qui nous envoient quelques balles et disparaissent.
Peu d'instants après, un combat d'artillerie s'engage
entre une batterie turque (1) et les douze pièces de mon-
tagne que notre infanterie a traînées à bras.
Le général de Kourmont vient de prendre lerre à la
pointe de Torre-Chica ; il donne immédiatement l'ordre
au général Berthezène de se porter sur la batterie enne-
mie.
Sans se laisser intimider par les charges furieuses de
5 ou 600 cavaliers arabes, au teint fauve, aux vêtements
flottants, galopant et hurlant, debout sur leurs étriers, et
faisant feu sans ralentir l'allure de leurs chevaux, nos co-
lonnes gravissent résolument, baïonnette au canon, les
pentes du mamelon, que les canonniers turcs se hâtent
d'abandonner pour s'enfuir en désordre vers le plateau de
Staouëli (2).
Cette manœuvre dégarnissait notre flanc gauche ; aussi,
vers 10 heures, la brigade Monck d'Uzer fut-elle dirigée
de ce côté pour surveiller la plage de l'est, pendant que la
brigade d'Arcine gardait l'artillerie.
Le 15® couvrait sa marche d'un rideau d'éclaireurs fournis
par les compagnies d'élite. Bien qu'il n'y eût pas d'attaque
sérieuse de ce côté, quelques balles ennemies firent des
victimes dans nos rangs ; c'est ainsi que furent blessés les
grenadiers Bourlés et Lionzou, le voltigeur Dolonais et le
fusilier Rivière (3).
(1) Cette batterie se composait de pièces de gros calibre et de mortiers
disposés sur un mamelon distant d'environ 1.200 mètres de la plage.
(2) Détails empruntés à l'ouvrage de Camille Rousset et à l'histoire
manuscrite (anonyme) conservée au ministère de la guerre et dont s'est
inspiré l'auteur de la Conquête de l'Algérie,
(3) Nous avons relevé le nom de ces quatre blessés sur les registres
matricules du corps.
DU 15® RÉQIMENT d'iNFANTERIE 267
Cependant, les Arabes ayant disparu, la division Lo-
verdo vint rejoindre, en avant de la position conquise, les
deux brigades du général Berthezène.
Tel fut notre premier succès sur cette terre d'Afrique,
où notre armée aura l'éternel honneur d'avoir planté, avec
le drapeau de la France, le premier jalon de la civilisation
moderne.
Dans l'après-midi, la 3® division, qui avait aussi achevé
son débarquement, s'installa dans la presqu'île môme,
tandis que les deux premières établissaient leurs bivouacs
sur les emplacements qu'elles occupaient depuis la retraite
de l'ennemi, c'est-à-dire à plus d'un kilomètre vers le
sud-est.
Le 15® de ligne disposa ses tentes à l'extrôme droite
de la ligne française. »
Jusqu'au 18 juin, la campagne consista en une longue
série d'escarmouches entre nos soldats et les cavaliers ara-
bes, qui se jetaient à tout instant sur les avant-postes (1).
Beau trait du sergent Philip, du 16e de ligne.
« Dans la journée du 18, dit Camille Rousset, de gros
nuages de poussière signalèrent l'arrivée de fortes colon-
nes mêlées de cavaliers et de fantassins. Vers le soir, cinq
Arabes se présentèrent aux avant-postes du régiment (2).
Le principal d'entre eux était le cheik de la tribu des
Beni-Mediah (3). On lui envoya un interprète. »
Mais, comme ces indigènes ne semblaient pas oser s'ap-
procher, le sergent Philip, de la 6® compagnie du 1®' ba-
taillon du 15® de ligne, s'offrit en otage et vainquit ainsi la
défiance des Arabes.
(1) Le 15 Juin Fadjudant Merveilleux, ^u 15^ reçut dans une de ces
attaques un coup de feu au Jarret gauche qui lui coupa l'artère. Il fut
décoré de la Légion d'honneur le 27 décembre suivant.
(2) Camille Rousset écrit : « aux avant-postes du 15() ».
(3) Le cheik des Beni-Mediah, accompagné de son fils et de trois ca-
valiers arabes. (Journal d'un ojfficier supérieur de la 2^ division de Var-
mée d'Afrique.)
268 HISTORIQUE
Ceux-ci se dirent envoyés par leur tribu pour traiter
avec les Français et promettaient de se retirer dans la mon-
tagne si nous prenions l'engagement de respecter leur reli-
gion, leurs femmes et leurs troupeaux.
Le dévouement du sergent Philip est d'autant plus mé-
ritoire qu'il avait tout à craindre d'ennemis aussi bar-
bares.
Ce cheik et ses compagnons ne firent d'ailleurs aucune
difficulté pour donner au général de Loverdo les rensei-
gnements les plus précis sur les dispositions des Turcs (1).
. L'agha Ibrahim, dirent-ils, venait d'appeler au camp de
Staouêli 5.000 janissaires, autant de Coulouglis, 10.000
Maures d'Alger, 30.000 Arabes des beys de Tittery, de
€onstantine et d'Oran, enfin 8 ou 10.000 Kabyles.
On n'allait pas tarder, à s'en apercevoir.
Bataille de Staouêli (i9 juin 1830).
Les positions prises, dès le 14, par les divisions Berthe-
2ène et Loverdo n'avaient pas été sensiblement modifiées.
Le 15® de ligne, toujours à l'extrême droite, se reliait à
gauche avec le 48®. Cette brigade, placée dans un coude de
l'oued Bridja, se trouvait couverte sur son front et son
flanc par le ravin au fond duquel coule ce ruisseau. Mais
un espace d'environ 800 mètres restait accessible à l'en-
nemi, entre les bivouacs du 15® et la mer. On le fit heureu-
sement garder par une batterie de montagne (2).
Le 19 juin, dès l'aube, les Arabes, profitant d'un épais
brouillard, se rapprochent lentement de nos positions. A
3 heures du matin, quelques coups de feu retentissent du
(1) On put constater le lendemain l'exactitude de ces renseignements.
Tous ces faits sont relatés dans l'excellent ouvrage, manuscrit et
anonyme, sur la. conquête d'Alger, qui est conservé aux archives liis-
toriques du ministère de la guerre.
(2) Cette batterie de montagne était commandée par le capitaine
Lelièvre.
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 26^
côté de la brigade d'Uzer (15« et 48«). La fusillade s'anime
rapidement et s'étend bientôt sur toute la ligne des avant-
postes.
Pendant que les tirailleurs ennemis attirent ainsi notre
attention, Tagha charge deux fortes colonnes de sur-
prendre et de tourner nos deux ailes.
En effet, vers 5 heures, le brouillard commence à tomber
et Ton peut apercevoir sur les pentes des hauteurs voi-
sines une nuée d'ennemis qui s'avance rapidement contre
notre droite. Ce sont les troupes du bey de Constantine.
Cette colonne, laissant 2 à 3.000 hommes aux prises
avec la brigade Damrémont, se jette résolument sur la
brigade Monck d'Uzer, que l'absence de la brigade d'Arcine
laisse sans appui (1).
En un instant, les Kabyles, escaladant les escarpements
du ravin, se dressent devant le front du 48«, pendant que
les janissaires et les Arabes, bravant le feu de notre artil-
lerie, cherchent à tourner la droite du 15® et à s'emparer
de la batterie de montagne. Dans ce danger pressant, le
colonel Mangin réunit à la hâte deux compagnies du 45® et
du 48®, qui se ruent à la baïonnette sur les masses enne-
mies à peine arrêtées par une dernière salve à mitraille de
nos canons (2).
L'attaque est menée avec un tel entrain qu'en un clin
d'oeil les soldats du bey sont culbutés dans le ravin et re-
jetés au delà de l'oued Bridja.
Mais les Arabes se rallient sur le plateau en avant de la
kouba de Staouêli. Le général de Loverdo envoie immé-
diatement l'ordre aux colonels Mangin (15®) et Leridan
(48®) de les débusquer de cette position. A 9 heures, le 15®
(1) La 3» brigade (Collomb d'Arcine) de la division Loverdo avait été
envoyée en réserve générale derrière la gauche de la division Berthe-
zène, que l'on croyait devoir supporter les plus grands efforts de l'en-
nemi.
(2) Les compagnies du 48* sont commandées par le commandant
Blanchard-Duval, celles du 15» par le commandant Allain. Ces deux
colonnes sont commandées par le colonel Mangin, du 15*.
270 HISTORIQUE
elle 48<) ont accompli leur tâche; les indigènes sont obligés
de nous abandonner le terrain.
La division Loverdo s'arrête sur place, attendant vaine-
ment des ordres.
C'est que, pendant ce temps, Tagha Ibrahim, à la tête
des meilleures troupes de la Régence, livre un combat ter-
rible à notre extrême gauche.
La brigade Clouet n'est sauvée que par l'énergique et
intelligente intervention du général Collomb d'Arcine, qui
rétablit le combat et entraine toute la division Bertbezène
à reprendre une vigoureuse offensive (i).
Enfin, vers 10 heures, le général de Bourmont fait pré-
venir le comte de Loverdo qu'on va attaquer les batteries
et le camp ennemis et lui prescrit de se conformer .au
mouvement général en exécutant une grande conversion
à gauche.
Les deux brigades s'ébranlent en colonnes par division,
à distance de peloton. Mais la brigade d'Uzer, qui se trouve
à l'aile marchante, a beaucoup de peine à suivre, étant
obligée d'emmener avec elle les obusiers de montagne,
qu'il faut faire traîner par des hommes, à la bricole, faute
de chevaux (2).
Le 48® et le 13® longent, l'un la rive droite, l'autre la
rive gauche du ruisseau encaissé descendant des hauteurs
de Sidi-Khalef. Le colonel Mangîn couvre son flanc droit
à l'aide de ses compagnies de voltigeurs.
On arrive ainsi, après mille difficultés, à gagner une posi-
(1) Le 28% débordé de toutes parts, allait être écrasé lorsque le gé-
néral d'Arcine, sans attendre d'ordre, comprenant, malgré la brume
qui cachait ce spectacle, qu'une lutte terrible se livrait de ce côté,
court au colonel du 29-, lui donne l'ordre do marcher avec tout son
monde et, sans plus attendre, enlevant au pas de course les voltigeurs
du 1^' bataillon, il les guide lui-même, au galop de son cheval, vers le
lieu du combat et dégage le 28«, à bout de forces. (L'auteur de cet his-
torique s'honore d'être le petit-neveu du général comte Collomb d'Ar«
cine.)
(2) Les pièces et les affûts, démontés, sont .traînés à la bricole; les
caisses de munitions sont portées à dos d'homme.
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 271
tîon avantageuse, sur la gauche du camp de Staouéli, dont
le général en chef conduit l'attaque en personne.
Nos obusiers ouvrent alors le feu et, bientôt après, nous
sommes complètement maîtres du terrain. Vers midi ,
Tarmée de Tagha, en pleine déroute, s'enfuit en désordre
dans la direction d'Alger, laissant derrière elle son camp
rempli de richesses et de munitions.
Il faut dire à l'honneur de nos soldats que, dans la prise
du camp de Staouéli, on n'eut à regretter aucun acte de
pillage. Lorsque le comte de Bourmont vint le visiter, il
y trouva tout ce qu'avaient abandonné les vaincus, tout ce
qu'avaient respecté les vainqueurs.
Cette belle victoire, qui décida, pour ainsi dire, du succès
de l'expédition, eut d'ailleurs des résultats immédiats, qui,
pour être plus prosaïques, n'en furent pas moins goûtés.
« Depuis un mois, les troupes n'avaient mangé que de
la viande salée. Le soir de la bataille, chaque compagnie
reçut deux moutons, du riz, du café, dépouilles opimes de
l'ennemi. On célébra joyeusement la victoire, on but aux
succès futurs, et, le lendemain, quand l'ordre du jour
adressé à l'armée par le général en chef fut lu devant les
régiments, ils applaudirent particulièrement ce passage :
(( La milice turque avait cru qu'il était aussi facile de
» nous vaincre que de nous outrager ; une entière défaite
» l'a désabusée; c'est désormais dans l'enceinte d'Alger
» que nous aurons à combattre (1). »
La belle conduite du colonel Mangin (2) avait été très
remarquée. 11 eut l'honneur d'être cité, avec le lieutenant
Lévêque, dans le bulletin du comte de Bourmont. 11 en
attribua d'ailleurs tout le mérite à son brave régiment.
« Le colonel du 15®, écrit-il dans son rapport, se loue
particulièrement de la manière dont MM. les capitaines
LoDOYER et BissoN ont dirigé leurs compagnies de volti-
geurs; ils ont été dignement secondés par leurs officiers
(1) Camille Roussel, Conquête d* Alger.
(2) L'état-major du 15« comprenait le colonel Mangin, le lieutenant-
colonel DuRis, les chefs de bataillon Laurent et Allain.
272 HISTORIQUE
et, notamment, par MM. Lévêque et Ducos de la Hitte
Chacun a fait son devoir. Cependant, au milieu de tant de
braves, le voltigeur Sauvage a trouvé moyen de faire re-
marquer son intrépidité. Il a tué de sa main plusieurs
ennemis et, déjà dans une affaire précédente, il avait eu
Toccasion de se distinguer. Le voltigeur Noaillac, les fusi-
liers BoDiLis et GuiBON méritent aussi d'être cités : quoi-
que blessés, ils n'ont pas cessé de combattre et de donner
l'exemple du courage et du dévouement (1). »
Le régiment s'était en effet montré digne de son intré-
pide colonel, et s'il n'eut qu'une cinquantaine d'hommes
hors de combat, c'est qu'en dehors de l'attaque furieuse
du matin, les Arabes, démoralisés, reculèrent constamment
devant nous et n'entretinrent plus la lutte que par une
fusillade à longue portée assez mal ajustée (2).
La nouvelle de la bataille de Staouëli jeta l'épouvante
dans Alger. Hussein Dey était terrifié. Il redoutait de voir
apparaître les vainqueurs aux portes de la ville, protégées
seulement par le fort l'Empereur (Sultan Kalassi), vieille
construction du XI v® siècle qu'il jugeait, il est vrai, im-
prenable.
L'armée française et son chef n'avaient effectivement qu'un
désir, ôelui de se porter, le plus vite possible, sur Alger;
mais il fallut attendre, sur le théâtre de la victoire, les
chevaux, l'artillerie de siège, les vivres et les munitions,
dont le débarquement avait été jusque-là rendu impos-
sible par de violentes tempêtes.
Quoi qu'il en soit, deux brigades par division furent
chargées d'occuper les hautes croupes de la Bouzaréah et
tout le massif montagneux qui domine Alger et Fort-l'Em-
pereur.
Quant à la brigade Monck d'Uzer (15® et 48®), elle reçut
(1) Rapport du colonel Mangin.
(2) Sur les 533 hommes hors de combat du côté des Français, le i^* en
avait 40, presque tous voltigeurs ou grenadiers, et 2 caporaux (Duten
et Destephen), ainsi qu'un sergent (Labarbe). Nous avons relevé ces
tioms sur les registres matricules du corps (Archives administratives
de la guerre).
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 273
■ » » ■ Il I 'I ■
l'ordre (25 juin) d'aller garder le camp retranché de Sidl
Ferruch (1).
Cependant, Tennemi, revenu de sa première stupeur,
devint plus entreprenant. Chaque jour il fallut combat-
tre (2).
Enfin, le i^^ juillet, le comte de Bourmont prescrivit aux
15® et 48® de ligne de rejoindre le reste de la division
Loverdo, pour prendre part aux travaux de siège.
Le général Monck d'Uzer établit sa brigade en avant du
consulat de Hollande (3).
Prise de Fort-PEmpereur (4 juillet 1330).
Dans la soirée du 3, les troupes furent averties qu'à la
pointe du jour une fusée, tirée du quartier général, signi-
fierait aux batteries l'ordre de commencer le feu toutes
ensemble.
Or, voici que, vers 3 heures du matin, des bruits de
combat éclatent au milieu de la ligne. Ce sont les Turcs
qui tentent une surprise sur la batterie du Dauphin. Heu-
reusement, l'éveil est donné par les canonniers et les gar-
des de tranchée. On se bat déjà corps à corps sur le para-
pet, lorsque le lieutenant Perrier, arrivant avec un piquet
du 15®, fond sur l'ennemi à la baïoiinette, le culbute et le
poursuit à coups de fusil jusqu'au fort (4).
(1) De son côté, la brigade Collomb d'Arcine était préposée à la
garde du camp de Staouëli, de sorte que les trois brigades de la divi-
sion Loverdo se trouvèrent séparées.
(2) Au combat de Sidi Khalef, le lieutenant Amédée de Bourmont
tomba frappé à mort d'une balle en pleine poitrine et succomba quel-
ques Jours après (le 7 juillet). C'était le second des quatre ûls qui avaient
suivi leur père dans cette expédition.
(3) Ces renseignements proviennent du Journal historique du corps
de cette campagne. A partir du 3, chaque régiment envoya un certain
nombre de travailleurs et de gardes à la tranchée, en proportion de son
effectif. Le 3, le colonel Mangin releva le colonel du ^9^ à la tranchée.
(4) Le Journal historique du corps mentionne le sang-froid et la belle
conduite du lieutenant Yves Perrier dans cette affaire. Il existait un
autre lieutenant du 15' qui s'appelait Auguste Perrier.
Hist. 15* 18
274 HISTORIQUE
La lutte avait été tellement acharnée que notre petit
détachement comptait 6 hommes hors de combat, dont 3
tués sur place.
Une journée si bien commencée devait finir encore
mieux.
En effet, toute Tarmée salua de ses joyeuses clameurs
la diane matinale, battue par le canon.
La véritable partie se jouait entre Tartillerie de terre et
la vieille forteresse de Sultan Kalassi (fort TEmpereur).
Pourtant, à 10 heures du matin, le château demeura
silencieux. On allait le battre en brèche, lorsque, tout à
coup, une flamme jaillit, une puissante détonation secoua
la terre, puis on ne vit plus rien. Enfin, au-dessous du
nuage de fumée noire qui continuait à s'élever et à s'éten-
dre, on commença d'apercevoir le fort l'Empereur ruiné
par l'explosion de son magasin à poudre (i).
La brigade Monck d'Uzer se trouvait, à ce moment, en
arrière de la batterie du Roi.
Le colonel Mangin, du 15®, et le capitaine d'état-major
Conrad se précipitèrent aussitôt hors des tranchées et
entrèrent les premiers dans les débris fumants du fort (2).
Le principal point d'appui de la défense était anéanti.
Reddition d'Alger (4 Juillet 1830). ~ Nom inscrit
sur le drapeau.
Pendant que l'artillerie française achevait la victoire en
éteignant le feu du fort Bab-Azoum, Hussein-Dey tentait
(1) Le khaznadj avait pris la réjsolution viotente d'enlever à Fassié-
géant le prix de sa victoire en ne lui laissant que des ruines.
(2) Ces renseignements sont tirés de Thistorique de la campagne, du
Journal d*un officier supérieur de la 2* division de l'armée d'Afrique,
de la Conquête d'Alger, par Nettement, de celle de Camille Roussct, du
Journal d'un officier de l'armée d'Afrique (Desprez) et de l'histoire
manuscrite, conservée aux archives historiques do la guerre. <( Un
artilleur, en entrant dans le fort, enleva sa chemise, la hissa au som-
met d'un dattier resté debout dans le fort, improvisant ainsi on dra-
peau qui apprit à l'armée et à la flotte que Sultan-Kalassi était en
notre possession. » {Histoire de la Restauration, par E. Hamel.)
DU 18® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 275
vainement de négocier. Enfin, à 3 heures du soir, se sentant
définitivement vaincu, il se rendait à discrétion(l).
Le lendemain, à midi, les portes de la ville s'ouvraient
devant notre armée triomphante, et, à 2 heures, le drapeau
de la France flottait sur le palais du dey.
« Les richesses trouvées dans la kasbah compensaient
au delà les frais de l'expédition. La nouvelle de cet écla-
tant succès causa en France une joie universelle. Il n'en
pouvait être autrement dans un pays où, plus que partout
ailleurs, on est sensible à la gloire des armes (2). ))
D'abord campé près de la kasbah, le régiment fut bien-
tôt caserne dans la ville (25 juillet). Cinq compagnies du
2® bataillon occupèrent le fort Bab-Azoum.
Le 15® conserva ses positions jusqu'au 10 novembre.
Pendant ce temps, de graves événements se passaient en
France. Le roi Charles X, obligé de se retirer en Angleterre,
avait pour successeur le duc d'Orléans, appelé au trône
parles deux Chambres, sous le titre de Louis-Philippe l^^,
roi des Français (2-9 août 1830).
Le 2 septembre, le vaisseau de guerre VAlgésiras débar-
quait à Alger le général Clausel, désigné par le nouveau
gouvernement pour remplacer le maréchal de Bourmont
à la tête de l'armée d'Afrique (3).
Le lendemain, l'ancien commandant en chef s'embar-
quait, avec deux de ses fils, sur un petit bâtiment autri-
chien, à destination de Malaga (4), quittant pour toujours
(1) Le régiment ne ût ce Jour-là que des pertes insignifiantes. Nous
n'avons pu relever sur les contrôles que les noms suivants d'hommes
mis hors de combat du 3 au 4 janvier 1830 : caporal Priou ; voltigeurs
Legall et Taquet; fusiliers Métain, Furaud, Bourdil, Mengelle,
Bernard, Bonneau, Choloux, Neveu et Lemée.
(2) V. Histoire de la Restauration, par E. Hamel.
(3) M. le comte de Bourmont avait été élevé à la dignité de maréchal
de France, par ordonnance royale du 14 juillet.
(4) Le maréchal désirait se retirer à l'étranger, b'amiral Duperré lui
refusa un navire de l'Etat pour le conduire ailleurs qu'en France.
« Ce fut un spectacle étrange, écrit J.-J.-E. Roy dans son Histoire
de V Algérie, que celui de ce vieux soldat abandonnant pour jamais le
sol qu'il venait de conquérir, et quittant avec si peu d'éclat la ville
276 HISTORIQUE
cette terre, qui lui avait valu tant de gloire et causé de si
poignantes et inconsolables douleurs.
PREMIÈRE EXPÉDITION DE MÉDÉAH
(Novembre 1830.)
Le général Clausel était arrivé en Algérie très décidé,
non seulement à garder notre conquête, mais encore à
rétendre en soumettant les tribus indociles qui venaient
audacieusement menacer nos troupes jusqu'aux portes
d'Alger.
Or, depuis le commencement d'octobre, des bruits in-
quiétants circulaient dans la ville. On savait, en efiet, que
le bey de Titteri s'était déjà montré, à la tète de forces,
considérables, au cœur même de la Métidja. Pour rendre
au pays l'ordre, et aux Européens la sécurité, c'était à
Médéah même qu'il fallait atteindre et châtier l'insolent
Mustapha bou Mezrag (1).
Un premier corps expéditionnaire fut organisé dans ce
but (12 novembre), sous le commandement du général
Boyer.
11 comprenait trois brigades (2). Chaque régiment fournit
un bataillon de 520 hommes. Le bataillon du 15« et celui
du 29^ formaient le 2^ régiment de marche (colonel Man-
,gin) de la 2® brigade (Monck d'Uzer).
Parties de leurs cantonnements le 17 novembre, à la
pointe du jour, nos troupes établirent leur bivouac sur
l'emplacement du marché de Bou-Farik. Il plut toute la
nuit ; le silence ne fut troublé que par le glapissement
des chacals.
dans laquelle il était entré en triomphateur peu de Jours aupara*
vant. »
(1) Un premier eqgagement avait eu lieu le 4 octobre; le bey avait été
refoulé sur Blidah.
(2) Achard, Monck d'Uzer et Hurel.
Le dépôt et le 3" bataillon du 15' se trouvaient depuis le mois de novem-
bre à Angoulème, où le maréchal de camp Revest organisa le 4* bataUlon
(15 novembre).
DU 15« RÉGIMENT D'INFANTERIE 277
Le lendemain, 18, les feux de cuisine eurent de la peine
à s'allumer ; les hommes ne purent manger la soupe que
très tard, de sorte que la marche ne fut reprise que vers
midi.
Il fallut enlever Blidah de vive force. Ce fut TaHaire de
la 1'^ brigade, soutenue par les bataillons du général
Monck d*Uzer.
Les troupes victorieuses pillèrent la ville pour punir les
habitants de leur mauvaise foi.
Le 20 novembre, la colonne (1) s'avança vers TAtlas.
S'étant arrêtée sur les bords de la Chifia, elle ne reprit son
mouvement que le lendemain, à 6 heures du matin.
Deux heures après, ravant-garde.débouchait sur un pla-
teau d'où les regards émerveillés découvraient à Thorizon
le bleu profond de la mer.
Devant ce spectacle grandiose, le général Clausel fait mas*
ser ses troupes, déployer les drapeaux et saluer la France
d'une salve de vingt-cinq coups de canon. Puis, l'ascension
se continue.
Attaque du col ou Ténia de Mouzaïa (21 novembre 1830).
Bientôt se présente devant nous la formidable position
du col de Mouzaïa. Les forces réunies du bey de Tittery
veulent nous en disputer le passage. Contenir l'ennemi de
front, le débusquer par sa droite en s'élevant résolument
par les crêtes jusqu'aux mamelons qu'il occupe, c'est l'uni-
que manœuvre que permette le terrain.
Le bataillon du 37® et celui du 15® sont chargés d'attaquer
directement le col.
Après avoir dégagé la compagnie Lafare, du 37®, re-
poussée dans une attaque sur le flanc gauche de l'ennemi,
les soldats du 18«, entendant tout à coup battre la charge,
se précipitent sur les traces du 37® qui escalade le col sous
une grêle de balles (2). En un instant, le bey, ses Turcs,
(1) Diminuée de deux bataillons laissés à Blidah.
(2) Le bataUlon du 37« était conduit par le commandant Ducros. Le
278 HISTORIQUE
ses Arabes, sont abordés, refoulés, culbutés, aux acclama-
tions des bataillons du 20<^, du 28® et du 14^ qui viennent
d'apparaître sur la gauche.
Il est 4 heures. Désormais la route de Médéah nous est
ouverte.
Le bataillon du 15^ passe la nuit sur les positions dont il
s'est emparé.
A la suite de ce beau fait d'armes, le commandant
Allain, du 15® de ligne, est nommé ofQcier de la Légion
d'honneur, deux sous-offîciers reçoivent la croix de che-
valier et le colonel Mangin a l'honneur d'une élogieuse cita-
tion dans le rapport du général en chef (1).
Pendant que la colonne continuait son mouvement sur
Médéah, la brigade Monck d'Uzer fut chargée de garder ce
col de Ténia, qui devait être si souvent arrosé du sang
français.
Lorsque le général Clausel revint, le 26 novembre, rame-
nant sous bonne escorte le fameux bey Bou-Mezrag, il
trouva nos braves soldats épuisés de fatigue et de faim :
depuis deux jours, ils ne vivaient guère que de glands
doux cuits dans la cendre. La brigade Hurel dut partager
ses vivres avec les bataillons du général Monck d'Uzer avant
de continuer sa marche sur Blidah.
Au milieu de la nuit Tordre arriva de quitter le col et
de rejoindre, au plus vite, le reste du corps expédition-
naire, qui se retirait rapidement sur Alger. Le colonel
Mangin commandait l'arrière garde, formée par le 45^
Le 28, tandis qu'il protégeait la traversée et l'évacuation
de Blidah, il dut^détacher le commandant Allain avec trois
premier Français arrivé au col était un jeune officier d'état-major, aide
de camp du général Achard, le lieutenant de Mac-Mahon.
Pour tous ces détails, voir Thistoire anonyme et manuscrite du minis-
tère de la guerre, qui se trouve presque en entier reproduite dans l'ou-
vrage de M. Camille Rousset.
(1) Nous n'avons pu relever sur les contrôles que le nom de quatre bles-
sés : le sergent Boivin, blessé à la cuisse; le caporal Gibertand (coup de
sabre à la jambe) ; les soldats Thibault et Soubrié. En raison de l'achar-
nement du combat nous pensions trouver trace de victimes plus nom-
breuses.
DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 279
compagnies de voltigeurs (dont celle du 15^), pour tenir en
respect les partis de Bédouins à allure hostile qui se mon-
traient tantôt à un point, tantôt à un autre. Grâce à ces
mesures la retraite s'effectua sans incident
Le 29 novembre, vers midi, nos troupes rentraient dans
leurs cantonnements. La population juive d'Alger s'était
portée à leur rencontre, avec des acclamations pour les
vainqueurs et des injures pour les vaincus (1 ).
Mais, quelques jours après, le général Clausel recevait
les nouvelles les plus inquiétantes de la garnison de Mé-
déah. Il était indispensable de secourir et de ravitailler cette
place dans le plus bref délai (2).
On en confia la mission, au général Boyer. Sa division
comprenait deux brigades (Achard et d'Uzer). Le2® bataillon
du 15« fut affecté à la 2^ brigade. Il formait, avec un batail-
lon du 6® de ligne, le régiment de marche commandé par
le colonel Mangin.
La colonne avait ordre de franchir en trois jours la dis-
tance qui sépare Alger de Médéah (3).
Elle se mit en marche le 7 décembre, par un temps
épouvantable. Une pluie torrentielle (la pluie d'Afrique)
n'avait pas cessé de tomber depuis le 20 novembre. La
route fut extrêmement pénible. Le convoi avait été confié
à la brigade Monck d'Uzer. Le 6® de ligne marchait en tête,
le 23« en queue, et le 15« formait le gros de l'escorte.
Retardée par le mauvais état du chemin, cette malheu-
reuse brigade ne put arriver à Médéah que le 11 au matin,
après avoir échappé aux plus grands dangers. Ce fut mi-
racle qu'elle ait pu amener son convoi jusqu'à destina-
tion (4).
(1) Se reporter à Conquête de l'Algérie, par Camille Roussel.
(2) Le bruit courait que les Kabyles devaient faire, le 9 décembre,
une nouvelle tentative contre nos bataillons laissés à Médéah.
(3) Chaque homme avait sur lui 80 cartouches. On emportait, en
outre, une réserve de 250.000 cartouches. Le convoi portait du vin, de
Teau-de-vie, de l'argent, des armes, deux obusiers de montagne, un
matériel d'hépital.
(4) Pendant cette marche épouvantable, par une nuit obscure et dans
280 HISTORIQUE
Le 15® de ligne établit son bivouac en avant et à gauche
de Taqueduc.
Enfin, après deux jours de repos, la division se remit
en mouvement pour regagner Alger. Elle y parvint sans
avoir été inquiétée par Tennemi, mais non sans avoir
supporté les plus grandes fatigues et des souffrances
inouïes (1).
Le 16 décembre, 80 sous-ofiiciers ou soldats du 15® étaient
déclarés incapables de faire aucun service pendant plu-
sieurs jours par suite de leur complet épuisement.
Durant ce temps, le général Clausel s'efforçait d'entre-
tenir les relations les plus amicales avec le bey de Tunis
et celui d'Oran. Il eut même la courtoisie d'envoyer la mu-
sique du 15® de ligne à Tunis, où elle se fit entendre pen-
dant près de trois semaines (2). C'est à la même époque
qu'une compagnie du régiment fut embarquée pour Mers
el Kébir, où elle occupa le fort Saint-Grégoire.
Quoi qu'il en soit, notre conquête était encore bien mal
assise. L'illusion n'était pas possible : en dehors d'Alger,
où nos troupes étaient en force, nous n'étions maîtres nulle
part. Et voici qu'on parlait de rappeler en France une
partie de l'armée d'Afrique ! Cette nouvelle avait jeté la
panique dans la ville. Les Juifs tremblaient, les Maures
relevaient la tête.
Sur ces entrefaites, le général Danlion, commandant la
place de Médéah, réduit à la dernière extrémité, inquiet
même pour sa retraite, demandait qu'on vint à sa rencon-
tre, au moins jusqu'au Ténia de Mouzaïa.
Une colonne s'organisa dans ce but, sous le commande-
ment du général Achard. Le 1®' bataillon du 15« en fit par-
les chemins défoncés, les hommes égarés erraient par pelotons épars,
marchant au hasard sur des feux qui se trouvèrent, par bonheur, être
ceux des bivouacs de Médéah.
(1) Dans la nuit du 12 au 13 décembre 1830, le thermomètre était
subitement descendu à 2 degrés, tandis qu'arrivait une bourrasque
furieuse accompagnée de pluie et de grêle.
(2) EUe avait été amenée à Tunis par M. l'adjudant-major Bousquet.
DU 15« RÉGIMENT D*INFANTERIE 281
tie (1). Grâce à cette escorte, la malheureuse garnison de
Médéah put se retirer sans encombre. La brigade Achard
était de retour à Alger le 4 janvier 1831.
Toutes nos troupes se trouvaient alors concentrées au-
tour de la ville. Leur composition allait bientôt subir de
graves modifications.
En eflet, le 21 février, l'armée d'Afrique cessait d'exis-
ter. Elle devait être remplacée par une division d'occu-
pation confiée au commandement du lieutenant général
Berthezène, qui arrivait le jour même à bord de la cor-
vette Perle (2).
En conséquence, une partie des troupes dut se disposer
à rentrer en France.
Le corps d'occupation restait ainsi composé :
1'® brigade (maréchal de camp Danlion) : 15® et 28® de
ligne; 1®' bataillon de zouaves.
2® brigade (maréchal de camp de Feuchères) : 20® et 30®
de ligne.
Il y avait en outre trois escadrons de cavalerie, sept bat-
teries d'artillerie, une compagnie du train, une compagnie
de sapeurs.
Chacun des régiments de ligne devait être complété à
trois bataillons (3) et compter environ 2.500 hommes à
l'effectif.
Le 3® bataillon du 15® arriva de France le 1®^^ mars.
Le même jour, les deux bataillons du régiment pas-
saient sous les ordres du maréchal de camp Buchet, pour
prendre part à une reconnaissance, dirigée par le général
Berthezène, à travers la plaine de la Métidja. Le 5 mars,
la colonne rentra dans ses cantonnements sans avoir tiré
un coup de fusil. Cependant, le 15® avait éprouvé la perte
du voltigeur Berry. On sut, plus tard, que cet infortuné,
(1) C'était une brigade de quatre bataillons. Elle partit d'Alger le 29 dé-
cembre.
(2) Le général Clausel s'embarqua le lendemain sur la frégate Armide,
(3) Le 3« bataillon du 15% parti de Tarascon, où se trouvait alors le
dépôt, le 12 février 1831, s'embarquait le 20 à Toulon sur le Rhône et
la Dordogne et arrivait à Alger le 1" mars.
282 HISTORIQUB
s'étant écarté pendant une halte, sur la rive droite de la
Ghiffa, avait été surpris et massacré par les indigènes. On
peut juger par cet exemple de la sécurité qui régnait
alors dans la contrée.
D'ailleurs, les brigandages des Bédouins aussi bien que
les audacieuses incursions de la turbulente tribu des Béni
Sala glaçaient de terreur les peuplades fidèles aux Fran-
çais.
Reconnaissance de la Chi£fa (7-13 mai 1831).
Le 2® bataillon du 15^ fut bientôt appelé à marcher de
nouveau contre ces bandes de pillards et d'assassins (7-13
mai) ; mais, comme toujours, Talarme était donnée : l'en-
nemi nous échappa (1).
Malgré ces incessantes reconnaissances, le colonel Man-
GiN ne négligeait aucune occasion d'entretenir le zèle et la
bonne instruction de ses hommes.
C'est ainsi que nous voyons, le 15 juin, les soldats qui
se sont le plus distingués au tir se disputer, à la cible,
les trois prix accordés par le gouvernement (2).
TROISIÈME EXPÉDITION SUR MÉDÉAH
(Juin-Jumet 1831.)
Vers cette époque, le général Berthezène apprenait que
le jeune Ouled bou Mezrag, fils aîné de l'ancien bey de
Tittery, relevant insolemment l'étendard de la révolte,
(1) C'est au cours de cette expédition qu'on trouva, dans un mara-
bout, les restes du malheureux voltigeur Berry, assassiné le 2 mars.
(2) Ce détail nous est donné par le journal historique du corps pen-
dant l'expédition d'Algérie. Voici les noms des vainqueurs de ce con-
cours : 1" prix, AuDEBRAND (1'" compagnie du 1" bataillon) ; 2' prix,
HouQUET (4* compagnie du 2" bataillon); 3" prix ex œquo, Toula-
RASTEL, grenadier du 2^ bataillon, et Menard, grenadier du 3' bataillon.
On lit, d'autre part, dans ce journal que, du 16 au 19 mai, le lieute«
DU 15o RÉGIMENT D'INFANTERIE 283
prêchait partout la guerre sainte et venait de planter ses
tentes chez les Rhigha, la plus puissante des tribus in-
soumises.
Des ordres sont immédiatement donnés pour Torgani-
sation d'une colonne expéditionnaire (1).
Le 15<5 fournit six compagnies d'élite, qui forment, avec
quatre autres compagnies du 28®, le bataillon d'élite com-
mandé par le chef de bataillon Dufour et affecté à la bri-
gade Buchet.
On se met en marche le 25 juin. Le bataillon Dufour
est à l'avant-garde. Il arrive le 29 à Médéah sans incident
et s'installe dans la ville avec le quartier général.
Pendant ce temps, l'insurrection gagnait, s'étendait,
prenait feu comme une traînée de poudre. Le 30 au soir,
l'illusion n'était pluâ possible : pour ne pas être bloqué et
affamé dans la place, il faudra combattre.
Combat du plateau de Aouara (!«' Juillet 1831).
Le 1®' juillet, à 3 heures du matin, la division quitte
Médéah, ne laissant pour garder la ville qu'un détache-
ment de trois compagnies, sous les ordres du capitaine de
CoNDÉ, du 130(2).
La direction générale de l'attaque est la ruine romaine
qui signale le plateau de Aouara. On s'y porte en trois co-
lonnes.
nant Godard fait une reconnaissance topographique avec 40 hommes
de la 5" compagnie du 1" bataillon. Du 24 au 28 mal, nouvelle recon-
naissance topographique exécutée par le sous-lieutenant Walsii avec
40 hommes de la 6* compagnie du 1" bataillon.
Enûn, le 27 mai, un capitaine, un sous-lieutenant et 60 hommes vont
couper les foins de Staouëll et rentrent le 10 mai.
(1) La colonne fut organisée en deux brigades (Buchet et de Feu*
chôres). Elle comprenait 4.500 hommes. On emportait huit jours de
vivres. Le général Berthezône prenait lui-môme le commandement.
(2) La 3' compagnie de voltigeurs et la 3" compagnie de grenadiers
du 15% ainsi qu'une compagnie du 28". 11 ne reste donc dans la colonne
que les deux 1'" compagnies de grenadiers et les deux 1'" de volti-
geurs.
284 HISTORIQUE
Le bataillon Dufour, qui constitue la colonne du centre,
est sous la direction immédiate du général en chef. Il brûle
et détruit tout sur son passage, d'après les prescriptions
formelles qui lui ont été données.
Tant que nous avançons en plaine, l'ennemi se retire
lentement devant nous ; mais il semble décidé à nous arrê-
ter sur les hauteurs de Aouara.
Bientôt, en effet, la fusillade s'engage. La 1" compagnie
de grenadiers du 15», éclairant le bataillon d'élite, prend
pied sur le plateau assez à temps pour soutenir les chas-
seurs algériens, qui chargent les Arabes et viennent ensuite
se reformer derrière elle. D'ailleurs, la colonne du centre
se rapproche au pas de course. En attendant, le capitaine
Leveling, couvert à droite par une compagnie de volti-
geurs du 28®, détache sur sa gauche une section sous les
ordres de son lieutenant (1). Enfin, le commandant Dufour
arrive heureusement à l'aide de nos braves, grenadiers,
qui tiennent tête à des forces dix fois supérieures. La com-
pagnie Leveling (du 15») est alors relevée par une compa-
gnie du 20®.
Toutefois, nos deux compagnies de grenadiers restent en
échelons à droite, pour appuyer les voltigeurs du 28®.
Cette masse d'Arabes et de Kabyles, quoique rejetée sur
l'autre versant, ne se disperse pas. Ne pouvant les suivre
indéfiniment, nous devons songer à la retraite. Il est
3 heures du soir.
Le bataillon d'élite a, cette fois-ci, les honneurs de l'ar-
rière-garde.
Or, voici que le tableau change subitement :
Le mouvement est à peine commencé que les compa-
gnies d'arrière-garde sont assaillies par des hordes d'enne-
mis, bondissant, refluant, tourbillonnant autour d'elles,
comme les flots autour d'un récif. Les voltigeurs et grena-
diers du 28®, qui sont à l'extrême arrière-garde, courent les
(1) Ces détails sont empruntés au Journal historique des opérations
du régiment en 1831.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 285
t
plus grands dangers et ne doivent leur salut qu'à Tinter-
vention de deux compagnies du 15« (1).
On regagne ainsi Médéah, tant bien que mal.
Le but de* l'expédition n'en est pas moins manqué. Il
faut même se replier sans retard sur Alger.
Retraite et combat de nuit au Ténia de Mouzaïa
(2 et 3 Juillet 1831).
La colonne se remet en marche, le 2 juillet, à 4 heures
du soir. Elle est précédée par deux compagnies du 15® et
protégée, sur sa droite, par une compagnie de grenadiers
eh flanc-garde (2).
Le bruit court que les Arabes doivent attaquer notre
bivouac au milieu de la nuit. Pour les tromper, on allume
des feux à Zeboudj Azara et l'on reprend la route du Ténia
dans le plus grand silence.
« Tout à coup, vers minuit, un cri strident, prolongé,
lugubre, fait tressaillir les plus braves ; c'est un cri de
femme, un signal ; des hurlements y répondent, puis des
coups de fusil éclatent. Ce sont les Arabes ; mais, trompés
par notre fausse manœuvre, ils ne sont pas encore en nom-
bre. Tout en combattant nous gagnons le col (3). »
Pourtant, au jour naissant, les hauteurs avoisinantes
sont envahies par une nuée de burnous.
Une lutte des plus vives s'engage alors dans l'étroit
défilé. La confusion est extrême. On se bat* corps à corps.
Le capitaine La vie, le capitaine Lodoyer, le lieutenant
Proust, le sergent HoupiN, le grenadier Praud se distin-
guent parmi les plus braves.
Un moment de panique menace de changer la retraite
(1) 1'" et 2* compagnies de voltigeurs du 15' détachées à Tarrière-
garde, l'une à droite, l'autre à gauche.
(2) La 1'" compagnie de grenadiers est en tête et à gauche ; la 3" com-
pagnie de voltigeurs en tête et à droite ; le 3' compagnie de glrenadiers
observe l'ennemi sur le flanc droit. (V. Journal historique du 15«.)
(3) Se reporter à Thistoire de Camille Gousset, Conquête de l'Algérie-
286 HISTORIQUE
en désastre. L'énergie du général en chef parvient à con-
jurer ce danger. Enfin, vers midi, la colonne épuisée arrive
à Haoucli Mouzaîa, où elle peut se reformer et se reposer
sous la protection d'un bataillon du 30^.
Malgré tout, les Bédouins nous suivaient toujours en
nous harcelant sans cesse ; il fallut échanger des coups de
feu jusqu'aux portes d'Alger, où le général Berthezène fit
sa rentrée le 4 juillet.
A la suite de ces trois journées de fatigue et de combat,
le commandant en chef se plut à reconnaître la bonne
contenance de nos compagnies d'élite et voulut bien citer à
l'ordre de la division la brillante conduite du lieutenant
Proust, des voltigeurs du 15® (1).
A côté de cet officier, nous devons mentionner tout par-
ticulièrement l'intrépide grenadier Praud (2), qui s'est
signalé par son indomptable courage. Quoique déjà blessé
deux fois, dans la nuit du 2 au 3 juillet, ce vaillant soldat
ne consentit à se retirer à l'ambulance qu'après avoir reçu
une troisième blessure pendant la traversée de la Métidja
(4 juillet).
Mais, hélas! les tristes résultats de cette dernière et
malheureuse expédition ne se firent pas attendre. Née der
vaut Médéah, l'insurrection atteignit bientôt l'Atlas et,
comme une avalanche, s'abattit sur la plaine.
La Métidja fut envahie, à l'est, par le fameux Ben Za-
moun et, à l'ouest, par le jeune et remuant Ouled bou
(1) Les états de service du lieutenant Proust ne donnent pas le détail
de cette citation. Pierre-Michel-Eugène Proust, né à Vendôme, le 9 juin
1802 : engagé au 15% 4 février 1823; caporal fourrier, 9 février 1824;
sergent fourrier en 1825; sergent-major en 1826; adjudant en 1830;
sous-lieutenant, 12 octobre 1830.
(2) Praud reçut un coup de feu à la jambe gauche le 2 juillet, un autre
à la môme jambe dans la matinée du 3 et un coup de feu à la tôte le 4,
dans la Métidja. Furent également blessés : le capitaine Lavie (cuisse
droite traversée par une balle) ; le capitaine Lodoyer, qui eut un œil em-
porté par une balle ; le sergent Boudin ; les grenadiers Lebreton, Pour-
QUERY, Enot, Bertrand, Fageuille ; les voltigeurs Carrière, Toullec,
Grosbois, Grimard, Labat, Léauté, Leclerc, Lefrioc, Blanchet.
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 287
Mezrag. Il ne s'agissait plus de soumettre les tribus indo-
ciles, il fallait se défendre aux portes mêmes d'Alger.
Affaires de la ferme modèle et de Sidi-Arzine (18 Juillet 1331),
Le 17 juillet, le bataillon Cassaigne, du 30®, se trouva
bloqué dans la ferme modèle.
Le lendemain, une colonne fut envoyée pour le dégager.
Le colonel Mangin, le chef de bataillon Kolb et la plus
grande partie du 15® de ligne faisaient partie de cette bri-
gade, commandée par le général de Feuchères (1).
Les Kabyles ne purent résister à l'élan de nos troupes.
Leurs bandes, rompues et décimées, se rallièrent au camp
de Sidi Ârzine, puis s'enfoncèrent précipitamment dans
la montagne.
Combat de Birtouta et de Boufarick (22 Juillet 1831).
Rien n'était fini cependant; après les Kabyles de Ben
Zamoun, ce furent les Arabes de Ouled bou Mezrag qui
vinrent planter leurs tentes jusqu'à Boufarick.
Le 22 juillet, un bataillon du régiment, sous les ordres
du commandant Dufour et du colonel Mangin, fut encore
appelé à l'honneur de marcher contre l'ennemi. Ce fut la
dernière de ses glorieuses prises d'armes sur la terre
d'Afrique.
Culbutés par l'infanterie, terrifiés par l'artillerie, pour-
suivis par la cavalerie, les Arabes vaincus, mais non sou-
mis, se dispersèrent et disparurent derrière l'Atlas (2).
(1) La compagnie de voltigeurs du 1" bataillon, les grenadiers et vol-
tigeurs du 2" bataillon et sept compagnies du 3' bataillon du 15' pre-
naient part à cette expédition. Le 2 août, le 4* bataillon du régiment
s'était embarqué sur la Bellone et le Finistère; il arrivait le 9 à Alger.
n ne restait donc alors en France que la compagnie hors rang, le major
et deux ofliciers comptables. (V. Journal historique du corps.)
(2) Dans la colonne du 22 juillet, l'excessive chaleur et l'usage immo-
déré de Teau causèrent la mort subite du soldat Halgand.
288 HISTORIQUE
La fin de l'année fut plus tranquille. La lutte prit un
autre caractère et ne se traduisit plus que par des agres-
sions particulières, hélas 1 trop souvent réitérées. C'est
ainsi que le sous- lieutenant Querné fut blessé, le 6 dé-
cembre 1831, étant de garde à Tune des portes d'Alger (1).
Sur ces entrefaites, d'importants cliangements survin-
rent dans le gouvernement d'Alger : chef, troupes, admi-
nistration, tout fut renouvelé de fond en comble.
Retour en France (décembre 1831 -Janvier 1832).
Tandis que le lieutenant général Savary, duc de Rovigo,
remplaçait le général Berthezène à la tête du corps d'occu-
pation, trois régiments (le 15®, le 28® et le 30® de ligne)
recevaient l'ordre de rentrer directement en France.
L'embarquement commença le 25 décembre. Le 15® de
ligne, transporté en cinq détachements successifs, se
trouva tout entier réuni, au mois de février 1832, à Toulon
et à la Seyne.
Années 1832-1833
Le 15^ reçoit un nouveau drapeau (29 mal 1832).
Au commencement de mars, le régiment fut dirigé sur
Grenoble, où de regrettables désordres troublaient alors
la tranquillité publique.
A peine arrivé dans cette garnison, le colonel Mangin
dut se rendre à Lyon, accompagné de sa musique et de
quatre compagnies d'élite, pour y recevoir des mains de
Son AltessQ Royale le duc d'Orléans le nouveau drapeau
(1) Querné (François), blessé d'un coup de feu à la jambe gauche, étant
de garde à Alger le 6 décembre 1831. 11 était sous-lieutenant depuis
le 7 septembre 1831. (V. Etats de services, matricules des offlclers. Dépôt
de la guêtre.)
DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 289
du 13®, qui lut rapporté à Grenoble sous cette escorte
d'honneur.
Enfin, au mois de novembre, deux compagnies de gre-
nadiers (3® et 4®) et deux compagnies de voltigeurs (3® et 4«)
du régiment lurent envoyées à Tarmée de TEst, qui se ras-
semblait sur la Meuse. Mais la dislocation de ce corps d'ob-
servation leur permit de rejoindre leur garnison dès le
mois de février 1833 (1).
Année 1834
ÉVÉNEMENTS DE LYON ET DE GRENOBLE
Pendant l'hiver de l'année 1834, le 15® fut désigné pour
fournir des détachements à Pontcharra et Chapareillan,
afin d'assurer la neutralité du territoire français à l'occa-
sion d'une tentative faite sur les frontières de Savoie par
des réfugiés piémontais (2).
Insurrection de Lyon (9-15 avrU 1834).
Peu de temps après (avril 1834), le lieutenant général
baron Aymard (3) prescrivait au colonel Mangin de mettre
immédiatement en route deux bataillons avec ordre de se
porter, à marches forcées, sur Lyon, pour aider à la ré-
pression d'un mouvement insurrectionnel, dont la gravité
(1) Le 1*' septembre 1833, le général baron Aymard procéda à la
suppression de quatre compagnies du 4*^ bataillon (ordonnance royale
du 5 juillet 1833) et à la formation du 4*" demi-bataillon, qui fut com-
mandé par le chef de bataillon Leveling et prit le nom de bataillon de
réserve et de recrutement du département de l'Isère. Ce bataillon fut
d'ailleurs aussi supprimé le 5 avril 1834.
(2) Ces détachements étaient de retour le 8 février.
(3) Commandant la 7^ division militaire.
Hist. 15- 19
290 HISTORIQUE
pouvait, à juste titre, inquiéter les esprits les plus cal-
mes (1).
Les agitateurs avaient espéré que la sédition de Lyon
amènerait un soulèvement général en France. Tout avait
été mis en œuvre pour corrompre Tesprit de Tarmée.
Des proclamations et des pamphlets incendiaires avaient
été répandus dans les rangs. Le 11 avril, à Vienne, au pas-
sage de notre détachement, un parti d'ouvriers tenta môme
d*entraver la marche de la troupe. Toutefois, après deux
sommations, ce rassemblement se dispersa et notre co-
lonne se dirigea en toute hâte sur le faubourg de la Guil-
lotière, où elle arriva à 11 heures du soir (2). On se battait
dans les rues dejiuis trois jours et, si la garnison avait
reconquis une partie de la ville, les émeutiers conser-
vaient encore de solides points d'appui.
Le 13, il fallut leur enlever Fourvières, et Ton mit
ensuite quarante-huit heures à les déloger de la Croix-
Rousse (14 et 15 avril). Nos soldats furent partout admi-
rables de calme et de patience, malgré les fatigues, les
insultes et les dangers auxquels ils restèrent exposés pen-
dant ces lugubres journées (3). Deux grenadiers du régi-
ment furent blessés par les balles des factieux.
(1) Les chefs des mutuellistes devaient être jugés le 5 avril. La salle
fut envahie et 2.000 personnes firent lever la séance. Le 9, le procès
reprit; un service d'ordre avait été organisé. Mais, pendant la séance,
les factieux élevèrent des barricades et, quand on voulut les faire éva-
cuer, un coup de pistolet tiré sur un commissaire de police fut le
signal de l'insurrection. (V. rapport du ministre de la guerre au roi.)
(2) Le 11 avril, à 6 heures du soir, le sous-préfet de Vienne écrivait
au général gouverneur de Lyon ce qui suit :
(( Un demi-bataillon du i^' de ligne a passé à 4 heures. Je l'ai dirigé
sur la Guillotière en lui indiquant les obstacles et le prévenant que je
vous avertissais de son arrivée par là, vers 11 heures. Une trentaine
d'ouvriers de Lyon et des serruriers de Vienne ont tenté d'entraver la
marche de la troupe. J'ai fait les sommations; mais, à la deuxième,
tout s'est dispersé. » (Correspondance générale, avril 1834, Dépôt de la
guerre.)
Il n'y eut que le 2" bataillon du 15" qui vint à Lyon, car le colonel
Mangin dut garder les autres pour contenir les émeutiers de Grenoble.
(3) On lit dans le rapport du Ministre de la guerre (maréchal duc de
DU 15« RÉGIMENT D*INFANTERIE 291
Quand la tranquillité fut enfin assurée à Lyon, le 2« ba-
taillon du 15® put regagner ses garnisons (1).
Troubles à Grenoble (11-12 avril 1834).
Malheureusement, ces tristes événements avaient eu un
grave retentissement à Grenoble. Les troubles commen-
cèrent le 11 avril (2) et prirent, dès le lendemain, des pro-
portions inattendues.
En effet, le 12, à 7 heures du matin, des coups de feu
partirent du faubourg Saint-Michel et le plomb vint à
pleuvoir sur les remparts de la porte de Bonne. Le sous-
lieutenant QuERNÉ (du 15e), quj était de garde à ce poste,
et qui se trouvait déjà exposé à la fusillade du dehors, vit,
tout à coup, déboucher de Tintérieur de la ville une foule
d'environ 200 insurgés, accourant vers lui avec des vocifé-
rations et des cris de mort, dans le but évident de Tinti-
mider et de désarmer son poste. Pour toute réponse, cet
officier ferme et vigoureux fit charger les armes de sa
troupe et la tint prête à faire feu (3).
Les émeutiers, intimidés par cette mâle contenance,
s'arrêtèrent court. Pendant ce temps, le fusilier Andral (4),
Dalmatie) : « Dans la lutte sanglante du 9 au 15, il faut mettre en pa-
rallèle la patience et le calme de la troupe avec la conduite des insurgés,
qui n'ont pas craint, retranchés derrière une barricade, de tirer sur
un convoi de blessés, que le commandant Gussac escortait à l'hôtel de
ville. (Il y eut dans ce convoi un sergent et un grenadier tués et deux
soldats blessés.) Cette hypocrite pitié des fauteurs de faction pour le
.sang français quand ce sang est celui des rebelles, semble se changer
en cruelle indifférence quand le sang qui coule est celui de soldats tués
à bout portant ou visés du haut des fenêtres et des toits. »
(1) Ce bataillon n'était pas à Grenoble avec le gros du régiment. 11
occupait Valence et Montélimar.
(2) Le 11, des militaires isolés furent désarmés par des séditieux.
(3) Ce fait et le suivant sont empruntés au rapport du Ministre de la
guerre sur les événements de Lyon et Grenoble. On se souvient que le
sous-lieutenant Querné avait déjà été Tobjet d'une attaque étant de
garde à l'une des portes d'Alger, en 1831.
(4) Le soldat Andral appartenait au 15".
292 HISTORIQUE
du 15®, en faction au-dessus de la porte de Bonne, était
assailli par une trentaine de misérables qui s'eQorcèrent de
lui arracher son fusil.
Mais ce jeune soldat se défendit avec une telle intrépi-
dité qu'il put conserver son arme jusqu'à ce qu'on vînt le
dégager (1).
Informé de ces tentatives criminelles, le général Saint-
Michel envoya immédiatement secourir le poste du lieute-
nant QUERNÉ.
Enfin, vers le soir, les moyens employés par l'autorité
militaire pour éviter les collisions ramenèrent le calme à
Grenoble (2).
(( Dans ces difficiles circonstances, écrit le Ministre de la
guerre, le 15® et le 21® de ligne ont rivalisé de zèle et de
dévouement.
» L'armée a vaillamment défendu les lois, l'Etat, la paix
publique et tous les intérêts sociaux attaqués à force ou-
verte. »
A l'automne (octobre 1834), tout le régiment, réuni à
Grenoble, quitta cette ville pour aller tenir garnison dans
les Alpes (3).
(1) Tous ces renseignements proviennent du rapport au roi par le
duc de Dalmatie, ministre de la guerre.
(2) M. Mângin, colonel du IS'' de ligne, a été constamment à la tête
de son régiment, se trouvant partout où il y avait des factieux à con-
tenir. « M. Mangin se distingua par une grande capacité jointe à une
énergie et à une présence d'esprit remarquables. II a de nombreux titres
à l'avancement. » (Rapport du préfet de l'Isère sur les événements de
Grenoble.) (V. Correspondance générale, 26 avril 1834, Dépôt do la
guerre.)
(3) A Briançon, Embrun, Montdauphin et Gap. (Ordre du 4 octobre
1834.)
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 293
1835- 1864
Colonel Etienne MARCEL
(11 janvier 1836.)
Le 31 décembre 1835, le colonel Mangin reçut la juste
récompense de son mérite et de ses talents. Le 15® apprit
presque en même temps sa promotion au grade de maré-
chal de camp et son remplacement par M. Marcel, qui exer-
çait depuis cinq ans le commandement en second (1).
Six mois après, le régiment s'éloigna de la frontière
italienne pour se rendre à Phalsbourg. Il y arriva au com-
mencement de juillet, avec un effectif de 61 officiers et
1.648 hommes.
Le 2« bataillon fut détaché à Bitche et une partie du 3« à
Marsal.
Colonel Jean-André-Louis BRUNET
(26 octobre 1845).
Colonel Amédée ALAIS
(2 avril 1851).
A partir de cette époque, nous ne trouvons plus qu'une
interminable série de changements de garnison (2). Il
(1) Marcel (Etienne) était lieutenant-colonel du 15' depuis le 27 jan-
vier 1831 (venant du 48'"). Il fut nommé colonel du 41* de ligne le 31
décembre 1845 et permuta de ce commandement à celui du 15* le 11
Janvier 1836. H devint plus tard général de division. (V. Appendice.)
(2) Do Phalsbourg, le régiment se rendit à Nancy et Toul (novembre
1836) ; puis au camp de Compiègne (août 1837) ; à Sedan (mai 1838) ; à
Paris, Versailles et Vincenncs (1839) ; enfin à Tours, au Mans et Laval
de 1839 à 1841 ; à Périgueux (décembre 1841) ; à Cahors et Rodez (dé-
cembre 1842); à Grenoble (mai 1845). Retour au camp de Compiègne
(août 1847) ; à Rueil et Montrouge (décembre 1847) ; à Metz, à Longwy,
294 HISTORIQUE
serait fastidieux d*accompagoer nos soldats dans leurs in-
cessantes pérégrinations à travers la France et de suivre
leur trace de Lorraine en Bretagne, de Bretagne en Gas-
cogne, de Gascogne en Dauphiné, de Dauphinéen Lorraine,
de Lorraine en Normandie et de Normandie en Berry, pour
les retrouver à Lyon vers la fin de Tannée J854; disons
seulement que, au cours de cette longue période de paix
continentale, le 15®, qui avait changé deux lois de colonel ( 1 ),
n'eut l'occasion de prendre les armes que pour aller rétablir
Tordre à Paris, pendant les journées de juin 1848. Le sous-
lieutenant Arthuis lut blessé à Tenlèvement de la barri-
cade de Saint-Ambroise, à Popincourt (2).
CAMPAGNE DE CRIMÉE (3)
(1854-1856.)
L'avènement de l'Empire, avec ses traditions de gloire
militaire, devait ouvrir une nouvelle carrière à l'activité
de nos troupes.
Toutes les puissances avaient alors les yeux fixés sur
à Montmédy et Stenay (printemps 1848); à Paris (juin 1848); à Laval et
Caen (jpin 1850) ; à Châteauroux (juin 1852) ; à Bourges, Nevers et la*
soudun avec détachements à Moulins, Clamecy, Saint-Amand et Vichy
(1852-1854) ; à Lyon et Privas (juin 1854). ^
(1) Le colonel Brun et avait été nommé général de brigade. (V. Appen-
dice.)
(2) Les sous-liculenants Berger, et Arthuis méritèrent une mention
honorable pour le courage, le dévouement et l'énergie dont ils firent
preuve en combattant pour la défense de Tordre pendant les journées
des 23, 24, 25 et 26 juin 1848. (Certifié par le Ministre de la guerre le
30 mars 1850.)
(3) Nous avons consulté pour cette campagne les ouvrages et docu*
ments suivants : Historique du corps, établi succinctement, à Brest, le
11 janvier 1863; Journal des marches et opérations de la division d'An-
relie (atlas du Dépôt de la guerre, campagne d'Orient); Happort du gé-
néral d'Aurelle sur Tassant de Sébastopol (correspondance officielle de
la campagne) ; la guerre de Crimée^ par Camille Rousset ; Journal hu-
moristique du siège de Sébastopol, par un artilleur; Souvenirs de la
guerre de Crimée, par le général Fay.
»•
DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 295
■ ■-■■ ■■■ .. - _-■- ■■ _- ■ ^ j
rOrient, d'où venait de jaillir rétincelle qui rallumait le
feu de la guerre en Europe.
Déjà I5 question des « Lieux Saints » avait fait pressentir
les plus graves complications, lorsque Tinvasion des trou-
pes russes dans les provinces danubiennes et surtout le
désastre de la flotte turque à Sinope (1) firent évanouir
tout espoir de solution pacifique.
Le 27 mars 1854, la guerre était déclarée à la Russie. On
réunit à la hâte un corps d'armée, qui comprenait deux
divisions d'infanterie et une brigade de cavalerie (2). Il fut
immédiatement transporté à Gallipoli. Ce n'était d'ailleurs
que le petit noyau de l'armée qui, l'année, suivante, à la
prise de Sébastopol, se composait de plus de 120.000
hommes.
A la vérité, la Turquie ne pouvait être qu'une étape sur
le chemin de Crimée, car c'était à Sébastopol qu'il fallait
aller détruire l'influence de la Russie sur la mer Noire.
Le gouvernement impérial le comprit bien vite, et, le
14 septembre, le corps expéditionnaire débarquait sur la
plage d'Old-Fort (3).
Au commencement d'octobre 1854, on entama devant
Sébastopol les travaux préparatoires de ce siège, qui ne
devait manquer ni de difficultés ni de grandeur.
Départ pour la Crimée (1855).
Le 15® régiment d'infanterie ne fut appelé sur le théâtre
de la guerre qu'au dernier acte de ce drame sanglant.
Il se trouvait à Lyon lorsqu'il fut avisé de se rendre à
(1) L'amiral russe Nakhimof venait de surprendre et de détruire la
flotte turque, à l'ancre dans la rade de Sinope (mer Noire), 30 novem-
bre 1853.
(2) Le maréchal Leroy de Saint-Arnaud commandait ce corps d'ar-
mée. Les généraux Canrobert et Bosquet commandaient les deux divi-
sions d'infanterie et le général comte d'Allonville avait sous ses ordres
la brigade de cavalerie.
(3) A 4 lieues au sud d'Eupatoria et à 14 au nord de Sébastopol.
296 HISTORIQUE
Toulon, pour s'embarquer à destination de Constanti-
nople.
Transportés sur Vléna, le Lucifer, le Jupiter et VUlloa,
tous nos détachements débarquent du 14 au 17 mars et
sont immédiatement dirigés sur le camp de Moslak(l), où
le régiment est incorporé dans la 2*^ brigade (Perrin de
Jonquières) de la 2« division (d'Aurelle de Paladines) de
Tarmée de réserve provisoirement commandée par le gé-
néral Regnault de Saint-Jean-d'Ângély.
C'est là que le colonel Alais organisait son régiment à
quatre bataillons dont un de dépôt.
Les trois bataillons actifs ne tardèrent pas à partir pour
la Crimée, car, le 4 mai, le général Regnault de Saint-Jean
d'Angely recevait par dépêche l'ordre d'embarquer ses
troupes et de les diriger sur Kamiesh,
Débarquement à Kamiesh (15 mai 1S55).
Onze jours plus tard, le 15« prenait terre sur cette pres-
qu'île de Grimée, que devaient également illustrer la vail-
lance des vainqueurs et l'héroïsme des vaincus (2).
Aussitôt débarqué le régiment s'occupa d'installer son
camp sur la plage môme, au fond de la baie de Kamiesh.
Les jours suivants, il fut employé à l'établissement des
retranchements destinés à couvrir le camp et le port, sur
une étendue d'environ 7 kilomètres
Siège de Sébastopol (1855).
Enfin, le 16 juin, de nouvelles instructions prescrivaient
aux 2° et 3® bataillons du 15® de se rapprocher de Sébasto-
(1) Moslak, à 5 kilomètres de Constantinople.
(2) Le 15" s'était embarqué le 12 mai sur le Jupiter, le Donaûwerth,
le Christophe-Colomb, ïOrënoque et le Berthollet, Il comptait alors à
l'eilectif 52 ofiiciers et 1.532 hommes.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 297
pol pour prendre part aux travaux du siège (1), tandis que
le 1^^^ bataillon resterait à Kamiesh, chargé de la garde des
magasins.
A la fin du mois, Tétat-major et la partie principale du
régiment se trouvaient fixés au camp du Moulin. C'est là
que nos soldats, entre deux tours de garde (2) ou de ser-
vice, venaient se reposer et même se divertir, parce que
dans le camp français la bonne humeur avait reconquis
tous ses droits. Qui n'a pas entendu parler du légendaire
« Théâtre des zouaves » et de ces programmes de comédie
dont chaque rature semble tracée par le sang d'un héros?
« Lundi, 11 juin 1855, représentation extraordinaire au
bénéfice des blessés des 7 et 8 juin (3).
» Nota. — D' nx amateurs ayant été tués et plusieurs blessés, on a
été obligé de changer le spectacle qu'on se proposait de donner. »
Combien de fois les applaudissements de ce parterre de
braves ne furent-ils pas couverts par la voix grave du ca-
non?
Car, en réalité, si la lutte traînait en longueur, elle n'en
continuait pas moins avec un égal acharnement dans les
deux camps.
Cependant, le général Pélissier venait de succéder au
général Canrobert (4) dans le commandement en chef. En
(1) Chargé d'abord de la gauche de la ligne, le 15" est envoyé le 21
juin au camp du Moulin, pour prendre le service aux attaques de droite
(ouvrages Lavarande n* 1 et n* 2, parallèles avancées) et pour garder la
rade de Sébastopol depuis la baie du Carénage jusqu'à la poudrière.
(2) Le tour do garde de chaque bataillon revenait tous les cinq jours.
(3) Un peu plus tard, pendant l'hiver de 1855 à lifô6, le lieutenant
HoFFET, du 15" de ligne (tué en 1870, à Saint-Privat), se fit connaître
dans tout le camp français par des dessins humoristiques que l'on fai-
sait autographier et distribuer dans tous les régiments. Ces dessins
amusants et spirituels paraissaient chaque semaine et servaient souvent
à orner le programme des représentations ou des petites fêtes que l'on
organisait çà et là.
(Ce détail nous a été gracieusement communiqué par M. le général
de Vanteaux, commandant la G4" brigade.)
(4) Le général Canrobert, successeur de Saint-Arnaud, avait demandé
à être relevé de son commandement .
298 HISTORIQUE
voyant à la tête de Tarmée d'Orient celui qu'on surnom-
mait familièrement « Tête de fer blanc », autant pour ca-
ractériser sa volonté que par allusion à ses cheveux blancs»
chacun comprit que Ton allait riposter avec vigueur aux
entreprises audacieuses de Tennemi.
Le général avait un plan bien arrêté. « Je veux, écri-
vait-il, (1) d'abord et avant tout m'attaquer corps à corps
à la place et conquérir, pièce par pièce, sa partie sud, à
tout prix. »
Dès le commencement de juin, le nouveau commandant
préparait Texécution de son programme décisif.
Colonel Félix-Achille GUERIN
(11 JuilleH855).
Le colonel Guérin, qui remplaçait (2) le colonel Alais à
la tête du régiment, attendait avec une légitime impatience
l'occasion de prouver aux vétérans de Grimée que le 15*
était toujours digne de son glorieux passé.
Il eut le regret de ne pouvoir prendre aucune part effec-
tive à la bataille de Traktir (ou de la Tchernaïa), la divi-
sion d'Aurelle ayant reçu l'ordre de rester à la garde du
camp (3).
Le lendemain même de notre victoire sur l'armée de
secours, le cinquième bombardement de Sébastopol com-
mençait.
De part et d'autre on sentait que le dénouement était
proche. Tout fut préparé en prévision de cette crise finale.
(1) Noie du 20 mai 1855, adressée au général Boyer.
(2) Le colonel Guérin était précédemment lieutenant-colonel au il*
léger et au 9' de ligne. Le colonel Alais, en non-activité pour infirmités
temporaires, avait été admis à faire valoir ses droits à la retraite le
11 juillet 1855.
(3) Malgré son inaction apparente, le 15" avait souvent à repousser
les attaques des Russes dans les combats partiels et journaliers soutenus
dans les tranchées mêmes. C'est ainsi que fut blessé le commandant
Kléber le 15 juillet.
DU 15® REGIMENT D'iNFANTERIE 299
Le 24 août, le l^r bataillon du 15® vint rejoindre le gros
du régiment au camp du Moulin, où se trouvait réunie
toute la 2e brigade, commandée depuis la veille par le gé-
néral de Marolles (1).
Enfin arriva l'heure depuis si longtemps désirée. Dans
une conférence réunie le 3 septembre, à la demande des
généraux en chef Pélissier et Simpson, il était décidé
qu'un nouveau bombardement aurait lieu le 5 et que Tas-
saut serait donné le 8 septembre.
Le feu s'ouvrit dans la journée du 5 avec une violence
extraordinaire. La place répondit aussitôt. « Ce fut un ef-
froyable vacarme. Deux milles bouches à feu tonnaient
de part et d'autre. Jour et nuit ce bombardement furieux,
sans précédent, fut continué, interrompu, repris, jetant
par son intermittence les assiégés, qui ne connaissaient
plus ni sommeil ni repos, dans de continuelles et éner-
vantes inquiétudes (2) ».
Le secret le plus rigoureux avait été recommandé sur le
jour et l'heure fixés pour l'assaut.
Le vendredi 7 septembre, le général Bosquet, chargé de
l'attaque principale, réunit tous ses généraux et leur
donna communication des ordres pour le lendemain.
L'ennemi devait être abordé sur tout le périmètre de la
vaste enceinte (3).
Le général Bosquet dirigerait tous ses efforts sur Ma-
lakofï et le Petit-Redan. En conséquence, l'attaque de
gauche, sur Malakofï, serait confiée au général de Mac-
Mahon, tandis que l'attaque de droite, ^ur le Petit-Redan,
serait tentée par le général Dulac, avec le concours de la
(1) Le général de Marolles fut nommé à ce commandement le 2^
août, on remplacement du général Ferrin de Jonquières, décédé le
31 juillet.
(2) Histoire militaire contemporaine y par Frédéric Canonge,
t. I, p. 5.
(3) La brigade piémontaise et le 1" corps français attaqueraient le
secteur de gauche (le bastion central et le bastion du Mât) ; les Anglais
avaient pour mission de marcher sur le Grand-Redan quand nous se-
rions maîtres de Malakoff.
300 HISTORIQUE
brigade de Marolles et des chasseurs à pied de la garde.
Enfin le général de la Motterouge aurait pour mission
de se jeter sur la courtine unissant Malakoil au Petit-
Redan.
Tout le service de la division d*Aurelle devait être fourni
par des hommes malingres ou convalescents, de manière
à conserver le plus de monde possible sous les armes (1).
Afin de prévenir toute méprise, les montres avaient été
réglées sur celle du général en chef, et il était demeuré
convenu qu'à midi précis on s'élancerait à Tassant.
Assaut et prise deSôbastopol (nom inscrit au drapeau du 15«).
(8 septembre 1855).
Le lendemain, à 8 heures, après avoir mangé la soupe,
les soldats du 2® corps et de la réserve accueillaient par
de longues acclamations les mâles paroles du général
Bosquet :
(( C'est un assaut général, armée contre armée; c'est
une immense et mémorable victoire dont il s'agit de cou-
ronner les jeunes aigles de la France. En avant donc,
enfants! A nous Malakofî et Sébastopol 1 Et vive l'em-
pereur I »
A 9 heures, nos batteries essoufflées ralentissent leur feu
pour le reprendre, un peu plus tard, avec une nouvelle
intensité.
Chœur de guerre sans pareil, dont les échos se répercu-
tent jusqu'aux rivéfe du Bosphore.
D'ailleurs, la place ne tarde pas à accepter noblement
le défi.
Pendant ce temps, le général de Marolles conduit sa
brigade (15® et 96®) derrière la division Dulac, en face de
son objectif, le Petit-Redan, que les Russes eux-mêmes
ont baptisé du nom significatif de (( bastion d'Enfer )).
(î) Dans la soirée, le bataillon du 15* qui se trouvait à la redouta
Canrobert fut relevé par le 3" bataillon du 32* de ligne (de la 1'* di-
vision).
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 301
Vers il heures, tout le monde est en silei^îe à son
poste; les tranchées regorgent de vaillants soldats, dont
un grand nombre, hélas ! aura bientôt payé de sa vie le
triomphe de nos armes,
(( Dans les solitudes du camp, il ne reste que les ma-
lades et les éclopés, qui oublient leurs douleurs pour
prêter une oreille inquiète aux bruits du -champ de ba-
taille. Çà et là, des chevaux infirmes, à la chaîne, hennis-
sent de peur, comme s'ils craignaient que leurs maîtres ne
revinssent plus.
» Au loin, les moines de Saint-Georges invoquent à ge-
noux la vierge moscovite (1) ».
« Tout à coup, les 800 pièces de canon qui tonnaient
sur Sébastopol se taisent. « En avant ! » s'écrie le général
Bosquet. Une immense clameur retentit soudain; les clai-
rons jettent fièrement dans les airs les sons aigus et sac-
cadés de la charge ; les tambours la battent avec furie.
» En un instant, nos têtes de colonnes, franchissant le
fossé, s'élancent avec un irrésistible élan jusque sur les pa-
rapets. Les Russes, surpris, accourent au devant d'elles et
la sanglante et dernière mêlée de ce long drame s'engage
avec une incomparable énergie (2).
Après avoir emporté le Petit-Redan, la division Dulac
veut tourner la deuxième ligne de défense. Mais les bat-
teries du Nord et les canons de l'escadre ouvrent un feu
terrible sur nos bataillons, qui sont définitivement rejetés
dans les fossés par une charge suprême des héroïques dé-
fenseurs.
Il est environ 1 heure de l'après-midi. C'est alors que la'
2® brigade (15® et 96®) reçoit l'ordre de reprendre à tout
prix le bastion d'Enfer.
Le général de Marolles et le colonel Guérin (du 15»)
s'élancent les premiers hors des parallèles, communiquant
à tous leur magnifique entrain. Trois tranchées séparent
(1) Journal humoristique du siège de Sébastopol ^ par un artilleur.
(2) Ce passage est emprunté à l'ouvrage du général Fay, intitulé :
Souvenirs de la guerre de Crimée.
302 HISTORIQUE
encore les assaillants du but de leur attaque. Il faut les
franchir sous un ouragan de mitraille et de mousquete-
rie partant des embrasures aussi bien que des vaisseaux
russes embossés dans la rade (1).
Néanmoins nos braves soldats parviennent jusqu'au pied
môme de l'ouvrage. Cependant, malgré des prodiges de
bravoure et de constance, il leur est impossible de pénétrer
plus avant. C'est en vain que le général de Marolles veut
tenter l'escalade ; le commandant Lamarque, du 15®, est
tué à ses côtés ; lui-même tombe frappé à mort au pied
d'une embrasure. Nos tètes de colonnes, écrasées par une
grêle de projectiles, tourbillonnent sur elles-mêmes et
perdent leur élan.
A ce moment, le colonel Guérin, qui voyait flotter le
drapeau français sur la tour de Malakoff, puisait une
nouvelle force dans cet encouragement. Mais nos troupes
avaient éprouvé de telles pertes qu'il était difficile de les
relancer à l'assaut.
Les pelotons étaient rompus et n'avaient plus la cohé-
sion nécessaire.
En dépit de tant d'obstacles, le colonel du 15® réussit à
rallier ses soldats et tente une deuxième fois l'escalade du
bastion d'Enfer.
Refoulé encore par l'inébranlable fermeté des Russes,
il ne se décourage pas et demande un troisième et dernier
effort à son brave régiment pour s'emparer de ce terrible
Redan. Hélas I toute l'énergie de nos troupes devait se bri-
ser contre la résistance des masses ennemies rassemblées
derrière ces formidables retranchements I
En tout cas, si la brigade de Marolles (15*^ et 96«) n'avait
pu couronner les crêtes, elle n'en resta pas moins, pendant
cinq heures et sous une pluie de plomb, dans les fossés
mêmes du bastion, pour interdire à l'ennemi toute tentative
de sortie dirigée sur Malakoff. La lutte se prolongea jus-
qu'à la nuit, interrompue seulement vers 4 heures, par
(1) Le feu des batteries de la flotte nous prenait d'écharpe et causait
beaucoup de mal.
DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 303
Texplosion du magasin à poudre de la Courtine, qui en-
gloutit une partie du 91®. Le fossé était encombré de morts
et de blessés.
En somme, dans cette journée meurtrière, les alliés n'a-
vaient pu s'emparer que de Touvrage de Malakofï; mais
cela suffisait : nous possédions dès lors la clef de la partie
sud de la place.
A 5 heures la fusillade se ralentit et, une heure plus tard,
le colonel de Malherbe, qui commandait la 2® brigade en
remplacement du général de Marolles, reçut l'ordre de
faire opérer la retraite en utilisant les parallèles et de ral-
lier ses deux régiments dans le ravin du Carénage, où ils
passeraient la nuit.
C'est à peine si le colonel du 15® put grouper 100 hommes
autour de lui.
Le régiment s'était présenté à l'attaque avec 900 hom-
mes, dont 44 officiers ; il en revenait singulièrement réduit.
On comptait, en effet, 18 officiers tués ou mortellement
blessés (1) et 13 blessés, 42 sous-officiers, 37 caporaux et
475 soldats hors de combat.
Pendant qu'on procédait dans chaque corps à l'appel
des disparus, les Russes, comprenant qu'ils ne pouvaient
plus tenir, ni dans la ville, ni dans le faubourg, que domi-
nait également le canon de Malakofï, se décidèrent à éva-
cuer toute la partie sud de la rade.
A minuit, on entendit de formidables explosions dans
Sébastopol. Les valeureux défenseurs ne voulaient nous
laisser que des ruines. Trente-cinq magasins à poudre
sautèrent successivement, et bientôt le feu s'allumait dans
toute la ville, dévorant le peu qui restait intact après onze
mois de siège presque ininterrompu.
(1) Officiers tués : MM. Lamarque, chef de bataillon (tué aux côtés du ,
général de Marolles); Gahard, capitaine adjudant-major; Develey et
DuMAY, capitaines; Castan, Rodet, Netter, Preux, Londigné et Billy,
lieutenants; Tisserand-Delange et Chaubert, sous-lieutenants.
Officiers mortellement blessés : MM. Gibiers et Garalon, capitaines »
Etienne, Pellat, de FoucHer et Tastaire, sous-lieutenants.
Les deux autres chefs do bataillon avaient été blessés auparavant.
D'ailleurs, pour les blessés, se reporter à l'appendice.
304 HISTORIQUE
Aux lueurs rougeâtres de Tincendie, on put voir les vais-
seaux ennemis s'abîmer dans les flots, coulés par la main
des marins russes eux-mêmes.
La brigade de Marolles pouvait revendiquer une bonne
part de ce glorieux succès. Elle s'était montrée la digne
rivale des vieilles divisions de siège (1).
(( Au cours de cette mémorable journée, où chacun a fait
fait preuve du plus brillant courage, dit le rapport du
général de division, il est difficile de faire un choix parmi
ceux qui méritent d'être signalés. Cependant, je crois
devoir citer les noms de quelques officiers, sous-officiers
et soldats qui se sont particulièrement fait remarquer dans
cette vaillante brigade.
» Ce sont, au 15« régiment d'infanterie : MM. le capitaine
Clausener (mort depuis des suites de ses blessures) ; le
lieutenant Davoust-Langotière (blessé de trois balles) ; le
lieutenant Jalustre, blessé ; le sous-lieutenant Tastaire
(grièvement blessé); les sous- lieutenants Hoffet (blessé)
et DE FoucHER (blessé et amputé) ; les sergents Faure et
Lallemand (blessés); les fusiliers Schmidt et Dumay (bles-
sés). »
La belle conduite du régiment fut d'ailleurs bientôt
récompensée (2).
Le colonel Guérin se vit nommer officier de la Légion
d'honneur, et le corps eut en partage huit croix de cheva-
lier et vingt-quatre médailles militaires.
Le 9, quand le jour se fit, un nuage de fuméç roussâtre,
épaisse, nauséabonde, planait lourdement au-dessus de la
cité détruite (3).
Tandis que quelques détachements pénétraient avec
(1) V. Journal dos marches et opérations de la division d'Aurelle
(Dépôt do la guerre).
(2) Le 17 septembre, le capitaine Clausener est nommé chef de batail-
lon au 96"; le 22 septembre le lieutenant-colonel Capriolde Péchassant
est nommé colonel du 52" ; le 25 septembre le capitaine Dupré est nommé
chef de bataillon au 2' régiment de la légion étrangère.
Les décorations furent accordées par arrêté du 14 septembre.
(3) La guerre de Crimée, par Camille Rousset.
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 305
prudence dans rintérieur de la ville, les débris du 15® se
retiraient au camp d'Inkermann.
On s'occupa aussitôt de fournir des corvées pourl'enterT
rement des morts.
Le lendemain, à 4 heures, en présence du général d'Au-
relle, la 2® brigade rendait les derniers honneurs à son
ancien chef (général de MaroUes) et à 24 officiers tués glo-
rieusement pendant Tassant.
Puis, le service reprit comme précédemment, avec cette
différence qu'en raison des pertes, chaque régiment ne
forma plus qu*un bataillon (1).
Lorsque Toccupation et la défense de Sébastopol furent
assurées, les troupes disponibles furent réparties dans
les camps.
Le 15® fut envoyé successivement aux camps de Traktir,
deKadikoï, de Mordvinolï et de,Baïdar. Enfin, au milieu
d'octobre, il dut retourner, avec toute la division, à son
ancien emplacement, près de KadikoL
C'est là qu'il passa l'hiver sous la tente.
La saison d'automne avait été belle; mais elle changea
brusquement, à la suite d'une tempête qui éclata du 6 au
8 décembre, et nous amena beaucoup de pluies suivies
bientôt d'un froid très rigoureux.
Installé sur un mamelon exposé au vent du nord, le
régiment fut particulièrement éprouvé par cette tempéra-
ture humide et glaciale, rendue plus insupportable encore
par la violence des bourrasques, qui renversaient parfois
les tentes, au milieu de la nuit, laissant nos malheureux
soldats sans abri contre la pluie, la neige et ce vent sibé-
rien.
Toutes ces misères engendrèrent bien vite les bronchites,
les diarrhées, le scorbut et le typhus.
Malgré les soins qu'on put prendre, malgré l'installation
(1) Le 14 septembre, le 15* avait reçu 117 hommes du 1" de Ugne;
le lendemain, 289 de son propre dépôt et 289 du 37« do ligne. Enfin,
quelques Jours après, arrivaient encore 180 hommes du 101".
Hist. 15* ao
306 HISTORIQUE
des chaufïoirs et des infirmeries régimentaires, les ambu-
lances se trouvèrent encombrées (1).
Chaque jour, par un temps glacial, plus de cent malades
attendaient la visite à la porte de Tinfirmerie.
Si bien qu'à la fin de Thiver, le 15<^ avait sous les armes
mille hommes de moins qu'au mois d'octobre (2).
Signature de la paix (30 mars 1856).
Cependant, depuis le 16 janvier, les relations diploma-
tiques avaient été reprises entre la France et la Russie.
Enfin, le 2 avril, la voix du canon, qui avait si souvent
grondé dans les combats, apportait à l'armée le message
de paix. Elle était signée depuis le 30 mars 1856.
C'est alors que s'établirent entre les soldats russes et
français ces rapports de bonne et franche camaraderie qui
ne se démentirent jamais depuis et qui font le plus grand
honneur aux deux armées, parce que cette sympathie
repose sur une base solide : l'estime réciproque née du sein
même de la lutte.
Revue en présence des officiers russes (17 avrU).
Le 13 avril, le général Luders, commandant en chef les
forces russes, invitait le maréchal Pélissier et ses officiers
généraux à honorer de leur présence une revue de l'armée
moscovite. Pour répondre à cet acte de haute courtoisie,
le maréchal ordonna, quatre jours après (17 avril), une
revue de toutes les troupes françaises laissées en Crimée
(55.000 hommes) et les présenta au général Luders. Pen-
dant le défilé, nos drapeaux, noircis par la poudre, déchi-
(1) On avait cependant distribué, au mois de]anyier,à chaque soldat,
une criméenne, un capuchon, une chéchia, une paire de guêtres bul-
gares et une paire de sabots. Beaucoup reçurent, en outre, des gilets de
laine et des chaussettes provenant de dons nationaux.
(2) Renseignements tirés du Journal historique du 15'^ de ligne (rédigé
en 1871).
DU 15<^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 307
rés par les projectiles russes, s'inclinèrent successivement
devant le général, et notre ennemi d'hier les saluait avec
respect, applaudissant surtout ceux qui n'avaient arra-
ché au combat que la hampe et quelques lambeaux.
Au mois de mai, le 15® eut la satisfaction de quitter
l'insalubre camp de Kadikoï pour aller s'établir aux envi-
rons du monastère de Saint-Georges. Là, grâce à la pureté
de l'air et au retour de la belle saison, on vit rapidement
disparaître l'épidémie qui décimait nos malheureux batail-
lons depuis le commencement de l'année.
L'ère des souffrances était passée : on ne se souvint plus
que de' la gloire.
Retour en France (26 Juin 1S56).
Le 15 juin le régiment s'embarqua sur le Fleurus, Onze
jours plus tard (le 26), il prenait terre à Marseille, d'où
il fût envoyé à Lyon pour se reconstituer (1).
(( Près d'un demi-siècle s'est écoulé depuis ces mémora-
bles événements. Aujourd'hui, il ne reste de cette guerre
que des noms de victoire, des souvenirs héroïques, des
réputations noblement acquises, et les ossuaires que con-
serve là-bas le plateau de Ghersonèse » (2).
1856-1858
Gomme il a été dit plus haut, le lo« utilisa son séjour à
Lyon pour reformer ses trois bataillons à huit compa-
gnies (3).
Après cette opération, il reprit ses longs voyages à tra-
(1) Le régiment s'embarqua à Kamiesh. Il avait un effectif de 32 offi-
ciers et 1.006 hommes.
(2) V. Histoire militaire contemporaine^ par le commandant Frédéric
Canonge.
(3) Le 4* bataillon, constitué pour la campagne de Crimée, avait été
supprimé depuis
308 HISTORIQUE
vers la France. Nous le trouvons successivement à Nevers
(juillet 1856), à Sathonay (novembre 1856), à Saint-Etienne
(janvier 1857), à Lyon (juillet 1857), à Strasbourg (octobre
1857), à Châlons (mai 1858), à Melun et Romainville
(décembre 1858).
CAMPAGNE D'ITALIE
(1859).
Causes et débuts de la gnerre.
Dès la fin de Tannée 1858, la question italienne se dres-
sait menaçante à Milan, à Venise et à Paris (1).
Le l«r janvier 1859, à la réception du corps diplomatique,
Tempereur Napoléon III exprimait à l'ambassadeur d'Au-
triche le regret que ses relations avec la cour de Vienne
« ne fussent pas aussi bonnes que par le passé ».
L'orage allait d'ailleurs grandissant ; de graves compli-
cations ne tardèrent pas à surgir.
L'empereur, dont toutes les sympathies étaient acquises
depuis longtemps à la cause italienne, promit son appui
au roi de Sardaigne, dans le cas où l'Autriche l'attaque-
rait (2).
Or, le 23 avril, François-Joseph adressait au comte de
Gavour un ultimatum catégorique, par lequel il accordait
trois jours au gouvernement sarde pour faire savoir s'il
consentait à mettre, sans délai, son armée sur le pied de
paix.
C'était la guerre.
Le 3 mai, l'empereur des Français annonçait aux Cham-
bres la déclaration de guerre.
Ajoutons que, depuis le mois de février, le ministre de
la guerre avait pris ses mesures pour être à même de parer
aux différentes éventualités.
(1) Canongc, Histoire militaire contemporaine ^ page 113.
(2) Même auteur, page 114.
DU 15® RÉGIMENT I)*INFANTERIE 309
Le 21 avril, Napoléon III avait prescrit le rappel sous les
armes de tous les hommes en congé renouvelable, avec or-
dre de les diriger immédiatenient sur leurs dépôts par les
voies rapides.
Enfin, trois jours après, Sa Majesté décidait la formation
de l'armée des Alpes, qui devint bientôt Tarmée d'Italie et
qui comprenait quatre corps d'armée, sans compter la garde
impériale (1). L'empereur se réservait le commandement
en chef.
A la fin d'avril, les 3«et 4° corps franchissaient les Alpes
au mont Genèvre et au mont Cenis, tandis que les deux
premiers s'embarquaient à Toulon et à Marseille, à desti-
nation de Gènes.
L'état-major et les trois bataillons actifs du 15« de ligne,
partis de Paris le 25 avril, prirent passage à bord du
Magellan, du Governolo, du Philippe- Auguste et du lihin, et
débarquèrent à Gènes dans les journées du 29 et du 30.
Le régiment formait, avec le 21® de ligne et le 10® ba-
taillon de chasseurs à pied, la première brigade (provi-
soirement sous les ordres du colonel Guérin) de la 2® di-
vision (général de Ladmirault), du l^r corps d'armée,
commandé par le maréchal Baraguay-d'Hilliers.
Aussitôt à terre (30 avril), les deux divisions du 1®^ corps
furent poussées en avant.
Le 16^, constamment à l'extrême droite, était détaché,
le 3 mai, à Cassano. Il y recueillit bon nombre d'habitants
de Tortone qui, pris de peur, se sauvaient à l'approche
d'un parti autrichien du corps de Benedeck.
Nos soldats se retranchèrent dans le village, pendant que
de fortes patrouilles battaient le terrain dans la direction
de l'ennemi (2).
(1) 1" corps, maréchal comte Baraguay-d^IIillicrs; 2' corps, général
comte de Mac-Mahon ; 3' corps, maréchal Canrobcrt ; 4' corps, général
Niel ; garde, général Regnault de Saint-Jean-d'Angely.
Un 5" corps fut bientôt formé (prince Napoléon;. Les 1", 3' et 4' corps
étaient à trois divisions. De plus, il y avait deux divisions de cavalerie
(Partonneaux et Desvaux).
(2) Le général de Ladmirault avait envoyé, dans la Journée au colo-
310 HISTORIQUE
La panique se prolongea jusqu'au 6 mai.
Pour rassurer les populations, le colonel Guérin ( du 15® ),
auquel on avait envoyé un officier et une section du génie,
fit mettre la localité en état de défense.
On crénela les maisons, on pratiqua des coupures sur
les routes et Ton fit partir, sous les yeux des paysans sar-
des, de nombreuses patrouilles, qui circulèrent devant le
front des vedettes autrichiennes (1).
Le lendemain, la l^^ division ayant relevé la 2®, le régi-
ment repassa sur la rive gauche de la Scrivia.
Cantonné d'abord à Spinola, puis à Serravale et à Novi,
il fut rappelé, le 16, à Castelnovo de la Scrivia, où la divi-
sion arriva, par une pluie battante, vers 10 heures du
matin.
On s'attendait à un mouvement offensif du feld-zeug-
mestre Gyulay (2); mais ce fut en vain. Abrités derrière
le Pô et la Sésia, nos adversaires ne bougeaient plus de-
puis le 13.
Quant à nos troupes, elles brûlaient d'impatience de
déployer leur valeur sous les yeux de Napoléon III, qui
venait de signaler par une éloquente proclamation sa prise
de possession du commandement en chef.
(( Soldats,
(( Je n'ai pas besoin de stimuler votre ardeur; chaque
nel Guérin deux chasseurs à cheval pour le prévenir en cas de besoin,
et dix paires de cacolets, à tout hasard.
Le 5, le général de Ladmirault vint en personne faire une recon-
naissance à Gassano.
(i) V. Journal de marche de la 2" division et de la 2' brigade. —
Pour cette campagne nous avons en outre puisé nos renseignements
aux sources suivantes : i* Historique du corps établi le 11 janvier 1863;
2^ Rapport des généraux sur les différentes batailles (correspondance
officielle, archives historiques de la guerre) ; 3* Campagne de l'empe-
reur Napoléon III en Italie, rédigée au dépôt de la guerre ; 4» Rensei-
gnements dus à l'obligeance du lieutenant-colonel de Jouffroy d'Abbans,
commandant le 61" territorial, qui servait au 15" pendant la campagne
d'Italie.
(2) Le 21 mai, le général Niol avait pris le commandement de la 1'*
brigade (15« et 21«).
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 3U
étape vous rappelle une victoire Défiez-vous d*un trop
grand élan, c*est la seule chose que je redoute
» Déjà, d'un bout à l'autre de la France, retentissent ces
paroles d'un heureux augure : La nouvelle armée d'Italie
sera digne de sa sœur aînée I ))
Cependant, l'inaction des Autrichiens ne devait pas être
de longue durée.
Le 20 mai, l'armée française apprit avec joie le brillant
succès remporté, par la division Forey, sur le terrain déjà
célèbre de Montebello.
Quelques jours après, l'empereur faisait entamer la
grande marche de flanc qui amena toutes ses forces sur
la ligne de la Sésia. Le 1®' corps d'armée fut spécialement
chargé de couvrir les derrières de l'armée et de détourner
l'attention de l'ennemi pour assurer l'exécution de ce dan-
gereux mouvement.
Enfin, le 31 mai, le maréchal Baraguay-d'Hilliers se
transportait sur la rive gauche du Pô, en traversant le
fleuve à Casale, et, le 2 juin, dans la soirée, il établissait
ses troupes à la droite des positions occupées par le 4«
corps (Niel).
Les glorieux combats de Turbigo, Bufïalora et Magenta
nous eurent bientôt ouvert la route de Milan. Pourtant
Giulay, en se repliant sur la ligne de l'Adda, avait laissé
à Melegnano la brigade Rôden avec ordre de retarder à
tout prix la poursuite des alliés.
Le 15® de ligne, qui n'avait pas tiré un coup de fusil
depuis le commencement de la campagne, allait, de nou-
veau reprendre sa place sur les champs de bataille.
Le 7 juin au soir, le maréchal Baraguay-d'Hilliers rece-
vait l'ordre de se porter, le lendemain, au delà de Milan
pour aller camper sur la route de Melegnano à San-Giuliano.
En conséquence, le 8, à 5 heures du matin, la division
Ladmirault quitte Magenta pour gagner Milan.
Le défilé du 1®' corps d'armée dans les rues de 1^ ville
est une véritable marche triomphale. Nos troupes sont ac-
cueillies par les acclamations de la foule, qui jette à pro-
fusion les fleurs, les bouquets, les cigares : on n'avance
312 HISTORIQUE
qu'avec peine. Les voies sont tellement encombrées qu*il
faut près de trois heures pour arriver à la porte Romana.
Melegnano est encore à 7 kilomètres.
Combat de Melegnano (8 juin 1859).
Cependant Tempereur vient de recueillir à Milan même
de nouvelles informations, qui le décident à se rendre
maître de Melegnano sans plus tarder.
Aussi le maréchal Baraguay-d'Hilliers n*accorde-t-il à
ses divisions qye le repos indispensable pour préparer et
prendre un peu de nourriture (1) et les remet en marche,
vers 4 heures, afin de brusquer Tattaque du village, qu'on
dit occupé par deux brigades ennemies (2).
Arrivée à San-Giuliano, la 2® division (Ladmirault), à
laquelle appartient le 15®, reçoit Tordre de déboîter à gau-
che, par San-Brera et Rocca-Brivia, et de diriger ses efforts
sur le flanc droit des Autrichiens.
Pendant ce temps, la P^ division devra faire une démons-
tration sur la ligne de retraite de Tennemi, en passant par
Mezzano et Pedriano, tandis que la 3® restera chargée de
Tattaque directe par la grande route.
Vers 6 heures du soir, tout le corps d'armée est en vue
de Melegnano; mais voici qu'éclate un orage épouvan-
table, qui paralyse tout mouvement en avant. Heureuse-
ment, cette effroyable averse se calme assez vite.
Bientôt, deux coups de canon se font entendre sur notre
droite. C'est la division Bazaine qui engage la lutte. Sans
attendre la fin d'un court combat d'artillerie, le l«r zouaves
et le 33e ^q ligne s'élancent au pas de course sur le village.
(1) La marche avait été très pénible, à cause delà poussière. On était
parti à 5 heures du matin, dans l'ordre suivant ; 10' bataillon de chas-
seurs, 15* de ligne, 21* de ligne; puis 2" brigade (Négrier). La halte eut
lieu près de San-Donato, à gauche de la route. On fit le café et l'on
cuisit un peu de viande.
(2) La brigade Rôden de la division Berger, et la brigade Boèr de la
division Lang.
V. Campagne de Napoléon III en Italie, rédigée au dépôt de la
guerre.
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE ' 313
De leur côté, le 15® de ligne et le 10® bataillon de chas-
seurs s'emparent de Rocca-Brivia, et, couverts par une
ligne de tirailleurs, gagnent rapidement les berges de la
Vestabia (ruisseau encaissé). Comme les ponts sont rom-
pus, tout le monde, colonel en tête, se jette résolument à
l'eau. Enfin, après avoir franchi cet obstacle, les soldats
du lo« commencent à donner la main aux zouaves de la 3®
division et parviennent aux premières clôtures extérieures
de la ville.
Le colonel Guérin fait alors exécuter à ses trois batail-
lons un changement de direction à droite, qui a pour
résultat de déborder Tennemi et de menacer son flanc. Les
Autrichiens défendent le terrain pied à pied, utilisant suc-
cessivement chaque mur, chaque fossé, chaque maison et
toutes les barricades préparées à Tavance. Chacun de ces
obstacles devient un retranchement qu'il faut emporter à
la baïonnette. Mais, malgré la résistance acharnée de la
brigade de Rôden, nos braves soldats, cheminant de jardin
en jardin et de rue en rue, s'emparent peu à peu de tout
le secteur compris entre la route et la rivière, faisant
partout de nombreux prisonniers. Le 15«^, les chasseurs, les
zouaves, se rejoignent et se confondent, poussant devant
eux les vaillants défenseurs du village.
A ce moment, le maréchal Baraguay-d'Hilliers, voyant
l'impossibilité de traverser le Lambro, précipite ses trou-
pes sur l'unique point de retraite des Autrichiens, le pont.
Une effroyable mêlée s'engage ici entre les derniers ba-
taillons ennemis, qui tentent vainement de conserver ce
passage, et la colonne française, composée des zouaves, des
chasseurs, de deux bataillons du 15^ et de deux bataillons
du 33e (1).
Après une lutte sanglante, opiniâtre, corps à corps,
l'arrière-garde de la brigade Roden est dispersée, noyée
ou faite prisonnière. Nous sommes définitivement maîtres
de Melegnano.
(1) Tous ces renseignements proviennent du Journal des marches et
opérations de la division Ladmirault, ainsi que de la Relation de la cam-
pagne rédigée par le dépôt de la guerre.
314 HISTORIQUE
Cependant, pour achever la victoire il faudrait empê-
cher l'adversaire d'occuper une seconde position ; car on a
dû déjà sacrifier bien du monde pour le déloger de celle-ci.
Dans ce but, le général de Ladmirault rallie rapidement
quelques compagnies de chasseurs et deux bataillons du
15®, qu'il lance sur la route de Mulazzano; mais deux piè-
ces de canon y sont déjà établies et tirent à mitraille sur
nos compagnies de tête. On est obligé d'arrêter la pour-
suite et de s'abriter derrière les arbres, les fossés et les
maisons qui bordent la chaussée, en attendant des renforts.
Enfin leur arrivée entraîne une vigoureuse offensive, et
une nouvelle charge à la baïonnette force les Autrichiens
à se replier sous la protection de la brigade Boêr, qui inter-
vient trop tard pour conjurer la défaite.
Tout à coup, un nouvel orage, encore plus violent que
le premier, éclate sur le champ de bataille, l'inonde d'une
pluie torrentielle et met ainsi fin à la lutte.
(( En exécutant ces différents mouvements, dit le rapport
du général de division, le général commandant la l'« bri-
gade (Niol) et le colonel du 15« ont fait preuve d'habileté,
de résolution et d'une grande intelligence.
Le régiment s'était, en effet, signalé de la façon la plus
brillante à côté de corps réputés comme les chasseurs et
les zouaves. Il avait fait, aux abords du village, 7 à 800
prisonniers. D'ailleurs, son succès lui coûtait cher: 30
hommes tués, 5 officiers, 50 sous-officiers et soldats hors
de combat.
Au premier rang, le lieutenant-colonel Schneider, puis le
commandant Ardouin, les capitaines Lochner et Perrier,
et le sous lieutenant Patriarche (1).
Comme nos soldats avaient besoin de repos, l'empereur
les maintint jusqu'au 11 juin sur les positions conquises.
(1) Le Journal de marche du 15" (Journal reconstitué en 1871) porte
que le régiment eut à Melegnano 4 ofilcicrs tués. Cette assertion doit
provenir d'une erreur de copiste, car les matricules des ofTiciers ne
font mention d'aucun oiïicier tué ce Jour-là et signalent, en revanche,
5 officiers blessés. Si 4 de ces officiers ont pu mourir de leurs blessures,
ce n'est que bien après, car nous avons les prouves que le colonel
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 315
Bataille de Solferino (24 Juin 1859).
(Inscrite au drapeau du régiment.)
Pendant ce temps, le comte Giulay, ne se sentant plus
assez fort pour tenir tête à Napoléon III dans les plaines
de Lombardie, avait résolu de se retirer derrière la Chiese,
pour attendre Tattaque des alliés sur la ligne Lonato-
Castiglione. Mais Tempereur François-Joseph, qui venait
de prendre le commandement des forces autrichiennes,
lui ordonna de se replier jusqu'au Mincio.
La rencontre n'en fut que différée. De nombreuses re-
connaissances avaient appris au grand état-major français
que de forts détachements autrichiens occupaient Solferino,
Cavriana et Médole.
En conséquence, les ordres donnés pour la journée du
24 fixaient les objectifs suivants :
A Tarmée piémontaise, Pozzolengo ;
Au 1*^^" corps, Solferino ;
Au 2® corps, Cavriana;
Au 3® corps, Médole ;
Au 4« corps, Guidizzolo.
Quant à la garde, elle devait s'établir à Castiglione jus-
qu'à nouvel ordre.
Donc, le 24 juin, à la pointe du jour, le maréchal Bara-
guay-Ki'Hilliers met ses troupes en mouvement.
La 2® division (de Ladmirault) part la première, à 3 heu-
res, après avoir mangé la soupe. Elle traverse Esenta et se
dirige, parles crêtes (1), sur le village de Solferino, qu'on
croit occupé par 5 à 6.000 ennemis.
Schneider fut nommé, le 30 Juin 1859, colonel du 56' de llj^ne ; que le
capitaine Lochner devint chef de bataillon ,* que le sous-lieutenant
Patriarche fut nommé lieutenant en 1860, et que le capitaine Perrier fut
tué à Solferino. Citons, parmi ceux qui se firent remarquer par le plus
brillant courage, le Jeune Gastal, enfant de troupe du 15% récemment
nommé tambour de grenadiers (16 mai 1859), qui bravait le feu pour la
première fois et qui, voyant sa caisse hors de service, s'arma d'un fusil
et se battit comme un lion. (V. Appendice n» 8.)
(1) Avec quatre pièces de canon.
316 HISTORIQUE
La !'« brigade (IS®, 21« de ligne, 10® bataillon de chas-
seurs) marche en tôte(l).
Vers 6 h. 1/2, legénéralde Ladmirault aperçoit l'ennemi
couronnant toutes les positions qui s'étagent jusqu'à Sol-
ferino. Il rassemble sa division dans la vallée de Padercini
et la dispose immédiatement en trois colonnes. Celle de
droite, composée du 21« de ligne, d'un bataillon du 15® (1«')
et de deux compagnies de chasseurs, est confiée au général
Félix Douai; elle doit agir à droite, par les hauteurs qui
aboutissent au cimetière.
La moitié du 3® bataillon du 15® de ligne est détachée à
la colonne de gauche (général de Négrier), destinée à la dé-
monstration du côté de l'église.
Le reste du régiment (2« bataillon et la moitié du 3®), sous
les ordres du colonel Guérin, forme, avec deux bataillons
du 100«, quatre compagnies de chasseurs et quatre pièces
d'artillerie, la colonne du centre, dont le général de divi-
sion se réserve le commandement pour soutenir les deux
autres et tenter, au moment voulu, l'attaque directe et dé
cisive.
A 8 heures, notre petite batterie ouvre le feu.
Mais l'ennemi, débusqué des premiers contreforts, ré-
siste opiniâtrement sur les mamelons suivants. Il faut plu-
sieurs charges à la baïonnette pour l'en déloger.
Au lieu d'un combat d'avant-postes, c'est une bataille
rangée qui commence, car les Autrichiens, en se repliant,
démasquent tout à coup de nouveaux bataillons dont le tir
meurtrier cause d'énormes ravages dans nos rangs.
Cependant, l'attaque des ailes parvient, peu à peu, jus-
qu'aux premiers retranchements du village, refoulant pé-
niblement l'ennemi, qui ne cède le terrain que pas à pas.
Le général de Ladmirault, qui vient d'être blessé (2), en-
voie quelques renforts à ses bataillons les plus menacés.
(1) La V* brigade n'est plus commandée par le général Mol; le gé-
néral Félix Douai lui a succédé depuis le 19 Juin. Cette brigade doit
suivre le chemin de Santa-Maria, Barche-di-Castiglione, Barche-di-
Solferino.
(2) Une balle dans Tépaule.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 317
Puis, au bout de quelques instants, voyant racharnement
de la lutte, il se décide à faire avancer ses réserves.
C*est au moment où il prescrit aux colonels Guérin (du
15®) et Mathieu (du 100") de se porter en avant [avec
toutes leurs forces qu*il est de nouveau et plus grièvement
blessé (1),
Il est 10 h. 1/2. Le général de Négrier prend alors le
commandement de la division.
Il ordonne à la colonne Douai d'accentuer son mouve-
ment tournant, en reliant son action à celle de la 3® divi-
sion. Lui-môme, avec les deux autres colonnes, attaquera
de front les formidables positions où se sont retranchés les
défenseurs de Solferino.
En effet, tandis que le 61® va dégager le 17® chasseurs
fort compromis, le colonel Guérin, à la tête des 15® (deux
bataillons) et 100® (deux bataillons), se porte résolument en
avant, gravissant les pentes sous le feu roulant et meurtrier
des Autrichiens (2).
On progresse difficilement, car il faut enlever chaque pli
de terrain à la baïonnette.
Néanin'oins, en dépit de tant d'obstacles, nos soldats
couronnent bientôt la crête des hauteurs qui aboutissent
au village.
Il reste maintenant à s'emparer du cimetière.
(( Entraînés par leurs officiers, les deux bataillons du 15®
s'élancent vers la position en colonne serrée, par pelotons,
dans un ordre admirable. Mais, arrivés à environ 250 mè-
tres du mur de clôture, ils sont accueillis par une grêle de
balles qui couche à terre une quarantaine d'hommes des
pelotons de tête (3) ».
(1) Une baUe dans l'aine. Le général de Négrier réunit sa colonne à
celle du centre.
(2) Tous ces détails ont été puisés dans le Journal des marches et
opérations de la division Ladmirault, dans rHistoriquo du corps et
dans la Campagne de Napoléon III en Italie, rédigée au dépôt de la
guerre.
(3) Voyez le Journal historique du corps, pour cotte campagne.
(Archives de la guerre.)
318 HISTORIQUE
Parmi ces premières victimes on remarque un capitaine
de tirailleurs : c*est M. Groult de Saint-Paer, récem-
ment nommé chef de bataillon au 15«, qui vient de trouver
la mort des braves devant les compagnies dont il a pris le
commandement le matin même (1).
Un instant rompue par cette avalanche de plomb, la
colonne tourbillonne et recule pour reformer ses rangs et
reprendre son élan; puis elle charge de nouveau avec un
incomparable entrain. Vains efforts I La vigueur et Télan
de nos vaillants soldats viennent se briser contre les murs
fortifiés et crénelés, d*où part la plus effroyable fusillade.
Officiers, sous-officiers et soldats font des prodiges de va-
leur et d'audace. Là, tombent glorieusement sous les balles
ennemies le commandant Kléber, les capitaines deLatour
et Perrier, le sous-lieutenant Tomasi, les sergents-majors
Labié et Lallemand, le fourrier Lépine.
Saluons aussi avec respect cet intrépide tambour Gas-
TAL (2), à peine âgé de 18 ans, qui bat énergiquement la
charge sous la mitraille ennemie jusqu'à ce qu'une blessure
au flanc gauche le mette dans l'impossibilité de continuer.
Rejetant alors sur son dos la caisse autrichieniïe dont il
s'était emparé à Melegnagno, il s'arme de la carabine d'un
chasseur à pied tombé à ses côtés et contribue par sa bra-
voure à l'enlèvement de la colline des Cyprès. C'est là
qu'une nouvelle balle l'étend à terre, lui brisant l'épaule et
l'omoplate gauches. En dépit de la gravité de sa blessure, il
trouve encore assez de force pour se relever et suivre ses
camarades à l'assaut. Honneur à cet humble héros I
Cependant, on demande instamment du canon, car il
(1) Le commandant de Saint-Paer avait été reconnu devant son ba-
taillon, le matin même, pendant le rassemblement de la division au
pied des hauteurs. Nous tenons ces détails de l'obligeance du lieutenant-
colonel DE JouFFROY d'Abbans, qui faisait en Italie ses débuts dans la
carrière, comme officier du 15° de ligne. Quoique faisant partie du
dépôt, le lieutenant de Jouffroy eut à conduire un détachement au delà
des Alpes et obtint de rester aux bataillons de guerre pour faire la
campagne.
(2) Voir ses états de service et la notice. (Appendice n" 8.)
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 319
faut, à tout prix, faire brèche dans ces retranchements ou
renoncer à s'en emparer.
En attendant, le colonel Guérin disperse ses hommes en
tirailleurs et les fait coucher, tâchant de les défiler le plus
possible à la terrible mousqueterie des Autrichiens (1).
Enfin, vers midi, Tartillerie parvient à se mettre en bat-
terie, sur une hauteur, à 300 mètres du cimetière.
En un instant, le feu est ouvert et les murs de clôture
volent en éclats.
Tout le monde est debout baïonnette au clair, et pour la
troisième fois, nos bataillons tentent Tassant delà redou-
table position, qu'ils enlèvent au cri de : « Vive l'Empe-
reur I »
Au même moment, la colonne Douai (21® de ligne et
J«r bataillon du 15^) pénètre aussi dans Solferino, pendant
que la 3® division, soutenue par les voltigeurs de la garde,
achève notre succès en délogeant l'ennemi de toute la par-
tie sud du village
Dès lors, les Autrichiens, débordés de toutes parts, se
retirent précipitamment sur Cavriana, laissant entre nos
mains 14 pièces de canon et 1.500 prisonniers. -
Ordre est immédiatement donné aux 1'® et 3® divisions
de se lancer à leur poursuite.
Quant aux troupes du général de Ladmirault, qui ont
beaucoup souffert pendant l'attaque, elles sont chargées
d'occuper Solferino.
Malgré notre avantage, l'empereur François-Joseph n'a
pas encore perdu tout espoir, et, vers trois heures, il
ordonne un retour offensif contre la droite de l'armée alliée ;
mais le succès ne répond guère à son attente. D'ailleurs,
voici qu'éclate soudain une violente tempête, bientôt suivie
d'une pluie diluvienne qui suspend complètement la lutte.
• Les Autrichiens profitent de cette diversion pour se replier
derrière le Mincip (2).
(1) A la suite de ces différents mouvements les unités du 15** et du
100' de ligne se trouvèrent un peu mélangées; mais la valeur et Ten-
train n'eurent point à en soufirir.
(2) L'armée autrichienne se retira sans être poursuivie. Ses pertes
320 HISTORIQUE
Nos hommes n'avaient rien mangé depuis 2 h. 1/2 du
matin. Aussi Napoléon prescrivit-il d'installer incontinent
les bivouacs sur les positions conquises.
A 9 h. 1/2 du soir, la division de Ladmirault était établie
sur le chemin de Pozzolengo, à la gauche de la 1'^, qui
campait au pied même de Solferino.
Telle fut cette sanglante victoire, dont le glorieux sou-
venir est pieusement conservé au 15® de ligne. Toutefois,
si le nom de Solferino se détache aujourd'hui en lettres
d'or sur le drapeau du régiment, c'est que nos aînés l'y
ont inscrit d'abord avec leur sang.
Lorsqu'on se rassembla au bivouac, combien de braves
manquaient à l'appel I On comptait 2 chefs de bataillon,
2 capitaines, 2 sous-lieutenants tués; 1 chef cie bataillon»
3 capitaines et 4 lieutenants blessés.
En outre, plus de 250 sous-officiers, caporaux ou soldats
se trouvaient hors de combat (1) (2).
Le rapport du général de division reconnut avec un
légitime orgueil la belle contenance de ses régiments
dans cette meurtrière journée.
(( Toutes les troupes, dit-il, ont fait preuve d'un entrain
et d'un courage admirables. Le colonel Guérin, du 15®, et
le colonnel de Fontanges, du 21®, ont déployé une intel-
ligence et une fermeté remarquables. »
Colonel Martin-Edouard DAUDEL
(30 juin 1859).
L'effet de cette élogieuse citation ne se fit pas longtemps
attendre, car, le 30 juin 1859, S. M. l'Empereur accordait
s*élevaient à 22.000 hommes tués, blessés ou prisonniers. De son côté,
l'armée alliée avait perdu 17.000 hommes.
(1) Dont 73 tués.
(2) Les officiers tués étaient le commandant Kléber, le commandant
Groult de Saint-Paer, les capitaines de Latour et Perrier, les sous-
lieutenants ToMASi et Beaucousin.
Officiers blessés : commandant Lesèble , capitaines Ghareyre, Tel-
mat et Ballet; lieutenants Schgeffer, Duroy, Lagrange et Garnier.
Le commandant Lesèble dut se faire désarticuler Tépaule.
Dr 15« RÉGiMKNT d'infanteiuk 321
au colonel Guérin les étoiles de général de brigade et lui
donnait pour digne successeur Tancien lieutenant-colonel
du 3® voltigeurs de la garde, M. Daudel.
Le lendemain de la bataille de Sollerino, Tarmée autri-
chienne avait, en presque totalité, franchi le Mincio. A
la fin du mois, elle allait s'établir sur la rive gauche de
l'Adige.
Le lor juillet, Tempereur Napoléon III reprend la pour-
suite de Tennemi. Le 15« de ligne, sous la conduite de
son nouveau colonel, M. Daudel, passe le Mincio à Moz-
zambano et va s'installer avec toute la drvision à Castel-
nuovo del Torre, près de Peschiera. Le siège de cette place
avait été résolu et devait être fait par Tarmée sarde et le
1®' corps d'armée (Baraguay-d'Hilliers).
Signature de la paix (12 juillet 1859).
C'est là que nos soldats apprirent, coup sur coup, la si-
gnature de l'armistice (8 juillet) et la conclusion de la paix
à Villafranca (12 juillet).
Ainsi finit cette campagne d'Italie, qui, malgré son im-
provisation et le décousu de son exécution, fut incontes-
tablement glorieuse pour l'armée française et pour l'em-
pereur Napoléon III.
Retour en France.
Le 23 juillet, les troupes françaises, à l'exception du
corps d'occupation, recevaient l'ordre de quitter l'Italie.
Transporté à Suze en chemin de fer, le 15« de ligne (1)
traversa le Mont-Cenis et fut ensuite dirigé sur le camp de
Saint-Maur, près de Charenton.
Le 14 août, il prit part au défilé triomphal de l'armée
d'Italie. Son drapeau mutilé fut salué par les acclamations
de la foule enthousiaste, qui rendait ainsi un éclatant et
légitime hommage aux vaillants soldats de Melegnano et
de Solferino.
(1) Le 3* bataillon no partit que plus tard.
Hist. 15*. 21
322 HISTORIQUE
Quelques jours après, le 15« fut acheminé sur Rouen,
où il fit une entrée solennelle (23 août).
Jamais régiment ne fut accueilli avec tant de magnifi-
cence : 3.000 hommes de garde nationale formaient la haie
à 2 kilomètres de la ville. Toute la population était aux
fenêtres, d'où partait une tempête d'applaudissements et
de vivats. Ce fut un véritable déluge de couronnes et de
bouquets. Le soir, un banquet, offert par le conseil muni-
cipal, réunissait 400 invités dans les salons de Thôtel de
ville, pendant que les jardins et les rues de Rouen offraient
le spectacle d'uùe magnifique illumination (1).
1860-1869
Le 15® régiment d'infanterie devait rester à Rouen et
Elbeuf jusqu'en 1862. A cette époque, il fut envoyé à
Brest, puis successivement à Lyon (1865), Saint-Etienne
(1865), Chàlons (1867), Soissons, Laon et Reims (1867).
Il se trouvait au camp de Ghâlons lorsque son colonel,
M. Daudel, fut nommé général de brigade (2 août 1869) et
remplacé dans son commandement par le colonel Fra-
BOULET DE KeRLÉADEC (2).
GUERRE FRANCO-ALLEMANDE (1870-71) (3).
En 1870, la France gênait seule la Prusse dans Tac
complissement de ses desseins d'unification allemande.
(1) Détails empruntés au Journal historique du corps, rédigé à Brest
en 1863.
(2) Au mois de septembre 1869, le régiment revint occuper Soissoûs,
Laoh, Reims et Guise.
(3) Nous avons puisé aux sources suivantes : Journal de marche de la
3' division ; Journal historique du 15% établi en 1871 ; Relation de la
campagne par le grand état-major allemand; Français et Allemands,
par Dick de Lonlay (après en avoir contrôlé l'exactitude au moyen des
archives de la guerre); Notes manuscrites venant du commandant
ÂcuET ; Renseignements obligeamment fournis par M. le lieutenant-
colonel DE JouFFROY d'Abbans, alors ca{)itaine au 15' de ligne.
DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTERIB 323
Depuis 1866, les rapports entre Paris et Berlin se ten-
daient de plus en plus, et ropinion publique s'était juste-
ment émue des incidents successifs connus sous les noms
de : (( Question du Luxembourg », « Intervention française
à Mentana », « Candidature HohenzoUern ».
« Ce fut celui-ci, le plus futile en quelque sorte, qui mit
le feu aux poudres » (1).
Le 15 juillet, en effet, S. M. TEmpereur faisait connaître
au Corps législatif « qu'il était décidé à recourir à la force
pour sauvegarder les droits de la France ».
La concentration de Tarmée s'opéra par les cinq grandes
lignes qui reliaient Paris aux bassins de la Meuse, de la
Moselle et du Rhin.
Du 21 au 23 juillet, les trois bataillons du 15® furent
rassemblés à Thionville. Le régiment était affecté, avec
le 2® bataillon de chasseurs à pied et le 33® de ligne, à
la l'« brigade (général Pajol) de la 3® division (général
de Lorencez) du 4® corps d'armée (général de Ladmirault).
Parti de Thionville le 28 juillet, le 15® fut successivement
envoyé à Kédange, à Colmen, à Coume (2), à Bouzonville,
Halstrof, Sainte-Barbe et Chieulles.
Bataille de Bomy (14 août).
C'est là qu'était campée la 3® division lorsque, le 14 août,
à 9 heures du matin, elle reçut l'ordre de se rendre, par
Longeville, à Moulins-lesMetz.
La brigade Pajol, qui accompagnait l'artillerie, se mit
en mouvement vers midi, passa la Moselle sur les ponts
de bateaux établis à l'île Chambière (à 4 heures), puis,
par suite de nouveaux ordres, dut se porter à hauteur de
(1) V. Histoire militaire contemporaine, par le lieutenant-colonol
Canonge.
(2) Le 2 août, la 3" division pousse une reconnaissance offensive de
Ck)ume à Merten, vers Sarrelouis. Le général Pajol, avec deux bataillons
du 15' et une section 'du génie, s'avance jusqu'au plateau qui domine
Berus, qu'on dit être fortement organisé et muni d'une puissante artil-
lerie. Mais l'ennemi n'y fut point rencontré.
324 HISTORIQUE
Woippy, pour bivouaquer. Mais à peine le régiment com-
mençait-il à s'installer près de Maisonneuve qu'un coup-
de canon se fît entendre du côté de Borny. Sans autre
avertissement, la l'<^ brigade, laissant ses sacs au camp, se
hâta de repasser la rivière, gravit au pas de course le»
pentes de Saint- Julien et vint se former en réserve derrière
le bois de Grimont.
Vers 6 heures, l'ennemi fit une démonstration sur notre
gauche. C'est alors que le général Pajol, chargé de conjurer
ce danger, prit positiou près du pigeonnier de Grimont.
Le 15® se déploya en seconde ligne, à la gauche du bois,,
sous un feu nourri mais mal ajusté, qui ne lui tua heureu-
sement qu'un seul homme.
Néanmoins, l'entrée en ligne de la 1'® brigade arrêta le
mouvement tournant des Prussiens.
11 était environ 7 heures du soir.
Après avoir ainsi dégagé la division Grenier, le général
de Ladmirault attendit vainement des ordres pour pro-
longer son mouvement offensif. Ils ne vinrent pas.
D'ailleurs, la nuit commençait à s'étendre sur le champ
de bataille ; peu à peu le combat prit fin sur toute la ligne.
Si le régiment n'avait pas eu de pertes sérieuses, il n'en
avait pas moins fait preuve de beaucoup de sang-froid et
de résolution. Aussi eut-il sa part dans les récompenses.
Le commandant Chapot reçut la croix d'officier de la
Légion d'honneur et le capitaine Royer celle de chevalier.
Cinq médailles militaires furent en outre accordées à des
militaires du corps.
Dès que la lutte fut terminée, le maréchal Bazaine donna
l'ordre aux troupes qui avaient été engagées de reprendre
leur marche sur Metz.
A 2 heures du matin, la division de Lorencez était réins-
tallée dans ses bivouacs de la Maison-Neuve, sur la rive
gauche de la Moselle. Mais, à 3 heures de l'après-midi,
elle se remettait en mouvement dans la direction de Don-
court. Malheureusement, il fallut s'arrêter à Plappeville
pour laisser passer les troupes et les convois envoyés de
Metz à Ghâtel-Saint-Germain, de sorte qu'on ne put dépas-
ser Lessy, où l'on arriva vers 9 heures du soir. Le 2® batail-
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 325
Ion de chasseurs et 2 bataillons du 15'^ campèrent sur le
plateau (entre Lessy et Lorry) (1).
Le lendemain, 16 août, devait se livrer Tune des batailles
les plus meurtrières du siècle.
Bataille de Rezonville-Gravelotte ou Mars-la-Tour (16 août).
La colonne de droite de Tarmée française (2) avait été
tellement retardée la veille, comme nous venons de le
voir, que le 4® corps n'avait pu atteindre l'emplacement
qui lui était assigné. En conséquence, il devait partir pour
Doncourt, dès 4 heures du matin, le 16. L'encombrement
des routes ne permit pas d'exécuter cet ordre. C'est pour-
quoi le général de Ladmirault prit le parti de faire suivre
à la division Lorehcez la route de Briey par Sainte-Marie-
aux-Chênes, tandis que les deux autres se dirigeaient sur
Amanvillers, Vernéville et Doncourt.
Pourtant la 3® division se trouva encore arrêtée par les
«envois. Concentrée, depuis 6 heures du matin, autour de
Lessy, elle dut passer toute la matinée sur le plateau de la
Sapinière (3).
« Soudain, vers 9 heures et demie, le grondement du
canon se fait entendre du côté de Rezonville. Cette canon-
nade durera toute la journée (4). »
Enfin, à 2 heures du soir, après une longue attente, le
général de Lorencez prescrit à ses troupes de se remettre
en marche sur Amanvillers. La division y arrive vers
S heures. Pendant ce temps, le combat d'artillerie parait
redoubler d'intensité. C'est, à n'en pas douter, une véri-
(1) V. Journal de marche de la 3' division.
(2) L'armée française, après avoir pas^é la Moselle, s'était formée, à
partir de Gravelotte, en deux colonnes pour se porter sur la Meuse. La
colonne de gauche comprenait les 2' et 6* corps, la colonne de droite se
composait AesS' et 4' corps, suivis de la garde et des parcs.
(3) Le 15% le H* et le 65* étaient entre Lessy et Lorry, le 33" au mou-
lin Longeau, l'artillerie entre les deux brigades (V. Journal de marche
de la 3« division).
(4) V. Français et Allemands, par Dick de Lonlay, p. 418.
326 HISTORIQUE
table bataille. Il faut donc, sans plus tarder, se rapprocher
du théâtre de la lutte.
On accélère Fallureet bientôt on traverse Doncourt, puis
on arrive à Bru vil le. Ce village est plein de blessés qui
donnent quelques renseignements sur les événements de
la journée. Il est 7 heures; nos soldats sont exténués (1).
D'ailleurs, la nuit tombe et la canonnade cesse peu à peu.
Néanmoins, la brigade Pajol gagne Gravelotte et va s'éta-
blir au bivouac, sur le coteau de Rozerieulles, en face du
bois de Vaux.
(( Un profond silence s'étend alors sur ce terrain où,
depuis douze heures, s'entre-tuaient 300.000 combattants,
où tonnaient 1.200 bouches à feu et où la mort avait fait
une si riche moisson.
» Dans la paix solennelle de la nuit, il semble qu'une
plainte immense monte vers le ciel, la plainte de plus de
30.000 hommes qui dorment là, rigides (1) ». Sous la tente
on ne sommeilla guère, malgré la fatigue, car chacun s'at-
tendait à reprendre dès l'aube une vigoureuse offensive.
On sait ce qu'il en advint.
Et ce fut avec un douloureux étonnement que l'armée
française apprit qu'elle devait se replier jusqu'aux collines
dominant la Moselle (2).
Le 4® corps (de Ladmirault) avait ordre de s'établir entre
le 3« et le 6®, vers Montigny-la-Grange et Amanvillers.
Après avoir pris position entre Bruville et Doncourt,
pour protéger ce mouvement rétrograde, la division Lo-
rencez vint s'installer au bivouac, à 7 heures du soir, près
de la ferme Saint-Vincent.
Cependant, le prince Frédéric-Charles, informé de notre
retraite volontaire, en avait rendu compte au roi.
A cette nouvelle, le grand état-major allemand avait
décidé qu'il fallait tenter de nous couper de notre ligne
de retraite sur Verdun. En effet, vers la fin de la journée,
(1) Voir le renvoi 4 de la page 325.
(2) Bazaine établissait son armée entre les deux ravins de la Mance
et de Chatel-Saint-Germain, sur un mouvement de terrain dépendant
des hauteurs qui séparent l'Orne de la Moselle.
DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTERIE 327
d'épais nuages de poussière signalent déjà la marche des
colonnes allemandes.
Malgré tout, comme on n'a reçu aucune instruction en
vue d'un combat, chacun profite de la douce température
de la nuit pour se reposer. Entre 1 heure et 2 du matin,
deux alertes successives causent bien un moment d'émo-
tion, maïs le calme est vite rétabli.
On constate qu'il n'y a rien et l'on se recouche sous la
tente.
(( Bientôt après, tout le monde se réveille aux accords
vibrantg d'une diane générale, saluant l'aube de ce jour
fatal, qui aurait dû éclairer une victoire de la France et qui
n'éclaira malheureusement qu'une retraite (1). ^)
D'ailleurs, personne ne bouge; il semble que l'on ne
s'attende pas à une bataille.
Bataille de Saint-Privat. — - Défense des lignes d'Amanvillers
(18 août 1870).
Depuis les premières heures du jour, l'armée allemande,
rompant par échelons, la gauche en avant, exécute une
convjBrsion à droite pour se porter sur un front parallèle
au nôtre.
Cependant rien ne trouble encore la tranquillité de nos
bivouacs.
A 10 heures du matin, le 3^ bataillon du 15® (comman-
dant DE Lespinâsse) est envoyé aux avant- postes à la pointe
des bois de Fèves, près des carrières de la Croix (2).
« Tout à coup, vers 11 h. 1/2, une détonation retentit du
côté de Vernéville, et. en même temps un obus éclate dans
le camp du 4® corps (de Ladmirault). C'est le premier coup
de canon d'une batterie allemande qui a eu l'audace de
(1) V. Français et Allemands, par Dick de Lonlay.
(2) Ce bataiUon, qui ne retrouva les deux autres que le lendemain,
près de Woippy, fut employé d'abord à la défense de la lisière des bois
de Fèves, puis envoyé en soutien d'artillerie en avant de la ferme de
Marengo.
32S HISTOUIQUK
s'établir à 1.500 mètres d'Amanvillers et qui vomit aussitôt
une gréle de projectiles sur Téglise et le village (1). »
La division Lorencez, qui vient justement de prendre les
armes pour l'appel réglementaire, dépose immédiatement
ses sacs et se porte au pas gymnastique' vers Amanvillers,
où les divisions Grenier et de Cissey sont déjà aux prises
avec l'ennemi (2).
Les deux premiers bataillons du 15^ restent, ainsi
qu'une batterie, au bivouac, pour garder les sacs et les
bagages. Nos braves soldats rongent silencieusement leur
frein. Ils prêtent une oreille attentive aux échos du champ
de bataille. Le canon gronde toujours et la fusillade crépite
sur tout le front.
Enfin, le géiiéral de Ladmirault, qui a besoin de toutes
ses forces pour résister aux attaques réitérées du 9® corps
allemand, fait appeler ses dernières réserves.
Donc, vers 1 heure du soir, le 15« de ligne et la batterie
du camp débouchent à leur tour sur le plateau d'Aman-
villers.
Le régiment se déploie en seconde ligne à la gauche du*
65®, entre le village (3) et la ferme de Montigny-la-Grange.
Un grondement épouvantable et continu domine tous
les bruits dont retentit cette immense et sanglante arène,
où se mesurent deux armées formidables. C'est un duel
acharné, terrible, entre les deux artilleries adverses.
Quoique couchés, nos bataillons souffrent considérable-
ment du feu de ces quatre-vingts pièces de canon braquées
contre eux.
Mais l'ennemi ne peut faire aucun progrès. Nos vaillants
soldats restent de longues heures impassibles sous une
(1) V. Français et Allemands^ par Dick de Lonlay. Nous avons con-
trôlé l'exactitude de ce renseignement à l'aide des journaux de marche.
Cotte artillerie allemande se déploya au nord de la ferme de Champe-
nois.
• (2) La division Lorencez avait laissé les sacs et les bagages au bi-
vouac.
(3) Le village d'Amanvillers.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 329
pluie de projectiles et tiennent partout leurs positions avec
la plus grande fermeté.
A 4 heures tous les officiers supérieurs du 15® sont hors
de combat. C'est le capitaine adjudant-major Bonnet qui
prend le commandement du régiment. Bien que blessé
lui-môme d'un éclat d'obus au visage, il donne à tous
l'exemple de la plus rare énergie.
Cependant, vers 5 heures, nos batteries épuisées, se
taisent et, faute de munitions, sont obligées de se retirer.
Bientôt après, le général de Ladmirault, voyant que la
division Grenier contient à grand peine les attaques fu-
rieuses des Allemands (1), prescrit à la division Lorencez
de se porter à son secours. En conséquence, les 15®, 65® et
54® de ligne reçoivent l'ordre de relever les régiments de
droite de la division Grenier.
Le 15®, renforcé d'un bataillon du 13®, s'avance alors au
pas de course, sous une grêle de mitraille, et le combat
recommence avec un acharnement sans exemple (2).
Trois fois les Hessois se lancent à l'assaut. Malgré l'ap-
pui de la 25® division tout entière, ils sont obligés de re-
culer. Tous leurs efforts se brisent contre l'indomptable
résistance de nos troupes.
Combien d'actes héroïques I combien de dévouements
obscurs ne faudrait-il pas citer ici I II en est un qu'il est
impossible de passer sous silence.
Le fourrier de la compagnie Achet, transmettant un
renseignement à son capitaine, roule soudain à ses pieds,
mortellement frappé par une balle probablement destinée
à son chef. Mais, pendant que celui-ci adresse au blessé
(1) Vers 6 heures, une brigade de la garde prussienne et la brigade
de gauche du 3' corps de la 2' armée sont presque détruites devant
Amanvillers par le feu des défenseurs du village.
(2) (c A ce moment, écrit Dick de Lonlay, un régiment prussien pro-
fitant de répaisse fumée de la canonnade, s'approche à couvert en
criant : « Ne tirez pas, nous sommes Français. » Mais le commandant
Commercon, du 13% n'a pas oublié l'odieuse manœuvre de Borny. « Ce
sont des Prussiens » crie-t-il au 15% feu à 200 mètres I » La supercherie
des Prussiens leur coûta cher. »
330 HISTORIQUE
quelques mots de compassion, voici que de nouveau ré-
sonne la charge :
« Mon capitaine, s'écrie Tintrépide fourrier, je ne suis
pas encore mort. Vive la France 1 » Et, ramassant tout ce
qui lui reste d'énergie, le voilà qui se relève et qui court à
l'ennemi.
Hélas 1 vingt pas plus loin, ses forces le trahissent et,
jetant un long regard sur ces lignes prussiennes qu'il ne
peut atteindre, il tombe à la renverse. 11 est mort. Honneur
à ce noble jeune homme qui a voulu donner à la patrie jus-
qu'au dernier battement de son cœur, jusqu'à la dernière
goutte de son sang (1)1
D'ailleurs, ici, tous les officiers, tous les gradés donnent
l'exemple de la plus admirable constance. Et le brave régi-
ment se maintient inébranlable sous la mitraille. Cepen-
dant, à notre droite, le 6« corps (Canrobert), débordé par
les Saxons, priyé de tout secours, est obligé de se replier
par les bois de Jaumont et de Fèves. Le 4® corps (Ladmi-
rault) se trouve ainsi découvert de ce côté.
Néanmoins, la division Lorencez conserve ses positions
et étend même ses lignes plus à droite du village d'Aman-
villers.
En conséquence, deux bataillons du 33® passent de la
gauche à la droite de Montigny-la-Grange, pour ne pas
perdre leur liaison avec le 15® (2).
Le capitaine Bonnet, qui commande si brillamment le
régiment depuis 4 heures du soir,* interdit les feux à vo-
lonté et n'autorise que des feux de salve, qui causent d'é-
pouvantables ravages dans les rangs prussiens (3).
(1) Cotte anecdote est empruntée aux notes laissées par le comman-
dant AcHET, que sa famille nous a très gracieusement communiquées,
par l'intermédiaire de M. le capitaine Destré, officier d'ordonnance de
M. le général de Vanteaux. Nous regrettons de ne pas savoir le nom de
ce vaillant fourrier.
(2) Détails empruntés au Journal de marche de la division et à l'His-
torique du 33*.
(3) V. la citation du capitaine Bonnet sur ses états de services ; pour
les feux, ce détail nous a été fourni par les Notes et Souvenirs du
commandant Achet, qui dit avoir constaté des effets étonnants de des-
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 331
Quoi qu'il en soit, les masses ennemies affluent et se ré-
pandent en une immense marée humaine.
Un moment le 15®, épuisé, seipble prêt à faiblir.
Dans ce danger pressant, le capitaine Bonnet se souvient
qu'en tombant le colonel de Kerléadeg lui a recommandé
son cher drapeau. Saisissant alors la hampe de ce précieux
emblème, il l'élève et Tagite comnie pour en signaler la
détresse, et voici qu'à cet appel d'alarme nos braves soldats
se rallient et se groupent autour de lui', opposant de nou-
veau un rempart inexpugnable aux assauts répétés des Al-
lemands (1).
Du reste, un bataillon du 64®, conduit par le colonel
Léger, accourt leâ soutenir (2).
On attend l'arrivée de la garde pour reprendre l'offen-
sive, et bien que l'ordre ait été donné, à 7 heures, de rentrer
au bivouac, le général de Lorencez, ne se sentant pas me-
nacé, maintient encore ses troupes dans leurs emplace-
ments.
Pourtant, vers 8 heures, la situation devient des plus
critiques. Amanvillers est en flammes. Trois batteries
prussiennes labourent de projectiles tout le terrain qui
borde le village.
Le lo®, à bout de forces, n'ayant presque plus de cartou-
ches, résiste avec peine aux terribles attaques de l'infante-
rie ennemie, qui tourne insensiblement notre droite.
«Heureusement, le 41®, conduit par le colonel Saussier,
arrive au pas de course à Montigny-la-Grange. L'entrée en
ligne de ce régiment, par l'obscurité, fait croire à un ren-
fort plus considérable et relève le courage de nos soldats
harassés. Un brusque retour offensif est aussitôt résolu
pour reprendre les positions emportées parles Allemands.
Les tambours battent la charge et deux bataillons du
traction. Le capitaine Bonnet, avait été, au commencement de 1870,
capitaine de tir au camp de Ghâlons.
(1) Ce ralliement est cité comme fait remarquable dans le rapport du
général de division.
(2) Détails empruntés à Français et Allemands, par Dick de Lonlay,
p. 263.
332 HISTORIQUE
M^ se jettent à la baïonnette sur les colonnes prussiennes
aux cris de : Vive la France ! Vive TEmpereur I pendant que
les compagnies du 15® brjilent leurs dernières cartouches
en des salves nourries et meurtrières (i). »
Au bout d'un quart d'heure, nous avons reconquis tout
le plateau compris entre Amanvillers et Montigny-la-
Grange.
Mais bientôt les ténèbres de la nuit couvrent le champ
de bataille, planant au-dessus des plaines ensanglantées
comme un immense voile de deuil.
La fusillade cesse de toutes parts. A 9 h. 1/2 on n'entend
plus rien. .
Vers 10 heures, le régiment, qui a conservé sa place de
bataille, reçoit l'ordre de regagner son camp de Saint-
Vincent (2). Il y arrive à 11 heures et trouve tout en désor-
dre. Les obus y sont tombés en si grand nombre qu'une
partie des hommes de la garde de police ont été tués ou
blessés et que beaucoup de tentes ont été renversées ou
lacérées par les projectiles.
(( La nuit est fort sombre, cependanM'horizon est éclairé
par deux énormes torches : c'est Saint-Privat et Amanvil-
lers que les flammes dévorent (1). »
Comme il fait froid et que chacun s'attend à une nou-
velle attaque, nos malheureux soldats, exténués par dix
heures de lutte, s'allongent autour des feux.
D'ailleurs, on ne se reposa guère, car vers une heure du
matin de nouvelles instructions prescrivaient à la division
Lorencez (3® et 4° corps) de se replier sous Metz.
Dans cette meurtrière journée du 18 août, le 4® corps
(Ladmirault) s'était maintenu sur toutes ses positions, re-
poussant avec une indomptable énergie les attaques vingt
(1) Français et Allemands, par Dick dcLonlay.
(2) (( Le capitaine Bonnet, assis sur un tambour, fut averti que le
général le demandait ; c'était pour lui donner cet ordre. Grisé par le
.succès de son régiment, qui avait si bien conservé ses positions, le ca-
pitaine n'ordonna qu'à regret la retraite. Il eût cependant été témé-
raire de rester plus longtemps là. D'ailleurs on n'avait ni vivres ni
eau. tt (Souvenirs du capitaine Àchet.)
DU 15® nÉGiMÉ;NT d'infanterie 333
fois répétées de Tinfanterie allemande et supportant avec
une admirable constance le feu écrasant de plus de deux
cents pièces de canon tonnant à la fois contre les défenseurs
d'Amanvillers et de Montigny-la-Grange.
La magnifique attitude du 15® de ligne, au cours de cette
terrible bataille, rappelle les jours les plus glorieux de
l'histoire du régiment.
Le corps entier a fait noblement son devoir ; mais, s'il
s'est couvert d'une gloire incomparable, c'est au prix des
plus durs sacrifices ; la mort a largement moissonné dans
ses rangs.
Cinq cent quarante sous-olfîciers et soldats sont hors de
combat.
Le vaillant colonel Fraboulet de Kerléadec (1) est mor-
tellement atteint. « Mes amis I s'est il écrié en tombant, je
vous recommande le drapeau 1 »
Non loin de lui, cinq autres officiers ont payé de la vie
leur dévouement à la patrie ; ce sont : MM. le lieutenant-
colonel MAQUAmE ; le chef de bataillon Paron ; les capitai-
nes de la Vallière (2) et Creusvaux ; le sous-lieutenant
Gourdel.
Douze officiers sont blessés; ce sont : MM. le comman-
dant Chapot ; les capitaines de Foerster, Pouyaud, de Pe-
RETTi, AcHET ct HoFFET (mort le 8 septembre des suites de ses
blessures); les lieutenants Corlieu, DuBARnet Augier; les
sous-lieutenants Huguet, Cartier et Rigolage.
Cette rude et mémorable journée valut aux sous-lieute-
nants Rigolage et Huguet la croix de chevalier de la Légion
d'honneur et, à (Jix-neuf sous-officiers ou soldats, la mé-
daille militaire.
Notre récit serait incomplet si nous ne mentionnions ici
le nom des officiers dont la brillante conduite fut particu-
lièrement remarquée.
En voici la liste :
M. le colonel Fraboulet de Kerléadec; les commandants
(1) Il mourut le 11 septembre à Metz.
(2) De Boisguéret de la Vallière.
334 HISTORIQUE
Chapot et DE Lespinasse; les capitaines adjudants majors
Bonnet (1) et Forest; les capitaines Hoffet, Pouyaud,
RiGOLAGE, SOUMARD DE VILLENEUVE, DE PoUSARGUES, AcHET;
les médecins-majors Clntrat et Jacquez; les lieutenants
DuBARD, Hazard, DE Chaptal, Thomas, DE Saint-Aulaire ;
le sous-lieutenant Huguet (2).
Le 19, dès l'aube, en exécution des ordres donpés par le
maréchal Bazaine, le 4« corps (de Ladmirault), si éprouvé
la veille, va se rallier sur le plateau de PlappeviUe. La
brigade Pajol (15® et 33®) arrive à Devant-les-Ponts vers
4 heures du matin et prend position, dans la soirée, à Ti-
gnomont, entre Lorry et PlappeviUe. Elle devait y rester
jusqu'au 26 août.
Dans les dernières heures du jour, nos troupes reçurent
le dernier courrier de Paris.
C'est donc du 19 août que date le blocus de l'armée de
Metz, qui devait se terminer d'une façon si lamentable.
Fausse attaque du 26 août.
Cependant, le 26 août, nos soldats ont un instant l'espoir
de prendre leur revanche. Des ordres ont été donnés pour
que tous les corps d'armée se mettent en mouvement dès
le matin et se portent sur la rive droite de la Moselle.
Le ciel est nuageux ; la journée parait devoir être bru-
meuse. Le soldat n'en a pas moins bouclé son sac avec
joie.
Une amère déception l'attendait.
Vers 1 heure de l'après-midi, la division de Lorencez (3)
(1) Non seulement le capitaine Bonnet fut cité à Tordre de Tarmée
pour avoir commandé, depuis 4 heures du soir, le 15* avec la plus
grande énergie, mais il fui nommé chef de bataillon (3* bataillon) en
remplacement du commandant de l'Espinasse, appelé à un autre com-
mandement. Cette nomination date du 24 août 1870.
(2) Tous ces officiers sont cités à l'ordre de l'armée, ainsi que 16 sous-
olHciers et soldats du corps.
(3) Journal de marche de la 3" division (la division est partie à 6 h. 1/2
du matin, l'« brigade en tête, par les ponts de l'Ile Ghambière).
DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 335
prend position sur le plateau de Saint-Julien, près du bois
de Grimont.
Le 15® de ligne est à la lisière du bois, un peu en avant
du château. Les bataillons sont rangés en bataille, à 50 mè-
tres les uns des autres (1).
Une heure, deux heures se passent sous une pluie bat-
tante. Qu'attend-on? Aucun ordre n'arrive, aucune nou-
velle ne circule.
Pourtant, vers 4 heures du soir, on apprend avec sur-
prise qu'il faut repasser la Moselle. La troisième division,
consternée, désappointée, se remet en marche à 7 heures.
Le 15® de ligne n'arrive à son camp qu'à 8 heures du matin,
le 27.
Sur ces entrefaites, le bruit se répand que le maréchal
de Mac-Mahon arrive au secours de Metz avec l'armée de
Châlons. Pour calmer l'impatience des troupes, le maré-
chal Bazaine prescrit de recommencer l'opération avortée
du 26.
Bataille de NoisseTille (1'' septembre).
En conséquence, le 31 août, à 6 heures du matin, le 15®
de ligne, sous les ordres du lieutenant-colonel Guillemain,
nouvellement promu, passe la Moselle et va s'établir, en
seconde ligne, en avant du château de Grimont. Le4<' corps
doit aborder la position de Sainte-Barbe par sa droite.
Enfin, la bataille s'engage. Bien que la division Loren-
cez n'ait pour ainsi dire pas combattu ce jour-là, la com-
pagnie de partisans du ib^, commandée par le lieutenant
DE CouESBouc, a pu pénétrer dans le village de Servigny
et s'y maintenir jusqu'au milieu de la nuit.
Dès l'aube, la 3® division va relever en première ligne
la division de Cissey, qui a beaucoup souffert la veille.
A 4 heures du matin, la fusillade recommence, le
(1) V. Journal de marche de la division Lorencez. « Depuis vingt-
quatre heures ces hommes n'ont pris que du café. On leur alloue une
ratioi^ extraordinaire d'eau-de-vie pour le lendemain. .»
336 HISTORIQUE
canon gronde sur la droite, du côté de Noisseville. Le
brouillard est si épais qu'il est impossible de distinguer
Tensemble du champ de bataille. Le 15® de ligne se fait
remarquer par son calme et son sang-froid sous la grêle
des obus prussiens (1).
Mais, vers H heures, les progrès de l'ennemi forcent le
3® et le 6e corps à battre en retraite. Bientôt le 4® doit ré-
trogader à son tour.
Les divisions Lorencez et de Cissey opèrent ce mouve-
ment par échelons et dans le plus grand ordre. Le 15® régi-
ment d'infanterie s'établit au bois de Grimont et s'y main-
tient, jusqu'à une heure, sous le feu des batteries prus-
siennes.
Il exécute des salves qui arrêtent les colonnes ennemies.
Pourtant, les troupes françaises repassent encore une fois
la Moselle.
Le régiment reprend, à 7 heures du soir, son campement
de Plappeville.
Tel fut le dernier grand combat de l'armée de Metz.
C'était fini. Elle allait bientôt mourir, étouffée dans le
cercle de fer qui l'entourait. Néanmoins l'agonie devait
durer encore cinquante-huit jours.
Dans cette bataille de quarante huit heures, le 15® de
ligne ne perdit heureusement qu'une cinquantaine d'hom-
mes.
L'ordre de l'armée rendit hommage à la belle conduite
du commandant Bonnet, des capitaines Roslin, Giraud,
Legeay, Jaclot, des lieutenants Bourguignon et de Cou-
ESBOUG.
Plusieurs de ces officiers eurent immédiatement la ré-
compense due à leur patriotisme et à leur dévouement.
Le médecin-major Cintrât et le commandant de Lespi-
NASSE reçurent la rosette d'officier de la Légion d'honneur;
les capitaines Roslin et Girault, ainsi que les lieutenants
(1) Le 3* bataiUon du 15% envoyé dans la direction de Viller-l'Orme,
occupe la gauche de la division.
Tout ce récit est emprunté au Journal do marche du corps d'armée
et de la division, et à Français et Allemands^ de Dick de Lonlay
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 337
Klein et de Couesbouc, la croix de chevalier. Enfin, six
sous-ofiiciers et soldats furent décorés de la médaille mili-
taire (1).
Quelques jours plus tard (le li septembre), le régiment
avait le regret d'apprendre la mort de son vaillant colonel,
Théodore-Eugène Fraboulet de Kerléadec, décédé à Metz
des suites de ses blessures.
Colonel Joseph-Barthélemy-Xavier DERROJA
(12 septembre 1870).
Le lendemain (12 septembre), le commandement du 15®
fut donné au colonel Derroja, précédemment lieutenant-
colonel du 33® de ligne.
Les journées suivantes s'écoulèrent sans incidents di-
gnes d'intérêt.
Rappelons cependant que, le 21 septembre, notre com-
pagnie de partisans fut chargée d'une audacieuse recon-
naissance dans le bois de Vigneulles. Ses trois officiers
furent blessés dans cette périlleuse affaire (2).
Il y eut encore, le 1®' octobre, une prise d'armes partielle.
La compagnie franche et la 3® compagnie (de Jouffroy) du
3® bataillon avaient été seules désignées pour prendre part
à l'opération.
A 3 heures du matin, les sous-officiers, prévenus par
les capitaines, réveillèrent leurs hommes, et le détache-
ment quitta le bivouac sans bruit pour ne pas attirer l'at-
tention (3). .
Notre petite colonne fut ensuite établie en flanc-garde
avec mission de protéger la droite du 33®, qui attaquait le
bois de Lessy.
(1) Le commandant de Lespinasse fut nommé Ucuicnnnt-coloncl, mais
J'ignore la date de sa promotion.
(2) Capitaine Roslin, lieutenant de Couesbouc et sous-lieutenant
GuiNDORF (ce dernier succomba à ses blessures).
(3) Ces détails nous ont été très gracieusement fournis par le lieute-
nant-colonel DE Jouffroy d'Abdans, alors capitaine au 15'.
Uist. 15*. 22
338 HISTORIQUE
Mais les Allemands ne tentèrent rien de ce côté.
Enfin, le 29 octobre, la belle armée de Metz, <( vaincue par
la faim, n'ayant perdu sur les champs de bataille ni un
drapeau ni un canon, mais y ayant laissé 42.483 hommes,
tués, blessés ou disparus, apprenait avec une immense
et muette douleur la nouvelle de la capitulation. Le jour
même, à midi, les Prussiens prenaient possession des forts
delà ville, vierge jusqu'alors du joug de l'étranger (1) ».
Les officiers avaient à choisir entre la signature du re-
vers ou la captivité.
Fuite duoolonel et du commandant Bonnet.
Le colonel Derroja, le commandant Bonnet, les capi-
taines AcHET, DE PousARGUES et bien d'autres (2) ne voulu-
rent point accepter cette alternative. La possibilité de
gagner le Luxembourg, en cheminant par les bois, les
potfssa à tenter une évasion que plusieurs ont payée de
leur vie.
D'ailleurs, l'espoir de servir et de défendre encore la
France ou de mourir pour elle leur fit braver tous les
périls.
Il fut donc convenu qu'on tâcherait de franchir les lignes
prussiennes, soit séparément, soit deux par deux, suivant
les occasions qui pourraient se présenter. On se donna
rendez-vous à Lille (3).
(1) Histoire militaire contemporaine, par le commandant Canonge,
p. 257.
(2) Nous regrettons de n'avoir pu nous procurer leurs noms.
(3) Tous ces détails nous ont été révélés par les « Souvenirs du com-
mandant AcHET ». Le capitaine Achet, qui réussit à s'évader, vint
remettre sa vaillante épéo au service de la patrie. On lui donna le
commandement d'un bataillon du 56^ Il commanda même son régi-
ment pendant la retraite du Mans. Chef de bataillon en 1870, chevalier
de la Légion d'honneur en 1873, le commandant Achet fut nommé
officier en 1886 et mourut à Imphy (Nièvre) le 29 mars 18i89, entouré
de l'estime publique. Le témoignage de cet homme d'honneur ne peut
être suspect.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 339
Nous ne pouvons exposer ici tous les dangers qu'ont
courus ces nobles fugitifs. On nous permettra cependant
d'en citer pour exemple les circonstances particulièrement
émouvantes et dramatiques qui marquèrent la fuite du
colonel Derroja et du commandant Bonnet. Il est bon que
les jeunes générations sachent jusqu'où a pu aller le cou-
rage, la résolution et le dévouement des héros qui ont tant
contribué à la gloire du 15®.
Donc, le colonel et le commandant Bonnet profitent des
ténèl>res de la nuit pour se glisser sous bois. Il sont con-
duits par ttu zouave qui se dit du pays et prétend connaî-
tre parfaitement les percées des forêts.
Tous les trois marchent avec précaution, Tœil au guet,
l'oreille tendue. Bientôt ils se trouvent à proximité d'une
maison de garde ; mais à peine les fugitifs ont-ils fait quel-
ques pas de ce côté qu'un cri rauque, énergique, les arrête
net.
« Wer da!)) répète la sentinelle prussienne. Que faire?
L'obscurité est profonde ; il faut prendre rapidement un
parti, car l'alarme est donnée, le poste prend les armes et
va s'élancer à leur recherche. Déjà le zouave s'est enfui.
Le commandant Bonnet n'hésite pas longtemps: sa déci-
sion est bien arrêtée.
« Mon colonel, dit il à voix basse, je sais l'allemand,
vous ne le savez pas, sauvez-vous... Tous les deux nous se-
rions fusillés. Seul, je m'en tirerai peut-être. D'ailleurs,
vous vous devez à vos officiers. Pas de générosité, pas de
sacrifice inutile... Fuyez, je vous en supplie, pendant que
je parlemente avec les Allemands. Ils ignorent que nous
sommes deux. Ils arrêteront là leur poursuite, et qui sait!
je m'en tirerai peut être... Adieu, mon colonel, bonne
chance ! éloignez vous I »
Sur ce dernier mot, l'intrépide officier sort du fourré
où il s'était blotti et va droit à l'ennemi.
Les Prussiens l'entourent immédiatement et le ramènent.
Ils sont tout fiers de leur prisonnier.
Conduit à la maison du garde, le commandant est pré-
senté à l'officier du poste.
« Ah I ah I dit celui-ci, un officier français qui s'évade !
340 HISTORIQUE
C'est bien. A 6 heures du matin, on lui réglera son affaire.
Gardez-le dans la chambre du milieu (1). ))
La situation est singulièrement inquiétante. Néanmoins^
le brave chef de bataillon ne désespère pas encore. En tout
cas, il a conscience d'avoir fait son devoir, et la conviction
que son dévouement n'a pas été inutile est un adoucisse-
ment à ses angoisses
Les heures se passent ainsi, dans une longue et énervante
attente. Et c'est à six heures que doit avoir lieu cette exé-
cution sommaire.
Voici qu'on relève la sentinelle. Le gardien et le prison-
nier se considèrent mutuellement avec une certaine curio-
sité. D'ailleurs, le commandant a fait le sacrifice de sa vie ;
. maintenant il se résigne stoïquement à son sort. N'étant pas
mort sur le champ de bataille, il tombera quand même sous
les balles ennemies. C'était sa destinée.
Ne sachant que faire pour tromper le temps, le vaillant
officier prend sa pipe et se met à la bourrer, lentement,
silencieusement, comme s'il voulait dire adieu à cette
fidèle compagne des jours de fatigues et d'épreuves.
Et l'Allemand jette un long regard de convoitise sur ce
tabac français. Le commandant Bonnet n'est pas sans s'en
apercevoir.
« Camarade, dit-il à voix basse, vous n'en avez pas de
pareil, hein 1
— Non certes.
— En voulez- vous une pipe ?
— Il est défendu de fumer sous les armes.
— Sous les armes, oui; mais après I Tenez, dans quel-
ques minutes je n'en aurai plus besoin; allons, vite, bour-
rez votre blague de cet excellent tabac français ; personne
ne vous verra ; les portes sont fermées. »
La sentinelle hésite un peu, examinant tantôt les portes,
(1) La maison du garde comportait trois pièces et un couloir. A droite
et à gauche du couloir, la chambre de l'officier et celle du poste ; au
fond du couloir, celle du prisonnier. La porte de cette dernière pièce
reste ouverte et une sentinelle circule de cette porte à celle qui donne
sur la lisière du bois et qui n'est fermée que par un verrou.
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 341
tantôt Tobjet de son envie ; enfin, la tentation l'emporte.
Posant doucement son arme contre la muraille, le soldat
tend au prisonnier sa blague, qu'il tient grande ouverte
avec les deux mains.
Mais, prompt comme l'éclair, l'officier se jette sur le fusil
et, d'un coup de pointe en pleine poitrine, envoie rouler
son gardien au fond du couloir ; puis, franchissant le cada-
vre, il ouvre la porte et disparait sous bois.
Au bruit de la chute du corps, les hommes du poste ac-
courent et trouvent leur camarade étendu dans une mare
de sang. Le drame n'est pas difficile à reconstituer.
Aussi, le premier moment d'émotion passé, tout le
monde se lance à la poursuite du fugitif. Il est trop tard I
Grâce à l'obscurité, le commandant est sauvé.
Cependant, il faut s'éloigner au plus vite pour échap-
per aux recherches des Pruseiens, car l'alarme doit être
donnée et l'aube commence à poindre à l'horizon.
Or, après une course folle, l'intrépide Bonnet parvient à
la lisière de la forêt, et quel n'est pas son étonnement en
reconnaissant, à quelques pas de lui, le camp du 15® I
Que faire ? La fuite est désormais impossible. Une en-
quête sera certainement ouverte, et quelle odieuse ven-
geance les Allemands n'exerceront-ils pas sur le camp
français s'ils ne retrouvent l'officier évadé !
Tout en réfléchissant à la gravité de la situation, le mal-
heureux chef de bataillon prend le parti de regagner sa
tente.
Enfin, après avoir mûrement interrogé sa conscience,
convaincu qu'il n'avait pas le droit d'exposer tout un camp
aux conséquences de sa témérité, ne connaissant d'ailleurs
aucun autre moyen de conjurer le danger, le commandant
Bonnet se présente au bureau spécial, pour y signer, la
rage dans le cœur, la feuille de revers (1).
(1) Une fois libre, le commandant Bonnet put faire savoir aux Prus-
siens que le prisonnier recherché c'était lui. Ces rensefgïiements sent
dus, comme je l'ai dit plus haut, aux Souvenirs du commandant Achet,
qui, lui aussi, s'était enfui déguisé en meunier.
Le commandant Bonnet (Jacques-Marie-Aristide) fut nommé chevalier
de la Légion d'honneur le 1" .mai 1871 , lieutenant-colonel le 17 no*
342 HISTORIQUE
Pendant ce temps, le colonel Derroja, sauvé par le dé-
vouement de son héroïque compagnon, atteignait la
frontière du Luxembourg et retrouvait, bientôt après,
quelques-uns de ses officiers à Lille. Le gouvernement lui
confia le commandement d'une brigade (1), ce qui lui
permit de reparaître avec honneur sur les champs de ba-
taille, dont la capitulation de Bazaine a^ait failli l'éloigner
pour longtemps.
Voyons ce qu'était devenu le dépôt du 15® tandis que ces
dramatiques événements se déroulaient autour de Metz.
Histoire da dëpét da 1 5» de Hiçiie en 1 S 70.
Parties de Laon, le 21 août, les deux compagnies de
dépôt, commandées par le major Denis, étaient arrivées le
même jour à Soissons.
Au commencement de septembre, ces deux compagnies
avaient chacune un effectif d'environ 1.200 hommes. Aussi
le général commandant la 4® division militaire mit-il à la
disposition du corps les officiers et les sous-officiers du
recrutement de la Meuse (2).
A partir du 11 septembre, la place se trouva investie.
Néanmoins, nos soldats ne restèrent pas inactifs.
Le 22 septembre, en effet, nous voyons le capitaine
Ballet (3) quitter la ville, avec 200 hommes, pour aller
yembre 1876, colonel le 30 novembre 1880, officier de la Légion
d'honneur le 28 décembre 1885. Il avait encore été blessé le 23 mai 1871
en combattant contre les insurgés de Paris. (V. appendice n* 8.)
(1) Général de brigade, au titre provisoire, le 25 décembre 1870. (Voir
l'appendice n* 6. )
(2) Nous avons consulté, pour cette partie, le Journal de marche du
régiment, établi le 21 juin 1871. Le 9 septembre, formation d'une com-
pagnie provisoire, sous le commandement du capitaine Gondalier de
TcGNY (ex-capitaine au 15') ; le 5 octobre, formation de trois compagnies
provisoires confiées au capitaine Fleurent (du 25*"), au capitaine Gillon
(du recrutement de l'Aisne), au lieutenant Ferlet, du 15* (nommé ca-
pitaine provisoire).
(3) Le capitaine Ballet était capitaine trésorier du 15* de ligne.
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 343
détruire les ponts de Foûtenoy et de Vic-sur-Aisne . La
petite colonne revint, quatre jours plus tard, après avoir
heureusement exécuté sa mission.
Combat dans les faubourgs de Soissons.
A la même époque (54 septembre) le major Denis arrê-
tait par une vigoureuse offensive l'audacieuse tentative de
l'ennemi sur le faubourg de Reims; mais ce beau fait
d'armes nous coûtait 2 tués et 15 blessés. Citons parmi
ceux qui se distinguèrent le plus dans ce combat :
MM. le major Denis (grièvement blessé) ; les sous-lieu-
tenants Pretel (blessé) etDuTOCQ ; les sergents-majors For-
tin et Marsan (lîlessés); les sergents Barré et Ahmed-ben-
BoGDHA (blessés) ; le sergent Durand, les soldats Mignard
et DUFRESNOY.
Le 26 septembre, un détachement de 200 hommes chasse
les Prussiens du faubourg de Villeneuve et incendie leurs
abris.
Protection d'un convoi (3 octobre).
L'attaque sur la gare fut moins heureuse. En revanche,
quelques jours après, le capitaine Ballet, à la tète de 300
hommes, enlève au pas de course les positions qui domi-
nent la route de Laon et favorise ainsi l'entrée d'un convoi
venant de La Fère.
Nos soldats ramenèrent avec eux 7 prisonniers.
Leurs pertes se montaient à 9 hommes, dont 1 tué et 8
blessés.
Le capitaine Ballet; les lieutenants Ferlet et Garnier ;
le sous-lieutenant Dutocq ; le sergent-major Félon ; les ser-
gents Cuzin et Durand; les caporaux Madrène et Robin; les
soldats FoY, Dubois, Perret, Perroud et Mignard se signa-
lèrent d'une façon particulière dans ce hardi coup de
main.
Enfin, le 9 octobre, le capitaine Fleurent, conduisant un
détachement de prisonniers à Saint-Quentin, fut attaqué
344 HISTORIQUE DU 15^ RÉGIMENT D'INFANTERIE
par un ennemi supérier en nombre, qui ne put ni lui cou-
per la retraite, ni délivrer les prisonniers. Cependant, le
11 octobre, un parlementaire se présentait au nom du
grand-duc de Mecklembourg et sommait la place de se ren-
dre (1).
Bombardement de Soisson^ (12-15 octobre).
Sur le refus énergique des défenseurs, le bombardement
commença dès le lendemain. La caserne fut criblée de pro-
jectiles.
Pendant la journée du 13, nous eûmes 14 soldats blessés
et 1 sous-ofïicier tué. Les jours suivants, nos hommes ne
savaient où se reposer : on faisait la soupe, la nuit, dans
les' caves.
Telle était la situation lorsque le 16, à 7 heures du matin,
le capitaine Ballet, commandant le dépôt du 13®, réunit
les officiers pour leur apprendre que la ville venait de ca-
pituler et qu'ils étaient prisonniers ainsi que toute la gar-
nison.
(1) Le 9 octobre, nous eûmes 1 homme tué et 2 blessés. Citons la belle
conduite du lieutenant DmiER, du sergent Cuzin, du tambour Roy et des
soldats DuFRESNOY, FoY, Vosi et Cadouz-ben-Kazous tirailleur algérien
servant au 15* de ligne.
nM£ DO i5« mm de iârche
créé le 22 août 1870 et devenu
115' RÉGIMENT DE LIGNE
(1" novembre 1870)
AMALGAMÉ DEPUIS AVEC LES RESTES DE l' ANCIEN 15** DE LIGNE
POUR RECONSTITUER LE
15® RÉGIMENT D'INFANTERIE DE LIGNE
(1« avril 1871) (1)
Le 15® régiment de marche avait été formé par décision
du 22 août 1870, à Taide des 4^8 bataillons des 10«, 14«et 26«
de ligne (2).
Le 30 août, ces trois bataillons étaient rassemblés et
campés au Champ-de-Mars, à Paris.
Lieutenant-colonel BONNET
(30 août 1870).
Le commandant Bonnet (3) fut placé à la tête du nou-
veau corps^avec le grade de lieutenant-colonel.
Les premiers jours de septembre avaient été consacrés
aux détails d'organisation.
Enfin, le 13, le régiment, qui comptait à la 1^^® brigade
(1) Les sources auxquelles nous avons puisé pour cette partie de
l'historique sont les suivantes : 1** Journal de marche du corps, Jour-
naux de marche de la division, etc. ; 2* Historique du 115' ; 3® Journal
des Sciences militaires (combat de Châtillon, rôle du 15') ; Combats
de Châtillon, Bagneux, par Alfred Duquet.
(2) 1" bataillon, commandant Angamarre du 10' ; 2' bataillon, com-
mandant Lourde-Laplace du 14'; 3' bataillon commandant, Gravis.
Chaque bataillon est à l'eflectif de 800 hommes.
(3) N'est pas le même que celui qui figurait au 15', à Metz. Celui-ci
venait du 37'.
346 HISTORIQUE
(Ladreit de la Charrière) de la l^^® division (de Caussade)
du 14« corps (général Renault), alla bivouaquer en avant du
fort dlssy.
C'est là que chaque bataillon constitua une section de
30 francs- tireurs (1).
Combat de ChAtillon (18-19 septembre).
La première prise d*armes sérieuse eut lieu le 18 sep-
tembre.
Le 15®, qui fournissait les avant-poste^ à Clamart, fut
renforcé d'une compagnie et demie de chasseurs (2) pour
éclairer la marche de la division et appuyer la reconnais-
sance du général Ducrot.
Vers 6 heures du matin, après avoir traversé le village
du Plessis-Piquet, le régiment se massait en arrière du
moulin, déjà occupé par les sections franches et les chas-
seurs. . '
Peu d'instants après, Tordre arriva de garnir tous les
abords du Plessis-Piquet, en faisant face au bois de Ver-
rières (3).
Ce front est constitué, à l'ouest, par un vaste enclos, et,
à l'est, par un grand parc entouré de murs solides. Une
rue, qui descend du village, sépare ces deux enceintes.
Le commandant Angàmarre est chargé de défendre la
face sud de l'enclos, tandis que le bataillon Lourde-La-
PLACE se retranche dans le parc Hachette et que le 3®
bataillon s'établit face à la direction de Sceaux, gardant
la porte, les grilles et les brèches du parc.
Les murs sont immédiatement crénelés et des banquettes
sont construites pour permettre d'exécuter des feux étages.
De plus, on barricade solidement l'entrée des rues.
(1) 1" section, commBodée pas le sous-lieutenant Peltier; 2* section,
commandée par le sous-lieutenant Meyras; 3' section, commandée par
le lieutenant Deflandre.
(2) Capitaine Battisti et lieutenant Soultz.
(3) A 500 mètres en arrière du moulin. Les constructions du moulin
se prêtaient à la défense.
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 347
Apeine ces travaux sont-ils terminés qu'une courte fusil-
lade s'engage entre le 1^^ bataillon et quelques éclaireursr
allemands. D'ailleurs, Tobscurité met fin à cette escarmou-
che et la nuit se passe d'une façon assez calme.
Cependant, le lendemain, au lever du jour, on peut
distinguer de grands mouvements de troupes en avant de
nos lignes, et bientôt Tartillerie ennemie entame la lutte.
Nos batteries de Châtillon lui répondent sur-le-champ. II
est 8 heures du matin. La mousqueterie s'anime sensible-
ment.
Voici que les francs-tireurs se replient sur le Plessis-
Piquet. C'est que l'infanterie allemande dessine son atta-
que et que la position du moulin n'est plus tenable.
En effet, les Bavarois sortent des bois de Malabry et
refoulent nos postes les plus avancés.
Le canon tonne avec fureur.
Vers midi, les bataillons ennemis, quittant leurs abris,
s'avancent résolument sur le village et tentent de l'abor-
der à la fois par l'ouest, le sud et l'est.
Mais, écrasés par le feu roulant du 15®, ils se retirent
précipitamment, abandonnant à l'artillerie le soin d'é-
branler notre résistance.
Et, tout à coup, une grêle de projectiles s'abat sur tout le
front du Plessis-Piquet. En un instant, le mur sud du parc
Hachette est renversé, détruit, et la colonne ennemie,
pénétrant par la brèche, s'empare de tout l'enclos (du parc)
ainsi que du Château-Rouge. Déjà l'assaillant se réjouit de
son succès lorsqu'il se trouve de nouveau arrêté devant
les clôtures sud du village. Nos braves soldats se défen-
dent avec une fermeté digne des vieilles troupes (1).
Pourtant, le colonel Bonnet s'aperçoit que les Allemands
s'étendent vers la droite. Ils dépassent déjà Châtillon. Le
15® va donc se trouver trop isolé. Dans cette fâcheuse situa-
Il) Vers 9 heures, au moment de la retraite de la division d'Hugues,
la résistance du 15' de marche permit à l'artillerie de se replier lente-
ment et sans désordre, en prenant quatre positions successives, pour
répondre aux dix batteries allemandes établies du Pavé-Blanc à la
porte de Trivaux.
348 HISTORIQUE
tion, il dépêche au général Ducrot le capitaine adjudant-
major Tarrigo, qui rapporte bientôt Tordre de rétrograder
immédiatement.
Il est alors environ 2 h. 1/2. Le mouvement s'effectue
successivement par bataillon et dans le plus grand ordre,
sous la protection des francs-tireurs et chasseurs, qui tien-
nent énergiquement tète aux Bavarois dans la grande rue
du Plessis-Piquet.
Le régiment, contournant la redoute de Chàtillon, gagne
Vanves et rentre à Paris par la route de Versailles.
« Ce beau lait d'armes, dit M. Alfred Duquet, est tout
à rhonneur et rien qu'à l'honneur du lieutenant-colonel
Bonnet et de ses soldats, ce qui démontre que les. Alle-
mands, si nombreux qu'ils aient été, se sont arrêtés devant
une poignée d'hommes déterminés, fussent-ils de nouvelle
formation comme ceux du 15® de ligne. ))
C'était, en effet, la première fois que le nouveau corps
voyait l'ennemi. Il s'était très honorablement comporté.
Voici en quels termes le colonel Bonnet en rendit compte
au général :
(( Le régiment est demeuré sans faiblesse dans une posi-
tion très avancée. Tous les mouvements se sont faits avec
ordre. Le lieutenant-colonel attribue ce résultat au calme
et au dévouement de ses officiers (1). »
Le 15® de marche eut, dans ce premier engagement, 1 offi-
cier et 69 hommes hors de combat (2).
De retour au Champ-de-Mars, à 9 heures du soir, nos 3
bataillons en repartirent le lendemain (20 septembre) pour
surveiller le cours de la Seine entre Saint-Ouen et Clichy.
Puis, le 29, ils prirent part à une reconnaissance offensive
surRueil(3).
Enfin, au commencement d'octobre, la division de Caus-
sade passa au lO corps, ce qui ramena le régiment du côté
d'Arcueil.
(1) V. Rapport du colonel Bonnet et Journal de marche.
(2) Le sous-lieutenant Goepp fut blessé; 11 y eut 31 hommes tués et 38
blessés.
(3) L'ennemi ne fut pas rencontré.
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 349
Combat de Bagneux (13 octobre).
C'est à cette circonstance qu'il dut d'assister au combat
de Bagneux, le 13 octobre. La l^^^ brigade fut chargée de
soutenir l'attaque exécutée par les gardes mobiles de l'Aube
et de la Côte d'Or.
Se trouvant en réserve, le 15« fut maintenu, de 9 heures
du matin à 3 heures du soir, dans les retranchements orga-
nisés près de la maison Plichon.
Le 3^ bataillon, placé tout à fait à la gauche, eut seul
l'occasion d'échanger quelques coups de feu avec les tirail-
leurs ennemis (1).
Dans la soirée, l'artillerie allemande s'acharna sur la
maison Plichon, point d'appui de la brigade La Charrière.
Une batterie fut spécialement pointée sur le 15®; mais le
colonel Bonnet défila si bien son monde qu'il n'eut que
4 hommes atteints par les obus.
La retraite s'effectua ensuite très régulièrement, sous la
protection du bataillon Angamarre, dont les salves arrêtè-
rent la poursuite des Allemands.
Le régiment passa les jours suivants à Bicôtre, puis, à la
fin du mois, il fut transporté à Levallois-Perret et enfin à
Neuilly (le 18 à Levallois, le 29 à Neuilly ).
C'est là que, en exécution d'un décret du 28 octobre, il
devint 115« régiment d'infanterie (2).
Nous verrons plus loin qu'après la campagne il dut con-
tribuer à la reconstitution du 15*^. C'est pourquoi nous sui-
vrons ses traces jusqu'à cette transformation définitive.
(1) Le bataillon n'eut que 2 hommes blessés; 4 autres furent ensuite
atteints par les obus.
(2) La transformation s'opéra le 1" novembre 1870. Quelques Jours
avant, des récompenses avaient été accordées à plusieurs militaires du
corps. Le 28 octobre, le commandant Angamarre avait été nommé ofll-
cier de la Légion d'honneur; de plus, la médaille militaire avait été
donnée aux sergents Varennes et Coblants, ainsi qu'aux soldats Stein-
METz et Riffev, en raison de leur belle conduite aux affaires dos 18 et
19 septembre et 13 octobre.
350 HISTORIQUE
WMmém il&« fMvlMlre en 1S70-1S71.
Lieutenant-colonel BENEDETTT
(5 novembre 1870).
Lieutenant-colonel CAJARD
' ^ (20 novembre 1870).
Le 5 novembre, le lieutenant-colonel Bonnet est nommé
colonel du 35®. Il a pour successeur le lieutenant-colonel
Benedetti (1), bientôt remplacé par le lieutenant-colonel
Cajard, qui commandait précédemment le. bataillon de
francs- tireurs de la division.
Entre temps, le 115^ avait été désigné pour former avec
le 116** la 1^® brigade (la Gharrière) de la i^^ division (de Sus-
bielle) du 2^ corps (Renault) de la 2° armée (Ducrot).
Combat de Montmesly (30 novembre 1870).
A cette époque, on projetait de tenter une grande sortie
destinée à rompre les lignes d'investissement vers le sud-
€St.
Les ordres ne tardèrent pas à arriver.
Le 27 novembre, le régiment vint camper sur le plateau
de Gharenton et, deux jours plus tard, toute la division se
portait sur la Marne, vers Greteil.
Le général Susbielle était chargé de faire une diversion
sur Montmesly, pendant que l'armée de Ducrot exécuterait
son grand mouvement par Ghampigny, Villiers et Noisy-le-
Grand.
En conséquence, le 30, à 4 heures du matin, le 115® fran
chit la Marne sur un pont de bateaux établi à Port-Greteil
et prend une position d'attente près de la route de Paris.
Vers 9 heures, la 2® brigade s'ébranle pour l'attaque des
(1) Le lieutenant-colonel Benedetti, retenu à l'ambulance par une
récente blessure, n'a jamais paru au corps. Il fut mis hors cadre.
DU 15® RéGTMLENT D 'INFANTERIE 351
hauteurs de Montmesly. La brigade la Charrière (115* et
116®) reçoit Tordre d'appuyer cette démonstration.
Le 3® bataillon du 115® (Gravis) reste en réserve dans les
tranchées qui bordent le parc de Creteil, tandis que les deux
autres se portent en avant, formant un échelon à 60 pas en
arrière et à droite du 116® (1).
Bientôt, la 1'® brigade débouche entre Mesly et Mont-
mesly.
Elle est accueillie par une violente canonnade, qui fait
beaucoup de victimes dans nos rangs (2). Dans ces condi-
tions, il faut, à tout prix, brusquer Tattaque. Aussi le gé-
néral de la Charrière fait-il battre la charge et, prenant la
tète du 116®, entraine ce brave régiment sur le plateau de
Montmesly. Pendant ce temps, le 115®, vigoureusement en-
levé par son colonel, se jette sur Pompadour et en débus-
que Tennemi.
Après ce premier avantage, le 2® bataillon se déploie sur
la route de Bonneuil à Mesly, et le 1®^ complète le succès
en s'emparant du petit bois situé à 500 mètres en avant.
Mais, sur ces entrefaites, les Allemands prononcent un
soudain retour offensif. Le 1®^ bataillon, qui est trop en
flèche, court à ce moment les plus grands dangers et se
replie sous la protection du 2®.
D'ailleurs, le 116® se défend péniblement contre les
masses ennemies qui paraissent de toutes parts. Notre
gauche va se trouver débordée. La retraite devient alors
inévitable; elle s'effectue par échelons et sans confusion.
Notre division s'arrête à Creteil pour y passer la nuit. Le
régiment fournit une compagnie de grand'garde en avant
du parc.
Le 115®, qui s'était brillamment montré dans cette chaude
affaire, était fort éprouvé. Il comptait une trentaine de
(1) Les deux bataillons sont l'un derrière l'autre, en colonne à dis-
tance entière, par section, prêts à se former en colonne contre la cava-
lerie qui est signalée au carrefour de Pompadour.
(2) Le 115% plus découvert que le 116% est aussi plus éprouvé par
les projectiles ennemis.
352 HISTORIQUE
morts et environ 250 blessés, parmi lesquels 13 officiers
dont voici les noms (1) :
Le chef de bataillon Angamarre: les capitaines Gaurin,
Bertrand, Tarrigo, Gardien et Billaud ( ce dernier mou-
rut le 6- décembre ) ; les lieutenants Rouget, Gros, Sutter
(mort le 24 décembre), Dombret et Bigot; les sous-lieute-
nants de la Personne et Lemaire.
La nuit se passa sans incident.
Bataille de Champigny (!'' et 2 décembre 1870).
Le lendemain, 1»^ décembre, d'après les ordres arrivés
le matin, le colonel Cajard laisse à son 1®' bataillon le
soin de garder Creteil et se porte, avec les deux autres,
sur la route de Champigny, en traversant la Marne au-
dessus de Joinville (2).
Au débouché du pont, le général Ducrot ordonne au 115*
de se porter en avant des fours à • plâtre, sur le plateau
d'Avron (entre la ligne de Mulhouse et Champigny), pour
relier la division Berthaut (à Bry) à la brigade de la Ma-
riouse, tenant Champigny.
En conséquence, le commandant Gravis déploie le 2*
bataillon à droite des fours à plâtre, tandis que le lieute-
nant-colonel conduit le 3® vers les tranchées creusées à
gauche de ces fours.
Le mouvement s'exécute sous une grêle de balles. Aus-
sitôt organisés dans leurs abris nos soldats ouvrent le feu
et Tentretiennent jusqu'au soir.
A la nuit, le régiment relève les 121® et 122® et fournit le
service de grand'garde. Il fait un froid excessif.
(1) Il faut ajouter à ces chiffres 132 disparus, ce qui donne un déchet
de 400 hommes dans l'effectif du 115. Le 3*" bataillon, d'abord soutien
d'artillerie, avait ensuite occupé Mesly et avait battu en retraite vers
3 heures. Pendant la retraite sur Creteil, l'arrière-garde du 115% s'é-
tant attardée à tenir tète à l'attaque des Wurtembergeois et de la 7"
brigade prussienne, fut assaillie de toutes parts par les Allemands et
une compagnie presque entière resta prisonnière.
(2) Sur un pont de bateaux.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 353
Cependant, le 2, dès 5 heures du matin, tout le monde est
debout dans les retranchements, si bien que les Allemands,
qui pensaient nous surprendre vers 6 h. 30, sont reçus
par une fusillade meurtrière et obligés de se retirer (1).
Néanmoins, la mousqueterie continue sans interruption.
Enfin, à 2 heures du soir, le général Ducrot, comprenant
qu'il ne pouvait plus rien tenter de ce côté, profite d'un
épais brouillard pour faire commencer la retraite.
Les 2e et 3® bataillons du 115® gagnent, par le pont de
Joinville, les bois de Vincennes et s'y installent au bi-
vouac.
Durant ces deux journées, nous avions eu 50 hommes
hors de combat dont 15 tués. Nous avions, en outre, 4
officiers blessés : MM. les capitaines RiCHAunet Thienot;
le lieutenant Baille, et le sous -lieutenant Audemarre
(mort le 6 décembre). Aussi, le commencement du mois
fut-il employé à refaire les troupes et à reconstituer le
matériel. Le 1^^ bataillon resta détaché à Creteil, tandis
que les deux 1®" allèrent occuper Clichy et Saint-Ouen.
En récompense de sa belle conduite, le régiment eut en
partage une croix d'officier de la Légion d'honneur, onze
croix de chevalier (dont six pour les sous-officiers ou sol-
dats) et sept médailles militaires.
Depuis la bataille de Champigny, le 115® ne prit une part
active à aucun engagement important.
Disons pourtant que, pendant la sortie des 19 et 20 jan-
vier sur Rueil, il fut établi en réserve au château de Bois-
Préau, et dut ensuite couvrir la retraite de la première
division.
Cette dernière affaire ne nous coûta d'ailleurs que 8 hom-
mes, dont 2 morts.
Enfin, le 28 janvier, la capitulation de Paris fut officiel-
lement annoncée aux troupes.
(1) a 10 heures, une batterie française s'installe au milieu des posi-
tions du 115^ Mais, assaillie par le feu de l'artillerie ennemie, elle est
forcée de quitter cet emplacement.
His . 15* t3
354 HISTORIQUE DU 1K« RÉGIMENT D'INFANTERIE
Armiitioe (28 Janvier 1871).
Lors de Tarmistice, le régiment vint cantonner le long
des remparts, entre les bastions 46 et 48.
Puis, le 15 mars, tous les hommes libérables du 115^
furent dirigés sur Evreux et renvoyés dans leurs foyers.
Il ne restait plus que le cadre d'officiers (1). .
Le Ministre décida qu'il serait fondu avec celui de Tan-
cien 15« revenant de captivité.
En conséquence, à la date du 27 mars, le 115® est sup-
primé. Tous ses officiers reçoivent une feuille de route pour
rejoindre leur nouveau corps, au camp de Caudale (ou St-
Médard), près de Bordeaux.
(1) Le régiment avait livré ses armes à l'artillerie le 14 février.
I^ 26 février, il passa 179 sous-ofliciers et soldats au 42% resté armé
et, le 7 mars, 500 sous-offlciers et soldats au 135% auquel on avait
rendu ses armes pour le maintien de l'ordre.
HISTOIRE
DU 15' RÉGilHENT DMNFANTERIE DE LIGNE RECONSTITUÉ
Lorsque Tancien 15® fut tout entier prisonnier de guerre,
par suite des capitulations de Metz et de Soissons, le Mi-
nistre de la guerre en prescrivit la reconstitution.
Le major Pannetier (1) fut chargé de ce soin. Le dépôt,
formé à Bayonne, comprit tout d'abord trois compagnies
seulement. Puis quelques détachements provenant d'autres
corps vinrent grossir son effectif, ce qui lui permit d'en-
voyer successivement des renforts au 39® de marche (1 of-
ficier et 231 hommes), au 78« de marche (3 officiers et 206
hommes, et au 90® de marche (3 officiers et 203 hommes).
Enfin, le 10 mars, le major Pannetier quittait Bayonne
et dirigeait le dépôt sur le camp de Caudale, où devait
s'opérer la fusion du 13® et du 113®.
Reconstitatlon da 15® régiment d^infanterle
de ligne (!•>- avril fH7f).
Colonel DE BEAUFORT
(20 avril 1871).
Le 1®' avril, en effet, en exécution des prescriptions du
général commandant la 14® division militaire, le 13® régi-
ment d'infanterie de ligne est réorganisé sous les ordres
de M. le lieutenant-colonel Cajard, qui allait remettre,
quelques jours plus tard (22 avril), le commandement du
régiment au colonel de Beaufout.
Quand les deux premiers bataillons furent reconstitués
(1) Venant du 2' régiment étranger, licencié.
356 HISTORIQUE
le 15®, qui était demeuré jusqu'à la fin de juin à Bordeaux
ou aux environs, dut partir pour Perpignan, où se termina
sa formation (1), ainsi qu'il appert du procès-verbal si-
gné le 21 avril par le général commandant la 11® division,
inspecteur général.
En 1872, le régiment, qui occupait les principales places
de guerre des Pyrénées-Orietitales, fournit une partie des
éléments du cordon de sûreté établi sur la frontière pen-
dant les troubles de la guerre civile espagnole.
Au printemps de Tannée 1873, le 15® est chargé d'as-
surer Tordre à Rivesaltes (26 mars) et Perpignan (mai 73),
au moment des événements qui amenèrent la démission
de M. Thiers.
Puis, ayant séjourné durant cinq mois (11 septembre
1873 -fin janvier 1874) à Narbonne, le régiment revient
de nouveau à Perpignan. Et, comme il fallait constam-
ment sauvegarder la neutralité de notre frontière menacée
par le^ opérations de Tarmée carliste en Catalogne, le '15®
fut encore employé à cette mission.
1875-1876
Enfin, au commencement de janvier 1875, la portion
centrale du régiment fut transférée de Perpignan à Carcas-
sonne (3 janvier), où le corps devait subir les nouvelles
modifications prescrites par la loi du 13 mars 1875.
A partir de cette époque, le 15® comprit quatre batail-
lons à quatre compagnies et un dépôt à 2 compagnies.
Colonel RABOT-DESPORTES
(24 mars 1877).
Deux ans après, M. le colonel de Beaufort était élevé au
grade de général de brigade et remplacé par le colonel
Rabot-Desportes.
Un bataillon du régiment était toujours détaché à Mont-
(1) A quatre bataillons de six compagnies.
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 357
Louis et Villefranche. Lors de Tépidémie de petite vérole
noire qui désola cette contrée (1878), le docteur Bienvenue,
du 15® de ligne, se dévoua généreusement aux soins des
malheureux. Sa belle conduite lui valut les félicitations
publiques du colonel Rabot-Desportes, qui devait bientôt
quitter son beau régiment.
Colonel MAGANZA
(22 août 1878).
Il eut pour successeur le colonel Maganza.
L'année suivante (avril 1879), trois bataillons reçoivent
Tordre de partir avec Tétat-major pour la nouvelle garni-
son de Gastelnaudary (1).
En 1881, lorsque éclata Tinsurrection du sud oranais, le
bataillon disponible (4®) fut désigné pour prendre part à
Texpédition organisée contre les tribus révoltées.
Embarqué à Marseille, le 13 avril, sur VAbd-el-Kader,'
ce bataillon, commandé par le chef de bataillon Trutié de
Vaucresson, arrivait à Oran le 15 du même mois.
Après avoir occupé le Village Nègre, Mostaganem et le
camp de Saint- Philippe (près d'Oran), le bataillon, qui avait
détaché une compagnie à Arzew (la 1^®), se dirigea, en che-
min de fer, d'abord sur Saïda (15 juillet), puis sur Marhoum
(16 juillet).
C'est de là que partireat (29 et 31 juillet) les colonnes
qui durent exécuter au prix des plus grandes fatigues deux
pénibles reconnaissances vers Sidi-Chaîb.
Au mois de novembre, le bataillon du 15®, commandé,
depuis le 14 septembre, par le commandant Blanc, se
transporte au camp de Sfid.
Des reconnaissances sont quotidiennement lancées dans
la région des chotts.
Enfin, après un séjour au Kreider et à Bou-Gtoub, les
quatre compagnies du régiment furent envoyées à Mas-
cara (30 octobre 1882).
(1) Un bataillon et le dépôt restent à Carcassonne.
358 HISTORIQUE
Elles devaient bientôt y recevoir Tordre de rentrer en
France (21 novembre 1882).
Colonel BOITARD
(29 mai 18S1).
Colonel Jules-Charles NOËL
(10 Juillet 1881).
En conséquence, le bataillon Blanc débarquait à Port*
Vendres le 27 novembre et arrivait, le lendemain, à Cas-
telnaudary
Il y fut reçu par son nouveau colonel, M. Noël, qui
remplaçait le colonel Boitard depuis le 10 juillet 1881 (1).
Troubles de DeoazeYille (1886).
Le 15« fut encore appelé à fournir un bataillon lorsque,
en 1886, il fallut envoyer des troupes à Decazeville pour
rassurer l'opinion publique vivement émue par les graves
désordres auxquels s'était livrée la population surexcitée
de ce centre ouvrier.
Ce fut le 3^ bataillon qui fut désigné pour cette mission.
Parti dans la nuit du 14 au 15 février, il ne rentra à Cas-
telnaudary que le 7 juillet.
L'année suivante (1887), en exécution de la loi du 2S
juillet, le régiment est réduit à trois bataillons de quatre
compagnies, tout en conservant un cadre destiné au 4®
bataillon, dit complémentaire (formation de mobilisation).
Colonel LEBRUN
(9 mai 1888).
Le colonel Noël, nommé général de brigade, fut rem-
placé à la tête du 15^ régiment d'infanterie par le colonel
Lebrun (9 mai 1889).
(1) Le colonel Boitard avait succédé, le 29 mal 1881, au colonel Ma-
•ANZA, atteint par la limite d'âge.
DU 15« RÉGIMENT D'INFANTERIB 359
Du reste, ce dernier, maintenu au corps d'occupation du
Tonkin, obtint bien vite le grade supérieur.
Colonel DESSIRIER
(9 Juillet 1888).
Colonel COMOY
(7 août 1888)
Il eut pour successeur M. Dessirier, lieutenant-colonel du
ifi zouaves, qui passa, quelque temps après, au 34® de ligne,
tandis que le colonel Comoy (du 81®) était nommé, à sa
place, à Castelnaudary.
Colonel DUTHEIL DE LA ROCHÈRE
(10 Juillet 1892).
Mais, le 28 mai 1892, le colonel Comoy était appelé au
commandement du 149®, en garnison à Epinal.
Ce fut le colonel Dutheil delaRochère (Charles-Edouard-
Marie-Victor), breveté d'état-major, qui fut désigné pour
succéder au colonel Comoy. 11 ne demeura d'ailleurs que
fort peu de temps à la tête du régiment, car, au commen-
cement de 1893, il alla remplacer son frère au 55® de ligne,
à Nice.
Colonel D'AMBOIX DE LARBONT
(22 mars 1893).
Aujourd'hui, sous l'énergique et habile impulsion de
son chef, M. le colonel d'Amboix de Larbont (Denis-Henri-
Alfred), breveté d'état-major, le 15® de ligne se recueille et
travaille. Fier de son passé, confiant dans l'avenir, il
attend avec calme les événements de demain.
FIN.
PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTÉS
Histoire des grands officiers de la couronne, par le P. Anselme.
Histoire de V ancienne infanterie française. (Susane.)
Essais historiques sur les régiments, par M. de Roussel.
Histoire de Vinfanterie en France, par le lieutenant-colonel Bel-
homme.
Histoire du régiment de Champagne,
Annales de France, par de Serre.
Siège de La Rochelle, par Tamiral Jurien de la Gravière.
Campagnes de Fabert, par le P. Barre.
Le maréchal Fabert d'après sa correspondance et ses mémoires,
par E. de Bouteiller.
Mémoires de Fabert.
Histoire de Louis XIII, par Dupleix.
Journal manuscrit du cardinal de la Valette.
Journal de Talon, secrétaire du cardinal de la Valette.
Histoire de Lorraine, par Chénier.
Mémoire pour servira V histoire du cardiual de Richelieu.
Histoire du Languedoc, par dom Vaissette.
Relation manuscrite de la bataille de Castelnaudary.
Mémoires de Grammont.
Histoire des princes de Condé, par le duc d'AuMALE.
Siècle de Louis XIV, par Voltaire.
Mémoires de Bussy-Rabutin.
Mémoires de Turenne.
Mémoires du maréchal de Berwick.
Science des personnes de cour.
Mémoires du marquis de Feuquiéres.
Campagnes du règne de Louis XIV. (Archives historiques du dépôt
de la guerre.)
Journal de la campagne du Piémont (1691), par le capitaine Moreau,
du régiment de la Sarre.
Histoire de mon temps. (Frédéric II.)
Siège de Lille en 1792, par Désiré Lacroix.
Histoire de la Révolution française, par A. Thiers.
Guerres de Louis XV, par le général Comte Pajol.
Correspondance de l'armée du Nord. (Archives historiques de la
guerre.)
Correspondance et rapports des armées du Nord et de Batavie. (Id.)
Histoire d/u maréchal Macdonald.
362 HISTORIQUE
Guerres de la Révolution. (Jomini.)
Campagne d'Allemagne (1800), par le marquis de Garrion-Nisas.
Pajol général en chef.
Gorrespondanee de rarmée du Rhin.
Mémoires de Gouvion Saint-Gyr.
Histoire militaire de la France^ par P. Giguet.
Victoires et conquêtes.
Souvenirs intimes d'un volontaire de 1791 (publieation de la Réu-
nion des officiers, \
Les Antilles françaises, principalement la Guadeloupe (colonel Boter-
Pktiibleau.)
Sisi&ire de la Guadeio^e, par A. Lacour,
Registre des correspondances des raioistres de la guerre et de la
marine (1802-1804). (Archives de la marine).
Bataille de Hohenlinden. (Extrait du Spectateur militaire.)
Rapport officiel sur la bataille de Hohenlinden. (Archives historiques
de la guerre.)
Vie du général et maréchal Ney. (Id.)
Précis historique sur le lieutenant général Grenier.
Mémoire histOTique (armée du Rhin et Moselle). (Dép6t delà guerre.)
Journal d'un volontaire pendant les campagnes de 1805-1806-1807
(Dominique Ravt).
Gorrespondanee et rapports du maréchal Mortier. (Gampagne de
1807.)
Rapports du général Glarke à l'empereur. (Dépôt de la guerre.)
Campagnes de Napoléon I".
Sièges de la guerre d'Espagne (1807-8-9-10), par Belmas.
Gorrespondanee du maréchal Soult (1809-1813). (Dépôt de la guerre).
Correspondance du général Reynier. (Id.)
Correspondance de Junot, duc d'Abrantès. (Id.)
Notes du colonel Brahaut. (Id.)
Correspondance du maréchal Masséna. (Id.)
Mémoires du général de Marbot.
Correspondance du 6* corps de la Grande Armée (1813). (Dépôt de la
guerre.)
Journal historique du 6* corps (1814), par le colonel Fabvier. (Id.)
Journal historique de la T division (Levai) en 1814, par le général
Maulmont,
Campagne de 1814, par le capitaine d'état-major Kock.
Manuscrit de 1813, par le baron Fain.
Expédition de Portugal, par Lenoble.
Relations autrichienne et allemande de la bataille de Leipzig.
Mémoires de Masséna, par le général Kock.
Mémoires de Marmont.
Souvenirs militaires, du duc de Fezbnsac.
Napoléon, par Roger Peyre.
4814^ par Henri Houssaye.
Correspondance et rapports du général AUix (1814).
DU 18® RÉGIMENT d'INFANTERIB 363
Situations de quinzaine. (Archives historiques du dépôt de la guerre.)
Journal historique du 15* de ligne (guerre d'Espagne de 1823).
Journal historique du 15* pour Texpédition d'Alger. (Archives de la
guerre.)
Histoire manuscrite de cette expédition. (Id.)
Conquête d'Alger, par Alfred Nettement.
Conquête de V Algérie, par Camille Rousset.
Histoire de la Restauration, par Ernest Daudet.
Histoire de la Restauration, par E. Hamel.
Journal d'tm officier supérieur de la 2* division de Varmée
d'Afrique.
Journal d'wn officier de Varmée d'Afrique (Dbsprez).
SovAjenirs du lieutenant-général Berthezène.
Rapport du Ministre de la guerre, duc de Dalmatie, au Roi, sur les
événements de Lyon et de Grenoble. (Dépôt de la guerre .)
Rapports du préfet de l'Isère sur le même objet, (Id.)
Journal de marche de la division d'Aurelle (1855). (Id.)
Rapport du général d'Aurelle sur l'assaut du 8 septembre.
Guerre de Crimée, par Camille Rousset.
Souvenirs de la guerre de Crimée, par le général Fay.
Journal humoristique du siège de Séhastopol, par un artilleur.
Histoire militaire contemporaine, par le lieutenant-colonel Ganonoe.
Campagne de l'empereur Napoléon III en Italie. (Dépôt de la guerre.)
Journaux de marche et Rapports de la division de Ladmirault et du
corps Baraguay-d'Hilliers (guerre d'Italie, 1859). (Id.)
Journal de marche de la division Lorencez (1870). (Id.)
Journal de marche de la brigade Pajol (1870). (Id.)
Historique du 15*, établi d'une façon succincte en 1871.
Différentes relations françaises et allemandes de la campagne franco-
allemande de 1870-71.
Français et Allemands, Par Dick de Lonlay.
Souvenirs du commandant Achet (manuscrits).
Paris-Châtillon-Bagneux, par Alfred Duqubt.
Historique du 115* de ligne.
Historique du 33' de ligne.
Historique du 66* de ligne.
Historique du 82* de ligne. ,
Historique du 32* de ligne.
Historique du 70* de ligne.
Historique du 16* de Ugne.
L'Armée sous l'ancien régime, par Babeau.
L'Armée royale, par Dussieux.
Registres matricules du régiment de la Tour -du -Pin. (Dépôt de la
guerre.)
Registres matricules du régiment de Béam. (Id.)
Registres matricules de la 15* demi-brigade. (Id.) *
Registres matricules du 15* régiment d'infanterie. (Id.)
Contrôles et états de services des officiers. (Id.)
364 HISTORIQUE DU 18« RÉGIMENT d'iNFANTERIE
Comptes de rextraordinaire des guerres. (Id.)
Etat militaire de la France (à différentes époques). (Id.)
Annuaires militaires de la France.
Histoire des chevaliers de Saint-Louis, par Alex. Mazas.
Histoire de Varmée, par Adrien Pascal.
Fastes de la gloire.
Fastes de la Légion d'honneur.
Etat général de la Légion d'honneur, depuis son origine Jusqu'en
1814.
Recueil des olflciers tués et blessés [établi par M. Martinien).
{Ministère de la guerre) .
APPENDICES
APPENDICE N*> 1
Drapeanx et nnlformes dn fl 5® Régiment d'Infanterie
depuis son origine Jusqu'à nos Jours.
L'ordonnance royale du 15 septembre 1635 donna le drapeau blanc
et la compagnie colonelle aux régiments de Nércstang, de Rambures,
de Maugiron, de Sault, de Vaubecourt-Vaudémont (Lorraine), de Belle-
navc, Hebburne (écossais), du Plessis-Praslin et d'Alincourt.
De sorte que le régiment possédait plusieurs drapeaux (1), dont
un blanc (comme les vieux corps) et les autres d'ordonnance, écartelés
de quatre cantons ou quartiers alternés (violet et feuille morte, ou
aurore) et séparés par une croix blanche, brochant sur le tout.
On sait que tous les corps d'infanterie, remis sur pied en 1610 (année
de la mort du roi Henri IV), adoptèrent dans leurs drapeaux la couleur
violette (généralement deux quartiers), en signe de deuil.
Régiments de Richelieu, Rohan, Crillony La Tour-du-Pin,
Boisgelio, Béarn.
En 1720, le régiment de Richelieu avait l'uniforme suivant :
Uniforme. — Habit, doublure, parements, culotte et bas gris blancs,
piqués de bleu ; boutons de cuivre Jaune ; veste rouge avec boutonnières
de laine blanche, des deux côtés ; collet blanc doublé de rouge à Thabit ;
chapeau noir bordé d'or faux {sio.
1735-1762. — Habit, parements, revers, culotte et veste blancs piqués
de bleu ; collet rouge ; poches en travers.
1764-1774. — Habit, veste, parements, revers et culotte gris blanc ;
passepoil violet ; collet rouge ; guêtres noires ; boutons de cuivre ronds
(trois sur chaque parement, trois sur chaque poche de l'habit, cinq
aux revers et quatre au-dessous) ; chapeau noir, bordé d'un galon d'or.
Le régiment de Béarn avait une prévôté, une pension de 600 livres
pour le lieutenant-colonel, une de 500 livres pour le plus ancien capi-
taine, une de 400 livres pour les deux capitaines suivants.
Drapeaux. — Les mêmes que précédemment.
(1) Le régiment eut pendant longtemps autant de drapeaux que de compagnies;
or, à la lin du règne de Louis XIU, il comptait trente compagnies. Plus tard, il^
n y eut plus qu^un drapeau par bataillon.
368 HISTORIQUE
Nouveau Régiment de Béarn.
(Après le dédoublement de 1776.)
Uniforme, — Habit, veste et culotte gris blanc ; collet, revers et pare-
ments rouge rose ; boutons de cuivre Jaune.
Drapeaux, — Les mêmes que Béarn ancien.
15e Demi-brigade de ligne.
Uniforme. — Habit national bleu, à revers blancs, col Jaune ; pare-
ments rouges; culotte bleue; guêtres noires; cbapeau noir avec un
pompon rouge pour les fusiliers, un panache de crin rouge pour les
grenadiers.
Drapeau. — Tricolore. Les couleurs sont disposées d'une façon parti-
culière pour chaque demi-brigade.
15e Régiment d'Infanterie de ligne.
Uniforme. — Habit bleu avec col et parements rouges, culotte blanche,
guêtres noires ; shako de feutre noir, avec tresses blanches ; Jugulaire
de cuivre; plaque de cuivre représentant l'aigle impérial.
Dans les compagnies du centre, une patte d'épaule rouge remplace
les épaulettes ; le pompon du shako est rouge.
Les grenadiers portent le bonnet à poil, avec plumet, et épaulettes
rouges.
Les voltigeurs ont le collet, le plumet et les épaulettes couleur Jon-
quille.
Le galon de leur shako est également Jonquille.
Drapeau. — Le drapeau se compose d'un carré inscrit, blanc, bordé
de quatre coins trianguls^res, bleus et rouges (alternant par opposition).
Le carré blanc porte la légende suivante :
(( L'Empereur des Français au 15* Héoiment de ugne »,
Le coin supérieur attenant à la hampe est rouge. Chacun des coins
triangulaires est orné d'une broderie d'or représentant le numéro du
régiment encadré d'une couronne de lauriers.
La cravate du drapeau est tricolore et la hampe est surmontée de
Taigle aux ailes déployées.
Au retour de l'île d'Elbe, Napoléon I" adopte le drapeau tricolore
avec une nouvelle disposition des couleurs. Le drapeau est divisé en
trois bandes verticales : bande bleue à la hampe, bande blanche au
milieu, bande rouge à l'extérieur.
La cravate et l'aigle demeurent les mêmes qu'au drapeau précédent.
• DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 369
Légion du Finistère (N* 27).
Uniforme. — Habit blanc, collet blanc, passepoil écarlate; revers et
parements écarlates, passepoil blanc; pattes de parements blanches,
passepoil écarlate; boutons blancs; pantalon blanc; shako de feutre
noir, avec plaque aux armes de France, portant le numéro de la lé-
gion (27).
Le 3* bataillon (de chasseurs) a Thabit vert, boutonné sur la poitrine,
avec collet blanc, passepoil écarlate, épaulettes vertes, pantalon vert.
Le shako est le même que dans les autres bataillons, avec addition
d'un cor de chasse sur la plaque.
Drapeau. — Le drapeau est partagé diagonalement en deux parties,
l'une blanche et l'autre verte. Sur une face se détachent les armes de
France, entourées des colliers de Saint-Michel et du Saint-Esprit, et
accompagnées du sceptre et de la main de Justice. Sur l'autre face est
brodée l'inscription suivante :
(( Le Roi a la Légion du Finistère ».
Cette légende est entourée de deux branches de laurier (brodées en
vert) au-dessous desquelles pendent les insignes de l'ordre de Saint-
Louis et de l'ordre de la Légion d'honneur.
De plus, l'ordonnance royale du 27 novembre 1816 institue le drapeau
de batailloi^, mi-partie blanc et rouge (en diagonale) pour les 2** ba-
taillons ; blanc et Jonquille pour les 3" bataillons.
D'autre part, la décision du 24 avril 1818 rétablit le drapeau blanc,
tout en conservant les drapeaux de bataillon, qui marchent pour rendre
les honneurs.
Le drapeau blanc ne doit rendre les honneurs qu'au roi ; il est orné
d'une bordure de fleurs de lis d'or et porte d'un côté les armes de
France et, de l'autre, l'inscription habituelle :
(( Le Roi au 15" Régiment d'Infanterie »,
avec les mêmes attributs qu'au drapeau précédent.
La cravate est blanche et la hampe surmontée d'une lance dorée (1).
15e Régiment d'Infanterie»
Uniforme. — Habit bleu de roi, collet, revers, pattes de parements et
parements blancs, avec passepoil bleu; retroussis de l'habit bleus, à
(1) Ce drapeau portail primitivement rinscription «c Légion du Finistère v qui
fut modifiée quand cette légion devint i5* régiment dUnfanterie, dont Tuniforme
est décrit à Tarticle suivant (transformation en 1S20).
Hist. 15* 24
370 HISTORIQUE
passepoil blanc ; capote en drap beige, pantalon de tricot blanc, gilet
blanc; bonnet de police en drap bleu de roi.
Les fusiliers ont l'épaulette en drap, sans franges; les grenadiers
portent l'épaulette écarlate à franges; les voltigeurs l'épaulette aurore,
à franges.
Le shako est de feutre noir; la plaque, aux armes de France, porte
le numéro du régiment.
Les Jugulaires sont en cuivre, et le bandeau supérieur, rouge pour
les grenadiers, est Jonquille pour les voltigeurs.
Le pompon, en olive, porte le numéro de la compagnie pour les
fusiliers, une fleur de lys pour l'état-major, une grenade pour les gre-
nadiers, un cor de chasse pour les voltigeurs; il est blanc pour
l'état-maJor, bleu de roi pour le 1" bataillon, cramoisi pour le 2* et
vert foncé pour le 3*.
Drapeaux. — Les drapeaux sont les mêmes que ceux décrits dans la
décision du 24 avril 1818.
# #
Après 1830, le gouvernement du roi Louis-Philippe rétablit le dra-
peau tricolore: bleu à la hampe, blanc au centre, rouge à la bande
extérieure.
La hampe est surmontée du coq dit « gaulois ».
Au centre se trouve l'inscription suivante :
« Le Roi des Français au 15* Régiment d'Infanterie ».
C'est sous le même règne qu'on adopta pour toute l'armée l'habit à
la française, bleu de roi, sans revers, et le pantalon rouge, tombant sur
le soulier.
Le shako prit la forme cylindrique; les insignes particuliers des
grenadiers et voltigeurs demeurèrent les mêmes.
En 1848, la tunique bleu de roi, à une rangée de boutons, avec passe-
poil et collet rouges, remplace l'habit.
Le pompon double en laine est donné aux grenadiers et voltigeurs.
Les compagnies du centre portent une contre-épaulette en drap bleu
avec torsade rouge.
Le drapeau est de nouveau modifié (1848). Aux quatre angles se
trouve le numéro du régiment, encadré d'une couronne de lauriers. Au
centre est brodée l'inscription suivante :
« République Française. — 15" Régiment d'Infanterie ».
Cette inscription est accompagnée des quatre mots]:
« Unité, Liberté, Egalité, Fraternité »,
placés symétriquement vers les angles.
~ g jijiij
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 371
^^"■~"" 1, .... . . , , a
Au revers, on a porté la devise :
(( Valeur et Discipline ».
La hampe est surmontée d'un fer de lance doré, avec cravate trico-
lore.
# #
SECOND EMPIRE
Le drapeau reste le même, avec cette différence que les suscriptions
«ont les suivantes : « Napoléon III au 15* Régiment d'Infanterie de
LIGNE », et que les mots « Unité, Liberté, Egalité, Fraternité » sont
remplacés par des aigles au bas des bandes bleues et rouges, et par
des couronnes Impériales au sommet de ces môme bandes qui portent
l'initiale « N » au centre.
En 1859, nouvelle transformation de l'uniforme : la tunique est rem-
placée par une veste à pans courts, à une rangée de boutons, avec col
«t passepoil Jonquille.
Le pantalon devient bouffant, fixé sur le mollet par une molletière
•en cuir, peinte en couleur jonquille.
La chaussure est le soulier dit « godillot », avec guêtres en cuir ou
.:guêtres blanches. La capote est d'un gris bleuté, avec col de même
«couleur. Le shako, en cuir bouilli, est orné de la cocarde tricolore et
il'une plaque représentant l'aigle de l'Empire. Cette coiffure est rehaussée
d'une aigrette en crin rouge. Jaune ou vert, sortant d'une tulipe en
cuivre, pour la grande tenue. La tenue du Jour comporte un pompon
olive, en drap de même couleur pour les compagnies du centre, et un
pompon double en laine pour les grenadiers et voltigeurs.
L'épaulette, donnée à toute l'infanterie, reste rouge ou Jaune pour les
grenadiers ou voltigeurs, et verte à torsade rouge pour les compagnies
du centre.
En 1867, l'infanterie fut dotée de la tunique à deux rangées de bou-
lons et du pantalon tombant droit sur le cou- de-pied. Les autres détails
de l'uniforme ne furent pas modifiés.
Enfin, en 1868, les compagnies de grenadiers et voltigeurs furent sup-
primées et toute l'infanterie reçut les épaulettes rouges. Dans chaque
compagnie, les soldats de 1'* classe furent distingués par un galon de
Jaine, Jaune d'abord, rouge ensuite.
Le shako de cuir boaiUi fut ea même temps remplacé par un shako
rouge à bourdaloue noir.
Depuis 1870, l'uniforme n'a guère varié. Disons eependant que le
shako rouge disparut d'abord pour faire place à un shako bleu, bordé
de bourdaloues Jaunes, qui fut aussi supprimé vers 1886. On lui siil)stio
372 HISTORIQUE
tua un képi rigide rouge, orné d'une cocarde tricolore, d'une grenade
en cuivre et d'un pompon de couleur différente pour chaque bataillon.
Les drapeaux que possèdent actuellement les régiments leur ont été
distribués, le 14 Juillet 1880, dans la plaine de Longçhamps (Paris) par
le Président de la Réqublique.
Ce drapeau tricolore a sa hampe surmontée d'une couronne, portant
elle-même un fer de lance doré. A chaque angle est brodé le numéro
du régiment, entouré d'une couronne de lauriers. Sur une face se dé-
tache l'inscription habituelle :
« République Française — 15' bégiment d'infanterie ».
Au revers, on a porté le nom des sièges ou batailles où le régiment
s'est particulièrement illustré.'
Le drapeau du 15* perpétue dans le corps le souvenir de quatre des
plus glorieux triomphes dont les armes françaises puissent s'honorer :
FRIBDLAND, SÉBASTOPOL,
ALaER (i), SOLFERINO.
(1) Alger ne veut pas dire « Prise d'Alger », mais bien « Conquête ou Expédition
d* Alger ». En eflet, la prise d^ Alger ne fut guère qu^un combat d^artillerie, où le
régiment n^eut pas grand effort à faire. Pour préciser, il serait désirable que ce nom
fût changé en celui de « Staouêli », car, dans cette bataille, le 15* eut à jouer un
rôle véritablement important et fit preuve des brillantes qualités qui lui ont
acquis, de tout temps, une si juste et si honorable réputation.
DU 15« RÉGIMENT D'iNFANTERIE
373
APPENDICE No 2.
liëgende de la marche du ré^menf •
(clairons.)
JJJIMJJ J J l f ^^
#-hri I i i | I ini^ I I II
D'après le récit des vétérans du 15% le refrain du régiment daterait
•de la guerre de Crimée.
On sait que la musique en est empruntée à la vieille chanson populaire
^îonnue sous le titre de Sire de Framboisy.
Si l'on en croit la tradition, ce chant était le plus en vogue parmi
ceux dont les soldats du 15" égayaient leurs marches durant cette péni-
ble, mais glorieuse campagne.
La plaisanterie s'était même emparée de ce détail et Ton s'amusait à
donner au régiment le surnom de « 15' Framboisy ».
Ce sobriquet fut, dit-on, la cause de plusieurs duels avec des soldats
•d'autres corps.
En tout cas, le chef de musique aurait eu l'idée d'orchestrer ce chant
•et de le faire agréer comme marche du régiment.
C'est au camp d'Inkermann (camp du Moulin) que la musique du
corps fit entendre pour la première fois ce refrain définitivement adopté
jpour le 15' de ligne.
374 HISTORIQUE
APPENDICE No 3
Pièces Jnsflfleaflves.
Ordre du Roi.
De par le Roi,
Trésorier général de l'extraordinaire des guerres, — Jean-Bat)fîste
Thomas de Pange, — nous voulons et vous mandons que, des deniers
qui sont entre vos mains, vous ayez à en payer comptant au sieur
comte DE BoisGELiN, brigadier et colonel du régiment dlnfanlerie de
son nom, la somme de quinze mille livres que nous ordonnons être
mise en ses mains pour être par lui distribuée sur le pied de sept
mille livres aux officiers de ce régiment, pour être indemnisés des
pertes qu'ils ont faites à l'affaire de Friedberg, le 30 août dernier; et sur
celui de huit mille livres, aux sergents, caporaux, anspessades (et sol-
dats dudit régiment ; laquelle somme nous leur accordons par gratifi-
cation extraordinaire, en considération de la distinction avec laquelle
ils se sont comportés dans cette journée; et rapportant par vous le
présent etc.
Donné à Versailles, le 8 septembre 1762.
Signé : LOUIS.
et, plus bas :
Duc DE Ghoiseul.
Lettre adressée par les officiers de la Couronne (1) aux
officiers du régiment de Boisgelln.
Messieurs,
C'est avec la plus grande satisfaction que nous apprenons le succès
que vous venez d'avoir et la façon dont vous avez contribué à la gloire
de Monseigneur le prince de Gondé dans cette dernière affaire. La part
que nous y prenons. Messieurs, ne nous fait regretter que de n'avoir
pas pu partager avec vous les moments brillants de cette action, où
(1) Le régiment de la Couronne, créé sous le nom de « Reine Mère », prit le
nom de la Couronne au siège de Maêstricht, par ordre du roi Louis XIY, pour
marquer Testime qu^l avait de ce corps, dont il avait pu éprouver la valeur.
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE 375
VOUS avez si bien soutenu votre réputation. Nous nous flattons que les
liaisons anciennes, qui doivent vous assurer de notre attachement et de
toute notre estime, vous feront recevoir )es témoignages que nous vous
en donnons comme un gage nouveau de tous les sentiments et de Ta-
mitié la plus inviolable avec laquelle nous avon» l'honneur d'être, etc.
Signé : Blangy, La Salle, Saint-Vaast, chev.
DE MlRMAN, chev. DE CURSOL, GUICHARD,
DE HiLLERIN.
Du camp sous Dunkerque, le 11 septembre 1762.
Réponse des officiers de Boisgelin.
Messieurs,
La victoire, qui nous a favorisés, nous est bien glorieuse dès qu'elle
mérite vos suffrages.
Qui peut mieux que vous donner un prix à la valeur ?
D'elle seule vous tenez votre nom (1) et elle fut toujours votre carac-
tère.
Quels auraient donc été nos succès si, vous ayant pour compagnons,
nous avions pu frapper de concert ?
La gloire que nous nous sommes acquise vous aurait été commune et
nous vous en aurions fait part avec d'autant plus de plaisir que nous
ne pouvons ignorer combien vous sçavez la mériter.
La présence du Prince, pour lequel vous vous intéressez, et qui le
mérite à plus d'un titre, aurait également animé votre audace, et les
mêmes lauriers auraient ceint votre front.
Tels sont nos sentiments. Messieurs. Sensibles, autant que nous devons
'être, à ceux que vous nous témoignez, nous ne désirons que l'occasion
de vous prouver avec combien d'estime et d'attachement nous avons
l'honneur d'être, Messieurs, vos très humbles et obéissants serviteurs.
Signé : Boisgelin, Larmandie, chev. du Mesnil,
Gantis, La Forgue, Marvelize, Sarrant,
DuvAUROux, Deshaulles, Petity.
(1) Voir la note concernant la lettre précédente.
376
HISTORIQUE
Offioien nonunôt chevalien de Saint-LouiSy
à la suite de oe beau fait d'armes de Frledberg-Johannlsberg.
De Razes,
Du Plessis,
Le Brun,
De La Barrière (Barthélémy),
De L'Enfernat,
Mezières,
De Mémaaques, *
De Ranchin (mourut de ses bles-
sures quelques Jours après),
Chevalier de Sarran (ou de Sar-
rant),
De Gharost de Saint-Sulpice (ou
DE GhANAUT),
Duserre-Durival (Pierre-Gabriel-
Louis),
De Tristan d'Houssoy,
Duserre-Du Rival (Joseph),
De Guintrand.
D'après MM. de Roussel et Susane, en 1747, à la suite de la bataille
de Lamfeld, où le régiment s'était si bien comporté, le Roi avait accordé
au corps cinq brevets de lieutenant-colonel, treize croix de chevalier
de Saint-Louis et 27 gratifications.
V Histoire des chevaliers de Saint-Louis, par Alex. Mazas (basée
sur les registres de d'Aspect), conteste ces treize croix de 1747. Elle
n'admet que M. de Larmandie, les deux frères de Montgrand et M. de
GOURS.
Mazas croit que les autres n'ont pas eu cette distinction à la même épo-
que : ce sont MM. de Gastelnau, de Bermondes, de la Salle, de Pioger
DE GhANTRADEUX, DE MONT0RUN, DE MaILLÉ, DE FaRCY, DE NaJAC, DE
Vandel.
Ge désaccord vient, sans doute, de ce que, malgré la nomination, les
chevaliers de Saint-Louis n'étaient considérés comme admis que lors-
qu'ils avaient été reçus (cérémonie qui n'avait quelquefois lieu que
plusieurs années après).
D'ailleurs, les registres de Tordre étaient aussi mal tenus que possi-
ble, et ce qu'il en reste est fort incomplet.
Nous donnons mention de cette controverse pour ne pas nous exposer
à altérer la vérité.
DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 377
APPENDICE N» 4,
Quelques noms et surnoms de soldats du régiment
de la Tour-dn-Pin.
(Extrait des contrôles de 1717 à 1750:)
Mcolas Dubois, dit La Sonde (perruquier). •— Enrôlé le 5 sept. 1747.
Pierre Loiseau, dit La Jeunesse. — Enrôlé le 2 mars 1748 pour six ans.
Gilbert-Monique Gueloit, dU Sans-Chagrin. — Enrôlé le 2 mars 1748
pour six ans.
André Coquet, dit Bontemps. — Enrôlé le 2 mars 1748 pour six ans.
Gabriel Janain, dit Va-de-hon-cœur. — Enrôlé le 2 mars 1748, déserté
le 3 mars 1749.
Philippe Goulet, dit Bellerose. — Enrôlé le 3 mars 1749.
Pierre Marchand, dit La Violette. — Enrôlé le 30 mars 1745.
Mathieu Blondard, dit la Douceur. — Enrôlé le 21 octobre 1742.
Jean-Baptiste Roche van, dit La Branche (de Paris). — Enrôlé le 11 jan-
vier 1747.
André-Auguste Philippart, dit Beausoleil. — Enrôlé le 24 janvier 1741.
Pierre Blondain, dit Sans-Regret. — Enrôlé le 14 avril 1741.
Joseph Chanfort, dit La Fortune. — Enrôlé le 16 avril 1741.
François Vautier, dit la Giroflée. — Enrôlé le 24 avril 1746.
Jacques Leduc, dit Printemps (cordonnier). — Enrôlé le 18 sept. 1746.
Jean Boyer, dit La Forge (maréchal). — Enrôlé le 31 mars 1747.
François Scavel, dit La France (tambour), compagnie du chevalier de
Bellaflaire. — Enrôlé le 6 Janvier 1734.
Jean-Louis Héret, dit Bellefleur [i*^ sergent). — Enrôlé le 26 mars 1731
pour six ans, rengagé pour neuf ans.
Joseph Guigné, dit Poitevin (de Montmorillon en Poitou). ~ Enrôlé le
9 février 1741. Compagnie de Cheflontaine.
Jean Sadrant, dit Sans-Quartier. — Enrôlé le 13 mars 1747.
Joseph RosANY, dit La Couture (tailleur). — Enrôlé le 20 août 1742.
Nicolas Ernedurand, dit La Lancette^ 2* caporal. Compagnie de Cernières ;
chirurgien. — Enrôlé le 26 mars 1735.
René Dudoit, dit La Grenade (compagnie Delosse). — Enrôlé le 18 février
1748.
Hurbin Sertier, dit Brindamour. — Enrôlé le 22 mars 1747.
Louis Drot, dit Prêt-à-boire (compagnie Delosse). — Enrôlé le 18 février
17U.
Léonard François, dit Frappe-d'abord (compagnie lieutenant-colonelle),
— Enrôlé le 28 février 1747.
Jean Caillou, dit Divertissant (compagnie lieutenant-colonelle). — En-
rôlé le 22 février 1744.
378 HISTORIQUE
APPENDICE N» 5.
lilftte des officiers do rëgimeaf toës on blesses dans les
nombreuses actions de goerre auxquelles le corps prit
part.
Vouloir dire quelque chose, ne fût-ce qu'un mot, de tous ceux qui
figurent sur ce sanglant martyrologe de la patrie, serait trop long.
Nous nous contenterons de les nommer, et cette liste funèbre, si laco-
nique qu'elle soit, fera plus pour leur gloire que toutes nos paroles (1).
Prise de Saint-Jean-d'Angely (1621).
Tué. — Lieutenant Néaumer.
Siège de Privas (26 mai 1629).
Tué. — Capitaine de Fouquerolle.
Blessé. — Major de Fabert.
Combat deVeiUane (10 juillet 1630).
Blessé à mort. — Capitaine de Bizemont.
Blessés. — Colonel marquis de Rambures et plusieurs autres officiers
dont nous n'avons pu trouver tous les noms. Citons, en tout cas, MM. les
capitaines d'ORViLUERS et de Bermont.
Prise de Saverne (14 juillet 1636).
Blessé. — Major de Fabert (3 blessures).
Siège de DamviUiers (1637).
Blessé. — Capitaine de Sicham.
(1) SUI existe encore de nombreuses omissions dans ce tableau, déjà si long,
c^est quUl nous a été impossible de trouver les pièces qui pourraient combler ces
lacunes.
Avant la Révolution, et surtout an xvii* siècle, les bulletins ne donnent sou-
vent que Tétat numérique des pertes, ou ne mentionnent que les capitaines et
officiers supérieurs. De plus, ces pièces mêmes manquent dans bien des cas. La
période de la Révolution et celle de l^Empire comportent aussi d^énormes lacu-
nes à ce sujet, aux archives de la guerre.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 379
Bfttaille de Honneoourt (26 mai 1642).
Tué, — Colonel marquis de Rambures.
BataiUe de Bocroy (1643).
Tués. — Capitaines du Mesnil, de Froyelle, Villiers, Bergues, de
Merle.
Quelques autres officiers furent encore tués ce Jour-là, ainsi que beau-
coup de soldats; mais nous n'avons pu nous procurer leurs noms.
Siège de Oravelines ti644).
Tués. — • Capitaine de Rouret; lieutenant Guisbert de Bréda.
Siège de Genappe (10 • 13 mars 1668).
Blessé, — Capitaine Baillet.
Bataille de Seneff (il août 1674).
Ti^^8. —Lieutenant-colonel Hébert ; major Villers ; capitaines de Bris-
seuil, Campagne, de Bonnière, de Pommereuil; lieutenants La Varenne,
Le Grand, de Culan, de Yarimont, L'Étendard; sous-lieutenants de
Sesseyal, de Saint-Martin.
Blessés, — Capitaines Geronyille, chevalier d'Amours, Noël, Le
Grand, de Bruc ; lieutenants Huyas, dIyemberteuille ; sous-lieutenants
DE laMotte,Pologne,du Fayol, Pijart, de Brassac ; enseigne Campagne.
Bataille de r Abbaye de Saint-Denis (14 août 1678).
Tués. — 4 capitaines.
Blessés,— OAoneX marquis de Feuquières ; lieutenant-colonel Baillet ;
9 capitaines, 18 lieutenants ou sous-lieutenants (nous n'avons pu trou-
ver leurs noms).
Siègd de Philippsbotirg (septembre • octobre 1688).
Nuit du 12 au 13 octobre :
Blessé, — Lieutenant-colonel chevalier d'Amours.
20 octobre :
Tués. — Capitaines Despoix, de Contremoulins ; sous-lieutenant
DupuY (emporté d'un coup de canon).
Blessés, — Capitaines de Campagnols, Le Blaru.
380 HISTORIQUE
Siège de "Waldlciroli.
Tué. -^ Capitaine de Moucy.
'Siège de Carmagnoles (Juin 1691).
Blessés, — Lieutenant-colonel de Vraignes et 2 capitaines.
Marsaille (4 octobre 4693).
Tués, — Capitaines d'Antissanty, Deorez.
Blessés, — Capitaine de Conty ; sous-lieutenant d'Hémon.
Siège de Valence (Milanais) (septembre 1696).
Blessé, — Capitaine de Bouteyille.
Siège de Vèrue (mars • avril 1705).
Tués. — Capitaines d'Aché, de Birabin, du Fresne.
Blessés, — 2 capitaines.
Siège de Roses (1719).
Blessé, — Capitaine de la Motte d'Huoues.
Siège de Kehl.
Nuit du 23 au 24 octobre 1733 :
Tué, — CSapitaine de la Serre.
Siège de Philippsbourg (23 juin 1734).
Tués. — Capitaines de Gasques, d'Angosse, de Nouziers.
Blessés. — Capitaine du Camp ; sergent Honoré, et 13 autres olficiers
dont nous n'avons pu trouver les noms.
Sorties autour de Lintz (16 Janvier 1742).
Tués. •— Capitaines du Boschet, d'Houdan.
Blessés. — Capitaines des Haulles, de Guichen; lieutenants de la
Foroue, de Fonte MAY, Beaupoil, Deschambes; sergent Honoré (depuis
lieutenant au corps).
DU 13® RÉGIMENT D*INFANTERIE 381
Bataille de Dettlngen«(27 juin 1743).
Tués, — Capitaines de Terson, de Richebourg, Charsé, chevalier de
ViGNAGouRT, chevaller Dunelle, Villouette ; lieutenants de Rouville>
DE LA GrOISILLE, RiCHARD, DE LA VORICHAIE, MONPLAISIR, DE BSAUPLAN,
REAL, BaLTIER.
Blessés. — Major de Luc-Majour ; commandants de bataillon Le Las-
SEUR DE LA ViGANiÈRE, HiKY ; Capitaines de Hallebout, chevalier de Luc-
Majour, chevalier d'Artignos, de Najac, Dourlers, du REPAmE, Grin-
GOURT, DE Mesnard, Duvignau, chevalicr de ^Chantilly, de Mesmé, de
Saillet(I), Banville, de Pioger; lieutenants Bigoine, de Lescun, d'Adon-
ville, d'Astorg, de Tanouarn, Rayne de Gantis, Daurée, Kerniel,
Manou (ou du Magnou), du Mousset, chevalier du Mesnil, de Farcy,
600 hommes hors de combat.
Combat sur la Lauter.
Blessés. — Capitaine Duvignau (2) ; lieutenant de Fontenay.
Siège d*Ypre8 (juin 17U).
Blessés. — Capitaines Banville, d'Hallebout ; lieutenant Beaupoil ;
deux compagnies de grenadiers décimées.
Bataille de Fontenoy (1745).
Blessés. — Capitaine du Magnou ; 50 hommes hors de combat.
Attaque de la citadelle de Tournai (19 juin 1745).
Blessé. — Lieutenant de Villemarquet.
Affaire de Mesle (juillet 1745).
Tué. — Capitaine Cochu.
Blessés. — Commandant Le Lasseur de la Viganière ; capitaine de
Marvelize; lieutenants Bufour, Honoré; 180 hommes hors de combat.
Siège d'Ostende (août 1745).
Tués. — Lieutenants chevalier de Castelnau, Ricard.
Blessés. — Capitaine de Castelnau ; lieutenant chevaller du Mesnil ;
sous-lieutenant de la Marre ; 180 hommes hors de combat.
(1) De Saillet (de Paris), retiré en 1759, chevalier de Saint-Louis, avec la com-
mission de lieutenant-colonel.
(2) Retiré à Aiguillon, en 1759, avec le grade de lieutenant-colonel de la légion
du Uainaut.
382 HISTORIQUE
Siège de nieuport (septembre 1745).
Blessé, -^ Chevalier du Mesnil
Siège de la Hayne et de Mons (Juin-Juillet 1746).
Blessés, — Capitaine de Maoeinville; lieutenant de Cbatbnat;
2Û0 hommes hors de combat.
Aeraohot (10 Juillet 1746).
Tué, -r Lieutenant d'Ille.
Blessé. -^ Capitaine de Maoeinville.
Dètaotiement attaqué à Bamiliet*
Blessé, — Lieutenant du Tbiersant.
Siège de Namur (5 septembre -3 octobre 1746).
Blessés, — Capitaine Dauréb; lieutenant de Montbrun; M. de la
Marre ; 2O0 hommes hors de combat.
Fort de Sansberg (5-6 mai 1747).
Tués, — Capitaine de Mousson villibrs; lieutenant Jacquerie; sous-
lieutenant Le Clerc.
Blessés, — Capitaines de Montbrun, de Cours, de Farct, de Pioger
de Chantradeux, d'Hallebout ; lieutenants Pennard, Guyot, Le Franc,
DE Sagerran, Labordave ; (colonel marquis de la Tour du Pin, brûlure).
Bataille de Lawfeld (2 juillet 1747).
Tués. — Capitaines de Maoeinville, de Dreux ; lieutenants Yaudrt,
Sagerran, Le Franc, de la Durantie (atné).
Blessés. — Capitaines d'Artignos, de Najac, de la Grèze, de Vandel,
de Larmandie, de Montgrand, chevalier de Montgrand, chevalier de
Maillé, de la Tour de Jean, de Tanouarn, Grincourt, de Ferrand,.
d'Astorg; lieutenants de Cheffontaine, Jourdan, Mardeville, de la
Mare, Tercier, la Vilotte, chevalier des Chênes, Requeur, Fourneau;
Lagoudre, de Losse et de Boislebon (gentilshommes volontaires).
Siège de MaSstricht (15 - 29 avril 1748).
Le 20 avril.
Blessés. — CSapitaine de Castelnau; lieutenants Méziëres, Legrand.
DU 15« RÉGIMENT d'jNFÀNTERIE 383
Le 21 avril.
Blessé, — Lieatenant Rigart.
Le 29 avril.
Tués, -— Capitaine de Gorneillan, mort de ses blessares ; lieutenant
DE LA Durant», mortellement blessé.
Blessés, — Capitaines de Rooueshautes, de Vandel ; lieutenants Ter-
ciER, DE Lamarre, Le Grand ; volontaires de la Coudre, d'Article.
Juin 1758 à Goch.
Blessé, — lieutenant de Soulage, (2 blessures).
Orewelt (23 juin 1758).
Tués, — Capitaines de Rogueshautes, chevalier du Haloouet, Duvi-
ONT, d'Hourmelin, chevalier de la Bourdonnate.
Blessés. — Capitaines de Montbrun, Delon, de Gonflans, de la Motte
Ferrand, de Dianous, de Mémarques; lieutenants d'Astier, de Saint-
Germain, chevalier du Seigneur ; sergent Desroulins (devint lieutenant
et fut tué en 1762).
Siège de Munster (nuit du 11 au 12 juillet 1759).
Attaque de la porte Saint-Maurice.
Tué, — Lieutenant de Souvoles.
Blessés, — Commandant de bataillon de Larmandie; capitaines de
Tour de Jean, de Farct, de Chassignoles ; lieutenants de Lustrag, de
Siry; sergents Desroulins, Richard, Pagnon (devenus ofiQciers au corps).
Corbach (10 juillet 1760).
Blessés, — Capitaines. DE Kernizan, Duserre; lieutenants deFournes
de Rouvroy, du Luc, d'Osmont, Pagnon de la Yernosse; enseigne de
LA Villaudray; 29 soldats tués et 115 blessés.
"Warbotirg (31 juillet 1760).
Tué, — Lieutenant Beaupoil.
Blessés, — Capitaines de la Tour Perrand, de Guintrand, de l'In-
FERNAT; lieutenants Dupuy, d'Astier, de Chantepie, chevalier de Chas-
signoles, de Plas; sous-lieutenants Beaupoil, Paignon de la Vernosb,
Matberon.
384 HISTORIQUE
Olosieroamps (16 octobre 1760).
Blessés, — Colonel marquis de la Tour du Pin ; capitaines du Seigneur,
DE Favières ; lieutenants Desplats, de Chevaux (ou Thayaux) de la
ViLLAUORAY ; sous-lieutenaut de la Feuillade (Wittier dit).
Détachement en Allemagne (28 Juillet 1761).
Blessé, — lieutenant de Saint-Paul.
Bataille deFriedberg-Jolumnisberg (30 août 1762).
Tv4s. — Capitaines de Saint-Sauveur, d'Autteville, Dumas (blessé à
mort) ; lieutenants de Ranchin (blessé à mort), Desroulins, Rooon ; sous-
lieutenants OUDET, DE LORGERIL.
Blessés. — Commandant de bataillon chevalier du Mesnil; capi-
taines DE LA FORGUE, DE SaRRANT, DE LA ToUR FeRRAND, MÉZIÈRES, DE
ROYE DE L'EnFERNAT, CoLLET DES FaVIËRES, DE MÉMARQUE, NaVETTE DR
Chassignoles, de la Barrière, Champbruslard, de la Veronhe, de
SiRY, d'Ouville (ou Douville) ; lieutenant Beaupoil (grenadiers) ; sous-
lieutenants RicART, DE Chantepie, Bourouisson, d'Osmont, de la Feuil-
lade, Matheron (grenadiers), de Berne, Bagué (porte-drapeau).
Siège de Lille (25 septembre 1792).
Tué. — Capitaine Chabot (Philippe-François).
Siège de Courtray (23 floréal an II).
Blessé. — Capitaine Deseutre (Louis).
Engen (3 mai 1800).
Blessé. — Capitaine Augeard.
Biberaoh. (9 mai 1800).
Blessés. — Capitaines Villemant, Daudinot, Lemoinb.
(16 mai 1800) près Biberach.
Blessé. — Capitaine Thomas (5 blessures).
Ampfingen (10 frimaire an IX).
Blessés. — Lieutenants Dumas, Grégoire, Augher, Prévost.
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 385
HohenUnden.
Tué. — Capitaine Bouché.
Blessés. — Capitaines Blot, Piednoir.
Affaire du Palmiste (AutiUes) (11 mai 1802).
Blessé. — Capitaine Piednoir.
Billing (16 avril 1807).
Blessé. — Sergent Rey de Vissec (nommé sous-lieutenant au corps le
7 Janvier suivant).
Bataille de Friedland (14 juin 1807).
Tués. — Capitaines Laine, adjudant-major Aran, Seroux (mort le 15
juillet), Trefcon, Faure; lieutenants Feuvrais, Fririon (mort le 22);
sous-lieutenant Gestas (mort le 6 juillet) ; lieutenant Thouret (mort le
24 décembre).
Blessés. — Colonel Reynaud ; chef de bataillon Lanolois ; capitaines
Vigier, Molin, Boursin, Cazanave, Gruzé, Fabre, Beaurain, Auoeard,
Guis, Larazière, Longefay; lieutenants Guillaume, Pan Lacroix; sous-
lieutenants Mongrolle, Delaunois, Chauvin, Pernon.
Tudela (8 juin 1808).
Blessé. — Capitaine Bigot.
Saragosse (15 juin 1808).
Tués. — Capitaine Antoine ; sous-lieutenant Lapaire.
Saragosse (2 juillet 1808).
Tué. — Capitaine Fréoier.
. Bataille de Rio Seoco (14 juillet 1806).
Blessés. — Capitaines Augeard, Rouyre ; lieutenant adjudant-major
Pages.
Combat d'Evora (29 juillet 1808).
Blessé. — Lieutenant Richard.
Hist. 15* • 25
386 HISTORIQUE
Saragosse (5 août 1808).
Blessé, — Capitaine Etienne (Dominique).
Vlmeiro (21 août 1806).
Blessé, — Lieutenant Richard.
Combat devant Oamonal-Burgos (10 novembre 1806).
Tué, — Capitaine Gruzé.
Blessés. — Capitaines Bigot, Trepcon.
Devant Burgos (12 novembre (1808).
Blessé, — Capitaine Aubry.
Bataille de la Corogne (16 janvier 1809).
Tué — Capitaine Marie (mort 3 Juin).
Blessé, ^ Capitaine Rocyre.
Passage du Minho (16 février 1809).
Tué, — Lieutenant Narjot (noyé).
Port Marin (9 mars 1809).
Tué, — Capitaine Ganeau.
Prise d'Oporto (29 mars 1809).
Tués. — Capitaines Valet, Baron; sous-lieutenant Cotterelle.
Blessés. — Chef de bataillon Molin ; capitaines Teisseiré, Pron, Dumas ;
lieutenants Delarue, Souque, Fages ( F. ) ; sous-lieutenants Perret,
GUILHEM, COLSIN.
Affaire de Tuy (9 avril 1809).
Blessés. — Capitaines Dumas, Teisseiré ; sous-lieutenant Gourdon.
Retraite d'Oporto (12 mai 1809).
Tué, — Sous-lieutenant Cayirot.
Blessés, — Chef de bataillon Aubry; capitaines Teisseiré, Aucher;
lieutenant Agnel.
DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 387
Salamonde (16 mai 1809).
Tti4, — Capitaine Rigollet.
Près Rodrigo (10 avril 1810).
Blessé. •— Lasalle, chirurgien SAM.
Siège d'Astorga (21 avril 1810)
B/ess^s. — Capitaine Trefcon ; lieutenant Mongrolle; sous-lieutenant
Beau.
Combat de Sobral (13 octobre 1810).
Tués. — Lieutenant Delarue; sous-lieutenant Legendre.
. Blessés. — Capitaine Rouyre; lieutenants Gautier, Lerouxeau (t).
m
(11 octobre 1811).
Tué. — Capitaine Chavany (assassiné) à Villanueva de la Véra.
Pedrosa del Rey (16 février 1812).
Blessé. — Sous-lieutenant Renard.
Alba de Tormès (18 lévrier 1812).
Blessé. — Sous-lieutenant Désalneuve.
Albarco (4 mai 1812).
Blessé. — Sous-lieutenant Picard du Chambon.
Salamanque (28 juin 1812).
Blessé. — Capitaine Victor; lieutenant Perret (2).
(1) Citons aussi, parmi les blessés du combat de Sobral, le sergent O^Neill, du
15* de ligne, appartenant à une noble race d'origine irlandaise qui a donné à la
France de glorieux officiers et qui est représentée de nos jours par M. le géné-
ral O^Neill, commandant le IG* corps d^armée, à Montpellier.
(2) La veille, 27 juin, le sergent-major O'Neill, du 15* de ligne, avait été blessé
d^un coup de feu à la cuisse droite, au cours de la défense du fort de Salamanque
388 HISTORIQUE
Bataille des Arapiles (22 jaillet 1812).
*
Tués. — Chef de bataillon Villemant ; capitaine Pron ; sous-lieutenants
Leroy, de Cressac (mort le 14 novembre), Massuc (mort le 25 mars
1813).
Blessés. — Capitaines Guis, Marié, Débarque, Pan Lacroix, Cheval-
lier ; lieutenants Alibert, Colsin; sous-lieutenant Loyer; Grandvoinet
(chirurgien S. A. M.).
Près de Burgos (4 août 1812).
Tués. -— Capitaine Briois (mort le 9) ; lieutenant Buchmeller (mort
le 19).
Buenos, Villa-Muriel (25 octobre 1812).
Tué. — Capitaine Lafitte.
B^ess^s. —Lieutenant Perret ; sous-lieutenants Paré (ou Dazé), Maury.
Bautzen (21 mai 1813).
Blessé. — Sous-lieutenant Marc.
Prias (Espagne) (18 juin 1813).
Blessés. «^ Lieutenants Descamps, Farin.
Retraite de Pampelune (28 juillet 1813).
Tv^s. — Capitaines Dermoncourt, Bertrand, Mounet (mort 30 sep-
tembre). Roche.
Blessés. — Colonel Levavasseur ; chef de bataillon Lesueur dit La-
chapelle; capitaines Martin, Francq (Adrien); lieutenant Monneau;
sous-lieutenants Geneste, Grenier, Gabaudan.
Pont d'Irun (31 août 1813).
Blessés. — Capitaine Francq (Adrien) ; lieutenant Richard.
Combat de Meissen (28 et 29 septembre 1813).
Blessés. — Capitaine Chazbaut ; sous-lieutenants Defy» Descombes (29).
Pont d*Irun (7 octobre 1813).
Tué. — Capitaine Grelet (mort 11 Janvier 1814).
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 389
Blessés. — Capitaine Lerouxeau ; sous-lieutenants Hamelin, Benard.
Vannier.
Leipzig (16-17-18-19 octobre 1813).
Tués, — Major Rougé (19); capitaines Feydeau (19), Soutoul (mort
le 26), Paillard (19), Ck>LsiN (présumé mort); lieutenant Decherville
(mort 6 Janvier 1814); sous-lieutenant Martin (19).
Blessés. — Capitaine Blondeau; lieutenant Julia; sous-lieutenant
Tapoureau (19).
Bataille dp Hanau (!*' novembre (1813).
Blessé. — Lieutenant L'Hongre:
8aint-Jean-de-Luz (10 novembre 1813).
Blessés. — Lieutenant Maury; sous-lieutenant Hamelin.
Défense de Dantzig (25 novembre 1813).
Blessé. — Sous-lieutenant Nanterne.
Champaubert (10 février 1814).
Tués. — Capitaine Gruzé (blessé à mort) ; sous-lieutenant Lecobuvre.
Blessé. — Lieutenant Guyot de Ferrandière.
Combat de Sens (il février 1814).
Tué. — Sous-lieutenant Soulas.
Blessé. — > Sous-lieutenant Bailly.
Vauchamps (14 février 1814).
Blessé. — Capitaine Normand.
Combat de Bar-sur- Aube (27 février 1814).
B/es9^8. -—Capitaine Lerouxeau; lieutenants Girault, A.-M. Pelletier,
Salyut; sous-lieutenants Bidart, Lecomte, Favart.
Devant Boissons (5 mars 1814).
Blessé. — Capitaine Leprêtre.
390 HISTORIQUE
Reims (13 mars 1814).
Blessé. -— Sous-lieutenant L'Heureux.
Près de Provins (16 mars 1814).
Blessé. — Lieutenant Richard.
(26 mars 1814.)
Tué. — Sous-lieutenant Trubert.
Erfurtli (9 avril' 1814).
Blessé. — Chef de bataillon Chevallier.
[Combat au Ténia de Mouzaîa (3 juillet 1831).
Blessés. — Capitaines Lavie, Lodoyer.
Alger (6 décembre 1831).
Blessé. — Sous-lieutenant François Querné (blessé étant de garde à
Tune des portes d'Alger).
Siège de Sèbastopol (15 jaillet 1855).
Blessés. — Commandant Kléber ; (5 Juillet 1855) lieutenant Jalustre,
(Tous deux aux ouvrages de Lavarande.)
Assaut de Sèbastopol (8 septembre 1855).
Tués. — Commandant Lamarque ; capitaine adjudant-major Gabard ;
capitaines Develey, Dumay ; lieutenants Castan, Rodet, Netter, Preux,
LoNDiGNÉ, BiLLY ; sous-Ueutonants Delange-Tisserand, Chaubert.
Blessés mortellement. — Capitaines Gibiers, Garalon; sous-lieute-
nants Etienne, Pellat, de Foucher, Tastayre (1).
Blessés. — Capitaines Belitrand, Chareyre, Logeais, Clausener (2) ;
(1) Il faut ajouter à cette longue liste :
Les sous-lieutenants Delprat, mort, du choléra à Kamiesch (21 mai 55) ; Trinchê,
mort du choléra le 6 juin 1855 ; Hiblot, mort du typhus le 3 décembre 55 ; les
officiers dont les noms suivent, nommés sous-lieutenants à la suite de Tassaut
du 8 septembre et qui avaient été blessés dans [cette affaire : sous-lieutenants
Destombes, mort le 25 septembre 1855 ; Carcy, blessé ; Yuidard, blessé ; Mathieu,
blessé; Pipelier, mort le 10 septembre; Lhuillier, mort le 21 septembre;
Delcour, mort le 2 décembre.
(2) Le capitaine Clausener mourut plus tard de là suite de ses blessures.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 391
lieutenants Bonamy, Lallemand, Perrier, Davoust-Langotière ; Jalus-
tre; sous-lieutenants Larroque, Hoffet, Garnier, Bonnet.
Combat de Melegnano (8 juin 1859).
Blessés. — Capitaine adjudant-major Lochener; capitaine Perrier;
sous-lieutenant Patriarche; lieutenant-colonel Schneider (1); chef de
bataillon Ardouin.
Solferino.
Tués. — Commandants Kléber, Groult de Saint-Paer ; capitaines de
Latour, Perrier; sous-lieutenants Beaucousin (mort le 16 juillet), Tho-
MASY (Tomasi).
Blessés. — Chef de bataillon Lesèble ; capitaines Charetre, Ballet,
Telmat; lieutenants Schefer (Schaefer), Duroy, Lagrange, Garnier.
Bataille de Saint-Privat-AmanTillers (18 août 1870).
Tués. — Colonel de Kerléadec (blessé à mort); lieutenant-colonel
Macquaire (ou Maquaire) ; chef de bataillon Paron ; capitaines Creus-
VAux, DE BoisGUERET DE LA Vallière, Hoffet (mort le 8 septembre);
sous-lieutenant Gourdel.
Blessés. — Commandant Chapot; capitaines de Foerster, Pouyaud,
DE Peretti, Achet; lieutenants Corlieu, Dubard, Augier; sous-lieute-
nants Huguet, Cartier ; lieutenant Rigolage (Hippoly te).
Beconnaissanoe dans les bois de Vigneules (21 septembre 1870).
Tué. — Sous-lieutenant Guindorf (mourut de ses blessures).
Blessés. — Capitaine Roslin ; lieutenant de Couesboug.
Combat de Villers-Bretonneux (28 novembre 1870).
Tué. — Lieutenant Barbier de Villeneuve (blessé mortellement ; il
s'était sans doute échappé de Metz).
Défense de Soissons (24 septembre).
Blessés. — Major Denis; sous-lieutenant Pretel.
(1) Le journal de marche du 15*, reconstitué en 1871, dit que le régiment eut 4
officiers tués à Melegnano. Je pense que cela est une erreur, car les contrôles des
officiers n^accusent que des blessés. Le lieutenant-colonel Schneider fut nommé,
le 30 juin 1859, colonel du 56* de ligne. Le sous-lieutenant Patriarche fut nommé
lieutenant en 1860. Le capitaine Perrier fut tué à Solferino. Le capitaine Lochner
devint chef de bataillon. Le chef de bataillon Ardouin devint lieutenant-colonel
du 23" de ligne, le 18 juin 1SS9.
392 HISTORIQUE
DÉFENSE DE PARIS
(la' de marche et 115'.)
Combat de Cliàtillon (19 septembre 1870).
Blessé. — Sous-licutenant Gukpp.
Combat de la Malmaison et de Buzenval (21 octobre 1870)
Blessé. — Capitaine Garnier (1).
Combat de Montmesly (30 novembre 1870).
Tués. — Capitaine Billaud (mort le G décembre) ; sous-lieutenant
SuTTER (mort le 24 décembre).
Blessés. — Chef de bataillon Angamarre; capitaines A.-M. Tarrigo,
A.-M. Bertrand, Gardien, Gaurin; lieutenants Rouget, Gros, Dombret,
Bigot (ou Bigo); sous-licutenants de La Personne, Baille, Lemaire.
Bataille de Champigny (2 décembre 1870).
Tué. — Sous-lieutenant Audemard (mort le 6 décembre).
Blessés. -^ Capitaines A.-M. Thienot, Richaud; lieutenant Baille.
(1) Le régiment occupait à cette époque Leyallois-Perret. BienquUl n^ait pas prti
part à la bataille de Buzenval, il a dû cependant échanger quelques coups de fea
avec des partis ennemis, puisque le capitaine Garnier y fut blessé.
DU 15® RÉGIMENT D*INFANTERIE
393.
APPENDICE N° 6
liiste des Colonels du régiments
DATES.
1595
1603
1612
1627
1633
1642
1656
1671
1676
1689
1700
1718
1738
1745
1746
1761
1764
1776
NOMS.
OBSERVATIONS.
Jean DE MoNTLUC, seigneur DE BALA-JEtait maréchal de
GN Y , S France.
Damien de Montluc de Balagny...
Charles, marquis de Rambures ^^^^X ifils''*'"^
Jean, marquis de Rambures
François de Rambures 1^".», * ^* bataille
( d'Honnecourt.
René de Rambures (Maréchal de camp 16
) septembre Ifôl.
Charles, marquis de Rambures ^'ïllg*^^ ^ mars
Louis-Alexandre de Rambures
Antoine du Pas, marquis de Feu- iDevint lieu tenant gé-
QUiÈRES \ néral 1693.
Jules du Pas de Feuquières
Louis-Thomas du Bois de Fiennes, ..^xt^u^^uau^ ^^ti^^oi
marquis de Leu ville \ 22 décembre 1731.
Louls-François-Armand du Plessis,) Maréchal de France
duc de Richelieu \ H octobre 1748.
Louis - Marie - Bretagne - Dominique , ) Brigadier 10 février
duc de Rohan Chabot \ 1743.
Louis des Balbi de Bertons, marquis {Lieutenant général
de Crillon S 1" mai 1758.
Philippe - Antoine- Gabriel - Victor-)., x u i ^
Charles, marquis de la Tour DU^^JÇlf *^ ^® ^"^^
Pin de la Charge j
Lieutenant général
René-Gabriel, comte de Boisgelin. .
Aimé-Louis de Quingo, marquis de
Crenolle
Régiment de Béam après le
dédoublement.
Aimé-Louis de Quingo, marquis de
Crenolle
Brigad. 30 août 1762.
394
HISTORIQUE
DATES.
1780
1788
1791
1791
1792
20 mars 1796
23 oct. 1803
6 avril 1804
28 Juin 1808
28 Janv. 1813
1" mars 1816
25 déc. 1816
25 déc. 1820
28 mars 1830
11 Janv. 1836
26 oct. 1845
2 avril 1851
11 juil. 1855
30 juin 1859
3 août 1869
16 sept. 1870
^ avril 1871
NOMS.
OBSERVATIONS.
Louis-François- Jules Jeannot, mar-iMarèchal de camp
quis DE Bartillat \ 1788.
Gilles-Dominiq.-Jean-Marie, vicomte
DE BOISOELIN DE KeRDU
Michel- Ange-Boniface- Marie, comte
DE Castellane
Jean-Charles de Mton. . . .
Marie-Louis de Varennes,
15* demi-brigade d'infanterie.
Faure
15* régiment d*infanterie.
Jean-Baptiste- Raymond Faure
Benolt-Hilaire Retnaud
Paul-Marie-Louis Dein
Levavasseur
Légion du Finistère.
De la Fruolate
Baron de Rascas de Chateauredon .
15* régiment d'infanterie.
Baron de Rascas de Chateauredon . Retraité mars 1830.
Anatole Mangin l^fm^""^ ^^ "^""^
Maréchal de camp
Marcel
Jean-André Brunet. .
Amédée Alais
Félix- Achille Guérin.
Maréchal de camp
1791.
Retraité en 1804.
Général 11 mail808.
Retraité 13 août 1812
Jusqu'au licencie-
ment de 1815.
Retraité mars 1830.
1845.
Général de brigade
5 mars 1851.
{Retraité 11 juillet
1855.
Général de brigade
1859.
Martin-Edouard Daudel {^f^lùi 1869.'*''**^*'*^
Théodore - Eugène Fraboulet DE|Mortdessuit*'deses
Kerléadec ) bless. 11 sept. 1870.
T\««««,. f Devint command. de
DERROJA \ corpg d'arm., 1881.
De Beaufort f Génér. de brig. 1877.
(Génér. de div. 1884.
DU 13® RÉGIMENT d'iNFANTERIE
395
DATES.
24 mars 1877
22 août 1878
29 mai 1881
10 Juil. 1881
9 mai 1888
9 Juil. 1888
7 août 1888
10 Juil. 1892
22 mars 1893
NOMS.
Rabot-Desportes .
Maganza
BOITARD,
OBSERVATIONS.
Jules-Charles Noël.
Charles-Aimé Lebrun,
Dessirier
Qaude-Romain-Marie- Alexis Comoy
Charles- Edouard- Marie- Victor Du-
THEIL DE LA ROCHÈRE
Retraité.
Général de brigade
21 oct. 1887, officier
i de la Légion dUion*
' neur.
(Général de brigade
\ 5 juillet 1888.
(Détoché au Tonkin,
; général en juillet,
j devint général de
f division,
(liasse au 3i*, août
I 188».
Passé au 149% 17 mai
1892.
Général de brigade
26 décembre 1893.
Passé au 55% 3 fév-
S 1893.
Denis-Henri-Alfred d'Amboixde Lar-
BONT
Etats de serviees des Colonels*
Jean DE MONTLUC, seigneur DE BALAGNY, prince DE CAMBRAI,
fils naturel de Jean de Montesquieu- Lasseran de Massencûme de Mont-
luc, évéque de Valence, et d'Anne Martin, légitimé par lettres du mois
de Janvier 1567.
Lève un régiment de son nom, admis à la solde du roi le 6 mars
1597.
Maréchal de France, 31 mai 1594. Il avait été envoyé en Pologne, en
1572, pour ménager cette couronne au duc d'Anjou. Il suivit ce prince
dans son royaume et revint avec lui, à 4a mort de Charles IX. C'est
alors qu'il s'attacha au duc d'Alençon, qu'il suivit dans les Pays-Bas.
S'étant emparé de Cambrai, 11 en eut le gouvernement et la princi-
pauté.
Il mourut en 1603, laissant des enfants de ses deux mariages (l'un
avec Renée de Qermont d'Amboise, sœur du brave Bussy d'Amboise,
le second avec Diane d'Estrées, fille du marquis de Cœuvres).
Damian ou Damien de MONTLUC, fils du maréchal de Montluc, lui
succéda en 1603, à la tête de son régiment.
Il mourut le 9 avril 1612, à l'âge de 25 ou 26 ans.
396 HISTORIQUE
Charles marquis DR BAMBURES. -> Commanda d'abord une com-
pagnie de chevau -légers.
Il était tellement connu pour sa valeur qu'il mérita le surnom de
brave Rambures.
Cest lui qui commanda le régiment à partir du 11 avril 1612, à la
mort de son boau-frère Montluc.
Il devint maréchal de camp le 19 mars 1625.
Gouvei^neur de DouUens et du Crotoy en 1627, chevalier des ordres
du roi le 31 décembre 1619.
Campagnes : Bataille d'Ivry; sièges d'Amiens, de Creil (1615), et de
Péronne (1616); armée de Champagne (1617) ; sur la Moselle (1619) ; atta-
que des Ponts-dc-Cé (1620;; sièges de Saint- Jean-d'Angely, de Clérac et
de Montauban (1621); Guyenne (1622).
Blessures : Il fut obligé de se faire amputer le bras droit à cause des
blessures qu'il avait reçues à la bataille d'Ivry et qui lui amenèreiit
plus tard de graves complications.
Il ne survécut d'ailleurs que quelques jours à cette douloureuse opé-
ration et mourut à Paris le 13 Janvier 1633, laissant des enfants de ses
deux mariages successifs (le premier avec Marie de Montluc. fille du
maréchal de Montluc de Balagny ; le second avec Renée de Boulainvii-
liers, dame de Courtenay).
Jean V DE RAMBURES, seigneur iDE DOMPIERRE. — Leva en 1616
une compagnie dans le régiment de son père, auquel, il succéda par
commission du 25 mai 1627.
Maréchal de camp, le 3 octobre 1634, commandant le régiment des
Gardes.
Campagnes : Siège de la Rochelle ; combat du Pas de Suze ; sièges de
Privas et d'Alais; combat de Veillane (1630); Saluées; prise de Vie,
Moyenvic et Marsal (1631); Siège de Nancy (1633); levée du siège de
Deux-Ponts (1635); prise de Bingen (1635); combat de Vaudrevanges
(1635); sièges de Corbie (1636), de Landrecies (1637) et de la Capelle
(1637).
Blessures : Balle dans l'épaule devant Saluées (1630). Pendant le siège
de la Capelle, il allait reconnaître une redoute qui venait d'être ache-
vée, lorsqu'il fut enveloppé par sept mousquetaires ennemis, qui, voyant
qu'on venait à son secours, cherchèrent à l'achever. Il vécut cependant
encore vingt-huit jours et mourut au mois d'octobre.
11 n'était pas marié.
François, marquis DE RAMBURES. — Issu du second mariage de
Charles, marquis de Rambures; succéda à son frère Jean, en mars
1633, dans le commandement du régiment.
Campagnes : armée de Lorraine (1634) ; siège de Spire, prise de Bin-
gen (1635); Colmar (1636); sièges d'Ivoy et de Damviliiers (1637); siège
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 397
du Catclot (1638); siège et bataille de Thionville (1639); siège d'Arras
(1640); sièges d'Aire, de la Bassée, de Bapaume (1641); armée du maré-
chal de Grammont (1641).
Blessures : tué à la bataille d*Honnecourt (26 mai 1641), après avoir
fait des prodiges de valeur, à la tête de son régiment.
Il n'était pas marié.
René, marquis DE RAMBURES. — Troisième fils de Charles, marquis
de Rambures. Etait capitaine dans le régiment de son frère depuis 1638.
Il lui succéda par commission du 24 juin 1642.
Maréchal de camp, 16 septembre 1651.
Campagnes : sièges de Saint-Omer (1638), Thionville (1639), Arras
(1640), Aire, la Bassée, Bapaume (1641), Honnecourt (1642); bataille de
Rocroy (1643); sièges de Thionville et de Sierck (1643); siège de Grave-
lines (1644) ; prises deCassel, Béthune, Saint-Venant, Menin (1645) ; prises
de Courtray et Dunkerque (1646) ; siège d'Ypres, bataille de Lens (1648) ;
siège de Cambrai, prise de Condé (1649); bataille du faubourg Saint-
Antoine (1652) ; siège de Sainte-Monchould (1653) ; siège de Stenay (1654) ;
sièges de Landrecies, Condé Saint-Ghislain (1655).
Il mourut dans les premiers jours de mars 1656.
Charles, marquis DE RAMBURES et DE COURTENAY, — frère du
précédent, prit le commandement du régiment après la moft de son
frère (commission du 10 mars 1656).
Brigadier des armées du roi (16i58).
Campagnes : siège de Valencicnnes (1656); siège de la Motte (1657);
siège de Dunkerque (1658); bataille des Dunes (1658); siège de Lille
(1667).
Le marquis de Rambures mourut en 1671, à Calais. Il fut inhumé
avec ses ancêtres, dans le couvent des Minimes d'Abbeville.
Il avait épousé, le 5 avril 1656 , Marie de Nogent, fille du comte
Nicolas de Nogent.
Un fils et trois filles naquirent de cette union.
Louis-Alexandre, marquis DE RAMBURES. — Fils du précédent. Etait
fort jeune quand il prit le commandement du régiment de son père. Il
ne le conserva que quatre ans, car il fut enlevé, le 29 juillet 1676, à
raflection de son beau régiment dans les plus fâcheuses circonstances.
Quelques hommes s'occupaient à décharger leurs armes lorsqu'un coujy
de fou vint le frapper en plein visage.
C'était le dernier rejeton de cette illustre race, qui avait donné au
régiment et à la France tant de preuves de sa valeur.
398 HISTORIQUE
ANTOINE DU PAS, marquis DE FEUQUIÈRES. — Né à Paris le lôavril
16i8. Volontaire au régiment du Roi, 1666; enseigne, mars 1667; lieute-
nant, novembre 1667; capitaine réformé, 20 mars 1671; capitaine en
pied, 18 juin 1671; aide de camp des armées du roi, 15 avril 1672;
mestrede camp d'un régiment de cavalerie do son nom, 17 juillet 1672;
mestre de camp de Royal-Marine, 1" novembre 1674; mestre de camp
du régiment de Ramburos, 4 août 1676; gouverneur de Verdun, 15 mars
1688; brigadier des armées du roi, 24 août 1688; maréchal de camp, 20
janvier 1689 ; lieutenant général, 30 mars 1693.
Campagnes : Siège de Voôrdon (1673) ; sièges de Besançon, Dûle et
Salins (1674) ; bataille de Senef (1674) ; Altenhoim (1675) ; sièges de Condé
etBouchain (1676), Bâle et Fribourg (1677) ; bataille de Saint-Denis (1678) ;
Hcilbronn (1688); combat de Neubourg (1689); armée d'Italie (Staflarde)
(1690); combat du château de Vénasque (janvier 1691); Luzerna (avril
1691); expédition contre les Barbets (mai 1691); sièges de Carmagnole
et do Coni (1691); Allemagne (1692); bataille de Nerwinden (1693); Alle-
magne (1694); armée du maréchal de Villeroy (1695-1696-1697); armée
d'Italie (1701).
Blessures : Près de Bâle. 1677 (contusion à la jambe) ; Saint-Denis, 1678
(coup de feu au haut des cuisses) ; expédition des Barbets (cheval tué
sous lui).
Le marquis DE FEUQUIÈRES mourut le 27 janvier 1711. Il avait
épousé, en 1674, Madeleine-Thérèse do Mouchi, fille du marquis d'Hoc*
quincourt.
Il en eut plusieurs enfants.
Le marquis DE FEUQUIÈRES est l'auteur de mémoires fort inté-
ressants.
Jules DU PAS, comte DE FEUQUIÈRES, obtint en 1689, le comman-
dement du régiment, sur la démission de son frère.
Lieutenant général de Toul (27 avril 1700).
Il avait épousé Catherine Mignard, fille de Pierre Mignard, premier
peintre du roi.
Campagnes: Siège do Lille (1667); Guerre de Hollande (1671); Alle-
magne (1689-1690); prise de Veillane et Carmagnole (1691); la Marsaille
(1693); Italie (1694-1695-1696).
Le marquis et le comte du Pas de Feuquières appartenaient à Tune
des plus anciennes maisons du comté d'Artois; ils descendaient, au
vingt-deuxième degré, de Walon du Pas, qui vivait en 1060.
Plusieurs de leurs ancêtres sont morts au champ d'honneur : Jean du
Pas ou de Pas, au siège de la Charité; Daniel de Pas, devant Paris;
François de Pas, à Ivry ; Manassès de Pas, à Thionville, etc., etc.
I
Louis-Thomas DU BOIS DE TIENNES, marquis DE LEUVILLE. — Né le
24 septembre 1668. Page du roi, 1685 ; mousquetaire, 1688 ; cornette au
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE. 399
régiment Dauphin-Etranger, 15 janvier 1689; capitaine, 19 décem-
bre 1689 ; grand bailli de Touraine, 26 janvier 1700 ; mestre de camp
du régiment, 27 avril 1700; brigadier, 19 juin 1708; maréchal de camp,
8 mars 1718; lieutenant général, 22 décembre 1731; gouverneur de
Charlemont, 6 juin 1738.
Campagnes : Siège de Mons (1690) ; siège deNamur, bataille de Stein-
kerque (1692) ; sièges de Huy et de Charleroi (1693) ; bataille de Ner-
winde (1693); Flandre (1694); sur la Meuse (1695-1696-1697); Italie (1701-
1707). [Bloqué dans Mantoue pendant près de six mois, prit part à plu-
sieurs sorties, dans lesquelles il combattit en volontaire, n'étant pas
commandé]; armée du Rhin 11733-1738); Bavière (1741); siège d'Egra
(1742).
Il mourut au camp devant la ville d'Egra, qu'il était chargé d'assié-
ger (3 avril 1742).
Il avait épousé: 1« en 1703, Louise Thomé; 2% le 5 juin 1725, Marie
Voisin (fille de Daniel Voisin, chancelier et garde des sceaux), dont pos-
térité.
Louis-François-Armand DU PLESSIS, duc DE RICHELIEU et DE
FRONSAC, pair de France. —Né le 13 mars 1696. Mousquetaire en 1712;
capitaine dans Royal-Cavalerie, 18 janvier 1713; colonel du régiment,
15 mars 1718 ; brigadier, 20 février 1734 ; maréchal de camp, 1" mai 1738 ;
lieutenant général gouverneur du Languedoc, lieutenant-général des
armées du roi, 2 mai 1744; maréchal de France, 11 octobre 1748; gou-
verneur général de la Guyenne, 24 décembre 17^.
Le maréchal de Richelieu était membre de l'Académie française
(12 octobre 1720). Il avait été, en 1724, ambassadeur extraordinaire à
Vienne.
Chevalier des Ordres du roi, 1728 ; membre honoraire de l'Académie
des sciences, 1731 ; premier gentilhomme de la chambre du roi.
Campagnes : Dcnain (1712) ; prises de Marchiennes, Donzy, du Quesnoy
et de Bouchain (1712) ; siège de Landau (1713) ; prise de Fribourg (1713) ;
siège de ïCehl (1733); Allemagne (1733-1737) ; Flandre (1742) ; armée du
Rhin (1743); Flandre, Alsace (1744); Flandre (1745-1746-1747); batailles
de Fontenoy, Raucoux, Lawfeld; armée d'Italie (1747-1748) ; défense de
Gônes; commande en chef l'expédition de Minorque; prise de Mahon
(1756); commande l'armée d'Allemagne (1757).
Blessures à la prise de Fribourg (1713). ^
Pour lui témoigner sa reconnaissance, le sénat de la république gé-
noise ordonna, le 17 octobre 1748, qu'il serait inscrit lui et ses descen-
dants sur le livre d'or de la noblesse génoise.
Il avait épousé : 1" en 1716, Anne Catherine de Noailles, morte sans
enfants ; 2°, en 1754, Elisabeth-Sophie de Lorraine, sœur du dernier duc
de Guise.
400 HISTORIQUE
Louis-Marie-Bretagne-DominiqueDE ROHAN-CHABOT, duc DE ROHAN,
prince DE LÉON, pair de France. — Né le 17 janvier 1710. Capitaine de
cavalerie à la suite du régiment de Lorraine, 1" mai 1727 ; mousque-
taire, 19 décembre 1729; colonel du régiment de Vermandois, 20 février
1734; donne sa démission pour devenir colonel du régiment, 16 avril
1738; brigadier par brevet du 10 février 1743.
Campagnes : Bavière et Tyrol (1740-1741); défense de Lintz (1742);
armée du baut Rhin (1743) ; bataille de Dettingen (1743) ; armée de
Flandre (1744); sièges de Menin et d'Ypres (1744).
Il avait épousé : 1" en 1735, Charlotte- Rosalie de Châtillon, fille du duc
de Châtillon; 2% le 23 mai 1758, Emilie de Crussol, sœurdu ducd'Uzès.
Louis DE BALBE DE BERTON, marquis DE CRILLON, duc à AVIGNON.
—Lieutenant en second au régiment du Roi Infanterie, 7 septembre 1733;
lieutenant en premier, i" août 1734; colonel du régiment de Bretagne,
16 avril 1738; du régiment, 1" janvier 1745; maréchal de camp, 2 oc-
tobre 1746; lieutenant général, 1'' mai 1758.
Campagnes : Défense de Colorno ; batailles de Palerme et de Guas-
talla; Allemagne (1742); défense d'Egenfelden et Degendorfl; prise de
Fribourg (1744); bataille de Fontonoy (1745); siège de Tournay, prise
de Gand (1745); prises d'Ostende et de Nieuport (1745); sièges de Mons
et de Namur (1746) ; conquête de Nice et Villefranche, Mont-Alban et Vin-
timille (1747); armée d'Allemagne (1757); batailles de Weissenfels et
de Rosbach; bataille de Lutzelberg (1758); côtes de Flandre (1759); Pi-
cardie (1760).'
Blessures : Blessé à Rosbàch (où il eut un cheval tué sous lui).
Actions d'éclat : En 1742, étant détaché du camp de Nider-Altach avec
dix piquets dlnfanterle, il fut attaqué par des troupes légères de l'en-
nemi qui tentèrent de lui couper la retraite. Il se défendit pendant trois
heures, se fit jour à travers les ennemis et rentra au camp n'ayant perdu
que 30 hommes.
Le 31 octobre 1757, commandant quatre bataillons impériaux et dix-
sept compagnies de grenadiers français, il fut attaqué dans Weissenfels
et se défendit avec la plus grande valeur.
Le marquis de Crillon eut un fils de son premier mariage avec Eli-
sabeth Couvray. Ce fils s'illustra sous les yeux de son père en Allemagne,
pendant la campagne de 1758, en s'emparant du château de Spangenberg.
Philippe-Antoine-Gabriel-Victor-Charles, marquis DE LA TOUR DU
PIN DE LA CHARGE. — Né le 27 février 1723 au château de la Colom-
bière, en Champagne. Mousquetaire, 1*' mars 1735; capitaine de cava-
lerie au régiment d'Artois, 24 avril 1738; colonel du régiment, 19 octobre
1746; lieutenant général gouverneur du Maine, du Perche et de Laval, 15
octobre 1749; brigadier, 22 Juillet 1758; maréchal de camp, 10 février
. DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE. 401
1761 ; gouverneur des pays de Bourgogne, Bresse, Bugey, Valromey,
avril 1765.
Il avait épousé, le 7 février 17i8, Jeanne-Magdeleine Berlin, marquise
de Mérenville, dont il a eu des enfants.
Campagnes : ti'landre (1742); Bavière (1743) î Rhin (1744); siège de
Mons, bataille de Raucoux (1746) ; bataille de Lawfeld (1747) ; siège de
Maèslricht (1748) ; armée d'Allemagne (1757) ; bataille de Crewelt (1758) ;
siège de Munster (1759) ; Corback, Warbourg, CUostercamps (1760) ; Fi-
linghauBen et Roxel (1761); Espagne (1762).
Blessufe. — Coup de feu à la cuisse, à Clostercamps. Mort sur Técha-
faud révolutionnaire, le 28 avril 1794.
René-Gabriel, comte DE BOISGÈLIN. — Né le 30 août 1726. Lieutenant
au régiment du Roi, 1743 ; enseigne au régiment des Gardes, 1743; sous-
lieutenant, février 1745 [servit, à partir de 1757, dans l'armée de l'im-
pératrice-reine] ; brevet de colonel, 1757; colonel de Saintonge, août-
1759; du régiment, 20 février 1761; brigadier, 30 août 1762.
Il mourut le 24 novembre 1764.
Décoration : Chevalier de Saint-Louis, 1757.
Il ne laissa pas d'enfants de son mariage avec M"** Turgot de Sainte-
Claire (mais il avait deux frères).
Campagnes : Bataille de Dettingen (1743) ; sièges de Menin, Ypres,
Fribourg (1744); siège de Tournay (1745); bataille de Fontenoy (1745);
bataille de Lawfeld (1747); siège de Maèstricht (1748); Bohème (1757-
1759); en mer (escadre de M. de Conflans, 1760); Filinghausen (1761);
Johannisberg et Friedberg (1762).
Actions d'éclat : Sa conduite à la prise de Schwednitz lui valut l'hon-
neur d'être choisi par le prince Charles pour porter au roi de France
la nouvelle de la prise de cette place.
Le comte de Boisgelin se distingua encore, au mois d'août 1762, en
dégageant, par une manœuvre hardie, l'avant-garde de l'armée, com-
mandée par le marquis de Lévis et fortement bousculée au village de
Bemsfeld.
Mais c'est surtout le 30 août que le comte de Boisgelin se couvrit de
gloire, lui et son régiment. Il s'y montra véritable homme de guerre.
Blessures : Il eut, dans cette journée du 30 août 1762 (bataille des Sa-
lines de Friedberg), sa cuirasse coupée d'un coup de feu.
Aimé-Louis DE QUENGO DE CRÉNOLLE. — Fils de Joseph de Quengo
et de Thérèse-Charlotte-Dorothée de Beauvau ; né en novembre 1734 ;
chevalier, puis marquis de Crénolle à la mort de son frère, tué à
Minden; lieutenant en second au régiment du Roi, 27 mai 1749; enseigne,
1753; sous-aide-major, 1755;* aide-major, 1757; capitaine, 1759; major,
Hist. 15- 26
402 HISTORIQUE
1760; colonel du régiment de la Marche, 1761 ; de T Ile-de-France, 1762;
de Béarn, 1764.
Il eut un fils de son union (1763) avec Françoise-Marguerite Mégret
d'Etigny, fille de l'intendant d'Auch.
Campagnes : Batailles d'Haslembeck (1757), Crewelt (1758), Minden
(1759), Corback (1760), Filinghausen et Neuhauf (1760).
Louis-François-Jules JEHANNOT, marquis DE BARTILLAT. — Colo-
nel du 15' régiment d'infanterie, 13 avril 1780; brigadier, 5 décembre
1781 ; maréchal de camp, 9 mars 1788.
Gilles-Dominique-Jean-Marie, vicomte DE BOIGESLIN DU KERDU. —
Né à Plélo, en Bretagne, le 1" décembre 1749. Sous-lieutenant au régi-
ment de Lorraine, 28 mars 1766; rang de capitaine dans le régiment
de Piémont, 7 avril 1773; capitaine réformé, 1776; colonel en second du
régiment de Forez, 7 août 1778; colonel du 15*' régiment d'infanterie
(Béarn), 10 mars 1788; maréchal de camp, 30 juin 1791.
Décoration : Chevalier de Saint-Louis, 21 avril 1784,
Michel-Ange-Boniface-Marie, comte DE CASTELLANE. — Né le 11
septembre 1751. Sous-lieutenant au régiment Dauphin-Dragons, 22 fé-
vrier 1768; réformé, 16 juin 1776; rang de capitaine, 28 février 1778;
sous-lieutenant des gendarmes écossais, avec rang de lieutenant-colo-
nel, 18 janvier 1779; second lieutenant des gendarmes de la reine,
11 novembre 1782; rang de mcstre de camp, 11 novembre 1882; second
lieutenant des gendarmes bourguignons, 16 août 1785; colonel du 58*
régiment d'infanterie Rouergue, 17 mars 1788; du 15' régiment d'infan-
terie, 25 juillet 1791; démissionnaire, 7 novembre 1791.
Décoration : Chevalier de Saint-Louis, 1786.
Jean-Charles DE MYON. — Né le 8 novembre 1746. Elève à l'Ecole
royale militaire ; sous-lieutenant au régiment d'infanterie de la Sarre,
8 mai 1764; lieutenant, 24 mars 1769; sous-aide-major, 19 juin ,1771;
capitaine en second, 30 janvier 1778; major aux grenadiers royaux
de Picardie, 24 juin 1780, et au régiment do Penthièvre, 31 [anvier 1783;
lieutenant-colonel du !5', 17 mai 1789; colonel du 23' régiment d'infan-
terie, 21 octobre 1791 , du 15' régiment d'infanterie, 7 novembre 1791 ;
démissionnaire, 13 janvier 1792.
Décoration : Chevalier de Saint-Louis, 14 mars 1786.
Gratifications extraordinaires : de 800 livres, 1" mars 1784; de 500
livres, 27 février 1785; de 800 livres, 25 avril 1786; de 800 livres, 12
avril 1787 ; de 600 livres, 3 février 1788. *
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE. 403
Marie-Louis DE VARENNES. — Né le 18 août 4736. Garde du corps,
20 février 1753; lieutenant dans Bourbon, 20 mai 1756; volontaire aux
grenadiers de France, 20 mai 1761 ; lieutenant en second, 21 décembre
1762; réformé en même temps que ce corps, 1771; capitaine au régi-
ment provincial d'Alençon, 4 août 1771; major du régiment provincial
d'artillerie de Metz, 28 avril 1778; lieutenant-colonel du 18' régiment
d'infanterie, 25 juillet 1791 ; colonel du 15' d'infante ie, 7 mars 1792
^pour prendre rang du 5 février 1792).
Campagnes : Avec le régiment de Bourbon (1758-1759) ; avec les gre-
nadiers de France (1761-1762); avec le 15' (siège de Lille 1792).
A obtenu sa retraite le 7 mars 1793.
Jean-Baptiste DAURIÈRE. — Né le 19 octobre 1741, Mousquetaire à
la 1" compagnie, 28 juin 1770; sous-brigadier, 11 juin 1774 (rang de
capitaine de cavalerie, 16 août 1774) ; lieutenant-colonel du 15', 18 ma
1792 ; chef de brigade du corps, 7 mars 1793.1
Campagnes : De 1792-93, avec le 15' de ligne (1).
Jean-Baptiste-Raymond FAURE. — Né à Périgueux le 5 octobre 1760w
Capitaine au 13' bataillon de volontaires nationaux, 15 août 1792; chef
de bataillon de ce bataillon, 15 septembre 1792 ; chef de la 68' demi-bri-
gade de bataille, 10 nivôse an II ; de la 15' demi-brigade de ligne, à sa
formation; retraité le 8 floréal an XII (1804).
Campagnes : Armée du Nord (1792-1793, an II, an III, an IV, an V,
an VI et an VII) ; armée du Rhin (ans VIII et IX) ; armée de l'Ouest
<anX).
Hilaire-Benoit, baron REYNAUD. — Né le 9 juin 1772 à Agde (Hé-
rault) ; ûls d'un contrôleur des fermes du roi. Chasseur aux volontaires
du Midi; sergent-major, 12 août 1791; sous-lieutenant au régiment ci-
devant Méd c^ décembre 1792 ; lieutenant à la 129' demi-brigade, 23 ger
minai an III; aide de camp du général Sérurier, 13 fructidor an III;
capitaine, 13 ventôse ml V ; chef d'escadrons à la garde des consuls, 3
ventôse an VIII ; adjudant cMomandant, 22 fructidor an XI ; colonel du
15' de ligne, 16 germinal an XII ; ad^nt au grand maréchal du palais
Duroc ; général de brigade, 11 mai 1808 ; emfiloyé sous les ordres du
général Darricau, commandant les bataillons de tirailleurs de la garde
nationale de Paris, 31 mai 1815 ; inspecteur d'infanterie, 30 décembre
1818 ; commandant la 1" brigade de la 4' division d'infanterie de l'ar-
mée du Nord, 1832; retraité le H octobre 1834.
(1) Les registres matricules [du corps ne 'donnent pas [d^autres] détails sur co
chef de brigade.
404 HISTORIQUE
Décorations : Commandeur de la Légion d'honneur, 14 juin 1804; che-
valier de Saint-Louis, 19 Juillet 1814.
Campagnes : De 1792-1793 et de Tan IV comme aide de camp du géné-
ral Kellermam; de Tan V et de Tan VI comme aide de camp de Bona-
parte; Marengo (an VIII); Friedland (1807); Espagne jusqu'en 1811.
Blessures : Friedland (biscalen à la jambe droite) ; sortie d'Oporto
(coup de mitraille).
Fait prisonnier à Giudad-Rodrigo (15 octobre 1811), pendant qu'il
opérait une reconnaissance, il ne quitta les prisons d'Angleterre que le
2 mai 1814.
Paul-Louis-Marie DEIN. — Né le 30 janvier 1774 dans l'Ille-et-Vilaine.
Volontaire au il* bataillon de volontaires nationaux; adjudant-major
et capitaine. 21 septembre 1792; capitaine des grenadiers, 1" octobre
1793 ; chef de bataillon au 1" de ligne, 12 messidor an VII ; major du
15% 11 brumaire an XII; colonel du 15% 28 juin 1808; retraité à Brest,
13 août 1812.
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 4 germinal an XII ;
officier, 12 novembre 1812.
Blessures et actions d'éclat: Le 5 prairial an VII, devant Zurich, a
sauvé deux pièces de canon. Des tirailleurs ennemis menaçaient la
route par laquelle les pièces pouvaient se retirer d'une redoute occupée
par le commandant Dein. Or, l'officier d'artillerie voulait dételer les
chevaux et enclouer ses canons ; mais le commandant Dein s'y opposp
et ordonne à cet officier de les tenir prêts à partir; puis, laissant un
détachement pour défendre la redoute, il sort avec le reste de ses hom-
mes, balaye la route et fait passer les deux pièces d'artillerie. Pendant
ce temps, l'ennemi s'empare de la redoute; alors le commandant Dein
revient à la charge, reprend l'ouvrage, le perd, et le reprend définili'-
vement. Il fut blessé, ce jour-là, à la jambe droite.
LEVAVASSEUR. — Né à Rouen le 22 juin 1769. Fusilier dans la
garde royale, 21 décembre 1791 ; sous-lieutenant au 61* régiment (Ver-
mandois), 25 avril 1792; lieutenant au même corps, 1" octobre 1792;
adjoint aux adjudants généraux, 1*' vendémiaire an IV ; aide de camp
du général Baraguey d'Hilliers, 5 ventôse an IV ; capitaine aide de camp,
1«' germinal an V; chef de bataillon aide de camp du général de divi-
sion Levavasseur, 26 messidor an XI; chef de bataillon au 17' léger,
5 ventôse an XIII; major à la suite, 12 janvier 1807; du 65' de ligne, ^
12 février 1807; colonel du 15' de ligne, 28 janvier 1813; retiré à Rouen.
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 26 prairial an XII ;
officier, 25 novembre 1813, chevalier de Saint-Louis sous la Restauration.
Campagnes : Armée d'Italie, de 1792 au traité de Campo-Formio ;
DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE. 405
%
siège de Bastia ; retourne en Italie, à Fétat-ma|or du général Duhesme^
Jusqu'après Marengo ; camps d'Amiens et do Versailles ; retourne en Italie
(armée d'observation du Midi, sous les ordres de Murât) ; assiste aux
combats d'Ulm, à la bataille d'Austerlitz, à celle d'Iéna, aux combats
d'Ostrolenka et de Pultusk; Espagne (1813); France (1814).
Blessures : Coup de feu à la jambe gauche, le 28 juillet 1813, près de
Pampelune.
Paul-Emile-Louis-Marie DE LA FRUGLAYE. — Né à Qùimper le 13
mars 1766; cadet gentilhomme à l'école royale militaire, 7 avril 1780;
sous-lieutenant à Royal-Cravates, 13 mars 1782 ; capitaine dans Royal-
Dragons, 8 février 1786; émigré en 1791 ; oflQcier à l'armée des princes,
1791 ; officier supérieur à l'armée de basse Normandie, 1797; lieutenant-
colonel, 3 mars 1815 (rang du 7 septembre 1799) ; colonel de la légion
du Finistère (11 octobre 1815); retraité le 18 décembre 1816, avec le
grade honoriGque de maréchal de camp.
Décoration ; Chevalier de Saint-Louis, 1" avril 1796.
Campagnes : Armée des Princes (1792) ; armée de lord Moira (1795) ;
armée de basse Normandie (1799-1800); armée de la rive droite de la
Loire (1815).
Joseph-Paul-Hyacinthe-Raymond, baron DE RASGAS DECHATEAURE-
DON. — Né à Béziers, le 22 mars 1776, de Jean-François-Xavier et de
Marie- Rose-Dorothée de Portalon. Chasseur, 1" mars 1792; fourrier, !•'
août 1792; sergent-major à la compagnie franche de l'Hérault, 28 juillet
1793; sous-lieyatenant à la 4' légère, 21 mai 1800; lieutenant au 4* léger,
15 décembre 1803; aide de camp des généraux Miquel, le Dru et Glapa-
rède; capitaine, 8 mars 1807; chef de bataillon au 30* de ligne, 22 juin
1811; major du 5* de ligne, 2 avril 1813; lieutenant-colonel du 1" régi-
ment de la garde royale, 23 octobre 1815; colonel, 30 octobre 1816; de la
légion du Finistère, 25 décembre 1816; du 15" de ligne, 17 novembre 1820;
admis à la retraite, 28 mars 1830.
Campagnes : Pyrénées-Orientales (1792-17^); Italie (ans VIII et IX);
observation du Midi (an X) ; camp do Boulogne (1803-1804) ; Prusse (1806) ;
Pologne (1807-1808) ; Autriche (1809) ; Russie (1812) ; Espagne (1823-1828).
< Blessures : Coup de feu à la jambe gauche, à Eylau, 8 février 1807;
contusion au testicule droit, à Essling, 22 mai 1809 ; pied droit gelé pen-
dant la retraite de Russie.
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 21 avril 1809; officier,
14 octobre 1812; chevalier de Saint-Louis, 19 octobre 1814; baron, 12 fé-
vrier 1817.
Anatole MANGIN. — Né à Xermamenil (Meurthe), le 7 mars 1788, de
Joseph-François et de Marie-Christine Jeanpierre. Elève à l'école de
406 HISTORIQUE
Fontainebleau, 14 décembre 1806; sous-lieutenant au 105' do ligne,
5 mars 1807; lieutenant, 23 avril 1809; capitaine au 36' léger, 26 mars
1811; chef de bataillon, 22 septembre 1813; lieutenant-colonel du 58' de
ligne, 13 août 1823; colonel du 15' de ligne, 28 mars 1830; maréchal de
camp, 31 décembre 1835; lieutenant général, 22 avril 1846; section de
réserve, 8 mars 1853; décédé, 18 février 1855.
Campagnes : Grande Armée (1807-1808) ; Allemagne (1809) ; côtes de
rOcéan (1810-1811); Russie (1812-1813); Grande Armée (1814); France
(1815); Morée (1828-1829); Afrique (1830-1832).
Blessures : Coup de feu à la jambe gauche et au menton, à Essling^
22 mai 1809; coup de feu à la cuisse et à la fesse gauche, dans une sortie
au siège de Dresde, 13 octobre 1813.
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 14 juin 1813; officier,
23 mai 1825 ; chevalier de Saint-Louis, 20 août 1823 ; commandeur de la
Légion d'honneur, 27 décembre 1830; grand officier, 18 septembre 1847-
Etienne MARCEL. — Né le 31 janvier 1792 à Gien (Loiret) ; fils de
Germain Marcel et de Marie-Anselme Bonneville. Marié le 8 janvier 1834
à demoiselle Julie Devoise, veuve Odru. Capitaine au 3' bataillon des
gardes nationales du Loiret, 25 août 1809 ; lieutenant au 7' régiment
de voltigeurs de la garde, 1" mars 1810; lieutenant au 116° de ligne,
1" juin 1812; capitaine adjudant- major, 26 juillet 1813; non-activité
par suite de [licenciement, 23 septembre 1815; capitaine à la légion dé-
partementale du (Loiret, 1" janvier 1816 ; chef de bataillon au 48' de
ligne, 11 juin 1823; lieutenant-colonel du 15' de ligne, 27 janvier 1831;
colonel du 41' de ligne, 31 décembre 1835; du 15' de ligne, 11 janvier
1836; maréchal de camp, 22 octobre 1845; général de division, 28 dé-
cembre 1852; inspecteur général du 13' arrondissement d'infanterie,
30 juin 1855 ; admis dans la 2' section (réserve) du cadre de Tétat-maJor
général, 1" février 1857. Décédé au château de l'Ormette, commune de
Saint-Goudon, 8 avril 1880.
Campagnes : Armée du Nord (1809); Brabant et Espagne (1810);
Aragon (1811-1812); Espagne (1813-1814); France (1815); Guadeloupe
(1825-1826-1827); Algérie (1830-1831-1832).
Blessures : Coup de feu au genou gauche à la bataille de Sagonte,
25 octobre 1811.
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 27 janvier 1815 ; che-
valier de Saint-Louis, 29 octobre 1826; officier de la Légion d'honneur,
17 mai 1832; commandeur, 2 décembre 1850; grand officier, 28 janvier
1857.
Jean-André-Louis BRUNET. — Né à Valence (Drôme), le 3 février 1803.
Elève à l'École spéciale militaire, 10 septembre 1819 ; sous-lieutenant au
51* de ligne, 1" octobre 1821 ; lieutenant, 9 octobre 1825; capitaine, 28
DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 407
février 1832; chef de bataillon au 7* d'infanterie légère, 28 juillet 1840:
au 48° de ligne, 30 juillet 1840; lieutenant-colonel du 71" de ligne, 31
décembre 1841 ; colonel du 15" de ligne, 26 octobre 1845 ; général de
brigade, 5 mars 1851 ; commandant une brigade de Tarméc d'occupa-
tion de Rome, 20 octobre 1852; général de division, 29 août 1854; com-
mandant la 9" division d'infanterie de l'armée d'Orient, 2 décembre
1854. Tué à l'attaque de la tour de Malakofl, d'une balle en pleine poi-
trine, 18 juin 1855.
Campagnes : Espagne (1823); la Guadeloupe (1825-1832); Afrique
(1840-1841); Rome (1852-1853); Orient 1854-1855).
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 6 octobre 1837; oflS-
cler, 18 septembre 1847 ; commandeur, 10 août 1853 ; grand croix de l'or-
dre pontifical de Saint-Grégoire le Grand, 12 août 1853.
Amédke ALAIS. — Né le 3 août 1795, à Villers-Rocage (Calvados) ; fils
de Michel et de Marie-Geneviève Viel de Précaré; marié en novembre
1837 à demoiselle Rose-Augustine Lalanne. Garde au 1" régiment des
gardes d'honneur, 9 mai 1813; soldat aux grenadiers éclaireurs (garde),
6 janvier 1814; sous-lieutenant au 4* d'infanterie légère, 24 janvier 1814;
à la légion départementale du Cher, 13 janvier 1816 ; au 9" régiment de
ligne, 22 décembre 1820; lieutenant, 21 septembre 1823; capitaine, 16
décembre 1830; chef de bataillon au 10' de ligne, 19 mars 1841; lieute-
nant-colonel du 20" d'infanterie légère, 22 septembre 1847 ; colonel du
15" de ligne, 2 avril 1851; admis à faire valoir ses droits à la retraite
pour cause d'infirmités; retraité, 11 juillet 1855.
Campagnes : Grande Armée (1813); France (1814); Belgique (1815);
Espagne (1823-1827) ; Orient (1855).
Blessure : Coup de feu au pied droit à Paris, 30 mars 1814.
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 13 novembre 1832;
officier, 15 avril 1846; commandeur, 9 août 1854.
Félix-Achille GUÉRIN. — Né le 12 janvier 1807 à Fontainebleau ; fils
de Fiacre-Roch et de Marie-Catherine Lelarge; marié le 7 février 1835
à demoiselle Justinc-Rose-Léontine Deboux. Elève à l'Ecole spéciale
militaire, 10 novembre 1825; caporal, 10 décembre 1826; sergent, 31 dé-
cembre 1826; sous-lieutenant au 12" d'infanterie légère, 1" octobre 1827;
lieutenant, 16 octobre 1831 ; capitaine, 25 avril 1836; chef de bataillon au
26" de ligne, 23 mai 1847; lieutenant-colonel du 17" d'infanterie légère,
30 décembre 1852; du 9" de ligne, 15 mars 1855; colonel du 15" de ligne»
11 juillet 1855; général de brigade, 30 juin 1859; passe dans la section de
réserve pour cause de santé le 21 août 1870; décédé à Theurteville-Bo-
cage, près Cherbourg.
Campagnes: Orient (1855-1856); Italie (1859).
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 1"' Juin 1850 ; officier,
408 HISTORIQUE
24 septembre 1855; commandeur, 23 août 1861; médaille de Crimée;
médaille d'Italie; médaille de la Valeur militaire de Sardaigne, 10 Juin
1857; officier de l'ordre des Saints Maurice et Lazare de Sardaigne,
2 août 1860.
Martin-Edouard DAUDEL. — Né le 13 novembre 1812, à Suze-la-
Rousse (Drôme) ; fils de Pierre et de Marie-Rose Deserres ; marié le 2i
février 1850, à Antoinette-Thérèse Guide. Elève à l'Ecole spéciale mili-
taire, 2 décembre 1830; sous-lieutenant au 28* régiment d'infanterie,
1" octobre 1832; lieutenant, 11 novembre 1837; capitaine, 22 janvier
1843; chef de bataillon au 31' de ligne, 10 juillet 1848; lieutenant-co-
lonel du 33' de ligne, 13 octobre 1855; du 3« voltigeurs de la garde, 18
mars 1858; colonel du 15' de ligne, 30 juin 1859; général de brigade, 2
août 1869; retraité sur sa demande, 5 septembre 1878.
Campagnes : France (décembre 1851) ; Orient (1855-1856) ; Italie (1859);
guerre d'Allemagne, siège de Paris (30 août 1870-7 mars 1871);. à l'in-
térieur (9 mars-8 avril 1871).
Décorations: Chevalier de la Légion d'honneur, 26 décembre 1852;
officier, 27 décembre 1861; commandeur, 12 mars 1866; grand officier,
16 décembre 1870 (rang du 8 décembre); médaille d'Italie; chevalier
des Saints Maurice et Lazare do Sardaigne, 10 février 1857 ; officier dé
l'ordre militaire de Savoie (autorisation du 16 janvier 1860).
Théodore-Eugènb FRABOULET DE KERLÉADEG. — Né Le 5 octobre
1826 à Bitche (Moselle)^ fils de François- Joseph- Jean-Marie et de Jény
Thomson ; marié, le 15 septembre 1859, à demoiselle Joséphine- Rosalie-
Adrienne-Elvire de Sprimont. Elève à l'Ecole spéciale militaire, 18
novembre 1843 (engagé le 2 novembre 1843, ses services ne comptent
que du 5 octobre 1844, époque à laquelle il a atteint sa 18' année) ; sous-
lieutenant au 41' de ligne, 1" octobre 1845; lieutenant, 2 octobre 1848^;
au 42' de ligne, 28 Juin 1853; capitaine au 6' bataillon de chasseurs à
pied, 29 décembre 1853; capitaine adjudant-major au 3' bataillon de
chasseurs, 31 décembre 1854 ; chef de bataillon au 83' de ligne, 14 mars
1859; 21' de ligne, 11 Juillet 1859; 5' bataillon de chasseurs, 2 Juillet 1860 ;
lieutenant-colonel du 54' de ligne, 12 août 1864; au 48' de ligne, 1864 (20
septembre 1864) ; colonel du 15' de ligne, 3 août 1869. Décédé, le 11 sep-
tembre 1870, à Metz, par suite des blessures qu'il avait reçues le 18
août à Saint-Privat.
Campagnes : Afrique (1846-1847); Orient (1854-1856); Italie (1859);
Afrique (1864-1868); armée du Rhin (1870).
Blessures : Brûlé à la face par l'explosion d'une poudrière, le 7 juin
1855, devant Sébastopol ; blessé mortellement au combat du 18 août 1870
sous Metz.
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 10 mai 1852; officier,
DU 15® RÉGIMENT D'INFANTERIE 409
16 avril 1861; médaille de S. M. la reine d'Angleterre (Crimée); mé-
daille de la Valeur militaire de Sardaigne; médaille d'Italie.
Joseph-Barthélemy-Xavieh DERROJA. — Né le 9 octobre 1822, à
Saint-Hippolyte (Pyrénées-Orientales) ; ûls de Jacques et de Rose Guiter ;
marié : 1° le 24 septembre 1872, à demoiselle Stéphanie Espinas, veuve
Pivent; 2<> le 9 juin 1885, à madame de Robert du Chatelet, veuve
Boussemart. Soldat au 51* de ligne, 22 septembre 1841 ; élève à l'Ecole
spéciale militaire, 12 novembre 1841 (numéro de sortie de l'Ecole : 56 sur
113) ; sous-lieutenant au 32* de ligne, 1"' octobre 1843; lieutenant, 10 juillet
1847; capitaine, 30 septembre 1853; chef de bataillon au 45' de ligne, 5
mai 1859; lieutenant-colonel du 33* de ligne, 10 août 1868; colonel du
15* de ligne, 12 septembre 1870 ; général de brigade, à titre auxiliaire,
25 décembre 1870; à titre définitif, 7 mars 1871 ; général de brigade, 16
septembre 1871 (décision de la commission des grades) ; général do divi-
sion, 4 mars 1879; général commandant le 2* corps d'armée, 2 avril
1881; membre du comité consultatif d'état-major ; admis, sur sa demande,
à la retraite, 13 octobre 1887.
Campagnes: Afrique (1843-1844 et 1845-1848); Rome -(1849-1853);
Orient (1855-1856) ; Italie (1859); contre l'Allemagne (1870-1871); à l'in-
térieur (1871).
Citations : Cité à l'ordre général du 4* corps d'armée de l'armée du
Rhin (n* 20), en date du 25 août 1870, pour s'être particulièrement dis-
tingué dans les journées des 14, 16 et 18 août.
Cité à l'ordre général du 4* corps de l'armée du Rhin (n* 24), en date
du 6 septembre 1870, pour s'être fait particulièrQment remarquer dans
les journées dos 31 août et 1*' septembre 1870.
Décorations: Chevalier de la Légion d'honneur, 1*' octobre 1861; offi-
cier, 9 avril 1871; commandeur, 30 juillet 1878; médaille d'Italie; che-
valier de Saint-Grégoire le Grand (autorisé 10 février 1853) ; grand-
croix de l'ordre de la couronne de Roumanie (9 décembre 1882).
Pierre-Philippe-Léonce PE BEAUFORT. — Fils de Stanislas et de Qô-
mence Bernard. Né le 1*' août 1825, à Saint-Benolt-du-Sault (Indre);
élève à l'Ecole spéciale militaire, 4 décembre 1845; engagé, 25 août 1846;
sous-lieutenant au 58* de ligne, 1*' octobre 1847; lieutenant au 56* de
ligne, 3 mars 1852; ofificior d'ordonnance du général Chapuis, août 1854;
capitaine, 27 décembre 1854 ; chef de bataillon au 13* de ligne, 26 dé-
cembre 1864; au 6* bataillon de chasseurs, 3 août 1867; lieutenant-
colonel commandant le 18* de marche, 2 août 1870; commandant le
118* régiment d'infanterie, 1*' novembre 1870; colonel à la suite du 18*,
24 mars 1871 ; du 15* de ligne, 20 avril 1871 ; général de brigade (15
mars 1877; général de division (17* division), 29 décembre 1884; passé
sur sa demande, pour raison de santé, dans le cadre de réserve, 18 no"
410 HISTORIQUE
vembre 1887; retraité, 1" février 1889; décédé à la Châtre, le 23 jan-
vier 1890.
Campagnes: Intérieur (1851); Afrique (1856-59); Italie (1859); Rome
(1867-70); guerre franco-allemande 1870-1871).
Blessure : Coup de feu à la jambe gauche, à Solférino, 24 juin 1859.
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 25 juin 1859 ; oflBcier,
11 décembre 1874; commandeur, 28 décembre «83; grand officier, 17
novembre 1887; médaille d'Italie; commandeur de Saint-Grégoire le
Grand (autorisation du 4 juillet 1868).
Charles-Auguste RABOT-DESPORTES. — Néle22 février 1829, à Saint-
Malo (Il le-et- Vilaine) ; fils de Gabriel-Mario et de Louise Marquer; marié
le 12 avril 1869, à demoiselle Maria-Adelaide Leffort. Elève à l'Ecole spé-
ciale militaire, 5 décembre 1847; caporal, 6 avril 1849; sous-lieutenant
au 11« de ligne, 1" octobre 1849; lieutenant, 29 décembre 1853; capi-
taine, 12 mars 1857; capitaine-adjudant-major, 15 décembre 1860; chef
de bataillon au 16' de marche, 15 juillet 1870; lieutenant-colonel du 138"
de ligne, 4 janvier 1871 ; du 95« de ligne, 27 mars 1871 ; du 95« de ligne,
16 septembre 1871 (décision de la commission des grades) ; du Wà" de
ligne, 31 décembre 1872; colonel du 15« de ligne, 24 mars 1877; passé
au 136« de ligne, 22 août 1878.
Campagnes : Orient (1855-1856) ; Rome (1867-1870) ; guerre contre l'Al-
lemagne (1870-1871).
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 28 décembre 1867 ;
officier, 8 décembre 1870; médaille de la reine d'Angleterre; chevalier
de l'ordre de S. S. Pie IX, 28 novembre 1868.
Antoine-Etienne-Alphonse MAGANZA. — Né le 24 avril 1821, à Lodève ;
fils de Genis et de Rosalie Futiran-Vigourel. Elève à l'Ecole spéciale mi-
litaire, 15 novembre 1839; sous-lieutenant au 57" de ligne, 1" octobre
1841 ; lieutenant au 45« de ligne, 15 mai 1848; aux tirailleurs indigènes
d'Alger, 25 avril 1854; capitaine au 1" bataillon de tirailleurs, à Constan-
tine, 5 juillet 1854; au 2*' régiment de tirailleurs, 7 novembre 1855; au
72' de ligne, 19 novembre 1857; chef de bataillon au 1" bataillon d'in-
fanterie légère d'Afrique, 12 août 1866; au 28» régiment d'infanterie de
ligne, 12 août 1866; lieutenant-colonel du 127« de ligne, 28 octobre 1874;
du 28" de ligne, 28 octobre 1874; du 143« de ligne, 15 novembre 1874; co-
lonel du 136" de ligne, 22 août 1878; du 15« de ligne, 22 août 1878; re-
traité le 16 mai 1881.
Blessures : Coup de feu à la face, à Solférino ; blessé à la main droite
et à la région sourcillière par un éclat d'obus, à Gravelotte, 16 août 1870.
Campagnes : Afrique (1854-1859) ; Italie (1859) ; contre l'Allemagne
(1870-1871).
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 15 juin 1859; officier,
DU 15^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 411
25 Juin 1869; commandeur, 12 juillet 1880;' médaille d'Italie; médaille
de la Valeur militaire de Sardaigne, 2 aoét 1860; décoration de 1" classe
de Saint-Michel de Bavière, 28 novembre 1868.
Jules-Charles NOËL.— Né le 28 février 1830, à Port-Louis (Morbihan);
fils de Charles-Joseph et de Mattel Kann. Elève à TEcoIe spéciale mili-
taire, 7 décembre 1848; sous-lieutenant au 69" de ligne, 1" octobre 1850;
lieutenant, 30 septembre 1853; au 3" régiment de voltigeurs de la garde,
13 avril 1856; capitaine, 20 juin 1859; capitaine adjudant-major, 24 dé-
cembre 1866; chef de bataillon au 29' de ligne, 24 août 1870; lieutenant-
colonel du 57" de ligne, 30 janvier 1877; colonel du 15" de ligne, 10 juil-
let 1881 ; général de brigade (décret du 5 mai 1 888) ; retraité à Toulouse.
Campagnes: Orient (1855-1856); Italie (1859); contre l'Allemagne
(1870-1871).
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 26 juin 1867; officier
7 juillet 1885; commandeur; médaille d'Italie.
Claude-Romain-Marie-Alexis COMOY. — Né le 24 novembre 1836, à
Nevers; fils d'Alexis-Auguste et de dameEdmée Elisa Commoy; marié,
le 31 décembre 1876, à demoiselle Thérèse-Louise-Angèlo Largey. Elève
à l'Ecole spéciale militaire, 5 novembre 1856; sous-lieutenant au 57" de
ligne, 1" octobre 1858; lieutenant, 23 janvier 1864; capitaine au 67" de
ligne, 9 août 1870; au 75" de ligne, 27 octobre 1870; chef de bataillon
(état-major), 19 décembre 1870; capitaine au 67" de ligne, 16 mars 1872;
au 3" bataillon d'infanterie légère d'Afrique, 8 février 1873 ; chef de ba-
taillon au 83" de ligne, 18 mai 1876; major, 18 juillet 1877; au 1"' régi-
ment de tirailleurs algériens, 8 juillet 1879; chef de bataillon, ,9 juillet
1882; au 2" de marche (Tonkin), 22 novembre 18^4; au 1"' de marche
(Tonkin), 12 mai 1885; lieutenant-colonel du 34" de ligne, 2 juillet 1885;
du 18" de ligne, 2 juillet 1885; du 143" de ligne, 20 septembre 1886; colo-
nel du 81" de ligne, 9 juillet 1888; du 15" de ligne, 7 août 1888; du 149"
de ligne, 28 mai 1892; général do brigade, 26 décembre 1893.
Campagnes : Contre l'Allemagne (1870-1871); troubles de Lyon (1871);
Afrique (1873-1876 et 1879-1884); Tonkin (1884-1886).
Bleasiires : A la main droite, à Gravelotte, 16 août 1870; coup de feu
à la poitrine (même jour) ; plaie contuse au pied gauche, par suite d'un
coup de feu à la bataille de Bac-Viay (Tonkin).
Actions d'éclat ei citations : Ordre général n" 74 de l'armée du Ton-
kin; (combat d'Hoa-Moc, 2-3 mars 1885) : « Le 3 mars, dès la pointe du
jour, et de sa propre initiative, a fait sonner la charge et donné le si-
gnal de la reprise de la lutte acharnée, que Tobscurité seule avait sus-
pendue. Par l'impétuosité de son attaque a déterminé la déroute de
l'adversaire. S'était déjà signalé dans le combat du 12 février. »
412 HISTORIQUE
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 13 mai 1871 ; officier,
28 décembre 1885 ; décoration eu roi d'Annam (quatre perfections), 18
mai 1885; officier de Tordre du Cambodge, 15 Juin 1885; commandeur
du Dragon de l'Annam, 14 Juillet 1886.
Charles-Edouard-Marie- Victor DUTHEIL DE LA ROCHÈRE. — Né ie
29 novembre 1840, à Bastia (Corse) ; fils d'Alexis-Charles et de Marie-
Claire-Eugénie Mistral ; marié, le 27 Janvier 1870, à demoiselle Augus-
tine-Caroline- Louise Aubert du Petit-Thouars. Elève à l'Ecole spéciale
militaire, 3 novembre 1858; caporal, 21 août 1859; sergent fourrier, 1"
novembre 1859; sous-lieutenant au 82* de ligne, 1" octobre 1860; élève
à l'Ecole d'application d'état-major, 1" Janvier 1861 ; lieutenant du corps
d'état-major, 8 Janvier 1863; stagiaire au 5' hussards, aux chasseurs de
la garde, au 36* de ligne, au 1" zouaves, au 19" d'artillerie; capitaine
de 2' classe (état-major, 19' division). Janvier 1868; aide de camp du
général Sol, mars 1868; 9« division militaire, février 1869; 19' division
militaire. Janvier 1870; aide de camp du général Halna du Fretay, 14
août 1870; 'prisonnier de guerre, à Metz, 29 octobre 1870; état-major de
la 2' division de l'armée de réserve, 22 mars 1871 ; aide de camp du gé-
néral Halna du Fretay, avril 1871 ; capitaine de 1" classe, 18 novembre
1871; 29« division d'infanterie 1877; chef d'escadron, 25 mai 1880;
chef de bataillon au 40' de ligne, 7 septembre 1880 ; état-major, 30' divi-
sion d'infanterie, 4 février 1884; chef d'état-major, 4 février 1884; chef
de bataillon au 55' de ligne, 8 septembre 1887; lieutenant-colonel, 22
décembre 1888; colonel du 15' de ligne, 10 Juillet 1892; du 55' de ligne,
3 février 1893.
Campagnes : Algérie (1865-1867); contre l'Allemagne (1870-1871); in-
térieur (mars-Juin 1871); Tunisie (avril-Juin 1881).
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 2 septembre 1871;
officier, 12 Juillet 1890.
Citations : Quatre lettres de félicitations ministérielles (1868, 1872,
1879, 1880), celle du 23 février 1880, en témoignage de satisfaction à la
suite du voyage d'état-major exécuté en 1879.
Denis-Henri-Alfred D'AMBOIX DE LARBONT. — Fils de Louis-Jean-
Paul-Albert et de dame Thérèse- Inès-Marie de Chapel. Né le 5 mars
1841 au Mas-d'Azil (Ariège); marié, le 29 octobre 1872, à demoiselle
Cécile-Célestine de Pourtalès. Elève à l'Ecole spéciale militaire, 6 novem-
bre 1861; caporal, 22 mai 1863; sous-lieutenant au 1" régiment de chas-*
seurs, 1" octobre 1863; Ecole d'application d'état-major, 1" Janvier 1864;
lieutenant (état-major), 6 Janvier 1866; stagiaire au 5* dragons, 1866;
au 59* de ligne, 1868; capitaine de 2' classe, 24 décembre 1869; stagiaire
au 20' d'artillerie, 6 Janvier 1870; état-major, 1" division, 6' corps,
armée du Rhin, 16 Juillet 1870; prisonnier de guerre à Noisseville, près
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 413
Metz, 1" septembre 1870; état-jna}or, 13* division militaire, 23 mai 1871 ;
aide de camp du général Lefort, inspecteur de cavalerie, 26 juin 1872 ;
du général Lefort, commandant la 13' division militaire, 3 mai 1873; du
général Lefort, inspecteur permanent des remontes, 13 novembre 1873 ;
capitaine de 1'" classe, 9 novembre 1874; état-major général du Mi-
nistre, 1" bureau, 18 septembre 1878; passé ;avec son grade dans l'in-
fanterie, par application de la loi du 20 mars 1880; chef de bataillon
au 6« régiment d'infanterie, 20 décembre 1880; au 20« de ligne, 23 dé-
cembre 1880; commandant supérieur du cercle des Hamadas (Tunisie),
25 novembre 1882-30 novembre 1883; chef de bataillon au 3" régiment
de zouaves, 28 octobre 1885; chef d'état-major de la 32« division, 17 dé-
cembre 1885 ; lieutenant-colonel du 126** de ligne, 28 décembre 1889 ; du
15* de ligne, 8 mars 1893; colonel du 15* de ligne, 22 mars 1893.
Campagnes : Contre l'Allemagne (1870-1871); Tunisie (1881-1884).
Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur, 15 octobre 1872; of-
ficier, 27 décembre 1884; commandeur du Nicham Iftikhar, 14 juillet
1882.
414 HISTORIQUE
APPENDICE N» 7
lilste des llentenants-eolonels on des titulaires de grades
eerrespendants •
De Chatelier, 1" capitaine, commandant en second le ré-
giment 1610
De Marcillac, capitaine-commandant en second le régi-
ment 1612
Jacques Dubois du Liège (maréclial de camp 1635) 1629
SUILLY 1635
Savelli 1641
Boutteville 1663
Hébert (tué à Senef 1674) 1670
Géronville (ou Gironville) 1674
Baillet 1676
Chevalier d'Amours 1682
Henri de Pingre de Vraignes (maréchal de camp 1704). . 1689
Grusel 1704
DuRY 1714
D'EsGUiLLE (ou Desquille) 1728
Comte DE LA Motte d'Hugues (lieutenant général, 1749) . . . 1735
Le Lasseur de la Viganière mai 1745
HiKY (gentilhomme irlandais). août 1745
De Tristan de Latour (Louis-Nicodème), maréchal de
camp (1748) déc. 1745
Danville (Louis), chevalier 1749
De Hallebout (Marc- Antoine), brigadier, 1761 1760
Le marquis de Chaviony (était colonel en second en 1777) J .^^
D'EsTERNo (était lieuten.-colonel à la même époque) )
Navette de Chassignoles (Charles) 15 avril 1784
Jean-Charles de Myon et de Payen du Chavoy 17 mai 1789
Daccary (Jean-Dominique) 6 nov. 1791
CoMARQUEs (Pierre) 13 nov. 1791
Daurière (devint chef de brigade) 18 mai 1792
Prévost (André-Nicolas) 7 mars 1793
Dein (major faisant fonctions de lieutenant-colonel) llbru".anXII
Plazanet (major faisant fonctions de lieutenant-colonel) . 28 Juin 1806
RouGÉ (François) (major faisant fonctions de lieut. -colonel) 28 mal 1813
Légion du Finistère.
De Quesnay (René-Jacques-Guilhaume) 15 juillet 1815
Choin de Montchoisy (Joseph-Marie- Antoine) 17 nov. 1820
DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 415
15e régiment d'infanterie.
Maurin (Jean-Jacques) 3 sept. 1823
Blain 28 octob. 4827
DuRis 1830
Lapeyre 31 déc. 1835
Drouel 11 octob. 1840
BiNET 23 mal 1847
Breton ( Alexandre-Hippolyte-Félicité) 2 janv. 1851
Gapriol de Péchassant 29 octob. 1853
De Tryon 22 sept. 1855
Schneider (dit Lux) 30 déc. 1857
Bouvet juin 1859
Paris 13 avril 1863
Barrué 24 déc. 1869
Maquaire 23 févr. 1870
GuiLLEMAiN. 29 août 1870
Oajar 15 mars 1871
DECk)ULANGE 29 déc. 1874
Lamiraux (François-Gustave), devint général de division. 18 mai 1876
Raynal (Jean-Baptiste) 30 janv. 1877
Patier (L.-L.-Odulph) 25 janv. 1879
Alessandri (Jean-Baptiste), devint général. 8 juin 1881
ViVENSANG (V.) 1" juil. 1882
Barberet (P.-F.) 6 juil. 1883
Spezino (F.) 30 déc. 1884
De Pourquery de Péchalvès (Henri) 11 juil. 1889
Sériot (Marie-François) 7 févr. 1890
Du BouzET (Marie- Joseph-Adolphe) (1) 23 mars 1891
Baudic (Joseph-Louis) 22 mars 1893
(1) De la même famille que le maréchal de camp du Bouzet, marquis de Roqué-
pine, qui commandait le régiment de Biscaras en 1643.
416 HISTORIQUE
APPENDICE No 8
Etat de serviees d^nn eertaln nombre de militaires dn
régiment dont la earrlëre on la personnalité nans ant
para être dignes d^lntérét (i).
Abraham FABERT, seigneur DE MOULINS, marquise DE FABERT et
D'ESTERNAY, comte DE SÉZANiNE, major du régiment de Rambures en
1627, maréchal de France en 1658. Né à Metz, 11 octobre 1599. Cadet
aux gardes, 1613; enseigne à Piémont, 1618; capitaine au régiment du
chevalier de la Valette, 1619; redevenu enseigne à Piémont, 16f9; capi-
taine au régiment de la Valette, 1620; enseigne à Piémont, 1621; ser-
gent-major au régiment de Rambures, 1627 ; capitaine au môme régi-
ment 1630; capitaine honoraire de cbevau-légers, 1635; capitaine à
Picardie, janvier 1637; sergent de bataille, armée d'Italie, 16 janvier
1639; capitaine au régiment des gardes, 18 octobre 1839; maréchal de
bataille, armée d'Italie, 20 novembre 1639; colonel propriétaire du régi-
ment la, Valette-Cavalerie, 1640; maréchal de camp, 1641 ; aide de camp
général des armées du roi, 1641 ; gouverneur de Sedan, 21 septembre 1642;
colonel propriétaire du régiment Fabert- Infanterie, 10 janvier 1644;
maréchal de camp breveté, 4 février 1644; lieutenant général des ar-
mées du roi, 20 septembre 1650; colonel propriétaire de Petit Fabert-
Infanterie, 1653; commandant en chef des armées de Liège etStenay,
1654; commandant en chef de l'armée, 1654; colonel propriétaire de
Lorraine-Infanterie, 1655; maréchal de France, 28 juin 1658; refuse le
cordon bleu, 1661; marquis DE FABERT 1650; mort, 17 mai 1662.
Blessures: 1627, siège de Royan; 1629, siège de Privas; 1636, siège
de Saint-Avold ; 1639, siège de Turin.
Actions d'éclat : Siège de Landrecies ; se jette dans les fossés et con-
duit lui-même les mineurs, qui percent la muraille malgré le feu de
la garnison.
En 1642 : Charge, à la tête d'un bataillon des gardes, un parti de
3.000 Espagnols, les rompt et s'empare de Collioure.
Campagnes : Sièges de Nérac, Saint-Jean d'Angely, Montauban (1621,
Béarn et Saintonge) ; sièges de Royan et Tonneins (1622) ; siège de Mont-
pellier (1623); siège de La Rochelle (1627); campagne de Rouergue et
(1) Nous avions recueilli plus de trois cents dossiers d^offlciers ; mais, devant le
volume d'une pareille publication, nous avons dû nous arrêter au choix des plus
curieux. Dans cette sorte de livre d'or, nous avons suivi, autant que possible. Tor-
dre chronologique.
On y rencontrera d*humbles mais héroïques soldats à cAté d^offlciers parvenus
aux plus hauts grades de Parmée. Tous ont contribué pour leur part à la gloire
du régiment.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 417
siège de La Rochelle (1628) ; prise du fort Gelase, de Suse; siège de Pri-
vas (1629, Piémont); sièges de la Tour-Carbonnière, dExiles, de Saluées,
combat do Vegliana (Veillane) (1630) ; sièges de Moyenvic et de Marsal
(1631); siège de Trêves, blocus de Nancy, campagne contre Monsieur,
frère du roi (1632); sièges de Bitche, de la Mothe; reconnaissance de
Thionville (1633); captivité à Bruxelles, commandant du pays Messin
(1634) ; siège de Bingen, défense de Mayence, retraite de l'armée, com-
bats de Vaudrevange et de Boulay, siège de Dieuze (1635); sièges de
Clemery et Saverne, défense de Saint-Jean-de-Losne, siège de Saint-
Avold (1636); sièges dé Bouchain, Cateau-Cambrésis, Landrecies, La
Gapelle ; combat de Pont-sur-Sambre (1637); commandement du pays
Messin; défense de Verceil; combat de Pomaro (1638); sièges de Chivas
et de Turin; défense de Turin, bataille de Guiers (1639); campagne de
Flandre, siège d'Arras (1640) ; bataille de Mariée, sièges de Donchéry
et de Bapaume (1641); campagne du Roussillon, siège de Collioure, sur-
prise de Trévoux, siège de Perpignan (1642); siège de Roses, en Cata-
logne (1643); campagne de Toscane, siège de Plombino et de Porto*
Longonc (1646); campagne de Liège, siège de Stenay (1654).
Le maréchal avait eu trois 01s et trois filles ; aucun de ses enfants ne
perpétua sa descendance directe.
Les trois filles épousèrent :
Dieudonnéc : 1» Louis de Comminges, marquis de Vervins ; 2' Claude-
François de Mérode, marquis de Trelon, prince de Montglars.
Claude: Charles-Henry de Tubières-Grimard de Pestels de Lévis,
marquis de Caylus.
Angélique: 1° Claude Brulard, marquis de Genlis; 2*> François III
d'Harcourt, marquis de Beuvron.
Mais la descendance de son frère atné, François, porta longtemps
avec honneur un nom aussi illustre.
• Le petit-flls de ce François de Fabert, seigneur de Moulins, Abraham-
Alexandre de Fabert, eut trois filles, dont Tune a laissé postérité jus-
qu'à nos jours.
Anne-Antoinette-Maximilienne de Fabert épousa M. de Buat, chef de
bataillon d'artillerie, chevalier de saint Louis. Elle mourut en 1840, lais-
sant une fille: Françoise-Appoline née en 1799 et mariée au marquis
de Marguerie, maréchal de camp. La marquise de Marguerio eut trois
fils : M. le marquis Gustave de Marguerie, le comte Evrard de Mar-
guerie, le vicomte Maurice de Marguerie, et deux filles : M"" la ba-
ronne de Benoist et Aimée de Lemud, qui sont les derniers héritiers de
la race des Fabert.
Son corps fut inhumé dans l'église des Capucins hibernois et déposé,
sous le mattre-auiel, à côté de celui de Claude de Clévant.
Jacques DUBOIS DU LIÈGE. — Premier capitaine du régiment, 1627;
commandant de La Rochelle, 1628; commandant en second du régiment,
Hist. 15'. 27
418 HISTORIQUE
1629; lieutenant-colonel (1" titulaire), 1635; maréchal de camp, 16^.
Eut deux flls, officiers, tués au service du roi.
BAILLET. — Major, novembre 1672; capitaine commandant du 2* ba-
taillon; lieutenant-colonel, 1676.
Se Jeta, avec un détachement du régiment, dans Haguenau et contri-
bua par sa valeur à forcer Piccol.omini d'en lever le siège.
Blessé à Saint-Denis (1678) ; se retira en 1682.
Henri DE PINGRE DE VRAIGNES. — Lieutenant au corps, 1666;
capitaine, 24 août 1669; capitaine de grenadiers, 29 mai 1685; major,
18 février 1687; lieutenant-colonel, 28 Janvier 1689; brigadier, 3 Janvier
1696; maréchal de camp, 28 octobre 1704.
Se distingua à la défense de Mayence et au siège de Carmagnoles,
où il fut blessé.
Ck)mte DE LA MOTTE D'HUGUES. — Servait dès 1711 dans le régi-
ment de son frère. Il passe en 1714 au régiment, comme capitaine. Major
22 août 1731; lieutenant-colonel, 19 Juin 1735; brigadier, 20 février 1743;
maréchal do camp, 1" mai 1745; lieutenant-général, 25 août 1749.
Se distingua à la défense de Lintz à Fontenoy. Mort à Paris (30 avril
1765).
Louis-NicoDÈME DE TRISTAN DE LA TOUR. — Né vers 1700; lieute-
nant au régiment, 30 décembre 1722; aide-major 13 janvier 1729; aide-
major général de l'infanterie de l'armée de Bohême, 20 juillet 1741 ;
capitaine de grenadiers, 10 Juin 1742; continue ses fonctions d'aide-major
général à la défense de Prague; rang de colonel, 22 mars 1743; aide-
major général de l'infanterie à l'armée de Moselle, 1" avril 1744; lieu-
tenant-colonel du régiment, 7 décembre 1745; aide-major général de^
l'armée du roi, 1746; brigadier, 1" Juin 1746; major-général de l'infan-
terie de l'armée d'Italie, 10 novembre 1747; maréchal de camp, 18 mai
1748.
Commandant de Dunkerque, Bergues et Gra vélines (novembre 1753).
Se distingua à la défense de Prague, à Saverne, à Fontenoy, au siège
d'Anvers. Mourut le 1" septembre 1754 (1).
(1) M. de Tristan était neveu du colonel Dury. A la même famille appartenait
encore Jérôme de Tristan de Saint- Amand, né en janvier (1738) à Hoassoy, près
Beauvais : enseigne au régiment, 1755; lieutenant, mars 1756; capitaine sep-
tembre 1758 ; réformé, 1763.
DU 15« RÉGIMENT d'INFANTERIE 419
Marc-Antoine DE HALLEBOUT. — Né près deConches (Normandie),
le 27 Janvier 1708. Lieutenant au régiment, 3 décembre 1724; capitaine,
7 septembre 1733; capitaine de grenadiers, 14 Juin 1744; major, 26 dé-
cembre 1745 ; rang de lieutenant-colonel, 27 Juillet 1747 ; commandant
de bataillon, 25 août 1748; aide-major général de l'armée de Gènes, 16
août 1748; rang de colonel, 1*' février 1749; lieutenant-colonel du régi-
ment (en titre), 18 Janvier 1860; brigadier des armées du roi, 20 février
1761; ^evalier de' saint Louis, 13 octobre 1743.
Blessé de trois coups de feu à Dettingen; blessé au siège d'Ypres;
blessé deux fois au siège d'Hulst.
François DE CRIQUEBCEUF M ROISSY (ou BOISSY). — Lieutenant
au régiment, 15 Juillet 1682 ; capitaine, 15 mars 1684; major, 1695; major
général de l'infanterie à l'armée d'Italie, 1706; brigadier, 29 mars 1710;
marécbal de camp, 1" février 1719.
Mort commandant du Cbâteau -Trompette, 3 mai 1724, à Bordeaux.
Comte Pierre DE BÉRENGER DU GUA. — Enseigne au corps en 1703;
succéda à son frère dans le commandement de sa compagnie, en 1704 ;
aide de camp de M. le duc de Vendôme, 1705; colonel du régiment de
Bugey, 4 octobre 1710; colonel du régiment de Vivarais, 1" mai 1731 ;
brigadier, 1734; marécbal de camp; 1" mars 1738; lieutenant général;
1744 ; chevalier des ordres du roi. Janvier 1746.
Mort le 24 juillet 1751
Dans la nuit du 3 au 4 septembre 1743, 3.000 ennemis ayant passé le
Rhin, le comte de Bérenger, à la tète de deux régiments de cavalerie,
les charge par la droite, tandis que le marquis de Balincourt les atta-
que par la gauche.
Tout fut tué ou fait prisonnier.
Marquis DE GRASSE. — Lieutenant, puis capitaine au régiment. Retiré
en 1725.
Louis- FÉLICIEN DE BOFFIN-ARGENSON , marquis DE PUSIGNIEU.
— Lève une compagnie au régiment en 1733; colonel du régiment de
Guyenne, 1745; brigadier, 1748; maréchal do camp, 1759; lieutenant
général, 1762.
François-Martial DE CHOISEUL-BEAUPRÉ. — Né le 8 octobre 17*7.
Capitaine au régiment Jusqu'en 1740; colonel de Royal-Navarre, 1743;
brigadier, 1747 ; colonel des grenadiers de France, 1752 ; maréchal de
camp, 1759; lieutenant général, 25 Juillet 1762.
420 HISTORIQUE
Albert SOUSBIRAN-DARRIFFAT. — Né en 1715. Mousquetaire^
1729; lieutenant 1733; capitaine, 1743; passe aux gardes françaises en>
1743, en qualité d'enseigne ; brigadier, 1762.
Mort à Versailles 1763.
Armand DE BEAUMONT, seigneur DU REPAIRE, comte DE LA RO-
QUE, frère de l'arclievêque de Paris. — Lieutenant et capitaine au ré*
giment.
Fut blessé k Dcttingen et se retira en 1744.
Louis-Joseph DES ESCOTTAIS DE CHANTILLY. — Né à Tours en 1713.
Cadet au régiment, 1719; lieutenant, 1731; capitaine, 1735; colonel de»
grenadiers royaux, 1746; brigadier, 1758; maréchal de camp, 1761. *
ANFRYE DE CHAULIEU (de Normandie). — Cadet au régiment, 1729;
lieutenant en second, 1734; capitaine, 1740; capitaine de grenadiers, 1745;
aide-maréchal général des logis dé l'armée d'Allemagne, 1757; briga*
dier, 1758; maréchal de camp, 176i.
Joseph DU SERRE DURIVAL. — Né à Gap en 1737; capitaine, 1758.
Blessé à Corbach, 1760.
S'est distingué, au mpulin de Grûningen, en s'emparant de trois piëces^
de canon (25 août 1762j.
Chevalier de Saint-Louis, 9 septembre 1762.
Retiré en octobre 1763.
Agathe-Luc-Jean-Baptiste DE POULPIQUET, chevalier DU HALGOÊT,
tué à Crewelt, était né à Rennes le 15 novembre 1729. Il fut nommé
lieutenant au régiment en 1743 et capitaine en 1746. Son frère Louis-
Constant, comte DU Halgoét, fut aussi lieutenant au régiment en 1743,
capitaine en 1746, chevalier de Saint* Louis en 1759, démissionnaire en
1759. Ils étaient tous deux chevaliers de Malte (1747), et fils de Fran-
çois comte du Halgoët, conseiller au Parlement de Bretagne, et de
Marie-Gabrielle de l'Escu de Runfao.
D'ASTORG (originaire de Montbardier en Guyenne). — Lieutenant en
second, 4735; chevalier de Saint-Louis, 28 décembre 1749.
Blessé à Dettingen et à Lawfeld.
Retiré en 1756 avec 400 livres de pension, en considération des bles-
sures qui l'empêchaient de rester au service.
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 421
Pierre-Jean-Baptiste-Charles D'AMBOIX DE LARBONT. — Né le
8 février 1766. Sous-lieutenant de remplacement, 10 septembre 1784;
réformé, 17 mars 1788; cadet-gentilhomme, 1'' mai 1788; sous-lieute-
nant, 1" novembre 1789; lieutenant, 1" avril 1791.
Philippe-François CHABOT. — Né le 13 avril 1756. Gendarme du roi,
1772; sous-lieutenant au bataillon du Poitou, 5 octobre 1782; capitaine
au 15« de ligne, 31 mai 1792.
Tué au siège de Lille.
Louis-François CHABOT, frère du précédent. — Né le 27 avril 1757. ,
Gendarme de la garde du roi , 10 avril 1773 ; sous-lieu tenant au ba-
taillon du Poitou ; capitaine au i^^ régiment d'infanterie, 31 mai 1792 ^
chef de brigade, 20 août 1793.
Caporal D'ARTOIS. -- Le 1" janvier 1742, lors de l'attaque tentée
par Kœvenhûller sur la tète de la route de Passau (défense de Lintz), le
caporal d'Artois (ainsi nommé de son pays d'origine, Saint-Paul en
Artois) se retranche seul dans] une chambre basse de l'hépital et s'y
défend avec la dernière énergie. On lui tire plusieurs coups de feu par
les fenêtres ; son chapeau est percé d'une balle : rien ne l'ébranlé. Il
continue à tirer, en s'abritant dans un coin pour charger. Il se défend
ai bien qu'on vient le délivrer. Sept cadavres gisaient devant la fenêtre
qu'il défendait. Ce caporal fut nommé sergent la même année. Il sou-
tint toujours sa belle réputation et trouva une mort glorieuse à la ba-
taille de Dettingen.
Jean TROURY (dit Du Raisin), soldat au régiment. ~ Né à Paris, en
la paroisse de Saint- Jean-de-Ldtran.
Au combat de Grûningen près de Johannlsberg (25 août 1762), ce brave
soldat s'était installé, en avant du régiment, sur un arbre très exposé
au feu de l'artillerie ennemie. Il s'y tint constamment, donnant d'utiles
renseignements sur les dispositions de l'ennemi et n'en descendit que
lorsque celui-ci commença sa retraite. Il se jeta alors en bas et appela,
en annonçant que l'adversaire se sauvait.
Pierre CHAUMONT (dit Du Pont), né à Neuville-au-Pont, en Cham-
pagne, et Pierre LOUCHERON (dit Sans-Quartier), né à Etampes.
Le 9 juillet 1745, au combat de Mesle, ces deux braves soldats du ré*
giment, voyant la cavalerie française refoulée sur la chaussée, se jettent
au milieu d'un escadron anglais, attaquent un cornette, le tuent et
rapportent en triomphe son étendard.
422 HISTORIQUE
MiCHBL ROUSSILLAC (dit Àuguêtin). — Né à Saint-AugUBtin en Li-
mousin, pr6H Brivos. Caporal à la compagnie Bordenave.
Au combat do Kriodborg-Jobannisbergf le caporal Roussillac se porta
au delà d'un ruisseau que les ennemis traversaient dans leur retraite,
en tua plusieurs et ramena onze prisonniers.
André-Nicolas PRÉVOST. — Soldat au régiment, 25 février 1761 ;
sergent, 176G; sergont-major, 1777; adjudant, 1784; sous-lieutenant,
4 mars 1788; lioutonant, KS novembre 1791; capitaine de grenadiers,
8 mars 1792; chef do bataillon, 7 mars 1793 (faisant fonctions de lieu-
tonant-colonol).
Jacques LEFRANC. — Né à Mont-de-Marsan le 4 novembre 1750.
Soldat au régiment de Béarn (15* d'infanterie), 26 février 1760.
Congédié le 11 novembre 1775, sont goût pour la carrière des armes
le ramona bientôt sous les drapeaux.
Le 13 mai 1776, il redevient soldat au régiment de Dauphiné; gre-
nadier, 1'' Juin 1776; caporal, 1777; sergent, 1'' mai 1780; adjudant
sous-oHicier, 31 mai 1784; porte-drapeau, 22 Juillet 1786; sous-lieutenant
de grenadinrs, 1787.
11 passe dans la gendarmerie en 1791. Mais ses concitoyens le nomment
bientôt chef do bataillon au 3" bataillon des Landes (15 Janvier 1793).
Devenu chef de la 40' demi-brigade, il s'illustre a la tôte de ce corps
dans tous les combats des Pyrénées-Orientales.
Chef de la 27" domi-brlgado, il fait l'expédition d'Irlande ; puis passe
à l'armée du Rhin, où il se fait remaniuor par les généraux Moreau,
Sainte-Suzanne et Richepanso. 11 se signale à Hohonlindcn.
Général de brigade, 3 germinal an XI.
Député au Corps législatif (môme année.)
Grièvement blessé à Golymin (26 décembre 1806).
Le 7 mai 1808, on dut à sa fermeté la prise de l'arsenal de Madrid,
qu'il emporta de vive force, à la tète de ses grenadiers, après avoir tué
(le sa main le commandant espagnol.
Ce trait de courage sauva la vie à des milliers de Français qu'on mi-
traillait dans les rues.
Prisonnier à Baylcn, il mourut de la fièvre pestilentielle dans les
prisons de Malaga (1).
François ROUGË. ^ Né à Prades le 7 février 1775. Sous-lieutenant
(1) Nous avons cru intéressant de retracer Ici la brillante carrière d'an ancien
soldat du régiment.
DU lâ« RÉGIMENT d'INFANTERIE 4S3
au régiment de Cambrésis, Janvier 1792; lieutenant, octobre 1792; ca-
pitaine, 17 nivôse an II; cbef de bataillon au 65% 16 septembre 1806;
major en second du 15' de ligne, 28 Janvier 1813; major en premier,
28 mai 1813.
Mort le 19 octobre 1813, par suite des blessures reçues à la bataille de
Leipzig.
Officier de la Légion d'honneur, 14 septembre 1813.
Etant capitaine à la 27" demi-brigade, il fut chargé ^vec sa compa-
gnie de relier les divisions Ney et Baraguey d'Hilliers pendant la ba-
taille de Hohenlinden. Attaqué par un escadron de hussards et chargé
plusieurs fois, il repoussa Tennemi avec de grandes pertes et conserva
sa position.
Il fut félicité, sur le champ de bataille même, par le général Bara-
guey d'Hilliers et décoré pour ce fait en Tan XII.
Louis DESEUTRE. — Né le 1" Juin 1757. Capitaine au 15« régiment
d'infanterie (31 mai 1792).
Commandait la garnison de Roubaix lors de l'attaque du 5 sep-
tembre 1792. Il eut dans cette affaire un cheval tué sous lui.
Il s'est trouvé ensuite au siège de Lille et a sauvé plusieurs femmes
et enfants menacés par les flammes.
Il a commandé les travaux de la première tranchée au siège du châ-
teau d'Ajivers, et il fut blessé d'un éclat d'obus le 23 floréal an II de-
vant Courtray.
Charles DUMAS. ~ Né à Versailles le 23 septembre 1775. Lieutenant
le 7 nivôse an II, à la 68* demi-brigade de bataille; capitaine au 15%
14 floréal an VIII.
Le 29 mars 1809, à la prise d'Oporto, il entra de vive force, à la tète
de sa compagnie, dans une des principales redoutes, où l'ennemi, qui
se défendait avec acharnement, fut passé au fil de l'épée. A la suite de
ce haut fait, il fut proposé par le colonel Dein pour la croix d'officier
de la Légion d'honneur. Il était chevalier depuis le 26 prairial an XII.
Pierre MAILLARD. — Caporal le 6 frimaire an VIII.
Se fit si brillamment remarquer qu'il fut nommé sergent le 8 ventôse
an IX, par ordre du général en chef Morcau. (Fastes de la Légion
d'honneur,)
André CHAVANY, lieutenant au 15«.
Commandant un détachement de 18 hommes en tirailleurs, a contenu
le choc de l'ennemi et fait prisonnière une compagnie de grenadiers
424 HISTORIQUE
autrichiens et quatre officiers (12 frimaire an IX, bataille do Hohen-
iindcn).
Le capitaine Ghavany fut assassiné, le 11 octobre 1811, à ViUanueva-
de-la-Vera.
Jean RENAUD. — Né en 1775, dans la Creuse; flls de Marin et de
Anne Renaud. Soldat à la 27* demi-brigade ; incorporé dans la 15' demi-
brigade (8« compagnie du 2* bataillon) le 2 brumaire an VI.
Reçut, le 28 brumaire an IX, un brevet d'honneur pour une action
d'éclat à la bataille d'Kngen (13 floréal an VIII). Se trouvant le matin en
tirailleur sur les hauteurs d'Kngcn, il fut assailli par trois cavaliers
ennemis. Mais, faisant feu à vingt pas sur l'un d'eux, il abattit le second
d'un coup de baïonnette et mit le dernier en fuite. U fut retraité en
1806.
PiEHHE EMERY. — Né le 5 mai 1764, à Grignon (Céte-dOr). Soldat au
régiment de Béarn, 22 mars 1782; volontaire dans la garde nationale
soldée do Paris, 16 avril 1791.
Se signale par son intrépidité à Toulon, au pont d'Arcole, à Saint-
Jean-d'Acre, au Caire, à Aboukir.
Le capitaine Emery reçut un sabre d'honneur le 1" pluviôse an X.
Nommé chef de bataillon (16 nivôse an XI), il fut retraité le 28 mai
1811. Il était officier de la Légion d'honneur et avait douze blcsâure8(l).
Louis MANISSIER. ~ Tambour-major à la 15* demi-brigade de ligne;
servit aux armées gallo-bataves et du Rhin (1799-1800).
A la bataille de Hohenlinden, dans une charge à la baïonnette exé-
cutée par son régiment sous la mitraille ennemie, il remarque un
moment d'hésitation dans les rangs et réunit aussitôt quelques tam-
bours, auxquels il fait battre la charge, ranimant ainsi l'ardeur de nos
soldats. Il eut un sabre d'honneur le 10 prairial an XL II passa ensuite
dans la gendarmerie d'élite de la garde impériale (1805).
Jean-Baptiste CUIROT. — Né le 22 mars 1772, à la Haye-du-PuiU
(Manche). Caporal à la 15* demi-brigade, 11 pluviôse an IV ; sergent,
28 floréal an Vlll; sergent-major, 1" nivôse an IX; sous-lieutenant,
28 fructidor an XI; capitaine, juin 1812.
Le 10 frimaire an IX, à l'aiïaire de Haag, flt prisonniers onze Autri-
chiens et fut désigné par le général Ncy pour un sabre d'honneur.
(1) Voilà encore un autre simple soldat du régiment de Béarn dont la carrière
est singulièrement honorable.
DU 15» RÉGIMENT D'iNFâNTERIE 425
Jean-Baptiste CHATELAIN. *- Né le 19 avril 1774, à Aulreville
(Vosges). Soldat, 1792 ; caporal, an Vil; sergent, 10 prairial an VIII; ser-
gent-major, 17 fructidor an IX ; sous-lieutenant, 11 ventôse an XIII.
Décoré le 26 frimaire an XII.
A l'aflaire d'illercheim (11 prairial an VIII), retira un officier des mains
de Tennemi et fit prisonnier ceux qui l'avalent pris. Il fut blessé dans
cette affaire.
Le 10 frimaire an IX, il sauva le drapeau, pendant la retraite. A
l'affaire d'Ilm, il prit une pièce de canon et fut proposé par le général
Ney pour un sabre d'honneur.
Le 13 floréal an XIII, il entra un des premiers au camp de l'ennemi et
lui fit plusieurs prisonniers.
Etienne DOMINIQUE. — Né le 15 février 1776, à Vertuzet (Meuse) ;
fils de Jean et de Jeanne-Marie Bedet. Arrivé au corps le 23 ventése an
VIII.
Le 19 floréal an VIII (9 mai 1800), à la bataille de Biberach, le volon-
taire Etienne Dominique, pendant la retraite des Autrichiens, se laisse
entraîner par son ardeur et s'élance tête baissée sur une batterie enne-
mie: il s'empare d'une pièce de canon; entouré aussitôt par un parti
de cavaliers, il refuse de se rendre et ne cesse de combattre qu'en per-
dant la vie.
Louis DERNONCOURT. — Sergent-major a la 15» demi-brigade.
Le 13 floréal an VIII (3 mai 1800), à la bataille d'Engen, le sergent-
major Dernoncourt se distingue de la façon la plus brillante, en captu-
rant, pendant le combat, neuf Autrichiens, dont deux officiers.
Ce haut fait fut récompensé un peu plus tard par un brevet d'honneur
daté du 10 prairial an XI.
Il fut nommé adjudant sous-ofiicler en 1806.
Pierre TEISSEIRÉ, capitaine. — Né à Narbonne, le 15 septembre 1766.
Le 29 mars 1809, à la prise d'Oporto, le capitaine Teisseiré, du 15' de
ligne, se trouvant devant une redoute ennemie, flt marcher sa compa-
gnie pour la prendre d'assaut; mais, ayant trouvé le passage barricadé,
11 monta le premier, par une des embrasures, tua le canonnicr qui poin-
tait sa pièce et refusait de se rendre et réussit à prendre la redoute.
Le 12 mai 1809, pendant la retraite d'Oporto, il soutint avec sa com-
pagnie le choc d'une eharge de cavalerie ennemie. Son sous-lieutenant
fut tué, deux sergents et plusieurs caporaux et soldats tombèrent à ses
côtés. Blessé lui-môme au genou, il fut fait prisonnier dans la soirée du
môme jour.
426 HISTORIQUE
Jean ROUVRE, capitaine. — Né le 18 septembre 1772 dans TAriège.
Le 14 juillet 1808, il entrait le premier avec sa compagnie de volti-
geurs dans le village de Rio-Secco, malgré le feu de 700 à 800 hommes,
qui en défendaient rentrée.
Le 13 octobre 1806, à Sobral, il s'emparait, avec 60 de ses voltigeurs
d'une position importante défendue par 900 Anglais.
Blessé dans cette affaire à l'épaule droite, il le fut encore à La Coro-
gne (16 janvier 1809).
André SOUQUE. ~ Lieutenant au 15' de ligne.
Le 25 octobre 1812, à l'affaire de Villa-Muriel, il passa le premier le
guet, à droite du pont du Carrion -(défendu par l'ennemi) , et prit pied
sur la rive opposée, malgré le feu des Anglais. Il fut proposé, à cause de
ce fait, pour la croix de chevalier de la Légion d'honneur et obtint cette
récompense.
Commandant LESUEUR (dit Lachapelle). — Né à Epinay (Calvados),
le 3 novembre 1781. Chef de bataillon au 15% 4 juillet 1813.
Lors de la reconnaissance faite par le duc de Raguse sur Guardo (Por-
tugal), le lieutenant Lesueur, obéissant aux ordres de ce maréchal,
chargea l'ennemi dans le village, le poursuivit, avec les sous-ofiiciers
du 13* chasseurs les mieux montés, jusqu'au défilé du Mondégo, prit un
drapeau et 50 Portugais, dont 4 officiers. Il fut cité à l'ordre de l'ar-
mée.
A l'affaire de Villa-Muriel (25 ocUbre 1812), étant lieutenant aide de
camp du général de Maucune, il fut chargé par ce général de s'assurer
que le Carrion était guéable pour l'infanterie. Il le traversa sous le feu
d'un bataillon de chasseurs britanniques. Arrivé de l'autre cété et suivi
seulement de deux officiers, dont l'un fut tué à ses côtés, il chargea
l'ennemi au moment où les voltigeurs du 15* passaient la rivière, fit 20
prisonniers dont 2 officiers, qu'il ramena, en présence de toute l'armée,
au général en chef Souham.
Jean- Jacques RENARD. — Né le 7 août 1782, à Coulombs (Eure-et-
Loir). Sous-lieutenant officier payeur du 15* de ligne, 20 septembre 1809.
S'est distingué, le 16 février 1812, à l'affaire de Pedrosa-del-Rey, où,
avec 35 hommes qu'il commandait, ainsi que l'officier payeur du 66*, il
s'est battu pendant deux lieues, en rase campagne, contre 200 cavaliers
ennemis qui l'enveloppaient. A sauvé sa comptabilité, sur le point d'être
prise par l'ennemi, et a été blessé le même jour.
Capitaine BLONDEAU. — Le 22 septembre 1813, M. le capitaine
Blondeau, à la tête de sa compagnie de grenadiers, se conduisit avec
DU IS^' REGIMENT D'INFANTERIE 427
une telle intrépidité, au pont de Meissen (rive droite de l'Elbe), qu'il en
chassa l'ennemi, qui y était passé avec douze pièces de canon. Il put
aussi éteindre l'incendie qui commençait à consumer le pont, et, malgré
une gréle de balles qui lui tua plusieurs grenadiers, il put conserver
ce point de passage essentiel pour l'armée française.
Le général de division Friedriks, témoin de ce haut fait, proposa le
capitaine Blondeau pour la croix d'officier de la Légion d'honneur. Il
était chevalier de cet ordre depuis le 26 août 1811.
Gustave-Adolphe O'NEILL. — Né à Josselin (Morbihan), le 1" février
1792; fils de François et de Anne-Marie Ropert. Enrôlé volontaire au
15« régiment d'infanterie dé ligne, 23 avril 1807 ; fourrier, 27 Juillet 1807 ;
sergent, 1" janvier 1810; sergent-major, 10 décembre 1810; prisonnier
de guerre le 27 juin 1812, faisant partie de la garnison du fort de Sala-
manque; rentré des prisons d'Angleterre le 27 février 1814; nommé
sous-lieutenant au kl" régiment de ligne, 13 mars 1814; confirmé dans
son grade par décision du 9 janvier 1815 ; licencié et mis en demi-solde,
4 octobre 1815; sous-lieutenant à la légion de l'Oise (3' bataillon), 24 dé-
cembre 1817; sous-lieutenant titulaire par décision du 18 février 1818;
sous-lieutenant au 46" de ligne à la formation, 25 janvier 1821 ; démis-
sionnaire, 31 mai 1822.
Campagnes : Espagne (1808-1809); Portugal (1810); Portugal et Es-
pagne (1811); Espagne (1812).
Blessures : Coup de feu à la tète à Sobral (13 octobre 1810) ; coup de
feu à la cuisse droite à la défense du fort de Salamanque (27 juin 1812).
Nota : Le sous-lieutenant O'Neill, qui avait si brillamment débuté au
15' de ligne, appartenait à la môme famille que : Jean O'Neill, colonel
propriétaire du régiment de Walsh-Serrant (8 janvier 1792), devenu
brigadier le 15 mai 1793; — M. O'Neill, major du 47" do ligne (13 août
1813); lieutenant-colonel de la légion de l'Hérault (7 février 1816), puis
du 30' de ligne (novembre 1820), et colonel du 27' de ligne (14 décembre
1821), retraité en 1834; — Charles O'Neill, qui fit toute sa carrière au
47' de ligne (1) et devint lieutenant-colonel de la légion de l'Oise.
Aujourd'hui, cette vieille race militaire est noblement représentée en
France par M. le général O'Neill, commandant le 16' corps d'armée à
Montpellier (corps d'armée auquel appartient le 15' régiment d'infan-
terie).
Jean- Jacques MAURIN. — Né à Montpellier le 29 septembre 1779.
Canonnier au 1" régiment d'artillerie, 1799; dragon, 1" juillet 1800;
sous-lieutenant, 7 septembre 1800; lieutenant, 22 septembre 1800; capi-
(1) Le 1" bataillon du régiment de Walsh-Serrant était entré dans la compo-
sition de la 47' demi-brigade, devenue plus tard 47* régiment de ligne.
428 HisToniQUB
taine, 26 juin 1807; aide de camp du général Maurin, 30 juin 1807; chef
d'escadrons, 1814; chef de bataillon (état-major), 24 juin 1818; lieute-
nant-colonel du 15' de ligne, 3 septembre 1823.
Réformé le 4 novembre 1827.
Blessure : Une.
Décorations : Chevalier de saint Louis; chevalier de la Légion
d'honneur; chevalier de Saint-Ferdinand d'Espagne.
Joseph-Joachim-Bruno-Barnadé de LAVIT. — Né à Marseille le 11 juin
1785. Major du 15' (1'' juillet 18â0- octobre 1827). Chevalier de Saint-
I^uis, 1823.
S'est défendu pendant trois jours, avec 100 hommes, dans une maison
de Ouentc-Fierros, en Espagne, contre 600 hommes, qui le sommèrent
vainement de se rendre, en menaçant de ne lui faire aucun quartier
s'il continuait la lutte. Attendit ainsi qu'on vint le délivrer.
(Les états de service ne donnent pas la date de ce haut fait.)
Sergent-major François PAGES. — Né dans l'Aveyron.
Fut cité dans le Bulletin n' 27 de la guerre d'Espagne pour sa belle
conduite à l'affaire de Campo-Manës (23 juin 1823).
Fut nommé sous-lieutenant au corps le 25 novembre 1823.
SAUVAGE, voltigeur au 15» régiment d'infanterie. — Le 19 juin 1830,
à la bataille de Staouèli, le voltigeur Sauvage a trouvé moyen de faire
remarquer son intrépidité, au milieu de tant de braves : il a tué de sa
main plusieurs ennemis. Il s'était déjà distingué d'une façon particu-
lière dans l'affaire de Sidi-Ferruch.
ANDRAL, soldat au 15« régiment d'infanterie. — Le 12 avril 1834,
pendant les troubles de Grenoble, le fusilier Andral, en faction au-dessus
de la porte de Bonne (à Grenoble), est subitement assailli par une tren-
taine de misérables qui s'efforcent de lui arracher son fusil ; mais ce
jeune et brave soldat se défend avec une telle vigueur qu'il peut con-
server son arme jusqu'à ce que l'on vienne le dégager. (Rapport du
Ministre de la guerre au roi sur les événements de Grenoble.)
Jean GASTAL. — Né le 27 février 1842, à Périgueux; fils de Jean,
sergent au 15' de ligne, et de Madeleine Lotz (domiciliés au corps).
Enfant de troupe, 15 septembre 1849 ; engagé volontaire à Melun, 16
mars 1859; tambour, 23 février 1857; tambour de grenadiers, 16 mai
1859; caporal {V* compagnie du l'*" bataillon), 22 juillet 1860.
DU 15® RÉGIMENT D'iNFANTERIE 429
Pourvu (l'une pension de retraite de 400 francs par décret du 6 mar»
1861 pour perte de l'usage d'un membre.
A reçu la médaille d'Italie.
CShevalier de la Légion d'honneur par brevet du 5 août 1859.
Mort le 8 Juillet 1893, à Narbonne. A laissé trois enfants.
Campagne : Italie (28 avril 1859-21 janvier 1860).
Blessures : Balle à l'épaule gauche et au flanc gauche, à Solferino. Au
combat du 8 Juin 1859, à Melegnano, ayant perdu sa caisse, le tambour
Gastal s'arme d'un fusil et donne, en faisant le coup de feu, plus d'une
preuve de son éclatante intrépidité.
A la bataille de Solferino, après avoir, à travers la mitraille, énergi-
quement battu la charge, se trouvant blessé au flanc gauche, le tam-
hour Gastal relègue sur son dos la caisse autrichienne dont il s'était
pourvu à Melegnano (Marignan), prend en main la carabine d'un chas-
seur à pied tombé à ses cétés et se fait remarquer par une rare valeur
à l'attaque du monticule des Cyprès.
Cest là qu'une nouvelle balle Tétend à terre, lui brisant l'épaule et
l'omoplate gauche. Mais, malgré la gravité de cette blessure, il trouve
encore assez de courage et d'énergie pour se relever et chercher à
suivre ses camarades.
Après la victoire, il fut recueilli par de charitables habitants de
Ghedi, qui lui donnèrent les premiers soins en attendant qu'il fût trans-
porté à rhûpital de Brescia.
(V. Journal de Rouen du 25 juin 1860.)
Sous-lieutenants BERGER et ARTHUIS, du 15» de ligne. —Ont mérité
une mention honorable pour le courage, le dévouement et l'énergie
dont ils ont fait preuve en combattant piur la défense de l'ordre pen-
dant les journées des 23, 24, 25 et 26 juin 1848.
Le sous-lieutenant Arthuis avait été blessé à l'attaque de la barri-
cade de Saint-Ambroise (à Popincourt). (Certificat du 5 avril 1850.)
Charles-Philippe-Louis-Léopold GROULT DE SAINT-PAÈR. — Né en
1823. Entré au service en 1842.
Blessé le 12 mai 1851 (balle à la nuque), chez les Beni-Orskars (Afri-
que).
Chevalier de la Légion d'honneur, 12 décembre 1851.
Chef de batailon au 15' .
Tué à Solferino.
Jacques-Marie-Aristide BONNET. — Né le 24 août 1833, à Castelnau-
dary (Aude). Elève à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, 22 novembre
1852; sous-lieutenant, 1" octobre 1854; lieutenant, 20 novembre 1855;
430 HISTORIQUE
capitaine, 90 août 1859; chef de bataillon, Si aoât fSVft; Uautenant-
colonel, 17 novembre 1876; colonel, 30 novembre 1880.
Campagnes: Orient (1855-1856); Italie (1859); contre TAllemagne
(1870); intérieur (3 avrU-22 mai 1871); Tunisie (1881).
blessures ; Eclat d^obus à la tète, le 8 septembre 1855, devant Sébas-
topol; éclat d'obus au visage, le 18 août 1870, à la bataille d'Aman-
villers ; coup de feu à la Jambe droite, le 23 mai 1871 (insurrection de
Paris).
Citation : Cité à Tordre de l'armée, le 18 août 1870, pour avoir com-
mandé son régiment (comme capitaine), à partir de 4 heures du soir
(tous les officiers supérieurs étant hors de combat) et avoir fait preuve
en cette circonstance de la plus grande énergie, quoique blessé.
Décorations : Médaille de S. M. la reine d'Angleterre ; médaille d'Italie;
médaille de la Valeur militaire de Piémont ; chevalier de la Légion
d'honneur, 1*' mai 1871 ; officier, 28 décembre 1885.
A.-L.-M. BIENVENUE. — Médecin aide-major de 1" classe au 15*
(rang du 31 décembre 1873).
Alors qu'une épidémie de petite vérole noire désolait les environs de
Montlouis et de Villefranche (Pyrénées-Orientales), se dévoua généreu-
sement aux soins des malheureux (1878).
Sylvain-Léon-Gamille AGHET. — Né à Bourges, le 25 décembre 1834;
fils de Louis et de Lucie-Camille Goy-Villeneuve. Elève à l'Ecole de
Saint-Cyr, 10 novembre 1854; sous-lieutenant au 15*' de ligne, 1" octobre
1855; lieutenant, 14 mars 1859; capitaine, 24 Juin 1865; échappé de Metz
le 29 octobre 1870; capitaine au 2* de marche, 15 novembre 1870; au
56% 17 novembre 1870; chef de bataillon (rang du 14 novembre 1870);
au 101% 1" avril 1871 ; au 56% 6 septembre 1871.
Blessures : Au jarret droit et à la jambe droite par un éclat d'obus,
le 18 août 1870, à Amanvillers.
Campagnes : Orient (1855-1856); contre l'Allemagne (1870-1871).
Etienne-Alexandre-Jean FALIEU. — Né à Béziers le 7 juillet 1831,
Soldat au 8' de ligne, 3 août 1848; sous-lieutenant au régiment de ti-
railleurs algériens, 24 mars 1855; lieutenant au 1" tirailleurs algériens,
29 juin 1855; capitaine, 20 juin 1859; capitaine adjudant-major au 15*
de ligne, 15 octobre 1869; chef de bataillon au 8« de ligne, 16 janvier 1872;
lieutenant-colonel, 7 juin 1879; colonel, 5 septembre 1884; général
commandant la 66* brigade, 21 mars 1891.
Commandeur de la Légion d'honneur.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 431
Marie-Antoine-Victor-Henri DE POUSARGUES. — Né le 15 août 1832,
à Parnac (Lot) ; fils de Jean- Pierre- Marie* Joseph et de Joséphine
Saunhac du Fossat. Soldat au 15*" de ligne, 16 mai 1852; sous-lieutenant,
31 décembre 1855; lieutenant, 24 mai 1859; capitaine, 17 juillet 1867;
chef de bataillon commandant le 17° bataillon de chasseurs à pied,
4 Janvier 1871 ; lieutenant^colonel, 22 octobre 1879; colonel au 144%
13 mai 1885 ; général commandant la 34' brigade, 26 mai 1890.
Campagnes : Orient (1855-1856); Italie (1859); contre l'Allemagne
(1870-1871).
Décorations : Médaille de la reine d'Angleterre ; médaille de la valeur
militaire de Sardalgne; médaille d'Italie; chevalier de la Légion d'hon-
neur; oflBcier.
Marié le 12 Juillet 1869 à Marie-Thérèse de Boussots de Bazillac de
Campels.
François-Gustave LAMIRAUX. — Né le 26 mai 1830, à Strasbourg;
fils d'Antoine- Pierre et de Julie Barbier. Elève à Saint-Cyr, 6 décembre
1848; sous-lieutenant au 10' de ligQe, 1" octobre 1850; lieutenant au
41* de ligne, 10 Juillet 1854; capitaiQe, 24 mai 1859; chef de bataillon,
24 août 1870; chef de bataillon au 17* bataillon de chasseurs, 25 février
1875 ; lieutenant-colonel au 15' de ligne, 18 mai 1876 ; au 41' de ligne,
4 décembre 1876; colonel, 30 novembre 1880; général de brigade (à
Tours), 6 Juillet 1886; général de division, 29 décembre 1891; comman-
dant l'Ecole supérieure d^ guerre,'' 1893; membre du comité d'état-
major.
Campagnes : France (1851); Afrique (1856-1859); Italie (1859); contre
l'Allemagne (1870-1871).
Décorations : Médaille d'Italie, 17 décembre 1860; médaille des
Saints Maurice et Lazare (de Sardaigne) ; chevalier de la Légion d'hon-
neur, 11 août 1867; officier; commandeur.
432 HISTORIQUE
APPENDICE N« 9
Etat de Ve&éeîlt (offlelers) du rëgiment à différente»
ëpoqnes.
Etat du régiment de Balagny en 1610.
(Diaprés les comptes de Textraordinaire des guerres.)
Mestre de camp : Balagny (1).
Capitaines : de Chatellier, de Marcillac, de Mazade, de Lorme,
Despinoy.
Sergent-major {Major) : d'Ivory.
Etat du régiment dé Rambures en 1614.
Mestre de camp : Marquis de Rambures.
Capitaines : de Marcillac, Despinoy, des Rosières, de Lambercourt,
de Ghatelus, de Courbon, de la 1>»ur. •
Sergent-major : Julien de Gampis.
En 1615.
Mestre de camp : de Rambures.
Capitaines : de Marcillac, d'Espinoy, des Rosières, de Lambercourt,
DE Ghatelus, de Gourbon, de la Tour, Jean de Rambures (seigneur
do Dompierre) Jacques Dubois du Liège, Hercule de Ghatellier, An-
toine DE Mazade, François Mousquarel de Fouquerolle, Antoine Mou-
sure DE GUÉRICOURT, GlaudO GALLAflD, Sieur DE BOURON.
Sergent-major : Julien de Gampis.
(1) On s^étonnera peut-être de trouver dans cette nomenclature des noms écrits
tantôt d'une façon, tantôt d'une aulrej ici avec la particule, là sans particule,
quelquefois même deux frères inscrits d'une manière dissemblable. C'est que
nous avons reproduit l'orthographe des pièces originales. Or, avant 1789, l'or-
thographe était fort fantaisiste, et la qualité de gentilhomme était si répandue
dans l'armée qu'on négligeait couramment d'énoncer la particule. D'ailleurs
cette particule n'était pas nécessairement signe de noblesse. Lorsque les noms
nous ont paru trop déformés nous avons inscrit en regard la véritable ortho-
graphe.
DU 15<^ RÉGIMENT D*1NFANTERIE 433
En 1630.
Mestre de camp : Sire de Rambures.
Sergent-major : Sieur du Moulin (Abraham Fabert).
Aide-major : La Vaux.
Premier capitaine commandant : du Liège.
Capitaines : d'Offeu, de Suilly, Nargonne, Prasgnan^ de Moren-
COURT, Balbranne, Hémont, Saint-Serre, du Menil, baron de Martinon
(ou Marimont), du Burianne.
En Janvier 1643.
Mestre de camp : Marquis de Rambures.'
JAeutenant-colonel : Savelli.
Sergent-major : Hugues-Jean de Pontier.
Capitaines : Hémont, de Saint-Aionan, de Gomiac, de Fontenille, de
Baromenil, du Menil, de Bernonville, Marin, Touilli, de Fayette, de
Merle, Sinet, de Maulde, Ruère, de Froyelle, de Villiers, de Bergues,
Lucars, Hébert, du Mont, du Liège, de Boute ville, de Saint-Romain,
Calvimont.
En janvier 1647.
Mestre de camp : Marquis de Rambures.
Lieutenant-colonel : Savelli.
Sergent-major : Povennes.
Capitaines : Hémont, de Saint-Aignan, de Fontenille, Hébert, de
Baromenil, de Maulde, Bouteville, Saint-Romain. Galyimon, de Bour-
cuisson, Guaires, d'Hauteroque, de Candale, Dargeville, de Franque-
ville, Antresante (d'Antissanti), de Marcilli, Varimon, de Pomeri, de
Maigremont, du Buisson, de Grandcourt.
En 1652.
Mestre de camp : Marquis de Rambures.
Lieutenant-colonel : de Savelli.
Major : Bouteville.
Aide-major : de Saint-George.
Capitaines : de Bouteville, Hébert, d'Hauteroque, Candale, Darge-
ville, de Bourguison, Antresante, de Varimon, de Saint-André, Bri-
guemart, Geron ville, de Montbrian, de Prellac, de Caumont, Des-
tailleux, de Vassi, du Rocq, Lacars, de Beaulieu, Langlois, de Brisseuil.
Hisl. 15-. 28
434 HISTORIQUE
En 1663.
Colonel : Marquis de Rambi'res.
Lieutenant-colonel : Bouteville.
Capitaines en pied : Hémon et Forestel.
Capitaines réformés : Destaillei-x, de Vassi, de Ricarville, du
RoTHOis, DU Frêne, du Marq, du Cock, Verger, d'Hanou, Valmorin,
Cuves, Saint-Jean.
Le l^r août 1670.
Colonel : Marquis de Rambures.
Lieutenant-colonel : Hébert.
Capitaines en pied : Géronyille, Brisseuil, Baillet, Campagne,
d'Amours, Pingre de Vraignes, de Coste-Coste.
Capitaines : Darleu, de Vienne, de Blerancourt, de Murq (de Marq),
BoiSMiNARD, DU Bruan, Saint-Hilaire, La Rivière, Saint-Martin, Fro-
YENNE, DeLAFOSSE, SeYIN, LaUNOY, DE BONNIÈRES, POMMEREUIL, DE CaU-
MONT, Le Grand, Saint-Val, Noël, Hunique, de Vie.
Lieutenants en pied : du Tillet, Bouteville, Mantuel, Condê-
CosTE (i), Saint-George, Moucy, Gernari, Bourneau, des Roches, uu
Tronquoy.
Lieutenants et enseignes réformés : Dioville, de la Touche, Antis-
SANTi, Taufflet, Marianval, Campagne, de la Barre, de Toermont, de
Blamont, Poussardière, de Coussi, de Burancourt, Dupuy, du Mesnil,
DE Franqueville, Guimont, la Motte, de Potin, Hunique, Chalons.
En 1672.
Colonel : Marquis de Rambures.
Lieutenant-colonel : Hébert.
Major : Villers.
Capitaines : Geronville, Brisseuil, Baillet, Campagne, chevalier
d'Amours, Vienne, Blerancourt, Boisminard, du Bruan, de la Fosse,
de Sevin, Pommereuil, Le Grand, Hunique, de Vie, Condé-Coste, Lan-
doste, Broyonne, Bouteville, Montemer, Streigne, du Fort, de Bruc.
Compagnies détachées en Hollande : Capitaines de Vraignes, du
Faux, Coste-Coste, Bonnières, Noël, Duthil.
Etat du régiment de Richelieu au mois d'août 1733.
Colonel : Duc de Richelieu.
Lieutenant-colonel : d'Esguille.
(1) Probablement « de Caude-Coste ».
DU 15® RÉGIMENT d'INFANTERIE 435
Major : de la Motte d'Hugues.
Commandant du 2« bataillon : de Tourville.
Capitaines aides-m,ajors : Hiky et de Terson.
Capitaines : de Terson, de la Serre, de la Garmanière, marquis de
Lancosme, Dt GuASQUEs, NouziERs, Vaudin, de la Senne, chevalier
d'Ancosse (d'Angosse), de Vallerave, Gamusel, de Luc-Majour, de
QuAY, de Tristan, la Roussette, Dupuy, de Sailhas, de Mognac, du
LoMBOS, d'Antoine, de la Viganière, bu Bochet, d'Houdan, Pioger
DE Chantradeux, chovalier de Luc-Majour, de la Landelle, de la
Tour, du Camp, de Laage, marquis de Lesperoux, chevalier Dan-
ville.
Lieutenants : Bertrand, Tourtat, de la Grèse, Danville, chevalier
d'Esguille, de la Boularderie, de la Hitte, de Vaugelas, d'Heu, de
HaLLEBOUT, CaRDOU, de RlCHEBOURG, DU TiLLOY, COCHARD, DU MeSNIL,
DE LOSSE, DE VaNDEL, COCHU, DE MaGEINVILLE, DE MONBARDIER, DE
Maillé, chevalier d'Artignos, de Najeac, de Corneillan, des Haulles,
DE Salha, de Villouet, Mousson de Villiers, chevalier de Chantilly,
de la Noblaye, de Beaumont, de Guichen, chevalier de Vignacourt.
Etat du régiment de Rohan en 1741.
Colonel : Prince de Rohan.
Lieutenant-colonel : de la Motte d'Hugues.
Major : de Luc-Majour.
Commandants de bataillon : de la Roussette et de la Viganière.
Capitaines aides-majors : de Tristan de la Tour, de Tersan et
Dariffat.
Capitaines : du Boschet, d'Houdan, Pioger de Chantradeux, de la
Landelle, de Crémainville, Hiky, chevalier Danville, de Hallebout,
Cardou, de Mageinville, de Chateauvert, de Vaugelas, chevalier de
Luc-Majour, de Mesmé, du Repaire, Dourlers, de Guichen, de Riche-
bourg, DE Charsé, chevalier de Vignacourt, chevalier Dunelle, Vil-
louette, Mesnard, Gerint, de Brasse, marquis de Pusignieu, Legras,
Duvignau, Pilan, Digoine, comte de Maillé-Brézé, du Mesnil, d'Arti-
gnos, DE Corneillan, de Najac, des Haulles, chevalier de Chantilly,
de Rogueshautes, de Belleaffaire, de Vandel, de Losse, de Baynast,
DE Chaulieu, de Saillet.
Etat du régiment de La Tour du Pin en 1758.
Colonel : Marquis de La Tour du Pin.
Lieutenant-colonel : Chevalier Danville.
Major : de Rayne.
4 bataiHons; pension de 600 livres au lieutenant-colonel, de 500 li«
vres au premier capitaine et de 400 à chacun des deux qui suivent.
436 HISTORIQUE
En 17dO.
Colonel : Marquis de La Touti du Pin (brigadier).
Lieutenant-colonel : Da>* ville.
Major : de Rayne (rang de lieutenant-colonel).
Commandant du 2* bataillon : d'Hallebout.
Commandant du 3' bataillon : Comte de Maillé-Brézé.
Commandant du 4* bataillon : de Montbrun.
Capitaines aides-majors : de Fabre, Petity, d'Houssoy (de Tristan),
SARAN de POMPIÉTAIN.
En 1762.
Colonel : Comte de Boisgelin.
Lieutenant-colonel : d'Hallebout.
Major : Rayne de Cantis.
Commandant du 2* bataillo7i : Comte de Maillé-Brézé.
Commandant du 3*> bataillon : de Montbrun.
Commandant du 4' bataillon : de Larmandie.
Capitaines aides-majors : de Petity, d'Houssoy, Saran de Pompié-
tain, Quinson de Serdon (ou Serdron).
Etat du régiment de Béarn en 1765.
Colonel : Marquis de Crénolle (Aimé-Louis de Quengo).
Lieutenant-colonel : de Hallebout (Marc-Antoine), de Normandie.
Major : Joseph RÀyne de Cantis (de Marmande).
Aides-majors : de Petity (de Trois-Châteaux, on Dauphiné), de Sar-
RANP (de Moncontour en Bretagne), de Tristan (de Beauvais), Serdon de
Quinson (de Lyon).
Sous-aides-majors : Fourneau (de Chasmont, en Poitou), Richard (de
Rennes), de Bar (de Fouras, en Aunis), marquis de Boisgelin (de
Kersa, en Bretagne).
Quartier-maître : LeVasseur.
Porte-drapeau : Deschambes (de Ruffec), Broguerre (de Begua, en
Guyenne), Ouel (d'Arras), Rasquin (de Charleville), Prévôt (de la Châ-
tre), Rivierre (de Querville, en Normandie), Bagué (de Bondrac, en
Gascogne), Guary (d'Agen).
Aumônier : P. Besson (cordelier).
Tambour-major : Piroiset, dit Pitois (de Chaume, en Bourgogne).
Capitaines de grenadiers : de la Forgue (d'Auch), Baveux de Mar-
VELisE (de Salins), de Sarrant (de Ponlivy), de la Tour Ferrand (de
*Lavaur), capitaines du Vauroux (de Dancé, en Perche), chevalier Des-
haulles (de Conchcs), de Hallebout (de Loupversé, près Conches), de
i
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 437
Cheffontaine (de Kerverguin, en Bretagne), de Serre Durival (de Gap),
Chanaut de Saint-Sulpice (de Chéran, Périgord), Duplessis (de Bor-
deaux), DE Razes (de Poitiers), Le Brun (de Rians, en Bretagne), de
Saint-Genises de Guintrand (de Marseille), de Conflans (de Pertuy,
près Montargis), d'Aigremont (de Valognes), Durand de Carabelles (de
Villeneuve d'Agen), Tranchant de Durret (de Châteaubriant), d'Esbert
de la Motte (bouviers), des Mazis (de Crèvent, près Vernon), Gocaud
de Hamonières (de Blain, en Bretagne), de la Motte-Ferrand (de La-
vaur), de la Roche-Cocquet (d'Agen), Mézières (de Bayonne), Borde-
nave (de Mont-de-Marsan), de Bonfils (de Paris), de Roye de l'Enferna
(de Saint-Florentin), NAVErrE de Chassignoles (de Brioude), de Flottes
(Sain t-Etienne-d' Argent), Piagier des Loges (Saint-Sulpice, en Poitou),
Prioult de Hautchemin (Rennes), Collet des Favières 'ySaifit-Dizier),
de Séguier (de Castres), de Saint-Cyr (de Brioude).
Lieutenants : de la Marre «de Rouen), Cachet (de Montbrun), Beau-
poil (de Poitiers), Pagnon (de la Vernose, près Toulouse), chevalier de
FussEY (de Mortagne, en Poitou), de Villeneuve de Tourelle (d'Anti-
bes), Raveneau (de Landrecies), Rouvroy (de Lille) (de Foitrne de Rou-
vroy). Charpentier de Cossigny (de Gaillac), de Soustras (deDax),DupuY
(de Marsigby-sur-Loire), Desplats (du Quercy), Lespès (de Gascogne),
Ricard (d'Avignon), de Chantepie (de Saint-LÔ), Pezard (de Dôle), Ga-
laup (de Villeneuve-d'Agen), l'Aust de la Voûte (de Constantinople),
PuzERARD de LA Chapelle (do Lyou), DE Lescoubles (de Vannes), de
Saint-Germain (de Condé,en Normandie), de Bourguisson (de Tourraine),
de Bonnefoy (de Lavaur), d'Imbert du Barry (de Puylaurens), cheva-
lier d'Ypres (d'Eu), chevalier de la Housse (de Saint-Sever, en Gasco-
gne), Poteaux (de Lille), Comarque (de Sauterne, en Gascogne), Pagnon
de la Vernose (de Toulouse), Pujol de Labatut (d'Auch), de Mirambet
(de Bazas), chevalier de Dianous (d'Orange), Marge de la Barbelaye (de
Chalans, en Poitou), Séran d'Andrieux (de Caen), Guillard (de Fou-
gères), Desmaretz (d'Arras).
Sous-lieutenants : Gouyon de Vaurouault (Saint-Brieuc), , Caire
(Embrun), Vittier, dit La Feuillade (Champagne), Matheron (Gap),
Lejeune de Créquy (Duretal), de Marans (du Brouage), Marouil de
Cuissard (Caen), Truchet (d'Arles), Testard (de Paris), de la Houssaye
(Vannes), chevalier de Mirambet (Bazas), Deshentiques (Provence), de
Larmandie (Bergerac), Camp-Domère (de Castres), de Quélo (de Redon),
du Parc (de Plounevé, en Bretagne), de Gouyon-Rochefort (Nantes), du
Puy de Chatelard (Roanne), de la Corbière (Normandie), Le Saige de
Villebrune (Saint-Malo), Godard deBussy (Bayeux), Dumignot d'Houdan
(Thouars), Prioult, chevalier du Hautchemin (Rennes), Gautier, cheva-
lier DE LA ViLLAUDRAY (Laval), DE Berne (de Montreuil-sur-Mer), du Serre
Durival (de Gap), d'Imbert (de Puylaurens), des Corches des Moulines
(Mortagne), Drouilhet de Sigalas (Marmande), Aignan, chevalier de
LA Corbière (Normandie), du Mignot d'Houdan (Thouars), Le Gras (de
Dunkerque), Ruffe (Guyenne), Langlois de Rézy (Pontivy), Bizien du
Lézard (Lorraine), de Thumery de Jousserand (Poitou).
438 HISTORIQUE
Etat du Nouveau Béarn (aprôs le dédoublement), A Metz, 1777»
Colonel: Marquis de Crenolle.
Colonel en second: Marquis de Chavigny.
Lieutenant-colonel : d'Esterno.
Major: de Larbourlerie (de Lauourlerie), rang delieutenant*colonel.
Quartier-maître : Le Vasseur.
Capitaines-Commandants . Ferrand {vàns de lieutenant-colonel), de
Gheffontaine (rang de major), Dutret (grenadiers), des Mazis, Mézières,
de Chassignoles (chasseurs), de Saint-Cyr, de Pagy, chevalier de
Tristan (compagnie colonelle) , Dianous (compagnie lieutenant-colonelle).
Capitaines en second : Chevalier Lebrun (grenadiers), de Scizy,
chevalier de Chassignoles, d'Astier de Monnessargues, de Laverghne,
Raveneau, Villeneuve (chasseurs), L'Escouble, La Voûte, de Ricari>
(compagnie lieutenant-colonelle) .
Lieutenants en premier : Beaupoil (rang de capitaine) (grenadiers)»
Comarque, de la Vernose (auxiliaire), Crequi, de Truchet, Testard de
Saint-Guy, Duparc, de Rochefort, de Chatelard (chasseurs), d'Houdan,
DE Hautchemin.
Lieutenants en second : Matheron, chevalier de la Corbière, d'Im-
BERT, chevalier d'Houdan, Le Gras (chasseurs), de Grouslard, de Pujot,
DE NaJAC, DE CaRDAILLAC, DE RaIZEUX.
Sous-Lieutenants : Lambert (grenadiers,) Vincent (grenadiers), che-
valier DE Bocozelle ( chasseurs ) , chevalier de Barry , d'Houdetot
(chasseurs), de Herret, Mignot d'Houdan, de Menibus, de Lestang, de
Larmandie, d'Escaibles (d'Esclaibes), de Marnières, de Vauchaussade,
chevalier du Saillant, de Ferrand, de Lentivy, de Goyon, de Foucquet,
DE SiLLY, DE LA TOURNELLE.
Etat de Béarn en 1791 (au Havre).
Colonel : de Boisgelin.
Lieutenants-Colonels : de Myon, de Payen de Chavoy.
Quartier-maître trésorier : Baudoin.
Adjudants-majors : d'Esclaibes, de Vauchaussade.
Capitaines : Le Brun, Comarque, de Truchet, Testard de Saint-Guy,.
DU Parc, chevalier Legras, de Pujo, Gineste de Najac, de Raizeux de
la Broise, du Hautchemin, d'Imbert, d'Houdan, de Grouslard, Laboulay
(de Bierres), Hellouin de Ménibus, Le Loureux de Marnière, Lambert,
de Bocozel.
Lieutenants : de Silly, de Ferrand, de Gouyon, chevalier Gineste»
de Langourla, de Sartiges, de Sobiratz, du Peyroux, de Lamberville»
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 439
DE ViLMARETZ, f^dOUarclJ^EGRAS, DU BOUAYS (1), TeSTARD DE LA NEUVILLE,
BUSNEL DE MONTORAY, PoiRSON, DE PaRNAY, d'AmBOIX DE LaRBONT (2),
Hugues DE Payen.
Sous-lieutenants : Leroy de Lenchères, de Martigny, de Couêssin,
DE Laboulay de Bierres, d'Erneville de Poligny, Alexis Le Loureux,
Prévost, de Maussac, de la Bellière, Maurice de Cossette, de Mire-
mont (DE Combes), de Torcy, Pouzergue, du Garreau de Grésignac,
Beauregard, de l'Enferna, Quatre Solz de Marolles.
Etat de la IB^ demi-brigade de ligne (an VIII).
Chef de brigade: Ciolonel Faure.
Chef du 1" bataillon: Villard.
Chef du 2« bataillon: N.
Chef du 3« bataillon: Dacigné.
Adjudant- major du 1" bataillon: Labruyère.
. Adjudant-major du 2« bataillon: Godron.
Adjudant-major du 3* bataillon: Villemant.
Quartiers-maîtres-trésoriers : Maugeon et Trefcon.
Capitaines : i^^ bataillon: Pradier (grenadiers), Triboulet, Pradeau,
Bertrand, Briois (ou Briais), Valette, Glaise, Vially ; 2* bataillon :
Boursier (ou Boursin) (grenadiers), Haudiquet, Lemoine, Desormeau,
Perrot, Daudinot, Pied-Noir, La Peyre, Prévost ; 3« bataillon : Lamaire
(grenadiers), Trappier, Tessier, Gaullier, Limousin, Thomas, Mousset,
Prey-Berty, De vertus.
Lieutenants : Trotin, Bougardier, Bleumortier, Job, Chavany,
Uamar, Demougeot, Aucher, Rigollet, Faure, Martin, Tetit, Guey,
Cornu, Etienne, Leviau, Fleury, Truguet, Delignac, Grégoire, Pe-
RUssoN, PouGAT, Berger, Leglerc, Brunel, DuxMas, Seroux.
Sous-lieutenants : Clapier, Boyer, Teytus, Bonnet, Petit, Chéron,
Dujai, Bardete, Dehugues, Dufresnois, Rénaux, Agnel, Replat, Bègue,
Arnould, Belhade, Moyer, Brimeur, Borisset, Guffroy, Prieur, Guenet,
Laroque, Armand, Andriot.
15» régiment d'infanterie à Brest (13*) division militaire)
(an XIII, 1805).
Colonel : Reynaud (16 germinal an XII).
Major : Dein.
(1) Sans doute de la môme famille que le lieutenant Dubouays de Couësbouc^
qui se distingua sous Metz en 1870 (étant ailecté à la compagnie franche du 15*).
(2) Un siècle plus tard, le 15* de ligne a pour colonel M. d'Amboix de Larbont
(Denis-Henri-Alfred.)
440 HISTORIQUE
Chefs de bataillon : Jannot, Plaza.net, Limouzin, Langlois.
Capitaines-adjudants-majors: Labruyère, Aubry, Villemant, Aran,
Chirurgien-major : Couraud.
Aide-major : Lymen.
' Sous-aides-majors : Meilhac, Lapeyre.
Capitaines : Oudaille, Molin, Thomas, Boursin, Devertu, Doudinot,
Vially, Perrot, Claude, Frigier, Cazanave, Bouery, Gruzé, Fabre,
Goubet, Louiche, Baurin, Valet, Lapeyre, Glaize, Sagazan, Peyrat,
Augeard, Seroux, Dumas, Trefcon, Grégoire, Guis, Gillet, Reinaudt,
Etienne, Antoine, Faure, Rigollet, Larazide.
Lieutenants : Leclerc, Venou, Barthe, Garnier, Leviaux, Truguet,
Laprêe, Aucher, Chavany, Ray, Marie, Lafite, Teisseiré, Desmar-
quettes, Petit dit Brantôme, Moyer, Rénaux, Rouyre, Vigier, Briois,
GouRDOT, Deuogues, Lainé, Dufresnoy, Mouton, Bournier, Agnel,
Lafontaine, Ledineur, Griot, Bardët, Moreau, Delignac, Bernardin,
Jacob.
Sous-lieutenanls : Puthoste, Meisseix, Maréchaux, Baron, Feuyrais,
Guillaume, Doucet, Rolland, Cotterelle, Laporterie, Kuhn, Déhar-
OUES, Mahuzier, Pan (dit Lacroix), Poulle, Tranchant, Thouret, Blon-
DEAu, Morin, Trefcon, Desmarest, Guirot, Labro, Malet, Fririon,
Alexandre, Sevin, Pron, Richard, Jouanique, Bouxin, Bourquin,
Truault, Augier.
Etat de la légion du Finistère (n* 27 en 1816.)
(Etat-major et 3* baUlUon à Lorient, 1" et 2* bataillons à Belle-Isle.)
Colonel : Baron de Rascas (Joseph-Paul-Hyacinthe-Raymond).
Lieutenant-colonel: de Quesnay (René-Jacques-Guillaume).
Chefs de bataillon : Robinet, Fleury-Bourkholtz.
Capitaines-adjudants-majors : Vincent, Barbé.
Major : Bernelle (Joseph-Nicolas).
Capitaine-trésorier : Varlet.
Capitaine d'habillement : Allain.
Sous-lieutenant-porte-drapeau : Barbe.
Chirurgien aide-major : Icard.
Capitaines : Feron, Coliny, Kpaen de Kersallo (1), Garnier, de Tre-
DERN, Eudel (2), Chevalier, Cousin, Guyet, Rêve, Peyrard, Guillotou
DE Kerever, du Chatellier, Laurençot, Dubruehl, de Condé, Scordel.
Lieutenants : Chapelle, Berthier, Harlet, Richard, Plessis, Junot,
DE Bermon, Dubut, Gauttier, Capitaine, Bouriqueu, Feilla, de Blois-
Lacalande, Rousselot, Frely, Barbe.
(1) De Kerpaên de Kersallo.
(2) Un officier de la même famille figure dans les cadres du 15* de ligne en
1893.
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 441
Sous-lieutenants : Levaillant, du Plessis-Parscau, Barazer, Sacllbr
(Saclier), Raoux, Gouyon de Vaucouleurs, Jacquelot de Boisrouvray ,
Kerguern, Bousquet, de Rascas (J.-Ph.-H.), Beens, Perrier,de Mauduit,
Lebègue.
Etat du 15* régiment d'infanterie (3 bataillons à Paris) en 1823
Colonel : Baron de Rascas de Chateauredon.
Lieutenant-colonel : Baron de Montchoisi.
Chefs de bataillon : Secourgeon, de Roger, de Ponchalon.
Capitaines adjudants-majors : Vincent, Richard, Plessis.
Major : de La vit.
Capitaine-trésorier : Mouquin. ^
Capitaine d'habillement : Leveling.
Sous-lieutenamt porte-drapeau : Perrier.
Aumônier : Abbé Seuli.
Aides-majors : Lanaud et Dubois.
Capitaines : Goliny, Kerpaen de Kersallo, Fabre, de Trédern,
DupRÉ, Allain, Sempé, Ollivier, Chevalier, Aubert, Couzin, Guyet,
Balza (ou Balzac), Duval, Simon, Lodoyer, Leduc, Choiselet, Guillo-
Tou de Kereyer, Laurençot, Barbe, de Condé, Leclercq, Bougerel.
Lieutenants : Harlet, Ferro, Rousseau, Bisson, Terrin, Letard, Tri"
quet, Sacomant, Meyer, Degarly, Bermon, Dubut, Doucet, Feilla, de
Blois-Lacalande, Rousselot, Frely, Barbe, Magrez, Levaillant, Dour-
DiN, Bellier.
Sous-lieutena7its : Joigneant, Laugénie, Ducoing, Fhançois, Minard,
Havard, Panzani (ou Pauzani), Pistre, Busson de la Vêvre, Martin,
Barazer, Raoux, Gouyon de Vaucouleurs, Jacquelot de Boisrouvray,
Bousquet, Beens, Perrier, de Gumpertz, Geffroy, Morizot, Villeme*
JEANNE, Godard, Legay d'Arcy.
• En 1823, le duc d'Angoulème nomma dans Tordre de Saint-Louis : le
major de La vit, le commandant de Ponchalon, les capitaines Balzac,
Cousin et Leveling ; ces nominations furent confirmées par ordonnance
du roi.
En 1829, la croix de Saint-Louis fut accordée au capitaine Louis-Jo-
sepb DE Condé.
En 1830.
(1" et 2' bataillons, Afrique ; 3* et dépôt, Périgueux.)
Colonel : Manoin, officier de la Légion d'honneur, chevalier de Saint-
Louis.
Lieutenant-colonel : Duris, officier de la Légion d'honneur, chevalier
de Saint-Ix>ul8.
Hist. 15*. 28.
442 HISTORIQUE
Chefs de bataillon : Laurens, Allain, Fabre.
Major : Chambon.
Aumônier : Monaham.
Capitaines adjudants-majors .'Vincent, Bougerel, Housseau.
Capitaine-trésorier : Petin.
Capitaine d^habiltement : Vidal.
Sous-lieutenant porte-drapeau : Zens.
Chirurgien-major : Marchal.
Aides-majors : Mallet, Martin.
Capitaines : Olivier, Chevalier, Leveling, Aubert, Du val, Lodoyer,
Choiselat, Laurençot, Cebert, de Condé, Plessis, de Macoonin de la
Pierre, Leclercq, de Belly de Bussy, Bisson, Groff, Meyer, Dubois
DE Beauregard, Fontaine, Lavie, Létard, Sacomant, Bousquet.
Lieutenants : Decarly, Bermon, Doucet, Feilla, Frely, Magrez,
Levaillant, Dourdin, Lévêque, Cabanes, Laugénie, Dccoing, François,
Barazer, Minard, Pistre, Jacquelot de Boisrouvray, Perrier, de '
Laroque, Lepelletier, de Gumpertz, Geffroy, Legay d'Arcy, Perrier
(Yves).
Sous-lieutenants : Magon de Boiscarein, Godard, Gabriel, Gresser,
Ducos DE la Hitte, de Kerguern, Ollivier (Am.), Salaun, Palauquet,
Gazon, Frémon, Pages (François), Lemaire, Saint- Jean de Pointis,
Mulet, Blanc de Moline, de Ghaisne de Bourmont (sous-Ueutenant,
état-major) (Ad. Ph. A. E.), Massé dit Nestier, Maillard, Fournier,
Walsch, Fiéreck, de CoUasnon, Potard, Vale.ntini.
En 1854 (Nevers).
Colonel : Alais (Amédée), officier delà Légion d'honneur, 2 avril 1851.
Lieutenant-colonel : Capriol de Péchassant (Auguste<Gaspard-Ga*
mille-Gustave), 29 octobre 1853.
Chefs de bataillon : Lama'rque (Jean-Charles-Stanislas-Kotska), Le
Vicomte (Alexandre-Charles), Girard (Clair-Benoit).
Major : de Sauville (dit de Lapresle).
Capitaines adjudants-majors : Becq, Clausener, Gabard.
Capitaine- trésorier ; Maître.
Capitaine d*habillement : Rabany.
Adjoint au trésorier : Sous-lieutenant Tavelet.
Porte-drapeau : Sous-lieutenant Vigneron.
Médecin-major de 2* classe : Beylot.
Médecin aide-major de 1" classe : Carabin.
Médecin aide-major 2» classe : Colonna.
DU 15<^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE 443
Capitaines : Castan, Mangin, Labarthe, Marsal, Giraud, Belitrand,
Devaux, Angelini, Gauche, Garralon, de Latour, Jullien, Mailhebiau,
DupRÉ, Gibier, Brice-Deville, Giiareyre, Bordenave, Favier, Telmat,
BaRBARIN, LiNÉ, LOCHNER.
Lieutenants : Virissel, Logeais, Carles, Lhuillier, Dumay, Langlois,
Develey, Bubsières, Pillard, Pernot, Desnouveaux, Jalus'tre, Pineton
de Chambrun, Jourda, Cistan, Lallemand, Reyé, Bonnamy, DavoiJst-
Langotière, Hodet, Adeline, Londigné, Netter.
Som-lieutenanls : Arthuis, Labitte, Toujan, Lodoyer, Sègue, Mouy,
Vigneron, Tavelet, Geoffroy, Perrier (Julien), Mouly, Hoffet, Del-
PRAT, Lafette, Preux, Lochner, Desrouzieres, Heisser, Kollen, Ma-
RiNOT, Larroque, Freydier, Etienne, de Foucher, Bourgoin-Lagrange.
En 1859.
(Armée de Paris. Dépôt de Dieppe.)
Colonel : Guérin (Félix- Achille), officier de la Légion d'honneur.
Lieutenant-colonel : Schneider, dit Lux, officier de la Légion d'hon-
neur.
Chefs de bataillon : Klèber, chevalier de ia Légion d'honneur; Ar-
douin, officier do la Légion d'honneur; Lesèble, chevalier de la Légion
d'honneur.
Major : Pollet.
Capitamet adjudants-majors : Brice-Deville, Lochner, Mouly.
Capitaine-trésorier : Maître.
Capitaine d* habillement * Rêvé .
Adjoint au trésorier : Sous-lieutenant Bailly.
Porte-drapeau : Souslioutenant Lalmant.
Lieutenant d*état-major : Heilmann,
Médecin-m^jor : Peytral.
Aide-major de V classe : Réeb.
Aide-major de 2' classe : Golonna.
Chef de musique : Bodin.
Capitaines : Gauche, Rabany, de Latour, Mailheblau, Gharbyre ,
Bordenave, Favier , Telmat, Tbnneguy, Virissel , Logeais , Garles ,
Pernot, Desnouveaux, Jourda, Lallemand, Geoffroy, Adeline, Toujan,
Labitte, Perrier, Hoffet, Marinot, Larroque.
Lieutenants : Derouzières, Heisser, Bourgoin-Lagrange, Aubry ,
Gahnier, Bonnet, Ferry, Ballet, Mairet, Maillebiau (Auguste-Louis) ,
Dufort, $Cheffer, Baradez, Duroy, Jeanpierre, Charles, dit La ville,
Ghassepot, Carcy, Cholet, Vuidart, Legeay, Mathieu, Delcour, Achet.
Sous-lieutenants : Lalmant, Beaucousin, Martin, Pillard, Ghapays,
DE Pûusaroues, de Mesniladelée, Math y, Patriarche, Bertheaume,
444 HISTORIQUE
Millet, Royer, Tomasi, Jaclot, Mathieu, Soumaro de Villeneuve, de
BOISGUÉRET DE LA VaLLIÈRE, BaILLY, GlRAULT, LBUILLIER, RiGOLAOE, DE
Feretti, de Jouffroy d'Abbans, Platel.
En 1870.
* (SoiBsons. Dépôt à Laon.)
Colonel : Fraboulet de Kerléadec (Th.*Eugène), officier do la Légion
d'honneur.
Lieutenant-colonel : Barrué.
Chefs de bataillon : Parron, Ghapot, de l'Espinasse (Auguste).
Major : Denis.
Capitaines adjudants-majors : Falieu, Bonnet, Forest.
Capitaine instructeur de tir : Daguillon (Félix-Auguste-François).
Capitaine-trésorier : Ballet.
Capitaine d'habillement : Rêvé.
Adjoint au trésorier : Creusvaux, sous-lieutenant.
Porte-drapeau : Hazard, sous-lieutenant.
Médecin-major : Cintrât.
Aide-major de 1" classe : Luzv.
Aide-major de 2" cla,sse : Jacquez.
Chef de musique : Morel.
Capitaines : Geoffroy, Toujan, Labitte, Hoffet, Ferry, Bourgoin-
Lagrange, Garnier, Dufort, Jeanpierre, Jacques, Baradez, Garcy,
Ghassepot, Achet, Legeay, Roslin, de Pocsargues, Jaclot, Bertheaume,
Pillard, Royer, Mathy, Soumard de Villeneuve, Bonneau.
Lieutenants : Lhuillier, de Boisguéret de la Vallière, Bailly, de
Jouffroy d'Abbans, de Foerster, Girault, Platel, Rigolage, de Peretti,
Greusvaux, Ferlet, Pouyaud, Fatoux, Protat, Magné, Cardot, Coffi-
gnèris, Claudin, Bourguignon, Merlet, Millet, Aubry, Garnier, Beau-
poil de Saint-Aulaire.
Sous-lieutenants : Klein, Jadot, Hazard, Lefranc, Dubouhays de
CouESBOuc, NicoLAÎ, AuGiER, DE Chaptal-Lamure, Royer, Dubard, Bar-
bier de Villeneuve, Mézard, Huguet, Lucas, Lesquilbet, Thomas,
Ahreiner, Brun, Greusveaux (Lazare), Corlieu, Dutocq, Didier, Pastou-
reau, Veron-Duverger et Gartier.
En 1871.
Colonel : de Beaufort. ^^
Lieutenant-colonel : Guillemain.
Chefs de bataillon : Ghapot, Denis, Angamarre, Gravis.
Capitaines adjudants-majors : Forest, Falieu, Tarrigo, Porri.
I
I
I
DU 15« RÉGIMENT d'iNFANTERIE 445
Major : Pannetier.
Capitaine-trésorier: Ballet.
Capitaine d'habillement : Millet.
Sous-lieutenant adjoint au trésorier ; Pothelet.
Sous-lieutenant porte-drapeau : Telmat.
Médecin-major de 1" classe : Cintrât.
Médecin-major de 2^ classe: André.
Médecin-aide-major de 2^ classe : Michaud.
Chef de musique : Morel.
1" bataillon.
Capitaines : Ferry, Soumard de Villeneuve, Baradez, de Jouffroy
d'Abbans, Legeay, Périnet.
Lieutenants : du Bouays de Ck)UESBOuc, Levy dit Valdteufel, Pinet,
Jadot, Pelletier, Bourguignon.
Sous-lieutenants : Chaudron, Léjolliot, Cuginaud, Martel, Judeaux,
Guio^î.
2* 'bataillon.
Capitaines : Bourgoin-Lagrange, Bessonnet, Carcy, de Foerster,
Salles, Maurice.
Lieutenants : Brunet, Dutocq, Dubard, Thomas, Corlieu, Mayras.
Sous-lieutenants : Chevalier, Marty, Cartier, Pastoureau, Grilliat, .
GUTH.
3* bataillon.
Capitaines : Cattyn, Riu, Favier, Giraud, Bertheaume, Rigolage.
Lieutenants : Garnier, Gauzy, Mézard, Hazard, Protat, Klein.
Sous-lieutenants : Renaud, Durand, Biguet, Igier, Giron-Rochefort,
DE LA Vaulx.
4* bataillon.
Capitaines : Deheurles, Prévost, Dufourcq, Platel, Pillard, de
Perretti.
Lieutenants : Baille, Lefranc, Poirson, Lesquilbet, Claudin, Hu-
guet.
Sous-lieutenants: Ray, Bascou, Rebière, Magnin, Meyer, André.
Les ofiQciers dont les noms suivent étaient placés à la suite:
Lieutenant-colonel : Cajard.
Commandants : de Lespinasse. Morin.
Capitaine adjudant-major : Grimmeissen.
Capitaines : Lambert, Rignot, Gardien, Ferlus, Desjardins, Fatûux,
Richaud, de RoccA'Serra, Ferlet, Lapra, Rouget, Mathieu.
4i6 HISTORIQUE
Lieutenants : Crei-svaix, Sarrête, Descvmps, Dubois^ Gueit, de La-
personne, Gni-ipp, Garot, (iRANniDiER, Bigot, Gros, Pellet, Boisson,
Pezilla, Lemairk, Akermann.
Sous-lieutenants: Doranijec, Jkandin, Bailly^ Suera, Duval»
Chrétien, Presleir, Flammarion, Khehlino, Deranque, Coupette.
En 1882.
Colonel : Noël (J.-C.), 10 Juillet 1881.
Lieutenant-colonel : Alessanori (J.-B.), 8 Juin 1881.
Chefs de bataillon : Caillemer, Blanc (P.-H.), Barnave, Bertrand.
Capitaines adjudants- majors : Claldin, Dubouhays de Coubsbouc,
DUBARD, GrILLIAT.
Major : Chagnaud.
Capitaine-trésorier : Legrand.
Capitaine d'habillement : Biouet.
Adjoint au trésorier : Bloise.
Porte-drapeau: Sous-lieutenant: Bigin.
Médecin-major de 1" classe : Arnaud.
Médecin-major de 2^ clause: Cabanié.
Médecin-aide- major de 1" classe: Lobit.
Chef de musique: N...
Capitaines : Boluix, Garnier, Baissas, Delor, Figié, de Pouzols db
Saint-Maurice, Roger, Pommier, Gouillon, Mellinger de Bouzonville,
Verain, Picard, Lallement, Barrier, Gabrielli, Berveiller, Schaeffer»
CUNY.
Lieutenants : Cordier, Noullet, Charbonneau, Massonnaud, Richard
d'Abnour, La vigne. Bigot, Rouayrenc, Courtois, Burgely, Bloise, Le
TÉTOUR, FrÉMONT, SaRROLA, ZlMMERMATiN, DaRDOIZE, MiNSMER, ToURAI.
Sous-lieutenants : Bergeron, Coupiau, Goulut, Hublé, de Robien,
Boullier, Aymerich, Colas, Bigin, Jochum, Hamant, Cancel, Pellet,
Albar, Larobertie-Sarlandie.
En janvier 1894.
Colo7iel : d'Amboix de Larbont.
Lieutenant-colonel : Baudic.
Chefs de bataillon : Le Bouvier, d'Abzac, Vaudein, Lang.
Major : Sigaud.
Médecin-major de 1" classe : Fourcade.
Médecin-major de 2« classe : Sudour (1).
. (1) Remplacé par M. Frilet, lorsqu'il fut nommé médecin-major de 1'* classe
en janvier 189i.
DU 15® RÉGIMENT d'iNFANTERIE 447
Médecin aide-major de V classe : Pous.
Capitaines : Nol'llet, Laponterique, de MALi^:ziEU, Massonnaud, Sa-
viN, BoESCH, Lavigne, Bazinet, Courtois, Bloise, Zimmermann, Souil-
LARD, Minet, Goulut, André, Fouasse, d'Uston de Villereglan, Zuc;:a-
RELLI, DUBLAIX, DUPECH, ROL.
Lieutenants : Thouraud de Lavignère, du Bernard, Fourneaux,
ViNçoN, Bransoulié, Duchêne, de Tarragon, Travers, Laguerre, Pra-
DiNES, PuJOL, Passerieux, Bessan, Delmas, Pouech, Péri (porte-drapeau),
GiRAUD, Ramone, Natucci, de Pallarës, Lajeunesse, Desnos, Llobet.
Sous-lieutenants : Eudel, Vidal, Clémenson, Richaud, Dézarnaud,
Testory, Roques, Vergé.
Chef de musique : Almcot.
Officiers de réserTe du i5<> de llg^Be*
Capitaines : Costeplane, Delmas, Garceau, Andrieu, Viviers.
Lieutenants : de Pastre de Bousquet, Cazanave, Capelle, Daudé.
Sous-lieutenants : Falcou, Reillat, Reboul, Galy, Montagne,
Faure, Marty, Laborde, Moloh, Canavy, Michelon, Gempp, Cruvellié,
Bachelay, de Molènes, Saugrain, Mercier, .Janty, Alland, Bauzil,
Blin, Soupat, Versaud, Oucharières, Berniés, Amigues, Galvié,
Sénescail, Girard, Escudié, Brossette, Delprat, Pioch, Vanal, [mmé-
NARDiE, Grossard, Ricard, Escourrou, Lirou, Touren, Lapeyre, Bais-
bette, ViRENQUE, ReY.
Armée territoriale*
Capitaines : Fonrouge, d'Hébrail, Fil, Bertrand, Déoux, Lanet.
Lieutenants : Barthès, Mercadier, Seube, Gaubert, Dulac.
Sous-lieutenants : Foissag, hk Capella, Palau.
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Avant-propos 9
Régiment de Balagny sous le règne de Henri IV 17
Régiment de Rambures sous Louis XIII (le brave Rambures) 19
Siège de La Rochelle 22
Histoire de Fabert au régiment de Rambures 25
Rambures à Veillane, au pas de Suze 31
Bataille de Gastelnaudary 47
Guerre de Trente ans 52
Bataille de Rocroy . . . , 69
Bataille des Dunes 87
Bataille de Senef 91
Bataille de l'abbaye de Saint-Denis (1678) 95
Défense de Lintz, 1742 (caporal Dartois) 110
Bataille de Dettingen (1743) 113
Bataille de Fontenoy (1745) : . 117
Combat de Mesle, 1745 (Pierre Loucheron et Pierre Chaumont).. 118
Bataille de Lawfeld (belle conduite du régiment de La Tour-du-
Pin) 121
Bataille de Crewelt (1758), fermeté du régiment 125
Bataille de Corbach (1760) 126
Bataille de Friedberg-Johannisberg (magnifique conduite du ré-
giment de Boisgelin, — Michel Roussillac) 130
Siège de Lille (1792) 136
15" demi-brigade de ligne 145
Campagne du Brabant 147
Campagne de 1800 [Engen (Renaud), Mœskirch, Biberacb (Etienne
Dominique), Hohenlinden] 151
Expédition des Antilles - La Guadeloupe (1802) 165
Campagne de 1807, Billing-Friedland (colonel Reynaud) 176
Campagne de Portugal (1807-1808) 185
Espagne : Saragosse, Rio-Secco, Sobral (capitaine Rouyre) 189
Campagne de Portugal (1809) : Oporto (capitaines Teisseiré et Du-
mas) 199
Espagne et Portugal (1810) 208
Campagne d'Espagne (1811) 215
Bataille des Arapiles (1812) 218
Campagne de 1813 : Lutzen, Bautzen, Dresde, Meissen (capitaine
Blondeau), Leipzig, Hanau 225
450 HISTORIQUE DU 15<^ RÉGIMENT d'iNFANTERIE
Campagne de 1814 : La Rothièrc, Rosnay, Champaubert, Vau-
champs, Reims, La-Fère-Champonoise, Bar-sur-Aubc, Arcis-sur*
Aubo, Sens, Paris 237
Légion du Finistère (1816) , 236-
Reconstitulion du 15' régiment d'infanterie de ligne ^7
Guerre d'Espagne (1823) : Campomanès, Ponte-de-Hicro 2ô8
Conquête d'Alger (1830), Staouêii 263
Combat de Mouzala, Aouara, combat do nuit de Mouzala 277
Troubles de Lyon et Grenoble (soldat Andral), 1834 289
Siège de Sébastopol, assaut du 8 septembre (opiniâtreté du 15' de
ligne). Relations courtoises et cordiales avec Tarmée russe. . . . 296
Campagne d'Italie: Melegnano, Solferino (tambour Gastal) 308
Guerre de 1870-71 322
Borny, 14 août 323
Rezonville, 16 août 325
Saint-Privat, 18 août (colonel de Kerléadec, capitaine Bonnet; fer-
meté du 15» de ligne) 327
Bataille de Noisseville 335
Evasion du colonel Derroja et du commandant Bonnet 338
Défense de Soissons 343
15* de marche à Paris 345
Belle résistance au Plessis-Piquet (Châtillon) 346
Combat de Montmesly 350
Bataille de Champigny 352
Reconstitution du régiment en 1871 355
Expédition du Sud-Oranais (1882) 357
Principaux ouvrages et documents consultés 361
Uniformes et drapeaux du régiment 367
Légende de la marche du régiment 373
Lettre des officiers de la Couronne à ceux de Boisgelin 374
Extrait des contrôles du régiment de La Tour-du-Pin 377
Table des officiers tués ou blessés 378
Liste des colonels du régiment ^. 393
Etats des services des colonels 395
Liste des lieutenants-colonels 414
Etats des services et actions d'éclat d'officiers ou de militaires du
régiment 416
Etat des officiers du régiment à différentes époques 432
Paris et Limoges. — Imp. milit. Henri Charles-L^yaihelle.
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